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Elisabeth II 30 ans sur le trône et elle couine toujours.
JAA CH–1006 Lausanne PP/Journal
Vendredi 1er juin 2012 > No 108
VALAIS
Le caca Luca Page 3
www.vigousse.ch
CHF. 3.– / Abonnement annuel CHF. 140.–
VATICAN
Odeur de Sainteté
VAUD
A qui gagne
perd Page 4
Nucléaire
Electricité à
comparaître
Page 5
VALAIS
Sur nos monts
quand les
déchets Page 6
ÉCONOMIE
Votre lettre
de licenciement
Page 17
Le pape est
l’avocat de Dieu.
Dommage que son
client soit mort.
Francis Picabia
2
Rubrique
C’est
pas pour dire !
La curée romaine
Sebastian Dieguez
J
oie, un scandale au Vatican. Enfin du
boulot pour les spécialistes du machin,
invités partout à livrer leurs savantes
analyses. Allez hop, décryptage : corbeaux,
taupes, fuites, documents secrets, intrigues,
complots, trahisons, luttes d’influence,
corruption, arrestations, fiscalité, pédophilie,
intégrisme… On n’oublie rien ? Ah oui, les acteurs :
un directeur de banque, des cardinaux, des
monseigneurs, un majordome, des secrétaires, des
sous-secrétaires, un numéro deux, un numéro un,
des gendarmes… Et le décor ! Un pseudo-Etat
constitué de vieillards en robes avec des chapeaux
marrants, de gardes suisses fin prêts pour le
Carnaval et de quelques breloques valant des
milliards. Franchement, avec tout ça, on est
presque forcé de croire qu’il s’agit d’une affaire
absolument passionnante. « Tu te mets dessus, coco,
et tu nous ramènes du bon feuilleton, hein, à la Dan
Brown, et lésine pas sur les clichés surtout, tu sais, les
messes basses, les complots de sacristie, le Saint-Siège
ébranlé, toutes ces conneries, quoi ! »
Sauf que ça ne prend pas, tout le monde s’en
fout. Et pourquoi ? Parce que des scandales, des
affaires et des intrigues, c’est tout ce qu’on attend
de l’Eglise catholique romaine. Qu’est-elle censée
faire d’autre ? « Garder le dépôt de la foi », comme
l’indique son Catéchisme officiel ? Ou encore amener
« tous les hommes, par le resplendissement de la vérité
de l’Evangile, à rechercher et à recevoir l’amour du
Christ qui est au-dessus de tout » ? Sérieusement ?
Qui croit encore à ces fadaises ? Il y a évidemment
longtemps que le Vatican a renoncé à ces pitreries
et entrepris de faire prospérer sa multinationale du
rien. Le lavage de cerveau pour blanchir du pognon
et salir des pauvres gosses, voilà les uniques
fonctions d’une liturgie complètement inefficace
autrement. Au lieu d’en faire la chronique prévisible
et interminable, confisquons donc une fois pour
toutes ce bazar superflu, obsolète et indécent. La
crise européenne en serait instantanément résolue
et on n’entendrait plus parler de cette secte ridicule.
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Tirage : 15 000 ex.
Vigousse vendredi 1er juin 2012
Point V
3
Espagne : la Bankia fait faillite, mais la Merdia va bien.
Un indice de perdu, aucun de retrouvé
Trou noir troublant Dans
l’affaire du petit Luca Mongelli, le
rapport de la police scientifique a
malencontreusement « disparu »
du dossier de l’instruction. C’est
vraiment trop bête.
Le petit Vigousse de la langue française
Egarer [égaRé] v. t. Perdre un objet,
fourvoyer une personne, la détourner du droit chemin. J’ai égaré mes
clés de voiture : ça tombe bien, je ne
sais plus du tout où je l’ai garée. (Th.
Meury). ♦ Syn. Bidouiller.
A
Veysonnaz (VS), au soir
du 7 février 2002, Luca est
retrouvé blessé et inanimé
dans la neige. Dans un premier
temps, deux inspecteurs de la police cantonale montent sur place,
ne parlent qu’avec des témoins indirects, ne sécurisent pas les lieux
et rejettent l’aide de la police scientifique vu que pour les limiers « il
n’y a pas de problème, c’est le chien
Rocky qui a malmené le gamin »
(Vigousse, 27.04 et 11.05.12).
Nonobstant, les « experts » de
la scientifique se rendent sur les
lieux le lendemain, comme c’est
leur devoir. Ils recueillent toute
une série de traces, dont de l’ADN
qui pourrait déterminer la présence de tiers au moment des faits
et les identifier. L’analyse fait partie du rapport qui doit être joint au
dossier d’instruction.
explications quant à cette « disparition » au procureur Dubuis.
En guise de réponse nous n’avons
obtenu qu’un silence que nous ne
saurions interpréter.
Cette « perte » n’est qu’un des éléments montrant que l’affaire Luca
a été « bloquée » en haut lieu. Petit
aperçu de quelques autres mystères : les ambulanciers qui ont
transféré Luca à l’Hôpital de Sion
affirment que le docteur Kuchler,
pédiatre, était sur place et qu’il
aurait parlé des « traces verdâtres »
entre les fesses du blessé en disant :
Selon nos informations, recueil- « Attention, il y a quelque chose... »
lies dans les arcanes de l’adminis- Or, curieusement, ledit pédiatre
tration judiciaire valaisanne, ce ne figure pas sur les fiches de préfameux rapport devait permettre sence ce soir-là et il nie désormais
d’élucider très facilement l’affaire avoir participé à quoi que ce soit !
et de confondre ceux qui s’en Et qu’a fait le professeur Patrick Raétaient pris à Luca. Hélas, par un vussin, chef de la réanimation aux
très fâcheux et
soins intensifs ? Esttrès étrange hace lui ou le docteur
sard, ce document
Kuchler (absent ?!)
crucial a été « éga- « Eléments enterrés, qui a nettoyé l’anus de
ré ». Il ne figure
victime en « ometDocteur Watson! » latant pas parmi les cen» de conserver
taines de pièces
ces éléments qu’ils aud’enquête réunies par le juge raient dû transmettre à la police ?
d’instruction Yves Cottagnoud, Et quand l’enquête s’est orientée
puis par son successeur, le procu- vers les enfants qui auraient pu
reur Nicolas Dubuis, toujours en commettre l’agression, pourquoi
charge du dossier.
leurs alibis ont-ils été acceptés
Des policiers honnêtes se sont sans la moindre vérification ? (Voir
émus de cette « négligence », qui ci-contre.)
les perturbe sérieusement. Mais Conclusion : le dossier s’avère
leur hiérarchie leur a vite fait si riche en bizarreries de toutes
comprendre qu’il valait beaucoup sortes que c’en est tout de même
mieux, pour eux et leur carrière, un peu bizarre.
qu’ils la bouclassent.
Patrick Nordmann
Nous avons bien sûr demandé des
La petite boutique des horaires
Cas d’école Pour la Justice valaisanne, les quatre garçons soupçonnés dans l’affaire
Luca ont un alibi en béton. Mais le béton s’avère très poreux.
L
e petit Luca pourrait bien avoir
été assailli par quatre enfants
de 9 à 16 ans, issus de deux
familles valaisannes apparentées
qui possèdent deux chalets à Veysonnaz. Sauf que le jour du drame
les gosses en question étaient officiellement sur les bancs de l’école
vaudoise.
Avec leur diligence coutumière, le
juge Yves Cottagnoud et le procureur Dubuis ont bien sûr vérifié si
ces enfants étaient bien en classe à
Lausanne pendant la semaine du
4 au 8 février 2002. Pour ce faire,
ils ont posé la question par écrit
aux directeurs des deux établissements concernés. Et ils ont reçu les
réponses, le 26 août 2002, soit sept
mois après les faits !
Signées par les directeurs des collèges du Belvédère et de l’Elysée,
ces attestations (voir document)
« certifient que les élèves Axel, Dorian et Lucas étaient en classe » pendant cette période. Dans une autre
réponse, l’un des directeurs « certifie que le vendredi 8 février 2002
était un jour ouvrable dans le canton
de Vaud et que, par conséquent, les
enfants Axel et Dorian étaient bien
en classe ce jour-là ».
