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*Titre : *Journal de l'année (Paris. 1967) *Titre : *Journal de l'année *Éditeur : *Larousse (Paris) *Date d'édition : *1967-2004 *Type : *texte,publication en série imprimée *Langue : * Français *Format : *application/pdf *Identifiant : * ark:/12148/cb34382722t/date </ark:/12148/cb34382722t/date> *Identifiant : *ISSN 04494733 *Source : *Larousse, 2012-129536 *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34382722t *Provenance : *bnf.fr Le texte affiché comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 100 %. downloadModeText.vue.download 1 sur 518 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 2002 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. downloadModeText.vue.download 2 sur 518 downloadModeText.vue.download 3 sur 518 Chronologies et analyses downloadModeText.vue.download 4 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 2 Janvier 3 Tchécoslovaquie Manifestation à Prague pour la liberté de la télévision Répondant à l’appel des journalistes de la télévision publique tchèque Ceska Televize (CT), qui protestent contre la nomination d’un nouveau directeur, Jiri Hodac, à la tête de la station, 30 000 personnes manifestent sur la place Wenceslas, à Prague. Selon eux, les liens de Jiri Hodac et de la nouvelle directrice de l’information, Jana Bobosikova, avec l’ancien Premier ministre de centre droite Vaclav Klaus, du Parti démocratique civique (ODS), et actuel président de la Chambre des députés menacent l’indépendance de la rédaction. Le mouvement de contestation des journalistes a commencé le 20 décembre par l’occupation des locaux de la CT. La loi sur l’audiovisuel en vigueur, qui contient une référence à l’« indépendance » de la télévision, interdit aux membres du conseil de la CT de « faire valoir des intérêts de partis ou mouvements politiques », mais n’empêche pas la nomination au Conseil de personnes désignées par des formations politiques. 4 Europe/États-Unis Polémique sur l’emploi de l’uranium appauvri Alors que quatre soldats français ayant servi dans les Balkans sont traités pour leucémie dans des hôpitaux militaires en France et que le ministre de la Défense Alain Richard cherche à établir s’il existe un lien entre l’apparition de ces leucémies et l’utilisation par l’OTAN de munitions comportant de l’uranium appauvri lors de sa campagne aérienne dans les Balkans en 1999, l’Italie demande à l’Alliance atlantique des précisions sur l’utilisation de ce métal lourd faiblement radioactif, qui permet de percer les blindages les plus épais mais qui peut avoir « des effets néfastes sur le système rénal et hépatique ». La Belgique, le Portugal et la France ont appuyé sa demande. Sept soldats italiens ayant participé à des missions de maintien de la paix en ex-Yougoslavie ont déjà succombé à des leucémies. L’OTAN avait confirmé en février dernier aux Nations unies l’emploi de munitions à l’uranium appauvri dans les Balkans, l’aviation américaine en ayant tiré environ 31 000 pendant le conflit au Kosovo, soit une charge totale approchant les 10 tonnes d’uranium appauvri. Les munitions à l’uranium appauvri ont été mises en oeuvre pour la première fois par les Américains pendant la guerre du Golfe en 1991, puis en Bosnie en 1994-1995, et en Yougoslavie en 1999. Le 5, le département de la Défense américain dément l’existence d’un risque pour la santé des Casques bleus ayant servi dans la région des Balkans où de l’uranium appauvri a été utilisé. Le 25, le Conseil de l’Europe réuni à Strasbourg adopte à la majorité une recommandation qui demande « l’interdiction de la fabrication, des essais, de l’utilisation et de la vente » des armes à l’uranium appauvri ou au plutonium. 5 France Nouvelles inondations en Bretagne Deux semaines après les grandes inondations des 12 et 13 décembre dernier, déclarées « catastrophe naturelle », qui avaient frappé Quimper, Quimperlé et Pont-Aven, le département du Finistère est de nouveau touché ainsi que le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et la Mayenne. Selon la ministre de l’Environnement Dominique Voynet, les inondations en Bretagne sont imputables aux « activités des hommes », tant agricoles qu’urbaines, « telles que le remembrement, la suppression des haies, l’urbanisation des zones inondables ». Des propos qui font écho aux protestations des populations de Bretagne, et notamment celle de Redon – la ville la plus touchée par les inondations –, qui soulignent l’absence de mesures préventives dans leur commune, régulièrement touchée par d’importantes crues dévastatrices. Les premiers brocardés restent les pouvoirs publics, qui n’ont, selon les habitants, downloadModeText.vue.download 5 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 3 « rien tenté pour prévenir ces inondations devenues récurrentes ». 6 Thaïlande Élections législatives Appelés aux urnes, quelque 43 millions d’électeurs thaïlandais choisissent leurs 500 députés parmi 3 718 candidats de 37 partis. Les deux principales formations sont le Parti démocrate du Premier ministre sortant Chuan Leekpai, au pouvoir depuis novembre 1997, et le Thai Rak Thai (TRT, « les Thaïlandais aiment les Thaïlandais ») de Thaksin Shinawatra. La participation avoisine 60 %. Bien que la commission électorale ait indiqué qu’elle ne proclamerait pas de résultats officiels avant le 5 février, le TRT devance le Parti démocrate, avec 209 députés contre 118. Mais près de 25 % des résultats pourraient être invalidés pour fraude : selon la commission, une centaine de candidats élus seraient disqualifiés en raison d’achats de voix. Chef du parti populiste TRT, le magnat des télécommunications thaïlandaises Thaksin Shinawatra, âgé de cinquante et un an, qui pourrait devenir le chef du prochain gouvernement, s’est assuré l’appui des classes inférieures et moyennes, éprouvées par la crise économique de 1997. Il a promis un million de baths (environ 25 000 dollars) aux 77 000 villages de Thaïlande et un moratoire de trois ans sur les dettes des petits agriculteurs. Il vient toutefois d’être reconnu coupable par la Commission nationale anticorruption, qui contrôle la transparence financière des hommes politiques et des fonctionnaires, d’avoir dissimulé une partie de son patrimoine, lors de son bref passage dans le précédent gouvernement, au poste de vice-Premier ministre. La Cour constitutionnelle sera appelée à se prononcer d’ici à quelques mois et Thaksin Shinawatra risque d’être privé de ses droits civiques pendant cinq ans et de devoir démissionner peu de temps après son entrée en fonctions, ce qui ne manquerait pas d’ouvrir une crise politique grave. Cette entrée en fonctions intervient le 18 février, le nouveau gouvernement de Thaïlande étant présenté au roi Bhumibol Adulyadej ; il compte parmi ses membres un catholique, M. Suwan Valaisathien, membre du TRT, qui est nommé vice-ministre du Commerce – sur 62 millions d’habitants, la Thaïlande compte 300 000 catholiques. 7 Ghana Un nouveau président Élu à l’issue du second tour de la présidentielle, qui a eu lieu le 28 décembre 2000, John Kufuor, âgé de soixante-deux ans, prête serment à la présidence. Candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), il a obtenu 56,73 % des suffrages contre 43,27 % à John Atta Mills, candidat du Congrès national démocratique (NDC), vice-président sortant et dauphin désigné du président sortant Jerry John Rawlings, qui ne peut, selon la Constitution, briguer un troisième mandat. Lors des élections législatives, le 7 décembre 2000, le NPP, principale formation d’opposition au Ghana, avait frôlé la majorité absolue, obtenant 99 des 200 sièges du Parlement et remportant une victoire historique aux élections législatives. Au premier tour de l’élection présidentielle, John Kufuor avait obtenu 49 % des suffrages. C’est la première fois dans l’histoire du Ghana qu’une passation de pouvoir s’est déroulée de manière démocratique. 10 France Jospin pour le crédit d’impôt Lionel Jospin annonce la création d’une « prime pour l’emploi » faisant l’objet d’un projet de loi qui doit être présenté en Conseil des ministres avant la fin du mois. Il s’agit d’un mécanisme fiscal assimilable à un crédit d’impôt destiné à remplacer l’allégement progressif de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les bas salaires, censuré par le Conseil constitutionnel le 19 décembre dernier, au motif qu’il constituait une « rupture caractérisée d’égalité entre contribuables ». Selon le Premier ministre, « ce dispositif prendra la forme d’un remboursement de prélèvement de CSG qui sera versé par l’administration fiscale dès le mois de septembre prochain », sous forme de chèque (pour les ménages non imposables) ou de baisse d’impôt. downloadModeText.vue.download 6 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 4 Il devrait avoir un « coût conforme » à celui initialement prévu pour les allégements de CSG censurés par le Conseil d’État. Le Parti socialiste préfère évoquer une « prime de pouvoir d’achat ». Cette mesure enterre la hausse du SMIC, qui avait le tort, selon le gouvernement, de ne s’appliquer qu’à un nombre limité de salariés – 2,5 millions de smicards. L’allégement progressif de la CSG pour les revenus allant jusqu’à 1,4 fois le SMIC, présenté dans le cadre du plan de baisses d’impôts rendu public par Laurent Fabius en août dernier, aurait dû bénéficier à 9 millions de Français. En tranchant en faveur d’un crédit d’impôt, Lionel Jospin met fin à l’embarras que la décision de censure du Conseil constitutionnel avait suscité au sein du gouvernement, mais aussi aux dissensions de la majorité plurielle, partagée entre partisans d’une augmentation du SMIC et défenseurs du crédit d’impôt. 11 France Des faux passeports dans le football Soupçonné d’être impliqué dans une affaire de faux passeports et interpellé la veille, l’Ukrainien Maxim Levytsky, ex-gardien de but de l’équipe de football de Saint-Étienne (Loire), est mis en examen par le juge stéphanois Nicolas Chareyre pour « usage de faux ». Le magistrat instructeur, saisi d’une plainte contre X pour « faux et usage de faux » déposée par l’AS SaintÉtienne le 11 décembre dernier auprès du parquet, entend d’autres joueurs du club de division 1. Le Brésilien Alex Dias, attaquant de l’AS Saint-Étienne, est à son tour mis en examen pour « usage de faux » dans le cadre de cette affaire de faux passeports. Le footballeur accuse les dirigeants de son club d’être à l’origine de son faux passeport portugais. Selon le Parisien, 28 des 78 joueurs du Championnat de France issus d’un pays extérieur à l’Union européenne qui bénéficient d’un passeport communautaire seraient visés par les investigations judiciaires. Le quotidien cite, parmi les joueurs suspectés, Christian, l’attaquant brésilien du PSG, Khalilou Fadiga (Auxerre), Pablo Celendria (Marseille), Nestor Fabbri et Mario Da Silva (Nantes) ou Fabb Celestini (Troyes). L’affaire des faux passeports touche donc plusieurs clubs français : elle est due au fait qu’une équipe ne peut aligner que trois joueurs ne faisant pas partie de l’Union européenne, alors qu’il n’y a pas de limite pour les joueurs européens. La possession d’un passeport de l’UE accroît d’environ 30 % la valeur marchande des joueurs étrangers évoluant dans le Championnat de France de D1. Certains footballeurs, provenant principalement d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est, auraient donc intérêt à faire valoir des antécédents familiaux pour obtenir un passeport de pays de l’Union européenne. Le 17, la commission juridique de la Ligue nationale de football décide de retirer sept points à l’AS Saint-Étienne. Le club stéphanois tombe de la 11e à la 15e place du championnat de D1 et dans la zone de relégation en D2. En outre, la commission inflige un an de « suspension ferme » de toute fonction officielle à Gérard Soler, le président délégué du club stéphanois, et quatre mois de suspension, dont deux avec sursis, aux joueurs Maxim Levytsky et Alex Dias. 12 France Le harcèlement moral inscrit dans le Code du travail S’inspirant d’une proposition de loi du communiste George Hage sur le harcèlement moral déposée en 1999, les députés votent un amendement visant à inscrire un nouveau chapitre dans le Code du travail. Selon les termes de cet amendement, « Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral d’un employeur, de son représentant ou de toute autre personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions, qui ont pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité et de créer des conditions de travail humiliantes ou dégradantes » ; en outre, aucun salarié ne pourra être ni « sanctionné, ni licencié pour avoir témoigné de (tels) agissements ». downloadModeText.vue.download 7 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 5 D’autre part, entamant l’examen du projet de loi sur la « modernisation sociale », à savoir les dispositions destinées à durcir les conditions des licenciements et à lutter contre le travail précaire, les députés adoptent, avec l’accord du gouvernement, un amendement qui interdit la mise en oeuvre d’un plan social « dans les entreprises qui auraient recours de façon structurelle aux heures supplémentaires ». Cette disposition durcit le fameux « amendement Michelin », qui stipule qu’une entreprise ne peut pas mettre en oeuvre un plan social si elle n’a pas auparavant engagé des négociations sur les 35 heures. « L’objectif du gouvernement est d’éviter les licenciements ou tout au moins d’en réduire le nombre », souligne la ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou. 13 Salvador Un terrible séisme Le Salvador, mais aussi le Honduras et le Guatemala sont touchés par un puissant tremblement de terre. Le séisme, dont la magnitude a atteint 7,6 sur l’échelle de Richter, a été ressenti au Mexique, à près d’un millier de kilomètres au nord-ouest. Il a provoqué un glissement de terrain qui a enseveli quelque 300 maisons dans le quartier de Las Colinas, dans l’ouest de la capitale San Salvador. Son épicentre était situé au large de la côte du Salvador, face à San Miguel, dans le sud-est du pays. Un premier bilan fait état d’au moins 259 morts, 500 blessés et 1 200 disparus au Salvador. Le président Francisco Flores décrète l’état d’urgence et lance un appel à l’aide internationale. Quelques jours plus tard, le bilan du tremblement de terre s’établit officiellement à 827 morts – dont six au Guatemala –, 2 500 blessés et au moins 1 000 disparus. En 1986, un séisme près de San Salvador avait fait quelque 1 500 morts et 8 000 blessés. Le dernier bilan fait aussi état de 1 000 à 2 000 disparus. Le gouvernement évalue les dégâts causés par le séisme à plus de 1 milliard de dollars. 14 Portugal Réélection du président Sampaio Le président socialiste Jorge Sampaio, âgé de soixante et un ans, est réélu pour cinq ans à la tête du Portugal lors d’un scrutin marqué par un taux d’abstention record pour une élection présidentielle d’environ 50 %, sur 8,7 millions d’électeurs. Il obtient 55,8 % des suffrages contre 34,5 % pour son adversaire du Parti social-démocrate (PSD, centre droite) Joaquim Ferreira do Amaral. Trois autres candidats de gauche se partagent le reste des suffrages. Cette élection sans enjeu réel n’a pas passionné l’électorat : au Portugal, la fonction de président est essentiellement honorifique. 16 Allemagne J. Fischer témoigne sur son passé gauchiste Appelé comme témoin à décharge au procès de son ancien camarade de lutte à Francfort, Hans-Joachim Klein, le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, qui a connu le terroriste repenti pendant ses études, se démarque des membres les plus violents de l’organisation gauchiste, baptisée Die Putzgruppe, à laquelle il appartenait dans les années 1970. Démentant devant la justice allemande avoir prôné la guérilla urbaine à l’époque, comme la droite l’en accuse pour tenter d’obtenir son départ du gouvernement, il s’est efforcé de justifier sa pratique militante passée : « Ma position est tout à fait claire : [la lutte armée] ne pouvait conduire qu’à l’autodestruction et à la répression, autrement dit à l’opposé de ce que nous recherchions. » Hans-Joachim Klein est poursuivi pour terrorisme et pour les meurtres de trois personnes – un employé de l’OPEP, un garde du corps irakien et un policier autrichien – et trois tentatives de meurtre commises lors de la prise d’otages des ministres du pétrole de l’OPEP en décembre 1975 à Vienne en Autriche. Il a renoncé au terrorisme dans une lettre adressée en 1977 au magazine allemand Der Spiegel, jugeant ce type d’activité « inhumaine et insensée ». Il encourt la prison à perpétuité. Dans cette affaire, le terroriste vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, et le député européen Daniel downloadModeText.vue.download 8 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 6 Cohn-Bendit ont déjà été entendus par la justice allemande. Si le chef de la diplomatie allemande n’a jamais cherché à cacher son passé, l’opposition conservatrice est revenue à la charge à la suite de la publication de photographies montrant Joschka Fischer casqué dans un groupe s’en prenant à un policier lors d’une manifestation à Francfort en 1973. Par ailleurs, le 23, le magazine Focus ayant publié un reportage accusant l’actuel ministre des Affaires étrangères d’avoir hébergé des terroristes, l’opposition réclame une enquête parlementaire sur les agissements du ministre à cette époque : le magazine se fondait sur le témoignage d’un ancien terroriste de la Faction armée rouge qui prétendait avoir passé plusieurs jours dans l’appartement de M. Fischer en 1973, quand celui-ci faisait partie de la mouvance gauchiste radicale à Francfort ; de plus, la fille d’un ancien terroriste de la Faction armée rouge, Bettina Roehl, accuse M. Fischer d’avoir hébergé des terroristes dans ce même appartement de Francfort. Joschka Fischer dément ces accusations et affirme qu’il n’a « rien à cacher et rien à craindre ». République démocratique du Congo Assassinat de Kabila Le président congolais Laurent-Désiré Kabila est atteint par des coups de feu censés avoir été tirés par un militaire ou un garde du corps dans sa résidence. Depuis son arrivée au pouvoir par la force il y a trois ans, le président congolais est en butte à une rébellion antigouvernementale soutenue par l’Ouganda et le Rwanda. Les autorités de Kinshasa annoncent que le fils de Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila, âgé de vingt-neuf ans, déjà à la tête des Forces armées congolaises (FAC), assure « l’intérim » en attendant le « rétablissement » de son père. Mais, le 18, elles officialisent la mort du président – une mort dans des circonstances mystérieuses –, dont le corps est inhumé le 23. Six jours après l’assassinat de son père, les députés réunis en session spéciale à Kinshasa proclament Joseph Kabila président de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) – c’est le quatrième président du pays depuis l’indépendance de l’ancienne colonie belge en 1960. Celui-ci promet des élections « libres et transparentes », le rétablissement de la paix et la construction de la démocratie, tout en réclamant le départ des troupes étrangères qui occupent une partie de la RDC. République démocratique du Congo : Kabila tué par ses « enfants » Principalement victime de son despotisme, le président Laurent-Désiré Kabila est tombé sous les balles de membres de sa garde rapprochée qui le jugeaient traître à la rébellion contre Mobutu. À un ami étranger qui l’avait prévenu du danger que représentaient selon lui les « chiens fous » composant sa garde rapprochée, LaurentDésiré Kabila avait répondu : « Mais non, ils ne me feront jamais rien. Ils sont avec moi depuis le début. Ce sont mes enfants. » C’est pourtant l’un de ces « enfants » qui l’a tué de plusieurs balles, le 16 janvier, dans son bureau du Palais de marbre, à Kinshasa, bras armé d’un improbable complot destiné à renverser le régime du despote. Le « parricide » Ces « enfants-soldats » – les « kadogos » – sont ces jeunes combattants qui se sont engagés dans la rébellion contre le président Mobutu Sese Seko, partie de l’est du pays en octobre 1996. Ils sont restés le symbole de l’entrée triomphale de Kabila dans Kinshasa, en mai 1997. Toutefois, certains d’entre eux ne lui pardonnaient déjà pas l’élimination, en janvier, de l’un des quatre chefs de la rébellion, André Kisase Ngandu, président du seul mouvement armé de résistance au régime de Mobutu, le Conseil national pour la résistance et la démocratie, (CNRD). De porte-parole de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), Kabila en était alors devenu président ; il avait nommé ses deux derniers compagnons d’armes, Déogratias Bugera et Anselme Masasu Nindaga, respectivement secrétaire général et chef d’étatmajor, c’est-à-dire, pour le second, « père » des kadogos. Dans l’euphorie des mois suivant la chute de Mobutu, les kadogos servent fidèlement Kabila. Ils approuvent sa rupture avec ses anciens alliés rwandais et ougandais, en 1998. Mais les difficultés s’amoncèlent bientôt au-dessus du Palais de marbre. Les revers diplomatiques et militaires de l’année 2000 commencent à faire peser sur Kinshasa une atmosphère de fin de règne. La peur et la paranoïa gagnent du terrain. En octobre, downloadModeText.vue.download 9 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 7 le commandant Masasu est accusé d’avoir tenu des propos subversifs devant ses troupes de kadogos. De nombreux autres responsables originaires de l’est du pays sont arrêtés. Masasu est exécuté en novembre. Quelques jours plus tard, les troupes de Kabila subissent leur plus sé- vère défaite militaire face à l’armée rwandaise : ayant appris la mort de Masasu, les kadogos ont déserté le front en nombre. Bientôt, la terreur contre les civils et les militaires originaires de l’Est, orchestrée par les milices du Katanga, région méridionale où est né Kabila, prend un tour systématique. Chez les kadogos, la révolte l’emporte alors sur la soumission. Le sous-lieutenant de la garde présidentielle, Rachidi Kasereka, prend l’initiative du « parricide ». Les préparatifs sont sommaires. Les insurgés pensent que, une fois Kabila éliminé, le régime s’écroulera de lui-même. Le 16, après avoir posté des hommes aux abords du bâtiment pour couvrir leur retraite, Rachidi Kasereka et un autre kadogo entrent dans le palais présidentiel. C’est ce dernier qui tue Kabila dans son bureau, avant de disparaître. Rachidi Kasereka, qui couvre leur fuite, est tué. C’est lui qui sera présenté comme l’assassin. Rien ne s’écroule à Kinshasa Le lendemain, la presse commente l’assassinat de... Patrice Lumumba, le père de l’indépendance, éliminé quarante ans plus tôt, le 17 janvier 1961. La mort de Kabila ne sera officiellement annoncée que le 18. Les rumeurs les plus variées courront sur les responsables de l’assassinat. On parlera d’une action conduite par les ennemis rwandais ou ougandais... ou encore par les alliés angolais, soucieux de remplacer un Kabila intransigeant par un dirigeant plus docile. Rien ne s’écroule à Kinshasa, comme l’espéraient les kadogos, à la suite de la mort de Kabila. L’aide de camp du président, Eddy Kapend, apparaît aussitôt à la télévision pour appeler la population au calme. Le 17 février, alors que Kabila est prétendu seulement « blessé », les cadres du régime se réunissent pour porter le fils de Laurent-Désiré Kabila, Joseph, qui est chef d’étatmajor de l’armée de terre, à la tête de l’État et de l’armée. Ce choix semble avoir été imposé par le numéro deux du régime, le ministre des Affaires intérieures, Gaétan Kadudji, cousin du président défunt, avec l’accord d’Eddy Kapend, « l’homme des Angolais » à Kinshasa. Joseph Kabila est encadré de proches de son père. Le Parlement le proclamera président à l’unanimité le 24, au lendemain des funérailles solennelles de Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa. Le 18 février, un communiqué du CNRD revendique l’assassinat de Kabila, destiné à « mettre un terme à son aventure sanguinaire, à la fois pour venger nos camarades et pour lever tout obstacle à l’ouverture de négociations ». La référence à l’élimination d’André Kisase Ngandu ainsi qu’aux plus récentes exécutions de responsables originaires de l’est du pays est implicite. La rigidité de Kabila, incapable de faire la paix tant à l’intérieur de son propre pays qu’avec les autres pays belligérants, est également visée. CHRISTOPHE PÉRY UN TON NOUVEAU Le premier discours radiotélévisé de Joseph Kabila, le 26, surprend par son ton nouveau. Le jeune président évoque la nécessité d’« examiner les moyens de relancer les accords de Lusaka » signés en juillet mais jamais appliqués. Il plaide en faveur d’« un renforcement de l’État de droit et de la bonne gouvernance » et appelle de ses voeux des « élections libres et transparentes ». Rompant avec l’isolationnisme de son père, il réclame l’assistance de la communauté financière internationale et appelle de ses voeux l’établissement de meilleures relations avec l’Union européenne, la France et la Belgique, ancienne puissance coloniale. Le 31 janvier, il est à Paris, le 1er et le 2 février à Washington et le 3 à Bruxelles... Le 22 février, l’ONU s’engouffre dans la brèche. Le Conseil de sécurité adopte à l’unanimité la résolution 1341 – rédigée par la France –, qui prévoit un retrait des belligérants de part et d’autre de la ligne de front, et qui impose aux forces étrangères de fournir un calendrier de rapatriement de leurs troupes, qui devrait être achevé dans un délai de six mois. La démobilisation et le désarmement des milices hutues sont également exigés. Par ailleurs, la résolution préconise l’ouverture d’un dialogue entre le régime et son opposition. downloadModeText.vue.download 10 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 8 17 France Dominique Baudis président du CSA Le député-maire UDF de Toulouse Dominique Baudis, président du comité éditorial du Figaro, est nommé président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) par le président de la République Jacques Chirac. Il succède à Hervé Bourges, dont le mandat s’achève le 23 janvier. Ancien journaliste, présenta- teur des journaux sur TF1 et France 3, Dominique Baudis assure qu’« il exercera ses fonctions dans un esprit d’indépendance, d’impartialité et de recherche constante de l’intérêt général ». Il répond ainsi à ses détracteurs qui lui reprochent d’être un homme politique avant d’être un journaliste. L’annonce de sa nomination par Jacques Chirac avait agité les partis de gauche, notamment le Parti socialiste dont le premier secrétaire François Hollande avait jugé qu’il serait « tout à fait regrettable » de nommer une « personnalité politique » à la tête d’un « organisme indépendant chargé (...) d’assurer la neutralité pendant la campagne des élections prochaines ». Le CSA est renouvelé par tiers tous les deux ans ; il se compose d’un collège de neuf conseillers dont le mandat est d’une durée de six ans non renouvelable ; trois sont désignés par le président de la République, trois par le président du Sénat et trois par le président de l’Assemblée nationale. 18 France/Afrique XXIe sommet à Yaoundé Les représentants de la quasi-totalité des 53 pays – il manque la Libye et les Comores – du continent africain sont réunis pendant deux jours dans la capitale du Cameroun. Ce sommet est consacré aux défis de la mondialisation. Les chefs d’État présents, dont le président français Jacques Chirac, ont rendu un hommage silencieux à Laurent-Désiré Kabila, le président congolais assassiné à Kinshasa. Les sommets franco-africains sont organisés depuis 1973 et, malgré les accusations de « néocolonialisme à visage ouvert », de maintien d’un « pré carré » et de « diplomatie de réseaux » régulièrement lancées contre la France, ils connaissent un succès durable. Soucieuse de refonder ses relations avec l’Afrique, la France, qui finance à elle seule près d’un quart de l’aide publique au développement accordée par l’Union européenne, plaide pour « la fin de la diplomatie parallèle ». France Reconnaissance définitive du génocide arménien En dépit des menaces de la Turquie et des réserves du gouvernement exprimées par le ministre des Relations avec le Parlement Jean-Jack Queyranne et le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, le Parlement adopte à l’unanimité la proposition de loi sur la reconnaissance officielle par la France du génocide arménien de 1915. Celle-ci avait été votée le 8 novembre 2000 par le Sénat. Les déportations vers la Syrie, alors province de l’empire Ottoman, et les massacres d’Arméniens de 1915 à 1917 ont fait entre 1,2 et 1,3 million de morts selon les Arméniens, et entre 300 000 et 500 000 morts selon les Turcs. Ankara dénonce un texte qui « ose accuser la Turquie d’un crime de génocide qui n’a jamais été perpétré et qui ne tient pas compte des vérités historiques », et qui va « endommager sérieusement et durablement » les relations avec la France. La Turquie rappelle son ambassadeur en France, Sonmez Koksal, pour « consultations », tandis que le président de la Chambre de commerce d’Ankara appelle au boycottage des produits français. Le texte de loi ne contient qu’un article : « La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 » – la responsabilité de la Turquie n’étant pas explicitement mentionnée – et n’a qu’une valeur « symbolique » ou « déclarative ». En effet, il ne permettra ni de condamner des personnes niant la réalité du génocide arménien, ni aux Arméniens d’attaquer la Turquie devant la justice française pour obtenir des indemnités. Le 30, le président de la république Jacques Chirac promulgue le texte de l’Assemblée reconnaissant le génocide arménien de 1915. En représailles, le Premier ministre turc Bülent Ecevit annonce que la Turquie révise ses relations économiques et commerciales avec Paris. Après avoir déjà annulé un contrat avec Alcatel sur la construction d’un satellite espion, Ankara annule un contrat d’armement de quelque 200 millions de dollars avec la France, qui portait sur l’installation par Dassault des systèmes de navigation modernes de ses avions F-16. États-Unis La Californie plongée dans le noir Les autorités de l’État le plus peuplé et le plus riche des États-Unis coupent le courant à des centaines downloadModeText.vue.download 11 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 9 de milliers de consommateurs dans le nord et le centre de la Californie, les prestataires privés ne pouvant plus faire face à la demande. Des centaines de milliers de personnes sont sans électricité. Le gouverneur de Californie décrète l’état d’urgence, une mesure qui permet à l’État d’acheter de l’électricité et de lui permettre de circuler : « Le but de tout cela est de combler provisoirement le fossé qui nous sépare d’une solution à long terme », mais le gouverneur ne précise pas s’il envisage un plan de sauvetage de l’énergie en Californie qui pourrait coûter des centaines de millions de dollars aux contribuables californiens. Les autorités sont en effet dépassées par leur expérience de déréglementation de l’électricité, décidée dans le but de réduire les prix – qui ont quintuplé depuis juin dernier – en jouant sur la concurrence des prestataires. Or, ces coupures sont dues à la faillite imminente des deux principaux fournisseurs en électricité de l’État, plusieurs autres fournisseurs ayant menacé de contraindre les deux compagnies Southern California Edison et Pacific Gas et Electric à anticiper le remboursement de leurs dettes. Los Angeles reste épargnée par le phénomène, la municipalité ayant décidé de ne pas s’engager dans le mouvement de libéralisation. 19 France Manifestation des magistrats à Paris Une centaine de magistrats manifestent place Vendôme à Paris devant le ministère de la Justice. Répondant à l’appel de deux organisations syndicales, le Syndicat de la magistrature et l’Union syndicale des magistrats, ils dénoncent le surplus de travail dû à la réforme de la justice engagée par la garde des Sceaux Marylise Lebranchu et réclament un renforcement des effectifs de magistrats et de greffiers, l’amélioration de leurs conditions de travail ainsi qu’une justice de qualité au service des citoyens. Appliquée depuis le 1er janvier, la nouvelle loi contient cinq mesures phares : une mise en examen plus stricte ; la mise en détention provisoire devient une mesure exceptionnelle ; les règles de garde à vue sont modifiées ; les verdicts de cour d’assises peuvent faire l’objet d’un recours en cour d’appel ; et les délais limitant la durée de l’instruction sont portés à moins de deux ans. 20 États-Unis George Bush 43e président En prêtant serment au Capitole à Washington, George W. Bush, âgé de cinquante-quatre ans, devient officiellement le 43e président des États-Unis. C’est la première fois depuis Dwight Eisenhower dans les années 1950 que les républicains contrôlent la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants. L’allocution de G. W. Bush était centrée sur l’union dans ce que l’Amérique a de meilleur : « Le transfert d’autorité paisible est quelque chose de rare dans l’histoire mais fréquent dans notre pays », a-til déclaré. « Je remercie Bill Clinton pour ses services à la nation et je remercie le vice-président Gore pour la manière dont il a combattu vaillamment et s’est rendu avec beaucoup de grâce. » Bill Clinton devrait être définitivement à l’abri des séquelles de l’affaire Monica Lewinsky. Il a en effet conclu un accord avec le pro- cureur spécial Robert Ray pour éviter d’être inculpé après la fin de son mandat. Le président sortant reconnaîtra par écrit avoir pu induire la justice en erreur dans ses déclarations sous serment dans le dossier Lewinsky. Quelques heures avant de quitter la Maison-Blanche, Bill Clinton a en outre accordé la grâce présidentielle à une centaine d’Américains, selon des sources officielles. Parmi eux figure Susan McDougal, l’un des dirigeants de la société Whitewater, condamnée pour fraude dans l’affaire politico-immobilière du même nom qui a finalement failli coûter son poste au président sortant. Deux jours après son investiture officielle, George W. Bush décide de bloquer tous les financements fédéraux américains à destination de groupes internationaux de planning familial pratiquant des avortements ou fournissant des conseils sur l’IVG. Cet acte, qui viendra casser une des décisions de l’administration Clinton, est l’un des premiers gestes de la nouvelle administration républicaine. Il a été annoncé au jour où les opposants américains à l’IVG doivent tenir leur manifestation annuelle à Washington : « Le président est opposé à ce que l’argent du contribuable serve à pratiquer des avortements », a déclaré le porte-parole Ari Fleischer. Les financements américains à des organisations internationales soutenant l’avortement avaient été downloadModeText.vue.download 12 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 10 bloqués par l’administration Reagan, et rétablis par Bill Clinton en 1993. Philippines Intronisation de la nouvelle présidente La vice-présidente philippine Gloria Arroyo, âgée de cinquante-trois ans, prête serment en tant que nouveau chef de l’État devant le président de la Cour suprême Hilario Davide. Cette prestation de serment fait suite à une décision de la Cour suprême déclarant vacante la présidence philippine. Elle s’est effectuée sans attendre une démission officielle du président Estrada : la décision de la Cour suprême rend légal le serment de Mme Arroyo. Celle-ci restera au pouvoir jusqu’en 2004, soit à la fin du mandat de M. Estrada. Le 19, les députés avaient exigé la démission du président Joseph Estrada, qui est impliqué dans une affaire de corruption : il est accusé d’avoir touché des millions de dollars de pots-de-vin et détourné de l’argent public. Son procès a été suspendu à la suite de la démission des onze procureurs qui protestaient contre l’attitude des sénateurs qui, siégeant en qualité de juges, refusent de joindre à la procédure des documents bancaires considérés comme accablants par l’accusation. Lâché par l’opinion publique, privé du soutien de l’armée, Joseph Estrada prend acte de la défiance générale à son égard, mais ne s’est pas résolu à démissionner. 21 Vatican Nomination de 37 cardinaux Le pape Jean-Paul II nomme 37 cardinaux provenant des cinq continents, dont deux Français – l’archevêque de Lyon, Mgr Louis-Marie Bille, primat des Gaules et président de la Conférence des évêques de France, et l’archevêque émérite de Tours, Mgr Jean Honoré. Ce nombre inhabituellement élevé montre la volonté de Jean-Paul II de laisser son empreinte sur le conclave des cardinaux, qui élira son successeur. Avec ces nominations, tous les cardinaux susceptibles de participer au conclave, sauf 10, ont en effet été désignés par l’actuel pape, qui en a désigné en tout 154 depuis son accession au trône de SaintPierre en 1978. Traditionnellement, le conclave compte 120 cardinaux, qui doivent être âgés de moins de 80 ans pour participer à l’élection. Mais Jean-Paul II a fait savoir qu’il changeait l’usage, portant le nombre total de cardinaux composant le conclave à 128. Une semaine après, Jean-Paul II annonce cinq nouvelles désignations dans ce collège, deux Allemands, un Sud-Africain, un Bolivien et un Ukrainien. Avec ces nouvelles « créations », Jean-Paul II reconnaît qu’il dépasse la limite de 120 cardinaux fixée par son prédécesseur Paul VI pour le nombre des prélats de moins de quatrevingts ans éligibles pour désigner le nouveau pape en conclave. 25 Mondialisation Davos et Porto Alegre : forum contre contre-forum Deux forums traitant de la mondialisation s’ouvrent à Davos en Suisse et à Porto Alegre au Brésil. Le premier, le Forum économique mondial (FEM), qui se tient chaque année à Davos, réunit depuis trente et un ans chefs d’État, ministres et chefs d’entreprises du monde entier ; il traite de l’impact du ralentissement de la croissance aux États-Unis, de l’OMC et des nouveaux moyens du commerce, des transformations de l’Internet. Le second, le Forum social mondial (FSM), est conçu comme une riposte au FEM. Quelque 20 000 participants tentent d’élaborer une alterna- tive au néolibéralisme de Davos parmi lesquels José Bové, dirigeant de la Confédération paysanne française, qui estime que le FSM « sera la première pierre de la résistance internationale à l’OMC » : ils réaffirment leur opposition au capitalisme et à ses institutions (FMI, Banque mondiale), responsables selon eux de la misère du tiers-monde. Un débat organisé grâce à une liaison satellite entre les participants aux forums de Davos et de Porto Alegre se transforme en un dialogue de sourds. Par ailleurs, José Bové est allé soutenir plus d’un millier de paysans du Mouvement des sansterre qui occupaient pacifiquement une ferme-usine du géant américain de l’agroalimentaire Monsanto à Nao Me Toques, à 300 km au nord de Porto Alegre, lors d’une manifestation de protestation contre les organismes génétiquement modifiés (OGM). downloadModeText.vue.download 13 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 11 La police fédérale lui enjoint alors de quitter le pays dans les vingt-quatre heures, en vertu d’une loi brésilienne qui autorise les autorités à expulser un étranger pour actes incompatibles avec un visa touristique. Le 30, le syndicaliste paysan obtient l’annulation de son ordre d’expulsion. Davos/Porto Alegre : quel capitalisme mondialisé ? Du 25 au 30 janvier 2001 se sont tenus simultanément le 31e Forum économique mondial de Davos, en Suisse, et le premier Forum social mondial de Porto Alegre, au Brésil. Derrière les divergences radicales de façade, une question a traversé les débats dans les deux réunions : comment rendre la libéralisation économique mondiale plus humaine ? D’abord, les forces en présence. D’un côté, Davos, station de ski située dans le massif suisse des Grisons, accueille pour la 31e année consécutive, du 25 au 31 janvier, le World Economic Forum (Forum économique mondial), où se retrouve chaque hiver le gratin mondial des entrepreneurs, décideurs politiques et économistes. Officiellement, pour discuter de l’avenir de la planète. Accessoirement, pour faire tourner le business : « Quand je viens ici, je gagne deux ans de rendez-vous », résume Helmut Maucher, P-DG de Nestlé et chantre, comme de nombreux autres invités à Davos, de la mondialisation libérale. De l’autre côté, Porto Alegre, capitale de l’État brésilien du Rio Grande do Sul (limitrophe de l’Uruguay), reçoit aux mêmes dates le premier Forum social mondial, conçu comme une réponse des organisations non gouvernementales (ONG) à Davos. Depuis 1992 et le Forum global des alternatives parallèle au Sommet de la Terre de l’ONU à Rio de Janeiro, ce « mouvement citoyen opposé à la mondialisation libérale », selon l’expression de Pierre Tartakowsky, secrétaire général de l’association Attac et co-organisateur du Forum social mondial, n’a cessé de s’amplifier. Avant Porto Alegre, son fait d’armes le plus brillant reste l’échec de la réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 1999 à Seattle. En cause, donc, la mondialisation libérale ; c’està-dire la libéralisation de plus en plus poussée des échanges commerciaux internationaux, et l’affaiblissement des États-nations dans leur rôle de réglementation et de redistribution économique. Au cours des vingt dernières années, sous l’influence d’institutions internationales comme l’OMC, le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, ces deux phénomènes ont gagné du terrain. Mais ils l’ont fait au seul profit de ceux qui les ont impulsés : les pays du Nord. En matière agricole comme sur les produits textiles, les États-Unis et les pays européens n’ont fait tomber qu’une infime partie des barrières douanières et des subventions qu’ils s’étaient engagés à abolir dès le début des années 1980. Pendant ce temps, les pays en développement augmentaient leurs importations alors qu’ils ne pouvaient exporter davantage, aggravant ainsi le poids de leur dette. Au terme de ces vingt années, l’économie monde n’a jamais été aussi prospère. Mais ses fruits n’ont jamais été si inégalement répartis. Les pays riches, qui représentent 12 % de la population mondiale, s’accaparent 84 % de la production de la planète. Tandis qu’au Sud 3 milliards d’êtres humains (soit près de 50 % de la population mondiale) vivent avec moins de deux dollars par jour. Sous le signe du social Conscient de ces problèmes, les organisateurs du forum de Davos avaient placé l’édition 2001 sous le signe du social. Par les thèmes de discussions retenus, d’abord : « Soutenir la croissance », mais aussi « Combler les fossés », notamment dans les quatre domaines prioritaires des richesses, de la santé, de l’éducation et du numérique. Mais aussi par la qualité des invités : une quinzaine de dirigeants syndicaux, dont des membres de la CFDT et de Force ouvrière, ainsi que 70 ONG. Sans compter le président vénézuélien Hugo Chavez, présent au milieu d’une trentaine de dirigeants de pays du Sud qui, de toute façon, ont l’habitude de fréquenter la station des Grisons afin de vanter les mérites de leur pays auprès des investisseurs occidentaux ou japonais. « Notre mission est d’améliorer le monde », concluait Klaus Schwab, le fondateur du forum. Un monde qui ne semblait pourtant pas l’entendre de cette oreille, si l’on en croit les manifestations violentes qui ont eu lieu en marge de la réunion, et qui ont donné lieu à une forte répression policière, voire militaire. À vrai dire, s’il s’agissait de redresser les inégalités économiques mondiales, Porto Alegre était downloadModeText.vue.download 14 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 12 doté d’une crédibilité supérieure. Depuis 1989, en effet, la cité brésilienne est gouvernée sous le régime du « budget participatif » mis en place par le parti des Travailleurs qui dirige aussi, depuis 1999, l’ensemble du Rio Grande do Sul. Chaque année, les habitants des quartiers se réunissent en assemblées et décident dans quels domaines ils souhaitent investir : éducation, voirie, logement. Les quartiers pauvres obtiennent proportionnellement plus de ressources que les quartiers riches. Le système, transparent, évite la corruption et permet de réduire les coûts des investissements urbains d’environ 30 %. « À Porto Alegre, l’expérience des budgets participatifs dément l’idée selon laquelle la finance, pour être efficace, doit échapper au citoyen ou au politique », résume l’économiste italien Ricardo Petrella. Quant au forum, il s’est conclu par un appel de 150 délégués représentant autant d’ONG à prendre d’urgence trois mesures pour contrôler la libéralisation : annuler la dette du tiers-monde, taxer les transactions financières, interdire les paradis fiscaux. Malgré les apparences, le forum de Porto Alegre n’a pas tant demandé la mort de la libéralisation mondiale que son amendement. Dans une économie désormais mondialisée, les États-nations n’ont plus guère de pouvoir d’intervention ; ce que Jean-Marie Messier, le P-DG de Vivendi présent à Davos, a subtilement résumé : « C’est important de savoir que dans les pays où l’on fait des affaires, les gouvernements ne vont pas nous pondre une loi à la c... » Tout l’enjeu des deux forums a alors consisté à savoir qui va prendre la relève et comment. Question hautement actuelle de la régulation du capitalisme mondialisé, à laquelle le titre du dernier ouvrage de l’économiste Elie Cohen semble donner un début de réponse : l’Ordre économique mondial, essai sur les autorités de régulation. BENJAMIN BIBAS JOSÉ BOVÉ, INDÉSIRABLE À PORTO ALEGRE ? Il était venu, lui aussi, la moustache fringante et le regard déterminé, pour faire valoir une nouvelle fois la nécessité d’une « autre mondialisation ». Las, il avait celle fois-ci joint l’acte à la parole, participant le 26 janvier, en compagnie d’un millier de militants du Mouvement brésilien des sans-terre, à l’arrachage d’un champ de soja transgénique de la firme américaine de biotechnologie Monsanto, situé au nord de l’État de Rio Grande do Sul. Les autorités brésiliennes ne lui ont pas pardonné, lui signifiant un arrêté d’expulsion dans les 24 heures suivantes pour cause d’infraction au statut des étrangers. Décision annulée peu après, grâce au zèle de ses avocats brésiliens et à la réaction indignée de Guy Hascoêt, secrétaire d’État français à l’économie solidaire présent à l’Porto Alegre. Une décision saluée par les slogans des manifestants venus conclure le Forum social : « Nous sommes tous des José Bové! » 26 France Le Medef retire son projet sur les retraites Après la journée d’action organisée la veille dans tout le pays – 200 000 personnes en province, 80 000 à Paris –, Ernest-Antoine Seillière, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef, principale organisation patronale), déclare que la reprise des négociations avec les syndicats se fera « quand ils voudront », mais leur demande de proposer « des solutions autres que celles qu’ils ont avancées jusqu’à présent ». Il reconnaît avoir été « frappé par le caractère imposant des cortèges », qui « manifestent une véritable et profonde inquiétude dans notre pays devant un problème qui n’est pas réglé et qui est difficile », à savoir préserver l’équilibre financier du système des retraites complémentaires d’ici une dizaine d’années. Les manifestants et les organisations syndicales, unies pour l’occasion, avaient défilé pour défendre la retraite à soixante ans et exiger du patronat la réouverture des négociations interrompues le 22 décembre dernier sur un constat de désaccord entre les partenaires sociaux : le Medef veut imposer l’allongement progressif de la durée de cotisation des salariés du privé pour préserver, dans l’avenir, l’équilibre financier du système des retraites. downloadModeText.vue.download 15 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 13 26 Inde Tremblement de terre Un séisme d’une magnitude de 6,9 sur l’échelle ouverte de Richter traverse toute la péninsule indienne pendant plus d’une minute, faisant de nombreuses victimes dans le nord-ouest de l’Inde et dans le sud du Pakistan. Ce séisme cause de terribles dégâts humains, économiques mais aussi culturels. Trois jours après le séisme, le ministère de l’Intérieur indien fait état de 6 246 morts, 14 500 blessés. D’après le chef du gouvernement de l’État du Gujarat, la région la plus touchée, ce bilan pourrait atteindre 100 000 morts. Les dégâts du séisme s’élèveraient à 150 milliards de roupies (3,3 milliards de dollars). Le séisme a également touché des monuments historiques vieux de plusieurs siècles. Parmi ceux-ci figure le célèbre temple de Somnath dédié au dieu hindou Shiva, également connu sous le nom d’Ermitage du Mahatma Gandhi. 27 Tennis Capriati et Agassi vainqueurs à l’Open d’Australie Jennifer Capriati, tête de série numéro 14, qui participait à sa première finale dames de tournoi du grand chelem, remporte l’Open d’Australie face à Martina Hingis, numéro un mondiale et triple vainqueur de l’épreuve, sur le score de 6-4, 6-3, en une heure et trois minutes. Leurs cinq précédentes rencontres avaient été gagnées par la Suissesse. Son titre australien hisse J. Capriati au septième rang mondial. Auparavant, l’Américaine, âgée de vingt-quatre ans, avait déjà battu la numéro deux mondiale, sa compatriote Lindsay Davenport, en demi-finale. L’ancienne petite prodige du début des années 1990 avait quitté le circuit pendant près de trois ans à partir de septembre 1993, éreintée par sa vie privée et des problèmes de drogue. Son retour au sommet marque le triomphe de la volonté et du travail. Dans le simple messieurs, le favori, l’Américain André Agassi, bat le Français Arnaud Clément – qui a éliminé son compatriote Sébastien Grosjean en demi-finale – sur le score de 6-4, 6-2, 6-2. 28 Israël/Palestine Échec des négociations israélopalestiniennes Le Premier ministre Ehoud Barak décide de « suspendre tous les contacts politiques avec Arafat et son entourage jusqu’à la fin de l’élection » israélienne du 6 février. Le sommet Barak-Arafat prochainement prévu à Stockholm est donc annulé. Cette décision intervient au lendemain de la déclaration commune israélo-palestinienne, en clôture des six jours de pourparlers organisés entre Israéliens et Palestiniens à Taba, en Egypte. À moins de trois semaines de l’élection du chef du gouvernement israélien, les chances d’aboutir à un accord de paix apparaissent extrêmement faibles. Pour les analystes politiques, cet accord représentait la dernière chance d’Ehoud Barak, Premier ministre démissionnaire distancé de près de 20 points dans les sondages par Ariel Sharon, de refaire son retard sur son rival de droite, opposé à tout compromis avec les Palestiniens. 29 Chili Nouvelle inculpation de Pinochet Le juge chilien Juan Guzman rétablit l’inculpation de meurtres et enlèvements ainsi que l’assignation à résidence à rencontre du général Augusto Pinochet. Liée à la série de meurtres politiques commis sous la dictature de l’ex-président, la décision du juge Juan Guzman implique le refus de la demande des avocats de la défense du général Augusto Pinochet de suspendre la procédure pour raisons de santé. Le général Augusto Pinochet avait été inculpé le 1er décembre dernier par le juge Guzman, qui le considère comme l’organisateur de la « caravane de la mort », une opération d’élimination des prisonniers politiques qui s’était soldée par la mort ou la disparition de 73 personnes en 1973. downloadModeText.vue.download 16 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 14 Février 2 France Arrestation d’Alfred Sirven Sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux et recherché dans 177 pays, Alfred Sirven est arrêté par la police philippine dans sa résidence de Tagaytay à environ 60 km au sud de Manille. L’ancien directeur des « affaires générales » du groupe pétrolier et homme de confiance de Loik Le FlochPrigent, ex-P-DG d’Elf-Aquitaine (1989-1993), était en fuite depuis 1997. Il est poursuivi pour abus de biens sociaux et complicité d’abus de biens sociaux dans le dossier Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand. On le soupçonne d’avoir fait transiter par ses comptes bancaires suisses près de quatre milliards de francs pour alimenter d’autres comptes bancaires, dont les propriétaires sont en cours d’identification. En janvier 2000, les juges en charge de ce dossier, Eva Joly et Laurence Vichnievsky, avaient lancé une commission rogatoire internationale aux Philippines chargée d’enquêter sur la présence éventuelle dans ce pays de l’ancien numéro deux du groupe pétrolier. Alfred Sirven aurait également recruté Christine DeviersJoncour, qui comparait actuellement, avec Roland Dumas, devant le tribunal correctionnel de Paris. La poursuite des débats, avec les plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire, est officiellement suspendue, en attendant que le tribunal soit informé d’une venue éventuelle d’Alfred Sirven. Celui-ci devrait être rapatrié en France d’ici deux jours. 4 Handball Après les Barjots, les Costauds champions du monde de handball Six ans après leurs aînés les « Barjots », l’équipe de France de handball, baptisée les « Costauds », conquiert son deuxième titre de champion du monde en battant la Suède 28-25 après prolongation (25-25) au Palais omnisport de Paris-Bercy. La « bande à Costantini », qui n’était pas favorite – les Suédois sont quadruples champions du monde (1954, 1958, 1990 et 1999) et vice-champions olympiques –, fête de manière héroïque le départ à la retraite de Daniel Costantini, leur entraîneur, le premier à conduire une équipe française au titre suprême dans un sport collectif et à compter deux titres mondiaux dans une discipline collective. 5 Audiovisuel Bertelsmann prend le contrôle de RTL Le groupe allemand des médias Bertelsmann annonce qu’il prend le contrôle à hauteur de 67 % du numéro un de la télévision et de la radio RTL Group, grâce à un échange de participations. Déjà détenteur de 37 % du groupe luxembourgeois, il compte acquérir les 30 % que le Groupe Bruxelles Lambert (GBL) détient dans le capital de RTL Group. En échange, GBL recevrait 25,1 % du capital de Bertelsmann. Celui-ci possède des entreprises telles que la major du disque BMG, le groupe allemand d’édition Springer et Gruner & Jahr, qui édite en France les magazines Capital, Ca m’intéresse, Femme actuelle, Geo ou Voici. RTL Group, également détenu à 22 % par le groupe britannique Pearson, a réalisé en 1999 un chiffre d’affaires de 1,726 milliard de dollars et un bénéfice de 284 millions de dollars. Si cette participation croisée suscite de nombreuses interrogations sur la stratégie de Thomas Middelhoff, P-DG de Bertelsmann, au niveau européen et sur l’indépendance éditoriale des médias désormais contrôlés par le leader européen du secteur, la prise de contrôle de RTL Group doit maintenant obtenir l’aval en France du Conseil supérieur de l’audiovisuel. 6 France Sirven à Paris Arrêté aux Philippines, puis expulsé en tant qu’étranger sans-papiers vers l’Allemagne, d’où il est bientôt extradé, Alfred Sirven arrive sur le sol français après trois ans de cavale. Il est aussitôt entendu par les trois juges d’instruction parisiens – Eva Joly, Laurence Vichnievsky et Renaud Van Ruymbeke – en charge du dossier Elf au pôle financier de Paris. À l’issue de l’audition, il est placé sous mandat de dépôt par le juge downloadModeText.vue.download 17 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 15 de la détention et des libertés. Avant son extradition vers la France, l’ancien directeur général du groupe Elf a refusé de témoigner devant les députés allemands qui souhaitaient l’interroger sur le versement de commissions occultes à la CDU lors de la vente à Elf-Aquitaine de la raffinerie Leuna (en ex-Allemagne de l’Est). Présenté devant la onzième chambre du tribunal correctionnel présidée par Sophie Portier, Alfred Sirven se voit signifier son maintien en détention. La présidente Sophie Portier décide le renvoi du procès au 12 mars prochain, en ajoutant trois jours supplémentaires consacrés aux débats avant le réquisitoire du parquet et les plaidoiries de la défense. Alfred Sirven devra s’expliquer sur les faits d’abus de biens sociaux au détriment du groupe Elf qui lui sont reprochés : le salariat de Christine Deviers-Joncour et l’achat d’un appartement dans le VIIe arrondissement de Paris (17 millions de francs) pour infléchir la position de Roland Dumas concernant la vente par Thomson de six frégates à Taïwan. Kouchner retrouve la Santé Bernard Kouchner est nommé ministre délégué à la Santé, une fonction qu’il a occupée il y a trois ans. Il remplace Dominique Gillot qui devient secrétaire d’État aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Il devra prendre en charge deux dossiers délicats : celui des médecins et celui du principe de précaution appliqué à la maladie de la vache folle. Israël Sharon plébiscité Le chef de la droite nationaliste Ariel Sharon est élu Premier ministre d’Israël. Aux élections générales anticipées, il devance largement son rival Ehoud Barak, Premier ministre démissionnaire, avec 62,6 % des voix contre 37,2 %. Ce dernier annonce qu’il quitte la direction du Parti travailliste et son siège de député à la Knesset. Le taux de participation a atteint un niveau historiquement bas, 62 % ; en 1999, 78 % des inscrits avaient pris part au scrutin. Le lendemain des élections, Ariel Sharon se rend au mur des Lamentations à Jérusalem, comme le veut la tradition pour les nouveaux chefs de gouvernement en Israël. Le 28 septembre dernier, sa visite au mont du Temple, que les musulmans appellent esplanade des Mosquées, avait été l’un des éléments déclencheurs de la nouvelle Intifada, qui dure depuis quatre mois et a fait près de 400 morts. Le négociateur palestinien Nabil Chaath met en garde Ariel Sharon contre une « confrontation sanglante » s’il ne respecte pas les accords déjà signés avec les Palestiniens. Pour sa part, le chef du Likoud appelle les Palestiniens à « quitter le chemin de la violence et à retourner sur celui du dialogue » et propose à ses concitoyens la constitution d’un gouvernement d’union nationale incluant le Parti travailliste. Le 13 et le 16, les Forces nationales et islamiques, coalition de treize organisations, parmi lesquelles le Fatah du président Yasser Arafat et les mouvements islamistes du Hamas et du Jihad islamique manifestent pour « faire face au projet agressif du raciste Sharon par des marches contre la colonisation et les colons dans les zones rurales palestiniennes ». Le 14, huit civils et soldats israéliens sont volontairement fauchés à Azur, au sud de Tel-Aviv, par un autobus conduit par un Palestinien : c’est l’acte le plus meurtrier depuis l’attentat-suicide à la bombe qui avait tué seize Israéliens et deux Palestiniens sur le marché de Mahane Yehuda à Jérusalem en juillet 1997. Le 15, l’État hébreu impose un bouclage total des territoires autonomes. Le drame d’Azur, qui intervient en pleine négociation entre Ariel Sharon et Ehoud Barak pour former un gouvernement d’union nationale, accélère les tractations entre le Likoud et les travaillistes. Ehoud Barak, qui est revenu sur sa décision d’abandonner la scène politique, se dit prêt à accepter le portefeuille de la Défense et Shimon Pères, celui des Affaires étrangères. Le Premier ministre sortant annonce qu’il réunira le comité central de son parti pour voter sur la participation des travaillistes au gouvernement Sharon. Environnement Nouveau rapport sur le réchauffement de la Terre Plus de 80 ministres de l’Environnement sont réunis à Nairobi, au Kenya, pour assister au conseil des ministres du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Au programme : le réchauffement de la planète. Les participants pressent les gouvernements d’appliquer les réductions d’émissions de CO2 prévues par le protocole de Kyoto, afin de lutter le plus vite possible contre l’effet de serre. Selon des chercheurs du PNUE, la fonte des sols gelés de l’Arctique – le pergélisol, qui couvre l’ensemble des sols polaires gelés en permanence, parfois jusqu’à 1 000 mètres de profondeur – provoquée par le réchauffement du climat, pourrait aggraver considérablement l’effet de serre. Les glaces de l’Arctique, qui renfermeraient 14 % des matières carboniques de la Terre, constitueraient une sorte de puits renfermant des gaz à effet de serre comme le CO2 ou le méthane. Des chercheurs britanniques estiment que downloadModeText.vue.download 18 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 16 le dégel des terres de l’Arctique pourrait libérer plus de 450 gigatonnes de CO2. Le retour de Bernard Kouchner aux affaires Remplacé à la tête de la mission de l’ONU pour le Kosovo par le ministre danois de la Défense lions Huekkenrup, Bernard Kouchner ne cache pas, dès la fin de 2000, son désir de reprendre place dans le gouvernement Jospin. À soixante et un ans, l’ancien secrétaire d’État à la Santé (1997-1999) fait très vite savoir qu’il souhaite prendre la tête d’un ministère de plein exercice. Comme administrateur civil de l’ONU au Kosovo, poste qu’il occupait depuis juillet 1999, il peut se targuer d’un bilan honorable. « Il a accompli un travail remarquable », a tenu à saluer le Premier ministre Lionel Jospin. Bilan honorable au Kosovo Au moment où la direction du Haut-Commissariat aux réfugiés (un vieux rêve) lui passe sous le nez, après avoir décliné le poste d’envoyé spécial de l’ONU pour le sida que lui proposait Kofi Annan, sa décision est prise de revenir en France. En pleine crise de la vache folle, le Premier ministre est conscient des faiblesses de son dispositif en matière de santé publique, mais doit composer avec les réticences de certains ministres à voir leurs portefeuilles allégés. Élisabeth Guigou, notamment, est réticente à un redécoupage de son propre ministère. D’autres ministres au contraire appellent à un rapide retour de « BK » au gouvernement, comme Claude Bartolone, le ministre délégué à la Ville. Des rumeurs ont filtré. On le pressentait successeur de Pierre Moscovici aux Affaires européennes, on le voyait remplacer un Pierre Joxe à la Cour des comptes, ou même prendre la tête du ministère de la Défense. Lionel Jospin le nomme, le 6 février, ministre délégué à la Santé auprès d’Élisabeth Guigou. Une victoire en demi-teinte. Revendications des infirmières et des sagesfemmes en colère, fièvre aphteuse, légionellose, le nouveau ministre trouve des dossiers délicats. L’épidémie de fièvre aphteuse lui donne l’occasion de redéfinir les frontières de son ministère. Contrairement à Dominique Gillot, sa remplaçante (qui, secrétaire d’État, récupère le dossier des handicapés et des personnes âgées) qui laissait au ministre de l’Agriculture Jean Glavany le monopole de la gestion des crises sanitaires, il souligne : « ce dernier ministère ne peut pas être le seul interlocuteur de l’opinion publique. » Le temps de l’installation des toutes nouvelles agences sanitaires est révolu, il s’agit désormais d’intégrer de façon systématique le risque sanitaire. Bref, de développer une « pédagogie du risque » relayée par une forte politique de communication. Il plaide pour plus d’Europe et en appelle à la création d’une « Agence sanitaire européenne ». Pour lui, « l’affaire de la vache folle est avant tout l’affaire d’une humanité folle, » obsédée par la dérive productiviste. Coupant court aux critiques selon lesquelles le ministère de la Santé et le ministère de l’Agriculture n’auraient pas assez coopéré pendant la crise de la vache folle, Bernard Kouchner rappelle que c’est son ministère qui est à l’origine du principe de précaution et que le principe de responsabilité est là pour le compléter. Il s’attaque à d’autres dossiers d’envergure : la révision des lois sur la bioéthique (qui prévoit notamment d’élargir le champ des donneurs) et la loi sur les droits des malades. Quasi bouclés, ces textes doivent être intégrés au calendrier parlementaire. « Développer une culture de santé publique » Mardi 27 mars, un mois et demi après son retour au gouvernement, le nouveau ministre délégué à la Santé présente son programme au cours de la conférence nationale de la Santé. Jusqu’alors, la « gestion d’un système de soins » était l’objectif prioritaire. L’ancien gastro-entérologue de Cochin souhaite désormais développer une véritable « culture de santé publique » déclinée en plusieurs volets : lutte contre le cancer (dépistage des cancers du sein [généralisé] et du côlon [expérimental], ouverture de postes supplémentaires de cancérologues, mise en place d’une consultation spécialisée), programmes d’action spécifiques envers les jeunes, les femmes et les précaires, combat contre les maladies infectieuses. Un comité de suivi, créé au sein du ministère, s’assurera tous les quinze jours de la mise en oeuvre de ces différents champs d’action et une réunion publique d’information se tiendra tous les deux mois. Dès le mois d’avril, un dépistage du cancer colorectal downloadModeText.vue.download 19 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 17 sera lancé dans onze départements. Rappelant qu’en 2000 la France a dépensé plus de 900 mil- liards de francs pour la santé, Bernard Kouchner n’exclut pas une éventuelle hausse des dépenses de santé, rationalisée, notamment pour tout ce qui touche aux médicaments. Il se dit par ailleurs favorable à un développement plus rapide de la consommation de génériques. Le rapport préparatoire à la conférence nationale concocté par le Haut Comité de santé publique préconise par ailleurs « un panier de biens et de services ». Pour faire tomber les barrières entre les différents corps, l’ancien médecin se dit favorable à la création d’un DEUG de santé publique commun, au moins pour la première année, aux médecins, pharmaciens, infirmières, kinés. Celui qui se surnomme lui-même « le ministre des malades » connaît parfaitement le monde de la santé et sait se faire entendre des médecins. Il devra également remobiliser son administration. Le règlement en avril du conflit des sages-femmes, après cinq semaines de grève, est pour lui une première victoire. CÉLINE CABOURG LES PILIERS DE LA DÉMOCRATIE SANITAIRE – La santé publique : les 6 plans de la santé publique pour lutter contre les pathologies chroniques : cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, asthme, insuffisance rénale, mucoviscidose. Sans oublier les 2 programmes nationaux sur le sida et les hépatites. À cela il faut ajouter : les maladies émergentes et orphelines, ai lions en faveur des jeunes, des femmes, des personnes âgées, des détenus et des actions d’intérêt général comme le développement des greffes, le plan de lutte contre lu douleur, le programme national sur la nutrition, ou encore la relance du débat sur le droit à l’euthanasie. – Les médicaments : rationalisation de l’achat des médicaments, consommation locale passée au crible. Le comité économique des produits de santé devra négocier à terme, avec les laboratoires, des baisses de prix. – La sécurité sanitaire : en mai-juin 2011, lancements d’enquêtes sur les maladies contractées à l’hôpital, dites nosocomiales. Environnement : l’Amérique fait cavalier seul Pour George W. Bush, les accords internationaux, comme celui signé par son pays à Kyoto en 1997, ne sont bons que s’ils servent les intérêts américains, et plus particulièrement ceux des lobbies du pétrole et du charbon qui ont largement financé sa campagne électorale. « Le mode de vie américain n’est pas négociable ! » avait prévenu Bill Clinton alors qu’il était encore président des États-Unis. Cet axiome reflète une réalité : un citoyen américain « émet » chaque année 5,4 tonnes de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre. Tout en ne représentant que 5 % de la population mondiale, l’Amérique du Nord rejette le quart du total mondial de ces gaz et participe largement au réchauffement climatique que la communauté scientifique, désormais quasi unanime, attribue à l’utilisation massive des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Cela n’a pourtant pas empêché le nouveau locataire de la MaisonBlanche, George W. Bush, d’annoncer, à la mimars, qu’il renonçait à limiter les émissions de CO2 américaines et que Washington ne ratifierait pas le protocole de Kyoto, qui impose aux pays industrialisés de réduire leurs émissions de 5,2 % en moyenne par rapport à leur niveau de 1990 (d’ici à 2012). L’heure de rembourser Cette bravade vient menacer la viabilité d’un accord déjà mis à mal par le différend américano-européen qui a conduit à l’échec de la conférence de La Haye en novembre 2000. Elle était néanmoins prévisible. En prenant cette décision, M. Bush, qui s’était pourtant engagé, pendant sa campagne, à réglementer les émissions de CO2, a trahi une promesse électorale. De l’avis des commentateurs, cependant, ce revirement ne fait que confirmer « les liens qui unissent [le nouveau président] avec les milieux d’affaires qui ont financé sa campagne ». Greenpeace USA a ainsi rappelé qu’« une grande partie des 32 millions de dollars investis par le secteur gazier et pétrolier dans les dernières élections est allée au camp républicain ». Et le démocrate Dick Gephardt d’assurer que « l’heure de rembourser » avait sonné pour downloadModeText.vue.download 20 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 18 l’équipe Bush. Par exemple, en concoctant un plan énergétique qui prévoit un effort massif en faveur du pétrole, du gaz naturel et du nucléaire. En outre, « W » n’a jamais caché son opposition à un processus qu’il juge « injuste », affirmant qu’il ne laisserait pas les États-Unis « porter le fardeau de nettoyer tout seuls l’air, comme le protocole de Kyoto l’exige ». Le président américain refuse que les pays en développement (PED), en particulier la Chine, « deuxième émetteur de gaz à effet de serre au monde », soient exemptés de tout objectif chiffré de réduction de leurs émissions. Si l’efficacité d’une lutte mondiale contre l’effet de serre nécessite d’impliquer le Sud, à terme (l’Asie en développement émet aujourd’hui presque autant de CO2 que les États-Unis), cet argument paraît d’autant plus spécieux que « les émissions américaines, rapportées au nombre d’habitants, restent dix fois supérieures à celles des PED ». Et comme le souligne le président de la Commission européenne Romano Prodi, c’est aux « pays industrialisés qui [ont] le plus contribué à créer le problème » de montrer la voie, l’Amérique en tête, qui a vu depuis 1990 croître son PIB de 16 % et ses émissions de plus de 11 %. Or, pour appliquer le protocole de Kyoto, les Américains devraient, en réalité, réduire leurs rejets de CO2 de plus de 17 % et non de 7 %. Un effort que M. Bush ne veut pas faire supporter à son pays. Aussi a-t-il également justifié le retrait américain par l’existence d’une crise énergétique outre-Atlantique, symbolisée par les coupures d’électricité californiennes, et en se basant sur une étude du Département de l’énergie concluant qu’une réglementation inspirée du protocole hâterait le déclin des centrales au charbon (qui fournissent la moitié de l’électricité américaine) et alourdirait la facture énergétique pour les entreprises. D’où le message sans ambiguïté adressé par le secrétaire d’État américain Colin Powell à toutes les ambassades du pays : « Les États-Unis s’opposeront au protocole de Kyoto quelles que soient les circonstances [...] parce qu’il causerait de sérieux dommages à l’économie américaine. » M. Bush, poussant le cynisme jusqu’à qualifier l’indignation suscitée par sa volte-face, de plus « émotionnelle que scientifique », ne peut, pour autant, méconnaître ces fameuses « circonstances », encore assombries par le dernier rapport sur les conséquences du réchauffement planétaire, publié en février par les chercheurs du Groupement international pour l’étude du climat (GIEC). Le plus gros pollueur de la planète La décision de « W » ne semble pas avoir entamé sa crédibilité auprès de l’opinion publique américaine. Même les écologistes locaux ont protesté mollement, Phil Clapp, président du National Environment Trust, se contentant de dénoncer « l’indécence d’un président qui fait la sourde oreille aux questions environnementales ». Toutefois, un membre du Earth Policy Institute de Washington, Lester Brown, a pris à contrepied les craintes bushiennes, en remarquant que « [l’Amérique] devrait conduire le monde vers une économie des énergies nouvelles, au lieu de stagner au XXe siècle, à l’ère de la houille et du pétrole ». En clair, le développement des énergies renouvelables pourrait agir comme un moteur de l’économie américaine, de la même façon que l’informatique et Internet dans les années 1980 et 1990. En tirant un trait sur un long processus diplomatique qui a accouché d’une esquisse de politique mondiale de l’environnement au nom de la défense de ses seuls intérêts nationaux, l’Amérique de George W. Bush pourrait bien perdre sur tous les plans. Économique d’abord, en se privant d’investir dans des technologies respectueuses de l’environnement. Politique ensuite, en prenant le risque d’être complètement marginalisée par les autres pays, qui pourraient décider d’en accélérer la mise en oeuvre au cours de la conférence de Bonn. Gageons que les nations industrialisées auront assez de sagesse pour choisir d’avancer, malgré la défection du plus gros « pollueur » de la planète. EMMANUEL CHICON AMÉRICAINS ET EUROPÉENS : DEUX PLANÈTES DIFFÉRENTES En matière d’environnement et d’énergie, un monde sépare les deux piliers de l’économie mondiale. Tandis que le plan énergétique de l’administration Bush table sur une croissance annuelle de la consommation outre-Atlantique de 1,3 % jusqu’en 2020 l’Union européenne prévoit une augmentation de 0,5 %, indépendamment des politiques énergétiques communautaires qui pourraient être menées après 2000 : un Livre vert publié par la Commission en précise clairement la philosophie : doubler la part des énergies renouvelables pour atteindre 12 % de l’électricité produite au sein de l’Union, éliminer les subventions downloadModeText.vue.download 21 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 19 aux combustibles finies fossiles d’ici à 2010, stabiliser la part du transport assuré par l’automobile, etc. Autant de mesures qui concrétiseraient l’adhésion européenne au protocole de Kyoto. 10 États-Unis/Japon Collision maritime au large de Hawaii Le sous-marin américain USS Greeneville, rattaché à Pearl Harbor, heurte un bateau-école de pêche japonais, l’Ehime Maru, alors qu’il effectuait une mission de routine à 14 km au sud d’Oahu, une des îles de Hawaii. Le bateau japonais transportait 35 personnes, dont 20 membres d’équipage, deux enseignants et 13 élèves d’un collège d’enseignement technique de la pêche. Le bateau japonais, long de 54 m, a fait naufrage, le sous-marin à propulsion nucléaire, long de 108 m, n’a subi aucun dégât. Neuf personnes sont portées disparues : quatre étudiants, les deux enseignants et trois membres d’équipage. La Marine américaine reconnaît que seize civils étaient invités à bord du sous-marin et que deux d’entre eux se trouvaient assis à des positions de contrôle au moment de la collision – poste de conduite du sous-marin, du sonar ou du poste de contrôle des ballasts. Le ministre japonais des Affaires étrangères Yohei Kono émet une protestation officielle auprès de son homologue américain Colin Powell concernant la présence de civils dans le poste de commande de l’USS Greeneville. Voile Le globe challenge à Desjoyeaux Le navigateur breton Michel Desjoyeaux, âgé de trente-cinq ans, remporte la victoire du quatrième Vendée Globe, tour du monde à la voile, en solitaire, sans assistance et sans escale. Franchissant la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne, juste après vingt heures, à bord de PRB, il établit un nouveau record absolu de l’épreuve – 93 jours 3 heures 57 minutes et 32 secondes –, améliorant de plus de 12 jours celui de Christophe Auguin, le précédent vainqueur de l’épreuve. La Britannique Ellen McArthur, âgée de vingt-quatre ans, termine deuxième après 94 jours 20 heures et 25 minutes de navigation sur son Kingfisher. Elle avait remporté le classement monocoque de la Transat anglaise 2000. 11 Biologie Publication du séquençage du génome humain À l’issue de plus de dix ans de recherches, deux équipes, le Projet génome humain (HGP), qui regroupe des organismes publics, et son rival, Cèlera Genomics, firme privée américaine dirigée par Craig Venter, livrent chacune leur version du génome humain, la plus complète jamais obtenue. La publication détaillée de la carte du code génétique humain confirme que le génome humain comporte moins de gènes qu’on ne l’imaginait, environ 35 000 contre 100 000 à 150 000, soit à peine deux fois plus que celui d’une mouche drosophile. Toutefois, la complexité de l’organisme humain ne s’explique pas par la quantité supérieure de gènes mais par la complexité de ses protéines. Il faudra sans doute encore quelques années avant d’établir la carte génétique complète. Les généticiens vont devoir notamment définir la fonction de chacun des 35 000 gènes. La mise au point de médicaments spécifiquement adaptés à l’identité génétique d’un patient malade n’interviendra pas avant une dizaine d’années. Le génome humain en voie de déchiffrage La publication le 12 février, dans deux revues scientifiques anglo-saxonnes des travaux de deux équipes rivales, permet d’y voir plus clair dans la carte des composants de la vie. Parvenant aux mêmes conclusions, les recherches ont créé la surprise en révélant que le génome humain contiendrait environ 30 000 gènes, au lieu des 100 000 prédits par les généticiens. La fourchette reste large, mais cette dévaluation suffit pour bousculer quelques idées reçues et pour infirmer l’équation faisant correspondre une fonction à un gène. Un même gène pouvant avoir plusieurs fonctions, les apprentis sorciers de la génétique voient se réduire leurs downloadModeText.vue.download 22 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 20 chances d’imiter la nature après cette découverte qui replace l’homme, en toute humilité, dans la grande chaîne du vivant. Presque complètement décrypté, le génome humain nous livre ses premiers secrets ; mais le mystère de la vie reste entier... Annoncée avec force publicité, la publication simultanée le 12 février dans la revue américaine Science et dans l’hebdomadaire britannique Nature, des conclusions concordantes des travaux de deux équipes concurrentes, l’une privée l’autre publique, fruit de dix années d’explo- ration de la carte des gènes composant l’être humain, a créé la surprise dans la communauté scientifique et jeté le trouble dans le grand public, fasciné par ce coin de voile levé sur le grand mystère de la vie dont la clé serait désormais à portée de microscope. Entre 26 000 et 38 000 gènes La génétique disposerait donc de sa pierre de Rosette, qui aurait permis aux équipes conduites par Craig Venter, pour la firme privée Cèlera Genomics, et par Francis Collins, pour le Consortium – public – pour le séquençage du génome humain, d’en décrypter presque totalement la grille de lecture, le génome, et de dessiner la carte des composants de la vie. Les conclusions, similaires en dépit de méthodes de travail différentes, exposées à la faveur d’une conférence de presse commune à Washington des deux équipes qui avaient, pour l’occasion, enterré la hache de guerre, seront à la hauteur des enjeux – scientifiques et économiques – affichés depuis le mois de juin 2000, date à laquelle on annonçait que le génome était décrypté : le génome humain comporterait entre 26 000 et 38 000 gènes, soit nettement moins que les 100 000 gènes auxquels s’attendaient les généticiens quelques mois à peine avant cette découverte. Obtenue suivant une technique laborieuse de séquençage logique des portions de génome pour le Consortium international impliquant depuis 1992 dans le projet quelque 250 laboratoires publics et privés de 18 pays – dont la France (qui fait partie des pionniers en dressant en 1993 la première carte physique d’un chromosome humain) – et à coups de « shotgun » (tir dispersé) bombardant les 3 milliards de lettres du génome humain pour l’équipe de Craig Venter, en lice depuis 1998 seulement, cette élucidation de 90 % des séquences de notre patrimoine génomique réserve donc nombre de surprises et bouleverse bien des idées reçues. Première incidence de cette révision à la baisse du nombre des gènes, autrement dit les mots composés de plusieurs centaines ou milliers de « bases », ces briques chimiques élémentaires symbolisées par les quatre lettres A, C, T et G (acides nucléiques) du code génétique, au nombre de 3 milliards, s’étirant le long de la molécule d’ADN en forme de double hélice que constituent les chromosomes, dont 23 paires sont logées dans le noyau de chacune des 100 000 milliards de cellules qui composent le corps humain, l’équation simpliste et espérée par les généticiens selon laquelle à un gène correspondrait une protéine et donc une fonction est désormais caduque. Les gènes sont en trop petit nombre pour pouvoir fabriquer les dizaines de milliers de protéines d’un être humain, comme le laissait d’ailleurs prévoir la complexité du gène de l’insuline. Un gène peut produire plusieurs protéines et, surtout, il interagit avec d’autres gènes, l’influence de l’environnement (mode de vie, par exemple) provoquant des milliers d’autres connections et fonctions qu’il reste à déterminer. Et le mystère reste entier pour ce qui est de notre « génome silencieux », soit plus de 95 % de l’ADN qui semblent apparemment dénués de sens, car ils ne se laissent pas lire en gènes et ne correspondent pas au plan de fabrication des protéines. Autant dire adieu, du moins dans l’état actuel des recherches, aux espoirs d’établir une médecine à la carte, en fonction des seules particularités génétiques de chacun. Autre surprise, la proximité génétique de l’être humain avec d’autres espèces, aussi éloignées que la mouche du vinaigre, qui n’a que moitié moins de gènes, ou le ver de terre, dont 10 % de nos gènes nous rapprochent, tandis que nous partageons quasiment le même génome avec le chimpanzé. Autant dire que le décryptage du génome humain montre plus ce qui rapproche l’homme des autres espèces que ce qui l’en sépare, l’inscrivant au coeur du vivant, et flétrissant définitivement les présupposés génétiques du racisme pseudo-scientifique, quand on sait que le patrimoine génétique africain est plus varié que celui de tous les autres continents, qu’il a inondés de ses gènes, et que des variations génétiques individuelles peuvent intervenir avec plus d’amplitude entre des individus de même couleur. L’évolution des espèces reposerait dès lors sur quelques accidents génétiques, même downloadModeText.vue.download 23 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 21 si l’homme ne saurait se réduire à la somme de ses gènes. On n’est donc pas aujourd’hui en mesure de lire en l’homme comme en un livre ouvert, et les séquences de ses lettres géniques n’écrivent que les toutes premières lignes du premier chapitre du livre des mystères de l’être humain. La séquence du génome humain permet de découvrir l’échafaudage génétique autour duquel chaque vie humaine est façonnée, mais n’est en rien cette carte d’identité qui le soumettrait à un déterminisme autorisant toutes les mutations et les imitations. La découverte n’a donc de sens que si on ne lui attribue pas les vertus démiurgiques que certains voudraient lui prêter : à l’humilité de l’homme replacé dans la chaîne du vivant doit répondre celle du scientifique. GARI ULUBEYAN UN CHAMP DE POSSIBLES S’il n’a pas simplifié la compréhension de l’être humain, le décryptage du génome ouvre toutefois un champ de possibles. L étude de la fonction des gènes, dont on sait qu’ils peuvent avoir plusieurs rôles, va se révéler plus complexe, et les conséquences économiques sont plus hasardeuses, alors qu’un travail coûteux attend les chercheurs et les investisseurs, déjà sur les rangs pour produire des médicaments dont ils espéraient qu’ils pourraient cibler plus facilement les gènes supposés à l’origine de maux graves et de maladies génétiques, dont 39 % sont concentrés dans 8 chromosomes seulement. Le génomique fonctionnelle, qui permet de comprendre le rôle exact des gènes, leur influence, leur interaction, leurs silences et leurs activations, n’en est qu’à ses balbutiements. Il faudra encore attendre, donc, pour que la médecine prédictive opère cette « révolution génétique » encore en gestation. 12 États-Unis Napster déclaré coupable La Cour d’appel de San Francisco juge que Napster, le site d’échange gratuit de fichiers MP3 sur Internet, encourage la violation des droits d’auteur des maisons de disques mais ne sera pas fermé immédiatement. Elle confirme ainsi un premier jugement rendu en référé en juillet 2000 par un juge de San Francisco, Marylin Hall, qui avait ordonné à Napster de mette fin à ses activités, au nom des droits d’auteur. Napster a été créé à Redwood City (Californie) en 1999 par un étudiant de dix-neuf ans, Shawn Fanning ; il permet aux internautes de rechercher les musiques de leur choix en entrant en contact avec d’autres internautes et en les récupérant sur leur ordinateur. La société revendique 50 millions d’utilisateurs dans le monde depuis son lancement. Les grandes maisons de disque, réunies au sein de l’Association américaine de l’industrie du disque (RIAA), étaient à l’origine de la plainte déposée en décembre 1999 contre le site pour violation des droits d’auteur, estimant qu’il favorise un piratage à grande échelle sur le Net. 13 Salvador Nouveau séisme au Salvador Le Salvador est de nouveau frappé par un séisme de forte amplitude, 6,6 degrés sur l’échelle de Richter. L’épicentre a été localisé à environ 80 km au sud-est de San Salvador. Le bilan officiel fait état de 274 morts, 2 400 blessés et de quelque 13 000 maisons détruites. Le 13 janvier dernier, un séisme avait fait plus de 800 morts dans le pays. Depuis cette date, plus de 3 200 répliques ont été enregistrées. 16 Irak Bombardement anglo-américain Des avions britanniques et américains bombardent cinq installations de défense anti-aérienne irakiennes autour de Bagdad disposant d’un nouveau système intégré de radars qui permettent une meilleure utilisation de missiles sol-air par la DCA. Cette « mission de routine » est la première opération militaire depuis l’arrivée de George Bush à la Maison-Blanche le 20 janvier. Selon le ministère irakien de la Santé, deux personnes ont été tuées dans l’attaque et vingt autres blessées. L’agence officielle irakienne INA indique que le président irakien Saddam Hussein examine « les mesures militaires » à adopter pour riposter. Ce n’est pas la première fois qu’un tel bombardement intervient, mais c’est le premier à se produire downloadModeText.vue.download 24 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 22 en dehors de la zone d’exclusion aérienne sud depuis l’opération américano-britannique « Renard du désert » menée à la mi-décembre 1998. Cette zone avait été imposée par les forces alliées en août 1992 pour protéger les chiites irakiens, après que la garde présidentielle de Saddam Hussein eut écrasé un soulèvement consécutif à la guerre du Golfe en février 1991. Une autre zone, dans le nord, a été imposée en avril 1991 pour protéger les populations kurdes. La France ne participe plus depuis plusieurs années aux patrouilles alliées. Depuis l’opération « Renard du désert », Bagdad ne reconnaît plus ces deux zones d’interdiction aérienne et conteste les patrouilles américano-britanniques. Ces bombardements anglo-américains déclenchent de nombreuses réactions au sein de la communauté internationale : rencontres et déclarations multiples pour tenter d’éviter une nouvelle escalade du conflit et de sortir Bagdad de l’isolement humanitaire, réprobations exprimées par la France, la Russie, l’Irlande, l’Egypte, la Syrie, le Yémen et la Ligue arabe. Le 22, un nouvel incident oppose des appareils alliés qui effectuaient une patrouille « de routine » à la DCA (Défense contre avion) irakienne aux environs de Mossoul, au nord de Bagdad, dans la zone d’exclusion aérienne située dans le nord de l’Irak. Selon l’armée américaine, des batteries de défense aériennes près de Mossoul (400 km au nord de Bagdad) ont ouvert le feu sur des avions alliés qui effectuaient une patrouille « de routine » dans cette zone. 17 France Des réfugiés clandestins en Provence Un vraquier, l’East Sea, battant pavillon cambodgien et transportant plus d’un millier de ressortissants étrangers, s’échoue sur la commune de SaintRaphaël, dans le Var. Les autorités dénombrent au total 908 personnes, identifiées pour la plupart comme des Kurdes irakiens, mais un nombre indéterminé de passagers, dont l’équipage et son capitaine, de nationalité grecque, ont abandonné le cargo. Selon certains réfugiés, « leur périple a commencé il y a deux mois dans un petit village d’Irak où ils ont été démarchés par des passeurs » ; « ils ont payé 200 dollars pour passer la frontière entre l’Irak et la Turquie. Ensuite, pour le voyage qui devait les conduire en Europe, les enfants ont dû payer 1 500 dollars et les adultes entre 3 000 et 4 000 dollars. » Une cellule de crise est mise en place sous l’autorité du préfet du Var Daniel Canepa, qui place « les locaux du 21e RIMA de Fréjus en situation juridique de zone d’attente » afin de « disposer de plusieurs jours pour faire face au traitement de ces personnes », dont la situation doit être réglée sous vingt jours. Le ministère de l’Intérieur indique qu’une partie des immigrants clandestins – ceux qui sont « dépourvus des documents nécessaires à l’entrée en France et dont l’état ne requiert pas une hospitalisation » – risquent d’être refoulés du territoire français et que les demandes d’asile seront « instruites selon les procédures prévues par la loi ». La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou précise que « les situations seront examinées au cas par cas ». Le 21, le ministère de l’Intérieur délivre à chacun des 440 adultes se disant originaire du Kurdistan irakien un sauf-conduit de huit jours destiné à lui permettre de déposer en préfecture une demande d’asile. Les réfugiés sont donc libres de circuler pendant huit jours sur le territoire français. La mesure concerne la quasi-totalité des passagers du vraquier. Toutefois, « cette décision ne saurait préjuger de la suite que l’OFPRA [Office français de protection des réfugiés et des apatrides] réservera à ces demandes à l’issue d’un examen individuel approfondi ». 19 Hospitalisé à la suite d’un accident vasculaire cérébral le 10 février à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Valde-Marne), Charles Trenet décède à l’âge de quatrevingt-sept ans des suites d’une attaque cérébrale. Le « Fou chantant » est né le 18 mai 1913 à Narbonne, il s’est produit pour la dernière fois à Paris à la Salle Pleyel en novembre 1999. Les obsèques de Charles Trenet ont lieu le 23 en l’église de la Madeleine à Paris. Ses cendres seront placées dans le caveau du cimetière de l’Ouest de Narbonne, aux côtés de sa mère. Chanson Décès de Charles Trenet downloadModeText.vue.download 25 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 23 Le siècle léger et éternel de Charles Trenet Fou chantant, poète lunaire, Charles Trenet a suscité de nombreux qualificatifs au cours d’une carrière qui a peint le siècle aux accents tristes et faussement joyeux de ses chansons. Dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 février, Chartes Trenet s’est « éteint paisiblement » et a « rejoint le ciel et les étoiles », comme l’a indiqué son entourage, à l’âge de quatrevingt-sept ans à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), des suites d’une attaque cérébrale. Ses cendres sont conservées dans le caveau familial de Narbonne. Monter à Paris Narbonne, où Trenet est né le 18 mai 1913. Il monte à Paris au début des années 1930. « Moi, je suis entré en enfance à dix-neuf ans, et je n’en suis plus sorti !... Avant, j’étais trop sérieux pour mon âge » (1971). Tout Trenet est là, qui porte en lui tout ce qu’il va devenir. Pourtant, c’est par des voies détournées, la peinture – il a suivi les cours de la Kunstgewerbeschule, une école d’arts plastiques renommée, à Berlin – et le cinéma – il devient assistant-metteur en scène-accessoiriste aux studios de Joinville –, qu’il parvient à la chan- son. Car, pour lui, l’écriture est un geste naturel. Il rédige des ciné-romans pour des revues de cinéphilie populaire, puis écrit les chansons d’un film, Bariole, de Benno Vigny, son beau-père, réussit l’examen d’entrée à la SACEM (1933). Il rencontre un jeune Suisse athlétique, Johnny Hess, qui chante et joue du piano. Pourquoi ne pas monter un duo ? C’est la mode depuis qu’un duo de Noirs américains, Turner Layton et Charles Johnston, ont fait découvrir aux Parisiens que la musique noire constitue l’ossature de la variété, de Broadway à Paris. Le français pouvait donc swinguer. Sur ce modèle, des duos blancs se constituent dans toute l’Europe. Les duettistes se créent un répertoire. Charles écrit les paroles, Johnny les musiques. Ils enregistrent ensemble quinze 78 tours à partir de 1933, avec des chansons flamboyantes de jeunesse Sous le lit de Lili, Sur le Yang Tse-Kiang, Quand les beaux jours seront là, etc. Dès le duo avec Johnny Hess, Trenet est l’auteur et l’interprète de ses chansons, ce qui est nouveau. Pour Trenet, les mots et la musique forment un tout. De fait, il chantera rarement les chansons d’un autre. Les obligations militaires séparent Johnny de Charles. En 1936, au régiment, ce dernier confie Ya d’la joie à Maurice Chevalier ; elle connaît un immense succès. Quelques mois plus tard, Trenet enregistre ses premiers 78 tours en solo chez Pathé Marconi. En deux ans, Trenet place une série de chansons qui ne le quitteront plus : Je chante, Ya d’la joie, J’ai ta main, la Polka du roi, Vous oubliez votre cheval, Il pleut dans ma chambre, Boum, Ménilmontant, Les enfants s’ennuient le dimanche. En réponse au canotier de « Momo », Trenet arbore un petit chapeau. À cette époque de l’entre-deux-guerres, les hommes, de l’ouvrier en béret et casquette au bourgeois en gibus, melon ou panama, sortaient toujours couverts. Pour Trenet, ce sera le bitos, un ami pour amadouer le trac : « Ce fut une aide bien précieuse à un débutant haut de six pieds qui se sentait petit et perdu, seul sur la scène, et ne savait que faire de ses mains. Le chapeau lui sauva la mise. Il le portait négligemment en entrant en scène, derrière la tête (car il voulait montrer ses cheveux). Il l’ôtait, le remettait, lui donnait toutes les formes. Cela l’aidait à souligner un geste, une attitude et lui faisait oublier la gaucherie de ses dix doigts. Peu à peu, cet auxiliaire devint un accessoire, à présent c’est un fétiche. » Le triomphe est rapide. Pourtant, l’Occupation venue (la Mer, Que reste-t-il de nos amours, Débit de l’eau, débit de lait, Douce France, la Folle Complainte), Charles Trenet va être l’un des rares chanteurs dont le répertoire est assimilé aux « rythmes judéonègres » du jazz : il est sommé par les autorités d’apporter la preuve de sa non-judéité – Trenet serait l’anagramme de Tretner. Il doit donner des gages. Il écrit la Marche des jeunes, qui respire le pétainisme. Une rentrée triomphale En 1951, sa rentrée triomphale au Théâtre de l’Étoile, à Paris, établit sa prééminence sur la chanson française, avec de nouveaux chefsd’oeuvre, tout au long des années 1950 : l’Âme des poètes, la Folle Complainte, le Serpent Python, Une noix, Route nationale 7, la Java du diable, Moi j’aime le music-hall, le Jardin extraordinaire... Il y a bien sûr « les moeurs ». Dans ses chansons, Trenet n’a jamais abordé directement « l’amour qui n’ose dire son nom ». C’est l’envers de l’univers féerique de Trenet. Adulé d’un côté et obligé de cacher ses amours. Est-ce la clé de downloadModeText.vue.download 26 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 24 ce monde factice, tout en faux-semblants, qu’il chante, avec, au fond du sourire, l’amertume ? Les années yéyé sont des années difficiles, l’inspiration fatigue, les aigreurs pointent. Mais, dans les années 1980, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, Trenet est panthéonisé – n’a-t-il pas symbolisé, à son coeur défendant, le Front populaire ? –, décoré de la Légion d’honneur. Jack Lang a annexé Trenet, qui est devenu branché. En spectacle, le septuagénaire est au meilleur de sa forme. L’âge l’oblige à s’économiser, à épurer son jeu, et puis l’on pardonne plus volontiers à un vieux monsieur ce qui agaçait chez l’homme mûr : mais l’énergie, peu commune, est toujours présente. Sa vieillesse est starisée. « Une carrière » disait Marie Dubas, retirée de la scène pour cause de maladie, « c’est avant tout la santé. » Celle de Trenet aura duré presque aussi longtemps que celle de Chevalier, épousant les époques d’une France dont il est le reflet. Grâce à la chanson, un art qu’on dit mineur. Chez Trenet, c’est une science. FRÉDÉRIC PERROUD CE QU’ILS ONT DIT DE LUI : Jean Cocteau : « Charlet Trenet chante où qu’il soit... S’il ne chante pas, d’autres chantent ce qu’il chantait la veille. Vite, la chanson cesse de lui appartenir et, comme la mer, devient Marseillaise et bien public. » Pierre Mac Orlan : « Une chanson de Trenet est bénéfique car le poète de l’amitié pour les bêtes, et pour les choses, et pour les hommes a su créer une chanson pour chacun de nous. » Jacques Brel : « Sans lui, nous serions tous des comptables. » Jean Ferrat : « J’ai été élevé au Trenet... C’est peut être lui qui m’a donné envie de chanter. » Line Renaud : « Il y aura toujours, dans les générations futures, quelqu’un qui reprendra, ici ou là, une chanson de Trenet. » 21 Union européenne Embargo général sur les viandes britanniques L’Union européenne interdit toutes les exportations de bétail, viande et lait en provenance de la GrandeBretagne jusqu’au 1er mars à la suite d’une épidémie de fièvre aphteuse, la première depuis vingt ans, qui s’est déclarée chez des porcs du sud-est de l’Angleterre ; dans le même temps le gouvernement britannique décide de suspendre ses exportations. Le 19, 27 cas de fièvre aphteuse avaient été découverts chez des porcs dans un abattoir de Little Warley dans le comté d’Essex au nord-est de Londres. La fièvre aphteuse, très contagieuse, peut se transmettre sur de longues distances. Elle frappe occasionnellement les humains, par voie cutanée (lorsqu’ils sont porteurs de plaies) ou, de façon plus exceptionnelle, par voie digestive par ingestion de lait cru infecté. Le 25, de nouveaux cas de fièvre aphteuse sont découverts dans une ferme du sud-ouest de l’Angleterre. La nouvelle ravive la crainte d’une extension de l’épizootie en Grande-Bretagne, dont les autorités ont reconnu que certains animaux atteints avaient pu être exportés en Europe avant l’embargo quelques jours plus tôt. Les autorités vétérinaires britanniques n’ont pu établir avec précision quand est apparue l’épizootie, mais certains craignent que la maladie ait pu se déclarer jusqu’à trois semaines avant la confirmation des premiers cas. Pour endiguer la maladie, la Grande-Bretagne entame l’abattage de milliers d’animaux. La dernière grande épidémie de fièvre aphteuse en Grande-Bretagne, en 1967, avait dévasté pendant des mois le bétail anglais et près d’un demi-million de bêtes avaient dû être abattues. La Commission européenne exhorte les États membres de l’UE à pister au plus vite le bétail britannique importé afin d’éviter une propagation des animaux contaminés. La fièvre aphteuse traumatise l’agriculture européenne À peine la psychose provoquée par la maladie de la vache folle (ESB) s’était-elle apaisée à la faveur d’une série de dispositions prises au niveau de l’Union européenne que la fièvre s’emparait à nouveau des milieux agricoles. Une fois encore, c’est de Grande-Bretagne que souffle ce nouveau vent de panique, provoqué par la découverte, le 19 février, d’un foyer de fièvre aphteuse. Le mal, que l’on croyait éradiqué en Europe, se propage comme une traînée de poudre en Grande-Bretagne, tandis que la France et les autres pays de l’Europe continendownloadModeText.vue.download 27 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 25 tale cherchent à se prémunir contre l’épizootie à coups d’embargo et en multipliant les mesures préventives dont font les frais une fois encore les éleveurs. La campagne d’éradication, qui s’est traduite par l’abattage de millions d’animaux, est parvenue à endiguer le fléau, sur le continent en tout cas plus qu’en Grande-Bretagne, où le bilan pèse lourdement sur les professionnels de l’élevage, déjà sinistrés. Adieux veaux, vaches, cochons... Plus aucun des animaux de nos fermes européennes ne semble désormais à l’abri des conséquences d’une agriculture productiviste dont la maladie de la vache folle (ESB) a montré les abus pathogènes pour l’homme. Alors que l’on commençait à peine à tirer les conséquences sanitaires de l’ESB, un nouveau fléau menace cette fois l’ensemble des animaux du cheptel européen : le 19 février, on détecte un cas de fièvre aphteuse dans un abattoir de Brentwood. Une fois encore, la Grande-Bretagne est au coeur d’un scandale agricole qui fait resurgir le spectre d’une épizootie foudroyante. Des mesures d’urgence s’imposent, d’autant que le mal, qui n’épargne aucune bête du cheptel, est très contagieux et ne connaît pas de frontières. Contrairement à l’ESB, la fièvre aphteuse est un mal connu contre lequel un vaccin existe et il ne pose pas de problème de santé publique proprement dit, puisqu’il n’est pas transmissible à l’homme. Mais l’extrême virulence d’une épidémie, dont on sait qu’elle peut décimer des troupeaux entiers, et les mesures quasi militaires prises pour y faire face, avec mise en quarantaine de territoires entiers et passage obligé par des bacs de décontamination pour leurs habitants, ont entraîné un même phénomène de psychose, détournant les consommateurs des produits carnés et frappant de plein fouet les professionnels de la filière bovine. Dès le 21 février, l’UE prononce l’embargo contre les importations de bétail et de viande en provenance de GrandeBretagne, où l’extension fulgurante de l’épizootie crée une situation d’urgence, isolant du reste du monde des régions entières ; chaque jour, on détecte de nouveaux foyers – parfois jusqu’à 40 – que les autorités britanniques décident de combattre par le feu, en abattant des troupeaux entiers et en procédant à l’incinération des carcasses dans de gigantesques brasiers. Confiée à l’armée, cette campagne d’éradication donne des airs de champs de bataille à la campagne britannique. En raison des modes de propagation très volatils de l’épidémie, les pays européens mettent en place des mesures tout aussi drastiques, mais à vocation surtout préventive, en l’absence de foyers avérés de fièvre aphteuse : les zones où ont été détectés des animaux présentant des anticorps spécifiques au mal sont traitées comme des foyers infectieux, avec isolement total du site, interdiction de circuler dans un rayon de 3 km et surveillance par les forces de l’ordre des 10 km alentour. Cette campagne systématique, qui se traduit début mars par l’abattage de quelque 50 000 animaux, attire vite sur le gouvernement la colère des éleveurs, qui soupçonnent une manoeuvre dilatoire à l’approche des municipales. Le plan de lutte anti-fièvre aphteuse du gouvernement français, qui refuse de recourir au vaccin, abandonné depuis la campagne de 1991 et jugé inefficace pour éradiquer le virus dans le cheptel, est accusé d’entretenir inutilement la suspicion sur les produits de l’élevage français, auxquels se ferment l’Italie et un certain nombre de pays. La fièvre s’empare des milieux agricoles En dépit des fonds débloqués pour dédommager les éleveurs, le manque à gagner est considérable pour une profession déjà traumatisée par l’ESB. Dès le début du mois d’avril pourtant, la fièvre qui s’est emparée des milieux agricoles européens tend à baisser à mesure que se confirme la nonpropagation de l’épizootie sur le continent et tandis que se stabilise le nombre de foyers détectés en Grande-Bretagne. L’embargo frappant la Suède, la Finlande, le Danemark, l’Autriche, la Suisse et l’Islande est levé, même si les produits en provenance de la Grande- Bretagne, de l’Irlande, des Pays-Bas et de la France sont toujours tenus pour suspects. Et, le 22 mai, la Commission européenne appelle à lever l’embargo frappant les produits en provenance de l’UE, affirmant que l’épidémie de fièvre aphteuse est « sous contrôle ». Mais le prix est lourd à payer, surtout pour la Grande-Bretagne, dont l’élevage est un champ de ruines : l’épidémie a infecté près de 1 700 troupeaux et provoqué l’abattage de plus de 3 millions de bêtes, privant de leur cheptel près de 8 000 fermes. Le tourisme rural a été particulièrement affecté par l’épizootie, détournant les amateurs de verdure des zones contaminées. downloadModeText.vue.download 28 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 26 Si au niveau national, avec 3 % des exploitations touchées, les pertes sont évaluées seulement à 0,2 % du PNB et si les incidences sur la croissance économique sont moins graves que prévu, le coup est dur pour l’agriculture britannique et pour l’image de marque du pays, dont la gestion de l’épidémie a montré l’incurie des pouvoirs publics, trop lents à mettre en branle des vétérinaires aux effectifs trop limités, et qui ne se sont rendu compte qu’en avril que les charniers dressés pour incinérer des centaines de milliers de bêtes dégageaient des fumées de dioxines cancérigènes... GARI ULUBEYAN LA PAC FRAGILISÉE En Grande-Bretagne, le ministère de l’Agriculture pourrait bien ne pas survivre à l’épidémie de fièvre aphteuse, et il est question de le restructurer avant même la réélection de Tony Blair le 7 juin. Le 9 janvier, le ministre allemand de l’Agriculture démissionnait pour négligences dans la gestion de la crise de la vache folle. En France, le ministère de l’Agriculture est dans le collimateur pour les mêmes raisons, ce qui lui vaut le 17 mai un rapport sévère du Sénat. Au-delà, c’est la politique agricole commune (PAC) qui risque d’être affectée par ces crises posant la question de son orientation et de son financement et qui semblent préparer le terrain déjà sensible de l’agriculture européenne à une réforme radicale avant 2006, comme le réclame Paris. Quoi qu’il en soit un réexamen de la logique d’une agriculture productiviste et intensive paraît inéluctable à la fin de 2002. 22 France Arrestation du chef militaire présumé de l’ETA Le numéro un de l’organisation séparatiste basque espagnole ETA, Francisco Javier Garcia Gaztelu, alias Txapote, est interpellé à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques, par des policiers du SRPJ de Bordeaux. Cette arrestation intervient après celle en septembre dernier du précédent chef de l’ETA militaire, Inaki. Par ailleurs, deux jours après l’annonce d’élections régionales anticipées le 13 mai prochain au Pays basque, deux personnes sont tuées et quatre autres blessées dans un attentat à la voiture piégée à Saint-Sébastien imputé à l’ETA. Cet attentat porte à 26 le nombre des victimes du groupe armé depuis qu’il a mis fin à quatorze mois de trêve en décembre 1999. Le 23, la police espagnole interpelle une quinzaine de personnes soupçonnées d’appartenir à l’organisation séparatiste basque ETA dans la province basque du Guipuzcoa (Nord). 24 Indonésie Violentes émeutes à Bornéo Au moins 270 personnes, principalement des Madurais, trouvent la mort sur l’île de Bornéo à la suite d’affrontements interethniques qui ont éclaté depuis le 18 à Sampit, dans la province du Kalimantan, à 800 km au nord-est de la capitale Palangkaraya. Motivés par des revendications terriennes, les heurts entre les Dayaks, l’une des multiples tribus de l’Indonésie, et les immigrants de plusieurs régions de l’archipel sont fréquents dans cette partie indonésienne de l’île de Bornéo. Des centaines de personnes y ont trouvé la mort ces dernières années. Depuis quarante ans, des centaines de milliers de personnes, principalement des habitants de l’île de Madura, ont été déplacées vers le Kalimantan pour lutter contre la surpopulation de certaines régions de l’archipel. Le 26, le président indonésien Abdurrahman Wahid ordonne le déploiement de 650 hommes des forces spéciales d’élite au Kalimantan, afin de faire cesser les violences ethniques qui opposent les Dayaks, le peuple autochtone, et les milliers de migrants venus de Madura, qui cherchent à fuir les massacres. Les premiers, en majorité chrétiens ou animistes, reprochent aux seconds, qui sont musulmans, d’occuper leurs territoires et de ne pas respecter les coutumes locales. Cette crise constitue un nouveau revers pour le président Wahid, qui tente vainement de contenir les mouvements séparatistes et les conflits ethniques qui se multiplient en Indonésie. 28 France Chômage : nouveau recul en janvier Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 2,9 % en janvier par rapport au mois précédent pour s’étadownloadModeText.vue.download 29 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 27 blir à 36 900, selon les chiffres publiés par la Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle. Mars 1 France Affaire des disparues de l’Yonne : insuffisances de la justice Le ministre de la Justice Marylise Lebranchu indique qu’un rapport de l’inspection générale des services judiciaires révèle un « fonctionnement délictueux de l’institution judiciaire » impliquant notamment le parquet dans l’affaire des disparues de l’Yonne. Ce rapport montre notamment que « le parquet du tribunal de grande instance d’Auxerre n’a pas réussi à exploiter des éléments réunis de longue date contre Émile Louis » Ce dernier, un retraité âgé de soixante-six ans, est actuellement écroué à la maison d’arrêt de Draguignan. Il est soupçonné d’avoir violé et tué sept jeunes filles handicapées mentales dans la région d’Auxerre à la fin des années 1970 et de différents crimes sexuels commis dans le Var. Trois procédures, établies à son encontre entre 1979 et 1984, « n’ont pas reçu l’attention qu’elles méritaient », « seule l’action des parties civiles a permis l’ouverture d’une information en mai 1997, après deux refus successifs de la justice d’Auxerre qui estimait les faits prescrits » : « ces dysfonctionnements sont susceptibles d’engager la responsabilité de l’État » pour faute lourde. Le 21 décembre 2000, une plainte avait été déposée par une femme âgée d’une trentaine d’années qui affirmait avoir été abusée sexuellement par Emile Louis en 1996. En 1989, Emile Louis avait déjà été condamné dans le Var par le tribunal correctionnel de Draguignan à cinq ans de prison pour attentat à la pudeur. 3 Afghanistan Destruction des bouddhas géants de Bamiyan En dépit des appels de la communauté internationale, y compris l’Iran, à préserver leur patrimoine historique, le mollah Mohamed Omar, chef suprême des taliban, maintient son acte de destruction des deux statues préislamiques afghanes dans la province centrale de Bamiyan, « conformément aux principes de l’islam ». En outre, il rappelle que « ces statues ne représentent que 1 % des reliques historiques afghanes et 90 % de ces 1 % ont été pillés » avant son arrivée au pouvoir. Ces statues sont jugées idolâtres et contraires à l’islam par le régime de Kaboul. À l’aide de puissants explosifs et de tirs d’artillerie, les taliban font sauter les deux grandes statues, les plus grands bouddhas debout du monde. Hautes de 38 et 55 m, celles-ci avaient été sculptées à même la falaise par des moines bouddhistes il y a 1 500 ou 1 600 ans, dans la vallée de Bamiyan, à 2 500 m d’altitude. Installé en Afghanistan à partir du IIIe siècle av. J.-C., le bouddhisme a dominé la région pendant 900 ans Un « crime contre la culture » perpétré au nom d’Allah ? Sur ordre de leur chef suprême, les taliban ont dynamité les deux bouddhas géants de Bamiyan, prélude à la destruction de toutes les statues préislamiques d’Afghanistan. Cet acte condamné dans le monde entier, nations musulmanes comprises, révèle le durcissement d’un régime en mal de reconnaissance internationale. Une petite semaine. C’est le temps qu’il a fallu aux taliban pour détruire Shahmana et Solsol, les plus grands bouddhas du monde – hauts respectivement de 35 et 53 m, sculptés il y a plus de 1 500 ans dans une falaise de grès dominant la plaine de Bamiyan, au centre de l’Afghanistan. Des idoles... De nombreux monuments civils et religieux avaient déjà été mutilés, rasés ou pillés pendant la guerre civile qui a fait rage entre 1989 et la prise de Kaboul par les troupes talibanes en 1996. Après leur victoire, les « étudiants en religion » (traduction de taleb), tenants d’un islam néofondamentaliste inspiré du wahhabisme saoudien et architectes d’un émirat fondé sur la stricte application de la charia (loi islamique), n’avaient pourtant pas été pris d’une fureur iconoclaste à l’égard des statues représentant « les dieux des infidèles ». Sous l’influence des plus « modérés », convaincus que la valorisation du patrimoine culturel downloadModeText.vue.download 30 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 28 afghan favoriserait la reconnaissance internationale d’un régime honni, les taliban semblaient considérer la statuaire préislamique comme des vestiges archéologiques et non comme des « idoles », dont le Coran proscrit l’adoration. Aussi commencèrent-ils à collaborer avec la Société pour la préservation de l’héritage culturel afghan. Puis, en juillet 1999, un décret du mollah Mohammad Omar, leur chef suprême, reconnut la légitimité de respecter et de protéger le patrimoine préislamique afghan, et singulièrement les bouddhas de Bamiyan, dans la mesure où « il n’y [avait] plus de bouddhistes en Afghanistan pour les révérer ». C’est la très brève réouverture du musée de Kaboul en août 2000 qui semble avoir déclenché une querelle entre les « conservateurs » et les « modérés ». Des mollahs se sont offusqués de voir des statues de bouddhas exposées, et ont saisi une cour islamique pour demander au nom de quoi les taliban protégeait ces pièces. Dès lors, la crise va s’amplifier. Au mois de janvier, une commission pénètre dans le musée de la capitale pour y briser quelques « idoles » à la requête des plus hautes autorités du régime. ... en proie à une fureur iconoclaste Le 26 février, un nouveau décret du mollah Omar, basé sur des « consultations juridiques des oulémas [théologiens] afghans », ordonne la destruction de la statuaire préislamique, en commençant par le site de Bamiyan. Cette sentence provoque un tollé international. Elle est condamnée par les principaux pays bouddhistes comme par les nations islamiques qui, à l’instar du Pakistan et de l’Arabie Saoudite, redoutent les répercussions négatives d’un tel acte de vandalisme sur l’image de l’islam dans le monde. Début mars, Pierre Lafrance est désigné par l’Unesco pour tenter d’infléchir la position du mollah Omar. Dans le même but, l’Organisation de la conférence islamique envoie une délégation comprenant deux des plus hautes autorités de l’islam sunnite, les cheikhs Al Waseel, grand mufti d’Egypte, et Al Qardhaoui, théologien égyptien résidant à Qatar. Ceux-ci mettent en garde les oulémas afghans en leur rappelant que, bien loin d’être « une injonction de l’islam », leur décision s’oppose au Coran, dont un verset commande aux musulmans de fuir « l’abomination des idoles », en aucun cas de les détruire. Mais rien n’entamera la détermination des taliban. Cette « catastrophe culturelle mondiale », contestée au sein même du régime par les « modérés », a révélé leur marginalisation face aux plus extrémistes. Car, au-delà de son aspect religieux, Olivier Roy, chercheur au CNRS, estime que l’affaire de Bamiyan est l’expression « d’un repliement des taliban sur eux-mêmes, et de leur frustration ». Sous la pression des États-Unis, qui exigent toujours que les autorités talibanes leur livrent Oussama Ben Laden, considéré comme le principal « parrain » du terrorisme international, l’ONU a, en effet, renforcé ses sanctions contre Kaboul en janvier 2001. Une attitude très mal accueillie par les taliban qui, après avoir banni la culture de l’opium en juillet 2000 et lâché un peu de lest sur l’éducation des filles et le travail des femmes, espéraient voir affluer l’aide internationale pour soulager la crise humanitaire qui continue d’affecter les réfugiés et déplacés afghans. Commentant la destruction des bouddhas, le ministre des Affaires étrangères taliban Wakil Ahmad Mutawakil n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que son gouvernement « aurait aimé que la communauté internationale, qui a réagi avec beaucoup d’exagération au décret [du mollah Omar], n’ait pas oublié la décision de bannir la drogue », avant d’ajouter : « Il est ironique que le monde se mobilise sur des statues mais pas sur les souffrances des Afghans ». Un message on ne peut plus clair, qui établit un lien direct entre la destruction du site de Bamiyan et le renforcement des sanctions onusiennes. Comme si l’intransigeance de la communauté internationale, en renforçant l’influence des fondamentalistes au sein du régime taleb n’avait pas, en définitive, un peu provoqué ce « crime contre la culture », perte irréparable pour la mémoire afghane comme pour le patrimoine universel. EMMANUEL CHICON COMMENT PROTÉGER LES BIENS CULTURELS ? Pour faire oublier quelque peu l’impuissance de l’Unesco – dont il assume la direction générale, dans l’affaire de Bamiyan, Koichiro Matsuura s’est réjoui d’une décision « historique » : la destruction de certains monuments historiques survenue lors du bombardement de Dubrovnik par les forces serbes en 1991 a figuré parmi les chefs d’accusation retenus par le Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie, le 22 février 2001. Il est vrai que depuis 1979, downloadModeText.vue.download 31 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 29 le port croate figurait sur la liste du Patrimoine mondial établie par l’Unesco. Les bouddhas de Bamiyan, eux, n’en faisaient curieusement pas partie. Mais M. Matsuura n’en a pas moins souligné « que le précédent [de Dubrovnik] montre que la communauté internationale peut décider [...] d’appliquer des sanctions pour la protection des biens culturels ». Le directeur de l’Unesco oserait-il rêver d’un tribunal international pour l’Afghanistan ? 5 Afrique du Sud Les grandes firmes pharmaceutiques contre les « génériques » Pretoria accueille un procès qui oppose 39 laboratoires pharmaceutiques au gouvernement sud-africain. Ces laboratoires dénoncent une loi sud-africaine datant de 1997 qui vise à favoriser les traitements les plus coûteux, notamment ceux contre le sida, en autorisant l’importation de versions génériques de médicaments brevetés ou en imposant un prix unique pour les médicaments produits en Afrique du Sud. Le jugement de la Haute Cour de Pretoria n’est pas attendu avant la fin de l’année. Les organisations de lutte contre le sida dénoncent le cynisme d’une industrie pharmaceutique qui entend empêcher les pays défavorisés de recourir aux médicaments génériques, produits à moindre coût parce qu’ils ne sont plus protégés par un brevet. Sur 36 millions de personnes infectées par le virus VIH dans le monde, 25 millions vivent en Afrique subsaharienne, où l’on a déploré 2,4 millions de morts des suites du sida en 2000 ; 10 % des 45 millions de Sud-Africains sont affectés par le virus. Du côté des laboratoires, on souligne que leurs poursuites se bornent à dénoncer une législation qui viole leur propriété industrielle et constitue un abus de pouvoir de l’État. Leur action en justice bloque l’entrée en vigueur de la loi depuis février 1998. Le 6, alors que le procès est ajourné au 18 avril prochain, l’Organisation mondiale de la santé apporte son soutien « fondamental » à l’État sudafricain, estimant que la loi qu’il a promulguée s’inscrit dans les accords de l’Organisation mondiale du commerce sur la propriété intellectuelle et que ces « médicaments doivent arriver à toutes les personnes qui en ont besoin ». 7 Israël Gouvernement d’union nationale Officiellement intronisé Premier ministre, Ariel Sharon, large vainqueur des élections générales de février dernier, fait approuver son gouvernement d’union nationale, fruit d’un mois de négociations avec les partis politiques, aux députés de la Knesset. Le vote de confiance en faveur du nouveau gouvernement est acquis par 72 voix contre 21. Ariel Sharon est le cinquième Premier ministre de l’État hébreu en moins de six ans. Il doit son arrivée au pouvoir à son engagement de faire cesser l’insurrection palestinienne. Son gouvernement d’union permettra aux Israéliens de « se tenir ensemble en faisant face à ce qui représente actuellement le plus grand danger – à savoir la détérioration de la sécurité ». La recherche de la paix avec les Palestiniens, voire avec la Syrie et le Liban, n’est pas oubliée mais à condition que les négociations se fassent « uniquement lorsque le calme régnera » : « Si les Palestiniens choisissent le chemin de la paix [...], ils trouveront en moi et en mon gouvernement un partenaire sincère et véritable. » La coalition va du centre gauche à la droite extrême : elle comprend les trois principaux groupes parlementaire – le Likoud, le Parti travailliste et le Shas (parti ultra-orthodoxe séfarade) – ainsi que quatre petites formations ultranationalistes ou religieuses. Elle a pour objectifs de donner à Israël un sentiment d’unité dans une période de crise, d’atténuer l’image belliqueuse d’Ariel Sharon et de donner au pays un gouvernement s’appuyant sur une véritable assise nationale, capable de résister à la défection d’un parti. Le nouveau gouvernement comporte 26 membres, ce qui en fait le plus important de l’histoire de l’État hébreu. Il comprend des ministres opposés à toute concession aux Palestiniens mais aussi des partisans convaincus de la paix comme le travailliste Shimon Pères, ministre des Affaires étrangères. Dalia RabinPelossof, la fille de l’ancien Premier ministre assassiné Yitzhak Rabin, reçoit le poste de vice-ministre de la Défense. Pour la première fois, un Arabe israélien siège dans le gouvernement de Jérusalem. Le nouveau Premier ministre ne connaîtra pas l’état de grâce dont bénéficient généralement ceux qui accèdent downloadModeText.vue.download 32 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 30 au pouvoir. Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) prévient que celui qui est considéré comme le pire ennemi des Palestiniens sera accueilli par des attentats-suicides. Le 15, Israël allège le bouclage des villes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, l’accès à Israël restant interdit aux Palestiniens, comme cela est le cas depuis le début des violences israélo-palestiniennes il y a six mois. Israël : la victoire annoncée d’Ariel Sharon Si la victoire de Sharon était annoncée, dans les semaines précédant le scrutin, personne n’aurait toutefois prédit, quelques mois plus tôt, que le Likoud présenterait ce candidat, et que le résultat serait aussi tranché. Vingt-cinq points d’avance sur son adversaire travailliste, le Premier ministre sortant Ehoud Barak : la victoire d’Ariel Sharon n’a surpris que par son ampleur sans précédent, plus imposante encore que ce que les sondages avaient prévu. Le chef du Likoud recueille en effet 62,5 % des suffrages exprimés, contre 37,5 % pour Ehoud Barak. Sharon, le général « faucon », surnommé le « bourreau du Liban » pour y avoir dirigé l’intervention israélienne de 1982, celui qui, par sa présence provocatrice sur l’esplanade des Mosquées, en septembre 2000, a relancé l’Intifada, est ainsi parvenu à battre par K.-O. le Premier ministre qui a été le plus près de la conclusion d’un accord de paix avec les Palestiniens ! « Union nationale » C’était la première fois, ce 6 février, que les Israéliens votaient au suffrage direct pour désigner leur Premier ministre. Jusqu’à la récente réforme du système électoral, ils élisaient leurs députés qui, à leur tour, désignaient le chef du gouvernement. La démission d’Ehoud Barak, en décembre 2000, a entraîné l’organisation anticipée de ce scrutin qui ne modifiera donc pas la composition de la Knesset élue en mai 1999, où le Likoud dispose de dix-neuf sièges alors que le Parti travailliste en compte vingt-six. Ariel Sharon, aussitôt élu, a proposé aux travaillistes de participer à un « gouvernement d’union nationale le plus large possible ». La formule n’est pas entièrement justifiée par l’état de violence dans lequel Israël se trouve de nouveau plongé. C’est aussi la seule solution, pour le futur Premier ministre, pour ne pas devenir l’otage des partis ultra-orthodoxes avec lesquels il devrait faire alliance, en cas de refus travailliste, afin de disposer d’une majorité parlementaire. La victoire d’Ariel Sharon reste toutefois à nuancer. Le taux d’abstention a, lui aussi, atteint un niveau record dans l’histoire électorale du pays : 40 % des inscrits, alors qu’il tourne habituellement autour de 20 %. Le boycottage revendiqué du scrutin par les Arabes israéliens, qui représentent 13 % de l’électorat et dont un petit cinquième seulement serait allé voter, n’explique pas tout – ceux-ci ont voulu signifier leur rejet de la politique travailliste après la mort de treize d’entre eux lors d’une manifestation de soutien à l’Intifada, en octobre 2000. C’est la mobilisation d’une grande partie de l’électorat travailliste traditionnel qui a fait défaut au Premier ministre sortant. Il semblerait que la victoire de Sharon illustre surtout la déception inspirée par vingt et un mois de gestion Barak, ainsi qu’une forme de découragement après quatre mois de violence. Dès l’annonce des premiers résultats, le Premier ministre sortant a d’ailleurs annoncé son intention de démissionner de la présidence du Parti travailliste ainsi que de son siège de député. L’ancien Premier ministre Shimon Pères, écarté de la candidature travailliste par Ehoud Barak, n’avait-il pas prévenu, la veille du scrutin, que celui-ci « devrait tirer les conséquences d’un éventuel échec ? » « Escalade militaire » Ariel Sharon a annoncé son intention de reprendre les négociations avec les Palestiniens à la condition que ceux-ci « abandonnent la voie de la violence ». De son côté, Yasser Arafat, chef de l’Autorité palestinienne, qui avait très tardivement appelé à empêcher la victoire du candidat du Likoud, affirme respecter « le choix du peuple israélien » et souhaiter « la poursuite du processus de paix ». La prudence est également de mise dans les pays arabes modérés, où les dirigeants déclarent qu’ils jugeront le nouveau gouvernement israélien sur ses actes. L’attitude attentiste est la même à Washington, Paris ou Bruxelles, tant la perspective des relations entre le futur gouvernement Sharon et l’Autorité palestinienne apparaît indistincte. downloadModeText.vue.download 33 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 31 Les violences reprennent rapidement dans les territoires palestiniens qui sont de nouveau bouclés, le 14 février, à la suite d’un attentat qui cause la mort de huit personnes, des civils et des militaires israéliens, au sud de Tel-Aviv. Yasser Arafat refusera de condamner l’attentat, mettant en cause l’« escalade militaire » israélienne. La veille, l’armée avait tué, à Gaza, un membre de sa garde rapprochée. L’accord de gouvernement Ce regain de violence n’empêche pas le Likoud et le Parti travailliste de conclure un accord de gouvernement, le 15 février, après qu’Ehoud Barak, revenant sur sa décision de quitter la vie politique, a finalement accepté le portefeuille de la Défense que lui proposait Ariel Sharon. L’accord prévoit un partage égal des ministères entre les deux grands partis, les autres formations se voyant attribuer des postes symboliques. La composition du cabinet restreint de sécurité est également paritaire. Shimon Pères est pressenti pour occuper le ministère des Affaires étrangères. Le programme de gouvernement demeure volontairement très vague, se réduisant à quelques recommandations d’ordre général. Le 21 février, toutefois, sous la forte pression de nombre de ses « amis » travaillistes qui dénonçaient sa participation au gouvernement d’union nationale – et surtout son maintien sur la scène politique –, Ehoud Barak avertit Ariel Sharon qu’il renonce finalement au ministère de la Défense. Le Premier ministre sortant confirme également sa démission de la direction de son parti. Cinq jours plus tard, le comité central du Parti travailliste se prononcera en faveur d’une participation au gouvernement d’union nationale. Le 7 mars, le jour de l’investiture du gouvernement d’union nationale, la Knesset abolit l’élection du Premier ministre au suffrage universel direct, que la plupart des partis politiques s’accordent à juger finalement préjudiciable au bon fonctionnement de l’État. CHRISTOPHE PÉRY UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE Le 7 mars, le gouvernement d’union nationale du Premier ministre élu est investi par la Knesset. Ses membres appartiennent principalement au Likoud et au Parti travailliste, mais aussi à quelques partis religieux ultra-orthodoxes, dont le Shass, ainsi qu’à certains partis d’extrême droite. Au nombre total de huit, les formations de la coalition gouvernementale rassemblent 73 élus sur les 120 que compte le Parlement. Les travaillistes Shimon Peres et Benyamin Ben Eliezer occupent respectivement les fonctions de ministre des Affaires étrangères et de ministre de la Défense ; le président du Shass, Eli Yishai, est nommé ministre de l’Intérieur. 