Budget: leplan derigueur sansprécédent deHollande
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Budget: leplan derigueur sansprécédent deHollande
L’UMP ÉCHAPPE À LA FAILLITE, MAIS PAS AU RISQUE D’IMPLOSION Israël: des missiles du Hamas atteignent Jérusalem et Tel-Aviv FRANCE – LIRE PAGES 6-7 INTERNATIONAL – LIRE PAGE 2 Jeudi 10 juillet 2014 - 70e année - N˚21609 - 2 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Budget: le plan de rigueur sans précédent de Hollande t «Le Monde » dévoile le détail des coupes budgétaires pour 2015-2017: les ministères de la défense, de l’écologie et l’audiovisuel sont à la diète ; les crédits de l’éducation, de la recherche et de l’intérieur sont préservés t Les dépenses de fonctionnement de l’Etat et des opérateurs publics seront réduites t Le gouvernement est parvenu à faire voter les mesures du pacte de responsabilité Fondateur : Hubert Beuve-Méry LE BRÉSIL TRAUMATISÉ PAR UNE DÉROUTE HISTORIQUE t La Seleçao a subi une défaite inédite face à l’Allemagne (7-1) en demi-finale de sa Coupe du monde t Récits d’une soirée de cauchemar, entre larmes de colère et rires de honte Le capitaine David Luiz, après la défaite. LIRE PAGES 23 À 25 AP PHOTO/THEMBA HADEDE LIRE P. 8 ET L’ANALYSE DE PATRICK ROGER P. 21 Le président divise son camp mais impose ses réformes E mporté par son dépit et sa colère, JeanLuc Mélenchon a porté, mardi 8 juillet, un juste diagnostic : « Si les 46 députés PS et EELV qui se sont abstenus sur le budget de la Sécurité sociale avaient voté contre, a observé le coprésident du Parti de gauche, le pacte de responsabilité, projet scélérat de François Hollande, aurait été repoussé. Tels sont les couteaux sans lame. » Six mois après en avoir détaillé le contenu, devant la presse, le 14 janvier, François Hollande vient ainsi de faire adopter des économies sur les dépenses publiques et son pacte de res- UK price £ 1,80 ÉDITORIAL ponsabilité, fondé sur des baisses de charges pour les entreprises, avec, en contrepartie, des engagements pour l’emploi. Malgré une légère remontée dans les sondages, le président est toujours au sommet de l’impopularité. La défiance est telle qu’elle atteint le noyau dur de son électorat. Sa majorité est aussi relative que fragile. A l’Assemblée nationale, aucun « frondeur » socialiste LE REGARD DE PLANTU n’a voté contre le projet de loi de finances rectificative (PLFR), et ils n’étaient plus que 33, au lieu de 41 au départ, à s’abstenir sur celui de la Sécurité sociale. Mais ils sont encore 33… AuSénat, où le Parti communistea pris l’habitude de voter avec la droite, ce qui a conduit, mardi, au rejet – sans conséquences –, du PLFR, la gauche n’a plus de majorité. Il n’empêche : avec l’aide d’un premier ministre plutôt efficace, M. Hollande avance, et, in fine, il fait adopter ses réformes. C’est au moment où la trajectoire des allégements de cotisations et d’impôts, prévue par le pacte de responsabilité jusqu’en 2017, était fixée que la troisième conférence sociale du quinquennat de M. Hollande s’achevait. En la boycottant partiellement, la CGT et FO, qui campent dans l’opposition, espéraient paralyser cet exercice de dialogue social. Il n’en a rien été. Loin d’être l’échec annoncé, la conférence sociale – « un accélérateur du dialogue social », selon Manuel Valls – a donné du grain à moudre aux acteurs sociaux prêts à négocier et à rechercher des compromis. Les absents ont fait l’erreur de croire que, sans eux, le train des réformes, auxquelles ils sont opposés, resterait bloqué en gare. Les syndicats réformistes – CFDT, CFTC, CFE-CGC, UNSA – ont marqué des points, et le patronat, qui avait agité (avec succès) la menace du boycott, affiche sa satisfaction. M. Valls a toutefois saisi l’occasion de lui rappeler que « la mobilisation dans les branches n’est pas encore à la hauteur ». Et qu’« il faut accélérer ! ». Sans être aussi audacieux (ou libéral) que l’avait été Gerhard Schröder en Allemagne, François Hollande réussit à imposer peu à peu son réformisme. Mais il a trop tardé, et ce succès a un coût. Les dommages collatéraux – politiques,avec des «frondeurs » qui ne désarmeront pas, syndicaux, avec une CFDT ébranlée dans sa relation de confiance avec le pouvoir – seront durables. Et, surtout, les réformes courageuses, comme le pacte de responsabilité, risquent de mettre plusieurs années avant de donner des fruits. Pour obtenir des résultats, en premier lieu sur la réduction d’un chômage qui ne cesse de s’envoler, M. Hollande ne peut compter que sur une reprise de la croissance.Or celle-ci est désespérément aux abonnés absents. p AUJOURD’HUI Le pape réforme tous azimuts On le dit fatigué, mais François poursuit son aggiornamento de l’Eglise: réforme de la curie, de la «banque du Vatican», discours tranché sur la pédophilie et la Mafia. Ornikar bouscule les auto-écoles Les associations du secteur demandent en justice l’interdiction du site Ornikar. Cette jeune start-up casse les prix du permis en contournant le système des auto-écoles. Offensive des médias en Afrique INTERNATIONAL – P. 4 CAHIER ÉCO – P. 5 CAHIER ÉCO – P. 2 En mal d’audience, les médias français guignent le marché africain de l’information. Journaux – parmi lesquels Le Monde – et télévisions rivalisent de projets. LIRE NOS INFORMATIONS PAGE 8 AVIGNON Bonheur et déceptions Mahabharata-Nalacharitam, mis en scène par le Japonais Satoshi Miyagi, a envoûté les spectateurs du Festival. Cette pièce de deux heures se concentre avec bonheur sur l’un des épisodes du livre sacré de l’Inde. En revanche, deux spectacles très attendus, adaptés d’œuvres d’Hölderlin et de Bernardo Carvalho, ont déçu les festivaliers. LIRE PAGE 14 Algérie 180 DA, Allemagne 2,40 ¤, Andorre 2,20 ¤, Autriche 2,50 ¤, Belgique 2 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 ¤, Finlande 3,80 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,40 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,20 ¤, Guyane 2,50 ¤, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 ¤, Italie 2,40 ¤, Liban 6500 LBP, Luxembourg 2 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,30 ¤, La Réunion 2,20 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Saint-Martin 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA 2 international 0123 Jeudi 10 juillet 2014 Tsahal frappe Gaza en réponse aux tirs du Hamas Le mouvement islamiste, ciblé par des raids israéliens qui ont fait au moins 32 morts, a visé Tel-Aviv et Jérusalem Gaza Envoyée spéciale A ssisesur les ruinesde samaison éventrée de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, Rihab se repasse péniblement le fil des événements. Mardi 8 juillet, en début d’après-midi, sa belle-fille Sawsan reçoit un appel sec, lapidaire, qu’elle attribue à l’armée israélienne : « Vous avez cinq minutes pour fuir. Prenez les enfants. » A 55 ans, Rihab connaît bien l’avertissement, souvenir funeste des heures terribles de l’hiver 2008, lors de l’opération « Plomb durci ». Elle s’exécute, traverse hors d’haleine l’arrière-cour et trouve refuge dans la rue. Avec fracas, une fusée éclairante s’abat d’abord sur le toit, tirée depuis un drone israélien, en guise de sommation. Le missile d’un F16 achève l’édifice. La maison des Al-Kaware est éventrée. Au premier étage, un réfrigérateur est seul à avoir résisté à l’explosion. Des tapis pendent à l’extérieur, le long des parpaings bruts. La reprise des assassinats ciblés provoque une grande nervosité dans les rangs du Hamas et du Jihad islamique A quelques mètres de là, Rihab se rend compte, effarée, qu’elle a oublié de prévenir son frère, Ahmed, de l’imminence de la frappe. Il fait partie des huit victimes dénombrées par les services de secours de Gaza, avec un enfant de 8 ans et deux adolescents. Il y a également au moins 25 blessés. Cette frappe de représailles est la plus meurtrière depuis le début de l’opération israélienne « Bordure protectrice ». Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait ordonné cette opération pour rétablir le calme dans le sud d’Israël, soumis la veille à plus de 80 tirs de roquettes. Son objectif affiché : la destruction des infrastructures du Hamas et des autres groupes de l’enclave palestinienne et la liquidation de leurs responsables. L’attaque de Khan Younès, que les brigadesEzzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont rebaptisé « le massacre d’enfants à Khan Younès » est pour elles un « crime de guerre ». Elle constitue une « ligne rouge » pour le mouvement islamistedu Hamas,qui désignait, mardi soir, « tous les Israéliens» comme des cibles potentielles. Sa branche armée a promis, mardi, une nuit sans sommeil aux Israéliens : « Ne rêvez pas de calme. » L’avertissement a été suivi d’effets. Des roquettes longue por- Un tir de missile israélien contre la maison de la famille Al-Kaware a fait huit morts, mardi 8 juillet, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. EMAN MOHAMMED POUR « LE MONDE » tée, M-75 et R160, ont atteint dans lasoiréeleszonesdeJérusalem, TelAviv, mais aussi Haïfa, dans le nord d’Israël. Au total, les factions palestiniennes ont lancé sur ces villes et versle sud d’Israëlquelque120 projectiles, dont 23 ont été interceptés par le dispositif antimissiles baptisé « Dôme de fer ». Dans tout le pays, la population s’est précipitée dans les abris antiaériens. Durant la journée de mardi et dans la nuit qui a suivi, le ciel a grondé plus de 160 fois, mais la panique n’a pas envahi les rues de Gaza, où les hommes occupent le temps du jeûne, assis sur des chaises posées sur les trottoirs, indifférents aux échos des bombardements : « Les gens ne sursautent même plus lorsqu’il y a des frappes. Tout cela est si familier », soupire Moussa Assanah, artisan dans le centre de Gaza-ville. Devant sa boutique, rue El-Wehda, il nettoie les dégâts de l’attaque qui s’est déroulée, sous ses yeux, une demi-heure plus tôt. Une odeur âcre flotte encore. Entêtante. Le véhicule de Mohammed Shaaban,unresponsabledelabranche armée du Hamas, venait de franchir l’intersection, lorsqu’il a été pulvérisé, en une fraction deseconde, àquelquesmètresdesa vitrine. Il a entendu les cris des passants atteints par le souffle enflammé. Des restes de chairs carbonisées mêlés à des morceaux de carrosserie ont été catapultés dans le magasin, faisant exploser la vitrine. A l’intérieur, Ramis, 27 ans, semble presque faire abstraction de la scènequ’ilvientdevivre:«Desmorceauxdecadavre,nousavons l’habitude d’en voir ici. Ce n’est pas notre première guerre. J’aurais aimé être Principales villes touchées par... ... les tirs de roquettes du Hamas contre Israël LIBAN ... les raids israéliens contre le Hamas Golan SYRIE Haïfa Portée des missiles longueportée du Hamas ISRAËL Hadera 8 juillet : quatre combattants palestiniens tués par l’armée israélienne lors d’une tentative d’attaque d’une base militaire près de Zikim Mer Méditerranée GA ZA Tel-Aviv CISJORDANIE Gaza Khan Younès Ashdod Sdérot Jérusalem Ramat Raziel JORDANIE Nousseirat Roquette Grad améliorée (48 km) ÉGYPTE M-75, R160 et autres roquettes de longue portée (75 km) 25 km SOURCE : AFP dans cette voiture, car je serai fier de mourir en martyr.» Mode opératoire privilégié de l’opération israélienne « Bordure protectrice », la reprise des assassinats ciblés provoque une grande nervosité dans les rangs du Hamas et du Jihad islamique. Depuis lundi soir, une quinzaine de maisons ont été visées. Les membres du mouvement islamiste – en treillis ou en civil – ont complètement déserté les rues et les bâtiments officiels, qu’ils dirigeaient de facto, en dépit de l’accord de réconciliationavec leFatah. Tous ontchangé d’adresse, et, pour les figures de premier plan, consigne a été donnée de rester jusqu’à nouvel ordre dans des abris souterrains, tenues au plus grand secret. Sur les sites des maisons bombardées, personne ne se risque à confirmer ou infirmer l’identité et l’affiliationdela«cible»àunebranche armée. Les hautes fonctions occupées par Hafez Hamad dans le Jihad islamique ont justifié une exception. Des voisins et des responsables gazaouis ont confirmé qu’il avait été tué, avec des membres de sa famille, dans un raid sur sa maison à Beit Hanouna, dans la nuit de lundi à mardi. Cela porte à au moins 32 le nombre des victimes palestiniennes en 24 heures, parmi lesquels de nombreux civils. Invisibles sur la scène publique, les messages des factions armées sont délivrés, chaque soir dans les mosquées, avant la rupture du jeûne. Non loin des ruines de la maison des Al-Kaware, le muezzin appelle les Gazaouis à la « résistance », une « obligation » renforcée durant la période du ramadan. En dépit de l’affaiblissement régional du Hamas, la population continue de pleinement soutenir les actions militaires des factions gazaouies, lors des vagues d’affrontements avec Israël, du moins en apparence. A l’extérieur de la mosquée, de petits groupes d’hommes se disposent aux abords ou sur les toits des maisons, cibles potentielles de représailles. Aucun d’entre eux ne redoute une intervention terrestre israélienne. Un mélange de résignation, d’incrédulité, et de défi. A l’image de Kamel, un voisin des Al-Kaware : « Les Israéliens n’oseront pas. Ils resteront dans les airs, protégés par leurs avions. Qu’ils essaient d’entrer, on les attend. » p davantage de pression sur les épaules», estime Daniel Levy, expert au sein du Conseil européen pour les affaires étrangères. L’opinion, qui boude de plus en plus les partis centristes pour les deux extrêmes, exige désormais une décision claire, qu’elle soit diplomatique ou militaire, estime Ofer Zalzberg, de l’International Crisis Group. Le risque de ne pas agir est désormais plus grand que l’inaction pour le premier ministre israélien. Il s’est maintenu électoralement grâce à sa capacité à apporter la sécurité. Le Hamas a montré mardi sa capacité et sa détermination à porter des coups. « Le Hamas ne baissera pas d’un ton. Il ne peut pas se permettre de céder face à la population et aux autres mouvements palestiniens », analyse le spécialiste Jean-François Legrain. Affaibli, il est défié par des groupes plus radicaux, comme le Jihad islamique, qui suit sa propre logique. Le seul espoir de désescalade repose peut-être sur une médiation étrangère. Les appels des EtatsUnis à la retenue ne suffiront pas. Les espoirs se tournent vers une nouvelle médiation égyptienne. «Elle est rendue plus difficile qu’en 2012 du fait de l’hostilité entre le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi et le Hamas. L’Egypte ne s’active pas ou n’a pas la capacité à travailler dans le sens d’une désescalade», estime M. Lévy. Et il faudra convaincre le Hamas de renoncer à des conditions qu’il pose, jugées inacceptables pour Israël, telles que la libération de prisonniers ou le transfert de fonds sous son autorité pour payer les salaires des fonctionnaires de Gaza. p Hélène Prudhon Deux camps poussés à la surenchère par leurs divisions Analyse La retenue n’est plus de mise. Une réaction en entraînant une autre, Israël et le Hamas s’orientent inexorablement vers la guerre totale qu’ils tentent d’éviter depuis l’enlèvement, le 12 juin, de trois jeunes Israéliens près d’une colonie juive en Cisjordanie, imputé au mouvement islamiste par Tel-Aviv. Chaque camp tentait depuis, tant bien que mal, de préserver le statu quo qui prévalait depuis le cessez-le-feu tacite, négocié sous l’égide de l’Egypte lors de l’opération israélienne « Pilier de défense » dans la bande de Gaza en novembre 2012. Ce cessez-le-feu a été définitivement rompu avec la mort, lundi 7 juillet, de sept combattants du Hamas, tués selon le mouvement dans un raid israélien. Mettant en application leur promesse de vengeance, les brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont inondé le sud d’Israël d’une pluie de roquettes. L’image de milliers d’Israéliens aux abris a décidé le premier ministre Benyamin Nétanyahou à lancer l’opération « Bordure protectrice». Une «opération graduelle et sans limite de temps » destinée à rétablir le calme, en visant les infrastructures militaires et les responsables du Hamas et des autres groupes de l’enclave palestinienne. En même temps, il agitait la menace d’une offensive terrestre en mobilisant plus de 40 000 réservistes. Pour M. Nétanyahou, tout autant que pour l’état-major, une offensive au sol est le pire des scénarios. Depuis le 30 juin, il a fait front contre les faucons de son gouvernement, les ministres Avigdor Lieberman et Naftali Bennett, qui réclament une opération de grande envergure pour éradiquer le Hamas. « Réoccuper l’enclave » Outre le coût d’une telle opération, estimé à 3,2 millions d’euros par l’Institut israélien d’études sur la sécurité nationale (INSS), elle soumettrait la population israélienne à une pluie de roquettes pendant des semaines, voire des mois. Stratégiquement, briser le Hamas n’est pas plus souhaitable pour Israël. Cela laisserait le champ libre à des mouvements plus radicaux ou même à des cellules djihadistes naissantes dans la bande de Gaza. Huit ans après le désengagement, Israël n’aurait alors d’autre choix que de réoccuper l’enclave palestinienne. « M. Nétanyahou ne veut pas cela, personne ne le veut en Israël », assure Shlomo Brom, chercheur à l’INSS. En lançant l’opération, M.Nétanyahou misait sur son effet dissuasif pour obtenir « le calme pour le calme». La même stratégie avait été appliquée pendant l’opération « Pilier de défense », où plus de 75 000 réservistes avaient été rappelés pour une opération aérienne de huit jours. Cette fois, chaque camp joue la surenchère, pour imposer ses conditions ou en réponse à des pressions internes. Outre les pressions politiques, M.Nétanyahou doit gérer une opinion qu’il a contribué à chauffer à blanc après l’enlèvement des jeunes Israéliens. «En gérant l’opération comme un kidnapping, alors que l’armée savait dès le début qu’ils étaient morts, il s’est mis Hélène Sallon 0123 international & europe Jeudi 10 juillet 2014 3 Amnesty dénonce le «coût humain» de la politique migratoire de l’UE En quinze ans, quelque 23000personnes seraient mortes en tentant de gagner l’Europe Bruxelles Bureau européen D epuis 2000, au moins 23 000 personnes ont perdu la vie en tentant de gagner l’Europe. Ce nombre devrait croître compte tenu de la détermination des Etats de l’Union à fermer leurs frontières, selon une enquête publiée mercredi 9 juillet par Amnesty International et intitulée « Le coût humain de la forteresse Europe ». L’Italiene veut plus financerseule lesopérations desurveillance et de sauvetage,quicoûtent 9millions parmois L’organisation juge « au moins discutable » l’efficacité des mesures prises, au fil des années, pour décourager les immigrants illégaux et les candidats-réfugiés, maisestime « incalculable » le coût humain payé par « des populations parmi les plus vulnérables ». Amnesty souligne que, en l’espace de six ans, l’UE a dépensé 2 milliards d’euros pour la surveillance de ses frontières et 700 millions seulement pour améliorer la situation des demandeurs d’asile et des réfugiés. Amnesty déplore aussi que, au mépris de toute règle, des Etats comme la Grèce, la Bulgarie ou l’Espagne refoulent des migrants sans même examiner leur demande d’asile. L’étude est présentée alors que l’Europe se prépare sans doute à affronterdenouvelles vagues d’immigration. Depuis le lancement de l’opération « Mare Nostrum », en octobre 2013, à la suite du drame de Lampedusa– 400 naufragés –,l’Italie a vu 73 700 migrants franchir ses frontières. Les conflits en Syrie et en Irak, l’afflux de réfugiés en Jordanie ou en Liban, l’instabilité au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, voire en Ukraine (dont 2 000 ressortissants ont demandé l’asile au cours des dernièressemaines):un « arc d’instabilité » s’est mis en place aux confins de l’Union. Quelque 80 % des immigrants qui entrent sur sonterritoire lefont parvoie terrestre. Mais ceux qui fuient la guerre et la violence transitent par l’Egypte et, surtout, la Libye. A Tripoli, les autorités affirment que 3 millions d’illégaux sont actuellement dans le pays, venant d’autres régions d’Afrique. La Libye n’a mis en place aucun système d’asile et n’a pas signé la Convention de l’ONU relative au statut des réfugiés. Or, c’est de ses côtes que partent 96 % de ceux qui arrivent en Italie, selon le présidentdu conseilitalien, MatteoRenzi. Président en exercice du Conseil européen, il compte faire de la politique migratoire une priorité. Son gouvernement, dépassé par l’ampleurdes arrivées de migrants, dit vouloir « aider » les autorités libyennes, avec l’appui de l’ONU. Un réfugié syrien à Athènes, en février 2013. Ancien officier de police, passé du côté des rebelles anti-Assad, il a été emprisonné trois mois dans une cellule avec cinquante autres détenus, dans un camp grec proche de la frontière avec la Turquie. JOHN KOLESIDIS/REUTERS Et, selon Rome, l’opération de surveillance et de sauvetage « Mare Nostrum », qui coûte 9 millions d’euros par mois, ne peut plus être financée exclusivement par l’Italie. M. Renzi voudrait passer le flambeau à Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Pourtant, le budget de Frontex a été réduit de 5 % en 2013 (passant à 89 millions d’euros pour 2014), alors que, partout, on clame la nécessité de renforcer son rôle. Quant à l’action « sur le terrain », en Libye, c’est une antienne. A en croire l’Italie, c’est désormais le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies qui voudrait la piloter. Le gouvernement Renzi dément vouloir se défaire du fardeau mais s’estime, trop seul, voire abandonné par ses partenaires. Le projet d’une aide à Tripoli se heurte à deux obstacles majeurs : le chaos qui règne en Libye et le manque d’engagement de nombreux Etats européens. Certaines capitales ne cachent pas leur réticence à financer « Mare Nostrum » ou une autre opération qui auraient, d’après eux, un « rôle incitatif » : sachant que les migrants vont être récupérés, les passeurs multiplient à souhait les départs, mettant en danger de nombreuses vies. Amnesty International s’en prend au principe même d’une « police des frontières européen- nes » exercée par la Libye et payée par l’Union, sans préoccupation pour les droits de l’homme, alors que, dans ce pays et d’autres qui joueraient le même rôle, les étrangers sont fréquemment privés de statut, exploités, brutalisés. Malgré l’insistance italienne, les Vingt-Huit étalent toujours leurs divisions. Une réunion informelle des ministres de l’intérieur, à Milan, mardi 8 juillet, a confirmé que les pays du Sud reprochent toujours à ceux du Nord de ne pas faire suffisamment d’efforts pour accueillir des migrants. Et ils sont accusés, en retour, de ne pas surveiller leurs frontières. Récemment, le Conseil européen a affirmé que la politique migratoire devait être l’un des cinq axes majeurs de l’action de l’UE. Et Jean-Claude Juncker, le président désigné de la Commission, a évoqué l’idée d’un commissaire s’occupant à temps plein de ce dossier.S’il était nommé,il devrait s’attaquer prioritairement au manque de solidarité entre les pays. p Jean-Pierre Stroobants Edirne Istanbul Mur de 10,5 km GRÈCE Mer Egée Athènes TURQUIE Samos Didim Mer de Crète 100 km «Mais on les traite comme des criminels à la frontière grecque, afin de les décourager d’entrer. Un travail de contrôle des frontières est opéré par les pays du sud de l’Europe – les pays de transit –, mais est encouragé et financé par les pays du Nord, souvent destination finale de ces migrants », explique M.Dubost. « Cellules de commissariat » Selon un rapport d’Amnesty International paru mercredi 9juillet, entre 2007 et 2013, l’Union européenne a attribué un peu plus de 207 millions d’euros à la Grèce pour renforcer son contrôle aux frontières et augmenter ses capacités de détention par l’intermédiaire du Fonds européen pour les frontières extérieures. Une dizaine de centres de rétention ont ainsi été construits à travers le pays, pour une capacité d’accueil d’environ 6 000 personnes. La Cour européenne des droits de l’homme a dénoncé à plusieurs reprises les conditions catastrophiques dans ces centres, jugés «inhumains et dégradants ». Selon un rapport de Médecins sans frontières datant du 1er avril, faute de place, « les autorités ont également recours à l’enfermement des migrants dans les cellules des commissariats où les conditions sont encore plus mauvaises ». Depuis 2006, dans le cadre de l’agence européenne de coordination aux frontières Frontex, près de 20 pays collaborent à la surveillance des frontières grecques, soit terrestres avec le programme « Poseidon Land », soit maritimes (« Poseidon Sea »). En août 2012, le gouvernement grec a lancé l’opération « Aspida » (« bouclier »), financée, selon Amnesty International, à hauteur de 6 millions d’euros par le Fonds européen des frontières extérieures. 1800 policiers supplémentaires ont été déployés le long des frontières terrestres avec la Turquie et un mur de 10,5km, muni de 25 caméras, a été érigé le long du fleuve Evros, dans le nordest du pays. Pour les autorités grecques, l’opération porte ses fruits puisque, selon les données de la police nationale, le nombre de clandestins arrêtés par la police est passé de 76 878 en 2012 à 43 002 en 2013, soit une baisse de 44 %. « En réalité, les migrants se sont déportés vers des routes plus dangereuses et notamment vers les îles de la mer Egée et la Bulgarie. Entre août 2012 et mars 2014, au minimum 188 personnes ont disparu en mer Egée », soutient Jean-François Dubost. C’est cette route, entre le port turc de Didim et l’île grecque de Samos, que Lamna Dayoub a finalement empruntée en juin pour entrer en Grèce. Son objectif aujourd’hui, rejoindre le Royaume-Uni pour y demander l’asile politique. p Adéa Guillot - photo : © Karine Lhemon C’est une très jeune femme, 20 ans à peine, à la silhouette gracile, presque fragile, mais au regard droit et déterminé. Assise sur des tapis multicolores avec une dizaine d’autres Syriennes dans un appartement communautaire d’Athènes, Lamma Dayoub raconte son épopée pour arriver jusqu’en Grèce. Sa traversée de la Turquie, son arrivée à Istanbul et puis son transfert en minivan jusqu’au petit village d’Edirne, à l’ouest du pays, face à la Grèce. «Le passeur turc nous a fait monter sur de petits bateaux gonflables et nous avons traversé de nuit le fleuve Evros, mais les policiers grecs nous ont renvoyés vers la Turquie, alors qu’on leur a bien dit qu’on était syriens et qu’on demandait l’asile politique. » Le refoulement de clandestins est une pratique illégale aux termes du droit européen et des conventions internationales sur le droit des réfugiés. «Les autorités grecques ont beau nous dire qu’il s’agit d’événements isolés, nos différentes enquêtes dans le pays prouvent qu’il s’agit d’une politique délibérée et systématique de la part d’Athènes», affirme Jean-François Dubost, responsable du programme réfugiés et migrants d’Amnesty International France. La Grèce est devenue ces dernières années l’une des principales portes d’entrée de migrants en Europe. En provenance de pays en guerre ou instables politiquement – Syrie, Afghanistan, Ethiopie ou Afrique du Nord –, nombre de ces migrants sont a priori des candidats naturels à l’asile politique. RÉP. DE BULGARIE MACÉDOINE Ev r o Athènes Correspondance s La Grèce verrouille sa frontière et refoule les candidats à l’asile politique Parce qu’elle est une femme, Isabelle n’a pas les mêmes chances que Pierre, car elle sera prise en charge beaucoup plus tard au moment de son infarctus. Pour que les femmes ne soient plus les grandes oubliées de la prise en charge des maladies cardiovasculaires, la Fédération Française de Cardiologie et 23 organisations après 4 ans d’États Généraux dans toute la France, demandent la mise en place d’un Plan Cœur et remettront le Livre Blanc au Gouvernement le 17 octobre prochain. Vous aussi soutenez ce combat en signant comme déjà 130 000 Français, la pétition : www.fedecardio.org 4 0123 international & europe Jeudi 10 juillet 2014 Le papeFrançois imposeun rythme accéléréde réformes Le souverain pontife veut changer en profondeur le Vatican et faire évoluer l’image de l’Eglise Rome Correspondant O n le dit fatigué au point d’avoir dû annuler, il y a quelques jours, une visite auprès des malades de l’hôpital Gemelli de Rome. « Il va très bien », assure le service de presse du Vatican. Levé dès 4 h 30 dans la résidence Sainte-Marthe où il a préféré s’installer dans 70 m2, négligeant les vastes appartements pontificaux, le pape François veut tout contrôler. Dédaignant le piano, les promenades et les études théologiques chers à son prédécesseur Benoît XVI, il se consacre entièrement à sa mission de réformer l’Eglise. Coursecontre la montre ? Stratégiepourprendredevitesselesrésistances d’une partie de la curie et de certains évêques qui dénoncent anonymement sur Internet « la démagogie», «la confusion», voire « le populisme » du successeur de saint Pierre ? « C’est beaucoup plus simple, explique Marco Politi, vaticaniste du journal Il Fatto quotidiano.Ilamisenplacediversescommissions,leuradonnéuncalendrierprécis, et maintenant il recueille les fruits de sa méthode. » Dernier exemple : le remplacement de l’industriel allemand Ernst von Freyberg, placé à la tête de l’Institut des œuvres de religion (IOR) par Benoît XVI peu avant sa démission en 2013, qui doit céder la main au Français Jean-Baptiste de Franssu, mercredi 9 juillet. Une commission, dont le mandat arrive à terme, devait réformer en profondeur l’Institut, plus connu sous le nom de « banque du Vatican ». Une autre a déjà disparu : celle chargée de la réforme des structures financières du plus petit Etat du monde, qui a rendu ses conclusions. Un secrétariat à l’économie est en cours de création. Son objet ? Remettre en ordre tout ce qui touche aux finances, de la rétribution des employés aux appels d’offres. Parallèlement, l’Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA), qui gère les immenses biens immobiliers du Vatican, est appelée à devenir une sorte de banque centrale. Toujours côté coulisses, le « C8 », le conseil des huit cardinaux à qui le pape a confié le soin de l’aider à réformer la curie, a été élargi à Pietro Parolin, le numéro deux du Vatican,finconnaisseurdesesarcanes. Une manière de mieux contrôler le rythme des travaux de cette commission. Chargé de se prononcer sur les grandes structures que constituent le gouvernorat de la Le pape François dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome, le 19 juin. GREGORIO BORGIA/AP cité du Vatican (administration centrale), la secrétairerie d’Etat (gouvernement) et la banque, ce conseil planche également sur le rôle des couples mariés, des femmes et des laïcs dans les deux conseils pontificaux consacrés justement aux laïcs et à la famille. Côté cour, le pape exerce un ministère de la parole aux retombées médiatiques toujours plus retentissantes. Pour exemple, la réception, lundi, de six victimes d’actes de pédophilie représentant les dizaines de milliers d’enfants et d’adolescents abusés par des ecclésiastiquesdurantlescinquantedernières années. Le pape a passé trente minutes avec chacune d’entre elles.Emu,iladéclarélorsdelamesse que le clergé devra désormais « rendre des comptes ». La douleur des victimes et les suicides « pèsent sur la conscience de l’Eglise ». Allusionclaireausilencedecertainsévêques, il a demandé « pardon pour l’omission de dirigeants qui n’ont pasrépondu de manièreadéquate à des rapports sur des abus sexuels». Dénonçant « cette complicité Un Français à la tête de la «banque du Vatican» Profil On ne lui a laissé que trois minutes pour se décider de faire partie de la commission de réforme des structures économiques du Vatican au mois d’août 2013. Cornaqué, selon le quotidien La Croix, par Mgr Lucio Vallejo Balda, le numéro deux de la préfecture pour les affaires économiques, qui a repéré ce financier « souriant, au regard perçant, courtois et diplomate», Jean-Baptiste Douville de Franssu devait être projeté, mercredi 9 juillet, à la tête de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR). Après le banquier Ettore Gotti Tedeschi (Santander Italie), poussé à la démission, et l’industriel Ernst von Freyberg, nommé en 2013 par BenoîtXVI, le Français devient le troisième patron en cinq ans de la « banque du Vatican ». A la tête de la société de conseil en fusions-acquisitions Incipit, basée à Bruxelles, M. Douville de Franssu a multiplié bénévolement les allers-retours à Rome depuis l’été 2013. Diplômé de Sup de Co-Reims, ancien directeur de la Caisse des dépôts ou de la filiale européenne de la société américaine d’investissement Invesco, le financier de 51 ans se voit, selon le quotidien catholique, à la tête de la « banque commerciale du Vatican » au service d’un « grand chef SOMALIE Vasteassautdes chababcontre lepalaisprésidentiel à Mogadiscio MOGADISCIO. Des combattants islamistes chabab ont mené, mardi 8 juillet au soir, un vaste assaut contre le palais présidentiel à Mogadiscio, l’un des sites les plus protégés de la capitale somalienne, avant de se faire exploser. Le président Hassan Cheikh Mohamoud et le premier ministre Abdiweli Cheikh Ahmed, à la tête des institutions de transition soutenues par la communauté internationale, ne se trouvaient pas sur place au moment de l’attaque et sont « tous les deux en sécurité », selon des sources officielles. « Il y avait au moins neuf assaillants, tous ont été tués et la situation est sous contrôle », a déclaré un responsable. p – (AFP.) Corée du Nord Pyongyang tire deux nouveaux missiles en mer du Japon SÉOUL. Selon un porte-parole de l’état-major sud-coréen, la Corée du Nord a tiré, mercredi 9 juillet, deux missiles de courte portée en mer du Japon depuis sa province de Hwanghae (est). Pyongyang avait menacé la semaine dernière de poursuivre ses tests avec des missiles guidés, défiant l’Occident qui l’avait appelé à ralentir son programme d’armement. Le Nord avait déjà tiré le 2 juillet deux missiles de courte portée à la veille de la visite en Corée du Sud du président chinois Xi Jinping, qui avait accordé la priorité à Séoul pour son voyage dans la péninsule. – (AFP.) Malaisie Un homme condamné à mort pour le meurtre d’une jeune Française KUANTAN. Un Malaisien de 39 ans a été condamné à mort, mercredi 9 juillet, après avoir été déclaré coupable par la justice du meurtre d’une jeune touriste française, Stéphanie Foray, 30 ans, en mai 2011, sur Tioman, une île touristique sur la côte orientale malaisienne. Le cadavre de la jeune femme avait été retrouvé trois mois après sa disparition, enfoui sous le sol d’une grotte. La police avait rapidement interpellé un commerçant de l’île qui aurait tué la Française pour avoir refusé ses avances. – (AFP.) d’entreprise, présent, très direct et d’une grande exactitude » qui n’est autre que le pape François. Mais l’IOR, qui fut mêlée à de nombreux scandales politicofinanciers, illustre aujourdh’ui les efforts du Vatican pour respecter les recommandations du Conseil de l’Europe sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (Moneyval). Mardi, la banque a publié ses comptes. Sans surprise, l’IOR a vu son bénéfice s’effondrer en 2013, passant de 86,6 millions d’euros à 2,9 millions. « La réforme», explique-t-on au Vatican. La fermeture de 3 000 comptes douteux ou dormants, le blocage de 1 300 autres, la décision de concentrer les activités de l’IOR « sur les institutions catholiques, les membres du clergé, les employés ou anciens employés du Vatican (…), les ambassades et diplomates accrédités auprès du Saint-Siège », ont eu un coût. Mais tout va mieux. L’IOR, créé en 1942 et riche de 6,3 milliards d’euros d’actifs, affiche déjà, pour les six premiers mois de 2014, un bénéfice de 57,4 millions. Tellement mieux qu’il est temps pour le pape François de procéder à l’arrivée « d’une nouvelle équipe dirigeante, travaillant sous une nouvelle structure de gouvernance ». p Ph. R. inexplicable », il a poursuivi : «Il n’y a pas de place dans l’Eglise pour ceux qui commettent ces abus, et je m’engage à ne pas tolérer que du malsoitfaitàunmineurparunindividu, qu’il soit religieux ou autre. » Le pape, qui poursuit et accentue dans ce domaine une évolution initiée par son prédécesseur, a constitué en mars une commission pour la protection de l’enfance, composée pour moitié de femmeset d’hommes, delaïcs etde religieux, dont une ancienne victime irlandaise. Mais, pour certaines associations de lutte contre la pédophilie, ce discours n’est qu’un «nouvel exercice de relations publiques ». Elles continuent de reprocher au Vatican le secret des enquêtes canoniques et le manque de collaboration de l’Eglise avec les autorités civiles. Pourtant, loin des discours et des bonnes intentions, François a rappelé à Rome le nonce apostolique polonais Josef Wesolowski, en poste depuis près de six ans en République dominicaine. Accusé de pédophilie, il a été réduit à l’état laïc au mois de juin, ouvrant la voie à la possibilité d’un autre procès, pénal cette fois, à Saint-Domingue ou en Pologne. Plus symbolique mais tout aussi disruptif, son déplacement il y a quelques semaines en Calabre, où il s’en est pris aux membres des clans mafieux, allant de fait beau- coup plus loin, en paroles du moins, que ses prédécesseurs qui se bornaient au rappel rituel du commandement « Tu ne tueras point ». « Ceux qui, dans leur vie, ont choisi cette voie du mal, comme les mafieux, ne sont pas en communion avec Dieu, ils sont excommuniés, a tonné le pape le 21 juin. Ce mal doit être combattu. » Lenonce apostolique polonaisJozef Wesolowski,accusé de pédophilie,a étéréduit àl’état laïc en juin Engagé sur le double front des réformes internes et du changement de l’image extérieure de l’Eglise, le pape tiendra-t-il le rythme ? Passera-t-il l’obstacle de la résistance des uns et de la mauvaise volonté des autres ? « Sa démarche est très participative, explique M. Politi. Il sait qu’on ne peut pas changer l’Eglise en créant le “parti du pape”, qu’il faut la participation de tous. Il doit relancer le style de Vatican II : un maximum de liberté d’expression pour construire le consensus. » Malgré ses 77 ans et ses « coups de pompe », François a letemps pour lui. Cet été, il neprendra pas un jour de vacances. p Philippe Ridet Pêche en eau profonde: la France accusée d’avoir menti Selon des ONG, l’Etat a ignoré les données dont il disposait sur les dégâts de cette pratique L a France a-t-elle ignoré délibérément ses propres données scientifiques pour s’opposer au projet européen d’interdiction de la pêche en eau profonde ? Huit organisations non gouvernementales posent la question dans un communiqué rendu public mardi 8 juillet, en s’appuyant sur deux rapports inédits de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Selon les ONG – dont Bloom, Greenpeace, le WWF ou encore la Fondation GoodPlanet –, les données de l’Ifremer sur la pêche profonde montrent que les dégâts environnementaux du chalutage profond sont aussi considérables que le nombre d’emplois dépendant de cette activité est faible. Les tonnages débarqués par la pêche en eau profonde représentent à peine 1 % de la pêche française. « En 2012, seuls 12 chalutiers français fréquentaient des profondeurs de plus de 600 m plus de 10 % de leur temps. Et seulement 10 navires ont opéré à plus de 800 m plus de 10 % de leur temps », avancent les ONG. « Le nombre de navires ayant une activité au chalutage de fond en eau profonde est faible », conclut ainsi le rapport de l’Ifremer, cité par les ONG. Celles-ci font valoir que la position officielle française, portée à Bruxelles par le secrétaire d’Etat chargé des transports, de la mer et de la pêche, Frédéric Cuvillier, est enopposition avecles donnéesproduitesparl’Ifremer. «Une éventuelle interdiction de certains engins de pêche,sans discernement, auraitde trèslourdes conséquencessocio-économiques et ne serait pas acceptable », avait-il ainsi expliqué à la commissaire européenne à la pêche, Maria Damanaki, lors du Conseil européen du 17 juillet 2012 consacré au projet d’interdiction de la pêche profonde. M. Cuvillier n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde. « Nous réclamions ces données depuis le Grenelle de la mer, en 2009, tempête Claire Nouvian,présidente de l’association Bloom. Ce sont pourtant des données publiques, produites par un établissement public, grâce à de l’argent public ! » De son côté, l’Ifremer précise que ses données scientifiques sont toujours accessibles, mais que « les avis et les rapports rendus à la demande des pouvoirs publics n’appartiennent pas à l’Ifremer, qui ne peut décider seul de les publier ». Isabelle Laudon, coordinatrice des politiques publiques au WWF, confiequeles associationsontsaisi, en avril, la Commission d’accès aux documents administratifs pour obtenir l’accès aux deux rapports. « Maintenant que nous les avons, nous comprenons pourquoi il était si difficile d’y avoir accès », ajoute-t-elle. C’est finalement sur décision de Ségolène Royal, la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, et ministre de tutelle de Frédéric Cuvillier, que l’Ifremer les a publiés le 2 juillet. « Conflit d’intérêts » Ces rapports précisent également les données de capture des bateaux et, partant, certains des dégâts environnementaux liés au chalutage profond. Ces dégâts sont globalement bien documentés dans la littérature scientifique internationale mais, dit Claire Nouvian, « les chiffres de l’Ifremer ont estomaqué ». « En 2012, treize espèces de requins profonds ont représenté environ 6 % des captures réalisées par des chalutiers fran- çais spécialisés dans la pêche profonde et ont été rejetées mortes à la mer, indique-t-elle. Or 11 de ces 13 espèces sont menacées d’extinction, selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature. » Dans une lettre ouverte à Ségolène Royal, les associations demandent que la France revoie sa position sur la pêche profonde pour le prochain Conseil européen, prévu le 15 juillet. D’autant que, depuis le début de l’année, l’enjeu économiquereprésentépar lapêche profonde a encore perdu en importance. « Après la décision de Carrefour de retirer les produits de la pêche profondedeses étals,Intermarché a annoncé que sa flotte [Scapêche] ne pêcherait plus au-delà de 800 m, ce qui n’aura pas d’impact en termes d’emplois, explique Philippe Germa, directeur général du WWF. Il ne reste aujourd’hui guère qu’un bateau directement concerné par une interdiction de pêcher au-delà de cette limite et son port d’attache est Boulogne-sur-Mer,ville dontFrédéric Cuvillier est élu. On est là dans une situation qui s’apparente à un conflit d’intérêts. » p Stéphane Foucart 0123 international & planète Jeudi 10 juillet 2014 Les espèces protégées, proies des nouveaux riches dans les pays émergents 5 Entre «l’homme du peuple» et un ancien général, l’Indonésie choisit son avenir Joko Widodo revendique sa victoire à l’élection présidentielle, après les premières estimations La Chine est le plus gros marché des trafics qui menacent éléphants, rhinocéros et grands félins S ombre tableau pour les éléphants, les rhinocéros, les tigres, les léopards et les grandssinges.Des animauxemblématiques dont le sort et la survie sont au cœur de la 65e session du comité permanent de la Convention sur le commerce international des espèces de faune etde flore sauvages menacées d’extinction (Cites), réunie du 7 au 11 juillet à Genève. Les travaux de plus de 400participants, venus de 72 pays, se sont ouverts sur un constat très alarmant : « Les années récentes ont connuunpicsurl’échellede lacriminalité liée aux espèces sauvages.» Certes, rappelle un rapport sur «la lutte contre la fraude » présenté mercredi matin, « cela fait des décennies que nous sommes confrontés au commerce illégal des espèces sauvages ». Mais on assiste à une « flambée dans l’échelle de ce commerce » qui s’explique, pour partie, par «la participation accrue de groupes criminels organisés et parfois de milices rebelles ». Conséquence : « Dans le monde entier, à mesure qu’elles intensifient leur lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages,les autoritéschargées de la lutte contre la fraude font face à des situations de plus en plus difficiles et complexes.» Cette criminalité a aujourd’hui de nouveaux ressorts. « Nous assistons à un changement inquiétant de la demande pour certaines espèces : l’affichage d’une nouvelle richesseplutôt que l’usage enmédecine traditionnelle », constate John Scanlon, secrétaire général de la Cites. Les proies ne sont plus seulement recherchées pour leurs prétendues vertus thérapeutiques ou aphrodisiaques, comme la poudre de corne de rhinocéros, mais surtout comme produits de luxe et signes extérieurs d’opulence. C’est le cas pour la peau ou les griffes de tigre, mais aussi pour sa viande, ou encore pour le « vin de tigre», une décoction d’alcool de riz où a macéré une carcasse du félin censée soigner les rhumatismes et qui est devenue en Chine un breuvage de nouveaux riches. C’est aussilecaspourlepangolin,mammifère d’Asie et d’Afrique dont la peau et les écailles sont prisées par l’industrie de la mode, tandis que la chair, dont les jeunes mères chinoises continuent à croire qu’elle stimule la production de lait, est aussi considéréecomme unmets raffiné. « La Chine est montrée du doigt, car, hausse du pouvoir d’achat aidant, elle constitue le plus gros marché de ce commerce illégal. Mais le phénomène est mondial », note la Cites. De fait, le guépard fait fureur, comme animal de compagnie et de prestige, dans les pays du Golfe, principale destination des spécimens capturés ou élevés en captivité en Afrique. Et l’Europe n’est pas en reste pour les peaux de python – dont le commerce n’est pas interdit mais seulement contrôlé –, qui finissent en bottes, ceintures et autres sacs à main. 180 pays, 33 000 espèces Cites La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (Cites) menacées d’extinction a été adoptée en 1973. Elle a été ratifiée par 180 pays. Faune et flore La Cites a décidé de la protection, à des degrés divers, de 5 000 espèces animales et 28 000 espèces végétales. Pour la majorité, le commerce est autorisé mais étroitement contrôlé. Protection maximale Un peu plus de 900 espèces menacées de disparition imminente bénéficient de l’interdiction totale de commerce international. Dans tous les cas, le profit reste biensûrlenerfd’untrafictrèslucratif, chiffré, hors commerce du bois et des produits de la mer, à 20 milliards de dollars (près de 15 milliards d’euros) par an. Début juillet, l’ONG Save the Elephants, dont le siège est au Kenya, a ainsi rapporté que le prix de l’ivoire provenant d’abattages en Afrique a triplé sur le marché chinois entre 2010 et 2014, pour atteindre plus de 2 000 dollars le kilo. Le déclin des éléphants d’Afrique, dont l’effectif a chuté de 20 millions d’individus au début du XXe siècle à seulement un demi-million, est précisément au centre des préoccupations de la réunion de Genève. En 2013, surl’ensemble du continent, plus de 20 000 pachydermes ont été abattus pour leur ivoire. Bien que ce chiffre soit en recul par rapport au record de l’année 2011 (environ 25 000 animaux tués), « les niveaux de braconnage continuent à dépasser largement le taux de croissance naturelle de l’espèce, ce qui entraîne une nouvelle baisse des populations d’éléphants dans toute l’Afrique ». Dans certaines régions existe « une menace immédiate d’extinction locale ». Les raisons de ce massacre sont connues : pauvreté, déficit de gouvernance de certains Etats, corruption, pression de la demande. Huit pays ont été ciblés par la Cites comme les plus impliqués dans la chaîne du commerce illégal de l’ivoire : l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya (pays d’origine), la Malaisie, le VietnametlesPhilippines(paysdetransit), la Chine et la Thaïlande (pays de consommation). Dans les pays du Golfe, c’est le guépard qui fait fureur comme animal de compagnie et de prestige Aucune sanction n’a jusqu’ici été prise à leur encontre, mais chacund’entreeuxaétésommédeprésenter, lors de la réunion de Genève, un « plan d’action national pour l’ivoire », portant à la fois sur la législation, l’action contre la fraude au niveau national et international, l’information et l’éducation. « Plus de 65 % des actions [engagées par les huit pays] sont soit substantiellement réalisées, soit en bonne voie de réalisation », a indiqué, mardi, le secrétariat général de la Cites. Ce qui a permis « une nette augmentation du nombre de saisiesimportantes d’ivoire (cargaisons de plus de 500 kg) réalisées en Afrique en 2013 ». Pour autant, les résultats de cette simple mise sous surveillance des Etats fautifs restent mitigés. Ainsi, la mise en œuvre de la majorité des actions annoncées par la Thaïlande ou les Philippines est jugée « difficile », « peu claire » ou « imprécise ». Il en va de même pour la moitié de celles prévues par l’Ouganda. Que faire? La réunion deGenève n’a pas le pouvoir décisionnel des grandes conférences des parties de la Cites, dont la prochaine se tiendra en octobre 2016 en Afrique du Sud. Seule cette conférence plénière est habilitée à inclure de nouvelles espèces dans la liste des animaux et des végétaux protégés. La session de Genève pourrait néanmoins adresser un avertissement à des pays jugés trop laxistes, voire préconiser des sanctions. Mais force est de constater que, malgré la mise en place, depuis 2010, d’un Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, auquel participe Interpol, ce combat a, jusqu’ici, globalement échoué. p Pierre Le Hir Des Indonésiens votent sur l’île de Bali, mercredi 9 juillet. FIRDIA LISNAWATI/AP Djakarta Envoyé spécial L ’élection présidentielle du mercredi 9 juillet pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire d’une démocratie indonésienne de seulement quinze ans d’âge. L’affrontement des deux candidats en lice, que tout sépare, est en effet considéré par bien des votants comme le choix crucial entre deux options : soit la préservation desacquis démocratiques conquis après la chute du dictateur Suharto en 1998, soit leur possible remise en question. Sur le ring électoral s’affrontent deux hommes à l’histoire contrastée: d’uncôté legouverneur de Djakarta et favori des sondages Joko Widodo, alias « Jokowi » comme tout le monde le surnomme, qui revendique déjà la victoire au vu des premières estimations, qui le créditent de 53 % des voix. Agé de 53 ans et originaire de Solo, une ville du centre de Java dont il a été le maire, il y est né dans une baraque enbambou.Son entreprisedefabrique de meubles lui a ensuite permis d’accéder à la classe moyenne, mais il reste fondamentalement un homme du peuple. La façon dont il a su gérer sa ville natale et Djakarta depuis son élection au poste de gouverneur lui a valu une formidable popularité, surtout chez les plus démunis. Iln’est pasrare de voir ce fande rock’n’roll débarquer à l’improviste dans des bidonvilles ou des quartiers excentrés, pour écouter les doléances. Tout cela lui a valu la réputation d’un homme politique proche des gens. Un contraste saisissant avec les comportements habituels sous ces latitudes. En face de lui, son adversaire se nomme Prabowo Subianto. A 62 ans, cet ancien général des forces spéciales est marqué par l’héritage de l’ère Suharto, l’ancien « Duce » indonésien, dont il fut longtemps marié avec la fille. Né dans une famille javanaise aisée et aristocratique,son frère est milliardaire et il a passé une partie de sa jeunesse en Suisse, à Singapour et au Royaume-Uni. Son anglais est impeccable, ce qui n’est pas le cas de sa réputation en matière de droits de l’homme : en 1998, alors que s’écroule le régime de son ancien mentor Suharto, à la suite d’une série de manifestations durement réprimées, il fait enlever plusieurs militants prodémocratie. Ceux-ci ont été torturés, jetés dans des cachots de casernes du Kopassus, les forces spéciales. Sur 22 disparus, l’ex-général ne nie pas avoir fait enlever neuf militants, qui ont réchappé aux mauvais traitements, mais il n’évoque jamais les treize autres, qui n’ont pas été retrouvés. «Prabowo est un criminel», tonne Bambang Dwihardono, ex-maire de la grande ville de Surabaya et membre du Parti démocrate indonésien de lutte (PDI-P), qui a investi Jokowi comme candidat à la présidentielle: « Imaginez ce qu’il pourrait faire s’il devenait président ! » « C’était un officier assez incompétent, dont les liens familiaux avec Suharto lui ont permis de monter en grade », juge l’un de ses anciens condisciples de haut niveau dans l’armée, qui préfère rester anonyme : « Il n’a absolument pas les qualités pour devenir chef de l’Etat ». Une opinion que ne partage pas Suko Widodo, professeurde politique dela communication dans une université de Surabaya : « Si Prabowo gagne, nous aurons un gouvernement discipliné, efficace. La réputation de Jokowi est très exagérée. » La lourdeur de la bureaucratie et la corruption continuent à freiner la marche indonésienne La campagne électorale a été aussi contrastée que la personnalité des deux candidats : Jokowi est un piètre orateur, l’organisation de ses déplacements dans le pays a été des plus chaotiques et ses prestations lors des cinq débats télévisés qui l’ont confronté à Prabowo ont souvent manqué de pugnacité. Même si sa réputation de bon administrateur n’est plus à faire, ses connaissances en matière de politique internationale et sa capacité à conduire les affaires d’un pays qui ne se gère pas comme une municipalité restent à prouver. Prabowo Subianto, pour sa part, a su se présenter comme l’incarnation d’un chef ayant la carrure nécessaire à assurer la stabilité du pays. Les moyens utilisés par l’ancien officier ont été clairement disproportionnés en comparaison de ceux de Jokowi. Dans les campagnes, on dit que les sbires de Prabowo et de son Parti du mouve- ment de la grande Indonésie (Gerindra) auraient généreusement distribué des subsides. L’Indonésie est un défi pour ses gouvernants : comment gérer une nation de 240 millions d’habitants, un archipel de 13 466 îles où coexistent 360 groupes ethniques aux 719 langues répertoriées ? Et dont la population, à près de 90 % musulmane, fait de cette république la plus grande terre d’Islam du monde, mais cependant flanquée de minorités chrétiennes, bouddhistes, confucéennes… Les succès économiques de ces dernières années sont indéniables, même si la piètre qualité des infrastructures, la lourdeur de la bureaucratieet la corruption continuent à freiner la marche indonésienne vers le succès. Mais l’évolution du niveau de vieestréelle:siunecentainede mil- lions d’Indonésiens continuent de vivre avec deux dollars par jour, ils n’étaient que 5 % de la population à pouvoir en dépenser quatre en 2003 alors qu’ils sont aujourd’hui 18 % à en avoir les moyens. Les deux candidats en lice font tous les deux assauts de défense du patriotisme économique et défendent l’idée d’un certain protectionnisme. Ce qui commence à inquiéter les investisseurs étrangers. Ces derniers font cependant plus confiance à Joko Widodo, perçu comme un réformiste dont la victoire symboliserait la fin d’un système : si Prabowo gagnait, révèle un sondage de la Deutsche Bank, 56 % des étrangers vendraient ce qu’ils avaient acquis en Indonésie alors que 74 % des entrepreneurs interrogés seraient prêts à investir si Jokowi l’emportait. p Bruno Philip Fauteuils & Canapés Club Haut de Gamme SOLD ES Fauteuil club Cambridge (85 x 90 x 73) 990 €* Cuir de mouton (basane) pleine fleur, ciré et patiné à la main, coloris au choix, fabrication artisanale. Canapé 3 places Chesterfield (210 x 90 x 73) 1 990 €* Collection Vintage 80, rue Claude-Bernard - 75005 PARIS Tél. : 01.45.35.08.69 www.decoractuel.com france 6 0123 Jeudi 10 juillet 2014 L’UMP échappe à la faillite, mais pas au risque d’implosion Grevé par une dette de 74,5millions d’euros, le parti va devoir s’imposer un plan de rigueur drastique jusqu’en 2017 L ros, dans les actifs de l’UMP. Un calcul visant à masquer l’ampleur des dettes abyssales du parti sous sa présidence. Ces pertes sont « en grande partie liées aux dépenses importantes réalisées en 2012 pendant la campagne présidentielle », a noté Alain Juppé, à l’issue du bureau politique. Le parti, en proie à de graves difficultés de trésorerie depuis plusieurs années, se trouve au bord du gouffre. Mais il a une chance de se redresser, contrairement à ce qu’affirmaient certains ténors, tel Christian Estrosi, qui le donnait déjà pour « mort ». Alain Juppé a affirmé que l’UMP pouvait survivre jusqu’en 2017 s’il se conformait à des « exigences fortes ». Il n’y a en revanche aucune certitude au-delà. Les banques ont en effet accepté de maintenir l’UMP sous perfusion durant les trois prochaines années, à condition qu’elle rembourse de manière croissante ses dettes : 5 millions d’euros en 2015, 11 millions l’année suivante et… 27,5 millions en 2017. L’effort est conséquent. Pour y parvenir, un plan de rigueur drastique s’impose. « La première des exigences, c’est de maintenir un niveau de recettes suffisant par les cotisations de nos membres et par les dons», a expliqué Alain Juppé, sou- ’UMP est enfin fixée sur sa santé financière. L’état de ses comptes a été dévoilé lors d’un bureau politique sous haute tension, mardi 8 juillet, en fin d’après-midi. Verdict ? Le parti reste menacé de mort mais il respire encore. Sa situation est alarmante : ses dettes s’élèvent actuellement à 74,5 millions d’euros. Elles étaient d’un montant de 79,1 millions d’euros à la fin de l’année 2013, selon les résultats de l’audit commandé par la direction provisoire, le trio Juppé-Fillon-Raffarin et le secrétaire général, Luc Chatel. Sur cette somme, 40 millions correspondent à des pertes accumulées les années passées et 39,1 millions au solde de l’emprunt contracté pour l’achat du siège parisien du parti, rue de Vaugirard. Le niveau d’endettement, proche de 80 millions d’euros, correspond au chiffre évoqué par François Fillon, le 29 juin, sur RTL. En revanche, il est très largement supérieur à celui de « 24,1 millions d’euros », avancé par Jean-François Copé, le 8 avril, pour se défendre face aux accusations dans l’affaire Bygmalion. L’ex-président de l’UMP, qui a démissionné le 27 mai, atoujours minimiséle niveaud’endettement en intégrant la valeur du siège, estimé à 38 millions d’eu- Le déficit record de 2012 RECETTES ET DÉPENSES, en millions d’euros 97,9 100 Dépenses 80 Recettes 60 40 Campagne présidentielle 20 Campagne présidentielle 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 SOURCE : CNCCFP étaient positifs, dès 2011, la hausse des dépenses a fait progresser la dette du parti. On peut aussi s’interroger sur la forte différence entre le déficit de 2012 et celui de 2007, autre année présidentielle, qui était quatre fois moindre. p L’UMP A AFFICHÉ en 2012 un exercice déficitaire de près de 40 millions d’euros. Ce record survient, il est vrai, après plusieurs années où l’équilibre comptable n’a pas semblé la première préoccupation de la direction du parti. Si les exercices 2008, 2009 et 2010 L’envolée des frais de meetings RÉPARTITION DES FRAIS, en millions d’euros 33,3 35 30 Communication et meetings 25 20 Campagne présidentielle 15 Campagne présidentielle Salaires 10 5 Frais de voyage Charges except. 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 SOURCE : CNCCFP LE PLUS IMPORTANT poste de dépense pour 2012 est celui de la communication (publicité, tracts, etc.) et des meetings : plus de 33 millions d’euros, le triple de l’année précédente et plus du quintuple du budget 2010 ! Avec plus de 22 millions d’euros, les seuls meetings représentent les deux tiers de ce poste. Là encore, le différentiel avec 2007 saute aux yeux : l’UMP avait alors dépensé 14 millions d’euros, dont 7 en meetings. Autre hausse marquée, celle des frais de déplacements : de 2,8 millions d’euros en 2010, ils ont grimpé à 9,7 en 2012, largement plus que pour 2007 (6,1 millions d’euros). Mais le parti n’a qu’à peine réduit ses coûts salariaux. p lignant que 143 000 adhérents étaient à jour de cotisation au 30 juin, soit « 85 % du nombre espéré en 2014 ». Luc Chatel exclut de recourir à un plan social, mais le parti doit aussi réduire de 20 % ses dépenses de fonctionnement, autrement dit,baisser sa masse salariale. François Fillon et Alain Juppé ont dans leur viseur des protégés de JeanFrançois Copé et de Nicolas Sarkozy, dont Geoffroy Didier, qui touche 8 500 euros brut du parti en tant que collaborateur de Brice Hortefeux. Lescopéistesetles sarkozystesdénoncent des«boulespuantes» etaccusentlecamp Fillond’êtrederrière ces«coupsbas» La nouvelle direction veut poursuivre l’effort après avoir déjà poussé vers la sortie l’ancien directeur général, Eric Cesari, la directrice financière, Fabienne Liadzé, et le directeur de la communication, Pierre Chassat. Le triumvirat entend réaliser des économies sur les salaires de dix cadres du parti touchant plus de 8 000 euros par mois. François Fillon a d’ailleurs obtenu qu’une analyse ait lieu en interne pour savoir si les postes des 85 permanents de l’UMP sont rémunérés à hauteur de leurs prestations. Enfin, cette cure d’austérité contraint le parti à réduire la voilure sur les dépenses dites «d’animation politique » d’ici à 2017 : le coût des meetings et des campagnes électorales ne devra pas excéder 19,2 millions d’euros pendant les trois prochaines années. Une gageure pour un parti qui entre dans une phase politique majeure avecle congrèsà l’automneet laprimaire en 2016 en vue de la présidentielle l’année suivante. En comparaison, l’UMP avait consacré 44 millions d’euros à cette même « animation » en 2006-2007. La direction provisoire a indiqué avoir mis de côté 9,1 millions d’euros pour les campagnes présidentielle et législative, dont 2 millions pour l’organisation de la primaire. Une manière de sécuriser la tenue de ce scrutin, que Nicolas Sarkozy souhaiterait contourner. Cette bataille de chiffres, sur fond de rivalité dans l’optique de 2017, donne lieu à des règlements de comptes internes. Le bureau politique s’est déroulé dans « une ambianceexécrable»,selondesparticipants. Un sujet a enflammé la réunion: les fuites dans la presse. Ces derniers jours, plusieurs médias ont fait état d’avantages dont auraient disposé des proches de Jean-François Copé. Selon Le Canard enchaîné, l’UMP aurait réglé des factures téléphoniques de Rachida Dati à hauteur de 10 000 euros par an, ainsi que 13000 euros de frais de transports pour l’année 2013. De son côté, Le Journal du dimanche a rapporté que l’UMP aurait réglé 24 000 euros de billets d’avion, en 2013, pour l’épouse de M. Copé. Furieux, les copéistes et les sarkozystes dénoncent des « boules puantes » et accusent le camp Fillon d’être derrière ces « coups bas ». « Attention à ne pas utiliser des méthodes de la mafia », a mis en garde Rachida Dati, mardi matin, sur LCI. Jean-François Copé, lui, a directement attaqué son rival François Fillon lors du bureau politique, en lançant dans sa direction : « Certains s’amusent à faire fuiter des infos, cen’est pas acceptable. » Les dirigeants de droite sont si François Fillon, Luc Chatel, Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé lors du point divisés que la survie de l’UMP ne dépend pas uniquement de sa situation financière. Loin de là. Un mal plus profond ronge le parti de l’intérieur. « Ce qui nous mine le plus, c’est l’ambiance mortifère qui règne au siège, confie Nadine Morano. On a atteint un niveau de détestation incroyable entre nous. » Alain Juppé résume ce sentiment : « Ce n’est pas ses finances qui plomberont l’UMP. C’est son incapacité à se rassembler autour d’objectifs communs. » p Alexandre Lemarié Une dette qui plombe le parti LA DETTE DE L’UMP risque de poursuivre longtemps le parti, et en premier lieu son futur président, puisque celui-ci héritera du passif. Comme les autres formations politiques en France, l’UMP est une association loi 1901 dont le président est le représentant légal. « Selon les statuts de l’UMP, le président représente le parti dans tous les actes de la vie civile, ce qui inclut nécessairement le règlement de factures et implique également d’en assumer les conséquences, à moins qu’il n’y ait eu délégation de pouvoirs », explique Jean-Christophe Ménard, avocat et spécialiste du droit des partis politiques. Depuis le départ de Jean-François Copé, le 27 mai, le parti est dans une situation juridique étrange : il n’a plus de président. La question de la responsabilité juridique de la dette peut donc se poser. Passée cette période de « vacance », le futur président sera responsable de la dette devant les créanciers. Responsable mais pas forcément coupable. En déposant plainte en son nom (ou alors après le dépôt d’une plainte par un adhérent ou un créancier) et lors d’un procès pénal, le président d’une association peut éventuellement mettre en cause la gestion de ses prédécesseurs ou de la personne à qui il avait délégué son pouvoir de décision. C’est d’ailleurs le sens de la défense de M. Copé, qui a expliqué le 26 mai sur BFM-TV qu’il n’était pas impliqué dans la gestion quotidienne des finances de l’UMP. En cas de procès, la justice peut également conclure que le parti a subi une escroquerie ou un abus de confiance qui a amené celui-ci à dépenser plus que de raison. Le président peut alors être exonéré de ses responsabilités. Mais c’est à la justice d’en décider après une enquête. Liquidation judiciaire Alors que les dirigeants ont été contraints de donner des gages aux banquiers pour assurer la survie du parti, des voix se sont élevées pour des changements plus radicaux : changement de nom ou fondation d’un nouveau mouvement. Ces idées ne feraient toutefois pas échapper les dirigeants de l’UMP à leur responsabilité face à la dette. « Le changement de nom est une décision du parti qui ne change strictement rien aux créances dues par l’UMP et aux responsabilités éventuellement encourues », analyse Me Ménard. Et si l’UMP disparaissait pour laisser sa place à une nouvelle entité ? Cette éventualité passerait par une dissolution de l’association votée par les adhérents ou imposée par un tribunal. Un liquidateur judiciaire serait alors chargé de faire l’inventaire des actifs et des passifs. Mais les responsables de l’UMP ne seraient pas exonérés. « Pendant toute la période de liquidation, le parti et ses organes conservent leur personnalité juridique, et leur responsabilité peut toujours être engagée », assure Me Ménard. p Matthieu Goar L’explosion de l’endettement DETTE, en millions d’euros Emprunts et dettes bancaires Emprunts et dettes divers Dette fournisseurs Dettes fiscales et sociales Autres dettes 108,5 100 75 50 55,6 50,0 27,9 25 37,7 19,4 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 SOURCE : CNCCFP Portrait Le député UMP L’homme qui P arfois, il parle aux arbres. A ses 150 sorbiers et autres alisiers qu’il a plantés de ses mains, sur les hauts plateaux de l’Aubrac, à 1 108 mètres d’altitude. « Un arbre, ça pousse droit, quel que soit le temps », dit-il. Mais ça, c’est quand il est sur ses terres, dans sa circonscription de Lozère. Car à 55 ans, le député UMP Pierre Morel-A-L’Huissier, tendance humaniste chère à Jean-Pierre Raffarin, fréquente Paris au moins deux jours par semaine. Et depuis quelque temps, il s’est découvert, persiflent certains de ses collègues, une vocation : il pourfend, vilipende – c’est devenu à la mode –, bref, éparpille son propre parti, et il parle, cette fois, sur toutes les chaînes d’information continue. Son patronyme à rallonge n’est plus un souci. Enfin. « J’ai envie de sortir de ma cave, assume-t-il. Trop, c’est trop. » Avocat spécialisé en droit administratif, il s’est réveillé un dimanche, il a pris sa plus belle plume, et il a écrit au procureur de Paris, déposant une plainte visant les irrégularités financières de l’UMP. Avec sept autres de ses collègues, il entend se constituer partie civile dans l’affaire Bygmalion, au nom des militants, pour comprendre où est passé l’argent, comment s’est creusée la dette de 74,5 millions d’euros. « Je veux la transparence, trop d’élus se considèrent comme intouchables, explique l’élu. L’opacité est organisée à l’UMP. Les dirigeants du parti ne peuvent se constituer partie civile, car ils peuvent être inquiétés par les juges. Tenez, on ne sait même pas combien et comment sont rétribués les 22 collaborateurs de l’UMP à l’Assemblée nationale. On se retrouve avec un triumvirat au statut douteux à la tête du parti, il faut tout nettoyer, faire péter l’abcès. » A bien y regarder, ces combats ne sont pas nouveaux chez lui. Simplement, ils sont d’actualité. Il a vu un créneau, s’y engouffre. Il dit ne pas lorgner grand-chose. Il prendrait bien, éventuellement, le 0123 france Jeudi 10 juillet 2014 7 «Pas une seule autorité dans le parti n’a enrayé un fonctionnement délétère» Pour le sociologue Pierre Lascoumes, «les partis politiques ne font pas leur travail» en ne contrôlant pas les candidats Entretien P ierre Lascoumes est sociologue, directeur de recherche au CNRS. Il a notamment publié Une démocratie corruptible. Arrangements, favoritisme et conflits d’intérêt (Seuil, 2011). Les premières lois sur le financement de la politique datent des années 1990. Comment expliquer l’impuissance à réguler l’argent de la vie publique ? C’est une question majeure. Je fais partie des observateurs de ces changements depuis trente ans et je suis plutôt d’un naturel optimiste. Je pensais qu’il y aurait un effet degénération,un effetd’apprentissage des nouvelles règles, une peur du risque. Et je m’interroge en voyant que pour une nouvelle génération,celledesSarkozy,BalkanyouCahuzac,lerapportàla légalité de l’argent dans la politique reste trouble. Ils donnent l’impression de pérenniser un système dans lequel la fin justifie les moyens. Je pense que les partis politiques ne font pas leur travail. Il serait normal, quand un parti présente un candidat, qu’il se sente tenude lui donner une sorte d’éducation civique, sur les transgressions à ne pas commettre, les règles des marchés publics, etc. presse qui a suivi le bureau politique de l’UMP, mardi 8 juillet. CYRIL BITTON/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE » Mais à l’UMP, n’est-ce pas le contraire qui s’est passé ? de la Lozère Pierre Morel-A-L’Huissier vilipende son propre parti se voyait en chevalier blanc de la droite poste de trésorier de l’UMP, s’il se libérait, pour insuffler « une rectitude ». En avril 2013, il était déjà l’auteur d’une proposition de loi visant à interdire toute personne condamnée pour trafic d’influence, corruption ou favoritisme de se présenter à des élections. Nicolas Sarkozy appréciera. « C’est un citoyen comme les autres, s’emporte Pierre Morel-A-L’Huissier, et encore, tout mis en examen ne fait pas le “20 heures” de TF1 ! En plus, il n’a parlé que de lui, jamais de nous, en traitant les magistrates de “dames”… Il est plombé par toutes ses affaires, il nous tire vers le bas. » A dire vrai, Pierre Morel-A-L’Huissier fait tout pour se faire remarquer. Avocat, il a mis son activité entre parenthèses pour éviter les conflits d’intérêts, il copine avec des élus de gauche, défendla ruralité,partage la gamelle de ses électeurs, réclame désor- mais la création d’une commission d’enquête sur les financements publics… Bref, il se mêle de tout. Et donc, maintenant, il s’exprime. Prises de position « Quand Nadine Morano parle, je mets le casque. Où est sa légitimité ? Comme Valérie Debord, d’ailleurs, elles ont été battues aux élections législatives ! Ca fait une mélasse, tout ça. Moi, je ne suis pas procureur, ni Zorro, je ne veux pas être le René Dosière de la droite. Mais à un moment donné, il faut assumer ses convictions. Parler avec un Carignon ou un Balkany, non ! » Ses convictions à lui paraissent fortement ancrées. « Mon combat n’a rien d’artificiel », martèle-t-il. Il veut ainsi supprimer la réserve parlementaire, cette dotation financière attribuée à l’Assemblée nationale, souhaite que l’indemnité de représentation et de frais de mandat allouée à tout député soit certifiée par un commissaire aux comptes. Il entend aussi que tout fonctionnaire ou élu ayant eu connaissance de délits soit tenu de saisir la justice, sous peine de sanctions. En deux mandats et demi, il a déposé une dizaine de propositions de loi, toutes à caractère financier. Autant de prises de position qui hérissent ses chers collègues. Pierre Morel-A-L’Huissier n’en a cure. Comme il balaie les critiques quand on mentionne son passé de directeur du cabinet de Jacques Blanc, alors président du conseil régional du Languedoc-Roussillon, élu grâce aux voix du Front national. « A aucun moment on n’a signé d’accord avec le FN », jure-t-il. S’il prend trop de coups, il repartira chez lui, continuera à parcourir ses 6 000 kilomètres mensuels, par tous les temps. « Servir, pas se servir », assène-t-il. p Pierre Morel-A-L’Huissier, à l’Assemblée nationale, le 8 juillet. ALBERT FACELLY POUR « LE MONDE » Gérard Davet Pas une seule autorité dans le parti n’a enrayé un fonctionnement délétère, en effet. On voit bien que cette difficulté à respecter les règles, ce sentiment d’impunité se retrouve dans d’autres grandes organisations. Regardez ce qu’il s’est passé à la BNP… La sanction américaine a été très forte parce «Aujourd’hui, certainscandidats sontsaisispar l’hubris, ladémesure. Il ya un espritdémocratique faible» que les autorités avaient attiré l’attention de la banque sur certains dysfonctionnements. Le gendarme avait déjà sifflé. En interne, des personnes avaient transmis des mails à la hiérarchie pour l’avertir des dangers encourus. Les dirigeants n’en ont pas tenu compte. Ils ont pris le risque. La politique donne l’impression qu’elle n’a jamais assez d’argent pour s’exercer… Dans les années 1990, il y a eu un consensus pour enrayer une sorte de folie des grandeurs, l’affichage 4 × 4, les spots télévisés, bref l’américanisation des campagnes – d’où l’institution d’un plafonnement des dépenses. Il fallait aller vers plus de sobriété. Mais aujourd’hui, certains candidats sont saisis par l’hubris, la démesure, qui est une composante humaine. Des spirales un peu folles se mettent en mouvement. Il y a un esprit démocratique faible. Le contrôle externe ne peut s’exercer pendant les campagnes, il a toujours lieu a posteriori avec le contrôle des comptes de campagne. Peut-être faudrait-il établir, comme dans une entreprise, des bilansintermédiaires, des commissaires aux comptes, un suivi, sans attendre une échéance annuelle. Un ex-président, Nicolas Sarkozy, placé en garde à vue puis mis en examen pour « corruption active », dans quelle mesure estce une première, alors que d’autres présidents ont été éclaboussés par les affaires ? Rappelons que, sous la IIIe Répu- blique, le président Jules Grévy a dû démissionner parce que son gendre, le député Daniel Wilson, faisait « commerce » de décorations. La seule qualification qui existait alors était la corruption. Lesjuges ont estimé qu’elle ne pouvait être appliquée à Wilson parce que ce n’était pas lui qui prenait la décision d’attribuer les médailles. D’où un scandale dans le scandale qui a conduit à créer l’accusation de « trafic d’influence ». Sous Valéry Giscard d’Estaing, seule lapressea misen cause leprésident pour l’affaire des diamants et celle des avions renifleurs, mais il n’a pas été inquiété. En ce qui concerne François Mitterrand, je «Le rapport de forces entre le monde politique et le monde judiciaires’est transformé» dirais que si des événements tels que le naufrage du Rainbow Warrior ou les écoutes téléphoniques ordonnées par l’Elysée avaient eu lieu aujourd’hui, le président auraitcertainement