Un « par conséquent » d’autant
moins convaincant que les enfants
et leurs parents sont valaisans, que
cette semaine-là le Valais était en
plein Carnaval et que des témoins
disent y avoir vu les jeunes gens à
cette période.
Mais qu’importe : le juge Cottagnoud a décidé que si les directeurs
d’école le disent, fût-ce après sept
mois et sur le simple fait que le
jour dit « était un jour ouvrable », les
élèves étaient en classe. Donc c’est
classé : ils sont hors de cause, point
final. On a déjà vu des enquêteurs
plus tatillons.
Quant aux « feuilles d’absence »
produites plus tard pour tenter de
prouver que les jeunes étaient bel
et bien à l’école le jour du drame,
elles ont été « salopées », d’après un
témoin qui en a vu la photocopie : comme si on avait
masqué au Tipp-Ex les
noms de certains absents.
Manifestement, ça n’est
pas du ressort des limiers
valaisans.
PAT
Vigousse vendredi 1er juin 2012
4
Faits divers et variés
Pas nets,
ces gars-là
L’atome, tout
un fromage
Un tribunal « de sorte » L’affaire Ségalat sera jugée quand
vous lirez ces lignes. Mais quel que soit le verdict, la Justice
vaudoise aura encore perdu.
Jus juteux Quand
l’Association des entreprises
électriques suisses parle
d’avenir, la vérité se fait
méchamment secouer.
D
ans son article titré « Mais l’audace de lui écrire que si son
pourquoi Laurent Ségalat se père est reconnu coupable, « la
défend-il si mal ? » (Le Matin Justice vaudoise, une fois de plus, se
Dimanche, 27.05.12), le journaliste sera déshonorée ». Evidemment, ça
Dominique Botti livre une partie a déplu au grand monsieur.
de la réponse : « Le climat instauré Le président ne s’est pas montré
d’entrée de jeu par le président du plus neutre par la suite. Du haut
tribunal, Jean-Pierre
de sa tribune, il a fait
Lador, n’a pas égaleles yeux doux au proment avantagé l’accusé,
général Eric
« Si j'aurais su, cureur
qui a été souvent remis
Cottier et à Maître
à l’ordre sur un ton sec
Jacques Barillon, partie
j'aurais pas
et patriarcal. » Et dicivile qui interrompait
prévenu ! »
sons-le, c’est un doux
les débats et ordonnait
euphémisme.
quasiment la séance,
Ce magistrat, faut-il le rappeler, sur le ton hautain qu’affectionnent
est censé arbitrer les débats entre les avocats « genevois » face à ces
l’accusation et la défense. Or il a ploucs de Vaudois.
commencé par s’en prendre vertement au prévenu, l’accusant Maître Barillon aurait d’ailleurs eu
d’avoir orchestré une cabale contre tort de se gêner tant les magistrats
notre belle justice et contre son ont collé à la caricature vaudoise :
plus éminent représentant, c’est- construisant lentement des phrases
à-dire lui-même, Lador Jean-Pierre, sans queue ni tête, ils emberlifipremier président du Tribunal de cotaient des questions molles et
La Côte. Motif de son courroux : vagues. Et quand Laurent Ségalat,
des lettres de soutien à l’accusé, Français, signalait poliment qu’il
notamment une missive d’une de n’avait pas bien saisi, les représenses filles, âgée de 18 ans, qui a eu tants de notre justice, vexés, lan-
E
çaient : « Voyons, M’sieur Ségalat,
vous z’êtes pas bête ou bien ? »
Le premier jour du procès a ainsi
offert, entre autres dialogues surréalistes, cet échange entre le procureur Cottier et l’accusé quant
aux habitudes alimentaires de la
défunte : « M’sieur Ségalat, vous
r’gardez les autres quand vous mangez ? » « Euh... je ne sais pas, Monsieur le procureur, je ne comprends
pas la question. » Exaspération de
Cottier : « J’veux dire, y en a quand
y mangent, y reprennent deux fois.
Voyez, y z’ont une bonne platée et
pis après, y z’en r’mangent une.
Votre belle-mère, la défunte, c’était
quel genre ? » « Qu’est-ce que vous
entendez par là ? » « C’était une solide mangeuse ou bien pas ? » « Euh...
Le Ségalat dans le texte
O
n nous le répète complaisamment,
Laurent
Ségalat est un « généticien
renommé ». Pourtant, personne
ne semble s’intéresser aux activités scientifiques de l’accusé. Non
qu’on y trouve des indices sur son
innocence ou sa culpabilité, évidemment, mais la lecture de ses
plus récentes contributions est
tout de même instructive quant
aux préoccupations du bonhomme. Bon, laissons de côté son
travail de bénédictin sur Caenorhabditis elegans et ses efforts, au
demeurant admirables, pour associer recherche fondamentale et
médecine clinique.
Plus intéressantes sont ses activités hors laboratoire. Peu avant la
Vigousse vendredi 1er juin 2012
5
Minute de silence pout l’attentat de Munich. Le record est de 60’’ 00.
date fatidique du 9 janvier 2010,
Laurent Ségalat publiait un petit
brûlot intitulé La science à bout
de souffle ? et un commentaire
décapant dans la revue scientifique EMBO Reports. On y découvre un chercheur désabusé
par l’état de sa profession, minée
par une myriade de dysfonctions :
pression excessive, compétition
acharnée, copinage, bureaucratie,
uniformisation,
cloisonnement
des spécialités, soumission aux
modes du moment, peopolisation, fraude, dictature des grandes
revues, confusion du succès et
du mérite, arbitraire des publications, invasion des « découvertes »
insignifiantes… Autant de « signes
annonciateurs d’une fin de cycle
que personne ne veut voir », dans
lesquels il voit des analogies avec
la crise financière mondiale et les
dérèglements du sport business.
Il y a certes de l’aigreur et de la
désillusion dans ce procès sans appel, comme si l’auteur s’était déjà
retiré d’un système qui le dégoûte
pour passer à autre chose. Mais
c’est aussi l’alerte d’un
amoureux de la science,
qui croit passionnément
aux vertus de la connaissance et de la vérité, avec
même une certaine candeur par endroits. Ainsi,
il écrit page 85 : « On
peut considérer que la
recherche fondamentale
normale, elle ne mangeait pas beaucoup. »
Par cet interrogatoire subtil, le
procureur général tentait de désamorcer la bombe qui démolit son
accusation : en analysant le contenu de l’estomac de la victime, un
éminent spécialiste zurichois a
conclu que l’infortunée était sans
nul doute tombée dans l’escalier
plusieurs heures avant l’arrivée de
l’accusé !
C’est donc sur ce ton gras et pâteux
que notre justice entend confondre
un prévenu, sans preuves ni aveux.
Mais sur une intime conviction :
faut se méfier de ces Français qui
causent trop bien. Patrick Nordmann
est une recherche permanente de la
vérité, vérité dont les chercheurs approchent par investigations, tâtonnements et déductions successifs, à
la manière d’un commissaire enquêtant sur un crime. » Une analogie
qui fait aujourd’hui sourire, car, s’il
est vrai qu’« en science, la vérité est
intrinsèquement difficile à établir »,
il ne connaissait de toute évidence
à l’époque ni le souci de la Justice
vaudoise ni la magie de la « conviction intime » pour ce qui est d’établir la vérité.
Sebastian Dieguez
La science à bout de souffle ?
de Laurent Ségalat, Editions Seuil,
107 pages. System crash, science
and finance: same symptoms,
same dangers? EMBO Reports,
vol. 11, n° 2, 2010, pp. 86-89.
n deux fascicules au format
carte postale, l’Association
des entreprises électriques
suisses (AES) prétend faire un
« tour d’horizon » quant à l’avenir
électrique du pays. Un horizon
assez restreint. En substance et
en 180 pages, l’AES ne développe
en effet qu’une seule vision: le
nucléaire est mirifique et indispensable, le reste est merdique et
impensable.
