Untitled - Centre du graphisme

Transcription

Untitled - Centre du graphisme
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
L’exposition
Cette exposition présente des dessins de presse, des affiches, du graphisme populaire
réalisés en soutien à la révolution tunisienne. Elle met en lumière le talent créateur de
ces très nombreux dessinateurs et graphistes qui contribuent à l’analyse critique du
monde contemporain. Quelques mois après la révolution tunisienne, c’est une exposition
engagée qui s’implique à chaud dans les événements du Printemps arabe.
Regards croisés de nombreux professionnels et étudiants, les affiches et dessins
de presse présentés forment un ensemble inédit qui sera accueilli, après Caen, par Sfax,
Tunis, Sousse, Marrakech, Échirolles, Saint-Ouen, Paris, Besançon, Évry, Annecy et
Varsovie, Turin et Amman.
En France, c’est à l’initiative de Thierry Sarfis et de René Wanner que sont
publiées sur internet, dès janvier 2011, les premières affiches de la révolution à l’œuvre.
En Tunisie, c’est par l’énergie de Raouf Karray, enseignant à l’école des Beaux-arts de
Sfax, que naît une large mobilisation graphique relayée à travers cette exposition itinérante. Le vernissage de l’exposition se fera le jeudi 24 novembre à 18 h 30.
Appel à projet lycées et écoles supérieures d’art en graphisme
Le centre du Graphisme invite les lycées et les écoles supérieures d’art en graphisme
et de communication visuelle à participer au projet pédagogique intitulé « Croquez
l’actualité : le peuple veut ».
Les étudiants et élèves sont invités à s’exprimer au travers de la réalisation
d’une affiche en format 40 x 60 sur le thème de la révolution tunisienne.
Les réalisations seront présentées dans les Silos, aux moulins de Villancourt
d’Échirolles, dans le cadre de l’expositon collective « Le peuple veut » du 21 novembre
au 23 décembre 2011.
Toute histoire a un début
extrait du catalogue
Tout d’abord, il y a eu les Tunisiennes et les Tunisiens qui firent s’enfuir le dictateur et
s’écrouler les structures de la tyrannie, suivis de mouvements avec les mêmes objectifs en
Égypte, Libye, Yémen, Jordanie, Maroc, Algérie, Bahreïn et Syrie. Puis il y a eu l’envie
de comprendre, d’aider et de soutenir.
Au début, Thierry Sarfis en a parlé avec Raouf Karray de Sfax qui en a parlé à
Mohammad Guiga de Tunis. Il fut décidé de lancer un appel à contribution auprès des
graphistes sans trop savoir où l’on allait. Des mails furent envoyés, www.posterpage.ch
le site de René Wanner fut mis à contribution. Et c’est parti. Amir, Ayadi, Liza Castres,
Hassen Chaaban, Bruno Souêtre, Michel Stauss, Denise Lataste, Jean-Benoît Meybeck,
Jérémy Vey, Bernard Fournier, Elsa Maillot, Ahmed Chardi, David Criado, Anne-Lise
Boutin, Jean-Pol Rouard, Miklos Mesner, Paul Weber, Pascal Colrat, Andrea Rauch,
Sébastien Marchal, Émilie Bruyère, Ivan Lira, Laurent Sciamma, Max Skorwider, Saad
Hajo, Othman Selmi, Ossama Hajjaj, Mariam Meybeck, Imad Hajjaj, Maryline Tréol,
Sarah Fouquet, Thierry Sarfis, Raouf Karray, Mohammad Guiga, Nathanaël Mikles,
Kevin Lucbert, Jason Boyer, Anne Jacquinot, Clémence Estivals, Élise Bouis, Yann Bagot,
Ensaders, Cécile Benoiton, Malte Martin, Philippe Bissières, Gisèle Bonin, Gabriel Alonso,
Raphaël Larre, Nous travaillons ensemble, Olivier Cabon, Faiza Jouaia, Houssama Chhih,
Jihad Ritouni, Mohamad Lakhdar, Nayrouz, Nabil Sarih, Oria Pivard, Louise Houel, Sarah
Poulain, Clémence Mignot, Abdessalem Miladi, Aziz Tnani, Wassim Ghozlani Régis Léger,
Pierre Garçon et François Frédéric Leroy répondirent avec passion.