été mis encause. Quant à Jacques Chirac, dont le nom a été évoqué dans cinq ou six affaires judiciaires différentes, une seule a abouti,celle desemploisfictifs de la Ville de Paris qui lui a valu d’être convoqué devant un tribunal correctionnel. Ce qui fait la différence avec Nicolas Sarkozy c’est qu’il est à la fois mis en cause pour des faits supposés qui ont eu lieu pendant sa présidence mais aussi après. On n’est jamais allé aussi loin dans les poursuites avec une garde à vue et une mise en examen, même si Jacques Chirac a été mis en examen deux fois. Sur une trentaine ou une quarantaine d’années, le rapport de forces entre le monde politique et le monde judiciaire s’est transformé. L’indépendance de la justice s’affirme. Elle est allée en se renforçant depuis le début des années 1990. Il est devenu possible d’entreprendre des démarches qui auraient été entravées il y a dix ou vingt ans. La justice est-elle de plus en plus implacable avec les présidents de la République, malgré le statut pénal de 2007 et l’immunité qui l’accompagne ? Ce que l’on observe pour les anciens présidents de la République n’est pas un fait exceptionnel, c’est plutôt le résultat d’un changement d’attitude des magistrats en général envers les politiques. Au début, on parlait toujours des « petits juges », comme si c’étaient des individus. C’est beaucoup plus profond et collectif : c’est la hiérarchie qui accepte, comprend et soutient les actions des procureurs et des juges d’instruction. Pour le comprendre, il ne faut pas voir ce phénomène comme un accroissement du nombre de juges « de gauche », ce serait absurde. Depuis plusieurs années, on assiste à un renouvellement de la magistrature, à une diversificationsociale et culturelle. Lesmagistrats d’aujourd’hui sont, si j’ose dire, plus légalistes, ils s’accrochent davantage aux textes au lieu de s’asseoir dessus, ils sont moins soumis. Le procureur Eric de Montgolfier évoquait une profession qui marchait la nuque baissée en cherchant des médailles. Je pense aussi que la féminisation de la profession a joué. Les magistrates accèdent à des postes importants et ont joué un rôle très positif. Je les crois encore plus soucieuses de légalité et du respect des règles. Elles sont certainement moins accommodantes et ont une conception élevée de leur mission et de leur fonction. Il faut parler de cela avec prudence mais c’est un mouvement continu quis’observe. Quelles sont les conséquences des attaques de Nicolas Sarkozy contre les juges ? Là encore, un retour en arrière s’impose. Il y a quand même eu, sous Nicolas Sarkozy, une dégradation des relations entre l’exécutif et la justice. Il s’est permis de tenir des propos envers la magistrature contre lesquels celle-ci a adopté une attitude molle. Traiter les juges de « petits pois », en 2007, c’est un humour qui frise l’insulte, surtout lorsqu’on est chef de l’Etat, garant de l’exercice de la justice. Ilne fautpas voir dans les événements actuels une « vengeance », ce n’est pas la question. Mais la plupart des juges de France, même s’ils doivent être équitables, portent une attention particulière à ce que dit l’ancien président. Parmi les responsabilités d’un chef d’Etat, assurer le bon fonctionnement de la justice induit que toute atteinte ou non-respect de sa part dégrade aussi l’image de sa fonction. Imaginez qu’un instituteur censé protéger sa classe passe son temps à la dénigrer… p Propos recueillis par Béatrice Gurrey Bachelor ESJ-Paris 1e et 2e années généralistes, 3 année spécialisée (TV, radio, web, presse) Concours d’entrée mardi 16 septembre e MASTÈRES Mastères généralistes et spécialisés : Communication et Journalisme NOUVEAU MASTÈRE WEB/JOURNALISME/COMMUNICATION réalisé avec l’EICAR : Culture web, conduite de projet, analyse et programmation, graphisme, création de site, développement mobile, e-marketing, community management. Renseignements : 01.45.70.73.37 contact@esj-paris.com www.esj-paris.com 8 0123 france Jeudi 10 juillet 2014 Budget: les ministères les plus frappés par la rigueur Matignon a rendu, mardi 8juillet, ses ultimes arbitrages. L’Etat réduira ses dépenses de 18milliards d’euros d’ici à 2017, dont 8milliards dès 2015 C ’est le troisième acte du pacte de responsabilité : la mise en musique des 50 milliards d’euros d’économies prévues d’ici à2017. Après des semaines de négociations et d’entretiens ministère par ministère – engagés, côté Bercy, par letandem Bernard Cazeneuve-Pierre Moscovici et poursuivis par le duo Christian Eckert-Michel Sapin –, les ultimes arbitrages ont été rendus par Matignon. Les ministres vont recevoir avant la fin de la semaine leur feuille de route – les « lettres plafonds » – fixant leur budget pour les trois ans à venir : la défense, Bercy, l’écologie et les transports sont les plus visés par ce plan de réduction des dépenses sans précédent. Mercredi 9 juillet, le gouvernement présentait à l’Assemblée, dans le cadre du débat d’orientation des finances publiques, les grandes lignes du budget triennal 2015-2017, avant la présentation au Parlement, à l’automne, du projet de loi de finances pour 2015. «L’objectif des 18 milliards d’économies prévus par le programme de stabilité pour l’Etat et ses agences est maintenu. Il n’est pas revu à la baisse», se félicite Christian Eckert, le secrétaire d’Etat chargé du budget. En 2015, l’effort s’élèvera à près de 8 milliards d’euros. Comme à l’habitude, cette réduction s’entend par rapport à la progression attendue des dépenses de l’Etat. En valeur, celles-ci, hors charge de la dette et pensions, hors transferts aux collectivités territoriales et à l’Union européenne, diminueront de 1,8 milliard d’euros en 2015, 2,1milliards en 2016 et 2,3milliards en 2017 par rapport à la loi de finances initiale (LFI) pour 2014. Sur le périmètre des dépenses de l’Etat incluant les transferts aux collectivités territoriales, la baisse par rapport à la LFI 2014 sera de 4,2 milliards d’euros en 2015, 2,2 milliards supplémentaires en 2015 et 5,2 milliards en 2017, soit 11,6 milliards d’euros en trois ans. «L’Etat fait plus d’efforts que les collectivités territoriales », fait-on remarquer à Bercy,alors que cellesci vont voir leurs dotations baisser de 11 milliards d’euros sur la période. La Sécurité sociale, pour sa part, contribuera à hauteur de 21 milliards d’euros à la diminution de la dépense publique. Pour réaliser ces économies, le gouvernement se défend d’avoir appliqué « une logique de rabot Le détail des économies programmées CRÉDITS ET POSTES PAR MINISTÈRE, en millions d’euros 50 Budget de l’Etat : milliards d’euros d’économies programmées sur trois ans... Par années 21 milliards en 2015 13 16 milliards en 2016 milliards en 2017 Par postes 18 milliards Etat 11 21 milliards Sécurité sociale ... impliquant une forte réduction des dépenses de l’Etat en milliards d’euros (hors charges de la dette et provisions) Loi de finances Projet de loi de initiale 2014 finances 2015 PLF 2016 278,5 Ecart par rapport à la LFI 2014 274,3 – 4,19 272,1 PLF 2017 266,9 – 6,35 – 11,52 SOURCE : MINISTÈRE DES FINANCES uniforme ». « Nous avons fait un travail très fin, très politique, assure M. Eckert. Beaucoup vont parler de rigueur, je ne pense pas. Il s’agit plutôt de redonner du sens à la dépense, de mieux la cibler et de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’effet récessif. » Au-delà des plafonds par ministère, c’est une stratégie inédite de maîtrise de la dépense publique qui a été définie, en arrêtant des principes d’action par des mesures transversales, qui concerneront tous les ministères. La programmation triennale prévoit une maîtrise renforcée des dépenses des opérateurs de l’Etat, qui avaient connu lors du précé- Le Sénat rejette le projet de loi de finances rectificative Comme pour tous les textes budgétaires présentés depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir, le Sénat a rejeté, mardi 8 juillet, le projet de loi de finances rectificative adopté la semaine précédente par l’Assemblée, qui prévoit notamment 4 milliards d’euros d’économies. L’opposition s’est réunie en une milliards Collectivités territoriales majorité de circonstance composée d’élus communistes et de la droite pour voter contre la première partie du texte, qui porte sur les recettes. En revanche, socialistes, écologistes et RDSE (à majorité PRG) ont voté pour. Le texte reviendra donc pour une seconde lecture à l’Assemblée, qui aura le dernier mot. Projet de loi de finances 2015 Ecart par rapport à la LFI 2014 Education nationale, enseignement supérieur et recherche 69 157 Défense 31 941 Affaires sociales et santé 15 118 Intérieur 15 020 Finances et comptes publics 13 712 Ecologie, développement durable et énergie 13 033 Travail, emploi et dialogue social 10 437 Logement et égalité des territoires 7 510 Justice 6 369 Affaires étrangères et développement international 4 516 Agriculture, agroalimentaire et forêt 4 071 Culture et communication 3 233 Services du premier ministre 2 057 Outre-mer 2 014 Economie, redressement productif et numérique 1 708 Droits des femmes, ville, jeunesse et sports 914 Décentralisation, réforme de l’Etat et fonction publique 204 dent quinquennat une importante progression. Dès 2015, ils vont voir leurs moyens limités de 1,1 milliard d’euros par le plafonnement des taxes affectées et les prélèvements sur fonds de roulement. La rationalisation des interventions des agences et des opérateurs va être poursuivie afin de « renforcer la lisibilité et l’efficacité de l’action publique », assure Bercy. L’Institut national de la veille sanitaire (InVS), l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) et l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) devraient ainsi être regroupés au sein d’un même institut. Autre levier d’économies : les dépenses de fonctionnement de l’Etat. « La modernisation des achats publics, la mutualisation et la simplification des règles administratives et des moyens informatiques permettront de dégager des marges de manœuvre sans remettre en cause la qualité du service public », prévoit le gouvernement dans son rapport préparatoire au débat d’orientation, que Le Monde s’est procuré. L’Etat entend également adapter ses services publics à la nouvelle carte des collectivités territoriales. Cela devrait se traduirepar une réorganisation des services déconcentrés de l’Etat. Il s’agit enfin de « mieux cibler » les interventions de l’Etat. Cela L’exécutif compte «mieux cibler» les interventions de l’Etat, notamment sur le logement et les politiques agricoles concernera, notamment, les politiques d’intervention sur les zones franches, le logement ou les politiques agricoles. « Il faut éviter les empilements de dispositifs et l’arrosage large, qui n’a pas fait la preuve de son efficacité », défend M.Eckert. Le budget triennal qui va être présenté devrait permettre de respecter les missions prioritaires réaffirmées par François Hollande tout en prévoyant une stabilité glo- Créations et suppressions de postes PLF 2016 PLF 2017 1 154 9 421 69 393 69 756 – 643 – 7 500 32 345 32 759 201 – 150 15 395 15 596 44 116 14 819 15 053 – 333 – 2 491 13 373 12 929 – 454 – 515 13 027 13 083 – 346 – 150 9 897 9 207 112 – 319 7 606 7 448 99 600 6 312 6 346 – 50 – 220 4 610 4 347 – 243 – 25 3 995 3 992 – 82 15 3 136 3 057 14 100 2 050 2 037 5 2 2 062 2 104 – 157 – 55 1 684 1 683 – 47 –6 931 956 203 202 –2 bale des effectifs et de la masse salariale de la fonction publique à l’horizon 2017. A l’éducation nationale, la création de 29 644 emplois supplémentaires d’ici à 2017 est programmée : 9 421 le seront dès 2015, renforcés par le financement de 69 000 contrats aidés. Dans la recherche et l’enseignement supérieur, la création de 3 000 emplois supplémentaires, dont 1 000 en 2015, est prévue. Le ministère de l’intérieur bénéficiera, lui, de 405 créations d’emplois en 2015. Des moyens supplémentaires vont être accordés à la mission « immigration, asile et intégration » avec la mise en œuvre d’une réforme de l’asile qui devrait se traduire par une réduction des délais d’instruction. A la justice, 1 834 emplois supplémentaires vont être créés entre 2015 et 2017, qui contribueront notamment à la création de postes de conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation. Parmi les postes qui ont fait polémique ces derniers temps, les crédits budgétaires de la défense devraient garantir la mise en œuvre intégrale de la loi de programmation militaire, grâce à un deuxième redéploiement de 250 millions d’euros du programme d’investissement d’avenir et par des ressources supplémentaires exceptionnelles de 500 millions en 2015. Jusqu’au dernier moment, la ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti, aura bataillé pour sanctuariser son budget. Elle y est parvenue, au final, pour les crédits de la culture, qui enregistrent une légère progression. Mais au prix d’une mise à contribution de l’audiovisuel public, qui va voir la contribution de l’Etat (300 millions d’euros en 2014) diminuer progressivement jusqu’à extinction totale en 2017. Si certains ministères, comme Bercy et le Quai d’Orsay, se sont pliés sans difficulté à la discipline générale, il a fallu, pour d’autres, réglerlesderniersarbitragesàMatignon,voireà l’Elysée, mêmesi, estime M. Eckert, « dans l’ensemble, les choses se sont bien passées, il n’y a pas eu de gros affrontements ». p Patrick Roger Manuel Valls parie sur l’essoufflement des «frondes» politiques et syndicales CENT JOURS et pas d’abdication à l’horizon, bien au contraire. Manuel Valls, en poste à Matignon depuis un peu plus de trois mois, a dû faire face, mardi 8 juillet, à un double front sur sa gauche. Boycotté à la conférence sociale par les syndicats CGT, FO et FSU, combattu à l’Assemblée par une trentaine de députés PS qui se sont abstenus lors du vote du projet de loi de finances rectificative de la sécurité sociale, le premier ministre a néanmoins réussi à « avancer », son maître mot depuis douze semaines. Mais à quel prix politique, à long terme, pour le gouvernement et pour le président de la République, alors que l’exécutif semble de plus en plus se couper d’une partie de la base électorale qui a fait sa victoire en 2012 ? Qu’importent les tensions : pour l’instant, ça passe, semble dire M. Valls. Certes, plusieurs syndicats de poids ont claqué la porte de la conférence sociale, reprochant au premier ministre son approche du dialogue social. Mais au final, celui-ci a obtenu mardi un satisfecit général des partenaires sociaux restés à la grand-messe gouvernementale. « Elle a été assez constructive », a déclaré Pierre Gattaz, le président du Medef. « Il y a des avancées réelles, c’est pour cela que la CFDT se devait d’être présente. Il valait mieux être dans la salle qu’en dehors », s’est félicité le leader du syndicat, Laurent Berger. Dans son discours de clôture, M. Valls a présenté une série de mesures qui, sans être spectaculaires, contentent tous les interlocuteurs qui avaient choisi de rester. La CFDT a ainsi acquis une extension du dispositif garantie jeunes, sorte de revenu de solidarité acti- ve (RSA) pour les moins de 25 ans, à 50 000 jeunes en 2015 puis 100 000 en 2017. Le syndicat des cadres CFE-CGC a obtenu des annonces sur une possible baisse de la taxation de l’épargne salariale. Et le Medef peut se féliciter du retour partiel des aides de 1 000 euros à l’embauche d’apprentis qui avaient été supprimées par le gouvernement Ayrault. « Postures » Minorant le boycott des autres syndicats en « geste ponctuel » auquel il ne veut pas « donner une portée excessive », M. Valls s’est même payé le luxe de remettre sur la table le sujet « sensible » des seuils sociaux, alors que M. Hollande n’en avait pas parlé lundi. Une négociation sur le sujet doit démarrer cet automne, à la grande satisfaction du patronat. Au même moment, à l’Assemblée, le gouvernement a fait voter mardi le volet social du pacte de responsabilité. Là encore, Matignon ne s’attarde que sur le résultat final, écartant les 35 députés socialistes « frondeurs » qui se sont abstenus sur ce texte fondamental, symbole d’une majorité durablement fissurée. « Ils étaient 41 frondeurs [lors du vote du plan d’économies de 50 milliards d’euros, le 29 avril]. Ils sont 33. Le gouvernement tient bon et la contestation diminue », estime le député de l’Essonne Carlos Da Silva, proche de Manuel Valls. Pour le premier ministre, qui prend sans cesse à témoin l’opinion publique, les syndicats et les députés frondeurs ne seraient que dans des « postures » d’arrièregarde alors que lui incarnerait la gauche « moderne » qui « bouge ». « Il n’y a rien de nouveau, ce sont toujours les mêmes qui contestent, on ne découvre rien », minimisaitil dimanche 6 juillet, en marge de son déplacement à Vauvert (Gard). Manuel Valls considère qu’il peut « accélérer » sans craindre une sortie de route car, à ses yeux, « il n’y a pas d’alternative » à la politique qu’il mène avec le chef de l’Etat. Reprenant en cela la rhétorique du « TINA » (« There is no alternative ») de l’ex-premier ministre britannique Margaret Thatcher dans les années 1980, il estime que la colère syndicale ne se traduit pas par des mobilisations d’envergure dans la rue, de même que la « fronde » d’une partie du PS ne présente pour l’instant aucun débouché politique crédible. Toujours populaire selon les sondages, le premier ministre entraîne donc avec lui une large majorité des parlementaires socialistes qui ne souhaitent pas nuire davantage au gouvernement. Mais jusqu’à quand ? « Valls va trop vite, il s’emballe au risque de s’isoler, car il oublie que sa ligne politique était ultra-minoritaire à gauche à la primaire de 2011. Si demain ses sondages baissent, il risque de le payer cher », avertit le député « frondeur » Laurent Baumel (PS, Indre-et-Loire). L’intéressé balaie l’argument. « Je sais ce que l’on dit : “Valls, il est pas mal, mais il n’y arrivera pas, ça va être trop dur.” Moi, je veux prouver qu’avec du volontarisme et de l’énergie, on peut y arriver et que le climat dans le pays peut commencer à changer », expliquait-il dimanche lors de son déplacement à Vauvert. p Bastien Bonnefous (avec Bertrand Bissuel et Jean-Baptiste Chastand) jix w qzuqzuz !%&&'# "($'##'# Suite à mes prestations ANTIQUITÉS VÊTEMENTS de l’art, je vous propose 53, rue d’Avron - 75020 PARIS Tél. : 01.43.73.21.03 ARTS PEINTURES SUISSES RECHERCHONS pour nos collectionneurs Aloïse,Auberjonois, Bocion, Buchet, Bille, Bieler, Hodler, Vallotton, Soutter et toutes œuvres de qualité Estimations gratuites à domicile Paiement aux plus hauts courts du marché Cabinet d’expertise ARTS ANCIENS CH-2027 Montalchez art-ancien@bluewin.ch +4132 835 17 76 / +4179 647 10 66 D’ESTIMATIONS, Spécialisé successions ACHAT AU DESSUS DE VOS ESTIMATIONS ET EXPERTISES J’ACHETE Argenterie Livres anciens 06.07.55.42.30 P. 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C’est la fin d’un long bras de fer entre la ministre de la justice Christiane Taubira et le premier ministre Manuel Valls sur la réforme pénale, par assemblées parlementairesinterposées : la commission mixte paritaire (CMP), chargée mardi 8 juillet de trouver un accord entre les versions très différentes de l’Assemblée nationale et du Sénat, a signé un texte commun enfin de matinée, après une semaine de rudes négociations. La querelle est ancienne : Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, avait imposé, en août 2013, un arbitrage qui vidait en grande partie de sa substance le projet de loi de la garde des sceaux sur la peine de probation et la prévention de larécidive.Christiane Taubira avait mis son mouchoir dessus en espérant que le Parlement rétablirait l’équilibre.Or,l’Assembléenationale a adopté le 5 juin une version de la réforme pénale très compatible avec les souhaits du nouveau premier ministre. Le rapporteur de la commission des lois, Dominique Raimbourg (PS, Loire-Atlantique), a, contre son sentiment profond, déployé mille ruses pour ne pas froisser Matignon. Le Sénat, au contraire, a voté le 26 juin un texte radical, sous l’impulsion de Jean-Pierre Michel, rapporteur (PS, Haute-Saône), contre l’avis officiel de Christiane Taubira, à la torture entre son souhait de revenir à la version initiale de la chancellerie et sa loyauté gouvernementale. Dominique Raimbourg et Jean-Pierre Michel étaient bien sûr, au fond, d’accord sur l’essentiel. Restait à faire avaler la pilule à Matignon. Ça n’a pas été sans mal. Les deux rapporteurs, appuyés par les deux présidents des commissions des lois, Jean-Jacques Urvoas pour l’Assemblée et Jean-Pierre Sueur pour le Sénat, ont rudement négocié pendant une semaine pour sauver l’essentiel d’un texte dont le premier ministre ne voulait pas. Les sénateurs ont clairement indiqué qu’il n’était pas question de céder sur la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs, une réforme de Nicolas Sarkozy contestée par tous les professionnels, mais dont Manuel Valls s’accommodait fort bien pour ne pas laisser de place au moindre soupçon de laxisme. Il a fallu attendre la veille de la CMP, lundi 7 juillet, pour débloquer le processus : la chancellerie s’est engagée par écrit, dans un commu- Prostitution: le Sénat supprime en commission la pénalisation des clients La députée PS Maud Olivier plaide pour que soit rétabli un des «piliers» de sa proposition L La garde des sceaux, Christiane Taubira, à l’Assemblée nationale, le 4 juin. FRANÇOIS GUILLOT/AFP niqué publié à 17 heures, à les supprimer « au premier semestre 2015 ». Le Sénats’en estsatisfait et le premier ministre a enfin signé la lettre de mission qui convoquait la CMP quelques heures plus tard. Le texte final est évidemment un compromis, et personne ne doute qu’il faudra remettre bientôt l’ouvrage sur le métier. La chancellerie a d’ailleurs prévu de faire un point dans deux ans sur l’application de la réforme et ses conséquences, « qui méritent d’être très finement analysées », indique Dominique Raimbourg. Chaque assemblée a fait un pas vers l’autre. Les peines planchers sont bel et bien supprimées – les deux chambres étaient d’accord. La contrainte pénale est créée, mais dans la version de l’Assemblée : elle pourra s’appliquer aux délits punis d’une peine d’emprisonnement d’un maximum de cinq ans, avant d’être étendue à tous les délits au 1er janvier 2017. Le Sénat prévoyaitde larendreobligatoire pour une liste nominative de petits délits, histoire de forcer la main aux magistrats. Cette option sera examinée dans deux ans par le gouvernement. Le Sénat a en revanche obtenu de maintenir la possibilité d’aménager les peines des condamnés à deux ans de prison ferme, ou à un an pour les récidivistes, comme La victoire, discrète, après un an et demi de pesants combats, revient finalement à la garde des sceaux c’est le cas aujourd’hui. L’Assemblée voulait revenir sur ces seuils, sous l’amicale pression de Manuel Valls, au risque d’incarcérer les tout petits délinquants dans des maisons d’arrêt déjà saturées. Un autre point hérissait les sénateurs : la surveillance judiciaire des sortants de prison, votée par l’Assemblée nationale, qui donnait à la police et aux préfets des pouvoirs exorbitants. Le recours L’USM satisfaite d’une version « davantage équilibrée » L’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) était dubitative quant aux conclusions de la conférence de consensus qui avaient servi de préparation à la loi en février 2013, elle s’inquiétait du texte de l’Assemblée et était hostile à celui du Sénat. Elle s’est finalement félicitée mardi 8juillet du compromis du texte, « davantage équilibré », qui vient « étoffer l’éventail des peines pro- noncées par la juridiction de jugement, lui permettant d’adapter au mieux la peine à la gravité des faits et à la personnalité de son auteur ». L’USM constate que « la majeure partie de ses propositions sur le respect des libertés individuelles mais également sur un objectif d’efficacité et de pragmatisme a été suivie », mais reste « très inquiète » des moyens affectés à la réforme. aux écoutes et à la géolocalisation sera finalement réservé aux plus graves infractions. Enfin, le suivi des personnes sous contrainte pénale sera réservé, après jugement, aux services pénitentiairesd’insertionetdeprobation, comme l’avait prévu l’Assemblée, et non partagé avec les associations, ce qui inquiétait les professionnels. Le Sénat a obtenu l’atténuation des peines pour les malades mentaux incarcérés, avec desobligationsdesoinetlasuspension de la détention provisoire pour des raisons de santé. La victoire, discrète, après un an et demi de pesants combats, revient finalement à Christiane Taubira, qui ne peut s’en réjouir, au risque de froisser son premier ministre : la garde des sceaux s’est poliment déclarée « très satisfaite des travaux conduits par les deux assembléesdans l’examen de ce texte important », mais doit une fière chandelle aux deux rapporteurs et aux présidents des commissions des lois, notamment Jean-Pierre Sueur, qui a joué un rôle décisif. Le texte, qui devrait être définitivement adopté par l’Assemblée le 16 juillet et par le Sénat le 17, est certes imparfait, mais pose enfin les bases d’une nouvelle peine, la contrainte pénale, dont l’avenir dépend de la façon dont les magistrats vont s’en saisir. Mais la réforme traduit un réel changement de philosophie. Il existe désormais trois types de sanctions pénales pour les délits : la prison, la probation et les amendes. C’est déjà une petite révolution. p Franck Johannès a pénalisation des clients de prostituées par une amende de 1 500 euros ne figure plus dans la proposition de loi de « lutte contre le système prostitutionnel » votée par l’Assemblée nationale fin novembre 2013. Les sénateurs de la commission spéciale constituée pour l’occasion ont voté sa suppression lors de l’examen à huis clos du texte, par 16 voix, contre 12 favorables et 2 abstentions. Le rapport de la commission spéciale a ensuite été adopté. Cette suppression n’est en théorie pas définitive. La poursuite du parcours parlementaire du texte pourrait changer la donne. « Après untelvote,ilne sera pasinscrità l’ordredu jour auSénat », préditcependant la sénatrice (Val-de-Marne, EELV) Esther Benbassa. Depuis plusieurs semaines, les doutes sur la volonté gouvernementale de le voir adopté se font jour. Alors que la pénalisation des clients est soutenue par la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de la justice, Christiane Taubira, n’a pas caché ses interrogations lors de son audition par les sénateurs, le 2 juillet. Elle avait cependant appelé à « ne pas céder sur les principes ». Le vote du Sénat est en tout cas uncoup dur pour l’auteur dela proposition de loi, la députée PS de l’Essonne Maud Olivier, qui avait déjà dû remplacer, au moment de déposer son texte, la peine de prison avec sursis pour les clients par une amende. Elle appelle dans un communiqué les parlementaires et le gouvernement à « rétablir » ce qui constitue l’un des « piliers » de la proposition de loi et demande son inscription à l’ordre du jour. Selon les partisans de la pénalisation, dissuader les clients est indispensable à la lutte contre la prostitution, ainsi que le proxénétisme et la traite des êtres humains qui lui sont associés. Elle permet aussi d’affirmer une opposition à la « marchandisation du corps humain ». « Problème de cohérence » La proposition de loi prévoit également la suppression du délit de racolage, afin d’inverser la charge pénale qui pèse aujourd’hui sur les prostituées. Pour ses opposants, cependant, la mesure risque d’avoir des effets délétères : déplacements des personnes prostituées vers des lieux encore plus éloignés, donc plus exposés au danger, hausse du recours aux intermédiaires, exigences accrues des clients, encouragés par la baisse de la demande à exiger des rapports sans préservatif… Certains de ces effets sont déjà décrits par des personnes prostituées, car de nombreux clients pensent la mesure déjà en application. Ce sont ces raisons qui ont été mises en avant par le sénateur (Manche, PS) Jean-Pierre Godefroy, quiprésidaitla commission spéciale, avec ses collègues, dans leur amendement.Enoutre,ilsontajouté des motifs juridiques. « Cette disposition pose un problème de cohérence, car on ne pourra pasconcilier juridiquementlefaitquelaprostitution soit autorisée en France, ajouté àl’absence desanction detout racolage, avec la pénalisation des clients », écrivent-ils dans leur long texte de présentation. Selon eux, les moyens mis en œuvre pour verbaliser les clients « pourraient être autrement mieux employés » s’ils étaient affectés à la lutte contre le proxénétisme et la traite. p Gaëlle Dupont Laïcité Deux femmes refoulées de Wissous Plage Richard Trinquier, maire UMP de Wissous (Essonne), a refusé le 5 juillet l’entrée de la plage artificielle de la ville à deux femmes voilées au motif que la loi de 2004 sur le port de signes religieux en milieu scolaire s’applique au lieu. L’association locale Al Madina, qui veut mettre en place des cours d’arabe et de religion dans la ville, menace de porter plainte contre le maire. – (AFP.) Ile-de-France Coup d’accélérateur pour le métro du Grand Paris Manuel Valls a annoncé mercredi 9 juillet que les aéroports de Roissy et d’Orly ainsi que le plateau de Saclay (Essonne) seraient desservis par le futur métro automatique, Grand Paris Express, en 2024 plutôt qu’en 2027, comme le prévoyait le calendrier initial. Politique Création d’un nouveau courant au PS Les députés socialistes Karine Berger (Hautes-Alpes), Yann Galut (Cher), Alexis Bachelay (Hauts-de-Seine) et Valérie Rabault (Tarnet-Garonne), rapporteure du budget, ont annoncé mercredi 9 juillet la création d’une nouvelle sensibilité au Parti socialiste : Cohérence socialiste. Ils devraient formuler des propositions de fond précises lors de l’université d’été de La Rochelle, fin août. L’OCDE note la gestion de l’argent de poche des élèves U n « PISA nouveau » est livré mercredi 9 juillet. Non contente d’évaluer le niveau des élèves de 15 ans en maîtrise de leur langue maternelle et en sciences, dans son Programme de suivi des acquis des élèves (PISA) devenu une référence internationale, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) présente « les compétences en culture financière des élèves de 15 ans » issus de 18 pays. Les petits Français s’y retrouvent (comme d’ordinaire) mal classés. Ils sont au 10e rang ex aequo avec la Fédération de Russie et tout près de la Slovénie. Pas sûr, cette fois, que les piètres performances de la France émeuvent beaucoup. Le plus intéressant dans ces résultats reste le fait que 80 % ont un compte bancaire à 15 ans et que 67 % gagnent déjà de l’argent. Fallait-il entrer dans le protocole de l’OCDE pour apprendre cette information qu’un institut de sondage aurait fait émerger sans faire plancher 1 068 élèves de 225 établissements ? En 2010, quand cette nouvelle évaluation a été créée, la question s’est posée. Vision du monde A l’époque, le ministère français de l’éducation nationale est partagé. D’un côté, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) émet un avis « réservé » sur la participation de la France à cette enquête. Façon polie de faire savoir qu’il est inutile d’évaluer les élèves français en gestion de leurs finances personnelles. La DEPP avance deux raisons. D’abord ces compétences sont déjà mesurées dans l’évaluation de mathématiques de la même OCDE. Et puis on n’en- seigne même pas la gestion financière dans le système français ! Seuls 20 % des élèves de seconde générale y sont sensibilisés. Le ministre de l’éducation de l’époque, Luc Chatel, ne l’entend pas de cette oreille et décide que la France en sera coûte que coûte. Cette évaluation n’aura pas de lendemain : la gauche a annoncé le retrait de la France de la session 2015. Les Allemands et les Britanniques, eux, avaient refusé d’emblée cette drôle d’évaluation. L’organisation internationale avait pourtant bien fait les choses. En rendant gratuite la participation à la première session, elle espérait appâter. L’OCDE cherche à innover et à se diversifier dans ce secteur lucratif de l’évaluation des élèves, où elle s’est imposée. Outre cette envie de devenir évaluateur à tout-va, l’OCDE veut aussi faire passer sa vision du monde. En avril 2010, devant le comité directeur de PISA, le secrétariat général de l’OCDE rappelait que « la crise financière qu’a traversée le monde entier en 2009-2010 a montré la nécessité d’avoir des systèmes financiers bien gérés. Les pays dont les populations ont le plus de compétences financières pourront tirer parti de ces ressources pour mieux relever les défis financiers auxquels ils seront confrontés dans l’avenir ». Pour ceux qui n’auraient pas compris, la crise financière mondiale était moins due à la rapacité des banques et à la déréglementation des marchés financiers qu’au manque d’éducation des populations. Avec un tel raisonnement, il est urgent que chaque adolescent apprenne à gérer son argent de poche : il en va de l’avenir de la planète. p Maryline Baumard 11 ps foRts m e t s e l ez RetRouv ion 2013 -22h de l’édit Redi 21h au vend t i d n u l u d 18 juille jusqu’au JE ?IèE@ F@EK Drg AEHL? CAr podcast écoute et r écoute, ré GK @cJ Jr@.N sur NrAEc ANNONCE LÉGALE DÉTENTEURS DES TITRES DE LA DETTE ARGENTINE. OFFRES D’ÉCHANGE SOUVERAIN 2005-2010 RÉGIES PAR LA LOI ARGENTINE La République Argentine fait savoir aux Détenteurs des titres de la dette argentine ayant adhéré aux Offres d’échange souverain de 2005 et de 2010 régies par la Loi argentine (« Titres locaux ») qu’elle a réalisé en temps et en forme le paiement des montants correspondant à l’échéance des intérêts des nouveaux titres émis dans le cadre des Offres d’échange souverain 2005-2010, en exécution des obligations assumées par notre pays. Ces fonds doivent être distribués aux Détenteurs par les agences de compensation intermédiaires. Dans ce sens, il est à souligner que le 27 juin 2014 la Cour du District Sud de New York a reconnu, suite à une présentation réalisée par la Citibank, que les ordres pari passu prononcés dans le cadre de l’affaire NML Capital, Ltd., et al, v. Republic of Argentina n’empêchent pas le recouvrement des titres régis par la loi argentine, si bien que les montants déposés en temps et en forme par la République Argentine devraient être reçus normalement par les Détenteurs des titres locaux. En tout état de cause, il est communiqué que la conduite de tout agent intermédiaire de ne pas distribuer les montants déposés aux Offres d’échange souverain 2005-2010 des titres locaux est contraire à leurs obligations légales et/ou contractuelles et porte atteinte aux droits et aux intérêts des Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain 2005-2010. Détenteurs des titres de la dette argentine. Offres d’échange souverain 2005-2010 régies par la loi des États-Unis L a République Argentinefait savoir aux Détenteurs des titres de la dette argentine ayant adhéré aux Offres d’échange souverain de 2005 et de 2010 régies par la Loi des États-Unis que, en exécution des obligations assumées par notre pays dans les Prospectus 2005 et 2010 et dans le Trust Indenture du 2 juin 2005 modifié le 30 avril 2010, la République Argentine – tel qu’il a été informé par l’Annonce légale du 27 juin 2014 – a réalisé en temps et en forme le dépôt des montants correspondant à l’échéance des intérêts des nouveaux titres émis dans le cadre des Offres d’échange souverain 2005-2010. Ces fonds doivent être distribués aux Détenteurs par la Bank of New York Mellon, en tant qu’Agent fiduciaire ainsi que par les banques intermédiaires et agents de paiement respectifs, qui ont déjà été dûment enjoints par la République Argentine afin qu’ils exécutent leurs obligations concernant le recouvrement par les Détenteurs des fonds déjà déposés en temps et en forme par la République Argentine, et qui font partie de leur propriété. Le 27 juin 2014, dans le cadre de l’affaire NML Capital, Ltd., et al, v. Republic of Argentina, Monsieur le Juge Thomas Griesa a empêché la distribution des fonds déposés en temps et en forme par la République Argentine pour l’échéance des intérêts ayant eu lieu le 30 juin 2014. Ces sommes font partie de la propriété des Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain 2005-2010, dans le cadre du Trust Indenture et de la législation applicable. La République Argentine ratifie que les Détenteurs ont un droit absolu et inconditionnel au recouvrement des montants déposés par la République Argentine sur le compte fiduciaire de l’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon), ce patrimoine étant une propriété exclusive des Détenteurs, et aucun tiers ne pouvant porter atteinte audit droit. L’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon) a l’obligation, dans tous les cas, d’administrer et de distribuer ledit patrimoine au bénéfice des Détenteurs, ne pouvant ni retenir ni rembourser de manière valable ces montants à la République Argentine. Par conséquent, la conduite de l’Agent fiduciaire de ne pas distribuer les montants déposés aux Détenteurs des Offres d’échange souverain 20052010 (ou toute demande en justice dans ce but) entraîne une violation de ses obligations face au Trust Indenture, de la législation applicable, et porte atteinte aux droits et aux intérêts des Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain 2005-2010, conformément aux Sections 3.1, 4.5, 4.9 et 5.1, entre autres, du Trust Indenture. La présente annonce légale est publiée dans le but de communiquer aux Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain de 2005 et de 2010 régies par la Loi des États-Unis l’exécution effective par la République Argentine de ses obligations par rapport à ces derniers, des Prospectus respectifs et du Trust Indenture, dans le cadre des législations argentine et étrangère applicables, toute