´Ecole Doctorale “Ville, Transports et Territoires” Th`ese de doctorat
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École Doctorale “Ville, Transports et Territoires” Thèse de doctorat de l’Université Paris-Est Champs disciplinaire : Sciences économiques AUTEUR Hypatia NASSOPOULOS Les impacts du changement climatique sur les ressources en eaux en Méditerranée Thèse dirigée par JEAN CHARLES HOURCADE et PATRICE DUMAS soutenue publiquement le 13 Mars 2012 à Nogent-sur-Marne devant le jury suivant : M. M. M. M. M. Jean-Charles Hourcade Jan Polcher Eric Strobl Luis Garrote Hugues Ravenel Directeur de thèse Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Remerciements Je voudrais remercier mon directeur de thèse Jean-Charles Hourcade pour son précieux soutien et encadrement. Je suis reconnaissante également envers Patrice Dumas pour son encadrement constant et de qualité et pour tout ce que j’ai appris auprès de lui. Je voudrais aussi remercier Stéphane Hallegatte pour l’attention qu’il a montré sur le sujet de ma thèse et son soutien à “l’équipe eau”, sans oublier “l’équipe adaptation”. De plus je remercie Minh Ha-Duong de m’avoir aussi accueilli au Cired. Je remercie aussi Jean Margat et le Plan Bleue car leurs travaux mon apporté un précieux éclairage sur la situation des ressources en eau en Méditerranée. Sans oublier Christophe Cassen et l’attention qu’il a porté à mon travail. Je salue les membre du jury Luis Garrote, Jan Polcher, Hugues Ravenel et Eric Strobl, qui ont accepté avec bienveillance de participer à la soutenance de ma thèse. Cela a été un plaisir de travailler avec toute l’équipe du Cired, nous avons coopéré efficacement, notamment avec mes collègues de bureau Thierry Brunelle et François Souty que je salue, ainsi que Eleonore Tyma, Yaël Serfaty, Catherine Boemare et Naceur Chaabane pour leur soutien organisationnel. Pour conclure, un grand merci à ma tante, mes parents et mon frère pour leur soutien, leur patience et leur encouragement. Cette thèse leur est dédiée. Title: The impacts of climate change on water resources in the Mediterranean region PhD thesis prepared at: Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED) UMR 8568 Abstract: Climate change could affect water resources and hydraulic infrastructures seriously. Dimensioning and operation of reservoirs should therefore be modified according to climatic change scenarios. To assess the effect of climate uncertainty on reservoir volumes dimensioning using cost-benefit analysis, a model of reservoir dimensioning at the river basin scale is applied in Greece. For the case study, there is no cost of error and adaptation seems to be inefficient. A methodology at the scale of the Mediterranean region with a generic modeling at the river basin level is developed. Reservoirs networks and reservoirs-demands links are reconstructed and coordinated reservoirs networks operation is determined, using only globally available data. The link reconstruction methodology is applied on irrigation demand and validated qualitatively on Algeria. Change in reliability with adaptation of reservoir operating rules under climate change over the Mediterranean region is then assessed. Reliability changes seem to be more influenced by inflow changes than by demand changes. They are not important for the Nile basin and the European and Middle East sub-regions, while in North African countries with a more pronounced Mediterranean influence, like Tunisia or Algeria, reliability decrease can be significant. Keywords: Mediterranean, climate change and uncertainty, water resources, adaptation, dams-reservoirs, modeling Titre : Les impacts du changement climatique sur les ressources en eaux en Méditerranée Thèse de doctorat préparée au : Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED) UMR 8568 Résumé : Le changement climatique pourrait avoir des conséquences importantes pour les ressources en eaux et les infrastructures hydrauliques. Le dimensionnement et le fonctionnement des réservoirs devraient ainsi être modifiés en prenant en compte des scénarios de changement climatique. Un modèle de dimensionnement coût-bénéfice d’un réservoir à l’échelle du bassin versant est appliqué en Grèce afin d’évaluer le coût de l’incertitude sur le climat futur et les dommages du changement climatique. Dans cette étude de cas, le coût de l’erreur est faible, et l’adaptation n’est pas efficace. Une méthodologie sur toute la région méditerranéenne, avec une modélisation générique à l’échelle des bassins versant est ensuite développée. Les réseaux de réservoirs et les liens réservoirs-demandes sont reconstruits et le fonctionnement coordonné des réseaux de réservoirs est déterminé, en utilisant uniquement des données disponibles à l’échelle globale. La méthodologie de reconstruction des liens est appliquée à l’irrigation et validée qualitativement sur l’Algérie. Le changement