pochoirs et pochoiristes à bruxelles
Transcription
pochoirs et pochoiristes à bruxelles
ETUDE CONTEXTUALISÉE DES GRAFFITIS URBAINS DANS LA CAPITALE DE L’EUROPE Brigadier PLIPP POCHOIRS ET POCHOIRISTES À BRUXELLES Serge Louis & Vanessa Sutour Préface par Samantha Longhi 3 2 TABLE DES MATIÈRES Pochoirs et pochoiristes à Bruxelles © 2010 Brigadier PLIPP Production www.brigadier-plipp.com Maedia sprl, B-1380 Lasne D/2010/12.247/1 info@brigadier-plipp.com Première parution en format téléchargeable gratuit en 2010. Première publication en format imprimé payant en 2010. Distribution : A l’exception de la citation de brefs passages dans un but de révision, référencement ou critique, aucune partie de cette étude ne peut être utilisée, reproduite ou transmise sous aucune forme et par aucun moyen mécanique ou électronique (notamment et pas seulement par photocopie, numérisation ou enregistrement par tout système de récupération ou d’entreposage d’information) sans l’accord préalable et écrit de l’éditeur. Les copies aussi bien digitales qu’imprimées de l’étude sont rendues disponibles à la condition explicite qu’elle ne peut pas être, de façon commerciale ou autre, louée, vendue ou revendue, diffusée ou circulée sans l’accord préalable et écrit de l’éditeur. Désistement : Cette étude a été réalisée par ses auteurs dans le but de mieux protéger et comprendre l’art urbain. Il ne s’agit pas d’une publication officielle ayant été soit supportée soit parrainée par une institution publique ou privée. Tous les mots, toutes les images et tous les autres éléments qui ont été soumis directement aux auteurs sont reproduits avec la compréhension et le consentement des détenteurs respectifs des droits d’auteur. Des efforts raisonnables ont été faits pour identifier les contributeurs ayant fourni indirectement des éléments aux auteurs. Ainsi, aucune responsabilité ne sera acceptée par les auteurs, producteurs, éditeurs ou imprimeurs pour toute infraction au droit d’auteur ou autre dans le cadre de la diffusion de cette étude. Toute omission ou erreur causant une reconnaissance inappropriée de droits sera excusée et corrigée, dans les limites techniques, lors d’éditions ultérieures dès lors qu’une notification aura été envoyée à l’éditeur en termes convenables et en temps opportun. Mise en page : www.synthese.be Illustration de de première de couverture inspirée par Manneken Pis et pochée rue des Ursulines par un artiste non identifié. Illustration de quatrième de couverture trouvée Rue Brialmont. Photos des couvertures par Serge Louis. Préface Introduction Technicalités et Remerciements Série Pirates Interview Metalic Avau Série Textes 1 Série Textes 2 Essai Nulle peine tu causeras Interview Jef Aerosol Série Faces 1 Série Faces 2 Essai Le pochoir fait le trottoir Interview A--- Série Signes 1 Série Signes 2 Essai Felix comme standard ! Interview Monzon TAS Essai Le point de vue d’une chaise Interview Poch Série Faces 3 Série Signes 3 Essai C’est la totale ! Interview Peripheral Media Projects Série Faces 4 Série Signes 4 Essai A vue d’oiseau Interview The Dude Company Essai Au Vol ! Interview Damien-Paul Gal Série Faces 5 Essai Hauts les mains ! 05 06 08 09 10 14 15 16 18 22 23 24 26 30 31 32 34 44 46 48 49 50 52 56 57 58 60 68 70 73 74 Interview Jean-Luc Tricot Essai J’ai la banane ! Interview wHo ? Série Faces 6 Série Faces 7 Essai Auto-nettoyant Interview Muga Essai Oblitération muricide ! Série Signes 5 Série Signes 6 Interview Spencer Essai Tragique destin Interview Doctor H Essai Ceci n’est pas un Banksy Interview R.U.R Série Textes 3 Essai C’eeest la luuutte finaaale Interview Shine Série Faces 8 Série Silhouettes Interview Denis Meyers Série Animaux Interview VGT Essai Froidure et coulure Interview Poumon Noir Interview José Lodewick Série Textes 4 Série Divers Discussion Bibliographie 76 80 82 86 87 88 90 94 96 97 98 106 108 118 120 123 124 126 130 131 132 136 138 142 144 146 150 151 152 155 5 4 PRÉFACE Samantha Longhi Directrice artistique de la galerie Itinerrance (Paris 13ème), auteur du livre Stencil History X aux éditions C215 et tenancière du site stencilhistoryx.com © Brigadier PLIPP Il est bien loin le temps des crinolines et des caricoles dans la capitale du plat pays. L’Europe lui a donné un fameux coup d’accélérateur social et culturel, pour un bien ou pour un mal. La vie artistique - légale et illégale - en est d’autant plus féconde ! Les auteurs désirent rappeler aux lecteurs que des dispositions légales sanctionnent la pratique de l’art urbain dans certaines circonstances. Ainsi, le Règlement Général de Police en vigueur à Bruxelles spécifie en son article 27 : « Il est également interdit de tracer toute inscription, graffiti ou dessin à tout endroit de l’espace public sans avoir reçu l’autorisation de l’autorité compétente ou du propriétaire des lieux ainsi que de l’endommager par des gravures, incisions ou entailles ». Si la créativité du graffiti et du pochoir se niche surtout dans les recoins de son cœur historique, c’est un véritable jeu de piste géant qui se dessine à partir des Marolles vers les rues Haute et Blaes puis de plus en plus loin vers les autres quartiers de la ville. Les pochoirs marquent ainsi le territoire bruxellois comme les signes et les mots d’un intertexte infini. On passe de l’un à l’autre, le regard bondit d’un premier pochoir à un second jusqu’à ce que l’on retrouve le premier un peu plus loin. On apprend à reconnaître progressivement les styles, les signatures, les marques. On rentre dans le jeu. On s’imprègne de ses règles. Progressivement, pas à pas, on comprend. Le langage souvent noir et monochrome des pochoirs bruxellois n’a pour unique but que l’expression de la liberté urbaine. Le labyrinthe est parsemé de pochoirs comme d’autres ballades l’ont été de petits cailloux ou de mies de pain. Au détour des ruelles, soudain, un geste artistique, une figure ciselée, un trait contrasté s’impose à nos yeux. Passants, touristes ou habitants de la ville, nous sommes. Artistes aussi. Ceux qui viennent de toutes parts pour admirer les quartiers pochés de Bruxelles comme son petit pisseur. Ceux qui viennent contribuer à l’oeuvre commune et fraternelle, pochoir roulé sous le bras et bombe fébrile. La liberté est au bout de la piste. Bruxelles, quoi qu’il en soit, n’est pas prête de s’arrêter de bruxeller. 7 6 INTRODUCTION Au travers de dix-neuf entretiens, quinze essais et de nombreuses illustrations, cette étude tente de mieux comprendre le pourquoi et le comment des graffitis tracés sur les murs et les palissades de Bruxelles. Plus spécifiquement, cette analyse se concentre sur les dessins et les textes appliqués selon la technique du pochoir et donc sur les artistes qui pratiquent cette méthode picturale dans l’espace urbain. La décision de privilégier les pochoirs aux autres formes d’art urbain - essentiellement les tags et les graffs - résulte de deux constatations préliminaires : D’une part, les pochoirs nécessitent un travail d’exécution en deux espacestemps successifs. En effet, le pochoiriste conçoit d’abord sa composition et découpe son gabarit dans son atelier avant de sortir dans la rue pour appliquer son pochoir à la bombe et éventuellement le répéter sur les supports urbains de son choix. D’autre part, le pouvoir d’évocation de souvenirs et d’association d’idées des pochoirs est plus fort que celui des tags et des graffs. En effet, les thèmes représentés dans les pochoirs font souvent référence à des images, des signes ou des mots déjà bien répertoriés et identifiés dans l’esprit collectif. La publication d’une analyse d’ambition et d’envergure sur les pochoirs et les pochoiristes arrive au bon moment ! D’abord, peu d’ouvrages consacrés aux pochoirs cherchent réellement à analyser et à expliquer la démarche artistique qu’ils documentent. Les pochoirs, tellement riches en exprimant et en signifiant, méritent bien plus que quelques collections de photographies. L’étude n’est ni exhaustive ni systématique. Des choix ont été opérés parmi les pochoiristes à interviewer, les essais à éditer et les pochoirs à regrouper en séries thématiques. Ainsi, le critère de sélection initiale était que les pochoiristes rencontrés travaillent principalement dans la rue et que les pochoirs illustrés soient directement appliqués sur leurs supports. Quelques exceptions ont confirmé la règle première... Ensuite, un nombre croissant de pochoiristes tentent le passage de l’application murale à la reproduction sur toile. Certains s’exposent à présent dans des galeries, voire dans des musées, avec une perspective de cotation mercantile significative. Il est donc urgent de mieux connaître ces artistes. L’analyse n’est ni militante ni partisane. Elle ne cherche certainement pas à encourager quiconque de marquer illégalement l’espace public d’images ou de textes. En plus, les pochoiristes voyagent et les pochoirs circulent. Dans cette mouvance globale, le caractère éphémère de l’art urbain accentue d’autant l’urgence d’appréhender toute la beauté furtive et la noblesse poétique des traces visuelles offertes par les nouveaux itinérants. Certainement à Bruxelles, capitale de l’expression citadine chaotique par destinée et par excellence. Enfin, un mouvement de conscientisation populaire et de sensibilisation politique est en train d’ émerger afin d’obtenir la dé-illégalisation des graffitis - et donc des pochoirs - à Bruxelles. Pour que le dialogue entre les parties interpellées soit intelligent et constructif, des outils référants et structurants comme cette étude seront nécessaires. Mais l’étude est passionnée parce que les pochoiristes sont passionnants à écouter et les pochoirs passionnants à regarder. Elle se veut un appel, une ouverture, une invitation vers tous ceux et toutes celles, acteurs ou observateurs de la vie artistique et culturelle urbaine, à Bruxelles ou ailleurs, qui souhaiteront répondre ou réagir... Et peut-être donner l’imparable raison d’entreprendre la rédaction d’un second tome... 9 8 PIRATES Technicalités Remerciements Interviews : Tous les interviews ont été réalisés en face à face (sauf mention explicite) entre le 09 novembre 2008 et le 08 novembre 2009 selon un questionnaire standardisé et enregistrés sur un dictaphone Olympus Digital Voice Recorder WS-100 ou Sony MP3 IC Recorder ICD-VX80. Les auteurs voudraient exprimer leur immense respect aux pochoiristes actifs à Bruxelles, aussi bien ceux qui ont participé à cette étude que ceux dont les pochoirs ont été repris de façon anonyme. © Photographies : Toutes les photographies ont été prises par Serge Louis (sauf mention explicite) entre le 19 juillet 2008 et le 18 décembre 2009 à l’aide d’un appareil Sony Cyber-Shot 8.1 MPx DSC-W100. © Essais : Tous les essais ont été écrits entre le 02 septembre 2008 et le 27 décembre 2009 par Serge Louis et affichés originellement sur le blog serge-louis.blogspot.com. Les textes sélectionnés ont été édités pour des besoins de mise en page. 1 Avenue de la Couronne 2 Chaussée de Vleurgat 3 Chaussée de Vleurgat 4 Rue des Ursulines 5 Rue des Ursulines 1 Les auteurs souhaitent remercier très sincèrement les personnes listées ci-dessous (par ordre alphabétique). Jean-Michel André Christophe Bertelli François Bodarwé Philippe Carly Marc Isgour Bertrand Jacques Catherine Leboulle Samantha Longhi Julie Mottier Dominique Speeckaert Dominique Raquet Gaëlle Sutour Francis Van Maele Valérie Wouters Avec une mention spéciale pour Cassandre, Eléonore, Laurent et Karine pour leur précieuse vigilance. Concours Trois photographies dans cette étude n’ont pas été prises à Bruxelles et apparaissent donc expressément sous une fausse localisation pour le concours. Retrouvez-les, identifiez la ville et envoyez-nous votre réponse ! Nous avons un petit cadeau pour les 20 premiers gagnants. 2 3 4 5 11 10 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R IN TE VIE W I VAURVI W I TERVI W I TE VI INTER VIEC A TE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TERALIW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN ETVIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE M R E IN R EW N R EW N R E E VI E VI W I TE VI W I TE VI T T W IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T METALIC AVAU NOM ? Metalic Avau NAISSANCE ? 1945 1 à 4 : photos par Metalic Avau ORIGINE ? Belgique « Enlever les graffitis, ça abîme les briques. 1 DECLENCHEUR ? J’avais une passion pour les graffitis depuis 1977. Je fréquentais des endroits qui étaient encore très underground à l’époque. J’ai toujours été intéressé par les murs, les traces. Un jour, j’ai commencé un reportage photographique sur les graffitis dans les chiottes. Il y avait plein de choses au niveau graphique, un genre d’art brut, qui étaient très intéressantes. Il y avait aussi des petites phrases absurdes ou détournées. Progressivement, j’ai commencé à bomber la nuit des trucs, des petits aphorismes, dans l’esprit soixante-huitard... Un peu absurde. J’ai donc commencé par des textes. Le véritable passage au pochoir, c’est en 1985. Toujours textuel. La seule image que j’ai réalisée, c’est un auto-portrait vitriolé. J’ai aussi fait des mains en négatif, au début, en parallèle aux textes. TECHNIQUE ? J’avais une technique que j’appellais le style corbeau parce que je découpais des lettres dans des journaux ou des magazines et je les utilisais pour composer des textes. Vraiment comme des lettres anonymes que je découpais et que je bombais ensuite. Ceci dit, c’était très douloureux de découper ces lettres dans du carton. EVOLUTION ? J’ai toujours regretté de ne pas avoir approfondi ma démarche. Je me suis assez vite dit : « bon, laissons faire les autres ! ». Faire les deux, observer et créer soi-même, c’est pas facile. Mais, quelque part, pour être un bon observateur, il faut avoir expérimenté soi-même. Il faut avoir entendu le bruit de la bille dans la bombe de peinture... C’est irremplaçable ! Vous n’entendrez ça nulle part ailleurs. Surtout en pleine nuit. Mais non, je n’ai pas laissé mûrir ça et je le regrette un peu maintenant. MESSAGE ? Je suis très sensible, sensibilisé, par l’éphémère. Si les gens se rendaient davantage compte que nous sommes éphémères, je pense qu’ils vivraient tout-à-fait différemment. Ils s’imaginent qu’ils sont éternels. Il y a des messages en clin d’oeil dans mes pochoirs, comme « Attention éphémère ! ». La plupart des graffitis disparaissent si rapidement. Il n’y a pas plus éphémère que ça ! Donc je préfère l’humour, l’absurde parce que je pense que l’absurde peut être beaucoup plus violent que la violence. RÉACTION ? Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Disons que si je pouvais faire sourire au moins une personne, je serais content. 13 12 POCHOIR FAVORI ? Dans mon travail, c’est « Attention éphémère ! ». Il a eu de l’impact. Au premier degré, il veut dire que le mur est éphémère... C’est pour cela qu’il y a un point d’exclamation. Mais, entre les lettres, on peut lire que nous sommes éphémères aussi. Je ne sais pas si beaucoup de gens ont été jusque là dans l’interprétation. Ailleurs, j’ai été particulièrement émerveillé par la démarche parisienne. 2 4 POCHOIRISTE FAVORI ? D’abord Blek le Rat, ma première découverte, et puis après Miss Tic. Ses textes surtout. C’est fabuleux. À Bruxelles, c’est Monzon. Il défend sa cause, il dépasse ses limites, parfois un peu jouette, un peu enfantin. Mais j’aime vraiment bien. GRAFFS & TAGS ? A part les graffitis racistes, je reste très ouvert. Même quand c’est énigmatique ou codé, ça peut dégager une certaine poésie. Ce sont les journalistes et les politiciens qui disent que les graffitis augmentent l’insécurité. C’est quelque chose qui m’a toujours fait sauter en l’air. POLICE ? J’ai été arrêté deux fois. Ils ne comprenaient pas quand je leur expliquais que je faisais de la poésie urbaine. La seconde fois, ils m’ont menacé de me mettre au cachot mais, finalement, ils m’ont relâché. ENDROIT ? Il y a assez d’emplacements à Bruxelles pour faire des graffitis sans aller saboter de belles façades ou de la pierre bleue. Il faut un minimum de respect. Il y a suffisamment de maisons bandonnées... NETTOYAGE ? C’est un commerce comme un autre. Dans l’annuaire téléphonique, quand on regarde à anti-graffiti, la liste s’allonge de plus en plus. Pour les privés, les communes interviennent financièrement dans l’enlèvement des graffitis parce que c’est quand même coûteux. Ceci dit, enlever les graffitis, ça abîme les briques. 3 BRUXELLES ? Le pochoir n’est pas mal représenté à Bruxelles. Mais c’est une grande ville provinciale. Il est évident que, comparativement aux autres villes, c’est plus pauvre. 15 14 TEXTES 1 1 2 4 1 Rue du Midi 2 Rue Jean-Baptiste Vannijpen 3 Rue du Conseil 4 Rue Maurice Wilmotte 5 Rue du Printemps 6 Rue du Mail 3 TEXTES 2 7 Rue Henri Wafelaerts 8 Chaussée de Vleurgat 9 Place du Châtelain 10 Chaussée de Waterloo 11 Chaussée de Waterloo 12 Rue des Fabriques 1 2 5 6 7 8 9 10 11 12 1 Avenue Albert 2 Rue Jourdan 3 Rue des Brigittines 4 Rue du Prince Royal 5 Rue du Serpentin 6 Rue Antoine Labarre 7 Rue de Stassart 8 Rue Jourdan 9 Drève de Lorraine 3 4 5 6 7 8 9 17 16 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O T POST POST P E POST POST POST POS POST N T OS P T O P ST O O S I T P S PO PE S P T OS P ST O P ST PO T OS P T O P T O O T E P S L T S P T OS P T OS P T S S O PONUL OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST NULLE PEINE TU CAUSERAS Rue du Châtelain L’attaque pochiste sur la petite place du Châtelain, il y a de cela quelques semaines, fût particulièrement soudaine et sauvage. En une nuit, plusieurs façades de maisons et de boutiques - aux couleurs calmes et discrètes - ont été placardées de trois poche-textes différents, tous criards et provocants. Des phrases dont orthographe et grammaire approximatives trahissent sans aucun doute l’impétueuse jeunesse de leur auteur. Le traumatisme porté à ce petit bout de quartier au bonheur d’ordinaire si villageois est profond. Valérie, de la boutique de lingerie Des Hauts et Des Bas témoigne en exclusivité pour ce blog : « On a trouvé ça comme ça, en arrivant un matin. C’est la deuxième fois en quelques mois. La première fois, la commune a été tellement lente à la détente que nous avons repeint la façade nous-mêmes. Cette fois-ci, ils ont été plus rapides. On n’a rien dû demander » avant d’ajouter, comme pour se mettre un peu de baume au coeur : « Le résultat est plutôt réussi, non ? ». En fait, le résultat, c’est mouais tendance non. La comparaison avant / après photographiée sur une maison située à l’angle de la rue du Châtelain et illustrée ci-contre nous montre en effet que le recouvrement réalisé par les autorités communales n’est malheureusement pas vraiment top (presque pire, finalement). Mais bon. Nous avons également demandé à VGT, célèbre pochoiriste de la capitale, de nous donner son avis sur cette attaque : « Les pochoiristes ont normalement plus de respect que les taggeurs car il y a une démarche, une préméditation, derrière... Cela m’attriste un peu de voir qu’il y en a qui n’ont pas ce respect-là. Ce sont des gens qui ne font pas ça par passion des pochoirs ». Alors... Cela veut-il dire qu’il y a des gentils pochoiristes et des méchants pochoiristes, des beaux pochoirs et des laids pochoirs, que certains devraient être admis, tolérés, légalisés et d’autres effacés et punis sans pitié ni pardon ? Et que la clé de cette répartition se trouve dans le psyché démarchant de l’artiste ? Probablement oui, en partie... Dans le quartier du Châtelain, on peut d’ailleurs trouver quelques pochoirs très sympas qui ne violent ni ne violentent les surfaces sur lesquelles ils ont été appliqués... Et qui persistent ainsi depuis bien longtemps ! Mais pour les habitants et les commerçants encore meurtris par l’acte récent d’un pochoiriste renégat, la distinction est difficile, voire impossible. Valérie, entourée de ses chatoyants articles de soie et de dentelle, conclut avec fatalisme et résignation : « On attend la prochaine fois ». Vous savez quoi ? On n’est pas très heureux... 19 18 E E E INTER VIEW IN L RVI W TERVI W I TERVI E IN E IE IN E IE O R I E E N I S I TE V O T RV W T RV W T V INTER ÉR W INTE VIEW INTE VIEW INTERVIE R A IN EF VIEW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN J ER IE IN ER IE IN ER IE IN ER IE T RV EW NT RV EW NT RV W NT RV N I TE VI I E VI I E VIE I E VIE T T W T IN ERVIE IN ERVIEW IN ERVIEW IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T NOM ? Jef Aérosol JEF AÉROSOL NAISSANCE ? 1957 ORIGINE ? France 1 Place de la Vieille Halle aux Blés (« Sitting Kid » poché sur la façade d’un ancien relais de diligences situé à l’intérieur d’un îlot inaccessible au public entre les rues du Lombard, du Chêne et de l’Etuve) 2 Rue du Chêne 3 Rue Saint-Ghislain 4 Rue du Chêne DECLENCHEUR ? En 1977, j’ai vu le groupe Clash avec leurs blousons, les chemises bombées au pochoir avec des lettres métalliques. Je me souviens d’une exposition, dans une espèce de grande cité à côté de Nantes. Dans le sous-sol de ce lieu, il y avait un portrait qui était visiblement fait à la bombe et au pochoir. J’ai tout de suite repéré que c’était fait au pochoir parce que je m’intéressais à ce qu’on appelait alors « Op’ Art », un mélange d’art cinétique et de pop art qui jouait beaucoup sur le noir et blanc et les figures géométriques. C’est ça qui m’a amené à des images très stylisées, où il n’y avait plus que du noir et du blanc. Le premier pochoir, c’est donc ma tronche. J’ai fait ça en une nuit. 1 PREMIER ? Un jour, en 1982, je vois un photomaton et je me dis que ça serait bien en grand. Je vais à la photocopie-service, j’agrandis jusqu’à un format qui correspond à peu près au A3, je photocopie, je photocopie pour qu’il n’y ait plus que du noir et du blanc… Je rentre chez moi avec un cadre que je trace, je prends un carton de boîte de chaussures, j’achète un cutter, deux bombes et voilà ! Le premier pochoir, c’est donc ma tronche. J’ai fait ça en une nuit. Je ne m’appelais pas Jef Aérosol… J’avais juste signé d’un petit « Jef ». Le deuxième pochoir, c’était la femme qui a servi de couverture pour le livre « Vite fait, bien fait » en 1985. TECHNIQUE ? Pendant vingt ans, je ne me suis absolument pas posé la question du copyright des photos. Je pillais allègrement revues, magazines, pochettes de disques, affiches… En revendiquant même un peu le côté « pillage », qui est inhérent à la démarche des pochoirs, au départ. Maintenant, je fais plus attention au choix des images, j’évite celles qui sont déjà des œuvres d’art en elles-mêmes. La plupart du temps, je recadre complètement, j’isole les fonds, je stylise quand je passe au pochoir. Je change les textures, je travaille sur les couleurs… Avec un même pochoir, je me fixe entre cinq et dix originaux. Je ne les numérote pas. Je ne fais pas de multiples. Ce n’est pas une édition car le fond n’est jamais de la même couleur, la flèche n’est pas au même endroit. L’origine de la flèche, c’est un hasard total. Vers la fin des années quatre-vingts, j’utilisais pas mal de petites figures géométriques, des cercles, des pointillés, des triangles, des spirales et des flèches. Une imagerie post-punk très synthétique. La flèche s’est retrouvée par hasard à côté d’un de mes pochoirs en 1986 ou 1987, on va dire. Elle était mélangée au reste, à ma signature. J’aimais bien ce petit pochoir facile à réaliser. Ensuite, j’ai abandonné les pointillés, les autres trucs, au fur et à mesure mais la flèche, je ne pouvais plus m’en passer. Cette flèche est peut-être un lien, une référence à la signalétique de la ville. Dans les rues, j’ai toujours été très attiré par les panneaux, les feux rouges, les sens uniques, des images très géométriques. C’est un bon résumé de la ville, un peu dur et finalement très rectiligne. C’est la façon de diriger le flux humain dans une espèce de labyrinthe urbain. Mais le corps de l’être humain n’est pas rectiligne… C’est donc le mouvement par rapport au figé. Alors, le fait de m’arrêter avec mes pochoirs sur les murs, c’est une façon de faire l’arrêt sur image du flux humain. La flèche rouge, en restant, est le trait d’union entre la signalétique urbaine et la courbe humaine dans mes images. 