Actes du Séminaire sur la mise en place d`un Cadre d
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Actes du Séminaire sur la mise en place d`un Cadre d
UNITED NATIONS United Nations Operation in Côte d’Ivoire NATIONS UNIES Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire ONUCI Cellule de Certification des Elections ACTES DU SEMINAIRE SUR LA MISE EN PLACE D’UN CADRE D’ECHANGES POUR LA CERTIFICATION DES ELECTIONS (Golf Hôtel Abidjan, 21 décembre 2009) SOMMAIRE INTRODUCTION p.3 PREMIERE PARTIE : DEROULEMENT DU SEMINAIRE p.4 I. CEREMONIE D’OUVERTURE II. EXPOSES THEMATIQUES 1. La Certification des élections : objectif, critères et méthodologie 2. Code de Bonne Conduite et campagne électorale 3. Médias et Elections 4. Contentieux de la liste électorale : Phase administrative 5. Contentieux de la liste électorale : Phase judiciaire p.4 p.4 p.5 p.6 p.7 p.8 p.8 III. TRAVAUX EN ATELIERS p.9 IV. CEREMONIE DE CLÔTURE p.10 DEUXIEME PARTIE : ADOPTION DU CADRE D’ECHANGES I. II. III. IV. DEFINITION DU CADRE D’ECHANGES OBJECTIFS COMPOSITION FONCTIONNEMENT V. PLAN DE TRAVAIL ANNEXES Annexe 1 : Cérémonie d’ouverture Annexe 2 : Communications en plénière Annexe 3 : Cérémonie de clôture Annexe 4 : Programme du séminaire Annexe 5 : Liste de présence p.11 p.11 p.11 p.11 p.12 p.12 p.13 p.14 p.18 p.44 p.45 p.47 2 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections INTRODUCTION A l’initiative de la Cellule de Certification des Elections de l’ONUCI, en partenariat avec la Division des Affaires Politiques et la Division de l’Information Publique, s’est tenu le 21 décembre 2009 à l’Hôtel Golf Abidjan, un séminaire à l’intention des partis, groupements politiques et candidats aux prochaines élections en Côte d’Ivoire. Il s’inscrit dans le sens de la résolution S/RES/1880 (2009) du 30 juillet 2009 du Conseil de Sécurité des Nations Unies demandant au Représentant Spécial du Secrétaire Général (RSSG) en Côte d’Ivoire, d’établir, dans le cadre de son mandat de certification, des contacts sans exclusive avec tous les acteurs, y compris la société civile. L’objectif du séminaire était de créer un espace d’information et de concertation entre l’ONUCI et l’ensemble des partis, groupements politiques et candidats impliqués dans le processus électoral, ceci dans la perspective de la certification du processus électoral. Le séminaire a enregistré la participation de cent six (106) représentants des partis, groupements et forces politiques et des candidats indépendants à l’élection présidentielle, des organisations de la société civile et de la Chefferie traditionnelle, de la Commission Electorale Indépendante (CEI), du Bureau du Représentant Spécial du Facilitateur, des sections substantives de l’ONUCI, des institutions internationales accréditées en Côte d’Ivoire (Union africaine, Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest – CEDEAO-, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ainsi que des Organisations Non Gouvernementales –ONG- (National Democratic Institute –NDI-, Action, Assistance et Développement Communautaire de Côte d’Ivoire –ADC-CI). Le séminaire s’est déroulé en deux (2) séances plénières entrecoupées par des travaux en ateliers. Plusieurs thèmes relatifs à la gestion du processus électoral ont été présentés en plénière par le personnel de l’ONUCI, tandis que les travaux en ateliers ont été spécifiquement consacrés aux aspects opérationnels de la mise en œuvre du Cadre d’action. A l’issue des travaux, le séminaire a mis en place un Cadre d’échanges dont la composition, l’organisation et le fonctionnement ont été définis. Un plan de travail couvrant les étapes essentielles du processus électoral a également été adopté. 3 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections PREMIERE PARTIE : DEROULEMENT DU SEMINAIRE Le déroulement du séminaire a été marqué par : la cérémonie d’ouverture (I), les exposés thématiques (II) la présentation en plénière des travaux tenus en ateliers (III) et la cérémonie de clôture (IV). I. CEREMONIE D’OUVERTURE La cérémonie d’ouverture a été présidée par son Excellence, Monsieur Abou Moussa, Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général des Nations Unies (PDSRSG), en présence de son Excellence Monsieur Boureïma Badini, Représentant Spécial du Facilitateur et de Madame Fatoumata Traoré Diop, Vice-présidente de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Deux allocutions ont été prononcées : le mot de bienvenue de Madame Bernadette Houndékandji-Codjovi, Directrice de la Cellule de Certification des Elections (CCE) suivi de l’allocution d’ouverture du Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général des Nations Unies. Mme Houndékandji a tenu à remercier les participants de l’intérêt qu’ils portent à la question de la certification des élections en Côte d’Ivoire. Elle a rappelé que celle-ci « est avant tout, un processus de veille et d’alerte qui consiste à mesurer les avancées du processus électoral, mais aussi à en détecter les dérapages et à les corriger, le cas échéant. » Dans cette perspective, ajoutera t-elle, le RSSG « a constamment besoin de confronter ses propres perceptions avec celles des acteurs ivoiriens et notamment les principaux animateurs de la vie politique que sont les partis politiques, groupements et forces politiques » par la consultation et les échanges. Le Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général des Nations Unies a mis l’accent sur la pertinence de cette rencontre qui vient, selon lui, « confirmer l’intérêt du certificateur à avoir, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou, des rencontres régulières avec les leaders des partis politiques mais également avec l’ensemble de la classe politique ivoirienne. » Il s’est réjoui de la perspective « de créer les conditions d’un dialogue serein permettant de corriger tous les dysfonctionnements du jeu électoral et de jeter les bases d’un déroulement sain du scrutin à venir, que le Représentant du Secrétaire Général aura à certifier. » La cérémonie d’ouverture a été suivie de plusieurs exposés thématiques présentés en séance plénière. II. EXPOSES THEMATIQUES EN PLENIERE Cinq (5) communications ont été présentées. 4 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 1. « LA CERTIFICATION DES ÉLECTIONS: OBJECTIF, CRITÈRES ET MÉTHODOLOGIE ». Ce thème a été présenté par M. Issaka Souna, Officier Electoral principal, Chef Adjoint de la Cellule de Certification des Elections (CCE), ONUCI. Le Communicateur a clarifié divers aspects de la Certification des élections, notamment l’origine et le contenu du mandat, les critères et les étapes concernées ainsi que les moyens d’action du Certificateur. M. Souna a rappelé, en effet, que la certification des élections en Côte d’Ivoire répond à une demande expresse des parties ivoiriennes signataires de l’Accord de Pretoria de 2005, de voir les Nations Unies accompagner le processus électoral de sortie de crise, en vue de l’organisation d’élections ouvertes, libres, justes et transparentes. Le contenu du mandat est indiqué dans la Résolution 1765(2007) adoptée le 16 juillet 2007 qui demande au RSSG de « certifier que tous les stades du processus électoral fourniront toutes les garanties nécessaires pour la tenue d’élections présidentielle et législative ouvertes, libres, justes et transparentes, conformément aux normes internationales ». La certification est pour ainsi dire, un outil au service du peuple ivoirien. Le communicateur a tenu à préciser que le Certificateur n’est ni un inquisiteur, ni un procureur qui a mission de rechercher les failles dans le processus électoral et de les sanctionner. Il a, en outre, passé en revue les cinq (5) critères-cadres de la certification à savoir : la paix, l’Inclusion, les Médias d’Etat, la Liste électorale et les Résultats de même que les deux modes de certification – implicite et explicite - et les étapes concernées par chacune d’elles. Il a été précisé, en particulier, que la liste électorale et les résultats, en raison de leur caractère crucial dans le processus électoral, feront l’objet d’une certification explicite. S’agissant des moyens d’action permettant au Certificateur de prendre les mesures appropriées en cas de dysfonctionnement porté à son attention, ils consistent à: a) discuter avec les acteurs impliqués et/ou les autorités concernées afin d’attirer leur attention sur les éléments de risque ; et les encourager à prendre toutes les mesures correctives nécessaires ; b) Si cette concertation n’aboutit pas, contacter les protagonistes ivoiriens afin de trouver des solutions au niveau national ; c) Si cette démarche n’aboutit pas, faire appel à l’arbitrage du Facilitateur ; d) Si l’arbitrage n’aboutit pas, faire rapport au Conseil de Sécurité pour que celui-ci prenne les mesures appropriées. Les débats ont essentiellement porté sur les points suivants : - les rapports du Certificateur avec le Conseil Constitutionnel en ce qui concerne la validation des résultats définitifs des élections ; - les rôle et pouvoirs de la Force impartiale – Casques bleus et Force Licorne - dans le maintien d’un contexte électoral apaisé ; 5 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections - l'accès équitable des candidats et partis politiques aux médias d'Etat en période électorale; - la sécurisation du processus électoral et notamment l'opérationnalité du Centre de Commandement Intégré (CCI). 2. « CODE DE BONNE CONDUITE ET CAMPAGNE ELECTORALE ». Ce thème a été présenté par M. Modem Lawson-Betum, Directeur de la Division des Affaires Politiques (PAD), ONUCI Le présentateur a donné un aperçu des principes énoncés par le Code de Bonne Conduite (CBC) des partis politiques, des groupements, forces politiques et des candidats aux élections en Côte d’Ivoire signé le 24 avril 2008. Selon lui, ce texte constitue un outil pour la préservation de l’environnement électoral où doit prévaloir la démocratie et le respect des différences. L’effectivité des prescriptions du Code de Bonne Conduite reste tributaire de la volonté de ses signataires à traduire en actes concrets les engagements qu’ils ont, eux-mêmes, pris à travers cet instrument juridique, afin de garantir le bon déroulement de la campagne électorale. Sous cet angle, a-t-il souligné, les différents protagonistes politiques doivent œuvrer pour que le processus électoral soit exempt de violence, éviter toute manœuvre tendant à empêcher le libre choix de l’électeur, toute attitude de nature à porter atteinte à la sécurité, à la dignité, à la vie privée, à l’intégrité physique et morale de toutes personnes ainsi qu’aux biens publics et privés ; se garder, tout au long du processus électoral, en particulier pendant la campagne électorale, de tout propos ou écrit de nature à perturber le climat sociopolitique du pays; respecter la liberté de mouvement et d’expression de tous les citoyens. M. Lawson a insisté sur la nécessité de mesures d’encadrement et de contrôle qui doivent être prises par les responsables politiques et les organes de régulation dans la mise en œuvre du Code de Bonne Conduite : • En ce qui concerne les partis politiques, groupements, forces politiques et candidats, il leur revient de : - Vulgariser le Code de Bonne Conduite et sensibiliser les citoyens à son contenu et ses principaux objectifs ; - Encadrer leurs partisans, militants et sympathisants, notamment par des campagnes d’éducation aux idéaux démocratiques et à la non violence ; - Encadrer les médias dépendant d’eux ou les appuyant