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
les rendez-vous
«TAHIR»
documentaire de Stefano Savona
vendredi 4 novembre à 20h à la Cinémathèque de Grenoble
Salle Juliet Berto – passage de l’Ancien Palais de Justice – 38000 Grenoble
Information et réservation au 04 76 54 43 51
CONFÉRENCES Monsieur Raouf Karray, enseignant à l’école des Beaux-Arts de Sfax et graphiste tunisien — le lundi 21 novembre à 18 h 30 au centre culturel tunisien
11 avenue Albert 1er de Belgique - 38000 Grenoble
Tout public - sans inscription.
— le mardi 22 novembre à 17 heures à l’Institut de la Communication et des Médias,
Institut de la Communication et des Médias, 11 avenue du 8-Mai-1945, 38130 Échirolles.
Etudiants - Inscription au 04 76 23 64 65.
« KHARBGA - JEU DE POUVOIR »
compagnie Chatha, danse création.
La Rampe, le mardi 22 novembre à 20 heures : les deux chorégraphes tunisiens inventent au fil de leurs créations un langage dansé commun tout en parlant de leur dualité.
Information et réservation auprès de la Rampe 04 76 400 505
VERNISSAGE de l’exposition Le peuple veut - Jeudi 24 novembre à 18h30 - Moulins de Villancourt
MARDI DE L’ÉCRITURE : le printemps arabe
le mardi 6 décembre de 18h à 22h aux Moulins de Villancourt
Inscription obligatoire - maison des écrits Tél 04 76 09 75 20
APÉROGRAPHIQUE
le vendredi 9 décembre 2011 à 18 h 30 aux Moulins de Villancourt
visite commentée de l’exposition, accompagnée d’une animation musicale proposée en
partenariat avec le conservatoire à rayonnement intercommunal Jean-Wiener.
Inscription obligatoire auprès d’Isabelle Monier : isabelle.centregraphisme@wanadoo.fr
informations pratiques
Entrée gratuite à l’exposition, aux conférences et aux rencontres.
Exposition ouverte du lundi au samedi, de 15 heures à 19 heures
salle d’exposition des moulins de Villancourt, 116 cours Jean-Jaurès, 38130 Échirolles
téléphone 04 76 98 53 63 — bus ligne 1 ou tram ligne A, puis bus ligne 16.
Pour les groupes, visites sur inscription auprès du centre du Graphisme Information et réservation isabelle.centregraphisme@wanadoo.fr — 04 76 23 64 65
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
Raouf Karray
Bernard Fournier
Paul Weber
Pascal Colrat
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
petit a petit ca s’est declanché
je m’appel Mohamed Bouazizi
j’ai 26 ans
Je suis au chommage
femmes et enfants participaient
jai une famille a nourir
humilié et dechu
j’avais une charette
je me suis immolé
ils m’ont confisqué mes biens
et depuis ce jour tout a changé
Nayrouz, étudiant à l’Ésav de Marrakech
Clémence Estivals, étudiante à l’Ésam de Caen
Ivan Lira
Thierry Sarfis
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
Z
Ali Nabz
Kader Chelbi
Willis
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
dessinateurs tunisiens
Kader Chelbi
Ali Nabz
Seif Neichi > http://seifnechi.posterous.com
Selmen Arts
Othman Selmi > http ://othman.ultra-bookcom/
Willis
Z > http://www.debatunisie.com
dessinateurs, illustrateurs, photographes
Gabriel Alonso > http://gabrielalonso.blogspot.es
Cécile Benoiton > http://www.collectifr.fr/
reseaux/cecile-benoiton
Gisèle Bonin > http://www.giselebonin.com
Anne-Lise Boutin > http://anneliseboutin.