responsabilité et/ou inexécution susceptible d’être imputée à la République Argentine étant écartée dans le cas où un ordre judiciaire ou une conduite de l’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon) viendrait directement ou indirectement à obstruer, empêcher ou suspendre le recouvrement de l’échéance des intérêts ayant eu lieu le 30 juin 2014, et/ou à porter sur le patrimoine fiduciaire des Détenteurs déposé le 27 juin 2014 sur les comptes de l’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon). i- Le Trust Indenture (du 2 juin 2005, modifié le 30 avril 2010) établit, dans ses parties pertinentes : Article 3.5. Paiements. (a) Afin de prévoir le paiement du capital et des intérêts concernant les Titres de toute Série au fur et à mesure que ceuxci deviennent exigibles, la République s’engage à payer, directement ou indirectement, sur un compte du Fiduciaire dans le Bureau du fidéicommis sociétaire ou dans le Bureau du Fiduciaire convenu par celui-ci et la République (ou, en cas de paiements libellés en une monnaie autre que le dollar américain, dans le lieu établi dans une Autorisation), au plus tard à 13h00, heure locale du lieu de paiement, au plus tard le jour ouvrable avant chaque date de paiement des intérêts ou chaque date de paiement du capital (ci-après la « Date de paiement ») de ces Titres, avec des fonds immédiatement disponibles en dollars américains (ou dans la monnaie spécifiée dans les Termes des titres de la série par rapport à laquelle le paiement doit être effectué), un montant qui (conjointement avec les fonds que le Fiduciaire aurait à ce moment-là et qui se trouveraient disponibles à cette fin) sera suffisant pour régler le montant total des intérêts, du capital ou des deux, ainsi que tout autre montant qui, le cas échéant, deviendrait exigible concernant ces Titres dans la Date de paiement mentionnée. Sur réception effective desdits fonds conformément au présent Article 3.5(a), le Fiduciaire appliquera ce montant au paiement devant être fait à cette Date de paiement. Tant que cette application n’est pas effectuée, le Fiduciaire maintiendra ces montants en vertu d’un fidéicommis au bénéfice exclusif du Fiduciaire et des Détenteurs ayant droit à ces montants conformément à leurs droits respectifs. La République n’aura aucun droit sur ces montants. Article 4.5. Application du produit. Toute somme reçue par le Fiduciaire conformément à cet article sera appliquée en suivant l’ordre précisé par la suite, à la date ou aux dates établie(s) par le Fiduciaire et, dans le cas où se réaliserait la distribution de ces montants en tant qu’acompte du capital ou des intérêts, après avoir présenté les Titres de la série pour laquelle les sommes auraient été reçues et avoir apposé un sceau (ou tout autre notation) faisant foi du paiement ; ou bien après avoir émis des Titres pour des montants de capital réduits en échange des Titres présentés, dans le cas où ils seraient payés partiellement ; où après leur remise, dans le cas où le paiement serait total : PREMIÈREMENT : Au paiement de tous les montants dus au Fiduciaire ou tout représentant ou Partie désignée du Fiduciaire par rapport au présent Contrat ou aux Titres de toute série, y compris (à titre d’exemple) les montants dus conformément à l’Article 5.6 ; DEUXIÈMEMENT : Dans le cas où le capital des Titres de cette série ne serait pas à ce moment-là exigible, au paiement des intérêts encourus et en demeure concernant cette Série de titres selon l’ordre d’échéance des mensualités desdits intérêts, les intérêts étant calculés (dans la mesure où ils n’auraient pas été recouvrés par le Fiduciaire) par rapport à ces mensualités échues des intérêts au même taux que celui stipulé dans ces Titres, et devant réaliser ces paiements proportionnellement aux Personnes ayant droit à ceux-là, sans aucune discrimination ou préférence ; TROISIÈMEMENT : Dans le cas où le capital des Titres de cette série serait à ce moment-là exigible, au paiement du montant total étant dû à ce moment-là et pas encore payé par rapport à tous les Titres de cette série, correspondant au capital et aux intérêts, au taux d’intérêt stipulé dans ces Titres ; dans le cas où ces sommes s’avéreraient insuffisantes pour régler de manière intégrale le montant total exigible concernant les Titres de cette série, au paiement du capital et des intérêts, sans aucune préférence ou priorité du capital sur les intérêts, des intérêts sur le capital, de toute mensualité des intérêts sur une autre mensualité des intérêts, ou de tout Titre de cette série sur un autre Titre de la même série, de manière proportionnelle au montant total du capital et des intérêts encourus mais non pas réglés. Article 4.9. Droit inconditionnel des Détenteurs des Titres à percevoir le capital et les intérêts. Sous réserve des dispositions de l’article 4.8, tout Détenteur des titres aura le droit absolu et inconditionnel à percevoir le paiement du capital et des intérêts concernant leur Titre à la date d’échéance établie pour ce paiement exprimée sur le Titres (avec des modifications possibles conformément à l’article 7) et à entamer des actions dans le but d’en exiger tout paiement. Ce droit ne sera pas modifié sans le consentement de ce Détenteur. Article 5.1. Obligations et responsabilités du Fiduciaire. Le Fiduciaire s’engage à exécuter seulement les obligations spécifiquement établies par le présent Contrat. Il ne sera pas interprété que les dispositions du présent Contrat libèrent le Fiduciaire de responsabilité pour ses actions ou omissions fautives, sa mauvaise foi, ses actes dolosifs ou l’inexécution de ses devoirs fiduciaires, compte tenu des dispositions du présent Contrat et/ou des Termes des Titres de toute série lui conférant des facultés fiduciaires, des facultés de tout autre nature, des autorisations ou des facultés discrétionnaires, parmi lesquelles sont comprises (à titre d’exemple) : (a) Les devoirs et les obligations du Fiduciaire seront déterminés exclusivement par les dispositions expresses du présent Contrat et le Fiduciaire n’aura aucune responsabilité au-delà de l’inexécution des devoirs et des obligations spécifiquement établis dans le présent Contrat. Ne sera pas non plus imputé au Fiduciaire un engagement ou obligation implicite dans le présent Contrat ; (b) s’il n’y a pas de faute grave ou comportement dolosif du Fiduciaire, celui-ci pourra se fonder de manière concluante, en tout ce qui concerne la véracité des déclarations et l’exactitude des opinions exprimées dans le présent, dans les déclarations, certificats ou opinions facilités au Fiduciaire, remplissant les conditions du présent Contrat ; mais dans le cas des déclarations, des certificats ou des opinions qui, conformément aux dispositions du présent contrat, doivent se faciliter spécifiquement au Fiduciaire, celui-ci aura l’obligation de les inspecter afin de déterminer s’ils remplissent formellement les conditions du présent Contrat seulement ; (c) le Fiduciaire n’aura aucune responsabilité pour les erreurs d’appréciation commises de bonne foi par un Fonctionnaire responsable ou des Fonctionnaires responsables du Fiduciaire, à moins qu’il soit prouvé que le Fiduciaire a com- mis une faute grave dans la détermination des faits pertinents ; (d) le Fiduciaire n’aura aucune responsabilité pour toute action ou omission propre concernant les Titres de toute série faite de bonne fois conformément aux instructions des Détenteurs des titres de, au moins, la Majorité du montant du capital agrégé à payer des Titres de cette série, ce qui comprend (entre autres) des questions relatives au moment, à la méthode et au lieu de promotion d’une procédure pour se prévaloir d’un recours dont dispose le Fiduciaire ou à l’exercice d’une faculté fiduciaire ou de tout autre nature étant conférée au Fiduciaire conformément au présent Contrat ; (e) sous réserve de tout autre disposition établie dans le présent Contrat, en aucun cas ne sera responsable ni le Fiduciaire ni aucun agent de paiement fiduciaire ni aucune Partie désignée par le Fiduciaire de conformité ou en relation avec le présent Contrat pour des dommages et intérêts indirects, spéciaux, incidents, punitifs ou médiats de toute nature, y compris, entre autres, le manque à gagner, soit prévisible ou non, même si le Fiduciaire ou si cet agent de paiement fiduciaire ou Partie désignée a été informé de cette possibilité et au-delà de la forme de l’action pour laquelle ces dommages et intérêts seraient réclamés ; (f) dans le cas ou une inexécution aurait lieu conformément au présent concernant les Titres de toute série, et dans le cas où le Fiduciaire aurait une connaissance effective de cette inexécution, le Fiduciaire notifiera cette inexécution aux Détenteurs des Titres ; cependant, il est établi que, en cas d’inexécution du caractère indiqué dans l’article 4.1(ii) concernant les Titres de cette série, ladite notification sera faite au moins 30 jours suivant le moment de cette inexécution. Aux fins du présent Article, le terme « inexécution » signifie tout événement qui constitue ou qui, après la notification de l’écoulement du temps, deviendrait un Cas d’inexécution concernant les Titres de cette série ; et (g) aucune des dispositions contenues dans le présent Contrat ou dans les termes et conditions des Titres de toute série requerra que le Fiduciaire utilise, paie en avance ou risque ses propres fonds ou, d’une autre manière, engage sa responsabilité patrimoniale personnelle pour cause de l’exécution de ses devoirs ou de l’exercice de ses droits ou facultés, dans le cas où il y aurait des motifs raisonnables à croire qu’il ne peut pas être garanti au Fiduciaire de manière satisfaisante le remboursement desdits fonds ou une indemnité suffisante pour cette responsabilité ; En cas de Titres d’une série régis par la loi d’Angleterre, ne sera appliqué l’article 1er de la Loi des fiduciaires de 2000 (Trustee Act 2000) du Royaume-Uni à aucune fonction du Fiduciaire. Il est établi que, dans le cas où le Fiduciaire ne montrerait pas le degré de diligence requise pour sa qualité de fiduciaire, compte tenu des dispositions du présent Contrat et/ou des Termes de titres de toute série lui conférant des facultés fiduciaires, des facultés de toute nature, des autorisations ou des facultés discrétionnaires, aucune disposition du présent Contrat le libérera ni lui donnera d’indemnité par rapport à toute responsabilité qui autrement lui serait attribuée pour faute grave, inexécution dolosive, inexécution des devoirs ou inexécution du fidéicommis dont il serait responsable. PUBLICITÉ Détenteurs des titres de la dette argentine. Offres d’échange souverain 2005-2010 régies par la loi d’Angleterre et du Pays de Galles L a République Argentine fait savoir aux Détenteurs des titres de la dette argentine ayant adhéré aux Offres d’échange souverain de 2005 et de 2010 régies par la Loi d’Angleterre et du Pays de Galles (« Euro Bonos ») que, en exécution des obligations assumées par notre pays dans les Prospectus 2005 et 2010 et dans le Trust Indenture du 2 juin 2005 modifié le 30 avril 2010, la République Argentine – tel qu’il a été informé par l’Annonce légale du 27 juin 2014 – a réalisé en temps et en forme le paiement des montants correspondant à l’échéance des intérêts des nouveaux titres émis dans le cadre des Offres d’échange souverain 2005-2010. Ces fonds doivent être distribués aux Détenteurs par la Bank of New York Mellon, en tant qu’Agent fiduciaire ainsi que par les banques intermédiaires et agents de paiement respectifs, qui ont déjà été dûment enjoints par la République Argentine afin qu’ils exécutent leurs obligations concernant le recouvrement par les Détenteurs des fonds déjà déposés en temps et en forme par la République Argentine, et qui font partie de leur propriété. Le 27 juin 2014, dans le cadre de l’affaire NML Capital, Ltd., et al, v. Republic of Argentina, Monsieur le Juge Thomas Griesa a empêché la distribution des fonds déposés en temps et en forme par la République Argentine pour l’échéance des intérêts ayant eu lieu le 30 juin 2014. Ces sommes font partie de la propriété des Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain 2005-2010, dans le cadre du Trust Indenture et de la législation applicable. La République Argentine ratifie que les Détenteurs ont un droit absolu et inconditionnel au recouvrement des montants déposés par la République Argentine sur le compte fiduciaire de l’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon), ce patrimoine étant une propriété exclusive des Détenteurs, et aucun tiers ne pouvant porter atteinte audit droit. L’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon) a l’obligation, dans tous les cas, d’administrer et de distribuer ledit patrimoine au bénéfice des Détenteurs, ne pouvant ni retenir ni rembourser de manière valable ces montants à la République Argentine. Il est aussi à ajouter que les titres « Euro Bonds » se trouvent hors de la juridiction de la Cour du District Sud de New York à la charge dudit magistrat. Ainsi, tel qu’il a été dénoncé par le Groupe des détenteurs des titres appelé « Euro Bondholders » lors de sa présentation du 29 juin 2014, Monsieur le Juge Thomas Griesa a outrepassé sa juridiction en prononçant les ordres pari passu, lesquels ne peuvent aucunement atteindre de manière valable la procédure de recouvrement des titres « Euro Bonds ». Premièrement, parce qu’un juge des États-Unis n’a pas compétence pour obstruer des tiers étrangers dans l’exécution de leurs obligations contractuelles et légales sur un territoire étranger, en vertu de la loi étrangère. Et deuxièmement, parce qu’un juge des États-Unis n’a pas non plus compétence pour porter atteinte au recouvrement des titres régis par les lois d’Angleterre et du Pays de Galles et payés en euros conformément à une procédure de règlement qui ne passe pas par les États-Unis. De fait, le 27 juin 2014, la Cour du District Sud de New York a statué, suite à une présentation réalisée par la Citibank, que les ordres pari passu prononcés dans le cadre de l’affaire NML Capital, Ltd., et al, v. Republic of Argentina n’empêchent pas le recouvrement des titres régis par la loi argentine, reconnaissant ainsi qu’elle n’a pas juridiction sur ces derniers. De plus, il est à ajouter que le système d’inscription en comptes (book-entry) des titres maintenus à Euroclear S.A./N.V. jouit d’immunité inconditionnelle de saisie conformément à l’Article 11 du Décret royal coordonnée N° 62 du 10 novembre 1967, qui est à son tour renforcé par l’Article 9 de la Loi du 28 avril 1999 mettant en place la Directive concernant le caractère définitif du règlement de l’UE tel qu’amendé par l’Article 15 de la Loi du 19 novembre 2004 et des lois ultérieures, protégeant virtuellement ainsi tout transfert de sommes d’argent fait à Eu- roclear et des comptes de règlement en espèces maintenus à Euroclear. Par conséquent, la conduite de l’Agent fiduciaire de ne pas distribuer les montants déposés aux Détenteurs des Offres d’échange souverain 20052010 (ou toute demande en justice dans ce but) entraîne une violation de ses obligations face au Trust Indenture, de la législation applicable, et porte atteinte aux droits et aux intérêts des Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain 2005-2010, conformément aux Sections 3.1, 4.5, 4.9 et 5.1, entre autres, du Trust Indenture. La présente annonce légale est publiée dans le but de communiquer aux Détenteurs ayant adhéré aux Offres d’échange souverain de 2005 et de 2010 régies par la Loi d’Angleterre et du Pays de Galles l’exécution effective par la République Argentine de ses obligations par rapport à ces derniers, des Prospectus respectifs et du Trust Indenture, dans le cadre des législations argentine et étrangère applicables, toute responsabilité et/ou inexécution susceptible d’être imputée à la République Argentine étant écartée dans le cas où un ordre judiciaire ou une conduite de l’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon) viendrait directement ou indirectement à obstruer, empêcher ou suspendre le recouvrement de l’échéance des intérêts ayant eu lieu le 30 juin 2014, et/ou à porter sur le patrimoine fiduciaire des Détenteurs déposé le 27 juin 2014 sur les comptes de l’Agent fiduciaire (Bank of New York Mellon). i- constitué par Knighthead Capital Management, LLC, Redwood Capital Management, LLC, Perry Capital LLC, VR Global Partners, LP, Monarch Master Funding 2 (Luxembourg) S.à.r.l., Silver Point Capital LP, QVT Fund IV LP, QVT Fund V LP, Quintessence Fund LP et Centerbridge Partners. ii. “Aucun participant (autre que l’opérateur ou l’agent de réglement), aucune contrepartie et aucun tiers ne pourra saisir, séquestrer ou bloquer autrement un compte de réglement en espèces maintenu auprès de l´opérateur d’un Systeme o d’un agent de réglement en espèces, ou un transfert en espèces, à travers une institution financière de Belgique ou étrangère, pour crédit sur ce compte de reglement en espèces” (article 9 de la Loi belge du 28 avril 1999 mettant en oeuvre la Directive sur la Fermeté du Réglement de l ‘Union Européene, avec les amendements contenus à l’article 15 de la loi du 19 novembre 2004).” iii- Le Trust Indenture (du 2 juin 2005, modifié le 30 avril 2010) établit, dans ses parties pertinentes Article 3.5. Paiements. (a) Afin de prévoir le paiement du capital et des intérêts concernant les Titres de toute Série au fur et à mesure que ceuxci deviennent exigibles, la République s’engage à payer, directement ou indirectement, sur un compte du Fiduciaire dans le Bureau du fidéicommis sociétaire ou dans le Bureau du Fiduciaire convenu par celui-ci et la République (ou, en cas de paiements libellés en une monnaie autre que le dollar américain, dans le lieu établi dans une Autorisation), au plus tard à 13h00, heure locale du lieu de paiement, au plus tard le jour ouvrable avant chaque date de paiement des intérêts ou chaque date de paiement du capital (ci-après la « Date de paiement ») de ces Titres, avec des fonds immédiatement disponibles en dollars américains (ou dans la monnaie spécifiée dans les Termes des titres de la série par rapport à laquelle le paiement doit être effectué), un montant qui (conjointement avec les fonds que le Fiduciaire aurait à ce moment-là et qui se trouveraient disponibles à cette fin) sera suffisant pour régler le montant total des intérêts, du capital ou des deux, ainsi que tout autre montant qui, le cas échéant, deviendrait exigible concernant ces Titres dans la Date de paiement mentionnée. Sur réception effective desdits fonds conformément au présent Article 3.5(a), le Fiduciaire appliquera ce montant au paiement devant être fait à cette Date de paiement. Tant que cette application n’est pas effectuée, le Fiduciaire maintiendra ces montants en vertu d’un fidéicommis au bénéfice exclusif du Fiduciaire et des Détenteurs ayant droit à ces montants conformément à leurs droits respectifs. La République n’aura aucun droit sur ces montants. Article 4.5. Application du produit. Toute somme reçue par le Fiduciaire conformément à cet article sera appliquée en suivant l’ordre précisé par la suite, à la date ou aux dates établie(s) par le Fiduciaire et, dans le cas où se réaliserait la distribution de ces montants en tant qu’acompte du capital ou des intérêts, après avoir présenté les Titres de la série pour laquelle les sommes auraient été reçues et avoir apposé un sceau (ou tout autre notation) faisant foi du paiement ; ou bien après avoir émis des Titres pour des montants de capital réduits en échange des Titres présentés, dans le cas où ils seraient payés partiellement ; où après leur remise, dans le cas où le paiement serait total : PREMIÈREMENT : Au paiement de tous les montants dus au Fiduciaire ou tout représentant ou Partie désignée du Fiduciaire par rapport au présent Contrat ou aux Titres de toute série, y compris (à titre d’exemple) les montants dus conformément à l’Article 5.6 ; DEUXIÈMEMENT : Dans le cas où le capital des Titres de cette série ne serait pas à ce moment-là exigible, au paiement des intérêts encourus et en demeure concernant cette Série de titres selon l’ordre d’échéance des mensualités desdits intérêts, les intérêts étant calculés (dans la mesure où ils n’auraient pas été recouvrés par le Fiduciaire) par rapport à ces mensualités échues des intérêts au même taux que celui stipulé dans ces Titres, et devant réaliser ces paiements proportionnellement aux Personnes ayant droit à ceux-là, sans aucune discrimination ou préférence ; TROISIÈMEMENT : Dans le cas où le capital des Titres de cette série serait à ce moment-là exigible, au paiement du montant total étant dû à ce moment-là et pas encore payé par rapport à tous les Titres de cette série, correspondant au capital et aux intérêts, au taux d’intérêt stipulé dans ces Titres ; dans le cas où ces sommes s’avéreraient insuffisantes pour régler de manière intégrale le montant total exigible concernant les Titres de cette série, au paiement du capital et des intérêts, sans aucune préférence ou priorité du capital sur les intérêts, des intérêts sur le capital, de toute mensualité des intérêts sur une autre mensualité des intérêts, ou de tout Titre de cette série sur un autre Titre de la même série, de manière proportionnelle au montant total du capital et des intérêts encourus mais non pas réglés. Article 4.9. Droit inconditionnel des Détenteurs des Titres à percevoir le capital et les intérêts. Sous réserve des dispositions de l’article 4.8, tout Détenteur des titres aura le droit absolu et inconditionnel à percevoir le paiement du capital et des intérêts concernant leur Titre à la date d’échéance établie pour ce paiement exprimée sur le Titres (avec des modifications possibles conformément à l’article 7) et à entamer des actions dans le but d’en exiger tout paiement. Ce droit ne sera pas modifié sans le consentement de ce Détenteur. Article 5.1. Obligations et responsabilités du Fiduciaire. Le Fiduciaire s’engage à exécuter seulement les obligations spécifiquement établies par le présent Contrat. Il ne sera pas interprété que les dispositions du présent Contrat libèrent le Fiduciaire de responsabilité pour ses actions ou omissions fautives, sa mauvaise foi, ses actes dolosifs ou l’inexécution de ses devoirs fiduciaires, compte tenu des dispositions du présent Contrat et/ou des Termes des Titres de toute série lui conférant des facultés fiduciaires, des facultés de tout autre nature, des autorisations ou des facultés discrétionnaires, parmi lesquelles sont comprises (à titre d’exemple) : (a) Les devoirs et les obligations du Fiduciaire seront déterminés exclusivement par les dispositions expresses du présent Contrat et le Fiduciaire n’aura aucune responsabilité au-delà de l’inexécution des devoirs et des obligations spécifiquement établis dans le présent Contrat. Ne sera pas non plus imputé au Fiduciaire un engagement ou obligation implicite dans le présent Contrat ; (b) s’il n’y a pas de faute grave ou comportement dolosif du Fiduciaire, celui-ci pourra se fonder de manière concluante, en tout ce qui concerne la véracité des déclarations et l’exactitude des opinions exprimées dans le présent, dans les déclarations, certificats ou opinions facilités au Fiduciaire, remplissant les conditions du présent Contrat ; mais dans le cas des déclarations, des certificats ou des opinions qui, conformément aux dispositions du présent contrat, doivent se faciliter spécifiquement au Fiduciaire, celui-ci aura l’obligation de les inspecter afin de déterminer s’ils remplissent formellement les conditions du présent Contrat seulement ; (c) le Fiduciaire n’aura aucune responsabilité pour les erreurs d’appréciation commises de bonne foi par un Fonctionnaire responsable ou des Fonctionnaires responsables du Fiduciaire, à moins qu’il soit prouvé que le Fiduciaire a commis une faute grave dans la détermination des faits pertinents ; (d) le Fiduciaire n’aura aucune responsabilité pour toute action ou omission propre concernant les Titres de toute série faite de bonne fois conformément aux instructions des Détenteurs des titres de, au moins, la Majorité du montant du capital agrégé à payer des Titres de cette série, ce qui comprend (entre autres) des questions relatives au moment, à la méthode et au lieu de promotion d’une procédure pour se prévaloir d’un recours dont dispose le Fiduciaire ou à l’exercice d’une faculté fiduciaire ou de tout autre nature étant conférée au Fiduciaire conformément au présent Contrat ; (e) sous réserve de tout autre disposition établie dans le présent Contrat, en aucun cas ne sera responsable ni le Fiduciaire ni aucun agent de paiement fiduciaire ni aucune Partie désignée par le Fiduciaire de conformité ou en relation avec le présent Contrat pour des dommages et intérêts indirects, spéciaux, incidents, punitifs ou médiats de toute nature, y compris, entre autres, le manque à gagner, soit prévisible ou non, même si le Fiduciaire ou si cet agent de paiement fiduciaire ou Partie désignée a été informé de cette possibilité et au-delà de la forme de l’action pour laquelle ces dommages et intérêts seraient réclamés ; (f) dans le cas ou une inexécution aurait lieu conformément au présent concernant les Titres de toute série, et dans le cas où le Fiduciaire aurait une connaissance effective de cette inexécution, le Fiduciaire notifiera cette inexécution aux Détenteurs des Titres ; cependant, il est établi que, en cas d’inexécution du caractère indiqué dans l’article 4.1(ii) concernant les Titres de cette série, ladite notification sera faite au moins 30 jours suivant le moment de cette inexécution. Aux fins du présent Article, le terme « inexécution » signifie tout événement qui constitue ou qui, après la notification de l’écoulement du temps, deviendrait un Cas d’inexécution concernant les Titres de cette série ; et (g) aucune des dispositions contenues dans le présent Contrat ou dans les termes et conditions des Titres de toute série requerra que le Fiduciaire utilise, paie en avance ou risque ses propres fonds ou, d’une autre manière, engage sa responsabilité patrimoniale personnelle pour cause de l’exécution de ses devoirs ou de l’exercice de ses droits ou facultés, dans le cas où il y aurait des motifs raisonnables à croire qu’il ne peut pas être garanti au Fiduciaire de manière satisfaisante le remboursement desdits fonds ou une indemnité suffisante pour cette responsabilité ; En cas de Titres d’une série régis par la loi d’Angleterre, ne sera appliqué l’article 1er de la Loi des fiduciaires de 2000 (Trustee Act 2000) du Royaume-Uni à aucune fonction du Fiduciaire. Il est établi que, dans le cas où le Fiduciaire ne montrerait pas le degré de diligence requise pour sa qualité de fiduciaire, compte tenu des dispositions du présent Contrat et/ou des Termes de titres de toute série lui conférant des facultés fiduciaires, des facultés de toute nature, des autorisations ou des facultés discrétionnaires, aucune disposition du présent Contrat le libérera ni lui donnera d’indemnité par rapport à toute responsabilité qui autrement lui serait attribuée pour faute grave, inexécution dolosive, inexécution des devoirs ou inexécution du fidéicommis dont il serait responsable. PRÉSIDENCE DE LA NATION RÉPUBLIQUE ARGENTINE Contact : Mme Analía RACH. Tél. +54 (11) 41 14 95 95. Courriel : privada@jefatura.gob.ar Ministère des Affaires étrangères et du Culte de la République Argentine. Esmeralda 1212, Buenos Aires, C1007ABR. République Argentine. Tél. + 54 (11) 48 19 70 00 ÿ info@cancilleria.gob.ar ÿ http://www.mrecic.gov.ar/ La rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation de ce supplément 14 culture 0123 Jeudi 10 juillet 2014 Réjouissons-nous, la paix est enfin là! «Mahabharata-Nalacharitam», mis en scène par le Japonais Satoshi Miyagi, a envoûté les spectateurs Théâtre Avignon Envoyée spéciale E nfin,la beautéa étéaurendezvous d’un soir. C’était mardi 8 juillet, à la Carrière de Boulbon,avec Mahabharata-Nalacharitam, dont la première représentation, prévue la veille, lundi 7 juillet, avait dû être annulée à cause de l’orage. Un orage si violent qu’il a endommagé une des tours du Palais des papes et rendu impraticable la piste menant à la Carrière de Boulbon, à une douzaine de kilomètres d’Avignon. Cet endroit magnifique, ovale, minéral et sauvage, qui ouvre sur le ciel de la garrigue, ne serait jamais devenu un lieu de spectacles si, en 1985, Peter Brook ne l’avait choisi pour créer… Le Mahabharata, précisément. Le spectacle durait douze heures, c’était une inoubliable traversée de la nuit. Cette année, il dure à peine deux heures, et c’est un bonheur, signé par le Japonais Satoshi Miyagi. Avignon découvre ce metteur en scène de 55 ans qui a fait un choix très particulier. Contrairement à Peter Brook, qui suivait le fil du livre sacré de l’Inde, retraçant les guerres entre les familles royales des Pandava et des Kaurava, Satoshi Miyagi se concentre sur un épisode du Mahabharata où l’on ne se bat pas. C’est l’histoire d’une princesse au charme inégalé, Damayanti, que les dieux du paradis auraient aimé voir s’unir à l’un d’entre eux, mais qui choisit d’épouser un mortel, le roi Nala. Douze ans durant, le couple est heureux et le royaume prospère. Mais, un jour, Nala reçoit la visite de son frère, qui vient d’un royaume voisin, et lui inculque le vice du jeu. Nala perd tout, jusqu’à son épouse aimée, à qui il ne veut pas faire partager son sort misérable d’homme jeté sur les routes. AinsivaleNalacharitam,quiverra le couple se retrouver après de multiples aventures que Satoshi Miyagiabordeenpuisant auxsources de la tradition du kabuki, du nô et du bunraku. Il y a, dans son art, des subtilités multiples qui échappent à un esprit occidental. Mais cela n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est ce que l’on voit à la Carrière de Boulbon, où les spectateurs sont enserrés dans un cercle offrant aux vingt comédiens et dix musiciens une céleste aire de jeu. Les musiciens sont aux percussions (gamelan, djembé…), les comédiens pratiquent la division dutravail,ensomme :certainss’ex- Répétition de la pièce « Mahabharata-Nalacharitam », du Japonais Satoshi Miyagi, à la Carrière de Boulbon, près d’Avignon, le 5 juillet. BERTRAND LANGLOIS/AFP priment par la parole, d’autres par le corps. C’est à la fois très simple, et très sophistiqué. Et surtout très beau, non pas de cette beauté qui coupe le souffle, mais de celle qui libère de la pesanteur, comme un envol vers un monde où tout n’est que présence légère de l’instant. Quelle merveille que ces costumes, dont certains sont en papier ! Quelle merveille que ces interprètes, unis comme les doigts de la main, experts et facétieux ! On n’est pas près d’oublier Kazunori Abe, le narrateur, qui parfois s’exprime en français (et chante même Sur le pont d’Avignon), ni Micari, l’interprète de Damayanti, éblouissante de bout en bout. Quand, à la fin, elle tend son bras nu vers le ciel, dans un geste parfait, on pense autant aux dieux du théâtre qu’à ceux du Mahabharata. Bref, on est heureux, et prêt à croire à la chute du Nalacharitam : « Réjouissez-vous, la paix est là ! » Mais, en ce 8 juillet, cette paix s’est méritée. Elle est arrivée après la première d’un autre spectacle, Don Giovanni. Letzte Party (« Don Giovanni. Dernière fête »), donné à l’Opéra-Théâtre en fin d’après- Quelle merveille que ces costumes, dont certains sont en papier! Quelle merveille que ces interprètes, experts et facétieux! midi, qui récusait toute tranquillité, d’une manière intempestive. Selon les dires mêmes de son metteur en scène, Antu Romero Nunes, né en 1983 en Allemagne, de parents chiliens, c’est une « putain de comédie » inspirée par l’opéra de Mozart et de Da Ponte. Elle vient du Thalia Theater de Hambourg, où l’argent ne manque pas. Il y a plus de vingt interprètes sur le plateau, dont sept musiciennes (piano, percussions, basse, saxophone, flûte,trompette…)habillées de noir néo-punk, et furieusement efficaces. Johannes Hofmannleur a composé des airs qui détournent ceux de Mozart et accentuent la débandade voulue par la mise en scène. Car il s’agit, une fois de plus en Allemagne, de déconstruire une œuvre, en la mettant cul par-dessus chemise et en la modernisant jusqu’à l’outrance. Cela commence parunescèneoù Leporello,portant une méchante robe de chambre sur son costume d’époque, invitele public à se livrer à des exercices de mise en voix. Puis descend des cintres une sorte de vaisseau spatial, constitué de trois cercles avec des projecteurs, dont émerge, sous des fumigènes, un Don Giovanni déca- dent, avec une perruque en forme de choucroute, qui, lui aussi, s’adresseauxspectateurs :«Mesdames, sachez que je suis à votre entière disposition. Messieurs, sachez que je suis ouvert, pardon, que je suis aussi à votre disposition. » Le ton est donné. Ce sera celui de l’appelausexe, parce qu’il n’y a rien de mieux à faire pour contrer la mort. Vieille rengaine, direz-vous. Oui, mais Antu Romero Nunes (qu’Avignon découvre, lui aussi), est encore jeune : il a besoin de s’en servir pour faire passer sa révolte et son désir de vivre. A certains moments, son texte a des accents à la Rodrigo Garcia : ce sont les meilleurs, ceux où l’on sent une vraie mélancolie. A d’autres, il fait et dit n’importe quoi. Mais il a du talent, il invente des images furieuses avec le vaisseau spatial de lumières, et il laisse les comédiens aller au bout de leurs délires, qui ne manquent pas de sel, ni d’ironie. Du coup, le public suit. On voit des dizaines de femmes passer de la salle à la scène, où elles sont invitées à danser pendant l’entracte. Quand le spectacle reprend, Don Giovanni, totalement ivre, marche entrelesfemmesquichantentcomme il le ferait entre des tombes. La mort, incarnée par une comédienne, le prend par la main. La fête est finie. «Continuez à chanter », dit-il. Il s’en va. Les spectateurs aussi. p Brigitte Salino Mahabharata-Nalacharitam, mis en scène par Satoshi Miyagi. Carrière de Boulbon, à 22 heures, jusqu’au 19 juillet (relâche le 16). Durée : 1 h 50. De 10 ¤ à 38 ¤ (en japonais surtitré). Don Giovanni. Letzte Party, d’après Mozart et da Ponte. Mise en scène par Antu Romero Nunes. Opéra-Théâtre, à 18 heures, jusqu’au 11. Durée : 2 h 30 (en allemand surtitré). De 10 ¤ à 28 ¤. Tél : 04-90-14-14-14. Allemagne-Brésil, match nul à Avignon Deux spectacles pourtant très attendus, adaptés d’œuvres d’Hölderlin et de Bernardo Carvalho, ont déçu les festivaliers Théâtre Avignon Envoyée spéciale D écidément, les dieux du théâtre grondent et tempêtent à Avignon, en ce début de Festival. Après (et avant ?) les grèves intermittentes, après les trombes d’eau qui ont conduit à l’annulation deplusieurs représentations, voilà le mal ultime : la déception. Elle empoisse sournoisement l’atmosphère, alors que plusieurs spectacles présentés comme des découvertes ou des temps forts du Festival n’ont – c’est une litote – pas répondu aux attentes. Ce fut le cas déjà avec The Humans, d’Alexandre Singh, et désormais, avec Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas, comme avec Hypérion. La situation, hélas, pourrait se résumer ainsi : Brésil-Allemagne, match nul. Deces deux spectacles,on attendait beaucoup. Le premier, Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas, qui peut sans hésiter se voir décerner le prix de plus beau titre de pièce du festival, est signé par un metteur en scène brésilien que l’on ne connaissait pas, Antonio Araujo. Dans l’Hôtel des Monnaies d’Avignon, réquisitionné pour l’occasion, il emmène les spectateurs dans une déambulation qui suit les pas d’une jeune femme revenant dans son pays d’origine (le Brésil, par exemple) après être devenue, dans son pays d’adoption (qui pourrait être la France), un exemple parfait de « yuppie » brillante et pleine de certitudes. Mondialisation, crise économique et morale, perte d’identité et de repères, islamisme, montée de nouveaux fascismes, exclusion, trafics divers… La pièce, écrite par Bernardo Carvalho, brasse. Beaucoup. Sans bien maîtriser ce qu’elle manipule, et dans une écriture qui n’a pas grand-chose à envier à ces sitcoms qui inondent l’ensemble du continent sud-américain. Le spectacle compose une forme de chaos, utilisant tous les espaces de l’Hôtel des Monnaies. Coup de poing à tous les étages. Mais ni le propos grossièrement dénonciateur, ni le jeu, d’une médiocrité assez rare à Avignon, ne peuvent convaincre. Ni, surtout, la manière de manipuler et de prendre en otage le spectateur, comme lors de cette scène d’émeute qui, sans doute, vise à placer le « bourgeois » dans une situation inconfortable mais bien peu réflexive. Rideau. Avec Hypérion, de Friedrich Hölderlin, que signe Marie-José Malis, la nouvelle directrice du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), on est évidemment dans un tout autre registre. Las ! C’est une souffrance que l’on ne souhaiterait voir infliger à personne, et surtout pas à des jeunes gens qui découvriraient le théâtre, que ces cinq heures interminables et affligeantes d’ennui. Marie-José Malis transforme le texte sublime de l’auteur allemand, un des plus beaux de la littérature européenne, en un prêche pour une « nouvelle Eglise » que La pièce écrite par Bernardo Carvalho brasse. Beaucoup. Dans le spectacle de Marie-José Malis, rien ne s’incarne: ni les «personnages», ni les idées, ni le sentiment les spectateurs qui ne seraient pas des adeptes avertis d’Hölderlin seraient bien en peine de définir. Rien ne s’incarne, dans ce spectacle de patronage: ni les « personnages », ni les idées, ni le sentiment, pourtant si brûlant aujourd’hui, d’une « fin de l’histoire », de l’échec des révolutions (française, grecque, arabes…) et d’un désir de renouveau et de changement du monde. Certes, la matière n’est pas facile à porter à la scène. Leroman épistolaire écrit par l’auteur allemand en 1797 sur les ruines de la Révolution française et les flammèches de l’insurrection grecque naissante n’est pas exactement théâtral, avec ses longs passages lyriques et déclamatoires. Comme le note le poète Philippe Jaccottet, qui l’a magnifiquement traduit en français, il est écrit dans une langue effusive et empreinte de « mélancolique solennité », mais ne propose pas de narration au sens classique du terme, avec des personnages caractérisés. C’est un chant, celui d’un poète désespérément tendu vers la recherche de son « butin de beauté » pour « combler les lacunes de la vie humaine ». De là à en faire une messe, il n’y a qu’un pas que franchit allègre- ment cet Hypérion sous Xanax, plombé par son décor indigent de taverne grecque et par un jeu d’acteur à la fois emphatique et apathique. Ni le K.