Avril 2010 - Muséum national d`Histoire naturelle
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Avril 2010 - Muséum national d`Histoire naturelle
La Lettre d’information Numéro 12 Mobilisation pour la biodiversité un parc pour la biodiversité Le XXI e siècle s’ouvre sous le signe d’une inquiétude partagée pour l’Humanité : le devenir incertain de la vie sur notre planète. La biodiversité s’érode chaque jour, et la protection de la nature s’affirme comme le défi commun lancé, à partir des découvertes des scientifiques, à nos sociétés tout entières. u Les parcs zoologiques sont des messagers essentiels de cette réalité. Désormais vecteurs de communication et de sensibilisation aux problématiques environnementales, ils sont aussi des supports actifs de conservation et de protection des espèces animales. Le Parc zoologique de Paris, institution scientifique et culturelle nationale, doit constituer une référence d’envergure internationale. Sa rénovation totale – une première dans l’histoire des parcs zoologiques – est une opportunité unique d’en faire un zoo national contemporain, intégré dans la société urbaine. Son approche s’inscrit dans une gestion moderne de la biodiversité. Le Muséum a pour ambition de construire un parc novateur dépassant la seule présentation d’animaux pour évoluer vers la valorisation de biozones associant les espèces à leurs milieux. Aujourd’hui, nous assistons à une érosion de ce trésor naturel et universel : le taux d’extinction des espèces est 100 à 1 000 fois supérieur au rythme naturel. Les scientifiques voient là les prémices de la première extinction de masse depuis la disparition des dinosaures, et les causes majeures identifiées sont toutes liées aux activités humaines ! Organisée sous l’égide des Nations Unies, l’Année internationale de la biodiversité veut sensibiliser la population mondiale à ce problème vital. De la sauvegarde de la biodiversité dépend la qualité de vie de l’espèce humaine. De par son patrimoine exceptionnel, la France doit assumer une responsabilité particulière. Pendant toute cette année, le Muséum multipliera les animations pour mieux faire connaître le vivant. L’occasion pour le public de découvrir comment aider les scientifiques dans leurs démarches via les réseaux fonctionnant sur le principe de la science participative. Pour mener à bien ce chantier, le Muséum a choisi le partenariat public-privé, à travers le groupement Chrysalis. Un contrat global confie à ce dernier les missions de conception architecturale et paysagère, de préfinancement et de réalisation de l’ouvrage, ainsi que son entretien et sa maintenance pour une durée de 25 ans. De son côté, le Muséum conserve la direction de l’établissement, les missions animalières, vétérinaires, scientifiques et pédagogiques qui correspondent à l’exploitation du site, ainsi que la gestion des recettes annexes. Ce partenariat public-privé est le premier en France à concerner un établissement animalier. © Olivier Enaut © MN HN n mot très récent pour désigner une réalité aux origines du monde… La biodiversité, c’est l’ensemble du tissu vivant : espèces animales, végétales, virus, bactéries… Mais plus que cela, elle est aussi l’infinité d’interactions existant entre tous les organismes vivants : la biodiversité actuelle est le résultat du long processus d’évolution qui fait de notre planète le réservoir incroyable de millions d’espèces et de milliards d’individus uniques. HN Le coup d'envoi de la rénovation du Parc zoologique de Paris a été donné le 24 fév r ier der n ier. Le Muséum a signé une convention de financement avec l'État ainsi que © DR le contrat de partenariat public-privé avec le groupement Chrysalis. De l'Europe à la Guyane, le zoo renaîtra en six biozones représentant autant de régions du globe. Premier tour du monde des écosystèmes et du projet... C'est un jardin extraordinaire… MN Zoom sur le zoo partenariats Page 7 © Dossier Page 4 Avril 2010 « Cultivons notre jardin » écrivait Vo l t a i r e. P o u r c u l t i ve r vo t r e esprit et la terre, rendez-vous sur www.jardindesplantes.net. Financé par la Fondation l'Occitane, ce Jardin des Plantes numérique offre tout loisir de flâner dans ses allées, d'y glaner conseils pratiques, informations scientifiques et actualités, sans oublier d'échanger avec d'autres passionnés ! Le Parc zoologique de Paris est, d’abord, destiné aux millions de Franciliens, de Français et de touristes qui viendront admirer ici la beauté de la nature, mise en scène avec exactitude, élégance et discrétion. Les écrans ne font pas tout, et nous avons tous au fond de notre cœur une émotion d’enfant, quand pour la première fois - ou la centième ! -, notre regard a croisé celui d’une antilope, saisi la grâce d’une girafe, échangé quelque chose de complice et de mystérieux avec un lémurien ou un lionceau : nous sommes fiers de pouvoir affirmer que ce petit miracle quotidien redeviendra possible en ce lieu qui lui est dédié. Bertrand-Pierre Galey Directeur général Avril 2010 Muséum national d’Histoire naturelle Actualités La Réserve de la Haute-Touche située dans l'Indre propose un week-end dédié aux cervidés les 5 et 6 juin 2010. Ce site du Muséum est le plus grand parc zoologique de France et le plus diversifié d'Europe. Il accueille environ 1 000 animaux issus des cinq continents, soit 100 espèces de cervidés différents. Le mercredi, à 19 h 30, Marie-Odile Monchicourt (Radio France) anime un débat ouvert au public et réunissant des chercheurs du Muséum et des intervenants extérieurs. La prochaine table ronde est prévue le 26 mai au restaurant La Baleine sur le thème "Pourquoi conserver la biodiversité ?". Week-end cervidés La Réserve de la Haute-Touche – Obterre Les 5 et 6 juin 2010 Tarifs : 5 / 8 . Tel : 02 54 02 20 40 Réserve ouverte d'avril à novembre Week-ends Un samedi après-midi par mois, projection de films naturalistes et chaque dernier dimanche à 15 h, découverte des métiers du Muséum avec la rencontre d'un professionnel. Le 25 avril, rendez-vous avec une archéozoologue et une archéobotaniste, le 30 mai avec un paléontologue et le 27 juin avec une préhistorienne. Festival Le Festival de la Fête de la Nature se tient au Jardin des Plantes du 21 au 23 mai. Organisé par le Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, le Muséum et Nature et Découvertes, cet événement rassemble de nombreux acteurs