de fiabilité, avec adaptation des règles opérationnelles, sous changement climatique, semble être plus influencé par les changements de ruissellement que par les changements de demande. Les changements obtenus pour le Nil, l’Europe et le Moyen Orient ne sont pas très marqués, alors que les pays d’Afrique du Nord sous influence méditerranéenne comme la Tunisie ou l’Algérie voient une diminution importante de la fiabilité des apports d’eau pour l’irrigation. Mots-clé : Méditerranée, changement climatique et incertitude, ressources en eau, adaptation, barrages-réservoirs, modélisation A Sophie, Hélène, Marc et Georges Table des matières Introduction 16 1 Fracture Nord Sud méditerranéenne 1.1 Profil socioéconomique de la région méditerranéenne . . . . . . 1.2 Climat et apports en eau en Méditerranée . . . . . . . . . . . 1.3 La demande en eau en Méditerranée . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1 Évolution récente et état présent des demandes en eau 1.3.2 Projections des demandes en eau . . . . . . . . . . . . 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.1 Mobilisation des ressources en eau: prises, pompages et barrages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.2 Transferts d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.3 Les nouvelles ressources en Méditerranée . . . . . . . . 1.4.4 Quelque éléments de synthèse sur l’offre en eau en Méditerranée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.5 Intégration de l’offre et de la demande . . . . . . . . . . . . . 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen; La modélisation au service de la gestion intégrée . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.6.1 De la gestion par secteur à la gestion par milieu . . . . 1.6.2 Bassins transfrontaliers: un cas difficile pour la gestion par milieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.6.3 Modèles hydro-économiques comme outils de gestion intégrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.7 Quelques éléments de conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 22 26 29 31 36 39 42 46 47 48 49 55 56 57 58 60 63 2 Changement climatique et adaptation 68 2.1 Changement climatique et incertitude: de l’échelle globale à la région méditerranéenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 2.1.1 Changement climatique à l’échelle globale . . . . . . . 69 2.1.2 Changement climatique au niveau de la région méditerranéenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 TABLE DES MATIÈRES 7 2.1.3 Incertitudes liées au changement climatique . . . . . . 75 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau: de l’échelle globale à la région méditerranéenne . . . . . . 80 2.2.1 Les impacts du changement climatique à l’échelle globale 80 2.2.2 Les impacts du changement climatique sur la Méditerranée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 2.3 L’adaptation au changement climatique . . . . . . . . . . . . . 89 2.3.1 Méthodologies d’évaluation des stratégies d’adaptation sous climat futur incertain . . . . . . . . . . . . . . . . 92 2.3.2 Les limites des stratégies d’adaptation . . . . . . . . . 95 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau . . 97 2.4.1 Les options d’adaptation du côté de l’offre . . . . . . . 98 2.4.2 Les options d’adaptation du côté de la demande . . . . 105 2.5 Quelques éléments de conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 2.2 Introduction au chapitre 3. Adaptation à un changement climatique incertain: analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage 115 3 Adaptation to an uncertain climate change: cost benefit analysis and robust decision making for dam dimensioning 121 3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 3.2 Study area . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 3.3 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change 128 3.3.1 Water reservoir dynamics and demand computation . . 129 3.3.2 Demand in a changed (stationary) climate . . . . . . . 130 3.3.3 Demand in a changing (non-stationary) climate . . . . 132 3.3.4 Water benefits, construction costs and net present value 133 3.4 Results . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 3.4.1 Reference case without climate change . . . . . . . . . 133 3.4.2 Optimal dimensioning under climate change . . . . . . 134 3.4.3 Error costs and robust decision-making . . . . . . . . . 138 3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 3.5.1 Summary . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 3.5.2 Conclusion on adaptation decision making . . . . . . . 143 3.5.3 Next steps and research needs . . . . . . . . . . . . . . 144 Appendices 146 TABLE DES MATIÈRES 8 Online Resource 1 1 2 3 4 147 Cost of dam and reservoir . . . . . . . . . . . . Water benefits and net present value . . . . . . Runoff change computation . . . . . . . . . . . 3.1 Computation of annual runoff change . . 