n°108 Lyon-Mariste 4ème trimestre 2012 - Sainte

Transcription

n°108 Lyon-Mariste 4ème trimestre 2012 - Sainte
LYON
SAINT-PAUL
LES MISSIONS
LA SOLITUDE
LA VERPILLIERE
108
2
som
mai
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ren flexi
ce ons
16
Le risque numérique
Marc FUMAROLI
18
Une journée
offerte et reçue
Vincent Ricard
Récollection 2012
24
A propos de l’enseignement
de la littérature
Patrick LAUDET
Extrait d’une conférence
aux IA-IPR de Lettres
Re
flexi
ons
LES
YEUX
FERTI
LES
30
La face cachée
de l’œuvre d’art
Jean-Luc GAUCHON
Ou l’image dans l’image
COL
LEGE
48
HoméliE
de la messe
de rentrée
des professeurs
52
Ciné-Club
Programme 2012 / 2013
Fort Apache
66
TRAVAUX d’éLèVES
72
Voyages
Freiburg 2012
COMENIUS
Madagascar
86
Jeunes
Maristes
de France
88
CLASSES SUPéRIEURES
IN NOU
mEmo VEL
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98 102
Jacques Riberolles, s.m. lyon
100 106
Alexis DUFOUR la verpillière
112
carnet
Lors de la rentrée de l’an passé, à l’occasion du
départ des derniers pères maristes vivant dans la maison, les
débuts de la Société de Marie ont été évoqués, la fondation
aussi du collège en 1893 et comment il s’est développé sous
l’impulsion de trois directeurs, notamment les pères Thévenon
(1903/1933), Antoine Forissier (1952/1963) et Marc Perrot
(1966/1999). A travers cette histoire particulière, notre
histoire, c’est la tradition spirituelle, éducative, pédagogique
mariste qui s’esquisse. Le dessin s’affirme lorsque l’on prend
conscience des choix opérés par les équipes successives :
des personnes ont donné chair à des fonctions de préfet,
d’éducateur ; des maisons ont été petit à petit ouvertes, habitées,
bâties ; des organisations pédagogiques ont été patiemment
élaborées, conservant des fondements : priorité accordée à
la qualité de l’expression dans toutes les disciplines, accueil
du plus grand nombre conjugué à une exigence intellectuelle
forte, seule capable d’engendrer une ouverture au spirituel,
régularité et diversité des évaluations, de la transmission
aux élèves et aux familles de ces évaluations, simplicité
et proximité des rapports avec les élèves, mémorisation,
importance des humanités, temps d’études… ; mais une
tradition vivante supposait aussi de nouvelles orientations
pour mieux servir les élèves : sections modernes dans les
années soixante-dix ; séries technologiques G (1980), classes
Edi
to
rial
préparatoires commerciales pour les scientifiques (1986), BTS
comptabilité (1988) dans les années quatre-vingt ; chœurs
d’enfants, classes préparatoires littéraires (1989) et BTS CI
(1990) dans les années quatre-vingt-dix ; classes bilangues
(2004), accueil d’enfants handicapés (2006), préparatoires
commerciales économiques (2008), licences (2008) dans les
années deux mille…
On le constate, l’énumération est lassante, elle ne
garde des aventures que le squelette ; or une leçon d’anatomie
ne fait pas plus d’un écorché un être vivant qu’un projet trop
prétentieusement mis en avant ne dit la recherche constante
des éducateurs en tenue de service.
C’est pourquoi, à travers ce propos de début d’année, à travers
des essais en général publiés dans Lyon-Mariste, nous sommes
conduits à constamment approfondir ce qui fait la grandeur de
notre mission d’enseignant et d’éducateur, à en rechercher le
sens. Mais
« N’étant point en ce qui rassure,
le sens se fait exode.
Car immobile, sinon pour épier,
il ne rédimerait rien » 1
1
Jean-Claude Renard, La Lumière du silence, Le Seuil, 1978 ; Corti, 1990, p. 82
8
Un premier jour d’année, il y aurait certes suffisamment d’informations pratiques pour se contenter d’exposés techniques
successifs : ce serait cependant mettre en premier ce qui n’est
en fait que secondaire. Aérons nos ambitions en tentant de
prendre de la hauteur. L’intendance suivra.
Considérant cette large peinture faite en introduction,
je cherchais donc ce qui en fait le centre, ou, pour filer la
métaphore, la ligne de fuite. On cherche constamment ce qui
fait le coeur de l’école : l’enseignant ou l’élève ? la connaissance
ou la méthode ? la tête bien faite ou bien pleine ? Or c’est la
parole qui est le cœur de l’école, le lien entre les personnes,
le chaînon entre savoir et oubli, entre l’écrit et l’oral. C’est
un poème de Jean-Claude Renard 2 qui m’est apparu comme
une belle méditation sur la parole dont l’éducateur est bien
nécessairement un maître.
Jean-Claude Renard (1922/2002), né à Toulon, est un
grand poète français du mystère : mystère au sens non de ce
qui est incompréhensible ou nébuleux mais de ce qui donne
vie à notre désir de cerner la vie sans l’emprisonner dans un
dogme. En 1966 il publie un recueil intitulé La terre du sacre.
Usant du privilège des poètes qui interpellent aussi bien un
vieux buffet, un lac que des êtres innommés, il nous autorise
à voir dans la périphrase du premier vers, « Celui qui parle »,
qui l’on veut. Je propose qu’on voie en lui un professeur, c’està-dire étymologiquement celui qui parle devant un auditoire,
auditoire d’enfants du moins au départ, c’est-à-dire d’êtres
privés de parole.3 Laissons-nous ensuite guider par le poète.
Chaque année des écrivains sont convoqués pour nous aider à mieux comprendre
ce que parler veut dire. On a déjà entendu les voix de Paul Claudel, Gustave
Roud, Philippe Jaccottet, Georges Bernanos, Christian Bobin et Guy Goffette.
2
9
Car Celui qui parle maintenant dans la patience
comme le matin sur les rades
Ne sacrifie pas pour séduire ce qui n’est ici que faiblesse,
Ou miser sur la lâcheté ou piéger la dernière peur
et ne promettre qu’autre part
Mais ainsi que dans l’estuaire le lait salin et le lait doux
Pour opposer en même temps qu’unir le mystère
à la connaissance,
La grâce à la nécessité
Et dresser sa dialectique comme une balance
Et confondre ceux-là même qui n’avaient plus rien à perdre
Et compter et comparer les résultats, simplement, d’homme
à homme, sans autre chose que l’amour,
Sans retenir rien d’être libre devant la Pâque qui libère,
Et comme les galets polis avec la peau de buffle,
révéler le signe et le sens
Qui sacrent toute terre
Où les corps habités du Verbe et de l’Esprit
Accomplissent déjà sa profonde figure.
– A l’instant que paru, dans la nuit consumée, au centre
des genèses, il donne droit de voir, d’élire, de posséder
Pour accéder enfin à cette filiation qui est en lui et nous
la mesure de l’Homme !
Le radical indo-européen, (Fa), parler, donne en grec les mots en « phe/phon »
(prophète, blasphème, et tous les dérivés de phone), en latin des mots en « fan »
(enfant, fantassin, fantoche) ou en « fes » (confesser, professer) ou en « fab/fam »
(fable, ineffable, affable... fameux, diffamer).
3
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Car Celui qui parle maintenant dans la patience
comme le matin sur les rades
Une personne donc devant d’autres à un moment
donné : on peut rêver d’enseignement à distance par
ordinateur mais la dimension de présence et consécutivement
du temps est fondamentale : parler, c’est partager le même
temps et le même espace que l’autre. Les trois mentions du
temps sont fondamentales : le « maintenant » rappelle que
l’attention suppose la contemporanéité de celui qui parle et
de celui qui écoute, la « patience » rappelle que ce temps
peut être contraint, que celui qui parle peut avoir la tentation
d’aller plus vite que son interlocuteur ; quant au « matin » il
nous remet dans une sorte de météo pédagogique : chaque
cours se fait avec une lumière, une température, un climat
particuliers.
Ne sacrifie pas pour séduire ce qui n’est ici que faiblesse,
Ou miser sur la lâcheté ou piéger la dernière peur
et ne promettre qu’autre part
Les quatre tentations majeures de l’enseignant
sont ici ramassées devant une évidence : nous sommes en
position de force devant des êtres faibles. Comment éviter
une parole frelatée, asservie au caractère ou à l’humeur du
moment, guettée par la séduction, la facilité, l’intimidation
ou la prétention, au lieu d’en rester modestement à une parole
vraie, désireuse non de briller mais de servir ?
Mais ainsi que dans l’estuaire le lait salin et le lait doux
Pour opposer en même temps qu’unir le mystère
à la connaissance,
La grâce à la nécessité
Un professeur n’est ni le rébarbatif déverseur de
savoir indigeste supposé répondre à toutes les situations ni le
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charismatique Keating semant le doute. L’image de l’estuaire
vient traduire la complexité de ce qui se passe dans la parole
enseignante : des faits décrits, des structures proposées et
d’autre part toute l’interrogation quant à leur interprétation,
une parole créatrice en cela qu’elle distingue sans séparer.
Et dresser sa dialectique comme une balance
Quelle belle image du professeur soucieux de la
beauté de ses démonstrations, de la netteté de son tableau, de
la correction de sa langue ! Il remet debout les mots et le fléau
des phrases à l’équilibre. Avec le sens de la justice il développe
sa dialectique comme un artisan refusant le manichéisme.
Et confondre ceux-là même qui n’avaient plus rien à perdre
Nous ne sommes pas dans un pays où les élèves
perçoivent spontanément la chance que c’est que d’aller à
l’école. Même dans les banlieues où ce serait pour beaucoup
une façon d’échapper au ghetto social, au déterminisme des
générations sans formation de base. Il s’agit pour nous d’aller
chercher tous les élèves, y compris ceux qui croient n’avoir rien
à perdre ni rien à gagner à écouter, à se rendre disponible.
Et compter et comparer les résultats, simplement, d’homme
à homme, sans autre chose que l’amour,
Sans retenir rien d’être libre devant la Pâque qui libère,
L’évaluation par les notes n’est une « constante
macabre », pour reprendre le titre du livre d’André Antibi, 4
que dans la mesure où, d’une part, les notes sont rares, – car
moins il y a de notes, plus chaque note est un destin, – et où,
d’autre part, elles ne sont pas vraiment un moyen d’évaluation
pour le professeur mais un moyen d’affirmer son autorité. Le
« comparer les résultats », suivi de l’adverbe « simplement »,
André Antibi, La Constante macabre, éd. Math’ Adore, Toulouse
4
12
signifie donc ceci : un élève en mesure de juger de ses capacités
par un système clair et souple se connaîtra mieux et ne sera
pas livré à l’arbitraire d’une moyenne trimestrielle qu’il n’a pas
vu venir. Il y a donc aussi en chaque professeur un comptable
avec son livre de raison 5 destiné à libérer chacun.
Et comme les galets polis avec la peau de buffle,
révéler le signe et le sens
Qui sacrent toute terre
Encore la patience et le beau geste... mais cette foisci avec son dessein. Puisque le monde, la nature est, on le
sait, « un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir
de confuses paroles », le professeur doit contribuer non pas
seulement à décrypter la complexité de ce monde, mais à
montrer que le sens de tout cela peut se révéler et que toute
terre est belle et sacrée.
Où les corps habités du Verbe et de l’Esprit
Accomplissent déjà sa profonde figure.
Si les enfants ou les jeunes gens qui nous sont confiés
sont nourris de cette parole de qualité, si leur esprit a été tiré
vers le haut, ils découvriront plus sûrement la « merveille qu’ils
sont »,6 ils trouveront la profonde figure qui les habite et dont
ils avaient une vision partielle, déformée, impossible à aimer.
– A l’instant que paru, dans la nuit consumée, au centre
des genèses, il donne droit de voir, d’élire, de posséder
Pour aller jusqu’au bout du poids, de l’importance de
cette parole que nous donnons ou plutôt que nous transmettons,
Livre de raison : c’était un « journal tenu par le chef de famille qui inscrivait, avec
ses comptes, les événements tels que naissances, mariages, etc. et ses propres
réflexions » dit le dictionnaire de l’Académie de 1935.
6
Psaume 139, verset 14 : « Je te rends grâce pour tant de prodiges / merveille que
je suis, merveilles que tes œuvres ».
5
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le poète suggère fortement, mais sans enfermer dans cette seule
interprétation, que ce qui se passe au « centre des genèses »,
c’est-à-dire dans ce temps fondamental de l’éducation où
l’enfant devient un homme, c’est que « Celui qui parle », le
sujet de toutes les phrases, permet d’accéder à l’âge adulte,
âge où l’on sort de l’école et de l’insouciance du mineur qui
ne possède rien pour, dans l’ordre, voir, choisir, prendre
possession enfin.
Pour accéder enfin à cette filiation qui est en lui et nous
la mesure de l’Homme !
Mais cette prise de possession a une plus haute visée
qu’une parole uniquement préoccupée d’efficacité, de technique ou d’avidité : elle propose de devenir fils, c’est-à-dire pleinement homme. Les chrétiens voient bien sûr en Jésus l’accomplissement de l’homme créé à l’image de Dieu et Jean-Claude
Renard dans « Celui qui parle » pas seulement un professeur
mais aussi sans doute le Christ lui-même, Verbe incarné.
De là à penser que le métier d’enseignant a quelque
chose de messianique ? Qu’il est une des plus belles façons de
continuer l’œuvre créatrice du Père ? Si le nombre de jeunes
adultes à choisir actuellement le métier est insuffisant dans
le public comme dans le privé, c’est sans doute parce qu’on
a abaissé à leurs yeux cette profession du rang encore noble
quoique déjà instrumental de hussard de la République à celui
bien méprisable de GO ou de factotum civique.
La grandeur de la mission ne doit pas cependant nous
rendre immodestes : d’abord, et tout simplement, cherchonsnous avec notre parole à ne pas désespérer un élève, à lui
indiquer les fausses pistes qu’il prend quand, par vanité, il se
veut différent de ce qu’il est profondément ?
Qu’il nous soit donné d’être, au sens plein, des hommes
de parole.
Marc Bouchacourt
le risque numerique
Une journée
offerte et reçue
De l’enseignement
de la littérature
Les yeux fertiles
ré
flex
ions
Le risque
numérique
Sous ce titre Lyon-Mariste propose à votre réflexion
un texte ayant trait à la conduite scolaire.
Internet est un merveilleux instrument, je ne
veux pas jouer les rabat-joie. Pour faire ce livre 1, je me suis
servi de Google à longueur de temps. Sans Internet, je n’aurais
jamais trouvé si vite mes citations les plus surprenantes. Mais
je ne dois rien au Net sur le fond. En tant qu’historien, je
peux aussi témoigner que la bibliothèque et les archives que
je peux consulter en ligne me rendent d’immenses services.
Je suis sûr que, pour tous ses usagers qui ont reçu une bonne
discipline mentale, Internet ne montre que son meilleur côté.
Il rend beaucoup plus riches les déjà riches. Mais il a d’autres
facettes, qui ne sont peut-être pas aussi rassurantes, surtout
en termes d’éducation de l’enfance et de l’adolescence. Être
fasciné très tôt par le papillotage des images, être entraîné à
rester des journées entières collé à l’écran, comme un ou une
trader avant l’heure, cela installe durablement un jeune esprit
devant l’abstraction d’un monde bariolé et numérisé qui lui fait
écran au monde, aux autres, aux choses qu’il devrait découvrir
avec ses cinq sens naturels, avec sa propre imagination et son
17
refe
ren
ce
propre cœur en bouton. Les neurosciences nous apprennent
déjà les périls d’atrophie que comportent ces bains prématurés
et prolongés dans la fantasmagorie numérique. Les éducateurs
d’aujourd’hui ne peuvent plus se dispenser de réfléchir aux
contrepoids qui pourraient corriger des excès qu’encourage
la toute-puissante publicité commerciale, ciblée d’abord
sur l’extrême jeunesse. La lecture et l’explication de texte à
haute voix, la pratique fréquente du théâtre, des arts et des
artisanats anciens et, j’ajouterai, les exercices dialogués de
rhétorique peuvent beaucoup pour éveiller le corps et l’âme
jeunes et les préserver des risques numériques qu’ils courent
dans la passivité.
arc FUMAROLI
M
Extrait d’un entretien paru dans le Magazine littéraire, n°523,
de septembre 2012
1
Le Livre des métaphores, éd. Robert Laffont, « Bouquins », 2012
Une journée
offerte
et reçue
Journée de récollection des personnels
de Sainte-Marie, à Montagnieu.