21 20 EVOLUTION ? L’évolution est liée aux outils. Quand j’ai commencé, les photocopies, les calques, c’était le seul truc. Et puis après, j’ai investi dans un rétro-projecteur scolaire. Il fallait faire des transparents, donc toujours à la photocopieservice. Ça m’a quand même permis de faire du tout grand. Puis, la vraie révolution, ça a été l’ordinateur. Moi, j’utilise les technologies modernes, c’est plus pratique pour séparer les noirs et les blancs, refaire des cadrages. PLACE DANS TA VIE ? Ce qui m’intéresse dans la création artistique, c’est ce qui me fait pleurer. Ce qui me donne la chair de poule. Je suis vachement nostalgique, sensible, c’est sûr ! Mes souvenirs sont souvent esthétiques. MESSAGE ? A partir du moment où tu décides d’aller dans la rue, de montrer tes images aux gens malgré eux, c’est évident que tu tiens un discours. C’est de l’art gratuit mais tu t’imposes quand même. Donc il y a quelque chose d’exhibitionniste. De relativement violent. C’est forcément la manifestation d’un ego. Et puis, les gens sont tellement habitués à voir des affiches que, quand tu vois une image qui s’apparente à une affiche, c’est un acte de quasi-terrorisme graphique… Il faut en avoir conscience et, en même temps, garder la tête froide parce que, sans vouloir minimiser notre travail, il y a encore une partie d’artisanat très importante dans les pochoirs. REACTION ? Pour moi, tout ça n’a qu’un seul but, essayer d’être heureux en rendant les gens autour de soi le plus heureux possible. C’est un truc que mon père m’a dit quand j’avais onze ou douze ans, c’est un motto tellement facile à comprendre pour un gamin. Mais quand je dis ça aujourd’hui à mon père, il ne s’en souvient absolument pas ! POCHOIR FAVORI ? Le premier. 2 POCHOIRISTE FAVORI ? Je vais dire Speedy Graphito, le pochoir zoulou qu’il a fait dans les années quatre-vingts qui était dans un magazine. Un pochoir très découpé. J’ai gardé une grande tendresse pour cette époque-là de Speedy. 3 POLICE ? J’évite les trucs compliqués. Si on a besoin de faire dix pochoirs hyper-compliqués, ça prend un temps fou… On peut se faire choper par les flics. C’est pas l’objet ! ENDROIT ? Il y a des endroits à Paris où je suis protégé parce qu’on a participé à des trucs officiels. Les services de nettoyage ont trop peur de faire des conneries. Donc, non seulement ils nous laissent, mais en plus ils repeignent sur les tags autour de nos pochoirs. NETTOYAGE ? Les nettoyages, je n’ai absolument rien contre. C’est tout-à-fait normal de nettoyer. On peint sur des surfaces où, à priori, on n’a pas le droit de peindre… Alors on ne va quand même pas se plaindre qu’on efface ! L’art de la rue, par définition, est éphémère. Evidemment, c’est très frustrant si le pochoir s’en va dès le lendemain mais s’il est nettoyé au bout d’un moment, il n’y a rien de plus normal. Il y a des endroits où les pochoirs sont tellement abîmés que je trouve qu’on ferait mieux de remettre un coup de blanc. Et puis on y retourne ! BRUXELLES ? Bruxelles est une ville que j’aime bien. C’est une capitale à dimension humaine mais, en même temps, pas ringarde. Il y a ce côté hyper-cosmopolite, il y a des gens qui viennent d’ailleurs. C’est toujours intéressant, des gens qui amènent avec eux leur langue, leur culture, leurs occupations. 4 23 22 FACES 1 1 6 7 9 10 FACES 2 1 Rue du Couvent 2 Boulevard Poincaré 3 Rue Steens 4 Rue des Grands Carmes 5 Rue Lincoln 6 Avenue Bel-Air 7 Rue Terre-Neuve 8 Rue Jacques de Lalaing 9 Avenue de la Couronne 10 Rue Elise 2 3 1 2 4 5 4 5 8 6 1 Rue des Fabriques 2 Avenue Legrand 3 Rue du Pène 4 Rue de l’Ermitage 5 Rue Charles Lemaire 6 Avenue Louise 7 Rue du Faucon 8 Rue Henri Maus 9 Square Georges Marlow 10 Avenue de la Couronne 3 7 8 9 10 25 24 P S PO S P T OS P ST O O T O P S O T R P T OS P ST O P ST P S I T S P T O P ST O O T P S PO TO S PO T OS P ST O P ST O T OS P T O P ST O O T T P P S O T S P T OS P ST O P ST R S PO T OS P T O P T O O T P E PO T S P T OS P T OS P T L T S PO T OS P ST OS P ST OS O T OS P ST O P ST O P ST S P POST OST P ST PO T POST PO T P ST PO T P S PO T S P T S PO T S O T P S PO T S PO T S PO T S PO T O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST LE POCHOIR FAIT LE TROTTOIR Au pays des pochoirs petits et monochromes, l’application au sol (directement par terre, quoi) n’est pas fréquente. En regardant bien où vous mettez les pieds (diminuant ainsi le risque de marcher dans une crotte de chien), vous trouverez peut-être quelques textes ou signes pochés sur les trottoirs bruxellois... Mais ceux-ci restent une exception numérique par rapport aux murs et palissades. 1 Rue des Halles (Paris) 2 Spring Street (New York) 3 Rue Saint-Roch 1 2 3 Pourtant le sidewalk stenciling ne manque pas d’avantages et de charmes. L’usage est discret (je fais semblant de renouer le lacet de ma chaussure et pschiiiiiit c’est dans la poche), l’opération se pratique nettement sous la ligne de balayage ophtalmique des agents de la maréchaussée (derrière une bagnole, une vieille dame tirant son caddy, une poubelle) et sur une surface clairement identifiée comme voirie publique (donc pas privée). Enfin, son résultat est d’autant mieux mis en valeur qu’il est isolé des nombreuses pollutions verticales que sont les panneaux, enseignes, affiches et autres communicants mercantiles ou disciplinaires qui saturent continuellement notre champ de perception visuelle. Bref, pour un pochoir, il serait difficile d’être encore plus « fondu » dans la routine urbaine quotidienne, tant le trottoir est à la fois un des éléments collectifs premiers de la ville (spatialement translationnel entre rue et immeuble) et un lieu d’expérience individuelle primale pour chaque piéton, poussettiste et - parfois - cycliste. Bref, un idéal de situationnisme ! Face à tous ces attraits, la faible fréquence des pochoirs terrestres à Bruxelles est donc difficile à expliquer. L’exemple que nous en donnons ici est un portrait non signé (mais très certainement attribuable à Siul) que nous avons trouvé rue Saint-Roch, dans le bas de la ville. Si nous pouvions contacter l’auteur, nous lui demanderions certainement comment il gère l’équilibre délicat entre la gracieuseté de l’action pochoiresque au sol et la seule conséquence fâcheuse de son choix, qui est de se faire marcher sur la gueule dix, cent ou mille fois par jour ? Mais nous n’avons pas réussi à identifier le visiblement juvénile et souriant Siul. En complément international à cette illustration bruxelloise, nous avons sélectionné dans nos gigantesques archives deux autres poch-traits également plaqués au sol. Le premier est de Féfé (aka Féniski, un rappeur français) photographié rue des Halles à Paris et le second est de Spud (aka Eric Campbell, un hip-hoppeur américain) photographié sur Spring street à New York. Dans ces deux cas, interestingly, la posture situationniste du pochoir au sol est prise à contre-pied (!) puisqu’il s’agit d’utiliser une mise-en-rue artistique originellement désaliénante (rappel : l’horizontalité du sol l’éloigne des signaux consuméristes verticaux) pour, justement, promouvoir la vente d’albums de musique ! Donc, l’équation revient ici à : « OK, tu me marches sur la gueule mais je te fourgue mon CD en échange »... L’ami Siul échappe-t-il, lui, au tupsy-torvy insidieusement commis par Féfé et Stud ? Inconnu au rayon des lyricistes mélodieux, on pourrait se dire, à défaut, que - oui - son acte est probablement innocent et désintéressé. Mais c’est compter sans les pirouettes de la destinée urbaine qui font que la rue Saint-Roch soit dans un des très rares quartiers de notre plutôt prude et puritaine capitale où la prostitution libre (non-close) est, sinon officiellement tolérée, du moins joyeusement pratiquée ! Femmes de joie et travelos de soie y déballent en effet leur marchandise vénale à même le trottoir à toute heure du jour (un peu) et de la nuit (beaucoup). Donc, pour Siul, l’équation revient peut-être à : « OK, tu me tapines sur la gueule mais en échange de... ». De quoi ? De zieuter sous la jupe des péripatéticiennes ? Lui seul le sait. Et peut-être est-il, malin, encore plus proche de la démarche situationniste qu’on ne pourrait le penser, puisque celle-ci cherche en effet à créer des situations alternatives dans lesquelles les désirs humains les plus primitifs se réalisent. En attendant, un peu plus de sidewalk stenciling à Bruxelles ne serait pas de refus. 27 26 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIE -- TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TER A W INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T A--Localisation confidentielle (Photo par A---) NOM ? A--- NAISSANCE ? 1971 ORIGINE ? Belgique Il y a des choses que je trouve bien plus inciviques que de faire des pochoirs. DECLENCHEUR ? Je trouve que le pochoir est la technique la plus facile en soi parce que ça te permet d’exprimer pas mal de choses. C’est un mécanisme assez rapide pour travailler, pour reproduire. Tu pars d’une photo, tu trouves le juste mix du noir et du blanc pour chaque zone et puis tu découpes. C’est déjà plus difficile, je trouve, de faire tes propres dessins et de les transformer ensuite en pochoirs. PREMIER ? Le premier pochoir que j’ai fait, c’était juste pour m’exercer. Le but n’était pas de raconter quelque chose. Je ne me souviens plus du sujet. TECHNIQUE ? J’ai tendance à préférer les pochoirs monochromes. L’intérêt est dans le contraste, dans l’hyper-construit. A mon avis, le pochoir à plusieurs couleurs, c’est plus dans la représentation. EVOLUTION ? J’ai commencé un vaste projet, une sorte de bande dessinée dans la ville à partir de pochoirs, auto-collants, fausses publicités, bref tout ce qui s’apparente à ce que tu croises au quotidien dans la rue. Certains éléments sont narratifs, d’autres uniquement décoratifs. L’histoire a été écrite. Il n’y a pas de cohésion graphique et c’est voulu comme ça. Par contre, je ne peux pas me permettre de faire mille dessins différents, de passer à côté de ce que je veux exprimer... C’est un challenge. Et puis, il y a l’effet du temps, l’effet de la lumière qui s’ajoutent sur mes interventions. C’est comme un jeu de piste et parfois, je suis moi-même surpris de retrouver des choses que j’avais faites et presque oubliées. Le résultat final sera un ouvrage cartonné, relié, avec des photos, comme un roman-photo. PLACE DANS TA VIE ? J’ai promis à ma femme d’un peu diminuer mes activités franchement illégales et donc, maintenant, je sors moins avec mes bombes. Les interventions en rue, ça prend du temps, ça prend de l’énergie. Alors mes interventions sont maintenant très ciblées. MESSAGE ? Je n’ai aucune volonté politique. Moi, c’est vraiment la narration et le sentiment. Tous les sentiments que j’exprime, c’est toujours très personnel. En plus, le pochoir, selon moi, ne dégage pas beaucoup de naiveté. C’est un truc pensé, travaillé à l’avance, répété... Ce n’est pas spontané. Donc si je veux exprimer quelque chose d’un peu léger, le pochoir ne sera pas la technique que je choisirai. 29 28 Scène de rue REACTION ? Ma grosse déception, c’est qu’il y a relativement peu d’interactions, de collaborations involontaires sur les murs. Il y a une forme de respect mutuel qui m’ennnuie un peu parce que je trouverais très amusant, si je fais une intervention, que quelqu’un d’autre vienne faire une intervention sur la mienne et que ça évolue ainsi. Je me dis : « Allez, venez... Pourquoi personne ne vient faire un autre élément dessus, au-dessus ? ». POCHOIR FAVORI ? De mes propres pochoirs, c’est difficile à dire, vraiment. Par un autre pochoiriste, j’ai un jour vu un pochoir d’un masque à gaz surmonté d’un chapeau, peint dans un endroit complètement perdu en pleine campagne au nord de Bruxelles. Il était vraiment beau, sur une porte un peu rouillée. C’était très inattendu, une combinaison de beauté intrinsèque et de rencontre insolite. POCHOIRISTE FAVORI ? A Bruxelles, j’aime les pochoirs du collectif Cum in the Streets pour leurs sujets et leur évolution par rapport à l’art urbain. A l’étranger, c’est Banksy ! Ses pochoirs sont techniquement superbes, les spots choisis sont audacieux et les sujets sont toujours pleins d’humour et politiquement intéressants. GRAFFS & TAGS ? Les tags, ça m’excite beaucoup moins. Je ne juge pas et je peux comprendre la démarche qu’il y a derrière. C’est quelque chose qui va assez vite... Je trouve que les tags pourraient être plus réfléchis, plus personnels. Les fresques en graff, certaines sont vraiment belles mais, d’une manière générale, c’est toujours un peu le même style. De nouveau, je trouve que ça manque de personnalité. J’aimerais que ces graffeurs oublient un peu leurs références. POLICE ? C’est « amusant » de voir à quel point les autorités ont tendance à chasser ce genre d’activité. Ceci dit, j’ai quand même l’impression qu’à partir d’un certain moment, ceux qui deviennent reconnus, réputés, ceux qui sont catalogués comme artistes et qui font des grands trucs, ceux-là on les tolère. J’ai toujours du mal à voir jusqu’où c’est interdit et à partir d’où c’est toléré. Maintenant, il y a des choses que je trouve bien plus inciviques que de faire des pochoirs. ENDROIT ? La ville est un grand décor. Dans le cadre de mon travail, c’est chaque fois en fonction du contexte. Si je trouve un super-endroit sur un mur, je le fais. Comme mes interventions sont plus motivées par le rendu narratif, j’ai tendance à les faire à des endroits où je sais qu’il y a peu de passage. J’essaie de trouver de bons endroits qui ne nuisent à personne et d’éviter ainsi toute dégradation. Beaucoup de mes interventions ont peu de chance d’être repérées. Je préfère donc ne pas avoir une certaine notoriété... Même si parfois mon ego prend un peu le dessus. NETTOYAGE ? Je suis assez mitigé. Quand tu es dans un quartier qui n’est pas très beau, un peu défavorisé, les graffitis, ça ne l’embellit pas vraiment. Tagger, graffer sur les façades des gens, c’est manquer de respect. Je comprends que tu puisses être irrespectueux vis-à-vis d’institutions que tu n’apprécies pas, mais sinon, c’est OK de nettoyer. Ça fait de la place. BRUXELLES ? Je trouve qu’à Bruxelles, il y a beaucoup de styles réalistes. Je ne peux pas dire si c’est plus dense ou moins dense qu’ailleurs. Rue Kerckx 31 30 SIGNES 1 1 6 7 9 10 SIGNES 2 1 Rue aux Laines 2 Rue du Printemps 3 Rue du Nord 4 Avenue de la Couronne 5 Rue de Stassart 6 Rue du Nord 7 Rue Meyerbeer 8 Chaussée de Boondael 9 Rue Jacques de Lalaing 10 Avenue Hermann Debroux 2 3 4 5 8 1 6 7 9 10 1 Rue de la Croix 2 Rue du Bosquet 3 Rue du Midi 4 Rue de l’Eventail 5 Rue de l’Eventail 6 Rue de l’Athénée 7 Rue du Nid 8 Chaussée de Saint-Job 9 Rue Tenbosch 10 Avenue Ducpétiaux 2 3 4 5 8 33 32 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O S P ST O P ST O O POST POST P T T P T P O P O S S S POST POS LIX ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O É O T T P F O S P T OS P T P S S T P T O O T OS P T OS P T OS S P S P T OS P T PO S O T T P O P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST 1 Rue de la Rasière 2 Rue de la Rasière 3Boulevard de Waterloo 4 Boulevard de Waterloo FÉLIX COMME STANDARD ! 1 2 En théorie, la technique du pochoir permet de reproduire à l’identique et à l’infini un motif, une image ou un texte. En pratique, il en va tout autrement… La nature et la texture du support, les inclinaisons accidentelles ou voulues, les bavures et coulées dues à l’urgence ainsi que l’usure du temps et du vent font que chaque « même » pochoir est différent. La question est de savoir si l’aléatoire et la variation s’additionent - ou au contraire s’opposent - à la volonté de l’artiste de reproduire son message et son passage ? A cette question en fait aussitôt écho une autre : Tous les pochoiristes utilisent-ils cette technique pour se multiplier vite-et-bien dans l’environnement urbain (comme les taggeurs qui désirent laisser leur empreinte visible dans le plus grand nombre d‘endroits possibles) ou est-ce que certains d’entre eux utilisent ce medium simplement parce qu’il leur plait ou convient mieux (parce qu’il permet de préparer l’œuvre à la maison, notamment) ? Dans tous les cas, les variations pochoiresques ne peuvent être négligées dans la contemplation et l’interprétation d’une oeuvre. Comme exemple, nous prendrons Félix le Chat, dont on trouve aujourd’hui de multiples reproductions dans les Marolles. 3 4 Ce n’est pas un choix livré au hasard… Conçu par Pat Sullivan en 1919 et ensuite développé par Otto Messmer, notre ami félin fut en effet la première image à être diffusée par la télévision - par la station W2XBC pour être précis - en 1929 ! Sous la forme d’une figurine en papier-maché disposée sur le plateau d’un tournedisque, Félix servait alors de référence aux techniciens de RCA pour le calibrage et le contrôle de la qualité de l’image retransmise. Ce rôle, crucial s’il en est, fut assuré par notre brave Félix pendant une dizaine d’années ! Presque 80 ans plus tard, en ce merveilleux et ensoleillé dimanche d’octobre, il nous sert maintenant de standard pour démontrer la fluctuation imageante des pochoirs d’un emplacement à l’autre. A l’auteur de ce Félix le Chat sifflotant et déambulant de nous dire si ces variations sont voulues ou non, importantes ou non, ou s’il s’en tape complètement. 35 34 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R IN TE VIE W I ASRVI W I TERVI W I TE VI INTER VIE N TTE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TERNZOW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN MO VIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE W N R EW N R E R R N E E E VI I TE VI I TE VI I TE VI T W IN ERVIE IN ERVIEW IN ERVIEW IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T MONZON TAS NOM ? Monzon TAS NAISSANCE ? 1972 1 Rue de la Caserne 2 Rue du Berger 3 Rue des Paroissiens « Voir une façade blanche, pour moi, ça pue la mort. ORIGINE ? Belgique » 1 DECLENCHEUR ? Depuis tout petit, j’adore dessiner. Le seul moment où je n’étais pas un garçon hyper-turbulent, c’était quand on me foutait une bande dessinée ou un bouquin dans les pattes. Je voulais donc faire de la bande dessinée, à caractère philosophique d’abord puis plutôt politique. Vers 17 ou 18 ans, j’habitais en banlieue parisienne. Je faisais des graffitis et j’avais déjà une conscience politique un peu exacerbée. J’ai rejoint un mouvement de lutte contre le racisme appelé Section Carrément Anti-Le Pen, soit SCALP. Dans le groupe, il y en a qui faisaient des pochoirs et je m’y suis intéressé. J’ai vu que c’était une manière de communiquer beaucoup plus efficace que le simple tag. Ça rejoignait mon idée de faire des compositions artistiques. On a formé un mouvement appelé Terrorist Act System, soit TAS, à ce moment-là en mélangeant des graffiteurs hip-hop et des punks qui faisaient des pochoirs. J’étais le trait d’union entre les deux groupes. PREMIER ? Le premier, c’était le M de la Marque Jaune... Facile ! Tellement facile que je ne l’ai jamais vraiment compté comme un vrai pochoir. Le second pochoir m’a pris une semaine. C’était la liste des tous les membres du posse TAS de l’époque avec les logos de chacun. Franchement, les lettres, c’est beaucoup plus chiant que les images. Il y avait plein de bouts de papier-collant pour que ça tienne parce que j’avais fait plein de ratés. TECHNIQUE ? Au début, c’était sur des cartons de devanture de libraire, des publicités en carton qu’on remplaçait chaque semaine donc ça ne dérangeait pas le libraire que j’aille me servir. Mais la source s’est tarie... Alors, comme je fais des pochoirs de plus en plus grands, maintenant, c’est plutôt des grands cartons, ceux qui séparent les bouteilles d’eau sur les palettes, que j’utilise. EVOLUTION ? Oui, avant je faisais beaucoup de lettrage, comme les noms des gens qui étaient dans mon groupe. Puis j’ai fait tous mes dessins et après j’ai fait plutôt les dessins des autres. Mais ce qui se reflète beaucoup dans mes pochoirs, c’est la présence d’un message. C’est un peu une marque de fabrique de TAS aussi. On a lancé des choses qui n’existaient pas. Par exemple le premier pochoir freestyle. Très vite, j’ai fait des pochoirs assez grands. 