8 Macédoine Guérilla albanaise En dépit des efforts des soldats américains de la K-FOR pour couper leur approvisionnement en armes et vivres depuis le Kosovo, des rebelles albanophones multiplient les actions de guérilla dans le nord de la Macédoine. Ces violences entraînent la fermeture de la frontière avec le Kosovo, tandis que la Macédoine reçoit le soutien de ses voisins des Balkans, qui appellent la K-FOR à intensifier ses contrôles à la frontière du Kosovo. Ces contrôles de la zone frontalière sont pour le moment la réponse appropriée de l’OTAN au regain de violence séparatiste au Kosovo et dans les pays frontaliers à minorité albanaise, comme la Macédoine, dont un quart des deux millions d’habitants sont des Albanais de souche. En outre, l’OTAN autorise les troupes serbes à pénétrer dans la zone terrestre de sécurité séparant le Kosovo du reste de la Serbie afin d’empêcher les infiltrations d’albanophones en provenance de Macédoine vers le sud de la Serbie, où ils harcèlent les forces serbes. La rébellion albanaise de Macédoine semble déterminée à porter les combats dans les principales villes du pays. Le 15, Tetovo, la deuxième ville de Macédoine (200 000 habitants), à forte majorité albanaise, dans le nord-ouest du pays, est le théâtre de troubles entre maquisards albanais et forces macédoniennes. Le Premier ministre macédonien Ljubco Georgijevski affirme que son gouvernement est « déterminé à sauvegarder sa souveraineté et son intégrité territoriale et à lutter contre la haine et les aspirations séparatistes ethniques ». Si les forces macédoniennes repoussent les rebelles de Tetovo, les collines alentour restent contrôlées par les rebelles. Ces affrontements provoquent la fuite de milliers de personnes. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, ils auraient déjà chassé plus de 40 000 personnes de cette région de la Macédoine. downloadModeText.vue.download 34 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 32 Néanmoins, les rebelles albanophones s’affirment prêts à négocier avec le gouvernement. Ils réclament une médiation internationale pour faire disparaître les inégalités entre la majorité slave et la minorité albanophone, et la libération des prisonniers politiques. Mais Skopje refuse de négocier avec ceux qu’il qualifie de « terroristes ». La communauté internationale redoute toujours un embrasement en Macédoine, la seule région des Balkans à avoir quitté la Fédération yougoslave sans effusion de sang. Alors que les affrontements menacent de se communiquer au Kosovo, l’Union européenne réaffirme son soutien à Skopje. Pour Javier Solana, « Nous soutenons l’intégralité territoriale de la Macédoine, les extrémistes n’ont pas leur place au sein de l’UE. » 9 France Nouvelle manifestation des juges à Paris Après une première manifestation le 19 janvier, quelque 800 à 1 000 magistrats manifestent de nouveau devant l’hôtel Matignon, à l’appel de leurs syndicats, l’Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM). Ils demandent « une remise à plat » du système judiciaire, comprenant une réforme de la carte judiciaire et le recrutement de personnel pour réduire les délais. Cette manifestation, organisée à deux jours du premier tour des élections municipales, est de nature à embarrasser le gouvernement. 11 France Premier tour des municipales Pas de vague rose, une grande stabilité d’ensemble et, pour la gauche, l’espoir de gagner à Paris, Lyon et Toulouse : tels sont les principaux enseignements du premier tour des élections municipales. Les résultats de ce premier tour laissent le jour ouvert pour le second tour. La première réalité est la réélection probable de la plupart des maires sortants, qu’ils soient de gauche ou de droite. La gauche ne progresse pas comme elle l’espérait, la droite échappe à la sanction des électeurs qu’elle redoutait. À gauche, la plus grande déception provient de l’échec des ministres qui partaient à la conquête de municipalités tenues par la droite : Jean-Claude Gayssot à Béziers et Dominique Voynet à Dole, Élisabeth Guigou à Avignon et Pierre Moscovici à Montbéliard – sans parler de ballottages difficiles des sortants tels Catherine Trautmann à Strasbourg, Jack Lang à Blois et Marylise Lebranchu à Morlaix. La droite est rassurée par les échecs de ces ministres, mais touchée par l’ébranlement de ses fiefs, en Corrèze, mais aussi dans les grandes villes – Paris, Lyon, Toulouse, où elle risque de payer ses divisions au second tour. Dans ces villes, la gauche progresse, les scrutins locaux recouvrant l’enjeu national du rapport des forces entre gauche et droite. À Paris les listes de Bertrand Delanoë (PS) devancent celles de Philippe Séguin (RPR) d’environ 10 points et les Verts obtiennent un bon score audessus de la barre des 10 %. Gauche et Verts annoncent leur fusion. Le candidat gaulliste est le grand perdant de l’élection : il est largement dominé par son adversaire socialiste, battu par Daniel Vaillant dans le XVIIIe arrondissement, et ne creuse pas l’écart prévu avec Jean Tiberi sur l’ensemble de la capitale. Ce dernier réclame la fusion des listes de droite. Philppe Séguin entend s’en tenir au retrait des listes de droite les moins bien placées. À Lyon, le coude à coude des deux candidats de droite, Michel Mercier et Charles Millon, peut profiter au socialiste Gérard Collomb. Le premier plaide pour le retrait réciproque des deux listes mais, devancé par le candidat de M. Millon dans son secteur, il est écarté du second tour. À Toulouse, l’UDF Philippe Douste-Blazy atteint 41,5 % des voix, mais ses adversaires – François Simon (PS) et les listes Zebda –, s’ils fusionnent au second tour, bénéficient d’un réservoir de voix plus important. Lors du premier tour des élections cantonales, qui se tenait dans quelque 2 000 cantons de France en même temps que les municipales, la gauche plurielle enregistre une progression dans la plupart des départements, selon les résultats partiels donnés dimanche soir par le ministère de l’Intérieur. Le Parti socialiste est crédité au plan national de 23,6 % des suffrages, contre 20,9 % pour le RPR. L’UDF recueille quant à elle 13,2 % des suffrages, Démocratie libérale (DL) 7,1 % et le Parti communiste 4,4 %. La gauche, qui ne dirige aujourd’hui que 33 départements de métropole sur 95, espère à l’occasion de ce scrutin conquérir une douzaine de nouveaux conseils généraux au détriment de la droite. Aux dernières cantonales de mars downloadModeText.vue.download 35 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 33 1998, elle avait déjà fait basculer 12 départements gérés jusqu’alors par la droite. Mexique La longue marche du souscommandant Marcos Fidèle à une promesse faite il y a sept ans, le souscommandant Marcos et 23 autres dirigeants du mouvement zapatiste armé, le visage masqué par une cagoule, entrent pacifiquement dans la capitale Mexico pour réclamer la reconnaissance constitutionnelle des droits des Indiens du Mexique. Suivis par de nombreux partisans, les guérilleros de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) ont parcouru quelque 3 000 km depuis le départ de leur bastion du Chiapas (sud) quinze jours plus tôt. C’est la première fois qu’un groupe rebelle pénètre au grand jour dans Mexico depuis les chefs révolutionnaires Pancho Villa et Emiliano Zapata – dont le mouvement tire son nom – en 1914. À la veille de l’entrée des zapatistes dans la capitale, le président Vicente Fox avait souhaité la bienvenue à la caravane des rebelles zapatistes, estimant que leur visite dans la capitale impliquait leur entrée dans l’arène politique et le lancement de pourparlers de paix. Élu en juillet dernier, le président mexicain a fait de la paix avec les zapatistes l’une de ses priorités depuis sa prise de fonctions le 1er décembre 2000. Pour tenter de relancer le dialogue, il a fermé quatre bases militaires au Chiapas, fait libérer des dizaines de militants zapatistes emprisonnés et proposé au Congrès un projet de loi sur les droits des Indiens, qui leur accorderait une certaine autonomie. Le 13, le sous-commandant Marcos rencontre les membres d’une commission de conciliation parlementaire – la Commission de concorde et de pacification (COCOPA) – afin d’évoquer les amendements constitutionnels réclamés par l’EZLN. Le 14, le leader zapatiste rejette une première proposition de dialogue du Congrès mexicain, qu’il qualifie de « ridicule ». Celle-ci prévoyait que les négociations débutent par des réunions composées de 20 parlementaires et zapatistes. Le sous-commandant Marcos souhaite « s’entretenir avec tous les parlementaires », mais certains députés et sénateurs refusent de discuter avec des rebelles masqués, tandis que d’autres craignent que l’adoption d’amendements constitutionnels sur les droits des Indiens du Chiapas menace l’unité et la souveraineté du Mexique. Le président Fox a lancé un appel aux rebelles zapatistes, qu’il souhaite rencontrer avant leur retour au Chiapas. La France municipale penche à droite Aucun triomphalisme, nombreuses incertitudes. Les 11 et 18 mars 2001, cent trente ans jour pour jour après la Commune de Paris, 40 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs maires. Basculement de gauche à droite de dizaines de villes, effondrement communiste témoignant de l’incapacité du parti de Robert Hue à fixer le vote populaire, poussée des Verts. L’électorat de gauche s’est donc modifié sociologiquement et politiquement sans pour autant se consolider. Le taux d’abstention, qui a atteint 38,73 % au niveau national (soit 4 points de plus qu’aux municipales de 1995), a indéniablement pénalisé les listes de la majorité gouvernementale. Victoire de la gauche à Paris et à Lyon À Paris, la victoire du sénateur socialiste Bertrand Delanoë est connue vers 23 heures. Et immédiatement qualifiée d’« événement historique ». Un rassemblement est organisé, place de l’Hôtel-deVille, au son de « On veut les clés » scandé par les sympathisants. Les médias ne manquent pas d’y aller de leur analyse sociologique et voient dans la victoire de la gauche parisienne le triomphe politique des « bobos » de la capitale. Les listes du candidat socialiste l’ont emporté dans 12 des 20 arrondissements (2e, 3e, 4e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 18e, 19e et 20e) et obtiennent 92 sièges sur les 164 que compte le Conseil de Paris. Doté d’une majorité confortable en sièges mais d’une minorité en voix (49,60 %), le nouveau maire va devoir composer avec un groupe de 23 Verts et un maire écologiste dans le 2e arrondissement. Fraîchement qualifié de « parti métropolitain », le couple PS-Verts a percé là où on ne l’attendait pas forcément. Le 3e arrondissement offre son meilleur score à la gauche (65,3 %). À Lyon, le duel a été serré jusqu’au bout, mais Gérard Collomb l’emporte finalement après le basculement des 4e, 5e et 7e arrondissements, et downloadModeText.vue.download 36 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 34 devient le premier maire de gauche de la ville depuis Édouard Herriot, élu en 1905 et en place jusqu’à sa mort en 1957. Parmi les communes de plus de 100 000 habitants, la gauche l’emporte également à Dijon. Vague bleue sur la province Contre tous les pronostics, il n’y a pas eu de vague rose. Battue à Paris et à Lyon, la droite a ravi à la gauche plus d’une quarantaine de villes, dont la capitale alsacienne Strasbourg, où Catherine Trautmann ne recueille que 40,41 % face à son adversaire Fabienne Keller (50,85 %). Outre Strasbourg, 5 autres villes de 100 000 habitants sont passées à droite : Rouen, Orléans, Aix, Nîmes et Saint-Denis de la Réunion. À Toulouse, le dauphin désigné de Dominique Baudis, le chiraquien Philippe Douste-Blazy (UDF), l’emporte largement avec 55,13 %. Parmi les autres villes perdues par la gauche, Blois, où le ministre de l’Éducation nationale Jack Lang est battu de 37 voix, les bastions PCF d’Argenteuil, de Colombes et de Drancy. Commentant ces résultats, Jacques Chirac s’est dit confiant dans la stratégie fondée sur le « terrain ». L’extrême droite réussit à garder trois de ses villes : Orange au premier tour, Marignane au second ainsi que Vitrolles, où la MNR Catherine Mégret l’emporte avec 200 voix d’avance. Son électorat populaire s’est recyclé à droite, comme à Strasbourg où Fabienne Keller récupère l’essentiel des 16,71 % des listes d’extrême droite. Les principaux enseignements du scrutin Au sein de la gauche plurielle, le PCF fait figure de principal vaincu. Avec la perte de la seule ville de plus de 100 000 habitants qu’il gérait, Nîmes, c’est un camouflet pour Robert Hue. Les communistes perdent également des villes comme La Seyne-sur-Mer, La Ciotat, Sète, Évreux, Tarbes et Dieppe. À l’inverse des communistes, les Verts auraient des raisons de pavoiser. Avec 12 % des voix, en moyenne, la composante écologiste de la gauche plurielle se renforce et en devient la deuxième force. La victoire de Jean-Michel Marchand à Saumur et d’André Aschieri à MouansSartoux fait oublier la défaite à Dole de Dominique Voynet. Sur le court terme, le Premier ministre Lionel Jospin doit relancer son gouvernement. Les défaites de plusieurs ministres (Élisabeth Guigou, Dominique Voynet, Jean-Claude Gayssot, Pierre Moscovici, Jack Lang) sonnent comme un deuxième coup dur pour la « dream team » après les départs de ministres comme Dominique StraussKahn ou Martine Aubry. Sur le long terme, il doit également rééquilibrer la majorité plurielle et tenir compte des nouveaux rapports de force. Il doit surtout prendre en compte les contours de ce qu’on appelle déjà « une nouvelle gauche » avec les listes citoyennes, le phénomène Zebda, Lutte ouvrière ou encore la percée verte. Pour J. Chirac, l’échec de la gauche en province l’emporte sur la perte de Paris et de Lyon. Il se dit plus que jamais opposé à une inversion du calendrier électoral et mise sur un échec de la gauche aux législatives dont elle ne pourrait se relever. Convaincu du bien-fondé de sa « stratégie de ter- rain », il sait possible le report de voix écologistes à droite et ne manquera pas d’intervenir sur ce thème. Il compte bien, par ailleurs, profiter de la vague bleue en province pour l’échéance de 2002 et sait que la gestion des hommes, félicités au cours des traditionnels « déjeuners d’élus à l’Élysée » (Gaudin à Marseille, Juppé à Bordeaux, Douste-Blazy à Toulouse) sera un enjeu majeur de la préparation des présidentielles. Reste aux initiateurs du mouvement Alternance 2002 (qu’ont rejoint É. Balladur et A. Juppé, ainsi que les présidents de groupes de la droite et du centre à l’Assemblée et au Sénat) d’étouffer les divisions de la droite et de tirer les enseignements des municipales de 2001. Celles-ci font apparaître une prime aux sortants et aux élus de terrain. En corollaire, les parachutages politiques ont été rejetés. Divines surprises, les victoires de Paris et de Lyon masquent avec difficultés la vague bleue qui a déferlé sur le reste du pays. CÉLINE CABOURG UNE ÉLECTION PLUS FÉMININE ? Cela devait être une élection où les femmes seraient représentées à parité. À l’arriver, certains coups bas n’ont pas manqué de miner ces listes plus féminines. En témoignent les rumeurs rapportées par la candidate PS Bettina Laville à Chalon-surSaône : « On prétend m’avoir retrouvée ivre. » Depuis la loi du 17 juin 2000, l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux doit entrer dans les faits. Chaque liste se doit dans les villes de plus de 3 500 habitants de compter un nombre égal d’hommes et de femmes. Les premiers downloadModeText.vue.download 37 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 35 pas ont été difficiles, et le sexisme, tenace. « C’est sûr, le syndrome de la potiche nous guette toutes », avoue la jeune candidate de la gauche dans le 17e arrondissement parisien, Clémentine Autain. D’autant que jusque-là, la loi ne contraignait pas les exécutifs à être constitués à parité. Une réalité qui pourrait changer avec la proposition de loi déposée en mars par le député UDF Gilles de Robien. 13 France Alfred Sirven fait de la résistance Lors de la reprise du procès Elf, Alfred Sirven refuse de répondre aux questions posées par Sophie Portier, la présidente du tribunal correctionnel de Paris, tant que l’instruction sur la vente des frégates françaises à Taïwan, impliquant notamment l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, n’est pas achevée. Selon l’ancien numéro deux du groupe pétrolier, interpellé début février aux Philippines, les faits d’abus de biens sociaux au détriment de la compagnie pétrolière Elf qui lui sont imputés sont indissociablement « liés » au dossier des six frégates vendues à Taïwan, actuellement instruit par le juge Laurence Vichnievsky. Alfred Sirven quitte le prétoire et refuse désormais de comparaître. La procédure pénale ne permet pas d’obliger un prévenu à comparaître contre son gré même si, comme c’est le cas d’Alfred Sirven, il est en détention provisoire. Le 20, le substitut du procureur de la République requiert deux ans d’emprisonnement, deux millions de francs d’amende et cinq ans d’interdiction de toute fonction publique à rencontre de Roland Dumas, poursuivi pour recel et complicité d’abus de biens sociaux à rencontre d’Elf. Cinq années d’emprisonnement sont requises à rencontre d’Alfred Sirven et de Loïk Le Floch-Prigent avec 2,5 millions francs d’amende ainsi que trois ans d’emprisonnement dont un avec sursis, un million de francs d’amende et cinq ans d’interdiction de droits civils, civiques et de famille pour Christine Deviers-Joncour, poursuivie pour recel d’abus de biens sociaux au détriment du groupe pétrolier. Environnement La volte-face de Bush Contrairement aux promesses qu’il avait faites pendant sa campagne électorale, le président américain George W. Bush annonce que les États-Unis ne réglementeront pas les émissions de dioxyde de carbone (CO2) en raison des coûts considérables engendrés par une politique de réduction des émissions. Il préconise une politique énergétique améliorant la qualité de l’air, grâce à des réductions de gaz polluants tels le dioxyde de sulfure et le mercure, mais refuse d’imposer des réductions sur les émissions de dioxyde de carbone. Cette décision américaine déçoit les défenseurs de l’environnement qui considèrent la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme une solution au réchauffement de la planète. 18 France Second tour des municipales Le second tour des élections municipales confirme la résistance de la droite affichée au premier tour. Toulouse, où l’on prévoyait un scrutin serré, échoit à Philippe Douste-Blazy (UDF) qui l’emporte avec 56,4 % des voix face à François Simon (PS). La droite gagne quarante villes de plus de 15 000 habitants : notamment Avignon, où Élisabeth Guigou (ministre de l’Emploi et de la Solidarité) est battue par la maire sortante Marie-Josée Roig ; Blois, où Jack Lang (Éducation nationale) est défait par l’UDF Nicolas Perruchot ; Montbéliard, où Pierre Moscovici (Affaires européennes) est battu par Louis Souvet (RPR) ; Strasbourg, où Fabienne Keller (UDF) bat Catherine Trautmann avec 49,4 % des voix au cours d’une triangulaire ; Nîmes, où le RPR Jean-Paul Fournier a conquis la seule municipalité de plus de 100 000 habitants gérée par le Parti communiste. La droite conserve la quasi-totalité de ses villes, comme Marseille où JeanClaude Gaudin (DL) est largement réélu. Au total, sur les 583 villes de plus 15 000 habitants, le gain net de la droite est de 40 municipalités ; et, sur les 244 villes de plus de 30 000 habitants, son gain est de 23. Mais la gauche gagne les scrutins symboles de Paris et Lyon. À Paris, Bertrand Delanoë et ses alliés Verts remportent la majorité au Conseil de Paris (92 sièges contre 71), en recueillant 49,60 % des voix, contre 36,24 % pour Philippe Séguin (RPR) et 13,70 % pour le maire sortant Jean Tiberi : la gauche plurielle l’emporte notamment dans tous les arrondissements clés, les IXe, XIIe et XIIIe et XIVe. À Lyon, la gauche est également minoritaire en voix (48,56 % contre 50,29 % pour les listes Dubernard et Millon) mais majoritaire en nombre de sièges : les listes conduites par Gérard Collomb recueillent 42 sièges contre 30 pour le duo Jean-Michel Dubernard-Charles Millon downloadModeText.vue.download 38 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 36 (17 pour le premier, 13 pour le second) et un pour l’extrême droite. Au total, 69 % des électeurs sont allés voter à ce second tour, soit trois points de plus que pour le premier tour. Grâce à une bonne mobilisation de l’électorat de droite, les élections cantonales témoignent d’une grande stabilité des forces politiques, 47,62 % pour la gauche plurielle, 49,82 % pour la droite parlementaire. Elles permettent à l’opposition nationale de limiter au maximum les pertes de conseils généraux annoncées à l’issue du premier tour. La droite perd la majorité dans cinq assemblées départementales, la gauche remporte cinq départements, mais en perd trois. 23 Astronautique La fin de Mir La station orbitale Mir est volontairement détruite en rentrant dans l’atmosphère terrestre, où elle se consume en grande partie. Son orbite se situait à 220 km de la Terre, ce qui correspondait au niveau adéquat pour lancer les opérations de destruction. Le vaisseau cargo Progress, arrimé à la station depuis la fin du mois de janvier, l’a désorbitée en donnant les trois impulsions nécessaires pour la précipiter dans l’atmosphère. Symbole de la conquête soviéto-russe de l’espace, Mir, qui signifie « paix » et « monde » en russe, pesait 137 tonnes et mesurait 40 m de long. Endommagée et obsolète, elle était en orbite depuis le 19 février 1986, alors qu’elle a été conçue pour fonctionner pendant cinq ans. Plus de 1 500 débris, pesant jusqu’à 700 kilos, de la station sont retombés dans l’océan Pacifique sud, dans une zone en principe inhabitée de 5 800 km de long et 200 km de large. Le Japon, l’Australie, le Chili s’étaient néanmoins inquiétés des risques de chute incontrôlée sur des zones habitées. Tout en démentant ces risques, la Russie avait souscrit un contrat d’assurance de 200 millions de dollars. États-Unis Expulsion de 50 diplomates russes Les États-Unis ordonnent l’expulsion de 51 diplomates russes soupçonnés d’espionnage, dont six doivent quitter immédiatement le pays ; les autres ont jusqu’à l’été pour s’exécuter. Ces diplomates sont accusés d’avoir « manipulé des renseignements » et d’être directement impliqués dans l’affaire Hanssen, l’un des dysfonctionnements des services secrets les plus importants dans l’histoire américaine. Robert Hanssen, un Américain de cinquante-six ans, était employé depuis vingt-cinq ans au FBI (Fédéral Bureau of Investigation, service de sûreté fédéral) en tant que spécialiste du contre-espionnage. Arrêté le 18 février dernier, il est soupçonné d’avoir transmis des informations confidentielles pendant quinze ans à l’Union soviétique, puis à la Russie, compromettant de vastes opérations américaines de renseignement, notamment le projet de construction d’un tunnel sous l’ambassade russe à Washington. En échange de ses services, Hanssen aurait reçu plus de 1,4 million de dollars, ainsi que des diamants. La décision de Washington ne manquera pas d’assombrir les relations entre la nouvelle administration Bush et le président russe Vladimir Poutine. 25 Autriche Recul de l’extrême droite Lors des élections municipales, les sociaux-démocrates obtiennent plus de 46 % des suffrages, soit neuf points de plus que lors du précédent scrutin il y a cinq ans. Le parti d’extrême droite (FPÖ) de Jörg Haider recueille un peu plus de 20 % des voix, soit une perte de 7 % par rapport au scrutin de 1996. Le parti du Peuple (centriste) obtient 16,4 % des voix (un peu plus qu’il y a cinq ans) et les Verts plus de 12 % des suffrages, soit quatre points de plus qu’en 1996. Cette élection marque un net coup d’arrêt pour le FPÖ, après un an au gouvernement. L’implication de son chef, qui n’a pourtant plus de fonction officielle, dans la campagne, multipliant les meetings et les manifestations d’antisémitisme et de xénophobie, n’aura pas suffi à lui gagner les faveurs des électeurs autrichiens. Cette campagne a choqué à l’étranger, et plusieurs hommes politiques d’ailleurs sont venus soutenir les sociaux-démocrates contre le FPÖ, à l’image du nouveau maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë. 27 France Chirac convoqué comme témoin dans l’affaire des HLM de Paris Le juge d’instruction Éric Halphen convoque Jacques Chirac par courrier simple à son bureau du tribunal de grande instance de Créteil. Le juge downloadModeText.vue.download 39 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 37 d’instruction veut entendre le président de la République, ancien maire de Paris et ancien président du RPR, « en tant que simple témoin » sur le dossier des HLM de la Ville de Paris, dont il a la charge, ainsi que sur les aveux posthumes de JeanClaude Méry, financier occulte du RPR qui a mis en cause le chef de l’État. Depuis 1994, il enquête sur un financement occulte du parti gaulliste qui implique des entreprises travaillant pour l’office des HLM parisien. En septembre de l’an dernier, le journal le Monde a rendu publique « une confession posthume » de Jean-Claude Méry enregistrée sur une cassette vidéo, dans laquelle celui-ci affirme avoir remis cinq millions de francs en argent liquide directement sur le bureau de Michel Roussin (alors bras droit du maire de Paris) en présence de Jacques Chirac. En réponse à cette convocation, le palais de l’Élysée fait savoir que le « président de la République, s’il avait détenu des informations susceptibles d’éclairer l’autorité judiciaire, n’aurait pas manqué de les porter à la connaissance de celle- ci. Il s’est déjà exprimé publiquement à plusieurs reprises et ne dispose d’aucune autre information qu’il n’ait déjà donnée aux Français. Compte tenu des règles constitutionnelles, il ne peut déférer à une telle convocation, contraire au principe de la séparation des pouvoirs comme aux exigences de la continuité de l’État », selon des proches de Jacques Chirac. Le secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats (USM), Dominique Barella, indique pour sa part qu’« il n’existe aucun texte interdisant des convocations comme témoin du chef de l’État ». Aveu du « tueur de l’Est parisien » Guy Georges, le présumé « tueur de l’Est parisien », reconnaît finalement devant la Cour d’assises de Paris les assassinats des sept jeunes femmes dont il est accusé. À la suite de ses aveux, Guy Georges a demandé pardon aux familles des victimes. Depuis le début de son procès, il y a une semaine, Guy Georges niait en bloc les faits pour lesquels il était jugé. France/Allemagne Manifestations contre les convois de déchets nucléaires Un convoi de déchets nucléaires allemands quitte le terminal ferroviaire français de la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) à Valognes dans le département de la Manche pour rejoindre le centre de stockage de Gorleben dans le nord de l’Allemagne. C’est le premier retour, depuis quatre ans, d’un convoi de déchets nucléaires allemands retraités en France. Le ministre allemand de l’Environnement Juergen Trittin indique que son pays a la responsabilité de ses propres déchets. Ce retour donne lieu à plusieurs manifestations des opposants à l’énergie nucléaire, et en particulier au niveau de la destination finale en Allemagne. Le convoi, qui véhicule six emballages de transport renfermant 28 conteneurs, soit 60 tonnes de déchets nucléaires vitrifiés, passe la frontière franco-allemande sous bonne garde : il lui reste 600 km à parcourir. Ces retours de résidus vitrifiés avaient été suspendus en mai 1998 après la découverte de fuites dans les conteneurs. La décision de reprendre ces retours avait été annoncée en janvier dernier. Au total, 112 conteneurs sont encore en attente de retour vers leur pays d’origine dans l’enceinte de l’usine de retraitement de la Hague. Il faudra dix ans pour les acheminer, à raison de deux transports par an. Dans le cadre de la plus importante opération de sécurité menée depuis des années dans le pays, 20 000 policiers sont mobilisés dans la seule BasseSaxe, dans le nord de l’Allemagne, où se trouve le centre de stockage de Gorleben. Les mouvements antinucléaires manifestent en plusieurs points du parcours et près du site de stockage. Ils parviennent même à retarder d’une journée l’acheminement du convoi de déchets nucléaires. Le 29, le convoi ferroviaire arrive enfin à destination, dans le terminal de transbordement de Dannenberg, où il est transporté par camions jusqu’à la zone de stockage de Gorbelen. 29 France Restructuration et licenciements chez Danone et Marks & Spencer Le groupe français agroalimentaire Danone annonce la restructuration de son pôle biscuits. Celle-ci s’étalera sur trois ans et se traduira par la fermeture de six sites (sur les 36 du groupe) en Europe (Belgique, Royaume-Uni, Hongrie, Italie), dont deux en France – à Calais, dans le Pas-de-Calais, et Évry, dans l’Essonne. Cette mesure se traduit par la suppression de 1 780 emplois sur trois ans, dont 570 en France. Danone emploie actuellement 15 000 salariés dans treize pays. Ses 249 lignes de production de biscuits, pâtisseries, panification ont une production annuelle de 600 000 tonnes alors downloadModeText.vue.download 40 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 38 que leur capacité de production est de 1,4 million de tonnes. Dès l’annonce du plan par la direction, le site de Calais annonce immédiatement une grève illimitée de ses 250 employés. Il est soutenu par l’ensemble des sites industriels de LU-France, qui compte 12 usines et 4 000 employés. En outre, le syndicat CGT appelle au boycottage des produits du groupe Danone. Parallèlement, la chaîne de grands magasins britannique Marks & Spencer, présente en France depuis 1975, annonce la fermeture au 31 décembre au plus tard de tous ses magasins en Europe continentale et la suppression de près de 4 400 emplois. En France, son principal réseau hors Grande-Bretagne, Marks & Spencer emploie 1 700 personnes dans 19 magasins. Il « n’est plus en mesure de supporter les pertes importantes » sur le continent, explique le directeur général du groupe, Marc Bauwens. Le P-DG belge Luc Vandevelde, nommé depuis moins d’un an pour assurer la restructuration du groupe, entend recentrer les activités de Marks & Spencer en Grande-Bretagne. En France, le groupe avait enregistré 1,69 milliard de francs (260 millions d’euros) de chiffre d’affaires à la fin de l’exercice 1999-2000, soit une baisse de 15 % par rapport à 1997-1998, et des pertes de 292 millions de FF (44,5 millions d’euros). 30 France Baisse du chômage Le taux de chômage en France passe sous la barre des 9 % de la population active avec un taux de 8,8 % à la fin de février, soit 27 200 demandeurs d’emploi de moins, soit une baisse de 1,3 %, par rapport au mois précédent. Selon le ministère du Travail, la France compte à présent 2 092 500 chômeurs. La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou s’est réjouie de « cette nouvelle baisse et de la continuité des effets positifs de la politique de l’emploi suivie depuis mi-97 », soulignant que « le contexte économique de la période récente ne suffit en effet pas pour expliquer la baisse historique du chômage en France » et que, entre « juin 1997 et aujourd’hui, le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 1,045 million ». Avril 1 Yougoslavie Arrestation de Milosevic Après plusieurs tentatives, les forces de police yougoslaves arrêtent Slobodan Milosevic par la force dans sa villa de Belgrade. Ce raid intervient à la date butoir du 31 mars fixée par les États-Unis, qui ont menacé de suspendre l’aide économique de 100 millions de dollars apportée par les institutions financières internationales au nouveau gouvernement yougoslave s’il ne coopérait pas davantage avec La Haye. Le procureur du TPI Carla Del Ponte demande que Milosevic soit jugé à La Haye, où l’ancien président yougoslave a été inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour son implication dans la persécution et le meurtre de civils albanophones lors du conflit du Kosovo en 1999. Selon le ministre de l’Intérieur Dusan Mihajlovic, le raid de la police yougoslave pour arrêter M. Milosevic entrait dans le cadre de poursuites engagées par la justice de son pays, notamment pour abus de pouvoirs et corruption, et n’a pas pour but dans l’immédiat de le remettre au TPI de La Haye. Depuis son arrivée au pouvoir en octobre dernier, le président Vojislav Kostunica ne cache pas ses réticences vis-à-vis de ce tribunal créé par l’ONU en 1993 par une résolution du Conseil de sécurité pour traduire devant la justice internationale les responsables de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans les guerres ayant suivi l’éclatement de la Yougoslavie, en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. Les autorités yougoslaves justifient leur refus de livrer M. Milosevic par leur volonté de juger eux-mêmes l’ancien chef d’État. Chine/États-Unis Collision entre deux avions chinois et américain Un avion de surveillance de la marine américaine de type EP-3, qui effectuait une mission de routine au-dessus de la mer de Chine méridionale avec 24 membres d’équipage à bord, est contraint d’atterdownloadModeText.vue.download 41 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 39 rir d’urgence sur un terrain d’aviation de l’île de Hainan, dans le sud de la Chine, après avoir été intercepté par deux avions de chasse chinois. L’appareil américain était entré en collision avec l’un des chasseurs chinois. Le président George Bush exige « le retour rapide » des 24 membres d’équipage et la restitution de l’avion espion. Selon les autorités chinoises, qui n’ont pas permis aux diplomates américains de rencontrer l’équipage après son atterrissage forcé, les États-Unis sont « entièrement » responsables de la collision et sont priés de cesser leurs vols de reconnaissance à proximité de la Chine. Selon Pékin, l’EP-3 a violé l’espace aérien chinois, Washington soutenant au contraire que l’appareil, en mission de routine, volait dans l’espace aérien international. L’EP-3 est doté d’équipements électroniques destinés à surveiller les communications (radio, téléphone, fax, courrier électronique, etc.). Cette technologie de pointe intéresse vivement les experts chinois. Selon Washington, l’EP-3 bénéficie de l’immunité territoriale, au même titre qu’une ambassade, et ne peut donc faire l’objet d’une inspection sans autorisation. Le 5, le secrétaire d’État américain Colin Powell exprime ses regrets mais rejette toute excuse. Le 11, Pékin annonce que l’équipage va être libéré pour « raisons humanitaires ». Chine – États-Unis : la crise diplomatique de l’avion espion Dimanche 1er avril, un avion espion américain, l’EP-3E qui surveillait les manoeuvres d’un destroyer chinois au large des côtes de la Chine méridionale, et un chasseur chinois F-8 entrent en collision. Le pilote de l’avion chinois est porté disparu. L’équipage de l’avion américain, contraint d’atterrir, est retenu sur l’île de Hainan. Immédiatement, le président américain George Bush exige que la Chine autorise des diplomates américains à se rendre sur place. La Chine se braque et exige des excuses. Derrière une guerre des mots : un test majeur dans les relations entre les États-Unis et la Chine. L’EP3E ? Un bijou de technologie. Sa mission réside dans l’interception de communications radio et de signaux électroniques. Il est pour cela équipé d’un gros radar sous le fuselage. Sur le déroulement exact des faits, les interprétations diffèrent. Pour les Chinois, l’avion espion a pénétré sans autorisation dans le ciel chinois et a fait un brusque virage vers le F-8. Selon Washington, l’EP-3E, qui volait dans l’espace international a été harcelé par l’avion chinois et son pilote Wang Wei, aujourd’hui disparu. La Chine demande des « excuses » Dès le départ, la volonté affichée par les ÉtatsUnis est claire : récupérer l’avion espion sur lequel les Chinois aimeraient faire main basse. Pour ces derniers, c’est en effet un cadeau tombé du ciel. Les données intactes permettraient à l’Armée populaire de libération de connaître ses points forts et faibles dans la zone stratégique de la côte est, juste en face de Taïwan. Au bout de trois jours, l’attaché militaire américain à Pékin est autorisé à rendre visite aux 24 membres de l’équipage retenus sur une base de l’île, qu’il trouve en bonne santé et bien traités. La Chine, refusant catégoriquement d’enterrer l’« incident », exige des Américains qu’ils reconnaissent leurs torts et « présentent des excuses au peuple chinois ». Elle en fait une condition de la libération de l’équipage. Sur Internet, l’antiaméricanisme des Chinois fait rage et la « cyberguerre des nerfs » est déclarée. Pour le président Jiang Zemin, les Américains portent « l’entière responsabilité de la collision » et doivent absolument cesser ces vols d’espionnage près des côtes chinoises. Une manière de mettre « petit Bush » (le surnom du président des États-Unis en Chine) à l’épreuve du jeu international. « L’avion américain n’aurait jamais dû virer sur sa gauche alors qu’il était flanqué de deux chasseurs chinois », commente le président Zemin. Répondant aux accusations de l’ambassade des États-Unis selon lesquelles l’avion aurait été intégralement fouillé, la Chine met en avant sa position de « victime » et fait savoir qu’elle entend bien « mener son enquête sur cette affaire ». Les experts militaires confirment d’ailleurs que conformément à la convention de Chicago, qui leur confère « le droit d’inspection douanière ou autre », les Chinois sont dans leur droit en fouillant l’appareil. Outre l’« incident », le dossier des armes américaines qui doivent être vendues ce même mois à Taïwan explique l’intransigeance de Pékin. downloadModeText.vue.download 42 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 40 Les regrets américains Côté américain, cet incident traduit un changement de stratégie politique et a valeur de test pour le président Bush. Alors qu’un Bill Clinton voulait faire de la Chine un « partenaire stratégique », le nouveau président voit au contraire en Pékin un « adversaire stratégique ». Même si, en coulisses, les négociations diplomatiques s’accélèrent, pas question donc d’admettre une quelconque responsabilité dans la collision, pas question non plus d’adresser des excuses, « notre avion opérait dans l’espace aérien international et les États-Unis n’ont rien fait de mal », a précisé le secrétaire d’État Colin Powell. Lui et le président Bush ont simplement exprimé des regrets, quant à la disparition du pilote chinois. De jour en jour, les 23 membres de l’équipage sont perçus comme « otages » de Pékin et le souci de les ramener au pays devient la priorité. Ces regrets ont tout de même été interprétés favorablement par les autorités chinoises, qui ont fait savoir que cela représentait un pas « dans la bonne direction en vue d’un règlement de cette question ». Alors que les visites aux « otages » se multiplient, une première décrispation se produit grâce aux échanges diplomatiques devant favoriser la mise en place d’une commission d’enquête sur les conditions de l’accident. C’est finalement sur une subtilité de langage que se règle la crise. Des regrets, les autorités américaines se sont résolues à reconnaître qu’elles étaient « désolées » puis « vraiment désolées ». Après onze jours de détention, les 24 otages sont donc finalement libérés. Quant à l’avion espion, ce n’est que trois mois après la collision qu’il a regagné sous forme de pièces détachées le sol américain de Géorgie. Derrière ce différend, c’est l’équilibre stratégique de cette zone du Pacifique occidental qui est en jeu. Depuis 1998, les chasseurs chinois ont accéléré leurs sorties jusqu’à la ligne médiane du détroit de Taïwan, ce qui ne manque pas de provoquer des incidents. Dans le même temps, la Chine remet en question le droit pour les Américains d’utiliser l’espace militaire international jusqu’aux limites de la souveraineté territoriale de la Chine. Une manière de traduire la volonté de Pékin de grignoter l’archipel et d’établir une « parité stratégique avec les États-Unis », comme le souligne François Godement, responsable du Centre Asie à l’IFRI (Institut français des relations internationales). CÉLINE CABOURG LES TROIS ENJEUX Taïwan : rien a priori n’empêche désormais les États-Unis de vendre comme prévu à Taïwan des armes sophistiquées nécessaires à sa défense. L’an dernier, Bill Clinton avait refusé de livrer à Taipei le système de radar Aegis qui permet de coordonner avions, navires et missiles. Mais l’intransigeance de la Chine pourrait changer la donne. OMC : alors que la Chine demandait son entrée dans l’OMC depuis quatorze ans, un accord a été signé en novembre 1999 qui butait sur la question agricole, pour laquelle la Chine demandait un délai d’application. Les conséquences économiques risquent donc d’être lourdes en cas de blocage. JO de 2008 : en dépit de l’instabilité des relations sino-américaines, des atteintes, aux droits de l’homme, de la répression religieuse et du contrôle de la dissidence, le CIO a retenu la candidature de Pékin. 3 France Témoignage contre Chirac dans l’affaire des HLM Le quotidien le Monde rapporte les propos de François Ciolina, ancien dirigeant de l’Office HLM de Paris, qui met en cause Jacques Chirac dans l’enquête sur les HLM de la Ville de Paris menée par le juge Halphen. M. Ciolina a été mis en examen dans le cadre de l’enquête sur les HLM de Paris le 24 mai 1995 pour « trafic d’influence ». En 1996, il avait dénoncé des fraudes dans l’attribution de marchés de l’OPAC (Office public d’aménagement et de construction) et mis en cause le maire de Paris, Jean Tiberi, président de l’Office. Il avait également dénoncé des travaux dans un appartement attribué au fils du maire, Dominique Tiberi, dossier classé sans suite par le parquet de Paris. Les propos de M. Ciolina confirment les accusations de la cassette laissée par Jean-Claude Méry selon lesquelles l’ancien maire de Paris était l’instigateur et le bénéficiaire d’un « Système » de fraude sur les marchés publics destiné « à financer le RPR ». Le nom du chef de l’État, maire de Paris de 1977 à 1995, revient régulièrement sur la scène des affaires (affaire des HLM de Paris, trafic d’armes en Angola, emplois downloadModeText.vue.download 43 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 41 fictifs au RPR et à la mairie de Paris, affaire des marchés publics d’Île-de-France, affaire de l’imprimerie Sempap). Football Tapie de retour à l’OM Sept ans après son départ, Bernard Tapie, ancien président du club, est de retour à l’Olympique de Marseille en tant qu’actionnaire « associé » et responsable de « toute la partie sportive du club » de D1. Le président de l’OM, Robert Louis-Dreyfus, l’a appelé pour infuser « une nouvelle dynamique » au club, qui, « depuis deux saisons, connaît des déconvenues qui mettent le club dans une situation indigne de son rang » : l’OM occupe la 14e place au classement du championnat. Bernard Tapie revient dans un club qu’il avait présidé de 1986 à 1994, une période au cours de laquelle l’OM avait remporté quatre titres consécutifs de champion de France ainsi que la Coupe des champions 1993. Mais la corruption autour du match Valenciennes-OM, qui avait conduit Bernard Tapie à passer plusieurs mois en prison, et l’affaire des comptes de l’OM avaient précipité la chute du président de l’époque. Le 9, Bernard Tapie présente son plan de sauvetage de l’OM avec un objectif prioritaire : le maintien du club en première division. 5 France Le collège selon Lang Jack Lang, le ministre de l’Éducation nationale, expose ses orientations sur l’avenir du collège. Le « collège unique » est maintenu, moyennant quelques modifications. « Je veux faire un collège qui soit à la fois un et pluriel », déclare Jack Lang, « un collège républicain ». Datant de 1975, le « collège unique » accueille les élèves de la sixième à la troisième en leur dispensant le même enseignement général. Il avait été créé sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, de façon à « démocratiser » l’accès vers l’enseignement secondaire et supprimer l’orientation précoce de certains élèves vers l’enseignement professionnel. Les principales mesures annoncées comprennent notamment une aide à l’intégration en sixième des nouveaux collégiens ; la création d’un « cahier d’exigences », charte fixant la progression des connaissances et compétences qu’il faut maîtriser en quittant le collège ; la transformation du brevet pour en faire un véritable examen déterminant pour la suite des études ; l’introduction de « parcours de découverte » diversifiés pour tous, dès la classe de cinquième, permettant travail autonome et approche pluridisciplinaire ; le soutien renforcé pour les élèves en difficulté et le développement de l’accueil des élèves ne parlant pas français ou handicapés ; la diminution de la taille des collèges « jusqu’à la taille humaine optimum » de 600 élèves au maximum. Quelque 50 000 élèves quittent chaque année le système scolaire obligatoire à seize ans sans la moindre qualification. Les mesures prises par Jack Lang visent à mettre fin à ces situations d’échec. La perpétuité pour le « tueur de l’Est parisien » Au terme de 4 heures 15 de délibéré, le tueur en série Guy Georges est condamné par la cour d’assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans pour l’assassinat de sept jeunes femmes entre 1991 et 1997, soit la peine maximale encourue. 7 France Nouvelles inondations dans la Somme et le Calvados De nouvelles inondations frappent la baie de Somme et le Calvados. Dans la Somme, environ 60 communes, dont Abbeville au premier chef, sont touchées, notamment par le phénomène de remontée des nappes phréatiques : plus d’un millier d’habitations sont inondées, 22 routes sont coupées et des digues et des berges sont fragilisées par ces inondations. La crue de la Somme, alimentée par les remontées de la nappe phréatique, est amplifiée par les marées d’équinoxe. Réputée pour ses étangs et ses marais, cette région est déjà gorgée d’eau en raison de chutes de pluie historiques qui se sont produites au cours du mois de mars. Selon les dernières évaluations de la préfecture, il faudra compter, au rythme de 5 à 10 centimètres de décrue par jour, au moins deux semaines pour que la situation redevienne normale. La reprise des pluies, qui fait remonter le niveau du canal de la Somme et engendre ces nouvelles inondations sur une zone gorgée d’eau, alimente la colère des habitants qui ont interpellé Lionel Jospin lors de sa visite dans le département sinistré. Nombre d’entre eux considèrent en effet que les rumeurs selon lesquelles la Somme aurait été « sacrifiée » pour protéger Paris ne sont pas sans fondement et que le trop-plein venant downloadModeText.vue.download 44 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 42 du canal du Nord aurait été déversé dans le canal de la Somme. Lionel Jospin a démenti à son tour cette rumeur, soulignant qu’« il y a eu une pluviométrie énorme, des pluies largement supérieures à ce qui est en moyenne annuelle. [...] Comment pouvez-vous imaginer que quelqu’un décide à Paris d’aller noyer la Somme ?». Pour Météo-France, les pluies record enregistrées cet hiver dans ce département expliquent « en grande partie » les inondations qui le touchent actuellement. En mars 2001, il a plu dans la Somme trois fois plus que la normale, pulvérisant les records de 1979. Pour Jean-Michel Mouret, du centre Météo-France d’Abbeville, il n’y a qu’un responsable : « Ce sont les perturbations atlantiques qui, pendant l’hiver, n’ont pas arrêté de défiler sur notre région... Toutes ces pluies cumulées ont rempli les nappes phréatiques », qui ne peuvent alors plus jouer leur rôle de régulateur. Le Premier ministre annonce le déblocage d’une aide de 20 millions de francs pour aider les communes de la Somme à réparer les dégâts causés par les inondations dans les équipements publics. 9 Littérature Décès de Jérôme Lindon L’éditeur Jérôme Lindon décède à l’âge de soixantequinze ans. Il dirigeait les éditions de Minuit, fondées en 1942 sous la Résistance, depuis 1948. Le premier ouvrage qu’il publia fut le Silence de la mer de Vercors. À la tête de sa « petite » maison d’édition, Jérôme Lindon a notamment révélé au public les écrivains du « nouveau roman » (Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet...), édité trois prix Nobel de littérature (Samuel Beckett, Claude Simon, Elie Wiesel) ainsi que des auteurs comme Marguerite Duras, Hervé Guibert, Bernard-Marie Koltès ou Jean Echenoz. 10 Pays-Bas Légalisation de l’euthanasie Le Parlement néerlandais approuve le texte légalisant l’euthanasie et le suicide médicalement assisté. Ce texte, adopté par la chambre basse du Parlement en novembre dernier, est adopté par la chambre haute par 46 voix contre 28. Les Pays-Bas deviennent le premier pays au monde à légaliser une pratique qui avait déjà cours en Hollande depuis une circulaire de 1997. L’euthanasie est assortie d’une série de conditions : elle ne peut s’appliquer qu’aux patients souffrant de façon insupportable, qui ont été informés de toutes les autres possibilités de traitement et ont reçu un deuxième avis médical. La demande doit être faite volontairement, avec insistance et en toute indépendance par le patient sain d’esprit. 14 Israël Riposte de Tsahal au Liban L’aviation israélienne bombarde des bases présumées de la guérilla chiite du Hezbollah installées au Liban-Sud samedi, en représailles à un tir de missile sur un char de Tsahal dans la zone de Chebaa, secteur frontalier revendiqué par le Liban, qui a fait un mort et trois blessés légers. Israël s’est emparé des fermes de Chebaa en même temps que du plateau du Golan lors de son offensive contre la Syrie lors de la guerre des Six-Jours en 1967. C’est dans ce secteur particulièrement contesté que trois soldats israéliens ont été enlevés par le Hezbollah en octobre dernier. Lors de son retrait du Liban-Sud, en mai 2000, l’armée israélienne n’avait pas évacué ce secteur, considérant qu’il appartient à la Syrie. Le 16 du mois, des appareils de l’aviation israélienne bombardent une station radar syrienne située dans le centre du Liban. C’est la première attaque directe contre l’armée syrienne au Liban depuis 1996. Ces frappes sont en outre les premières au Liban depuis le retrait de Tsahal et de ses supplétifs de l’ALS en mai dernier. 17 Viêt Nam Nong Duc Manh, nouveau numéro un vietnamien À l’occasion de son IXe congrès, le Parti communiste vietnamien présente sa nouvelle équipe dirigeante, qui est désormais conduite par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Nong Duc Manh. Ce dernier remplace Lê Kha Phieu, le secrétaire général sortant, tombé en disgrâce pour résultats insuffisants. Âgé de soixante ans, M. Manh, qui appartient à la minorité ethnique thaïe, installée dans le nord du pays, est le premier chef du Parti communiste vietnamien (PCV) à ne pas être membre de l’ethnie majoritaire viêt. Ses downloadModeText.vue.download 45 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 43 origines devraient en tout cas l’aider à apaiser les tensions ethniques qui ont éclaté en février, lorsque des milliers de membres d’ethnies des régions montagneuses du centre du pays ont protesté contre la pauvreté, réclamé des terres et dénoncé les restrictions imposées par le gouvernement à leur culte. Le choix de M. Manh marque aussi le soutien du comité central aux réformes économiques engagées dans un pays marqué par la corruption et la bureaucratie. 18 États-Unis Nouvelle baisse des taux de la Banque fédérale américaine La Banque fédérale de réserve américaine (Fed) baisse ses taux directeurs d’un demi-point de pourcentage, son taux directeur interbancaire passant de 5 % à 4,5 % et son taux d’escompte de 4,5 % à 4 %. Cette baisse surprise, la quatrième depuis le début de l’année, alors que plusieurs sociétés américaines annoncent de bons résultats, est décidée afin d’empêcher une récession de l’économie américaine. Elle provoque aussitôt une envolée des indices boursiers américains. Les investisseurs espèrent désormais un rebond de l’économie américaine d’ici à la fin de l’année. Selon les experts, les marchés sont particulièrement satisfaits d’une baisse des taux, plus importante et plus précoce que prévu. La Banque centrale européenne, également prise de court par la décision américaine, subit de fortes pressions pour baisser elle aussi ses taux directeurs. 20 Canada Sommet des Amériques à Québec La ville de Québec accueille le IIIe Sommet des Amériques, qui réunit 34 chefs d’État et de gouvernement du continent. Les pays participants doivent rendre public un projet d’accord qui servira de base aux négociations organisées jusqu’au 1er janvier 2005 en vue du renforcement de la démocratie en Amé- rique et de la création d’une zone de libre-échange à l’échelle du continent. Cuba a été exclu du projet d’intégration. La Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) envisagée devrait regrouper 800 millions de personnes et avoir des effets sur les normes économiques, sociales ou encore écologiques du continent. La police canadienne est sur le qui-vive alors que de nombreux militants antimondialisation, dont le Français José Bové, leader de la Confédération paysanne, organisent des manifestations de grande ampleur contre ce projet qui est loin de faire l’unanimité. Pour ses partisans, la ZLEA dynamisera les exportations américaines tout en encourageant l’Amérique latine et les Caraïbes à progresser sur la voie de la démocratie et du libéralisme. Pour ses détracteurs, elle entraînera des délocalisations d’entreprises vers des pays à bas salaire, où les conditions de travail sont mauvaises et les lois sur l’environnement laxistes. En marge de ce sommet, des milliers de manifestants affrontent les forces de l’ordre, qui protègent le centre des conférences situé dans la haute ville de Québec, et un carnaval anticapitaliste défile dans les rues de Québec, à l’appel de deux organisations antimondialisation. Pour le président brésilien Fernando Henrique Cardoso, ces protestations « sont motivées par la peur d’un accord sur la liberté du commerce ou une mondialisation sans visage humain » : selon lui, une zone de libre-échange des Amériques ne fonctionnera que si elle n’est pas à sens unique et qu’elle permet aux pays pauvres d’avoir accès aux marchés des pays riches et pas seulement à ceux-ci de se renforcer sur le dos des marchés les moins favorisés. Algérie Sanglantes émeutes en Kabylie Plusieurs villes de Kabylie dans les wilayas (préfectures) de Tizi Ouzou (110 km à l’est d’Alger) et de Béjaïa (280 km à l’est d’Alger) et à Tizi Ouzou même sont en proie à de violents affrontements opposant jeunes manifestants et forces de l’ordre, qui ont déjà fait 29 morts depuis le 22. Deux bavures commises par des gendarmes en deux points distincts de la Kabylie sont à l’origine des émeutes : à Béni Douala, un jeune lycéen a été tué par balles dans les locaux de la gendarmerie et, à Amizour, trois collégiens ont été maltraites sans raison. Déplorant ces émeutes qui embrasent la Kabylie depuis une semaine, le ministre de l’Intérieur Nourredine Yazid Zerhouni affirme que « les forces de l’ordre ont été acculées et obligées de préserver les biens et les personnes devant des éléments incontrôlables ». Le 29, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, démocrate, berbère) de Saïd Sadi quitte le gouvernement. Le RCD, dont la plupart des responsables sont issus du mouvement berbère et ont participé à la première révolte en Kabylie en avril 1980, avait rejoint le premier gouvernement formé en décembre 1999, downloadModeText.vue.download 46 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 44 après l’arrivée de M. Bouteflika à la présidence du pays. Le parti de Saïd Sadi détient à ce jour deux portefeuilles ministériels, les Transports et les Travaux publics. ZLEA : union panaméricaine ou extension du marché intérieur états-unien ? Les 34 chefs d’État réunis à Québec ont décidé de lancer le plus grand marché commun du monde en 2005. Mais le troisième sommet des Amériques n’a pas réussi à apaiser les inquiétudes des détracteurs de la Zone de libre-échange des Amériques. Tel père, tel fils. En 1990, George Bush avait rêvé de créer le plus grand marché commun du monde, courant de l’Alaska jusqu’à la Terre de Feu. Au cours de deux premières rencontres, organisées à Miami et Santiago en 1994 et 1998 avec ses homologues du continent, Bill Clinton aura posé les premiers jalons de la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), vaste ensemble regroupant 800 millions d’habitants pour un PIB de 11 000 milliards de dollars. Son successeur, George W. Bush, veut conclure les négociations avant 2003. Empêcher de « mondialiser en rond » C’est donc pour prôner « l’avènement d’un hémisphère de liberté », que devrait permettre, selon lui, la libéralisation des échanges commerciaux au sein de la future entité panaméricaine, que « W » a effectué sa première sortie internationale au troisième sommet des Amériques, qui s’est tenu à Québec du 20 au 22 avril. Il y a retrouvé les chefs des 33 autres États du continent « élus démocratiquement » : Fidel Castro n’avait donc pas été invité. Les quelque 40 000 militants antimondialisa- tion venus organiser un contre-sommet dit des « peuples d’Amérique » et manifester contre la mise sur rails de la ZLEA, non plus. En témoigne un mur de 3 m de haut érigé pour protéger les négociateurs, gardé par un cordon de 6 000 policiers, qui n’ont pu empêcher les désormais traditionnelles échauffourées entre les forces de l’ordre et les plus radicaux des empêcheurs de « mondialiser en rond ». La réalité donne plutôt raison à ces derniers : depuis leur lancement officiel à Santiago, les négociations sur la ZLEA se sont déroulées dans le plus grand secret, au sein de 9 groupes thématiques portant sur l’accès aux marchés, les investissements, les services, l’agriculture, les droits de propriété intellectuelle, les subventions antidumping et les droits compensateurs, la passation des marchés publics, les politiques de concurrence ainsi que le règlement des différends. Force est de constater que les informations qui ont filtré de ces groupes tendent à confirmer les craintes suscitées par l’avènement du marché commun panaméricain. Selon ses nombreux détracteurs, la ZLEA ne sera qu’une version économique actualisée de la doctrine Monroe et, en l’état, ne fera que consolider l’hégémonie des États-Unis sur le sous-continent. À ceux qui seraient tentés de rapprocher la future entité d’une expérience d’intégration poussée à l’européenne, Kimon Valaskis, ancien ambassadeur du Canada auprès de l’OCDE, rappelle ainsi que dans l’Union européenne, les disparités de richesses restent gérables. Rien de tel au sein de la ZLEA où le PIB étatsunien pèse à lui seul 70 % du total et où « même une union monétaire éventuelle ne serait rien de plus qu’une simple dollarisation ». Maigre bilan Dans ces conditions, la zone de libre-échange, censée voir le jour en 2005, transformerait l’Amérique latine en « réserve de marché naturelle » de Washington. Une évolution prévisible à l’aune du rapport du groupe des négociateurs sur les investissements, diffusé peu avant le début du sommet de Québec par une ONG américaine. Authentifié par le ministre du Commerce canadien, ce document va plus loin que le fameux article XI de l’Accord de libre-échange nordaméricain dont il s’inspire et ressemble à s’y méprendre à une résurrection régionale de l’accord multilatéral sur les investissements (abandonné en 1999 dans le cadre des négociations de l’OMC), qui concédait des droits exorbitants aux investisseurs privés par rapport aux États souverains... Outre l’extension du marché intérieur nord américain, l’avènement de la ZLEA pourrait également avoir une fonction plus politique : torpiller la seule alternative régionale digne de ce nom, le Mercosur, en crise depuis 1998, et, ce faisant, marginaliser le Brésil, seul pays suddownloadModeText.vue.download 47 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 45 américain qui soit potentiellement en mesure de faire pièce à l’hégémonie états-unienne dans la région. À Québec, par la voix de son président, Fernando Cardoso, la deuxième puissance régionale a fait état de ses réticences, critiquant les mesures antidumping qui ferment l’accès au marché nord-américain à de nombreux produits, en particulier agricoles, du sous-continent. Dans cette tentative de faire contrepoids à Washington, le Brésil a, par ailleurs, trouvé en Hugo Chavez son meilleur allié. Le président vénézuélien, qui essaye de nouer des alliances avec ses homologues colombien et mexicain, n’a de cesse de critiquer « un projet d’intégration », qui, en l’état, « aurait pour seul but de transformer [l’Amérique latine] en un grand supermarché » et « ne servirait qu’une minorité ». Au vu des nombreux désaccords qui subsistent entre les parties, le bilan du sommet de Québec paraît donc bien maigre : outre l’adoption d’une clause floue liant libre-échange et démocratie, la seule mesure concrète adoptée réside dans l’engagement de la Banque interaméricaine de développement et de la Banque mondiale de dégager près de 55 milliards de dollars pour aider l’Amérique latine à combler son retard visà-vis des pays du Nord de l’hémisphère. Loin de lancer le « siècle des Amériques » appelé de ses voeux par George W. Bush au cours de sa campagne, Québec ne fut, comme l’a souligné ironiquement un quotidien québécois francophone, qu’un « sommet des bonnes intentions ». EMMANUEL CHICON ALENA : LES ENTREPRISES FONT LA LOI ? L’article XI de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), regroupant depuis 1994 les États-Unis, le Canada et le Mexique, permet aux entreprises de poursuivre des gouvernements, quitte à remettre en cause certaines réglementations. Des coins d’arbitrage prévues par le traité ont ainsi condamné le Mexique à verser 16,7 million de dollars à une entreprise états-unienne, qui s’était vu interdire par les autorités locales la poursuite de la construction d’une usine de traitement des déchets toxiques, Mieux. Dans un article du New York Times, on apprend que la société de messagerie américaine United Press Service a porté plainte contre... la Poste canadienne, accusée d opérer « une concurrence déloyale ». 22 Monténégro Courte victoire des indépendantistes Après dépouillement de 98 % des bulletins de vote, la coalition Victoire pour le Monténégro du président monténégrin Milo Djukanovic arrive en tête des élections législatives avec 42 % des voix, contre 40,6 % pour le bloc anti-indépendantiste Ensemble pour la Yougoslavie. Les partisans du président yougoslave déchu Slobodan Milosevic ont enregistré de très faibles résultats. La Gauche yougoslave (JUL) de l’épouse de l’ex-président, Mira Markovic, a recueilli 0,05 % des suffrages. Quant au Parti radical serbe (SRS) de l’ultranationaliste Vojislav Seselj, il recueille 1,18 % des suffrages. La faible avance des séparatistes risque d’entraver l’accession du Monténégro à l’indépendance. En effet, selon ces résultats, le bloc indépendantiste remporte 44 des 77 sièges du Parlement, soit 35 sièges pour le mouvement de Milo Djukanovic, six pour les libéraux, qui ont obtenu 9 % des suffrages, et trois pour de petits partis ethniques albanais qui demandent aussi l’indépendance de la province. Or, les opposants à la sécession estiment qu’une majorité des deux tiers au Parlement est nécessaire pour parvenir à la sécession. La coalition du président Milo Djukanovic promet un référendum l’été prochain sur la question de l’indépendance face à la Yougoslavie. 24 Japon Junichiro Koizumi, nouveau Premier ministre Le réformateur Junichiro Koizumi est élu Premier ministre à l’issue d’un vote parlementaire qui lui a accordé une très large victoire, 287 voix à la chambre basse de la Diète, soit 47 voix de plus que la majorité requise. Junichiro Koizumi avait facilement remporté les élections à la présidence du Parti libéral démo- crate (PLD), ouvrant ainsi la voie à sa nomination au poste de Premier ministre en remplacement du très impopulaire Yoshiro Mori. Âgé de cinquante-neuf ans, ancien titulaire des portefeuilles des Postes et de la Santé, le nouveau chef du gouvernement devient downloadModeText.vue.download 48 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 46 le neuvième Premier ministre du Japon en dix ans. Il aura pour tâche de sortir le pays de la crise économique la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. 26 France La libération conditionnelle pour Patrick Henry Condamné à perpétuité en 1977 pour le meurtre d’un enfant, devenu prisonnier modèle – il a passé avec succès son brevet, son bac, puis dans la foulée sa licence de maths et un DUT d’informatique –, Patrick Henry est admis au « bénéfice de la libération conditionnelle », selon les termes employés par le procureur général de Caen Michel Julien. Pendant huit mois, il devra réintégrer tous les soirs sa cellule et, pendant sept ans, il sera soumis à une mesure de contrôle et de surveillance. La demande de remise en liberté de Patrick Henry, emprisonné depuis 1981 au centre de détention de Caen, avait été déposée en janvier dernier et examinée selon les modalités prévues par la nouvelle loi sur la présomption d’innocence. Auparavant, les ministres de la Justice avaient toujours rejeté les demandes de libération conditionnelle déposées par Patrick Henry. Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence le 1er janvier dernier, les gardes des Sceaux sont déchargés de cette responsabilité au profit d’une « juridiction régionale de la libération conditionnelle », composée de trois magistrats, qui examine les dossiers et décide du bien-fondé de la demande. Condamné par la cour d’assises de l’Aube le 20 janvier 1977 à la prison à perpétuité pour l’enlèvement et le meurtre du petit Philippe Bertrand, Patrick Henry, aujourd’hui âgé de quarante-sept ans, avait échappé à la guillotine grâce à ses deux avocats, et notamment grâce à une fameuse plaidoirie de Me Robert Badinter qui, en tant que garde des Sceaux de François Mitterrand, fera voter l’abolition de la peine de mort quatre ans plus tard. Télévision La Real TV sur M6 La chaîne de télévision M6 lance sa première émission de fiction réelle, intitulée « Loft Story ». Selon ses auteurs, le concept de l’émission est fondé « sur le principe de l’interactivité avec le public » et le but est de « construire un couple et d’unir deux candidats dans une love story ». Onze candidats, âgés de dix-huit à trente-cinq ans, ayant accepté de vivre ensemble pendant soixante-dix jours seront filmés nuit et jour par 26 caméras (dont trois à infrarouges) et écoutés par plus de 50 micros disposés partout dans l’habitation. Ils vivront dans un loft de 225 mètres carrés avec jardin et piscine, et seront coupés du monde extérieur, sans journaux, télévision, radio ni téléphone. Au cours du jeu, ils seront éliminés progressivement par le vote du public jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un garçon et une fille. Le couple gagnant remportera alors le droit de vivre dans une maison d’une valeur de 3 millions de francs et bénéficiera de 20 000 francs par mois pour ses frais. La maison sera définitivement acquise si le couple arrive à vivre ensemble pendant six mois. Le public pourra suivre les candidats chaque soir en début de soirée. C’est la première fois qu’une grande chaîne française programme une émission de fiction réelle, ou Real TV, un concept venu de l’étranger, qui déclenche une polémique sur la télé voyeuse. Télé-réalité : Loft folie En programmant « Loft Story », M6 inaugurait un nouveau type d’émission, prenant de vitesse les chaînes concurrentes, moins promptes qu’elle à se lancer dans l’aventure de la télé-réalité. Télé poubelle pour les uns, reflet de la société pour les autres, l’émission qui présentait onze cobayes des deux sexes découvrant sous l’oeil des caméras le plaisir de la servitude volontaire a battu des records d’audience et transformé un simple programme de divertissement en phénomène de société. «La première fiction réelle et interactive », c’est ainsi que la chaîne nationale M6, « la petite chaîne qui risque de monter », présentait sa version hexagonale de Big Brother, un jeu d’origine hollandaise qui filme des femmes et des hommes enfermés dans un appartement sous l’oeil des caméras. La version française, « LoftStory », offre une seule originalité, sans doute le côté latin du concept, puisqu’il s’agit de former un couple idéal. Une finalité qui, en l’occurrence, a inspiré de nombreux postulants : 38 000 candidats, dont 350 auditionnés. downloadModeText.vue.download 49 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 47 Le prix de la douleur Au final, ils seront onze : cinq garçons, six filles, célibataires âgés de dix-huit à trente-cinq ans ; ils ne se connaissent pas et vont devoir vivre pendant 70 jours dans un loft de 225 m2 construit pour l’occasion, dans les studios de la Plaine Saint-Denis. Une trentaine de caméras et des micros disposés dans les lieux retransmettent leurs ébats au cours d’émissions quotidiennes, ainsi que, 24 heures sur 24, sur l’Internet et TPS. Auparavant, ils auront subi force tests, psychologiques et médicaux, notamment dépistage du VIH et de l’hépatite B devant garantir les candidats des risques inhérents à la promiscuité – précision : il n’y a que deux chambres – imposée par le règlement du jeu. Car il s’agit d’un jeu : les candidats sont éliminés chaque semaine, une fille et un garçon en alternance, par un vote du public et par les candidats eux-mêmes. Le couple vainqueur, connu au bout de dix semaines, n’en sera pas quitte pour autant. On lui promet un lot gagnant (une maison dans le Sud, d’une valeur de trois millions de francs), mais auparavant les deux rescapés devront y vivre ensemble durant quarante-cinq jours, toujours sous l’oeil des caméras. Le prix de la douleur ? Stars de pacotille Dès le jour de son lancement, le 26 avril, l’émission suscite un véritable engouement : M6 attire 5,2 millions de téléspectateurs pour la soirée inaugurale. Chez les internautes, c’est le raz de marée. D’autant que, sur le site Internet de M6, on aura le droit à la retransmission intégrale, c’est-à-dire non expurgée, des ébats chaleureux qui unissent deux des protagonistes de l’émission, Loanna et Jean-Édouard, dans la piscine du loft. Aussitôt, dans les médias, au bureau ou dans les cours de récréation, on ne parle plus que de cela, en bien ou en mal. Ce qui suscite autant de réactions en chaîne. Les neuf sages du CSA font « savoir publiquement qu’ils ont la chaîne à l’oeil » : ils demanderont plus de liberté et des pauses pour les candidats. Le 6 mai, un lofteur, David, jette volontairement l’éponge, semant le doute parmi les téléspectateurs : la vie du loft est-elle aussi spontanée que les producteurs le prétendent ? Des actions anti-Loft s’organisent, des auditeurs prennent d’assaut le loft, des associations déposent des poubelles devant le siège parisien de M6. Le 5 juin, Benjamin Castaldi, l’animateur de l’émission, dit tout : « Le vrai défi, c’est de sortir du loft. » Rien n’y fait. Au fur et à mesure de l’élimination des candidats, l’audience atteindra jusqu’à dix millions de téléspectateurs et M6 creuse l’écart avec TF1 en parts de marché. Chez les moins de trente ans, le Loft fait un tabac. Chez les moins de seize ans, il est un modèle. Ils vont y chercher un mode d’emploi des relations humaines, relayant cette antienne avec une lucidité désespérée : « Ils sont cons, mais comme nous quand on aura à vingt ans », ou encore intello comme Phillipe, chipie comme Laure, cynique comme Kenza, Causette comme Loanna, insouciant comme Jean-Édouard, mais, dans tous les cas, plus ou moins paumés. L’après-Loft Les esprits chagrins, eux, regrettent l’engouement pour le voyeurisme et la futilité proposés par les démiurges de M6, la dégradation de l’offre télévisuelle ou la sitcomisation du réel interprétée par des stars de pacotille, cette gloire gratuite accordée à des anti-héros qui s’épuisent à trouver une paradoxale liberté dans un enfermement collectif. Mais ils reconnaissent que cette télévision, sans ambition ni prétention, cette scénarisation de la banalité, répond à une attente de proximité des téléspectateurs. Ce en quoi les meilleurs esprits voient une révélation sociologique capitale. Certes, les lofteurs ne sont préoccupés que de notoriété, mais comment s’en étonner alors que la société s’accommode davantage du désir de représentation que de celui de l’action ? Après tout, in fine, les téléspectateurs sont restés maîtres du jeu, déjouant les prévisions de M6 : c’est Loanna, la plus attendrissante, et Christophe, le plus consensuel, qui s’envoleront vers Saint-Tropez. Mais ils ne forment pas un couple. Qu’importe, métamorphosés par la célébrité, ils ont franchi les épreuves du loft. Il leur reste celles de l’après-Loft. Loin de M6 ? MADELEINE QUÊ M6 DAME LE PION À TF1 M6 a gagné des parts de marché grâce à son émission de télé-réalité, « Pour M6, le plus dur est à venir », commentent, goguenards, les patrons des chaines concurrentes que le succès de « Loft Story » a quelque peu agacés. Deux mois durant M6 s’est, en effet, offert le luxe de de- vancer en audience le « Bigdil » de TF1, downloadModeText.vue.download 50 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 48 jusque-là leader de l’avant-soirée, et elle a presque fait jeu égal avec certaines des meilleures fictions de la Une. « Loft Story », devenue la pierre philosophale de l’audience TV désormais recherchée par la plupart des concurrents de M6, a largement contribué aux bons résultats financiers de cette dernière. Au premier semestre 2001 elle affiche un bénéfice net de 80,2 millions d’euros en hausse de 34,3 % par rapport au premier semestre 2000. La deuxième édition de « Loft Story » sera programmée sur 80 jours au premier semestre 2002. 27 France Le juge Halphen contre le président Chirac Le juge d’instruction de Créteil (Val-de-Marne) chargé du dossier des HLM de Paris, Éric Halphen, rend une ordonnance d’« incompétence » concernant le cas de Jacques Chirac. Bien qu’il ait recueilli « suffisamment d’éléments mettant pénalement en cause l’ancien maire de Paris à titre personnel », « compte tenu de l’immunité pénale dont bénéficie le chef de l’État durant son mandat, le magistrat ne peut que constater son incompétence » et est contraint de mettre fin à ses investigations concernant le président de la République. Le juge Halphen, s’appuyant sur l’article 68 de la Constitution et sur l’avis rendu le 22 janvier 1999 par le Conseil constitutionnel, rappelle que pendant la durée de ses fonctions, le président de la République ne peut être mis en cause que devant la Haute Cour de Justice. Le juge Halphen avait pourtant adressé fin mars une convocation à titre de témoin au président de la République qui avait, au nom de la séparation des pouvoirs, refusé de déférer ce rendez-vous judiciaire. Depuis 1994, le juge Halphen enquête sur les conditions suspectes de passation de marchés publics entre l’OPAC (Office public d’aménagement et de construction) et plusieurs entreprises de travaux publics. Elles auraient donné lieu à des versements d’importantes commissions occultes par le biais notamment d’un promoteur proche du RPR, JeanClaude Méry, décédé en juin 1999. Mai 1 États-Unis Bush en faveur du bouclier antimissile Le président George W. Bush s’engage à doter les États-Unis d’un système de bouclier de défense antimissile, « le meilleur moyen de préserver la paix » dans le monde. Il tente néanmoins de rassurer ses alliés européens et canadiens, dont plusieurs ont fait part de leur opposition à ce programme, en promettant qu’il ne « prendra pas de décisions unilatérales » sur la sécurité nucléaire et qu’il les consultera sur la nécessité de « créer une nouvelle structure pour la sécurité et la stabilité qui reflète le monde d’aujourd’hui ». Le projet américain, constitué de radars et de missiles intercepteurs, contrevient aux termes du traité conclu avec l’Union soviétique sur les missiles antibalistiques (ABM) signé en 1972, que M. Bush qualifie de relique de la guerre froide. 2 France Torture en Algérie : les aveux du général Aussaresses Le quotidien le Monde publie des extraits de Services spéciaux, Algérie 1955-1957, un livre du général Paul Aussaresses. L’officier y reconnaît que, pendant la guerre d’Algérie, il a pris part à des tortures, des massacres de civils ou des exécutions maquillées en suicides. Ces actes, pratiqués par lui et son équipe, il les revendique sans remords, expliquant que la torture était régulièrement puis systématiquement pratiquée au moment de son arrivée sur le territoire algérien. Affirmant ne pas redouter un éventuel procès, en particulier pour crime contre l’humanité, il met en cause le pouvoir politique de l’époque, notamment François Mitterrand, alors ministre de la Justice, et soutient que « la responsabilité du gouvernement de la République [...] est à présent clairement établie ». Le chef de l’État et le Premier ministre dénoncent avec downloadModeText.vue.download 51 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 49 fermeté les confessions du général Aussaresses : Jacques Chirac demande des sanctions disciplinaires – le général Aussaresses, aujourd’hui âgé de quatrevingt-trois ans, pourrait être mis à la retraite d’office. La ministre de la Justice Marylise Lebranchu rappelle que, en raison de la loi d’amnistie de 1968 et des règles applicables en matière de prescription, la seule qualification possible permettant de poursuivre le général Aussaresses est de « voir si les propos du général sont constitutifs du délit d’apologie de crimes de guerre », passible de cinq ans de prison et 300 000 F d’amende. Le parquet estime que « la qualification de crime contre l’humanité ne peut s’appliquer aux faits dénoncés [...] Cette incrimination n’existe dans notre droit que depuis le 1er mars 1994. Antérieurement à cette date, seuls les crimes contre l’humanité commis pendant la Seconde Guerre mondiale ont pu être poursuivis sur le fondement de la Charte du tribunal militaire international de Nuremberg ». En revanche, la Ligue des droits de l’homme ayant porté plainte le 4 pour « apologie des crimes de guerre », plainte à laquelle se sont associés les Verts, celle-ci est jugée recevable par le parquet, car « l’analyse du livre fait apparaître que certains passages sont susceptibles de constituer le délit d’apologie de crimes de guerre prévu et réprimé par l’article 24 alinéas 1 et 3 de la loi du 29 juillet 1881 ». L’affaire Aussaresses Dans Services spéciaux, Algérie 1955-1957, publié le 3 mai aux éditions Perrin, le général Paul Aussaresses (quatre-vingt-trois ans en 2001), ancien coordinateur des services de renseignement à Alger en 1957 auprès du général Massu, revient sur sa guerre d’Algérie. À la tête d’un commando qu’il qualifie lui-même d’« escadron de la mort », il reconnaît avoir assassiné et torturé. Cet opposant forcené au mouvement nationaliste algérien, l’un des personnages clés de la bataille d’Alger, n’exprime aucun regret et assume tous ses actes. Affublé de multiples surnoms par les historiens, « commandant O », « Boisfeuras », « le Barbu », « général basses oeuvres », il reste pour l’historien Pierre VidalNaquet le « chef de file d’une équipe de tueurs professionnels » et son livre, « les mémoires d’un assassin ». Le livre et l’accablante confession Dès le mois de novembre 2000, le général Aussaresses, son oeil obturé et son absence de remords, occupe la scène médiatique. Interrogé par le journal le Monde, il déclare : « Je me suis résolu à la torture... j’ai moi-même procédé à des exécutions sommaires » et d’invoquer le caractère précis de sa mission de liaison entre police et justice, l’épisode du « coran électrique », les rapports consignés sur un gros cahier manifold des arrestations de la veille, lesquels étaient relevés par Massu, le général Salan (commandant en chef des forces armées) et le ministre Robert Lacoste (ministre résident). À la tête de son « escadron de la mort », il procède à des exécutions sommaires, tue froidement 24 hommes, ordonne qu’on procède à des actes de torture mais précise : « Je n’ai jamais torturé et pourtant je n’ai pas les mains propres. » Six mois plus tard, le jeudi 3 mai, sort en librairie Services spéciaux, Algérie 1955-1957. Le général Aussaresses va plus loin. Il reconnaît avoir personnellement torturé en 1957, en Algérie, l’avocat Ali Boumendjel et Larbi Ben M’Hidi, responsable du FLN à Alger. Il ajoute : « C’est efficace, la torture, la majorité des gens craquent et parlent. Ensuite, la plupart du temps, on les achevait. » Tout cela sans le moindre scrupule : « Des problèmes de conscience ? Non, je m’étais habitué à tout cela. » Ce sont les policiers de Philippeville, où il débarque en 1955 à trentesept ans, à la 4e demi-brigade parachutiste, qui les premiers l’initient à la technique des interrogatoires « poussés », seul moyen à l’en croire d’obtenir des noms et de procéder rapidement aux arrestations. Après le massacre du 18 juin, il se débrouille seul : « C’était la première fois que je torturais quelqu’un [...] Si j’ai regretté quelque chose, c’est qu’il n’ait pas parlé avant de mourir. » Différentes méthodes sont utilisées : les coups, l’électricité, l’eau. Le 3 avril, le Parlement français vote l’état d’urgence qui renforce les liens entre la police et les services militaires de renseignement. Aussaresses commente : « Une manière d’institutionnaliser ce que je pratiquais déjà officieusement. » Et puis vient la bataille d’Alger, les expéditions nocturnes, les exécutions expéditives dans les maquis « éloignés » et les interrogatoires à la villa des Tourelles, le quartier général. Rares étaient les prisonniers qui se retrouvaient vivants le lendemain. « La torture était tolérée, sinon recommandée », précise Aussaresses. downloadModeText.vue.download 52 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 50 Lee conséquences judiciaires En réaction au détachement total qui imprègne ses écrits, et donc pour son livre plus que pour ses actes, la justice rattrape le général. Le 17 mai 2001, à la suite d’une plainte de la Ligue des droits de l’homme (LDH) pour « apologie de crimes de guerre », le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire visant l’ancien officier. L’apologie de crimes de guerre est un délit passible d’une peine maximale de cinq ans de prison et de 300 000 F d’amende. Crimes de guerre : la qualification est immédiatement contestée et jugée trop faible par les associations qui reprochent au procureur de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, de ne pas avoir retenu la possibilité de poursuites pour « crimes contre l’humanité ». Ce dernier se défend en avançant que la notion de crimes contre l’humanité ne s’applique en France qu’aux faits postérieurs à 1994 ou commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il ne convainc pas. Il reste que les crimes de guerre étant prescrits au bout de dix ans (et ceux de la guerre d’Algérie, couverts par la loi d’amnistie du 31 juillet 1968), des poursuites plus directes pour tortures et assassinat sont impossibles. En conséquence, l’ancien officier ne peut être poursuivi que pour un délit « annexe ». Son procès est fixé les 26, 27 et 28 novembre par le tribunal correctionnel de Paris. Par ailleurs, le MRAP (mouvement contre le racisme) et Josette Audin, veuve d’un militant communiste disparu à Alger en 1957, déposent également plainte. Pour « enlèvement et séquestration » dans le cas de la veuve. Un moyen de contourner la prescription, les disparus étant supposés vivants, l’infraction est toujours en cours. Le général ne se laisse pas impressionner. Il répond à ses détracteurs dans le journal le Monde : « On eût aimé que, cédant à l’air du temps, je fisse acte de repentance. Eh bien, je ne le fais pas, car ce comportement est contraire à l’histoire. » Le très médiatique avocat Gilbert Collard assure sa défense. Les autorités françaises réagissent immédiatement par des gestes symboliques. Le président Chirac, en tant que chef des armées, demande la mise à la retraite d’office du général pour « faute contre l’honneur » et la suspension de sa Légion d’honneur (décisions effectives en juin 2001). Alors que le Premier ministre Lionel Jospin vient de publier une circulaire relative à « l’accès aux archives publiques en relation avec la guerre d’Algérie », les plaintes pourraient permettre d’ouvrir aux historiens les portes de ces années jusqu’alors refermées. CÉLINE CABOURG HUIT ANS DE GUERRE 1er novembre 1954 : « Toussaint rouge » : début de l’insurrection armée en Algérie, composée de trois départements français. Mars 1956 : la majorité de gauche qui soutient le président du Conseil Guy Mollet (SFIO) vote les « pouvoirs spéciaux ». Août 1956 : premier congrès du FLN. Janvier 1957 : le général Massu est investi des pouvoirs de police pour mener la bataille d’Alger. Juin 1957 : disparition de Maurice Audin communiste et enseignant à l’université d’Alger, après son arrestation par l’armée. 13 mai 1958 : création du Comité de salut public à Alger, présidé par Massu. 4 juin 1958 : le « Je vous ai compris » du général de Gaulle. 21 décembre 1958 : élection du général de Gaulle à la présidence. 16 septembre 1959 : le président proclame le droit des Algériens à l’autodétermination. 24 janvier 1960 : journée des barricades. Mai 1960 : le premier numéro de Vérité-Liberté dénonce la torture. Mars 1962 : les accords d’Évian mettent un terme à la guerre d’Algérie. 3 ONU Droits de l’homme : éviction de Washington Les membres de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, composée de 53 représentants élus pour trois ans et renouvelée par tiers chaque année, en évincent les États-Unis, un siège qu’ils occupaient de façon ininterrompue depuis la création de cet organe en 1947. La Commission des droits de l’homme de l’ONU réalise des études et formule des recommandations en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’homme, soit de sa propre initiative, soit à la demande de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité de l’ONU. Lors de chaque renouvellement annuel, les groupes régionaux reprédownloadModeText.vue.download 53 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 51 sentés à l’ONU proposent des candidats pour la commission. Le groupe « Europe occidentale et Autres » avait proposé quatre candidats pour trois sièges : les États-Unis, la France, l’Autriche et la Suède. À l’issue du scrutin, qui a eu lieu au siège de l’ONU à New York, la France a obtenu 52 voix, l’Autriche 41, la Suède 32 et les États-Unis 29. Le haut-commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU, Mary Robinson, a exprimé l’espoir que les États-Unis redeviennent rapidement membres de la commission. 5 Vatican Jean-Paul II en Syrie Au lendemain de la première visite d’un pape en Grèce depuis le grand schisme d’Orient de 1054, où il a demandé pardon pour les catholiques « qui ont péché par action et par omission contre leurs frères et soeurs orthodoxes », Jean-Paul II effectue une visite historique en Syrie. Il lance un appel à « une paix véritable » au Proche-Orient, tandis que le président syrien Bachar al-Assad appelle le chef de l’Église catholique à soutenir les Arabes contre « l’oppression israélienne » et écarte tout dialogue fondé sur les racines communes entre les trois religions monothéistes, juive, musulmane et chrétienne, comme le prône le souverain pontife. 7 XVe Nuit des Molières La XVe Nuit des Molières organisée au théâtre Marigny-Robert Hossein de Paris met à l’honneur la jeune génération théâtrale. Le molière de la meilleure comédienne échoit à Corinne Jaber, celui du meilleur comédien à Simon Abkarian et celui de la meilleure mise en scène à Irina Brook. La pièce que ces jeunes gens représentent, Une bête sur la lune, forte de sept nominations, obtient les cinq principales récompenses, avec, outre les trois précitées, celle de la meilleure pièce du répertoire et celle de la meilleure adaptation. Georges Wilson, seul récompensé parmi les « grands anciens », reçoit le molière du meilleur second rôle pour Une chatte sur un toit brûlant. Deux molières d’honneur sont remis, l’un à Gabriel Monnet – à l’origine, avec André Malraux, de la première Maison de la culture – et l’autre à Madeleine Robinson pour l’ensemble de sa carrière. 10 Union européenne Baisse des taux de la BCE La Banque centrale européenne (BCE) baisse son principal taux d’intérêt d’un quart de point, à 4,50 %. Les deux taux qui l’accompagnent, le taux plafond et le taux plancher, baissent eux aussi de 0,25 point, respectivement à 3,50 % et 5,50 %. Selon le président de la BCE, Wim Duisenberg, cette réduction, la deuxième seulement en deux années d’histoire de l’organe – la première datait d’avril 1999 –, est motivée par le recul des pressions inflationnistes dans la zone euro. La BCE s’aligne ainsi sur la tendance monétaire générale, au moment où les marchés financiers traversent des turbulences et où l’économie mondiale ralentit. 11 Allemagne Adoption des retraites par capitalisation Le Bundesrat, chambre haute du Parlement allemand, adopte la réforme des retraites, autre grand chantier du chancelier Gerhard Schröder avec la réforme fiscale, et déjà votée par la chambre basse du Parlement, le Bundestag, en janvier dernier. Cette réforme introduit pour la première fois une part de capitalisation dans le système de financements des retraites allemandes. Elle entraînera une baisse progressive du niveau de retraites standard, passant de 70,7 % à 67,9 % de la moyenne des salaires, et permettra un gel des cotisations. Cette baisse sera accompagnée par une revalorisation moins forte des retraites, qui ne seront plus indexées sur l’inflation mais, comme en France, sur révolution des salaires nets avant impôt. La capitalisation est destinée à combler le manque. À compter du mois de janvier prochain, les salariés auront la possibilité d’épargner 1 % de leur salaire versé, soit directement à des institutions financières, soit au sein même de l’entreprise. À partir de 2008, ce taux passera à 8 %. Afin d’encourager cette capitalisation, le gouvernement versera, sous forme de prime ou de réduction d’impôt, 154 euros en 2008 aux salariés dont l’épargne personnelle atteindra 4 % du salaire. Chaque enfant donnera droit à 185 euros supplémentaires. Ces dépenses devraient être finandownloadModeText.vue.download 54 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 52 cées par les recettes des ventes des licences de téléphonie mobile UMTS et par l’écotaxe. 13 Espagne Élections au Pays basque Les nationalistes modérés du Parti nationaliste basque (PNV) et leur allié Eusko Alkartasuna (EA) arrivent en tête aux élections régionales basques, obtenant 32 sièges sur un total de 75, contre 27 aux dernières régionales d’octobre 1998. La participation, autour de 80 %, dépasse d’environ 10 points celle enregistrée lors du précédent scrutin régional. Les grands partis espagnols n’ont donc pas réussi à évincer les nationalistes modérés, qui sont au pouvoir depuis 1980 : le Parti populaire (PP, centre droit, au pouvoir à Madrid) recueille 20 sièges (contre 16 en 1998) tandis que le Parti socialiste (PSE) conserve ses 14 sièges. Ces élections marquent l’effondrement des indépendantistes radicaux, 7 élus au lieu de 14, qui paient politiquement la campagne d’attentats (un mort à Saragosse et 14 blessés à Madrid) des indépendantistes armés de l’ETA pendant la campagne électorale. Italie Victoire de Berlusconi aux élections législatives Les 49,45 millions d’électeurs se prononcent pour le retour au pouvoir de Silvio Berlusconi. La coalition de droite – comprenant la Maison des libertés qui est composée de Forza Italia de Silvio Berlusconi, des anciens néofascistes d’Alliance nationale, des populistes de la Ligue du Nord, de trois petits partis chrétiens-démocrates : le Centre chrétien-démocrate (CCD), les Chrétiens-Démocrates unis (CDU) et le Parti démocrate-chrétien (PDC) –, malgré l’effondrement de son allié xénophobe de la Ligue du Nord, est largement majoritaire dans les deux chambres du Parlement italien. Elle remporte 177 sièges au Sénat, contre 130 pour la coalition sortante de l’Olivier – qui rassemble, autour des Démocrates de gauche (DS), la petite coalition Le Tournesol (Verts et socialistes démocrates du SDI), la petite coalition de centre gauche La Marguerite (Démocrates, Parti populaire, Renouveau italien et Union démocratique pour l’Europe) ainsi que le Parti des communistes italiens (PDCI). La majorité est de 163 à la chambre haute. À la Chambre des députés, les résultats officiels accordent 368 sièges à la Maison des libertés (CDL), la majorité étant à 316 sièges. L’incertitude a prévalu sur l’issue du scrutin pendant la journée qui a suivi la clôture des bureaux de vote. Elle est due notamment à la complexité du mode de scrutin italien, qui mêle suffrage direct et une dose de proportionnelle, à la réduction du nombre des bureaux de vote, qui a provoqué de longues files d’attente, et à la réticence de certains partis à annoncer de quel côté ils se rangeraient. Silvio Berlusconi a affirmé qu’il ne lui faudrait que peu de temps pour former un gouvernement et qu’il tiendrait ses promesses électorales, notamment sur la baisse des impôts et sur la création d’un million d’emplois. Les pays de l’Union européenne ont évité les critiques contre Silvio Berlusconi malgré la présence d’alliés fort controversés à ses côtés. France Adoption du statut de la Corse Un an et demi après l’ouverture du dialogue par Lionel Jospin avec les nationalistes, l’Assemblée nationale entame l’examen des 52 articles du projet de loi sur la Corse. Le texte du gouvernement a été élaboré en concertation avec l’ensemble des élus insulaires, y compris nationalistes. Avec le soutien tacite de l’Élysée, qui a ouvertement exprimé ses réserves sur un texte violant à ses yeux deux principes fondateurs du pacte républicain, l’égalité devant la loi et l’indivisibilité de la République, l’opposition s’apprête à voter contre un texte qu’elle qualifie de « dérive » et qui constitue « une marche vers l’indépendance de la Corse ». Le 17, les députés adoptent l’article 7 du projet de loi sur la Corse, sur l’enseignement de la langue corse, ainsi que l’article 12 autorisant les dérogations à la loi Littoral. Le premier stipule que « la langue corse est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires ». L’intitulé adopté est donc identique à celui qui avait déjà été approuvé par le passé par le Conseil constitutionnel concernant l’enseignement de la langue polynésienne. Le second permet à la Corse de déroger à la loi Littoral qui protège les côtes françaises contre l’urbanisation. downloadModeText.vue.download 55 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 53 Le 22, les réformes sur le statut de l’île sont votées par les députés par 287 voix contre 217. Socialistes, Verts et radicaux de gauche ont voté en faveur du texte, tandis que le Mouvement des citoyens a manifesté son hostilité au projet de Lionel Jospin. Le Parti communiste s’est abstenu. Le RPR a voté contre, l’UDF et DL se sont partagés entre vote, dont quelques-uns étaient favorables, et abstention. Le projet de loi sur la Corse sera examiné au Sénat la première semaine d’octobre. Le Conseil constitutionnel, dont l’avis sera de nouveau crucial, devra se prononcer sur un certain nombre de points problématiques, parmi lesquels le transfert de pouvoirs législatifs et réglementaires à l’Assemblée territoriale de Corse, l’enseignement de la langue corse dans les écoles maternelles et élémentaires et les dérogations à la loi Littoral. Le nouveau statut de l’île est le troisième en vingt ans, après le statut Defferre (1982) et le statut Joxe (1991). Vache folle : l’État mis en cause par le Sénat Un rapport du Sénat sur l’utilisation des farines animales et ses conséquences sur la propagation de l’épidémie de vache folle met gravement en cause les responsabilités des gouvernements qui se sont succédé entre juillet 1988 et novembre 2000. Ceux-ci sont accusés d’« attentisme », d’avoir eu une réaction « tardive » et d’avoir fait prévaloir les intérêts économiques sur la santé des consommateurs. L’État français aurait ainsi favorisé la propagation dans le cheptel bovin de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, dite « maladie de la vache folle »). Les sénateurs distinguent trois périodes dans le développement de cette épidémie en France : de 1980 à 1990, une première vague de contamination en raison de l’importation légale de farines anglaises entre 1988 et 1990 ; de 1990 à 1996, une deuxième vague de contamination, avec des importations cette foisci frauduleuses ; et de 1996 à 2000 – alors que la Grande-Bretagne révèle la transmission de la maladie à l’homme par le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob –, du fait de l’attentisme du ministère de l’Agriculture, qui ne se prononce qu’en novembre 2000 pour interdire les farines de bovins à toutes les races animales. Le retour de Berlusconi Le 13 mai 2001, la coalition des droites conduite par Silvio Berlusconi a gagné les élections législatives, tout en ayant recueilli moins de voix qu’en 1996, quand elle avait été battue par l’Olivier. Le total des voix de droite pour la Chambre des députés (45,4 %) a même été inférieur à celui des voix de gauche (47,8 %). Mais les droites étaient unies, et les gauches divisées. Cette situation, à l’opposé de celle qui prévalait cinq ans auparavant, a offert sur un plateau le gouvernement du pays à Silvio Berlusconi. Quatre grandes forces Le succès de M. Berlusconi marque avant tout la puissance de la demande de changement qui vient du milieu des propriétaires et en particulier du patronat. Vingt ans après le succès de Mme Thatcher en Grande-Bretagne, l’Italie, protégée par la force de la gauche et des syndicats, n’avait toujours pas connu de révolution néolibérale : cette fois, nous y sommes. Au pays où les entreprises ne jouissaient pas de la liberté de licencier, le vote du 13 mai 2001 a représenté d’abord la volonté de payer moins d’impôts et de pouvoir entreprendre sans se soumettre aux règles dictées par l’intérêt général. Toute la campagne a été marquée par la polémique sur l’énorme conflit d’intérêts qui pèse sur M. Berlusconi : or, pour plus de 18 millions d’Italiens qui ont voté à droite, cela n’a manifestement pas eu d’importance ! Le bloc social propriétaire qui le soutient se compose de quatre forces principales : l’association du patronat (la Confindustria), la grande majorité des médias, les hiérarchies de l’Église et la haute administration, en particulier la Banque d’Italie. Si en 1994 l’aventure gouvernementale de M. Berlusconi a tourné court au bout de neuf mois, c’est aussi parce que le grand patronat de Fiat, Pirelli et Télécom ne l’a pas soutenu, le considérant comme un parvenu au sein des grandes familles du capitalisme italien. Mais, cette fois, l’homme d’affaires milanais a bien préparé l’échéance. Avant les élections, il a d’abord conquis, grâce au soutien des PME et par l’intermédiaire de son affidé M. D’Amato, un petit industriel napolitain, le contrôle de la Confindustria. Ainsi le parti de la Démocratie chrétienne, downloadModeText.vue.download 56 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 54 qui avait gouverné pendant quarante ans en recherchant systématiquement un compromis mâtiné de valeurs humanitaires entre les intérêts du patronat et ceux des couches moyennes et populaires, a été remplacé aux commandes du pays par une force politique qui défend d’abord les revendications du patronat. Plus qu’une simple alternance entre gauche et droite, c’est une « révolution conservatrice » comme le pays n’en avait pas connu depuis les années 1920 et la montée au pouvoir du fascisme. La nouvelle droite qui a pris les commandes en Italie est ancienne et moderne à la fois. Ancienne, parce qu’elle englobe le parti de l’Alliance nationale, qui n’est rien d’autre que l’héritier des partisans de M. Mussolini, ainsi que les courants les plus cléricaux de l’ancienne Démocratie chrétienne, qui rêvent d’abolir la liberté d’avortement et de financer massivement les écoles religieuses ; moderne, parce que le parti du leader, Forza Italia, fonctionne comme un conseil d’administration dont M. Berlusconi est le P-DG ; il utilise le contrôle de la télévision pour diffuser le message populiste de son chef. Des promesses contradictoires En fait de populisme, M. Berlusconi n’a pas hésité à mener une campagne électorale à l’enseigne des promesses les plus contradictoires : moins d’impôts et plus de dépenses, pour satisfaire en même temps les patrons et les ouvriers, les agriculteurs et les commerçants, les étudiants et les retraités. Mais les premières mesures de son gouvernement ont créé quelques déceptions : elles prévoyaient certes la baisse des impôts sur les bénéfices des entreprises et l’annulation pure et simple de l’impôt sur les successions et les donations. Elles prévoyaient aussi la liberté pour les propriétaires immobiliers de restructurer leurs biens sans trop devoir dépendre des autorisations de l’administration. Mais des millions d’Italiens avaient voté surtout pour deux autres promesses : la baisse radicale des impôts pour tous, et en particulier pour les classes moyennes, et l’augmentation du minimum retraite de 30 %. Or, quelques jours à peine après la victoire, les collaborateurs du Premier ministre ont découvert un « trou » de plusieurs milliards d’euros, laissé dans les comptes de la nation par le gouvernement sortant de centre gauche. Ce trou, réel ou imaginaire, devait justifier l’abandon des promesses électorales adressées aux milieux populaires et même – Europe oblige ! – de nouvelles économies sur la santé et les retraites, de façon à pouvoir maintenir au moins la promesse électorale de baisser les impôts des plus hauts revenus. Bref, à peine élus, M. Berlusconi et sa coalition se sont révélés, comme en 1994, des Robin Hood à l’envers, qui prennent aux pauvres pour donner aux riches. Pourront-ils, dans ces conditions, conserver longtemps l’appui des Italiens ? La droite italienne parie sur un miracle économique qui lui permettra de redistribuer plus tard les fruits d’une croissance que l’ultra libéralisme de Forza Italia devrait impulser. L’état de choc dans lequel se trouve la gauche de l’Olivier lui laisse un certain temps. Mais après ? Si ce miracle ne devait pas se produire, la bataille entre droite et gauche se déplacera davantage sur le terrain culturel et sur celui de la communication. C’est là où M. Beriusconi compte beaucoup sur son contrôle absolu de la télévision. LUCIANO BOSIO LA RÉPUBLIQUE PRÉSIDENTIELLE, NOUVEL HORIZON Le dessein de M. Berlusconi est clair : il n’a pas la moindre intention de répondre devant la justice des accusations de malversation et de corruption pour lesquelles lui et son entourage sont inculpés et compte sur la résignation des juges autant que sur la puissance de feu de son empire médiatique. Il n’entend pas résoudre le conflit d intérêts qui fait de lui un entrepreneur tributaire dans de nombreux domaines – la télévision, les assurances, l’immobilier, les télécommunications – de concessions d’État dont il est, en tant que Premier ministre, le concédant et le bénéficiaire. Il n’acceptera aucune réduction substantielle du contrôle qu’il exerce sur son immense patrimoine. Et, afin d’assurer la pérennité de ce qui ressemble de plus en plus à un régime, il entend réformer la Constitution, en faisant de l’Italie une république présidentielle où le chef de l’État détient le pouvoir exécutif. downloadModeText.vue.download 57 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 55 18 Israël Nouvelle escalade Un jeune kamikaze palestinien appartenant au mouvement de la résistance islamique Hamas, Mahmoud Ahmed Marmash, commet un attentat-suicide à l’entrée d’un centre commercial de la station balnéaire israélienne de Nétanya, à 35 km au nord de Tel-Aviv. L’acte fait cinq morts, dont le porteur des explosifs, et plus de 70 blessés. Il s’agit du troisième attentat à la bombe commis à Nétanya depuis le début de l’année. Le porte-parole d’Ariel Sharon, Raanan Gissin, déclare que cet attentat est « le fruit d’une nouvelle vague d’incitations à la haine qui se sont notamment exprimées lors du discours prononcé par Yasser Arafat le 15 mai le jour de la Nakba », c’est-à-dire la catastrophe qu’a constituée pour les Palestiniens la création de l’État d’Israël. Quelques heures après cet attentat de Nétanya, Israël bombarde le quartier général des forces de sécurité palestiniennes à Naplouse, en Cisjordanie, tuant quatre Palestiniens et en blessant dix-neuf autres. D’autre part, un membre de la Force 17, la garde du président palestinien Yasser Arafat, est tué lors d’un bombardement israélien contre des objectifs palestiniens à Ramallah. En outre, Tsahal effectue des raids dans les Territoires, en utilisant des chasseursbombardiers F-16 pour la première fois depuis la guerre israélo-arabe de 1967. 19 France Prise de contrôle d’EDF sur Montedison Le groupe public français Électricité de France, la plus importante compagnie d’électricité européenne, annonce qu’il détient 20 % du capital de la holding agro-énergétique Montedison et qu’il en est devenu le principal actionnaire devant la banque d’affaires transalpine Mediobanca (15 %). EDF assure ne pas vouloir acquérir plus de capital dans le groupe italien et déclare qu’il tentera, avec l’accord des autres actionnaires, « de contribuer au développement des activités énergétiques de Montedison » au travers de sa filiale Edison. La montée progressive d’EDF dans le capital de Montedison ces dernières semaines inquiète le gouvernement italien et intéresse la Commission européenne. Le premier est « absolument opposé » à cette prise de participation. La seconde pose la question du respect par EDF des règles de la concurrence. Le 25, le gouvernement italien adopte un décret limitant à 2 % les droits de vote du groupe EDF, pourtant actionnaire majoritaire du groupe italien, dans Montedison. Or, la législation européenne sur l’ouverture des marchés à la concurrence interdit aux États membres d’adopter des lois susceptibles de décourager ou de défavoriser les investisseurs d’un autre pays européen. Mais EDF est accusée d’être injustement avantagée du fait de son statut public et de son monopole de fait en France. 20 Cinéma Palme d’or à Cannes pour Nanni Moretti Le palmarès du 54e Festival de Cannes reflète une sélection où un quart des 23 films en compétition traitaient du deuil familial : la palme d’or qui récompense la Chambre du fils de Nanni Moretti est conforme à la noirceur qui imprégnait ladite sélection – ce film évoque la douleur d’une famille après la mort accidentelle d’un adolescent. Autre oeuvre au sujet grave, la difficile communication entre les êtres, la Pianiste du cinéaste autrichien Michael Haneke rafle trois récompenses : le grand prix et les prix d’interprétation féminine pour Isabelle Huppert et masculine pour Benoît Magimel. Le prix de la mise en scène (ex aequo) va à The Man Who Wasn’t There de Joel Coen (États-Unis) et Mulholland Drive de David Lynch (États-Unis) ; celui du scénario à No Man’s Land de Danis Tanovic (Bosnie) ; et la caméra d’or (premier film) à Atanarjuat l’homme rapide de Zacharias Kunuk (Canada). Tchad Réélection du président Idriss Déby Le président sortant Idriss Déby, âgé de quarante-neuf ans, qui avait accédé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en décembre 1990 et avait été élu lors de la première élection présidentielle multipartite du pays en juin 1996, remporte l’élection présidentielle organisée le 20 mai dernier. Il recueille suffisamment de suffrages, 67,35 %, pour éviter un second tour. La participation a été de 65,9 %. Les six autres candidats d’opposition se partagent le restant des suffrages, le principal challenger, Yorongar Ngarlegy, downloadModeText.vue.download 58 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 56 en recueillant 13,94 %. Les observateurs internationaux ont estimé que ce scrutin s’était déroulé sans problèmes majeurs, mais les six candidats opposés au président sortant ont accusé le Mouvement patriotique du salut (MPS) d’Idriss Déby de fraude. 21 France Trente députés contre Chirac Le député PS de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg réunit 30 signatures de soutien – 19 députés socialistes, quatre Verts, quatre radicaux de gauche, deux communistes et un Mouvement des citoyens (MDC) – à sa proposition de traduction de Jacques Chirac devant la Haute Cour de justice, dans l’affaire des HLM de Paris. Le nom de l’ancien maire de la capitale a été cité dans le cadre de deux procédures : celle menée par le juge de Nanterre Patrick Desmure sur la rémunération de permanents du RPR par la Ville de Paris et aussi celle du juge de Créteil Éric Halphen, relative aux marchés de l’office HLM de Paris. Arnaud Montebourg doit encore recueillir les signatures d’au moins 58 députés pour obtenir l’ouverture de la deuxième étape de la procédure : l’adoption dans les mêmes termes de la proposition de résolution par l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais les réticences que l’initiative d’Arnaud Montebourg a suscitées, à droite comme à gauche, rendent ce scénario improbable. Le 29, le Parti socialiste annonce que les députés vont examiner une proposition de révision de l’article 68 de la Constitution afin de réformer le statut pénal du président de la République. Cet article est rédigé en ces termes : « Le président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en accusation que par les deux assemblées statuant par un vote identique au scrutin public et à la majorité absolue des membres les composant ; il est jugé par la Haute Cour de justice. » Selon le porte-parole du PS Vincent Peillon, cette révision de la Constitution « ne vise pas directement Jacques Chirac et esquive la polémique [sur la mise en accusation], mais nous renvoie à la question des principes et à la question de l’approfondissement de notre démocratie ». 22 Algérie Marée humaine en Kabylie Plus de 500 000 personnes manifestent à Tizi Ouzou (à 110 km à l’est d’Alger), capitale de la Grande Kabylie, à l’appel des comités de villages et de tribus pour soutenir les victimes des émeutes qui ont fait des dizaines de morts du 22 avril au 6 mai dans cette région. Le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), bien implantés en Kabylie, n’avaient rassemblé lors de deux marches à Alger, les 3 et 10 mai, que 15 000 personnes chacun. La manifestation, la plus grande jamais organisée en Algérie, s’est déroulée dans le calme. Les émeutes en Grande Kabylie avaient éclaté après la mort d’un lycéen dans la gendarmerie de Béni Douala. Elles avaient touché la Petite Kabylie à la suite de l’interpellation musclée de deux lycéens par des gendarmes à Amizour, à une trentaine de kilomètres de la capitale de la Petite Kabylie, Béjaïa. Jeunesse kabyle : les émeutes du désespoir Entre avril de milliers kabyle. Une rie, fondée identitaire du mal-être et juillet, plusieurs centaines d’émeutiers ont envahi la rue rage contagieuse à toute l’Algénon plus sur une revendication mais sur l’absence d’espoir née économique et social. « Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts ! » Slogan ahurissant de détresse, entendu des milliers de fois durant les jours de colère qui ont éclaté en Kabylie (Algérie), à l’est de la capitale Alger, à partir d’avril 2001. Pendant plus de trois mois, les émeutiers âgés de 15 à 30 ans, armés de pierres et de cocktails Molotov, vont crier leur haine d’un pouvoir opaque et « assassin », et dénoncer pêle-mêle la corruption, l’arbitraire et la brutalité des forces de l’ordre. Une rafale tirée « accidentellement » Tout commence le 18 avril, à 18 h 30. Massinissah Guermah, jeune Kabyle âgé de 18 ans, est arrêté dans la rue et brutalement traîné dans le poste de gendarmerie de la bourgade de Béni Douala. Atteint d’une rafale de pistolet-mitrailleur tirée par un gendarme, « accidentellement » selon la version officielle, il décède à l’hôpital deux jours plus tard des suites de ses blessures. La réaction de la population est immédiate. Des émeutes sporadiques éclatent un peu partout en Kabylie, à Tizi Ouzou, la ville principale, mais aussi à Sétif, downloadModeText.vue.download 59 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 57 à Béni Yennis, à Béjaïa... Les manifestations sont coordonnées par les arch, ces communautés de villages désormais plus aptes à mobiliser la jeunesse que les partis politiques d’opposition. Ces jours de colère connaissent trois temps forts. Les 28 et 29 avril, la contestation monte d’un ton et la gendarmerie réplique avec des munitions de guerre, causant 30 morts parmi les manifestants. Le 21 mai, plus de 500 000 personnes défilent dans le calme à Tizi Ouzou en une gigantesque « Marche noire ». Venues de tous les villages de Kabylie, elles portent vers la préfecture un immense drapeau noir, déployé en signe de deuil contre les victimes de la répression. Le 14 juin, enfin, la contestation gagne Alger. Là encore, plusieurs centaines de milliers de manifestants venus de Kabylie, relayés par les Algérois, se heurtent aux forces de l’ordre dans ce qui fut peut-être la plus grande manifestation que l’Algérie ait connue depuis l’indépendance. Face à la contestation, les autorités restent longtemps atones. Le président Abdelaziz Bouteflika ne parle que le 30 avril, dix jours après le début des émeutes. Muet sur les causes des événements et sur la violence déployée par les gendarmes, il se contente de convoquer une « commission d’enquête sur les émeutes en Kabylie ». Une révolte non identitaire Historiquement, la Kabylie est une région frondeuse en Algérie. Avant ce « printemps kabyle », il y avait eu, en juin 1998, les émeutes consécutives à l’assassinat du chanteur berbère Lounès Matoub. Il y avait eu le fameux « printemps berbère » de 1980, où, pour protester contre l’interdiction par les autorités algériennes d’une conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri sur la langue berbère (tamazight), des milliers d’émeutiers à Tizi Ouzou en avaient réclamé la reconnaissance comme langue officielle, au même titre que l’arabe. Il y avait eu, en somme, presque quarante ans de revendications identitaires fondées sur des caractéristiques culturelles distinctes : les 6 millions de Kabyles (sur 31 millions d’Algériens) sont les héritiers, islamisés tardivement, d’une population ancienne d’Afrique du Nord qui s’est réfugiée dans la montagne de Kabylie pour échapper aux invasions successives, notamment romaine et arabe. Leurs revendications n’ont pour l’essentiel jamais été satisfaites par l’État algérien qui s’est construit, depuis l’indépendance, sur une identité nationale presque exclusivement arabo-islamique. Cette fois-ci, pourtant, la révolte kabyle ne se veut pas identitaire. Les jeunes veulent « en finir » avec un malaise diffus, né notamment de l’absence de travail ou d’horizon lorsque un salaire d’ingénieur – 15 000 dinars (environ 230 euros) par mois – ne permet même pas de louer un logement. Ils ne comprennent pas cette misère et l’immobilisme d’un pays riche de ressources pétrolières pourtant en augmentation. Ils reprennent à leur compte le désespoir de toute une jeunesse algérienne – 75 % des Algériens ont moins de trente ans – à travers le slogan tant entendu : « Donnez-nous du travail, des logements, de l’espoir et il y aura le calme. » Après la manifestation du 14 juin à Alger, les émeutes se sont poursuivies quelques semaines dans toutes les villes de Kabylie. À la fin du mois de juillet, le rapport de la commission d’enquête dépêchée par le président Bouteflika est tombé, sans complaisance. La cinquantaine de morts, les dizaines de disparus, les centaines de blessés s’expliquent simplement. « La réaction violente des populations a été provoquée par l’action non moins violente des gendarmes, laquelle, pendant plus de deux mois, a nourri et entretenu l’événement : tirs à balles réelles, saccages, pillages, provocations de toutes sortes, propos obscènes et passages à tabac. » Des conclusions qui viennent recouper les déclarations du ministre de l’Intérieur, Noureddine Zehrouni, qui, dès le début des événements, reconnaissait qu’il pouvait « difficilement répondre des forces de l’ordre ». Ce qui pose, à nouveau, une question aussi ancienne qu’inquiétante dans ce pays : qui donne ses ordres à la force publique ? Qui détient réellement le pouvoir en Algérie ? BENJAMIN BIBAS UN TPI POUR LES MASSACRES EN ALGÉRIE Après dix ans de guerre civile et plus de 100 000 morts, les massacres de civils par les islamistes armés n’ont pas été stoppés par le « printemps kabyle ». Malgré l’appel à la « concorde civile » lancé par le président Abdelaziz Bouteflika lors de son arrivée au pouvoir en 1999, les deux principaux chefs des groupes islamistes armés, Antar Zouabri et Hassan Hattab, continuent de recruter et de sévir. Les massacres ont causé 5 000 morts civils depuis 1999 dont plus de 200 au cours du seul mois d’avril 2001. Le mois suivant, une pétition lancée downloadModeText.vue.download 60 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 58 par plusieurs intellectuels européens dont Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu, Juan Goytisolo ou le juge italien Imposimato a préconisé la création d’un tribunal pénal international pour l’Algérie. 24 États-Unis Plus de majorité au Sénat pour le président En annonçant son intention de quitter son parti et de devenir indépendant, le républicain modéré Jim Jeffords, sénateur du Vermont, rompt l’équilibre du Sénat. Jusque-là, le Sénat américain était divisé en deux blocs égaux, démocrates et républicains détenant chacun 50 sièges. La défection de Jim Jeffords, qui s’est déjà fait remarquer en votant à plusieurs reprises avec les démocrates, met fin au contrôle des républicains sur le Sénat et contrecarre les projets législatifs du chef de l’État, comme la réforme du système éducatif, la réduction d’impôts, le plan de relance de la production nationale pétrolière et gazière, le renforcement de la protection des consommateurs dans le domaine de la santé, la réforme du système des retraites et la création d’une assurance vieillesse pharmaceutique ou la prospection pétrolière dans le Grand Nord, en Alaska. Ce revirement va contraindre le président américain à suspendre ses initiatives les plus conservatrices et à gouverner davantage au centre. « C’est un revers très sérieux », reconnaît le sénateur républicain Thad Cochran. « Il n’y a aucun doute que le président Bush aura beaucoup plus de difficultés pour faire passer ses priorités au Sénat, et les confirmations des responsables qu’il désignera pourraient être ralenties », a-t-il ajouté. Macédoine Offensive anti-UÇK Après l’expiration de l’ultimatum lancé aux rebelles de la guérilla albanaise pour qu’ils déposent les armes ou quittent le territoire, les forces macédoniennes passent à l’offensive pour tenter de chasser la guérilla albanaise de la région de Kumanovo, dans le nord du pays, après trois semaines d’une guerre d’usure entre les rebelles et l’armée. L’opération a pour but « d’entourer la zone de conflit, de repousser les groupes terroristes et de créer les conditions pour permettre aux civils de sortir ». Skopje a toujours assuré faire de la protection des milliers de civils sa priorité. Le 31, pour résoudre la crise entre partis slaves et albanophones en Macédoine, le Premier ministre Lujbco Georgievski évoque une révision de la Constitution reconnaissant la minorité albanaise, qui donnerait à la minorité albanaise macédonienne le statut de peuple constitutif, à l’instar des Macédoniens, et à sa langue le statut de langue officielle. Ces déclarations marquent un changement de taille de la part du gouvernement macédonien, qui a maintenu une position intransigeante envers la minorité albanaise depuis le début de l’insurrection en février des rebelles albanophones, dans le nord du pays, à la frontière avec le Kosovo. Skopje avait rejeté jusqu’alors les requêtes de la minorité albanaise, qui représente un tiers des deux millions d’habitants de la Macédoine, au motif que des changements constitutionnels aboutiraient à une division du pays entre une partie albanophone et une partie slave. Le gouvernement refusait aussi de négocier avec les rebelles, les qualifiant de terroristes et les accusant de vouloir scinder le pays pour créer une Grande Albanie ou un Grand Kosovo, alors que les militants de l’Armée de libération nationale (UÇK) affirment combattre afin d’obtenir de meilleurs droits pour les albanophones. 27 Philippines Nouvelle prise d’otages L’armée philippine a lancé une vaste opération de recherches après qu’une vingtaine de personnes, dont trois touristes américains, ont été enlevées par un groupe armé dans la résidence de vacances Dos Palmas, située sur l’île Arreceffi, une petite île de 20 hectares dans la baie de Honda, dans la province de Palawan, à environ 600 km au sud-ouest de Manille. Ravisseurs et otages seraient partis vers les îles du sud des Philippines, fief des séparatistes musulmans comme le groupe Abou Sayyaf. 28 France L’Europe selon Jospin Onze mois après le discours de Jacques Chirac à Berlin et un mois après le projet fédéraliste du chancelier allemand Gerhard Schröder, le Premier ministre Lionel Jospin expose sa vision d’une Europe « exemplaire », « qui est d’abord un contenu avant d’être un contenant ». S’exprimant au Centre d’accueil de la downloadModeText.vue.download 61 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 59 presse étrangère (CAPE) à Paris, le Premier ministre affirme que le débat ouvert dans l’Union européenne « ne doit pas porter uniquement sur la question des institutions et de leur réforme » : « L’Europe n’est pas faite seulement de règlements, de directives et de contentieux. Elle est d’abord une oeuvre de l’esprit, un modèle de société, une vision du monde. » Prenant ses distances avec le projet défendu par Gerhard Schröder – « La France, comme d’ailleurs d’autres nations européennes, ne saurait accepter une architecture qui donnerait aux États membres actuels le statut des Lander allemands ou des États fédérés américains » –, le Premier ministre se prononce en faveur d’une « fédération d’Étatsnations » dotée d’un « congrès », « qui implique que les Parlements nationaux soient mieux associés à la construction européenne ». Charles Pasqua mis en examen Charles Pasqua, président du Rassemblement pour la France, est mis en examen par les juges Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Deprez devant la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris pour recel d’abus de biens sociaux et trafic d’influence, dans le cadre de l’enquête portant sur un trafic d’armes à destination de l’Angola, dossier dans lequel le député européen du RPF Jean-Charles Marchiani a déjà été mis en examen. La veille, l’ancien ministre de l’Intérieur a également été mis en examen par les mêmes juges pour financement illégal de sa campagne aux élections européennes de 1999. 29 France Menaces sur la majorité plurielle Lionel Jospin décide de reporter au 13 juin le vote solennel du projet de loi Guigou de modernisation sociale. Cette décision fait suite à une demande de Robert Hue, secrétaire général du Parti communiste, qui avait indiqué que le texte ne pouvait, en l’état, être voté par son groupe parlementaire. À la veille du vote solennel du projet de loi de modernisation sociale, les députés communistes entretenaient le suspense quant à leur attitude lors de ce vote à l’Assemblée nationale. Ils menaçaient de voter contre le projet de loi Guigou sur la modernisation sociale, projet qui ne réprime pas suffisamment à leurs yeux les licenciements et qui a donné lieu à des débats houleux à gauche. Le PC demande à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité une définition plus stricte des licenciements économiques et un renforcement des pouvoirs du comité d’entreprise pour permettre aux représentants des salariés de contester le motif des suppressions d’emplois. Refusant toute « judiciarisation » et « administration » de l’économie, Élisabeth Guigou s’en tient aux dispositions qui renforcent les pouvoirs des comités d’entreprise en cas de licenciement, imposent des « congés de reclassement » pouvant aller jusqu’à neuf mois dans les entreprises de plus de 1 000 salariés et obligent les grands groupes à contribuer à la réindustrialisation des sites touchés par leurs restructurations. Le rejet du texte par l’Assemblée nationale risquait de faire éclater la majorité plurielle. Selon le gouvernement, le report de son vote « va permettre de poursuivre les discussions », qui « tiendront compte de l’ouverture faite par Élisabeth Guigou de débats concernant [...] l’extension de la démocratie sociale dans l’entreprise ». 30 France Réglementation des « rave-parties » Le Sénat vote pour « une déclaration préalable » auprès du préfet concernant l’organisation des « rave-parties » et autres « free-parties », en adoptant un amendement du gouvernement dans le projet de loi sur la « sécurité quotidienne ». Le texte a été voté par la droite RPR-UDF-DL et le PS, le PCF s’est prononcé contre. Présenté par le ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, l’amendement prévoit « que le préfet, au vu de la déclaration, pourra, après concertation avec les intéressés, inviter les organisateurs à prendre toute mesure utile pour que soit assuré le bon déroulement du rassemblement ». « Cet amendement n’est en rien liberticide », affirme Daniel Vaillant. De leur côté, les associations, à l’appel de l’association Technopol, se mobilisent et manifesteront le 16 juin à Paris. Juin 1 Israël Attentat palestinien De nouveau la situation au Proche-Orient occupe le devant de l’actualité. Et une fois de plus c’est sur le mode downloadModeText.vue.download 62 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 60 de la violence. Un kamikaze palestinien actionne une charge explosive près d’un club de jeunes sur la promenade du front de mer de Tel-Aviv. L’attentat fait 18 morts et une centaine de blessés. Le terroriste est mort dans l’explosion. Le ministre koweïtien des Affaires étrangères juge « légitime » l’attentat de Tel-Aviv : « Il s’agit d’une lutte, et la lutte est légitime. Ce qui mettra fin aux opérations de martyrs et à la résistance, c’est la fin de l’occupation. » 2 Népal Drame à la cour Le prince héritier Dipendra du Népal, âgé de vingt-neuf ans, tue huit membres de la famille royale – le roi Birendra, la reine Aishwarya et six autres membres de la famille – avant de retourner l’arme contre lui. Selon un haut responsable militaire, un différend sur le mariage du prince était à l’origine de la fusillade. Le meurtrier, entré dans le coma, est placé sous assistance respiratoire. Mais le Conseil d’État, qui supervise les affaires royales, le nomme roi. Son oncle, le prince Gyanendra, est nommé roi par intérim en attendant son rétablissement. Trois jours après le drame, Dipendra décède des suites de ses blessures. Gyanendra, qui devient le nouveau souverain, est loin d’avoir le soutien de la population, d’autant que certains lui attribuent un rôle dans le drame qui lui a permis d’accéder au trône. 