Migration en Afrique de l`Ouest et Centrale Migration en Afrique de l

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Migration en Afrique de l`Ouest et Centrale Migration en Afrique de l
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par l’Union européenne
Migration en Afrique
de l’Ouest et Centrale
APERÇU REGIONAL
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l’expression d’opinion de la part de l’OIM concernant des faits tels que statut légal, pays,
territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs autorités, ou de leurs frontières
ou confins. Toute omission et erreur reste de la seule responsabilité de l’auteur.
L’OIM croit fermement que les migrations organisées, s’effectuant dans des conditions
décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme
intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires au sein de la communauté
internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire
comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et
social grâce à la migration, et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le
bien-être des migrants.
Ce document a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral
des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement. Les opinions
exprimées ci-après sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de
l’Union européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et de la Coopération
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16_11
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par l’Union européenne
Migration en Afrique
de l’Ouest et Centrale
APERÇU REGIONAL
Préparé pour l’OIM par
Sylvère Yao Konan, Rudolf Anich, Timon Van Lidth et Pietro Mona
2011
Sommaire
Liste des tableux...................................................................................5
Liste des graphiques.............................................................................6
Abréviations.........................................................................................7
Avant-propos........................................................................................9
Résumé..............................................................................................13
Executive summary.............................................................................17
Introduction.......................................................................................19
PARTIE A : Analyse comparative des profiles migratoires
en Afrique de l’Ouest et Centrale........................................................21
A.1 Pays cibles de la CEDEAO.......................................................................... 21
A.1.1 Immigration...................................................................................... 21
A.1.2 Emigration........................................................................................ 23
A.1.3 Migration de la main-d’œuvre et étudiantes.................................... 25
A.1.4 Transfert de fonds............................................................................. 28
A.1.5 Migration irrégulière........................................................................ 31
A.2 Comparaison avec l’Afrique centrale : République démocratique
du Congo (RDC) et Cameroun................................................................... 34
A.2.1 Immigration...................................................................................... 34
A.2.2 Emigration........................................................................................ 36
A.2.3 Migration de main-d’œuvre et d’étudiants . .................................... 39
A.2.4 Transfert de fonds............................................................................. 42
A.2.5 Migration irrégulière........................................................................ 43
A.3 Contexte socio-économique de la migration............................................ 44
A.3.1 Tendances du développement humain............................................ 44
A.3.2 Projections démographiques . ......................................................... 45
A.3.3 Croissance et prospectives économiques ........................................ 48
A.3.4 Main d’œuvre, marché du travail et prospectives............................ 49
A.3.5 Education et migration des travailleurs qualifiés.............................. 52
PARTIE B : Approche régionale des questions migratoires...................55
B.1 Cadre institutionnel et juridique régissant la migration
au niveau régional...................................................................................... 55
B.1.1 La libre circulation des personnes.................................................... 57
B.1.2 Le droit de résidence........................................................................ 58
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
3
B.1.3 Le droit d’établissement................................................................... 61
B.1.4 Le cadre légal relatif à la migration irrégulière................................. 62
B.2 L’effectivité lacunaire du cadre réglementaire régional............................ 65
B.2.1 Responsabilité des Etats et obstacles à l’effectivité
des instruments communautaires.................................................... 65
B.2.2 Etat des lieux de l’effectivité des instruments de la
CEDEAO en matière migratoire......................................................... 67
B.3 L’intégration régionale, le dialogue international et l’impact
sur la migration......................................................................................... 71
B.3.1 Le défi de l’intégration régionale...................................................... 71
B.3.2 L’Approche commune sur la migration : inspirée par
le dialogue international................................................................... 72
B.3.3Autres initiatives récentes de la CEDEAO face aux
enjeux liés aux migrations................................................................ 75
Références .........................................................................................79
Annexe...............................................................................................83
4
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
liste des tableux
Tableau 1 :
Tableau 2 :
Tableau 3 :
Tableau 4 :
Tableau 5 :
Tableau 6 :
Tableau 7 :
Tableau 8 :
Tableau 9 :
Tableau 10 :
Tableau 11 :
Tableau 12 :
Tableau 13 :
Tableau 14 :
Tableau 15 :
Tableau 16 :
Tableau 17:
Tableau 18 :
Tableau 19 :
Tableau 20 :
Tableau 21 :
Stock de migrants internationaux (en %) par rapport
à la population total des pays cibles, 2000–2010...................... 22
Proportion du stock de migrants des pays cibles,
de la CEDEAO et de l’Amérique latine du total
des migrants dans le monde, 1995–2010 (en %)...................... 22
Stock d’immigrés en provenance de la CEDEAO
(ou dela Mauritanie) dans les pays cibles, 2000........................ 23
Stock d’émigrants par rapport à la population
des pays cibles, 2000................................................................. 24
Stock d’émigrés ressortissants des pays cibles dans
les pays membres de la CEDEAO ou la Mauritanie, 2000.......... 24
Taux net de migration des pays cibles
(pour 1 000 habitants), 1960–2015........................................... 25
Nombre d’étudiants des pays cibles
inscrits à l’étranger, 2002–2007................................................. 28
Etrangers originaires des pays cibles
enregistrés en Espagne, 2004–2006.......................................... 33
Taux net de migration (pour 1000 habitants), 1960–2015........ 35
Stock de migrants en pourcentage de la
population totale au Cameroun et en RDC, 1990–2010............ 35
Stock de migrants en RDC et au Cameroun, 2000..................... 36
Répartition des émigrés congolais et camerounais
par destination, 2000................................................................ 37
Stock des émigrants des pays cibles dans
les zones de destination, 2000.................................................. 37
Transferts de fonds reçus (en millions de dollars E.-U.)
par les dix pays étudiés, selon region d’origine, 2005............... 43
Indicateur de développement humain
des pays cibles en 2007............................................................. 45
Stock de migrants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest,
par sexe et par pays de destination, 1990-2010........................ 83
La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004.... 84
Stock des infirmiers/infirmières émigrés des pays cibles,
par pays de destination, 2005................................................... 85
Traite des personnes en direction des pays cibles
sélectionés, 2002-2008............................................................. 86
Appréhensions ou arrestations des ressortissants
des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest dans les 27
pays de l’Union Européenne (UE 27), 2006-2007...................... 87
Expulsions des ressortissants des pays cibles
de l’Afrique de l’Ouest à partir des pays de l’UE 27,
2006-2007................................................................................. 88
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
5
Tableau 22 :
Tableau 23 :
Tableau 24 :
Tableau 25 :
Tableau 26 :
Tableau 27 :
Tableau 28 :
Stock d’émigrés des pays cibles en Europe, 2000...................... 90
Stock des émigrants des pays cibles par destination................. 91
Taux d’émigration et de sélection des émigrés
des pays cibles par niveau d’éducation, 1990-2000 (en %)....... 91
Répartition des émigrés des pays cibles par
secteur d’activités, 2008............................................................ 93
Taux de croissance démographique
des pays cibles de 1950 à 2050 (en %)...................................... 94
Population totale des pays cibles, 1950-2050........................... 95
Taux de croissance annuel de la contribution
de l’Agriculture, de l’industrie et des services à la
formation du PIB, 2000-2006.................................................... 96
liste des graphiques
Graphique 1:
Graphique 2 :
Graphique 3 :
Graphique 4 :
Graphique 5 :
Graphique 6 :
Graphique 7 :
Graphique 8 :
Graphique 9 :
Graphique 10 :
Graphique 11 :
6
Taux d’émigration qualifiée des
pays cibles en 2000 (en %).................................................... 26
Solde net des transferts de fonds
des pays cibles, en % du PIB, 1974–2006............................. 29
Taux de croissance des transferts
de fonds reçus dans les pays cibles, 2000–2009 (en %)........ 30
Transferts sortants des pays cibles,
2000–2008 (en millions de dollars E.-U.).............................. 31
Emigrés des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest,
RDC et Cameroun, par destination,
en Europe, en 2000 (en %)................................................... 38
Taux de migration qualifié des dix pays étudieux
dans les pays de l’OCDE, 2000 (en %)................................... 40
Répartition des émigrants des dix pays étudiés
dans les pays de l’OCDE par secteurs d’activité,
2008 (en %)........................................................................... 41
Taux de croissance démographique
des dix pays étudiés, 1950–2050 (en %)............................... 47
Taux de croissance du PIB par habitant
des dix pays étudiés, 2000- 2005 (en %)............................... 48
Stock des étudiants mobiles du Cameroun
et de la RDC, 2000-2007....................................................... 89
Ratios de dépendance totale des pays cibles,
1950-2050............................................................................. 92
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Abréviations
CEDEAO
CIREFI
DPNU
DRC
ESAM II
IDH
MEMPD
OCDE
OIM
PNUD
RDC
RGPH
UEMOA
UNESCO
IDH
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
Centre d’information, de réflexion et d’échanges en matières
de franchissement des frontières et d’immigration
Division de la population des Nations Unies
Centre de recherche sur la migration, la globalisation et la
pauvreté
Enquête sénégalaise sur les ménages
Indice de développement humain
Ministre du Plan et du Développement
Organisation de coopération et de développement
économiques
Organisation internationale pour les migrations
Programme des Nations Unies pour le développement
République démocratique du Congo
Recensement Général de la Population et de l’Habitat
L’union économique et monétaire Ouest Africaine
Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et
la culture
Indicateurs du développement dans le monde
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
7
Avant-propos
Ces trois dernières années, l’OIM a élaboré des profils migratoires
concernant 32 pays de diverses régions du monde, comprenant l’Europe de l’Est,
la région de la Mer Noire, l’Amérique du Sud et l’Afrique.
Les profils migratoires ainsi que l’aperçu régional ont dans un premier
temps été proposés par la Commission européenne dans le cadre de la
Communication sur la migration et le développement de 2005. Selon ce document,
les profils migratoires devraient être des rapports statistiques fournissant
des informations sur un panel de sujets relatifs à la migration dans les pays
partenaires de l’Union européenne et conçus comme un outil de la Commission
européenne afin d’informer sur les programmes d’assistance communautaire
des pays tiers en matière de migration, ainsi que sur les stratégies de réduction
de la pauvreté.
En Afrique de l’Ouest et Centrale, l’OIM a approfondi et développé le
concept originel des profils migratoires. Dans le projet « Migration en Afrique
de l’Ouest et Centrale : profils nationaux pour le développement de politiques
stratégiques », les profils migratoires ne sont plus uniquement conçus
comme des rapports statistiques. Ils sont également destinés à être des outils
gouvernementaux pour le développement de politiques.
Le principal objectif de cette recherche et de ce projet de renforcement
des capacités est spécifiquement d’accroître les capacités gouvernementales
des dix pays ciblés en Afrique de l’Ouest et Centrale et de promouvoir une
approche politique cohérente et dynamique de la migration. Le développement
des « profils migratoires nationaux » constitue à cet égard un cadre pour la
collecte et l’analyse de données ainsi qu’un appui à la planification des politiques
stratégiques au niveau national et régional. Grâce au soutien financier de
la Commission européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse et de la
Coopération belge au développement, l’OIM a mis en œuvre ce projet en Côte
d’Ivoire, au Ghana, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Nigéria, en République
démocratique du Congo et au Sénégal. Au Cap-Vert et au Cameroun des profiles
migratoires ont également été élaborés.
Les profils migratoires et l’aperçu régional sont les aboutissements majeurs
de ce projet. Ils rassemblent de façon structurée les informations en provenance
de différentes sources, et fournissent un aperçu complet des tendances clés en
matière de migration internationale et de développement socio-économique
dans les pays ciblés. Ils identifient également les lacunes en matière de données
et les stratégies potentielles à mettre en œuvre afin d’améliorer la collecte de
données dans l’optique d’une planification des politiques.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
9
Comme précédemment mentionné, les profils migratoires nationaux
et l’aperçu régional vont au-delà de la simple collecte d’informations. Les
données et informations pertinentes en matière migratoire ne sont que
rarement centralisées et sont au contraire souvent éparpillées aussi bien au
sein de structures gouvernementales qu’en dehors. Ce projet contribue ainsi
à ce que chaque pays ciblé instaure un Groupe de travail technique national
(GTTN) interministériel, pour faciliter la collecte des informations pertinentes
en provenance d’entités diverses. Les GTTN ont également permis aux
gouvernements de contribuer au rapport à chaque étape du processus de
rédaction et de prendre en considération de manière plus large une approche
cohérente de la collecte de données et du développement de politiques. Les
avant-projets de profils migratoires ont été présentés lors d’ateliers nationaux
de planification politique, sur la base desquels les gouvernements ont émis des
recommandations sur le développement futur de politiques et ont ainsi permis
d’améliorer la collecte de données. Les profils migratoires nationaux sont donc
le résultat d’un processus largement appuyé par les gouvernements et destinés
à accroître l’utilisation de données pour le développement de politiques.
A la suite des profils migratoires nationaux, cet aperçu régional se veut
pour objet de fournir i) une analyse comparative des actuelles tendances
migratoires nationales en Afrique de l’Ouest et Centrale, et ii) une description
de l’approche réglementaire aux questions migratoires dans la sous-région. La
comparaison et l’analyse des données collectées sont effectuées entre les pays
ciblés du projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : profils nationaux
pour le développement de politiques stratégiques », et permettent une
meilleure compréhension plus dynamiques des phénomènes migratoires dans
cette région. Ils permettent également de mettre en exergue les lacunes entre
données collectées et les stratégies au niveau national et régional. La deuxième
partie de cet aperçu régional est destiné à expliciter l’approche réglementaire
régionale sur la migration et analyse l’effectivité lacunaire du cadre régional et
l’état de l’intégration régionale. L’aperçu régional constitue en conséquence un
outil gouvernemental et contribue à la planification des politiques régionales.
Afin de garder leur rôle d’outil efficace dans l’élaboration de politiques,
les profils migratoires et l’aperçu régional nécessitent une mise à jour régulière.
La pérennité des mécanismes gouvernementaux établis pour la préparation
des profils migratoires demeure un défi important. Les données sur lesquelles
le rapport se base et le format du rapport doivent être améliorés afin de
permettre une analyse plus approfondie des tendances relatives à la migration.
Le projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : profils nationaux pour
le développement de politiques stratégiques » a initié une résolution de ces
10
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
défis, mais d’autres interventions sont nécessaires pour s’assurer que les profils
migratoires constituent un outil d’information régulièrement mis à jour pour le
développement de politiques.
Ce rapport n’aurait pu être réalisé sans les contributions de nombreuses
personnes. Nous souhaiterions remercier Sylvère Yao Konan et Rudolf Anich
pour la rédaction de la partie A ; Timon Van Lidth et Pietro Mona pour la
rédaction de la partie B ; Amir Kigouk pour l’aide lors des dernières étapes au
niveau de la révision et de l’édition ; et les missions de l’OIM et les membres du
Gouvernement qui ont participé à ce projet régional.
Abye Makonnen
Frank Laczko
Représentant régional
Mission à fonctions régionales
Dakar, Sénégal
Chef de la division recherche et publications
Siège de l’OIM
Genève, Suisse
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
11
Résumé
Migration en Afrique de l’Ouest et centrale : Aperçu régional a permis de
mettre en évidence certaines divergences et similitudes des pays concernés par
ce rapport (Cameroun, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger,
Nigéria, République démocratique du Congo et Sénégal) durant les dix dernières
années.
De 2000 à 2010, les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest (à l’exception de la
Mauritanie et du Nigéria) ont subi une légère baisse des immigrants internationaux
par rapport à leur population totale. Il apparaît que cette immigration reste à
dominante masculine pour la plupart des pays étudiés.
La plupart des immigrants (83 %) présents dans les pays cibles de
l’Afrique de l’Ouest sont issus de cette même sous-région, s’agissant surtout
des mouvements qui se déroulent en direction des régions côtières de l’Afrique
de l’Ouest. En comparaison, les pays d’Afrique centrale étudiés – Cameroun et
République démocratique du Congo – connaissent une plus grande diversité dans
les nationalités constituant leurs populations immigrantes (21 % d’Asiatiques,
17 % d’Européens, 10 % d’Américains et 0,5 % de ressortissants océaniens).
Bien que les ressortissants africains continuent de représenter près de 50 % du
nombre d’immigrants au Cameroun et en RDC, seuls 7 % de cette population
proviennent des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest. Les émigrants camerounais
et congolais semblent privilégier l’Afrique ; il s’avère toutefois que très peu
d’entre eux s’orientent vers les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest.
Des différences flagrantes entre les pays cibles ressortent également au
niveau de l’émigration des travailleurs hautement qualifiés. Par exemple, le
Ghana souffre d’un taux d’émigration de personnes hautement qualifiées de
47 %. En comparaison, au Mali, seuls 15 % de la population hautement qualifiée
semblent avoir émigré. En outre, contrairement aux autres pays étudiés, la RDC
et le Niger enregistrent une diminution des taux d’émigration de la population
hautement qualifiée.
L’ensemble des phénomènes mis en évidence dans ce rapport permet
également d’établir que les migrations intra-africaines continueront de
prédominer. Les migrations intra-régionales représentent une constante des
migrations africaines. Ces migrations s’appuient sur les relations séculaires
liant les peuples de la sous-région ouest-africaine et sur le cadre légal de
libre circulation de la CEDEAO qui facilite la mobilité des peuples, et semblent
augmenter à cause de l’intensification du contrôle des frontières ainsi que du
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
13
durcissement des mesures d’entrée dans l’espace européen. Il n’est pas non plus
risqué de signaler que les migrations africaines continueront de se produire de
l’hinterland vers les pays côtiers, dès lors que la situation économique de ces
derniers les favorise. Les Sahéliens (Nigériens, Maliens) auront tendance à se
déplacer vers le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire. L’émigration des Sénégalais
et des Ghanéens se poursuivra, et une réorientation des flux vers de nouvelles
destinations (notamment les pays asiatiques, actuellement plus prospères) sera
constatée.
De plus, il se pourrait également que le phénomène d’émigration irrégulière
se poursuive en raison du fait que les pays côtiers et ceux enregistrant de bonnes
performances économiques ne pourront pas absorber toute la population active
en situation de sous-emploi ou sans emploi. L’analyse du cadre institutionnel et
juridique régissant les questions relatives à la migration en Afrique de l’Ouest
montre que la CEDEAO a mis en place tout un éventail d’instruments juridiques
visant à mieux encadrer les enjeux de la migration ainsi qu’à renforcer les aspects
positifs de celle-ci et à en réduire les aspects négatifs.
A cet égard, la CEDEAO a notamment permis à l’accord sur la libre
circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement (Protocole A/
P1/5/79) de voir le jour. Ce dernier a levé de nombreuses restrictions et a ainsi
simplifié la migration régulière intra-CEDEAO. Cependant, bien que les Etats
aient concédé une parcelle de leur souveraineté en adhérant à cet instrument
juridique, il n’en demeure pas moins qu’ils préservent un pouvoir discrétionnaire
certain, permettant de limiter l’applicabilité de la liberté de circulation, et du
droit de résidence et d’établissement.
Ce rapport permet ainsi de mettre en évidence les progrès et avancées
réalisés dans le domaine de la gouvernance de la migration en Afrique de l’Ouest.
Il est toutefois constaté que de nombreux progrès restent à entreprendre. Il est
vrai que l’actuel cadre légal sur la libre circulation des personnes semble très peu
connu des citoyens de la CEDEAO. Un travail de sensibilisation sur les droits et
obligations des migrants de la CEDEAO reste encore à effectuer.
Une plus grande coopération entre les pays membres semble dès lors
nécessaire pour permettre l’application des instruments juridiques relatifs à la
migration dans l’espace CEDEAO. Par exemple, un système d’enregistrement
des données harmonisé et un mécanisme d’échanges réguliers d’informations
entre les points frontaliers et les services d’immigration des différents pays de
la CEDEAO améliorerait la gestion des flux migratoires interrégionaux. De plus,
des questions migratoires clés nécessitent encore une réponse : à ce stade, seule
14
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
la migration interne dans l’espace CEDEAO est abordée, et il serait important
d’intégrer la migration de ressortissants en dehors de la CEDEAO. La protection
des enfants, des femmes et des personnes vulnérables reste aussi à développer.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
15
Executive summary
Migration in West and Central Africa: A Regional Overview highlights the
similarities and differences in migration trends among the countries covered in
this report (Cameroon, Cape Verde, Côte d’Ivoire, Democratic Republic of Congo,
Ghana, Mali, Mauritania, Niger, Nigeria and Senegal) over the last ten years.
From 2000 to 2010, the countries studied in West Africa (except Mauritania
and Nigeria) witnessed a small decrease in international immigrants compared
to their total population. Immigration also remained predominately male for
most of the countries studied.
The large majority of immigrants in West Africa (83 %) come from this
same subregion, consisting predominantly of movements towards West African
coastal areas. In comparison, the report finds that the two countries studied
in Central Africa, Cameroon and the Democratic Republic of the Congo, have
a wider range of nationalities within their immigrant population (21 % from
Asia; 17 % from Europe; 10 % from America; and 0.5 % from Oceania). Although
Africans still account for almost 50 per cent of the total immigrant population
in Cameroon and the Democratic Republic of the Congo, only 7 per cent come
from West Africa (ECOWAS and Mauritania). Migrants from Cameroon and the
Democratic Republic of the Congo also tend to migrate within Africa; however,
few of them migrate towards the West African countries covered in this report.
Significant differences also exist with regard to emigration of highly skilled
workers. For instance, it is estimated that 47 percent of highly skilled nationals
from Ghana are working abroad in comparison to only 15 per cent of Mali’s
highly skilled population. Furthermore, unlike the other countries studied, both
the Democratic Republic of the Congo and Niger registered a decrease in the
emigration rate of their highly skilled population.
The trends highlighted in the report also indicate that intra-African
migration will remain predominant. Intraregional migration is an ever present
feature of African migration. It is based on historical ties between West Africans
and the legal framework of the ECOWAS free movement agreement which
facilitates mobility within the region, and seems to be increasing due to tougher
border controls and stricter entry requirements for migration to Europe. It is also
safe to say that African migration will continue to occur from rural inland areas
to coastal ones, assuming favourable economic conditions of the latter. People
from the Sahel region (Nigerians and Malians) will likely to move to Senegal,
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
17
Ghana and Côte d’Ivoire. Emigration from Senegal and Ghana will continue
and a change in flows towards new destinations, notably to prosperous Asian
countries, will be noted.
Furthermore, irregular emigration will continue if coastal countries, as
well as those performing well economically, are unable to absorb the portion
of the economically active population that is underemployed or unemployed.
An analysis of the institutional and legal frameworks governing migration in
West Africa shows that ECOWAS has implemented a range of legal instruments
to better manage migration issues and to strengthen the positive aspects of
migration, while reducing the negative ones.
In this regard, ECOWAS established the agreement on the free movement
of persons, and the right of residency and settlement (Protocol A/P1/5/79). This
agreement lifted many restrictions and simplified regular migration procedures
among ECOWAS countries. However, although States have agreed to renounce
some of their sovereignty in adhering to this legal instrument, they still have the
discretionary power to limit the scope of freedom of movement and residence
and settlement rights.
This report has therefore highlighted the progress made in West Africa in
terms of migration governance; nonetheless, many challenges remain. Indeed,
ECOWAS citizens are still largely unaware of the existing legal framework on the
free movement of persons. Campaigns to raise ECOWAS migrants’ awareness
of their rights and obligations under this agreement still need to be carried out.