37 36 PLACE DANS TA VIE ? Une place beaucoup plus politique qu’avant mais aussi de moins en moins, plus du matin au soir... Ça dépend aussi si je suis avec d’autres pochoiristes. Maintenant, j’ai d’autres terrains d’action. Mais j’adore toujours les pochoirs. MESSAGE ? Il y en a qui font du graffiti pour le plaisir et ceux qui ont une idée de révolution derrière. Je suis dans la culture hip-hop mais dans l’optique d’un militantisme politique. Le message de TAS, c’est l’art à tout prix et sans concession. C’est la ré-appropriation de l’espace urbain. L’intérieur d’un domicile, OK, c’est privé... Mais l’extérieur est mitoyen ! Ça nous appartient à tous. La propriété privée est une notion que je ne partage pas. Voir une façade blanche, pour moi, ça pue la mort. Mettre un signifiant dessus, c’est créer la vie. Donc chaque graffiti est un acte de remise en question des limites du système. C’est un acte de révolte et d’insoumission. A partir du moment où on remet de la vie, c’est une oeuvre d’utilité publique. 2 REACTION ? Je vois un mur, j’ai envie de m’exprimer, je le fais. Pour moi, l’illégalité n’entre pas en ligne de compte. Ce sont les autres qui le rendent illégal, pas moi. C’est la loi qui criminalise, pas moi. A partir du moment où le système est tellement mal organisé que j’ai besoin de pocher partout et de me montrer partout, le système doit assumer ses conneries... Légitime défense ! POCHOIR FAVORI ? Chez moi, celui où tu vois une grosse souris qui encule un flic... Le message est « Monzon déteste la police mais il lui fait plaisir ». J’ai toujours un peu peur quand je le poche parce que, là, si on m’attrape... Chez les autres, j’aime particulièrement un pochoir fait par un autre membre de TAS où tu vois un jeune homme qui court en ville et, derrière son dos, il y a un sac rempli de bombes de peinture. Superbe travail de découpe. POCHOIRISTE FAVORI ? Miss Tic parce qu’elle fait des pochoirs qui veulent dire quelque chose. GRAFFS & TAGS ? Je suis ouvert à tout. Je respecte les pochoiristes et les taggeurs. Plus les pochoiristes, peut-être, parce que les taggeurs n’ont pas conscience de la portée politique de leurs actes. J’ai toujours vu une énorme différence. L’emblème traditionnel chez les punks, c’est le rat alors que dans le milieu hip-hop, c’est l’aérosol. Le hip-hop a une revendication de l’ego très forte tandis que les punks sont étonnés d’être encore vivants. POLICE ? Le graffiti est un terrain de combat. Tu pars la nuit, tu pars en guerre sans tuer personne ! ENDROIT ? Tout le monde a un lieu de vie. C’est utilitaire. Mais le mur extérieur, la façade, ce n’est pas utilitaire... C’est mitoyen. De quel droit peut-on nous imposer une façade blanche ou jaune ? Moi, je ré-approprie l’extérieur qui appartient au commun. 3 NETTOYAGE ? La dégradation des murs par les autorités, moi je trouve ça inadmissible ! Ils détruisent les murs comme ça. Pour moi, la détaggeuse est un outil de normalisation des pensées. C’est un tue-la-vie. BRUXELLES ? Maintenant le pochoir est accepté dans le milieu du graffiti à Bruxelles. On a fait école ! Estampe 51 asbl, rue de Veeweyde 108, 1070 Bruxelles MONZON TAS 2 3 1 Rue de la Clinique 2 Boulevard Jamar 3 Rue Van Helmont 4 Rue des Champs 5 Rue de Stassart 6Rue Joseph Stallaert 7 Place Saint-Géry 8 Rue Van Artevelde 9 Rue Van Artevelde 10 Quai aux Briques 11 Avenue Georges Brugmann 12 Rue Joseph Stallaert 4 39 1 41 40 MONZON TAS 5 7 6 8 43 42 MONZON TAS 9 10 11 12 45 44 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O T POST POST P E POST POST POST POS POST S POST POS AIS ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O O H T T P O P S C T S P T OS P T OS P T S S O POUNE OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST LE POINT DE VUE D’UNE CHAISE Rue Saint-Géry Le pochoir érotique est un ustensile, généralement en plastique ou en carton, que les artisans de l’épilation et du rasage utilisent pour donner une forme particulière (en cœur ou en ticket de métro, en flèche, etc) à une coquine toison pubienne. Ce n’est probablement pas ce type de pochoir érotique que Monzon avait en tête (ou ailleurs) en se la jouant « Manara » sur une façade de la rue Saint-Gery… La belle du pochoir, jambes tendues jusqu’aux orteils, figée dans un arc de plaisir absolu, semble en tout cas – et en toute impudeur – apprécier les moultes joies de la vie. Heureuse chaise, dès lors, que celle qui a l’honneur mobilier d’être complice d’un tel abandon exhibitionniste… D’autant plus que, pour manifester à sa façon son soutien à la cause pochoiriste, ce n’est pas un simple gode que notre demoiselle accueille dans son joli cul… mais une bombe de peinture ! Comme quoi, la bombe sexuelle n’est pas toujours celle que l’on croit… Monzon s’en explique : « J’ai quasiment toutes les bandes dessinées de Manara. Je trouve qu’il a un coup de crayon extraordinaire. Je trouvais qu’il méritait d’être mis à l’honneur. Cette image me parlait plus que d’autres mais je ne sais pas pourquoi. Peut-être le côté immobile, la pose. Comme je suis pochoiriste, je travaille avec des bombes aérosols... Et donc il fallait bien que j’en mette une en scène quelque part ! Ça a choqué des gens, apparemment mais c’était juste un clin d’oeil ! ». Qu’en est-il au niveau des contraintes anatomiques, me demanderez-vous ? Renseignements pris, la dilatation naturelle d’un anus relaxé et entraîné à la sodomie oscille entre 6 et 8 cm. Le diamètre d’une bombe aérosol étant de 6,5 cm (gamme MTN), c’est de toute évidence vers la délicate limite entre jouissance et souffrance que cette intrusion bombastique emmène la donzelle. Plus sérieusement, le pochoir de Monzon engage deux observations. D’une part, l’illustration contraste avec la moyenne des thèmes graphiques que l’on peut voir sur les murs bruxellois (ici, l’image est plus forte et radicale que le message… elle est le message). Ecoutons Monzon à ce propos : « A l’époque, j’étais légèrement frustré par ma relation avec ma copine. On s’entendait un peu moins bien. Elle ne voulait pas que je mette ce pochoir... Mais je l’ai quand même fait ! ». D’autre part l’illustration renvoie directement à une case de bande dessinée extrêmement bien ancrée dans la mémoire collective (la série « Le Déclic » de Milo Manara, relatant les aventures de la ravissante mais coincée Claudia Cristiani). L’efficacité interpellante de l’image sur le passant est donc assurée. Coup double et de maître pour Monzon… avec l’aide d’une humble et muette chaise qui n’en pense certainement pas moins. 47 46 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIECH TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TER PO W INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T POCH NOM ? Poch NAISSANCE ? 1972 1 Rue du Houblon 2 Rue Vandenbranden « ORIGINE ? France DECLENCHEUR ? J’ai découvert l’art du pochoir en écoutant du punk-rock, sur les perfectos et, surtout, dans la rue. Et puis, fin des années 80s, j’ai découvert le livre « Pochoir à la Une » dans une librairie parisienne. Je cherchais le moyen de reproduire un dessin et le fait de faire quelque chose dans la rue me motivait pas mal aussi. Donc c’est parti comme ça. PREMIER ? C’était le « Lucien » de Frank Margerin. Je l’ai fait sur une feuille Canson pour l’appliquer sur un T-shirt... Et puis je suis allé le faire dans la rue ! A chacun de trouver sa parade. 1 2 EVOLUTION ? Je suis très vite passé du pochoir au graffiti que je pratique toujours. Fin des années 90s, je suis revenu au pochoir mais en même temps que d’autres techniques comme la peinture à l’acrylique et les affiches. J’essaie de ne pas m’enfermer dans une seule pratique. MESSAGE ? Je n’ai pas de message en particulier... Mon travail tourne autour de la musique. POCHOIRISTE FAVORI ? J’aime bien le travail de Marie Rouffet. Puis Banksy, Blek le Rat et Jef Aérosol. NETTOYAGE ? Cela fait partie du jeu, en quelque sorte. A chacun de trouver sa parade ! BRUXELLES ? Je n’ai pas de préférence pour une ville. J’interviens là où je peux, en fonction des groupes avec lesquels je travaille. Il se peut d’ailleurs que je refasse prochainement des choses à Bruxelles. Note : Cet interviex a été réalisé par courriel. 49 48 FACES 3 1 6 7 9 10 SIGNES 3 1 Rue Jean-Baptiste Vannijpen 2 Chaussée de Waterloo 3 Rue du Berger 4 Esplanade de l’Europe 5 Rue Africaine 6 Rue des Ursulines 7 Rue de Flandres 8 Rue des Halles 9 Rue Van Aa 10 Rue Saint-Ghislain 2 3 1 2 4 5 4 5 8 6 1 Chaussée de Boondael 2 Rue des Cygnes 3 Rue des Ursulines 4 Rue Keyenveld 5 Place des Palais 6 Rue des Brigittines 7 Rue de la Serrure 8 Rue de l’Eclipse 9 Chaussée de Vleurgat 10 Rue des Brigittines 3 7 8 9 10 51 50 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O T POST POST P E POST POST POST POS POST S POST POS TAL ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O O O T T P O P S T T S P T OS P T OS P T S S O A PO L OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST C’EST LA TOTALE ! Rue de Stassart À Bruxelles, capitale européenne de la démocratie, photographier des pochoirs est un motif apparemment suffisant pour être interpellé, questionné et fouillé par la police. Trèèèèès énervés, les trois gardiens de la paix suants et suintants sous la canicule de ce bel été, la semaine passée dans la commune d’Ixelles, lorsqu’ils m’ont assommé de questions à la « Pourquoi est-ce que vous photographiez des graffitis ? Qu’est ce que vous transportez dans votre sac ? Est-ce que vous connaissez celui qui a fait ce graffiti ? »... Sans oublier l’aimable et inoubliable injonction « Répondez à mon collègue ! ». Et bien, non, il n’y avait ni bombe aérosol ni marqueur dans ma besace... Et bien, oui, cette fouille était parfaitement abusive et inutile. Mais je comprends, allez. C’est vrai que les rues du quartier ont été récemment pochées d’un abondant « Total 10 » qui n’a épargné ni palissade de maison naguère incendiée (comme ici rue de Stassart), ni fraîche devanture de magasin (comme dans la rue du Berger) ni jolie façade de maisonnette (comme dans la rue Keyenveld). Agressivité un peu inhabituelle d’un pochoir fort vandale par rapport à la pratique moyenne nettement plus polie et respectueuse. Mais alors ? « Total 10 » avec un gros point noir par-dessus... Mmmmh, voyons, voyons, mais ne serait-ce point (sic) une publicité pour la dernière compilation du label Kompakt basé à Cologne et dont la sortie en dur est annoncée pour... Aujourd’hui (24 août 2009) ? Ouiiiiii, alors, c’est fête ! Parce que Kompakt a toujours été un de mes labels fav’ et que sur cette compilation figure un de mes remixes tout aussi fav’, le très éthéré Wighnomy Likkalize Love Rekksmi de « No Turning Back » de Gui Boratto (07:13). Aussi recommandé, l’angoissant « Berg und Tal » de Wassermann aka Wolfgang Voigt (06 :43). Follow-up plutôt comique du traumatisant incident policier d’Ixelles, je me suis retrouvé quelques jours plus tard chez l’épicier du coin à faire la file juste derrière l’ancienne ministre fédérale de la justice qui fut responsable, en son temps, de la pénalisation des graffitis dans notre patelin pays... Tunique orange sur pantalon blanc pour elle, T-shirt brun sur jeans troués pour moi... Nos regards se croisèrent l’espace fugace d’un instant gracieux mais sans plus. Ni échange verbal ni contact corporel. Je n’avais finalement rien à lui dire, ni à lui faire. Art urbain et musique électronique... Que voulez-vous que cette noble et notable dame y comprenne ? Je ne sais pas quel était son total à la caisse mais le mien était, heureux hasard, de 10 euros pile (pour du gruyère rapé, de la sauce bolo et quelques pâtes). Total 10 ! C’est tout bon. 53 52 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIE P TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TER PMW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T PERIPHERAL MEDIA PROJECTS NOM ? Peripheral Media Projects est un collectif constitué de Garrison, Allison et Ray. NAISSANCE ? 1972 (Garrison) ORIGINE ? Etats-Unis d’Amérique 1 Rue des Ursulines 2 Rue des Brigittines 3 Rue Saint-Ghislain « Ces ponts sont une métaphore incroyablement forte. DECLENCHEUR ? J’étais réellement fasciné par la façon dont certaines personnes peuvent prendre quelque chose de très utilitaire, comme des pochoirs, et l’utiliser pour exprimer des émotions. D’autre part, j’étais fort désenchanté par le monde de l’art et par le fait que notre espace public est saturé de publicités. J’avais envie de faire des interventions dans cet espace et je me suis dit que les pochoirs étaient le meilleur moyen d’y arriver. J’apprécie les pochoirs parce qu’ils sont faciles à reproduire, parce qu’ils permettent d’obtenir une même image plusieurs fois. Les pochoirs sont très efficaces pour ça et ils ont une bonne longévité. Ils durent plus longtemps sur les murs que les affiches. » 1 PREMIER ? Mes premiers pochoirs étaient juste des essais, question de bomber de la peinture, faire des trucs sur les murs, essayer de découper et créer des formes. Je me rappelle qu’un de mes premiers pochoirs quand je suis arrivé à New York était une sorte d’amibe. L’idée de départ était juste de découper une forme et de bomber de la peinture au travers de celle-ci. Je voulais seulement comprendre le concept selon lequel on peut découper une forme et la peindre. Un truc très expérimental. En tant que collectif PMP, notre premier pochoir était un visage arborigène tatoué. Au premier regard, on voit un visage mais, ensuite, on commence à distinguer beaucoup d’autres choses. On a fait plusieurs versions de ce pochoir ! On voulait voir comment il était possible d’altérer une image pour la rendre plus efficace. TECHNIQUE ? Mes premiers pochoirs étaient découpés dans du papier et du carton. Avec le temps, j’ai d’ailleurs vite compris que certains types de matériaux peuvent être excellents dans l’atelier mais un véritable cauchemar à l’extérieur ! Maintenant, j’apprécie aussi le plastic parce qu’il a une bonne rigidité et qu’il peut être réutilisé de nombreuses fois. Et puis, chez PMP, on aime aussi recycler des matériaux et tester de nouvelles technologies comme la découpe au laser. Quand je fais des pochoirs multi-couches, je considère chaque couche comme un élément individuel... Chacun de ces éléments doit être fort en lui-même, de façon autonome. De fait, quand on fait quelque chose d’illégal, il est primordial de trouver le moyen de créer un impact visuel maximal avec un nombre minimal de couches, d’images et de couleurs. 55 54 MESSAGE ? Quand on découpe les parties d’un pochoir, il faut laisser des ponts entre les différentes sections... Le pochoir ne peut pas exister sans ces ponts. On a besoin de ces connections pour former quelque chose ! Ces ponts sont une métaphore incroyablement forte ! Relier les distances entre différents endroits par des ponts de façon à les connecter et à les faire interagir... C’est bien de cela dont il s’agit avec les pochoirs. D’ailleurs, ce qui est intéressant, c’est que si on donne une même image à plusieurs personnes pour en faire un pochoir, on voit une multitude de façons différentes de répondre au problème des ponts et d’arriver à un pochoir qui fonctionne. On se retrouve avec des centaines de pochoirs différents à partir d’une même image. REACTION ? Je laisse aux autres le soin de décider de ce avec quoi ils sont le plus heureux. Je ne pointe pas les gens vers une interprétation précise. Nous ne disons pas aux gens ce qu’ils doivent penser. On se contente de les faire réfléchir. On leur présente juste des choses. On met des pochoirs sur les murs et on laisse les gens décider. POCHOIR FAVORI ? J’aime les formes schématiques et géométriques. J’aime avoir des éléments modulables et extensibles, comme des cubes. Notre travail est surtout fait de compositions. Nous avons toutes ces séries d’images, tous ces éléments visuels individuels, qui peuvent devenir beaucoup plus intéressantes dès lors qu’on les arrange en compositions. Donc, je n’ai pas vraiment de pochoir favori. 2 3 POLICE ? Juste le fait que l’on peut aller en prison pour s’être exprimé dans un endroit public est pour moi très problématique. Franchement, il y a d’autres problèmes plus urgents que de s’acharner sur quelqu’un qui bombe des pochoirs sur un mur. ENDROIT ? Je pense qu’il est vraiment très important de sortir dans la rue et de passer du temps à faire des reconnaissances dans la ville pour trouver de bons emplacements. NETTOYAGE ? Je suis parfaitement à l’aise avec l’idée que tout finisse par disparaître ! Ceci dit, si je peux appliquer un pochoir quelque part et faire quelque chose de plus pour le rendre plus durable, quelque chose qui va ajouter à sa longévité, je pense que c’est une bonne chose. Pour moi, le nettoyage n’est qu’une affaire de politique et d’argent. On parle de sociétés qui se font énormément d’argent en effaçant des graffitis. On parle de sociétés qui se font plein d’argent en vendant en même temps des peintures et des produits nettoyants ! POCHOIRISTE FAVORI ? C215 est vraiment extraordinaire ! Ses pochoirs sont superbes. Sa façon de découper les ponts est impressionnante... Et puis la manière dont il place ses pochoirs est très particulière, souvent dans des endroits très inhabituels. La plupart des artistes ont tendance à mettre leurs dessins en hauteur mais C215 préfère des positions basses. C’est une bonne idée parce que ses pochoirs ne seront pas effacés aussi vite. Découpage, position, tout cela le différencie fort des autres. J’aime aussi Logan Hicks. La façon dont il utilise les nouvelles technologies est étonnante... Il n’hésite pas à s’embarquer dans des projets très ambitieux. GRAFFS & TAGS ? Tout ce qui motive les gens à faire des applications dans l’espace public devrait être encouragé. Donc, je ne peux pas vraiment dire si ces formes d’art urbain sont une bonne ou une mauvaise chose ! Par contre, je pense que si, c’est vrai, il faut pas mal de talent pour peindre un flop, pour moi, il s’agit plutôt de démarquer un territoire, comme les tags, que de faire quelque chose d’artistique. BRUXELLES ? C’est Ray qui est venu faire nos pochoirs à Bruxelles. C’est important pour nous d’aller dans le plus d’endroits possibles et d’y appliquer nos pochoirs. Note : cet interview a été réalisée en anglais et traduite par Serge louis. 57 56 FACES 4 1 4 7 SIGNES 4 1 Rue du Nid 2 Rue Saint-Jean Népomucène 3 Avenue Alfred Solvay 4 Rue du Printemps 5 Rue du Houblon 6 Rue des Ursulines 7 Rue Victor Greyson 8 Drève Saint-Hubert 9 Drève Saint-Hubert 2 1 3 4 1 Rue de la Croix 2 Rue Jean-Baptiste Vannijpen 3 Rue du Concours 4 Chaussée de Vleurgat 5 Rue Kindermans 6 Rue du Printemps 2 5 5 8 3 6 6 7 8 9 9 10 11 12 7 Rue Saint-Ghislain 8 Rue Africaine 9 Rue du Concours 10 Rue Keyenveld 11 Rue du Boulet 12 Rue Steens 59 58 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O T POST POST P EAUPOST POST POST POS POST S POST POSOIS ST PO T POST POST POST POST ’ PO T OS P T O P T O O T D P S E T S P T OS P T OS P T S S O PO VU OST P ST POST POST PO T POST PO T À T P S PO T OS P T OS P T OS O T OS P ST OS P T OS P T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P 2 O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST À VUE D’OISEAU 1 Rue Saint-Ghislain 2 Rue du Miroir 1 Vous voyez l’espèce de rosace centrée sur l’œil de l’oiseau poché par le collectif Peripheral Media Projects sur cette palissade de la rue Saint-Ghislain ? Mais si, regardez bien… On dirait un enjoliveur de bagnole ou le motif d’un vitrail circulaire. Allleeeez, vous l’avez sur le bout de la langue… C’est… Hé ben oui, mais c’est bien sûr… C’est un panopticon ! Oncle Wiki vous en rappelle la définition, au cas douteux et malheureux où vous l’auriez oubliée : Le panopticon est un modèle architectural de prison conçu en 1785 par le philosophe anglais Jeremy Bentham (comme quoi, la philosophie mène à tout). Le principe du panopticon est simple : Permettre au moins possible de « uns » de surveiller le plus possible de « tous les autres ». Copain Jeremy a en fait piqué l’idée à son frère Samuel qui a établi les plans d’une école militaire à Paris selon le même schéma. Dans un entretien exclusif réalisé dans leur atelier de Brooklyn, un des membres du collectif PMP, nous parle de l’œil poché (!) : « The observed is always under the impression of being observed but doesn’t see the observer… The system enables you to watch more than thousand prisoners at once but they don’t even know if you are in your post ! It’s all about how to create a maximally efficient prison and guard system, how to optimize the system ». Parce que le système auquel notre pochoiriste fait allusion n’est évidemment pas restreint au monde scolaire (élèves / pion) ou pénitentiaire (prisonniers / gardien). On le retrouve aussi dans certaines réflexions de dispositions hospitalières (patients / soignant), dans des plans de construction d’usines (ouvriers / contre-maître) et, ultimement, dans l’ensemble de notre environnement sociétal. Il revient au philosophe (décidément !) français Michel Foucault (1926 - 1984) d’avoir été le premier à analyser - dans son célèbre livre « Surveiller et Punir » publié en 1975 - cette fâcheuse tendance panoptique de notre société moderne obsédée par la surveillance et la normalisation. Ecoutes téléphoniques, caméras en circuit fermé et autres monitorages internautiques n’ont fait qu’amplifier la pertinence de la métaphore panopticiste au cours des dernières années. D’ailleurs, même cette palissade en planches de bois a des yeux (qui ne sont pas de PMP) qui nous regardent... Bref, nous sommes tous des prisonniers ! Le collectif PMP enfonce d’ailleurs le clou avec un second pochoir peint rue du Miroir : « For all prisoners… Everywhere ». Mais dans une pirouette intellectuelle que seuls les artistes de grand talent sont capables d’exécuter, le collectif nous précise lors de notre rencontre que, à la prison (du corps), il est toujours possible d’opposer la liberté (de l’esprit) : « Our stencils are strong enough as stand-alone that other people who may not know it’s a pantopticon can see other contents and be happy with it… They are not missing-out on anything, it’s not to their disadvantage… The idea is to get people to think but not what exactly they should think. Telling people what to think is not respectful ! ». Alors, ami lecteur, amie lectrice, vois et imagines ce que tu veux, envoles - toi libre comme l’oiseau. 61 60 R IE N E VIE I TE VIE R E I N E I I TE V W T V T WN R E R Y N R E N I R IN TE VIE W I TE AN W TERVI W I TE VI INTER VIEW IN MP VIEW INTE VIEW INTERVIE O R IN TERVIEE C TE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN ER UDW INTERVIE INTERVIE INTERVIE T D E N R EW N R EW N R E N I HE VI I TE VI I TE VI I TE VI T ER IEW IN ER IEW IN ER IEW IN ER IE V T W NT RV EW NT RV EW NT RV E R N E I E VI I E I I E VI I E VI T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T THE DUDE COMPANY NOM ? The Dude Company NAISSANCE ? 