DEDICACES
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DEDICACES A cœur vaillant rien d’impossible A conscience tranquille tout est accessible Quand il y a la soif d’apprendre Tout vient à point à qui sait attendre Quand il y a le souci de réaliser un dessein Tout devient facile pour arriver à nos fins Malgré les obstacles qui s’opposent En dépit des difficultés qui s’interposent Les études sont avant tout Notre unique et seul atout Ils représentent la lumière de notre existence L’étoile brillante de notre réjouissance Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal Nous partons ivres d’un rêve héroïque et brutal Espérant des lendemains épiques Un avenir glorieux et magique Souhaitant que le fruit de nos efforts fournis Jour et nuit, nous mènera vers le bonheur fleuri Aujourd’hui, ici rassemblés auprès des jurys, Nous prions dieu que cette soutenance Fera signe de persévérance Et que nous serions enchantés Par notre travail honoré MC Z Je dédie cette thèse à …? A ma très chère mère lalla Nouaji Affable, honorable, aimable : Tu représentes pour moi le symbole de la bonté par excellence, la source de tendresse et l’exemple du dévouement qui n’a pas cessé de m’encourager et de prier pour moi. Ta prière et ta bénédiction m’ont été d’un grand secours pour mener à bien mes études. Aucune dédicace ne saurait être assez éloquente pour exprimer ce que tu mérites pour tous les sacrifices que tu n’as cessé de me donner depuis ma naissance, durant mon enfance et même à l’âge adulte. Tu as fait plus qu’une mère puisse faire pour que ses enfants suivent le bon chemin dans leur vie et leurs études. Je te dédie ce travail en témoignage de mon profond amour. Puisse Dieu, le tout puissant, te préserver et t’accorder santé, longue vie et bonheur. A la mémoire de mon Père lhaj Ahmed Aucune dédicace ne saurait exprimer l’amour, l’estime, le dévouement et le respect que j’ai toujours eu pour vous. Rien au monde ne vaut les efforts fournis jour et nuit pour mon éducation et mon bien être. Ce travail est le fruit de tes sacrifices que tu as consentis pour mon éducation et ma formation. A mon très cher mari yassine Quand je t’ai connu, j’ai trouvé l’homme de ma vie, mon âme sœur et la lumière de mon chemin. Ma vie à tes cotés est remplie de belles surprises. Tes sacrifices, ton soutien moral et matériel, ta gentillesse sans égal, ton profond attachement m'ont permis de réussir mes études. Sans ton aide, tes conseils et tes encouragements ce travail n'aurait vu le jour. Que dieu réunisse nos chemins pour un long commun serein et que ce travail soit témoignage de ma reconnaissance et de mon amour sincère et fidèle. A mon très cher frère youness, son épouse houda Et leurs petites filles Mon cher frère qui m’est le père et la mère, les mots ne suffisent guère pour exprimer l’attachement, l’amour et l’affection que je porte pour vous. Mon ange gardien et mon fidèle compagnant dans les moments les plus délicats de cette vie mystérieuse. Je vous dédie ce travail avec tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite. A ma très chère soeur Ikram, son mari Aziz et leurs filles. A la mémoire de mon beau Père Que dieu l’ait en sa sainte miséricorde En témoignage de l’attachement, A ma belle mère de l’amour et de Que dieu vous accorde santé et longue vie l’affection que je porte pour vous. Malgré la distance, vous êtes toujours dans mon A ma belle sœur Btissam et son mari cœur. Je vous remercie pour votre hospitalité sans égal et Avotre ma affection belle sœur Bouchra, son mari et son fils si sincère. sidi Mohamed Je vous dédie ce travail avec tous mes vœux de A maet belle sœur Amina bonheur, de santé de réussite. A mon beau frère Mohamed Amine A mon très cher frère Amine Mon cher petit frère présent dans tous mes moments d’examens par son soutien moral et ses belles surprises sucrées. Je te souhaite un avenir plein de joie, de bonheur, de réussite et de sérénité. Je t’exprime à travers ce travail mes sentiments de fraternité et d’amour. A mon très cher oncle Azzedine Benhayoune et sa famille Vous avez toujours été présents pour les bons conseils. Votre affection et votre soutien m’ont été d’un grand secours au long de ma vie professionnelle et personnelle. Veuillez trouver dans ce modeste travail ma reconnaissance pour tous vos efforts. A ma grand mère maternelle lala Mlouk A la mémoire de la grande dame qui a tant sacrifié pour nous. A tous les membres de ma famille, petits et grands Veuillez trouver dans ce modeste travail l’expression de mon affection la plus sincère. A ma chère belle mère Rabia Elmadbouh et mon beau père Essatara Mbarek Vous m’avez accueilli à bras ouverts dans votre famille. En témoignage de l’attachement, de l’amour et de l’affection que je porte pour vous. Je vous dédie ce travail avec tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite. A mon beau frère Youness Que dieu t’assistes. A notre chère et dynamique professeur assistant Znati kaoutar Un remerciement particulier et sincère pour tous vos efforts fournis. Vous avez toujours été présente. Que ce travail soit un témoignage de ma gratitude et mon profond respect. A Mme Bennis Sanae Notre aimable biologiste. Pour sa présence et son soutien. A notre professeur assistant Harmouch Taoufik A mes chères ami(e)s Lahlou Mariam, Boubou Mariam, Manal Fanane, Hajar sebti, Siham alaoui, FZel yakoubi, Kenza Krirm, Mounia Cheradi, Simohamed, Hassan A tous les internes et résidents du CHU Hassan II de FES A mes chers collègues HichamBelghiti, Hind elfatemi, Laila chbani,amal, sanae, nawal, ikram, mouhcine A tout le staff paramédical du Service d’anatomo-pathologie Je ne peux trouver les mots justes et sincères pour vous exprimer mon affection et mes pensées, vous êtes pour moi des frères, sœurs et des amis sur qui je peux compter. En témoignage de l’amitié qui nous uni et des souvenirs de tous les moments que nous avons passé ensemble, je vous dédie ce travail et je vous souhaite une vie pleine de santé et de bonheur. Aux services de gastro-entérologie, chirurgie viscérale A et B et au service d’épidémiologie du CHU HASSAN II DE FES. Un profond respect et un remerciement particulier pour PR Elabkari, PR Maazaz, PR Louchi et DR Amine Benrahou pour la bonne contribution de ce travail. Remerciements A notre maître et président de thèse Monsieur le professeur IBRAHIMI ADIL Professeur de gastro-entérologie. Nous avons eu le privilège de travailler parmi votre équipe et d’apprécier vos qualités et vos valeurs. Votre sérieux, votre compétence et votre sens du devoir nous ont énormément marqués. Veuillez trouver ici l’expression de notre respectueuse considération et notre profonde admiration pour toutes vos qualités scientifiques et humaines. Ce travail est pour nous l’occasion de vous témoigner notre profonde gratitude. A notre maître et rapporteur de thèse Mme le professeur AMARTI AFAF Professeur d’anatomie et de cytologie pathologique. Vous avez bien voulu nous confier ce travail riche d’intérêt et nous guider à chaque étape de sa réalisation. Vous nous avez toujours réservé le meilleur accueil, malgré vos obligations professionnelles. Vos encouragements inlassables, votre amabilité, votre gentillesse méritent toute admiration. Nous saisissons cette occasion pour vous exprimer notre profonde gratitude tout en vous témoignant notre respect. A notre maître et juge de thèse Monsieur le professeur AIT TALEB KHALID Professeur de chirurgie viscérale Vous nous faites l’honneur d’accepter avec une très grande amabilité de siéger parmi notre jury de thèse. Veuillez accepter ce travail maître, en gage de notre grand respect et notre profonde reconnaissance. A notre maître et juge de thèse Monsieur le professeur ELABKARI MOHAMED Professeur DE GASTRO-ENTEROLOGIE. Vous nous avez honorés d’accepter avec grande sympathie de siéger parmi notre jury de thèse. Veuillez trouvez ici l’expression de notre grand respect et nos vifs remerciements. A notre maître et juge de thèse Monsieur le professeur MAAZAZ KHALID Professeur de chirurgie viscérale. Nous vous remercions pour votre estimable participation dans l’élaboration de ce travail. Permettez nous de vous exprimer notre admiration pour vos qualités humaines et professionnelles. Veuillez trouver ici l’expression de notre estime et notre considération. INTRODUCTION………………………………………………………………….. 1 REVUE DE LA LITTERATURE …………………………………………….…….. 3 I - Epidémiologie. …………………………………………………….….…….. 4 A- Distribution géographique. ……………………..………….…….. 4 B- Age et sexe. ………………………………………………………….. 5 C- Facteurs de risque et états récancéreux………………….…….. 5 II - Etiopathogénie………………………………………………………………. 18 A-Séquence adénome-cancer. ………………………………………… 18 B-Voies principales de cancérogenèse………………………………. 21 1- Instabilité chromosomique (LOH)……………………………… 23 a) le gène APC…………………………………………………… 24 b) le gène p53. ………………………………………….……… 27 2- Instabilité microsatelliltaire (MSI)……………………………… 29 C- Altérations génétiques des lésions précurseurs…………………. 33 1- particularités des adénomes plans et festonnés…………... 33 2- Foyers des cryptes aberrantes. …………..……………….…… 34 3- MICI.et CCR………………….…………………….……….………. 36 D- Synthèse de l’étiopathogénie des CCR………………………… 37 III - Diagnostic Des CCR: ……………………….………………….…………… 38 A- Aspects cliniques. ……………………….…………………………. 38 B- Aspects paracliniques. ……………………….…………………….. 40 1- Moyens Radiologiques et endoscopiques. ……………… 40 2- Moyens Biologiques. ……………………….……………… 49 IV - Etude anatomopathologique. ……………………….…………………... 50 1- Techniques de préparation. ……………………….……………… 50 2- étude cytologique. ……………………….………………….……… 52 3-Etude histologique. ………….…………………………….……….. 53 a-Type de prélèvement. ………….…………………………….…. 53 b-Aspect macroscopique. ………….……………………..………. 54 c-Aspect microscopique. ………….…………………………….. 58 4-étude Histochimique …….…………………………………...………. 62 5- Immunohistochimie. ………….…………………………….………. 62 6- Cytogénétique et biologie moléculaire…………………………… 66 V- Classification des cancers colorectaux…………………………………… 71 VI - Facteurs pronostiques. ………….…………………………….………….. 85 Etude pratique. ………….…………………………….………………………….. 97 I - Matériel et méthodes d’étude. ………….…………………………….…… 98 A- Matériel. ………….…………………………….………………………. 98 1- Patients. ………….…………………………….………………… 98 2- Données individuelles des patients…………………………. 98 B- Méthodes. ………….…………………………….…………….……. 101 1- Prise en charge macroscopique……………………………… 101 2- Technique HES…………………………………………………… 104 3- Technique immunohistochimique…………………………… 104 II - Résultats et Discussion. ………….…………………………….………… 107 A- Analyse descriptive. ………….………………………………..… 107 1- Fréquence des CCR durant 2004-2007……………….... 107 2- Répartition selon l’âge. ………….………………………… 109 3- Répartition selon sexe ………….……………………….… 112 4- Siège des CCR. ………….…………………………………… 116 5- Délai diagnostique. ………….………………………………... 117 6- Symptomatologie clinique. ………….…………………….… 181 7- Type de prélèvement …………………………………..…….. 119 8- Facteurs de risque des carcinomes colorectaux. 120 9- Taille de la tumeur. ………….………………………………… 122 10- Localisation multifocale. ………….………………………… 124 11- Aspect macroscopique. ………….……………………….… 124 12- Aspect histologique……………………………………….. 125 B- Corrélations statistiques. ……….………………………….…… 128 1- Type histologique/ âge. ……….………………..………… 128 2- Type histologique/sexe. ……….………………………… 130 3- Type histologique/siège. ……….………………………… 131 4- Type histologique/taille de la tumeur…………………….. 132 C- Facteurs pronostiques. ……….………………………….…………133 1- Métastase viscérale. ……….………………………………… 133 2- Métastase ganglionnaire. ……….………………..………… 134 3- Valeur pronostique des marqueurs ……………………… 138 Conclusion et perspectives……….……………………………………………. 149 Résumé. ……….…………………………………………………………………… 151 Bibliographie. ……….………………………………….………………………… 155 INTRODUCTION 1 Le cancer colorectal CCR représente un problème de santé publique. C’est la première cause de mortalité par cancer dans les pays occidentaux et le troisième cancer après celui du poumon et du sein en Angleterre avec plus de 35 000 nouveaux cas par an. En France, il représente prés de 15 % de l’ensemble des cancers avec 36 257 cas en 2000. Au Maroc, on ne dispose pas de registre national mais selon une étude épidémiologique menée à l’institut national d’oncologie de Rabat entre 1985-2002, 9582 cas de CCR ont été diagnostiqués. L’immense majorité des CCR sont des adénocarcinomes et dans 70% des cas dérivent d’une lésion pré-existante : le polype adénomateux suite à une accumulation d’altérations génétiques complexes. L’objectif de notre travail : Ø Etudier les aspects anatomopathologiques des CCR en particulier les sous types histologiques. Ø Evaluer la fréquence des tumeurs non épithéliales dans cette localisation. Ø Rechercher les lésions associées en particulier de type adénomateux. Ø Evaluer l’intérêt de l’immunohistochimie dans le diagnostic différentiel. Ø Étudier dans les adénocarcinomes colorectaux des marqueurs immunohistochimiques essentiellement le Ki67 et la P53, les comparer aux adénomes et les corréler aux autres données anatomopathologiques. 2 REVUE DE LA LITTERATURE 3 I-EPIDEMIOLOGIE A-Distribution géographique. Les cancers colorectaux occupent le deuxième rang des cancers dans le monde avec une probabilité d’être atteint de CCR au cours de la vie de 5 % (1). Ils représentent 25 % des cancers digestifs. 875 000 cas sont diagnostiqués en 1996 dans le monde soit une estimation de 8,5 % des cancers tout type confondu selon l’OMS (2). Leur incidence est très élevée en Europe, en Amérique, en Australie et à la nouvelle Zélande. Elle est moins importante en Afrique et certains pays d’Asie. Il existe certaines variations entre les pays avec une incidence marquée en Europe de l’ouest et du nord par rapport à l’Europe centrale et du sud (3). C’est le cancer le plus fréquent en France représentant prés de 15% de l’ensemble des cancers avec un taux d’incidence qui a augmenté entre 1976 et 1990 passant de 16,6 à 24,4 % chez l’homme et de 12,3 à 15 % chez la femme (4). C’est aussi la première cause de mortalité dans les pays occidentaux. Il est au troisième rang en Angleterre après le cancer du poumon et du sein avec 35 000 nouveaux cas par an (5). Au Maroc l’incidence est inconnue vu l’absence d’un registre national. A l’institut national d’oncologie de Rabat, 9582 cas ont été diagnostiqués entre 1985-2002 avec une incidence de 40,3 % des cancers digestifs, occupant la deuxième place après les cancers gynécologiques. 4 B-Age et sexe (4,6). Le CCR est rare avant 50 ans (6% des cas) mais son incidence augmente avec l’âge, elle double chaque décennie entre 40 et 70 ans dans les deux sexes. L’âge moyen au diagnostic est de 69,5 ans chez l’homme et 72,8 chez la femme. Une légère prédominance masculine est notée avec un sex ratio de 1,5. L’incidence est identique dans les deux sexes jusqu’à 65 ans puis apparaît une prédominance masculine liée à une fréquence plus élevée des cancers du colon descendant et sigmoïde. C-Facteurs de risque et états précancéreux (4). Des études épidémiologiques ont mis en évidence l’existence de facteurs génétiques liés à un taux accru de CCR et dans environ 15% des cas, ce cancer survient dans un contexte de prédisposition génétique. Les sujets âgés de plus de 50 ans des deux sexes constituent une population à risque moyen. Le risque élevé concerne les parents au premier degré de sujets atteints de CCR ou avec un antécédent personnel ou familial d’adénome ou de cancer colorectal et les malades ayant une rectocolite hémorragique ou une maladie de Crohn. Le risque est très élevé dans les familles atteintes de cancers à transmission héréditaire. 5 1 - Facteurs génétiques. L’âge inférieur à 50 ans lors du diagnostic, des antécédents tumoraux personnels, une agrégation familiale de cancers doivent faire évoquer une prédisposition héréditaire et reconstituer l’arbre généalogique du sujet (4). Il s’agit de polyposes digestives, adénomateuses et ou hamartomateuses, des cancers colorectaux héréditaires sans polypose (syndrome HNPCC) et de quelques syndromes héréditaires rares (Li- Fraumeni..). Parmi ces maladies, deux représentent des prédispositions majeures ; la polypose adénomateuse familiale PAF et le syndrome HNPCC. Le risque cumulé au cours de la vie de développer un CCR lorsqu’ un sujet est porteur d’une altération génétique associée à l’une de ces maladies est supérieur à 80 % en l’absence de traitement préventif ; en pratique, le diagnostic de cancer colorectal aura été fait dans plus de la moitié des cas avant l’âge de 45 ans (12). a-La polypose adénomateuse familiale PAF. La PAF est une maladie de transmission autosomique dominante, qui touche environ un individu sur 10 000 et qui est responsable de prés de 1 % des CCR (7- 9). Elle se caractérise par l’apparition de nombreux adénomes coliques et rectaux au moment de la puberté avec des manifestations extracoliques possibles mais inconstants ; adénomes duodénaux, polypose fundique glandulokystique, hypertrophie de l’épithélium pigmentaire rétinien, tumeurs osseuses, sous cutanées, desmoïdes, hépatoblastomes, médulloblastomes et cancers thyroïdiens (10). Au cours de la PAF classique, les sujets atteints développent des centaines voire des milliers d’adénomes colorectaux, le plus souvent avant l’âge de 20 ans et 95 % des malades ont une polypose à l’âge de 35 ans. 6 Le pronostic est dominé par le risque de dégénérescence maligne qui approche les 100% pour les sujets non dépistés à l’âge de 50 ans. Un diagnostic génétique direct de la maladie est possible et le dépistage adapté par les coloscopies chez les malades porteurs de la mutation délétère identifiés dans leur famille indique le moment de la colectomie préventive (12). Des formes atténuées de PAF sont décrites au cours desquelles les adénomes sont moins nombreux, prédominent dans le colon droit et se développent plus tardivement que dans les formes classiques (11). Cette PAF atténuée peut être difficile à distinguer au plan clinique d’un syndrome HNPCC ou syndrome de Lynch. Plus de 90 % des sujets atteints développent des adénomes duodénaux, en particulier dans la région ampullaire qui peuvent aboutir à des cancers du duodénum représentant une cause non négligeable de décès chez des malades atteints de PAF ayant eu une colectomie (12). Dans 90 % des familles une mutation constitutionnelle du gène APC est identifiée. Les corrélations génotype-phénotype montrent que la position des mutations sur le gène conditionne la gravité de certaines manifestations cliniques. C’est ainsi que le nombre d’adénomes coliques d’un sujet porteur d’une mutation délétère du gène APC peut varier de 0 à plus de 1000 (12). 7 La présence d’un phénotype atténué, c’est-à-dire de moins de cent adénomes dans le côlon, est liée à l’existence d’une mutation dans les 4 premiers exons entre les codons 1 à 163, dans la partie de l’exon 9 épissée de manière alternative et dans la partie distale de l’exon 15 entre les codons 1860 et 1987 (13). Les formes adénomateuses profuses en tapis de haute laine, sont présentes lorsque la mutation siège entre les codons 1249-1330 (13). b- Le Syndrome HNPCC ou syndrome de lynch Le syndrome de lynch ou syndrome HNPCC a été décrit pour la première fois en 1895 par Alfred Warthin, la première dénomination utilisée fut cancer family syndrome. Un demi siècle plus tard le nom de Dr lynch fut attaché à ce syndrome. En 1984, il décrivit deux syndromes distincts : Lynch I correspondant à des cancers coliques familiaux et Lynch II associant des cancers coliques familiaux à d’autres localisations cancéreuses extracoliques (endomètre, ovaire, estomac). Deux syndromes sont incorporés dans cette catégorie prédisposent en outre à des tumeurs cutanées de type kératocanthomes, cancers spinocellulaires et kystes sébacés (syndrome de Muire Torre) ou à des tumeurs cérébrales de type glioblastome (syndrome de Turcot). En 1997 la dénomination du syndrome HNPCC correspondant aux initiales de hereditary non polyposis cancer fut proposée et retenue (12). Prés de 5 % des CCR surviendraient dans le cadre d’un syndrome de lynch, vers l’âge de 40 à 50 ans le plus souvent au niveau du colon droit et sont de type mucineux et peu différenciés. Ils sont précédés d’adénomes peu nombreux et de petite taille. 