blogspot.com/
Collectif Ensaders > 
http://ensaders.over-blog.com
Sarah Fouquet > 
http://presse-papier.over-blog.com
Imad Hajjaj
Ossama Hajjaj
Saad Hajo > http://www.saadhajo.com
Raphaël Larre > http://raphaellarre.com
Maryline Tréol
graphistes
Philippe Bissières > http://www.jba.fr/
Emilie Bruyère
Olivier Cabon > http://www.thotm.com/
Ahmed Chardi
Pascal Colrat > http://www.pascalcolrat.fr
David Criado > http://davidcriado.blogspot.com
Collectif Défense d’afficher > 
http://www.defensedafficher.org/
Bernard Fournier
Mohammed Guiga
Nous Travaillons Ensemble > 
http://www.noustravaillonsensemble.org/
Raouf Karray
Ivan Lira
Régis Léger > http://duguduss.blogspot.com/
François Frédéric Leroy
Elsa Maillot > http://www.elsa-maillot.com
Sébastien Marchal
Malte Martin > http://www.agrafmobile.net
Miklos Mesner
Andréa Rauch > http://www.rauchdesign.com/
Jean-Pol Rouard
Thierry Sarfis > http://www.sarfis.com/
Laurent Sciamma > 
http://laurentsciamma.tumblr.com/
Max Skorwider > 
http://maxskorwider.blogspot.com/
Bruno Souëtre
Michel Strauss
Paul Weber
étudiants de l’école supérieure
des arts visuels de Marrakech (Ésav)
Houssama Chhih
Faiza Jouala
Mohamed Lakhdar
Nayrouz
Jihad Ritouni
Nabil Sarih
étudiants de l’école supérieure
d’arts & médias de Caen (Ésam)
Élise Bouis
Liza Castres
Clémence Estivals
Juliette Hoefler
Louise Houel
Anne Jacquinot
Clémence Mignot
Oria Pivard
Sarah Poulain
ainsi que les étudiants de deuxième année
du département Design graphique
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
le catalogue
- Je
- Tunisie
- Il
- Nous
- Vous
- Elles
petit
petit
s’est
declanché
petit
aa
petit
caca
s’est
declanché
je m’appel Mohamed Bouazizi
jai une famille a nourir
j’ai 26 ans
ca grandissait
chaque jour le nombre augmente
Je suis au chommage
j’avais une charette
femmes
enfants
participaient
femmes
etet
enfants
participaient
ils s’acharnent de plus en plus
mais ca a causé des victimes
les manifestants s’enragent
l’intervention des forces de l’ordre
ils m’ont confisqué mes biens
et la colére les ronge
Mohamed LAKHDAR
ateliergut-
Tunisie
design@or
ange.fr
‫ارﺣﻞ‬
humilié et dechu
je me suis immolé
et depuis ce jour tout a changé
le nombre augmente encore plus
le pays est en desordre
le president a pris la fuite
Dégage, élections, formation.
félicitations
9
782914 531122
ISBN
2-914531-12-5
Thotm 5 rue Guy-de-la-Brosse
5 euros
75005 Paris
Thotm éditions
+33 1 4 3 37 56 58
impression Expression II
télécopie +3 3 9 5 9 12 21 88
couverture Mohammed Guiga
livres@thotm-editions.com
Zin el Abidin Ben Ali : « Petite Leyla j’ai envie
d’un shapati (sandwich). Toujours avec du henné. »
Des systèmes qui tombent,
Aussitôt des peuples qui se
lèvent,
Mais il y a ceux qui se
bloquent.
Ces martyrs de la Tunisie libre et digne.
"A l'instant où l'esclave décide qu'il ne
sera plus esclave, ses chaînes tombent."
Ton entrée dans l’avion c’est pas comme ta sortie.
Gandhi
Rédacteur en chef: Sarih Nabil
Actualité de La Révolution
2 0 1 0 - 2 0 1 1
Action de Raouf Karray et des étudiants de l’institut
supérieur des Arts et Métiers de Sfax.
B
R
U
N
O
S
O
U
Ê
T
R
E
Bientôt dans les airs :
— J’ai avec moi un président en fuite.
— Et moi j’ai un roi en fuite.
— Et moi j’ai un dauphin.
Et moi j’ai une première dame en fuite.