1973 1 Rue des Chasseurs 2 Rue du Boulet 3 Rue des Pierres ORIGINE ? France DECLENCHEUR ? Dans la rue, ça a commencé en 2006. En 2004, Lille était capitale européenne de la culture et ils ont décidé à partir de ce moment-là de faire ce qu’ils appellent Lille3000. Tous les deux ans, Lille représente un pays et en 2006, c’était sur l’Inde. Donc, Lille a revêtu les couleurs de l’Inde. A cette époque-là, il y avait un gars qui commençait à coller ici sur Lille. Il était photographe et se faisait appeler Don Quichotte de la Mancha. Il agrandissait ses photos et les collait sur les murs de la ville. Moi, je trouvais ça génial, ça m’avait frappé et, avec des amis, on s’est rendu compte qu’il n’y avait rien sur Gandhi, aucune image de Gandhi, aucune référence à Gandhi. Donc on s’est dit, tiens le collage c’est une bonne idée. On a commencé comme ça. On a fait deux affiches de Gandhi. Après, moi j’ai continué tout seul. C’est là que j’ai testé la technique du pochoir. Quand tu découpes, tu n’as qu’une envie, c’est de bomber pour voir le résultat final. 1 2 Pour le nom, The Dude Company, ça vient du film « The Big Lebowsky » des frères Coen. Dedans, l’acteur principal se fait appeler « the Dude ». The Dude, c’est le mec qui ne travaille pas, qui ne pense qu’à fumer des pétards. Donc c’est un peu ironique. Ça serait marrant, une société où il n’y a que des mecs comme ça. PREMIER ? Le premier dans la rue, c’était en mars 2008. C’était Takeshi Kitano parce que je suis un fan de cinéma et de musique. Donc voilà c’était parti… J’avais trouvé un moyen d’expression. Mais ce n’était pas évident… Je me suis beaucoup inspiré des autres au départ. Il faut comprendre ce côté différentes couches en négatif. Il faut se prendre un peu la tête ! TECHNIQUE ? Au départ, je choppe la photo. Je travaille les contrastes. Je joue avec mon noir, mon blanc et je garde toujours ma couleur de fond dans l’esprit. Et puis après, j’agrandis ma photo et je découpe. Je ne sais pas dessiner… Donc c’est ça le gros avantage du pochoir. On ne sait pas dessiner mais on arrive quand même à faire des choses. Après, c’est la découpe. J’utilise du carton d’épaisseur 0.8 mm. C’est assez rigide et cela se découpe bien au scalpel. C’est le support que je préfère. Les pochoirs en grandeur nature, ça représente une vingtaine d’heures de découpe. Quand tu découpes, tu n’as qu’une envie, c’est de bomber pour voir le résultat final. La plupart de mes pochoirs sont des trois couches. Quand je peins, j’utilise toujours la couleur de fond du mur qui reste partout. L’image est vraiment bien intégrée dans le mur. En général, ça prend 10 minutes, ça va très vite. Le tout, c’est de bien positionner les couches les unes au-dessus des autres. 63 62 EVOLUTION ? La qualité de la photo que tu agrandis, c’est ça qui fait la qualité du truc. Puis, après, c’est la découpe. Plus la découpe est fine, plus il y a de détails, plus le pochoir… Il y a quelque chose. Je pense que je m’améliore au niveau des découpes. Je les trouve de plus en plus beaux. Quand je regarde un peu tout ce que j’ai fait depuis le début, je pense qu’il y a quelque chose qui s’améliore. Et puis je commence à avoir une pléiade de pochoirs qui me permettent de faire des choses. Mais c’est vrai que la photo de base est très importante, comme pour l’expression du regard. Je ne sais pas… On se pose des questions. Il faut évoluer et il manque un peu une histoire dans tout ça. Je pense que ça va venir avec le temps. Je suis un débutant, un novice. Mais je suis déjà très content de tout ce qui m’arrive. POCHOIR FAVORI ? Mon pochoir que je préfère le plus, c’est Talib Kweli, parce que c’est le plus beau. Chez les autres, il y en a un que j’adore, c’est Orticanoodles. Le mur qu’il a fait avec toutes ces bouches. C’est en Italie. 3 POCHOIRISTE FAVORI ? Je vais dire C215… C’est bluffant quoi ! J’aime bien son état d’esprit. Il fait toujours sur des murs, les endroits sont toujours super bien choisis. Puis il a une vision, c’est beau ce qu’il fait, superbe, bien intégré aux murs, à la rue, c’est du beau boulot. GRAFFS & TAGS ? Les tags qui ne ressemblent à rien, je trouve ça nul. Après, il y a des graffeurs qui font de superbes choses. Je respecte, je trouve ça super. Que ce soit fait n’importe où, c’est excellent. Je suis pour. Mais en même temps, je pense que ce qui est dommage pour le pochoir, c’est l’amalgame avec le tag et le graff qui sont perçus de manière plus agressive, plus provocante. POLICE ? Moi, je fais cela le jour parce que la nuit, d’abord on ne voit rien et puis la police, la nuit, c’est pas les mêmes personnes. Elles sont moins compréhensives. Je pense que la journée, même si je me fais arrêter, on peut négocier. La journée, ils ont la circulation, ils ont moins de temps. Ça fait moins : « Je me cache, je fais un truc illégal ». On peut s’expliquer. Maintenant, si le mec ne veut rien savoir, ben, c’est tout... Tu finis au commissariat et tu as une amende. C’est le jeu aussi, il y a une loi. PLACE DANS TA VIE ? Une partie de mes temps libres, une place de plus en plus importante. Je n’ai pas beaucoup de temps car ce n’est pas mon métier mais j’ai envie de continuer, d’évoluer. Donc une place de plus en plus importante même si c’est un peu difficile. J’aimerais bien avoir plus de temps pour en faire, ça c’est vrai. MESSAGE ? Je ne sais pas s’il y a un message. Oui, un message de gens engagés, un engagement. Je suis pour le fait de défendre des idées, défendre certaines choses. De vivre, de ne pas rester là les bras croisés. C’est beaucoup de gens comme ça que j’ai mis en pochoir. Ce sont des gens qui ne renient pas leurs origines ethniques. Des gens de ma génération aussi. C’est un peu pour leur témoigner que j’aime bien ce qu’ils sont. Je trouve qu’il faut s’engager dans la vie. Ça peut être très basique. Alors, quand je fais des pochoirs, je fais quelque chose aussi. Donc finalement, oui, il y a un fond certainement politique. Le but c’est de rencontrer des gens, aussi. Donc faut y aller, il faut bouger. Je pense que c’est très important de bouger. REACTION ? J’espère un sourire. Simplement si je fais sourire les gens... Qu’ils commentent : « Génial sur ma route pour aller au boulot tôt ce matin... ». Voilà c’est un peu de bonheur, c’est déjà pas mal. Et aussi un peu de complicité, ce que les gens ne vivent pas avec les autres types de graffitis. Les pochoirs, c’est de l’image . Ça touche plus facilement les gens. Il y a des graffitis qui sont beaux, mais c’est vrai qu’on va être moins réceptif. Ici, c’est quasi de la photo. Ce sont des photos posées sur les murs. Le fait que ça tienne plus et que ça embellit les murs, c’est important aussi. On me le dit souvent : « Merci pour ça ». Moi ça me fait plaisir. Que ça plaise, oui, c’est le but. Les gens, ils s’arrêtent, ils regardent. ENDROIT ? C’est toujours un peu à l’aventure mais j’essaie de respecter les propriétés. De ne pas faire ça n’importe où. J’essaie de ne pas dégrader. C’est rare que je le fasse sur un mur privé mais je le fais souvent sur les maisons abandonnées. Oui, ça m’est déjà arrivé de faire ça sur des maisons à l’abandon. Les gens s’arrêtent, ils disent : « On habite le quartier, au moins ça change ». NETTOYAGE ? Je ne vois pas l’intérêt d’aller repeindre un mur, une maison à l’abandon, ça dérange personne. C’est la politique de la ville, je ne suis pas d’accord avec eux. Mais bon, qu’ils repeignent ! Comme ça, je fais des nouveaux derrière. Ça tourne. C’est le but aussi. C’est mieux que ça tourne ! BRUXELLES ? Bruxelles, je ne connaissais absolument pas. Je me suis baladé dans le centre et puis, après, j’ai regardé un peu les endroits qui me plaisaient. Donc c’est complétement au hasard. Je pensais voir plus de pochoirs. Mais bon, il y a certainement des endroits où il y en a beaucoup mais que je ne connais pas du tout. Je ne peux donc pas vraiment dire. Il me semble qu’il y a beaucoup des collages mais pas beaucoup de pochoirs. Et puis je trouve qu’il y a fort peu de pochoirs qui soient en couleur. Il y a beaucoup de monochromes. 2 THE DUDE COMPANY 1 3 4 1 Rue du Boulet 2 Rue du Chien Marin 3 Rue des Sables 4 Rue des Pierres 5 Rue de l’Ecuyer 6 Rue Fossé-aux-Loups 65 64 67 66 THE DUDE COMPANY 5 6 Scène de rue Rue de la Croix 69 68 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O S P ST O P ST O O POST POST P T T P T P O P O S S S POST POS L ! ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O O O T T P O V P S U T S P T OS P T OS P T S S O PO A OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST AU VOL ! Rue du Boulet Il y a quelques semaines, The Dude Company nous faisait l’honneur d’une nouvelle visite à Bruxelles. Parmi les pochoirs réalisés par le collectif figurait un impressionnant soubassophoniste (probablement Damon Bryson) du groupe The Legendary Roots Crew, tout en force et en souffle. Le pochoir a été appliqué sur un grand panneau en tôle rouillée au coin de la rue des Chartreux et de la rue du Boulet. Si vous l’avez raté, c’est râpé… Quelqu’un de plutôt costaud et gonflé a démonté le panneau (pourtant riveté balaise à un support grillagé) il y a quelques jours et l’a emporté. Nous avons demandé au boss de la Dude Company ce qu’il pensait de ce rapt : « L’art de rue doit rester dans la rue. En même temps, on ne peut empêcher ce genre de démarche qui, il faut le dire, est plutôt culottée ! Je trouve cette réaction décevante et serais plus heureux d’être contacté pour réaliser une oeuvre chez quelqu’un plutôt qu’on déshabille la ville. J’espère aussi que cela ne sera pas vendu à mon insu, ce qui serait encore plus navrant ». Evidence : plus les pochoiristes deviennent reconnus et estimés pour leur œuvre publique, plus celle-ci prend de la valeur mercantile et est donc convoitée par des collectionneurs privés. Que certains de ces pochoirs se distinguent par leur beauté et / ou leur technicité exceptionnelle n’ajoute rien de bon à notre affaire. Fondamentalement, la question est donc de savoir si l’art de la rue, donné librement, peut être pris tout aussi librement ? L’appartenance d’un pochoir au pluriel (nous tous, préférable à personne) peut-elle être accaparée au profit d’un singulier (lui seul) ? Les avis restent partagés, au lu des forums, mais une certaine morale - nourrie du respect de la générosité et du talent - devrait normalement prévaloir contre l’envie de recel. Et que le pochoir volé, celui du musicien de The Roots ou un autre, soit ensuite vendu ou non n’est que l’ajout secondaire et malheureusement habituel de l’injure à l’insulte… Une fois la morale sociale bafouée, tout est en effet permis. Ironiquement, le texte jaillissant du sousaphone (Resist Much, Obey Little) était peutêtre une invitation à l’acte illégal au carré ! A la rébellion du je-ne-peux-pas-pocher s’en est ensuit - en toute logique tordue - la rébellion du je-ne-peux-pas-piquer. Seule solution, alors, pour en finir avec ce vandalisme du vandalisme : que The Dude Company arrête d’avoir tant de talent et que les supports urbains immobiles cessent d’être mobiles. Et tout rentrera enfin dans l’ordre. 71 70 R E E N R E I N E I I TE V W T AL W TERVI W I TERVI E IN E IE IN E IE N R I E I G N I I TE V W L RV W T RV W T V INTER VIEPAU TE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TEREN- W INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN MI VIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE DA ERVIE IN ER IEW IN ER IEW IN ER IE T R W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV T E E E E E E E E E E N I T T T T T T T T T T T DAMIEN-PAUL GAL Rue de la Gouttière NOM ? Damien-Paul Gal NAISSANCE ? 1976 ORIGINE ? France J’essaie de ne pas déborder et de rester dans une certaine cohérence DECLENCHEUR ? J’ai beaucoup dessiné étant petit. J’ai été attiré par le pochoir par rapport à des formes que je voulais dupliquer. En même temps, le côté embrigadement, révolté sans être négatif à la base du pochoir, pouvoir montrer des formes, des signatures, pouvoir émettre des messages sur des supports amovibles grâce aux pochoirs, ça me motivait très fort. Pouvoir ainsi peindre sur des supports qui ne sont pas forcément négatifs pour les bâtiments, comme des carrelages ou des céramiques, m’intéressait. PREMIER ? Mon premier pochoir, c’est mon visage. Je l’utilisais pour signer des sortes de peintures en dripping avec des dates et des chiffres au pochoir. Je voulais trouver une signature intéressante pour mes tableaux et mes affiches. J’ai commencé en rue en 2000 quand j’étais à Rennes. Placarder mon image dans les rues, c’était un peu égocentrique de ma part ! TECHNIQUE ? Du simple papier au format A4. C’était très simple pour moi, avec les moyens du bord. Je travaillais sur logiciel, je tirais à l’imprimante et puis je découpais au cutter. C’était vraiment très grossier au début. J’aime combiner mes pochoirs avec le carrelage comme support. J’aime sa forme carrée, anguleuse et en même temps son côté intrusif sur les façades, comme une pièce de puzzle. EVOLUTION ? J’ai évolué dans les outils que j’utilise, comme les cutters. Je découpe maintenant de façon beaucoup plus fine mais je garde toujours le format A4 en papier avec parfois du gabarit A3. Je cherche à vraiment retravailler l’image à travers un procédé précis. La technologie nous permet de montrer différents axes, différentes perspectives, et d’arriver plus vite au bon résultat. Ceci dit, après, il y a aussi la sensibilité, le fait de découper, de ressentir la matière... Et puis, je reste sur des pochoirs très simples, pas avec une multitude de couches. PLACE DANS TA VIE ? Je continue mon travail de pochoiriste. Dernièrement, j’ai fait le pochoir de Jimmy Hendricks. Je reprends beaucoup d’icônes comme Staline ou Mao. Cependant, à partir d’un certain niveau de maturité, on arrive à travailler de façon segmentée. J’aime avoir une certaine hiérarchie par rapport à mes autres formes d’expression et consacrer du temps à bien ranger mes pochoirs. 73 72 MESSAGE ? Mon idée en mettant mon visage en rue, c’était d’induire un effet un peu inconscient dans la tête des gens. Qu’ils se disent : « Je vous connais ». Le travail des pochoiristes, c’est de reprendre une image, provoquer une sur-consommation, une sur-impression, et de saturer l’environnement en images et en informations. Tout ça m’intéresse parce que j’ai fait des études sur la psychologie. Me montrer sur les murs était pour moi une façon d’essayer de voir comment tout ça fonctionne en vrai. REACTION ? Les graffitis, et donc les pochoirs, ont un effet positif car ils permettent aux gens de s’intéresser à une autre forme d’art, une autre forme graphique, qu’ils ne connaissent pas. Ils peuvent ainsi, petit à petit, s’ouvrir à un autre univers avec d’autres artistes. Par rapport à mon travail, les réactions sont parfois très surprenantes. Les gens qui ne sont pas habitués peuvent carrément ne pas comprendre mon message, même à travers un simple pochoir. POCHOIR FAVORI ? Mon pochoir préféré, c’est ma signature. Je mets ma fragmentation de visage comme une marque, une griffe, comme un regard avec un petit côté intrusif mais en étant discret. Je la pose quand je signe un élément photographique ou une performance. Nous sommes dans la publicité, dans le logo. Mon pochoir favori, c’est Astroboy. Chez les autres, j’aime le smiley policier de Banksy et le « Je suis une femme et j’assume » de Miss Tic. Ou encore l’auto-portrait aux oreilles de Mickey de Jef Aérosol. POCHOIRISTE FAVORI ? J’aime bien Banksy, notamment parce qu’il parvient à placer ses pochoirs dans des endroits difficiles d’accès. Miss Tic que j’ai rencontrée avec son frère. Et puis Jef Aérosol qui est très sympathique et parle avec tout le monde. Chacun a sa technique, chacun a ses méthodes, ses messages. GRAFFS & TAGS ? Tagger sur un mur, non merci, ça jamais ! Le tag n’est qu’une signature, c’est une action vandale et gratuit. Pour moi, le vrai graffeur a vraiment une idée. Il a une image et il organise son travail par rapport à la caligraphie, par rapport au côté graphique et donc il ne le fait pas n’importe où. Moi-même, parfois, quand j’applique une céramique, je me dis que je viole le propriétaire... Donc, quand je le fais, j’essaie d’obtenir quelque chose de très graphique, d’harmonieux. Et même si je me l’approprie, j’essaie de ne pas déborder et de rester dans une certaine cohérence. Il y a un respect, pour moi, qui est primordial. FACES 5 1 POLICE ? Aucun souci parce que je m’y connais en sécurité. Je connais les horaires et les habitudes de la brigade anti-tags... Ce sont souvent d’anciens graffeurs qui sont recrutés par la police pour pouvoir analyser les signatures. Et puis j’ai un bon réseau de contacts, y compris dans le monde politique, que j’invite à mes expositions. ENDROIT ? Je me balade beaucoup dans les rues. Je vais repérer des lignes, l’architecture... Je vais me faire une sorte de plan dans ma tête, avec une stratégie. 1 Rue du Jardin des Olives 2 Rue Lincoln 3 Rue des Ursulines 4 Quai du Chantier 5 Rue d’Argent 6 Rue du Beau Site 2 3 4 5 NETTOYAGE ? C’est à la fois une perte pour certaines choses et un renouveau pour d’autres choses. Le nettoyage fait partie intégrante du jeu. BRUXELLES ? J’aime bien Bruxelles mais l’activité graffiti et pochoir y est moyenne par rapport à des villes comme Rennes, Toulouse, Prague, Londres ou encore Berlin. C’est probablement dû à un manque d’émulation et d’interaction entre les gens. Donc je sens que Bruxelles n’est pas la ville où je vais encore beaucoup évoluer. J’aimerais plus voyager et aller voir des villesphares dans le domaine du graffiti. 6 75 74 P S PO T ! P T OS P ST O O T P S O T S S T OS P ST O P ST P S PO IN S P T O P ST O O T P S PO T A PO T OS P ST O P ST S POST POS S M ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O E O T T L P O P S S T S P T OS P T OS P T S S O PO UT OST P ST POST POST PO T POST PO T HAST POST POST POST P ST OST P ST OST P S PO T S PO T P S PO T P S O T P S PO T S PO T S PO T S PO T O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST HAUTS LES MAINS ! Avenue Albert Les scientifiques adorent prendre des mesures et faire des corrélations. A force de comparer n’importe quoi avec n’importe quoi, ils arrivent toujours à trouver quelque chose. C’est ainsi qu’est née l’anthropométrie criminelle que l’on doit à des éminents savants comme Johann Kaspar Lavater, William Sheldon et Cesare Lombroso. Comment ça marche ? Simple… On prend des gentils et des méchants, on mesure plein de paramètres comme la longueur de l’oreille droite et celle du pied gauche (vrai !)… Puis on compare les deux groupes… Et, bing, forcément, ça ne rate pas, on trouve que les gentils et les méchants ont au moins un rapport ou un coefficient différent (genre longueur du nez multipliée par la surface du front divisée par la racine carrée du nombre de poils au menton) et donc discriminant. C’est amusant. Déjà un peu moins rigolo lorsqu’on inverse le sens de la déduction et, passant de la population à l’individu, on suspecte quelqu’un d’être un criminel simplement sur base d’un indice anatomique parfaitement crétin. C’est le fameux délit de sale gueule cher à Eugène Vidocq… Ceci étant dit, il y a un petit indice anthropométrique sympa que j’aime bien, le « digit ratio », c’est-à-dire le rapport entre la longueur de l’index (D2) et celle de l’annuaire (D4). Pour des raisons dont je vous épargne l’explication (ça tourne autour de l’exposition intra-utérine du fœtus aux hormones testostérone et œstrogène), le rapport D2:D4 est plus petit chez l’homme que chez la femme. Certains savants (encore eux !) pensent y voir un signe de divergence darwinienne, le fait d’avoir un long annuaire par rapport à l’index ayant peut-être permis aux hommes (surtout les hommes-mâles) d’être plus habiles à lancer des cailloux contre les mammouths que les femmes. Nous avons donc fait le calcul D2:D4 de la main pochée « à l’ancienne » sur la façade d’une maison située à l’angle de la rue Meyerbeer et de l’avenue Albert. La moyenne du « digit ratio » calculé sur les deux pochoirs identifiés sur ces murs est de 0.961, c’est-à-dire pile-poil le résultat attendu pour un homme ! Mais la prudence est de mise dans notre conclusion… Car force est de reconnaître que nous ne savons rien de la physionomie des filles pochoiristes. Il se pourrait bien que celles-ci soient prédisposées aux activités pochoiresques illégales (et, en protocolaire, à mieux tenir une bombe aérosol dans leurs mains) suite à une hypermasculinisation fœtale. Les filles pochoiristes pourraient donc présenter un ratio D2:D4 peu élevé, comme les mecs ! Seule solution pour y voir plus clair : Que les filles pochoiristes s’avancent et lèvent la main… 77 76 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E T R INTE VIE O TE VI W I TE VI W I TE VI C R IN TERTRI W INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T TRICOT NOM ? Jean-Luc Tricot NAISSANCE ? 1976 1 à 4 Rue Claessens (Ecole de la Batellerie, festival O[n]ZE du Bulex) « ORIGINE ? Belgique DECLENCHEUR ? J’ai toujours aimé décomposer la couleur, décomposer dans les trois couleurs primaires. C’est parti comme ça. Alors quand je me suis dit que je voulais peindre avec des couches de couleurs, j’ai essayé différentes méthodes et, peu à peu, je me suis intéressé à la technique du pochoir. J’aime l’idée que l’on puisse reproduire une image à l’infini, un peu comme un tirage photographique mais avec un côté aléatoire qui détourne le résultat. J’aime que, quand on crée un pochoir, on ne sache pas encore ce que sera le résultat final. Jusqu’ici, j’ai essentiellement travaillé sur des portraits et des thèmes religieux. La religion m’attire comme thème. Faire un pochoir de Jésus, c’est déjà une prise de risque. 1 2 PREMIER ? J’ai tellement expérimenté que j’ai du mal à m’en souvenir. Je crois que le premier, c’était deux symboles, le ciel et l’enfer... J’ai pris des bouts de carton et j’ai bêtement dessiné et découpé pour voir ce que cela pouvait donner. TECHNIQUE ? Au début, c’était vraiment laborieux parce que je prenais du carton super-dur. Je me suis dit que je n’allais pas m’amuser à découper du carton. J’ai essayé plein de trucs. EVOLUTION ? Je voulais des couleurs les plus vives possible ... C’est comme ça que je suis arrivé au plastique. Alors maintenant, je travaille avec des plastiques de couleurs, pour les gabarits et comme support. PLACE DANS TA VIE ? C’est vraiment très fluctuant. Pendant plusieurs semaines, je ne vais rien faire. Mais, par contre, une fois que je me lance, je n’arrête pas ! C’est plutôt la nuit que je travaille, quand tout le monde dort. POCHOIR FAVORI ? Le premier Christ que j’ai fait et qui est dans ma chambre. J’aime aussi une composition de douze portraits fait en deux exemplaires en 2006. Des portraits de gens qui n’ont absolument rien à voir ensemble sinon d’être dans un même magazine. En plus, quand on regarde de loin, on a l’impression de voir une grande silhouette avec les bras levés. 