n°3309 Ier juin 2012
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n°3309 Ier juin 2012
Catholique Hebdomadaire n° 3309 - ISSN 0015-9506 france-catholique.fr FRANCE Béatification de Jean-Joseph Lataste pages 8 à 14 Le cardinal Zen s’oppose aux compromissions pages 20 à 22 juin 2012 3€ Quel espoir en Égypte ? pages 5, 18 et 19 BRÈVES FRANCE iNtEmpéRiES : De violents orages accompagnés de fortes précipitations ont provoqué des inondations dans l’est de la France pendant la nuit du 21 au 22 mai ; un record absolu a été battu à Nancy où l’on a relevé 86 mm d’eau en 3 heures ; certaines rues ont été couvertes de 2 m d’eau ; on déplore une victime. Emploi : Air France a révélé le 20 mai une augmentation du temps de travail et un plan de départs volontaires concernant 5 000 postes d’ici à 2015. HP, le numéro un mondial des PC, a annoncé le 23 mai la suppression de 27 000 emplois dans le monde dont 400 en France. SoCiAl : Le Premier ministre devait rencontrer les leaders syndicaux le 29 mai pour mettre au point son calendrier social. Le décret sur un retour partiel à la retraite à 60 ans devrait être pris mi-juin ; les conséquences de cette mesure sur les régimes complémentaires de retraite posent néanmoins problème. Le décret sur le doublement de la prime de rentrée scolaire devrait également être publié prochainement. SAlAiRES : Le ministre du Travail, Michel Sapin, a rejeté le 24 mai la forte hausse du SMIC réclamée par les syndicats. ViE SyNdiCAlE : Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a été mis en minorité le 25 mai sur sa succession par la commission exécutive de l’organisation qui n’a pas approuvé la candidature de Nadine Prigent. BANquES : Réunis en assemblée générale le 22 mai, les actionnaires du Crédit agricole ont exprimé leur exaspération face aux pertes subies par la banque au cours de ses opérations en Grèce. JuStiCE : Condamné le 23 mai à verser un euro de dommages et intérêts pour injures aux dirigeants de SeaFrance par le tribunal de grande instance de Paris, Arnaud Montebourg a cependant conservé son poste de ministre du Redresse ment productif éColE : 1,6 million d’élèves de CE1 et CM2 ont passé les tests destinés à évaluer leurs acquis durant l’an- Une loi d’encadrement des loyers indexant les hausses sur un indice de référence pourrait être votée cet été. CiRCulAtioN : La sécurité routière a lancé le 24 mai une campagne de prévention à destination des motards ; 772 motards ont trouvé la mort sur les routes en 2011. VENtE Aux ENChÈRES : Le hameau abandonné de Courbefy en Haute-Vienne a été adjugé le 21 mai pour 520 000 euros à un artiste photographe d’origine coréenne lors d’une vente aux enchères devant le tribunal de grande instance de Limoges. NAtAtioN : La France est née scolaire ; créé en 2009, ce dispositif est cependant remis en cause par le nouveau gouvernement. 55% des parents du primaire rejetteraient le retour à la semaine de cinq jours. logEmENt : La ministre du Logement, Cécile Duflot, a prolongé jusqu'au 31 mai les dispositifs d’hébergement hivernaux. Pour financer les logements sociaux, le gouvernement envisage de doubler le plafond du livret A en le portant à 30 600 euros. devenue championne d’Europe du relais 4 x 100 m nage libre messieurs le 21 mai à Debrecen pour la première fois depuis 1962. Pour la dernière grande finale du 100 m de sa carrière, Alain Bernard a décroché la médaille d’argent le 25 mai. tENNiS : Le tournoi de Roland-Garros a débuté le 27 mai avec peu de chances de victoire pour les joueurs français. 400 000 spectateurs étaient attendus pendant la quinzaine. moNdE gRÈCE : La directrice du FMI, Christine Lagarde, a estimé le 26 mai que les Grecs avaient une part de responsabilité dans leur situation ; elle leur a demandé de payer leurs impôts. Le pays risque d’être à court de liquidités fin juin. L’an passé, un rapport d'experts grecs chiffrait à 13 milliards d'euros le coût annuel de la corruption dans le pays. Le ministre de la Santé d’Athènes avait lui-même attiré l’attention sur les fraudes aux aides sociales : 111 millions d'euros en 2011, tandis que, pour les retraites, le chiffre atteignait 800 millions. EuRopE : Les dirigeants européens se sont réunis le 23 mai à Bruxelles pour relancer une activité de plus en plus considérée comme un remède à l’endettement. Mais ils divergent sur la marche à suivre ; la France et l’Italie sont favorables à l’émission d’euro-obligations pour financer de grands chantiers, alors que l’Allemagne s’y oppose ; quant à la taxe sur les transactions financières qui pourrait alimenter le budget européen, c’est la Grande-Bretagne qui y est hostile ! Le gouvernement allemand prépare un plan pour soutenir la croissance dans les pays en difficulté de la zone euro ; Berlin envisage la création de zones franches pour attirer les investisseurs ; la protection contre les licenciements serait assouplie et les charges salariales réduites ! Le président de la Banque Suite en page 7 2 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012 ÉDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 5 6 7 GOUVERNEMENT ÉGYPTE L'énigme du sphinx RND Chroniques de Gérard Leclerc BILLET Ministre ou député ? DOSSIER 8 JEAN-JOSEPH LATASTE L'apôtre des prisons ESPRIT 15 ECCLÉSIA 16 LECTURES Tempête au Vatican 9e semaine du temps ordinaire MAGAZINE 18 COPTES 20 CHINE 23 OCH 24 SPORT 26 MUSIQUE 28 EXPOSITIONS 30 SÉLECTION 31 LIVRES 32 « AMOUR » 33 CINÉMA Quel espoir en Égypte ? Halte aux compromis ! Un parent handicapé Le foot, c'est le pied Chanter la vie et la mort Des animaux et des hommes Romans historiques Le paradigme des races Le dernier versant de la vie « Cosmopolis », « Sur la route », « Woody Allen "A documentary" », « Les femmes du bus 678 » 34 THÉÂTRE « Une cerise noire », « La guerre n'a pas un visage de femme » 35 TÉLÉVISION « Orgueil et préjugés », « Mussolini-Hitler, l'opéra des assassins », « La véritable histoire des Bleus », « Peur sur l'hôpital » 36 TÉLÉVISION 38 BLOC-NOTES Milan Redressement piégé Votre début de soirée Vie associative et d'Église COUVERTURE : © GRÉGOIRE COUSTENOBLE Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, du lundi au jeudi. la famille d'abord ! J EAN-PAUL II n'a pas seulement créé les Journées mondiales de la jeunesse, dont les succès incontestables révèlent à l’opinion un visage essentiel de l’Église, alors même qu’elles sont pour leurs participants une expérience très formatrice dans le pèlerinage de la vie. Il est aussi à l’origine des Rencontres mondiales des familles, qui, depuis 1994, rassemblent des foules importantes et enthousiastes. Une telle initiative n’étonne pas de la part de ce pape qui consacra une grande partie de ses énergies à la promotion de la cellule familiale, dont il avait perçu, dès l’origine de son sacerdoce, toute l’importance. Benoît XVI a, évidemment, repris les mêmes objectifs, et sa présence, en cette fin de semaine, dans la ville de saint Ambroise consacrera la démarche de centaines de milliers de participants qui ont compris à quel point l’épanouissement des familles est le vecteur principal de l’hu- par Gérard LECLERC manisation et de la civilisation. Ce n’est pas pour rien que l’Église reconnaît et proclame la primauté de ce qui est pour elle un sacrement, en l’espèce une alliance conclue sous le regard de Dieu. Il se trouve que l’évolution des mœurs a fragilisé ce que les sociologues appellent le lien social, en renforçant un individualisme, dont on perçoit aujourd’hui les effets négatifs. La solitude est devenue un des maux structurels de nos sociétés (ce qui explique l’omniprésence indiscrète des entreprises de rencontre pour célibataires). La puissance publique est amenée à évaluer les dégâts humains, sociaux, économiques de la dissociation familiale. C’est à un point tel que le gouvernement français précédent avait décidé de revaloriser la cérémonie de mariage dans les mairies, afin de donner une conscience supérieure de la gravité de l’engagement contracté. Pourtant, parallèlement, le mot d’ordre le plus couramment répandu veut que le législateur doit s’accorder au changement des pratiques sociales, ce qui ne fait qu’aggraver l’éclatement et précariser les unions, avec les retombées que l’on constate partout, notamment pour les enfants blessés par la séparation de leurs parents. Et si l’on ajoute à cela l’effondrement symbolique que constitue le déni de l’alliance exclusive de l’homme et de la femme, co-auteurs de la vie, on perçoit la catastrophe à venir. Dans cette situation critique, la pastorale familiale est un recours puissant pour aider les familles chrétiennes à remplir leur mission, en même temps qu’un appel envoyé à la société toute entière pour sortir de ses angoissantes perplexités. ■ FRANCECatholique N°3309 Ier JUIN 2012 3 ACTUALITÉ GOUVERNEMENT par Alice TULLE Redressement piégé Le parcours d’Arnaud Montebourg est à suivre de près : le nouveau ministre a des convictions qui s’opposent à celles du ministre de l’Économie… et de très hautes ambitions. C a n d i d a t aux pri– maires socialistes contre François Hol lande, Arnaud Montebourg a servi loyalement le vainqueur de la confrontation interne à la gauche pendant toute la campagne électorale. Il a été récompensé par un ministère que l’on peut regarder comme l’illustration de l’art « hollandais » de la synthèse des positions contradictoires puisque le partisan de la démondialisation et du protectionnisme doit cohabiter avec Pierre Moscovici, ministre de l’Économie connu depuis un certain temps pour son engagement en faveur du libre-échange. à première vue, le poids de Pierre Moscovici semble très supérieur à celui d’Arnaud Montebourg, qui semble avoir reçu une sorte de gadget destiné à rassurer les partisans du protectionnisme. Mais le décret qui fixe les attributions du ministère du Redressement productif donne tout de même à Arnaud Montebourg des pouvoirs étendus puisqu’il est chargé de l’ensemble de la politique industrielle, tourisme compris, ainsi que de la défense et de la promo- tion de l’emploi dans l’industrie et les services. Il a également autorité, comme son collègue de l’Économie, sur l’Agence des participations de l’État, ce qui est très important sur le plan de la stratégie industrielle. le ministère taillé dans la grande masse de Bercy risque cependant d’être un cadeau empoisonné car les traités et accords européens ne lui laissent pas beaucoup de liberté pour intervenir dans l'économie. Ministre dépen- Condamné le 23 mai par le tribunal de grande instance de Paris, Arnaud Montebourg devra verser un euro de dommages et intérêts aux ex-dirigeants de l'entreprise Sea-France qu'il avait traité "d'escrocs". à Bercy, siège imposant de l’Économie et des Finances, il y a donc une véritable dyarchie et non plus un ministre surpuissant entouré de secrétaires d’État chargés sous sa direction de tâches mineures. Pour Arnaud Montebourg, sier par nature, il risque d'être rapidement recadré dans un gouvernement qui n'a pas d'autre choix que de viser l’équilibre budgétaire. Le mardi 29 mai, la CGT a remis au Premier ministre une liste de 46 entreprises en difficulté, qui risquent de « hollandais » de la synthèse ( L'art des positions contradictoires 4 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012 licencier 45 000 personnes. Parmi celles-ci, on trouve Carrefour, Petroplus, Arcelor-Mittal ou encore l’usine Fralib, où le personnel résiste depuis 600 jours à la fermeture décidée par Unilever. Arnaud Montebourg risque donc de s’épuiser à courir d’une raffinerie à une grande surface pour tenter d'empêcher une fermeture ou pour réduire le nombre de lettres de licenciement, pour convaincre la direction d’une multinationale ou un patron aux abois de renoncer à une liquidation de site industriel. Ce qui ne se fait jamais sans contreparties financières souvent vite dilapidées. Être socialiste ne lui facilitera pas la tâche avec les partenaires sociaux : dans les entreprises en péril, les syndicats ne se préoccupent pas de la couleur politique du ministre mais peuvent lui demander des comptes sur les promesses faites pendant les campagnes présidentielle et législatives. Si Arnaud Montebourg ne parvient pas à rétablir la situation de l’emploi, il y perdra la popularité dont il jouit dans une partie de l’opinion de gauche et ses projets politiques seront gravement compromis. S’il tire plus ou moins bien son épingle du jeu, il pourra sérieusement penser à la présidentielle de 2017. Mais il trouvera toujours François Hollande sur son chemin. n ÉGypTE par Yves LA MARCK L'énigme du sphinx 52 millions d’Égyptiens ont été appelés à choisir librement leur « raïs » pour la première fois dans l’Histoire. Le choix est vraiment ouvert, l’avenir incertain. N quels seront les pouvoirs du futur président. Le Conseil militaire suprême a déclaré qu’il passera la main au 30 juin. Mais la Constitution n’est pas prête. L’Assemblée dominée par les Frères musulmans, nouveaux venus en politique après l’interminable ère Moubarak, n’a pas encore trouvé son point d’équilibre. Que va pouvoir faire le nouveau président ? Cependant, il sera auréolé d’une légitimité inégalée. Ces élections n’ont d’équivalent que les premiers scrutins en Afrique du Sud en 1994. Un sentiment de liberté, de propriété, de citoyenneté, a rempli de nombreux Égyptiens en ces 23 et 24 mai, même si le taux de participation est passé de 60% aux législatives à seulement 50% pour cette présidentielle. L’incertitude était totale sur les résultats du premier tour et ne l'est pas moins sur ceux de second. Au moins quatre cas de figure se présentaient : deux anciens du régime Moubarak, deux islamistes. Respectivement, Amr Moussa, ex-ministre des Affaires étrangères puis secrétaire général de la Ligue arabe, le seul qui était connu internationalement, le meilleur candidat ul ne sait de compromis mais desservi par son âge (76 ans), Ahmad Chafiq, général d’aviation comme Moubarak, son dernier Premier ministre dans la période de transition, Abdel Moneim Ab el-Fotouh, récent transfuge des Frères de candidat aux présidentielles. Ils se sont ravisés. Fotouh et Amr Moussa s’étaient affrontés seuls dans le premier et unique débat politique télévisé en direct le 10 mai dernier et semblaient bénéficier d'un avantages musulmans, soutenu par la principale force salafiste (25% des voix aux élections législatives), Mohamed Morsi, candidat de second choix des Frères à la suite de la disqualification de leur premier dirigeant. Les Frères, qui ont obtenu 40% des voix aux législatives, avaient annoncé qu’ils ne présenteraient pas médiatique. Pourtant, il se confirme que le second tour des 16 et 17 opposera Morsi et Chafiq (mais un tribunal peut encore invalider la candidature de ce dernier comme membre de l'ancien régime...) Cela confirme en tout cas l'hypothèse majoritaire que le second tour devait opposer un islamiste à un « laïque », conformément à la grande fracture qui divise la société égyptienne. Même si, raisonner en termes de religieux contre séculiers ne permet pas d’appréhender la complexité de la politique égyptienne. Il ne faut pas oublier que la première préoccupation de la population est de reconduire l’armée dans ses casernes, sans exclure éventuellement un rôle de recours en cas de crise. La seconde réalité éternelle de l’Égypte est le poids des « scribes » ; les fonctionnaires de l’État sont omniprésents dans la capitale comme dans les provinces. Les notables, parties intégrantes de ce vaste pouvoir de contrôle, ont « fait » les élections législatives, mais il leur est plus difficile de « faire » le président. L’élection du candidat des Frères introduirait une confusion des pouvoirs et provoquerait un grave débat constitutionnel centré sur les contre-pouvoirs. L’élection d’un candidat laïque conduirait à une présidence forte, qui, dans la pratique, s’appuierait sur le pouvoir de l’armée. Les libéraux de la place Tahrir comme les salafistes, qui ont rejeté la discipline et le conformisme des Frères, auront du mal à trouver leur compte dans le processus démocratique en cours. L’élection ne sera pas le point final mais marquera un commencement. n L'élection du candidat des Frères introduirait une confusion des pouvoirs ) FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012 5 CHRONIQUES GÉRARD LECLERC SUR RADIO NOTRE-DAME Pauvre Christiane Taubira ! Tout était programmé pour que Christiane Taubira, nouveau ministre de la Justice, devienne la cible privilégiée des attaques de ses adversaires politiques. On retiendra à ce propos la formule de Jean-François Copé mettant en garde l’électorat de droite contre la tentation du vote Front national. Pardon du vote Bleu marine ! « Quand l’on vote Front national, on a la gauche qui passe et on a Christiane Taubira. » Oui, pourquoi, elle, particulièrement ? Parce qu’étant en quelque sorte en charge de la répression, qui devrait protéger les honnêtes gens, elle serait le symbole même du laxisme. Et les accusations pleuvent dru : ne veut-elle pas supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs, qui ont commis des actes passibles de plus de trois ans de prison ? Il s’agirait pour elle de « détricoter » ce que la droite a élaboré au cours du quinquennat précédent, donnant ainsi la preuve que la gauche c’est l’angélisme alors que la droite c’est la sécurité ! Il y a eu aussi l’évasion malheureuse d’un détenu qui a profité de l’occasion d’un tournoi de basket entre prisonniers et surveillants pour se faire la belle. Christiane Taubira avait simplement assisté à ce tournoi au Palais omnisports de Paris-Bercy, pour donner un signe de l’attention qu’elle porte à la réhabilitation des délinquants. Voilà de quoi se faire moquer d’elle. Et cela continue. Notre garde des Sceaux aurait décrété l’impunité des jeunes gens qui avaient brûlé un drapeau français au soir du 6 mai. Pour le coup, il s’agit d’un faux caractérisé car l’événement ne s’est même pas produit et la photo qui sert de preuve daterait de 2007, pour un incident qui s’est produit à Toulouse. Il faut donc faire attention lorsqu’on se lance dans la polémique en prenant une personne particulière afin de la transformer en boucémissaire. Il faut être rigoureux sur les faits, ne pas mélanger le vrai et le faux, en se rapportant à de simples rumeurs. Je ne veux pas apparaître ici comme l’avocat de madame Taubira, et j’admets que les questions de sécurité doivent être traitées avec le sérieux nécessaire. Mais il importe de conserver au débat public une réelle rigueur intellectuelle. Sinon, tout le monde finira par être perdant. La colère et le ressentiment sont mauvais conseillers. Et si l’on veut défendre ses convictions, il faut se montrer digne des valeurs que l’on défend. Et cela est vrai, à droite comme à gauche ! Radio Notre-Dame le 23 mai Le printemps d'érable Je propose aujourd’hui de traverser l’océan, pour nous intéresser à nos cousins du Québec. Ces cousins que nous avons trop tendance à oublier, sauf à de rares exceptions, la plus notable ayant été celle du voyage du général de Gaulle dans la belle Province en 1967 et son tonitruant : « Vive le Québec libre ! » Depuis, la cause de l’indépendance n’a guère progressé, avec des référendums qui ont débouché sur des refus. Mais le Québec se rappelle à notre bon souvenir, à cause de manifestations étudiantes d’une ampleur telle qu’on a pu parler « de printemps d’érable », en consonance avec l’interminable printemps arabe. La cause de cette fronde, c’est l’augmentation de 75 % des frais de scolarité Pentecôte ensemble à Rennes 25 000 catholiques du diocèse de Rennes, Dol et SaintMalo ont répondu présent à l'appel lancé par Mgr Pierre d'Ornellas pour fêter la Pentecôte au Stade Rennais. Ce rassemblement est venu clôturer l'année de l'Esprit-Saint lancée lors du pèlerinage de rentrée en septembre 2011. L'Esprit était bel et bien présent et a soufflé toute la journée, de la matinée animée par le groupe de pop louange Glorious, qui a enflammé la salle du Liberté et ses 3 500 jeunes, à la messe géante présidée par Mgr d'Ornellas et concélébrée par Mgr Nicolas Souchu, évêque auxiliaire, et 120 prêtres au stade l'après-midi. L'apothéose de cette journée fut certainement la confirmation de 800 personnes dont 250 adultes qui nous a offert un magnifique témoignage de l'amour de Dieu et de la force de l'Esprit. n 6 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 à l’initiative du gouvernement libéral de la Province. Cette augmentation est justifiée d’après les canons d’une orthodoxie économique rigoureuse, mais elle n’agrée pas à une population estudiantine qui se trouve ainsi en situation de plus en plus difficile, avec la perspective d’emprunts à rembourser interminablement. Les médias français nous informent des événements, avec des affrontements qui ont monté en puissance ces derniers jours. Car les autorités locales ont décidé de réprimer le mouvement de grève, en utilisant parfois une force assez brutale et en instituant une loi spéciale destinée à empêcher les manifestations de rue. La colère a encore amplifié la protestation. On aurait tort de considérer ce qui se passe outre-Atlantique comme un phénomène isolé, car nous sommes peutêtre en présence du premier mouvement de révolte cohérent et vraiment organisé contre l’ordre économique néo-libéral. On a parlé des Indignés en Espagne et aux ÉtatsUnis, mais jusqu’ici ils n’ont pas abouti à la cohérence du mouvement québécois. Si je me permets d’en parler c’est que je suis en relation avec un ami québécois, dont les enfants sont à la pointe des manifestations. Je puis garantir que ces jeunes gens n’ont rien de gauchiste et n’obéissent à aucune stratégie trotskiste ou léniniste. Mais ils sont peut-être en train d’inventer un autre langage, très différent du langage soixante-huitard, et qui correspond mieux aux nécessités du monde actuel et à la conjoncture de la mondialisation. C’est pourquoi il importe de garder un œil sur le Québec : il s’y passe des choses qui éclairent notre présent et notre avenir. Radio Notre-Dame le 24 mai BILLET Suite de la page 2 centrale européenne, Mario Draghi, a lancé le 24 mai un appel aux dirigeants de la zone euro en direction d’une union budgétaire complétant l’union monétaire. Quant au Président du Conseil italien, Mario Monti, il a invité les dirigeants allemand, espagnol et français à un sommet à quatre qui aura lieu à Rome le 22 juin, avant le Conseil des 28-29 juin de Bruxelles. Bourse : Introduite en bourse à 33 dollars le 18 mai et proposée à la vente jusqu'à 42 dollars, l’action du réseau Facebook a clôturé à 31 dollars le 22 mai, soit une chute de 26% en quelques jours. L’administration américaine de contrôle bancaire s’intéresse désormais aux conditions dans lesquelles l’opération s’est déroulée. Afghanistan : Pour sauver le consensus au Sommet de l’OTAN à Chicago le 21 mai, François Hollande a précisé que le retrait anticipé des troupes françaises d’Afghanistan se ferait « en bonne intelligence avec nos alliés ». Il a effectué une visite surprise en Afghanistan, au nord de Kaboul, le 25 mai, pour y préparer ce retrait ; il a rencontré le président Karzaï. Canada : Le mouvement de protestation des étudiants contre la hausse des droits universitaires qui dure depuis trois mois, a pris une nouvelle tournure avec le vote le 18 mai d’une « loi spéciale » limitant le droit de manifester et de former des piquets de grève devant les établissements universitaires ; des scènes de violence ont fait plusieurs blessés et des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés le 22 mai à Montréal pour dénoncer la nouvelle loi ; 700 personnes ont été arrêtées. Yémen : Après un attentat-suicide qui a tué 96 soldats le 21 mai à Sanaa, le Yémen a annulé les fêtes de la réunification et s’est déclaré déterminé à éradiquer un réseau extrémiste d’Al-Qaida. Tunisie : La peine capitale a été requise le 23 mai contre l’ancien président Ben Ali, jugé par contumace pour homicides lors de la répression de janvier 2011. Mali : La rébellion toua règue a annoncé le 26 mai sa fusion avec un groupe islamique qui contrôle le nord du pays depuis deux mois et proclamé la création d’un État islamique. Syrie : Le bombardement de la ville de Houla le 25 mai aurait fait une centaine de morts, dont 50 enfants, et autant de blessés. Le gouvernement prétend rejeter la responsabilité du massacre sur l'opposition, sans convaincre le Conseil de sécurité. De violents combats opposaient le 27 mai les troupes gouvernementales aux rebelles à Hama. Espace : La capsule Dragon de la société américaine Space X, transportant 520 kg de matériel et de provisions, a réussi le 25 mai à s’amarrer à la station spatiale internationale. Grande-Bretagne : La reine Élisabeth II célèbre le 3 juin son jubilé de diamant, 60 ans après son accession au trône. J.L. Ministre ou député ? L par Serge PLENIER ’affaire a provoqué des gorges chaudes à droite. Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement ne se présentera finalement pas aux législatives. Il est vrai que ses chances de succès dans cette 4e circonscription du Rhône où Nicolas Sarkozy devançait François Hollande, étaient plutôt minces. C’est l’un des premiers effets non désirés de l’annonce de Jean-Marc Ayrault : tout ministre battu aux législatives ne pourra pas rester au gouvernement. Rappelons d’abord qu’ici le Premier ministre de François Hollande met ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy qui avait énoncé le même principe en 2007. Le résultat avait été l’éviction d’Alain Juppé, alors ministre d’État en charge de l’Écologie et du développement durable. Il ne s’agit donc pas d’une règle de droite ou de gauche. On justifie volontiers cette règle par la nécessité de donner une légitimité démocratique au gouvernement en ajoutant que si le ministre est élu, c’est son suppléant qui siège à sa place, en toute transparence. L’argument n’est pas faux, tout juste spécieux. Après tout, la légitimité du gouvernement tient d’abord à sa nomination par le président de la République élu au suffrage universel et à la confiance que lui accorde le Parlement. De plus, à droite comme à gauche, bien des personnalités sont devenues ministres sans avoir exercé auparavant de mandat électif. On peut citer par exemple Raymond Barre ou Robert Badinter, garde des Sceaux de François Mitterrand qui ne sera sénateur qu’en 1995. Étaient-ils illégitimes ? Il y a quelque chose d’étrange dans cette surenchère prétendument démocratique. Même si l’électeur est averti que le suppléant siégera à la place du ministre élu, il ne peut que se sentir floué. Une élection législative est faite pour élire un député, pas pour nommer un ministre. Il y a là un vrai risque de détournement des institutions avec toutes les frustrations que cela peut engendrer. Et d'ailleurs, quand il s'agit d'une circonscription facile pour des raisons historiques ou sociologiques, où est le mérite du ministre « parachuté » ? Enfin on peut se demander dans quelle mesure cette règle des « députés-ministres » est compatible avec la bonne administration. Les ministres du gouvernement Ayrault ne sont donc là que pour faire de la figuration et faire passer les calculs d’appareil politicien avant l’intérêt national ? La question doit être posée, à droite comme à gauche. n FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 7 DOSSIER béatIfICatIOn Du pèRE jEan-jOSEph LataStE L'apôtre des En préparation de la béatification, ce 3 juin, nous publions avec joie et reconnaissance un dossier établi, à partir de textes du frère Jean-Marie Gueullette, o.p., par l'équipe du magazine « Reflets Comtois » et que nous a aimablement transmis Axelle Latour du Service diocésain de la communication de Besançon. L’heure de la promenade dans la maison centrale de Cadillac. Le château de Cadillac en 1883 : maison centrale de force et de correction. Photo prise depuis le clocher de l'église. 8 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 C est une petite ville ensoleillée au bord de la Garonne, entourée de vignes. Le paradis ? Pas vraiment car, en cette année 1832, Cadillac est surtout connue pour une spécialité un peu particulière : l’enfermement. La ville est marquée par deux ensembles lugubres. Dans les faubourgs, c’est l’hôpital psychiatrique, l’un des premiers créés en France au XVIe siècle. Avant l’invention des médicaments que nous connaissons aujourd’hui, ce type d’établissement ne passait pas inaperçu à cause des cris des malades, que l’on entendait parfois de loin, si le vent portait. Au centre de la ville, l’ancien château des ducs d’Épernon est depuis une quinzaine d’années entouré de hauts murs et plongé dans un silence impressionnant. Il a été transformé en « centrale de force et de correction ». Près de quatre cents femmes condamnées par les cours d’assises y purgent de longues peines, parfois à perpétuité, soumises aux travaux forcés et au silence absolu. Un petit garçon est né cette année-là, le 5 septembre, dans une famille de Cadillac. Son père, Vital Lataste, élève ses enfants dans les idées du temps, avec une morale stricte. Comme la plupart des hommes de sa génération, il se tient à distance des choses religieuses, et préfère exercer son esprit critique dans des conversations politiques ou philosophiques. Sa femme, Jeanne, est croyante. Leur septième enfant, Alcide vient au monde dans cette famille unie et sans histoire. Il est baptisé le lendemain de sa naissance dans l’église paroissiale, face à la prison. Après avoir passé son baccalauréat en 1850, Alcide passe une année chez ses parents, puis commence une carrière dans l’administration des impôts. La période de formation et les débuts de la vie professionnelle vont conduire Alcide Lataste à adillac Jean-Joseph Lataste. prisons déménager souvent, à cause de ses mutations dans des villes du midi de la France : Bordeaux, pour ses débuts, puis Privas, en Ardèche, Pau, et enfin Nérac. Dans ces petites villes, il arrive précédé d’une réputation flatteuse. Il est considéré comme un contrôleur des impôts sérieux et apprécié. De son passage dans l’administration des impôts, le P. Lataste gardera le sens du concret et de la précision, la capacité à gérer des projets délicats au plan financier. Sans tomber dans un légalisme étroit, il restera marqué par le souci du respect de la loi, par les exigences de l’honnêteté. En dehors de sa vie professionnelle, le jeune fonctionnaire consacre toutes ses énergies à une association dans laquelle il est entré à Bordeaux, et qu’il ne quittera que pour partir au noviciat : les Conférences Saint-Vincent-de-Paul. Elles avaient été fondées par un laïc, Frédéric Ozanam, pour regrouper des hommes désireux de vivre leur foi chrétienne au grand jour — ce qui était rare à l’époque — et de se mettre au service des pauvres. Ils avaient une vie de communauté, avec des temps d’échange et de prière. Chacun d’eux recevait la charge de visiter une ou plusieurs familles pauvres, pour apporter, non seulement des secours en argent ou en nourriture, mais surtout de l’amitié, des relations humaines. Dès qu’il arrivait dans une nouvelle ville, Alcide Lataste s’inquiétait de savoir où se trouvait la Conférence Saint-Vincent, pour la rejoindre. Il aimait particulièrement l’atmosphère fraternelle dans laquelle se retrouvaient les membres des Conférences, au-delà des clivages sociaux. C’est avec ses confrères qu’il a découvert la pratique de l’adoration du Saint-Sacrement qui aura une grande importance dans sa vie. Il aimait également les visites qui lui étaient confiées, cherchant à les vivre dans une attitude aussi fraternelle que possible : « Il faut visiter les pauvres en ami et s’efforcer de se faire accepter comme tel. » à Nérac, le jeune président de la Conférence Saint-Vincent va jusqu’à créer un « fourneau éco- Le sens du concret et de la précision, la capacité à gérer des projets délicats nomique » — ancêtre de nos « Restos du cœur » — qui servait des repas chauds aux indigents pour une somme dérisoire. C’est en 1857 qu’Alcide Lataste entre au noviciat des dominicains, ces frères prêcheurs dont il avait pu rencontrer le restaurateur en France, le P. Lacordaire, pour lequel il avait une grande vénération. Sa décision n’a pas été facile à prendre. Conscient de sa « faiblesse », de son « indignité », aura-t-il la force de tenir dans une vie religieuse, qui était à l’époque très marquée par des usages monastiques particulièrement rudes ? Sa formation sera marquée par la maladie, qui le tiendra souvent à l’écart de la vie quotidienne de ses frères. Son état de santé a été l’occasion d’une expérience spirituelle déterminante pour la suite de la vie du P. Lataste. Il était frère étudiant au couvent de Saint-Maximin en Provence, où sont FRANCECatholique n°3309 ier juin 2012 9 LE pROCèS DE béatIfICatIOn Du pèRE LataStE Le procès de béatification du père Lataste a débuté en 1937. Le procès diocésain et l’examen des écrits étaient terminés en 1940. De nombreux facteurs l’ont retardé jusqu’au début des années 1960. Le travail de synthèse indispensable a été mené entre 1992 et 1996 par le frère Jean-Marie Gueullette, vice-postulateur, avec l’aide de Sœur Jean de Notre-Dame, afin d’arriver à la rédaction de la positio sur les vertus et le renom de sainteté du serviteur de Dieu. Ce document, de près de 600 pages, a été examiné à Rome par les commissions d’historiens, de théologiens et de cardinaux. Leurs votes positifs ont permis la reconnaissance des vertus héroïques du père Lataste par le pape Benoît XVI, le 1er juin 2007. Un procès diocésain sur la guérison attribuée à l’intercession du père Lataste a été ouvert, dans le diocèse de Namur, en 1998. Une positio super miro, rapport de synthèse sur cette guérison, ses aspects médicaux et théologiques, a été préparée par la postulation générale de l’ordre dominicain en 2008. Un complément d’information ayant été demandé par une commission de théologiens, un rapport additionnel rédigé par le frère Jean-Marie Gueullette a été transmis à Rome en 2010. Le vote ayant été positif de la part des théologiens puis des cardinaux, le pape Benoît XVI a autorisé la reconnaissance du miracle le 27 juin 2011, ouvrant ainsi la voie à la béatification. LE mIRaCLE Florent Mahaux, un homme de 74 ans vivant en Belgique, était dans la phase terminale d’un cancer digestif en janvier 1943. La médecine de l’époque ne laissait aucun espoir de guérison. Une fille du malade était alors à Béthanie. Elle devait commencer son noviciat au moment où on lui annonça que son père n’avait plus que quelques jours à vivre. Les sœurs de Montferrand-le-Château ont fait une neuvaine demandant la guérison du malade par l’intercession du père Lataste. Dans les jours qui ont suivi, le malade a repris ses activités habituelles. Il est décédé paisiblement en 1949 des suites d’un accident vasculaire cérébral. Sa fille a vécu toute sa vie à Béthanie, dans la discrétion, au point que les sœurs qui vivaient avec elles ne savaient pas de quelle grâce elle avait bénéficié dans sa jeunesse. « unE RéhabILItatIOn DE tOuS LES hOmmES » Le P. Lataste parle de réhabilitation. Mais, au fond, il ne s’agit pas seulement de « réhabiliter » des femmes qui, condamnées pour leurs actes par la société des hommes, étaient perdues. Il s’agit de réhabiliter, avec elles, la communauté humaine tout entière, en l’invitant à apprendre, au-delà des crimes, des fautes et des péchés, à vivre du pardon et de la miséricorde. À apprendre, tous ensemble, à aimer en renaissant par la vie donnée du Christ. Frère Bruno Cadoré, o.p. Maître de l’ordre des Prêcheurs conservées des reliques vénérées comme étant celles de sainte Marie Madeleine. à l’occasion d’une grande cérémonie, en 1860, la relique est présentée à la vénération de quelques privilégiés, parmi lesquels trois jeunes dominicains malades dont le frère Marie-Jean-Joseph. Le contraste entre la réputation sulfureuse de Marie Madeleine avant sa rencontre du Christ et la splendeur de ces fêtes liturgiques, l’émotion de pouvoir toucher ces précieuses reliques, tout cela le remue très profondément. Il racontera souvent cette scène dans sa prédication, en disant : « Baisant cette tête autrefois avilie, aujourd’hui sacrée, je me disais : Il est donc vrai, les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses, ont en eux ce qui fait les plus grands saints. Qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour ! » (Sermon 188 ). Il y a là une conviction essentielle du P. Lataste. Tous, même les plus grands pécheurs, ont en eux ce qui fait les plus grands saints. Ils n’ont donc pas à attendre une grâce exceptionnelle, tous peuvent devenir des saints. Mais il faut qu’ils rencontrent des conditions favorables à leur conversion. Il est ordonné prêtre le 8 février 1863 et commence un ministère de prédication, en répondant, comme les dominicains le faisaient à l’époque, aux invitations qui étaient faites pour le Carême, pour l’Avent, pour la prédication d’une fête patronale d’une paroisse… Il avait un goût particulier pour les rencontres avec celles que l’on appelait alors les « perdues ». Des femmes sortant de petites peines de prison ou de la prostitution, qui étaient recueillies ou placées, par décision de justice, dans des refuges. Plusieurs fois, au début de son ministère, le P. Lataste a eu l’occasion de visiter des établissements de ce type, tenus par des religieuses, et il aimait rencontrer ces femmes meurtries par l’existence, pour tenter de leur redonner espoir, pour leur parler de la bonté de Dieu pour elles. C’est à travers l’expérience de sa propre faiblesse, dans la rencontre avec sainte Marie Ma- « CEttE béatIfICatIOn ESt unE gRâCE » Il n’est pas courant qu’un diocèse puisse se prévaloir d’une béatification. Considérons cet événement comme une grâce insigne que le Seigneur nous accorde aussi bien à l’Ordre dominicain, à la congrégation des Sœurs dominicaines de Béthanie, ainsi qu’à l’Église diocésaine de Besançon et de Bordeaux. Rendons grâce à Dieu pour cette béatification. Préparons-nous, spirituellement, à cette grande fête en découvrant le message de miséricorde du P. Lataste toujours d’actualité. Mgr Lacrampe, Archevêque de Besançon 10 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 Adoration eucharistique au couvent de Saint-Sulpice de Favières (Essonne) deleine et dans ces premières tentatives de prédication aux plus désespérées que Dieu préparait le P. Lataste à la grande rencontre de sa vie. En 1864, au couvent de Bordeaux, le P. Lataste est envoyé par son prieur prêcher une retraite à la prison de Cadillac, à l’ombre de laquelle il avait grandi. On considérait à l’époque que l’« influence religieuse », comme on disait, était propre à conduire les détenus à une vie plus saine moralement, et l’on organisait volontiers des retraites prêchées dans les prisons. Cela a été une rude épreuve pour l’enfant de Cadillac de se préparer à franchir, pour la première fois de sa vie, les hauts murs de la prison, et de se trouver confronté à un auditoire composé exclusivement de femmes condamnées pour des crimes graves. Il raconte ce premier regard qu’il a porté sur elles, sans complaisance : « Elles étaient là près de quatre cents, couvertes Le P. Lataste, de vêtements grossiers, la tête enveloppée d’un dans la cour du couvent mouchoir étroitement serré autour des tempes qui de Dijon où leur donnait une physionomie toute singulière et (il il a été assigné me le parut alors, du moins) vraiment repoussante. les dernières années de C’est que, malgré moi, je subissais l’influence des sa vie, de 1866 à 1869. préjugés populaires. Le peuple, en effet, n’a pour elles que de l’horreur. On les appelle communément les voleuses, bien que les neuf dixièmes, peut-être, n’aient jamais commis le vol le plus léger. Et vous savez ce que ce nom de voleuse inspire de secrète répulsion, ce qu’il éveille dans l’âme de mépris instinctif » (Sermon 407). Il lit ce qu’il avait préparé. Maintenant qu’elles sont là, devant lui, il lui faut un grand courage pour dire : « Chères sœurs… » Voici un extrait de ce premier sermon en prison ; toute l’histoire du P. Lataste et de Béthanie s’y trouve contenue : « Voyez encore, je ne sais si vous avez pris garde à ceci : En commençant, comment vous ai-je appelées ? Mes chères sœurs. Mes chères sœurs ! Comprenez-vous cela ? Que m’êtesvous après tout ? Hier, je ne vous connaissais pas et dans quelques jours nous nous séparerons peutêtre pour ne plus nous revoir ici-bas. Bien plus, vous êtes des femmes dégradées (nous pouvons bien nous dire nos vérités, Manuscrit du sermon nous sommes en famille). Vous êtes des femmes prêché par le père Lataste dégradées, avilies, mises au ban de la société. Si à la centrale de Cadillac, vous sortiez d’ici, si l’on savait d’où vous sortez, on le 17 septembre 1865. Le prédicateur en est sorti lui aussi transformé vous montrerait du doigt, on se méfierait de vous, on ne voudrait pas de vous peutêtre même pour servante ou pour femme de peine. Je n’approuve point cela, je sais bien que c’est injuste souvent, cruel, tout ce que vous voudrez. Mais enfin, cela est ainsi. Et moi, ministre de Dieu, moi je viens à vous de moi-même, sans attendre que vous m’ayez appelé, et, vous tendant les mains, je vous appelle "mes bonnes, mes pauvres, mes chères sœurs" » (Sermon 90). « Nous sommes en famille… » On peut se demander comment des femmes illettrées ont pu comprendre la fine pointe de son discours, un peu compliqué parfois. Mais elles ont certainement entendu cela : « Mes chères sœurs… » Il les regardait comme un frère, il ne faisait presque pas allusion à leur crime. Il leur disait l’amour de Dieu pour elles, la confiance que Dieu leur faisait. Comme un frère, il les a aidées à se remettre debout. Il ne leur a pas fait la morale, il ne les a pas regardées de haut. Bien au contraire, il leur a tendu la main avec simplicité. Et il note avec naïveté une conséquence magnifique de sa prédication. Les détenues étaient obligées par le règlement de ne pas regarder le prédicateur en face. Il avait devant lui quatre cents femmes aux yeux baissés, écrasées par la honte et le malheur. Et voilà que sa parole les a redressées, « comme les fleurs après l’orage, quand le soleil vient les toucher » ! Si les détenues ont certainement été touchées durant ces quatre jours de retraite, le prédicateur en est sorti lui aussi transformé. Il est enthousiaste de ce qu’il a vécu, de ce qu’il a vu et entendu. Il n’était vraiment pas convaincu que les cœurs seraient disposés à l’écouter. Il craignait que les traces profondes laissées par l’expérience du mal ne rendent ses efforts vains. Et pourtant, au cours de cette retraite, et plus encore lors d’une retraite équivalente qu’il est amené à prêcher à nouveau à Cadillac l’année suivante, il est émerveillé du travail de l’amour de Dieu. Ces femmes que tout le monde considère comme perdues, il les a écoutées, il les a entendues en confession. Il a reconnu la qualité d’âme de certaines d’entre elles, leur capacité à pardonner, à FRANCECatholique n°3309 ier juin 2012 11 faire le bien. Il a perçu leur désir de vivre avec Dieu, de se donner à lui. Et dans les moments consacrés à la prière et à l’adoration, il a été stupéfait de la profondeur du silence qui régnait dans la chapelle de la prison. « J’ai vu des merveilles ! J’ai vu des merveilles. Et qu’avez-vous donc vu, me disent au fond du cœur bien des âmes qui m’écoutent, qu’avez-vous donc vu ? — Ah ! Ce que j’ai vu ? J’ai vu cette prison