3 Pérou Alejandro Toledo élu à la présidence La majorité des 15 millions d’électeurs péruviens appelés à désigner le successeur du président en fuite Alberto Fujimori donne la victoire à Alejandro Toledo, un économiste ancien cireur de chaussures d’origine indienne, de préférence à l’ancien président revenu de neuf ans d’exil Alan Garcia, qui fut au pouvoir de 1985 à 1990, une époque marquée par la corruption, la violence des guérillas, l’inflation et la pénurie alimentaire. Le premier obtient 52,33 % des voix contre 47,67 % à son adversaire. Les bulletins nuls et blancs représentent un total de 13,25 %. Âgé de cinquante cinq ans, Alejandro Toledo est le premier président péruvien aux racines indiennes démocratiquement élu. Il sera confronté, à son accession à la présidence, à deux défis majeurs, la consolidation de la démocratie et la réactivation de l’économie. Il devra mener à son terme le rétablissement du système démocratique, mis à mal par dix années de régime autoritaire d’Alberto Fujimori, destitué en novembre dernier. Sur le plan économique, le successeur d’Alberto Fujimori héritera d’une situation difficile, la récession ayant accentué le chômage et la pauvreté affectant le pays. M. Toledo s’engage à mener « une politique fiscale et monétaire absolument disciplinée » et annonce qu’il fera une tournée à l’étranger avant son entrée en fonction pour « attirer des investissements ». Alejandro Toledo ne dispose pas d’une majorité au Congrès (chambre unique), son parti, Pérou Possible, bien qu’étant la première force parlementaire, n’ayant obtenu que 45 sièges sur un total de 120 lors des élections du 8 avril, couplées au premier tour de la présidentielle. La lourde tâche de l’« Indien » Toledo « Le temps ? Ne vous en occupez pas... C’est nous qui avons la maîtrise du temps. » C’est avec ces mots que W. Montesinos, l’éminence grise du président Fujimori, répondait au député de l’opposition qui, filmé à son insu, avait accepté de s’aligner avec le régime – en échange de 15 000 dollars –, et qui s’interrogeait sur le temps devant s’écou- ler avant d’annoncer publiquement son ralliement. La diffusion télévisée de cet enregistrement et l’indignation populaire devaient amorcer la débâcle d’un système patiemment bâti pendant des années. Dès lors, la vie politique et judiciaire péruvienne a été rythmée par la dénonciation et l’étalage de la corruption généralisée au sein de l’appareil étatique et militaire, et la complicité avouée d’un grand nombre de personnalités publiques de premier plan. La chute du « Raspoutine des Andes » Face à la contestation de la rue, M. Fujimori, qui venait d’être élu pour un troisième mandat, a dû convoquer en septembre 2000 de nouvelles élections générales. Avant de quitter le pays, en novembre 2000, pour se réfugier au Japon, où il downloadModeText.vue.download 63 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 61 réside en tant que citoyen japonais, avec l’accord des autorités nippones qui refusent pour l’instant son extradition vers le Pérou. Après une courte clandestinité péruvienne et centraméricaine, l’ancien conseiller et bras droit du président, M. Montesinos, a, quant à lui, profité des complicités vénézuéliennes de haut niveau, avant d’être capturé et rendu à la justice péruvienne, grâce à l’intervention de ses anciens employeurs, les services secrets nord-américains. Payé en liquide, à hauteur de 1 million de dollars par an, depuis plus d’une décennie, le « Raspoutine des Andes » ne faisait plus l’affaire de l’espionnage yankee et a dû être sacrifié. La fortune accumulée à l’étranger par l’ex-conseiller n’a pas encore été complètement évaluée. Mais les estimations effectuées chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars le montant de ses comptes bancaires. Ses contacts étroits avec la mafia internationale, sa participation directe dans le trafic de drogues et d’armes (avec mainmise sur l’armée péruvienne) et son rôle d’intermédiaire avec des entreprises étrangères permettent d’expliquer l’enrichissement soudain de cet ancien officier de l’armée de terre, qui en avait été exclu, en 1976, pour cause de vente d’information à la CIA. L’instrument du pouvoir de MM. Fujimori et Montesinos, celui qui leur donnait l’impression de tout contrôler, a été le Service d’intelligence nationale (SIN). Cet organisme a progressivement soumis les instances législatives, judiciaires et électorales de l’État, et les organismes de direction des armées et de la police. Doté de 70 000 agents de renseignement et de plusieurs brigades paramilitaires, le SIN a pu disposer d’un budget annuel de 600 millions de dollars provenant des fonds secrets, qui étaient utilisés sans aucun contrôle. Victoire de l’« Indien » Jouant sur ses origines indiennes et sur ses succès personnels, Alejandro Toledo, l’« Indien », a pu rassembler un vaste courant d’opposition au régime, qu’il a ensuite transformé en atout pour sa propre campagne présidentielle. Néanmoins, M. Toledo n’a pas réussi son pari de se faire élire dès le premier tour. Des révélations sur sa vie familiale passée, l’apparition d’un enfant putatif et les soupçons à propos de sa consommation répétée de drogue, ont porté atteinte à son image et à sa crédibilité. Ce qui a permis que l’ex-président Alain Garcia, qui avait quitté le pouvoir en 1990 (et même le pays, un peu plus tard), après une gestion désastreuse marquée par la corruption et le chaos économique, ait pu devenir un challenger inattendu et dangereux. Le débat électoral n’a jamais décollé et les programmes des deux candidats n’ont pas suscité l’intérêt des électeurs. Ceux-ci n’ont pas été enthousiasmés par des propositions qui toutes, les unes plus que les autres, ont préconisé le maintien des critères économiques orthodoxes, à l’instar des conseils des organismes financiers internationaux, tel que cela se passait à l’époque de M. Fujimori. Ainsi, pour obtenir sa victoire définitive au second tour (53 % des votes, contre 47 % pour son adversaire), M. Toledo a dû batailler ferme, tout en rappelant son rôle pour faire tomber le régime précédent, et en agitant en même temps l’épouvantail du retour de son adversaire électoral. Mais, signe du désarroi des Péruviens, M. Toledo a également dû faire face au développement des tendances abstentionnistes dans l’électorat et à la campagne menée par quelques-uns de ses anciens partisans qui appelaient à voter blanc ou nul. Malgré la trêve politique qu’il a demandée à l’opposition, le répit du nouveau président sera de courte durée, face aux réclamations syndicales, et devant un Parlement où il n’a pas de majorité stable et sûre. La tâche s’annonce lourde aussi parce que les besoins des couches défavorisées, c’est-à-dire la majorité du pays, sont énormes. Or, les mesures et propositions du nouveau gouvernement (création d’emplois précaires et temporaires financés par l’aide in- ternationale, poursuite des privatisations – dont celle de l’eau, à Lima – et des concessions au capital étranger, réduction d’impôts, maintien de l’orthodoxie budgétaire et approfondissement du libéralisme commercial) produiront difficilement des résultats à la hauteur des attentes de la population. PABLO F. LUNA MISÈRE ET EXODE Ce sont deux traits majeurs de l’évolution péruvienne depuis les années 1990. Il y a aujourd’hui 16 millions de pauvres (60 % de la population totale) dont 6 millions qui survivent avec moins de 1 dollar par jour. Seulement 20 % de la population active dispose d’un emploi normal. Le remboursement annuel de la dette absorbe environ downloadModeText.vue.download 64 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 62 25-30 % des devises venant des exportations. Le travail clandestin des enfants connaît un essor sans précédent : 70 % de la population scolaire a déserté l’école. Près de 200 000 Péruviens auront quitté le pays au cours de l’année 2001 (150 000 en 2000). Le nombre total de ceux qui ont décidé de tenter leur chance à l’étranger atteint déjà 2,5 millions. La moitié de ceux qui partent ont entre 20 et 40 ans, avec une très forte composante féminine. Les lieux de destination sont principalement la côte est des États-Unis et les autres pays d’Amérique latine. Des centaines de millions de dollars, envoyés annuellement par des parents, soulagent la vie des familles (et les réserves de la Banque centrale). 5 France Jospin rattrapé par son passé trotskiste Répondant à une question du député DL du Morbihan François Goulard, Lionel Jospin reconnaît pour la première fois, à l’Assemblée nationale, avoir « dans les années 60 marqué de l’intérêt pour les idées trotskistes et noué des relations avec l’une des formations de ce mouvement ». « Il s’agit là d’un itinéraire person- nel, intellectuel et politique dont je n’ai en rien à rougir », a-t-il ajouté. Le Premier ministre avait jusque-là nié toute appartenance à une organisation trotskiste, l’Organisation communiste internationaliste (OCI). Pourquoi, dès lors, avoir affirmé en 1995 : « Je n’a jamais été trotskiste » ? « Parce que je crois que ça n’intéressait personne », a-t-il répondu devant les députés. Selon le Nouvel Observateur puis le Monde, qui citent le témoignage d’un des fondateurs de l’OCI, Boris Fraenkel, qui affirme avoir assuré en 1964 la formation idéologique de celui qui était alors élève de l’École nationale d’administration, l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a bien été engagé au sein de l’OCI, le mouvement trotskiste le plus important de l’époque, du début des années 1960 jusqu’au début des années 1970 au moins. Il n’aurait définitivement coupé toute relation avec cette mouvance qu’en 1987. 6 France Consolidation des emplois-jeunes La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou indique que le gouvernement assurera l’avenir des emplois-jeunes en offrant un débouché à tous les bénéficiaires du programme. Les contrats de quelque 276 950 emplois-jeunes institués par la loi du 16 octobre 1997 arriveront à échéance à partir de la fin 2002. Le programme « nouveaux services, emplois-jeunes » était l’une des réformes phares du gouvernement de Lionel Jospin. Ces emplois seront prolongés selon des modalités différentes suivant les types d’emplois : ainsi, les jeunes salariés dans des associations verront leur emploi reconduit pour une période de plusieurs années grâce au maintien des aides de l’État ; dans le même ordre d’idées, les postes d’aides-éducateurs dans l’Éducation nationale seront maintenus ; quant aux emplois-jeunes recensés dans les collectivités locales, ils bénéficieront pour leur part d’un accès privilégié aux concours administratifs. Selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Emploi, 311 740 jeunes de 18 à 26 ans ont été embauchés depuis 1997 grâce au dispositif, qui coûte 24 milliards de francs (3,66 milliards d’euros) par an. L’objectif des 350 000 emplois, fixé au début du programme, devrait être atteint d’ici la fin de l’année. 7 France Inauguration du TGV Méditerranée Le président Jacques Chirac inaugure la liaison TGV Méditerranée en gare de Marseille-Saint-Charles, liaison qui sera mise en service le 10. Le TGV Méditerranée pose la première pierre du futur réseau ferré à grande vitesse à l’échelle de l’Union européenne. Cinq ans de travaux et 25 milliards de francs ont été nécessaires pour relier en trois heures la capitale à la cité phocéenne. Jusque-là, il ne fallait pas moins downloadModeText.vue.download 65 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 63 de 6 heures 40 par train pour parcourir les 750 kilomètres qui séparent Paris de Marseille. Grande-Bretagne Victoire de Tony Blair aux élections législatives Les 44,5 millions d’électeurs britanniques inscrits donnent une victoire particulièrement confortable aux travaillistes du Premier ministre Tony Blair lors des élections législatives. En effet, le New Labour obtient 413 sièges sur les 659 que compte le Parlement – les conservateurs doivent se contenter de seulement 164 sièges et le Parti libéral-démocrate n’envoie que 47 représentants. C’est sans conteste la plus large victoire de l’histoire du Parti travailliste. Le Premier ministre estime avoir reçu à cette occasion « un mandat pour les réformes et l’investissement dans le futur ». Le leader des conservateurs, William Hague, démissionne. Ce scrutin a également été marqué par l’un des plus forts taux d’abstention enregistrés en Grande-Bretagne : environ 60 % de participation (contre 70,9 % lors du scrutin de 1997), soit le plus faible taux qu’ait connu la Grande-Bretagne depuis 1935. Le 9, Tony Blair dévoile son nouveau gouvernement, un cabinet largement remanié : en particulier, Robin Cook quitte le Foreign Office pour les Relations avec la Chambre des communes ; il est remplacé par Jack Straw, le ministre de l’Intérieur de la précédente équipe. 8 Irlande Rejet du traité de Nice Appelés à se prononcer par référendum sur le traité de Nice, les électeurs irlandais votent « non » à une nette majorité – 529 000 voix, contre 453 000 pour le « oui », se sont opposées à la ratification du traité européen. Ce résultat inattendu du référendum – les sondages avaient mis en évidence l’existence d’une majorité favorable au traité – rend en principe inopérant le texte conclu par les Quinze en décembre dernier pour réformer les institutions de l’Union européenne dans la perspective de son élargissement à des pays d’Europe centrale et de l’Est. Le traité de Nice doit en effet d’être ratifié par les 15 pays membres de l’UE d’ici à la fin de 2002 pour entrer en vigueur. Ce rejet irlandais constitue incontestablement un revers pour l’UE, dans l’optique de son passage prochain de 15 à 27 membres, mais il pourrait n’être que temporaire. Avant le référendum, le Premier ministre Bertie Ahern avait pris soin de préciser que son gouvernement organiserait une nouvelle consultation si le « non » devait l’emporter. L’Eire, qui fait traditionnellement partie des États les plus pro-européens, est le seul pays membre de l’Union obligé de soumettre le traité à la consultation référendaire, avant le vote des Oireachtas (les deux chambres réunies du Parlement). Iran Large succès de Khatami Le président sortant Mohammad Khatami obtient la majorité absolue face aux neuf candidats conservateurs, avec plus de 19 millions de voix, la majorité absolue étant à 17,5 millions. Ce résultat doit beaucoup à la forte mobilisation – 80 % – des électeurs iraniens, qui démontre l’imposant soutien populaire dont jouit le programme de réformes et de développement des libertés civiles en Iran de Mohammad Khatami, bien que les pouvoirs présidentiels demeurent limités en Iran. Lors de la présidentielle de 1997, Mohammad Khatami avait remporté le scrutin avec 70 % des suffrages. Selon lui, l’Iran pourrait évoluer vers une « démocratie islamique », laissant plus de place à des libertés civiles inspirées des démocraties occidentales : « Tout le monde devrait essayer (de promouvoir) l’indépendance, la liberté et le progrès, sur la base de la culture iranienne et de l’identité islamique », a-t-il déclaré. 9 Italie Désignation du gouvernement de Berlusconi Le chef de la droite italienne Silvio Berlusconi a présenté le 59e gouvernement de l’après-guerre dans la péninsule, une équipe où figurent ses conseillers de longue date mais aussi ses différents alliés politiques. Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, obtient neuf ministères. L’Alliance nationale, ancien parti néofasciste, hérite de quatre portefeuilles et de la vice-présidence du Conseil, confiée à son chef Gianfranco Fini, qui n’avait encore participé à aucun gouvernedownloadModeText.vue.download 66 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 64 ment. Trois postes reviennent par ailleurs à la Ligue du Nord, dont Umberto Bossi, ministre des Réformes institutionnelles. 10 Tennis Kuerten et Capriati vainqueurs à Roland-Garros Le Brésilien Gustavo Kuerten, vainqueur en 1997 et en 2000, remporte pour la troisième fois les Internationaux de France au détriment de l’Espagnol Alex Corretja, 6-7 (3/7), 7-5, 6-2, 6-0, en 3 heures 12 minutes. Avec cette victoire, il égale le Français René Lacoste, le Suédois Mats Wilander et l’Américain Ivan Lendl, également trois fois vainqueurs, le record appartenant au Suédois Bjorn Borg, qui totalisa six victoires entre 1974 et 1981. Âgé de vingt-quatre ans, il devance désormais Agassi à la première place du Championnat ATP 2001. Chez les dames, l’Américaine Jennifer Capriati succède à Mary Pierce en battant la Belge Kim Clijsters en trois sets 1-6, 6-4, 12-10 en 2 heures 21 minutes. Capriati est toujours en lice pour le grand chelem en 2001, puisqu’en janvier elle s’était imposée à l’Open d’Australie. Elle est la première Américaine à remporter Roland-Garros depuis Chris Evert-Lloyd en 1986. 11 France Congé paternel de deux semaines Lionel Jospin annonce l’allongement du congé de paternité de trois jours à deux semaines rémunéré à la naissance de l’enfant. Calqué sur le congé de maternité, ce congé de paternité sera indemnisé à hauteur de 80 % du salaire brut dans la limite du plafond de Sécurité sociale (14 950 F bruts). Ce nouveau droit pour les hommes, qui sera facultatif, destiné à leur faire prendre conscience que la paternité commence dès le plus jeune âge, constitue la mesure phare de la Conférence de la famille réunie autour de Lionel Jospin à Matignon. Cette conférence annuelle a pour objectif de démontrer que la politique familiale n’est pas l’apanage de la droite. 13 France Adoption du texte de loi sur l es licenciements Le projet de loi sur la modernisation sociale est adopté en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Le texte a recueilli 304 voix (PS, PCF et radicaux de gauche) contre 253 (RPR, UDF, DL et le Mouvement des citoyens). Les Verts se sont abstenus. La majorité plurielle a ainsi évité une crise grave. Après deux semaines de négociations et une interminable partie de bras de fer, Élisabeth Guigou était enfin parvenue à un compromis avec le groupe communiste sur le volet « licenciement » du projet. Le gouvernement a accepté de reprendre quasiment telle quelle la définition du PCF du licenciement économique. Désormais, pour être considérée comme licenciement économique, une suppression d’emploi devra être consécutive à des difficultés économiques « sérieuses n’ayant pu être surmontées par tout autre moyen », à des mutations technologiques « mettant en cause la pérennité de l’entreprise » ou à des nécessités de réorganisation « indispensables à la sauvegarde de l’activité » de l’entreprise. 14 Algérie Manifestation de masse à Alger Environ 600 000 personnes défilent contre la répression en Kabylie et pour la démocratie, paralysant le centre d’Alger. Les forces de police ont réprimé sans ménagement les manifestants – la police aurait tiré à balles réelles sur la foule – et les affrontements ont fait quatre morts et 946 blessés. Le 19, le gouvernement suspend « jusqu’à nouvel ordre » les marches des Kabyles à Alger. 15 Suède Violents affrontements à Göteborg Alors que le Conseil européen de Göteborg en Suède s’ouvre en présence des chefs d’État et de gouverdownloadModeText.vue.download 67 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 65 nement de l’UE, de violents affrontements opposent des centaines de manifestants écologistes et antimondialisation aux forces anti émeutes non loin du centre de conférences. Quelque 25 000 manifestants s’étaient donné rendezvous dans cette ville côtière à 500 km au sud-ouest de la capitale suédoise, manifestant pour un vaste éventail de causes, depuis l’opposition à l’intégration européenne et les violations des droits de l’homme en Iran jusqu’à la dénonciation du refus américain de ratifier le protocole de Kyoto définissant les mesures à prendre pour lutter contre le réchauffement de la planète. France Dépôt de bilan de la compagnie aérienne AOM La direction d’AOM-Air Liberté annonce qu’elle a déposé le bilan de la compagnie auprès du tribunal de commerce de Créteil. « Malgré de très nombreux contacts et réunions... il n’a pas été possible d’aboutir à une solution assurant la pérennité du groupe AOMAir Liberté dans sa configuration actuelle », indique la direction dans son communiqué... Le président de la compagnie a demandé à pouvoir bénéficier de l’ouverture d’un redressement judiciaire afin de permettre d’identifier, très rapidement, d’autres solutions de restructuration pour ce groupe. Le ministère des Transports « désapprouve » la décision de la direction « alors même qu’il est acquis que des solutions de continuation du pôle parisien existent ». Ce dépôt de bilan intervient alors que le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot avait explicitement demandé aux actionnaires de la compagnie de faire un effort pour « sauver ce deuxième pôle aérien » français. Le 19, le tribunal de commerce de Créteil décide de placer AOM-Air Liberté ainsi que quatre de ses filiales en redressement judiciaire avec une période d’observation de trois mois assortie d’un gel des créances contractées avant le 15 juin. AOM peut désormais poursuivre son activité et sa recherche de repreneurs sous le contrôle de la justice, sans être obligatoirement vendue dans l’immédiat. Une construction européenne en perte de légitimité ? Le « non » irlandais à la ratification du traité de Nice et les violences qui ont davantage marqué le sommet de Göteborg que son maigre bilan politique risquent de peser sur la dynamique de l’élargissement de l’Union européenne. La construction européenne, telle que les Quinze ont imaginé de la poursuivre à Nice, survivra-t-elle à ce mois de juin paroxystique ? « Non » ont répondu les Irlandais appelés à se prononcer par référendum le 8 juin, quant à la ratification du traité sur l’élargissement de l’Union européenne. Une semaine après ce vote de sanction, près de 15 000 militants « antimondialisation » sont également venus, lors du sommet des 15 et 16 juin à Göteborg en Suède, manifester pacifiquement, pour la plupart, leurs inquiétudes face à une « Europe coupée des citoyens ». Des forces de l’ordre débordées Mais le monde entier a aussi pu contempler le triste spectacle d’échauffourées survenues entre des groupes de « casseurs » et des forces de l’ordre débordées. Bilan : une quarantaine de blessés – l’un d’entre eux grièvement par les balles d’un policier, des centaines de commerces saccagés et pillés. À Göteborg, l’Europe ne pouvait donner d’elle-même image plus catastrophique : celle de dirigeants démocratiquement élus obligés de se barricader face à la rue pour faire avancer ce que les « europhiles » considèrent comme le seul projet politique capable de proposer une alternative démocratique et sociale à une mondialisation économique débridée et souvent brutale. Un projet que ne refusent d’ailleurs pas, en tant que tel, les électeurs de Dublin comme les manifestants de Göteborg. Il n’y avait pas d’europhiles plus convaincus que les Irlandais. Les électeurs qui se sont déplacés le 8 juin estiment que l’élargissement et l’approfondissement programmés de l’UE mettront fin à cet âge d’or. Il est significatif et paradoxal que les partisans du « non » se soient surtout mobilisés autour de trois thèmes, dont aucun n’est vraiment abordé dans le traité de Nice : la fin de la sacro-sainte neutralité de l’Irlande à travers son implication dans la politique de défense européenne, les projets d’harmonisation fiscale au niveau de l’Union et la perspective pour le pays de devenir contributeur net du budget européen en 2006. Le résultat du référendum irlandais exprime donc autant un égoïsme national mal placé que les inquiétudes d’un « petit pays » devant une intégration européenne plus poussée. downloadModeText.vue.download 68 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 66 Contrairement à 1992, lorsque les électeurs danois avaient rejeté le traité de Maastricht, avant que leur pays obtienne une clause d’exemption sur la monnaie unique et la défense européenne, il paraît difficile de modifier le traité de Nice pour complaire aux électeurs irlandais dans la mesure où leur vote n’a que très peu à voir avec ce dernier. D’où la fermeté affichée par le tandem Chirac-Schröder à Fribourg le 12 juin : le « non » irlandais ne changera rien au calendrier de l’élargissement. Les discussions de Göteborg se sont ouvertes dans ce climat délétère et n’ont pas apporté de véritables solutions. La présidence Scandinave avait fait de l’élargissement sa principale priorité et caressait l’espoir d’arracher un accord sur une date butoir pour la fin des négociations, fixée à la fin 2002. Une ambition contrecarrée par des pays comme la France et l’Allemagne au motif qu’il serait péremptoire de fixer une telle échéance pour un objectif politique incertain : nul ne sait, en effet, si les pays candidats seront effectivement prêts à cette échéance, alors que les négociations agricoles – certainement les plus ardues – n’ont même pas débuté. Une situation que reflètent les ambiguïtés contenues dans la déclaration finale du Conseil européen, qui précise que « les négociations pourraient être clôturées d’ici la fin 2002 pour les pays candidats qui sont prêts », sans toutefois préciser ce qu’il entend par « prêts », Lionel Jospin et le chancelier Gerhard Schröder ont eu beau souligner que cette formulation ne signifie en aucun cas que 2002 constitue « une date butoir », le Premier ministre tchèque Milos Zeman et son homologue polonais Jerzy Buzek ont visiblement compris le contraire, ce dernier s’estimant désormais en mesure de « mentionner aux [Polonais] une date avant laquelle l’UE entend achever les négociations, ce qui pourra aider à la compréhension ». Un « grand débat public » ? Les Irlandais seront-ils aussi compréhensifs ? De Göteborg, les « Quatorze » leur ont adressé un message, lui, sans ambiguïté : pas question de revenir sur le processus de ratification du traité de Nice. Le Premier ministre Bertie Ahern est donc reparti avec l’assurance que le Conseil européen l’assisterait « par tous les moyens possibles » pour trouver une issue. Les Irlandais seront donc rappelés à voter sur le traité, a priori en l’état, autour de la fin 2002. Et cette fois, le Premier ministre irlandais a promis d’organiser une vraie campagne, par le lancement d’un grand forum national où tout un chacun pourra s’exprimer. Seul électorat populaire parmi les Quinze à avoir été consulté sur le traité de Nice, les Irlandais seront peut-être, ainsi, les premiers à ouvrir le « grand débat public sur l’avenir de l’Europe » censé combler le fameux « déficit démocratique » dont l’Union a tant de mal à se départir. EMMANUEL CHICON LE FLEGME EMBARRASSÉ DE LA POLICE SUÉDOISE « C’est très dangereux, vous auriez pu tuer des gens » s’est ému Jacques Chirac auprès du Premier ministre suédois Göran Persson, après qu’un de ses policiers a tiré sur les manifestants de Göteborg. Haakan Jaldung, chef de la police de la ville, n’en pas moins estimé que les 2 000 policiers mobilisés avaient « maîtrisé la situation pendant toute la durée du sommet ». Devant un parterre de journalistes incrédules l’interrogeant sur la raison pour laquelle ses hommes n’avaient pas utilisé la traditionnelle panoplie des unité antiémeutes spécialisées pour disperser les casseurs. M. Jaldhung a benoîtement rétorqué que son pays ne possédait pas de canons à eau. 17 France Assassinat d’un journaliste en Corse Un ancien journaliste de Corse-Matin, Nicolas Giudici, âgé de cinquante-deux ans, est retrouvé assassiné dans un ruisseau situé à Piedigriggio, à une vingtaine de kilomètres au nord de Corte (Haute-Corse). Les enquêteurs privilégient l’hypothèse d’une affaire privée plutôt qu’un assassinat de caractère politique. Le journaliste, qui habitait Cannes, avait quitté la rédaction de Corse-Matin il y a quatre ans pour se consacrer à l’écriture d’un ouvrage, le Crépuscule des Corses downloadModeText.vue.download 69 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 67 (Grasset), dans lequel il analysait la société insulaire et ses dysfonctionnements. Bulgarie Victoire de Siméon II aux législatives L’ex-roi de Bulgarie Siméon II est en passe de retrouver le pouvoir après que son parti, le Mouvement national pour Siméon II, a obtenu 43 % des suffrages lors des élections législatives. Les électeurs ont sanctionné les formations jusqu’ici dominantes depuis la chute du communisme en 1989, l’Union des forces démocratiques (UFD), coalition de droite au pouvoir, et le Parti socialiste (PSB, ex-communiste), pour leur échec face à des questions comme la pauvreté et la corruption. L’ancien souverain propose un programme simple : doubler d’ici à deux ans et demi le salaire mensuel moyen, qui équivaut à 100 dollars (760 FF/115 euros), et lutter contre la corruption. Il a également promis d’éliminer les déficits tout en augmentant les dépenses publiques, suscitant ainsi la perplexité de nombreux experts. Le roi Siméon II, Premier ministre de la République bulgare Bouleversant les règles d’un jeu politique alternant communistes repentis et réformateurs de droite, l’ex-roi Siméon II a opéré un retour fulgurant à Sofia, à la faveur des législatives du 17 juin. Le 15 juillet, le président Stoïanov charge « Sa Majesté » de former le nouveau gouvernement d’une République bulgare qu’il pourrait engager dans un processus de transition vers la monarchie. Entouré d’une équipe de jeunes économistes bulgares d’Occident, le monarque virtuel, de retour en son pays après cinquantecinq années d’un exil essentiellement espagnol, préfère ne pas aborder le sujet et affirme se préoccuper surtout du redressement économique d’un pays en proie à une crise persistante. Une victoire électorale sans partage Après cinquante-cinq années d’exil, le roi Siméon II a opéré un retour en force sur la scène politique bulgare à la faveur des législatives du 17 juin qui le consacrent un mois plus tard Premier ministre de la République bulgare. L’enfant-roi chassé à l’âge de neuf ans par les communistes fait, à l’âge de soixante-quatre ans, figure d’enfant prodigue pour un électorat bulgare qui semblait l’attendre comme le messie, alors que la difficile sortie du communisme s’accompagne d’une crise économique persistante que les gouvernements qui se sont succédé dans la dernière décennie ne sont pas parvenus à endiguer. Il n’aura fallu que quelques semaines à Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha pour faire son entrée théâtrale en politique dans le rôle de l’impromptu de Sofia, et transformer ce qui n’était encore qu’une rumeur au début de l’année en une victoire électorale sans partage. Se posant en « outsider » de la campagne électorale, Siméon II n’a hissé ses couleurs dans le prisme politique qu’en avril, en entrant en lice à la tête du « Mouvement national Siméon II », qui se raccrochera à deux petites formations politiques pour pouvoir participer au scrutin faute d’avoir pu se faire enregistrer. Ce qui d’ailleurs a permis à l’ex-roi de se poser aussi en victime d’une classe politique qu’il accuse de vouloir l’exclure par crainte de son retour annoncé en janvier par son entourage et amplifié par les médias. Résidant en Espagne, Siméon II n’avait alors aucune dimension politique ; les spéculations de la presse et des analystes politiques se chargeront de le propulser au-devant de la scène publique et de lui tailler l’étoffe d’un dirigeant sinon encore d’un monarque, en posant la question de son éligibilité à la présidence de la République. Lancinante, la question est finalement posée par un groupe de députés à la Cour constitutionnelle, dont la réponse est négative, la Constitution stipulant que tout candidat doit avoir vécu en Bulgarie pendant au moins cinq ans avant la date des élections. Depuis Madrid où il observe l’évolution de son image dans l’opinion, Siméon II estime la situation mûre pour rompre le silence lors d’une conférence de presse le 10 février à Sofia, où il accuse les autorités de le « priver de la possibilité de se présenter à l’élection présidentielle » dans un pays dont il rappelle qu’il a été « chassé » et prend dès lors date pour les législatives. La stratégie consistant à jouer sur les deux tableaux de l’homme providentiel au-dessus des partis et de la victime de l’Histoire s’est avérée payante dans les urnes : avec 43 % des suffrages, le « Mouvement national Siméon II » devance largement la droite et les socialistes, qui recueillent downloadModeText.vue.download 70 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 68 respectivement 18 % et 17 %. Avec deux mois à peine d’existence, l’équipe improvisée autour de l’ex-roi est promue première formation du Parlement, dont elle occupe 120 sièges, à une voix de la majorité absolue. Une victoire éclatante, qui montre que la campagne-éclair de l’ex-monarque a surmonté les clivages partisans, faisant le plein des voix au détriment des partis institués dans tous les secteurs de la société, depuis les « nouveaux pauvres », plus réceptifs au discours de Siméon II, jusqu’aux diplômés de l’enseignement supérieur, plus réservés, dans toutes les tranches d’âges et dans toutes les régions du pays, sauf deux districts peuplés majoritairement de Turcs ayant voté pour le parti qui les représente. Un pari risqué Icône d’un passé idéalisé, Siméon II a séduit les électeurs bulgares, revenus d’autres nostalgies moins lointaines qui n’ont pas porté les fruits espérés. Entouré d’une équipe de jeunes Bulgares, rompus à la banque et aux finances, venus des États-Unis et de Grande-Bretagne et qui ne se sont pas compromis dans les arcanes de la politique bulgare contemporaine, l’ex- (ou futur) roi, lui-même économiste de formation, promet de mettre sur pied un gouvernement d’experts capable de redresser la situation économique. Le 15 juillet, le président Petar Stoïanov le charge sans enthousiasme de prendre la relève du Premier ministre sortant de droite Kostov et de former le nouveau gouvernement, non sans adresser une mise en garde publique contre les « belles promesses et les illusions » risquant de « remettre en cause tous les acquis ». Car la société bulgare devra juger sur les actes et non sur l’hérédité le nouveau chef du gouvernement, dont la campagne n’a guère aidé à cerner des idées et un programme plutôt nébuleux qui ne diffère pas vraiment des programmes de ses adversaires : même engagement en faveur de l’adhésion à l’UE et à l’Otan, de la poursuite des réformes en vue d’une libéralisation maîtrisée qui en réduit le coût social, mais accompagnée de mesures de choc destinées à revitaliser l’éco- nomie sur laquelle pèse le poids de la dette (1,2 milliard de dollars de remboursement cette année). Siméon II a donc pris un pari risqué en revêtant l’habit de Premier ministre pour retrouver le chemin du trône, si toutefois tel est son objectif, qu’il a eu d’ailleurs la prudence de ne jamais afficher. Alors que les électeurs bulgares se rendront à nouveau aux urnes à la fin de l’année pour élire leur président, il devra faire ses preuves à la tête d’un gouvernement qui ne lui ouvre sans doute pas la voie royale vers le trône. GARI ULUBEYAN UN ROI ATYPIQUE Siméon a six ans en 1943 quand son père, le roi Boris, meurt dans des circonstances troubles au lendemain d’un convocation par Hitler qui exigeait sa collaboration, et lui laisse le trône. En 1946, il devra le quitter, et, avec lui, la Bulgarie, où les soviéto-communistes au pouvoir abolissent la monarchie, pour prendre le chemin de l’exil avec sa mère, Giovanna de Savoie. L’enfant-roi verra beaucoup de pays, dont l’Egypte, avant de se fixer en Espagne où ses diplômes d’économie lui valent d’occuper des postes d’administrateur dans plusieurs grandes sociétés. À Madrid, il se lie d’amitié avec le roi Juan Carlos, faisant partie comme lui et la plupart des familles royales d’Europe de la lignée des Saxe-Cobourg-Gotha. 18 France Décès de René Dumont L’agronome et écologiste René Dumont, premier candidat écologiste à une élection présidentielle, décède à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans, a-t-on appris ce lundi auprès des Verts. En 1974, il avait obtenu au premier tour 1,32 % des voix, et n’avait appelé officiellement à voter pour aucun des deux candidats au second tour. Mais il avait indiqué que, à titre personnel, il voterait pour François Mitterrand. Pacifiste et spécialiste du développement durable dans le tiers-monde, il a notamment publié en 1962 l’Afrique noire est mal partie. Il avait récemment choisi de soutenir le député européen Alain Lipietz, contre downloadModeText.vue.download 71 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 69 Noël Mamère, à la candidature des Verts à l’élection présidentielle de 2002. 20 France Alain Lipietz, candidat des Verts à l’Élysée Le député européen Alain Lipietz, proche de Dominique Voynet, devance légèrement Noël Mamère – 50,2 % des voix des militants – lors du deuxième tour des premières primaires organisées pour la désignation du candidat des Verts à la présidentielle de 2002. Il a aussitôt proposé à Noël Mamère de devenir son principal porte-parole de campagne. Au premier tour des primaires le 18 mai dernier, Noël Mamère s’était imposé avec 42,8 % des voix contre 25,7 % pour Alain Lipietz. 21 Musique Mort de John Lee Hooker Le vétéran du blues John Lee Hooker décède à l’âge de quatre-vingt-trois ans de causes naturelles dans sa maison de Californie. Au cours de soixante années de carrière, il a enregistré une centaine d’albums et des milliers de chansons, parmi lesquelles « Boom Boom » et « Boogie Chilien » en 1948, vendue à un million d’exemplaires, un record pour l’époque. 22 France Dix-huit ans de réclusion pour l’instituteur pédophile Après huit jours d’audience, l’ancien instituteur Jacques Kaisersmertz, qui a été reconnu coupable de viols sur un mineur de quinze ans par personne ayant autorité et de neuf cas d’agressions sexuelles sur enfants, est déclaré coupable par la cour d’assises de la Nièvre et condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle. Les agissements pédophiles de l’instituteur de Cosne-sur-Loire (Nièvre), également entraîneur des jeunes gymnastes du club sportif local, se sont poursuivis pendant près de trente ans, de 1967 à 1997. Au total 72 victimes ont été recensées, mais la plupart des faits ont été prescrits. 23 France Gay Pride à Paris La traditionnelle Gay Pride, grand défilé annuel des homosexuels, à la fois revendicatif et festif, réunit 500 000 personnes à Paris. La Lesbian & Gay Pride (LGP), qui regroupe les associations organisant le défilé, a pour mot d’ordre : « Hétéros, homos, tous ensemble contre les discriminations. » Elle demande notamment la pénalisation des propos homophobes tenus à rencontre d’un individu ou des homosexuels en général, et pas uniquement sur le lieu de travail. La LGP souhaite en outre que « l’adoption soit accessible à tous les couples », y compris de même sexe, que « la France accorde l’asile aux personnes persécutées pour leur orientation sexuelle, et qu’elle garantisse un titre de séjour aux couples de même sexe ». Vatican Jean-Paul II en Ukraine Le pape Jean-Paul II effectue une visite de cinq jours en Ukraine. Soulignant qu’il n’est pas venu faire de prosélytisme, il s’efforce d’apaiser les tensions religieuses suscitées par son voyage dans un pays où l’Église orthodoxe est majoritaire mais qui compte quelque cinq millions d’uniates, des catholiques de rite grec orthodoxe prêtant allégeance au pape, et environ un million de catholiques romains. Célébrant une messe à Lviv, dans l’ouest du pays, la plus polonaise et la plus catholique des villes d’Ukraine, devant quelque 600 000 fidèles, Jean-Paul II appelle au pardon pour les mauvaises actions commises contre la foi au nom de l’athéisme par les dirigeants soviétiques. L’intégration forcée par Staline des uniates (catholiques de rite grec orthodoxe) dans l’orthodoxie a laissé de profonds stigmates dans la région. Le 27, un million de fidèles assistent à une « liturgie divine » du pape à Lviv, lors du dernier jour de sa visite en Ukraine, destinée à tenter de rapprocher catholiques et orthodoxes. Yougoslavie Transfert de Milosevic à La Haye Le gouvernement serbe annonce qu’il a entamé le processus de transfèrement de Slobodan Milosevic devant le Tribunal pénal international de La Haye où il doit être jugé pour crimes contre l’humanité comdownloadModeText.vue.download 72 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 70 mis au Kosovo pendant la guerre de 1998-1999. Slobodan Milosevic, qui a été arrêté le 1er avril dans sa résidence de Belgrade, est incarcéré depuis à la prison centrale de la ville, pendant la durée de l’enquête de la justice yougoslave sur des actes de corruption et d’abus de pouvoir. L’extradition vers La Haye des criminels de guerre présumés s’avère urgente pour les nouvelles autorités yougoslaves : les États-Unis ont fait de la coopération de Belgrade avec le TPI une condition pour leur participation à une conférence des pays donateurs, le 29 juin à Bruxelles. Selon le Premier ministre serbe Zoran Djindjic, la Yougoslavie n’a pas d’autre choix que celui de livrer Milosevic ou de faire face à l’isolation internationale et à un gel des aides financières. Le 29, Slobodan Milosevic arrive à La Haye où il est remis au TPI. Le lendemain, les pays donateurs s’engagent à Bruxelles à verser 1,28 milliard de dollars (13,9 milliards de francs) à la République fédérale de Yougoslavie cette année. Belgrade envoie Milosevic sur le banc des accusés à La Haye Après neuf moi de tergiversations, la Yougoslavie accepte de livrer Slobodan Milosevic au TPI de La Haye, où il comparaît pour une première audience le 3 juillet. Si ce transfert expéditif provoque une crise politique à Belgrade, soulignant les désaccords entre le président Kustunica, favorable à un procès de Milosevic en Serbie, et le Premier ministre serbe Djindjic, maître d’oeuvre de son extradition, la population serbe semble en général indifférente et pressée de reconstruire le pays en tournant la page d’une histoire peu glorieuse. Menottes aux mains Le 28 juin, les téléspectateurs de Serbie et du monde entier ont pu voir les images insolites d’un Slobodan Milosevic traîné menottes aux poignets dans la prison de Scheweningen du TPI de La Haye où il est arrivé dans la nuit, aussitôt après que le gouvernement de Zoran Djindjic eut décidé de le livrer. Une fin de parcours chargée de ces symboles que l’ex-président yougoslave âgé de cinquanteneuf ans, battu aux élections de septembre 2000 après avoir exercé un pouvoir sans partage durant treize années, voyait se retourner contre lui, lui qui en avait fait son fonds de commerce nationaliste. Par une ironie, bien calculée, de l’histoire, Milosevic a été livré au TPI le jour de la fête de Vidovdan et date emblématique de l’histoire du peuple serbe, dont elle symbolise la résistance et la renaissance depuis ce 28 juin de l’an 1389 qui vit le prince Lazare perdre une bataille décisive à Kosovo Polje (Champ des Merles) face aux Ottomans. C’est sur le site de ce champ de bataille que Milosevic avait gagné, douze ans avant, ses galons de leader nationaliste. Minés par des difficultés économiques dues en grande part à l’ostracisme auquel le maintien en Serbie de l’ex-président inculpé par le TPI condamnait leur pays, les Serbes s’étaient prépares à la perspective d’un transfert de Milosevic depuis son arrestation le 1er avril à Belgrade, où il attendait d’être jugé pour abus de pouvoir et malversations. Une distance judiciaire et politique énorme séparait pourtant la prison centrale de Belgrade de celle de La Haye, et Zoran Djindjic n’a pas hésité à la franchir, malgré l’opposition du président Vojislav Kustunica. Car ce dernier a eu beau dire, depuis son élection, que Milosevic « n’est pas une priorité » pour lui, il ne s’en est pas moins imposé comme une encombrante « priorité » pour le pays, compromettant ses relations avec l’Occident et ses perspectives de développement économique, toujours conditionnées, malgré la démocratisation en cours, par une collaboration avec le TPI. Pressions financières Alors que, le 25 janvier, Kustunica opposait une fin de non-recevoir à la demande d’extradition formulée par le procureur du TPI, Carla Del Ponte, en visite à Belgrade, le ministre de la Justice évoque déjà une « loi sur la coopération » avec le TPI. Dans le même temps, la pression financière s’accroît sur la Yougoslavie, et l’arrestation de Milosevic au terme d’un assaut contre sa résidence de Belgrade est saluée le lendemain par une aide américaine de 50 millions de dollars ; un appât lancé par le principal bailleur de fonds qui se dit prêt à donner bien davantage si Milosevic est livré. Le 9 mai, lors de sa première visite à Washington, Kustunica se montre plus enclin à coopérer avec le TPI. Reste à faire voter le projet de loi gouvernemental en ce sens par le Parlement, où la DOS, qui ne dispose que d’une majorité relative, se heurte le 19 juin à l’opposidownloadModeText.vue.download 73 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 71 tion du Parti socialiste populaire (SNP, monténégrin), proche de Milosevic. Retiré du Parlement, le texte est adopté par décret le 23 juin par le gouvernement, qui joue une course contre la montre avec la conférence prévue le 29 juin à Bruxelles des bailleurs de fonds de la Yougoslavie. C’est à la veille de cette conférence que Milosevic est livré à La Haye par les autorités yougoslaves, qui passeront outre l’avis de la Cour constitutionnelle. Mais cette entorse à la Constitution ne jettera dans la rue que quelques milliers de manifestants, pour soutenir Milosevic. Sans doute le sentiment estil répandu à Belgrade que l’ancien président a été acheté par Washington et le caractère expéditif de son transfert provoquera une crise politique. Mais, pour la majorité des Serbes, Milosevic appartient à un passé peu glorieux qu’il faut oublier et qui a plongé leur pays dans la misère. Le TPI ne devrait donc pas ériger en martyr ni en défenseur de la cause serbe Milosevic, qui y comparaissait pour la première fois le 3 juillet pour plaider non coupable. Mais les Serbes auraient tort de considérer la prison de La Haye comme des oubliettes. Chaque minute à venir d’un procès dont l’acte d’accusation a été élargi de la guerre du Kosovo à celles de Bosnie et de Croatie devrait leur rappeler un passé dont ils ne peuvent se considérer comme les seules victimes, comme le leur ont d’ailleurs signifié les images des charniers de civils albanais exhumés près de Belgrade. Mais encore faut-il qu’après les bombardements de l’OTAN, la diabolisation et l’embargo, et aujourd’hui le travail de mémoire, la conscience collective serbe réconciliée avec elle-même et avec le monde ne sorte pas trop meurtrie d’une justice internationale embryonnaire qui a évité les fourches caudines à tant d’autres dirigeants déchus ou en exercice... La politique des deux poids deux mesures que sont soupçonnés d’appliquer les puissances occidentales et en tout premier lieu les États-Unis n’a pas fini de hanter aussi la salle d’audience de La Haye, théâtre d’une justice soupçonnée d’être trop sélective... GARI ULUBEYAN MILOSEVIC... ET LES AUTRES Le décret relatif à la coopération avec le TPI ne concerne pas le seul Milosevic. Il ouvre la voie à une série d’extraditions visant aussi des « étrangers », autrement dit ceux des 38 criminels de guerre en fuit inculpés par le TPI et qui ont sévi dans Republika Srpska (République serbe de Bosnie), comme Radovan Kardzik ou Ratko Mladic. Aussitôt après Belgrade, les autorités de la République serbe de Bosnie ont d’ailleurs annoncé leur intention de coopérer avec La Haye. Belgrade assure être en mesure de livrer 16 autres criminels de guerre. C’est notamment le cas du président de Serbie Milan Milutinovic. 24 Pérou Puissant séisme Un puissant tremblement de terre secoue le sud du Pérou, faisant au moins 50 morts, plus de 800 blessés et 10 disparus, selon un bilan officiel. Ce séisme a été ressenti dans le nord du Chili, où au moins 30 personnes ont été blessées, et jusqu’en Bolivie. Selon le centre d’information sismologique de l’Institut d’études géologiques américain à Golden dans le Colorado, le séisme a atteint une magnitude de 7,9. Au moins 20 répliques ont été signalées au Pérou. 25 France Relaxe pour Tabachnik Le tribunal correctionnel de Grenoble prononce la relaxe du chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik dans le procès du Temple solaire, dont il était le seul inculpé. Poursuivi pour « participation à association de malfaiteurs », ce dernier était accusé d’avoir été l’un des inspirateurs de suicides et de meurtres rituels de plus de 74 personnes au Canada, en Suisse et en France au sein de la secte de l’ordre du Temple solaire (OTS), entre 1994 et 1997. 26 France Le gouvernement renonce à la réglementation sur les raves La Commission des lois de l’Assemblée nationale rejette le texte visant à réglementer les « raves-pardownloadModeText.vue.download 74 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 72 ties », désavouant le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant qui soutenait cette mesure. Celle-ci avait suscité un tollé chez les amateurs de musique techno, qui la jugent « liberticide ». Adopté par le Sénat le 30 mai dernier, l’amendement Mariani soumettait les « free-parties » à une « déclaration préalable » auprès de la préfecture. En cas de non-déclaration ou de violation d’une éventuelle décision d’interdiction, la police était autorisée à saisir le matériel de sonorisation pour une durée de six mois. Le groupe PS de l’Assemblée nationale avait confirmé son opposition à toute « réponse législative » pour encadrer ces manifestations. Le 28, l’Assemblée nationale supprime, par 30 voix contre 19, l’amendement Mariani sur les « raves-parties » visant à réglementer les fêtes techno. 29 France Le Parlement approuve le traité de Nice La France est le deuxième État membre de l’Union européenne, après le Danemark, à ratifier le traité de Nice. Après l’Assemblée nationale, qui avait adopté le même projet de loi de ratification par 407 voix contre 27 et 113 abstentions, le Sénat autorise, par 288 voix contre 8, la ratification définitive du texte négocié en décembre 2000 sous présidence française et signé le 26 février dernier par les Quinze. Télévision Dernière de l’émission « Bouillon de culture » Bernard Pivot présente sur France 2 son dernier « Bouillon de culture ». Après un quart de siècle de présence à la télévision, Bernard Pivot met un terme à sa dernière émission littéraire hebdomadaire, jugeant que la formule est « un peu épuisée ». La 407e et dernière émission de « Bouillon » réunit une douzaine d’invités de choix, dont Jean D’Ormesson – recordman des passages chez Pivot –, Erik Orsenna, Amélie Nothomb, Fabrice Luchini, Isabelle Huppert, Denise Bombardier, Patrick Rambaud, Georges Charpak, Jean Tulard, Annie Cohen-Solal, Gilles Lapouge. La succession de celui qui a fait entrer les livres dans d’innombrables foyers est ouverte : parmi les prétendants, on avance avec insistance le nom de Guillaume Durand. Ce dernier devrait lui succéder dès l’automne en animant à son tour une émission littéraire hebdomadaire sur la chaîne publique. Juillet 1 Irlande du Nord Démission de David Trimble Le chef de l’exécutif autonome de l’Irlande du Nord David Trimble quitte ses fonctions. Cette démission, qui survient après de nouveaux affrontements violents entre militants catholiques et protestants, aggrave la crise en Irlande du Nord, risque de raviver les rivalités communautaires et menace une nouvelle fois le fragile édifice politique né des accords du Vendredi saint. Conclus le 10 avril 1998 au château de Stormont, à Belfast, ces accords ont notamment ouvert la voie à la création d’un exécutif semi-autonome, dont M. Trimble était le chef, ainsi qu’à une assemblée législative regroupant les élus de l’UUP, les radicaux protestants du DUP menés par le révérend Ian Paisley, les catholiques modérés du SDLP et le Sinn Féin. Entre février et mai 2000, Londres avait été contraint de suspendre les institutions autonomes de l’Irlande du Nord afin de calmer une UUP excédée par l’absence d’engagements clairs de l’IRA. David Trimble avait reçu le prix Nobel de la paix en 1998 pour les efforts qu’il avait produits afin de mener les protestants vers le compromis. 2 France Chirac peut être entendu comme « témoin assisté » Selon le procureur de la République de Paris JeanPierre Dintilhac, dans son rapport transmis au procureur général de la cour d’appel de Paris, « rien ne s’oppose » juridiquement à l’audition de Jacques Chirac comme témoin assisté dans l’affaire des voyages privés qui avaient été payés en liquide. Le 22 juin dernier, trois juges d’instruction parisiens – Armand Riberolles, Marc Brisset-Foucault et Renaud downloadModeText.vue.download 75 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 73 Van Ruymbeke –, qui enquêtent sur l’affaire des marchés publics d’Île-de-France, ont transmis au parquet de Paris des informations concernant une vingtaine de voyages privés effectués par Jacques Chirac entre 1992 et 1995 alors qu’il était maire de Paris, voyages dont les billets avaient été réglés en liquide, pour un montant de 2,4 millions de francs. L’Élysée indique que ces voyages ont été payés grâce aux fonds secrets que perçoivent les ministres. Les trois juges d’instruction parisiens demandaient au procureur Jean-Pierre Dintilhac quelle suite ils devaient donner à ce dossier, compte tenu du statut pénal du chef de l’État. Le procureur de la Répu- blique de Paris estime, par ailleurs, que l’audition de Jacques Chirac n’est pas indispensable dans l’immédiat dans l’affaire des marchés présumés truqués d’Île-de-France. 7 France Accident meurtrier à Strasbourg Onze personnes sont tuées et quatre-vingt-quinze blessées par la chute d’un arbre près de Strasbourg, à la suite de fortes intempéries qui ont frappé l’Alsace, mais aussi d’autres régions de France. L’accident s’est produit dans le parc du château de Pourtalès, à la périphérie nord de Strasbourg, où un platane déraciné par une violente bourrasque de vent lors d’un orage s’est abattu vers 22 heures sur des spectateurs qui assistaient à un concert de chansons yiddish et s’étaient réfugiés sous une tente de fortune. Angleterre Émeutes raciales dans le nord de l’Angleterre Des affrontements éclatent entre des militants d’extrême droite et des jeunes d’origine indienne et pakistanaise dans les rues de Bradford, ville du nord de l’Angleterre, faisant de nombreux blessés parmi civils et policiers. Ils font suite à une manifestation de la Ligue antinazie pour protester contre une parade du Front national, une organisation d’extrême droite opposée à la présence des étrangers. Le ministre britannique de l’Intérieur David Plunkett condamne les émeutiers, soulignant qu’ils portent un coup à leur propre communauté. Des violences similaires se sont produites au cours des dernières semaines à Oldham, à Leeds et à Burnley, villes du nord de l’Angleterre où règnent de fortes tensions raciales. 9 France Validation du couvre-feu pour les moins de treize ans Le Conseil d’État juge légale la mesure de couvre-feu entre 23 heures et 6 heures, concernant les mineurs de moins de treize ans, décidée par la municipalité RPR d’Orléans dans trois quartiers de la ville afin d’y limiter les actes de délinquance. Il avait été saisi en référé par le préfet de région Centre et du Loiret Patrice Magnier, qui estimait que l’arrêté était illégal car « portant atteinte à la liberté d’aller et venir ». La ministre déléguée à la Famille et à l’Enfance Ségolène Royal approuve cette mesure, avec quelques réserves : « Tout dépendra des mesures d’accompagnement, du travail qui sera entrepris pour requalifier les parents », souligne la ministre. Nouvelles inondations dans la Somme De violents orages accompagnés de très fortes pluies s’abattent sur la Somme, provoquant la crue du fleuve du même nom qui prend sa source au sud du département et qui s’écoule vers Amiens, et des inondations dans 21 communes de l’est du département, notamment entre les villes de Montdidier et d’Amiens ; 300 personnes ont dû être évacuées. Lionel Jospin annonce le déblocage de « crédits d’urgence » pour le département de la Somme. Football Zidane au Real Madrid Le joueur de football international français Zinedine Zidane signe un contrat de quatre ans avec le prestigieux Real Madrid. Le club espagnol aurait versé 12,8 milliards de pesetas, soit environ 502 millions de francs, pour acquérir l’international français, faisant de son transfert le plus cher de l’histoire du football. Corée du Sud Tokyo accusé de révisionnisme La Corée du Sud décide de geler ses contacts militaires avec le Japon ainsi que sa politique d’ouverture aux biens culturels nippons en raison du refus de Tokyo de modifier des manuels d’histoire jugés révisionnistes par Séoul et par plusieurs pays asiatiques. downloadModeText.vue.download 76 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 74 Le Japon fait actuellement l’objet de vives critiques de la part de ses voisins, notamment chinois et nordcoréens, qui lui reprochent de vouloir ainsi passer sous silence les crimes de guerre et certains aspects de l’invasion japonaise en Asie débutée au siècle dernier. L’armée japonaise avait notamment occupé la Corée de 1941 à 1945. Remaniement ministériel Député vert du Val-d’Oise depuis juin 1997, viceprésident de l’Assemblée nationale depuis cette date, Yves Cochet est nommé ministre de l’Aména- gement du Territoire et de l’Environnement en remplacement de Dominique Voynet. Cette dernière souligne qu’elle ne briguera pas l’investiture des Verts pour l’élection présidentielle, mais qu’elle sera candidate au poste de secrétaire nationale du parti écologiste. 11 France Claude Chirac entendue par les magistrats Après plusieurs proches, parmi lesquels Maurice Ulrich, conseiller du président, Claude Chirac, fille du président de la République, est auditionnée comme témoin par les juges d’instruction chargés de l’affaire des voyages payés en liquide, Armand Riberolles et Renaud Van Ruymbeke. Les magistrats souhaitaient entendre Bernadette et Claude Chirac après la découverte de voyages effectués, entre 1992 et 1995, par le chef de l’État et son entourage, et payés en liquide, pour une valeur totale de 2,4 millions de francs. 13 Sport Pékin ville olympique en 2008 Le Comité international olympique (CIO), réuni à Moscou, attribue l’organisation des jeux Olympiques 2008 à Pékin. Le président chinois Jiang Zemin « remercie profondément tous nos amis à travers le monde et le CIO d’avoir permis à la candidature de Pékin de l’emporter ». 14 France Réquisitoire de Chirac Lors de son intervention du 14 juillet, le chef de l’État critique le gouvernement, évoquant son « manque de volonté politique », notamment en matière de justice, d’insécurité et de croissance. En outre, il conteste la « somme jetée en pâture » des billets d’avion payés en liquide, invoquant des « raisons de discrétion et de sécurité ». Il réaffirme son refus de répondre à une convocation d’un juge, fût-ce en qualité de témoin assisté. Réagissant à ces propos, la ministre de la Justice Marylise Lebranchu, directement mise en cause par le chef de l’État qui a appelé le gouvernement à « remettre de l’ordre » dans le système judiciaire, reproche à Jacques Chirac de revenir « aux anciennes méthodes tendant à ce que le garde des Sceaux donne des instructions aux magistrats ». Quant au ministre de l’Économie Laurent Fabius, il dénonce une « opération polémique » après les propos du président reprochant au gouvernement de n’avoir pas profité de la croissance pour engager des réformes importantes. De son côté, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant accuse Jacques Chirac d’avoir « manqué de rigueur et d’objectivité » dans ses déclarations sur la délinquance et l’insécurité. Inde/Pakistan Rencontre historique Le président pakistanais Pervez Mucharraf rencontre le Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee à New Delhi, lors d’un sommet historique destiné à trouver une solution au conflit transfrontalier qui empoisonne les relations entre l’Inde et le Pakistan depuis plus d’un demi-siècle. Pour le Cachemire, les deux pays ont livré deux de leurs trois guerres depuis 1947. Depuis 1989, des séparatistes musulmans soutenus par Islamabad combattent les troupes indiennes dans cette région himalayenne et réclament soit l’indépendance, soit leur rattachement au downloadModeText.vue.download 77 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 75 Pakistan. Le 17, les parties se séparent sur un constat d’échec. États-Unis Test réussi du système antimissile Après deux précédents essais en janvier et juillet 2000, qui s’étaient soldés par des échecs, les ÉtatsUnis réussissent le test de leur projet de bouclier antimissile MD. Une fusée interceptrice lancée depuis les îles Marshall a ainsi détruit un missile intercontinental Minuteman II lancé, à plus de 7 700 km de là, depuis la base de Vandenberg (Californie). Le programme de mise au point du système MD risque d’aggraver les tensions avec Moscou et Pékin, qui estiment que ce projet viole le traité ABM signé en 1972 par Washington et Moscou. 16 Chine/Russie Traité d’amitié Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Jiang Zemin signent le premier traité d’amitié entre la Chine et la Russie de l’ère postsoviétique. Ce traité entre les deux anciens frères ennemis communistes est destiné à renforcer la volonté de Pékin et de Moscou de contrebalancer l’influence croissante des États-Unis dans le monde et de souligner leur inquiétude face au système américain de défense antimissile. La Chine est le principal partenaire commercial de la Russie et son client numéro un en matière de défense. Sport Jacques Rogge président du CIO Le Belge Jacques Rogge, chirurgien orthopédique âgé de cinquante-neuf ans, ancien champion de voile et passionné de rugby, succède à Juan Antonio Samaranch à la tête du Comité international olympique. Membre de la toute-puissante commission exécutive depuis 1998, il y occupait des charges de prestige, comme président de la commission de coordination des JO de Sydney 2000, puis de ceux d’Athènes de 2004. Israël Attentat-suicide au nord de Tel-Aviv Un attentat-suicide est perpétré devant la gare routière de Binyamina (côte nord), faisant trois morts, dont son auteur, et trois blessés. En représailles, des chars de Tsahal bombardent des postes de police palestiniens en Cisjordanie, près de la ville dont est originaire l’auteur de l’attentat revendiqué par le Djihad islamique. Le 19, le centre-ville de Netanya (Israël), station balnéaire au nord de Tel-Aviv, est touché par une explosion qui blesse deux personnes. L’armée israélienne resserre son étau sur la Cisjordanie avec l’envoi de soldats, de chars et de véhicules militaires supplémentaires autour des villes palestiniennes, un message musclé destiné à Yasser Arafat pour le pousser à obtenir des siens l’arrêt de neuf mois de violence quasi ininterrompue. Parallèlement à ce déploiement des unités de Tsahal, le cabinet de sécurité décide de nouvelles mesures pour empêcher les Palestiniens d’entrer en Israël dans les régions proches des villes de Cisjordanie bordant son territoire, comme Tulkarem ou Qalqilya. Un traité sino-russe pour la stabilité La signature du traité d’amitié et de coopération entre la Chine et la Russie intervient dans un contexte géostratégique dominé par le projet américain de déploiement d’un bouclier antimissile. Sans toutefois remettre en cause leurs relations avec les États-Unis, Pékin et Moscou se posent ainsi en défenseurs d’une stabilité stratégique qui serait menacée par Washington. La « multipolarité » est décidément un concept très en vogue dans le monde... non américain. Au début du mois de juillet, le président français, Jacques Chirac, en visite à Moscou, avait réaffirmé la volonté de la France, constante depuis la présidence du général de Gaulle, de fonder un espace géostratégique « multipolaire » au sein duquel le partenariat franco-russe – et plus largement, ici, les relations entre l’Union européenne et la Russie – occuperait une place prépondérante. Deux semaines plus tard, c’est au tour du président chinois, Jiang Zemin, lui aussi en déplacement à Moscou, d’exprimer, chaudement approuvé par son homologue russe Vladimir Poutine, le souhait de voir émerger un « monde multipolaire » dont les relations Moscou-Pékin constitueraient l’un des axes. Ces deux gestes illustrent la tendance des « autres » grandes puissances à vouloir se démarquer de celle qui se déclare volontiers unique depuis la downloadModeText.vue.download 78 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 76 fin de la « guerre froide » : les États-Unis. La rencontre des dirigeants russe et chinois a précédé de quelques jours l’entretien entre Vladimir Poutine et George W. Bush en marge du sommet du G8 à Gênes, qui était leur deuxième tête-à-tête. Leur première entrevue, en juin, à Göteborg, avait déjà été précédée d’une rencontre entre les présidents russe et chinois, à Shanghai. Une inversion de l’échelle des valeurs La Russie et la Chine ont donné une solennité toute particulière à leur défense de la multipolarité en signant, le 16 juillet, un « traité d’amitié et de coopération » d’une durée de vingt ans. Le symbole est de taille : le précédent texte de ce type conclu par les deux pays remonte à février 1950. Joseph Staline et Mao Zedong se promettaient alors une « assistance mutuelle ». Le traité instaurait en effet une alliance militaire et contenait des articles secrets. Ce n’est pas le cas de celui d’aujourd’hui. La seconde grande différence entre le traité de 1950 et celui de 2001 est qu’au début du IIIe millénaire, c’est la Chine qui passe pour la puissance montante, alors que la Russie n’est plus qu’une « ancienne grande puissance », ce qui traduit l’inversion de l’échelle des valeurs entre les deux pays en un demi-siècle. Le traité engage la Russie et la Chine à « ne pas avoir recours à la force ou menacer d’y avoir recours » et à « résoudre leurs différends exclusivement par des moyens pacifiques » – on repense aux incidents armés survenus en 1969 le long de la frontière entre les deux pays. Le texte prévoit également le développement des relations bilatérales dans les domaines « économique et militaro-technique ». Un traité « dirigé contre aucun pays tiers » Ses signataires affirment que le traité sino-russe n’est « dirigé contre aucun pays tiers ». Le texte énonce que la Russie et la Chine « soutiennent l’équilibre stratégique mondial et la stabilité, et les traités qui sont la base de cette stabilité ». Cette affirmation est éclairée par la déclaration finale de la visite de Jiang Zemin à Moscou, qui réitère l’attachement de la Russie et de la Chine au traité ABM – Anti Ballistic Missile – de mai 1972. Or le traité ABM est incompatible avec le projet américain de bouclier antimissile dont le but affiché est de contrer les attaques imprévisibles d’« États voyous » dotés d’une capacité de frappe nucléaire. Ce nouveau programme d’armement avait été mis en veilleuse sous la présidence démocrate de Bill Clinton, qui avait finalement suspendu les essais, ne maintenant que les activités de recherche autorisées. Dès son arrivée aux affaires, l’administration Bush a décidé d’accélérer le développement du bouclier antimissile, quitte à passer en force l’obstacle du traité ABM, que les États-Unis se disent prêts à dénoncer, faute d’obtenir l’accord de la Russie en vue de sa modification. En se posant comme les défenseurs d’une politique de stabilité stratégique à laquelle participe le traité ABM, Moscou et Pékin – bien que la Chine ne soit pas signataire du texte de 1972 – désignent du doigt les agissements « déstabilisants » de Washington. Il n’est pas innocent que la signature de ce traité d’amitié et de coopération intervienne le lendemain d’un essai américain d’interception d’un missile balistique au-dessus du Pacifique – réussi, celui-ci, après deux échecs consécutifs en 2000 –, essai dénoncé par Moscou et Pékin. Moscou et Pékin menacés ? D’après les États-Unis, le projet de bouclier antimissile ne remet pas en cause la dissuasion nucléaire russe, et Moscou, tout aussi menacé par les « États voyous », a, selon eux, tort de se sentir visé. En revanche, Washington n’a pas entrepris, à ce jour, de rassurer Pékin. La capacité balistique chinoise est, certes, peu développée, mais Pékin s’inquiète d’une possible utilisation du bouclier antimissile pour sanctuariser l’île de Taïwan, afin de soustraire celle-ci à la menace militaire que la Chine continentale fait régulièrement peser sur elle. De plus, la Chine est considérée par les États-Unis comme un État qui contribue à la prolifération nucléaire, donc un État pourvoyeur d’« États voyous ». C’est évidemment sur le même terrain que la Chine et la Russie seraient susceptibles de réagir à un « cavalier seul » stratégique américain, Moscou en freinant les accords de désarmement en cours ou en préparation, Pékin en transférant des technologies sensibles vers des pays potentiellement « voyous ». Toutefois, s’il est un instrument visant à isoler la politique stratégique de Washington, le traité d’amitié et de coopération sino-russe ne va pas jusqu’à porter atteinte aux relations que ses signataires entendent ménager avec les États-Unis, chacun de leur côté. CHRISTOPHE PÉRY downloadModeText.vue.download 79 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 77 LE TRAITÉ D’AMITIÉ DE 1950 En février 1950, l’URSS et la Chine rendent public le « traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle » qu’ils ont signé six mois plus tôt, au terme de longues discussions. Il s’agit pour Pékin, diplomatiquement isolé depuis la prise du pouvoir par Mao Zedong, de formaliser une alliance avec le camp communiste. Moscou, qu’un traité liait à la Chine depuis août 1945, souhaite, de son côte, conserver les avantages économiques et militaires qui découlaient de celui-ci. Le traité est à l’avantage des Soviétiques. Il sera immédiatement « rentabilisé ». En novembre 1950, des volontaires chinois interviennent en Corée à la demande de l’URSS, en réaction à l’intervention américaine elle-même consécutive à l’offensive de la Corée du Nord, en juin. 20 Italie G8 tragique à Gênes En marge du sommet du G8 organisé à Gênes afin de lancer « un nouveau cycle ambitieux de négociations dans le cadre de l’OMC », de violents affrontements opposent des manifestants antimondialisation et des policiers italiens. En tentant de pénétrer dans la « zone rouge » interdite d’accès par les forces de l’ordre, un protestataire est tué par un policier. Quelque 20 000 policiers étaient mobilisés pour éviter les débordements des 100 000 militants antimondialisation qui s’étaient donné rendez-vous dans la capitale ligure. Sur le plan diplomatique, le sommet de Gênes se traduit par un résultat mitigé, en raison des désaccords persistants entre les États-Unis et leurs partenaires sur plusieurs points importants. France Saisie d’uranium enrichi à Paris La police française annonce l’arrestation en plein coeur de Paris de trois personnes qui se trouvaient en possession d’environ cinq grammes d’uranium 235 enrichi à 80 %. Cette prise pourrait n’être qu’un échantillon destiné à séduire de potentiels clients de la contrebande nucléaire comme l’Irak, l’Iran, la Libye ou encore la Corée du Nord. Selon un spécialiste du Commissariat à l’énergie atomique, « au moins dix kilogrammes d’uranium 235 enrichi à 80 % sont nécessaires à la fabrication d’une bombe. » Le sommet de la violence à Gênes Le sommet du G8 organisé à Gênes en juillet restera comme celui de la violence. La mort d’un jeune manifestant marque à la fois les limites de ce type de réunion internationale et celles du mode de contestation utilisé par les opposants antimondialisation. Les chefs d’État et de gouvernement des sept pays les plus industrialisés plus la Russie (G8), ainsi que le président de la Commission européenne, ont entamé leur sommet annuel, le 20 juillet, dans le Palais ducal de Gènes, par une réunion au cours de laquelle ils ont réaffirmé que le maintien de politiques budgétaires strictes et la défense du principe de libre-échange étaient les conditions nécessaires au développement de la croissance mondiale et donc au bien-être de chacun. Au même moment, des milliers de manifestants antimondialisation tentaient de pénétrer la « zone rouge » protégeant le lieu de réunion du G8. Les premiers estimaient que « le ralentissement de l’économie mondiale a été plus prononcé que prévu au cours de l’année écoulée, [mais que] les fondamentaux économiques restent sains et devraient fournir une base solide pour une expansion renouvelée » ; les seconds affirmaient que, hors de la libéralisation et de la mondialisation, « un autre monde est possible », comme ils le proclament depuis leur première démonstration de force, à Seattle en décembre 1999. À l’assaut du « mur » Cette fois-ci, les anti-G8 étaient rassemblés au sein du Forum social de Gênes (GSF), qui regroupait un millier d’organisations : syndicats, mouvements sociaux, associations contre la dette du tiers-monde ou contre la libéralisation du commerce, mouvements écologistes ou pacifistes. Le GSF avait prévu d’organiser des débats et des manifestations dans la capitale ligure, en marge de la réunion du G8. Si son porte-parole, Vincenzo Agnoletto, prônait l’action non violente, chacun savait que le GSF regroupait des formations plus ou moins radicales et que des « casseurs » tenteraient de s’infiltrer dans les manifestations. Alors que, downloadModeText.vue.download 80 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 78 la veille, la marche pour la défense des droits des immigrés s’était déroulée sans incidents, la manifestation du 20 partie à l’assaut du « mur » abritant les conciliabules des Huit a vite pris une allure plus violente. Tandis que quelques centaines de jeunes radicaux, pour la plupart des anarchistes du « Black Block » en guerre contre la « propriété », dévastaient les rues du centre-ville, les forces de l’ordre ont brutalement réprimé les tentatives des partisans antimondialisation de s’approcher de la « zone rouge ». Le drame est survenu en fin d’après-midi. Un carabinier pris de panique a ouvert le feu sur un jeune punk italien qui s’attaquait à la Jeep dans laquelle il se trouvait : Carlo Giuliani a été tué sur le coup d’une balle dans la tête. Consternés, les membres du G8 ont aussitôt appelé à « isoler les violents et les extrémistes », évoquant la manifestation prévue pour le lendemain. La part semblait donc faite, officiellement, entre les « casseurs » et les manifestants du GSF. Peu avant le drame, le président Jacques Chirac avait d’ailleurs déclaré : « 120 000 ou 150 000 personnes ne se dérangent pas s’il n’y a pas quelque chose qui leur a mobilisé le coeur et l’esprit. Je ne dis pas qu’ils ont raison ou tort – ce n’est pas le problème –, mais c’est qu’il y a une angoisse, une difficulté, et ça, on ne peut pas le laisser comme si ça n’existait pas. » Le lendemain, 21 juillet, les forces de l’ordre ont brutalement réprimé la manifestation qui rassemblait près de 200 000 personnes dans les aies de la ville, avant de s’en prendre, tout aussi violemment, la nuit suivante, au siège du GSF. On relèvera quelque 150 blessés. « Un excès dans l’usage de la force » Les jours suivants, l’opposition a mis en cause le gouvernement de Silvio Berlusconi dans les violences policières, exigeant notamment la démission du ministre de l’Intérieur, Claudio Scajola. En réponse, ce dernier a accusé le GSF d’avoir couvert les agissements des « casseurs ». De son côté, le président du Conseil a rejeté sur le précédent exécutif de centre gauche la responsabilité de l’organisation du maintien de l’ordre lors du G8. Le 24 juillet, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les grandes villes italiennes contre les brutalités policières du sommet de Gênes. Le gouvernement a finalement accepté la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet. Le ministre de l’Intérieur a sanctionné trois hauts fonctionnaires, dont le chef de la police de Gêne ; et le chef de la police italienne, Gianni De Gennaro, a admis, « dans certains cas, un excès dans l’usage de la force » et, « dans d’autres cas, épisodiques et individuels, des comportements illégaux » de la part des forces de police. Une information judiciaire sera finalement ouverte à rencontre d’une vingtaine de policiers. Carlo Giuliano ne serait-il pas mort en vain ? Le ton de la déclaration finale du G8 de Gênes marque en effet une rupture. Les participants y déclarent notamment qu’« ils croient à l’importance fondamentale d’un débat public ouvert sur les problèmes-clés auxquels nos sociétés sont confrontées ». Aussi s’engagent-ils à « promouvoir des solutions innovantes fondées sur un large partenariat avec la société civile et le secteur privé », ainsi qu’à « rechercher une coopération renforcée et une solidarité avec les pays en développement fondée sur une responsabilité mutuelle pour combattre la pauvreté ». « Nous sommes déterminés, affirment-ils, à ce que la mondialisation fonctionne pour tous les citoyens, particulièrement pour les plus pauvres de la planète. » Dont acte. CHRISTOPHE PÉRY LES RÉSULTATS DE GÊNES Concernant l’Afrique, l’un des principaux dossiers à l’ordre du jour, les Huit ont lancé un fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, doté de 1,3 milliard de dollars. Ils ont adopté un « pacte pour l’Afrique » destiné à promouvoir l’essor économique et social du continent ainsi que la démocratie, l’État de droit et les droits de l’homme, qui concourent également au développement. D’autre part, le G8 a dressé un constat de désaccord sur le dossier du changement climatique entre l’Europe, qui défend le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et les États-Unis, qui le dénoncent. Enfin, il s’est prononcé en faveur de l’envoi d’une mission de « surveillance » au Proche-Orient, faisant progresser l’idée de la présence d’observateurs impartiaux dans la région. downloadModeText.vue.download 81 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 79 23 France Attentat contre une gendarmerie en Corse Un attentat à l’explosif est commis par un commando de plusieurs individus contre le camp de l’armée de terre Henry-Martin sur la commune de Borgo (HauteCorse), à 25 kilomètres au sud de Bastia. Il ne provoque que des dégâts matériels, mais quatorze personnes sont victimes d’un trauma auditif en raison du bruit causé par la déflagration. Le 6 juillet dernier, un attentat de même nature avait été commis par un commando d’individus armés contre la caserne de CRS de Furiani (Haute-Corse), commune limitrophe de Bastia. Ces deux attentats interviennent alors que le mouvement nationaliste Presenza naziunale de François Santoni a réclamé la mise en liberté provisoire de détenus politiques corses ainsi que de tous les prisonniers susceptibles de bénéficier de la liberté conditionnelle. Le 24, un attentat frappe la caserne de gendarmerie Colonna d’Istria de Borgo (HauteCorse), à 25 kilomètres au sud de Bastia. Quinze gendarmes sont légèrement blessés. Indonésie Megawati remplace Wahid L’Assemblée consultative du peuple désigne à l’unanimité la vice-présidente Megawati Sukarnoputri, âgée de cinquante-quatre ans, fille aînée de Sukarno, le « père de la nation » indonésienne. Megawati remplace le président Abdurrahman Wahid destitué pour incompétence et corruption. Cinquième chef de l’État depuis l’accession du pays à l’indépendance, elle assumera ses fonctions jusqu’aux élections législatives prévues en 2004. La chute annoncée du président indonésien Wahid Premier président indonésien démocratiquement élu, Abdurrahman Wahid manquait, semble-t-il, du sens politique indispensable à l’exercice de cette fonction. Abandonné par l’ensemble de la classe politique, il a été destitué par un Parlement unanime. « C’est un ouléma sage et tolérant, connu pour son libéralisme et sa défense de la laïcité de l’État, que l’Assemblée consultative du peuple (MPR), le collège électoral présidentiel, avait élu en octobre 1999. Vingt et un mois plus tard, le 23 juillet, c’est un homme isolé et unanimement conspué dont elle a prononcé la destitution, un dirigeant autoritaire et accroché au pouvoir, accusé d’incompétence et de corruption. Abdurrahman Wahid aura usé en moins de deux ans, dans l’exercice de la politique, son immense autorité morale. C’est en vertu de cette autorité que « Gus Dur » –« oncle Gus », son surnom familier – avait été élu. Président du Nahdlatul Ulama, la puissante organisation de docteurs de la loi musulmane fondée par son grand-père, il « pesait » en effet bien plus que les 51 sièges sur 500 que son Parti du réveil national avait obtenus aux élections législatives, quatre mois plus tôt. Mais Abdurrahman Wahid devait surtout son élection à la manoeuvre des petits partis musulmans qui entendaient faire obstacle à l’arrivée au pouvoir de Megawati Sukarnoputri. À la tête du Parti démocrate indonésien de lutte (PDI-P), la fille du Père de l’indépendance Sukarno avait remporté les élections, avec 184 sièges à l’Assemblée nationale (DPR), mais elle présentait le double inconvénient d’être une femme et de représenter un mouvement séculier. Celle-ci était finalement nommé à la vice-présidence, et le tandem qu’elle formait avec Abdurrahman Wahid semblait doté des meilleurs atouts pour sortir le pays de trentequatre ans d’un pouvoir autocrate incarné par Suharto. Entre les élections de juin et le scrutin d’octobre, le dramatique épisode de la sécession du Timor-Oriental avait, semble-t-il, définitivement scellé le sort du Golkar au pouvoir depuis trois décennies ainsi que celui de l’armée. Incapable de déléguer Mais le tandem Wahid-Sukarnoputri n’a pas fonctionné. Impulsif et indiscipliné, convaincu d’être le seul à pouvoir combler le fossé existant entre nationalistes et islamistes, le chef de l’État s’est très vite avéré incapable de déléguer son pouvoir et d’écouter son entourage. Il est vrai qu’Abdurrahman Wahid disposait de peu d’alliés au sein de l’appareil d’État. L’adminisdownloadModeText.vue.download 82 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 80 tration et l’armée, purs produits du régime de Suharto, ne lui ont pas facilité les choses. Les militaires, notamment, qui demeurent partisans de la manière forte dans la lutte contre les séparatismes, ont vu d’un très mauvais oeil ses tentatives de négociations, à Atjeh ou en IrianJaya. Son gouvernement même, reflet de la coalition hétéroclite qui le soutenait à l’Assemblée, a manqué de la plus élémentaire solidarité. Quant à l’Assemblée, elle a tenté de profiter de la faiblesse politique de l’exécutif pour imposer son pouvoir, alors que la Constitution indonésienne restait d’inspiration présidentielle. Le divorce définitif entre la présidence et le Parlement est intervenu lorsque le DPR a saisi l’occasion de l’éclatement de scandales financiers, dans lesquels Abdurrahman Wahid aurait été impliqué, pour le déstabiliser. Le Parlement lui a adressé deux avertissements, en février et en mai, mais n’est pas parvenu à apporter la preuve formelle de sa corruption. Abdurrahman Wahid n’a rien fait non plus pour entretenir le soutien de sa très populaire viceprésidente, qui a progressivement pris ses distances. Quand il lui a offert, en mai, sous la pression du Parlement, de diriger le gouvernement, il était déjà trop tard. C’est à une très large majorité que le DPR a voté, le 30 mai, la convocation d’une session spéciale du MPR, seul instance habilitée à destituer le chef de l’État. Les manifestations, parfois violentes, des partisans du chef de l’État n’y ont rien fait, et ses menaces d’instaurer l’état d’urgence en cas de troubles n’ont contribué qu’à mettre en lumière son lâchage par l’armée et la police, qui ont affirmé qu’elles n’appliqueraient aucune décision de ce genre. Le 20 juillet, « Gus Du » a effectué une dernière manoeuvre en forme de provocation, en confirmant dans ses fonctions le chef de la police par intérim, contre l’avis du DPR. Ce dernier a aussitôt convoqué le président. Abdurrahman Wahid a alors ordonné par décret aux forces de sécurité de « suspendre » le DPR et le MPR. Il a également annoncé des élections dans un délai d’un an. Mais la police et l’armée ont déclaré qu’elles assureraient la tenue de la session du MPR. Megawati Sukarnoputri a estimé le décret « illégal », ce qu’à bientôt confirmé la Cour suprême. Le 23, le MPR a voté à l’unanimité la destitution d’Abdurrahman Wahid et son remplacement par Megawati Sukarnoputri. Élue par cette même instance qui lui avait barré la route en 1999, la fille de Sukarno n’a pas d’illusions à se faire. C’est « contre » Abdurrahman Wahid que la classe politique s’est faite unanime, et non « pour » elle. Quant au ralliement de l’armée, il tient au refus que partagent les militaires et la nouvelle présidente de toute forme de séparatisme. Megawati Sukarnoputri devra non seulement restaurer la dignité de la fonction présidentielle, mais aussi tenter de contenir un Parlement fort de sa victoire, au sein duquel son parti ne dispose pas de la majorité. CHRISTOPHE PÉRY MEGAWATI SUKARNOPUTRI La fille de Sukarno est vénérée comme une « mère » par l’immense majorité des Indonésiens. Lors de son discours d’investiture, elle a déclaré à ses compatriotes : « Votre mère est de nouveau parmi vous », comme si la parenthèse de la présidence d’Abdurrahman Wahid ne la concernait pas, comme si le vote de juillet 2001 effaçait celui d’octobre 1999 et toute le période intermédiaire. « Mega » est entrée en politique à 40 ans, en 1987, en acceptant de représenter au Parlement le Parti démocrate indonésien (PDI) de Sujardi, l’une des trois seules formations autorisées par Suharto. En 1993, à la suite de l’éviction de Sujardi, le PDI la porte à sa présidence, la préférant aux candidats « officiels ». En 1996, les partisans de Suharto tentent de reprendre en main le PDI. Mega acquiert dès lors le statut de chefs de l’opposition. Légaliste, elle attend, après la chute de Suharto, en juin 1998, les premières élections législatives vraiment libres depuis 1955, pour faire la démonstration de sa force. 24 Environnement Signature in extremis du protocole de Kyoto Après quatre jours de négociations, les délégués de 180 pays, réunis à Bonn en Allemagne, concluent un accord sur le protocole de Kyoto concernant la réduction des émissions des gaz à effets de serre. Le protocole de Kyoto, voté en 1997, imposait aux pays industrialisés de réduire de 5,2 % l’émission de ces gaz d’ici à 2012. Il n’a été ratifié par aucun des downloadModeText.vue.download 83 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 81 pays visés et a même été rejeté en mars dernier par le nouveau président américain George W. Bush. Pour rallier les pays réfractaires, les Européens ont dû revoir à la baisse leurs exigences et accepter que les autres pays industrialisés aient recours à des puits de carbone, forêts ou espaces verts qui sont censés absorber le carbone. France Feu vert de l’Assemblée pour les déclarations de patrimoine de Chirac Le bureau de l’Assemblée nationale, qui réunit le président de l’Assemblée Raymond Forni et des représentants de tous les groupes politiques, accepte de transmettre à la justice les déclarations de patrimoine de Jacques Chirac entre 1988 et 1993. Il répond donc favorablement à la demande du juge d’instruction Armand Riberolles, chargé de l’enquête sur les voyages de Jacques Chirac payés en espèces, qui souhaitait avoir accès aux déclarations de patrimoine déposées par Jacques Chirac alors qu’il était député de Corrèze. Jacques Chirac affirmant avoir payé entre 1992 et 1995 des billets d’avion avec ses « indemnités personnelles », touchées au titre des fonds secrets alors qu’il était Premier ministre (19861988), le juge estime qu’il devrait retrouver la trace de ces sommes en liquide, estimées entre 2,4 et 2,8 millions de francs, dans les déclarations de patrimoine que les parlementaires doivent obligatoirement remplir depuis 1988. Le 31, le quotidien Libération révèle que ces déclarations de patrimoine, transmises aux juges d’instruction, ne mentionnent pas d’argent en espèces. L’entourage du chef de l’État explique que ces sommes ne peuvent « par nature » faire l’objet d’une déclaration. Le Medef quitte la Sécurité sociale Le président du Medef (Mouvement des entreprises de France) Ernest-Antoine annonce qu’il maintient sa décision de quitter les organismes de gestion de la Sécurité sociale lors du renouvellement des administrateurs le 30 septembre prochain : « Nous avons confirmé à Mme Guigou que nos administrateurs ne seront pas renommés et que nous ne gérerons plus de ce fait la Sécurité sociale. » En juin dernier, le « patron des patrons » avait averti que son organisation quitterait les instances paritaires si le gouvernement maintenait sa décision de financer la réduction du temps de travail par ponction dans les excédents de la « Sécu ». Pour sa part, Élisabeth Guigou reconnaît une « divergence » sur la question du financement des 35 heures et regrette la décision de la première organisation patronale de quitter la « Sécu ». Le protocole de Kyoto enfin applicable Trois ans et demi après sa signature, le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre s’est enfin vu doté, à Bonn, de modalités d’application qui assurent sa survie, un moment menacée par le retrait américain. Cette victoire du multilatéralisme dans le domaine de la coopération internationale est notable. « Nous avons là le plus grand accord international en ce qui concerne l’environnement », a estimé le ministre français Yves Cochet à l’issue de la sixième conférence des parties à la Convention des Nations unies sur le changement climatique, qui réunissait les représentants de 180 pays à Bonn, du 16 au 23 juillet. Non seulement, en effet, le protocole de Kyoto a survécu, mais ses modalités d’application ont enfin été précisées. Qui l’aurait prédit, après le fiasco retentissant de la réunion de La Haye, en novembre 2000, qui suivait les précédents échecs de 1998 à Buenos Aires et de 1999 à Bonn, et, plus encore, après le rejet du protocole par l’administration américaine, en mars 2001 ! Le protocole sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, conclu à Kyoto en décembre 1997, engage les pays industrialisés signataires à diminuer leurs rejets de 5 % d’ici à 2010. La concentration de ces gaz entraîne une augmentation de la température terrestre, dont certaines conséquences, comme l’élévation du niveau des eaux ou l’aggravation de la sécheresse, peuvent devenir dramatiques. Les pays de l’Union européenne, qui rejettent 24,2 % du total des gaz à effet de serre émis, ont toujours été à la pointe des négociations sur le changement climatique. Ils étaient les seuls, jusqu’à la conférence de Bonn, à affirmer leur volonté de ratifier le protocole de Kyoto. La Russie (17,4 %) et les autres pays européens (8,2 %) observaient un attentisme prudent. Le Japon (8,5 %) et le Canada (3,3 %) jugeaient difficiles de progresser dans ce domaine sans l’accord des États-Unis (36,1 %). Or ces derniers estiment que l’état des connaissances actuelles sur le climat ne justifie downloadModeText.vue.download 84 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 82 pas de décision précipitée. Washington explique sa position par le fait que des pays qui représentent « 80 % de la population du monde [...], dont la Chine et l’Inde », sont exemptés de l’application du protocole et que celui-ci, par ailleurs, « causerait un dommage sérieux à l’économie américaine » : on ne saurait être plus clair ! D’importantes concessions Pour que le protocole de Kyoto entre en vigueur et devienne un traité international contraignant, il faut que des pays représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre l’aient ratifié. Les Quinze doivent pour cela convaincre la Russie et les autres pays européens, ainsi que le Japon. C’est pourquoi l’Union européenne a accepté de faire d’importantes concessions. Le texte de l’accord de Bonn apparaît ainsi en retrait par rapport au projet que les Quinze avaient choisi de rejeter à La Haye. Cette souplesse a permis le ralliement de Tokyo et d’Ottawa au compromis de Bonn, et laisse la porte ouverte aux États-Unis. Le texte prévoit notamment que les volumes de gaz carbonique absorbés par les forêts seront décomptés de la totalité des gaz rejetés. Cette mesure permet d’alléger les efforts de réduction des émissions de gaz pour les pays dotés de nombreuses forêts, comme le Canada et le Japon. L’accord de Bonn autorise également un « marché » des droits d’émission avantageux : un pays industrialisé pourra déduire du total de ses émissions de gaz le montant de celles qu’il aide à réduire dans un pays du Sud. Cette mesure encourage les transferts de technologie en vue d’améliorer l’efficacité de la production d’énergie. La conférence crée aussi un Fonds d’adaptation destiné à aider les pays en développement à faire face aux conséquences du changement climatique. Ce fonds était exigé par le « G77 », qui regroupe les pays du Sud, sans l’accord duquel le texte n’aurait pu être adopté. En contrepartie, l’Europe est restée ferme sur la question du régime d’observance, c’est-à-dire du dispositif de vérification et de sanctions. Le texte adopté à Bonn crée un organisme de contrôle. Le pays qui contreviendrait à ses engagements serait contraint de réduire davantage ses émissions à la période suivante et ne pourrait plus participer au marché des droits d’émission. Le triomphe du multilatéralisme Il y a bien là l’esquisse d’un instrument juridique international pour le secteur de l’environnement. Aujourd’hui, la seule instance internationale susceptible de juger les activités d’un pays est la commission d’arbitrage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui punit les infractions aux lois du libre-échange. C’est dire l’avancée représentée par l’accord de Bonn ! En dehors d’une reconnaissance officielle, par la communauté mondiale, de la nécessité de lutter contre le changement climatique, la conférence de Bonn délivre deux messages. Elle prouve qu’une négociation internationale concernant un domaine primordial pour l’avenir de la planète peut aboutir sans l’accord des États-Unis. Mieux encore, le retrait des Américains a contribué à replacer le problème à sa vraie place en substituant un axe de discussion Nord-Sud à celui qui opposait jusque-là l’Europe aux ÉtatsUnis. À Bonn, c’est le débat sur le développement, auquel les pays du Sud ont pris une part déterminante, qui l’a finalement emporté. La deuxième et principale leçon de la conférence de Bonn est qu’une gestion collective des problèmes planétaires est possible. Résumant l’impression générale, le président du G 77, l’Iranien Bagher Asadi, a vu dans l’accord « le triomphe du multilatéralisme et de la coopération sur l’unilatéralisme ». CHRISTOPHE PÉRY LES GAZ À EFFET DE SERRE La température à la surface de la Terre résulte de l’équilibre entre le flux de rayonnement provenant du Soleil et le flux de rayonnement renvoyé vers l’espace. Les gaz qui composent l’atmosphère produisent un effet de serre naturel qui limite la réverbération du rayonnement solaire, permettant de maintenir une température de surface moyenne de 15 °C. Sans atmosphère, celleci serait de – 18 °C. Mais les activités humaines entraînent le rejet d’importantes quantités de gaz qui accroissent l’effet de serre naturel. Les gaz à effet de serre dont le rejet résulte des activités humaines sont le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (N2O), l’ozone troposphérique (O3), les chlorofluorocarbures (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures HCFC, gaz de synthèse responsables de l’attaque de la couche d’ozone, ainsi que le substituts des CFC : les hydrocarbures fluorés (HFC), les hydrocarbures fluorés downloadModeText.vue.download 85 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 83 entièrement halogènes (PFC) et l’hexafluorure de soufre (SF6). Le protocole de Kyoto concerne six gaz : le CO2, le CH4, le N2O, les HFC, les PFC et le SF6. 27 France Plan de reprise pour AOM-Air Liberté Après avoir entendu une dernière fois jeudi l’ensemble des candidats à la reprise du pôle aérien, le tribunal de commerce de Créteil se prononce pour la reprise d’AOM-Air Liberté par le pilote d’Air France Jean-Charles Corbet, porteur du projet HOLCO, a-ton appris de sources syndicales. Le projet HOLCO, soutenu par la banque canadienne CIBC, prévoit le maintien de 2 734 emplois sur un total de 4 559, assorti d’un apport financier de 1,3 milliard de FF de Swissair Group. Un « pacte social » est également prévu avec les syndicats pour maintenir un maximum de droits des salariés. Le repreneur compte utiliser une trentaine d’avions afin d’assurer la desserte de villes françaises n’étant effectuée ni par la compagnie Air France ni par le TGV. 28 Irlande du Nord Émeutes à Belfast Des violences impliquant catholiques, protestants et policiers se produisent dans un quartier du nord de Belfast, malgré l’annonce d’un plan de compromis faite par les Premiers ministres britannique et irlandais Tony Blair et Bertie Ahern visant à sauver les accords de paix de 1998 en Irlande du Nord. Le Sinn Féin impute la responsabilité de ces heurts à l’organisation paramilitaire loyaliste UDA (Ulster Défense Association). Algérie La police mise en cause en Kabylie Le rapport préliminaire de la commission d’enquête sur les événements de Kabylie d’avril à juin 2001 rendu au chef de l’État Abdelaziz Bouteflika met en cause la gendarmerie algérienne, en établissant la responsabilité de cette institution dans les émeutes qui ont fait une soixantaine de morts et près de 2 000 blessés. Il indique que « la réaction violente des populations a été provoquée par l’action non moins violente de la gendarmerie, laquelle, pendant plus de deux mois, a nourri et entretenu les émeutes : tirs à balles réelles, saccages, pillages, provocations de toutes sortes, propos obscènes et passages à tabac ». La commission d’enquête avait été annoncée par le président Bouteflika le 30 avril dernier et était présidée par l’avocat Mohand Issad. 29 Sport Lance Armstrong gagne son 3e Tour de France L’Américain Lance Armstrong, leader de l’US Postal, remporte son troisième Tour de France cycliste consécutif. Il devance de 6 minutes 44 secondes l’Allemand Jan Ullrich et de 9 minutes 5 secondes l’Espagnol Joseba Beloki. Le podium 2001 est identique à celui de l’an passé. Israël/Palestine Regain de tension La pose symbolique de la première pierre d’un nouveau Temple de Jérusalem, que des extrémistes juifs voudraient voir s’élever sur les ruines des deux temples précédents, sur ce que les musulmans appellent l’esplanade des Mosquées, provoque la colère du monde arabe, qui évoque un « acte provocateur qui fait peser la menace d’une guerre aux conséquences imprévisibles ». Le Bahrein dénonce « une agression qui provoque les musulmans », tandis que le Koweït demande à la communauté internationale de « prendre des mesures pour garantir que cet acte dangereux et provocateur ne se répète pas ». Le 31, huit Palestiniens, dont deux chefs du Hamas – mouvement opposé à la paix avec Israël et qui a revendiqué la majorité des attentats commis depuis 1994 –, sont tués lors de tirs de chars israéliens sur un bureau du Mouvement de la résistance islamique à Naplouse. Japon Victoire électorale du parti du Premier ministre La coalition tripartite au pouvoir, dirigée par Junichiro Koizumi, remporte les élections sénatoriales, premier test politique majeur pour le Premier ministre japonais depuis son arrivée à la tête du gouvernement en avril dernier. Cette coalition obtient 78 sièges, sur les 63 nécessaires pour conserver la majorité, lors de ces élections destinées à renouveler 121 des 247 sièges downloadModeText.vue.download 86 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 84 du Sénat, la chambre haute du Parlement bicaméral et la moins influente. Le Parti libéral-démocrate du Premier ministre (PLD) recueille 64 sièges, 13 reviennent au Parti Komei (bouddhiste) et un au Parti conservateur. La participation a été inférieure de 2,4 points à celle de 1998, 56,44 % des électeurs inscrits s’étant déplacés. Août 1 France Progression de la délinquance Selon le ministère de l’Intérieur, le nombre de faits de criminalité et de délinquance enregistrés par la police et la gendarmerie durant le 1er semestre 2001 a augmenté de 9,58 % par rapport à la même période en 2000. Plus de deux millions de faits ont été recensés ; les constats effectués par la police nationale augmentent de 7,02 %, ceux dressés par la gendarmerie nationale progressent de 17,69 %. Répondant aux critiques de la droite sur la responsabilité du gouvernement dans la montée de la délinquance, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant déclare que l’insécurité ne doit pas être un enjeu politicien ni électoral. Il explique ces chiffres en partie par le fait que les Français peuvent désormais porter plainte plus facilement ; en outre, il tient à souligner que la publication des statistiques de la délinquance par semestre est une « première » et que le gouvernement a créé 3 000 postes de policiers supplémentaires dans le cadre du budget 2002. 2 Justice Condamnation d’un général serbe pour génocide Six ans après le massacre d’au moins 8 000 Musulmans à Srebrenica, le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye, mis sur pied en mai 1993 pour juger les crimes en ex-Yougoslavie après le début de la guerre en 1991, déclare le général bosno-serbe Radislav Krstic coupable de génocide et lui inflige une peine de quarante-six ans de prison. C’est la première fois qu’une personnalité est condamnée pour un génocide commis en Europe depuis la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon le TPI, un génocide est assimilé à « des actes commis avec l’intention de détruire, entièrement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Le 3, le TPI révèle l’inculpation de trois anciens responsables militaires musulmans qui commandaient des forces musulmanes pendant la guerre de Bosnie – deux généraux, Mehmed Alagic et Enver Hadzihasanovic, et un colonel, Amir Kubura –, et qui sont inculpés pour leur rôle dans l’exécution de civils et de prisonniers de guerre croates, l’utilisation d’otages comme boucliers humains et la destruction de villes et de villages en 1993. Arrêtés jeudi par la police bosniaque, les trois officiers sont transférés au TPI de La Haye. Ils sont accusés de crimes de guerre contre des Croates de Bosnie. 3 France Revendication des nationalistes corses À l’occasion de la vingtième édition des Ghjurnate naziunialisti internarziunale (Journées nationalistes internationales) à Corte, dans le centre de la Corse, les organisations publiques membres de la coalition « Indipenza », parmi lesquelles la Cuncolta, Corsica Viva, le Cullettivu naziunale et l’Associu per a suvranita, réclament le regroupement dans une même maison d’arrêt des 35 militants détenus provisoirement à Paris dans le cadre d’affaires instruites par la section antiterroriste et le transfèrement dans une prison de Corse des huit militants condamnés définitivement. À terme, elles revendiquent l’amnistie pour l’ensemble des militants nationalistes incarcérés (43 à ce jour) ou recherchés, comme Yvan Colonna, soupçonné d’avoir pris part à l’assassinat du préfet Erignac. Ces organisations expriment également leurs craintes quant à l’évolution du processus de Matignon, étant donné les tentatives d’attentats d’origine inconnue qui ont visé récemment deux responsables nationalistes, Mes Jean-Guy Talamoni et Marie-Hélène Mattei, qui ont reçu des colis piégés à leur domicile. 4 Iran Report de la cérémonie d’intronisation de Khatami Le Guide suprême de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, reporte la cérémonie d’investiture du prédownloadModeText.vue.download 87 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 85 sident réformateur Mohammad Khatami, qui a été largement réélu le 8 juin dernier avec 76,9 % des voix. Pour expliquer ce report, il invoque un conflit portant sur la nomination de trois membres du Conseil des gardiens, instance de douze membres désignés représentant la ligne dure du régime et qui est chargée de vérifier le respect de la Constitution et les projets de loi votés par le Parlement. Le président du Majlis (Parlement) Mahdi Karroubi propose la création d’une commission mixte qui regrouperait l’appareil judiciaire, le Parlement et un représentant de l’ayatollah Khamenei. Cette commission permettrait de résoudre la crise provoquée par ce report, la dernière d’une série de conflits qui opposent réformistes et factions conservatrices. 5 Macédoine Conclusion d’un accord de paix Les partis politiques slave et albanophone se mettent d’accord sur un plan de partage du pouvoir concernant les forces de police du pays, ouvrant la voie à la paix : la nouvelle composition ethnique des forces de police devrait refléter de manière plus fidèle la population macédonienne. Cet accord, conclu sous l’égide de Javier Solana, haut représentant de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne (PESC), devait permettre de « conduire le pays à la stabilité et à la prospérité, avec une perspective européenne ». Il prévoit également le déploiement d’experts et d’officiers de police étrangers dans le pays pour renforcer l’action des 3 000 soldats de l’Alliance atlantique, dont le déploiement est envisagé par le projet de plan de paix. L’OTAN désamorce la guerre en Macédoine Après six mois de combats opposant l’armée macédonienne aux Albanais de l’UÇK, les forces de l’OTAN se déploient le 26 août en Macédoine où l’UE et l’Alliance atlantique ont parrainé l’accord politique conclu deux semaines avant par les partis slavo-macédoniens et albanais. C’est un retour en force, mais discret, qu’opère l’OTAN le 26 août en Macédoine, en proie depuis mars à de violents combats entre Macédoniens slaves et albanais. La Macédoine, petit pays balkanique de moins de 2 millions d’habitants, partagé entre une majorité slavophone et une minorité albanophone représentant près de 30 % de la population, avait traversé les événements yougoslaves dans un calme relatif. Une frontière poreuse Cette paix fragile, elle l’avait due en partie à la présence d’un petit contingent américain de l’OTAN, stationné en Macédoine dès le déclenchement des conflits dans l’ex-Yougoslavie, à des fins de prévention. Les législatives de 1998 avaient aussi permis de conjurer la guerre, en associant au gouvernement de Ljubco George 5 ministres du PDA (Parti démocratique albanais, modéré), laissant espérer une prise en compte de leurs revendications. Mais la guerre du Kosovo et l’intervention de l’OTAN, l’année suivante, vont changer la donne : la création, sous la tutelle de l’OTAN, d’un Kosovo indépendant de fait, portait le risque d’encourager le nationalisme albanais en Macédoine même, qui partage une longue frontière avec le Kosovo. Une frontière d’autant plus poreuse qu’elle n’est plus sécurisée, côté macédonien, par les forces de l’OTAN. Ce vide stratégique est mis à profit par une guérilla albanaise qui reprend du service aux confins du Kosovo et du sud de la Serbie, harcelant les forces de Belgrade en vue de « libérer » la région serbe de Precevo, comptant une forte population albanaise. Très vite, les combats s’étendent au nord-ouest de la Macédoine, où l’UÇK (Armée de libération nationale) signe un attentat contre un poste de police de Tearce, à l’ouest de Skopje. Mobilisant ses réservistes, Skopje demande la tenue d’une session d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU et la création d’une zone tampon entre le Kosovo et la Macédoine. L’OTAN réagit d’abord en autorisant le 9 mars le retour de l’armée yougoslave dans un petit périmètre frontalier verrouillant le passage entre le Kosovo et le sud de la Serbie, d’ailleurs bientôt pacifié. Mais en Macédoine, les combats font rage, alimentés par les armes et les combattants venus du Kosovo et par le soutien croissant apporté par la minorité albanaise à l’UÇK. downloadModeText.vue.download 88 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 86 Une « perspective européenne » L’UE tente de négocier les conditions d’un règlement politique le 9 avril, en offrant à Skopje une « perspective européenne », économique notamment, en échange d’un processus de normalisation des relations entre les communautés surveillé par Javier Solana et par l’émissaire européen pour la Macédoine nommé en juin, François Léotard. Les parties n’y sont pas préparées. Le gouvernement de Skopje, comme l’UÇK, en appellent, chacun de leur côté, le 14 juin, à l’OTAN. Mais l’OTAN n’accepte d’intervenir que si les discussions entre les deux parties aboutissent à un cessez-le-feu qu’elle serait chargée de sécuriser. Un pari d’autant plus difficile qu’il n’y a pas de terrain pour un consensus entre le gouvernement, qui refuse tout dialogue avec les « terroristes » de l’UÇK, soupçonnée de vouloir créer une « grande Albanie » ou un « grand Kosovo » et les Albanais du PDP. Un cessez-le-feu est décrété le 5 juillet, mais il est mis à rude épreuve par les attaques de l’UÇK, qui s’empare de Tetovo les 25 et 26 juillet et ne s’en retire qu’après des négociations directes avec l’OTAN. Aux milliers d’albanophones qui s’étaient réfugiés au Kosovo succèdent les milliers de Slaves qui évacuent les régions contrôlées par l’UÇK et manifestent à Skopje, alimentant les rancoeurs contre l’OTAN et exerçant des pressions sur le Premier ministre nationaliste (parti libéral, VMRO-DPMNE). Le 27 juillet pourtant, à Ohrid, les quatre partis slaves et albanais entament les négociations sous l’égide de l’UE et de l’OTAN. Elles aboutiront le 8 août à un accord politique en vue d’une révision constitutionnelle octroyant des droits supplémentaires aux Albanais. L’accord est paraphé le 13 août, ouvrant la voie à l’intervention de l’OTAN. Confiée à 3 500 soldats, britanniques pour moitié, et aussi français, allemands, espagnols, la mission d’un mois se fixe un objectif limité, qui consiste moins à rétablir la paix qu’à restaurer la confiance ; cette mission vise au désarmement volontaire de l’UÇK, dont l’arsenal (quelque 3 000 armes) serait d’ailleurs largement sous-évalué selon Skopje. Déployés à partir du 26 août, les soldats de l’OTAN se voient donner le feu vert pour poursuivre cette « collecte » par le Parlement, qui vote le 6 septembre la réforme constitutionnelle. La question du prolongement de ce mandat est ouverte avec d’autant plus d’acuité depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis, qui ont aiguisé la méfiance internationale envers des organisations comme l’UÇK, soupçonnée de financer son combat à l’aide de réseaux mafieux spécialisés dans la traite des femmes. L’OTAN ou l’UE pourraient se montrer utiles pour maintenir la paix dans un pays dont les élections prévues en janvier 2002 devraient être marquées par cette guerre désamorcée de justesse. GARI ULUBEYAN LES CONDITIONS DE LA PAIX EN MACÉDOINE Paraphé le 13 août, le plan de paix sous l’égide des Occidentaux était conditionné à la révision de la Constitution que le Parlement a finalement entérinée par 91 voix sur 112. L’albanais sera la langue officielle dans les zones comptant 20 % au moins d’Albanais, et sera en usage au Parlement ; le nombre des policiers albanais passera de 3 % actuellement à 23 % en 2003, les Albanais pouvant valider la nomination des chefs de poste de police dans leur régions. Leurs élus pourront utiliser des mécanismes pour s’opposer à des textes législatifs jugés contraires aux intérêts de la minorité albanaise. L’université albanaise de Tetovo, actuellement « parallèle » et sans valeur universitaire, sera partiellement financée par l’État. Enfin, outre le désarmement de l’UÇK, une amnistie pourrait être offerte aux rebelles ne relevant pas du TPI. 6 Irlande du Nord L’IRA d’accord pour désarmer La Commission internationale pour le désarmement en Irlande du Nord, présidée par le général canadien en retraite John de Chastelain, annonce que l’Armée républicaine irlandaise (IRA) a proposé une méthode satisfaisante pour mettre les armes « hors d’usage », ce qui équivaut à un désarmement. La nature de ladite méthode n’est pas précisée. Cette annonce intervient le jour de la date butoir fixée par Londres et Dublin pour obtenir une réponse au plan proposé le 3 par le Premier ministre britannique Tony Blair et par son homologue irlandais Bertie Ahern pour sauver le processus de paix et l’exécutif biconfessionnel semi-autonome de l’Irlande du Nord. Le gouvernement britannique s’engage notamment à poursuivre le retrait de ses soldats et à ouvrir aux catholiques downloadModeText.vue.download 89 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 87 le corps de police de la Royal Ulster Constabulary (RUC), aujourd’hui composé à plus de 90 % par des éléments protestants. Depuis sa création en 1997, la Commission de désarmement a oeuvré pour que l’IRA et les principaux groupes paramilitaires démantèlent leur arsenal. Les accords de 1998 fixaient à mai 2000 la date limite pour le désarmement total de l’IRA et pour les deux milices protestantes, l’Association de défense de l’Ulster (UDA) et la Force des volontaires d’Ulster (UVF). 7 Biologie Le Pr Antinori prêt pour le clonage d’embryons humains Le gynécologue italien Severino Antinori annonce devant l’Académie nationale des sciences américaine, réunie à Washington, qu’il a recruté 200 couples volontaires de plusieurs pays pour participer à un programme de reproduction grâce au clonage d’embryons. Surnommé le « docteur Folamour » de la reproduction, le professeur Antinori est devenu célèbre pour avoir permis à une femme de soixante-deux ans d’avoir un enfant. Selon le professeur, ce programme, qui commencera d’ici à novembre, est destiné à lutter contre la stérilité masculine. Mais cette annonce est loin de faire l’unanimité parmi les scientifiques. Ainsi, le Conseil de l’ordre rappelle qu’« il a plusieurs fois référé qu’il respectait le protocole du Conseil européen interdisant la création d’un individu identique à un autre », estimant que Severino Antinori privilégie « le folklore à la science ». Répondant à ses détracteurs, ce dernier affirme que « l’enfant ressemblera à sa famille, il aura l’ADN de son père mais aussi une identité à lui, son caractère. Il ne sera pas une photocopie... Je ne ferais pas des enfants photocopies des parents mais des enfants parfaits ». Le professeur explique que sa technique, qui a déjà été testée sur des chèvres, « est le reclonage et non le clonage » : « Les ovules des chèvres sont injectés dans le noyau de la cellule, on l’injecte dans un autre ovule. Cette opération est ensuite répétée avec un troisième ovule. C’est pour cela que ce n’est pas du clonage mais du reclonage. » Zimbabwe Arrestation de fermiers blancs Vingt et un fermiers blancs, parmi lesquels figure un Britannique, sont arrêtés pour « violence publique » à la suite d’affrontements avec des occupants de l’exploitation de l’un d’entre eux près de Chinhoyi, dans le nord du pays. Ils sont accusés d’avoir attaqué des Noirs « sans terre » qui occupaient une exploitation. Le Zimbabwe compte aujourd’hui quelque 5 000 fermiers blancs, qui occupent 70 % des bonnes terres, et un million de fermiers noirs répartis sur le reste du domaine agricole, qui comprend des terres beaucoup moins riches. Le 21, la Haute Cour de justice du Zimbabwe ordonne la remise en liberté, à des conditions draconiennes (cautions élevées, confiscation des passeports), des vingt et un fermiers blancs. Depuis un an, le président Robert Mugabe a lancé un plan de réforme agraire « accélérée » destiné à saisir, sans compensations, la quasi-totalité des fermes du pays appartenant à des Blancs et à les redistribuer à des Zimbabwéens noirs. Cette politique a engendré un climat de violence et plongé le pays dans une crise économique sans précédent. 8 Médecine Un médicament retiré par Bayer Une étude ayant démontré sa dangerosité pour la santé des patients, le médicament anticholestérol, commercialisé sous le nom de Baycol et produit par le groupe chimique et pharmaceutique allemand Bayer, est retiré du marché. Ce retrait comporte des « conséquences économiques graves », coûtant 46 milliards de francs (7 milliards d’euros) de capitalisation boursière en 24 heures, ce qui correspond à 21,6 % de baisse du titre du groupe. Sur le second trimestre 2001, le bénéfice opérationnel du groupe Bayer a reculé de 44,8 % par rapport à 2000. Par ailleurs, le groupe a décidé de fermer 15 sites de production et de supprimer 800 emplois. Toutefois, ces suppressions d’emplois n’interviennent pas à la suite du retrait du Baycol, mais dans le cadre d’un programme d’économies visant à augmenter la rentabilité du groupe. Le pharmacien Bayer dans la tourmente Le 8 août, le géant allemand de l’industrie pharmaceutique Bayer annonce le retrait des marchés américain et européen d’un médicament anticholestérol incriminé dans la mort de 52 personnes dans le monde. La downloadModeText.vue.download 90 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 88 psychose gagne du terrain et les plaintes se multiplient. Dans un secteur pharmaceutique déjà en crise en raison de la controverse sur les médicaments génériques, Bayer réagit un mois après en changeant de président et en scindant le groupe en deux entités distinctes, la pharmacie et la chimie. Depuis le 8 août, Bayer, le géant allemand de l’industrie pharmaceutique, doit plus que jamais éprouver la nostalgie de cette époque lointaine où la découverte de l’aspirine lui décernait ses titres de gloire. Cinquante-deux décès Faisant planer les plus grandes incertitudes quant à son avenir, le retrait des marchés américain et européen d’un médicament très répandu contre le cholestérol lui donne des maux de tête et suscite une crise profonde, en comparaison de laquelle les querelles de chapelles scientifiques sur les risques éventuels d’une aspirine universellement appréciée paraissent bien anecdotiques. À l’origine de cette crise, les révélations selon lesquelles la prise de cérivastatine, principe actif des médicaments anticholestérol Lipobay et Baycol (Staltor et Cholstat en France) produits pas les laboratoires de Bayer, aurait causé le décès de 52 personnes, essentiellement aux États-Unis, et entraîné des complications musculaires graves chez des centaines d’autres. L’association avec le gemfibrozil aurait été tout particulièrement responsable de ces décès, dus à la rhabdomyolose, une destruction rare des cellules musculaires pouvant entraîner la mort, expliquera d’abord Bayer, qui attendra jusqu’au 23 août pour retirer aussi son anticholestérol du marché japonais, où la possibilité d’association avec l’autre molécule n’existait pas, et tirer un trait sur son médicament vedette. Entretemps, les plaintes se multiplient de la part de patients qui, s’estimant victimes de troubles de santé liés à la prise du médicament incriminé, se retournent contre la firme allemande, entretenant une psychose dans le public concerné, qui redoute d’en avoir à subir les effets secondaires à plus ou moins long terme. Jugeant ces plaintes sans fondement, Bayer y répondra avec maladresse, se retranchant derrière le succès d’un médicament qui a fait ses preuves auprès de 6 millions de consommateurs et dont les éventuels risques, d’ailleurs inhérents, dira le communiqué de presse, à tous les médicaments, n’auraient pas été décelés au stade de l’étude clinique. Psychose Affirmant qu’« aucune relation de cause à effet » entre la prise de ses médicaments et les décès signalés « n’est, à ce jour, formellement établie », le groupe allemand rejettera en partie la responsabilité sur les autorités sanitaires ad hoc et le corps médical, qui n’auraient pas suivi ses mises en garde concernant les risques parfois mortels de la prise simultanée de cérivastatine et du gemfibrozil, un autre médicament réducteur du cholestérol, mais aussi sur la santé fragile des patients soignés avec cette famille de médicaments, « souvent âgés et souffrant d’autres comaladies graves, cardio-vasculaires par exemple, qui peuvent être à l’origine d’un nombre élevé de décès ». Ces ratés dans la gestion, tardive et mal ciblée de la crise comme, en amont, dans la communication sur les effets secondaires de son anticholestérol ont terni considérablement l’image du groupe, auquel l’arrêt brutal de la commercialisation de son médicament causera des dommages financiers sans précédent. Car Lipobay/ Baycol figurait au nombre de ces médicaments à succès, appelés « blockbuster » dans le jargon pharmaceutique, qui assurent au fabricant une grande part de son chiffre d’affaires et de son bénéfice et tractent les autres produits sortis de ses laboratoires. Le retrait des marchés du médicament-vedette induit ainsi un manque à gagner évalué à environ un milliard d’euros en termes de chiffre d’affaires (31 % du CA total et 750 millions en termes de résultat d’exploitation). Bayer tablait sur des ventes de 3 milliards d’euros par an d’ici deux ans, soit un cinquième de son CA, qui devrait donc être révisé à la baisse, quand bien même l’activité pharmaceutique du conglomérat allemand conserve encore un fort pouvoir d’attraction, grâce aux traitements cardio-vasculaires, antibiotiques et autres médicaments sans ordonnance. Assez pour intéresser d’autres géants de la pharmacie, mais pas assez toutefois pour amortir les effets de la tempête médiatique et boursière, qui pourrait inciter Bayer à se délester de son activité pharmaceutique au profit de son secteur chimique, comme le laisse présager la réorganisation annoncée cinq semaines après le début de l’affaire de l’anticholestérol. Le 13 septembre, le conseil d’administration de Bayer remplaçait Manfred downloadModeText.vue.download 91 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 89 Schneider, président du groupe depuis 1992, par Werner Wenning, actuel directeur financier, à la grande satisfaction des milieux boursiers. Il sera chargé d’opérer un changement de stratégie en réorganisant Bayer en deux entités juridiquement distinctes, l’une pour la pharmacie, l’autre pour la chimie. Ce pôle chimique devait être renforcé par le rachat, fin septembre, à son concurrent franco-allemand Aventis, de sa filiale Cropscience, ce qui ferait alors de Bayer le numéro un mondial de l’agrochimie, avec un CA combiné de 7 milliards d’euros. Malgré les démentis du groupe, cette polarisation passe pour le prélude à une cession des activités santé du groupe allemand, pourtant rétif à toute association et encore moins vente de ses activités pharmaceutiques, qui attisent les convoitises (Roche, Novartis, GlaxoSmithKline, BMS, ou Aventis) dans un secteur déjà engagé sur la voie de fusions visant à créer des grands groupes spécialisés dans la chimie ou dans la pharmacie. GEORGE CHEVRON UN SECTEUR PHARMACEUTIQUE EN VOIE DE RÉORGANISATION La crise qui a secoué Bayer rappelle à ses concurrents la nécessite de soigner sa communication et de redoubler de vigilance dans les études cliniques dites « de phase 4 » sur les effets secondaires, lorsque le médicament est déjà en vente, aussi coûteuses soient-elles. Elle montre aussi les limites de ces médicamentsvedettes, sur lesquels les groupes ont voulu appuyer leur stratégie, comme l’apprend aussi à ses dépens Pfizer, au coeur d’une polémique pour son célèbre Viagra, suspecté d’avoir causé la mort de 600 personnes, ou GlaxoSmithKline, dont l’antidépresseur Praxil aurait créé une dépendance sur 35 personnes. Cette suspicion frappant les laboratoires affecte toute une industrie accusée de ne penser qu’au profit, notamment par les pays pauvres, qui n’ont pas accès, faute de moyens, à ses médicaments pourtant essentiels pour traiter le sida. 9 Israël Attentat meurtrier à Jérusalem Quinze personnes périssent dans l’explosion, à l’heure du déjeuner, d’une pizzeria située dans une rue commerçante du centre de Jérusalem, quatre-vingt huit sont blessées. La police établit que l’explosion est due à l’action-suicide commise par un kamikaze, Ashraf al-Saïd, âgé de vingt-trois ans, sympathisant du mouvement islamique du Hamas. C’est le plus grave attentat perpétré dans la capitale depuis le début de l’Intifada. Le Djihad islamique revendique cet acte, conduit « en représailles aux actions menées quotidiennement par Israël contre notre peuple ». Le 21, une voiture explose sans faire de victimes près du siège de la police israélienne. L’explosion a été revendiquée par le Front de l’Armée populaire-Bataillons du retour, un groupe proche du Fatah. États-Unis Compromis sur les cellules souches Le président George W. Bush approuve le financement par des fonds fédéraux de la recherche sur les cellules souches déjà existantes, mais il s’oppose à toute recherche entraînant d’autres destructions d’embryons humains. Les cellules souches sont des cellules indifférenciées capables de se reproduire quasi indéfiniment et de donner naissance à la plupart des cellules de l’organisme. Elles sont porteuses d’espoirs pour traiter la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou les conséquences d’un infarctus. Ce compromis relance le débat entre, d’une part, les scientifiques qui croient au potentiel thérapeutique des cellules souches et les conservateurs et, d’autre part, les « ProLife » qui s’opposent à toute recherche sur l’embryon humain. En France, le projet de loi du gouvernement pour la réforme des lois sur la bioéthique autorise la recherche sur des embryons congelés surnuméraires mais ne se prononce pas sur le clonage thérapeutique. La Grande-Bretagne, elle, autorise le clonage à des fins thérapeutiques et l’utilisation d’embryons humains pour la recherche. 12 Athlétisme Fin des championnats du monde d’Edmonton Les championnats du monde d’athlétisme à Edmonton (Canada) s’achèvent notamment sur la finale downloadModeText.vue.download 92 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 90 du 1 500 mètres, gagnée par le Marocain Hicham El Guerrouj, dont c’est le troisième titre sur la distance, et la médaille de bronze remportée par le Français Driss Maazouzi. Après le relais 4 × 100 m, qui a également obtenu le bronze, c’est la deuxième médaille française dans cette compétition. Le palmarès final distingue les États-Unis (dont 9 médailles d’or) et la Russie (6 médailles d’or), qui totalisent 19 médailles chacun. C’est la première fois depuis dix ans qu’une équipe obtient autant de récompenses que les Américains. 13 Macédoine Signature de l’accord de paix Malgré la recrudescence des combats, les dirigeants politiques macédoniens et albanophones signent un accord de paix destiné à mettre un terme à six mois de conflit et à ouvrir la voie au déploiement de 3 500 soldats de l’OTAN chargés de superviser le désarmement des rebelles albanophones. Ce déploiement, baptisé « Moisson essentielle », sera placé sous la direction des Britanniques. Il devrait durer un mois et impliquer des contingents américain, français, allemand, italien, espagnol, grec, néerlandais, turc, hongrois et tchèque. Le plan de paix prévoit le renforcement du poids des albanophones dans la police, au Parlement et dans l’éducation. Le 22, l’opération « Moisson essentielle » est officiellement lancée. La première collecte d’armes des insurgés albanophones est effectuée le 27. Mais cette tâche est endeuillée par la mort d’un soldat britannique de l’OTAN, tué quelques heures avant le début de l’opération par la chute d’un bloc de béton lancé par des jeunes gens dans la capitale macédonienne. 14 Irlande du Nord Volte-face de l’IRA L’Armée républicaine irlandaise (IRA) renonce à son engagement de désarmer ses troupes dans le cadre du processus de paix en Irlande du Nord. L’organisation clandestine catholique irlandaise indique que les récentes exigences britanniques et protestantes sont « totalement inacceptables ». Elle reproche au gouvernement britannique d’avoir suspendu pour 24 heures les pouvoirs de l’exécutif nord-irlandais – l’assemblée et le gouvernement semi-autonomes de la région –, compte tenu du blocage du Parti unioniste d’Ulster (UUP, principal parti protestant), qui refuse de désigner un nouveau Premier ministre du gouvernement semi-autonome biconfessionnel, poste laissé vacant depuis la démission de David Trimble le 1er juillet dernier. La suspension temporaire décidée par Londres avait pour but d’éviter la dissolution de l’Assemblée nord-irlandaise et de repousser la date butoir de désignation du Premier ministre au 24 septembre, donnant ainsi un répit de six semaines au processus de paix. 16 Colombie Offensive contre les FARC L’armée colombienne lance une grande offensive contre la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Dans le sud-est et le sud-ouest du pays, quelque 6 000 soldats colombiens, épaulés par l’aviation et les hélicoptères de combat pourchassent 2 000 guérilleros du FARC. Les opérations militaires menées sur quatre fronts différents entre l’armée et la guérilla font des dizaines de morts, principalement dans les rangs des rebelles. 