8 Il existe une grande variabilité phénotypique intra comme interfamiliale et la réunion de trois critères est nécessaire à l’établissement du diagnostic ; Ces critères ont été retenus en 1991 à Amsterdam par le consortium international d’étude du syndrome HNPCC et exigent au moins trois sujets atteints de cancer colique ou rectal (critère de nombre), unis par un lien de parenté au premier degré sur deux générations (critère de parenté), un des cancers au moins s’étant révélé avant l’âge de 50 ans (critère d’âge) (14). Dans le syndrome HNPCC, le risque cumulé de développer un cancer à 70 ans est de 90 % pour l’homme et prés de 70 % chez la femme. A cet âge 74 % des hommes et seulement 30 % des femmes auront développé un CCR (6). Les gènes mutés dans ce syndrome sont impliqués dans le système de réparation des mésappariements de bases de l’ADN (hMLH1, h MSH2…) (15). c- Les polyposes hamartomateuses. Elles regroupent 3 grands syndromes : - Syndrome de Peutz –Jeghers : (7-9) C’est une maladie héréditaire transmise sur un mode autosomal dominant avec une incidence estimée à 1 pour 120 000 naissances. Ce syndrome est caractérisé par une polypose hamartomateuse digestive, des lésions cutanées caractéristiques (lentiginose péri-orificielle) et une augmentation du risque de nombreux cancers. Le risque de cancer colique est augmenté par rapport à la population générale ainsi que d’autres cancers extradigestifs en particulier des tumeurs de l’ovaire (tumeur de la granulosa), du testicule (cellules de sertoli), du pancréas, du sein et de la thyroïde. 9 Le mode de développement des adénocarcinomes coliques au cours du syndrome de Peutz –Jeghers reste discuté : coexistence à côté des polypes de Peutz –Jeghers d’adénomes dysplasiques, définissant une polypose mixte, ou survenue de foyer de dysplasie au sein des polypes de Peutz -Jeghers. Plus de 50% des syndromes de Peutz -Jeghers sont familiaux, les autres correspondent à des néo-mutations. Le gène responsable est le gène STK11 (ou LKB1), localisé en 19 q13.3, qui code pour une sérine -thréonine-kinase (16). Dans les cas familiaux, la transmission est autosomale dominante. Les mutations du gène STK11 semblent très rares dans les tumeurs sporadiques du colon. Il est possible que les polyposes mixtes, associant polypes de Peutz –Jeghers et adénomes, soient dûs à un ou des autres gènes. -Polypose juvénile familiale : C’est le syndrome le moins rare des syndromes de polypose hamartomateuse. Il atteint 1 individu sur 100 000. Les polypes juvéniles sont fréquents puisqu’ils sont observés chez environ 2 % des enfants et peuvent survenir en dehors de tout contexte familial. Le risque de survenue d’un cancer digestif est élevé en particulier colorectal mais mal connu, probablement situé aux environs de 50%. 10 La polypose juvénile est définie (7) par la présence de plus de 5 polypes juvéniles du colorectum, ou (8) de polypes juvéniles présents tout au long du tube digestif, ou (9) de n’importe quel nombre de polypes juvéniles en cas d’histoire familiale de polypose juvénile (17). Selon les séries 20 à 50 % des polyposes juvéniles sont héréditaires, de transmission autosomale dominante à pénétrance variable. Les autres cas sont sporadiques. - Syndrome de Cowden et syndromes apparentés (18) C’est une maladie autosomique dominante caractérisée par le développement de multiples hamartomes touchant les organes issus des trois feuillets embryonnaires. Le syndrome se révèle généralement entre 20 et 30 ans. Les polypes peuvent se développer à tous les niveaux du tube digestif. Le gène de susceptibilité étant PTEN et qui est un gène suppresseur de tumeur situé en 10q23.3. d-Antécédent personnel ou familial de CCR. Selon des études épidémiologiques de cohortes et cas témoins, le risque élevé concerne les sujets dont les parents au premier degré sont atteints d’un CCR , ainsi ce risque est compris entre 2 et 3. Il est corrélé à l’âge de survenue du cancer chez le proposant et au nombre de malades atteints dans la famille (19-21) (Tableau 1). 11 Tableau 1 : Risque de CCR selon les antécédents familiaux (12). 12 e- Antécédent personnel et familial d’adénome colorectal Plusieurs études cas témoins montrent un risque proche de celui des apparentés de sujets atteints de cancer colorectal dans la fratrie et/ou chez les parents de sujets ayant des adénomes colorectaux dépassant 1cm diagnostiqués avant 60 ans. L’augmentation de risque pour un diagnostic porté avant 50 ans atteint 4,1 pour la fratrie et 1,9 pour les parents (4). 2- Maladies inflammatoires chroniques intestinales et autres. a- Maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI). Le premier cas de cancer colorectal (CCR) associé à une rectocolite hémorragique (RCH) a été rapporté par Crohn et Rosenberg (25). Depuis, de nombreuses études ont montré une augmentation du risque de CCR en cas de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI). Aux Etats-Unis, Greenstein (26) a récemment estimé l'incidence du CCR à environ 100 cas par an au cours de la maladie de Crohn et à 1000 cas par an au cours de la RCH, l'incidence du cancer sporadique étant de 140 000 cas par an. La rectocolite ulcérohémorragique est liée à un risque relatif de cancer colorectal de 1,7 à 2,5, fonction de l’étendue de la rectocolite, de l’âge au diagnostic et de l’ancienneté de la maladie, n’apparaissant qu’après 20 ans d’évolution (19,22,23). Ce risque atteint 14,8 en cas de pancolite, 2,8 en cas d’atteinte limitée au colon gauche, et n’est pas significativement augmenté en cas de proctite isolée (27). 13 En cas de pancolite, le taux cumulé de cancer 35 ans après le diagnostic est compris entre 21 et 33 %(27-28). Dans les formes limitées au colon gauche, le risque de cancer colorectal n’est augmenté qu’en cas de diagnostic porté avant 30 ans (27). Au cours de la maladie de Crohn, le risque de CCR a longtemps été considéré inférieur à celui encouru en cas de RCH. Les premières études incluaient en effet des séries non sélectionnées de patients atteints de maladie de Crohn parmi lesquels environ le tiers n'avait pas d'atteinte colique. Dans ces études, le risque de développer un CCR était identique ou peu augmenté par rapport à la population générale (29-36). En fait, l'appréciation du risque de CCR dépend de la population étudiée (37). Ainsi, dans l'étude d'Ekbom et al (31), le risque relatif de CCR était globalement de 2,5 sur une cohorte de 1655 patients ; par contre, le risque chez les patients ayant une atteinte colique isolée devenait de 5,6 et atteignait 20,9 lorsque le diagnostic de maladie de Crohn colique était porté avant l'âge de 30 ans. Les études ultérieures ont confirmé que la durée d'évolution de la maladie, son étendue colique et l'absence de résection colique intervenaient de manière significative dans la survenue du CCR (37-38). 14 b- Autres facteurs • Cancers gynécologiques. Les femmes traitées pour un cancer de l’ovaire ou de l’endomètre ont un risque relatif de cancer colorectal proche de 1,5. Le risque relatif de cancer colorectal en cas de cancer du sein n’est que de 1,1 (39). • Cholécystectomie et lithiase biliaire. Il existe une augmentation modérée, principalement chez la femme, du risque de cancer du côlon droit 10 à 15 ans après une cholécystectomie et d’après des données limitées en cas de lithiase biliaire (40). 3 - Facteurs alimentaires et métaboliques. La variabilité d’incidence du cancer colique dans le temps et l’espace suggère une influence de facteurs environnementaux. a- Facteurs associés à une augmentation du risque de tumeur colique. • Graisses, viandes et protéines. La consommation excessive de viande rouge ( 133 g/jour) est liée à une augmentation du risque de CCR (41- 42). La charcuterie, riche en graisse et conservée à l’aide de nitrites dont les dérivés sont mutagènes, possède un rôle potentiellement néfaste (41). • Calories, obésité et activité physique. L’obésité, la sédentarité sont associés à un risque augmenté d’adénome ou de cancer colique (43). L’hyperinsulinisme serait un promoteur dans la cancérogenèse (44). Une activité physique régulière diviserait par 3 le risque de cancer colique. • Hydrates de carbone. La consommation des sucres et féculents augmente le risque de cancer colorectal (45). 15 • Alcool et tabac. La consommation d’alcool est associée à un risque relatif de 1,2 de CCR dés 40g/j (46). L’acétaldéhyde, métabolite de l’alcool possède une activité cytotoxique prouvée. L’alcool interviendrait sur l’étape précoce de promotion du cancer. 16 b- Facteurs associés à une diminution du risque de tumeur colique. • Fibres alimentaires et végétaux. Leur rôle protecteur a été constaté devant les différences géographiques observées dans l’épidémiologie du CCR (47). • Calcium, sélénium et vitamines. Le calcium et la vitamine D possèdent un rôle protecteur modéré sur le risque de CCR (48). Quelques études ont suggéré le rôle des vitamines A, C, E, du B carotène et des minéraux (sélénium) à effet antioxydant. • Traitement hormonal substitutif de la ménopause. Après 11 années de traitement substitutif, le risque relatif de cancer colorectal chute à 0,55. 17 II- ETIOPATHOGENIE De nombreux travaux ont été consacré à l’identification des lésions précurseurs des CCR sporadiques. En 1990 dans un article princeps Fearon et Vogelstein ont proposé un modèle de cancérogenèse multiétape et établi la notion de séquence adénome –cancer. A-séquence adénome - cancer L’adénome est une formation polypoïde ou plane. La première correspondant à un foyer circonscrit de dysplasie et qui s’implante sur la muqueuse colique soit par l’intermédiaire d’un pédicule (adénome pédiculé) soit directement (adénome sessile) et la seconde correspondant à une surélévation de muqueuse digestive ne dépassant pas le double de la muqueuse saine. La filiation adénome-cancer ne fait pas de doute. Ce qui reste mal connu, c’est la proportion des cancers développés sur un adénome. Les CCR sont dans 70 % des cas des adénocarcinomes dérivant d’adénome (lésion précurseur bénigne) (6). Ce concept est validé grâce à de multiples observations : -Les adénomes sont 6 fois plus fréquents dans les pièces de résection tumorale que dans la muqueuse colique saine. -75 % des adénocarcinomes sont associés à des adénomes synchrones. -Les patients présentant des carcinomes et adénomes coliques synchrones ont 3 fois plus de risque à développer des cancers métachrones. -Histologiquement, des reliquats adénomateux sont retrouvés sur les cancers (49). - La fréquence des adénomes est plus augmentée dans les populations à risque élevé pour les CCR et les familles avec une prédisposition génétique. 18 - Une éradication systématique des adénomes entraîne une réduction de l’incidence des CCR de 85 à 90 % par rapport au nombre de cancers attendus (50). - Les adénomes surviennent à un âge plus jeune par rapport aux CCR. - Chez les patients refusant l’exérèse de leur adénome, on a pu assister à leur augmentation de taille et à leur transformation. Très peu de données permettent d’estimer la durée de la filiation adénomecancer. Le suivi des malades atteints de polypose familiale (ce qui est une situation particulière) fait apparaître une durée moyenne de 12 ans entre le diagnostic de la maladie et l’apparition du cancer avec des extrêmes allant de 5 à 20 ans. Dans le registre des polypes de la Côte d’or, l’âge moyen des sujets atteints d’adénome avec dysplasie légère était de 61,5 ans, avec dysplasie moyenne 64,2 ans, avec dysplasie sévère 66,8 ans, avec transformation maligne 68,3 ans. L’âge moyen des cancers invasifs était de 70,8 ans. D’après ces données, on peut estimer à 9 ans l’intervalle du temps moyen entre le diagnostic d’un adénome macroscopiquement visible et le cancer. Les facteurs qui influencent cette transformation maligne sont la taille, la présence d’une composante villeuse et le degré de dysplasie (51). Une transformation maligne est présente dans 0,3% des adénomes de moins de 1 cm de diamètre, 9% des adénomes de 1 et 2 cm et 28 % des adénomes de plus de 2 cm (52). Ces polypes laissés en place exposent à un taux cumulé de CCR de 25 % à 5 ans. Leur taux de malignité est de 5% pour les adénomes tubuleux, 20% pour les adénomes tubulo-villeux et 40 % pour les adénomes villeux. Les adénomes plans ont un risque plus élevé et plus rapide de cancérisation (53). Dans environ 5% des cas le CCR survient dans un contexte de maladies héréditaires, à transmission autosomique dominante et à pénétrance élevée. Les gènes associés à certaines d’entre elles ont été identifiés. 19 Les mutations du gène APC semblent suffisantes pour permettre à l’adénome d’atteindre une taille d’un centimètre sans qu’aucune autre mutation additionnelle ne soit requise (54). Néanmoins dans la minorité de cas sans anomalie du gène APC, c’est la mutation du gène βcatenine qui est impliquée. Les altérations du gène p53 sont observées dans 5 à 26 % des adénomes colorectaux, dans 53 % des adénomes présentant un foyer carcinomateux et dans 70% des carcinomes (55-56-57). Une instabilité des microsatellites a rarement été observée dans les adénomes sporadiques et n’est retrouvée que dans 3% des cas (58-59). Figure 1 : Différentes étapes de la carcinogenèse de la séquence adénomecarcinome (60). 20 B- Voies principales de la cancérogenèse L’étiopathogénie du CCR a été largement étudiée ces dernières années grâce aux progrès considérables accomplis dans la compréhension des mécanismes génétiques des CCR. Jusqu’à présent la recherche du phénotype tumoral n’avait que peu de répercussions sur la prise en charge clinique des patients. Actuellement, il a été montré que la mise en évidence d’un phénotype d’instabilité microsatellitaire MSI possédait une valeur prédictive positive pour la réponse à la chimiothérapie (61). La détermination du phénotype moléculaire en plus du stade fourni par l’analyse histologique pourrait apporter aux cliniciens de précieuses informations pour la prise en charge des patients. Deux grands types de cancérogenèse colique ont été récemment identifiés (57). Le premier appelé perte du matériel chromosomique (LOH = loss of heterozygoty) représente 80% des cas. Il est caractérisé par une aneuploïdie, des pertes alléliques et une localisation distale. Le deuxième est l’instabilité des microsatellites (MSI), un caryotype presque diploïde avec peu de pertes alléliques, représente 15% des CCR et environ 30 % des cancers du colon droit (figure 2). 21 Figure 2. Les 2 grandes voies de cancérogenèse dans les CCR (57). 22 1-Instabilité chromosomique LOH (57). Ce groupe est caractérisé par une aneuploïdie et par des pertes alléliques. Dans ce groupe, 20% des chromosomes en moyenne ont subi une délétion allélique (62). Les sites de délétion les plus fréquents sont situés sur le bras court du chromosome 17 et sur le bras long du chromosome 18 ou les délétions surviennent dans 75 % des cas. Le bras long du chromosome 5 présente des déletions dans 50 % des cas, alors que le bras court du chromosome 8 et le bras long du chromosome 22 sont délétés dans 35 % des cas (62-63). Ces régions renferment des gènes majeurs comme le gène p53 sur le chromosome 17p, les gènes DCC et SMAD sur le chromosome 18q et le gène APC sur le chromosome 5q. Par ailleurs les mutations somatiques des gènes APC et p53 sont fréquemment (70% des cas) associés à des pertes alléliques conduisant une inactivation biallélique de ces gènes. Ces cancers appelés LOH (loss of heterozygoty) représentent 80 % des CCR avec plus des 2/3 situés sur le colon distal. 23 a. Gène APC L’anomalie génétique la plus précoce détectée dans le CCR est souvent une mutation du gène APC (= adenomatous polyposis cancer) qui est un gène suppresseur de tumeur localisé au niveau du locus 21 du bras long du chromosome 5(5q21). Cette mutation concerne plus de 80% des CCR sporadiques (64). Le gène APC est un gène long contenant 15 exons et 2,843 codons. IL code pour une protéine de 312 k DA constituée de 2843 acides aminés. Cette protéine a des fonctions multiples, elle présente plusieurs domaines de liaison lui permettant d’interagir avec plusieurs molécules. La plupart des mutations somatiques du gène APC siègent dans une région codante située entre les codons 1286 et 1513, conduisant à l’apparition d’un codon stop et à la synthèse d’une protéine tronquée à l’origine de pertes fonctionnelles (64). Or l’une des fonctions de la protéine APC est un contrôle négatif du taux de l’activité de la β Catenine (65-66). En l’absence de signal mitotique, la β Catenine est séquestrée dans un complexe cytoplasmique avec le produit du gène APC, une protéine nommée conductine, axile ou axine et une sérine thréonine glycogène kinase (GSK3β). Ce complexe permet la phosphorylation et la dégradation de la β Catenine (66-67-68). La β Catenine résiduelle permet l’adhésion intercellulaire en se fixant aux cadhérines. 24 Lorsqu’un signal mitotique est délivré par l’activation du proto-oncogène WNT( homologue du gène Wingless de la drosophile ) , la GSKβ est inhibée et la β Catenine n’est plus dégradée ainsi sa concentration cytoplasmique augmente ,se lie alors à des facteurs de transcription comme le facteur de d’activation des lymphocytes( LEF ) et le facteur cellulaire T (Tcf) ce qui inhibe l’expression de la E cadhérine (69- 70); l’inhibition de contact est ainsi diminué favorisant le processus invasif , et amplifie en contre partie la transcription de proto-oncogènes tel que le gène C-myc . Le gène C- myc est un oncogène impliqué dans la prolifération cellulaire. Il active les gènes des cyclines comme la cycline D ce qui permet le passage de la phase G0 à la phase G 1, il agit également sur la transcription des gènes des CDK 4 (cyclines dépendant kinase), les facteurs de transcription E2F et inhibe l’action du gène suppresseur de tumeurs P21 ce qui aboutit à la Phase S du cycle cellulaire (figure 3). 25 Figure 3. La voie de carcinogenèse du gène APC (71). Le gène APC en association avec l’axine et la GSK-3 (glycogen synthase kinase 3P) se lie à la β-Catenine pour sa dégradation. β-Catenine libre se lie au facteur TCF et entraîne la transcription des gènes Myc, Cycline D. 26 b. Gène P53 Les mutations du gène p53 sont clairement impliqués dans la séquence adénome-cancer et surviennent tardivement mais probablement avant l’apparition des métastases. Les mutations du gène p53 marquent la transition de l’adénome au cancer et sont détectés dans plus de 50% des CCR sporadiques (72). Ce gène suppresseur de tumeur, est situé sur le bras court du chromosome 17(17p).C’est le chef de file dans le contrôle du cycle cellulaire. Il code pour une protéine régulant de façon négative le cycle cellulaire et de façon positive la mort cellulaire programmée (apoptose) (73). La survenue d’une altération de l’ADN dans une cellule en cycle stabilise la protéine p53 qui arrête les cellules en phase G1 (G1-S checkpoint) par l’activation de protéines inhibitrices de transcription tel que la p21(74). Cet arrêt permet la réparation de l’ADN avant la phase S. Toutefois, si les altérations sont trop importantes pour être réparées, la p53 induit l’apoptose par la transcription de gènes comme le gène BAX (Bcl-2 associated X protein) (75) (figure 4). Ainsi la mutation du gène p53 est un point non retour pour la cellule cancéreuse. 27 Figure 4. La voie d’action de la p53 (60). 