naturalistes, institutions et associations. Le Muséum propose plusieurs animations : activités pédagogiques de sensibilisation aux milieux marin et terrestre, visites guidées avec les jardiniers, présentation des inventaires de la biodiversité avec l'INPN, ainsi que du nouvel observatoire des pollinisateurs avec l'OPIE et Nature et Découvertes. Plus d'informations sur : www.mnhn.fr www.fetedelanature.com Point d'orgue À l'occasion de la journée mondiale de la biodiversité, le 22 mai prochain, le Jardin des Plantes se drape d'une carte géante. Conçue par le Muséum et l'IGN, elle présente l'ensemble des espèces animales et végétales emblématiques du patrimoine français ainsi que les espaces protégés. enquête L’avis des lecteurs Comment la Lettre du Muséum est-elle perçue par ses lec teur s ? Une enquê te lancée par l'institution auprès d'une partie de son lectorat fin 2009 livre des conclusions positives : attrayante et agréable à lecture, le contenu de la publication est jugé instructif et crédible. Les rubriques les plus appréciées sont les Actualités et le Dossier central. En plus d'informer sur l'actualité culturelle et scientifique du Muséum, la Lettre contribue à faire évoluer son image en valorisant ses activités de recherche et l'étendue de ses savoir-faire. Les lecteurs apprécient le choix des sujets et le style rédactionnel, mais également le format d’une revue à laquelle ils se déclarent attachés. Avril 2010 F7HJ;D7H?7JI J;HH7?D L'Herbier du futur © MNHN © D.Geystor-Opie Tortue mâle géante des Seychelles - Dipsochelys elephantina -, Kiki est mort le 30 novembre 2009. Menacée d'extinction, l'espèce est aujourd'hui protégée avec 150 000 individus en habitat naturel et 375 en parc zoologique. Actuellement, la France accueille une vingtaine de spécimens, dont quatre au Muséum. Âgé de 146 ans et fort de 250 kilos, Kiki vivait à la Ménagerie l'hiver avant de prendre ses quartiers d'été, dès le printemps, sur la pelouse de la rotonde. L'évolution en question Dirigé par Guillaume Lecointre, professeur et directeur du département Systématique et Évolution, le Guide critique de l'évolution offre un regard éclairé sur la théorie de l'évolution. En plus de battre en brèche les idées reçues, l'ouvrage propose un voyage au cœur de la biodiversité et une vingtaine de dossiers richement illustrés sur les grandes thématiques des sciences de l'évolution. Guide critique de l'évolution 592 pages illustrées, 35 Éditions Belin en région Cultivons la biodiversité Chaque année, les Botaniques de Chèvreloup invitent les amateurs de jardinage à découvrir de s plan t e s insolit e s. Si t u é a u n o r d d u P a r c ©M NHN du Château de Versailles, l'Arboretum de Chèvreloup est un site de 200 hectares riche de plus de 2 500 arbres, arbustes, plantes tropicales et productions horticoles. Pour sa troisième édition, les 3 et 4 avril dernier, la manifestation a mis à l'honneur les plantes mellifères qui ont l'intérêt d'attirer les insectes butineurs. Grâce à leur activité de pollinisation des fleurs, les abeilles sont les bienvenues dans les jardins. Le temps d'un week-end, des spécialistes de ces insectes, des associations horticoles et naturalistes, ainsi que les jardiniers, techniciens et botanistes de Chèvreloup ont accueilli le grand public. En tout, 45 pépiniéristes et horticulteurs ont délivré des conseils aux particuliers pour les inciter à cultiver la biodiversité à domicile. Ouverture de l'Arboretum d'avril à novembre 30, route de Versailles - Rocquencourt (Yvelines) Tarifs : 1,50 / 2,50 www.mnhn.fr/adc ri / Pa NHN L'extinction des dinosaures, il y a 65 millions d'années, n'est qu'un épisode de cette histoire, mais une question reste en suspens : quelles en sont les causes ? Est-ce un refroidissement général, un volcanisme intense ou la chute d'une météorite ? Aujourd'hui, le débat est loin d'être clos. En bouleversant l'équilibre de la planète, le "tournant Crétacé-Tertiaire" n'a pas seulement provoqué la disparition de ces animaux mythiques, il a permis l'essor des oiseaux et des mammifères qui vivaient dans leur ombre. Adieu Kiki ouvrage ay e / M Dents acérées, crâne robuste, corps gigantesque de 6 m de haut et griffes en forme de faucille… les dinosaures envahissent la Grande Galerie de l’Évolution. La nouvelle exposition, Dans l'ombre des Unenlagia, entre 92 et 87 millions d'années, dinosaures, propose un long voyage de la fin Patagonie, Argentine. du Crétacé aux débuts du Tertiaire. Venez découvrir un chapitre de l’histoire d’une Terre en perpétuelle évolution. L'exposition propose un parcours en quatre temps : le monde il y a 85 millions d'années, le tournant Crétacé-Tertiaire, l'essor des mammifères et, enfin, un épilogue qui replace l’Homme et ses activités de conquête de la planète dans le cadre des capacités d’évolution de la vie. Des fossiles issus des quatre coins du monde, dont certains exceptionnels et jamais encore exposés en Europe, illustrent les changements, mais aussi les continuités, enregistrés à la limite Crétacé-Tertiaire. La vie à la fin du Crétacé se dévoile à travers des espèces terrestres et marines : mammifères, végétaux, insectes et oiseaux, ainsi que des poissons, des ammonites et des dents de grands reptiles marins. Les amateurs de dinosaures ont rendez-vous avec des squelettes de toutes tailles, du grand carnivore Albertosaurus, au minuscule chasseur Bambiraptor. La scénographie, centrée sur un spectacle audiovisuel créé spécialement, est jalonnée de dispositifs multimédias, manipulations, décors et petits films. Dans l'ombre des dinosaures Grande Galerie de l'Évolution Du 14 avril 2010 au 14 février 2011 www.mnhn.fr/dinos En vente à la boutique de la Grande Galerie de l’Évolution : | L'Album de l’exposition, éditions du Muséum, 10 | Pour la jeunesse : Les dessous des dinosaures, par Cécile Colin-Fromont et Luc Vivès, Editions du Muséum/Tourbillon, 12 . | Hors-série Télérama Horizon, 7,50 , en vente à partir du 7 avril en kiosque Requins en aquarium Jusqu'en mars 2011, l'aquarium de la Porte Dorée accueille l'exposition Dans le sillage des requins. Réalisée par le Muséum en collaboration avec la Réunion des Musées nationaux et Galatée Films, elle met en scène un ballet aquatique de raies d'Amazonie, de chimères et de requins plus étonnants les uns que les autres : requin-zèbre, chabot, lézard, taupe ou à pointes noires. Vous pourrez découvrir l'univers