par des actions de sensibilisation pour un environnement électoral apaisé. • Responsabilité des organes de régulation et d’autorégulation, en tant que garants de l’efficacité et de l’effectivité du Code de Bonne Conduite. A ce titre, la CEI est encouragée à faire sanctionner les diverses violations du Code, conformément aux prérogatives qui lui sont reconnues dans les articles 15 et 20 du CBC. Elle est exhortée à établir un partenariat avec les signataires du CBC pour en assurer le respect. Le rôle du Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA) a également été mis en relief, en tant qu’organe de sanction des manquements commis par la presse audiovisuelle. Au cours des débats qui ont suivi, les participants ont exprimé leur entière adhésion aux principes consacrés par le CBC. Ils ont insisté sur la nécessité d’en respecter les prescriptions et de prendre des dispositions adéquates face aux dérives verbales de la classe politique. Quelques préoccupations ont été mises en exergue : 6 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections − la liberté de circulation en Côte d'Ivoire ; articles 4, 15 et 20 du Code de Bonne Conduite ; − l’absence d’actions de la CEI pour faire face à l'accroissement des dérives verbales ; − l'utilisation actuelle des médias d'Etat par des candidats à l'élection présidentielle avant le lancement de la campagne électorale. − les 3. « MEDIAS ET ELECTIONS ». Ce thème a été présenté par M. Hamadoun Touré, Porte- Parole, Directeur a.i.de la Division de l’Information Publique (PIO), ONUCI. Le présentateur s’est employé à cerner la relation entre Médias et élections à travers les problématiques suivantes : - Démocratie et médias ; Eléments indispensables pendant la campagne électorale ; Elections et journalisme professionnel ; Les médias, gardiens des élections ; Que doit surveiller la presse ; Campagne électorale et couverture médiatique ; L’observation des élections. Parce qu’ils sont des vecteurs de l’opinion, les médias ont une mission d’alerte et de veille pour le respect de la loi électorale par les différents protagonistes. Ils peuvent, à cet égard, aider à la crédibilisation du processus électoral en luttant contre la fraude électorale. Sous cet angle, les médias et la certification demeurent complémentaires dans leur rôle de veille et d’alerte, a souligné M. Touré. Pour que cette complémentarité soit efficiente, il en appelle au professionnalisme des journalistes, à leur impartialité dans le traitement de l’information et à leur responsabilité dans l’édification et le maintien d’un contexte électoral et postélectoral apaisé. Les débats ont permis aux intervenants de se convaincre de la nécessité pour les médias d’Etat de respecter la loi électorale en matière de traitement équitable des candidats pendant la période électorale. A cet effet, les organes de régulation (le CNCA, le CNP) doivent faire preuve de rigueur et la CEI, définir les modalités de l’accès équitable aux médias d’Etat. L’essentiel des préoccupations des intervenants se résume comme suit : - Accès équitable des candidats et partis politiques aux médias d'Etat; - Couverture des activités des partis politiques par ONUCI FM; - Respect du Code de déontologie des journalistes ; - Responsabilité du journaliste ; - Effectivité des sanctions à l’encontre des journalistes en cas de dérives ; - Création d’un cadre de concertation entre la CEI et les candidats déclarés à l’élection présidentielle ; - Respect du code de bonne conduite par les journalistes dans la diffusion des messages politiques. 7 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 4. « CONTENTIEUX DE LA LISTE ELECTORALE : PHASE ADMINISTRATIVE ». Ce thème a été présenté par M. Ambroise Dzondhault, Coordonnateur des Opérations, Division de l’Assistance Electorale (DAE), ONUCI Le communicateur a procédé à une analyse préliminaire de la liste électorale provisoire au regard des éléments suivants: − électeurs repérés; − nouveaux inscrits; − nouveaux majeurs ; − personnes issues des audiences foraines. Il s’est efforcé de dissiper les trois (3) « mythes » qui ont pu prévaloir au moment de la confection de la liste électorale provisoire : a) La territorialité exclusive des non repérés Une idée préconçue laissait croire que l’essentiel des non repérés se trouverait au Nord, ce qui a été démenti par les statistiques présentées au cours de l’exposé et selon lesquelles, sur 1.083 667 personnes non repérées, 749 913 sont en zone Sud, soit 69,20% et 327 213 en zone Centre Nord Ouest (CNO), soit 30,19%. b) La marginalisation lors du recensement électoral des attestations de plumitif issues de la reconstitution des registres de l’état civil et des expéditions de jugements supplétifs issues des audiences foraines. Sur 386 111 expéditions de jugements supplétifs présentés à l’enrôlement, on a obtenu : 72,96% de repérés positifs correspondant à 281741 personnes ; 27,04% de repérés négatifs correspondant à 104 370 personnes. Sur 139 545 attestations de plumitifs présentées à l’enrôlement : 86,52% de repérés positifs correspondant à 120 733 personnes ; 13,48% de repérés négatifs correspondant à 18 812 personnes. c) Les estimations du corps électoral de 2000 Deux millions sept cent soixante quinze milles cent dix-sept (2 775 117) personnes non repérées sont issues des croisements avec la liste électorale. Ce chiffre conforte dans l’idée que le corps électoral de 2000 avait été surévalué et ne dépasserait guère 3.500.000 au lieu de 5.453.186 auxquels il avait été estimé. Ces différentes questions ont été approfondies au cours du débat qui a suivi la présentation. 5. « CONTENTIEUX DE LA LISTE ELECTORALE : PHASE JUDICIAIRE ». Ce thème a été présenté par Mme Françoise Simard, Chef de l’Unité Etat de Droit, ONUCI. Cette communication a porté sur la problématique et le déroulement du contentieux de la liste électorale provisoire devant les juridictions. Deux points fondamentaux ont été abordés par la communicatrice: • La procédure du contentieux de la liste électorale devant les juridictions ; • Le suivi de la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale par la section Etat de droit de l’ONUCI. 8 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 2. Concernant le premier point, Mme Simard a expliqué la procédure des réclamations telle que prévue par la loi électorale. Elle a ensuite défini la juridiction compétente, la qualité de demandeur, le délai pour agir et la nature de la décision rendue par le Tribunal. Sur le second point, l’exposante a notamment mis en relief le rapport entre la qualité du contentieux et la fiabilité de la liste électorale. Pour un suivi constant du déroulement du processus d’établissement de la liste électorale, la Section Etat de Droit de l’ONUCI a déployé des équipes pour visiter les 34 juridictions compétentes en la matière (les Tribunaux de Premières Instance et leurs sections détachées), afin de relever tous les manquements susceptibles d’affecter le droit des citoyens à être inscrits sur la liste électorale, a-t-elle indiqué. L’exposante a également tenté d’apporter des réponses à un certain nombre de questions sujettes à interprétations du fait de l’imprécision de la loi électorale, à savoir : quand commencera la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale ? Quelle formation juridictionnelle (juge unique ou collégialité) connaîtra de ce contentieux et avec quels pouvoirs ? De son point de vue, la phase judiciaire doit être gérée en même temps que la phase administrative par une composition collégiale qui, en tant que juge de l’urgence, devra statuer sur pièces. Les débats consécutifs à la présentation ont mis en évidence la possibilité de proroger la phase du contentieux pour prendre en compte les personnes qui ont des difficultés à se procurer les documents, requis afin d’éviter leur exclusion. III. TRAVAUX EN ATELIERS Au cours de ce séminaire, deux ateliers ont été constitués. L’atelier N°1 a eu pour tâche d’étudier l’organisation du Cadre d’échanges à mettre en place ainsi que sa composition et son fonctionnement, sur la base d’un projet de document de travail élaboré par le comité scientifique du séminaire. L’atelier a validé les propositions relatives à l’organisation administrative du Cadre d’échanges, après les avoir examinées et amendées. Il a, par ailleurs, débattu de la question d’inclure ou non la Société civile dans la composition du Cadre d’échanges comme membre à part entière, au même titre que les partis politiques. Sur cette question, le séminaire a retenu en définitive que la Société civile soit considérée comme une entité ressource et participe aux travaux du Cadre d’échanges. En outre, la question de la valeur des recommandations issues de chaque réunion du Cadre d’échanges a également été posée. Le séminaire a retenu que ces recommandations seront soumises à l’appréciation souveraine du Représentant Spécial du Secrétaire Général. L’atelier N° 2 s’est penché sur le Plan de travail du Cadre d’échanges, en particulier la programmation des activités et leur périodicité. 9 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Au titre des propositions visant à faciliter l’adoption du plan de travail, l’atelier n°2 a retenu, en substance, les lignes directrices suivantes : - Une évaluation des élections concernées se fera après la proclamation des résultats définitifs ; - La tenue d’une activité de sensibilisation et d’information des partis politiques sur la préparation du scrutin, avec, comme personne ressource, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD); - Les partis, groupements ou forces politiques et candidats sont invités à faire connaître à la Cellule de Certification des Elections leur lecture des cinq (5) critères-cadres de la certification afin de s’assurer que l’ONUCI et ces groupements ou forces politiques et candidats ont la même compréhension de la question de la certification des élections; - La définition et la communication aux partis politiques d’un calendrier indicatif des rencontres du Cadre d’Echanges ; Par ailleurs, l’atelier n° 2 a encouragé les partis politiques absents à ce séminaire à participer aux prochaines séances. Les partis politiques sont invités à proposer à la Cellule de Certification des Elections des thèmes qu’ils souhaiteraient voir traiter. IV. CEREMONIE DE CLOTURE La cérémonie de clôture a été présidée par M. Simon Munzu, Directeur de la Division Droits de l’Homme de l’ONUCI. Dans son allocution, M. Munzu évoqué le caractère pertinent et déterminant de l’appui des partis politiques et de la société civile à la mise en place d’un cadre d’échanges pour la certification des élections. Le séminaire, a-t-il souligné, a permis aux participants d’apprécier la délicatesse et la complexité de la mission de certification confiée au RSSG et de mesurer la responsabilité des partis politiques et de la Société civile dans le déroulement du processus en cours. A ce titre, le cadre d’échanges qui vient de naitre servira d’appui au RSSG dans sa démarche de concertation avec les acteurs politiques nationaux et la société civile. Pour M. Munzu, ce Cadre d’échanges est « le gage d’une meilleure circulation de l’information et de la protection de celle-ci contre les contre-vérités ou la falsification. » 10 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections DEUXIEME PARTIE : ADOPTION DU CADRE D’ECHANGES Après lecture des rapports des différents ateliers et débats en plénière, les participants ont approuvé et adopté la mise en place d’un