objet de tristesse et d’effroi pour les hommes, transformée cette nuit en un lieu de délices, en un séjour de gloire et de bonheur ! » (Sermon 202). Le père Lataste ne s’est pas contenté de s’émerveiller de ce qui se passait là, il en a tiré les conséquences concrètes. Venu pour prêcher une retraite spirituelle, il ressort de cette prison décidé à faire bouger l’opinion publique. Au cours de ces jours de retraite, le prédicateur lui-même a été retourné. Comment en effet, se dit-il, accepter que ces femmes, à leur sortie de prison, soient l’objet du mépris et de la méfiance de tous, alors que le Seigneur leur accorde si radicalement son pardon, et que beaucoup d’entre elles manifestent leur désir de vivre dignement ? La société leur ferme ses portes lorsqu’elle leur ouvre enfin celles de la prison, les condamnant presqu’inéluctablement à la récidive, alors que Dieu se donne à elles dans la prière et l’eucharistie, et leur offre son amitié ? Le père Lataste constate que plusieurs détenues aspirent à se donner à Dieu dans la vie religieuse, et il sait bien qu’aucune congrégation ne pourrait alors les accepter. Celui qui avait osé commencer sa prédication en disant aux femmes « mes chères sœurs » et en se comportant avec elles comme un frère, va aller jusqu’au bout de son intuition. Puisque les détenues sont pour lui « sœurs en Adam, des sœurs en Jésus-Christ », pourquoi ne pas les accueillir dans la vie religieuse et faire de certaines d’entre elles qui le souhaitent ses sœurs en saint Dominique ? Portant le souci de l’avenir des femmes sortant de prison avec le désir de mener une vie moralement irréprochable, le père Lataste écrit une petite brochure, Les Réhabilitées, qu’il envoie à tous les députés, et à de nombreux journalistes. Il y explique la situation, les causes de la récidive, le plus souvent liée au manque de Mère Henri-Dominique, confiance à l’égard des libérés des prisons. fondatrice de Béthanie. Il invite l’opinion publique à changer sur ce point, en montrant que c’est en faisant confiance que l’on donne les moyens de retrouver une place dans la société. à titre d’exemple, ou plutôt de signe montrant que cela est possible, il présente la fondation de Béthanie comme un projet qui montre à la face du monde que rien n’est impossible lorsqu’on ose la confiance. Elle était religieuse de la Présentation de Tours, dirigeant un pensionnat de jeunes filles très bien. Mais elle rêvait de s’occuper de femmes délaissées, exclues. Un jour, sœur Bernardine entend parler d’un dominicain qui avait fondé une congrégation pour s’occuper des femmes sortant de prison. Rejointe au plus profond de son aspiration par cette nouvelle, elle se présente au père Lataste. Leur dialogue fut à peu près celui-ci : « Père, je voudrais rejoindre votre congrégation qui s’occupe L'autel de la chapelle de des détenues. la prison, vers 1870. — Ma sœur, soyez la bienvenue, car la congrégation Une cheminée monumentale du château avait été n’existe pas encore, et vous êtes la première. Mais je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas de s’occuper transformée en autel. Comme c'était souvent des femmes sortant de prison, mais de vivre avec le cas dans les prisons elles, au point d’être éventuellement prise pour de femmes, un tableau de « Marie Madeleine péni- l’une d’entre elles. » Le choc fut rude. Cependant, après quelques tente » invitait les détenues à la conversion. jours de retraite, celle qui allait devenir mère Henri-Dominique, fondatrice et première supérieure de Béthanie, accepte. Au mois d’août 1866, en Haute-Saône, quelques femmes se lancent dans l’aventure autour de mère Henri-Dominique. Les débuts de Béthanie sont très simples, très pauvres. Mais après quelques mois d’existence, la jeune et fragile communauté se prépare à accueillir pour la pre- Les écrits du père Lataste, 14 volumes dactylographiés en 1937. béthanIE, un SIgnE pROphétIquE mière fois une femme sortant de prison, de la centrale de Cadillac, où elle avait entendu prêcher le père Lataste. Angélique Jourdain était alors au fond du désespoir. La parole du bon père Lataste lui avait redonné l’espérance, et lui avait permis d’exprimer son rêve le plus fou : se donner à Dieu dans la vie religieuse. Au jour de sa sortie, le livre d’écrou de la centrale, à la rubrique « Assignation à résidence », porte la mention : « Ce jour, pour se rendre à Béthanie. » Les sœurs l’accueillent avec joie, le père Lataste ayant demandé que l’on fasse une fête à l’arrivée au bercail d’une brebis perdue. Le jour de Noël 1868, déjà très malade, le père Lataste célébrera pour la dernière fois la messe, mais il aura la joie de donner l’habit dominicain à celle qui sera désormais Petite sœur Noël, « une âme, note la Chronique de Béthanie, qu’il a convertie à la prison de Cadillac et pour laquelle il a une compassion très grande parce qu’elle a beaucoup souffert ». Déjà affaibli par la maladie, le P. Lataste est envoyé par son provincial prêcher le carême 1868 à Nîmes. Au retour, il est épuisé. Il rejoint Béthanie, où sa santé décline rapidement, la tuberculose lui enlevant peu à peu ses forces, alors qu’il n’a que 36 ans. Le 10 mars 1869, à Béthanie, soutenu par la présence de la communauté des sœurs, déjà nombreuses, et par deux frères dominicains, il quitte ce monde, dans une grande paix. Le récit que l’un des frères a laissé des derniers jours du P. Lataste est impressionnant, par l’intensité de l’expérience spirituelle qui transparaît à travers les quelques phrases que le mourant réussit à exprimer. « Je remercie bien l’ordre de saint Dominique tout entier de m’avoir donné son saint habit. Je remercie bien et je bénis, en mourant, toutes les personnes qui m’ont approuvé et m’ont aidé de leurs prières, de leurs conseils, de leur influence, de leurs dons. Je pardonne à tous ceux qui ne m’ont pas approuvé et même qui m’ont contredit et combattu : je prie Dieu de les bénir tous, tous. » Il confie à ceux qui l’assistent que, dans sa jeunesse, il avait accordé une grande place à de multiples pratiques de piété et que, peu à peu, tout cela s’est simplifié. Aux portes de la mort, il ne lui reste qu’une expérience essentielle, d’ordre mystique : « Maintenant tout s’efface devant une pensée unique qui domine mon âme et s’impose à elle avec force, la pensée de Dieu, de Dieu seul. Je le vois, je le sens dans mon âme, d’une manière confuse et un peu inconsciente il est vrai, mais je l’y vois et l’y sens avec une inébranlable et brûlante Dans l’intention du père Lataste, la fondation de Béthanie ne se limitait pas à donner une réponse à quelques femmes souhaitant être religieuses en sortant de prison. Il a, dès l’origine, présenté cette fondation comme un geste prophétique. Il l’a fait connaître largement pour tenter de faire bouger l’opinion publique : si des femmes sortant de prison sont capables de devenir des religieuses contemplatives, au nom de quoi leur refuse-t-on la confiance élémentaire dont elles ont besoin ? Depuis 1866, Béthanie poursuit sa route, à travers les aménagements rendus nécessaires par l’évolution de la société et de l’Église. Des communautés de sœurs continuent à porter ce témoignage d’espérance radicale, en France, en Suisse, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Lettonie. Si vous rencontrez une sœur de Béthanie, vous ne pouvez pas savoir si elle était détenue ou assistante sociale, prostituée ou avocate. Au nom de quoi, alors, se méfier ? Leur vie de communauté repose sur une discrétion radicale, qui permet aux sœurs de vivre ensemble et d’aborder l’autre au-delà des clivages qu’entraînent toujours l’énoncé du statut social et le récit des réussites ou des échecs qui ont marqué une vie. Aucune situation n’est désespérée Devant tous les prophètes de malheur, tous les comptables du désespoir qui ne savent voir que les rechutes, Béthanie affirme de façon discrète et modeste, mais radicale, que la confiance peut faire des merveilles. À Béthanie, aucune situation n’est désespérée, l’espérance est affirmée inlassablement. Et c’est un signe que la société peut voir, si elle le veut bien. Tant de détenus, de personnes blessées par la vie, l’ont reconnu, et ont osé changer quelque chose dans leur vie car ils ou elles avaient entendu l’histoire que nous vous avons racontée ici. À vous aussi, ce signe est offert, pour vous dire que, quels que soient les échecs de votre vie, Dieu croit en vous, et qu’avec vous, il peut faire des merveilles. DanS unE pRISOn améRICaInE, aujOuRD’huI… En 1998, des détenus d’une prison des États-Unis ont entendu parler du P. Lataste et de Béthanie. Enthousiasmés par cette histoire, plusieurs d’entre eux ont demandé à devenir laïcs dominicains ; les cinq premiers engagements définitifs ont eu lieu en 2003. Ils sont toujours détenus, mais ils ont découvert à l’école du P. Lataste qu’ils avaient en eux ce qui fait les plus grands saints. Dans leur prison, ils célèbrent la liturgie des heures tous les jours, étudient la Bible et cherchent à soutenir leurs camarades les plus fragiles. S’ils se sont lancés dans une telle aventure, c’est parce qu’ils savent que Béthanie existe. Ils n’ont jamais vu une sœur de Béthanie, mais ils savent que, quelque part dans le monde, il y a des communautés dans lesquelles des femmes qui ont pu connaître le même genre d’échecs qu’eux ont donné leur vie à Dieu et témoignent de sa miséricorde. C’est exactement cela qu’avait imaginé le P. Lataste. Il n’avait pas envisagé une grande congrégation, mais une simple « maison de Béthanie ». Le projet était modeste, mais l’ambition immense. Les Dominicaines de Béthanie, à Saint-Sulpice de Favières (Essonne). FRANCECatholique n°3309 ier juin 2012 13 Seigneur Jésus, Le père Lataste a aimé d’une charité passionnée. Sa prédication de la miséricorde nous stimule à nous lancer avec audace, confiance, espérance. Dieu nous appelle tous à être saints dans l’amour. Toi qui t’approches de nous avec respect, nous Te bénissons pour cette fraternité de grâce qui nous rassemble en ta miséricorde. Nous Te remercions pour ce trésor caché dans le coeur de ton serviteur, et qui va être révélé au monde et dans l’Église par sa béatification. Une sœur de Béthanie certitude. Aussi, mon âme se porte vers lui sans cesse par un acte d’amour continu, un peu vague et un peu sourd il est vrai, mais plus fort que moi-même. Il se fait en moi une adoration perpétuelle de Dieu par un acte simple de mon âme, toujours le même et toujours nouveau, sans commencement, sans milieu, sans fin : c’est comme un reflet, une lueur de l’éternité. Il me semble que Dieu m’abaisse et m’anéantit lui-même devant lui pour m’élever ensuite et me fixer en lui-même par une adhésion infinie à lui seul tout-puissant, tout lumière, tout amour, et par un détachement absolu de tout ce qui n’est pas lui. [...] Il me semble que toute mon âme, avec tout ce qui est en elle, est jetée dans le sein de Dieu et qu’il ne reste plus rien en elle que Dieu, la pénétrant de toutes parts, la vivifiant, l’illuminant, l’embrasant, la divinisant. » Le P. Lataste a été inhumé à Béthanie, auprès de ses chères sœurs. Il repose aujourd’hui dans la chapelle de Béthanie, à Montferrand-le-Château. Son procès de béatification, ouvert en 1937, est arrivé à son terme. n Autographe du père Lataste. Samedi 2 juin 2012 20h30, cathédrale Saint-Jean de Besançon : Veillée de prière avec Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon. Textes du P. Lataste lus par Damien Barbin, professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Prédication : fr. Jean Marie Gueullette, o.p., vice-postulateur de la cause de béatification du P. Lataste. Méditations à l’orgue par le fr. Jean-Dominique Abrell, o.p., et Helena Eun-Jin Jung, dominicaine de Béthanie Venlo. Retransmission en direct sur RCF-Besançon (Radio) dimanche 3 juin 2012 À partir de 9 h30 : Marche des jeunes avec plusieurs haltes spirituelles, du couvent des Sœurs dominicaines de Béthanie, à Montferrand-le-Château, jusqu’au parc des expositions Micropolis de Besançon. 15h : Célébration de la béatification au cours de la messe, au parc des expositions Micropolis. Messe présidée par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, assisté du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, de Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon, et de Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique, ainsi que de nombreux évêques. Prédication : fr. Bruno Cadoré, o.p., maître de l’ordre des Prêcheurs. Avec la participation de toute l’assemblée de fidèles et de chorales, des frères dominicains, des sœurs de Béthanie venues de France et d’autres pays. Retransmission en direct sur KTO (télévision) et RCF 14 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 1, 2 et 3 juin 2012 « Galaxy » : un rallye original Que vivent donc les religieux et religieuses en l’an 2012 ? En France, nous constatons une grande leS Les premières sœurs de Béthanie autour de la tombe du père Lataste. diversité de communautés : c’est une véritable galaxie. L’idée est donc d’entrer dans cette galaxie des sœurs et d’en découvrir quatre planètes, du 1er au 3 juin… Quatre communautés religieuses à découvrir en un week-end pour chaque équipe. Dix voitures de couleurs différentes sillonneront l’Est de la France à la rencontre des religieux et religieuses dans leurs communautés ! Samedi 29 Septembre 2012 À l’église paroissiale de Cadillac et à l’église Saint-Paul de Bordeaux : adoration du Saint-Sacrement, en mémoire de l’adoration vécue par les détenues de Cadillac autour du père Lataste au cours des retraites de septembre 1864 et 1865. dimanche 3 Septembre 2012 À Cadillac : conférences sur le père Lataste, l’actualité de son message, le déroulement du procès de béatification, par le frère Jean-Marie Gueullette, vice-postulateur de la cause, et Sr Pia-Elisabeth, prieure générale de Béthanie. À Cadillac : dévoilement des plaques commémoratives sur la maison natale du père Lataste et sur la maison aux colonnes, construite par son père et où il séjournait lors de ses prédications en prison. Le nom du père Lataste sera également attribué à une rue de Cadillac. À Cadillac, dans le parc du château des ducs d’Épernon : messe d’action de grâce du diocèse de Bordeaux pour la béatification du père Lataste. Messe présidée par le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux. QUELQUES oUvrAgES Père Lataste, Prêcheur de la Miséricorde, textes présentés par J.-M. gueullette, o.p., Paris, Éditions du Cerf, 1992. J.-M. gueullette, Ces femmes qui étaient mes sœurs. Vie du père Lataste, apôtre des prisons, Paris, Éditions du Cerf, 2009. Mgr gérard Daucourt, Le Message du père Lataste et des Dominicaines de Béthanie, Éditions Le livre ouvert, 1993. M. et o. Longueira, Prier quinze jours avec le père Lataste, Nouvelle Cité, avril 2012. PoUr rENCoNTrEr UNE CoMMUNAUTÉ DE BÉTHANiE… Maison généralice, route de guillerville, 91910 Saint-Sulpice-de-Favières. Tél. : 01.64.58.42.08. Couvent de Béthanie, 21, rue de Mont, 25320 Montferrand-le-Château. Tél. : 03.81.56.53.35 (Chapelle Lataste) www.lataste2012.org tempêteauvatican vatican Le 24 mai, le conseil d’administration de l’Institut pour les œuvres de religion (banque du Vatican) a démis de ses fonctions son président, le banquier ita lien Gotti Tedeschi, 67 ans, « pour avoir omis de remplir diverses obligations fondamentales ». L'hypothèse la plus courante est qu'il y a un conflit au Vatican sur la meilleure méthode pour que les circuits financiers de l'Église obtiennent le plein agrément des autorités européennes (inscription sur la « liste blanche »). Par ailleurs, le même jour, Paolo Gabriele, citoyen du Vatican, majordome du Pape, a été arrêté et mis à la disposition des autorités judiciaires du Vatican qui le soupçonnent d'être à l'origine de la diffusion publique de nombreux documents confidentiels sur le gouver nement du Vatican. serbie L'assemblée des évêques de l'Église orthodoxe serbe a étudié récemment le programme des festivités œcuméniques du 1700e anniversaire de l’édit de Milan qui seront organisées en 2013 à Nis, ville de naissance de l'empereur Constantin, dans le sud de la Serbie actuelle. Il a été prévu l'édification à Nis d'une croix haute de 80 mètres. En revanche l'invitation de Benoît XVI — qui avait été évoquée en 2010 par le patriarche Irénée de Belgrade et confirmée par le président Tadik — n'a pas été mise à l'ordre du jour. Les querelles entre orthodoxes serbes et catholiques croates à propos du rôle de l'Église catholique dans les massacres de Serbes lors la dernière Guerre mondiale sont la cause alléguée de cet ostracisme. vietnam Quatre étudiants catholiques du diocèse de Vinh qui compte 500 000 catholiques (province du Nghê An au NordVietnam), arrêtés l'été dernier, ont été condamnés le 24 mai par un tribunal « populaire » pour « propagande antigouvernementale ». Antoine Chu Manh Son a été condamné L e Vatican attiredoncl’attentionsursonpetitterritoire,pourdesmotifs,àpremière vue,déconcertants.Onévoquel’affaireWikileaksàjusteraison,commeélémentde comparaison.L’administrationdusaint-siègeestbienl’objetd’uneopérationdedéstabilisation,quis’expliqueparlatrahisonévidentedemembresdel’entouragedupape,qui ontlivréàlapresseetnotammentàunjournalisted’extrême-gauchedesdocumentsconfidentiels,sortisdubureaudebenoîtXvi.L’enquêteencoursarévélélaresponsabilitéde paoloGabriele,majordomedusaint-père,doncl’hommedontlafonctionmêmeexigeaitla plusstrictediscrétion.Lapresseitaliennecited’autresnomsdontceluid’unefemme.Onne tarderapasprobablementànouslivrerlestenantsetlesaboutissantsdecettetristeaffaire. Queveulentdonccesgens,dontonnousditqu’ilsagiraientpourdenoblesmotifset mêmedansl’intérêtdusaint-père?signalerdesdysfonctionnementsgravesdansl’administrationpontificale,mettreenévidencedespratiquescontrairesàl’espritdel’Église?personnellement,jesuisdisposéàentendretouteslesexplications,maisjepersisteàm’étonner desprocédésemployés.selonunvieuxprécepte(dontLuthers’étaitemparé),ilesttoujours bond’enappelerdupapemalinforméaupapemieuxinformé.etpourcela,ildoitbienexisterdesrelaisnormauxouraisonnablespourprésentersesdoléancesàl’intéressélui-même. maisl’indélicatesseàsonégard,latrahisonmêmesontinjustifiableseuégardàlapersonne debenoîtXvi.Oncomprendquecederniersedéclaredéconcertéetchoquéparl’attitude deceluiquiétaitleplusprochedesesfamiliers. parailleurs,lesinstitutionsd’Églisenesontpasindemnesdesdéfautsdesinstitutionshumaines,mêmesionpréféreraitqu’ellessoientparticulièrementexemplaires.Lesproblèmes peuvent s’aggraver du fait même de la nature d’une autorité ecclésiale qui cumule des soucistemporelsetdessoucisspirituels.maiscen’estpaslapremièrefoisquelabarquede saintpierreestsoumiseautangage.elleenavubiend'autresdansdespériodesencoreplus tourmentées.ilresteàsouhaiterquebenoîtXvi,quiestunincomparablepasteur,soitaidé danssongouvernement,pardescollaborateurscompétents,efficacesetenaccordprofond aveclesfinalitésdeleurmission.n GérardLeclerc à 36 mois de prison et à 12 mois de résidence surveillée. Antoine Dâu Van Duong a été condamné à 42 mois de prison et à 18 mois de résidence surveillée. Pierre Trân Huu Duc devra subir 39 mois de prison et 12 mois de résidence surveillée. JeanBaptiste Hoang Phung a été condamné à (seulement !) 24 mois de prison avec sursis et à 36 mois de mise à l’épreuve. Tous ont nié avoir eu connaissance des faits qui leur étaient reprochés et n'ont donc pas pu préparer leur défense. (Églises d'Asie 25/05/2012) pakistan Un groupe d’extrémistes a fait irruption dans le quartier chrétien d’Essa Nagri, à Karachi, ouvrant le feu et blessant trois chrétiens, qui ont tous été hospitalisés. Les terroristes ont également touché l’église adventiste du septième jour et l’église SaintLuc. Quelques jours plus tard l'ensemble d'une famille catholique a été égorgé au Punjab (FIDES 27/05/2012) panama L’Église catholique est l’institution qui jouit de la plus grande crédibilité auprès des Panaméens selon les résultats d’un sondage. À la question « Quelle est l’institution dans laquelle vous avez le plus confiance », l’Église catholique a reçu 64,8% des préférences. (Églises d'Asie 16/05/2012) FRANCECatholique n°3309Ierjuin 201215 lectures Dimanche de la sainte trinité (année B) alta trinitas © LA BIBLE DES PEUPLES / ÉD. DU JUBILÉ par le Père Michel Gitton 9e Semaine du Semaine de la « Source vive de tout bien » par le Père Michel Gitton Dimanche de la Sainte Trinité [3 juin] Jésus envoie ses apôtres 28. 16 Les onze disciples allèrent en Galilée, à la montagne que Jésus leur avait indiquée. 17 En le voyant ils se prosternèrent, mais certains gardaient des doutes. 18 Alors Jésus s’approcha et leur dit : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. 19 Allez donc et faites-moi des disciples de toutes les nations. Vous les baptiserez au nom du Père et du Fils et de l’Esprit Saint, 20 et vous leur enseignerez, pour qu’ils l’observent, tout ce que je vous ai ordonné. Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du temps. » O ui, nous sommes monothéistes, nous croyons en un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre. Notre dévotion ne s’éparpille pas entre plusieurs petits chefs, qui se partageraient l’univers et seraient concernés par l’un ou l’autre de ses aspects. Le Dieu qui préside à notre vie personnelle n’est pas différent de celui qui régit le ciel et la terre. Un seul projet conçu dans l’intimité du Dieu Amour préside à la vie du monde, du commencement à la fin. Tout vient de Lui, tout est par Lui, tout est pour Lui. Mais Dieu est encore plus grand que cela, plus grand en tout cas que nous ne sommes portés à le concevoir. Il n’est pas le Big Boss, enfermé dans son bureau du ciel, et communiquant avec son personnel par circulaires. Non, il ne se compare pas à nos grandeurs et à nos élévations, qui deviennent vite si petites dès qu’il paraît, Lui, le Roi du ciel. Il nous dépasse aussi par son unité qui est bien plus dense que toutes celles que nous connaissons par ailleurs : c’est une unité qui n’est pas une singularité, c’est l’unité de trois personnes qui sont Dieu, dans l'indicible embrassement de leur don mutuel. Nous, nous voyons l’unité dans tel objet posé là sur la table, isolé, solitaire, ou encore à travers un pouvoir qui, pour s’exercer souverainement, ne peut accepter aucun partage. L’unité si pleine, si riche, si débordante, qui existe en Dieu est 16 FRANCECatholique n°3309 I er juin 2012 d’un tout autre ordre, c’est l’unité d’un seul amour. Non pas l’accord aléatoire entre trois individus qui auraient leur vie chacun de leur côté, mais l’accord parfait entre ceux-là qui n’existent que l’un pour l’autre, l’un par l’autre, dont l’être même est d’aimer. Dieu EST amour. Il n’est que communion. Ceux qui nous accusent d’avoir transposé sur Dieu les modèles (familiaux ou autres) qui existent chez nous sont bien loin d’avoir compris ce que nous avons reçu de la Tradition de l’église. La Trinité ne fait appel aux relations existant entre nous que pour les déplacer. où a-t-on vu un père du même âge que son fils ? quel est cet engendrement qui n’est pas celui d’un jour, mais de toujours ? où a-t-on vu une filiation sans maternité ? Saint Jean nous parle du Verbe et pas seulement du Fils, l’épître aux Hébreux nous dit « empreinte », « rayonnement », signe que les relations entre les personnes divines ne se disent pas seulement sur le modèle de la famille et qu’il faut plusieurs approches pour tenter d’exprimer l’inexprimable. Et si nous ajoutons le Saint-Esprit, nous voyons bien que notre notion même de personne en est toute bousculée : « Esprit », comme si tous les trois ne l’étaient pas (« Dieu est Esprit ») ! « Saint », comme si tous les trois ne méritaient pas ce qualificatif ! Et pourtant, il y a bien, dans le concert des personnes divines, ce troisième, dont Jésus peut dire : « Quand 1. Jésus qui nous a révélé les secrets de Dieu (lecture du Deutéronome). ➤ Adorons le Verbe incarné qui nous fait connaître le Père et l’Esprit. Point spi : ayons soif de mieux connaître les secrets du Dieu Vivant. 2. Jésus qui nous permet de nous exprimer avec ses mots devant notre Père du ciel (lecture de la lettre de saint Paul aux Romains). ➤ Adorons le Fils qui seul peut dire vraiment : Abba ! Point spi : redisons avec joie la Prière du Seigneur. Il viendra, Lui (au masculin et pas au neutre) l’Esprit de vérité, Il vous enseignera tout. » Infiniment élevée au-dessus de nos modèles et de nos expériences, la Sainte et Indivisible Trinité les éclaire tous. Car, étant faits à l’image de Dieu (et pas l’inverse !), il y a chez nous quelque chose qui consonne avec l’être divin. Si nous sommes fondamentalement bâtis pour une communion personnelle avec d’autres êtres humains, si nous ne trouvons notre bonheur qu’en partageant le meilleur de nous-mêmes avec un ami ou un conjoint, si nous pouvons donner la vie en aimant, c’est bien qu’il y a dans notre cœur un écho de l’être trinitaire de Dieu. Mais, loin que nous puissions remonter de nous à lui par une transposition hasardeuse qui ne serait bien souvent qu’une idolâtrie, c’est lui qui nous révèle à nousmême, lui qui nous permet d’échapper aux pièges de la possession et de l’orgueil qui défigurent cette image de lui présente en nous. Bonne fête de la Trinité ! n Dimanche 3 juin - La Sainte Trinité Première Lecture : Deutéronome 4.32-34, 39-40 - Psaume : 33.4-5, 9, 18-20, 22 Deuxième Lecture : Romains 8.14-17 Évangile : Matthieu 28.16-20. Temps ordinaire 3. Jésus qui nous donne accès à la vie de la Trinité dans le saint baptême (lecture de l’évangile de saint Matthieu). ➤ Adorons le Grand Prêtre qui nous qualifie pour officier devant la Trinité. Point spi : rendons grâce pour notre baptême. Lundi [4 juin] : les vignerons homicides (Marc 12, 1-12). 1. Jésus, témoin du dessein bienveillant du Père, révélant sa bonté sans arrièrepensées, son attitude désarmée devant le mal. ➤ Adorons le Fils, tout recueilli dans le dessein du Père, adorons l’Agneau immolé dès la fondation du monde. Point spi : n’imaginons jamais de mauvaise intention de la part de Dieu notre Créateur. 2. Jésus qui sait l’horreur du péché, l’absurde entêtement de l’homme, la volonté de tuer, d’en finir. ➤ Adorons l’Innocent, recevant en plein visage les injures et les crachats. Point spi : ne nous conduisons pas en propriétaire des dons de Dieu. 3. Jésus qui est la pierre rejetée des bâtisseurs, promise à être la pierre d’angle, retournant la révolte des hommes en occasion d’entrer humblement dans les chemins de la miséricorde. ➤ Adorons Celui qui sera un jour la pierre d’angle de toute l’humanité réconciliée. Point spi : gardons l’espérance que l’humanité soit un jour meilleure. Mardi [5 juin] : l’impôt dû à César (Marc 12, 13-17) 1. Jésus si prodigieusement intelligent face à la bêtise du monde, Jésus qui échappe à tous les pièges, par la justesse et la profondeur de son propos. ➤ Adorons la Sagesse incarnée, qui se rit de nos manœuvres. Point spi : ne doutons pas que ce que nous avons à faire pour Dieu soit cohérent, même si nous ne le voyons pas maintenant. 2. Jésus qui nous apprend à rendre à Dieu ce qui lui revient, et qui laisse à l’autorité de ce monde son champ d’action. ➤ Adorons le Serviteur fidèle, qui se laisse traîner devant Pilate. Point spi : loyauté sans illusion pour les choses de ce monde. 3. Jésus qui voit en nous la vraie monnaie que Dieu a frappée, qui a mis en nous sa marque de fabrique. ➤ Adorons l’Image du Dieu invisible, à l’image de qui nous avons été faits. Point spi : respectons l’image de Dieu que nous portons. Mercredi [6 juin] : la femme aux sept maris (Marc 12, 18-27) 1. Jésus qui assiste désolé à cette méconnaissance de la dignité du lien conjugal. ➤ Adorons le véritable époux, qui ne laissera pas son épouse veuve et sans enfants. Point spi : ne parlons pas vulgairement de l’amour. 2. Jésus, qui sait l’absurdité des limites que nous mettons à la toute-puissance de Dieu. ➤ Adorons le Fils, témoin de la puissance de Dieu, qui vit dans la confiance sans limite à son Père source de vie. Point spi : ne spéculons pas sur les choses divines à partir de nos impossibilités humaines. 3. Jésus, qui a conscience d’accomplir toute l’histoire des Patriarches : oui, Abraham, Isaac et Jacob attendent de voir son jour ! ➤ Adorons Celui qu’a vu Abraham, Celui qui brillait dans le Buisson Ardent. Point spi : prions pour nos ancêtres. Jeudi [7 juin] : le grand commandement (Marc 12, 28-34) 1. Jésus qui sympathise avec la recherche sincère des hommes de bonne volonté, qui salue leur travail et reconnaît leur effort. ➤ Adorons la Sagesse qui a mis dans le cœur de l’homme une trace du vrai et du juste. Point spi : osons interroger Jésus et écouter sa réponse. 2. Jésus qui seul peut unir en Lui à ce point l’amour de son Père et l’amour des hommes. ➤ Adorons le Fils bien aimé, qui se donne à nous par amour de Son Père. Point spi : ne mettons pas d’opposition là où Dieu veut que nous fassions tout ensemble. 3. Jésus qui s’est fait notre prochain, lui qui vient de si loin pour nous sauver. ➤ Adorons notre Frère en humanité, plus proche de nous que nos plus proches. Point spi : reconnaissons l’éminente dignité de ce visage banal et anonyme que nous croisons. Vendredi [8 juin] : le Messie fils de David (Marc 12, 35-37) 1. Jésus qui « habite » les écritures, les connaît si profondément, les fait chanter comme un merveilleux instrument. ➤ Adorons le Verbe qui a un écho dans toutes les écritures Point spi : ne regardons jamais ces textes comme s’ils n’avaient rien à nous dire de neuf. 2. Jésus qui s’est inscrit dans la lignée de David, qui se sait son fils, au-delà des lignées lamentables issues de lui. ➤ Adorons le vrai Fils de David, adorons sa divine « mansuétude ». Point spi : n’ayons pas honte de nos origines. 3. Jésus qui n’a rien perdu de sa transcendance, qui est aux côtés du Dieu Saint alors qu’il s’est fait l’un de nous. ➤ Adorons Celui que le Père a engendré avant l’aurore des temps. Point spi : apprenons à être tout petits devant Dieu. Samedi [9 juin] : le scribe et la pauvre veuve (Marc 12, 38-44) 1. Jésus qui ne nous est pas à charge, qui n’a pas voulu faire peser sur ses disciples un joug trop lourd, qui arrive porteur d’une invitation toute simple. ➤ Adorons le Maître très humain, doux et humble de cœur, qui n’éteint pas la mèche qui fume. Point spi : fuyons le rigorisme qui durcit les contours de la volonté de Dieu. 2. Jésus qui voit la réalité des dons que nous faisons, qui sait le prix de nos sacrifices. ➤ Adorons l’Ami attentif qui voit ce que nous faisons en secret. Point spi : n’étalons pas nos pseudomérites. 3. Jésus qui s’est donné jusqu’à la dernière goutte de son sang, qui n’a rien réservé. ➤ Adorons l’Agneau immolé et toujours vivant. Point spi : répondons tout de suite « oui » à Jésus. n FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 17 Église en dÉtresse entretien AVeC Mgr KYrillOs Quel espoir en Ég propos recueillis par Denis LENSEL © G. cousTeNobLe n Commentconsidérez-vousl'avenirpour Le 25 mai dernier au soir, la cathédrale Notre-Dame lescoptes? de Paris était remplie d'une foule compacte pour assister à la quatrième « Nuit des témoins » organisée Mgr Kyrilllos : Nous attendons le résultat final des élections à la prépar l'Aide à l'Église en Détresse, soirée de prière où sidence. Il est impossible de prévoir le Père Daniel-Ange nous fit égrener le chapelet des à l'avance si cela nous permettra noms de tous ceux qui ont été tués en haine de la foi enfin d'échapper à certaines discrimiau cours de l'année écoulée. Quatre personnalités hors nations. Actuellement, tous les yeux sont ouverts et il du commun y firent des interventions n'est pas possible à la fois émouvantes et solides : Paul de faire des choses en cachette. Les Bhatti, responsable des minorités chrétiens n'ont plus religieuses au Pakistan (frère de peur de parler. Les Shahbaz Bhatti, assassiné le 2 mars manifestations, les cris de protesta2011), le cardinal Zen, évêque émérite tion autour de la de Hong Kong, Mgr Kyrillos William, cathédrale de nos évêque d’Assiout en Égypte et vicaire frères orthodoxes, qui représentent patriarcal des coptes-catholiques, la majorité des et Mgr Louis Sako, archevêque de coptes, ont changé Kirkouk en Irak. Ce dernier adressa à les choses. Depuis la révolution on l'assistance ce message qui donnait sort dans la rue, tout son sens à la soirée : « Le on ose s'exprimer meilleur moyen que vous avez, ici publiquement et tout le monde nous en Occident, pour nous aider là-bas voit, notamment la à l'Orient, pour nous redonner du Mgr Kyrillos lors de son intervention presse et les médias. sur le parvis de Notre-Dame. courage, c'est de nous montrer des Églises pleines et surtout pleines de n Larépressiona-t-elleétéviolente? jeunes, comme je constate ici ce soir… » Le lendemain, le parvis de Notre-Dame, qui était Non, pas tellement. Les événements brutaux qu'il y a pu avoir vienorné de palmiers comme symboles des « palmes du nent de la part de quelques extrémartyre », voyait de nombreuses autres personnalités mistes et ne sont pas la règle. Les s'engager pour la liberté religieuse. Faute de pouvoir premiers jours de la révolution, sur la place Al-Tharir, on voyait bien rendre compte de tout, nous publions cette semaine chrétiens et musulmans protester un entretien avec Mgr Kyrillos et un autre avec le ensemble et se protéger mutuellecardinal Zen. ment. 18 FRANCECatholique n°33091 juin 2012 er ypte ? beaucoup de tout ça, plusieurs intellectuels musulmans ont abordé le sujet et conviennent que les chrétiens sont discriminés et qu'il y a là une injustice manifeste. n Lajusticeévolue-t-elleaussi? c'est aussi un problème. on a noté avec tous ces événements et ces et Grégoire COUSTENOBLE périodes de violence, que personne n'a n Et parmi la population musulmane en été condamné et on n'a pas découvert Égypte et particulièrement au Caire, qui était derrière tout ça. Il y a eu des y a-t-il des gens qui soutiennent la enquêtes mais elles n'ont mené à rien. si les premiers avaient été condamlibertédeschrétiens? nés, peut-être que les autres auraient oui. Même en province. Je suis réfléchi à deux fois avant d'agir. ce allé à Assiout et il y avait quelques sont des extrémistes et ils ne sont pas problèmes. un prêtre a été retrouvé la règle mais ils existent néanmoins. mort dans son appartement et il n'y avait pas de raisons confessionnelles là-derrière. Mais certains fanatiques n Peut-on dire que la majorité de la des deux côtés auraient brûlé Assiout populationenÉgypteesttolérante? en ce temps-là. Nous avons réagi avec prudence. Nous nous sommes oui, et nous comptons beaucoup rencontrés entre responsables reli- sur la mosquée d'Al-Azhar, l'islam gieux et avons décidé de nous ren- modéré et le grand imam Mohamed contrer plus fréquemment et de façon Ahmed al-Tayeb, un homme pieux, publique. Nous avons alors fait des sage et prudent. outre ses déclararéunions dans des églises et des mos- tions sur la liberté qui nous ont plu à quées et avons parlé. cela a entraîné tous, il a pris l'initiative, avec le pape une atmosphère de paix. J'ai même chenouda juste après les événements, pu organiser une prière commune de ce qu'on appelle « la maison de la entre chrétiens (protestants, catho- famille », au caire, où dirigeants chréliques et orthodoxes) et musulmans tiens et musulmans se rencontrent pour le jour de l'An où nous avons régulièrement pour résoudre les proprié ensemble pour la paix de l'Égypte. blèmes avant qu'ils ne naissent. en sortant nous avions les larmes et à Assiout nous avons une aux yeux. ce type d'expérience nous branche de cette institution, qui est prouve qu'il est possible et qu'il faut très active. on a pu résoudre plusieurs trouver des moyens d'installer une problèmes confessionnels. À Assiout, atmosphère pacifique. où je suis l'un des dirigeants avec différents chefs musulmans, on a une vingtaine de personnes qui ont été n Est-ce qu'on peut espérer voir des choisies et nommées par les autorités chrétiens accéder à certaines respon- : des hommes sages, des intellectuels, sabilitéspolitiques? des professeurs de l'université d'Assiout. Nous avons réuni de petites c'est justement ce que promet- commissions pour pouvoir répandre tent tous les candidats. et nous obser- cet esprit un peu partout dans la provons les sondages qui semblent pro- vince. metteurs à cet égard. Auparavant les chrétiens ne pouvaient être ni directeur d'université, ni gouverneur, ni préfet de police… Aujourd'hui on parle n Qu'enest-ildesfrèresmusulmans?Ne sont-ilspasunemenacepourlesintellectuelsdetoutesopinions? concernant les frères musulmans ils ont évolué, ils se sont mis à s'occuper de politique, ils ont donc changé de ton. Mais depuis le début même, nous avons de bonnes relations avec eux. À Assiout, même avant le début des élections, ils venaient nous rendre visite. Nous avons aussi une très importante commission Justice et paix, qui organise des soirées culturelles dont la majorité des invités sont des musulmans et parmi eux des frères musulmans. Ils apprécient beaucoup ce travail et cela aide à changer les mentalités, à favoriser un climat de dialogue dont tout un chacun bénéficie. n Pouvez-vousdirequelquesmotssurle rôlesocialdel'Église? Il y a beaucoup d'initiatives sociales de l'Église, de la part de grands organismes comme caritas, l'association de la Haute-Égypte et de chaque diocèse qui a un bureau diocésain travaillant pour le développement et la promotion de la personne humaine qui travaille pour tous, chrétiens et musulmans. Il y a les associations sanitaires comme les dispensaires qui sont d'ailleurs fréquentés par des musulmans plus que par des chrétiens car ils sont proportionnellement plus nombreux. Tout comme dans les écoles chrétiennes. cela permet des liens entre confessions et c'est surtout porteur d'espoir pour l'avenir. Quand certains de ces jeunes seront devenus dirigeants, ils sauront peut-être un peu mieux ce qu'est l'Église. car il y a aujourd'hui trop d'ignorants ou de mal intentionnés qui disent que les églises et les monastères sont pleins d'armes, sans trouver personne pour les contredire. Mais venez voir, il n'y a que les armes de l'amour et de la prière. n Favoriser un climat de dialogue dont tout un chacun bénéficie ( FRANCECatholique n°33091erjuin 2012 19 Église en dÉtresse entretien AVeC le CArdinAl zen Halte aux compr propos recueillis Le cardinal Zen, ancien archevêque de Hong Kong, était à Paris la semaine dernière. Il a donné un entretien plutôt explosif à la revue « Églises d'Asie », donc voici un extrait. On pourra en trouver le texte complet sur Internet. n Églises d’Asie: Le 24 mai, Benoît XVI appelaitlescatholiquesdumondeentier àunirleursprièresàcellesdetousles catholiquesdeChine.Pouvez-vousnous direlasignificationdecetappel ? Cardinal Zen Ze-kiun : Le SaintPère croit véritablement au pouvoir de la prière. Le 18 avril, lors de l’audience générale du mercredi place SaintPierre, Benoît XVI a parlé de la prière en faisant référence à l’Église primitive. Évoquant le passage des Actes des apôtres où Pierre et Jean ont été arrêtés pour avoir réalisé des miracles puis ont été relâchés, le Saint-Père a rappelé que les membres de l’Église primitive ne se sont pas mis à discuter entre eux de ce qu’il fallait faire, des manœuvres à mettre en place, de la manière dont ils devaient faire face à ce qu’il faut appeler une persécution ; ils se sont mis à prier, à prier ensemble, afin d’être en mesure de rendre témoignage de la vérité. [...] En se référant ainsi aux Actes des apôtres, le Saint-Père indique la place qu’il donne à la prière et invite tout un chacun à faire de même. n Peut-on appliquer cette référence à l’ÉglisecatholiqueenChineaujourd’hui? Oui, c’est plus qu’évident. La persécution se fait même de plus en 20 FRANCECatholique n°33091 juin 2012 er plus réelle et concrète. Il n’y a sur ce point aucune amélioration de la part du gouvernement. Ils recourent à des méthodes d’autant plus dangereuses qu’elles sont plus adroites, car ils ne font pas que menacer les personnes, ils les induisent en tentation. Ils ne veulent pas faire des martyrs, ils veulent produire des renégats. Pour l’Église, c’est donc bien pire. Ils ont les moyens de tenter les personnes, qu’elles soient bonnes, timides ou faibles, et de les amener à leur obéir. Ces moyens sont l’argent bien sûr, mais aussi le prestige, les honneurs ou une position dans la société. Face à cela, le Saint-Père a institué la journée de prière du 24 mai ; c’est un fait unique et inédit qui dit bien à quel point le souci de l’Église en Chine habite le pape Benoît XVI. [...] En 2007, lorsque le pape Benoît XVI a publié sa Lettre aux catholiques de Chine, la réaction du gouvernement chinois a été négative. Pékin ne voulait pas admettre que le Saint-Siège insinue que l’Église en Chine était persécutée par les autorités civiles. Par exemple, après la publication de la lettre papale, nous avons voulu à Hong Kong organiser un pèlerinage à Shanghai pour le 24 mai. Mais les autorités chinoises ne nous ont pas autorisés à le faire. Depuis cette date, durant tout le mois de mai, tous les pèlerinages à Sheshan sont interdits aux groupes qui ne sont pas de Shanghai. [...] n VousditesquelaCommissionvaticane pour l’Église en Chine doit changer sa politique... Depuis 2007, les critères sont clairs : ils ont été posés par la lettre du SaintPère aux catholiques de Chine. La lettre est claire, elle est publique et elle est disponible en différentes langues. Tout le monde peut donc s’y référer. [...] La lettre du pape est un modèle d’équilibre entre les principes de l’Église, de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, et un nécessaire souci pastoral envers les personnes qui ont commis des erreurs, et même envers le gouvernement chinois. Mais la netteté des propos du Pape n’est pas appréciée par tous dans l’Église où les héritiers de ce qu’on a appelé l’Ostpolitik sont toujours présents. Pour ces héritiers, le maître mot est le « compromis ». n Aujourd’hui,oùensommes-nousprécisément? En comparaison de 2007, la situation s’est détériorée du fait justement de ce souci permanent du compromis. Un exemple : à l’approche de la Huitième Assemblée nationale des représentants catholiques, la Commission vaticane pour l’Église en Chine avait obtenu que le communiqué qui rend compte de ses travaux soit particulièrement clair, dans le sens où il était dit aux évêques de Chine que leur participation à cette Huitième Assemblée n’était pas possible. Le gouvernement chinois avait déjà par deux fois repoussé la tenue de cette assemblée. On pouvait donc espérer que les évêques réagiraient et Commission vaticane pour l’Église en Chine, nous avons tenté d’aborder ces questions. Il y a trois cas de figure. Premièrement, en cas d’ordination illégitime, les choses sont claires : Rome ne peut accepter qu’un évêque soit ordonné en-dehors du consentement du Pape. Cela s’est pourtant passé en novembre 2010 puis à deux nouvelles occasions en 2011. En novembre 2010, la Secrétairerie d’État a réagi par un communiqué aux par «ÉgLises d'Asie » termes choisis. En 2011, la nouvelle auraient le courage de ne pas céder équipe que Benoît XVI avait nomaux pressions de Pékin. Bien sûr, on mée à la tête de la Congrégation pour ne pouvait sans doute pas espérer un l’évangélisation des peuples (le cardiretournement complet de situation, nal Filoni et Mgr Savio Hon Tai-fai) mais il était envisageable que