17 France Assassinat de François Santoni en Corse Le militant nationaliste corse François Santoni, ancien leader de la Cuncolta Naziunalista et du FLNC, est abattu en pleine nuit dans le village de Monacia-D’Aullène, en Corse-du-Sud, alors qu’il quittait la fête de mariage d’un de ses proches. L’identité et le nombre des meurtriers sont inconnus. Cet assassinat survient un an après celui de l’ancien compagnon de lutte de F. Santoni, Jean-Michel Rossi, avec lequel il avait écrit Pour solde de tout compte en 2000, livre qui dénonçait l’alliance de certains nationalistes avec le grand banditisme. Figure historique du nationalisme corse, François Santoni avait échappé à une tentative d’assassinat en 1995, au cours de laquelle son garde du corps avait trouvé la mort. Depuis il avait pris ses distances avec les actions violentes, notamment après son arrestation, en décembre 1996, pour l’affaire du racket et du plasticage du golf de Sperone, downloadModeText.vue.download 93 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 91 qui lui avait valu vingt-trois mois de détention préventive jusqu’en novembre 1998. Le spectre de la violence continue à hanter la Corse Le 17 août, le nationaliste corse François Santoni est assassiné près de Bonifacio, un an après Jean-Michel Rossi, avec lequel il avait contribué à la création de l’organisation Armata Corsa, opposée au processus de Matignon qui avait été approuvé par les élus corses en juillet 2000. Moins d’une semaine plus tard, deux autres proches de ce mouvement sont assassinés. Faisant redouter une vendetta, ce regain de violence dans l’île invite le projet corse au premier plan de la rentrée politique. Un an après la signature des accords de Matignon, la violence semblait avoir déserté l’île. Ce « malaise corse », que le processus de Matignon était censé régler, est certes encore perceptible, et se mesure à l’aune de ces attentats, plasti- quages et colis piégés, en recrudescence depuis mars, qui ne font pas de victimes mais continuent à alimenter l’inquiétude en Corse. Un processus « un peu en panne » Les colis piégés envoyés en juillet à deux avocats, dont le leader nationaliste Jean-Guy Talamoni, l’un des négociateurs des accords de Matignon, seront désignés par l’ensemble des nationalistes comme une simple « manipulation » visant à raviver les querelles internes ; quant au FLNC, il revendique le 1er août une série d’attentats mineurs commis dans les mois précédents, une manière de rappeler que la trêve observée depuis décembre 1999 peut être rompue si le processus tendait à s’enliser. Mais, d’une manière générale, la stratégie de dialogue mise en place par le gouvernement, qui avait accepté de ne pas poser comme un préalable l’abandon de la violence dans une île encore traumatisée par l’assassinat du préfet Erignac, en février 1998, semble porter ses fruits, laissant espérer que les germes de la violence ont été extirpés des moeurs insulaires. Signe de cette décrispation, certains acteurs politiques à Paris, en écho aux revendications des milieux nationalistes corses, commencent à soulever l’éventualité d’une amnistie pour les prisonniers politiques, y compris les auteurs de crimes de sang, comme le tueur présumé du préfet Erignac, Yvan Colonna, toujours en cavale. Ce débat, qui agite et divise les Verts, dont l’un des responsables, le futur candidat présidentiel Alain Lipietz, se prononce en faveur d’une amnistie inscrite au terme du processus de paix, suscitant un rappel à l’ordre de Dominique Voynet et, au-delà, du gouvernement qui ne veut pas en entendre parler, donne la mesure de cette confiance nouvelle. Attendus au tournant des rencontres de Corte, qui s’ouvrent le 3 août pour dresser un état des lieux du processus de Matignon, les nationalistes corses ne devaient pas démentir ce calme apparent. Mais alors que les représentants des mouvements nationalistes réunis à Corte, aux côtés de ceux d’autres organisations régionalistes, autonomistes ou indépendantistes, mettent en cause l’indifférence des pouvoirs publics face au processus de Matignon, « un peu en panne », et appellent à un règlement de la question des « prisonniers politiques », la Corse se rappellera brutalement au gouvernement, montrant qu’elle n’a pas rompu avec la tradition des règlements de comptes et assassinats. « Pour solde de tout compte » Le 17 août, alors qu’il quittait une noce dans le petit village de Monacia-D’Aullène, près de Boni- facio, en Corse-du-Sud, le nationaliste François Santoni est abattu par des meurtriers non identifiés. Militant de la première heure de la cause indépendantiste corse, François Santoni était un nationaliste plutôt atypique, en rupture de ban d’A Cuncolta, depuis qu’en juin 1999 il avait créé son propre mouvement, Armata Corsa, avec Jean-Michel Rossi... assassiné un an avant, le 7 août 2000. Ce long compagnonnage dans la nébuleuse nationaliste l’avait mené dans les eaux troubles des milieux mafieux et du grand banditisme, ce dont il n’a d’ailleurs pas fait mystère, en signant, avec Jean-Michel Rossi, un livre au vitriol (Pour solde de tout compte : les nationalistes corses parlent, été 2000) dans lequel il cherchait à démontrer les ramifications mafieuses du mouvement nationaliste. Trois mois avant d’être tué, il persistait et signait, seul cette fois, un autre livre – Contre-enquête sur trois assassinats – censé dévoiler les complicités occultes ayant coûté la vie à son ami. Autant dire qu’il s’était fait des inimitiés tant dans les milieux nationalistes, downloadModeText.vue.download 94 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 92 auxquels il reprochait de s’être associés au processus de Matignon, que dans les milieux de la criminalité, vers lesquels s’orienteront les enquêteurs quand, le 21 août, deux autres membres ou proches d’Armata Corsa mais aussi du milieu, Dominique Marcelli et son cousin Jean-Christophe Marcelli, sont assassinés à Moriani-Plage. Fermement condamnés, y compris par leurs adversaires nationalistes, ces assassinats ramènent la question corse au-devant de l’actualité. De Chevènement au RPR, on veut voir dans ce regain de violence un désaveu du processus de Matignon, mais Lionel Jospin monte au créneau le 23 août pour déclarer que la « démarche proposée par le gouvernement doit se poursuivre ». Le processus est donc censé suivre son cours, un cours perturbé deux jours après par l’assassinat à Bastia de Nicolas Montigny, un autre proche de Santoni et militant d’Armata Corsa, dont les rangs sont de plus en plus clairsemés, faisant redouter l’engrenage des règlements de comptes. Mais la lutte déclarée contre le terrorisme depuis le 11 septembre au niveau mondial pourrait bien réfréner les partisans de la terreur. GEORGES ULRICH LE PROCESSUS DE MATIGNON SUIT SON COURS Bouclé le 19 juillet 2000, le projet de statut pour la Corse est approuvé dix jours après par l’Assemblée de Corse. Toutefois, l’avis sévère rendu le 8 février 2001 par le Conseil d’État contraindra à s’éloigner du texte initial, notamment pour ce qui concerne l’enseignement de la langue corse, le volet fiscal et la dévolution des pouvoirs réglementaires, enjeux majeurs pour les nationalistes. Les députés adoptent le 16 mai un texte légèrement remanié, mais la dévolution des pouvoirs législatifs et réglementaires à l’Assemblée Corse est soumise au Parlement, une « reculade du gouvernement » selon M. Talamoni. L’adaptation de la loi de 1986 sur la protection du littoral est dénoncée par la droite comme par une partie des nationalistes. Adopté le 22 mai, le projet de loi devait être examine par le Sénat en novembre. 18 Liban Arrestation de journalistes Deux journalistes, Habib Younès et Antoine Bassil, sont arrêtés par les services de sécurité libanais dans la foulée d’une rafle d’environ 200 opposants qui a débuté il y a deux semaines. Ils sont accusés d’avoir servi d’intermédiaires entre Israël et les responsables de la plus puissante milice chrétienne du Liban, les Forces libanaises. Des dizaines de militants chrétiens antisyriens, accusés de crimes passibles de peines de trois à quinze ans de prison, sont déférés devant le tribunal militaire de Beyrouth pour cause « d’actions, d’écrits et de plans passibles de brouiller les relations avec un État frère (la Syrie) et d’affaiblir le sentiment national, ainsi que d’atteinte à la réputation des armées libanaise et syrienne. » L’opposition libanaise, toutes communautés confondues, considère que ces arrestations s’emploient à étouffer la liberté de parole, notamment à l’égard de la présence syrienne au Liban, et traduit une militarisation du régime. Le 20, la majorité des opposants interpellés ont été remis en liberté sous caution. 21 États-Unis Nouvelle baisse des taux de la Fed Pour la septième fois cette année, la Réserve fédérale américaine (Fed) baisse ses taux d’intérêt d’un quart de point, à 3,50 %, ramenant ainsi son loyer de l’argent au niveau du printemps 1994. Jamais, dans son histoire, elle n’a pratiqué une telle baisse sur une aussi courte période et, les risques d’un affaiblisse- ment des conditions économiques persistant, elle n’exclut pas de procéder à de nouvelles réductions de son taux directeur. La banque centrale espère ainsi enrayer une éventuelle récession et relancer l’économie américaine, qui marque le pas depuis un an. Finances Le FMI au secours de l’Argentine Le Fonds monétaire international (FMI) se prépare à accorder à l’Argentine une enveloppe de huit milliards de dollars (8,73 milliards d’euros), dont cinq milliards sont immédiatement disponibles, afin de contenir la récession économique qui frappe le pays. Cette récession ébranle les places financières des pays voisins, notamment le Brésil, et fait craindre sur downloadModeText.vue.download 95 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 93 le continent une crise économique semblable à celle qui a touché l’Asie en 1997-1998. Le soutien financier du FMI porte à 22 milliards de dollars (24 milliards d’euros) la ligne de crédit de l’Argentine. Ce soutien reste toutefois soumis à deux conditions : l’Argentine doit, d’une part, restructurer sa dette publique qui se monte à plus de 130 milliards de dollars (141,8 milliards d’euros), et, d’autre part, mettre en place un véritable programme de rigueur, voté le mois dernier par le gouvernement mais désapprouvé par les Argentins. 22 France Opération anti-OGM dans le Gard Répondant à l’appel de la Confédération paysanne, une centaine de militants anti-OGM (organismes génétiquement modifiés), parmi lesquels des membres d’Attac détruisent un champ de plants de maïs transgénique à Beaucaire, près de Nîmes. La centrale syndicale met à exécution sa menace d’entreprendre des actions commando si le gouvernement ne lève pas l’autorisation de cultiver de telles semences, le seuil acceptable des OGM dans les semences conventionnelles étant, selon elle, « celui de 0 % ». 25 Fidji Élections démocratiques Les électeurs fidjiens sont appelés à choisir un nou- veau gouvernement capable de ramener l’archipel sur la voie de la démocratie quinze mois après le putsch nationaliste du 19 mai 2000, qui avait renversé le Premier ministre indien Mahendra Chaudhry victorieux du précédent scrutin le 19 mai 1999 ; 351 candidats, issus de 18 partis politiques différents, sont en lice pour ces législatives, qui se tiennent pendant une semaine sur les quelque 330 îles de l’archipel fidjien. Les élus se partageront les 71 sièges du Parlement, 23 sont dévolus à des Fidjiens de souche, 19 à des Indo-Fidjiens, 3 aux autres groupes ethniques et un à un élu originaire de l’île de Rotuma. Les 25 sièges restants sont attribués sans tenir compte de telles restrictions ethniques ou géographiques. De souche mélanésienne, le Premier ministre Laisena Qaras, mis en place par l’armée après le coup d’état, qualifie ce scrutin « de la plus haute importance pour le pays depuis l’indépendance », en 1970 ; 32 sièges sont remportés par des candidats du parti du Travail (FLP) de l’ancien Premier ministre Chaudhry, 27 par le parti du Premier ministre Qarase, 6 par l’Alliance conservatrice de George Speight, l’auteur du coup d’État contre Mahendra Chaudhry. George Speight, qui s’était emparé du Parlement et doit être jugé pour trahison avec neuf de ses complices, a également été élu, mais il a fêté son succès en prison. 27 Proche-Orient Mort d’un chef palestinien Mustafa Zibri, connu sous le nom d’Abou Ali Mustafa, chef d’une faction de l’OLP en Cisjordanie, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), est tué dans son bureau lors d’un bombardement de l’armée israélienne à Ramallah. Selon Tsahal, le siège du FPLP a été bombardé dans le cadre d’une « action préparée », soulignant que le FPLP avait commis des dizaines d’attaques visant des Israéliens. Le Hamas et le Jihad islamique, deux mouvements islamistes, appellent à venger la mort de ce dirigeant, le plus haut responsable palestinien à succomber dans une attaque israélienne ciblée. Une cinquantaine de Palestiniens, soupçonnés d’avoir été impliqués dans des attentats anti-israéliens, ont été tués lors d’attaques ciblées au cours des onze derniers mois. 29 Australie L’Australie contre le débarquement de réfugiés afghans Un commando d’élite australien investit en pleine mer un cargo norvégien, le Tampa, qui avait recueilli 438 réfugiés afghans en perdition sur un ferry indonésien qui les transportait illégalement, après que le capitaine eut pénétré dans les eaux territoriales australiennes. Il a pour mission d’empêcher le cargo d’accoster en Australie. Le Premier ministre australien John Howard justifie cette intervention musclée par le fait que le bateau avait pénétré dans les eaux territoriales australiennes en s’approchant de l’île de Christmas, au mépris des avertissements adressés au capitaine et au ministre norvégien des Affaires étrangères. Le capitaine a effectué cette manoeuvre parce que des réfugiés menaçaient de sauter pardessus bord. Alertée sur cette affaire, la présidente de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et downloadModeText.vue.download 96 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 94 du Croissant-Rouge, Astrid Heiberg, rappelle depuis Genève que « les États ont un devoir de protection de ces personnes et il est impératif qu’une solution soit trouvée qui mette fin à leurs souffrances et leur permette d’entamer un processus de demande d’asile ». Par ailleurs, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) appelle au dialogue les trois États (Norvège, Indonésie. Australie) concernés par le sort des 438 clandestins du Tampa. Il demande à l’Australie de laisser les clandestins accoster sur la petite île de Christmas (à 1 500 km des côtes australiennes) après avoir décliné l’offre d’accueil émise par le Timor-Oriental. Mais Canberra persiste dans son refus, suggérant que le Tampa reparte avec sa cargaison humaine à destination de l’Indonésie voisine. 30 Timor-Oriental Élections au Timor-Oriental Deux ans après un référendum sur la séparation avec l’Indonésie qui, à l’issue d’une sanglante campagne, avait vu une immense majorité d’électeurs voter pour se libérer de vingt-quatre ans de tutelle indonésienne, les Est-Timorais participent aux premières élections libres organisées dans le territoire. C’est un premier pas vers l’indépendance prévue pour l’an prochain par le programme onusien. Il s’agit cette fois d’élire les 88 membres de l’Assemblée qui devront rédiger la Constitution du territoire. 425 000 électeurs, sur une population comptant 738 000 personnes, sont appelés à voter dans 248 bureaux. La participation est de 91,3 %. Le Fretilin, parti historique de la résistance est-timoraise contre l’Indonésie, obtient une large victoire, remportant 55 des 88 sièges de l’Assemblée constituante. Le Fretilin n’atteint pas à lui seul la majorité qualifiée de 60 sièges nécessaires pour l’approbation d’une future Constitution. Le nouveau Parti démocratique (PD), fondé par des leaders du mouvement étudiant, obtient 7 sièges. L’année prochaine, un nouveau président sera élu, lorsque prendra fin l’administration de l’île par les Nations unies. 31 Afrique du Sud Conférence sur le racisme Durban, la troisième ville d’Afrique du Sud du point de vue de la population, accueille durant huit jours la Conférence mondiale contre la discrimination raciale, la xénophobie. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies Kofi Annan l’inaugure en lançant un appel aux délégués des 166 pays représentés et de centaines d’organisations des droits de l’homme pour qu’ils dépassent leurs divergences. C’est en effet peu de dire que la conférence a suscité des polémiques, notamment sur la question du dédommagement des pays africains pour l’esclavage et l’assimilation du sionisme au racisme sur fond d’exacerbation de la crise au Proche-Orient. Après avoir annoncé son boycott, Israël décide finalement d’envoyer une mission réduite afin de répondre aux accusations dont l’État hébreu fait l’objet. Durban : des dérives du discours à l’absence de dialogue Discussion confine sur le conflit au ProcheOrient, demandes africaines de « réparations » consécutives à l’esclavage et au colonialisme... Pour l’essentiel, la conférence des Nations unies contre le racisme s’est résumée à un dialogue de sourds entre le Nord et le Sud. Depuis un an ou deux, Durban, port de l’océan Indien, qui est aussi la troisième ville d’Afrique du Sud, est un peu devenue la capitale du dialogue Nord-Sud. En 2000, elle avait successivement accueilli le IIIe Festival international des écrivains et la XIIIe Conférence internationale sur le sida, deux manifestations qui avaient pris un tour nettement politique. Les pays du Sud, et notamment africains, y avaient vu une occasion d’exprimer la souffrance de leurs populations lors de conflits civils, ou d’épidémies, dans lesquels la responsabilité des États occidentaux était à leur sens lourdement en jeu. La conférence des Nations unies « contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui leur est associée », qui s’est tenue dans la cité sud-africaine du 30 août au 7 septembre, a débuté sur des revendications similaires. Certes, il y fut question des discriminations raciales dans les pays multiethniques (Brésil, États-Unis...), ou encore de l’oppression subie par les peuples kurde et tibétain... Mais ce sont deux autres sujets qui ont occupé l’essentiel de l’ordre du jour. downloadModeText.vue.download 97 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 95 Le Proche-Orient au centre des débats Dès les réunions préparatoires au printemps, des représentants africains avaient demandé que les pays riches versent des « réparations » aux pays pauvres, au titre des dommages subis à l’époque de l’esclavage et du colonialisme. « On ne peut pas séparer le problème du racisme et celui de la discrimination entre riches et pauvres », affirmait ainsi Mark Weinberg, porte-parole de la coordination nationale des ONG sud-africaines. Quant au président sud-africain Thabo Mbeki, il entendait faire de la conférence un combat contre « les conséquences de l’esclavage et du colonialisme, qui continuent de définir la vie de milliards de personnes noires ou métisses comme des vies sans espoir ». Surtout, le conflit du Proche-Orient a été au centre des débats. Les pays arabes ont insisté pour que le sionisme soit reconnu comme une forme de racisme, ainsi que le formulait une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies datant de 1975. Mais la résolution, qui avait servi de justification à l’absence des États-Unis aux deux premières conférences onusiennes contre le racisme en 1978 et en 1983, avait été abrogée en 1991, comme préalable à la signature des accords de Madrid entre Israël et une délégation jordano-palestinienne. À Durban, on a en fait assisté à un stupéfiant affaiblissement du discours politique. Par leurs revendications, les pays arabes ont réduit un conflit politique entre deux peuples qui se disputent un territoire à une simple accusation mutuelle de racisme antiarabe ou antisémite. Les deux problèmes ont parfois fusionné dans un discours ambigu. « En tant que Noirs, a déclaré le ministre zimbabwéen de la Justice, nous méritons, au même titre que les Juifs, des excuses pour les violations des droits de l’homme commises à notre encontre en tant que race. » Dans cet argumentaire où les peuples ne se définissent plus comme des associations politiques mais comme des communautés de confession ou de sang forcément antagonistes, l’exigence a priori légitime de la réparation d’une souffrance était-elle recevable ? Les États-Unis ont répondu par la négative. Le secrétaire d’État (ministre des Affaires étrangères) Colin Powell, pourtant le premier Noir américain à occuper une fonction de ce rang, a d’abord fait savoir qu’il ne se rendrait pas à Durban. Puis il a missionné une délégation mineure, composée de deux diplomates en poste en Afrique du Sud, à qui il a donné consigne de rester muets. Au terme de trois jours de débats houleux, c’est finalement la déclaration du forum des ONG organisé, parallèlement à la conférence, qui provoque la rupture. Israël y est qualifié d’État « raciste », coupable de « génocide » envers les Palestiniens. Les organisations les plus crédibles, comme Amnesty International ou Human Rights Watch, se désolidarisent de ce texte adopté à la hâte. Mais, malgré l’insistance de Kofi Annan et de Mary Robinson, respectivement secrétaire général et haut représentant pour les droits de l’homme de l’ONU, la délégation américaine quitte aussitôt la conférence ; Colin Powell invoque des déclarations « haineuses » envers Israël. La délégation israélienne, prévenue à l’avance, suit immédiatement. Un accord à l’arraché Les représentants des pays membres de l’Union européenne décident, quant à eux, de rester. Avec la Norvège, la Namibie, l’Afrique du Sud et la Ligue arabe, ils tentent d’élaborer un « texte entièrement neuf, susceptible de recueillir un consensus », selon l’expression de Louis Michel, ministre des Affaires étrangères de Belgique, pays qui préside alors l’UE. Un accord est finalement arraché, tardivement, au prix d’une nuit supplémentaire de discussions. La déclaration finale adoptée à Durban se borne à proclamer « le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant ». Elle reconnaît que « l’esclavage et le commerce des esclaves, en particulier la traite transatlantique, constituent un crime contre l’humanité », mais elle ne prévoit pas de compensation. Au total, le texte ne satisfait pleinement aucun des participants. Mais l’Union européenne a prouvé que, même lorsque les termes du débat sont contestables, il est possible de « négocier jusqu’au bout pour obtenir un accord » avec les pays du Sud, selon les mots de Louis Michel. À l’inverse, et comme sur de nombreux sujets depuis l’arrivée au pouvoir du président George W. Bush (protocole de Kyoto sur l’envi- ronnement, bouclier antimissile...), les États-Unis ont préféré camper sur leur position, faisant ici la sourde oreille aux revendications africaines et arabes. BENJAMIN BIBAS downloadModeText.vue.download 98 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 96 LA RANÇON D’HAÏTI La France a été le premier pays européen qui, en mai 2001, a adopté une loi reconnaissant la traite des esclaves comme un crime contre l’humanité. Jean-Philippe Antonio, ministre haïtien des Affaires étrangères, a rappelé à Durban un aspect peu connu de l’histoire d’Haïti : « En 1804, [...] pour accepter notre indépendance, la France nous a imposé une rançon de 150 million de francs or. Les derniers versements ont eu lieu en 1946. On demandait aux enfants des écoles de donner quelques pièces pour payer cette dette. Nous demandons [...] une restitution de cet argent. Le bicentenaire de notre indépendance en 2004 pourrait être l’occasion pour la France de faire ce geste. » Septembre 3 Informatique Rachat de Compaq par HewlettPackard Le groupe informatique américain Hewlett-Packard annonce le rachat de son concurrent américain Compaq dans une transaction par échange d’actions – 0,6325 action Hewlett-Packard pour chaque action Compaq –, une opération évaluée à 25 milliards de dollars. La transaction représente une plus-value de 18 % pour les actionnaires de Compaq. Les actionnaires actuels de Hewlett-Packard détiendront 64 % du nouveau groupe et ceux de Compaq 36 %. La P-DG de HewlettPackard, Carly Fiorina, devient P-DG et président du conseil d’administration du nouveau groupe ; celui de Compaq, Michael Capellas, aura le titre de président. 4 France Chevènement candidat à la présidentielle En ce jour du 131e anniversaire de la République, Jean-Pierre Chevènement s’engage officiellement dans la course à l’élection présidentielle du printemps 2002. Depuis l’hôtel de ville de Belfort, dont il est le député-maire, il se déclare candidat avec l’ambition d’être, « en ces temps d’incertitudes », « l’Homme de la Nation » capable de « changer la donne » dans une France qui « ne sait plus où elle va ». La République, qui « reste une idée neuve », constituera le socle du programme présidentiel de Jean-Pierre Chevènement qui s’articulera autour des « repères » que sont «la souveraineté du peuple, la citoyenneté, l’autorité de la loi, égale pour tous, mais aussi l’égalité des chances et la solidarité ». Le juge Halphen dessaisi dans l’affaire des HLM de Paris La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris annule la saisie en septembre 2000 de la vidéo de Jean-Claude Méry, collecteur de fonds occulte du RPR, qui mettait directement en cause Jacques Chirac dans un circuit de financement du RPR. Elle estime en effet que l’enquête du juge Éric Halphen de Créteil, qui était en charge de ce dossier, avait été suspendue le 22 septembre 1999 en raison du dépôt de demandes en nullité. En conséquence, la saisie de la cassette et de l’ensemble des actes ayant suivi cet acte sont déclarés irréguliers et annulés. Tous les actes concernant le président de la République dans l’affaire des HLM de Paris sont également annulés. Cinq mois après avoir été convoqué comme témoin par le magistrat de Créteil, le chef de l’État remporte ainsi une victoire procédurale, fondée sur un vice de forme, et obtient un répit judiciaire, après l’annulation en appel de tous les actes le concernant. Condamnation de l’évêque de Bayeux Le tribunal correctionnel de Caen condamne Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux, à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour non-dénonciation de crimes et d’atteintes sexuelles sur mineur de quinze ans. L’évêque était poursuivi pour ne pas avoir alerté la justice sur les actes pédophiles de l’abbé René Bissey, dont il était le supérieur hiérarchique. Lors de l’audience, les 14 et 15 juin, le procureur de la République avait réclamé quatre à six mois d’emprisonnement avec sursis à rencontre du prélat, rappelant notamment que son silence avait pu empêcher certaines victimes de l’abbé Bissey d’obtenir justice en raison de la prescription. 6 États-Unis Arrêt des poursuites contre Microsoft La division antitrust du département de la Justice renonce à demander le démantèlement de Microsoft downloadModeText.vue.download 99 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 97 par la justice américaine pour avoir abusé de son monopole comme l’ont été, en d’autres temps, Standard Oil et ATT. Ce revirement du gouvernement américain ouvre la voie à une issue négociée et rapide d’une procédure engagée depuis près de quatre ans. Les dix-huit États américains qui poursuivent également la firme fondée par Bill Gates adoptent la même position. Le numéro un mondial des logiciels était poursuivi pour pratiques anticoncurrentielles et pour avoir intégré sans possibilité de recours son logiciel de navigation Internet Explorer à son système d’exploitation Windows. L’accroissement régulier des fonctions de Windows permet à Microsoft d’élargir son monopole et de laminer ses concurrents. 9 Biélorussie Élection présidentielle Le président Alexandre Loukachenko, âgé de quarante-sept ans, est réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec 75,6 % des suffrages. Le taux de participation a atteint le niveau record de 82,5 % des 7,2 millions d’inscrits. Alexandre Loukachenko est considéré, selon ses détracteurs, comme l’un des derniers dirigeants autoritaires d’Europe. Son principal adversaire, Vladimir Gontcharik, chef du plus grand syndicat du pays, recueille 15,39 % des voix. Le dernier candidat, le nationaliste Serguei Gaidoukevitch, obtient 2,5 %. Vladimir Gontcharik annonce toutefois qu’il ne reconnaîtra pas les résultats du scrutin, accusant le président Loukachenko de « s’emparer du pouvoir » et de « falsification », qui proviendrait « du remplacement de bulletins lors du vote anticipé et après la fermeture des bureaux de vote ». Il exige un second tour. Selon lui, la campagne a été marquée par des pressions exercées sur les groupes d’opposition et destinées à favoriser le candidat sortant. Mais les observateurs européens – 700 au total dont 300 pour l’OSCE – présents en Biélorussie n’ont signalé aucune irrégularité grave dans le déroulement du scrutin, le plus « surveillé » de l’histoire du pays. Ce scrutin était le premier test électoral pour le président Loukachenko depuis le référendum de 1996 qui lui avait permis de prolonger de deux ans son premier mandat de cinq ans à la tête du pays. Le programme de M. Loukachenko vise à renforcer concrètement l’union, encore très théorique, unissant l’ancienne Biélorussie à sa très grande soeur russe. Son objectif à terme est de fusionner son pays avec la Russie. Tennis Hewitt et Williams vainqueurs de l’US Open L’Australien Lleyton Hewitt, âgé de vingt ans, remporte le premier titre d’un tournoi du grand chelem de sa carrière, grâce à une victoire en trois manches – 7-6, 6-1, 6-1 – sur l’Américain Pete Sampras à Flushing Meadows. C’était la première finale de Lleyton Hewitt à ce niveau, la dix-septième de Sampras. Ce dernier, qui avait dû vaincre Pat Rafter, André Agassi et Marat Safin en trois matchs consécutifs au cours de la semaine, a semblé à court de réserves. C’est la première fois depuis 1992 qu’il n’aura remporté aucun tournoi majeur au cours d’une année. Depuis sa victoire à Wimbledon en 2000, son treizième titre du grand chelem, il a disputé 18 tournois consécutifs sans remporter la victoire. Chez les dames, l’Américaine Venus Williams, âgée de vingt et un ans, remporte la finale de Flushing Meadows, en battant sa soeur cadette Serena (dix-neuf ans et lauréate en 1999), 6-2, 6-4 et conserve son titre à l’US Open. En demi-finales, elles ont dominé respectivement Martina Hingis, numéro un mondiale, et Jennifer Capriati, victorieuse de l’Open d’Australie et des Internationaux de France. Israël Nouveaux attentats Trois attentats palestiniens, dont deux attaques suicides, font cinq morts et 42 blessés dans l’État hébreu. L’armée israélienne riposte en lançant coup sur coup trois attaques d’hélicoptères en Cisjordanie qui visent des bâtiments du mouvement Fatah du président Yasser Arafat, une importante base des forces palestiniennes et un poste de police. Cette brusque flambée de violence vient souligner, pour les uns, l’urgence de la rencontre prévue dans les jours qui viennent entre le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres et M. Arafat, et, pour les autres, son inutilité. Afghanistan Le commandant Massoud victime d’un attentat Le chef de l’opposition armée afghane, Ahmed Shah Massoud, est grièvement blessé dans l’explo- sion d’une caméra piégée, alors qu’il accordait une interview à un groupe de journalistes arabes, dont les deux auteurs de l’attentat, dans sa résidence de Khwaja Bahauddin dans le nord de l’Afghanistan. AhdownloadModeText.vue.download 100 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 98 med Shah Massoud, un Afghan d’ethnie tadjike âgé de quarante-neuf ans, dirige l’Alliance du Nord, une coalition de chefs de guerre en majorité d’origine ouzbek ou tadjike qui combat la milice islamique des taliban au pouvoir en Afghanistan depuis 1996. Le gouvernement des taliban n’est reconnu que par le Pakistan, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Une semaine après l’annonce de l’attentat, ses partisans révèlent le décès du chef de l’opposition afghane, qui a succombé à ses blessures. Ils accusent le Pakistan, les taliban et le terroriste Oussama Ben Laden d’avoir organisé l’attentat suicide contre Massoud. La disparition du « lion du Panshir » risque de déstabiliser les États voisins d’Asie centrale, en particulier le Tadjikistan, qui partage une frontière de plus de 1 200 kilomètres avec l’Afghanistan. 10 Norvège Élections législatives À l’issue des élections législatives, les électeurs norvégiens écartent du pouvoir le Parti travailliste du Premier ministre Jens Stoltenberg. Avec 24,4 % des voix – une perte de dix points par rapport au précédent scrutin de 1997 –, les travaillistes essuient un revers historique, leur plus mauvais score depuis 1927. Ils ont été sanctionnés à la fois sur leur gauche – le Parti de la gauche socialiste progresse de 6 points avec 12,4 % des voix – et sur leur droite : les conservateurs de Jan Petersen, cantonnés dans l’opposition depuis plus de dix ans, sont crédités de 20,6 % tandis que le parti du Progrès (FRP, populiste) et les démocrateschrétiens recueillent respectivement 14,9 % et 13 % des suffrages. Tout en reconnaissant avoir enregistré « un très mauvais résultat », le Premier ministre exclut une démission immédiate de son gouvernement, invitant plutôt les autres formations à s’asseoir à la table de négociations. Turquie Attentat à Istanbul Un attentat suicide à la bombe cause la mort de deux policiers et blesse 24 personnes place Taksim dans le centre d’Istanbul. L’auteur de l’attentat, qui est vraisemblablement lié au mouvement de grève de la faim qui se poursuit dans les prisons turques pour protester contre les nouvelles conditions de détention, est membre d’une organisation d’extrême gauche, le Front-parti de Libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C). 11 États-Unis Attentats terroristes à New York et à Washington Deux avions de ligne piratés par des terroristes percutent à quelques minutes d’intervalle, aux environs de 9 h locales, les deux tours géantes du World Trade Center à New York, qui s’effondrent une heure plus tard. Le nombre des disparus dépasserait 6 000 personnes. Deux autres appareils piratés s’écrasent l’un en rase campagne, en Pennsylvanie, et l’autre à Washington, sur le Pentagone, siège du ministère américain de la Défense, faisant près de 300 victimes. Le calme qui précède la tempête Début septembre, on attend une rentrée chargée, l’économie continuant de donner des signes de fatigue. Les sondages indiquent que le président Bush n’a pas su se défaire de son image de fils à papa besogneux qui ne doit son élection qu’à un concours de circonstances favorables. L’été qui précède les événements du 11 septembre paraît tout à fait calme. Depuis le printemps, les médias survivent en exploitant jusqu’à l’usure un nouveau scandale mêlant moeurs privées et politiques et qui rappelle étrangement l’affaire Lewinsky. Ce nouvel imbroglio implique encore une jeune stagiaire, Chandra Levy, qui a disparu subitement sans laisser de traces et un représentant à la chambre du Congrès, Gary Condit, dont le sourire mièvre ne semble jamais quitter un visage qui se crispe au fil des semaines. Une rentrée difficile Les observateurs prédisent au président Bush une rentrée difficile avec plusieurs dossiers lourds, dont celui de l’économie et celui de la défense antimissile, à la base de sa nouvelle politique de défense qu’il tarde à définir. L’Amérique, quant à elle, se porte plutôt bien en surface. Les signes avant-coureurs d’une possible récession downloadModeText.vue.download 101 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 99 n’ont pas trop entamé l’optimisme partagé, du moins en apparence, par une grande partie du peuple américain depuis la fin de la guerre froide et le succès de la guerre du Golfe. Justement, d’ailleurs, ce calme qui précède la tempête rappelle celui qui avait précédé la guerre du Golfe onze ans auparavant, alors que le premier Bush avait encore du mal à se débarrasser du « wimp factor » (un hebdomadaire l’avait taxé de « mauviette ») qui lui collait à la peau depuis la campagne présidentielle. Considéré alors comme un sous-Reagan – tout comme son propre fils sera perçu par une ironie de l’histoire comme un George Bush de deuxième zone – le père façonnera sa présidence, aujourd’hui jugée favorablement par les historiens, à travers son action dans le Golfe. Cette action réussie sera néanmoins tronquée par la décision de se retirer sans avoir éliminé Saddam Hussein. Un choix qui, aggravé par une mauvaise santé économique, coûtera l’élection à George Bush en 1992. Ce souvenir laissera un goût amer au président, et à son fils, George W. Bush, qui saura très probablement en tirer les enseignements, notamment lorsqu’il prendra la décision de bombarder l’Afghanistan. Une société coupée du monde Depuis les événements du 11 septembre, la presse internationale n’a cessé de ressasser à quel point l’Amérique était peu préparée à faire face à une telle catastrophe, resservant à diverses sauces les clichés habituels sur le repliement sur soi d’une société à la fois infantile, coupée du reste du monde, et vivant dans une bulle dont elle ne sortait que pour aller donner des leçons aux étrangers. De là à dire que les attaques étaient peut-être méritées, il n’y avait qu’un pas facile à franchir. À la question de savoir si le pays s’attendait à un tel choc, nous répondrons qu’aucun pays habitué à vivre en paix n’est préparé psychologiquement à un tel acte de barbarie, les États-Unis pas plus que d’autres et probablement pas moins non plus. Longtemps à l’abri du terrorisme, les États-Unis avaient subi les premiers attentats dans les an- nées 1990, avec une attaque à la bombe en 1993, déjà au World Trade Center, qui avait fait six victimes et, surtout, la catastrophe d’Oklahoma City qui avait entraîné la mort d’une quarantaine de personnes. Cet attentat avait marqué les esprits, plus profondément que les attaques lointaines contre deux ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya, attribuées comme celle de 1993, à Oussama Ben Laden. Mais ces actes n’avaient pas entamé l’optimisme qu’avait engendré la « victoire contre l’Empire du mal (l’URSS) », victoire qui fondait dans les esprits le début de l’hégémonie absolue de l’Amérique. Néanmoins, les médias avaient timidement abordé le sujet du terrorisme, y compris les risques futurs auxquels pourrait être confrontée l’Amérique. Mais les scénarios catastrophes envisagés par les journalistes semblaient trop proches des films de science-fiction pour être pris au sérieux. En revanche, le travail de prospective effectué par l’État était beaucoup plus rigoureux. On a beaucoup glosé depuis le 11 septembre sur l’inefficacité des services de renseignement américains. Il est vrai que la mise en place de moyens technologiques s’était faite au détriment du travail de terrain. Mais il n’est pas moins vrai que ces services avaient beaucoup progressé dans le domaine de la lutte antiterroriste au cours des dernières années alors que de gros efforts avaient été entrepris par la Défense affronter le terrorisme. Une lutte à plusieurs niveaux La lutte antiterroriste s’est construite sur plusieurs niveaux. Le travail consistait d’abord à remonter à la source du mal, dans ce cas, clairement, Oussama Ben Laden, que les Américains cherchaient à neutraliser depuis un moment déjà. En aval s’effectuait le démantèlement des réseaux, dont plusieurs membres ont été découverts et arrêtés. Enfin, la sécurité globale devait être renforcée. Mais dans un pays immense comme les États-Unis, la sécurité absolue n’existe pas car il y aura toujours des failles dans ce système volontairement ouvert et décentralisé. Finalement, le 11 septembre, le plus surpris aura peut-être été le président George W. Bush. Lui qui avait parié sur la haute technologie pour se protéger contre une attaque (improbable) d’un « État bandit » devait désormais faire face à la nébuleuse terroriste. Par chance, celle-ci allait rapidement se découvrir un visage. Car, pour l’Amérique, l’ennemi désigné incarne toujours le mal défini dans des termes bibliques. Cet ennemi se doit d’avoir un nom et un visage. C’est à partir de là que toutes les ressources sont mises en oeuvre pour éliminer les forces du mal dans ce combat manichéen auquel se livrent les ÉtatsUnis à intervalles réguliers. downloadModeText.vue.download 102 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 100 UN ÉNORME ÉLECTROCHOC Au lendemain de la catastrophe, George Bush s’adressait en ces termes à la population : « Ce sera un combat monumental du Bien contre le Mal. Mais le Bien l’emportera. » Si le XXIe siècle a commencé ce 11 septembre 2001, comme on l’a dit depuis, il n’en rappelait pas moins le siècle qui l’avait précédé : tout comme après le torpillage du Lusitania en 1915 et l’attaque japonaise contre Pearl Harbor en 1941, l’Amérique recevait un énorme électrochoc, en plein coeur de Manhattan cette fois, alors qu’elle se sentait en parfaite sécurité. Mardi, 11 septembre 2001 Vers 8 heures du matin, plusieurs avions décollent de la côte Est pour la Californie. Trois des appareils termineront leur course sur les cibles déterminées au préalable par les pirates de l’air. Le vol 93 de United Airlines, 45 personnes à bord, quitte l’aéroport de Newark près de New York en direction de San Francisco. Un peu plus au nord, à Boston, un autre vol de United Airlines, le numéro 175, décolle en direction de Los Angeles avec 65 personnes à bord. Toujours de Boston, le vol 11 d’American Airlines se dirige vers la même ville californienne avec ses 92 passagers. Un quatrième appareil, le vol 77 d’American Airlines, s’envole aussi pour Los Angeles à partir de l’aéroport de Dulles, à une trentaine de kilomètres de Washington, avec 58 personnes à bord. Un même scénario À l’intérieur des quatre avions, le même scénario se reproduit à peu de chose. Après le décollage – rapidement pour les vols 11 et 175, plus tardivement pour les deux autres –, une poignée d’hommes armés de couteaux et de cutters prennent le contrôle des avions. Ils s’attaquent au personnel naviguant, et à certains passagers, afin de provoquer la réaction des pilotes, qu’ils neutralisent. Une fois aux commandes, les pirates modifient la trajectoire et dirigent leurs avions sur les cibles. Quatre bombes volantes se trouvent entre leurs mains. Une fois en l’air, ces appareils ne sont pas trop difficiles à piloter. Les pirates débranchent le système de pilotage automatique et manoeuvrent à l’aide d’un GPS portable leur permettant de se repérer. Dans la cabine, certains passagers parviennent à utiliser leurs téléphones. C’est grâce à ces appels que l’on connaîtra l’enchaînement des événements. C’est aussi par l’intermédiaire de ces communications que les passagers du vol 93, informés des autres événements, joueront leur va-tout, sacrifiant leur vie pour éviter une quatrième catastrophe qu’ils savent inévitable. Manhattan, 8 h 45 Deux Français, Jules et Gédéon Naudet, sont en train de filmer un documentaire à quelques mètres du World Trade Center. Un bruit d’avion attire leur attention. Fixant l’objectif vers le ciel, ils captent par hasard l’image du premier choc : un Boeing 767 qui s’encastre dans le sommet d’une des deux tours jumelles. Cette image fera le tour du monde. Il s’agit du vol 11. À plus de 500 km/h, il est venu percuter l’un des plus hauts gratte-ciel du monde (417 m) avant de s’embraser comme une gigantesque boule de feu. À ce moment-là, pour les observateurs, il ne peut s’agir que d’un accident. Dans la deuxième tour, la consigne est même donnée de ne pas quitter les lieux tout de suite. Il est un peu plus de 9 heures lorsque les caméras de la télévision captent en direct un deuxième appareil dans le ciel new-yorkais. L’appareil fonce tout droit dans la deuxième tour. Les Twin Towers sont toutes les deux en feu. Il est clair que ces deux terribles accidents ne sont pas fortuits. Un quart d’heure plus tard, George W. Bush, en visite en Floride, fait une brève intervention : « Le terrorisme contre les États-Unis ne sera pas toléré. » Pour ce premier discours improvisé, le président est peu convaincant. À 9 h 45, le vol 77 s’écrase sur le Pentagone. L’aviation militaire, pourtant alertée, n’a rien pu faire. Au même moment, la Maison-Blanche est évacuée. Cinq minutes plus tard, tous les aéroports sur le sol américain sont fermés et tous les vols annulés. À 10 h 15, le Boeing 757 de United Airlines s’écrase en Pennsylvanie. Le cauchemar vient à peine de commencer. L’inimaginable s’est produit Il est 9 h 55 lorsque l’inimaginable s’est produit : à New York, la tour jumelle sud, celle qui a été downloadModeText.vue.download 103 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 101 touchée la deuxième, s’effondre d’un seul coup. La structure en acier n’a pas résisté à la chaleur de l’incendie. Les blocs de béton qui séparent chacun des étages se sont effondrés comme des châteaux de cartes. À l’intérieur, des milliers de personnes sont prises au piège. Trente-trois minutes plus tard, l’horreur se répète avec l’effondrement de la deuxième tour. On sait déjà que des milliers de personnes ont péri. On parle de 20 000 personnes. C’est bien plus tard que l’on connaîtra le nombre (approximatif) de victimes, environ 2 500 à 3 000 disparus. L’attentat au Pentagone fera quant à lui une centaine de victimes alors que 800 morts étaient pressentis le premier jour. Le nombre de personnes sauvées des décombres, malgré des efforts intenses, sera dérisoire. On hisse le drapeau national George W. Bush est sur Air Force One, l’avion présidentiel, véritable forteresse volante, considéré comme l’endroit le plus sûr du territoire. Il atterrit en Louisiane en début d’après-midi avant de partir à l’autre bout du pays, au Nebraska, pour revenir à Washington où il arrive à 18 h 40. Moins de deux heures plus tard, il s’adresse à la nation : « Notre pays est fort. Les actes terroristes peuvent faire trembler les fondations de nos plus grands bâtiments, mais ils ne peuvent toucher les fondations de l’Amérique. » Déjà, le ton est plus ferme. À la surprise générale, au fur et à mesure de ses discours, le président semble s’élever davantage à la hauteur de l’événement. Les sondages en sa faveur remontent d’ailleurs en flèche. Profondément touchée dans sa chair, l’Amérique commence déjà sa reconstruction psychologique. Dans le pays tout entier, on hisse le drapeau national, le Stars and Stripes, point de ralliement de tous les Américains. Des mouvements massifs de solidarité prennent forme. Les services de sécurité s’activent pour retracer l’enchaînement des événements. Très vite, le public découvre l’ampleur de cette opération minutieusement mise au point pendant au moins plusieurs mois. Le nom de Ben Laden revient constamment. UNE VISION D’APOCALYPSE À Manhattan, les images dévoilent une vision d’apocalypse. Par pudeur, on évite de montrer les images les plus atroces, comme celles des personnes qui se sont jetées par les fenêtres ou celles de scènes de pillage qui viendront entacher le travail héroïque des équipes de sauveteurs. En moins de vingt-quatre heures, il est clair pour les Américains que le monde ne sera plus tout à fait comme avant, quand l’Amérique se sentait en parfait sécurité. La réaction américaine L’Amérique se réveille le 12 septembre complètement sonnée. Comme un boxeur invaincu qui se retrouverait au tapis dans un combat qui paraissait inégal au départ. Dans le reste du monde, et malgré l’horreur des attentats, on n’est pas si mécontent de constater que le colosse a peut-être des pieds d’argile. Aux États-Unis, la stupéfaction générale est encore plus grande que le choc provoqué par l’ampleur du désastre. Dans ces situations de crise, les États-Unis réagissent invariablement de la manière suivante : d’abord, c’est le ralliement autour de la bannière étoilée. Vient ensuite le « serment » d’allégeance au président des ÉtatsUnis, personnage symbolique, véritable portedrapeau de toute la nation. Le serment précède le moment de recueillement introspectif permettant au peuple de comprendre et d’analyser l’événement. Enfin, on recherche la solution au problème, avant de mettre tous les moyens en oeuvre pour atteindre les objectifs et résoudre ce problème. C’est exactement le scénario qui se produit dès le lendemain des événements du 11 septembre. Un élan patriotique L’élan patriotique américain, qui fait souvent sourire les Européens, constitue le ciment qui unit ce peuple, et que d’autres nations trouvent ailleurs, dans leur histoire, leur culture ou leur religion. Dès le lendemain des attentats, on a vu que des centaines de millions de drapeaux surgissaient partout sur le territoire américain. George W. Bush est propulsé au zénith de la popularité présidentielle. De son côté, la presse pratique sa version du patriotisme à outrance : l’autocensure, qui fonctionne alors parfaitement. À ce moment, les voix dissidentes ne sont pas bien vues. Très vite, les organismes de downloadModeText.vue.download 104 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 102 sécurité, dont le FBI, parviennent à mener leur enquête avec succès. Les arrestations en masse se succèdent, les agents fédéraux remontent la filière. Le constat est difficile à encaisser même si l’Amérique commence à s’habituer à ces actes de barbarie à grande échelle qui ponctuent son actualité depuis quelques années, notamment avec ces fusillades à répétition dans les écoles et les lycées. Mais le 11 septembre marque un bond quantitatif important. De quelques individus, voire quelques dizaines de personnes à Oklahoma City, on passe à des milliers de victimes. On en décompte plus même qu’à Pearl Harbor, ce « jour qui vivra dans l’infamie », selon les paroles célèbres de Franklin Roosevelt. Cependant, si auparavant les attentats sur le sol américain avaient été l’oeuvre de quelques individus, ceux du 11 septembre sont le fait d’une organisation importante. Il apparaît brusquement que ce modèle parfait de la démocratie, que, aux yeux de la plupart des Américains, le monde entier voulait adopter, avait aussi ses détracteurs. On connaît la dimension religieuse de l’Amérique. Pour l’écrasante majorité des Américains, la religion est sacrée. Tout le monde se doit de pratiquer une religion, quelle qu’elle soit. La tolérance religieuse fait partie du credo officiel. La seule croyance qui ne soit pas vraiment tolérée est la non-croyance. La seule qui soit intolérable est l’athéisme. Dans un pays aux réactions manichéennes, empreint d’une certaine naïveté, la religion est « bonne », l’anti-religion est « mauvaise ». C’est cette attitude partagée par tous qui est probablement à l’origine de la surprise monumentale créée par les attentats du 11 septembre. Examen de conscience Comment des gens aussi religieux, se réclamant de Dieu, peuvent-ils s’en prendre à une nation pieuse et généreuse comme les États-Unis ? Comment des pays entiers pouvaient-ils haïr à ce point cette belle civilisation qui a donné la liberté et la prospérité au monde entier ? Telles étaient certaines des interrogations que l’on se posait publiquement dans les jours qui suivirent le 11 septembre. Elles ont donné lieu à de véritables débats publics sur la place de l’Amérique dans le monde et sur la manière dont celle-ci est perçue sur l’ensemble de la planète. Le temps était à l’examen de conscience, voire à l’autocritique qui précède la rédemption, autre syndrome clé de la société américaine. Ainsi, sur la dimension affective se sont superposées les dimensions intellectuelle et spirituelle. Une fois ce travail introspectif entamé, on pouvait passer aux problèmes d’ordre pratique, non sans avoir examiné de quelle manière les États-Unis avaient peut-être entretenu cette haine ou comment ils avaient aidé à fabriquer la machine terroriste Ben Laden, machine qui se retournait désormais contre eux. L’Amérique s’est construite sur la volonté et le travail de ses pionniers. Ceux-ci ont imprégné la culture américaine de cette idée que tout problème peut être résolu à force de travail et de volonté. Le problem solving consiste à identifier le problème, à déterminer sa solution et à tout mettre en oeuvre pour le résoudre. Rapidement, le gouvernement américain a identifié la source du problème : un homme, Ben Laden, et un État, l’Afghanistan. La solution : éliminer la source du problème. Donc, trouver Ben Laden et détruire le régime qui le protège. L’identification du problème semblait facile. La mise en application, plus complexe, nécessitait un moment de réflexion. Une réaction trop rapide donc aurait été mal perçue. Au bout de quelques semaines, le gouvernement avait pris sa décision : il décidait d’aller chercher Oussama Ben Laden en Afghanistan. L’OPTION AÉRIENNE Si le problem solving guide la société américaine, la haute technologie est l’un des moyens préférés pour accomplir ses objectifs. Ce phénomène est encore plus accentué dans le domaine de la stratégie militaire. Dans le cadre actuel des guerres asymétriques, l’option aérienne est aujourd’hui incontournable. C’est elle qui permet d’exploiter au mieux la haute technologie (non nucléaire évidemment) tout en évitant, ou tout au moins en retardant, la mise en action des troupes, introduisant une dimension humaine infiniment plus difficile à gérer auprès d’une opinion publique qui tend à si lasser de la guerre de plus en plus rapidement. C’est pourquoi l’option aérienne est exploitée jusqu’au maximum de ses possibilités avant que les autres éléments des forces armées entrent en action, sachant que plus le temps passe, plus la situation se complique et plus le soutien au président se fragilise. Si le gouvernement américain réalise un sans-faute durant les semaines qui suivent downloadModeText.vue.download 105 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 103 les attentats, le président Bush se retrouve progressivement sur un terrain de plus en plus miné où les options qui lui sont offertes vont se multiplier exponentiellement. Aux États-Unis, l’homme est jugé à la mesure de sa réussite. Celle du président américain dans cette terre lointaine de l’Afghanistan sera déterminante pour la suite de son mandat. Le terrorisme : mal chronique du XXIe siècle ? L’attentat du 11 septembre 2001 marque l’apogée d’un type de terrorisme qui est pratiqué depuis des décennies, et non pas le début d’une ère de terrorisme de destruction de masse, et encore moins l’émergence d’une « guerre » nouvelle comme on l’a entendu dire un peu partout. Lorsque la secte Aum Shirinkyo déversa un gaz toxique dans le métro de Tokyo en 1995, les experts annoncèrent le commencement d’une nouvelle ère dans le terrorisme, celle des armes de destructions massives, comprenant les armes bactériologiques et nucléaires. Dans le court terme tout au moins, cette analyse s’est révélée fausse. Et, six ans plus tard, l’attentat terroriste le plus spectaculaire de l’histoire sera d’un classicisme des plus déconcertants. Sur un plan technologique, on ne pouvait agir avec plus de sobriété qu’en recourant à l’arme blanche. Quant aux détournements d’appareils de l’aviation civile par des terroristes, c’est une pratique qui remonte à plusieurs décennies. Les attentats suicides ont également cours depuis de nombreuses années. Des moyens globalement modestes Ce qui frappe n’est donc pas la nature des moyens entrepris mais les résultats accomplis. Et, même si les auteurs des attentats avaient derrière eux une bonne organisation et des fonds importants, les moyens restent globalement très modestes. Ce qui finit par compter, c’est la valeur symbolique que représente Manhattan en feu. Manhattan, coeur de cette Amérique qui constitue l’unique superpuissance en ce début de IIIe millénaire. Psychologiquement, le coup ne pouvait être plus rude. Le terrorisme est l’arme psychologique par excellence. En cette belle journée de fin d’été, quelques hommes décidés sont parvenus à mettre un moment K.O. le pays le plus puissant de la planète. Conséquence non négligeable de cet événement, les dirigeants américains sont obligés d’effectuer un revirement complet dans le do- maine de la politique étrangère. Dès son arrivée à la Maison-Blanche en début d’année 2001, le nouveau président, pour des raisons tant de personnalité que de conviction politique, s’orientait vers l’isolationnisme. Durant les premiers mois de sa présidence, George W. Bush donne le ton par une série de décisions qui irritent la communauté internationale, tant sur le plan stratégique, avec le projet de défense antimissile qui remet en question toute la stratégie nucléaire élaborée durant la guerre froide, que sur les questions relatives à l’environnement, avec le refus de signer la convention de Kyoto. Cette politique est plus facile à élaborer en théorie. Sur le terrain, les choses sont plus complexes. Vers la fin du repli Obligé d’organiser la riposte contre l’ennemi désigné, Oussama Ben Laden, et contre l’Afghanistan taliban qui le protège, le président se voit contraint de faire appel à divers alliés : Européens, Russes –, Israéliens et aussi Égyptiens, Pakistanais et Saoudiens. Dans le cadre du renseignement sur les réseaux terroristes, le gouvernement américain est tenu de mener une campagne diplomatique auprès de pays comme la Syrie ou le Soudan, dont certains figurent même sur cette liste officieuse des pays « voyous », contre lesquels est destinée la mise en place du bouclier nucléaire. De repliée et condescendante, l’Amérique de Bush se retrouvait donc brusquement en position de demandeuse. S’il avait suffi d’une bombe pour faire taire le colonel Kadhafi, la nouvelle tâche semblait plus complexe. Si l’armée américaine avait remporté magistralement la bataille de la propagande durant la guerre du Golfe, elle se retrouvait en position de faiblesse face à la surprenante habileté médiatique des taliban. Si la bataille aérienne avait réussi à résoudre le conflit au Kosovo, les frappes aériennes sur l’Afghanistan se révélaient rapidement insuffisantes pour accomplir les objectifs du gouvernement américain. En matière de confiance en soit, pilier fondamental de la culture américaine, l’Amérique suit un mouvement comparable aux cycles économiques. Les downloadModeText.vue.download 106 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 104 attentats du 11 septembre avaient entamé cette confiance comme le firent naguère d’autres événements ponctuels comme l’envoi dans l’espace du Spoutnik (par l’URSS) dans les années 1960, le retrait du Viêt Nam et le Watergate dans les années 1970 ou l’explosion de la navette spatiale dans les années 1980. Les années 1990 avaient été globalement épargnées, ce qui rendait les attentats du 11 septembre d’autant plus douloureux pour une population vivant dans l’illusion d’une sécurité quasi absolue. Or, globalement, que représente le problème du terrorisme aux États-Unis, et de manière générale en Occident ? Loin d’affirmer le bien-fondé de la contestable thèse du « choc des civilisations », loin de démontrer la faiblesse des sociétés industrielles et démocratiques, le terrorisme constitue le prix à payer pour des sociétés ouvertes et globalement saines mais qui évoluent dans un monde inégal et injuste. Bien plus qu’une manifestation extrême de la religion, le terrorisme islamique est la démonstration de l’impuissance de sociétés incapables de suivre le mouvement de croissance industrielle engendré par les grandes puissances économiques et les pays ayant choisi la voie libérale. C’est, à grande échelle, le même problème que celui de l’intégration de certaines minorités dans les pays industrialisés dont les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Si aucun État au monde, a fortiori des groupes armés privés ou semi-privés, n’est en mesure d’attaquer l’Amérique de front, il reste donc la méthode de la stratégie indirecte, seule manière aujourd’hui de provoquer une brèche dans la formidable armure des États-Unis. ARNAUD BUN LA STRATÉGIE INDIRECTE La stratégie indirecte, qui repose sur des objectifs essentiellement psychologiques, n’a en fait guère plus qu’une capacité de nuisance, mais qui est d’autant plus frustrante pour les victimes qu’il est impossible de l’éradiquer, même si l’on parvient à détruire certains réseaux – ce qui est déjà difficile. Au XXIe siècle, le terrorisme pourrait devenir un mal chronique dont il faudra s’accommoder et qui, après d’autres continents, atteint une Amérique protégée dans ses terres depuis l’invasion britannique de 1812 au cours de laquelle la Maison-Blanche avait disparu sous les flammes, avant de renaître de ses cendres. 12 Nigeria Affrontements interreligieux Des affrontements à caractère religieux se produisent dans le centre du Nigeria, notamment à Jos, capitale de l’État du Plateau, ville à majorité chrétienne mais avec une forte minorité de musulmans. Près de 500 personnes auraient trouvé la mort, plus de 1 000 seraient blessées. Le Nigeria, pays multi-ethnique de 120 millions d’habitants, est en proie à des violences interreligieuses et intercommunautaires depuis son indépendance en 1960. Les tensions se sont aggravées en 1999, en raison du projet de certains États musulmans du nord du pays d’imposer la charia (loi islamique). Dans le cas de Jos, des considérations locales seraient en outre responsables de la flambée de violence, des communautés religieuses cherchant à s’assurer le contrôle du conseil local de gouvernement de Jos-Nord. 13 Angleterre Iain Duncan Smith, un eurosceptique à la tête du Parti conservateur Les 318 000 membres du Parti conservateur britannique élisent à leur tête Iain Duncan Smith, âgé de quarante-sept ans, par 61 % des voix, face à Kenneth Clarke, soixante et un ans. Ils ont choisi le candidat dans lequel la majorité d’entre eux se reconnaissaient le mieux : alors que son adversaire malheureux, pro-européen, était, lui, favorable à l’adoption de l’euro par le Royaume-Uni, Iain Duncan Smith, antieuropéen convaincu, affiche un euro-scepticisme farouche, qui est partagé par la majorité des politiciens et des électeurs conservateurs. Il aura la rude tâche de ressouder un parti démoralisé par les deux défaites électorales de 1997 et 2001. Finances Effondrement des Bourses Les attentats contre les tours du World Trade Center à New York et contre le Pentagone à Washington provoquent un effondrement des principales places boursières européennes : en clôture, la Bourse de downloadModeText.vue.download 107 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 105 Paris chute de 7,39 %, celle de Londres de 5,7 %, celle de Francfort de 8,3 % et celle d’Amsterdam de 6,95 %. L’Asie n’est pas épargnée par le krach boursier. La Bourse de Tokyo termine sur une chute de 6,6 % et celle de Hong Kong de 7,6 %. Les analystes estiment que les terribles attentats qui ont frappé les capitales économique et politique américaines pourraient faire basculer l’économie mondiale, déjà chancelante, dans la récession. Pour rassurer les investisseurs, la Réserve fédérale américaine déclare qu’elle est prête à insuffler d’importantes réserves d’argent liquide fourni au système bancaire et à proposer des taux d’intérêt plus faibles afin d’éviter une telle récession. Économie mondiale : du ralentissement à la récession L’année économique était déjà mal engagée aux États-Unis, minée par l’effondrement des valeurs technologiques. Le ralentissement américain a atteint l’économie européenne et, après les événements du 11 septembre, l’économie mondiale semble se diriger vers un début de récession. L’année commence mal. Le 3 janvier, le monde ne s’est pas tout à fait réveillé des fêtes célébrant le passage au IIIe millénaire qu’Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale (banque centrale) des États-Unis, annonce une baisse d’un demi-point des taux directeurs, pour les ramener à 6 %. Rien d’inquiétant a priori, la mesure est technique : en baissant le taux d’intérêt auquel les banques américaines se refinancent, la « Fed » permet à celles-ci de prêter moins cher aux entreprises qui veulent investir et aux particuliers qui entendent consommer. Mais, cette fois-ci, il semble que l’économie américaine ait bien besoin de ce petit coup de pouce. Après une décennie 1990 époustouflante qui l’a vue croître à un rythme annuel supérieur à 5 % (5,2 % en 2000), elle vient de subir « un ralentissement très spectaculaire », prévient Greenspan et, en ce début d’année, son taux de croissance « est probablement proche de zéro ». Licenciements Trois facteurs expliquent ce ralentissement brutal. Le cours du pétrole, d’abord : durant l’année 2000, le baril a vu son prix tripler pour culminer à 37 dollars, et on estime que cette augmentation du coût de l’énergie a grevé l’économie américaine d’un point de croissance. La politique monétaire, ensuite : en augmentant son taux directeur de 4,75 % à 6,5 % entre 1999 et 2000 pour éviter un risque inflationniste, la Réserve fédérale aurait contribué à raréfier le crédit et donc à bloquer les dépenses d’investissement et de consommation. Enfin et surtout, le crash des valeurs technologiques (sociétés de l’Internet, téléphonie mobile, etc.) a plus que joué son rôle : ce secteur, apparu dans les années 1990, avait alimenté l’euphorie économique américaine durant la décennie et avait fini par représenter à lui seul 10 % du PIB. Jusqu’à l’automne, les autorités américaines vont tout faire pour tenter de relancer la machine. À six reprises, Greenspan répète son geste du début de l’année, ramenant le taux de la « Fed » à 3,5 %. L’administration Bush, emmenée par le nouveau secrétaire au Trésor Paul O’Neill, obtient du Congrès le vote d’un plan de réduction d’impôts de 1 300 milliards de dollars sur onze ans, afin de favoriser la consommation. Mais rien n’y fait. Les réductions d’effectifs se succèdent dans les sociétés des nouvelles technologiques : 1 300 licenciements chez le libraire en ligne Amazon.com, 4 000 chez l’informaticien Xerox, 30 000 suppressions d’emploi chez l’opérateur de téléphone mobile Motorola, et même 49 000 chez l’équipementier téléphonique Lucent. L’économie américaine perd au total 700 000 emplois. Les cours des sociétés concernées continuent de chuter : à la fin de l’été, le Nasdaq a perdu 25 % de sa valeur du début de l’année. Quant à la croissance, elle reste bien évidemment en panne : à peine 0,7 % en rythme annuel au deuxième semestre 2001, soit la plus faible performance américaine depuis 1993. Sombre tableau Ce ralentissement n’est pas sans conséquences sur le reste de l’économie mondiale : durant les années 1990, les autres pays s’étaient arrimés à la croissance américaine, qui assurait à elle seule 40 % de l’expansion économique de la planète. Bien qu’elle commerce assez peu avec son voisin d’outre-Atlantique, l’Union européenne est la première touchée. Le Néerlandais Wim Duisenberg, président de la Banque centrale européenne, réagit tardivement à la faiblesse de la downloadModeText.vue.download 108 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 106 conjoncture, en ne baissant les taux directeurs que de 0,25 % au début du mois de mai. Le ralentissement gagne d’abord l’Allemagne, économie la plus extravertie de l’Union, qui voit ses prévisions de croissance tomber à 1,3 % et le nombre de ses demandeurs d’emplois remonter à 4 millions, bien au-delà de l’objectif de 3,5 millions affiché par le chancelier Gerhard Schröder. La France résiste tant bien que mal, mais elle doit essuyer des plans de licenciements (Danone, Moulinex...), qui marquent les consciences dans un pays hanté depuis les années 80 par le spectre du chômage de masse. Le nombre de demandeurs d’emplois remonte en mai pour la première fois depuis quatre ans et, après une année 2000 faste, les prévisions de croissance sont finalement abaissées d’un point à 2,3 %. Dans le reste du monde, la situation n’est guère meilleure. Le Japon continue de s’enfoncer dans la récession (au moins deux trimestres de croissance négative), et voit son PIB baisser de 0,2 %. Les économies émergentes (Asie du Sud-Est, Brésil, Turquie...) sont elles aussi touchées, alors que la crise en Argentine fait craindre un risque d’effondrement financier de toute l’Amérique latine. Avec une croissance estimée à 7,5 %, seule la Chine tire véritablement son épingle du jeu. Dans ce contexte, les attentats du 11 septembre à New York et à Washington tombent un peu comme un couperet sur l’économie mondiale. Avec la suspension du trafic aérien et la fermeture de la Bourse de New York, l’économie américaine est stoppée net pendant une semaine, et le réveil est difficile. Dans les huit jours qui suivent la réouverture de Wall Street, toutes les places financières mondiales perdent au moins 15 %. Le transport aérien et l’industrie aéronautique, victimes des assureurs qui remontent fortement leurs primes, sont contraints de licencier massivement. Les banques centrales tentent bien une nouvelle baisse de leurs taux, concertée cette fois-ci ; la Réserve fédérale américaine ramène le sien à 2,5 %, indice le plus bas depuis 1962. Les États européens décident d’aider directement les compagnies aériennes. Quant au gouvernement du président américain George W. Bush, il abandonne son dogme ultralibéral pour annoncer un plan de 115 milliards de dollars d’aide à l’économie. En fin d’année toutefois, l’ambiance est plus que morose aux États-Unis, avec une croissance négative de 0,4 % au troisième trimestre. Paul O’Neill, dès lors, ne se fait plus d’illusion : « Il n’y a aucune chance pour qu’une économie comme la nôtre échappe à la récession. » BENJAMIN BIBAS COUP DUR POUR LE TRANSPORT AÉRIEN Les attentats du 11 septembre oui été un véritable coup dur pour les compagnies aériennes. Celles-ci, déjà victimes d’une baisse de 50 % du trafic dans le mois qui a suivi les crashs, n’ont pu répondre aux exigences des sociétés d’assurances, qui ont plus que triplé leur facture en exigeant une surprime de 1,25 dollar par passager transporté. Résultat : plus de 10 000 suppressions d’emplois chez les compagnies américaines USAirways et Continental Airlines, plus de 6 000 licenciements chez Air Canada. Pour l’heure, les compagnies européennes restent relativement préservées, grâce aux aides accordées par les gouvernements de l’Union européenne. 21 France Dramatique explosion à Toulouse Une violente explosion se produit dans l’usine pétrochimique AZF (Azote France) dans la banlieue sud de Toulouse, dégageant un épais nuage d’ammoniac, qui ne révèle aucune toxicité. En trois jours de recherche ininterrompues, les sauveteurs retirent 29 morts des décombres et 441 blessés. L’usine pétrochimique AZF est une filiale d’Elf Atochem, une entreprise spécialisée dans la fabrication d’engrais. Quelque 500 personnes étaient employées sur le site, qui produit de l’ammoniac transformé en nitrate d’ammonium, un produit utilisé pour les engrais, ainsi que le combustible de la fusée Ariane. Cette usine AZF est classée « Seveso » – elle entre dans la catégorie des sites à risques industriels majeurs. L’explosion est survenue dans l’entrepôt où étaient stockés 300 tonnes de nitrate d’ammonium. Selon les enquêteurs, le sinistre est « probablement d’origine accidentelle » : après avoir écarté l’hypothèse d’un attentat ou d’un acte de malveillance, ils attribuent l’explosion à une erreur de manipulation. Le procureur de la République a noté que le risque d’explosion « ne semblait downloadModeText.vue.download 109 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 107 pas pris en considération majeure au sein de la sécurité du site ». 22 Basket-ball Basketteuses françaises championnes d’Europe L’équipe de France féminine de basket-ball, vicechampionne en titre, remporte le championnat d’Europe au Mans. En finale, elle bat la Russie sur le score de 73-68 (37-30 à la mi-temps). Pologne Élections parlementaires L’Alliance de la Gauche démocratique (SLD), secon- dée par son allié de l’Union du travail (UP), remporte les élections législatives avec 44,9 % des voix, soit 231 sièges. Cette victoire des ex-communistes qui ont opéré une mutation profonde vers la social-démocratie, risque d’être insuffisante pour lui garantir une majorité homogène à la Diète. Le futur Premier ministre Leszek Miller indique que la formation d’une coalition serait synonyme « de négociations difficiles, de perte de temps et peut-être d’empoignades féroces ». Le binôme SLD-UP devrait donc se trouver un allié de circonstance pour obtenir une majorité. Au centre, Plateforme civique (PO) devient la deuxième formation du pays avec 13 % des voix. Plus à droite, Droit et Justice (PIS) atteint 10 %. Seul le Parti paysan (PSL), jadis allié des postcommunistes, avec 8,7 % des voix, pourrait accepter d’entrer dans un cabinet Miller. 25 France Journée nationale des harkis Une journée unique d’hommage national reconnaît officiellement le drame des harkis. Ces anciens supplétifs de l’armée française, pour la plupart abandonnés par la France en Algérie en 1962, se sont engagés aux côtés de l’armée française contre le Front de libération nationale (FLN). Ils réclament depuis quarante ans une reconnaissance des massacres subis lors du retrait des troupes françaises en Algérie. En mars 1962, après les accords d’Évian qui ont mis fin au conflit, l’armée française avait dénombré 220 000 de ces supplétifs. De 100 000 à 150 000 d’entre eux, restés sur place après avoir été désarmés, ont été massacrés par le FLN, arrivé au pouvoir à Alger. Les différents gouvernements qui ont été confrontés depuis au problème des harkis ont élaboré des mesures spécifiques destinées à faciliter l’insertion des milliers de Français musulmans, rapatriés et fils de harkis. Mais ces mesures ont été perçues comme des « aumônes » ne parvenant pas à panser les plaies de la communauté harka, en quête d’une reconnaissance officielle. Au cours de cette journée nationale, le président de la République prend acte de la dette de la France à l’égard des harkis, « ces combattants fiers et courageux ». 26 Mathématiques Alain Connes, prix Crafoord de mathématiques Considéré dans le milieu des mathématiques comme l’un des meilleurs mathématiciens au monde, déjà distingué par le jury de la médaille Fields, Alain Connes, âgé de cinquante-trois ans, professeur à l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) et au Collège de France, membre de l’Académie des sciences et de la National Academy of Sciences (États-Unis), reçoit le prix Crafoord pour l’année 2001. L’Académie royale des sciences de Suède a récompensé « ses travaux importants dans le domaine de la théorie des algèbres d’opérateurs et pour avoir été l’un des fondateurs de la géométrie non commutative ». L’attribution de ce prix, qui a déjà honoré un Français, Alexandre Grothendieck, en 1988, à un mathématicien français souligne la vitalité de l’école mathématique française. France Crispation des nationalistes corses Les 200 élus de la coalition électorale nationaliste corse Corsica Nazione décident à l’unanimité, au cours d’une assemblée à Corte (Haute-Corse), de « suspendre tout soutien au processus » de Matignon, engagé en décembre 1999 par le gouvernement et les élus corses. Ils appellent le gouvernement à recréer les conditions d’une reprise du dialogue « pour une solution politique négociée ». Les nationalistes justifient cette suspension par l’interpellation de neuf personnes dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Jean-Michel Rossi en août 2000, qui ont cependant toutes été relâchées sans avoir été mises en cause. Le leader nationaliste Jean-Guy Talamoni, principal interlocuteur du gouvernement, lui downloadModeText.vue.download 110 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 108 reproche de ne pas avoir « dénoncé » cette « manipulation grossière ». Après le vote au printemps du projet de loi réformant le statut de l’île, une grande partie des responsables nationalistes jugent les accords de Matignon vidés de leur substance, notamment sur les transferts de compétence, l’enseignement de la langue corse et le regroupement des « prisonniers politiques » en Corse. Corsica Nazione affirme que le processus est « actuellement dévoyé ». Italie La gaffe de Berlusconi Lors d’une conférence de presse à Berlin, le président du Conseil Silvio Berlusconi déclare que « Nous devrions être conscients de la supériorité de notre civilisation [...], un système de valeurs qui a apporté à tous les pays qui l’ont adopté une large prospérité et qui garantit le respect des droits de l’homme et des libertés religieuses », ajoutant que « ce respect n’existe certainement pas dans les pays islamiques ». Les déclarations de M. Berlusconi suscitent une vague de réprobation, notamment en Europe et de la part des dirigeants arabes, la Ligue arabe demandant, pour sa part, des excuses au chef du gouvernement italien. 27 Suisse Tuerie au Parlement Un désespéré, Friedrich Leibacher, âgé de cinquantesept ans, armé d’un fusil d’assaut et d’un pistolet ouvre le feu en pleine séance du Parlement du canton de Zoug, au centre de la Suisse, près de Lucerne. Quinze personnes sont tuées (trois des sept ministres que compte le gouvernement zougois, onze parlementaires, plus le forcené qui s’est finalement suicidé) et 14 blessées. 28 Irlande du Nord Assassinat d’un journaliste catholique en Ulster Martin O’Hagan, âge de cinquante et un ans, journaliste catholique au Sunday World, un hebdomadaire tabloïd de Dublin, est assassiné près de son domicile dans la petite ville nord-irlandaise de Lurgan, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Belfast. Il est le premier journaliste tué par balles dans l’histoire du conflit en Irlande du Nord, qui a fait 3 600 morts en trente-deux ans. Ce meurtre est revendiqué par les Défenseurs de la main rouge, un nom de guerre utilisé comme couverture par les extrémistes de deux milices paramilitaires protestantes : l’UDA-UFF (Association pour la défense de l’Ulster) et la LVF (Force des volontaires loyalistes), un groupuscule qui a rompu en 1995 avec l’autre principale milice protestante, l’UVF (Force des volontaires de l’Ulster). Les assassins entendaient punir les « crimes » de Martin O’Hagan « contre la communauté loyaliste », crimes qui consistaient à publier, dans les colonnes de son journal, des enquêtes dénonçant les trafics mafieux auxquels recourent les groupes armés protestants. Ce meurtre renforce le pessimisme qui règne depuis plusieurs mois en Ulster et constitue un nouveau défi pour le gouvernement britannique. 30 Football Les « Bleuets » aussi champions du monde Les jeunes Bleus remportent le titre mondial des 17 ans à Port of Spain (Trinité-et-Tobago), en battant le Nigeria, pourtant lauréat de l’épreuve à deux reprises (1985 et 1993), trois buts a zéro, buts marqués par Florent Sinama-Pongolle, Anthony Le Tallec et Samuel Piètre. Cette victoire efface la défaite subie (1-2) face aux Nigérians lors de la première phase de l’épreuve. Au palmarès, les Bleuets succèdent au Brésil qu’ils ont dominé (2-1) en quarts de finale. Jusqu’à présent, une seule équipe européenne avait conquis le trophée depuis sa création en 1985, l’URSS, victorieuse du Nigeria en 1987 (1-1, 4 tirs au but à 2). Octobre 1 Russie Conflit tchétchène : rejet d’une médiation de la Géorgie Le Kremlin récuse une offre de médiation présentée par le président géorgien Édouard Chevardnadze, l’ancien ministre soviétique des Affaires étrangères, pour mettre fin au conflit en cours depuis deux ans downloadModeText.vue.download 111 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 109 dans la république indépendantiste de Tchétchénie. Cette offre avait d’autant moins de chances d’aboutir que les relations entre la Russie et la Géorgie sont détériorées, la première accusant la seconde d’abriter des « terroristes tchétchènes ». Alors que la deuxième guerre de Tchétchénie vient d’entrer dans sa troisième année – elle avait officiellement commencé le 1er octobre 1999 –, la Russie considère ce conflit comme une « affaire strictement intérieure », arguant qu’elle n’a « pas besoin » d’une médiation étrangère pour trouver une solution à la crise. Selon les dernières données officielles disponibles, le nombre de morts depuis le début du conflit s’élevait à 3 433 à la fin du mois de juillet, du côté des forces fédérales. Pour les défenseurs des droits de l’homme, il serait trois fois plus important. Les indépendantistes estiment pour leur part que plusieurs dizaines de milliers de civils ont été tués. En Russie même, les événements de septembre semblent avoir conforté l’idée que la guerre en Tchétchénie est une « guerre juste », 46 % de Russes, contre 36 % en juillet, souhaitent que l’opération militaire en Tchétchénie continue. Le 12, la tension s’accroît entre la Russie et la Géorgie, où les affrontements ont repris entre séparatistes abkhazes et partisans géorgiens, après huit années de statu quo. Inde Attentat suicide islamiste au Cachemire Un attentat suicide revendiqué par des islamistes fait au moins 29 morts et une trentaine de blessés devant le parlement de l’État du Cachemire, dans le nord-ouest de l’Inde. Un groupe extrémiste basé au Pakistan a revendiqué la responsabilité de l’action en déclarant qu’un kamikaze avait conduit une voiture chargée d’explosifs devant le bâtiment. 2 États-Unis Bush favorable à la création d’un État palestinien George W. Bush évoque l’idée de la création d’un État palestinien indépendant, « à condition que le droit à l’existence d’Israël soit respecté ». Cette intervention du président américain coïncide avec l’instauration d’un cessez-le-feu scellé officiellement entre Shimon Pères et le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Un cessez-le-feu qui se révèle fragile étant donné la poursuite des exactions sur le terrain, notamment l’explosion d’une voiture piégée dans un quartier résidentiel du sud de Jérusalem. Cet attentat, qui n’a pas fait de victimes, est revendiqué par le Djihad islamique. Les principales organisations islamistes, le Djihad islamique comme le Hamas, avaient fait savoir qu’elles ne respecteraient pas le cessez-le-feu. Washington présente des éléments de preuve contre Ben Laden Le gouvernement américain fournit des preuves impliquant Oussama Ben Laden dans les attentats du 11 septembre contre New York et Washington. Au moins trois des pirates de l’air responsables de ces attentats ont été « formellement identifiés » comme étant des proches de Ben Laden. D’autre part, l’un des lieutenants les plus proches de ce dernier a clairement indiqué qu’il avait participé à la préparation des attentats ; il a également reconnu son implication dans l’organisation Al-Qaida du chef islamiste. Washington se dit déterminé, si les taliban persistent à refuser de livrer Ben Laden, à faire tomber le régime de Kaboul. Les États-Unis et leurs alliés continuent de préparer une intervention militaire en Afghanistan, qui devrait intégrer l’opposition armée aux taliban. L’Alliance du Nord, qui compte de 12 000 à 15 000 hommes armés, a proposé d’être le fer de lance d’une opération terrestre contre les taliban. Islamabad, qui a graduellement pris ses distances avec le régime de Kaboul depuis le 11 septembre, a envoyé à l’ex-roi d’Afghanistan Zaher Shah, en exil à Rome, un message proposant l’ouverture de discussions sur la mise en place d’un gouvernement post-taliban. Le chef suprême des taliban, le mollah Mohammed Omar, a vivement réagi en accusant les États-Unis de vouloir faire revenir l’ancien roi en Afghanistan « pour y prêcher le christianisme ». 4 Russie/Ukraine Explosion d’un avion de ligne Un avion russe Tupolev 154 de la compagnie aérienne russe Sibir en provenance d’Israël explose en vol avant de s’abîmer dans la mer Noire, à 180 km de la station balnéaire de Sotchi, soixante-dix-sept ou soixante-dix-huit personnes se trouvaient à bord, dont 51 Israéliens. Le crash de l’appareil russe s’est produit alors que la Russie, peu après les attentats du 11 septembre, s’est résolument rangée du côté des Américains dans la lutte contre le terrorisme. Après l’avoir démenti, Kiev reconnaît que l’accident est downloadModeText.vue.download 112 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 110 dû au tir accidentel d’un missile sol-air par l’armée ukrainienne. 5 États-Unis Premiers cas d’anthrax Robert Stevens, âgé de soixante-cinq ans, éditeur photo du tabloïd The Sun, décède d’un anthrax pulmonaire en Floride. Certaines coïncidences avec les attentats du 11 septembre ayant éveillé les soupçons des enquêteurs, l’Attorney gênerai (ministre américain de la Justice John Ashcroft ne rejette pas l’éventualité d’un acte terroriste. La maison de Robert Stevens se trouve à 1,5 km d’un aérodrome où Mohammed Atta, l’un des terroristes qui étaient à bord d’un des avions précipités contre les tours du World Trade Center le 11 septembre, avait loué un petit avion à quatre reprises en août. C’est le premier cas de maladie du charbon depuis vingt-cinq ans aux ÉtatsUnis. Arme bactériologique potentielle, l’anthrax ou maladie du charbon est provoque par l’inhalation de spores du Bacillus anthracis. Football France-Algérie : un rendez-vous historique et inachevé La première rencontre officielle entre des footballeurs français et algériens se clôt par la victoire des Bleus (4-1). Jusque-la jamais les véritables équipes nationales ne se sont rencontrées. L’unique précédent remonte au 6 septembre 1975, pour la finale des Jeux méditerranéens. Face à une équipe de France de niveau olympique (joueurs de moins de vingt-trois ans), l’Algérie s’était alors imposée 3 buts à 2. Mais, au Stade de France, ce match amical est interrompu à la 76e minute du temps réglementaire après l’envahissement du terrain par des supporteurs algériens, qui ont débordé des stadiers en nombre insuffisant, puis par les forces de l’ordre, obligeant les joueurs des deux équipes à regagner les vestiaires. L’Amérique frappée par le bioterrorisme Sans précédent, les attaques à l’anthrax qui ont frappé les États-Unis n’ont tué que cinq personnes. Elles ont néanmoins écorné l’image des autorités américaines et cruellement révélé l’absence de contrôle des laboratoires détenteurs d’agents biologiques. Six ans après l’attentat chimique au gaz sarin perpétré dans le métro de Tokyo par la secte religieuse Aum Shinri-Kyo, les États-Unis ont été victimes du premier acte bioterroriste meurtrier de l’histoire. Entre le 5 octobre et le 21 novembre, des courriers contenant des spores de la bactérie responsable de la fièvre charbonneuse (« anthrax » en anglais) ont provoqué la mort de cinq personnes et la contamination de quatorze autres (exposées sans avoir développé la maladie ou ayant contracté sa forme cutanée). 10 000 Américains sous ciprofloxacine L’alerte part de Boca Raton en Floride, où deux cas de la maladie du charbon sont déclarés en moins d’une semaine. Peu après, de nouveaux courriers contaminés arrivent aux sièges de médias basés à New York (les chaînes NBC, ABC, CBS ainsi que le New York Post), puis atteignent le coeur du pouvoir : l’un d’entre eux est adressé à Tom Daschle, chef de la majorité démocrate au Sénat et principal partenaire de George W. Bush dans l’union sacrée politique mise en place au lendemain du 11 septembre. On retrouve aussi des traces d’anthrax à la Chambre des représentants et dans un bâtiment dépendant de la Maison-Blanche. En l’espace de trois semaines, les autorités sanitaires placent, à titre préventif, 10 000 Américains sous ciprofloxacine, seul traitement antibiotique efficace contre la maladie. Deux postiers du centre de tri de Brentwood, par lequel transite le courrier destiné au Congrès et à l’exécutif américains, n’ont pas cette chance et meurent d’un anthrax pulmonaire fin octobre. Les médias vilipendent la pagaille qui règne entre les différentes administrations, l’extrême discrétion de Thomas Ridge, directeur du nouvel office dédié à la sécurité du territoire créé par George Bush fin septembre, les autorités sanitaires, en particulier le centre de contrôle et de prévention des maladies d’Atlanta. Celui-ci n’a pas su prévoir que la simple manipulation du courrier pouvait être dangereuse, pas plus qu’il n’a jugé utile d’ordonner la fermeture du centre de Brentwood, un dépistage systématique ainsi que la mise sous antibiotiques préventive des postiers. D’où ce constat amer des syndicats : « Les employés du tri postal n’ont pas eu droit aux mêmes précautions que le personnel politique. » downloadModeText.vue.download 113 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 111 Au cours de leur enquête, les inspecteurs du FBI ont commencé par rechercher un lien avec AlQaida. Plusieurs des pirates de l’air impliqués dans les attentats du 11 septembre ont séjourné dans les villes d’où sont partis les courriers contaminés, dont certains se terminaient par la même phrase : « Mort à l’Amérique. Mort à Israël. Allah est grand. » Aucun élément n’est cependant venu confirmer l’implication d’Al-Qaida dans cette affaire. Certaines voix ont également laissé entendre que la technique nécessaire pour obtenir un anthrax de la qualité de celui utilisé dans les lettres pouvait désigner l’Irak. Toutefois, Scott Ritter, ancien responsable de l’Unscom, estime que l’aide d’un État n’est pas indispensable pour se procurer des souches d’anthrax, « il suffit d’avoir une entreprise ou une compagnie pharmaceutique ». Aussi les enquêteurs n’écartent-ils pas la possibilité que les coupables soient américains. D’autant que le bioterrorisme n’est pas un phénomène nouveau outre-Atlantique. L’extrême droite a déjà montré ce dont elle était capable en 1995 avec l’attentat d’Oklahoma City... Fin octobre, le porte-parole de la MaisonBlanche, Ari Fleicher, déclare que les spores d’anthrax avaient pu « être produites par un microbiologiste de niveau doctorat dans un petit labo sophistiqué », piste également envisagée un mois plus tard par le ministre de la Santé, Tho- mas Thompson. Une même souche Reste que si les enquêteurs ont établi que les bacilles placés dans les courriers provenaient tous de la souche « Ames », mise au point sur le territoire américain et désormais utilisée dans le monde entier, ils ignorent si la source est interne ou internationale. À vrai dire, personne ne sait combien de laboratoires américains la manipulent ni combien de scientifiques y ont eu accès. La raison est peutêtre à rechercher dans la politique ambiguë que les États-Unis continuent de mener dans le domaine des armes biologiques. Bien que son pays ait ratifié la Convention internationale de 1972 qui interdit « le développement, la production et le stockage » d’agents biologiques à des fins militaires, l’administration Bush a fait capoter à Genève, en juillet 2001, les négociations visant à lui adjoindre un protocole de contrôle exigeant la déclaration de toute activité liée à la guerre biologique (y compris les recherches sur les vaccins ou les thérapies). Les États-Unis refusent la mise en place d’un système d’inspection international de leurs laboratoires et arsenaux au motif qu’il menacerait leur sécurité nationale. Juste après les attaques bioterroristes, qui ont pourtant démontré que la sécurité du peuple américain – et du monde – réclamait un tel contrôle sur les entreprises publiques ou privées manipulant des germes mortels, l’administration Bush a réaffirmé, fin novembre, son opposition au protocole. La terrible leçon de l’automne n’a visiblement pas porté ses fruits. EMMANUEL CHICON LES BREVETS VUS DES ÉTATS!UNIS Le gouvernement américain s’est toujours montré prompt à défendre les brevets des firmes pharmaceutiques contre certains pays du Sud invoquant l’urgence sanitaire nationale pour accéder à des traitements antisida à moindre coût. Avec la crise l’anthrax, « l’intérêt supérieur de la nation américaine » a soudain autorisé le ministre de la Santé Thomas Thompson à menacer Bayer de lever le brevet qu’elle détient sur la ciprofloxacine et de recourir à sa version générique si la firme allemande ne baissait pas son prix. Bayer a fini par s’incliner, sauvant ainsi son brevet et la somme rondelette (estimée à 190 millions d’euros) que la lutte contre le bioterrorisme lui permet- tra d’engranger. 7 Afghanistan Offensive aérienne américanobritannique Washington et Londres bombardent des cibles en Afghanistan. Des salves de missiles de croisière Tomahawk et de bombes guidées frappent des infrastructures de l’organisation Al-Qaida d’Oussama Ben Laden et de la milice fondamentaliste au pouvoir à Kaboul depuis 1996. Cette première action militaire a été saluée notamment par la Russie, l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Espagne, le Japon, le Mexique, la Chine et Taïwan. Kaboul et les grandes villes afghanes, comme Kandahar (sud), Mazar-i-Sharif (nord), Jalalabad (est), Farah (ouest) et Kunduz (nord) ont été visées. Les frappes font plus de vingt morts à Kaboul, selon downloadModeText.vue.download 114 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 112 l’agence Afghan Islamic Press (AIP), basée au Pakistan et proche du régime. Il s’agit du premier acte militaire de l’opération « Liberté immuable », décrétée il y a vingt-six jours contre le terrorisme mondial par le président Bush, après les attentats du 11 septembre contre New York et Washington. M. Bush a rappelé que les taliban avaient refusé de livrer Oussama Ben Laden, que Washington tient pour responsable des attaques qui ont fait environ 5 500 morts ou disparus aux États-Unis, et de fermer les camps d’entraînement terroriste. Le premier objectif de ces frappes est d’assurer la maîtrise du ciel, a déclaré le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld ; elles ont pour but de conduire à la chute des taliban. Les bombardements américano-britanniques interviennent alors que les États-Unis ont commencé un déploiement de troupes au sol au nord de l’Afghanistan et en Ouzbékistan. Oussama Ben Laden déclare dans un message vidéo préenregistré que, désormais, les Américains ne sont plus en sécurité. De leur côté, les forces de l’opposition afghane commandées par le général Abdul Qassim Fahim bombardent à leur tour les positions des taliban à Mazar-i-Sharif, ville stratégique du nord de l’Afghanistan, en conjonction avec les nouvelles frappes américaines. Le 9, après deux nuits consécutives de bombardements, l’aviation américaine mène un raid de jour sur Kandahar, bastion des miliciens islamistes dans le sud de l’Afghanistan. 8 Italie Catastrophe aérienne à Milan Une collision à l’aéroport de Milan-Linate entre un avion de ligne de la compagnie aérienne Scandinave SAS, un MD-87 avec 104 passagers et 6 membres d’équipage à destination de Copenhague, et un appareil Cessna, d’une compagnie privée allemande, en provenance de Cologne, fait 118 morts. C’est la catastrophe aérienne la plus grave depuis trente ans en Italie. L’erreur humaine à l’origine de l’accident écarte la responsabilité des contrôleurs aériens et de l’aéroport, dont le radar de terre ne fonctionnait plus depuis novembre 1999. Médecine Prix Nobel 2001 Le prix Nobel de physiologie et médecine est attribué conjointement à l’Américain Leland H. Hartwell, chercheur au Fred Hutchinson Cancer Research Center à Seattle, et aux Britanniques R. Timothy (Tim) Hunt et Paul M. Nurse, chercheurs à l’Imperial Cancer Research Fund de Londres, pour leurs découvertes en matière de recherche cellulaire, qui a des applications directes dans la lutte contre le cancer. Les trois lauréats ont mis en avant le contrôle du cycle cellulaire, la division continuelle des cellules en deux cellules identiques remplaçant celles qui meurent, et la transmission des chromosomes aux cellules filles, identifiant les molécules clefs qui commandent ce cycle. La compréhension de ce cycle permet d’en mieux saisir les dysfonctionnements et notamment de mieux comprendre les altérations du génome dans les cellules cancéreuses, ce qui ouvre des voies nouvelles pour le traitement des cancers. 9 France La Cour de cassation entérine l’immunité du chef de l’État La Cour de cassation, la seule compétente pour fixer le statut pénal du président à raison des faits commis en dehors de ses fonctions, rend un arrêt historique qui met le président de la République à l’abri de toute poursuite pendant son mandat. Elle comble ainsi le vide juridique créé par la Constitution et la loi. Il en résulte qu’aucun juge n’a le pouvoir d’entendre Jacques Chirac comme témoin assisté par un avocat, car il s’agit d’une procédure appliquée aux suspects, ni de le mettre en examen, acte réservé aux justiciables sur lesquels pèsent des charges. Hors le cas de haute trahison qui relève de la Haute Cour de justice, « les poursuites pour tous les autres actes devant les juridictions pénales de droit commun ne peuvent être exercées pendant la durée du mandat présidentiel, la prescription de l’action publique étant alors suspendue ». À la suite de cet arrêt, les députés PS Arnaud Montebourg et Jean Codognès retirent leur proposition de mise en accusation de Jacques Chirac. Cette proposition visait l’enquête sur les HLM de Paris, enquête annulée en septembre par la Cour de cassation, et l’affaire des emplois présumés fictifs du RPR à la mairie de Paris. 10 Chimie Prix Nobel 2001 Le prix Nobel de chimie est attribué conjointement à l’Américain William S. Knowles et au Japonais Ryoji downloadModeText.vue.download 115 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 113 Noyori, d’une part, et à l’Américain K. Barry Sharpless, d’autre part, pour leurs travaux sur le développement de la synthèse asymétrique catalytique. Les deux premiers sont récompensés pour leurs travaux sur « les réactions d’hydrogénation catalysées par chiralité » et le troisième, pour ses travaux sur « les réactions d’oxydation catalysées par chiralité ». Les résultats de leurs recherches fondamentales sont exploités dans un large éventail de synthèses industrielles de produits pharmacologiques tels que les antibiotiques, les antiinflammatoires et les cardiotoniques. Les recherches de William S. Knowles sur la réalisation de catalyseurs chiraliens ont notamment permis de mettre au point des médicaments utilisés pour lutter contre la maladie de Parkinson. Physique Prix Nobel 2001 Les chercheurs américains Eric Cornell et Carl Wieman et allemand Wolfgang Ketterle reçoivent le prix Nobel de physique 2001, pour avoir mis en pratique les théories avancées dans les années 1920 sur le condensât de Bose-Einstein, en réussissant à garder des atomes sous contrôle, en les faisant « chanter à l’unisson ». Ils ont été récompensés « pour la réalisation de la condensation Bose-Einstein dans des nuages gazeux d’atomes alcalins ainsi que pour leurs études postérieures fondamentales sur les propriétés du condensat ». 11 Littérature Prix Nobel 2001 Le prix Nobel de littérature est attribué à l’auteur britannique, né à Trinité-et-Tobago, sir Vidiadhar Surajprasad Naipaul, âgé de soixante-neuf ans, « pour avoir mêlé narration perspective et observation incorruptible dans des oeuvres qui nous condamnent à voir la présence de l’histoire refoulée ». Nouvelliste et romancier, V. S. Naipaul est né dans une famille d’immigrés indiens de haute caste. Ayant rejoint l’Angleterre à dix-huit ans et étudié la littérature anglaise à Oxford, il publie des romans (les Hommes de paille, 1957 ; Une maison pour Monsieur Biswas, 1956), avant de se lancer dans des récits qui ont pour objectif de « rendre compte » des gens, oeuvres majeures qui traitent du métissage culturel postcolonial et du déracinement (l’Illusion des ténèbres, Crépuscule sur l’Islam, voyage au pays des croyants, À la courbe du fleuve, l’Inde, un million de révoltes, l’Énigme de l’arrivée, Un chemin dans le monde). Économie Prix Nobel 2001 Le prix Nobel d’économie est attribué aux Américains Joseph Stiglitz, un ancien économiste en chef à la Banque mondiale, George Akerlof et Michael Spence «pour leurs travaux sur les marchés avec asymétrie d’information », c’est-à-dire sur les différences d’informations détenues par certains agents économiques par rapport à leurs contreparties. Ces théories s’appliquent particulièrement aux relations entre débiteurs et créanciers ou aux rapports entre pays développés et tiers-monde. 12 Paix Prix Nobel 2001 Le prix Nobel de la paix est décerné conjointement au secrétaire général ghanéen des Nations unies Kofi Annan et à l’ONU pour leur action en faveur d’« un monde mieux organisé et plus pacifique ». Un mois après les attentats du 11 septembre aux États-Unis et un peu moins d’une semaine après le début des frappes anglo-américaines contre l’Afghanistan, le comité Nobel tient ainsi à rappeler que « la seule voie négociable vers la paix et la coopération dans le monde passe par les Nations unies » et salue celui qui a contribué à leur « insuffler une nouvelle vie ». Kofi Annan est le second secrétaire général des Nations unies distingué par le Nobel de la paix, après le Suédois Dag Hammarskjöld, qui l’avait reçu à titre posthume en 1961, après sa mort dans un accident d’avion lors d’une mission de paix au Congo. 14 France Verts : Lipietz non, Mamère oui Lors d’une consultation organisée par le mouvement écologiste, les militants verts se prononcent en majorité – 64,4 % pour et 35,2 % contre – pour le retrait d’Alain Lipietz de la candidature à l’élection présidentielle de 2002. Lors du second tour des primaires de juin dernier, M. Lipietz l’avait emporté de justesse, avec 50,3 % des voix, face à Noël Mamère. Le vote des militants clôt un épisode qui s’est révélé downloadModeText.vue.download 116 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 114 désastreux pour le parti écologiste dont le candidat à la présidentielle n’obtenait que 3 à 4 % des intentions de vote au premier tour dans les sondages à la suite, notamment, de ses déclarations sur l’amnistie des terroristes corses. Le 29, après avoir annoncé qu’il déclinait irrévocablement toute nouvelle candidature, le député-maire de Bègles Noël Mamère est investi par les militants verts pour être le candidat du mouvement écologiste à l’élection présidentielle de 2002. Nigeria Nouveaux affrontements meurtriers Le « géant de l’Afrique noire », avec ses 120 millions d’habitants, est le théâtre d’une vague de violences interreligieuses suscitées par une manifestation contre les bombardements américains en Afghanistan. Des combats de rue visant particulièrement des chrétiens ont éclaté entre militants musulmans et l’armée, à Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria. L’ordre n’a été rétabli, progressivement, qu’après l’arrivée de renforts militaires. La police fait état de treize morts. De plus en plus vive, la tension religieuse risque de plonger la république fédérale du Nigeria dans une nouvelle crise après la guerre sécessionniste du Biafra à la fin des années 1960. Le Nord, islamisé depuis le début du XIXe siècle et dont plusieurs États ont adopté, l’an passé, la loi coranique (charia), est en conflit ouvert avec les parties méridionales, où les chrétiens et les animistes sont plus nombreux que les musulmans. 15 Angleterre Blair en faveur d’un État palestinien À la suite d’une rencontre avec le chef de l’autorité palestinienne Yasser Arafat, le Premier ministre britannique Tony Blair affirme son soutien à la création d’un « État palestinien viable », un État qui ne pourrait exister que dans le cadre d’un accord global qui assure « paix et sécurité » à Israël. De son côté, Yasser Arafat condamne une nouvelle fois les attentats du 11 septembre aux États-Unis, affirmant qu’il ne pouvait y avoir « aucun point commun entre notre cause juste et des objectifs et des méthodes injustes ». 16 France Haro sur la cohabitation Le directeur de cabinet de Lionel Jospin depuis 1997, Olivier Schrameck, publie aux éditions du Seuil Matignon rive gauche, 1997-2001, un réquisitoire implacable contre la cohabitation. Dans cet ouvrage écrit avec l’aval de Lionel Jospin, le plus proche collaborateur du Premier ministre met en cause le système de la cohabitation qu’il décrit comme une « guerre de tranchées » entre les deux têtes de l’exécutif, n’hésitant pas à s’en prendre directement à Jacques Chirac, qu’il qualifie d’« héritier recru d’épreuves de Georges Pompidou » et de « tribun de l’opposition usant d’un ministère de la parole ». En outre, il estime que Lionel Jospin est « le mieux placé » pour porter les couleurs de la gauche en 2002. L’opposition dénonce un « pamphlet scandaleux plein d’une haine personnelle contre le président de la République », et les présidents des sept groupes de droite à l’Assemblée nationale et au Sénat réclament la démission d’Olivier Schrameck, coupable à leurs yeux d’avoir enfreint le devoir de réserve imposé aux hauts fonctionnaires. Meurtre de deux policiers Deux policiers sont tués et un de leur collègue blessé par balles lors d’une intervention pendant un cambriolage au Plessis-Trévise, dans le Val-de-Marne. Tandis qu’ils interpellaient un homme, les policiers ont été pris pour cibles par plusieurs complices, au nombre de cinq ou six, qui ont pris la fuite. Deux hommes « très connus des services de police » sont, coup sur coup, appréhendés. Par ailleurs, le 18, quatre policiers sont légèrement blessés par des coups de feu tirés dans une cité d’un quartier nord d’Amiens. Le rapprochement de ces faits avec le qua- druple meurtre d’Athis-Mons dans l’Essonne – le 8, le gérant d’un bar, son épouse, la femme de ménage et une serveuse ont été abattus par balles par plusieurs hommes – met en évidence la lassitude des policiers confrontés à une insécurité qu’ils estiment grandissante. D’autant que la mise en cause dans le quadruple meurtre d’Athis-Mons de trois hommes, dont l’un – Jean-Claude Bonnal – a été libéré en décembre 2000 malgré sa mise en examen pour un braquage, relance l’affrontement police-justice. Les policiers prennent pour cible la loi sur la présompdownloadModeText.vue.download 117 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 115 tion d’innocence élaborée par Élisabeth Guigou et entrée en vigueur début 2001, qui, selon le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant lui-même, « empêche les fonctionnaires de police d’accomplir leur mission ». 17 France « Devoir de mémoire » envers les Algériens Le maire de Paris Bertrand Delanoë dévoile sur le pont Saint-Michel une plaque à la mémoire des dizaines d’Algériens victimes de la répression d’une manifestation pacifique le 17 octobre 1961. « À la mémoire des nombreux Algériens victimes de la répression sanglante lors d’une manifestation pacifique », peut-on lire sur cette plaque. Quarante ans après les faits, ce geste symbolique constitue la première reconnaissance officielle de ces événements. Mais cette commémoration est contestée dans la classe politique et chez les policiers. Le maire, lui, évoque un « devoir de mémoire ». Selon les historiens, entre 30 et 300 personnes sont décédées à la suite des événements du 17 octobre 1961. Ce jour-là les forces de police ont violemment réprimé le rassemblement de 20 000 à 30 000 Algériens organisé à l’appel du FLN contre un couvre-feu imposé aux seuls musulmans par le préfet de police de la capitale, Maurice Papon. Israël Assassinat d’un ministre israélien par le FPLP Le ministre israélien du Tourisme Rehavam Zeevi, âgé de soixante-quinze ans, est abattu par balles à l’hôtel Hyatt de Jérusalem-Est lors d’un attentat revendiqué par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et commis en représailles contre l’assassinat du chef du FPLP, Mustapha Zibri (Abou Ali Mustapha), tué par une roquette israélienne le 27 août à Ramallah. Le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Pères exhorte le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, qui a condamné l’assassinat et réaffirmé son engagement à conclure une trêve avec l’État hébreu, à arrêter les activistes palestiniens, au risque, dans le cas contraire, de voir « le feu tout ravager ». Membre de l’Union nationale, une coalition de deux petits partis d’extrême droite, Rehavam Zeevi était connu pour ses positons ultranationalistes et anti-arabes. Il venait d’annoncer que l’Union nationale quittait la coalition gouvernementale du Premier ministre Ariel Sharon, ce dernier ayant autorisé l’allégement des conditions de circulation des Palestiniens. États-Unis Anthrax à Washington Une lettre contenant la bactérie de l’anthrax est adressée, à Washington, au leader démocrate du Sénat américain Tom Daschle, non exposé lui-même à la missive. Les analyses révèlent une forme très puissante et très virulente de la bactérie, probablement fabriquée par un expert. La lettre adressée au sénateur présente les mêmes caractéristiques que celle envoyée le même jour à New York à Tom Brokaw, présentateur-vedette de NBC. La même personne serait à l’origine des deux lettres. Le bilan actuel des personnes ayant été contaminées ou exposées au bacille du charbon s’élève à 43. La peur d’une attaque bioterroriste gagne le monde : alors que de nouveaux cas d’anthrax, déclarés ou suspectés, sont signalés aux États-Unis, d’autres pays sont gagnés par la psychose, telles la France, l’Allemagne ou la Suisse. Devant la psychose induite par l’annonce des découvertes d’anthrax, l’Organisation mondiale de la santé met en garde contre les conséquences d’un abus d’antibiotiques par des personnes craignant d’être exposées au bacille. En France, le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, s’insurge contre les auteurs de fausses alertes et souligne qu’il n’y a « aucun cas avéré » de la maladie du charbon. Le 22, un premier cas d’anthrax se déclare à Washington : un employé du principal centre de tri postal est atteint d’anthrax pulmonaire, forme la plus grave de la maladie. 19 Asie-Pacifique Rencontre Bush-Poutine-Jiang Zemin Le président américain George W. Bush rencontre ses deux homologues russe et chinois lors du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui se déroule à Shanghai ; forum que Taïwan a décidé de boycotter. Il s’agit du premier déplacement à l’étranger de George W. Bush depuis les attentats du 11 septembre. Ce dernier se dit convaincu que la Russie et la Chine se tiennent « aux côtés du peuple américain » dans la guerre contre le terrorisme, tandis que son homologue Jiang Zemin le pressait d’« éviter les victimes innocentes » lors des opérations en Afghanistan. Il s’estime notamment satisfait de la coopéradownloadModeText.vue.download 118 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 116 tion de la Chine en matière de renseignement et de recherche des actifs financiers de l’organisation AlQaida du milliardaire d’origine saoudienne Oussama Ben Laden. Union sacrée de l’APEC à Shanghai Le terrorisme international s’est imposé à l’ordre du jour du Forum de l’APEC à Shanghai. Chacun des trois grands pays de la zone – États-Unis, Russie et Chine – y a trouvé le soutien des deux autres à sa propre politique, sous couvert d’une unanimité de façade dans la lutte contre le terrorisme. Ce sera certainement l’image que l’on retiendra du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC) réuni à Shanghai du 19 au 21 octobre : le président chinois, hôte du sommet, et ses homologues américain et russe posant devant les photographes, vêtus de vestes traditionnelles chinoises. Cette image des trois hommes habillés à l’identique renvoie à la fois à l’idée d’uniforme, qui traduit leur unanimité face au problème du terrorisme international, et à l’idée de déguisement, qui illustre une réalité tout aussi partagée, celle de la realpolitik, qui fait qu’une alliance sert d’abord des objectifs particuliers à chacun des « alliés ». Le Bien et le Mal L’APEC, qui regroupe vingt et un pays de la zone Asie-Pacifique représentant 60 % du PIB mondial et 50 % du commerce international, est en principe un forum économique destiné à accélérer la libéralisation des échanges. Orchestrée cette année par Pékin, la réunion des chefs d’État et de gouvernement de la région devait célébrer l’adhésion annoncée de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’actualité en a modifié le propos, mais pas l’étendue du profit diplomatique que la Chine comptait tirer de l’événement. Pékin s’est fait une place de choix sur la nouvelle grille internationale, dont les directions antagonistes ne sont plus l’Est et l’Ouest ni le Nord et le Sud, mais le Bien et le Mal. Le premier effet marginal du Forum de Shanghai, dans ce nouveau contexte, a été l’occasion qu’il a offerte au président chinois Jiang Zemin et à son homologue américain George W. Bush de se rencontrer pour la première fois. Les deux dirigeants ont ainsi scellé le réchauffement sinoaméricain en cours, après un début d’année très froid, marqué par l’affaire de l’avion espion américain, les arrestations par la Chine d’universitaires sino-américains soupçonnés d’espionnage et les ventes d’armes américaines à Taïwan. Le nom d’Oussama Ben Laden n’est pas évoqué La déclaration finale du Forum de l’APEC « condamne sans équivoque [et] dans les termes les plus vifs » les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Le terrorisme, « dans toutes ses formes, où qu’il soit perpétré [...] et par qui que ce soit », constitue « une profonde menace pour la paix, la prospérité et la sécurité des peuples », affirme le texte. La déclaration propose l’adoption de mesures techniques de lutte contre le terrorisme comme la neutralisation de ses réseaux de financement, l’amélioration du fonctionnement des douanes ou le renforcement de la sécurité dans les ports et les aéroports. Sur le plan politique, c’est aux Nations unies d’assumer leur « rôle majeur », indique la déclaration. L’opération américaine « Liberté immuable » n’est ainsi pas directement cautionnée par les autres membres de l’APEC. La déclaration n’évoque ni le nom d’Oussama Ben Laden ni celui de son réseau AlQaida. Si le président Bush a obtenu le soutien de Jiang Zemin et de Vladimir Poutine à son intervention en Afghanistan, il n’a pas vaincu la résistance des pays asiatiques à majorité musulmane, principalement l’Indonésie et la Malaisie. Sous couvert de considérations humanitaires et de volonté de privilégier une « réponse collective et internationale » au terrorisme, Djakarta et Kuala Lumpur entendaient surtout ne pas laisser à leur opposition islamiste le monopole de la critique des bombardements américains. Jiang Zemin a également fait part à George Bush de sa préoccupation de s’en tenir à « des cibles clairement définies », d’« éviter les victimes civiles » et de laisser l’ONU jouer un rôle dans le règlement du conflit. Vladimir Poutine a montré moins de scrupules. Il a jugé la riposte américaine « mesurée et appropriée », et a encouragé les États-Unis à la poursuivre : « Si on démarre cette lutte, il faut la terminer », a-t-il affirmé. Le président russe a parfaitement été entendu par son homologue américain qui a estimé que « les défis et les buts downloadModeText.vue.download 119 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 117 que nous partageons fournissent l’occasion de repenser et de renouveler une relation plus large ». Grand écart Car cette union sacrée contre l’entité mal définie du « terrorisme international » cachait de la part de chacun des nouveaux alliés des arrièrepensées beaucoup plus précises. Les États-Unis entendaient obtenir la bienveillante neutralité de la Russie et de la Chine à l’égard du caractère unilatéral de leur opération en Afghanistan : cela est fait. En retour, la Russie et la Chine, en plus de fonder sur de nouvelles bases leur partenariat avec les États-Unis, voulaient obtenir la bénédiction de Washington, ou tout au moins son silence, au sujet de la répression de leurs « terrorismes » internes, tchétchène pour l’un, ouïgour – voire tibétain – pour l’autre. Et la déclaration de George Bush, lors d’une conférence de presse, comme quoi « la guerre contre le terrorisme ne doit pas servir d’excuse pour persécuter les minorités », ne devait être prise que pour l’expression du grand écart qu’entraîne parfois l’exercice de la realpolitik. GEORGES CHEVRON PUDONG, QUARTIER DE HAUTE SÉCURITÉ En écho aux récents attentats aux ÉtatsUnis, le sommet de l’APEC qui se tenait dans le quartier de Pudong, véritable « Manhattan » de Shanghai, s’est déroulé dans un climat de paranoïa sécuritaire. Le quartier d affaires aux gratte-ciel provocateurs avait été vidé de ses occupants. La ville elle-même était désertée par sa population à laquelle les autorités avaient donné cinq jours de congé. Pour plus de sûreté, Shanghai avait été fouillée de fond en comble, ses communautés sensibles, tels les Ouïgours musulmans du Xinjiang, avaient été éloignées, les dissidents du Parti démocrate chinois – interdit – avaient été arrêtés, et le nombre des passagers aériens en provenance du Moyen-Orient restreint au maximum. Enfin, pour réduire encore les risques, plus de vingt mille personnes suspectes avaient été interpellées à travers le pays lors des semaines précédentes. 20 France Manifestation à Toulouse pour des logements Quatre semaines après l’explosion de l’usine chimique AZF, 1 100 personnes selon la police, de 2 500 à 3 000 selon les organisateurs, manifestent à Toulouse à l’appel du collectif « Plus jamais ça, ni ici, ni ailleurs » pour réclamer essentiellement des logements. Ce collectif, qui regroupe des syndicats, des partis politiques de gauche et d’extrême gauche, des étudiants, des associations écologistes, antimondialisation et de quartier, demande la fermeture du pôle pétrochimique et la reconnaissance de la responsabilité des pouvoirs publics et de TotalFinaElf. Toulouse : explosion de l’usine AZF Le vendredi 21 septembre, l’explosion de l’usine chimique AZF Grande-Paroisse fait 30 morts et des milliers de blessés. Les 300 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans les bâtiments sont parties en flammes. En 1924, année de sa construction, l’usine était en plein champ : rattrapée par l’urbanisation galopante, elle s’est retrouvée aux portes de la ville. Quelque 25 000 logements touchés, dont 11 000 détruits, 50 000 sinistrés... Près de deux mois après l’explosion, les « sans-fenêtres » manifestent, début novembre, contre la lenteur des procédures d’assurance, quelques jours après l’appel de détresse lancé par le maire (UDF), Philippe Douste-Blazy qui demande la mise en place d’un « plan Marshall » pour sa ville. La mise en place d’un plan d’urgence Dès l’annonce de l’accident, une évaluation des risques de pollution de l’atmosphère et des eaux est effectuée. Un effort financier considérable est consenti par le gouvernement : 1,5 milliard de francs (270 millions de francs d’aides aux particuliers et aux entreprises, plus de 500 millions pour la reconstruction des hôpitaux et plus de 800 millions pour les bâtiments universitaires et les services de l’État). Cet effort est relayé par les collectivités locales qui distribuent des chèques downloadModeText.vue.download 120 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 118 à plus de 35 000 familles. De même, les associations se mobilisent. Une formidable chaîne de solidarité s’organise. Immédiatement différents dispositifs d’urgence sont mis en place : installation de mobil-homes pour les sans-abri, réquisition de logements, mobilisation de tous les artisans des alentours, réduction des taxes d’habitation et dispense de loyers dans les HLM, prise en charge des victimes non assurées par le groupe TotalFinaElf. Malgré l’ampleur des efforts, de nombreux sinistrés demeurent excédés par la lenteur des travaux et s’inquiètent de l’entrée dans l’hiver. Les compagnies d’assurance sont montrées du doigt. La thèse de l’accident privilégiée Trois jours après l’explosion, une séance exceptionnelle du conseil municipal de Toulouse demande le départ des trois usines de la ville : AZF, la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) et Tolochimie. Cela ne manque pas de susciter la stupeur de certains industriels, les trois établissements versant chaque année 50 millions de francs à la ville et 26 millions au département et à la Région. Plusieurs plaintes sont déposées contre Thierry Desmarest, P-DG de TotalFina, pour « mise en danger de la vie d’autrui et coups et blessures involontaires ». Alors que des rumeurs sur l’hypothèse d’un attentat se multiplient dans le climat de psychose de l’après 11 septembre et que le Figaro du 24 septembre parle des « mystères du drame de Toulouse », trois enquêtes sont lancées, judiciaire, administrative et interne. Dans une conférence de presse donnée le 24 septembre, le procureur de la République de Toulouse Michel Bréard affirme qu’il y a « 99 % de chances » pour que l’explosion du silo de nitrates soit accidentelle. Le procureur veut néanmoins faire taire les rumeurs et apaiser le climat. Il laisse percer une sourde accusation de négligence contre les responsables de l’usine qui appartient au groupe. Le 4 octobre, un rapport d’experts transmis aux juges conclut à la thèse de l’accident. La sécurisation des sites existants, préalable à la coopération usine-ville Quelques heures après l’accident, le Premier ministre, élu de Cintegabelle, près de Toulouse, est sur place et déclare : « Il faudra tirer un certain nombre de conséquences. » Le débat est lancé sur « la société du risque » notamment pour les 10 millions de citadins qui vivent à proximité de zones industrielles. Dés le 25 septembre, 3 000 personnes défilent dans le centre-ville à l’appel du collectif « Plus jamais ça », aux cris de « Total ment, Total assassin ! », et l’association des maires des grandes villes de France (AMGVF) juge nécessaire d’engager « une réflexion sur l’implantation des sites industriels dangereux ». Un mois après l’explosion, répondant au maire de Toulouse Philippe Douste-Blazy qui l’interrogeait sur l’avenir des sites Seveso, le Premier ministre Lionel Jospin rappelle l’urgence d’engager une réflexion sur le risque industriel. « Cette catastrophe nous oblige à remettre à plat, ensemble, la gestion du risque industriel, la surveillance et le contrôle des installations », a-t-il précisé. Il en appelle par ailleurs au renforcement des contrôles dans les usines et annonce la création d’un site Internet à l’intention des particuliers. Cet outil (http://debat-risques.environnement.gouv.fr) reprend la définition précise du risque industriel, les mesures politiques de prévention des risques et organise un forum de discussion. Souhaité par le Premier ministre Lionel Jospin lors de son déplacement dans la ville rose le 28 septembre, le débat national sur les risques industriels est lancé le 13 novembre par le ministre de l’Environnement Yves Cochet. Il doit prendre la forme d’une trentaine de tables rondes régionales, dont le parcours doit s’achever à Paris le 11 décembre. Lors de la première, le 15 novembre sur les rives de l’étang de Berre, le ministre en appelle à un renforcement du rôle des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) pour permettre un contrôle plus systématique des installations et la mise en place de comités locaux d’information sur les risques. « Mettre les usines à la campagne, cela n’a pas de sens », a-t-il rappelé, précisant que de manière exceptionnelle uniquement cette possibilité pouvait se présenter. L’occasion pour lui d’appeler de ses voeux un « après Toulouse ». CÉLINE CABOURG 1 249 SITES SEVESO L’usine d’engrais chimiques AZF GrandeParoisse appartenant à une filiale de TotalFinaElf est un établissement industriel classé Seveso II. On dénombre pas moins de 1 249 sites Seveso classés à risques dans l’Hexagone et entre 416 et 625 sites downloadModeText.vue.download 121 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 119 industriels dangereux Seveso II. Les installations et directives Seveso sont appelées ainsi depuis un rejet accidentel de dioxine, le 10 juillet 1976, sur la commune de Seveso en Italie. Selon les termes de la directive européenne Seveso II, les industriels ont le devoir d’évaluer les risques de ces installations et de les réduire par des mesures techniques et opérationnelles. La volonté d’Yves Cochet, le ministre de l’Environnement est de renforcer la loi de 1987 sur la sécurité civile qui permet de geler l’urbanisation autour de nouvelles installations Seveso. En tête du palmarès des régions à forte concentration de sites à risques, Rhône-Alpes (139 sites) Île-de-France (102) et Nord-Pas-de-Calais (97). 21 Allemagne Victoire du SPD à Berlin Les sociaux-démocrates arrivent en tête de l’élection régionale anticipée du Land de Berlin. Mené par le maire sortant Klaus Wowereit, le SPD progresse par rapport au scrutin précédent, passant de 22,4 % à 29,7 % des suffrages, et devient le premier parti de la capitale allemande. Éclaboussée par un scandale financier, la CDU subit une défaite historique : avec 27 % des suffrages – soit 17 % de moins que lors de l’élection précédente en 1999 –, les chrétiens-démocrates recueillent leur plus mauvais score depuis 1948. L’élection anticipée de Berlin est la conséquence de l’éclatement, en mai dernier, de la grande coalition socialo-chrétienne-démocrate qui, depuis 1991, gouvernait la capitale : le maire CDU, Eberhard Diepgen, avait alors été forcé à la démission. Depuis, la ville-État de Berlin était gouvernée par une alliance entre sociaux-démocrates et Verts, avec un soutien sans participation des néocommunistes du PDS. Ces derniers, menés par l’avocat Gregor Gysi, se placent en troisième position, avec 22,6 % des suffrages (17,7 % en 1999), et sont appelés à jouer un rôle croissant dans la vie politique de la capitale de l’Allemagne réunifiée. Douze ans après la chute du mur, le PDS – dont les cadres sont souvent issus de l’ancien SED d’Allemagne de l’Est – confirme qu’il est une formation profondément enracinée, surtout dans les circonscriptions de l’ancien Berlin-Est, où près de 50 % des électeurs ont voté en sa faveur. Son score rend hypothétique l’alliance qu’envisageait le SPD avec les écologistes et les libéraux du FDP. Or, avec seulement 9,1 % des suffrages (contre 9,9 % en 1999), les Verts font un score qui ne permet pas à lui seul de stabiliser une majorité. Les négociations en vue de former le prochain gouvernement du Land de Berlin butent sur le profil de la coalition qui dirigera le gouvernement régional. Espace Claudie Haigneré dans l’ISS L’astronaute française Claudie Haigneré et ses deux coéquipiers russes – le commandant de vol Viktor Afanassiev et l’ingénieur de bord Konstantin Kozeïev – s’envolent à bord d’un vaisseau Soyouz vers la Station spatiale internationale (ISS) pour remplacer la capsule de secours de la station et réaliser un large programme scientifique. Ingénieur de bord dans cette mission de dix jours intitulée Andromède, Claudie Haigneré est la première Française et la première Européenne à bord de l’ISS. L’équipage francorusse rentre sur Terre le 31 octobre en se posant à 177 km au sud-est de la ville kazakhe de Djezkazgan. Aux seize jours de son baptême de l’espace, en 1996, avec Mir, la spationaute française a ajouté dix jours au cours desquels elle aura mené des expériences biomédicales, techniques et environnementales. Pourtant, l’avenir de l’ISS n’est pas clair. Un surcoût d’au moins 4,8 milliards de dollars contraint la NASA à réfléchir à la suite du projet prévu pour compter six occupants permanents, au lieu de trois actuellement. L’étendue des recherches s’en trouverait nettement limitée. 23 Irlande du Nord L’IRA annonce son désarmement L’Armée républicaine irlandaise se déclare prête à entamer son désarmement sous le contrôle d’une équipe internationale d’inspecteurs indépendants – la Commission internationale indépendante sur le désarmement, chargée de surveiller la neutralisation de l’arsenal de l’IRA. Ce faisant, elle renonce à l’usage de la violence et s’engage à poursuivre son combat – pour une Irlande réunifiée – par les moyens démocratiques. Son « geste significatif » sauve les institutions semi-autonomes nord-irlandaises, au bord du naufrage, et relance le processus de paix entre catho- liques et protestants. Le dirigeant protestant David Trimble, Premier ministre démissionnaire depuis le downloadModeText.vue.download 122 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 120 1er juillet, accepte de reprendre son poste à la tête de l’exécutif biconfessionnel nord-irlandais. 24 Suisse Accident dans le tunnel du SaintGothard Une collision entre deux camions provoque un incendie dans le tunnel du Gothard, à environ 1 km du portail sud. Le feu fait rage durant 24 heures à cet endroit. Onze corps sont retirés du tunnel, dont celui du chauffeur de l’un des deux camions impliqués dans l’accident, employé illicite d’une entreprise belge. L’autre chauffeur, qui n’était pas non plus en règle, aurait pris la fuite. Le conseiller d’État tessinois Marco Borradori indique que le tunnel restera probablement fermé durant plusieurs mois. 26 Afghanistan Exécution d’un chef pachtou proaméricain Les taliban exécutent un opposant, Abdul Haq, figure héroïque de la guerre contre l’armée soviétique, capturé en territoire afghan, à une trentaine de kilomètres de la frontière pakistanaise, alors qu’il aurait tenté de négocier avec les tribus pachtou contre le régime. Abdul Haq aurait été chargé, avec l’aval des services spéciaux pakistanais et américains, de créer une « troisième force », en fomentant une révolte des tribus pachtounes contre les miliciens fondamentalistes. C’est un grave revers pour les États-Unis, qui auraient échoué à sauver l’opposant. L’exécution d’Abdul Haq réduit encore les chances de renverser le régime avec une alternative politique intérieure. Seule la solution militaire parait désormais susceptible de provoquer la chute des taliban. 