Tiédeur humide, puis brusque refroidissement
ne se résignant pas au sec, une pincée de neige pour finir ; en
arbitre à ce tournoi de désagréments climatiques, la Maison
Forte de Montagnieu, bâtisse du XIVe siècle conçue comme un
verrou, belle à force d’obstination à ne pas chercher à l’être ;
autour, des bâtiments d’accueil récents, spacieux, ouverts à
larges baies sur les vaches goûtant leur bain de verdure ; larges
baies aussi à la chapelle, dont l’architecture contemporaine –
sur châssis d’ancienne grange ? – confronte pacifiquement
pierre et verre ; rappel d’austérité rurale dans les chambres
en mezzanine où l’on accède à l’étage supérieur par une
échelle de meunier ; le tout apaisé de l’aimable douceur d’un
chauffage généreux. Trente-six personnes dès le vendredi soir,
une vingtaine de plus au plus fort du samedi, professeurs,
institutrices, animateurs en pastorale, maîtres d’internat,
prêtres, jardinier, secrétaires, préfets, directeur, quelques
conjoints, étaient venus là recevoir et offrir l’annuel présent de
cette journée de récollection du premier samedi des vacances
de Toussaint.
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Le thème de la journée était le suivant : « Comment
concilier notre vie spirituelle et notre vie professionnelle ? »
Autour de cette question, deux personnalités avaient été
conviées. L’une, sœur Cristina Giustozzi, Provinciale des Sœurs
Missionnaires de la Société de Marie, venait comme en famille
témoigner de son engagement de religieuse missionnaire
mariste et de médecin. On pourra trouver dans la dernière
Lettre de Maristes en éducation un écho de son exposé plein de
vivacité, d’humour et d’humanité. Notre autre invité était le
père Emmanuel Daublain, prêtre du Chemin Neuf, curé de la
paroisse Sainte-Madeleine à Villeurbanne, et responsable du
mouvement Siloë Pro, fondé d’une part pour aider de jeunes
adultes à définir leur projet professionnel, d’autre part pour
aider des professionnels déjà engagés dans une voie précise
à réfléchir au sens de leur activité. La question que nous lui
avions posée était celle même qui faisait le thème de notre
journée.
Les chemins du Seigneur n’étant pas nos chemins
ni ses pensées nos pensées, le père Daublain s’est plu à
emprunter d’emblée un chemin de traverse, en ouvrant son
enseignement par une réflexion sur le document « Porta
Fidei », publié par Benoît XVI pour l’entrée dans l’Année
de la Foi. Le Pape nous y invite à lire le Concile Vatican II
comme « la grande grâce du XXe siècle », dans un esprit non
de rupture, mais de redécouverte des contenus fondamentaux
de la foi. C’est ainsi que l’élaboration d’un Catéchisme de
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l’Eglise catholique doit être vue non comme un retour en
arrière, mais comme l’expression d’une nouvelle méditation
des fondements d’une foi « professée, célébrée, vécue et
priée », formulation qui reprend les titres des quatre grandes
parties dudit Catéchisme.
Notre foi est d’abord rencontre personnelle avec le
Seigneur, et cette rencontre doit former notre intelligence du
monde en devenant la matrice de la vision que nous en avons.
Ainsi, elle ne saurait se réduire à une morale, pas plus qu’elle
ne peut se contenter de croire en des valeurs identifiées
comme chrétiennes. Ces valeurs sont certes importantes, ne
serait-ce que parce que nous les partageons avec bien des
non-chrétiens ; mais elles doivent, pour nous, chrétiens,
trouver leur fondement dans la foi en la Trinité, afin qu’avec le
Père, le Fils et l’Esprit Saint, nous puissions croire, célébrer
et vivre.
En effet, une foi qui n’est pas agissante est morte.
Par notre baptême, nous sommes devenus prêtres, prophètes
et rois. Nous sommes donc devenus autres, parce que notre
personne a été plongée dans la mort du Christ, en vue de la
résurrection. En notre personne s’est alors réalisée la victoire
de l’amour sur la haine, de la vie sur la mort, et nous avons
dès lors à veiller à ce que toute notre vie soit, en toutes
ses dimensions, baptisée dans la mort et la résurrection du
Christ.
Evangéliser n’est donc pas non plus transmettre
une morale, ou des valeurs, c’est permettre cette rencontre
fondatrice avec le Christ. Valeurs chrétiennes, morale
chrétienne, ne sont plus des présupposés évidents, à notre
époque, pour la vie en société, même dans nos contrées de
tradition chrétienne. Il faut en prendre acte. La liberté est
devenue, aujourd’hui, la seule valeur réellement sacrée et,
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pour cela même, idolâtrée ; une liberté qui s’exerce par la
communication et qui suppose responsabilité et transparence.
Une telle liberté a sa beauté et son exigence, et dessine une
certaine vérité, une vérité d’authenticité. Mais qu’en est-il de
la Vérité elle-même ? De l’homme et de la femme ? Du bien et
du mal ? Sur quelle autorité peut-elle trouver à s’appuyer ?
Il est devenu difficile de parler d’autorité, et
même de l’exercer. L’autorité, c’est pourtant le pouvoir des
commencements. C’est ce dont on a besoin pour créer, pour
grandir, même s’il faut pour cela s’y confronter, l’interroger :
l’autorité, au demeurant, n’a pas d’autre but que de faire advenir
le jour où elle ne sert plus à rien. En cela, reconnaître une
autorité, c’est le contraire de se soumettre à un conformisme,
dont l’idéal mouvant enferme dans une soumission sans fin.
Ainsi, vivre notre baptême est un appel à changer de vie, à
construire, minute après minute, notre vie éternelle, à faire
de nos jours une suite de micro-décisions d’amour, en nous
fondant sur la foi en la présence du Christ au cœur de nos
décisions humaines, actif, transfigurant, divinisant ce que
nous humanisons.
Comment, en général, prenons-nous nos décisions ?
Bien souvent, on décide peu : on se laisse décider par les
autres, ou par les événements ; on peut aussi avoir peur,
et cela paralyse. Il est difficile de vraiment décider. Telle
est précisément (et ce disant, le père Daublain revenait au
sujet que nous lui avions proposé) l’aide que Siloë Pro tente
d’apporter aux jeunes et aux professionnels : décider vraiment,
et accueillir l’Esprit Saint dans cette démarche. Il s’agit de
les amener à dépasser, dans leur réflexion, les paramètres
matériels, tels que diplômes requis, salaire, conditions de
travail, aire géographique, tous critères qui étouffent la
décision sous des éléments faussement objectifs, et vraiment
22
aliénants. Ils sont pour cela invités à chercher la réponse à
trois questions : puis-je formuler en une phrase simple ma
finalité professionnelle ? quelle participation au bien commun
me permet-elle ? quelle couleur personnelle puis-je lui
donner ? Une fois clarifiées les réponses à ces questions, on
sait où on va, on peut prendre de vraies décisions, fondées sur
une vision. Cela permet, au cours de sa vie professionnelle,
de se référer à cette vision pour les décisions à venir : suisje libre face aux décisions que j’ai à prendre ? dans quelle
mesure le suis-je ? Cela fait aussi expérimenter l’importance
de prendre le temps de délibérer, de parler avec ceux en
qui l’on a confiance, d’éclairer sa vision, et par là même sa
décision. Nous pouvons ainsi réconcilier notre travail avec les
aspirations les plus profondes de notre vie, en plongeant notre
vie et notre travail dans la mort et la résurrection de Jésus,
revivant ainsi dans chaque décision à prendre l’expérience du
baptême, construisant par chacune d’elles notre vie éternelle.
Ample sujet de méditation, offert à nos esprits, à
nos cœurs et à notre prière en ce samedi matin ; c’est bien
cette même méditation qu’a prolongée l’après-midi même le
témoignage, ensoleillé d’humanité profonde, de sœur Cristina ;
la même encore, vécue dès le vendredi soir et tout au long du
samedi, lors de la soirée d’accueil, des repas, des vaisselles,
des temps de prière, de célébration, de réconciliation, de
promenade et de cueillette de champignons (excellentes,
ces trompettes !) ; lors de tout ce qui ne se raconte pas parce
qu’instantanément offert à tous, présents ou non, et dont le
récit ne serait qu’un inutile oripeau.
Tel est le rendez-vous de la Toussaint, mariste saison
où le soleil dépose ses ors célestes pour revêtir d’humble
splendeur, aux branches et sur le sol déjà froid, ce qui est
appelé à renaître.
Vincent Ricard
A propos
de l’enseignement de la
littérature…
Avant la publication, dans le prochain numéro
de juin, de l’intervention de Patrick Laudet, lors de
la journée pédagogique, un extrait de sa conférence
sur « la place et les enjeux de la littérature dans
les nouveaux programmes du collège ».
[…]
GOÛTER
L’horizon scientifique et même parfois scientiste qui
nous hante a contaminé le champ des études littéraires. Une
sourde mauvaise conscience collective a cru bon de corriger
l’approximatif redouté de nos pratiques par un surcroît de
schémas et de tableaux en tout genre, qui nous ont destitués
d’une approche plus sensible des phénomènes et de la
légitimité à les appréhender poétiquement. Pour reprendre les
belles expressions de Jean Mambrino dont il fait le titre de
ses livres, la littérature fait entendre « le chant profond » et
reste « la patrie de l’âme »1. L’enseignement de la littérature
au collège ne garde-t-il pas vocation à creuser en tout élève
Voir les livres de Jean Mambrino, Le chant profond, José Corti, 1985, Lire comme
on se souvient, Phébus, 2000, et La patrie de l’âme, Phébus, 2004, où il invite
à revisiter des écrivains, en retrouvant le chemin de leur rêverie intime et en
éclairant leur oeuvre «de l’intérieur».
1
25
la possibilité des lointains intérieurs, comme dirait Michaux,
à ouvrir en lui des espaces pour cette vie intérieure que son
environnement contrarie, l’invitant surtout à s’extérioriser ou
à « s’éclater ». Il faudrait relire les belles pages de Proust
dans son petit essai intitulé Sur la lecture où il médite la
capacité de la lecture à « ouvrir au fond de nous-mêmes la
porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer »2. Il
faudrait retrouver des accents bachelardiens dans la façon
de proposer et de parler des grands textes : « Mais savonsnous bien accueillir dans notre langue maternelle les échos
lointains qui résonnent au creux des mots ? En lisant les mots,
nous les voyons, nous ne les entendons plus » disait-il dans
La flamme d’une chandelle 3. Il faudrait surtout retrouver la
place du rêve, un des atouts puissants de l’école, dont Marcel
Gauchet montre qu’il était « le socle anthropologique sur
lequel reposait la valorisation de la connaissance » 4. Mais
peut-être peut-on retrouver ce grand allié aujourd’hui perdu
par la rencontre authentique de grands textes, à condition de
se laisser « toucher » par eux.
L’histoire des arts, bien comprise, arrive d’ailleurs
à point nommé pour réhabiliter cette part du sensible. Les
programmes précisent ainsi, qu’outre la mise en perspective
Marcel Proust, Sur la lecture, Actes Sud, 1988, p.37
Gaston Bachelard, La flamme d’une chandelle, PUF, 1961, p.42
4
Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet, Dominique Ottavi, Conditions de l’éducation,
Stock, 2008, pp. 87, 88
2
3
26
historique qui est sa première visée, ce nouvel enseignement,
par la fréquentation des œuvres, permettra « à l’élève
d’exprimer des émotions et d’émettre un jugement personnel ».
Exigence de l’émotion, et de l’art d’en rendre compte, contre
les excès de la mécanisation et du formalisme. Il est heureux
que les nouveaux programmes fassent droit à l’émotion, et
nous donnent comme ambition d’apprendre à l’exprimer, à
la raisonner, pour mieux l’affiner et l’approfondir. La beauté
avait fini pas devenir un mot tabou dans les classes de Lettres,
c’est regrettable. Oui, il y a de beaux et grands textes, il y
a des textes qui racontent de belles et grandes choses : pas
de raison de les bannir, au profit de textes parfois jolis mais
parfois courts en bouche, comme on le dirait d’un vin. Il ne
s’agit bien sûr pas, au nom du beau, de tomber dans le kitsch,
dont Kundera dit qu’il est « négation de la mort et de la
merde ». Camus était sensible à ce qu’il appelait la « double
mémoire ». Il y a les humiliés, disait Camus, mais il y a aussi
la beauté. Son ambition était de ne jamais être infidèle, ni à
l’une ni aux autres.
C’est Goethe encore qui écrivait à Johann Friedrich
Rochlitz : « Il y a trois types de lecteurs ; l’un qui savoure
sans juger ; un troisième qui juge sans savourer ; et au milieu
un autre qui juge tout en savourant et savoure en jugeant.
Cette troisième classe recrée vraiment l’œuvre d’art…ses
membres ne sont pas nombreux ». Puissent les nouveaux
programmes nous redonner de l’élan pour instaurer beaucoup
de ces lecteurs du milieu.
27
INCARNER
Les nouveaux programmes voudraient ne pas être
une programmation. Ainsi se justifie la formule récurrente
des « par exemple » qui accompagne les corpus d’œuvres.
Les nouveaux programmes en appellent ainsi à l’engagement
véritable du professeur, autre façon de bien entendre sa liberté
pédagogique. « Fay ce que voudras » disait la devise de Thélème.
A comprendre moins comme un droit à l’individualisme
subjectif et aléatoire (que chacun fasse bien comme il veut,
tout et n’importe quoi !) que comme une exigence en vérité
plus profonde : que chaque professeur de lettres mette son agir
didactique, les choix des textes qu’il va proposer à l’étude, la
manière de les aborder, en relation profonde avec un désir,
dont il ne peut faire l’économie au risque de devenir un simple
fonctionnaire de la transmission littéraire. Que désirons-nous
vraiment enseigner, que voulons-nous d’abord transmettre ?
Les meilleures séquences didactiques, si elles ne sont que des
copiés-collés de revues pédagogiques, même les meilleures,
ne feront jamais un bon enseignement. Il importe ainsi que
chaque professeur, avant d’être didacticien, s’appuie d’abord
sur le lecteur qu’il est lui-même, en lien avec l’adulte qui
porte haut sa responsabilité éducative. On transmet d’ailleurs
moins des connaissances ni des livres inscrits au programme,
que le désir qu’on a d’eux et l’intérêt authentique qu’on leur
porte. Derrière le bon maître, il y a souvent un témoin.
La littérature se transmet sur le mode d’un
compagnonnage humain. Il s’agit pour le professeur de ne pas
perdre la présence énonciative. A l’heure où techniquement
(et jusqu’à l’excès) on s’est beaucoup occupé dans nos classes
des marqueurs de l’énonciation, n’est-il pas regrettable,
au risque d’une double injonction dommageable pour les
élèves, que trop de professeurs se soient en même temps
28
retirés de leur parole pour se retrancher dans des dispositifs
didactiques fermés qui les protègent ou les dispensent de
s’adresser vraiment à leurs élèves. Contre les voix de synthèse
qui envahissent notre quotidien, l’école, et le cours de lettres
en particulier, doivent rester un lieu où s’entend encore le
grain de la voix, où le grain d’une voix, singulière, a encore sa
chance. Contre la langue de bois d’une certaine didactique, la
chair d’une parole vive, qui se risque. Cette exigence est vraie
pour toutes les disciplines, mais plus encore pour celle qui
fait de la littérature son objet. Quelle est en effet la vocation
de la littérature, contre tous les systématismes, voire les
intégrismes de la pensée, contre toutes les abstractions et les
réalités virtuelles, sinon de donner chair à l’humain, de faire
place à la pâte humaine et à l’épaisseur du monde, dans ce
qu’ils ont de mêlé, de complexe, et d’irréductible.