28 2-Instabilité génomique ou microsatellitaire MSI+ (61) : Le phénotype MSI, initialement connu sous le terme de phénotype RER pour replicator error, est secondaire à une instabilité de séquences microsatellites. Ce sont des séquences répétées de paires de base de nucléotides codant pour des protéines impliquées dans le système de réparation de l’ADN MMR (mismatch repair enzymes) (76-77). Les gènes impliqués dans ce système ont été identifiés (61), les plus fréquemment en cause sont hMLH1 (human mutL homolog1 =gène homologue au mutL isolé chez Escherchia Coli), hMSH2 (human mutS homolog=gène homologue au mutS isolé chez Escherchia Coli) était le premier gène MMR cloné pour la première fois en 1993 par Klodner et al et publié simultanément par le groupe Vogelstein et de la Chapelle (78). Les autres gènes sont hPMS1, hPMS2 (human mutL homolog), hMSH6, hMSH3 et hMLH3. Plusieurs mécanismes génétiques sont en cause : a- Des mutations germinales ; atteignent les gènes de 1 ou plusieurs de ces enzymes, ces mutations germinales sont caractéristiques du syndrome HNPCC. b- Des mutations somatiques ;touchent 1 ou plusieurs de ces enzymes,détectables uniquement dans le tissu tumoral et non transmissibles, détectées dans les CCR sporadiques. c- Des altérations fonctionnelles ; en absence de mutation détectable par exemple par hyperméthylation du promoteur correspondant, entraînant l’inactivation de ce gène. Ces gènes codent pour des protéines impliquées dans la réparation des mésappariements de bases de l’ADN, survenus durant la réplication. 29 Les erreurs des ADN polymérases sont fréquentes au niveau des séquences microsatellites du génome ainsi les dérapages de la machinerie de réplication au niveau de ces sites, capables de former des boucles, se traduisent selon que cellesci sont situées sur le brin matrice ou le brin en cours de synthèse, par l’insertion ou la délétion de nucléotides. En l’absence de réparation post réplicative efficace, ces anomalies persistent et se transmettent lors de la réplication suivante entraînant l’émergence et la persistance d’allèles de tailles différentes. La perte de ces fonctions de réparation de L’ADN se traduit par un phénotype mutateur (79) (figure 5). 30 Figure 5. Mécanismes de réparation de l’ADN par les microsatellites MSI (79). 31 Les gènes de réparation travaillent en tandems. L’insertion ou la délétion peut être réparée par Muts (heterodimer of NISH2 and MSH3) ou MutS(heterodimer of MSH2 and MSH6) en association avec MLH1 et PMS2. La réparation d’une seule base nucléotidique nécessite la MutS. Seulement 10 à 15 % des CCR sporadiques sont de phénotype MSI+ (80) par inactivation somatique bi-allélique d’un gène de réparation de l’ADN le plus souvent par hyperméthylation du promoteur du gène hMLH1(81-82) . En revanche, 50 à 70 % des cancers survenant dans le cadre d’un HNPCC présentent une mutation germinale de hMLH1ou hMSH2 tandis que la seconde copie du gène est inactivée par perte allélique ou par hyperméthylation de la région promotrice ou mutation ponctuelle d’un des gènes MMR (83). Les cancers MSI+ sont diploïdes et montrent peu de pertes alléliques (84). Lorsque l’un des gènes des MMR est altéré, les séquences microsatellites du génome deviennent les cibles des mutations somatiques de type insertion –délétion. Ces gènes codent pour le récepteur de type II du TGF β, pour le récepteur de l’IGF II, les protéines BAX, hMSH3 et hMSH6, le CDX-2, la caspase 5 et le régulateur du cycle cellulaire E2F4, MLH3. La connaissance de ces mécanismes n’a pas seulement un intérêt cognitif mais apporte des informations utiles pour une meilleure prise en charge des malades ainsi l’étude du phénotype MSI+ est important pour identifier les malades atteints d’un syndrome HNPCC, afin de mettre en œuvre des modalités de surveillance, de traitement les plus adaptés et proposer à eux-mêmes et à leur famille un conseil génétique efficace (112). 32 C – Altérations génétiques des lésions précurseurs des CCR : 1- Particularités des adénomes plans et festonnés • Adénomes plans du colon (85): L’identification macroscopique de ces lésions est difficile et peut échapper à l’examen endoscopique. La dénomination fut donnée pour la première fois en 1985 par Muto et al, à de discrètes surélévations de la muqueuse colique de moins d'1 cm de diamètre à surface plate ou déprimée, d'aspect érythémateux correspondant microscopiquement à des adénomes dont la particularité réside dans l'épaisseur du tissu adénomateux qui n'excède pas le double de celle de la muqueuse saine adjacente avec une architecture strictement tubuleuse. Pour le cancer sporadique, des résultats de biologie moléculaire ont avancé que les mutations du gène K-ras qui est précoce dans les étapes de la filière adénome-cancer est plus tardive dans ces lésions planes alors que la mutation de la p53 est plus précoce. Pour les cas familiaux ces adénomes plans ont été décrits dans le syndrome HNPCC et dans la forme atténuée de la PAF. Il faut distinguer les adénomes plans des lésions déprimées qui semblent exceptionnelles. Elles comportent rarement un contingent adénomateux et constituent une lésion dysplasique ou un authentique cancer « de novo ». • Adénomes festonnés (86). Les polypes festonnés correspondent à un ensemble hétérogène de lésions de nature épithéliale caractérisées par le festonnement de la lumière des cryptes responsable d’un aspect en « dents de scie » à la coupe. Ils comportent classiquement les polypes hyperplasiques, les adénomes festonnés et les polypes mixtes. 33 Un nouveau type lésionnel a été récemment décrit, caractérisé par l’existence de très discrètes anomalies de la prolifération. La présence de ces anomalies pose la question de la nature véritable, hyperplasique ou adénomateuse, de ces polypes et leur « discrétion » rend compte de la difficulté du diagnostic différentiel avec les polypes hyperplasiques classiques. Certains polypes festonnés seraient impliqués dans une nouvelle voie de cancérogenèse colique, la voie des tumeurs festonnées, caractérisée par une hyperméthylation de séquences nucléotidiques cytosine- guanine au niveau de promoteurs de certains gènes, notamment h-MLH1, BRAF et MGMT. 2- Foyers des cryptes aberrantes : Ces lésions ont été récemment décrites comme des lésions précurseurs du CCR (87). Ces foyers de cryptes aberrantes sont légèrement en saillie par rapport la muqueuse adjacente et sont mis en évidence par le bleu de méthylène en vidéo endoscopie. Trois types sont décrits (88-89) ; -les foyers de cryptes aberrantes typiques dont les cryptes ont une lumière dilatée. -les hyperplasiques à lumière festonnée comme les polypes hyperplasiques. -les dysplasiques ressemblant aux adénomes débutants. La plupart de ces lésions sont observées dans le colon distal (colon descendant, sigmoïde et rectum) et surviennent chez des patients présentant une polypose familiale, un cancer colorectal sporadique ou des maladies du colon bénignes (38%) (89-90). 34 La prévalence et le nombre des cryptes aberrantes augmentent avec l’age. Les foyers des cryptes typiques ont un index mitotique normal. En revanche, un index de prolifération élevé caractérise les foyers de cryptes aberrantes hyperplasiques et dysplasiques (91). Le gène K-ras est très fréquemment muté dans les foyers des cryptes aberrantes typiques ou hyperplasiques, par contre peu fréquent dans les cryptes aberrantes dysplasiques (92). Il semble que les lésions présentant une mutation du gène K –ras aient un potentiel évolutif faible ou nul comparé à celles de type dysplasiques et pourraient régresser par apoptose (93). Quant à la mutation du gène APC au niveau de ces cryptes, elle n’est retrouvée que dans 5% (94). Jen et al suggèrent que les mutations du gène APC pourraient être étroitement associés à la survenue de la dysplasie dans ces lésions. L’existence d’une instabilité des microsatellites dans les foyers des cryptes aberrantes, n’a été rapportée que par deux publications (95-96). Les foyers des cryptes aberrantes présentent donc un certain nombre d’altérations phénotypiques et moléculaires qui les rendent importantes dans la compréhension des événements précoces de la carcinogenèse du colon distal et soutiennent l’hypothèse de leur rôle précurseur de certains CCR (97). 35 3-MICI et CCR (98). Le cancer sporadique et le cancer associé aux MICI ont une origine histologique commune représentée par des lésions épithéliales dysplasiques. Cependant, et contrairement au CCR sporadique, où la séquence adénome-cancer est habituelle, le cancer en cas de MICI survient sur des lésions planes ou plus rarement surélevées appelées dysplasia-associated lesion or mass (DALM). Dans les cancers associés aux MICI, on retrouve les altérations génétiques décrites en cas de cancer sporadique. Cependant, la séquence des événements semble différente : en cas de cancers sur MICI, les anomalies de p53 surviennent plus précocement et les mutations du gène APC plus tardivement qu'au cours du cancer sporadique. Par contre, les anomalies du contenu en ADN (aneuploïdie) surviendraient précocement dans les deux situations cancéreuses. Le rôle de l'inflammation chronique, en particulier des radicaux libres produits, dans l'apparition des anomalies génétiques est suggéré par différents travaux fondamentaux. 36 D- Synthèse de l’étiopathogénie des CCR Carcinogenèse colorectale 80% 15% Voie LOH = Voie MSI = Perte allélique Instabilité microsatellitaireee Muqueuse normale Muqueuse normale 5% Autres Sur Cryptes aberrantes MICI Autres polyposes Mutation APC/Bcatenine (5q) Altération des gènes de réparation de l’ADN (hMLH1, hMSH2…) Hyperprolifération Mutation Absence de réparation de l’ADN K-ras (12p) Adénome Perte DCC, SMAD Accumulation d’autres mutations génétiques Mécanismes génétiques variables Mutation p53 (17p) Carcinome colorectal 37 III- DIAGNOSTIC DES CCR A-Aspects cliniques (4): Le diagnostic de cancer colique est porté devant des symptômes dans près de 71 % des cas. Les douleurs abdominales sont vagues, localisées au cadre colique, ou évoluent par crises d’aggravation progressive et cèdent par une débâcle de selles ou de gaz, traduisant la mise en tension intermittente du cadre colique en amont d’une lésion sténosante. Les douleurs révèlent plus souvent un cancer du côlon droit. Les troubles du transit sont fréquents sous la forme d’une diarrhée rebelle, d’une constipation inhabituelle, ou d’une alternance de diarrhée et de constipation. L’occlusion intestinale est rare. Les troubles du transit et les rectorragies révèlent plus fréquemment les cancers coliques gauches. L’attention doit être attirée sur une modification récente du transit intestinal. Les hémorragies intestinales sont souvent peu abondantes mais répétées, spontanées ou favorisées par un traitement anticoagulant. Le méléna révèle une lésion en amont de l’angle colique droit, la rectorragie n’est pas localisatrice. Toute hémorragie intestinale basse, même en présence d’une pathologie proctologique, impose une exploration. 38 • Autres signes cliniques : L’interrogatoire précise les antécédents carcinologiques personnels et familiaux à la recherche d’une maladie héréditaire, et permet la réalisation d’un arbre généalogique. La tumeur est rarement accessible à la palpation. Une adénopathie de Troisier doit être recherchée. Les touchers pelviens peuvent mettre en évidence une tumeur prolabée dans le cul-de-sac de Douglas, ou des nodules de carcinose péritonéale. Une altération de l’état général est assez fréquente. Une hépatomégalie avec hépatalgie, ictère ou ascite évoque des métastases hépatiques. Une occlusion intestinale, une ascite ou des masses abdominales peuvent révéler une carcinose péritonéale. Le cancer colique peut être révélé par des métastases pulmonaires (douleur thoracique, dyspnée), par une perforation (tableau de péritonite) ou une sténose (tableau d’occlusion). Une symptomatologie d’anémie ou une fièvre inexpliquée peut conduire au diagnostic de cancer colique. L’exploration d’une anémie microcytaire est le mode de diagnostic de 10 % des cancers du colon. Actuellement, le diagnostic des CCR se fait précocèment grâce au dépistage. 39 B- Aspects paracliniques : 1-Moyens radiologiques et endoscopiques. Ø Diagnostic positif : • Coloscopie C’est l’examen diagnostique de référence du cancer colique, avec une sensibilité de 96,7 % et une spécificité de 98 % (99). Elle visualise directement la muqueuse colique, permet les prélèvements, et la résection de lésions prénéoplasiques ou néoplasiques. Elle explore la totalité du colon dans 80 à 95 % des cas. Elle est indispensable à la recherche des adénomes et adénocarcinomes synchrones. Cependant, 15 à 27 % des adénomes plans ou de moins de 1 cm passent inaperçus lors d’un premier examen, et une mauvaise qualité de la préparation colique, certaines localisations anatomiques (rectum, cæcum, angles coliques) ou des adénomes coliques multiples sont aussi sources de faux négatifs (100) . La prévalence des adénocarcinomes coliques synchrones est de 3 à 10 %, et celle des adénomes avoisine 50 % (101). De 10 à 42% des cancers synchrones sont diagnostiqués en préopératoire. La coloscopie est supérieure aux autres examens pour rechercher ces lésions, dont la présence peut modifier le geste chirurgical. Les indications de cet examen ont été largement analysées par différentes études randomisées et validées par l’ASGE (American society for gastrointestinal endoscopy) réservant la coloscopie à la présence de symptômes digestifs. Par ailleurs les essais randomisés de Funen, Nottingham et de la région Bourguinone ont démontré une baisse de la mortalité par CCR dans les populations soumises à une coloscopie suite à un dépistage par test hémocult. 40 Une analyse mulivariée menée par le département de l’Isère en 1996, a porté sur 1779 coloscopies. Leurs indications étaient : des douleurs abdominales et/ou des troubles du transit (40 %), un suivi de pathologie colique (22 %), des rectorragies (18 %), des antécédents familiaux de cancer colorectal (10 %), une anémie, une altération de l’état général ou la présence de métastases(4 %), un test de recherche de sang dans les selles positif (3 %). La présence d’une pathologie colique était significativement liée à l’âge (11 % après 50 ans contre 3 % avant), au sexe (10 % chez les femmes et 15 % chez les hommes) et au motif de prescription : après 50 ans, les taux de tumeurs d’aspect malin et de polypes ≥ 10 mm étaient de 27 % en cas d’anémie ou d’altération de l’état général, de 21 % en cas de rectorragies, de 20 % en cas de test Hémoccult positif, de 8 % en cas de symptômes digestifs et de 2 % en cas d’antécédents familiaux de cancer colorectal (102) (tableau 2). 41 Tableau 2. Résultats des coloscopies selon les motifs de prescription (hommes et femmes de 50 ans et plus). Enquête prospective dans le département de l’Isère (juin-juillet 1996). 42 La coloscopie est parfois impossible ou incomplète en préopératoire, et doit être réalisée de nouveau dans les 3 à 6 mois suivant l’intervention. La rectosigmoïdoscopie est proposée pour le dépistage des tumeurs rectosigmoidiennes. Réalisable sans anesthésie après un simple lavement, cet examen est mal toléré dans 28 % des cas, rate certains polypes en raison du mode de préparation, et n’explore le colon jusqu’à l’angle gauche que dans 66 % des cas . Il présente les mêmes risques de complication que la coloscopie totale. Enfin, la découverte d’une lésion nécessite la réalisation d’une coloscopie totale secondairement. La rectosigmoïdoscopie s’avère donc peu utile comme moyen de dépistage et de diagnostic. • La vidéo-endoscopie et chromoscopie (103). Au cours des dernières décades, les experts japonais ont mis en évidence la contribution importante de la combinaison de la chromoscopie et de l’endoscopie à optique grossissante et à haute résolution pour déterminer si une lésion colorectale est ou non néoplasique. Les endoscopes à optique grossissante permettent une image agrandie de la surface muqueuse variant de 1,5 à 150 fois. En chromoendoscopie, les colorants les plus utilisés sont l’indigo carmin et le bleu de méthylène. Kudo et al, en 1996, furent les premiers investigateurs à proposer une classification des différents aspects des zones colorées des lésions colorectales . 43 Ils ont proposé le terme de « classification selon le relief des puits ». Cette classification distingue 5 aspects de surface. Les puits de type I et II correspondent à du tissu hyperplasique tandis que les lésions de type III à V incluent des cryptes observées dans le tissu néoplasique. Le type V est fréquemment associé à des lésions malignes alors que les types III s’observent souvent au niveau de lésions déprimées de cancer précoce. Son intérêt réside aussi dans l’établissement d’un diagnostic différentiel entre les lésions déprimées et les lésions planes colorectales. • Coloscopie virtuelle Elle correspond à la reconstruction virtuelle du côlon à partir d’un examen tomodensitométrique (TDM) multibarettes ou d’imagerie par résonance magnétique (IRM) (104). Elle nécessite une préparation colique de qualité, et ne permet pas de différencier des stercolites de lésions muqueuses. Elle ne permet pas la réalisation de prélèvements histologiques, et méconnaît les adénomes plans à fort potentiel dégénératif. Le temps de traitement des images est encore assez long. Cet examen pourrait supplanter le LB dans les indications qui lui restent (102) et surtout devenir le gold standard en matière de dépistage des CCR. 44 • Lavement baryté (LB) Il correspond à une opacification rétrograde du colon par de la baryte. Le cadre colique est correctement visualisé dans 89 à 95 % des cas. Cet examen ne permet pas d’analyse histologique des lésions visualisées. Sa sensibilité en double contraste est de 84 % pour le diagnostic de cancer du côlon, et sa spécificité de 97,5 %, identique à celle de la coloscopie. Les sensibilités du LB double contraste et de la coloscopie sont respectivement de 32 et 88 % pour les cancers stade 0 et I, de 79 et 96 % pour les stades II et de 81 et 100 % pour les stades III (106). C’est une technique qui est très peu utilisée actuellement. Ø Bilan d’extension (4) Des métastases synchrones, essentiellement hépatiques ou pulmonaires, sont présentes dans 20 à 30 % des cas. Les examens précisent l’indication d’une intervention et la technique opératoire, et ont une valeur pronostique ou de référence pour la surveillance ultérieure. Le bilan préthérapeutique standard conseillé par la conférence de consensus française associe une radiographie thoracique et une échographie abdominale. 