27 France Corse : geste en faveur des indépendantistes Le ministère de la Justice annonce la construction en Corse, dans un lieu qui reste à déterminer, d’un centre de détention devant permettre le rapprochement familial des détenus condamnés pour terrorisme. Les opposants au processus de Matignon, en l’occurrence les partis de droite ainsi que le MDC de Jean-Pierre Chevènement, voient dans le futur transfèrement des détenus corses une nouvelle « capitulation » du gouvernement face aux indépendantistes. En revanche, l’accord de principe donné par le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant à cette revendication constante des nationalistes corses est minimisé par le PS et le PCF. Il y a un an, le Premier ministre Lionel Jospin avait opposé une fin de nonrecevoir aux demandes en ce sens des nationalistes, déclarant à l’Assemblée nationale qu’un regroupement des condamnés à Borgo n’était « ni possible ni souhaitable » et que, pour les détenus provisoires, « un rapprochement ne peut être envisagé parce qu’ils doivent être à la disposition des juges pour les enquêtes et que ces juges sont à Paris ». 28 Pakistan Violences anticatholiques Dix-huit personnes sont tuées dans l’attaque perpétrée par des hommes armés contre des fidèles réunis dans l’église catholique Saint-Dominique de Bahawalpur, dans l’est du Pakistan. Cette région est un bastion d’extrémistes, parmi lesquels le groupe Harakat ul-Mujahedin est accusé de terrorisme par les États-Unis et le Jaish-e-Mohammad est dénoncé par la Grande-Bretagne. Selon le chef de la police de Bahawalpur, cet attentant serait un acte de représailles contre les bombardements américains en Afghanistan, qui entretiennent la colère au Pakistan, pays clef du dispositif militaire américain, mais il pourrait aussi s’agir d’un acte de simple terrorisme. Ce carnage est le plus terrible dans l’histoire de la petite minorité chrétienne de la république islamique du Pakistan. Les chrétiens, catholiques et protestants, représentent 1,5 % des 140 millions d’habitants, dont l’immense majorité sont des musulmans sunnites. 29 Bourse Liffe choisit Euronext Le Liffe, le marché londonien des produits dérivés, recommande à l’unanimité à ses actionnaires l’offre downloadModeText.vue.download 123 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 121 de reprise présentée par Euronext, la Bourse issue de la fusion des places d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris. La bataille qui s’est engagée entre le London Stock Exchange (LSE), la Deutsche Börse et Euronext se termine par la victoire de celle-ci. Le prix d’acquisition d’Euronext est de 18,25 livres par action, ce qui valorise le Liffe à 555 millions de livres (892 millions d’euros) et représente une prime de 112 % par rapport au cours de l’action avant l’annonce de la mise en vente du Liffe. Répondant aux exigences des dirigeants du Liffe, Euronext transférera ses activités sur les dérivés à Londres, où sera utilisée la plate-forme électronique du Liffe. Cette décision va permettre à Euronext de mener à bien l’harmonisation de ses propres marchés de dérivés. La gestion sera assurée par l’actuelle direction du Liffe – sous la responsabilité de son directeur général, Hugh Freedberg –, à laquelle se joindra l’équipe de gestion d’Euronext. 31 Ski Mort de Régine Cavagnoud La skieuse française Régine Cavagnoud décède à Innsbruck à l’âge de trente et un ans des suites d’une collision avec un officiel allemand survenue lors d’un entraînement sur le glacier du Pitztal en Autriche. Les responsables des équipes de France et d’Allemagne étaient convenus d’un entraînement commun mais avaient semble-t-il omis de déterminer une fréquence radio commune pour prévenir tous les participants du départ des skieurs. L’enquête judiciaire sur cet accident mortel s’oriente vers une erreur humaine, la procédure prévoyant que l’entraîneur français au départ avertisse oralement son homologue allemand du départ des skieurs. Surmontant une série de graves blessures, Régine Cavagnoud avait connu la consécration en devenant championne du monde de super-G le 29 janvier à Saint-Anton. France Revirement du PS sur les rave-parties L’Assemblée nationale adopte à la quasi-unanimité les amendements à la loi sur la sécurité quotidienne, consécutifs aux attentats du 11 septembre, qui accroissent les pouvoirs des policiers. Les mesures proposées par le gouvernement pour lutter contre le terrorisme comprennent notamment la fouille des véhicules, les perquisitions de domiciles et le contrôle par des vigiles des personnes et des bagages dans les lieux sensibles. L’ensemble de la droite a apporté son soutien « sans réserve » au dispositif en joignant ses voix à celles du PS – les députés verts qui devaient voter contre le texte se sont absentés lors du vote et le MDC a voté pour. Dans le cadre du vote de cette loi, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant fait adopter un sous-amendement concernant les rave-parties, un dossier qui a ébranlé la cohésion du gouvernement et des parlementaires socialistes durant tout le printemps : désormais, les rassemblements voués à la musique techno seront soumis à une obligation de déclaration préalable, sans laquelle le matériel sono pourra être saisi. Renault-Nissan : une alliance renforcée pour des intérêts partagés Renault va mal. Mais Nissan va bien. Au terme d’un échange de participation, annoncé le 30 octobre, le constructeur japonais, filiale de Renault, deviendra le deuxième actionnaire de la firme au losange, derrière l’État. En 2001, seule la contribution de Nissan aux résultats de sa maison mère permettra à Renault d’éviter des pertes. En octobre, et pour la deuxième fois de l’année, le constructeur français a revu à la baisse ses résultats prévisionnels. Au cours des neuf premiers mois de l’année, son chiffre d’affaires a certes enregistré une hausse de 6,8 %, mais ses ventes ont subi un recul de 2,4 %. Ces résultats laissent présager une marge opérationnelle en baisse au second semestre, alors que son taux de rentabilité du premier semestre n’était déjà que de 1,5 %, contre 6 % un an auparavant. Le ralentissement de la croissance mondiale, encore accentué après les attentats du 11 septembre, n’explique pas tout – la santé de PSA Peugeot-Citroën en est la preuve. Les causes principales de la baisse de régime de Renault sont internes. La multiplication des investissements à l’étranger – implantation au Brésil, rachat du roumain Dacia et du coréen Samsung, prise de contrôle de Nissan – a privé le groupe des ressources nécessaires à sa propre croissance. Les 33 milliards de francs investis dans le constructeur japonais, par exemple, représentent le coût du développement de huit à dix nouveaux modèles. Aussi la gamme des downloadModeText.vue.download 124 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 122 voitures au losange a vieilli et le renouvellement de ses modèles les plus vendus tarde. À titre de comparaison, sur les 33 modèles que Nissan proposera à la vente à l’horizon 2005, 22 seront nouveaux. Choc culturel Nissan était au bord de la faillite lorsque Renault a acquis 36,8 % de son capital, en mars 1999, en prenant, de fait, la direction. Modèles dépassés, pertes chroniques, dette importante : la situation du deuxième constructeur japonais, derrière Toyota, était telle que le géant germano-américain Daimler Chrysler lui-même, un moment intéressé, avait renoncé à relever le défi. Le régime imposé par Carlos Ghosn a eu des effets spectaculaires. « Nous avons accompli 80 % de la tâche en 50 % du temps que nous nous étions fixé », a déclaré le directeur de Nissan. Le constructeur japonais a annoncé un bénéfice semestriel de 230 milliards de yens (2,13 milliards d’euros), en hausse de 33,7 %. Il est désormais l’un des groupes les plus rentables du secteur – avec un taux quatre fois supérieur à celui de Renault... La dette devrait passer en dessous du seuil des 750 milliards de yens (6,8 milliards d’euros) d’ici à mars 2002, avec près d’un an d’avance sur les prévisions. Le « choc culturel » annoncé lors de l’alliance du français et du japonais a bien eu lieu, mais sans provoquer de résistance interne : atteinte au tabou de l’emploi à vie avec 21 000 suppressions de postes, introduction de la rémunération au mérite dans une société où l’ancienneté demeure le principal critère d’avancement, doublement des bénéficiaires de stock-options créant une nouvelle forme de hiérarchie dans l’entreprise... « Nous savions que si nous ne profitions pas de l’arrivée de Carlos Ghosn pour changer, il n’y aurait plus d’autre occasion », résume l’un des cadres dirigeants japonais de Nissan. Au terme d’un échange de participation, Renault va donc porter sa part du capital de Nissan à 44,4 %, tandis que le constructeur japonais va entrer dans le capital de la firme française à hauteur de 15 %. L’opération coûtera 2 milliards d’euros à Renault. En conséquence, la part de l’État dans l’ancienne entreprise publique passera de 44,2 % à 37,6 %, et elle devrait encore baisser jusqu’à atteindre 25 % au terme d’une prochaine offre publique de vente. Les firmes française et japonaise ont également annoncé la création aux Pays-Bas d’une structure de management, Renault Nissan BV, détenue à parts égales par les deux partenaires, qui sera chargée de la planification à long terme des projets communs aux deux entreprises. Promesse Cette nouvelle configuration de l’alliance Renault-Nissan constitue une formidable promesse à moyen terme, susceptible de séduire actionnaires et investisseurs. En effet, les deux firmes réalisent ensemble, dès à présent, près du tiers de leurs achats ; les premiers modèles communs aux deux constructeurs sont prévus pour 2004 ; enfin, par l’intermédiaire de Nissan, la firme au losange va retrouver le chemin des marchés mexicain, sud-africain, australien et bientôt du Sud-Est asiatique. Renault ne va donc pas si mal, même si sa politique des petits pas lui coûte beaucoup de temps et d’argent. De son côté, Nissan, devenu un modèle de gestion financière, devra encore faire ses preuves... de vendeur. Dans un marché japonais certes très dégradé, ses ventes continuent de baisser. Au premier semestre, son chiffre d’affaires était en diminution de 1,4 %. Bref, il n’y a ni maître ni élève dans le couple Renault-Nissan, mais deux alliés aux intérêts partagés... ALAIN POLAK CARLOS GHOSN, L’IDOLE DE GINZA L’artisan du redressement financier de la filiale japonaise de Renault est un Français d’origine libanaise, né au Brésil. Responsable de Michelin, au Brésil à 31 ans, cet X-Mines dirige cinq ans plus tard les activités nord-américaines de la firme clermontoise. En octobre 1996, Louis Schweitzer l’appelle au secours de la firme au losange. Carlos Ghosn est chargé de réduire les coûts tout en développant les activités internationales du groupe. Il y gagne son surnom de cost killer. La conquête de l’étranger, c’est d’abord le Brésil, puis le Japon avec la direction de fait de Nissan. Homme de consensus mais aussi de décision, préférant les faits aux théories, fonceur mais sachant écouter, doté d’un charisme indéniable, il a su séduire les Japonais, devenant l’une des idoles de Ginza, le quartier des affaires de Tokyo. downloadModeText.vue.download 125 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 123 Novembre 2 États-Unis Compromis entre Microsoft et la justice Le département américain de la Justice et Microsoft concluent un accord après que l’administration Bush a renoncé à tenter de démanteler le groupe. La justice américaine, sous l’administration Clinton, avait engagé des poursuites contre le géant de l’informatique en l’accusant d’avoir illégalement maintenu son monopole sur le marché des systèmes d’exploitation. Par ailleurs, la coalition des 18 États américains qui poursuivait Microsoft pour des violations de la loi antitrust se scinde en deux : neuf d’entre eux (New York, Illinois, Caroline du Nord, Kentucky, Michigan, Ohio, Wisconsin, Louisiane et Maryland) se déclarent prêts à accepter un accord à l’amiable et à laisser à un juge la charge de décider de la meilleure manière de réduire les charges qui pèsent contre le géant de l’informatique. Ce juge, Colleen Kollar-Kotelly, devra décider s’il accepte ou non cet accord à l’amiable et, entre-temps, autorise les États qui le désirent à poursuivre le combat contre Microsoft. Le 16, le département de la Justice tente de convaincre le juge Colleen Kollar-Kotelly que l’accord à l’amiable auquel il est parvenu pour mettre fin au procès procurerait une aide « prompte, certaine et efficace » aux consommateurs. Il s’agit du premier effort engagé par les avocats du département de la Justice pour défendre l’accord négocié entre Microsoft et neuf États qui ont abandonné les poursuites. 4 République centrafrique Affrontements Des soldats fidèles à l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général François Bozizé, limogé le 26 octobre, s’opposent par la force aux forces loyalistes du président Ange-Félix Patassé dans la capitale Bangui. Ce dernier reçoit des renforts libyens, dépêchés par le colonel Kadhafi, qui s’ajoutent à la centaine de militaires libyens assurant la sécurité rapprochée du président centrafricain depuis la tentative de coup d’État du 28 mai, imputé à l’ex-président André Kolingba. Après des mutineries en cascade, en 1996 et 1997, le Centrafrique vit des coups d’État en série. Ange-Félix Patassé, ancien Premier ministre de l’empereur Bokassa, mais élu et réélu démocratiquement, a entrepris depuis six mois une chasse aux sorcières à forte connotation ethnique, en limogeant notamment tous les responsables de la sécurité. Le 7, l’épreuve de force tourne à l’avantage du président centrafricain et de ses protecteurs libyens, qui obligent le général Bozizé et ses fidèles à fuir la capitale. Tennis Grosjean remporte Bercy Sébastien Grosjean, âgé de vingt-trois ans, tête de série numéro 6 à Paris et alors huitième de l’ATP Race, remporte la finale des Masters Séries de Paris en battant en quatre manches (7-6, 6-1, 6-7, 6-4) le Russe Evgueni Kafelnikov. Il succède ainsi à Guy Forget, jusqu’à présent seul Français vainqueur à Bercy, en 1991, et dernier joueur tricolore à avoir participé au Masters, la même année. Demi-finaliste à l’Open d’Australie et à Roland-Garros cette année, Grosjean est désormais assuré de disputer la première Masters Cup de sa carrière, à Sydney. Il y confirmera son exceptionnelle saison : le 16, il parvient en finale, battu seulement en trois sets par l’Australien Leytton Hewitt. Nicaragua Élections générales Le candidat libéral Enrique Bolanos, âgé de soixantetreize ans, est élu à la présidence du Nicaragua, lors des élections générales. Il obtient près de 54 % des voix, devançant de plus de 9 % son rival, le leader sandiniste Daniel Ortega, qui est battu pour la troisième fois consécutive après avoir été chassé du pouvoir en 1990. Dans son programme, le vainqueur s’est engagé à combattre la misère et à lutter contre la corruption au sein des institutions. Il a promis la construction de 100 000 habitations pour les plus déshérités, d’accorder 195 millions de dollars pour étendre la distribution d’eau potable dans les campagnes et des crédits supplémentaires dans le domaine de l’agriculture. Le nouveau président fut incarcéré à deux reprises dans les années 1980 pour ses critiques contre le régime sandiniste dirigé par les frères Daniel (président) et Humberto (chef des downloadModeText.vue.download 126 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 124 armées) Ortega. Il prendra ses fonctions le 10 janvier 2002. 5 Littérature Le Goncourt à Rufin Le prix Goncourt 2001 est attribué à Jean-Christophe Rufin pour Rouge Brésil (Gallimard), au sixième tour de scrutin, avec cinq voix, contre quatre à Marc Lambron pour Étrangers dans la nuit (Grasset) et une à Michel Houellebecq pour Plateforme (Flammarion). Rouge Brésil est un roman d’aventure qui raconte la conquête du Brésil par les Français au XVIe siècle, un des épisodes les plus méconnus de la Renaissance. Âgé de quarante-neuf ans, Jean-Christophe Rufin est un pionnier de l’organisation humanitaire Médecins sans frontières. Il a remporté le prix Interallié 1999, avec les Causes perdues, un des tout premiers romans à aborder le thème de l’humanitaire. 6 États-Unis Bloomberg nouveau maire de New York Le républicain Michael Bloomberg remporte l’élection municipale de New York après une bataille très serrée pour gagner la ville frappée le 11 septembre dernier par deux attentats meurtriers. Il recueille plus de 700 000 voix, devançant le démocrate Mark Green de 40 000 voix, le reste des suffrages étant réparti entre sept autres candidats. Connu pour le succès de la société de presse financière qui porte son nom, Michael Bloomberg succède à Rudolph Giuliani, qui n’avait pas le droit de briguer un troisième mandat. Il a réussi à conserver dans le giron républicain la ville de New York, où l’on compte pourtant cinq fois plus d’électeurs démocrates que de républicains déclarés, cela au prix d’une campagne pour laquelle il aura déboursé quelque 50 millions de dollars, la plus chère de l’histoire électorale américaine pour des municipales. Irlande du Nord Trimble réélu Premier ministre Le protestant David Trimble est réélu Premier ministre d’Irlande du Nord, avec 70,7 % des suffrages des 99 députés votants (sur 108) réunis à l’assemblée d’Ulster à Belfast. Parmi ces suffrages, David Trimble a recueilli 51,7 % des voix unionistes et 100 % des voix des 38 députés nationalistes catholiques. L’obtention de cette double majorité protestante et catholique était une condition de l’élection. David Trimble avait démissionné le 1er juillet afin de protester contre l’absence de désarmement de l’IRA, qui a finalement été engagé le 23 octobre dernier. Cette élection permet de sauver l’exécutif dirigé par David Trimble et, au bout du compte, de préserver le processus de paix. France Mgr Ricard nouveau président des évêques de France L’évêque de Montpellier Jean-Pierre Ricard, jusqu’à présent vice-président de la Conférence des évêques de France, en devient le président élu pour un mandat de trois ans. Âgé de cinquante-sept ans, il succède au cardinal Louis-Marie Bille, archevêque de Lyon, qui a démissionné de la présidence pour raisons de santé. Ordonné évêque en 1993, Mgr Ricard est l’un des six prélats français à avoir participé au synode des évêques à Rome du 30 septembre au 27 octobre dernier. 7 Aéronautique Reprise des vols de Concorde Quinze mois après l’accident du 25 juillet 2000 à Gonesse (Val-d’Oise) et en plein marasme de l’aéronautique depuis les attentats, le supersonique Concorde reprend ses vols commerciaux entre Paris et New York ainsi qu’entre Londres et New York. Pour le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot, ce vol « est le signe de notre confiance en l’avenir du transport aérien ainsi que l’occasion de rendre un hommage symbolique aux citoyens new-yorkais ». De l’autre côté de l’Atlantique, le maire sortant de New York, Ruddph Giuliani, salue « le retour de ce symbole des échanges commerciaux entre l’Europe et les États-Unis ». Cinq vols hebdomadaires sont prévus par Air France, soit environ moitié moins qu’auparavant, et six par British Airways. Air France a évalué à au moins 35 millions d’euros (229,58 millions de francs), hors manque à gagner, l’immobilisation du Concorde. Espagne Nouvel assassinat au Pays basque Vingt-quatre heures après la capture d’un commando de l’ETA qui venait de commettre un attendownloadModeText.vue.download 127 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 125 tat – l’un des plus importants de ces derniers mois (95 blessés, dont 3 graves hospitalisés) – à la voiture piégée à Madrid, un juge de l’audience provinciale de Biscaye, José Maria Ilson, est assassiné d’une balle dans la nuque à Gatxo, dans la banlieue de Bilbao. Le 23, à Beasain, deux autres policiers basques qui assurent la circulation à un carrefour, sont assassinés. L’une des deux victimes est une femme de trentequatre ans, Ana Arostegi, mère de trois enfants. C’est la première policière assassinée par l’ETA depuis la création, en 1982, de l’Ertzaintza, la police autonome basque. France La relaxe pour Strauss-Khan Le tribunal correctionnel de Paris relaxe l’ancien ministre de l’Économie et des Finances Dominique Strauss-Kahn, poursuivi pour « faux et usage » dans l’un des volets de l’enquête sur la gestion de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF). Reconnaissant qu’il n’y avait pas « d’intention frauduleuse » de la part de DSK, le représentant du ministère public David Peyron avait renoncé à requérir une peine à rencontre de l’ancien ministre du gouvernement Jospin, qui avait été contraint à la démission le 2 novembre 1999. Ce dernier était soupçonné par la justice d’avoir antidaté des documents afin de justifier son intervention – et ses honoraires de 603 000 francs (91 926,76 euros) – comme avocat conseil de la mutuelle entre 1994 et 1996, dans le cadre de l’entrée de la Compagnie générale des eaux (CGE, devenue Vivendi) au capital d’une filiale de la MNEF. Le tribunal a également relaxé les deux autres prévenus qui étaient poursuivis avec Dominique Strauss-Kahn, Olivier Spithakis, ancien directeur général de la MNEF, et Philippe Plantagenest, ancien secrétaire général de la mutuelle étudiante. 9 Afghanistan Prise de Mazar-i-Charif L’Alliance du Nord entre dans Mazar-i-Sharif. La prise de cette ville stratégique du nord de l’Afghanistan est une avancée majeure pour la campagne militaire américaine contre le régime des talibans et le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden, qu’il est accusé d’héberger. Le contrôle de cette ville stratégique ouvre en effet des axes de ravitaillement cruciaux pour les forces de l’opposition depuis l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Le 12, l’Alliance du Nord se déclare prête à lancer une offensive sur la capitale afghane, Kaboul, offensive que le président George Bush souhaite éviter. Selon lui, la capitale afghane doit à terme être dirigée par une coalition regroupant des représentants des différentes ethnies afghanes. Or, l’Alliance, qui ne représente que les ethnies ouzbeks et tadjiks, n’est pas, toujours selon le président américain, assez représentative. Qatar Conférence de l’OMC Deux ans après l’échec de Seattle, les représentants de 142 pays réunis à Doha au Qatar tentent de lancer un nouveau cycle de négociations commerciales. La conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est la première grande réunion internationale depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Par rapport à Seattle, les enjeux de la négociation restent les mêmes. L’Union européenne (UE) continue de défendre le dossier de la régulation avec l’inclusion de la dimension sociale et environnementale du commerce. Quant aux États-Unis, sous la pression des laboratoires pharmaceutiques, ils refusent de revoir la question de l’accès des pays les plus pauvres aux médicaments protégés par des brevets. Mais le 14, les ministres du Commerce des pays membres de l’OMC entérinent à l’unanimité le lancement d’un nouveau cycle de négociations commerciales internationales, en bouclant notamment un accord sur l’épineux dossier agricole, qui avait entre autres fait échouer la conférence de Seattle. Le projet d’accord engage l’OMC à des « négociations globales » sur l’agriculture dans son ensemble, « sans préjuger de leur résultat ». En outre, la conférence adopte l’accord des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (TRIPS), dans son volet sur l’accès aux médicaments. Cet accord est plutôt favorable aux pays en développement, notamment à des pays comme le Brésil ou l’Inde, puisqu’il leur permet de fabriquer des médicaments génériques moins chers pour lutter contre les pandémies comme le sida. 10 Algérie Inondations meurtrières Des pluies torrentielles et de puissantes bourrasques de vent s’abattent sur Alger – en particulier dans le quartier de Bab El-Oued où les torrents de boues ont emporté aussi bien les constructions effondrées que les carcasses de véhicules – et d’autres préfecdownloadModeText.vue.download 128 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 126 tures côtières du Centre-Ouest. Le Premier ministre Ali Benflis annonce une série de mesures d’urgence en faveur des familles victimes des intempéries dans la capitale : il promet une aide exceptionnelle de 200 000 dinars (3 050 euros) par famille à ceux dont le logement a été touché et un capital-décès aux familles ayant perdu l’un des leurs dans la tragédie. Australie Succès des conservateurs aux élections générales Les conservateurs au pouvoir en Australie remportent une confortable majorité aux législatives, le Premier ministre John Howard – et son gouvernement – obtenant un troisième mandat consécutif à la tête du pays, ce qui lui permet d’égaler le record détenu par deux dirigeants libéraux australiens, Robert Menzies et Malcolm Fraser. Le Parti libéral du Premier ministre obtient 68 des 150 sièges de la Chambre basse du Parlement, et ses alliés du Parti national, 12, contre seulement 64 à l’opposition travailliste, dont le leader, Kim Beazley, reconnaît la défaite de sa formation en démissionnant de ses fonctions. Longtemps donnés favoris de ces élections, les travaillistes n’ont pu s’opposer à la remontée spectaculaire de M. Howard, consécutive à l’affaire des demandeurs d’asile afghans, tenus à l’écart du territoire australien par le gouvernement conservateur. Lors de la précédente consultation en 1998 – la législature est triennale en Australie –, M. Howard avait remporté une victoire très mince avec une majorité de moins d’un point. 12 États-Unis Crash d’un Airbus Un Airbus A300 d’American Airlines reliant New York à Saint-Domingue (République dominicaine) s’écrase dans le quartier du Queens, à New York. L’accident fait au moins 260 morts. L’enquête s’oriente vers la thèse d’un accident, faute d’indices convergeant vers un acte terroriste. De nombreux témoignages oculaires font état d’une explosion en vol à la hauteur des ailes de l’avion. Afghanistan Chute de Kaboul Cinq semaines après le début de l’opération armée américaine et deux mois et deux jours après les attentats terroristes contre les États-Unis, les combattants de l’Alliance du Nord s’emparent de Kaboul, d’où les talibans se sont enfuis. La chute de Kaboul suscite beaucoup d’inquiétudes dans la plupart des capitales internationales, les diplomates craignant que les forces de l’Alliance du Nord recommencent les exactions auxquelles elles s’étaient livrées lorsqu’elles tenaient la capitale afghane entre 1992 et 1996. Islamabad, par ailleurs, considère d’un mauvais oeil l’arrivée dans la capitale des forces de l’Alliance du Nord. En effet, ces dernières, qui sont constituées d’une coalition de factions tadjikes, ouzbèques et hazaras, ne comptent pas dans leurs rangs de combattants pachtounes, l’ethnie des talibans et de l’ancien roi d’Afghanistan Zaher Shah avec laquelle le Pakistan est étroitement lié. France Mesures multiples face à la grogne policière Confronté à une grogne policière croissante, qui s’est exprimée notamment dans une manifestation de 3 000 policiers le 10 à Paris à l’appel des syndicats de police, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant annonce plusieurs mesures, dont la dotation d’un gilet pare-balles par policier, et une loi de finance rectificative, soumise prochainement au Parlement, accroissant les moyens de la police. Celle-ci bénéficiera de crédits « de fonctionnement et d’équipement très sensiblement accrus pour les moyens de protection des personnels, le parc automobile, l’immobilier ou les moyens de lutte contre le terrorisme ». 14 Afghanistan Résolution de l’ONU Soulignant la nécessité d’agir d’urgence sur le plan politique et humanitaire pour trouver une formule de transition politique en Afghanistan, au moment où les forces antitalibanes investissent la capitale Kaboul, l’ONU adopte une résolution sur l’Afghanistan votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité. L’Organisation demande notamment au Front uni (Alliance du Nord) et à tous les Afghans représentés dans ces processus de se réunir, sans préalables, afin d’établir une nouvelle administration de transition conduisant à la formation d’un nouveau gouvernement, de s’abstenir d’actes de représailles, de faciliter l’acheminement urgent de l’aide humanitaire et le retour en bon ordre des réfugiés et des déplacés lorsque la downloadModeText.vue.download 129 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 127 situation le permettra, et de protéger la population civile, les autorités de transition, le personnel des Nations unies et le personnel associé ainsi que celui des organisations humanitaires. 16 Allemagne Oui à l’envoi d’un contingent en Afghanistan Par 336 voix contre 326, le Bundestag approuve l’envoi d’un contingent de 3 900 soldats pour participer à la campagne militaire contre le terrorisme en Afghanistan, votant du même coup la confiance au gouvernement. Devant l’importance de l’opposition au déploiement militaire au sein de sa propre coalition – 341 sièges à la Chambre basse du Parlement, contre 325 pour l’opposition –, le chancelier Gerhard Schröder avait préféré lier à l’approbation de l’envoi l’avenir de son gouvernement et risquer des élections anticipées plutôt que de dépendre des voix de l’opposition pour obtenir le feu vert au plus grand déploiement militaire allemand de l’après-guerre en dehors de l’Europe. La leçon afghane de l’Allemagne, un pas vers la normalité internationale ? En engageant la responsabilité de son gouvernement sur la participation militaire de l’Allemagne en Afghanistan, Gerhardt Schröder a scellé sa coalition tout en faisant faire à son pays un pas décisif en direction de la « normalité » internationale. Le 8 novembre 2001, le chancelier Gerhardt Schröder présentait au Bundestag sa proposition d’envoyer des troupes allemandes participer à l’effort international de lutte contre le réseau terroriste Al-Qaida et le régime taliban qui le protège. 3 900 hommes répartis entre des unités de détection des armes de destruction massive, des unités d’assistance humanitaire et des unités chargées de la logistique. 3 900 hommes pour prouver la solidarité de l’Allemagne envers les États-Unis... qui ne lui demandait rien ; 3 900 hommes pour affirmer la crédibilité de l’Allemagne, première puissance économique européenne, vis-à-vis des autres pays occidentaux ; bref, 3 900 hommes témoignant, comme l’a dit le chancelier Schröder devant les députés, « de notre disposition à assumer par des actions concrètes les responsabilités internationales d’une Allemagne adulte ». Une telle initiative, qui appelle un certain consensus, seule cette majorité social-démocrate pouvait l’assumer. Présentée par un gouvernement chrétien-démocrate, elle aurait vu, il y a encore peu, se dresser contre elle une gauche traditionnellement hostile à tout ce qui peut rappeler l’hégémonisme allemand, appuyée par une opinion frileuse. Cet engagement militaire allemand ne pouvait venir que d’un chancelier appartenant à une génération née après la Seconde Guerre mondiale et vierge des inhibitions suscitées par le passé nazi, comme Gerhardt Schröder, et partisan d’une realpolitik « éclairée », selon le propre terme de l’actuel chancelier lors de son arrivée au pouvoir, en 1998. L’affaire n’allait toutefois pas être si simple. Si certains veulent sauter par la fenêtre... Approuvée par l’opposition de droite, la proposition du chancelier Gerhardt Schröder a aussitôt provoqué une crise chez les pacifistes Verts, ravivant le débat récurrent sur leur participation à la coalition gouvernementale malgré la position favorable adoptée par leur leader Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères. La fronde d’une partie des élus écologistes, ajoutée à la défection annoncée de plusieurs députés sociaux-démocrates – qui permettait à l’opposition de mettre en doute la réalité de la majorité gouvernementale –, ne laissait pas le choix au chancelier Schröder. Le 12 novembre, il annonçait qu’il engageait la responsabilité de son gouvernement sur le vote prévu pour le 16. Non seulement les Verts allaient devoir choisir entre la discipline gouvernementale et le départ de la coalition ou, pis encore pour leur avenir, le retour devant les électeurs, mais la droite allait se trouver contrainte de voter contre une décision dont elle approuvait le principe. Le 16 novembre, le Bundestag a finalement accordé sa confiance au gouvernement, avec deux suffrages de plus que la majorité requise de 334 voix. downloadModeText.vue.download 130 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 128 Seuls quatre des 47 députés Verts ont mêlé leur voix à l’opposition de droite et communiste, imités par une unique députée social-démocrate. « La chute de ce gouvernement et l’effondrement des Verts allemands [...] menaceraient, voire détruiraient, le projet Vert européen », avaient prévenu, dans un message commun destiné à leurs collègues, Daniel Cohn-Bendit, Dominique Voynet et Noël Mamère, ce que le secrétaire général du Parti social-démocrate avait traduit à sa manière en affirmant : « Si certains veulent sauter par la fenêtre, nous ne pouvons pas les retenir. » Mutation forcée Dans son discours d’ouverture du congrès socialdémocrate à Nuremberg, le 19, Gerhardt Schröder a été très clair : « Je mentirais si j’affirmais n’avoir rien à objecter à ce qui s’est dit chez les Verts. Une fois pour toutes, ces derniers devront se colleter à la réalité s’ils veulent améliorer les choses. La nostalgie et le refoulement ne sont pas appropriés pour gouverner l’Allemagne. » Il a toutefois concédé que le choix des Verts comme alliés au sein de la coalition était le meilleur pour « conduire le changement ». Le 24, les Verts réunis en congrès à Rostock lui ont montré qu’ils l’avaient compris. Ils ont entériné la position de leur direction, favorable à la participation allemande au conflit afghan, suivant les exhortations de Joschka Fischer à faire preuve de plus de « réalisme ». En exigeant un vote de confiance, le chancelier Gerhardt Schröder aura manqué l’occasion de réunir une large majorité sur l’envoi de troupes en Afghanistan. Mais il aura forcé les Verts à devenir un parti de gouvernement et donc à assumer pleinement leurs responsabilités. Ce faisant, le chef du gouvernement allemand aura montré la capacité du gouvernement de son pays à faire progresser l’Allemagne sur la voie de la « normalité » internationale, quel qu’en soit le prix à payer sur le plan intérieur. GEORGES CHEVRON DE LA GUERRE DU GOLFE À L’AFGHANISTAN Le poids du passé militariste de l’Allemagne a longtemps pesé sur la capacité de celle-ci à jouer à l’extérieur un rôle qui soit à la mesure de sa puissance intérieure. Au début des années 50, son réarmement n’était concevable que dans le cadre de l’OTAN tant pour ses voisins que pour elle-même. Et le principe de l’emploi de la Bundeswehr dans un cadre strictement défensif faisait jusque récemment l’objet outre-Rhin d’un parfait consensus – certes plus vivace à gauche qu’à droite. Pendant longtemps, la « diplomatie du chéquier » a constitué le seul instrument de politique étrangère de l’Allemagne, jusque pendant la guerre du Golfe, en 1991. La fin de la guerre froide a toutefois modifié la donne, permettant au chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl de proposer l’envoi de forces de maintien de la paix en Yougoslavie. La contestation de cette initiative par les sociaux-démocrates devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe allait aboutir à une clarification souhaitable : la Cour se livrait à une interprétation extensive de la Loi fondamentale, subordonnant toutefois l’envoi de troupes à l’étranger à un vote du Bundestag. C’est ainsi qu’en 1999 l’Alle- magne a participé à des missions de surveillance aérienne au-dessus du Kosovo avant d’y envoyer un contingent dans le cadre de la KFOR. En août 2001, le Bundestag a autorisé la participation de soldats allemands à la force de l’ONU déployée en Macédoine. Le 16 novembre, enfin, il a approuvé l’engagement de troupes dans le conflit afghan, hors de la zone couverte par l’OTAN. 17 Kosovo Élections au Kosovo La Ligue démocratique du Kosovo (LDK) du leader modéré Ibrahim Rugova remporte les premières élections organisées dans la province serbe depuis l’entrée des soldats de l’OTAN et la mise en place de l’administration de l’ONU. La LDK obtient plus de 46 % des suffrages. Cette victoire donne à Ibrahim Rugova le droit de gouverner la province serbe. Mais, ne disposant pas d’une majorité suffisante pour diriger seul le Kosovo, son parti devrait être contraint de former une coalition. 19 France Ouverture du procès Bonnet L’ancien préfet de Corse Bernard Bonnet comparaît avec sept autres prévenus – Gérard Pardini, son ancien directeur de cabinet, le colonel Henri Mazères, ancien downloadModeText.vue.download 131 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 129 commandant de la légion de gendarmerie en Corse, et cinq gendarmes, incendiaires présumés – devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio. Tous encourent dix ans de prison. M. Bonnet est accusé d’avoir commandité l’incendie de deux paillotes dans la nuit du 19 au 20 avril 1999, sur la plage Cala d’Orzu près d’Ajaccio. Jusqu’au bout, il a tenté de « dépayser » le procès hors de Corse, affirmant faire l’objet de « menaces de mort » émanant d’un groupe clandestin radical. La seule ligne commune de défense aux huit prévenus est d’affirmer qu’ils n’ont commis aucun acte illégal puisque les deux paillotes étaient construites... illégalement. Dès l’ouverture de son procès, l’ancien préfet met en cause Alain Christnacht, conseiller pour la Corse de Lionel Jospin, l’accusant d’avoir été l’instigateur des actes qui lui sont reprochés. 20 Danemark Retour de la droite au pouvoir Le Premier ministre social-démocrate Poul Nyrup Rasmussen, à la tête du gouvernement depuis 1993, démissionne après l’échec de la coalition gouvernementale, qui rassemble sociaux-démocrates et radicaux, aux élections anticipées de quatre mois qu’il venait de provoquer. Il laisse la place à son homonyme, le libéral Anders Fogh Rasmussen, leader de la coalition de droite alliée à l’extrême droite qui a remporté les élections législatives. Au terme d’une campagne électorale dominée par la question de l’immigration, l’alliance réunissant les partis libéral et conservateur ainsi que le Parti du peuple danois (extrême droite) obtient 98 des 179 sièges du Folketing (Parlement), majorité suffisante pour former le nouveau gouvernement. Le Danemark, qui compte 5,3 millions d’habitants, a fermé ses portes en 1973 mais continue d’accueillir les réfugiés politiques et les parents d’immigrés. Cette seconde catégorie est la plus controversée, les étrangers vivant au Danemark étant censés abuser de cette possibilité pour faire entrer leur conjoint et leurs enfants et profiter d’un généreux système de sécurité sociale. 21 France Nouvelles manifestations de policiers Les manifestations de policiers, jusqu’ici plutôt limitées à la capitale, s’étendent à plusieurs autres villes, plusieurs milliers de fonctionnaires défilant partout en France. Des femmes de gendarmes, venues faire connaître le « ras-le-bol » de leurs maris soumis au devoir de réserve, sont présentes dans plusieurs cortèges – notamment à Bordeaux, Toulouse et à Paris. Les syndicats exigent l’amélioration des conditions financières et matérielles réservées aux forces de l’ordre ainsi que du respect, de la reconnaissance et des outils juridiques adéquats : la loi Guigou du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, votée par l’ensemble des parlementaires, est notamment visée. Cette loi a modifié en profondeur le droit pénal français mais suscité de nombreuses difficultés d’application dans les commissariats et les tribunaux. Ce texte, qui s’applique depuis le 1er janvier 2001, a en particulier modifié les conditions de la garde à vue, enlevé aux juges d’instruction le pouvoir de placer les mis en examen en détention provisoire et créé un appel des jugements des cours d’assises. Les policiers ont laissé éclater leur ras-le-bol à la mi-octobre après la mort de deux de leurs collègues, abattus au Plessis-Trévise (Val-de-Marne). Pour désamorcer la grogne des fonctionnaires, le ministre de l’Intérieur a rappelé l’effort budgétaire du gouvernement pour la police et annoncé une rallonge de 45,73 millions d’euros (300 millions de francs) pour des mesures indiciaires sur un budget de la police pour 2002 de plus de 300 millions d’euros (2 milliards de francs). Lionel Jospin défend l’action du gouvernement en matière de police en relevant les « moyens considérables » consacrés à la sécurité publique depuis quatre ans. Les effectifs de la police ont été augmentés de 11 % et ceux de la gendarmerie de 4 %, précise-t-il. Par ailleurs, le gouvernement a apporté son soutien à une évaluation parlementaire de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, afin d’en corriger les dysfonctionnements. Le député socialiste de l’Essonne Julien Dray doit, lui, remettre dans un délai d’un mois un rapport sur la mise en oeuvre de la loi Guigou. Cette décision du Premier ministre, qui répond à la demande exprimée la veille par les députés socialistes, représente un revirement remarqué du gouvernement à cinq mois de l’élection présidentielle. Le débat sur l’insécurité fait un retour en force De la réglementation des raves aux mesures antiterroristes, la question de l’insécurité fait un retour en force dans le débat downloadModeText.vue.download 132 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 130 politique alors qu’approchent les échéances électorales. Faut-il ou non réglementer les raves, ces fêtes improvisées dédiées à la musique techno qui secouent de temps à autres la campagne française et initient les régions rurales les plus reculées à des moeurs urbaines par trop laxistes sinon délictueuse ? Le débat semble passionner les législateurs, sinon l’opinion, alors que le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, après avoir fait voter en mai par le Sénat un texte réglementant les raves, doit reculer devant les vives critiques des députés de gauche. Signe de temps plutôt pacifiques, c’est en ces termes, somme toute anodins, que semble se poser alors le débat sur la sécurité. Mais il ne va pas tarder à apparaître comme un cache-misère, masquant un dossier sécuritaire que le gouvernement a toujours ré- pugné à attaquer de front et qui s’impose avec d’autant plus de force que les chiffres troublent la relative sérénité affichée dans les villes et leurs banlieues. Un réquisitoire contre le gouvernement Le thème de l’insécurité opérait un retour en force à la faveur de la traditionnelle allocution du 14 juillet de J. Chirac qui, dans un réquisitoire contre le gouvernement, a mis l’accent sur les failles de sa politique de sécurité, reprenant ainsi les critiques adressées par l’opposition le 25 avril lors de la présentation du projet de loi de D. Vaillant sur la « sécurité quotidienne ». Ces critiques récurrentes de la droite, qui attaquait la gauche plurielle au défaut de sa cuirasse, auraient pu être mises sur le compte des premières passes d’armes électorales, à un an du scrutin présidentiel, dans un climat vicié par les tensions toujours plus vives dans la cohabitation. Mais les chiffres de la délinquance au 1er semestre 2001, publiés le 1er août, semblent donner raison aux inquiétudes présidentielles concernant une « insécurité croissante », en faisant état d’une hausse de 9,58 % de la criminalité. Les statistiques méritent certes d’être nuancées, puisque l’augmentation reflète autant l’activité des forces de l’ordre que celle des délinquants, dont les délits relèveraient par ailleurs de facteurs conjoncturels, comme la généralisation des téléphones portables, à l’origine de près d’un vol avec violence sur deux à Paris. On ne peut non plus négliger le fait que les vols, commis le plus souvent sans violence, contribuent pour près des deux tiers à la hausse constatée, alors que la tendance reste à la baisse pour les homicides. Mais dans un contexte marqué par un regain de violence en Corse, le gouvernement se doit de prendre en compte le sentiment d’insécurité croissant des citoyens, mais aussi des forces de police et de gendarmerie. D’autant que les chiffres de la délinquance se doublent de ceux, tout aussi inquiétants, d’un chômage en hausse et d’une croissance en baisse, qui trahissent les limites de l’action gouvernementale sur le front de la lutte contre la fracture sociale, que la gauche entendait réduire le plus possible. L. Jospin est ainsi rattrapé par le dossier de la sécurité, placé au coeur de la campagne présidentielle, et qu’il avait pourtant désigné, à son arrivée à Matignon en juin 1997, comme sa priorité avec l’emploi. Signe de cet engagement affirmé au colloque de Villepinte en octobre 1997, le gouvernement avait mis en oeuvre des contrats locaux de sécurité, associant les élus locaux et l’État dans sa lutte contre l’insécurité, et promu la police de proximité. Réconcilier la gauche avec la sécurité Mais cet engagement, qui devait d’ailleurs beaucoup à l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, qui se faisait fort de « réconcilier la gauche avec la sécurité », s’avère insuffisant, comme en témoigne le malaise dans les rangs de la police. Celle-ci demande plus de moyens, afin de pouvoir faire face à la détermination accrue des délinquants qui la défient ouvertement, au bazooka s’il le faut, comme le 2 septembre lors d’une course-poursuite à Béziers. Cette audace inhabituelle serait encouragée par la loi Guigou du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, en vigueur depuis le 1er janvier, qui ajoute à la grogne des policiers. Les attentats du 11 septembre devaient donner un caractère d’urgence aux préoccupations sécuritaires hexagonales, en conduisant la France à renforcer, comme ses partenaires européens, son arsenal législatif antiterroriste. Censé répondre aux attentes de la population en matière de protection publique, le texte de D. Vaillant sur la sécurité quotidienne, adopté le 31 octobre par l’Assemblée, ne parvient pas à apaiser le mécontentement policier, exacerbé par le meurtre le 16 octobre de 2 gardiens de la paix lors d’une intervention dans un downloadModeText.vue.download 133 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 131 cambriolage à Plessis-Trévise, qui porte à 7 le bilan des policiers tués depuis le début de l’année. Les syndicats de police, qui multiplient les manifestations en novembre, jugent insuffisantes les mesures du ministre. Les défenseurs des droits de l’homme sont tout aussi critiques à l’égard d’un dispositif législatif jugé opportuniste et hétéroclite, puisqu’il se contente d’assortir les dispositions sur la sécurité quotidienne, dont celle finalement acceptée sur les raves désormais soumises à une obligation de déclaration préalable, de mesures de circonstance contre la menace terroriste qui risquent, en pratiquant l’amalgame, de porter atteinte aux libertés et font redouter abus et dérapages. GARI ULUBEYAN PRESSIONS SÉCURITAIRES ET RESPECT DES LIBERTÉS Le dispositif voté le 31 octobre s’est vu adjoindre 13 amendements destinés à lutter contre le terrorisme, valables deux ans, allant de la fouille des véhicules et perquisitions jusqu’au décryptage de communications chiffrées sur Internet en passant par l’autorisation accordée aux vigiles privés de contrôler les personnes et bagages dans les lieux sensibles. Les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent d’un texte fourre-tout qui tendrait à renforcer les pouvoirs de la police. Mais celle-ci n’y trouve pas son compte et dénonce les limites du texte sur la sécurité quotidienne. 23 Pays-Bas Inculpation de Milosevic pour crime contre l’humanité Déjà poursuivi pour crimes de guerre au Kosovo et en Croatie par le Tribunal pénal international (TPI), Slobodan Milosevic est, pour la première fois, inculpé de génocide pour son rôle pendant la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995 : la plus meurtrière des quatre guerres qui ont ensanglanté l’ex-Yougoslavie dans la décennie 1990 et qui avait fait plus de 200 000 morts. Cette inculpation est la troisième retenue contre l’ancien président serbe. Slobodan Milosevic a été extradé le 28 juin de Belgrade pour comparaître devant le TPI de La Haye. L’acte de génocide – la charge la plus forte que puisse retenir cette juridiction internationale – est défini comme la somme d’actes « commis avec l’intention de détruire, entièrement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Ce crime comprend notamment le meurtre, l’imposition de conditions de vie tendant à l’élimination d’un groupe de personnes, l’interruption forcée de grossesse et le transfert d’enfants. 25 Afghanistan Chute de Kunduz Les forces antitalibans de l’Alliance du Nord prennent le contrôle de Kunduz, dernière poche de résistance des miliciens fondamentalistes et de leurs alliés étrangers dans le nord de l’Afghanistan. Après un siège de treize jours, l’Alliance du Nord est en effet entrée sans combattre la ville, désertée de ses combattants talibans et étrangers. La perte de leur dernière citadelle du Nord ne laisse plus aux talibans qu’un seul bastion, Kandahar, dans le sud du pays. Au cours des trois dernières semaines, la milice islamiste a perdu les trois quarts de son territoire, dont la capitale Kaboul. Médecine Premier clonage d’un embryon humain La société américaine Advanced Cell Technology Inc. annonce qu’elle a réalisé le premier clonage d’embryon humain à des fins thérapeutiques. Elle précise qu’il s’agit de produire des cellules souches destinées au traitement de maladies incurables et non des embryons à des fins reproductives. La technique mise en oeuvre reproduit celle qui avait permis la création, en 1997, de la brebis Dolly par les biologistes de la société écossaise PPL Therapeutics. Elle consiste à introduire le noyau d’une cellule prélevée sur un organisme adulte dans un ovocyte préalablement énuclée puis, grâce à différentes stimulations de l’oeuf ainsi obtenu, à provoquer sa division et un développement embryonnaire. Tandis que la Maison-Blanche rappelle que le président George W. Bush est opposé « à cent pour cent » au clonage humain, le Vatican fait part de sa « préoccupation » et downloadModeText.vue.download 134 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 132 de son opposition à toute forme d’instrumentalisation de l’embryon humain. 28 France Un trisomique indemnisé pour naissance préjudicable La Cour de cassation accorde à Lionel, né trisomique en 1995, une indemnisation pour le préjudice que lui a créé sa naissance, confirmant ainsi l’arrêt Perruche rendu le 17 novembre 2000. La Cour estime que la réparation du préjudice devait être intégrale et a demandé à la cour d’appel de Paris d’en recalculer le montant. La mère de Lionel avait obtenu 99 092 euros (650 000 francs) pour son fils le 19 janvier 2000 devant la cour d’appel de Rennes, alors qu’elle avait chiffré ses besoins matériels pour l’avenir à près de 686 020 euros (4,5 millions de francs). En novembre 2000, la Cour de cassation avait déjà jugé, en indemnisant Nicolas Perruche, lourdement handicapé par une rubéole non décelée de sa mère, que le médecin fautif devait indemniser cette naissance préjudiciable. 29 Musique Mort d’un Beatle Le chanteur et guitariste britannique George Harrison décède à Los Angeles des suites d’un cancer à l’âge de cinquante-huit ans. De nature réservée, il dut se battre pour s’affirmer en tant que compositeur face à John Lennon et Paul McCartney au sein des Beatles, dont il fut l’élément stabilisateur. Il laisse quelques classiques des Beatles, notamment Norvegian Wood pour l’album Rubber Soul, While My Guitar Gently Weeps pour l’album Blanc, Something (« la plus belle chanson d’amour du XXe siècle », selon Frank Sinatra qui l’interprète) et Here Comes The Sun pour Abbey Road. France Massacres de Srebrenica : un « échec de la France » La mission d’information parlementaire, mise sur pied grâce à l’association Médecins sans frontières, estime dans son rapport que la France partage avec ses partenaires occidentaux la responsabilité de l’abandon, en juillet 1995, de l’enclave musulmane de Bosnie orientale pour n’avoir pas empêché le massacre de 7 000 personnes par les forces serbes lors de la chute de celle-ci en juillet 1995. Décembre 2 Tennis La France vainqueur de la Coupe Davis La France remporte la Coupe Davis à Melbourne, sur herbe, en battant l’équipe d’Australie par trois victoires à deux. Comme toujours depuis 1978, l’équipe victorieuse du double en finale conquiert le saladier d’argent. Pourtant, plus que le duo Cédric Pioline-Fabrice Santoro tombeur de la paire Lleyton Hewitt-Patrick Rafter, le vrai héros français de la rencontre est Nicolas Escudé. Classé 27e joueur mondial, Escudé a mis la bande à Guy Forget sur de bons rails en dominant le numéro un mondial Lleyton Hewitt, lors du premier simple, puis en disposant en quatre sets, dans le match décisif, de Wayne Arthurs, qui remplaçait au pied levé Pat Rafter blessé. Sébastien Grosjean, pourtant sixième mondial et numéro un français, après avoir atteint la finale de la Masters Cup, a, lui, perdu ses deux simples. Israël Vague d’attentats Une série d’attentats sans précédent frappe l’État hébreu : au moins 16 personnes trouvent la mort et une quarantaine d’autres sont blessées dans l’explosion d’un autobus à Haïfa. Cet attentat est précédé d’une triple attaque terroriste au coeur de Jérusalem, qui fait au moins 12 morts et plus de 150 blessés. Ces deux actes terroristes sont revendiqués par le Hamas. Ils interviennent alors que l’émissaire américain au Proche-Orient, le général Anthony Zinni, est dans la région depuis une semaine pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu. Les autorités israéliennes renforcent les restrictions sur les déplacements en Cisjordanie et bouclent plusieurs villes sous contrôle palestinien. Désigné par les Israéliens comme le responsable de ces attentats, le président de l’Autorité palestidownloadModeText.vue.download 135 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 133 nienne, Yasser Arafat, décrète l’état d’urgence dans les Territoires. 4 France Manifestations de gendarmes en uniforme Trois cents gendarmes de la région du LanguedocRoussillon manifestent en uniforme à Montpellier (Hérault). Ce mouvement intervient dans le cadre de la grogne qui touche la gendarmerie depuis les récentes mesures, jugées insuffisantes, annoncées par le ministre de la Défense Alain Richard. C’est la première manifestation de gendarmes – ils sont 98 000 en France – de cette nature. Tenus au devoir de réserve par leur statut militaire, les gendarmes se contentaient jusqu’à présent de faire connaître leur mécontentement par des lettres anonymes à la presse ou sur Internet. Ils réclament notamment un treizième mois, un renforcement des effectifs, une suppression de la mobilité et vingt jours de permission supplémentaires. Cette première manifestation est suivie pendant trois jours d’autres manifestations sans précédent organisées dans plusieurs villes de France, dont Paris, qui mobilisent plus de 25 000 gendarmes. Le 8, le ministre de la Défense Alain Richard annonce une amélioration indemnitaire, d’ici à la fin de janvier 2003, d’au moins 12 000 francs par an et le recrutement de 4 500 sous-officiers. 5 Afghanistan Conclusion de l’accord de Bonn Au terme de neuf jours de négociation, les quatre délégations afghanes présentes à la conférence de Bonn signent un accord historique qui ouvre la voie à la reconstruction de l’Afghanistan, ravagé par vingttrois années de guerre. L’accord prévoit la formation d’un gouvernement intérimaire afghan, dirigé par le leader pachtoun Hamid Karzaï, qui doit entrer en fonctions le 22 décembre prochain à Kaboul. Ce gouvernement sera composé de 29 membres, dont un président, cinq vice-présidents et 23 ministres, et gouvernera l’Afghanistan pendant six mois. L’Alliance du Nord, regroupement de minorités ethniques afghanes au pouvoir à Kaboul, a elle-même proposé Hamid Karzaï. En échange, elle conservera les ministères clés de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Intérieur dans l’administration intérimaire. Voile Assassinat de Peter Blake Le navigateur néo-zélandais Peter Blake, deux fois vainqueur de l’America’s Cup et l’un des marins les plus respectés du monde, est tué par des pirates lors d’une expédition en Amazonie. Le drame s’est déroule à Macapa à l’embouchure de l’Amazone (État d’Amapa, Brésil). Les pirates ont attaqué le bateau de Peter Blake, le Seamaster, l’ancien bateau de l’explorateur français, Jean-Louis Etienne, alors qu’il participait à une expédition scientifique. Afghanistan Reddition de Kandahar Les taliban acceptent de remettre leur dernier bastion, la ville de Kandahar, aux forces de l’Alliance du Nord à l’issue de négociations avec les forces antitaliban. Le chef pachtoun Hamid Karzaï, nommé à la tête du conseil intérimaire qui doit diriger l’Afghanistan pendant six mois, offre l’amnistie aux combattants taliban qui se rendent, mais sa proposition ne concerne pas le mollah Omar, chef suprême des talibans, qui doit être traduit en justice si sa responsabilité dans les actions terroristes de septembre aux États-Unis est établie. Avec la capitulation des taliban, qui signe la fin de cinq ans de suprématie politique, les États-Unis peuvent dorénavant concentrer leurs efforts sur la traque d’Oussama Ben Laden et du réseau Al-Qaida, composé de centaines de volontaires étrangers, notamment arabes. Le chef islamiste pour- rait avoir trouvé refuge dans la base souterraine de Tora Bora. 10 France La Somme hostile au troisième aéroport Consultés lors d’un référendum sur l’implantation du troisième aéroport international français à Chaulnes, les habitants de 46 communes de la Somme rejettent à plus de 91 % le projet de création d’un aéroport en Picardie. Ce référendum, qui n’a aucune valeur légale, a mobilisé 62,30 % des 12 414 électeurs inscrits. Le site de Chaulnes, situé à 125 km au nord de Paris, a été retenu le 15 novembre dernier par le gouvernedownloadModeText.vue.download 136 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 134 ment pour accueillir le troisième aéroport d’Île-deFrance, dont l’ouverture est prévue vers 2015-2020. Italie Fiat se restructure La direction du principal groupe industriel italien, confronté à une baisse de ses parts de marché et à une dégradation de sa rentabilité, annonce une réorganisation complète de son pôle automobile. La refonte, qui concerne 18 usines, aura pour conséquence la suppression de 6 000 emplois dans le monde et s’accompagnera d’une scission de la filiale automobile en quatre divisions. Dans le cadre de cette dernière, les marques Alfa Romeo et FiatLancia seront séparées. L’automobile, qui constitue le coeur du groupe de Turin, affichait une perte de 120 millions d’euros au troisième trimestre. Selon la plupart des analystes, le groupe Fiat n’a pas su profiter de la reprise du marché européen intervenue ces dernières années. Aussi, la famille Agnelli, qui a beaucoup diversifié ses investissements, se trouve confrontée à des choix délicats au moment où il lui faut également préparer la succession de son chef, Giovanni Agnelli. 12 Israël Nouveaux attentats Trois attaques anti-israéliennes perpétrées en Cisjor- danie et à Gaza font treize tués. La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, revendique l’attaque d’un bus civil desservant des colonies juives, près de l’implantation d’Emmanuel en Cisjordanie, au cours de laquelle dix Israéliens ont été tués et 30 blessés. Ces attentats provoquent une riposte immédiate de l’État hébreu, qui envoie ses avions bombarder des cibles palestiniennes. L’Autorité palestinienne de Yasser Arafat condamne les attentats et annonce la fermeture de tous les bureaux des mouvements du Jihad islamique et du Hamas, responsables de la plupart des attentats sanglants anti-israéliens dans les territoires occupés. Mais le 13, Israël déclare que Yasser Arafat est désormais « hors jeu ». L’armée s’installe dans la ville de Ramallah où se trouve Yasser Arafat, à qui l’État hébreu interdit désormais d’en sortir sans autorisation des autorités israéliennes. Yougoslavie Deux procès distincts pour Milosevic Le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye annonce qu’il y aura selon toute vraisemblance non pas un, mais deux procès distincts pour juger Slobodan Milosevic. Le premier sera conduit à examiner les événements du Kosovo, le second les guerres menées en Croatie et en Bosnie. Cette décision représente un camouflet pour le procureur Carla Del Ponte qui avait présenté une motion réclamant que les trois inculpations portées contre l’ancien maître de la Yougoslavie, correspondant aux trois conflits qui ont démembré l’ex-Yougoslavie, soient rassemblées dans un procès unique. Les juges n’ont pas retenu l’argumentation du procureur, notamment sur la notion de « Grande Serbie » présentée comme l’objectif principal poursuivi par le président yougoslave dans les trois conflits, en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. Selon les juges, ce projet de « Grande Serbie » n’apparaît pas expressément dans l’inculpation sur le Kosovo établie en mai 1999 par le prédécesseur de Mme Del Ponte. 13 Inde Attentat contre le Parlement Un commando de cinq hommes attaque le Parlement fédéral à New Delhi. Dans la fusillade, douze hommes sont tués, les assaillants eux-mêmes, six policiers et un jardinier. Le ministre indien de l’Intérieur, L. K. Advani, estime que l’assaut fait partie d’un « complot de grande ampleur » destiné à déstabiliser l’Inde tout entière. Dans un message au Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee, le président pakistanais Pervez Moucharraf souligne qu’il « condamne fermement » l’attaque du commando armé. Le Pakistan et l’Inde entretiennent des relations difficiles, qui ont été marquées par trois guerres depuis 1947. New Delhi accuse régulièrement Islamabad de parrainer le « terrorisme transfrontalier » au Cachemire, région à majorité musulmane que les deux pays se disputent depuis plus de cinquante ans. D’ailleurs, après l’attaque du commando suicide, l’Inde met en cause un groupe « terroriste » du Cachemire basé au Pakistan voisin, sommant celui-ci de l’interdire et d’arrêter ses dirigeants. Le ministre indien des Affaires étrangères, downloadModeText.vue.download 137 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 135 Jaswant Sing, affirme que les informations dont son gouvernement dispose sont « entièrement crédibles ». États-Unis Ben Laden revendique l’organisation des attentats du 11 septembre Le ministère de la Défense américain rend publique une vidéocassette saisie, dans des circonstances non précisées, à Jalalabad. D’une durée de 39 minutes, ce film ne laisse aucun doute quant à la responsabilité de Ben Laden dans l’organisation des attentats du 11 septembre qui ont frappé les tours du World Trade Center et le Pentagone. Recevant un dignitaire religieux saoudien, le chef d’Al-Qaida raconte la préparation des attaques et l’évaluation préalable du nombre de morts qu’elles devaient causer : « Nous avons évalué d’avance les pertes de l’ennemi, nous avons chiffré le nombre de morts en nous basant sur la position de la tour. Nous avons calculé que trois ou quatre étages seraient touchés. J’étais le plus optimiste de tous [...] Étant donné mon expérience dans ce domaine, je pensais que l’incendie provoqué par le carburant de l’avion ferait fondre la structure métallique du bâtiment, ce qui entraînerait l’effondrement de la partie touchée et de tous les étages supérieurs. C’était tout ce que nous espérions [...] Les frères qui ont conduit l’opération, tout ce qu’ils savaient, c’est que c’était une opération martyre. Nous leur avons demandé d’aller en Amérique, mais ils ne savaient rien de l’opération, rien du tout. » France-Grande-Bretagne Paris refuse de lever l’embargo sur le boeuf britannique Le gouvernement français fait savoir qu’il ne lèvera pas l’embargo qu’il maintient unilatéralement depuis deux ans sur les viandes bovines d’origine anglaise. Cette déclaration intervient alors que la Cour euro- péenne de justice de Luxembourg vient de prononcer, ce jour même, un jugement s’appuyant sur le manquement de la France à mettre en oeuvre deux décisions de la Commission qu’elle n’avait pas contestées juridiquement en leur temps : celle de mars 1999 prévoyant les conditions de levée de l’embargo sur le boeuf britannique, celle de juillet qui en a précisé la date. Alors que David Byrne, commissaire européen chargé de la santé et de la protection des consommateurs, se félicite du jugement – « Cet arrêt confirme les politiques et la position de la Commission. J’attends de la France qu’elle mette en oeuvre cet arrêt et lève l’embargo sur la viande britannique » –, Paris, estimant que les conditions sanitaires qui permettraient la levée de l’embargo ne sont toujours pas réunies, campe sur ses positions. Pour l’heure, l’enjeu est de principe dans la mesure où, compte tenu de l’épidémie de fièvre aphteuse, la Grande-Bretagne n’exporte plus de boeuf. Union européenne-États-Unis La coopération judiciaire remise en cause Les députés européens émettent les plus vives réserves quant à un renforcement de la coopération judiciaire entre l’Union européenne et les ÉtatsUnis. Selon eux, les tribunaux militaires instaurés à l’initiative du président George W. Bush pour juger les terroristes n’offrent pas la garantie d’un « procès équitable ». C’est pourquoi les députés du Parlement de Strasbourg rappellent que, en application de la Convention des droits de l’homme, l’extradition vers les États-Unis n’est possible que si ce pays « donne l’assurance qu’il ne prononcera pas de peine de mort ». Ces mêmes députés en déduisent qu’un accord « général » de coopération judiciaire et politique en matière pénale « ne peut être conclu entre l’Union européenne et les États-Unis ». La position des députés européens fait suite à la demande formulée le 15 octobre par Washington invitant l’UE à revoir le projet de mandat d’arrêt européen « afin d’éliminer toute discrimination à l’égard de requêtes d’extradition émanant des États-Unis ou de pays tiers ». Ce qui reviendrait pour les États-Unis à bénéficier d’une remise quasi automatique des suspects recherchés par la justice américaine. 14 Pakistan Restructuration de la dette publique Le Club de Paris accepte de restructurer quelque 12,5 milliards de dollars de la dette publique du Pakistan. L’accord auquel est parvenu l’organisme ras- semblant les pays créanciers équivaut à l’annulation de 30 % de la dette pakistanaise. Comme l’a avoué le ministre des Finances du Pakistan, cette restructuration s’inscrit dans le contexte de l’engagement de son pays aux côtés des États-Unis dans la lutte contre le réseau d’Al-Qaida et le régime afghan des taliban. Selon les termes de l’accord conclu entre Islamabad et le Club de Paris, les crédits commerciaux seront remboursés dans un délai de vingt-trois ans, avec un délai de grâce de cinq ans. Quant aux prêts d’aide publique au développement, leur remboursement downloadModeText.vue.download 138 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 136 se fera sur trente-huit ans, avec un délai de grâce de quinze ans. États-Unis Washington dénonce le traité antimissile George W. Bush confirme que les États-Unis se retireront du traité ABM signé en 1972 avec l’Union soviétique et qui limite à deux sites le déploiement de missiles antimissiles. Par cette décision unilatérale, les États-Unis peuvent mettre en oeuvre le projet de bouclier antimissile et, une fois que leur territoire national sera ainsi sanctuarisé, envisager de réduire leur arsenal nucléaire offensif. Selon le président américain, ce traité « vieux de presque trente ans » constitue un obstacle à la « capacité de notre gouvernement de protéger notre peuple de futures attaques terroristes ou d’attaques d’États hors la loi ». La réaction de la Russie est extrêmement modérée puisque Vladimir Poutine ne considère pas la dénonciation du traité ABM comme une « menace pour la sécurité nationale de la Russie » mais qu’il est possible aujourd’hui de « mettre au point de nouveaux cadres de relations stratégiques ». En revanche, la décision de la Maison-Blanche est jugée « préoccupante » par la Chine, qui ne manque pas l’occasion de rappeler qu’elle a toujours été hostile à un système antimissile et qu’elle réclame « un dialogue stratégique avec les États-Unis ». Quant à la France, elle a pris sobrement « acte » par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Burkina Faso Manifestation contre un « crime d’État » Quelque 3 000 à 4 000 personnes manifestent dans les rues de Ouagadougou pour commémorer le troisième anniversaire de l’assassinat du journaliste Robert Zongo. Ce dernier, qui enquêtait sur la mort du chauffeur du frère cadet du président de la République, a été victime, selon les manifestants, d’un « crime d’État » en décembre 1999. La mise en place d’une commission d’enquête sur les circonstances de la disparition du célèbre journaliste avait alors débouché sur la création d’un « comité des sages » dont les conclusions avaient recommandé la formation d’un gouvernement d’union nationale et préconisé l’organisation de nouvelles élections législatives. Non seulement le comité des sages n’a pas « enterré » l’affaire Zongo comme on pouvait s’y attendre, mais il a littéralement déstabilisé le régime du président Compaoré. Union européenne VGE de nouveau président Les dirigeants européens réunis en forum à Laeken en Belgique choisissent Valéry Giscard d’Estaing pour présider la Convention qui sera chargée de préparer la voie à un nouveau traité pour l’Europe élargie. La Convention, qui sera composée de représentants des gouvernements, du Parlement européen, des parlements nationaux, de la Commission européenne et des pays candidats (ces derniers n’ayant pas le pouvoir de s’opposer à un consensus des Quinze), entamera ses travaux le 1er mars 2002, sans autre calendrier. Ouverte sur la société civile, la Convention, qui tiendra sa séance inaugurale le 1er mars 2002, est censée combler le déficit démocratique apparu lors des laborieuses négociations de Nice en décembre 2000. Aucune date limite n’est fixée pour l’achèvement de ses travaux. L’ancien président français, âgé de soixante-quinze ans, sera secondé par deux vice-présidents, l’ex-Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene et l’ancien président du Conseil italien Giuliano Amato, alors que l’idée de ce triumvirat n’avait jamais été évoquée avant le sommet de Laeken. Les dirigeants européens ont donné un mandat totalement ouvert à la Convention qui préparera le dernier traité de l’Union avant l’élargissement à 12 pays, rompant ainsi avec les négociations secrètes du passé. C’est la première fois dans l’histoire de l’UE qu’une réforme des traités se préparera de manière ouverte et transparente, la Convention devant en outre travailler en liaison constante avec un « forum de la société civile », afin d’associer au maximum les citoyens européens à ce débat. 16 Afghanistan Chute de Tora Bora Les forces afghanes antitaliban annoncent avoir « nettoyé » la région de Tora Bora, à l’est de l’Afgha- nistan, où Oussama Ben Laden continue de demeurer introuvable. L’aviation américaine poursuit ses bombardements intensifs sur les dernières positions du réseau Al-Qaida à Tora Bora afin d’empêcher toute solution de repli à ses membres. Les forces spéciales américaines, qui ont été directement impliquées dans les combats aux côtés des downloadModeText.vue.download 139 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 137 forces antitaliban, poursuivent leur traque des combattants du réseau Al-Qaida dans les montagnes de l’est de l’Afghanistan. Portugal Défaite électorale du gouvernement Le Parti socialiste perd les élections municipales face au Parti social-démocrate (PSD, centre droit), qui remporte la moitié des quelque 300 mairies mises en jeu dans le scrutin. Le PS n’en obtient qu’une centaine. La participation a été de 60 %. « Le pays a voté pour le changement », a commenté pour sa part le chef du PSD, José Manuel Durao Barroso. Compte tenu du résultat, le Portugal s’oriente lundi vers la des élections législatives anticipées d’ici à 55 jours. Le 17, prenant acte du vote de ses concitoyens, le Premier ministre Antonio Guterres, au pouvoir depuis six ans, offre sa démission au président Jorge Sampaio. Les électeurs ont apparemment choisi de punir les socialistes, notamment pour leur gestion manquée de l’économie du pays qui se dégrade. Il est vrai que les chiffres sont loin d’être favorables à l’équipe au pouvoir. Ainsi, l’inflation est passée de 2,9 % à 4,3 % à la fin de l’année dernière, devenant le taux d’inflation le plus important des pays de l’Union européenne et contraignant le gouvernement à prendre des mesures plus sévères – et donc moins populaires – concernant notamment les augmentations de salaires dans le secteur public. L’Amérique en guerre Qui eût cru au début du mois de septembre que l’Amérique serait engagée dans une guerre lointaine un mois plus tard ? Au départ, tout portait à croire qu’une intervention éloignée n’aurait que très peu de chances de se produire. La soi-disant stratégie du « zéro mort » et la politique isolationniste du nouveau gouvernement constituaient autant d’éléments dont l’addition rendait plus qu’improbable une intervention militaire d’envergure dans un pays hostile comme l’Afghanistan. Pourtant, l’aviation américaine entamait la campagne de bombardements en Afghanistan dès le 8 octobre. Comment le gouvernement américain en était-il arrivé à cette décision ? La cible Ben Laden Après le choc du 11 septembre, le gouvernement américain avait rapidement identifié les coupables présumés des attentats : Oussama Ben Laden et son organisation, Al-Qaida. Il est vrai que les Américains traquaient depuis quelques années déjà le milliardaire saoudien. Mais, jusque-là, les moyens employés pour chercher à le neutraliser s’étaient révélés insuffisants. Toutefois, les attentats du 11 septembre tranchaient sur les précédents. Si Ben Laden avait déjà effectué une première tentative terroriste sur le World Trade Center, celle-ci avait été globalement un échec. Quant aux attentats contre les ambassades américaines et contre l’USS Cole, leurs conséquences psychologiques sur le peuple américain avaient été faibles. En revanche, les attaques sur le World Trade Center et le Pentagone constituaient pour les terroristes un succès sans précédent dans l’histoire du terrorisme moderne. Face au choc collectif, la Maison-Blanche se retrouvait au centre de la crise. La politique se concentrait sur deux champs d’activités : la diplomatie et la stratégie militaire. Sur le plan diplomatique, le gouvernement se devait d’initier le dialogue avec le régime afghan pour que ce dernier s’associe à la capture de Ben Laden. Sachant que les États-Unis avaient déjà tenté auparavant d’obtenir l’extradition de Ben Laden, cette opération diplomatique était quasiment vouée à l’échec. Cette action avait plutôt pour but de s’allier l’opinion publique nationale et internationale en démontrant le manque de coopération du régime taliban. Le vrai travail diplomatique consistait à s’assurer certaines alliances, à la fois pour entamer une éventuelle opération militaire et aussi pour traquer les réseaux d’Al-Qaida. S’il était facile de trouver un soutien auprès d’alliés traditionnels comme la Grande-Bretagne, la tâche était plus ardue dès lors que Washington se devait de solliciter des pays comme le Pakistan ou l’Arabie Saoudite, voire la Syrie, l’Iran et le Soudan, nations coupables d’avoir sponsorisé des groupes terroristes. Le choix d’une intervention militaire Très vite cependant, la situation s’orientait vers la seule issue possible : l’intervention militaire. Après l’horreur du 11 septembre, les États-Unis obtenaient enfin l’appui qui leur manquait auparavant, celui du peuple américain. L’équipe de George W. Bush avait très bien compris l’importance de cet élément stratégique, le soutien downloadModeText.vue.download 140 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 138 populaire, dont tous les adeptes de la doctrine de Clausewitz connaissent l’importance. Le gouvernement américain saura l’exploiter au maximum durant les semaines à venir, aidé en cela par d’autres attentats terroristes – des lettres piégées à l’anthrax – apparemment sans lien direct avec les opérations menées par Ben Laden. George W. Bush avait gagné l’accès à la MaisonBlanche grâce à la réputation de son entourage politique. Dans la perspective de cette crise aiguë, l’expérience de ses conseillers allait s’avérer cruciale. Son vice-président, Dick Cheney, et son secrétaire d’État, Colin Powell, faisaient partie des personnages clés de la guerre du Golfe (1991), alors que Donald Rumsfeld avait déjà été ministre de la Défense dans les années 1970. Le très respecté Colin Powell avait même prêté son patronyme à une doctrine militaire, la « doctrine Powell », qui allait refaire surface à l’occasion de ces événements. Cette doctrine veut que l’outil militaire ne soit employé qu’en tout dernier recours, mais qu’une fois cette option choisie, il est entendu que tous les moyens nécessaires sont mis en place pour qu’elle réussisse. Sachant que la dernière tentative d’invasion réussie de l’Afghanistan était celle d’Alexandre le Grand – les Anglais au XIXe siècle, puis les Soviétiques durant les années 1980 avaient échoué –, le gouvernement américain avait devant lui une tâche difficile. Le seul moyen pour capturer ou éliminer Ben Laden consistait à mettre en place un régime qui permette de réaliser cet objectif tout en s’assurant que Ben Laden ne puisse pas s’échapper à l’extérieur. C’est pourquoi il s’agissait d’éliminer les taliban et d’installer un régime « ami » à Kaboul. À cet effet, il fallait venir en aide à l’Alliance du Nord, seule option viable, malgré tous ses inconvénients, et malgré l’assassinat de son charismatique leader, le commandant Massoud, disparition qui devançait et annonçait les attentats du 11 septembre. S’il était évident que les bombardements aériens seraient insuffisants pour accomplir le premier objectif – la défaite des taliban –, il était tout aussi clair qu’une intervention terrestre serait indispensable à moyen terme. Trois options s’offraient donc à Washington : l’appui à l’Alliance du Nord, l’intervention limitée des forces spéciales, l’intervention massive de l’armée américaine (ou d’une coalition). Ces trois options se présentaient dans un certain ordre chronologique avec la volonté de ne recourir qu’aux deux premières si possible. C’est ce qui se produira dans les faits. L’INDISPENSABLE SOUTIEN DU PAKISTAN En pratique, les États-Unis devaient s’assurer le soutien du Pakistan, pour diverses raisons mais surtout pour obtenir l’usage de son espace aérien, vital pour permettre les sorties des aéronefs américains puisque l’Afghanistan est un pays enclavé. Bien qu’ayant soutenu les taliban, et malgré les risques d’enflammer certaines fractions de sa population, le gouvernement pakistanais se rangeait aux côtés des Américains, qui pouvaient entamer la première phase de leurs opérations militaires : la campagne aérienne destinée à couper les réseaux de communications, à affaiblir le commandement taliban, et à assurer la maîtrise de l’espace aérien. Le 8 octobre, les bombardiers américains lançaient leurs premières bombes. Une nouvelle guerre commençait en Afghanistan. La marche sur Kaboul Le 7 octobre 2001, les bombardiers américains effectuent leurs premières sorties au-dessus de l’Afghanistan. La « première guerre du XXIe siècle » commence. Sur les chaînes de télévision, les bombardements de Kaboul rappellent les célèbres images de Bagdad en 1991. Les médias occidentaux commentent l’événement, souvent de manière critique. Il apparaîtra rapidement que, cette fois, les stratèges (américains) ont évolué avec le temps alors que les commentateurs sont, en grande majorité, en retard d’une guerre. Car cette guerre n’est ni un second Viêt Nam ni l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Deux guerres Dans les commencements de la campagne militaire en Afghanistan – baptisée « Enduring Freedom » (liberté immuable) –, alors que les informations disponibles sont à la fois limitées et manipulées par les deux camps, américain et taliban, le grand public ne connaît cette guerre qu’à travers les discours de propagande du gouvernement américain, les images filtrées de la chaîne de télévision arabe Al-Jazira et les downloadModeText.vue.download 141 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 139 commentaires de journalistes occidentaux mal informés. C’est donc deux guerres qui ont lieu simultanément. La première a lieu sur le terrain, de manière quasi secrète. La seconde est une guerre psychologique, où les deux protagonistes s’affrontent à distance, sous l’arbitrage des médias. Dans le cadre de la guerre psychologique, les taliban marquent quelques points au début de la campagne. Le temps doit théoriquement jouer en leur faveur, car on sait l’importance que constitue l’opinion publique en Occident dans des situations de ce type. Mais, sur le terrain, leur faiblesse ne leur permet pas l’option d’une guerre d’usure. C’est en fait à une guerre-éclair que l’on va assister. Si la relative faiblesse de l’opinion publique américaine quand il s’agit de soutenir une entreprise militaire d’envergure représente un handicap à plus ou moins long ternie, il n’en reste pas moins que les événements du 11 septembre ont élevé la fibre patriotique à des niveaux stratosphériques. Par ailleurs, le gouvernement américain maintient la pression durant toute la campagne en alertant régulièrement les populations sur les risques d’attentats terroristes, quitte à semer une certaine panique parmi ses concitoyens. De leur côté, les taliban s’arrangent pour faire diffuser les images de civils victimes des bombes américaines, ce qu’on appelle pudiquement les « dégâts collatéraux ». Quant à la rhétorique « d’aide humanitaire », entamée au lendemain des bombardements, elle démontre plutôt la maladresse du gouvernement américain. Elle ne lui assure en effet ni un plus grand soutien de l’opinion publique internationale, ni probablement la sympathie du peuple afghan qui ne profitera pas beaucoup de ces étranges livraisons venues du ciel. À ce stade, Washington gagne à diffuser le moins d’informations possible. La première victime américaine « officielle » sera un agent de la CIA, Mike Spann, mort le 25 novembre lors de la mutinerie de Qala-e-Jhangi. Sur le terrain, une chose est sûre : l’armée américaine de 2001 n’a rien à voir avec l’armée soviétique des années 1980. Les forces américaines dirigées par le général Tommy Franks font face à un adversaire qui, s’il apparaît motivé, n’a qu’un avantage, celui d’occuper le terrain et d’être résolu à se battre jusqu’au bout. Contrairement à une opinion répandue au début de la guerre, l’Amérique est parfaitement adaptée à ce genre d’opération. C’est d’abord une armée d’une puissance exceptionnelle, ayant développé une technologie hautement performante. Ensuite, c’est une armée de projection dont les forces spéciales sont bien entraînées à diriger des coups de main et autres opérations précises et ponctuelles. Seul point faible : le renseignement humain, en Afghanistan, est peu développé et le renseignement électronique, par voies de satellites, insuffisant. Présente sur les deux pôles du spectre tactique – la haute technologie et les opérations commandos –, l’armée américaine laisse l’Alliance du Nord (ou Front uni) occuper le reste du terrain. C’est cette dernière qui affrontera l’armée des taliban sur le sol. La campagne de bombardements Les dirigeants américains auront l’intelligence d’attendre les derniers moments de la campagne pour envoyer leurs troupes du Marine Corps. Les bombardements ont d’abord lieu sur les villes. Une fois celles-ci investies, les avions américains se concentreront sur des cibles plus restreintes, comme ces souterrains où se cachent les membres d’Al-Qaida. Opération punitive dans le contexte du 11 septembre, la campagne de bombardements aériens a surtout pour but, à l’origine, de préparer le terrain aux opérations terrestres. Mais ces bombardements doivent aussi opérer des dégâts physiques sur les membres du réseau d’Al-Qaida et les contraindre à se déplacer d’une position à une autre, et à se rendre plus vulnérables en se découvrant. Dans la mesure du possible, les ÉtatsUnis préfèrent régler le problème eux-mêmes. La Grande-Bretagne jouera un rôle secondaire durant toute la phase des combats, la France restera quasi absente des débats. De cette première phase, on ne sait pas grand-chose, si ce n’est que les bombardiers B-52 s’attaquent à des cibles précises dont le nombre est limité. En dépit de cette restriction, les bombardements sont intensifs et méthodiques. Le manque de renseignements sera peut-être à ce stade le seul handicap rencontré par les Américains qui commettront certaines erreurs de cible. La chute des taliban Si l’on n’est pas sûr dans les commencements de bien estimer le rapport de force entre l’Alliance du Nord et l’armée afghane, il apparaît vite que cette dernière est assez affaiblie par la campagne de bombardements pour que l’élan de la guerre se retourne en faveur de son adversaire. En l’espace d’une semaine, la guerre va prendre un downloadModeText.vue.download 142 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 140 tournant décisif. Les unes après les autres, toutes les grandes villes – à l’exception de Kandahar et de Kunduz – tombent aux mains de l’Alliance qui entre dans Mazar-i-Sharif, Herat, Jalalabad, et surtout dans la capitale, Kaboul. La rapidité avec laquelle s’enchaînent les événements défie tous les scénarios, y compris les plus optimistes. Après la chute de Kaboul, le 13 novembre, même Washington semble un moment désorienté. Avec la perte de la capitale afghane, le régime taliban est définitivement condamné. Régime totalitaire et donc extrémiste, celui-ci a refusé tout compromis. Dans la chute, le roi paraît bien nu. La soi-disant « internationale musulmane » que prétendaient construire le mollah Omar, chef des taliban, et Oussama Ben Laden, n’est qu’un mirage qui se décompose face à la réalité des rivalités nationales et ethniques. Les « étrangers » – Arabes, Pakistanais, Ouzbeks et Tchétchènes – se retrouvent isolés dans la défaite. Avec le soutien des Américains, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan se chargent d’en éliminer un grand nombre. La soi-disant mutinerie de Qala-e-Jhangi s’achève le 27 novembre par la mort de plusieurs centaines de ces combattants étrangers, au moment même où s’ouvre la conférence de Bonn sur l’avenir politique du pays. Dès lors que l’on entre dans la dernière phase de la guerre, les politiques prennent déjà le pas sur les militaires. La fin de la guerre La chute de Kaboul le 13 novembre, soit deux mois après les attentats de New York et Washington, signale à la fois l’effondrement du régime taliban et le début de la phase finale des opérations militaires, c’est-à-dire l’annihilation des dernières résistances taliban et la destruction d’AlQaida en Afghanistan. Ce processus mettra encore un mois à s’achever, la reddition des combattants d’Al-Qaida dans le complexe montagneux de Tora Bora survenant à la mi-décembre. Toutefois, l’anéantissement du sanctuaire afghan d’Al-Qaida ne marque qu’une étape, cruciale il est vrai, de la lutte que Washington entend mener contre le terrorisme international. La guerre et la politique Cette phase de la guerre d’Afghanistan se déroule parallèlement aux négociations diplomatiques et politiques sur l’avenir du pays qui déboucheront sur les accords de Bonn, le 5 décembre. Sur le terrain, les forces spéciales américaines du Marine Corps débarquent par centaines dans le désert. Elles établissent le Camp Rhino le 25 novembre dans le sud du pays. Troupes légères et mobiles, ces commandos, qui comprennent un contingent de SAS britanniques, recourent à des véhicules blindés légers ou à des hélicoptères alors que les troupes du Front uni (nom officiel désormais de l’Alliance du Nord) utilisent les chars lourds de fabrication soviétique T-55, dont disposent aussi les taliban. Les bombardiers américains constitueront le dernier maillon de cette triade. La combinaison de la haute technologie américaine avec les troupes au sol, composées de guerriers à l’allure médiévale, et les vétustés chars soviétiques formera un spectacle insolite dans le paysage lunaire du désert afghan. La prise de Kaboul, précédée d’un jour par celle d’Herat, à l’ouest, est suivie rapidement par la chute de Jalalabad, à l’est de Kaboul, qui annonce le dénouement de cette formidable poussée. Néanmoins, les taliban, s’ils ont perdu le pouvoir politique, n’ont pas abandonné les armes. Ils se retranchent dans deux espaces distincts, l’un à Kunduz, dans le Nord, l’autre à Kandahar, dans le Sud. Une troisième poche de résistance, celle des combattants d’Al-Qaida, trouvera refuge dans les grottes de la montagne de Tora Bora, près du Pakistan, dernier bastion de résistance dont la chute marquera le point final de la guerre d’Afghanistan. Les sièges Tant à Kunduz qu’à Kandahar, les combats sont âpres. Stratégiquement, la guerre prend une forme classique maintes fois répertoriée au cours de l’histoire. Les sièges de Kunduz et de Kandahar ont en effet de nombreux antécédents, depuis la prise de Constantinople en 1453 jusqu’au siège de Stalingrad durant la Seconde Guerre mondiale. Comme à Constantinople, où les Turcs disposaient de pièces d’artillerie exceptionnelles, les assiégeants bénéficient d’un avantage technique en matière de bombardements. Les B-52, B-51 et d’autres aéronefs américains coordonnent leurs sorties avec les avancées des troupes au sol, soit une combinaison classique downloadModeText.vue.download 143 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 141 du feu et du choc pour un travail d’approche efficace. Les avions américains lâcheront même la BLU-82 ou « Daisy Cutter » (faucheuse de marguerites), la plus grosse bombe classique (près de 7 t). Au même moment, les forces spéciales américaines ont la tâche difficile d’établir une ceinture de sécurité pour empêcher les chefs de l’opposition, en particulier le mollah Omar et Oussama Ben Laden, de prendre la fuite. À mesure que les forces alliées gagnent du terrain, cet étau se resserre. Cependant la fuite des deux hommes reste toujours possible. Et jusqu’au bout, on ignorera leurs destinations respectives. Malgré la supériorité des alliés, ceux-ci subissent aussi des pertes. On apprendra par exemple qu’une bombe américaine a fait une vingtaine de victimes, dont trois morts, parmi les forces spéciales le 5 décembre. Les informations, prudemment filtrées par les États-Unis et souvent peu fiables, sont diffusées avec plusieurs jours, voire plusieurs semaines de retard. La dimension psychologique de cette guerre sera prépondérante. Kunduz tombe une dizaine de jours après Kaboul. Bombardements et négociations se sont succédé dans cet espace où plusieurs milliers de taliban et de combattants étrangers – ces derniers puissamment motivés – s’étaient retranchés avec leurs armes lourdes. Avant la reddition, de nombreux assiégés afghans avaient déjà déserté. Kandahar, fief du mouvement taliban, est logiquement la dernière des grandes villes à se rendre, au lendemain même de la signature des accords de Bonn. Difficilement négociés, ces accords provisoires tentent d’établir un rééquilibrage politique permettant au Front uni, composé essentiellement de Tadjiks, d’Ouzbeks et d’Hazaras, de gouverner avec une majorité pachtoune sans laquelle toute volonté de créer un nouveau régime se révélerait inefficace. Le Front uni garde trois ministères clés (Intérieur, Défense, Affaires étrangères), mais les Pachtounes doivent recevoir onze ministères. Le nouveau chef du gouvernement intérimaire afghan est un Pachtoune, Hamid Karzaï, celui-là même qui a obtenu la reddition de Kandahar. Tora Bora et la fin de la guerre Après cette victoire, il ne reste plus aux alliés qu’à anéantir le dernier cercle d’Al-Qaida réfugié sur la montagne de Tora Bora. Malgré un commandement et des communications très affaiblis, les volontaires d’Al-Qaida, peu à peu dépossédés de leurs armes lourdes par les troupes afghanes, poursuivront leur résistance face aux alliés alors que la victoire de ces derniers ne fait plus aucun doute. D’ailleurs, avant même la fin des combats, les Américains retirent un de leurs porte-avions présent dans l’océan Indien, le Kitty Hawk. Néanmoins, le suspense lié à la poursuite de Ben Laden tiendra le monde entier en haleine. Washington décide de transmettre la cassette vidéo démontrant la culpabilité de Ben Laden aux chaînes de télévision américaines qui la diffusent au moment même où Al-Qaida s’effondre. Le même jour, 13 décembre, la victoire totale étant presque acquise, le président Bush choisit d’annoncer le retrait des États-Unis du traité antibalistique de 1972, ouvrant ainsi la voie à la construction d’un bouclier antimissile. Cette intervention n’est pas fortuite. Elle illustre à quel point l’échiquier géostratégique a évolué en trois mois, et particulièrement au niveau des relations entre les États-Unis et la Russie, grands bénéficiaires politiques, avec le Front uni, de cette guerre qui a condamné le régime taliban englouti avec Oussama Ben Laden. ARNAUD BLIN RAPPORTS DE FORCE ET RELATIONS INTERNATIONALES Mû par son désir de détruire le nouvel ordre géostratégique en provoquant un choc entre les civilisations, Oussama Ben Laden a en fait permis aux deux anciennes superpuissances de se replacer favorablement sur l’échiquier géopolitique mondial. En définitive, la guerre aura démontré que les rapports de forces, à divers niveaux, gouvernent encore les relations internationales. Ainsi, les grands soulèvements qui devaient amener les civilisations à se confronter les unes avec les autres ne représentent en réalité qu’une illusion dont Al-Qaida et le régime taliban ont été les principales victimes. 17 Japon Congrès contre l’exploitation sexuelle des enfants Le IIe Congrès contre l’exploitation sexuelle des enfants se tient pendant trois jours à Yokohama. Il downloadModeText.vue.download 144 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 142 s’achève sur un engagement solennel des délégués qui renforce celui pris lors du premier congrès à Stockholm en 1996 et élargit la protection des mineurs à toutes les formes de violences sexuelles. Cette exten- sion de la notion d’exploitation sexuelle à l’inceste et aux viols intrafamiliaux, aux mariages précoces forcés et aux mutilations génitales des filles notamment était très demandée par les représentants européens, mais aussi par de nombreux pays d’Afrique et d’Asie qui souhaitaient une plus large protection des filles jusqu’à l’âge de dix-huit ans. La déclaration finale appelle également à « une application plus effective de la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide) de 1989 et de ses instruments », un texte que seuls les États-Unis et la Somalie n’ont pas ratifié à ce jour. 18 Musique Décès de Gilbert Bécaud Gilbert Bécaud, « Monsieur 100 000 volts », décède à l’âge de soixante-quatorze ans sur sa péniche parisienne, des suites d’un cancer du poumon. Mélodiste et harmoniste hors pair, il a, avec l’aide d’un trio de paroliers – Louis Amade, Maurice Vidalin et Pierre Delanoë –, créé des centaines de chansons, dont une vingtaine de tubes (Nathalie, Quand il est mort le poète, L’important c’est la rose...) et deux standards internationaux (Je t’appartiens/Let It Be Me et Et maintenant/What Now My Love). Argentine Violentes manifestations Après l’échec de la politique économique du gouvernement de Fernando de la Rua, l’Argentine est en proie, en dépit de l’état de siège décrété par le président, à de violentes manifestations antigouvernementales et à des pillages. Ces violences, qui ont commencé le 13, font au moins 20 victimes. Deuxième économie sud-américaine, l’Argentine traverse une récession depuis près de quatre ans et le taux de chômage y atteint 18,3 %. Confronté à une dette publique de 132 milliards de dollars, le pays est au bord de la rupture de paiement. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti qu’il conditionnait une éventuelle aide à une réduction draconienne du budget 2002 et à une politique de rigueur plus radicale. Au total, le gouvernement De la Rua aura annoncé huit plans d’austérité en deux ans de pouvoir, dont une baisse salariale de 13 % pour les fonctionnaires, des hausses d’impôts et une baisse des retraites. France Le Conseil constitutionnel censure la loi de Sécurité sociale Le Conseil constitutionnel censure plusieurs mesures phares de la loi de financement de la Sécurité sociale, notamment l’annulation d’une dette de 16 milliards de francs (2,44 milliards d’euros) de l’État envers la Sécurité sociale destinée à financer les 35 heures. L’annulation de cette dette qu’avait, au 31 décembre 2000, le FOREC (Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale) constituait une mesure rétroactive « n’étant pas justifiée par un motif d’intérêt général suffisant », selon le communiqué du Conseil. Le Conseil a également censuré une disposition de la loi réformant les rapports entre les professionnels de santé et les caisses d’assurance maladie ainsi que des mesures prévoyant le transfert de 6,5 milliards de francs d’excédents, au titre de 2000, de la Caisse d’allocations familiales au bénéfice du Fonds de réserve des retraites (pour 5 milliards de francs) et de structures d’accueil pour la petite enfance (1,5 milliard). Le Conseil avait été saisi par les députés et sénateurs de droite de ce texte, définitivement adopté par le Parlement le 4 décembre. Toutefois, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2002 est publiée au Journal officiel, à l’exception des articles censurés par le Conseil constitutionnel : le 20, le Premier ministre Lionel Jospin affirme que la censure par le Conseil constitutionnel de dispositions de la loi de financement de la Sécurité sociale est « une pure annulation comptable » et que « le financement des 35 heures n’est en rien en cause ». Cette loi prévoit que le budget de l’ensemble des régimes de sécurité sociale franchira l’an prochain, pour la première fois, la barre des 2 000 milliards de francs (2 076,5 milliards de francs, soit 316,56 milliards d’euros). 20 France Condamnation ferme de José Bové José Bové, cofondateur de la Confédération paysanne, est condamné à six mois de prison ferme par la cour d’appel de Montpellier pour la destruction de plants de riz transgénique. Il avait été condamné en première instance, en mars dernier, à dix mois de prison avec sursis pour avoir saccagé une serre et détruit des plants de riz, le 5 juin 1999 à Montpellier, au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le dédownloadModeText.vue.download 145 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 143 veloppement (CIRAD), organisme public. José Bové n’ira pas en prison car il se pourvoit en cassation. Sénégal Mort de Léopold Sédar Senghor L’ancien président et poète sénégalais Léopold Sédar Senghor décède à l’âge de quatre-vingt-quinze ans à Verson, une petite commune du Calvados. Figure historique de l’Afrique postcoloniale, il fut le premier président du Sénégal indépendant de 1960 à 1980. Universitaire, membre de l’Académie française, il était également un poète de renom international, inventeur de la « négritude ». Argentine Démission de Fernando de la Rua Pour mettre fin à la crise que traverse le pays, le président argentin Fernando de la Rua démissionne à l’issue d’une journée de violents affrontements entre policiers et manifestants dont l’Argentine est le théâtre depuis une semaine. L’opposition péroniste, majoritaire dans les deux chambres depuis les élections d’octobre, lui a refusé un soutien qu’il considérait comme indispensable pour rester au pouvoir. M. de la Rua est remplacé pour une période de 48 heures par Ramon Puerta, le président péroniste du Sénat, dans l’attente de l’entrée en fonction d’un chef d’État intérimaire qui sera élu par les deux chambres du Parlement réunies en Congrès à Buenos Aires. Le 23, le péroniste Adolfo Rodriguez Saa est élu à la présidence argentine, avec une marge relativement confortable, après de longs débats au Congrès. Une nouvelle élection présidentielle est fixée le 3 mars avec un éventuel deuxième tour le 31. Adolfo Rodriguez Saa a immédiatement annoncé un ensemble de vigoureuses mesures sociales, en promettant notamment un million d’emplois et un plan alimentaire, et officialisé la suspension des paiements de la dette argentine. Le président n’a pas précisé la durée de ce moratoire unilatéral, le plus important de l’histoire, en attendant d’entamer des discussions avec les créanciers de l’Argentine et le Fonds monétaire international. Buenos Aires a une dette publique fédérale de 132 milliards de dollars, représentant 46 % de son PIB. 22 États-Unis Attentat aérien déjoué Un homme qui tentait de commettre un attentat suicide dans le vol Paris-Miami est maîtrisé alors qu’il mettait le feu à ses chaussures remplies d’explosif. Aucun lien n’a pour l’instant été établi entre le terroriste – il s’appellerait Richard Colvin Reid, serait citoyen britannique, né en 1973, mais il s’est également présenté comme Sri Lankais – et une quelconque organisation islamiste extrémiste. Mais, étant donné la sophistication de l’armement terroriste que Reid transportait, les enquêteurs estiment qu’il a agi sur ordre d’un commanditaire. France Plongée Le plongeur Jacques Mayol, inspirateur du Grand Bleu de Luc Besson, se suicide à l’âge de soixante-quatorze ans dans sa villa Calone, à Capoliveri sur l’île d’Elbe en Italie. Jacques Mayol, surnommé « l’homme-dauphin », était un précurseur : premier plongeur en apnée au monde à avoir franchi la barre mythique des 100 m en 1976, avec une plongée record à 101 m au large de l’île d’Elbe, il était par la suite descendu à 103 m en 1981, puis à 105 m en 1983. 23 Comores Référendum Les électeurs votent pour l’adoption d’une nouvelle Constitution destinée à mettre fin à la double crise séparatiste et institutionnelle qui bloque le développement socio-économique de l’archipel. Le « oui » l’emporte officiellement, avec 76,99 % des suffrages exprimés contre 23,01 %. Le taux de participation a atteint 75,37 %, avec 173 521 votants sur les trois îles de l’archipel, Anjouan, Mohéli et Grande Comore. La nouvelle Constitution crée une fédération, l’Union des Comores, qui dote chaque île d’une large autonomie et prévoit des élections libres, dès le 31 mars prochain, pour résoudre la double crise née de la proclamation unilatérale d’indépendance par l’île d’Anjouan, le 3 août 1997, et du coup d’État de l’actuel chef de l’État, le colonel Azali Assoumani, le 30 avril 1999. 25 France Ruée de clandestins dans le tunnel sous la Manche Un groupe d’environ 150 clandestins, venant tous du centre de la Croix-Rouge de Sangatte, réussit downloadModeText.vue.download 146 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 144 à franchir de force les barrières installées du côté français du tunnel sous la Manche pour se rendre en Grande-Bretagne, provoquant l’interruption du trafic. Ils auraient profité de la réduction du trafic fer- roviaire en ce jour de Noël pour tenter de franchir à pied les 40 km les séparant de la Grande-Bretagne sans être repérés. Ils n’ont réussi à parcourir qu’un quart de cette route. La police française arrête 129 de ces clandestins. Eurotunnel a procédé à près de 18 500 interceptions dans le tunnel uniquement dans la première moitié de l’année 2001. Israël/Palestine Arafat privé de messe En dépit des critiques internationales et malgré une baisse notable des violences dans les territoires palestiniens, le Premier ministre israélien Ariel Sharon refuse de lever l’assignation à résidence de Yasser Arafat « tant qu’il n’arrêtera pas les assassins du ministre israélien du tourisme Rehavam Zeevi », tué en octobre. Le président palestinien demeure confiné dans ses quartiers à Ramallah et est empêché de se rendre à Bethléem pour la messe de Noël, une décision critiquée par le Département d’État américain. 26 Afghanistan Nouvelle vidéo de Ben Laden Oussama Ben Laden affirme dans une vidéo diffusée par la chaîne qatarienne Al-Jazira que l’Occident déteste l’islam et que les attentats du 11 septembre aux États-Unis visaient à obliger les Américains à cesser de soutenir l’État d’Israël. Il ajoute que la vidéo a été enregistrée afin de marquer qu’environ trois mois se sont écoulés depuis les attentats de New York et de Washington, qui ont fait plus de 3 000 morts, et deux mois depuis le début des bombardements américains contre l’Afghanistan. Ses propos laissent entendre que la vidéo a été enregistrée le 7 décembre. Le Pentagone se montre perplexe quant à l’authenticité de la vidéo. France Répit pour Moussa Brihmat, assigné à résidence Le ministère de l’Intérieur, par l’intermédiaire du préfet du Rhône, décide d’assigner à résidence Moussa Brihmat, un Algérien de quarante-neuf ans menacé d’expulsion alors qu’il est né et a toujours vécu en France et qu’il a la garde de deux enfants de onze et quatorze ans. Cette décision suspend l’application de l’arrêté d’expulsion et permet « de procéder à un examen approfondi de la situation particulière » de Moussa Brihmat. Ce dernier est sorti de prison en 1997 après avoir purgé cinq ans pour trafic de drogue, s’est trouvé dès cette période sous le coup d’une interdiction définitive du territoire français. Il aurait alors dû être expulsé mais pendant quatre ans il a repris une vie normale, trouvé du travail et s’est occupé de ses deux enfants. Le 19 décembre, alors qu’il s’était présenté spontanément à la préfecture pour faire prolonger sa carte de séjour, il a été interpellé et conduit en centre de rétention. Cette application très tardive d’une mesure que contestaient déjà de nombreuses associations a provoqué, le jour de Noël, une levée de boucliers dans le département du Rhône. L’interdiction du territoire est une peine accessoire – dite double peine – prévue par le Code pénal et qui peut s’appliquer à des délinquants étrangers une fois qu’ils ont purgé leur peine principale de prison. 27 Inde/Pakistan Regain de tension La tension monte entre l’Inde et le Pakistan après que New Delhi a installé des missiles près de la frontière pakistanaise, tandis que les gardes-frontières des deux pays ont échangé des tirs. De son côté, le Pakistan a également déployé des missiles de courte et moyenne portée, qui peuvent être équipés le cas échéant de têtes nucléaires. Le Conseil de sécurité indien s’est réuni pour étudier de nouvelles mesures de rétorsion contre le Pakistan. L’interdiction des vols en provenance ou à destination de ce pays, la dénonciation d’un traité bilatéral sur l’eau et la redéfinition des représentations diplomatiques figurent parmi les mesures envisagées. Les tensions entre l’Inde et le Pakistan, qui disposent tous deux de l’arme nucléaire, se sont avivées depuis un attentat suicide perpétré le 13 décembre dernier contre le Parlement indien. New Delhi accuse les auteurs de cet attentat, qui a fait 14 morts, dont les cinq assaillants, d’être soutenus par Islamabad. Le 29, l’Inde fait savoir qu’elle ne compte pas mener des discussions de paix avec le Pakistan tant qu’Islamabad n’aura pas prouvé sa dédownloadModeText.vue.download 147 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 145 termination à traquer les militants islamistes supposés agir depuis son territoire. 29 Australie Sydney cernée par les flammes La ville de Sydney est décrétée en alerte maximale face aux centaines de feux de brousse qui s’approchent dangereusement de ses faubourgs. Les foyers, dont près de la moitié seraient d’origine criminelle, sont nés le jour de Noël à l’ouest et au sud de Sydney dans l’État de Nouvelles-Galles du Sud. La lutte contre les incendies, menée par quelque 5 000 pompiers et des centaines de bénévoles, s’avère d’autant plus difficile que la canicule estivale et les forts vents de secteurs sud et ouest attisent les flammes. Ces feux de brousse sont les plus importants enregistrés depuis 1994. 31 Argentine Nouvelle démission du président Une semaine seulement après sa prise de fonctions, le président par intérim argentin Rodriguez Saa démissionne. Il se dit lâché par son propre parti à la suite de violentes manifestations provoquées par la grave récession qui frappe le pays. Son poste devrait donc revenir au président de la Chambre basse, le péroniste Eduardo Camano, qui devrait, comme Rodriguez Saa, assurer l’intérim pour 48 heures. downloadModeText.vue.download 148 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 146 downloadModeText.vue.download 149 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 147 downloadModeText.vue.download 150 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 148 downloadModeText.vue.download 151 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 149 downloadModeText.vue.download 152 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 150 downloadModeText.vue.download 153 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 151 downloadModeText.vue.download 154 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 152 downloadModeText.vue.download 155 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 153 downloadModeText.vue.download 156 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 154 downloadModeText.vue.download 157 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 155 downloadModeText.vue.download 158 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 156 downloadModeText.vue.download 159 sur 518 CHRONOLOGIES ET ANALYSES 157 downloadModeText.vue.download 160 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - 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On estime la fréquentation à 180 millions d’entrées pour 2001, soit dix millions de plus que l’an passé. Par ailleurs, les parts du cinéma français passent de 28 % à 32 % du marché, ce qui est extraordinaire pour une année qui compte peu de mastodontes, mais une série de films d’auteurs. Le journal du cinéma RAPHAËL BASSAN La grande surprise vient du triomphe inespéré du film de Jean-Pierre Jeunet, le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, oeuvre intimiste, mais qui se trouve en phase avec une attente du public, celle de voir un cinéma en liberté loin de toute langue de bois. Le film de cet ex-court-métragiste est en passe de devenir, même devant Astérix et Obélix, le film de langue française le plus vu de tous les temps. Si le paysage international du cinéma est assez atypique, trois phénomènes marquent la production nationale : les moyens-métrages qui trouvent un nouveau marché, l’importance des films réalisés par des femmes et le phénomène du numérique. ● Le cinéma français Un bon millésime 2001 avec quelque 180 millions d’entrées Comme Jean-Pierre Jeunet qui se fit connaître, il y a vingt ans, avec son complice Marc Caro en signant de remarquables courts-métrages (le Manège, 1980 ; le Bunker de la dernière rafale, 1981), une nouvelle génération de cinéastes oeuvrant dans le film de petite durée (45 ou 50 minutes) voient leurs oeuvres diffusées en salles grâce à la Collection Décadrages de la société Magouric. Ainsi, on a pu découvrir cette année Amour d’enfance d’Yves Caumon, Ce vieux rêve qui bouge d’Alain Guiraudie, la Brèche de Roland de JeanMarie et Arnaud Larrieux, et l’Arche de Noé de Philippe Ramos. En dehors de parcours personnels différents, ces cinéastes sont de la même génération (nés entre 1964 et 1966) et viennent du sud de la France. Sur le plan artistique, ils font un travail impressionnant au niveau des décors naturels et filment dans leur région, d’où un ton inhabituel dans l’Hexagone où la plupart des cinéastes sont parisiens ou tournent à Paris. Il s’agit d’un cinéma dépouillé (Amour d’enfance) mais aussi parfois loufoque (Ce vieux rêve qui bouge), qui traite, surtout par la mise en scène plus que par le scénario, de l’amour, de la solitude et du retour au pays. On ne peut parler d’école au sens propre du mot, mais le phénomène qu’on note – et qui vaut aussi pour nombre de cinéastes un peu plus âgés, ainsi que pour les films de femmes – est des plus intéressants. Il y a, dans les créations de ce début de décennie, une hétérogénéité d’écritures mais qui se décantent au niveau thématique et se resserrent sur quelques problématiques comme l’équation travail-qualité de vie (l’Emploi du temps, de Laurent Cantet ; Imago, de Marie Vermillard), des rapports riches et complexes au père (Comment j’ai tué mon père, d’Anne Fontaine). Avant d’atteindre les sales, les premiers opus de ces auteurs ont été montrés, via l’Agence du court-métrage très active et de sa revue Bref, dans divers festivals dont celui, exemplaire, de Clermont-Ferrand. Le court-métrage comme vivier de futurs cinéastes est une chose assez récente. Jusqu’aux années 1950, les futurs metteurs en scène passaient par l’assistanat. La nouvelle vague a un peu popularisé le film court, mais sans s’y appesantir, à l’exception d’Alain Resnais, Chris Marker ou Agnès Varda qui lui sont demeurés fidèles. Il faut attendre la fin des années 1980 pour voir apparaître une nouvelle génération qui, hors de toute école bien tracée, se fera remarquer par le court-métrage. S’y sont révélés notamment Roland Achard, Jean-Pierre Améris (C’est la vie), Christophe Blanc, Laurent Cantet (l’Emploi du temps), Olivier Jahan (Faites comme si je n’étais pas là), Philippe Harel, Caro et Jeunet (le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain), Cédric Kahn (Roberto Succo), Mathieu Kassovitz (les Rivières pourpres), Cédric Klapisch, Philippe Lioret (Mademoiselle), Patrick Mimouni, François Ozon (Sous le sable), Bruno Podalydès (Liberté-Oléron), Michel Spinosa, Éric Zonca, qui ont réalise des films très personnels cette année. Issues pour la plupart de la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son), créée en 1984 et qui prit la suite de l’IDHEC, les cinéastes françaises ont été très nombreuses cette année à se faire remarquer. Désormais, ce sont elles qui affrontent sans faux-semblants les problèmes liés au désir et en modifient la vision un peu convenue qui prévalait jusque-là. Catherine Breillat, avec À ma soeur, ausculte au plus près la sexualité des adolescentes, tandis que Claire Denis scrute, dans un faux film de genre Trouble Every Day, les pulsions de mort qui sont partagées à parité entre hommes et femmes. Béatrice Dalle est troublante dans ce film perturbant et atypique dans notre cinématographie. Avec Chaos, Coline Serreau downloadModeText.vue.download 279 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 277 offre un regard « grand public » sur l’exclusion, le machisme et la prostitution. Plus proches d’un style de cinéma réaliste qui rappelle Maurice Pialat pour Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père) ou Paul Vecchiali pour Marion Vernoux (Reines d’un jour), ces réalisatrices renouvellent le cinéma d’acteur (et d’actrices) tel que le cinéma français en a toujours été friand, mais avec un regard éminemment moderne. Le cinéma français de ce début de décennie est donc un cinéma profondément ancré dans la réalité sociale et humaine de son temps, décentralisé (de nombreux films se font désormais hors de Paris) mais d’une manière complexe, dialectique, sans discours idéologique précédant l’action. Le réalisateur marseillais engagé Robert Guédiguian (la Ville tranquille) rejoint dans sa peinture d’une société, d’une époque où il faut d’abord poser des questions avant de trouver des réponses, l’auteur post-nouvelle vague André Téchiné (Loin) dans une même vision polysémique de notre temps où espoir, désir et marginalité sont entièrement à repenser. Ancien court-métragiste doué, François Ozon n’avait pas réussi à trouver sa voie lors de son passage au long-métrage et hésitait entre la pochade horrifique (Sitcom, 1998) et l’imitation de Fassbinder (Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, 1999). Avec Sous le sable, il utilise un canevas vaguement policier pour aborder, comme ses collègues, les questions liées aux difficultés existentielles. Et il réussit son meilleur film. Après une longue absence, Jean-Jacques Beineix revient au tout devant de la scène avec un flamboyant thriller psychanalytique, Mortel transfert, film hélas qui n’eut pas le succès escompté. Deux cinéastes, enfin, prennent le désir et sa ramification comme sujet central (et exclusif ) de leur film : Patrice Chéreau, avec Intimité, et l’Autrichien Michael Hanecke avec la Pianiste, oeuvre dans laquelle Isabelle Huppert tient un rôle dur qui lui valut le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes. Pourtant, c’est un film atypique, le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, qui attira le plus les Français. Cela reste un mystère même si on tente de l’expliquer par le message qui s’en dégage : une jeune femme qui veut faire le bonheur de son entourage. Le film rappelle, par bien des côtés, un certain cinéma des bons sentiments des années 1950, très loin des oeuvres dures dont la production actuelle n’est pas avare. Ceci expliquant peut-être cela. Un peu partout dans le monde, et aussi en France, les tournages en numériques se multiplient. On évoque souvent de questions budgétaires, mais souvent c’est un choix esthétique. Éric Rohmer, qui a compris depuis Perceval le Gallois (1978) qu’on ne pouvait restituer le passé que sous forme stylisée, utilise toutes les ressources de création de décors que permettent les techniques du numérique pour donner, avec l’Anglaise et le duc, un vrai chef-d’oeuvre sur les à-côtés de la Révolution française. Ancien spécialiste des effets spéciaux (notamment ceux, étonnants, d’Alien la résurrection), Pitof crée, avec Vidocq, une oeuvre totalement irréaliste et fabuleuse et met la création d’effets numériques aux postes de commande. Dans ce contexte, la caméra de l’esthète vole la vedette à Depardieu. Mais où le bât blesse, c’est au niveau du scénario, qui reste assez plat. Il faut, pour une nouvelle technique, trouver un langage adéquat et peut-être une autre manière de raconter des histoires. FESTIVAL DE CANNES – Palme d’or : la Chambre du fils, de Nanni Moretti (Italie) – Grand Prix du jury : la Pianiste, de Michael Hanecke (Autriche-France) – Prix de la mise en scène ex-aequo : Joel Coen pour The Barber (États-Unis) et David Lynch pour Mulholland Drive (États-Unis) – Prix d’interprétation féminine : Isabelle Hup- pert, dans la Pianiste – Prix d’interprétation masculine : Benoît Magimel, dans la Pianiste – Prix du scénario : No Man’s Land, de Danis Tanovic (Bosnie-France-Italie) – Prix du jury à un technicien : Tu Duu-chih, pour Millenium Mambo de Hou Hsiao-sien et Et là-bas, quelle heure est-il ? de Tsai Ming-liang (deux films taïwanais) Courts-métrages – Palme d’or : Bean Cake, de David Greenspan (Japon) – Prix spécial du jury : Daddy’s Girl, de Irvin Allan (Grande-Bretagne) – Prix du jury : Pizza Passionate, de Karl Juusonen (Finlande) downloadModeText.vue.download 280 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 278 LES CÉSARS 2001 – Meilleure première oeuvre de fiction : Ressources humaines, de Laurent Cantet – Meilleur second rôle masculin : Gérard Lanvin, pour le Goût des autres – Meilleur espoir féminin : Sylvie Testud, pour les Blessures assassines – Meilleure musique de film : Tomatito, Sheikh Ahmad Al Tuni, La Caita et Tony Gatlif, pour Vengo – Meilleur espoir masculin : Jalil Lespert, pour Ressources humaines – Meilleure photo : Agnès Godard, pour Beau Travail – Meilleur son : François Maurel, Gérard Lamps et Gérard Hardy, pour Harry, un ami qui vous veut du bien – Meilleur décor : Jean Rabasse, pour Vatel – Meilleur film étranger : In the Mood for Love, de Wong Kar Waï – Meilleur court-métrage : ex-aequo Salam, de Souad El Bouhat, et Un petit air de fête, de Eric Guirado – Meilleur second rôle féminin : Anne Alvarro, pour le Goût des autres – Meilleur acteur : Sergi Lopez, pour Harry, un ami qui vous veut du bien – Meilleur costume : Édith Vesperini et Jean-Daniel Vuillermoz, pour Saint-Cyr – Meilleur montage : Yannick Kergoat, pour Harry, un ami qui vous veut du bien – Meilleur réalisateur : Dominik Moll, pour Harry, un ami qui vous veut du bien – Meilleur scénario original ou meilleure adaptation : Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, pour le Goût des autres – Meilleure actrice : Dominique Blanc, pour Stand by de Roch Stépanik – Meilleur film : le Goût des autres, d’Agnès Jaoui – Césars d’honneurs pour Charlotte Rampling, Darry Cowl et Agnès Varda ● Aux États-Unis The Pledge, un thriller de Sean Penn sans courses ni poursuite Andrew Adamson et Vicky Jenson, en remplaçant l’animation traditionnelle par l’image de synthèse, arrivent à créer un ton nouveau en narrant les aventures d’un ogre qui se veut un prince charmant. Les clins d’oeil à l’époque actuelle ne manquent pas et l’ensemble arrive à contenter grands et petits. Enfin, l’oeuvre la plus achevée en ce domaine sort des studios nippons et porte la signature de Hironobu Sakaguchi et Motonori Sakakibara, Final Fantasy, une oeuvre de science-fiction où les personnages sont si parfaitement reproduits qu’on dirait de vrais acteurs. Néanmoins, nous sommes encore dans la préhistoire de ce nouvel art, de même qu’en 1930, face au début du sonore, on se contentait de produire des films musicaux destinés à étonner le chaland. Plus tard, Sternberg ou Welles donneront toute sa maturité au film parlant. Pour le cinéma numérique – qui n’est rien d’autre qu’une technique – les Sternberg et les Welles sont encore à venir. On ne note pas, par ailleurs, l’apparition de nouveaux cinéastes prometteurs cette année aux États-Unis, mais la continuation de carrières bien assises de cinéastes qui travaillent dans le film de genre qu’ils pervertissent de l’intérieur. C’est patent chez David Lynch et son extraordinaire Mulholland Drive qui, sous le couvert d’un thriller et d’un film d’apprentissage, fait une critique très acerbe des moeurs hollywoodiennes. Avec Traffic, le talentueux Steven Soderbergh, promeut un film novateur sur les milieux de la drogue en faisant se télescoper trois histoires : brillant, fluide, remarquable ; même ironie distanciatoire chez John Boorman qui adapte, dans The Tailor of Panama (une coproduction avec l’Irlande), un ouvrage de John Le Carré offrant une vision cynique et désabusée des agents secrets qui ont perdu leurs repères depuis la fin de la guerre froide. Mike Figgis réussit un exercice périlleux avec Time Code, film qui décortique quatre drames affectifs, en présentant en permanence un écran partagé en quatre qui oblige le spectateur à suivre toutes les histoires en même temps. L’auteur réussit son exploit en nous donnant une oeuvre d’un rare raffinement. Après quelques essais pas toujours réussis, ces derniers temps, les frères Coen retrouvent un nouvel équilibre avec The Barber, un drame existentiel situé à la fin des années 1940 et où le travail sur la distanciation est si élégant et discret qu’on pense vraiment avoir affaire à un film hollywoodien d’époque avec une pointe d’ironie en plus. Sean Penn, lui, met de côté tout esprit de parodie et donne, avec The Pledge, un superbe polar, sans courses ni poursuite, grâce à la performance du merveilleux Jack Nicholson dans le rôle ambigu d’un vieux flic à la retraite poursuivant un problématique assassin qui aurait échappé à la justice. Le cinéaste se concentre sur les rapports humains et de pouvoir en laissant la fin ouverte : le policier a-t-il ou non raison ? On ne le saura pas. Mais le manque d’ironie ne convient pas à tous les cinéastes. Le talentueux Tim Burton se plante totaledownloadModeText.vue.download 281 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 279 ment dans le remake inutile de la Planète des singes. Film enfantin, voire infantile : le merveilleux sens du délire fait ici défaut à l’auteur, qui nous gratifie d’un pensum aussi cher que dénué d’intérêt. Réputé pour être un des rares cinéastes de sa génération à éviter tout recours à l’humour dans ses films fantastiques, John Carpenter, s’il demeure fidèle à cette méthode dans Ghosts on Mars, n’arrive plus à maîtriser son sujet, qui demeure une vague copie d’un téléfilm fantastique. Signalons, dans le registre du loufoque assumé, Destination Graceland de Damian Lichtenstein, où le mythe d’Elvis Presley sert de prétexte à un thriller ébouriffant qui voit cinq malfrats se déguiser en « kings » afin de piller un casino de Las Vegas où se déroule une convention dédiée au célèbre chanteur. De très bonnes idées de départ sont gâchées par la vaine lutte des deux vedettes Kevin Kostner et Kurt Russell qui n’en finissent pas de tirer la couverture à eux : dommage ! Enfin, le film de ghetto, qui fit jadis la renommé de Spike Lee (Do the Right Thing, 1989), s’enlise dans le pastiche inconsistant. Spike Lee lui-même réalise un film des plus ambigus, The Very Black Show : un animateur de télévision noir propose un show où tous les gens de couleur seraient ignobles et arriérés comme dans les films des années 1930. La satire passe mal et les défauts des Noirs sont plus nombreux que leurs qualités. Les choses sont encore aggravées par Spoof Movie de Paris Barclay (une bande produite par les frères Wayans, auteurs de Scary Movie 1 et 2, pastiches très lourds des films d’horreur), qui met en avant, sans vergogne, les défauts les plus criards des AfroAméricains, battant sur certains plans bien des films ouvertement racistes. ● Ailleurs Le cinéma de Taïwan aura de nouveau dominé la production asiatique L’Asie domine encore la production de qualité cette année avec deux films venus de Taïwan : Millenium Mambo, du vétéran Hou Hsiao-sien, suivi de Et làbas, quelle heure est-il ? de Tsai Ming-liang, tous deux remarqués à Cannes. Après une série de films intimistes dans les années 1980 (Un été chez grand-père, 1984 ; la Cité des douleurs, 1989), Hou s’était fourvoyé dans des recherches stylistiques un peu ésotériques. Il trouve, ici, un ton très juste pour évoquer le sort de la jeunesse moderne. Tsai Ming-liang, lui, nous donne une merveilleuse élégie sur la solitude de plusieurs êtres, une mère, son fils et une jeune fille aimée par ce dernier et qui part à Paris, avec un style d’une rare élégance. Cette année, il se passe vraiment des choses en Iran. La critique occidentale a souvent porté aux nues, par le passé, des films qui décrivaient simplement le quotidien des habitants de ce pays, sans réellement mettre en cause le régime. Les quatre films vus cette année amorcent un changement. Le Cercle de Jafar Panahi (le film le plus audacieux jamais tourné depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir) est une peinture sans concession sur le sort des femmes. Jamais ce pays n’avait été montré sous un jour aussi noir : on se croirait au temps de l’Occupation, il faut fuir à tout moment les contrôles de police. Quoique moins sombre, Djomeh de Hassan Yektapanah narre les difficultés d’un émigré afghan qui se heurte à de nombreux préjugés, notamment xénophobes, qui l’empêchent d’épouser la fille qu’il aime. Tourné avant les événements tragiques du 11 septembre, Kandahar de Moshen Makhmalbaf nous montre, à travers l’odyssée d’une journaliste afghane établie au Canada et qui retourne sur place pour porter secours à sa soeur, une vision apocalyptique faite aux femmes dans ce pays... voisin de l’Iran. Quant à Abbas Kiarostami, il abandonne l’Iran, dans ABC Africa, et tourne avec un organisme délégué par l’ONU un film sur les méfaits du sida. Principal cinéaste italien encore en activité, Nanni Moretti nous donne, avec la Chambre du fils (Palme d’or à Cannes), un des meilleurs films de l’année. À travers un sujet dont tout le monde peut faire l’expérience, la mort d’un enfant, Moretti nous fait une oeuvre-somme sur la vie professionnelle (le héros joué par Moretti est psychanalyste), les rapports de couple, le sens de la vie. Tout cela d’une manière fluide qui ne fait absolument pas didactique. 