de ces animaux, apparus sur Terre il y a 400 millions d'années et aujourd'hui menacés d'extinction. Redoutés pour leur formidable mâchoire, les requins sont remarquables par bien d'autres aspects : squelette en cartilage, denticules dermiques ou encore, sixième sens très développé... L'exposition, qui projette également des images issues des rushs du film Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, propose une vingtaine Requin bleu. de spécimens naturalisés. Deux pièces d'exception sont aussi mises à l'honneur : la reconstitution grandeur nature d'une mâchoire de Megalodon de deux mètres de haut et un cerveau fossile de chimère, vieux de 300 millions d'années. Le moulage de cette pièce unique au monde, découverte au Kansas par des scientifiques du Muséum en mars 2009, est exposée pour la première fois au public. Dans le sillage des requins Aquarium de la Porte Dorée Jusqu'au 6 mars 2011 www.mnhn.fr www.aquarium-portedoree.fr © Richard Herrman/Galatée Films Bar des Sciences F © B e r nar d NHN Bêtes à bois ©M Anthophora sp. Dans l'ombre des dinosaures FAUNE s AGENDA BIODIVERSITE Terrain Quand la science rencontre son public t Fa y e/ MN HN Merle noir. rois professionnels du Muséum ont accepté d’expliquer, à partir de leur expérience, leur approche de la diffusion des connaissances. Des sensibilités différentes, mais une constante : battre en brèche les idées reçues et proposer une information au plus proche de la réalité. Une réflexion à susciter Conceptrice d’exposition, Agnès Parent se définit comme « un passeur de connaissances entre les scientifiques et le grand public ». Actuellement, elle travaille sur la future Galerie des Enfants : un espace pour faire découvrir aux 6-12 ans la biodiversité et les sensibiliser aux conséquences de leur mode de vie. « Dans mon métier, la diffusion des connaissances désigne tous les moyens susceptibles de remettre en cause des représentations pas tout à fait justes par rapport aux connaissances de la communauté scientifique à un moment donné. C’est pourquoi il est important de partir de l’existant. » Des études ont permis d’identifier les a priori les plus souvent rencontrés chez et par les enfants. « Le principe est de confronter des faits aux problématiques quotidiennes. Par exemple : que se passe-t-il quand on ferme l’eau du robinet ? » Pour Agnès Parent, s’adresser aux enfants constitue un défi en soi. « Ils sont les citoyens de demain et plus ils auront de bagages pour comprendre, mieux ils agiront. Mais il faut arriver à susciter leur intérêt, se détacher de l’univers scolaire et trouver une place aux parents. L’exposition doit faire naître questionnements et remises en cause. De bons supports ludo-éducatifs permettent d’amorcer réflexions et dialogues qui pourront se prolonger au-delà de la visite. » Un combat contre les a priori Pour Christine Rollard, aranéologue, la diffusion des connaissances est l’une des missions constitutives de l’enseignant-chercheur. « Certains sont chercheurs dans l’âme, d’autres s’impliquent plus dans l’enseignement ou la médiation grand public. Il s’agit, pour ma part, d’une partie importante de mon métier. » La médiation scientifique est pour elle « un moyen de faire connaître ce que l’on fait, au grand public comme aux instances dirigeantes ». Dans un contexte où les vocations se font rares et les moyens commencent à manquer, communiquer sur les araignées lui permet de défendre l’importance de la systématique. « Mon but est de mieux faire connaître ce groupe très diversifié que constituent les araignées. Leur dangerosité n’est pas aussi marquée qu’on le croit et elles sont de bons indicateurs de la biodiversité. La difficulté, ce sont les a priori véhiculés. Toutefois, le public est très sensible aux applications en lien avec l’Homme. Les araignées produisent, en effet, une soie très résistante et certaines toxines de leurs venins possèdent des vertus médicales. » Son meilleur souvenir ? Une petite fille, phobique des araignées, qui a bien voulu tenir dans ses mains une mue… et sa maman qui, quelques jours plus tard, est venue la remercier parce que sa fille avait cessé de faire des cauchemars. © Bernard Faye / MNHN © ar d B er n La spécificité du Muséum ? Être à la fois un centre de recherche et d’enseignement, mais aussi un musée ouvert au grand public proposant de nombreuses expositions et animations. Ce lien entre activités scientifiques et diffusion des connaissances permet une véritable cohérence entre les travaux menés et les outils de vulgarisation proposés. Comment cela se traduit-il au quotidien ? Agnès Parent a rejoint les équipes du Muséum en 1997, au sein du département des Galeries. Depuis 2003, elle participe à la conception de la future Galerie des Enfants en tant que chef de projet : enquêtes sur les représentations, réflexion sur le contenu, le parcours, les supports de médiation… L’exposition sur les mammouths a été très formatrice à ce sujet et m’a permis d’observer les réactions des visiteurs. » Autre difficulté : trouver le juste milieu entre vulgarisation et inexactitude. Et de ce côté, les nouvelles technologies apportent un indéniable "plus". La technique du scanner en trois dimensions, par exemple, a permis d’observer le cerveau d’un requin fossile et d’en proposer des illustrations au grand public. Toutefois, c’est dans son métier d’enseignant que Pascal Tassy vit son expérience la plus forte : « Le but de tout enseignant-chercheur est de former des successeurs : quand un étudiant devient un professionnel respecté, c’est toujours émouvant. » Christine Rollard a conçu et animé, après sa thèse, des ateliers scientifiques pour les écoles primaires. Enseignantchercheur au Muséum depuis 1988 au sein du département Systématique et Évolution, elle est aujourd’hui commissaire d’une future exposition sur les araignées. Paléontologue, Pascal Tassy voit dans la diffusion des connaissances une appellation moderne pour évoquer la transmission et la vulgarisation. Deux thèmes qu’il connaît bien. « Ma conception du métier n’est pas celle d’un pur chercheur. Transmettre fait partie du travail et en paléontologie, il existe une forte demande », ajoute-t-il. Demande à laquelle il répond en écrivant des ouvrages de vulgarisation et en animant des conférences publiques. « J’offre ainsi une vulgarisation de première main. La difficulté, c’est que le grand public présente