n°108 Lyon-Mariste 4ème trimestre 2012 - Sainte
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n°108 Lyon-Mariste 4ème trimestre 2012 - Sainte
LYON SAINT-PAUL LES MISSIONS LA SOLITUDE LA VERPILLIERE 108 2 som mai re Refe Re ren flexi ce ons 16 Le risque numérique Marc FUMAROLI 18 Une journée offerte et reçue Vincent Ricard Récollection 2012 24 A propos de l’enseignement de la littérature Patrick LAUDET Extrait d’une conférence aux IA-IPR de Lettres Re flexi ons LES YEUX FERTI LES 30 La face cachée de l’œuvre d’art Jean-Luc GAUCHON Ou l’image dans l’image COL LEGE 48 HoméliE de la messe de rentrée des professeurs 52 Ciné-Club Programme 2012 / 2013 Fort Apache 66 TRAVAUX d’éLèVES 72 Voyages Freiburg 2012 COMENIUS Madagascar 86 Jeunes Maristes de France 88 CLASSES SUPéRIEURES IN NOU mEmo VEL riam LES 98 102 Jacques Riberolles, s.m. lyon 100 106 Alexis DUFOUR la verpillière 112 carnet Lors de la rentrée de l’an passé, à l’occasion du départ des derniers pères maristes vivant dans la maison, les débuts de la Société de Marie ont été évoqués, la fondation aussi du collège en 1893 et comment il s’est développé sous l’impulsion de trois directeurs, notamment les pères Thévenon (1903/1933), Antoine Forissier (1952/1963) et Marc Perrot (1966/1999). A travers cette histoire particulière, notre histoire, c’est la tradition spirituelle, éducative, pédagogique mariste qui s’esquisse. Le dessin s’affirme lorsque l’on prend conscience des choix opérés par les équipes successives : des personnes ont donné chair à des fonctions de préfet, d’éducateur ; des maisons ont été petit à petit ouvertes, habitées, bâties ; des organisations pédagogiques ont été patiemment élaborées, conservant des fondements : priorité accordée à la qualité de l’expression dans toutes les disciplines, accueil du plus grand nombre conjugué à une exigence intellectuelle forte, seule capable d’engendrer une ouverture au spirituel, régularité et diversité des évaluations, de la transmission aux élèves et aux familles de ces évaluations, simplicité et proximité des rapports avec les élèves, mémorisation, importance des humanités, temps d’études… ; mais une tradition vivante supposait aussi de nouvelles orientations pour mieux servir les élèves : sections modernes dans les années soixante-dix ; séries technologiques G (1980), classes Edi to rial préparatoires commerciales pour les scientifiques (1986), BTS comptabilité (1988) dans les années quatre-vingt ; chœurs d’enfants, classes préparatoires littéraires (1989) et BTS CI (1990) dans les années quatre-vingt-dix ; classes bilangues (2004), accueil d’enfants handicapés (2006), préparatoires commerciales économiques (2008), licences (2008) dans les années deux mille… On le constate, l’énumération est lassante, elle ne garde des aventures que le squelette ; or une leçon d’anatomie ne fait pas plus d’un écorché un être vivant qu’un projet trop prétentieusement mis en avant ne dit la recherche constante des éducateurs en tenue de service. C’est pourquoi, à travers ce propos de début d’année, à travers des essais en général publiés dans Lyon-Mariste, nous sommes conduits à constamment approfondir ce qui fait la grandeur de notre mission d’enseignant et d’éducateur, à en rechercher le sens. Mais « N’étant point en ce qui rassure, le sens se fait exode. Car immobile, sinon pour épier, il ne rédimerait rien » 1 1 Jean-Claude Renard, La Lumière du silence, Le Seuil, 1978 ; Corti, 1990, p. 82 8 Un premier jour d’année, il y aurait certes suffisamment d’informations pratiques pour se contenter d’exposés techniques successifs : ce serait cependant mettre en premier ce qui n’est en fait que secondaire. Aérons nos ambitions en tentant de prendre de la hauteur. L’intendance suivra. Considérant cette large peinture faite en introduction, je cherchais donc ce qui en fait le centre, ou, pour filer la métaphore, la ligne de fuite. On cherche constamment ce qui fait le coeur de l’école : l’enseignant ou l’élève ? la connaissance ou la méthode ? la tête bien faite ou bien pleine ? Or c’est la parole qui est le cœur de l’école, le lien entre les personnes, le chaînon entre savoir et oubli, entre l’écrit et l’oral. C’est un poème de Jean-Claude Renard 2 qui m’est apparu comme une belle méditation sur la parole dont l’éducateur est bien nécessairement un maître. Jean-Claude Renard (1922/2002), né à Toulon, est un grand poète français du mystère : mystère au sens non de ce qui est incompréhensible ou nébuleux mais de ce qui donne vie à notre désir de cerner la vie sans l’emprisonner dans un dogme. En 1966 il publie un recueil intitulé La terre du sacre. Usant du privilège des poètes qui interpellent aussi bien un vieux buffet, un lac que des êtres innommés, il nous autorise à voir dans la périphrase du premier vers, « Celui qui parle », qui l’on veut. Je propose qu’on voie en lui un professeur, c’està-dire étymologiquement celui qui parle devant un auditoire, auditoire d’enfants du moins au départ, c’est-à-dire d’êtres privés de parole.3 Laissons-nous ensuite guider par le poète. Chaque année des écrivains sont convoqués pour nous aider à mieux comprendre ce que parler veut dire. On a déjà entendu les voix de Paul Claudel, Gustave Roud, Philippe Jaccottet, Georges Bernanos, Christian Bobin et Guy Goffette. 2 9 Car Celui qui parle maintenant dans la patience comme le matin sur les rades Ne sacrifie pas pour séduire ce qui n’est ici que faiblesse, Ou miser sur la lâcheté ou piéger la dernière peur et ne promettre qu’autre part Mais ainsi que dans l’estuaire le lait salin et le lait doux Pour opposer en même temps qu’unir le mystère à la connaissance, La grâce à la nécessité Et dresser sa dialectique comme une balance Et confondre ceux-là même qui n’avaient plus rien à perdre Et compter et comparer les résultats, simplement, d’homme à homme, sans autre chose que l’amour, Sans retenir rien d’être libre devant la Pâque qui libère, Et comme les galets polis avec la peau de buffle, révéler le signe et le sens Qui sacrent toute terre Où les corps habités du Verbe et de l’Esprit Accomplissent déjà sa profonde figure. – A l’instant que paru, dans la nuit consumée, au centre des genèses, il donne droit de voir, d’élire, de posséder Pour accéder enfin à cette filiation qui est en lui et nous la mesure de l’Homme ! Le radical indo-européen, (Fa), parler, donne en grec les mots en « phe/phon » (prophète, blasphème, et tous les dérivés de phone), en latin des mots en « fan » (enfant, fantassin, fantoche) ou en « fes » (confesser, professer) ou en « fab/fam » (fable, ineffable, affable... fameux, diffamer). 3 10 Car Celui qui parle maintenant dans la patience comme le matin sur les rades Une personne donc devant d’autres à un moment donné : on peut rêver d’enseignement à distance par ordinateur mais la dimension de présence et consécutivement du temps est fondamentale : parler, c’est partager le même temps et le même espace que l’autre. Les trois mentions du temps sont fondamentales : le « maintenant » rappelle que l’attention suppose la contemporanéité de celui qui parle et de celui qui écoute, la « patience » rappelle que ce temps peut être contraint, que celui qui parle peut avoir la tentation d’aller plus vite que son interlocuteur ; quant au « matin » il nous remet dans une sorte de météo pédagogique : chaque cours se fait avec une lumière, une température, un climat particuliers. Ne sacrifie pas pour séduire ce qui n’est ici que faiblesse, Ou miser sur la lâcheté ou piéger la dernière peur et ne promettre qu’autre part Les quatre tentations majeures de l’enseignant sont ici ramassées devant une évidence : nous sommes en position de force devant des êtres faibles. Comment éviter une parole frelatée, asservie au caractère ou à l’humeur du moment, guettée par la séduction, la facilité, l’intimidation ou la prétention, au lieu d’en rester modestement à une parole vraie, désireuse non de briller mais de servir ? Mais ainsi que dans l’estuaire le lait salin et le lait doux Pour opposer en même temps qu’unir le mystère à la connaissance, La grâce à la nécessité Un professeur n’est ni le rébarbatif déverseur de savoir indigeste supposé répondre à toutes les situations ni le 11 charismatique Keating semant le doute. L’image de l’estuaire vient traduire la complexité de ce qui se passe dans la parole enseignante : des faits décrits, des structures proposées et d’autre part toute l’interrogation quant à leur interprétation, une parole créatrice en cela qu’elle distingue sans séparer. Et dresser sa dialectique comme une balance Quelle belle image du professeur soucieux de la beauté de ses démonstrations, de la netteté de son tableau, de la correction de sa langue ! Il remet debout les mots et le fléau des phrases à l’équilibre. Avec le sens de la justice il développe sa dialectique comme un artisan refusant le manichéisme. Et confondre ceux-là même qui n’avaient plus rien à perdre Nous ne sommes pas dans un pays où les élèves perçoivent spontanément la chance que c’est que d’aller à l’école. Même dans les banlieues où ce serait pour beaucoup une façon d’échapper au ghetto social, au déterminisme des générations sans formation de base. Il s’agit pour nous d’aller chercher tous les élèves, y compris ceux qui croient n’avoir rien à perdre ni rien à gagner à écouter, à se rendre disponible. Et compter et comparer les résultats, simplement, d’homme à homme, sans autre chose que l’amour, Sans retenir rien d’être libre devant la Pâque qui libère, L’évaluation par les notes n’est une « constante macabre », pour reprendre le titre du livre d’André Antibi, 4 que dans la mesure où, d’une part, les notes sont rares, – car moins il y a de notes, plus chaque note est un destin, – et où, d’autre part, elles ne sont pas vraiment un moyen d’évaluation pour le professeur mais un moyen d’affirmer son autorité. Le « comparer les résultats », suivi de l’adverbe « simplement », André Antibi, La Constante macabre, éd. Math’ Adore, Toulouse 4 12 signifie donc ceci : un élève en mesure de juger de ses capacités par un système clair et souple se connaîtra mieux et ne sera pas livré à l’arbitraire d’une moyenne trimestrielle qu’il n’a pas vu venir. Il y a donc aussi en chaque professeur un comptable avec son livre de raison 5 destiné à libérer chacun. Et comme les galets polis avec la peau de buffle, révéler le signe et le sens Qui sacrent toute terre Encore la patience et le beau geste... mais cette foisci avec son dessein. Puisque le monde, la nature est, on le sait, « un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles », le professeur doit contribuer non pas seulement à décrypter la complexité de ce monde, mais à montrer que le sens de tout cela peut se révéler et que toute terre est belle et sacrée. Où les corps habités du Verbe et de l’Esprit Accomplissent déjà sa profonde figure. Si les enfants ou les jeunes gens qui nous sont confiés sont nourris de cette parole de qualité, si leur esprit a été tiré vers le haut, ils découvriront plus sûrement la « merveille qu’ils sont »,6 ils trouveront la profonde figure qui les habite et dont ils avaient une vision partielle, déformée, impossible à aimer. – A l’instant que paru, dans la nuit consumée, au centre des genèses, il donne droit de voir, d’élire, de posséder Pour aller jusqu’au bout du poids, de l’importance de cette parole que nous donnons ou plutôt que nous transmettons, Livre de raison : c’était un « journal tenu par le chef de famille qui inscrivait, avec ses comptes, les événements tels que naissances, mariages, etc. et ses propres réflexions » dit le dictionnaire de l’Académie de 1935. 6 Psaume 139, verset 14 : « Je te rends grâce pour tant de prodiges / merveille que je suis, merveilles que tes œuvres ». 5 13 le poète suggère fortement, mais sans enfermer dans cette seule interprétation, que ce qui se passe au « centre des genèses », c’est-à-dire dans ce temps fondamental de l’éducation où l’enfant devient un homme, c’est que « Celui qui parle », le sujet de toutes les phrases, permet d’accéder à l’âge adulte, âge où l’on sort de l’école et de l’insouciance du mineur qui ne possède rien pour, dans l’ordre, voir, choisir, prendre possession enfin. Pour accéder enfin à cette filiation qui est en lui et nous la mesure de l’Homme ! Mais cette prise de possession a une plus haute visée qu’une parole uniquement préoccupée d’efficacité, de technique ou d’avidité : elle propose de devenir fils, c’est-à-dire pleinement homme. Les chrétiens voient bien sûr en Jésus l’accomplissement de l’homme créé à l’image de Dieu et Jean-Claude Renard dans « Celui qui parle » pas seulement un professeur mais aussi sans doute le Christ lui-même, Verbe incarné. De là à penser que le métier d’enseignant a quelque chose de messianique ? Qu’il est une des plus belles façons de continuer l’œuvre créatrice du Père ? Si le nombre de jeunes adultes à choisir actuellement le métier est insuffisant dans le public comme dans le privé, c’est sans doute parce qu’on a abaissé à leurs yeux cette profession du rang encore noble quoique déjà instrumental de hussard de la République à celui bien méprisable de GO ou de factotum civique. La grandeur de la mission ne doit pas cependant nous rendre immodestes : d’abord, et tout simplement, cherchonsnous avec notre parole à ne pas désespérer un élève, à lui indiquer les fausses pistes qu’il prend quand, par vanité, il se veut différent de ce qu’il est profondément ? Qu’il nous soit donné d’être, au sens plein, des hommes de parole. Marc Bouchacourt le risque numerique Une journée offerte et reçue De l’enseignement de la littérature Les yeux fertiles ré flex ions Le risque numérique Sous ce titre Lyon-Mariste propose à votre réflexion un texte ayant trait à la conduite scolaire. Internet est un merveilleux instrument, je ne veux pas jouer les rabat-joie. Pour faire ce livre 1, je me suis servi de Google à longueur de temps. Sans Internet, je n’aurais jamais trouvé si vite mes citations les plus surprenantes. Mais je ne dois rien au Net sur le fond. En tant qu’historien, je peux aussi témoigner que la bibliothèque et les archives que je peux consulter en ligne me rendent d’immenses services. Je suis sûr que, pour tous ses usagers qui ont reçu une bonne discipline mentale, Internet ne montre que son meilleur côté. Il rend beaucoup plus riches les déjà riches. Mais il a d’autres facettes, qui ne sont peut-être pas aussi rassurantes, surtout en termes d’éducation de l’enfance et de l’adolescence. Être fasciné très tôt par le papillotage des images, être entraîné à rester des journées entières collé à l’écran, comme un ou une trader avant l’heure, cela installe durablement un jeune esprit devant l’abstraction d’un monde bariolé et numérisé qui lui fait écran au monde, aux autres, aux choses qu’il devrait découvrir avec ses cinq sens naturels, avec sa propre imagination et son 17 refe ren ce propre cœur en bouton. Les neurosciences nous apprennent déjà les périls d’atrophie que comportent ces bains prématurés et prolongés dans la fantasmagorie numérique. Les éducateurs d’aujourd’hui ne peuvent plus se dispenser de réfléchir aux contrepoids qui pourraient corriger des excès qu’encourage la toute-puissante publicité commerciale, ciblée d’abord sur l’extrême jeunesse. La lecture et l’explication de texte à haute voix, la pratique fréquente du théâtre, des arts et des artisanats anciens et, j’ajouterai, les exercices dialogués de rhétorique peuvent beaucoup pour éveiller le corps et l’âme jeunes et les préserver des risques numériques qu’ils courent dans la passivité. arc FUMAROLI M Extrait d’un entretien paru dans le Magazine littéraire, n°523, de septembre 2012 1 Le Livre des métaphores, éd. Robert Laffont, « Bouquins », 2012 Une journée offerte et reçue Journée de récollection des personnels de Sainte-Marie, à Montagnieu. Tiédeur humide, puis brusque refroidissement ne se résignant pas au sec, une pincée de neige pour finir ; en arbitre à ce tournoi de désagréments climatiques, la Maison Forte de Montagnieu, bâtisse du XIVe siècle conçue comme un verrou, belle à force d’obstination à ne pas chercher à l’être ; autour, des bâtiments d’accueil récents, spacieux, ouverts à larges baies sur les vaches goûtant leur bain de verdure ; larges baies aussi à la chapelle, dont l’architecture contemporaine – sur châssis d’ancienne grange ? – confronte pacifiquement pierre et verre ; rappel d’austérité rurale dans les chambres en mezzanine où l’on accède à l’étage supérieur par une échelle de meunier ; le tout apaisé de l’aimable douceur d’un chauffage généreux. Trente-six personnes dès le vendredi soir, une vingtaine de plus au plus fort du samedi, professeurs, institutrices, animateurs en pastorale, maîtres d’internat, prêtres, jardinier, secrétaires, préfets, directeur, quelques conjoints, étaient venus là recevoir et offrir l’annuel présent de cette journée de récollection du premier samedi des vacances de Toussaint. 