79 78 Scène de rue POCHOIRISTE FAVORI ? J’aime beaucoup Shepard Fairey, Obey. C’est un des rares que je connaisse qui a une réelle technique, qui est connu et qui a une certaine production. C’est vrai que les pochoiristes, c’est habituellement plutôt assez caché. 3 GRAFFS & TAGS ? J’aime nettement moins les autres formes de graffitis. Je suis très « pochoir » et les graffs m’attirent beaucoup moins. C’est trop similaire, uniforme. C’est considéré comme une marque de liberté mais, en fait, c’est exactement le contraire ! C’est tellement pris dans des standards précis qu’en fait ce n’est plus une expression de quoi que se soit. Dans le pochoir, il y a beaucoup plus de diversité. POLICE ? Ça ne me concerne vraiment pas puisque je ne suis jamais à l’extérieur. ENDROIT ? Je n’ai jamais eu la démarche d’aller pocher dehors, sur des murs. Ce n’est pas du tout dans mon tempérament d’aller à l’extérieur. Je suis plutôt dans une idée de fresque. D’ailleurs, pour moi, peindre un pochoir qui représente Jésus sur un mur, comme ça, dehors, me parait plutôt contradictoire. Je préfère que ma réputation soit basée sur la qualité artistique de mes travaux plutôt que sur des actes sulfureux. Par contre, c’est important pour moi de peindre directement sur le support, sans « tampon » comme un poster ou un sticker. NETTOYAGE ? Ça ne me touche pas du tout, en fait. C’est vrai que pour les beaux graffitis, c’est quand même dommage mais, finalement, je m’en fous un peu. En fait, une fois que le pochoir a été découpé et préparé, le travail de rue ne prend pas tellement de temps. On prend des risques, évidemment, mais on peut le refaire. En fait, ça me ferait plus de mal de voir qu’on déchire un gabarit que le fait d’effacer un pochoir sur un mur. Sauf, peut-être, s’il y a un gros travail de composition, bien sûr. BRUXELLES ? Il n’y a pas beaucoup de pochoirs à Bruxelles. J’attribue cela au coté belge, bourgeois et bien pensant. Je ne vois pas beaucoup d’artistes qui se disent qu’ils sont artistes et donc qu’ils vont se lancer dans quelque chose de plus risqué, de plus dangereux. Ils sont trop frileux, il me semble. Pour moi, l’artiste belge, c’est très sécurisé, en fait. 4 Boulevard Général Jacques 81 80 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S ! T OS P ST O P ST P S PO E S P T O P ST O O T P S PO T N PO T OS P ST O P ST A T S P T O P ST O O S T N P S PO A S PO T OS P ST O P ST S P T O P T O O O B T T P O P S LA T S P T OS P T OS P T S S O PO’AI OST P ST POST POST PO T POST PO T J T P S PO T OS P T OS P T OS O T OS P ST OS P T OS P T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST J’AI LA BANANE ! Localisation confidentielle Depuis 1986, l’artiste allemand Thomas Baumgärtel pochoirise sa célèbre banane aux quatre coins du monde… Marquant ainsi plus de 4.000 façades de musées, de galeries et d’autres endroits qu’il estime être artistiquement intéressants. Pour beaucoup d’allemands au lendemain de la seconde guerre mondiale (surtout à l’Est) la banane était reconnue comme un symbole de liberté et d’indépendance. Baumgärtel (né en 1960) en fit le logo non-officiel de la scène d’un nouvel art tout aussi libre et indépendant. L’œuvre du banana sprayer, initiée très curieusement dans le quartier belge de Cologne il y a 22 ans, se retrouve maintenant à Paris, Londres, New York ou encore Moscou… Et bien sûr à Bruxelles ! C’est sur la porte d’une modeste maison située dans le bas de la ville que l’on peut voir un magnifique exemplaire de la banane. Stencilée en 1994, elle ornait à l’époque l’entrée d’une petite galerie privée, appelée APP.BXL et créée par Moritz Küng, un curateur d’origine suisse actuellement responsable du programme d’expositions du campus d’art deSingel à Anvers. Comme nous le raconte Moritz lui-même : « I never got to meet the author of this « brand mark » but I knew the sign from galleries and institutions in Germany and Switzerland ». C’est en reconnaissance de la qualité du travail artistique de Küng que Baumgärtel appliqua son « sceau » bananier… Qui persiste encore aujourd’hui dans un état remarquable grâce à l’attention bienveillante du propriétaire et des locataires de la maison. En atteste Joke Buts, actuel occupant : « Le propriétaire aime bien la banane et donc il la soigne bien, (mieux que le bâtiment, même), et va probablement la laisser ». Mais ce que les aléas du temps et du vent n’ont pas réussi à détruire, l’artiste pourrait bien le faire lui-même… Baumgärtel a en effet décidé depuis quelques années de revisiter le lieu de ses exploits et de « confisquer » certaines bananes et les faisant EXPLOSER ! Le suspense est à son comble… En réponse à nos nombreuses questions, le pochoiriste s’est en effet limité à un sympathique mais un peu inquiétant : « Greetings from Cologne ! Do you know the street of the house ? ». Alors, Bruxelles gardera-t-elle encore longtemps sa banane ? 83 82 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIE o ? TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TER wHW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T wHo ? NOM ? wHo ? NAISSANCE ? 1977 1 (photo par wHo ?) 2 Rue Claessens 3 Rue Jean Van Volsem 4 Atelier (photo par wHo ?) « ORIGINE ? Belgique DECLENCHEUR ? Je ne sais plus exactement. Je crois que ce sont des graffitis que j’ai dû voir dans la rue, des peintures le long des voies ferrées. Je ne comprenais pas comment ils avaient réussi à faire ça, dans quel intérêt... Alors j’ai rencontré des gens qui étaient dans ce mouvement et puis, voilà, je me suis mis moi-même au pochoir. J’avais déjà fait un peu de peinture à la bombe avant, quelques lettrages vite faits, mais je me suis vite rendu compte que le pochoir était le meilleur moyen de faire des trucs « clean » rapidement. J’aime bien ce côté vite fait bien fait tout en amenant quand même quelque chose dans la rue ! Pour moi, tout ce qui se fait sur les murs est intéressant. 1 PREMIER ? Au départ, j’avais l’idée de réutiliser de vieux disques en pochant juste un visage dessus. Ensuite j’ai eu l’occasion de faire une pochette de disque au pochoir et c’est ça qui m’a mis dans le bain. J’aimais bien le lien entre le vinyl et le pochoir parce que le vinyl fait vraiment partie de mon univers. Donc mon premier pochoir à Bruxelles, c’est la tête du musicien Vinnie Johnson comme logo du label Laid-Back. Ceci dit, en fait, je faisais surtout des pochoirs sur des disques que j’accrochais ensuite en hauteur sur des murs. TECHNIQUE ? Au début, j’ai testé différents matières. J’avais d’abord récupéré des dos de fardes de classeurs mais ce n’était vraiment pas très solide, pas rigide du tout. J’ai essayé le carton mais je ne trouvais pas ça le meilleur truc non plus... Alors, finalement, je suis passé aux grandes feuilles de plexi. Quand on fait une série de pochoirs avec un plexi, il suffit de laisser sécher et puis de venir avec un cutter et d’enlever la peinture pour pouvoir recommencer. Vu le temps passé à faire les découpes, c’est un investissement, alors c’est bien de pouvoir donner une durée de vie un peu plus longue aux pochoirs. Franchement, la découpe, ce n’est pas toujours ce qui est le plus drôle à faire ! Sinon, je suis plutôt scalpel parce qu’on peut arriver à faire des découpes vraiment hyper-pointues. Le cutter n’est pas très maniable. PLACE DANS TA VIE ? Je n’ai jamais vraiment eu la fibre de sortir la nuit pour aller faire des pochoirs. Je n’ai pas le feu sacré... Mais c’est l’occasion pour moi de tester des trucs et ça m’a justement redonné l’envie de trouver des endroits où il y a déjà des pochoirs et d’aller m’y incruster. 85 84 MESSAGE ? Le but, c’est d’essayer d’amener quelque chose de différent et d’esthétique aux gens, leur proposer quelque chose qui soit accessible et positif, pour les faire juste sourire ou les étonner. J’essaie d’agir à ma manière sur le système et le contexte dans lequel on vit. Peut-être que ça pourra aider d’autres gens à réfléchir sur les conditions de vie dans lesquelles ils sont. C’est une contribution un peu utopique. GRAFFS & TAGS ? Il y a énormement de choses possibles, des fresques peintes à la bombe, des flops et des throwups qui sont des trucs très spontanés et très expressifs. Il y a des gens qui peignent des murs, des trains, des maisons .. Des gens qui décident de prendre la parole et de partager quelque chose. Pour moi, tout ce qui se fait sur les murs est intéressant. Mais c’est clair qu’il y a des choses qui sont plus destructrices ou aggressives que d’autres. Le mur d’une banque ou le mur d’un particulier, ce sont deux choses complètement différentes. Dans le second cas, on crée un sentiment d’insécurité chez les gens, une sorte de dégoût. En même temps, ce n’est pas parce qu’il y a un tag sur un mur que le mur va s’effondrer ! 2 POLICE ? J’ai eu des problèmes avec la brigade anti-graffitis mais je crois qu’ils se sont vite rendu compte qu’il n’y avait rien à tirer de moi et que je n’étais pas le number one sur la liste des gens à arrêter. J’ai reçu une amende et j’ai introduit une demande de médiation pénale. Une partie de l’amende a finalement été changée en heures de service d’intérêt général. J’avais un sac poubelle et je devais ramasser les canettes et les papiers qui traînaient dans le métro. REACTION ? Le pochoir, c’est quelque chose qu’on amène au mouvement graffiti dans le sens où ça permet de donner aux gens une vision un peu différente, de sortir de cette image de dégradation qui colle aux tags. Ceci dit, il y a plein de gens qui ne savent même pas qu’un tag, c’est une signature et qu’il y a donc quelque chose à y lire. POCHOIR FAVORI ? Parmi mes pochoirs, mes favoris sont principalement les portraits d’artistes... Alors si je devais n’en garder qu’un, ça serait Bob Marley parce que le reggae occupe une place très importante dans ma vie. Le reggae peut être très festif, très dansant mais aussi parler de souffrance. Cest un message hyper-conscient, révolutionnaire. Bob Marley était vraiment quelqu’un d’assez exceptionnel, un peu mystique. POCHOIRISTE FAVORI ? Je n’aime pas trop émettre de jugement parce que je n’ai pas vraiment le temps de comparer et de me renseigner mais j’aime bien Doctor H pour son ambiance de portraits d’artistes reggae et funk. NETTOYAGE ? Je trouve ça normal, d’une certaine manière, parce que certaines personnes ne veulent pas garder ces stigmates sur leurs murs. Le mouvement graffiti n’est malheureusement pas reconnu alors que c’est tout un patrimoine pictural ! Le nettoyage, c’est la mort du graffiti, fatalement. BRUXELLES ? Comparé à d’autres villes, je n’ai pas l’impression de voir des pochoirs partout. Et puis le pochoir à Bruxelles reste quand même fort marginal par rapport aux autres formes de street art. Je crois qu’il y a des gens qui testent la technique du pochoir mais qui ne vont pas beaucoup plus loin. 3 4 87 86 FACES 6 1 2 4 5 6 FACES 7 1 Rue des Ursulines 2 Rue du Printemps 3 Chaussée de Boondael 4 Rue des Ursulines 5 Rue des Halles 6 Rue des Brigittines 7 Rue des Ursulines 8 Rue du Printemps 9 Chaussée de Wavre 10 Rue Renier Chalon 3 1 7 8 6 7 9 10 9 10 1 Rue Ropsy-Chaudron 2 Rue des Drapiers 3 Chaussée de la Hulpe 4 Rue d’Alsace-Lorraine 5 Rue Jean-Baptiste Vannijpen 6 Rue des Tanneurs 7 Rue du Printemps 8 Rue des Brigittines 9 Rue Kerckx 10 Rue du Pays de Liège 2 3 4 5 8 89 88 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S T T OS P ST O P ST P S PO AN S P T O P ST O O T P S PO T Y PO T OS P ST O P ST S POST POSTTO ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O O E T T P O P S -N T S P T OS P T OS P T S S O PO TO OST P ST POST POST PO T POST PO T AUST POST POST POST P ST POST P ST POST P S PO T S PO T S PO T S O T P S PO T S PO T S PO T S PO T O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST AUTO-NETTOYANT Rue de la Vanne L’art du graffiti est gratuit mais le contre-art de son buffage est payant. Les obsédés de l’hygiène urbaine nous le rappelle volontiers, en oubliant de nous demander d’abord notre avis sur l’utilité et la légitimité de l’opération sanitaire. Mais, « payant » ça veut dire quoi et combien, au juste ? Grâce à nos algorithmes ultra-sophistiqués et hyper-secrets, nous avons estimé que le nettoyage des graffitis à Bruxelles coûte environ 4,6 euros par habitant par an lorsqu’on considère l’ensemble des commanditaires, soit les autorités publiques, les sociétés de transports en commun et quelques propriétaires privés… Cher ? Pas cher ? La dépense bruxelloise apparaît en tout cas un peu supérieure à celle de Los Angeles (3,4 euros), Chicago (2,7), Las Vegas (2,2), Houston (2,0) et New York (0,7) pris ici à titre d’exemples. Le coût salarial de nos contre-artistes explique certainement - mais peut-être seulement en partie - la différence entre Bruxelles et nos références américaines puisque le poste « personnel » justifie environ 80 % de la note de frais. Entre les villes américaines, par ailleurs, la fréquence des actes muraux ainsi que l’assiduité de leur réplique savonneuse et décapante contribuent clairement aux fluctuations budgétaires. Enfin, la démographie de New York est tellement extravagante (en densité numérique et en rangement vertical) que le prix du nettoyage par citadin en devient insignifiant. Alors, de retour chez nous, comment amoindrir cette douloureuse et intolérable imputation financière de 4,6 euros par an ? Une solution nous est suggérée par l’étonnant superposage photographié rue de la Vanne et illustré ci-contre. On y voit trois préposés à la propreté urbaine, magnifiquement tracés au pochoir multi-couche, s’attaquer gaillardement à l’effaçage d’un beau flop de Color. Le street art nettoyant le street art, voilà une perspective en boucle très prometteuse (on reste entre amis) qui sent bon et peut rapporter gros. En effet, si la plupart des sociétés bruxelloises spécialisées dans l’anti-graffiti ne déposent pas leurs comptes annuels à la banque nationale des bilans (il en est ainsi pour Anti-Graffiti-P+, Graffiti Service, Doctorskin, Sepagraff et Clear Pression), l’examen des résultats de SOS Graffiti révèle un chiffre d’affaire de 134.000 euros en 2008 avec un bénéfice final de 20.000 euros… Soit un joli petit budget à réinvestir presto dans des cutters, des cartons et des bombes ! Aurions-nous enfin trouvé le modèle économique durable du pochoir ? 91 90 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIEGA TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TERMUW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T MUGA NOM ? Muga NAISSANCE ? 1978 1 Chaussée de Boondael 2 Avenue Legrand 3 Rue des Pierres « ORIGINE ? Belgique DECLENCHEUR ? Difficile de répondre à cette question. J’ai probablement dû voir ça dans un magazine. Je dessine depuis très longtemps et j’utilisais l’aérosol. Le pochoir est donc arrivé assez naturellement comme technique vers 1995. Il y a un pote à nous qui est mort à cette époque-là et on voulait lui rendre hommage en mettant un pochoir. Avec un ami, on cherchait le moyen le plus rapide pour mettre partout son portrait et ses dates de naissance et de décès... C’est comme ça que c’est arrivé. Et puis, ça correspondait bien à mon côté rebelle. J’ai envie de trouver une idée qui va marquer les esprits. 1 PREMIER ? C’est un poulet sur une broche qui en train de rôtir avec le feu en dessous. Il avait une tête et le képi d’un flic et il y avait une phrase qui disait : « Le poulet est bientôt cuit ». TECHNIQUE ? Au début, très simple, carton et cutter. La lame du cutter peut être facilement ajustée et changée en cassant un petit morceau. EVOLUTION ? Maintenant, je travaille aussi plus sur PVC qui est plus facile à transporter mais je ne suis pas convaincu. Plusieurs PVCs se sont fendus et je ne suis pas encore tout-à-fait habitué à le découper... Si on dérape ! PLACE DANS TA VIE ? Là, pour l’instant, c’est plutôt le collage qui me prend du temps mais j’aimerais bien revenir au pochoir. C’est le fait de sortir seul qui me stoppe un peu. C’est toujours plus motivant de sortir en groupe. MESSAGE ? J’aime utiliser des phrases mais, des fois, il n’y a pas besoin de mots car le dessin suffit. Au début, mes pochoirs avaient des messages plus politiques que maintenant. Je suis plus tourné vers l’esthétique, quelque chose de marrant et coloré. C’est pour faire sourire. Un peu ironique. Mais c’est vrai, en fait, que j’ai envie de trouver une idée qui va marquer les esprits. 93 92 REACTION ? Je fais des pochoirs pour qu’ils soient vus. J’ai peu de témoignages ou de commentaires. J’aimerais plus engager le dialogue avec d’autres artistes. 2 POCHOIR FAVORI ? Ce n’est pas facile... Il y a les autruches, les pots de fleurs, tout ce qui tombe comme une enclume ou une tuile. Pour le moment, j’aime bien mon manneken-pis sur son nuage et qui dit : « Je pisse sur le tourisme de masse ». POCHOIRISTE FAVORI ? Dernièrement, je suis tombé sur les pochoirs de Dude. On va dire que je suis d’ordinaire assez critique et, là, je les ai trouvés vraiment bien faits. J’aime son thème, ses personnages, surtout celui qui joue du trombone. J’aime bien Orticanoodles aussi. GRAFFS & TAGS ? Moi-même, je signe et je fais des graffitis de temps en temps. Quand c’est recherché, tout est intéressant. Je n’ai pas de préférence. Mais je suis contre le fait de faire des graffitis abusivement. POLICE ? Je reviens justement vers l’application directe du pochoir sur le mur parce que ces dernières années, je prenais déjà pas mal de risque pour coller. Coller du papier, c’est vraiment très éphémère. Quand il pleut, quand il y a du vent, ça disparait vite. Et puis les gens peuvent l’arracher. Si c’est pour prendre des risques, autant le faire directement sur le mur car il y a des chances pour que cela reste beaucoup plus longtemps. Ceci dit, je me suis déjà fait pincer par les flics pour un pochoir il y a très longtemps. Je suis actif souvent le matin, quand il y a du monde, au milieu de la foule. Ça passe encore plus inaperçu. 2 ENDROIT ? Je marche beaucoup dans la ville. J’ai pas mal d’endroits en tête qui pourraient accueillir un pochoir ou un collage. Ce que j’adore, en fait, c’est utiliser le mobilier urbain ou entrer en interaction avec une oeuvre déjà existante. NETTOYAGE ? Ça permet de faire de la place pour les suivants. Evidemment, j’ai toujours envie que ça dure un maximum de temps... Si le lendemain, c’est déjà enlevé et que je n’ai pas eu le temps de prendre une photo, alors là, oui, je suis un peu faché. Mais c’est comme ça dans une ville. Il y a beaucoup de choses qui bougent. Ça crée des ouvertures pour les autres. BRUXELLES ? Je fais fort attention à tout ce qui se passe et c’est vrai qu’il y a plus d’activité ces dernières années, au niveau du pochoir et du collage. Le pochoir revient à la mode, en tout cas à Bruxelles. J’ai l’impression que ça explose... C’est positif parce que, aujourd’hui, c’est encore peu développé. Je mettrais ça sur le manque d’échanges entre artistes. Chacun semble cantonné dans sa méthode. Et puis c’est trop aléatoire... Certains font un pochoir puis repartent, peut-être désillusionnés ? 95 94 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O S P ST O P ST O O POST POST P T T P T P O P O S S S POST POS IDE ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O C O T I T P O P S R T S P T OS P T OS P T S S O PO MU OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST OBLITÉRATION MURICIDE ! Rue de l’Eclipse Le Gray Ghost, vous connaissez ? Oui… Non ? Mouais… Bon, je résume : Au doux et radieux pays d’oncle Obama sévissent des hurluberlus excités qu’on appelle « activistes anti-graffiti ». L’hurluberlu le plus excité parmi ces hurluberlus excités est sans conteste le Gray Ghost, aka Fred Radtke. Sa noble (et néanmoins fallacieuse) mission sur terre est de pourfendre les pirates des murs. Parce que, voyez-vous, braves et bonnes gens, si nous laissons se commettre un acte de street art aujourd’hui, c’est la promesse d’un trafic de came demain et l’assurance d’un meurtre le jour d’après ! Alors, armé de son rouleau et de son pot de peinture grise (forcément) et fort de sa légitimité auto-octroyée, le vigile sillonne et neutralise les rues des villes américaines de son implacable tolérance zéro. Question : Avons-nous des disciples du Gray Ghost à Bruxelles ? Réponse : Le récent recouvrement de plusieurs murs jadis riches en pochoirs dans notre capitale laisse à penser que, oui, nous avons du souci à nous faire. Voyez par exemple la rue de l’Eclipse dont un bout est illustré ci-contre… Ce charmant passage du quartier Saint-Géry était naguère orné de superbes pochoirs, dont un fier majeur rouge marqué TDC et un gracieux logo du Glitz Club. La vie murale y est à présent éteinte, anéantie, éradiquée, napalmisée, génocidée sur plusieurs mètres carrés… Un véritable muricide. Disparues, les traces vitales et les marques géniales. En lieu et place : le rien tout vide et froid d’alcôves désertes. Femmes, enfants et vieillards peuvent (certes et peut-être) à nouveau se promener en toute sécurité sur ce tronçon de trottoir débarrassé de vilaine agression pochiste... Au prix exorbitant d’un mur propre, net, sinistre, stérile et parfaitement mort. Mais courage, amis et amies ! Malgré notre désarroi et notre doute, l’espoir de la vitalité urbaine, enfoui sous les couches de peinture, demeure heureusement intact… Regardez... Chez les ricains, le fantomatique GG s’est fait récemment pincer par les flics pour avoir recouvert un graffiti… commissionné ! Pseudo-justicier et vrai vandale au cachot... Il y a donc bien un juste ordre des choses outre-atlantique, que nous souhaitons de tout cœur voir appliqué chez nous aussi. Et vite. Pour que cessent enfin et pour toujours les crimes contre la muralité vivante. 