3.2 Seasonal to monthly value computations 3.3 Runoff monthly values . . . . . . . . . . Reference case without climate change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Online Resource 2 1 Optimal volume change for different 2 Satisfied demand change . . . . . . 3 Error costs for all the models . . . Bibliography . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 148 150 150 150 151 153 154 unit water values . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 154 156 159 Introduction au chapitre 4. Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale: Validation en Algérie 162 4 Reconstructing river basin anthropogenic networks with a global coverage; A validation on Algeria 169 4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 4.2 Determination of Reservoir-Demand links . . . . . . . . . . . . 175 4.2.1 Reservoir network creation . . . . . . . . . . . . . . . . 176 4.2.2 Irrigation demand calculation . . . . . . . . . . . . . . 178 4.2.3 Determination of reservoir-demand links . . . . . . . . 183 4.3 Qualitative Validation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 4.3.1 Overview of the Algeria’s water resource and demand profile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 4.3.2 Reconstructed reservoirs networks and reservoir-demand links using ODDYCCEIA methodology . . . . . . . . . 195 4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Bibliography . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 Introduction au chapitre 5. Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique: Application sur la région méditer- TABLE DES MATIÈRES ranéenne 9 219 5 Reservoir network operating rules adaptation under climate change: Application over the Mediterranean region 226 5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228 5.1.1 Supply side and adaptation under climate change . . . 229 5.1.2 Demand side projection in global assessment studies . . 238 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation . . . . . . . . . . . . 241 5.2.1 Reservoirs inflow, irrigation demand computation and networks reconstruction . . . . . . . . . . . . . . . . . 241 5.2.2 System operating rule simulation/optimization . . . . . 243 5.3 Results . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 5.3.1 Demand and reliability changes . . . . . . . . . . . . . 249 5.3.2 Comparison with demand changes from the literature . 264 5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 Bibliography . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271 Conclusion et perspectives 280 Bibliographie 287 Table des figures 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 1.9 2.1 2.2 L’espace méditerranéen, source: Benoit et Comeau [2005] . . . Précipitations moyennes sur le bassin méditerranéen, source: Benoit et Comeau [2005] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Demandes en eau actuelles, totales et par secteur sur le bassin méditerranéen, source: Margat et Treyer [2004] . . . . . . . . . Résumé des projections tendancielles des demandes en eau (km3 .an−1 ), source: Margat et Treyer [2004] . . . . . . . . . . Volumes des réservoirs des pays méditerranéens, source: Margat et Treyer [2004] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Production d’eau par mode de mobilisation des ressources conventionnelles pour les pays méditerranéens, source: Margat et Treyer [2004] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Principaux projets de transfert, source: Margat et Treyer [2004] Indicateurs de pénurie et de pauvreté, relation entre indices d’exploitation et les ressources naturelles par habitant pour les pays méditerranéens, source: Margat et Treyer [2004] . . . Classement des pays méditerranéens suivant les indicateurs de pauvreté et de pénurie pour le scénario tendancielle modéré en 2025, source: Margat et Treyer [2004] . . . . . . . . . . . . . . 23 27 33 40 44 45 47 51 55 Résumé des résultats des 21 modèles globaux du GIEC sur le changement de la température de surface, des précipitations et de certains extrêmes pour la zone méditerranéenne calculés entre les périodes 1980-1999 et 2080-2099 pour le scénario A1B, source: IPCC [2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Comportement moyen des 21 modèles globaux du GIEC concernant le changement de température et de précipitations pour l’Europe pour le scénario A1B, comparaison des périodes 19801999 et 2080-2099 en moyenne annuelle, pour l’hiver et l’été, source: IPCC [2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 TABLE DES FIGURES 2.3 2.4 2.5 3.1 3.2 3.3 11 Changements de précipitations sur la zone euro-méditerranéenne pour les 21 modèles globaux du GIEC et pour la moyenne des modèles (montrée en bas à droite (MEAN)) entre les années 1980-1999 et 2080-2099 pour le scénario A1B, source: IPCC [2007] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Population (en million) avec