2001 aura été une bonne année pour le cinéma français. On ne sait si les techniques numériques vont se généraliser et surtout s’il se trouvera des artistes qui sauront tirer le maximum de ce langage. Les attentats du 11 septembre ont empêché la promotion de pas mal de films américains en Europe, mais le cinéma résiste à cette crise. On ne sait pas non plus comment, dans cette grave période de mutation, les choses vont évoluer pour le 7e art. downloadModeText.vue.download 282 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 280 L’année allait son train sans surprise, bien qu’elle fût censée marquer l’entrée dans le IIIe millénaire. On ne change pas si vite les habitudes et d’écrire et de lire. Se retrouvait donc le romanesque puisé à des sources semihistoriques, semi-légendaires ; par ailleurs, le primat donné au « je » persistait, conduisant à une abondance de « confessions », plus ou moins authentiques. L’année littéraire GÉRARD-HENRI DURAND Enfin les dernières bouffées millénaristes se manifestaient dans les nombreux tableaux angoissants de la psyché individuelle (à défaut de s’efforcer de peindre comme dans des temps révolus l’entier d’une société). Vint la tentative de lancer de nouveau le brûlot Houellebecq (Plateforme). De fait, le livre se vendit bien. Le tourisme sexuel en terre exotique et la pédophilie constituaient des thèmes dits « porteurs », mais la critique, cette fois, fut plus réticente, soulignant parfois l’indigence de la forme, voire le venin des idées. Éclata alors, au mois de septembre, le tonnerre d’un désastre imprévisible qui occulta les effets et les noirceurs de la fiction. Personne n’avait imaginé l’Amérique agressée au coeur de sa puissance. On se mit à chercher dans les livres les allusions prophétiques à ce terrible attentat, on voulut savoir qui étaient les assassins, de quelle guerre nouvelle il s’agissait... Les choix de lectures et l’appréciation des textes s’en trouvèrent assurément modifiés. Mais nul ne sait si l’effet sera durable. ● L’onde de choc Ainsi, dans la période précédant les prix littéraires, les ouvrages de fiction reculèrent dans les vitrines des libraires au profit d’essais, reportages, documents, biographies qui semblaient avoir un rapport avec l’impensable agression. À beaucoup il fallait un héros malheureux de cette tragédie : l’hagiographie de Massoud l’Afghan, signée Christophe de Ponfilly, fit l’affaire. À la noblesse d’âme de ce guerrier, transfiguré en combattant de la liberté, s’opposait la nature démoniaque du maître des assassins grâce à l’ouvrage de Roland Jacquard : Au nom d’Oussama Ben Laden. Puis planait la noirceur de l’Ombre des talibans, décrite par Ahmed Rashid, un journaliste pakistanais, tandis que soudain un avertissement polémique, tel celui de Guillaume Bigot, Sept Scénarios de l’Apocalypse. Demain la troisième guerre mondiale, semblait avoir valeur de prophétie. Des études sérieuses comme Jihad. Expansion et déclin de l’islamisme, de Gilles Kepel, de même que le déjà ancien ouvrage d’un professeur de Harvard, l’Américain Samuel Huntington, le Choc des civilisations (1993), bénéficièrent d’un intérêt inespéré. À quoi s’ajoutèrent des ventes du Coran, dans différentes traductions et les Sourates, publiées à la Pléiade. Dans une perspective plus littéraire, il conviendrait de citer le livre émouvant, traduit du persan, d’Atiq Rahimi (Afghan réfugié en France) : Terre et Cendres, décrivant la détresse d’un enfant et de son grand-père et où se manifeste l’humble détresse des civils sacrifiés fuyant leur village bombardé. ● Ailleurs, en d’autres temps Céleste, un retour dans la France des années 1830 Aux époques d’angoisse, le livre peut également fournir un dérivatif, tracer un chemin vers le rêve à condition de situer son intrigue dans un ailleurs spatial ou temporel, voire les deux à la fois. Les menaces qui pèsent sur la vie ont, dans le contexte d’un autre temps, d’un autre lieu, tendance à s’adoucir, prétextes à rêverie plus qu’à cauchemar, à frissonner plus qu’à se sentir accablé. Et ces considérations n’ont sans doute pas été étrangères au choix des jurés des deux grands prix littéraires qui ont, cette année, couronné des oeuvres romanesques se référant à l’histoire. Le prix Goncourt revint à Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin. Ce livre, inspiré d’un épisode historique oublié où des Français voulurent conquérir leur part d’Amérique du Sud, nous convie à embarquer pour un voyage au long cours à l’époque de la Renaissance. Les deux personnages principaux sont des enfants, symboliquement appelés Just et Colombe, l’écriture est élégante, les personnages sont bien dessinés et le vent de mer est là pour emporter l’aventure dans le fracas des voiles. Céleste (prix Renaudot) de Martine Le Coz nous renvoie à la France des années 1830 par l’entremise de Céleste, une jeune personne à l’âme rebelle venue (note exotique) des Antilles. Le prix Goncourt des lycéens n’a pas encore la renommée de son aîné, mais il n’est pas sans intérêt de remarquer que les jeunes furent également sensibles au romanesque exotique en choisissant la Joueuse de go. Son auteur, Shan Sa, loin de renier ses origines chinoises, situe son intrigue dans les années 1930 à l’époque où l’armée japonaise envahissait la Chine. Le prix Médicis, quant à lui, récompensait Benoît Duteurtre avec le Voyage en France, qui joue downloadModeText.vue.download 283 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 281 avec humour, ironie parfois, et non sans nostalgie, du vieux thème de l’opposition entre les représentations imaginaires de la France et de l’Amérique. ● La mort à l’oeuvre Si ces récompenses (que nul ne semble plus décidé à contester) semblaient indiquer une tendance à un retour à une littérature traditionnelle où le charme de l’intrigue l’emporte sur l’angoisse de vivre, ce n’est pas pour autant que la désespérance ne hisse plus son pavillon noir sur l’océan littéraire ! Gabrielle Wittkop, qui publie successivement deux romans, Sérénissime Assassinat et la Mort de C., entraîne tout d’abord son lecteur dans les eaux glauques et la décomposition d’une Venise du XVIIIe siècle, puis dans la moiteur accablante et misérable du Bombay d’aujourd’hui. Dans les deux cas, la décomposition est à l’oeuvre au-delà des chatoiements du style. JeanPierre Millecam nous propose une fiction désespérée (Tombeau de l’Archange), tout en ayant recours aux archétypes pour nous entraîner dans la quête intemporelle d’un Graal introuvable et nous conduire à l’inévitable conclusion qui, dans ce siècle commencé sous le signe du terrorisme triomphant, prend une résonance particulière : « L’humanité aura le loisir de recommencer à zéro le sombre entr’égorgement d’antan. » Jean Lévi (le Coup du hibou) pourrait s’inscrire dans la tradition picaresque, mais, en confrontant deux univers parallèles, le nôtre et celui de Sou T’sin du IVe siècle avant notre ère, c’est à une lecture des temps troublés qu’il nous convie et à la lutte sans merci pour le pouvoir. En mélangeant les genres, récits d’aventure, souvenirs d’enfance, réflexions, Marc Chénetier crée une forme différente avec la Perte de l’Amérique, Archéologie d’un amour. L’image centrale de cette colonie de Roanoke (1587) qui disparut sans laisser de trace laisse planer un sentiment de perte irrémédiable. Claude Ollier, vingt et quelques années d’écriture déjà, propose deux livres et deux itinéraires différents. Dans le premier, Mon double à Malacca, un « Je » nommé Paul et sa fillette de cinq ans s’enfoncent dans les luxuriances de la jungle, mais au bout la surprise, le « Je » devient « Il », comme si l’écrivain s’effaçait et jetait sur la vie le regard de la mort. Il y a dans ce livre un inventaire des richesses de la vie comme pour les mieux perdre, et dans le second, Préhistoire, nous pénétrons dans un univers dépouillé où la sérénité est celle du détachement, d’une préparation à quitter cette dépouille de chair. Le prix Femina, quant à lui, rompant avec la tendance précédemment citée, a récompensé un univers quotidien terrifiant de solitude et d’abandon. C’est celui imaginé par Marie N’Diaye qui, avec Rosie Carpe, suit pas à pas la déchéance de Rosie et de son frère. Ils montent à Paris sous prétexte d’études puis s’enfuient vers la Guadeloupe, où ils vivront l’enfer de leur enfermement sur eux-mêmes, de leur incapacité à percevoir et à s’exprimer. ● Effondrement d’un monde Tous les univers précédemment évoqués, à l’exception en partie de celui de Marie N’Diaye, échappent au réalisme immédiat pour créer des mondes du domaine de la fiction. Celui de Kossi Efoui dans la Fabrique des cérémonies s’inspire directement de la violence chaotique du « continent noir ». Mais le simple récit d’un Jorge Semprun (le Mort qu’il faut), retraçant sa déportation à Buchenwald, révèle avec plus de force la mort au travail par cette impossibilité à dire l’horreur et par cette suggestion que le seul vrai témoin est celui qui, disparu, croyait à des idéaux aujourd’hui effacés. ● Disparition et travail de deuil De nombreux ouvrages témoignent, souvent avec talent, à partir de situations individuelles, du renouveau d’une méditation sur la disparition d’un être proche ou sur la mort que nous portons en nous. Philippe Besson, par exemple, nous convie avec son Frère au chevet du frère disparu et réexamine leur ancienne et vaine rivalité. Dans l’Ombre allongée de Thierry Illouz, le lecteur se retrouve dans la chambre où le père se meurt et c’est par la présence de cette chambre qu’est suggéré l’indicible. Une autre chambre encore, celle de la mémoire où erre Michel Séonnet (la Chambre obscure) qui s’interroge sur la survie de l’enfant malade qu’il fut, ou était-ce bien lui ? Jacques Borel retrace la rêverie funèbre d’un tragédien dans la Mort de Maximilien Lepage. Le style épouse les méandres de cette rêverie et l’auteur joue d’une autre ambiguïté, celle de la vraie et de la fausse mort : « Je suis si souvent mort au théâtre. » Laure Adler suggère dans un petit livre sans emphase (À ce soir) les échos poignants du décès d’un enfant qui résonnent au long d’une vie et avec lesquels il faut s’habituer à vivre. ● Dérives ordinaires Jean-Claude Pirotte, toujours à la poursuite de l’inachevé Les mystères de l’existence peuvent être évoqués par de simples destinées, tantôt mettant l’accent sur l’irréalité du quotidien, tantôt accentuant la sensation d’un échec irrémédiable. Dans la première catégorie, il conviendrait de mettre la Petite Bijou de Patrick Modiano, où revient sous un nouveau nom une héroïne downloadModeText.vue.download 284 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 282 proche de certaines de ses créations semées au long de vingt années d’écriture. La suggestion de l’échec est au coeur de la description précise d’êtres ordinaires qui ne cessent de mesurer les risques dans les deux livres de Christian Oster, Une femme de ménage et Loin d’Odile. Dans Pour qui vous prenez-vous ? de Geneviève Brisac, un recueil de nouvelles, se trame l’ennui d’existences sans projets, de personnages que tout effraie – une galerie de portraits qui seraient désespérés si les sujets n’étaient traités avec légèreté et humour. Avec Autres Arpents de Jean-Claude Pirotte, la dérive prend une autre coloration. Il a vingt livres derrière lui, trente ans d’écriture, et il est toujours à la poursuite du discontinu, de l’inachevé, perdu dans le labyrinthe de l’alcool et des livres, à jamais sceptique. Tout au contraire rien de flamboyant dans la quête impossible de Jeanne, sans doute l’alter ego de l’auteur, Nita Rousseau (Un père si mystérieux), mais recréer l’ombre du père, assassiné par les Japonais en 1945, est le seul moyen de donner sens à sa vie. Il peut y avoir quelque méchanceté à mettre le livre de Jacques-Pierre Amette au rang des dérives ordinaires, mais dans Ma vie, son oeuvre tout est centré, avec talent sans doute, sur l’impossibilité aujourd’hui d’édifier une oeuvre et, lui laissant la parole : « Un livre n’est jamais qu’un tombeau provisoire d’une joie intime. » ● Corps mémorable Les éditeurs continuent (et continueront sans doute) de vouloir appâter le lecteur en lui proposant des livres qui se lisent comme des confessions intimes et lui promettent des secrets d’alcôve. La littérature n’y trouve pas toujours son compte. Est-ce alors Alain Robbe-Grillet, à la veille de ses quatre-vingts ans, qui peut renouveler le genre ? Avec la Reprise, nous découvrons un habile pot-pourri de ses quatorze romans précédents avec les allers et retours habituels et la non moins continuelle obsession « érotico-sadienne ». Mais le corps ici est d’abord fantasme et les méandres labyrinthiques ont un charme envoûtant comme s’il y avait un secret au-delà. Amanda Devi trame dans Pagli (la pagli ou la folle) le monologue enflammé d’une femme insoumise et névrosée : « Je me perds totalement dans mon corps démembré. » – Un parfum d’épices, un zest d’exotisme, une violence verbale, et le livre existe... Marion ou le Corps enseignant d’Olivier GermainThomas nous montre une agrégée de lettres céder aux délices de l’amour charnel avec un beur. Mais, lorsqu’elle le quitte, il rallie un mouvement terroriste. Elle lui évitera le crime mais pas la mort. En filigrane, l’ombre d’une réconciliation possible entre des êtres de culture différente – mais passe-t-elle par le corps ? La Vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet (que l’on peut accompagner des textes et photographies de son compagnon, Jacques Henric, Légendes de Catherine M.) se voudrait sulfureuse, mais présente plus un intérêt sociologique que littéraire. ● Continent Amérique – Au nord Les différentes facettes de l’écriture américaine sont presque toutes présentes cette année. Tout d’abord le témoignage réaliste, avec un livre ancien mais combien d’actualité : les Vagabonds de la faim (1934), de Tom Kromer, qui relate sa vie d’errance et celle de milliers d’autres en quête de travail après la crise de 1929. Chaque chapitre décrit un épisode de la vie de ceux que Kromer appelle les « stiffs », littéralement les « raides » ou crève-la-faim. Vient ensuite un livre qui s’inscrit dans la tradition du Sud : Braconniers (1998), de Tom Franklin, où apparaît une deuxième « guerre civile », celle de l’industrialisation forcenée en Alabama avec ses conséquences sur l’environnement et la vie de ses habitants. Robert Coover, avec la Femme de John (1997), recrée une petite ville des plaines avec ses perversions, ses hypocrisies, ses frustrations et a recours à toute la panoplie des techniques romanesques. Avec le dernier Thomas Pynchon, Mason Dixon (1999), le lecteur s’enfonce dans les profondeurs d’une oeuvre difficile où pèsent les forces obscures qui hantent l’Amérique. Plus aimable et fidèle à luimême, Isaac-Bashevis Singer (Ombres sur l’Hudson, 1998) fait preuve de sa verve de conteur. De Joyce Carol Oates nous vient son vingt-huitième roman, Mon coeur mis à nu (1998), dans la tradition du grand roman américain puisque les aventures de la famille Licht renvoient toutes aux événements les plus importants de l’histoire des États-Unis depuis plus de cent ans. Une pincée de fantastique assaisonne ce gros ouvrage de plus de six cents pages. Un livre témoigne de la présence de nombreux Asiatiques aux États-Unis qui s’interrogent encore sur les violences subies par leur pays d’origine. L’ex-Coréen Chang-Rae Lee (les Sombres Heures du passé, 1999) présente l’autobiographie fictive du « bon docteur Hâta », incapable aux États-Unis de se faire aimer d’une fille adoptive et pour cause, il a été dans une existence antérieure témoin et complice du sort des Coréennes appelées de force à satisfaire les désirs des guerriers japonais, un sujet que le prix Nobel japonais Oe Kenzaburo se garde bien d’aborder ! downloadModeText.vue.download 285 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 283 ● Au sud Si la vogue des ouvrages latino-américains est quelque peu passée, nous disposons cette année de plusieurs oeuvres de facture mexicaine. Carlos Fuentes dans les Années avec Laura Diaz (1998) défend avec ce livre copieux le roman polyphonique, opposé aux formes minimales. L’intrigue se déroule de 1870 à nos jours et c’est toute l’histoire du Mexique moderne que revisite son héroïne. Au-delà se dessine le drame intime de l’auteur : la perte d’un fils. Se poursuit, par ailleurs, la publication des romans de Jorge Ibargüengoitia, disparu en 1983, avec Ces ruines que tu vois (1982) où, ajoutant au Mexique un État imaginaire, celui du Plan d’en Bas, il dresse le tableau volontiers frondeur de la vie et de l’histoire de son pays. Jorge Volpi (À la recherche de Klingsor, 1999) représente une nouvelle tendance plus tournée vers le monde extérieur et vers les événements mondiaux. Le Klingsor recherché pourrait être le père de la bombe atomique que l’Allemagne nazie ne parvint pas à achever, et c’est prétexte à faire apparaître un monde chaotique et les « lois de la mécanique criminelle ». ● Ancien Continent La littérature russe retrouve les voies du romanesque D’Angleterre, qui cette année reçoit en la personne de V.S. Naipaul le prix Nobel, nous viennent enfin les deuxième et troisième romans de Martin Amis, Poupées crevées (1975) et Réussir (1978), un maître du récit piégé où les personnages sont réduits à l’état de pantins habilement manipulés. Plus attendu, le nouveau roman de Salman Rushdie (toujours menacé de mort par les islamistes), au titre violent de Furie (2000), met en scène un quinquagénaire d’origine indienne qui, devenu « injustement » riche, du moins le croit-il, veut affronter la bête capitaliste dans son antre new-yorkais. Livre inégal mais féroce et qui pourtant, à la fin pose la question redoutable : « Jusqu’où peut-on aller dans la quête de la justice avant de franchir la frontière et de parvenir, aux antipodes de soi, à l’injustice ? » Rushdie n’est pas seul à affronter les démons de l’argent : le traditionnel John Le Carré (la Sentence du jardinier, 1999), dans une intrigue qui se déroule en grande partie au Kenya offre un tableau sans concession des multinationales et de l’effondrement des valeurs. Sur le Vieux Continent, les blessures ne se referment pas. L’Albanais Ismaël Kadaré, se servant habilement de la fable, alliant chapitres et contre-chapitres dans Froides Fleurs d’avril (2000), dénonce les réseaux de prostitution, le vol en tant qu’institution, tandis que les crimes du passé demeurent encore secrets – à quoi il faut ajouter les tomes IX et X des oeuvres complètes, où l’on découvre les premiers troubles au Kosovo (1981) en même temps qu’un retour au passé avec le sultan Mourad contemplant jusqu’au dégoût les anciens massacres interbalkaniques. Le Roumain George Craciun, dans Composition aux parallèles inégales (1982), se servait déjà du recours à une ancienne romance, « Daphnis et Chloé », pour faire apparaître en filigrane le triste destin des citoyens ordinaires soumis au poids d’une dictature. Curieusement, la littérature russe actuelle retrouve les voies du romanesque avec la Ronde (1996), et son entrelacs d’aventures et de mésaventures, tandis que Mark Kharitov se comptait au fantastique social (Retour de nulle part, 1998), où le héros erre dans « le labyrinthe des rêves de béton répété ». L’Allemand Hans Christoph Buch (Voyage en Afrique extrême, 1999) prend à bras le corps un génocide récent, celui du Rwanda en 1994, dans un récit alliant l’effort public d’impartialité d’un journaliste et l’écriture privée de son journal intime. Le livre révèle les séquelles du colonialisme, mais cherche à taire apercevoir en même temps le « sombre continent » qui est en nous. Le Néerlandais Cees Nooteboom (le Jour des morts, 1992) fait dire à l’un de ses personnages : « Nous vivons toujours parmi des assassins et des démons. » ● Biographies et essais Tout d’abord, la volumineuse biographie (1 243 p. plus iconographie) d’Arthur Rimbaud (accompagnée de Rimbaud à Aden) de Jean-Jacques Lefrère, qui est aux antipodes de celle plus ancienne et plus poétique d’Yves Bonnefoy (1961). Après les illuminations poétiques de l’adolescence, l’auteur s’attache surtout à suivre pas à pas l’enlisement de la destinée d’un homme pour qui la fuite en pays lointains est d’abord une constante lutte contre la misère et sans doute une volonté de se fuir : « Les dernières paroles de Rimbaud ont été un projet de départ ». downloadModeText.vue.download 286 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 284 Au chapitre critique, on trouve la publication des oeuvres complètes de Walter Benjamin (tomes I, II et III), où se trouvent tous les essais qui n’ont cessé de féconder la réflexion sur la modernité et l’esthétique. À quoi il faudrait ajouter le livre de Michaël Löwy, Walter Benjamin : avertissement d’incendie – une lecture des thèses « sur le concept d’histoire ». Mais l’actualité attire inévitablement l’attention sur les ouvrages traitant de culture et de religion. Toute la complexité de ces questions ressort à l’évidence dans de nombreux ouvrages. Jean-Loup Amselle (Branchements, Anthropologie de l’universalité des cultures) entend par culture un ensemble de référents qui, en unifiant l’imaginaire, contribuent à faire une société. Mais ces références doivent être soumises à des vérifications constantes. Lorsqu’elles n’interviennent pas, nationalisme et racisme ne sont pas loin. Georges Balandier (le Grand Système) propose plutôt des questionnements sur la globalisation et sur la perte d’identité, sans pour autant affirmer comme par le passé la nécessité de défense des particularismes des peuples exotiques. Rien d’étonnant si, face aux inquiétudes sans réponses du temps, de nombreux essais sont consacrés au scepticisme, c’est-à-dire à la mise en doute de la raison comme de l’évidence. Citons le Travail du scepticisme, Montaigne, Bayle, Hume de Frédéric Brahami, le Scepticisme aux XVIe et XVIIe siècles de PierreFrançois Moreau et une autre biographie : Michel Crépu, Sainte-Beuve, portrait d’un sceptique. Régis Debray publie raire (sous-titré : nel en Occident »), contexte actuel une Dieu, il y a guerre un livre ambitieux : Dieu, un itiné« matériaux pour l’histoire de l’Éterdont la conclusion prend dans le coloration sombre « quand il y a ». Enfin apparaît une nouvelle traduction d’un livre anglais qui fit scandale il y a bien longtemps et dont le titre demeure légendaire Léviathan (1651) de J. Hobbes, qui affirmait que l’état de nature est celui de la guerre permanente et que seul l’instinct de conservation peut conduire à un pacte social. Malheureusement, il ajoutait que seul un pouvoir absolu peut en garantir l’exécution. Trop de tyrans ont dû lire ce livre. Faut-il affirmer avec John Milton, le grand poète anglais du XVIIIe siècle, qu’il n’y a pas de mauvais livres mais seulement de mauvais lecteurs. Rappelons que le propos se voulait polémique. PRIX LITTÉRAIRES 2001 – Prix Goncourt Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin – (Goncourt des lycéens) La Joueuse de go, Shan Sa – Prix Renaudot Céleste, Martine Le Coz – Prix Médicis Le Voyage en France, Benoît Duteurtre – Médicis étranger La Noce du poète, Antonio Skarmeta (Chili) – Prix Interallié Sister, Stéphane Denis – Prix Femina Rosie Carpe, Marie N’Diaye l – Femina étranger Mauvaise Pente, Keith Ridgeway (Irlande) – Prix de l’Académie française Un bien fou, Eric Neuhoff downloadModeText.vue.download 287 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 285 Le millésime 2001 des expositions a été plutôt satisfaisant, sans événement incontournable cependant, alors que semblaient se profiler, dans la tourmente consécutive aux attentats du 11 septembre, des difficultés croissantes à réunir des ensembles notables d’artistes majeurs. Le journal des expositions PASCAL ROUSSEAU Le repli sécuritaire de certains collectionneurs, publics ou privés, et, plus encore, le coût exponentiel des assurances pèsent aujourd’hui, plus qu’hier, sur le montage financier de la moindre exposition. Sera-t-il encore possible de monter des grandes rétrospectives ? On est en droit de se poser la question au moment où de nombreux commissaires d’exposition se voient de plus en plus contraints de faire des coupes draconiennes dans la sélection des oeuvres. ● Les couleurs du plein air 190 oeuvres pour retracer l’évolution du paysage italien sur un demi-siècle Pour s’en convaincre, il suffisait d’aller visiter, dans les galeries nationales du Grand Palais, l’exposition consacrée au paysage italien dans les toiles des peintres du plein air (1780-1830). Le thème n’est pas surprenant, mais il a le mérite de s’attarder sur une période « classique » que l’on considère trop peu souvent comme annonciatrice des enjeux formels de la modernité impressionniste. Après l’exposition « Méditerranée » en 2000, voilà donc une nouvelle enquête sur ce désir des peintres à aller chercher le soleil pour mieux capturer la valeur d’un instant de lumière. L’exposition rassemble quelque 190 oeuvres et retrace l’évolution du paysage italien sur un demi-siècle, de Valenciennes à Corot. Elle permet, après plusieurs autres expositions sur les précurseurs de l’impressionnisme, de revenir sur le chemin continu qui mène vers la révolution d’Impression, Soleil levant (1871). Bien avant Monet, Manet ou Boudin, de nombreux peintres ont foulé l’herbe des prés pour aller peindre directement devant le motif. Il existe une tradition de peinture de plein air, attestée en France depuis François Desportes, mais, comme le montre cette exposition, c’est bien sous le soleil de l’Italie que s’affirme cette pratique de sortie de l’atelier, entre 1780 et 1830, une époque où l’on remet en question le dogme de l’idéalisation en atelier. Le peintre Pierre-Henry de Valenciennes pratique ainsi très tôt l’étude d’après nature, allant jusqu’à reproduire le même site à différentes heures du jour, dans une démarche qui préfigure directement les séries impressionnistes de Monet. Même si ces paysages esquissés ne sont pas encore destinés au public, ils sont néanmoins montrés dans les ateliers où les peintres se rencontrent et discutent sur le devenir de la peinture. Le fa presto va bientôt devenir une méthode, annonçant la révolution impressionniste. Au même moment, toujours dans l’enceinte malmenée du Grand Palais, la rétrospective consacrée à Paul Signac révélait une autre façon, plus maîtrisée, de gérer la lumière du tableau. Longtemps resté dans l’ombre de Seurat dont il fut le disciple, Paul Signac (1863-1935) a enfin droit à nouveau à une rétrospective, quelque 38 ans après la dernière exposition, qui, au Louvre, célébrait le centième anniversaire de sa naissance. En présentant au public près de 140 peintures, dessins et aquarelles, l’exposition permet d’y voir plus clair dans le travail d’un artiste, souvent traité comme un peintre trop appliqué dans l’exercice de la méthode. Signac est devenu à la mort de Seurat, en 1891, le chef de file du néo-impressionnisme, un mouvement pictural qui réagit contre la dilution impressionniste de la forme au moyen de toutes petites touches juxtaposées méthodiquement sur la surface du tableau. L’exposition montre bien comment Signac se libère peu à peu de cette division « pointilliste » pour revendiquer de plus grands aplats de couleurs qui préparent la révolution fauve de 1905. Le néo-impressionnisme est curieusement l’une des grandes découvertes de la Saison italienne ouverte au musée d’Orsay avec l’exposition « L’art italien à l’épreuve de la modernité », un rendez-vous où sont évoquées trente années d’une histoire passionnante qui mène du symbolisme au futurisme. C’est en effet l’occasion de vérifier l’importance des leçons coloristes de Seurat et Signac sur la scène artistique italienne, avec notamment deux figures oubliées en France, Giovanni Segantini et Gaetano Previati. Tout comme en France, la touche néo-impressionniste sert à représenter un monde en transformation, où la peinture prend rendez-vous avec l’esprit du temps, même si une forte tendance symboliste s’organise pour lutter contre le prosaïsme de l’époque des downloadModeText.vue.download 288 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 286 masses. C’est cette tendance symboliste que l’on trouve consacrée à Orsay, avec la surprenante rétrospective Böcklin. ● Figures de la passion Böcklin : pour en finir avec le mythe d’un peintre wagnérien Loin de la mode du plein-airisme et du culte de la vie moderne, le peintre allemand Arnold Böcklin (18271901) cultive une certaine forme d’anachronisme qui a suscité bien des mésinterprétations sur un travail très novateur malgré ses airs classiques. Böcklin, pourtant tenu pour une des figures majeures de la fin du XIXe siècle, n’avait jamais eu d’exposition en France. Cette rétrospective qui célèbre le centième anniversaire de sa mort est donc une première, plutôt attendue, très motivante. L’exposition d’Orsay, conçue par les musées de Bâle et de Munich, permet déjà d’en finir avec le mythe d’un peintre wagnérien, typiquement germanique. C’est à nouveau la chair, dans son indolence sexuelle, qui est convoquée dans l’exposition que le Jeu de paume consacrait au « Picasso érotique ». Des dessins modernistes de Barcelone aux dernières peintures, esquissées quelques jours avant sa mort à plus de quatre-vingt dix ans (1973), cette exposition nous fait découvrir l’oeuvre à travers le prisme des deux personnages centraux dans l’univers picassien : Éros et Thanatos. Les femmes, bien plantées, ont la chair dense et légère comme sous le pinceau de ToulouseLautrec. L’érotisme y est noir, inquiétant, confiné dans les ruelles des bas-fonds, avec en toile de fond la peur obsédante d’une syphilis. Picasso mène une enquête sur le trouble du sexe. Vient ensuite l’oeuvre d’un homme plus mûr qui convoite la femme avec une fougue plus assurée. Éros prend alors des formes mythologiques. L’artiste Minotaure s’accouple avec ses maîtresses, Dora ou Marie-Thérèse, dans des poses orgiaques qui, à mesure que le spectre de la guerre menace, se transforme en guerre des sexes dont la cruauté dialogue avec le surréalisme triomphant. Il y a enfin les dernières années du grand âge accompli, où le voyeurisme revitalise la tension érotique entre l’artiste et son modèle. « Picasso érotique » offre au regard l’appétit d’un génie insatiable. La même soif passionnelle pour la peinture nourrit l’oeuvre de Jean Dubuffet (1901-1985) auquel le Centre Georges-Pompidou consacre une importante rétrospective à l’occasion, cette fois, du centenaire de la naissance de l’artiste. Contrairement à Böcklin, il ne s’agit pas d’une première, même si jusqu’à présent l’ensemble du parcours n’avait jamais été présenté. C’est ici chose faite, avec brio, dans un parcours magistralement mené par Daniel Abadie, par ailleurs directeur du Jeu de paume. Venu très tard à la peinture, à l’âge de quarante et un ans, Dubuffet s’affranchit très vite des poncifs stylistiques de son époque pour s’engager dans une peinture de la contestation. C’est l’enflure de matière qui l’emporte sur le dessin et fait de Dubuffet l’un des grands martres du matiérisme. Cela le conduit vers la série des Sols et Terrains, où bitume, sable, feuillages et graviers font leur apparition dans la palette incongrue de l’artiste. La surface s’anime des aspérités accidentelles de matériaux, bruts, sales, denses ; la forme apparaît au hasard des conglomérats de pigments. Puis, avec le cycle de l’Hourloupe, où réapparaît une gamme de couleurs vives (rouge et bleu), Dubuffet construit des édifices. Curieusement, la salle consacrée aux maquettes de ces sculptures monumentales est la plus faible de l’exposition. Le parcours se termine avec les oeuvres des dernières années auxquelles le Jeu de paume avait, il y a quelques années, consacré son exposition inaugurale. ● Modernités : Paris, Barcelone, Londres et New York L’exposition « Paris-Barcelone. 1888-1937 » rappelle, par son titre, le cycle ouvert, il y a près de vingt ans, par le Centre Pompidou avec les grandes fresques consacrées à « Paris-New York », « Paris-Moscou », « Paris-Berlin », ou plus récemment, sous l’égide cette fois du musée d’Orsay, à « Paris-Bruxelles ». Ces expositions racontaient les chassés-croisés entre deux capitales européennes. Ici, il est toujours ques- tion d’échanges, mais le regard se focalise plus ouvertement sur l’un des pôles, en l’occurrence Barcelone. L’exposition s’ouvre sur les années d’explosion économique et urbanistique de Barcelone, la fin des années 1880, à un moment crucial de l’émergence d’une identité politique, le catalanisme. Pour s’opposer au centralisme madrilène, les Catalans ont pris l’habitude de regarder du côté de Paris et du nord en général, d’où souffle le vent de la modernité. C’est la grande époque de l’art nouveau, ce que l’on appelle « modernismo » en deçà des Pyrénées. Durant la Grande Guerre, la neutralité espagnole renforce le rôle de Barcelone, lieu d’exils et de refuges. On y rencontre certains peintres de l’avant-garde parisienne, Albert Gleizes, Sonia et Robert Delaunay, Francis Picabia ou le boxeur, non moins aventurier, Arthur Cravan. Après l’armistice, le sens migratoire s’inverse : Miró vient à Paris en 1919, Dalí fait le voyage dix ans plus tard. Mais Picabia – auquel l’exposition réserve une part bien importante – et Breton font aussi le voyage vers Barcelone en 1922, downloadModeText.vue.download 289 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 287 tout comme Gala, Eluard et Ernst qui rejoignent Dalí à Cadaqués en 1930, quatre ans avant que Masson fasse son séjour à Montserrat, l’un des hauts lieux de l’identité catalane. Le parcours se clôt avec le pavillon de la République espagnole pour l’Exposition universelle de 1937 – où est présenté le fameux Guernica de Picasso. Curieusement, l’exposition consacrée aux « Années pop » avait aussi pour vocation d’évoquer le rôle moins attendu de ce foyer européen dans la diffusion de l’esthétique du réel apparue au coeur des années soixante. L’exposition présentée au Centre Pompidou souhaitait en effet accorder aux artistes européens une place importante, alors que l’histoire classique a plutôt tendance à privilégier New York pour évoquer les grandes icônes pop. UNE ANNÉE D’EXPOSITIONS – « Paysages italiens. Les Peintres du plein air, 1780-1830 », galeries nationales du Grand Palais, 5 avril-9 juillet 2001. – « Paul Signac », galeries nationales du Grand Palais, 1er mars-28 mai 2001. – « L’art italien à l’épreuve de la modernité », musée d’Orsay, 10 avril-15 juillet 2001. – « Arnold Böcklin », musée d’Orsay, octobre 2001- 13 janvier 2002. – « Picasso érotique », musée du Jeu de paume, 20 février-20 mai 2001. – « Jean Dubuffet », Centre Georges-Pompidou, octobre. – « Paris-Barcelone. 1888-1937 », galeries nationales du Grand Palais, octobre 2001-14 janvier 2002. – « Les années pop », Centre Georges-Pompidou, 15 mars-18 juin 2001. downloadModeText.vue.download 290 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 288 Plutôt que année Verdi, le millésime 2001 aurait dû être déclaré année du bel canto, ce qui aurait permis de célébrer autant le centenaire de la naissance de Vincenzo Bellini que celui de la mort de Giuseppe Verdi. Mais le premier, pourtant auteur des populaires Sonnambula et Norma, est passé à la trappe. Le monde entier se sera donc penché sur la tombe de Verdi. 2001, année du « bel canto » BRUNO SERROU Le monde entier aura donc célébré Verdi, de l’Italie, sa terre natale, jusqu’aux antipodes, l’Australie notamment. La France, à laquelle il donna quelques ouvrages en primeur, n’aura pas été en reste. Ainsi, les Chorégies d’Orange lui auront été entièrement consacrées, et pour lui seul auront dépassé leur périodicité habituelle, s’étendant sur deux mois entiers avec trois opéras donnés deux fois, Aïda, Rigoletto et Don Carlo, mais aussi avec la Messe de requiem et des récitals. Une programmation qui aura attiré plus de 100 000 aficionados, un peu plus que l’Aïda du grand Stade de France, avec 75 000 spectateurs. Confié à une jeune équipe faisant ses débuts en ce lieu mythique, ce Rigoletto aura permis au jeune chef italien Marco Guidarini et au metteur en scène français PaulÉmile Fourny de s’imposer. Moins de deux mois plus tard, ce même Guidarini, qui avait dirigé en juin Giovanna d’Arco du même Verdi en la basilique de Saint-Denis, se faisait chef de l’intimisme pharaonique, animant plus de 600 exécutants, 120 musiciens, 8 solistes, 140 choristes, 40 danseurs, 350 figurants et... 21 animaux, le tout s’exprimant au centre d’une pelouse faisant penser à quelque « astérixienne » Cléopâtre, dans une mise en scène signée Petrika Ionesco. À Montpellier, Verdi aura fait l’essentiel de l’affiche de l’Opéra pour la dernière saison d’Henri Maier à la tête de l’institution, avant son départ pour l’Opéra de Leipzig. Mais les deux grandes salles lyriques parisiennes n’ont pas été en reste, quoique l’on eût pu s’attendre à plus d’attention. Ainsi, le Châtelet a réservé un Falstaff festif, dans lequel l’orchestre avait quitté la fosse pour tenir la place centrale sur le plateau, la scénographie se déroulant autour de lui, les protagonistes le prenant souvent à témoin. Les instruments anciens de l’Orchestre révolutionnaire et romantique ont sonné clair et volubile, et l’on a pu ainsi goûter pleinement les relations entre certains instruments et les personnages auxquels Verdi les a associés. L’Opéra de Paris, qui n’aura offert qu’une nouvelle production d’un opéra de Verdi, avait porté son dévolu sur une oeuvre de jeunesse, Attila, qui faisait pour l’occasion son entrée au répertoire de la première salle de France. Inscrire en tête d’affiche deux noms appartenant au monde du cinéma et de la télévision, Jeanne Moreau et Josée Dayan, était le moyen le plus sûr pour créer l’événement et focaliser l’attention des médias sur un opéra rare. Pareil choix restera, espérons-le, une idée sans lendemain, tant elle n’apparaît pas viable. L’ouvrage lui-même n’est pas du plus grand Verdi, loin s’en faut, même si le rôle-titre se voit attribuer quelques morceaux de bravoure. ● Richard Strauss bouffe La Femme silencieuse, un opéra-bouffe méconnu de Strauss Autre maître de l’opéra, cette fois du XXe siècle, Richard Strauss aura ouvert l’année 2001 en France avec une production itinérante du trop rare chefd’oeuvre Ariane à Naxos, plus célèbre que présent sur les scènes lyriques de France. Préparée l’été précédent dans le cadre des activités de l’abbaye de Royaumont, cette production d’Ariane trouvait son originalité dans une distribution d’une singulière jeunesse, équilibrée et raffinée comme il sied à cette oeuvre subtile et fine, hommage au monde de l’opéra, au Siècle des lumières et au classicisme que Strauss savait vénérer tout en restant original, s’appuyant sur l’un des livrets les plus aboutis de l’histoire de l’opéra, signé Hugo von Hofmannsthal. Dans la troupe dirigée par Edmon Colomer, il faut particulièrement saluer la féline Zerbinetta de Sine Bundgaard, qui surmonte avec une déconcertante agilité les vocalises éblouissantes de sa grande aria, l’ardent compositeur de Jennifer Tani, la solide Ariane de Gweneth-Ann Jeffers, Patrick Bladek campant un honnête Bacchus, rôle naturellement impossible, comme tous les emplois de ténor chez Strauss. Reste la mise en scène de Christian Schiaretti, qui place le prologue chez un riche homme d’affaires de notre époque pour une représentation de l’acte d’Ariane en costumes antiques, une mise en scène qui ne gêne en rien la lisibilité de l’oeuvre mais peu marquante. downloadModeText.vue.download 291 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 289 Le théâtre du Châtelet proposait un opéra-bouffe encore plus rare de Strauss, Die schweigsamme Frau (la Femme silencieuse). C’est de l’Opéra de Dresde que venait la production présentée au Châtelet. Si Natalie Dessay est égale à elle-même, et si Sten Byriel campe un honnête Morosus, c’est Dietrich Henschel qui s’impose par une présence éblouissante. Le chef, Christoph von Dohnanyi, dirige Strauss d’idiomatique façon, bref la grande classe. Il faut dire que son orchestre, l’Orchestre Philharmonia, suscite une vraie fête sonore. Et, cerise sur le gâteau, orgue et clavecin sur scène étaient tenus par l’excellente Céline Frisch. Mise en scène ramassée au centre du plateau et décors – le tout signé Marco Arturo Marelli – sont plutôt flatteurs, dans un mouvement de spirale autour d’un escalier et s’inspirant justement de l’esprit commedia dell’arte. Un spectacle d’environ trois heures que l’on déguste à chaque instant. ● Création lyrique Ariodante, de Haendel a fait son entrée à Garnier L’Opéra de Paris aura offert son lot de productions nouvelles, ramifiant large, du baroque à la création contemporaine. Du plus ancien au plus actuel, c’est une fois encore un ouvrage de Haendel qui aura fait son entrée au répertoire de Garnier. Créé au Covent Garden de Londres en 1735, Ariodante est tiré de l’Orlando furioso de l’Arioste. Plutôt convenu, le livret inspire à Haendel une suite d’arias toutes plus développées les unes que les autres, riches en ornementations et vocalises de haute voltige, mettant à rude épreuve la virtuosité de ses interprètes et leur talent pour la comédie. Si l’on se pâme volontiers devant tant de virtuosité, il faut dire que, comme dans tout excès, l’on atteint rapidement l’overdose... Puis, soudain, le miracle... De cela aussi, Haendel est coutumier ! Une aria sublime, bouleversante et novatrice, un grand moment d’émerveillement. Éperdu de dou- leur, Ariodante pleure sur lui douze minutes de rang. Une écriture entre les nuances p et ppp – mais sans doute Minkowski est-il pour beaucoup dans l’adoption de ces nuances sublimeses –, une orchestration simple et inventive, exaltant une fluidité ineffable, avec théorbes, clarinettes, bassons, d’une expressivité proprement immatérielle. La distribution réunie autour de Marc Minkowski et de ses Musiciens du Louvre est exceptionnelle. Laura Claycomb est une belle Ginevra aux aigus cristallins, Kristinn Sigmundsson un roi d’Ecosse dont la voix profonde tire vers Gurnemanz, Kresimir Spicer, dans le rôle trop épisodique de Lurcanio, s’impose comme un ténor franc et solide. Patricia Petibon est une Dalinda lumineuse, Silvia Tro Santafé possède un beau grave, mais son Polinesso n’a pas tout à fait le style idoine. Reste l’essentiel, Anne Sofie von Otter. Quel style ! Notes filées, pianissimi évanescents, aigu opalescent exaltant une poignante émotion, le tout remarquablement soutenu par Marc Minkowski. La mise en scène, quant à elle, s’est fait copieusement huer. Jorge Lavelli, dont la vieille production du Faust de Gounod fait depuis un quart de siècle les beaux soirs de l’Opéra de Paris, a accepté de relever le défi posé par cette oeuvre fondée sur les seules longues arias où rien ne se passe. Le metteur en scène argentin se débrouille au mieux à remplir les vides dramaturgiques. À l’autre extrémité du répertoire, la création mondiale de K... de Philippe Manoury donnée à Bastille. Avec K..., le compositeur démontre une réelle maîtrise du théâtre lyrique. L’expérience acquise à l’aune des carences de son précédent opéra a permis au compositeur d’attribuer à la narration une place privilégiée, le livret respectant le récit inachevé de Kafka, le Procès. Mais que ceux qui cherchent à l’opéra avant tout le chant passent leur chemin, car ici c’est le récitatif continu, le parlé-chanté qui domine, au point que le texte reste constamment compréhensible. En revanche, réussite totale côté orchestre, ainsi que du côté de l’informatique en temps réel de l’Ircam, qui a proprement transcendé la froide acoustique de Bastille. Ainsi, les deux entités musicales se complètent, s’enrichissent mutuellement, pour apporter à la voix ce qui lui est refusé, les personnages étant incapables de chanter, comme bloqués psychologiquement par leurs rôles respectifs dans la terrifiante machination. Autre rendez-vous d’importance fixé par l’Opéra de Paris, cette fois à Garnier et en association avec le Festival d’automne, la première française de la Petite Fille aux allumettes de Helmut Lachenmann, artiste visionnaire qui a su trouver sa voie avec autant de lucidité que de témérité, ce qui l’a conduit à susciter tout autant incompréhension et admiration. Ache- vé en 1996, cet ouvrage a demandé huit ans de travail à son auteur, qui envisage encore d’effectuer quelques modifications, plus particulièrement dans la scène qu’il reprend de Zwei Gefühle. L’écriture de Lachenmann est d’une telle expressivité qu’elle se fait image, dessinant le moindre contour du livret, alors même que le compositeur n’utilise que des instruments traditionnels, dont il dévoie le son. downloadModeText.vue.download 292 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 290 La mise en scène de Peter Mussbach, qui déroule l’action dans la tête de la fillette, est en totale adéquation avec la musique à laquelle elle ajoute en poésie. Exigeant une écoute hors norme, la partition saisit par sa puissance suggestive. Les deux heures de spectacle donné en continu passent sans que l’on ait pu prendre la mesure du temps, l’auditeur étant porté dans une nasse de musique, effectifs vocaux et orchestraux mêlés dans les moindres recoins du théâtre. Trois Soeurs de Peter Eötvös, un ouvrage majeur du XXe siècle L’Opéra de Paris aura offert son lot de productionsCette première année du siècle aura été fertile en premières françaises d’oeuvres contemporaines, puisque le Théâtre du Châtelet aura proposé deux autres opéras importants de compositeurs vivants, Trois Soeurs de Peter Eötvös et l’Amour de loin de Kaija Saariaho. Créé à l’Opéra de Lyon, son commanditaire, le 13 mars 1998, Trois Soeurs a été reçu dès sa première présentation comme l’un des ouvrages majeurs du XXe siècle, l’ouvrage le plus significatif du théâtre lyrique depuis Die Soldaten de Zimmermann. Eötvös a tenté de retrouver l’esprit du madrigal, découpant son opéra en vingt-cinq numéros distribués en trois séquences qui ne suivent pas la chronologie de la pièce de Tchékhov mais reprennent la même action abrégée vue à travers le regard de chacune des soeurs. Malgré son grand raffinement, la partition est immédiatement intelligible. À cela s’ajoute une réelle connaissance de la voix et du chant, exploités sur tous les registres expressifs, Eötvös évitant de passer violemment d’un registre à l’autre, suivant en cela la moindre inflexion de la langue russe, qu’Eötvös a incroyablement su pénétrer alors qu’il s’agit pour ce Hongrois d’une langue naturellement honnie. OEuvre sans concession, mais trahissant un rapport au théâtre acquis au contact des comédiens et des dramaturges, ne cessant de ménager la surprise, Trois Soeurs est à la fois exigeant et flatteur pour ses interprètes et pour le public. Concentrée et délicate, la mise en scène du chorégraphe japonais Ushio Amagatsu évite le malaise qu’aurait pu engendrer la prééminence des rôles travestis. Sur le modèle du théâtre japonais dont est issu Amagatsu, les trois soeurs et Olga sont campées par des contre-ténors. Le spectateur a ainsi un regard (et une oreille) distancié et il ne peut qu’être ébloui par cette beauté surnaturelle. Toujours au Châtelet, la production venue du Festival de Salzbourg 2000 du premier opéra de Kaija Saariaho, l’Amour de loin. S’inspirant de la vie de Jaufré Rudel dont Armin Maalouf a tiré le livret, mis en scène par Peter Sellars, ce spectacle permet à la compositrice finlandaise d’exprimer pleinement son art, très personnel, tout en puisant dans les musiques du passé et traditionnelles, et en travaillant la symbolique de la symétrie, du cercle, le miroir. ● Nouveaux répertoires Quantité de manifestations ont rendu hommage à Xenakis Parmi les autres rendez-vous lyriques, Peter Grimes de Benjamin Britten. Composé en 1945 sur un livret de Montagu Slater tiré d’un récit de George Crabbe, le Bourg, Peter Grimes a pour pivot une société haineuse, obscurantiste, hypocrite qui accable et persécute un être élémentaire et brutal. Sous l’impulsion de Britten, Slater a fait du personnage dessiné par Crabbe un marginal ambigu qui parvient à inspirer davantage la compassion que le rejet. Camper Grimes exige de la part de son interprète un engagement total, c’est pourquoi le rôle reste marqué par son créateur, Peter Pears, et son exact opposé, Jon Vickers. Ténor héroïque, Ben Heppner se rapproche du second, et s’impose comme un grand Grimes. Tant et si bien que l’on en oublie ses limites vocales, l’aigu un rien serré. Face à lui, Susan Chilcott campe une touchante Ellen, Ian Caley un capitaine de grande classe, Stéphanie Blythe déploie avec aplomb son timbre de braise, et ses nièces sont excellentes, particulièrement Marie Dellevereau. La scénographie place l’action dans une Angleterre contemporaine polychrome, noyée sous un fatras de poissons surgelés, de filets de pêche, de tables à repasser et de tombes. Mais cette production a le mérite de ne pas trahir l’ouvrage et il n’y a pas là matière à aviver les lazzis lancés par le public le soir de la première. Autre spectacle de l’Opéra-Bastille, la Damnation de Faust de Berlioz. Plus que mise en scène, c’est un véritable livre d’images que le spectacle de Robert Lepage a proposé. Il faut dire que cette oeuvre qui se situe entre l’opéra et la symphonie dramatique se prête particulièrement à ce type de traitement. Assemblage hétéroclite de scènes lyriques, de ballets, de grandes pages orchestrales, le tout concentré sur trois personnages, les mises en scène réussies de cet hybride sont denrée rare. Avec cette nouvelle production créée voilà deux ans dans le cadre du Saito Kinen Festival Matsumoto, l’Opéra de Paris propose une vision qui tient à la fois du film et de la bande dessinée, association qui sied particulièrement à la légende de Faust. downloadModeText.vue.download 293 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 291 Sur une scène divisée en cellules, il a recréé une sorte d’imagerie animée, évoquant par les costumes tant la bourgeoisie du XIXe siècle que les gravures de Delacroix, peintre à qui se réfère plus particulièrement le personnage de Méphistophélès. Du côté musical, l’Orchestre de l’Opéra de Paris est au sommet de sa forme, littéralement transfiguré par la présence charismatique de Seiji Ozawa. Le chef japonais regarde avec bonheur ses musiciens, caresse leurs sonorités suaves du geste et du regard, dégagé de toute contrainte de lecture d’une partition qu’il dirige par coeur. L’Opéra de Strasbourg a donné pour sa part la première scénique française d’un ouvrage majeur du théâtre lyrique du XXe siècle, Die tote Stadt (la Ville morte) d’Erich Wolfgang Korngold (1897-1957). Cette partition n’est pas seulement le chef-d’oeuvre d’un jeune prodige de vingt-trois ans, c’est aussi la synthèse entre la conception colossale de l’orchestre héritée du romantisme et des influences diverses d’où émerge un style profondément mélodique. Au point que l’on y relève l’empreinte de Mahler, Strauss ou Puccini, mais aussi et surtout une griffe personnelle, une verve mélodique foisonnante, une sensualité harmonique hors du commun. Die tote Stadt est de ces opéras injustement négligés, puisqu’il a tout pour séduire un large public, un livret remarquable, une intrigue dramatiquement efficace, des personnages d’une rare densité, une ligne de chant luxuriante, un orchestre kaléidoscopique. Quantité de manifestations du monde entier ont rendu hommage à Iannis Xenakis, mort en février, plus particulièrement les festivals de musique contemporaine, comme Présences de Radio France et Musica de Strasbourg, qui a en outre vu la création d’un opéra de Giorgio Battistelli, Impressions d’Afrique d’après Raymond Roussel, qui n’aura pas tenu ses promesses. Autre figure phare de la création contemporaine, Pierre Boulez a témoigné d’une incroyable vivacité, se produisant partout, à la tête des orchestres les plus prestigieux, donnant autant les oeuvres de ses confrères, particulièrement Bartók, mais aussi les siennes, non sans les commenter devant un public friand de découvertes, notamment à Fontainebleau où, à l’invitation de ProQuartet, il a présenté la première exécution intégrale de son Livre pour quatuor joué par le Quatuor Parisii, et dirigé pour la première fois l’Orchestre philharmonique de Radio France. ISAAC STERN (1920-2001) Isaac Stern était l’un des artistes les plus engagés de sa génération, tant dans la vie musicale que dans la cité. Violoniste virtuose, qui aimait autant à se produire en soliste qu’en musique de chambre, avec des partenaires comme Pablo Casals, Eugene Istomin et Leonard Rose, mais aussi Emmanuel Ax et Yo-Yo Ma, il fut le premier artiste américain à se produire en Chine et à y enseigner, ce qui lui assura une renommée internationale. Extrêmement actif dans la vie musicale, prenant notamment la responsabilité de la musique au Conseil national des arts des États-Unis, il sauvera le fameux Carnegie Hall de New York de la destruction et allait en présider la destinée jusqu’à sa mort, le 22 septembre. Il venait de publier son autobiographie sous le titre Mes 79 premières années. Il avait donné son premier concert à onze ans, et créé quantité d’oeuvres nouvelles, notamment les concertos pour violon et orchestre de Krzysztof Penderecki, de Peter Maxwell Davies et d’Henri Dutilleux. NUIT D’ÉTÉ D’EXCEPTION Parmi les événements majeurs de l’édition 2001 du Festival de La Roque-d’Anthéron, l’intégrale des Années de pèlerinage de Franz Liszt donnée en une seule soirée par Nicholas Angelich. À 31 ans, le pianiste américain forgé à l’école française du piano est la coqueluche des amateurs de piano, attirant les foules à la seule évocation de son nom. C’est à la demande expresse de René Martin que ce musicien surdoué s’est lancé dans cette folle équipée, tant par la succession de pièces toutes plus complexes les unes que les autres, sur le plan technique, l’endurance physique que par la diversité des climats. Si bien qu’il semblerait que jamais pareil marathon n’ait été donné au concert par un seul pianiste. Son jeu d’une solidité inouïe, son sens exceptionnel de la nuance et de la couleur ont suscité une attention impressionnante, jusque dans les commentaires opportuns de la nature, les grenouilles ponctuant Au lac de Wallenstadt, le carillon les Cloches de Genève, la pluie les Jeux d’eau de la villa d’Este et Sunt lacrymae... downloadModeText.vue.download 294 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 292 L’actualité internationale n «y aura rien fait. Elle n’aura pas rejailli sur l’humeur des spectateurs. Même au plus fort de la crise afghane, alors que la hantise des attentats gagnait nombre de pays occidentaux, le public français n’a pas bronché. Théâtre 2001, une année de transition DIDIER MÉREUZE Plan Vigipirate ou non, le public a continué à se rendre dans les théâtres, toujours aussi nombreux. Si quelques salles ont subi durant les mois de septembre et d’octobre une baisse de fréquentation, cela tient essentiellement au fait que les radios et les télévisions, occupées par les frappes américaines sur l’Afghanistan, ont renoncé à nombre de reportages culturels, privant du même coup les créations de toute publicité. ● Les affiches du privé Cinq molières pour Une bête sur La lune, mise en scène par Irina Brook Cela n’a pas empêché les théâtres privés de poursuivre leur politique de tête d’affiche, de Philippe Noiret reprenant l’Homme du hasard de Yasmina Reza à l’Atelier, à Pierre Arditi dans Joyeuses Pâques aux Nouveautés, en passant pas Michel Aumont qui a révélé avec le Grand Retour de Boris S. un nouvel auteur, Serge Kribus, au théâtre de l’OEuvre. Présent dès l’automne au Théâtre de Paris, Michel Leeb, flanqué de Caroline Tresca, a triomphé en travesti dans Madame Doubtfire, adaptation du célèbre film américain de Chris Colombus avec Robin William. À la même époque, au Théâtre Édouard VII, Michel Piccoli exhumait la Jalousie, une comédie oubliée de Sacha Guitry. Juste auparavant, à l’Atelier, Romane Bohringer était l’interprète de la Ménagerie de verre. Cette oeuvre, parmi les plus fortes de l’Américain Tennessee Williams, était mise en scène par Irina Brook – la fille du metteur en scène Peter Brook, révélée par sa mise en scène d’Une bête sur la Lune, qui a remporté cinq molières au mois de mai. Au Marigny, c’est Francis Huster que l’on a pu applaudir dans Crimes et Châtiments, mis en scène par Robert Hossein, tandis que dans la petite salle du même théâtre, Roger Hanin créait Une femme trop parfaite de... Roger Hanin. ● Le Festival d’Avignon en vitrine Une magistrale Mort de Danton par Thomas Ostermeier Cependant, la plus belle affiche aura été proposée dans le secteur « subventionné » avec Bérénice au Théâtre national de Chaillot : la mise en scène était signée Lambert Wilson. Présent lui-même sur le plateau dans un premier temps dans le rôle d’Antochius (confié par la suite à Robin Renucci), celui-ci était entouré de la star anglaise Kristin Scott Thomas (Bérénice) et de Didier Sandre (Titus). Les costumes étaient de Christian Lacroix. De quoi créer un événement chic, à défaut d’être choc – hormis l’idée bizarre de transposer la tragédie de Racine dans l’Italie mussolinienne, l’audace n’a jamais dépassé le stade de la sage convention. Lors de la création du spectacle, deux mois plus tôt, la cohue pour y assister avait été extrême : c’était au cloître des Carmes, pendant le Festival d’Avignon. Intrigante au premier abord, l’invitation de cette production très « grand public » dans le cadre du plus prestigieux des festivals de théâtre n’était pas si incongrue : elle correspond à révolution d’une manifestation qui s’est transformée au fil des temps en simple vitrine de la production courante. La place trop furtive faite aux « jeunes » compagnies présentes le temps de trop peu de représentations dans de trop petites salles pour être suffisamment vues par le public et marquer durablement le festival n’a fait que renforcer ce sentiment – de même que la multiplication des invitations faites à trop de spectacles, déjà créés et montrés à travers toute la France, venus achever leur existence sous le ciel avignonnais – notamment Bérénice mis en scène par Frédéric Fisbach, Combat de nègres et de chiens de Bernard-Marie Koltès par Jacques Nichet, le Pays lointain de Jean-Luc Lagarce par François Rancillac. Ouvert par une mise en scène très fine (mais manquant quelque peu de chair) de l’École des femmes, par Didier Bezace, avec Pierre Arditi et Agnès Sourdillon, le festival n’en a pas moins des moments heureux : dans la cour du lycée Saint-Joseph, Bernard Sobel a revu et corrigé Ubu d’Alfred Jarry sur les notes explosives de l’Internationale avec le Centre dramatique national de Gennevilliers et un Denis Lavant très « sale gosse » dans le rôle-titre ; sous la nef de l’église des Célestins, les plasticiens-performers-auteurs-acteurs-metteurs en scène Odile Darbelley et Michel Jacquelin ont proposé Un lièvre qui a des ailes est aussi un animal – délicieux triptyque downloadModeText.vue.download 295 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 293 placé sous au gymnase s’est fait temps avec le signe de l’incongru et de Duchamp ; du lycée Saint-Joseph, Serge Maggiani l’interprète délicat de Je poussais donc le l’épaule – adaptation délicate de Proust par Charles Tordjman, directeur du Centre dramatique national de Nancy ; au Théâtre municipal, Vincent Colin et le Centre dramatique national de la Réunion ont repeint aux couleurs dansantes de l’océan Indien et de la Namibie les Mariés de la tour Eiffel de Cocteau. Enfin, et surtout, on applaudit la magistrale Mort de Danton proposée par l’Allemand Thomas Ostermeier, jeune directeur à tout juste trente ans de la célèbre troupe de la Schaubühne. Écrit dans les années 1830, ce drame historique raconte les derniers jours du combat entre Danton et Robespierre. Éclairé à la lumière des années 2000 et d’une Allemagne encore sous le choc de la chute des régimes socialistes et du mur de Berlin, il s’est montré d’une acuité terrible dans un monde sans repères, renvoyant dos à dos le « Tribun du peuple » et l’« Incorruptible ». Cependant, cela n’aura pas suffi à faire d’Avignon un « grand » festival. Outre le fait qu’Ostermeier n’est plus une découverte (il avait déjà été invité lors de précédentes éditions), il y a manqué ce « plus », ces instants de magie pure qui font dire plus tard « j’y étais ». Semblable en cela à l’ensemble de la saison théâtrale en France, Avignon, cette année, a trop joué la carte du consensus et de l’académisme de bon aloi pour rester dans les annales. ● Au bonheur du « off » Un Malade imaginaire hors norme présenté par Philippe Adrien Cela explique-t-il ceci ? La vraie surprise est arrivée du festival « off » – c’est-à-dire en dehors de la programmation officielle –, avec Philippe Adrien. Metteur en scène discret, féru de Kafka et de psychanalyse, ce dernier est venu présenter au Grenier à sel un Malade imaginaire hors norme, interprété par une distribution composée en grande partie d’acteurs aux handicaps tous différents – aveugles, muets, malentendants, gens de petite taille ou géants. Le spectacle aurait pu se réduire à un exercice de style – comment créer un spectacle avec des handicapés. Sous la gouverne de Philippe Adrien, il s’est révélé d’une justesse parfaite. Chacun des comédiens s’y est montré étonnamment à sa place, donnant du fait même de son handicap un relief inédit à son personnage, tout en ouvrant des portes jusque-là ignorées – Bruno Netter tout le premier. Aveugle, il interprétait le « malade », en écho à la réplique d’un de ses proches : « Vous voyez les choses avec d’étranges yeux. » Ce Malade imaginaire a été repris au mois de septembre à la Cartoucherie de Vincennes, au Théâtre de l’Aquarium. Au même moment, Philippe Adrien présentait deux autres mises en scène à Paris : le Roi Lear, toujours à la Cartoucherie de Vincennes, au Théâtre de l’Aquarium (dont Philippe Adrien est le directeur) ; Monsieur de Pourceaugnac, au Vieux-Colombier (la seconde salle de la Comédie-Française). De la tragédie de Shakespeare à la farce de Molière, en passant par le Malade imaginaire, une même ligne se traçait : celle d’un théâtre qui dépasse les apparences, explore les zones d’ombre, se perd – et se retrouve – dans l’inconscient, entre rêve et cauchemar, angoisse métaphysique ou surréaliste et rire libérateur. ● L’automne en festival Autre festival incontournable, le Festival d’automne à Paris s’est ouvert en fanfare, au mois de septembre, avec un spectacle aussi inattendu qu’inclassable : les Entretiens avec Jean-Paul Sartre, août-septembre 1974, de Simone de Beauvoir. Adapté, joué et mis en scène par Sami Frey, il a été présenté en douze soirées, correspondant chacune à une partie du texte découpé et proposé à la manière d’un feuilleton. Là encore, ce qui aurait pu n’être qu’un exercice de style s’est révélé une suite éblouissante d’intelligence, Sami Frey donnant toute leur vie aux mots et aux idées par la seule vertu de sa voix et de sa présence. Pour le reste, la manifestation s’est caractérisée par une programmation composée de petites formes, présentées surtout au Théâtre de la Cité internationale – Bloods Links de et par William Yang, La Festa et Bar de Spiro Scimone, Mil quinientos metros de Federico Léon. Paradoxalement, à l’exception notable de la reprise du sidérant Giulio Caesare de Romeo Castellucci et de la Societas Raffaelli di Sanzio, le festival n’aura guère proposé de grande production internationale. C’est sans son appui que le Théâtre national de l’Odéon a accueilli le Woyzeck très attendu de Robert Wilson. ● À l’Est, quoi de nouveau ? De même, on n’y aura vu aucun spectacle en provenance des anciens pays de l’Est, pourtant très présente cette année en France, de Rennes à Nancy, en passant par Avignon qui les accueillait dans le cadre de son programme THEOREM. À côté du Lituanien Oskaras Korsunovas, metteur en scène de Visage de feu, une pièce de l’Allemand Marius von Mayenburg sur l’implosion de la société (au grand cri de « famille, je vous hais ! »), on a pu y découvrir le Polonais Krystof Warlikovski, avec un Hamlet très psychanalytique, et le Hongrois Laszlo Hudi, avec downloadModeText.vue.download 296 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 294 1 003 Coeurs ou les Fragments d’un catalogue de Dom Juan aux Pénitents Blancs, et surtout Arpad Shilling, jeune Turc de la scène de 27 ans, qui a créé le scan- dale avec Neext. Parodie d’un reality-show en direct, avec arrestation du serial killer en direct et participation du public installé dans la salle de théâtre comme dans un studio de télévision, ce spectacle aux images violentes projetées sur écran vidéo en a choqué plus d’un. C’est ce même Neext qui a été l’invité de la MC 83 de Bobigny, ainsi que deux autres mises en scène de Arpad Schilling – Woyzeck et Fanatiques avec une adaptation des Sorcières de Salem d’Arthur Miller. ● Théâtre de recherche en France On est loin d’un théâtre de recherche, dont le représentant le plus radical en France est Claude Régy. On l’a vu avec sa création de Mélancholia, du Norvégien Jon Fosse, au Théâtre national de la Colline. Dans la suite de sa mise en scène de Quelqu’un va venir au Théâtre des Amandiers de Nanterre, la saison précédente, le metteur en scène a signé un spectacle fidèle à une épure minimaliste qui, refusant tout effet qui puisse détourner du texte l’attention du spectateur, tente de faire entendre non seulement les mots mais ce qui se « dit » entre les phrases, entre les « blancs ». C’est ce même effort que l’on a retrouvé avec Stanislas Nordey, proposant Violences de Didier-Georges Gabily au Théâtre national de la Colline. Cette « monstruosité » de cinq heures de spectacle, à voir en deux soirées ou à la suite, était constituée de deux parties. La première se présentait comme une « tragédie rurale » (Corps et tentations) aux allures d’enquête sur un fait divers – un homme assassiné et un bébé disparu dans une famille aux trois filles recluse sur des secrets inavoués au coeur d’une province perdue ; la seconde, comme une « comédie urbaine » sur les traces des trois filles venues à Paris en attente de rencontres et d’amour avant le grand départ pour l’Amérique. Stanislas Nordey a signé là une mise en scène d’une force d’autant plus oppressante qu’elle n’a jamais illustré le texte, mais en a donné à voir comme à entendre l’extraordinaire force brute et poétique uniquement par un jeu de signes et d’images prégnantes portées par le souffle de comédiennes exemplaires : Valérie Lang, Véronique Nordey, Sarah Chaumette. On peut ranger dans le même ordre le metteur en scène Alain Françon, créant au Théâtre national de la Colline le Crime du XXe siècle de l’AngloSaxon Edward Bond. ● Les surprises de la saison Un délire surréaliste pour le Fil à la patte de Feydeau Tout aussi exigeantes, mais plus évidentes pour le public, deux créations ont particulièrement rythmé la saison du Théâtre national de l’Odéon. La première est le Fil à la patte de Feydeau, mis en scène par Georges Lavaudant. Respectant scrupuleusement les règles du vaudeville, celui-ci les a fait imploser jusqu’à la folie et au délire surréaliste dans le bonheur d’une distribution explosive, dominée par un Patrick Pineau – comédien qui s’est montré aussi le metteur en scène plein d’invention dans la petite salle de l’Odéon d’un texte de Serge Valetti – Monsieur Armand, dit Garrincha. La seconde création est Léonce et Lena de Büchner, présenté par André Engel. En perpétuel équilibre sur le fil de l’enfance et de la – fausse – innocence, le directeur du Centre dramatique national de Savoie a signé un spectacle rare, à la fois doux et amer, heureux et désespéré, porté par une distribution à la complicité hors pair – Isabelle Carré, Jérôme Kircher, Patrick Elmosnino, Évelyne Didi. La scénographie imaginée par Nicky Rieti y a été aussi pour beaucoup, ne livrant le décor que par morceaux à l’oeil du spectateur, au travers de rectangles qui s’ouvrent et se ferment à l’instar des diaphragmes d’appareils photographiques. D’autres créations ont marqué le cours de l’année, qu’il serait injuste d’oublier, tels le Cercle de craie caucasien de Brecht, mis en fête et en images par Benno Besson au Théâtre national de la Colline, ou Feydeau-Terminus selon Didier Bezace, au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, avec Anouck Grinberg ; tels les Bonnes de Jean Genet revisitées par Alfredo Arias à l’Athénée, ou les Travaux et les Jours de Michel Vinaver, mis en vie dans une suite de frémissements bouleversants par Marie Lazarini à l’Artistic-Athévains, à Paris ; tels l’Otage et l’Échange de Claudel. La première a été mise en scène au printemps au Théâtre de Gennevilliers par Bernard Sobel – qui doit la reprendre en 2002, en alternance avec le Pain dur ; la seconde a été présentée à l’automne par Jean-Pierre Vincent au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Il s’agissait d’un spectacle d’adieu puisque Vincent a quitté ses fonctions de directeur de théâtre le 31 décembre, remplacé par Jean-Louis Martinelli, ex-directeur du Théâtre national de Strasbourg. downloadModeText.vue.download 297 sur 518 DOSSIERS ART ET CULTURE 295 ● Nouvelle donne pour nouveaux nommés à la tête des institutions Marcel Bozonnet à la tête de la Comédie-Française Ce départ pourrait ne relever que de l’anecdote. Il s’inscrit pleinement, de fait, dans un mouvement qui risque fort, bientôt, de transformer le paysage théâtral : celui des nominations de nouvelles personnalités à la tête des centres dramatiques et des théâtres nationaux. Par un hasard de calendrier, ils auront été particulièrement nombreux à changer cette année. C’est ainsi que Roger Planchon, figure historique de la décentralisation et directeur depuis trente ans du TNP à Villeurbanne, a passé la main à Christian Schiaretti – ancien directeur de la Comédie de Reims, qui a, lui-même laissé sa place à Emmanuel Demarcy-Mota –, « jeune » metteur en scène remarqué de Pirandello, avec Six Personnages en quête d’auteur au Théâtre de la Ville, à Paris. Metteur en scène très subtil de Genet avec les Paravents, Alain Ollivier a quitté le Studio-Théâtre de Vitry pour reprendre le Centre dramatique national de SaintDenis. Cofondateur du Théâtre de l’Aquarium dans les années 1970, Jean-Louis Benoît, tout auréolé du travail accompli sur place et de ses dernières mises en scène à la Comédie-Française – dont un Bourgeois gentilhomme avec Michel Robin –, est parti à Marseille prendre possession du Théâtre national de la Criée. Mais la nomination la plus lourde de sens est sans aucun doute celle de Marcel Bozonnet à la tête de la Comédie-Française. Première scène de France tant du fait de son prestige que de son budget, celle-ci peut redevenir ce qu’elle avait fini par ne plus être : le coeur même du théâtre français. MOLIÈRES 2001 – Meilleure comédienne : Corinne Jaber, dans Une bête sur la Lune – Meilleur comédien : Simon Abkarian dans Une bête sur la Lune – Meilleure comédienne dans un second rôle : Annick Alane dans Une chatte sur un toit brûlant – Meilleur comédien dans un second rôle : Georges Wilson dans Une chatte sur un toit brûlant – Révélation féminine : Barbara Schukz dans Joyeuses Pâques – Révélation masculine : Édouard Baer dans Cravate Club – Meilleur one-man-show : Valérie Lemercier – Meilleure pièce musicale : Chantons sous la pluie – Meilleure pièce comique : Ladies Night – Meilleure pièce du répertoire : Une bête sur la Lune – Meilleure pièce de création : les Directeurs – Meilleur metteur en scène : Irina Brook pour Une bête sur la Lune – Meilleur adaptateur : Daniel Loazya pour Une bête sur la Lune – Meilleur auteur : Daniel Besse pour les Directeurs – Meilleur décorateur : Ezio Toffolutti pour le Cercle de craie caucasien – Meilleurs costumes : Ezio Toffolutti pour le Cercle de craie caucasien – Meilleures lumières : André Diot pour le Cercle de craie caucasien – Molière d’honneur : Gabriel Monnet et Madeleine Robinson PALMARÈS DU SYNDICAT DE LA CRITIQUE – Grand prix : le Cercle de craie caucasien de Brecht, mis en scène par Benno Besson – Prix Georges Lherminier (meilleur spectacle créé en province) : la trilogie Tchékhov avec Ivanov, la Mouette et Cercle de famille pour trois soeurs, mis en scène par Éric Lacascade au Centre dramatique national de Normandie – Meilleure création d’une pièce en langue française : le Grand Retour de Boris S. de Serge Kribus, mis en scène par Marcel Blüwal – Meilleur spectacle étranger : Mnemonic du Britannique Mc Burney – Meilleure comédienne : Françoise Gillard dans Le mal court d’Audiberti, mis en scène par Andrej Seweryn avec la Comédie-Française – Meilleur comédien : Éric Elmosnino dans Monsieur Armand dit Garrincha de Serge Valetti, mis en scène par Patrick Pineau au Théâtre national de l’Odéon – Meilleur créateur d’élément scénique : Romeo Castellucci, metteur en scène et scénographe de Genesi, avec la Societas Raffaello Sanzio – Meilleur compositeur de musique de scène : Éric Le Lann pour 54 × 13 de Jean-Bernard Pouy, mis en scène et interprété par Jacques Bonnaffé – Révélation de l’année : Thierry de Peretti, metteur en scène de Retour au désert de Koltès, au Théâtre de la Bastille – Meilleur livre sur le théâtre : de Jean-Luc Lagarce, aux Éditions intempestifs downloadModeText.vue.download 298 downloadModeText.vue.download 299 297 Sports et Résultats OEuvres complètes Les Solitaires sur 518 sur 518 downloadModeText.vue.download 300 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 298 UNE SAISON D’ÉMOTION C’est un destin tragique. Une histoire à faire pleurer. Une trajectoire émouvante comme seul, peut-être, le sport sait en générer. Sacrée championne du monde de Super-G en février 2001, Régine Cavagnoud avait enthousiasmé les amateurs de ski alpin par son courage, sa ténacité, son inébranlable volonté pourtant longtemps contrariée par de vilaines blessures. Neuf mois plus tard, sa mort, sur la piste d’entraînement d’un glacier autrichien, a bouleversé la France entière. Des héros, l’année écoulée en a pourtant confirmé, ou révélé, à foison. Et dans ce palmarès, la France s’est taillé une jolie part : tout en haut du tableau d’honneur tricolore, les « Mousquetaires » méritent une mention pour avoir offert l’une des plus belles émotions de l’année. Autres Petits Poucets, victorieux par surprise des ogres australiens, les rugbymans de Bernard Laporte ont montré un visage séduisant. Victorieux de tous ses test-matchs contre les nations de l’hémisphère Sud – All Blacks, Wallabies, Fidji –, le XV de France nouvelle génération a fait oublier les errements de son prédécesseur, classé avant-dernier du tournoi des Six-Nations. Enfin, et en l’absence de compétition internationale de football, ce sont les handballeurs qui, une nouvelle fois, ont fait triompher les couleurs françaises dans les sports collectifs. Six ans après leur premier titre, les héritiers des « Barjots » ont réédité l’exploit, arrachant un second titre mondial. En attendant la Coupe du monde 2002, où la France tentera de devenir la première nation à conserver son titre depuis le Brésil en 1962, le football n’a pas fait de pause. Symbole de cette inflation, les sommes investies dans le foot n’ont jamais été aussi indécentes, qu’il s’agisse de droits tête – 168 millions d’euros payés par TF1 pour acheter le droit de retransmettre la Coupe du monde – ou de transferts – 75 millions d’euros déboursés par le Real Madrid pour acquérir Zinedine Zidane. À la lutte avec le Real, la Juventus de Turin et Manchester United pour décrocher le titre prestigieux de plus riche club du monde, le Bayern de Munich l’a au moins emporté sur le terrain. S’il est une discipline où la suprématie ne fut pas discutée, c’est bien la formule 1. Sans rival, Michael Schumacher a triomphé au Championnat du monde pour la quatrième fois, la deuxième au volant d’une Ferrari. Intouchable également, Lance Armstrong. Dans les cols et les contre-la-montre, l’Américain a confirmé sa suprématie, dominant un Jan Ullrich en grande forme pour remporter sa troisième victoire consécutive dans le Tour de France. Les athlètes Marion Jones et Maurice Greene, champions du monde de sprint à Edmonton, le nageur Ian Thorpe, sacré à Fukuoka, le golfeur Tiger Woods, victorieux du Masters, voilà également des valeurs sûres. Tout comme l’Autrichien Hermann Mater, lauréat de sa troisième Coupe du monde de ski alpin avant de terminer sa carrière dans un fossé, jambe brisée dans un accident de moto. Maier, héros de tout un peuple fanatique de ski, a échappé de justesse à l’amputation. ATHLÉTISME Deux ans après des Mondiaux sévillans entachés par des scandales majeurs liés au dopage (Merlene Ottey, Linford Christie, Javier Sotomayor), les Championnats du monde d’Edmonton auraient dû se dérouler dans une atmosphère plus sereine. La régularité des contrôles, l’exemplarité des sanctions, la prise de conscience de la gravité du mal par les instances internationales semblaient en effet avoir contribué à faire reculer le spectre du fléau. Las, la victoire d’Olga Yegorova, accueillie à l’arrivée du 5 000 m par un concert de sifflets de la part du public canadien, a remis le dopage au coeur de l’actualité : contrôlée positive à l’EPO lors d’un meeting parisien, la coureuse de fond russe avait bénéficié d’un vice de forme dans la conduite du test et a été autorisée par la fédération internationale à s’aligner à Edmonton. Un scandale pour nombre d’athlètes qui menacèrent longtemps de boycotter les épreuves canadiennes. Un camouflet également pour les hérauts de la lutte antidopage, démotivés par tant de laxisme. Au total, près de 25 athlètes ont été contrôlés positifs en 2001, la plupart aux stéroïdes anabolisants. Parmi les grands noms convaincus d’avoir utilisé des substances prohibées, le sprinteur trinidadien Ato Boldon (éphédrine) et le coureur de demi-fond algérien Ali Saïdi-Sief (anabolisants, nandrolone). Sur le papier, pourtant, la saison 2001 a connu un retour à la raison. Malgré les fanfaronnades de plusieurs ténors de l’athlétisme, aucun record majeur n’est tombé, excepté celui du décathlon, porté à plus de 9 000 points par le Tchèque Roman Sebrle. Les Américains Maurice Greene et Marion Jones, sur 100 m, ont échoue dans leur course contre le chrono, tout comme le downloadModeText.vue.download 301 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 299 Marocain Hicham El Guerrouj, en quête du record du mile. La chute de Jones Toujours à l’affût des temps « prodigieux » de Florence Griffith-Joyner établis il y a plus de dix ans, Marion Jones a en partie raté sa sortie au Canada et provoqué, par sa défaite sur 100 m, la grosse sensation des Championnats du monde. Immense favorite, l’Américaine a pèche par excès de confiance. En finale du 100 m, pénalisée par un de ces départs calamiteux dont elle est coutumière, Jones a été battue à la régulière par l’Ukrainienne Zhanna Pintusevich, qui signait ainsi la fin d’une série de 54 courses sans défaite de Jones depuis 1997 sur 100 m. Celle dont l’ambition déclarée est de devenir tout simplement « la plus grande athlète de tous les temps » s’est tout de même rachetée en remportant les titres du 200 m et du relais 4 × 100 m, portant son total de médailles mondiales à sept, dont cinq d’or. Autre favori défait par surprise, l’Éthiopien Haile Gebreselassie n’est pas parvenu à conquérir un cinquième titre mondial sur 10 000 m, à l’inverse de l’Allemand Lars Riedel qui a repris le titre du disque remporté sans interruption entre 1991 et 1997. Très attendu, Maurice Greene n’a pas failli. Pour la troisième fois consécutive, il a décroché l’or du 100 m, mais s’est abstenu de s’aligner sur d’autres épreuves en raison d’une blessure. Auteur d’un triplé mondial, Hicham El Guerrouj a lui annoncé son intention d’abandonner le 1 500 m pour le 5 000 m. On souhaite au Marocain, ultra-dominateur sur le demi-fond ces dernières années, de connaître enfin le succès olympique sur sa nouvelle distance, lui qui avait échoué contre toute attente à Atlanta en 1996 puis à Sydney en 2000. Le duel américano-russe Venue à Edmonton sans nombre de ses stars (le perchiste Tarasov, la sprinteuse Privalova ou la coureuse de demi-fond Masterkova), la Russie a fait plus que de la figuration et remporté le même nombre de médailles que les athlètes américains (19 dont 6 en or, contre 19 et 9 en or pour les États-Unis). Face aux deux géants, talonnés de près par les Kenyans, rois du fond, de petits pays ont fait leur apparition au palmarès de l’athlétisme. La République dominicaine, le Sénégal, le Cameroun ou Haïti ont fêté leurs premières médailles mondiales ; Cuba, emmenée par le quadruple champion du monde de la longueur Ivan Pedroso, confirme son rang de grand, de même que l’Allemagne, leader de l’Europe occidentale. Trahie par ses trois champions du monde (Marie-José Pérec, disparue corps et âme après sa fuite de Sydney, Stéphane Diagana, blessé, et Eunice Barber, auteur d’une contre-performance à l’heptathlon), la France est rentrée bredouille de titre mondial pour la première fois depuis 1993. AUTOMOBILE Schumacher, quatrième Impérial, l’Allemand Michael Schumacher, vainqueur de neuf courses sur dix-sept, n’a pas attendu la fin d’une année de F1 dénuée de suspense pour couronner sa saison. Dès le Grand Prix de Hongrie, mi-août, à quatre longueurs de la fin du championnat, la messe était dite. Sur le circuit du Hungaroring, le pilote de Ferrari a en effet réussi un triple coup : empocher un deuxième titre mondial avec la firme italienne, offrir le titre des constructeurs à la Scuderia, et égaler le record de victoires en Grand Prix jusqu’alors détenu par le Français Alain Prost (51). Quinze jours plus tard, en l’emportant à Spa-Francorchamps, « Schumi » dépassait définitivement « le Professeur » avant de porter le record à 53, à la fin de la saison. Un bilan complété par le record de points inscrits en Grand Prix (801). Et pour terminer en beauté, Schumacher, désormais quadruple champion du monde (deux titres avec Benetton, deux avec Ferrari), bouclait la boucle de la victoire en finissant la saison au Japon comme il l’avait ouverte en Australie : par un succès. Lent à faire triompher les bolides rouges de Ferrari lors de son arrivée dans la Scuderia, Schumacher semble désormais porté par une dynamique du succès. Et la retraite, annoncée comme provisoire, du Finlandais Mika Hakkinen, double champion du monde sur McLaren-Mercedes, devrait lui faciliter les choses dans les saisons à venir. Mais face à la nouvelle génération, Schumacher pourrait également être menacé. Ralf, le jeune frère de Michael, a prouvé en 2001, grâce à trois victoires en Grand Prix, qu’il serait l’un de ses plus sérieux rivaux, tout comme son coéquipier Juan Pablo Montoya, servi lui aussi par des Williams en net progrès. Le Britannique David Coulthard, dauphin de Schumacher au classement du Championnat du monde, devrait également jouer les premiers rôles. downloadModeText.vue.download 302 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 300 Jean Alesi Le Français Jean Alesi a lui aussi tiré les leçons du rajeunissement des cadres de la F1. À 37 ans, l’Avignonnais a pris sa retraite sur un bilan modeste : une victoire en Grand Prix, au Canada en 1995, au volant d’une Ferrari. Alors qu’Alesi tirait sa révérence, un autre Français était sur le point de quitter la F1, mais, lui, contraint et forcé. Alain Prost n’a en effet pas réussi sa reconversion. Son écurie, en panne de succès malgré les soutiens financiers, a dû déposer son bilan. Burns, enfin En rallye, l’Anglais Richard Burns sur Subaru s’est imposé à l’issue d’une saison encore une fois indécise, lors de la dernière course du programme, le rallye de Grande-Bretagne. C’est le premier titre de Burns, deuxième en 1999 et 2000. Il devance in extremis son compatriote Colin McRae et le Finlandais Tommi Makinen, quadruple champion du monde, tous deux encore en lice pour le titre avant la dernière manche. Peugeot Peugeot, six fois victorieux lors des rallyes de la saison, a de nouveau décroché le titre des constructeurs et réunira au volant de la 206, dès l’exercice 2002, Burns et Marcus Grönholm, champion du monde 2000 et quatrième en 2001. BASKET La Yougoslavie, évidemment Troisième lors de l’Euro 99 en France, sixième seulement aux jeux Olympiques de Sydney, la Yougoslavie, pays phare du basket continental, a en toute logique remporté le huitième titre européen de son histoire, le troisième déjà depuis l’éclatement du pays au début des années 1990. L’équipe de Predrag Stojakovic, meilleur joueur du tournoi, a fait montre durant toute l’épreuve d’une supériorité dans tous les domaines du jeu. Une surprenante Turquie en finale Transcendés par le soutien de leur public, les Turcs ont réalisé le meilleur résultat de leur histoire dans une grande compétition et décroché leur billet pour le Mondial 2002. La France déçoit Battue en match de classement par la Russie, la France, vice-championne olympique, a quant à elle déçu en terminant seulement sixième, ratant ainsi sa qualification pour les Championnats du monde. L’Italie (tenante du titre) et la Lituanie, deux autres grands du basket, ont également manqué leur rendez-vous, ne parvenant pas à passer les barrages. La France confirme Chez les dames, les Françaises, à domicile, ont dominé l’élite du basket européen, et notamment la Russie en finale. Ce titre est le premier sacre européen du basket tricolore. C’est également le premier titre pour une équipe féminine française, tous sports confondus. Après le succès des filles de Bourges, championnes d’Europe des clubs, les Françaises confirment leur suprématie sur le basket continental. Les Lakers impériaux Dans le championnat américain, les Los Angeles Lakers ont remporté un deuxième titre consécutif à l’issue d’une saison qu’ils ont vidée de tout suspense. Les partenaires de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant ont en effet failli terminer les play-offs invaincus, ne perdant qu’une seule rencontre aux prolongations et établissant un nouveau record de 23 victoires en 24 matches. Irréprochable, O’Neal a conservé le titre de meilleur joueur de la finale déjà remporté l’année précédente. Grâce à ce nouveau sacre, l’entraîneur Phil Jackson présente désormais un bilan époustouflant avec huit titres en onze saisons, dont six précédemment conquis avec les Chicago Bulls de Michael Jordan. Bourges, troisième Sur le front des Coupes d’Europe enfin, le Maccabi Tel-Aviv a pris sa revanche sur le Panathinaïkos Athènes qui l’avait battu en finale en 2000. Cette fois, ce sont les Israéliens qui ont pris le dessus sur les Grecs en finale de l’Euroligue. Chez les dames, Bourges a remporté un troisième titre continental après ceux décrochés en 1997 et 1998. downloadModeText.vue.download 303 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 301 BOXE Lewis tombe et se venge Magistral depuis 1999, le Britannique Lennox Lewis semblait devoir traverser l’année 2001 comme les précédentes, c’est-à-dire sans encombre. À 36 ans, le champion du monde des lourds comptait sur un dernier combat face à Mike Tyson, avant de prendre sa retraite. Mais le maître de la catégorie reine s’est fait surprendre par une droite, relançant sa carrière de manière imprévue. En avril, en effet, il est tombé devant l’Américain Hasim Rahman, par K.O. à la 5e reprise. Un adversaire inférieur sur le papier, mais que Lewis lui-même avouait n’avoir pas assez pris au sérieux. Après de longues négociations, le Britannique a obtenu une revanche : sept mois après avoir été humilié à Johannesburg, Lennox Lewis s’est ven- gé à Las Vegas, battant Rahman par K.O. à la 4e reprise. Un succès qui porte à 39 son total de victoires, dont 30 avant la limite, pour deux défaites. À peine ses titres IBF et WBC reconquis, Lewis s’est intéressé à son futur adversaire potentiel, Mike Tyson, qu’il souhaite rencontrer au printemps 2002. Mais Tyson, victorieux de ses combats de mise en jambes, souhaite se donner du temps avant de remonter sur le ring pour un Championnat du monde. À suivre... Autre favori défait, le Portoricain Felix Trinidad, 28 ans, invaincu chez les welters et super-welters, a échoué dans sa quête d’un titre unifié dans la catégorie des moyens, battu par l’Américain Bernard Hopkins. CYCLISME Le Tour du rachat ? À peine arrivée sur les Champs-Élysées, le 29 juillet, la caravane du Tour de France 2001 se félicitait bruyamment : le dopage, plaie du sport en général, du cyclisme en particulier, aurait reculé. Ce Tour aurait été celui du rachat ! Et, pour se convaincre de cette guérison attendue depuis une édition 1998 de sinistre mémoire, les optimistes avançaient des chiffres : un seul engagé (l’Espagnol Txema del Olmo) contrôlé positif à l’EPO en 21 jours de course ! Un bilan ridicule comparé à celui des éditions passées. Mais, s’il a été épargné par les scandales majeurs – révélés – et les descentes de police, trois ans après « l’affaire Festina », le Tour de France n’a pourtant pas échappé aux rumeurs après l’annonce de la collaboration passée de son vainqueur, l’Américain Lance Armstrong, avec le Dr Ferrari, vrai « Dr Mabuse » de la préparation physique. Et les chiffres répondent aux chiffres : ce Tour, au cours duquel on a volontiers stigmatisé les masques de douleur affichés par certains coureurs comme preuve du recul du dopage, aura été le deuxième plus rapide de l’histoire. En l’emportant avec une moyenne de 40,070 km/h, Armstrong n’a certes pas battu son record de 1999 (40,276 km/h), mais a fait mieux que Pantani, vainqueur en 1998, l’année de tous les excès. La faillite du cyclisme italien a également interpellé les observateurs. Un mois après un Giro gâché par les scandales et terminé en queue de poisson dans des arrière-salles de commissariat, les coureurs transalpins, souvent montrés du doigt dans les affaires de dopage, ont en effet vécu un naufrage collectif dans la Grande Boucle : aucune victoire d’étape et un seul représentant parmi les quinze premiers du classement général (Stefano Garzelli, 14e). Armstrong est grand Une fois exprimés les bémols – désormais d’usage dès qu’il s’agit d’exploits cyclistes –, il convient de rendre hommage au vainqueur de l’épreuve phare de ce sport. Lance Armstrong s’est une nouvelle fois montré impérial sur les routes du Tour, résistant aux assauts incessants du très combatif Allemand Jan Ullrich pour s’adjuger un troisième succès consécutif. Derrière l’intouchable Texan, Ullrich, deuxième, et l’Espagnol Joseba Beloki, troisième, complètent un podium identique à celui de l’an 2000. À 29 ans, Armstrong le miraculé, condamné par un cancer en 1996, l’a emporté avec panache, signant quatre victoires d’étapes – deux contre-la-montre et deux étapes de montagne –, portant son total à onze sur l’ensemble des ses participations. Une magnifique démonstration pour celui que l’on avait qualifié, en 1999, de « vainqueur de circonstance », lors d’un Tour privé de ses vedettes. Autre exploit à souligner, celui de l’Allemand Erik Zabel. Le sprinter, coéquipier de Jan Ullrich, a remporté trois étapes (onze sur l’ensemble de sa carrière) et s’est offert pour la sixième fois consécutive (un record !) le maillot vert du classement aux points. Contre toute attente, le maillot à pois de meilleur grimpeur, longtemps propriété de Richard Virenque, est revenu à un autre Français, Laurent Jalabert. downloadModeText.vue.download 304 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 302 L’ancien numéro un mondial, vainqueur à Verdun et à Colmar, a dévoilé dans les cols des talents jusqu’alors méconnus, au point de remporter en prime le classement de la combativité. La réussite de Freire La saison 2001 l’a encore prouvé : il y a les coureurs du Tour de France et les autres... Hormis quelques polyvalents comme l’Allemand Erik Zabel, spécialiste d’une classique comme Milan-San Remo et deuxième du classement général de la Coupe du monde, ils sont rares les coureurs capables de combattre sur plusieurs fronts durant des mois. Et si Lance Armstrong a remporté le Tour de Suisse, en juin, c’était bien pour se mettre en jambes avant d’aborder les vingt étapes de son épreuve favorite. Parmi les hommes de la saison on retiendra deux noms : le très régulier Néerlandais Erik Dekker, lauréat de la Coupe du monde après son succès dans l’Amstel Gold Race et ses places d’honneur dans la classique de Hambourg et le Tour des Flandres, mais également Oscar Freire. L’Espagnol de 25 ans, déjà sacré champion du monde sur route à la surprise générale en 1999, troisième en 2000, s’est à nou- veau imposé en 2001 sur le parcours exigeant de Lisbonne. Ces Championnats du monde ont consacré d’autres grands noms. Jan Ullrich, vice-champion olympique de la discipline, s’est imposé dans le contre-la-montre tandis que l’inoxydable Jeannie Longo, 43 ans, a encore frappé. La Grenobloise a ajouté un treizième titre mondial à sa collection déjà riche. Championne du monde du contre-lamontre, elle a en outre décroché une trentième médaille – Mondiaux et jeux Olympiques confondus – en obtenant le bronze sur route. La piste reste française La retraite postolympique de la multi médaillée Félicia Ballanger n’y a rien changé : le cyclisme sur piste reste l’apanage des Tricolores même si les dames sont désormais plus en retrait. L’équipe de France a en effet réalisé une razzia lors des Championnats du monde d’Anvers, réussissant un triplé inédit en vitesse individuelle – trois Français sur le podium – avant d’enlever logiquement le titre par équipes. L’imbattable Arnaud Tournant, roi du kilomètre, s’est vengé de sa déception olympique en s’offrant trois titres, deux en individuel et un par équipes. Quelques jours plus tard. Tournant inscrivait une nouvelle ligne à son formidable palmarès en pulvérisant son propre record du kilomètre sur le vélodrome de La Paz, en Bolivie. En 58 secondes 875 centièmes, il devenait le premier homme à courir 1 000 m en moins d’une minute. ÉQUITATION Les Allemands restent au sommet Les cavaliers allemands ont encore brillé lors des Championnats d’Europe. Ludger Beerbaum a ajouté une médaille d’or à son opulent palmarès en remportant le titre individuel au saut d’obstacles sur sa jument Gladdy’s. Ce titre est le dixième du quadruple champion olympique dans une compétition internationale. Absente en raison de la blessure de son cheval « Cook du Midour », la tenante du titre Alexandra Ledermann n’a pu défendre les couleurs françaises lors de cette compétition. Un peu plus tard dans l’été, les cavaliers d’outre-Rhin ont encore dominé les épreuves de dressage. Par équipes, ils ont conquis un 19 titre consécutif avant qu’Ulla Salzgeber, sur Rusty, ne s’empare du titre individuel. Seul le concours complet a échappé à la domination allemande. Grâce notamment à Pippa Funnell, médaille d’or en individuel sur Suprême Rock, la Grande-Bretagne a également conservé son titre par équipes. ESCRIME En l’absence des tireurs chinois (retenus par des compétitions nationales !) L’Europe a largement dominé les Championnats du monde d’escrime, à Nîmes. Première de la Coupe des nations avec ses 10 podiums – un record pour les Tricolores –, la France est devancée par la Russie et l’Italie au tableau des médailles. Avec seulement deux titres – le sabre dames pour Anne-Lise Touya et le fleuret masculin par équipes –, les Français sont en effet surclassés par les Russes et les Italiens qui ont chacun décroché quatre fois l’or. Star de ces Mondiaux, l’Italienne Valentina Vezzali, déjà double championne olympique à Sydney, a encore une fois fait coup double à Nîmes en triomphant en individuel et par équipes. À l’inverse, la Française Laura Flessel-Colovic, qui tentait un retour après avoir donné naissance à une petite fille, a dû se contenter de la deuxième place à l’épée. Au milieu de ce triomphe, l’Allemagne et la Hongrie, nations européennes de tradition, ont fait pâle figure. À l’inverse, la Suisse a séduit en remportant trois médailles. downloadModeText.vue.download 305 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 303 Quoi qu’il en soit, la mondialisation de l’escrime, nécessaire pour assurer la survie olympique de ce sport, n’a pas enregistré de grands progrès. FOOTBALL L’exemple nantais Modèle en matière de formation, équipe basée sur le collectif plus que sur de brillantes individualités, le FC Nantes a récolté les fruits d’une politique de longue haleine en remportant, en 2001, le huitième titre de son histoire. Sacrés champions de France lors de l’avant-dernière journée, les Canaris se sont imposés à l’issue d’une saison marquée par la faillite de certaines grosses pointures telles que Monaco, large vainqueur en 2000, ou encore le Paris-SaintGermain, club où l’amalgame de vedettes, spectaculaire sur le papier, n’a pas payé sur le terrain. Symbole de la politique nantaise et révélation de la saison, Marama Vahirua est un pur produit du centre de formation. Sur les 27 joueurs de l’équipe championne de France, 22 étaient issus de l’une des pépinières les plus réputées d’Europe. Certains avaient joué, au début de la saison, moins de 15 matchs de D1. À côté de ces bizuts, le gardien et capitaine Mickaël Landreau, malgré ses 22 ans, était l’un des plus expérimentés avec près de 160 matchs en première division. Avec 21 victoires et 68 points, le FC Nantes a de- vancé Lyon qui avait entamé la saison avec de gros objectifs et un attaquant vedette, Sonny Anderson, finalement sacré meilleur buteur. Surprenant troisième, Lille a devancé Bordeaux lors de la dernière journée pour décrocher une place en Ligue des champions. Le Bayern enfin Sur le front européen, fidèles à ce qui est devenu une mauvaise habitude, les clubs français n’ont pas brillé. Lyon, unique qualifié en deuxième phase de la Ligue des champions, n’a été éliminé qu’au goalaverage. Maigre consolation : les équipes italiennes, longtemps considérées comme les meilleures d’Europe, ont également sombré. Sur les huit équipes présentes en quarts de finale, trois étaient anglaises, trois espagnoles, une allemande et une turque. Finaliste malheureux en 1999, alors battu dans les arrêts de jeu par Manchester United après avoir mené toute la rencontre, le Bayern de Munich a pris une éclatante revanche en remportant la plus prestigieuse des Coupes d’Europe. D’abord vainqueurs de Manchester, lors d’une revanche disputée dès les quarts de finale, les Allemands ont ensuite sorti le Real Madrid, tenant du titre, avant de venir péniblement à bout du FC Valence en finale, après les tirs au but. Un dernier match sans panache donc, mais une victoire finalement méritée pour le Bayern, déjà trois fois lauréat de la Coupe des clubs champions, en 1974, 1975 et 1976. De son côté, Liverpool a réussi un triplé en or en remportant la Coupe de la Ligue, la Coupe d’Angleterre et celle de l’UEFA. Victorieux 5 à 4 du CD Alaves à l’issue d’une finale débridée, les Reds de Gérard Houillier se sont octroyé leur troisième coupe de l’UEFA, et leur premier titre continental depuis le drame du Heysel, en 1985. Vainqueur de la Ligue des champions en 1998 et 2000, le Real a échoué à conserver son titre. Le club madrilène a en revanche réussi à débaucher de la Juventus de Turin l’un des joueurs les plus convoités au monde : le Français Zinedine Zidane a été transféré dans le club espagnol pour environ 75 millions d’euros. Répétition générale Une saison avant la Coupe du monde 2002, les Français, tenants du titre, ont enchaîné les matchs de préparation, sans autre enjeu que celui de tester leurs forces et leur potentiel à quelques mois du rendez-vous nippo-coréen. Qualifiés d’office pour la compétition qui doit s’ouvrir le 31 mai, les hommes de Roger Lemerre ont beaucoup voyagé pour ces rencontres amicales, provoquant souvent la colère des clubs obligés de se passer de leurs internationaux lors de plusieurs matchs importants. Sur le terrain, les Bleus ont perdu leur invincibilité. Battus en Espagne 2 à 1 en mars, ils sont également tombés face au Chili sur le même score, avant de concéder le match nul aux Australiens. D’autres grosses pointures ont peiné tout au long de cette année. Le Brésil, d’abord, a tremblé jusqu’au bout, arrachant péniblement sa qualification lors de l’ultime journée, face au Venezuela. L’Allemagne s’est également fait des frayeurs, en se qualifiant à l’issue de barrages, tout comme la Belgique. En revanche, les Pays-Bas sont restés au tapis lors des éliminatoires, et deux autres pays européens en vue lors des dernières compétitions internationales, Roumanie et République tchèque, n’ont pas non plus réussi à décrocher leur billet pour le Mondial. downloadModeText.vue.download 306 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 304 GOLF Woods encore Habitué des records et des premières, Tiger Woods a encore marqué les esprits en 2001.Révélé en 1997 par sa victoire dans le Masters, auteur d’une saison 2000 formidable où il réussit la passe de trois – British Open/US Open/USPGA –, le jeune Américain de 25 ans est devenu le premier joueur de l’histoire à gagner d’affilée les quatre tournois du grand chelem grâce à sa nouvelle victoire dans le Masters, en avril 2001.Beau joueur, David Duval, dauphin de Woods dans le Masters, a estimé que la performance était l’« un des plus grands exploits sportifs de tous les temps ». En demi-teinte après son succès dans le premier des quatre grands tournois de golf de l’année, Tiger Woods a ensuite laissé la vedette à ses rivaux et notamment à Duval, vainqueur du British Open, son premier grand chelem. À l’US puis au British Open, le « Tigre » a en effet dû se contenter de modestes 12e et 25e places. Des contre-performances qui n’ont pourtant pas suffi à lui ôter le statut de meilleur joueur du monde. Prévue à l’automne, la confrontation des Américains avec les meilleurs golfeurs européens a été annulée en raison des attentats aux États-Unis. La Ryder Cup qui devait être disputée en Grande-Bretagne a été reportée à l’automne 2002. GYMNASTIQUE La Russie bredouille Pour la première fois depuis la participation en 1952 de l’Union soviétique aux compétitions internationales de gymnastique, les gymnastes masculins russes sont rentrés bredouilles d’un grand événement. Les bonnes performances de leurs compatriotes féminines, lauréates de sept médailles, n’ont pas réussi à renverser la tendance : avec huit récompenses au total, c’est la Roumanie qui a pris la première place au tableau des médailles. Si les Russes n’ont pas brillé, les ressortissants des anciennes républiques soviétiques ont, eux, tiré leur épingle du jeu. Le titre par équipes est revenu à la Biélorussie emmenée par l’inoxydable Ivan Ivankov, deuxième du concours général qu’il avait déjà remporté en 1994 et 1997. Vainqueur de cette épreuve, le Chinois Feng Jing est devenu, à 16 ans et demi, le plus jeune gymnaste à remporter ce titre. De sept ans son aînée, la Russe Svetlana Khorkina a, elle, battu le record inverse en remportant le concours général puis le saut et les barres asymétriques. En dehors des invites traditionnelles, les Championnats du monde de Gand ont récompensé quelques pays plus exotiques tels la Grèce, le Brésil, Cuba et les Pays-Bas, symboles de l’internationalisation de la gymnastique. HANDBALL L’adieu en or de Costantini Pour sa dernière sortie, l’entraîneur historique de l’équipe de France a réussi son pari. Six ans après avoir décroché leur premier titre mondial, les Bleus sont à nouveau devenus champions du monde, devant leur public cette fois. En finale, ils ont dominé la Suède, double tenante du titre (28 à 25), notamment grâce à une deuxième prolongation pleine de maîtrise. Ce titre est une consécration pour une nouvelle génération de joueurs emmenés par Bertrand Gille mais encore dirigés par l’ancien meneur de jeu des « Barjots », Jackson Richardson, déjà champion du monde en 1995. C’est également l’apogée de la carrière d’un entraîneur, Daniel Costantini, qui a tout vécu avec une équipe qu’il a sortie du groupe B au tout début des années 1990. En France, Chambéry, dauphin de Montpellier la saison précédente, a pris la première place du Championnat devant le tenant du titre. HOKEY SUR GLACE Les Tchèques trop forts Invaincus et invincibles, les hockeyeurs tchèques ont remporté en Allemagne leur cinquième titre mondial en autant de finales disputées depuis 1985, et leur neuvième au total. Un trophée qui vient s’ajouter au titre olympique ramené de Nagano en 1998. S’appuyant sur neuf joueurs évoluant dans le championnat nord-américain, dont le fabuleux gardien Milan Hnilicka, la République tchèque a fait triompher une tactique collective et donnée de sérieux complexes à ses adversaires à un an des jeux Olympiques de Salt Lake City. downloadModeText.vue.download 307 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 305 JUDO Tamura dans l’histoire La Japonaise Ryoko Tamura est entrée dans l’histoire du judo en décrochant un cinquième titre mondial consécutif, un exploit inédit aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Déjà sacrée championne olympique dans la catégorie des moins de 48 kg à Sydney, la jeune femme de 26 ans a contribué à sauver l’honneur de son pays qui est reparti de Munich avec seulement quatre médailles d’or, contre huit lors des précédents Championnats du monde, en 1999. Shinishi Shinohara À l’inverse de sa compatriote, le double champion du monde Shinishi Shinohara a en effet échoué à conserver sa suprématie chez les lourds. C’est le Russe Alexandre Mikhaylin, médaillé d’or en plus de 100 kg et toutes catégories, qui à 21 ans à peine s’est affirmé comme la nouvelle star des lourds. Grâce à ces titres et à celui de Vitali Makarov en moins de 73 kg, la Russie a pris la deuxième place au tableau des médailles, derrière le Japon et devant la France. Chez les Tricolores Céline Lebrun, troisième en moins de 78 kg, a réussi un véritable exploit en décrochant le titre toutes catégories, battant au passage des athlètes pesant parfois 40 kg de plus qu’elle. En moins de 90 kg, Frédéric Demontfaucon complète le tableau d’honneur français. Enfin, preuve de la mondialisation du judo, le Tunisien Anis Lounifi, en moins de 60 kg, est devenu le premier Africain à remporter un titre mondial. Le premier titre iranien est revenu à Arash Miresmaeili (moins de 66 kg) et la première médaille d’or nordcoréenne a été décrochée par Kye Sun-hui (moins de 52 kg). MOTO Triomphe italien Rossi, Biaggi, Capirossi, le podium final de la catégorie reine du Championnat du monde de vitesse moto 2001 consacre la suprématie de l’Italie dans cette discipline. Dauphin de l’Américain Kenny Roberts en 2000, Valentino Rossi, sur Honda, s’est adjugé le titre mondial avec panache, grâce à 11 victoires dans la saison qui lui permettent d’égaler son légendaire compatriote Giacomo Agostini. Seul l’Australien Michael Doohan avait fait mieux en remportant douze courses en 1997. Onze victoires, c’est également le total du Japonais Daijiro Katoh sur Honda en 250 cm 3. Une performance qui en fait l’unique recordman de la catégorie intermédiaire. Les performances du Japonais sont d’ailleurs impressionnantes : lauréat de 17 victoires en 36 Grand Prix, il est monté sur le podium dans plus de 70 % des courses disputées, gagnant ainsi le droit de concourir dès 2002 dans la catégorie reine. Si les titres des 500 et 250 cm 3 étaient joués bien avant l’ultime Grand Prix de la saison, au Brésil, celui des 125 est resté indécis jusqu’à la fin. C’est finalement le pilote de San Marin Manuel Poggiali qui s’est imposé sur Gilera. NATATION Le sacre de Thorpe « Décevant » chez lui, lors des jeux Olympiques de Sydney en septembre 2000 – il avait remporté trois médailles d’or, dont deux en relais, alors que l’on attendait une razzia historique –, l’Australien Ian Thorpe a pris une revanche éclatante dix mois plus tard fors des Championnats du monde de Fukuoka. Le jeune homme d’à peine 18 ans a empoché six titres mondiaux et amélioré quatre records du monde, dont trois individuels (200 m libre, 400 m libre et 800 m libre). Thorpe signe ainsi un bilan inédit lors de Championnats du monde, malgré une décevante quatrième place dans le 100 m. Avant lui, seuls les Américains Jim Montgomery et Tracy Caulkins avaient remporté cinq succès fors des Mondiaux de 1973 et 1978. Mark Spitz avait fait mieux en décrochant sept titres, mais c’était lors de jeux Olympiques, en 1972. Déception pour Van den Hoogenband Face à la « Torpille », le double champion olympique néerlandais (100 et 200 m) Pieter Van den Hoogenband a déçu. Après avoir éteint les espoirs de Thorpe à Sydney, « VdH » a craqué, échouant à conquérir le premier titre mondial de sa carrière. Sur 50 et 100 m nage libre, ses distances fétiches, il a dû s’incliner devant l’Américain Anthony Ervin. Ce dernier est devenu le nouveau maître du sprint en downloadModeText.vue.download 308 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 306 l’absence du Russe Alexandre Popov, roi incontesté de la décennie des années 90, qui avait dû déclarer forfait en raison d’un virus. Les États-Unis malmenés Grâce à ses deux titres inattendus, Ervin a sauvé l’honneur d’une natation américaine malmenée. Pour la première fois de l’histoire, les États-Unis n’ont en effet remporté aucun des six relais et ont été battus par l’Australie au nombre de médailles d’or (13 contre 9), même s’ils terminent en tête au bilan général des médailles. Outre Thorpe, roi de la natation australienne, Grant Hackett a porté haut les couleurs de l’État-continent en battant de manière magistrale le record du monde du 1 500 m détenu depuis 1994 par son compatriote Kieren Perkins. Chez les dames La Néerlandaise Inge De Bruijn, déjà impériale à Sydney où elle avait conquis trois titres, a réussi un nouveau triplé (50 et 100 m libres, 50 m papillon) pour entrer définitivement dans l’histoire de sa discipline. PATINAGE L’année des putschs Le Russe Evgeni Plushenko, 18 ans, a renversé le « tsar » Alexeï Yagoudine, 21 ans, triple champion du monde, pour devenir à son tour le meilleur patineur du moment. De même, en danse, les Italiens Barbara Fusar-Poli et Maurizio Margaglio ont détrôné les tenants du titre, les Français Marina Anissina et Gwendal Peizerat. Comme avant eux les Duchesnay, Anissina-Peizerat ont été victimes du désamour de juges qui leur reprochent souvent de pécher par excès d’originalité. L’exception Michelle Kwan Seule athlète à conserver son titre mondial, l’Américaine Michelle Kwan a ajouté une quatrième couronne à sa collection après celles conquises en 1996, 1998 et 2000. La Russie Avec une seule médaille d’or, la Russie a encore enregistré un léger recul dans un sport dont l’intérêt est désormais de s’internationaliser afin de regagner en crédibilité. RUGBY L’Angleterre trébuche Entamé au mois de février, le deuxième Tournoi des Six-Nations de l’histoire s’est achevé le... 20 octobre. En raison de l’épizootie de fièvre aphteuse qui a sévi en Grande-Bretagne à la fin de l’hiver, nombre de matchs ont en effet dû être reportés pour éviter toute contamination. Ouvert sur les larges victoires de l’Angleterre au pays de Galles (44-15) et de l’Irlande en Italie (41-22), le Tournoi s’est achevé par la rencontre entre les deux équipes les plus en verve durant la première partie de l’épreuve. À Dublin, l’Angleterre, qui rêvait de devenir la première équipe à réaliser le grand chelem dans un tournoi à six nations, s’est cassé les dents sur le pack irlandais au moment décisif. Battu 20 à 14 lors de cette « finale », le XV de la rose, impérial durant l’hiver, a vu s’envoler ses illusions pour la troisième année consécutive. En 1999 puis en 2000, les Anglais avaient déjà laissé échapper le grand chelem lors du dernier match. Cette défaite n’a pourtant pas empêché l’Angleterre de remporter le tournoi à la faveur de la différence de points, mais a déchaîné un véritable déluge de critiques dans le pays à l’encontre d’une équipe spécialiste de ce genre de faux pas dans les moments importants. La France aux deux visages L’équipe de France a été l’une des déceptions majeures de ce tournoi. Battus trois fois en cinq rencontres, les Tricolores ont surtout encaissé une défaite historique contre l’Angleterre (48 à 19). Mais, comme souvent, l’équipe de France s’est reprise à l’automne, à l’occasion de la tournée en Europe des équipes vedettes de l’hémisphère Sud. Contre toute attente, les Bleus de l’entraîneur Bernard Laporte, qui alignait une équipe régénérée, presque entièrement composée de joueurs inexpérimentés au plus haut niveau, ont battu les meilleurs rugbymen du monde. Au Stade de France d’abord, les Français ont pris une éclatante revanche sur les Sud-Africains qui les avaient invités et dominés en juin en l’emportant 20 à 10. Une semaine plus tard, à Marseille, ils rééditaient l’exploit en surclassant 14 à 13 l’Australie, championne du monde et victorieuse des Tri-Nations, avant de punir les îles Fidji par un score de 77 à 10, et douze essais. Un nouveau record de points français en match international. downloadModeText.vue.download 309 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 307 Sur le plan national, le Stade toulousain a remporté son seizième titre de champion de France. Finaliste malheureux, Montferrand, toujours vierge de titre, a pour sa part cédé pour la septième fois depuis 1936 lors du match décisif. SKI Cavagnoud, l’apothéose et le drame Sept ans après la mort en course de l’Autrichienne Ulrike Maier, le monde du ski a à nouveau été endeuillé : Victime d’un terrible choc avec le coach d’une équipe allemande tors d’un entraînement, fin octobre, la Française Régine Cavagnoud est décédée 48 heures plus tard à l’hôpital d’Innsbruck. À 31 ans, la Savoyarde incarnait paradoxalement le renouveau du ski français. Longtemps handicapée par des blessures, elle avait été, après trois saisons de rêve, couronnée, en février 2001 par un titre mondial en Super-G. Hermann Maier forfait pour les JO Un peu plus tôt dans la saison, c’est une autre star qui avait quitté, de manière moins tragique, le « cirque blanc ». L’Autrichien Hermann Maier s’est en effet grièvement blessé dans un accident de moto. Victime d’une triple fracture ouverte de la jambe au mois d’août, l’Autrichien de 28 ans a perdu toute chance de défendre ses titres aux JO de Salt Lake City et, peut-être, d’étoffer encore un palmarès impressionnant. Il laissera un grand vide tors de la saison olympique. Car sur les pistes, c’est bien Maier qui avait entretenu la chronique tout l’hiver. Grâce notamment à son troisième succès au classement général de la Coupe du monde, mais également en raison de ses très médiatiques apparitions lors des Mondiaux qu’il disputait à domicile. À Sanhat Anton, devant un public qui exigeait de lui le meilleur, « Herminator » a perdu ses titres de descente et de Super-G, remportant « seulement » dans ces deux épreuves les médailles de bronze et d’argent. Chez les dames, la nouvelle venue croate Janica Kostelic a tenu la vedette tout l’hiver. Pure slalomeuse, elle a réussi l’exploit de remporter le classement général de la Coupe du monde grâce à ses victoires en série dans une seule discipline. TENNIS Une année bigarrée Agassi en Australe, Kuerten à Paris, Ivanisevic à Wimbledon et Hewitt à New York… les quatre tournois du Grand Chelem sont revenus en 2001 à quatre joueurs différents. Les stars du tennis ont en effet eu du mal à conserver un niveau régulier tout au long d’une saison chargée. Nouveau roi du classement ATP, l’Australien Lleyton Hewitt s’est offert une fin d’année en fanfare, gâchée cependant par sa défaite en finale de la Coupe Davis. Grâce notamment à ses victoires à l’US Open et au Masters, Hewitt, vainqueur de 79 matchs sur 96 disputés en 2001, est devenu à 20 ans tout juste le plus jeune joueur à terminer l’année au premier rang mondial depuis Jimmy Connors en 1974. Des joueurs moins attendus ont profité des faiblesses passagères des valeurs sûres du tennis pour enrichir leur palmarès. Ainsi, le Croate Goran Ivanisevic s’est offert la première victoire de sa carrière dans un tournoi majeur en s’imposant en finale de Wimbledon aux dépens de l’Australien Patrick Rafter. De même, le Russe Evgueni Kafelnikov a enchaîné une belle série de victoires à l’automne, et le très régulier Français Sébastien Grosjean a profité de sa victoire à Bercy pour terminer l’année au 6e rang mondial. Hingis en panne Chez les dames, l’année s’est avérée également très ouverte. Deux Américaines ont confisqué les titres en Grand Chelem : Jennifer Capriati, victorieuse à l’Open d’Australie et à Roland-Garros, et Venus Williams, lauréate de Wimbledon et de l’US Open. Et c’est une troisième, Lindsay Davenport, qui a conquis le titre convoité de no 1 mondiale en fin d’année grâce à une série de succès en salle, en fin de saison. Un rang qui, de l’avis de nombreux observateurs, aurait dû revenir à Venus Williams si cette dernière avait disputé plus de tournois. Grande perdante de l’année, Martina Hingis a été détrônée du rang de no 1 mondiale qu’elle occupait, avec des interruptions, depuis 1997. Blessée, Hingis a dû renoncer à défendre son classement au Masters, et la Suissesse, qui n’a plus remporté un tournoi du Grand Chelem depuis janvier 1999, aura fort à faire en 2002 pour retrouver son poste, tant la concurrence semble rude. downloadModeText.vue.download 310 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 308 Coupe Davis : l’exploit français Outsiders de la finale de la Coupe Davis disputée à Melbourne, chez leurs adversaires australiens, les tennismen français ont réalisé un véritable exploit. Grâce en partie à Nicolas Escudé, vainqueur de ses deux matchs de simple – notamment celui arraché au no 1 mondial Lleyton Hewitt –, grâce à la performance de la paire Pioline-Santoro en double, la France a remporté la neuvième Coupe Davis de son histoire, la troisième en dix ans après les victoires de Lyon en 1991 et Malmö en 1996. Une belle revanche à la finale concédée à l’Australie, à Nice, en 1999, et une magnifique victoire sur la nation phare de cette épreuve, 26 fois victorieuse, et qui jouait là devant un public tout acquis à sa cause. Surtout, les Français se sont imposés après avoir disputé (et donc) remporté toutes leurs rencontres à l’étranger. Homme clef du dispositif du capitaine Guy Forget, Escudé a remporté les huit matchs qu’il a disputés en Coupe Davis, démontrant un esprit d’équipe exemplaire. TENNIS DE TABLE Les Chinois en maîtres Sept titres sur sept : les Chinois ont réalisé un véritable sans faute lors des Mondiaux d’Osaka, six mois après le carton plein des JO de Sydney. Star de la délégation chinoise, le no 1 mondial Wang Liqin, 22 ans, a confirmé qu’il était bien le meilleur pongiste actuel. Champion olympique du double, Wang Liqin a remporté trois titres à Osaka : le simple, le double et celui par équipes. Surtout, Wang Liqin a réussi l’exploit de dominer en finale son compatriote Kong Linghui, champion olympique en titre. Ce grand chelem est le troisième de la Chine après ceux réussis en 1981 à Novi Sad et en 1995 à Tianjin. Outre tous les titres, les pongistes chinois ont remporté 16 des 28 médailles attribuées, soit plus de la moitié. Deuxième nation, la Corée du Sud doit se contenter de quatre médailles. VOILE Record pour Desjoyeaux À cheval sur 2000 et 2001, deux courses se sont partagé la vedette. Le Vendée Globe, tour du monde en solitaire sans assistance ni escale, véritable institution de la voile, a vite pris le pas sur The Race, nouveau défi démesuré imaginé par Bruno Peyron, handicapé dès le départ par le faible nombre (six) de participants. Vainqueur de la quatrième édition du Vendée Globe aux Sables-d’Olonne, Michel Desjoyeaux est devenu le premier marin à boucler l’épreuve en moins de 100 jours, effectuant son tour du monde en 93 jours, 3 heures, 57 minutes et 32 secondes, et battant l’ancien record (plus de 105 jours) de Christophe Auguin. Desjoyeaux s’est fait voler la vedette par la Britannique Ellen Mac Arthur, arrivée à peine une journée après lui. Âgée de 24 ans, la navigatrice n’a cessé d’entretenir jusqu’au bout le suspense. Grant Dalton, triomphal Trois semaines après l’arrivée du Vendée Globe, le Néo-Zélandais entrait triomphalement dans le port de Marseille après avoir pulvérisé le record du tour du monde – en équipages – avec 62 jours, 6 heures, 56 minutes et 33 secondes, soit 9 jours de moins que l’équipage d’Olivier de Kersauzon. Vainqueur de The Race, le Club Med de Dalton, voilier le plus rapide du monde, a surtout permis de franchir un cap en matière de technologie. VOLLEY Premières pour Paris Volley Le meilleur club de France a effectué en 2001 un parcours exceptionnel. Champion de France pour la deuxième année consécutive, le Paris Volley est également devenu le premier club français à remporter un titre européen en battant Trévise, en finale de la Ligue des champions. Entre novembre 2000 et mai 2001, le club de la capitale a ainsi réussi un quadruplé historique. Au Championnat et à la Ligue des champions, les Parisiens ont ajouté la Super Coupe d’Europe et la Coupe de France. Championnats d’Europe des nations Les Yougoslaves, rois des sports collectifs et champions olympiques de la discipline, ont détrôné les Italiens pour ajouter un nouveau titre à leur palmarès. Chez les dames, la Russie a remporté l’Euro pour la troisième fois consécutive. downloadModeText.vue.download 311 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 309 ATHLÉTISME CHAMPIONNATS DU MONDE (Edmonton, Canada, 3-12 août) MESSIEURS 100 m 1. M. Greene (É-U) 9″ 82 2. T. Montgomery (É-U) 3. B. Williams (É-U) 200 m 1. K. Kenteris (Grèce) 20″ 04 2. C. Williams (Jam.) 3. S. Crawford (É-U) K. Collins (Saint-Kitts) 400 m 1. A. Moncur (Bah.) 44″ 64 2. I. Schultz (All.) 3. G. Haughton (Jam.) 800 m 1. A. 2. W. 3. P. 1 500 Bucher (Suisse) 1′ 43″ 70 Bungei (Kenya) Czapiewski (Pol.) m 1. H. 2. B. 3. D. 5 000 El Guerrouj (Maroc) 3′ 30″ 68 Lagat (Kenya) Maazouzi (Fr.) m 1. 2. 3. 10 R. Limo (Kenya) 13′ 00″ 77 A. Saïdi-Sief (Alg.) M. Wolde (Éth.) 000 m 1. C. Kamathi (Kenya) 27′ 53″ 25 2. A. Mezgebu (Éth.) 3. H. Gebreselassie (Éth.) Marathon 1. G. Abera (Éth.) 2 h 12′ 42″ 2. S. Biwott (Kenya) 3. S. Baldini (Ital.) 110 m haies 1. A. Johnson (É-U) 13″ 04 2. A. Garcia (Cuba) 3. D. Dorival (Haiti) 400 m haies 1. F. Sanchez (Rép. dom.) 47″ 49 2. F. Mori (Ital.) 3. D. Tamesue (Jap.) 3 000 m steeple 1. R. Kosgei (Kenya) 8′ 15″ 16 2. A. Ezzine (Maroc) 3. B. Barmasai (Kenya) 20 km marche 1. R. Rasskazov (Russie) 1 h 20′ 31″ 2. I. Markov (Russie) 3. V. Buraiev (Russie) 50 km marche 1. R. Korzeniowski (Pol.) 3 h 42′ 08″ 2. J. A. Garcia (Esp.) 3. E. Hernandez (Mex.) Hauteur 1. M. Buss (All.) 2,36 m 2. Y. Rybakov (Russie) V. Voronin (Russie) Perche 1. D. Markov (Austr.) 6,05 m 2. A. Averbuck (Isr.) 3. N. Hysong (É-U) Longueur 1. I. Pedroso (Cuba) 8,40 m 2. S. Stringfellow (É-U) 3. C. Calado (Port.) Triple saut 1. J. Edwards (G-B) 17,92 m 2. C. Olsson (Suède) 3. I. Spasovkhodskiy (Russie) Poids 1. J. Godina (É-U) 21,87 m 2. A. Nelson (É-U) 3. A. Harju (Finl.) Disque 1. L. Riedel (All.) 69,72 m 2. V. Alekna (Lit.) 3. M. Mollenbeck (All.) Marteau 1. S. Ziolkowski (Pol.) 83,38 m 2. K. Murofushi (Jap.) 3. I. Konovalov (Russie) Javelot 1. J. Zelezny (Rép. tchèq.) 92,80 m 2. A. Parviainen (Finl.) 3. K. Gatsioudis (Grèce) Décathlon 1. T. Dvorak (Rép. tchèq.) 8 902 pts 2. E. Nool (Est.) 3. D. Macey (G-B) 4 × 100 m 1. États-Unis 37″ 96 2. Afrique du Sud 3. Trinidad-et-Tobago 4 × 400 m 1. États-Unis 2′ 57″ 54 2. Bahamas 3. Jamaïque downloadModeText.vue.download 312 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 310 DAMES 100 m 1. Z. Pintusevich-Block (Ukr.) 10″ 82 2. M. Jones (É-U) 3. E. Thanou (Grèce) 200 m 1. M. Jones (É-U) 22″ 39 2. D. Ferguson (Bah.) 3. K. White (É-U) 400 m 1. A. Mbacke Thiam (Sén.) 49″ 86 2. L. Fenton (Jam.) 3. A. Guevara (Mex.) 800 m 1. M. 2. S. 3. L. 1 500 Mutola (Moz.) 1′ 57″ 17 Graf (Autr.) Vriesde (Sur.) m 1. G. 2. V. 3. N. 5 000 Szabo (Roum.) 4′ 00″ 57 Szekely (Roum.) Gorelova (Russie) m 1. O. Yegorova (Russie) 15′ 03″ 39 2. M. Dominguez (Esp.) 3. A. Worku (Éth.) 10 000 m 1. D. Tulu (Éth.) 31′ 48″ 81 2. B. Adere (Éth.) 3. G. Wami (Éth.) 100 m haies 1. A. Kirkland (É-U) 12″ 42 2. G. Devers (É-U) 3. O. Shishigina (Kazakh.) 400 m haies 1. N. Bidouane (Maroc) 53″ 34 2. Y. Nosova (Russie) 3. D. Pernia (Cuba) 20 km marche 1. O. Ivanova (Russie) 1 h 27′ 48″ 2. V. Tsybulskaya (Bièl.) 3. E. Perrone (Ital.) Marathon 1. L. Simon (Roum.) 2 h 26′ 01″ 2. R. Tosa (Jap.) 3. S. Zakharova (Russie) Hauteur 1. H. Cloete (Afr. du S.) 2,00 m 2. I. Babakova (Ukr.) 3. K. Bergqvist (Suède) Perche 1. S. Dragila (É-U) 4,75 m 2. S. Feofanova (Russie) 3. M. Pyrek (Pol.) longueur 1. F. May (Ital.) 7,02 m 2. T. Kotova (Russie) 3. N. Montalvo (Esp.) Triple saut 1. T. Lebedeva (Russie) 15,25 m 2. F. Mbango Etone (Cam.) 3. T. Marinova (Bulg.) Poids 1. Y. Korolchik (Biél.) 20,61 m 2. N. Kleinert-Schmitt (All.) 3. V. Pavtysh (Ukr.) Disque 1. N. Sadova (Russie) 68,57 m 2. E. Zvereva (Bièl.) 3. N. Grasu (Roum.) Marteau 1. Y. Moreno (Cuba) 70,65 m 2. O. Kuzenkova (Russie) 3. B. Eagles (Austr.) Javelot 1. O. Menendez (Cuba) 69,53 m 2. M. Manjani-Tzelili (Grèce) 3. S. Bisset (Cuba) Heptathlon 1. Y. Prokhorova (Russie) 6 694 pts 2. N. Sazanovich (Bièl.) 3. S. Burrell (É-U) 4 × 100 m 1. États-Unis 41″ 71 2. Allemagne 3. France 4 × 400 m 1. Jamaïque 3′ 20″ 65 2. Allemagne 3. Russie downloadModeText.vue.download 313 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 311 CLASSEMENT FINAL DU GRAND PRIX 2001 MESSIEURS 1. A. Bucher (Suisse) 102 pts 2. A. Johnson (É-U) 101 pts 3. H. El Guerrouj (Maroc) 100 pts DAMES 1. V. Szekely (Roum.) 116 pts 2. M. Mutola (Moz.) 105 pts 3. T. Tereshchuk (Ukr.) 96 pts CHAMPIONNATS DU MONDE DE CROSS (Dublin, 24-25 mars) MESSIEURS 1. M. Mourhit (Belg.), les 12,3 km en 39′ 53″ 2. S. Lebed (Ukr.) à 10″ 3. C. Kamathi (Kenya) à 12″ Par équipes 1. Kenya 33 pts 2. France 72 pts 3. États-Unis 87 pts DAMES 1. P. Radcliffe (G-B), les 7,7 km en 27′ 49″ 2. G. Wami (Éth.) à 03″ 3. L. Cheromei (Kenya) à 18″ Par équipes 1. Kenya 18 pts 2. Éthiopie 70 pts 3. France 77 pts AUTOMOBILE GRAND PRIX D’AUSTRALIE (Melbourne, 4 mars) 1. Michael Schumacher (All./Ferrari) 2. David Coulthard (G-B/McLaren) 3. Rubens Barrichello (Brés./Ferrari) GP DE MALAISIE (Sepang, 18 mars) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. D. Coulthard (G-B/McLaren) downloadModeText.vue.download 314 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 312 GP DU BRÉSIL (São Paulo, 1er avril) 1. D. Coulthard (G-B/McLaren) 2. M. Schumacher (All./Ferrari) 3. Nick Heidfeld (All./Sauber-Petronas) GP DE SAN MARIN (Imola, 15 avril) 1. Ralf Schumacher (All./Williams) 2. D. Coulthard (G-B/McLaren) 3. R. Barrichello (Brés./Ferrari) GP D’ESPAGNE (Barcelone, 29 avril) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. Juan Pablo Montoya (Col./Williams) 3. Jacques Villeneuve (Can./BAR-Honda) GP D’AUTRICHE (Zeltweg, 13 mai) 1. D. Coulthard (G-B/McLaren) 2. M. Schumacher (All./Ferrari) 3. R. Barrichello (Brés./Ferrari) GP DE MONACO (Monte-Carlo, 27 mai) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. E. Irvine (G-B/Jaguar) GP DU CANADA (Montréal, 11 juin) 1. R. Schumacher (All./Williams) 2. M. Schumacher (All./Ferrari) 3. Mika Hakkinen (Finl./McLaren) GP D’EUROPE (Nürburgring, 24 juin) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. J. P. Montoya (Col./Williams) 3. D. Coulthard (G-B/McLaren) GP DE FRANCE (Magny-Cours, 1er juillet) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. R. Schumacher (All./Williams) 3. R. Barrichello (Brés./Ferrari) GP DE GRANDE!BRETAGNE (Silverstone, 15 juillet) 1. M. Hakkinen (Finl./McLaren) 2. M. Schumacher (All./Ferrari) 3. R. Barrichello (Brés./Ferrari) GP D’ALLEMAGNE (Hockenheim, 29 juillet) 1. R. Schumacher (All./Williams) 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. Jacques Villeneuve (Can./BAR-Honda) GP DE HONGRIE (Hungaroring, 19 août) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. D. Coulthard (G-B/McLaren) GP DE BELGIQUE (Spa-Francorchamps, 2 septembre) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. D. Coulthard (G-B/McLaren) 3. G. Fisichella (Ital./Benetton) downloadModeText.vue.download 315 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 313 GP D’ITALIE (Monza, 16 septembre) 1. J. P. Montoya (Col./Williams) 2. R. Barrichello (Brés./Ferrari) 3. R. Schumacher (All./Williams) GP DES ÉTATS!UNIS (Indianapolis, 30 septembre) 1. M. Hakkinen (Finl./McLaren) 2. M. Schumacher (All./Ferrari) 3. D. Coulthard (G-B/McLaren) GP DU JAPON (Suzuka, 14 octobre) 1. M. Schumacher (All./Ferrari) 2. J. P. Montoya (Col./Williams) 3. D. Coulthard (G-B/McLaren) CHAMPIONNAT DU MONDE DE FORMULE 1 CLASSEMENT Pilotes 1. M. Schumacher (All.) 123 pts 2. D. Coulthard (G-B) 65 pts 3. R. Barrichello (Brés.) 56 pts 4. R. Schumacher (All.) 49 pts 5. M. Hakkinen (Finl.) 37 pts Constructeurs 1. Ferrari 179 pts 2. McLaren-Mercedes 102 pts 3. Williams-BMW 80 pts 4. Sauber-Petronas 21 pts 5. Jordan-Honda 19 pts CHAMPIONNAT DU MONDE DES RALLYES CLASSEMENT Pilotes 1. R. Burns (G-B/Subaru) 44 pts 2. C. McRae (G-B/Ford) 42 pts 3. T. Makinen (Finl./Mitsubishi) 41 pts 4. M. Grönholm (Finl./Peugeot) 36 pts 5. H. Rovanpera (Finl./Peugeot) 36 pts Constructeurs 1. Peugeot 106 pts 2. Ford 86 pts 3. Mitsubishi 69 pts 4. Subaru 66 pts 5. Skoda 17 pts BASKET CHAMPIONNAT D’EUROPE (Istanbul, 1er-9 septembre) Demi-finales Turquie bat Allemagne 79 à 78 a.p. Yougoslavie bat Espagne 78 à 65. Finale Yougoslavie bat Turquie 78 à 69. Match pour la 3e place Espagne bat Allemagne 99 à 90. DAMES (France, 15-23 septembre) Demi-finales France bat Lituanie 75 à 44. Russie bat Espagne 74 à 59. Finale France bat Russie 73 à 68. Match pour la 3e place Espagne bat Lituanie 89 à 74. COUPES D’EUROPE SUPROLIGUE MESSIEURS (Paris, 10-13 mai) Demi-finales Maccabi Tel-Aviv (Isr.) bat CSKA Moscou (Russie) 86 à 80. Panathinaïkos (Grèce) bat Efes Istanbul (Turq.) 74 à 66. Finale Maccabi Tel-Aviv (Isr.) bat Panathinaïkos (Grèce) 81 à 67. Match pour la 3e place Efes Istanbul (Turq.) bat CSKA Moscou (Russie) 91 à 85. downloadModeText.vue.download 316 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 314 EUROLIGUE DAMES (Messine, Italie, 19-22 avril) Demi-finales Valenciennes (Fr.) bat Brno (Rép. tchèq.) 65 à 45. Bourges (Fr.) bat Pécs (Hongr.) 62 à 52. Finale Bourges (Fr.) bat Valenciennes (Fr.) 73 à 71. Match pour la 3e place Pécs (Hongr.) bat Brno (Rép. tchèq.) 