Le peuple veut !
La révolution tunisienne n’a pas simplement consisté à renvoyer un chef autoritaire et corrompu quitte à le remplacer, comme c’est parfois le cas, par un successeur plus présentable. La chute, le 14 janvier 2011, de la dictature de Zine El
Abidine Ben Ali n’en est qu’un des éléments. Si l’on peut parler, pour ce qui se
passe en Tunisie depuis le début de l’année, de véritable révolution, c’est parce
que tout un système a été mis à bas, et pas seulement un homme.
Dans le désordre souvent, l’anarchie parfois, l’imprévu toujours, tout est
en train de se libérer dans ce pays : l’expression, la parole, les opinions, les façons
de s’exprimer et de communiquer, les manières de se voir et de voir les autres. Le
propre des révolutions, c’est qu’elles ne changent pas uniquement la donne politique. Elles influencent tous les domaines de la vie collective, elles transforment
les rapports sociaux et éclairent d’un jour nouveau les relations entre les gens,
jusqu’au plus intime des individus. Toute période révolutionnaire, l’histoire l’a
montré, s’accompagne d’une explosion de la créativité. Celle-ci avait commencé
en Tunisie depuis plusieurs années, et l’ancien régime a aussi été renversé par une
révolution culturelle. Derrière toute une jeunesse qui en a été l’initiatrice, les
intellectuels, les artistes, les chercheurs veulent désormais — chacun et chacune
à sa façon et dans son domaine — contribuer à façonner l’avenir libre et démocratique d’un pays riche à la fois d’un long passé qui leur sert de patrimoine et
sorte de page blanche à remplir, tant est neuve chez nous l’idée de révolution.
C’est dans la libération de la culture qu’elle donne aussi aujourd’hui le meilleur
d’elle-même.
Non au gouvernement
Non à la police politique.
Et ceux qui l’auraient trompé seraient toujours là.
Avec la caricature distinguée (slogan de l’auteur).
Moi je vous ai compris,
mais Lui, ne vous a pas compris !
Sophie Bessis,
secrétaire générale adjointe
de la fédération internationale
des Droits de l’Homme
rue du 7-Novembre
(1987, date de la prise de pouvoir de Ben Ali).
Propriété de Leila.
Je mange
Tu manges
Il mange
Nous mangeons
Vous mangez
Ils mangent
Je mange
Tu manges
Il mange
Tu manges
Nous mangeons
Tu manges
Vous mangez
Tu manges
Ils mangent
Tu manges