-O. debout envoyé dans la figure par Antonio Araujo, ni la léthargie irrépressible provoquée par Marie-José Malis ne permettent de se saisir de l’état du monde tel qu’il est, c’est-à-dire bien mal en point. Que faire ? Pas grand-chose. Si ce n’est dire des choses qu’on pense dans une langue qu’on parle, peut-être. p Fabienne Darge Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas, de Bernardo Carvalho. Mise en scène par Antonio Araujo. Hôtel des Monnaies, à 21 heures, 22 heures ou minuit, jusqu’au 17 juillet. Durée : 2 heures. Hypérion, de Friedrich Hölderlin. Mise en scène par Marie-José Malis. Théâtre Benoît-XII, à 18 heures, jusqu’au 16 juillet. Durée : 5 heures. Tél : 04-90-14-14-14. De 14 ¤ à 28 ¤. 0123 culture Jeudi 10 juillet 2014 L’art de la chorégraphie distordu avec fulgurance par Thomas Lebrun 15 Jean-Baptiste Carpeaux, sculpteur érotomane, arriviste et incompris Le Musée d’Orsay, à Paris, consacre une rétrospective à l’artiste mal-aimé de l’Empire «Lied Ballet» met en scène, à Avignon, dix interprètes, dont un pianiste et un chanteur Arts Danse Avignon Envoyée spéciale U ne danse fière, décidée, une danse qui ne boude pas son plaisir. La voilà, la danse de Thomas Lebrun. Elle fait irruption sur le plateau du Cloître des carmes avec un jeune couple qui se tient main dans la main et se pose côte à côte, droit comme un « i ». Il est rejoint par six interprètes, tous habillés en noir, qui s’élancent d’un coup sec comme on débouche une bouteille. La franchise avec laquelle Lied Ballet, pièce pour dix interprètes dont un pianiste et un chanteur, marque son territoire à grands pas nets et mouvements de bras, donne une idée de son appétit sans limites.Tout est bon, tout est possible sur le plateau qui secoue un panel d’humeurs et de styles. Etilyenadans cettepièce ouvertement référencée de Thomas Lebrun! Le directeurduCentre chorégraphique de Tours convoque ici, pour les mettre à sa sauce, les nombreuses influences qui traversent, plus ou moins explicitement, l’écriture chorégraphique contemporaine et la sienne en particulier. Lied Ballet, dont l’écriture aiguë progresse par à-coups, entrelace différentes strates, accrochées à la structure en trois actes du ballet académique : danse-théâtre avec des textes récités en chœur par les interprètes, expressionnisme à grands renforts de grimaces et de statuaires, abstraction pure et sèche,classiquetendance pantomime. Le tout réinventé, distendu, tordu,parfoisaubord del’effondrement… La photo de famille en noir et blanc de ce Lied Ballet, aux images souvent fulgurantes, renvoyant l’image d’un casting contemporain dépareillé, constitué de personnalités bien trempées, est loin des canons classiques trop univoques. Lied Ballet, comme son titre l’indique, se cogne à deux pans de la culture musicale et chorégraphique pour n’en faire qu’une bouchée… en trois temps. Des lieder de Franz Schubert, Gustav Mahler et Alban Berg, chantés enlive par Benjamin Alunni, servent de trame au récit des danseurs. Leurs thèmes – l’amour, la mort, la nature, l’errance… – noyautent les situations et les actions du spectacle, qui circule entre soli, pas de deux, de trois et tableaux de groupe, comme le veut tout ballet qui se respecte. A trop enfoncer le clou Le ton de manifeste de Lied Ballet déborde parfois de façon un peu trop évidente. A vouloir enfoncer le clou d’une histoire de la danse qui relie hier et aujourd’hui, Thomas Lebrun prend le risque de se coincer dans une démonstration, avec ce que cela entraîne de vissé et de sérieux. Pour cet homme extrêmement libre dans les thèmes et les esthétiques depuis la création de sa compagnie en 2000 – il a évoqué l’identité masculine, les corps différents, le sida –, il importait apparemment de revendiquer une généalogie chorégraphique loin desconceptsà la mode.Mais fallaitil à ce point l’affirmer ? Si les deux premiers actes, d’une beauté nerveuse, réservent des séquences magnétiques avec des élansjuvéniles,desénergiesélectriques, le troisième, axé sur le corps de ballet et les mouvements de groupe, si réussi soit-il avec ses ports de bras circulaires, finit par sentirla fin del’exercice. C’est dommage tant le propos d’ensemble tient remarquablement la route. Thomas Lebrun aurait gagné à ruer (un peu) dans les brancards comme il sait si bien le faire. Un bon coup de chausson peut parfois réveiller le frisson. p Rosita Boisseau Lied Ballet, de Thomas Lebrun, jusqu’au 13 juillet au Cloître des carmes à 22 heures. INSTANTANÉ THÉÂTRE Sergi Lopez, l’homme est un drôle d’animal Avignon Envoyée spéciale Chaque édition du « off » d’Avignon recèle des pépites. Gageons que 30/40 Livingstone deviendra l’un des spectacles les plus courus cette année. Derrière ce titre en apparence énigmatique se cache la performance de Sergi Lopez et de son compère Jorge Pico. L’acteur catalan préféré du cinéma français (Harry, un ami qui vous veut du bien, Une liaison pornographique…) et le comédien et metteur en scène valencien livrent un réjouissant face-à-face entre un homme mal dans sa peau parce qu’en mal d’aventure (Sergi Lopez) et une créature à tête de cerf, muette, craintive et joueuse de tennis (Jorge Pico). Surprenant ? Résolument. Absurde ? Délicieusement. Ecrite, mise en scène et interprétée par les deux artistes et amis espagnols, cette pièce drolatique a des allures de fable anthropologique et humaniste. Dans sa quête d’émancipation et d’exploration, Sergi Lopez, avec son accent chaleureux et familier, se donne sans compter. Il danse comme un gamin, s’amuse de son ventre grassouillet (« le corps, c’est juste une carcasse, un outil »), se déshabille, se rhabille, geint, s’emballe et se moque, dans une scène inoubliable, du village VIP des tournois tennistiques. Il s’éclate, et son plaisir est communicatif. L’homme est un drôle d’animal, à la fois insatisfait et sûr de lui, en quête de liberté mais sans cesse rattrapé par ses habitudes et son éducation; qui tue le père avant de finir par lui ressembler. Sergi Lopez confronte chacun d’entre nous à notre capacité bien fragile de résistance. Jorge Pico, bois dressés sur la tête, n’a pas besoin de mots pour mettre cet explorateur à la petite semaine face à ses contradictions terriblement humaines. Ses gestes et ses regards disent tout. Le plus civilisé des deux n’est pas celui qu’on croit. 30/40Livingstone fait partie des cinq spectacles soutenus par l’Institut public espagnol RamonLlull dans le cadre de la troisième édition d’« Avignon à la catalane». Après 80 représentations en Espagne et quelques dates sur les scènes de Montbéliard (Doubs) et de Perpignan, ce pas de deux devrait connaître un bel avenir. p Sandrine Blanchard 30/40 Livingstone, jusqu’au 27 juillet, tous les jours à 19 h 25 au Théâtre La Luna, 1, rue Séverine. Réservations : 04-90-86-96-28 D e Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), les Parisiens et lestouristes –ceuxquiprennent le temps de lever les yeux – connaissent La Danse, conçue pour l’Opéra construit par Charles Garnier,etle groupedes quatreparties du monde sur la fontaine de l’Observatoire. En passant, ils en admirentpeut-être lesnusen mouvement, mais ignorent sans doute combien les deux sculptures ont été d’abord maltraitées. Quand La Danse est dévoilée en 1869 , son obscénité supposée suscite une polémique telle qu’une nuit une bouteille d’encre noire est lancée contre elle et qu’elle aurait été retirée si la chute de Napoléon III n’avait fait oublier l’affaire. Même drame pour la fontaine : quand le modèle final est révélé en 1872, la critique y voit « quatre femmes déshabillées, dégingandées, [qui] se démènent d’un ahuri et furieux ». Le titre de l’exposition très complète que le Musée d’Orsay lui consacre – la première depuis très longtemps – contient donc un sous-entendu. C’est « Un sculpteur pour l’Empire », et non « de l’Empire », car le pouvoir n’a pas été pour Carpeaux le mécène et le protecteur dont celui-ci avait rêvé. Carpeauxexalte la nudité féminine en pressant l’argile comme une chair. Il réduit l’anatomie aux gorges, aux ventres,aux cuisses A 30 ans, ce provincial, fils d’une dentellière et d’un maçon, enfin Prix de Rome après six échecs successifs au concours, veut furieusement être le grand sculpteur officiel français, comblé de commandes et d’honneurs – d’argent aussi. Il est prêt à tout faire pour y parvenir, des bustes et têtes de Napoléon III, de l’impératrice Eugénie, de leur fils le Prince impérial, de la princesse Mathilde et des dames de la cour. Du prince, dont il se fait nommer professeur de dessin, il multiplie les effigies. La mère veut une statue en pied, le père un buste. Carpeaux exécute les deux et ajoute le chien préféré de l’enfant. Variantes et réductions en bronze ou marbre se succèdent. Conséquence de ces manœuvres : quand l’Empire tombe, en 1870, Carpeaux se retrouve dans la position de l’artiste compromis avec un régime détesté et doit se réfugier un temps à Londres avec lessiens, suivantlafamilleimpériale dans son exil. Quand il revient à Paris, il n’y a plus, naturellement, que peu d’amis. Il meurt bientôt, couvert de dettes et abandonné par son aristocratique épouse. Le pire est qu’en dépit de ces preuves de docilité l’empereur l’aide assez peu. Il défend le groupe que Carpeaux place sur le pavillon de Flore, au Louvre, et que l’architecte Hector-Martin Lefuel veut décapiter parce qu’il rompt les lignes de son dessin. Mais il le lâche quand La Danse est attaquée et ne lui commande pas le buste d’Eugénie tant espéré. Si Carpeaux finit par l’exécuter, c’est à son compte, l’impératrice posant de guerre lasse, revêche. Ne voir dans cette histoire qu’une fable morale – le courtisan puni, l’arriviste dégringolé – serait cependant esquiver la question principale : pourquoi, en dépit de tous ses efforts, Carpeaux n’arrive-t-il pas à plaire ? La réponse est dans ses dessins, ses peintures, ses modelages de terre et nombre de « La Danse », 1869. PATRICE SCHMIDT/MUSÉE D’ORSAY « Dernier autoportrait », 1874. HERVÉ LEWANDOWSKI/MUSÉE D’ORSAY ses plâtres : quand il ne se retient pas, l’art de Carpeaux est cru, violent, dramatique ou érotique. Il ne peut pas s’en empêcher, dirait-on. Les censeurs pudibonds de La Danse l’ont senti du fond de leur bigoterie : cet homme n’est pas de leur côté. Il exalte la nudité féminine en pressant l’argile comme une chair. Il réduit l’anatomie aux gorges, aux ventres, aux cuisses. Des ménades acéphales se tordent ou étirent des membres longs et souples comme les tentacules du poulpe obscène d’Hokusai. Quand il esquisse des groupes, qu’il s’efforce ensuite de rendre moins scandaleux, ce sont des agrégats de nus des deux sexes pressés les uns contre les autres. Quand ilpeint, c’estavec uneintensité expressionniste qui balafre la toile de grands gestes rouges et ocre et change les bals masqués aux Tuileries en parades sexuelles ou en préparatifs d’orgies. Ses études dessinées d’après modèle ont une densité physique très sensible et l’on ne s’étonne pas que ses deux artistes préférés soient Michel-Ange et Géricault. Les sujets qu’il se donne hors de toute commande publique, ce sont Ugolin – scène d’anthropophagie d’après Dante – ou un jeune Pêcheurà la coquille au sourire et au geste équivoques. Le voisinage, d’une vitrine à l’autre, dans le même espace exigu, des études réalisées à l’atelier sans contrainte, et des œuvres rendues publiques est plus convaincant qu’aucun discours : Carpeaux l’officiel et Carpeaux l’obsédé s’affrontent sans répit. Cette tension extrême se déclare avec évidence dans les autoportraits peints, manifestes paroxystiques. Il s’y montre les yeux exal- tés, dignes de l’autoportrait en fou (Le Désespéré) de Courbet, son exact contemporain, tout aussi érotomane que lui, comme on sait. A quelques pas de ces tableaux tragiques se trouve un buste de marbre, une dame à six rangées de perles et couronne de fleurs, le genre de Carpeaux qui ne nous intéresse plus aujourd’hui. Mais le nez est cassé, le menton écrasé, le cou coupé. La marquise de La Valette, une dame chic, n’avait pas été contente de ce portrait, où elle ne se jugeait pas assez rajeunie. A peine étaitelle sortie de son atelier que Carpeaux le massacra de rage à la masse. C’était en 1861, au début de sa carrière.Que, commencéede la sorte, elle ait fini douloureusement ne surprend donc pas. Carpeaux valait mieux que ses ambitions sociales, bien mieux. Il est heureux qu’une exposition le rappelle enfin. p philippe dagen Carpeaux, un sculpteur pour l’Empire, Musée d’Orsay, 1, rue de la Légiond’Honneur, Paris 7e. www.musee-orsay.fr Du mardi au dimanche de 9 h 30 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Entrée : de 8,50 à 11 euros. Jusqu’au 28 septembre. 16 0123 culture & styles Tous les sujets qui fâchent le président russe sont sur le tapis à «Manifesta» Jeudi 10 juillet 2014 Voyage La déambulation est permise dans la plus grande métropole du nord-ouest des Etats-Unis, de l’historique Pike Place Market à l’EMP, musée né grâce au cofondateur de Microsoft Seattle, comme un Indien dans la ville La biennale, organisée à Saint-Pétersbourg, épingle la politique de Vladimir Poutine B oycotter ou participer ? Depuis l’été 2013, les artistes invités par la biennale européenne Manifesta, organisée cette année à Saint-Pétersbourg jusqu’au 31 octobre, se posent cette question cornélienne. L’amendement d’une loi homophobe suivie parlacriseen Ukraineet lerattachement de la Crimée à la Russie ont exacerbé leur malaise. Initialementconvié,lecollectifpétersbourgeois Chto Delat s’est retiré, tout comme le Polonais Pawel Althamer. Peu avant l’inauguration, The Moscow Times titrait même : « Manifesta pourrait être annulé, selon Kasper König », déformant curieusement les propos du commissaire allemand de cette édition. Francis Alÿs a fracassé une Lada verte contre unarbre dans la cour de l’Ermitage, exutoirespectaculaire aux frustrations et frictions Or, l’événement a bel et bien été inauguré le 28 juin, au forceps. « Pourquoi aurais-je boycotté ? Qu’aurais-je eu à perdre ?, interroge l’artiste helvète Thomas Hirschhorn. Quand on fait un boycott, il faut accepter de sacrifier quelque chose. Je l’ai fait en n’exposant pas en Suisse de 2004 à 2008. » Pour Manifesta, il a conçu un immeuble soviétique dont la façade se serait effondrée. Seuls quelques tableaux constructivistes tiennent encore au mur, comme pour interroger le pouvoir de l’art. Son confrère belge Francis Alÿs a, lui, fracassé une vieille Lada verte contre un arbre dans la cour de l’Ermitage, exutoire spectaculaire aux frustrations et frictions. « Un boycott ne sert que si cela dérange quelqu’un, estime-t-il. Ici, tout le monde s’en fiche. » La biennale est en effet tout juste « tolérée » dans le fief de Vladimir Poutine. Aux premiers jours de la manifestation, la municipalité, qui a pourtant dépensé 3 millions d’euros, n’avait déployé aucun affichage pour la promouvoir. « Personne ne veut de Manifesta ici », admet Kasper König, qui ne cache rien des tensions budgétairesni de lacomplexité bureaucratique. Seul un homme a bataillé ferme, Mikhaïl Piotrovski, directeur Roxana Azimi Manifesta, jusqu’au 31 octobre, Ermitage, Saint-Pétersbourg, www.manifesta10.org ARTS Succès pour deux expositions de chefs-d’œuvre français en Chine Deux expositions de chefs-d’œuvre de la peinture française, organisées au printemps à Pékin et Shanghaï, ont rencontré un succès inattendu avec plus d’un demi-million de visiteurs, a annoncé mardi 8 juillet l’ambassade de France. Un total de 350 000 Chinois ont afflué à la rétrospective consacrée à Claude Monet à Shanghaï. De son côté, le Musée national de Chine a dû organiser des plages d’ouverture nocturnes pour accueillir les quelque 150 000 amateurs venus admirer les « dix chefs-d’œuvre de la peinture française » prêtés par Paris pour marquer ses cinquante ans de relations diplomatiques avec Pékin. Parmi les toiles exposées figuraient Le Bal du moulin de la Galette, d’Auguste Renoir, Le Matador, de Pablo Picasso, et le Portrait en pied de Louis XIV en grand costume royal, de Hyacinthe Rigaud. – (AFP.) p Musique Garth Brooks annule ses concerts à Dublin en raison de « nuisances sonores » Les cinq concerts que la star de la country Garth Brooks devait donner à Dublin en juillet pour son retour sur scène, après treize ans d’absence, ont été annulés, mardi 8 juillet, en raison d’un conflit avec la Ville. A la suite de plaintes de riverains du stade Croke Park où devaient avoir lieu les concerts, le conseil municipal avait décidé de n’autoriser que trois des cinq dates prévues. L’Américain a préféré tout annuler. – (AFP.) Le musée Experience Music Project et la Space Needle, haute de 184 mètres. FRÉDÉRIC REGLAIN/DIVERGENCE Seattle F aites le test : qu’évoque autour de vous Seattle, la plus grande ville de l’Etat de Washington? Lescinéphiles penseront au film de Nora Ephron sorti il y a plus de vingt ans, Nuits blanches à Seattle ou, éventuellement à Bruce Lee… Les fans de musique citeront Jimi Hendrix, Quincy Jones ou Kurt Cobain. Une grande majorité précisera que cette ville est le berceau de Boeing, de Microsoft, d’Amazon et de Starbucks… Bien sûr, Seattle c’est tout cela. Mais c’est surtout une ville de 600 000 habitants – 3 millions en comptant la banlieue – attachante. L’une de ces villes que l’on aime au premier contact, très verte. Devenue une destination nord-américaine « tendance » à l’instar de New York, Miami, San Francisco ou Las Vegas, cette ville à taille humaine de l’extrême nord-ouest des Etats-Unis provoque un vrai coup de cœur tant elle a à offrir. Un conseil : partir à la découverte du Pike Place Market, ce marché plus que centenaire, connu dans tous les Etats-Unis, de bon matin. Non seulement la déambulation y est plus facile – les cars de touristes n’y ont pas encore déversé leur flot de clients– maisles étals sontencore impeccables, comme tirés au cordeau… On y croise un grand nombre d’Américains, généralement plus habitués aux supermarchés, qui viennent faire le plein de produits frais, légumes ou produits de la mer comme les fameuses pattes de king crabe, des poissons ou des fleurs. Il faut voir les poissonniers s’envoyer les saumons par-dessus les étals et parfois par-dessus la tête des chalands ! Ne pas oublier au passage de mettre une pièce, voire un billet, dans le Bronze Pig. Cette sculpture, symbole du marché, créée par un artiste du Puget Sound, est en fait une tirelire qui, chaque année, vient en aide à plusieursassociations caritatives locales. Au sortir du marché, pourquoi ne pas prendre un café dans le premier Starbucks de la chaîne, tout de bois revêtu, qui a ouvert en 1971. Ilsuffit de remonter Pine Street jusqu’à la Cinquième Avenue pour prendre le Monorail qui conduit vers Seattle Center. Agé d’un demisiècle,ce train, trèsfuturiste à l’époque de sa construction, est aujourd’hui délicieusement désuet. Qu’importe, il a le mérite de bien fonctionner – les départs se font toutes les dix minutes – et, surtout, il donne un autre point de vue sur l’une des artères les plus fréquentées de la ville. Dans ce seul quartier, on peut aisément passer une demi-journée tant les possibilités de visites sont nombreuses. Dans un premier temps, la meilleure façon de voir et comprendre Seattle est de grimper au sommet de la Space Needle (« l’aiguille de l’espace »), dont le slogan publicitaire affirme « Seattle starts here » (« Seattle démarre ici »). Cette tour est, Sur Skid Road, les bûcherons faisaient autrefois glisser les troncs d’arbre enduits de graisse d’ours depuis 1962, date de son érection pour l’Exposition universelle, l’icône de la ville. Avec ses 184 mètres de haut et sa plate-forme panoramique à 360˚, elle offre sur Seattle et sa banlieue une vue sans égale : on distingue la péninsule Olympique, le mont Rainier et la chaîne des montagnes des Cascades. Enredescendant, leChihuly Garden and Glass, centre d’art ouvert il y a deux ans, mérite le détour. On peut y découvrir l’œuvre de Dale Chihuly, artiste local, peu connu en France, mais exposé dans plus de 200 musées à travers le monde, dont le prestigieux Victoria and Albert Museum de Londres. Ce ver- rier, né en 1941 à Tacoma, près de Seattle, a étudié l’art du verre, notamment à Murano, en Italie. Il réalise des structures monumentales et colorées en verre, souvent inspirées des fleurs et de la forêt. A quelques pas se trouve une autre icône de Seattle : l’Experience Music Project (EMP). Né grâce à la volonté – et aux finances – de Paul Allen, cofondateur de Microsoft, ce musée, dessiné et conçu par Frank Gehry, est un succès : pas moins d’un demi-million de visiteurs en 2013. Comme son nom l’indique, il fait la part belle à la musique, rock surtout, celle de Jimi Hendrix, de Nirvana et de bien d’autres. On peut y voir des clips et des concerts de rock sur écran géant, jouer de la musique, s’habiller vintage pour réaliser des « selfies » inoubliables. Les différentes vitrines recèlent des trésors : guitares et instruments d’artistes célèbres, costumes de scène ayant tous appartenus à des stars du rock. La boutique attenante regorge de vinyles, CD, DVD et autres « goldies » à collectionner. Les sous-sols du musée sont consacrés à la science-fiction : un costume original de Superman porté par Christopher Reeve, l’authentique fauteuil du Capitaine Kirk de Star Trek et quelques créatures tout droit sorties d’Alien… Bill Gates, l’autre fondateur de Microsoft, n’est pas en reste. A quelques centaines de mètres de là s’élèvent sa Fondation et son « visitor center ». Santé, environnement, éducation, autant de thè- Carnet de route Y aller Au départ de la France, il faut une dizaine d’heures de vol. La compagnie américaine Delta est la seule à proposer un vol quotidien et sans escale à destination de l’aéroport de Seattle-Tacoma. Tarif en classe économique à partir de 887 euros. L’archipel San Juan Pour aller à Friday Harbor (à l’est de l’île de San Juan), au départ de Seattle, une liaison directe en hydravion (40 minutes) pour environ 90 dollars par personne. Kenmoreair.com. Il y a également des ferries au départ d’Anacortes avec les Washington State Ferries (Wsdot.wa.gov/ferries) ou Clipper Vacations (Clippervacations.com) au départ de Seattle. Voir les orques à partir de Friday Harbor (90 dollars pour une croisière de trois heures). Sanjuansafaris.com Se renseigner Pour recevoir une documentation gratuite et pour tout renseignement, contactez l’office de tourisme de Seattle/Etat de Washington. Tél. : 01-44-77-88- 06 ; e-mail : seattlewashingtonstate@ecltd.com. Sur Internet : Seattle-tourisme.fr Pratique Climat : tempéré de type océanique. Sur la côte, les étés sont doux alors que le climat est très différent à l’est des Cascades, où les étés sont chauds et secs. Décalage horaire avec la France : – 9 heures. ÉTATS-UNIS CA N A DA Archipel de San Juan Seattle Chaîne des Cascades Saint-Pétersbourg du Musée de l’Ermitage, qui accueille l’événement dans le Palais d’hiver et dans sa labyrinthique extension contemporaine. Bien que chiche en découvertes pour la communauté arty, cet accrochage sans concept articulé autour d’intuitions n’a rien de l’« exposition gentille et polie » que redoutait Chto Delat. Tous les sujets qui fâchent le président russe sont sur le tapis. A commencer par l’Ukraine, qu’évoque le photographe Boris Mikhailov, parti couvrir les événements de Maïdan, la place de l’Indépendance, à Kiev, investie pendant des mois par les manifestants. Sa cadette Alevtina Kakhidze a suivi de près ce mouvement contestataire. Sa présence à Manifesta lui a valu les critiques de ses proches. Refusant tout dogmatisme, la jeune femme se pose plutôt en médiatrice pour déciller le public local. C’est à leurs questions qu’elle répondra par le biais d’une performance, le 22 juillet, en racontant sa vision détaillée de Maïdan. « Le boycott ne ferait qu’isoler la Russie et n’aiderait en rien la situation en Ukraine, estime-t-elle. Ce qui est important, c’est comment les gens voient l’Ukraine ici. Je les écoute et je constate qu’ils ne connaissent pas grand-chose. » Autresujet tabou, l’homosexualité n’a pas non plus été mise sous le boisseau. Les deux artistes pétersbourgeois mis à l’honneur, Timur Novikov et Vladislav MamyshevMonroe, tous deux décédés, ont toujours revendiqué leur homosexualité. Novikov figure d’ailleurs dans la série des « Grands Hommes » que la peintre Marlene Dumas a installée à l’Ermitage. Cet inventaire aquarellé passe en revue les célébrités gays, de l’écrivain Nicolas Gogol au journaliste Anton Krasovsky, congédié en 2013 de la télévision russe pour avoir fait son coming out. C’est surtout dans le dense programme public conçu par la Polonaise Joanna Warszaque les discussions à la fois sur l’art et l’actualité iront bontrain. «Onne peutpas faire comme si de rien n’était, reconnaît la jeune curatrice. Mais il faut continuer, essayer du moins. » Kasper König, lui, ne doute pas de l’impact à long terme de cette Manifesta : « L’art ne change pas le monde, mais il peut aider à gérer ses contradictions. » p Océan Pacifique Arts ÉTAT DE WASHINGTON Colum O R EG O N bia 200 km mes chers au couple Gates sont abordés ici. Le slogan, affiché à l’entrée, est un programme à lui tout seul : « Arrive curious, leave inspired... » (« Entrer curieux, ressortir inspiré»). La Fondationa un tel succès local que les tour-opérateurs la mettent désormais au programme de leur visite pour les touristes étrangers. Un autre quartier mérite que l’on s’y promène, celui de Pioneer Square, l’un des coins historiques de Seattle devenu aujourd’hui branché. C’est ici que l’on trouve les plus anciens immeubles de la ville qui datent généralement de la fin du XIXe siècle. Dès 1860, les premiers colons s’installèrent autour de Yesler Way, connu aujourd’hui sous le nom de Skid Road. Sur cette rue en pente, les bûcherons faisaient glisser les troncs d’arbre enduits de graisse d’ours. Ce bois, qui servait à la construction, était expédié vers Portland ou San Francisco. Au centre du quartier, on peut difficilement ignorer Pioneer Place et son immense totem, réplique de celui volé aux Indiens Tlingits vers 1890. Non loin du totem, on trouve le buste du chef indien Sealth, dont le nom servit à baptiser la ville. On ne peut pas rater, non plus, le Pioneer Building, immeuble victorien construit après l’incendie de Seattle de 1889 etdevenu l’une des fiertés architecturales de la ville. Le magazine américain Fortune ne s’est pas trompé : plusieurs fois, la ville a été récompensée en étant élue « best big place to live in the US ». Ville portuaire, semblable à une île, Seattle reste une terre de métissage. N’inclut-elle pas le troisième plus grand Chinatown des Etats-Unis ? Mais c’est surtout un lieu dans lequel il fait bon déambuler même si l’un de ses surnoms est « Rainy City », la ville pluvieuse… p François Bostnavaron 0123 mode Jeudi 10 juillet 2014 17 Haute couture|automne-hiver 2014-2015 La couture enrichit sa table des matières En s’appuyant sur des volumes simples, les créateurs travaillent les textures et effets de surface P as de haute couture sans coupe parfaite. Cette discipline qui repose sur l’art du surmesure est une science exacte quand il s’agit d’exploiter les données mathématiques du corps pour réaliser un vêtement. Il y a dans tout cela une idée de confort et d’aisance. Une pièce couture moderne est un beau modèle aux lignes simples mais extrêmement bien construites. Ces architectures s’appuient sur un autre atout de la couture : les matières exploitées sans limite de temps, de budget ou d’idée. Là aussi, tout est affaire de dosage. La broderie de trop est un poison dont l’élégance se remet rarement. Quand la posologie est dépassée, on dénonce la « couturasse». Malgré ces dangers, les couturiers se sont concentrés sur ces détails de surface, parfois à peine visibles à l’œil nu – mais moins c’est évident et plus c’est chic. Et pour le chic, option décalé, on peut faire confiance à Karl Lagerfeld. La broderie de trop est un poison dont l’élégance se remet rarement. Quand la posologie est dépassée, on dénonce la «couturasse» Pour Chanel, il a puisé dans sa grande culture pour imaginer une collection « Le Corbusier va à Versailles ». Il s’est inspiré d’une réalisation du grand architecte datant desannées 1930: une terrasse d’appartement parisien associant grands volumes blancs épurés et détails baroques. Fonctionnalité et ornement se répondent à travers la collection où les robes de Madone futuriste aux volumes ovoïdes croisent des silhouettes à carrures aiguës et étroites sur jupe évasée stricte qui révèle l’ourlet d’une « culotte à la française » (un short cycliste). Les formes pures sont quasiment sans couture, les broderies post-baroque ou les bordures de plumes ne font que souligner gracieusement les architectures minimalistes. Pour réaliser ses silhouettessculptures, Lagerfeld s’est appuyé sur ce qu’il appelle la « boîte à outils de Chanel » : ces fameux métiers d’art (brodeur, plumassier, bottier,etc.) achetés par lamaison et auxquels il peut demander toutes les prouesses. Et celles de la saison sont plus étonnantes que jamais : broderie en béton (de micro-carrés sur fil extra légers), textile néoprène (pour les grandes robes blanches), dentelle caoutchouc, cocktail de tulle et plumes de vautour, soie effet papier, broderies de métal réalisées à partir des composants de montres venus de l’atelier d’horlogerie. La recherche d’effets neufs ne met jamais en péril l’élégance de la Bouchra Jarrar. ELENE USDIN POUR « LE MONDE » ligne. Tout a l’air facile et naturel. Les filles se promènent en tongs extra-plates, portent des bagues et broches de haute joaillerie avec la même aisance que des pièces fantaisie, et la mariée ne cache pas vraiment sa grossesse dans sa robe aux rondeurs trompe-l’œil. Avec une collection aussi novatrice que désirable, Karl Lagerfeld démontre sans vraiment le chercher qu’il estautant un vraicouturier moderne que l’amuseur public dont la marionnette en fourrure baptisée « Karlito » vient de sortir chez Fendi. La maison Bouchra Jarrar n’a pas l’envergure du géant Chanel mais sa fondatrice cultive un raffinement textile qui pourrait servir d’exemple à bien des labels émergents. La Française a créé un langage vestimentaire où le blouson de cuir et la ligne tailleur tiennent une place importante. Son vestiaire d’hiver les exploite dans une formule athlétique où la grâce et l’énergie cohabitent. Les pantalons de satin façon jogging ont beaucoup d’allure, tout comme les robes tee-shirts zippées qui mêlent cuir velouté et textile tissé main à partir de fils dont les militaires font des écussons, et de fibre métalliséepour latouche de lumière. Les robes de mousseline fauve aux plissés graphiques et cols de maille façon polo, des rayures de plumes posées une à une et accompagnées d’un granité de cristaux sur une veste sans manches, des gabardines rose tendre qui habillent blouson à basques et pantalon droit, les creusés des dos à la rigueur sensuelle enrichissent ce répertoiremodernedont on savoure le luxe infiniment discret. Chanel. ELENE USDIN POUR « LE MONDE » Armani Privé. ELENE USDIN POUR « LE MONDE » Ulyana Sergeenko est une créatrice russe amoureuse de l’art de la couture, une perfectionniste cultivée qui évolue loin des clichés d’une Russie clinquante. Elle s’emploie à défendre et à sauvegarder des savoir-faire textiles menacés danssonpays et qu’elleutilise dans des collections qui se suivent comme des contes. Le dernier renvoie à la Russie soviétique du début du XXe siècle, à son art de la propagande sous influence constructiviste. Dentelles fines au crochet réalisées à la main, broderies métalliques elles aussi sorties d’un atelier rare, gazes de soie volatiles comme une fumée de cigarette venues du Japon (la Russie d’aujourd’hui ne possède plus cette technique de tis- sage) habillent ses silhouettes sculptures comme prises dans une bourrasque. Ce que l’on peut lui reprocher ? Trop de perfectionnisme dans le stylisme étouffe un peu le propos mais l’expérience gagnée àchaque collectiondevrait corriger cela. Travailler ses gammes de matières demande une attention constante. Un peu trop d’enthousiasme et une surdose arrive, même – et peut être surtout – quand on est doué pour le contrôle, habitué à l’épure. Giorgio Armani est un maître du minimalisme glamour à l’italienne. Il ouvre son show couture, Armani Privé, avec des archétypes « armaniens » : des silhouettes géométriques, ici sous influences sixties, en noir, blanc et rouge. Une laine texturée sur un manteau corolle, un crêpe de laine à motifs abstraits, une mousseline à gros pois : la ligne tient. Les franges de vinyle rebrodées de strass soulignentunenotefuturiste originalebientôtcontrediteparuneavalanche de tulle qui déferle sur les jupes, engloutit les épaules, voile le regard. Les motifs de pois mutent en pompons prisonniers des résilles et la collection se prend dans son propre filet. Parfois, toujours mieux et plus est l’ennemi du bien. Surtout dans une saison couture qui cultive un luxe caché pour mieux en profiter égoïstement, une délicieuse fausse modestie. p Carine Bizet 18 0123 disparition & carnet Jeudi 10 juillet 2014 Historien Paris. Georges Le Rider ¾C )kàêCÙ ™èÝ >àkêEÝ NÑNêCìCêÙÝ ¹k8ÝÝkêGCÝ~ gkæÙJìCÝ~ A8kêPk8--CÝ~ ìkà8k>CÝ~ kêê8ÑCàÝk8àCÝ EC êk8ÝÝkêGC~ kêê8ÑCàÝk8àCÝ EC ìkà8k>C .Ñ8Ý EC ENGLÝ~ àCìCàG8CìCêÙÝ~ ìCÝÝCÝ~ GèêEè-NkêGCÝ~ ;èììk>CÝ~ kêê8ÑCàÝk8àCÝ EC ENGLÝ~ ÝèÕÑCê8àÝ )è--èãÕCÝ~ GèêANàCêGCÝ~ ÝNì8êk8àCÝ~ Ùkg-CÝ|àèêECÝ~ æèàÙCÝ|èÕÑCàÙCÝ~ AèàÕìÝ~ 4èÕàêNCÝ EXNÙÕECÝ~ Gèê>àLÝ~ æàè4CGÙ8èêÝ|ENgkÙÝ~ êèì8êkÙ8èêÝ~ kÝÝCìg-NCÝ >NêNàk-CÝ ¡èÕÙCêkêGCÝ EC ìNìè8àC~ Ù;LÝCÝ~ È&¤~ E8ÝÙ8êGÙ8èêÝ~ AN-8G8ÙkÙ8èêÝ Ï¨æèÝ8Ù8èêÝ~ ÑCàê8ÝÝk>CÝ~ Ý8>êkÙÕàCÝ~ ENE8GkGCÝ~ -CGÙÕàCÝ~ GèììÕê8GkÙ8èêÝ E8ÑCàÝCÝ En 2005. DR H istorienquirenouvela l’approche économique du monde antique par sa connaissance des sources numismatiques, Georges Le Rider est mort le 3 juillet à Givors (Rhône),àl’âgede86 ans.Néle27 janvier 1928 à Saint-Hernin (Finistère), ce fils d’instituteurs catholiques eut une enfance difficile, marquée peu après sa naissance par la perte de son père, des suites des gaz inhalés durant la Grande Guerre, puis, à l’âge de 8 ans, par celle de sa mère. Orphelin et pupille de la nation, il sera pensionnaire et boursier tout au long de son parcours scolaire. 27 janvier 1928 Naissance à Saint-Hernin (Finistère) 1989 Membre de l’Institut de France 1993-1998 Collège de France 3 juillet 2014 Mort à Givors (Rhône) Autermedesesétudessecondaires à Quimper, cet élève à l’esprit scientifique affûté et aux aptitudes littéraires exceptionnelles prépare à Paris, au lycée Louis-le-Grand, le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. Reçu en 1948, il y fait la rencontre, déterminante, d’Henri Seyrig (1895-1973), qui vient de créer l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (Ifapo). Le savant devient une sorte de mentor pour le jeune étudiant. Presque un père. De fait, les deux hommes échangeront, jusqu’à la mort de l’aîné, une correspondance d’une exceptionnelle fécondité. Seyrig mesure ses talents hors pair. Aussi lui fixe-t-il un véritable plan de carrière pour le recruter plus tard à son côté au Liban. Georges Le Rider passe ainsi l’agrégation de lettres classiques avant de gagner Rome, puis Athènes en décembre 1952 en qualité de membre de l’Ecole française d’archéologie – c’est là que naît son fils Jacques, futur germaniste et philologue de renom. En septembre 1955, il s’embarque pour Beyrouth, où Henri Seyrig l’accueille à l’Institut français. Sitôt revenu à Paris, le voilà conservateur au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale le 1er octobre 1958, avec la perspective de succéder à l’historien et numismate Jean Babelon (1889-1978), directeur du département en poste depuis 1937. Ce qui advient en 1961. GeorgesLeRider succèdeen 1975 à Etienne Dennery comme administrateur général de la Bibliothèque nationalesurl’interventiondu président Giscard d’Estaing, soucieux de « rajeunir » l’institution. Il se lie d’amitié avec auteurs et artistes, suscitant de belles expositions, notamment celle consacrée en 1978 à son ami le poète Léopold Sédar Senghor, ainsi que des dons substantiels, dont une partie de la collection Seyrig. Il obtient que soit rénové le Musée du Cabinet, qu’il inaugureen1981,peuavantdequitterlepostepourladirectiondel’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul (1981-1984). Parallèlement à ce cursus administratif, il enseigne. Dès 1964 comme directeur d’études à la IVe section de l’Ecole pratique des hautes études. A l’université de Lille, où il enseigne l’histoire grecque (1968-1969), plus tard à l’université de Paris IV-Sorbonne (1984), jusqu’àsonélectionauCollègedeFrance en 1993. Sa phénoménale aptitudeà la synthèse faitque ses travaux dépassent l’apport méticuleux à l’histoire des monnaies pour problématiser les liens entre le numéraire, le politique et le social. Dès son doctorat d’Etat obtenu en 1965 –aussitôtpubliée, lathèseprincipale, Suse sous les Séleucides et les Parthes, paraît un an avant la thèse complémentaire, Monnaies crétoises du Ve au Ier siècle av. J.