des niveaux de connaissance très hétéroclites : difficile de contenter tout le monde ! Pascal Tassy intègre le Muséum en 1996 au sein du département Histoire de la Terre. Professeur et conservateur, il s’implique fortement dans la vulgarisation scientifique. Il a notamment écrit des ouvrages grand public comme L’invention du mastodonte. À son actif également : l’exposition Au temps des mammouths dont il a été commissaire. Avril 2010 © Michel Veville / MNHN Une vulgarisation de première qualité Dossier Un parc visionnaire La biozone Sahel-Soudan. Lorsqu’il rouvrira ses portes en avril 2014, le Parc zoologique de Paris comptera parmi les plus beaux zoos urbains du XXI e siècle. D’ici là, place à un ambitieux chantier de rénovation… l e projet de rénovation du Parc zoologique de Paris, dans le Bois de Vincennes, a été présenté le 24 février dernier par Bertrand-Pierre Galey, en présence de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de Chantal Jouanno, secrétaire d’État chargée de l’Écologie. L’occasion pour l’État d’annoncer son engagement, à hauteur de 30 millions d’euros, et de signer un partenariat public-privé inédit entre le Muséum et le groupe Chrysalis. Représenter la biodiversité mondiale Le nouveau Zoo sera une réponse aux préoccupations écologiques, actuelles et futures, dont le thème central est la conservation de la biodiversité mondiale. Trois éléments définissent le concept de la rénovation : écosystème, bien-être animal et immersion du visiteur. Ils constituent le fil conducteur, décliné dans la présentation des animaux, les aménagements architecturaux et paysagers, les parcours de visite et les lieux pédagogiques. « Le visiteur va découvrir l’animal immergé dans son milieu d’origine, dont il est le porte drapeau », explique Geneviève BeraudBridenne, directrice du département des Jardins botaniques et zoologiques au Muséum. Au total, quelque 130 espèces et plus d’un millier d’animaux seront "embarqués" dans ce tour du monde de la biodiversité. Avril 2010 Un voyage à travers six biozones Le découpage du Zoo en six biozones repose sur plusieurs paramètres : des milieux représentatifs des hauts lieux de la biodiversité, d’autres sensibles à la pression anthropique, d’autres encore à endémisme élevé et faisant l’objet de travaux scientifiques ou de politiques de soutien à des programmes de conservation in situ. Les espaces sélectionnées sont la Patagonie (pampa, côte rocheuse, forêt andine), le Sahel-Soudan (savane arborée, arbustive et rase mais aussi delta africain), Au-delà de la simple rénovation, ce projet fera du Zoo de Vincennes l’un des plus beaux au monde, à l’instar de ceux de Londres, Vienne et Berlin. © AJOA OBTUA pers volière © MNH La future grande volière dans la continuité du grand rocher. Trois facettes d’une nouvelle identité >Le Grand Rocher, élément emblématique (65 m de haut, 354 marches) entièrement restauré en 1997, va continuer à perpétuer la mémoire du lieu. >La Grande Volière, nouvelle structure (plus de 2 000 m2) verra le jour dans la continuité du Grand Rocher et sera habitée par des oiseaux en vol libre. >La Grande Serre, voûte de verre très épurée, de 100 m de long et 40 m de large, permettra de recréer les conditions tropicales humides et de présenter les espèces animales de Guyane et Madagascar. l’Europe (forêts de conifères et de feuillus), la Guyane (forêt tropicale humide), Madagascar (forêt humide de l’Est et sèche de l’Ouest) et, enfin, l’Australie présentée de façon provisoire. Elle sera remplacée à terme par l’Afrique équatoriale. Chacun incarne une problématique majeure en termes de conservation : déforestation, viande de brousse, pollutions, réchauffement climatique… Une nouveauté : les vivariums La présence de vivariums au sein des biozones permet de présenter des espèces très variées de reptiles, d’amphibiens et d’invertébrés. Ces N Valérie Pécresse animaux, souvent insoupçonnés bien qu’étonnants, jouent un rôle important dans les écosystèmes. Sous le Grand Rocher, le visiteur découvre trois biotopes différents : rivière, garrigue et montagne peuplées de différentes espèces de la petite faune européenne souvent menacée, comme les grenouilles, tritons, crapauds… Dans la Grande Serre, la zone Guyane permet au spectateur d’assister au travail des infatigables fourmis mangeuses de feuilles, à l’évolution aquatique du grand anaconda d’Amazonie, à la sieste des caïmans ou encore aux jeux des dendrobates, grenouilles multicolores. Côté Madagascar, bien malin celui qui repérera les champions du camouflage : les caméléons. Le bien-être animal avant tout Les biozones sont au service du bien-être de l’animal et doivent lui offrir des conditions optimales. L’enclos doit être le plus vaste possible et agrémenté d’éléments (branchages, rochers…) favorisant ses fonctions biologiques et comportementales. Cela explique que des "poids lourds" comme l’éléphant, l’hippopotame ou l’ours ne reviendront pas au Zoo. En revanche, seront mises en valeur des espèces moins communes et méconnues, mais tout aussi importantes. Un postulat qui a influé sur le choix des espèces représentées, dont la sélection a été faite selon leur intérêt attractif, pédagogique, scientifique et sur les critères de conservation "UICN" : les emblématiques (girafes, loups…), les moins connues (gloutons, lamantins), les menacées et celles impliquées dans des programmes internationaux de conservation (lémuriens, rhinocéros blancs…). Dossier La rénovation du Parc zoologique de Paris est une opportunité unique d'en faire un zoo national contemporain, intégré dans la société urbaine. © MN HN © AJOA OBTUA synthèse pers Bertrand-Pierre Galey PPP : une première pour un parc animalier © AJOA OBTUA pers Guyane Parmi les espèces particulières issues du projet, le groupement d’entreprises Chrysalis, avec lequel a été signé un partenariat public-privé ! C’est la première fois qu’une telle opération concerne un parc animalier. Le principe est simple : le programme de rénovation, d’un coût total de 133 M , sera essentiellement financé par le privé, l’État abondant à hauteur de 30 M . Porté par la Caisse des Dépôts et Consignations, et réunissant la Caisse d’Épargne, Icade et Bouygues Construction, Chrysalis s’engage à financer, construire et entretenir le Zoo. En contrepartie, il percevra du Muséum - qui conserve la direction et la gestion des lieux - une redevance annuelle