Révolution responsable
Les médias tunisiens (sous la chasse d’eau)
Vous dégagez des odeurs ! (sous la télé)
‎‫اليوم‬‎‫ذلك‬‎‫في‬‎‫بهما‬‎‎‫شعرت‬‎‫كما‬‎...‎‫أبدا‬‎‫الفرحة‬‎‫وبطعم‬‎‫احلرّية‬‎‫مبعنى‬‎‫يوما‬‎‫أشعر‬‎‫أكن‬‎‫لم‬‎
»‎‫الشابي‬‎‫القاسم‬‎‫أبي‬‎«‎‫و‬‎»‎‫درويش‬‎‫محمود‬‎«‎‫صرخات‬‎‫أعماقنا‬‎‫من‬‎‫فيه‬‎‫خرَجت‬‎‎‎‫الذي‬‎
‫البلدان‬‎‫بعض‬‎‫بعدها‬‎‫ومن‬‎‫اخلضراء‬‎‫تونس‬‎‫أجواء‬‎‫مألت‬‎‫صرخات‬‎...‎‫غُ رّد‬‎‫حلن‬‎‫أحلى‬‎‫في‬‎
ٍ
‫اجلميع‬‎‫ألهمت‬‎‫صيحات‬‎...‎‫أبعادها‬‎‫وعميق‬‎‫بِرنينها‬‎‫جذّ ابة‬‎‫صيحات‬‎‫وعَ ــلَت‬‎...‎‫العربيّة‬‎
‫ورعب‬‎‫الطغاة‬‎‫بقيود‬‎‫احملكومة‬‎‫املدن‬‎‫شوارع‬‎‫في‬‎‫احلاملة‬‎‫اجلماهير‬‎‫حتمله‬‎‫رمزا‬‎‫وأصبحت‬‎
‫الفجر‬‎‫مطلع‬‎‫حتّى‬‎‫والثورة‬‎‫التحرير‬‎‫ميادين‬‎‫وفي‬‎‫القصبة‬‎‫ساحات‬‎‫وفي‬‎‫السفاحني‬‎...‎
‎‫بيوم‬‎‫يحلم‬‎‫أن‬‎‫ويريد‬‎...‎‫اإلنعتاق‬‎‫ويريد‬‎...‎‫احلياة‬‎‫يريد‬‎‫؟‬‎‫يريد‬‎‫ماذا‬‎...‎‫يريد‬‎‫الشعب‬‎
‫القدر‬‎‫يستجيب‬‎‫حتّى‬‎‫أجمل‬‎...‎
‎...‎‫وترحل‬‎‫ترحل‬‎‫أن‬‎‫يكفي‬‎‫يهم‬‎‫ال‬...‎‫؟‬‎‫أين‬‎‫وإلى‬‎...‎‫أين‬‎‫من‬‎...‎‫إرحل‬‎...‎‫إرحل‬‎
‫بالدنا‬‎‫نسائم‬‎‫في‬‎‫وطيبا‬‎...‎‫أجسادنا‬‎‫على‬‎‫وَشمً ا‬‎‫الوطن‬‎‫ويبقى‬‎‫نحن‬‎‫ونبقى‬‎‫عنّـــا‬‎‫وترحلوا‬‎
‫للفرح‬‎‫صَرحً ا‬‎‫أرضنا‬‎‫في‬‎‫يبني‬‎‫وساعدا‬‎...‎
‎...‎‫شئتم‬‎‫ؤأينما‬‎‫شئنــا‬‎‫متى‬‎...‎‫عنّـــــا‬‎‫إرحلوا‬‎‫إرحل‬‎...‎‫إرحل‬‎
‎‫نعمل‬‎‫ما‬‎‫وطننا‬‎‫في‬‎‫فلنا‬‎...‎
‎‫هنا‬‎‫يرضيكم‬‎‫ال‬‎‫ما‬‎‫لنا‬‎...‎
‎‫احلر ّية‬‎‫صوت‬‎‫لنا‬‎...‎
‎‫الثورة‬‎‫نداء‬‎‫ولنا‬‎...‎
‎‫اجلميل‬‎‫احللم‬‎‫لنا‬‎...‎
‎‫واملستقبل‬‎‫احلاضر‬‎‫ولنا‬‎..
‎‫واحلجر‬‎‫التربة‬‎‫ولنا‬‎‫املطر‬‎‫ماء‬‎‫لنا‬‎...‎
‎‫والشجر‬‎‫والبحر‬‎‫الزيتون‬‎‫زيت‬‎‫لنا‬‎...‎
‎‫ارحلـــــــــوا‬...‎‫ارحل‬‎...‎‫فارحل‬‎...‎
‎‫يريد‬‎‫الشعــــــب‬‎ ّ‫ألن‬‎...‎
‎...‎‫الذي‬‎‫اليوم‬‎‫ذلك‬‎‫في‬‎‫بها‬‎‫شعرت‬‎‫كما‬‎‫أبدا‬‎‫وحرارتها‬‎‫األلوان‬‎‫بصفاء‬‎‫أشعر‬‎‫أكن‬‎‫لم‬‎
‫أجمل‬‎‫في‬‎‫الثوريّة‬‎‫الذّ اكرة‬‎‫أعماق‬‎‫من‬‎‫صُ و ًرا‬‎‫وحدب‬‎‫صوب‬‎ ّ‫كل‬‎‫من‬‎‫علينا‬‎‫فيه‬‎‫طَ ـلَعت‬‎
...‎‫أبدا‬‎‫أعشقه‬‎‫لم‬‎‫كما‬‎‫عَ ـشِـقـتُـه‬‎‫مبدع‬‎‫لشباب‬‎‫التلقائي‬‎‫التعبير‬‎‎‫عفويّة‬‎‫ومن‬‎،‎‫أشكالها‬‎
‫فصمّ موا‬‎‫الثورة‬‎‫لنداء‬‎‫استجابوا‬‎‫الذين‬‎‫العامليني‬‎‫الكرافيك‬‎‎‫مصمّ ممي‬‎‫من‬‎‫وملجموعة‬،‎
‫والصحفيّة‬‎‫الكريكاتوريّة‬‎‫والرسوم‬‎‫امللصقات‬‎‫من‬‎‫مجموعة‬‎‫مشكورين‬‎‎‫وأجنزوا‬‎...‎
ّ
‎‫فكرته‬‎‫على‬‎»‎‫سرفِيس‬‎‫تاري‬‎«‎‫الكرافيكي‬‎‫الفنان‬‎‫صديقنا‬‎‫إلى‬‎‫اجلزيل‬‎‫بالشكر‬‎‫ه‬
ّ‫أتوج‬‎
‫جميع‬‎‫في‬‎‫الكرافيكيني‬‎‫املصمّ مني‬‎‫بني‬‎‫الفكرة‬‎‫لنشر‬‎‫بها‬‎‫قام‬‎‫التي‬‎‫اإلتصاالت‬‎‫وعلى‬‎‫الرائعة‬‎