un risque de stress hydrique, d’inondation ou de pénurie alimentaire en Europe et en Afrique pour quatre scénarios climatiques du GIEC avec les projections du modèle HadCM3, GIEC 2007, source: Hallegatte et al. [2008] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Dommages annuels provoqués par le doublement de la concentration du CO2 exprimés en termes financiers, GIEC 2001, source: Hallegatte et al. [2008] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 General plan of the study area. Source Mimikou et al. [1991a] 127 Net present value as a function of reservoir volume. Three models and the no-climate-change case (NOCC) are shown and three rates of pure time preference. The models (CNRMCM3, NCARPCM1 and CSIROMK35) exhibit different changes in variability and mean. The purpose is not to show the precise NPV of each model but to illustrate, beside the usual pure time preference effect (lower NPV and optimal volume), the reduction of NPV difference between models under climate change. Indeed, the NPV range is much larger for a 0% pure time preference . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Costs and benefits associated with adaptation of dam dimensioning, for the CSIROMK35 climate change scenario, a pure time preference of 3 percent and a valley length of 10km. The cross corresponds to the optimal volume. Costs and benefits are shown as a function of the volume of the dam. The adaptation cost is the height-dependent cost of the reservoir. In most cases adaptation costs are negative since reservoirs are smaller with climate change, it is also the case here. The residual impacts are also figured, corresponding with the change in water benefits with climate change and reservoir volume adaptation, compared with the no climate change situation. The residual impacts are also negative because of the decrease in mean runoff compared with the no climate change situation. The net impact of climate change is the difference of water system NPV with respect with the no climate change case. The net impact is quite flat, large, and negative. The error cost is also presented141 TABLE DES FIGURES 12 1 Volume and surface of the reservoir as a function of dam height153 4.1 Potential (purple lines) and finally kept (black lines) reservoirdemand links in the Eastern part of Algeria with CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs and red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters. Latin numbers are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems where they belong . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Potential (purple lines) and finally kept (black lines) reservoirdemand links in the Western part of Algeria with CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs and red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters. Latin numbers are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems where they belong . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Overview of the model implementation/ code structure . . . . Reservoir Networks in the Eastern part of Algeria obtained using CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs, red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters areas, and black lines are the finally kept links. Latin letters are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems they belong to . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Reservoir Networks in the Western part of Algeria obtained using CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs, red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters areas, and black lines are the finally kept links. Latin letters are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems they belong to . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Initial (black triangles) and corrected (red dots) localizations of Algerian reservoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 5.1 185 186 189 196 197 198 Upstream aggregation into branches for operating rule computation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248 TABLE DES FIGURES 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 5.10 5.11 5.12 5.13 Demand change for the African sub-region for the fixed growing degrees days irrigation demand scenario . . . . . . . . . Demand change for the African sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . Reliability change for the African sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Reliability change for the African sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . Demand change for the Asian sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Demand change for the Asian sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Reliability change for the Asian sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Reliability change for the Asian sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . Demand change for the European sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . Demand change for the European sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . Reliability change for the European sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . . . Reliability change for the European sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario . . . . . . . . . . . . . . 13 . 251 . 252 . 253 . 254 . 256 . 257 . 258 . 259 . 261 . 262 . 265 . 266 Liste des tableaux 1.1 1.2 Projection en 2025 de l’indice d’exploitation rapporté aux ressources exploitables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Projection en 2025 de l’indice de consommation finale rapporté aux ressources exploitables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 2.1 Exemples d’adaptation dans le secteur de l’agriculture . . . . . 91 3.1 Fraction of annual demand used each month, φm , here shown in percent, source: Aftias [1992] . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Percent change in optimal volume storage relative to a case with no climate change (historic baseline), for three valley lengths, three rates of pure time preference, and 19 IPCC models137 Percent change in net present value (NPV) in percent relative to a case with no climate change (historic baseline), for three valley lengths, three rates of pure time preference, and 19 IPCC models . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 Maximal error costs in percent for three volumes, the largest volume, the smallest volume and the volume chosen without climate change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 Geometry and cost parameters . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 Percent change in optimal volume storage relative to a case with no climate change (historic baseline), for a 10km valley lengths, two rates of pure time preference, three water values. Water value is in $.m−3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Percent change in demand satisfied in the last year, year 70, in percent relative to a case with no climate change (historic baseline), for three valley lengths and three rates of pure time preference . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Climatic models, corresponding indices used in Table 4 and changes in runoff, optimal volume, NPV and standard deviation157 3.2 3.3 3.4 1 1 2 3 LISTE DES TABLEAUX 15 4 Cost of error, in percentage of net present value, for all models when the optimal volume of another model is chosen. The indices of the models given in Table 3 are in the first column. The same indices are used for the column headers. Each number is the regret of building a dam with the optimal volume calculated using the model in column, if the model in line is finally correct in projecting climate change. The models are ordered by increasing optimal volume, the pure time preference is 3 percent and the valley length is 10km . . . . . . . . . . . 158 4.1 4.2 Crops aggregates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Data on crops phases durations (Lp ) in days provided by Allen et al. [1998] and crops plantation and harvesting dates provided by FAO WATER [2011] . . . . . . . . . . . . . . . . . . Crop coefficients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Area extents (in ha). The value of 419558 ha, according to [A05], corresponds to the sum of SMH area and spate (inundated) irrigation areas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Irrigated land per province, values in ha.“i.a.”stands for irrigated area, “eq.a.” for equipped area for BIP, “ir.a.” for irrigable area for BIP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3 4.4 4.5 . 180 . 181 . 181 . 193 . 194 Introduction Introduction 17 Dès le début des années 70, au moment de l’émergence des questions d’environnement comme élément important de l’agenda international, la Méditerranée apparaissait naturellement comme une zone particulièrement fragile à la fois en raison de la forte pollution de la Méditerranée et des contraintes d’approvisionnement en eau douce. Aujourd’hui la région méditerranéenne ne dispose que de 3% des ressources en eau mondiales, alors qu’elle représente 7% de la population mondiale, et on y trouve 60% de la population mondiale dite pauvre en eau [Hallegatte et al., 2008]. C’est l’anticipation de problèmes importants qui motiva la création du Plan Bleu en 1977 c’est-à-dire bien avant l’émergence de la question climatique. Il est symptomatique que la question des ressources en eau ait occupé une place centrale dans les travaux conduits alors par le Cired lorsque celui-ci fût convié à participer à la structuration intellectuelle de ce nouvel organisme [Godard , 1974, 1975; Hourcade, 1975; Artuso et al., 1975; Chabrol et al., 1975; Hourcade, 1977a,b] La nature du problème posé n’a pas fondamentalement évolué depuis cette époque : une très grande inégalité