D’un côté, la modernité démocratique et scientifique
valorise l’acte d’informer en considérant qu’il constitue
l’excellence d’une transmission garantissant à tous neutralité
et liberté. Les personnes de chair et de sang, les professeurs en
particulier, pourraient donc maintenant s’absenter peu à peu
de ce circuit de la seule information. De l’autre, en réaction
à ce modèle, on voit poindre des modèles charismatiques
de maîtres envahissants, du Cercle des poètes disparus à
Entre les murs. Incarner la littérature que l’on enseigne ne
signifie pourtant pas laisser libre cours à une subjectivité
sans limites. Au contraire, cela suppose aussi une forme
de pudeur, de réserve, consenties dans une présence forte
et engagée. Il arrive que des voix cherchent à capter et à
envoûter pour mieux s’assurer de leur emprise sur autrui : ce
n’est pas la déontologie de l’enseignement. Ainsi le maître ne
met-il le grain de sa voix qu’au service des textes. Catherine
Challier, réfléchissant au péril qui pèse parfois sur les actes
de transmission écrit : « C’est pourquoi seule l’écoute d’une
29
voix qui n’appartient ni aux uns ni aux autres, mais qui se
fait parfois entendre dans les mots que nous nous disons les
uns aux autres, est véritablement libératrice » 5 C’est la voix
de la littérature qu’il s’agit bien de faire entendre, pas celle
du maître qui n’est là (mais il faut cette présence) que pour
l’incarner et l’authentifier, sans la capter.
La liberté pédagogique clairement affirmée, conjuguée avec l’ambition des nouveaux programmes, peut
contribuer à redonner aux professeurs de lettres la noblesse
de leur mission.
[…]
Patrick LAUDET, inspecteur général de lettres
Extrait d’une conférence aux IA-IPR de Lettres et aux formateurs
IUFM, rentrée 2012
Catherine Challier, Transmettre de génération en génération, Buchet-Chastel,
2008, p.25
5
La
face
cachée
de l’œuvre d’art
1
Giuseppe Arcimboldo
L’Homme-potager,
v. 1590
33
Il paraît aller de soi qu’un artiste réalise le portrait
d’une personne. Il semble plus surprenant que des artistes
cherchent à cacher dans leurs œuvres des faces humaines, et
non à les montrer. A travers quelques exemples variés, de la
Renaissance à nos jours, nous allons essayer de comprendre
comment et pourquoi, tout en faisant souvent appel à votre
perspicacité !
Où l’envers ne vaut pas l’endroit
C’est vers 1590 que Giuseppe Arcimboldo réalise une
apparemment banale nature morte de légumes disposés dans
un plat (ill.1). Avant de lire la suite, réfléchissez quelques
instants pour essayer d’y déceler l’image cachée par ce peintre
milanais... Si vous avez eu l’idée de retourner à 180° votre
exemplaire du Lyon-Mariste, bravo ! Vous avez dû découvrir
le jardinier en personne : le récipient devient une sorte de
casque, les feuilles font office de chevelure et de barbe, deux
champignons forment ses lèvres, les noix et les noisettes ses
yeux, l’oignon et le navet ses joues, et le raifort son imposant
appendice nasal. Arcimboldo travaillait à Prague pour les
Habsbourg et notamment pour Rodolphe II. Il réalisera
pour lui des portraits de personnalités de la cour composés
d’objets variés, et des têtes réversibles semblables à celles-ci.
Ainsi, il espérait égayer le prince qui souffrait de dépression
et combler son intérêt pour l’étrange et l’ésotérisme :
d’ailleurs l’accumulation d’objets naturels (comme ici) ou
artificiels évoque le célèbre cabinet de curiosités de ce
souverain. Arcimboldo était lui-même attiré par le bizarre et
34
La danse des morts,
dessinée et gravée
sur l’original de feu
M. Matthiew Merian,
1744
le mystérieux ; il s’amusait aussi à composer des messages
cryptés, et vraisemblablement des peintures telles que celleci en sont aussi. Peut-être, selon une idée humaniste courante
à la Renaissance, voulut-il mêler le microcosme (l’Homme)
au macrocosme (la Nature). Mais l’artiste malmène aussi deux
acquis de la Renaissance : le premier est l’utilisation de la
perspective en peinture qui impose théoriquement un point
de vue unique, alors qu’ici nous sommes invités à changer
de point de vue ; le second est la hiérarchie des genres car la
nature morte, classée en bas de l’échelle, se transforme ici en
un portrait, genre plus élevé.
Un procédé analogue est employé dans un ouvrage
paru en 1744, où est reproduite, d’après le graveur bâlois
Matthieu Merian l’Ainé, une Danse macabre aujourd’hui
disparue et qui ornait le cimetière d’un couvent de sa ville
natale, l’ensemble étant agrémenté de vers moralisateurs.
Dans cette œuvre, la Mort entraîne dans une sarabande
infernale toute la population, de l’empereur et du pape
jusqu’au plus humble paysan, y compris l’artiste lui-même et
2
35
sa famille ! Ce triomphe de la mort se conclut par la gravure
sur cuivre que nous présentons (ill.2) : un homme de belle
allure nous sourit, la barbe soigneusement taillée, les cheveux
et l’impressionnante moustache frisés, la collerette bordée de
dentelles, le chapeau orné de deux rangs de perles et d’un
extravagant plumet. Lui aussi pense échapper à son destin
comme l’indiquent les versets du Nouveau Testament placés
sous l’image ; hélas, la rotation de celle-ci confirme que lui
non plus ne saurait éviter le sort commun. Cette surprenante
invention est en fait reprise d’un curieux recueil de proverbes
illustrés dû à Jacques Lagniet et publié un siècle auparavant.
L’homme « remply de vanité » y déclare « Je suis bien fort,
je suis bien beau, / Et demain je serai au tombeau. » Il est
accompagné de sa femme, elle aussi dépeinte selon le même
principe, et tous deux nous lancent un memento mori 1 : « Nous
avons été comme vous ; / Et vous serez comme nous. »
Mal de crâne
On conçoit que cette vision du crâne soit si pénible
que les artistes aient cherché à la cacher ; mais dans cette
dissimulation même, il y a un sens moral : de la même façon
que l’homme peine à prendre conscience de sa condition
mortelle, le spectateur doit cheminer dans l’œuvre d’art et
y déceler l’image refoulée. Le plus célèbre crâne dissimulé
en peinture est certainement celui réalisé par Holbein en
1533, dans son portrait de deux ambassadeurs français à
Londres (ill.3). Représenté en anamorphose, il ne révèle sa
signification que lorsque le spectateur est quasiment sous le
tableau à gauche (une nouvelle gymnastique avec votre LyonMariste s’impose ! Vous pouvez examiner l’œuvre en vision
rasante de gauche ou mieux, utiliser le dos d’une cuillère
1
« Souviens-toi que tu mourras. »
36
Hans Holbein le Jeune,
Les Ambassadeurs,
1533
3
4
métallique où le reflet corrigera la déformation du crâne. Si
vous n’avez pas votre argenterie sur vous, vous vous reporterez
à l’illustration 4. Les emblèmes du pouvoir qui occupaient à
première vue l’essentiel de l’œuvre disparaissent alors et celleci se révèle comme une vanité, au sens que tous les honneurs
sont vains puisque balayés par la mort. Il reste toutefois un
minuscule espoir, un crucifix à peine visible derrière le rideau
du fond, en haut à gauche du tableau. Le supplice du Christ
sur le mont Golgotha, dont le nom signifie « lieu du crâne »,
garantit paradoxalement la défaite finale de la mort.
De tels messages moralisateurs n’étonnent pas à des
périodes telles que le Moyen Age et la Renaissance où la mort
était omniprésente, l’espérance de vie réduite, du fait des
guerres, des épidémies... On sera peut-être surpris d’apprendre
que l’image du crâne perdure à l’époque contemporaine.
37
Andy Warhol,
Crânes,
acrylique et
sérigraphie sur toile,
1976
5
En 1976, Andy Warhol représente même six fois
l’emblème mortifère (ill.5). On reprochait souvent au fondateur
du Pop Art sa superficialité et son goût pour l’argent et la vie
mondaine. Ses innombrables sérigraphies 2 de people faisaient
de lui presque un chef d’entreprise, tant le procédé utilisé,
le rythme de production et l’établissement du prix demandé
en fonction de la surface du tableau semblaient industriels.
D’ailleurs, le richissime artiste avait baptisé son atelier du
nom de Factory (« usine »). Et pourtant le familier des vedettes
et autres grands de ce monde fut lui aussi effleuré par l’aile de
la Faucheuse en 1968 quand une féministe dérangée lui tira
dessus et manqua de le tuer. Warhol se mit alors à réaliser des
sérigraphies à partir de photographies d’accidents ou de la
chaise électrique parues dans la presse. A une journaliste qui
La sérigraphie (en latin et en grec, écrire sur la soie) est un procédé d’impression
utilisant un pochoir, à l’origine en soie, aujourd’hui en nylon.
2
38
6
Salvador Dali
et Philippe Halsman,
In Voluptate Mors, 1951
7
Détail de l’affiche du film
de Jonathan Demme,
Le Silence des Agneaux, 1991
lui demandait s’il se considérait d’abord comme un peintre,
Warhol répondait, provocateur : « Oui. Certainement. Parce
que... j’ai un bureau et c’est la seule chose qui puisse payer les
factures... J’espère tout le temps que quelqu’un me demande
de faire trente ou quarante peintures de lui. » En peignant six
fois un crâne, Warhol exécute finalement le portrait ultime,
celui de tout le monde et de personne à la fois. Il est toutefois
douteux que, dans le cas présent, le portraituré lui ait donné
de quoi payer ses factures, ou alors le temps de pose a été
très très long... Plus sérieusement, dans la sextuple vanité ici
étudiée, malgré son caractère macabre, tout espoir ne semble
pas exclu. En effet, les couleurs souvent vives rajoutées à
l’acrylique détonnent avec le caractère macabre du symbole.
De plus, une image supplémentaire est là aussi dissimulée.
La voyez-vous ? Mais oui, l’ombre du crâne dessine le profil
d’une tête de nouveau-né : même derrière l’affirmation la
plus crue de la présence inéluctable de la mort se profile le
surgissement de la vie.
39
8
Salvador Dali,
Marché d’esclaves avec apparition
du buste invisible de Voltaire, 1940
La figure du crâne (si l’on peut dire) s’impose aussi
dans la photographie de Salvador Dali et Philippe Halsman
intitulée In Voluptate Mors, où sept femmes nues composent
une tête de mort sous le sombre regard de l’artiste (ill.6) : la
volupté et la mort, Eros et Thanatos, se trouvent ici une fois
de plus indissolublement mêlés. Cette étrange vanité sera
elle-même mise en abyme dans l’affiche du film Le Silence
des Agneaux (ill.7). Jodie Foster y campe un agent du F.B.I.
confronté à deux tueurs en série : l’un est un cannibale, l’autre
place dans la bouche de ses victimes un cocon de papillon, un
sphinx tête-de-mort tel que celui de l’affiche - tête de mort qui
n’est autre que l’oeuvre de Dali !
« La différence entre les surréalistes et moi, c’est que
moi, je suis surréaliste. » Dali multipliera les déclarations
à l’emporte-pièce de ce type et fera de sa vie même un
chef-d’œuvre surréaliste, assisté en cela par son épouse
Gala. Celle-ci apparaît au premier plan d’une huile sur
toile du peintre catalan réalisée en 1940 (ill.8). Accoudée
40
10
Dupuis,
Vue du château St-Formido et Udine,
eau-forte, 1797
sur une table, elle considère, songeuse, un marché d’esclaves
qui se tient sous des arcades en ruine. Une observation
attentive de l’œuvre suscite l’Apparition du buste de Voltaire
(ainsi que l’annonce son titre), d’après une sculpture de
Houdon, éclairée par le sourire ironique du vieux philosophe
(ill.9). On pourrait voir là un hommage au combat mené par
Voltaire contre l’esclavage et les injustices. En fait, selon
Dali, « Voltaire possédait un genre particulier de pensée qui
était le plus raffiné, le plus rationnel, le plus stérile et erroné,
non seulement en France mais dans le monde entier. » Dali
estimait que le rationalisme des Lumières asservissait l’esprit
à la vie matérielle et dépouillait l’univers de ses mystères. Dali
expliqua encore : « Par son amour patient, Gala me protège
du monde ironique et grouillant des esclaves. Gala dans ma
vie détruit l’image de Voltaire et tout vestige de scepticisme
possible. »
41
11
Anonyme,
Das fürchterliche Raubnest,
eau-forte, 1815
9
Jean-Antoine Houdon,
Portrait de Voltaire,
marbre, 1778
42
Sic transit gloria mundi
C’était la mise en garde naguère adressée au souverain
pontife lors de son couronnement en faisant brûler par trois
fois devant lui une mèche d’étoupe sur une canne à pommeau
d’argent. Le portrait par Holbein des deux ambassadeurs nous
rappelle que toute dignité, religieuse comme politique, n’est
que transitoire. La comparaison de deux estampes montrant de
façon subliminale le visage de Bonaparte le prouve bien. Dans
la gravure bilingue signée « Dupuis officier » et parue en 1797
(ill.10), on célèbre le « général Buonaparte », qui a permis la
conclusion d’un traité de paix, en incorporant son visage dans
la représentation du site où fut signé ce traité : l’oreille est
marquée par un belvédère, le nez par un château... Il faudra
cette fois tourner votre Lyon-Mariste à 90° ! Peut-être y a-t-il
un souvenir de l’architecte Dinocrate qui voulut sculpter dans
le mont Athos une effigie gigantesque d’Alexandre le Grand
tenant une ville dans sa main, idée concrétisée sur le mont
Rushmore où sont sculptés les visages de quatre présidents
des Etats-Unis.
Cette image trouve son pendant négatif dans une
gravure attribuée à Johann Michael Voltz (ill.11), éditée à
Nuremberg en 1815, et dont le titre peut se traduire ainsi :
« L’effroyable repaire de brigands ou les ruines du château
impérial du monarque universel. » Une inscription ironique en
français sur le côté gauche invite à pivoter là aussi l’estampe
afin de reconnaître le profil impérial dans un château en ruine
qui sert de refuge à des voleurs : Waterloo est passé par là, et
le riant paysage s’est transformé en une « morne plaine » où
l’on distingue au loin la fumée des combats.
43
12
13
Anonyme,
lithographie,
XIXe
Andrea Mantegna, détail
Martyre de saint Sébastien,
vers 1470
On connaît la fin de l’histoire. Napoléon, exilé à
Sainte-Hélène, y décède en 1821. Cette lithographie (ill.12)
représente sa tombe sur l’île, avant que ses cendres ne soient
transférées aux Invalides en 1840. Mais regardez bien et vous
verrez que le fantôme de l’empereur y plane encore (solution à
la fin de l’article !)... Il est vrai que les temps avaient changé,
et qu’il ne faisait pas bon afficher trop ouvertement sa nostalgie
de l’Empire.
La tête dans les nuages
Terminons par une note plus légère, pour ne pas dire
aérienne, en revenant à la Renaissance par laquelle nous avions
commencé. Qui ne s’est déjà amusé à reconnaître des formes
connues dans des nuages ? Ce devait être aussi une distraction
de prédilection pour le peintre italien Andrea Mantegna (14311506), qui n’était pourtant pas connu pour son tempérament
badin. Le cavalier (ill.13) qui apparaît dans un nuage audessus de saint Sébastien, dans une œuvre aujourd’hui à
Vienne (Autriche), pourrait être un cavalier de l’Apocalypse
amenant la peste, contre laquelle le saint passait pour souverain
(car la peste semblait frapper au hasard, telle une pluie de
44
flèches, comme celle à laquelle survécut Sébastien). Dans
Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu du Louvre, un
visage se dessine dans un nuage (ill.14) : est-ce une allusion
à un dieu du vent ou à la métamorphose de Daphné qui se
déroule sur Terre, ou est-ce simplement un jeu visuel ? Dans
les fresques réalisées pour la Chambre des époux au palais
ducal de Mantoue, Mantegna dissimulera son autoportrait
parmi un décor de grotesques (ill.15), ainsi que le profil joufflu
d’un angelot supplémentaire dans l’oculus en trompe-l’œil du
plafond (ill.16). Ce putto n’est pas forcément facile à trouver
d’autant que j’ai poussé la perversité jusqu’à peut-être ne
pas mettre la reproduction dans le bon sens, mais vous êtes
maintenant aguerri à la manipulation de votre Lyon-Mariste...