‫اجلميل‬‎‫العمل‬‎‫هذا‬‎‫إجناز‬‎‫في‬‎‫ساهم‬‎‫من‬‎ ّ‫كل‬‎‫إلى‬‎‫واإلمتنان‬‎‫الشكر‬‎ ّ‫وكل‬‎...‎‫العالم‬‎‫أنحاء‬‎
‫العربيّة‬‎‫للثورات‬‎‫الداعم‬‎
‎2011‎‎‫أفريل‬‎،‎‫الكراي‬‎‫رؤوف‬‎‎
Je veux une augmentation de salaire.
Beaucoup l’ont rêvé,
notre peuple l’a fait
Un trait sans limite
pour un jour sans fin
Le 14 janvier, restera à jamais gravé dans nos mémoires car ne ressemblant à
aucun autre jour. L’impossible fut réalisé. Avec le recul on a presque envie de dire
ça a été si facile, pourquoi a-t-on mis tant de temps pour y aller. Une étincelle a
vite embrasé tout le pays tant l’emprise du régime dictatorial était grande sur un
peuple pris en otage.
Eh oui, quelque 11 millions de Tunisiennes et de Tunisiens vivants à l’intérieur et à l’extérieur de la Tunisie se sont enfin libérés. Cette libération est au
sens propre comme au figuré, car n’est libre que celui qui peut jouir de toute la
liberté, et comme le dit Max Stirner « La liberté ne peut être que toute la liberté ;
un morceau de liberté n’est pas la liberté. »
Ces dessins en sont l’illustration la plus criante, ils n’expriment pas seulement cette soif mais ils illustrent surtout la rage de vivre et de s’arracher à une
fatalité et un destin qui a englué un peuple dans les méandres de la peur faisant
de lui un spectateur de sa propre vie.
La révolution a été salvatrice car elle est arrivée à un moment où la résignation commençait à gagner les plus résistants parmi nous.
En accompagnant cette exposition et ces jeunes talents nous avons en mémoire
les paroles de l’écrivain guadeloupéen Daniel Maximin « il s’agit pour nous de
montrer aussi les pousses et tout ce qui est à l’œuvre en ce moment… les graffitis
sur les murs font tomber les murs, de Berlin jusqu’au Maghreb. »
Aujourd’hui les Tunisiennes et les Tunisiens pourront s’approprier ces
paroles de Paul Éluard
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer Liberté.
Un dessinateur de presse a choisi de se confronter chaque jour au plus inépuisable
des sujets : l’actualité. Il a plus que conscience du monde qui l’entoure tant il
l’observe, l’analyse et le vit en temps réel, dessinant au rythme des événements.
Son trait est une mesure perpétuelle du temps, une trace permanente de l’histoire,
la voix même de l’opinion.