Cadre d’Echanges ainsi qu’il suit : I. DEFINITION Le Cadre d’échanges pour la Certification des élections par le Représentant Spécial du Secrétaire Général est un espace d’information et de concertation entre l’ONUCI et l’ensemble des acteurs politiques ivoiriens impliqués dans le processus électoral. Il est fondé sur le principe d’égalité devant les suffrages. Il admet en son sein les partis et groupements politiques régulièrement enregistrés et les candidats participant aux prochaines élections de sortie de crise. II. OBJECTIFS Le Cadre d’échanges pour la certification des élections vise à réaliser une certification basée sur la concertation. Il permettra : a) D’échanger des informations et des documents relatifs au processus électoral de sortie de crise, b) Au Représentant Spécial du Secrétaire Général de jouer plus efficacement son rôle de veille et d’alerte en ce qui concerne l'identification des défis et éventuels dysfonctionnements et la recherche des solutions pertinentes; Le Cadre d’échanges est destiné à recueillir, notamment, les observations et/ou préoccupations des partis, groupements, forces politiques et candidats aux élections. Ces observations sont transmises à l’appréciation discrétionnaire du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour leur éventuelle prise en compte dans le cadre des résolutions à prendre pour la certification des élections. III. COMPOSITION Le Cadre d’Echanges pour la Certification des élections est composé : 1. du Représentant Spécial du Secrétaire Général ou son représentant; 2. d’un représentant par parti ou groupement politique régulièrement enregistré ; 3. d’un représentant par candidat indépendant; 4. de la Cellule de Certification des élections; 5. de la Division des Affaires Politiques de l’ONUCI; 6. de la Division de l’Assistance Electorale de l’ONUCI ; 7. du Bureau du Représentant Spécial du Facilitateur du dialogue inter-ivoirien. En cas de besoin, il est fait appel à des personnes ou instituions ressources, internes ou externes à l’ONUCI, en particulier la Société Civile, la Chefferie traditionnelle, le réseau ou la coordination des femmes. 11 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections IV. FONCTIONNEMENT 1. Le Cadre d’échanges pour la Certification des Elections se réunit, en séance ordinaire, dans le cadre des activités inscrites au plan d’action. Il peut également se réunir en séance extraordinaire, à la demande expresse du Représentant Spécial du Secrétaire Général ou son représentant ; 2. Une périodicité des rencontres est établie conformément au plan d’action ; 3. Les rencontres ont lieu dans les locaux du siège de l’ONUCI à Abidjan où en tout autre lieu du territoire national ; 4. Les rencontres sont présidées par le RSSG ou son représentant ; 5. La Cellule de Certification assure le secrétariat général du Cadre d’échanges ; 6. Un projet d’ordre du jour est arrêté et communiqué au préalable aux participants par la Cellule de Certification des Elections; 7. Un compte rendu est produit à l’issue de chaque rencontre par le secrétariat. La Cellule de Certification des Elections assure la transmission aux participants, par courrier électronique ou par toute autre voie adéquate ; 8. Le Cadre d’échanges pour la Certification de Elections cesse ses activités au terme de la dernière activité indiquée dans le plan d’actions. V. PLAN DE TRAVAIL 1. Les dates précises pour les activités envisagées d’évaluation du processus électoral ne peuvent être déterminées que sur la base d’un calendrier définitif des élections. Néanmoins, il peut être arrêté, à titre indicatif, une période pour chaque activité. 2. Les activités du Cadre d’Echanges et leur période d’exécution sont décrites dans le tableau ci-dessous : ELECTION (S) PRESIDENTIELLE Première concertation sur la liste électorale Dernière concertation sur la liste électorale définitive LEGISLATIVES RESPONSABLE PERSONNE RESSOURCE PERIODE RSSG Sections ONUCI Société civile Sections ONUCI Société civile Avant la fin des contentieux ACTIVITE Echanges sur la campagne électorale Concertation sur les résultats du Premier tour Deuxième évaluation de l’élection Présidentielle RSSG RSSG RSSG CCE + RSSG Sections ONUCI RSSG Sections ONUCI RSSG Sections ONUCI, PNUD, NDI etc... Concertation sur les résultats des élections législatives Evaluation élections législatives des Sections ONUCI Société civile Sections ONUCI A la fin des contentieux et avant la publication de la liste électorale définitive Avant le début de la campagne électorale Avant les résultats définitifs Avant les résultats définitifs OBSERATIONS Limitée aux partis ayant parrainé des candidats. Limitée aux candidats et partis ayant parrainé un candidat Facultative 12 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ANNEXES 13 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ANNEXE 1 : CEREMONIE D’OUVERTURE Mot de bienvenue de Mme Bernadette Houndékandji-Codjovi, Directrice de la Cellule de Certification des élections (CCE) « Excellence, Monsieur le Représentant Spécial du Facilitateur, « Excellence Monsieur le Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général des Nations Unies, « Madame la Vice-présidente de la Commission Electorale Indépendante, « Honorables Représentants des partis, groupements politiques et candidats aux prochaines élections, « Honorables invités de la société civile et de la chefferie traditionnelle, Mesdames et Messieurs, « Votre présence ce jour, à ce séminaire, est bien la preuve de l’intérêt que vous portez à la question de la certification des élections en Côte d’Ivoire. Je voudrais vous en remercier très sincèrement. « Chers participants, « Le processus électoral a franchi ces derniers temps des étapes importantes. Les contentieux de la liste électorale sont en passe d’être bouclés et le prochain défi sera celui de la production de la liste électorale définitive. « Le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en Côte d’Ivoire est appelé à certifier de manière explicite la fiabilité de cette liste définitive, tout comme plus tard, il aura à le faire pour les résultats des élections présidentielles et législatives. C’est une prérogative qu’il aura à exercer, certes à titre personnel et exclusif et ceci, conformément à la Résolution S/RES/1765 (2007) adoptée le 16 juillet 2007 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Mais, c’est une prérogative qu’il ne saurait exercer de manière solitaire. Chers participants, Vous l’aurez compris, la certification des élections est avant tout, un processus de veille et d’alerte. Cet exercice consiste à mesurer les avancées du processus électoral, mais aussi à en détecter les dérapages et à les corriger, le cas échéant. Une telle approche me paraît celle qui répond le mieux aux impératifs des élections de sortie de crise et en particulier au contexte de la Côte d’Ivoire qui s’accommoderait mal de solutions toutes faites et d’attitudes figées. 14 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Elle laisse ouverts le champ du consensus et la recherche de solutions adaptées aux circonstances. Le Représentant Spécial du Secrétaire Général a donc constamment besoin de confronter ses propres perceptions avec celles des acteurs ivoiriens et notamment des principaux animateurs de la vie politique que sont les partis et groupements politiques. Il est indispensable pour lui de les consulter, d’échanger avec eux pour mieux appréhender les difficultés ou dysfonctionnements du processus électoral et rechercher les solutions adéquates. Chers participants, J’ose espérer que chacun, de son côté, s’appropriera le cadre d’échanges qui sera mis en place à l’issue de ce séminaire et en fera un usage fructueux. Je vous remercie de votre attention. 15 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Allocution d’ouverture de son Excellence Abou Moussa, Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général des Nations Unies « Mesdames et Messieurs les Représentants des partis politiques, des candidats, « Mesdames et Messieurs les représentants des structures nationales et Internationales, « Chers Collègues, « Chers invités, « Il me fait plaisir de présider, au nom du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire et mandataire de la certification des élections, le présent séminaire préparatoire pour la mise en place d’un cadre de concertation et d’information entre l’ONUCI et les acteurs politiques. « La pertinence de cette rencontre vient confirmer l’intérêt du certificateur à avoir, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou, des rencontres régulières avec les leaders des partis politiques mais également avec l’ensemble de la classe politique ivoirienne, en vertu du principe de l’égalité de traitement des partis et candidats en matière électorale. « Chers participants, « La publication très prochaine de la liste électorale définitive sera la dernière ligne droite pour la tenue du scrutin présidentiel. « L’occasion est opportune pour l’ONUCI de prendre langue avec l’ensemble des leaders politiques et des candidats aux futures élections en vue de créer les conditions d’un dialogue serein permettant de corriger tous les dysfonctionnements du jeu électoral et de jeter les bases d’un déroulement sain du scrutin à venir, que le Représentant du Secrétaire Général aura à certifier. « En effet, l’organisation des élections et leur certification constitue une des raisons majeures de la présence des Nations Unies en Côte d’Ivoire depuis l’Accord de Ouagadougou. « En effet, différentes résolutions du Conseil de Sécurité notamment les Résolutions 1865 (2009) du 27 janvier 2009 et 1880 (2009) du 30 juillet 2009 demandent au Représentant Spécial d’établir des contacts sans exclusive avec tous les acteurs, y compris la société civile. « Cette approche consensuelle a été largement réaffirmée par le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, dans le cadre de son mandat. C’est dire qu’il s’agira, durant cette phase ultime du processus électoral, de créer les conditions idoines pour une sortie de crise réussie et définitive, à travers des élections justes, ouvertes, transparentes et crédibles. « Dans ce rôle de veille et d’alerte qui lui est confié par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le Représentant Spécial entend procéder à une évaluation périodique du processus électoral. Ce qui permettra d’identifier les défis et rechercher des solutions en cas de dysfonctionnements. 