de 12 M pendant 25 ans, au terme desquels le Muséum sera propriétaire des installations. Les uns partent… d’autres restent En attendant la réouverture, les animaux du Zoo ont été transférés vers d’autres horizons. Les gestionnaires des espèces ont trouvé les lieux Petit zoo devenu grand de réception des animaux via les Programmes d’Élevage Européen (EEP), les coordinateurs de studbooks 1 européens et internationaux (ESB et ISB), les "bourses aux animaux", les réseaux zoologiques… Parmi les transferts réussis, celui de la troupe de trente-trois babouins de Guinée, une des plus importantes en captivité et le plus grand groupe de mammifères à évacuer du Zoo. Il a été accueilli par le zoo d’Edimbourg, en Écosse. Seuls les girafes – par souci de cohésion d’un des plus grands et prolifiques groupes européens - et le grand hapalémur - un lémurien fragile et menacé d’extinction - restent surveiller les travaux ! Lors de l’Exposition coloniale de 1931, un petit zoo temporaire est aménagé dans le Bois de Vincennes. L’idée : faire découvrir au public parisien des animaux exotiques. Le succès est tel que le Muséum et la Ville de Paris créent, sur 15 hectares, l’actuel Parc zoologique. On utilise alors la partie de terrain affectée au Muséum - et destinée à accueillir un zoo - par Napoléon III, lorsqu'en 1860 celui-ci cède le Bois à la Ville de Paris. Inauguré en 1934, le nouveau parc est construit sur le modèle novateur de celui de Hambourg : disparition des grilles et des barreaux pour donner au public la sensation d’être proche des animaux dans un milieu plus naturel, tandis que les infrastructures techniques et les abris sont camouflés dans de faux rochers. Le Parc zoologique de Paris possède alors une identité paysagère forte, par la présence de faux rochers en béton, le plus haut culminant à 65 mètres. Rapidement, le Zoo acquiert une reconnaissance pour son activité de reproduction des espèces menacées. Au fil des ans, il abritera jusqu’à 1 200 animaux et plus de 100 espèces, dont la plupart en voie de disparition. Le visiteur "invité" Immergé dans l’environnement de l’animal, le visiteur est plus réceptif à saisir son comportement et à comprendre la place qu’il occupe dans son écosystème. « L’animal sera chez lui. C’est le visiteur qui sera son invité, insiste Geneviève BeraudBridenne. Il accepte que l’animal puisse se dérober à sa vue dans des zones de tranquillité ». Depuis l’entrée, un fil d’Ariane continu guide le visiteur sur près de 4 km de cheminement. Un circuit principal facilite la découverte progressive des six biozones. Des sentiers secondaires offrent une diversité de parcours complémentaires qui permettent une plus grande intimité dans chacune des biozones. Une muséographie multisensorielle rend l’information accessible à tous, notamment en cas de déficience visuelle ou auditive. Volontairement sinueux, les parcours offrent belvédères, points de vue scénographiés, fenêtres aux visions subaquatiques, kiosques d’exploration… qui ménagent des surprises au fil de la déambulation. Contacts Parc Zoologique de Paris 53, avenue de Saint-Maurice 75 012 Paris Tél : 01 44 75 20 10 Définitions | Studbook, ou registre d’élevage : liste officielle d’animaux appartenant à une certaine espèce, sous-espèce ou lignée, et dont les parents sont connus. 1 portfolio Départ vers d'autres horizons le temps des travaux… 462 animaux de 69 espèces, ont été acheminés en 78 transferts, vers 15 pays. Avril 2010 © photos F-G. Grandin / MNHN déménagement Actualités Sur la piste des espèces DÉCOUVERTES Marsupial européen En Charente-maritime, des chercheurs du Muséum, du CNRS et de l'Université de Rennes 1 ont identifié des restes d'un des plus anciens marsupiaux connus dans le monde : Arcantiodelphys marchandi. Il est également le plus vieux représentant des mammifères de type moderne connu en Europe et soulève une nouvelle hypothèse de migration des premiers marsupiaux depuis leur berceau asiatique vers les continents du sud, l'Amérique du Sud et l'Australie. PNAS (2009) Quelles espèces végétales et animales peuplent nos forêts ? Réponse en surfant sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (http://inpn.mnhn.fr). Coordonné par le Muséum, d’un point de vue scientifique et technique, celui-ci délivre les informations naturalistes disponibles sur la biodiversité en France métropolitaine et dans les départements et territoires d’outre-mer. Depuis 2010, cette nouvelle version, plus ergonomique et complète, s’est enrichie d’une base de données unique au monde : I2AF. Trois lettres et un chiffre pour désigner deux nouveaux inventaires - archéozoologique et archéobotanique - accessibles au grand public et aux scientifiques. Plus de 110 000 données taxonomiques sur la faune et la flore en lien avec l’étude de près de 4 000 sites archéologiques sont d’ores et déjà enregistrées. « Avec le développement des fouilles préventives, des milliers d’informations dormaient dans des rapports d'étude, explique Cécile Callou, responsable du projet au département Ecologie et Gestion de la Biodiversité. Or les restes animaux - ossements, coquilles… - et végétaux -graines, bois, fruits…- nous éclairent sur l’évolution de la biodiversité. » Alerte Entre 1995 et 2005, des scientifiques du Muséum ont recensé les espèces de plantes situées à la frange de la forêt pluviale guyanaise. Les résultats sont alarmants : en dix ans, un cinquième de la biodiversité végétale ne s'est pas renouvelée. Le réchauffement climatique est probablement à l'origine de ces disparitions, les années de forte sécheresse s'étant multipliées durant ces deux dernières décennies. Ces travaux ont été présentés au congrès forestier mondial à Buenos Aires en octobre 2009. Global Change Biology (2009) © Renaud Boistel ESRF Le mystère du lézard volant Lézard africain Halaspis guentheri. Certains animaux ont la capacité de contrôler leur saut en planant ou en freinant leur vitesse verticale comme un parachute. Ils donnent ainsi l'impression de voler. Généralement rendu possible grâce à des spécialisations morphologiques, ce comportement a été observé chez le lézard africain (Holaspis guentheri), qui en est pourtant dépourvu. Pour percer ce mystère, des chercheurs du Muséum, de l'Université d'Anvers et de l'European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) ont étudié les performances de saut de trois espèces : le lézard