-C. –, Le Riderrepense l’approche historienne de la monnaie, croisant la connaissanceéruditedunumismate, ses aspects politiques et ses effets économiques majeurs. Reconnaissance mondiale Moins pointue que sa récente synthèses sur Les Séleucides et les Ptolémées. L’héritage monétaire et financier d’Alexandre le Grand (en collaboration avec François de Callataÿ, 2006), sa lumineuse Naissance de la monnaie. Pratiques monétaires de l’Orient ancien (PUF, 2001) est la meilleure introduction à sa démarche. Elu le 19 mai 1989 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, au fauteuil de l’égyptologue Georges Posener, le nouveau membre de l’Institut ponctue un parcours sans faute par son entrée au Collège de France, donnant, le 9 mars 1994, sa leçoninauguraleàlachaired’histoire économique et monétaire de l’Orient hellénistique. Le prestige universitaire de ce savant hors norme – enseignant une saison à Princeton, il ne comptait plus les doctorats honoris causa et les académies et sociétés internationales qui le cooptèrent – lui assurait une reconnaissance mondiale. L’homme restait pourtant simple,modestemême,réjouicomme un enfant quand ses pairs le célébraient. Ainsi, son élection au Collège de France le laissa émerveillé – tant il se sentait, depuis le temps des études, comme un «enfant de la République », éternellementredevable àcetteméritocratie républicaine qui l’avait promu de pupille sans soutien aux plus hautes destinées du savoir et de sa conservation. p Philippe-Jean Catinchi ¯.%) '.%'T N0R.)3x'N.0 S …f ^X cV cV cV …f ^X cV cf a[ Xx)0T'-3,%vKNXN'TˆR) AU CARNET DU «MONDE» Naissance Londres. Paris. Mireille, son épouse, Anne et Philippe, ses enfants, Julie, Rémi, Claire, ses petits-enfants Et toute la famille, M Germaine Kerridge, son épouse, M. Eric Kerridge, son fils, Mlle Gaëlle Kerridge, sa fille, M. Alan Kerridge, son frère, ont l’immense chagrin de faire part du décès de ont la tristesse d’annoncer le décès de M. Marc CHAUVEINC, inspecteur des bibliothèques, survenu le 6 juillet 2014. L’incinération aura lieu le 11 juillet, à 14 h 30, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, salle Mauméjean, Paris 20e. 29, rue Miollis, 75015 Paris. est née le 5 juillet 2014. Alès. Paris. Les familles Djian, Bryf, Ollie, Parkiet, Vincent, Benhamou, ont la douleur de faire part du décès de leur mère, grand-mère, belle-mère et tante, Mme Emilie BENHAMOU, survenu le 28 juin 2014, à Paris, à l’âge de quatre-vingt-huit ans. L’inhumation a eu lieu le vendredi 4 juillet, à Fontainebleau. Pour le repos de son âme. Gérard Biraud, son époux, Ses belles-sœurs, beau-frère, nièces, neveux, petites-nièces et petits-neveux, des familles Biraud, Claisse, Geffrier, Harel, Ses cousins des familles Arnould, Bédin, Biraud, Estrangin, Givelet, Jouan, de Valmont, Ses amis Et voisins, ont le profond chagrin de faire part du décès de Pierrette BIRAUD, née BOURGEOIS, enlevée à leur tendre affection le 4 juillet 2014. La cérémonie de recueillement aura lieu à Genève, le vendredi 11 juillet, à 17 heures, en la chapelle de la Cluse, 89, boulevard de la Cluse, où il est dès maintenant possible de se rendre auprès de la défunte. Le samedi 6 septembre, à 11 h 30, sa famille et ses amis se réuniront pour l’inhumation de ses cendres, dans le caveau familial du cimetière d’AubignéRacan (Sarthe), à proximité du Manoir de Champmarin. 155, avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine. champmarin@gmail.com La famille de Jeanne CALO a le regret d’annoncer sa disparition, survenue le 20 juin 2014, à Princeton, NJ (USA), à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans. Conformément à ses souhaits, elle a été incinérée dans la plus stricte intimité. survenu le 3 juillet 2014, à l’âge de soixante-dix ans. « Ô mort, où est ta victoire ? » Nerval. M. et Mme Marc Knobel et leurs enfants, Mme Lucienne Knobel, sa sœur, M. Albert KNOBEL, M Madeleine Consigny, née Vidal, son épouse, Ses enfants, Ses petits-enfants, Ses arrière-petits-enfants, Parents, alliés Et amis, me ont le regret de faire part du décès de M. Thierry CONSIGNY, survenu à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Les obsèques religieuses auront lieu le jeudi 10 juillet 2014, à 15 h 30, en l’église de Rousson, suivies de l’incinération dans l’intimité familiale. La famille remercie par avance toutes les personnes qui s’associeront à sa peine. Yves Lévy, président-directeur général, Alain Tedgui, président du conseil scientifique Et l’ensemble des personnels de l’Inserm, Arlette DARFEUILLE-MICHAUD. Décès M. David KERRIDGE, Jean-Michel Lhote, Sylvie et Alain Roué, François et Maria Luisa Lhote, Thierry et Dominique Lhote, ses enfants, gendre et belles-filles Camille Chantret et Yves Lugan, sa sœur et son frère, Ses petits-enfants Et arrière-petits-enfants Les familles Lhote, Lugan, Chantret, ont la tristesse de vous faire part du décès de Geneviève LHOTE, née LUGAN, survenu le 7 juillet 2014, à l’âge de quatre-vingt-six ans. Ils rappellent le souvenir de son époux, André LHOTE, (1913-1993) ont le chagrin d’annoncer le décès de ont eu la tristesse d’apprendre la disparition de Ginevra me Personnalité marquante de la recherche médicale française, Arlette DarfeuilleMichaud, professeure de bactériologie et de biologie moléculaire, a dirigé l’unité mixte Inserm 1071/université d’Auvergne/ Inra « Bactéries intestinales, inflammation et susceptibilité de l’hôte » à la Faculté de médecine et de pharmacie de ClermontFerrand. Elle a mené des travaux pionniers sur la maladie de Crohn, une inflammation chronique de l’intestin, caractérisée par une hyper-activation du système immunitaire en réponse à la flore intestinale chez un hôte présentant une susceptibilité génétique. Elle a notamment été à l’origine de la découverte d’une bactérie qui pourrait jouer un rôle dans cette affection. Reconnue dans le monde entier pour la remarquable qualité de ses travaux, elle s’est entourée d’une équipe qui va s’attacher à poursuivre avec le même enthousiasme ses recherches. Ils s’associent à la douleur de ses proches, de ses collaborateurs et de tous ceux qui l’ont connue. Nadia Dorny, son épouse, Jean-Philippe Dorny, son père et Catherine Razavet, Ouiza Bennad, sa belle-mère, Catherine Etancelin, Anne Domenech-Moir, Isabelle Dorny-Gottlieb, ses sœurs et leurs conjoints, Karima Bennad, Nassima Dris, Farid Bennad, ses belles-sœurs et son beau-frère et leurs conjoints, Ses neveux et nièces Et toute la famille, ont la douleur de faire part du décès de Jérôme DORNY, survenu le 7 juillet 2014, à l’Institut Curie, entouré de tous les siens. Nous nous réunirons le vendredi 11 juillet, à 10 h 30, en l’église Saint-Séverin, à Paris 5e, pour une cérémonie d’adieu. L’inhumation aura lieu au cimetière parisien de Thiais, à 12 h 45. Contact : nbennad@free.fr Le 4 juillet 2014 ont été célébrées dans la plus stricte intimité les obsèques de M. Marcel FÉRON, chevalier de la Légion d’honneur, décédé à Paris, le 29 juin 2014, à l’âge de quatre-vingt-six ans. et de ses fils Denis LHOTE, (1959-1960) ce samedi 5 juillet 2014. Albert Knobel est allé rejoindre son épouse, Claudine, Marlène, Sarah, née SFEZ, épouse KNOBEL, sa mère, Bassia, Golda KEISSERMANN, épouse KNOBEL, son père, Isaac, Meyer KNOBEL, son frère, Robert KNOBEL et toute sa famille. Juif d’origine polonaise et russe, il avait connu les affres de la guerre et de l’Occupation. Cela marquera durablement sa vie. Marchand au Carreau du Temple (tableau A, classe 5), autodidacte et poète à ses heures, il aimait le jazz et la musique, il adorait la vie. Ce fut un grand personnage et un enfant du Yiddish land. Avec son départ, un peu plus d’un monde s’en va. et Jean-Pierre LHOTE, (1958-1995). L’incinération aura lieu le mardi 15 juillet, à 10 h 30, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e. Elle fut une femme remarquable et courageuse, pleine de foi et de convictions. 32, rue Fontaine, 75009 Paris. Marie-France et Taoufik El Kaouri, sa fille et son gendre, Axel et Hanna, Mehdi et Sarah, ses petits-enfants, Jean-Louis et Denise Rusterholtz, Nicole Rusterholtz, Joël Rusterholtz, Gerard et Mick Rusterholtz, Christiane Legrand, ses frères, sœur et belles-sœurs leurs enfants et petits-enfants, ont la tristesse d’annoncer le décès de Pierre Le Mau de Talancé, son époux, Frédéric, Marine, Claire et Vincent, ses enfants, Simone Sicot, sa mère, Olivier et Bertrand Sicot, ses frères, ont la grande tristesse de faire part du décès de Sophie LE MAU de TALANCÉ, née SICOT, qui nous a quittés le vendredi 4 juillet 2014. Une cérémonie sera donnée le jeudi 10 juillet, à 14 h 15, en l’église Saint Pierre Saint Paul, place de l’Église, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). L’inhumation suivra à 15 h 30, au cimetière des Bulvis, 108, route de l’Empereur, à Rueil-Malmaison. L’administrateur Et les professeurs du Collège de France ont la tristesse de faire part du décès, survenu le 3 juillet 2014, de leur collègue Georges LE RIDER, professeur honoraire au Collège de France, titulaire de la chaire Histoire économique et monétaire de l’Orient hellénistique de 1993 à 1998. Collège de France, 11, place Marcelin Berthelot, 75231 Paris Cedex 05. M. Raoul de Plinval-Salgues, son époux, Béatrice et Jean, Pierre (†), Paul et Sabine, Anne et Marc, Elisabeth et Yves, ses enfants et leurs conjoints, Ses neufs petits-enfants, ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu de Marinelle de PLINVAL-SALGUES, née de BAYNAST de SEPTFONTAINES, le 5 juillet 2014, à l’âge de quatre-vingt-deux ans. La cérémonie aura lieu le vendredi 11 juillet, à 14 h 15, en l’église SaintClodoald, place de l’Église à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Ni fleurs ni couronnes. François RUSTERHOLTZ, survenu le 7 juillet 2014, à l’âge de soixante-quatorze ans. Une messe sera célébrée le 10 juillet, à 10 heures, en l’église Sainte-Thérèse, à Chatou (Yvelines). Crozon (Finistère). Étienne Schlumberger, son mari, Maurice, Dinan, Anne, Adeline Schlumberger, ses enfants et leurs conjoints, Gaëtan, Gwenaël Vourc’h, Marc-Étienne, Morgane, Maeva, Merlin, Moana Schlumberger, ses petits-enfants et leurs conjoints, Arsène, Aglaé Kuhlich, Amir Vourc’h, Naïline, Lilwen, Olwéane Serge, Nikita Morvan-Schlumberger, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part de la disparition de Mme Nicole SCHLUMBERGER, née NEUKIRCH, « leur Nicoz chérie », survenue le matin du lundi 7 juillet 2014, à l’âge de quatre-vingt-treize ans, après avoir fêté ses soixante-huit ans de mariage, la veille au soir. Un culte d’actions de grâce autour de la vie qu’elle a donnée et reçue, aura lieu le samedi 12 juillet, à 10 heures, en la chapelle de Saint-Hernot, en presqu’île de Crozon. La Vigie, 12, rue Ernest Renan, 29160 Crozon. Gières. Grenoble. Echirolles. Paris. Mme Maryse Scholl, son épouse, Gilles Scholl, son fils, Anne et Ivan Craighero, sa fille et son gendre, Mathias et Thomas, ses petits-fils, Jean-Marie et Sylvie Scholl, son frère et sa belle-sœur, leurs fils, Benjamin et Valentin, Claire Scholl, sa belle-sœur et ses fils, Julien et Pierre-Grégoire, Parents Et amis, ont la douleur de faire part du décès de M. Pierre-Claude SCHOLL, Cet avis tient lieu de faire-part. dans sa soixante-neuvième année. 2, rue Victor Hugo, 78230 Le Pecq. Les obsèques ont eu lieu le samedi 5 juillet 2014. 0123 météo & jeux Jeudi 10 juillet 2014 -5 à 0° -10 à -5° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 40 km/h 14 19 Châlonsen-champagne 15 19 Rennes 13 22 Strasbourg Limoges 13 15 12 15 30 km/h Chamonix Clermont-Ferrand H Lyon 13 16 15 20 Montpellier 18 25 16 25 Aujourd’hui Ajaccio 60 km/h 15 27 Lever 19h45 Coucher 04h00 Lever 05h56 Coucher 21h53 Saint Ulrich Coeff. de marée 68/74 Vendredi La grisaille et les pluies progresseront vers la 16 22 14 20 Normandie, la Beauce, le sud de la Bourgogne, la Franche-Comté, la Suisse, le nord des Alpes ou 16 21 encore le Massif Central. A l'arrière, le ciel de traîne occasionnera pas mal d'averses sur un petit 14 23 15 24 quart nord-est. Des averses se produiront par 12 22 ailleurs du Cotentin au Poitou jusqu'au Tarn et aux Pyrénées. Temps plus sec et lumineux de la 15 24 Bretagne à la vallée de la Garonne, et surtout du 14 21 Roussillon au sud des Alpes jusqu'à la Côte d'Azur. 15 24 15 25 Jours suivants Samedi Nord-Ouest Ile-de-France Nord-Est Sud-Ouest Sud-Est Dimanche Lundi 14 22 14 22 13 22 16 23 16 23 16 23 14 22 14 23 14 23 16 23 15 23 15 24 18 29 18 27 18 29 Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Bucarest Budapest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik 3 4 5 6 soleil,oragepossible17 beautemps 22 averseséparses 19 soleil,oragepossible16 variable,orageux 17 faiblepluie 11 nuageuxetorageux16 soleil,oragepossible17 bienensoleillé 14 beautemps 18 assezensoleillé 14 bienensoleillé 11 14 bienensoleillé 22 beautemps 16 pluiemodérée 24 bienensoleillé 19 beautemps aversesmodérées 14 enpartieensoleillé 13 nuageuxetorageux 11 12 beautemps assezensoleillé 15 27 bienensoleillé 16 bienensoleillé 8 assezensoleillé 11 pluiemodérée 24 31 24 30 27 15 24 31 29 24 19 20 20 26 22 24 31 16 19 18 28 20 34 25 22 14 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb bienensoleillé soleil,oragepossible beautemps beautemps beautemps soleil,oragepossible averseséparses assezensoleillé assezensoleillé aversesmodérées Dans le monde Alger beautemps Amman beautemps Bangkok couvertetorageux Beyrouth beautemps Brasilia bienensoleillé Buenos Aires assezensoleillé Dakar bienensoleillé Djakarta assezensoleillé Dubai beautemps Hongkong pluiesorageuses Jérusalem beautemps Kinshasa beautemps Le Caire beautemps Mexico pluiesorageuses Montréal beautemps Nairobi nuageux CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 17 21 12 16 15 20 18 12 18 13 25 25 31 22 19 28 27 24 27 16 18 22 26 29 14 8 26 26 32 28 23 20 24 14 10 13 27 34 27 33 24 14 26 30 38 32 31 33 40 20 21 24 New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington bienensoleillé 34 44 assezensoleillé 20 27 beautemps 23 38 beautemps 0 12 beautemps 20 31 averseséparses 19 24 bienensoleillé 23 33 soleil,oragepossible28 32 bienensoleillé 8 16 bienensoleillé 27 36 pluiesorageuses 25 29 beautemps 23 27 pluiesorageuses 20 29 enpartieensoleillé 13 15 Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis soleil,oragepossible 25 soleil,oragepossible28 17 assezensoleillé 25 bienensoleillé pluiesorageuses 27 22 bienensoleillé Outremer 30 28 24 26 28 24 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h N° 1235 du 3 au 9 juillet 2014 courrierinternational.com France : 3,70 € Mondial 2014 Les Bleus vus par la presse étrangère NUMÉRO SPÉCIAL INDONÉSIE Là où s’invente l’Asie de demain LE VOTE QUI PEUT TOUT CHANGER LA RUÉE VERS SUMATRA M 03183 - 1235 - F: 3,70 E 3’:HIKNLI=XUX\U^:?b@c@n@p@a"; Mots croisés n˚14-162 2 Jérusalem Le Caire Chaque jeudi, l’essentiel de la presse étrangère Les jeux 1 Thalweg Beyrouth Tripoli Tripoli Dépression Occlusion Ankara Athènes Tunis Tunis Rabat Front froid En Europe 16 26 D Istanbul 1010 Japon Le typhon Neoguri frappera la côte Sud et Est Perpignan Températures à l’aube 1 22 l’après-midi Anticyclone Kiev Budapest Odessa Zagreb 1005 Belgrade Bucarest Sofia Rome Barcelone Barcelone Alger Nice Marseille 16 25 15 24 Copenhague D Berne Lisbonne Lisbonne Front chaud Moscou Munich Vienne Séville A Toulouse 1015 Madrid 10 15 14 23 Biarritz 1020 Grenoble Bordeaux Riga Milan 25 10 St-Pétersbourg Bruxelles Paris 7 11 Helsinki 1020 Amsterdam Berlin Varsovie Prague Londres A 12 16 13 21 Paris jazzé Minsk Dublin 1030 11 15 Dijon Poitiers Edimbourg 1020 1025 Besançon 13 24 30 km/h 1015 12 18 15 18 Nantes Oslo Stockholm 1005 Orléans 13 23 par Renaud Machart A D 7 8 9 Solution du n˚14-161 10 1 1 12 II III VII FRANCE 3 VIII 20.45 Des racines et des ailes. Un balcon sur la France. Magazine. 22.40 Météo, Soir 3. 23.10 Le Grand Tour. De Delhi à Paris, en passant par Amsterdam et Jaipur (115 min). IX Euro Millions X I. Restent attachés à leurs supports. II. Commente en marge. Facilite l’évacuation. III. Une mise en place qui peut avoir du charme. Lettres de secours. IV. Font monter la tension. Belle des champs. Déteste. V. Touchés dans leurs intérêts. Messieurs. Mesure sur la Muraille. VI. Ceux d’avant. Ont été lues et approuvées. VII. Passé. L’Irlande des poètes. Met la France à l’échelle. VIII. Rend la marche difficile. Dégagé. A la sortie du patelin. IX. En tenue pour être croquées. Dégagement à coups de serpe. X. L’art de trouver les bons mots. Solution du n° 14 - 161 Horizontalement I. Fascinatrice. II. Aberration. III. Bâtir. Htiduj (Judith). IV. USA. Isle. ENO. V. Lorette. Exil. VI. Au Tartare. VII. Trz. Nièce. PV. VIII. Idiote. Cou. IX. Ointe. Barrir. X. Nécessiteuse. 20.55 Hostages. Téléfilm. Régis Musset. Avec Bernard Le Coq, Bernard Yerlès, Patrice Juiff (France, 2011). 22.30 Etreintes brisées pp Film Pedro Almodóvar. Avec Penélope Cruz, Lluís Homar, Blanca Portillo (Esp., 2009) U. 0.35 Pierre Palmade. « J’ai jamais été aussi vieux » (90 min). VI Verticalement 1. Avec intelligence et doigté. 2. Bloqué au moment de passer à table. 3. Rapprochées. Peiner à la tâche. 4. Cognes à quai. Mis n’importe comment. 5. Patronne du jour. Possessif. 6. A poussé Clovis vers les fonts. Suivi chemin faisant. Préposition. 7. Points opposés. Un corse un peu piquant. 8. Donne de beaux fils. A soigner pour ne pas lâcher. 9. Passage étroit. Autre moi. 10. D’un auxiliaire. Sur la portée. Grande réunion. 11. Son coup peut être fatal. Belle enfant de Colette. 12. Mise en morceaux. Philippe Dupuis Verticalement 1. Fabulation. 2. Abasourdie. 3. Setar. Zinc. 4. Cri. Et. Oté. 5. Irritantes. 6. Na. Strié. 7. Athlète. Bi. 8. Tite. Achat. 9. Roi. Ere. Ré. 10. Index. Cru. 11. Uni. Pois. 12. Enjolivure. Résultats du tirage du mardi 8 juillet. CANAL + 8, 18, 22, 24, 27, 4 e et 11 e Rapports : 5 numéros et e e : pas de gagnant ; 5 numéros et e : 155 893,90 ¤; 5 numéros : 33 068,40 ¤ ; 4 numéros et e e : 4 133,50 ¤ ; 4 numéros et e : 162,20 ¤ ; 4 numéros : 66,80 ¤ ; 3 numéros et e e : 70,20 ¤ ; 3 numéros et e : 12,40 ¤ ; 3 numéros : 8,60 ¤ ; 2 numéros et e e : 23,30 ¤ ; 2 numéros et e : 7,60 ¤ ; 2 numéros : 3,30 ¤ ; 1 numéro et e e : 13,20 ¤. 20.55 Week-end royal pp Film Roger Michell. Avec Bill Murray, Laura Linney, Olivia Williams, Blake Ritson (GB, 2012). 22.25 Strike Back. Série. Russie [1-2/2] (saison 3, 7 et 8/10) V. 0.00 Abraham Lincoln : chasseur de vampires pp Film Timur Bekmambetov. Avec Benjamin Walker, Dominic Cooper (EU, 2012, 100 min) V. 0123 est édité par la Société éditrice du « Monde » SA 20.35 La Maison France 5. Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS). Rédaction 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13 Tél.: 01-57-28-20-00 Abonnements par téléphone : de France 32-89 (0,34 ¤ TTC/min) ; de l’étranger: (33) 1-76-26-32-89; par courrier électronique: abojournalpapier@lemonde.fr. Tarif 1 an : France métropolitaine : 399 ¤ Courrier des lecteurs: blog : http://mediateur.blog.lemonde.fr/; Par courrier électronique: courrier-des-lecteurs@lemonde.fr Médiateur: mediateur@lemonde.fr Internet: site d’information: www.lemonde.fr ; Finances : http://finance.lemonde.fr ; Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http://immo.lemonde.fr Documentation: http ://archives.lemonde.fr Collection: Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0717 C 81975 ISSN 0395-2037 Imprimerie du « Monde » 12, rue Maurice-Gunsbourg, 94852 Ivry cedex Président : Louis Dreyfus Directrice générale : Corinne Mrejen PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui, 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 Fax : 01-57-28-39-26 Toulouse (Occitane Imprimerie) Montpellier (« Midi Libre ») Grâces soient rendues à Harlem à Montmartre de ne pas propager le lieu commun, copié et recopié par la plupart des historiens, selon lequel La Création du monde (1923) de Darius Milhaud serait le premier exemple de « jazz symphonique ». Bien avant cela, John Alden Carpenter (1876-1951), compositeur américain méconnu mais essentiel, l’avait intégré à son Concertino pour piano (1915) et à son ballet Krazy Kat (1921). C’est à ce genre de détail qu’on reconnaît la qualité du propos d’un documentaire historique. p 20.55 Mentalist. 20.45 Mes deux amours. V Histoire consacrait sa soirée à deux excellents films: «Boris Vian, la vie jazz» et «Harlem à Montmartre» Jeudi 10juillet TF 1 FRANCE 2 IV ainsi expliqué dans les détails comment Paris découvrit le jazz, grâce au 369e régiment d’infanterie, surnommé les Harlem Hellfighters et expédié en France à la fin de 1917, dont la manière chaloupée et rythmée de jouer stupéfia. Beaucoup de musiciens et écrivains noirs vinrent après la guerre s’installer à Paris, où ils pouvaient librement exister sans ségrégation. Si le film s’intéresse inévitablement à Joséphine Baker, il s’attache aussi à Ada Bricktop Smith et Eugene Bullard, qui furent à Paris les animateurs essentiels de ce mouvement transatlantique grâce à leurs cabarets, où se donnait le meilleur jazz, qui fascina les musiciens classiques. Mercredi 9juillet Série. Mon ancien moi (saison 4, 10/24) U. 21.45 Football. Coupe du monde 2014 (2e demi-finale) : Argentine - Pays-Bas. En direct de Sao Paulo. 23.55 Le Mag de la Coupe du monde. Magazine (20 min). I Horizontalement L undi 7juillet, la chaîne Histoire, filiale de TF1, consacrait sa soirée à deux excellents films dévolus, tout ou partie, au jazz à Paris : Boris Vian, la vie jazz (60 minutes, 2009), de Philippe Kohly, et Harlem à Montmartre (80 minutes, 2010), d’Olivier Simonet. Ces deux documentaires seront à nouveau à l’antenne mercredi 9 juillet, respectivement à 16 h 40 et 17 h 40. Le jazz fut une part essentielle de la vie de Boris Vian : il apprit la trompette adolescent, joua de l’instrument d’une manière « honnête », sans plus, rappelle le film, et se produisit dans un petit orchestre qu’il avait fondé avec ses deux frères lors de surprisesparties à son domicile, puis dans les cabarets encavés de la rive gauche, dont il fut un éminent représentant. Mais ce modeste faisait mieux que de « jouer de la trompinette », comme il aimait à dire, et fut surtout un passeur érudit et passionné. Vian écrivit beaucoup sur le jazz, dans la revue Jazz Hot notamment, et défendit le bon vieux jazz de La Nouvelle-Orléans, puis le be-bop. Il fut responsable de collections de disques chez Philips, où il dirigea le label Fontana, sous l’égide de Jacques Canetti, qui avait été le premier, en 1939, à faire venir Duke Ellington, le dieu de Vian, à Paris. Si le joli et mélancolique portrait de l’écrivain-musicien que trace, avec le soutien d’une fine couture de documents d’archives, le film de Kohly ne fait pas intervenir de témoins, Harlem à Montmartre convoque de nombreux spécialistes et universitaires, afroaméricains pour l’essentiel. Il est Les soirées télé Sudoku n˚14-162 19 C’EST À VOIR | CHRONIQUE > 35° 1025 Metz 17 19 12 21 13 21 13 23 PARIS Caen Brest www.meteonews.fr Amiens Rouen 30 à 35° Reykjavik 15 24 14 19 25 à 30° 10.07.2014 12h TU Lille Cherbourg 20 à 25° En Europe Jeudi 10 juillet Toujours humide et frais 40 km/h 15 à 20° Afrique CFA 2 800FCFA Algérie 450DA Allemagne 4,20€ Andorre 4,20€ Autriche 4,20€ Canada 6,50 $CAN DOM 4,40 € Espagne 4,20€ E-U 6,95$US G-B 3,50£ Grèce 4,20€ Irlande 4,20€ Italie 4,20€ Japon 750¥ Maroc 32DH Norvège 52NOK Pays-Bas 4,20€ Portugal cont. 4,20€ Suisse 6,20CHF TOM 740CFP Tunisie 5DTU < -10° écrans FRANCE 5 Magazine présenté par Stéphane Thebaut. 21.35 Silence, ça pousse ! Magazine. 22.30 C dans l’air. Magazine. 23.40 Superstructures XXL. Un barrage au cœur des Andes (45 min). ARTE 20.50 Opéra - La Flûte enchantée. Opéra de Mozart. Par L’Orchestre baroque de Fribourg et le Chœur English Voices, dir. Pablo Heras. Mise en scène de Simon McBurney. Avec Stanislas de Barbeyrac, Mari Eriksmoen. 23.50 My Joy pp Film Sergei Loznitsa. Avec Victor Nemets, Olga Shuvalova (Russie, 2010, v.o., 125 min). M6 20.50 Maison à vendre. P résenté par Stéphane Plaza (310 min). TF 1 Série. La Grande Révélation. Un lourd fardeau. Mission de sauvetage. Droit de vie ou de mort (S1, 9 à 12/15, inédit). Avec Toni Collette U. 23.30 New York, section criminelle. Série (saison 3, 10 et 11/21, 100 min) U. FRANCE 2 20.45 Carnet de voyage d’« Envoyé spécial ». La Grande Braderie des résidences secondaires ; Tourisme en Iran : la nouvelle Révolution... 22.50 Complément d’enquête. Magazine. Luc Besson. 0.00 Private Practice. Série (saison 5, 7 et 8/22, 80 min) U. FRANCE 3 20.45 L’Armée des ombres ppp Film Jean-Pierre Melville. Avec Lino Ventura, Paul Meurisse, Simone Signoret (Fr. - It., 1969). 23.05 Météo, Soir 3. 23.35 Pétanque. Mondial La Marseillaise (90 min). CANAL + 20.55 Banshee. Série. Le Nouveau Boss W. Les Frères Moody V (saison 1, 3 et 4/10). Avec Antony Starr. 22.40 Girls. Série (S2, 3 et 4/10). Avec Lena Dunham U. 23.35 Mon oncle Charlie. Série (S10, 4 et 5/23). Avec Jon Cryer (40 min). FRANCE 5 20.40 Cuisine sauvage. [3/5] Guadeloupe avec Eric Guérin. 21.35 Planète insolite. La Suisse. 22.25 C dans l’air. Magazine. 23.35 Django Reinhardt... (50 min). ARTE 20.50 The Killing. Série (S3, 3-4/10, inédit). Avec Nikolaj Lie Kaas. 22.50 La Forêt. Téléfilm. Arnaud Desplechin. Avec Martine Chevallier, Adeline d’Hermy (France, 2014). 0.15 Disparue. Téléfilm. Dominik Graf. Avec Elmar Wepper, Ronald Zehrfeld (Allemagne, 2011, 105 min). M6 20.50 Lara Croft Tomb Raider : le berceau de la vie Film Jan De Bont. Avec Angelina Jolie (2003) U. 23.00 Millénium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes p Film Niels Arden Oplev (2009, 160 min) V. 20 décryptages Pour retrouver le meurtrier de Yara Gambirasio, les policiers ne disposaient que de deux gouttes de sang. Est alors lancée la plus grande traque d’ADN menée en Italie. Elle a permis d’identifier un assassin, et de révéler une vieille histoire d’adultère Philippe Ridet Rome Correspondant F inalement, il leur ressemble. Si Massimo Bossetti est bien l’assassin de Yara Gambirasio, 13 ans, dont le corps poignardé a été retrouvé le 26 février 2011, trois mois après sa disparition, cela signifie que le « monstre » était parmi eux. Comme de nombreux habitants de la Val Brembana, entre Bergame et le lac de Côme, il travaillait dur sur des petits chantiers de maçonnerie. Levé tôt, rentré tard, été comme hiver. Peu de visites sinon à son conseiller fiscal et à l’un de ses frères dansune commune voisine de son domicile. Une camionnette pour transporter la bétonneuse, les sacs de plâtre et de ciment et une Volvo V 40 dans le garage pour conduire, le dimanche, sa femme et leurs jeunes enfants à la messe. De rares autres distractions : des sorties à Bergame pour faire du lèche-vitrines devant les boutiques de luxe dans la ville basse ou celles du grand centre commercial d’Orio al Serio, tout proche de l’aéroport. Les vacances ? Quelques jours en pension complète à Charm El-Cheikh, cette station balnéaire de la mer Rouge si prisée des Italiens du Nord. Pour le reste, une vie réglée dans un mouchoir de poche constitué de quelques villages distants les uns des autres d’une dizaine de kilomètres au plus : Palazzago où il travaille, Brembate di Sopra où habitait l’adolescente, Chignola d’Isola où son corps a été retrouvé, Mapello où Massimo Bossetti, 44 ans, vivait avant son arrestation, le 16 juin. Inutile de chercher plus de détails sur Wikipédia. Histoire, géographie, culture? « Cette section est vide,insuffisamment détaillée ou incomplète », signale l’encyclopédie en ligne. Soucieux de son apparence, mince, blond, le menton orné d’une petite barbiche, Massimo Bossetti fréquentait également un solarium dans un centre de soins esthétiques, l’Oltreoceano, à Brembate di Sopra. Une coquetterie incongrue pour un maçon, mais après tout, pensait-on devant son bronzage permanent, il a travaillé assez dur pour faire ce qu’il veut de son argent. « Si c’est vrai qu’il s’agit de cet homme, pensez à sa famille, a déclaré, dimanche 22 juin, le prêtre de la paroisse de Brembate dans son homélie. Ils disent qu’ils ont trouvé l’assassin… mais nous ne pouvons pas nous ériger en juges. Quand nous pensons à un meurtre, nous viennent à l’esprit les images d’un homme féroce. Or nous sommes en présence d’une personne normalissima [plus que normale], père de trois enfants. J’espère qu’il n’est pas l’assassin… » Don Corinno Scotti a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas dans la val- 0123 Jeudi 10 juillet 2014 Massimo Bossetti après son arrestation, à la mi-juin, à Bergame. Il est soupçonné d’avoir tué Yara Gambirasio. CAPTURE D’ÉCRAN-TGCOM24, MALOSIO/FOTOGRAMMA/ROPI-REA Lecoupable improbable Combien de femmes un chauffeur d’autocar peut-il rencontrer dans sa vie ? Combien d’entre elles sont susceptibles d’avoir eu une relation sexuelle avec lui ? Une liste de près de 500 femmes est dressée, même celles qui ont quitté la région depuis longtemps. Un appel est lancé dans la presse afin qu’elles se fassent connaître. Pas une ne répondra. Mais parfois la chance récompense la patience, comme celle qui échoit au maréchal des carabiniers Giovanni Mocerini, un flic à l’ancienne qui croit encore aux vieilles méthodes et aux confidences glanées sur le zinc autour d’un verre de grappa. Un jour de froid. Un bar d’un village de montagne. Une conversation apparemment anodine avec Antonio Negroni, une de ses connaissances. « Aide-moi. Juste un nom, sans procès-verbal », insiste le carabinier. Antonio Negroni lâche le morceau. Oui, il a bien connu Guiseppe Guerinoni, lorsqu’ils habitaient l’un et l’autre à Ponte Selva. Non le chauffeur d’autocar n’était pas un tombeur, mais « un homme avec un H majuscule ». Oui, il a eu une relation avec Ester Arzuffi en 1969. Ensuite la jeune fille est partie vivre ailleurs, à Clusone, où elle a accouché de jumeaux, un garçon et une fille. Son mari, Giovanni Bossetti, a eu d’autant moins de mal à les reconnaître qu’il croyait qu’ils étaient les siens. Ester Arzuffi n’avouera jamais son secret, et la mort de Guiseppe Guerinoni semblait l’avoir enfoui sous une pierre tombale. Le prélèvement d’ADN effectué sur elle ne laisse aucun doute. Les policiers connaissent la mère et le père de l’assassin présumé. Ne reste qu’à le piéger. Dimanche 15 juin, sous prétexte d’un contrôle d’alcoolémie, Massimo Bossetti, le fils naturel d’Ester Arzuffi, est prié de « souffler dans le ballon ». L’Alcootest est immédiatement analysé par la police scientifique. La probabilité qu’il soit l’assassin est de 99,999987 %, indiquent les ordinateurs. Toute la famille Guerinoni doit donner une goutte de salive, un cheveu: tous ont un lien génétique avec l’«inconnu n˚1» lée. Fallait-il vraiment remuer toute cette poussière, tout ce petit tas de misérables secrets si bien gardés depuis des décennies, pour faire la lumière sur un crime qui, lui aussi, un jour serait oublié ? Tout aurait été tellement plus simple si Mohamed Fikri, un Marocain de 26 ans arrêté sur un bateau en route pour Tanger quelques jours après la disparition de Yara Gambirasio le 26 novembre 2010, avait été le meurtrier. Presque logique dans une région où le parti autonomiste et antiimmigrés, la Ligue du Nord, dépasse les 30 % à chaque élection. Mais l’ombre du doute auquel s’accrochent certains des habitants des vallées ne pèse que 0,000013 %. Lorsque les enquêteurs retrouvent, le 26 février 2011, le cadavre décomposé de Yara Gambirasio dans un terrain vague, ils ne disposent que d’une piste : deux gouttes de sang sur les sous-vêtements de la victime et son collant de sport. Lors de sa disparition, la jeune fille sortait de son entraînement de gymnastique rythmique et sportive de Brembate di Sopra. Sur certaines des rares photos, on la voit faisant le grand écart au milieu des compagnes de son âge. Elle porte un appareil den- taire, ses cheveux sont retenus en arrière par un bandeau. En plus de révéler qu’elle serait morte de froid et d’épuisement à la suite de ses blessures, l’autopsie permet également de déceler la présence de microparticules de plâtre dans ses poumons. Ce sang qui n’est pas celui de l’adolescente doit permettre au plus vite d’identifier celui que les policiers désignent comme l’« inconnu n˚1 ». Quatre laboratoires sont requis pour conduire les analyses. C ommence alors la plus grande collecte d’ADN jamais lancée en Italie. Au total, 18 000 prélèvements sont ordonnés. Convaincus que l’assassin est un familier de la région, les policiers passent au crible de l’analyse génétique toutes les personnes susceptibles de s’être rendues ou de s’être trouvées dans les parages des lieux fréquentés par la jeune fille (gymnase, lycée, domicile et trajet de l’un à l’autre). Concentrant leur enquête sur les clients d’une boîte de nuit proche de la scène du crime, ils mettent d’abord la main sur un certain Damiano Guerinoni, dont l’ADNest proche du suspect sans nom. Proche au point de laisser entrevoir une piste, mais pas assez identique pour tenir un coupable. Toute la famille Guerinoni doit donner une goutte de sang, de salive, un cheveu : tous ont un lien génétique avec l’« inconnu n˚ 1 ». Et si c’était le père ? Problème : Giuseppe Guerinoni, chauffeur de car de son état, est mort en 1999. Par bonheur, sa veuve a gardé quelques effets dont un vieux permis de conduire au dos duquel se trouve un timbre fiscal collé avec de la salive. De ce timbre est extrait un ADN. Sa dépouille est exhumée. Pas de doute, il est le père de l’« inconnu n˚ 1 ». Mais alors, si la culpabilité de ses enfants est rapidement écartée, comment est-il possible que l’assassin présumé de Yara Gambirasio soit de son sang ? Commence une autre enquête. Laissant les ordinateurs mouliner des milliers de structures de molécules d’ADN, les policiers partent à la recherche du passé de Giuseppe Guerinoni, s’enfoncent dans les vallées taiseuses, noyées l’hiver d’un brouillard aussi épais que les secrets qu’il protège. Se heurtent au mur du silence. Déjà qu’on parle peu des vivants, ce n’est pas pour révéler les mystères des morts ! «L’omerta n’est pas seulement une spécialité du sud de l’Italie », avouera, déçu, un enquêteur originaire du Mezzogiorno. Dans sa prison de Bergame, Massimo Bossetti se dit innocent. S’il admet que son ADN a été retrouvé sur le corps de la petite Yara, c’est parce que, avance-t-il, on lui aurait volé des outils sur lesquels pourraient se trouver ses traces génétiques. La police épluche ses faits et gestes au cours des quatre dernières années, analyse les données des portables, tablettes et ordinateurs de toute la famille. Il a d’abord nié qu’il fréquentait un centre de soins esthétiques à proximité du gymnase de Yara Gambirasio, avant de l’admettre. D’ailleurs, les policiers ont également découvert qu’il faisait de fréquents passages à Brembate di Sopra avec sa camionnette pour revenir de son chantier à son domicile, alors que ce trajet ajoute 5 kilomètres au parcours le plus direct. « J’allais voir mon comptable et mon frère. Jem’arrêtais pour acheter des figurines Panini pour mes enfants », plaide-t-il. Pourtant, ni le vendeur de journaux, ni le comptable, ni son frère ne se souviennent l’avoir vu si souvent. Sa fourgonnette a été filmée par des caméras de surveillance dans le quartier de l’adolescente. Le procureur pense disposer d’assez d’éléments à charge, en plus de son ADN, pour demander le renvoi immédiat de Massimo Bossetti devant le tribunal. Deux semaines après l’arrestation de l’assassin présumé de la jeune gymnaste, l’affaire continue de remplir les colonnes des journaux, mais ne fait plus la « une ». Ester Arzuffi et son mari ont quitté leur village. Les volets de leur maison sont clos. Elle continue de nier contre toute évidence avoir eu une relation extraconjugale avec le chauffeur de car. Quarante-cinq ans de secret sont lourds à avouer. Massimo Bossetti, lui, n’a découvert la vérité de sa naissance que le lendemain de son arrestation. p 0123 analyses Jeudi 10 juillet 2014 21 Un « pacte de responsabilité » à contre-emploi ? ANALYSE compétitivité des entreprises françaises. Ce fut le choix du crédit d’impôt pour la compétitivité etl’emploi(CICE), suivi,consolidé etamplifié par le pacte de responsabilité qui va se déployer jusqu’en2017. Au total, 41 milliards d’euros d’allégements en faveur des entreprises, dont le gouvernement espère qu’ils vont leur permettre de regagner des parts de marché, dans un premier temps, puis d’embaucher et d’investir. Leseffets tardentà se faire sentir. D’abord parce que la France n’est pas la seule, au sein de l’ensemble européen, à avoir opté pour cette baisse des coûts salariaux. On assiste au contraire à une sorte de course au moins-disant social qui neutralise largement les effets de la baisse en France. Sans compter la destruction du capital humain qui s’ensuit, à l’échelle européenne. Ensuite, parce que l’absence de « ciblage » des aides a profité majoritairement à des secteurs non exposés à la concurrence internationale. On pense notamment aux grands groupes de la distribution, tels que Carrefour ou Auchan, qui ont pu empocher, respectivement, des chèques de 70 millions ou de 45 millions d’euros grâce au CICE sans que cela ait eu de grands effets sur l’investissement et l’emploi. Enfin, ce « coup de pouce » aux entreprises leur aura d’abord et avant tout servi à reconstituerleursmarges. Letauxdemarge desentreprises devrait retrouver en 2015 son niveau d’avant la crise, sans pour autant que l’investissement soit revenu à un niveau équivalent. par Patrick Roger Service France O n aurait tort de résumer le débat qui traverse les rangs de la gauche parlementaire et qui s’est manifesté lors de l’examen des collectifs budgétaire et social à une simple question de posture tactique. Deux ans après l’élection de François Hollande et d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de la politique