16 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections « En effet, il s’agira d’abord d’une évaluation partielle après la certification de la liste électorale, ensuite la certification des résultats du scrutin présidentiel et des élections législatives et enfin une évaluation générale à la fin du processus électoral. « Mesdames et Messieurs, « L’ONUCI favorisera ce cadre d’échanges qui servira à soutenir, sans discrimination, les efforts quotidiens de tous les acteurs, les initiatives en faveur de la promotion de la culture de la paix. L’esprit des Nations Unies est et restera toujours au service d’un monde de paix. L’ONUCI compte beaucoup sur vos recommandations. « Mesdames et Messieurs membres de la société civile, Mesdames et Messieurs les panélistes, Chers collègues, « Chacun d’entre nous est interpellé car il s’agit de recréer l’espoir et l’espérance pour que la Côte d’Ivoire se tourne définitivement vers son développement harmonieux. Vos convictions doivent être mises au service de la paix. J’allais dire une Côte d’Ivoire de paix avec des leaders et partis politiques tournés résolument vers une sortie de crise définitive et durable. « Je déclare ouverts les travaux du séminaire sur la mise en place d’un cadre d’échanges pour la certification des élections. Je vous remercie de votre attention. » 17 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ANNEXE 2 : COMMUNICATIONS EN PLENIERE Première communication : « La certification des élections : Objectifs, Critères et méthodologie », (présentée par M. Issaka SOUNA, Conseiller électoral principal, Cellule de certification des élections) Les élections concurrentielles de sortie de crise se tiennent souvent dans des périodes de tension sociétale et dans des conditions logistiques imparfaites, caractérisées par une absence ou une faible confiance des protagonistes dans les institutions nationales en charge des élections. La qualité de ces élections est en général conceptualisée comme un degré de légitimité et de force obligatoire perçu par les acteurs politiques de toutes les tendances, tout comme les électeurs. C’est pourquoi la transparence d’un processus électoral, la liberté des électeurs, la compétence et l’impartialité de l’administration électorale et des instances en charge des contentieux électoraux sont des conditions indispensables pour une bonne sortie de crise, le tout à la suite d’une dynamique légale et régulière. Cette dynamique connaît ses propres garde-fous que sont les engagements internationaux dûment ratifiés, la Constitution, les accords nationaux, les lois et règlements nationaux. On notera au passage que le règlement du processus de sortie de crise à l’ivoirienne, en particulier la phase des élections qui est notre sujet se caractérise par une systématisation quasi-automatique du consensus politique à toutes ses étapes. Définition et objectifs de la certification des élections en Côte d’Ivoire La certification des élections en Côte d’Ivoire répond à une demande expresse des parties signataires de l’accord de Pretoria de 2005, de voir les Nations Unies accompagner le processus électoral de sortie de crise, en vue d’élections ouvertes, libres, justes et transparentes. La résolution 1765, adoptée en juillet 2007 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, en son paragraphe 6, en a confié le mandat de certification au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies (RSSG) « d’aider à l’organisation en Côte d’Ivoire d’élections libres, ouvertes, justes et transparentes dans les délais prévus par l’Accord politique de Ouagadougou ». La même Résolution dispose en son paragraphe 6 que « Le Représentant spécial du Secrétaire Général en Côte d’Ivoire certifiera que tous les stades du processus électoral fourniront toutes les garanties nécessaires pour la tenue d’élections présidentielle et législatives ouvertes, libres, justes et transparentes, conformément aux normes internationales ». A cet effet, « le Représentant Spécial dispose d’une cellule d’appui lui fournissant toute l’assistance requise pour pouvoir s’acquitter de cette mission ». Cette cellule dépend du Représentant. Qu’est-ce que la certification des élections ? 18 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Le Certificateur est mandaté, comme annoncé plus haut, pour certifier que tous les stades du processus électoral fourniront toutes les garanties nécessaires pour la tenue d’élections présidentielle et législatives ouvertes, libres, justes et transparentes, conformément aux normes internationales. Le Certificateur doit donc s’assurer que toutes les garanties nécessaires sont réunies pour la réussite des élections en Côte d’Ivoire. Il s’agit de sauvegarder aussi bien le processus de paix, les élections que les résultats de ces élections. Le mandat de certification est un outil au service du peuple ivoirien qui lui assure des élections dont il sera fier. Qu’est-ce que la certification n’est pas ? Il ne s’agit pas a priori de rechercher les failles dans le processus électoral et de les sanctionner. Il ne s’agit pas non plus de certifier toutes les étapes des élections, contrairement à certaines idées répandues, mais de veiller à ce que toutes les étapes se déroulent conformément aux normes. Le certificateur n’est ni un inquisiteur ni un procureur. Les étapes à certifier et les critères-cadres de la certification. La résolution 1826, du 29 juillet 2008 du Conseil de Sécurité des Nations Unies rappelle que « la publication de la liste électorale est une étape cruciale du processus électoral ». Le Conseil « prie le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies de certifier cette liste d’une manière explicite ». Il est bien entendu que les résultats seront également certifiés d’une façon explicite. C’est une phase du processus tout aussi cruciale que celle de la liste des électeurs. Les trois autres critères cadres ainsi que les composantes du critère liste électorale, tels que les audiences foraines, l’enregistrement des électeurs, etc. seront certifiés d’une façon implicite. • La Paix Le premier cadre de certification des élections est la Paix, car on ne saurait certifier un processus entaché de violence et de violation des droits humains. Le processus, de la préparation jusqu’au résultat final des scrutins, doit se dérouler dans un climat apaisé. La paix est le socle sur lequel repose notre organisation. Dans le contexte fragile de post-crise que vit la Côte d’Ivoire, le suivi du critère Paix est fondamental. Son observation repose notamment sur le suivi des libertés d’opinion et d’expression, de mouvement, l’absence de violence et d’intimidation. • L’Inclusion Le processus électoral doit être inclusif, c'est-à-dire qu’il doit être exempt de toute discrimination, qu’elle soit raciale, religieuse, ethnique, sociale ou d’opinion. Il doit offrir un cadre d’expression à tous les citoyens et à tous les courants politiques. L’objectif visé est la participation de tous les acteurs, sans aucune discrimination, à tous les stades du processus : identification, inscription sur la liste électorale, distribution des cartes d’électeurs, exercice du droit de vote, enregistrement et validation des candidatures. Le processus électoral doit inclure tous les citoyens qui remplissent les conditions pour être 19 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections électeurs, et pour la candidature, toute personne éligible. • Les Médias d’Etat Les médias publics, et en particulier audiovisuels, sont ceux qui bénéficient de la plus grande part d’audience sur le territoire ivoirien. Ils sont les plus accessibles, et surtout, ceux qui font référence. C’est d’autant plus important dans un pays où l’analphabétisme touche plus de la moitié de la population. Observer les médias publics signifie avant tout de veiller à l’accès équitable aux médias publics neutres. L’impartialité des médias du service public (RTI, RCI et Fraternité Matin) est une nécessité incontournable d’un processus juste et transparent. Leur impartialité et leur accès équitable et égal à tous les candidats, partis et groupements politiques, doivent être garantis de manière effective. Les autres médias (radios et journaux privés) font l’objet d’un suivi dans le cadre du critère Paix. Ils représentent des moyens de communication de masses très écoutés ou lus. Leur influence sur la société globale est importante. • La Liste électorale La qualité de tout scrutin dépend pour une bonne part de la qualité de la liste électorale. La liste électorale est le quatrième cadre retenu par le certificateur. Elle fera l’objet d’un suivi scrupuleux, de manière à ce que cette liste ne souffre d’aucune contestation ou ambigüité, ce qui aurait des répercussions considérables sur la crédibilité de tout le processus électoral. Son suivi est essentiel et comprend le respect des textes et modes opératoires, de toutes les étapes de la pré-identification, l’identification elle-même dans le cas très particulier de la Côte d’Ivoire, l’enrôlement des électeurs ainsi que l’établissement de la liste proprement dite, la détermination de la carte électorale et la distribution des cartes d’électeurs. Une liste partiale et non inclusive ne sera pas certifiée. Une fois la liste électorale certifiée explicitement, le Certificateur n’admettra pas sa remise en cause de façon rétroactive. • Les Résultats Les résultats sont le couronnement de tout le processus électoral ; il apparaît normal que le déroulement de cette étape finale fasse l’objet d’une certification officielle, formelle et publique. Le respect strict des lois et standards internationaux, la transparence et la sincérité sont les maîtres mots d’un processus électoral démocratique. Les résultats doivent être sincères et refléter la volonté librement exprimée des électeurs. Les recours doivent être traités avec indépendance et célérité par les organes compétents. Les résultats des élections seront certifiés d’une façon explicite. Est-ce que la sauvegarde des résultats fait partie du mandat de certification ? Le Certificateur entend sauvegarder les résultats légitimes avec engagement, honneur et détermination. Il veillera à ce que les résultats soient respectés ; que le vainqueur soit celui qui a gagné les élections ; que les résultats ne fassent l’objet ni de contestations non démocratiques, ni de compromissions. 20 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Au cas peu probable où les résultats légitimes venaient à être contestés par des moyens non démocratiques, le Certificateur, ayant également comme mandat fondamental le maintien de la paix et de la stabilité en Côte d’Ivoire en tant que chef de l’ONUCI, sauvegardera ces résultats par tous les moyens dont il dispose dans l’intérêt du peuple ivoirien. Les moyens et modalités de la certification ? En cas de dysfonctionnement porté à sa connaissance, le Certificateur dispose de quatre niveaux d’action : 1) Il discute avec les acteurs impliqués et/ou les autorités concernées afin d’attirer leur attention sur les éléments de risque ; il les encourage à prendre toutes les mesures correctives nécessaires. 2) Si cette concertation n’aboutit pas, il contacte les protagonistes ivoiriens afin de trouver des solutions au niveau national. 3) Si cette démarche n’aboutit pas, le Certificateur a la faculté de faire appel au Facilitateur pour arbitrage. 4) Si l’arbitrage n’aboutit pas, il fait rapport au Conseil de Sécurité pour que celui-ci prenne les mesures appropriées. Quelques arguments de la nécessaire transparence des élections Le processus électoral dans le contexte de sortie de crise, dispose d’un solide mécanisme permettant d’en assurer la transparence. Ceci grâce à quatre outils, à savoir : 1) La coopération de deux opérateurs techniques électoraux (INS et SAGEM) ; 2) Une composition pluraliste de la CEI ; 3) La présence des Forces Impartiales, de l’ONUCI, en plus du CCI et des FDS au sens large 4) Une présence importante des observateurs nationaux et internationaux. Ces instruments constituent un formidable atout pour la réussite de la mission de certification des élections en Côte d’Ivoire. 