africain, le gecko volant (Ptychozoon kuhli) et le lézard des murailles (Podarcis muralis). Ces travaux mettent en évidence le rôle de la morphologie fonctionnelle dans ce comportement de "vol". La prochaine étude portera sur les grenouilles volantes. Journal of Experimental Biology (2009) © DR La base de données I2AF constitue une collection du Muséum à part entière. Le loup, présent depuis toujours sur notre territoire, est une espèce aujourd'hui menacée. « La bioarchéologie retrace l’histoire des sociétés et de leurs environnements, précise Cécile Callou, mais elle nous informe tout autant sur l’utilisation du patrimoine naturel par l'Homme à des fins sociales, économiques ou symboliques. Un atout pour comprendre la biodiversité actuelle et mieux maîtriser son devenir », ajoute l’archéozoologue. Et une formidable aventure à travers les âges pour l’internaute… Grâce à I2AF, une carte établie pour chaque espèce permet désormais à l’internaute d'en suivre l'apparition, la dispersion ou même la disparition, comme par exemple celle du lion des cavernes dans l’Hexagone ! Ou encore de pister le lapin, longtemps cantonné dans la Péninsule ibérique et dans le Sud de la France… avant d’être introduit pour la chasse, au Moyen Âge, au Nord de la Loire. Nous apprenons également que les cerisiers ont fleuri dès l’Antiquité. Quant au loup, qui figure pour la période contemporaine sur la liste rouge des espèces menacées dressée par l’UICN, il arpente nos terres depuis toujours. Les partenaires | Le CNRS, l'Institut national de Recherche archéologiques préventive, les Ministères du Développement durable, de l'Enseignement supérieur et de la recherche, de la Culture et de la Communication. Tortues marines Découverte insulaire Des chercheurs du Muséum (unité mixte Muséum / CNRS) ont identifié une population de mangoustes brunes (Herpestes fuscus) sur les îles Fijdi. Ces dernières y cohabitent avec la petite mangouste indienne, tenue responsable du déclin de plusieurs espèces d'oiseaux, reptiles et amphibiens. L'abondance de la mangouste brune et son impact sur la faune locale doivent être étudiés très rapidement. Biology Invasions (2009) Avril 2010 Erreur L'absence de description détaillée d'une espèce peut conduire à des confusions taxonomiques et avoir des conséquences sur sa sauvegarde. C'est le cas du pocheteau gris (Dipturus batis) qui regroupe en réalité deux espèces distinctes de raies, provisoirement nommées D. cf. flossada et D. cf. intermedia. Soulevée par l'équipe de scientifiques de la Station de biologie marine de Concarneau, l'erreur a entravé les actions de conservation. D. cf. intermedia est en effet particulièrement menacée par la surpêche, en raison de sa grande taille (2,5 m) et de sa maturité sexuelle tardive (20 ans). Parmi les 75 espèces de raies examinées par l'UICN, 17 sont menacées d'extinction. Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems (2009) Classées par l'IUCN sur la liste rouge des espèces menacées d'extinction et protégées, les tortues marines voient leur survie compromise, notamment par les activités humaines. Principale menace : les captures accidentelles induites par la pêche. La France est particulièrement concernée car six des sept espèces existantes fréquentent ses eaux territoriales. © in C A la ou t MN é / HN Chelonia mydas À l'occasion de l'année mondiale de la biodiversité et en association avec le Groupe tortues marines France, le Muséum a co-organisé avec la Société Herpétologique de France le colloque Tortues marines en France métropolitaine et d'outre-mer en janvier dernier. Pendant trois jours, et pour la première fois, plus d'une centaine de spécialistes de métropole et d'outre-mer ont mené une réflexion commune sur les nuisances pesant sur la survie des tortues marines, le renforcement de la coordination des actions et la mise en place de nouvelles mesures de sauvegarde. Le samedi, le Muséum a profité de la présence de nombreux experts pour organiser une journée thématique de sensibilisation du grand public. Au programme : diverses interventions sur la diversité des tortues, leur biologie, les menaces et les mesures de sauvegarde mises en œuvre, clôturées par un film-débat. Pochette surprise À l'occasion d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot en 2001, un collectionneur achète un lot de statuettes dissimulant une mystérieuse roche noire. Intrigué par cette dernière, qui d'aspect extérieur, ne ressemble pas à un caillou terrestre, il décide, quelques années plus tard, d'en savoir plus. Identifié par l'Université de Nantes comme une météorite, le spécimen est ensuite analysé par le Laboratoire de Minéralogie et Cosmochimie du Muséum (LMCM). Résultat : la météorite Paris - du nom du lieu de sa découverte - est sans équivalent dans les collections internationales. Sa découverte est d'une ampleur considérable car elle provient d'un astéroïde condensé à partir de la même poussière interstellaire qui a formé le Soleil et les planètes, voilà 4,57 milliards d'années, et qui n’a pratiquement pas connu de transformations géologiques depuis lors. Également exceptionnelle par sa masse (1,3 kilogrammes) comparée aux autres objets ultra-primitifs, cette météorite offre des perspectives de recherche enthousiasmantes. « Des analyses plus poussées nous procureront peutêtre de nouvelles informations sur la naissance de la vie sur Terre... », glisse Brigitte Zanda, responsable de la collection de météorites au Muséum. Un consortium de quatre laboratoires français se penche déjà sur la question. Partenariats Surfer sur le Jardin des Plantes Comme l’hirondelle, le nouveau site www.jardindesplantes.net annonce le printemps. Ce projet ambitieux, financé par la Fondation L’Occitane, fait entrer le Jardin des Plantes dans l’ère du numérique et de la science participative. Mise en ligne le 20 mars ! Cinq rubriques pour un site pratique, scientifique, interactif, et communautaire : dossiers thématiques, plante du jour, coulisses, recherche, agenda... les plantes font parler d'elles ! l e site s’adresse à tous les publics : aux amoureux du Jardin et des jardins, à tous les curieux, aux habitués qui veulent en savoir plus, aux professionnels et amateurs de botanique et aux éco-citoyens soucieux de participer à la sauvegarde de la biodiversité. Place à l’interactivité ! Comme pour tout réseau social, il suffit de s’inscrire pour