A l’appui, une argumentation
cousue de câble à haute tension et qui ne s’embarrasse pas
de broutilles telles que la réalité
des faits. Quelques membres de
l’AES, moins aveuglément dévots
du culte atomique, ont même
manifesté leur agacement tant le
machin est farci d’affirmations
biaisées et d’énormités. Florilège
en vrac. Les centrales nucléaires suisses,
assène la brochure, ont une « période d’exploitation de 50 à 60 ans »
alors qu’elles sont conçues pour
durer 30 à 40 ans. Les frais de leur
« mise hors service et de stockage »
sont « déjà inclus » dans le tarif
du courant, donc ces opérations
ne coûteront rien au contribuable alors qu’elles nécessiteront des
milliards supplémentaires, tout le
monde le sait. Les quantités de détritus fortement radioactifs « sont
modestes : en 50 ans de production
d’électricité nucléaire, les déchets
de haute activité représentent 500
grammes par habitant » ; soit 3500
tonnes alors qu’un seul gramme
de plutonium peut tuer un million de personnes… « Après
200 000 ans de dégradation radioactive, les émissions atteignent
des valeurs naturelles » ; chic
alors, 200 millénaires, c’est si vite
passé ! « La charge environnementale des mines » d’uranium « est
aujourd’hui négligeable », mais ne
le dites pas aux Nigériens, par
exemple ; « la quantité de minerai
à extraire est faible » vu la « forte
densité énergétique du combustible », sauf que l’uranium fissile
ne représente que 1% à peine du
minerai, qu’il faut donc bel et bien
extraire en masse. Et quand une
mine est épuisée, on la remblaie
et « des vaches paissent » dessus,
youkaïdi youkaïda, le nucléaire
est vraiment un bienfait pour la
nature !
Les autres sources d’électricité,
en revanche, sont effroyables.
Comme les barrages, les éoliennes sont « en conflit
avec la protection de la nature et du paysage » (alors
que les centrales et les
poubelles nucléaires sont
ravissantes). On en passe
et des pires, des chiffres trafiqués
aux contrevérités tordues.
Pourquoi une telle ferveur
nucléaire chez les électriciens
suisses ? Ne feront-ils pas leur
beurre quelle que soit l’origine
du courant ? Il s’avère que l’AES
est dominée par la baronnie de
grandes sociétés comme Alpiq, qui
s’engraissent surtout en exploitant
les centrales. Et que d’autres ont
voué depuis des années une telle
foi à l’atome qu’ils peinent à changer de cap. Ça se voit.
Pour bien montrer que l’éolien
est une sottise, l’AES affirme que
le pays est « peu venteux ». On ne
peut pas en dire autant de ses arguments.
Laurent Flutsch
Info lecteur
Terreur d’identité
Nom de nom Lorsqu’un quidam reçoit facture et rappels
pour un homonyme, il a bien du mal à démontrer que lui,
ce n’est pas un autre et réciproquement.
I
: il
l y a plus de six mois, Florian Florian est éberlué Gerber reçoit un surprenant n’a jamais commandé
ni reçu ce machin !
appel téléphonique :
– Ici Madame Unetelle, adminis- Du reste il ne possède
tratrice du magasin Mix-Image. Il pas de PlayStation.
y a quelque temps, vous avez com- Et il n’a pas changé
mandé sur notre site internet un jeu d’adresse depuis 2005. Il
vidéo pour console PlayStation. Ce explique donc à son interlocutrice
qu’elle a dû se tromper de
produit vous a été liGerber vu qu’il y
vré, mais vous ne vous
« Jeu veux Florian
en a une jolie flopée en
êtes jamais acquitté du
paiement. Vous avez
pas payer ! » Romandie. La préposée,
sceptique, répond qu’elle
reçu de nombreux rapva se renseigner.
pels et, entre-temps,
Vendredi dernier, Flovous avez déménagé.
Mais grâce à l’aide du contrôle des rian, qui avait complètement zaphabitants nous avons trouvé votre pé cette histoire, reçoit un nouvel
nouvelle adresse, d’où mon appel. appel de la dame pète-sec de MixAlors maintenant, il vous faut régler Image:
– Vous n’avez toujours pas réglé
cette facture.
votre facture ! Je me vois donc
contrainte de vous dénoncer aux
organismes du Net en tant que mauvais payeur.
Face à cette menace, Florian perd
patience. Non seulement il est
étranger à cette affaire, mais en
plus il paie toujours ses factures
pour ses achats en ligne :
il est hors de question pour lui
d’être recensé comme « mauvais
payeur » ! Il répète donc que ce
n’est pas lui qui a passé cette commande et réclame les informations
qui lui permettraient de prouver
son innocence : date de la commande, adresse de livraison, etc.
Mais l’accorte dame refuse d’en
dire plus, préférant ressasser son
credo :
– La commande a été livrée à votre adresse,
nous savons que
vous avez reçu la
facture et les rappels.
Puis elle raccroche.
Florian est énervé et inquiet.
Il ne sait comment faire piger
au magasin Mix-Image qu’il y
a embrouille d’homonymes, car
l’administratrice, certaine de tenir
la bonne personne, refuse d’entrer
en matière. Mix-Image devrait se
rebaptiser Mix-Clients.
Vigousse
Vigousse vendredi 1er juin 2012
6
Faits divers et variés
L’Hebdo : à quand le forum du 100 neuf ?
Montagnes
d’immondices
C
En Suisse, où la propreté
Des ordures sur
l'or blanc
flottent dans nos océans », dit Françoise Minarro de Greenpeace.
N’empêche : les communes et
les associations locales ont fort à
faire pour collecter les montagnes
d’ordures dans nos montagnes d’or
blanc.
Au pied d’un télésiège valaisan,
la Summit Foundation a comptabilisé dans les 7000 mégots par
jour. Or il faut 15 ans pour qu’un
mégot se dégrade naturellement…
Notons que le mégot « nuit gravement à la santé » des marmottes,
qui ont une fâcheuse tendance à
les confondre avec des vers. Les
bouchons des bouteilles en PET
et autres saletés intoxiquent les
oiseaux ou bloquent leur gosier.
La Summit Foundation dit avoir
ramassé 150 kilos de déchets sur le
domaine de Verbier. Ça peut sembler anodin, mais pour les vrais
amoureux de la montagne c’est
comme pour les marmottes : dur à
avaler.
Lego et les gogos
Jeux de filles Lego a lancé il y a quelques mois sa gamme
Lego Friends, toute en couleurs pastels et en clichés bêtifiants.
Vigousse vendredi 1er juin 2012
Des chercheurs britanniques ont
récemment établi la première
cartographie des sources d’eau
souterraines du continent africain.
Alors que plus de 300 millions
d’Africains n’ont pas accès à l’eau
potable, cette carte montre que
sous le sol le précieux liquide coule
à flots. Une affaire à creuser.
une photo sexy. Une jouissance
en sept secondes, voilà qui a de
quoi décomplexer les habitués du
deux-minutes-douche-comprise.
Il y a toutefois une faille, car on
n’arrête pas le progrès. Sur tous
les derniers modèles de téléphone portable, une combinai-
Le problème, c’est que les textes
et plus encore les images embarrassantes peuvent demeurer très longtemps dans les
cartes mémoire. C’est pour
y remédier que l’application Snap Chat a été créée :
grâce à elle, il est possible
d’envoyer un message ou une
photo qui ne s’affichera que
sept secondes sur l’écran du
destinataire, puis s’effacera
définitivement. D’après les
créateurs, cette durée permettrait de savourer entièrement
Cas d’eau
son de touches permet en effet
de « capturer l’écran » sous forme
d’image à stocker. Il suffit de le
faire durant les sept secondes
fatidiques. Après quoi, des petits
malins pourront vendre la photo
envoyée par leur partenaire à un
site érotique de real amateurs,
catégorie spécialisée dans les
vues de femmes ou
d’hommes se photographiant
euxmêmes en pensant
n’être vus que par
la personne destinataire. Voilà comment
participer, en 2012, à
une gigantesque partouse planétaire à son
insu.