45 • Echographie abdominale : Sa sensibilité pour la détection des métastases atteint 94 % pour les lésions plus de 2 cm et diminue ensuite avec la taille des lésions (107). Elle est améliorée par l’utilisation de produits de contraste. Cet examen peut déceler des métastases péritonéales, ovariennes ou ganglionnaires rétropéritonéales. L’échographie peropératoire est plus sensible pour la détection des métastases hépatiques que l’échographie transpariétale, la TDM ou la palpation peropératoire. • Tomodensitométrie abdominale : La TDM abdominale a une sensibilité de 73 % dans la détection des métastases hépatiques, de 61 % pour la détection de la tumeur, et de 26 % pour les adénopathies. La TDM sous-estime souvent l’extension des métastases extrahépatiques intra-abdominales, avec un taux de faux négatif dépassant 25 % (108). • Imagerie par résonance magnétique : L’IRM a une sensibilité voisine de la TDM dans la détection des métastases hépatiques, et même supérieure dans la localisation et la caractérisation de ces lésions après injection de produit de contraste superparamagnétique (109) . Elle s’avère moins performante pour les métastases extrahépatiques. • Radiographie thoracique : Le cliché thoracique reste l’examen de première intention dans la détection des métastases pulmonaires en raison de sa facilité de réalisation. Sa fiabilité est inférieure à l’examen TDM. 46 • Tomodensitométrie thoracique La TDM thoracique complète le cliché radiologique standard en cas de doute sur une localisation secondaire pulmonaire. Ces métastases se présentent typiquement comme des formations nodulaires bien limitées, sans calcifications, avec un centre parfois hypodense. Cet examen est indispensable si leur résection est envisagée. La TDM est un examen reproductible et comparatif intéressant dans le suivi, sous traitement, ou après chirurgie de métastases pulmonaires. • Recherche de métastases osseuses : Les métastases osseuses concernent environ 4 % des malades. Leur recherche n’est pas systématique. Elle s’impose devant des douleurs osseuses, des fractures ou tassements vertébraux pathologiques. Les clichés radiologiques standards sont associés à une scintigraphie osseuse. Le recours à la TDM et à l’IRM est parfois nécessaire, selon les localisations. • Recherche de métastases cérébrales Les métastases cérébrales synchrones sont extrêmement rares. Leur recherche, motivée par la présence de signes neurologiques, repose sur l’examen TDM cérébral avec injection de produit de contraste, et de plus en plus souvent sur l’IRM. 47 • Immunoscintigraphie à l’ACE (CEA-scant) Cette technique d’imagerie utilise l’injection d’anticorps monoclonaux murins dirigés contre les antigènes tumoraux (anti-ACE) marqués par un isotope radioactif. C’est un outil utile au diagnostic d’une néoplasie primitive endoscopiquement non identifiable, ou à la détection précoce des récidives locorégionales (110). Dans 30 % des cas, des anticorps antimurins apparaissent limitant l’utilisation ultérieure de cet examen. • Tomographie par émission de positon (PET-scan). Le PET-scan après injection de fluoro-déoxyglucose est une technique d’imagerie récente plus sensible que l’examen TDM, et capable d’identifier dans 30 % des cas une extension intra-abdominale extrahépatique méconnue par les autres techniques d’imagerie (111). Pour le cancer colorectal, son rôle principal est le bilan d’opérabilité et d’extension, en cas de récidive et de métastases. Sa sensibilité est sa spécificité sont respectivement de 96 % et 99 % pour les localisations hépatiques, et de 94 % et 97 % pour les localisations pelviennes. Cet examen peut montrer avant les autres les récidives, et différencie les séquelles thérapeutiques des récidives locales, évitant les interventions chirurgicales exploratrices. 48 2-Moyens biologiques. • l’hémoccult. Le test Hémoccult est un moyen de dépistage simple, sans danger et peu coûteux. Lorsque le test Hémoccult est réalisé sans régime alimentaire et lu sans réhydratation, le taux de positivité dans une population de plus de 50 ans est en moyenne de 2 %. Il a une spécificité de 98 à 99 % et une valeur prédictive positive voisine de 10 % pour un cancer et 30 % pour un adénome (112). • Marqueurs tumoraux. Ils ne sont ni sensibles ni spécifiques pour le diagnostic de l’adénocarcinome colique. Ils ont un intérêt dans certains adénocarcinomes peu différenciés atteignant conjointement l’ovaire et le côlon sigmoïde sans que les autres investigations n’aient pu préciser l’organe initialement atteint. Ils représentent plutôt un outil de dépistage précoce des récidives, et d’évaluation de la réponse aux traitements. Le taux d’ACE préopératoire est inconstamment augmenté, notamment dans les tumeurs peu différenciées ou de petite taille. Une augmentation au-delà de 20 ng/mL est évocatrice d’une maladie évoluée ou métastatique. Elle est associée à un taux de récidive postopératoire plus élevé et représente, à stade égal, un facteur de pronostic péjoratif (113). Le dosage du CA 19-9 a peu d’intérêt pratique démontré 49 IV- Etude anatomopathologique • Techniques et résultats (114). 1- Technique de préparation : La fixation s’oppose à la déshydratation prématurée des cellules et surtout à la putréfaction des tissus. • Les fixateurs utilisés sont : Le liquide de Bouin C’est un fixateur mélangé composé de : - solution aqueuse saturée d’acide picrique : 75 ml. - Formol du commerce : 25 ml. - Acide acétique glacial : 5 ml. Ce fixateur est de moins en moins utilisé puisqu’il dénature les tissus, l’acide picrique casse les molécules d’ADN et ces cassures modifient artificiellement la longueur des microsatellites, simulant des erreurs de réplication RER. Une fausse interprétation positive du test RER est alors possible avec les conséquences vaines et coûteuses que cela entraîne en provoquant indûment une recherche de mutation constitutionnelle. La solution aqueuse d’aldéhyde formique à 10 %. Elle correspond en fait au mélange de 1 volume d’une solution mère industrielle appelée improprement formol pur (qui est à 40 %) dans 9 volumes d’eau du robinet. 50 AFA Il correspond à un mélange fait de : -5 % Acide acétique. -40% Ethanol. -5 % Formaldéhyde. - 40 % d’eau. Actuellement, il est considéré comme le fixateur de référence. • La durée de la fixation dépendra de la taille du prélèvement 5 à 12 heures pour une petite biopsie et 24 heures pour une pièce opératoire .Elle ne devrait pas excéder les délais requis pour une étude histologique correcte et pour ne pas interférer avec les marqueurs immunohistochimiques. • Quel que soit le fixateur utilisé, la fixation doit être précoce, dans un volume de fixateur suffisant (au moins 10 fois le volume de la pièce) et dans un récipient assez grand pour ne pas déformer le prélèvement. • Les prélèvements seront inclus en paraffine après une étape d’enrobage préalable par passage de chaque prélèvement dans une série de solvants organiques qui le déshydratent et dissolvent les graisses figurées intratissulaires permettant l’imprégnation de la paraffine dans le tissu. • Les prélèvements seront coupés grâce à un microtome comportant un rasoir. Ainsi des coupes de 4 à 5 microns d’épaisseur sont obtenues. Cette épaisseur permet aux rayons lumineux du microscope de traverser le prélèvement et d’éviter les superpositions cellulaires. La coupe est ensuite étalée sur lames de verre. 51 • Le tissu sera coloré à l’aide de colorants basiques.La coloration usuelle est trichromique associe toujours un colorant nucléaire (hématéine,hématoxyline), un colorant cytoplasmique (Éosine, érythrosine) et souvent un colorant du tissu conjonctif (Safran). • La coupe ainsi colorée, est alors protégée définitivement par une lamelle de verre collée à l’aide d’un produit synthétique transparent. • La durée totale de la technique est de 2 à 3 jours mais elle est en fait variable selon la taille des prélèvements, l’urgence de certains diagnostics. 2- Etude cytologique. Ø Les étalements cytologiques concernent : • Ponction à l’aiguille fine guidée sous échographie ou échoendoscopie d’un ganglion ou d’une masse en cas de métastases hépatiques ou une carcinose péritonéale. • Liquide d’épanchement : ascite, pleurésie ou autres à la recherche de cellules néoplasiques. L’examen cytologique se fait après coloration des cellules par différentes colorations en fonction des fixateurs utilisées et des affinités des cytopathologistes ; coloration de May –Grunwald Giemsa , coloration de Papanicolaou, coloration de Harris Schorr. Des marquages immunocytochimiques peuvent être également pratiqués. 52 3- Etude histologique. a- Type de Prélèvements. Il peut s’agir de prélèvements biopsiques ou de pièces opératoires. • Biopsies. - Biopsie sous endoscopie. Elle est guidée par endoscopie et présente un intérêt capital dans le diagnostic des CCR. L’interprétation de cette biopsie nécessite une orientation correcte des prélèvements qui de préférable lors de l’inclusion, soient posés sur un papier bristol ou un film radiologique pendant une minute, la face muqueuse tournée en haut ainsi la biopsie s’accolera au support et plonger l’ensemble dans le fixateur. Il faut noter la topographie des prélèvements, compter leur nombre et les inclure sur leur face latérale. Cette technique peut concerner des biopsies simples, des polypectomies ou des mucosectomies. • Pièces chirurgicales (115): Les prélèvements tissulaires seront toujours effectués après une étude macroscopique détaillée qui orientera les prélèvements destinés à être étudiés au microscope. En effet la pièce, après être identifiée et numérotée, elle sera ouverte sur le bord antimésocolique puis nettoyée à l’aide d’un faible jet d’eau courante avant d’être finalement étalée. 53 Par la suite ; -Il faut préciser le type d’exérèse : colectomie droite, gauche, totale, sigmoïdienne ou amputation abdomino-périnéale. - Orienter la pièce. - Donner les dimensions de la pièce d’exérèse et des autres segments digestifs réséqués (longueur et circonférence.). - Pour la tumeur préciser : - le site anatomique (colon droit, colon transverse, colon gauche, colon sigmoïde, rectum). - les dimensions ; hauteur, largeur, épaisseur (mesurée au point d’extension maximum). - l’extension par rapport à la circonférence au 1/4,1/2 ,3/4 ou 4 /4 : tranche de section la plus proche de la marge circonférentielle. - les marges longitudinales mesurées le long du tube, c’est-à-dire la marge proximale et la marge distale quand la pièce est orientée ou la distance entre un pole de la tumeur et la tranche de section la plus proche quand la pièce n’est pas orientée. - l’aspect de la tumeur ; bourgeonnant, ulcérant, infiltrant, plan. - Décrire les autres lésions associées ; ulcération, fistule, sténose, congestion, perforation.… - Préciser si présence de nodules épiploiques et les prélever.L’examen histologique de qualité nécessite au minimum trois plans de coupe sur la tumeur. 54 Les plans de coupe doivent être réalisés perpendiculairement au grand axe de la pièce. La suspicion d’extension à la surface péritonéale nécessite des prélèvements supplémentaires. Des coupes seront également faites au niveau de la paroi colique entre la tumeur et la limite de résection distale.Des prélèvements frais de la tumeur seront maintenus à part et congelés pour une éventuelle étude ultrastructurale ou cytogénétique. En cas d’appendicectomie associée, il faut effectuer des rondelles de 0,3 cm au niveau de la partie moyenne et de la base d’implantation. L’extrémité libre sera coupée longitudinalement. En cas d’amputation anorectale, les prélèvements des lésions se feront de la même manière que précédemment. Les prélèvements de la marge anale doivent intéresser le sphincter anal et le tissu conjonctivo-adipeux sous jacent. La section chirurgicale proximale sera incluse à part. L’étude de la section chirurgicale distale nécessite des prélèvements intéressant la section cutanée et la section du tissu hypodermique sous jacent après badigeonnage à l’encre de chine. Le mésocolon de la pièce opératoire doit être détaché de la pièce et les ganglions seront prélevés. La présence ou non de polypes doit être mentionnée ; il faut préciser leur taille, leur caractère sessile ou pédiculé. Le polype sessile sera coupé en moitié longitudinalement après avoir identifier la base d’implantation chirurgicale qui est large. Le polype pédiculé a la forme d’un arbre dont le tronc correspond au pédicule, il faut d’abord inclure la base d’implantation puis le couper longitudinalement. 55 b- Aspect macroscopique. L’aspect macroscopique est très variable et dépend de la phase de tumorogenèse au cours de laquelle le diagnostic a été porté. - Les lésions de petite taille (1-2 cm) apparaissent habituellement rouges, granuleuses, et rappellent les lésions adénomateuses. Leur consistance est variable selon les proportions de carcinome, d’adénomes, de stroma desmoplastique. Avec l’extension du cancer, la lésion est ferme, plus pâle. - Les lésions plus larges peuvent présenter trois aspects : 1- Exophytique (surtout dans le cæcum et le colon droit ascendant) causant des phénomènes obstructifs. 2- Les adénocarcinomes du transverse et du colon gauche sont habituellement infiltrants et ulcériformes. La tumeur peut être aussi volumineuse que la portion, et peut s’étendre dans la paroi, la traverser pour gagner les organes de voisinage (intestin grêle, estomac). Parfois, une nécrose centrale et une ulcération peuvent entraîner perforation et péritonite. 3- Les lésions circonférentielles, sténosantes, surviennent plus volontiers au niveau du colon transverse et gauche. L’aspect est radiologiquement celui d’une lésion en « trognon de pomme ». Les tumeurs réduisent la lumière, détruisent les plans musculaires, un aspect bien observé à la coupe de la lésion. 56 MING classe les cancers coliques en : (115) Type polypoïde, masse exophytique luminale. Type extensif (fungating). Type ulcérant. Type diffus infiltratif. Une catégories distincte doit être mentionnée : le carcinome plan « précoce », lésion peu surélevée, décrite par les Japonais, de 4-45 mm de dimension. Ce type de lésions a été identifié par les sections sériées de l’intestin. Une grande majorité n’est pas en relation avec une lésion adénomateuse. Dans 41% des cas, le cancer est limité à la muqueuse, une invasion sous muqueuse étant retrouvée dans 50% des cas. L’invasion lymphatique et vasculaire est possible. 57 c. Aspect microscopique (117). Le compte rendu anatomopathologique, doit comporter les renseignements suivants : • Le type histologique selon la classification de l’OMS 2000. • L’envahissement en profondeur : est fondé sur la classification p TNM de l’UICC qui permet de classer les tumeurs en : Tis Carcinome in situ : tumeur intraépithéliale ou envahissant la lamina propria (intramuqueuse) sans extension à la sous-muqueuse à travers la muscularis mucosae. T1 Tumeur envahissant la sous-muqueuse sans la dépasser. T2 Tumeur envahissant la musculeuse sans la dépasser. T3 Tumeur envahissant à travers la sous-muqueuse la sous séreuse sans atteindre le revêtement mésothélial et le tissu péricolique non péritonéalisé. T4 Tumeur perforant le péritoine viscéral et/ou envahissant les organes de Voisinage. 58 • Les limites de résection chirurgicale : L’absence de résidus tumoraux microscopiques sur l’ensemble des limites permet dans le schéma de Hermanek de classer la tumeur en R0 et considérer la résection chirurgicale comme étant curative. Pour les cancers du rectum la fréquence des récidives locorégionales est directement fonction de la qualité d’exérèse locale et la présence ou non de résidus tumoraux après exérèse du mésorectum. La marge circonférentielle ou latérale ou radiaire, est la mesure en millimètres de la distance existant entre la zone d’extension maximum de la tumeur et la section chirurgicale. Si cette distance est moins de 1mm, on considère qu’il y a envahissement tumoral de la marge circonférentielle et donc résidu tumoral microscopique et la tumeur est classée R1.Pour une analyse précise, il est recommandé de tatouer à l’encre de chine la surface du mésorectum en regard de la tumeur. Pour le cancer du colon, le problème est complexe, Stepherd et al ont démontré que pour les adénocarcinomes coliques le risque de récidive intrapéritonéale est lié à l’extension par rapport à la surface péritonéale. Ainsi 4 groupes sont distingués ; -Les tumeurs à distance du revêtement péritonéal. - Les tumeurs proches. - Les tumeurs atteignant ce revêtement. - Les tumeurs le dépassant. 59 La marge circonférentielle se définit dans ce cas comme la mesure en millimètre de la distance existant entre la zone d’extension maximum de la tumeur et la surface péritonéale. Le groupe 4 peut être individualisé par analyse cytologique du liquide de lavage de la cavité péritonéale. Mais ce qui est difficile à préciser c’est la valeur pour laquelle la limite circonférentielle peut être considérée saine ; s’il n’y a pas d’atteinte péritonéale ou si par analogie avec le cancer rectal la valeur de la marge est moins de 1 mm. • L’extension ganglionnaire : Le compte rendu histologique doit préciser le nombre de ganglions examinés et le nombre de ganglions envahis. Leur situation péricolique, pédiculaire ou apicale n’est plus mentionnée dans la dernière classification p TNM. N0 Absence de métastase ganglionnaire régionale. N1 Métastase dans 1 à 3 ganglions lymphatiques régionaux. N2 Métastase dans 4 ou plus ganglions lymphatiques régionaux. Nx Statut ganglionnaire non évaluable. Tous les ganglions doivent être prélevés et examinés séparément L’examen de 8 à 12 ganglions est hautement recommandé. La conférence de consensus sur les cancers colorectaux a retenu un chiffre de 8 (117). L’examen de 12 ganglions permet théoriquement de détecter 92 % des métastases et l’examen de 20 ganglions en détecte 100%. L’examen de petits ganglions ne doit pas être négligé. 60 Cependant toutes les pièces de résection ne contiennent pas le nombre requis des ganglions .Ce nombre dépend du volume du mésentère réséqué, de la localisation tumorale, d’un éventuel traitement antérieur (le nombre des ganglions diminue après chimiothérapie ou radiothérapie), mais également du soin apporté par le pathologiste à la dissection macroscopique. • Embols vasculaires. Seul l’envahissement des veines extramurales ayant une couche musculaire continue doit être considéré. • Envahissement des gaines périnerveuses. • Description des lésions associées. Elle comprend la description de la polypose, d’adénomes avec le degré de dysplasie, polypes hyperplasiques, présence de résidus adénomateux péri- tumoraux, diverticule, lésions de rectocolite hémorragique ou de crohn • La notion de résidu tumoral est précisée pour les cancers du rectum. Limites d’exérèse toutes saines : absence de résidu tumoral : R0. Limites d’exérèse non saines quand il existe des résidus tumoraux microscopiques sur une ou plusieurs limites d’exérèse : R1. Présence de résidu tumoral macroscopique mentionné par le chirurgien : R2. 61 4-L’étude histochimique. Cette technique a pour but de révéler sur coupes histologiques la présence de certains corps moyennant différentes réactions chimiques qui seront révélées par des colorations spéciales. Actuellement, elle est très rarement utilisée. Les colorations les plus utilisées en matière de CCR sont : - Le PAS (periodic acid sciff) et le bleu Alcian. - L’argentation selon Grimélius. - La coloration de Fontana. 5-L’ immunohistochimie. L’immunohistochimie consiste à mettre en évidence divers constituants cellulaires et tissulaires ayant les propriétés d’un antigène, grâce à des anticorps spécifiques. Ces anticorps sont obtenus soit par immunisation d’un animal (souris,lapin…)-il s’agit alors d’anticorps polyclonaux-,soit par technique des hybridomes (fusion de plasmocytes tumoraux et de cellules sensibilisées contre un antigène ).Ces hybrides produisent un seul type d’anticorps monoclonal. Les anticorps polyclonaux et monoclonaux sont couplés à des molécules fluorescentes (isothiocynate de fluorescéine, rhodamine), ou des enzymes (peroxydase), pouvant être révélé par un substrat spécifique. Ces techniques d’immunomarquage peuvent se faire sur des coupes de tissu congelé à -80°C ou sur coupes de tissu fixé et inclus en paraffine. Les mêmes techniques d’immunomarquage peuvent être utilisées sur des préparations cytologiques. 62 L’intérêt de l’immunohistocimie : diagnostique, pronostique et thérapeutique. • Plusieurs marqueurs IHC sont utilisés : Ø La cytokératine. Ces protéines cytoplasmiques sont exprimées par les cellules épithéliales normales et leur expression est maintenue par les cellules qui ont effectué une transformation cancéreuse. Ø Chromogranine A. La Chromogranine A est considérée actuellement comme le meilleur marqueur général des TNE, Ø L’antigène leucocytaire commun LCA. Il est exprimé dans les lymphomes. Ø La protéine PS100. Dérivée du tissu cérébral , la protéine PS100 est une protéine de structure de 21 Kd. Dans les cancers colorectaux, elle est exprimée dans les mélanomes et rarement dans les tumeurs stromales. Ø La p53 (118): A l’état normal le gène p53 localisé sur le chromosome 17p13 (gène suppresseur de tumeur) , code pour une protéine p53 dite sauvage qui a une demivie très brève et ne peut être détectée en immunohistochimie. En cas de mutation du gène p53, la protéine p53 a une demi-vie plus longue et devient détectable par immunohistochimie : la protéine est surexprimée. 