19 Le thème de la journée était le suivant : « Comment concilier notre vie spirituelle et notre vie professionnelle ? » Autour de cette question, deux personnalités avaient été conviées. L’une, sœur Cristina Giustozzi, Provinciale des Sœurs Missionnaires de la Société de Marie, venait comme en famille témoigner de son engagement de religieuse missionnaire mariste et de médecin. On pourra trouver dans la dernière Lettre de Maristes en éducation un écho de son exposé plein de vivacité, d’humour et d’humanité. Notre autre invité était le père Emmanuel Daublain, prêtre du Chemin Neuf, curé de la paroisse Sainte-Madeleine à Villeurbanne, et responsable du mouvement Siloë Pro, fondé d’une part pour aider de jeunes adultes à définir leur projet professionnel, d’autre part pour aider des professionnels déjà engagés dans une voie précise à réfléchir au sens de leur activité. La question que nous lui avions posée était celle même qui faisait le thème de notre journée. Les chemins du Seigneur n’étant pas nos chemins ni ses pensées nos pensées, le père Daublain s’est plu à emprunter d’emblée un chemin de traverse, en ouvrant son enseignement par une réflexion sur le document « Porta Fidei », publié par Benoît XVI pour l’entrée dans l’Année de la Foi. Le Pape nous y invite à lire le Concile Vatican II comme « la grande grâce du XXe siècle », dans un esprit non de rupture, mais de redécouverte des contenus fondamentaux de la foi. C’est ainsi que l’élaboration d’un Catéchisme de 20 l’Eglise catholique doit être vue non comme un retour en arrière, mais comme l’expression d’une nouvelle méditation des fondements d’une foi « professée, célébrée, vécue et priée », formulation qui reprend les titres des quatre grandes parties dudit Catéchisme. Notre foi est d’abord rencontre personnelle avec le Seigneur, et cette rencontre doit former notre intelligence du monde en devenant la matrice de la vision que nous en avons. Ainsi, elle ne saurait se réduire à une morale, pas plus qu’elle ne peut se contenter de croire en des valeurs identifiées comme chrétiennes. Ces valeurs sont certes importantes, ne serait-ce que parce que nous les partageons avec bien des non-chrétiens ; mais elles doivent, pour nous, chrétiens, trouver leur fondement dans la foi en la Trinité, afin qu’avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint, nous puissions croire, célébrer et vivre. En effet, une foi qui n’est pas agissante est morte. Par notre baptême, nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois. Nous sommes donc devenus autres, parce que notre personne a été plongée dans la mort du Christ, en vue de la résurrection. En notre personne s’est alors réalisée la victoire de l’amour sur la haine, de la vie sur la mort, et nous avons dès lors à veiller à ce que toute notre vie soit, en toutes ses dimensions, baptisée dans la mort et la résurrection du Christ. Evangéliser n’est donc pas non plus transmettre une morale, ou des valeurs, c’est permettre cette rencontre fondatrice avec le Christ. Valeurs chrétiennes, morale chrétienne, ne sont plus des présupposés évidents, à notre époque, pour la vie en société, même dans nos contrées de tradition chrétienne. Il faut en prendre acte. La liberté est devenue, aujourd’hui, la seule valeur réellement sacrée et, 21 pour cela même, idolâtrée ; une liberté qui s’exerce par la communication et qui suppose responsabilité et transparence. Une telle liberté a sa beauté et son exigence, et dessine une certaine vérité, une vérité d’authenticité. Mais qu’en est-il de la Vérité elle-même ? De l’homme et de la femme ? Du bien et du mal ? Sur quelle autorité peut-elle trouver à s’appuyer ? Il est devenu difficile de parler d’autorité, et même de l’exercer. L’autorité, c’est pourtant le pouvoir des commencements. C’est ce dont on a besoin pour créer, pour grandir, même s’il faut pour cela s’y confronter, l’interroger : l’autorité, au demeurant, n’a pas d’autre but que de faire advenir le jour où elle ne sert plus à rien. En cela, reconnaître une autorité, c’est le contraire de se soumettre à un conformisme, dont l’idéal mouvant enferme dans une soumission sans fin. Ainsi, vivre notre baptême est un appel à changer de vie, à construire, minute après minute, notre vie éternelle, à faire de nos jours une suite de micro-décisions d’amour, en nous fondant sur la foi en la présence du Christ au cœur de nos décisions humaines, actif, transfigurant, divinisant ce que nous humanisons. Comment, en général, prenons-nous nos décisions ? Bien souvent, on décide peu : on se laisse décider par les autres, ou par les événements ; on peut aussi avoir peur, et cela paralyse. Il est difficile de vraiment décider. Telle est précisément (et ce disant, le père Daublain revenait au sujet que nous lui avions proposé) l’aide que Siloë Pro tente d’apporter aux jeunes et aux professionnels : décider vraiment, et accueillir l’Esprit Saint dans cette démarche. Il s’agit de les amener à dépasser, dans leur réflexion, les paramètres matériels, tels que diplômes requis, salaire, conditions de travail, aire géographique, tous critères qui étouffent la décision sous des éléments faussement objectifs, et vraiment 22 aliénants. Ils sont pour cela invités à chercher la réponse à trois questions : puis-je formuler en une phrase simple ma finalité professionnelle ? quelle participation au bien commun me permet-elle ? quelle couleur personnelle puis-je lui donner ? Une fois clarifiées les réponses à ces questions, on sait où on va, on peut prendre de vraies décisions, fondées sur une vision. Cela permet, au cours de sa vie professionnelle, de se référer à cette vision pour les décisions à venir : suisje libre face aux décisions que j’ai à prendre ? dans quelle mesure le suis-je ? Cela fait aussi expérimenter l’importance de prendre le temps de délibérer, de parler avec ceux en qui l’on a confiance, d’éclairer sa vision, et par là même sa décision. Nous pouvons ainsi réconcilier notre travail avec les aspirations les plus profondes de notre vie, en plongeant notre vie et notre travail dans la mort et la résurrection de Jésus, revivant ainsi dans chaque décision à prendre l’expérience du baptême, construisant par chacune d’elles notre vie éternelle. Ample sujet de méditation, offert à nos esprits, à nos cœurs et à notre prière en ce samedi matin ; c’est bien cette même méditation qu’a prolongée l’après-midi même le témoignage, ensoleillé d’humanité profonde, de sœur Cristina ; la même encore, vécue dès le vendredi soir et tout au long du samedi, lors de la soirée d’accueil, des repas, des vaisselles, des temps de prière, de célébration, de réconciliation, de promenade et de cueillette de champignons (excellentes, ces trompettes !) ; lors de tout ce qui ne se raconte pas parce qu’instantanément offert à tous, présents ou non, et dont le récit ne serait qu’un inutile oripeau. Tel est le rendez-vous de la Toussaint, mariste saison où le soleil dépose ses ors célestes pour revêtir d’humble splendeur, aux branches et sur le sol déjà froid, ce qui est appelé à renaître. Vincent Ricard A propos de l’enseignement de la littérature… Avant la publication, dans le prochain numéro de juin, de l’intervention de Patrick Laudet, lors de la journée pédagogique, un extrait de sa conférence sur « la place et les enjeux de la littérature dans les nouveaux programmes du collège ». […] GOÛTER L’horizon scientifique et même parfois scientiste qui nous hante a contaminé le champ des études littéraires. Une sourde mauvaise conscience collective a cru bon de corriger l’approximatif redouté de nos pratiques par un surcroît de schémas et de tableaux en tout genre, qui nous ont destitués d’une approche plus sensible des phénomènes et de la légitimité à les appréhender poétiquement. Pour reprendre les belles expressions de Jean Mambrino dont il fait le titre de ses livres, la littérature fait entendre « le chant profond » et reste « la patrie de l’âme »1. L’enseignement de la littérature au collège ne garde-t-il pas vocation à creuser en tout élève Voir les livres de Jean Mambrino, Le chant profond, José Corti, 1985, Lire comme on se souvient, Phébus, 2000, et La patrie de l’âme, Phébus, 2004, où il invite à revisiter des écrivains, en retrouvant le chemin de leur rêverie intime et en éclairant leur oeuvre «de l’intérieur». 1 25 la possibilité des lointains intérieurs, comme dirait Michaux, à ouvrir en lui des espaces pour cette vie intérieure que son environnement contrarie, l’invitant surtout à s’extérioriser ou à « s’éclater ». Il faudrait relire les belles pages de Proust dans son petit essai intitulé Sur la lecture où il médite la capacité de la lecture à « ouvrir au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer »2. Il faudrait retrouver des accents bachelardiens dans la façon de proposer et de parler des grands textes : « Mais savonsnous bien accueillir dans notre langue maternelle les échos lointains qui résonnent au creux des mots ? En lisant les mots, nous les voyons, nous ne les entendons plus » disait-il dans La flamme d’une chandelle 3. Il faudrait surtout retrouver la place du rêve, un des atouts puissants de l’école, dont Marcel Gauchet montre qu’il était « le socle anthropologique sur lequel reposait la valorisation de la connaissance » 4. Mais peut-être peut-on retrouver ce grand allié aujourd’hui perdu par la rencontre authentique de grands textes, à condition de se laisser « toucher » par eux. L’histoire des arts, bien comprise, arrive d’ailleurs à point nommé pour réhabiliter cette part du sensible. Les programmes précisent ainsi, qu’outre la mise en perspective Marcel Proust, Sur la lecture, Actes Sud, 1988, p.37 Gaston Bachelard, La flamme d’une chandelle, PUF, 1961, p.42 4 Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet, Dominique Ottavi, Conditions de l’éducation, Stock, 2008, pp. 87, 88 2 3 26 historique qui est sa première visée, ce nouvel enseignement, par la fréquentation des œuvres, permettra « à l’élève d’exprimer des émotions et d’émettre un jugement personnel ». Exigence de l’émotion, et de l’art d’en rendre compte, contre les excès de la mécanisation et du formalisme. Il est heureux que les nouveaux programmes fassent droit à l’émotion, et nous donnent comme ambition d’apprendre à l’exprimer, à la raisonner, pour mieux l’affiner et l’approfondir. La beauté avait fini pas devenir un mot tabou dans les classes de Lettres, c’est regrettable. Oui, il y a de beaux et grands textes, il y a des textes qui racontent de belles et grandes choses : pas de raison de les bannir, au profit de textes parfois jolis mais parfois courts en bouche, comme on le dirait d’un vin. Il ne s’agit bien sûr pas, au nom du beau, de tomber dans le kitsch, dont Kundera dit qu’il est « négation de la mort et de la merde ». Camus était sensible à ce qu’il appelait la « double mémoire ». Il y a les humiliés, disait Camus, mais il y a aussi la beauté. Son ambition était de ne jamais être infidèle, ni à l’une ni aux autres. C’est Goethe encore qui écrivait à Johann Friedrich Rochlitz : « Il y a trois types de lecteurs ; l’un qui savoure sans juger ; un troisième qui juge sans savourer ; et au milieu un autre qui juge tout en savourant et savoure en jugeant. Cette troisième classe recrée vraiment l’œuvre d’art…ses membres ne sont pas nombreux ». Puissent les nouveaux programmes nous redonner de l’élan pour instaurer beaucoup de ces lecteurs du milieu. 27 INCARNER Les nouveaux programmes voudraient ne pas être une programmation. Ainsi se justifie la formule récurrente des « par exemple » qui accompagne les corpus d’œuvres. Les nouveaux programmes en appellent ainsi à l’engagement véritable du professeur, autre façon de bien entendre sa liberté pédagogique. « Fay ce que voudras » disait la devise de Thélème. A comprendre moins comme un droit à l’individualisme subjectif et aléatoire (que chacun fasse bien comme il veut, tout et n’importe quoi !) que comme une exigence en vérité plus profonde : que chaque professeur de lettres mette son agir didactique, les choix des textes qu’il va proposer à l’étude, la manière de les aborder, en relation profonde avec un désir, dont il ne peut faire l’économie au risque de devenir un simple fonctionnaire de la transmission littéraire. Que désirons-nous vraiment enseigner, que voulons-nous d’abord transmettre ? Les meilleures séquences didactiques, si elles ne sont que des copiés-collés de revues pédagogiques, même les meilleures, ne feront jamais un bon enseignement. Il importe ainsi que chaque professeur, avant d’être didacticien, s’appuie d’abord sur le lecteur qu’il est lui-même, en lien avec l’adulte qui porte haut sa responsabilité éducative. On transmet d’ailleurs moins des connaissances ni des livres inscrits au programme, que le désir qu’on a d’eux et l’intérêt authentique qu’on leur porte. Derrière le bon maître, il y a souvent un témoin. La littérature se transmet sur le mode d’un compagnonnage humain. Il s’agit pour le professeur de ne pas perdre la présence énonciative. A l’heure où techniquement (et jusqu’à l’excès) on s’est beaucoup occupé dans nos classes des marqueurs de l’énonciation, n’est-il pas regrettable, au risque d’une double injonction dommageable pour les élèves, que trop de professeurs se soient en même temps 28 retirés de leur parole pour se retrancher dans des dispositifs didactiques fermés qui les protègent ou les dispensent de s’adresser vraiment à leurs élèves. Contre les voix de synthèse qui envahissent notre quotidien, l’école, et le cours de lettres en particulier, doivent rester un lieu où s’entend encore le grain de la voix, où le grain d’une voix, singulière, a encore sa chance. Contre la langue de bois d’une certaine didactique, la chair d’une parole vive, qui se risque. Cette exigence est vraie pour toutes les disciplines, mais plus encore pour celle qui fait de la littérature son