4. L’expérience de L’ONU en matière de certification des élections. L’ONU a accompli des missions de certification dans certains pays comme le Timor en 2007 et le Népal en 2008. Dans ces cas, l’ONU avait un rôle principal dans l’organisation des élections. La Côte d’Ivoire est un cas de certification où le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies doit certifier des élections dont il n’est pas l’organisateur, c’est un défi. 21 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Deuxième communication : « Code de Bonne Conduite et Campagne Electorale »(présentée par M. Modem Lawson-Betum, Directeur de la Division des Affaires Politiques). Distingués Représentants des Partis et Groupements Politiques, Chers Amis, Mesdames, Messieurs, Introduction 1. Avant tout chose, il y a lieu de saluer le courage politique et le sens des responsabilités dont les partis et groupements politiques ont fait preuve en souscrivant à un Code de Bonne Conduite pour les élections. Les engagements pris au titre de ce Code attestent d’une volonté de faciliter les efforts déployés par les principaux protagonistes de la crise ivoirienne, avec le soutien du Facilitateur et de la communauté internationale, notamment l’ONUCI, en vue de la restauration d’une paix et d’une stabilité véritables et durables en Côte d’Ivoire. 2. Traiter le thème « Code de Bonne de Conduite et campagne électorale » dans le cadre du présent séminaire, requiert me semble-t-il, de cerner autant que faire se peut l’interaction dynamique et la synergie devant exister entre le respect dudit Code et la conduite d’une campagne électorale efficace et saine. Pour ce faire, j’ai estimé utile d’articuler ma présentation autour de trois axes essentiels de réflexion et d’échanges: Premier axe de réflexion et d’échanges : les présupposés du Code de Bonne Conduite pour la conduite d’une campagne électorale dynamique, efficace et saine. Deuxième axe de réflexion et d’échanges : les grands facteurs de risques de dérapages de la campagne électorale. Troisième axe de réflexion et d’échanges: les implications politiques et pratiques pour les partis, groupements et forces politiques, du respect du Code de Bonne Conduite. I. Les présupposés du Code de Bonne Conduite dans la conduite d’une campagne Électorale dynamique efficace et saine. 3. Le Code de Bonne Conduite a le mérite de comporter nombre de présupposés ou d’impératifs pour assurer la conduite d’une bonne campagne, c’est-a-dire vibrante mais saine et respectueuse des idéaux démocratiques. ¾ Créer les conditions nécessaires pour une sortie de crise rapide ; ¾ Respecter scrupuleusement le cadre législatif qui régit le processus électoral ; ¾ Mener une compétition électorale digne et de haute tenue en s’inspirant des règles du fair-play; ¾ Préserver la stabilité de la Côte d’Ivoire 22 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 4. Le respect du Code de Bonne Conduite présuppose par ailleurs une vigilance constante de la Commission Electorale Indépendante qui demeure le point d’ancrage essentiel pour faire le monitoring et faire redresser ou corriger les dérapages éventuels. II. Les risques de dérapage de la campagne électorale A. Les grands enjeux comme facteurs de risques pour le bon déroulement de la campagne électorale 5. Afin de mieux ajuster ses ambitions présidentielles aux enjeux considérables de la compétition électorale, un parti politique pourrait recourir à tous les moyens efficaces possibles, y compris l’affaiblissement de l’adversaire. A l’analyse, les prochaines échéances électorales en Côte d’Ivoire comportent quatre enjeux essentiels qui sont intimement liés aux logiques sous-jacentes des différentes stratégies de campagne électorale: ¾ Logique de conservation du pouvoir: Efforts de démonstration des raisons pour lesquelles le parti au pouvoir peut estimer nécessaire pour lui de demeurer en place pour gouverner le pays, y compris en mettant en relief sa contribution aux efforts de restauration de la paix en Côte d’Ivoire. ¾ Logique de reconquête du pouvoir: Efforts de justification des raisons pour lesquelles le parti estime essentiel de reconquérir le pouvoir d’Etat, y compris pour offrir ce que le parti considère comme une meilleure alternative de gouvernance du pays. ¾ Logique de conquête du pouvoir : Indication des motifs qui militent en faveur d’une conquête du pouvoir d’Etat, y compris ce que le parti estime être une approche novatrice de la gouvernance politique, socio-économique et financière du pays. ¾ Logique de positionnement des partis désireux de briser le monopole des trois grands partis traditionnels : Explication des raisons pour lesquelles, selon ces partis, la dominance des grands partis traditionnels doit être brisée en vue de faciliter l’émergence d’un nouveau système de gouvernance, politique, socio-économique et financière du pays. B. Les stratégies de campagne électorale comme facteurs de tensions et d’affrontements violents entre les compétiteurs et/ou leurs partisans, militants et sympathisants. 6. Du fait que les efforts de conquête des suffrages des électeurs participent d’un véritable marketing politique, les diverses stratégies électorales peuvent susciter l’émergence de sérieux facteurs de risques de dérapages, notamment: ¾ Risques de faible intensité ou d’intensité modérée: sous la forme de réactions et contre-réactions verbales ou écrites plus ou moins violentes. ¾ Risques de forte intensité: Il s’agit de risques de tensions sociopolitiques pouvant déboucher sur des affrontements violents entre groupes se réclamant de tels ou tels autres partis et groupements. 7. Les facteurs de risques découlant des diverses stratégies électorales portent sur les points ci-après : 23 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ¾ Efforts d’élargissement de l’électorat traditionnel: Vouloir ratisser large dans le cadre d’une stratégie de rassemblement et de large ouverture peut être perçu comme un acte de grand courage politique et comme l’expression d’une vision holistique des intérêts nationaux. En même temps, les efforts de tout parti politique d’élargir et de consolider son électorat au delà de ses bastions traditionnels pour couvrir les fiefs les plus solides de ses adversaires peuvent être perçus comme du cran et de l’audace ou même de la provocation, surtout si des propos très critiques ou accusateurs sont prononcés lors de meetings tenus dans ces bastions. Néanmoins, force est de souligner que le libre jeu démocratique devrait toujours faire place a une liberté de mouvement et d’expression de tous les partis, groupements et forces politiques, en vue de permettre des joutes électorales véritablement démocratiques, ouvertes et transparentes des partis et groupements politiques. ¾ Incontournable esprit de contradiction par la mise en relief de ce que le parti perçoit comme les faiblesses majeures des principaux adversaires : Mettre en relief ce que l’on considère comme étant les faiblesses fondamentales de l’adversaire politique peut être jugé comme participant d’un double effort : Premièrement démonter les arguments de l’adversaire pour mieux éclairer l’électeur sur les véritables enjeux de l’élection. Deuxièmement, promouvoir son propre parti comme étant mieux outillé pour gouverner le pays. Cependant, un tel exercice pourrait susciter des réactions négatives s’il tendait soit à diffamer soit à dénigrer, diaboliser ou déstabiliser l’adversaire. ¾ Stratégies de communication: Les récentes joutes électorales aux Etats-Unis ont montré le rôle capital que peut jouer une solide stratégie de communication dans les chances de gagner une élection. A cet égard, l’on a souvenance des attaques virulentes dont certains candidats à la présidentielle, y compris Obama avaient été l’objet. Comme pour répondre à ces attaques ou minimiser leur impact, la Directrice de Communication de M. Obama lui avait conseillé, à juste titre, de faire la différence entre les attaques qui méritent des réactions énergiques et celles qui ne valent pas la peine que l’on s’y attarde. Les attaques considérées comme exigeant des réactions énergiques et rapides sont celles susceptibles de mettre en péril la vision stratégique de campagne et de faire perdre des soutiens majeurs au sein de l’électorat. Celles qui sont considérées comme ne méritant pas de réactions sont celles qui sont susceptibles de causer plus de dommages que de gains politiques, notamment un cycle infernal d’attaques et de contre-attaques de nature à détourner les électeurs des véritables enjeux de l’élection. C. Affrontement d’idées et de programmes de gouvernement 11. Outils de promotion de la vision stratégique du parti et pour gagner les cœurs et les esprits des électeurs potentiels : Pour mieux promouvoir sa vision stratégique et son programme de gouvernement, tout parti ou groupement politique est soucieux de projeter l’image la meilleure possible de son candidat ainsi que de ses réalisations et ambitions novatrices pour une meilleure gouvernance du pays. A cette fin, l’affrontement des idées et des différents programmes peut parfois prendre l’allure d’échanges d’invectives débouchant sur des écrits ou des propos véhéments totalement contraires aux idéaux démocratiques de respect des différences, de courtoisie politique et de respect de l’adversaire. Comme le dit souvent le Président Américain, nous pouvons entretenir de profondes divergences de vues politiques ou autres mais cela ne doit pas nous empêcher de nous respecter mutuellement. 24 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections III. Les implications politiques et pratiques des engagements des partis, groupements et forces politiques dans le respect du Code de Bonne Conduite A. Responsabilités des partis, groupements et forces politiques 12. A l’analyse, les multiples engagements pris par les partis, groupements et forces politiques dans le cadre du Code de Bonne Conduite sont de nature à créer des chances égales pour une compétition électorale digne et de grande tenue: respect des droits et de la liberté de tous les citoyens, des partis, groupements et forces politiques, des candidats; non usage de la violence; rejet de toute manœuvre tendant à empêcher le libre choix de l’électeur; engagement a interdire à leurs militants, partisans et sympathisants toute attitude de nature à porter atteinte à la sécurité, à la dignité à la vie privée, à l’intégrité physique et morale de toutes personnes ainsi qu’aux biens publics et privés; proscrire tout comportement pouvant mettre en péril la sécurité des journalistes; non usage des moyens de l’Etat à des fins de campagne électorale ou de propagande politique ou à l’occasion de manifestations politiques durant la campagne électorale, à compter de l’enrôlement des électeurs; non recrutement et non usage de milices ou groupes d’autodéfense ou des groupes paramilitaires; engagement à ne pas diffuser les résultats avant la proclamation officielle par la CEI. 13. Les engagements auxquels ont souscrit les partis et groupements politiques comportent un certain nombre d’implications pratiques. Il s’agit essentiellement de savoir si les partis, groupements et forces politiques ont traduit dans les faits lesdits engagements. En effet, ils sont censés faire ce qui suit : 14. Promouvoir une parfaite compréhension des exigences du respect du Code de Bonne Conduite notamment par : la dissémination et la sensibilisation sur le contenu et les principaux objectifs du Code de Bonne Conduite; la création d’une cellule d’information et de sensibilisation au Code de Bonne de Conduite. 15. Encadrer et contrôler les comportements de leurs partisans, militants et sympathisants, notamment par les actions concrètes suivantes : Formuler et exécuter un programme d’éducation aux idéaux démocratiques, y compris la pratique de la non-violence, la courtoisie politique et le respect mutuel, le non recours au dénigrement, à la diffamation, et à la désinformation, l’observation d’une certaine retenue dans les écrits comme dans le langage. 