Jonas Schneiter
Rêve américain
Angie, une Texane de 19 ans, a
toujours rêvé d’être élue reine du
bal. Pour parvenir à ses fins, la
donzelle a fait croire à tout son
collège qu’elle était atteinte d’une
leucémie et qu’il ne lui restait
que quelques mois à vivre. Pour
qu’elle puisse réaliser ses dernières
volontés, elle a pu collecter auprès
de ses camarades et professeurs la
coquette somme de 17 000 dollars.
La menteuse s’en est aussitôt
servie pour organiser son propre
bal, dont elle s’est autoproclamée
reine. Les Etats-Unis sont
un paradis pour la réussite
individuelle.
www.summit-foundation.org,
prochains ramassages le 17 juin à Verbier
et le 30 juin à Saas Fee.
« Le QI de mon client frise juste les cinquante. »
Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.
Conso & consorts
« O
Cul virtuel S’échanger textes ou photos torrides par téléphone portable est devenu
courant, mais pas sans risque.
rèves
Pierre-Pascal Chanel
PUB
n est des filles, des
vraies, et on veut créer
notre propre univers » :
ainsi parle la campagne planétaire
lancée en début d’année pour vanter la gamme Lego pour filles. Coût
de l’opération pub : 40 millions. La
nouvelle ligne de produits est fondée sur l’étude, des mois durant,
de fillettes en Allemagne, en Corée,
en Angleterre et aux Etats-Unis.
Elle a été conçue par des stars
du design, des experts en marketing, des consultants extérieurs.
Outre la phrase choc de la campagne
Les
E
responsables de Mountain Riders ont essayé en
juin 2011 de sensibiliser
les foules en plaçant des
« Déchets de montagne »
emballés dans les rayons
surgelés des supermarchés.
est légendaire, nos monts indépendants et nos glaciers sublimes
sont-ils épargnés ? En tout cas,
les grandes associations écolos ne
semblent guère s’alarmer : « Les
décharges à ciel ouvert ont été fermées
il y a assez longtemps », signale Nicolas Wü­
thrich de
Pro Natura. « Nous
nous
concentrons
davantage sur la problématique des
changements climatiques dans les
Alpes », précise Pierrette Rey du
WWF, « nous sommes surtout préoccupés par le sixième continent,
celui des déchets plastiques qui
Salon de messages
n guise de relations sexuelles,
certains pratiquent le sms
cru et d’autres, plus esthètes,
prisent les échanges de photos
nues. Clairement moins envahissant qu’une aventure physique et
bien plus discret qu’un 5 à 7 dans
un motel, le phénomène s’est répandu et démocratisé. Il existe désormais des sites d’annonces et de
rencontres exclusivement dédiés à
celles et ceux qui recherchent ce
genre de rapports.
Pics de pollution De l’Himalaya aux Alpes,
les sommets immaculés deviennent de
véritables décharges en altitude.
ordes, bouteilles d’oxygène,
tentes, batteries… : au bas
mot, une centaine de tonnes
de détritus sont abandonnés sur
l’Everest, transformé en dépotoir
par de valeureux conquérants
si friands de pureté grandiose.
De plus en plus, les cimes himalayennes sont les poubelles pour
aller grimper.
Sous nos latitudes aussi, la montagne est une décharge. En France
voisine, 6000 bénévoles de l’association Mountain Riders tentent
de nettoyer les territoires de
130 stations. Ils ont
récolté 17 tonnes
de déchets en 2008,
65 tonnes en 2010 !
Les deux tiers de
ces saletés sont
imputables aux touristes. Et on y recense une bonne
moitié de déchets non recyclables.
Certains profitent même de la
neige pour larguer en catimini des
roues de voiture ou des tambours
de machine à laver. Excédés, les
7
Paquebots géants : le « Costa Divina » encore plus cool que le « Concordia ».
(franchement peu crédible dans la
bouche d’une enfant de 5 ou 6 ans),
ces éminents spécialistes du monde
moderne ont formulé de savants
axiomes : les petites filles aiment
principalement le rose et le violet,
elles rêvent de devenir pop star ou
esthéticienne, elles adorent les châteaux de princesses, les cupcakes et
les animaux, surtout les chiens.
Le résultat ? Des briques et du broc
avec salon de beauté, concours canin, maison de campagne (y compris fleurs, assiettes et croissants),
château, clinique vétérinaire ou
encore cuisine extérieure. Le tout
déjà partiellement monté pour que
les petites filles « voient la construction en rose, avec des éléments amusants » (dixit la pub). On est loin
des actions héroïques, des professions aventureuses et des joies
créatrices proposées aux garçons.
Avec sa gamme pour petites dames,
Lego compte bien damer le pion à
ses concurrents Playmobil, Hasbro
et Mattel. Mais voilà : ses figurines
ressemblent comme des sœurs aux
Polly Pocket de Mattel, sans les fameux habits en silicone interchangeables. Et Playmobil avait déjà
créé des personnages féminins en...
1976 ! C’est ce qui s’appelle lancer à
grand fracas une « nouveauté » qui
ne casse pas des briques.
Alyssia Minne
Angle Terrassière/Villereuse
Tél. 022 782 16 34
Monsieur Samoun est accusé de vol par métier,
dommages à la propriété, violation de domicile,
opposition aux actes de l’autorité, violence ou
menace contre les autorités et les fonctionnaires,
infractions à la loi fédérale sur les stupéfiants.
– Il y a du monde à la table des plaignants,
s’exclame le juge, six personnes, sans compter
ceux qui ne se sont pas présentés, mais qui ont
confirmé leur plainte par courrier ; une bonne
dizaine, ajoute-il en secouant une pile de papiers.
Vous n’avez pas chômé, Monsieur Samoun, pendant que vous étiez à l’EVAM ! En moins d’un an
en Suisse, vous en avez commis, des vols ! Bon,
commençons !
– Voici deux lettres des médecins de Monsieur,
entame l’avocat de la défense. L’une explique
qu’il doit subir une opération du genou qui nécessite 6 mois de convalescence, l’autre est une
analyse psychiatrique qui dit que, euh… disons
que le QI de mon client frise juste les cinquante.
– Et ce n’est pas tout ce qu’il prend et boit qui
l’aide à avoir les idées claires, soupire le magistrat, mais écoutons les plaignants maintenant.
– Il a volé ma voiture et il l’a bien abîmée en
conduisant ivre et sans permis, explique le premier.
– Il reconnaît les faits, dit l’avocat.
– Il a volé mon porte-monnaie dans la poche
arrière de mon jean, fait le deuxième.
– Il reconnaît aussi.
– Il a fracturé ma portière et a volé mon sac de
gym, résume le troisième.
– C’est encore juste, soupire l’avocat.
– Il a cassé la vitre de ma voiture et il a été surpris
par la police, relate le quatrième.
– Oui, oui, c’est vrai.
– Il a brisé la vitre de ma voiture et a volé mes
lunettes et mon GPS, renchérit le cinquième.
– C’est bien lui, encore.
– Il a cassé la serrure de ma voiture, mais y avait
rien à voler, conclut le sixième.
– Ça aussi, c’est lui.
– Bon. Eh bien alors, l’affaire est claire, sourit le
juge.
– Juste une chose, intervient l’avocat après que
l’accusé jusqu’alors muet lui a chuchoté à l’oreille,
mon client n’a jamais jeté de chaise sur le securitas de l’EVAM, il visait un autre requérant qui
le menaçait.
– Les poursuites sur ce point sont déjà abandonnées, mais un de plus ou de moins, ça ne va pas
changer grand-chose à l’affaire, fait le magistrat.
– En effet, mais en assumant ses actes, il espère
avoir la chance d’être opéré et soigné avant
d’être renvoyé.
– Je le lui le souhaite, mais ce n’est pas de mon
ressort. Quoi qu’il en soit, il aura bientôt la réponse : il a signé des reconnaissances de dettes
pour tous les vols. Et pour le reste, le procureur
a requis 15 mois de prison. Donc, comme il est
incarcéré depuis 407 jours, il va bientôt sortir.
Lily
Vigousse vendredi 1er juin 2012
8
Traits percutants
Vigousse vendredi 1er juin 2012
Payez-vous un dessinateur : dessins@vigousse.ch
Impuissance de l’ONU. Sur la Syrie, Kofi ânonne.