66 à 58. CHAMPIONNAT NBA Finale Los Angeles Lakers battent Philadelphie 4 victoires à 1. CHAMPIONNAT DE FRANCE MESSIEURS Finale Pau-Orthez bat Villeurbanne 2 victoires à 1 (90-78, 63-73, 81-70). DAMES Finale Valenciennes bat Bourges 2 victoires à 0 (6362, 81-71, a.p.) COUPE DE FRANCE MESSIEURS Finale Villeurbanne bat Pau-Orthez 99 à 74. BOXE LES GRANDS COMBATS DE L’ANNÉE Lourds, WBA John Ruiz (Porto Rico) bat Evander Holyfield (É-U) aux points, le 4 mars à Las Vegas. Mi-lourds, WBA, WBC, IBF Roy Jones Jr. (É-U) bat Derrick Harmon (É-U) par K.O. technique à la 10e reprise, le 25 février à Tampa. Welters, WBA Andrews Lewis (Guy.) bat James Page (É-U) par K.O. à la 7e reprise, le 17 février à Las Vegas. Lourds, WBC, IBF Hasim Rahman (É-U) bat Lennox Lewis (G-B) par K.O. à la 5e reprise, le 22 avril à Johannesburg. Moyens, WBA Felix Trinidad (Porto Rico) bat William Joppy par K.O. à la 5e reprise, le 13 mai à New York. Super-welters, WBC Oscar de la Hoya (É-U) bat Javier Castillejo (Esp.) aux points, le 23 juin à Las Vegas. Welters, WBC Shane Mosley (É-U) bat Adrian Stone (G-B) par K.O. à la 3e reprise, le 22 juillet à Las Vegas. Mi-lourds, WBA, WBC, IBF Roy Jones Jr. (É-U) bat Julio Gonzalez (Mex.) aux points, le 29 juillet à Los Angeles. Moyens, WBA, WBC, IBF Bernard Hopkins (É-U) bat Felix Trinidad (Porto Rico) par arrêt de l’arbitre à la 12e reprise, le 29 septembre à New York. Lourds WBC, IBF Lennox Lewis (G-B) bat Hasim Rahman (É-U) par K.O. à la 4e reprise, le 18 novembre à Las Vegas. Moyens, WBA William Joppy (É-U) bat Howard Eastman (GB) aux points, le 18 novembre à Las Vegas. LES COMBATS DES FRANÇAIS Légers, WBA Julien Lorcy bat Takanori Hatakeyama (Jap.) aux points le 1er juillet à Tokyo. Moyens, WBO Harry Simon (Nam.) bat Hacine Cherifi aux points, le 22 juillet à Bayamon. Légers, WBA Raul Balbi (Arg.) bat Julien Lorcy aux points, le 8 octobre à Paris. CYCLISME CHAMPIONNATS DU MONDE (Lisbonne 10-14 octobre) downloadModeText.vue.download 317 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 315 MESSIEURS Route 1. O. Freire (Esp.), les 254,1 km en 6 h 07′ 21″ 2. P. Bettini (Ital.) m.t. 3. A. Hauptman (Slov.) m.t. Contre-la-montre 1. J. Ullrich (All.), les 38,7 km en 51′ 49″ 2. D. Millar (G-B) à 06″ 3. S. Botero (Col.) à 11″ DAMES Route 1. R. Polikeviciute (Lit.), les 121 km en 3 h 12′ 05″ 2. E. Pucinskaite (Lit.) m.t. 3. J. Longo (Fr.) m.t. Contre-la-montre 1. J. Longo (Fr.), les 19,2 km en 29′ 08″ 2. N. Braendli (Suisse) à 04″ 3. T. Ruano (Esp.) à 44″ LES FRANÇAIS AUX CHAMPIONNATS DU MONDE SUR PISTE Vitesse messieurs 1. Arnaud Tournant 2. Laurent Gané 3. Florian Rousseau Vitesse par équipes 1. France Kilomètre 1. Arnaud Tournant Keirin 2. Laurent Gané Américaine 1. France CHAMPIONNAT DE FRANCE SUR ROUTE 1. D. Rous, les 229,3 km en 5 h 18′ 08″ 2. W. Benéteau, m.t. 3. A. Prétot, à 1′ 08″ LES PRINCIPALES COURSES À ÉTAPES Paris-Nice (10-18 mars) 1. D. Frigo (Ital.) en 30 h 32′ 29″ 2. R. Rumsas (Lit.) à 26″ 3. P. Van Petegem (Belg.) à 52″ Tirreno-Adriatico (13-21 mars) 1. D. Rebellin (Ital.) en 29 h 41′ 09″ 2. G. Colombo (Ital.) m.t. 3. M. Boogerd (P-B) à 03″ Tour de Romandie (9-13 mai) 1. D. Frigo (Ital.) en 16 h 59′ 54″ 2. F. Garcia Casas (Esp.) à 43″ 3. W. Belli (Ital.) à 1′ 03″ Quatre Jours de Dunkerque (7-13 mai) 1. D. Rous (Fr.) en 24 h 22′ 13″ 2. L. Jalabert (Fr.) à 40″ 3. S. Heulot (Fr.) à 1′ 13″ Tour d’Italie (19 mai-10 juin) 1. G. Simoni (Ital.) en 89 h 2′ 58″ 2. A. Olano (Esp.) à 7′ 31″ 3. U. Osa (Esp.) à 8′ 37″ Dauphiné libéré (11-17 juin) 1. C. Moreau (Fr.) en 28 h 24′ 10″ 2. P. Tonkov (Russie) à 1″ 3. B. Salmon (Fr.) à 2′ 01″ Tour de Suisse (20-28 juin) 1. L. Armstrong (É-U) en 35 h 00′ 06″ 2. G. Simoni (Ital.) à 1′ 02″ 3. W. Belli (Ital.) à 1′ 34″ Tour d’Espagne 1. A. Casera (Esp.) en 70 h 49′ 05″ 2. O. Sevilla (Esp.) à 47″ 3. L. Leipheimer (É-U) à 2′ 59″ LES GRANDES COURSES D’UN JOUR Milan-San Remo * (24 mars) 1. E. Zabel (All.), les 287 km en 7 h 23′ 13″ 2. M. Cipollini (Ital.) m.t. 3. R. Vainsteins (Lett.) m.t. Tour des Flandres * (8 avril) 1. G. Bortolami (Ital.), les 269 km en 6 h 10′ 23″ 2. E. Dekker (P-B) m.t. 3. D. Zanette (Ital.) m.t. Gand-Wevelgem (11 avril) 1. G. Hincapie (É-U), les 214 km en 5 h 00′ 50″ 2. L. Van Bon (P-B) m.t. 3. S. Wesemann (All.) m.t. Paris-Roubaix * (15 avril) 1. S. Knaven (P-B), les 254,5 km en 6 h 45′ 00″ 2. J. Museeuw (Belg.) à 34″ 3. R. Vainsteins (Lett.) à 41″ Flèche Wallonne (18 avril) 1. R. Verbrugghe (Belg.), les 198 km en 4 h 50′ 03″ 2. I. Basso (Ital.) à 05″ 3. J. Jaksche (All.) à 12″ Liège-Bastogne-Liège * (22 avril) downloadModeText.vue.download 318 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 316 1. O. Camenzind (Suisse), les 258 km en 6 h 42′ 38″ 2. D. Rebellin (Ital.) m.t. 3. D. Etxebarria (Esp.) m.t. Amstel gold race * (28 avril) 1. E. Dekker (P-B), les 254,6 km en 6 h 39′ 13″ 2. L. Armstrong (É-U) m.t. 3. S. Baguet (Belg.) à 17″ Clasica San Sebastian * (11 août) 1. L. Jalabert (Fr.), les 228 km en 5 h 17′ 54″ 2. F. Casagrande (Ital.) m.t. 3. D. Rebellin (Ital.) m.t. Hew Cyclassics Hambourg * (19 août) 1. E. Zabel (All.), les 251 km en 5 h 59′ 2″ 2. R. Vainsteins (Lett.) m.t. 3. E. Dekker (P-B) m.t. Championnat de Zurich * (26 août) 1. P. Bettini (Ital.), les 248,4 km en 6 h 17′ 48″ 2. J. Ullrich (All.) m.t. 3. F. Escartin (Esp.) m.t. Paris-Tours * (7 octobre) 1. R. Virenque (Fr.), les 254,5 km en 6 h 58′ 32″ 2. O. Freire (Esp.) à 02″ 3. E. Zabel (All.) m.t. Tour de Lombardie * (20 octobre) 1. D. Di Luca (Ital.), les 258 km en 6 h 38′ 29″ 2. G. Figueras (Ital.) m.t. 3. Michael Boogerd (P-B) à 01″ (Les épreuves suivies d’un * comptent pour la Coupe du monde) CLASSEMENT GÉNÉRAL FINAL DE LA COUPE DU MONDE 1. E. Dekker (P-B) 331 pts 2. E. Zabel (All.) 250 pts 3. R. Vainsteins (Lett.) 229 pts TOUR DE FRANCE (7-29 juillet) LES CLASSEMENTS Classement général 1. Lance Armstrong (É-U/USP) 86 h 17′ 28″ 2. Jan Ullrich (All./Telekom) à 06′ 44″ 3. Joseba Beloki (Esp./ONC) à 09′ 05″ 4. Andrei Kivilev (Kazakh./COF) à 09′ 53″ 5. Igor Gonzalez Galdeano (Esp./ONC) à 13′ 28″ 6. François Simon (Fr./BJR) à 17′ 22″ 7. Oscar Sevilla (Esp./Kelme) à 18′ 30″ 8. Santiago Botero (Col./Kelme) à 20′ 55″ 9. Marcos Serrano (Esp./ONC) à 21′ 45″ 10. Michaël Boogerd (P-B/RAB) à 22′ 38″ Classement de la montagne Laurent Jalabert (Fr./CSC) Classement par points Erik Zabel (All./Telekom) Classement des jeunes Oscar Sevilla (Esp./Kelme) Classement de la combativité Laurent Jalabert (Fr./CSC) Classement des équipes Kelme Les vainqueurs d’étapes C. Moreau (Fr./prologue) E. Zabel (All./1er, 3e, 19e) M. Wauters (Belg./2e) L. Jalabert (Fr./4e, 7e) J. Kirsipuu (Est./6e) E. Dekker (P-B/8e) S. Ivanov (Russie/9e) L. Armstrong (É-U/10e, 11e, 13e, 18e) F. Cardenas (Col./12e) R. Laiseka (Esp./14e) R. Verbrugghe (Belg./15e) J. Voigt (All./16e) S. Baguet (Belg./17e) J. Svorada (Rép. tchèq./20e) Les porteurs du maillot jaune C. Moreau (Fr./1er, 2e) M. Wauters (Belg./3e) S. O’Grady (Austr./4e-7e, 9e, 10e) J. Voigt (All./8e) F. Simon (Fr./11e-13e) L. Armstrong (14e-20e) ÉQUITATION CHAMPIONNATS D’EUROPE SAUT D’OBSTACLES (Arnhem, Pays-Bas, 1er juillet) 1. L. Beerbaum (All./Gladdy’s S) 8,07 pts 2. L. Philippaerts (Belg./Otterongo) 14,19 pts 3. R.-G. Bengtsson (Suède/Pialotta) 15,81 pts downloadModeText.vue.download 319 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 317 DRESSAGE (Verden, Allemagne, 10-12 août) Individuel 1. U. Salzgeber (All./Rusty) 237,64 pts 2. A. Teeuwissen (P-B/Goliath) 228,47 pts 3. N. Capellmann (All./Farbenfroh) 228,38 pts Par équipes 1. Allemagne 5 612 pts 2. Pays-Bas 5 431 pts 3. Danemark 5 359 pts CONCOURS COMPLET (Pau, France, 14 octobre) Individuel 1. P. Funnell (G-B/Supreme Rock) 45,80 pts 2. I. Johannsen (All./Brilliante) 48,40 pts 3. E. Sarasola (Esp./Dopé Doux) 48,80 pts Par équipes 1. Grande-Bretagne 158,40 pts 2. France 168,40 pts 3. Italie 244,60 pts ESCRIME CHAMPIONNATS DU MONDE (Nîmes, France, 26 oct.-1er nov.) MESSIEURS Fleuret 1. S. Sanzo (Ital.) 2. L. Attelly (Fr.) 3. B. Guyart et F. Boidin (Fr.) Épée 1. P. Milanoli (Ital.) 2. B. Hoffmann (Suisse) 3. F. Jeannet (All.) et O. Luecke Sabre 1. S. Podzniakov (Russie) 2. J. Pillet (Fr.) 3. M. Gourdain (Fr.) et R. Sznader (Pol.) Fleuret par équipes 1. France 2. Pologne 3. Cuba Épée par équipes 1. Hongrie 2. Estonie 3. France Sabre par équipes 1. Russie 2. Hongrie 3. Roumanie DAMES Fleuret 1. V. Vezzali (Ital.) 2. S. Bau (All.) 3. R. Scarlat (Roum.) et E. Youcheva (Russie) Épée 1. C. Bokel (All.) 2. L. Flessel-Colovic (Fr.) 3. M. Isaksson (Suède) et G. Buerki-Habluetzel (Suisse) Sabre 1. A.-L. Touya (Fr.) 2. I. Bianco (Ital.) 3. G. Marzocca (Ital.) et E. Jemayeva (Azer.) Fleuret par équipes 1. Italie 2. Russie 3. États-Unis Épée par équipes 1. Russie 2. Suisse 3. Hongrie Sabre par équipes 1. Russie 2. Roumanie 3. Allemagne FOOTBALL CHAMPIONNAT DE FRANCE 2000!2001 downloadModeText.vue.download 320 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 318 PALMARÈS 2000!2001 Champion de France Nantes Vainqueur de la Coupe de France Strasbourg Vainqueur de la Coupe de la Ligue Lyon Qualifiés pour la Ligue des champions Nantes, Lyon, Lille Qualifiés pour la Coupe de l’UEFA Bordeaux, Sedan, Strasbourg, Troyes, Paris-SG Rétrogrades en 2e division Saint-Étienne, Toulouse, Strasbourg Accèdent en 1er division Sochaux, Lorient, Montpellier Meilleur buteur Sonny Anderson (Lyon) COUPE DE FRANCE Finale Strasbourg bat Amiens 0 à 0 (5 t.a.b. à 4) COUPE DE LA LIGUE Finale Lyon bat Monaco 2 à 1 MATCHES AMICAUX DE L’ÉQUIPE DE FRANCE 28 février France – Allemagne 1 à 0 24 mars France – Japon 5 à 0 28 mars Espagne – France 2 à 1 25 avril France – Portugal 4 à 0 1er septembre Chili – France 2 à 1 10 novembre Australie – France 1 à 1 COUPE DE LA CONFÉDÉRATION !JUIN 2001! Corée du France – France – France – France – Sud – France 0 à 5 Australie 0 à 1 Mexique 4 à 0 Brésil 2 à 1 Japon 1 à 0 COUPES D’EUROPE LIGUE DES CHAMPIONS Finale Bayern de Munich (All.) bat FC Valence (Esp.) 1 à 1 (5 t.a.b. à 4) COUPE DE L’UEFA Finale Liverpool (Angl.) bat CD Alaves (Esp.) 5 à 4 (a.p.) CHAMPIONS NATIONAUX Champion d’Italie AS Rome Champion d’Espagne Real Madrid Champion d’Angleterre Manchester United Champion d’Allemagne Bayern de Munich downloadModeText.vue.download 321 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 319 GOLF MASTERS (Augusta, États-Unis, 5-8 avril) 1. T. Woods (É-U) 272 pts 2. D. Duval (É-U) 274 pts 3. P. Mickelson (É-U) 275 pts US OPEN (Tulsa, États-Unis, 15-18 juin) 1. R. Goosen (Afr. du S.) 276 pts 2. M. Brooks (É-U) 276 pts 3. S. Cink (É-U) 277 pts BRITISH OPEN (Lytham, Angleterre, 19-22 juillet) 1. D. Duval (É-U) 274 pts 2. N. Fasth (Suède) 277 pts 3. E. Els (Afr. du S.) 278 pts USPGA (Duluth, États-Unis, 16-19 août) 1. D. Toms (É-U) 265 pts 2. P. Mickelson (É-U) 266 pts 3. S. Lowery (É-U) 268 pts GYMNASTIQUE CHAMPIONNATS DU MONDE (Gand, Belgique, 29 octobre – 4 novembre) MESSIEURS Concours général 1. Feng Jing (Chine) 56,211 pts 2. I. Ivankov (Biél.) 3. J. Jovtchev (Bulg.) Concours par équipes 1. Biélorussie 169,622 pts 2. États-Unis 3. Ukraine Sol 1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,550 pts M. Dragulescu (Roum.) 3. I. Vihrovs (Lett.) Cheval d’arçons 1. M. Urzica (Roum.) 9,800 pts 2. Xiao Qin (Chine) O. Beresh (Ukr.) Anneaux 1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,775 pts 2. S. Csollany (Hongr.) 3. A. Coppolino (Ital.) Saut 1. M. Dragulescu (Roum.) 9,668 pts 2. E. Sapronenko (Lett.) 3. L. Tamayo (Cuba) Barres parallèles 1. S. Townsend (É-U) 9,700 pts 2. E. Lopez (Cuba) 3. I. Ivankov (Biél.) Barre fixe 1. V. Maras (Grèce) 9,737 pts 2. O. Beresh (Ukr.) P. Rizzo (Austr.) DAMES Concours général 1. S. Khorkina (Russie) 37,617 pts 2. N. Ziganshina (Russie) 3. A. Raducan (Roum.) Concours par équipes 1. Roumanie 110,209 pts 2. Russie 3. États-Unis Sol 1. A. Raducan (Roum.) 9,550 pts 2. D. Hypolito (Brésil) 3. S. Khorkina (Russie) Poutre 1. A. Raducan (Roum.) 9,662 pts 2. L. Ejova (Russie) 3. Sun Xiaojiao (Chine) Saut 1. S. Khorkina (Russie) 9,412 pts 2. O. Chusovitina (Ouzb.) 3. A. Raducan (Roum.) Barres asymétriques 1. S. Khorkina (Russie) 9,437 pts 2. R. Endel (P-B) 3. K. Heenan (É-U) downloadModeText.vue.download 322 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 320 JUDO HANDBALL CHAMPIONNATS DU MONDE (France, 22 janvier - 4 février) Finale France bat Suède 28 à 25 Demi-finales Suède bat Yougoslavie 25 à 24 France bat Égypte 24 à 21 Match pour la 3e place Yougoslavie bat Égypte 27 à 17 COUPES D’EUROPE Ligue des champions San Antonio Pampelune (Esp.) bat FC Barcelone (Esp.) ; aller : 30 à 24, retour : 22 à 25. Coupe des coupes Flensburg-Handewitt (All.) bat Léon (Esp.) ; aller : 32 à 25, retour : 19 à 24. CHAMPIONNAT DE FRANCE 1. Chambéry 72 pts 2. Montpellier 69 pts 3. Créteil 65 pts HOCKEY CHAMPIONNAT DE FRANCE Finale Rouen bat Anglet 3 victoires à 0 (2-0, 5-1, 3-0) CHAMPIONNATS DU MONDE (Allemagne, 28 avril-13 mai) Finale République tchèque bat Finlande 3 à 2 (a.p.) Demi-finales République tchèque et Suède 2 à 2 (a.p.), 3 tirs au but à 2 Finlande bat États-Unis 3 à 1 Match pour la 3e place Suède bat États-Unis 3 à 2 CHAMPIONNATS DU MONDE (Munich, 26-29 juillet) MESSIEURS – 60 kg 1. A. Lounifi (Tun.) 2. C. Taymans (Belg.) 3. K. Tokuno (Jap.) et J. Buchanan (G-B) – 66 kg 1. A. Miresmaeili (Iran) 2. M. Nastuyev (Ukr.) 3. Ju Kim-hyung (CdS) et Y. Arencibia (Cuba) – 73 kg 1. V. Makarov (Russie) 2. Y. Kanamaru (Jap.) 3. A. Shakharov (Kazakh.) et K. Wilkomirski (Pol.) – 81 kg 1. Cho In-chul (CdS) 2. A. Budolin (Est.) 3. S. Aschwanden (Suisse) et E. Rajabli (Azerb.) – 90 kg 1. F. Demontfaucon (Fr.) 2. Z. Zviadauri (Georg.) 3. R. Salimov (Azerb.) et Yoon Dong-sik (CdS) – 100 kg 1. K. Inoue (Jap.) 2. A. Kovacs (Hongr.) 3. A. Zhitkeyev (Kazakh.) et Jang Sung-ho (CdS) + 100 kg 1. A. Mikhaylin (Russie) 2. S. Tataroglu (Turq.) 3. S. Shinohara (Jap.) et F. Miran (Iran) Toutes catégories 1. A. Mikhaylin (Russie) 2. A. Zeevi (Israël) 3. D. Van der Geest (P-B) et F. Moeller (All.) DAMES – 48 kg 1. R. Tamura (Jap.) 2. Ri Kyong-ok (CdN) 3. D. Carrion (Cuba) et G. Macri (Ital.) – 52 kg 1. Kye Sun-hui (CdN) 2. R. Imbriani (All.) 3. Liu Yuxiang (Chine) et L. Verdecia (Cuba) downloadModeText.vue.download 323 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 321 – 57 kg 1. Y. Lupetey (Cuba) 2. D. Gravenstijn (P-B) 3. K. Kusakabe (Jap.) et I. Fernandez (Esp.) – 63 kg 1. G. Vandecaveye (Belg.) 2. S. Alvarez (Esp.) 3. A. Tanimoto (Jap.) et A. Hernandez (Cuba) –70 kg 1. M. Ueno (Jap.) 2. K. Howey (G-B) 3. U. Werbrouck (Belg.) et R. Leyen (Cuba) – 78 kg 1. N. Anno (Jap.) 2. Y. Laborde (Cuba) 3. C. Lebrun (Fr.) et Lee So-yeon (CdS) + 78 kg 1. Yuan Hua (Chine) 2. M. Shintani (Jap.) 3. D. Beltran (Cuba) et S. Koeppen (All.) Toutes catégories 1. C. Lebrun (Fr.) 2. K. Bryant (G-B) 3. Tong Wen (Chine) et C. Rodrigues (Port.) MOTO CHAMPIONNAT DU MONDE DE VITESSE CLASSEMENT FINAL 500 cm 3 1. V. Rossi (Ital.) 325 pts 2. M. Biaggi (Ital.) 219 pts 3. L. Capirossi (Ital.) 210 pts 250 cm 3 1. D. Katoh (Jap.) 322 pts 2. T. Harada (Jap.) 273 pts 3. M. Melandri (Ital.) 194 pts 125 cm 3 1. M. Poggiali (SMR) 241 pts 2. Y. Ui (Jap.) 232 pts 3. T. Elias (Esp.) 217 pts NATATION CHAMPIONNATS DU MONDE (Fukuoka, Japon, 17-29 juillet) MESSIEURS 50 m libre 1. A. Ervin (É-U) 22″ 09 2. P. Van den Hoogenband (P-B) 3. R. Schoeman (Afr. du S.) T. Yamanoi (Jap.) 100 m libre 1. A. Ervin (É-U) 48″ 33 2. P. Van den Hoogenband (P-B) 3. L. Frolander (Suède) 200 m libre 1. I. Thorpe (Austr.) 1′ 44″ 06 (RM) 2. P. Van den Hoogenband (P-B) 3. K. Keller (É-U) 400 m libre 1. I. Thorpe (Austr.) 3′ 40″ 17 (RM) 2. G. Hackett (Austr.) 3. E. Brembilla (Ital.) 800 m libre 1. I. Thorpe (Austr.) 7′ 39″ 16 (RM) 2. G. Hackett (Austr.) 3. G. Smith (G-B) 1 500 m libre 1. G. Hackett (Austr.) 14′ 34″ 56 (RM) 2. G. Smith (G-B) 3. A. Filipets (Russie) 50 m papillon 1. G. Huegill (Austr.) 23″ 50 2. L. Frolander (Suède) 3. M. Foster (G-B) 100 m papillon 1. L. Frolander (Suède) 52″ 10 2. I. Crocker (É-U) 3. G. Huegill (Austr.) 200 m papillon 1. M. Phelps (É-U) 1′ 54″ 58 (RM) 2. T. Malchow (É-U) 3. A. Poliakov (Russie) 50 m dos 1. R. Bal (É-U) 25″ 34 2. T. Rupprath (All.) 3. M. Welsh (Austr.) 100 m dos 1. M. Welsh (Austr.) 54″ 31 2. O. Arnarson (Isl.) 3. S. Driesen (All.) downloadModeText.vue.download 324 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 322 200 m dos 1. A. Peirsol (É-U) 1′ 57″ 13 2. M. Rogan (Autr.) 3. O. Arnarson (Isl.) 50 m brasse 1. O. Lisogor (Ukr.) 27″ 52 2. R. Sloudnov (Russie) 3. D. Fioravanti (Ital.) 100 m brasse 1. R. Sloudnov (Russie) 1′ 00″ 16 2. D. Fioravanti (Ital.) 3. E. Moses (É-U) 200 m brasse 1. B. Hansen (É-U) 2′ 10″ 69 2. M. Podoprigora (Autr.) 3. K. Kitajima (Jap.) 200 m 4 nages 1. M. Rosolino (Ital.) 1′ 59″ 71 2. T. Wilkens (É-U) 3. J. Norris (Austr.) 400 m 4 nages 1. A. Boggiatto (Ital.) 4′ 13″ 15 2. E. Vendt (É-U) 3. T. Wilkens (É-U) 4 × 100 m libre 1. Australie 3′ 14″ 10 2. Pays-Bas 3. Allemagne 4 × 200 m libre 1. Australie 7′ 04″ 66 (RM) 2. Italie 3. États-Unis 4 × 100 m 4 nages 1. Australie 3′ 35″ 35 2. Allemagne 3. Russie DAMES 50 m libre 1. I. de Bruijn (P-B) 24″ 47 2. T. Alshammar (Suède) 3. S. Voelker (All.) 100 m libre 1. I. de Bruijn (P-B) 54″ 18 2. K. Meissner (All.) 3. S. Voelker (All.) 200 m libre 1. G. Rooney (Austr.) 1′ 58″ 57 2. Yang Yu (Chine) 3. C. Potec (Roum.) 400 m libre 1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 07″ 30 2. C. Poil (C-R) 3. H. Stockbauer (All.) 800 m libre 1. H. Stockbauer (All.) 8′ 24″ 66 2. D. Munz (É-U) 3. K. Sandeno (É-U) 1 500 m libre 1. H. Stockbauer (All.) 16′ 01″ 02 2. F. Rigamonti (Suisse) 3. D. Munz (É-U) 50 m papillon 1. I. de Bruijn (P-B) 25″ 90 2. T. Alshammar (Suède) 3. A-K. Kammerling (Suède) 100 m papillon 1. P. Thomas (Austr.) 58″ 27 2. O. Yedrzejczak (Pol.) 3. J. Onishi (Jap.) 200 m papillon 1. P. Thomas (Austr.) 2′ 06″ 73 2. A. Mehlhorn (All.) 3. K. Sandeno (É-U) 50 m dos 1. H. Cope (É-U) 28″ 51 2. A. Buschschulte (All.) 3. N. Coughlin (É-U) 100 m dos 1. N. Coughlin (É-U) 1′ 00″ 37 2. D. Mocanu (Roum.) 3. A. Buschschulte (All.) 200 m dos 1. D. Mocanu (Roum.) 2′ 09″ 94 2. S. Komarova (Russie) 3. J. Fargus (G-B) 50 m brasse 1. Luo Xuejuan (Chine) 30″ 84 2. K. Kowal (É-U) 3. Z. Baker (G-B) 100 m brasse 1. Luo Xuejuan (Chine) 1′ 07″ 18 2. L. Jones (Austr.) 3. A. Kovacs (Hongr.) 200 m brasse 1. A. Kovacs (Hongr.) 2′ 24″ 90 2. Qi Hui (Chine) 3. Luo Xuejuan (Chine) 200 m 4 nages 1. M. Bowen (É-U) 2′ 11″ 93 2. Y. Klochkova (Ukr.) 3. Qi Hui (Chine) 400 m 4 nages 1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 36″ 98 2. M. Bowen (É-U) 3. B. Caslaru (Roum.) 4 × 100 m libre downloadModeText.vue.download 325 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 323 1. Allemagne 3′ 39″ 58 2. États-Unis 3. Grande-Bretagne 4 × 100 m 4 nages 1. Australie 4′ 01″ 50 2. États-Unis 3. Chine RECORDS DU MONDE AU 31 DÉCEMBRE 2001 MESSIEURS 50 m libre 2000 21″ 64 A. Popov (Russie) 100 m libre 2000 47″ 84 P. Van den Hoogenband (Pays-Bas) 200 m libre 2001 1′ 44″ 06 I. Thorpe (Australie) 400 m libre 2001 3′ 40″ 17 I. Thorpe (Australie) 800 m libre 2001 7′ 39″ 16 I. Thorpe (Australie) 1 500 m libre 2001 14′ 34″ 56 G. Hackett (Australie) 100 m dos 1999 53″ 60 L. Krayzelburg (États-Unis) 200 m dos 1999 1′ 55″ 87 L. Krayzelburg (États-Unis) 100 m brasse 2001 59″ 94 R. Sloudnov (Russie) 200 m brasse 1992 2′ 10″ 16 M. Barrowman (États-Unis) 100 m papillon 1999 51″ 81 M. Klim (Australie) 200 m papillon 2001 1′ 54″ 58 M. Phelps (États-Unis) 200 m 4 nages 1994 1′ 58″ 16 J. Sievinen (Finlande) 400 m 4 nages 2000 4′ 11″ 76 T. Dolan (États-Unis) 4 x 100 m 2000 3′ 13″ 67 Australie 4 x 200 m 2001 7′ 04″ 66 Australie 4 x 100 m 4 nages 2000 3′ 33″ 73 États-Unis DAMES 50 m libre 2000 24″ 13 I. de Bruijn (Pays-Bas) 100 m libre 2000 53″ 77 I. de Bruijn (Pays-Bas) 200 m libre 1994 1′ 56″ 78 F. Van Almsick (Allemagne) 400 m libre 1988 4′ 03″ 85 J. Evans (États-Unis) 800 m libre 1989 8′ 16″ 22 J. Evans (États-Unis) 100 m dos 1994 1′ 00″ 16 C. He (Chine) 200 m dos 1991 2′ 06″ 62 K. Egerszegi (Hongrie) 100 m brasse 1999 1′ 06″ 52 P. Heyns (Afrique du Sud) 200 m brasse 1999 2′ 23″ 64 P. Heyns (Afrique du Sud) downloadModeText.vue.download 326 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 324 100 m papillon 2000 56″ 61 I. de Bruijn (Pays-Bas) 200 m papillon 2000 2′ 05″ 81 S. O’Neill (Australie) 200 m 4 nages 1997 2′ 09″ 72 W. Yanyan (Chine) 400 m 4 nages 2000 4′ 33″ 59 Y. Klochkova (Ukraine) 4 x 100 m 2000 3′ 36″ 61 États-Unis 4 x 200 m 1987 7′ 55″ 47 ex-RDA 4 x 100 m 4 nages 2000 3′ 58″ 30 États-Unis PATINAGE CHAMPIONNATS DU MONDE (Vancouver, Canada, 18 - 25 mars) DAMES 1. M. Kwan (É-U) 2. I. Slutskaya (Russie) 3. S. Hugues (É-U) MESSIEURS 1. E. Plushenko (Russie) 2. A. Yagoudine (Russie) 3. T. Eldredge (É-U) COUPLES 1. J. Salé – D. Pelletier (Can.) 2. E. Berezhnaya – A. Sikharulidze (Russie) 3. Xue Shen – Hongbo Zhao (Chine) DANSE 1. B. Fusar-Poli – M. Margaglio (Ital.) 2. M. Anissina – G. Peizerat (Fr.) 3. I. Lobacheva – I. Averbukh (Russie) RUGBY TOURNOI DES SIX!NATIONS COUPE D’EUROPE (Paris, 19 mai) Finale Leicester (Angl.) bat Stade français (Fr.) 34 à 30 CHAMPIONNAT DE FRANCE Quarts de finale Toulouse 20 – Perpignan 15 Castres 37 – Colomiers 26 Stade fr. 19 – Biarritz 35 Agen 21 – Montferrand 33 Demi-finales Toulouse 32 – Castres 21 Biarritz 9 – Montferrand 16 Finale Toulouse 34 – Montferrand 22 downloadModeText.vue.download 327 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 325 MATCHS DE L’ÉQUIPE DE FRANCE Tournée dans l’hémisphère Sud (juin) Afrique du Sud – France 23 - 32 Afrique du Sud – France 20 - 15 Nouvelle-Zélande – France 37 - 12 Tournée européenne des équipes de l’hémisphère Sud (novembre) France – Afrique du Sud 20 - 10 France – Australie 14 - 13 France – Fidji 77 - 10 TRI!NATIONS Afrique du Sud – Nouvelle-Zélande 3 - 12 Afrique du Sud – Australie 20 - 15 Nouvelle-Zélande – Australie 15 - 23 Australie – Afrique du Sud 14 - 14 Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud 26 - 15 Australie – Nouvelle-Zélande 29 - 26 Vainqueur Australie SKI CHAMPIONNATS DU MONDE (Sankt Anton, Autriche, 29 jan. - 10 févr.) DAMES Descente 1. M. Dorfmeister (Autr.) 2. R. Goetschl (Autr.) 3. S. Heregger (Autr.) Super-G 1. R. Cavagnoud (Fr.) 2. I. Kostner (Ital.) 3. H. Gerg (All.) Géant 1. S. Nef (Suisse) 2. K. Putzer (Ital.) 3. A. Paerson (Suède) Slalom 1. A. Paerson (Suède) 2. C. Saioni (Fr.) 3. H. Berntsen (Norv.) Combiné 1. M. Ertl (All.) 2. C. Sponring (Autr.) 3. K. Putzer (Ital.) MESSIEURS Descente 1. H. Trinkl (Autr.) 2. H. Maier (Autr.) 3. F. Eckert (All.) Super-G 1. D. Rahlves (É-U) 2. S. Eberharter (Autr.) 3. H. Maier (Autr.)Géant 1. M. von Gruenigen (Suisse) 2. K. A. Aamodt (Norv.) 3. F. Covili (Fr.) Slalom 1. M. Matt (Autr.) 2. B. Raich (Autr.) 3. M. Kunc (Slovén.) Combiné 1. K. A. Aamodt (Norv.) 2. M. Matt (Autr.) 3. P. Accola (Suisse) COUPE DU MONDE MESSIEURS Classement général 1. H. Maier (Autr.) 1 618 pts 2. S. Eberharter (Autr.) 875 pts 3. L. Kjus (Norv.) 866 pts Descente H. Maier (Autr.) Super-G H. Maier (Autr.) Géant H. Maier (Autr.) Slalom B. Raich (Autr.) DAMES Classement général 1. J. Kostelic (Croatie) 1 256 pts 2. R. Goetschl (Autr.) 1 189 pts 3. R. Cavagnoud (Fr.) 1 105 pts Descente I. Kostner (Ital.) Super-G R. Cavagnoud (Fr.) Géant S. Nef (Suisse) Slalom J. Kostelic (Croatie) downloadModeText.vue.download 328 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 326 TENNIS OPEN D’AUSTRALIE (Melbourne, 15-28 janvier) SIMPLE MESSIEURS Demi-finales A. Agassi (É-U) bat P. Rafter (Austr.) 7-5, 2-6, 6-7 (5/7), 6-2, 6-3 A. Clément (Fr.) bat S. Grosjean (Fr.) 5-7, 2-6, 7-6 (7/4), 7-5, 6-2 Finale A. Agassi bat A. Clément 6-4, 6-2, 6-2 SIMPLE DAMES Demi-finales M. Hingis (Suisse) bat V. Williams (É-U) 6-1, 6-1 J. Capriati (É-U) bat L. Davenport (É-U) 6-3, 6-4 Finale J. Capriati bat M. Hingis 6-4, 6-3 DOUBLE MESSIEURS Finale T. Woodbridge/J. Bjorkman (Austr./Suède) battent B. Black/D. Prinosil (Zimb./All.) 6-1, 5-7, 6-4, 6-4 DOUBLE DAMES Finale S. Williams/V. Williams (É-U) battent L. Davenport/C. Morariu (É-U) 6-2, 4-6, 6-4 INTERNATIONAUX DE FRANCE (Roland-Garros, 28 mai - 10 juin) SIMPLE MESSIEURS Demi-finales G. Kuerten (Brés.) bat J-C Ferrero (Esp.) 6-4, 6-4, 6-3 A. Corretja (Esp.) bat S. Grosjean (Fr.) 7-6 (7/2), 6-4, 6-4 Finale G. Kuerten bat A. Corretja 6-7 (3/7), 7-5, 6-2, 6-0 SIMPLE DAMES Demi-finales J. Capriati (É-U) bat M. Hingis (Suisse) 6-4, 6-3 K. Clijsters (Belg.) bat J. Henin (Belg.) 2-6, 7-5, 6-3 Finale J. Capriati bat K. Clijsters 1-6, 6-4, 12-10 DOUBLE MESSIEURS Finale M. Bhupathi/L. Paes (Inde) battent P. Pala/P. Vizner (Rép. tchèq.) 7-6 (7/5), 6-3DOUBLE DAMES Finale V. Ruano-Pascual/P. Suarez (Esp./Arg.) battent J. Dokic/C. Martinez (Youg./Esp.) 6-2, 6-1 WIMBLEDON (25 juin - 9 juillet) SIMPLE MESSIEURS Demi-finales G. Ivanisevic (Croatie) bat T. Henman (G-B) 7-5, 6-7 (6/8), 0-6, 7-6 (7/5), 6-3 P. Rafter (Austr.) bat A. Agassi (É-U) 2-6, 6-3, 3-6, 6-2, 8-6 Finale G. Ivanisevic bat P. Rafter 6-3, 3-6, 6-3, 2-6, 9-7 SIMPLE DAMES Demi-finales J. Henin (Belg.) bat J. Capriati (É-U) 2-6, 6-4, 6-2 V. Williams (É-U) bat L. Davenport (É-U) 6-2, 6-7 (1/7), 6-1 Finale V. Williams bat J. Henin 6-1, 3-6, 6-0 DOUBLE MESSIEURS Finale D. Johnson/J. Palmer (É-U) battent J. Novak/D. Rikl (Rép. tchèq.) 6-4, 4-6, 6-3, 7-6 (8/6) DOUBLE DAMES Finale L. Raymond/R. Stubbs (É-U/Austr.) battent K. Clijsters/A. Sugiyama (Belg./Jap.) 6-4, 6-3 US OPEN (27 août - 9 sept) SIMPLE MESSIEURS Demi-finales downloadModeText.vue.download 329 sur 518 SPORTS ET RÉSULTATS 327 L. Hewitt (Austr.) bat E. Kafelnikov (Russie) 6-1, 6-2, 6-1 P. Sampras (É-U) bat M. Safin (Russie) 6-3, 7-6 (7/5), 6-3 Finale L. Hewitt (Austr.) bat P. Sampras (É-U) 7-6 (7/4), 6-1, 6-1 SIMPLE DAMES Demi-finales S. Williams (É-U) bat M. Hingis (Suisse) 6-3, 6-2 V. Williams (É-U) bat J. Capriati (É-U) 6-4, 6-2 Finale V. Williams bat S. Williams 6-2, 6-4 DOUBLE MESSIEURS Finale W. Black/K, Ullyett (Zimb.) battent D. Johnson/J. Palmer (É-U) 7-6 (11/9), 2-6, 6-3 DOUBLE DAMES Finale L. Raymond/R. Stubbs (É-U/Austr.) battent N. Tauziat/K. Po-Messerli (Fr./E-U) 6-2, 5-7, 7-5 MASTERS (Sydney, 12-18 novembre) Simple messieurs L. Hewitt (Austr.) bat S. Grosjean (Fr.) 6-3, 6-3, 6-4 Simple dames S. Williams (É-U) bat L. Davenport (É-U) par forfait COUPE DAVIS (Melbourne, 30 novembre - 2 décembre) Finale France bat Australie 3 victoires à 2 CLASSEMENT ATP (au 31 décembre 2001) 1. Lleyton Hewitt (Austr.) 873 pts 2. Gustavo Kuerten (Brés.) 771 pts 3. André Agassi (É-U) 704 pts 4. Evgueni Kafelnikov (Russie) 618 pts 5. Juan Carlos Ferrero (Esp.) 608 pts 6. Sébastien Grosjean (Fr.) 558 pts 7. Patrick Rafter (Austr.) 557 pts 8. Tommy Haas (All.) 457 pts 9. Tim Henman (G-B) 420 pts 10. Pete Sampras (É-U) 388 pts CLASSEMENT WTA (au 31 décembre 2001) 1. Lindsay Davenport (É-U) 4 902 pts 2. Jennifer Capriati (É-U) 4 892 pts 3. Venus Williams (É-U) 4 128 pts 4. Martina Hingis (Suisse) 3 944 pts 5. Kim Clijsters (Belg.) 3 265 pts 6. Serena Williams (É-U) 3 004 pts 7. Justine Henin (Belg.) 2 989 pts 8. Elena Dokic (Youg.) 2 780 pts 9. Amélie Mauresmo (Fr.) 2 765 pts 10. Monica Seles (É-U) 2 306 pts TENNIS DE TABLE CHAMPIONNATS DU MONDE (Osaka, Japon, 23 avril - 6 mai) DAMES Simple 1. Wang Nan (Chine) 2. Lin Ling (Chine) 3. Zhang Yining (Chine) et Kim Yun-mi (CdN) Double 1. Li Ju/Wang Nan (Chine) 2. Yang Ying/Sun Jin (Chine) 3. Zhang Yingying/Zhang Yining (Chine) et Akiko Takeda/Mayu Kawagoe (Jap.) Par équipes 1. Chine 2. Corée du Nord 3. Corée du Sud et Japon MESSIEURS Simple 1. Wang Liqin (Chine) 2. Kong Linghui (Chine) 3. Chiang Peng-Iung (Taïwan) et Ma Lin (Chine) Double 1. Wang Liqin/Yan Sen (Chine) 2. Kong Linghui/Liu Guoliang (Chine) 3. Chiang Peng-Iung/ Chang Yun-shu (Taïwan) et Kim Taek-soo/Oh Sangeun (CdS) downloadModeText.vue.download 330 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 328 Par équipes 1. Chine 2. Belgique 3. Suède et Corée du Sud DOUBLE MIXTE 1. Qin Zhijian/Yang Ying (Chine) 2. Oh Sang-eun/Kim Moo-kyo (CdS) 3. Zhan Jian/Bai Yang (Chine) et Liu Guoliang/ Sun Jin (Chine) VOILE VENDÉE GLOBE (9 novembre - 10 février) 1. Michel Desjoyeaux (Fr./PRB) 93 j 03 h 57 min 32 s 2. Ellen Mac Arthur (G-R/King Fisher) 94 j 04 h 25 min 40 s 3. Roland Jourdain (Fr./Sill) 96 j 01 h 02 min 33 s THE RACE (31 décembre - 3 mars) Grant Dalton (N-Z/Club Med) 62 j 06 h 56 min 33 s VOLLEY CHAMPIONNATS D’EUROPE (Ostrava, République tchèque, 1er-16 septembre) MESSIEURS Finale Yougoslavie bat Italie 3 sets à 0 Demi-finales Yougoslavie bat Russie 3 sets à 0 Italie bat République tchèque 3 sets à 0 Match pour la 3e place Russie bat Rép. Tchèque 3 sets à 2 DAMES (Varna, Bulgarie, 16-30 septembre) Finale Russie bat Italie 3 sets à 2 Match pour la 3e place Bulgarie bat Ukraine 3 sets à 1 CHAMPIONNAT DE FRANCE Finale Paris Volley bat Tourcoing Lille Métropole 2 victoires à 1 LIGUE DES CHAMPIONS Finale Paris Volley bat Trévise 3-2 (25-22, 17-25, 22-25, 25-23, 15-13) downloadModeText.vue.download 331 sur 518 downloadModeText.vue.download 332 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 330 AFGHANISTAN Superficie : 650 000 km 2 Population (hormis la capitale) : 22 474 000 hab. Capitale : Kaboul 2 454 400 hab. Chef du gouvernement provisoire : Hamid Karzai Organisation administrative : 30 provinces Langues officielles : pachto, dari Religion : islam Monnaie : afghani ➡ HISTORIQUE 1879 : traité de Gandamak, instituant une tutelle anglorusse sur le pays. 1921 : déclaration d’indépendance. 1973 : renversement de la monarchie. 1978 : prise du pouvoir par le PC. 1979-1989 : intervention soviétique. 1992 : chute des communistes et prise du pouvoir par les moudjahidin. 1994 : les taliban prennent Kaboul. 2007 : chute des taliban. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 21,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 51,8 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 46,72 ‰ Taux de mortalité : 20,55 ‰ Taux de mortalité : infantile 161,3 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Agriculture Cultures : maïs 115 000 t., orge 330 000 t., raisin 330 000 t., riz 156 000 t. Élevage : caprins 2 200 000, chameaux 265 000 Production de bois : 8 131 000 m Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 5 000 t., électricité 700 millions de kWh, gaz naturel 2 400 millions de m 3, houille 300 000 t. Commerce extérieur Total exportations : 148 millions de $ dont fruits 40 % Total importations : 566 millions de $ Défense Total forces armées : 429 000 hommes ➡ TENDANCES L’année écoulée a été marquée par la défaite des taliban face à l’intervention armée des ÉtatsUnis au lendemain des attentas contre New York et Washington. Un gouvernement provisoire a été mis en place dont la direction a été confiée à Hamid Karzai, un réformiste incarnant la jeune génération moderniste pachtoune. AFRIQUE DU SUD Superficie : 1 221 000 km 2 Population : 43 792 000 hab. Capitales : Pretoria (capitale administrative), Le Cap (siège du Parlement) 854 616 hab. (2 800 000 hab. dans l’agglomération). Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) Thabo Mbeki Organisation administrative : 9 provinces Langues officielles : zoulou, xhosa, venda, tswana, tsonga, swazi, sotho, pedi, ndebele, anglais, afrikaans Religions : protestantisme, Églises indigènes, animisme Monnaie : rand ➡ HISTORIQUE 1814 : la pays passe sous administration britannique. downloadModeText.vue.download 333 sur 518 STATISTIQUES 331 1899-1902 : guerre des Boers entre les Britanniques et les colons d’origine hollandaise. 1910 : création de l’Union sud-africaine, sous mandat britannique. 1912 : création de l’ANC (African National Congress). 1948 : instauration du régime d’apartheid. 1985 : instauration de l’état d’urgence. 1990 : F. De Klerk légalise l’ANC et libère Nelson Mandela. 1994 : victoire de l’ANC aux élections et proclamation de Nelson Mandela comme président du pays. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 50,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 34 %, 1565 ans 60,3 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 26,26 ‰ Taux de mortalité : 12,24 ‰ Taux de mortalité : infantile 59,2 ‰ Espérance de vie : hommes 47 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 128,3 milliards de $ PNB/hab. : 3 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 1,23 % Taux annuel d’inflation (1999) : 5,2 % Structure du PIB : 4,5 % pour l’agriculture, 38,5 % pour l’industrie, 56,9 % pour les services Dette extérieure : 25 222 mil- lions de $ Agriculture Cultures : agrumes 1 433 000 t., arachides 169 478 t., blé 1 952 000 t., canne à sucre 24 008 100 t., coton 27 000 t., thé 10 500 t. Élevage : caprins 6 500 000, porcins 1 535 000. Pêche : 550 000 t. Production de bois : 25 332 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : diamants 9 972 800 carats, électricité 205 423 millions de kWh, houille 222 800 000 t., manganèse 3 112 000 t., nickel 38 000 t., or 474 t., uranium 1 450 t. Production industrielle : caoutchouc synthétique 62 000 t., ciment 7 882 000 t., laine 54 000 t., sucre 2 590 000 t., textiles synthétiques 145 000 t., utilitaires 106, viande 1 422 000 t., vin 9 500 000 hl., voitures particulières 205 000 Recettes touristiques : 2 297 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 31 211 millions de $ dont diamants 8 % Total importations : 31 020 millions de $ dont machines et équipement de transport 44 % Défense Total forces armées : 69 950 hommes Budget de la Défense : 1,5 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 18,2 % Apport en calories : 2 933 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 106/1 000 hab. Téléphones : 107/1 000 hab. Télévisions : 109/1 000 hab. ➡ TENDANCES L’année écoulée aura été celle de la morosité économique et politique. Ne bénéficiant ni de l’aura de son prédécesseur ni de l’indulgence de ses concitoyens, le président Thabo Mbeki a semblé de plus en plus contesté par une population qui désespère de voir s’améliorer son quotidien. Les progrès du sida, de la malnutrition, du chômage et de l’insécurité n’ont pas peu contribué à mettre fin à ce que l’on appelait jusqu’alors le « miracle sud-africain ». ALBANIE Superficie : 29 000 km 2 Population : 3 145 000 hab. Capitale : Tirana 279 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Rexhep Mejdani Chef du gouvernement : Ilir Meta Organisation administrative : 36 districts Langue officielle : albanais Religions : islam, christianisme Monnaie : lek ➡ HISTORIQUE 1912 : l’indépendance du pays est arrachée à l’Empire ottoman. downloadModeText.vue.download 334 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 332 1939-1944 : occupation du pays par les Italiens puis par les Allemands. 1946 : l’Albanie devient une république socialiste. Le président Enver Hoxha institue un régime collectiviste et se rapproche de la Chine maoïste. 1990 : chute du régime communiste. 1992 : le politicien de centre droit Sali Berisha est élu à la présidence. 1997 : l’ancien communiste Rexhep Medjani succède à Sali Berisha. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 123 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,0 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 30 %, 1565 ans 61 %, + 65 ans 9 % Taux de natalité : 16,23 ‰ Taux de mortalité : 5,54 ‰ Taux de mortalité : infantile 25 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,7 milliards de $ PNB/hab. : 930 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 0,39 % Structure du PIB : 52,6 % pour l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 21,4 % pour les services Dette extérieure : 706 millions de $ Agriculture Cultures : avoine 14 000 t., betteraves à sucre 50 000 t., maïs 215 000 t., orge 4 000 t., pommes de terre 180 000 t., raisin 68 000 t., seigle 3 000 t., tabac 8 000 t. Élevage : caprins 1 120 000, ovins 1 941 000, porcins 81 000, poulets 4 600 000 Production de bois : 409 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 2 000 t., électricité 4 410 millions de kWh, gaz naturel 28 millions de m 3, lignite 81 000 t. Production industrielle : chrome 243 000 t., laine 3 000 t., sucre 3 000 t., viande 62 000 t. Recettes touristiques : 10 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 210 millions de $ Total importations : 950 millions de $ Défense Total forces armées : 54 000 hommes Budget de la Défense : 2,3 % du PIB ➡ TENDANCES L’année écoulée s’est déroulée dans l’ombre portée du conflit qui s’est fait jour en Macédoine et des élections législatives organisées au mois de juin. Résistant aux tentations nationalistes d’une « grande Albanie », le régime en place à Tirana a tenu le cap de la neutralité dans le conflit qui faisait rage en Macédoine. Signe d’une volonté de stabilité, les législatives de juin ont reconduit les socialistes au pouvoir. Ces derniers ont alors réaffirmé que la priorité de la nouvelle mandature irait au développement d’un pays à l’économie particulièrement sinistrée. ALGÉRIE Superficie : 2 380 000 km 2 Population : 30 841 000 hab. Capitale : Alger (1 885 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Abdelaziz Bouteflika Chef du gouvernement : Ali Benflis Organisation administrative : 48 wilayas Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar algérien ➡ HISTORIQUE 1857 : domination de la France sur l’ensemble du pays. 1930 : création des mouvements nationalistes et islamistes. 1945 : émeute lourdement réprimée à Sétif. downloadModeText.vue.download 335 sur 518 STATISTIQUES 333 1954 : début de la guerre d’indépendance. 1962 : indépendance de l’Algérie. 1965 : Houari Boumediene renverse Ahmed Ben Bella. 1988 : émeutes réprimées dans le sang. 1991 : le Front islamique du salut (FIS) remporte le premier tour des élections législatives. Le processus électoral est alors interrompu. 1992 : assassinat du président Boudiaf. 1999 : élection d’Abdelaziz Bouteflika. Statistiques Données démographiques j Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 59,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 34,8 %, 1565 ans 59,2 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 25,34 ‰ Taux de mortalité : 5,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 42,8 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 45,7 milliards de $ PNB/hab. : 1 550 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,3 % Taux annuel d’inflation (1999) : 2,65 % Structure du PIB : 11,4 % pour l’agriculture, 50,7 % pour l’industrie, 37,9 % pour les services Dette extérieure : 30 921 millions de $ Taux de chômage : 26,4 % Agriculture Cultures : agrumes 460 900 t., avoine 25 000 t., blé 800 000 t., dattes 387 000 t., olives 124 000 t., orge 700 000 t., pommes de terre 950 000 t., raisin 159 000 t., tomates 700 000 t. Élevage : bovins 1 650 000, ovins 18 200 000 Pêche : 100 000 t. Production de bois : 2 571 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 19 710 millions de kWh, fer 965 000 t., gaz naturel 74 000 millions de m 3, pétrole 58 900 000 t., phos- phates 1 051 000 t., plomb 1 000 t. Production industrielle : acier 235 000 t., ciment 6 940 000 t., huile d’olive 48 000 t., laine 50 000 t., vin 500 000 hl Recettes touristiques : 20 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 13 894 millions de $ dont pétrole et gaz 97 % Total importations : 8 688 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 27 % Défense Total forces armées : 122 000 hommes Budget de la Défense : 3,8 % du PIB ➡ TENDANCES Prenant acte que la « concorde civile », dont il entendait faire la grande affaire de sa présidence, était un échec, Abdelaziz Bouteflika a choisi de proposer à une société algérienne en proie aux désillusions une « concorde nationale » destinée à relancer le processus de réconciliation. La réponse a pris la forme des émeutes d’avril en Kabyle, confirmant le malaise d’une société épuisée par l’arbitraire du pouvoir et la corruption qui n’en finit pas de gangrener la classe politique et l’armée, dont l’autorité est d’autant plus remise en cause qu’elle n’a pas ramené la paix civile au nom de laquelle elle exerce ses abus. Contesté à l’intérieur, le pouvoir a recherché la justification de sa politique dans une conjoncture internationale marquée depuis le 11 septembre, par la lutte contre le terrorisme. ALLEMAGNE Superficie : 357 000 km 2 Population : 82 007 000 hab. Capitale : Berlin 3 324 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Johannes Rau Chef du gouvernement : Gerhard Schröder Organisation administrative : 16 Länder Langue officielle : allemand Religions : protestantisme, catholicisme Monnaies : euro, Deutsche Mark ➡ HISTORIQUE 1871 : proclamation à Versailles de l’Empire allemand, sous domination prussienne. downloadModeText.vue.download 336 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 334 1918 : défaite de l’Allemagne et abdication de l’empereur Guillaume II. Proclamation de la République de Weimar. 1933 : arrivée de Hitler au pouvoir. 1945 : défaite de l’Allemagne et occupation du pays par les troupes alliées. 1948 : blocus de Berlin par les Soviétiques. 1961 : érection d’un mur séparant les deux côtés de Berlin par les autorités d’Allemagne de l’Est. 1991 : réunification des deux Allemagnes. 1998 : le chancelier démocrate-chrétien Helmut Kohl, au pouvoir depuis 1982, est remplacé par le social-démocrate Gerhard Schröder. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 235 hab./km 2 Part de la population urbaine : 87,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,5 %, 15-65 ans 68,1 %, + 65 ans 16,3 % Taux de natalité : 9,4 ‰ Taux de mortalité : 10,77 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,9 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2 091,5 milliards de $ PNB/hab. : 25 620 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 1,46 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,58 % Structure de la population active : agriculture 3,2 %, mines et industrie 36,5 %, services 60,2 % Structure du PIB : 1 % pour l’agriculture, 30,9 % pour l’industrie, 68 % pour les services Dette brute : 63,1 % du PIB Taux de chômage : 7,9 % Agriculture Cultures : avoine 1 071 223 t., betteraves à sucre 27 586 800 t., blé 21 265 000 t., colza 1 743 000 t., orge 12 517 000 t., pommes de terre 11 568 000 t., seigle 4 775 000 t. Élevage : bovins 14 574 000, ovins 2 290 000, porcins 27 049 000 Pêche : 319 000 t Production de bois : 39 338 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 696 000 t., électricité 543 690 millions de kWh, fer 180 000 t., gaz naturel 21 000 millions de m 3, houille 45 312 000 t., lignite 179 800 000 t., pétrole 2 895 000 t. Production industrielle : acier 44 018 000 t., aluminium 612 000 t., caoutchouc synthétique 531 000 t., ciment 35 940 000 t., construction navale 1 204 000 tjb., laine 15 000 t., textiles synthétiques 869 000 t., vin 8 530 000 hl., voitures particulières 5 348 000 Recettes touristiques : 16 418 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 510 570 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 50 % Total importations : 434 861 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 34 %, produits de base 15 % Défense Total forces armées : 322 800 hommes Budget de la Défense : 1,2 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 294 Apport en calories : 3 330 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 79/1 000 hab. Téléphones : 550/1 000 hab. Télévisions : 564/1 000 hab. ➡ TENDANCES Un chômage tenace, une croissance fléchissante, des déficits publics à la hausse, une inflation qui décourage la consommation malgré la baisse des impôts, les indicateurs économiques n’ont guère plaidé en faveur du chancelier Gerhard Schröder. Quant aux nombreuses – et souvent courageuses – réformes mises en oeuvre depuis son arrivée au pouvoir, elles auront certes assuré une indéniable popularité au chancelier, sans suffire à redresser la situation économique de l’Allemagne, lanterne rouge de l’Europe. Après la réforme des retraites votée en mai, le gouvernement allemand n’a pas semblé enclin à prendre le risque de mettre en chantier d’autres réformes qui pourraient entamer la popularité de Gerhard Schröder downloadModeText.vue.download 337 sur 518 STATISTIQUES 335 à l’approche des législatives de septembre 2002. ANDORRE Superficie : 465 km 2 Population : 90 000 hab. Capitale : Andorre-la-Vieille 25 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : régime parlementaire Chef de l’État : (Coprince) Joan Marti Alanis ; Jacques Chirac Chef du gouvernement : Marc Forné Molné Organisation administrative : 7 paroisses Langue officielle : catalan Religion : catholicisme Monnaies : peseta espagnole, peseta andorrane, euro, franc français ➡ HISTORIQUE 1278 : la principauté se place sous la double suzeraineté de l’évêque d’Urgel et du comte de Foix. 1607 : les droits du comte de Foix sont transmis au souverain français. 1993 : la principauté se dote de sa première Constitution écrite et entre à l’ONU. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 147 hab./km 2 Part de la population urbaine : 93 % Agriculture Terres cultivées : 2 % de la superficie des terres Prairies et pâturages : 56 % de la superficie des terres Forêts : 22 % de la superficie des terres Industrie Produits du sous-sol et énergie : hydroélectricité 89 millions de kWh Commerce extérieur Total exportations : 49 millions de $ Total importations : 1 069 millions de $ dont produits alimentaires 19 %, produits électriques et électroniques 14 % ANGOLA Superficie : 1 246 700 km 2 Population : 13 527 000 hab. Capitale : Luanda (2 200 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) José Eduardo Dos Santos Organisation administrative : 18 provinces Langue officielle : portugais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : kwanza ➡ HISTORIQUE 1482 : arrivée des premiers colons portugais. 1920 : le Portugal domine l’ensemble du pays. 1961 : première insurrection nationaliste. 1975 : indépendance de l’Angola. 1979 : mort du premier président Agostino Neto. Son successeur Eduardo Dos Santos, du MPLA, passe un accord provisoire avec le mouvement rebelle de l’UNITA. 1992 : premières élections libres. Succès pour Dos Santos et pour le MPLA. La guerre civile continue. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 10 hab./km 2 Part de la population urbaine : 33,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,2 %, 1565 ans 47,3 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 47,80 ‰ Taux de mortalité : 18,75 ‰ Taux de mortalité : infantile 117,7 ‰ downloadModeText.vue.download 338 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 336 Espérance de vie : hommes 45 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3 milliards de $ PNB/hab. : 270 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,7 % Structure du PIB : 6,9 % pour l’agriculture, 77,1 % pour l’industrie, 16,1 % pour les services Dette extérieure : 10 160 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 11 300 t., bananes 290 000 t., café 4 000 t., canne à sucre 330 000 t., maïs 428 000 t., manioc 3 211 000 t., millet 89 000 t., patates douces 198 000 t., tabac 3 000 t. Élevage : bovins 4 042 000, caprins 2 150 000, ovins 350 000, porcins 800 000, poulets 6 500 000 têtes Pêche : 73 000 t Production de bois : 7 215 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : diamants : 3 250 000 carats, électricité 960 millions de kWh, pétrole 37 500 000 t. Production industrielle : huile de palme 52 000 t., sucre 25 000 t., viande 102 000 t. Recettes touristiques : 9 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 4 157 millions de $ dont pétrole 95 % Total importations : 2 268 millions de $ Défense Total forces armées : 110 500 hommes Budget de la Défense : 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES La guerre civile qui oppose les rebelles de l’Unita de Jonas Savimbi aux forces gouvernementales du président José Eduardo Dos Santos a continué de ravager le pays, les combats se poursuivant dans seize provinces sur dixhuit. Chaque belligérant a cherché à faire endosser à l’autre la poursuite des combats, rendant donc peu probable une solution négociée. ANTIGUA!ET! BARBUDA Superficie : 442 km 2 Population : 65 000 hab. Capitale : Saint John’s 25 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par James B. Carlisle Chef du gouvernement : Lester Bird Organisation administrative : 7 paroisses Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE 1860 : les deux îles sont réunies sous la domination britannique. 1981 : indépendance du pays. 1994 : Lester Bird succède comme premier ministre à son père Vere, lui-même au pouvoir depuis 1946 (sauf entre 1971 et 1976). ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 153 hab./km 2 Part de la population urbaine : 36,6 % Taux Taux Taux 17,3 de natalité : 20,38 ‰ de mortalité : 5 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 72 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,6 milliard de $ PNB/hab. : 8 990 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,56 % Structure PIB : 3,9 % pour l’agriculture, 19,2 % l’industrie, 76,8 % les services Agriculture Élevage : bovins 15 700, ovins 12 200 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 118 millions de kWh Recettes touristiques : 260 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 84 millions de $ Total importations : 300 millions de $ Défense downloadModeText.vue.download 339 sur 518 STATISTIQUES 337 Total forces armées : 150 hommes Budget de la Défense : 0,6 % du PIB ARABIE SAOUDITE Superficie : 2 150 000 km 2 Population : 21 028 000 hab. Capitale : Riyad 3 324 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouvernement : (Roi) Fahd ibn Abd al-Aziz al-Saud Organisation administrative : 13 provinces Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : riyal saoudien ➡ HISTORIQUE 1819 : l’Empire ottoman domine le pays. 1902 : Ibn Séoud entreprend l’unification du pays. 1974 : accords préférentiels avec les États-Unis. 1975 : assassinat du souverain. 1989 : application de la loi islamique. 1995 : incidents de frontière avec le Yémen. 1996 : le prince Abdallah devient régent du royaume. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 9 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,9 %, 1565 ans 52,3 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 33,66 ‰ Taux de mortalité : 4,14 ‰ Taux de mortalité : infantile 20,6 ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 142,4 milliards de $ PNB/hab. : 6 900 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 0,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,38 % Structure du PIB : 6,2 % pour l’agriculture, 44,6 % pour l’industrie, 49 % pour les services Agriculture Cultures : blé 1 800 000 t., dattes 600 000 t., millet 14 000 t., orge 400 000 t., raisin 130 000 t., sorgho 220 000 t., tomates 465 000 t. Élevage : bovins 265 000, caprins 4 700 000, chameaux 422 000, ovins 8 300 000, poulets 95 000 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 93 900 millions de kWh, gaz naturel 46 000 millions de m 3, or 7 530 kg, pétrole 443 200 000 t. Production industrielle : laine 7 800 t., viande 593 000 t. Recettes touristiques : 1 420 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 61 603 millions de $ dont pétrole brut et produits raffinés 89 % Total importations : 40 837 millions de $ Défense Total forces armées : 105 500 hommes Budget de la Défense : 13,8 % du PIB ➡ TENDANCES L’Arabie Saoudite a passé une bonne année économique indexée sur l’excellente tenue des cours de l’or noir. Le palais a donc pu s’atteler au peaufinement des réformes qui devraient lui ouvrir les portes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sans toutefois ouvrir le secteur pétrolier aux compagnies étrangères, un projet pourtant annoncé depuis trois ans. downloadModeText.vue.download 340 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 338 ARGENTINE Superficie : 2 780 000 km 2 Population : 37 488 000 hab. Capitale : Buenos Aires 11 900 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) Adolfo Rodriguez Saa Organisation administrative : 23 provinces, 1 district fédéral Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso argentin ➡ HISTORIQUE 1816 : proclamation de l’indépendance par rapport à l’Espagne. 1946 : Juan Domingo Perón président de la République. Il est déposé par une junte militaire en 1955. 1973 : réélection de Perón. 1976 : une junte militaire prend le pouvoir et exerce une dictature. 1982 : la guerre des Malouines contre la Grande-Bretagne précipite la chute de la junte. 1983 : élection de Raúl Alfonsin. 1989 : Carlos Menem lui succède. 1999 : après l’échec du Parti justicialiste (péroniste) de Menem en 1997, Fernando de la Rúa succède à celui-ci. 2001 : démission de la Rúa. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 13 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 27,7 %, 1565 ans 59 %, + 65 ans 13,3 % Taux de natalité : 19,24 ‰ Taux de mortalité : 7,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 20 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 275,3 milliards de $ PNB/hab. : 7 750 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 3,21 % Taux annuel d’inflation (1999) : – 1,17 % Structure du PIB : 4,6 % pour l’agriculture, 28,2 % pour l’industrie, 67,1 % pour les services Dette extérieure : 123 221 millions de $ Agriculture Cultures : agrumes 2 880 000 t., arachides 600 000 t., avoine 555 000 t., blé 15 000 000 t., coton 325 000 t., maïs 14 700 000 t., orge 500 000 t., pommes de terre 3 450 000 t., raisin 2 021 000 t., seigle 62 000 t., soja 18 718 000 t., sorgho 3 720 000 t., thé 48 800 t., tournesol 5 400 000 t. Élevage : bovins 55 000 000, ovins 14 000 000, porcins 3 200 000, poulets 55 000 000 têtes Pêche : 1 106 000 t. Production de bois : 10 718 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 70 778 millions de kWh, gaz naturel 29 300 millions de m 3, houille 300 000 t., pétrole 44 900 000 t., plomb 25 000 t., uranium 40 t. Production industrielle : acier 4 202 000 t., aluminium 187 000 t., caoutchouc synthétique 54 000 t., ciment 6 900 000 t., laine 64 000 t., sucre 1 380 000 t., textiles synthétiques 72 000 t., viande 3 160 000 t., vin 12 680 000 hl., voitures particulières 393 000 Recettes touristiques : 5 069 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 26 263 millions de $ dont produits agricoles 34 % Total importations : 30 349 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 44 % Défense Total forces armées : 70 500 hommes Budget de la Défense : 1,0 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 3,8 % Apport en calories : 3 136 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 127/1 000 hab. Téléphones : 191/1 000 hab. Télévisions : 219/1 000 hab. downloadModeText.vue.download 341 sur 518 STATISTIQUES 339 ➡ TENDANCES L’Argentine a connu sa plus grave crise économique depuis le retour de la démocratie. Le déficit fiscal a finalement entraîné le pays au fond de l’abîme, bien que le ministère de l’Économie ait réduit drastiquement les dépenses publiques (24 % du PIB). En dépit d’un énième plan d’austérité, le gouvernement n’a pu éviter au pays de sombrer dans le chaos. Sous la pression de la rue, le président Fernando de la Rua a dû démissionner, lissant les rênes de l’État à Adolfo Rodriguez Saa, président par intérim ARMÉNIE Superficie : 29 800 km 2 Population : 3 788 000 hab. Capitale : Erevan (1 284 000 hab.) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Robert Kotcharian Chef du gouvernement : Adranik Markarian Organisation administrative : 37 districts ruraux Langue officielle : arménien Religion : Église arménienne Monnaie : dram arménien Historique XVe siècle : les Turcs se rendent maîtres de l’Arménie. 1829 : la Russie annexe l’Arménie orientale. 1915 : génocide de près de 1,5 million d’Arméniens par les Turcs. 1918 : l’Arménie orientale proclame son indépendance. 1920 : la nouvelle république est soviétisée et la région du Karabakh est rattachée à l’Azerbaïdjan. 1991 : nouvelle proclamation de l’indépendance. 1992-1995 : conflit avec Azerbaïdjan. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 135 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,7 %, 15-65 ans 63,1 %, + 65 ans 13,2 % Taux Taux Taux 15,4 de natalité : 10,75 ‰ de mortalité : 7,64 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,9 milliard de $ PNB/hab. : 490 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,25 % Taux annuel d’inflation (1999) : 0,66 % Structure du PIB : 28,7 % pour l’agriculture, 32,6 % pour l’industrie, 38,7 % pour les services Dette extérieure : 666 millions de $ Agriculture Cultures : blé 142 000 t., maïs 14 000 t., orge 71 000 t., pommes de terre 320 000 t. Élevage : bovins 567 000, ovins 540 000, porcins 128 000, poulets 2 800 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 5 600 millions de kWh Production industrielle : ciment 128 000 t., laine 1 200 t., viande 42 000 t. Recettes touristiques : 12 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 256 millions de $ Total importations : 932 millions de $ dont produits miniers 33 % Défense Total forces armées : 53 400 hommes Budget de la Défense : 3,4 % du PIB ➡ TENDANCES En 2001, l’Arménie a célébré le 10e anniversaire de son indépendance et le 1 700e anniversaire de sa conversion au christianisme. Mais avec le lancinant conflit qui l’oppose à l’Azerbaïdjan au sujet du Karabakh, les Arméniens n’ont pas eu le coeur de fêter l’événe- ment. Par ailleurs, le climat politique, économique et social s’est trouvé largement obscurci par la crise internationale, dont c’est peu de dire qu’elle aura fait de l’ombre aux cérémonies jubilaires marquées par la visite du pape fin septembre. Sur le plan strictement économique, l’Arménie a connu une nouvelle année difficile, comme en témoigne l’un downloadModeText.vue.download 342 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 340 des taux d’émigration les plus élevés du monde. AUSTRALIE Superficie : 7 700 000 km 2 Population : 19 338 000 hab. Capitale : Canberra 368 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par William Deane Chef du gouvernement : John Howard Organisation administrative : 2 territoires, 6 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar australien ➡ HISTORIQUE 1901 : l’Australie accède au statut de Commonwealth of Australia. 1914-1918 : 60 000 soldats australiens sont tués lors de la Première Guerre mondiale (30 000 lors de la Seconde). Années 60 et 70 : forte expan- sion économique et gouvernements libéraux. 1983 : retour des travaillistes au pouvoir. 1988 : relâchement des liens avec la Grande-Bretagne. 1996 : le conservateur John Howard nouveau Premier ministre. 2000 : par référendum, les Australiens rejettent la transformation du pays en république. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 2 hab./km 2 Part de la population urbaine : 84,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,5 %, 15-65 ans 63,2 %, + 65 ans 16,3 % Taux de natalité : 13,13 ‰ Taux de mortalité : 7,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,2 ‰ Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 392,2 milliards de $ PNB/hab. : 20 950 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,47 % Structure de la population active : agriculture 5,2 %, mines et industrie 22,1 %, services 72,7 % Structure du PIB : 28 % pour l’industrie Dette brute : 33,6 % du PIB Taux de chômage : 3,7 % Agriculture Cultures : avoine 1 421 000 t., blé 22 210 000 t., canne à sucre 36 500 000 t., coton 607 000 t., orge 5 395 000 t., riz 1 400 000 t. Élevage : bovins 25 550 000, ovins 116 900 000, porcins 2 364 000, poulets 83 000 000 Pêche : 214 000 t Production de bois : 22 717 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 1 469 t., bauxite 43 300 000 t., cuivre 604 000 t., diamants 39 999 600 carats, électricité 176 850 millions de kWh, étain 10 000 t., fer 98 200 000 t., gaz naturel 30 100 millions de m 3, houille 224 600 000 t., hydroélectricité 17 242 millions de kWh, lignite 58 200 000 t., manganèse 2 136 000 t., nickel 136 000 t., or 311 000 kg, pétrole 27 200 000 t., plomb 489 000 t., uranium 5 700 t, zinc 962 000 t. Production industrielle : acier 8 801 000 t., aluminium 1 490 000 t., ciment 6 953 000 t., laine 687 000 t., lait 9 731 000 t., sucre 5 866 000 t., textiles synthétiques 55 000 t., viande 3 517 000 t., vin 6 170 000 hl, voitures particulières 303 000 Recettes touristiques : 9 324 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 56 228 millions de $ dont produits agricoles 20 % Total importations : 61 243 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 47 %, produits de base 14 % Défense Total forces armées : 55 200 hommes Budget de la Défense : 1,7 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 400 downloadModeText.vue.download 343 sur 518 STATISTIQUES 341 Apport en calories : 3 001 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 485/1 000 hab. Téléphones : 505/1 000 hab. Télévisions : 495/1 000 hab. ➡ TENDANCES Sur le plan politique, l’année écoulée a été marquée par la cérémonie organisée le 9 mai à l’occasion du centenaire de la création du Parlement australien. Les députés et les sénateurs avaient choisi de délaisser Canberra – devenue capitale fédérale en 1927 – afin de célébrer l’événement à Melbourne. De nombreux analystes politiques ont profité de l’occasion pour dresser un bilan plutôt sombre du premier centenaire de l’histoire parlementaire en Australie. En matière économique, en dépit de la mauvaise tenue des principaux indicateurs, le gouvernement conservateur du Premier ministre John Howard a conservé un calme tout britannique, écartant même l’idée que son prochain budget puisse être légèrement déficitaire afin de stimuler l’économie. Le flegme du capitaine aura donc contrasté avec les remous de la tempête, l’Australie ayant connu une année économique particulièrement agitée. AUTRICHE Superficie : 84 000 km 2 Population : 8 075 000 hab. Capitale : Vienne (2 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président fédéral) Thomas Klestil Chef du gouvernement : Wolfgang Schüssel Organisation administrative : 9 États fédérés Langue officielle : allemand Religion : catholicisme Monnaies : euro, schilling ➡ HISTORIQUE 1918-1920 : démantèlement de l’empire des Habsbourg. 1920 : proclamation de la République fédérale d’Autriche. 1938 : rattachement (Anschluss) de l’Autriche à l’Allemagne nazie. 1945 : proclamation de la IIe République fédérale d’Autriche. 1986 : élection à la présidence de Kurt Waldheim contesté pour son passé nazi. 1995 : adhésion de l’Autriche à l’Union européenne. 2000 : constitution d’un gouvernement de coalition avec l’extrême droite. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 98 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,6 %, 15-65 ans 62,7 %, + 65 ans 20,7 % Taux de natalité : 9,65 ‰ Taux de mortalité : 10 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,7 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 204,1 milliards de $ PNB/hab. : 25 430 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,07 % Taux annuel d’inflation (1999) : 0,56 % Structure de la population active : agriculture 2,2 %, mines et industrie 32,9 %, services 64,9 % Structure du PIB : 1,5 % pour l’agriculture, 30,5 % pour l’industrie Dette brute : 63,1 % du PIB Taux de chômage : 6,4 % Agriculture Cultures : avoine 132 000 t., betteraves à sucre 2 600 000 t., blé 1 313 000 t., maïs 1 600 000 t., orge 1 212 000 t., pommes de terre 660 000 t., seigle 236 000 t. Élevage : bovins 2 150 000, ovins 383 700, porcins 3 790 000, poulets 13 950 000 Production de bois : 14 405 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 76 000 t., downloadModeText.vue.download 344 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 342 électricité 57 140 millions de kWh, fer 653 000 t., gaz naturel 1 400 millions de m 3, hydroélectricité 38 231 millions de kWh., lignite 1 200 000 t., pétrole 960 000 t., plomb 23 000 t. Production industrielle : acier 5 298 000 t., aluminium 90 000 t., ciment 3 950 000 t., fromage 102 000 t., lait 3 105 000 t., sucre 526 000 t., textiles synthétiques 22 000 t., viande 885 000 t., vin 2 110 000 hl, voitures particulières 83 000 Recettes touristiques : 12 393 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 57 684 millions de $ dont produits manufacturés 89 % Total importations : 62 638 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 38 % Défense Total forces armées : 40 500 hommes Budget de la Défense : 0,8 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 357 Apport en calories : 3 343 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 469/1 000 hab. Téléphones : 492/1 000 hab. Télévisions : 497/1 000 hab. ➡ TENDANCES Libérée des sanctions imposées par l’Union européenne, la coalition gouvernementale formée en 2000 par le parti chrétien conservateur ÖVP et le Parti de le liberté de Jörg Haider (FPÖ) s’est employée à montrer que l’Autriche restait un partenaire européen à part entière. L’artisan de ce tour de force est incontestablement le chancelier Wolfgang Schüssel qui a réussi à marginaliser son encombrant allie. Ce qu’est venu confirmer le scrutin municipal de Vienne à l’issue duquel les populistes ont pu prendre la mesure du recul de leur influence sur la scène politique. AZERBAÏDJAN Superficie : 87 000 km 2 Population : 8 096 000 hab. Capitale : Bakou 1 720 000 hab. (1 936 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Gueïdar Aliev Chef du gouvernement : Artur Rasizade Organisation administrative : 65 régions, 1 république autonome, 11 villes Langue officielle : azéri Religion : islam chiite Monnaie : manat azerbaïdjanais ➡ HISTORIQUE 1828 : annexion du nord du pays par la Russie. 1920 : soviétisation du pays. 1991 : proclamation de l’indépendance. 1992 : conflit avec l’Arménie pour la possession du Karabakh. 1993 : Gueïdar Aliev, ancien secrétaire du Parti communiste, accède à la présidence. Il déjoue deux tentatives de putsch en 1994 et 1995. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 92 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 29 %, 15-65 ans 60,5 %, + 65 ans 10,5 % Taux Taux Taux 29,3 de natalité : 14,7 ‰ de mortalité : 6,73 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,4 milliards de $ PNB/hab. : 460 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 7,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : – 59 % Structure de la population active : agriculture 30,3 %, mines et industrie 35,5 %, services 31,2 % Structure du PIB : 23,3 % pour l’agriculture, 35,4 % pour l’industrie, 31,2 % pour les services Dette extérieure : 504 millions de $ downloadModeText.vue.download 345 sur 518 STATISTIQUES 343 Agriculture Cultures : blé 1 198 000 t., coton 91 000 t., maïs 120 000 t., orge 167 000 t., pommes de terre 450 000 t., raisin 144 000 t. Élevage : bovins 1 930 000, ovins 5 390 000, porcins 21 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 17 600 millions de kWh, fer 150 000 t., gaz naturel 3 458 millions de m 3, pétrole 12 200 000 t. Production industrielle : acier 50 000 t., aluminium 15 000 t., ciment 451 000 t., vin 1 000 000 hl. Recettes touristiques : 159 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 781 millions de $ dont minerais 52 % Total importations : 791 millions de $ dont produits miniers 42 % Défense Total forces armées : 69 900 hommes Budget de la Défense : 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES L’année écoulée a montré que, en dépit d’immenses réserves pétrolières et gazières dont l’exploitation ne fait que commencer, l’Azerbaïdjan restait freiné dans son développement par des infrastructures obsolètes et un environnement géopolitique difficile. Alors qu’un contrat signé en septembre doit dynamiser la production pétrolière, le président Aliev s’est montré pressé de régler le conflit avec l’Arménie, qui compromet les ambitions économiques du pays. BAHAMAS Superficie : 13 900 km 2 Population : 308 000 hab. Capitale : Nassau 214 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Orville Turnquest Chef du gouvernement : Hubert Alexander Ingraham Organisation administrative : 21 districts Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar des Bahamas ➡ HISTORIQUE 1718 : l’archipel devient une colonie britannique. 1964 : constitution d’un gouvernement autonome. 1973 : indépendance de l’archipel. 1987 : malgré la découverte de l’implication de hauts dignitaires de son parti (le PLP) dans un important trafic de cocaïne, Lynden O. Pindling est réélu pour la cinquième fois au poste de Premier ministre. 1992 : le leader du MLN accède au pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 88,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 29,6 %, 1565 ans 62,4 %, + 65 ans 8 % Taux de natalité : 19,12 ‰ Taux de mortalité : 4,94 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,2 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,23 milliards de $ PNB/hab. : 11 850 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 1,25 % Agriculture Cultures : canne à sucre 45 000 t. Élevage : bovins 700, caprins 14 500, ovins 5 700, porcins 5 800, poulets 3 800 000 Production de bois : 117 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 11 300 millions de kWh Recettes touristiques : 1 510 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 666 millions de $ Total importations : 2 557 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 25 % Défense downloadModeText.vue.download 346 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 344 Total forces armées : 860 hommes Budget de la Défense : 0,6 % du PIB BAHREÏN Superficie : 660 km 2 Population : 6 152 000 hab. Capitale : Manama 162 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Émir) Hamad ibn Isa Al Khalifa Chef du gouvernement : Kha- lifa ibn Salman Al Khalifa Organisation administrative : 12 régions Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar de Bahreïn Historique XVIe siècle : occupation portugaise. XVIIe siècle : occupation perse. 1914 : protectorat britannique. 1971 : proclamation de l’indépendance. 1973 : élaboration d’une Constitution, suspendue sine die depuis 1975. 1981 : adhésion au Conseil de coopération du Golfe. 1996 : émeutes et attentats. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 966 hab./km 2 Part de la population urbaine : 91,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,2 %, 1565 ans 67,1 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 19,8 ‰ Taux de mortalité : 3,58 ‰ Taux de mortalité : infantile 14,4 ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,16 milliards de $ PNB/hab. : 7 840 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1996) : 3,1 % Structure du PIB : 0,93 % pour l’agriculture, 43,31 % pour l’industrie, 55,75 % pour les services Agriculture Cultures : dattes 16 000 t., tomates 5 000 t. Élevage : bovins 13 400, caprins 16 300, ovins 17 500, poulets 450 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 4 300 millions de kWh, gaz naturel 6 600 millions de m 3, pétrole 5 084 000 t. Production industrielle : aluminium 498 000 t. Recettes touristiques : 260 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 10 553 millions de $ dont produits pétroliers 60 % Total importations : 4 808 millions de $ Défense Total forces armées : 11 000 hommes Budget de la Défense : 4,8 % du PIB ➡ TENDANCES La grande affaire de l’année 2001 restera le règlement du contentieux frontalier opposant Bahreïn et le Qatar. Un jugement qui devrait permettre au petit émirat de lancer de nouveaux programmes de prospection pétrolière. En attendant que les futurs puits soient opérationnels, Bahreïn a confirmé son rang de centre bancaire régional. BANGLADESH Superficie : 143 000 km 2 Population : 140 369 000 hab. Capitale : Dacca 9 000 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire downloadModeText.vue.download 347 sur 518 STATISTIQUES 345 Chef de l’État : (Président de la République) Shahabuddin Ahmed Chef du gouvernement : Khaleda Zia Organisation administrative : 5 divisions Langue officielle : bengali Religion : islam Monnaie : taka ➡ HISTORIQUE 1757 : domination britannique. 1947 : partage du Bengale en deux : la partie orientale est dévolue au Pakistan, tandis que la partie occidentale va à l’Inde. 1971 : après une guerre contre le Pakistan, le Bengale oriental devient le Bangladesh. 1975 : assassinat du leader historique cheik Mujibur Rahman. 1991 : rétablissement du système parlementaire. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 981 hab./km 2 Part de la population urbaine : 24 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 38,7 %, 1565 ans 56,4 %, + 65 ans 4,9 % Taux de natalité : 27,98 ‰ Taux de mortalité : 9,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 67 ‰ Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 61 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 47,5 milliards de $ PNB/hab. : 370 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,88 % Taux annuel d’inflation (1999) : 6,23 % Structure de la population active : agriculture 63,2 %, mines et industrie 9,6 %, services 27,2 %. Structure du PIB : 25,3 % pour l’agriculture, 24,3 % pour l’industrie, 50,5 % pour les services Dette extérieure : 15 125 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 40 000 t., blé 1 908 000 t., canne à sucre 6 950 900 t., colza 254 000 t., coton 25 000 t., jute 883 000 t., lin 48 000 t., millet 57 000 t., pommes de terre 1 702 200 t., riz 29 856 900 t., tabac 36 700 t., thé 50 600 t. Élevage : bovins 23 400 000, buffles 828 000, caprins 33 500 000, ovins 1 110 000 Pêche : 1 492 000 t. Production de bois : 32 632 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 12 200 millions de kWh, gaz naturel 7 000 millions de m3 Production industrielle : ciment 532 000 t., lait 2 142 000 t., sucre 147 000 t., viande 426 000 t. Recettes touristiques : 42 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 3 887 millions de $ dont vêtements et cuirs 65 % Total importations : 6 863 millions de $ dont textiles et articles de confection 20 % Défense Total forces armées : 137 000 hommes Budget de la Défense : 1,8 % du PIB ➡ TENDANCES Sous la houlette de l’ancien Premier ministre Khaleda Zia, l’opposition a fait une entrée en force au Parlement où elle dispose désormais de la majorité absolue des sièges. Le reste de l’actualité a été dominé par les bonnes performances de l’économie du Bangladesh. BARBADE Superficie : 431 km 2 Population : 268 000 hab. Capitale : Bridgetown 133 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Clifford Husbands Chef du gouvernement : Owen Arthur Organisation administrative : 11 paroisses Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar de la Barbade ➡ HISTORIQUE 1966 : ancienne colonie britannique, l’île proclame son indépendance. downloadModeText.vue.download 348 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 346 1994 : Owen Arthur succède à L. Erksine Sandiford comme Premier ministre. 1998 : O. Arthur propose la constitution d’une fédération des îles de la région. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 620 hab./km 2 Part de la population urbaine : 49,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,7 %, 15-65 ans 65,9 %, + 65 ans 13,4 % Taux de natalité : 13,62 ‰ Taux de mortalité : 8,22 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,4 milliards de $ PNB/hab. : 8 600 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 1,56 % Structure de la population active : agriculture 4,7 %, mines et industrie 19,6 %, services 75,7 % Dette extérieure : 644 millions de $ Agriculture Cultures : canne à sucre 520 000 t., maïs 2 000 t. Élevage : bovins 23 000, caprins 4 500, ovins 41 000, porcins 33 000, poulets 3 400 000 Production de bois : 5 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 537 millions de kWh, gaz naturel 22 000 millions de m 3, pétrole 75 000 t. Production industrielle : sucre 65 000 t. Recettes touristiques : 717 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 210 millions de $ Total importations : 995 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 27 % Défense Total forces armées : 610 hommes Budget de la Défense : 0,4 % du PIB BELGIQUE Superficie : 30 500 km 2 Population : 10 264 000 hab. Capitale : Bruxelles 134 395 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Albert II Chef du gouvernement : Guy Verhofstadt Organisation administrative : 3 régions Langues officielles : néerlandais, français, allemand Religion : catholicisme Monnaies : euro, franc belge ➡ HISTORIQUE 1831 : reconnaissance définitive de l’indépendance de la Belgique. 1945 : adhésion de la Belgique à l’ONU, au Benelux (1948) et à l’OTAN (1949). 1951 : Baudoin Ier succède à son père Léopold III, dont l’attitude face aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale était largement contestée. 1958 : le pacte scolaire met un terme à la très forte opposition entre l’Église catholique et les partis libéral et socialiste. 1960 : indépendance du Congo belge. 1977 : le pacte d’Egmont découpe le pays en trois régions semi-autonomes : Flandre, Wallonie, Bruxelles. 1993 : d’État unitaire, la Belgique devient État fédéral. Albert II succède sur le trône à son frère Baudouin Ier. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 312 hab./km 2 Part de la population urbaine : 97,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,3 %, 15-65 ans 60,6 %, + 65 ans 22,1 % Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 10,51 ‰ Taux de mortalité : infantile 4,2 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 251 milliards de $ PNB/hab. : 24 650 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,54 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,12 % downloadModeText.vue.download 349 sur 518 STATISTIQUES 347 Structure de la population active : agriculture 2,3 %, mines et industrie 26 %, services 73 % Structure du PIB : 1,5 % pour l’agriculture, 27,8 % pour l’industrie, 70,8 % pour les services Dette brute : 115,9 % du PIB Taux de chômage : 7 % Agriculture Cultures : avoine 40 000 t., blé 1 634 000 t., betteraves à sucre 7 112 021 t., orge 432 000 t., pommes de terre 3 006 200 t. Élevage : bovins 3 162 700, ovins 155 000, porcins 7 322 000 Pêche : 32 000 t Production de bois : 4 185 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 368 000 t., électricité 83 530 millions de kWh, plomb 111 000 t. Production industrielle : acier 10 991 000 t., caoutchouc synthétique 120 000 t., ciment 7 569 000 t., construction navale 10 000 tjb., laine 360 t., sucre 953 000 t., voitures particulières 1 001 000 Recettes touristiques : 5 997 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 165 725 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 28 % Total importations : 151 973 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 26 % Défense Total forces armées : 41 750 hommes Budget de la Défense : 1,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Apport en calories : 3 543 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 433/1 000 hab. Téléphones : 468/1 000 hab. Télévisions : 454/1 000 hab. ➡ TENDANCES Après les élections communales de 2000 qui avaient vu la coalition « arc-en-ciel » bénéficier d’un fort soutien de l’électorat, le Premier ministre a abordé l’année 2001 dans de bonnes conditions : une croissance soutenue, un léger excédent budgétaire et un taux de chômage inférieur à la moyenne européenne. Portée par une croissance soutenue depuis son arrivée au pouvoir en juin 1999, l’équipe dirigeante a même reçu de la part de presse un soutien que d’aucuns ont pu juger quelque peu dithyrambique. De bonnes conditions au moment où la Belgique était appelée à assurer au second semestre 2001 la présidence tournante de l’Union européenne. BELIZE Superficie : 23 000 km 2 Population : 231 000 hab. Capitale : Belmopan 6 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Reine) Élisabeth II représentée par Colville Young Chef du gouvernement : Said Musa Organisation administrative : 6 districts Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar de Belize ➡ HISTORIQUE 1862 : la région passe sous contrôle britannique. 1981 : proclamation de l’indépendance. 1993 : signature d’un traité de non-agression avec le Guatemala, qui avait longtemps contesté l’indépendance de Belize. downloadModeText.vue.download 350 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 348 1994 : les forces britanniques quittent définitivement le territoire. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 11 hab./km 2 Part de la population urbaine : 53,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 38,4 %, 1565 ans 55,6 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 30,06 ‰ Taux de mortalité : 4,21 ‰ Taux de mortalité : infantile 30 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,7 milliard de $ PNB/hab. : 2 730 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,49 % Taux annuel d’inflation (1999) : – 1,21 % Structure du PIB : 18,6 % pour l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 56,3 % pour les services Dette extérieure : 383 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 75 000 t., canne à sucre 1 181 200 t., maïs 37 600 t., oranges 170 000 t., pamplemousses 41 000 t., riz 7 000 t. Élevage : bovins 58 000, porcins 23 000, poulets 1 500 000 Production de bois : 188 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 155 millions de kWh Production industrielle : sucre 131 000 t. Recettes touristiques : 88 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 159 millions de dont produits agricoles 86 % Total importations : 286 millions de dont équipement industriel et matériel de transport 25 % Défense Total forces armées : 1 050 hommes Budget de la Défense : 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Un an après le passage de l’ouragan Keith qui a fait pour quelque 250 millions de dollars de dégâts et laissé environ 3 000 personnes sans abri, les îles touristiques de Belize n’avaient pas fini de panser leurs plaies. Quant au conflit territorial qui oppose cette petite enclave britannique en terre hispanique au Guatemala, et qui avait entraîné plusieurs incidents frontaliers encore en 2000, il paraissait en voie de règlement. Un épilogue propre à satisfaire les investisseurs étrangers. BÉNIN Superficie : 113 000 km 2 Population : 6 446 000 hab. Capitale : Porto-Novo 213 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Mathieu Kérékou Organisation administrative : 6 départements Langue officielle : français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1883 : la France signe un accord de protectorat avec le roi Toffa. 1904 : le Dahomey devient une colonie française. 1960 : indépendance du Dahomey. 1975 : le Dahomey devient la République populaire du Bénin, d’obédience marxiste-léniniste. 1990 : proclamation de la République du Bénin, avec une nouvelle Constitution reconnaissant le multipartisme. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 55 hab./km 2 Part de la population urbaine : 41,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,4 %, 1565 ans 49,4 %, + 65 ans 4,2 % Taux de natalité : 40,08 ‰ Taux de mortalité : 13 ‰ Taux de mortalité : infantile 80,6 ‰ Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,4 milliards de $ PNB/hab. : 380 $ downloadModeText.vue.download 351 sur 518 STATISTIQUES 349 Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,96 % Taux annuel d’inflation (1999) : 0,33 % Structure du PIB : 37,9 % pour l’agriculture, 13,8 % pour l’industrie, 48,3 % pour les services Dette extérieure : 1 624 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 80 670 t., bananes 13 000 t., coton 175 000 t., igname 1 408 000 t., maïs 679 000 t., manioc 1 625 000 t., patates douces 57 000 t., sorgho 120 000 t., tomates 121 000 t. Élevage : bovins 1 438 000, caprins 1 182 500, ovins 645 000, porcins 470 000, poulets 27 000 000 Production de bois : 6 082 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 5 millions de kWh, or 500 kg, pétrole 150 000 t. Production industrielle : huile de palme 13 000 t., sucre 3 000 t., viande 70 000 t. Recettes touristiques : 29 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 289 millions de $ dont coton 51 % Total importations : 962 millions de $ Défense Total forces armées : 4 800 hommes Budget de la Défense : 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Appelés à élire leur président les électeurs béninois ont plébiscité le chef de l’État sortant, Mathieu Kérékou, au terme d’un scrutin dont l’opposition a dénoncé le caractère opaque. En retrouvant donc son président, le Bénin a aussi retrouvé le chemin d’une honorable croissance économique. Toutefois, le Bénin a été pénalisé par la facture pétrolière – une conséquence du redressement des cours –, qui a relancé une forte pression inflationniste. Malgré le dérapage des prix, les bailleurs de fonds ont conservé leur confiance au Bénin. BHOUTAN Superficie : 47 000 km 2 Population : 2 141 000 hab. Capitale : Thimbu 28 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Roi) Jigme Singye Wangchuck Chef du gouvernement : Lyonpo Yeshey Zimba Organisation administrative : 20 districts Langue officielle : tibétain Religion : bouddhisme Monnaies : roupie indienne, ngultrum ➡ HISTORIQUE 1910 : accord de semi-protectorat avec la Grande-Bretagne. 1959 : de nombreux réfugiés tibétains affluent au Bhoutan. 1971 : le Bhoutan entre à l’ONU. 1979 : les réfugiés tibétains sont sommes de prendre la nationalité bhoutanaise ou de rentrer au Tibet. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 17 hab./km 2 Part de la population urbaine : 6,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,7 %, 1565 ans 50,8 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 38,4 ‰ Taux de mortalité : 9,78 ‰ Taux de mortalité : infantile 53,6 ‰ Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 63 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,4 milliard de $ PNB/hab. : 510 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 7 % Taux annuel d’inflation (1996) : 8,8 % Structure du PIB : 37,7 % pour l’agriculture, 36,7 % pour l’industrie, 25,6 % pour les services Dette extérieure : 89 millions de $ Agriculture Cultures : blé 20 000 t., maïs 70 000 t., oranges 58 000 t. Élevage : bovins 435 000, caprins 42 100, ovins 58 500 Production de bois : 1 426 000 m3 Industrie Recettes touristiques : 6 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 3 349 millions de $ dont électricité 33 % downloadModeText.vue.download 352 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 350 Total importations : 3 802 millions de $ dont produits alimentaires 11 % BIÉLORUSSIE Superficie : 208 000 km 2 Population : 10 147 000 hab. Capitale : Minsk 1 800 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Aleksandr Loukachenko Chef du gouvernement : V. Ermochine Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : russe, biélorusse Religion : orthodoxie Monnaie : rouble biélorusse ➡ HISTORIQUE 1793 : après le partage de la Pologne, la Biélorussie est annexée par la Russie. 1979 : soviétisation du pays. 1941-1944 : occupation allemande. La moitié de la population est anéantie. 1991 : indépendance de la Biélorussie, qui forme la CEI avec la Russie et l’Ukraine. 1994 : le nouveau président Aleksandr Loukachenko institue un régime autoritaire et se rapproche de la Russie. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 48 hab /km 2 Part de la population urbaine : 70,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 62,4 %, + 65 ans 18,9 % Taux Taux Taux 12,5 de natalité : 9,23 ‰ de mortalité : 13,2 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 20,8 milliards de $ PNB/hab. : 2 620 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : 296,68 % Structure du PIB : 12,9 % pour l’agriculture, 42,1 % pour l’industrie, 45 % pour les services Dette extérieure : 1 162 millions de $ Agriculture Cultures : avoine 520 000 t., betteraves à sucre 1 500 000 t., blé 900 000 t., maïs 4 000 t., orge 1 850 000 t., pommes de terre 8 500 000 t., seigle 1 370 000 t. Élevage : bovins 4 325 700, ovins 91 900, porcins 3 561 900, poulets 40 000 000 Production de bois : 10 015 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 23 500 millions de kWh, gaz naturel 200 millions de m 3, pétrole 1 800 000 t. Production industrielle : acier 1 412 000 t., ciment 1 900 000 t., sucre 144 000 t., viande 636 000 t. Recettes touristiques : 49 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 7 174 millions de $ Total importations : 8 639 millions de $ dont produits industriels 95 % Défense Total forces armées : 80 900 hommes Budget de la Défense : 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES L’année écoulée a été marquée par la tenue de l’élection présidentielle. Sans surprise, la consultation électorale du 9 septembre a vu la victoire du chef de l’État sortant, Aleksandr Loukachenko, qui exerce un pouvoir sans partage sur le pays depuis 1994. Contesté par l’opposition, dénoncé par les États-Unis, son maintien au pouvoir confirme l’extrême autarcie d’un pays coincé entre l’OTAN et la Russie dont il dépend toujours plus. downloadModeText.vue.download 353 sur 518 STATISTIQUES 351 BIRMANIE Superficie : 678 000 km 2 Population : 48 364 000 hab. Capitale : Rangoon 2 513 023 hab. (4 196 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouvernement : général Than Shwe Organisation administrative : 7 provinces, 7 États Langue officielle : birman Religion : bouddhisme Monnaie : kyat ➡ HISTORIQUE 1886 : la Birmanie devient une province de l’Empire britannique des Indes. 1937 : la Birmanie est séparée des Indes britanniques et s’achemine vers une semi-autonomie. 1942-1945 : occupation japonaise. 1948 : l’Union birmane accède à l’indépendance. Les minorités karen et kachin entrent en dissidence. 1962 : le président U Nu est déposé par l’armée. 1988 : l’armée reprend le pouvoir. 1990 : des élections ont lieu, mais les militaires refusent d’accepter la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie dirigée par Aung San Suu Kyi. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 68 hab./km 2 Part de la population urbaine : 27,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,1 %, 1565 ans 67,2 %, + 65 ans 6,8 % Taux de natalité : 25,76 ‰ Taux de mortalité : 9,35 ‰ Taux de mortalité : infantile 87,2 ‰ Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 61 ans Indicateurs socio-économiques Taux de croissance annuelle du PIB (1997) : 4,63 % Taux annuel d’inflation (1999) : 18,4 % Structure du PIB : 58,6 % pour l’agriculture, 10,4 % pour l’industrie, 30,9 % pour les services Dette extérieure : 5 074 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 640 013 t., canne à sucre 5 147 000 t., caoutchouc 27 000t., coton 100 000 t., jute 47 000 t., maïs 349 100 t., millet 150 000 t., pommes de terre 244 600 t., riz 20 000 000 t., tabac 46 300 t. Élevage : bovins 11 000 000, buffles 2 441 240, caprins 1 380 000, porcins 4 000 000, poulets 33 074 000 Pêche : 873 000 t Production de bois : 23 635 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 4 236 millions de kWh, gaz naturel 1 000 millions de m 3, pétrole 498 000 t. Production industrielle : ciment 468 000 t., sucre 62 000 t., viande 388 000 t. Recettes touristiques : 32 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 161 millions de $ dont produits agricoles 51 % Total importations : 2 739 millions de $ Défense Total forces armées : 429 000 hommes Budget de la Défense : 2,1 % du PIB ➡ TENDANCES De nouveau l’année écoulée a montré que l’absence de réformes économiques reste liée à la paralysie politique : la junte, qui a fait main basse sur le secteur privé, est omniprésente dans le domaine économique. Toutefois, pour échapper à la paralysie, les militaires ont entrouvert une porte en direction de l’opposition. downloadModeText.vue.download 354 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 352 BOLIVIE Superficie : 1 100 000 km 2 Population : 8 516 000 hab. Capitales : Sucre 172 000 hab., La Paz 1 480 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Hugo Banzer Suárez Organisation administrative : 9 départements Langues officielles : quechua, espagnol, aymara Religion : catholicisme Monnaie : boliviano ➡ HISTORIQUE 1825 : indépendance de la Bolivie, jusque-là colonie espagnole. Simon Bolivar en est le premier président. 1884 : le Chili enlève toute façade maritime au pays. 1952 : arrivée au pouvoir de Paz Estenssoro, qui nationalise les mines et annonce une réforme agraire. 1964 : Paz Estenssoro est renversé par les militaires. 1985 : retour au pouvoir de Paz Estenssoro, qui redresse l’économie en ouvrant le secteur public au privé. 1992 : un accord avec le Pérou redonne au pays un accès à la mer. 1997 : retour au pouvoir par les élections de l’ancien dictateur Hugo Banzer, qui s’engage à éradiquer la culture de la coca. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,6 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,2 % Taux de natalité : 32,4 ‰ Taux de mortalité : 9,11 ‰ Taux de mortalité : infantile 55,6 ‰ Espérance de vie : hommes 60 ans, femmes 64 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,1 milliards de $ PNB/hab. : 990 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 0,61 % Taux annuel d’inflation (1999) : 2,16 % Structure du PIB : 18,4 % pour l’agriculture, 18,1 % pour l’industrie, 63,5 % pour les services Dette extérieure : 5 247 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 435 100 t., blé 98 000 t., café 25 000 t., canne à sucre 3 681 800 t., caoutchouc 11 000 t., maïs 706 600 t., manioc 357 000 t., pommes de terre 881 800 t., riz 348 600 t., soja 1 071 000 t. Élevage : bovins 6 907 000, caprins 1 500 000, chevaux 322 000, ovins 9 042 500, porcins 2 822 200 Production de bois : 2 311 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 404 t., électricité 2 400 millions de kWh, étain 11 000 t., gaz naturel 3 200 millions de m 3, or 13 000 kg, pétrole 1 394 000 t., plomb 21 000 t., zinc 154 000 t. Recettes touristiques : 180 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 162 millions de $ Total importations : 1 866 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 46 % Défense Total forces armées : 32 500 hommes Budget de la Défense : 2,1 % du PIB ➡ TENDANCES Le chef de l’État, Hugo Bánzer, a choisi de démissionner pour raison de santé. De nouveau la Bolivie a connu une épouvantable année économique et sociale. Et comme rien ne semble de nature à enrayer la récession à court terme, tensions sociales, grèves et manifestations devraient encore dessiner un futur bien bouché. downloadModeText.vue.download 355 sur 518 STATISTIQUES 353 BOSNIE! HERZÉGOVINE Superficie : 51 100 km 2 Population : 4 067 000 hab. Capitale : Sarajevo 522 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la présidence collégiale) Ante Jelavi’c Chef du gouvernement : Haris Silajdzic Svetozar Mihailovic Organisation administrative : 2 entités Langue officielle : serbo-croate Religions : orthodoxie, islam, catholicisme Monnaie : mark convertible ➡ HISTORIQUE XVe siècle : conquête de la région par les Ottomans. 1878 : la Bosnie-Herzégovine passe sous le contrôle de l’Empire austro-hongrois. 1914 : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo. 1918 : la Bosnie-Herzégovine est intégrée au nouveau royaume de Yougoslavie. 1946 : la Bosnie-Herzégovine devient une des six républiques autonomes de la République de Yougoslavie. 1992 : proclamation de l’indépendance et guerre civile avec les Serbes. 1995 : accords de Dayton instituant deux entités, la Fédération croato-musulmane et la République serbe de Bosnie. Une force internationale de sécurité garantit l’application de l’accord. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 76 hab./km 2 Part de la population urbaine : 42,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,9 %, 5-65 ans 66,2 %, + 65 ans 14,9 % Taux Taux Taux 13,5 de natalité : 12,78 ‰ de mortalité : 7,41 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,7 milliards de $ PNB/hab. : 1 910 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 12,8 % Agriculture Cultures : betteraves à sucre 1 000 t., blé 258 000 t., maïs 888 800 t., pommes de terre 380 000 t., raisin 17 000 t. Élevage : ovins 285 poulets 3 Pêche : 3 bovins 350 000, 000, porcins 80 000, 870 000 000 t. Production de bois : 40 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 200 millions de kWh. Production industrielle : sucre 2 000 t., viande 25 000 t., vin 50 000 hl. Recettes touristiques : 15 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 373 millions de $ Total importations : 2 377 millions de $ Défense Total forces armées : 86 000 hommes Budget de la Défense : 4,6 % du PIB ➡ TENDANCES Les législatives de novembre 2000 avaient laissé espérer qu’une cohabitation plus harmonieuse aurait pu s’instaurer. Mais l’optimisme est vite retombé et les divisions ont fini par reprendre le dessus. On a ainsi pu voir que les nationalistes croates et serbes entendaient défier Sarajevo en se retranchant derrière le tracé des frontières ethniques figé par les accords de Dayton. En dépit de l’aide occidentale reçue depuis la fin de la guerre, la Bosnie affichait tous les signes d’un pays à l’économie bloquée : sérieux déficit budgétaire, chômage en hausse, peu d’investissements privés. downloadModeText.vue.download 356 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 354 BOTSWANA Superficie : 570 000 km 2 Population : 1 554 000 hab. Capitale : Gaborone 254 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Festus Mogae Organisation administrative : 10 districts Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, animisme Monnaie : pula ➡ HISTORIQUE 1885 : protectorat britannique 1960 : semi-autonomie 1966 : proclamation de l’indépendance. 1977 : remplacement du rand sud-africain par une monnaie nationale. 1997 : le Botswana porte devant la Cour internationale de justice son différend avec la Namibie sur le contrôle des eaux de l’Okavango. 1998 : élection de Festus Mogae, qui entend poursuivre la politique démocratique de ses prédécesseurs. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 49,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 53,4 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 32,62 ‰ Taux de mortalité : 14,86 ‰ Taux de mortalité : infantile 67,2 ‰ Espérance de vie : hommes 40 ans, femmes 39 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,7 milliards de $ PNB/hab. : 3 240 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (1999) : 7,12 % Structure du PIB : 3,6 % pour l’agriculture, 45,4 % pour l’industrie, 51 % pour les services Dette extérieure : 562 millions de $ Agriculture Cultures : coton 1 000 t., maïs 5 000 t., millet 1 000 t., sorgho 7 000 t. Élevage : bovins 2 380 000, caprins 1 845 000, ovins 250 000 Production de bois : 1 632 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 22 000 t., diamants 15 547 000 carats, électricité 929 millions de kWh, houille 900 000 t., nickel 22 000 t. Recettes touristiques : 181 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 2 164 millions de $ dont diamants 67 % Total importations : 1 579 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 34 % Défense Total forces armées : 9 000 hommes Budget de la Défense : 4,2 % du PIB ➡ TENDANCES Le Botswana a de nouveau montré qu’il était le pays d’Afrique australe qui a la plus grande chance d’aborder avec succès le défi de l’intégration régionale. Les atouts ne manquent pas, qu’il s’agisse de la stabilité politique ou de la qualité de la gestion des affaires publiques. Mais les perspectives de développement sont obérées par l’épidémie de sida : pour le premier quart du XXIe siècle, la croissance du PIB devrait être inférieure de 31 % à ce qu’elle aurait été sans le sida. BRÉSIL Superficie : 8 512 000 km 2 Population : 172 159 000 hab. downloadModeText.vue.download 357 sur 518 STATISTIQUES 355 Capitale : Brasilia 2 043 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Fernando Henrique Cardoso Organisation administrative : 1 district fédéral, 26 États Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : real ➡ HISTORIQUE 1500 : découverte du Brésil par le navigateur portugais Pedro Alvares Cabral. 1522 : le Brésil devient colonie portugaise. 1822 : Pierre Ier proclame l’indépendance du Brésil dont il devient l’empereur. 1891 : établissement d’une république fédéraliste et laïque. 1930 : les militaires portent au pouvoir Getúlio Vargas qui instaure un régime autoritaire. 1956-1964 : les présidents Kubitschek, Quadros et Goulart mènent des politiques réformatrices. 1964 : les militaires reprennent le pouvoir. 1985 : les civils reviennent aux affaires avec l’élection du président Tancredo Neves. 1994 : élection du social-démocrate Henrique Cardoso, qui, en tant que ministre des Finances, était parvenu à stabiliser l’économie. Il est réélu en 1998. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 80,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,8 %, 1565 ans 63,4 %, + 65 ans 7,8 % Taux de natalité : 20,04 ‰ Taux de mortalité : 7,23 ‰ Taux de mortalité : infantile 38,3 ‰ Espérance de vie : hommes 63 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 730 milliards de $ PNB/hab. : 4 350 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 0,8 % Taux annuel d’inflation (1999) : 4,86 % Structure de la population active : agriculture 27,3 %, mines et industrie 18,3 %, services 54,3 % Structure du PIB : 8,6 % pour l’agriculture, 30,6 % pour l’industrie, 60,8 % pour les services Dette extérieure : 193 663 millions de $ Agriculture Cultures : agrumes 23 987 200 t., ananas 1 607 000 t., bananes 5 448 700 t., blé 1 986 000 t., cacao 209 200 t., café 1 834 400 t., canne à sucre 310 437 000 t., caoutchouc 54 000 t., coton 300 000 t., maïs 32 556 000 t., manioc 19 809 000 t., riz 10 940 500 t., sisal 127 000 t., soja 31 357 000 t., tabac 593 600 t. Élevage : bovins 167 471 000, chevaux 6 400 000, ovins 18 300 000, porcins 27 320 000, poulets 900 000 000 Pêche : 820 000 t Production de bois : 220 363 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 12 260 000 t., diamants 1 951 200 carats., électricité 2 754 000 millions de kWh, étain 20 000 t., fer 122 330 000 t., gaz naturel 10 800 millions de m 3, houille 5 600 000 t., manganèse 2 000 000 t., nickel 21 000 t., pétrole 50 000 000 t., zinc 144 000 t. Production industrielle : acier 25 760 000 t., aluminium 1 208 000 t., ciment 38 314 000 t., construction navale 149 000 tjb., sucre 15 500 000 t., viande 11 688 000 t., vin 2 320 000 hl, voitures particulières 1 244 000 Recettes touristiques : 2 602 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 52 478 millions de $ dont produits agricoles 23 % Total importations : 65 074 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 38 %, produits énergétiques 27 % Défense Total forces armées : 291 000 hommes Budget de la Défense : 1,7 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 16,7 % Nombre d’habitants pour 1 médecin : 714 Apport en calories : 2 938 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 84/1 000 hab. Téléphones : 107/1 000 hab. Télévisions : 220/1 000 hab. ➡ TENDANCES Après avoir surmonté les effets de la crise de l’hiver 1998-1999, notamment en pratiquant des coupes claires dans les budgets d’équipement et en mettant en oeuvre une réforme du régime downloadModeText.vue.download 358 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 356 des retraites, le Brésil a fait preuve d’une vigueur économique qui lui a permis de n’être pas touché par la terrible crise dans laquelle s’est enfoncée l’Argentine voisine. De même, la conjoncture dépressive suscitée par les attentats du 11 septembre contre New York et Washington aura épargné le géant de l’Amérique latine. Pour autant, la classe politique a peiné à recueillir les dividendes de ce bilan, comme en témoigne le désarroi perceptible chez les partis de la coalition alliée au président Cardoso à l’approche des élections générales de 2002. BRUNEI Superficie : 5 765 km 2 Population : 335 000 hab. Capitale : Bandar Seri Begawan 85 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État et du gouvernement : (Sultan) Hassanal Bolkiah Organisation administrative : 4 districts Langue officielle : malais Religion : islam Monnaie : dollar de Brunei ➡ HISTORIQUE 1888 : protectorat britannique. 1963 : le Brunei refuse de rejoindre l’Indonésie. 1984 : proclamation de l’indépendance. 1985 : création du Brunei National Démocratic Party (BNDP). 1988 : dissolution du BNDP par le sultan. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 61 hab./km 2 Part de la population urbaine : 71,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 31,9 %, 1565 ans 63 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 20,86 ‰ Taux de mortalité : 3,05 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,6 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,55 milliards de $ Taux de croissance annuelle du PIB (1997) : 4 % Agriculture Cultures : ananas 1 000 t., manioc 2 000 t., riz 400 t. Élevage : bovins 2 100, buffles 6 000, porcins 5 000, poulets 3 000 000 Production de bois : 295 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 1 300 millions de kWh, gaz naturel 8 648 millions de m 3, pétrole 7 700 000 t. Recettes touristiques : 39 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 2 330 millions de $ dont hydrocarbures 90 % Total importations : 3 919 millions de $ dont équipement industriel et matériel de trans- port 35 % Défense Total forces armées : 5 000 hommes Budget de la Défense : 7,3 % du PIB ➡ TENDANCES La vie de ce petit sultanat situé sur la côte nord-ouest de l’île de Bornéo est tout entière rythmée par les performances d’une économie qui se confond avec le « tout pétrole ». Une dépendance à laquelle les autorités aimeraient mettre un terme en dynamisant les secteurs des produits et des services, ainsi que celui du tourisme. BULGARIE Superficie : 111 000 km 2 Population : 7 867 000 hab. downloadModeText.vue.download 359 sur 518 STATISTIQUES 357 Capitale : Sofia 1 192 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Petar Stojanov Chef du gouvernement : Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha Organisation administrative : 9 districts Langue officielle : bulgare Religions : orthodoxie, islam Monnaie : lev ➡ HISTORIQUE XIVe siècle : conquête du pays par les Ottomans. 1878 : autonomie d’une grande partie du pays. 1908 : Ferdinand de SaxeCobourg proclame l’indépendance complète du pays et prend le titre de tsar. 1946 : proclamation de la République et instauration d’un régime socialiste. 1990 : rétablissement du pluralisme. 1991 : abolition de la Constitution communiste. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 74 hab./km 2 Part de la population urbaine : 69,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,7 %, 15-65 ans 62,6 %, + 65 ans 21,7 % Taux Taux Taux 15,2 de natalité : 8,05 ‰ de mortalité : 13,48 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 12,4 milliards de $ PNB/hab. : 1 410 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 2,57 % Structure du PIB : 15,1 % pour l’agriculture, 23,4 % pour l’industrie, 61,5 % pour les services Dette extérieure : 9 858 millions de $ Agriculture Cultures : avoine 52 000 t., betteraves à sucre 37 500 t., blé 2 800 000 t., coton 4 000 t., maïs 1 996 000 t., orge 749 000 t., pommes de terre 537 800 t., raisin 624 000 t., seigle 18 000 t., tabac 33 600 t., tomates 244 000 t., tournesol 477 000 t. Élevage : bovins 681 000, ovins 2 550 000 porcins 1 513 000 Production de bois : 3 223 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 89 000 t., électricité 41 667 millions de kWh, fer 475 000 t., houille 120 000 t., lignite 29 600 000 t., or 1 900 kg., pétrole 100 000 t., plomb 72 000 t. Production industrielle : acier 2 216 000 t., ciment 1 654 000 t., construction navale 195 000 tjb., laine 7 000 t., sucre 11 000 t., textiles synthétiques 37 000 t., viande 443 000 t., vin 2 380 000 hl. Recettes touristiques : 391 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 4 232 millions de $ Total importations : 3 816 millions de $ dont produits pétroliers 26 % Défense Total forces armées : 80 760 hommes Budget de la Défense : 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES Remettant en cause de façon pour le moins inattendue le statu quo politique, les électeurs bulgares appelés à renouveler leur représentation nationale dans le cadre des élections législatives du 17 juin ont accordé la victoire au parti de l’ex-roi Siméon II. Nommé Premier ministre, le monarque virtuel de retour d’exil s’est engagé à redresser l’économie d’un pays qu’il pourrait bien engager dans une transition monarchique. BURKINA FASO Superficie : 275 000 km 2 Population : 11 856 000 hab. Capitale : Ouagadougou 1 130 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président) Blaise Compaoré Chef du gouvernement : Paramanga Ernest Yonli Organisation administrative : 45 provinces Langue officielle : français downloadModeText.vue.download 360 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 358 Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1899 : les Français occupent l’ensemble de la région. 1960 : indépendance de la Haute-Volta. 1966 : l’armée prend le pouvoir. 1983 : le capitaine Thomas Sankara dirige le Conseil national de la révolution et engage une politique progressiste. Le pays est rebaptisé Burkina Faso. 1987 : Thomas Sankara est tué lors d’un coup d’État mené par le capitaine Blaise Compaoré. 1991 : établissement d’une nouvelle Constitution et tenue d’une élection présidentielle que remporte le chef de l’État sortant, Blaise Compaoré. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 18 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,7 %, 1565 ans 46,5 %, + 65 ans 4,8 % Taux de natalité : 43,92 ‰ Taux de mortalité : 18,59 ‰ Taux de mortalité : infantile 86,6 ‰ Espérance de vie : hommes 44 ans, femmes 46 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,6 milliards de $ PNB/hab. : 240 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 5,79 % Taux annuel d’inflation (1999) : – 1,07 % Structure du PIB : 31,3 % pour l’agriculture, 28,3 % pour l’industrie, 40,4 % pour les services Dette extérieure : 1 297 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 205 000 t., canne à sucre 400 000 t., coton 90 000 t., maïs 377 800 t., manioc 2 000 t., millet 604 000 t., patates douces 16 000 t., riz 89 000 t., sorgho 943 000 t. Élevage : bovins 4 550 000, caprins 7 950 000, ovins 6 350 000, poulets 20 517 000 Production de bois : 10 301 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 196 millions de kWh, or 3 000 kg Recettes touristiques : 39 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 190 millions de $ Total importations : 506 millions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense : 2,3 % du PIB ➡ TENDANCES Confiance des bailleurs de fonds défiance de la population à l’endroit du régime du président Blaise Compaoré ont caractérisé l’année écoulée. En dépit d’une bonne tenue de la croissance – 6 % attendus –, le Burkina Faso pourrait bien connaître des difficultés importantes au cours des prochaines années. La production d’or a continué de baisser tandis que le déficit pluviométrique a commencé à faire sentir ses effets sur l’agriculture et sur l’élevage. BURUNDI Superficie : 28 000 km 2 Population : 6 502 000 hab. Capitale : Bujumbura 321 000 hab. Chef de l’État : Pierre Buyoya Premier vice-président : Frédéric Bamvuginyumvira Organisation administrative : 15 provinces Langues officielles : kirundi, français Religions : catholicisme, animisme Monnaie : franc du Burundi ➡ HISTORIQUE XVIIe siècle : établissement d’un État. 1890 : colonisation allemande. 1916 : colonisation belge. 1962 : indépendance du Burundi. 1966 : abolition de la royauté et établissement d’une république. downloadModeText.vue.download 361 sur 518 STATISTIQUES 359 1972 : les violences entre Hutus et Tutsis font 300 000 victimes. 1987 : le major Pierre Buyoya prend le pouvoir. 1993 : le civil hutu Melchior N’Dadaye est élu à la présidence puis est assassiné. 1996 : après des années de violences, le major Buyoya reprend le pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 260 hab./km 2 Part de la population urbaine : 8,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 47,6 %, 1565 ans 48,1 %, + 65 ans 4,3 % Taux de natalité : 41,08 ‰ Taux de mortalité : 19,89 ‰ Taux de mortalité : infantile 111,5 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 43 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,7 milliard de $ PNB/hab. : 120 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 0,97 % Taux annuel d’inflation (1999) : 3,39 % Structure du PIB : 52,2 % pour l’agriculture, 17,3 % pour l’industrie, 30,5 % pour les services Dette extérieure : 1 066 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 1 516 000 t., blé 6 000 t., café 18 500 t., canne à sucre 160 000 t., coton 1 000 t., maïs 123 000 t., manioc 622 000 t., palmiste 1 000 t., patates douces 590 000 t., riz 56 000 t., sorgho 67 000 t. Élevage : bovins 320 000, caprins 580 000, ovins 160 000, poulets 4 600 000 Production de bois : 5 049 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 107 millions de kWh Recettes touristiques : 1 million de $ Commerce extérieur Total exportations : 73 millions de $ dont café 63 % Total importations : 100 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 21 % Défense Total forces armées : 45 500 hommes Budget de la Défense : 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES De nouveau les tensions interethniques ont occupé le devant de la scène intérieure. Ainsi, le conflit qui oppose Tutsis et Hutus a continué de faire des victimes. À la misère engendrée par la guerre, la sécheresse est venue ajouter ses ravages, provoquant par endroits de véritables famines. Enfin, témoin récurrent de la fragilité du régime, le Burundi a de nouveau dû faire face à une double tentative de putsch conduite par de jeunes officiers tutsis. Si ces coups d’État militaires ont échoué, ils auront toutefois largement ajouté à la confusion. CAMBODGE Superficie : 181 000 km 2 Population : 13 441 000 hab. Capitale : Phnom Penh 984 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Norodom Sihanouk Chef du gouvernement : Hun Sen Organisation administrative : 20 provinces, 3 municipalités autonomes Langue officielle : khmer Religion : bouddhisme Monnaie : riel ➡ HISTORIQUE 1863 : protectorat français. 1945 : invasion japonaise. 1953 : indépendance du Cambodge. 1970 : renversement du roi Norodom Sihanouk par le général Lon Nol, soutenu par les Américains. downloadModeText.vue.download 362 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 360 1975 : les Khmers rouges prennent le pouvoir. Près de deux millions de Cambodgiens périssent. 1978 : le Viêt Nam envahit le pays et établit un gouvernement qui lui est favorable. 1991 : un accord se fait entre les différentes familles politiques pour organiser à terme des élections libres. 1993 : les communistes remportent les élections et Sihanouk redevient roi. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 67 hab./km 2 Part de la population urbaine : 15,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,7 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 32,38 ‰ Taux de mortalité : 12,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 72,5 ‰ Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,1 milliards de $ PNB/hab. : 260 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,5 % Taux annuel d’inflation (1999) : 4 % Structure du PIB : 51 % pour l’agriculture, 14,5 % pour l’industrie, 34,3 % pour les services Dette extérieure : 2 129 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 147 000 t., canne à sucre 138 000 t., caoutchouc 40 000 t., maïs 50 000 t., manioc 39 000 t., patates douces 26 000 t., riz 3 800 000 t., soja 58 000 t., tabac 10 000 t. Élevage : bovins 2 860 000, buffles 710 000, porcins 2 550 000, poulets 12 000 000 Pêche : 115 000 t. Production de bois : 7 947 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 180 millions de kWh Recettes touristiques : 145 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 621 millions de $ Total importations : 1 112 millions de $ Défense Total forces armées : 149 000 hommes Budget de la Défense : 4,1 % du PIB ➡ TENDANCES Dans ce pays où la société, démunie, est dominée par une petite minorité de gens très, riches, l’annonce de la mise en place d’une « stratégie de réduction de la pauvreté » a suscité quelques espoirs. Ceux-ci ont vite été déçus. En effet, sur le plan économique et social, le millésime 2001 n’a guère différé du précédent. Certes la croissance y est soutenue, mais la redistribution de ses fruits est très inégale. En revanche, la stabilité politique a permis de créer un tribunal chargé de juger les criminels khmers rouges. CAMEROUN Superficie : 475 000 km 2 Population : 15 203 000 hab. Capitale : Yaoundé 1 440 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Paul Biya Chef du gouvernement : Peter Mafany Musonge Organisation administrative : 10 régions Langues officielles : français, anglais Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1868 : protectorat allemand. 1916 : tutelle franco-britannique. 1961 : indépendance du Cameroun français. Le Cameroun britannique se divise en une partie rattachée au Nigeria et une autre qui rejoint le Cameroun indépendant. 1972 : le président Ahidjo transforme le Cameroun fédédownloadModeText.vue.download 363 sur 518 STATISTIQUES 361 ral en république unitaire, afin de souder les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud. 1982 : Paul Biya succède à Ahmadou Ahidjo. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 32 hab./km 2 Part de la population urbaine : 48,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,1 %, 1565 ans 51,3 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 37,52 ‰ Taux de mortalité : 12,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 79,3 ‰ Espérance de vie : hommes 50 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 8,7 milliards de $ PNB/hab. : 600 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : 5,3 % Structure du PIB : 43,5 % pour l’agriculture, 18,6 % pour l’industrie, 37,8 % pour les services Dette extérieure : 9 293 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 160 000 t., bananes 990 000 t., cacao 150 000 t., café 70 000 t., canne à sucre 1 350 000 t., caoutchouc 54 000 t., coton 92 000 t., maïs 850 000 t., manioc 1 500 000 t., millet 71 000 t., palmiste 56 000 t., patates douces 220 000 t., plantain 1 030 000 t., riz 65 000 t. Élevage : bovins 5 900 000, caprins 3 850 000, ovins 3 880 000, porcins 1 430 000 Pêche : 84 000 t. Production de bois : 16 056 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 275 millions de kWh, hydroélectricité 2 662 millions de kWh, pétrole 5 300 000 t. Production industrielle : aluminium 78 000 t., huile de palme 160 000 t., viande 204 000 t. Recettes touristiques : 39 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 814 millions de $dont produits pétro- liers 47 % Total importations : 1 296 millions de $ Défense Total forces armées : 22 100 hommes Budget de la Défense : 1,6 % du PIB ➡ TENDANCES En dépit de la stratégie de lutte contre la pauvreté, dont le gouvernement de Paul Biya a fait sa priorité, le Cameroun reste un pays désespérément pauvre comme l’attestent tous les indicateurs de développement. Au rythme de la misère progresse aussi l’insécurité à laquelle les autorités répondent par une violence souvent hors de proportion. CANADA Superficie : 9 975 000 km 2 Population : 31 015 000 hab. Capitale : Ottawa 323 340 hab. (1 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Elisabeth II représentée par Adrienne Clarkson Chef du gouvernement : Joan Chrétien Organisation administrative : 10 provinces, 3 territoires Langues officielles : français, anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar canadien ➡ HISTORIQUE 1608 : Samuel de Champlain fonde Québec. 1763 : les Britanniques chassent les Français du Canada. 1840 : les Britanniques unifient le Canada afin de fondre la partie francophone dans l’ensemble anglophone. downloadModeText.vue.download 364 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 362 Production de bois : 188 432 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 1 179 t., cuivre 705 000 t., électricité 540 900 millions de kWh, électricité nucléaire 72 800 millions de kWh, fer 22 800 000 t., gaz naturel 170 000 millions de m 3, houille 38 300 000 t., hydroélectricité 351 223 millions de kWh, lignite 37 100 000 t., nickel 208 000 t., or 166 000 kg, pétrole 99 906 000 t., plomb 186 000 t., uranium 10 925 t., zinc 1 066 000 t. Production industrielle : acier 15 930 000 t., aluminium 2 374 000 t., caoutchouc synthétique 217 000 t., ciment 11 737 000 t., filés de coton 53 000 t., lait 7 700 000 t., sucre 96 000 t., textiles synthétiques 212 000 t., viande 3 416 000 t., voitures particulières 1 489 000 Recettes touristiques : 8 928 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 211 961 millions de $ dont véhicules 23 % Total importations : 195 039 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 33 % Défense Total forces armées : 60 600 hommes Budget de la Défense : 1,0 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 476 Apport en calories : 3 056 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 440/1 000 hab. Téléphones : 609/1 000 hab. Télévisions : 714/1 000 hab. 1931 : autonomie complète du Canada au sein du Commonwealth 1987 : l’accord « du lac Meech » octroie au Québec le statut de « société distincte ». 1992 : le Canada adhère à l’ALENA, accord de libreéchange avec les États-Unis et le Mexique. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 3 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 19,1 %, 15-65 ans 64,2 %, + 65 ans 16,7 % Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 7,07 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰ Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 615,4 milliards de $ PNB/hab. : 20 140 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,59 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,72 % Structure de la population active : agriculture 3,9 %, mines et industrie 23,2 %, services 73 % Dette brute : 89,8 % du PIB Taux de chômage : 6,8 % Agriculture Cultures : avoine 3 389 400 t., betteraves à sucre 744 000 t., blé 26 200 000 t., colza 7 588 000 t., lin 1 097 000 t., maïs 8 500 000 t., orge 12 696 000 t., pommes de terre 4 204 000 t., seigle 398 000 t., soja 2 737 000 t. Élevage : bovins 12 555 000, chevaux 395 000, ovins 645 000, porcins 12 254 000 Pêche : 1 030 000 t ➡ TENDANCES La reconduction au pouvoir fédéral du parti libéral du Premier ministre Jean Chrétien à la faveur des élections anticipées de novembre 2000, en confirmant le statu quo politique, s’est accompagnée, en 2001, d’une stabilité économique marquée par la croissance. Celle-ci pourrait toutefois être affectée rapidement par le ralentissement de l’économie des États-Unis, auxquels le Canada est bien sûr étroitement lié. CAP!VERT Superficie : 4 000 km 2 Population : 437 000 hab. Capitale : Praia 76 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Pedro Pires Chef du gouvernement : Carlos Wahnon Veiga Organisation administrative : 2 districts Langue officielle : portugais Religion : catholicisme Monnaie : escudo du Cap-Vert downloadModeText.vue.download 365 sur 518 STATISTIQUES 363 ➡ HISTORIQUE XVe siècle : établissement des Portugais dans l’île. Ceuxci y font venir des esclaves d’Afrique. 1956 : création d’un mouvement séparatiste sous l’impulsion d’Amilcar Cabral : le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. 1975 : indépendance de l’île. 1990 : instauration du multipartisme. 1992 : adoption d’une nouvelle Constitution. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 106 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 39,3 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,5 % Taux de natalité : 35,53 ‰ Taux de mortalité : 6,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 49,6 ‰ Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,6 milliard de $ PNB/hab. : 1 330 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 8 % Taux annuel d’inflation (1996) : 6,5 % Structure du PIB : 12 % pour l’agriculture, 16,4 % pour l’industrie, 71,6 % pour les services Dette extérieure : 220 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 6 000 t., canne à sucre 12 500 t., manioc 3 000 t., patates douces 4 000 t., pommes de terre 2 000 t. Élevage : bovins 22 000, caprins 112 000, porcins 636 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 60 millions de kWh Recettes touristiques : 10 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 20 millions de $ dont poissons 48 % Total importations : 274 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 36 % Défense Total forces armées : 1 100 hommes Budget de la Défense : 1,6 % du PIB ➡ TENDANCES En se dotant d’un nouveau président de la République, en la personne de Pedro Pires, et d’une majorité de députés appartenant au Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV, exmarxiste), les Capverdiens ont manifestement voulu teinter le libéralisme économique de l’équipe sortante de préoccupations plus sociales. CENTRAFRICAINE !RÉPUBLIQUE! Superficie : 620 000 km 2 Population : 3 782 000 hab. Capitale : Bangui 622 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Ange-Félix Patassé Chef du gouvernement : Martin Ziguélé Organisation administrative : 16 préfectures, la capitale Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1905 : la France instaure la colonie de l’Oubangui-Chari. 1960 : indépendance de la République centrafricaine. 1965 : coup d’État militaire mené par Jean Bédel Bokassa. 1976 : Bokassa se proclame empereur. 1979 : l’ancien président David Dacko dépose Bokassa avec l’aide de la France. downloadModeText.vue.download 366 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 364 ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 6 hab./km 2 Part de la population urbaine : 40,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43 %, 1565 ans 50,9 %, + 65 ans 6,1 % Taux de natalité : 36,06 ‰ Taux de mortalité : 18,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 93,3 ‰ Espérance de vie : hommes 43 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 milliard de $ PNB/hab. : 290 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,4 % Taux annuel d’inflation (1997) : 1,15 % Structure du PIB : 55,1 % pour l’agriculture, 19,6 % pour l’industrie, 25,3 % pour les services Dette extérieure : 885 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 104 500 t., bananes 115 000 t., café 13 000 t., coton 22 000 t., igname 360 000 t., manioc 579 000 t., millet 10 000 t., plantain 80 000 t., riz 21 000 t., sorgho 38 000 t. Élevage : bovins 2 950 000, porcins 650 000, poulets 3 875 000 Production de bois : 3 850 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : diamants 523 000 carats Production industrielle : viande 82 000 t. Recettes touristiques : 5 mil- lions de $ Commerce extérieur Total exportations : 270 millions de $ Total importations : 163 millions de $ Défense Total forces armées : 2 650 hommes Budget de la Défense : 3,7 % du PIB ➡ TENDANCES De nouveau, ce sont les militaires, plus précisément la très forte tendance putschiste que manifestent régulièrement certains d’entre eux, qui ont fait l’essentiel de l’actualité politique. Certes, le régime du président Ange-Félix Patassé est venu à bout des mutins qui ont tenté de le renverser, mais au prix d’un véritable massacre. Et force est de constater que trois ans après la fermeture des bases françaises à Bouar et à Bangui, le pays n’était plus qu’un État fantôme. La situation sanitaire est épouvantable. Ainsi, le taux de prévalence du sida est le plus élevé d’Afrique centrale : 15 % de la population est infectée par le virus ; 95 % des rares lits d’hôpitaux sont occupés par les victimes de l’épidémie. CHILI Superficie : 757 000 km 2 Population : 15 402 000 hab. Capitale : Santiago 5 000 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Eduardo Frei Ruiz-Tagle Organisation administrative : 13 régions Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso chilien ➡ HISTORIQUE XVIe siècle : début de la conquête espagnole. Les guerres contre les Indiens vont durer jusqu’au XIXe siècle. 1818 : indépendance du Chili, obtenue avec l’appui des troupes argentines. 1891 : instauration du régime parlementaire. downloadModeText.vue.download 367 sur 518 STATISTIQUES 365 1964 : élection du démocrate-chrétien Eduardo Frei qui amorce une politique de nationalisations et de réforme agraire. 1970 : victoire de la gauche, dirigée par Salvador Allende. 1973 : renversement du gou- vernement de gauche par une junte militaire dirigée par le général Pinochet et soutenue par les Américains. 1989 : le démocrate-chrétien Patricio Alwyn est élu à la présidence. 1998 : arrestation à Londres du général Pinochet. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 20 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 28,5 %, 15-65 ans 61,3 %, + 65 ans 10,2 % Taux Taux Taux 11,6 de natalité : 17,83 ‰ de mortalité : 5,59 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 65,6 milliards de $ PNB/hab. : 4 630 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 1,09 % Taux annuel d’inflation (1999) : 3,34 % Structure de la population active : agriculture 17,1 %, mines et industrie 24,8 %, services 58,1 % Structure du PIB : 8,4 % pour l’agriculture, 34,2 % pour l’industrie, 57,4 % pour les services Dette extérieure : 31 440 millions de $ Taux de chômage 5,3 % Agriculture Cultures : agrumes 185 000 t., avoine 260 000 t., betteraves à sucre 3 350 000 t., blé 1 500 000 t., maïs 646 000 t., orge 115 000 t., pommes de terre 994 700 t., raisin 1 665 000 t., riz 113 000 ., tomates 1 197 000 t. Élevage : bovins 4 068 000, ovins 4 144 000, porcins 2 465 000 Pêche : 6 084 000 t Production de bois : 31 371 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 1 337 t., cuivre 3 687 000 t., électricité 32 305 millions de kWh, fer 5 560 000 t., gaz naturel 2 000 millions de m 3, houille 1 000 000 t., hydroélectricité 18 408 millions de kWh, or 44 000 kg, pétrole 448 000 t. Production industrielle : acier 1 171 000 t., ciment 3 990 000 t., laine 15 300 t., lait 2 090 000 t., sucre 357 000 t., textiles synthétiques 13 000 t., viande 859 000 t., vin 3 820 000 hl Recettes touristiques : 1 080 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 16 296 millions de $ dont cuivre 30 % Total importations : 18 111 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 42 % Défense Total forces armées : 93 000 hommes Budget de la Défense : 2,6 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 4,8 % Apport en calories : 2 810 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 71/1 000 hab. Téléphones : 180/1 000 hab. Télévisions : 215/1 000 hab. ➡ TENDANCES Premier socialiste à accéder à la présidence depuis la chute de Salvador Allende renversé par un coup d’État perpétré par le géné- ral Augusto Pinochet en 1973, Ricardo Lagos a bénéficié en 2001 d’une bonne conjoncture intérieure, ce dont ont témoigné, entre autres indicateurs, une croissance soutenue et la bonne tenue de la balance commerciale. Comparé à ses voisins et partenaires du cône sud, le Chili aura mieux su tirer son épingle d’un jeu sur lequel s’emploient à peser le Brésil et les États-Unis. En matière de politique intérieure, le cas Pinochet a largement dominé les autres débats. CHINE Superficie : 9 600 000 km 2 Population : 1 284 972 000 hab. downloadModeText.vue.download 368 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 366 Capitale : Pékin 11 400 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Président de la République) Jiang Zemin Chef du gouvernement : Zhu Rongji Organisation administrative : 3 municipalités, 1 région administrative, 22 provinces, 5 régions autonomes, 2 régions spéciales Langue officielle : chinois Religions : taoïsme, confucianisme, bouddhisme Monnaie : yuan ➡ HISTORIQUE 1911 : instauration de la République. 1927 : rupture entre le Guomindang de Tchang Kaï-chek et le Parti communiste. 1931 : invasion de la Mandchourie par le Japon. 1949 : fondation de la République populaire de Chine. 1958 : le « Grand Bond en avant » accentue la collectivisation du pays. 1966 : lancement de la « Révolution culturelle prolétarienne ». 1969 : affrontements frontaliers avec l’URSS et rapprochement avec les États-Unis. 1976 : mort de Mao Zedong. 1977 : réhabilitation de Deng Xiaoping qui devient le chef effectif de la Chine. 1989 : répression sanglante du mouvement démocratique. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 134 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 24,8 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 10,1 % Taux Taux Taux 36,5 de natalité : 15,64 ‰ de mortalité : 6,95 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 971,5 milliards de $ PNB/hab. : 780 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 7,05 % Taux annuel d’inflation (1999) : – 1,41 % Structure de la population active : agriculture 49,1 %, mines et industrie 19,5 %, services 31,3 % Structure du PIB : 17,6 % pour l’agriculture, 49,3 % pour l’industrie, 33 % pour les services Dette extérieure : 146 697 millions de $ Taux de chômage : 3 % Agriculture Cultures : agrumes 11 781 700 t., ananas 899 000 t., arachides 15 067 157 t., avoine 900 000 t., betteraves à sucre 9 000 000 t., blé 100 906 000 t., canne à sucre 79 766 000 t., caoutchouc 450 000 t., colza 6 000 000 t., coton 4 300 000 t., jute 365 000 t., maïs 133 143 000 t., millet 4 001 000 t., orge 4 400 000 t., patates douces 111 704 000 t., pommes de terre 58 039 200 t., riz 190 389 200 t., seigle 800 000 t., soie 80 000 t., soja 13 758 000 t., sorgho 5 767 000 t., tabac 2 510 000 t., thé 722 600 t., tournesol 1 200 000 t. Élevage : bovins 104 169 000, buffles 22 598 620, caprins 148 436 400, chevaux 8 855 000, ovins 131 095 400, porcins 436 908 000 Pêche 36 500 000 t. Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 891 t., bauxite 5 500 000 t., cuivre 906 000 t., électricité 1 128 134 millions de kWh, étain 54 000 t., fer 70 690 000 t., gaz naturel 22 216 millions de m 3, houille 1 235 600 000 t., nickel 42 000 t., or 157 000 kg, pétrole 159 900 000 t., plomb 530 000 t., uranium 600 t., zinc 758 000 t. Production industrielle : acier 114 347 000 t., aluminium 1 780 000 t., caoutchouc synthétique 570 000 t., ciment 510 000 000 t., construction navale 2 800 000 tjb., filés de coton 5 450 000 t., laine 287 000 t., sucre 7 541 000 t., textiles artificiels 166 000 t., textiles synthétiques 4 342 000 t., viande 55 141 000 t., voitures particulières 465 000 Recettes touristiques : 12 074 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 182 792 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 21 % Total importations : 142 370 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 40 % Défense Total forces armées : 2 480 000 hommes Budget de la Défense : 1,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 18,5 % Nombre d’habitants pour 1 médecin : 1 062 downloadModeText.vue.download 369 sur 518 STATISTIQUES 367 Apport en calories : 2 844 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 3/1 000 hab. Téléphones : 56/1 000 hab. Télévisions : 205/1 000 hab. ➡ TENDANCES Une année 2001 faste pour la Chine avec l’adhésion à l’OMC et le choix de Pékin pour l’organisation des JO de 2008. Une année qui a donc vu la République populaire faire un pas supplémentaire vers l’intégration dans un monde globalisé, où elle entend conquérir son statut de puissance économique et militaire rivalisant avec les États-Unis. Après le retour de Hongkong et de Macao dans le giron de la Chine communiste, l’objectif déclaré est Taiwan, dont Pékin ne supporte pas les velléités d’indépendance. CHYPRE Superficie : 9 251 km 2 Population : 790 000 hab. Capitale : Nicosie 193 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Glafcos Cléridès ou Ghláfkos Kliridhis Organisation administrative : 6 districts Langues officielles : turc, grec Religions : islam, christianisme Monnaie : livre chypriote ➡ HISTORIQUE 1878 : l’Empire ottoman cède l’île à la Grande-Bretagne. 1960 : indépendance de Chypre. 1975 : la minorité turque crée un État dissident au nord. Proclamé indépendant en 1983, cet État n’est reconnu que par la Turquie. 1987 : Chypre devient un État associé à l’Union européenne. 1996 : violents affrontements intercommunautaires. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 82 hab./km 2 Part de la population urbaine : 56,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 23,1 %, 15-65 ans 61,2 %, + 65 ans 15,7 % Taux de natalité : 13,38 ‰ Taux de mortalité : 7,32 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,7 ‰ Espérance de vie : hommes 76 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9,1 milliards de $ Taux de croissance annuelle du PIB : (1999) 4,5 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,63 % Structure de la population active : agriculture 10,9 %, mines et industrie 25 %, services 64,1 % Dette extérieure : 3 213 millions de $ Agriculture Cultures : agrumes 125 400 t., olives 9 000 t., pommes de terre 120 000 t. Production de bois : 81 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 700 millions de kWh Production industrielle : viande 95 000 t., vin 560 000 hl Recettes touristiques : 1 613 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 429 millions de $ dont pommes de terre 18 % Total importations : 3 678 millions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense : 5,6 % du PIB ➡ TENDANCES Candidat à l’Union européenne, Chypre a poursuivi ses efforts d’adaptation, notamment en matière d’institutions bancaires. Sur le plan économique, l’année écoulée a confirmé le contraste entre un Sud prospère et la République turque de Chypre du Nord en proie à une crise de grande ampleur. Vingt-six ans après la division de l’île, les Chypriotes grecs et turcs n’avaient toujours pas trouvé de solution en dépit downloadModeText.vue.download 370 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 368 des négociations menées sous l’égide de l’ONU. COLOMBIE Superficie : 1 140 000 km 2 Population : 42 803 000 hab. Capitale : Bogotá 6 200 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Andrés Pastrana Arango Organisation administrative : 32 départements, 1 district Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso colombien ➡ HISTORIQUE 1819 : après les victoires de Bolivar contre les troupes espagnoles, l’indépendance du pays est proclamée. 1948 : sanglante guerre civile entre libéraux et conservateurs. années 60 et 70 : apparition de guérillas marxisantes. années 80 : le trafic de la cocaïne devient un enjeu national. 1998 : élection du conservateur Andrés Pastrana. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 73,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 32,8 %, 1565 ans 60,3 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 23,18 ‰ Taux de mortalité : 5,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 25,6 ‰ Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 74 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 84,1 milliards de $ PNB/hab. : 2 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 4,29 % Taux annuel d’inflation (1999) : 11,21 % Structure du PIB : 12,8 % pour l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 61,2 % pour les services Dette extérieure : 31 777 millions de $ Taux de chômage : 12,1 % Agriculture Cultures : bananes 1 570 000 t., cacao 51 600 t., café 630 000 t., canne à sucre 37 000 000 t., coton 40 000 t., maïs 1 010 000 t., plantain 2 597 000 t., pommes de terre 2 705 400 t., riz 2 100 000 t., sorgho 339 000 t. Élevage : bovins 26 000 000, ovins 2 200 000, porcins 2 800 000 Production de bois : 20 765 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 45 360 millions de kWh, fer 265 000 t., gaz naturel 4 500 millions de m 3, houille 33 800 000 t., hydroélectricité 31 939 millions de kWh, or 23 000 kg, pétrole 38 900 000 t. Production industrielle : acier 671 000 t., ciment 8 870 000 t., filés de coton 71 000 t., sucre 2 332 000 t., textiles synthétiques 55 000 t., viande 1 298 000 t. Recettes touristiques : 955 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 11 455 millions de $ dont pétrole et dérivés 27 % Total importations : 15 379 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 40 % Défense Total forces armées : 144 000 hommes Budget de la Défense : 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES Après une récession particulièrement aiguë en 1999, l’économie colombienne avait redémarré en 2000. Le millésime 2001 a confirmé ce rebond, même si les négociations avec les guérillas n’ont pas avancé de façon significative et que la recrudescence des activités des milices paramilitaires ne porte guère à l’optimisme. downloadModeText.vue.download 371 sur 518 STATISTIQUES 369 COMORES Superficie : 1 900 km 2 Population : 727 000 hab. Capitale : Moroni 44 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouverne- ment : (Président de la République) Azali Hassounani Organisation administrative : 3 gouvernorats Langues officielles : français, arabe Religion : islam Monnaie : franc des Comores ➡ HISTORIQUE 1886 : protectorat français. 1975 : indépendance des Comores, à l’exception de Mayotte. 1989 : assassinat du président Abdallah. 1992 et 1995 : tentatives de coup d’État. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 244 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans 52,8 %, + 65 ans 24,2 % Taux de natalité : 33,74 ‰ Taux de mortalité : 9,35 ‰ Taux de mortalité : infantile 67 ‰ Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 62 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,2 milliard de $ PNB/hab. : 350 $ Structure du PIB : 39,4 % pour l’agriculture, 13,1 % pour l’industrie, 47,5 % pour les services Dette extérieure : 197 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 59 000 t., maïs 4 000 t., manioc 50 000 t., riz 17 000 t. Élevage : bovins 50 000, caprins 140 000, ovins 20 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 32 millions de kWh Recettes touristiques : 20 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 11 millions de $ dont vanille 55 % Total importations : 157 millions de $ dont produits alimentaires 27 % ➡ TENDANCES Le gouvernement installé à Moroni, les autorités séparatistes d’Anjouan et l’opposition sont finalement parvenus à un accord scellé sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine, portant sur l’installation d’un Nouvel ensemble comorien (NEC). En attendant la tenue d’un référendum constitutionnel, le conflit entre Anjouan et la Grande Comore a continué de faire sentir ses effets, comme en aura attesté la dégradation du climat économique et social de l’archipel. CONGO !RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU! Superficie : 2 345 000 km 2 Population : 47 069 000 hab. Capitale : Kinshasa 1 664 309 hab. (4 400 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Joseph Kabila Organisation administrative : 1 municipalité, 10 régions Langue officielle : français Religions : protestantisme, Eglises indigènes, catholicisme Monnaie : franc congolais ➡ HISTORIQUE 1885 : colonisation belge. 1960 : indépendance du Congo (République démocratique). downloadModeText.vue.download 372 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 370 1963 : échec de la sécession du Katanga. 1965 : le président Kasavubu est déposé par le général Mobutu. 1971 : le pays est rebaptisé Zaïre. 1977 et 1978 : appel aux troupes françaises pour mater les opposants. 1997 : le leader de la rébellion soutenue par le Rwanda, Laurent-Désiré Kabila, prend le pouvoir. 2001 : assassinat du président Kabila auquel succède son fils. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 22 hab./km 2 Part de la population urbaine : 30 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 48,8 %, 1565 ans 46,7 %, + 65 ans 4,5 % Taux de natalité : 45,32 ‰ Taux de mortalité : 14,71 ‰ Taux de mortalité : infantile 77,2 ‰ Espérance de vie : hommes 45 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,7 milliard de $ PNB/hab. : 550 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 3 % Taux annuel d’inflation (1999) : 5,43 % Structure du PIB : 10,4 % pour l’agriculture, 49,1 % pour l’industrie, 40,5 % pour les services Dette extérieure : 12 330 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 382 000 t., bananes 312 000 t., cacao 6 600 t., café 36 000 t., canne à sucre 1 669 000 t., caoutchouc 10 000 t., coton 9 000 t., igname 300 000 t., maïs 1 184 000 t., manioc 16 500 000 t., palmiste 72 000 t., patates douces 410 000 t., plantain 2 250 000 t., riz 337 800 t. Élevage : bovins 890 000, caprins 4 300 000, ovins 920 000, porcins 1 050 000, poulets 25 000 000 Pêche : 163 000 t. Production de bois : 48 575 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 38 000 t., diamants 22 240 000 carats, électricité 6 180 millions de kWh, hydroélectricité 5 945 millions de kWh, or 1 252 kg, pétrole 1 384 000 t. Production industrielle : huile de palme 180 000 t., sucre 50 000 t. Recettes touristiques : 2 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 140 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 32 % Total importations : 1 048 millions de $ Principaux clients Belgique 43 %, États-Unis 22 % Défense Total forces armées : 55 900 hommes Budget de la Défense : 4,5 % du PIB ➡ TENDANCES L’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, président autoproclamé de la République démocratique du Congo (RDC), a largement dominé l’actualité politique de l’année écoulée. La disparition du tombeur de Mobutu est intervenue alors que le pays, découpé en plusieurs zones de guerre, se trouve littéralement en voie de décomposition. CONGO Superficie : 342 000 km 2 Population : 3 111 000 hab. Capitale : Brazzaville 937 579 hab. (1 000 000 hab. dans l’agglomération) Chef de l’État et du gouvernement : Denis Sassou-Nguesso Organisation administrative : 10 régions, la capitale Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1886 : colonisation par la France. 1960 : indépendance de la République du Congo. 1969 : instauration d’un régime marxiste. 1992 : retour au régime républicain. 1997 : Denis Sassou-Nguesso reprend le pouvoir avec l’aide des troupes angolaises. downloadModeText.vue.download 373 sur 518 STATISTIQUES 371 ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 8 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 46,3 %, 15- 65 ans 48,6 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 43,6 ‰ Taux de mortalité : 15,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 65,8 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 50 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,82 milliard de $ PNB/hab. : 670 $ Structure du PIB : 9,5 % pour l’agriculture, 57 % pour l’industrie, 33,3 % pour les services Dette extérieure : 5 071 millions de $ Agriculture Cultures : ananas 12 000 t., arachides 22 000 t., bananes 52 000 t., cacao 2 000 t., café 400 t., canne à sucre 450 000 t., maïs 2 000 t., manioc 791 000 t. Élevage : bovins 77 000, caprins 290 000, ovins 116 000, porcins 46 000 Pêche : 34 000 t. Production de bois : 3 908 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 440 millions de kWh, gaz naturel 3 000 millions de m 3, pétrole 12 200 000 t. Recettes touristiques : 3 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 938 millions de $ dont pétrole et dérivés 85 % Total importations : 930 millions de $ Défense Total forces armées : 10 000 hommes Budget de la Défense : 3,0 % du PIB ➡ TENDANCES Le ramassage des armes a réellement progressé et par dizaines de milliers des Congolais sont rentrés au pays au cours de l’année écoulée. Quatre ans donc après le coup d’État militaire perpétré par Denis Sassou-Nguesso, le Congo paraissait fermement décide à aller jusqu’au bout de la normalisation engagée au lendemain de l’accord de cessez-le-feu conclu en décembre 1999. Mais le coût de la reconstruction apparaît élevé. CORÉE DU NORD Superficie : 120 500 km 2 Population : 22 428 000 hab. Capitale : Pyongyang 3 187 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État : (Chef de la Commission de défense nationale) Kim Jong-il Chef du gouvernement : Hong Song-nam Organisation administrative : 13 municipalités, 9 provinces Langue officielle : coréen Religion : bouddhisme Monnaie : won nord-coréen ➡ HISTORIQUE 1910 : annexion de la Corée par le Japon. 1945 : entrée des troupes russes jusqu’au 38e parallèle. 1948 : proclamation de la Corée du Nord. 1950 : la Corée du Nord envahit le Sud avec l’appui de l’URSS et de la Chine. 1953 : reconnaissance des deux États séparés. 1993 : la Corée du Nord rejette le traité de non-prolifération nucléaire. 1994 : mort du Kim Il-sung, remplacé au pouvoir par son fils Kim Jong-il. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 194 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 26,5 %, 1565 ans 63,5 %, + 65 ans 10 % Taux de natalité : 19,58 ‰ Taux de mortalité : 5,36 ‰ Taux de mortalité : infantile 39,1 ‰ Espérance de vie : hommes 59 ans, femmes 62 ans Agriculture Cultures : blé 189 000 t., maïs 1 235 000 t., orge 70 000 t., patates douces 175 000 t., pommes de terre 1 963 000 t., downloadModeText.vue.download 374 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 372 riz 2 100 000 t., soie 4 700 t., soja 420 000 t. Élevage : bovins 565 000, caprins 1 900 000, porcins 2 970 000, poulets 8 000 000 Pêche : 186 000 t. Production de bois : 4 969 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 12 000 t., fer 4 400 000 t., phosphates 500 000 t., plomb 50 000 t., zinc 90 000 t. Commerce extérieur Total exportations : 907 millions de $ Total importations : 1 686 millions de $ Défense Total forces armées : 1 082 000 hommes Budget de la Défense : 9,2 % du PIB ➡ TENDANCES Débordée par une famine de grande ampleur aggravée par une sécheresse exceptionnelle, la Corée du Nord a multiplié les gestes indiquant qu’elle était prête à mettre fin à l’autarcie qui lui tient lieu de système politique et économique. Désigne par le président américain George W. Bush comme un « État voyou », le dernier régime stalinien de la planète a semblé être condamné à jouer la carte de l’ouverture, fûtelle modeste. Après avoir rompu le dialogue engagé avec Séoul en 2000, le leader nord-coréen est donc revenu à la table des néSuperficie : 99 000 km 2 Population : 47 201 900 hab. Capitale : Séoul 10 776 201 hab. (18 000 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Kim Dae-jung Chef du gouvernement : Lee Han-dong Organisation administrative : 5 municipalités, 9 provinces, la municipalité de la capitale Langue officielle : coréen Religion : bouddhisme Monnaie : won ➡ HISTORIQUE 1948 : Syngman Rhee, premier président de la Corée du Sud. gociations, après avoir reçu le feu vert de la Russie et de la Chine. CORÉE DU SUD 1950 : appui des États-Unis contre l’invasion de la Corée du Nord. 1961 : le général Park Chunghee s’empare du pouvoir. 1987 : démocratisation du régime. 1998 : élection du civil démocrate Kim Dae-jung. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 475 hab./km 2 Part de la population urbaine : 81,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,8 %, 1555 ans 68,2 %, + 65 ans 6,7 % Taux de natalité : 14,06 ‰ Taux de mortalité : 6,23 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,1 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 402,3 milliards de $ PNB/hab. : 8 490 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 10,66 % Taux annuel d’inflation (1999) : 0,81 % Structure de la population active : agriculture 11 %, mines et industrie 31,3 %, services 57,7 % Structure du PIB : 5,7 % pour l’agriculture, 42,9 % pour l’industrie, 51,3 % pour les services Dette brute : 11 % du PIB Taux de chômage : 4,3 % Agriculture Cultures : orge 410 000 t., pommes de terre 562 000 t., riz 7 270 500 t., soie 322 t., soja 156 000 t., tabac 65 400 t. Élevage : bovins 2 486 500, porcins 7 863 700, poulets 88 000 000 Pêche : 2 353 000 t downloadModeText.vue.download 375 sur 518 STATISTIQUES 373 Production de bois : 6 491 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 215 306 millions de kWh, fer 270 000 t., houille 4 356 000 t., or 13 238 kg, plomb 174 000 t. Production industrielle : acier 1 998 000 t., ciment 60 504 000 t., construction navale 12 128 000 tjb., filés de coton 275 000 t., textiles synthétiques 2 497 000 t., voitures particulières 1 625 000 Recettes touristiques : 5 200 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 135 986 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 52 % Total importations : 144 604 millions de $ Défense Total forces armées : 672 000 hommes Budget de la Défense : 3,1 % du PIB ➡ TENDANCES Le président Kim Dae-jung s’est employé à relancer le processus de discussions avec la Corée du Nord. Après avoir dû procéder à un remaniement ministériel sous la pression du Parlement, le président a finalement réussi à obtenir en septembre l’aval de son homologue de Pyongyang pour reprendre le dialogue. Sur le plan économique, on parlera d’un tassement de la croissance. COSTA RICA Superficie : 51 000 km 2 Population : 4 112 000 hab. Capitale : San José 988 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Miguel Angel Rodriguez Echeverria Organisation administrative : 7 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : colon costaricain ➡ HISTORIQUE 1821 : la colonie espagnole obtient son indépendance. 1913 : première élection d’un président au suffrage universel. 1953 : le président Ferrer pratique une politique réformiste et obtient des avantages des entreprises américaines implantées dans le pays. 1987 : accord de bon voisinage avec le Guatemala, le Nicaragua et le Honduras. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 70 hab./km 2 Part de la population urbaine : 47,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 32,4 %, 1565 ans 60,1 %, + 65 ans 7,5 % Taux de natalité : 21,02 ‰ Taux de mortalité : 3,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 79 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 13,5 milliards de $ PNB/hab. : 3 570 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 7,97 % Taux annuel d’inflation (1999) : 10,5 % Structure de la population active : agriculture 21,8 %, mines et industrie 23,1 %, services 60,1 % Structure du PIB : 10,6 % pour l’agriculture, 36,5 % pour l’industrie, 52,9 % pour les services Dette extérieure : 3 548 millions de $ Taux de chômage : 5,7 % Agriculture Cultures : ananas 340 000 t., bananes 2 101 500 t., café 162 800 t., canne à sucre 4 000 000 t., riz 262 200 t. Élevage : bovins 1 688 000, porcins 290 000, poulets 17 000 000 Production de bois : 5 091 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 4 700 millions de kWh, hydroélectricité 4 700 millions de kWh downloadModeText.vue.download 376 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 374 Production industrielle : sucre 355 000 t. Recettes touristiques : 752 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 4 273 millions de $ dont bananes et café 41 % Total importations : 4 302 mil- lions de $ dont produits de base 41 %, biens d’équipement 20 % Défense Total forces armées : 7 000 hommes Budget de la Défense : 0,6 % du PIB ➡ TENDANCES Pour la seconde année consécutive, le Costa Rica a connu une croissance économique médiocre. C’est pourquoi les autorités costariciennes ont semblé se souvenir brusquement que le pays avait besoin d’une urgente modernisation des infrastructures et que le retour à meilleure fortune ne pourrait se faire qu’au prix d’une profonde réforme de l’administration. Un chantier toutefois difficile à mettre en oeuvre au moment où la cote de popularité du président Rodriguez était indexée sur la courbe de la croissance. CÔTE D’IVOIRE Superficie : 322 000 km 2 Population : 16 349 000 hab. Capitale : Yamoussoukro 155 803 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Henri Konan Bédié Chef du gouvernement : Daniel Kablan Duncan Organisation administrative : 16 régions Langue officielle : français Religions : islam, christianisme, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1893 : début de la colonisation française. 1960 : indépendance du pays. Félix Houphouët-Boigny premier président. 1990 : abolition du régime de parti unique. 1993 : mort d’Houphouët-Boigny, remplacé par Henri Konan Bédié. 1999 : le général Gueï s’empare du pouvoir. 2000 : le socialiste Laurent Gbagbo remporte l’élection présidentielle. Le général Gueï est chassé du pouvoir par la rue. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 49 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 52,9 %, + 65 ans 5 % Taux de natalité : 36,6 ‰ Taux de mortalité : 16,15 ‰ Taux de mortalité : infantile 80,8 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 10,4 milliards de $ PNB/hab. : 670 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,79 % Taux annuel d’inflation (1999) : 0,79 % Structure du PIB : 26 % pour l’agriculture, 26,4 % pour l’industrie, 47,6 % pour les services Dette extérieure : 15 609 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 144 027 t., bananes 241 000 t., cacao 1 300 000 t., café 365 000 t., canne à sucre 1 155 000 t., caoutchouc 116 000 t., coton 114 000 t., igname 2 800 000 t., maïs 571 000 t., manioc 1 700 000 t., millet 65 000 t., plantain 1 200 000 t., riz 1 161 500 t., sorgho 19 000 t. Élevage : bovins 1 330 000, caprins 1 070 000, ovins 1 370 000, poulets 31 059 000 downloadModeText.vue.download 377 sur 518 STATISTIQUES 375 Production de bois : 14 982 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 310 millions de kWh, hydroélectricité 1 900 millions de kWh Production industrielle : filés de coton 27 000 t., huile de palme 265 000 t. Recettes touristiques : 88 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 4 279 millions de $ dont cacao 28 % Total importations : 3 042 millions de $ dont produits pétroliers 20 % Défense Total forces armées : 13 900 hommes Budget de la Défense : 1,0 % du PIB ➡ TENDANCES Un putsch, qui tourne vite court, un scrutin législatif partiel, qui ne modifie pas le rapport des forces au Parlement, des élections municipales, au terme desquelles s’impose le parti d’Alassane Ouattara, le rival du président Laurent Gbagbo, ont composé l’année politique ivoirienne. Mais l’apaisement visible des tensions ne aurait masquer la fracture qui oppose le nord et le sud du pays. CROATIE Superficie : 56 500 km 2 Population : 4 655 000 hab. Capitale : Zagreb 890 000 hab. dans l’agglomération Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Stipe Mesic Chef du gouvernement : Ivica Racan Organisation administrative : 20 comtés Langue officielle : croate Religion : catholicisme Monnaie : kuna ➡ HISTORIQUE 1918 : la Croatie est détachée de l’Empire austro-hongrois pour être intégrée au nouveau royaume yougoslave. 1941 : occupation allemande et constitution d’un régime de collaboration. 1945 : intégration de la Croatie dans le nouvel État yougoslave. 1991 : proclamation de l’indépendance et combats avec la Serbie. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 80 hab./km 2 Part de la population urbaine : 57,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 61,8 %, + 65 ans 20,2 % Taux de natalité : 10,35 ‰ Taux de mortalité : 11,49 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,1 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 20,1 milliards de $ PNB/hab. : 4 530 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 3,7 % Structure du PIB : 8,6 % pour l’agriculture, 32 % pour l’industrie, 59,4 % pour les services Dette extérieure : 6 842 millions de $ Agriculture Cultures : betteraves à sucre 770 000 t., blé 1 080 000 t., maïs 800 000 t., pommes de terre 500 000 t., raisin 421 000 t. Élevage : bovins 438 500, ovins 488 500, porcins 1 361 600, poulets 9 959 000 Pêche : 20 000 t. Production de bois : 2 912 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 10 358 millions de kWh, gaz naturel 1 566 millions de m 3, houille 59 000 t., pétrole 1 477 000 t. Production industrielle : acier 46 000 t., aluminium 20 000 t., construction navale 443 000 tjb. Recettes touristiques : 2 165 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 4 341 millions de $ downloadModeText.vue.download 378 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 376 Total importations : 9 121 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 27 % Défense Total forces armées : 61 000 hommes Budget de la Défense : 5,9 % du PIB ➡ TENDANCES La Croatie s’est employée à montrer au cours de l’année combien elle était soucieuse de rattraper son retard par rapport à ses voisins d’Europe centrale sur la voie de l’intégration européenne. Celle-ci en passe par un réexamen sans complexe de l’ère Tudjman sous la conduite du président Stipe Mesic, artisan d’une coopération avec le TPI de La Haye qui provoquera une crise politique à Zagreb. Rattrapée donc par un passé nationaliste qui appelle une repentance exemplaire, la Croatie a choisi de multiplier les contacts avec les instances internationales afin de stimuler sa croissance. CUBA Superficie : 111 000 km 2 Population : 11 237 000 hab. Capitale : La Havane 2 256 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république, régime socialiste Chef de l’État et du gouvernement : (Président du Conseil d’État) Fidel Castro Organisation administrative : 1 municipalité, 14 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso cubain ➡ HISTORIQUE 1898 : indépendance de Cuba à la suite de la guerre entre l’Espagne et les États-Unis. Protectorat américain de fait sur l’île. 1952 : retour au pouvoir de Fulgencio Batista. 1958 : Fidel Castro s’empare du pouvoir. 1961 : invasion manquée de Cuba par des exilés soutenus par les Américains. 1962 : rapprochement avec l’URSS. 1994 : afflux de réfugiés cubains vers les États-Unis. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 102 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,2 %, 15-65 ans 65,1 %, + 65 ans 13,7 % Taux de natalité : 13,25 ‰ Taux de mortalité : 7,03 ‰ Taux de mortalité : infantile 7,3 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 78 ans Agriculture Cultures : ananas 19 000 t., bananes 153 500 t., canne à sucre 36 000 000 t., manioc 250 000 t., patates douces 220 000 t., pommes de terre 206 200 t., riz 280 400 t., tabac 37 900 t. Élevage : bovins 4 650 000, porcins 2 400 000, poulets 12 000 000 Pêche : 109 000 t. Production de bois : 3 152 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 11 190 millions de kWh, gaz naturel 37 000 millions de m 3, nickel 62 000 t., pétrole 349 000 t. Production industrielle : ciment 2 600 000 t., filés de coton 5 000 t., sucre 4 320 000 t. Recettes touristiques : 1 338 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 755 millions de $ dont sucre 73 % Total importations : 2 642 millions de $ downloadModeText.vue.download 379 sur 518 STATISTIQUES 377 Principaux clients : pays de l’UE 29 %, Russie 18 % Défense Total forces armées : 65 000 hommes Budget de la Défense : 2,7 % du PIB ➡ TENDANCES L’état de santé de Fidel Castro – 75 ans en août 2001 – a constitué le sujet principal de l’actualité politique. Le président occupe une telle place depuis plus de 40 ans que la perspective de sa disparition semble générer un sentiment d’incertitude dans la population. À l’inverse, la diaspora cubaine attend de la mort du président une transition dans l’île. Cette année, la croissance a été pénalisée par l’alourdissement de la facture énergétique et la chute des cours du sucre. Raul Castro, frère et dauphin désigné du président, a rappelé que le socialisme survivrait à la mort de celui qui n’aura cessé de l’incarner. DANEMARK Superficie : 43 000 km 2 Population : 5 333 000 hab. Capitale : Copenhague (1 300 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Marguerite II Chef du gouvernement : Anders Fogh Rasmussen Organisation administrative : 2 municipalités, 14 comtés Langue officielle : danois Religion : protestantisme Monnaie : couronne danoise ➡ HISTORIQUE 1814 : perte de la Norvège. 1849 : promulgation d’une Constitution démocratique. 1864 : le Danemark perd le Slesvig-Holstein et Kiel. 1924 : les sociaux-démocrates s’installent durablement au pouvoir. 1940 : occupation allemande. 1973 : entrée dans l’UE. 1993 : adhésion par référendum au traité de Maastricht sans participation à l’euro. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 126 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,3 %, 1565 ans 61,7 %, + 65 ans 20 % Taux de natalité : 12,25 ‰ Taux de mortalité : 11,69 ‰ Taux de mortalité : infantile 5 ‰ Espérance de vie : hommes 73 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 172,5 milliards de $ PNB/hab. : 32 050 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 1,68 % Taux annuel d’inflation (1999) : 2,5 % Structure de la population active : agriculture 3,7 %, mines et industrie 26,8 %, services 69,5 % Dette brute : 59,5 % du PIB Taux de chômage : 4,7 % Agriculture Cultures : betteraves à sucre 3 396 000 t., blé 4 700 000 t., orge 3 529 000 t., pommes de terre 1 503 600 t., seigle 528 000 t. Élevage : bovins 1 852 000, ovins 233 000, porcins 11 551 000, poulets 18 156 000 Pêche : 1 600 000 t. Production de bois : 2 288 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 40 960 millions de kWh, gaz naturel 7 860 millions de m 3, pétrole 11 676 000 t. Production industrielle : acier 824 000 t., beurre 50 400 t., downloadModeText.vue.download 380 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 378 ciment 2 600 000 t., construction navale 508 000 tjb., fromage 299 100 t., lait 4 668 000 t., sucre 555 000 t., viande 1 989 000 t. Recettes touristiques : 3 159 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 48 793 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 27 % Total importations : 44 472 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 33 %, produits de base 19 % Défense Total forces armées : 24 300 hommes Budget de la Défense : 1,5 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 344 Apport en calories : 3 808 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 331/1 000 hab. Téléphones : 633/1 000 hab. Télévisions : 574/1 000 hab. ➡ TENDANCES Le « non » danois à la monnaie unique tel qu’il s’était manifesté lors du référendum organisé en septembre 2000 a donné le « la » du millésime économique et social 2001. En effet, les bonnes performances de l’économie danoise – croissance maîtrisée, budget excédentaire, chômage modéré – n’ont pas semblé de nature à nourrir dans la population le moindre regret d’avoir tourné le dos à l’euro. Ainsi, la consommation des ménages a été si forte que le gouvernement a dû prendre un certain nombre de mesures pour la freiner, ce qui lui a permis de maîtriser la croissance dans une économie menacée de surchauffe. En revanche, si le Danemark a choisi de rester hors du champ de l’union économique et monétaire, il a toutefois rejoint l’espace Schengen. DJIBOUTI Superficie : 23 000 km 2 Population : 644 000 hab. Capitale : Djibouti (423 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime : république à régime présidentiel Chef de l’État : Ismail Omar Guelleh Chef du gouvernement : Dileita Mohamed Dileita Organisation administrative : 5 districts Langues officielles : français, arabe Religion : islam Monnaie : franc de Djibouti ➡ HISTORIQUE 1862 : protectorat français. 1888 : création de la ville de Djibouti. 1967 : maintien par référendum dans la République française. 1977 : indépendance de Djibouti. 1991 : rébellion des Afars et quasi-guerre civile. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 28 hab./km 2 Part de la population urbaine : 83,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,2 %, 1565 ans 51,3 %, + 65 ans 5,5 % Taux de natalité : 36,7 ‰ Taux de mortalité : 14,83 ‰ Taux de mortalité : infantile 117 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 48 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,5 milliard de $ Taux de croissance annuelle du PIB (1997) : 0,5 % Structure du PIB : 3,6 % pour l’agriculture, 20,5 % pour l’industrie, 75,8 % pour les services Dette extérieure : 284 millions de $ Agriculture Élevage : bovins 269 000, caprins 511 000, chameaux 62 000, ovins 463 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 185 millions de kWh Production industrielle : lait 12 000 t., viande 8 000 t. Recettes touristiques : 4 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 144 millions de $ Total importations : 383 millions de $ Défense Total forces armées : 8 400 hommes downloadModeText.vue.download 381 sur 518 STATISTIQUES 379 Budget de la Défense : 5,1 % du PIB ➡ TENDANCES Sur le plan extérieur, les relations se sont tendues avec l’Éthiopie. En effet, Addis-Abeba avait décidé, durant le conflit avec l’Érythrée, de réorienter son commerce sur le port de Djibouti. Quant au rapprochement opéré avec un certain nombre de pays arabes et l’Ouganda, il n’a pas suffi à détourner la population de sa préoccupation principale : voir une amélioration substantielle de son quotidien. DOMINICAINE !RÉPUBLIQUE! Superficie : 48 400 km 2 Population : 8 507 000 hab. Capitale : Saint-Domingue (3 300 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Hipólito Mejia Organisation administrative : 29 provinces, 1 district Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : peso dominicain ➡ HISTORIQUE 1697 : partage de l’île entre la France (Haïti) et l’Espagne. 1861 : indépendance de la République dominicaine, confirmée en 1865. 1930 : Rafael Trujillo prend le pouvoir et institue une dictature qui devait durer 31 ans. 1961 : assassinat de Trujillo. 1963 : le président de gauche Juan Bosch est renversé. 1986 : retour au pouvoir du candidat conservateur Joaquin Balaguer. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 174 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 59,6 %, + 65 ans 6,6 % Taux de natalité : 24,04 ‰ Taux de mortalité : 5,3 ‰ Taux de mortalité : infantile 36,3 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 73 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 16,4 milliards de $ PNB/hab. : 1 920 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 8,3 % Taux annuel d’inflation (1999) : 6,5 % Structure de la population active : agriculture 14,8 %, mines et industrie 23,2 %, services 62 % Structure du PIB : 11,3 % pour l’agriculture, 34,3 % pour l’industrie, 54,3 % pour les services Dette extérieure : 4 239 millions de $ Taux de chômage : 15,9 % Agriculture Cultures : bananes 401 800 t., cacao 47 200 t., café 49 900 t., canne à sucre 4 644 600 t., plantain 341 000 t., riz 531 400 t. Élevage : bovins 1 904 400, porcins 900 000 Production de bois : 982 000 m3 Industrie Recettes touristiques : 2 106 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 4 802 millions de $ dont vêtements et cuirs 25 % Total importations : 7 112 millions de $ dont pétrole et dérivés 22 % Défense Total forces armées : 24 500 hommes Budget de la Défense : 0,4 % du PIB ➡ TENDANCES Arrivé au pouvoir à la faveur des élections de mai 2000, le président Hipólito Mejia s’était engagé à lutter contre la corruption et l’évasion fiscale généralisées. Un an après, même si rien ne permettait de douter de la volonté présidentielle, les résultats n’étaient guère spectaculaires. Sur le plan économique, la République dominicaine a affiché un downloadModeText.vue.download 382 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 380 taux de croissance parmi les plus élevés de la région. DOMINIQUE Superficie : 751 km 2 Population : 71 000 hab. Capitale : Roseau 24 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Vernon Shaw Chef du gouvernement : Pierre Charles Organisation administrative : 10 paroisses Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE 1763 : colonie britannique. 1978 : proclamation de l’indépendance. 1980-1995 : alternance au pouvoir du Parti travailliste et du Parti dominicain de la liberté. Réussite de la réforme agraire et de l’ouverture au tourisme. Liens étroits avec les ÉtatsUnis et la France. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 97 hab./km 2 Part de la population urbaine : 70,7 % Taux de natalité : 20,18 ‰ Taux de mortalité : 7 ‰ Taux de mortalité : infantile 15,8 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 78 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,2 milliard de $ PNB/hab. : 3 260 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 0,12 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,18 % Structure du PIB : 18,5 % pour l’agriculture, 22,5 % pour l’industrie, 59 % pour les services Dette extérieure : 98 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 30 000 t. Élevage : bovins 13 400, caprins 9 700, ovins 7 600 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 52 millions de kWh Recettes touristiques : 37 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 100 millions de $ dont bananes 56 % Total importations : 246 millions de $ dont produits de base 22 % ÉGYPTE Superficie : 1 000 000 km 2 Population : 69 080 000 hab. Capitale : Le Caire (9 900 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Hosni Moubarak Chef du gouvernement : Atef Ebeid Organisation administrative : 26 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : livre égyptienne ➡ HISTORIQUE 1517 : province de l’Empire ottoman. 1914 : protectorat britannique. 1922 : indépendance de l’Égypte. 1952 : instauration de la République. 1954 : prise du pouvoir par Gamal Abdel Nasser. 1967 : défaite devant Israël et perte du Sinaï. downloadModeText.vue.download 383 sur 518 STATISTIQUES 381 1979 : traité de paix avec Israël. 1980 : assassinat d’Anouar el-Sadate. Hosni Moubarak lui succède. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 45 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 35,4 %, 1565 ans 58,3 %, + 65 ans 6,3 % Taux de natalité : 25,5 ‰ Taux de mortalité : 6,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 40,5 ‰ Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 90,1 milliards de $ PNB/hab. : 1 380 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 6,04 % Taux annuel d’inflation (1999) : 3,8 % Structure de la population active : agriculture 34,2 %, mines et industrie 21,6 %, services 44,1 % Structure du PIB : 17,4 % pour l’agriculture, 31,5 % pour l’industrie, 51 % pour les services Dette extérieure : 29 849 mil- lions de $ Agriculture Cultures : agrumes 2 276 100 t., arachides 182 000 t., blé 6 650 000 t., canne à sucre 15 500 000 t., colon 315 000 t., lin 14 000 t., maïs 5 600 000 t., orge 148 000 t., riz 5 600 000 t., sorgho 770 000 t. Élevage : bovins 3 180 000, buffles 3 200 000, caprins 3 300 000, ovins 4 450 000, poulets 86 000 000 Pêche : 419 000 t. Production de bois : 2 753 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 54 830 millions de kWh, fer 1 750 000 t., gaz naturel 12 000 millions de m 3, hydroélectricité 10 810 millions de kWh, pétrole 42 900 000 t. Production industrielle : acier 2 870 000 t., aluminium 187 000 t., ciment 14 230 000 t., filés de coton 266 000 t., sucre 1 230 000 t., textiles synthétiques 40 000 t. Recettes touristiques : 3 847 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 3 908 millions de $ dont pétrole et produits pétroliers 48 % Total importations : 13 095 millions de $ dont machines et équipement de transport 25 %, produits alimentaires 23 % Défense Total forces armées : 450 000 hommes Budget de la Défense : 2,4 % du PIB ➡ TENDANCES L’actualité diplomatique a été dominée par l’enlisement du processus de paix dans le conflit israélo-palestinien et, bien sûr, par l’onde de choc des attentats terroristes contre New York et Washington. Sur le plan économique, l’année 2001 aura été un mauvais millésime, au point que la Banque centrale a dû dévaluer à deux reprises la livre égyptienne. ÉMIRATS ARABES UNIS Superficie : 80 000 km 2 Population : 2 654 000 hab. Capitale : Abu Dhabi 242 975 hab. (927 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie Chef de l’État : (Président du Conseil suprême des souverains) Zayid ibn Sultan al-Nahyan Chef du gouvernement : Maktum ibn Rachid al-Maktum Organisation administrative : 7 Émirats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dirham ➡ HISTORIQUE 1892 : protectorat britannique. 1971 : indépendance des six émirats. Constitution d’un downloadModeText.vue.download 384 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 382 État fédéral avec Abu Dhabi comme capitale. 1979 : Abu Dhabi tente d’imposer un pouvoir unitaire. 1993 : appui à l’accord israélo-palestinien. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 85,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 26 %, 1565 ans 68,9 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 17,54 ‰ Taux de mortalité : 2,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 10,9 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 44,6 milliards de $ PNB/hab. : 17 390 $ Agriculture Cultures : agrumes 25 100 t., dattes 250 000 t., tomates 550 000 t. Élevage : bovins 85 000, caprins 1 050 000, chameaux 170 000, ovins 440 000, poulets 15 000 000 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 18 900 millions de kWh, gaz naturel 25 400 millions de m 3, pétrole 121 400 000 t. Production industrielle : aluminium 387 000 t., ciment 3 800 000 t., viande 88 000 t. Commerce extérieur Total exportations : 30 423 millions de $ Total importations : 31 050 millions de $ Défense Total forces armées : 64 500 hommes Budget de la Défense : 8,0 % du PIB ➡ TENDANCES Les années se suivent et se ressemblent. Les Émirats arabes unis ont abordé la première année du nouveau millénaire comme il l’avaient fait en 2000, c’est-àdire confortablement adossés à la manne pétrolière. D’ailleurs, tous les pays de la zone OPEP ont enregistré des surplus de recettes imprévus. Détenteur de la majorité des réserves d’or noir, Abu Dhabi demeure sans contestation possible l’élément moteur de la fédération des Émirats arabes unis (EAU). ÉQUATEUR Superficie : 270 670 km 2 Population : 12 880 000 hab. Capitale : Quito 1 754 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Gustavo Noboa Organisation administrative : 21 provinces Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : sucre ➡ HISTORIQUE 1830 : indépendance de l’Équateur. 1934 : élection du président de gauche Velasco Ibarra. Renversé l’année suivante il revient plusieurs fois au pouvoir. 1972 : coup d’État militaire. 1995 : nouvelle guerre frontalière avec le Pérou, qui s’achève vite sur un retour au statu quo. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 45 hab./km 2 Part de la population urbaine : 64,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,8 %, 1565 ans 59,3 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 24,4 ‰ Taux de mortalité : 5,97 ‰ Taux de mortalité : infantile 41,5 ‰ Espérance de vie : hommes 68 ans, femmes 71 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 17,9 milliards de $ PNB/hab. : 1 360 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 7,27 % Taux annuel d’inflation (1999) : 52,24 % Structure du PIB : 12,2 % pour l’agriculture, 37,5 % pour l’industrie, 50,4 % pour les services Dette extérieure : 14 918 millions de $ Taux de chômage : 9,2 % Agriculture Cultures : bananes 5 000 000 t., cacao 95 000 t., café 66 000 t., canne à sucre 6 200 000 t., maïs 570 000 t., downloadModeText.vue.download 385 sur 518 STATISTIQUES 383 pommes de terre 543 000 t., riz 1 315 500 t., soja 61 000 t. Élevage : bovins 5 104 800, chevaux 520 000, ovins 2 130 500, porcins 2 708 400, poulets 64 736 000 Pêche : 688 000 t. Production de bois : 10 988 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et gie : électricité 8 200 de kWh, gaz naturel 100 lions de m 3, or 16 000 pétrole 19 600 000 t. énermillions milkg, Production industrielle : viande 415 000 t. Recettes touristiques : 289 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 5 149 millions de $ dont pétrole et produits pétroliers 34 % Total importations : 4 511 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 48 % Défense Total forces armées : 57 100 hommes Budget de la Défense : 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES Un an après le coup d’État larvé qui avait conduit le président Jamil Mahuad, démocratiquement élu, à démissionner, l’Équateur était au bord du gouffre. Les Indiens ont choisi de ne pas relâcher leur pression, obligeant le gouvernement du président Gustavo Noboa à renoncer aux réformes qui s’imposent pourtant dans un pays où le taux d’inflation n’en finit pas de s’envoler (90 %) et où près de la moitié la population vit dans la plus grande pauvreté. ÉRYTHRÉE Superficie : 120 000 km 2 Population : 3 816 000 hab. Capitale : Asmara 514 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Issayas Afeworki Organisation administrative : 10 provinces Langues officielles : tigrigna, arabe Religions : islam, Eglise copte éthiopienne Monnaie : nakfa ➡ HISTORIQUE 1890 : colonisation italienne. 1952 : retour à l’Éthiopie. 1970 : création du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), qui participera à la chute de la dictature Mengistu. 1993 : proclamation de l’indépendance. 1998-2001 : guerre frontalière avec l’Éthiopie. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 40 hab./km 2 Part de la population urbaine : 18,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,4 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 39,1 ‰ Taux de mortalité : 14,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 82,4 ‰ Espérance de vie : hommes 49 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,8 milliard de $ PNB/hab. : 200 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 0,8 % Structure du PIB : 9,2 % pour l’agriculture, 29,5 % pour l’industrie, 61,1 % pour les services Dette extérieure : 76 millions de $ Agriculture Cultures : millet 22 000 t., sorgho 62 000 t. Élevage : bovins 1 400 000, caprins 1 600 000, ovins 1 540 000 Industrie Recettes touristiques : 75 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 95 millions de $ Total importations : 514 mil- lions de $ Défense Total forces armées : 180 000 hommes Budget de la Défense : 23,9 % du PIB downloadModeText.vue.download 386 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 384 ➡ TENDANCES Avec le cessez-le-feu signé en juin 2000 et l’accord de paix conclu en décembre de la même année, l’Érythrée a pu commencer à soigner ses plaies. Il est vrai que les deux ans de guerre qui l’ont opposé à l’Éthiopie à partir de 1998 ont laissé le pays exsangue. ESPAGNE Superficie : 505 000 km 2 Population : 39 921 000 hab. Capitale : Madrid 2 882 860 hab. (4 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Juan Carlos Ier de Bourbon Chef du gouvernement : José Maria Aznar Organisation administrative : 17 communautés autonomes Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaies : euro, peseta espagnole ➡ HISTORIQUE 1923 : coup d’État du général Primo de Rivera. 1931 : proclamation de la république. 1936 : victoire aux élections du Front populaire. Le général Franco déclenche la guerre civile. 1939 : Franco se proclame Caudillo, chef de l’État, à vie. 1940 : l’Espagne reste en dehors du conflit mondial. 1975 : mort de Franco. Retour progressif à la démocratie. Juan Carlos roi d’Espagne. 1982 : l’Espagne adhère à l’OTAN. 1986 : membre de la Communauté économique européenne (CEE). ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 79 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 14,7 %, 15-65 ans 63,5 %, + 65 ans 21,8 % Taux de natalité : 9,27 ‰ Taux de mortalité : 9,34 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,3 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 688,5 milliards de $ PNB/hab. : 14 800 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,75 % Taux annuel d’inflation (1999) : 2,31 % Structure de la population active : agriculture 8,4 %, mines et industrie 30 %, services 61,7 % Structure du PIB : 2,9 % pour l’agriculture Dette brute : 73,3 % du PIB Taux de chômage : 14,1 % Agriculture Cultures : agrumes 5 310 000 t., avoine 952 100 t., betteraves à sucre 8 760 100 t., blé 7 054 000 t., coton 122 000 t., maïs 3 977 600 t., olives 3 564 000 t., orge 10 902 000 t., pommes de terre 3 100 000 t., raisin 4 842 000 t., riz 761 400 t., seigle 209 000 t. Élevage : bovins 6 150 000, caprins 2 600 000, chevaux 260 000, ovins 23 700 000, porcins 21 900 000, poulets 127 000 000 Pêche : 1 341 000 t. Production de bois : 15 704 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 66 t., électricité 188 660 millions de kWh, fer 634 000 t., gaz naturel 580 millions de m 3, houille 12 500 000 t., hydroélectricité 36 848 millions de kWh, lignite 13 700 000 t., pétrole 535 000 t., plomb 24 000 t., uranium 255 t., zinc 172 000 t. Production industrielle : acier 14 400 000 t., aluminium 360 000 t., caoutchouc synthétique 104 000 t., ciment 25 356 000 t., construction navale 660 000 tjb., filés de coton 90 000 t., huile d’olive 602 000 t., laine 30 600 t., sucre 1 158 000 t., textiles synthétiques 328 000 t., vin 34 430 000 hl., voitures particulières 2 156 000 Recettes touristiques : 26 595 millions de $ downloadModeText.vue.download 387 sur 518 STATISTIQUES 385 Commerce extérieur Total exportations : 101 228 millions de $ dont véhicules 25 % Total importations : 118 478 millions de $ dont machines 21 %, produits agricoles 14 %, produits énergétiques 10 % Défense Total forces armées : 186 500 hommes Budget de la Défense : 1,0 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 2,9 % Nombre d’habitants pour 1 médecin : 238 Apport en calories : 3 295 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 389/1 000 hab. Téléphones : 403/1 000 hab. Télévisons : 404/1 000 hab. ➡ TENDANCES En butte à un regain d’activité de l’organisation terroriste ETA, le gouvernement de José Maria Aznar avait manifestement mis beaucoup d’espoir dans les élections du 13 mai au Pays basque pour en extirper la violence. Au bout du compte, c’est de déception qu’il aura été question dans le camp gouvernemental. En effet, même s’ils ont désavoué le bras politique de l’ETA, les électeurs basques ont choisi de reconduire les nationalistes modérés à Vitoria, contraignant le gouvernement à composer avec eux pour lutter contre le terrorisme. Un objectif en phase avec une actualité internationale qui devait désigner la lutte contre le terrorisme comme une priorité de l’Union européenne, dont Madrid se préparait à assumer la présidence en janvier 2002. ESTONIE Superficie : 45 000 km 2 Population : 1 377 000 hab. Capitale : Tallinn 404 000 hab. Principale ville (hormis la capitale) : Tartu 107 303 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Arnold Ruutel Chef du gouvernement : Mart Laar Organisation administrative : 15 districts Langue officielle : estonien Religion : protestantisme Monnaie : couronne estonienne ➡ HISTORIQUE 1561 : l’Estonie est partagée entre la Suède et la Pologne. 1721 : le pays est intégré à l’Empire russe. 1920 : indépendance de l’Estonie. 1940 : intégration dans l’URSS. 1991 : proclamation de l’indépendance. 1995 : accord d’association avec l’Union européenne. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 34 hab./km 2 Part de la population urbaine : 78,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 17,7 %, 15-65 ans 62,1 %, + 65 ans 20,2 % Taux de natalité : 8,7 ‰ Taux de mortalité : 13,58 ‰ Taux de mortalité : infantile 9,7 ‰ Espérance de vie : hommes 65 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,1 milliards de $ PNB/hab. : 3 400 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 1,08 % Taux annuel d’inflation (1999) : 3,3 % Structure du PIB : 7,2 % pour l’agriculture, 27,9 % pour l’industrie, 64,8 % pour les services Dette extérieure : 658 millions de $ Agriculture Cultures : blé 149 000 t., orge 347 000 t., pommes de terre 457 000 t. Élevage : bovins 285 600, ovins 29 400, porcins 281 200, poulets 2 700 000 Pêche : 124 000 t. Production de bois : 3 901 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 8 517 millions de kWh Production industrielle : ciment 430 000 t. downloadModeText.vue.download 388 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 386 Recettes touristiques : 475 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 2 926 millions de $ dont produits textiles 14 % Total importations : 4 438 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 30 % Défense Total forces armées : 4 800 hommes Budget de la Défense : 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES Convoqués aux urnes le 21 septembre pour désigner leur président de la République, les électeurs estoniens ont choisi de porter majoritairement leurs suffrages sur la personne de l’excommuniste Arnold Ruutel. Un choix dont on peut penser qu’il témoigne des réticences suscitées dans l’opinion par l’échéance proche d’une adhésion de l’Estonie à l’Union européenne. Pourtant cette adhésion reste la grande affaire des autorités estoniennes qui lui ont consacré encore cette armée beaucoup d’énergie. ÉTATS!UNIS Superficie : 9 364 000 km 2 Population : 285 926 000 hab. Capitale : Washington 527 059 hab. (3 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) George W. Bush Organisation administrative : 1 district, 50 États Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : dollar des États-Unis ➡ HISTORIQUE 1917 : les États-Unis entrent dans la guerre en Europe. 1929 : crise à Wall Street. 1933 : F. D. Roosevelt est élu président des États-Unis. 1941 : Les États-Unis entrent en guerre contre le Japon. 1960 : J. F. Kennedy élu à la présidence. 1963 : assassinat du président Kennedy. 1975 : défaite des États-Unis au Viêt Nam. 1991 : intervention militaire contre l’Irak (guerre du Golfe). 2000 : le républicain George W. Bush succède au président démocrate Bill Clinton à la suite d’élections très controversées. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 77 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 21,7 %, 15-65 ans 62,2 %, + 65 ans 16,1 % Taux de natalité : 14,7 ‰ Taux de mortalité : 8,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,8 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 9 163,1 milliards de $ PNB/hab. : 31 910 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,6 % Taux annuel d’inflation (1999) : 2,19 % Structure de la population active : agriculture 2,7 %, mines et industrie 23,9 %, services 73,4 % Dette brute : 56,7 % du PIB Taux de chômage : 4 % Agriculture Cultures : agrumes 15 717 700 t., arachides 1 491 000 t., avoine 2 165 000 t., betteraves à sucre 31 115 500 t., blé 61 950 000 t., canne à sucre 33 571 100 t., coton 4 132 000 t., maïs 263 216 000 t., orge 7 674 000 t., pommes de terre 21 700 000 t., riz 8 692 800 t., soja 75 028 000 t., sorgho downloadModeText.vue.download 389 sur 518 STATISTIQUES 387 13 207 000 t., tabac 485 700 t., tournesol 2 380 000 t. Élevage : bovins 98 444 500, chevaux 6 150 000, ovins 4 730 000, porcins 59 529 000, poulets 1 700 000 000 Pêche : 5 448 000 t. Production de bois : 495 305 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 2 038 t., bauxite 35 000 t., cuivre 1 860 000 t., électricité 3 662 942 millions de kWh, fer 39 440 000 t., gaz naturel 535 900 millions de m 3, houille 928 700 000 t., lignite 78 100 000 t., or 363 000 t., pétrole 375 895 000 t., plomb 446 000 t., uranium 1 872 t., zinc 589 000 t. Production industrielle : acier 97 653 000 t., aluminium 3 713 000 t., caoutchouc synthétique 2 650 000 t., ciment 94 800 000 t., construction navale 315 000 tjb., filés de coton 2 006 000 t., laine 22 334 t., lait 71 375 000 t., sucre 7 017 000 t., textiles artificiels 166 000 t., textiles synthétiques 4 244 000 t., viande 35 756 000 t., vin 19 000 000 hl., voitures particulières 5 554 000 Recettes touristiques : 75 056 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 637 505 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 48 % Total importations : 894 995 millions de $ dont machines et équipements 64 %, produits chimiques 11 %, produits agricoles 7 % Défense Total forces armées : 1 371 500 hommes Budget de la Défense : 3,2 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 384 Apport en calories : 3 642 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 521/1 000 hab. Téléphones : 644/1 000 hab. Télévisions : 805/1 000 hab. ➡ TENDANCES C’est un président affaibli par une élection contestée qui s’est installé en 2001 à la Maison-Blanche. Et c’est ce même George W. Bush qui, à la fin de l’année, bénéficiait d’une cote de popularité tout à fait exceptionnelle. Entre-temps, on le sait, les attentats terroristes contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington ont considérablement modifié la donne. Manifestement peu enclin à s’intéresser aux affaires du vaste monde au début de sa présidence, George W. Bush a dû rapidement se familiariser avec la réalité complexe de l’Afghanistan et les tentaculaires ramifications planétaires du terrorisme islamiste. De même, le conflit israélo-palestinien s’est imposé dans le menu diplomatique des États-Unis. Sur le plan économique, le ralentissement de l’activité, observé au tout début de l’année, s’est amplifié sous l’effet des attentats. Pour faire face aux conséquences des attentats, la Maison-Blanche a laissé de côté l’antienne libérale pour mettre en oeuvre une politique économique volontariste. ÉTHIOPIE Superficie : 1 100 000 km 2 Population : 64 459 000 hab. Capitale : Addis-Abeba (2 639 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Negasso Gidada Chef du gouvernement : Meles Zenawi Organisation administrative : 1 municipalité, 9 États Langue officielle : amharique Religions : islam, Église copte éthiopienne Monnaie : birr éthiopien ➡ HISTORIQUE 1889 : couronnement de Menelik II, fondateur d’Addis-Abeba. 1935 : occupation italienne. 1942 : libération de l’Éthiopie par les Britanniques. 1974 : renversement de Hailé Sélassié Ier par une junte militaire. 1977 : le colonel Mengistu instaure un régime downloadModeText.vue.download 390 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 388 autoritaire se réclamant du marxisme-léninisme. 1983 : aide internationale pour lutter contre la famine. 1991 : chute de Mengistu et instauration d’un régime démocratique. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 63 hab./km 2 Part de la population urbaine : 17,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 45,2 %, 1565 ans 50,1 %, + 65 ans 4,7 % Taux de natalité : 44,44 ‰ Taux de mortalité : 19,8 ‰ Taux de mortalité : infantile 106,1 ‰ Espérance de vie : hommes 41 ans, femmes 43 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 6,4 milliards de $ PNB/hab. : 100 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 6,21 % Taux annuel d’inflation (1995) : 10 % Structure de la population active : agriculture 88,5 %, mines et industrie 2 %, services 9,5 % Structure du PIB : 52,3 % pour l’agriculture, 11,1 % pour l’industrie, 36,5 % pour les services Dette extérieure : 10 078 millions de $ Agriculture Cultures : avoine 45 000 t., bananes 78 000 t., blé 1 220 000 t., millet 260 000 t., raisin 4 000 t., sorgho 1 083 000 t., tabac 3 000 t. Élevage : caprins 17 000 000, chameaux 1 030 000, chevaux 2 750 000, ovins 22 100 000, porcins 26 000 Production de bois : 49 355 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 1 310 millions de kWh Production industrielle : filés de coton 9 000 t. Recettes touristiques : 36 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 551 millions de $ dont café 64 % Total importations : 1 409 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 27 %, produits pétroliers 22 % Défense Total forces armées : 325 000 hommes Budget de la Défense : 2,2 % du PIB ➡ TENDANCES La paix signée le 12 décembre 2000 avec l’Érythrée a mis fin à deux ans d’une guerre qui a laissé les belligérants exsangues. Il fau- dra des années pour que l’Éthiopie, pays parmi les plus déshérites avant même le déclenchement des hostilités, retrouve le chemin du développement. FIDJI Superficie : 18 300 km 2 Population : 823 000 hab. Capitale : Suva 196 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Ratu Josefa Iloilo Chef du gouvernement : Laisenia Qarase Organisation administrative : 4 divisions, 1 dépendance Langue officielle : anglais Religion : protestantisme Monnaie : dollar fidjien ➡ HISTORIQUE 1648 : découverte du groupe d’îles par le navigateur hollandais Tasman. 1874 : annexion par les Britanniques. 1970 : accession à l’indépendance. 1987 : coup d’État militaire. 1990 : Constitution privilégiant les droits des Mélanésiens par rapport à ceux des Indiens ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 44 hab./km 2 downloadModeText.vue.download 391 sur 518 STATISTIQUES 389 Part de la population urbaine : 48,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,3 %, 1565 ans 61 %, + 65 ans 5,7 % Taux de natalité : 21,73 ‰ Taux de mortalité : 4,49 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,5 ‰ Espérance de vie : hommes 71 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1,8 milliards de $ PNB/hab. : 2 310 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 1,97 % Structure du PIB : 17,9 % pour l’agriculture, 29 % pour l’industrie, 53,1 % pour les services Dette extérieure : 213 millions de $ Agriculture Cultures : canne à sucre 2 098 000 t., coprah 18 000 t., riz 17 000 t. Élevage : bovins 344 600, caprins 235 000, porcins 111 700, poulets 4 300 000 Production de bois : 598 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : argent 1 t., électricité 465 millions de kWh, or 3 800 kg Production industrielle : ciment 91 000 t., sucre 454 000 t. Recettes touristiques : 308 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 641 millions de $ dont sucre 32 % Total importations : 898 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 23 % Défense Total forces armées : 3 500 hommes Budget de la Défense : 1,3 % du PIB FINLANDE Superficie : 338 300 km 2 Population : 5 178 000 hab. Capitale : Helsinki 555 174 hab. (1 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Tarja Halonen Chef du gouvernement : Paavo Lipponen Organisation administrative : 6 provinces Langues officielles : suédois, finnois Religion : protestantisme Monnaies : euro, mark finlandais ➡ HISTORIQUE 1809 : intégration de la Finlande dans l’Empire russe. 1917 : proclamation de l’indépendance. 1941 : la Finlande se range du côté des Allemands contre l’URSS. 1947 : neutralisation de fait de la Finlande. 1956-1981 : présidence d’Urho Kaleva Kekkonen. 1995 : entrée de la Finlande dans l’Union européenne. 1999 : adhésion à la zone euro. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 17 hab./km 2 Part de la population urbaine : 66,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans 62,1 %, + 65 ans 19,9 % Taux de natalité : 11,1 ‰ Taux de mortalité : 9,73 ‰ Taux de mortalité : infantile 4 ‰ Espérance de vie : hommes 74 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 126,9 milliards de $ PNB/hab. : 24 730 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,01 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,16 % Structure de la population active : agriculture 7,1 %, mines et industrie 27,5 %, services 65,5 % Structure du PIB : 3,7 % pour l’agriculture, 33 % pour l’industrie, 63,3 % pour les services Dette brute : 49,8 % du PIB Taux de chômage : 9,8 % Agriculture Cultures : avoine 1 382 000 t., betteraves à sucre 1 069 000 t., blé 559 000 t., orge 1 900 000 t., pommes de terre 816 000 t., seigle 70 000 t. Élevage : bovins 1 100 600, porcins 1 540 700 Pêche : 199 000 t. Production de bois : 46 597 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 122 000 t., électricité 70 105 millions de kWh, downloadModeText.vue.download 392 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 390 hydroélectricité 14 697 millions de kWh, nickel 35 000 t. Production industrielle : acier 3 947 000 t., beurre 53 000 t., ciment 1 100 000 t., construction navale 42 000 tjb., fromage 94 536 t., lait 2 463 000 t., sucre 140 000 t. Recettes touristiques : 1 630 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 40 933 millions de $ dont papier et pâte à papier 24 % Total importations : 30 991 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 39 %, produits de base 15 % Défense Total forces armées : 31 700 hommes Budget de la Défense : 1,5 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 357 Apport en calories : 2 916 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 379/1 000 hab. Téléphones : 556/1 000 hab. Télévisions : 519/1 000 hab. ➡ TENDANCES Au terme de sa deuxième année à la tête de l’État, Mme Tarja Halonen a pu se féliciter de la bonne tenue des principaux indicateurs économiques. Toutefois, les effets de la récession aux États-Unis ont conduit le gouvernement de Paavo Lipponen à revoir à la baisse ses prévisions de croissance. Pour sa part, la population a semblé manifester une certaine lassitude à l’endroit de la politique d’austérité conduite par la coalition gouvernementale. Quant à l’actualité européenne, elle aura été dominée par l’entrée de la Finlande dans l’espace Schengen. FRANCE Superficie : 549 000 km 2 Population : 61 172 000 hab. Capitale : Paris 2 147 857 hab. (9 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Jacques Chirac Chef du gouvernement : (Premier ministre) Lionel Jospin Organisation administrative : 21 régions, 1 collectivité territoriale Langue officielle : français Religion : catholicisme Monnaies : euro, franc français ➡ HISTORIQUE 1875 : fondation de la IIIe République. 1914-1918 : guerre contre l’Allemagne. 1936 : victoire du Front populaire. 1940 : occupation allemande. 1946 : fondation de la IVe République. 1954 : défaite en Indochine et début de la guerre d’Algérie. 1958 : retour au pouvoir du général de Gaulle et fondation de là Ve République. 1960-1962 : décolonisation de l’Afrique francophone. 1968 : manifestations massives de la jeunesse et des syndicats. 1981 : élection de François Mitterrand à la présidence de la République. 1995 : Jacques Chirac succède à F. Mitterrand. 1997 : Lionel Jospin, Premier ministre. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 107 hab./km 2 Part de la population urbaine : 75,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 18,7 %, 15-65 ans 60,8 %, + 65 ans 20,5 % Taux de natalité : 12,7 ‰ Taux de mortalité : 9,27 ‰ Taux de mortalité : infantile 5 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 82 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 439,9 milliards de $ PNB/hab. : 24 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,92 % Taux annuel d’inflation (1999) : 0,53 % Structure de la population active : agriculture 4,5 %, mines et industrie 25,6 %, services 69,9 % Structure du PIB : 3 % pour l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 72 % pour les services Dette brute : 66,5 % du PIB Taux de chômage : 9,5 % Agriculture downloadModeText.vue.download 393 sur 518 STATISTIQUES 391 Cultures : avoine 477 000 t., betteraves à sucre 29 970 000 t., blé 37 339 100 t., colza 3 756 000 t., lin 66 000 t., maïs 15 915 700 t., orge 10 569 000 t., pommes 2 500 000 t., pommes de terre 6 654 000 t., raisin 7 000 000 t., riz 136 100 t., soja 282 000 t., tabac 25 700 t., tomates 800 000 t., tournesol 1 736 000 t. Élevage : bovins 20 469 700, caprins 1 353 800, chevaux 347 000, ovins 10 185 200, porcins 14 882 500, poulets 238 067 000 Pêche : 830 000 t. Production de bois : 41 440 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 1 600 000 t., électricité 509 920 millions de kWh, fer 450 000 t., gaz naturel 2 300 millions de m 3, houille 5 200 000 t., hydroélectricité 66 080 millions de kWh, lignite 700 000 t., pétrole 1 709 000 t., plomb 283 000 t., uranium 500 t. Production industrielle : acier 20 241 000 t., aluminium 424 000 t., beurre 455 400 t., caoutchouc synthétique 606 000 t., ciment 19 464 000 t., construction navale 13 000 tjb., filés de coton 94 000 t., fromage 1 678 650 t., laine 22 000 t., lait 25 223 000 t., sucre 5 148 000 t., viande 6 512 000 t., vin 56 110 000 hl., voitures particulières 3 351 000 Recettes touristiques : 28 316 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 282 944 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 40 %, produits agricoles 11 % Total importations : 266 165 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 35 %, produits manufacturés 14 % Défense Total forces armées : 317 300 hommes Budget de la Défense : 2,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Nombre d’habitants pour 1 médecin : 344 Apport en calories : 3 551 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 442/1 000 hab. Téléphones : 575/1 000 hab. Télévisions : 589/1 000 hab. ➡ TENDANCES L’année écoulée aura été tout entière dominée par la préparation des prochaines échéances électorales de 2002 – scrutin présidentiel et législatif. Parti en campagne officieusement avec une longueur d’avance sur le Premier ministre, le chef de l’État semblait conserver un avantage dans les sondages à la fin de l’année. Il est vrai que le cours de la situation internationale a relégué au second plan la question des « affaires ». Quant au Premier ministre, qui comptait sur son bilan pour faire campagne, il a pris de plein fouet le retournement de la conjoncture, notamment le retour du chômage. De plus, la coalition gouvernementale a semblé de plus en plus fragilisée à l’approche des échéances. La droite, pour sa part, s’est employée à présenter une unité, ressortant la vieille antienne de la formation unique, pour le plus grand malheur du candidat centriste, François Bayrou, et du libéral Alain Madelin. GABON Superficie : 268 000 km 2 Population : 1 262 000 hab. Capitale : Libreville 523 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Omar Bongo Chef du gouvernement : JeanFrançois Ntoutoume-Emane Organisation administrative : 9 provinces Langue officielle : français Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1843 : colonisation française. 1849 : fondation de Libreville. 1960 : indépendance du Gabon. 1967 : accession au pouvoir d’Omar Bongo. downloadModeText.vue.download 394 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 392 1990 : démocratisation du régime et instauration timide du multipartisme. 1998 : nouvelle réélection d’Omar Bongo contestée par l’opposition. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 5 hab./km 2 Part de la population urbaine : 80,3% Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,2 %, 1565 ans 51,1 %, + 65 ans 8,7 % Taux de natalité : 35,86 ‰ Taux de mortalité : 15,95 ‰ Taux de mortalité : infantile 80 ‰ Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 54 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,8 milliards de $ PNB/hab. : 3 300 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 6,2 % Taux annuel d’inflation (1997) : 3,97 % Structure du PIB : 7,8 % pour l’agriculture, 41,2 % pour l’industrie, 51,1 % pour les services Dette extérieure : 4 284 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 17 000 t., bananes 11 500 t., cacao 700 t., café 100 t., canne à sucre 176 000 t., igname 140 000 t., maïs 31 000 t., manioc 215 000 t., plantain 260 000 t. Élevage : bovins 36 000, caprins 91 000, ovins 198 000, porcins 213 000, poulets 2 700 000 Production de bois : 4 965 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 940 millions de kWh, gaz naturel 306 millions de m 3, hydroélectricité 718 millions de kWh, manganèse 1 900 000 t., pétrole 17 800 000 t., uranium 587 t. Production industrielle : ciment 115 000 t., sucre 17 000 t., viande 28 000 t. Recettes touristiques : 7 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 3 130 millions de $ dont pétrole brut et produits pétroliers 81 % Total importations : 1 155 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 44 % Défense Total forces armées : 4 700 hommes Budget de la Défense : 2,0 % du PIB ➡ TENDANCES À l’exception de quelques tensions au sein de la majorité présidentielle, le Gabon a connu une année politique dégagée. Sur la scène extérieure, le pays du président Bongo ne s’est signalé qu’à travers l’affaire Elf, ce qui a toutefois semblé irriter le chef de l’État. Sur le plan économique, la tonalité était à la morosité, en dépit d’un léger mieux lié à la hausse – temporaire – des cours du pétrole. GAMBIE Superficie : 11 300 km 2 Population : 1 337 000 hab. Capitale : Banjul 229 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Yahya Jammeh Organisation administrative : 1 municipalité, 5 divisions Langue officielle : anglais Religion : islam Monnaie : dalasi ➡ HISTORIQUE 1857 : colonisation britannique. 1965 : accession à l’indépendance. 1967 : accord d’association avec le Sénégal. 1970 : proclamation de la République. 1980 : troubles sociaux dans le pays. 1982-1989 : confédération avec le Sénégal. 1994 : coup d’État militaire dirigé par le lieutenant Jammeh. downloadModeText.vue.download 395 sur 518 STATISTIQUES 393 ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 125 hab./km 2 Part de la population urbaine : 31,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,3 %, 1565 ans 54,5 %, + 65 ans 5,2 % Taux de natalité : 40,6 ‰ Taux de mortalité : 17,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 115 ‰ Espérance de vie : hommes 52 ans, femmes 55 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,4 milliard de $ PNB/hab. : 330 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 6,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : 3,8 % Structure du PIB : 31,4 % pour l’agriculture, 13 % pour l’industrie, 55,7 % pour les services Dette extérieure : 430 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 125 718 t., coton 2 000 t., maïs 21 500 t., manioc 6 000 t., millet 66 000 t., palmiste 2 000 t., riz 28 900 t. Élevage : bovins 360 000, caprins 265 000, ovins 190 000 Production de bois : 1 233 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : hydroélectricité 73 millions de kWh Production industrielle : huile de palme 2 500 t. Recettes touristiques : 22 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 158 millions de $ Total importations : 330 millions de $ dont produits alimentaires 25 % Défense Total forces armées : 800 hommes Budget de la Défense : 3,5 % du PIB ➡ TENDANCES Sept ans après l’arrivée au pouvoir – au terme d’un coup d’État militaire – du lieutenant Yahya Jammeh, aujourd’hui président de la République, force était de constater que rien n’avait entravé la dérive autoritaire du régime, que la corruption semblait animée d’un second souffle et que le pays restait, in fine, l’un des plus pauvres du monde, ne devant sa survie qu’à l’aide extérieure. Il est vrai que l’économie reste par trop tributaire des aléas climatiques. GÉORGIE Superficie : 70 000 km 2 Population : 5 239 000 hab. Capitale : Tbilissi (1 400 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Edouard Chevarnadze Organisation administrative : 13 municipalités, 2 républiques autonomes, 63 cercles Langue officielle : géorgien Religion : orthodoxie Monnaie : lari ➡ HISTORIQUE 1801 : début de l’intégration de l’espace géorgien dans l’Empire russe. 1918 : proclamation d’une république indépendante. 1921 : invasion de la Géorgie par l’Armée rouge. 1991 : proclamation de l’indépendance. 1992 : Edouard Chevarnadze reprend le pouvoir ; guerre contre les dissidents d’Abkhazie. 1999 : attentat contre le président Chevarnadze. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 78 hab./km 2 Part de la population urbaine : 60,2 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 20,5 %, 15-65 ans 60,8 %, + 65 ans 18,7 % Taux de natalité : 9 % ‰ Taux de mortalité : 9,34 ‰ Taux de mortalité : infantile 17,6 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 77 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 2,9 milliards de $ PNB/hab. : 620 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,3 % downloadModeText.vue.download 396 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 394 Taux annuel d’inflation (1999) : 19,12 % Structure du PIB : 36 % pour l’agriculture, 12,9 % pour l’industrie, 51,1 % pour les services Dette extérieure : 1 446 millions de $ Agriculture Cultures : blé 84 000 t., maïs 225 000 t., orge 55 000 t., pommes de terre 480 000 t., raisin 275 000 t., thé 60 000 t., tournesol 9 000 t. Élevage : bovins 1 061 000, ovins 545 000, porcins 388 000, poulets 13 500 000 Industrie Production industrielle : sucre 26 000 t., vin 1 100 000 hl. Recettes touristiques : 38 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 230 millions de $ Total importations : 931 millions de $ dont produits miniers 52 % Défense Total forces armées : 26 300 hommes Budget de la Défense : 1,2 % du PIB ➡ TENDANCES L’année écoulée a montré, une fois de plus, que le règne de la corruption était advenu en Géorgie, que l’État paraissait en recul sur tous les fronts, que l’instabilité sociale était une réalité malheureusement bien ancrée. Seule la contrebande semble faire preuve d’une très réelle vitalité, contribuant à envenimer les relations du centre avec ses autonomies (Ossétie du Sud, Agjarie et Abkhazie). Toutes les conditions étaient donc réunies pour décourager les éventuels investisseurs. GHANA Superficie : 240 000 km 2 Population : 19 734 000 hab. Capitale : Accra 949 100 hab. (1 700 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) John Kufuor Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : anglais Religions : islam, christianisme, animisme Monnaie : cedi ➡ HISTORIQUE 1874 : colonisation britannique. 1957 : accession à l’indépendance. 1960 : Kwame Nkrumah premier président de la République. 1981 : prise du pouvoir par une junte militaire dirigée par le capitaine Jerry Rawlings. 2007 : Jerry Rawlings quitte pacifiquement le pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 83 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 54 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 30,04 ‰ Taux de mortalité : 9,43 ‰ Taux de mortalité : infantile 62,1 ‰ Espérance de vie : hommes 57 ans, femmes 59 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 7,6 milliards de $ PNB/hab. : 400 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,4 % Taux annuel d’inflation (1999) : 12,41 % Structure du PIB : 35,6 % pour l’agriculture, 25,3 % pour l’industrie, 39,1 % pour les services Dette extérieure : 5 982 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 190 000 t., cacao 409 400 t., café 8 400 t., canne à sucre 146 700 t., igname 2 703 000 t., maïs 1 014 500 t., manioc 7 172 000 t., millet 162 000 t., plantain 1 878 000 t., riz 209 800 t., sorgho 355 000 t. Élevage : bovins 1 272 900, caprins 2 739 400, ovins 2 516 500, porcins 351 800, poulets 13 300 000 Pêche : 447 000 t. Production de bois : 26 445 000 m3 downloadModeText.vue.download 397 sur 518 STATISTIQUES 395 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 473 000 t., diamants 737 100 carats, hydroélectricité 6 117 millions de kWh, manganèse 436 000 t., or 63 000 kg. Production industrielle : aluminium 56 000 t., ciment 1 000 000 t., huile de palme 100 000 t., viande 144 000 t. Recettes touristiques : 266 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 1 737 millions de $ dont or 45 % Total importations : 3 295 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 34 %, produits pétroliers 17 % Défense Total forces armées : 7 000 hommes Budget de la Défense : 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES Doté d’un nouveau président en la personne de John Kufuor, le Ghana a abordé la première année de l’après Jerry Rawlings avec sérénité. Pourtant, les principaux indicateurs macroéconomiques ont continué à dresser un tableau en demi-teinte de la situation d’ensemble. GRANDE!BRETAGNE Superficie : 253 500 km 2 Population : 59 542 000 hab. Capitale : Londres (7 600 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Elisabeth II Chef du gouvernement : Anthony Blair, dit Tony Blair Organisation administrative : 4 divisions historiques Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, anglicanisme Monnaie : livre sterling ➡ HISTORIQUE 1940 : Winston Churchill organise la résistance du pays contre l’Allemagne. 1945 : les travaillistes gagnent les élections et instaurent l’État providence. 1979 : Margaret Thatcher impose une politique libérale au pays et limite le pouvoir des syndicats. 1997 : le travailliste Tony Blair devient Premier ministre et met en oeuvre une politique assez peu différente de celle de Mme Thatcher, mais plus favorable à l’Europe. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 246 hab./km 2 Part de la population urbaine : 89,4 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 19 %, 15-65 ans 60,4 %, + 65 ans 20,6 % Taux de natalité : 11,78 ‰ Taux de mortalité : 10,79 ‰ Taux de mortalité : infantile 5,4 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 80 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 1 450 milliards de $ PNB/hab. : 23 590 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,11 % Taux annuel d’inflation (1999) : 1,56 % Structure de la population active : agriculture 1,9 %, mines el industrie 26,9 %, services 71,3 % Dette brute : 56,6 % du PIB Taux de chômage : 5,5 % Agriculture Terres cultivées : 25 % de la superficie des terres Prairies et pâturages : 46 % de la superficie des terres Forêts : 10,4 % de la superficie des terres Origine de l’alimentation : végétale 68 %, animale 32 % Cultures : avoine 640 000 t., betteraves à sucre 9 510 000 t., blé 16 530 000 t., colza 1 569 000 t., orge 6 537 000 t., pommes de terre 6 957 000 t. downloadModeText.vue.download 398 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 396 Élevage : bovins 11 431 800, chevaux 173 000, ovins 45 375 200, porcins 7 287 800 Pêche : 1 017 000 t. Production de bois : 7 282 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : cuivre 56 000 t., électricité 356 610 millions de kWh, étain 2 136 t., gaz naturel 95 500 millions de m 3, houille 43 900 000 t., nickel 36 000 t., pétrole 132 741 000 t., plomb 384 000 t. Production industrielle : acier 17 066 000 t., aluminium 258 000 t., beurre 124 000 t., caoutchouc synthétique 254 000 t., ciment 13 060 000 t., construction navale 74 000 tjb., filés de coton 11 000 t., fromage 355 000 t., laine 65 000 t., lait 13 932 000 t., sucre 1 630 000 t., textiles artificiels 99 000 t., textiles synthétiques 237 000 t., viande 3 755 000 t., voitures particulières 1 748 000 Recettes touristiques : 20 569 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 278 784 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 44 % Total importations : 305 074 millions de $ dont matériel industriel et de transport 43 % Défense Total forces armées : 212 400 hommes Budget de la Défense : 2,7 % du PIB Éléments du niveau de vie Apport en calories : 3 237 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 371/1 000 hab. Téléphones : 540/1 000 hab. Télévisions : 448/1 000 hab. ➡ TENDANCES Si l’épidémie de fièvre aphteuse qui a touché les éleveurs au début de l’année a paralysé un temps le pays, force est de constater que cette fièvre n’a pas contrarié les données d’un jeu électoral dont tous les sondages indiquaient qu’il était favorable à Tony Blair. Les résultats du scrutin l’ont confirmé sans équivoque, en accordant au « New Labour » de Tony Blair une « victoire historique » qui a vu pour la première fois les travaillistes obtenir un second mandat. GRÈCE Superficie : 132 000 km 2 Population : 10 623 000 hab. Capitale : Athènes (3 100 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Konstandinos Stefanopoulos, dit Kostis Stefanopoulos Chef du gouvernement : Konstandinos Simitis, dit Kostas Simitis Organisation administrative : 13 régions, 1 république Langue officielle : grec Religion : orthodoxie Monnaie : drachme ➡ HISTORIQUE 1832 : aidée par la France, la Grande-Bretagne et la Russie, la Grèce arrache son indépendance à l’Empire ottoman. 1936 : dictature du général Metaxás. 1941 : occupation allemande. 1949 : fin de la guerre civile. 1967 : putsch militaire des colonels. 1974 : retour de la démocratie et fin de la monarchie. 1981 : adhésion à l’Union européenne. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 82 hab./km 2 Part de la population urbaine : 59,9 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 15,1 %, 15-65 ans 61,5 %, + 65 ans 23,4 % Taux de natalité : 9,38 ‰ Taux de mortalité : 9,63 ‰ Taux de mortalité : infantile 6,3 ‰ Espérance de vie : hommes 75 ans, femmes 81 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 128,2 milliards de $ PNB/hab. : 12 110 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,35 % Taux annuel d’inflation (1999) : 2,63 % downloadModeText.vue.download 399 sur 518 STATISTIQUES 397 Structure de la population active : agriculture 20,3 %, mines et industrie 22,9 %, services 56,9 % Dette brute : 106,3 % du PIB Taux de chômage : 10,1 % Agriculture Cultures : agrumes 1 202 200 t., betteraves à sucre 2 388 750 t., blé 1 770 000 t., coton 352 000 t., maïs 2 000 000 t., olives 2 068 000 t., orge 358 000 t., pommes de terre 900 000 t., raisin 1 216 000 t., riz 200 000 t., tabac 129 900 t. Élevage : bovins 590 000, caprins 5 293 000, ovins 9 041 000, porcins 906 000, poulets 28 000 000 Pêche : 214 000 t. Production de bois : 2 024 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 2 228 000 t., électricité 45 360 millions de kWh, hydroélectricité 3 838 millions de kWh, lignite 56 300 000 t., nickel 18 000 t., pétrole 360 000 t. Production industrielle : acier 1 109 000 t., aluminium 146 000 t., ciment 14 097 000 t., filés de coton 96 000 t., huile d’olive 333 000 t., laine 9 941 t., vin 4 370 000 hl. Recettes touristiques : 3 800 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 10 788 millions de $ dont produits alimentaires, boissons et tabac 24 % Total importations : 25 191 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 28 %, produits de base 20 % Défense Total forces armées : 165 670 hommes Budget de la Défense : 3,2 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 3,3 % Apport en calories : 3 575 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 223/1 000 hab. Téléphones : 516/1 000 hab. Télévisions : 220/1 000 hab. ➡ TENDANCES Admise en juin 2000 dans le club de l’euro, la Grèce a poursuivi son processus d’intégration européenne, avec les risques d’instabilité sociale consécutifs aux réformes structurelles exigées qu’il a fallu mettre en place. Le gouvernement, qui a procédé à un remaniement en octobre, y a toutefois vu un encouragement pour la poursuite de la politique menée par les « modernistes » du Pasok. La visite controversée du pape en mai, dans un contexte régional marqué par l’antagonisme traditionnel avec le voisin turc, a aussi montré que ce processus était de nature à heurter un nationalisme toujours latent dans la société grecque. GRENADE Superficie : 344 km 2 Population : 94 000 hab. Capitale : Saint George’s 35 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire Chef de l’État : (Roi) Elisabeth II représentée par Daniel Williams Chef du gouvernement : Keith Mitchell Organisation administrative : 6 paroisses Langue officielle : anglais Religion : catholicisme Monnaie : dollar des Caraïbes orientales ➡ HISTORIQUE XVIIIe siècle : colonisation française. 1762 : colonie britannique. 1974 : indépendance de la Grenade. 1979 : un coup d’État amène Maurice Bishop au pouvoir. downloadModeText.vue.download 400 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 398 1983 : à la suite du rapprochement de la Grenade de Cuba, les États-Unis interviennent militairement dans l’île. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 285 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,5 % Taux de natalité : 25,26 ‰ Taux de mortalité : 6 ‰ Taux de mortalité : infantile 24 ‰ Espérance de vie : hommes 69 ans, femmes 76 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,3 milliard de $ PNB/hab. : 3 440 $ Taux annuel d’inflation (1999) : 0,24 % Structure du PIB : 8,1 % pour l’agriculture, 22,2 % pour l’industrie, 79,7 % pour les services Dette extérieure : 105 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 4 400 t., canne à sucre 6 600 t. Élevage : ovins 13 000 Industrie Recettes touristiques : 61 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 49 millions de $ dont produits alimentaires 63 % Total importations : 183 mil- lions de $ dont produits alimentaires 24 % GUATEMALA Superficie : 109 000 km 2 Population : 11 687 000 hab. Capitale : Guatemala 3 242 400 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Alfonso Cabrera Organisation administrative : 22 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : quetzal ➡ HISTORIQUE 1822 : intégration dans l’Empire mexicain. 1839 : indépendance du pays. 1944 : révolution et arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche. 1954 : renversement du président Jacobo Arbenz Guzman, qui avait tenté une réforme agraire. 1963 : guerre civile larvée et pouvoir assumé par les militaires. 1985 : retour des civils au pouvoir. 1989 : négociations entre les autorités et la guérilla. 1996 : arrêt de la guerre civile. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 102 hab./km 2 Part de la population urbaine : 39,5 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,6 %, 15- 65 ans 51,1 %, + 65 ans 5,3 % Taux de natalité : 33,82 ‰ Taux de mortalité : 7,38 ‰ Taux de mortalité : infantile 41,2 ‰ Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 18 milliards de $ PNB/hab. : 1 680 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,64 % Taux annuel d’inflation (1999) : 4,86 % Structure du PIB : 23,1 % pour l’agriculture, 20,2 % pour l’industrie, 56,7 % pour les services Dette extérieure : 4 086 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 732 500 t., café 295 200 t., canne à sucre 17 150 000 t., coton 1 000 t., maïs 1 109 100 t., sorgho 49 000 t., tomates 140 000 t. Élevage : bovins 2 300 000, ovins 551 300, porcins 825 000 Production de bois : 14 123 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 3 100 millions de kWh, fer 3 498 000 t., pétrole 1 310 000 t. Production industrielle : sucre 1 380 000 t. downloadModeText.vue.download 401 sur 518 STATISTIQUES 399 Recettes touristiques : 325 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 2 344 millions de $ dont café et sucre 30 % Total importations : 3 852 millions de $ dont produits de base 37 % Défense Total forces armées : 31 400 hommes Budget de la Défense : 0,7 % du PIB ➡ TENDANCES Quatre ans après la signature des accords de paix qui ont mis fin à trente-six ans de guerre civile, le sentiment général qui régnait dans la population était plutôt à la déception. Il est vrai que la pauvreté demeure le grand problème du pays, alors que la criminalité continue de progresser de façon particulièrement inquiétante. GUINÉE Superficie : 250 000 km 2 Population : 8 274 000 hab. Capitale : Conakry 1 824 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Prés. de la République) Lansana Conté Premier ministre : Lamine Sidime Organisation administrative : 8 gouvernorats Langue officielle : français Religions : islam, animisme Monnaie : franc guinéen ➡ HISTORIQUE 1866 : colonisation française. 1958 : indépendance de la Guinée. Sékou Touré, premier président du pays, institue un régime autoritaire. 1984 : mort de Sékou Touré. Le colonel Lansana Conté lui succède. 1998 : réélection contestée par l’opposition de Lansana Conté. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 30 hab./km 2 Part de la population urbaine : 32,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 44,1 %, 1565 ans 51,5 %, + 65 ans 4,4 % Taux de natalité : 39,62 ‰ Taux de mortalité : 17,47 ‰ Taux de mortalité : infantile 114,4 ‰ Espérance de vie : hommes 46 ans, femmes 47 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 3,4 milliards de $ PNB/hab. : 490 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 3,3 % Structure du PIB : 23,9 % pour l’agriculture, 37,4 % pour l’industrie, 38,7 % pour les services Dette extérieure : 3 520 millions de $ Agriculture Cultures : agrumes 215 000 t., ananas 72 000 t., arachides 182 000 t., bananes 150 000 t., café 20 900 t., canne à sucre 220 000 t., maïs 88 700 t., manioc 812 000 t., plantain 429 000 t., riz 750 000 t. Élevage : bovins 2 368 000, caprins 864 000, ovins 687 000, poulets 8 700 000 Pêche : 65 000 t. Production de bois : 4 924 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 18 992 000 t., diamants 400 000 carats Production industrielle : huile de palme 55 000 t. Recettes touristiques : 5 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 938 millions de $ dont bauxite 40 % Total importations : 813 millions de $ Défense Total forces armées : 9 700 hommes Budget de la Défense : 1,5 % du PIB ➡ TENDANCES La Guinée a subi les contrecoups de l’instabilité qui règne en Sierra Leone et au Libéria. Les 400 000 personnes en provenance de ces deux pays exercent une forte pression sur le gouverdownloadModeText.vue.download 402 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 400 nement du président Lansana Conté. GUINÉE!BISSAU Superficie : 36 125 km 2 Population : 1 227 000 hab. Capitale : Bissau 274 000 hab. Principales villes (hormis la capitale) : Gabu 7 803 hab., Bafata 13 429 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Kumba Yalá Chef du gouvernement : Faustino Imbali Organisation administrative : 3 provinces, 1 secteur autonome Langue officielle : portugais Religions : islam, animisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1879 : colonisation portugaise. 1962 : guérilla antiportugaise dirigée par Amilcar Cabral. 1973 : indépendance de la Guinée-Bissau. 1980 : coup d’État et libéralisation limitée du régime. 1998 : tentative de putsch. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 42 hab./km 2 Part de la population urbaine : 23,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 50,9 %, + 65 ans 5,6 % Taux de natalité : 40,92 ‰ Taux de mortalité : 19,91 ‰ Taux de mortalité : infantile 121,2 ‰ Espérance de vie : hommes 43 ans, femmes 45 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,2 milliard de $ PNB/hab. : 160 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 7,8 % Taux annuel d’inflation (1999) : – 0,7 % Structure du PIB : 62,3 % pour l’agriculture, 11,8 % pour l’industrie, 26 % pour les services Dette extérieure : 921 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 19 000 t., maïs 9 000 t., millet 29 000 t., palmiste 8 000 t., plantain 36 000 t., riz 130 000 t., sorgho 19 000 t. Élevage : bovins 520 000, caprins 315 000, ovins 280 000, porcins 340 000, poulets 850 000 Production de bois : 582 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 42 millions de kWh Commerce extérieur Total exportations : 71 millions de $ Total importations : 116 millions de $ dont produits alimentaires 36 % Défense Total forces armées : 9 250 hommes Budget de la Défense : 2,8 % du PIB ➡ TENDANCES Pour la première fois depuis 1998 et la fin de la guerre civile, la Guinée-Bissau a connu une année sans drame majeur. Mais si aucun militaire n’a été saisi de fièvre putschiste, le gouvernement du président Kumba Yalá a dû composer avec une instabilité politique aiguë peu propice au sauvetage d’une économie profondément sinistrée. GUINÉE ÉQUATORIALE Superficie : 28 100 km 2 Population : 470 000 hab. Capitale : Malabo 31 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État : (Président de la République) Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Chef du gouvernement : Candido Mutatema Rivas downloadModeText.vue.download 403 sur 518 STATISTIQUES 401 Organisation administrative : 2 régions Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : franc CFA ➡ HISTORIQUE 1778 : colonie espagnole. 1968 : indépendance du pays. Macias Nguema institue un régime dictatorial. 1978 : coup d’État et renverse- ment du président Nguema. 1985 : entrée du pays dans la zone franc. 1991 : le pays se dote d’une nouvelle Constitution ; institution du multipartisme, mais de graves violations des droits de l’homme continuent. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 16 hab./km 2 Part de la population urbaine : 47 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 43,7 %, 1565 ans 52,8 %, + 65 ans 6 % Taux de natalité : 40,04 ‰ Taux de mortalité : 16,27 ‰ Taux de mortalité : infantile 98,8 ‰ Espérance de vie : hommes 49 ans, femmes 52 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,6 milliard de $ PNB/hab. : 1 170 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 15,09 % Structure du PIB : 23,1 % pour l’agriculture, 67,1 % pour l’industrie, 9,6 % pour les services Dette extérieure : 283 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 20 000 t., cacao 4 500 t., café 3 500 t., manioc 49 000 t., palmiste 3 000 t., patates douces 35 000 t. Élevage : bovins 4 800, caprins 8 100, ovins 36 000, porcins 5 300 Production de bois : 811 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 millions de kWh, pétrole 4 133 000 t. Recettes touristiques : 2 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 295 millions de $ Total importations : 198 millions de $ Défense Total forces armées : 1 320 hommes Budget de la Défense : 1,1 % du PIB ➡ TENDANCES L’année politique s’est déroulée sous le signe de la tension. Ainsi, le président Teodoro Obiang Nguema n’a pas ménagé sa peine pour contrarier l’action d’un gouvernement dont les membres ne lui sont pas entièrement acquis ou qui ne sont pas issus du Parti démocratique de Guinée équatoriale. C’est donc dans un climat politique fortement dégradé que les autorités ont dû gérer – et pas toujours de la meilleure façon – le flux croissant des pétrodollars. GUYANA Superficie : 215 000 km 2 Population : 763 000 hab. Capitale : Georgetown 275 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Bharrat Jagdeo Chef du gouvernement : Samuel Hinds Organisation administrative : 10 régions Langue officielle : anglais Religions : protestantisme, hindouisme, anglicanisme Monnaie : dollar de la Guyana ➡ HISTORIQUE 1814 : colonie britannique. 1966 : indépendance de la Guyana. Forbes Burnham institue un régime autoritaire et procubain. 1991 : instauration de l’état d’urgence. 1992 : les élections amènent au pouvoir Cheddi Jagan, qui libéralise l’économie. downloadModeText.vue.download 404 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 402 1997 : la veuve de Jagan lui succède au pouvoir. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 4 hab./km 2 Part de la population urbaine : 37,6 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 30,6 %, 1565 ans 62,5 %, + 65 ans 6,9 % Taux de natalité : 21,18 ‰ Taux de mortalité : 7,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 52,5 ‰ Espérance de vie : hommes 61 ans, femmes 67 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 0,6 milliard de $ PNB/hab. : 760 $ Dette extérieure : 1 611 millions de $ Agriculture Cultures : bananes 11 200 t., canne à sucre 3 000 000 t., riz 600 000 t. Élevage : bovins 220 000, caprins 79 000, ovins 130 000, porcins 20 000 Production de bois : 489 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 2 080 000 t., électricité 334 millions de kWh, or 8 207 kg. Production industrielle : sucre 296 000 t. Recettes touristiques : 39 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 586 millions de $ dont or 29 % Total importations : 557 millions de $ dont produits pétroliers 27 % Défense Total forces armées : 1 600 hommes Budget de la Défense : 0,7 % du PIB ➡ TENDANCES L’équipe au pouvoir a montré qu’elle était toujours pénalisée par l’absence de légitimité que ne cesse de lui reprocher l’opposition. La crise ouverte par l’élection présidentielle contestée de 1997 n’avait toujours pas trouvé de solution à la fin de l’année 2001, malgré les efforts de médiation entrepris par la Communauté des Caraïbes. Sur le plan extérieur, les relations sont restées tendues avec le Suriname et le Venezuela. HAÏTI Superficie : 27 750 km 2 Population : 8 270 000 hab. Capitale : Port-au-Prince (1 500 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Jean-Bertrand Aristide Chef du gouvernement : Jean Marie Antoine Polynice Chrestal Organisation administrative : 9 départements Langues officielles : français, créole Religions : vaudou, catholicisme Monnaie : gourde ➡ HISTORIQUE 1697 : colonie française. 1791 : Toussaint Louverture prend la tète de la révolte des esclaves. 1806 : Jean-Jacques Dessalines proclame l’indépendance. 1915 : débarquement des troupes américaines. 1957 : François Duvalier instaure un régime dictatorial. 1986 : exil du président Jean-Claude Duvalier, fils de François. 1990 : élection du père JeanBertrand Aristide. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 283 hab./km 2 Part de la population urbaine : 35,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 53,8 %, + 65 ans 5,6 % Taux Taux Taux 61,3 de natalité : 30,7 ‰ de mortalité : 12,45 ‰ de mortalité : infantile ‰ Espérance de vie : hommes 51 ans, femmes 56 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 4,3 milliards de $ PNB/hab. : 460 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,2 % Taux annuel d’inflation (1999) : 8,67 % downloadModeText.vue.download 405 sur 518 STATISTIQUES 403 Structure du PIB : 29,4 % pour l’agriculture, 22,2 % pour l’industrie, 48,4 % pour les services Dette extérieure : 1 057 millions de $ Agriculture Cultures : cacao 4 500 t., café 28 000 t., maïs 215 000 t., patates douces 170 000 t., plantain 290 000 t., riz 102 000 t., sisal 6 000 t., sorgho 95 000 t. Élevage : bovins 1 300 000, caprins 1 618 000, ovins 138 000, porcins 800 000, poulets 5 000 000 Production de bois : 6 544 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 410 millions de kWh Production industrielle : ciment 84 000 t., sucre 3 000 t. Recettes touristiques : 80 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 221 millions de $ dont café 16 % Total importations : 926 millions de $ dont produits alimentaires 45 % Défense Budget de la Défense : 1,3 du PIB ➡ TENDANCES Mise au ban de la communauté internationale en raison du déficit démocratique avéré dont fait montre le régime du président Jean-Bertrand Aristide, la République haïtienne tente de survivre à la hausse du prix du pétrole et au gel de l’aide financière. Un exercice au-dessus de ses moyens, comme en atteste la misère absolue dans laquelle s’enfoncent de plus en plus d’Haïtiens. HONDURAS Superficie : 112 000 km 2 Population : 6 575 000 hab. Capitale : Tegucigalpa 950 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Carlos Roberto Flores Facussé Organisation administrative : 18 départements Langue officielle : espagnol Religion : catholicisme Monnaie : lempira ➡ HISTORIQUE 1821 : indépendance du pays. 1932-1948 : dictature de Tiburcio Carias Andino. 1963 : coup d’État militaire. 1990 : les sandinistes du Nicaragua quittent le pays. 1994 : plusieurs dirigeants politiques sont assignés pour corruption. 1997 : vive agitation sociale. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 56 hab./km 2 Part de la population urbaine : 51,7 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,8 %, 1565 ans 53,1 %, + 65 ans 5,1 % Taux de natalité : 31,86 ‰ Taux de mortalité : 5,39 ‰ Taux de mortalité : infantile 33,1 ‰ Espérance de vie : hommes 67 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 5,2 milliards de $ PNB/hab. : 760 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : – 1,89 % Taux annuel d’inflation (1999) : 11,65 % Structure du PIB : 16,2 % pour l’agriculture, 31,9 % pour l’industrie, 51,9 % pour les services Dette extérieure : 4 698 millions de $ Taux de chômage : 3,2 % Agriculture Cultures : bananes 860 500 t., café 196 300 t., canne à sucre 3 888 000 t., maïs 533 600 t., riz 7 300 t., sorgho 99 000 t. Élevage : bovins 1 950 000, porcins 700 000 Production de bois : 6 702 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 300 millions de kWh, plomb 3 000 t. Production industrielle : ciment 1 000 000 t., huile de palme 116 550 t., sucre 226 000 t. Recettes touristiques : 120 millions de $ downloadModeText.vue.download 406 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 404 Commerce extérieur Total exportations : 1 033 millions de $ dont café 22 %, bananes 20 % Total importations : 2 435 millions de $ dont biens d’équipement 24 %, produits alimentaires 15 % Défense Total forces armées : 8 300 hommes Budget de la Défense : 0,6 % du PIB ➡ TENDANCES En cette année de scrutin présidentiel les électeurs honduriens ont choisi de tourner la page en ne renouvelant pas leur confiance au candidat du Parti libéral, la formation présidentielle. C’est donc au conservateur Ricardo Maduro, du Parti national (droite), qu’est revenu le soin de s’attaquer à une corruption qui mine toutes les tentatives de reformes structurelles entreprises jusqu’à présent et, surtout, de combattre une insécurité omniprésente. Le Honduras a été admis au bénéfice de l’initiative de réduction de la dette des Pays pauvres très endettés. HONGRIE Superficie : 93 000 km 2 Population : 9 917 000 hab. Capitale : Budapest 1 825 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Árpád Madl Chef du gouvernement : Viktor Orban Organisation administrative : 22 municipalités, 19 comtés, la municipalité de la capitale Langue officielle : hongrois Religions : protestantisme, catholicisme Monnaie : forint ➡ HISTORIQUE 1687 : le royaume est intégré dans l’empire des Habsbourg. 1918 : proclamation de l’indépendance. 1919 : éphémère « République des conseils » de Béla Kun. L’amiral Horthy lui succède et instaure un régime de dictature. 1941 : entrée en guerre contre l’URSS au côté de l’Allemagne nazie. 1947 : instauration d’une république socialiste. 1956 : soulèvement antisoviétique. 1991 : retrait total des troupes soviétiques. 1999 : adhésion à l’OTAN. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 109 hab./km 2 Part de la population urbaine : 63,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 16,9 %, 15-65 ans 63,4 %, + 65 ans 19,7 % Taux de natalité : 9,4 ‰ Taux de mortalité : 13,68 ‰ Taux de mortalité : infantile 8,7 ‰ Espérance de vie : hommes 66 ans, femmes 75 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 46,8 milliards de $ PNB/hab. : 4 640 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 4,49 % Taux annuel d’inflation (1999) : 10 % Structure de la population active : agriculture 8 %, mines et industrie 33,4 %, services 57 % Structure du PIB : 5,1 % pour l’agriculture, 33,5 % pour l’industrie, 61,5 % pour les services Taux de chômage : 6,5 % Agriculture Cultures : betteraves à sucre 2 500 000 t., blé 3 750 000 t., maïs 5 500 000 t., orge 1 336 000 t., pommes de terre 1 200 000 t., seigle 131 000 t., tournesol 706 000 t. Élevage : bovins 857 000, ovins 934 000, porcins 5 335 000, poulets 30 983 000 downloadModeText.vue.download 407 sur 518 STATISTIQUES 405 Production de bois : 3 926 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 743 000 t., électricité 36 957 millions de kWh, gaz naturel 4 000 millions de m 3, houille 876 000t., lignite 15 400 000 t., manganèse 40 000 t., pétrole 1 300 000 t., uranium 200 t. Production industrielle : acier 1 816 000 t., aluminium 34 000 t., ciment 2 810 000 t., filés de coton 220 000 t., lait 2 113 000 t., textiles synthétiques 25 000 t., viande 1 114 000 t., vin 4 190 000 hl. Recettes touristiques : 2 570 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 19 093 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 64 % Total importations : 21 232 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 31 % Défense Total forces armées : 43 440 hommes Budget de la Défense : 1,3 % du PIB ➡ TENDANCES Pouvant afficher des indices économiques favorables, avec un chômage faible et une croissance soutenue, la Hongrie a mis de son côté de bonnes chances de figurer dans la première vague des candidats admis à rejoindre l’UE. Pour autant, quelques ombres figuraient au tableau, comme le laxisme dont font preuve les autorités par rapport à l’argent sale, particulièrement préjudiciable à l’image du pays depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Inquiétante aussi est apparue la baisse constante de la natalité, qui trahit un certain climat de morosité économique. INDE Superficie : 3 268 000 km 2 Population : 1 025 096 000 hab. Capitale : New Delhi Nature de l’État et du régime politique : république à régime parlementaire Chef de l’État : (Président de la République) Kocheril Raman Narayanan Chef du gouvernement : Atal Behari Vajpayee Organisation administrative : 7 territoires, 25 États Langues officielles : hindi, anglais Religions : islam hindouisme Monnaie : roupie indienne ➡ HISTORIQUE 1772 : début de la colonisation britannique. 1947 : indépendance de l’Inde et partition avec le Pakistan. 1948 : assassinat de Gandhi. 1965 : guerre avec le Pakistan pour le contrôle du Cachemire. 1971 : nouvelle guerre avec le Pakistan lors de la sécession du Bangladesh. 1998 : le parti du Congrès perd les élections au profit des nationalistes du BJP. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 336 hab./km 2 Part de la population urbaine : 28,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 58,9 %, + 65 ans 7,6 % Taux de natalité : 25,75 ‰ Taux de mortalité : 8,88 ‰ Taux de mortalité : infantile 74,7 ‰ Espérance de vie : hommes 62 ans, femmes 64 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 444,2 milliards de $ PNB/hab. : 440 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 6,5 % Taux annuel d’inflation (1999) : 4,67 % Structure du PIB : 27,7 % pour l’agriculture, 26,3 % pour l’industrie, 46 % pour les services Dette extérieure : 94 404 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 6 100 000 t., blé 70 099 000 t., café 282 000 t., canne à sucre 315 100 000 t., caout- chouc 542 000 t., coton 2 856 000 t., jute 1 720 000 t., maïs 11 500 000 t., manioc 5 868 000 t., millet 10 500 000 t., orge 1 700 000 t., pommes de terre 22 500 000 t., riz 135 000 000 t., soie 15 500 t., soja 6 100 000 t., sorgho 9 000 000 t., thé 749 400 t. downloadModeText.vue.download 408 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 406 Élevage : bovins 218 800 000, buffles 93 772 000, caprins 123 000 000, chameaux 1 030 000, ovins 57 900 000 Pêche : 5 378 000 t. Production de bois : 304 339 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 5 550 000 t., cuivre 55 000 t., électricité 441 504 millions de kWh, fer 44 450 000 t., gaz naturel 19 985 millions de m 3, houille 303 100 000 t., hydroélectricité 83 482 millions de kWh, lignite 23 100 000 t., manganèse 1 800 000 t., or 2 300 kg, pétrole 36 400 000 t., uranium 250 t., zinc 156 000 t. Production industrielle : acier 23 863 000 t., aluminium 545 000 t., caoutchouc synthétique 52 000 t., chrome 235 000 t., ciment 85 509 000 t., construction navale 5 000 tjb., filés de coton 2 054 000 t., laine 44 362 t., sucre 14 686 000 t., textiles artificiels 264 000 t., textiles synthétiques 1 357 000 t., voitures particulières 465 000 Recettes touristiques : 3 152 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 32 201 millions de $ dont diamants 17 % Total importations : 36 293 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 21 %, produits énergétiques 21 %, produits agricoles 7 % Défense Total forces armées : 1 173 000 hommes Budget de la Défense : 2,1 % du PIB Éléments du niveau de vie Analphabétisme : 48 % Apport en calories : 2 415 par jour et par hab. (norme FAO : 2 400) Automobiles : 4/1 000 hab. Téléphones : 19/1 000 hab. Télévisions : 51/1 000 hab. ➡ TENDANCES Sous le choc du séisme qui a frappé le Gujarat le 26 janvier, l’Inde a voulu croire à une normalisation des relations avec le Pakistan, dont le général Mucharraf a été reçu à New Delhi en juillet. Mais, une fois de plus, la question du Cachemire s’est imposée, condamnant à l’échec un sommet qui se voulait historique. De plus, les pressions américaines sur le Pakistan au lendemain des attentats contre le World Trade Center, n’ont fait que creuser le fossé entre New Delhi et Islamabad. INDONÉSIE Superficie : 1 900 000 km 2 Population : 215 590 000 hab. Capitale : Jakarta 11 018 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Magawati Sukarnoputri Organisation administrative : 7 unités géographiques Langue officielle : indonésien Religion : islam Monnaie : rupiah ➡ HISTORIQUE 1816 : début de la colonisation néerlandaise. 1941 : conquête japonaise. 1945 : proclamation de l’indépendance. 1965 : sanglante répression militaire contre les communistes. 1967 : le général Suharto remplace Sokarno, le père de l’indépendance, à la tête de l’État. 1977 : les difficultés sociales contraignent Suharto à la démission. 1999 : l’islamiste modéré A. Wahid remplace Jusuf Habibie à la présidence. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 114 hab./km 2 Part de la population urbaine : 39,8 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 30,8 %, 1565 ans 61,6 %, + 65 ans 7,6 % Taux de natalité : 22,42 ‰ Taux de mortalité : 7,55 ‰ Taux de mortalité : infantile 39,5 ‰ Espérance de vie : hommes 64 ans, femmes 68 ans Indicateurs socio-économiques downloadModeText.vue.download 409 sur 518 STATISTIQUES 407 PNB : 132,5 milliards de $ PNB/hab. : 600 $ Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 0,31 % Taux annuel d’inflation (1999) : 20,49 % Structure de la population active : agriculture 45 %, mines et industrie 17,2 %, services 37,8 % Structure du PIB : 19,5 % pour l’agriculture, 43,3 % pour l’industrie, 37,3 % pour les services Dette extérieure : 136 174 millions de $ Agriculture Cultures : arachides 1 000 000 t., cacao 348 000 t., café 432 000 t., canne à sucre 21 400 000 t., caoutchouc 1 564 000 t., coprah 1 150 000 t., maïs 9 168 900 t., manioc 14 728 000 t., riz 51 000 000 t., soja 306 000 t., tabac 137 600 t., thé 152 100 t. Élevage : bovins 12 239 300, buffles 2 859 000, caprins 15 197 800, ovins 8 151 100 Pêche : 4 404 000 t. Production de bois : 200 784 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 842 000 t., cuivre 809 000 t., électricité 61 200 millions de kWh, étain 56 000 t., gaz naturel 67 900 millions de m 3, houille 59 700 000 t., hydroélectricité 10 849 millions de kWh, nickel 75 000 t., or 109 000 kg, pétrole 71 900 000 t. Production industrielle : aluminium 216 000 t., ciment 27 500 000 t., filés de coton 314 000 t., huile de palme 5 356 540 t., sucre 2 094 000 t., textiles artificiels 162 000 t., voitures particulières 22 000 Recettes touristiques : 6 589 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 53 220 millions de $ bon et hydrocarbures Total importations : 41 679 millions de $ pement industriel et dont char25 % dont équimatériel de transport 40 %, produits de base 17 % Défense Total forces armées : 298 000 hommes Budget de la Défense : 0,9 % du PIB ➡ TENDANCES Après avoir vainement tenté de se maintenir au pouvoir, le président Abdurraman Wahid a été destitue en juillet pour « incompétence » par le Parlement, qui a ainsi décidé de sanctionner un mandat marqué par des violences séparatistes et des émeutes dans les provinces de l’archipel, mais aussi par une crise économique aggravée par la corruption. La vice-présidente, Megawati Sukarnoputri, la file du fondateur de l’Indonésie, a été aussitôt élue à sa succession. IRAK Superficie : 434 000 km 2 Population : 23 584 000 hab. Capitale : Bagdad (4 400 000 hab. dans l’agglomération) Nature de l’État et du régime politique : république Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Saddam Hussein Organisation administrative : 18 gouvernorats Langue officielle : arabe Religion : islam Monnaie : dinar irakien ➡ HISTORIQUE XVIe siècle : conquête ottomane. 1920 : mandat britannique sur le pays. 1930 : indépendance du pays, sous contrôle britannique. 1958 : coup d’État militaire et abolition de la monarchie. 1977 : Saddam Hussein s’empare de tous les pouvoirs. 1990 : invasion du Koweït. 1991 : les troupes irakiennes sont vaincues par une force downloadModeText.vue.download 410 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 408 internationale menée par les Américains. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 52 hab./km 2 Part de la population urbaine : 76,3 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 41,6 %, 1565 ans 53,8 %, + 65 ans 4,6 % Taux de natalité : 31,82 ‰ Taux de mortalité : 8,48 ‰ Taux de mortalité : infantile 63,5 ‰ Espérance de vie : hommes 58 ans, femmes 60 ans Agriculture Cultures : agrumes 321 400 t., blé 384 000 t., canne à sucre 40 030 t., coton 9 000 t., dattes 660 000 t., maïs 53 000 t., orge 800 000 t., pommes de terre 150 000 t., raisin 305 000 t., riz 1 300 000 t., tabac 2 300 t. Élevage : bovins 1 150 000, buffles 65 000, caprins 1 350 000, chameaux 8 000, chevaux 48 000, ovins 6 100 000, poulets 20 000 000 Production de bois : 161 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : électricité 29 000 millions de kWh, pétrole 105 300 000 t. Production industrielle : laine 18 200 t., sucre 2 000 t., viande 119 000 t. Recettes touristiques : 13 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 2 309 millions de $ Total importations : 765 millions de $ Défense Total forces armées : 429 000 hommes ➡ TENDANCES Dix ans après la fin de la guerre du Golfe, les États-Unis ont continué de maintenir la pression sur l’Irak en lançant en février des raids aériens sur Bagdad. Toutefois, cette mise en garde américaine a paru s’accompagner, dans un premier temps, d’une ouverture dans le régime des sanctions imposées jusqu’alors au régime de Saddam Hussein. Mais les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone ont eu pour effet d’ajourner sine die le débat sur l’assouplissement des sanctions. Pis, ces attentats terroristes ont fait planer la menace d’une intervention américaine sur l’Irak. IRAN Superficie : 1 650 000 km 2 Population : 71 369 000 hab. Capitale : Téhéran 7 225 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Ali Mohammad Khatami Organisation administrative : 26 provinces Langue officielle : persan Religion : islam Monnaie : rial iranien ➡ HISTORIQUE 1907 : zones d’influence britannique et russe en Perse. 1921 : coup d’État de Reza Khan, fondateur de la dynastie pahlavi. 1951 : le Premier ministre Mossadegh tente une politique progressiste. 1953 : destitution de Mossadegh par le chah, soutenu par les Américains. 1979 : chute de la monarchie et établissement d’une république islamiste menée par l’ayatollah Khomeyni. 1980 : guerre avec l’Irak. 1988 : cessez-le-feu. 1997 : élection à la présidence de la République de l’islamiste modéré Khatami. ➡ STATISTIQUES Données démographiques Densité : 39 hab./km 2 Part de la population urbaine : 61,1 % Structure de la population par âge : 0-14 ans 347,4 %, 1565 ans 57,4 %, + 65 ans 5,2 % Taux de natalité : 20,6 ‰ Taux de mortalité : 5,47 ‰ Taux de mortalité : infantile 35,9 ‰ Espérance de vie : hommes 70 ans, femmes 72 ans Indicateurs socio-économiques PNB : 110,5 milliards de $ PNB/hab. : 1 810 $ downloadModeText.vue.download 411 sur 518 STATISTIQUES 409 Taux de croissance annuelle du PIB (1999) : 2,52 % Taux annuel d’inflation (1999) : 20,07 % Structure du PIB : 20,09 % pour l’agriculture, 31,2 % pour l’industrie, 47,9 % pour les services Dette extérieure : 11 816 millions de $ Agriculture Cultures : agrumes 3 731 800 t., betteraves à sucre 5 500 000 t., blé 9 250 000 t., canne à sucre 2 200 000 t., coton 156 000 t., dattes 900 000 t., orge 2 300 000 t., raisin 2 200 000 t., riz 2 348 200 t., tabac 23 300 t., thé 60 000 t. Élevage : bovins 8 047 400, caprins 25 757 000, ovins 53 900 000, poulets 230 000 000 Pêche : 380 000 t. Production de bois : 7 475 000 m3 Industrie Produits du sous-sol et énergie : bauxite 148 000 t., cuivre 135 000 t., électricité 85 410 millions de kWh, fer 4 300 000 t., gaz naturel 50 000 millions de m 3, hydroélectricité 7 275 millions de kWh, pétrole 187 700 000 t., plomb 51 000 t. Production industrielle : acier 5 602 000 t., aluminium 107 000 t., filés de coton 118 000 t., laine 62 700 t., sucre 668 000 t., textiles synthétiques 85 000 t. Recettes touristiques : 248 millions de $ Commerce extérieur Total exportations : 25 079 millions de $ dont produits agricoles 68 % Total importations : 14 705 millions de $ dont équipement industriel et matériel de transport 47 % Défense Total forces armées : 545 600 hommes Budget de la Défense : 3,0 % du PIB ➡ TENDANCES Peu sensibles aux manoeuvres d’intimidation déployées par les conservateurs, les Iraniens ont choisi de reconduire à la présidence le réformateur Khatami lors du scrutin présidentiel du 8 juin 2001. Pour autant, cette victoire ne saurait masquer le désenchantement des électeurs, comme en a témoigné une abstention massive qui n’aura fait qu’épouser les contours d’une opinion réfractaire à une cohabitation entre le président et le guide suprême de la République islamique, chef de file des conservateurs. Contraint de composer avec les faucons du régime, Khatami n’a pas semblé avoir d’autre choix que de compter sur la patience des Iraniens, en attendant que le programme de réformes sur lequel il a été réélu donne naissance à une société émancipée des mots d’ordre révolutionnaires de l’ère Khomeyni. IRLANDE Superficie : 70 000 km 2 Population : 3 841 000 hab. Capitale : Dublin 985 000 hab. Nature de l’État et du régime politique : république à régime semi-présidentiel Chef de l’État : (Président de la République) Mary McAleese Chef du gouvernement : Bertie Ahern Organisation administrative : 4 provinces Langues officielles : gaélique, anglais Religion : catholicisme Monnaies : euro, livre irlandaise ➡ HISTORIQUE 1541 : le souverain anglais prend le titre de roi d’Irlande. 1846 : la famine ravage le pays. 1916 : soulèvement nationaliste. 1921 : les comtés du Nord (Ulster) sont maintenus au sein de la Grande-Bretagne. 1937 : proclamation de la Constitution irlandaise, sous l’autorité d’Eamon De Valera. downloadModeText.vue.download 412 sur 518 JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002 410 1973 : entrée de l’Irlande dans l’Union européenne. 1985 : assouplissement des lois sur le divorce et sur l’avortement. 1998 : nouvel accord angloirlandais pour t