Jean-Luc GAUCHON
Pour ceux qui n’auraient pas trouvé : dans l’illustration 12, la
silhouette de Napoléon debout avec son chapeau est dessinée par les deux
arbres au centre ; dans l’illustration 16, le putto surnuméraire est visible
au-dessus du pot, en tournant l’image d’un demi-tour vers la gauche.
14
Mantegna,
Minerve chassant les Vices
du jardin de la Vertu,
1499 - 1502
45
15
Mantegna,
Chambre des époux (détails),
1465 - 1474
16
HOMÉLIE
CINé CLUB PROGRAMME
2012-2013
TRAVAUX d’ÉLèVES
voyages
classes supérieures
.
collè
ge
messe de rentrée
des professeurs
« Aujourd’hui ». Aujourd’hui, c’est le premier mot et
le mot clef de la première homélie de Jésus dans la synagogue
de son enfance 1. La communauté s’était installée pour un
sabbat tout ordinaire et le texte d’Isaïe que Jésus lecteur avait
proclamé était depuis longtemps dans les mémoires. Mais
le commentaire de Jésus éveille tout de suite l’attention de
l’assemblée : « Aujourd’hui, cette écriture s’accomplit »
Lorsque Jésus parle, c’est Dieu qui enseigne. Nous
ne sommes pas condamnés à chercher sans fin des réponses
à nos questions sans jamais les trouver. Nous ne sommes
pas condamnés à chercher la vérité sans jamais l’approcher.
Avec Jésus, ce ne sont pas seulement des paroles, ce n’est
pas seulement l’annonce du salut pour notre monde, c’est la
réalisation du salut qui s’accomplit. « Tous dans la synagogue
avaient les yeux fixés sur lui, tous lui rendaient témoignage » et
donc le regardaient déjà avec sympathie. «…et ils s’étonnaient
du message de grâce qui sortait de sa bouche ».
Mais ils en resteront ce jour-là au stade de
l’étonnement. Puis, très vite, la colère grondera en eux, quand
Jésus parlera d’offrir son message et ses miracles également
aux païens, comme au temps d’Elie et d’Elisée. Oui, Jésus leur
dit tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Et ce qu’ils pensent,
c’est que ce qu’il a fait à Capharnaüm, les miracles, il pourrait
bien les refaire ici, dans son village natal. Les prodiges, les
1
Luc 4, 16-30
HO49
me
lie
guérisons, ils pensent y avoir droit eux aussi, certains sont
des compagnons d’enfance de Jésus, et puis cela rendrait
célèbre leur petit village.
Mais Jésus refuse, il n’est pas venu pour répondre à
ceux qui cherchent leur avantage particulier, leur petit intérêt.
Jésus est venu pour témoigner et transmettre gratuitement
l’amour du Père à ceux qui ouvrent leur cœur, fussent-ils
étrangers.
Alors il y a impossibilité de s’entendre. Le proverbe est
vérifié : « Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ».
Et c’est vrai, les esprits s’échauffent, « tous devinrent furieux ».
Après l’enthousiasme, la haine. En un seul épisode,
nous avons ici un résumé de toute la vie de Jésus. Un peu
partout se répètera ce que nous venons d’entendre. Jésus sera
d’abord accueilli dans l’enthousiasme, la joie. Puis, quand il
décevra certaines attentes égoïstes, des doutes vont naître, des
disputes, de la haine même. « Il est venu chez les siens et les
siens ne l’ont pas reçu ».
Et comme Jésus est poussé hors des murs de Nazareth
pour être précipité en bas, dans trois ans Jésus sera poussé
hors des murs de Jérusalem pour être crucifié.
Mais la dernière phrase de l’évangile est pleine de
puissance, de paix et de tranquillité. « Mais lui, passant au
milieu d’eux, allait son chemin ». Cet évangile est un résumé
de ce qui attend Jésus. Comme il échappe aujourd’hui à ceux
qui voulaient le précipiter de la colline jusqu’en bas de la ville,
il échappera aussi à la mort éternelle par sa résurrection.
En ce début d’année scolaire, entendre cet évangile
nous renvoie à notre propre réponse. « Aujourd’hui s’accomplit
ce passage de l’Ecriture ». En Jésus, Dieu intervient dans
notre monde, dans notre vie. On peut l’accepter ou le refuser.
En Jésus une lumière nous est donnée. Une lumière peut-
50
être parfois trop vive, ou trop douce, ou les deux à la fois. Et
Dieu nous laisse libres, ne s’impose pas. La grandeur de notre
vie, c’est notre liberté pour répondre à l’appel de Dieu. Quel
mystère, quelle responsabilité aussi que cette confiance, cet
amour que Dieu accepte de mettre en nous !
En ce début d’année scolaire, nous pouvons rendre
grâce pour cette liberté que Dieu nous laisse pour lui répondre.
Liberté qui est la marque de tout amour vrai.
En ce début d’année scolaire, nous pouvons confier à
Dieu ce que sera notre propre réponse tout au long des mois
à venir.
En ce début d’année scolaire, nous pouvons confier
à Dieu tous les personnels et élèves que nous côtoierons jour
après jour.
Nous savons bien qu’éduquer est un appel à la liberté
et que beaucoup de choses nous échappent, ne dépendent pas
de nous. Confier nos élèves à Dieu, prier pour nos élèves, ce
n’est pas une facilité ou une démission de notre part quand
il n’y aurait plus rien d’autre à faire. Au contraire, prier pour
nos élèves, c’est bien la première chose à faire parce que c’est
reconnaître en eux le mystère et la grandeur de toute personne,
quel que soit son âge, créée à l’image de Dieu.
Nous fêtons aujourd’hui saint Grégoire le Grand qui
était grand par ses connaissances, son érudition mais plus
encore pas sa confiance en la prière.
Thomas, ancien élève des maristes tout juste de retour
d’Amérique centrale, au Salvador, au service des enfants des
rues depuis une année, décrit dans ses courriers un contexte de
« violence, de crime, de drogue, de relations faciles, d’argent
facile et de bandes mafieuses violentes ». Il présente un jeune
de dix sept ans, Alberto, « qui est passé à deux doigts de ce
qui marque à jamais une vie. Il a frôlé de nombreuses fois
51
l’exclusion scolaire pour se retrouver sans rien, mais il a aussi
frôlé le crime et failli être père à dix-sept ans. Afin de pouvoir
étudier dans un établissement de qualité, il bénéficiait d’une
bourse qui lui a été supprimée pour son manque de sérieux
et de travail. La confiance lui a été offerte de nombreuses
fois et plusieurs fois elle a été trahie. Serait-ce ce que l’on
appelle une situation désespérée ? » Alberto est capable du
pire comme du meilleur. Que deviendra-t-il ?
Thomas écrit, pour lui éviter de faire des bêtises :
« Je voudrais toujours être à ses côtés mais cela ne serait pas
juste, cela ne le respecterait pas ». Alors il prie et demande que
l’on prie pour lui, ce qui est la marque du véritable amour.
Et il ajoute : « La Grâce, voilà pour moi la réponse,
voilà ce qui peut vraiment rejoindre l’homme au plus profond
de lui-même mais cela ne m’appartient pas. Alors, plein de
confiance, je confie Alberto à votre intercession pour que, par
Marie pleine de grâces, il parvienne à s’épanouir ».
Il est très beau que cet ancien élève mariste évoque
l’intercession maternelle de Marie dans cette situation difficile
à vivre.
Marie, discrète mais bien présente dans les situations
compliquées de notre vie, Marie bien présente dans notre
école et qui attend que nous lui confions aussi chacun de nos
élèves avec confiance.
Et Thomas choisit de terminer son courrier avec une
citation d’un prêtre de l’association « Point Cœur », citation
qui pourrait accompagner notre travail quotidien cette année :
« Jésus ne nous demande pas l’efficacité, il nous demande de
croire que rien n’est impossible à Dieu, et que parfois il veut
se servir de nous pour réaliser cet impossible. »
Amen.
Père Bertrand CHATAIN
Programme
2012 / 2013
Fort Apache
mardi 2 octobre
John Ford
USA 1948 / 2h05 / v.o.
avec John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple
Orgueilleux, ambitieux et autoritaire, le colonel
Thursday vit comme une humiliation sa nomination à la tête de
Fort Apache. Avide de se distinguer à la tête de son régiment,
il cherche un prétexte pour entrer en guerre. Malgré les mises
en garde de ses subordonnés, sa démesure provoquera un
désastre. Bâti comme une tragédie, Fort Apache est également
un film épique. Car, pour John Ford, la communauté est le
véritable sujet de l’histoire. La faute commise par l’orgueil
d’un seul est rachetée par le sang des justes : leur mémoire
assurera la pérennité de la communauté, au prix d’un
travestissement du passé.
présenté par
F. CROUSLé
53
CIneclub
Une exécution ordinaire
mardi 11 décembre
Marc Dugain
France 2010 / 1h45
avec André Dussollier, Marina Hands, Edouard Baer,
Denis Podalydès, Tom Novembre
Automne 1952, à Moscou, Ekaterina, jeune médecin
urologue et magnétiseur, est contactée par Staline, malade, qui
vient de se débarrasser de son médecin personnel (contexte
du procès des Blouses blanches). Le dictateur va s’insinuer
dans le couple que forment Ekaterina et son mari Vassili.
Il va établir avec cette jeune femme une relation complexe
mêlant confidences et manipulations. Staline, à la fois amical
et pervers, montre tout son art dans un régime totalitaire
(espionnage, mensonges, trahison, répression) jusqu’à son
dernier souffle, le 5 mars 1953.
présenté par
P. PONTVIANNE
54
Le Septième sceau
mardi 22 janvier
Ingmar Bergman
Suède 1957 / 1h30 / v.o.
avec Max von Sydow, Gunnar Bjömstrand,
Bengt Ekerot, Bibi Andersson, Inga Gill
Au retour d’une expédition en Terre Sainte, un
chevalier et son écuyer tiennent des propos désabusés sur
l’existence de Dieu et du Diable, sur la futilité de toute chose.
Soudain, ils reconnaissent la Mort incarnée par un étrange
moine. Ils lient connaissance avec lui. Le chevalier ruse avec
son interlocuteur et lui propose une partie d’échecs... « Mon
but, précise Bergman, a été de peindre comme les peintres du
Moyen Age avec le même engagement objectif, avec la même
sensibilité et la même joie. Mes personnages rient, pleurent,
hurlent, ont peur, répondent, jouent, souffrent, questionnent.
Leur terreur est la peste, le Jour suprême, l’étoile dont le nom
est Absinthe. Notre effroi est d’un autre genre, mais les mots
demeurent les mêmes. Notre position subsiste. […] L’homme
et sa recherche éternelle de Dieu avec la mort comme seule
certitude. »
présenté par les étudiants de khâgne
55
Respiro
mardi 12 mars
Emanuele Crialese
Italie 2003 / 1h35 / v.o
avec Valeria Golino, Vincenzo Amato, Francesco
Casisa, Veronica D’Agostino, Muzzi Loffredo
Tourné sur l’île de Lampedusa, Respiro présente dans
la veine néoréaliste italienne, la vie de Grazia, jeune mère
de famille atypique, qui peine à trouver sa place dans une
communauté villageoise étouffante. A partir d’un univers de
sensations brutes, bien méditerranéennes, il nous propose une
histoire à dimension mythique. A travers ce film et quelques
autres, dont Terra Ferma (2012), Emanuele Crialese s’est
imposé comme l’un des cinéastes majeurs du renouveau
cinématographique italien.
présenté par
M. GAUCHERAND
56
Drôle de drame
mardi 9 avril
Marcel Carné
France 1937 / 1h45
Adaptation et dialogue : Jacques Prévert
Décors : Alexandre Trauner ; musique : Maurice Jaubert
avec Louis Jouvet, Michel Simon, Françoise Rosay,
Jean-Pierre Aumont et Jean-Louis Barrault
Londres, 1900. Archibald Soper (Louis Jouvet),
évêque de Bedford, vient donner une conférence pour dénoncer
l’auteur anonyme de romans policiers licencieux, sans savoir
que cet auteur n’est autre que son beau-frère, Irwin Molyneux
(Michel Simon), chez qui il réside... Ce cocktail d’humour
à l’anglaise, de vaudeville à la française et de burlesque à
l’américaine, est le fruit de la collaboration entre le réalisateur
Marcel Carné, alors âgé de 31 ans, et le poète Jacques Prévert.
Porté par des acteurs de légende, Drôle de drame tourne en
dérision les conventions sociales et suscita l’incompréhension
du public… « Vous avez dit bizarre ? »
présenté par
X. DUFOUR
57
Fort Apache
Fort Apache (vo)
John Ford
USA 1948
Scénario de Frank Nugent
d’après la nouvelle « Massacre »
de James Warner Bellah
Photographie de Archie Stout
Musique de Richard Hageman
avec Henry Fonda (colonel Thursday),
John Wayne (captain York),
Shirley Temple (Philadelphia Thursday)
Fort Apache (Le Massacre de Fort Apache en version
française) est le premier volet de la « trilogie de la cavalerie »
tournée par John Ford à la fin des années 1940 et au début
des années 1950. Dans ces trois films, Ford confirme sa
réputation de cinéaste épique en rendant un hommage appuyé
à la cavalerie américaine de l’époque des guerres indiennes.
Pourtant, loin d’être une épopée classique, Fort Apache est
bâti autour d’une trame tragique où se raconte une défaite
cuisante et inexcusable ; plus étonnant encore, John Ford se
propose de démystifier la légende de la Conquête de l’Ouest :
il rend hommage aux Indiens, pour la première fois dans
l’histoire du western, dénonce le racisme yankee ainsi que la
corruption des agents gouvernementaux et montre une armée
américaine composée principalement de minorités ethniques.
Comment John Ford parvient-il à concilier cette entreprise
de démythologisation avec une esthétique et une sensibilité
épiques ?
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I.L’entrelacement des genres
et des registres
Le mélange des genres est un héritage du théâtre de
Shakespeare, source d’inspiration majeure de Ford. Comment
le réalisateur parvient-il à maintenir une unité de style dans
l’ensemble de son film ?
L’intrigue principale est de tonalité tragique : le
colonel Thursday (Henry Fonda), aveuglé par son orgueil,
conduit son régiment à un désastre annoncé tandis que son
second, le capitaine York (John Wayne), tente en vain de lui
faire entendre la voix de la raison et de la justice. L’intrigue
secondaire relève de la comédie sentimentale : Philadelphia,
fille du colonel (Shirley Temple), s’éprend d’un jeune
lieutenant de condition sociale inférieure qu’elle finira par
épouser. L’unité des deux intrigues tient dans la figure du
colonel Thursday dont l’orgueil est à la fois l’obstacle à l’union
des deux amants et la cause du désastre militaire.
La dimension épique du film s’affirme dans la figure du
capitaine York, incarné par John Wayne. L’opposition de York
et Thursday est celle du héros épique et du héros tragique : le
héros épique incarne les valeurs de la communauté, le héros
tragique se singularise par une hubris qui le mène à sa perte
et à la perte de sa communauté. Les deux batailles du film
sont traitées l’une de façon épique, l’autre de façon tragique.
Dans la première bataille, Ford montre le capitaine York
mener la charge et ignore le colonel Thursday. En revanche,
dans la seconde, plusieurs plans montrent un Thursday isolé,
dont l’infortune évoque irrésistiblement Richard III criant :
« A horse ! My kingdom for a horse ».
59
Les moments de comique burlesque ne constituent
pas de simples intermèdes brisant l’unité de l’œuvre : ils sont
liés à la description de la communauté de Fort Apache qui,
plus que Thursday ou York, est le personnage principal du
film. Le comique fordien a ses racines dans Shakespeare :
on reconnaît dans le sergent Mulcahy (Victor McLageln)
une figure truculente inspirée de Falstaff. Le comique tient
généralement au fait que les personnages surjouent leurs
personnages. Les sergents irlandais font rire en ce qu’ils se font
caricatures de sergents irlandais : le sergent Mulcahy donne
une fessée rituelle à son filleul, favorise de manière éhontée
la recrue irlandaise et vide d’un trait le saladier de punch ; le
sergent sudiste fait rire quand il calque son comportement sur
ses homologues irlandais, en privilégiant le cavalier d’origine
sudiste et en multipliant les gestes cérémonieux à son égard ;
le médecin militaire fait rire quand lui aussi fait mine de
courtiser la dive bouteille en entourant ses gestes d’un rituel
empreint d’une solennité décalée. C’est que la fonction du
comique de Ford est d’affirmer des particularités identitaires
dans lesquelles les personnages aiment à se reconnaître. Le
comique fordien est dévoilement de la jouissance qu’il y a à
tenir son rôle dans une communauté organique.