63 L’expression de la p53 est un marqueur de dysplasie et son interprétation selon certaines études récentes repose sur deux variables : - la localisation de l’immunomarquage : limité au 1/3 inférieur des cryptes, intéressant les 2/3 ou la totalité de la hauteur cryptique. - l’intensité : faible, modérée ou importante. L’intensité du marquage est corrélé au degré de dysplasie (selon des études américaines menées sur une série d’adénomes coliques, l’intensité est importante dans les dysplasies de haut grade). Ø L’antigène Ki 67 (115) : L’antigène Ki 67 est un antigène nucléaire qui est exclusivement exprimé dans les cellules qui sont engagées dans le cycle cellulaire , c'est-à-dire au cours des phases G1,S,G2,ou M, et n’est pas présent dans les cellules en phase G0 ou dans les cellules bloquées. Son expression est maximale en phase S et lors du passage de G2 à M. L’étude en immunohistochimie s’effectue sur coupes de tissu inclus en paraffine de l’antigène Ki67, reconnu par l’anticorps Mib1. Le rapport du nombre de cellules tumorales marquées sur le nombre total de cellules exprimé en pourcentage, correspond au coefficient de prolifération au labeling Index. Le calcul du nombre de cellules marquées peut se faire manuellement, en comptant 1000 à 2000 cellules tumorales, par analyse d’image, ou par estimation globale à l’œil. Un score supérieur à 10% est considéré comme le meilleur signe immunohistochimique en faveur de la malignité. Effectivement le Ki 67 est considéré comme le marqueur le plus fiable de la prolifération cellulaire. 64 Dans le cas des lésions colorectales, l’intérêt d’utiliser le Ki 67 est essentiellement dans le diagnostic et le grading de la dysplasie. Selon des études utilisant le Ki67 dans la détection de la dysplasie, menées par Anderson et al ainsi que Noffsinger et al, l’expression exclusive du Ki67 au niveau du tiers inférieur de la crypte élimine le diagnostic de la dysplasie. Dans 3 cas l’expression du Ki 67 intéressait toute la hauteur de la crypte, dans des zones non dysplasiques, expliquée par une réaction inflammatoire aigue associée. Ce qui suggère l’intérêt d’utiliser l’expression combinée de la P53 et du Ki 67 dans la mise en évidence de la dysplasie pour des résultats plus fiables. Ø Instabilité microsatellitaire MSI +(61). L’Immunohistochimie permet d’étudier l’expression tissulaire des enzymes de réparation de l’ADN. Les altérations les plus fréquentes des gènes codant pour ces enzymes de réparation des mésappariements sont des mutations inactivatrices (décalage du cadre de lecture par délétion ou insertion de bases provoquant l’apparition d’un codon stop). Il est donc possible de démontrer une perte d’expression de ces protéines au sein des cellules tumorales par comparaison avec les cellules normales de voisinage. Trois protéines peuvent être actuellement détectées : hMLH1, hMSH2, hMSH6. Les anticorps disponibles dans le commerce peuvent être appliqués sur des coupes de tissu fixé dans le formol. La muqueuse normale sert de témoin positif : le marquage est nucléaire, prédominant à la partie basse des cryptes ou dans les centres germinatifs des follicules lymphoïdes. Dans les cancers sans instabilité (MSS), le marquage nucléaire est présent dans l’ensemble des cellules tumorales, alors que dans les cancers avec instabilité (MSI +) il existe le plus souvent une extinction du signal immunohistochimique. 65 Cette étude IHC oriente la technique de séquençage de l’ADN, ainsi une fois qu’une extinction nucléaire est détectée par l’immunohistochimie au niveau d’un des gènes de réparation de l’ADN, ceci oriente vers l’altération génétique pour un séquençage ciblé. 6-Biologie moléculaire (116). a- Cytogénétique. La cytogénétique reste une technique de pointe pratiquée le plus souvent dans les laboratoires de recherche.Elle présente non seulement un intérêt dans le diagnostic des CCR, mais aussi une place importante dans le pronostic, la thérapeutique et la prévention. Ainsi l’étude du génotype est une des stratégies pour identifier les malades ayant une prédisposition génétique, afin de mettre en œuvre les modalités de surveillance et de traitement les plus adaptées et de proposer à, eux mêmes et à leurs familles un conseil génétique efficace. Les avancées les plus récentes de la cytogénétique moléculaire concernent la possibilité de rechercher des désordres génomiques non plus directement par l’observation chromosomique mais par l’utilisation directe de l’ADN brut lors de techniques d’hybridation génomique comparative (CGH) parmi lesquelles, la microCGH, utilisant un support depuces à ADN, jouera très certainement un rôle majeur. 66 Ø LA FISH : Dès le début des années 90, les cytogénéticiens ont découvert de nouveaux outils de la biologie moléculaire représentés par les sondes (figure4). Ces dernières sont des fragments d’acide nucléique spécifiques de régions chromosomiques particulières et peuvent être manipulées, amplifiées et surtout marquées pour permettre leur localisation après hybridation in situ sur des chromosomes préparés de façon classique., la simplification de la méthode est venue par leur marquage en fluorescence, d’où le terme d’hybridation in situ fluorescente ou FISH (Fluorescence In Situ Hybridisation) qui qualifie cette La FISH permet donc maintenant de diagnostiquer des anomalies infra-microscopiques et ouvre ainsi la voie à la génétique moléculaire qui, dans les régions impliquées, va rechercher le ou les gènes dont la perte ou la duplication sont éventuellement responsables du phénotype anormal. Figure 4. Différentes sondes utilisées dans la FISH (116). 67 Ø Technique de PCR( polymerase-chain-reaction). Elle est considérée comme le gold standard pour l’identification des mutations germinales dans les CCR essentiellement pour le phénotype MSI. Il est possible et facile d’extraire de l’ADN à partir de tissu fixé en fixateur aldéhydique et inclus en paraffine. Ø La RT-PCR Elle consiste dans un premier temps à isoler l'ARN puis à synthétiser un brin d'ADNc avec une enzyme appelée « reverse-transcriptase ». Le produit d'amplification est révélé sur un gel d'agarose en présence de bromure d'éthidium. La technique RT-PCR apparaît comme une méthode très sensible de détection permettant de détecter jusqu'à une cellule parmi 106-10 7. b- Technique de séquençage de l’ADN. Cette technique est la seule technique qui permet de donner des informations directes sur l’existence de mutations affectant les gènes des enzymes de réparation de l’ADN. Les altérations les plus fréquentes sont les mutations faux sens et les troncations dont le caractère pathogène est évident et qui expliquent l’absence de synthèse de la protéine concernée. Les techniques de cytogénétique ont essentiellement un rôle dans le phénotypage des CCR (le phénotype MSI ou LOH), afin de mettre en œuvre les modalités de traitement et de surveillance les plus adoptés, d’établir de nouveaux facteurs pronostiques complémentaires aux facteurs histopathologiques et de proposer un conseil génétique efficace selon le cas. 68 Ø La p53. La méthode la plus utilisée est l’analyse de l’ADN par PCR-SSCP (Single Strand Conformation Polymorphism). Les régions étudiées sont généralement les régions centrales de la molécule ce qui, par définition, ne permet pas la détection des mutations qui siègent aux extrémités. Les mutations les plus fréquentes sont décrites dans les exons 5 à 8 Les séries, qui ont comparé les résultats obtenus en immunohistochimie et par analyse de l’ADN montrent qu’il n’existe pas de parallélisme strict entre la présence et l’absence d’une mutation sur le gène et la présence ou l’absence d’immunoréactivité p53 des cellules tumorales avec des taux de concordance entre les deux méthodes variant entre 53 % et 74 %. Cependant, l’immunohistochimie a l’avantage d’être rapide, facilement utilisable en routine et la combinaison de l’immunohistochimie et les méthodes de la cytogénétique notamment l’analyse de l’ADN par PCR représente un outil intéressant car c’est le seul moyen de prouver que la mutation de p53 décelée par le séquençage de l’ADN affecte le taux de protéine. 69 Ø l’instabilité microsatellitaire (61). Le séquençage de l’ADN des microsatellites est le test le plus utilisé à l'heure actuelle pour la détermination du phénotype MSI. L'utilisation de cette technique référence a permis de proposer de distinguer les tumeurs MSI- High (MSI-H), ou MSI de type élevé, montrant une instabilité d'au moins deux de ces marqueurs (ou de plus de 30 % des marqueurs, si davantage de marqueurs sont étudiés) et les tumeurs MSI- Low (MSI-L) présentant une instabilité au niveau d'un seul marqueur. Les tumeurs sans instabilité des microsatellites sont dénommées MSS (MicroSatellite Stable). Les techniques immunohistochimiques ont l’avantage d’être applicables à n’importe quel type de prélèvement, incluant les prélèvements congelés et les prélèvements fixés. En contrepartie elles ne peuvent explorer q’un nombre limité d’enzymes de réparation de l’ADN. Les techniques de séquençage sont les seules à donner des informations directes sur l’existence et la nature des mutations affectant les gènes des enzymes de réparation de l’ADN. Ces différentes techniques sont complémentaires pour le diagnostic des CCR de phénotype MSI-H. La PCR détecte l’existence d’un phénotype MSI et le caractérise, l’Immunohistochimie oriente vers la protéine responsable et les techniques de séquençage permettent d’identifier la mutation en cause. 70 V- Classification des cancers colorectaux La classification anatomopathologique de mise est celle de l’OMS 2000. Ø CLASSIFICATION OMS 2000. Ø Tumeurs épithéliales • Carcinome - Adénocarcinome - Adénocarcinome mucineux - Carcinome à cellules indépendantes - Carcinome à petites cellules - Carcinome épidermoïde - Carcinome adénosquameux - Carcinome médullaire - Carcinome indifférencié • Tumeurs endocrines • Tumeur mixte carcinoïde adénocarcinome • Autres Ø Tumeurs non épithéliales • Tumeur stromale gastrointestinale • Leiomyosarcome • Angiosarcome • Sarcome de Kaposi • Mélanome • Autres 71 Ø Lymphomes • Lymphome de type Malt • Lymphome du manteau • Lymphome diffus à grandes cellules B • Lymphome de Burkitt • Lymphome de Burkitt atypique • Autres Ø Tumeurs secondaires Ø ASPECTS ANATOMOPATHOLOGIQUES. Les différentes entités des CCR. Selon la classification de l’OMS 2000, il existe différentes entités dont l’aspect macroscopique et microscopique est propre à chaque type. Les tumeurs épithéliales sont les plus fréquentes alors que les tumeurs non épithéliales (tumeurs conjonctives et lymphomes) sont beaucoup plus rares. Tumeurs épithéliales. • Adénocarcinome lieberkühnien. Le cancer colique usuel est de reconnaissance aisée, des lésions moyennement différenciées (60%) aux lésions bien différenciées (25%). C’est une prolifération tumorale qui envahit la sous muqueuse. Les glandes larges, irrégulières, sont tapissées de cellules cylindriques hautes, allongées, au rapport nucléoplasmique élevé et à l’activité mitotique importante, avec ou sans bordure striée. Dans la plupart des cas, il n’existe pas de différence histologique entre la portion superficielle et sa portion profonde infiltrante. Au front d’extension, les lésions sont moins différenciées. Il existe assez souvent une lésion adénomateuse associée. 72 Les adénocarcinomes bien différenciés correspondent à des lésions entièrement constituées de glandes bien formées, Les lésions moyennement comportent au moins 25% de tumeur faite de cordons et massifs de cellules malignes. Figure 5.HESx200 : Adénocarcinome liberhkunien bien différencié (Service d’anatomie et de cytologie pathologique CHU HASSAN II FES) 73 Les adénocarcinomes peu différenciés (15%) sont faits de massifs solides, moins d’1/4 de la lésion dessinant encore des tubes réguliers. Les cellules, dans les secteurs solides, peuvent être complètement anaplasiques, ou être de type cellules en bague à chaton. Il existe souvent une réaction desmoplastique intense, surtout au centre des lésions. Une réaction desmoplastique prononcée est de mauvais pronostic dans les zones invasives. La présence d’invasion périneurale est également de pronostic réservé. Des cellules endocrines isolées peuvent être retrouvés dans 50% des cancers colorectaux ; le caractère isolé n’à aucune incidence pronostique. Lorsque de grandes quantités de cellules endocrines sont mises en évidence (une cellule chromogranine + par mm2), le pronostic est aggravé. Les cellules endocrines sont néoplasiques s’il existe un pléomorphisme cellulaire et un hyperchromatisme nucléaire. Il n’existe aucune corrélation entre la présence de cellules endocrines et la différenciation. Les cellules endocrines proviennent des cryptes indifférenciées. Parfois, leur abondance justifie le terme de carcinome neuroendocrine ou d’adénocarcinoïde. L’agressivité tumorale est corrélée avec le degré de différenciation histologique. Approximativement 8/10 de lésions ne pénétrant pas la séreuse sont bien différenciées, et 45% des tumeurs avec métastases ganglionnaires sont peu ou moyennement différenciées. 74 • Adénocarcinome mucineux. Bien des carcinomes usuels contiennent une composante mucineuse focale ; lorsque celle-ci dépasse 50%, il s’agit d’un adénocarcinome de type « colloïde » avec de larges flaques de mucus avec des cellules cylindriques hautes, et îlots de cellules dans les flaques de mucus. Ces lésions ont peu de stroma et apparaissent macroscopiquement gélatineuses. Figure 6.HESx200 : Adénocarcinome colloïde muqueux. 75 • Carcinomes à cellules en bague à châton. Les cellules en bague à châton forment la majorité des lésions (+50%), avec vacuole intracytoplasmique remplie de mucine, repoussant le noyau en périphérie. Leur fréquence est de 0,3-2,4% des cancers primitifs colorectaux. La lésion est volontiers infiltrante. Il peut exister un tableau de linite, une réaction desmoplastique intense pouvant accompagner les cellules. Cette réaction est plus marquée au niveau de la sous-muqueuse et de la séreuse, la musculeuse demeurant intacte malgré son infiltration massive. Figure 7 :HESx200:Carcinome HESx400 :Cellulestumorales à cellules indépendantes en bague à châtons à noyau excentré et vacuole cytoplasmique. 76 • Carcinome adénosquameux : 0,05% des carcinomes. Il siège dans 50% au niveau du rectum et dans 20 % au niveau du cæcum.Cette tumeur inhabituelle associe aussi bien un adénocarcinome qu’un carcinome épidermoïde séparés ou intriqués. Pour que la tumeur soit classée en carcinome adénosquameux, il faut qu’il y’ait plus que de rares foyers de carcinome malpighien. Le carcinome épidermoïde pur est exceptionnel. • Carcinome épidermoïde : Il est rare représente 0,025 à 0,11% de tous les CCR. • Carcinome médullaire : Cette variante rare et associée à une MSI-H constante, a un bon pronostic par rapport aux autres carcinomes peu et indifférenciés. • Carcinome indifférencié : C’est une tumeur rare qui ne montre aucune différenciation particulière en dehors du caractère épithélial. Elle peut avoir différents aspects histologiques. En plus, cette tumeur est distincte sur le plan génétique et elle est typiquement associée à une MSI-H. • Autres : -Carcinome sarcomatoïde. 77 Tumeurs endocrines colorectales. Elles représentent moins de 10% des CCR. Elles siègent préférentiellement au niveau du côlon droit et mesurent en moyenne 4,9 cm. Les localisations rectales ont l’aspect de nodules sous muqueux, parfois polypoïdes. • Carcinoïde (tumeur endocrine bien différenciée) : A l’examen histologique les cellules ont une disposition insulaire, trabéculaire, cordonale, glandulaire ou indifférenciée. Les cellules tumorales sont monomorphes, avec un cytoplasme abondant, rosé ou granité et avec un noyau rond ou ovale, finement granité. Dans la plupart des tumeurs, il n’y a pas de variation de taille des cellules et des noyaux, et les mitoses sont très rares ou absentes. Elles expriment tous les marqueurs neuro-endocrines (NSE, chromogranine, synaptophysine). Le Ki67 marque moins de 1% des cellules. • Carcinome à petites cellules. • Carcinome à grandes cellules. Cette tumeur se caractérise par une architecture en travées, en nids, en pseudo-rosettes avec des foyers palissadiques qui suggèrent une différenciation endocrine qui peut être confirmée par immunohistochimie et microscopie électronique. 78 Goblet cell carcinoïd tumor (adénocarcinoïde) : C’est une lésion surtout appendiculaire, mais possible dans l’intestin. Elle associe un contingent d’un adénocarcinome liberkuhnien et un contingent d’aspect endocrinoïde. L’évolution est agressive, métastatique avec des perméations lymphatiques et fréquemment des masses péritonéales. Lymphomes. Ils représentent 1 à 4% des de toutes les tumeurs malignes gastrointestinales. Figure 8.HESx200 : Prolifération lymphoïde diffuse. 79 • Lymphome de Malt : C’est le plus fréquent. Il est de faible degré de malignité, d’évolution indolente. Les caractères histologiques sont stéréotypés, associant une infiltration du chorion par des cellules lymphoïdes de petite taille, des lésions lymphoépithéliales et une hyperplasie lymphoïde folliculaire. L’étude immunohistochimique démontre le phénotype B (CD20+, CD79+) de la population tumorale. Les anomalies cytogénétiques les plus fréquentes sont la trisomie 3 et la translocation t (11 ; 18). • Lymphome du manteau : Il se présente comme de multiples polypes sous muqueux de la paroi colique (polypose lymphomateuse multiple). La prolifération lymphomateuse est d’architecture diffuse, avec parfois des centres germinatifs résiduels. Les cellules lymphomateuses sont positives aux marqueurs CD20+, CD 79a+, CD5+, CD43+ , la cycline D1+ et CD10-. La biologie moléculaire montre un réarrangement fréquent du gène Bcl-1 du à une translocation t (11 ; 14) et accompagné de l’hyperexpression de la cycline D1. • Lymphome B diffus à grandes cellules. La tumeur est constituée de cellules de grande taille, de type centroblastique ou rarement immunoblastique avec de nombreuses mitoses.Les caractères immunohistochimiques sont les mêmes que ceux des lymphomes de type MALT à petites cellules. 80 • Lymphome de Burkitt : Il s’agit de tumeur ou ulcération sténosante ou non. Les caractères histologiques et immunohistochimiques sont identiques à ceux de localisation ganglionnaire. C’est infiltration monotone par des cellules de taille moyenne dont les noyaux contiennent plusieurs nucléoles centraux, associées à de nombreux macrophages à corps tingibles responsables de l’aspect caractéristique en ciel étoilé. Les cellules tumorales expriment une IgM, CD20 et le plus souvent CD10. L’indice de prolifération est très élevé, proche de 100%.On retrouve un réarrangement clonal du gène de la chaîne lourde Ig et une translocation impliquant l’oncogène c-myc t (8,14), t (2,8) ou t (8,22). Tumeurs mésenchymateuses : • Leiomyosarcome : Il atteint deux fois plus le colon que le rectum. • Tumeurs stromales TS : La localisation colorectale présente moins de 10 % des tumeurs stromales digestives. 81 Macroscopie : La taille est variée, allant de quelques millimètres à plus de 40 cm de diamètre. La plupart sont situées dans l’épaisseur de la paroi digestive et forment plus rarement une masse polypoïde dans la lumière. Ces aspects exophytiques et endophytiques peuvent être associés, réalisant un aspect en sablier. Elles sont généralement bien limitées sans être encapsulées avec une surface lisse, plus ou moins bosselée. A la coupe, elles apparaissent composées d’un tissu encéphaloïde souvent parcouru d’un lacis vasculaire distinct. Une ulcération muqueuse est fréquente, de même que des remaniements hémorragiques, nécrotiques ou kystiques, surtout si la tumeur est de grande taille. En microscopie optique : L’aspect des cellules qui composent les TS est varié. En majorité, il s’agit de cellules fusiformes et de cellules rondes ou polygonales dites épithélioïdes. On peut rencontrer des cellules en bague à chaton, des cellules plasmocytoïdes, des cellules granuleuses, ou encore des cellules multinucléées. Le stroma est souvent grêle, parcouru de nombreux vaisseaux sanguins. Il est parfois hyalin, hémorragique, abondant et myxoïde. Des globules ou serpentins éosinophiles intercellulaires, colorés par le réactif de Schiff (PAS) peuvent y être notés. L’architecture peut être fasciculée, storiforme, palissadique, en tourbillons, alvéolaires, en lobules ou îlots,endocrinoïde ou diffuse. Les remaniements sont d’autant plus fréquents que la tumeur est volumineuse : hémorragie, pseudokystisation, nécrose. 