économique et budgétaire mise en œuvre. Ces questionnements, malgré la détermination affichée et affirmée de « ne pas changer de cap»,n’épargnentpaslasphèregouvernementale. « Où est passée la croissance ?», s’interrogeait récemment le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg, à l’occasion de l’installation du Conseil indépendant pour la croissance et le plein-emploi. « Les politiques d’austérité, dans tous les pays, ont donné un désastre, notait-il. Un double désastre, tant sur les résultats politiques que sur les résultats économiques. » Depuis le rapport Gallois de novembre 2012, le gouvernement a fait le pari – hasardeux – de la Il n’est pas interdit de penser, au regard du faible impact sur l’emploi, que cette politique de diminution des charges ne produit au final qu’uneffet dynamique réduit sur l’activité, pour un coût social et budgétaire élevé. En réalité, la baisse du coût salarial ne répond pas au déficit de compétitivité de l’économie française car elle nerésout passonproblèmestructureldecompétitivité hors prix. Ses faiblesses ne peuvent se résumer au seul coût du travail. Effort brutal Et si le gouvernement faisait fausse route ? Nul ne contestera que les dépenses publiques, qui représentent en France de l’ordre de 57 % du produitintérieur brut, se situent à un niveau élevéparrapportàlamoyennedespaysdel’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un « coût» trop élevé pour la société ?Rien n’est moinssûr.Ledéveloppement des infrastructures, la prise en compte des besoins d’éducation, de formation, de santé, de protection sociale, d’accompagnement de la dépendance sont autant de facteurs favorables à l’investissement et à l’activité privés. Et, contrairement à une idée répandue, les dépenses publiques n’ont pas explosé en France au cours des quinze dernières années. Avec une progression de l’ordre de 17 % par habitant depuis 2000, la France se situe dans la moyenne européenne, un niveau équivalent à celui de l’Allemagne. Leprogrammedestabilitéétabliparlegouver- nement prévoit, jusqu’en 2017, une réduction de 50milliards d’euros des dépenses publiques par rapport à la norme d’augmentation spontanée. L’effort est considérable: il aboutit, sur la période, à une quasi-stabilisation de la dépense publique en volume (hors inflation), lorsque celle-ci a connu une hausse moyenne de 2,1 % dans la dernière décennie. Compte tenu de l’augmentation de la population, cela correspond à une baisse nette par habitant.Un effort d’autant plus brutal que l’essentiel de cette compression de la dépensevaporter en2015,à hauteurde21 milliards,faisant peser un risque récessif non négligeable sur l’économie. Les recettes ne suivront pas à hauteur espérée, ce qui ne permettra pas d’atteindre les objectifs de réduction du déficit public. C’est là que le scénario du gouvernement échoue. Les conditions d’une nouvelle phase expansive ne sont pas réunies, pas plus à court qu’à moyen terme, et il est illusoire d’escompter le retour d’une croissance soutenue et durable. Le gouvernement, lui, parie sur une croissance retrouvée pour limiter l’impact négatif de la réduction des dépenses publiques, qui doit financerlabaisse desprélèvementssurlesentreprises censée stimuler l’activité, et donc la croissance. Un raisonnement circulaire qui, pour l’heure, ne produit pas les résultats attendus, ni pour la croissance ni pour l’emploi. Les faits sont têtus. En débattre n’est pas un sacrilège. p IL N’EST PAS INTERDIT DE PENSER QUE CETTE POLITIQUE NE PRODUIT QU’UN EFFET RÉDUIT SUR L’ACTIVITÉ roger@lemonde.fr CORRESPONDANCE Une lettre de l’ambassade d’Egypte A la suite de la parution de l’éditorial «En Egypte, l’arbitraire et l’injustice» (Le Monde daté 27 juin), nous avons reçu le communiqué suivant de l’ambassade d’Egypte. « Non, l’Egypte n’est pas devenue le pays de l’arbitraire et de l’injustice. C’est un Etat de droit qui repose sur une nouvelle Constitution garantissant les droits et les libertés fondamentaux. C’est un Etat qui respecte pleinement les principes démocratiques de l’indépendance et l’impartialité de la justice, de la liberté de conscience et d’expression, et ce dans le cadre de la loi. Comme tout autre Etat souverain et démocratique, l’Egypte réclame aux journalistes étrangers opérant sur son territoire de se conformer aux lois en vigueur et de respecter les consignes de sécurité nationale. Les journalistes d’Al-Jazira n’ont pas respecté ces règles universelles et ont donc fait l’objet d’une procédure légale jouissant d’une parfaite transparence et en toute régularité. Ce qui ne constitue en aucun cas une volonté “d’intimider la presse”. Il convient de rappeler que plus de 1 200 journalistes accrédités, représentant plus de 290 institutions de presse étrangères, opèrent actuellement sur le sol égyptien en toute liberté. Ils couvrent tous les événements en Egypte, sans aucune restriction, et dans le cadre de la loi égyptienne. Non, l’Egypte n’est pas “en état de guerre civile”. Au contraire, l’Egypte a évité le glissement vers la guerre civile recherché par les forces de l’obscurantisme et souhaité par certains acteurs qui ont œuvré pour semer la discorde et perturber la paix civile. Grâce à la détermination du peuple égyptien et à l’intégrité de ses forces armées, garantes de son indépendance et de sa souveraineté, l’Egypte a réussi à traverser cette voie périlleuse et a engagé la marche vers un avenir stable et prospère. Non, le président de la République n’a pas été élu “à l’occasion d’un scrutin douteux”. En effet, aucune des délégations d’observation des élections dépêchées en Egypte – y compris celles de l’Union européenne et de l’Organisation de la francophonie – n’a donné un avis négatif ; toutes ont confirmé que le scrutin s’est déroulé en pleine transparence et en respect entier de la loi. L’Egypte a toujours été et restera toujours un Etat indépendant qui rejette toute forme d’ingérence dans ses affaires intérieures. Le peuple égyptien est profondément attaché au respect de cette valeur universelle qui constitue la pierre angulaire du système international contemporain. » p RECTIFICATIF a Economie. A la suite de l’article intitulé « Des Français se portent au chevet d’une économie vénézuélienne mal-en-point » paru dans Le Monde du vendredi 4 juillet, la Fondation Jean-Jaurès précise n’être jamais intervenue auprès du gouvernement vénézuélien dans le cadre de l’élection présidentielle de 2013. Son directeur général, Gilles Finchelstein, a cependant participé, à titre professionnel, à une mission de conseil en communication menée par l’agence Havas pendant la campagne du futur vainqueur de cette élection, Nicolas Maduro. 0123 Les Unes du Monde RETROUVEZL’INTÉGRALITÉ DES « UNES » DU MONDE - N˚19904 - 1,30 ¤ France métropolitaine L’investiture de Barack Nouvelle édition Tome 2-Histoire --- Jeudi 22 janvier Uniquement 2009 Fondateur Premières mesures Le nouveau président américain a demandé la suspension : Hubert Beuve-Méry En plus du « en France - Directeur Monde » métropolitaine : Eric Fottorino Obama des audiences à Guantanam o Barack et Michelle Obama, à pied sur Pennsylvania WASHINGTON Avenue, mardi 20 janvier, CORRESPONDANTE se dirigent montré. Une vers la Maison nouvelle génération evant la foule Blanche. DOUG tallée à la tête s’est insqui ait jamais la plus considérable MILLS/POOL/REUTERS a Les carnets transformationde l’Amérique. Une ère d’une chanteuse. national de été réunie sur le Mall de Angélique a Washington, Des rives du commencé. Kidjo, née au Obama a prononcé, a Le grand Barack lantique, Pacifique à jour. Les cérémonies celles de l’At- aux Etats-Unis pendant Bénin, a chanté discours d’investituremardi 20 janvier, toute l’Amérique la liesse ; les la campagne un sur le ; ambitions s’est arrêtée de Barack Obama en 2008, a Feuille force d’invoquer presque modeste. moment qu’elle de route. « pendant A vivre : et de nouveau la première décision d’un rassembleur ; n’est était en train Abraham La grandeur Martin Luther l’accession de la nouvelle jamais un administration: de du 18 les festivités de l’investiture, Lincoln, au poste au dant en chef Avec espoir et dû. Elle doit se mériter. avait lui même King ou John Kennedy, pendant cent la suspension des armées, de comman- raconte 20 janvier. Pour Le Monde, (…) vertu, il placé la barre responsable vingt : les cérémonies, elle de plus les courants bravons une fois discours ne très haut. Le l’arme nucléaire, d’un de Guantanamo. jours des audiences passera probablement les rencontres jeune sénateur de – elle a croisé l’actrice glacials et endurons cain-américain Pages 6-7 les tempêtes à postérité, mais afri- le chanteur page 2 et l’éditorial de 47 ans. Lauren venir. » Traduction il fera date pour pas à la Harry Belafonte… Bacall, du discours ce qu’il a inaugural du e intégrale miste Alan Greenspan. Lire la suite et l’écono- a It’s the economy... des Etats-Unis. 44 président page 6 la Il faudra à la velle équipe taraude : qu’est-ce Une question nou- a Bourbier Page 18 beaucoup d’imagination Corine Lesnes pour sortir de que cet événement va changer pour irakien. Barack a promis de l’Afrique ? Page Obama et économiquela tourmente financière retirer toutes 3 qui secoue la de combat américaines les troupes Breakingviews planète. page 13 d’Irak d’ici à mai 2010. Trop rapide, estiment les hauts gradés de l’armée. le DVD «Il s’en faut parfois de peu pour passer du simple fait divers à l’affaire d’état.» Dès le 9 juillet, le DVD no 4 DEUX HOMMES DANS MANHATTAN de Jean-Pierre Melville Le Monde vous présente la première anthologie des journalistes à l’écran. Sous la caméra des plus grands réalisateurs, découvrez les splendeurs et les misères d’une profession à travers ses nombreuses incarnations au cinéma :le chasseur de scoops désabusé,le redresseur de torts, l’enquêteur tenace, le correspondant de guerre héroïque, le paparazzi en mal d’éthique, le témoin de l’histoire en marche… sans oublier quelques femmes de caractère ! De la comédie au drame, de la fresque historique au western, une série de chefs-d’œuvre à collectionner tout l’été. Plus d’informations sur www.lemonde.fr/boutique Chaque mercredi, redécouvrez un film culte 1 Spéciale première Billy Wilder 6 La Dame du vendredi Howard Hawks 7 L’Extravagant Mr. Deeds Frank Capra 8 Deux hommes dans Manhattan Jean-Pierre Melville 9 L’homme qui tua Liberty Valance John Ford EN VENTE LE 16 JUILLET Network Sidney Lumet Les Hommes du président Alan Pakula EN VENTE LE 13 AOÛT EN VENTE LE 9 JUILLET 5 George Stevens EN VENTE LE 6 AOÛT EN VENTE LE 2 JUILLET 4 La Femme de l’année EN VENTE LE 30 JUILLET EN VENTE LE 25 JUIN 3 Sydney Pollack EN VENTE LE 23 JUILLET EN VENTE LE 18 JUIN 2 Absence de malice 10 Indiscrétions George Cukor EN VENTE LE 20 AOÛT LES JOURNALISTES À L’ÉCRAN 10 FILMS CULTES sélectionnés par Le Monde D Education L’avenir de Xavier Darcos « Mission UK price £ 1,40 ET RECEVEZ CELLE DE VOTRE CHOIX, ENCADRÉE Encyclopé die Universalis www.lemond e.fr 65 e Année 5, 90 €* Ruines, pleurs et deuil : dans Gaza dévasté e REPORTAGE terminée » : le ministre de ne cache pas l’éducation considérera qu’il se GAZA bientôt en ENVOYÉ SPÉCIAL disponibilité pour ans les rues tâches. L’historien d’autres de Jabaliya, les enfants ont de l’éducation trouvé veau divertissement.un nouClaude Lelièvre explique lectionnent les éclats d’obusIls colcomment la missiles. Ils et de déterrent du rupture s’est sable des morceaux d’une faite entre les enseignants qui s’enflamment fibre compacte et Xavier Darcos. immédiatement au D Page 10 Automobile Fiat : objectif Chrysler contact de l’air et qu’ils tentent difficilement d’éteindre avec pieds. « C’est du phosphore. leurs dez comme ça Regarbrûle. Surlesmursde » cetterue,destracesnoirâtres boutique. sont bes ont projeté visibles.Les bom- victime, Le père de la septième âgée de 16 ans, chimique qui partout ce produit re ne décolèa incendié pas. « Bonus Les banquier s ont cédé 25 KRN, Pays-Bas Enquête page Nicolas Sarkozy des dirigeants a obtenu françaises qu’ilsdes banques renoncent à la « part variable de leur rémunération ». En contrepartie, les banques pourront bénéficier d’une aide de l’Etat de 10,5 d’euros. Montantmilliards équivalent à celle accordée fin 2008. Page 19 27 000 profs partiront chaque année à la retraite, d’ici à 2012. 14 Edition Dites bien aux une fabrique de Au bord de dirigeants papier. « C’est petite des nations occidentales la mièrefoisque que ces sept je voiscela après la pre- innocents sont il y a quelquesfaillite huit ans d’occupation trentemorts pour rien. l’Américain semaines, israélienne », Qu’ici, il n’y a jamais s’exclame Mohammed Chrysler eu de tirs de roquettes. Que négocie l’entrée Abed bo. Dans son c’est costume trois Rab- nel. Que les Israéliensun acte crimidu cette figure constructeur nous en don- La parution du quartier pièces, nent la preuve, italien Fiat deuil. Six membres porte le puisqu’ils sur- de deux dans son capital, textes inédits de sa famille veillent tout depuis le ciel ont été fauchés », enrage de Roland Rehbi Hussein de 35 %. L’Italie à hauteur devant par Barthes, Heid. un magasin, une bombe mains, de cette bonne se réjouit il tient une Entre ses mort en 1980, le 10 janvier. Ils étaient venus enflamme feuille de le s’approvisionner papier avec tous cercle de ses pour l’économienouvelle pendant disciples. nationale. décrétéesles trois heures de trêve morts et des blessés,les noms des Le demi-frère Chrysler, de de son côté, aura tre aux par Israël pour permet- âge, qu’il énumère ainsi que leur l’écrivain, Gazaouis accès à une à plusieurs reprises, comme qui en a autorisé technologie Le cratère de de souffler. der qu’ils sont pour se persua- la publication, plus innovante. la bombe est jours là. Des bien morts. essuie touPage 12 éclats les foudres Michel Bôle-Richard mur et le rideau ont constellé le de l’ancien Algérie 80 DA, métallique éditeur de Barthes, Allemagne 2,00 Lire la suite ¤, Antilles-Guyane de la 2,00 ¤, Autriche page 2,00 ¤, Belgique et Débats page 5 François Wahl. 1,40 ¤, Cameroun Maroc 10 DH, 1 500 F CFA, 17 Page Norvège Barthes, la polémique 20 Le livre-enquête incontournable pour alimenter sur l’avenir de le débat l’école. Canada 2,00 ¤, Portugal3,95 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie cont. 2,00 ¤, un éditeur 18,50 Kn, Danemark Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 derrière l’écran 500 F CFA, Slovénie 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,20 ¤, Suède > www.arteboutiqu 2,50 ¤, Gabon 28 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1 500 F CFA, Grande-Bretagne e.com 1,9 DT, Turquie 1,40 £, Grèce 2,20 ¤, USA 2,20 ¤, Hongrie 3,95 $, Afrique 650 HUF, Irlande CFA autres 2,00 ¤, Italie 1 500 F CFA, 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, * Chaque DVD de la collection est vendu au prix de 5,90 € en plus du Monde, à la Boutique du Monde, 80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris, ou par correspondance sur www.lemonde.fr/boutique ou en téléphonant au 32 89 (0,34 € TTC par minute) Voir conditions. Offre limitée à la France métropolitaine, sans obligation d’achat du Monde dans la limite des stocks disponibles. Visuels non contractuels. © 1959 GAUMONT. Tous droits de reproduction et d’exploitation réservés. 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Ce n’est sans doute pas le processus politique ni le jeu électoral qui viendront seuls à bout du premier ministre au pouvoir à Bagdad depuis huit ans, mais l’attaque foudroyante des djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (Daesh, devenu depuis peu l’Etat islamique avec à sa tête un « calife », Abou Bakr Al-Baghdadi) et des autres groupes de sunnites, d’ex-baasistes, ou de certaines tribus, alliés naturels ou de circonstance. L’effondrement d’une bonne partie des régions peuplées par des Arabes sunnites a créé un fait sans précédent depuis dix ans, l’effacement de l’armée et de l’Etat irakiens, y compris dans les zones disputées entre Arabes et Kurdes. Un mois après l’attaque de Daesh et ses alliés, il semble que l’offensive ait été tant bien que mal stoppée par ce qui reste des forces fédérales, sans qu’elles aient eu pour autant la capacité de contre-attaquer. Les Iraniens, dès la première semaine, se sont fortement impliqués. Washington pendant ce temps est arrivé à la conclusion qu’il fallait œuvrer à un rapproche- ment politique inter-irakien, et dissuader les Kurdes de franchir le pas vers une indépendance totale. Plusieurs organisations sunnites envoient déjà des signaux pour signifier leur disposition à négocier, voire à se retourner contre l’Etat islamique, à condition que Maliki soit destitué. Il est vrai que celui-ci n’a guère brillé pour le rapprochement mutuel des Irakiens. Son goût prononcé pour le centralisme autoritaire a effrayé les Kurdes, marginalisé les sunnites, et même éloigné de nombreux partis parmi ses alliés chiites. Les autorités religieuses de Nadjaf, ville du sud de l’Irak où résident les plus hauts dignitaires chiites, ont senti qu’elles étaient flouées. Une hostilité s’est installée avec presque tous les pays arabes alentour, et même avec la Turquie. Maliki ressemble à l’idéal type décrit par le philosophe et juriste allemand Carl Schmitt (1888-1985),pour qui le jeu politique impose de savoir distinguer ses amis de ses ennemis, sa propre communauté de ses adversaires, etc. Cela a conduit à multiplier les champs de bataille à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Irak. Las de jouer les pompiers ou de se dérober avec une indifférence sournoise, Barack Obama a enfin décidé d’intervenir, en dépêchant quelques centaines d’hommes des forces spéciales et en fournissant une couverture aérienne pour protéger Bagdad et son aéroport, permettant, s’il le faut, d’évacuer les milliers d’employés de sa plus grande ambassade au monde. Pendant ce temps, le grand ayatollah Ali Al-Sistani a senti que l’heure de son retour avait sonné. Le risque d’une guerre civile effroyable s’installant, Sistani s’est trouvé poussé à jouer un des rôles historiques qu’il a déjà eu à incarner entre 2003 et 2005, en proclamant, le 13 juin, une fatwa pour soutenir l’Etat chancelant et ses forces armées, et s’opposer à ceux qu’il a qualifiés de « takfiristes» [surnom des djihadistes sunnites], prompts à l’excommunication, menaçant l’unité et l’avenir de l’Irak. Cela a conduit à une immense mobilisation, essentiellement chiite. L’impact de la fatwa émise par Al-Sistani à la mi-juin a été ressenti non seulement dans l’univers chiite, mais jusqu’à Washington Le retour de Sistani lui permettra certainement de peser de manière directe ou indirecte dans le choix d’un premier ministre parmi les nombreux candidats pressentis. Certains sont issus de la coalition de l’Etat de droit de Maliki, tels Tarek Najm, 68 ans, directeur de cabinet de Nouri Al-Maliki entre 2006 et 2010 ; Ibrahim Al-Jaafari, 67 ans, ancien dirigeant du parti Al-Daawa(au pouvoir depuis dix ans à Bagdad), premier ministre de 2005 à 2006 ; Révoltons-nous contre le fromage aseptisé Il faut revenir à une alimentation artisanale Marie-Claire Frédéric C Spécialiste culinaire ’est comme un feuilleton, qui a commencé au début de l’année aux EtatsUnis. Des fromagers de l’Etat de New York se sont vu reprocher par la Food and Drug Administration (FDA, l’agence américaine de l’alimentation) le fait d’affiner leurs fromages sur des planches de bois, pour des raisons d’hygiène. Mais personne, ou presque, n’en a entendu parler. Le deuxième épisode eut lieu début juin avec cette consternante nouvelle : la FDA allait interdire purement et simplement l’affinage des fromages sur des planches en bois. Une pareille loi n’étonne qu’à moitié dans un payshygiéniste qui pousse la logiquejusqu’à pasteuriser le miel, pourtant lui-même antiseptique, et qui interdit les fromages au lait cru s’ils sont affinés moins de soixante jours. Un rebondissement survient dans le troisième épisode du feuilleton. Lorsque Nora Weiser, directrice de l’American Cheese Society, organisation de promotion du fromage, demande des explications à la FDA : au nom de quoi cette soudaine interdiction d’une pratique existant depuis la nuit des temps ? Monica Metz, responsable de la branche lait de la FDA, évoque alors une ancienne réglementation exigeant que le fromage soit affiné sur des « surfaces que l’on peut nettoyer correctement », excluant, ditelle, le bois, qui est poreux et « pourrait » héberger des micro-organismes pathogènes. Et pire encore, la FDA réaffirme qu’elle n’a pas l’intention de modifier cette nouvelle ancienne politique. Il s’agit donc en réalité d’une interprétation zélée d’une règle existante. Nora Weiser ironise sur une « clarification qui n’a fait qu’ajouter à la confusion » puisque le texte ancien ne mentionnait pas le bois. Une interdiction de ce type d’affinage est « une menace contre les méthodes traditionnelles ». Elle touche « non seulement les fromages fabriqués aux Etats-Unis mais aussi ceux qui sont importés », comme le parmesan, le beaufort, le comté, le reblochon et les cheddars. Le Wisconsin, grand Etat américain du fromage, en fabrique 15 000 tonnes par an, tous affinés sur bois. Un tel règlement mettrait fin à l’essor de la fromagerie artisanale américaine (dont la production est supérieure à la fromagerie française en tonnage de fromages au lait cru). A qui profite le crime ? A l’industrie, bien évidemment. La guerre contre les fromages artisanaux est déclarée. Mais le coup de théâtre commence au quatrième épisode, qu’on pourrait intituler « les temps changent ». L’annonce a soulevé un tollé,et pas seulement chez les critiques gastronomiques. Des analystes économiques, des scientifiques, des universitaires et des personnalités politiques ont aussi protesté. Une pétition ouverte sur le site public de la Maison Blanche a récolté 5 800 signatures les premiers jours. Une campagne lancée sur les réseaux sociaux a suscité des milliers de réactions. Le 10 juin, l’Ameri- can Cheese Society a demandé à la FDA de revoir son interprétation de l’ancienne circulaire. L’affaire est montée d’un cran le 11 juin, lorsqu’une dizaine d’élus du Congrès ont appelé leurs collègues « amoureux du fromage » à soutenir un amendement pour empêcher la FDA « d’aller à l’encontre d’un procédé utilisé depuis des siècles ». Devant cette avalanche de protestations, l’agence fédérale se crut obligée de publier un communiqué disant qu’on l’avait mal comprise, c’était une question de vocabulaire. Il ne s’agissait que « d’un élément d’information sur l’usage des planches de bois, (…) les mots utilisés étaient plus définitifs que ce qu’ils auraient dû être ». Autre marche arrière de la FDA en mai, 1,5 tonne de mimolette française qui était bloquée depuis un an en raison de la présence d’acariens cultivés sur la croûte pour affiner le fromage est de nouveau autorisée sur le sol américain. On constate actuellement un regain d’intérêt pour les aliments traditionnels fermentés, qui forment l’identité des humains. La part fermentée de l’alimentation est tellement ancrée dans nos habitudes qu’il est impossible de l’éradiquer, elle revient se nicher dans des petits détails, comme ces tranches de pseudo-beaufort ou de pseudo-reblochon que McDonald’s ajoute en France dans ses sandwichs censés être universellement identiques. Maire (UMP) de Limoges Nicolas Méary Maire (UDI) de Brétigny-sur-Orge V ¶ Marie-Claire Frédéric est l’auteure de Ni cru ni cuit. Histoire et civilisation de l’aliment fermenté, Alma Editeur, 360 p., 29 ¤ ni accorde une importance certaine à l’unité de la maison chiite. En cas de remplacement de Nouri Al-Maliki, il ne souhaitera pas que l’on lance contre lui de chasse aux sorcières, et moins encore que l’on criminalise les dirigeants politiques de la coalition de l’Etat de droit du premier ministre sortant. Sistani, quiétiste mais fin stratège, s’il ne partage pas la ligne politique du Guide iranien Khamenei, ne cherche pas non plus à l’affronter en favorisant un candidat hostile à l’Iran. Du moment que la maison chiite se maintient, Sistani n’émettra pas d’objections à un autre candidat issu de l’Etat de droit plutôt que d’un mouvement chiite concurrent. Comme la fois précédente, la relève irakienne peut se passer totalement des candidats pressentis. Quoi qu’il en soit, un nouveau premier ministre de l’Irak devra être un meilleur coordinateur que Nouri Al-Maliki, préservant l’unité de la maison chiite mais capable de parler aux Kurdes, de ne pas effrayer les sunnites, de rassurer l’Iran et la Turquie, d’être ouvert sur le monde arabe (en particulier le Golfe), et de maintenir de bonnes relations avec Washington. Si les Irakiens dans leur diversité sont capables de trouver un tel candidat en quelques jours ou quelques semaines, il sera non seulement l’homme providentiel qui sauvera probablement son pays, mais il pourrait mériter haut la main le prix Nobel de la paix. p La SNCF doit entendre Limoges et Brétigny Emile-Roger Lombertie En mai, la mimolette française, qui était bloquée depuis un an en raison de la présence d’acarienscultivés sur la croûte pour l’affiner, est de nouveau autorisée sur le sol américain L’industrie est peut-être allée trop loin. Aujourd’hui, des économies parallèles se développent, basées sur les circuits courts. Le bon sens reprend du poil de la bête face à l’hygiénisme à outrance. Et la science a changé de camp. La science qui, tout au long du XXe siècle, a soutenu l’industrie, axe désormais ses recherches sur l’innocuité des fromages au lait cru et sur la biodiversité alimentaire, sur les terroirs et le respect des techniques ancestrales. L’Union européenne reconnaît d’ailleurs l’importance des traditions et de l’aspect culturel de l’alimentation. Elle interprète bien différemment les règles d’hygiène puisqu’elle autorise l’affinage des fromages sur du bois. Les revirements de la FDA ne sont pas anodins. Pour une fois, c’est l’Europe qui a montré l’exemple pour un règlement d’hygiène, et non pas l’inverse. Au moment des négociations de partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, c’est important. Cela montre qu’un courant est en marche, bien que les lobbys industriels œuvrent toujours. Partout les consommateurs se révoltent face à la nourriture industrielle aseptisée et bas de gamme, délivrée en masse par les grandes surfaces, toujours trop chère pour sa qualité réelle. La part fermentée de notre alimentation implantée au plus profond des mentalités réapparaît là où on ne l’attend pas. Comme la petite pousse d’herbe sous la chape de béton industrielle. p Qusay Al-Suhail, 46 ans, universitaire, qui fut proche du jeune clerc Moqtada Al-Sadr, avant de s’en éloigner, ancien viceprésident de l’Assemblée nationale. Les autres sont plus proches du Conseil suprême islamique en Irak, Adel Abdul-Mahdi, 72 ans, ancien vice-président de l’Irak de 2006 à 2010 ; Ahmed Chalabi, 70 ans, politicien irakien de l’opposition qui convainquit les néo-conservateurs de l’entourage de George W. Bush d’envahir l’Irak, avant de se rapprocher de l’Iran. Quelle est la portée d’une telle fatwa ? Le statut de Sistani réside d’abord dans son autorité religieuse et morale, qui peut provoquer une adhésion sans commune mesure, capable de se transformer en mouvement de dimension historique. Au début des années 1920, le grand ayatollah Ashrafi Esfahani avait appelé depuis Nadjaf à se révolter contre le colonialisme anglais, qui s’était imposé en dominateur plutôt qu’en libérateur du joug ottoman. A la suite de sa fatwa, la grande révolution de 1920 fut proclamée, et le mandat britannique dut être repensé, ouvrant la voie à l’établissement d’une monarchie et à la formation d’un gouvernement national. Depuis cette date, aucune autre fatwa de djihad venue de Nadjaf n’avait été émise, jusqu’à celle de Sistani à la mi-juin. L’impact de cet appel a été ressenti non seulement dans l’univers chiite, mais jusqu’à Washington. En plus de son attachement à l’unité de l’Iraket au processus politique, Ali Al-Sista- oilà un an, le 12 juillet 2013 à 17 h 11, les voitures de queue du Paris-Limoges quittaient leur voie, glissaient longuement et venaient s’immobiliser en gare de Brétigny-surOrge. Ce déraillement causa la mort de 7 personnes et 61 autres furent blessées. Un an après, Brétignolais et Limougeauds seretrouveront le 12 juillet en gare de Brétigny pour un instant de recueillement en mémoire des victimes, de gratitude à l’égard des secours, des cheminots et des forces de l’ordre, mais aussi pour rappeler la solidarité dont firent preuve les voyageurs et la population locale. Un an après, les familles des victimes, les témoins, les usagers de cette ligne, les collectivités concernées, ainsi que la SNCF s’accordent pour penser que cet accident doit servir à en éviter d’autres. Il doit permettre de réorienter les investissements et les travaux de sécurité, de réformer les procédures de fonctionnement et de maintenance ; au-delà, les populations doivent être persuadées que les enseignements du drame sont tirés. L’entretien et l’investissement dans le réseau existant doivent être privilégiés. La vétusté des équipements conduit à des risques accrus lorsqu’elle se combine à un défaut de maintenance et elle nécessite des précautions d’exploitation, comme le ralentissement des circulations ou des écarts augmentés entre les trains. Les travaux programmés en garede Brétigny doivent privilégier l’amélioration de la sécurité. En souvenir des 7 disparus, faisons de cette ligne et de la gare de Brétigny des lieux voués à recevoir toutes les expérimentations de sécurité. Poursuivons le programme Vigirail qui semble une réussite par la création d’une VigiLigne et d’une VigiGare. De même, si la défaillance des opérations de surveillance et de maintenance était avérée, si la séparation complexe des tâches entre Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF a pu, même à la marge, être un des facteurs qui conduisit à l’accident, nous espérons un vote rapide de la loi dite de « réforme ferroviaire » qui organisera le rapprochement des deux sociétés. Nous espérons que ce sera l’occasion d’une clarification des responsabilités et d’une amélioration des opérations de maintenance. Mais c’est d’abord au rétablissement du lien de confiance qu’il faut travailler. Nos parents, nos amis vont au travail en empruntant le RER, ou le train Intercités, nos enfants vont au lycée, dans les facs, par le train. Dans ces deux villes, on a confiance dans le chemin de fer depuis bien longtemps, depuis le milieu du XIXe siècle. Brétigny comme Limoges ont connu de grands triages, ce sont des villes cheminotes qui sont restées attachées au chemin de fer. Dans bien des foyers, l’on vous montre des piles du journal La Vie du rail qui souvent remontent au grand-père. Ici, on porte la fierté du chemin de fer. Il faut donc comprendre que, pour nous tous, avec l’accident, un monde s’effondre. Pour nous, la perte de confiance est un traumatisme qui vient s’ajouter au traumatisme de l’accident. Un étrange climat Récemment encore, le rapport Hazan, du nom d’un expert indépendant mandaté dans le cadre de l’enquête judiciaire, ou le rapport judiciaire signé Michel Dubernard et Pierre Henquenet se présentaient sous la forme d’un réquisitoire auquel la SNCF et RFF n’ont pas voulu, ou, pour des raisons juridiques, n’ont pas pu répondre sur le fond. Malgré les propos des présidents Pepy et Rapoport, les silences, le flou, les accusations restées sans réponse créent un étrange climat et nous demandons, au nom des populations que nous représentons, des deuils qu’elles traversent, nous réclamons de la SNCF la plus grande transparence. Y a-t-il eu un abaissement du niveau de la maintenance ? Doit-on pointer des défaillances ? A l’issue de l’enquête judiciaire, nous en saurons davantage, nous espérons alors qu’une commission d’enquête parlementaire permettra un débat contradictoire et sous serment qui aboutira à une transparence certaine. Mais cette transparence ne peut attendre. Il faut trouver les voies et moyens pour que la SNCF réponde aux inquiétudes, lève les doutes, purge les méfiances. En ce sens, nous demandons à la SNCF de permettre à nos collectivités d’être associées aux groupes de travail interne liés à cet accident, notamment celui qui réunit des experts sur la question du boulonnage. Nous demandons à la SNCF de tenir ses propres engagements sur l’information du public – l’open data – et d’y inclure les questions de sécurité. Nous demandons à la SNCF plus de clarté en la matière. p 23 0123 Jeudi 10 juillet 2014 Le Brésil à genoux Humiliée par l’Allemagne (7-1), la Seleçao quitte son Mondial Le capitaine du Brésil, David Luiz, et Luiz Gustavo, sur la pelouse du stade Mineirao, à Belo Horizonte, mardi 8 juillet. AP/HASSAN AMMAR Récit Belo Horizonte, Rio de Janeiro, Sao Paulo Envoyés spéciaux I l y a eu des larmes, de l’incrédulité, de la colère. Dans tout le pays, il y a eu ces sentiments convenus des soirs de défaite, mardi 8 juillet, après la déroute (7-1) du Brésil face à l’Allemagne. Ces rues qui se vident d’un coup, comme aspirées par une bonde géante, ce silence des villes frappées de désolation. Mais il y eut pire que ça. Il y eut aussi des rires. Des rires comme l’état suprême du désespoir, comme le seul moyen de cacher sa douleur, sa honte, après l’humiliation historique subie par la Seleçao à domicile, dans ce qui devait être la Coupe du monde de son triomphe. Pour la première fois sans doute, le Brésil s’est mis à rire de sa sélection nationale. Pas à plaisanter seulement, à la tourner en dérision, comme le pays le fait parfois aux jours mauvais. Aen rire vraiment, d’un rire de mépris, comme un conjoint peut le faire de quelqu’unqu’il atantaiméetqu’ilcouvre ensuite de son dégoût. Le peuple s’est vengé de la vexation collective par un humour noir comme cette soirée dans le stade de Belo Horizonte. Cela a commencé dans l’enceinte même de l’Estadio Mineirao qui, à peine construite, devra peut-être être détruite pour conjurer le maléfice et effacer toute trace de la forfaiture. Le public, du moins celui qui était resté jusqu’au bout, s’est mis à applaudir les buts allemands qui tombaient tant et plus. Il s’est mis à ridiculiser cette équipe qui humiliait tout un pays, à se gausser de ses ratés avec une joie chargée de bile, à saluer par des « olé ! » chaque passe allemande. Bref, il a joué au sale mioche, au gamin vexé, même si, ce mardi, il n’y avaitpasplustête àclaques que lefootball lui-même. Ce sport n’a rien trouvé de plushilarant que de tourner en ridicule chez elle une nation quintuple championne du monde, un pays qui croyaitavec un peu de suffisance détenir les clés de ce jeu. La voilà ravalée au rang d’Haïti, la dernière sélection à avoir, en 1974, encaissé cinq buts en une mi-temps en Coupe du monde. Cruelle leçon de modestie. Trop dure à avaler. Alors, dans le quartier de Vila Madalena, l’un des lieux de rendez-vous nocturnes de Sao Paulo, il n’y avait plus qu’à pleurer de rire devant le désastre. Il n’était pas 17 h 30, le match n’avait commencé que depuis une demi-heure et la foule savait déjà que cette nuit qu’on espérait infinie serait courte et, en même temps, qu’elle resterait à jamais gravée dans les mémoires. Cesportn’a rientrouvé deplus hilarant que detourner enridicule, chezelle,une nation quicroyaitdétenir les clésdu jeu. Cruelle leçonde modestie Dans la rue Tournesol, artère en montagnes russes où les bars s’alignent les uns à côté des autres, la foule débordait sur le pavé. Mais très vite, ces jeunes gens, étudiants pour beaucoup,ont feint dese désintéresser, tandis que le commentateur égrenait les buts allemands d’un ton mortuaire. Avant le match, on scandait « Brasil ! Brasil ! » Chaque fois que le score s’aggravait, on continuait de dire « Brasil ! Brasil ! », mais un ton en dessous, d’une voix désenchantée et traînante, comme une complainte qui disait en substance : « Brésil, pourquoi m’as-tu fait ça ? » ou « Méritait-on cela ? » Cette détresse collective était étrangement partagée par une supportrice allemande qui arborait un maillot de son équipe. Elle semblait gênée, mal à l’aise dans le rôle du bourreau. On en était à 5-0 à la mi-temps, mais d’une certaine manière, ce score ne voulait rien dire. Il restait abstrait dans les esprits médusés, comme un bilan lancé après une catastrophe. Ce ne serait qu’après, demain et les jours suivants, qu’on mesurerait l’ampleur du désastre national. A la mi-temps, la rue Tournesol a commencé à se vider en même temps que le stade de Belo Horizonte. Les dizaines de marchands à la sauvette de bière et de cachaça bradaient déjà leurs alcools à moitié prix. Ils avaient aussi compris que ce ne serait pas ce soir qu’ils feraient fortune. Quelques jeunes buvaient tout de même plus que de raison. Ils espéraient sans doute se réveiller demain en ayant oublié. Et tant qu’à avoir la gueule de bois… Comme la nuit était tombée et qu’on avait soudain un peu froid, on a enfilé une veste ou un petit pull. Les maillots brésiliens ont disparu sous ce camouflage. L’Allemande fit de même, par politesse plus que par frilosité. La télévision proposa une série de gros plans sur les joueurs, puis sur celui d’un jeune supporteur en larmes dans les tribunes. C’était une charge terrible contre la Seleçao : ils étaient ceux qui faisaient pleurer les enfants. On sentait déjà venir les règlements de comptes, la chasse aux coupables, les responsables cloués au pilori. Mais pour l’heure, on en était encore aux ricanements. Quand le Brésil a enfin marqué, ce furent des cris de joie etilyeutmêmedes pétardsetdes feux de Bengale. Mais c’était là le comble de la moquerie contre les joueurs. Dans les conversations revenait régulièrement le nom de Neymar. Ce n’était pas qu’on crût qu’il aurait pu changer les choses. Non, simplement l’idole avait échappé au naufrage. On avait encore quelqu’unen qui