97 96 SIGNES 5 SIGNES 6 1 Rue du Printemps 2 Rue d’Angleterre 3 Quai du Chantier 4 Rue des Chandeliers 5 Avenue Emile de Béco 6 Rue de la Longue Vie 7 Rue de l’Eclipse 8 Rue du Poinçon 9 Rue De Praetere 1 2 1 Chaussée de la Hulpe 2 Avenue Georges Brugmann 3 Avenue Franklin Roosevelt 4 Chaussée de Saint-Job 5 Rue du Printemps 6 Rue du Faucon 7 Rue Jules Bouillon 8 Rue de la Chauffrette 9 Rue des Brigittines 1 2 3 4 5 3 4 5 6 7 8 9 6 7 8 9 99 98 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R IN TE VIE W I R RVI W I TERVI W I TE VI INTER VIE CE TE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TERPENW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN S VIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE W N R EW N R E R R N E E E VI I TE VI I TE VI I TE VI T W IN ERVIE IN ERVIEW IN ERVIEW IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T SPENCER NOM ? Spencer NAISSANCE ? 1980 1 Rue du Faucon 2 Rue des Chandeliers 3 Place Maurice Van Meenen 4 Rue Jourdan « ORIGINE ? Belgique C’est clair que tous les soirs, je me dis que j’irais bien peindre un ou deux pochoirs. 1 DECLENCHEUR ? En 2003, j’ai fait un travail sur des street artists bruxellois. Je connaissais le graffiti, je m’intéressais déjà à la peinture urbaine mais je n’avais jamais vu des gens fabriquer des pochoirs. Ils allaient les peindre dans la rue, la nuit. J’ai eu envie de faire moi-même des pochoirs. Au départ, je m’appelais VHS parce que j’étais un grand défenseur de la cassette VHS. C’est un vieux moyen de véhiculer des images, une cause perdue… Je savais bien que VHS était en train de mourir. Et puis, pendant un temps, je n’ai plus signé mes pochoirs car je trouvais que je n’avais pas besoin de nom. Mettre un nom à tout prix n’était pas le but. Ensuite, comme le pochoir que je faisais le plus était Eraserhead de David Lynch et que le personnage central s’appelle Henry Spencer, je me suis dit : « Voilà, Spencer ». Je m’identifiais aussi un peu à lui. Mais je ne signe pas tout le temps. Je ne veux pas que cela soit obsessionnel. PREMIER ? Pour mon premier pochoir, j’ai fait un screen shot d’un jeu vidéo qui s’appelle Phantasy Zone. On a un petit vaisseau spatial et on doit tirer sur des ennemis. J’ai pris un des ennemis, une espèce d’OVNI avec des petites ailes et des dents. TECHNIQUE ? Le fait de découper le pochoir, c’est facile et tout le monde peut le faire. Ce que je trouve important dans le pochoir, c’est les idées ou alors la façon de découper qui peut être bien particulière. Au début, ça fait vraiment mal aux doigts. Il faut réfléchir à ce qu’on peut couper et ne pas couper. Avec les ponts, on a un peu de mal… Moi, je passais les endroits où je devais laisser des ponts au fluo pour être sûr que mon cutter ne franchisse pas la ligne. EVOLUTION ? J’ai commencé à me sentir à l’aise avec la technique du pochoir quand j’ai troqué le carton pour le plexiglas début 2006 et quand je ne découpais plus avec un cutter mais avec un scalpel. Je viens d’acheter une planche à découper et c’est encore mieux pour les détails. Maintenant, je peux vraiment faire des détails minuscules. Pour moi, l’évolution, c’est donc essentiellement des meilleures lames et un meilleur support pour découper. Pour les sujets, je reste fan de films d’horreur intelligents, où il y a quelque chose de plus profond derrière. Je suis aussi de plus en plus en train de faire des animaux. J’aime bien le principe de peupler la ville d’animaux. 0 10 10 1 PLACE DANS TA VIE ? Je suis toujours dans une période où je ne sais pas encore vers quoi je vais me diriger mais c’est sûr que je veux continuer à faire des pochoirs ! Ça ne m’a jamais lassé, ni d’en découper, ni de sortir dans le froid pour aller en peindre. J’aimerais bien arriver à lisser tout ça, les idées… Mais tant que je sais que je suis moi-même en faisant mes pochoirs, il y a un lien. Ça vient de moi et je sais pourquoi je l’ai fait. C’est beau ce que je dis ! Donc tous les jours, je pense à des idées possibles et je découpe au moins toutes les semaines. Chez moi, il y a des cutters et des bombes de peinture partout. Et c’est clair que tous les soirs, je me dis que j’irais bien peindre un ou deux pochoirs ! MESSAGE ? Il y a des pochoirs qui sont simplement contemplatifs et puis effectivement, de temps en temps, d’autres qui véhiculent une idée ou un message. D’un pochoir à l’autre, le but peut être complètement différent. Mais je ne sais pas si je veux faire passer des messages à tout prix. Je n’ai pas de message d’emblée… Avant tout, ce sont des choses qui me plaisent à moi. La liberté, le conditionnement humain, des choses qu’on nous fait croire et que je veux dénoncer. Je préfère dénoncer au sens large et je ne veux pas dire aux gens : « Moi, j’ai raison ». Je n’ai pas envie de dire aux gens ce que, moi, je pense et que c’est la meilleure idée absolue. Je ne veux pas faire de l’engagement politique proprement dit. Mais il ne faut pas être hypocrite non plus… Si tu mets un pochoir dans la rue, c’est parce que tu sais qu’il va être vu. Il faut donc chaque fois réussir à apporter quelque chose de nouveau et de pertinent. REACTION ? J’ai découpé le premier pochoir d’Adrienne Shelly le jour où j’ai appris qu’elle était morte, environ deux semaines après son meurtre. Je ne voulais pas que ce soit juste un hommage parce qu’en fait, j’adore cette actrice-là et, à mon avis, j’aurais quand même fini par faire un pochoir d’elle à un moment ou un autre. Et puis, une copine avait vu qu’Adrienne Shelly avait une page Myspace créé par sa meilleure amie. Elle a montré les photos de mes pochoirs et de mes affiches aux amis et à la famille d’Adrienne Shelly et ils étaient enchantés. Ils ont trouvé génial que quelqu’un, quelque part dans le monde, colle son visage. Donc, du coup, ils m’ont demandé de leur envoyer quelques affiches. C’est clair que je suis content quand je vois qu’un de mes pochoirs a touché quelqu’un mais je ne le fais pas dans le but de plaire à tout prix. Je pense que la majorité des gens passent à côté sans regarder. 2 POCHOIR FAVORI ? Je n’ai pas de préféré, en fait. Techniquement, celui que je préfère, c’est les squelettes en raison de la découpe. Chez les autres, j’aime bien Sten & Lex que j’ai rencontrés à Barcelone. POCHOIRISTE FAVORI ? J’aime bien Sten & Lex que j’ai rencontrés à Barcelone. GRAFFS & TAGS ? Je pense que tous les moyens d’expression alternatifs sont bons. Le tag et le graff, je trouve donc ça bien. Il n’y a pas d’autorisation, c’est une forme d’art très sauvage. J’aime bien car on vit dans un monde où on a suffisamment de choses à reprocher au système établi que pour pouvoir justifier le fait de s’exprimer d’une façon sauvage. Ceci dit, le tag et le graff, je n’en fais pas. Ce n’est pas la façon que je préfère pour s’exprimer dans la rue mais je respecte tout à fait. ENDROIT ? Plutôt dans le centre de Bruxelles. 3 4 NETTOYAGE ? Les nettoyages, c’est une nouvelle aube pour de nouveaux pochoirs… Un beau fond blanc bien lisse, bien uniforme que les autorités mettent à notre disposition. D’autre part, c’est dommage pour ce qu’il y avait avant. Il y a un roulement dans la rue. BRUXELLES ? Bruxelles, c’est assez mort, quand même ! Mais, j’ai l’impression que ça va de mieux en mieux. Les gens voyagent de plus en plus avec leurs pochoirs. SPENCER 3 4 1 Rue des Brigittines 2 Place Fontainas 3 Rue Jourdan 4 Rue des Moineaux 5 Rue du Temple 6 Rue des Minimes 7 Rue des Chandeliers 8 Rue du Chien Marin 3 2 10 1 4 10 10 5 SPENCER 5 7 6 8 6 10 10 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S IN T OS P ST O P ST P S PO T S P T O P ST O O T P S PO T ES PO T OS P ST O P ST S POST POSE D ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O O U T T P O P S IQ T S P T OS P T OS P T S S O PO AG OST P ST POST POST PO T POST PO T TRST POST POST OST P ST OST P ST OST P S O TP S O T P S P O S O T P ST PO T P S PO T P S PO T P S PO T O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST 7 TRAGIQUE DESTIN... Rue du Faucon La première fois que j’ai vu ce portrait, c’était sur un poster en papier collé assez haut sur un mur de l’étroit passage de la rue du Nom de Jésus entre le quai aux Briques et la rue de Flandres. Nous étions le 1er août 2008. J’ai été immédiatement charmé par l’émouvante beauté de ce visage, d’une grande douceur un peu triste. J’ignorais alors que ce portrait appartenait à une morte… Adrienne (Levine) Shelly fut en effet retrouvée assassinée le 1er novembre 2006 dans son appartement de Manhattan, alors qu’elle venait d’avoir 40 ans. Actrice, scénariste et réalisatrice, Adrienne comptait quelques beaux mérites cinématographiques à son actif (The Unbelievable Truth en 1989, Trust en 1990, Searching for Debra Winger en 2002, et enfin Factotum en 2005). Son meutrier, Diego Pillco, agé de 19 ans au moment des faits, avoua laconiquement à la police qu’il était de mauvaise humeur en ce jour de Toussaint. Il déclara avoir étranglé Adrienne au cours d’une dispute à propos du fait qu’il faisait trop de bruit en travaillant dans l’appartement situé en-dessous de celui de l’actrice… Puis se ravisa et reconnu l’avoir tuée alors qu’elle l’avait surpris en flagrant délit de vol dans son propre appartement. Dans les deux versions, il tenta misérablement de maquiller le meurtre en suicide par pendaison mais laissa trop d’indices sur la scène du crime pour berner les enquêteurs. Adrienne était mariée à Andrew Ostroy et avait une petite fille, Sophie, alors agée de deux ans. Diego fut condamné à 25 ans de prison ferme. En hommage à Adrienne, un épisode de la série télévisée Law & Order (« Melting Pot » diffusé le 16 février 2007 sur NBC) s’inspira largement de cette tragédie. Le pochoir représenté ici se trouve sur un mur bordant un petit terrain-vague de la rue du Faucon dans les Marolles. L’image est identique à celle du poster déjà fort endommagé du quartier Sainte-Catherine et est l’œuvre de Spencer, un des pochoiristes les plus doués de Bruxelles. Merci à toi, Spencer, pour avoir utilisé ton talent afin de rendre la douce Adrienne immortelle sur nos murs… et dans nos coeurs ! 8 10 10 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R IN TE VIE W I H RVI W I TERVI W I TE VI INTER VIE OR TE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TEROCTW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN D VIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE W N R EW N R E R R N E E E VI I TE VI I TE VI I TE VI T W IN ERVIE IN ERVIEW IN ERVIEW IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 9 DOCTOR H NOM ? Doctor H NAISSANCE ? 1980 1 Rue des Brigittines 2 Rue du Faucon 3 Rue Haute 4 Rue Jourdan 5 Rue Watteeu ORIGINE ? France DECLENCHEUR ? J’ai découvert le pochoir par un ami qui avait lui-même rencontré des gens qui en faisaient en Espagne. Il m’a montré des photos... Et on a commencé ensemble. J’ai testé juste comme ça, pour m’amuser, puis j’y ai pris goût. Ça me plaisait de pouvoir intervenir graphiquement sans savoir bien dessiner moi-même, de trouver un visuel qui me plaisait et de pouvoir le reproduire. Poser son truc à la bombe dans la rue, repasser devant ensuite et avoir une trace de cet acte-là, ça m’a vraiment plu. Pour moi, c’est important de pouvoir répondre graphiquement, de pouvoir communiquer. 1 PREMIER ? C’est une photo que j’ai prise d’un magazine, celle d’un petit garçon contre une grille. A l’époque, j’étais à fond dans la musique afro-américaine et reggae, dans la culture antillaise, et l’esthétique des photos me plaisait bien. J’avais découpé plein de petits carreaux pour faire la grille. Le pochoir était en une couche. TECHNIQUE ? Au début, je découpais sur du carton. Je n’avais pas d’imprimante, pas de scanner... Je n’avais même pas de vrai cutter. Quand je faisais des pochoirs en plusieurs couches, il fallait que les différentes parties soient bien jointes... En rue, c’était souvent un peu acrobatique ! EVOLUTION ? Maintenant, je découpe d’une autre façon. Une couche avec les tons clairs, une couche avec mes tons foncés. Je suis passé progressivement des cartons au PVC et j’ai une planche à découpe. Quand je fais mes pochoirs, je fais de petites interventions à la bombe à main levée. C’est une technique différente mais qui correspond un peu à ma frustration du manque de spontanéité du pochoir par rapport au graffiti. Tu sors avec un pochoir que tu as préparé à l’avance mais, parfois, ça ne colle pas du tout avec l’endroit ou la composition. Tu es coincé avec ton pochoir ! J’aimerais continuer à essayer d’autres façons de pratiquer. PLACE DANS TA VIE ? Avant, je passais mes après-midis avec de la musique à découper mes pochoirs mais, maintenant, je n’ai plus autant de temps. Je n’ai plus trop envie de faire des reggae men non plus. Je voudrais faire des pochoirs qui collent plus à l’espace dans lesquels ils sont peints dans la rue. J’aimerais faire des pochoirs qui ont un sens par rapport à ces endroits. Donc, de toute façon, je veux garder une action dans la rue. 0 11 11 1 2 MESSAGE ? La plupart du temps, je n’ai pas de message. Parfois, je veux juste évoquer quelque chose sans être trop explicite, comme par exemple les mouvements de lutte sociale, comme quand je fais le portrait de Bobby Seale des Black Panthers. Mais je n’ai pas envie de faire du pochoir politique. REACTION ? Ça me plait de voir que les gens ont apprécié, que le voisinage est content. J’aime bien quand je me suis approprié un bout d’espace public et que c’est reconnu. GRAFFS & TAGS ? Je n’ai pas de jugement. J’aime bien l’action, la démarche en général, les réactions que cela provoque... Il y a autant de raisons de faire des tags, des graffs ou des pochoirs qu’il y a de genres. Pour moi, c’est important de pouvoir répondre graphiquement, de pouvoir communiquer. On ne peut jamais répondre à la publicité ou l’architecture dans la ville. POLICE ? Je pense qu’il y a moins de chance d’avoir des problèmes avec la police en faisant des pochoirs ou des collages d’affiches en plein jour, de façon décontractée. J’ai eu un contact, une fois... On a raconté qu’on croyait que c’était autorisé ! D’ailleurs le pochoir en « fish eye » de la rue des Brigittines, on l’a fait en plein jour et les flics sont passés à côté, sans nous interpeller. 3 POCHOIR FAVORI ? Ce sont les pochoirs tirés de mes propres photos que je préfère. Comme les portraits en « fish eye ». Ils sont plus personnels, surtout quand les gens que j’ai rencontrés et photographiés étaient sympas. POCHOIRISTE FAVORI ? A Bruxelles, j’aime bien Spencer. C’est un mec hyperactif et j’aime bien l’univers qu’il transporte. Ailleurs, je suis un fan de M-City qui peint des villes avec des découpes vraiment basiques qu’il combine à l’infini. J’aime aussi Banksy qui fait des pochoirs hyper-basiques. Il n’a pas besoin de faire des pochoirs en quinze couches parce que c’est ce qu’il représente - et là où il peint - qui fait l’intérêt de ses pochoirs. ENDROIT ? C’est intéressant de trouver des lieux comme dans les Marolles en allant voir les gens et expliquer ce qu’on veut faire. Les gamins qui viennent voir, les gens qui apprécient. Je fais aussi attention à choisir des murs de gares ou de bâtiments publics... Je n’ai pas envie d’aller mettre un pochoir sur une belle pierre bleue, ça ne m’intéresse pas. NETTOYAGE ? Ce sont de belles opérations financières ! Un peu comme le business de la surveillance vidéo... Les nettoyages de graffitis, ça permet à des entreprises de nettoyage de répondre à des appels d’offres, ça permet les pots de vin... C’est triste, aussi, mais de toute façon, les graffitis sont des oeuvres éphémères. Et puis, en même temps, c’est parfois rigolo quand ils n’arrivent par à refaire la même teinte du mur. C’est constructiviste à chaque fois. 4 BRUXELLES ? Bruxelles n’a pas encore cette espèce de récupération « fashion » comme à Paris ou Londres. Je ne connais pas beaucoup d’autres pochoiristes mais ce qu’on retrouve dans la ville est très diversifié. Il y a des petits pochoirs, des textes, des pochoirs à plusieurs couches, plein de trucs. Il y a beaucoup de petits pochoirs et c’est normal... Facile à transporter, vité collé sur le mur, vite peint et le pochoir est quand même là. D’ailleurs les pochoirs monochromes me plaisent de plus en plus. C’est très esthétique. Et puis, pour en revenir à la ville, il y a un esprit bruxellois que j’aime beaucoup ! 5 DOCTOR H 3 1 Rue des Brigittines 2 Rue des Brigittines 3 Mont des Arts 4 Rue du Faucon 5 Rue du Faucon 6 Rue des Minimes 7 Rue du Temple 8 Rue du Faucon 9 Rue des Minimes 10 Rue Van Helmont 11 Rue des Chandeliers 12 Rue des Chandeliers 4 3 2 11 1 11 5 DOCTOR H 5 6 7 8 6 11 11 7 DOCTOR H 9 11 10 12 8 11 11 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O S P ST O P ST O O POST POST P T T P T P O P O S S S POST POSSY ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O O T K T P O P S N T S P T OS P T OS P T S S O PO BA OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST 9 CECI N’EST PAS UN BANKSY Comme le disait si justement notre défunt ami Charles Caleb Colton (1780 - 1832) : « L’imitation est la plus sincère forme de flatterie ». L’homme, grand collectionneur d’art (l’histoire ne dit pas s’il possédait des pochoirs) un peu margoulin sur les bords y aurait certainement été de sa petite citation s’il s’était promené dans Bruxelles en notre époque et avait noté la présence sur les murs de la ville de pochoirs fort inspirés de Banksy. Les rats pochés rue de la Cigale et rue du Concours sont en effet des copies - un peu approximatives mais quand même - d’oeuvres du Maître bristolien (1974 ou 1975 - heureusement pas encore mort). 1 Rue du Concours 2 Rue de la Cigale Belle reconnaissance d’un pochoiriste par un autre pochoiriste... Mais qui pose au passage l’intéressante question du droit d’auteur quand il s’agit d’art urbain illégal et anonyme... Banksy, qui cultive l’invisibilité comme d’autres les salades et les patates, pourrait-il en effet revendiquer des dommages et intérêts à son flatteur ? 1 2 Comme le rappelle un ami avocat spécialisé dans ce genre de situations : « En vertu de la loi du 30 juin 1994, seul l’auteur d’une oeuvre littéraire ou artistique a le droit de la reproduire ou d’en autoriser la reproduction ». Et de compléter son avis avec la mise en garde suivante : « Dans l’hypothèse où le pochoiriste reproduit une oeuvre sur laquelle il ne détient pas les droits, la reproduction illicite pourrait constituer une atteinte au droit patrimonial de l’auteur initial mais également une atteinte à son droit moral dans la mesure où la reproduction constituera certainement une déformation de l’oeuvre originale ». Dans le cas de Banksy, nous savons que le propos picturesque est - délivré dans un emballage souvent humoristique borderline poétique - franchement politique et polémique (anti-capitaliste, anti-militariste). Comme nous ne savons pas si le flatteur est animé du même sens moraloïde, il y a bien danger de déformation. Ceci étant dit, contrairement à de vils marchands qui commercialisent sans vergogne des reproductions non autorisées de pochoirs de Banksy, la confraternité et surtout l’absence de lucre apparent dans le chef de notre flatteur devraient d’autant adoucir la pénalité si sentence devait être appliquée. Et tant que nous y sommes à flirter avec la justice, pourquoi ne pas auto-dénoncer le titre de ce billet qui rappelle sans ambiguité aucune la célèbre phrase peinte par un autre Maître, belge cette fois, René Magritte (1898 - 1967), dans le tableau « La Trahison des Images », en l’occurrence : « Ceci n’est pas une pipe » ? Il nous est d’avis que si Magritte et Banksy s’étaient rencontrés, ils se seraient bien plus, tant leurs rapports respectifs avec la réalité et ses représentations offrent des similitudes pour le moins surréalistes. Au fait, savez-vous d’ailleurs que Magritte s’est essayé au pochoir ? D’après le génial pionnier du pochoir bruxellois qu’est Metalic Avau (1945 - toujours alive and kicking), on en distingue l’évidence dans un tableau intitulé « Le Barbare » datant de 1927 ou 1928. Le tableau représentait Fantomas poché à l’encre de chine sur un mur de briques. L’oeuvre de Magritte a malheureusement été détruite lors d’un bombardement sur Londres pendant la guerre de 40... Comme quoi, les ponts entre Belgique et Angleterre sont redondants dans l’histoire fascinante des pochoirs. 0 12 12 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIE .R TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TER R.UW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 1 R.U.R NOM ? R.U.R NAISSANCE ? 1980 1 Rue Africaine 2 Rue des Cygnes 3 Rue du Faucon 4 Rue de l’Eventail ORIGINE ? Belgique DECLENCHEUR ? C’est par mon ami Spencer. J’ai directement apprécié l’idée de pouvoir reproduire un même motif quasiment à volonté. Cela correspondait parfaitement à un esprit industriel. Ça m’a parlé directement. « PREMIER ? Une tête de robot dessinée à la main, un peu approximativement. Ce premier résultat n’était pas très concluant et il n’y a pas eu beaucoup d’exemplaires ! L’indifférence serait le pire ! 1 TECHNIQUE ? Au début, les détails n’étaient pas très fins et les premières découpes furent difficiles. EVOLUTION ? Je suis passé progressivement à des pochoirs aux détails plus fins et, ensuite, à des pochoirs multi-couches. Jusqu’à quatre couleurs. PLACE DANS TA VIE ? J’y pense très souvent. Je pense à de nouvelles idées et à comment les faire. Le pochoir et le street art sont définitivement dans mon mode de vie et mes habitudes. Je pense que je ferai des pochoirs toute ma vie ! MESSAGE ? Mon thème principal est celui du robot. Le nom R.U.R vient d’ailleurs de « Rossum’s Universal Robots », une pièce de théâtre écrite en 1920 par l’auteur tchèque Karel Capek. C’est lui qui créa avec son frère Josef le mot « Robot » à partir de « Robota » qui signifie corvée ou servage. L’histoire raconte des robots qui sont exploités sur une île. Ils se rebellent et exterminent les humains. Il s’agit d’une métaphore de la classe ouvrière exploitée par le capitalisme dans la société industrielle. Donc le message de mes pochoirs est celui de l’humain déshumanisé et réduit à un élément mécanique dans un système de production – consommation. J’ai aussi développé des thèmes satellites comme celui du totalitarisme, du psychédélisme et de la musique électronique. Tous sont chers au mouvement industriel. 