objet. Quelle est en effet la vocation de la littérature, contre tous les systématismes, voire les intégrismes de la pensée, contre toutes les abstractions et les réalités virtuelles, sinon de donner chair à l’humain, de faire place à la pâte humaine et à l’épaisseur du monde, dans ce qu’ils ont de mêlé, de complexe, et d’irréductible. D’un côté, la modernité démocratique et scientifique valorise l’acte d’informer en considérant qu’il constitue l’excellence d’une transmission garantissant à tous neutralité et liberté. Les personnes de chair et de sang, les professeurs en particulier, pourraient donc maintenant s’absenter peu à peu de ce circuit de la seule information. De l’autre, en réaction à ce modèle, on voit poindre des modèles charismatiques de maîtres envahissants, du Cercle des poètes disparus à Entre les murs. Incarner la littérature que l’on enseigne ne signifie pourtant pas laisser libre cours à une subjectivité sans limites. Au contraire, cela suppose aussi une forme de pudeur, de réserve, consenties dans une présence forte et engagée. Il arrive que des voix cherchent à capter et à envoûter pour mieux s’assurer de leur emprise sur autrui : ce n’est pas la déontologie de l’enseignement. Ainsi le maître ne met-il le grain de sa voix qu’au service des textes. Catherine Challier, réfléchissant au péril qui pèse parfois sur les actes de transmission écrit : « C’est pourquoi seule l’écoute d’une 29 voix qui n’appartient ni aux uns ni aux autres, mais qui se fait parfois entendre dans les mots que nous nous disons les uns aux autres, est véritablement libératrice » 5 C’est la voix de la littérature qu’il s’agit bien de faire entendre, pas celle du maître qui n’est là (mais il faut cette présence) que pour l’incarner et l’authentifier, sans la capter. La liberté pédagogique clairement affirmée, conjuguée avec l’ambition des nouveaux programmes, peut contribuer à redonner aux professeurs de lettres la noblesse de leur mission. […] Patrick LAUDET, inspecteur général de lettres Extrait d’une conférence aux IA-IPR de Lettres et aux formateurs IUFM, rentrée 2012 Catherine Challier, Transmettre de génération en génération, Buchet-Chastel, 2008, p.25 5 La face cachée de l’œuvre d’art 1 Giuseppe Arcimboldo L’Homme-potager, v. 1590 33 Il paraît aller de soi qu’un artiste réalise le portrait d’une personne. Il semble plus surprenant que des artistes cherchent à cacher dans leurs œuvres des faces humaines, et non à les montrer. A travers quelques exemples variés, de la Renaissance à nos jours, nous allons essayer de comprendre comment et pourquoi, tout en faisant souvent appel à votre perspicacité ! Où l’envers ne vaut pas l’endroit C’est vers 1590 que Giuseppe Arcimboldo réalise une apparemment banale nature morte de légumes disposés dans un plat (ill.1). Avant de lire la suite, réfléchissez quelques instants pour essayer d’y déceler l’image cachée par ce peintre milanais... Si vous avez eu l’idée de retourner à 180° votre exemplaire du Lyon-Mariste, bravo ! Vous avez dû découvrir le jardinier en personne : le récipient devient une sorte de casque, les feuilles font office de chevelure et de barbe, deux champignons forment ses lèvres, les noix et les noisettes ses yeux, l’oignon et le navet ses joues, et le raifort son imposant appendice nasal. Arcimboldo travaillait à Prague pour les Habsbourg et notamment pour Rodolphe II. Il réalisera pour lui des portraits de personnalités de la cour composés d’objets variés, et des têtes réversibles semblables à celles-ci. Ainsi, il espérait égayer le prince qui souffrait de dépression et combler son intérêt pour l’étrange et l’ésotérisme : d’ailleurs l’accumulation d’objets naturels (comme ici) ou artificiels évoque le célèbre cabinet de curiosités de ce souverain. Arcimboldo était lui-même attiré par le bizarre et 34 La danse des morts, dessinée et gravée sur l’original de feu M. Matthiew Merian, 1744 le mystérieux ; il s’amusait aussi à composer des messages cryptés, et vraisemblablement des peintures telles que celleci en sont aussi. Peut-être, selon une idée humaniste courante à la Renaissance, voulut-il mêler le microcosme (l’Homme) au macrocosme (la Nature). Mais l’artiste malmène aussi deux acquis de la Renaissance : le premier est l’utilisation de la perspective en peinture qui impose théoriquement un point de vue unique, alors qu’ici nous sommes invités à changer de point de vue ; le second est la hiérarchie des genres car la nature morte, classée en bas de l’échelle, se transforme ici en un portrait, genre plus élevé. Un procédé analogue est employé dans un ouvrage paru en 1744, où est reproduite, d’après le graveur bâlois Matthieu Merian l’Ainé, une Danse macabre aujourd’hui disparue et qui ornait le cimetière d’un couvent de sa ville natale, l’ensemble étant agrémenté de vers moralisateurs. Dans cette œuvre, la Mort entraîne dans une sarabande infernale toute la population, de l’empereur et du pape jusqu’au plus humble paysan, y compris l’artiste lui-même et 2 35 sa famille ! Ce triomphe de la mort se conclut par la gravure sur cuivre que nous présentons (ill.2) : un homme de belle allure nous sourit, la barbe soigneusement taillée, les cheveux et l’impressionnante moustache frisés, la collerette bordée de dentelles, le chapeau orné de deux rangs de perles et d’un extravagant plumet. Lui aussi pense échapper à son destin comme l’indiquent les versets du Nouveau Testament placés sous l’image ; hélas, la rotation de celle-ci confirme que lui non plus ne saurait éviter le sort commun. Cette surprenante invention est en fait reprise d’un curieux recueil de proverbes illustrés dû à Jacques Lagniet et publié un siècle auparavant. L’homme « remply de vanité » y déclare « Je suis bien fort, je suis bien beau, / Et demain je serai au tombeau. » Il est accompagné de sa femme, elle aussi dépeinte selon le même principe, et tous deux nous lancent un memento mori 1 : « Nous avons été comme vous ; / Et vous serez comme nous. » Mal de crâne On conçoit que cette vision du crâne soit si pénible que les artistes aient cherché à la cacher ; mais dans cette dissimulation même, il y a un sens moral : de la même façon que l’homme peine à prendre conscience de sa condition mortelle, le spectateur doit cheminer dans l’œuvre d’art et y déceler l’image refoulée. Le plus célèbre crâne dissimulé en peinture est certainement celui réalisé par Holbein en 1533, dans son portrait de deux ambassadeurs français à Londres (ill.3). Représenté en anamorphose, il ne révèle sa signification que lorsque le spectateur est quasiment sous le tableau à gauche (une nouvelle gymnastique avec votre LyonMariste s’impose ! Vous pouvez examiner l’œuvre en vision rasante de gauche ou mieux, utiliser le dos d’une cuillère 1 « Souviens-toi que tu mourras. » 36 Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533 3 4 métallique où le reflet corrigera la déformation du crâne. Si vous n’avez pas votre argenterie sur vous, vous vous reporterez à l’illustration 4. Les emblèmes du pouvoir qui occupaient à première vue l’essentiel de l’œuvre disparaissent alors et celleci se révèle comme une vanité, au sens que tous les honneurs sont vains puisque balayés par la mort. Il reste toutefois un minuscule espoir, un crucifix à peine visible derrière le rideau du fond, en haut à gauche du tableau. Le supplice du Christ sur le mont Golgotha, dont le nom signifie « lieu du crâne », garantit paradoxalement la défaite finale de la mort. De tels messages moralisateurs n’étonnent pas à des périodes telles que le Moyen Age et la Renaissance où la mort était omniprésente, l’espérance de vie réduite, du fait des guerres, des épidémies... On sera peut-être surpris d’apprendre que l’image du crâne perdure à l’époque contemporaine. 37 Andy Warhol, Crânes, acrylique et sérigraphie sur toile, 1976 5 En 1976, Andy Warhol représente même six fois l’emblème mortifère (ill.5). On reprochait souvent au fondateur du Pop Art sa superficialité et son goût pour l’argent et la vie mondaine. Ses innombrables sérigraphies 2 de people faisaient de lui presque un chef d’entreprise, tant le procédé utilisé, le rythme de production et l’établissement du prix demandé en fonction de la surface du tableau semblaient industriels. D’ailleurs, le richissime artiste avait baptisé son atelier du nom de Factory (« usine »). Et pourtant le familier des vedettes et autres grands de ce monde fut lui aussi effleuré par l’aile de la Faucheuse en 1968 quand une féministe dérangée lui tira dessus et manqua de le tuer. Warhol se mit alors à réaliser des sérigraphies à partir de photographies d’accidents ou de la chaise électrique parues dans la presse. A une journaliste qui La sérigraphie (en latin et en grec, écrire sur la soie) est un procédé d’impression utilisant un pochoir, à l’origine en soie, aujourd’hui en nylon. 2 38 6 Salvador Dali et Philippe Halsman, In Voluptate Mors, 1951 7 Détail de l’affiche du film de Jonathan Demme, Le Silence des Agneaux, 1991 lui demandait s’il se considérait d’abord comme un peintre, Warhol répondait, provocateur : « Oui. Certainement. Parce que... j’ai un bureau et c’est la seule chose qui puisse payer les factures... J’espère tout le temps que quelqu’un me demande de faire trente ou quarante peintures de lui. » En peignant six fois un crâne, Warhol exécute finalement le portrait ultime, celui de tout le monde et de personne à la fois. Il est toutefois douteux que, dans le cas présent, le portraituré lui ait donné de quoi payer ses factures, ou alors le temps de pose a été très très long... Plus sérieusement, dans la sextuple vanité ici étudiée, malgré son caractère macabre, tout espoir ne semble pas exclu. En effet, les couleurs souvent vives rajoutées à l’acrylique détonnent avec le caractère macabre du symbole. De plus, une image supplémentaire est là aussi dissimulée. La voyez-vous ? Mais oui, l’ombre du crâne dessine le profil d’une tête de nouveau-né : même derrière l’affirmation la plus crue de la présence inéluctable de la mort se profile le surgissement de la vie. 39 8 Salvador Dali, Marché d’esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire, 1940 La figure du crâne (si l’on peut dire) s’impose aussi dans la photographie de Salvador Dali et Philippe Halsman intitulée In Voluptate Mors, où sept femmes nues composent une tête de mort sous le sombre regard de l’artiste (ill.6) : la volupté et la mort, Eros et Thanatos, se trouvent ici une fois de plus indissolublement mêlés. Cette étrange vanité sera elle-même mise en abyme dans l’affiche du film Le Silence des Agneaux (ill.7). Jodie Foster y campe un agent du F.B.I. confronté à deux tueurs en série : l’un est un cannibale, l’autre place dans la bouche de ses victimes un cocon de papillon, un sphinx tête-de-mort tel que celui de l’affiche - tête de mort qui n’est autre que l’oeuvre de Dali ! « La différence entre les surréalistes et moi, c’est que moi, je suis surréaliste. » Dali multipliera les déclarations à l’emporte-pièce de ce type et fera de sa vie même un chef-d’œuvre surréaliste, assisté en cela par son épouse Gala. Celle-ci apparaît au premier plan d’une huile sur toile du peintre catalan réalisée en 1940 (ill.8). Accoudée 40 10 Dupuis, Vue du château St-Formido et Udine, eau-forte, 1797 sur une table, elle considère, songeuse, un marché d’esclaves qui se tient sous des arcades en ruine. Une observation attentive de l’œuvre suscite l’Apparition du buste de Voltaire (ainsi que l’annonce son titre), d’après une sculpture de Houdon, éclairée par le sourire ironique du vieux philosophe (ill.9). On pourrait voir là un hommage au combat mené par Voltaire contre l’esclavage et les injustices. En fait, selon Dali, « Voltaire possédait un genre particulier de pensée qui était le plus raffiné, le plus rationnel, le plus stérile et erroné, non seulement en France mais dans le monde entier. » Dali estimait que le rationalisme des Lumières asservissait l’esprit à la vie matérielle et dépouillait l’univers de ses mystères. Dali expliqua encore : « Par son amour patient, Gala me protège du monde ironique et grouillant des esclaves. Gala dans ma vie détruit l’image de Voltaire et tout vestige de scepticisme possible. » 41 11 Anonyme, Das fürchterliche Raubnest, eau-forte, 1815 9 Jean-Antoine Houdon, Portrait de Voltaire, marbre, 1778 42 Sic transit gloria mundi C’était la mise en garde naguère adressée au souverain pontife lors de son couronnement en faisant brûler par trois fois devant lui une mèche d’étoupe sur une canne à pommeau d’argent. Le portrait par Holbein des deux ambassadeurs nous rappelle que toute dignité, religieuse comme politique, n’est que transitoire. La comparaison de deux estampes montrant de façon subliminale le visage de Bonaparte le prouve bien. Dans la gravure bilingue signée « Dupuis officier » et parue en 1797 (ill.10), on célèbre le « général Buonaparte », qui a permis la conclusion d’un traité de paix, en incorporant son visage dans la représentation du site où fut signé ce traité : l’oreille est marquée par un belvédère, le nez par un château... Il faudra cette fois tourner votre Lyon-Mariste à 90° ! Peut-être y a-t-il un souvenir de l’architecte Dinocrate qui voulut sculpter dans le mont Athos une effigie gigantesque d’Alexandre le Grand tenant une ville dans sa main, idée concrétisée sur le mont Rushmore où sont sculptés les visages de quatre présidents des Etats-Unis. Cette image trouve son pendant négatif dans une gravure attribuée à Johann Michael Voltz (ill.11), éditée à Nuremberg en 1815, et dont le titre peut se traduire ainsi : « L’effroyable repaire de brigands ou les ruines du château impérial du monarque universel. » Une inscription ironique en français sur le côté gauche invite à pivoter là aussi l’estampe afin de reconnaître le profil impérial dans un château en ruine qui sert de refuge à des voleurs : Waterloo est passé par là, et le riant paysage s’est transformé en une « morne plaine » où l’on distingue au loin la fumée des combats. 43 12 13 Anonyme, lithographie, XIXe Andrea Mantegna, détail Martyre de saint Sébastien, vers 1470 On connaît la fin de l’histoire. Napoléon, exilé à Sainte-Hélène, y décède en 1821. Cette lithographie (ill.12) représente sa tombe sur l’île, avant que ses cendres ne soient transférées aux Invalides en 1840. Mais regardez bien et vous verrez que le fantôme de l’empereur y plane encore (solution à la fin de l’article !)... Il est vrai que les temps avaient changé, et qu’il ne faisait pas bon afficher trop ouvertement sa nostalgie de l’Empire. La tête dans les nuages Terminons par une note plus légère, pour ne pas dire aérienne, en revenant à la Renaissance par laquelle nous avions commencé. Qui ne s’est déjà amusé à reconnaître des formes connues dans des nuages ? Ce devait être aussi une distraction de prédilection pour le peintre italien Andrea Mantegna (14311506), qui n’était pourtant pas connu pour son tempérament badin. Le cavalier (ill.13) qui apparaît dans un nuage audessus de saint Sébastien, dans une œuvre aujourd’hui à Vienne (Autriche), pourrait être un cavalier de l’Apocalypse amenant la peste, contre laquelle le saint passait pour souverain (car la peste semblait frapper au hasard, telle une pluie de 44 flèches, comme celle à laquelle survécut Sébastien). Dans Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu du Louvre, un visage se dessine dans un nuage (ill.14) : est-ce une allusion à un dieu du vent ou à la métamorphose de Daphné qui se déroule sur Terre, ou est-ce simplement un jeu visuel ? Dans les fresques réalisées pour la Chambre des époux au palais ducal de Mantoue, Mantegna dissimulera son autoportrait parmi un décor de grotesques (ill.15), ainsi que le profil joufflu d’un angelot supplémentaire dans l’oculus en trompe-l’œil du plafond (ill.16). Ce putto n’est pas forcément facile à trouver d’autant que j’ai poussé la perversité jusqu’à peut-être ne pas mettre la reproduction dans le bon sens, mais vous êtes maintenant aguerri à la manipulation de votre Lyon-Mariste... Jean-Luc GAUCHON Pour ceux qui n’auraient pas trouvé : dans l’illustration 12, la silhouette de Napoléon debout avec son chapeau est dessinée par les deux arbres au centre ; dans l’illustration 16, le putto surnuméraire est visible au-dessus du pot, en tournant l’image d’un demi-tour vers la gauche. 