balthazar - Théâtre Rive Gauche

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balthazar - Théâtre Rive Gauche
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52 En
scène
Par Alice de Chirac
FRANCIS
HUSTER
>> D U T H É Â T R E À L ’ O P É R A
© Lot
© Lot
ACTEUR LÉGENDAIRE QUI A CONSACRÉ SA VIE AU THÉÂTRE, FRANCIS HUSTER A GARDÉ AU FOND DE SES YEUX CLAIRS
LE MAGNÉTISME DES ÊTRES PASSIONNÉS. D’UN TEMPÉRAMENT ULTRASENSIBLE, LES ÉMOTIONS QU’IL LIBÈRE SUR
SCÈNE CONSTITUENT L’UNE DES CLÉS DE SON TRIOMPHE DANS « L’AFFRONTEMENT ». LA PIÈCE DE BILL C. DAVIS, DONT
IL PARTAGE L’AFFICHE AVEC DAVY SARDOU, N’A JAMAIS AUTANT PARUE D’ACTUALITÉ : SACERDOCE DES FEMMES,
MARIAGE DES PRÊTRES, HOMOPHOBIE Y SONT DÉBATTUS AVEC VIRULENCE DANS UN DUO QUI MÉTAMORPHOSERA TIM
FARLEY, UN PRÊTRE ALCOOLIQUE QUI N’ATTENDAIT PLUS RIEN DE LA VIE. MAIS FRANCIS HUSTER NOUS DONNE UN
AUTRE RENDEZ-VOUS CET ÉTÉ AVEC SA MISE EN SCÈNE DE « LA FLÛTE ENCHANTÉE » DE MOZART, UNE NOUVELLE
FACETTE DE SON TALENT ALORS QU’IL VIENT PAR AILLEURS DE PUBLIER DEUX ROMANS. ENTRETIEN À CŒUR OUVERT.
POURQUOI AVEZ-VOUS SOUHAITÉ REPRENDRE L’AFFONTEMENT QUI FUT UN
IMMENSE SUCCÈS IL Y A DIX-SEPT ANS AVEC JEAN PIAT ET FRANCIS LALANNE ?
Francis Huster : Jean Piat est venu voir Le Journal d’Anne Frank, il a été
séduit par la mise en scène de Steve Suissa et il lui a dit de reprendre
L’Affrontement avec moi. Cela faisait aussi longtemps que Davy
Sardou avait demandé à Jean Piat de le refaire. Il y a dix-sept ans, on
ne pouvait pas répondre aux questions qu’il posait avec l’autorité de
Rome, l’Eglise était très fermée. On regardait la pièce avec beaucoup
de respect. Aujourd’hui, le public donne des réponses, alors qu’à
l’époque il n’en donnait pas. Il prend parti. Le gros succès de la pièce
c’est qu’elle devient un phénomène de société.
LE MESSAGE DE TOLÉRANCE PORTÉ PAR LE SÉMINARISTE MARK DOLSON,
INTERPRÉTÉ PAR DAVY SARDOU, VOUS PARAÎT-IL ESSENTIEL À TRANSMETTRE
AUJOURD’HUI AU-DELÀ DE LA SEULE EGLISE CATHOLIQUE ?
C’est le mot clé qui peut seul ouvrir le verrou du XXIe siècle.
Malheureusement, c’est le mot qui est trahi par les médias. Quand on
ouvre les journaux, 90 % c’est de l’intolérance. Ce ne sont que des
dénonciations, des ignominies à longueur de temps.
SEIZE ANS APRÈS VARIATIONS ÉNIGMATIQUES, QUE VOUS AVEZ CRÉÉE AU CÔTÉ
D’ALAIN DELON, VOUS AVEZ À NOUVEAU JOUÉ UNE PIÈCE D’ERIC-EMMANUEL
SCHMITT AVEC L’ADAPTATION DU JOURNAL D’ANNE FRANK CRÉÉE DANS SON
THÉÂTRE RIVE GAUCHE. COMMENT SE SONT PASSÉES CES RETROUVAILLES ?