L’emploi fordien des divers genres dépend d’une
perception précise des rapports entre communauté et individu.
Quand l’individu est fondu dans ses liens d’appartenance
communautaire, nous sommes dans le registre comique burlesque : cf. le sergent Mulcahy, buvant le saladier de
punch au bal des sous-officiers. Quand l’individu s’écarte de
son rôle social pour fonder un nouveau lien communautaire
mais sans sérieusement menacer la communauté elle-même,
nous sommes dans la comédie sentimentale : cf. Philadelphia
inventant le rétroviseur pour regarder le beau lieutenant.
Quand l’individu se distingue et s’élève au sommet de sa
communauté pour la servir, nous sommes dans l’épopée :
60
cf. le capitaine York partant en mission à la rencontre de
Cochise. Quand l’individu se détache orgueilleusement de la
communauté pour la soumettre à ses ambitions personnelles,
nous sommes dans la tragédie : cf. Thursday seul à la tête de
ses troupes avant la bataille finale.
En somme, l’unité de l’œuvre tient à ce que John
Ford étudie méthodiquement les rapports de l’individu à la
communauté en usant des ressources offertes par chacun
des genres ou registres employés. Cela dit, s’il privilégie le
registre épique, c’est bien parce que l’épopée sied à sa vision
organiciste des rapports entre individu et communauté.
II. communauté et individu,
mythe et histoire
Il est bon de se rappeler en voyant Fort Apache que
John Ford, Américain d’origine catholique irlandaise, est un
patriote respectueux des minorités ethniques et religieuses.
Fort Apache est ainsi présenté comme le microcosme résumant
le meilleur des vertus de la grande communauté qu’est la mère
patrie.
L’épilogue du film exprime clairement ce qu’est
l’organicisme fordien, d’inspiration catholique : York, dans
une longue tirade, affirme l’immortalité de la communauté
par delà la disparition des individus qui la composent. La
communauté, famille ou patrie, constitue un tout organique
supérieur à la somme des membres qui la composent. Elle est
analogue à « un corps » dont les « membres » vivent par lui
et pour lui. Or, lorsque York récite cette tirade, on voit défiler
en surimpression la file des cavaliers partant au combat :
ceux-ci semblent traverser le corps de leur nouveau colonel.
On pourrait voir là un symbole de l’unité organique de la
communauté, unité dont le symbole est le corps de son chef.
61
Indivisible mais hétérogène, la communauté organique
n’abolit cependant pas les particularités identitaires. Ainsi, alors
que le colonel Thursday représente l’idéologie Wasp, arrogante
et raciste, la communauté irlandaise est surreprésentée par
les O’Rourke et trois des quatre sergents du Fort. Les noms
des sergents, la séquence comique du recrutement du caporal
et le choix des musiques soulignent cette omniprésence
irlandaise : par exemple le chant qui accompagne tous les
départs des cavaliers, « The Girl I left behind me », est une
ballade irlandaise ; au bal des sous-officiers, l’orchestre joue
la Marche de la Saint-Patrick, à la grande surprise du colonel
Thursday. Parallèlement, le film rend hommage aux Sudistes
à travers la figure du sergent Beaufort, au nom louisianais et
aux traits hispaniques. En somme, la communauté organique
constituée par Fort Apache n’est pas composée d’individus
indifférenciés mais de personnes attachées à leurs racines
communautaires.
Cette insistance est révélatrice de la volonté de Ford,
lui-même fils d’immigré irlandais et marié à une protestante
sudiste, de constituer un récit épique où puissent se reconnaître
toutes les composantes de la nation américaine. C’est dans le
cadre de cette problématique que le cinéaste, pour la première
fois dans l’histoire du western, dépeint favorablement les
Indiens. Eux aussi n’ont-ils pas une place dans la Grande
Nation américaine ?
Destiné à chanter la grandeur des patriotes de l’âge
des héros, Fort Apache, démystifie néanmoins la mémoire
commune américaine. Inspiré de la célèbre défaite de
Little Big Horn, en 1876, le film dénonce audacieusement
la sottise et le racisme du général Custer qui a inspiré le
personnage du colonel Thursday. Mais cette démystification
s’accompagne de la création d’une nouvelle mythologie :
Ford surestime la proportion des Irlandais dans l’effectif de
62
l’armée et atténue jusqu’à l’invraisemblance l’hostilité entre
Nordistes et Sudistes. De même, en laissant croire que toute
la communauté partagerait le respect du capitaine York pour
les Indiens que Thursday serait seul à mépriser, il inverse le
rapport historique entre règle et exception dans les sentiments
des Blancs pour les Peaux-Rouges.
Bref, Ford ne dévoile les falsifications du passé que
pour leur substituer une mythologie de son cru. C’est une des
ambiguïtés de la conclusion du film où John Wayne reconnaît
que la mémoire collective repose toujours sur la falsification
du passé. A travers son porte-parole, John Ford laisse donc
entendre qu’il a conscience d’embellir le passé pour souder la
communauté dans le culte de ses pères fondateurs.
III. Le langage cinématographique
de l’épopée : de l’icône à la Nuée
Poète épique, John Ford use d’un langage cinématographique dont la majesté doit susciter de nobles sentiments en donnant à contempler des hommes ordinaires élevés
au-dessus de leur condition par la geste héroïque à laquelle ils
prennent part. Comment Ford, malgré les moyens techniques
limités d’un film à moyen budget, parvient-il à développer une
esthétique de la grandeur ? On pourrait certes déplorer deux
choses qui semblent limiter le langage épique du cinéaste :
l’usage du noir et blanc et le format carré de l’image. Mais
Ford a su fort bien en exploiter les ressources.
Ainsi, le format carré est utilisé avec habileté dans
la composition des plans à Monument Valley. Les inselberg
de la fameuse vallée inscrivent naturellement leur silhouette
dans l’image. A l’avant-plan, un cavalier sur un cheval prend
place naturellement dans le cadre qu’il suffit à occuper
63
entièrement. C’est le cas dans les deux premiers plans qui
ouvrent le générique : le clairon à cheval, vu en contreplongée et ombre chinoise, puis le même clairon à cheval au
pied d’un inselberg. Or ce clairon qui appelle et rassemble
la communauté est l’équivalent symbolique de l’aède. Nous
entrons d’emblée dans une épopée, c’est-à-dire une histoire
destinée à créer et entretenir la communion d’une société
réunie pour commémorer les exploits de ses glorieux ancêtres.
Quant à l’inselberg, il symbolise la présence d’une Nature
impassible dont la grandeur contraste avec l’individu et
suscite l’admiration ; il évoque aussi la forme d’un monument,
c’est-à-dire d’un édifice commémoratif destiné à immortaliser
les individus qui ont su se sacrifier pour une réalité qui les
transcende. On retrouve une symbolique du même ordre dans le
premier plan du film proprement dit : décrivant un mouvement
panoramique, la caméra suit d’abord la diligence, puis la perd
de vue pour montrer le sommet de l’inselberg avant de revenir
sur la diligence qui suit son chemin. A nouveau, le devenir
des êtres humains est confronté à l’immensité et l’immobilité
impassible des œuvres de la Nature. On comprend qu’il y a
plus grand que l’homme de telle sorte que l’homme doit se
dépasser lui-même pour devenir digne du monde où il prend
place.
Si, par ailleurs, le noir et blanc convient si bien à la
tonalité tragique de Fort Apache, c’est dans la mesure où John
Ford a fait un remarquable travail de composition picturale à
partir de la poussière. La poussière paraît blanche à l’écran,
alors que la couleur dominante de Monument Valley est un
rouge minéral exceptionnellement vif. On retrouve à plusieurs
moments clés du film le thème de cette poussière devenue
blanche comme la cendre par la magie du noir et blanc. Tout
d’abord, à la fin de la première bataille, les deux pelotons
partis au secours du chariot encerclent la troupe d’Apaches
64
rebelles et l’enferment dans un nuage de poussière d’où ressort
enfin le chariot sain et sauf. L’effet est saisissant et l’ellipse
audacieuse puisque le film de la bataille prend fin au moment
où commence véritablement le corps à corps. Du même coup,
la poussière s’abat sur les protagonistes à la manière d’un
voile qui occulte les horreurs de la guerre ou comme une nuée
qui enveloppe tous les hommes sous le jugement d’une force
transcendante.
Plus tard, dans la bataille finale, la poussière apparaît
une première fois quand Cochise accomplit un geste rituel
signifiant que le sort est jeté : la bataille qu’il n’a pas voulue
aura lieu pour le malheur de ses ennemis. La poussière évoque
ici la citation biblique : « Tu es poussière et tu retourneras à
la poussière ». Elle symbolise la mort devenue inévitable en
expiation du péché commis par le fauteur de trouble.
A nouveau la poussière occulte le massacre du dernier
carré des Tuniques bleues : ici encore, la poussière jette un
voile pudique sur les horreurs de la guerre. Du même coup,
elle magnifie l’héroïsme des soldats morts pour la patrie en
le détachant de tout détail anecdotique sordide. Jeter le voile
sur l’horreur invite à méditer sur l’absurdité d’une déroute
insensée et à contempler le sens d’un sacrifice héroïque,
plutôt que de s’attarder complaisamment sur les souffrances
des individus et les détails de leur extermination. Il y a des
choses qu’il vaut mieux voir en esprit et en vérité plutôt
qu’avec les yeux.
Enfin, lorsque la horde d’Apaches s’approche de
l’arrière-garde commandée par York, la poussière masque
et dévoile la figure de Cochise venu rendre à York le fanion
régimentaire. Dans l’extraordinaire plan qui suit, elle
masque le départ des Indiens qui semblent disparaître par
enchantement. On peut trouver plusieurs significations
65
symboliques à cette image d’une beauté stupéfiante : certains
y ont vu une préfiguration de la disparition des Apaches. Peutêtre. Mais surtout on peut y voir l’occasion de présenter les
Apaches comme les anges exterminateurs de la littérature
apocalyptique : ils exécutent les arrêts d’une justice
surnaturelle qui condamne l’hubris des Blancs. En cela, ce
nuage de poussière, comme celui de la première bataille,
n’est pas sans évoquer la Nuée où se cache et se révèle tout
à la fois le Dieu vengeur de l’Exode. N’oublions pas qu’avec
Shakespeare, la Bible est l’autre grande source d’inspiration
de John Ford…
En somme, Fort Apache use d’un langage cinématographique épique pour narrer une histoire de substance tragique.
Cette inflexion épique de la lecture de l’histoire se justifie par
une compréhension organiciste des rapports entre individus et
société. L’homme n’acquiert sa dimension humaine que dans
le don de soi jusqu’à la mort pour le service d’une cause qui
dépasse son individualité : le service de la communauté organique dont il est membre et qui lui survivra. Témoin muet,
la Nature semble contempler l’abnégation des uns et l’hubris
des autres, laissant suivre son cours une histoire où s’exerce
une justice immanente qui reflète, peut-être, la Justice
transcendante.
Frédéric CROUSLÉ
DRAME
chez les tragiques !
Andromaque, Oreste et Phèdre, personnages des
tragédies de Racine, lassés de toujours suivre un
destin funeste, intentent un procès à l’auteur : jeu de
scène imaginé et composé par des élèves de seconde
pour animer, à partir des travaux de l’année, leur
dernière heure de français, juin 2012.
PERSONNAGES : une présentatrice, un journaliste,
Phèdre, Oreste et Andromaque.
La présentatrice – Sans transition, ouverture à Paris du procès
de Monsieur Jean Racine, procès intenté par ses personnages,
Phèdre, Andromaque et Oreste, qui poursuivent le dramaturge
dans l’espoir d’un changement du caractère tragique de leurs
propres destins. Sur place notre envoyé spécial.
Le journaliste, parlant dans un micro en articulant exagérément
et cherchant ses mots – Oui, Manon, je me trouve actuellement
dans la capitale, devant l’Hôtel de Bourgogne où s’ouvre
aujourd’hui le procès de Monsieur Jean Racine, procès qui fait
parler de lui puisque c’est l’aboutissement de près de 340 ans
de poursuites ! On rappelle que Phèdre attaqua le dramaturge
tout juste un an après l’écriture de la pièce éponyme en 1677.
Alors, avant l’ouverture du procès qui se déroulera à huis-clos,
nous allons tenter d’obtenir quelques mots des plaignants…
67
tra
vaux
(Il voit les trois plaignants qui arrivent d’un pas décidé, le port
altier, la démarche sûre et les aborde)
Phèdre, votre altesse, quelques mots je vous prie sur le procès
qui s’ouvre aujourd’hui ; qu’espérez-vous de cette séance et
avez-vous en tête une condamnation précise ?
Phèdre, aux deux autres – N’allons point plus avant, demeurons,
chers amis. Je me soutiens encore ; ma force ressurgit. (Parallèle
avec les premiers vers de Phèdre dans la pièce : « N’allons point
plus avant. Demeurons, chère Œnone. / Je ne me soutiens plus :
ma force m’abandonne »). Au journaliste – Andromaque,
Oreste et moi-même souhaitons une modification durable des
intrigues des tragédies dans lesquelles nous évoluons, nous
sommes las de toujours devoir nous suicider, que ce soit par
le poison ou le poignard, de devoir assassiner, directement ou
indirectement, les êtres qui nous accompagnent sur scène, ou
de sombrer dans la folie dans chaque dernier acte...
Le journaliste ­– Mais ce sont justement ces agissements
qui font des tragédies raciniennes les œuvres fabuleuses
qu’elles sont ! De plus, en tant que reines et princes, vous vous
devez d’être des figures exemplaires dans votre lutte contre
vos destins respectifs ; la seule issue possible étant la mort,
physique ou à soi-même, il est naturel que vous…
Phèdre, le coupant ­– Nous sommes également fatigués de
ces rôles de modèles, et je pense que nous méritons un destin
plus clément que celui que Monsieur Racine nous fait subir
depuis plus de 300 ans… Croyez-vous qu’il est agréable d’être
éternellement « une femme mourante et qui cherche à mourir »
et qui finalement y parvient en s’empoisonnant à la fin de
chaque représentation ?
68
Oreste ­– Oui, croyez-vous, monsieur, qu’il est plaisant d’être
dévoré par un amour inconditionnel pour une princesse ingrate
qui vous force à devenir un meurtrier, puis se suicide sur le
cadavre de votre rival ? (Sur un ton dramatique s’adressant
à la foule :) « Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance./
Appliqué sans relâche au soin de me punir, / Au comble des
douleurs tu m’as fait parvenir ».
Le journaliste, tentant d’apaiser Phèdre et Oreste qui
s’échauffent et s’adressant à Andromaque – Certes, mais pour
vous, majesté, le dénouement de la pièce est plutôt favorable,
n’est-ce pas ?
Andromaque – Eh bien, si vous vous concentrez uniquement
sur le dénouement, il est vrai que Phèdre et Oreste sont plus
à plaindre ! Cependant croyez-vous qu’il est supportable
d’être éternellement hantée par le souvenir du massacre
de votre seul vrai amour et du carnage qui ravagea votre
patrie ?
Le journaliste, gêné et hésitant – Madame, vous avez toujours
votre fils Astyanax, Racine au moins vous le laisse cette fois-ci
(dans la légende « officielle » d’Andromaque, son fils Astyanax
est jeté du haut des remparts de Troie par les Grecs lors de la
prise de la ville, ce que Racine modifie lors de l’écriture de sa
pièce) et vous donne la possibilité de faire votre deuil d’Hector
à ses côtés…
Andromaque, lui coupant la parole – « Dois-je les oublier
s’il ne s’en souvient plus ? / Dois-je oublier Hector privé de
funérailles, / Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? /
Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, / Ensanglantant
l’autel qu’il tenait embrassé ? »
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Phèdre – En outre je suis assez torturée de mon vivant du fait
de cette passion pour Hippolyte qui me dévore. Je suis une
femme déchirée, éperdue d’amour pour mon propre beau-fils
qui en aime une autre. On pourrait tout de même m’offrir une
échappatoire aux souffrances que cet amour suscite : quand
« je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; / Un trouble s’éleva dans
mon âme éperdue ; / Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais
parler ; / Je sentis tout mon corps, et transir et brûler. »
Oreste – « L’amour n’est pas un feu qu’on renferme en une
âme : / Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ; / Et
les feux mal couverts n’en éclatent que mieux. » Confrontés
à un destin auquel nous ne pouvons échapper et torturés par
des passions que nous ne pouvons réfréner, nous sommes
condamnés à souffrir, et c’est pour nous affranchir de ces
destinées funestes qui sont les nôtres que nous nous battons
aujourd’hui contre Jean Racine, notre bourreau commun !