des apports en eau dans l’espace et dans le temps, la nécessité de maintenir et développer les barrages réservoirs (1200 aujourd’hui), la nécessité d’organiser des transferts intra et inter bassins et de s’interroger sur l’utilisation accrue de ressources non conventionnelles (exploitation minière de ressources souterraines, dessalement de l’eau de mer). On peut dire simplement que le diagnostic formé il y a 40 ans s’est confirmé ; poids de l’agriculture irriguée (qui représentent 80% de la demande des pays du Sud et du Proche-Orient), perte d’une part importante des quantités prélevées, renforcement du tourisme comme vecteur important de tension, avec l’irrigation, au moment de la sécheresse estivale. La prospective 2025 du Plan Bleu confirme ces tendances : alors que la demande d’eau tendrait à se stabiliser dans les pays du nord de la Méditerranée, elle continuera à croı̂tre fortement dans les pays du Sud. Dans ce contexte, le changement climatique intervient comme un facteur perturbateur additionnel potentiellement dangereux. Il pourrait en effet accentuer la variabilité spatiotemporelle et la dégradation quantitative et qualitative des ressources en eau d’une région comme la Méditerranée qui connaı̂t déjà des taux élevés d’évapotranspiration, des sécheresses et déficits. La Méditerranée est une région pour laquelle les modèles climatiques s’accordent sur le signe du changement climatique même si l’ampleur et la localisation précise des changements varient d’un modèle à l’autre. Dans le scénario A1B du GIEC1 . la fourchette de réchauffement moyen annuel est 1 scénarios SRES – Famille A1 : elle fait l’hypothèse d’un monde caractérisé par une croissance écono- Introduction 18 de 2.2–5.1◦ C, soit une hausse plus accentuée que la moyenne mondiale. Les précipitations de toutes les saisons seraient réduites avec un assèchement, en particulier en été, et une diminution moyenne de 24% à la fin du siècle pour les 21 modèles globaux du GIEC sous le scénario A1B. Avec le changement climatique, la modification de la moyenne, de la variabilité et des extrêmes de précipitation et de température, devrait conduire à la modification du ruissellement, de l’humidité des sols et du niveau des nappes. Avec le changement des paramètres hydroclimatiques, les infrastructures hydrauliques existantes pourraient se révéler inadéquates, car dimensionnées selon des conditions hydroclimatiques historiques qui pourraient ne plus être valables dans le futur. Cette thèse est motivée par constat du déficit de connaissance sur les impacts économiques et sociaux d’une aggravation des tensions en eau à la suite d’un changement climatique. La façon dont elle sera conduite, et l’accent qui sera mis sur les questions du dimensionnement et des règles opérationnelles des barrages-réservoirs est motivé par un deuxième constat, celui de l’écart entre l’existence d’un stock certes insuffisant mais déjà important de travaux sur les impacts physiques du changement climatique et la faiblesse des travaux portant sur ses impacts économiques et sociaux. En effet, sur la Méditerranée au moins on aurait réussi à définir “les perturbations anthropiques dangereuses du système climatique” dont parle la Convention Cadre des Nations Unies, celles qui permettraient “d’assurer un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter . . .que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable”. En fait tel n’est pas le cas, et ceci pour une raison méthodologique profonde discutée de façon extensive par Philippe Ambrosi [Ambrosi, 2004] et résumé ainsi par Hanneman : “ [. . .] mique très rapide, un pic de la population mondiale au milieu du siècle et l’adoption rapide de nouvelles technologies plus efficaces. Cette famille de scénarios se répartit en trois groupes qui correspondent à différentes orientations de l’évolution technologique du point de vue des sources d’énergie : à forte composante fossile (A1F1), non fossile (A1T) et équilibrant les sources (A1B) – Famille A2 : elle décrit un monde très hétérogène caractérisé par une forte croissance démographique, un faible développement économique et de lents progrès technologiques – Famille B1 : elle décrit un monde convergent présentant les mêmes caractéristiques démographiques que A1, mais avec une évolution plus rapide des structures économiques vers une économie de services et d’information – Famille B2 : elle décrit un monde caractérisé par des niveaux intermédiaires de croissances démographique et économique, privilégiant l’action locale pour assurer une durabilité économique, sociale et environnementale Il est à noter que les scénarios d’émissions SRES B1, B2, A1B, A2 vont du plus optimiste au plus pessimiste. Introduction 19 most economic analysis is comparative statics in nature and pays virtually no attention to the process of adjustment from one equilibrium to another. However, the largest economic