Il y a trois ans, il m’a donné la pièce et j’ai été emballé tout de suite.
Je l’ai proposé à beaucoup de directeurs de théâtre, ils ont tous
refusé. C’était trop dramatique, il y avait trop d’acteurs, etc. Résultat,
on a fait 300 représentations et on part en tournée de septembre à
décembre. On a gagné ce pari. Eric-Emmanuel a acheté ce théâtre
Rive Gauche avec Bruno Metzger pour y monter ses propres pièces.
On se retrouve dans l’atmosphère du théâtre de l’Athénée avec
Giraudoux, avec Jouvet. C’est son Athénée à lui… Je pense que
Schmitt est le Giraudoux de son époque.
VOUS AVEZ JOUÉ PLUS DE 200 PIÈCES AU THÉÂTRE, INTERPRÉTÉ DE NOMBREUX
RÔLES AU CINÉMA ET À LA TÉLÉVISION. QUELS MOMENTS DE VOTRE CARRIÈRE
VOUS ONT RENDU LE PLUS HEUREUX ?
Le plus heureux, c’est Lorenzaccio à la Comédie-Française, mis en scène
par Franco Zeffirelli avec 220 millions de téléspectateurs en eurovision.
J’ai eu l’impression que c’était un soleil dans ma vie. En plus, comme
beaucoup de mes partenaires sont morts, je suis très heureux que le
DVD existe, ça restera… Le plus fier, c’est La Peste quand j’ai joué cette
adaptation 693 fois avec un million de spectateurs. C’était une mission
que m’avait confiée Jean-Louis Barrault et je l’ai menée jusqu’au bout.
Le plus surpris, c’est cette rencontre avec le duo Schmitt-Suissa, j’espère
qu’on a une dizaine de pièces devant nous !
QUEL RÔLE VOUS MANQUE-T-IL ENCORE QUE VOUS RÊVERIEZ D’INTERPRÉTER ?
J’ai demandé à Eric-Emmanuel Schmitt de m’écrire une pièce sur
Arturo Toscanini que j’admire. Un deuxième rôle, c’est Jules César, je
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voudrais jouer Marc-Antoine. Ça c’est pour le théâtre. Ensuite, pour le
cinéma, si Claude Lelouch entreprenait Les Uns et les Autres 2, j’aimerais beaucoup le faire avec lui.
QUELLE PIÈCE PRÉSENTEREZ-VOUS CET ÉTÉ AVEC LA TROUPE DE FRANCE ?
La Guerre de Troie n’aura pas lieu avec les acteurs phares de la Troupe
de France : Gaïa Weiss, Pierre Boulanger, Valérie Crunchant, Lisa
Masker, Frédéric Haddou. On présente la pièce avec dix-huit comédiens dans les plus beaux festivals de France.
AVEC STEVE SUISSA, VOUS METTEZ EN SCÈNE CET ÉTÉ LA FLÛTE ENCHANTÉE DE
MOZART POUR OPÉRA EN PLEIN AIR. COMMENT VOUS-ÊTES VOUS LANCÉ DANS
CETTE AVENTURE ?
J’ai accepté parce qu’on était deux. Un metteur en scène d’opéra doit
à la fois rêver – c’est mon rôle –, l’autre partie, c’est celui qui doit avec
rigueur, obstination et énergie tout mettre en place. Steve a le caractère
pour supporter qu’on vienne l’interrompre toutes les trois minutes à
cause de tel ou tel problème. La Flûte enchantée, c’est le chef-d’œuvre
des chefs-d’œuvre. J’ai réécrit tout le livret. L’important, c’était d’enfin
clarifier La Flûte enchantée. Il y a le Bien, Sarastro, le soleil et la nuit,
le Mal, qui se répandent sur la Terre. Le livret est en français pour les
récitatifs et en langue allemande pour le chant mais la traduction affichée
est la mienne.
QUELS ASPECTS DE L’ŒUVRE SOUHAITEZ-VOUS METTRE EN LUMIÈRE ?