2 3 RÉACTION ? En ré-appropriant l’espace urbain et en offrant une autre imagerie que celle communément affichée par la publicité, j’espère déclencher une réaction de sympathie ou de rejet. L’indifférence serait le pire ! Si mes pochoirs permettent de stimuler les informations visuelles de celui qui les voit, alors c’est super... Et tant mieux si celui-ci s’interroge sur le sens plus profond de mes dessins. 12 2 12 TEXTES 3 1 2 POCHOIR FAVORI ? Chez moi, je ne pourrais vraiment pas décider : Gagarine, Burroughs, le robot au disque... Chez les autres, je dirais le dernier « Adrienne Shelley » de Spencer. POCHOIRISTE FAVORI ? Banksy, notamment pour la femme de ménage qui balaie la poussière sous le tapis. 3 3 GRAFFS & TAGS ? J’admire la performance et la prise de risque. Je reconnais la qualité artistique, surtout quand il y a une patte, un style bien visible. Plus pour les tags, j’apprécie la recherche d’une certaine calligraphie. 4 5 NETTOYAGE ? C’est de la destruction d’art ! C’est regrettable que certains n’accordent pas le statut d’art aux graffitis et qu’ils ne parviennent pas à les intégrer dans leur esthétisme bourgeois... Mais, en même temps, cela fait partie du caractère éphémère des graffitis. BRUXELLES ? Cette ville me semble équivalente, au point de vue des pochoirs, à d’autres capitales européennes. Note : cet interview a été réalisée par courriel 1 Rue Africaine 2 Rue des Brigittines 3 Avenue du Général de Gaule 4 Chaussée de Waterloo 5 Avenue Legrand 6 Rue Saint-Jean Népomucène 7 Rue Tenbosch 8 Rue Kerckx 9 Rue des Brigittines 6 4 7 8 9 4 12 12 S P ST O P S PO T O T P T O P S O T S S P ST O P ST T O P O S P ST O P ST O O POST POST P T T P T P O P O S S S POST POS TE ST PO T POST POST POST POST S P T O P T O O T O T T P O U P S U T S P T OS P T OS P T S S O PO LU OST P ST POST POST PO T POST PO T P S PO T S P T S P T S T O T OS POST OS PO T OS PO T S P S POST POST P ST PO T P ST PO T P ST POST O O POST POST P ST POST P ST POST POST POST O T S PO T S O T S O S T P P S PO T S PO T S O T P S O T P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST 5 LUUUTTE FINAAALE Chaussée de Vleurgat C’eeest la luuutte finaale (sur un air connu) Les poubelles et les pochoirs de Bruxelles ont en commun d’être visés par le même Plan de Lutte contre les Incivilités en matière de Propreté Publique (PLIPP en court). Objectif du plan : Combattre les actes inciviques de salissure et de nuisance afin de rendre la ville plus belle pour ses habitants. Ainsi, une poubelle sortie sur le trottoir en dehors des heures réglementaires est punissable d’une taxe d’incivilité de 50 € par sac et d’une amende administrative de 75 à 150 € tandis qu’un graffiti apposé sans permission est susceptible d’une taxe de 150 € par dessin et d’une amende de 250 €. Curieusement, le fait d’exproprier ces mêmes habitants et de laisser pourrir leurs maisons à des fins de spéculation immobilière n’entre pas dans le champ (de bataille) de cette action courageuse, citadine et citoyenne. Curieusement aussi, le fait que « certains » habitants, occupants ou passants puissent trouver que « certains » tags, graffitis ou pochoirs embellissent la ville n’a pas été pris en compte par nos édiles radicalo-hygiénistes. Mais revenons à nos poubelles... La ville en produit environ 463.000 tonnes par an dont 75% en ordures ménagères et 12% en papiers-cartons. La probabilité de trouver un pochoir parmi ces poubelles est faible mais pas nul... Il y a quelques temps, en effet, en me promenant Chaussée de Vleurgat, j’ai eu l’étrange émoi d’apercevoir deux pochoirs perchés au-dessus d’un amas de sacs d’ordures ! Une analyse scientifique approfondie révéla que ces deux pochoirs avaient été dessinés sur des feuilles blanches au format 27 x 36 cm et ensuite collés et plastifiés sur une grande farde de 51 x 33 cm, elle-même assemblée à partir d’un carton de récupération. Les deux personnages représentés ainsi en un couplage plutôt inattendu étaient un chérubin vu de face (à gauche) et un individu vu de dos (à droite). Ma tentative d’identifier l’auteur des pochoirs en glissant un message dans les boîtes aux lettres des maisons adjacentes fut vaine. Ma tentative de comprendre ensuite l’association signifiante de ces deux pochoirs en recherchant des banques d’images fut tout aussi vaine. Mais une chose est sûre, cependant : La chasse aux pochoirs dans les rues de Bruxelles, qu’elle soit sportive ou répressive, exige l’oeil vif et la réaction prompte ! Puissent les agents du PLIPP - en planque pendant de longues heures sous d’habiles camouflages dans l’effort d’une prise en flagrant délit de poubelle ou de graffiti - apprendre à préférer la performance athlétique au réflexe punitif ! 6 12 12 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R E VI I TE VI I TE VI INTE VIE T W N R EW N R EN R N R E E I N I I TE IN W TE V W I TE VI W I TE VII IN SH VIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE W N R EW N R E R R N E E E VI I TE VI I TE VI I TE VI T W IN ERVIE IN ERVIEW IN ERVIEW IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 7 NOM ? Shine SHINE NAISSANCE ? 1982 ORIGINE ? Belgique 1 Avenue du Port 2 Rue Haute 3 Rue de Belgrade [exposition] 4 Rue des Pierres « J’aime bien voir un truc désaffecté avec des graffitis dessus. » 1 DECLENCHEUR ? Tout a vraiment commencé avec le film « La manufacture du consentement » de Noam Chomsky. J’avais une telle rage après avoir vu ce reportage que je me suis véritablement lancé. J’ai commencé à découper, à faire des stickers aussi, et puis - graduellement - je me suis mis à faire des choses plus abouties. Je suis très exigeant et j’avais peur de me décevoir moi-même. En fait, j’avais découvert les pochoirs et les tags en Espagne, il y a cinq ou six ans, et cela m’avait vraiment marqué. La culture du skate m’a aussi influencé. Donc j’ai fait des tags, puis des pochoirs, et j’ai gardé le même blaze. Le nom « Shine » vient du fait que j’avais besoin de quelque chose de positif, qui fasse plaisir à tout le monde. PREMIER ? Frustrant ! J’ai fait mes premiers pochoirs avec quasiment tout du matériel de récupération. Carton épais et cutter. Le premier était le vélo d’E.T. qui vole, juste un ombrage sans détail. Il est toujours rue des Pierres. TECHNIQUE ? Maintenant, je suis plus abouti dans mes dessins. J’ai trouvé des cartons plus lourds et je découpe à l’exacto. J’achète la plupart de mes cartons en fin de série, au rabais. Le stylet a vraiment changé ma conception.C’est beaucoup plus précis et j’ai testé plusieurs types de carton. Je change de carton selon l’utilisation que je fais des pochoirs. Pour la rue, je prends un carton épais mais je fais moins de détails. EVOLUTION ? Je me suis longtemps cherché un style et, après avoir peaufiné mon truc, je crois que j’ai enfin trouvé quelque chose qui me corresponde entièrement. Je me suis donné le temps et les moyens de m’améliorer. Mon trait est influencé par tout ce qui touche au sentiment de culpabilité typiquement judéo-chrétien mais comme je n’aime pas trop utiliser des choses que je ne connais pas bien, c’est en travaillant là-dessus que j’approfondis mes connaissances de ces thèmes. Les iconographies religieuses m’intéressent énormément. Donc, là, j’ai plein de trucs au niveau pochoir que je n’ai pas encore eu l’occasion de mettre en rue. PLACE DANS TA VIE ? Il y a eu une époque où je me suis fait un peu trop remarquer. J’avais vingt ans, je mélangeais l’alcool et les sorties... Ce n’était pas très discret. Maintenant j’essaie de tirer les leçons de mes erreurs et de ne plus trop me mêler à cette scène-là. Je fais tout ça avant tout pour moi, pour que, quand je rentre après avoir fait une virée, j’ai l’impression d’avoir accompli quelque chose. J’ai la satisfaction d’avoir posé un acte. Comme je suis actuellement sans emploi, j’ai beaucoup de temps pour mes pochoirs mais, du coup, je n’ai pas les moyens pour acheter le matériel. Mon travail passe par des périodes, aussi. Parfois, je ne touche plus un scalpel pendant des mois et puis ça peut repartir et j’y passe des jours entiers, en ne me consacrant qu’à ça. C’est une forme d’exutoire qui passe par des cycles. 8 12 12 9 MESSAGE ? Je n’ai pas envie de prendre les gens pour des cons et leur dire : « Tenez, voilà, pensez ça ! ». Alors si mes pochoirs leur évoque quelque chose, c’est tant mieux pour eux. Mais il n’y a rien de révolutionnaire. 2 ENDROIT ? Avec l’expérience, j’ai appris qu’il ne faut pas mettre un truc sur un bien privé. Tu te mets ces gens-là à dos et c’est pas le but. J’essaie d’avoir un respect des citoyens. NETTOYAGE ? Ça fait partie du jeu. Tous ces gens qui peignent sur des murs savent à quoi s’en tenir. Le caractère éphémère renforce même la beauté du geste... A partir du moment où on ne peut pas se l’approprier, c’est un beau souvenir. Il faut s’accorder quelques secondes parce qu’on sait que ce graffiti, on ne le reverra peut-être jamais. Et puis ça fait le bonheur des entreprises de nettoyage ! REACTION ? J’aime que les gens remarquent mes pochoirs et, si possible, que ça porte à réflexion. J’ai envie que ce que je fais soit reconnu. Pour l’esthétique d’abord. A partir du moment où l’on fait une démarche publique, on espère une certaine « utilité ». J’ai quelques feedbacks, de différentes manières, mais ils sont rares. Par contre, j’ai eu des prises de bec avec des gens pour des raisons que parfois, j’ignore encore. POCHOIR FAVORI ? Je crois que c’est toujours le suivant qui me plaît le plus. Le dernier est toujours le plus abouti... C’est donc forcément un de ceux qui ne sont pas encore dans la rue. POCHOIRISTE FAVORI ? J’avoue que je ne regarde pas tellement ce qui se passe autour de moi car je n’ai pas envie d’être influencé. Je suis chaque fois scié par la patience de Doctor H quand il fait ses trucs en couleurs. Sa technique est assez incroyable. Sinon, Banksy reste la référence ultime en pochoir. Non seulement il a quelque chose à dire, mais il le fait bien et ses pochoirs sont excellents. Il a réussi à mélanger le fond et la forme. J’ai un immense respect pour Banksy. GRAFFS & TAGS ? Clairement un immense respect, une immense fascination, pour tout ce qui est à la bombe. J’aime bien voir un truc désaffecté avec des graffitis dessus. POLICE ? Il y a effectivement un peu d’angoisse par rapport à la police. Mais j’ai de la chance car ils n’ont pas encore remarqué qui j’étais. J’ai bien été arrêté une fois mais les circonstances ont fait qu’il n’y a pas eu de suite. Si je me tiens encore un peu à l’écart, je pourrai à nouveau faire ce que je fais maintenant sans cette angoisse. J’aurai plus tendance à faire les choses à mon aise plutôt que rapidement. 3 4 BRUXELLES ? Je trouve que Bruxelles est une ville grise. Il y a une culture assez bizarre parce que Bruxelles est considérée comme une capitale du point de vue ésotérique. C’est quelque chose qui m’influence parce que la ville est chargée de symboles. Maintenant, je trouve que les gens ne sont pas assez impliqués... Ils s’essaient au pochoir sans trop savoir ce qu’ils veulent exprimer. C’est trop éclectique. Du coup, le pochoir reste méconnu, marginalisé et assez impopulaire alors qu’il y a encore de la place sur les murs ! Ça me surprend qu’il n’y en ait pas plus. Mais j’ai l’impression qu’une nouvelle vague s’amène. C’est très stimulant ! 0 13 13 1 FACES 8 1 6 7 9 10 SILHOUETTES 1 Avenue Louise 2 Rue des Minimes 3 Avenue de la Sapinière 4 Rue des Grands Carmes 5 Rue des Minimes 6 Quai du Chantier 7 Rue Moris 8 Chaussée de Waterloo 9 Rue des Brigittines 10 Rue Saint-Ghislain 2 3 4 5 8 1 1 Rue des Cygnes 2 Rue de Laeken 3 Rue de l’Eclipse 4 Drève Saint-Hubert 5 Drève Saint-Hubert 6 Rue des Cygnes 7 Rue de la Longue Haie 8 Rue Auguste Orts 9 Rue des Minimes 10 Rue du Belvédère 2 3 4 5 6 7 8 9 10 2 13 13 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E S E N R IN TE VIE W I ER RVI W I TERVI W I TE VI INTER VIE EY TE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TERIS MW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN ENVIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE D R E IN R EW N R EW N R E E VI E VI W I TE VI W I TE VI T T W IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 3 DENIS MEYERS NOM ? Denis Meyers NAISSANCE ? 1979 1 Rue Reine Marie-Henriette (Photo par Vanessa Sutour) 2 Rue Reine Marie-Henriette (Photo par Vanessa Sutour) 3 Rue Royale (Eglise du Gesù, exposition Plastic) 4 Rue Royale (Eglise du Gesù, exposition Plastic) ORIGINE ? Belgique DECLENCHEUR ? J’ai toujours aimé le dessin. Mon grand-père m’a toujours dit : « Un dessin par jour » et je regrette de ne pas avoir commencé le jour où il me l’a dit pour la première fois ! D’ailleurs ma formation professionnelle, c’est la typographie. Les lettres en elles-mêmes, en l’absence du sens, me plaisent déjà beaucoup. J’ai mis les pieds dans le milieu du graffiti de par ma passion pour le skate. A la base, j’ai une culture de la décoration des planches de skate. Ce sont mes influences principales. Il y a des courbes que je ne saurais pas faire avec un bic alors qu’avec un cutter, c’est vraiment un jeu d’enfant. 1 2 PREMIER ? J’ai fait mon premier pochoir quand j’avais 8 ou 9 ans. Un pochoir sur mon skate. C’était le logo de Air Walk, une marque de skates. J’avais vu un pochoir dans une revue alors j’ai pris un carton qui devait faire quatre centimètres d’épaisseur, j’ai copié le logo et j’ai coupé avec un vieux cutter qui ne coupait plus. C’était plus pour reproduire quelque chose, un effet, qui me plaisait mais cette première expérience fut assez douloureuse pour mes doigts. Le deuxième pochoir que j’ai fait, c’était le texte « Fait chier » avec une faute d’orthographe que j’ai mis partout, sur mes planches de skate, sur mes T-shirts... Je ne pense pas que j’avais une très bonne orthographe à cet âge-là. TECHNIQUE ? J’aime bien les gros cutters. On les a bien en main. Tu peux rapidement casser les lames quand elles sont usées. Je travaille dans du carton mais, de temps en temps, aussi sur des radiographies et du papier. Ça dépend. Quand mon père travaillait chez un éditeur, il nous autorisait à récupérer des couvertures dans les poubelles. Un des côtés est plastifié, ce qui fait des pochoirs assez résistants. Je suis très « récupération ». Quand je fais des pochoirs, je les dessine directement sur le support avant de les découper. Je dessine puis je marque les ponts. Il y a des courbes que je ne saurais pas faire avec un bic alors qu’avec un cutter, c’est vraiment un jeu d’enfant. Il y a une résistance donc tu peux mettre de la force. EVOLUTION ? A force d’en faire, j’ai attrapé une certaine agilité, une certaine aisance. Il y a toujours une recherche, une évolution. Au départ, les « nobody » n’étaient faits qu’avec des lettres, des chiffres et des signes. Maintenant, il y a l’influence de tout ce que je lis, de ce que je regarde. Je suis aussi très souvent influencé par les techniques. C’est vraiment le travail en soi qui me fait avancer, pas la réflexion que j’ai sur mon travail. Je progresse par le travail, par l’action. Le pochoir est difficile à découper mais, à partir du moment où tu as le pochoir et la bombe, faire le pochoir en rue n’a vraiment rien de compliqué. Sauf peut-être quand on s’attaque à des grands formats. 4 13 13 5 PLACE DANS TA VIE ? Par manque de temps, cela fait bien deux ans que je n’ai plus fait de pochoir en rue. Je continue à en faire beaucoup mais plutôt pour le plaisir ou pour des dessins commisionnés. 3 GRAFFS & TAGS ? Dans le domaine du graffiti, il y a ceux qui se posent la question de savoir si c’est intéressant de faire un énorme graff - qui ne veut rien dire et qui est très moche sur le volet d’une pauvre mamie. Je connais des graffeurs qui ne peignent que dans des endroits désaffectés. Souvent, ils sont d’abord passés par le taggage acharné, vandale, et il leur a fallu un certain temps et de l’expérience avant de se remettre en question et de commencer à respecter les biens des autres. Ceci dit, quand je me réveille le matin et que je vois d’horribles tags sur mon mur, je ne peux pas leur cracher dessus parce que, finalement, on fait partie du même monde. MESSAGE ? Contrairement à beaucoup de gens qui sont dans le domaine, je n’ai pas de conceptualisation. Il n’y a pas véritablement de concept dans ce que je fais. Je ne veux pas passer de message. Le sourire des gens me comble largement. Le sourire et puis l’intérêt suscité pour ce qui se fait dans la rue. Ceci dit, si les artistes peuvent d’une manière ou d’une autre faire avancer le monde, le faire évoluer dans un sens positif, je pense qu’on doit le faire. POLICE ? Quand on travaille sur des grands pochoirs, techniquement, c’est compliqué de se trimballer avec tout ça et de ne pas se faire choper. Alors toutes les interventions en grand format que je fais en ville, c’est toujours en pleine journée avec plein de gens autour de moi. Ça devient presque une performance. Les messieurs de la maréchaussée ne s’arrêtent même pas quand ils voient autant de gens, des caméras et des appareils photos. Ils ne pensent même pas à s’arrêter. ENDROIT ? C’est toujours sur des endroits interdits mais quand même avec un minimum de réflexion. Il y a un travail de repérage. Il y a déjà tant de choses abandonnées à Bruxelles. Alors j’essaie d’avoir une ligne de conduite. Donc j’ai tendance à choisir des façades abandonnées ou, dans le pire des cas, des immeubles qui appartiennent à l’Etat ou à la commune. Je ne conseille à personne d’aller tagger sur une maison Horta ! REACTION ? J’aime bien que les gens apprécient mais j’ai, à la base, toujours essayé de faire des trucs pour moi de façon un peu égoiste. Mes dessins sont plus esthétiques que revendicatifs. D’ailleurs je ne les signe pas. POCHOIR FAVORI ? Un ami, SchiZophoniC, qui avait fait la tête d’Elvis Presley sur le corps d’Arnold Schwarzenegger. On a fait des pochoirs ensemble pendant de longues années et j’adore vraiment ce qu’il fait. POCHOIRISTE FAVORI ? Banksy parce qu’il a un sens éthique. Peut-être pas le même que le mien mais j’ai vraiment l’impression qu’il réfléchit beaucoup où il va mettre ses pochoirs. Banksy me fait réfléchir. 4 NETTOYAGE ? Quand tu mets un pochoir, c’est vraiment éphémère. Tu as vraiment de la chance si ça reste plusieurs années. C’est nettoyé par la commune, les sociétés de transport en commun, les particuliers, l’érosion, les intempéries... Tout ça, c’est naturel. Ça fait partie du jeu. Art urbain sous-entend « éphémère ». Cette forme d’art est peut-être celle qui a le plus besoin d’être archivée. Donc je suis généralement assez content quand un mur est nettoyé car je sais que, deux jours après, il y aura à nouveau des graffitis. Ça se renouvelle sans cesse. BRUXELLES ? Bruxelles est relativement pauvre par rapport aux autres villes. Très confiné, pas très déluré, fort peu revendicateur. C’est comme si les gens s’étaient essayé au pochoir à Bruxelles et puis étaient partis ailleurs après avoir atteint un certain niveau. Et puis c’est dur de rencontrer des pochoiristes... Moi qui suis beaucoup dehors la nuit, en vélo, je n’en ai jamais croisé aucun en dix ans. Mais bon, je trouve que depuis un an ou deux, on a quand même une espèce de renaissance de ce qui se fait dans la rue. Ça évolue. 6 13 13 7 ANIMAUX 1 1 Rue des Minimes 2 Rue Saint-Christophe 3 Avenue Georges Brugmann 4 Rue de l’Athénée 5 Chaussée de Boondael 2 3 6 Rue de l’Arbre Bénit 7 Rue des Pierres 8 Rue François Roffian 9 Borgval 10 Rue d’Argent 11 Avenue Louise 12 Rue du Pays de Liège 13 Rue Saint-Ghislain 14 Rue des Grands Carmes 11 12 13 4 14 5 6 7 8 9 10 8 13 13 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R I I TE VI I TE VI IN TE VIE W I V W N R EW N R E R E R INTE VIE T TE VI W I TE VI W I TE VI R IN TER VGW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN E IN ER IE IN ER IE IN ER IE I IN V W T RV W T RV W T RV R E IN E IE IN E IE IN E IE I E T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 9 VGT NOM ? VGT NAISSANCE ? 1985 1 Rue des Pierres 2 Place Fontainas 3 Chaussée de Wavre 4 Rue des Chasseurs 5 Rue Saint-Ghislain 6 Rue Saint-Ghislain « ORIGINE ? France DECLENCHEUR ? Un de mes professeurs nous a un jour montré une photo de pochoir en nous demandant de lui signaler si on en voyait dans les rues. Il fallait lui donner leur localisation ou même les prendre en photo. Donc pour moi, ça a été photo, photo, photo... Et puis initiative ! Je me suis dit : « Je peux y aller, j’y vais, c’est accessible ». Un homme, face à une pin-up, il dit oui à tout ce qu’elle veut. 1 PREMIER ? Mon premier pochoir est le Jack Nicholson du film « The Shining ». Je venais de voir le film et cette image m’avait vraiment interpellée. Je l’ai fait en une heure. C’était surtout pour tester, pour voir comment on faisait pour découper quelque chose. Alors j’ai vraiment pris la première image qui m’est venue à l’esprit. Jack Nicholson, sa tête derrière la porte. TECHNIQUE ? J’ai tout de suite trouvé le matériel qui me convenait. PVC et scalpel. C’est ce que j’utilise encore aujourd’hui. EVOLUTION ? Techniquement, non. Mais j’ai envie de mettre de la couleur ! Quand je découpe quelque chose de beau, pouvoir accompagner cela de couleur, ça le rend encore plus beau. Et puis, je signe mes pochoirs depuis peu. Surtout ceux dont je suis fière. Ça me permet de plus me sentir comme un acteur du monde des pochoiristes bruxellois. Mais je ne cherche pas vraiment à rencontrer d’autres pochoiristes. PLACE DANS TA VIE ? Une petite place parce que je travaille à plein-temps. Je ne m’y consacre que quand j’ai du temps libre. Et ça dépend des périodes, aussi. Il y a des semaines où je découpe tous les jours mais en moyenne, c’est plutôt une fois par semaine. Je suis très impulsive, impatiente. Quand j’ai l’idée, il faut que je le fasse tout de suite, sans attendre. C’est donc un regret de ne pas en faire plus souvent. Et puis, je sors environ une fois par mois, quand j’ai un nouveau pochoir. 