créer son espace personnel – blog individuel ou collectif, commentaires – afin d’échanger, conseils et avis. Et pourquoi ne pas devenir l'ami du jardin sur www.facebook.com/jardindesplantes ? Pour L’Occitane, l’important est de savoir transmettre les savoir-faire et les connaissances du monde végétal. Participer à ce projet, c’est commencer à écrire les pages de la mémoire aux côtés du Muséum. Olivier Baussan, fondateur de L’Occitane et vice-Président de la Fondation L’Occitane Cinq branches et des rameaux à foison Le projet a vu le jour grâce au soutien de la Fondation L’Occitane. « Nous avons eu un coup de cœur car ce projet répond à une motivation profonde au sein de l’entreprise : la préservation des saveurs de la nature. C’est pourquoi nous avons dégagé un budget important », explique Mary Bonneaud, déléguée générale de la Fondation. www.jardindesplantes. net n’est pas seulement un site de conseils aux jardiniers amateurs, c’est véritablement le site du Jardin des Plantes. Un jardin pas comme les autres, tout à la fois lieu d’agrément, d’histoire et jardin botanique, où les végétaux sont objets d’étude depuis le XVII e siècle, où la science continue de s’élaborer en réponse aux préoccupations actuelles. C’est également le site de la biodiversité végétale qui fait écho aux vocations du Muséum : sensibiliser, partager les savoirs, anticiper pour mieux préserver. « Nous contribuons ainsi à une création en accord avec notre volonté de transmettre les connaissances sur les plantes, de faire connaître au grand public des traditions horticoles oubliées, par une information accessible, efficace et fiable, validée par l’autorité scientifique du Muséum », souligne Mary Bonneaud. Privilégiant la connaissance, le site est appelé à devenir un vrai centre de ressources sur le monde végétal. Nourri des savoirs des scientifiques, techniciens et jardiniers du Muséum, il sera enrichi en permanence. Participatif, il est ouvert aux commentaires de tous les internautes qui souhaitent s'exprimer ou échanger : simple curieux, propriétaires de jardins ou encore Fr a Créée en 2006, la Fondation d’entreprise L’Occitane perpétue les actions de mécénat déjà mises en œuvre par le Groupe depuis 1976. « Sur la trentaine de projets que nous soutenons, nous avons la chance de pouvoir approfondir certaines thématiques auprès d’experts passionnants qui viennent enrichir notre connaissance des champs d’action », explique Mary Bonneaud. La Fondation mène non seulement des projets de soutien aux déficients visuels et à l’émancipation économique des femmes, mais elle souhaite aussi promouvoir la transmission des savoirs de la nature. À travers ses cinq rubriques –"Un jardin botanique", "Venir au jardin", "L'agenda du jardin", "La biodiversité végétale" et "Mon jardin"– chacun a le Jardin au bout des doigts... Un site en évolution www.jardindesplantes.net - prototype d’une refonte entière du Muséum numérique - va s’étoffer : fiches de plantes, dossiers thématiques et actualités du Jardin. Il accueillera prochainement de nouvelles rubriques, comme "Histoire du jardin", "Une promenade interactive dans les jardins", "Le jardin des enfants", et des offres inédites. Enfin, pour les plus nomades, la possibilité de podcaster les informations sur un lecteur mp3 ou un mobile. « Pour L’Occitane, ce site va renforcer la motivation des salariés qui pourront faire un retour d’expériences dans la partie interactive "Mon jardin". Côté Muséum, il s’agit d’une superbe vitrine pour les recherches en cours », conclut Mary Bonneaud. Une fluorite exceptionnelle célèbre 25 ans de partenariat avec Total et sa Fondation C’est une première en France pour un objet d’histoire naturelle : une fluorite du massif du Mont-Blanc a été reconnue "Bien culturel d’intérêt patrimonial majeur". Ce spécimen minéral d’une extrême rareté vient d’enrichir les collections du Muséum grâce au mécénat de la Fondation Total. Il célèbre ainsi 25 ans de partenariat, avec le groupe énergétique et sa Fondation, qui ont permis d’acquérir plus de 750 minéraux de très haute qualité. © La Fondation L’Occitane volontaires pour l’observation de la biodiversité végétale. Pratique, le site fournit également toutes les informations et actualités pour préparer sa visite du Jardin des Plantes et incite à le découvrir "en vrai". Le Service des Musées de France de la Direction générale des patrimoines a également apporté un soutien précieux à l’opération. Nulle part ailleurs dans le monde de si belles associations de quartz fumé et de fluorite rouge n'ont pu être trouvées. L’échantillon présente la couleur la plus recherchée : le rouge profond. Seuls trois autres peuvent lui être comparés par la taille, et tous appartiennent au domaine privé. Cette acquisition, en raison du caractère exceptionnel du spécimen absolument intact, est une superbe opportunité pour le Muséum. Sa reconnaissance comme objet "d’intérêt patrimonial majeur" permet à cette fluorite de rester sur le territoire français et d’y être exposée dans un musée national. | L’échantillon est exposé dans la Grande Galerie de l'Évolution et dans la Galerie virtuelle de minéralogie (www.museum-mineral.fr). Avril 2010 nç o i s Fa rge s / M N H N Un site qui fait parler les plantes Portrait Morpho didius. Patrick Blandin © Patrick Blandin / MNHN G rand collectionneur de papillons – Morphos et papillons-chouettes d’Amérique tropicale –, Patrick Blandin est spécialiste d’entomologie et d’écologie au Muséum, en charge des questions éthiques liées à la conservation de la nature. Professeur émérite, il confesse avoir beaucoup "papillonné" professionnellement… p Cataractas de chapawangi, près du village de Lamas, Pérou. De l'Afrique à l’Île-de-France our ce Breton de Saint-Malo, c’était écrit : « Tout petit, mon grand-père m’emmenait attraper les papillons, qui sont devenus ma grande passion. J’ai donc su très tôt ce que je voulais faire "plus tard" : des sciences naturelles ». Ce grand-père, qui arpentait une campagne aujourd’hui disparue, Patrick Blandin lui dédie son dernier ouvrage. Araignées en Afrique (missions en 1971, 1973, 1974). Et petites bêtes dans les forêts franciliennes. En 1974, fraîchement nommé maître-assistant à Paris VI, Patrick Blandin prend la direction de la station biologique de Foljuif, propriété de l’ENS, au sud du massif de Fontainebleau. « Enseignant au DEA d’écologie, j’ai proposé à