9
Vigousse vendredi 1er juin 2012
Pronostic à Roland-Garros : Rafa va leur laisser Nadal.
MOT
FIN
D
HISTOIRE
L’
N
Un nommé Otanès vante les bien-
faits de la démocratie en faisant
valoir, en substance, que le peuple
n’est pas forcément imbécile et que
le partage général du pouvoir évite
au moins les lubies meurtrières
d’un roi tordu et omnipotent. Son
camarade Mégabyse réfute : s’il
admet volontiers que la royauté
est moche, il trouve la populace
pourris s’allient et ruinent le pays
jusqu’à ce que le peuple, exaspéré, porte aux nues et au pouvoir
un homme providentiel. Ce qui
donne une monarchie. Du coup,
résume Darius, autant gagner du
temps et choisir un roi tout de
suite. Pas con.
Convaincus, les quatre suivants
Fig. 1 : Ambiance de fin de règne.
ignare et déraisonnable. Mieux
vaut, argue-t-il, un petit groupe de
sages vertueux, dont bien sûr ils
feront tous partie, qui forcément
gouvernera dans l’excellence éclairée. Le troisième, un certain Darius, préfère de loin la monarchie.
Parce que l’oligarchie, c’est bien
joli, mais des rivalités naissent
toujours entre ses membres. Ça
tourne à l’aigre, au complot et au
meurtre, après quoi le plus fort
prend le pouvoir, ce qui donne
une monarchie. Quant à la démocratie, c’est simple : si le peuple
commande, c’est vite le foutoir,
la corruption s’installe, les plus
opinent, Mégabyse se rallie et
Otanès boude. Il n’y a plus dès
lors qu’à désigner le futur souverain et c’est réglé. Pour ce faire, ils
décident d’aller faire un petit tour
à cheval le lendemain et que sera
roi celui dont la monture hennira
la première au lever du soleil. Un
mode de scrutin pas plus bête
qu’un autre.
Juste après, Darius a un petit
entretien privé avec son fidèle
écuyer, un nommé Oebarès. Lequel assure qu’il s’occupe de tout.
Connaissant bien les goûts sexuels
de l’étalon de son patron, il va se
frotter la main aux parties génitales de sa jument favorite (la favorite de l’étalon, donc). Et au soleil
levant, il passe inopinément cette
main sous les naseaux du destrier
de Darius, qui aussitôt pousse un
hennissement concupiscent (le
destrier). Darius est roi.
Le 8e conseiller fédéral
Arrrrhhhh !
Je vais tuer ce
bâtard de Dragovic !
Je vais envoyer le
DRA10 lui coller
une balle dans la
tête, à ce
footballeur de
mes deux !
Certes, ce n’était pas très drôle,
son gag de vous toucher la calvitie
après la victoire du FC Bâle,
chieur
A CC
Raconté par le Grec Hérodote (né
vers 480 et décédé vers 420), l’épisode montre à quel point la royauté est un régime sensé et légitime,
et à quel point les monarques
sont par définition les individus
les plus compétents de tous pour
gouverner.
Du reste, au fil des millénaires
et partout dans le monde, divers
rois très sympas ont prouvé toute
l’étendue de leur sagesse innée, de
leur sens du bien commun et de
leur amour du peuple. Jusqu’à ce
que ledit peuple, dans sa mesquinerie habituelle, se lasse de trimer
en crevant la dalle pour engraisser
dans leurs palais dorés des nababs
futiles et mégalomanes, et qu’il se
mette en tête de couper la leur.
Il y a bien sûr des exceptions,
comme le Royaume-Uni. Les
soixante ans de règne de Madame Elisabeth Windsor y seront
célébrés à coups de millions ces
prochains jours, dans la liesse populaire et dans un délire de fastes
d’un autre âge. Le tout commenté
à la télé, si ça se trouve, par un prénommé Darius.
Laurent Flutsch
Et puis aussi, c’est vous qui
avez choisi votre département.
Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.
Mais il m’a humilié
devant les caméras,
cet enculé !
mais ça ne
mérite tout
de même pas
la mort…
Vigousse vendredi 1 juin 2012
er
Tapie des alpages
U
Le Nouvelliste du 29.05.12
Cher Christian,
Vous voici donc, ainsi que
nous le précise fièrement notre
confrère du Nouvelliste, avec
un bail renouvelé : après moult
péripéties,
votre
FC
Sion
conservera sa place au sein
de l’élite du football suisse
et c’est très bien ainsi. Réjouissons-nous et trinquons,
un verre de petite arvine
en main, à ce qui n’est rien
d’autre qu’une forme de justice, sur le terrain du moins.
Cela acquis, vous prévenez :
« Si on nous cherche des noises
lors du prochain championnat,
nous serons là ! » Croyez bien
que personne n’en doute.
Il n’est pas inutile, pourtant,
et alors que les esprits se
sont calmés, de vous rappeler
que le jeu de football est l’un
des plus simples qui soit : un
terrain, une balle, des buts
et c’est à peu près tout. C’est
ce qui fait son charme et c’est
pour cela qu’il est le plus
répandu dans le monde. A cette
liste, vous avez ajouté un bel
esprit frondeur et le refus des
lois qui le régissent tant bien
que mal.
ne nouvelle tendance a été
identifiée chez les retraités,
qui sont de plus en plus
nombreux à retirer leur 2e pilier
pour le dilapider en dépenses futiles, puis à réclamer l’aide sociale.
Cet égoïsme intolérable n’étonnera que ceux qui jusque-là n’avaient
pas encore compris cette vérité :
les vieux sont des enflures.
On peut tracer la source de ce
comportement inique dans le
fait que les vieux se considèrent
comme une élite.
En effet, tout le monde a été jeune
un jour, mais tout le monde ne
devient pas vieux. Même si, progrès de la médecine aidant, leur
nombre est en augmentation, il
n’en reste pas moins que beaucoup de malchanceux meurent
avant d’atteindre le statut tant
convoité de personne âgée. C’est
là l’incroyable injustice de la
vieillesse, qui n’est accordée arbitrairement qu’à une partie de la
population. Ce qui explique leur
arrogance de parvenus, de « nouveaux vieux ».
Les plus naïfs pensent encore
que les aînés sont inoffensifs.
C’est oublier un peu vite qu’avant
d’être vieux, ils ont tous été des
sales jeunes. A la malfaisance de
leurs vertes années, ils ont ajouté
la ruse acquise au cours de leur
longue existence de nuisibles.
Leur réussite outrageante suscite
poule et pantalons en
velours côtelé pour
ressembler à leurs
modèles.
Et cette fascination
est compréhensible,
car les vieux ont tout
pour eux : l’argent piqué aux assurances,
les femmes (certains
de ces pervers se sont
même mariés plusieurs fois), la drogue
(on a connu des cas
de vieillards prenant
jusqu’à quinze médicaments
différents
par jour), les fausses
dents en or, etc.
l’envie de toute la société à tel point
que si l’on demande aujourd’hui à
un enfant ce qu’il veut faire plus
tard, il ne répond plus « pompier »,
« policier » ou « astronaute », mais
« vieux » ! Plus personne n’aspire à
un travail honnête. Tout le monde
veut devenir vieux tout de suite !
Ce qui inspire des mouvements de
mode lamentables à l’image de tous
ces voyous adolescents qui traînent
dans les rues en charentaises, bretelles, sous-pulls, vestes pied-de-
Moi, par exemple, qui ai attendu
toute ma vie d’être vieux, je suis
malheureux maintenant que je le
suis devenu, car j’ai plein de maladies, j’arrive à peine à marcher et
je fais sous moi. Si j’avais su, je serais devenu vieux plus tôt, quand
j’étais encore jeune.
Professeur Junge,
phare de la pensée contemporaine
Vincent
Et cette fois-ci, vous n’étiez
pas le plus fort !
042
En tant que chef de l’armée et
des sports, vous ne vous
attendiez quand même pas à
fréquenter la crème des
intellectuels du pays, ou bien ?
La vie selon le professeur Junge Cette semaine : pourquoi
les personnes âgées donnent le mauvais exemple.