Increased cooperation between Member States is necessary in order to
effectively implement legal instruments governing migration in the ECOWAS
region. For instance, harmonised data entry systems and information sharing
mechanisms between border posts and immigration services of the different
ECOWAS countries would contribute to better management of interregional
migration flows. Furthermore, several migration issues still need to be
addressed. So far, only migration within ECOWAS countries has been dealt with
while emigration outside the ECOWAS region still needs further consideration.
Moreover, the protection of children, women and vulnerable persons needs to
be enhanced.
Introduction
L’Afrique de l’Ouest et Centrale est une vaste région regroupant plus de
20 pays peuplés par environ 415 millions d’habitants, soit un peu plus de 6 % de
la population mondiale. Traditionnellement, l’Afrique de l’Ouest et Centrale est
définie comme comprenant les pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée
Equatoriale, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, République
Centrafricaine, République démocratique du Congo (RDC), Sao Tomé-et-Principe,
Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo.
Dans le cadre du projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale :
profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques », dix pays de
l’Afrique de l’Ouest et Centrale ont été étudiés. Il s’agit des sept pays membres de
la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à savoir
le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Sénégal,
ainsi que du Cameroun, la Mauritanie et la République démocratique du Congo.
Une première partie présentera un analyse comparative des profiles
migratoires en Afrique de l’Ouest et Centrale décomposée en trois chapitres :
i) données migratoires relatives aux pays ciblés de la CEDEAO ainsi que
ii) comparaison avec le deux pays du projet faisant partie de l’Afrique centrale, et
enfin iii) analyse du contexte socio-économique de la migration et autres aspects
générant des flux migratoires.
La deuxième partie se focalisera sur les questions réglementaires de la
migration dans cette sous-région. Dans un premier temps, le cadre institutionnel
et juridique régissant la migration au niveau régional sera présenté, puis il s’agira
de discuter l’effectivité lacunaire du cadre réglementaire régional. En conclusion,
les thèmes de l’intégration régionale, du dialogue international et de son impact
sur la migration seront abordés.
La méthode employée pour préparer les deux parties de ce rapport se base
principalement sur la comparaison des informations et des données dans les
profils migratoires nationaux préparés dans le cadre du projet susmentionné. Des
recherches sont également effectuées pour collecter des données pertinentes en
provenance des sources internationales et de littérature secondaire. Ce rapport
analyse également des éléments clés dans les pays ciblés de la CEDEAO et
compare la différence entre intra- et infra-mobilité dans les pays de la CEDEAO. La
comparaison de la situation socio-économique (en particulier celle du marché du
travail), démographique et politique est aussi mise en œuvre afin d’analyser les
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
19
stimulants contre la migration dans la sous-région. Ce rapport essaie d’identifier
des tendances communes et des différences significatives dans les tendances
migratoires des pays cibles du projet. C’est à cet égard que rapport constitue un
outil pratique pour le développement de politiques régionales.
20
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
PARTIE A : Analyse comparative des profiles
migratoires en Afrique de l’Ouest et Centrale
A.1 Pays cibles de la CEDEAO
La terminologie de « pays cibles de la CEDEAO » dans cette section, fait
référence aux sept pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) ayant fait partie du projet « Migration en Afrique de l’Ouest et
centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques ».
A ces pays vient s’ajouter la Mauritanie qui, bien qu’ayant quitté la CEDEAO, a été
incluse en raison de sa participation au projet susmentionné, ainsi qu’en raison
de sa situation géographique et du fait qu’elle partage des caractéristiques
communes avec les autres pays de la CEDEAO. De fait, toutes références faite
aux pays cibles dans la partie A se rapportent, sauf mentions contraires, aux pays
suivants : le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, la Mauritanie, le Niger,
le Nigéria et le Sénégal.
A.1.1 Immigration
Au niveau des pays couverts par le présent rapport, l’on constate, en
majorité, une légère baisse du poids des immigrants internationaux par rapport
à la population du pays d’accueil, leur stock passant de 2,7 % à 2,4 % de 2000 à
2010. Seule la Mauritanie et le Nigéria ont vu le poids d’immigrants augmenter
sur la période. Dans l’ensemble des pays étudiés, la Côte d’Ivoire, possède le
stock d’immigrés le plus élevé, toujours supérieur à 10 %, bien qu’il ait diminué
entre 2000 et 2010, passant de 13,5 % à 11,2 % (DPNU, 2009). Elle est suivie
de loin par le Ghana dont le taux est passé de 7,7 % à 7,6 % sur la même
période (Tableau 1). Cette immigration s’explique notamment par l’histoire et
la prospérité qu’a connu la Côte d’Ivoire depuis son indépendance, l’importance
du secteur petrolier pour la demande de la main-d’œuvre en Nigéria ainsi que la
stabilité doublée du renouveau économique du Ghana depuis deux décennies.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
21
Tableau 1 : Stock de migrants internationaux (en %) par rapport à la population total des pays
cibles, 2000–2010
2000
2005
2010
Hommes
Femmes
Total
Hommes
Femmes
Total
Hommes
Femmes
Total
14,5
12,5
13,5
13,2
11,4
12,3
12,0
10,2
11,2
Ghana
8,9
6,5
7,7
8,8
6,5
7,6
8,7
6,5
7,6
Mauritanie
2,8
2,0
2,4
2,5
1,9
2,2
3,4
2,5
2,9
Cap-Vert
2,5
2,3
2,4
2,4
2,3
2,3
2,4
2,3
2,4
Sénégal
2,3
2,4
2,3
1,9
2,0
2,0
1,6
1,7
1,6
Niger
1,4
1,6
1,5
1,3
1,5
1,4
1,2
1,4
1,3
Mali
1,6
1,5
1,6
1,5
1,3
1,4
1,3
1,1
1,2
Nigéria
0,7
0,5
0,6
0,7
0,6
0,7
0,7
0,7
0,7
Total
2,9
2,4
2,7
2,8
2,3
2,6
2,7
2,2
2,4
Côte d’Ivoire
Source: DPNU (2009).
L’immigration dans les pays cibles était à dominance masculine au cours
de la dernière décennie. Sur l’ensemble des pays étudiés, le ratio des hommes
migrants par rapport à la population totale excède celui des femmes pour tous les
pays excepté le Sénégal et le Niger (Tableau 1).
Le stock de migrants dans la CEDEAO a varié entre 3,1 % et 4 % du stock
de migrants dans le monde de 1990 à 2010 (Tableau 2) tandis que celui des pays
cibles est compris entre 2,2 % et 3,1 %. Ces taux sont voisins de ceux obtenus en
Amérique Latine et dans le monde entier. Les phénomènes migratoires dans les
pays cibles et dans la CEDEAO dans son ensemble ne présentent pas, de ce point
de vue, de caractéristiques particulières par rapport aux autres régions (DPNU,
2009).
Tableau 2 : Proportion du stock de migrants des pays cibles, de la CEDEAO et de l’Amérique
latine du total des migrants dans le monde, 1995–2010 (en %)
Migrants CEDEAO / migrants dans le monde
1990
1995
2000
2005
2010
3,1
3,8
4,0
3,9
3,9
Migrants des pays cibles / migrants dans le monde
2,3
2,6
2,9
2,9
2,8
Migrants des l’Amérique latine / migrants dans le monde
2,7
2,5
2,3
2,2
2,1
Migrants dans le monde / population mondiale
2,9
2,9
2,9
3,0
3,1
Source: DPNU (2009).
Les immigrés dans les pays cibles proviennent pour la plupart des pays de
la CEDEAO (ou de la Mauritanie). En effet, sur un total de 4 225 066 immigrés en
2000 dans les pays cibles provenant du monde entier, on en dénombrait 3 488 592
originaires de la CEDEAO (ou de la Mauritanie), soit 83 % (DRC, 2007). Même si des
22
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
disparités importantes existent entre ces pays, le poids des immigrés provenant
des pays membres de la CEDEAO (ou de la Mauritanie) est supérieur à 58 % pour
tous les pays cibles, excepté le Cap-Vert (où ce taux est de 10,2 %): La Côte d’Ivoire
possède le taux d’immigré en provenance de la CEDEAO (ou de la Mauritanie) le
plus élevé (90,7 %), suivie du Niger (89,7 %), de la Mauritanie (87,8 %), du Sénégal
(83,6 %), du Mali (78,6 %), du Nigéria (75,8 %) et du Ghana (58,9 %)
Tableau 3 : Stock d’immigrés en provenance de la CEDEAO (ou de la Mauritanie) dans les pays
cibles, 2000
Stock d’immigrés en
provenance de la CEDEAO
ou de la Mauritanie
Cote d’Ivoire
Niger
Mauritanie
Sénégal
Mali
Stock d’immigrés
total
Proportion
(%)
2 119 822
2 336 364
90,7
106 941
119 220
89,7
54 866
62 506
87,8
237 155
283 746
83,6
37 807
48 083
78,6
Nigéria
569 273
751 118
75,8
Ghana
361 674
613 659
58,9
1 054
10 370
10,2
3 488 592
4 225 066
82,6
Cap-Vert
Total pays cibles
Source: DRC (2007).
Note: Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.
A.1.2 Emigration
Le fait migratoire analysé sous l’angle des pays d’origine établit une
hiérarchie différente en Afrique de l’Ouest. L’effectif des migrants originaires de
ces pays cibles dans le monde en 2000 était de 5 047 374 (DRC, 2007) pour
une population totale des pays cibles estimée à 196 151 636 (DPNU, 2009),
soit un ratio de 2,6 %. Au sein de ces pays, le Mali est le premier pays avec un
stock d’émigrants estimé à 1 578 695 suivi par le Nigéria (1 041 284) et le Ghana
(957 883).
Cependant en termes de ratio du stock d’émigrants par rapport à
la population du pays d’origine, le Cap-Vert est le pays le plus touché par
l’émigration car plus de 45 % des natifs choisissent de résider à l’étranger alors
que pour les autres pays, hormis le Mali (15 %), cette proportion est de moins de
5 % (Tableau 4).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
23
Tableau 4 : Stock d’émigrants par rapport à la population des pays cibles, 2000
Stock d’émigrants*
Cap-Vert
Ratio stock d’émigrants/
population (%)
Population**
199 644
438 971
45,5
1 578 695
10 522 937
15,0
Ghana
957 883
19 529 305
4,9
Sénégal
479 515
9 901 787
4,8
Niger
496 773
11 031 046
4,5
Mauritanie
116 888
2 603 740
4,5
Mali
176 692
17 281 479
1,0
Nigéria
Côte d’Ivoire
1 041 284
124 842 371
0,8
Total
5 047 374
196 151 636
2,6
Sources: *DRC (2007), **DPNU (2009).
L’émigration des pays cibles se réalise principalement (61,5 %) dans
l’ensemble des pays membres de la CEDEAO (ou vers la Mauritanie). Cependant,
il y a une dispersion suivant les pays qui peut être classifiée en deux groupes
de pays : Le premier groupe est celui des pays dont l’émigration se déroule
principalement dans l’espace CEDEAO (ou vers la Mauritanie) tandis que le dans
le second groupe, les émigrés choisissent de s’installer hors de la sous-région
ouest africaine. Dans le premier groupe, on retrouve par ordre décroissant le
Niger (89,4 %), le Mali (85,5 %), le Ghana (72,0 %) et la Mauritanie (67,4 %).
Le second groupe comprend quant à lui, la Côte d’Ivoire (44,8 %), le Sénégal
(44,0 %), le Nigéria (20,6 %) et le Cap-Vert (18,6 %) (Tableau 5).
Tableau 5 : Stock d’émigrés ressortissants des pays cibles dans les pays membres de la CEDEAO
ou la Mauritanie, 2000
Stock d’émigrés dans la
CEDEAO ou en Mauritanie
Niger
Stock d’émigrés
total
Proportion
(%)
444 282
496 773
1 350 460
1 578 695
85,5
689 653
957 883
72,0
Mauritanie
78 773
116 888
67,4
Côte d’Ivoire
79 072
176 692
44,8
Mali
Ghana
89,4
Sénégal
211 213
479 515
44,0
Nigéria
214 574
1 041 284
20,6
Cap-Vert
Total pays cibles
37 143
199 644
18,6
3 105 170
5 047 374
61,5
Source: DRC (2007).
Note: Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.
24
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Lorsque le taux net de migration est négatif, le flux des entrées dans le pays
est inférieur à celui des sorties, en d’autres termes, il y a plus d’émigrants que
d’immigrants. Tous les pays analysés ont des taux net de migration négatif sur la
période 2000-2010 à l’exception du Ghana et de la Mauritanie respectivement
sur la période 2000–2005 et 2005-2010. Cependant, il faut relever que la
Côte d’Ivoire était le principal pays d’immigration de la sous-région de 1950
à 2000 (DPNU, 2009). Les modifications dans la situation de la Côte d’Ivoire
sont probablement liées aux crises successives qui secouent ce pays depuis le
coup d’Etat de décembre 1999. Il faut en outre relever que la Mauritanie sur la
période 1995-2010, a connu un retournement de tendance au niveau du solde
migratoire. De pays d’émigration, elle est devenue un pays d’immigration, mais
les prévisions pour la période 2010–2015 la ramènent à la tendance de long
terme, à savoir, la prédominance de l’émigration. Au niveau des autres pays
cibles sur la période 2010-2015, les prévisions prévoient un solde migratoire
net négatif. Ainsi, la prédominance des mouvements d’émigration pourrait se
perpétuer dans les années à venir (Tableau 6).
Tableau 6 : Taux net de migration des pays cibles (pour 1 000 habitants), 1960–2015
1960­
1965
19651970
19701975
19751980
19801985
19851990
19901995
19952000
20002005
20052010
20102015
Cap-Vert
-2,9
0,6
-19,1
-17,4
-11,1
-10
-5,3
-5,7
-5,5
-5,1
-4,7
Côte d’Ivoire
10,4
10,6
11,8
11,2
9,1
5,6
5,4
2,2
-3,7
-1,4
0,1
Ghana
0,0
-8,7
-3,5
-10,7
3,4
-0,4
0,5
-0,6
0,1
-0,4
-0,2
Mali
-2,7
-3,4
-3,0
-5,1
-5,8
-5,8
-5,7
-5,7
-2,4
-3,2
-2,8
Mauritanie
-0,4
-0,5
-1,0
-1,4
-2,0
-3,2
-1,4
0,8
2,1
0,6
-1,1
Niger
-0,7
-0,6
-0,6
-0,7
-2,9
-2,5
-0,1
0,5
-0,5
-0,4
-0,3
Nigéria
0,0
-0,2
-0,1
2,5
-1,7
-0,2
-0,2
-0,2
-0,3
-0,4
-0,4
Sénégal
3,0
4,5
2,9
-1,5
-1,3
-1,1
-2,5
-2,2
-1,9
-1,7
-1,5
Source: DPNU (2009).
A.1.3 Migration de la main-d’œuvre et étudiantes
L’émigration des ressortissants des pays cibles porte également sur les
personnes qualifiées. Les taux d’émigration1 des travailleurs hautement qualifiés
oscillent entre 5,7 % (Côte d’Ivoire) et 67,5 % (Cap-Vert) (Graphique 1). L’analyse
des taux de sélection2 permet de préciser l’ampleur de ce phénomène au niveau
des différents pays. Près de deux émigrants sur trois (65 %) originaire du Nigéria
ont au moins un niveau d’instruction supérieur, tandis que cette proportion est
Le stock des émigrants ayant (au minimum) atteint le niveau de l’enseignement supérieur (13 années ou
plus) comme fraction de la main-d’oeuvre totale du pays d’origine diplômée de l’enseignement supérieur.
2
Le stock des émigrants d’un certain niveau d’éducation (bas, moyen et haut) comme fraction du stock total
des émigrants et nationaux résidant à l’étranger.
1
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
25
respectivement d’un émigrant sur deux originaire du Niger en 2000. Au CapVert, pays dont le taux d’émigration qualifié est le plus élevé, seul 15,2 % de
ses émigrés possédaient un niveau d’instruction supérieur en 2000 (Docquier et
Marfouk, 2005).
Graphique 1: Taux d’émigration qualifiée des pays cibles en 2000 (en %)
Niveau
d’instruction
Source : Docquier et Marfouk (2005).
Selon Bhargava, Docquier et Moullan (2010), en 2004 plus de 7 300
médecins formés dans les pays cibles travaillaient à l’étranger dont 48 % aux
Etats-Unis et 33 % au Royaume-Uni, principaux pays d’accueil. Les ratios médecins
par habitant dans les pays d’origine (pays cibles) étaient très faibles (inférieur à 1
pour 1 000) comparés à ceux des pays de destination (supérieurs à 2 pour 1 000).
En 2004, quatre des pays cibles ont connu un taux d’émigration de médecins de
plus de 10 %. Le Ghana a été tout particulièrement affecté par ce phénomène
enregistrant un taux de fuite des cerveaux de près de 38 % (Tableau 17, Annexe 1).
En outre, selon les estimations de Clemens et Petterson (2006), en 2000,
18 % des médecins et 13 % des infirmières des pays étudiés ont émigré dans
une sélection de dix pays de destination.3 Les principales destinations sont par
ordre décroissant les Etats Unis (accueillant 43,8 % des médecins et 60 % des
infirmières de l’ensemble des médecins et infirmières des pays étudiés), le
Royaume-Uni (32,7 % pour les médecins contre 30,1 % pour les infirmières)
et la France (14 % pour les médecins contre 6,6 % pour les infirmières). Ainsi,
Afrique du Sud, Australie, Belgique, Canada, France, Espagne, Etats-Unis, Portugal, Royaume-Uni.
3
26
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
plus de 90 % des médecins et infirmières choisissent prioritairement l’un de
ces trois pays. Cependant, il y a des différences significatives entre les pays
cibles vis-à-vis cette fuite des cerveaux. La situation du Ghana, du Cap-Vert et
du Sénégal est préoccupante car plus d’un médecin sur deux choisit d’émigrer
tandis que les taux d’émigration des infirmières sont respectivement de 24 %,
de 41 % et de 27 % (Tableau 18, Annexe I). Par ailleurs, le choix des destinations
des migrants professionnels de la santé semble principalement reposer sur
les critères linguistiques. Les pays ayant en usage la langue anglaise (Ghana,
Nigéria) optent comme première destination les Etats-Unis suivi du Royaume
Uni tandis que les pays francophones (Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Sénégal,
Niger) s’établissent principalement en France. Le personnel médical du Cap-Vert
candidat à l’émigration s’oriente majoritairement vers le Portugal.
Selon Bossard (2008), la migration intra-régionale se déroule en direction
des régions côtières, notamment en réponse au développement des cultures
de rente, de l’urbanisation et de la dégradation de l’environnement naturel
des régions sahéliennes. La migration apparaît alors comme une réponse à la
recherche d’opportunités économiques, à la stratégie de diversification des
risques et de réduction de la pauvreté. Conçue comme telle, les migrations intrarégionales sont pour la plupart non qualifiées.
Cependant, le nombre d‘étudiants des pays cibles engagés dans un cursus
scolaire ou universitaire en dehors de leur pays est passé de 39 881 à 60 677 de
2002 à 2007, à savoir un taux de croissance annuel moyen de 8,8 % (UNESCO,
2009). Sur cette période, le stock d’étudiants des pays cibles, soit 316 278,
représente 81,5 % du stock d’étudiants de la CEDEAO. La mobilité des étudiants
des pays cibles représente une proportion en moyenne de 2,3 % des étudiants
mobiles dans le monde. La population des étudiants mobiles des pays cibles est
dominée par les Nigérians (34,2 %), suivis des Sénégalais (20,3 %), des Ghanéens
(14,2 %), des Ivoiriens (10,8 %) (Tableau 7).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
27
Tableau 7 : Nombre d’étudiants des pays cibles inscrits à l’étranger, 2002–2007
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Proportion
(%)
Total
Nigéria
12 096
14 819
16 934
20 337
21 273
22 735
108 194
34,2
Sénégal
8 442
10 298
10 693
11 240
11 765
11 709
64 147
20,3
Ghana
5 854
6 957
8 094
8 377
7 940
7 549
44 771
14,2
Côte d’Ivoire
5 077
6 012
5 696
5 715
5 791
5 792
34 083
10,8
Cap-Vert
2 954
3 565
3 966
4 283
4 535
4 848
24 151
7,6
Mali
2 281
2 861
2 761
2 922
2 956
3 075
16 856
5,3
Mauritanie
1971
2201
2420
2358
2639
2880
14 469
4,6
Niger
1 206
1 246
1 383
1 594
2 089
2 089
9 607
3,0
Total
39 881
47 959
51 947
56 826
58 988
60 677
316 278
100,0
Total CEDEAO
49 403
59 657
63 204
69 352
72 285
73 956
387 857
-
2 461 867 2 525 818 14 018 327
-
Total Monde
2 059 800
2 275 270 2 287 176 2 408 396
Pays cibles/
CEDEAO (%)
80,7
80,4
82,2
81,9
81,6
82,0
81,5
-
Pays cibles/
Monde (%)
1,9
2,1
2,3
2,4
2,4
2,4
2,3
-
* pays cibles: Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal.
Source: UNESCO (2009), extrait le 17/01/2010 à 19h54.
A.1.4 Transfert de fonds
Le solde net des transferts en proportion du PIB oscille entre -7,4 % et 20,6 %
du PIB pour l’ensemble des pays cibles de 1974 à 2006 (Banque mondiale, 2008).
Sur l’ensemble de ces huit pays, l’on peut établir trois groupes : le groupe des pays
dont le solde net est positif sur la période 1974-2006 (Cap-Vert, Sénégal, Mali,
Ghana), celui des pays dont le solde net est négatif (Côte d’Ivoire, Mauritanie)
et un groupe intermédiaire composé du Niger et du Nigéria dont les soldes nets
étaient d’emblée négatifs avant de devenir positifs. Cependant, à l’exception de
la Côte d’Ivoire, tous les soldes nets sont positifs à partir de 2000 (Graphique 2),
c’est-à-dire que les pays reçoivent plus de fonds qu’ils n’en émettent. En 2008,
le Sénégal (8,7 %), le Cap-Vert (8,6 %), le Nigéria (4,7 %) et le Mali (3 %) sont les
pays dont la contribution de ces fonds au PIB est la plus significative. Dans cet
ensemble de pays, deux se distinguent particulièrement : la Côte d’Ivoire et le
Cap-Vert. La Côte d’Ivoire est exportateur net de fonds de 1975 à 2006 tandis
que le Cap-Vert est importateur net sur toute la période. La situation de ces deux
pays s’explique par la structure des phénomènes migratoires. La Côte d’Ivoire
accueille plus de travailleurs migrants qu’elle n’en exporte alors que le Cap-Vert
a le taux d’émigrants qualifiés le plus élevé parmi les pays cibles.
28
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Graphique 2 : Solde net des transferts de fonds des pays cibles, en % du PIB, 1974–2006
l
Source : Banque mondiale 2008 et 2009. De 2000 à 2003, les flux des transferts des fonds reçus étaient instables
(Banque mondiale, 2009). Les taux de croissance étaient compris entre -48,1 %
et 48,5 %. De 2003 à 2008, les taux de croissance sont positifs pour tous les
pays et donc on observe une hausse régulière des flux entrants. Cependant, les
prévisions pour l’année 2009 donnent une chute de ces transferts certainement
à cause de la crise financière mondiale. Ce ralentissement de la croissance des
transferts de fonds reçus est beaucoup plus significatif au Nigéria (-4 %), au
Ghana (-2,6 %) et au Cap-Vert (-2,3 %) (Graphique 3).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
29
Graphique 3 : Taux de croissance des transferts de fonds reçus dans les pays cibles, 2000–2009
(en %)
Source : Banque Mondiale (2009).