14 Mantegna, Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu, 1499 - 1502 45 15 Mantegna, Chambre des époux (détails), 1465 - 1474 16 HOMÉLIE CINé CLUB PROGRAMME 2012-2013 TRAVAUX d’ÉLèVES voyages classes supérieures . collè ge messe de rentrée des professeurs « Aujourd’hui ». Aujourd’hui, c’est le premier mot et le mot clef de la première homélie de Jésus dans la synagogue de son enfance 1. La communauté s’était installée pour un sabbat tout ordinaire et le texte d’Isaïe que Jésus lecteur avait proclamé était depuis longtemps dans les mémoires. Mais le commentaire de Jésus éveille tout de suite l’attention de l’assemblée : « Aujourd’hui, cette écriture s’accomplit » Lorsque Jésus parle, c’est Dieu qui enseigne. Nous ne sommes pas condamnés à chercher sans fin des réponses à nos questions sans jamais les trouver. Nous ne sommes pas condamnés à chercher la vérité sans jamais l’approcher. Avec Jésus, ce ne sont pas seulement des paroles, ce n’est pas seulement l’annonce du salut pour notre monde, c’est la réalisation du salut qui s’accomplit. « Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui, tous lui rendaient témoignage » et donc le regardaient déjà avec sympathie. «…et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche ». Mais ils en resteront ce jour-là au stade de l’étonnement. Puis, très vite, la colère grondera en eux, quand Jésus parlera d’offrir son message et ses miracles également aux païens, comme au temps d’Elie et d’Elisée. Oui, Jésus leur dit tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Et ce qu’ils pensent, c’est que ce qu’il a fait à Capharnaüm, les miracles, il pourrait bien les refaire ici, dans son village natal. Les prodiges, les 1 Luc 4, 16-30 HO49 me lie guérisons, ils pensent y avoir droit eux aussi, certains sont des compagnons d’enfance de Jésus, et puis cela rendrait célèbre leur petit village. Mais Jésus refuse, il n’est pas venu pour répondre à ceux qui cherchent leur avantage particulier, leur petit intérêt. Jésus est venu pour témoigner et transmettre gratuitement l’amour du Père à ceux qui ouvrent leur cœur, fussent-ils étrangers. Alors il y a impossibilité de s’entendre. Le proverbe est vérifié : « Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ». Et c’est vrai, les esprits s’échauffent, « tous devinrent furieux ». Après l’enthousiasme, la haine. En un seul épisode, nous avons ici un résumé de toute la vie de Jésus. Un peu partout se répètera ce que nous venons d’entendre. Jésus sera d’abord accueilli dans l’enthousiasme, la joie. Puis, quand il décevra certaines attentes égoïstes, des doutes vont naître, des disputes, de la haine même. « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Et comme Jésus est poussé hors des murs de Nazareth pour être précipité en bas, dans trois ans Jésus sera poussé hors des murs de Jérusalem pour être crucifié. Mais la dernière phrase de l’évangile est pleine de puissance, de paix et de tranquillité. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ». Cet évangile est un résumé de ce qui attend Jésus. Comme il échappe aujourd’hui à ceux qui voulaient le précipiter de la colline jusqu’en bas de la ville, il échappera aussi à la mort éternelle par sa résurrection. En ce début d’année scolaire, entendre cet évangile nous renvoie à notre propre réponse. « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture ». En Jésus, Dieu intervient dans notre monde, dans notre vie. On peut l’accepter ou le refuser. En Jésus une lumière nous est donnée. Une lumière peut- 50 être parfois trop vive, ou trop douce, ou les deux à la fois. Et Dieu nous laisse libres, ne s’impose pas. La grandeur de notre vie, c’est notre liberté pour répondre à l’appel de Dieu. Quel mystère, quelle responsabilité aussi que cette confiance, cet amour que Dieu accepte de mettre en nous ! En ce début d’année scolaire, nous pouvons rendre grâce pour cette liberté que Dieu nous laisse pour lui répondre. Liberté qui est la marque de tout amour vrai. En ce début d’année scolaire, nous pouvons confier à Dieu ce que sera notre propre réponse tout au long des mois à venir. En ce début d’année scolaire, nous pouvons confier à Dieu tous les personnels et élèves que nous côtoierons jour après jour. Nous savons bien qu’éduquer est un appel à la liberté et que beaucoup de choses nous échappent, ne dépendent pas de nous. Confier nos élèves à Dieu, prier pour nos élèves, ce n’est pas une facilité ou une démission de notre part quand il n’y aurait plus rien d’autre à faire. Au contraire, prier pour nos élèves, c’est bien la première chose à faire parce que c’est reconnaître en eux le mystère et la grandeur de toute personne, quel que soit son âge, créée à l’image de Dieu. Nous fêtons aujourd’hui saint Grégoire le Grand qui était grand par ses connaissances, son érudition mais plus encore pas sa confiance en la prière. Thomas, ancien élève des maristes tout juste de retour d’Amérique centrale, au Salvador, au service des enfants des rues depuis une année, décrit dans ses courriers un contexte de « violence, de crime, de drogue, de relations faciles, d’argent facile et de bandes mafieuses violentes ». Il présente un jeune de dix sept ans, Alberto, « qui est passé à deux doigts de ce qui marque à jamais une vie. Il a frôlé de nombreuses fois 51 l’exclusion scolaire pour se retrouver sans rien, mais il a aussi frôlé le crime et failli être père à dix-sept ans. Afin de pouvoir étudier dans un établissement de qualité, il bénéficiait d’une bourse qui lui a été supprimée pour son manque de sérieux et de travail. La confiance lui a été offerte de nombreuses fois et plusieurs fois elle a été trahie. Serait-ce ce que l’on appelle une situation désespérée ? » Alberto est capable du pire comme du meilleur. Que deviendra-t-il ? Thomas écrit, pour lui éviter de faire des bêtises : « Je voudrais toujours être à ses côtés mais cela ne serait pas juste, cela ne le respecterait pas ». Alors il prie et demande que l’on prie pour lui, ce qui est la marque du véritable amour. Et il ajoute : « La Grâce, voilà pour moi la réponse, voilà ce qui peut vraiment rejoindre l’homme au plus profond de lui-même mais cela ne m’appartient pas. Alors, plein de confiance, je confie Alberto à votre intercession pour que, par Marie pleine de grâces, il parvienne à s’épanouir ». Il est très beau que cet ancien élève mariste évoque l’intercession maternelle de Marie dans cette situation difficile à vivre. Marie, discrète mais bien présente dans les situations compliquées de notre vie, Marie bien présente dans notre école et qui attend que nous lui confions aussi chacun de nos élèves avec confiance. Et Thomas choisit de terminer son courrier avec une citation d’un prêtre de l’association « Point Cœur », citation qui pourrait accompagner notre travail quotidien cette année : « Jésus ne nous demande pas l’efficacité, il nous demande de croire que rien n’est impossible à Dieu, et que parfois il veut se servir de nous pour réaliser cet impossible. » Amen. Père Bertrand CHATAIN Programme 2012 / 2013 Fort Apache mardi 2 octobre John Ford USA 1948 / 2h05 / v.o. avec John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple Orgueilleux, ambitieux et autoritaire, le colonel Thursday vit comme une humiliation sa nomination à la tête de Fort Apache. Avide de se distinguer à la tête de son régiment, il cherche un prétexte pour entrer en guerre. Malgré les mises en garde de ses subordonnés, sa démesure provoquera un désastre. Bâti comme une tragédie, Fort Apache est également un film épique. Car, pour John Ford, la communauté est le véritable sujet de l’histoire. La faute commise par l’orgueil d’un seul est rachetée par le sang des justes : leur mémoire assurera la pérennité de la communauté, au prix d’un travestissement du passé. présenté par F. CROUSLé 53 CIneclub Une exécution ordinaire mardi 11 décembre Marc Dugain France 2010 / 1h45 avec André Dussollier, Marina Hands, Edouard Baer, Denis Podalydès, Tom Novembre Automne 1952, à Moscou, Ekaterina, jeune médecin urologue et magnétiseur, est contactée par Staline, malade, qui vient de se débarrasser de son médecin personnel (contexte du procès des Blouses blanches). Le dictateur va s’insinuer dans le couple que forment Ekaterina et son mari Vassili. Il va établir avec cette jeune femme une relation complexe mêlant confidences et manipulations. Staline, à la fois amical et pervers, montre tout son art dans un régime totalitaire (espionnage, mensonges, trahison, répression) jusqu’à son dernier souffle, le 5 mars 1953. présenté par P. PONTVIANNE 54 Le Septième sceau mardi 22 janvier Ingmar Bergman Suède 1957 / 1h30 / v.o. avec Max von Sydow, Gunnar Bjömstrand, Bengt Ekerot, Bibi Andersson, Inga Gill Au retour d’une expédition en Terre Sainte, un chevalier et son écuyer tiennent des propos désabusés sur l’existence de Dieu et du Diable, sur la futilité de toute chose. Soudain, ils reconnaissent la Mort incarnée par un étrange moine. Ils lient connaissance avec lui. Le chevalier ruse avec son interlocuteur et lui propose une partie d’échecs... « Mon but, précise Bergman, a été de peindre comme les peintres du Moyen Age avec le même engagement objectif, avec la même sensibilité et la même joie. Mes personnages rient, pleurent, hurlent, ont peur, répondent, jouent, souffrent, questionnent. Leur terreur est la peste, le Jour suprême, l’étoile dont le nom est Absinthe. Notre effroi est d’un autre genre, mais les mots demeurent les mêmes. Notre position subsiste. […] L’homme et sa recherche éternelle de Dieu avec la mort comme seule certitude. » présenté par les étudiants de khâgne 55 Respiro mardi 12 mars Emanuele Crialese Italie 2003 / 1h35 / v.o avec Valeria Golino, Vincenzo Amato, Francesco Casisa, Veronica D’Agostino, Muzzi Loffredo Tourné sur l’île de Lampedusa, Respiro présente dans la veine néoréaliste italienne, la vie de Grazia, jeune mère de famille atypique, qui peine à trouver sa place dans une communauté villageoise étouffante. A partir d’un univers de sensations brutes, bien méditerranéennes, il nous propose une histoire à dimension mythique. A travers ce film et quelques autres, dont Terra Ferma (2012), Emanuele Crialese s’est imposé comme l’un des cinéastes majeurs du renouveau cinématographique italien. présenté par M. GAUCHERAND 56 Drôle de drame mardi 9 avril Marcel Carné France 1937 / 1h45 Adaptation et dialogue : Jacques Prévert Décors : Alexandre Trauner ; musique : Maurice Jaubert avec Louis Jouvet, Michel Simon, Françoise Rosay, Jean-Pierre Aumont et Jean-Louis Barrault Londres, 1900. Archibald Soper (Louis Jouvet), évêque de Bedford, vient donner une conférence pour dénoncer l’auteur anonyme de romans policiers licencieux, sans savoir que cet auteur n’est autre que son beau-frère, Irwin Molyneux (Michel Simon), chez qui il réside... Ce cocktail d’humour à l’anglaise, de vaudeville à la française et de burlesque à l’américaine, est le fruit de la collaboration entre le réalisateur Marcel Carné, alors âgé de 31 ans, et le poète Jacques Prévert. Porté par des acteurs de légende, Drôle de drame tourne en dérision les conventions sociales et suscita l’incompréhension du public… « Vous avez dit bizarre ? » présenté par X. DUFOUR 57 Fort Apache Fort Apache (vo) John Ford USA 1948 Scénario de Frank Nugent d’après la nouvelle « Massacre » de James Warner Bellah Photographie de Archie Stout Musique de Richard Hageman avec Henry Fonda (colonel Thursday), John Wayne (captain York), Shirley Temple (Philadelphia Thursday) Fort Apache (Le Massacre de Fort Apache en version française) est le premier volet de la « trilogie de la cavalerie » tournée par John Ford à la fin des années 1940 et au début des années 1950. Dans ces trois films, Ford confirme sa réputation de cinéaste épique en rendant un hommage appuyé à la cavalerie américaine de l’époque des guerres indiennes. Pourtant, loin d’être une épopée classique, Fort Apache est bâti autour d’une trame tragique où se raconte une défaite cuisante et inexcusable ; plus étonnant encore, John Ford se propose de démystifier la légende de la Conquête de l’Ouest : il rend hommage aux Indiens, pour la première fois dans l’histoire du western, dénonce le racisme yankee ainsi que la corruption des agents gouvernementaux et montre une armée américaine composée principalement de minorités ethniques. Comment John Ford parvient-il à concilier cette entreprise de démythologisation avec une esthétique et une sensibilité épiques ? 58 I.L’entrelacement des genres et des registres Le mélange des genres est un héritage du théâtre de Shakespeare, source d’inspiration majeure de Ford. Comment le réalisateur parvient-il à maintenir une unité de style dans l’ensemble de son film ? L’intrigue principale est de tonalité tragique : le colonel Thursday (Henry Fonda), aveuglé par son orgueil, conduit son régiment à un désastre annoncé tandis que son second, le capitaine York (John Wayne), tente en vain de lui faire entendre la voix de la raison et de la justice. L’intrigue secondaire relève de la comédie sentimentale : Philadelphia, fille du colonel (Shirley Temple), s’éprend d’un jeune lieutenant de condition sociale inférieure qu’elle finira par épouser. L’unité des deux intrigues tient dans la figure du colonel Thursday dont l’orgueil est à la fois l’obstacle à l’union des deux amants et la cause du désastre militaire. La dimension épique du film s’affirme dans la figure du capitaine York, incarné par John Wayne. L’opposition de York et Thursday est celle du héros épique et du héros tragique : le héros épique incarne les valeurs de la communauté, le héros tragique se singularise par une hubris qui le mène à sa perte et à la perte de sa communauté. Les deux batailles du film sont traitées l’une de façon épique, l’autre de façon tragique. Dans la première bataille, Ford montre le capitaine York mener la charge et ignore le colonel Thursday. En revanche, dans la seconde, plusieurs plans montrent un Thursday isolé, dont l’infortune évoque irrésistiblement Richard III criant : « A horse ! My kingdom for a horse ». 