Le journaliste – Mais depuis des siècles déjà ces destins
tragiques vous ont élevés au rang de légendes, vos actions
émeuvent des théâtres entiers et les textes de Jean Racine
ne font qu’exacerber la beauté de vos actes, de vos existences
mêmes…
Oreste – Vous vous complaisez dans le spectacle de notre
chute et vous purgez ainsi de vos propres passions et
sentiments inavouables, mais ce procédé que vous appelez
« catharsis » n’est pour nous qu’une lente agonie, tiraillés
que nous sommes entre notre devoir et les amours qui nous
consument ou les souvenirs qui nous hantent. « [Votre] haine
a pris plaisir à former [notre] misère ; / [Nous étions nés] pour
servir d’exemple à [votre] colère, / Pour être du malheur un
modèle accompli. »
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Andromaque – Déjà tourmentée par le meurtre de mon
époux dont je ne peux accepter le trépas, on me force à choisir
entre l’amour que je porte à Hector, toujours présent dans mon
esprit, et celui que je porte à mon fils unique Astyanax, « Ce
fils, ma seule joie et l’image d’Hector ! / Ce fils, que de sa
flamme il me laissa pour gage ! » Le journaliste – Mais dans ce cas pourquoi vous attaquer à
Jean Racine ? Il n’a fait qu’utiliser des mythes déjà existants
pour écrire ses tragédies, ce n’est pas lui qui a décidé de vos
agissements.
Phèdre – Nous ne sommes ici et maintenant que les créations
de Monsieur Racine. Tous les personnages de tragédies issues
des mythes antiques sont des êtres aux facettes innombrables,
je suis Phèdre, Phaedra la lumineuse. Monsieur Racine a pris
soin de me rendre un peu moins odieuse que je ne le suis dans
les tragédies des Anciens, où je me résous de moi-même à
accuser Hippolyte, mais ici je ne suis que celle de Racine et
non celle de Sénèque ou d’Euripide.
Oreste – Dans les mythes anciens je règne sur Argos aux
côtés d’Hermione qui me donne un fils. Racine cependant
transforme cette paix en me faisant esclave de mon amour pour
Hermione ; pour elle je renie mon devoir et m’abandonne à la
folie. « Quoi ! j’étouffe en mon cœur la raison qui m’éclaire ; /
J’assassine à regret un roi que je révère ; / Je viole en un jour
les droits des souverains, / Ceux des ambassadeurs, et tous
ceux des humains ».
71
Andromaque – Je suis si lasse de ces souffrances ! Nous
ne demandons que le repos et qu’on cesse par nos malheurs
d’émouvoir le spectateur sans jamais panser les plaies de
nos âmes ! Faites venir Arlequin, Sganarelle ou Purgon
si désormais vous souhaitez rire ou pleurer, mais ne nous
demandez plus rien car « j’ai moi-même, en un jour, / Sacrifié
mon sang, ma haine, et mon amour. »
Aude ANDREANI
Margaux BAZAILLE
Anne-Clothilde GARDON
Aymeric THOMAZO
2nde 3 Lyon
Les sixièmes bilangues
de La Solitude à Freiburg, 2012
73
voya
ges
Freiburg
2012
Les classes de 6e sont parties, le lundi 2 avril à 7 h.
du matin, accompagnées par Mmes Ravistre, Perret, Peyneaud,
Paillard-Brunet, MM. Terraillon et Boyat. Le voyage a duré
sept heures, en comptant le temps de la pause-déjeuner. C’est
long ! Heureusement qu’on est entre amis !
Arrivés à Freiburg, nous avons une visite guidée du
centre historique, puis allons au lit de bonne heure en vue
du lendemain. Lever à 7 h ! Car nous avons plusieurs rendezvous. D’abord l’éco-musée de Gutach où nous visitons de
vieilles fermes typiques de la région, dont certaines datent
du 16e siècle ; puis, au sud de la Forêt-Noire, le musée de
l’horlogerie de Furtwangen. Nous suivons l’évolution de
l’horlogerie de cette région et découvrons que les horloges
étaient décorées selon les modes des autres pays, rapportées
par les colporteurs.
Le mercredi est un jour où nous pouvons nous lever
plus tard. Ouf ! Nous parcourons le marché aux victuailles de
la place de l’église et en profitons pour ramener des souvenirs.
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Nous visitons la cathédrale et, pour ceux qui n’ont pas le
vertige, montons jusqu’à la flèche : plus de cent mètres de
haut ! L’après-midi, après avoir suivi un cours d’art religieux
donné par M. Terraillon et dégusté le fameux gâteau de la Forêt
-Noire (miam !), nous partons pour le village de Sankt-Peter et
admirons les dorures et décorations de son église baroque.
Jeudi 5 avril : l’éco-quartier Vauban que Mme Peyneaud
nous avait présenté la veille. La pluie nous contraint d’abréger
la visite, nous rentrons en France un peu plus tôt que prévu.
Une fois à Lyon, nous nous préparons à une dernière journée
d’école avant les vacances de Pâques, pendant lesquelles
nous pourrons terminer nos magnifiques carnets de voyage.
Merci aux professeurs qui nous ont accompagnés,
pour les cours et le programme bien organisé ! Nous avons tous
adoré le voyage et sommes prêts à retourner en Allemagne.
A bientôt Freiburg !
Flore Maroni, 6e 6 lyon
COMENIUS
Une réalisation eurocitoyenne
à La Verpillière
Fin septembre, les élèves de la classe de 1ère ES
et leurs professeurs ont conclu le projet civique « Comenius ».
Sa réalisation s’est étendue sur près de trois ans, du dossier
de candidature jusqu’à la présentation du travail des élèves au
Parlement européen à Bruxelles.
Le programme « Comenius » permet les échanges et la
coopération entre des établissements scolaires en Europe, de la
maternelle au lycée. L’objectif est de favoriser l’épanouissement
personnel et les compétences, notamment linguistiques, tout
en développant les notions de citoyenneté européenne et de
multiculturalisme. Sainte-Marie est accompagné dans ce
projet par un établissement britannique, Twyford Church of
England High School, à Londres, et un établissement allemand,
Städtische Gesamtschule Hardt, à Mönchengladbach.
Après des rencontres de travail en Angleterre et à La
Verpillière, nos élèves se sont retrouvés à Mönchengladbach,
du 21 au 25 septembre. Magnifique accueil de l’équipe
allemande qui programma quelques moments de détente
77
bienvenus (grillade, visite, accrobranche, soirée musicale…)
car l’ultime session de préparation avant Bruxelles ne pouvait
manquer d’être intense ! Trois thèmes étaient proposés :
l’immigration, l’avenir de l’énergie nucléaire et le chômage.
Pour que les élèves composent leurs interventions à la
tribune du Parlement, l’équipe organisatrice, répartie dans
les différents groupes, guide les débats, clarifie les projets,
prépare la simulation d’une session, les discours et les
supports médiatiques. Le travail fut donc dense et, malgré les
difficultés, de grande qualité ; on travailla même le dimanche !
Thibault en témoigne : « Mon rôle de coordinateur était
compliqué. Il a fallu tout organiser dans le groupe, arriver à
faire des concessions, trouver des points communs. Puis tout
transposer en trois langues sans changer le message, ce qui
n’était pas évident ! »
Enfin ce fut Bruxelles, les 26 et 27 septembre ! Nos
apprentis-députés arrivent au Parlement européen en grande
tenue : costumes sombres et cravates pour les garçons ;
jupes, chemisiers blancs ou clairs et vestes assorties, collants
78
sombres et chaussures à talon pour les filles ! M. Bouchacourt
nous accueille avec des mots de réconfort et d’encouragement
pour faire disparaître un trac, bien compréhensible en ces
circonstances, puis nous accompagne jusqu’à la salle des
débats. L’enjeu est de taille, le public, composé des chefs
d’établissement, des députés européens et de leurs assistants,
impressionnant. Chacun prend ses marques. Appel du premier
président de séance à l’estrade, présentation du premier thème,
appel des différents intervenants : nous sommes très vite dans
le vif du sujet !
Mme Wagner raconte : « Chaque partie présente son
projet, parfois soutenu par un affichage en trois langues sur
grand écran, les défenseurs déroulent leurs arguments, puis
les détracteurs, en représentants de lobbies ou de groupes
nationaux ; le coordinateur du groupe propose une rapide
conclusion, avant que le président de séance n’appelle au vote
de l’assemblée. Quelques belles envolées, lorsque l’intervenant
interpelle le public ou hausse le ton pour mieux convaincre
ou montrer son désaccord ; quelques hésitations aussi,
des réactions de l’auditoire qui manifeste son assentiment
ou sa désapprobation avec les arguments proposés, des
applaudissements nourris à l’annonce des motions adoptées… On s’est vraiment pris au jeu ! » Claire confirme cette totale
adhésion : « Quand j’ai parlé devant l’assemblée, la plupart
des visages ne m’étaient pas inconnus, je me suis dit que je
le faisais devant des amis et cela a fait tomber le stress. »
Contente, elle ajoute : « Finalement, la proposition de notre
groupe était bien fondée et elle a été adoptée. J’en suis très
contente. »
79
La performance des élèves, qui devaient manier
une autre langue que la leur, fut très appréciée ; un député
européen allemand, M. Lorenz, ne cachait pas son admiration
pour la virtuosité linguistique de ces jeunes « europhones »
capables d’amorcer une argumentation en anglais, de la
poursuivre en français pour la terminer en allemand ! Les
trois directeurs, répondant aux questions de trois journalistes
en herbe, intervinrent à tour de rôle pour manifester leurs
encouragements et leurs félicitations. Pour conclure, les
professeurs organisateurs remercièrent chacun pour la qualité
de son engagement dans le projet – rien n’était moins sûr, tant
l’objectif était exigeant – et rappelèrent rapidement l’impact
et l’importance de Comenius.
Les élèves exprimèrent aussi leur contentement
devant le travail accompli et cette riche expérience. Tout
d’abord Camille : « Le projet Comenius m’a fait énormément
progresser en langue vivante. Maintenant, j’ai plus confiance
en moi pour m’exprimer en langue étrangère, j’ai compris
l’importance de la discussion et du respect mutuel. » Et
Thibault d’ajouter : « Ce travail m’a permis de m’ouvrir aux
idées proposées par les autres pays, de me familiariser avec
leurs façons de penser. J’ai beaucoup appris… »
Le but des professeurs était atteint. Ce projet, proposé
par M. Schooling, était ambitieux. Le travail coordonné au sein
de l’équipe pédagogique de 1ère ES fut exaltant mais demanda
beaucoup de disponibilités. Rien n’aurait abouti sans le travail
de nos correspondants anglais et allemands et le soutien de la
direction. Que tous soient remerciés !
L’équipe Comenius : Xavier Lafay,
Fabienne Pernelle, Antony Schooling,
Stépahanie Trufffandier, Christine Wagner
MADAGASCAR témoignages
82
Je veux vous dire ce qu’a changé
en moi le voyage à Madagascar
Avant le départ, j’étais une adolescente un peu
perdue, ne sachant quoi faire, esclave de son apparence
physique, par manque de confiance en soi sûrement. Mais à
Madagascar je me suis, au fil des jours, révélée, je me suis
sentie utile ; ce sentiment m’a permis de m’épanouir et de
me sentir, pour la première fois de ma vie, à ma place. Cela
s’est ressenti dans mon attitude envers les autres, à qui je me
mêlais de plus en plus, mais surtout cela s’est vu à travers mon
apparence car j’ai pu me libérer de ce besoin que j’avais de
toujours être bien coiffée, maquillée et habillée ; délaissant
plus ou moins ce côté superficiel, je n’en étais pas moins
heureuse.
Mais ce qui m’a le plus atteint, c’est l’amour que j’ai
reçu par les enfants. Je me doutais bien qu’ils allaient beaucoup
m’apporter, mais jamais je n’aurais cru qu’ils pourraient changer
ma manière d’être et de percevoir les choses. Un en particulier
m’a vraiment chamboulée : Heriniaina. A seulement neuf ans
ce petit bout de chou m’a appris plus que beaucoup d’adultes.
Au tout début de la colonie il était turbulent, n’écoutait pas
grand-chose et se moquait de tout ce qu’on pouvait bien lui dire.
Quelques jours après nous avons fait des dessins, le sien était
vraiment joli ! A partir du moment où je lui ai fait comprendre
que j’étais fière de lui, son comportement a totalement changé :
83
j’ai lu dans ses yeux quelque chose d’indescriptible, un grand
merci, avec sûrement beaucoup d’autres choses. Mais c’est son
regard qui m’a fait comprendre le but de ce voyage, qui m’a
ouvert les yeux sur moi, sur ma vie, et sur le nouveau sens
que je voulais lui donner ! Ce regard m’a réellement ouvert
les yeux ! Heriniaina, lui, se comportait désormais comme un
enfant modèle, intéressé, épanoui, me montrant par fierté tout
ce qu’il savait faire.
Un autre moment a aussi été pour moi une sorte de
révélation. C’était un matin, au début de la deuxième semaine,
j’étais au coin fumeur quand j’entendis crier mon nom depuis
le portail. Toute fière, j’accourus et vis Heriniaina avec un
large sourire, prendre ma main pour y glisser… un chewinggum ! Ce petit garçon qui n’avait pas grand-chose m’offrait son
chewing-gum : honnêtement, c’est le plus beau cadeau qu’on
m’ait fait, la plus belle preuve de partage et de générosité
que je voyais ! En deux semaines, ce garçon, avec d’autres,
m’a appris et donné beaucoup. J’ai compris avec ce voyage
que bien des choses de ma vie n’étaient que superflues, que
je n’avais absolument pas besoin d’elles pour être heureuse.
J’essaie désormais de profiter de chaque moment en toute
simplicité.
Almodis PEYRE, TL La Verpillière
84
Voyage à Antsirabe
Nous sommes partis, cinq adultes et vingt lycéens
de classes de première et terminale, pour retrouver sur place
trente lycéens et étudiants malgaches. L’équipe ainsi constituée
a pris en charge plus de mille enfants, issus de quartiers très
pauvres ou de la rue, pour leur permettre de passer deux
semaines pendant lesquelles ils ont pu non seulement manger
à leur faim, grâce aux repas que nous leur avons servis, mais
aussi bénéficier d’un peu de soutien scolaire, de travaux
manuels et de jeux de plein air…Les voir nous attendre bien
avant l’heure, le sourire aux lèvres et impatients, nous donnait
de la vitalité pour toute la journée ! Nous n’étions pas venus
les mains vides : nous leur avons laissé 700 kg de matériel
scolaire, de jeux, de médicaments et d’habits, dont ils peuvent
encore profiter maintenant, après notre départ.
Les jeunes lycéens français ont fait preuve de beaucoup
d’enthousiasme, de dynamisme et de courage, pour mener à
bien leur mission ! Dans les moments difficiles, ils ont trouvé
le soutien et l’entraide dont ils avaient besoin. Ils sont revenus
– mais nous aussi, adultes qui les accompagnions – différents
de ce qu’ils étaient avant le départ : nous avons tous appris
à relativiser les petits problèmes de notre vie quotidienne, si
privilégiée par rapport à celle de nos amis malgaches !
La situation politique du pays me laisse, malheu-
85
reusement, pessimiste pour l’avenir à court terme. Le gouvernement de transition, mis en place par des militaires en
2009, aurait dû depuis longtemps organiser des élections…
La crise économique, traversée par l’île, est sans précédent, la
pauvreté est partout, alors que le pays est riche en ressources
naturelles ! Elles ne profitent, hélas, qu’à 20% de la population, le reste survit, en partie grâce à l’aide humanitaire
internationale ! Mai 2013 est annoncé comme une date
possible du premier tour. .. Espérons que ces élections pourront
enfin se dérouler et apporter un peu de confiance en l’avenir
pour tous ces malgaches que nous avons côtoyés, et avec qui,
touchés de leur accueil et de leur reconnaissance, nous avons
tissé de réels liens d’amitié !