croire.C’était laseule consolation de cette soirée. Le match fini, il y eut une seconde de silence, comme une suprême protestation devant cette débandade. Les policiers étaient en nombre, craignant des débordements. Mais pour cela, il eût fallu qu’il y ait révolte et non ce rire acerbe qui avait saisi la rue Tournesol. Dans une dernière ironie, des petits groupes faisaient des selfies faussement joyeux pour immortaliser ce moment pénible. A Rio de Janeiro aussi, on n’a trouvé que ce remède, le rire à gorge déployé, tant cela était grotesque. Sur la plage de Copacabana, la journée avait commencé sous un léger crachin et s’est achevée sous un déluge. Au fur et à mesure que les buts allemands tombaient comme une autre pluie, acide, le public est passé de la frustration à la fureur. Des jeunes se sont mis à insulter les joueurs à l’écran. Joao, 69 ans, avait le front bas : « Je n’ai jamais vu ça. J’avais 5 ans au moment de la défaite du Brésil en 1950 au Maracana, mais la déroute de ce soir est bien pire, c’est une humiliation, une honte infligée au pays dont on ne se relèvera pas. » Entre deux averses, Robertson Carvalho faisait le mime devant les derniers badauds encore présents sur la plage, en costume de Charlot. « Cela va nous ouvrir les yeux, expliquait cet artiste de rue. Nous n’avions pas l’équipe pour gagner la Coupe du monde, nous n’avions pas le niveau et nous avons été bercés par des victoires trop faciles. » Et d’ajouter : « J’espère que les Pays-Bas vont battre les Argentins parce qu’en cas de victoire de la bande à Messi, ici, au Maracana, sur nos terres, nos ennemis intimes, je ne sais pas comment cela va finir… » Ici aussi, les plus dépités ont très vite quitté la plage et se sont engouffrés en silence dans les stations de métro. Sous une petite rangée de cocotiers, un groupe de jeunes en est même venu aux mains. Une bière à la main, Denilson, lui, s’est mis à parodier l’hymne national : « Je suis brési- lienavecbeaucoup dehonteet peud’orgueil… » Assis au milieu de la plage, Osmarportait sur son maillot jaune de l’équipenationaleunécussonauxcouleursdeFlamengo,leclubleplus populaire de la ville : « Ce soir, le football brésilien a connu une explosion nucléaire, plaisantait-il. Si cela continue comme cela, dès la reprise du championnat, je vais soutenir Vasco de Gama !» Quand l’Allemagne a marqué encore, Osmar a ri de plus belle. «C’est une honte infligée au pays dont on ne se relèvera pas» Joao, 69 ans Plus loin, au fond d’un bar anonyme de Copacabana, un vieil Allemand, maillot blanc et cheveux gris, jouait delatrompette etpoussait lachansonnette de son pays. La salle s’amusait, conquise par son entrain. Il était déjà tard. La pluie n’en finissait plus et le bistrotier accusait visiblement le coup. Il demanda gentiment à tout le monde de sortir. Sur la plage de Copacabana, des petitsgroupes s’étaient déjàmisà danser sur le sable détrempé. Plus loin, au milieu des rues, une bande de jeunes Cariocas courrait sous la pluie diluvienne. Ils criaient fort, chantaient, tendaient leurs bras vers le ciel, embrassaient les masses d’eau qui s’offraient à eux, comme pour se laver de l’affront qu’ils venaient de subir. Rue Tournesol, à Sao Paulo, un orchestre de samba osa jouer. Il fallait être culotté ou très professionnel. On vit pourtant les corps tétanisés commencer à se balancer de manière irrépressible. Après avoir ri, on dansa donc un peu. On se dit alors que le Brésil survivrait peut-être à cette soirée de déroute. p Yann Bouchez, Nicolas Bourcier, Rémi Dupré et Benoît Hopquin 24 0123 Jeudi 10 juillet 2014 «Une grosse claque pour le Brésil et pour la présidente Dilma» Après la déroute de sa sélection, le peuple brésilien prédit une revanche dans les urnes Des supporteurs brésiliens dans les rues de Rio après la déroute de la Seleçao face à l’Allemagne, mardi 8 juillet. JORGE SILVA/REUTERS Belo Horizonte, Rio de Janeiro, Sao Paulo Envoyés spéciaux I l n’aura fallu que six minutes. Le temps mis par l’Allemagne pour transformer la cage du gardien brésilien Julio Cesar en passoire et marquer quatre buts face aux quintuples champions du monde. Privé de sa star Neymar, blessé, et de son capitaine Thiago Silva, suspendu, le Brésil a sombré (7-1) au stade Mineirao de Belo Horizonte, mardi 8 juillet. Douze ans après son dernier sacre (2-0) contre l’Allemagne lors du Mondial 2002, la Seleçao a subi en demi-finales de sa Coupe du monde la plus grande humiliation de son histoire. Les Auriverde rêvaient pourtant de se qualifier pourla finale,programméedimanche 13 juillet au mythique Maracana de Rio de Janeiro. Les hommes de Felipe Scolari n’auront donc pas la possibilité de venger leurs illustres aînés, humiliés, eux, par l’Uruguay (2-1) au Maracana en 1950, lors de la seule Coupe du monde organisée au pays du futebol. Pire, après le « Maracanaço », le Brésil devra désormais vivre avec le souvenir du « Mineiraço ». Et la Seleçao doit encore disputer la « petite finale » pour la troisième place, samedi 12 juillet, à Brasilia. « On n’en a rien à faire de la troisième place, s’insurge Rafael après la déroute, maillot jaune et vert sur le dos. On voulait gagner notre Mondial. Il y a un mélange de colère dans le pays et la sensation que tout est fini. » « C’est un moment historique, ironise Sidney, venu de Sao Paulo. On n’avait plus eu ce sentiment depuis la défaite contre la France en 1998. A 3-0, ce n’était plus de la tristesse qu’on ressentait mais de la honte… » Dès la 26e minute de jeu et le quatrième but de la Nationalmannschaft,les supporteurs brésiliens ont commencé à quitter le stade. Sous les lazzi, la Seleçao a affiché de meilleures intentions en seconde période, mais ses salves ont été repoussées par Manuel Neuer, le portier allemand aux réflexes robotiques. A la 79e minute, les quolibets du public ont laissé place à des applaudissements narquois quand André Schürrle a inscrit le septième but allemand. Loin d’apaiser le chagrin des 200 millions de Brésiliens, la réalisation tardive d’Oscar (90e) a juste eu le mérite d’atténuer la débâcle. Le crash de Belo Horizonte constitue pourtant le pire revers de l’histoire des Auriverde depuis leur défaite (6-0) contre l’Uruguay, en 1920. Aucune demi-finale d’un Mondial ne s’était auparavant conclue sur un score aussi large. Allongésur lapelouse du Mineirao, le capitaine brésilien David Luiz semblait implorer le pardon au coup de sifflet final. En larmes, le défenseur à la folle tignasse a prié durant quelques minutes avant de recevoir l’accolade de Thiago Silva, l’habituel détenteur du brassard. Le responsable autodésigné de ce drame national est le sélectionneur Luiz Felipe Scolari, pourtant perçu comme le sauveur de la nation depuis le sacre de 2002. Les traits tirés, le patron de la Seleçao a tenu à s’excuser auprès du « peu- ple brésilien » pour cette « erreur ». Son homologue allemand, Joachim Löw, a fait preuve de compassion : « On a perdu au Mondial 2006 contre l’Italie, chez nous, au même stade de la compétition et on sait ce que le peuple brésilien ressent. Je comprends que ce soit très difficile à digérer, très douloureux.» Le « peuple brésilien », justement, n’a pas attendu le coup de sifflet final pour fondre en larmes. A Sao Paulo, l’avenue Paulista, la grande artère de la ville avec ses buildings et ses centres commerciaux ultrachics, symbole à la fois de la nouvelle prospérité du pays, mais aussi de ses inégalités avec son arméede clochards, était déserte après la rencontre. Il y a un an, «La véritable face du Brésil apparaît désormais. C’est le pays du mensonge. Les problèmes vont refaire surface» Luis Villamarin, 51 ans des dizaines, peut-être des centainesde milliers de personnes, y défilaient. Les manifestants critiquaient la corruption et le coût exorbitant de la Coupe du monde alors que le pays souffre d’un manque d’infrastructures. Ces revendications avaient été étouffées depuis un mois par l’enthousiasme irrationnel qui entourait l’équipe nationale. Dans ce pays où la politique n’est jamais loin du football, la colère sociale a resurgi au coup de sifflet final. Et la lourde défaite a, d’une certaine manière, ouvert la campagne électorale sous de sombres auspices. Candidate à un second mandat à l’élection présidentielle du 5 octobre, Dilma Rousseff avait grappillé des points dans les sondages. « Les élections vont être très difficiles pour elle, prédit Pedro Sala, 22 ans. Jusqu’à maintenant, les Brésiliens ne pensaient qu’au foot. On va se rendre compte qu’il y a de beaux stades, mais pas d’écoles, pas d’hôpitaux… Ce match peut être un bon moment pour changer beaucoup de choses. » Luis Villamarin, 51 ans, se montre moins tendre : « La véritable face du Brésil apparaît désormais clairement. C’est le pays de M. Lula, de Dilma. C’est le pays du mensonge. Le pays ne va pas bien. Les problèmes vont refaire surface. » A Rio, Ancelmo, militaire de 22 ans, semblait comme « dessaoulé » au moment de rentrer chez lui en bus, dans sa banlieue de Jacarepagua. « Je savais que l’on n’avait ni éducation, ni santé et transports, explique-t-il. Mais on avait au moins le football. Je viens de comprendre que ce n’était qu’illusion. » Eliza, une fonctionnaire d’une trentaine d’années, laisse éclater son amertume : « Je suis contente ! C’est une grosse claque pour le pays et pour la présidente Dilma. Je n’en pouvais plus de l’entendre fanfaronner depuis le début du Mondial. J’aimerais que cette humiliation lui fasse perdre des points. » p « JULES RIMET, MEU AMOR » NOVELA-CHAPITRE 21 Par Sérgio Rodrigues U ne contre-attaque avait lieu. Feijão venait de dépasser le dernier défenseur et il fonçait en direction du gardien. Le gardien était un type robuste, blanc comme un verre de lait, célèbre dans les matchs de rue du quartier Marechal Hermes. On le surnommait « l’Allemand ». Depuis un peu plus de six mois il avait conquis le respect de ses camarades comme de ses adversaires, autant pour ses qualités techniques que pour sa témérité. Aumoment de former des équipes,quand on avait tiré à pile ou face, il était un des premiers à être choisi – ce qui arrive rarement quand il s’agit de désigner un joueur qui, au lieu de mettre le ballon dans les filets, va l’empêcher d’y entrer. Il avait commencé à croire qu’il était peut-être possible pour lui de se reconstruire une existence dans ce pays du bout du monde. En voyant l’attaquant qui courait sans obstacle dans sa direction, János a fait quelques pas en avant pour réduire devant les buts le champ de vision de son adversaire : jusqu’ici, tout allait bien. Le problème est que Feijão, un Noir à la peau luisante qui se précipitait en chaloupant comme s’il était en caoutchouc, avait la réputation d’être le plus grand crack du quartier. Le premier à être choisi, lui, dans les matchs sur terrain vague. Fidèle à sa notoriété, le crack local a fait quelque chose que personne n’auraitpu prévoir : unefois entré dansla surface de réparation, à un mètre du gardien, il s’est brusquement figé. Après avoir poséle pied gauche surle ballon,car ilétait gaucher, il l’a fait glisser vers l’arrière. Vers l’arrière ! Le mec se dirigeait vers l’arrière ! Rien de comparable n’avait jamais été observé en Hongrie, et le goal connu sous le nom d’Allemand, ce gardien de but plein d’expérience, s’est soudain retrouvé dans la peau d’un néophyteridicule : malgré lui,voilà qu’il était en train de sedéplacer lentement vers l’avant, jambes arquées et bras tendus en direction de la balle comme s’il essayait d’attraper une poule. « Vas-y, Feijão, défonce-le ! » – Rabats le caquet de ce gringo ! » Il entendait les rires des supporteurs et, en même temps, sans quitter le ballon des yeux, il devinait sur la face de Feijão un ricanement méprisant. Une vague rouge lui a troublé la vision – ces maudits Brésiliens, a-t-il eu le temps de penser, pourquoi sont-ils toujours en train de rigoler ? – et cette seconde d’aveuglement a suffi pour que le pitre déguisé en joueur lui mette le ballon entre les jambes et, après un saut où il semblait monté sur ressorts, finisse seul en face de la cage. Bien entendu, János a tenté de faire demi-tour pour le suivre. Il voulait agripper les jambes de Feijão, atteindre sa poitrine maigre et lui arracher le cœur à mains nues, ou du moins se faire siffler un penalty – n’importe quoi plutôt que ce but humiliant. Et là, au cours de cette rotation à cent quatre-vingts degrés, son pied est resté coincé dans un trou du sol en terre battue et, à l’intérieur de son corps, il a entendu le bruit de quelque chose qui se cassait : craaac. Avec un hurlement de douleur il s’est effondré en se tenant le genou. Il n’avait jamais ressenti une souffrance pareille. L’hôpital a diagnostiqué une rupture totale des ligaments croisés. Aujourd’hui, avec les ressources dont dispose la médecine, il serait peut-être possible de le faire revenir sur un terrain de football. Mais à l’époque il était soigné dans un établissement public misérable, à la périphérie de Rio. Il en est sorti estropié, condamné à boiter jusqu’à sa mort. Ici s’interrompait l’histoire que Julia avait commencé à me confier ce jour-là, d’abord sur la plage, ensuite dans la voiture qui nous emmenait chez elle. Vers la fin, des larmes ruisselaient sur son visage – ah, ce visage, quelle beauté ! Aux malheurs de János a succédé un silence que je n’ai pas osé briser. Une fois que nous sommes arrivés au château Gabor, elle a donné congé aux domestiques et elle m’a servi le déjeuner tout simple qu’ils avaient préparé, un ragoût accompagné de riz, de pommes de terre et de salade. Puis nous sommes allés au lit et soudain la nuit est tombée, suivie de l’aube, de la matinée, de la nuit à nouveau. J’étais anxieux de connaître la fin de l’histoire de son grand-père, mais je savais que rien ne pressait. Le temps était notre esclave. p Traduit du portugais (Brésil) par Ana Isabel Sardinha et Antoine Volodine Pour « Le Monde », l’auteur brésilien Sérgio Rodrigues part à la recherche du trophée de la Coupe du monde volé à Rio de Janeiro en 1983 et livre une nouvelle inédite pendant le Mondial. Il a reçu le Premio Cultura pour l’ensemble de son œuvre en 2011. Son roman « O drible » paraîtra en France aux Editions du Seuil en 2015, avant le Salon du livre de Paris, où le Brésil sera l’invité d’honneur. Chapitre 22 dans « Le Monde » daté vendredi 11 juillet. Yann Bouchez, Nicolas Bourcier, Rémi Dupré et Benoît Hopquin Les Allemands, partagés entre euphorie et stupéfaction Les supporteurs de la Nationalmannschaft ont le sentiment d’avoir «écrit une page de l’histoire du football» Berlin Correspondance A mbiance des grands jours sur le Kudamm, l’avenue qui traverse l’ancien BerlinOuest, mardi 8 juillet : dès le coup de sifflet final, des cortèges de voitures bardées de drapeaux débarquent de nulle part pour envahir le boulevard à grands coups de klaxon. Le rituel est bien rodé. Depuis que l’Allemagne a organisé la Coupe du monde en 2006, il est systématique à chaque victoire de la Mannschaft. On chante : « Deutschland ! Deutschland ! » On allume des pétards. On danse. Une sono installée sur un trottoir déverse des airs de samba. En ce premier jour de vacances scolaires à Berlin, tout le monde, bière à la main, a le cœur à la fête. On n’en revient pas de ce match incroyable. A la mi-temps, le commentateur sportif de la ZDF prévient les téléspectateurs qui auraient pris la rencontre en route : « Non, il n’y a pas d’erreur sur le marqueur, plaisante-t-il. L’Allemagne mène bien 5-0 sur le Brésil en première période. » Même le milieu Toni Kroos confie qu’au retour dans les vestiaires, à la pause, les joueurs de la Mannschaft ont du mal à y croire. « Football hourra » « Personne n’aurait pu imaginer que ce match allait se dérouler ainsi, s’enthousiasme Kerstin en tirant sur sa cigarette. 7-1 contre le Brésil ? Chez eux ? Je ne vois pas qui pourrait nous arrêter maintenant. Ce titre, nous allons le décrocher dimanche. » « Les joueurs se lâchent et montrent qu’ils sont vraiment bons, renchérit Deny, foot- balleur amateur. Nous avons une Mannschaft confiante. Désolé pour les Brésiliens, qui perdent dans leur pays parce qu’ils avaient sans doute trop de pression sur les épaules, mais cette fois, nous, on est partis ! » Pour Stefan, venu sur le Kudamm avec deux amis, tous trois vêtus d’un maillot allemand, leur équipe « a écrit ce soir une page de l’histoire du football. Ce match, on va en parler encore longtemps!» Accessoirement aussi parce qu’il a permis à l’attaquant Miroslav Klose de battre le record de buts en Coupe du monde (16), détenu auparavant par Ronaldo. Un Klose très applaudi, dans les cafés berlinois, lorsqu’il est sorti du terrain en deuxième période. Le quotidien populaire Bild n’a pas de mot pour fêter la victoire. Dans son édition papier, il titre «Sans mot » et fait défiler, en pages intérieures, des photos des buts sans autre commentaire que le nom de leur auteur. Quelques minutes après la fin de la rencontre, le site Bild.de parlait en lettres d’or d’une « victoire pour l’éternité ». « Quel jeu ! commente Der Spiegel dans son édition en ligne. Il est deretour le football, hourra! » Le « miracle de Bello Horizonte » titre le quotidien Berlinois Tagesspiegel, en référence au miracle de Bern, qui marqua la première victoire de l’Allemagne en Coupe du monde, en 1954. « L’Allemagne a gagné sur le Brésil avec une prestation à peine compréhensible avec des paramètres historiques », s’étonne pour sa part Die Welt. Bref, personne n’y a rien compris mais tout le monde est content. Et les Allemands ont cinq jours devant eux pour revenir sur terre. p Blandine Milcent 25 0123 Jeudi 10 juillet 2014 Arjen Robben, après la séance de tirs au but victorieuse face au Costa-Rica en quart de finale, le 5 juillet, à Salvador. SERGIO MORAES/REUTERS Oranje mécanique Belo Horizonte Envoyé spécial P armilesstars du Mondialbrésilien,ArjenRobben passeincontestablement pour l’affreux, l’individualiste colérique, le dribbleur forcené, le soliste à la morgue légendaire. Pour faire court, il est l’odieux génie du ballon rond que le public aime détester. Cette étiquette de méchant de service, de mauvais coéquipier ou d’exécrable prodige est collée à la glu sur le large front de l’ailier hollandais, qui affronte l’Argentine du gentil et sympathique Lionel Messi, mercredi 9 juillet, à Sao Paulo, lors de la deuxième demi-finale du tournoi planétaire. Moins avenant que la star des Albiceleste, le buteur des Oranje (80 sélections) partage toutefois avec elle certaines caractéristiques sur les pelouses. Crochets déroutants, slaloms ravageurs dans les défenses adverses, vitesse d’exécution inouïe et une patte gauche prête à décocher un missile à tout moment : l’attaquant des PaysBas a montré l’étendue de sa palette technique depuis l’ouverture de la compétition. A 30 ans, le dribbleur fou incarne les ambitions d’une équipe de Hollande avide d’oublier sa défaite (1-0 après prolongations) contre l’Espagne en finale du Mondial 2010, en Afrique du Sud. L’ailier au crâne glabre ressasse encore ce duel qu’il perdit, ce jour-là, face à Iker Casillas, le gardien et capitaine de la Roja. Au Soccer City Stadium de Johannesburg, le score était alors de 0-0 et Robben, diminué par une blessure à la cuisse, avait manqué de lucidité devant le portier madrilène. « La douleur sera toujours là, a-t-il déclaré avec gravité, le 11 juin. Cette phase de jeu est gravée à jamais dans ma mémoire. J’ai revu l’action de nombreuses fois… Mais à quoi bon ? Ce qui s’est passé est passé et on ne peut plus rien y changer. Je regarde vers l’avenir et ce premier match face à l’Espagne a l’odeur de la revanche. » Eliminé avec la Hollande au premier tour de l’Euro 2012, le natif de Bedum (province de Groningue) est arrivé gonflé à bloc au Brésil, comme guidé par son instinct vengeur. Le 13 juin, à l’Arena Fonte Nova de SalvadordeBahia,ilestlepiedgauchejusticier d’Oranje en furie, humiliant (5-1) d’entréel’Espagne, doublechampionned’Europe et championne du monde en titre. Survolté, le trentenaire inscrit deux buts exquis, provoquant la chute de la Roja, sortie du tournoi dès la phase de poules. Sur sa deuxième réalisation, l’attaquant traverse tel un éclair la moitié de terrain adverse et laisse sur place le défenseur Sergio Ramos, pourtant pas le plus lent à son poste. Sur cette action qui confine à l’exploit, la pointe de vitesse de Robben est mesurée à 37 km/h. Par cette accélération foudroyante, le Batave est devenu le footballeur le plus rapide de l’histoire, balle au «Quand je vois le Robben d’aujourd’hui, j’avoue que je suis un peu jaloux. Quelle différence avec 2010! Il y a quatre ans, il n’avait jamais évolué à 100%. Cette année, il est inarrêtable» Bert van Marwijk ancien sélectionneur des Oranje pied, depuis la mise en place, par la Fédération internationale, de radars dans les stades. De quoi faire passer le précédent recordman, l’Anglais Theo Walcott, flashé en septembre 2013 à 35,7 km/h, pour un tracteur. De quoi aussi impressionner l’homme le plus rapide de la planète, Usain Bolt,avec qui ilpartageunautrepoint commun: Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, le « docteur miracle » du Bayern Munich et de la Nationalmannschaft. L’explosif gaucher s’est montré décisif à chaque sortie de sa sélection au Brésil. Le 18 juin, il ouvre le score pour sa formation lors de sa victoire (3-2) contre l’Australie. L’attaquant au regard de tueur est ensuite à l’origine du succès miraculeux (2-1) des Pays-Bas face au Mexique, le 29 juin, à For- A 30 ans, Arjen Robben réussit sa meilleure Coupe du monde. Le dribbleur-sprinteur du Bayern Munich a fait oublier son mauvais caractère pour se muer en leader des vice-champions du monde qui affrontent l’Argentine, mercredi 9juillet, à SaoPaulo taleza, en huitièmes de finale. Dans la fournaise du Nordeste, le divin chauve s’écroule en fin de match dans la surface d’« El Tri », taclé tardivement par le défenseur Rafael Marquez sur l’une de ses innombrables percées. Sifflé dans les arrêts de jeu, ce penalty litigieux est transformé par le remplaçant Klaas-Jan Huntelaar, qui qualifie les Pays-Bas pour la suite de la compétition.Après la rencontre, Robbens’est excusé de s’être allègrement laissé tomber en première période. « J’ai plongé et je n’aurais pas dû faire ça, a-t-il concédé. C’était stupide, je veux m’excuser. Parfois, vous vous attendez à être taclé et les défenseurs retirent leur jambe à la dernière minute. Mais je suis quelqu’un d’honnête. » « Robben est l’un des meilleurs joueurs du monde, ça ne fait aucun doute. Mais, d’un autre côté, on sait que les arbitres peuvent se tromper quand il plonge et cela me fait peur, s’était inquiété Jorge Luis Pinto, le sélectionneur du Costa Rica, avant le quart de finale (0-0) perdu aux tirs au but, le 5 juillet, par sa formation face à la Hollande. J’espère que les arbitres seront très prudents et qu’ils ne commettront pas d’erreur. » Régulièrement fauché par les rugueux Costaricains, le Batave a notamment provoqué, par ses chevauchées fantastiques, quatre avertissements parmi les Ticos. Electron libre des Oranje, l’ex-joueur du PSV Eindhoven (2002-2004), de Chelsea (2004-2007) et du Real Madrid (2007-2009) brille dans un système de jeu résolument offensif (3-5-2). Délesté de la moindre tâche défensivepar sonsélectionneur, le taiseux Louis van Gaal, il est char- gé de dynamiter les arrière-gardes adverses en compagnie du capitaine Robin van Persie et du milieu offensif Wesley Sneijder. « Quand je vois le Robben d’aujourd’hui, j’avoue que je suis un peu jaloux. Quelle différence avec 2010 ! Il y a quatre ans, il avait traîné une blessure durant le Mondial et n’avait jamais évolué à 100 %. Cette année, il est inarrêtable », a récemment loué, sur la chaîne publique hollandaise NOS, l’ex-sélectionneur (2008-2012) Bert van Marwijk. Au Brésil, l’attaquant caractériel a pris du galon au sein du vestiaire néerlandais. Vice-capitaine des Oranje, il a notamment harangué ses coéquipiers lors du huitième de finale anxiogène contre le Mexique. «Durant la pause boisson de ladeuxième période du match, c’est lui qui a pris la parole pour remonter le moral des autres joueurs », assure Louis van Gaal. Marqué par l’élimination de sa formation par la Russie (3-1 après prolongations) en quarts de finale de l’Euro 2008, Robben a connu des moments sombres avec sa sélection. International hollandais depuis 2003, il puise dans ces expériences malheureuses pour insuffler à ses jeunes partenaires un esprit conquérant. « Arjen est un leader qui nous tient en éveil, considère le milieu hollandais Georginio Wijnaldum, 23 ans. Il nous empêche de planer. » Cinq jours avant le triomphe inaugural des Pays-Bas contre l’Espagne, le taulier des Oranje était néanmoins retombé dans ses travers en se disputant avec l’arrière Bruno Martins Indi, 22 ans, lors d’une séance d’entraînement. Arrivé au Bayern en 2009 contre 25 millions d’euros, le talen- tueux gaucher traîne également en club cette réputation de joueur querelleur, de diva égoïste et susceptible. En avril 2012, le Français Franck Ribéry lui avait asséné un coup de poing dans les vestiaires, à la mi-temps de la demi-finale aller de Ligue des champions contre le Real Madrid. Un mois plus tard, Robben avait raté, face à Chelsea, un penalty dans les arrêts de jeu lors de la finale de l’épreuve organisée à l’Allianz Arena de Munich. Devant son public, le club bavarois s’était ensuite incliné (1-1) aux tirs au but contre les « Blues ». Revanchard, l’ailier hollandais avait permis, en mai 2013, à sa formation de remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes. Auteur d’une passe décisive et d’un but à Wembley (Londres), il avait assommé (2-1), à lui tout seul, le Borussia Dortmund et raflé la « coupe aux grandes oreilles ». Aux Pays-Bas, les éloges pleuvent sur le trentenaire aux jambes de feu avant la demi-finale face à l’Albiceleste. « Il est dans la forme de sa vie. Avec lui, on ne doit pas craindrel’Argentine», aestimél’ex-international hollandais (1996-2006) Philip Cocu dans les colonnes du magazine Voetbal International. « L’Argentine a Messi. Nous avons Robben. Et franchement, le meilleur, c’estArjen », arenchéri Bert vanMarwijk.Le duel entre le prodige du FC Barcelone et le sprinteur du Bayern Munich s’annonce âpre. Car celui des deux qui affrontera l’Allemagne en finale, dimanche 13 juillet, au stade Maracana de Rio, pourrait bien être désigné par la FIFA comme le meilleur joueur du Mondial. p Rémi Dupré 26 0123 0123 Jeudi 10 juillet 2014 EUROPE | CHRONIQUE par Philippe Ricard La vraie victoire des eurosceptiques L LES FORCES PRO-EUROPÉENNES VEULENT METTRE EN ŒUVRE UN « CORDON SANITAIRE » e chef du parti anti-euro allemand s’attendait sans doute à un accueil glacial au Parlement européen. Il n’aura pas été déçu : lundi 7 juillet, le patron de l’Alternative für Deutschland (AfD), Bernd Lucke, s’est vu privé de la vice-présidence de la commission des affaires économiques et monétaires, chargée de scruter l’activité de la Banque centrale européenne. « Il ne peut représenter la commission car il se positionne contre l’euro », a expliqué l’eurodéputé vert allemand Sven Giegold. Dans le cadre de la répartition des postes parlementaires, Bernd Lucke avait pourtant été soutenu par les conservateurs avant de prétendre à cette fonction surtout honorifique. Mais socialistes, libéraux et Verts se sont organisés pour lui bloquer la voie. Bernd Lucke n’est pas un cas isolé. Les déboires de ce pourfendeur de la monnaie unique illustrent les difficultés qu’ont les élus eurosceptiques et/ou europhobes à prendre pied à Strasbourg et à Bruxelles, en dépit de leur succès dans les urnes lors des élections européennes du 25mai. Si leurs effectifs ont subi des pertes, les forces pro-européennes ont prouvé ces derniers jours qu’elles continuent de dominer l’hémicycle. Elles se sont réparties la totalité des présidences de commissions parlementaires et la plupart des postes influents. Parti populaire européen à droite, socialistes à gauche et libéraux-démocrates au centre se sont organisés avec d’autant plus d’entrain qu’il s’agit pour eux de consolider l’alliance à trois conclue afin d’élire Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, mardi 15 juillet. En dépit de la vague europhobe, les trois formations sont déterminées à mettre en œuvre une sorte de « cordon sanitaire » dans l’espoir d’empêcher les plus radicaux d’entraver le travail parlementaire quand le nouvel exécutif européen sera en place, d’ici à la fin de l’année. Avant Bernd Lucke, Marine Le Pen a été la première à constater qu’un succès électoral ne se traduit pas nécessairement au Parlement européen par un surcroît de pouvoir : la dirigeante du Front national n’a pas été en mesure de constituer un groupe d’extrême droite avec ses amis néerlandais, autrichiens ou italiens, faute d’alliés dans sept pays différents. Les vingt-quatre élus de son parti seront, sauf rebondissement, condamnés à siéger parmi les non-inscrits, et privés des avantages liés à la création d’un groupe. En dépit de ses annonces – prématurées–, Marine Le Pen a pour l’instant perdu le combat engagé à la droite de la droite pour tenter de sortir de son isolement. Ses adversaires font à peine mieux. Les tories de David Cameron ont non seulement recruté les élus de l’AfD, dont Bernd Lucke, mais aussi les partis d’extrême droite finlandais et danois, considérés avant la campagne comme de possibles associés du FN. Grâce à ces renforts, le groupe des « Conservateurs et réformistes européens » est certes devenu la troisième formation du Parlement européen, derrière le PPE et les socialistes, détrônant sur le podium les libéraux-démocrates de Guy Verhofstadt. Cependant, au nombre des postes en vue, ces derniers resteront mieux dotés que les alliés de David Cameron. « Guérilla parlementaire » Quant à Nigel Farage, le chef du parti antieuropéen UKIP, il a maintenu son groupe grâce à son alliance avec le Mouvement 5 étoiles du populiste italien Beppe Grillo, et au ralliement d’une dissidente FN. Lui aussi a pourtant eu le plus grand mal à confirmer son influence dans la course aux postes. Lundi, les grands partis se sont organisés pour ne pas confier la présidence de la commission des pétitions à un représentant de sa famille politique. La place a été prise par un libéral. Est-ce à dire que les eurosceptiques n’auront aucune influence dans la prochaine législature? Il est trop tôt pour l’affirmer. « Tout va dépendre de leur assiduité et du zèle qu’ils vont mettre à défendre leurs positions », observe l’eurodéputée du MoDem Sylvie Goulard : «On n’est pas à l’abri d’une forme de guérilla parlementaire.» Pour elle, il faut distinguer entre les eurosceptiques type britanniques, qui ont déjà prouvé qu’ils savaient s’engager dans les débats parlementaires, et les europhobes purs et durs, qui risquent surtout de se servir des sessions plénières pour multiplier les provocations sans vraiment s’impliquer sur les dossiers. Mardi 1er juillet, Nigel Farage et ses troupes ont, dans le genre, utilisé la session inaugurale de Strasbourg pour tourner le dos à l’orchestre qui jouait l’hymne européen en bas des travées. Plus grave, la percée des anti-européens risque surtout de se faire sentir dans… les capitales, au point de limiter les marges de manœuvres des gouvernements en place. C’est déjà le cas au Royaume-Uni, où David Cameron court en vain après les positions de Nigel Farage sans reprendre le contrôle du débat européen. Pour le calmer, tout en adoubant Jean-Claude Juncker fin juin, chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit ont tenté de donner des gages au premier ministre britannique : ils ont convenu qu’une « Union toujours plus étroite » n’obligeait pas chacun de ses membres à avancer au même rythme. Une façon de prendre acte de l’Europe à deux vitesses qui émerge de ces années de crise. Jean-Claude Juncker et son entourage sont d’ailleurs les premiers à considérer qu’une réforme des traités destinée à fédéraliser davantage l’union monétaire est sans doute impossible dans le climat politique du moment. Car elle n’aurait aucune chance d’être ratifiée dans les pays comme la France, les Pays-Bas ou l’Irlande. Là réside sans doute la vraie victoire des eurosceptiques. p ricard@lemonde.fr La Chine lance une offensive mémorielle contre le Japon Prétexte Malgré de possibles erreurs ou confusions, elles sont jugées relativement crédibles par les historiens: au Japon, une poignée de ces anciens prisonniers ont mené pendant des décennies après leur retour un combat pour se faire entendre, bravant les menaces des milieux nationalistes nippons, qui les accusaient d’être endoctrinés. Et, en 2001, le réalisateur japonais Minoru Matsui avait rassemblé les témoignages filmés de quatorze d’entre eux dans Japanese Devils, un documentaire qui fit grand bruit à sa sortie. L’initiative des Archives participe d’une spectaculaire offensive chinoise sur le terrain de la mémoire, en réponse à la réinterprétation par le Japon de sa Constitution pacifiste entérinée le 1er juillet. Ainsi, le numéro un chinois Xi Jinping s’est rendu, lundi 7 juillet, au « Musée de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise » pour l’anniversaire des 77 ans de l’incident du pont de Marco Polo, à une quinzaine de kilomètres de Pékin. Une escarmouche entre un régiment japonais et des sentinelles chinoises avait alors servi de prétexte à une offensive de l’armée impériale japonaise, qui occupait la Mandchourie depuis 1931, contre le reste de la Chine, prélude à une guerre de huit ans qui fera près de 20 millions de victimes chinoises. M.Xi a fustigé ces « forces minoritaires qui tentent d’ignorer les faits historiques», une pique à l’attention du gouvernement de Shinzo Abe, tandis que le Quotidien du peuple accusait « l’inclination dangereuse de la part du Japon de ressusciter son militarisme passé ». Cette nouvelle campagne antijaponaise intervient alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas, pourries par ce que la chercheuse Yinan He, de l’université américaine de Seton Hall, nomme une « politisation du passé » en Chine et au Japon, dans son analyse pour le numéro de la revue de sinologie Perspectives chinoises de fin 2013 consacré aux « visions chinoises du Japon ». Elle y avertit des risques d’une « spirale descendante ». p Brice Pedroletti (Pékin, correspondant) Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus Directeur du « Monde», membre du directoire Gilles van Kote Directeur des rédactions Jérôme Fenoglio Directrice déléguée à l’organisation des rédactions Françoise Tovo Directeurs adjoints des rédactions Luc Bronner, Arnaud Leparmentier, Cécile Prieur Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann Rédactrice en chef de « M Le magazine du Monde» Marie-Pierre Lannelongue Rédacteurs en chef,responsable de la rédaction numérique Vincent Fagot, Nabil Wakim Rédacteurs en chef et chefs de services Christophe Ayad (International), Thomas Wieder (France), Virginie Malingre (Economie), Auréliano Tonet (Culture) Rédacteurs en chef « développement éditorial » Julien Laroche-Joubert (Projets), Vincent Giret (Diversifications, Evénements, Partenariats) Chef d’édition Christian Massol Directeur artistique Aris Papathéodorou Photographie Nicolas Jimenez Infographie Eric Béziat Médiateur Pascal Galinier Secrétaire générale du groupe Catherine Joly Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget Conseil de surveillance Pierre Bergé, président pTirage du Monde daté mercredi 9 juillet 2014 : 288 683 exemplaires. 2 DÉCOUVERTE 69 € au lieu de 179,40 * € ABONNEZ-VOUS BULLETIN D’ABONNEMENT A compléter et à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements - A1100 - 62066 Arras Cedex 9 142EMQADCV OUI *Prix de vente en kiosque **Sous réserve de la possibilité pour nos porteurs de servir votre adresse E ntre décembre 1944 et mai 1945, en pleine guerre sino-japonaise, l’officier japonais Nosuke Sasaki se souvient avoir arrêté 90 espions chinois supposés et d’en avoir fait tuer trente au cours d’interrogatoires et de tortures dans les campagnes du Hubei. Un peu plus tard, des habitants de la localité de Dangyang se soulevèrent, et vingt d’entre eux furent tués. Cinq captifs chinois servirent à l’entraînement des soldats à la baïonnette et périrent de façon brutale. Ensuite, en janvier 1945, à Dangyang, dans la province du Hubei, l’exchef de bataillon entraîna ses hommes à tester une chambre à gaz avec deux captifs, puis quatre, qui tous succombèrent. Cette sinistre comptabilité est issue des confessions de 1109 prisonniers de guerre japonais livrés à la toute jeune République populaire chinoise en 1949-1950 par son allié soviétique et « rééduqués » jusqu’en 1956. La plupart regagnèrent le Japon en 1956, sauf quarante-cinq d’entre eux, les plus gradés, qui furent condamnés à la prison, puis relâchés en 1963. Leurs quarante-cinq confessions sont publiées au rythme d’une par jour, depuis le 3juillet, par le site Internet de l’administration des Archives nationales chinoises. je m’abonne à la Formule Intégrale du Monde Le quotidien chaque jour + tous les suppléments + M le magazine du Monde + l’accès à l’Édition abonnés du Monde.fr pendant 3 mois pour 69 € au lieu de 179,40 €* Adresse : Je règle par : Code postal : Chèque bancaire à l’ordre de la Société éditrice du Monde Carte bancaire : Carte Bleue Visa Mastercard N° : Expire fin : Date et signature obligatoires Notez les 3 derniers chiffres figurant au verso de votre carte : Nom : Prénom : Localité : E-mail : @ J’accepte de recevoir des offres du Monde ou de ses partenaires OUI OUI NON NON Tél. : IMPORTANT : VOTRE JOURNAL LIVRÉ CHEZ VOUS PAR PORTEUR** Maison individuelle Immeuble Digicode N° Interphone : oui non Boîte aux lettres : Nominative Collective Dépôt chez le gardien/accueil Bât. 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