59 Les moments de comique burlesque ne constituent pas de simples intermèdes brisant l’unité de l’œuvre : ils sont liés à la description de la communauté de Fort Apache qui, plus que Thursday ou York, est le personnage principal du film. Le comique fordien a ses racines dans Shakespeare : on reconnaît dans le sergent Mulcahy (Victor McLageln) une figure truculente inspirée de Falstaff. Le comique tient généralement au fait que les personnages surjouent leurs personnages. Les sergents irlandais font rire en ce qu’ils se font caricatures de sergents irlandais : le sergent Mulcahy donne une fessée rituelle à son filleul, favorise de manière éhontée la recrue irlandaise et vide d’un trait le saladier de punch ; le sergent sudiste fait rire quand il calque son comportement sur ses homologues irlandais, en privilégiant le cavalier d’origine sudiste et en multipliant les gestes cérémonieux à son égard ; le médecin militaire fait rire quand lui aussi fait mine de courtiser la dive bouteille en entourant ses gestes d’un rituel empreint d’une solennité décalée. C’est que la fonction du comique de Ford est d’affirmer des particularités identitaires dans lesquelles les personnages aiment à se reconnaître. Le comique fordien est dévoilement de la jouissance qu’il y a à tenir son rôle dans une communauté organique. L’emploi fordien des divers genres dépend d’une perception précise des rapports entre communauté et individu. Quand l’individu est fondu dans ses liens d’appartenance communautaire, nous sommes dans le registre comique burlesque : cf. le sergent Mulcahy, buvant le saladier de punch au bal des sous-officiers. Quand l’individu s’écarte de son rôle social pour fonder un nouveau lien communautaire mais sans sérieusement menacer la communauté elle-même, nous sommes dans la comédie sentimentale : cf. Philadelphia inventant le rétroviseur pour regarder le beau lieutenant. Quand l’individu se distingue et s’élève au sommet de sa communauté pour la servir, nous sommes dans l’épopée : 60 cf. le capitaine York partant en mission à la rencontre de Cochise. Quand l’individu se détache orgueilleusement de la communauté pour la soumettre à ses ambitions personnelles, nous sommes dans la tragédie : cf. Thursday seul à la tête de ses troupes avant la bataille finale. En somme, l’unité de l’œuvre tient à ce que John Ford étudie méthodiquement les rapports de l’individu à la communauté en usant des ressources offertes par chacun des genres ou registres employés. Cela dit, s’il privilégie le registre épique, c’est bien parce que l’épopée sied à sa vision organiciste des rapports entre individu et communauté. II. communauté et individu, mythe et histoire Il est bon de se rappeler en voyant Fort Apache que John Ford, Américain d’origine catholique irlandaise, est un patriote respectueux des minorités ethniques et religieuses. Fort Apache est ainsi présenté comme le microcosme résumant le meilleur des vertus de la grande communauté qu’est la mère patrie. L’épilogue du film exprime clairement ce qu’est l’organicisme fordien, d’inspiration catholique : York, dans une longue tirade, affirme l’immortalité de la communauté par delà la disparition des individus qui la composent. La communauté, famille ou patrie, constitue un tout organique supérieur à la somme des membres qui la composent. Elle est analogue à « un corps » dont les « membres » vivent par lui et pour lui. Or, lorsque York récite cette tirade, on voit défiler en surimpression la file des cavaliers partant au combat : ceux-ci semblent traverser le corps de leur nouveau colonel. On pourrait voir là un symbole de l’unité organique de la communauté, unité dont le symbole est le corps de son chef. 61 Indivisible mais hétérogène, la communauté organique n’abolit cependant pas les particularités identitaires. Ainsi, alors que le colonel Thursday représente l’idéologie Wasp, arrogante et raciste, la communauté irlandaise est surreprésentée par les O’Rourke et trois des quatre sergents du Fort. Les noms des sergents, la séquence comique du recrutement du caporal et le choix des musiques soulignent cette omniprésence irlandaise : par exemple le chant qui accompagne tous les départs des cavaliers, « The Girl I left behind me », est une ballade irlandaise ; au bal des sous-officiers, l’orchestre joue la Marche de la Saint-Patrick, à la grande surprise du colonel Thursday. Parallèlement, le film rend hommage aux Sudistes à travers la figure du sergent Beaufort, au nom louisianais et aux traits hispaniques. En somme, la communauté organique constituée par Fort Apache n’est pas composée d’individus indifférenciés mais de personnes attachées à leurs racines communautaires. Cette insistance est révélatrice de la volonté de Ford, lui-même fils d’immigré irlandais et marié à une protestante sudiste, de constituer un récit épique où puissent se reconnaître toutes les composantes de la nation américaine. C’est dans le cadre de cette problématique que le cinéaste, pour la première fois dans l’histoire du western, dépeint favorablement les Indiens. Eux aussi n’ont-ils pas une place dans la Grande Nation américaine ? Destiné à chanter la grandeur des patriotes de l’âge des héros, Fort Apache, démystifie néanmoins la mémoire commune américaine. Inspiré de la célèbre défaite de Little Big Horn, en 1876, le film dénonce audacieusement la sottise et le racisme du général Custer qui a inspiré le personnage du colonel Thursday. Mais cette démystification s’accompagne de la création d’une nouvelle mythologie : Ford surestime la proportion des Irlandais dans l’effectif de 62 l’armée et atténue jusqu’à l’invraisemblance l’hostilité entre Nordistes et Sudistes. De même, en laissant croire que toute la communauté partagerait le respect du capitaine York pour les Indiens que Thursday serait seul à mépriser, il inverse le rapport historique entre règle et exception dans les sentiments des Blancs pour les Peaux-Rouges. Bref, Ford ne dévoile les falsifications du passé que pour leur substituer une mythologie de son cru. C’est une des ambiguïtés de la conclusion du film où John Wayne reconnaît que la mémoire collective repose toujours sur la falsification du passé. A travers son porte-parole, John Ford laisse donc entendre qu’il a conscience d’embellir le passé pour souder la communauté dans le culte de ses pères fondateurs. III. Le langage cinématographique de l’épopée : de l’icône à la Nuée Poète épique, John Ford use d’un langage cinématographique dont la majesté doit susciter de nobles sentiments en donnant à contempler des hommes ordinaires élevés au-dessus de leur condition par la geste héroïque à laquelle ils prennent part. Comment Ford, malgré les moyens techniques limités d’un film à moyen budget, parvient-il à développer une esthétique de la grandeur ? On pourrait certes déplorer deux choses qui semblent limiter le langage épique du cinéaste : l’usage du noir et blanc et le format carré de l’image. Mais Ford a su fort bien en exploiter les ressources. Ainsi, le format carré est utilisé avec habileté dans la composition des plans à Monument Valley. Les inselberg de la fameuse vallée inscrivent naturellement leur silhouette dans l’image. A l’avant-plan, un cavalier sur un cheval prend place naturellement dans le cadre qu’il suffit à occuper 63 entièrement. C’est le cas dans les deux premiers plans qui ouvrent le générique : le clairon à cheval, vu en contreplongée et ombre chinoise, puis le même clairon à cheval au pied d’un inselberg. Or ce clairon qui appelle et rassemble la communauté est l’équivalent symbolique de l’aède. Nous entrons d’emblée dans une épopée, c’est-à-dire une histoire destinée à créer et entretenir la communion d’une société réunie pour commémorer les exploits de ses glorieux ancêtres. Quant à l’inselberg, il symbolise la présence d’une Nature impassible dont la grandeur contraste avec l’individu et suscite l’admiration ; il évoque aussi la forme d’un monument, c’est-à-dire d’un édifice commémoratif destiné à immortaliser les individus qui ont su se sacrifier pour une réalité qui les transcende. On retrouve une symbolique du même ordre dans le premier plan du film proprement dit : décrivant un mouvement panoramique, la caméra suit d’abord la diligence, puis la perd de vue pour montrer le sommet de l’inselberg avant de revenir sur la diligence qui suit son chemin. A nouveau, le devenir des êtres humains est confronté à l’immensité et l’immobilité impassible des œuvres de la Nature. On comprend qu’il y a plus grand que l’homme de telle sorte que l’homme doit se dépasser lui-même pour devenir digne du monde où il prend place. Si, par ailleurs, le noir et blanc convient si bien à la tonalité tragique de Fort Apache, c’est dans la mesure où John Ford a fait un remarquable travail de composition picturale à partir de la poussière. La poussière paraît blanche à l’écran, alors que la couleur dominante de Monument Valley est un rouge minéral exceptionnellement vif. On retrouve à plusieurs moments clés du film le thème de cette poussière devenue blanche comme la cendre par la magie du noir et blanc. Tout d’abord, à la fin de la première bataille, les deux pelotons partis au secours du chariot encerclent la troupe d’Apaches 64 rebelles et l’enferment dans un nuage de poussière d’où ressort enfin le chariot sain et sauf. L’effet est saisissant et l’ellipse audacieuse puisque le film de la bataille prend fin au moment où commence véritablement le corps à corps. Du même coup, la poussière s’abat sur les protagonistes à la manière d’un voile qui occulte les horreurs de la guerre ou comme une nuée qui enveloppe tous les hommes sous le jugement d’une force transcendante. Plus tard, dans la bataille finale, la poussière apparaît une première fois quand Cochise accomplit un geste rituel signifiant que le sort est jeté : la bataille qu’il n’a pas voulue aura lieu pour le malheur de ses ennemis. La poussière évoque ici la citation biblique : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». Elle symbolise la mort devenue inévitable en expiation du péché commis par le fauteur de trouble. A nouveau la poussière occulte le massacre du dernier carré des Tuniques bleues : ici encore, la poussière jette un voile pudique sur les horreurs de la guerre. Du même coup, elle magnifie l’héroïsme des soldats morts pour la patrie en le détachant de tout détail anecdotique sordide. Jeter le voile sur l’horreur invite à méditer sur l’absurdité d’une déroute insensée et à contempler le sens d’un sacrifice héroïque, plutôt que de s’attarder complaisamment sur les souffrances des individus et les détails de leur extermination. Il y a des choses qu’il vaut mieux voir en esprit et en vérité plutôt qu’avec les yeux. Enfin, lorsque la horde d’Apaches s’approche de l’arrière-garde commandée par York, la poussière masque et dévoile la figure de Cochise venu rendre à York le fanion régimentaire. Dans l’extraordinaire plan qui suit, elle masque le départ des Indiens qui semblent disparaître par enchantement. On peut trouver plusieurs significations 65 symboliques à cette image d’une beauté stupéfiante : certains y ont vu une préfiguration de la disparition des Apaches. Peutêtre. Mais surtout on peut y voir l’occasion de présenter les Apaches comme les anges exterminateurs de la littérature apocalyptique : ils exécutent les arrêts d’une justice surnaturelle qui condamne l’hubris des Blancs. En cela, ce nuage de poussière, comme celui de la première bataille, n’est pas sans évoquer la Nuée où se cache et se révèle tout à la fois le Dieu vengeur de l’Exode. N’oublions pas qu’avec Shakespeare, la Bible est l’autre grande source d’inspiration de John Ford… En somme, Fort Apache use d’un langage cinématographique épique pour narrer une histoire de substance tragique. Cette inflexion épique de la lecture de l’histoire se justifie par une compréhension organiciste des rapports entre individus et société. L’homme n’acquiert sa dimension humaine que dans le don de soi jusqu’à la mort pour le service d’une cause qui dépasse son individualité : le service de la communauté organique dont il est membre et qui lui survivra. Témoin muet, la Nature semble contempler l’abnégation des uns et l’hubris des autres, laissant suivre son cours une histoire où s’exerce une justice immanente qui reflète, peut-être, la Justice transcendante. Frédéric CROUSLÉ DRAME chez les tragiques ! Andromaque, Oreste et Phèdre, personnages des tragédies de Racine, lassés de toujours suivre un destin funeste, intentent un procès à l’auteur : jeu de scène imaginé et composé par des élèves de seconde pour animer, à partir des travaux de l’année, leur dernière heure de français, juin 2012. PERSONNAGES : une présentatrice, un journaliste, Phèdre, Oreste et Andromaque. La présentatrice – Sans transition, ouverture à Paris du procès de Monsieur Jean Racine, procès intenté par ses personnages, Phèdre, Andromaque et Oreste, qui poursuivent le dramaturge dans l’espoir d’un changement du caractère tragique de leurs propres destins. Sur place notre envoyé spécial. Le journaliste, parlant dans un micro en articulant exagérément et cherchant ses mots – Oui, Manon, je me trouve actuellement dans la capitale, devant l’Hôtel de Bourgogne où s’ouvre aujourd’hui le procès de Monsieur Jean Racine, procès qui fait parler de lui puisque c’est l’aboutissement de près de 340 ans de poursuites ! On rappelle que Phèdre attaqua le dramaturge tout juste un an après l’écriture de la pièce éponyme en 1677. Alors, avant l’ouverture du procès qui se déroulera à huis-clos, nous allons tenter d’obtenir quelques mots des plaignants… 67 tra vaux (Il voit les trois plaignants qui arrivent d’un pas décidé, le port altier, la démarche sûre et les aborde) Phèdre, votre altesse, quelques mots je vous prie sur le procès qui s’ouvre aujourd’hui ; qu’espérez-vous de cette séance et avez-vous en tête une condamnation précise ? Phèdre, aux deux autres – N’allons point plus avant, demeurons, chers amis. Je me soutiens encore ; ma force ressurgit. (Parallèle avec les premiers vers de Phèdre dans la pièce : « N’allons point plus avant. Demeurons, chère Œnone. / Je ne me soutiens plus : ma force m’abandonne »). Au journaliste – Andromaque, Oreste et moi-même souhaitons une modification durable des intrigues des tragédies dans lesquelles nous évoluons, nous sommes las de toujours devoir nous suicider, que ce soit par le poison ou le poignard, de devoir assassiner, directement ou indirectement, les êtres qui nous accompagnent sur scène, ou de sombrer dans la folie dans chaque dernier acte... Le journaliste – Mais ce sont justement ces agissements qui font des tragédies raciniennes les œuvres fabuleuses qu’elles sont ! De plus, en tant que reines et princes, vous vous devez d’être des figures exemplaires dans votre lutte contre vos destins respectifs ; la seule issue possible étant la mort, physique ou à soi-même, il est naturel que vous… Phèdre, le coupant – Nous sommes également fatigués de ces rôles de modèles, et je pense que nous méritons un destin plus clément que celui que Monsieur Racine nous fait subir depuis plus de 300 ans… Croyez-vous qu’il est agréable d’être éternellement « une femme mourante et qui cherche à mourir » et qui finalement y parvient en s’empoisonnant à la fin de chaque représentation ? 