l’on était déjà en place et le communiassiste à cette occasion au début de qué du Saint-Siège a été encore plus quelque chose de nouveau, à un sur- explicite puisque la peine d’excomsaut de fidélité à Rome des évêques munication n’était plus seulement « officiels ». Au moins une partie une menace mais une réalité. Le droit d’entre eux aurait refusé les pressions canon existe, il définit les comportede Pékin. La difficulté est que des ins- ments qui entraînent une peine d’extructions, sinon contradictoires du communication, il a été appliqué. Deuxièmement, le cas de la nomimoins accommodantes, ont été données depuis Rome. Concrètement, des nation d’un évêque approuvé par évêques chinois ont approché le Saint- Rome et accepté par Pékin. Certaines Siège pour demander ce qu’ils devai- personnes sont très satisfaites de ent faire, ils ont argué du fait que leur ce cas de figure : « Voici un évêque situation était difficile et délicate, et nommé par Rome qui est accepté par il leur a été répondu : « Nous com- Pékin ! » Je me permets d’exprimer prenons, nous comprenons. » Il a sans mes doutes. Est-ce bien là la réalidoute suffi d’un seul évêque à qui une té ? Je m’en réjouirais si c’était le cas, telle réponse a été faite. En Chine, les mais, lorsque deux entités qui ont des choses se savent vite. Le gouverne- vues divergentes se mettent d’accord ment l’a donc su et il s’est engouffré pour nommer une personne, cela veut dans la faille pour mener à bien cette dire qu’elles ont accepté des comproHuitième Assemblée, sachant qu’à mis. Il faut se poser la question de savoir qui fait des concessions. Est-ce Rome « ils comprendraient ». Si seulement le Saint-Siège avait le gouvernement chinois qui a accepalors exprimé une seule voix, disant aux té le candidat de Rome, ou Rome qui évêques chinois que, quelle que soit la a accepté le candidat de Pékin ? Je difficulté de leur situation et les pres- crains que ce soit le Saint-Siège qui sions qu’ils subissaient, ils ne devaient ait accepté de faire des concessions. pas prendre part à cette assemblée, les Si c’est le cas, alors de telles nominachoses se seraient passées différem- tions ne sont pas bonnes pour le bien ment et le gouvernement n’aurait sans de l’Église. Bien entendu, c’est le pape qui nomme les évêques. Mais vous doute pas osé pousser son avantage. connaissez la manière dont fonctionne le Saint-Siège : pour l’Église n Danscecontexte,commentcomprendre en Chine, c’est la Congrégation pour les nominations épiscopales en Chine l’évangélisation des peuples qui présente au Saint-Père les noms des aujourd’hui? Dans le communiqué publié à l’issue de la dernière réunion de la D.R. omis ! Le cardinal Zen à Notre-Dame de Paris. évêques à nommer. Mon avis est que les années passées, la Congrégation pour l’évangélisation des peuples a accepté trop de compromis. La conséquence est qu’en Chine, nous avons trop d’évêques qui ne sont pas de bons évêques. Troisièmement, le cas d’un évêque approuvé par Rome et accepté par Pékin mais dont l’ordination se déroule en présence d’un ou de plusieurs évêques illégitimes ou frappés d’une peine d’excommunication. Si ces évêques prennent part à ces cérémonies d’ordination de leur plein gré, quelle mauvaise foi de leur part ! On peut penser que c’est le gouvernement qui les contraint à y aller, dans le but de créer du désordre. Mais alors, que de difficultés ajoutées à une Église qui n’en manque pas ! Poser de tels actes en violation évidente du droit canon ne doit pas rester sans conséquence, sauf à créer plus de confusion parmi le peuple des fidèles. Bien entendu, c'est le Pape qui nomme les évêques ( FRANCECatholique n°33091erjuin 201221 n Quelle espérance gardez-vous pour cetteÉglise? Pour tout ce qui concerne l’Église en Chine, nous avons à considérer trois entités : l’Église de Chine elle-même, le gouvernement chinois et le Saint-Siège. Il y a quelques années, nous pouvions faire montre d’un certain optimisme. Et c’est avec cet optimisme à l’esprit que la lettre du pape a été écrite en 2007. Cet optimisme était nourri du fait que, lorsque la Chine a entamé sa politique d’ouverture fin 1979, parmi les évêques âgés encore en place et qui avaient été nommés de manière illégitime, nombreux sont ceux qui, à la faveur des nouvelles facilités de communication avec Rome, ont approché le Saint-Siège pour demander pardon et rentrer dans la communion avec l’Église universelle. Le Saint-Siège a été très généreux, tout en étant prudent et en menant des enquêtes précises sur ces évêques. L’avis des évêques « clandestins » a été demandé et, le plus souvent, ces évêques ont été légitimés avec l’accord des évêques « clandestins ». Pour ces évêques repentants, il a fallu faire preuve de courage pour approcher ainsi le Saint-Siège car il est évident que le gouvernement avait eu vent de leur démarche. En dépit du danger, ces évêques ont agi pour le bien de l’Église et le gouvernement ne les a pas sanctionnés. Les années passant, Rome a été dans l’obligation de nommer de nouveaux évêques, de jeunes évêques. Au sein de la partie « officielle » de l’Église, les évêques sont « élus ». Ces élections sont manipulées par le gouvernement. Mais on peut penser que le gouvernement ne cherche pas à ajouter des problèmes supplémentaires à ceux qu’il doit déjà gérer par ailleurs. Il ne cherche donc pas nécessairement à faire « élire » les pires candidats à l’épiscopat. Ce ne sont sans doute pas les meilleurs qui sont choisis, mais pas les plus mauvais non plus. Du côté du Saint-Siège, la même générosité ) s’est exprimée et ces jeunes candidats à l’épiscopat ont le plus souvent été acceptés par le pape. Et il faut ajouter que ces jeunes candidats ne voulaient pas accepter la charge d’évêque sans être nommés par le pape. Eux-aussi donc ont su faire preuve de courage. C’est dans ce contexte que le SaintPère a écrit sa lettre de 2007 : lorsque les évêques font preuve de courage, les autorités chinoises sont suffisamment intelligentes pour ne pas sévir et, lorsque le Saint-Siège fait preuve de générosité, il renforce le courage des évêques chinois. Cependant, certains ont dit qu’il y avait une contradiction dans la politique du Saint-Siège : le pape nomme des évêques « officiels » qui sont en même temps membres de l’Association patriotique des catholiques chinois. Avant la lettre du pape de 2007, il était sous-entendu que les évêques n’avaient rien à faire avec cette association incompatible avec la foi catholique. Après la lettre du Pape, les choses ont été clarifiées : le Pape écrit que les évêques ne doivent pas être liés à cet organisme. Pourtant, depuis 2007, rien ne s’est passé. C’est tout simplement le fruit des années passées où la Congrégation pour l’évangélisation des peuples a fait passer aux évêques chinois des messages contradictoires ou, à tout le moins, les incitant à penser qu’un certain degré de compromission avec Pékin était envisageable. Aujourd’hui, les équipes en place au Saint-Siège ont changé certes, mais nous continuons de vivre sur cet héritage. La conséquence est qu’aujourd’hui, je vois moins d’espoir pour la partie « officielle » de l’Église en Chine qu’il y a cinq ans, lorsque la lettre du pape a été publiée. Je vois des évêques moins courageux qu’autrefois, des « opportunistes » ainsi que Mgr Savio Hon Tai-fai l’a écrit. n Lechangementd’équipeàlatêtedela Chine, prévu à l’automne 2012, peut-il apporterdunouveau? Les politiques erronées du Saint-Siège ont fait beaucoup de dégâts 22 FRANCECatholique n°33091 juin 2012 er Personne ne peut être sûr de rien à propos de la Chine. La Chine est mystérieuse et imprévisible. Je vous l’ai dit : si, il y a quelques années, je pouvais me montrer plus optimiste au sujet de l’Église, aujourd’hui je suis pessimiste. Notre foi nous apprend toutefois à demeurer dans l’espérance. Humainement, je place mon espoir dans les catholiques, les fidèles laïcs. Peut-être pas les plus jeunes générations qui n’ont pas une foi ancrée au plus profond d’elles-mêmes, mais les générations anciennes, parce qu’elles ont traversé des épreuves terribles et ont su conserver la foi à travers ces épreuves, et qui sauront faire passer à l’Église ce dont elle a besoin pour survivre aux difficultés présentes. S’agissant des communautés « clandestines », il faut dire que là aussi, les politiques erronées du Saint-Siège ont fait beaucoup de dégâts. Les héritiers de l’Ostpolitik au Vatican, par la recherche permanente du compromis avec le pouvoir en place, n’ont pas accordé suffisamment d’importance aux communautés « clandestines » ; ils les ont négligées, voire même considérées comme une gêne. Le résultat, c’est, par exemple, l’évêque de Baoding qui a été encouragé à quitter les rangs des « clandestins » pour rejoindre les « officiels ». Après tant d’années en prison, lui qui était considéré comme un héros n’a semé que la confusion et la désunion au sein du diocèse. Quelle tristesse ! Je ne veux pas qu’il y ait de malentendus dans mes propos. Lorsque je dis que le Saint-Siège n’a pas agi comme il aurait dû agir, beaucoup de gens vont comprendre que c’est le Saint-Père que je mets en cause. Ils ont tort. C’est tout le contraire. J’ai toute confiance dans le Saint-Père et chaque catholique doit garder toute sa confiance dans le Saint-Père. Le Saint-Père est extrêmement patient et si ses collaborateurs n’ont pas toujours œuvré avec toute la sagacité nécessaire, le Pape a fini par agir et a changé l’équipe qui, à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, suit les affaires de l’Église en Chine. n rencontres och Un parent handicapé par Anne KURIAN L’OCH organise des rencontres sur le thème des parents handicapés. L'occasion de faire le point dans un cadre reposant. L ’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) organise pour la quatrième fois un weekend de rencontre pour les personnes dont le père ou la mère est atteint de maladie ou de handicap moteur, mental, sensoriel ou psychique. Ouvert à partir de 16 ans, le weekend se veut un temps de réflexion, de « partage d’expérience », de recherche « d’appuis nécessaires pour aller vers d’autres liens et construire sa vie à soi ». Le but étant de « laisser jaillir la vie ». Le programme propose des temps de partages en petit groupes et d’enseignements animés par des psychologues, des temps de réflexion personnelle, des temps de ressourcement spirituel – une messe le dimanche pour ceux qui le désirent – et une soirée créative en trois ateliers. Le week-end commence le 9 juin à 10h, pour se clore le 10 juin à 15h. Cette initiative, précise Cécile Gandon, du service communication de l’OCH, est « née de plusieurs demandes de personnes touchées par ces questions et désireuses d'en parler entre elles et d'être soutenues, accompagnées ». La quatrième édition de ce weekend sera enrichie des expériences précédentes et des témoignages des participants. « Cette année pour la première fois, annonce Cécile Gandon, nous proposerons à ceux qui le souhaitent un atelier de création gestuelle, car les mots sont parfois insuffisants pour exprimer les sentiments profonds. « Nous insisterons également davantage sur la dimension spirituelle, OCH Office chrétien des personnes handicapées 90, avenue de Suffren, 75015 Paris Contact : Caroline de La Goutte. Tél : 01.53.69.44.30 parenthandicap@och.asso.fr tout en respectant la liberté de chacun », précise-t-elle. Pour l’OCH, être l’enfant d'une personne malade ou handicapée est une situation qui implique trois problématiques : Tout d’abord, la « responsabilité » : en effet, très tôt, confronté au handicap de son parent, l'enfant a pu se sentir responsable de ce parent. Il faut aider son parent pour certains actes de la vie courante, prendre des décisions en période de crise, prendre soin de lui. Une certaine « inversion des rôles » s'est mise en place, comme si l’enfant devenait le parent de son père ou de sa mère. Le week-end soulignera l’importance de se défaire de cette inversion qui parfois n’est pas vraiment consciente. Ensuite, les enfants vivent ce qu’on appelle le « poids du silence » : ils pensent qu’il est interdit pour eux de crier leur mal-être, ils pensent : « C'est mon parent qui souffre, et moi, je me plaindrais ? » Ils ne s'autorisent pas à dire leur souffrance, face à un entourage qui n'imagine pas forcément que cette situation puisse être difficile pour eux aussi. Enfin, se pose la question de « bâtir sa propre vie » : l’enfant se pose de nombreuses questions, telles « Est-ce que j'ai le droit, moi aussi, à une vie normale ? Comment garder un lien juste avec mon père, ma mère, sans avoir le sentiment de l'abandonner si je quitte la maison ? Comment trouver d'autres appuis pour avancer et laisser jaillir la vie ? » D’après l’expérience des éditions précédentes du week-end, c’est une réussite, confie Cécile Gandon : « Les participants sont frappés par la chaleur de ce qui se vit, soulagés de constater qu'ils ne sont pas seuls... Ils repartent plus "légers" d'avoir pu mettre des mots sur cette réalité souvent difficile. » D’ailleurs, certains reviennent d'année en année, désireux de creuser et d'approfondir. Chaque année également, de nouvelles personnes s'inscrivent, ayant des âges et des parcours personnels très variés. Parmi les intervenants, citons Anne Debargue et Pascale Aubé, toutes deux psychologues cliniciennes. Participera également Annick Doisy, elle-même fille d’un père malvoyant, qui avait participé au premier week-end OCH, en 2008, où elle avait vécu un « déclic décisif ». À la sortie du week-end, Annick Doisy a initié un groupe de parole sur le même sujet. Elle est aussi auteur d’un mémoire sur le thème : « Accompagner la relation parentenfant quand le parent a un handicap ou une maladie ». Seront présents par ailleurs le P. Stéphane Joubert, de la congrégation des Serviteurs de Jésus et Marie, aumônier en hôpital psychiatrique et Philippe de Lachapelle, directeur de l'OCH. n Les mots sont parfois insuffisants pour exprimer les sentiments profonds ) FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 23 sport football le foot, c’est le par Bertrand SOUCHARD Du 8 juin au 1er juillet se déroule l’Euro 2012 de football en Pologne et en Ukraine. La France y affronte en poule la Suède, l’Angleterre et l’Ukraine. L’équipe nationale va essayer d’oublier le fiasco de la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud. Nous ne voulons pas revenir sur le fait que Laurent Blanc a pu broyer du noir ces derniers temps (1), mais réfléchir de manière plus générale sur ce sport particulier qu’est le football. U caractéristique du football est sa dimension universelle (catholique en grec). C’est le seul sport qui puisse rivaliser à lui tout seul avec les Jeux olympiques. Tous les deux ans nous avons droit soit au rituel des jeux, soit à celui de la Coupe du monde de football. Et pour les années olympiques, les supporters peuvent quand même célébrer l’Euro ou la Coupe d’Afrique des nations. C’est un fait que la plupart des sports ont un enracinement particulier. Le rugby réunit des pays du Commonwealth et la France. Le basket rayonne à partir des étatsUnis. Seul le football est vraiment planétaire. Notons aussi l’aspect populaire des amateurs de football. Nous sommes loin de l’élitisme de Roland Garros, sans parler de celui du golf. Même les tribunes des matches du XV de France n’ont pas l’aspect « popu » du football. Le sport proposé par les parents pour leurs enfants indique souvent un certain niveau social. Cette universalité provient certainement de sa simplicité et de son aspect démocratique. Tout le monde peut jouer au football. Il suffit d’un terrain vague ou d’un vague terrain, d’un ballon en cuir ou d’une balle de caoutchouc, de deux ne première ( vêtements qui délimitent les cages, et c’est parti pour une partie. Plus compliqué est d’avoir des panneaux de basket, un terrain de tennis et deux raquettes ou une pelouse où l’on peut se plaquer sans risque. Par ailleurs, les règles sont simples. Quand on a compris le horsjeu, on a tout compris. La subtilité des règles du rugby déconcerte même les spécialistes. Comprendre et commenter les décisions de l’arbitre de rugby est tout un art. Compter les points au tennis demande déjà une initiation, dont on n’a pas besoin pour saisir qu’un but c’est un point. Outre cette universalité du football, une seconde caractéristique est d’être le seul sport de balle qui ne se pratique pas avec les mains. Le football est un sport de « manchots ». Alors que la plupart des sports montrent une habileté par les mains, au foot, la main c’est la faute. Que l’on se souvienne de la main scandaleuse de Thierry Henry qui qualifia la France contre l’Irlande pour l’Afrique du Sud. Or la main est un signe corporel d’intelligence. « C’est parce que l’homme est intelligent qu’il a des mains » dit Aristote. La main par son pouce opposable est habile et peut tout saisir. Le chirurgien, travailleur des mains selon l’étymologie, montre son Le seul sport qui puisse rivaliser à lui tout seul avec les Jeux olympiques 24 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012 habileté, tout comme le pianiste. On écrit, on parle avec ses mains. Le danseur les utilise pour une expression esthétique. Avec elles on prête serment ou on bénit. On peut tendre la main et proposer une poignée de main, ou par le poing fermé manifester sa colère. La main révèle aussi la finesse du toucher. Cette finesse et cette mollesse de la peau peut être le signe de la plasticité et de la finesse de l’intelligence. Les mains sont bien le signe de l’esprit humain. Elles manifestent la liberté, la raison technique, l’universalité et la finesse de l’intelligence, la rencontre d’autrui, le langage et l’art. Pourrait-on dire que se priver de ses mains c’est se priver de ces dimensions de l’esprit ? Le footballeur est-il bête comme ses pieds ? Ses réflexions seraient-elles au ras des pâquerettes, au niveau de ses crampons ? En fait, avec le foot, une partie de l’habileté humaine passe des mains aux pieds, qui n’ont plus simplement pour fonction physique la marche ou la course. Le génial et l’esthétique se rencontrent dans un retourné acrobatique ou un coup franc de Platini en pleine lucarne. Si le footballeur n’est pas humain par ses mains, il l’est par son visage et sa station verticale. Le visage exprime les sentiments de la personne. Les yeux sont miroirs de l’âme. Dans mon visage se lit la singularité d’une personne, l’unicité d’un jeu. Seul aussi, de tous les animaux, l’homme peut être debout en permanence. La bipédie du singe quand il est assis est alternée avec une quadripédie, quand il marche. D’ailleurs la colonne vertébrale de l’homme a une triple courbure alors que celle du singe n’en a qu’une seule. Seul l’homme a un centre de gravité qui suit les vertèbres cervicales. Or cette verticalité peut avoir un sens métaphysique. Seul l’homme contemple les étoiles. Si l’orientation du corps animal est horizontale, la verticalité du corps humain semble comme un saut vers le ciel et une interrogation sur l’origine. S’il n’utilise pas ses mains le footballeur a toujours un visage et se doit de rester sur ses deux pieds. Son intelligence se manifeste dans sa vision du jeu, la stratégie de l’entraîneur et sa station droite aux moments de chanter les hymnes. Le footballeur est-il cérébral par ses coups de tête ? Cette spécificité corporelle du football et son aspect populaire pourraient peut-être éclairer une troisième caractéristique, la violence des tribunes du football. La victoire de Michel Platini à la Coupe d’Europe des clubs champions avec la Juventus de Turin en 1985 est entaché du drame du Heysel : 39 morts et 600 blessés. Un tel événement tragique n’existe pas dans les autres sports. Les clubs anglais ont été exclus des compétitions européennes pendant des années à cause de leurs hooligans. Le PSG essaie de se démarquer de ses supporters fascisants. Et au niveau amateur on ne compte plus les violences entre équipes et supporters ou contre l’arbitre. Comment comprendre cette spécificité du football ? Nous avions montré dans un précédent article, le rapport général du sport à la violence et sa fonction de religion païenne (2) . L’origine des sports est liée à la chasse et à la guerre. L’homme y retrouverait un instinct primaire pour combattre ou fuir le danger. Mails alors pourquoi le football manque-t-il plus souvent de fairplay que les autres sports ? On connaît la formule : le rugby est un sport de voyous pratiqué par des gentlemans © bP pied et le foot est un sport de gentlemans pratiqué par des voyous. Le rugby porterait en lui-même des valeurs de solidarité de l’équipe, de respect de l’adversaire, avec lequel on fête la troisième mi-temps. La violence est sur la pelouse, non dans les tribunes. Les contestations de l’arbitre et l’anti-jeu y sont plus rares. La violence du football a beau être condamnée comme minoritaire et imbécile, c’est dans ce sport qu’elle apparaît. Peut-être que cette violence provient de son aspect populaire, moyen de reconnaissance pour ceux qui ne sont pas reconnus. Peut-être aussi que le football ferait plus directement appel à l’instinct du chasseur. Le porteur du ballon est comme un chef de meute, suivi des autres chasseurs de la tribu. Il s’agit de se positionner sur un territoire en attendant le meilleur moment pour tirer. L’attente pendant un match peut être longue avant la délivrance, comme dans une battue pour traquer la bête. On tue par balles, remplaçant la chasse pour la nourriture par le football. Il s’agit d’une stratégie compétitive de tir. Cette évocation de l’instinct du chasseur aurait aussi une dimension sexuelle et masculine. Le footballeur pénètre l’adversaire. Le buteur prend son