Les transferts sortants pour tous les pays étudiés excepté la Côte d’Ivoire
sont inférieurs à 100 millions de dollars E.-U. de 2000 à 2006 inclus. En 2007 et
2008, les transferts issus du Sénégal et du Nigéria excèdent à peine 100 millions
de dollars E.-U. La Côte d’Ivoire quant à elle, se démarque des autres pays car les
montants transférés à l’extérieur oscillent entre 380 et 660 millions de dollars E.-U.
de 2000 à 2006.
30
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Graphique 4 : Transferts sortants des pays cibles, 2000–2008 (en millions de dollars E.-U.)
Source : Banque mondiale (2009).
Note : Les données pour la Mauritanie sur cette période sont indisponibles.
A.1.5 Migration irrégulière
La migration irrégulière est par définition relativement complexe pour
être aisément identifiée dans des pays où les systèmes statistiques sont peu
développés. Si plusieurs critères peuvent normalement être utilisés pour définir
le migrant irrégulier, telles que les conditions d’entrée et de séjour sur les
territoires des différents pays, la détention d’un permis de travail, ces critères
ne sont pas tous opérationnels pour qualifier le migrant d’irrégulier. En effet, la
réglementation n’est pas systématiquement appliquée, notamment en matière
de délivrance d’autorisations de séjour et de travail dans tous les pays. Ainsi,
les estimations sur le nombre d’immigrants irréguliers dans les pays étudiés
sont sommaires et parfois inexistantes. Pour estimer le nombre de migrants
irréguliers, deux méthodes sont généralement utilisées dans la littérature.
La première méthode est directe et s’appuie sur les appréhensions réalisées
dans le pays et aux frontières, tandis que la seconde plus indirecte repose sur
l’évolution du nombre de migrants réguliers. Cette méthode se justifie par la
forte corrélation qui existe entre la migration régulière et irrégulière.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
31
Dans plusieurs pays de la CEDEAO, certains ressortissants de pays
membres excèdent la durée de 90 jours de séjour sans solliciter de titre légal.
Les statistiques disponibles sur les immigrants séjournant de manière irrégulière
au Ghana témoignent que 19 082 immigrés ont été appréhendés et renvoyés
dans leur pays d’origine de 2001 à 2007 (IOM, 2009a). Au Niger, on estime que
90 % des étrangers présents sur le territoire sont en situation irrégulière (IOM,
2009b). En Côte d’Ivoire, les estimations effectuées font état de plus 1,3 millions
d’étrangers au-delà de seize ans qui ne détenaient pas de cartes de séjour en
1999 (IOM, 2009c). Dans le cas du Sénégal, aucune estimation officielle de
ce phénomène n’a pu être réalisée car il ne fait pas l’objet de questionnaires
dans les Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat (RGPH) et
les différentes enquêtes (OIM, 2009d). Au Mali, l’estimation même grossière
du nombre de migrants irréguliers n’est pas possible à cause de la politique
d’immigration très peu restrictive. Cependant, les étrangers en situation
irrégulière au Mali proviennent pour la plupart de l’Afrique centrale, en transit
vers d’autres destinations ainsi que de personnes entrées légalement sur le
territoire national, mais dont la durée du séjour a dépassé celle autorisée. En
Mauritanie, le nombre d’immigrés irréguliers refoulés, s’élève respectivement
à 4 499 en 2006 et 4 148 en 2007. La Mauritanie est de fait devenue un lieu
de transit pour des effectifs importants de migrants irréguliers en partance
pour l’Europe via les îles Canaries (Espagne) à tel point qu’en 2006, un nombre
record de 11 637 migrants irréguliers ont été reconduits aux frontières dont
environ 6 000 ont séjourné dans un camp de rétention ouvert à Nouadhibou. Ces
migrants sont en grande partie de nationalités sénégalaise (60 %) et malienne
(35 %), le reste étant composé de ressortissants Ghanéens, Gambiens, Ivoiriens,
Togolais et Bissau-guinéens (OIM, 2009g).
D’après De Haas (2008), à la veille de la régularisation en 2005, plus
de 45,6 % des ressortissants des pays cibles avaient des statuts irréguliers en
Espagne (tableau 8). Entre 2004 et 2006, le nombre d’immigrants légaux des pays
cibles a augmenté de 48 107 à 79 045, représentant une hausse de 35 % comparé
aux 88 464 résidents réguliers et irréguliers estimés le 1er janvier 2005 (tableau
8). Selon ce tableau, le Sénégal prédomine dans les régularisations espagnoles
et il semble relativement, le premier pays subsaharien prédominant dans les
régularisations italiennes (De Haas, 2008). Au Portugal, les nationalités africaines
dominantes dans les régularisations effectuées en 1992–1993 et 1996, étaient
les originaires du Cap-Vert (ex colonie portugaise) et les ex-colonies anglaises.
Cependant, dans la régularisation de 2001, les nationalités dominantes viennent
de l’Europe de l’Est (particulièrement de l’Ukraine) et de l’Amérique Latine (Brésil)
(OCDE, 2006). En France, le pic constaté dans l’immigration en 1997–1998 est dû
à l’opération de régularisation entreprise par le gouvernement français et non
32
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
pas à un surplus d’entrée en France (Thierry, 2006). Dans les dix premières
nationalités régularisées dans l’opération exceptionnelle de 1997–1998 et des
régularisations « au fil de l’eau » de 1999–2006, figurent la Côte d’Ivoire, le
Cap-Vert, le Sénégal et le Mali (Lessault et Beauchemin, 2009).
Tableau 8 : Etrangers originaires des pays cibles enregistrés en Espagne, 2004–2006
Différence
en % du total
enregistré
dans les
municipalités
Pays
d’origine
Permis
de séjour
enregistrés
31/12/2004
Registres
municipaux
01/01/2005
Cap-Vert
2 143
2 765
22.5
2 350
7.5
Côte d’Ivoire
Permis
de séjour
enregistrés
31/12/2006
Différence de permis de
résidence 2006–2004
comme pourcentage des
données municipales
552
1 340
58.8
1 042
36.6
4 633
10 165
54.4
8 989
42.9
Mali
4 465
11 794
62.1
11 187
57.0
Mauritanie
5 723
8 909
35.8
7 843
23.8
Ghana
Nigéria
11 248
25 611
56.1
19 074
30.6
Sénégal
19 343
27 880
30.6
28 560
33.1
Total
48 107
88 464
45.6
79 045
35.0
Source: De Haas (2008).
Note: Les données pour le Niger ne sont pas disponibles.
D’après les données d’arrestations et d’expulsions à partir d’un pays
de l’UE 27, la plupart des migrants irréguliers des pays cibles se retrouvent
principalement dans cinq pays, ci-après par ordre d’importance décroissante :
Espagne, Italie, France, Pays-Bas et Portugal (CIREFI, 2009). Au moins neuf
migrants sur dix appréhendés ou expulsés dans l’UE 27 l’ont été dans l’un de
ces cinq pays en 2006 et 2007. Cependant, l’Espagne (62 % en 2006 et 36,3 %
en 2007), l’Italie (17,9 % en 2006 et 28,6 % en 2007) et la France (6,2 % en 2006
et 11,2 % en 2007) sont les pays les plus affectés au niveau des arrestations,
probablement en raison de leur proximité avec le continent africain ainsi que
les liens coloniaux (Tableau 20, Annexe 1). Au niveau des expulsions, l’Espagne
domine avec plus de 55 % des expulsions dans l’UE effectuées à partir de son
sol (Tableau 21, Annexe 1). En ce qui concerne les pays d’origine, le Sénégal est
le premier pays pourvoyeur de migrants irréguliers dans les pays de l’Union
Européenne en 2006 et 2007. En 2006, les migrants irréguliers appréhendés et/
ou expulsés étaient à plus de 50 % d’origine sénégalaise, suivis de ressortissant
nigérians et maliens. Le pays le moins pourvoyeur de migrants irréguliers est
le Niger en raison peut être de la faible émigration des Nigériens en Europe
(Tableau 21 et Tableau 22, Annexe 1).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
33
L’irrégularité porte également sur les trafics de personnes qui se déroulent
entre pays. Selon l’OIM (2008), les personnes assistées au titre de la traite en
direction du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal de 2002 à 2008 étaient
respectivement au nombre de 488, 202 et 52. Les personnes victimes de la traite
dans ces pays sont pour la plupart des ressortissants de la CEDEAO (Tableau 19,
Annexe 1). Cette traite est également plus interne qu’internationale en ce qui
concerne le Mali et le Ghana. En effet, sur 651 cas de traite assistés au Ghana
de 2003 à 2008, seuls trois portaient sur la traite internationale (OIM, 2009a).
Les travailleurs immigrés dans les pays cibles opèrent principalement
dans le secteur informel qui ne requiert aucune procédure d’autorisation de visa
ou de permis de travail. Ces immigrés sont embauchés pour la plupart par des
ménages ou des individus et un grand nombre d’entre eux sont installés à leur
propre compte dans des activités libérales. A titre d’illustration, les étrangers
travaillant dans le secteur informel représentent 80 % du total des travailleurs
étrangers en Mauritanie contre 89 % occupés dans l’agriculture traditionnelle
et dans le secteur informel non agricole en Côte d’Ivoire. Les secteurs de
concentration des étrangers dans les différents pays cibles sont le secteur agricole
notamment dans les plantations pour la Côte d’Ivoire, tandis que pour les autres
pays cibles, ce sont les secteurs du commerce (Sénégal, Mauritanie, Mali) et
de l’industrie (Ghana). Au Nigéria, les étrangers en 2001, étaient prédominants
dans l’administration des entreprises, les professions exigeant un haut niveau de
scientificité (mathématiques, physiques, ingénierie), les emplois de bureau, les
champs de mine/la construction, les professions médicales.
A.2 Comparaison avec l’Afrique centrale : République
démocratique du Congo (RDC) et Cameroun
A.2.1 Immigration
Le Cameroun et la République démocratique du Congo sur la période
1960-1980 étaient des pays d’immigration dont les taux nets de migration
variaient entre 0 et 1,4 (pour 1 000 habitants) contre 9,1 à 11,8 pour la Côte
d’Ivoire durant la même période. Ainsi, la RDC et le Cameroun étaient des pays
d’immigration en Afrique centrale au même titre que la Côte d’Ivoire en Afrique
de l’Ouest mais dans une proportion moindre. En 1980, il semble se produire
une rupture dans la situation migratoire de ces deux pays d’Afrique centrale.
De pays d’immigration, ils sont tendanciellement passé à des pays d’émigration
certainement sous l’effet de la crise, de la mise en œuvre des Programmes
d’Ajustement Structurel (PAS) et d’autres facteurs comme les conflits armés et les
rébellions notamment en RDC. Toutefois, l’intensité de ce phénomène à partir
34
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
de 2000, pour ces deux pays de l’Afrique centrale est relativement plus faible
que celle constatée au niveau des pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie
(Tableau 9).
Tableau 9 : Taux net de migration (pour 1000 habitants), 1960–2015
19601965
19651970
19701975
19751980
19801985
19851990
19901995
19952000
20002005
20052010
20102015
Cameroun
0,0
0,1
0,3
1,4
-1,0
0,4
-0,1
0,0
-0,1
-0,2
-0,1
République
démocratique
du Congo
0,7
3,2
1,2
0,8
-2,0
0,7
5,9
-5,8
-0,9
-0,3
-0,2
Source: DPNU (2009).
Le poids des immigrés internationaux dans la population du Cameroun
et de la RDC (Tableau 10) est inférieur à celui des pays cibles de la CEDEAO et
la Mauritanie. En revanche, la tendance à la baisse du poids des immigrants
internationaux s’aperçoit également pour les deux pays en Afrique centrale.
Tableau 10 : Stock de migrants en pourcentage de la population totale au Cameroun et en RDC,
1990–2010
1990
1995
2000
2005
2010
Cameroun
2,2
1,8
1,4
1,2
1,0
République démocratique du Congo
2,0
4,3
1,2
0,8
0,7
Source: DPNU, 2009.
L’immigration en Afrique centrale semble différente de celle qui prévaut
en Afrique de l’Ouest. Un immigré sur deux au Cameroun et en RDC est africain
et seulement 7 % de ces derniers sont originaires d’Afrique centrale, tandis
que le ratio des immigrés de l’Afrique de l’Ouest par rapport à l’ensemble des
immigrés dans les pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie est de 83 % (DRC,
2007). L’immigration en Afrique de l’Ouest est plus intra-regional contrairement
à ce qui passe en RDC et au Cameroun. Les ressortissants des pays cibles ouest
africains (CEDEAO et Mauritanie) en RDC et Cameroun sont au nombre de
206 328 sur un total de 889 289 immigrés en 2000, soit 23 %, représentant la
communauté d’origine la plus importante dans ces deux pays (DRC, 2007). Par
ailleurs, l’origine des migrants dans ces deux pays d’Afrique centrale est plus
diversifiée comparativement aux pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie.
L’on dénombre 21 % d’asiatique, 17 % d’européens, 10 % d’américains et 0,5 %
migrants ressortissants de l’Océanie (Tableau 11). En outre, la situation
migratoire présente des différences significatives au niveau des deux pays :
l’immigration au Cameroun est essentiellement d’origine africaine (93,5 %)
dont 62,3 % en provenance de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO et Mauritanie) et
30,6 % d’Afrique centrale. En revanche, si en RDC, les immigrés en provenance
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
35
d’Afrique sont dominants, cette proportion est relativement faible (42,9 %)
et l’immigration est beaucoup plus diffuse. Les principaux pays d’origine des
migrants au Cameroun sont : le Nigéria (58,3 %), le Tchad (21,7 %) tandis qu’au
niveau de la RDC, on note : la Russie (4,9 %), le Maroc (4,7 %), le Mexique (4,2 %),
l’Egypte (3,9 %), l’Algérie (3,8 %), l’Inde (3,2 %) (DRC, 2007).
Tableau 11 : Stock de migrants en RDC et au Cameroun, 2000
RDC
CEDEAO+Mauritanie
En
pourcentage
(%)
Cameroun
En
pourcentage
(%)
Total
En
pourcentage
(%)
112 955
15,3
93 373
62,3
206 328
23,2
Afrique Centrale
19 188
2,6
45 796
30,6
64 984
7,3
Afrique du Nord
110 096
14,9
714
0,5
110 810
12,4
Afrique du Sud
12 124
1,6
15
0,0
12 139
1,4
Autres Afrique
62 678
8,5
308
0,2
62 986
7,1
Total Afrique
317 041
42,9
140 206
93,6
457 247
51,4
Asie
183 402
24,8
1 091
0,7
184 493
20,7
Europe
144 988
19,6
7 926
5,3
152 914
17,2
89 428
12,1
645
0,4
90 073
10,1
4 562
0,6
0
0,0
4 562
0,5
739 421
100
149 868
100
889 289
100
Amérique
Océanie
Total Monde
Source: DRC (2007).
Note: Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.
A.2.2 Emigration
Selon les estimations du Centre sur la migration, la globalisation et
la pauvreté (DRC) de l’Université de Sussex (2007), on dénombrait 170 363
émigrants Camerounais dans le monde en 2000, dont 12,3 % résidaient dans
les pays cibles de la CEDEAO et de la Mauritanie tandis que la proportion des
ressortissants des pays cibles dans les immigrés au Cameroun était de 60,4 %.
Les émigrés congolais étaient quant à eux au nombre de 821 057 dont seulement
1,9 % résidaient dans les pays cibles alors que la proportion des ressortissants
des pays cibles dans la population d’immigrés en RDC est de 9,6 %. Le poids
des émigrés congolais et camerounais dans la population respective de ces deux
pays est de 1,6 % et de 1,1 %. L’émigration de ces deux pays est encore marginale
et similaire à celle des ivoiriens qui est également de 1 %.
Les cinq principales destinations des émigrés congolais se trouvent sur le
continent africain : l’Afrique du Sud (18,2 %), la République du Congo (13,1 %),
la Zambie (9,2 %), le Rwanda (8,7 %) et le Zimbabwe (8,7 %). En revanche, la
36
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
principale destination des camerounais est la France (22,6 %) suivie du Gabon
(17,7 %), du Nigéria (9,9 %), des Etats-Unis (7,5 %) et de l’Allemagne (5,4 %)
(Tableau 12).
Tableau 12 : Répartition des émigrés congolais et camerounais par destination, 2000
République démocratique du Congo
Cameroun
République sud-africaine
149 462
18,2% France
38 530
22,6 %
Congo (République du)
107 914
13,1% Gabon
30 216
17,7 %
Zambie
75 392
9,2% Nigéria
16 890
9,9 %
Rwanda
71 313
8,7% Etats-Unis
12 835
7,5 %
Zimbabwe
71 152
8,7% Allemagne
9 252
5,4 %
Ouganda
69 878
8,5% Tchad
5 135
3,0 %
Belgique
49 889
6,1% République Centrafricaine
5 103
3,0 %
France
27 459
3,3% Congo, (République du)
4 312
2,5 %
Allemagne
19 665
2,4% Burkina Faso
3 513
2,1 %
Kenya
18 847
Autres
160 086
19,5% Autres
821 057
100 % Total Total Population de la RDC**
Ratio Emigrants/Pop
2,3% Royaume-Uni
50 289 000
Population du Cameroun**
1,63 %
3 468
2,0 %
41 109
24,1 %
170 363
100 % 15 865 000
Ratio Emigrants/Pop
1,07 %
Source: DRC (2007), ** DPNU (2009).
Note : Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005. Tableau 13 : Stock des émigrants des pays cibles dans les zones de destination, 2000
Océanie
Pays cibles de l’Afrique
de l’Ouest
RDC+Cameroun
Total
%
5 107
Asie
Amérique
Europe
Afrique
Total
181 024
315 941
770 946
3 774 356
5 047 374
480
27 597
34 797
190 897
737 649
991 420
5 587
208 621
350 738
961 843
4 512 005
6 038 794
0,1
3,5
5,8
15,9
74,7
100,0
Source : DRC (2007).
Note : Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.
Les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest incluent, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria
et le Sénégal.
Le stock des émigrants des pays cibles de l’Afrique de l’ouest4 en Europe
était de 770 946 contre 190 897 pour la RDC et le Cameroun (DRC, 2007). Dans
l’ensemble, les dix pays africains couverts par cette étude comptaient 961 843
ressortissants résidant en Europe, soit 15,9 % des émigrés de ces pays dans le
monde. Cependant, la première destination des africains de ces pays est l’Afrique.
Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal.
4
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
37
Cette région est privilégiée par près de trois émigrés sur quatre. La troisième
destination est l’Amérique qui accueille 350 738 émigrés représentant 5,81 %
des émigrés dans le monde (Tableau 13, DRC, 2007). Les principaux pays de
destination en Europe des émigrés ressortissants des dix pays sont : la France
(29 %), le Royaume-Uni (18 %), l’Allemagne (17 %), l’Italie (9 %), la Belgique
(6 %), le Portugal (5 %), l’Espagne (4 %) et le Pays-Bas (3 %) (Graphique 5).
Graphique 5 : Emigrés des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest, RDC et Cameroun, par
destination, en Europe, en 2000 (en %)
9%
3%
4%
30 %
France
Royaume-Uni
5%
Allemagne
Italie
6%
Belgique
Portugal
Espagne
Pays-Bas
9%
Autres
17 %
17 %
Source : DRC (2007).
Si l’on peut constater la diversification au cours du temps des zones
d’émigration des ressortissants des dix pays africains étudiés, il ressort
principalement pour tous les pays à l’exception du Niger, que la première
destination est l’ancienne métropole avec laquelle des liens historiques et
linguistiques existent. Ensuite, la seconde destination est l’Allemagne en raison
des opportunités d’emplois qu’offre ce pays européen (Tableau 23, Annexe 1).
Les pays étudiés ayant les plus fortes proportions de leurs émigrés en
Europe sont par ordre d’importance : le Cap-Vert (48,9 %), la Côte d’Ivoire (43,2 %),
le Cameroun (38,7 %), le Sénégal (38,0 %) et le Nigéria (18,0 %). Cependant, cette
hiérarchie change si l’on raisonne en termes de volume. En effet, selon le stock
de migrants, les pays dominants sont : le Nigéria (187 028), le Sénégal (182 290),
la RDC (125 195), le Ghana (115 790), le Cap-Vert (97 694). Dans les Amériques
(Nord et Sud) l’on dénombrait 350 738 émigrés des dix pays africains étudiés
concentrés essentiellement aux Etats-Unis (83,7 %) et au Canada (13 %). Au sein
38
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
des pays étudiés, les émigrés Nigérians sont les plus nombreux en Amérique
du Nord (44,5 %), suivi des Ghanéens (25,4 %), des Cap verdiens (8,1 %), des
Congolais (5,5 %), et des Camerounais (4,4 %). Ces différentes communautés
totalisent à elles seules plus de 87 % des émigrés en provenance des pays cibles
en Amérique du Nord.
Les autres destinations (Asie, Amérique Latine, Océanie, Australie) sont
peu privilégiées par les migrants originaires des pays cibles puisque moins de
5 % du total des émigrés y réside (Tableau 24, Annexe 1).
A.2.3 Migration de main-d’œuvre et d’étudiants
Les taux d’émigration de personnes hautement qualifiées5 des dix pays
étudiés excèdent les taux d’émigration de celles faiblement qualifiées et
moyennement qualifiées pour tous les pays en 1990 et en 2000 (Graphique
6). De 1990 à 2000, les taux d’émigration hautement qualifiée ont connu une
hausse pour tous les pays excepté le Niger et la RDC. Aussi, l’analyse des taux de
sélection6 des émigrés révèle que nombre d’africains ayant des niveaux d’étude
élevés choisissent de plus en plus la voix de l’émigration. (Docquier et Marfouk,
2005).
Selon Barghava, Docquier et Moullan (2010), plus de 450 et 157 médecins
formés respectivement en RDC et au Cameroun travaillaient à l’étranger dont la
plupart en République sud-africaine, en Belgique et aux Etats-Unis. Les taux de
fuite de médecins étaient de 10,9 % et de 11,1 % respectivement au Cameroun
et en RDC. Sur l’ensemble des dix pays étudiés, le Cameroun et la RDC occupent
respectivement les 3ème et 4ème rangs des pays ayant de forts de taux de fuite
de médecins (Tableau 17, Annexe 1).
Par ailleurs, le phénomène d’émigration des personnels hautement
qualifiés du secteur de la santé est diversement distribué dans la population
africaine. Le pays le plus touché au niveau de l’émigration des médecins, est le
Ghana (56 %), suivi du Sénégal (51 %), du Cap-Vert (51 %), du Cameroun (46 %)
et du Mali (23 %). Les infirmiers des dix pays étudiés émigrent en moyenne plus
que ceux des pays d’Afrique Subsaharienne. Le taux d’émigration moyen pour la
RDC et le Cameroun est de 14 % contre 13 % pour les pays cibles de la CEDEAO
et de la Mauritanie alors que la moyenne des pays subsahariens se situait à 11 %
en 2000 (Tableau 19, Annexe 1). Le Cap-Vert est le pays qui possède le taux
Le stock des émigrants ayant (au minimum) atteint le niveau de l’enseignement supérieur (13 années ou
plus) comme fraction de la main-d’œuvre totale du pays d’origine diplômée de l’enseignement supérieur.