68 Oreste – Oui, croyez-vous, monsieur, qu’il est plaisant d’être dévoré par un amour inconditionnel pour une princesse ingrate qui vous force à devenir un meurtrier, puis se suicide sur le cadavre de votre rival ? (Sur un ton dramatique s’adressant à la foule :) « Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance./ Appliqué sans relâche au soin de me punir, / Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ». Le journaliste, tentant d’apaiser Phèdre et Oreste qui s’échauffent et s’adressant à Andromaque – Certes, mais pour vous, majesté, le dénouement de la pièce est plutôt favorable, n’est-ce pas ? Andromaque – Eh bien, si vous vous concentrez uniquement sur le dénouement, il est vrai que Phèdre et Oreste sont plus à plaindre ! Cependant croyez-vous qu’il est supportable d’être éternellement hantée par le souvenir du massacre de votre seul vrai amour et du carnage qui ravagea votre patrie ? Le journaliste, gêné et hésitant – Madame, vous avez toujours votre fils Astyanax, Racine au moins vous le laisse cette fois-ci (dans la légende « officielle » d’Andromaque, son fils Astyanax est jeté du haut des remparts de Troie par les Grecs lors de la prise de la ville, ce que Racine modifie lors de l’écriture de sa pièce) et vous donne la possibilité de faire votre deuil d’Hector à ses côtés… Andromaque, lui coupant la parole – « Dois-je les oublier s’il ne s’en souvient plus ? / Dois-je oublier Hector privé de funérailles, / Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? / Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, / Ensanglantant l’autel qu’il tenait embrassé ? » 69 Phèdre – En outre je suis assez torturée de mon vivant du fait de cette passion pour Hippolyte qui me dévore. Je suis une femme déchirée, éperdue d’amour pour mon propre beau-fils qui en aime une autre. On pourrait tout de même m’offrir une échappatoire aux souffrances que cet amour suscite : quand « je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; / Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; / Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; / Je sentis tout mon corps, et transir et brûler. » Oreste – « L’amour n’est pas un feu qu’on renferme en une âme : / Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ; / Et les feux mal couverts n’en éclatent que mieux. » Confrontés à un destin auquel nous ne pouvons échapper et torturés par des passions que nous ne pouvons réfréner, nous sommes condamnés à souffrir, et c’est pour nous affranchir de ces destinées funestes qui sont les nôtres que nous nous battons aujourd’hui contre Jean Racine, notre bourreau commun ! Le journaliste – Mais depuis des siècles déjà ces destins tragiques vous ont élevés au rang de légendes, vos actions émeuvent des théâtres entiers et les textes de Jean Racine ne font qu’exacerber la beauté de vos actes, de vos existences mêmes… Oreste – Vous vous complaisez dans le spectacle de notre chute et vous purgez ainsi de vos propres passions et sentiments inavouables, mais ce procédé que vous appelez « catharsis » n’est pour nous qu’une lente agonie, tiraillés que nous sommes entre notre devoir et les amours qui nous consument ou les souvenirs qui nous hantent. « [Votre] haine a pris plaisir à former [notre] misère ; / [Nous étions nés] pour servir d’exemple à [votre] colère, / Pour être du malheur un modèle accompli. » 70 Andromaque – Déjà tourmentée par le meurtre de mon époux dont je ne peux accepter le trépas, on me force à choisir entre l’amour que je porte à Hector, toujours présent dans mon esprit, et celui que je porte à mon fils unique Astyanax, « Ce fils, ma seule joie et l’image d’Hector ! / Ce fils, que de sa flamme il me laissa pour gage ! » Le journaliste – Mais dans ce cas pourquoi vous attaquer à Jean Racine ? Il n’a fait qu’utiliser des mythes déjà existants pour écrire ses tragédies, ce n’est pas lui qui a décidé de vos agissements. Phèdre – Nous ne sommes ici et maintenant que les créations de Monsieur Racine. Tous les personnages de tragédies issues des mythes antiques sont des êtres aux facettes innombrables, je suis Phèdre, Phaedra la lumineuse. Monsieur Racine a pris soin de me rendre un peu moins odieuse que je ne le suis dans les tragédies des Anciens, où je me résous de moi-même à accuser Hippolyte, mais ici je ne suis que celle de Racine et non celle de Sénèque ou d’Euripide. Oreste – Dans les mythes anciens je règne sur Argos aux côtés d’Hermione qui me donne un fils. Racine cependant transforme cette paix en me faisant esclave de mon amour pour Hermione ; pour elle je renie mon devoir et m’abandonne à la folie. « Quoi ! j’étouffe en mon cœur la raison qui m’éclaire ; / J’assassine à regret un roi que je révère ; / Je viole en un jour les droits des souverains, / Ceux des ambassadeurs, et tous ceux des humains ». 71 Andromaque – Je suis si lasse de ces souffrances ! Nous ne demandons que le repos et qu’on cesse par nos malheurs d’émouvoir le spectateur sans jamais panser les plaies de nos âmes ! Faites venir Arlequin, Sganarelle ou Purgon si désormais vous souhaitez rire ou pleurer, mais ne nous demandez plus rien car « j’ai moi-même, en un jour, / Sacrifié mon sang, ma haine, et mon amour. » Aude ANDREANI Margaux BAZAILLE Anne-Clothilde GARDON Aymeric THOMAZO 2nde 3 Lyon Les sixièmes bilangues de La Solitude à Freiburg, 2012 73 voya ges Freiburg 2012 Les classes de 6e sont parties, le lundi 2 avril à 7 h. du matin, accompagnées par Mmes Ravistre, Perret, Peyneaud, Paillard-Brunet, MM. Terraillon et Boyat. Le voyage a duré sept heures, en comptant le temps de la pause-déjeuner. C’est long ! Heureusement qu’on est entre amis ! Arrivés à Freiburg, nous avons une visite guidée du centre historique, puis allons au lit de bonne heure en vue du lendemain. Lever à 7 h ! Car nous avons plusieurs rendezvous. D’abord l’éco-musée de Gutach où nous visitons de vieilles fermes typiques de la région, dont certaines datent du 16e siècle ; puis, au sud de la Forêt-Noire, le musée de l’horlogerie de Furtwangen. Nous suivons l’évolution de l’horlogerie de cette région et découvrons que les horloges étaient décorées selon les modes des autres pays, rapportées par les colporteurs. Le mercredi est un jour où nous pouvons nous lever plus tard. Ouf ! Nous parcourons le marché aux victuailles de la place de l’église et en profitons pour ramener des souvenirs. 75 Nous visitons la cathédrale et, pour ceux qui n’ont pas le vertige, montons jusqu’à la flèche : plus de cent mètres de haut ! L’après-midi, après avoir suivi un cours d’art religieux donné par M. Terraillon et dégusté le fameux gâteau de la Forêt -Noire (miam !), nous partons pour le village de Sankt-Peter et admirons les dorures et décorations de son église baroque. Jeudi 5 avril : l’éco-quartier Vauban que Mme Peyneaud nous avait présenté la veille. La pluie nous contraint d’abréger la visite, nous rentrons en France un peu plus tôt que prévu. Une fois à Lyon, nous nous préparons à une dernière journée d’école avant les vacances de Pâques, pendant lesquelles nous pourrons terminer nos magnifiques carnets de voyage. Merci aux professeurs qui nous ont accompagnés, pour les cours et le programme bien organisé ! Nous avons tous adoré le voyage et sommes prêts à retourner en Allemagne. A bientôt Freiburg ! Flore Maroni, 6e 6 lyon COMENIUS Une réalisation eurocitoyenne à La Verpillière Fin septembre, les élèves de la classe de 1ère ES et leurs professeurs ont conclu le projet civique « Comenius ». Sa réalisation s’est étendue sur près de trois ans, du dossier de candidature jusqu’à la présentation du travail des élèves au Parlement européen à Bruxelles. Le programme « Comenius » permet les échanges et la coopération entre des établissements scolaires en Europe, de la maternelle au lycée. L’objectif est de favoriser l’épanouissement personnel et les compétences, notamment linguistiques, tout en développant les notions de citoyenneté européenne et de multiculturalisme. Sainte-Marie est accompagné dans ce projet par un établissement britannique, Twyford Church of England High School, à Londres, et un établissement allemand, Städtische Gesamtschule Hardt, à Mönchengladbach. Après des rencontres de travail en Angleterre et à La Verpillière, nos élèves se sont retrouvés à Mönchengladbach, du 21 au 25 septembre. Magnifique accueil de l’équipe allemande qui programma quelques moments de détente 77 bienvenus (grillade, visite, accrobranche, soirée musicale…) car l’ultime session de préparation avant Bruxelles ne pouvait manquer d’être intense ! Trois thèmes étaient proposés : l’immigration, l’avenir de l’énergie nucléaire et le chômage. Pour que les élèves composent leurs interventions à la tribune du Parlement, l’équipe organisatrice, répartie dans les différents groupes, guide les débats, clarifie les projets, prépare la simulation d’une session, les discours et les supports médiatiques. Le travail fut donc dense et, malgré les difficultés, de grande qualité ; on travailla même le dimanche ! Thibault en témoigne : « Mon rôle de coordinateur était compliqué. Il a fallu tout organiser dans le groupe, arriver à faire des concessions, trouver des points communs. Puis tout transposer en trois langues sans changer le message, ce qui n’était pas évident ! » Enfin ce fut Bruxelles, les 26 et 27 septembre ! Nos apprentis-députés arrivent au Parlement européen en grande tenue : costumes sombres et cravates pour les garçons ; jupes, chemisiers blancs ou clairs et vestes assorties, collants 78 sombres et chaussures à talon pour les filles ! M. Bouchacourt nous accueille avec des mots de réconfort et d’encouragement pour faire disparaître un trac, bien compréhensible en ces circonstances, puis nous accompagne jusqu’à la salle des débats. L’enjeu est de taille, le public, composé des chefs d’établissement, des députés européens et de leurs assistants, impressionnant. Chacun prend ses marques. Appel du premier président de séance à l’estrade, présentation du premier thème, appel des différents intervenants : nous sommes très vite dans le vif du sujet ! Mme Wagner raconte : « Chaque partie présente son projet, parfois soutenu par un affichage en trois langues sur grand écran, les défenseurs déroulent leurs arguments, puis les détracteurs, en représentants de lobbies ou de groupes nationaux ; le coordinateur du groupe propose une rapide conclusion, avant que le président de séance n’appelle au vote de l’assemblée. Quelques belles envolées, lorsque l’intervenant interpelle le public ou hausse le ton pour mieux convaincre ou montrer son désaccord ; quelques hésitations aussi, des réactions de l’auditoire qui manifeste son assentiment ou sa désapprobation avec les arguments proposés, des applaudissements nourris à l’annonce des motions adoptées… On s’est vraiment pris au jeu ! » Claire confirme cette totale adhésion : « Quand j’ai parlé devant l’assemblée, la plupart des visages ne m’étaient pas inconnus, je me suis dit que je le faisais devant des amis et cela a fait tomber le stress. » Contente, elle ajoute : « Finalement, la proposition de notre groupe était bien fondée et elle a été adoptée. J’en suis très contente. » 79 La performance des élèves, qui devaient manier une autre langue que la leur, fut très appréciée ; un député européen allemand, M. Lorenz, ne cachait pas son admiration pour la virtuosité linguistique de ces jeunes « europhones » capables d’amorcer une argumentation en anglais, de la poursuivre en français pour la terminer en allemand ! Les trois directeurs, répondant aux questions de trois journalistes en herbe, intervinrent à tour de rôle pour manifester leurs encouragements et leurs félicitations. Pour conclure, les professeurs organisateurs remercièrent chacun pour la qualité de son engagement dans le projet – rien n’était moins sûr, tant l’objectif était exigeant – et rappelèrent rapidement l’impact et l’importance de Comenius. Les élèves exprimèrent aussi leur contentement devant le travail accompli et cette riche expérience. Tout d’abord Camille : « Le projet Comenius m’a fait énormément progresser en langue vivante. Maintenant, j’ai plus confiance en moi pour m’exprimer en langue étrangère, j’ai compris l’importance de la discussion et du respect mutuel. » Et Thibault d’ajouter : « Ce travail m’a permis de m’ouvrir aux idées proposées par les autres pays, de me familiariser avec leurs façons de penser. J’ai beaucoup appris… » Le but des professeurs était atteint. Ce projet, proposé par M. Schooling, était ambitieux. Le travail coordonné au sein de l’équipe pédagogique de 1ère ES fut exaltant mais demanda beaucoup de disponibilités. Rien n’aurait abouti sans le travail de nos correspondants anglais et allemands et le soutien de la direction. Que tous soient remerciés ! L’équipe Comenius : Xavier Lafay, Fabienne Pernelle, Antony Schooling, Stépahanie Trufffandier, Christine Wagner MADAGASCAR témoignages 82 Je veux vous dire ce qu’a changé en moi le voyage à Madagascar Avant le départ, j’étais une adolescente un peu perdue, ne sachant quoi faire, esclave de son apparence physique, par manque de confiance en soi sûrement. Mais à Madagascar je me suis, au fil des jours, révélée, je me suis sentie utile ; ce sentiment m’a permis de m’épanouir et de me sentir, pour la première fois de ma vie, à ma place. Cela s’est ressenti dans mon attitude envers les autres, à qui je me mêlais de plus en plus, mais surtout cela s’est vu à travers mon apparence car j’ai pu me libérer de ce besoin que j’avais de toujours être bien coiffée, maquillée et habillée ; délaissant plus ou moins ce côté superficiel, je n’en étais pas moins heureuse. Mais ce qui m’a le plus atteint, c’est l’amour que j’ai reçu par les enfants. Je me doutais bien qu’ils allaient beaucoup m’apporter, mais jamais je n’aurais cru qu’ils pourraient changer ma manière d’être et de percevoir les choses. Un en particulier m’a vraiment chamboulée : Heriniaina. A seulement neuf ans ce petit bout de chou m’a appris plus que beaucoup d’adultes. Au tout début de la colonie il était turbulent, n’écoutait pas grand-chose et se moquait de tout ce qu’on pouvait bien lui dire. Quelques jours après nous avons fait des dessins, le sien était vraiment joli ! A partir du moment où je lui ai fait comprendre que j’étais fière de lui, son comportement a totalement changé : 83 j’ai lu dans ses yeux quelque chose d’indescriptible, un grand merci, avec sûrement beaucoup d’autres choses. Mais c’est son regard qui m’a fait comprendre le but de ce voyage, qui m’a ouvert les yeux sur moi, sur ma vie, et sur le nouveau sens que je voulais lui donner ! Ce regard m’a réellement ouvert les yeux ! Heriniaina, lui, se comportait désormais comme un enfant modèle, intéressé, épanoui, me montrant par fierté tout ce qu’il savait faire. Un autre moment a aussi été pour moi une sorte de révélation. C’était un matin, au début de la deuxième semaine, j’étais au coin fumeur quand j’entendis crier mon nom depuis le portail. Toute fière, j’accourus et vis Heriniaina avec un large sourire, prendre ma main pour y glisser… un chewinggum ! Ce petit garçon qui n’avait pas grand-chose m’offrait son chewing-gum : honnêtement, c’est le plus beau cadeau qu’on m’ait fait, la plus belle preuve de partage et de générosité que je voyais ! En deux semaines, ce garçon, avec d’autres, m’a appris et donné beaucoup. J’ai compris avec ce voyage que bien des choses de ma vie n’étaient que superflues, que je n’avais absolument pas besoin d’elles pour être heureuse. J’essaie désormais de profiter de chaque moment en toute simplicité. Almodis PEYRE, TL La Verpillière 84 Voyage à Antsirabe Nous sommes partis, cinq adultes et vingt lycéens de classes de première et terminale, pour retrouver sur place trente lycéens et étudiants malgaches. L’équipe ainsi constituée a pris en charge plus de mille enfants, issus de quartiers très pauvres ou de la rue, pour leur permettre de passer deux semaines pendant lesquelles