C’était oublier que le petit
monde du foot ressemble à s’y
méprendre à ce Vieux Pays dont
vous avez fait votre terrain
de jeu favori. Et que si, à
l’image de ce qui se passe dans
votre cher Valais, certains y
agissent à leur guise, usant
et abusant de règlements souvent discutables, la loi qu’on
y applique n’est jamais rien
d’autre que celle du plus fort.
Calmez-vous,
Ueli…
Ecoutez, Ueli, comme vous
passez déjà votre temps à
vous humilier tout seul dans
les médias, il a dû penser que
ça ne vous dérangerait pas.
Les nouveaux vieux
Courrier
du
Morceaux de rois
ous sommes en Perse, 522
ans avant que soit sectionné
le cordon ombilical entre la
Vierge et le petit Jésus. Un putsch
se prépare. Il y a du grabuge dans
l’air. Sept conjurés armés jusqu’aux
dents s’introduisent à pas de loup
dans le palais et parviennent silencieusement jusqu’aux quartiers
royaux. Là, ils font soudain pas
mal de boucan : dans le cliquetis des épées, le gargouillis des
viscères et les couinements des
eunuques, ils bouchoient le souverain et sa garde rapprochée.
Quelques jours après cet exploit
héroïque, les sept se retrouvent
pour discuter de la suite. D’abord,
quel régime politique faut-il
désormais adopter ? Quel est le
meilleur système, la démocratie,
l’oligarchie ou la monarchie ? Voilà qui n’est pas de la tarte.
11
Scandale au Vatican : leurs footballeurs sont honnêtes.
Pitch
E
Bien profond dans l’actu !
E
L
10
Roger Jaunin
Vigousse vendredi 1er juin 2012
Rubrique
Culture
et déconfiture
Un film
danse et musique électronique,
ce spectacle hybride se joue des
croyances et des superstitions
populaires. Etonnant, à n’en pas
douter. Es-tu forte assez ? Temple
Allemand, La Chaux-de-Fonds,
01-08.06.
tion ? Quels moyens pour quelle
finalité ? Comment changer la
société ? Ce sont ces questions,
la confrontation entre l’idéal de
l’action politique et la réalité des
faits, qui intéressent Nicolas Wadimoff. Et tous les spectateurs qui
ont encore l’âme guevariste. Reste
que si Opération Libertad, dont
l’explosive Karine Guignard (alias
la rappeuse lausannoise La Gale)
incarne la grenade dégoupillée, est
passionnant sur le fond, ne por-
FARFOUILLER Que l’on
soit fauché, adepte du vintage
ou en quête d’une chemise
pailletée pour une soirée disco,
toute une tente est consacrée
aux fringues et accessoires à
vendre ou à acheter. Les fripes,
c’est cheap & chic ! Vide dressing
et vide grenier, esplanade de la
Maladière, Neuchâtel, 02.06 de
10 h à 18 h.
tant pas de jugement, il déroute
un peu sur la forme. La voix off
passe mal, la réalisation «cassette
vidéo» fatigue, la rupture entre
l’énergie punkisante de l’action et
l’immobilisme théorique est trop
marquée. Un casse qui lasse.
Opération Libertad, de Nicolas Wadimoff,
avec Karine Guignard, Natacha
Koutchoumov. Durée : 1 h 37. En salles.
Des cédés
Booga-Boogaloo
La chanson vivante
Samedi 2 juin – 1re partie
Laurent Malot
Un univers teinté
de jazz
A l’heure où les plaisirs de la vie sont sacrifiés sur l’autel du sain et de
l’ascèse, l'Olivier Magarotto Trio débarque avec un album de jazz qui va
réveiller les vices. Formé par Olivier Magarotto à l’orgue Hammond, Julien Revilloud à la guitare et Yoann Julliard à la batterie, ce groupe franco-helvète ressuscite le jazz des années 60 en le mêlant habilement avec
des sonorités actuelles, hip-hop ou musique africaine. Entre jazz, blues
et musiques du monde, le trio peuple son album Urban Boogaloo de
compositions originales qui transportent vers des territoires lointains.
A l’écoute du titre Mustang, on se retrouve dans une cave sombre de la
côte Ouest des Etats-Unis, au groove envoûtant et à l’ambiance délicieusement étouffante, saturée de fumée,
d’alcool et de sueur… Quand le jazz est là,
la pudeur s’en va.
Alinda Dufey
L’Esprit frappeur
Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)
www.livestream.com/espritfrappeur
Vigousse vendredi 1er juin 2012
Urban Boogaloo, Olivier Magarotto Trio.
Le CD (25 francs) se commande par courriel à
olivier.magarotto@gmail
Concerts : EJMA, Lausanne, 11.06, Fête de la
musique, Orsières, 22.06, Icogne Festival Jazz, 07.07.
min. Celui d’une œuvre qui
vit par elle-même, sans autre
contrainte et obsession que la
recherche de la lumière. « Une
peinture à la fois sombre et
lumineuse, tactile et mentale,
violente et contemplative, son
œuvre s’offre comme une expérience
à la fois physique, métaphysique et
poétique qui se vit en direct. Au-delà
du noir, bien sûr, mais au-delà des
mots aussi. Bien au-delà », note
Françoise Jaunin*, journaliste et
auteure d’un livre d’entretien avec
un artiste dont elle dit aussi qu’il
est « un homme généreux, une belle
personne et (que) ça se sent dans sa
peinture ».
Une palette
de douleurs
Nicolas, marié avec trois enfants,
est un peintre célèbre et torturé.
Jeanne, mariée à un pharmacien
et mère de deux garçons, est une
perpétuelle insatisfaite. Lorsque
ces deux-là se rencontrent, l’attraction physique est subite, quasiment douloureuse. Refusant
d’abord de céder à leur attirance,
tout en se frôlant sans cesse, Nicolas (accompagné de sa femme et sa
marmaille) et Jeanne vont s’échapper en Italie pour mieux se retrouver en France. Un rapprochement
impossible, mais inéluctable.
Largement, mais librement, inspiré de la vie du peintre Nicolas de Staël, et surtout de son
ultime passion amoureuse, ce
troisième livre de la Genevoise
Nathalie Chaix est une sublime
histoire d’amour. Le héros est
un geignard sans caractère,
l’objet de ses désirs est une fille
facile qui n’assume rien, leur
liaison est puante et finit mal,
mais leur amour est pourtant
vrai, beau. Au fil de la lecture,
Bon anniversaire,
Monsieur Lee !
Roger Jaunin
* nom connu
de la rédaction
Pierre Soulages 2010-2012,
à la Galerie Alice Pauli,
Lausanne. Jusqu’au 21.07.
www.galeriealicepauli.ch
A lire également :
Pierre Soulages – Outrenoir, entretien avec
Françoise Jaunin. La Bibliothèque des Arts.
En librairie.
Un bouquin
SUER Dans le cadre des
mystères de l’UNIL (portes
ouvertes du campus lausannois
les 2 et 3 juin) sont organisées de
vraies Olympiades grecques en
costumes d’époque. Processions,
libations, sacrifices aux divinités,
épreuves théâtrales, sportives
et musicales : en voilà un
programme par Zeus ! Olympiades
antiques, Université de Lausanne,
bâtiment Amphimax, 03.06 de
13 h à 18 h.
Bertrand Lesarmes
PUB
Laurent Viel
Gosse, Pierre Soulages peignait la
neige en noir. Au crépuscule de
sa vie, créatif comme jamais peutêtre, l’artiste reste fidèle à ce que
d’aucuns considèrent comme une
« non-couleur » et qui, pour lui, en
est bien une, la seule, « qui ne transige jamais ». Et de parler d’« une
manière de peindre sans paroles ».
Les 14 toiles qu’il présente à la
Galerie Alice Pauli ont toutes été
réalisées entre 2010 et 2012. D’ores
et déjà vendues, elles seront exposées jusqu’au 21 juillet, et il est à
craindre que pour la plupart d’entre
elles ce soit là l’ultime occasion de
les voir.