82 Figure 9. HESx400 : Tumeur stromale fasciculée faite de cellules fusiformes. L’immunohistochimie. L’expression de CD 117 (c-kit) et de CD 34 et l’absence de marquage significatif pour la desmine et la protéine S 100 sont caractéristiques des TS. • Mélanomes : Ce sont des tumeurs rares, très agressives dont la localisation anorectale est la plus commune mais ne présente que 1-1,9 % des cancers rectaux. Il existe une prédominance féminine avec 54 à 76 % des cas. Macro Les mélanomes anorectaux sont difficiles à identifier, ils se présentent sous forme d’hémorroïdes ou de polype rectal. Leur taille moyenne est de 3 à 4 cm. 83 Micro Il existe un pléomorphisme cellulaire fait de cellules sarcomatoïdes ou carcinomatoïdes. Les mélanomes anorectaux sont pigmentés dans la majorité des cas, néanmoins dans 16-53 % des cas, ils sont achromiques. La classification des mélanomes adoptée par AJCC The American Joint Cancer Committee s’est inspirée de l’index de Breslow des mélanomes cutanés. AJCC: American Joint Cancer Committee; staging of melanoma. Figure 9. HESx400: Prolifération mélanocyataire aux cellules atypiques de grande taille aux nucléoles proéminents avec du pigment mélanique. L’immunohistochimie : a un intérêt pour confirmer le diagnostic utilisant la vimentine, HMB45, PS100. 84 VI-FACTEURS PRONOSTIQUES DES CANCERS COLORECTAUX (4119-120). Le pronostic des CCR reste sombre, puisque son taux de survie est globalement de 35 % à 5 ans. Cette évolution explique les nombreuses études qui lui ont été consacrées. Mais la plupart d’entre elles sont des séries hospitalières rétrospectives dont on connaît les limites. De plus l’utilisation de différentes classifications et de nombreuses nomenclatures selon les équipes ont introduit des biais importants dans l’analyse comparative des données. Ces études ont apporté parfois des résultats discordants suggérant l’intérêt de prendre en compte dans l’évaluation du pronostic des CCR ; les facteurs cliniques, biologiques, histologiques, génétiques. A- Facteurs cliniques. 1. l’âge. L’âge est un facteur indépendant de mauvais pronostic pour le cancer du colon. Les tumeurs des sujets jeunes (délai du diagnostic, grande proportion de colites ulcérées, proportion accrue de tumeurs mucineuses et à cellules en bague à chaton) et des sujets très âgés sont de très mauvais pronostic, puisque par rapport aux malades de moins de 60 ans, le risque de mortalité spécifique ajusté sur le stade de diagnostic est de 30 % supérieur pour les malades âgés de 60 à 74 ans, et est multiplié par 2,2 après 74 ans. 2. le sexe. Le pronostic est significativement meilleur chez les femmes que chez les hommes. 85 3. le niveau socio-économique : Le pronostic péjoratif du faible niveau socioéconomique est observé dans différents pays du monde. Il existe aux États-Unis une augmentation résiduelle du risque de décès de 20 % chez les Noirs par rapport aux Blancs, après ajustement sur le stade diagnostique et le niveau des revenus. 4. le site anatomique : Il existe des controverses quant au site anatomique des CCR, les lésions du colon gauche seraient d’évolution plus favorable, alors que les lésions coliques sigmoïdiennes et du rectum seraient pour d’autres plus graves. 5. les complications des CCR : Parmi les complications du CCR, la perforation colique est un facteur péjoratif indépendant en analyse multivariée. B- Facteurs biologiques : • Marqueur sérique ACE. Un taux sérique de l’ACE supérieur à 5 ng/mL en préopératoire est plus fréquemment associé à une extension pariétale marquée, unenvahissement lymphatique ou veineux, et des métastasesganglionnaires ou hépatiques. C- Facteurs histologiques : Ø le stade d’extension. Plusieurs classifications ont été proposées pour apprécier l’étendue de la prolifération tumorale par rapport aux différents plans de la paroi colique ou rectale et pour préciser l’envahissement locorégional. 86 • Classification de Dukes. Proposée par Dukes en 1932 pour les cancers du rectum. Elle différencie 3 stades : - Stade A : les tumeurs limitées à la paroi. - Stade B : les tumeurs étendues au-delà de la paroi mais sans envahissement ganglionnaire. - Stade C : les tumeurs avec envahissement ganglionnaire quel que soit l’envahissement pariétal. Cependant, le stade B est hétérogène dans le degré d’extension péricolique, et le stade C ne tient compte ni du nombre ni du siège des ganglions envahis. • Classification TNM. La classification actuelle, publiée en 2002, est applicable depuis janvier 2003. - Classification TNM de l’Union internationale contre le cancer pour le cancer du côlon (cinquième édition)Tumeur primitive (T) Tis Carcinome in situ : tumeur intraépithéliale ou envahissant la lamina propria (intramuqueuse) sans extension à la sous-muqueuse à travers la muscularis mucosae. T1 Tumeur envahissant la sous-muqueuse sans la dépasser. T2 Tumeur envahissant la musculeuse sans la dépasser. T3 Tumeur envahissant à travers la sous-muqueuse la sous séreuse sans atteindre le revêtement mésothélial et le tissu péricolique non péritonéalisé. T4 Tumeur perforant le péritoine viscéral et/ou envahissant les organes de Voisinage. 87 Ganglions régionaux (N) N0 Absence de métastase ganglionnaire régionale. N1 Métastase dans un à trois ganglions lymphatiques régionaux. N2 Métastase dans quatre ou plus ganglions lymphatiques régionaux. Nx Statut ganglionnaire non évaluable. Métastases (M) M0 Absence de métastase M1 Présence de métastases (l’atteinte des ganglions iliaques externes ou iliaques communs est considérée comme M1) Mx Statut métastatique inconnu. - Les équivalences entre les différentes classifications sont mentionnées dans le tableau suivant : Tableau 3. Equivalences entre les différentes classifications des CCR. 88 Le stade d’extension au diagnostic est le facteur pronostique majeur des cancers du côlon. Les résections sont réalisées au stade 0, I ou II (cancer limité au côlon) dans 51,7 % des cas, au stade III dans 24,3 % des cas et au stade IV pour 20,4 % des malades. La survie relative à 5 ans est de 84 % chez les malades atteints de cancer stade I, 68 % pour les stades II, 41 % pour les stades III et 3 % en cas de métastases viscérales. Le risque de mortalité spécifique des malades classés stade III est 3,8 fois celui des malades classés stade I, et celui des malades avec métastases viscérales 20,1 fois. Ø L’extension ganglionnaire. La découverte de ganglions métastatiques grève le pronostic. L’impact pronostique du nombre de ganglions prélevés a été confirmé sur une étude de population effectuée à partir des données du registre de Cote d’or. Il a été montré que le risque de décès par cancer classé stade B de Dukes était multiplié par 2,5 lorsqu’aucun ganglion n’était prélevé par rapport aux pièces comporant au moins 6 ganglions prélevés et indemnes. Le pronostic est influencé par le nombre de ganglions envahis ; les données du registre des cancers digestifs de cote d’or montrent que 31% des malades porteurs d’un cancer du colon sont en vie à 5 ans s’ils sont moins de 2 ganglions envahis,pourcentage qui chute à 17% si ce chiffre est supérieur à 2. Il n’y a que 9% des malades en vie à 10 ans s’il y a plus de 2 ganglions envahis lors de l’exérèse chirurgicale. 89 Ø La qualité de l’exérèse. L'étude des tranches de section proximale, distale et latérale doit faire l'objet d'une attention particulière. Une marge de sécurité suffisante est le garant du caractère complet de la résection chirurgicale. -Tranche de section chirurgicale distale : La mesure en centimètres de la marge distale pose un problème de reproductibilité selon la technique employée. Une marge de sécurité mesurée en peropératoire,avant section, diminue de 50 % sur une pièce fixée non étirée, et de 10 % sur une pièce fixée étirée. Il est actuellement admis qu'une marge de 2,5 cm (pièce fixée non étirée), soit 5 cm en peropératoire avant section, est suffisante (119). - Marge circonférentielle : La marge circonférentielle ou latérale ou radiaire ou clearance chirurgicale se définit comme la mesure en millimètres de la distance existant entre la zone d'extension maximum de la tumeur et la surface péritonéale (séreuse). Le cancer colique, tout comme le cancer rectal, doit faire l'objet d'un contrôle histologique de la marge circonférentielle. Ce point particulier est pourtant exceptionnellement souligné dans la littérature et il n'est pas précisé si, par analogie avec le cancer rectal, on peut considérer qu'il y a envahissement tumoral de la marge circonférentielle si cette distance est inférieure ou égale à 1 mm. 90 Ø Le résidu tumoral. Le pronostic d'un cancer colique réséqué dépend avant tout de la maladie résiduelle (R) après chirurgie. L'évaluation de la maladie résiduelle après traitement nécessite une étroite collaboration entre le chirurgien et le pathologiste. A la fin de l'intervention, le chirurgien doit explicitement mentionner la présence de métastases à distance et/ou de résidus tumoraux macroscopiques. Il est souhaitable d'obtenir une confirmation histologique extemporanée en cas de doute macroscopique. En l'absence de maladie résiduelle mentionnée par le chirurgien, le dernier mot revient au pathologiste. Seules les pièces à limites proximale, distale et latérale saines sont classées R0 et les exérèses considérées potentiellement curatives .La valeur pronostique du stade anatomoclinique a été établie et validée par de larges séries. Ø Les autres facteurs histopronostiques : - Différenciation tumorale : Par convention, dans l'évaluation histo-pathologique, la différenciation tumorale et le grade de la tumeur sont précisés. Les données du Registre des Cancers Digestifs de Côte d'Or indiquent que les carcinomes mucineux (colloïdes) et les carcinomes indifférenciés ont à 10 ans un pourcentage de survie similaire (14 %). Ce pourcentage est inférieur à celui des adénocarcinomes bien et moyennement différenciés (23 %). En analyse multivariée, la différenciation tumorale n'a cependant pas de valeur pronostique indépendante de l'extension tumorale. 91 - Grade tumoral. La détermination du grade est apparue, par ailleurs, peu reproductible dans les cancers coliques : dans plus de 90 % des cas, plus d'un degré de différenciation est observé. Sa valeur pronostique est donc limitée. Les récentes tentatives pour améliorer cette gradation tumorale ont pris en compte les caractéristiques spécifiques de différenciation des cellules cancéreuses mais les études concernant les colorations des mucines ou le marquage des antigènes des cellules cylindriques n'ont pas apporté de résultats probants. Il en est de même des travaux portant sur le potentiel évolutif des carcinomes coliques riches en cellules endocrines (chromogranine A positives) dont les conclusions sont à ce jour discordantes. -Type d'invasion pariétale. Plusieurs auteurs ont montré que les cancers présentant une extension dans la paroi sous forme de prolongements tumoraux irréguliers ou de nodules disséminés étaient plus agressifs que ceux ayant une extension rectiligne en continuité avec le front d'invasion tumorale. Le caractère trop subjectif de ce critère ne permet pas sa prise en compte en pratique journalière. -Invasion veineuse. Seul l'envahissement des veines extra-murales ayant une couche musculeuse continue doit être considéré. Ce paramètre n'est pas un facteur de pronostic indépendant en analyse multivariée même si plusieurs travaux ont confirmé le rôle de l'invasion veineuse comme facteur prédictif de métastases hépatiques. 92 -Invasion nerveuse et angiogenèse tumorale. Elles seraient à l'origine de récidives et de métastases hématogènes plus fréquentes mais ces résultats préliminaires demandent confirmation à une plus grande échelle. -Infiltrat inflammatoire. La présence d'agrégats lymphoïdes dans la musculeuse ou la sous séreuse serait, en analyse univariée, en faveur d’un CCR de type MSI. La grande variabilité d'appréciation inter-observateurs limite son intérêt en pratique journalière. D- Facteurs génétiques (121) Ø Contenu en ADN. L'analyse par cytométrie en flux du contenu nucléaire en ADN a été effectuée par un grand nombre d'auteurs afin de rechercher une valeur pronostique péjorative à la présence d'un contenu anormal en ADN des cellules tumorales par rapport au contenu des cellules normales. L'analyse de la littérature a permis de rassembler plus de 2 000 cas de cancers colorectaux pour lesquels un index d'ADN a pu être déterminé. Ainsi, 58 % des cancers colorectaux sont aneuploïdes (les cellules tumorales ont un index d'ADN > 1). Bien que de nombreuses études aient montré la valeur pronostique de l'ADN- aneuploïdie, les résultats sur de grandes séries montrent qu'il ne s'agit pas d'un facteur pronostique indépendant. 93 Ø Mutations somatiques. • P53. La valeur pronostique péjorative des mutations du gène TP53 est controversée elle a été trouvée indépendante en analyse multivariée des autres facteurs pronostiques, notamment du stade tumoral, dans certaines études , mais non dans d’autres , certaines montrant même un pronostic meilleur en cas de mutations de TP53 Ø Instabilité microsatellitaire (MSI+=RER). Kim et al. ont montré sur 137 cancers colorectaux survenant en dehors d'un contexte familial que 13 % présentaient un phénotype RER+. Il existait une étroite corrélation entre cette anomalie et la localisation du cancer ; 94 % des cancers RER+ dans cette série étaient situés en amont de l'angle colique gauche. Il existait en outre des caractéristiques histologiques significativement plus fréquentes dans les cancers RER+ : ce sont, en effet, des tumeurs peu différenciées productrices de mucines et présentant une réaction lymphocytaire importante au niveau du stroma. Sur le plan pronostique, cette anomalie semble être favorable : deux séries étudiant la survie des malades en fonction de la présence d'une instabilité de l'ADN tumoral ont montré que les malades dont la tumeur présentait le phénotype RER+ avait un meilleur pronostic. Kochlar et al. ont confirmé le pourcentage faible de tumeurs au stade D de Dukes présentant une instabilité microsatellite (2,5 %) (dans l'étude de Thibodau, ce pourcentage est de 15 % pour les tumeurs au stade B). 94 Ø Pertes alléliques. Les bras chromosomiques les plus fréquemment délétés dans les CCR sont les bras 17p, 18q, 5q, 8p et 22q sur lesquels ont été identifiés ou non des gènes suppresseurs de tumeur. Le déséquilibre allélique s’observe dès les stades précoces de la cancérogenèse colorectale : des pertes chromosomiques sont ainsi détectables dès le stade d’adénome précoce (< 3 mm) dans plus de 90 % des cas. Il existe un « tempo » dans la survenue de ces pertes alléliques : la LOH 5q survient abruptement à la transition entre l’épithélium colique normal et l’adénome, suivie par la LOH 17p à la transition adénome-CCR, indiquant un rôle essentiel de ces pertes alléliques dans la progression tumorale . Le déséquilibre allélique croît ensuite sensiblement avec le stade tumoral, qualitativement (perte précoce de 5q, plus tardive de 17p et 18q) et quantitativement (nombre de bras chromosomiques perdus). La perte de certains bras chromosomiques est ainsi considérée par plusieurs auteurs comme étant un facteur pronostique péjoratif, notamment celle des bras 8p, 17p et 18q. 95 Tableau 4. Valeur pronostique des facteurs génétiques (121). 96 ETUDE PRATIQUE 97 I-Matériel et méthodes : C’est une étude rétrospective s’étendant de Janvier 2004 au mois d’Août 2007. A)- Matériel : 1) - Patients. Etaient inclus dans l’étude 131 patients atteints d’un cancer colorectal diagnostiqué par étude anatomopathologique au laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologique du CHU HASSAN II de FES. 2) - Données individuelles des patients. Pour chaque patient, on dispose d’une fiche d’exploitation regroupant 16 items concernant les aspects démographiques, cliniques, paracliniques, histologiques et immunohistochimiques. Nous avons recueilli les données à partir des dossiers médicaux des services de chirurgie viscérale et du service de gastroentérologie du CHU HASSAN II de FES. a) - Données démographiques : • l’âge au moment du diagnostic. • le sexe. b) - Données cliniques : • Les facteurs de risque : - Adénomes. - Maladie héréditaire familiale. - Maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI). - Cancer. 98 • les signes cliniques : - Syndrome occlusif. - Syndrome rectal. - Syndrome tumoral. - Douleurs. - Diarrhées. • le délai diagnostique : - < 3 mois. - Entre 3 et 6 mois. - > 6 mois. c) - Données paracliniques : - Extension ganglionnaire. - Extension viscérale. d) - Données histologiques : • le type de prélèvement : - Biopsie. - Exérèse totale. • la taille de la tumeur : - ≤ 2 cm. - Entre 2 et 5 cm. - > 5 cm. 99 • le siège de la tumeur : - colon droit. - Colon gauche. - Colon transverse. - Sigmoïde. - Rectum. • la recherche d’une autre localisation. • l’aspect macroscopique : - Ulcéro-bourgeonnant. - Infiltrant. - Polypoïde. • La nature histologique : - Adénocarcinome liberhkunien. - Adénocarcinome colloïde muqueux. - Carcinome indifférencié. - Carcinome à cellules en bague à châtons. - Lymphome malin non hodgkinien LMNH. - Mélanome. - Tumeur stromale. - Sarcome. • les limites de résection chirurgicales latérales et circonférentielle. • la classification TNM. 100 e)- Données immunohistochimiques IHC : • Cas nécessitant l’IHC pour faire le diagnostic différentiel. • P53 et Ki 67 utilisées pour comparer un échantillon de 15 adénocarcinomes colorectaux à un échantillon de 15 adénomes. B)- Méthodes : 1) - Prise en charge macroscopique : • La prise en charge macroscopique des prélèvements reçus au sein de notre service d’anatomie et de cytologie pathologique dépend du type du prélèvement. • Les biopsies : - Le nombre est compté et leur topographie est notée. - leur diamètre est mesuré. - enfin inclus en totalité sur leur face latérale. • Les pièces opératoires : - D’abord le type d’exérèse chirurgicale est précisé. - La pièce est orientée. - Les dimensions de la pièce d’exérèse sont mesurées ainsi que les autres segments digestifs (longueur, circonférence). - La pièce est ouverte ensuite longitudinalement au niveau de la partie antimésocolique. - Pour la tumeur on précise ; Le siège, les dimensions, l’extension par rapport à la circonférence, les limites de résection latérales et circonférentielle. - Des prélèvements sont effectués au moins 3 au niveau de la tumeur perpendiculairement à la paroi colique, des coupes prenant la tumeur et la paroi 101 colique adjacente saine et des prélèvements au niveau des lésions associées possibles. - Le mésocolon est disséqué à part et examiné soigneusement à la recherche de ganglions. - Pour les ganglions ; on les compte et on mesure le grand axe du plus grand ganglion. Figure 9. Pièce de résection iléocolique de15x4 cm, comporte une tumeur ulcérobourgeonnante de 6x4x2cm, située à 2 et 7 cm des limites latérales et 0,1 cm de la limite circonférentielle. Lésion associée : diverticulose colique. 102 Ø Pour les pièces de résection rectale ; - on oriente la pièce en repérant la ligne de réflexion du péritoine : - au dessus de la ligne : partie amont. - en dessus de la ligne : partie aval. - La ligne de réflexion du péritoine sépare -la portion intra-péritonéale du rectum (haut rectum oucharnière rectosigmoïdienne) - de la portion sous-péritonéale du rectum (moyen et bas rectum) Ø Pour les polypectomies : - On Mesure le diamètre et la base d’implantation. - Si polype sessile ; la section chirurgicale est identifiée puis le polype est coupé longitudinalement. - Si polype pédiculé ; la base d’implantation est sectionnée puis le polype est coupé longitudinalement. 