Martine TROILLARD
NB : en cette période difficile, vous pouvez apporter votre soutien
financier au père Henri qui nous a reçus dans son foyer. Il aide toute
l’année des centaines d’enfants des quartiers défavorisés : 301/an
suffisent pour scolariser un enfant. Vous pouvez adresser vos dons à Léa
Jacquier, coordinatrice de la catéchèse à la Verpillière, qui transmettra.
Jeunes Maristes
de France
En juillet 2011 un groupe de lycéens des
établissements maristes a rejoint Madrid pour les Journées
Mondiales de la Jeunesse. Par la suite, ne souhaitant pas
perdre contact, ces lycéens se sont retrouvés à la Neylière. Au
cours de ces journées est née l’idée de construire le réseau des
Jeunes Maristes de France.
L’objectif de ce réseau est de créer des liens d’amitié,
de solidarité entre ses membres, d’établir des relations avec
les jeunes des autres pays où les maristes sont présents. A
ce jour des contacts prometteurs ont déjà été pris avec la
Fraternité des Jeunes Maristes du Canada et celle de Rome.
Les maristes voient en Marie un guide spirituel ; son
attitude, ses vertus, sa foi sont pour eux un appel à vivre,
dans la confiance en Dieu et l’effacement de soi, l’amour du
prochain. Cette spiritualité, découverte lors des études dans
un établissement mariste, ne pouvait prendre fin avec leur
cursus scolaire : c’est ce qu’ont pensé bon nombre de lycéens.
C’est pourquoi ce réseau des Jeunes Maristes s’ouvre à tous
les élèves de terminale et anciens des sept établissements
de France sous tutelle des pères maristes et qui souhaitent
poursuivre la route avec eux.
87
Quatre temps marquent cette année :
Les 13 et 14 octobre à La Neylière, premier week-end
proposé aux jeunes sur le thème : « Jeunes en Eglise, héritiers
et bâtisseurs », réflexion animée par le père Jean-Marie
Petitclerc.
Le 12 janvier, mise en place du projet d’un séminaire sur le
thème « Science et foi ».
Les 8 et 9 mai, retraite sur le thème du discernement pour les
élèves de terminale et les membres du réseau.
Enfin, en juillet, départ pour les JMJ de Rio !
Emmanuel Juhant
Pour rejoindre le réseau et avoir toutes les informations sur ses
activités, consultez « Jeunes Maristes de France » sur facebook
ou écrivez au père Pascal Boidin : boidin.pascal@wanadoo.fr
CLASSES
SUPéRIEURES
LYON/SAINT-PAUL
Présentation des classes
Parmi les différentes formations supérieures proposées
par Sainte-Marie Lyon, on trouve les classes préparatoires
économiques et commerciales et les classes préparatoires
littéraires :
• Les classes préparatoires économiques et commerciales sont déclinées à l’intention des bacheliers S (option
scientifique ouverte en 1986 à Sainte-Marie) et des bacheliers
ES (option économique plus récemment ouverte : en 2008).
Elles débouchent sur les concours de différentes écoles
supérieures de commerce regroupées en deux grandes
banques : la Banque commune d’épreuves qui compte environ
25 écoles parmi lesquelles HEC, pour la plus prestigieuse,
mais aussi l’ESSEC, l’ESCP… et la banque ECRICOME qui
fédère 6 écoles (Reims, Rouen…). Nos élèves sont préparés
en deux ans à ces concours exigeants qui requièrent le
goût pour l’étude et un bon niveau académique. Ces études
s’adressent à des « généralistes » dès lors que des matières
aussi diverses que la culture générale, l’analyse économique,
les mathématiques ou les langues vivantes sont enseignées.
89
• Les classes préparatoires littéraires préparent à SainteMarie au concours exigeant de l’Ecole Normale Supérieure
de Lyon (3800 candidats, 115 places ! ) ainsi qu’à d’autres
concours ( IEP, écoles de commerce, CELSA…) depuis la
création de la banque d’épreuves littéraires (BEL) destinée
à élargir les débouchés. Les élèves sont issus des trois
filières L, S et ES ; ils ont de l’appétence pour les humanités
(lettres, philosophie, histoire, géographie, langues vivantes et
anciennes) et consentent généreusement à travailler toutes ces
disciplines en hypokhâgne (la première des deux années de
prépa) afin de repérer ce qui sera leur spécialité en khâgne.
Au concours de Normale Sup, les élèves composent en effet
dans des matières de tronc commun et dans une spécialité
(lettres classiques, lettres modernes, histoire-géographie,
philosophie).
Esprit
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, la classe
préparatoire n’est ni un étouffoir ni un lieu de concurrence
impitoyable et le constat est fait que beaucoup de nos élèves,
qui réussissent au mieux, se sont engagés dans ces études
avec enthousiasme et générosité.
Ainsi, à côté d’une formation exigeante ordonnée à
la réussite des meilleurs concours, nous encourageons nos
élèves à se décentrer d’eux-mêmes et à s’engager dans des
activités caritatives (soutien scolaire, visite à des personnes
âgées…) ou spirituelles, par le biais de l’aumônerie.
90
Résultats
• En classes préparatoires littéraires 21 élèves
Au concours de l’ENS Lyon
Sous-admissibles
Admissibles
14
4
Admis 3
1 en spécialité lettres classiques
1 en spécialité histoire-géographie
1 en spécialité philosophie
Au CELSA
Admis
2
• En classes préparatoires
et commerciales
Option scientifique
31 élèves
HEC
8
ESSEC
7
ESCP Europe
5
EMLyon
4
EDHEC
2
ESC Rouen
1
1 admis à l’ENSAE
3 cubages
Marie-Pierre BARBIER
économiques
Option économique
28 élèves
HEC
ESSEC
ESCP Europe
EMLyon
EDHEC
AUDENCIA
ESC Rouen
ESC Grenoble
ESC Bordeaux
ESC Toulouse
SKEMA
1 cubage
1
3
1
5
2
3
3
4
2
1
1
91
LYON/LES MISSIONS
institut Marc Perrot
L’institut Marc Perrot est l’établissement d’enseignement supérieur (hors prépa et BTS CI) de Sainte-Marie Lyon.
Il est installé depuis la rentée 2011 sur le site des
Missions. Il accueille les formations de BTS Prépa gestion, licence Sciences de gestion et licence européenne Management
et Développement.
Résultats
• Licence Sciences de gestion
32 étudiants sur 34 ont obtenu leur licence.
16 étudiants ont choisi un master :
Finance : 1 ; Banque : 5 ; Marketing et vente : 3 ; Ressources
humaines : 1 ; Management : 2 ; Etranger : 3 ; Autres : 1.
17 étudiants, souhaitant intégrer une Ecole supérieure de
commerce, sont allés à : EM Lyon : 1 ; Audencia : 2 ; Grenoble : 6 ;
Rouen : 4 ; Reims : 1 ; Marseille : 1 ; Toulouse : 1 ; SKEMA : 1.
• BTS Prépa CGO
Ce cursus est né de notre volonté d’assurer à nos étudiants une
orientation de qualité au terme de leur BTS. Ceux-ci, grâce à
un enseignement renforcé en culture générale et en technique
d’entretien, seront ainsi armés pour poursuivre des études de
qualité de niveau BAC+5.
Les 32 étudiants ont réussi leur BTS.
22 continuent dans la licence Sciences de gestion à SainteMarie ; 3 sont en licence Sciences de gestion à Lyon III ; 1 en
3e année d’Eco gestion à Lyon III ; 2 en 2e année d’Eco gestion
à Lyon III ; 2 en DCG.
92
• Licence européenne Management et Développement
Ouverte en septembre 2010, la troisième promotion affiche
complet avec 50 étudiants.
Ce diplôme a la spécificité d’être délivré conjointement par
une université anglaise et par Sainte-Marie Lyon.
Il permet d’obtenir au bout de trois ans 180 crédits
correspondant à une licence générale.
Le cursus comprend de plus un gros travail en anglais dès la
première année (passage de l’examen de Cambridge) afin de
pouvoir profiter pleinement de la deuxième année qui se passe
entièrement en pays anglophone.
44 étudiants sur 48 ont réussi leur première année.
Jean-Armand BARONE
93
La Verpillière
BTS Commerce international
La section de Technicien supérieur en commerce
international allie formation professionnelle théorique
(mercatique, prospection et suivi de clientèle, techniques
du commerce international, informatique appliquée…)
et pratique (missions régulières en entreprise, stages
en entreprise de plusieurs mois dont une large part à
l’étranger…). L’enseignement dispensé est aussi généraliste
(culture et expression, économie, droit, management…) et
laisse une large part à l’étude des langues vivantes étrangères.
Cette dernière caractéristique, ainsi que la grande variété des
matières enseignées, font que le BTS Commerce international,
à référentiel commun européen, occupe une place particulière
parmi les différentes filières de même niveau. La formation
permet ainsi des poursuites d’études riches et variées,
notamment en licence et en Ecole supérieure de commerce.
24 des 26 étudiants de la promotion 2012
ont obtenu leur Brevet de Technicien supérieur
en Commerce international. Sur les cinq dernières
années, le taux de réussite moyen de nos étudiants est
proche de 98 %.
Les 125 diplômés de ces promotions se sont
majoritairement orientés en licence de gestion ou en école
supérieure de commerce :
• 25 étudiants sont entrés en licence Sciences de gestion dont
15 à Sainte-Marie Lyon.
• 51 étudiants ont été admis en Ecole Supérieure de Commerce
(4 à l’ESC Chambéry Savoie, 4 à Clermont, 8 à Euromed
94
Management Marseille, 1 à Skema Sophia-Antipolis, 5 à
Grenoble, 5 à Lille, 8 à Montpellier, 1 à l’ICN Nancy, 4 à Sup
de Co Reims, 3 à Rennes, 2 à Rouen, 2 à Saint-Etienne, 1 à
Strasbourg, 2 à Troyes et 1 à Tours-Poitiers) ;
• 25 ont effectué une spécialisation en licence professionnelle
ou en Bachelor (licence Commerce international spécialité
« marchés émergents » de Lyon III, licence Marketing de Lyon
III, licence Import-export à Saint-Etienne, licence Acheteur à
Bordeaux…) ;
• 13 poursuivent des études en écoles spécialisées (Ecole
d’éducateur, Ecole d’infirmier, Ecole de transport, licence de
sport, Ecole d’esthétique, Ecole hôtelière, ESTRI, Ecole de
design…) ;
• 6 sont entrés dans la vie active et 5 autres ont poursuivi
leurs études à l’étranger..
De 2008 à 2012, les étudiants de BTS qui ont intégré et obtenu
la licence Sciences de gestion de Lyon III à Sainte-Marie Lyon
sur le site des Missions ont aussi intégré une Ecole supérieure
de commerce : EM Lyon, EDHEC Lille, EM Grenoble ESC
Rouen ou ESC Toulouse.
En novembre 2009, nous avons conclu avec l’Ecole
de Management de Grenoble un accord de partenariat : nos
étudiants ont maintenant la possibilité de préparer le concours
« Passerelle » à l’ESC Grenoble plusieurs samedis par an.
Cette préparation vient compléter celle organisée dans l’école
en seconde année.
95
En juin 2010, nous avons signé deux nouvelles
conventions : « Ascension sociale » et « Face à l’avenir ».
Elles vont permettre à une dizaine de lycéens, sélectionnés
sur critères sociaux ou de handicap, de passer le concours
d’entrée en Ecole de commerce en terminale. Après deux
années de BTS, et à la condition qu’ils réussissent leur examen,
ils pourront intégrer directement l’ESC Grenoble.
La formation en BTS Commerce international à SainteMarie Lyon sur le site de La Verpillière conserve ses
spécificités :
Nos étudiants bénéficient en première année d’une heure
de préparation hebdomadaire au TOEIC, test d’anglais
commercial. L’année suivante, ils préparent des épreuves
équivalentes dans leur seconde langue vivante étrangère :
le CLIP en italien, l’ELYTE en espagnol et le WIDAF en
allemand. L’établissement est centre d’examen pour ces
quatre tests.
Ils sont aussi amenés à passer des tests en informatique
bureautique (PCIE, Passeport européen de compétences
informatiques) à la Chambre de Commerce et d’Industrie du
Nord-Isère.
Une préparation aux examens de Cambridge, un enseignement
de chinois de 3 heures hebdomadaires, sont également
proposés aux étudiants volontaires.
En première année, un cours de géographie et géopolitique
vient compléter la formation.
Depuis 2008, l’établissement a signé une Charte
universitaire Erasmus qui permet à certains étudiants
de bénéficier d’aides supplémentaires pour leur stage à
l’étranger.
Didier TOURRETTE
In memoriam
LYON
LA VERPILLIÈRE
carnet
nou
.
vel
les
Jacques
Riberolles s.m.
Un compagnon de route, le père Jacques Riberolles,
mariste, est décédé le 29 octobre 2012 dans sa quatre-vingttreizième année. La cérémonie d’adieu a eu lieu à Volvic, fief
familial, le samedi 3 novembre. Une célébration à l’église
Saint-Paul est prévue le mardi 15 janvier 2013, à 18 h.
Depuis un an dans la maison mariste de Sainte-Foy,
il avait passé l’essentiel de sa vie de religieux et de prêtre à
Puylata, cet édifice acheté montée des Carmes par le fondateur
de la Société de Marie (les Maristes), le père Colin, en 1832. Médecin par tradition familiale, il s’était intéressé très vite à
la psychologie enfantine et adolescente et avait fondé en 1954
le Centre d’Orientation Scolaire (le COS), toujours situé au
14, rue Romarin, dans le 1er arrondissement, un des premiers
établissements en France de ce type.
99
IN
MEMO
RIAM
Sa vivacité d’esprit était telle qu’il en avalait parfois
les fins de ses phrases après s’être efforcé d’articuler le début.
Philosophe par tempérament, rien n’était vraiment grave à
ses yeux, mais il vibrait de colère quand on ne prenait pas
au sérieux son analyse qui aurait permis d’aider un enfant.
Il collectionnait les timbres et récoltait grâce à ce travail
minutieux et quotidien des sommes considérables pour les
missions maristes.
D’une rigoureuse fidélité à ses devoirs de religieux,
il était heureux de se mettre au service de ce collège qu’il
aimait tant. Il savait raconter son histoire, les pavés collectés
à Vaise quand on goudronna les rues, transportés dans une 4L
et dont on fit les nez de marche des escaliers de la division
de sixième ; les objets métalliques divers récupérés pour
constituer l’armature des gradins de la cour des secondes à
Saint-Paul ; les Sequoiadendron giganteum plantés à l’achat
de La Solitude, qui, deux mâts autour du vaisseau amiral,
accueillent fièrement, aujourd’hui, les élèves, les professeurs,
hommage posthume à la droiture de leur planteur.
Ces dernières années il disait souvent : « Je crois que
je suis has been ». J’entendais cette manière toute mariste
de dire, pour son séquoia et pour le reste, comme Paul aux
Corinthiens : « J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait
croître »
M.B.
Alexis
Dufour
Alexis DUFOUR, père de Xavier Dufour, professeur
de mathématiques à Saint-Paul, et de Véronique Menuel,
catéchiste à La Verpillière, a effectué toute sa carrière
à l’Université Catholique. Professeur, puis directeur de
l’ICPI (1967-1991), il a développé des projets ambitieux :
création de classes préparatoires en lien avec l’Institution
des Chartreux, de laboratoires de recherche (informatique,
traitement du signal...), développement d’un pôle de formation
humaine avec le concours de plusieurs professeurs de SainteMarie, dont J.N. Dumont, J.L. Ravistre, B. Roche... jusqu’à la
fusion de l’ICPI avec l’ESCIL pour donner la nouvelle école
CPE - Lyon. Ses obsèques ont été célébrées par le frère Elie
de la famille de Saint-Joseph, ancien élève de l’ICPI.