6
Le stock des émigrants d’un certain niveau d’éducation (bas, moyen et haut) comme fraction du stock total
des émigrants et nationaux résidant à l’étranger.
5
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
39
d’émigration des infirmières le plus élevé des pays cibles (41 %) suivi du Sénégal
(27 %), du Ghana (24 %), du Cameroun (19 %) et du Mali (15 %).
Graphique 6 : Taux de migration qualifié des dix pays étudiés dans les pays de l’OCDE, 2000
(en %)
Source : Docquier et Marfouk, 2005.
Les émigrés en provenance de la RDC et du Cameroun dans les pays de
l’OCDE, étaient en 2008 au nombre de 30 311 comprenant 60 % d’hommes.
Les préférences de ces immigrés vis-à-vis des secteurs d’activité sont similaires
à celles des émigrés des pays étudiés de la CEDEAO et de la Mauritanie. En
effet, le premier secteur de choix des émigrés camerounais et congolais est le
secteur de la santé dans lequel exercent 16 % d’entre eux ; ensuite, viennent
les secteurs de la manufacture (14 %), la distribution (13 %), des affaires et
activités immobilières (13 %), les activités communautaires et de services
sociaux (8 %) et l’éducation (8 %) (Tableau 26, Annexe 1). Les pays étudiés de
la CEDEAO et de la Mauritanie totalisent en 2008, un flux de 389 685 émigrés
travailleurs comprenant 62 % d’hommes et 38 % de femmes répartis suivant
les différents secteurs d’activité dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2008). Les cinq
principaux secteurs d’activité de ces travailleurs émigrés sont : la santé (17 %), la
40
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
manufacture (16 %), la distribution (12 %), les affaires et activités immobilières
(10 %) et les activités communautaires et de services sociaux (8 %) (Graphique
7). Ces cinq secteurs occupent environ deux travailleurs migrants sur trois.
En outre, le secteur de la santé pour tous les pays étudiés à l’exception
de la Mauritanie et du Sénégal, compte plus de femmes que d’hommes. Pour
l’ensemble des dix pays étudiés, la proportion des femmes est de 66 % contre
34 % d’hommes.
Graphique 7 : Répartition des émigrants des dix pays étudiés dans les pays de l’OCDE par
secteurs d’activité, 2008 (en %)
et
et
Source: OCDE (2008).
L’effectif des étudiants mobiles du Cameroun et de la RDC évoluent en
sens inverse de 2002 à 2007 (Graphique 12, Annexe 1). Cet effectif est passé
pour ces deux pays de 16 810 à 20 356, soit un taux de croissance annuel moyen
de 3,9 % contre 8,8 % pour les pays étudiés de la CEDEAO et la Mauritanie. Sur
la période 2002–2007, le cumul d’étudiants camerounais à l’étranger (89 067)
excède de loin celui des pays cibles de la CEDEAO et de la Mauritanie à l’exception
du Nigéria tandis que celui de la RDC (21 442) n’excède que celui de trois pays :
le Mali, la Mauritanie et le Niger.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
41
A.2.4 Transfert de fonds
Les soldes nets des transferts7 camerounais pour les données disponibles
sont négatifs de 1979 à 1995 et en 2001 et 2002. Ces soldes traduisent des
sorties plus importantes de devises du Cameroun par rapport aux fonds reçus
des travailleurs camerounais à l’étranger. Cette situation est semblable à celle de
la Côte d’Ivoire et est cohérente avec le fait que jusqu’au début des années 1990,
le Cameroun était un pays net d’immigration (Tableau 9). Cependant, à partir
de 2003, l’on assiste à un retournement de tendance liée à une forte croissance
des transferts entrants comparativement aux flux sortants. En effet, le taux de
croissance annuel moyen sur la période 2002-2006 des flux entrants est de
57 % contre 11 % pour les transferts sortants. Par ailleurs, la contribution des
transferts entrants au PIB du Cameroun en 2008 est faible (0,7 %) et est quasi
identique à celle de la Côte d’Ivoire (0,8 %) et du Ghana (0,8 %) pour la même
année (Banque mondiale, 2009).
Au niveau de la RDC, selon les données disponibles auprès de la Banque
Centrale, l’on a enregistré un flux global de transferts entrants de 130 millions
de dollars E.-U. contre 68 millions de dollars E.-U. de transferts sortants en 2007.
Le flux net positif de 63 millions de dollars E.-U. pour cette année, représente le
double des transferts de 2006 et le triple de ceux de 2005 (OIM, 2010).
Les transferts reçus selon Banque mondiale (2006) sont estimés à 3 300
millions USD pour les pays examinés dans la Partie A.1, soit seulement 1,3 % du
total des transferts mondiaux (tableau 14). Ces fonds proviennent de l’Europe
(27,8 %), de l’Afrique de l’Ouest (24,2 %), de l’Afrique centrale (19,9 %) et de
l’Amérique du Nord (15,3 %). Ils s’orientent principalement vers le Nigéria
(68,7 %) et le Sénégal (15,7 %) qui cumulent à eux deux 84 % des transferts
entrants dans ces huit pays (Tableau 14). Les transferts reçus par le Cameroun
sont très faibles et proviennent principalement de l’Afrique centrale et de
l’Europe.
Les données sur les transferts de fonds en direction de la RDC sont indisponibles dans les statistiques de la
Banque Mondiale.
7
42
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Tableau 14 : Transferts de fonds reçus (en millions de dollars E.-U.) par les dix pays étudiés,
selon region d’origine, 2005
Afrique de
l’Est du Nord
et du Sud
Afrique
Centrale
Afrique
de
l’Ouest
Europe
Amérique
du Nord
Autres
Total
Cameroun
0
5
1
4
1
1
11
RDC
-
-
-
-
-
-
-
Nigéria
80
611
321
561
453
241
2 267
Sénégal
1
34
201
215
15
44
511
Mali
0
6
128
7
1
13
155
Côte d’Ivoire
0
0
53
72
10
13
148
Ghana
0
0
66
14
10
9
99
Cap-Vert
9
1
9
49
15
8
92
Niger
0
3
20
0
0
2
26
Mauritanie
0
0
1
0
0
0
2
Total
91
655
800
919
504
330
3 300
%
2.7
19.9
24.2
27.8
15.3
10.0
100
Source : Ratha et Shaw (2006).
A.2.5 Migration irrégulière
Le phénomène de migration irrégulière est également vécu dans les
mêmes formes qu’en Afrique de l’Ouest. Certains étrangers entrent en RDC et
au Cameroun sans visa d’entrée à cause de la porosité et de l’immensité des
frontières ou y résident au-delà de leur titre légal de séjour. Le Cameroun et
la RDC ne disposent pas d’administrations et d’outils fiables pour quantifier et
qualifier l’immigration clandestine. En outre, nombre d’irréguliers possèdent
frauduleusement des documents d’identité des deux pays d’accueil. Ainsi,
évaluer de manière continue le nombre de migrants clandestins, leur origine,
leur domaine d’activité, etc. semble difficile à réaliser. Cependant, à l’instar des
pays cibles d’Afrique de l’Ouest, les clandestins ou les immigrés irréguliers sont
nombreux et travaillent dans le secteur informel où il n’est guère nécessaire de
fournir des documents administratifs à jour. Au Cameroun, ces étrangers exercent
pour la plupart dans le petit commerce (friperie, vente de pièces détachées),
l’artisanat et les petits services ambulants (cordonniers, cireurs de chaussures,
tailleurs) (OIM, 2009h). En RDC, ces étrangers irréguliers travaillent dans les
kiosques et le petit commerce et également dans les entreprises appartenant
aux ressortissants de leur pays d’origine (boulangerie, garages, main-d’œuvre
technique dans des entreprises minières). Les étrangers en situation irrégulière
travaillant dans le secteur quasi-informel bénéficient de la complicité des agents
des services d’immigration (OIM, 2010).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
43
D’après De Haas (2008), à la veille de la régularisation en 2005, près de
53 % des ressortissants camerounais en Espagne avaient des statuts illégaux.
Entre 2004 et 2006, le nombre d’immigrants légaux camerounais a augmenté de
1 532 à 2 612, représentant une hausse de 71 %. La proportion des camerounais
en situation irrégulière est semblable à celle des ghanéens en Espagne avant la
régularisation de 2005.
Les arrestations8 d’émigrants camerounais ou congolais (RDC) dans l’UE
27 en 2006 et 2007, se sont réalisées principalement dans les mêmes pays que
celles des ressortissants des pays cibles. Le classement par ordre d’importance
selon le cumul des arrestations sur les années 2006 et 2007, est le suivant : la
France (34 %), la Belgique (20 %), l’Allemagne (10 %), l’Espagne (10 %), le PaysBas (7 %). Ainsi, plus de 80 % des arrestations dans l’Union Européenne ont été
réalisées dans l’un de ces cinq pays (CIREFI, 2009). Au niveau des expulsions, les
principaux pays sont les mêmes que ceux au niveau des arrestations à l’exception
de l’Espagne. La hiérarchie en termes d’expulsions est la même que celle au
niveau des arrestations comme l’atteste ces statistiques sur les expulsions :
France (39 %), Allemagne (18 %), Belgique (18 %), Pays-Bas (15 %), en 2006
(CIREFI, 2009).
Les statistiques présentées témoignent que l’émigration irregulière des
camerounais et congolais vers l’Europe s’orientent dans les mêmes pays que
celle des pays cibles, non seulement en raison des liens historiques (congolais en
Belgique et Camerounais en France), mais également des opportunités d’emplois
qu’offre les autres pays européens (Allemagne, Pays-Bas).
A.3 Contexte socio-économique de la migration
A.3.1 Tendances du développement humain
En général, il semble que le niveau de développement d’un pays favorise la
capacité de ce pays à attirer et absorber la main d’œuvre étrangère ou à exporter
cette main d’œuvre étant donné que les migrants se déplacent des zones pauvres
vers les zones relativement prospères. Néanmoins, ce lien n’est pas linéaire car il
dépend également de l’histoire du pays, de sa culture et des politiques mises en
œuvre par ses dirigeants. Pour les dix pays de l’aperçu régional, l’on constate que
les positions du Mali et de la RDC sur l’échelle du développement humain (PNUD,
2009) sont cohérentes avec le fait qu’ils ont les taux les plus élevés de personnes
émigrantes par rapport à la population. En outre, il est également normal que
Les données du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Luxembourg n’ont pas été communiquées et par conséquent
ne sont pas prises en compte dans ces calculs.
8
44
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
le Nigéria et le Ghana ayant des niveaux de développement moyen, reçoivent
d’importants flux d’immigrés de la sous-région dans une zone où l’Indice de
Développement Humain (IDH) moyen est faible. En revanche, la position de la
Côte d’Ivoire en tant que premier pays récepteur d’immigrés dans la sous-région
contraste avec son niveau de développement humain faible (Tableau 15). Cette
situation pourrait être expliquée par la prospérité naguère qu’a connu ce pays
et qui a attiré les vagues successives d’immigrés et par la politique migratoire
libérale mise en œuvre par ses dirigeants jusqu’en 1990.
L’indice d’éducation élevé au du Cap-Vert (0,786) explique le taux
d’émigration qualifié élevé de ce pays et mis en évidence dans de nombreuses
études (Docquier et Marfouk, 2005 ; Clemens et Petterson, 2006).
Tableau 15 : Indicateur de développement humain des pays cibles en 2007
Indice
d’espérance
de vie
Indice du
niveau
d’instruction
Indice du
PIB
IDH
Rang IDH
Développement
Humain
Cap-Vert
0.769
0.786
0.57
0.708
121
Moyen
Ghana
0.525
0.622
0.432
0.526
152
Moyen
Cameroun
0.431
0.627
0.51
0.523
153
Moyen
Mauritanie
0.526
0.541
0.494
0.52
154
Moyen
Nigéria
0.378
0.657
0.497
0.511
158
Moyen
Côte d’Ivoire
0.531
0.45
0.472
0.484
163
Faible
Sénégal
0.506
0.417
0.469
0.464
166
Faible
République
démocratique
du Congo
0.377
0.608
0.182
0.389
176
Faible
Mali
0.385
0.331
0.398
0.371
178
Faible
Niger
0.431
0.282
0.307
0.34
182
Faible
Afrique
Subsaharienne
0.441
0.597
0.503
0.514
-
Moyen
Source: PNUD (2009).
A.3.2 Projections démographiques
De 1950 à 2000, la croissance de la population des différents pays étudiés
est erratique et pour la majorité des pays, elle est tendanciellement au dessus
du taux moyen. Cependant, dans les années 2000, cette croissance devient
régulière et le taux de croissance démographique des différents pays baisse
au cours du temps (DPNU, 2009). Quelques observations majeures méritent
néanmoins d’être signalées :
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
45
•La croissance de la population en RDC et au Niger, s’est réalisée depuis 1950
à un rythme supérieur à la moyenne de l’Afrique de l’Ouest et les projections
de 2010 à 2050 perpétuent cette même tendance ;
•En revanche, le Mali connait une évolution qui contraste avec l’ensemble
des pays étudiés. La croissance de sa population s’est effectuée à un rythme
régulier jusqu’en 2010 même si, sur cette période, ce rythme a été inférieur
au taux de croissance démographique moyen de l’Afrique de l’Ouest.
Toutefois, les projections sur la période 2010-2050, établissent un taux de
croissance supérieur au taux moyen de l’Afrique de l’Ouest ;
•Le Cap-Vert (1950-1970), le Cameroun (1965-1975), la Côte d’Ivoire (1950–
2000) et le Ghana (1950-1965 et 1980-1990) ont eu des taux de croissance
démographique supérieur à celui de l’Afrique de l’Ouest ;
•La croissance démographique du Sénégal quant à lui s’effectue depuis 1950 à
un rythme supérieur au taux moyen de l’Afrique de l’Ouest et cette tendance
est censée se poursuivre jusqu’en 2025, après quoi on pourrait assister à un
retournement de tendance (Graphique 8 et Tableau 27, Annexe 1).
Ainsi pour les périodes au delà de 2010 (DPNU, 2009), quatre des dix
pays étudiés auront une croissance de leur population supérieure à la moyenne
ouest-africaine. Ce sont la RDC, le Mali, le Niger et le Sénégal jusqu’en 2025. Ces
taux élevés couplés à la jeunesse de la population font de ces pays des potentiels
exportateurs de migrants si les opportunités d’insertion économique locale font
défaut ou sont insuffisantes.
46
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Graphique 8 : Taux de croissance démographique des dix pays étudiés, 1950–2050 (en %)
6%
5%
4%
3%
2%
1%
Cameroun
Cap-Vert
Côte d'Ivoire
Ghana
Mali
Mauritanie
Niger
2045–2050
2040–2045
2035–2040
2030–2035
2025–2030
2020–2025
2015–2020
2010–2015
2005–2010
2000–2005
1995–2000
1990–1995
1985–1990
1980–1985
1975-1980
1970–1975
1965–1970
1960–1965
1955–1960
1950–1955
0
Nigéria
Sénégal
Afrique de l'ouest
Source : DPNU (2009).
La population totale des dix pays étudiés était de 298 617 000 en 2005
et est estimée à 316 331 000 en 2010 représentant respectivement 39 % et
37 % de la population de l’Afrique Subsaharienne. Les projections effectuées
pour l’année 2050 envisagent cette population à 681 259 000, soit 39 % de la
population totale de l’Afrique Subsaharienne. La population de ces pays est
majoritairement jeune avec une proportion de mineurs de plus de 40 % sur la
période 2005–2010, mais à l’horizon 2050, ce ratio diminuera jusqu’à atteindre
un tiers (Tableau 28, Annexe 1) (DPNU, 2009).
Le ratio de dépendance moyen pour l’Afrique de l’Ouest est élevé (au
dessus de 80 % de 1950 à 2010) (Graphique 13, Annexe 1). Cependant, ce
ratio moyen de même que celui de tous les pays étudiés, est en baisse depuis
1990 et selon les projections réalisées cette tendance se poursuivra de 2010 à
2050. Les quatre pays (Niger, RDC, Mali et Sénégal) dont les taux de croissance
démographique projetés sont supérieurs à la moyenne ouest-africaine sur la
période 2010-2050, ont également des projections de ratios de dépendance
supérieurs à la moyenne ouest-africaine sur ladite période. Par ailleurs, ce ratio
étant composé à plus de 80 % par des individus dont l’âge varie entre 0 et 14 ans,
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
47
les pays étudiés ont une population jeune qui restera dominante jusqu’en 2050
(DPNU, 2009). Puisque le ratio de dépendance est en baisse, alors la population
active croit au cours du temps et ceci dans les pays cibles d’Afrique de l’Ouest
comme dans les deux pays cibles d’Afrique centrale que sont le Cameroun et la
RDC. L’ampleur de cette population active couplée à la jeunesse de la population
fait que la pression migratoire sur les principaux pays d’émigration risque de se
maintenir.
A.3.3 Croissance et prospectives économiques
Sur le plan économique, la situation des dix pays analysés a plutôt été
morose. La croissance des pays n’a pas été régulière au cours du temps. Elle
s’est faite en dents de scie, à l’exception du Ghana dont le taux de croissance
du PIB par tête n’a cessé de croître, passant de 1,3 % à 4,0 % de 2000 à 2006.
Néanmoins, l’ensemble des pays analysés, excepté la Côte d’Ivoire, a eu des taux
de croissance grandissant. Cependant, ces taux de croissance du PIB par tête
sont relativement faibles et oscillent entre 0,5 % et 4 % excepté le pic de 8,9 %
atteint par le Mali en 2001 et 8 % du Nigéria en 2003 (Banque mondiale, 2008 ;
Graphique 9).
Graphique 9 : Taux de croissance du PIB par habitant des dix pays étudiés, 2000- 2005 (en %)
Source: Banque mondiale (2008c).
48
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
La croissance des dix pays étudiés est tirée à des degrés divers par les
différents secteurs économiques. La croissance régulière du Ghana provient de
la croissance du secteur industriel dont le taux de croissance de la contribution à
la formation du PIB oscille entre 4,7 % et 9,6 % de 2000 à 2006. Les autres pays
ayant également l’industrie comme moteur de la croissance sont le Cap-Vert et
la RDC. La croissance du Sénégal était également portée par le secteur industriel,
mais depuis 2003 des changements structurels sont intervenus qui font tantôt
place au secteur agricole en 2003 et 2005, tantôt au secteur des services en 2004
et 2006. La croissance observée au Cameroun, au Mali et en Mauritanie provient
fondamentalement de la croissance observée dans le secteur des services tandis
que la Côte d’Ivoire a essentiellement sa croissance adossée à la croissance du
secteur agricole (Tableau 29, Annexe 1) (Banque mondiale, 2008c).
Ainsi, même si le taux de croissance du PIB par tête a été positif en
tendance sur la période 2000-2006 et a donc permis de créer des emplois
dans les différents secteurs, il a certainement été inférieur à ce qui était requis
pour créer suffisamment d’emplois afin d’absorber l’ensemble la main d’œuvre
disponible.
A.3.4 Main d’œuvre, marché du travail et prospectives
La population active (15-64 ans) dans les différents pays concernés par le
aperçu régional était de 159 millions en 2005 et elle est projetée à 182 millions et
446 millions respectivement en 2010 et 2050. Cette population active représente
un peu plus de 53 % de la population totale de ces pays pour les années 2000 à
2010 et plus de 38 % de la population active de l’Afrique Subsaharienne pour ces
mêmes années. A l’horizon 2050, la population active de ces dix pays atteindra
le seuil des deux tiers de la population totale de ces pays, ce qui renforcera la
contrainte de l’emploi et donc accroîtra la pression migratoire. De 2000 à 2010,
le taux de croissance annuel moyen de la population active excède le taux de
croissance démographique annuel moyen. En effet, pour l’ensemble des pays
étudiés, le taux de croissance annuel moyen de la population active était de
2,8 % de 2000 à 2010 contre 2,6 % et 2,5 % respectivement de 2000 à 2005, et de
2005 à 2010. Cette tendance d’une croissance de la population active supérieure
à la population totale est maintenue jusqu’à l’horizon 2050 (DPNU, 2009).
Il ressort de ce qui précède que les taux de croissance démographique et
de la population active ont été très élevés au cours des décennies passées. Si
l’on anticipe néanmoins une tendance à la baisse de ces taux dans les décennies
à venir, ils demeurent relativement élevés comparés aux moyennes africaines
et mondiales. Sur la période 2005-2010, le taux de croissance annuel moyen
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
49
de la population active des dix pays est de 2,8 % contre 2,6 % pour la moyenne
africaine. Pour les 40 ans à venir, ce taux est projeté à 2,3 % contre 2,1 % pour
l’ensemble de l’Afrique. Cependant, les dix pays étudiés ne se démarquent pas
significativement de l’ensemble de l’Afrique Subsaharienne en ce qui concerne
l’évolution de ces taux de croissance (DPNU, 2009). Face à l’importance de la
population active dans la population totale et de son évolution au cours du
temps, Il importait donc aux Etats de trouver les moyens de réaliser plus de
croissance économique en vue d’accroître les opportunités de création d’emplois
et réduire significativement le taux du chômage.
Cependant, l’on note une faiblesse des opportunités de création d’emplois.
A titre d’illustration, au Sénégal, plus de 30 % de la force de travail n’était pas
satisfaite car sous-occupée selon l’enquête sénégalaise sur les ménages (ESAM
II) en 2001, et seule une personne sur cinq occupait un emploi à plein temps.
Les programmes mis en œuvre entre 1995 et 2004 à l’attention des chercheurs
d’emploi ou des personnes en situation de sous-emploi touchaient moins de 5 %
des chômeurs (OIM, 2009d). Au Niger, l’on assiste à un déficit structurel entre
la demande d’emplois et l’offre d’emplois. Le taux de satisfaction moyen des
demandes d’emplois n’atteint pas 25 % (OIM, 2009b). Au Mali, le taux d’emploi
de la population en âge de travailler est passé de 45 % à 73 % de 2004 à 2007,
traduisant ainsi une création d’emplois mais insuffisante pour absorber toute la
main d’œuvre disponible (OIM, 2009e).
Cette situation peut être également appréhendée par les taux de chômage
élevés qui vont de 4,4 % au Cameroun en 2000 à 92 % en RDC (OIM, 2009h et
2009i). Entre ces deux taux seuils, l’on observe une diversité de situations selon
les pays et les années. Pour certains pays, le taux de chômage s’accroit au cours
du temps sur la période 2000-2009. Ce pays sont ; la Côte d’Ivoire dont le taux
de croissance passe de 6,2 % à 17,5 % de 2002 à 2008 ; la Mauritanie dont le
taux a varié de 29 % à 32,5 % de 2000 à 2004 ; le Mali de 8,8 % à 9,6 % de 2004
à 2007 et le Niger de 13,1 % à 15,9 % de 2001 à 2009. Le Nigéria a connu une
situation contraire se traduisant par une réduction de ce taux de chômage de
11,2 % à 9,9 % de 2003 à 2008 en raison de la hausse du cours du baril de pétrole
et de l’accroissement des exportations de pétrole. Par ailleurs, en 2000, le Ghana
avait un taux de chômage de 10,4 % contre 13 % pour le Sénégal en 2002 (OIM,
2009a).