0 14 14 1 MESSAGE ? Mes thèmes sont très personnalisés. Souvent une réaction à un sentiment d’une certaine période. Pour l’instant, je suis beaucoup dans le thème des pin-ups. Une pin-up a un pouvoir sur les hommes. Un homme, face à une pin-up, il dit oui à tout ce qu’elle veut. Mes pochoirs de pin-ups ne sont que des Betty Page. C’est la plus sexuelle et la plus érotique des pin-ups. Les autres sont un peu niaises, elles ne m’intéressent pas. 3 2 POLICE ? Pas de problème. Je fais mes pochoirs au milieu de la nuit. C’est quasi obligé si on ne veut pas prendre trop de risques. Bien sûr, la nuit, quand je suis dans le noir, dehors, et que je vois un appartement illuminé, je ne rêve que de rentrer chez moi... Mais le pochoir me plait suffisamment pour que je sorte la nuit ! RÉACTION ? Le fait que je sois une fille m’aide à faire des pochoirs de pin-ups, de Betty Page. On ne peut pas me reprocher de faire des pin-ups, de dire « Il fait des belles filles, quel obsédé, c’est salace ». Venant d’un garçon, on penserait plutôt à l’infériorité de la femme mais, venant d’une fille, il s’agit de la supériorité de la femme ! En même temps, personne n’est censé savoir que je suis une fille. C’est anonyme. Je ne fais pas mes pochoirs en me disant que les autres vont penser que je suis une fille. Je fais cette image d’abord parce qu’elle me plait. Je ne cherche pas à mettre les gens sur une piste. J’aimerais bien que ça les fasse réfléchir, mais réfléchir à ce qu’ils veulent. Il n’y a pas de manipulation de pensée. POCHOIR FAVORI ? Chez moi, aucun pochoir en particulier. Chacun a sa petite importance. Mais s’il devait n’en rester qu’un, ça serait mon raton. C’est un animal que j’aime beaucoup, il représente une partie de mon enfance. Chez les autres pochoiristes, j’aime beaucoup le lama de Broken Crow qui est mon petit chéri... Le petit lama que j’aimerais bien avoir dans mon salon. POCHOIRISTE FAVORI ? J’aime vraiment beaucoup le travail du collectif Faille. GRAFFS & TAGS ? Je respecte tout-à-fait les graffitis. Mais les tags, non. Surtout ceux qui signent leur nom sur des biens privés sans aucun respect, sans faire gaffe. Ceci dit, on ne peut pas interdire l’un et autoriser l’autre... C’est juste que cela ne me plait pas. Les pochoiristes, je trouve, ont plus de respect que les taggeurs parce qu’il y a une autre démarche, une préméditation, derrière. NETTOYAGE ? Je trouve ça tout à fait normal même si c’est toujours dommage de voir des pochoirs partir. Ça fait un petit pincement au coeur mais ce sont les règles du jeu... On fait un pochoir et on sait déjà qu’il va partir. Il faut être raisonnable. On ne fait jamais un pochoir en pensant qu’il va rester. Ou, en tout cas, il ne faudrait jamais le faire dans ce but-là. 4 5 6 BRUXELLES ? Le pochoir évolue à Bruxelles. Mais les pochoirs restent en général assez petits et monochromes. Ce sont souvent des étrangers, de passage, qui font des oeuvres plus imposantes. On peut mieux faire ! Ceci dit, ça m’étonnerait qu’il y ait une grosse évolution dans les années à venir. Moi, de toute façon, j’aime bien les petits formats. Je ne suis pas sûr que la solution soit dans le gigantisme. 2 14 14 S P ST O P S PO T S P O T O P S O T S PO T T O T P ST P S P E O S POST POST P ST PO UR OST POST POS POST O T L P T O P ST O O S T P P S PO T S OU T OS P ST O P ST O C OS P T O P T O O S T P P S PO T T P T OS P T OS P T S S POST POS E E ST POST POST PO T POST PO T R O S POST DU T P ST PO T POST POST P ST POST I O O PORO OST P ST POST P ST POST P ST POST F T POS POST OS PO T OS PO T OS S P ST O P ST OS P T OS P T O P ST PO T P ST PO T P ST OST P ST OST P S O P S O O O S S T T T P P P S PO T S PO T S O T P ST O T P P O O O S S O S S T T T P T P S O T S O TP S O P S O P P T POST OST POST OS POST POS POST POST T P P T POST OST POST OS POST POS PO ST POST P S O P ST O P ST O P S O T P S O T P ST O P ST O P ST PO P S O T P ST O P ST O T T O T P S O P S O P ST O P S S P ST O P ST O P ST PO PO P O T P S O P ST O P ST O T T T T O P ST O P S S S P O S P ST O P ST O P ST PO O PO PO P ST O T P ST O T T P T T T O T P S O TP S O P S S S S S P S O T P ST PO PO PO PO PO P O T P S O P S O T T T T T T P ST O P S S S S S OS O T P S O T P ST PO PO PO PO PO P PO P POST OS PO ST ST ST ST STOST ST S O O P T O O O O O POST OS T P T P T P T P T P T P T P T P T P OS OS OS OS OS OS OS OS OS O T P S P P P P P P P P P P PO ST ST ST ST ST ST ST ST ST ST 3 FROIDURE ET COULURE Rue de la Gouttière Avec l’automne, les pochoiristes retrouvent progressivement la perspective de belles nuits sombres et longues, celles qui sont propices aux plus productives virées streetartistiques. Bonne nouvelle mais aussi mauvaise nouvelle : Ça caille. En route vers l’hiver, déjà, les supports se refroidissent, l’air se glace et les nébuleuses de spray décident de se figer, suspendues quelque part entre bombe et gabarit... Les visages se crispent sous les bonnets, les doigts se crampent dans leurs mitaines. La peinture bave, rate, boulette ou coule. Patatras. Le coup - dur et direct peut arriver à chacun... Mais il faut sans doute l’aplomb de l’expérience et la témérité de l’engagement pour sur-le-champ retomber sur ses, hum, caps. VGT, célèbre pochoiriste de Bruxelles, accepte de nous parler d’un bien fâcheux incident survenu lors d’un pochage « Cramps » dans la rue de la Gouttière. Nous dit l’artiste : « Il faisait très froid cette nuit-là et j’utilisais une bombe fluo. Je voulais faire un fluo comme ça, pour voir ce que ça donnait... Parce que le fluo, ça va bien avec le groupe. Mais la peinture a lamentablement coulé ! Le fluo ne s’est pas solidifié à cause du froid. Alors, j’ai rapidement repassé au noir, vite parce qu’il y avait des regards suspects. Je ne pouvais pas laisser un pochoir aussi raté là ! C’était une mesure d’urgence. Puis j’ai remis de l’orange dessus parce que c’était la seule couleur que j’avais. En même temps, j’ai pensé que l’orange et le noir ça pouvait être assez bien pour l’ambiance du pochoir ». Beau rétablissement, bravo ! Seule une inspection très méticuleuse du site permet de suspecter qu’une catastrophe picturale a bien failli survenir ici... L’indice est dans le coin supérieur droit où un peu de fluo du premier bombage a échappé au noircissement hâtif. Le danger d’une bavure est toujours présent, surtout dans les conditions extrêmes et nocturnes dans lesquelles opèrent généralement les pochoiristes. Même si une partie significative du travail - le dessin et le découpage du gabarit - est préparée avant de prendre la rue, tant de choses peuvent encore se passer entre bombe et mur... VGT ajoute d’ailleurs : « Parfois j’ai peur que ça coule, mais ça ne m’est arrivé que deux fois ». Au moment d’enfiler leurs épais anoraks, les pochoiristes savent que l’épreuve les guette à chaque instant, à chaque mouvement. Et pourtant, nuit après nuit, génération après génération, ils s’enfuient avec bombes et gabarits dans la pénombre brumeuse pour donner vie à nos murs austères... et froids. 4 14 14 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E E N R IN TE VIE W I OIRRVI W I TERVI W I TE VI INTER VIEN N TE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TERMOW INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN IN OUVIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE P R E IN R EW N R EW N R E E VI E VI W I TE VI W I TE VI T T W IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 5 POUMON NOIR NOM ? Poumon Noir est un collectif dont trois membres du crew (Simon aka Mochélan, Nico et Seb) ont participé à l’interview. ORIGINE ? Belgique 1 Rue Victor Greyson 2 Place Eugène Flagey « Ça nous plait trop de les poser partout. 1 DECLENCHEUR ? Il y a quelques années, j’ai vécu en Espagne. J’avais un copain italien et avec lui, on a fait plein de T-shirts au pochoir pour les vendre dans la rue. On a fait des logos, des visages. Une chouette expérience. Alors, en revenant ici, j’en ai parlé à mes potes. A partir de 2006, on a refait des pochoirs, surtout sur des T-shirts. Mais la vérité, c’est que ça nous plait trop de les poser partout ! PREMIER ? C’était un pingouin. Genre comme si c’était une poupée vaudou avec des trous. On en a fait toute une série pendant une semaine ... On n’a pas arrêté ! C’était quelque chose que j’ai vraiment aimé parce que c’était très actif. » 2 TECHNIQUE ? Je travaille avec un plastic moins dur que du plexi mais assez rigide et que j’achète en papeterie. Je découpe au scalpel. J’aime bien qu’on sente un travail manuel derrière. Ça me touche beaucoup plus quand on sent que c’est dessiné à la main. EVOLUTION ? On aime bien les trucs monochromes. J’ai envie de rester dans cet esprit-là. On fait des T-shirts mais aussi des gros pulls à capuche. J’aimerais bien que les pochoirs deviennent une partie de plus en plus importante de notre communication, en terme d’image. MESSAGE ? J’adore cette phrase qui dit : « Le système, on ne peut pas le détruire mais, par contre, si on joue avec ses règles, on peut le foutre en l’air ». C’est vraiment ça qui m’intéresse. Des gens comme nous, on va assimiler ces règles, s’adapter à ces règles, on va rester intègre et on va le faire évoluer. C’est à chacun de nous, maintenant, de prendre les choses en main, de façon positive. Par exemple, dans un prochain projet de Poumon Noir, on va prendre différentes personnalités, comme Lagardère, Pinault, Dassault et Bouygues, on va faire des affiches avec leurs portraits au pochoir, puis on va les faire télécharger gratuitement en format facile à imprimer en A3 et en faire coller un maximum partout. J’ai envie de citer une phrase que j’ai vue un jour : « Mur vide, peuple muet ». BRUXELLES ? Regardes cette place Flagey... Ils ont mis combien de temps à la construire ? Elle est grise. On vit dans un pays qui est gris, c’est gris partout... Et ils viennent nous faire une place grise. Pourquoi ils n’ont pas fait un truc avec des couleurs ? 6 14 14 R N IE I TE VIE E R E I N E I I TE V W T V T W N R EW N R E K E N R IN TE VIE W I IC RVI W I TERVI W I TE VI INTER VIEDEWTE VIEW INTE VIEW INTERVIE R IN TER LO W INTE VIEW INTERVIEW INTERVIIEN INOSÉVIEW INTERVIE INTERVIE INTERVIE J ER IE IN ER IEW IN ER IEW IN ER IE T RV W NT RV W T RV W NT RV N I E VIE I E VIE IN E VIE I E VIE T R W NT R W NT R W NT R N I E VIE I E IE I E VIE I E VIE T R W NT RV W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R W NT R W NT R W NT R E N I E VIE I E VIE I E VIE I TE VI T R W NT R W NT R W N R E N I E VIE I E VIE I E VIE I E VI T R EW NT R W NT R EW NT R E N I E VI I E VIE I E VI I TE VI T R EW NT R W NT R EW N R E N I TE VI I E VIE I TE VI I TE VI W W W T IN ERVIE IN ERVIE IN ERVIE IN ER RV T R W NT R EW NT R W NT E E N I E VIE I E VI I TE VIE I NT NT T R EW NT R EW N R EW I I N I E VI I TE VI I TE VI EW EW EW T R EW N R EW N R VI VI VI V N I E VI I TE VI I E R R R R T R EW N R EW NT E E E E E N I TE VI I TE VI I NT NT NT NT NT W W I I I I I INTERVIE IN ERVIE EW EW EW EW EW EW W NT R VI VI VI VI VI VI V R N E I E VI I E R R R R R R R T R W NT E E E E E E E E N I TE VIE I NT NT NT NT NT NT NT NT I I I I I I I I W R N E I E VI EW EW EW EW EW EW EW EW EW T R VI I I I VI VI VI I VI N I E R RV RV RV R R R RV R RV NT TE TE TE TE TE TE TE TE TE TE T 7 JOSÉ LODEWICK NOM ? José Lodewick OCCUPATION ? Collectionneur de photographies de pochoirs. 1 Un des nombreux classeurs de José Lodewick 2 Portrait d’Audrey Hepburn (née en 1929 à Bruxelles) dans « Breakfast at Tiffany’s » poché par l’artiste VGT dans le bureau de José Lodewick MOTIVATION ? A vrai dire, à part les pochoirs, je n’ai jamais rien collectionné ni répertorié. En matière de pochoirs, il n’y a d’ailleurs rien de pré-défini. Ce n’est pas comme la philatélie où on connaît le nombre d’éléments à trouver. J’ai trouvé la technique du pochoir intéressante et j’avais du temps à consacrer à la chasse aux pochoirs… Ça a commencé comme ça : « Tiens, j’en ai vu un, il y en a peut-être d’autres ». C’est une autre façon de découvrir les endroits, les villes. On se retrouve dans des quartiers qui ne sont pas du tout touristiques. Je photographie tout parce qu’on ne sait jamais si c’est la seule expression que l’on va trouver. 1 DEFINITION ? Pour moi, le pochoir, c’est sur un support, sur le mur, sur une palissade. Le pochoir, c’est gabarit, bombe et support. Il y a un contact direct entre la peinture et son support. Ce n’est pas un travail de laboratoire que l’on va exposer par la suite, un peu comme dans une exposition. Je pense que le pochoiriste ressent une montée d’adrénaline quand il va poser son pochoir… Il y a un côté d’interdit qui doit jouer. On retrouve beaucoup moins ce sens d’interdit quand il s’agit de coller un petit papier sur un mur. Je trouve ça gênant, le papier, par rapport au mur. Le travail de rue est plus instantané. Mais, bon, nous ne sommes qu’observateurs, quelque part… On se permet un peu le luxe d’imposer des exigences alors qu’on n’a pas le risque. PREMIER ? En 1993 à Lyon. Ce n’est d’ailleurs pas le pochoir que je photographiais. C’était un mur couvert de graffitis. Je crois que je ne savais même pas ce qu’était un pochoir à ce moment-là. Ce n’est qu’en regardant la photo par la suite et en l’analysant que j’ai vu qu’il y avait des choses qui n’étaient pas des machins dans tous les sens. Ce n’était pas des signatures ou des tags. Ce n’était pas la même texture, le même travail. Ça m’a intrigué et j’ai fait des agrandissements. SELECTION ? Je crois que j’ai eu de la chance, au début, de tomber sur de très beaux pochoirs, des choses qui ont fait que je me dise que cela valait la peine. J’ai donc traversé une première phase où je n’ai retenu que ce que je trouvais beau. C’était donc fort ciblé. Mais maintenant, dès qu’il y a pochoir, je photographie. Peu importe que ce soit bien, pas bien, lisible, pas lisible, peu lisible, je prends. Je photographie tout parce qu’on ne sait jamais si c’est la seule expression que l’on va trouver. Il y a des pochoirs qui sont moches, avec des bavures, des larmes… Des pochoirs usés par le temps, par la pluie, par les tags. Des pochoirs que je ne parviens pas à identifier… Je les prends quand même. 8 14 14 9 Scène de rue PASSAGE A L’ACTE ? Je n’ai jamais eu envie de pocher moi-même. Je crois tout simplement que je connais mes limites et que je sais très bien que je ne pourrais jamais faire ça. Si j’ai quelque chose à apporter, ce n’est pas au travers de ce média-là. Alors, je me contente d’observer, je regarde, je photographie, c’est tout. Je prends et je redonne. Mais je n’en connais que ce que je peux en voir. C’est tout. SUITE ? Aujourd’hui, j’ai environ 2400 à 2500 photos répertoriées sur Flickr. Je continue à faire ça parce que cela m’intéresse mais je n’ai ni le sens de la propriété, ni le sens de la pérennité. Je fais les choses dans le moment parce que ça me plait de le faire. Ceci dit, je trouverais dommage que tout cela parte à vaux l’eau le jour où je ne serai plus là. Mais, bon, en espérant que ce ne soit pas demain. Peut-être est-ce que je léguerai… Si ça tombe dans de bonnes mains ! 2 Place de la Chapelle 0 15 15 1 TEXTES 4 1 7 2 3 8 DIVERS 1 Rue des Fabriques 2 Rue Simonis 3 Rue Léon Vanderkindere 4 Rue du Printemps 5 Rue Jules Bouillon 6 Rue de la Cité 7 Rue Van Elewyck 8 Rue Albert Meunier 4 1 9 1 Rue du Conseil 2 Rue Pieremans 3 Rue Sans-Souci 4 Rue Sans-Souci 5 Rue de la Cigale 2 3 4 5 10 6 7 8 9 6 Rue de l’Eventail 7 Rue des Ursulines 8 Rue du Jardin des Olives 9 Rue Notre-Seigneur 10 Rue Dillens 10 2 15 15 3 DISCUSSION Cette étude a été initiée par les auteurs afin de mieux comprendre la démarche des pochoiristes qui s’expriment à Bruxelles et d’évaluer l’impact des pochoirs dans l’environnement urbain considéré. A partir d’une collection de photographies prises pendant la durée de l’étude et portant sur 433 pochoirs différents, l’analyse montre une distribution des pochoirs sur différents supports qui est logiquement associée aux caractéristiques urbanistiques bruxelloises. Ainsi, 37% des pochoirs sont appliqués sur des murs aveugles bordant des jardins, des cours, des garages ou des terrains vagues ; 24% sont peints sur des façades d’immeubles livrés à l’abandon ou à la spéculation ; 16% sont peints sur des éléments de mobilier urbain, essentiellement sur des boîtiers techniques ; Seulement 11 % des pochoirs sont appliqués sur des façades d’immeubles privés (habitations, commerces), parfois avec le consentement ou la compréhension des propriétaires... Cette première répartition démontre que les pochoiristes sont, dans l’ensemble, respectueux de la propriété privée et qu’ils choisissent l’emplacement de leurs pochoirs avec soin et intelligence, sans intention de dégradation ou de vandalisme. Cette observation est d’ailleurs étayée par les commentaires de plusieurs pochoiristes au cours des interviews. Ceux-ci n’hésitent pas à prendre leurs distances - sans jugement, cependant - par rapport à d’autres formes d’art urbain connues pour être parfois plus agressives ou intrusives. Cette même collection de photographies de 433 pochoirs différents a également été analysée pour la distribution des thèmes abordés. 49% des pochoirs représentent des personnes, essentiellement des portraits (connus ou non) ainsi que des silhouettes et des personnages ; 24% dessinent des signes, des symboles ou des objets généralement simples et facilement identifiables ; 16% consistent en des textes qui, en opposition avec les pochoirs figuratifs, ont tendance à véhiculer un message plus politique ; Seulement 11% des pochoirs représentent des animaux... Cette deuxième répartition démontre que, à part pour les pochoirs textuels, les intentions graphiques des artistes cherchent à déclancher des réactions référentielles et familières, voire complices, avec les habitants et les autres occupants de la ville. Portraits de célébrités culturelles et politiques, indications signalétiques et objets usuels constituent ainsi une gamme d’interactions proximales dans un environnement urbain saturé de messages consuméristes ou disciplinaires. Dans les interviews, les pochoiristes rappellent souvent leur volonté de vouloir faire réfléchir, voire seulement faire sourire, les gens dans la ville. Et plusieurs des essais repris dans l’étude confirment l’efficacité très forte des pochoirs à induire des associations d’idées ou de pensées dans l’esprit des gens. un contre-art) en soi et qu’il alimente, en tout cas, un profitable commerce. La beauté esthétique de certains pochoirs et l’appréciation grandissante de certains pochoiristes sur le marché de l’art contemporain pourraient cependant donner matière à réfléchir à la nécessité d’une stratégie sélective de conservation ou de protection des pochoirs. C’est déjà le cas dans certaines villes mais pas encore à Bruxelles. Il est également important de rappeler que la démarche artistique d’un pochoiriste suit un processus relativement long et compliqué par rapport à d’autres genres graphiques. Celui-ci doit en effet choisir un motif ou un thème (souvent en réaction à ses propres émotions ou expériences), exécuter les dessins et découpes de gabarits (parfois en plusieurs couches superposées) en atelier et ensuite aller peindre le pochoir dans la rue... Le dessin ou le texte que le pochoiriste offre ainsi en partage avec la population est bien une véritable oeuvre artistique qui requiert métier et talent, et non le résultat d’un jet impulsif et hasardeux. En conclusion, cette étude montre que, dans l’ensemble, les pochoiristes sont attentifs au choix de leurs emplacements et que leurs pochoirs ont pour vocation prioritaire de divertir, mais aussi de faire réfléchir, les gens qui les regardent. Il s’agit donc d’une démarche graphique d’interpellation et d’interaction résolument positive auprès de la population. Cette spécificité devrait être prises en considération par les autorités politiques et culturelles bruxelloises dans une définition éclairée et clairvoyante de son patrimoine populaire. Bruxelles étant la capitale de l’Europe, sa responsabilité comme modèle d’appréhension et comme référence de compréhension de l’art urbain est exposée au regard de tous. Si véritable oeuvre artistique il y a, son caractère éphémère en renforce la fragilité et l’urgence. Dans leurs interviews, la plupart des pochoiristes reconnaissent que la nature de leurs interventions va de pair avec la probabilité d’une disparition rapide et radicale. Au passage, plusieurs commentaires et essais font aussi allusion au fait que le nettoyage des pochoirs peut être considéré comme un art (ou Et puis, s’il reste ici une dernière chose à mentionner... C’est que, une fois l’habitude prise de repérer les pochoirs dans les rues de Bruxelles, de les observer et de les apprécier, l’expérience de se déplacer dans la ville ne se vit plus jamais comme avant ! 4 15 15 5 BIBLIOGRAPHIE Aerosol, Jef. Very Important Pochoirs. Editions Alternatives, Paris, 2007. Anonyme. Mexico : Stencil : Propa. Editorial R.M., Mexico, 2008. Anonyme. Street Art : Stencils ! Monsa Ediciones, Barcelona, 2008. Banksy. Wall and Piece. Century Press, London, 2005. C100. The Art of Rebellion. Gingko Press, Corte Madera, 2007. Grévy, Fabienne. Paris Graffiti. Editions de la Martinière, Paris, 2008. Indij, Guido. 1000 Stencil : Argentina Graffiti. La Marca Editora, Buenos Aries, 2007. Howze, Russell. Stencil Nation. Manic D Press, San Francisco, 2008. Rue de la Samaritaine Lewisohn, Cedar. Street Art : The Graffiti Revolution. Tate Publishing, New York, 2008. Longhi, Samantha. Stencil History X. Editions C215, Paris, 2007. MacNaughton, Alex. London Street Art Anthology. Prestel Publishing, London, 2009. MacPhee, Josh. Stencil Pirates. Soft Skull Press, Brooklyn, 2004. Serge Louis désire dédicacer cette étude à Eléonore et Cassandre, deux jeunes filles fantastiques. Manco, Tristan. Stencil Graffiti. Thames & Hudson, London, 2002. Mathieson, Eleanor et Tàpies, Xavier. Street Art and the War on Terror. Rebellion Books, London, 2007. Mathieson, Eleanor et Tàpies, Xavier. Street Artists. Graffito Books, London, 2009. Miss.Tic. Miss.Tic in Paris. Editions Critères, Paris, 2005. Peiter, Sebastian. Guerilla Art. Laurence King Publishing, London, 2009. Poch, Patrice, Rock, Rocky et Malland, Julien. Teenage Kicks. Editions Alternatives, Paris, 2006. Prou, Sybille et Adz, King. Blek le Rat : Getting through the Walls. Thames & Hudson, London, 2008. Roth, Ed. Stencil 101. Chronicle Books, San Francisco, 2008. Shove, Gary et Potter, Patrick. Untitled : Street Art in the Counter Culture. Pro-Actif Communications, Durham, 2009. Shove, Gary et Potter, Patrick. Untitled II : The Beautiful Renaissance. Pro-Actif Communications, Durham, 2009. Wohlbergs, Benjamin. Urban Illustration Berlin. Gingko Press, Corte Madera, 2007. Les auteurs mentionnent également Red Fox Press en Irlande qui publie des éditions limitées et artisanales de livres sur les pochoirs. Parmi les titres consultés : London Stencils, Dublin and Galway Stencils, Istanbul Stencils, Stencils in South Korea et Stencils on Paper.