103 2)- Technique HES (Hématoxyline Eosine Safran). - Les diagnostics de nos 131 cas ont reposé sur l’étude histologique des biopsies ou des pièces opératoires. - Les prélèvements sont d’abord fixés dans un fixateur (Formol à 10% ou liquide de Bouin). - La fixation dépend de la taille du prélèvement 5-12 heures pour les biopsies et 24 heures pour les pièces opératoires. - Les prélèvements sont ensuite inclus en paraffine, coupés grâce à un microtome en coupes fines de 5 microns d’épaisseur et étalés sur des lames de verres. - Le tissu est coloré à l’aide de colorants basiques tels que l’hématoxyline qui colore les noyaux en bleu ou en noir, et de colorants acides teintant le cytoplasme en rose ou en rouge tel l’éosine. Le safran colore le chorion en jaune. - La coupe ainsi colorée est protégée définitivement par une lamelle de verre collée à l’aide d’un produit synthétique transparent. 3)- Immunohistochimie : Cette technique se fait sur les blocs de paraffine et passe par plusieurs étapes : 1- la préparation à la technique (déparaffinage) : • le passage à l’étuve (37°) pendant 1 nuit. • Toluène (2bains) ; 5-10 min chacun. • Alcool absolu (3bains) ; 5-10 min chacun. • Rinçage à l’eau courante ; 10 min. 104 2- Technique : • Egoutter les lames. • Passage dans H2O2à 0,4% ; 15 min. • Rinçage à l’eau courante ; 10 min. • Passage dans le Tampon citrate bouillant PH=6,5 ; 5 min. • Rinçage à l’eau courante. • Rinçage avec PBS (1bain) ; 5 min. • Egoutter les lames et entourer les fragments par le PAPO-PEN. • Mettre le bloquant sur le fragment ; 15 min. • Disposer les lames dans une chambre stérile. • Enlever le surplus du bloquent en secouant. • Application de l’anticorps I et le graver sur la lame ; 1h20min. • Couvrir les lames pour qu’elles ne sèchent pas. • Egoutter un peu les lames, les mettre dans un panier . • Rinçage dans du PBS (2bains); 5 min chacun. • Application de l’anticorps II ; 30 min. • Couvrir les lames pour qu’elles ne sèchent pas. • Rinçage dans du PBS (2bains) ; 5 min chacun. • Application de la peroxydase. • Rinçage dans du PBS (2bains) ; 5 min chacun. • Egoutter les lames. • Application sur chaque lame de 2 gouttes de substrat chromogène ; 10-15 min. • Rinçage à l’eau courante. • Egoutter les lames. • Application de l’hématoxyline ; 2 min. 105 • Rinçage à l’eau de robinet. • Rinçage rapide dans du Carbonate de lithium saturé. • Rinçage à l’eau de robinet. • Rinçage à l’eau distillée. • Montage à l’eau. 106 II – RESULTATS ET DISCUSSION: A- ANALYSE DESCRIPTIVE 1) – Fréquence des CCR durant les années 2004 – 2007 Notre étude rétrospective a concerné 131 cas de cancers colorectaux durant 4 ans de janvier 2004 au mois d’Août 2007. L’étude épidémiologique a été réalisée grâce au logiciel Epi-info version 2007. Durant la période d’étude, on note une nette augmentation des taux de cancers colorectaux allant de 22 cas en 2004 soit 16,8% à 33 cas jusqu’au mois d’Août 2007 soit 25,2% et 40% à la fin de 2007. Ce diagramme ci-dessous illustre ces données. 42% 37% frequence 32% 26% 21% 16% 11% 5% 0% 2004 2005 2006 2007 Graphique 1 : Fréquence des CCR entre 2004-2007 Selon une étude menée au sein de notre service d’anatomie et de cytologie pathologique, 432 cas de cancers digestifs ont été diagnostiqués durant la période 2004- décembre 2007 dont 166 cas de CCR soit 18,5 % de l’ensemble des cancers, occupant la première position des cancers digestifs (156 cas de cancers gastriques) et la seconde position après les cancers gynécologiques. 107 Ces données concordent avec les données d’une étude épidémiologique menée à l’institut d’oncologie de Rabat durant la période 1985-2002, qui a rapporté 9582 cas de CCR soit 40,3 % des cancers digestifs occupant le premier rang de ces derniers (uniquement 1901 de cancers gastriques diagnostiqués durant la même période soit 24,8%) et le deuxième rang après les cancers gynécologiques. En France, c’est le cancer digestif le plus fréquent, représente prés de 15% de l’ensemble des cancers (1). • Fréquence des cancers coliques et rectaux Le tableau suivant résume le nombre des cancers du colon et du rectum diagnostiqués durant notre étude. Tableau 5. Fréquence des cancers coliques et rectaux durant 2004-2007 Siège Nombre Fréquence (%) Colon 60 46,8 Rectum 71 54,2 131 100,0 Total Dans notre série, les cancers du rectum sont les plus fréquents représentent 54,2% des CCR contre 46,8 % des cancers coliques. Ce n’est pas le cas dans les pays industrialisés, puisque le cancer du rectum est en deuxième position par rapport au cancer du colon et ne présente que 30 à 40% des CCR. 108 2)- Répartition des CCR selon l’âge 60 frequence 50 40 30 20 10 0 inf 30ans 30-50ans sup 50ans age Graphique 2: Incidence des CCR selon l'âge Dans notre série : 51,6 % des patients sont âgés de plus de 50 ans, 48,4 % des patients sont âgés de moins de 50 ans 11,1% des patients ont moins de 30 ans. La moyenne d’âge est de 53,1 (17- 90 ans). Dans la littérature, le CCR est rare avant 50 ans, ne présente que 6% des cas. Selon une étude épidémiologique menée aux états unis en 2002 sur 139 534 cas de CCR, 91,5% (127 743 cas) étaient âgés de plus de 50 ans contre uniquement 8,5% moins de 50 ans (122). L’incidence augmente ensuite avec l’âge avec un âge moyen de 69 ans chez l’homme et 72 ans chez la femme (4). Dans notre série, l’âge moyen est de 53,1 (Des extrêmes de 17 et 90 ans), soit 16 ans plus jeune que la littérature. 109 • Répartition des cancers du colon et du rectum selon l’âge. Tableau 6. Répartition des cancers du colon et du rectum selon l’âge Age (ans) <30 % % 3 21,4 Rectum 11 78,6 Total 14 100,0 5,4* 15,7* 11,1* 30-50 20 27 47 % 42,6 57,4 % 35,7* 38,6* 37,3* 33 32 65 50,8 49,2 58,9* 45,7* >50 % % • Colon 100,0 100,0 51,6* 58,9 % des cancers du colon sont présents chez des sujets de plus de 50 ans. Selon notre étude, le cancer du rectum est plus fréquent chez le sujet jeune avec 15,7% chez des sujets de moins de 30 ans et 38,6% chez des sujets entre 3050 ans soit 54,3% de cancer du rectum chez des sujets moins de 50ans. Chez les sujets au delà de 50 ans, les incidences des cancers du colon et du rectum se rapprochent avec des pourcentages respectifs de 50,8 % et 49,2%. Une étude épidémiologique menée aux USA (123) entre 1998-2001 sur 542 149 patients atteints de CCR est résumée dans le tableau ci-dessous. 110 Tableau7.Comparaison du cancer du colon et du rectum selon l’âge. siège < 50 ans Colon % USA > 50 ans Notre USA série 63 (26477) Notre série 37 (23) 73,8 50,8 (369002) (33) Rectum % USA Notre USA série 37 (15540) Notre série 63 (38) 26,2 49,2 (131130) (32) Total % 100 100 ( ) Les effectifs. En comparaison avec les résultats de cette étude épidémiologique des USA. Chez les sujets moins de 50 ans, le cancer du rectum ne dépasse pas 37% dans la série des USA alors que dans notre série il représente 63% soit plus de la moitié des cas, dépassant largement le cancer du colon. Chez les sujets âgés plus de 50 ans le cancer du colon est de loin plus fréquent dans la série des USA alors que dans notre série le cancer du colon et du rectum sont au même rang. 111 Bien que l’effectif de notre série a une faible puissance, nos résultats épidémiologiques révèlent des particularités épidémiologiques propres et qu’il faudrait valider en investissant dans des études épidémiologiques, génétiques et environnementales plus élargies. On ne peut pas mettre nos résultats uniquement sur le compte de l’âge jeune de la population générale parce que selon le dernier recensement des données démographiques du Maroc de 2004, la population jeune est de 50% avec une augmentation de la tranche d’âge au delà de 60ans et des chiffres qui approchent la population mondiale. 3)- Répartition des CCR selon le sexe M F Graphique 3. Répartition des CCR selon le sexe Dans notre série, 52,3% des CCR sont des femmes contre 47,7% d’hommes. On note ainsi une prédominance féminine alors que dans la littérature une légère prédominance masculine est rapportée avec un sex. ratio de 1,5 (4). 112 • Répartition des cancers du colon et du rectum selon le sexe. Tableau 8. Répartition des cancers du colon et du rectum selon le sexe. Sexe Colon F 32 36 % 47,1 52,9 53,3* 51,4 M 28 34 % 45,2 54,8 46,7 48,6 60 70 46,2 53,8 100,0 100,0 Total Rectum *53,3 % de cancer du colon chez les femmes. Dans notre série, le cancer du rectum est plus fréquent que le cancer du colon dans les deux sexes. Une légère prédominance féminine est notée que ce soit dans le cancer du colon ou du rectum dépassant les 50% dans les deux cas. Nos résultats ont été comparés avec des données épidémiologiques de 2004 de certains pays arabes et occidentaux résumés dans les tableaux ci-dessous. 113 Tableau 9.Cancer du colon. Comparaison de la répartition par sexe avec les autres pays, 2004 Incidence standardisée M F Canada 34,8 29,9 USA (New jersey) 43,7 33,8 France (Bas Rhin) 31,3 16,9 Algérie (Sétif) 4,6 4,3 Tunisie (Nord Tunisie) 3,8 3,7 Marcoc (Casablanca) 3,8 2,6 46,7 53,3 Notre série (incidence brute) La répartition selon le sexe dans le cancer du colon est comparable dans les trois pays du Maghreb (Maroc, Tunisie et Algérie) alors qu’elle reste plus faible par rapport aux pays industrialisés avec une prédominance masculine, par contre dans notre série on remarque une prédominance féminine. 114 Tableau10.Cancer du rectum. Comparaison de la répartition par sexe avec les autres pays, 2004 Incidence standardisée M F Canada 34 6,7 USA (New jersey) 19,8 11,6 Japon 27,4 11,9 France (Bas Rhin) 20,2 8,7 Algérie (Sétif) 4,6 4,3 Tunisie (Nord Tunisie) 3,7 3,3 Marcoc (Casablanca) 2,8 3,1 48,6 51,4 Notre série (incidence brute) La répartition du cancer du rectum selon le sexe retrouvée au niveau des trois pays du Maghreb est presque identique par contre elle reste élevée au Japon et en Amérique du Nord et d’après le registre de cancérologie de Casablanca, le cancer du rectum est plus fréquent chez la femme au Maroc ce qui concorde avec les données de notre série alors que dans les pays industrialisées il reste plus fréquent chez l’homme. 115 4)- Siège des CCR 54.2 54.2 21.4 21.4 12.2 12.2 9.9 9.9 2.3 2.3 R R CD CD SS CG CG CT CT Graphique 4. Pourcentage des CCR selon le siège. R : rectum CG : colon gauche CD : colon droit S : sigmoïde CT : colon transverse Les cancers colorectaux sont surtout situés au niveau du rectosigmoïde avec une répartition de : • 50 % rectosigmoïde • 30 % colon droit • 13 % colon gauche • Dans 7 % colon transverse notre série cette répartition est respectée avec une localisation rectosigmoïdienne plus fréquente. • 66,4 % rectosigmoïde • 21,4 % colon droit • 9,9 % colon gauche • 2,3 % colon transverse 116 5)- Délai diagnostique Le délai du diagnostic a été retiré des dossiers médicaux qui ont pu être exploités. Tableau 11. Délai diagnostique des CCR. Délai (mois) Nombre % <3 79 62,2 3-6 24 18,9 >6 24 18,9 127 100,0 Total Dans plus de 60% des cas, le diagnostic se fait dans les 3 mois suivant la symptomatologie clinique. Ce qui concorde avec 3 études épidémiologiques (124) qui se sont intéressées à interroger les patients sur les symptômes cliniques révélant un CCR. Le délai moyen du diagnostic variait entre 2 mois et demi et 3 mois. 117 6)-Symptomatologie clinique Pourcentage 52,7 16,8 13,7 9,9 6,1 0,8 r pe fo ra tio s n ux re ou e he ul do f al i us or al cl oc ct m tu re r ar di sd sd sd sd Graphique 5. Symptomatologie clinique. Le but de notre travail n’est pas d’étudier les caractéristiques cliniques de ces cancers et ces données sont mentionnées juste à titre indicatif. Dans notre série, le syndrome rectal représente plus de 50% des cas, ce qui est dû à la fréquence du cancer du rectum. Le syndrome tumoral est révélateur dans 13,7%. Le syndrome occlusif ne dépasse pas 10%. Des symptômes cliniques à type de douleurs abdominales ou de diarrhées sont présentes respectivement dans 17 et 6 % des cas. La perforation est très rare. Elle était révélatrice d’une tumeur colique dans un cas. Dans 70% des cas la clinique est révélatrice d’un cancer colorectal néanmoins les symptômes restent non spécifiques (4). Ils varient entre douleurs abdominales diffuses ou diarrhées et complications chirurgicales révélatrices dans 17 à 29% des cas représentés essentiellement par un syndrome occlusif. Le syndrome rectal est reconnu comme révélateur d’un CCR. 118 7)- Type de prélèvement Tableau 12. Type des prélèvements. Prélèvement Fréquence Biopsie Pièce de Pourcentage 82 62,6 49 37,4 résection chirurgicale Plus de 50 % des diagnostics ont été porté sur des biopsies. Les 49 pièces d’exérèse chirurgicales se répartissent en : • 5 Résections rectales antérieures pour cancer du rectum localisé. • 15 Colectomies droites pour cancer du colon droit. • 9 Colectomies gauches pour cancer du colon gauche. • 1 Colectomie totale pour polypose adénomateuse familiale. • 14 Sigmoïdectomies pour cancer sigmoïdien. • 3 Polypectomies rectales correspondant histologiquement à : 1 ADK, 1 CCM et 1 tumeur stromale maligne. • 1 Amputation abdomino-périnéale qui était réalisée chez une patiente de 42 ans, qui présentait une tumeur rectale à 5cm de la marge anale et qui envahissait la paroi postérieure du vagin. • 1 Rectosigmoïdectomie + résection coecale pour un Mélanome multifocal envahissant le rectum, le sigmoïde, le coecum ainsi que le mésocolon et les ganglions périrectaux chez une patiente de 32 ans sans antécédents pathologiques notables. 119 8)- Facteurs de risque dans les carcinomes colorectaux Les facteurs de risque des CCR sont rapportés à partir des dossiers médicaux et des données anatomopathologiques. Tableau 13. Facteurs de risque des carcinomes colorectaux (CaCR). Facteurs de risque Nombre de cas ATCD de Kc 3 PAF 2 Sd HNPCC 1 PGZ 1 MICI i 2 ADENOME Total des CaCR 13 119 ATCD de Kc : antécédent de cancer. PAF : polypose adénomateuse familiale. Sd HNPCC : Syndrome de cancer colique non polypoïde héréditaire. PGZ : peutz jeghers. MICI i : maladie inflammatoire chronique de l’intestin indéterminée. Les sujets à risque sont répartis en 3 grands groupes ; Ø Les sujets à risque très élevé de CCR ; Dans environ 5% des cas, le CCR survient dans un contexte de maladies héréditaires familiales. • Moins de 1% des CCR seraient secondaires à la PAF(6). Dans notre série 2/119 carcinomes sont imputables à la PAF prouvés histologiquement soit 1,68 % des cas, ce qui est légèrement augmentée par rapport à la littérature. 120 • Le syndrome HNPCC représente également un risque élevé de développer un CCR avec une fréquence qui n’est pas encore bien connue. La proportion des individus porteurs de CCR qui répondent aux critères d’Amsterdam varie de 0,3 à 4,4% selon les études, avec une moyenne de 1 à 3% (12). Dans notre série, 1 cas du Syndrome HNPCC (syndrome de Lynch type II) est diagnostiqué chez une patiente âgée de 38 ans qui présente un adénocarcinome lihberkunien du colon gauche associé à une dysplasie endométriale et des antécédents familiaux de grand-mère et de sœur opérées pour un CCR. • 1/119 carcinomes soit 0,8% des cas est survenu dans le cadre d’un syndrome de Peutz jeghers diagnostiqué à l’examen anatomopathologique, chez une patiente jeune âgée de 17 ans. Ce dernier est rare ne présente que 1/200 000 naissances (16). La dégénérescence maligne est rare avec peu de cas rapportés dans la littérature et survient généralement au niveau d’autres organes (testicule, ovaire…) rarement le tube digestif est siège de cancérisation. Ø Les sujets à risque élevé ; • Un antécédent familial ou personnel de CCR, augmente le risque de CCR métachrone 2 fois supérieur à la population générale ; dans notre série 3/119 CCR ont un antécédent personnel de cancer digestif faits d’adénocarcinome appendiculaire, sigmoïdien et gastrique. 121 • Un antécédent personnel ou familial d’adénomes, multiplie par 3,6 le risque de CCR, avec une prévalence qui varie entre 7 et 20 % selon la tranche d’âge. Dans notre série, 13/119 cas soit 11% des patients ont un adénome associé tubulo-villeux en dysplasie de haut grade diagnostiqué à l’étude histologique. • Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont à l’origine de CCR plus jeunes de 10 à 20 ans que dans les cancers sporadiques (26). La rectocolite hémorragique RCH est incriminée dans les CCR plus que la maladie de Crohn avec un risque de 35% après 20 ans d’évolution en cas de pancolite. Dans notre série, on a 2 patients présentant une MICI indéterminée diagnostiquée histologiquement sur une biopsie au moment du CCR. Ø Les sujets à risque moyen ; concernent la population âgée plus de 50 ans et dans notre série plus de 50% des patients ont plus de 50 ans. 9)- Taille de la tumeur La taille de la tumeur était précisée sur le compte rendu anatomopathologique ou l’exploration endoscopique dans 109/131 cas. Tableau14. Taille des tumeurs. Taille cm 2-5 Nombre de cas 60 % 55 <2 8 7,3 >5 41 37,6 Total 109 100 122 Ø 55% des cas ont une taille comprise entre 2 et 5 cm, représentés essentiellement par les adénocarcinomes, les carcinomes colloïdes muqueux et les lymphomes. Ø 37,6% des CCR soit le tiers ont une taille au delà de 5 cm, représentés par les adénocarcinomes, les mélanomes, les carcinomes colloïdes muqueux enfin les lymphomes. - Nos résultats concernant la taille des CCR ne concordent pas avec les délais diagnostiques puisque l’évolution des symptômes est souvent longue et méconnue. Ce qui incite à chercher si ces patients ont pu avoir des consultations préalables pour justement la sensibilisation des médecins pour un bon examen clinique et un simple toucher rectal. - Dans les pays industrialisés : les progrès de l’endoscopie et de la vidéoendoscopie dans le sens du dépistage, les tumeurs sont diagnostiquées à un stade précoce parfois même à un stade asymptomatique. 123 10) - Localisation multifocale 2 cas d’adénocarcinomes coliques ont une double localisation. 1 cas d’adénocarcinome rectal a une triple localisation. 1 cas de mélanome rectal a plus de 3 localisations, chez une patiente de 32 ans à localisation rectosigmoïdienne et coecale avec métastases au niveau du mésocolon et des ganglions périrectaux. Des cas pareils doivent bénéficier d’une étude génétique et somatique plus approfondies pour proposer éventuellement des traitements individuels appropriés et une surveillance plus étroite de leur famille. 11) - Aspect macroscopique F P UB Graphique 6. Proportion de l’aspect macroscopique des CCR. F : infiltrant P : polypoïde UB : ulcéro-bourgeonnant 124 Ø 90 % des cas sont ulcérobourgeonnants, à prédominance colique droite (26 cas au niveau du colon droit contre 12 au niveau du colon gauche). Ø La forme infiltrante ne présente que 4,7 % des cas, de siège essentiellement colique gauche (OMS 2000). Ce qui correspond aux données mondiales puisque la forme végétante ou bourgeonnante qui est la plus fréquente est surtout située au niveau du colon droit alors que la forme infiltrante est de siège colique gauche. 12) - Aspect histologique Tableau12. Aspect histologique des CCR. Type histologique ADK n 103 % 78,6 CCM 9 6,9 CBC 2 1,5 CI 5 3,8 LMNH 5 3,8 MELANOME 5 3,8 SARCOME 1 0,8 STROMALE 1 0,8 TOTAL 131 100 ADK. Adénocarcinome liberhkunien. CCM. Adénocarcinome colloïde muqueux. CI. Carcinome indifférencié. CBC. Carcinome à cellules en bague à châtons. LMNH. Lymphome malin non hodgkinien. 125 Les diagnostics ont été portés sur la technique HES dans la plupart des cas sauf dans certaines entités qui ont nécessité une étude immunohistochimique (IHC) pour la confirmation diagnostique résumées dans le tableau ci-dessous. Tableau15. CCR nécessitant des marqueurs IHC. Type histologique Marqueur IHC CI Cytokératine LMNH CD20+/CD3- Mélanomes PS100 Sarcome Ps100-/Cytokératine- Tumeur stromale CD117+/CD34+ Ø Les adénocarcinomes sont les plus fréquents représentent 94 % des CCR. Dans notre série 78,6 % sont des ADK. Ø Les carcinomes colloïdes muqueux représentent 17 % des CCR. Dans notre série, ils ne présentent que 6,9% des cas. Ø Les carcinomes à cellules en bague à châtons sont très rares au niveau colorectal ne présentent que 0,3 à 2,4%. Dans notre série, 2/119 sont des CBC soit 1,5 % des cas. Ø Les LMNH représentent 2% des CCR. Dans notre série, ils sont assez nombreux et présentent 3,8 % des cas, soit 2 % supérieur aux données de la littérature. 