pied lorsque, après une longue attente et préparation, il tire au but. L’universalité du football serait aussi celle des instincts premiers. n (1) www.france-catholique.fr/Le-footfrancais-et-la-republique.html (2) France catholique, n°3218, 25 juin 2010, « Le sport, une religion païenne ? ». Avec le foot, une partie de l’habileté humaine passe des mains aux pieds ) FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012 25 MUSIQUE ENTRETIEN AVEC ARNAUD DUMOND Chanter la vie et la propos recueillis par François-Xavier LACROUX Le « Requiem de la Nativité », œuvre d’une heure trente d’Arnaud Dumond, sera créé le 16 juin en l’église de la Madeleine à Paris. Rencontre avec le compositeur. Arnaud Dumond. n Necraignezvouspasunecertaineforme de syncrétisme au vu de l'articulation entre les différentes influences et leur expositionauseindevotremusique? n Titreétonnantqueceluidevotreœuvre RequiemdelaNativité.Querecouvre-til? Arnaud Dumont : Ce Requiem est le prolongement d’un premier RequinRequiem (les deux termes ont la même étymologie, avais-je imaginé, sur le thème de l’eau) composé vers 2007. Est-ce l’ajout d’un chœur d’enfants dans celui-ci qui m’aurait soudain donné l’idée d’associer la mort à la naissance ? Instinctivement, sans doute. J’ai donc construit l’œuvre sur cette intuition simple : sans vie point de mort. J’ai alors dressé un plan d’ensemble qui aboutirait à la vie, en faisant intervenir une naissance aux deux tiers de l’œuvre par cette apostrophe du poète Walt Whitman : « Bienvenue au monde toi qui n’es jamais mort ! », phrase lancée par les choristes en autant de langues étrangères que possible. Il m’est apparu que le tout formerait un cycle : 24 stations traversant, tels les cercles de la Divine comédie, tous les sentiments que la mort peut faire naître en nous. J’ai en quelque sorte prolongé le In Paradisum de la tradition par une Danse macabre suivie par un Final de lumière, rajouté un Agnus, un Paradisum, un Kyrie, etc. ( La Nativité, apparentée dans notre culture à la naissance du Christ, s’est donc élargie à toutes les naissances, comme ce Requiem est celui de toutes les morts. Ambition éminemment universaliste rejoignant le sens premier de katholikos qui signifie universel en grec. n Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire cespages? Je n’ai pas attendu que des deuils important me frappent. Je voulais justement ne pas personnaliser ce rituel, et l’aborder dans une période encore heureuse de ma vie. J’ai pensé aux deux morts qui régissent l’humanité : celle que l’on reçoit inévitablement, intimement, et celles que l’on inflige et qui provoquent la révolte, la colère, le désespoir, l’inacceptable. Il y a dans le rituel du Requiem tout ce qu’il faut pour cela : la lumière pour éclairer la L'essence de l'homme, davantage que la réponse, c'est la question 26 FRANCECatholique n°3309Ierjuin 2012 mort (Luceat eis), le Libera me, le Dies irae… Celui-ci est donc tout à la fois une Histoire du monde - un Teatrum mundi - et l’histoire intime de chacun. Si le syncrétisme est un mélange d’influences (religieuses, dans votre question), je pencherais davantage vers une synthèse enrichissante plutôt qu’un mélange. Car je revendique certainement un œcuménisme, persuadé que les ressemblances entre les hommes l’emportent de loin sur leurs différences. Sinon que les différences nous poussent à chercher en des chemins différents les ressemblances… Cela dit, ayant poursuivi la quasi-totalité de mes études dans des collèges catholiques (jésuites, oratoriens…), j’ai sans doute été imprégné à mon insu par ce patrimoine admirable de la musique sacrée, par ces pierres de cathédrales si justement composées qu’elles semblent penser dans le silence et rêver dans la lumière. Le génie du christianisme est certainement d’avoir mis le destin d’un homme au centre de la Foi. C’est peut-être cette caractéristique qui m’a entraîné — qui m’a formé devrais-je dire ! — à reprendre les symboles religieux pour les rendre à leur humanité première... Ainsi le fis-je dans ma Messe in terra pax : symboles rafraîchis, en quelque sorte, ou comme rendus à la vie. Une façon de prendre la religion au sérieux pour sa soif de sagesse, et pour sa colossale énergie à questionner le vide infini où danse notre planète..., plutôt que pour ses réponses au fil des siècles, puisque mort tantôt éprises de pouvoir absolu, tantôt brutalement obscurantistes. Et par tout ce qu’elle continue d’inspirer en idéaux de fraternité et d’égalité sur un horizon d’amour universel. Alors l’admiration que je voue aux psalmodies tibétaines, au chant orthodoxe ou syriaque ne fait peut-être, là aussi, que remonter aux origines émotionnelles des premiers chrétiens, mais plus encore des premiers hommes. Sont-ils si différents que nous ? Comment ? Pourquoi ? Ce sont des questions. Car l’essence de l’homme, davantage que la réponse, c’est la question. Regardons les enfants… n Vous vous êtes assuré, pour la création, la collaboration de grands noms du théâtre : Robert Hossein, Michael Lonsdale,Marie-ChristineBarrault,etc. Qu'apporte cette participation dans votreœuvre? Ces immenses comédiens m’ont fait l’honneur d’accepter de se prêter à cette œuvre. Outre l’estime qu’ils ont au sein de la population, ils vont donner leur voix, c’est à dire leur personnalité et leur vécu, aux textes que j’ai préparés pour eux. Ce qu’ils apporteront, je ne le saurai qu’aux jours de représentation ! Ce sera la surprise, et c’est le grand bonheur d’un auteur, son questionnement aussi : que son œuvre lui échappe… n PourquoifaireprécéderleRequiem,lors de sa création, du Gloria de Vivaldi ? Quelfilconducteurvousymène-t-il? Je ne crois pas que le langage musical assez postmoderne de ce Requiem, et assez varié, plein de petites surprises pour ne pas lasser, soit difficile à aborder. Pour autant nous avons tenu à chérir notre public en reliant cette pièce contemporaine d’une heure trente à la tradition baroque. Il y a d’ailleurs une dimension parfois néobaroque dans mon Requiem, dans l’articulation des voix solistes particulièrement. Nous cherchions une œuvre assez courte et assez populaire. Le Gloria de Vivaldi s’est imposé, avec ses passages brillants mais aussi ses émouvantes séquences. n Représentations les 16 juin, 11 octobre et 18 décembre en l’église de la Madeleine - Paris VIIIe, avec Marie-Christine Barrault, Robert Hossein, Michael Lonsdale, le chœur et l’orchestre symphonique de la Ville, le chœur d’enfants Les Polysons, l’ensemble de guitares de Paris, MarieFrançoise Lefort (soprano), Maryseult Wieczorek (mezzo) sous la direction d’Agnès Stocchetti. Réservations, tél. : 01.43.87.49.80, Fnac / Carrefour. Site : arnauddumond.com/requiem FRANCECatholique n°3309ier juin 2012 27 expositions PARIS, MuSÉe BouRDeLLe – MuSÉe De LA VILLe De PARIS - LeGS RhoDIA DuFeT-BouRDeLLe à LA VILLe De PARIS, 2002 - INV . MBBR . 0092 © MuSÉe BouRDeLLe / DIST RoGeR-VIoLLeT - PhoTo : STÉPhANe PIeRA Musée des Années 30 – espAce Antoine Bourdelle. Monument du général Alvéar, tête de cheval, modèle à grandeur d’exécution. 1913-1914. bronze (fonte Susse, épreuve n°1, 1967). 160 × 71 × 158 cm. Alberto Giacometti. Le Chat, 1951. Plâtre peint. 32,8 × 81,3 × 13,5 cm. enjeux de l’exposition […] est de rassembler un ensemble spectaculaire de sculptures, parfois méconnues, de grands artistes. » Il s’agissait Le musée des Années 30, d’illustrer l’épanouissement de la sculpture anià Boulogne-Billancourt, consacre malière de l’entre-deux-guerres à travers ses différents modes d’expression et la multiplicité des une exposition à la sculpture animalière techniques : bronze, plâtre, marbre, granit, bois… et inaugure une nouvelle section Des peintures rupestres aux sculptures de dans ses collections permanentes. tradition classique, les hommes ont représenté les animaux, sauvages ou domestiques. Po u r t a n t , a u a tête de cheval du monument au généArmand Petersen. Grand Rhinocéros, vers 1937, bronze (fonte bisceglia). début du XXe ral Alvéar, de Bourdelle, garde l’en66 × 92 × 20,5 cm. siècle, la trée. Stoïque, un Tigre royal couché, sculpture de Marcel Derny, l’accompagne dans animalière cette mission. Ils était jugée ouvrent l’exposition de comme un 100 sculptures animaart mineur, au lières qui a lieu au service de la musée des Années décoration, peu 30 de Boulognereconnu par l’Académie Billancourt. Les des Beaux-Arts. Trois grands sculpteurs, plus grands noms évidemment présents à Boulogne, firent évode l’histoire de l’art luer la tradition en représentant l’animal avec du XX e siècle, des sa vie et son caractère. François Pompon (1855années 1910 jusqu’au 1933) simplifia la représentation en omettant début des années 1950, les détails que l’œil ne perçoit pas chez un les plus célèbres sculpanimal en mouvement. Pour Rembrandt Bugatti teurs de tradition clas(1884-1916)*, qui n’appartenait à aucune sique, comme ceux de école, la vérité ne se trouvait pas dans l’avant-garde, sont réunis : une exacte reproduction de la nature, de Bourdelle à Bugatti, de mais dans l’impression qui s’en dégage. Pompon à Sandoz, de Calder Édouard-Marcel Sandoz (1881-1971), à Giacometti. « L’un des L CoLLeCTIoN PARTICuLIèRe - CouRTeSy GALeRIe PIeRRe M. DuMoNTeIL - © TouT DRoIT RÉSeRVÉ 28 FRANCECatholique n°3309 1 er juin 2012 PARIS, FoNDATIoN ALBeRTo eT ANNeTTe GIACoMeTTI - INV. 1994-0348 © PhoTo : JeAN-PIeRRe LAGIeWSKI, FoNDATIoN GIACoMeTTI, PARIS / SuCCeSSIoN GIACoMeTTI ADAGP, PARIS, 2012. des anim et des LAndowski aux hommes artiste suisse installé en France dès 1910, était comme Bugatti fasciné par le mouvement, la vivacité de l’expression. L’exposition raconte l’évolution des styles dans la sculpture animalière à travers trois séries, marquées chacune par une couleur – rouge, verte, ou bleue – qui facilite la visite à travers une scénographie particulièrement réussie. La première est consacrée à l’animal réaliste et à son portrait d’après nature. un kangourou, un ours brun, un lion de Nubie et un éléphant font bon ménage, tous signés de Rembrandt Bugatti. un orang-outang de Georges Guyot tend ses bras vers le visiteur, tandis qu’une otarie de Gabriel-René Lacroix pointe son nez dans l’attente de quelque nourriture. La deuxième série part à la découverte de l’animal stylisé. un corbeau de Sandoz tient compagnie à un Pigeon boulant de Béla Vöros, dont le bronze est mis en valeur par les surfaces lisses, ou à un Canard courant indien de Charles Artus. Non loin, le sanglier de Pompon bondit, tandis que le visiteur tombe en arrêt devant le cheval, hiératique et pourtant vivant, de Marino Marini, un des plus grands sculpteurs italiens du XXe siècle. Très riche, la troisième série met en scène l’animal prétexte à travers l’abstraction, le cubisme… C’est le domaine de l’étoile de mer de Calder, de l’Oiseau d’or de Zadkine ou du célèbre chat squelettique de Giacometti, à la démarche nonchalante. une quatrième série assure la présence d’artistes contemporains. on y découvrira The Blues, des papillons bleus que Claire Morgan a suspendus à des fils de nylon, ou encore le teckel au regard narquois avec lequel Daniel Daviau perpétue une belle tradition dans la lignée des Pompon et Sandoz. Plus qu’un simple catalogue, le livre des éditions Somogy se présente comme un ouvrage de référence sur l’évolution des styles dans la sculpture animalière Rembrandt Bugatti Kangourou, vers 1906. Plâtre. 38 × 30,8 × 46,7 cm. PARIS, LeG © MuSÉeS De L’ARTISTe àMuSÉe D’oRSAy D’oRSAy L’ , DIST. RMÉTAT, 1933 - INV. N, PhoTo RF3 : MICheL 780 uRTADo . par Alain SOlAri François Pompon. Grand cerf, 1929. Plâtre. 62,5 × 23 × 41 cm. la sculpture animalière de la première moitié du XXe siècle. exceptionnelle par sa durée, l’exposition est aussi l’occasion d’inaugurer dans les collections permanentes du musée des Années 30 une nouvelle section, remarquablement fournie, consacrée à l’art animalier. ■ * Frère du célèbre constructeur d’automobiles Ettore bugatti. « 100 sculptures animalières bugatti, Pompon, Giacometti », au musée des Années 30 - Espace Landowski, 28 av. André Morizet, 92100 boulognebillancourt, tél. : 01.55.18.46. 42, jusqu’au 28 octobre 2012. Exposition et musée ouverts tous les jours, sauf le lundi (11h-18h). www.annees30.com AIN PouL 1 RGe8 -Geo RDeS, 19 e S N Bo ho e ALP ARIe DeS , PARIS É S u M RSAy oN, M eANVeRN TIoN M. J MuSÉe D’o 67. 5 DoNA ÉPôT Du . MoRF 3 D V IN Catalogue 100 sculptures animalières – bugatti, Pompon, Giacometti, Somogy – éditions d’art, 23 x 29 cm, 192 pages, 160 illustrations. Relié, 30 e. FRANCECatholique n°3309 1er juin 2012 29 livres ■ Charly9 JeanTeulé,Julliard,232pages,19€ Charles IX a la réputation d’un roi fou. Jean Teulé lui consacre une biographie où il révèle avec art et subtilité la grande bonté de celui-ci et les raisons de sa démence en partie provoquée par de plus fous que lui. Le livre commence à la veille de la Saint-Barthélémy où Charles IX est le seul qui fasse preuve de lucidité : il ne comprend pas la nécessité d’un tel massacre, considère l’amiral de Coligny, chef des Huguenots, comme un « père » et non comme un traître. Mais, trop faible pour résister longtemps à l’autoritarisme de la reine mère et aux moqueries de son jeune frère dévoyé, il cède et des milliers d’exécutions ont lieu. La Seine devant les fenêtres du Louvre est rouge de sang, la France a perdu ses meilleurs serviteurs, les « croa ! » des charognards dans le ciel de Paris se confondent avec les « crois ! » des fanatiques. Charles IX s’enfonce dans une tristesse de plus en plus morbide, fuit toutes les décisions, se réfugie dans la chasse où le sang coule à flot et qu’il a plaisir à boire, mais pas à faire couler… Hémophile de surcroît, il est hanté par ce sang qui saigne de son propre corps. Personne ne saura soulager ses maux, ni lui expliquer pourquoi le cerf de la tapisserie murale a son œil qui change régulièrement de couleur… La solitude des rois n’est pas un mythe. ■ lEPrOCèSDEValérIUSaSIaTICUS ChristianGoudineau,ActesSud,424pages,23€ Historien passionné par la Gaule antique, C. Goudineau offre un roman à suspens sur la pire époque qu’ait connue l’Empire romain. Il met en scène un dénommé Charmolaos, professeur de philosophie, réputé pour sa probité intellectuelle et chargé par le premier magistrat de Massalia, notre Marseille actuelle, de rendre à l’empereur César Auguste un rapport objectif sur la personnalité de Valérius Asiaticus. Ce dernier pâtit d’une réputation ambiguë : pour certains c’est un ivrogne enrichi, plein de cruauté et d’ambition, pour d’autres, le prince des Allobroges au service de l’Empire. Comment le naïf et loyal Charmolaos va-t-il se sortir d’une mission aussi risquée ? C’est là où C. Goudineau séduit le lecteur : un mélange de style familier et grandiloquent rend authentique la démarche de Charmolaos qui sait lire autant les signes providentiels que faire référence à ses maîtres de la pensée. Le lecteur découvre en même temps que lui les intrigues insoupçonnées de la cour impériale, la beauté intarissable des textes d’Eschyle et Platon, et la magnificence de Viennesur-Rhône aussi riche que la Rome éternelle… 30 FRANCECatholiquen°3309 Ier juin 2012 SélECTIOn Romans historiques Brigitte CLAVEL ■ lEgranDCœUr Jean-ChristopheRufin, Gallimard,498p.,22,5€ Jean-Christophe Rufin définit Jacques Cœur comme « une allégorie du bonheur et de la vie » et c’est bien ce qu'on ressent à chacune des pages de ce beau roman où alternent action et réflexion. La guerre de Cent Ans tire à sa fin sans que rien n’ait échappé au petit Jacques Cœur, ni la misère, ni la violence, ni l’humiliation. Mais bien vite il découvre en l’homme un besoin intrinsèque de liberté et de dignité. Pour cela il est urgent d’enrichir le pays, non par la guerre, mais par le commerce « seul lien possible entre les hommes ». Ses talents de négociant ont vite fait de convaincre le roi Charles VII dont il devient le principal fournisseur et le premier créancier, en échange des plus hautes charges du royaume. Ainsi ce fils d’un petit artisan de Bourges révolutionne la situation économique du pays, gagne l’estime du sultan d’Égypte comme celle du pape Clément V, jusqu’à ce que jalousies et trahisons, rivalités de castes et caprices royaux rendent son bonheur impossible. Rien ne tarira son courage, ni la prison, ni la torture, ni le dépouillement. Au contraire, plus le dénuement est grand, plus Jacques Cœur décrypte les signes éclairants de la Providence et plus Rufin est heureux de remettre à l’honneur, grâce à sa très belle écriture, cet humaniste au « grand cœur » trop méconnu, alors qu’il devrait être un modèle politique… ■ lESDamESDErOmE FrançoiseChandernagor, AlbinMichel,441pages,22,50€ Les magnificences du ciel d’Alexandrie qui avaient séduit le lecteur autant que Marc Antoine s’estompent avec le deuxième tome du triptyque de F. Chandernagor. Séléné, la fille de Cléopâtre, est maintenant prisonnière à Rome et c’est à travers son regard que l’auteur poursuit le cours de l’Histoire. « J’écris un péplum », reconnaît l’auteur, mais la leçon de politique est toujours présente. Octave, dont les faiblesses n’échappent pas à l’enfant, est de plus en plus avide de pouvoir. Se déroule alors une grande fresque de la vie romaine, concrétisée par des complots, des débats de politiciens, des rivalités de clans. Rien n’est laissé au hasard et Séléné découvre peu à peu les us et coutumes romains qu’elle compare avec ceux de son pays. Romancière de l’Histoire, F. Chandernagor a une autre qualité, celle d’une pédagogue pleine de probité: tout en justifiant ses incartades, elle sait rendre, par des images hollywoodiennes, l’Antiquité aussi vivante que moderne. ■ LIVRES afrique Le paradigme des races par Philippe VERDIN Un ancien ambassadeur de France propose un avenir radicalement original pour l’Afrique. I l ne s'agit pas pour Dominique Decherf d’égrener des souvenirs nostalgiques de ces missions diplomatiques en Tanzanie, au Burkina, au Rwanda, à Djibouti, avec neiges du Kilimandjaro, tamstams sous les baobabs et parties de football sur les plages de Grand Bassam. De ces trente années passées en Afrique noire, l’auteur de cet essai dense et génial, écrit dans une langue frémissante et rigoureuse, essaie de tirer quelques leçons pour l’avenir de l’Afrique aux multiples couleurs. L’intuition de Dominique Decherf est que la question africaine tourne autour de la réalité dérangeante de la race, refoulée par l’idéologie bienpensante occidentale, qui préfère au choc des couleurs le combat pour la démocratie contre la dictature. Il souligne combien les erreurs idéologiques que commettent les étrangers quand ils sont confrontés au monde noir naissent d’un non-dit concernant leur propre identité. Les discours convenus sur l’altérité ne sont pas parvenus à inventer une véritable politique de la différence. Inconsciemment, à Paris ou à Washington, le Noir reste le « sauvage » à qui il faut apprendre d’urgence les règles de la civilisation blanche. « Il faut surmonter les différences, supprimer les effets de miroir, ne pas craindre l’incompréhension afin, qu’une fois surmontée, elle nous ouvre un champ réciproque. » Le modèle de l’avenir africain passe par l’Afrique. Il se trouve en Afrique du Sud, la nation arc-en-ciel inventée par Mandela et les descendants des Boers. La pacification d’un pays explosif grâce à la reconnaissance des différences unifiées dans un projet commun a stupéfié les chancelleries. Malgré la réussite de l’Afrique du Sud, les spécialistes européens n’ont toujours pas tiré les leçons de ce qui est possible pour le continent noir. Dominique Decherf dénonce aussi bien la longue dérive marxiste et militaire que les erreurs de la coopération en rappelant combien les structures sociales traditionnelle s , souvent basées s ur l e r ap port à la terre, avaient été systématiquement dédaignées depuis cinquante ans. Il préconise la prise en compte des rappor ts complexes entre les ethnies et non pas le déni d’une réalité qui dérange et déconcerte les Blancs, la découverte des originalités africaines pour inventer avec elles une politique internationale. Les pages qu’il consacre au Rwanda ne sont pas seulement celles d’un observateur compétent qui réalise un reportage documenté et nuancé mais celles d’un anthropologue qui démontre comment le massacre de 800 000 personnes en cent jours était programmé par des modèles mythiques mortifères créés dans un chaudron qui mélangea les coutumes locales et les spectres occidentaux. Les dernières pages racontent la visite que l’ambassadeur de France au Rwanda fit à Claude Lévi-Strauss. Le vieil anthropologue suggérait au diplomate d’accepter de penser l’Afrique à partir de sa réalité, une « pensée sauvage » c’est-àdire différente et originale dans ses lois et ses constitutions, dans ses rythmes et dans ses rêves, dans ses rapports à la religion et à l’esp ac e. Non p as une Afrique sans histoire ou sans civilisation, mais une Afrique avec une histoire et des réflexes radicalement dif férents des nôtres. Les grands livres provoquent la réflexion, l’imagination. Ils aiguillonnent le goût de mieux comprendre et de découvrir de nouveaux mondes, d’explorer des continents de la pensée qui enrichissent. Avec ses références, ses audaces et son impertinence, Couleurs est un grand livre. n Dominique Decherf, Couleurs – Mémoires d’un ambassadeur de France en Afrique, Pascal Galodé éditeurs, 329 p., 21, 90 €. ) Inconsciemment, à Paris ou à Washington, le Noir reste le « sauvage » FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 31 CINÉMA « AMOUR » Le dernier versant de la vie par Gérard LECLERC Le film « Amour » qui a reçu la Palme d'or à Cannes est peut-être un beau film, mais il est profondément équivoque. par un acte d'euthanasie, le