ils ont pu non seulement manger à leur faim, grâce aux repas que nous leur avons servis, mais aussi bénéficier d’un peu de soutien scolaire, de travaux manuels et de jeux de plein air…Les voir nous attendre bien avant l’heure, le sourire aux lèvres et impatients, nous donnait de la vitalité pour toute la journée ! Nous n’étions pas venus les mains vides : nous leur avons laissé 700 kg de matériel scolaire, de jeux, de médicaments et d’habits, dont ils peuvent encore profiter maintenant, après notre départ. Les jeunes lycéens français ont fait preuve de beaucoup d’enthousiasme, de dynamisme et de courage, pour mener à bien leur mission ! Dans les moments difficiles, ils ont trouvé le soutien et l’entraide dont ils avaient besoin. Ils sont revenus – mais nous aussi, adultes qui les accompagnions – différents de ce qu’ils étaient avant le départ : nous avons tous appris à relativiser les petits problèmes de notre vie quotidienne, si privilégiée par rapport à celle de nos amis malgaches ! La situation politique du pays me laisse, malheu- 85 reusement, pessimiste pour l’avenir à court terme. Le gouvernement de transition, mis en place par des militaires en 2009, aurait dû depuis longtemps organiser des élections… La crise économique, traversée par l’île, est sans précédent, la pauvreté est partout, alors que le pays est riche en ressources naturelles ! Elles ne profitent, hélas, qu’à 20% de la population, le reste survit, en partie grâce à l’aide humanitaire internationale ! Mai 2013 est annoncé comme une date possible du premier tour. .. Espérons que ces élections pourront enfin se dérouler et apporter un peu de confiance en l’avenir pour tous ces malgaches que nous avons côtoyés, et avec qui, touchés de leur accueil et de leur reconnaissance, nous avons tissé de réels liens d’amitié ! Martine TROILLARD NB : en cette période difficile, vous pouvez apporter votre soutien financier au père Henri qui nous a reçus dans son foyer. Il aide toute l’année des centaines d’enfants des quartiers défavorisés : 301/an suffisent pour scolariser un enfant. Vous pouvez adresser vos dons à Léa Jacquier, coordinatrice de la catéchèse à la Verpillière, qui transmettra. Jeunes Maristes de France En juillet 2011 un groupe de lycéens des établissements maristes a rejoint Madrid pour les Journées Mondiales de la Jeunesse. Par la suite, ne souhaitant pas perdre contact, ces lycéens se sont retrouvés à la Neylière. Au cours de ces journées est née l’idée de construire le réseau des Jeunes Maristes de France. L’objectif de ce réseau est de créer des liens d’amitié, de solidarité entre ses membres, d’établir des relations avec les jeunes des autres pays où les maristes sont présents. A ce jour des contacts prometteurs ont déjà été pris avec la Fraternité des Jeunes Maristes du Canada et celle de Rome. Les maristes voient en Marie un guide spirituel ; son attitude, ses vertus, sa foi sont pour eux un appel à vivre, dans la confiance en Dieu et l’effacement de soi, l’amour du prochain. Cette spiritualité, découverte lors des études dans un établissement mariste, ne pouvait prendre fin avec leur cursus scolaire : c’est ce qu’ont pensé bon nombre de lycéens. C’est pourquoi ce réseau des Jeunes Maristes s’ouvre à tous les élèves de terminale et anciens des sept établissements de France sous tutelle des pères maristes et qui souhaitent poursuivre la route avec eux. 87 Quatre temps marquent cette année : Les 13 et 14 octobre à La Neylière, premier week-end proposé aux jeunes sur le thème : « Jeunes en Eglise, héritiers et bâtisseurs », réflexion animée par le père Jean-Marie Petitclerc. Le 12 janvier, mise en place du projet d’un séminaire sur le thème « Science et foi ». Les 8 et 9 mai, retraite sur le thème du discernement pour les élèves de terminale et les membres du réseau. Enfin, en juillet, départ pour les JMJ de Rio ! Emmanuel Juhant Pour rejoindre le réseau et avoir toutes les informations sur ses activités, consultez « Jeunes Maristes de France » sur facebook ou écrivez au père Pascal Boidin : boidin.pascal@wanadoo.fr CLASSES SUPéRIEURES LYON/SAINT-PAUL Présentation des classes Parmi les différentes formations supérieures proposées par Sainte-Marie Lyon, on trouve les classes préparatoires économiques et commerciales et les classes préparatoires littéraires : • Les classes préparatoires économiques et commerciales sont déclinées à l’intention des bacheliers S (option scientifique ouverte en 1986 à Sainte-Marie) et des bacheliers ES (option économique plus récemment ouverte : en 2008). Elles débouchent sur les concours de différentes écoles supérieures de commerce regroupées en deux grandes banques : la Banque commune d’épreuves qui compte environ 25 écoles parmi lesquelles HEC, pour la plus prestigieuse, mais aussi l’ESSEC, l’ESCP… et la banque ECRICOME qui fédère 6 écoles (Reims, Rouen…). Nos élèves sont préparés en deux ans à ces concours exigeants qui requièrent le goût pour l’étude et un bon niveau académique. Ces études s’adressent à des « généralistes » dès lors que des matières aussi diverses que la culture générale, l’analyse économique, les mathématiques ou les langues vivantes sont enseignées. 89 • Les classes préparatoires littéraires préparent à SainteMarie au concours exigeant de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (3800 candidats, 115 places ! ) ainsi qu’à d’autres concours ( IEP, écoles de commerce, CELSA…) depuis la création de la banque d’épreuves littéraires (BEL) destinée à élargir les débouchés. Les élèves sont issus des trois filières L, S et ES ; ils ont de l’appétence pour les humanités (lettres, philosophie, histoire, géographie, langues vivantes et anciennes) et consentent généreusement à travailler toutes ces disciplines en hypokhâgne (la première des deux années de prépa) afin de repérer ce qui sera leur spécialité en khâgne. Au concours de Normale Sup, les élèves composent en effet dans des matières de tronc commun et dans une spécialité (lettres classiques, lettres modernes, histoire-géographie, philosophie). Esprit Contrairement à beaucoup d’idées reçues, la classe préparatoire n’est ni un étouffoir ni un lieu de concurrence impitoyable et le constat est fait que beaucoup de nos élèves, qui réussissent au mieux, se sont engagés dans ces études avec enthousiasme et générosité. Ainsi, à côté d’une formation exigeante ordonnée à la réussite des meilleurs concours, nous encourageons nos élèves à se décentrer d’eux-mêmes et à s’engager dans des activités caritatives (soutien scolaire, visite à des personnes âgées…) ou spirituelles, par le biais de l’aumônerie. 90 Résultats • En classes préparatoires littéraires 21 élèves Au concours de l’ENS Lyon Sous-admissibles Admissibles 14 4 Admis 3 1 en spécialité lettres classiques 1 en spécialité histoire-géographie 1 en spécialité philosophie Au CELSA Admis 2 • En classes préparatoires et commerciales Option scientifique 31 élèves HEC 8 ESSEC 7 ESCP Europe 5 EMLyon 4 EDHEC 2 ESC Rouen 1 1 admis à l’ENSAE 3 cubages Marie-Pierre BARBIER économiques Option économique 28 élèves HEC ESSEC ESCP Europe EMLyon EDHEC AUDENCIA ESC Rouen ESC Grenoble ESC Bordeaux ESC Toulouse SKEMA 1 cubage 1 3 1 5 2 3 3 4 2 1 1 91 LYON/LES MISSIONS institut Marc Perrot L’institut Marc Perrot est l’établissement d’enseignement supérieur (hors prépa et BTS CI) de Sainte-Marie Lyon. Il est installé depuis la rentée 2011 sur le site des Missions. Il accueille les formations de BTS Prépa gestion, licence Sciences de gestion et licence européenne Management et Développement. Résultats • Licence Sciences de gestion 32 étudiants sur 34 ont obtenu leur licence. 16 étudiants ont choisi un master : Finance : 1 ; Banque : 5 ; Marketing et vente : 3 ; Ressources humaines : 1 ; Management : 2 ; Etranger : 3 ; Autres : 1. 17 étudiants, souhaitant intégrer une Ecole supérieure de commerce, sont allés à : EM Lyon : 1 ; Audencia : 2 ; Grenoble : 6 ; Rouen : 4 ; Reims : 1 ; Marseille : 1 ; Toulouse : 1 ; SKEMA : 1. • BTS Prépa CGO Ce cursus est né de notre volonté d’assurer à nos étudiants une orientation de qualité au terme de leur BTS. Ceux-ci, grâce à un enseignement renforcé en culture générale et en technique d’entretien, seront ainsi armés pour poursuivre des études de qualité de niveau BAC+5. Les 32 étudiants ont réussi leur BTS. 22 continuent dans la licence Sciences de gestion à SainteMarie ; 3 sont en licence Sciences de gestion à Lyon III ; 1 en 3e année d’Eco gestion à Lyon III ; 2 en 2e année d’Eco gestion à Lyon III ; 2 en DCG. 92 • Licence européenne Management et Développement Ouverte en septembre 2010, la troisième promotion affiche complet avec 50 étudiants. Ce diplôme a la spécificité d’être délivré conjointement par une université anglaise et par Sainte-Marie Lyon. Il permet d’obtenir au bout de trois ans 180 crédits correspondant à une licence générale. Le cursus comprend de plus un gros travail en anglais dès la première année (passage de l’examen de Cambridge) afin de pouvoir profiter pleinement de la deuxième année qui se passe entièrement en pays anglophone. 44 étudiants sur 48 ont réussi leur première année. Jean-Armand BARONE 93 La Verpillière BTS Commerce international La section de Technicien supérieur en commerce international allie formation professionnelle théorique (mercatique, prospection et suivi de clientèle, techniques du commerce international, informatique appliquée…) et pratique (missions régulières en entreprise, stages en entreprise de plusieurs mois dont une large part à l’étranger…). L’enseignement dispensé est aussi généraliste (culture et expression, économie, droit, management…) et laisse une large part à l’étude des langues vivantes étrangères. Cette dernière caractéristique, ainsi que la grande variété des matières enseignées, font que le BTS Commerce international, à référentiel commun européen, occupe une place particulière parmi les différentes filières de même niveau. La formation permet ainsi des poursuites d’études riches et variées, notamment en licence et en Ecole supérieure de commerce. 24 des 26 étudiants de la promotion 2012 ont obtenu leur Brevet de Technicien supérieur en Commerce international. Sur les cinq dernières années, le taux de réussite moyen de nos étudiants est proche de 98 %. Les 125 diplômés de ces promotions se sont majoritairement orientés en licence de gestion ou en école supérieure de commerce : • 25 étudiants sont entrés en licence Sciences de gestion dont 15 à Sainte-Marie Lyon. • 51 étudiants ont été admis en Ecole Supérieure de Commerce (4 à l’ESC Chambéry Savoie, 4 à Clermont, 8 à Euromed 94 Management Marseille, 1 à Skema Sophia-Antipolis, 5 à Grenoble, 5 à Lille, 8 à Montpellier, 1 à l’ICN Nancy, 4 à Sup de Co Reims, 3 à Rennes, 2 à Rouen, 2 à Saint-Etienne, 1 à Strasbourg, 2 à Troyes et 1 à Tours-Poitiers) ; • 25 ont effectué une spécialisation en licence professionnelle ou en Bachelor (licence Commerce international spécialité « marchés émergents » de Lyon III, licence Marketing de Lyon III, licence Import-export à Saint-Etienne, licence Acheteur à Bordeaux…) ; • 13 poursuivent des études en écoles spécialisées (Ecole d’éducateur, Ecole d’infirmier, Ecole de transport, licence de sport, Ecole d’esthétique, Ecole hôtelière, ESTRI, Ecole de design…) ; • 6 sont entrés dans la vie active et 5 autres ont poursuivi leurs études à l’étranger.. De 2008 à 2012, les étudiants de BTS qui ont intégré et obtenu la licence Sciences de gestion de Lyon III à Sainte-Marie Lyon sur le site des Missions ont aussi intégré une Ecole supérieure de commerce : EM Lyon, EDHEC Lille, EM Grenoble ESC Rouen ou ESC Toulouse. En novembre 2009, nous avons conclu avec l’Ecole de Management de Grenoble un accord de partenariat : nos étudiants ont maintenant la possibilité de préparer le concours « Passerelle » à l’ESC Grenoble plusieurs samedis par an. Cette préparation vient compléter celle organisée dans l’école en seconde année. 95 En juin 2010, nous avons signé deux nouvelles conventions : « Ascension sociale » et « Face à l’avenir ». Elles vont permettre à une dizaine de lycéens, sélectionnés sur critères sociaux ou de handicap, de passer le concours d’entrée en Ecole de commerce en terminale. Après deux années de BTS, et à la condition qu’ils réussissent leur examen, ils pourront intégrer directement l’ESC Grenoble. La formation en BTS Commerce international à SainteMarie Lyon sur le site de La Verpillière conserve ses spécificités : Nos étudiants bénéficient en première année d’une heure de préparation hebdomadaire au TOEIC, test d’anglais commercial. L’année suivante, ils préparent des épreuves équivalentes dans leur seconde langue vivante étrangère : le CLIP en italien, l’ELYTE en espagnol et le WIDAF en allemand. L’établissement est centre d’examen pour ces quatre tests. Ils sont aussi amenés à passer des tests en informatique bureautique (PCIE, Passeport européen de compétences informatiques) à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Nord-Isère. Une préparation aux examens de Cambridge, un enseignement de chinois de 3 heures hebdomadaires, sont également proposés aux étudiants volontaires. En première année, un cours de géographie et géopolitique vient compléter la formation. Depuis 2008, l’établissement a signé une Charte universitaire Erasmus qui permet à certains étudiants de bénéficier d’aides supplémentaires pour leur stage à l’étranger. Didier TOURRETTE In memoriam LYON LA VERPILLIÈRE carnet nou . vel les Jacques Riberolles s.m. Un compagnon de route, le père Jacques Riberolles, mariste, est décédé le 29 octobre 2012 dans sa quatre-vingttreizième année. La cérémonie d’adieu a eu lieu à Volvic, fief familial, le samedi 3 novembre. Une célébration à l’église Saint-Paul est prévue le mardi 15 janvier 2013, à 18 h. Depuis un an dans la maison mariste de Sainte-Foy, il avait passé l’essentiel de sa vie de religieux et de prêtre à Puylata, cet édifice acheté montée des Carmes par le fondateur de la Société de Marie (les Maristes), le père Colin, en 1832. Médecin par tradition familiale, il s’était intéressé très vite à la psychologie enfantine et adolescente et avait fondé en 1954 le Centre d’Orientation Scolaire (le COS), toujours situé au 14, rue Romarin, dans le 1er arrondissement, un des premiers établissements en France de ce type. 99 IN MEMO RIAM Sa vivacité d’esprit était telle qu’il en avalait parfois les fins de ses phrases après s’être efforcé d’articuler le début. Philosophe par tempérament, rien n’était vraiment grave à ses yeux, mais il vibrait de colère quand on ne prenait pas au sérieux son analyse qui aurait permis d’aider un enfant. Il collectionnait les timbres et récoltait grâce à ce travail minutieux et quotidien des sommes considérables pour les missions maristes. D’une rigoureuse fidélité à ses devoirs de religieux, il était heureux de se mettre au service de ce collège qu’il aimait tant. Il savait raconter son histoire, les pavés collectés à Vaise quand on goudronna les rues, transportés dans une 4L et dont on fit les nez de marche des escaliers de la division de sixième ; les objets métalliques divers récupérés pour constituer l’armature des gradins de la cour des secondes à Saint-Paul ; les Sequoiadendron giganteum plantés à l’achat de La Solitude, qui, deux mâts autour du vaisseau amiral, accueillent fièrement, aujourd’hui, les élèves, les professeurs, hommage posthume à la droiture de leur planteur. Ces dernières années il disait souvent : « Je crois que je suis has been ». J’entendais cette manière toute mariste de dire, pour son séquoia et pour le reste, comme Paul aux Corinthiens : « J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître » M.B. Alexis Dufour Alexis DUFOUR, père de Xavier Dufour, professeur de mathématiques à Saint-Paul, et de Véronique Menuel, catéchiste à La Verpillière, a effectué toute sa carrière à l’Université Catholique. Professeur, puis directeur de l’ICPI (1967-1991), il a développé des projets ambitieux : création de classes préparatoires en lien avec l’Institution des Chartreux, de laboratoires de recherche (informatique, traitement du signal...), développement d’un pôle de formation humaine avec le concours de plusieurs professeurs de SainteMarie, dont J.N. Dumont, J.L. Ravistre, B. Roche... jusqu’à la fusion de l’ICPI avec l’ESCIL pour donner la nouvelle école CPE - Lyon. Ses obsèques ont été célébrées par le frère Elie de la famille de Saint-Joseph, ancien élève de l’ICPI. 102 A.P.E.L.