Le chômage dans l’ensemble des pays analysés touche beaucoup plus les
jeunes. Au Sénégal, 30 % des actifs de moins de 35 ans sont au chômage contre
13 % au niveau global en 2002 (OIM, 2009d). Au Niger, le taux de chômage dans
la tranche des 15-29 ans est le plus élevé atteignant 24 % alors que la moyenne
50
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
nationale est de 15,9 % en 2009 (OIM, 2009b). Cette même situation s’observe
au Cameroun avec un taux de chômage de 6,5 % pour les moins de 29 ans
contre 3,1 % pour les 30-49 ans et 1,2 % pour les plus de 50 ans alors que le
taux de croissance national s’établit à 4,4 % en 2000 (OIM, 2009h). Au Ghana,
la population des 25-44 ans est la plus atteinte par le chômage, suivie par la
tranche d’âge 15-24 ans (OIM, 2009a). Au Mali, en revanche, les actifs de moins
de 40 ans représentent 56,1 % des chômeurs dans ce pays en 2004 (OIM, 2009e).
En outre, le chômage croit également avec le niveau d’étude dans la
plupart des pays. Au Sénégal, le taux de chômage dans la sous-population des
personnes instruites est de 17,1 % contre 13 % au niveau national en 2002 (OIM,
2009d). Au Mali, le taux de chômage varie de 12 à 19,3 % de 2004 à 2007 pour
les personnes de niveau fondamental (OIM, 2009e). Ainsi, le chômage touche
plus les personnes diplômées et les personnes instruites que les non diplômés
et les personnes moins instruites. Cette situation est également vécue en Côte
d’Ivoire et dans les autres pays (OIM, 2009c).
La crise de l’emploi vécue diversement par les pays analysés, n’est pas
seulement l’apanage des personnes sans instruction ou sans qualification, mais
un problème touchant tous les niveaux d’instruction et de qualification.
En conséquence, les populations actives désabusées par l’inexistence
d’emplois modernes offrant des niveaux de revenus relativement élevés et une
couverture sur le plan social, vont trouver un refuge dans le secteur informel. Ce
secteur bien qu’offrant des emplois précaires et un faible niveau de rémunération,
regroupe un large éventail d’activités et est le plus dynamique de l’économie
en termes de création d’emplois. Les activités informelles occupent une part
importante de la population active. Les ratios vont de 60 % en 2002 au Sénégal
à près de 82 % au Cameroun en 2001 (OIM, 2009a-i). La Mauritanie, le Ghana
et le Mali ont tous une participation du secteur informel à l’occupation de la
main d’œuvre de 80 % tandis que cette proportion est de 68 % en Côte d’Ivoire.
En outre, dans les différents pays, le secteur informel contribue fortement à
l’activité économique en étant le secteur prépondérant. La contribution de ce
secteur au PIB est également importante. Cette contribution est de 70 % au
Niger sur la période 2004-2006 et de 60 % pour le Sénégal entre 1995-2004. En
Côte d’Ivoire cette participation au PIB a évolué de 43 % à 50 % de 2001 à 2006,
contre 22 % au Ghana en 2000 et 12,32 % au Nigéria en 2005 (OIM, 2009a-h et
2010).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
51
A.3.5 Education et migration des travailleurs qualifiés
Le secteur informel est très flexible, n’exige pas un haut niveau de
qualification et s’adapte parfaitement à la réalité socio-économique des pays
africains. En effet, ces pays ont un faible niveau de capital humain et un faible
niveau de formation de la main d’œuvre. L’indice du niveau d’instruction varie de
0,282 à 0,786 contre 0,597 pour la moyenne de l’Afrique Subsaharienne et 0,708
pour la moyenne mondiale. Ainsi, seul le Cap-Vert fait mieux que la moyenne
mondiale au niveau de l’instruction de ses populations. Au regard de la moyenne
africaine, cinq pays sur les dix sont en retard : la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le
Sénégal, le Mali et le Niger (Tableau 15).
En outre, une proportion importante de la main d’œuvre n’a pas reçu de
formation et le niveau de formation technique est faible au niveau des employés
du secteur moderne. En effet, selon le recensement général de 2001 au
Niger, 92 % des demandeurs d’emploi n’ont pas d’expérience professionnelle,
près de 55 % n’ont jamais été scolarisé, 23 % ont un niveau d’instruction
primaire alors que 2 % seulement ont un diplôme de l’enseignement
technique et professionnel. L’absence de formation professionnelle diminue
considérablement les chances d’intégrer le marché moderne de l’emploi (OIM,
2009b). En Côte d’Ivoire, selon les résultats de l’enquête sur le niveau de vie
des ménages 2008, la proportion des personnes sans instruction en 2008 est
de 55,89 % de la population totale, celle des personnes de niveau primaire est
en hausse (26,9 %) tandis qu’elle est en baisse (14,5 %) pour les individus de
niveau secondaire général et technique et pour ceux de niveau supérieur (1,7 %)
(OIM, 2009c). En Mauritanie, outre le faible taux d’alphabétisation, l’on relève
un manque d’éducation de la force de travail, ainsi qu’un faible développement
de formations professionnelles appropriées. En effet, l’examen du niveau
d’instruction et de qualification de la population active montre qu’environ 60 %
n’a jamais fréquenté l’école formelle, 36 % a arrêté les études avant l’obtention
du baccalauréat, 3 % a bénéficié d’une formation professionnelle ou technique
et seulement 1 % a suivi des études supérieures (OIM, 2009g).
Pour l’ensemble des dix pays étudiés, les taux d’alphabétisation sont
faibles ainsi que les taux de fréquentation du secondaire et du supérieur. Par
ailleurs, un nombre important des actifs n’a pas de formation professionnelle et
est donc peu qualifié pour être employé dans le secteur formel.
En conséquence, il existe une pénurie de main d’œuvre notamment
qualifiée dans certains secteurs nonobstant le taux de chômage élevé. Cette
pénurie s’observe dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la
recherche au Ghana (OIM, 2009a), en RDC (OIM, 2009i), et dans nombre des
52
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
pays étudiés où l’on assiste à des ratios d’encadrement élèves/professeurs
très élevés ou en hausse. Au Ghana, plus de 60 % des postes dans les écoles
techniques et 40 % postes d’enseignants dans les universités publiques sont
vacants et le ratio étudiants-enseignant dans toutes les disciplines dépasse
les normes établies. Cette situation s’observe également en Côte d’Ivoire, en
Mauritanie où l’offre d’enseignement supérieur et technique est insuffisante
et est d’une capacité d’accueil inférieur à la demande. Au Sénégal, le ratio
d’encadrement est de 1 enseignant pour 44 élèves (OIM, 2009d).
La pénurie s’observe également dans le secteur du génie civil (OIM, 2009a),
dans le secteur médical qui connait une fuite de cerveaux africains selon les ratios
médecins/population qui sont très faibles par rapport aux normes mondiales. La
pénurie surtout dans le secteur de l’enseignement conjuguée à l’obsolescence
des curricula de formation et à l’insuffisance des locaux, a un impact négatif sur
la qualité des enseignements et ne permet donc pas de combler les lacunes au
niveau de la formation de la main d’œuvre.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
53
PARTIE B : Approche rEgionale des
questions migratoires
B.1 Cadre institutionnel et juridique régissant la migration
au niveau régional
En Afrique de l’Ouest, la principale organisation régionale concernée ici
est la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Nous évoquerons ici le cadre de la CEDEAO en gardant à l’esprit que l’Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)9 a également adopté
quelques textes ayant trait à la mobilité régionale des personnes.
Au niveau régional, les migrations ont été à l’ordre du jour de l’agenda
des Etats ouest africains quasiment depuis la création de la CEDEAO en 197510.
Celle-ci a développé un cadre juridique en matière de migration assez développé
mais dont l’effectivité est à ce jour encore très lacunaire malgré de nettes
avancées.
Au niveau institutionnel, la Commission de la CEDEAO qui est l’organe
exécutif de la CEDEAO est dotée - au sein du bureau du Commissaire pour le
Commerce, les Douanes et la Libre Circulation - d’un Département sur la Libre
Circulation des Personnes et le Tourisme qui est en charge de la promotion et
du suivi de l’application du cadre juridique dont le premier texte spécifique est
le Protocole A/P1/5/79 du 29 mai 1979 sur la libre circulation des personnes, le
droit de résidence et d’établissement. Mais ce Département est très limité en
ressources humaines et des financements conséquents reçus notamment de la
part de l’Espagne devraient permettre de faire face à cette pénurie d’effectif. Par
ailleurs, en matière de traite des personnes, l’Unité Tip (Trafficking in Persons)
est responsable et elle est intégrée au bureau du Commissaire aux Affaires
Humanitaires et Sociales.
Le premier instrument spécifique sur la migration est le Protocole
A/P1/5/79 de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes, le droit de
résidence et d’établissement adopté par les Etats membres à Dakar le 29 mai
1979, entré en vigueur le 8 avril 1980.
L’UEMOA regroupe moins de pays, huit au total.
Traité de la CEDEAO du 28 mai 1975 ; ce traité, signé à Lagos, a été révisé par le traité du 24 juillet 1993 signé
à Cotonou.
9
10
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
55
Quelques années plus tôt, l’article 3 § 2 du Traité de la CEDEAO de 1975
prévoyait déjà la suppression des obstacles à la libre circulation des personnes,
des biens, des services et des capitaux, ainsi qu’aux droits d’établissement et de
résidence.11
Trois étapes dans l’exécution du Protocole de 1979 marquent les trois
principaux éléments de ce protocole, le délai fixé pour sa mise en œuvre étant
de 15 ans : la libre circulation, le droit de résidence et le droit d’établissement
(art. 2). La première étape correspond au droit d’entrée et à l’abolition du visa et
donc à la libre circulation (1980–1985). La deuxième étape renvoie à l’application
du droit de résidence (1985–1990) et la troisième étape au droit d’établissement
(1990–1995). Différents instruments juridiques correspondent à ces trois étapes.
Liste des instruments juridiques de la CEDEAO relatifs à la migration
Protocoles
-- Protocole A/P1/5/79 sur la libre circulation des personnes, le droit de
résidence et d’établissement ;
-- Protocole A/P3/5/82 portant code de la citoyenneté de la
Communauté ;
-- Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour
l’application du protocole sur la libre circulation des personnes, le
droit de résidence et d’établissement ;
-- Protocole additionnel A/SP1/7/86 relatif à l’exécution de la deuxième
étape (droit de résidence) du protocole sur la libre circulation des
personnes, le droit de résidence et d’établissement ;
-- Protocole additionnel A/SP1/6/89 complétant les dispositions de
l’article 7 du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit
de résidence et d’établissement ;
-- Protocole additionnel A/SP2/5/90 relatif à l’exécution de la troisième
étape (droit d’établissement) du protocole sur la libre circulation des
personnes, le droit de résidence et d’établissement.
Une autre organisation régionale a pour objectif l’intégration régionale : il s’agit de l’Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), créée par un traité le 10 janvier 1994 à Dakar et qui a remplacé
la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO). L’UEMOA comprend huit Etats membres et
a notamment pour but l’établissement d’un marché commun basé sur la libre circulation des personnes,
des biens des services et des capitaux et le droit d’établissement des personnes exerçant une activité
indépendante ou salariée et consacre la libre circulation et le droit d’établissement (articles 91 et 92 du
traité). Mais la CEDEAO a un corpus juridique beaucoup plus approfondi en la matière.
11
56
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Décisions
-- Décision A/DEC.8/5/82 portant modification du paragraphe 1 de
l’article 27 du traité de la Communauté Economique des Etats de
l’Afrique de l’Ouest ;
-- Décision A/DEC/10/5/82 relative à l’application du protocole sur la
libre circulation et au programme d’information du public ;
-- Décision A/DEC.2/7/85 portant institution d’un carnet de voyage des
Etats membres de la CEDEAO ;
-- Décision A/DEC.2/5/90 portant institution d’une carte de résident
des Etats membres de la CEDEAO.
Résolution
-- Résolution A/RE2/11/84 relative à l’application de la première
étape du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de
résidence et d’établissement.
B.1.1 La libre circulation des personnes
La liberté de circulation renvoie au droit d’aller et venir présentant les
trois aspects suivants : la liberté de circulation au sein du territoire d’un Etat
donné, le droit de quitter tout pays et le droit de retour.
Selon l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques
de 1966 : « 1. Quiconque se trouve légalement sur le territoire d’un Etat a le droit
d’y circuler librement et d’y choisir librement sa résidence. 2. Toute personne est
libre de quitter n’importe quel pays, y compris le sien. […] 4. Nul ne peut être
arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays ».
La libre circulation des personnes est un des fondements du Traité de la
CEDEAO de 1975 et plus globalement du processus d’intégration régionale en
Afrique de l’Ouest. Le Protocole sur la libre circulation, le droit de résidence
et d’établissement de 1979, en son article 3, dispose que tout citoyen de la
Communauté désirant entrer sur le territoire de l’un des Etats membres sera
tenu de posséder un document de voyage et un certificat international de
vaccination en cours de validité.
Cet article précise encore que tout citoyen de la Communauté désirant
séjourner dans un Etat membre pour une durée maximale de 90 jours, pourra
entrer sur le territoire de cet Etat membre par un point d’entrée officiel sans
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
57
avoir à présenter un visa.12 Cependant, si ce citoyen souhaite prolonger son
séjour au-delà des 90 jours, il devra alors obtenir une autorisation délivrée par
les autorités compétentes.
Enfin, les Etats membres conservent néanmoins la prérogative de refuser
l’entrée sur leur territoire à tout citoyen de la Communauté entrant dans la
catégorie « des migrants inadmissibles » au terme de leurs lois et règlements en
vigueur (art. 4).
La libre circulation des personnes dans l’espace CEDEAO est consacrée
sans pour autant être absolue, laissant ainsi le pouvoir discrétionnaire aux
Etats membres de choisir les personnes qui seront autorisées à circuler sur leur
territoire.
En 1985, les Etats membres sanctionnent la nécessité d’adopter un document
harmonisé de voyage au sein de la CEDEAO par la Décision A/DEC.2/7/85 portant
institution d’un carnet de voyage des Etats membres de la CEDEAO. Selon les
articles 3 et 6, l’obtention dudit document est soumise à des conditions relatives
à l’âge (15 ans minimum), à l’endroit où la demande doit être effectuée, c’est-à-dire
auprès de l’autorité qualifiée du pays d’origine et la durée de validité dudit document
(deux ans). Cette décision a été adoptée pour faciliter et simplifier les formalités de
mouvement des personnes au passage des frontières des Etats membres. Cinq ans
plus tard, une autre décision a été adoptée et a créé un nouveau document de
voyage, le passeport CEDEAO, remplaçant ainsi le carnet de voyage.13 En outre la
Décision C/DEC.3/12/92 du 5 décembre 1992 institue l’utilisation d’un formulaire
harmonisé d’immigration et d’émigration des Etats membres de la CEDEAO en
vue de faciliter et de simplifier le passage des personnes aux frontières des pays
de la Communauté.
La libre circulation est un volet fondamental en matière de facilitation de
la migration. Mais elle serait incomplète sans l’existence du droit de résidence
et d’établissement.
B.1.2 Le droit de résidence
Le droit de résidence dans l’espace CEDEAO doit être présenté à la
lumière du Protocole additionnel A/SP1/7/86 relatif à l’exécution de la deuxième
étape (droit de résidence) du Protocole sur la libre circulation des personnes, le
Une directive de la CEDEAO adoptée à la même date que le Protocole, le 29 mai 1979, prévoit en outre
la mise en place de guichets spéciaux à chaque point d’entrée officiel pour les formalités d’entrée des
ressortissants de la CEDEAO.
13
Décision A/DEC.1/5/2000 portant institution du passeport CEDEAO.
12
58
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
droit de résidence et d’établissement, adopté à Abuja le 1er juillet 1986 ainsi que
de la Décision A/DEC.2/5/90 portant institution d’une carte de résident des Etats
membres de la CEDEAO du 30 mai 1990.
Le droit de résidence sur le territoire d’un Etat membre de la CEDEAO est
reconnu aux citoyens de la Communauté désirant accéder à une activité salariée
et à l’exercer (art. 2 du Protocole de 1986) et concerne de ce fait les travailleurs
migrants et non les migrants en général. Ce protocole donne d’ailleurs des
définitions des « travailleurs migrants », « travailleurs frontaliers », « travailleurs
saisonniers » et « travailleurs itinérants » (art. 1er) et prévoit des dispositions
particulières pour ces catégories.
Le droit de résidence permet « de répondre à des emplois effectivement
offerts, de se déplacer à cet effet librement sur le territoire des Etats membres,
de séjourner et de résider dans un des pays membres afin d’y exercer un emploi
conformément aux dispositions législatives, règlementaires et administratives
régissant les travailleurs nationaux, de demeurer, dans les conditions définies
par les dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats
membres d’accueil, sur le territoire d’un Etat membre après y avoir occupé un
emploi » (art. 3). La double conformité aux « dispositions réglementaires et
administratives des Etats membres d’accueil » exigée par cet article montre que
le droit de résidence s’exerce dans un cadre où les Etats gardent une souveraineté
importante.
Le droit de résidence se traduit notamment par la délivrance de la carte de
résident des Etats membres de la CEDEAO, instituée par la Décision A/DEC.2/5/90
du 30 mai 1990. Cette carte confère à tout ressortissant de la CEDEAO les mêmes
droits et libertés que les nationaux de l’Etat membre d’accueil, exception faite
des droits politiques. Cette carte vaut titre de séjour pour une durée de trois ans
et est exigée pour pouvoir bénéficier du droit de résidence et d’établissement.
L’article 2 du Protocole de 1986 donne des détails techniques sur l’aspect de la
carte de résident tandis que l’article 4 liste les formalités et les pièces nécessaires
à la délivrance de la carte. Selon l’article 15, le refus de délivrer une carte de
résident est un pouvoir discrétionnaire de l’Etat. En vertu de cette disposition,
les Etats gardent là aussi une marge d’appréciation suffisante.
L’article 8 de la Décision de 1990 reconnaît la liberté qu’ont les travailleurs
migrants ayant obtenu leur carte de résident de choisir un emploi. L’alinéa 3 de
ce même article dispose que la perte d’emploi n’entraîne pas le retrait de la carte
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
59
de résident. Ces dispositions sont très importantes et touchent à une question
délicate, celle de l’emploi. En revanche, la carte peut être retirée à une personne
condamnée pour un délit ou un crime.
L’article 1er aliéna 2 du Protocole de 1986 exclut du champ de la définition
de travailleurs migrants plusieurs catégories de personnes dont « les personnes
dont les relations de travail avec un employeur n’ont pas été établies dans l’Etat
membre d’accueil » (art. 1er alinéa 2-c), ce qui exclut la grande majorité des
migrants de la CEDEAO qui travaillent pour la plupart dans le secteur informel.
Le droit des travailleurs migrants en situation régulière à être traités de la
même manière que les nationaux est reconnu à l’article 23 alinéa 2 du Protocole
de 1986 pour l’exercice de leur emploi ou de leur profession. Il convient de noter
que les emplois de l’administration publique ne sont pas concernés à moins
d’une réglementation nationale contraire (art. 4 des Protocoles de 1979 et de
1986).
L’article 18 de la Décision du 30 mai 1990 rappelle l’égalité des droits, en
disposant qu’« A l’exception des droits politiques, les ressortissants des Etats
membres de la CEDEAO jouiront sur le territoire de chacun d’eux des mêmes
droits et libertés que les nationaux de l’Etat membre d’accueil, notamment ceux
énoncés par la Déclaration universelle des droits de l’homme ». Cet article est
complété par l’article 23 qui consacre l’égalité de traitement des travailleurs
migrants avec les nationaux du pays d’accueil en ce qui concerne l’exercice de
leur emploi ou de leur profession, de la sécurité de l’emploi, mais aussi de la
possibilité de participer à des activités socioculturelles, des possibilités de
réemploi en cas de perte de l’emploi pour des raisons économiques, l’accès
aux écoles d’enseignement général et professionnel ainsi qu’aux centres de
formation professionnelle pour leur enfants et le bénéfice des services et l’accès
aux établissements sociaux, culturels et sanitaires.14
Par ailleurs, une disposition importante ici renvoie à l’article 18, selon
lequel les administrations des Etats membres doivent coopérer étroitement
entre elles et avec la CEDEAO dans le domaine de la migration des personnes au
sein de le Communauté et surtout en ce qui concerne la main-d’œuvre migrante
afin notamment « 1. d’identifier les types de mouvements migratoires au sein
de la Communauté ainsi que les raisons de ces mouvements ; 2. d’identifier
De plus, l’article 7 du Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour l’application du
Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement prévoit entre
autres la non discrimination en matière fiscale et l’égalité entre les ressortissants des Etats membres et les
nationaux devant l’accès aux juridictions de tous ordres et pour la défense de leurs droits.
14
60
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
les types d’emplois qui sont recherchés et la qualification des chercheurs
d’emplois ainsi que le coût de la main-d’œuvre dans les Etats membres […] 5. de
s’efforcer, sur la base de ces échanges d’information concernant la main-d’œuvre
migrante, d’harmoniser les politiques d’emploi et de main-d’œuvre dans les Etats
membres ». Les Etats membres ont la responsabilité de collaborer ensemble
à long terme pour harmoniser leur politique d’emploi et de main d’œuvre.15
Enfin, l’article 22 prévoit que les Etats membres coopéreront afin de prévenir
et d’éliminer les mouvements et l’emploi illégaux ou clandestins de travailleurs
migrants en situation irrégulière.
B.1.3 Le droit d’établissement
Le droit d’établissement est consacré par le Protocole additionnel A/SP2/5/90
du 30 mai 1990 relatif à l’exécution de la troisième étape (droit d’établissement)
du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et
d’établissement.
Doté d’une forte dimension économique, le droit d’établissement est le
droit « reconnu à tout ressortissant d’un Etat membre, de s’installer ou de s’établir
dans un Etat autre que son Etat d’origine, d’accéder à des activités économiques,
de les exercer ainsi que de constituer et de gérer des entreprises notamment des
sociétés dans les conditions définies par la législation de l’Etat d’accueil pour
ses propres ressortissants » (art. 1 du Protocole de 1990). Ce droit « comporte
l’accès aux activités non salariées et leur exercice ainsi que la constitution et le
gestion d’entreprise […] dans les lois et règlements du pays d’implantation pour
ses propres ressortissants » (art. 2).
Le principe de non-discrimination est énoncé à l’article 4 alinéa 1 :
« chacun des Etats s’impose d’accorder sur son territoire un traitement non
discriminatoire aux ressortissants et sociétés des autres Etats membres ».
Mais les alinéas suivants viennent atténuer cette obligation de traitement non
discriminatoire lorsqu’un Etat « n’est pas en mesure d’assurer un tel traitement »
pour une activité déterminée ou lorsqu’il existe des régimes spéciaux pour les
non nationaux « justifiés pour des raisons d’ordre public, de sécurité publique et
de santé publiques ».
L’article 19 complète l’article précédent en disposant que, bien que les Etats sont libres de « déterminer les
critères autorisant l’admission, le séjour, l’emploi des travailleurs migrants et des membres de leur famille, les
Etats d’accueil procéderont à des consultations et agiront en collaboration avec les autres Etats intéressés en
vue de promouvoir des conditions saines, équitables et humaines en ce qui concerne les migrations légales
des travailleurs et de leur famille. Dans ce cas, compte sera dûment tenu non seulement des besoins et des
ressources en main d’œuvre, mais aussi des conséquences sociales, économiques, culturelles, politiques et
autres, tant pour les travailleurs migrants que pour la Communauté et les Etats intéressés ».