Le quatuor ! On a un quatuor amoureux et j’ai vraiment voulu dans la
mise en scène que l’on comprenne que c’est ce quatuor qui est
l’élévation de l’œuvre.
IL Y A UNE VINGTAINE D’ANNÉES, VOUS AVEZ ÉCRIT UNE PIÈCE CONSACRÉE
À GUSTAV MAHLER : PUTZI. EST-CE LUI VOTRE COMPOSITEUR PRÉFÉRÉ ?
Que mes filles Elisa et Toscane soient les plus heureuses
du monde et qu’elles soient jusqu’au bout fières de moi.
>> A VOIR
« L’Affrontement »
Une pièce de Bill C. Davis, adaptée par Jean Piat et Dominique Piat.
Mise en scène : Steve Suissa. Avec Francis Huster et Davy Sardou.
Jusqu’au 21 juillet, reprise dès septembre.
Théâtre Rive Gauche, 6, rue de la Gaîté, 75014 Paris.
Infos et location : 01 43 35 32 31 et www.theatre-rive-gauche.com
« Opéra en plein air : La Flûte enchantée de Mozart »
Dans une mise en scène de Francis Huster et Steve Suissa,
et sous la direction musicale de Debora Waldman et Alexandre Piquion.
Livret français : Francis Huster.
Le 6 juillet, à 21 heures, à la Cité de Carcassonne.
Les 30 et 31 août, à 21 heures, au château de Haroué.
Les 10, 11, 12, 13 et 14 septembre, à 21 heures,
à l’Hôtel national des Invalides.
Les 20 et 21 septembre à Fontainebleau.
Infos et location : 0892 68 36 22 et www.operaenpleinair.com
>> A LIRE
Francis Huster a 10 ans lorsque Christian Dior meurt sous ses yeux
à Montecatini. Signe du destin, il retrouve le créateur par le biais
des costumes de la Troupe de France qu’il dirige et décide de lui
rendre hommage à travers cet étonnant portrait qui mêle les
souvenirs de l’auteur à la trajectoire exceptionnelle du couturier.
« La haute couture, c’est la conquête de la femme », écrit Huster.
Avec un œil fasciné, il renouvelle son admiration à celles qui
enchantent le monde après avoir publié en 2010, au Cherche Midi,
Lettres aux femmes et à l’amour.
« Et Dior Créa la femme », Francis Huster,
Le Cherche Midi, 192 pages, 17 €.
A l’occasion du centenaire d’Albert Camus, Francis Huster s’est glissé
dans la peau de l’écrivain. Le pari était osé pour celui qui adapta
La Peste avec un succès retentissant. A la première personne, il nous
fait revivre la vie de Camus, ses combats, ses engagements en abordant
Vichy, le colonialisme, l’Algérie, la révolte. Un roman courageux qui met
en exergue la recherche d’un idéal humaniste à travers les enjeux
politiques du XXe siècle.
« Albert Camus, un combat pour la gloire », Francis Huster,
Le Passeur, 128 pages, 15,90 € (livre numérique : 4,99 €).
© DIDIER DOUSSIN
© ERIC MAHOUDEAU
Oui, parce que je trouve que Mahler est le plus juif des compositeurs,
même s’il a renié sa religion il n’en a pas renié le sang. L’univers de
Mahler est un univers cinématographique d’où sont sortis Leonard
Berstein, Bernard Herrmann, Max Steiner, Dimitri Tiomkin. J’aimerais
bien me retrouver dans un wagon avec Mahler, Rachmaninov et Ravel.
Ce sont eux qui me parlent par rapport à l’époque extraordinaire qu’ils ont
vécue. Et puis, je ne peux pas m’empêcher d’être très frère de Michel
Legrand, Maurice Jarre, Nino Rota. Pour moi, les grands compositeurs
du XXe siècle, à part Gershwin, sont à 80 % des compositeurs de
musiques de film.
QUE PEUT-ON VOUS SOUHAITER ?