mari donnant la mort à sa femme. Je ne l'ai su qu'avec l'obtention de la Palme d'or à Amour et la déclaration faite par Haneke en recevant sa récompense. J'ai appris aussi que c'est cette scène finale qui avait privé ce même film du Prix du jury œcuménique qui est revenu au Danois Thomas Vintenberg pour La chasse, distingué aussi pour des qualités remarquables de sensibilité et d'humanité. Je sais bien que dans le climat actuel, le film de Haneke sera reçu comme une caution de plus en faveur d'une revendication qui bénéficie d'une promotion généralisée dans les médias. Les réelles qualités d'Amour, la force de ses interprètes vont malheureusement jouer en faveur de la transgression. Je le regrette d'autant plus que ce qui m'avait touché dans ce que j'avais vu, dans les extraits présentés à la télévision, c'était l'expression de la tendresse entre deux êtres, mari et femme, irréductiblement attachés l'un à l'autre sur le versant ultime de la vie. Car ce qu'il y a de beau dans cet horizon, c'est l'acceptation de l'autre dans sa faiblesse et son dénuement extrême, avec au cœur la formule de Gabriel Marcel : « Aimer quelqu'un, c'est lui dire : toi, tu ne mourras pas. » Non, ce n'est pas parce que le motif imploré est la compassion que l'acte de tuer devient légitime. Il demeure, quoi qu'on en dise, d'une violence absolue et il enfreint directement les Tables de la loi : « Tu ne tueras pas. » Croisement des lectures. Je lisais cette chronique de Cannes alors que je venais de terminer le petit livre de George Steiner, publié aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, sous le titre Fragments (un peu roussis). Il s’agit de réflexions d’automne d’un écrivain que j’estime énormément, par les satisfactions intellectuelles qu’il m’a données. Mais c’est un Steiner, qui, lorsqu’il traite ce même sujet de la fin de vie, se montre extrêmement pessimiste et s’affirme partisan des solutions extrêmes, que certains définissent curieusement comme « la dernière liberté » et que je récuse pour ma part avec une solide tradition humaniste. Pourtant, il y a d’autres pages dans ce livre, notamment sur l’amitié mais comme en rupture avec celles-là à cause de l’obsession de la décrépitude et de la dépossession de soi. Je n’admets pas cette rupture, car lorsque les choses deviennent ultimes, c’est alors que l’amour connaît ses instants les plus rares et sans doute sa vérité absolue. J’en veux pour preuve une expérience qui rejoint celle de tant d’amis qui ont cru voir tout à la fin la beauté d’un amour sans retour. n « Aimer quelqu'un, c'est lui dire : toi, tu ne mourras pas. » Drame français (2012) de Michael Haneke avec Jean-Louis Trintignant (Georges), Emmanuelle Riva (Anne), Isabelle Huppert (Eva) (2h06). Sortie le 24 octobre 2012. J e ne suis pas allé sur la Croisette et je n’ai vu aucun des films proposés à la sagacité du jury. Mais j'aime suivre l’actualité culturelle et lire les chroniques de mes collègues de la rubrique cinéma. Et je les ai lues notamment à propos du film tout simplement intitulé Amour (au singulier !) du cinéaste autrichien Michael Haneke. J’ai été retenu par la présence de deux acteurs français, absolument mythiques : Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. De cette dernière, François Mauriac avait écrit un jour, me semble-t-il, qu’avec son interprétation de Thérèse Desqueyroux, elle lui avait, en quelque sorte, volé le personnage. Mais les voilà, tous les deux, ces grands acteurs devenus octogénaires, eux que ma génération a connus dans l’éclat de leur jeunesse puis de leur maturité, appelés à jouer un couple sur le dernier versant de la vie, avec ses misères physiques, ses risques de déchéance. Mais aussi, d’après ce que je comprends, dans l’accomplissement d’un amour conjugal qui ne se trahit pas, alors que leur solidarité est plus nécessaire que jamais. Malheureusement, le film de Haneke ne fait pas que l'éloge d'une vieillesse partagée dans le secours mutuel à ses faiblesse. Il se termine ( 32 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012 CINÉMA Woody Allen « A documentary » Il l’est l’un des cinéastes les plus prolifiques et les plus originaux de notre temps. Woody Allen a accepté, pour la première fois, de participer activement à ce documentaire qui lui est consacré. Depuis son plus jeune âge, jusqu’à aujourd’hui, voici le portrait tout en nuances d’un artiste singulier. De nombreux comédiens qui ont joué avec lui témoignent, tout comme les témoins de son enfance (sœur, amis, etc.) et disent leur admiration et leur plaisir de travailler avec lui. Le tout, bien sûr, est illustré d’extraits de films bien choisis. Un régal pour les fans, une initiation pour les autres. ] La vie personnelle du cinéaste a été assez agitée, mais le documentaire n’insiste pas trop là-dessus. En revanche, sa simplicité et sa modestie, sans oublier ses interrogations métaphysiques (commentées par un théologien chrétien !) sont bien soulignées. Marie-Christine Renaud d’andRé Documentaire américain (2011) de Robert B. Weide, avec Woody Allen, Diane Keaton, Penélope Cruz, Scarlett Johansson, Sean Penn, Naomi Watts, Owen Wilson, Mariel Hemingway, etc. (1h53). (Adolescents) Sortie le 30 mai 2012. Les femmes du bus 678 Fatiguées des attouchements dont elles sont victimes dans le bus, trois femmes décident de réagir violemment. À travers le portrait de ces trois femmes, Mohamed Diab brosse un tableau de la société égyptienne avant le printemps arabe. Portée par l’interprétation des trois comédiennes principales, cette œuvre lève le voile sur un des grands tabous de la société égyptienne. C’est parfois un peu simpliste, mais efficace. Ce film dénonce avec force une situation inadmissible pour les Égyptiennes. M.-Ch. R.d’a. Drame égyptien (2010) de Mohamed Diab, avec Nahed El Sebai (Nelly), Boushra Rozza (Fayza), Nelly Karim (Seba), Omar El Saeed (Omar), Basem El Samra (1h40) (Grands adolescents) Sortie le 30 mai 2012. CosMopoLIs par Alexandre LANGLADE La chute de Babylone L’écroulement de la civilisation vu à travers les yeux d’un de ses pires produits G de haute volée, Eric Packer décide d’aller se faire faire une nouvelle coupe chez le coiffeur. Sa belle limousine blanche traverse difficilement les rues infectées de Babylone la Grande (= Wall Street) en proie au chaos social et à la dégénérescence morale. Il prend soudain conscience que sa propre fortune est en train de voler en éclat et qu’il n’y peut rien et craint bientôt d’être assassiné... Les pérégrinations de ce Dorian Gray moderne forment le récit d’une mutation. Celle de l’humanité. La dernière étape de l’évolution-régression humaine. Celle-ci est inséparable de celle du capital, comme le souligne un extraordinaire dialogue sur la techolden boy nologie directement transposé du roman éponyme de Don DeLillo qui, paru il y a dix ans, n’a rien perdu de sa force prophétique. Profondément antipathique, résolument hermétique, Cosmopolis est un film difficile d’accès qui nécessiterait plusieurs visions. David Cronenberg livre une parabole glaciale sur notre époque. Une fable sur le plus grand des pouvoirs, celui de l’argent. Robert Pattinson n’a pas attendu Cosmopolis pour être excellent. Cette œuvre est très ambitieuse, et sa portée politico-religieuse en fait un film rare. ( Une fable sur le plus grand des pouvoirs, celui de l’argent ] Assez sexuel comme tous les films de son génial auteur, le très dense Cosmoplis aborde également la question passionnante de l’érotisme associé au pouvoir de l’argent… et donc au meurtre. ■ Cosmopolis. Drame américain (2012) de David Cronenberg d’après le roman de Don DeLillo (paru en 2003), avec Robert Pattinson (Eric Packer), Juliette Binoche (Didi Fancher), Sarah Gadon (Elise Shifrin), Mathieu Amalric (André Petrescu), Jay Bruchel (Shiner) (1h48). (Adultes avec des éléments nocifs) Sortie le 25 mai 2012. sur la route Sal et Dean, amis depuis peu, décident de partir avec la femme de Dean, pour un voyage à travers l’Amérique. ] Walter Salles signe une adaptation du roman de Jack Kerouac, pierre d’angle de la Beat Generation. Mais il livre ainsi une antithèse de son superbe Carnets de voyage. Ce nouveau road movie met en scène des personnages jeunes, mais pas aussi intéressants qu’Alberto Granado et son ami Ernesto Guevara. Car les héros, loin de vouloir changer le monde, sont dépourvus de curiosité, de caractère ou de conscience sociale, en plus d’être faussement rebelles. Ils finiront tous logiquement par passer à côté de leurs vies. Le casting est exceptionnel, mais le résultat relève du grand gâchis : une apologie de la vacuité, une célébration du vide existentiel. ]] Drogues, orgies, homosexualité (avec scène à la clé), triolisme, échangisme : la totale ! A. L. Drame américain (2012) de Walter Salles, d’après le roman de Jack Kerouac, avec Sam Riley (Sal Paradise), Garrett Hedlund (Dean Moriarty), Kristen Stewart (Marylou), Kirsten Dunst (2h20). (Adultes avec des éléments nocifs) Sortie le 23 mai 2012. FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 33 théâtre « une Cerise noire » Le cinéma au théâtre par Pierre François En tournée : le 5 juin à Paris (22h30, jardin des Tuileries, en ouverture du « Champs-Élysées film festival »), le 9 juin à Évreux (27), le 23 juin à Marseille (13), du 5 au 7 juillet à Deventer (PaysBas), le 29 août à ValrasPlage (34), le 14 septembre à Vevey (Suisse) et le 13 octobre à La Ciotat (13). D.R. u « ne Cerise noire » fait partie de ces spectacles qui sont aussi inclassables que marquants ! Il faut imaginer un semi-remorque vu de profil. Les treize mètres de son plateau ont été transformés en scène ou, pour être plus précis, en trois espaces, les décors de deux d'entre eux changeant tandis que sur le troisième sont filmés des acteurs que l'on voit en même temps sur un grand écran adjacent. Au-dessus de ces trois espaces se trouve un étage sur lequel sont stockés tous les décors. Leurs changements ont lieu à vue tandis que le film — un policier américain en noir et blanc des années cinquante — se déroule. D.R. Trente mille spectateurs ont déjà vu ce spectacle aussi déjanté que millimétré ! Il fait un passage par Paris – au jardin des Tuileries – avant de poursuivre sur la route d'un succès mérité. Les guerrières inconnues Les femmes aussi ont combattu dans l'Armée rouge lors de la dernière guerre : La guerre n'a pas un visage de femme, adaptée d'un document russe de Svetlana Alexievitch, leur rend justice avec sobriété et humanité. Sur un sujet austère pour ne pas dire dramatique, Cécile Canal, comédienne et metteur en scène de cette pièce, parvient à insuffler autant d'humanité que d'émotion, toujours avec pudeur et une sobriété remarquable. Elle joue toutes ces femmes qui se livrent, et parfois aussi leurs interlocuteurs. Le propos est très concret, il s'agit de dire l'émotion de celle qu'on croyait avoir perdue, la relation de confiance instinctive avec un cheval, le premier mort, le blessé qui dit de le laisser sans s'attarder, les vêtements qui n'étaient pas de la bonne taille, une promiscuité qui poussait certaines à devenir « épouses de campagne » pour obtenir un minimum de protection, l'émotion le jour où on a laissé repousser ses cheveux et enfilé de nouveau une robe... On ne peut alors qu'être touché par les multiples témoignages exprimés. Quelques femmes (deux sœurs, une vieille...) réapparaissent régulièrement, et constituent une trame pour le reste des récits. Chacune de ces anonymes est complètement habitée. Cécile Canal, n'en est pas à son coup d'essai, elle a aussi écrit, selon le même principe, Cercueils de Zinc (1990) sur la guerre russo-afghane et La Supplication - Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse (1997), qui lui a valu la célébrité et les honneurs mais est encore interdit en Biélorussie. n La guerre n'a pas un visage de femme, les mercredis et vendredis (19h) jusqu'au 15 juin au Guichet Montparnasse, 15, rue du Maine, 75014 Paris, tél. : 01.43.27.88.61. 34 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 On ne sait plus où regarder tant l'action est riche et parfaitement synchronisée (pour la petite histoire, les vingt et un comédienstechniciens doivent caler tous leurs gestes en fonction de la bande son, d'où un résultat millimétré). Sur l'écran, qui attire l’œil de par sa dimension, on ne sait plus où se situe la scène filmée (il arrive qu'elle ne soit pas sur le plateau ou bien que les actions l'entourant la dissimulent). Sur la scène, il est difficile de reconstituer une histoire hachée par les changements incessants de lieu de tournage. Sur l'agitation muette qui a lieu autour de la scène filmée, on perd complètement le fil du récit. Chacun se débrouille comme il peut et ressort de là avec la conviction que c'est le genre de spectacle à voir au moins trois fois pour ne rien en perdre ! Ce spectacle, outre sa perfection formelle, est aussi un cours de cinéma. On y découvre comment des plans serrés permettent de raconter une histoire sans avoir besoin de beaucoup d'accessoires et, surtout, en même temps qu'à moins d'un mètre de l'action une comédienne se change ou un accessoiriste place silencieusement la fenêtre ou le mur qui constitueront le décor de la scène suivante. Le jeu des comédiens est doublement crédible. D'une part, on croit aux personnages incarnés, même en voyant tous les artifices dont ils sont entourés. D'autre part, on croit aussi spontanément à la réalité de ce pastiche de film tant le style en est bien imité. Du grand art ! Ce spectacle a certes été répété des mois durant avant d'être présenté calé au quart de seconde près, mais quel résultat ! Pour le plus grand bonheur de tous, il va circuler dans toute la France. n TÉLÉVISION La véritable histoire des Bleus Documentaire français (2010) de Stéphane Benamou, avec un commentaire dit par Lorànt Deutsch (1h46). Diffusion le lundi 4 juin, sur France 3, à 23h20. Peur sur l’hôpital ] Il y a des situations affreuses, comme celle de cette maman, dont la fille de 7 ans est devenue handicapée à 90%, à la suite d’une méningite non diagnostiquée et qui attend encore, cinq ans après, que les assurances l’indemnisent ! Des situations qui stigmatisent les carences dans l’organisation de l’hôpital. Mais il y a également, des moyens d’éviter ou de limiter ces erreurs, avec l’augmentation des contôles, des tests et des procédures de sécurité qui sont, de plus en plus, mises en place dans les ser– vices. Si certaines scènes sont poignantes, les procédures installées pour lutter contre les défaillances humaines sont porteuses d’espoir. Documentaire français (2009) de Andréa Rawlins-Gaston. Diffusion le vendredi 8 juin, sur France 3, à 23h40. Cette adaptation, par la BBC, du célèbre roman de Jane Austen n’a pas pris une ride. C attirent, au fil des années, les scénaristes et les cinéastes. C’est le cas de Jane Austen, souvent portée au cinéma ou à la télévision. L’arrivée de Mr. Bingley, un riche et jeune voisin dans la région sème la perturbation dans ce coin paisible de la campagne anglaise. Car les Bennet ont cinq filles à marier et peu de fortune. Très vite, l’aînée (et la plus jolie), Jane, semble trouver le jeune homme à son goût, tandis que Lizzie, sa sœur, est choquée par l’arrogance du meilleur ami de celui-ci, Mr. Darcy, qui regarde tout le monde de haut. On retrouve tout l’univers de l’écrivain dans cette brillante adaptation de la BBC (signée d’Andrew Davies, scénariste de renom et fidèle « austenien »), qui date de 1995 et, curieuseertains écrivains par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ ment, malgré le grand succès remporté à l’époque, n’a jamais été diffusé en France. Les décors de la campagne anglaise, ainsi que les costumes sont magnifiques, mais c’est la belle et élégante langue de Jane Austen, ainsi que son art de la psychologie qui fait tout l’intérêt de cette très brillante adaptation. Sans oublier, bien sûr, l’interprétation, dominée par Colin Firth (Le discours d’un roi), épatant, qui connut là son premier succès, avec la jeune Jennifer Ehle, il forme un couple «austenien» très brillant, dont les relations chaotiques, toujours dans une langue magnifique, tissent la trame de cette belle œuvre. ( L’héroïne fait preuve, en toutes circonstances, d’élégance, d’esprit et de dignité Finalement, Lizzie et Jane réussi- ront à construire leur vie avec finesse et intelligence, en bannissant l’orgueil et les préjugés de leur mère envahissante, voire horripilante. L’héroïne fait preuve, en toutes circonstances, d’élégance, d’esprit et de dignité. ■ Orgueil et préjugés (1 et 2/6). Téléfilm britannique (1995) de Simon Langton, d’après le roman de Jane Austen, avec Jennifer Ehle (Elizabeth Bennet), Colin Firth (Mr. Darcy), Susannah Harker (Jane Bennet), Alison Steadman (Mrs. Bennet), Benjamin Whitrow (Mr. Bennet) (2 x 0h50). Diffusion le jeudi 7 juin, sur Arte, à 20h35. Mussolini-Hitler, l’opéra des assassins Malgré un commentaire trop ironique pour un documentaire historique, ce travail ne manque pas de qualités. Mais il y a des rapprochements et des comparaisons trop faciles, ainsi que des oublis qui vont toujours dans le même sens. Par exemple, si Hitler et Mussolini se sont alliés à partir de 1936, c’est notamment parce que la France et le RoyaumeUni ont poussé l’Italie dans les bras de l’Allemagne. Enfin, les multiples piques contre la papauté sont lassantes. Critiquer le Saint-Siège parce qu’il n’aurait pas condamné le nazisme est risible (cf. l’encyclique Mit Brennender Sorge). Et bien entendu, la soi-disant inaction de Pie XII face au génocide juif est mentionnée. à croire que le réalisateur ne connaît pas les propos de Serge Klarsfeld sur Pie XII ou le dernier ouvrage de l’historien et rabbin David Dalin. Enfin, il serait bien qu’il y ait également des documentaires sur les liaisons (dangereuses) entre Hitler et Staline. ] FTV - ARtline Films Il a été l’homme le plus détesté de France ! Mais Raymond Domenech, sélectionneur de l’équipe de France de football n’en a cure, car il sait, qu’avant lui, ce fut le sort de la plupart des sélectionneurs, Aimé Jacquet en tête. On ne se lasse pas de revoir les superbes buts de Michel Platini, ainsi que le fabuleux jeu de jambes de Zinédine Zidane. Mais ce passionnant documentaire offre bien plus qu’une simple rétrospective d’images d’archives. Sur un commentaire pertinent, accompagné d’une musique adaptée au sujet, c’est toute l’histoire de l’équipe de France qui est retracée. Des témoins racontent les dessous de certaines décisions, de certaines victoires ou échecs. Les magouilles, l’action des lobbies, la corruption, etc., rien n’est occulté, et l’ensemble est aussi passionnant que beau à regarder. Arte – Neil Genower FTV - Telecran Productions Orgueil et préjugés Documentaire français (2012) de Jean-Christophe Rosé (1h44). Diffusion le mercredi 6 juin, sur France 3, à 20h35. FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 35 tÉLÉviSion Samedi 2 juin TF1 20.50 Les enfants de la télé. Dimanche 3 juin Lundi 4 juin Mardi 5 juin TF1 TF1 TF1 20.50 Les bronzés GA. Comédie 20.50 Week-end chez les toqués «Une cigogne à la grenouille» GA. 20.50 Football «Match amical : France/Estonie», en direct du Mans. 23.00 Appels d’urgence «Les nou- veaux shérifs de l’urgence animale». Magazine. 02.45 Tout doit disparaître GA. Comédie (1996) de Philippe Muyl, avec Didier Bourdon, Élie Semoun (1h35). __] Une comédie «énaurme», mais distrayante. France 2 20.50 Mariage mixte A. Comédie (2004) de Alexandre Arcady, avec Gérard Darmon, Olivia Bonamy (1h44). __] Une comédie amusante, mais dans l’air du temps (licence de mœurs) et outrancière. 22.50 Infrarouge : «Classes moyennes : Un rêve français ?». France 3 Canal + - Magali Bragard 36 FRANCECatholique n°3309 I er juin 2012 FTV - F. Lefebre FTV - B. Faut - JLA Productions Divertissement présenté par (1978) de P. Leconte, avec Josiane Arthur, avec Titoff, Miou-Miou, Balasko, Michel Blanc (1h30). Téléfilm avec Ingrid Chauvin, Annie Jean-Paul Rouve, Anne Roumanoff, __] C’est souvent irrésistible. Grégorio. _] Entre baptême de Virginie Hocq, Amel Bent, Cyril Mais ça ne vole pas très haut. convenance et prêtre ridicule, cet Hanouna. 22.40 Les experts, Manhattan 2. épisode est bête. Seule la fin, émou23.20 Les experts, Miami. Série 03.30 Un monde à nous J. Drame vante et juste, sauve l’ensemble. avec David Caruso 2. (2007) de F. Balekdjian, avec 22.40 Esprits criminels. Série 3. Édouard Baer, A. Balekdjian (1h28). 01.10 Au Field de la nuit, avec France 2 __] Un joli film sur les relations Didier Chirat, Jérôme Delafosse, 20.35 N’oubliez pas les paroles ! père-fils, mais des violences. Caroline de Bodinat, Elena Sender, Divertissement présenté par Nagui, Nicolas Dubreuil. France 2 avec Hélène Ségara, Titoff, NatasFrance 2 ha St Pier, Patrick Bosso, GilÉmissions religieuses : bert Montagné, Ève Angeli. 20.50 Cold case, affaires 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses 23.00 On n’est pas couché. classées : «La mort en héribouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Chrétiens Magazine présenté par Lautage», «Coup double», «Coworientaux», «Présence protestante», «Kaïros» - boys solitaires». Série avec rent Ruquier. 10h45 Messe - 11h30 Le jour du Seigneur. Katryn Morris 2. France 3 23.15 Un œil sur la planète «La 20.45 Good morning England A. revanche du plombier polonais». Comédie (2009) de Richard Curtis, Magazine de Étienne Leenhardt. avec Philip Seymour Hoffman, Bill France 3 Nighy, Rhys Ifans (2h10) 2. __] 20.35 La croisière des idoles C’est souvent irrésistible. Mais la (1/2). Magazine de Mireille Dumas, licence des mœurs est totale. avec Richard Anthony, Hervé Vilard, 23.00 La reine de diamant. 