4/5 des LMNH sont de phénotype B diffus à grandes cellules et 1 cas est de type MALT. 126 Ø Les mélanomes anorectaux sont rares, ne présentent que 1 à 1,9 % des cancers rectaux (125) avec uniquement 500 cas rapportés dans la littérature à l’heure actuelle (126). Paradoxalement dans notre série, ils sont assez fréquents et présentent 3,8 % des cas. Ø Les tumeurs stromales digestives TSD sont rares avec uniquement 10 à 20 cas diagnostiqués/an dans les grands centres. La localisation rectocolique présente moins de 10% des TSD (127) et environ 0,1 à 0,3 % des CCR. Dans notre série une tumeur stromale maligne a été diagnostiquée sur les 131 cas rapportés, chez un patient de 64 ans. Ce qui illustre les données de la littérature puisque l’âge de survenue est compris entre 50-60 ans avec une prédominance masculine. La mutation du gène C-Kit (CD117) révélée par l’immunohistochimie ou la biologie moléculaire confirme le diagnostic. Le cas de notre patient (CD117+). 127 B - CORRELATIONS STATISTIQUES 1)- Type histologique /Age Tableau16. Corrélation entre type histologique/âge. Histo ADK % CBC % < 30 30-50 > 50 total 37 54 99 57,1 78,7 83,1 1 1 0 2,1 0 3 1 4 37,5 12,5 50 21,4 2,1 6,2 1 1 3 5 20 20 60 4 8 8,1 50 7,1 CCM % CI % 7,1 37,4 50 54,5 0 78,6 2 1,6 8 6,3 2,1 4,6 1 2 2 5 20 40 40 4 Mélanome 0 3 % 0 60 40 4 Sarcome 0 1 0 1 % 0 100 0 0,8 LMNH % Stromale % 7,1 0 0 0 4,3 3,1 2 6,4 2,1 1 100 3 ,1 0 0 5 0 0,8 2,1 total 14 47 65 126 128 Les corrélations statistiques ont été difficiles à établir car les types histologiques sont multiples ainsi l’échantillon est réduit. Chez les sujets âgés plus de 50 ans, les adénocarcinomes représentent uniquement 46,5% dans notre série alors que dans la littérature, ils représentent 80% des CCR. Ceci est la conséquence de la diversité histologique observée dans notre série. Les formes histologiques agressives notamment le carcinome à cellules en bague à châtons, les LMNH, les mélanomes, le sarcome sont plus fréquents chez les sujets jeunes moins de 50 ans. Quelques cas sont rapportés dans la littérature chez surtout la sixième et la septième décennie. La survenue de CCR chez des sujets jeunes suppose une prédisposition génétique, qu’il faut chercher grâce aux consultations d’ontogénétique dont le but est d’abord diagnostique par l’évaluation du risque héréditaire et thérapeutique en proposant une prise en charge adaptée au risque individuel (128). 129 2) - Type histologique / Sexe 60 % 50 40 30 20 10 0 F M sa om rc M K NH LM CC AD e histo Graphique 7. Corrélation type histologique/ sexe. Une prédominance féminine est marquée dans les carcinomes colorectaux sauf pour les carcinomes colloïdes muqueux. Contrairement aux données de la littérature rapportant une prédominance masculine dans les carcinomes colorectaux avec un sex ratio de 1,5% (4). Les autres types histologiques notamment les LMNH, les mélanomes sont plus fréquents chez l’homme. Néanmoins la taille de l’échantillon dans ces cas est faible ne pouvant confirmer formellement ces constations. 130 3)-Type histologique / Siège Tableau17.Corrélation type histologique/ siège. Histo CD CG CT ADK 23 12 3 22,3 11,7 2,9 % R S 51 14 13,6 49,5 CBC 0 0 0 % CCM % CI % LMNH % Mélanome 2 0 100 1 1 11,1 11,1 2 0 0 0 40 5 2 55,6 22,2 3 0 60 2 0 0 40 3 0 60 0 0 0 5 0 100 Sarcome 0 0 0 1 0 Stromale 0 0 0 1 0 13 3 71 16 total 25 CD. colon droit CT. colon transverse. CG. colon gauche. R. rectum. S. sigmoïde. Au niveau du rectum, on note une prédilection des cancers non carcinomateux notamment les formes agressives. 131 4)–Type histologique / Taille Tableau18. Corrélation type histologique/taille. Histo/ Taille <2 2-5 >5 TOTAL ADK 6 47 32 85 CBC 1 0 0 1 CCM 0 6 2 8 CI 0 2 1 3 (cm) LMNH 0 3 2 5 Mélanome 0 2 3 5 Sarcome 0 1 0 1 Stromale 1 0 0 1 total 8 60 41 109 La taille des tumeurs est variable et n’est pas en corrélation avec les types histologiques néanmoins on remarque une taille au delà de 2 cm dans les formes agressives. 132 C- FACTEURS PRONOSTIQUES. 1) - Métastases viscérales. Ces données ont été recueillies à partir des dossiers médicaux exploitables. Tableau19. Fréquence des métastases viscérales. Siège de n % 17 13,1 Pulmonaire 5 3,9 Péritonéal 4 3,1 Surrénale 1 0,8 Autre* 2 1,5 TOTAL 131 métastase Hépatique *Les deux autres cas de métastases sont représentés par une métastase des voies excrétrices et l’autre au niveau du muscle psoas. • Les métastases viscérales sont présentes dans 24/131 cas soit 18% des CCR. Dans la littérature les métastases sont présentes dans 40 à 60% des cas et sont synchrones dans 25% des cas. Le pourcentage faible des métastases viscérales dans notre contexte est probablement dû au bilan d’extension incomplet des patients. • Les métastases hépatiques sont généralement présentes dans 15 à 20% des cas (126). Dans notre série, 17/131 CCR soit 12 % des cas ont des métastases hépatiques. 133 • Les métastases pulmonaires sont observées dans moins de 1% des cas. Dans notre série, 5/131 cas ont des métastases pulmonaires. • Les autres types de métastases sont plus rares. Des corrélations ont été recherché entre la présence de métastases viscérales et différents paramètres notamment le type histologique, la taille et le siège résumés dans les tableaux ci-dessous. Tableau 20. Corrélation métastase viscérale/ type histologique. HISTO M.hépatique pulmonaire péritonéale Autre ADK 11 3 2 3 CBC 1 1 0 0 CCM 1 0 2 0 Mélanome 3 1 0 0 Stromale 1 0 0 0 TOTAL 17 5 4 3 La plupart des métastases sont associés aux carcinomes. Les mélanomes présentent généralement des métastases synchrones dans 60% des cas. Ce qui concorde avec les données de note série. 134 Tableau 21. Corrélation métastase viscérale/siège. Métastase colon rectum hépatique 4 13 pulmonaire 1 4 péritonéale 2 2 Autre 2 1 Total 9/60 20/71 Les cancers du rectum sont à l’origine de plus de cas de métastases viscérales. Tableau 22. Corrélation métastase viscérale/taille de la tumeur. Taille (cm) <2 2-5 >5 n=109 M.hépatique 1 8 5 M. pulmonaire 0 2 1 M.péritonéale 0 1 2 Autre 0 2 0 Total 1 /8 13/41 8/60 Selon nos résultats, une tumeur de taille>2 cm est pourvoyeuse de métastases. 135 2) – Métastases ganglionnaires Tableau 23. Fréquence des métastases ganglionnaires. ADP nombre Présentes Total pourcentage 18 13,7 131 100 § 12 pièces de résection chirurgicales présentent des métastases ganglionnaires trouvées à l’examen histologique avec un nombre de ganglions envahis variant de 3 à 13. § Le nombre des ganglions examinés dépasse dans 50% des cas 8 ganglions. §6 biopsies sont associées à des métastases ganglionnaires diagnostiquées à l’exploration radiologique et non à l’examen histologique. § Ces métastases ganglionnaires sont associées aux carcinomes et aux mélanomes. Dans notre série nous avons constaté que le nombre des ganglions examinés est insuffisant dans près de la moitié des cas. Ceci est dû à plusieurs facteurs : • Le non examen des pièces fraîches du moins dans les premières années de l’étude. • La non orientation des pièces par les chirurgiens. • Parfois la taille du mésocolon semble insuffisante. 136 Pour remédier à ce problème, nous devons améliorer la qualité de notre prise en charge macroscopique et travailler en étroite collaboration multidisciplinaire. • L’extension ganglionnaire constitue un facteur pronostique important. L’examen de 8 à 12 ganglions est hautement recommandé (117). La moyenne en est 10. • Si l’examen anatomopathologique révèle un nombre inférieur à 10, il faut mentionner dans le compte rendu anatomopathologique Nx. • L’examen de 12 ganglions permet théoriquement de détecter 92% des métastases et l’examen de 20 ganglions en détecte 100 % (117). • L’impact pronostique du nombre de ganglions prélevés a été confirmé sur une étude de population effectuée à partir des données du registre de la côté d’or qui a montré que le risque de décès par cancer classé B de Dukes était multiplié par 2,5 lorsqu’ aucun ganglion n’était prélevé par rapport aux pièces comportant au moins 6 ganglions prélevés et indemnes. • L’immunohistochimie utilisée à la recherche de micrométastases ganglionnaires n’est pas recommandé. Quatre études se sont intéressées à la recherche par méthode IHC de micrométastases non détectables en technique histologique courante. Trois d’entre elles n’ont pas trouvé de différence significative de survie à 5 ans entre les populations avec et sans micrométastases détectés par IHC. 137 3) -Valeur des marqueurs immunohistochimiques MIB-1(ki67) et P53 dans un échantillon de 15 adénomes et 15 adénocarcinomes colorectaux. 1)-But : • La p53 est exprimée au cours de l’altération du gène responsable. • Le Mib-1 (Ki67) est un anticorps qui marque les cellules en cours de mitose. • Le but du travail est de montrer la différence de l’expression du Ki67 (Mib-1) et de la p53 dans les adénomes et les adénocarcinomes colorectaux et de la corréler au risque évolutif vers le cancer. 2) - Matériels et méthodes : • La méthode utilisée est l’immunohistochimie qui est réalisée selon la technique peroxydase anti- peroxydase révélée au complexe avidine biotine (expliquée en détail dans le chapitre Méthodes). • L’étude est réalisée sur 15 adénomes et 15 adénocarcinomes colorectaux colligés au sein de notre service. 138 3) - Résultats : A) – Adénomes colorectaux. Tableau 24. Données des adénomes étudiés. n = 15 Adénomes Age 17-76 ans Sexe 11F/4H Taille 0,2- 4 cm Type 4 Tubuleux 1 Villeux 10 Tubulo-villeux Grade 3 Bas G 12 Haut G 139 Expression du Ki 67. a) - Valeur de l’expression du Ki 67. Tableau25. Pourcentage d’expression du Ki67 dans les adénomes. Ki 67 Bas G Haut G n=3 n=12 0-20 % 1 3 21-40 % 1 0 41-60 % 1 9 61-80 % 0 0 Bas G. Dysplasie bas grade. Haut G. Dysplasie haut grade. Le pourcentage de l’expression du Ki67 est estimé à plus de 40% dans 9/15 adénomes de haut grade de dysplasie. L’expression du Ki67 augmente de façon nette dans les dysplasies de haut grade. 140 b) - Siège de l’expression du ki 67 Tableau26. Siège d’expression du ki67 dans les adénomes. Ki67 Bas G Haut G n=3 n=12 Basal 0 1 Superficiel 3 10 Négatif 0 1 L’expression du Ki67 est de siège superficiel dans 86% des cas. Ce qui témoigne de l’extension de la prolifération en dehors des cellules basales. Figure 10. Expression nucléaire positive du Ki67 au niveau de la surface des cryptes 141 c) – Intensité de l’expression du ki 67 Tableau 27. Intensité de l’expression du Ki67. Ki67 Bas G Haut G n=3 n=12 importante 2 7 modérée 0 5 faible 1 0 Le marquage IHC du Ki67 est d’intensité modérée à importante surtout au niveau des dysplasies de haut grade. Figure11.Intensité importante Ki67 Figure12. Intensité modérée Ki.67 142 Expression de la p53 Tableau 2. Pourcentage de l’expression de la p53 dans les adénomes. p53 Bas G Haut G n=3 n=12 0-20 % 2 5* 21-40 % 1 2 41-60 % 0 4 61-80 % 0 1 *2 adénomes de haut grade ont une p53 négative. L’expression immunohistochimique de la p53 est un marqueur de sa mutation et donc de la perte biallélique LOH. L’expression de la p53 est positive dans 13/15 adénomes soit 86% des cas, témoignant de son rôle primordial dans la progression du potentiel malin. Elle en nette augmentation dans la filière dysplasie bas grade dysplasie haut grade avec une intensité de marquage importante. L’expression négative de la p53 dans deux dysplasies de haut grade est en relation probablement avec l’implication d’autres voies de carcinogenèse 143 Figure 13. Expression nucléaire de P53 estimée à 60% au niveau d’un adénome de haut grade de dysplasie. 144 B - Adénocarcinomes colorectaux. Tableau 29. Données des adénocarcinomes colorectaux. ADK Age n =15 42 - 70 ans sexe 10 F/5 H Siège 6 Colon 11 rectum Différenciation D 15 Bien D 145 Expression du Ki67 Tableau 30. Expression du Ki67 dans les ADK. Ki67 % n=15 0-20 3* 21-40 7 41-60 4 61-80 1 *2 adénocarcinomes n’expriment pas le ki67. L’expression du Ki67 au niveau des adénocarcinomes est variable. La moyenne de cette expression est de 42% dans les adénocarcinomes presque égale à celle des adénomes qui est de 41%, ne permettant ainsi pas de différencier entre les deux entités anatomopathologiques. Expression de la p53 Tableau 31. Expression de la p53 dans les ADK. P53 % 0-20 n =15 2* 21-40 0 41-60 1 61-80 1 80-100 11 *2 adénocarcinomes n’expriment pas la p53. 146 On a calculé la moyenne de l’expression de la p53 dans les adénocarcinomes qui est de 86% très augmentée par rapport à celle des adénomes qui est de 36%. La p53 est exprimée dans 86% d’adénocarcinomes colorectaux avec un pourcentage important au-delà de 50%. Nos résultats confirment l’étude de Mulder et collaborateurs qui a prouvé la présence d’une corrélation entre l’expression de la p53 et la progression tumorale (130). Au total, l’expression de la p53 au niveau des adénomes suggère son rôle comme indicateur de l’augmentation du potentiel malin qui peut être utilisé en association avec les marqueurs morphologiques de la progression tumorale tel que l’aspect villeux et la taille. Le pourcentage de marquage >30% est spécifique de la mutation du gène p53 (131). C’est le cas de notre étude puisque 66% des adénomes et 86% des adénocarcinomes ont un p53 >30%. L’expression de la p53 pourrait avoir un rôle dans le dépistage des patients porteurs d’adénomes qui ont un risque élevé de développer des carcinomes colorectaux dans l’optique d’une surveillance plus étroite (131). 147 Dans notre série, la moyenne de l’expression du Ki67 est presque égale dans les adénocarcinomes et les adénomes, ne permettant ainsi pas de différencier entre les deux entités anatomopathologiques. On peut avancer l’hypothèse que ce qui différencie entre adénome et carcinome ce n’est pas tellement le nombre de cellules qui prolifèrent mais l’acquisition de nouvelles anomalies génétiques comme celle de la p53 qui entraîne des mutations dans des gènes « d’agressivité tumorale » permettant l’invasion et les métastases. 148 CONCLUSION ET PERSPECTIVES . Au terme de cette étude, les conclusions sont impressionnantes. L’âge moyen de nos patients est de 53 ans soit 10 ans plus jeune que la littérature. Contrairement aux séries publiées rapportant un sex ratio de 1,5, la prédominance féminine est observée que ce soit dans le cancer du rectum que du colon. Les facteurs de risque sont divers avec une prédominance des adénomes. Nos cas présentent une diversité histologique avec présence d’entités anatomopathologiques rares notamment les tumeurs agressives ; les carcinomes à cellules en bague à châtons, les mélanomes et les lymphomes. L’étude immunohistochimique utilisant le Ki67 et la p53, a révélé que le Ki67 ne permet pas de différencier entre les adénomes et les carcinomes alors que la p53 est exprimée intensément dans les adénocarcinomes et à moindre degré au niveau des adénomes de haut grade de dysplasie suggérant son rôle dans le dépistage des patients porteurs d’adénomes qui ont un risque élevé de développer des carcinomes colorectaux dans l’optique d’une surveillance plus étroite. 149 Ainsi les perspectives de notre étude sont ; • D’élargir l’échantillon pour valider nos constations. • Etablir des études prospectives. • Faire un suivi médical (grâce à des séries cliniques) dans l’optique d’avoir des résultats fiables concernant l’évolution de nos patients. • Enfin pratiquer plus d’études génétiques pour évaluer l’intérêt de la p53 comme indicateur de la progression maligne des adénomes. Dans notre service d’anatomie pathologique, un projet de recherche sur le cancer colorectal est en cours dans l’optique d’arriver à des résultats génétiques propres à notre contexte. 150 Résumé Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 131 cas de cancers colorectaux CCR colligés au service d’anatomie et de cytologie pathologique durant la période Janvier 2004-Aout 2007. L’objectif de notre travail est d’étudier les aspects anatomopathologiques des CCR, rechercher les lésions associées en particulier les adénomes et évaluer l’intérêt pronostique des marqueurs immunohistochimiques Ki67et p53. Notre étude épidémiologique est réalisée par le logiciel épi-Info version 2007. Les diagnostics sont posés à partir de l’étude histologique des prélèvements communiqués. Une étude immunohistochimique des marqueurs Ki67et p53 est réalisée sur un échantillon de 15 adénomes et 15 adénocarcinomes. L’âge moyen de nos patients est de 53 ans soit 16 ans plus jeune que la littérature avec une prédominance féminine. Prés de 55% sont de siège rectal. 78% sont des adénocarcinomes mais les autres types histologiques ; mélanomes et lymphomes malins no hodgkiniens sont également fréquents par rapport à la littérature. 13 cas sont associés à des adénomes avec 2 cas de polypose adénomateuse familiale, 1 cas de syndrome HNPCC, 1 cas de syndrome de Peutz Jeghers, 2 cas de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et 3 cas d’antécédents de cancers digestifs. 151 L’immunohistochimie a conclu que l’expression du Ki 67 est augmentée dans la filière adénome-cancer mais sans pouvoir séparer entre les 2 groupes. Par contre la p53 est exprimée de façon importante dans les adénocarcinomes et les dysplasies de haut grade témoignant de la progression du potentiel malin. Donc la p53 pourrait jouer un rôle important dans le dépistage des patients porteurs d’adénomes qui ont un risque élevé de développer des CCR dans l’optique d’une surveillance étroite. 152 SUMMARY It’s retrospectiv study consisted of 131 cases of colorectal cancer diagnosed in anatomocytology’s laboratory during 4 years (2004-2007). Our purpose is to define different entities, to display the association of adenoma and to evaluate the role of immunochemistry especially Ki67 and p53. The epidemiological study is done by épi -Info 2007.The diagnosis is based on histological study. We performed immunostaining for p53 and ki67 of 15 adenoma and 15 adenocarcinoma. The mean age of our patients is 53 years old (16 years younger than the literature). Incidence is higher in females. The rectum account 55% of CCR. 78% are adenocarcinoma but the percentages of melanoma and lymphoma are higher than literature. 13 cases are associated with adenoma, 2 familial polyposis adenoma, 1 HNPCC syndroma, 1 peutz Jeghers, 2 MICI, 3 digestif cancer. The immunostaining conclude that the Ki67 expression is higher in carcinoma as in adenoma but without any significantly difference. The p53 immunostaining is very strong in carcinoma and adenoma with high dysplasia. These results suggest that p53 expression may prove useful in assessing which patients with adenoma are at greatest risk of progressing to cancer and who would benefit from intensive surveillance. 153 ﻤﻠﺨـــﺹ ﻨﺘﻨﺎﻭل ﻓﻲ ﺩﺭﺍﺴﺘﻨﺎ ﻫﺫﻩ 131ﺤﺎﻟﺔ ﺴﺭﻁﺎﻥ ﺍﻟﻘﻭﻟﻭﻥ ﻭﺍﻟﻤﺴﺘﻘﻴﻡ ﺴﺠﻠﺕ ﺒﻤﺼﻠﺤﺔ ﺍﻟﺘﺸﺭﻴﺢ ﺍﻟﺩﻗﻴﻕ ﻭﺫﻟﻙ ﻋﻠﻰ ﻤﺩﻯ 4ﺴﻨﻭﺍﺕ ﻤﻥ ﻴﻨﺎﻴﺭ 2004ﺇﻟﻰ ﻏﺸﺕ . 2007 ﻫﺩﻓﻨﺎ ﻓﻲ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﻫﻭ ﺘﻭﻀﻴﺢ ﺍﻷﻨﻭﺍﻉ ﺍﻟﻤﺭﻀﻴﺔ ﻟﻬﺫﺍ ﺍﻟﺴﺭﻁﺎﻥ ،ﺍﻟﺒﺤﺙ ﻋﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺍﻟﻤﺅﻫﺒﺔ ﻭﺸﺭﺡ ﺩﻭﺭ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﺍﻟﻨﺴﻴﺠﻴﺔ . ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﺍﻟﻨﺴﻴﺠﻴﺔ ﻤﻜﻨﺕ ﻤﻥ ﺘﺸﺨﻴﺹ ﺠﻤﻴﻊ ﺍﻷﻨﻭﺍﻉ ﺍﻟﻤﺭﻀﻴﺔ . ﺘﺒﻴﻥ ﺨﻼل ﻫﺫﻩ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﺃﻥ ﺴﺭﻁﺎﻥ ﺍﻟﻤﺴﺘﻘﻴﻡ ﻭ ﺍﻟﻘﻭﻟﻭﻥ ﻴﺼﻴﺏ ﻓﺌﺔ ﻤﺘﻭﺴﻁ ﺍﻷﻋﻤﺎﺭ ﻤﻥ 53ﺴﻨﺔ ،ﻭﻴﻼﺤﻅ ﺃﻨﻪ ﺴﺎﺌﺩ ﻋﻨﺩ ﺍﻟﻨﺴﺎﺀ % 55 .ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺴﺠﻠﺕ ﺒﺎﻟﻤﺴﺘﻘﻴﻡ . ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﺍﻟﻨﺴﻴﺠﻴﺔ ﺒﻴﻨﺕ ﺃﻥ ﺍﻟﺴﺭﻁﺎﻨﺔ ﺍﻟﻐﺩﻴﺔ ﺘﻤﺜل ﺃﻋﻠﻰ ﻨﺴﺒﺔ .% 78 ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﺍﻟﻬﻴﺴﺘﻭﻟﻭﺠﻴﺔ ﺍﻟﻜﻴﻤﻴﺎﺌﻴﺔ ﺃﻭﻀﺤﺕ ﺃﻥ Ki67ﺘﺴﺠل ﻨﺴﺒﺎ ﻜﺒﻴﺭﺓ ﻓﻲ ﺍﻷﻭﺭﺍﻡ ﺍﻟﻐﺩﺩﻴﺔ ﻭﺍﻟﺴﺭﻁﺎﻥ . P 53ﻤﻥ ﺍﻟﻤﻤﻜﻥ ﺍﺴﺘﻌﻤﺎﻟﻪ ﻓﻲ ﻤﺭﺍﻗﺒﺔ ﺍﻷﺸﺨﺎﺹ ﺍﻟﻤﺼﺎﺒﻭﻥ ﺒﻭﺭﻡ ﻏﺩﺩﻱ ﻭﺍﻟﺫﻴﻥ ﻴﻤﺜﻠﻭﻥ ﻨﺴﺒﺔ ﻜﺒﻴﺭﺓ ﻓﻲ ﺘﺭﺩﺍﺩ ﺴﺭﻁﺎﻥ ﺍﻟﻤﺴﺘﻘﻴﻡ ﻭﺍﻟﻘﻭﻟﻭﻥ . 154 BIBLIOGRAPHIE. 1. Menegoz F, Black RJ, Arveux P, Magne V, Ferlay J, Buemi A et al. 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