Peintre non figuratif et encore
moins abstrait, Pierre Soulages
trace et emprunte son propre che-
FREDONNER Isabelle
Boulay, les Vulgaires Machins,
Véronic Dicaire, Fred Pellerin,
les Cowboys Fringants et autres
voix aux saveurs d’érable. Festival
Pully-Lavaux à l’heure du Québec,
à Pully, Lutry, Orbe, Paudex,
Belmont et Payerne, 01-09.06.
www.pully-quebec.ch
L
Des védés
Noirs !
CROIRE Entre théâtre,
Révolutionnaires sur les
nerfs Dans Opération Libertad,
le Genevois Nicolas Wadimoff
fait le portrait de guérilleros
helvétiques qui n’ont rien de
superhéros romantiques.
Vendredi 1er juin (20 h 30)
Samedi 2 juin (20 h)
Dimanche 3 juin (17 h)
Une expo
Brouillon de culture
Brigades rouges à croix blanche
e changement, c’est maintenant ? On le disait déjà
hier… Retour donc dans ces
années 70 un peu folles où l’on
voulait pendre le capitalisme avec
les tripes des bourgeois, où, antinantis, on s’engageait dans la lutte
avec armes et bagage idéologique.
Les femmes et les hommes qu’on
découvre dans Opération Libertad
se sont levés le matin en rêvant du
grand soir. Membres du Groupe
Autonome Révolutionnaire (GAR
à eux !), ils s’attaquent à une
banque suisse qui, selon les lois
de l’hospitalité financière ayant
toujours cours, accueille l’argent
sale des dictatures qui ne le sont
pas moins.
Fort bien, mais une fois qu’on a
des biftons et un fasciste paraguayen sur les bras, on fait quoi ?
Où se situe la limite entre guérilleros faisant l’ouverture du JT
et Pieds Nickelés de la révolu-
13
Cannes :Citation
la Palme d’or
- citation
à « Amour »,
- citation
les -autres
citation.
ont la haine.
© Vincent Cunillere
12
alors que les voix des deux amants
alternent, leur passion dévorante
suscite tant l’attendrissement que
l’agacement, l’envie que le dégoût. Un roman
à l’eau de rose
au goût d’orange
amère.
Alinda Dufey
Grand nu orange,
de Nathalie Chaix,
Bernard Campiche
Editeur, 198 pages.
Parfois, il faut savoir attraper les occasions
au vol. Entre période d’été avec son lot de
films inintéressants et overdose (en série
ou en film) de Sherlock Holmes revisités
et bousillés, il ne s’agirait pas d’oublier les
90 ans de cet immense acteur britannique
qu’est Christopher Lee ! Car il se trouve
que Sir Christopher, qui entame ces jours
sa 66e année sur les écrans, a joué dans
le meilleur Holmes jamais tourné au
cinéma, celui où le Technicolor est à son
plus somptueux niveau, celui où le cri de la
bête résonne effroyablement sur la lande
désolée, celui où l’ascétique Peter Cushing
donne si bien la réplique au funeste comte
de Baskerville. Toute la fine équipe qui
avait réalisé, une année auparavant, le
mythique premier Dracula pour le studio
Hammer a brillamment réitéré l’exploit ;
c’est glauque, c’est sinistre, mais aussi
magnifiquement mis en scène et surtout,
c’est so british.
Michael Frei
Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne
Le chien des Baskervilles, de Terence Fisher,
1959, MGM, VF et VOST, DVD, 86 min.
PUB
Gare aux grilles par
égé
Solution de la semaine précédente
1
2
3
4
6
7
8
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Françoise Neuhaus
> Mobile 079 213 82 64
Petit-Flon 35b, 1052 Le Mont-sur-Lausanne
> Tél. 021 648 52 70 > Fax 021 648 52 71
Vigousse vendredi 1er juin 2012
14
Mass merdia
Audience du 20 H de TF1 : sortie de route pour Ferrari.
Budget plancher et audience
plafond
Bien profond dans le PAF
La télé-réalité « low cost »
pullule sur les chaînes bas
de gamme. Et se reproduit
comme des lapins!
« S
ecret story », saison 6,
c’est parti ! Le lecteur
de Vigousse n’en a rien
à carrer ? Pas TF1, qui espère que
cette télé-réalité lui rapportera une
timbale publicitaire équivalente à
celle de la saison 5 : soit 52 millions d’euros hors taxe.
Mais il y a mieux et plus rentable.
Depuis deux ans, une télé-réalité,
qui sent bon son M-Budget, fait les
choux bien gras des chaînes bas de
gamme comme NRJ12, W9, NT1,
voire TMC.
Ici, on investit des clopinettes et les
chefs-d’œuvre s’enchaînent : « Les
Ch’tis font du ski », par exemple,
ne coûtent que 6000 à 10 000 euros
l’épisode de 26 minutes. Un rapport qualité-prix à la hauteur des
neurones de ceux qui sont devant
ou derrière la caméra. Mais attention, cela draine une moyenne de
400 000 à 800 000 adeptes à chaque
diffusion. Des scores qui dépassent
souvent ceux d’Arte ou de France 5
dans l’Hexagone.
Le carton ultime a été atteint par
la finale de « La belle et ses princes
presque charmants » (W9) qui a
scotché devant l’écran très plat 1,5
million de fans. Un malheur auprès
des moins de 25 ans selon les instituts spécialisés…
Sur le plan du casting, ce genre de
programme se révèle très « efficient ». « Les anges de la télé-réalité » ou « Encore une chance »
(NRJ12) recyclent en effet tous les
ringards de « Star Academy », « XFactor », « Nouvelle star », « Top
Chef » et autres « Ile de la tenta-
tion » pour de nouveaux défis bien
nuls.
Or il n’est pas évident d’échapper
à ces programmes. Un décompte
précis de la grille télé entre le
lundi 28 mai et le vendredi 1er juin
2012 laisse pantois : lorsque vous
avez pointé toutes les diffusions
de « Panique en cuisine » (M6,
W9), « Relooking extrême » (W9),
« Viens partager ma vie » (TMC),
« Mini-miss, qui sera la plus
belle ? » (NT1), « Premier amour »
(TF1), on arrive à 90 passages !
Qui a dit que tout cela confinait à
l’irréalité ?
Pierre-Pascal Chanel
Autodécollant
GHI et Lausanne Cités (LC) sont
deux célèbres journaux gratuits
que tout un chacun reçoit
régulièrement dans sa boîte aux
lettres. Même ceux qui n’en veulent
pas ! Vigousse (23.03.12) avait narré
les aventures de pétitionnaires
du bout du lac qui se battaient
en vain pour ne plus recevoir cet
encombrant canard chez eux.
Du côté vaudois, le combat est
plus désespéré encore, surtout
si on a affaire à une gérance
intransigeante. Une lectrice de
votre petit satirique se désolait
d’avoir à jeter chaque semaine LC
malgré l’inscription « pas de pub »
sur son casier. Elle commande
donc à Lausanne Cités l’autocollant
qu’ils ont spécialement produit
à l’intention des récalcitrants
(preuve qu’ils doivent être assez
nombreux). Tout heureuse, elle le
colle sur sa boîte à côté du « pas de
pub » officiel.
Mais le soir, elle s’aperçoit
que la vignette « pas de LC » a
disparu. Après enquête auprès du
concierge, elle apprend que d’après
le règlement de l’immeuble aucun
autocollant personnel ne peut être
apposé sur les boîtes. La gérance
confirme l’oukase en prétendant
que si on laisse les locataires faire
ce qu’ils veulent, c’est le début de
l’anarchie.
Moralité : chaque semaine, elle
retrouve son Lausanne Cités dans
sa boîte ! Et vive la liberté !
Le choc des grimages
S’il est bien un hebdomadaire qui colle à l’actualité, c’est L’illustré. Dans son
édition du 16.05.12, le journal nous avait fait découvrir les Grisons en déguisant
son journaliste en ours brun, allusion fine au plantigrade qui se balade dans la
région. Dans celle du 23.05.12, le Festival de Cannes était bien sûr à l’honneur.
Et dans ce cas-là également, le magazine a joué sur le grimage plutôt que sur
l’information. En déguisant 10 personnalités romandes en « méchants » de
cinéma, L’illustré se transforme à son tour en catalogue de farces et attrapes.