Autant témoin qu’acteur, il se doit de prendre une position instantanée
afin d’envisager la moindre de ses images. Réflexe vital de dénoncer les injustices,
besoin oppressant de crier la vérité, il préfère toujours rire du pire plutôt qu’en
pleurer. « Dites-moi si les dessinateurs de presse s’expriment librement dans votre
pays et je vous dirai qui vous êtes » ? C’est une phrase qui pourrait servir d’introduction à un chef d’état avant qu’il ne s’apprête à serrer la main d’un éventuel
dictateur. Ici et ailleurs, on pratique avec condescendance l’autocensure, comme
un luxe bien-pensant à l’occidentale, mais qu’en est-il de la vraie censure ? Celle
qui t ue ?
Les événements tunisiens ont capté toutes les attentions ces derniers mois
et engagé un mouvement historique irréversible. Qui n’a pas entrevu un nouveau
monde se dessiner sous ses yeux ? Car c’est bien de là que tout commence, des
images, d’abord celles d’atroces violences et ensuite, de sublime liberté. Des drapeaux rouges, des croissants blancs, des étoiles, des hommes et des femmes poings
levés… Ces images en font naître de nouvelles, sous le trait des dessinateurs tunisiens, empreintes cette fois d’humour et de poésie. Le 14 janvier 2011, sous la
signature de Willis, un chat prend la parole pour mieux couper la sienne à Ben
Ali et ce jour-là plus rien ne le fera taire, lui et tous les autres. À travers ces dessins,
c’est aujourd’hui la Tunisie tout entière qui nous raconte sa grande et belle révolte.
Nadia Chaabane,
secrétaire générale de l’association
des Tunisiens en France
Sarah Fouquet,
enseignante à l’école supérieure
d’arts et médias de Caen
Toute histoire a un début
Tout d’abord, il y a eu les Tunisiennes et les Tunisiens qui firent s’enfuir le dictateur et s’écrouler les structures de la tyrannie, suivis de mouvements avec les
mêmes objectifs en Égypte, Libye, Yémen, Jordanie, Maroc, Algérie, Bahreïn et
Syrie. Puis il y a eu l’envie de comprendre, d’aider et de soutenir.
Au début, Thierry Sarfis en a parlé avec Raouf Karray de Sfax qui en a
parlé à Mohammad Guiga de Tunis. Il fut décidé de lancer un appel à contribution auprès des graphistes sans trop savoir où l’on allait. Des mails furent
envoyés, www.posterpage.ch le site de René Wanner fut mis à contribution. Et
c’est parti. Amir, Ayadi, Liza Castres, Hassen Chaaban, Bruno Souêtre, Michel
Stauss, Denise Lataste, Jean-Benoît Meybeck, Jérémy Vey, Bernard Fournier, Elsa
Maillot, Ahmed Chardi, David Criado, Anne-Lise Boutin, Jean-Pol Rouard,
Miklos Mesner, Paul Weber, Pascal Colrat, Andrea Rauch, Sébastien Marchal,
Émilie Bruyère, Ivan Lira, Laurent Sciamma, Max Skorwider, Saad Hajo, Othman
Selmi, Ossama Hajjaj, Mariam Meybeck, Imad Hajjaj, Maryline Tréol, Sarah
Fouquet, Thierry Sarfis, Raouf Karray, Mohammad Guiga, Nathanaël Mikles,
Kevin Lucbert, Jason Boyer, Anne Jacquinot, Clémence Estivals, Élise Bouis, Yann
Bagot, Ensaders, Cécile Benoiton, Malte Martin, Philippe Bissières, Gisèle Bonin,
Gabriel Alonso, Raphaël Larre, Nous travaillons ensemble, Olivier Cabon, Faiza
Jouaia, Houssama Chhih, Jihad Ritouni, Mohamad Lakhdar, Nayrouz, Nabil
Sarih, Oria Pivard, Louise Houel, Sarah Poulain, Clémence Mignot, Abdessalem
Miladi, Aziz Tnani, Wassim Ghozlani Régis Léger, Pierre Garçon et François
Frédéric Leroy répondirent avec passion.