102
A.P.E.L.-Association familiale
29 septembre Réunion des parents
correspondants du collège
13 novembre Réunion des parents
correspondants du primaire
30 novembre
Assemblée générale de
l’A.P.E.L. et de l’Association
familiale
1er décembre
Réunion des parents
correspondants du collège
Animation spirituelle
11 septembre
Messe de rentrée
13 septembre
Lancement de l’année
avec les parents catéchistes
du primaire
17 septembre
Présentation de la catéchèse
du collège
21 septembre
Soirée de rentrée de
la pastorale
1-2 octobre
Messes de rentrée
des classes de 7e et 8e
2 octobre
Lancement du parcours
de Confirmation ; célébration
de rentrée pour les classes
maternelles
2-3 octobre
Retraite à Saint-Jodard
pour les BTS Prépa 1
6-7 octobre
Week-end spirituel
à Taizé proposé aux élèves
de seconde, première et
terminale
13-14 octobre
Week-end spirituel proposé
aux élèves de seconde en lien
avec la fête diocésaine
14 octobre
Fête diocésaine pour tous
les confirmés et confirmands
de l’établissement
18 octobre
1ère rencontre du groupe
Saint-Irénée : « Mieux
comprendre les Chrétiens
LYON
d’Orient » par Eric Darrasse,
professeur d’histoire
26-27 octobre
Retraite des professeurs,
éducateurs et membres du
personnel à Montagnieu sur
le thème « Comment concilier
vie professionnelle et vie
spirituelle ? »
27 novembre
Réunion de parents pour
la préparation à la Première
communion
7 décembre
Célébration de l’Immaculée
Conception, fête patronale de
Sainte-Marie-Lyon : matinée
de conférences, rencontres
et spectacles ; messes
à Saint-Paul pour les lycéens
et étudiants de post bac,
à Saint-Jean pour le collège,
à la chapelle du lycée pour
le primaire
17 décembre
Journée de récollection
à Valpré pour les parents
de l’établissement
Conférences, interventions, réunions
6 septembre
Réunion d’information pour
les parents des élèves de 6e
10 septembre
Réunion d’information
pour les parents des élèves
de seconde
11 septembre
Pour les parents de 5e
13 septembre
Pour les parents de 4e
17 septembre
Pour les parents de première
18 septembre
Pour les parents de 3e
20 septembre
Pour les parents de terminale ;
pour les parents de la classe
ULIS
22 septembre
Pour les parents de CP et CM2
24 septembre
Pour les parents de BTS
et de licence
27 septembre
Présentation de l’association
Teen Star aux parents de 4e3e ; aux élèves, le 5 octobre.
Réunion des parents des
classes maternelles
104
29 septembre
Réunion d’information
pour les parents des classes
préparatoires
9 octobre
Réunion d’information
sur les différents échanges
linguistiques internationaux
11 octobre
Présentation de Teenstar aux
parents des élèves de seconde
23 octobre
Réunion d’information
en primaire sur la
psychomotricité
22 novembre
Présentation des différentes
fonctions tertiaires de
l’entreprise par D. Richard,
PDG du cabinet Nemrod,
pour les élèves des classes
préparatoires commerciales
29 novembre
A l’Institut Marc Perrot,
conférence des présidents
de la CCI, d’EM Lyon et du
vice-président de Coventry
University
30 novembre
« La maîtrise de l’affectivité »,
animation-débat avec
E. Julien pour les élèves
de première
7 décembre
Intervention en classes
préparatoires littéraires et
commerciales de Lytta Basset,
théologienne protestante et
anthropologue sur le thème
« Pourquoi vivre ? »,
10 décembre
Réunion de présentation
de la procédure « admission
post bac » pour les parents
de terminale
14 décembre
Forum destiné aux élèves de
terminale sur les formations
de l’enseignement supérieur
17 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation en fin de seconde
22 janvier
Réunion d’information sur
l’orientation en fin de 3e
Echanges internationaux
13-22 novembre
Accueil des correspondants
allemands de Berlin 17-20 décembre
Semaine culturelle à Freiburg
pour les 4e LV2 allemand
105
avec les germanistes de 5e
de La Verpillière sous la
responsabilité
de S. Dubost-Gaulot
Etablissement
29 septembre
Accueil des parents
des nouveaux collégiens
3 octobre
Conseil de maison : choix
des thèmes de l’année
20 octobre
Accueil des parents
des nouveaux lycéens
22-26 octobre
Semaine du goût
pour la classe de 11e 1
15 novembre
Réunion trimestrielle des
professeurs de La Solitude
17 novembre
Journée pédagogique des
professeurs : intervention de
Patrick Laudet sur la lecture
21 novembre
Conseil de maison :
« Discernement et
orientation »
22 novembre
Réunion trimestrielle
des professeurs de Saint-Paul
et des Missions
23 novembre
Gala de remise de diplômes
des étudiants de l’Institut
Marc Perrot
24 novembre
Soirée des anciens ; remise
des diplômes du baccalauréat
2012
26-30 novembre
« Festival du livre »
en primaire
Sorties, visites, voyages
3 et 9 octobre
Sortie géologie des TS :
de Bourg d’Oisans à La Grave,
recherche des structures visibles
témoignant d’une convergence
à l’origine des Alpes
15 octobre
Visite du Musée des BeauxArts sur le thème du portrait
pour la classe de 11e 1
106
16 octobre
Visite des 1e STMG à l’hôtel
de région et conférence
débat sur « L’égalité hommesfemmes : le pouvoir a-t-il
un sexe ? »
16-18 octobre
L’histoire du soldat de
Stravinski à l’opéra de Lyon
pour les 7e 3 et 8e 1
16 novembre
Visite des grottes de La Balme
pour les 9e 1 et 9e 2
22 novembre
Visite d’un atelier de lutherie
pour les secondes de l’option
musique
27-29 novembre
Voyage des élèves de 1e L
à Chartres : visite de la ville,
de la cathédrale, du Centre
international du vitrail…
13-14 décembre
Classe Ebulliscience
pour les 7e 3
Théâtre, ciné-club
Pour les élèves de
première, terminale,
classe préparatoire,
parents, professeurs,
anciens et amis
2-4-5 octobre
Fort Apache
de John Ford
11-13-14 décembre
Une exécution ordinaire
de Marc Dugain
22-24-25 janvier
Le Septième sceau
d’Ingmar Bergman
Pour les élèves de seconde
3-4 décembre
Bienvenue à Gattaca
d’Andrew Nicoll
Pour les élèves de 3e
26-27 novembre
Les Temps modernes
de Charlie Chaplin
Pour les élèves de 4e
24-25 septembre
Beaucoup de bruit pour rien
de Kenneth Branagh
107
Dans le cadre de l’option
théâtre pour les lycéens
10 octobre
Shakespearemania /
Prolégomènes à Richard III
Maimone / Cie F. Maimone
25 octobre
Mai juin juillet
Guénoun / Schiaretti
14 novembre
L’Echange
Claudel / Cie Les Yeux Grand
Ouverts
Chorale, concerts
9 décembre
Messe en fa majeur de
Mickaël Haydn à Saint-Jean
dans le cadre du Festival
baroque de Lyon
10 décembre
Concert à l’hôpital de
Fourvière par les classes
musicales de 7e
14 et 18 décembre
Concert de la maîtrise à SaintLaurent-de-Mure et Lyon ; au
programme, le Te Deum de M.
A. Charpentier
15 décembre
Messe et vêpres des SaintsInnocents de Mickaël Haydn
à Saint-Jean par la Schola
18 décembre
Concert de Noël des classes
musicales au théâtre
de La Solitude
23 décembre
Concert traditionnel
de Noël des trois chœurs
de la cathédrale
Dans le cadre de l’option
musique pour les élèves de
seconde :
4 et 25 octobre
«Talents d’école», concerts
de flûte et de violon
au CNSMD
Activités sportives
19 septembre
Réunion d’information et
de pré-inscription pour
l’Association sportive
108
A.P.E.L.-Association familiale
23 novembre
Assemblée générale de
l’A.P.E.L.
30 novembre
Assemblée générale de
l’Association familiale
Animation spirituelle
12 septembre
Conseil pastoral pour
l’ensemble de l’établissement
21 septembre
Pour les lycéens messe
de rentrée et lancement
des projets de l’année
27 septembre
Commission pastorale de
La Verpillière
29 septembre
Dans le cadre de la catéchèse,
sortie à Lyon pour les 6e et 5e
30 septembre
Journée « Maristes en
éducation » à Saint-Chef :
messe, visite commentée de
l’abbaye par J.L. Gauchon,
réflexion sur le devenir du
groupe et le programme de
l’année
1er octobre
Accueil des A.P.S. du NordIsère
5 et 16 octobre, 16 et
27 novembre, 11 et 21
décembre
Dans le cadre de la catéchèse,
service à la maison de retraite
de La Verpillière proposé
aux 4e
5-6-7 octobre
Week-end à Taizé
pour les lycéens
9 octobre
Lancement de la préparation
à la Confirmation pour les
élèves du lycée et au Baptême
pour ceux du collège et du
primaire ; mise en place de
la pastorale pour les internes
11 octobre
Lancement des projets de
catéchèse pour les 3e
13-14 octobre
Rassemblement des Jeunes
maristes de France à La
Neylière proposé aux élèves
de terminale, BTS et anciens
109
la
verpil
liere
19 octobre
Lancement de la préparation
à la Profession de foi pour
les 5e
25 octobre
Lancement des groupes
« Appel » et « Equipe » pour
les élèves de 3e ; commission
pastorale de La Verpillière
26 et 27 octobre
Retraite des professeurs,
éducateurs et membres du
personnel à Montagnieu
15 novembre
Réunion du groupe « Maristes
en éducation »
23 novembre
« Café théo » pour les internes
24 novembre
Temps fort proposé
aux familles du primaire
26 novembre
« Café théo » pour les lycéens
6 et 7 décembre
Célébration de l’Immaculée
Conception ; activités
ludiques, manifestation des
talents et témoignages
17 décembre
Journée de récollection
à Valpré pour les parents
de l’établissement ; temps
de réconciliation proposé
aux internes
19-20 décembre
Rencontres de catéchèse
pour les 6e, 5e et 3e
10 janvier
Rencontre des parents des
élèves de primaire et collège
préparant la Première
communion
Conférences, interventions, réunions
7 septembre
Rencontre avec les
enseignants pour les parents
de CM1 et CM2
11 septembre
Rencontre avec les
enseignants pour les parents
de CE1 et CE2
14 septembre
Réunion d’information pour
les parents de 4e, 3e et BTS
18 septembre
Rencontre avec les
enseignants pour les parents
de maternelle et CP
21 septembre
Réunion d’information pour
les parents de 6e et 5e
110
5 octobre
Réunion d’information
pour les parents de seconde,
première et terminale
11-12 janvier
Réunions d’information
pour les parents des élèves
de terminale sur les
procédures d’orientation
Echanges internationaux
20 octobre- 3 novembre Accueil des correspondants
allemands
Etablissement
20 septembre
Journée d’intégration
des secondes
3 octobre
Conseil de maison : choix
des thèmes de l’année
4 octobre
Accueil des nouveaux
professeurs et éducateurs
19 octobre
Soirée Madagascar :
présentation et bilan du
voyage de juillet 2012
20 octobre
Accueil des parents
des nouveaux élèves
16 novembre
« Repas philosophique » pour
les parents et les professeurs
des élèves de terminale :
« La raison et la science
s’opposent-elles à la
croyance ? »
17 novembre
Journée pédagogique
21 novembre
Conseil de maison :
« Discernement et
orientation »
22 novembre
Réunion trimestrielle
des professeurs
24 novembre
Forum des Anciens, remise
des diplômes du baccalauréat,
de BTS et des examens
de Cambridge
7 décembre
Remise de la médaille
du travail à Mme Jaubert,
111
secrétaire de 1988 à 2012
15 décembre
Arbre de Noël pour
les familles des membres
du personnel
Sorties, visites, voyages
27 et 28 septembre
Sortie de géologie
pour les élèves de terminale S
17-20 décembre
Voyage à Freiburg
pour les germanistes de 5e
et les 4e LV2 de Lyon avec
F. Delorme et S. Dubost
Théâtre, ciné-club
12-20 novembre
Projection du film
Le silence de Lorna de Luc et
Jean-Pierre Dardenne pour les
élèves de première, terminale
et BTS
15 novembre
Georges Dandin au Théâtre
de la Croix-Rousse pour
les 4e 3 avec leurs professeurs
A. Degret, M. Mourrejeau et
O. Mocellin
Chorale
6 décembre
Animation de la célébration
de l’Immaculée Conception
6 décembre
Concert de Noël à l’église
de La Verpillière
Activités sportives
25 septembre
Tournois interclasses de 6e :
badminton et ultimate pour les
filles, handball et foot pour les
garçons
3 octobre
Formation UGSEL des
arbitres pour l’activité rugby
112
Naissances
Estelle, fille de Sébastien
Thibault, professeur
d’histoire-géographie
à La Verpillière, le 17 mai
Johan, fils de Raphaël
Garrigue, professeur
de philosophie à Lyon
et La Verpillière, le 18 juin
Robin, fils de Marylise Auffray,
professeur de mathématiques
à La Verpillière, le 11 septembre
Maxime, fils d’Alexandre
Puaud, professeur de sciences
physiques à La Verpillière,
le 11 septembre
Gaël, fils de Faustine
Fernandès, éducatrice
en seconde et première
à La Verpillière,
le 20 septembre
Mariages
Dorothée Dubain, professeur
de mathématiques à
La Verpillière, avec
Sébastien Arnaud, le 4 août
Nicolas Varlet, éducateur
en terminale et BTS
à La Verpillière, avec Marie
de Goër de Herve, le 25 août
Domitille de Boisgelin,
ancienne bibliothécaire
à La Verpillière, avec Frédéric
Rondard, le 8 septembre
Thomas Clerc-Renaud,
éducateur en 5e et responsable
des Petits Chanteurs
à La Verpillière, avec
Christelle de Lattre,
institutrice à La Verpillière,
le 27 octobre
Ordinations
Stéphane Huard,
maître d’internat à Lyon
et Elysée Niyokindi,
ancien maître d’internat,
ont été ordonnés diacres à N-D
des Dombes, le 13 septembre
113
car
net
Décès
Nous participons
à la douleur de
la famille de Romain Vaillant,
professeur suppléant d’EPS
à La Verpillière, décédé
brutalement le 26 mai,
à l’âge de 26 ans
Alexia Durand, élève en 2de 3
à Lyon, qui a perdu sa sœur
Gaëlle, élève en licence
de Sciences de gestion,
le 1er août
Anne Petrequin, professeur
d’arts plastiques à Saint-Paul,
qui a perdu son frère Antoine,
le 11 août
Kieran Woods, professeur
d’anglais à La Verpillière,
qui a perdu son père,
le 1er septembre
La famille de Jacqueline
Rajon, ancien professeur
de français et d’italien
à La Verpillière, membre
des Chœurs maristes,
décédée le 26 septembre
Nicolas Gerboullet, ancien
élève et ancien éducateur
à La Verpillière, qui a perdu
sa grand-mère, ancien membre
du personnel de service
à La Verpillière, le 4 octobre
Carole Defourneaux,
professeur d’EPS
à La Solitude, qui a perdu
son père, le 22 octobre
La communauté mariste,
à l’occasion du décès du père
Jacques Riberolles, survenu
le 29 octobre
Xavier Dufour, professeur
de mathématiques à SaintPaul, et Véronique Menuel,
catéchiste à La Verpillière,
qui ont perdu leur père,
le 31 octobre
Thierry Martin, professeur
de lettres à Lyon, qui a
perdu sa mère, le 2 novembre
Michèle Hanotte, institutrice
à La Solitude, qui a perdu sa
mère, le 3 novembre
Teddy Tordoir, professeur
d’espagnol et préfet des
secondes à Lyon, qui a perdu
son nouveau-né, Mahault,
le 8 novembre
Photos
Françoise Delorme : pages 14, 23, 46, 96, 101, 114
Mathilde Flament : pages 72, 73
Valérie Tourrette : pages 80, 81
4 e TRIMESTRE 2012
SAINTE-MARIE LYON
4 MONTÉE SAINT-BARTHÉLEMY
69005 LYON
TÉL. 04 78 28 38 34
www.sainte-marie-lyon.fr
DIRECTEUR DE PUBLICATION
Michel Lavialle
CONCEPTION Sublime.fr
IMPRESSION Brailly