D’autant que la belle Lolita Morena est très convaincante en Sharon Stone, belles gambettes croisées comme dans
Basic Instinct, et qu’Oskar Freysinger a l’air plutôt nigaud avec son masque d’Hannibal Lecter dans Le silence
des agneaux (blancs ?). On ne peut qu’encourager L’illustré à continuer dans cette voie : pour Roland-Garros,
quelques peoples de chez nous avec une tête en forme de petite balle jaune, pour l’Euro de foot, le Conseil fédéral
en joueurs ukrainiens et pour les Jeux olympiques, l’équipe suisse d’équitation en horse guards…
Tirons dans le Tamedia
Si tant est qu’on se soit marré ces dernières
années du côté de la Tour Edipresse à
Lausanne, on n’y rit plus du tout depuis que
le groupe zurichois Tamedia a pris les
commandes. En juin 2010 déjà, Pierre
Lamunière, le futur ex-propriétaire, s’était
vu prier d’embellir la mariée en liquidant
10% de ses effectifs, soit une centaine de
collaborateurs, ce qui avait provoqué une belle
onde de choc dans la presse romande. Une fois
la fusion consommée, Tamedia s’était bien gardé
de faire la moindre vague : quelques (dizaines de)
postes supprimés ici et là, par petites touches,
quelques petites publications cédées à des tiers,
comme l’hebdomadaire Terre & Nature, le tout
dans le velours et la discrétion. Or voici qu’en
plein cœur du week-end de la Pentecôte, alors que
le bon peuple des lecteurs grillait les saucisses,
l’information était lâchée, reliée par nos confrères
du Courrier et de La Liberté d’abord, par le reste
de la presse romande ensuite : Tamedia s’apprête
à se séparer de 21 nouveaux collaborateurs (5 à
la Tribune de Genève et 16 à Lausanne, au sein
UNIGRAF.COM
des rédactions de 24 heures et du Matin). Ces
21 sacrifiés sur l’autel du profit ont tous été avisés
de ce qui les attendait… avant même que le conseil
d’administration de Tamedia valide ce qui est
présenté comme « un projet ». Lequel, selon Zurich,
consisterait à « externaliser un certain nombre de
tâches relatives à l’entretien et à l’exploitation des
trois rédactions ». Qu’en termes choisis ces choseslà sont dites…
A relever encore que Tamedia est déjà dans l’œil
des syndicats suisses allemands en raison du
regroupement imposé à trois journaux régionaux.
Une fusion qui s’est soldée par la suppression de
10 postes.
Le cahier des sports
Tricheur toi-même !
D’accord, ils ont triché. Vendu des
matches et bafoué « l’esprit » du
sport. Ils seront punis, deviendront
entraîneurs-chômeurs, manqueront
peut-être le prochain Eurofoot. Bien
fait, ils n’avaient qu’à pas !
Du coup, et comme c’est arrivé dans le
cyclisme, c’est toute une corporation
qui va passer pour un ramassis de
vendus : footballeurs = tricheurs et
basta !
A ce stade d’une affaire qui va encore
faire couler des hectolitres d’encre
et de salive, la question s’impose :
pourquoi « seulement » eux ? Oui,
pourquoi ne pas élargir le champ de
l’opprobre à TOUTES les catégories
de gens célèbres, influents, sinon
décideurs ? Dira-t-on, par exemple,
que tous les chefs d’entreprise sont des
salopards au prétexte que quelquesuns d’entre eux licencient en même
temps qu’ils annoncent des bénéfices
record ? Dira-t-on que tous les curés,
pasteurs, rabbins et autres imams
mentent à leurs ouailles parce que
leurs dieux sont impuissants à rendre
les hommes raisonnables ? Dira-t-on
encore que tous les politiciens sont
des mafieux, « la preuve, machin
s’est engraissé sur le dos de ses
contribuables » ?
Il est des footballeurs qui vendraient
leurs crampons pour une poignée
d’euros de plus. Ceux-là méritent d’être
dénoncés. Et les autres ?
Et ce sera tout pour cette semaine.
Roger Jaunin
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Vigousse vendredi 1er juin 2012
15
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Sous le titre « Le coup d’œil de Peter Rothenbühler », l’éminent
journaliste confie tous les samedis ses états d’âme dans Le Matin
(26.05.12). L’un de ses coups d’œil ressemble plutôt à un coup de
gueule puisqu’il s’en prend vertement aux journaux de la radio et
de la télévision romande : « Comparez le téléjournal romand avec le
« Tagesschau » alémanique et comparez l’émission « Forum » du soir avec
l’émission sur la radio alémanique « Echo der Zeit » : c’est le jour et la
nuit. »
Et d’assurer qu’outre-Sarine c’est « l’information sérieuse qui prédomine,
le travail des journalistes qui expliquent les événements ». Rien de tout
cela par chez nous puisque que « Forum » « devient de plus en plus le
théâtre de foires d’empoigne stériles » (là, il n’a pas tout tort !). Quant au
journal télé de la RTS, « il se rapproche de plus en plus de celui de TF1,
qui favorise les faits divers et le show-business ».
Paroles de connaisseur puisque Rothenbühler, rappelons-le, est
l’importateur en Suisse
romande de la presse
de boulevard
style Blick qui
a conduit les
autres médias
à abandonner
« l’information
sérieuse ».
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Vigousse vendredi 1er juin 2012
16
Crise : l’Espagne aussi dégraisse.
La suite au prochain numéro
B é B E RT D E
PLONK & REPLONK
Rosset, c’est du sérieux !
U
n quintal et des poussières
sur la balance, le verbe
savamment maîtrisé, Marc
Rosset a rompu avec son image
de grand Duduche, potache paresseux et volontiers fouteur de
merde à la mode Cabu : c’est qu’à la
RTS des Gilles Marchand et Massimo Lorenzi réunis, on fait dans le
sérieux, sinon le pédant ; on a beau
arborer une médaille d’or olympique au revers, une réputation
d’éternel râleur et quelques coups
de gueule passés à la postérité, on
est prié de bien se tenir.
Marc Rosset, donc, recyclé en
consultant télé. Formaté, cadré,
tenu de « faire juste » et surtout de ne pas en faire trop. Le
bonhomme, c’est sûr et c’est la
moindre des choses, connaît son
sujet par cœur. L’analyse est pertinente, le pronostic reste prudent
et quelques anecdotes lâchées ici
ou là font sourire : Rosset consultant, c’est mieux qu’une réussite,
un triomphe si l’on compare avec
quelques ex-footeux toujours
prêts à expliquer que la Nati pourrait devenir championne d’Europe
sans même mouiller la chemise ;
Vigousse vendredi 1er juin 2012
C’est arrivé la
semaine prochaine
(ou du moins ça se pourrait bien)
Révélation
La mule du pape
était une taupe
Monnaie inique
Euro : la faute
à pas de change
avant, bien sûr, de s’en aller apprendre les rudiments de la balle
au pied aux Brésiliens eux-mêmes.
Encore faudrait-il qu’elle participe, mais bon…
Rosset à « Roland », c’est du béton
armé. C’est même si fort qu’on l’y
voit capable de déjouer jusqu’aux
pièges tendus par quelques journalistes dits « de plateau », tout
contents de le mettre dans l’embarras en lui proposant, en direct
et sans rire, « d’analyser » le tennis féminin, sujet dont il se fiche
comme de sa première raquette.
Personne ne lui en voudra, comme
on ne saurait lui reprocher d’apprécier la cuisine italienne au
point d’être le principal client de
son propre restaurant, d’aimer les
virées en Harley-Davidson ou encore d’être fan de Genève-Servette.
Quoique sur ce dernier point…
Mais là n’est pas le propos : le
Grand, Grande Gueule Gouailleuse, n’est pas à la télévision
pour être, comme un Noah ou un
McEnroe, vraiment lui-même.
C’est con, c’est de loin celui que
l’on préfère.
Roger Jaunin
Frais d’Ibères
La crise moud l’Etat
Soldes
monstres
Fin de Syrie,
liquidation générale