15
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
61
Le Protocole de 1990 prévoit également que des décisions doivent être
prises au niveau de la CEDEAO en matière de reconnaissance mutuelle au niveau
communautaire des diplômes, certificats et autres titres (art. 4 al. 5). Des progrès
doivent être réalisés ici aussi pour soutenir l’intégration régionale et l’économie
des pays ouest africains. Le droit d’établissement doit être un outil au service du
développement économique des Etats de la CEDEAO. D’ailleurs, de nombreuses
dispositions du Protocole de 1990 ont trait aux investissements.
B.1.4 Le cadre légal relatif à la migration irrégulière
Les Etats ont légiféré au niveau national pour réguler l’entrée, le séjour
et la sortie des étrangers sur leur territoire et notamment les aspects liés à la
migration irrégulière, certaines législations étant sur ce point peu détaillées. La
migration irrégulière est une question sensible, en particulier par rapport aux
pays dits du Nord (Europe, Amérique du Nord) et ceux du Maghreb.
Au niveau régional, le cadre légal est incomplet bien que trois protocoles
contiennent des dispositions relatives à la migration irrégulière. Ce cadre laisse
aux Etats le soin de déterminer précisément les conditions d’accueil, de séjour
et de sortie des étrangers, dans le respect de la règlementation communautaire.
Néanmoins, il existe plusieurs dispositions pertinentes ici. Ainsi, au delà des 90
jours de libre circulation, toute personne ressortissante d’un pays de la CEDEAO
évidemment) souhaitant rester sur le territoire du pays d’accueil doit obtenir une
autorisation délivrée par les autorités compétentes, conformément à l’article 3
alinéa 2 du Protocole du 29 mai 1979.
L’article 11 évoque l’expulsion et le rapatriement sans définir ces notions.
Selon cet article, « 1. Si un Etat Membre décide d’expulser un citoyen de la
Communauté, il devra le notifier à l’intéressé et en informer le Gouvernement
de l’Etat Membre dont il est ressortissant, ainsi que le Secrétaire Exécutif.16
2. Les dépenses encourues pour l’expulsion dudit citoyen seront supportées par
l’Etat Membre qui expulse. 3. En cas d’expulsion, la sécurité du citoyen considéré
ainsi que celle de sa famille doit être garantie et ses biens sauvegardés pour lui
être restitués, sans préjudice de ses engagements vis-à-vis des tiers. 4. En cas de
rapatriement d’un citoyen de la Communauté du territoire d’un Etat Membre,
cet Etat Membre le notifie au Gouvernement de l’Etat Membre dont ledit citoyen
est ressortissant et au Secrétaire Exécutif.17 5. Les dépenses encourues pour le
rapatriement d’un citoyen de la Communauté du territoire d’un Etat Membre
Désormais la Commission et non plus le Secrétariat Exécutif.
Idem.
16
17
62
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
seront supportées par le citoyen dont il s’agit et dans le cas d’impossibilité
matérielle par le pays dont il est ressortissant ».
Par ailleurs, l’article 13 du Protocole A/SP1/7/86 du 1er juillet 1986 prohibe
les mesures d’expulsion collective ou massive pour les travailleurs migrants et les
membres de leurs familles. En cas de mesure éventuelle d’expulsion, « Chaque
cas d’expulsion sera examiné et tranché sur une base individuelle » (art. 13 al.
2). Pour les migrants en général, l’article 3 du Protocole additionnel A/SP1/7/85
portant code de conduite pour l’application du Protocole sur la libre circulation,
le droit de résidence et d’établissement du 6 juillet 1985 prévoit les droits dont
les migrants irréguliers peuvent se prévaloir et les conditions à respecter par
l’Etat lorsqu’il décide de procéder à une telle mesure. La Décision A/DEC.2/5/90
renforce le « droit souverain de chacun des Etats membres de procéder à
l’expulsion de tout ressortissant d’un autre Etat membre dès lors qu’il serait en
situation irrégulière ou considéré comme migrant inadmissible, et ce dans les
conditions prescrites par les textes en vigueur au niveau de la Communauté »
(art. 19). La notion de migrant inadmissible, que l’on retrouve dans d’autres
instruments de la CEDEAO, mérite d’être précisée.18
Le Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite du
Protocole de 1979 contient plusieurs articles pertinents ici. Le titre III porte sur
les droits et obligations des migrants dans les Etats membres et des conditions
et procédures d’expulsion. Selon l’article 3, « 1. En cas de migration clandestine
ou irrégulière, des mesures seront prises, tant sur le plan national que sur le plan
communautaire, pour garantir aux migrants en situation irrégulière, la jouissance
ou l’exercice des droits fondamentaux de l’homme qui leur sont reconnus. 2. Les
droits fondamentaux de l’homme reconnus au migrant expulsé ou sujet à une
telle mesure en vertu des lois et règlements de l’Etat Membre, pays d’accueil,
ainsi que les droits qu’il a acquis du fait de son emploi doivent être respectés.
Toute mesure d’expulsion sera appliquée d’une manière humaine et sans
conséquence dommageable pour la personne, sa famille, ses droits et ses biens.
3. Toute personne faisant l’objet d’une mesure d’expulsion bénéficie d’un délai
raisonnable pour rentrer dans son pays d’origine. 4. Toute mesure d’expulsion,
lorsqu’elle est de nature à entraîner la violation des droits fondamentaux de
l’homme, est prohibée. 5. En vertu des doits fondamentaux de l’homme reconnus
aux migrants clandestins, les Etats Membres, pays d’accueil disposeront, en cas
d’expulsion de telle sorte que tous les rapatriements s’opèrent dans le cadre de
procédures régulières de sous contrôle. 6. En tant que de besoin, l’expulsion
ne doit être envisagée que pour des motifs strictement légaux ; en tout état de
Le Protocole du 29 mai 1979 renvoie cette notion aux termes des lois et règlements en vigueur dans les Etats
membres.
18
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
63
cause, elle doit être opérée dans le respect de la dignité humaine de l’expulsé ».
Les titres IV et V portent respectivement sur les dispositions à prendre en vue
du traitement des migrants irréguliers et de la coopération dans le cadre sousrégional pour éviter ou réduire l’afflux des migrants clandestins ou irréguliers.
Le Protocole ne donne pas de distinction entre migrant clandestin et migrant
irrégulier.19
Par ailleurs, en matière de traite des personnes qui représente une
forme particulièrement grave de migration irrégulière, l’Accord multilatéral de
coopération régionale de lutte contre la traite des personnes en particulier des
femmes et des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre a été adopté à Abuja,
le 6 juillet 2006, entre les gouvernements des Etats membres de la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et de la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Ce document est un accord
multilatéral de coopération en matière de lutte contre la traite des enfants et
des femmes qui vise une harmonisation des législations nationales desdits Etats.
Il comprend six titres : le premier renvoie aux dispositions générales qui listent
des définitions de quelques notions pertinentes, les objectifs, les principes et
ses champs d’application. Le titre II est relatif aux obligations des parties qui se
découpent en obligations communes et obligations spécifiques. Quant au titre
III, il organise l’entraide judiciaire en matière pénale, en précisant les mesures
d’entraide judiciaire, les autorités compétentes, la teneur de la demande
d’entraide judiciaire, les limites à l’utilisation des informations ou des preuves,
les documents et les frais générés par l’exécution de la demande d’entraide.
Enfin, les titres IV et V renvoient respectivement au mécanisme de suivi et aux
dispositions finales. La libre circulation, le droit de résidence et d’établissement, malgré
les restrictions ou la faiblesse de certaines dispositions, sont garantis par des
instruments juridiques communautaires et doivent favoriser la mobilité incontournable et nécessaire - des personnes en Afrique de l’Ouest bien que
nombre d’obstacles restent à surmonter.
Les textes de la CEDEAO étudiés ici, malgré leurs limites, s’inscrivent
dans la nécessité de répondre aux multiples aspirations et besoins des pays et
Article 5 : « 1. Les Etats Membres prendrons toutes les mesures appropriées qui sont de nature à permettre
ou faciliter la régulation, si elle est désirée et possible, de la situation des migrants irréguliers. 2. La
régularisation de la situation des migrants irréguliers doits se faire dans le cadre des droits définis par les
différents protocoles relatif à la libre circulation les personnes, le droit de résidence et d’établissement et
sur la base d’éléments d’appréciation tels que : l’existence d’un large consensus politique selon lequel la
régularisation est désirable ou nécessaire ; l’acceptabilité des éléments par une large fraction de la société ;
une date limite d’admissibilité ; une campagne d’information bien conçue, destinée à l’ensemble de la
population et visant à assurer sa compréhension et son appui ; l’absence de mesures juridiques punitives
contre les personnes demandant la régularisation de leur situation. » Ces conditions ne sont pas cumulatives
et doivent permettre aux Etats de prendre des décisions appropriées.
19
64
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
des populations en Afrique de l’Ouest. Toutefois, comme nous le verrons plus
en avant, les instruments communautaires ont une effectivité limitée et ont
finalement peu influé sur les flux migratoires, la majorité de ces derniers se
faisant en dehors du cadre juridique en vigueur.
B.2 L’effectivité lacunaire du cadre réglementaire régional
Il existe un écart important entre le contenu des instruments juridiques
de la CEDEAO et les pratiques existantes dans les Etats membres. L’Afrique de
l’Ouest connaît pourtant des défis multiples en matière migratoire face auxquels
une plus grande effectivité de ces instruments est primordiale.
B.2.1 Responsabilité des Etats et obstacles à l’effectivité des
instruments communautaires
Avant de se concentrer sur les problèmes d’effectivité, il est utile de
rappeler que les Etats membres ont la responsabilité d’appliquer les instruments
de la CEDEAO. Pour assurer une meilleure application du Protocole A/P1/5/79
de 1979 ainsi que la mise en œuvre dans les délais des différentes étapes
prévues, le Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour
l’application du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de
résidence et d’établissement a été adopté à Lomé le 6 juillet 1985 et il est entré
en vigueur le 28 juin 1989. Ce protocole autorise sous conditions les Etats à
apporter des restrictions à l’application du Protocole de 1979 et même à fermer
leurs frontières pour des motifs de sécurité intérieure (art. 8), ce qui peut
éventuellement être légitime en cas d’instabilité politique ou de conflit interne
par exemple. Le titre II porte sur le rôle et les obligations des Etats membres,
pays d’origine et d’accueil des migrants et sur la nécessaire coopération entre les
administrations compétentes des Etats membres.
L’article 2 de ce protocole additionnel dispose que : « 1. Les Etats membres
feront en sorte que leurs ressortissants se rendant sur le territoire d’un autre
Etat membre soient en possession des documents de voyage en cours de validité
reconnus à l’intérieur de la Communauté. 2. Les Etats membres sont tenus de
mettre en place ou de renforcer les Services administratifs appropriés de manière
à fournir aux migrants toutes les informations nécessaires et de nature à leur
permettre d’entrer régulièrement sur le territoire des ces Etats. […] 4. En vue d’une
étroite coopération entre les Administrations nationales des Etats membres dont
relèvent les questions relatives à la libre circulation des personnes, des biens,
des services et des capitaux et pour l’harmonisation des techniques et modes
d’action, les Etats membres s’obligent à autoriser la tenue de réunion périodiques
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
65
des responsables nationaux en vue d’échange de renseignement et d’expériences
de toutes natures ».
La protection des droits des migrants est prévue dans l’article 3 de ce
même protocole. Ainsi, « 1. En cas de migration clandestine ou irrégulière, des
mesures seront prises, tant sur le plan national que sur le plan communautaire,
pour garantir aux migrants en situation irrégulière, la jouissance ou l’exercice
des droits fondamentaux de l’homme qui leur sont reconnus. 2. Les droits
fondamentaux de l’homme reconnus au migrant expulsé ou sujet à une telle
mesure en vertu des lois et règlements de l’Etat membre, pays d’accueil, ainsi
que les droits qu’il a acquis du fait de son emploi doivent être respectés ».20
L’application des différents instruments communautaires est rendue
difficile par de multiples facteurs tels que la faiblesse de l’Etat de Droit et donc
l’incapacité de faire appliquer le droit, l’instabilité économique et politique, le
manque de volonté politique et notamment les agendas politiques qui diffèrent
d’un pays à l’autre, la réticence des Etats à délaisser une part de leur souveraineté
nationale mais également le manque de moyens financiers pour mettre en place
des politiques appropriées.
Un obstacle de taille est la non ratification de tous les protocoles
additionnels par l’ensemble des Etats membres.21 La ratification de ces
instruments par tous les Etats est une condition sine qua non pour aboutir à
une intégration régionale effective. Ensuite, comme cela est demandé dans
les textes de la CEDEAO, les Etats membres devraient prendre, en conformité
avec leurs procédures constitutionnelles et les dispositions des instruments
communautaires, toutes les mesures nécessaires à l’application de ces textes.
Certaines dispositions des protocoles sont trop restrictives ou pas assez
précises. Par exemple, on peut s’interroger sur le contenu de l’article 5 alinéa 2
du Protocole additionnel A/SP1/7/85 de 1985 qui prévoit que la régularisation
de la situation des migrants irréguliers doit se faire dans le cadre des droits
(suite de l’article 3) « Toute mesure d’expulsion sera appliquée d’une manière humaine et sans conséquences
dommageables pour la personne, sa famille, ses droits et ses biens. 3. Toute personne faisant l’objet d’une
mesure d’expulsion bénéficie d’un délai raisonnable pour rentrer dans son pays d’origine 4. Toute mesure
d’expulsion, lorsqu’elle est de nature à entraîner la violation des droits fondamentaux de l’homme, est
prohibée. 5. En vertu des doits fondamentaux de l’homme reconnus aux migrants clandestins, les Etats
Membres, pays d’accueil disposeront, en cas d’expulsion de telle sorte que tous les rapatriements s’opèrent
dans le cadre de procédures régulières de sous contrôle. 6. En tant que de besoin, l’expulsion ne doit être
envisagée que pour des motifs strictement légaux ; en tout état de cause, elle doit être opérée dans le respect
de la dignité humaine de l’expulsé. »
21
Ceci est le cas des Protocoles additionnels A/SP1/6/89 et A/SP2/5/90. Tous les protocoles sont néanmoins
en vigueur à ce jour puisqu’au moins neuf Etats ont ratifié chacun d’eux conformément au Traite révisé de
1993.
20
66
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
définis par les différents protocoles relatifs à la libre circulation des personnes,
le droit de résidence et d’établissement et sur la base d’éléments d’appréciation
tels que - parmi d’autres - l’existence d’un large consensus politique selon lequel
la régularisation est désirable ou nécessaire et l’acceptabilité des éléments par
une large fraction de la société. Ces deux éléments aux contours difficilement
appréciables, sont peu pertinents d’un point de vue juridique.
B.2.2 Etat des lieux de l’effectivité des instruments de la
CEDEAO en matière migratoire
Des acquis considérables sont relevés tels que la suppression effective
du visa d’entrée dans tous les Etats membres, la reconnaissance légale du droit
de résidence et d’établissement, l’utilisation croissante de la carte de résident
et du passeport de la CEDEAO ou encore la reconnaissance d’une citoyenneté
de la CEDEAO. Une autre évolution notable est la réduction des tracasseries
administratives aux postes frontières entre les pays de la Communauté.
Néanmoins, force est de constater que l’application effective de ces protocoles
est loin de produire les effets escomptés au point de susciter de vives inquiétudes
quant à l’atteinte des objectifs assignés par les Etats membres.
Des progrès significatifs ont été accomplis concernant la libre circulation des
ressortissants des Etats membres de la CEDEAO. La suppression du visa d’entrée
a constitué l’élément clé de cette amélioration. Cependant, les tracasseries de
toutes natures sur les routes ou aux postes frontières mais aussi au sein des
administrations compétentes subsistent. Les principales raisons renvoient au
manque de formation des agents. De plus, poussés par des conditions de travail
et salariales insuffisantes, des agents continuent les pratiques d’extorsion et
de chantage dans les administrations, aux postes frontaliers et au niveau des
barrages routiers injustifiés. Ces pratiques répréhensibles font rarement l’objet
de poursuites ou de sanctions, les agents concernés bénéficiant ainsi de trop
d’impunité.
Le juge communautaire peut relever des plaintes une fois que les voies
de recours au niveau national ont été épuisées. Créée en 1991 mais installée de
manière effective en 2003, la Cour de justice de la Communauté peut traiter les
plaintes et les violations dans le domaine de la circulation et de la résidence des
personnes dans les conditions prévues par les textes (art. 76 du Traité révisé de
1993).22
Elle a été créée par le Protocole A/P.1/7/91 relatif à la Cour de justice de la Communauté.
22
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
67
De manière générale, les citoyens de la CEDEAO sont peu informés et
sensibilisés sur les droits et devoirs découlant des instruments juridiques de la
CEDEAO. Le problème du manque de connaissances des textes de la CEDEAO se
pose aussi bien pour les administrations en charge de leur application que pour
les populations. Du côté des administrations, les agents concernés doivent être
sensibilisés aux enjeux de l’intégration régionale et devraient recevoir dans les
écoles de formations des cours sur la libre circulation, le droit et résidence et
d’établissement au sein de l’espace CEDEAO. Ensuite, des efforts de vulgarisation
des instruments de la CEDEAO doivent être menés parmi les populations en
particulier les populations transfrontalières afin qu’elles connaissent mieux
les droits que leur confèrent ces instruments. Des traductions dans des mots
simples devraient être partagées en leur sein. Sur cette question, l’implication
de la société civile serait un apport important.
Aux points frontaliers, il serait opportun que les services d’immigration
disposent d’un système d’enregistrement des données et d’échanges
d’information pour renforcer la coopération interétatique et améliorer la
gestion des flux migratoires. La mise en place d’une stratégie de coopération
frontalière ambitieuse s’avère nécessaire par exemple à travers la création
de postes frontaliers conjoints, ce qui exige, outre une volonté politique des
différentes parties, des moyens humains et financiers conséquents. De plus,
le démantèlement des postes qui ne sont pas prévus dans les textes officiels
des Etats membres devrait être accentué dans les Etats où cela existe encore et
certains postes frontaliers, fermés à certaines heures, devraient être fonctionnels
24h/24.
Par ailleurs, de nombreuses personnes ne sont pas porteuses de
documents de voyage lorsqu’elles traversent les frontières et se retrouvent
dans la situation de migrants irréguliers avec toutes les conséquences que cela
entraîne en termes d’illégalité et de vulnérabilité. Certains n’ont même pas
d’acte de naissance et rencontrent des difficultés pour se voir délivrer une carte
d’identité ou un passeport.23 Un autre problème se pose avec le certificat de
vaccination, de nombreux migrants n’en étant pas détenteurs.
Les Etats devraient faciliter la délivrance des documents prévus par les
protocoles de la CEDEAO. On constate une utilisation de plus en plus fréquente
mais pas encore systématique de la carte de résident et du passeport de
la CEDEAO pour les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur de la CEDEAO.
Toutefois, des progrès restent à réaliser au niveau de l’application effective de ce
Les systèmes d’état civil devraient être sensiblement améliorés : la fiabilité des documents peut poser
problème tout comme leur validité, les critères pour étant différents entre les pays de la CEDEAO.
23
68
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
droit. En réalité, la carte de résident n’a pas été mise en circulation par tous les
Etats, et là où elle existe, trop de personnes ignorent son existence.
En appliquant mieux les instruments de la CEDEAO, et surtout en informant
mieux les agents de l’immigration et des douanes ainsi que la population sur les
droits contenus dans ces textes, beaucoup de situations de migrations irrégulières
pourraient ainsi être évitées. C’est néanmoins en matière de libre circulation
que les progrès les plus importants ont pu être réalisés, tandis qu’en matière de
résidence et d’établissement, de nettes améliorations se font attendre.
Le droit de résidence et d’établissement ne s’applique qu’à une petite
partie des migrants ouest africains. Même si les dispositions y relatives offrent
aux ressortissants des Etats membres la possibilité d’accéder à un emploi ou à
une activité rémunératrice sur le territoire d’un Etat membre exception faite de
la fonction publique, des difficultés subsistent encore au niveau de l’exercice
de certaines professions libérales pour lesquelles on relève des discriminations
dues au manque d’harmonisation de la législation nationale en matière d’emploi
et de reconnaissance des diplômes.
Les droits de résidence et d’établissement ne sont donc pas assez effectifs,
d’une part en raison de l’absence de moyens mis en place pour les faire respecter,
d’autre part pour les mêmes raisons évoquées pour la libre circulation (ignorance
de l’existence et du contenu des textes de la CEDEAO par les administrations et
les populations). La délivrance de la carte de résident n’est pas systématique et
reste méconnue par certains fonctionnaires et par les bénéficiaires potentiels.
Tel que défini dans les protocoles de la CEDEAO, le droit de résidence
soulève enfin le problème des personnes installées dans ces pays antérieurement
à l’instauration des textes adoptés. Le Protocole additionnel A/SP1/85 de 1985
prévoit des dispositions générales relatives à la régularisation de la situation des
migrants irréguliers. Il s’agit à présent de trouver une manière de régulariser
la situation de toutes ces personnes, qui ne peuvent plus être qualifiées de
migrants du fait de la durée de leur séjour sur le territoire d’accueil qui peut
remonter à plusieurs générations. Il est en outre nécessaire de ratifier pour les
Etats qui ne l’ont pas encore fait la Convention internationale sur la protection
des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille du 18
décembre 1990.24
En Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Nigéria et le Sénégal sont
parties à cette Convention.
24
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
69
Les Etats sont encore peu enclins à laisser une part de leur souveraineté
au profit d’une régulation régionale des migrations. Il existe des conflits entre
la loi nationale et la réglementation régionale. La mise en conformité du corpus
national par rapport aux instruments régionaux est un préalable nécessaire
pour une meilleure effectivité de la libre circulation des personnes dans l’espace
CEDEAO. Les Gouvernements doivent prendre des initiatives pour assurer la
complémentarité plutôt que l’opposition ou les contradictions pouvant exister
entre les deux niveaux de réglementation ou entre le discours et la volonté
politique et les réalités sur le terrain.
Par exemple, le cas de la Côte d’Ivoire, selon le discours du Ministre d’Etat,
Ministre du Plan et du Développement (MEMPD) lors du Dialogue de Haut
Niveau des Nations Unies à New York les 15 et 16 septembre 2006, la politique
migratoire ivoirienne met l’accent sur la gestion régionale des questions
migratoires, le cadre national étant inapproprié pour juguler tous les problèmes
liés aux mouvements de personnes. Pourtant, si le Protocole du 29 mai 1979 a
été ratifié le 19 janvier 1981 par la Côte d’Ivoire, ce pays n’a pas encore ratifié les
protocoles portant sur les droits de résidence et d’établissement.