Et que vive l’imaginaire collectif !
Là-dessus Dorotea Marciak, attachée culturelle à Tunis, nous fit connaître une
bande de dessinateurs de presse : Willis, Z, Selmen Nahdi, Kader Chelbi, Seif
Nechi et Ali Nabz. L’idée de faire une exposition, des rencontres et peut-être plus
commença à prendre forme.
Il fallut trouver un premier lieu. Malte Martin donna les coordonnées
de l’énergique Sarah Fouquet, qui fit passer son enthousiasme à l’école supérieure
d’arts et média de Caen, qui décida de monter l’exposition. Trouver d’autres
lieux ! Au cours d’une réunion des « graphistes en lutte » Sébastien Marchal fit
part de ses contacts avec l’association des Tunisiens de France et l’association
Traversée. Rendez-vous fut pris et tout de suite un contact chaleureux s’instaura.
Durant cette réunion le titre de l’exposition fut trouvé, ce sera « Le Peuple veut »
et leurs contacts avec la mairie du dixième arrondissement de Paris se révélèrent
fructueux, l’exposition sera aussi à Paris en attendant d’autres bonnes nouvelles.
Puis le centre du Graphisme d’Échirolles, toujours au rendez-vous des bonnes
causes, décida de faire venir l’exposition et d’organiser des workshops. Maurice
Martinez de la maison de la France à Sfax, toujours en contact avec les forces
vives de la création, proposa de faire des tirages numériques pour que l’exposition puisse tourner en Tunisie et au Maroc, car à Marrakech, Florence Robert de
l’école supérieure des Arts visuels (département design graphique-media design)
a créé une dynamique pédagogique autour des thèmes qui sont au cœur des mouvements populaires et décide de recevoir l’exposition. De même, Michel Strauss
et ses amis artivistes de « Défense d’Afficher » se démènent pour la faire venir à
Toulouse et en Midi-Pyrénées.
D’autres pistes sont en cours, elles forment les trois points qui nous
laissent imaginer une suite à l’histoire…
Ce catalogue publié aux éditions Thotm accompagne l’exposition Le Peuple veut
qui est une coproduction du centre du Graphisme d’Échirolles et de l’école
supérieure d’arts et médias de Caen. Avec la participation de l’institut français
de Coopération (Tunisie), de l’association des Tunisiens de France, la mairie du
dixième arrondissement de Paris, du ministère de la Culture et de la Communication, de l’école supérieure des Arts visuels de Marrakech, de la Ville de Grenoble
et de l’école supérieure d’Art de Grenoble.
Le peuple veut
exposition collective, conférence, rencontre autour de la révolution tunisienne
organisation
centre du Graphisme
9 rue du 19-Mars-1962, bp 175, 38432 Échirolles cedex
téléphone 04 76 23 64 65, télécopie 04 76 23 64 66
genevieve.centregraphisme@wanadoo.fr
Le centre du Graphisme est financé par la ville d’Échirolles
avec le soutien du conseil général de l’Isère, du conseil régional Rhône-Alpes,
de la Drac Rhône-Alpes
Visuel de l’exposition Sébastien Marchal.
partenaires
Un projet en partenariat entre la ville d’Échirolles, le centre du Graphisme, la ville de
Grenoble et le comité de jumelage Grenoble-Sfax.
comité de jumelage Grenoble-Sfax
2 passage du palais de justice
38000 Grenoble
Ville de Grenoble - Service des relations internationales
2 passage du palais de justice
38000 Grenoble
Avec la participation de l’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax (ISBAS) et de
l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Tunis (ISBAT).
Exposition soutenue par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Culture
et de la Communication. Cet événement itinérant est une coproduction du centre du
Graphisme d’Échirolles, de l’Ésam Caen, et de l’institut français de coopération de Tunis.
En partenarait avec la Maison de France à Sfax.
Remerciements à Nadia Chaabane, Sarah Fouquet, Dorotea Marciak, Julie Laisney, Saadi
Boufares, Amel Zaza, Maurice Martinez, Malte Martin, Moujahed Jarbaoui.