16. Encadrer et contrôler les comportements des médias qui servent de relais pour leur campagne électorale, notamment par les actions suivantes : sensibiliser les médias à la nécessité de contribuer à un environnement électoral apaisé. A cet égard, il convient de noter les conclusions et recommandations du séminaire organisé récemment par l’ONUCI, en partenariat avec l’Union Nationale des Journalistes de Cote d’Ivoire (UNJCI), lequel séminaire a prévu entre autres la mise en place d’un mécanisme de suivi de l’application desdites recommandations. 17. En tout état de cause, il s’agira pour les partis politiques de veiller à ce que les médias qu’ils contrôlent ou sponsorisent ne mettent pas de l’huile sur le feu, mais constituent de véritables remparts pour la défense des idéaux de paix, de démocratie et de respect des différences. Il conviendrait donc d’éviter tout propos ou écrit de nature à perturber ou empoisonner le climat sociopolitique et l’environnement électoral : essentiellement des écrits diffamatoires, des écrits ou propos incitant a la haine et a la violence. 25 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections B. Responsabilités des organes de régulation et d’autorégulation 18. S’il est vrai que les engagements pris par les partis, groupements et forces politiques ont le mérite de créer un environnement pacifique pour la conduite d’une bonne campagne électorale et pour l’organisation d’élections crédibles, il est encore plus vrai que la pertinence et l’effectivité dudit Code dépendent de la capacité des organes de régulation, notamment la CEI, de suivre de près et de faire sanctionner les diverses entraves au Code de Bonne Conduite. Le Conseil National de la Communication et de l’Audio-visuel (CNCA) a également un rôle important à jouer pour favoriser le respect du Code de Bonne Conduite. 19. Pour sa part, conformément à son mandat, l’ONUCI effectue un monitoring régulier des médias avec un accent particulier sur les écrits ou propos incitant à la violence et à la haine. Par ailleurs, la Cellule de Certification fait aussi un monitoring des media en vue de déterminer s’ils contribuent ou non à la création d’un environnement électoral apaisé, ce qui correspond au critère de paix retenu par le Certificateur dans l’exercice de sa fonction de certification du processus électoral. IV. Conclusion 20. Respecter scrupuleusement le Code de Bonne de Bonne Conduite demeure une exigence fondamentale pour assurer un bon déroulement de la campagne électorale. Les engagements pris par les partis et groupements requièrent des actions concrètes en vue de créer un environnement électoral apaisé. C’est ma conviction profonde que les échanges que nous auront tout à l’heure permettront d’identifier les mesures concrètes que les partis et groupements ont déjà prises ou envisagent de prendre en vue de faciliter la tenue d’élections paisibles dont les résultats seront acceptables pour toutes les parties concernées. 21. Il conviendra également de connaître les initiatives que les partis, groupements et forces ont prises et envisagent de prendre en vue de renforcer l’efficacité et l’utilité de leurs consultations périodiques avec la Commission Electorale Indépendante, dans le cadre du respect du Code de Conduite. Il importe en outre de s’assurer que tous les candidats à la présidentielle adhérent au Code de Bonne Conduite afin d’en élargir le champ d’application. 22. En fin de compte, l’enjeu majeur de la prochaine élection présidentielle sera de faire en sorte que la Côte d’Ivoire sorte véritablement de cette crise pour reprendre sa place de locomotive en Afrique de l’Ouest, pour réconcilier tous ses fils, et pour jouer pleinement sa partition au sein de la communauté internationale en tant que nation réunifiée, stable et fermement engagée dans l’œuvre de reconstruction et de promotion du progrès économique et social. Je vous remercie de votre aimable attention. 26 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Troisième communication : « Médias et Elections : Les médias comme outils de la certification », (présentée par M. Hamadoun Touré, Porte-parole, Directeur, a.i. de la Division de l’Information Publique (PIO), ONUCI.) I. II. III. IV. V. VI. VII. DEMOCRATIE ET MEDIAS ELEMENTS INDISPENSABLES PENDANT LA CAMPAGNE ELECTORALE ELECTIONS ET JOURNALISME PROFESSIONNEL LES MEDIAS GARDIENS DES ELECTIONS QUE DOIT SURVEILLER LA PRESSE ? CAMPAGNE ELECTORALE ET COUVERTURE MEDIATIQUE L’OBSERVATION DES ELECTIONS I. Démocratie et médias Il y a des critères essentiels pour qu’un gouvernement élu soit légitime : 1. 2. 3. 4. Choix entre les candidats Campagne électorale Lois pour régir les élections Choix conscient des électeurs Il est difficile de garantir ces critères dans une élection sans l’existence d’une presse libre et professionnelle. Pas de démocratie sans presse libre et pluraliste : 1. 2. 3. 4. 5. Les médias informent sur les élections et les choix politiques ; Ils fournissent aux électeurs les mêmes informations sur le processus électoral ; Ils veillent à la transparence des élections ; Ils informent des éventuels dysfonctionnements ; Ils demandent à ceux qui ont exercé le pouvoir de rendre compte de leur gestion. II. Elections : trois éléments indispensables pendant la campagne électorale Les médias s’intéressent : • • • Aux partis politiques et aux candidats ; Aux programmes politiques : les projets de société des partis ; Au processus électoral : inscription et procédures d’inscription des électeurs, durée de la campagne, dépouillement des votes, financement de la campagne, lois relatives à la publicité et à la couverture médiatique, surveillance du processus… III. Elections et journalisme professionnel Pour aider les citoyens à prendre de bonnes décisions, il est important d’avoir une presse libre, sérieuse et digne de confiance. 27 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections C’est la raison pour laquelle il existe des principes et des critères régissant le métier de journaliste permettant de fournir des informations crédibles. Ils prennent plus de relief lors d’une période électorale. Le journalisme professionnel exige : 1. La précision ; 2. L’impartialité ; 3. La responsabilité. Il est le contraire de : 1. La diffamation; 2. La malveillance; 3. La corruption; 4. La fiction. IV. Les médias, gardiens des élections 1. les médias rendent compte du déroulement du processus électoral ; 2. informent les électeurs sur les programmes des candidats ; 3. doivent connaitre les lois électorales : fonctionnement de la CEI et du processus électoral, dispositif règlementaire relatif aux médias pour la période de la campagne électorale, accès équitable, l’accès égal aux médias d’Etat, réglementation sur la publicité, l’affichage etc. ; 4. dénoncent les violations des lois ; 5. les médias signalent les problèmes. V. Que doivent faire les médias ? 1. La presse doit s’intéresser aux droits des électeurs Le nom des citoyens éligibles est-il sur la liste électorale ? Les partis forcent-ils les électeurs à voter pour leurs candidats ? Les électeurs sont-ils conscients de leur rôle et de l’importance de leur vote? Les femmes et les minorités se sentent-elles en minorité lors du vote? Etc. 2. Le droit des candidats et des partis politiques : Les règles électorales sont-elles appliquées équitablement à tous les partis ? Le processus estil sécurisé ? Les responsables du gouvernement utilisent-ils de l’argent ou des ressources publiques pour servir un parti politique ? Etc. 3. Le processus électoral Les électeurs comprennent-ils facilement la procédure du vote ? La presse d’Etat couvre-t-elle les activités des candidats et partis de façon équitable ? Les médias privés offrent-ils une couverture fiable et équitable sur les élections ? La CEI réagit-elle promptement aux plaintes concernant les violations du code électoral ? Etc. VI. Campagne électorale et couverture médiatique 1. Les fondements du journalisme demeurent ; 2. Les médias doivent savoir traiter un discours électoral ; 28 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 3. Penser comme un électeur ; 4. Penser aux communautés et aux voix oubliées ; 5. Savoir interviewer les politiciens. VII. Observation des élections Pendant la campagne électorale les médias ont plusieurs rôles. Ils informent les électeurs, ils observent les élections pour dénoncer les violations du code électoral. Les médias doivent s’intéresser aux partis politiques et aux candidats. La meilleure observation est celle qui est respectée par les médias. Cela implique de la part des médias de trouver un accord commun sur un code de conduite. VIII. Au service de la certification En raison des règles imposées dans le traitement de l’information (information vérifiée, source crédible, équilibre entre partis, observation rigoureuse des faits, relation fidèle des faits), les médias peuvent etre un instrument au service de ceux qui sont chargés de la certification. Avec leur rôle de vigile et grâce au système d’alerte dont ils disposent, les médias peuvent aider à lutter contre la fraude et autres violations du code électoral. Chargés de parler de tout à tout moment, les professionnels des médias doivent avoir une bonne maitrise du code électoral, du programme des partis, des aspirations des populations, de la sociologie ambiante, de la culture électorale du pays, de l’environnement électoral dans lequel ils travaillent pour rendre correctement compte de ce qui est attendu par les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs et maintenant, les internautes. Les médias sont des généralistes et en même temps des spécialistes. Ils doivent rendre compte avec le même talent d’un match de football, d’un meeting politique, de catastrophes financières, de crises sociales et du lancement d’une fusée. Les médias sont des acteurs sociaux et des alliés/adversaires des operateurs politiques. Ces relations duelles peuvent également aider à la certification. Le professionnel des médias doit garder ses distances vis-à-vis des événements qu’il couvre tout en s’en imprégnant de la manière la plus complète possible. Son travail fait de rigueur, de distance et de proximité à la fois peut être d’un apport capital à la certification. Traiter un événement, c’est dire ce qui est vrai. Certifier, c’est dire ce qui est vrai. Les médias font une certification qui ne dit pas son nom. Comme M. Jourdain, les médias font de la prose sans le savoir. 