Certains textes de loi nationaux comprennent des dispositions distinguant
les ressortissants de la CEDEAO de ceux hors CEDEAO. Le dernier texte relatif à
la gestion de la migration est l’ordonnance n°2007–604 du 8 novembre 2007
portant suppression de la carte de séjour. Selon cette ordonnance, « Les étrangers
ressortissants de la CEDEAO vivant en Côte d’Ivoire devront être munis de
documents d’identification délivrés par leur pays d’origine ou leur représentation
consulaire » (art.2) tandis que pour les étrangers des pays non membres de la
CEDEAO, il est prévu la carte de résident lorsque le séjour est supérieur à trois
mois. De plus, la loi n°2002–03 du 3 janvier 2002 relative à l’identification des
personnes et au séjour des étrangers stipule que l’identification des étrangers
vivant en Côte d’Ivoire s’établit par un titre de séjour tandis que la modification
intervenue en 2004 (loi n°2004-303 du 3 mai 2004) crée une carte de résident
pour les ressortissants de la CEDEAO après trois mois de séjour continu.
La Côte d’Ivoire utilise la voie des accords bilatéraux, ce qui risque de
multiplier les régimes juridiques en fonction, notamment avec le Burkina
Faso qui est relatif aux conditions d’engagement et d’emplois des travailleurs
burkinabè en Côte d’Ivoire. Le contenu de cette convention porte également sur
les transferts et la protection des migrants voltaïques.
De son côté, le Niger a adopté l’ensemble des protocoles de la CEDEAO
sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.
70
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
La principale loi sur l’entrée et le séjour des étrangers renvoie à l’ordonnance
n°81–40 du 29 octobre 1981 et son décret d’application n°87–076/PCMS/MI/
MAE/C (MI/D-Police Nationale, 2006). Au regard des instruments de la CEDEAO,
certaines dispositions sont caduques notamment celles relatives aux documents
de voyage et aux visas d’entrée. Des révisions sont donc nécessaires, comme
c’est le cas dans de nombreux autres pays de la sous-région.
Quel que soit le pays, il est de la responsabilité des Etats de veiller à ce
que les instruments juridiques et les politiques et pratiques mises en place au
niveau national soient conformes au corpus régional afin d’assurer une mobilité
régionale en ligne avec l’objectif majeur de l’intégration régionale.
B.3 L’intégration régionale, le dialogue international et
l’impact sur la migration
B.3.1 Le défi de l’intégration régionale
La mobilité humaine en Afrique de l’Ouest est considérée dans le cadre
plus large de l’intégration régionale, qui passe notamment par la libre circulation
des personnes. L’intégration régionale est d’ailleurs l’un des éléments fondateurs
de la CEDEAO.
Pour concrétiser la volonté des Etats membres de développer ensemble
une meilleure intégration régionale, les instruments communautaires présentés
auparavant ont été adoptés, bien que de manière insuffisante puisque certains
pays n’ont toujours pas ratifié l’ensemble du corpus existant.
Pour affirmer davantage cet objectif d’intégration, le Traité révisé de la
CEDEAO intègre la notion de citoyen de la Communauté pour les ressortissants
des Etats membres (art. 1). Les conditions fixées à l’acquisition de la citoyenneté
de la CEDEAO figurent dans le Protocole A/P3/5/82 du 29 mai 1982 portant Code
de la Citoyenneté de la Communauté. Ce protocole, entré en vigueur le 10 juillet
1984, énonce les critères d’acquisition de cette citoyenneté qui concerne « toute
personne qui, par la descendance a la nationalité d’un Etat membre et qui ne
jouit pas de la citoyenneté d’un Etat non membre de la Communauté » (art. 1
§ 1). Tous les binationaux qui ont une nationalité d’un pays hors CEDEAO se
trouvent donc exclus d’office.
Un instrument important pour l’intégration régionale renvoie à la stratégie
régionale de réduction de la pauvreté. Préparée de manière conjointe par la
Commission de la CEDEAO et la Commission de l’UEMOA en novembre 2006,
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
71
cette stratégie a tout récemment été lancée officiellement (le 11 janvier 2010).
Conçu comme élément complémentaire aux stratégies nationales, la stratégie
régionale mentionne à plusieurs reprises aussi le lien entre la migration et le
développement.
La migration est présentée comme un des facteurs pour la transformation
et la croissance économique ainsi que la réduction de la pauvreté. Les flux des
travailleurs migrants sont considérés, à juste titre, comme un accélérateur pour
le processus de développement. La stratégie souligne l’importance d’une gestion
efficace et coordonnée des flux migratoires dans la région, car l’absence d’une
telle gestion peut renforcer la pauvreté et créer des tensions.
B.3.2 L’Approche commune sur la migration : inspirée par le
dialogue international
La CEDEAO a souhaité se doter d’un cadre stratégique sur les migrations
et cette volonté a débouché sur l’adoption de l’Approche commune sur la
migration lors de la 33ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et
de Gouvernement qui s’est tenue à Ouagadougou le 18 janvier 2008.
L’Approche commune sur la migration fournit une série d’orientations et
de principes clés pour améliorer la gestion des migrations dans l’espace CEDEAO.
Parmi les principes qui fondent l’Approche commune, il est énoncé l’importance
de la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace CEDEAO, qui est une
« priorité fondamentale de la politique d’intégration des Etats membres » dans
une logique de mise en cohérence des politiques qui doit gouverner l’ensemble
des questions migratoires soulevées dans le texte.
L’Approche commune de la CEDEAO sur la migration s’inscrit pleinement
dans le dialogue international sur la migration qui a vu ces dernières années une
intensification notable. Alimenté par un changement de paradigme au niveau
mondial qui a amené les Etats à percevoir la migration non plus comme un défi
national mais plutôt comme un phénomène global, le dialogue international a su
porter cette thématique en haut de l’agenda politique. Les différentes initiatives
de dialogue aux niveaux régional et international ont renforcé l’idée que c’est
uniquement avec une politique cohérente à tous les niveaux et une collaboration
étroite entre tous les partenaires que les effets positifs de la migration peuvent
être renforcés et les aspects négatifs réduits.
« Les migrations ont été un élément constant et influant de l’histoire
humaine. Elles ont soutenu le processus de croissance économique mondiale,
contribué à l’évolution des Etats et des sociétés et enrichi de nombreuses cultures
72
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
et civilisations. Les migrants, personnes disposées à s’aventurer hors des confins
de leur communauté et de leur pays pour avoir de nouvelles opportunités et
offrir des opportunités à leurs enfants, ont souvent été parmi les membres les
plus dynamiques et entreprenants de la société. » Cet extrait du rapport de la
Commission Mondiale sur les Migrations Internationales (CMMI) met en lumière
des aspects essentiels de la corrélation entre migration et développement.
Cette synergie entre la migration et le développement, qui se trouve au cœur du
dialogue international, est devenue une force motrice d’une nouvelle approche
sur la migration.
Nous nous trouvons sans doute au commencement d’une longue route,
avec d’innombrables opportunités à saisir. Mais aussi réelle soit-elle, cette
synergie ne suffira pas à résoudre tous les problèmes de développement – de
même que la coopération au développement ne saurait, à elle seule, mettre un
terme aux flux migratoires irréguliers. Si on considère par contre que l’argent
envoyé par les migrants est au moins trois fois le volume de l’aide internationale
officielle, que partout dans le monde des migrants sont activement engagés dans
le développement économique, social et culturel de leur pays de destination et
que des migrants retournés dans leur pays d’origine peuvent devenir des sources
d’innovation, on comprend que la migration soit devenue un facteur essentiel
pour le développement.
En vue de l’importance du potentiel inhérent du lien entre la migration
et le développement et des différents défis posés par les migrations dans
l’espace CEDEAO, l’Approche commune contient un plan d’action sur six champs
prioritaire à ce sujet : migration et développement, la gestion des migrations
régulières, la lutte contre les migrations irrégulières et la traite des êtres humains
en particulier des femmes et des enfants, la protection des droits des migrants,
des demandeurs d’asile et des réfugiés et la dimension genre et migration.
La promotion de la libre circulation des personnes est d’une importance
stratégique pour le renforcement de l’intégration régionale et a fortiori pour
l’avancement du processus de développement de la zone CEDEAO. Avec des
mesures telles que des projets de coopération transfrontalière, la définition d’une
stratégie de planification territoriale au niveau régional et la modernisation des
postes frontières, la Commission a l’intention de contribuer à la diminution du
harcèlement et autres difficultés aux frontières et de faciliter la mobilité intrarégionale.
Une migration sûre et bien gérée peut contribuer positivement au
développement des pays d’origine et de destination. C’est dans cette logique
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
73
que la Commission de la CEDEAO s’engage à la facilitation par exemple pour les
étudiants d’accéder à l’université et à la formation continue surtout en Europe et
en Amérique du Nord. Il s’agit aussi de faire participer de manière coordonnée la
diaspora ouest africaine dans la dynamique du développement régional.
La troisième priorité est l’harmonisation des politiques migratoires aux
niveaux national et régional. Si en théorie la relation entre la migration et le
développement est compréhensible, au niveau pratique des efforts plus soutenus
doivent être entrepris. Une première voie est l’inclusion systématique de la
migration dans toute stratégie de réduction de la pauvreté. Cela amènera les
Etats membres de la CEDEAO et sa Commission à plus de cohérence dans leurs
activités et ainsi à plus d’efficacité. Les Profils migratoires seront un instrument
fort utile dans cette optique.25
La migration irrégulière reçoit une attention importante dans l’Approche
commune, principalement sous l’angle de la traite des êtres humains. Des projets
de sensibilisation et de prévention de la traite sont essentiels et la Commission
et les Etats membres de la CEDEAO essaieront ainsi de réduire les effets souvent
tragiques d’une migration incontrôlée.
La protection des droits des migrants est aussi – et le deuxième Forum
Mondial sur la Migration et le Développement en 2008 à Manille l’a parfaitement
démontré – une question de développement. Au delà des aspects importants au
niveau individuel, un migrant mieux protégé est un migrant qui peut contribuer
plus efficacement au développement de son pays de destination et d’origine. Le
plan d’action de la CEDEAO inclus à cette fin différentes activités qui tournent
principalement autour de la Convention des Nations Unies sur les droits des
travailleurs migrants et de leur famille de 1990.
La dernière priorité est l’inclusion systématique de tous les aspects relatifs
au genre dans la formulation et la mise en œuvre d’une politique migratoire. Les
Etats membres sont ici appelés à valoriser le rôle déterminant des femmes dans
le processus de développement mais aussi de trouver des réponses dans leur
politique migratoire face à vulnérabilité spécifique des femmes.
Pour mettre en œuvre l’Approche commune sur la migration, la Commission
de la CEDEAO a reçu le soutien financier du gouvernement espagnol. Un fonds
de 10 millions d’euros a été alloué pour le soutien de projets des Etats membres,
de la Commission et de la société civile dans la sous-région. Un consultant a
Les Profils migratoires ont été préparés dans le cadre du projet de l’OIM « Migrations en Afrique de l’Ouest
et du centre : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques ».
25
74
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
été mis à disposition par le gouvernement suisse et l’OIM dans le but de faire
avancer le dossier migratoire au sein de la Commission. D’autres donateurs, telle
que la Commission européenne, ont signalé leur intérêt de soutenir les travaux à
venir dans le cadre de l’Approche commune.
B.3.3 Autres initiatives récentes de la CEDEAO face aux enjeux
liés aux migrations
La CEDEAO, à travers la Commission et le Parlement, cherche à promouvoir
les textes adoptés en son sein et réunit régulièrement des experts afin
d’identifier au mieux les problèmes et les solutions y relatives. Une task force
a été créée et a arrêté plusieurs recommandations afin de rendre plus effective
la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement en
Afrique de l’Ouest. Parmi les réunions que la CEDEAO a organisé ces dernières
années, on peut relever un séminaire s’ayant tenu à Accra en avril 2008 sur les
atteintes à la libre circulation et a permis une lecture critique d’un document
important sur le sujet, à savoir le mémorandum de la Commission de la CEDEAO
sur l’état d’application des protocoles sur la libre circulation, le droit de séjour
et l’établissement de la citoyenneté. L’idée retenue lors de ce séminaire de
faire du 28 mai26 une journée de mobilisation sur l’intégration dans l’espace
CEDEAO est à saluer. La CEDEAO a également organisé plusieurs réunions avec
l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour pouvoir mener une
action concertée et développer des synergies sur les questions migratoires.
Dans la continuité de l’adoption de l’Approche commune, il est primordial
de créer un cadre régional de consultation sur les questions relatives à la gestion
des migrations avec la participation des Etats membres et de la Commission de
la CEDEAO mais également de la société civile et d’organisations internationales
afin de promouvoir l’échange d’informations, d’expériences et d’expertises.27
La CEDEAO a également développé des actions concrètes afin d’améliorer
la libre circulation des personnes. Ainsi, des unités pilotes de suivi de la libre
circulation des personnes aux frontières ont été créées en janvier 2007 par la
Conférence des Chefs d’Etat et Gouvernement de la CEDEAO. Huit pays ont été
retenus pour accueillir ces unités pilotes : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Ghana, Guinée, Mali, Nigéria et Togo. Un an auparavant, en janvier 2006, la
Conférence avait adopté le Programme d’initiatives transfrontalières et le fonds
de facilitation de la coopération transfrontalière tandis qu’une Convention de
Le 28 mai 1975 correspond à la date de l’adoption du Traité de la CEDEAO et donc de la création de institution
régionale.
27
Ce type de consultation serait conforme à l’article 2 alinéa 4 du Protocole additionnel A/SP1/7/85 de 1985.
26
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
75
coopération transfrontalière a été adoptée par le Parlement de la CEDEAO en
mai 2007. Ces textes visent à renforcer la coopération bilatérale entre les Etats
membres ayant des frontières communes afin d’améliorer la gestion de ces
frontières et de faciliter le mouvement des personnes.
Ces initiatives participent à la volonté de renforcer l’application des textes
juridiques de la CEDEAO et à la nécessité de trouver des réponses régionales
dans un contexte mondial marqué par le renforcement des coopérations voire
des intégrations économiques.
En termes de gestion des réfugiés, il convient de saluer l’existence d’un
accord multipartite signé en 2007 par la CEDEAO, les Gouvernements du Nigéria,
du Liberia et de Sierra Leone, et le Haut Commissariat des Nations Unies aux
Réfugiés. Il porte sur l’intégration locale des réfugiés libériens et sierra léonais
au Nigéria, en conformité avec les instruments communautaires.
Les enjeux liés à l’intégration et aux questions de migration ont évolué par
rapport au contexte qui prévalait au moment de la création de la CEDEAO et de
l’adoption du Protocole A/P1/5/79 de 1979. D’une part, la nature des migrations
s’est diversifiée dans cette région à cause des crises politiques - qui ont entraîné
la déstabilisation de certains Etats de la sous-région - mais aussi économiques
et environnementales. D’autre part, une tendance actuelle est la croissance
des migrations irrégulières à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace CEDEAO
accompagnées de graves conséquences en termes d’atteintes aux droits de
l’Homme notamment. Une meilleure intégration au sein de la CEDEAO est ainsi
perçue comme une solution au phénomène des migrations irrégulières aussi
bien dans la sous-région que dans d’autres pays du continent africain et dans
les pays dits du Nord. De plus, les migrations ont des impacts importants dans
de nombreux domaines comme la santé, l’environnement et le développement.
Enfin, comme cela a déjà été dit, la libre circulation des personnes est un
élément essentiel de toute intégration économique régionale. Consciente de ces
enjeux, la Commission de la CEDEAO se mobilise de plus en plus sur la gestion
des migrations.
Un point important du débat actuel est de savoir s’il convient de revoir
ce cadre juridique à la lumière des évolutions et des tendances migratoires
récentes, ou s’il vaut mieux l’appliquer tel quel pour ne pas risquer d’en amoindrir
la portée.
Deux étapes apparaissent essentielles en vue d’améliorer la libre
circulation, le droit de résidence et d’établissement dans l’espace CEDEAO : la
76
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
première étape correspond à la revue des instruments existants et à leur révision
partielle lorsque cela est jugé nécessaire dans la perspective de renforcer l’acquis
et non de le remettre en cause. Il serait opportun en même temps de combler les
lacunes : par exemple, le droit communautaire ne protège pas assez les enfants
et les femmes, des catégories de personnes particulièrement vulnérables.
Une réflexion devrait par ailleurs être menée également au sujet des migrants
non ressortissants de la CEDEAO qui ne peuvent en aucun cas bénéficier de
l’application du corpus juridique de la CEDEAO mais qui sont nombreux à émigrer
et vivre en Afrique de l’Ouest.
La deuxième étape est un défi politique et institutionnel et renvoie à
l’appropriation des instruments communautaires par les Etats membres. Cela
se heurte au fait que les Etats sont réticents à réduire leur souveraineté. Les
Protocoles additionnels à celui de 1979 n’ont pas été ratifiés par l’ensemble des
Etats membres. Ces derniers ne sont pas encore lancés en Afrique de l’Ouest
dans un processus d’intégration régionale approfondi et suffisamment effectif.
Un tel processus pose la question du mandat, de la légitimité politique et des
moyens alloués à la CEDEAO qui, à ce jour, ne sont pas à la hauteur du défi de
l’intégration régionale.
Une des clés de voûte de tout processus d’intégration économique est
sans conteste la libre circulation des personnes. Celle-ci doit être promue,
en soutenant ses effets positifs tout en veillant à réguler les migrations pour
réduire ses risques ou effets négatifs. De manière générale, l’intégration
régionale est sans aucun doute un processus nécessaire voire primordial pour
l’Afrique de l’Ouest dans un contexte mondial de globalisation économique où
des ensembles régionaux cherchent à unir leurs forces et leurs destins.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
77
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Etats membres de la CEDEAO.
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27 du traité de la Communauté Economique des Etats de
l’Afrique de l’Ouest.
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Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de
résidence et d’établissement.
A/P3/5/82
Protocole portant code de la citoyenneté de la
Communauté.
A/SP1/7/85
Protocole additionnel portant code de conduite pour
l’application du protocole sur la libre circulation des
personnes, le droit de résidence et d’établissement.
A/SP1/7/86
Protocole additionnel relatif à l’exécution de la deuxième
étape (droit de résidence) du protocole sur la libre circulation
des personnes, le droit de résidence et d’établissement.
A/SP1/6/89
Protocole additionnel complétant les dispositions de
l’article 7 du protocole sur la libre circulation des personnes,
le droit de résidence et d’établissement.
A/SP2/5/90
Protocole additionnel relatif à l’exécution de la troisième
étape (droit d’établissement) du protocole sur la libre
circulation des personnes, le droit de résidence et
d’établissement.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
79
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Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
81
55,7
2 336 362
Total
2 371 277
Total
54,9
2 406 713
% H/Total
1 085 428
Total
1 321 285
Femme
Homme
54,9
1 069 446
Femme
% H/Total
1 301 831
Homme
55,2
1 046 690
Femme
% H/Total
1 289 672
55,5
1 985 208
883 418
1 101 790
Homme
% H/Total
Total
Femme
Homme
% H/Total
1 816 426
804 677
Total
Femme
Côte d’Ivoire
1 011 749
Pays
Homme
Source : DPNU (2009).
2010
2005
2000
1995
1990
58,2
1 851 814
774 034
1 077 780
58,2
1 669 267
697 731
971 536
58,2
1 504 715
628 951
875 764
56,9
1 038 349
447 152
591 197
55,6
716 527
317 902
398 625
Ghana
52,6
1 127 668
534 924
592 744
53,5
972 126
452 010
520 116
54,4
751 126
342 336
408 790
55,3
581 657
259 849
321 808
56,2
447 411
195 918
251 493
Nigéria
48,8
210 061
107 462
102 599
49,0
220 208
112 371
107 837
49,1
231 015
117 592
113 423
49,2
290 700
147 603
143 097
51,7
268 574
129 718
138 856
Sénégal
46,1
202 163
108 928
93 235
46,4
182 960
98 089
84 871
46,7
165 461
88 265
77 196
46,9
170 877
90 700
80 177
47,2
135 698
71 668
64 030
Niger
52,4
162 677
77 386
85 291
52,2
165 448
79 098
86 350
52,0
163 994
78 795
85 199
51,7
173 942
83 994
89 948
51,5
165 275
80 208
85 067
Mali
57,8
99 229
41 912
57 317
57,9
66 053
27 822
38 231
58,0
62 593
26 292
36 301
58,1
117 580
49 254
68 326
58,2
93 878
39 217
54 661
Mauritanie
49,6
12 053
6 075
5 978
49,6
11 183
5 637
5 546
49,6
10 375
5 229
5 146
49,6
9 626
4 852
4 774
49,6
8 931
4 502
4 429
Cap-Vert
54,9
6 072 378
2 736 149
3 336 229
55,1
5 658 522
2 542 204
3 116 318
55,3
5 225 641
2 334 150
2 891 491
55,0
4 367 939
1 966 822
2 401 117
55,0
3 652 720
1 643 810
2 008 910
Total
Tableau 16 : Stock de migrants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest, par sexe et par pays de destination, 1990-2010
Annexe
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
83
84
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
20 669
11 652
Ghana
Mali
136 461
10 240
280 177
Nigeria
Sénégal
Total pays
cibles
47 417
973
36 730
393
393
518
1 860
1 515
3 668
80
1 287
Total
médecins
Source : Bhargava, Docquier et Moullan (2010).
11 762
Niger
2 848
16 835
Côte
d’Ivoire
Mauritania
53 153
470
16 087
Population
(en milliers)
RDC
Cap-Vert
Cameroun
Pays
0.095
0.269
0.033
0.138
0.044
0.090
0.090
0.069
0.171
0.080
Médecins
pour 1 000
habitants
7 333
66
5 499
1
0
9
1 132
14
456
0
157
Médecins
émigrés
Personnel médical
6.4
13
0.1
-
1.7
37.8
0.9
11.1
-
10.9
Taux
d’émigration
des médecins
(en %)
Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004
3 490
36
2 806
0
0
0
592
4
12
0
40
Etats-Unis
2 415
1
2 050
0
0
0
343
3
6
0
12
RoyaumeUni
596
0
245
0
0
0
61
0
287
0
3
Afrique
du Sud
192
0
177
0
0
0
9
0
2
0
3
Irlande
187
3
136
0
0
0
38
0
7
0
3
Canada
“Stock de médecins émigrés
(par principaux pays de destination)”
454
26
85
1
0
9
88
7
142
0
96
Autres
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
85
414 605
Afrique
Subsaharienne
0
20 372
20 647
5 961
Source: Michael Clemens et Gunilla Pettersson (2006).