-Association familiale 29 septembre Réunion des parents correspondants du collège 13 novembre Réunion des parents correspondants du primaire 30 novembre Assemblée générale de l’A.P.E.L. et de l’Association familiale 1er décembre Réunion des parents correspondants du collège Animation spirituelle 11 septembre Messe de rentrée 13 septembre Lancement de l’année avec les parents catéchistes du primaire 17 septembre Présentation de la catéchèse du collège 21 septembre Soirée de rentrée de la pastorale 1-2 octobre Messes de rentrée des classes de 7e et 8e 2 octobre Lancement du parcours de Confirmation ; célébration de rentrée pour les classes maternelles 2-3 octobre Retraite à Saint-Jodard pour les BTS Prépa 1 6-7 octobre Week-end spirituel à Taizé proposé aux élèves de seconde, première et terminale 13-14 octobre Week-end spirituel proposé aux élèves de seconde en lien avec la fête diocésaine 14 octobre Fête diocésaine pour tous les confirmés et confirmands de l’établissement 18 octobre 1ère rencontre du groupe Saint-Irénée : « Mieux comprendre les Chrétiens LYON d’Orient » par Eric Darrasse, professeur d’histoire 26-27 octobre Retraite des professeurs, éducateurs et membres du personnel à Montagnieu sur le thème « Comment concilier vie professionnelle et vie spirituelle ? » 27 novembre Réunion de parents pour la préparation à la Première communion 7 décembre Célébration de l’Immaculée Conception, fête patronale de Sainte-Marie-Lyon : matinée de conférences, rencontres et spectacles ; messes à Saint-Paul pour les lycéens et étudiants de post bac, à Saint-Jean pour le collège, à la chapelle du lycée pour le primaire 17 décembre Journée de récollection à Valpré pour les parents de l’établissement Conférences, interventions, réunions 6 septembre Réunion d’information pour les parents des élèves de 6e 10 septembre Réunion d’information pour les parents des élèves de seconde 11 septembre Pour les parents de 5e 13 septembre Pour les parents de 4e 17 septembre Pour les parents de première 18 septembre Pour les parents de 3e 20 septembre Pour les parents de terminale ; pour les parents de la classe ULIS 22 septembre Pour les parents de CP et CM2 24 septembre Pour les parents de BTS et de licence 27 septembre Présentation de l’association Teen Star aux parents de 4e3e ; aux élèves, le 5 octobre. Réunion des parents des classes maternelles 104 29 septembre Réunion d’information pour les parents des classes préparatoires 9 octobre Réunion d’information sur les différents échanges linguistiques internationaux 11 octobre Présentation de Teenstar aux parents des élèves de seconde 23 octobre Réunion d’information en primaire sur la psychomotricité 22 novembre Présentation des différentes fonctions tertiaires de l’entreprise par D. Richard, PDG du cabinet Nemrod, pour les élèves des classes préparatoires commerciales 29 novembre A l’Institut Marc Perrot, conférence des présidents de la CCI, d’EM Lyon et du vice-président de Coventry University 30 novembre « La maîtrise de l’affectivité », animation-débat avec E. Julien pour les élèves de première 7 décembre Intervention en classes préparatoires littéraires et commerciales de Lytta Basset, théologienne protestante et anthropologue sur le thème « Pourquoi vivre ? », 10 décembre Réunion de présentation de la procédure « admission post bac » pour les parents de terminale 14 décembre Forum destiné aux élèves de terminale sur les formations de l’enseignement supérieur 17 janvier Réunion d’information sur l’orientation en fin de seconde 22 janvier Réunion d’information sur l’orientation en fin de 3e Echanges internationaux 13-22 novembre Accueil des correspondants allemands de Berlin 17-20 décembre Semaine culturelle à Freiburg pour les 4e LV2 allemand 105 avec les germanistes de 5e de La Verpillière sous la responsabilité de S. Dubost-Gaulot Etablissement 29 septembre Accueil des parents des nouveaux collégiens 3 octobre Conseil de maison : choix des thèmes de l’année 20 octobre Accueil des parents des nouveaux lycéens 22-26 octobre Semaine du goût pour la classe de 11e 1 15 novembre Réunion trimestrielle des professeurs de La Solitude 17 novembre Journée pédagogique des professeurs : intervention de Patrick Laudet sur la lecture 21 novembre Conseil de maison : « Discernement et orientation » 22 novembre Réunion trimestrielle des professeurs de Saint-Paul et des Missions 23 novembre Gala de remise de diplômes des étudiants de l’Institut Marc Perrot 24 novembre Soirée des anciens ; remise des diplômes du baccalauréat 2012 26-30 novembre « Festival du livre » en primaire Sorties, visites, voyages 3 et 9 octobre Sortie géologie des TS : de Bourg d’Oisans à La Grave, recherche des structures visibles témoignant d’une convergence à l’origine des Alpes 15 octobre Visite du Musée des BeauxArts sur le thème du portrait pour la classe de 11e 1 106 16 octobre Visite des 1e STMG à l’hôtel de région et conférence débat sur « L’égalité hommesfemmes : le pouvoir a-t-il un sexe ? » 16-18 octobre L’histoire du soldat de Stravinski à l’opéra de Lyon pour les 7e 3 et 8e 1 16 novembre Visite des grottes de La Balme pour les 9e 1 et 9e 2 22 novembre Visite d’un atelier de lutherie pour les secondes de l’option musique 27-29 novembre Voyage des élèves de 1e L à Chartres : visite de la ville, de la cathédrale, du Centre international du vitrail… 13-14 décembre Classe Ebulliscience pour les 7e 3 Théâtre, ciné-club Pour les élèves de première, terminale, classe préparatoire, parents, professeurs, anciens et amis 2-4-5 octobre Fort Apache de John Ford 11-13-14 décembre Une exécution ordinaire de Marc Dugain 22-24-25 janvier Le Septième sceau d’Ingmar Bergman Pour les élèves de seconde 3-4 décembre Bienvenue à Gattaca d’Andrew Nicoll Pour les élèves de 3e 26-27 novembre Les Temps modernes de Charlie Chaplin Pour les élèves de 4e 24-25 septembre Beaucoup de bruit pour rien de Kenneth Branagh 107 Dans le cadre de l’option théâtre pour les lycéens 10 octobre Shakespearemania / Prolégomènes à Richard III Maimone / Cie F. Maimone 25 octobre Mai juin juillet Guénoun / Schiaretti 14 novembre L’Echange Claudel / Cie Les Yeux Grand Ouverts Chorale, concerts 9 décembre Messe en fa majeur de Mickaël Haydn à Saint-Jean dans le cadre du Festival baroque de Lyon 10 décembre Concert à l’hôpital de Fourvière par les classes musicales de 7e 14 et 18 décembre Concert de la maîtrise à SaintLaurent-de-Mure et Lyon ; au programme, le Te Deum de M. A. Charpentier 15 décembre Messe et vêpres des SaintsInnocents de Mickaël Haydn à Saint-Jean par la Schola 18 décembre Concert de Noël des classes musicales au théâtre de La Solitude 23 décembre Concert traditionnel de Noël des trois chœurs de la cathédrale Dans le cadre de l’option musique pour les élèves de seconde : 4 et 25 octobre «Talents d’école», concerts de flûte et de violon au CNSMD Activités sportives 19 septembre Réunion d’information et de pré-inscription pour l’Association sportive 108 A.P.E.L.-Association familiale 23 novembre Assemblée générale de l’A.P.E.L. 30 novembre Assemblée générale de l’Association familiale Animation spirituelle 12 septembre Conseil pastoral pour l’ensemble de l’établissement 21 septembre Pour les lycéens messe de rentrée et lancement des projets de l’année 27 septembre Commission pastorale de La Verpillière 29 septembre Dans le cadre de la catéchèse, sortie à Lyon pour les 6e et 5e 30 septembre Journée « Maristes en éducation » à Saint-Chef : messe, visite commentée de l’abbaye par J.L. Gauchon, réflexion sur le devenir du groupe et le programme de l’année 1er octobre Accueil des A.P.S. du NordIsère 5 et 16 octobre, 16 et 27 novembre, 11 et 21 décembre Dans le cadre de la catéchèse, service à la maison de retraite de La Verpillière proposé aux 4e 5-6-7 octobre Week-end à Taizé pour les lycéens 9 octobre Lancement de la préparation à la Confirmation pour les élèves du lycée et au Baptême pour ceux du collège et du primaire ; mise en place de la pastorale pour les internes 11 octobre Lancement des projets de catéchèse pour les 3e 13-14 octobre Rassemblement des Jeunes maristes de France à La Neylière proposé aux élèves de terminale, BTS et anciens 109 la verpil liere 19 octobre Lancement de la préparation à la Profession de foi pour les 5e 25 octobre Lancement des groupes « Appel » et « Equipe » pour les élèves de 3e ; commission pastorale de La Verpillière 26 et 27 octobre Retraite des professeurs, éducateurs et membres du personnel à Montagnieu 15 novembre Réunion du groupe « Maristes en éducation » 23 novembre « Café théo » pour les internes 24 novembre Temps fort proposé aux familles du primaire 26 novembre « Café théo » pour les lycéens 6 et 7 décembre Célébration de l’Immaculée Conception ; activités ludiques, manifestation des talents et témoignages 17 décembre Journée de récollection à Valpré pour les parents de l’établissement ; temps de réconciliation proposé aux internes 19-20 décembre Rencontres de catéchèse pour les 6e, 5e et 3e 10 janvier Rencontre des parents des élèves de primaire et collège préparant la Première communion Conférences, interventions, réunions 7 septembre Rencontre avec les enseignants pour les parents de CM1 et CM2 11 septembre Rencontre avec les enseignants pour les parents de CE1 et CE2 14 septembre Réunion d’information pour les parents de 4e, 3e et BTS 18 septembre Rencontre avec les enseignants pour les parents de maternelle et CP 21 septembre Réunion d’information pour les parents de 6e et 5e 110 5 octobre Réunion d’information pour les parents de seconde, première et terminale 11-12 janvier Réunions d’information pour les parents des élèves de terminale sur les procédures d’orientation Echanges internationaux 20 octobre- 3 novembre Accueil des correspondants allemands Etablissement 20 septembre Journée d’intégration des secondes 3 octobre Conseil de maison : choix des thèmes de l’année 4 octobre Accueil des nouveaux professeurs et éducateurs 19 octobre Soirée Madagascar : présentation et bilan du voyage de juillet 2012 20 octobre Accueil des parents des nouveaux élèves 16 novembre « Repas philosophique » pour les parents et les professeurs des élèves de terminale : « La raison et la science s’opposent-elles à la croyance ? » 17 novembre Journée pédagogique 21 novembre Conseil de maison : « Discernement et orientation » 22 novembre Réunion trimestrielle des professeurs 24 novembre Forum des Anciens, remise des diplômes du baccalauréat, de BTS et des examens de Cambridge 7 décembre Remise de la médaille du travail à Mme Jaubert, 111 secrétaire de 1988 à 2012 15 décembre Arbre de Noël pour les familles des membres du personnel Sorties, visites, voyages 27 et 28 septembre Sortie de géologie pour les élèves de terminale S 17-20 décembre Voyage à Freiburg pour les germanistes de 5e et les 4e LV2 de Lyon avec F. Delorme et S. Dubost Théâtre, ciné-club 12-20 novembre Projection du film Le silence de Lorna de Luc et Jean-Pierre Dardenne pour les élèves de première, terminale et BTS 15 novembre Georges Dandin au Théâtre de la Croix-Rousse pour les 4e 3 avec leurs professeurs A. Degret, M. Mourrejeau et O. Mocellin Chorale 6 décembre Animation de la célébration de l’Immaculée Conception 6 décembre Concert de Noël à l’église de La Verpillière Activités sportives 25 septembre Tournois interclasses de 6e : badminton et ultimate pour les filles, handball et foot pour les garçons 3 octobre Formation UGSEL des arbitres pour l’activité rugby 112 Naissances Estelle, fille de Sébastien Thibault, professeur d’histoire-géographie à La Verpillière, le 17 mai Johan, fils de Raphaël Garrigue, professeur de philosophie à Lyon et La Verpillière, le 18 juin Robin, fils de Marylise Auffray, professeur de mathématiques à La Verpillière, le 11 septembre Maxime, fils d’Alexandre Puaud, professeur de sciences physiques à La Verpillière, le 11 septembre Gaël, fils de Faustine Fernandès, éducatrice en seconde et première à La Verpillière, le 20 septembre Mariages Dorothée Dubain, professeur de mathématiques à La Verpillière, avec Sébastien Arnaud, le 4 août Nicolas Varlet, éducateur en terminale et BTS à La Verpillière, avec Marie de Goër de Herve, le 25 août Domitille de Boisgelin, ancienne bibliothécaire à La Verpillière, avec Frédéric Rondard, le 8 septembre Thomas Clerc-Renaud, éducateur en 5e et responsable des Petits Chanteurs à La Verpillière, avec Christelle de Lattre, institutrice à La Verpillière, le 27 octobre Ordinations Stéphane Huard, maître d’internat à Lyon et Elysée Niyokindi, ancien maître d’internat, ont été ordonnés diacres à N-D des Dombes, le 13 septembre 113 car net Décès Nous participons à la douleur de la famille de Romain Vaillant, professeur suppléant d’EPS à La Verpillière, décédé brutalement le 26 mai, à l’âge de 26 ans Alexia Durand, élève en 2de 3 à Lyon, qui a perdu sa sœur Gaëlle, élève en licence de Sciences de gestion, le 1er août Anne Petrequin, professeur d’arts plastiques à Saint-Paul, qui a perdu son frère Antoine, le 11 août Kieran Woods, professeur d’anglais à La Verpillière, qui a perdu son père, le 1er septembre La famille de Jacqueline Rajon, ancien professeur de français et d’italien à La Verpillière, membre des Chœurs maristes, décédée le 26 septembre Nicolas Gerboullet, ancien élève et ancien éducateur à La Verpillière, qui a perdu sa grand-mère, ancien membre du personnel de service à La Verpillière, le 4 octobre Carole Defourneaux, professeur d’EPS à La Solitude, qui a perdu son père, le 22 octobre La communauté mariste, à l’occasion du décès du père Jacques Riberolles, survenu le 29 octobre Xavier Dufour, professeur de mathématiques à SaintPaul, et Véronique Menuel, catéchiste à La Verpillière, qui ont perdu leur père, le 31 octobre Thierry Martin, professeur de lettres à Lyon, qui a perdu sa mère, le 2 novembre Michèle Hanotte, institutrice à La Solitude, qui a perdu sa mère, le 3 novembre Teddy Tordoir, professeur d’espagnol et préfet des secondes à Lyon, qui a perdu son nouveau-né, Mahault, le 8 novembre Photos Françoise Delorme : pages 14, 23, 46, 96, 101, 114 Mathilde Flament : pages 72, 73 Valérie Tourrette : pages 80, 81 4 e TRIMESTRE 2012 SAINTE-MARIE LYON 4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY 69005 LYON TÉL. 04 78 28 38 34 www.sainte-marie-lyon.fr DIRECTEUR DE PUBLICATION Michel Lavialle CONCEPTION Sublime.fr IMPRESSION Brailly