29 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Quatrième communication : « Contentieux de la liste électorale provisoire : phase administrative » (présentée par M. Ambroise Dzondhault, Coordonnateur des Opérations, Division de l’Assistance Electorale (DAE), ONUCI) REPÉRÉS NON REPÉRÉS TOTAL FICHIERS HISTORIQUES 5.300.586 (83.00%) 1.083.667 (17.00%) 6.384.253 (100%) Zone Sud Zone CNO Diaspora 4.125.554 1.142.686 32.346 749.913 327.213 6.541 4.875.467 1.469.899 38.887 Croisement Direct Croisement Direct + Ascendance Croisement Direct + Ascendance + Supplémentaire 3.632.035 4.405.483 (773,448) 5.300.586 (871.909) 2.752,218 1.978.770 6.384.253 6.384.253 1.083.667 6.384.253 Nouveaux Inscrits Nouveaux Majeurs 18-27 (Zone Sud) (Zone CNO) (Age 28-37) Audiences Foraines Reconstitution des Registres 1.809.237 1.525.102 619.853 2.144.955 1.228.817 296.285 (1.602.314) 281.741 442.334 177.519 (268.658) 104.370 120.733 18.812 1.671.151 473.804 (1.870.972) 386.111: 18 ans > 752.710 139.545: 18 ans > 251.275 2.775.117 Liste de 2000 croisée 2.678.069 avec l’Enrôlement 2009 1.975.117 Personnes décédées 3.478.069 (ca +800.000) (ca -800.000) ou pas enrôlées après 2000 Zone Sud Zone CNO 5.453.186 5.453.186 3.953.6291 1.499.557 ANALYSE PRELIMINAIRE DE LA LISTE ELECTORALE PROVISOIRE • Une liste électorale provisoire qui efface trois mythes que sont: 1. La territorialité exclusive des non repérés - Selon une idée préconçue, l’essentiel des non repérés se trouverait au Nord ; 30 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections - La distribution des statistiques des non repérés (1 083 667) révèle 749 913 personnes non repérées en zone Sud, soit 69,20% et 327 213 non repérées en zone CNO soit 30,19% 2. La marginalisation des attestations de plumitif et des expéditions de jugements supplétifs lors du recensement électoral. - Sur 386.111 expéditions de jugements supplétifs présentés à l’enrôlement, 281.741 soit 72,96 % ont été repérés positivement, contre 104.370 soit 27,04 % qui ont été repérés négativement ; - Sur 139.545 attestations de plumitifs présentées à l’enrôlement, 120.733 ont été repérés positivement soit 86.52 % et 18.812 repérés négativement soit 13,48 % de non repérés 3. Les estimations du corps électoral de 2000 − Les premiers croisements opérés sur la liste électorale de 2000 ont permis de constater l’existence de 2.775.117 personnes non repérées ; − Les autres croisements directs effectués sur la liste électorale de 2000 ont permis une hausse de potentiel des repérés positivement ; − De nombreuses aspérités continuent de marquer la liste électorale de 2000 avec un taux de personnes introuvables (décédées ou inscrites plusieurs fois) ; − Au vu de toutes ces statistiques le corps électoral de 2000 ne dépasserait guère 3 500.000 sur 5 453.186 ; − Le corps électoral de 2000 était surévalué • Une liste électorale qui confirme : - Une vague importante de nouveaux inscrits : 1.809.237 soit 34,13 % de nouveaux repérés ; - Une forte présence de nouveaux majeurs: 1.525.102 soit 28,77 % ; - Une prééminence du genre féminin soit 3.246.658 femmes contre 3.137.595 hommes • Une liste électorale provisoire bien équilibrée et bien balancée Traitement du contentieux au premier niveau par les Commissions Electorales Indépendantes locales Les estimations de la Division de l’Assistance Électorale de l’ONUCI (SICODE) au 18 Décembre 2009 se chiffrent de la manière suivante: STATISTIQUES PROVISOIRES PAR ZONE SUR LE TRAITEMENT DU CONTENTIEUX TOTAL REQUETE DECISION REQUETES REQUETES REQUETES EN NATIONAL RECUES RENDUES ACCEPTEES REJETEES INSTANCE 287.521 243.769 228.410 15.359 43.752 POURCENTAGE DE REALISATION PAR RAPPORT AU TOTAL DE CAS LITIGIEUX (1.033.985): 27.81% REQUETES RECUES DECISIONS RENDUES REQUETES ACCEPTEES 31 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections TOTAL CNO 68.324 (23.76%) TOTAL SUD 219.197 (76.24%) 54.950 (22.54%) 188.819 (77.46%) 51.073 (22.36%) 177.337 (77.64%) OBSERVATIONS: Les types d’anomalies se présentent sous les acronymes ‘A’ et ‘C’: TYPE ‘C’: C 1: Requérants croisés positivement avec les fichiers « Etrangers ». C 2: Requérants croisés positivement avec les fichiers « Etrangers » et dans les fichiers « Ivoiriens ». C 3: Requérants n’ayant pas été authentifiés dans aucuns fichiers. TYPE ‘A’: Trois grandes catégories : - A1, A3: Les doublons sur pièces, doublons alphanumériques ; - A2, A4: Les incohérences ; - A5, A6, A7, A8, A9: Les problèmes de forme (signatures, imprécision de la pièce fournie, omission de la nationalité sur les formulaires) 32 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Le ré-enrôlement est attendu pour 42.000 individus. 33 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 34 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 35 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 36 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 37 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 38 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 39 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Cinquième communication : « Contentieux de la liste électorale : phase judiciaire » (présentée par Mme Françoise Simard, Chef de l’Unité Etat de Droit, ONUCI) La qualité d’électeur est constatée par l’inscription sur une liste électorale qui se définit comme un document administratif sur lequel est inscrit l’ensemble des électeurs. En vue de garantir la fiabilité de cette liste électorale, l’article 12 du code électoral ainsi que le décret nº2008-136 du 14 avril 2008 fixant les modalités d’établissement de la nouvelle liste électorale prévoient et organisent une procédure de réclamation portant sur l’inscription des électeurs : c’est le contentieux de la liste électorale qui se décline en une phase dite administrative et une phase judiciaire. Notre intervention se focalisera uniquement sur la phase judiciaire dudit contentieux et permettra : - d’apporter un éclairage sur la procédure devant les juridictions ; - de relever les points essentiels sur lesquels la section entend porter une attention particulière lors du suivi de ce contentieux ; - de donner notre avis sur certaines questions non élucidées relatives à la phase judiciaire du contentieux. I. La procédure du contentieux de la liste électorale devant les juridictions Les décisions de la CEL peuvent faire l’objet de recours devant le tribunal territorialement compétent, sans frais, par simple déclaration au greffe du tribunal. 1. La juridiction compétente L’article 12 nouveau alinéa 5 du Code électoral admet le recours devant le « tribunal territorialement compétent ». Il faut comprendre, au regard de l’alinéa premier de cette même disposition légale que le « tribunal territorialement compétent » est celui du lieu de la circonscription électorale, selon les cas, de la personne qui est visée par la réclamation ou de la personne qui initie la réclamation. 2. La qualité pour agir La personne qui a qualité pour introduire un recours devant le Tribunal est celle qui n’a pas eu gain de cause devant la CEI. En pratique, il peut s’agir du demandeur initial c’est-à dire l’auteur de la réclamation devant la CEI. Il peut en être ainsi lorsque la CEI n’a pas fait droit à la demande. De même, il peut s’agir du défendeur à la réclamation initiale c’est-à-dire la personne contre laquelle la réclamation a été faite et qui estime que la décision de la CEI lui fait grief. Il en résulte qu’un véritable tiers à la contestation initiale ne peut intenter le recours devant le tribunal. 3. Le délai pour agir Les textes pertinents ne donnent aucune précision du délai dans lequel la personne doit se présenter devant les juridictions, une fois qu’elle détient la décision de la CEI qu’elle souhaite contester. L’article 18 du Décret 2008-136 évoque uniquement le délai imparti aux juridictions pour statuer sur la requête, une fois qu’elles ont été saisies. 40 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 4. La décision du Tribunal Le Tribunal saisi doit rendre assez rapidement sa décision. L’article 18 al 3 du décret nº2000136 du 14 avril 2008 fixant les modalités d’établissement de la nouvelle liste électorale précise que « la juridiction saisie doit statuer dans les huit jours de sa saisine ». 5. La décision du Tribunal est insusceptible de recours. Le tribunal statue sans possibilité d’appel, d’opposition ou de pourvoi en cassation. L’article 18 al 3 susvisé dispose à cet égard que « les décisions rendues par les juridictions saisies ne sont susceptibles d’aucun recours ». Il en découle que les décisions rendues en la matière ont force de chose jugée irrévocable. II. Le suivi de la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale par la section Etat de droit L’enjeu du contentieux de la liste électorale est important en ce qu’il permet de garantir la fiabilité de la liste électorale. C’est pour cette raison que la Section Etat de droit, qui a suivi le processus d’identification et d’enrôlement, sera présente pour s’assurer que ce contentieux se déroule conformément à la loi. A cette occasion, plusieurs équipes visiteront les 34 juridictions (TPI et leurs sections détachées) compétentes en la matière. Elles relèveront tous les manquements susceptibles d’affecter le droit des citoyens à être inscrits sur la liste électorale. Dans cette perspective, un formulaire de suivi a été conçu pour permettre d’apprécier les aspects essentiels de l’audience. Ainsi feront l’objet d’attention particulière : - les questions liées à la compétence territoriale des juridictions ainsi que la recevabilité des recours ; - la qualité des réclamants et l’objet des réclamations ; - l’audience proprement dite. Ce chapitre offre l’opportunité de vérifier la publicité de l’audience, les modes de preuves admis ou exigés par le Tribunal. Il s’agira à ce niveau d’examiner attentivement si le certificat de nationalité est souvent réclamé par les Tribunaux et si le greffe a enregistré un accroissement des demandes de certificats de nationalité. Dans l’affirmative, s’assurer que des dispositions particulières sont prises pour faciliter la délivrance desdits certificats de nationalité ; - le respect du délai de traitement des recours. Sur ce point l’article 18 al 3 du décret nº2008-136 du 14 avril 2008 fixant les modalités d’établissement de la nouvelle liste électorale prescrit que « les juridictions saisies doivent statuer dans les 8 jours de leur saisine… ». Il convient de relever qu’il s’agit là d’un délai maximum au-delà duquel le Tribunal ne peut aller. Il s’ensuit qu’en pratique, les tribunaux pourront rendre leurs décisions en moins de 8 jours selon leur disponibilité ; - La délivrance effective aux justiciables dans un délai raisonnable des jugements rendus. III. Quelques avis sur la phase judiciaire du contentieux électoral Les textes électoraux n’ont pas clarifié toutes les interrogations sur la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale. A l’occasion du présent séminaire, nous relèverons quelques-unes de ces préoccupations et tenterons d’apporter des esquisses de réponses. En effet, on se pose souvent la question de savoir quand commencera la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale ? Quelle formation juridictionnelle (juge unique ou collégialité) connaitra de ce contentieux et avec quels pouvoirs ? 41 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 1. Le début de la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale L’article 14 alinéa 2 du décret nº2008-136 du 14 avril 2008 fixant les modalités d’établissement de la nouvelle liste électorale dispose que « Les réclamations doivent être faites dans les 30 jours qui suivent l’affichage de la liste électorale provisoire ». Dans le même sens, l’article 18 al 3 ajoute que « les juridictions saisies doivent statuer dans les 8 jours de leur saisine… » Certains juristes comme le Président du Tribunal de première instance d’Abidjan Plateau1 analysant ces textes ont estimé que le mot « réclamation » concerne uniquement la phase administrative du contentieux de sorte que les juridictions ne pourront intervenir qu’à l’échéance des 30 jours et ce, pendant 8 jours. Nous ne partageons pas cette vision juridique dénuée de pragmatisme. En effet, les juridictions qui auront à la fois des centaines, voire des milliers de recours à trancher ne pourront pas vider leur saisine en seulement 08 jours de contentieux juridictionnel. Dès lors, nous sommes d’avis que suivant l’esprit des textes électoraux, la phase judiciaire du contentieux de la liste électorale est censée démarrer en même temps, du moins peu après le début de la phase administrative, le temps que les premiers recours soient intentés. Il ne s’agit donc pas d’attendre la fin de la phase administrative avant de lancer la phase judiciaire du contentieux. 