20.35 Commissaire Magellan «La Michèle Torr, Herbert Leonard, France 3 Miss aux deux visages» GA. TéléAlice Dona, Patrick Juvet, Claude film avec Jacques Spiesser, Moon 20.35 Inspecteur Lewis «Esprits Barzotti, Michel Delpech, etc. Dailly, Flore Bonaventura, Lou Lévy, tourmentés». Série avec Kevin 23.20 La véritable histoire des Bernard Alane, Nathalie Besançon, Whately, Laurence Fox. Bleus (1958-2012) J. CommenAnne Caillon. __] On suit tou22.50 Inspecteur Lewis «Un rock taire dit par Lorànt Deutsch (1h45). jours avec plaisir les enquêtes de immortel». Série avec K. Whately. (voir notre analyse page 35) ce sympathique commissaire. L’his- 00.20 Stolen holiday. Drame en Arte toire est bien ficelée et parsemée VO et NB (1936) de Michael Curtiz, 20.40 Le jardin secret J. Aventures d’un humour réjouissant. Mais le avec Claude Rains (1h25). (1993) de A. Holland, avec Kate monde des concours de beauté Arte Maberly, H. Prowse (1h37). __ Un n’est pas très ragoûtant. 20.40 Europe, l’odyssée d’un conte délicieux, tendre et poétique. 22.10 Les mensonges GA. Télécontinent J. __] Les images 22.30 La rose de Valentino. Docufilm avec Maryline Canto, Hipposont superbes, mais l’ensemble est mentaire. lyte Girardot, Scali Delpeyrat, trop long et pas toujours très pal23.10 Reykjavik - Rotterdam GA. Marie Payen, Nicolas Giraud. pitant. Thriller (2008) de Oskar Jonasson, __] La réalisation est élégante, 22.05 Brazil A. Fantastique (1984) avec Baltasar Kormakur (1h22). et il y a un bel amour conjugal. de Terry Gilliam, avec Robert De __] Pas mal, mais sans plus. Mais l’histoire est fort peu édiNiro, Jonathan Pryce, Katherine M6 fiante. Helmond (2h17). ___] Une 20.50 L’inventeur 2012. 00.20 Appassionata «Une journée œuvre époustouflante, mais un 23.00 Les maisons les plus origiavec Renaud Capuçon». peu froide et souvent dure. nales de France. Documentaire. Arte 00.25 Telemaco. Opéra de ChrisCanal + 20.45 L’aventure humaine «La toph Willibald Gluck (0h51). route de l’ambre». Documentaire. M6 22.10 Wild thing «La folle histoire 20.50 Capital «L’été se prépare en du rock». Documentaire. famille». Magazine. 00.25 Tracks. 22.45 Enquête exclusive M6 «Londres : Une capitale sous haute 20.50 Hawaii 5-0 : «Fantômes du tension». Magazine. passé», «Règlements de compte», 00.15 Zemmour et Naulleau. 20.55 L’affaire Gordji, histoire «Mana’o», «Po’ipu». Série avec Alex Canal + d’une cohabitation J. Téléfilm de O’Loughlin 2. 20.55 Zizou top. Magazine avec Guillaume Nicloux, avec Thierry Canal + Zinedine Zidane. Lhermitte, Michel Duchaussoy, Éric 20.45 Rugby «Top 14 : 1/2 finale». Elmosnino, Malik Zidi (1h34) 2. KTO (voir notre analyse ci-contre) KTO 20.40 La foi prise au mot «MarieKTO 20.30 Rencontre des familles, en Madeleine», avec le frère David direct de Milan. Macaire et Enguerrand Guépy. 20.40 L’Union Européenne et 21.45 VIP «Emmanuel Petit». Ren21.45 A.J. Auxerre, deviens ce que l’Église. Documentaire. contre avec un footballeur engagé. tu es. Documentaire. 21.45 Un cœur qui écoute «Père 22.45 Concert «Gabriel Fauré 22.40 Les Mardis des Bernardins Christian Vénard». Requiem et œuvres sacrées». «Question d’actualité». 22.25 Vu de Rome. 20.35 Simple question de temps GA. Téléfilm avec Line Renaud, Romane Portail, Yvon Back, Olivier Minne. __ Cette libre adaptation de James Hadley Chase est bien menée, avec de nombreuses touches d’humour et une héroïne réjouissante. 23.00 Élections législatives «Débats en régions». Arte 20.40 Survivre au progrès J. __] Intéressant, mais austère et parfois contestable. 22.05 Le dessous des cartes «États fragiles dans le Sahel». 22.20 Le ballon truqué «Comment la mafia assassine le football». M6 20.50 Ma femme, ma fille, un déménagement A. Téléfilm avec Pascal Légitimus, Philippine LeroyBeaulieu (1h40). __] Sympathique, mais mineur. Des comportements contestables. 22.40 Nouveau look pour une nouvelle vie. Canal + 20.55 Rabbit hole GA. Drame (2010) de John Cameron Mitchell, avec Nicole Kidman, Aaron Eckhart (1h28). __ Un film poignant. KTO 20.40 Les Mardis des Bernardins «Les révolutions arabes : Victoire de la modernité ou victoire de la charia ?», avec Jacques Huntzinger, Patrick Haenni, Stéphane Lacroix. 21.45 Gravir en confiance. 22.25 VIP «Emmanuel Petit». tÉLÉviSion Mercredi 6 juin Jeudi 7 juin vendredi 8 juin TF1 TF1 TF1 DR 20.55 Fighter GA. Drame (2011) de David O. Russell, avec Mark Wahlberg, Christian Bale, Amy Adams, Melissa Leo, Jack McGee, Mickey O’Keefe (1h51) 2. ___] Entre drame et comédie, ce film saisissant n’évite pas les violences. KTO 20.40 Cachemire, les missionnaires du paradis perdu. 21.45 Églises du monde «Irlande». 22.15 La foi prise au mot «MarieMadeleine». avec Michèle Bernier, Émilie Caen, Jean-Baptiste Puech. __] Cette nouvelle série judiciaire est un peu lourde et prévisible, mais distrayante. Une allusion à un avortement. 22.40 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3. France 2 20.50 Envoyé spécial : «Emploi contre sexe : Le chantage de la crise», «Une corne à prix d’or». 22.25 Complément d’enquête «Quand le sport tue». Magazine présenté par Benoît Duquesne. 23.35 Héloïse - Le romancier Martin. Téléfilm avec Jonathan Lambert, Isabelle Gélinas, Dominique Pinon, Michel Vuillermoz, Valérie Bonneton (1h37). France 3 20.35 Il faut sauver le soldat Ryan GA. Drame de guerre (1998) de Steven Spielberg, avec Tom Hanks, Tom Sizemore, Edward Burns, Barry Pepper (2h50) 3. ___] C’est magistral. La scène du débarquement est très dure, mais exceptionnelle. Arte 20.35 Orgueil et préjugés (1 et 2/6) J. Téléfilm d’après Jane Austen, avec Jennifer Ehle, Colin Firth, Susannah Harker (0h50). (voir notre analyse page 35) 22.25 Printemps sous surveillance «Quand les scientifiques dé– cryptent la nature». Documentaire. 23.20 Bons baisers de la colonie. M6 20.50 Patron incognito. Magazine avec Jean-Claude Puerto Salavert (UCAR) et Jean-Manuel Bajen (Bajen SA). 00.15 Steve Jobs «L’homme qui a révolutionné notre quotidien». Canal + 20.55 Desperate housewives (18 et 19/23) GA. Série avec Teri Hatcher, Marcia Cross. __ Excellent et très émouvant. KTO 19.00 Corpus Christi, en direct de Rome. 21.05 Le cathologue «L’Église n’est-elle pas un peu misogyne sur les bords ?». 22.10 À la source. 22.45 Gravir en confiance. 20.50 Michel Berger «Tout pour la musique». Divertissement présenté par Jean-Pierre Foucault, avec Johnny Hallyday, Patrick Fiori, Maurane, Christophe Willem, Garou, Alain Chamfort, Pascal Obispo, Chimène Badi, M Pokora, Corneille, Jenifer, Shy’m, Alizée, etc. 22.45 Secret story. Divertissement. France 2 20.50 Trafics : «L’affaire Sikelec», «L’affaire Vasquez» GA. Série avec Isabelle Renauld, Claire Galopin, Manuel Blanc, Robert Plagnol. __] Le premier épisode est prenant, le second décevant. 22.45 Cash investigation «La finance folle». Magazine présenté par Élise Lucet. 00.15 Mon Taratata à moi. Divertissement présenté par Nagui. France 3 20.35 Thalassa. Magazine présenté par Georges Pernoud, Laurent Bignolas et Sabine Quindou, en direct de Monaco. 23.35 Peur sur l’hôpital J. (voir notre analyse page 35) Arte nal archevêque de Lyon) (1/5) (tous les jours, à 14h30 et 20h45). 16h «Les tapisseries de la ChaiseDieu» (1 /2) (redif. mardi 5, à 22h). mardi 5 juin 13h30 «Françoise Dolto, la foi dans le désir», avec Gérard Guillerault (psy- chanalyste) (redif. mercredi 6, à 22h). 17h «L’abbé Pierre, à l’occasion de la publication des inédits» (redif. à 23h). DR 20.50 Injustice : «L’affaire Vauthier», «L’affaire Molina» GA. Série DR 20.50 Les experts : «Quarté gagnant», «La vraie nature», «Juste et équitable». Série avec Marg Helgenberger 2. 23.20 New York, section criminelle. Série avec V. D’Onofrio 3. France 2 20.50 Adouna, la vie, le monde GA. Téléfilm avec Patrick Catalifo, Sofiane Guerrab, Myriam Bella (1h31) 2. __] Malgré quelques défauts, cette histoire prenante est émouvante. 22.30 The closer, L.A. enquêtes prioritaires : «Flou artistique», «Entre deux eaux», «Une question de vie ou de mort 2» GA. Série avec Kyra Sedgwick. __ Prenant. France 3 20.35 Histoire immédiate «Mussolini-Hitler : L’opéra des assassins» J. Documentaire présenté par Samuel Étienne. (voir notre analyse page 35) 22.20 Bir Hakeim 1942 «Quand la France renaît». Documentaire. Arte 20.35 De l’autre côté A/Ø. Drame en VO (2007) de F. Akin, avec Baki Davrak, Nursel Kose, Hanna Schygulla (1h56). __]] Excellent, mais banalisant l’homosexualité. 22.30 Jonathan Franzen «Écrivain à l’affût du monde». Documentaire. 23.25 Le sens de la vie pour 9,99$ GA. Animation en VO (2008) de Tatia Rosenthal, d’après Etgar Keret, avec les voix de Geoffrey Rush, Anthony LaPaglia (1h18). __ Original et plein d’humour. M6 20.50 Pékin Express, le passager mystère «Cap sur Boracay et ses plages paradisiaques». Divertissement présenté par S. Rotenberg. 23.00 Cauchemar en cuisine. Canal + RaDioS Radio Notre-Dame Samedi 2 juin 6h54 et 8h50 et dimanche 3 juin 9h et 11h56 : « Le billet de Tugdual Derville ». Lundi 4 au jeudi 7 juin 7h03 et 8h15 : Écoutez la chronique de Gérard Leclerc. Jeudi 7 juin 22h écoute dans la nuit «Cherchons à accomplir la volonté de Dieu et non la nôtre !», avec le Pasteur Philippe Auzenet (ministère itinérant auprès des personnes en souffrances). RCF Samedi 2 juin 23h Halte spirituelle, l’intégrale «Une foi nue et lucide», avec Sylvie Germain (écrivain). dimanche 3 juin 22h Histoire du christianisme «Le père Lataste, dominicain apôtre des prisons» avec Jean-Marie Gueulette (dominicain, apôtre des prisons). 23h Maîtres spirituels «Déracine-toi : des poèmes d’Olivier Clément». Lundi 4 juin 14h30 Halte spirituelle «Le Christianisme est-il une religion de faibles ?», avec Mgr Barbarin (cardi- 20.35 Le monde sur le fil GA. Téléfilm en VO de Rainer Werner Fassbinder, avec Klaus Löwitsch, Barbara Valentin, Mascha Rabben (3h23). __] Tourné en 1973, cette histoire étonnante de monde virtuel annonce Matrix et Inception. Mais la mise en scène date un peu, et c’est trop long. M6 20.50 NCIS, Los Angeles : «Le baiser de Judas», «Reconnaissance de dette», «Overwatch», «Meilleure ennemie». Série avec Chris O’Donnell 2. Canal + 20.55 Les voyages de Gulliver T. Fantastique (2010) de Rob Letterman, librement inspiré de Jonathan Swift, avec Jack Black, Jason Segal, Emily Blunt, Amanda Peet (1h22). __] Une modernisation distrayante, mais pas toujours convaincante. KTO 20.40 Hors-les-murs «Rassemblement des familles à Milan». 21.45 La vie des diocèses «Mgr Aloys Jousten - Diocèse de Liège». 22.20 L’Union Européenne et l’Église. Documentaire. Jeudi 7 juin 13h30 «Bose, un monastère œcuménique en Italie» (1/3). France Culture dimanche 3 juin 10h Messe Dimanche de la Sainte Trinité, depuis l’église Saint-Rémy, 8, rue Victor Hugo, 94700 Maisons Alfort. Prédicateur : P. René d’Huy. Marie BIZIEN sur Canal + Lundi 4 juin à 20h55 L’affaire Gordji, histoire d’une cohabitation J Alors que la France est secouée par une série d’attentats meurtriers, commence la cohabitation Mitterrand/Chirac. __ En montrant en parallèle l’enquête judiciaire et les relations Mitterrand/Chirac, cet excellent téléfilm fait revivre une période troublée de notre histoire. Mais les comédiens ne ressemblent guère à leurs personnages. _] Les ambitions personnelles des uns et des autres sont bien décrites. T : Toutpublic Repères J : Adolescents GA: Grandsadolescents A : Adultes Ø : Œuvre(ouscène)nocive _: Elémentpositif ]: Elémentnégatif FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 37 BLOC-NOTES Paris ✔ La Cité internationale universitaire de Paris (fondation dédiée à l'accueil d'étudiants de haut niveau, de chercheurs, desportifsetd'artistesenmobilité...), 17, bd Jourdan, 75014 Paris,proposedefaireletourdu mondedu1erau3juin,pardes journées rythmées de concerts, danses, expositions, projections, dégustations de plats typiques... où le Mexique, le Japon, le Portugal et d'autres pays seront à l'honneur. Carnaval, défilé de mode, jazz, musique japonaise, cours de danse libanaise, salsa, brasserie foraine allemande... Pourtous,entréegratuite.Rens.: ✆ 01.44.16.65.54.www.ciup.fr ✔ Les Semeurs d'Espérance organisent une veillée d'Adoration, «L'entreprise, voie de sainteté ?» [Veillée introduite par Cadeau François-Daniel Migeon (fondateur duThomas More Leadership Institute) . Le 8 juin (20h15) en l'église St-Gervais, 75004 Paris (entréeparle13,ruedesBarres). Conférence, messe présidée par le père Alain Carron de la Carrière, adoration guidée, relais devant Jésus. Participation libre. Rens. ✆ 06.13.16.29.08 / info@ semeurs.org/www.semeurs.org ✔ Une projection du documentaire «Frank Duff et la Légion de Marie»,d'ArmandIsnard,est prévuele2juin(15h30),àl'accueilLaBarouillère,14rueSaint Jean-Baptiste de la Salle, 75006 Paris. Libre participation aux frais.Rens.:06.80.14.84.76. ✔ Journée d'amitié spiritaine les 8, 9 et 10 juin, au 30 rue Lhomond,Paris5e. Alpes-Maritimes ✔ à l’occasion de la Fête des Mères, le P. Gil Florini et Cyril Richier (jeune chanteur niçois), avec Stéphane Eliot (claviers et orchestration) donneront un «Récital», "Maman, la plus belle ✂ du monde, Les roses blanches, Une chanson douce...", le 3 juin (16h45) à l'église St-Pierre d’Arène, 62 rue de France, 06000 Nice, qui se terminera parlabénédictionetladistribution de 1000 roses. Entrée gratuite. ✔ La 17 e édition du "Festival du Livre de Nice" aura lieu les 8, 9 et 10 juin (10h-19h), dans le Jardin Albert 1er, Place Masséna, 06000 Nice, sur le thème"Terredesécrivains"avec pour invité d'honneur, la Russie (Saint-Pétersbourg). Romanciers, essayistes,poètes,ilsserontplus de 200 écrivains, sous la présidence de Jean d’Ormesson. Dédicaces, débats, rencontres, animations et lectures... Entrée Libre.Rens.:✆ 04.97.13.20.00. www.festivaldulivredenice.com Var ✔ Une «Initiation à la théologie de saint Thomas d’Aquin», avec lesfrèresdominicainsdelaprovince deToulouse Jean-Miguel Garrigues et Philippe-Marie FRance catholique HEBDOMADAIRE Abonnez-vous ! Offrez un abonnement ! Margelidon, est proposée du 30 juillet (soir) au 4 août (matin), à l’hôtellerie de la Sainte-Baume, sanctuaire de la grotte de Sainte Marie-Madeleine,83640LePlan d’Aups. Rens./insc. ✆ 04.42. 04.54.84 / hsbaume@gmail.com /www.sainte-baume.org http://hotellerie.sainte-baume.org Pèlerinages ✔ Des centaines de pèlerins sur le chemin deVézelay, les 2 et 3 juin,surlethème«Foi, croyances et superstitions». Un rassemblement de personnes de tous âges, baptisésounon,croyantsounon, qui marchent, prient et réfléchissent ensemble. Messe de clôture célébréeparMgréricdeMoulinsBeaufort le dimanche (17h). Départ le 2 juin (8h15) place de Breteuil, 75007 Paris, [un autre départ (13h) est prévu.Transport parcars.Retourvers20h15.Tarifs entre37et67€,enfonctiondes routes.Rens./insc. :www.mouvement-resurrection.org ✔Venez ressourcer votre âme et oxygéner votre corps en avec un premier abonnement, 76 pour un an (au lieu de 110 ) en cadeau, une boîte de 260 gr., « d'authentiques marrons glacés » Clément Faugier. Maître confiseur de grande tradition. À retourner, à "France catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 le plessis-Robinson ❒Je souscris un premier abonnement à FRance catHoLiQUe : 1 an = 76 (au lieu de 110) (*)(**) ❒Je reçois (avec un premier abonnement uniquement), en cadeau une boîte « d'authentiques "marrons glacés" clément Faugier ». ❒J'abonne un ami, un prêtre, une communauté… 1 an = 76 etjereçoislecadeau(**),quim'estenvoyé(****) adresse où "France catholique" doit être envoyé : ❒Mme❒Mlle ❒M.❒Père❒Sœur NOM/prénom:........................................................................................... Adresse:..................................................................................................... .................................................................................................................... Codepostal:...............Ville:...................................................................... Je joins mon règlement par : ❒ chèque bancaire à l'ordre de FRance catHoLiQUe ❒carte bleue : numéro de carte : Date d'expiration : Les 3 derniers chiffres au dos de la carte (à côté de votre signature) : votre téléphone :.............................................. votre adresse internet :..................................... ❒carte bleue Signature : par téléphone, appelez-le 01 46 30 37 38 ❒Je souhaite recevoir 5 numéros de "FRance catHoLiQUe" gratuitement et sans engagement (*****) (*) France métropolitaine et dom uniquement - (**) pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) dans la limite des stocks disponibles. (****) le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. cnIl n° 678405 - loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. partic ipant à la "Randonnéeprière", animée par le P. Olivier Gravouille (membre du Foyer inattendue... Intimité avec Dieu. Risquer un voyage intérieur par la beauté des couleurs et la Présence du Divin. Emprunter de Charité et prêtre du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier) , du 26 lessentiersdel'AmourdeDieu, (accueil à partir de 18h, dîner pour y découvrir, aux méandres à 19h30) au 30 juin (14h), sur denosvies,lesmerveillesetles le thème «Heureux ceux dont grâces divines. S'aventurer dans tu es la force, des chemins s'oules profondeurs de notre âme et vrent dans leur cœur». Pour de notre vie, pour y rencontrer tous (à partir de 17 ans) ; marche Celuiquifaitrouteavecnouset sur des sites d'exception (Côte quinousouvreàsaMiséricorde d'émeraude, Rance maritime, et son infinie Bonté. C'est le campagne) ; enseignements, tempsdelaRencontre,dufaceà échanges, silence, prière au Face.Rens.(Belgique):✆ 00.32 cœur de la nature, messe quoti(0)497.35.99.24/astride.hild@ dienne.Apporterdrapsousacde gmail.com/www.atelier-icones.be couchage, serviettes de toilette, Schola Saint Grégoire ✔ La Schola Saint-Grégoire chaussures de marche, vêtement de pluie, carnet de notes, (26 rue Paul Ligneul, 72000 Le Bible... Rens. : Foyer de Charité Mans) est une école de formadeTressaint, BP 54 145, 22104 tion au chant grégorien. Elle DinanCedex,✆ 02.96.85.86.00, assurelaformationdenombreux foyerdecharite @tressaint.com / chœurs religieux et paroissiaux. Une session est proposée du www.tressaint.com 21 au 28 juillet à La ChapelleMarche Spirituelle Montligeon (Orne), pour tous, ✔ marche Spirituelle dans le dans une atmosphère de prière désert blanc égyptien est organisée du 6 au 13 octobre 2012, et d’amitié. D'autres sessions accompagnée par le frèreAlain sont prévues sur Paris, Lyon, de la Croix et un prêtre de la Marseille, Perpignan, Avignon, communauté Saint-Jean. Messes Epinal,Beauvais,Grenoble,Aixet enseignements journaliers en-Provence… Une formation par correspondance en chant sur le thème «Découvrir Dieu grégorien et latin liturgique dans sa Paternité et recevoir une Guérison Intérieur». Prix est également prévue. Rens. : du voyage : 1025 e (pension ✆ 02.43.28.08.76, complète, pourboire, assurance, schola-st-gregoire@wanadoo.fr, entrée dans les sites...). Un pro- www.schola-st-gregoire.org gramme est envoyé sur de- Sculptures mande.Contact:Fr.Alaindela ✔ à l’occasion de ses 150 Croix, Maison Saint-Jean - Les ans, l’InterContinental Paris Le Grand, 2 rue Scribe, 75009 Roches, 37310 Saint Quentinsur-Indrois, ✆ 02.47.92.26.07, Paris,célèbreles7Arts.Jusqu'au 10juin,lasculptriceetdesigner frerealaindelacroix@orange.fr Catherine Cairn dévoile une Icônes trentaine d’œuvres contempo✔ Bientôt le temps des va– cances!letempsprécieuxpour raines, sous la prestigieuse verrière de l'établissese ressourcer spirituellement et ment, dont le thème s'approcher ainsi un peu plus est l’homme au cœur duSeigneur,pournotre duvivant,autourd’une bonheur.Desretraites pièce maîtresse : le «Icônes été 2012» bronze «évolution». sont proposées CatherineCairn,a et animées par longtemps pratiAstride Hild. qué la sculpUn chemineture éphément spirituel, mère en plein de 6 jours, en air sur sable, peignant une galets... éprise i c ô n e , p o u r de sculpture d é b u t a n t s e t h u m a n i s t e , initiés(enFrance elle poursuivra e t B e l g i q u e ) . une formation Voyages inéen art statuaire... dits... aventures merParallèlement, dans veilleuses… découvertes unedémarchepédagoinoubliables… Rencontre « évolution », Catherine Cairn. abonnementS à FRance catholIque France,6mois:58/1an(47numéros):110/étranger,1an:122. Abonnementsoutien:250.PourlaBelgique,virementsàl'ordredeE. Kerkhove,chausséedeDottignies507730Estaimpuis,tél.056.330585, comptebancaire:275.0512.029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux surnotrecomptechèquespostal[IBAN/FR462004101012435535 5X03353|BIC:PSSTFRPPSCE],oubienparmandatsinternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site Internetwww.france-catholique.froupartéléphone:0146303738. Lejournalneremboursepaslesabonnementsinterrompusdufaitde l'abonné/Neparaîtpasenaoût. PetiteS annonceS Tarif:lalignede35lettres:6.Domiciliation:9.Communiquédans lebloc-notes,forfait:20 ➥ Famille franco-suisse, recherche pour période du 16/07 au 18/08/2012, aide maison, course, repassage...Permisdeconduiresouhaité.Cadreidyllique; possib. sports. Lieu de travail :Vosges ; prox.Vittel. 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France Catholique TouslespointsdeventessurlaFrancesontsur: trouverlapresse.com SeRvice abonnementS Pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement, pour un changement d'adresse ou pour toute autre question relative à votre abonnement en cours, il vous faut joindre : téléphone : 01.40.94.22.22 [lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h] Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : france-catholique@cometcom.fr en revanche, pour un abonnement par carte bleue, le téléphone est : 01.46.30.37.38. 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