758 698
Afrique
5 799
124 943
146 910
3
1 887
Total
3 415
94 747
Nigéria
Sénégal
Grand Total
0
1 580
2 668
Mauritanie
Niger
0
1 501
2 381
14 972
0
0
Mali
7 233
162
44
118
Ghana
Côte d’Ivoire
355
21 967
Total
Cap-Vert
16 969
4 998
République du
Congo
Cameroun
Origine
19 545
20 983
12 410
11 539
102
8 954
28
21
57
2 101
185
91
871
207
664
Total infirmiers/
Royaumeinfirmières par
Etats-Unis
Uni
pays d’origine
4 297
17 421
1 825
1 276
584
24
38
94
208
1
302
25
549
206
343
France
1 690
1 865
485
435
0
160
0
0
0
275
0
0
50
50
0
Canada
1 724
1 828
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2 971
2 977
137
128
0
0
0
0
0
0
0
128
9
9
0
172
763
21
12
0
8
0
2
0
2
0
0
9
4
5
2 294
2 872
1 828
34
6
6
0
0
0
0
22
0
1 794
1 761
33
239
239
25
18
0
12
0
0
0
6
0
0
7
7
0
53 298
69 589
22 692
19 241
695
12 579
66
117
265
4 766
509
244
3 451
2 288
1 163
11
8
13
13
27
12
2
7
15
24
7
41
14
12
19
Total
Taux
Afrique du infirmiers/
Australie Portugal Espagne Belgique
d’émigration
Sud
infirmières
(en %)
à l’étranger
Pays de destination
Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés des pays cibles, par pays de destination, 2005
Tableau 19 : Traite des personnes en direction des pays cibles sélectionés, 2002-2008
Mali – Pays de destination
Pays
Burkina Faso
Mali
Nigéria
Uganda
2002
2003
2004
2007
2008
Total
-
5
1
5
1
12
111
250
109
-
-
470
3
2
-
-
-
5
-
-
1
-
-
1
114
257
111
5
1
488
2001
2002
2003
2004
2007
Total
Benin
-
19
-
-
-
19
Mali
7
32
52
88
-
179
Nigéria
-
-
-
-
3
3
Togo
-
1
-
-
-
1
Total
7
52
52
88
3
202
Total
Cote d’Ivoire - Pays de destination
Pays
Sénégal - Pays de destination
Pays
2004
2005
2006
2007
2008
Total
Burkina Faso
-
-
3
-
-
3
Guinea
-
1
-
-
1
2
Guinea-bissau
-
-
8
4
8
20
Mali
1
-
-
1
2
4
Mauritania
-
-
-
-
1
1
Sénégal
-
-
-
13
9
22
Total
1
1
11
18
21
52
Source : OIM (2008).
86
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
87
32
Source : CIREFI (2009).
23 754
Cap-Vert
Total
990
16 224
Sénégal
135
Nigéria
249
Mauritania
Niger
399
3 982
Mali
1 743
2006
Ghana
Côte d’Ivoire
9 125
33
3 984
1 247
217
478
1 404
744
1 018
2007
Espagne
6 849
10
2 702
2 705
89
120
109
842
272
2006
7 203
10
3 094
2 523
50
79
208
953
286
2007
Italie
2 360
151
537
560
68
198
325
170
351
2006
2 808
273
656
529
68
145
478
265
394
2007
France
721
30
12
392
23
16
8
214
26
2006
733
29
25
408
30
13
9
178
41
2007
Pays-Bas
1 653
1 362
180
72
3
4
5
26
1
2006
1 942
1 242
562
68
19
4
12
22
13
2007
Portugal
2 829
9
120
1 316
98
587
78
393
228
2006
3 349
11
162
1 655
88
578
153
379
323
2007
Autres
2 044
38 166
1 594
19 775
6 035
416
1 174
4 507
4,2 %
51,8 %
15,8 %
1,1 %
3,1 %
11,8 %
5,4 %
6,9 %
100,0 %
2006
2 621
2 541
25 160
1 598
8 483
6 430
472
1 297
2 264
8,2 %
100,0 %
6,4 %
33,7 %
25,6 %
1,9 %
5,2 %
9,0 %
10,1 %
2007
2 075
TOTAL UE 27
Tableau 20 : Appréhensions ou arrestations des ressortissants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest dans les 27 pays de l’Union Européenne (UE
27, 2006-2007
88
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Total
6 677
Source : CIREFI (2009).
4
3 948
3
Cap-Vert
175
2 820
231
5 357
6
70
Sénégal
11
533
289
51
2007
Nigéria
75
Mali
Niger
49
926
Ghana
Mauritania
25
Côte d’Ivoire
2006
Espagne
646
1
164
407
1
2
2
61
8
2006
584
1
147
316
2
0
17
71
30
2007
Italie
1 238
78
251
206
9
42
491
37
124
2006
1 471
116
366
243
7
58
427
67
187
2007
France
807
36
7
462
35
3
4
247
13
2006
-
-
-
-
-
-
-
-
-
2007
Pays-Bas
552
2
13
363
5
1
8
149
11
2006
407
0
7
265
13
3
9
97
13
2007
Allemagne
665
44
47
444
23
9
4
65
29
2006
683
66
67
423
32
9
5
65
16
2007
Autres
608
10 585
164
5 839
2 113
84
132
1 435
5,7 %
2,0 %
100,0 %
1,5 %
55,2 %
20,0 %
0,8 %
1,2 %
2007
7 093
187
3 407
1 422
60
140
991
589
297
TOTAL UE 27
13,6 %
2006
210
Tableau 21 : Expulsions des ressortissants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest à partir des pays de l’UE 27, 2006-2007
100,0 %
2,6 %
48,0 %
20,0 %
0,8 %
2,0 %
14,0 %
8,3 %
4,2 %
Graphique 10 : Stock des étudiants mobiles du Cameroun et de la RDC, 2000-2007
Source : UNESCO (2009).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
89
90
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
52 297
60 532
Total
République
démocratique du
Congo+Cameroun
Grand Total
Source: DRC (2007).
8 235
279 813
65 989
213 824
3 627
26,07 %
217
1,56 %
10 259
51,71 %
294
1,48 %
38 530
58,52 %
2 408
3,66 %
48 383
63,37 %
1 364
1,79 %
43 025
54,79 %
305
0,39 %
13 268
13,59 %
394
0,40 %
4 681
4,05 %
2 689
2,33 %
27 459
21,96 %
49 889
39,89 %
87 839
48,21 %
1 458
0,80 %
2 742
1,47 %
1 514
France
0,81 %
Total Pays cibles
Afrique de l’Ouest
Niger
Mauritania
Cameroun
Côte d’Ivoire
Mali
Cap-Vert
Ghana
RDC
Sénégal
Nigéria
Belgique
160 291
28 917
131 374
39,17 %
5 449
16,03 %
3 180
14,05 %
9 252
13,77 %
10 517
27,49 %
21 591
13,51 %
13 193
18,82 %
21 758
15,72 %
19 665
13,95 %
25 413
16,20 %
30 273
Allemagne
167 153
12 898
154 255
4,21 %
586
0,76 %
151
5,27 %
3 468
3,99 %
3 047
2,20 %
1 729
0,64 %
621
49,45 %
57 172
7,54 %
9 430
0,75 %
1 369
47,95 %
89 580
Royaume-Uni
Tableau 22 : Stock d’émigrés des pays cibles en Europe, 2000
89 305
3 531
85 774
10,28 %
1 430
4,02 %
798
5,00 %
3 293
9,50 %
7 253
0,48 %
376
4,83 %
4 719
1,97 %
2 282
0,19 %
238
25,22 %
45 944
12,30 %
22 972
Italie
32 241
4 224
28 017
1,06 %
147
1,93 %
383
1,50 %
985
0,50 %
379
0,15 %
115
11,32 %
11 053
9,69 %
11 201
2,59 %
3 239
0,35 %
646
2,19 %
4 093
Pays-Bas
47 637
1 675
45 962
0,00 %
0
0,16 %
31
0,09 %
58
0,12 %
92
0,06 %
44
46,04 %
44 964
0,05 %
54
1,29 %
1 617
0,35 %
631
0,08 %
146
Portugal
35 943
2 350
33 593
0,49 %
68
18,88 %
3 745
2,40 %
1 580
0,86 %
653
4,17 %
3 273
2,34 %
2 282
2,76 %
3 189
0,62 %
770
6,25 %
11 391
4,81 %
8 992
Espagne
15 780
6 670
9 110
1,05 %
146
0,71 %
141
4,12 %
2 713
1,71 %
1 308
0,62 %
489
1,52 %
1 487
1,74 %
2 009
3,16 %
3 957
0,83 %
1 506
1,08 %
2 024
Suisse
73 148
12 346
60 802
16,10 %
2 240
4,32 %
858
5,40 %
3 553
4,39 %
3 353
9,66 %
7 583
5,81 %
5 678
9,15 %
10 579
7,03 %
8 793
3,30 %
6 008
13,11 %
24 503
Autres
961 843
190 897
770 946
100,00 %
13 910
100,00 %
19 840
100,00 %
65 840
100,00 %
76 349
100,00 %
78 530
100,00 %
97 659
100,00 %
115 614
100,00 %
125 057
100,00 %
182 205
100,00 %
186 839
Total
100,00
19,85
80,15
1,45
2,06
6,85
7,94
8,16
10,15
12,02
13,00
18,94
19,43
%
Tableau 23 : Stock des émigrants des pays cibles par destination
Océanie
Total pays cibles de
l’Afrique de l’Ouest
Total
République démocratique
du Congo + Cameroun
Grand Total
%
Asie
Canada +
Etats-Unis
Autres
Amériques
Europe
Afrique
Total
5 107
181 024
305 976
9 965
770 946
3 774 356
5 047 374
480
27 597
33 089
1 708
190 897
737 649
991 420
5 587
208 621
339 065
11 673
961 843
4 512 005
6 038 794
0,09
3,45
5,61
0,19
15,93
74,72
100
Source: DRC (2007).
Tableau 24 : Taux d’émigration* et de sélection** des émigrés des pays cibles par niveau
d’éducation, 1990-2000 (en %)
1990
Taux d’émigration
bas
Mauritanie
moyen
0,62 %
Taux de sélection
élevé
0,43 %
2,79 %
bas
moyen
91,7 %
2,6 %
élevé
5,8 %
Côte d’Ivoire
0,29 %
0,33 %
2,89 %
64,9 %
11,6 %
23,5 %
Niger
0,04 %
0,68 %
6,45 %
54,4 %
14,4 %
31,1 %
61,5 %
Nigéria
0,10 %
0,39 %
8,00 %
28,1 %
10,3 %
Mali
0,81 %
0,78 %
8,23 %
93,5 %
2,3 %
4,2 %
Sénégal
1,58 %
3,11 %
12,25 %
80,4 %
7,7 %
11,9 %
Cameroun
0,27 %
0,79 %
13,20 %
54,5 %
12,2 %
33,2 %
RDC
0,25 %
1,57 %
20,97 %
37,1 %
27,0 %
35,9 %
Ghana
Cap-Vert
0,92 %
1,09 %
37,65 %
47,4 %
16,4 %
36,2 %
22,61 %
35,18 %
56,77 %
74,8 %
16,9 %
8,3 %
2000
Taux d’émigration
bas
moyen
Taux de sélection
élevé
bas
moyen
élevé
Côte d’Ivoire
0,4 %
0,9 %
5,7 %
47,6 %
21,7 %
30,7 %
Niger
0,0 %
0,3 %
6,0 %
38,0 %
12,6 %
49,4 %
Nigéria
0,1 %
0,9 %
10,7 %
12,9 %
22,1 %
65,0 %
Mauritanie
0,8 %
3,6 %
11,8 %
63,4 %
14,6 %
21,9 %
RDC
0,2 %
0,9 %
13,7 %
35,6 %
27,8 %
36,6 %
Mali
0,8 %
2,4 %
15,0 %
81,2 %
7,9 %
10,9 %
Cameroun
0,3 %
1,5 %
17,2 %
29,4 %
21,1 %
49,5 %
Sénégal
2,1 %
6,2 %
17,7 %
68,3 %
14,9 %
16,7 %
Ghana
Cap-Vert
0,8 %
2,4 %
46,9 %
24,9 %
31,0 %
44,1 %
18,7 %
37,4 %
67,5 %
55,5 %
29,4 %
15,2 %
Source : Docquier & Marfouk (2005).
* Le stock des émigrants ayant (au minimum) atteint le niveau de l’enseignement supérieur (13 années ou plus) comme fraction de la
main-d’oeuvre totale du pays d’origine diplômée de l’enseignement supérieur.
**Le stock des émigrants d’un certain niveau d’éducation (bas, moyen et haut) comme fraction du stock total des émigrants et nationaux
résidant à l’étranger.
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
91
Graphique 11 : Ratios de dépendance totale des pays cibles, 1950-2050
120
100
80
60
40
20
0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050
Cameroun
Cap-Vert
Côte d'Ivoire
d
Ghana
Mal i
Mauri tanie
Niger
Source: DPNU (2009).
92
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Nigeri a
Sénégal
Afri que de l'Ouest
Afrique Subsaharienne
Tableau 25 : Répartition des émigrés des pays cibles par secteur d’activités, 2008
Cameroun + République
démocratique du Congo
Afrique de l’Ouest
H
F
H
F
6 006
1270
7 276
130
50
180
6 136
1 320
7 456
2
703
87
790
39
2
41
742
89
831
0
Manufacture
47 325
13556
60 881
Electricité, gaz
et eau
3 204
946
4 150
50 529
14 502
65 031
15
1 067
203
1 270
125
30
155
1 192
233
1 425
0
Construction
23 573
1435
25 008
824
89
913
24 397
1 524
25 921
6
Distribution,
réparation
d’engins
motorisés
31 748
15829
47 577
2 354
1 487
3 841
34 102
17 316
51 418
12
Hotels et
restaurants
11 273
10442
21 715
1 127
988
2 115
12 400
11 430
23 830
6
Transport,
magasinage et
communication
21 998
3619
25 617
1 208
292
1 500
23 206
3 911
27 117
6
Intermédiation
financière
7 311
5000
12 311
760
513
1 273
8 071
5 513
13 584
3
Activités
immobilières
24 737
14539
39 276
2 549
1 290
3 839
27 286
15 829
43 115
10
Administration
publique et
défense
11 636
6346
17 982
742
517
1 259
12 378
6 863
19 241
5
Agriculture et
pêche
Mine
H&F
H
F
H &F
TOTAL
H&F
%
Education
11 992
10733
22 725
1 342
1 193
2 535
13 334
11 926
25 260
6
Santé et travail
social
22 556
44304
66 860
1 646
3 247
4 893
24 202
47 551
71 753
17
Autres
communautés,
activités de
services
19 367
11050
30 417
1 550
928
2 478
20 917
11 978
32 895
8
Employés de
maisons
826
7011
7 837
24
210
234
850
7 221
8 071
2
Organisations
internationales
278
198
476
58
79
137
336
277
613
0
682
1 667
357
411
768
1 342
1 093
2 435
1
146304 389 685 18 039 12 272 30 311 261 420 158 576
419 996
100
Inconnu
Tous secteurs
985
243 381
Source : OCDE (2008).
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
93
94
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
1,19
1,05
2040–2045
2045–2050
Source: DPNU (2009).
1,44
1,32
2030–2035
2035–2040
1,68
1,54
2020–2025
2025–2030
2,10
1,88
2010–2015
2015–2020
2,33
2,26
2000–2005
2005–2010
2,78
2,42
1990–1995
1995–2000
2,92
3,04
1980–1985
1985–1990
2,70
2,97
1970–1975
1975–1980
2,23
2,46
1960–1965
1965–1970
1,85
1,97
1950–1955
1955–1960
Cameroun
0,16
0,34
0,51
0,70
0,90
1,10
1,25
1,34
1,42
1,68
1,95
2,34
2,13
1,92
0,80
0,80
3,07
3,07
2,96
2,95
Cap-Vert
1,22
1,36
1,51
1,66
1,81
1,97
2,15
2,31
2,28
2,15
2,86
3,45
3,71
4,37
4,81
4,71
4,28
4,08
3,39
2,98
Côte
d’Ivoire
1,26
1,44
1,62
1,81
2,03
2,26
2,48
2,65
2,76
3,01
2,47
3,87
3,29
2,90
2,96
2,89
2,95
2,58
2,48
2,18
1,12
1,25
1,36
1,46
1,58
1,73
1,87
2,03
2,09
2,31
2,49
2,83
2,81
3,30
1,95
2,70
2,14
2,91
3,18
3,02
République
démocratique Ghana
du Congo
1,43
1,56
1,68
1,79
1,91
2,08
2,24
2,36
2,37
2,35
1,94
1,97
1,93
1,8
1,7
1,78
1,77
1,76
1,81
1,59
Mali
0,95
1,11
1,26
1,39
1,51
1,65
1,84
2,07
2,40
2,74
2,75
2,65
2,56
2,74
2,82
2,84
2,90
2,92
2,90
2,66
Mauritanie
Tableau 26 : Taux de croissance démographique des pays cibles de 1950 à 2050 (en %)
2,48
2,77
3,06
3,31
3,46
3,54
3,62
3,73
3,86
3,44
3,41
3,26
2,93
2,84
3,03
2,99
3,04
3,00
2,75
2,75
1,01
1,16
1,29
1,41
1,52
1,67
1,88
2,12
2,33
2,42
2,45
2,53
2,68
2,67
3,06
2,49
2,27
2,21
2,12
2,04
Niger Nigéria
1,20
1,38
1,54
1,68
1,80
1,96
2,18
2,44
2,62
2,61
2,68
2,78
2,92
2,90
2,85
3,18
3,22
2,83
2,67
2,20
Sénégal
1,29
1,44
1,58
1,71
1,83
1,96
2,15
2,35
2,51
2,54
2,60
2,62
2,73
2,80
2,89
2,55
2,40
2,31
2,20
2,04
Afrique
de
l’Ouest
1,25
1,40
1,54
1,68
1,83
1,98
2,17
2,33
2,44
2,49
2,58
2,71
2,83
2,86
2,87
2,70
2,59
2,46
2,32
2,14
Afrique
Subsaharienne
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
95
24 349
26 478
28 602
30 735
32 837
34 850
36 736
2 020
2 025
2 030
2 035
2 040
2 045
2 050
Source: DPNU (2009).
19 958
22 169
17 823
2 005
2 010
15 865
2 000
2 015
12 233
14 054
1 990
1 995
9 080
10 509
1 980
1 985
6 839
7 826
1 970
1 975
15 385
6 047
147 512
138 525
128 907
118 882
108 594
98 123
87 640
77 419
67 827
59 077
50 829
44 921
37 016
31 402
27 170
23 433
20 285
17 504
5 408
1 960
1 965
12 184
13 589
4 466
4 900
1 955
République
Cameroun démocratique
du Congo
1 950
Année
703
697
685
668
645
616
584
548
513
477
439
398
354
318
289
278
267
229
196
169
146
Cap-Vert
43 373
40 816
38 130
35 360
32 551
29 738
26 954
24 210
21 571
19 245
17 281
14 981
12 610
10 476
8 419
6 621
5 233
4 224
3 445
2 907
2 505
Côte
d’Ivoire
45 213
42 743
40 163
37 529
34 884
32 233
29 567
26 925
24 333
21 915
19 529
17 245
14 968
13 006
11 026
10 001
8 739
7 853
6 789
5 792
4 981
Ghana
Tableau 27 : Population totale des pays cibles, 1950-2050
28 260
26 316
24 341
22 380
20 467
18 603
16 767
14 993
13 323
11 833
10 523
9 549
8 655
7 858
7 183
6 598
6 036
5 525
5 060
4 621
4 268
Mali
6 061
5 781
5 470
5 136
4 791
4 443
4 091
3 732
3 366
2 985
2 604
2 270
1 988
1 749
1 525
1 325
1 149
995
859
743
651
Mauritanie
58 216
51 427
44 786
38 425
32 563
27 388
22 947
19 150
15 891
13 102
11 031
9 302
7 904
6 827
5 922
5 090
4 383
3 766
3 242
2 825
2 462
Niger
289 083
274 810
259 384
243 173
226 651
210 057
193 252
175 928
158 259
140 879
124 842
110 449
97 338
85 151
74 523
63 948
56 467
50 414
45 148
40 610
36 680
Nigéria
26 102
24 588
22 955
21 251
19 541
17 861
16 197
14 526
12 861
11 281
9 902
8 660
7 538
6 514
5 636
4 888
4 169
3 550
3 082
2 697
2 416
Sénégal
625 601
586 646
545 972
504 437
463 133
422 733
383 187
344 182
306 058
269 990
237 781
208 805
183 210
159 841
138 988
120 298
105 920
93 964
83 728
74 993
67 736
Afrique de
l’Ouest
1 753 272
1 647 419
1 536 463
1 422 534
1 307 831
1 193 752
1 081 114
970 173
863 314
764 328
674 842
593 183
518 053
449 716
389 754
337 635
294 963
259 186
229 222
204 165
183 478
Afrique
Subsharienne
Tableau 28 : Taux de croissance annuel de la contribution de l’Agriculture, de l’industrie et des
services à la formation du PIB, 2000-2006
2000
Cameroun
Cap-Vert
République
démocratique
du Congo
Côte d’Ivoire
Niger
Nigéria
Sénégal
2005
2006
3,7
3,5
4,4
3,0
Industrie
5,0
7,2
5,5
1,6
1,3
0,5
1,3
Services
3,5
3,5
9,5
8,0
8,1
6,7
5,5
Agriculture
7,7
-0,3
-5,5
5,3
-3,5
1,4
3,7
Industrie
-1,8
0,0
13,6
6,0
5,0
12,9
8,9
Services
8,8
5,3
3,7
6,4
-1,9
12,8
5,5
Agriculture
-11,7
-3,9
0,5
1,2
0,6
2,9
2,5
Industrie
-18,6
-2,7
8,2
12,7
13,3
8,9
9,8
Services
-4,8
-1,2
3,6
6,3
8,8
9,0
8,5
Agriculture
11,8
0,1
-2,4
1,3
4,0
1,5
1,5
0,7
-2,9
-4,4
-8,3
2,9
8,7
-3,6
-12,2
1,3
0,4
-0,1
0,2
-2,0
2,5
Agriculture
2,3
3,7
4,1
-4,6
9,7
4,5
6,0
Industrie
5,9
4,7
6,8
7,4
7,3
9,6
8,3
4,3
4,1
4,2
13,0
2,2
6,0
5,7
-10,4
11,3
-3,6
17,7
-4,7
7,6
5,7
Industrie
4,7
20,9
17,8
-9,4
-0,3
8,3
4,4
Services
4,3
6,0
0,6
9,1
9,1
5,6
6,7
Agriculture
Agriculture
-8,5
-3,9
-9,4
4,5
-7,6
7,9
11,7
Industrie
1,1
-4,5
1,3
4,2
12,3
-2,2
11,7
Services
10,2
11,1
7,1
6,0
4,7
6,8
11,7
Agriculture
-8,4
13,2
1,9
6,0
-
-
-
Industrie
2,0
2,5
2,8
4,0
-
-
-
Services
4,0
3,7
4,1
3,1
-
-
-
Agriculture
2,9
3,8
4,2
6,5
6,5
8,2
-
Industrie
6,1
2,6
-8,0
22,4
4,6
5,0
-
Services
8,1
3,3
6,4
7,1
6,9
8,0
-
Agriculture
2,4
1,3
-22,2
20,5
1,9
11,1
-2,9
Industrie
4,3
5,0
5,7
5,8
6,0
0,3
-1,7
Services
3,8
3,0
5,1
4,6
7,4
6,6
4,8
Source: Banque mondiale (2008c).
96
2004
3,7
Services
Mauritanie
2003
4,5
Industrie
Mali
2002
4,5
Services
Ghana
2001
Agriculture
Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009
Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et ne
reflètent pas les positions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les
appellations utilisées et la présentation des données dans le rapport n’impliquent pas
l’expression d’opinion de la part de l’OIM concernant des faits tels que statut légal, pays,
territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs autorités, ou de leurs frontières
ou confins. Toute omission et erreur reste de la seule responsabilité de l’auteur.
L’OIM croit fermement que les migrations organisées, s’effectuant dans des conditions
décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme
intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires au sein de la communauté
internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire
comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et
social grâce à la migration, et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le
bien-être des migrants.
Ce document a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral
des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement. Les opinions
exprimées ci-après sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de
l’Union européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et de la Coopération
belge au développement.
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16_11
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Migration en Afrique
de l’Ouest et Centrale
APERÇU RÉGIONAL 2009
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Republic of
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