2. Collégialité ou juge unique ? Les décisions du Tribunal seront-elles rendues en collégialité ou par juge unique ? Cette question n’est pas sans intérêt lorsqu’on sait qu’à Korhogo il n’existe que deux juges du siège y compris le Président du tribunal. Pour répondre à cette question, il convient de rappeler les dispositions de l’article 12 al 5 nouveau de l’ordonnance nº 2008-133 du 14 avril 2008 portant ajustements du code électoral pour les élections générales de sortie de crise. Cet article dispose que : « les décisions de la Commission Electorale Indépendante portant sur le contentieux de la liste électorale peuvent faire l’objet d’un recours devant le Tribunal territorialement compétent sans frais, par simple déclaration au greffe dudit tribunal ». Ce texte emploie le mot « Tribunal ». Or, il est de principe que le Tribunal2 siège en collégialité sauf cas excepté prévu par la loi. On peut dès lors conclure que sauf dispositions contraires, les décisions relatives au contentieux de la liste électorale seront rendues en collégialité. Cette éventualité impose raisonnablement de nouvelles affectations de magistrats au TPI de Korhogo3 qui n’a pas le nombre de magistrats du siège suffisants pour siéger en collégialité. Mais à la réalité, il n’en sera pas ainsi selon le directeur de cabinet du Ministre de la Justice qui a indiqué que des solutions palliatives ont été trouvées. Dans ce sens, des instructions ont été données afin que les magistrats du siège des sections détachées dépendant du TPI de Korhogo viennent renforcer les effectifs en cas d’audience. 1 Voir le quotidien Ivoirien « fraternité matin » du vendredi 11 décembre 2009 Lorsque le législateur envisage qu’une décision soit rendue par juge unique, il en fait une attribution expresse au Président du tribunal. Ainsi, à la place du terme « Tribunal », il est mentionné « Président du tribunal » 3 Le TPI de Korhogo n’a qu’un seul juge du siège. 2 42 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections Cette solution alternative ne restera efficace que dans l’hypothèse où les sections détachées en cause (Boundiali et Odienné) n’enregistrent pas un nombre important de recours ; ce qui permettra au Président du Tribunal de Korhogo de prendre sans contrainte majeure une ordonnance nommant le juge d’instruction de l’une des sections détachées du ressort pour résorber la situation. 3. Les pouvoirs du Tribunal en matière de contentieux de la liste électorale Selon l’article 18 al 3 du décret 2008-136 du 14 avril 2008 fixant les modalités d’établissement de la nouvelle liste électorale, « les juridictions saisies doivent statuer dans les huit jours à compter de leur saisine… ». Ce bref délai exprime l’urgence imprimée au contentieux de la liste électorale. Or, en procédure civile, le juge de l’urgence est le juge de l’évidence. Cette notion est entendue au sens de « ce qui s’impose à l’esprit avec une telle force qu’il n’est besoin d’aucune autre preuve pour en connaitre la vérité, la réalité»4. Il en découle que l’évidence saute aux yeux du juge et se présente à lui comme immédiatement incontestable. Elle ne laisse aucune place au doute. Par conséquent, le Tribunal statuera sur pièces et ne pourra pas s’encombrer d’étapes procédurales complémentaires telles que les mises en état, les enquêtes, les sursis à statuer pour rechercher des preuves additionnelles. Si pareilles démarches s‘imposaient comme nécessaires ou obligatoires pour rendre une décision éclairée, cette circonstance apporterait la preuve éloquente de l’insuffisance des pièces justificatives et emporterait le rejet du recours. Conclusion La phase judiciaire du contentieux de la liste électorale ne donnera pas lieu à un recours massif dans la mesure où toutes les contestations ne parviendront pas systématiquement aux Tribunaux. Seules les affaires non réglées à la satisfaction des requérants par la CEI pourront être déférées à la censure juridictionnelle ; Toutefois, on pourrait avoir certaines préoccupations que la grève des greffiers qui a duré du 30 novembre au 15 décembre 2009 ne vienne porter un coup à l’efficacité des juridictions et rallonger les délais de traitement du contentieux de la liste électorale. 4 Cette définition est tirée du dictionnaire le Petit Robert 43 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ANNEXE 3 : CEREMONIE DE CLÔTURE Allocution de clôture prononcée par M. Simon Munzu, (Directeur de la Division Droits de l’Homme de l’ONUCI) Mesdames et Messieurs, Chers séminaristes, En ouvrant les travaux du présent séminaire ce matin, le Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général, M. Abou Moussa, a mis l’accent sur le caractère pertinent et déterminant de l’appui des partis politiques et de la société civile à la mise en place d’un cadre d’échanges pour la certification des élections. Les débats intenses qui ont suivi les cinq exposés de ce matin et les âpres discussions menées en ateliers cet après-midi démontrent bien la justesse du choix du thème et l’adhésion des participants à ce choix. Car, ces exposés et débats vous ont permis de cerner les enjeux et de préciser les contours du cadre d’échanges proposé. Ils vous ont également permis d’apprécier la délicatesse et la complexité de la mission de certification confiée au Représentant Spécial du Secrétaire Général. Les cinq critères-cadres – Paix, Inclusion, Médias d’Etat, Liste électorale et Résultats -, gages des élections libres, ouvertes, justes et transparentes, sont déterminants pour la mission du Certificateur, témoins privilégié de l’action des acteurs nationaux qu’il est chargé, aux termes de l’Accord Politique de Ouagadougou et des résolutions du Conseil de Sécurité, d’accompagner pour une bonne sortie de crise en Côte d’Ivoire. En effet, les discussions que vous avez menées sur le Code de Bonne Conduite, sur l’objectif et les modalités de la certification, le rôle des médias d’Etat et sur le contentieux tant administratif que judiciaire autour de la liste électorale, vous ont donné, j’en suis persuadé, la mesure de la responsabilité des partis politiques et de la société civile dans le processus en cours. Le cadre d’échanges sur la certification qui vient de naître facilitera la concertation, au sein d’un même forum, des partis politiques et de la société civile autour du Certificateur. Il est le gage d’une meilleure circulation de l’information et de la protection de celle-ci contre les contre-vérités ou la falsification des faits. Je vous exhorte donc à poursuivre, avec le même esprit que celui de ce jour, l’action dont vous venez de jeter les jalons dans l’intérêt supérieur des citoyens et du développement démocratique de la Côte d’Ivoire. En vous souhaitant bon retour dans vos foyers respectifs, je déclare clos le séminaire sur la mise en place d’un cadre d’échanges pour la certification. 44 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ANNEXE 4 : PROGRAMME DU SEMINAIRE NATIONS UNIES Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire UNITED NATIONS United Nations Operation in Côte d’Ivoire ONUCI Cellule de Certification des Elections Division des Affaires Politiques SEMINAIRE SUR LA MISE EN PLACE D’UN CADRE D’ECHANGES POUR LA CERTIFICATION Golf Hôtel Abidjan, le 21 décembre 2009 PROGRAMME PERIODE HEURE ACTIVITES PERSONNE RESSOURCE MODERATEUR Accueil et installation des participants 8:30-9:00 Accueil et installation des officiels 9:00-9:30 CEREMONIE D’OUVERTURE MATINEE 9:30-10:00 Mme Bernadette Houndékandji-Codjovi, Directrice Cellule de Certification des Elections ONUCI Monsieur Abou Moussa, Représentant Spécial Adjoint Principal du Secrétaire Général des Nations Unies Mot de bienvenue Allocution d’ouverture 10:00-10:20 PAUSE - CAFE EXPOSES THEMATIQUES 10:20-10:35 Thème 1 : « La Certification des élections : objectif, critères et méthodologie » 10:35-10:55 Mme Philo Makiese Sitina, Assistante de Monitoring des médias, Cellule de Certification des Elections ONUCI M. Issaka Souna, Officier Electoral principal, Chef Adjoint Cellule de Certification des Elections ONUCI Débat 10:55-11:10 Thème 2 : « Code de Bonne Conduite et campagne électorale » 11:10-11:30 Débat 11:30-11:45 Thème 3 : « Médias et Elections » 11:45-12 :05 Débat M. Modem Lawson-Betum, Directeur de la Division des Affaires Politiques ONUCI M. Ahmedou El Bécaye Seck, Directeur de la Division de l’Assistance Electorale ONUCI M. Hamadoun Touré, PorteParole, Directeur a.i.de la Division de l’Information Publique ONUCI 12:05-12:20 Thème 4 : « Analyse/Contentieux de la liste électorale : Phase administrative » 12:20-12:35 Thème 5 : « Contentieux de électorale : Phase judiciaire » la liste 12:35-12:50 Thème 6 : « La sécurisation du processus électoral » 12:50-13 :30 Débat sur les thèmes 4, 5 et 6 M. Ambroise Dzondhault, Coordonnateur des Opérations à la Division de l’Assistance Electorale ONUCI Mme Françoise Simard Chef de l’Unité Etat de Droit ONUCI Général Fernand Marcel Amoussou, Commandant de la Force ONUCI M. Simon Munzu, Directeur de la Division Droits de l’Homme ONUCI M. Simon Munzu, Directeur de la Division Droits de l’Homme ONUCI 45 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 13:30-14:30 PAUSE - DEJEUNER 14:30-15:30 TRAVAUX Atelier 1 : d’échanges. APRES - MIDI Organisation du Atelier 2 : Plan de travail du d’échanges (activités, périodicité). Cadre Cadre 16:30-16:45 Présentation en plénière des travaux suivie de débats Synthèse des travaux 16:45-17:00 PAUSE 15:30-16:30 CEREMONIE DE CLÔTURE Rapport général du séminaire (Lecture) 17:00-17:15 Mot de clôture FIN 17:15 Mme Daniela Lupas, Chef Adjoint Bureau des Affaires Juridiques ONUCI Mme Bernadette Houndékandji-Codjovi, Chef Cellule de Certification des Elections ONUCI Rapporteurs des Ateliers 1 et 2 M. Modem Lawson-Betum, Chef de la Division des Affaires Politiques ONUCI M. Alassane M. Ndiaye, Analyste Politique, Cellule de Certification des Elections ONUCI M. Simon Munzu, Directeur de la Division Droits de l’Homme ONUCI M. Jean Emile Somda, Conseiller juridique, Bureau du Représentant Spécial du Facilitateur Mme Philo Makiese Sitina, Assistante de Monitoring des médias, Cellule de Certification des Elections ONUCI Cocktail de clôture 46 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections ANNEXE 5 : LISTE DE PRESENCE 47 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 48 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 49 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 50 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 51 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 52 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 53 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 54 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 55 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 56 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 57 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 58 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 59 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 60 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 61 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections 62 Séminaire sur la mise en place d’un Cadre d’Echanges pour la Certification des Elections