mes étudiants des sujets sur la faune des sols forestiers. » Des thèses sont consacrées aux mille-pattes, cloportes, acariens… En 1980, le CNRS lui confie un projet pluridisciplinaire sur les forêts périurbaines, poursuivi jusqu’en 1984. En 1981, il soutient – enfin ! – sa thèse d’État. Peu après, il prend la direction de l’inventaire ZNIEFF Île-de-France, tout en réalisant une synthèse sur les indicateurs biologiques, primée par l’Académie des Sciences, en 1987. Caïman en zoologie Patrick Blandin arrive en 1962 à Paris, au lycée SaintLouis, pour préparer le concours de l’Institut National Agronomique. Il présente aussi celui de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, et le réussit. « J’ai alors commencé de vraies études de sciences naturelles : la licence, un DEA en entomologie, l’agrégation en 1967 ». Nommé à l’ENS agrégé préparateur de zoologie "caïman", en jargon normalien -, il occupe ce poste jusqu’en 1973. La biodiversité doit être une composante forte des projets de société. Au milieu des années 1960, la biologie moléculaire fait son apparition dans les cours. « Un nouveau monde passionnant, que je voulais combiner avec des recherches sur les papillons ». Henri Descimon, à l’ENS, lui confie un sujet de DEA : l’évolution des pigments alaires au cours du développement chez la Piéride du chou. « J’ai monté un élevage, avec des choux cultivés sans pesticides. Œufs, chenilles, chrysalides impitoyablement broyés dans un solvant ; chromatographie, fluorimétrie… En fait, la "paillasse" n’était pas mon truc ! ». En 1969, le Professeur Maxime Lamotte lui propose un sujet de thèse d’écologie : "La place des araignées dans les chaînes alimentaires de la savane de Lamto, en Côte d’Ivoire." « Plein de pots d’araignées déjà récoltées m’attendaient ! Ayant une tendance à la paresse, mais aussi de la tendresse pour les arachnides, j’ai accepté ». Avril 2010 Biodiversité : l’avenir du vivant Quels sont les enjeux de la protection des espèces et des milieux naturels pour l’avenir de la biosphère et des hommes ? Ce livre répond à cette question, et à bien d’autres encore. Comment inventorier la richesse en espèces de la planète ? Que signifie "conserver la biodiversité" ?… Patrick Blandin livre ici ses propositions pour l’élaboration d’une éthique évolutionniste. « Mon livre, c’est du pessimisme actif, déclare-t-il, un brin provocateur. "Nous devons avoir un projet pour la nature là où nous vivons : la garder telle qu’elle est ? La modifier ? La restaurer ?… Le débat est indispensable, car tout le monde n’a pas le même "vouloir". » © Patrick Blandin / MNHN Fuir la "paillasse" © MNHN © Laurent Bessol / MNHN L’effet papillon La collection de Morpho du Muséum est la plus importante au monde avec de l'ordre de 6000 spécimens. Directeur puis "SBF" Patrick Blandin quitte Brunoy en 1998. Mais, toujours directeur de la Grande Galerie, il lui faut assurer aussi, de 2000 à 2002, la direction du laboratoire d’entomologie. Nommé en 2002 à la direction du Musée de l’Homme, son mandat est arrêté en 2003. Au terme d’un tel parcours, il devient "Sans Bureau Fixe" ! Accueilli au département Hommes, Natures, Sociétés, il se consacre à l’histoire et à l’éthique de la conservation de la nature. « Je suis redevenu chercheur de base, ce qui est bien agréable ». Enseignant depuis 1974 au DESS "Développement et Aménagement Intégré des Territoires", il fait entrer cette Chaire Unesco, en 2004, dans le Master du Muséum. Retour aux papillons Revenu en 2003 à ses chers Morphos, il a achevé en 2007 le livre commencé… en 1986. Mieux, il va régulièrement les étudier au Pérou, région la plus "biodiverse" d’Amérique. « Avoir tant papillonné sans guère quitter le Quartier latin, quelle expérience ». Question d’éthique En 2004, Patrick Blandin soumet au Comité français de l’UICN un projet de résolution pour un nouveau code éthique de la conservation de la biodiversité. « La conservation n’intègre pas réellement l’idée d’évolution. Alors, que signifie "conserver quelque chose qui change" ? Les fondements éthiques de la conservation doivent être repensés ». La résolution est adoptée par l’UICN, et un groupe de travail international est constitué. En février 2010, au Muséum, la Biosphere Ethics Initiative est présentée au Président et à la Directrice Générale de l’UICN, en présence du Comité français et de représentants de l’État. Les participants ont pris l’engagement de porter cette initiative, chacun à son niveau. Elle sera diffusée par l’UICN, prise en compte dans la stratégie nationale française pour la biodiversité, et présentée en octobre, à Nagoya, dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique. Contacts À l'entrée de la forêt protégée de l'Alto Mayo, au nord est du Pérou, avec des étudiants péruviens. L’aventure de la Grande Galerie Fin 1988, Patrick Blandin est nommé au Muséum, directeur du laboratoire d’écologie générale, à Brunoy. La rénovation de la Galerie de Zoologie est lancée au même moment, et le voilà chargé dès 1989 du thème "L’homme, facteur d’évolution". Parallèlement, à la demande de l’Assemblée des Professeurs, il fait le point sur les potentialités du Muséum en matière de biodiversité. Il fonde le Comité français de l’UICN et anime un projet interdisciplinaire sur les petits bois du Gâtinais. Mais, début 1994, il est nommé directeur de la Grande Galerie. « J’avais la responsabilité d’organiser son inauguration et d’assurer son exploitation : un nouveau métier, pendant huit ans… ». Impossible de continuer d’écrire le livre commencé sur les Morphos ! « J’ai quand même pu organiser un DEA de muséologie et diriger l’expertise sur l’affaire de l’autoroute A28 et du coléoptère Pique-Prune ». blandin@mnhn.fr Département Hommes, Natures, Sociétés Directeur : Serge Bahuchet UMR 7206 Éco-anthropologie et ethnobiologie LeMuséum Muséum national d’Histoire naturelle 57 rue Cuvier 75 005 Paris Tél. : 01 40 79 30 00 www.mnhn.fr Directeur de la publication Bertrand-Pierre Galey Directeur éditorial Hugo Plumel Rédactrice en chef Sophie Landrin Rédaction Agence PCA • Isabelle Servais-Hélie, Anne Béchiri, Élisa Dupont, Laura Henimann Graphisme éric Louis Impression Imprimerie Escourbiac • 81 300 Graulhet Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement Dépôt légal Avril 2010 Téléchargeable sur www.mnhn.fr ISSN 1760-6950
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