impacts of climate change are likely to be those associated with the process of adjustment”. La difficulté est que nous manquons aujourd’hui des outils nécessaires. On est en effet très loin aujourd’hui de pouvoir fût-ce de façon fruste et avec des bornes d’incertitude substantielles parcourir la chaı̂ne causale suivante : changement climatique local → évolution régionalisée de la pluviométrie → transformation du régime des eaux à l’échelle du bassin → détection des tensions entre demande future en eau des ressources disponibles → efficacité et limites de la régulation par les barrages → tension entre usages → prix de l’eau et impact sur la demande → effet d’équilibre général des tensions en eau via leur effet sur l’agriculture, le tourisme et l’industrie. En fait, l’ambition de cette thèse est de produire des outils d’analyse pertinents pour traiter certains maillons de cette chaı̂ne avec l’idée que ce qui aura été fait sur la Méditerranée aura quelque valeur de généralité. Sans un progrès en ce sens, en effet, on risque de se retrouver avec le fait qu’un rapport aussi riche en informations que le rapport Stern soit forcé, pour rendre compte de la dangerosité du changement climatique, d’adopter un taux extrêmement bas de préférence pour le présent, s’attirant alors la critique de ce choix au nom du réalisme des comportements. L’évaluation monétaire des dommages faite par Stern reste en effet très conventionnelle : le coût now and forever des dommages à l’échelle mondiale est de 5% de la consommation actuelle avec un taux de préférence pure pour le présent de 0.1% et passe à 0.75% avec la plus classique valeur de préférence pure de 2% [Hourcade et Hallegatte, 2008]. Pour produire une modélisation intégrée des mécanismes qui vont des émissions de gaz à effet de serre jusqu’aux dommages climatiques, l’eau fournit un des meilleurs fils conducteurs possibles. D’un côté, elle est une des composantes majeures de la qualité de l’environnement et représente un “facteur de production” central pour plusieurs secteurs, de l’autre son étude exige de combiner plusieurs échelles (globale, locale), plusieurs dimensions (spatiale, temporelle), et différents facteurs (socioéconomiques, hydroclimatiques, environnementaux, techniques,. . .). Pour relever le défi de l’étude des questions globales comme le changement climatique, une modélisation avec une couverture géographique globale est nécessaire. A travers cette zone géographique étendue, des interactions entre bassins versants peuvent exister (transferts d’eau, échanges de biens et services produits en utilisant des ressources en eau). Or, c’est au niveau du bassin que les décisions liées à la gestion et la planification des ressources en eau sont prises. Les profils d’offre et de demande Introduction 20 peuvent être hétérogènes entre ces bassins. Représenter les caractéristiques essentielles de l’offre et de la demande au niveau du bassin versant est important car, en fonction des caractéristiques du bassin, les changements globaux auront des conséquences différentes. Deux approches existent dans la littérature. Dans les études à l’échelle globale, les réservoirs ne sont pas toujours explicitement représentés et, quand ils le sont, ils ne sont gérés qu’individuellement pour satisfaire les demandes. Dans les études à l’échelle locale, c’est en général une structure nodale qui est considérée, pour des régions sur lesquelles des données très détaillées sur l’offre et la demande sont connues. Les réservoirs et demandes sont organisés en réseaux et les réservoirs fonctionnent de manière coordonnée. L’objectif de cette thèse, est de développer un outil de modélisation qui intègre à la fois : une couverture globale ou, au moins, régionale et une modélisation de l’offre et de la demande au niveau du bassin versant. Pour pouvoir refléter l’hétérogénéité spatiale et temporelle de l’offre et de la demande, leurs caractéristiques essentielles doivent être représentées au niveau du bassin. La construction d’un tel outil suppose d’utiliser uniquement des données disponibles à l’échelle globale. L’objectif n’est pas de développer un cadre de représentation très détaillé qui pourrait avoir davantage d’utilité pour les opérationnels, mais de représenter les éléments essentiels de l’offre et de la demande à l’échelle des bassins versants afin de mieux refléter les implications locales des changements globaux en faisant une synthèse entre les deux approches globales et locales de la littérature. Dans cette thèse, le changement du dimensionnement des réservoirs est étudié en tant qu’option d’adaptation. Il s’agit dans cette thèse de développer un outil qui permettra d’évaluer les impacts du changement climatique sur le dimensionnement d’un réservoir et d’intégrer l’incertitude climatique dans le choix de l’investissement afin de déterminer un dimensionnement robuste. Ce sujet a été peu développé jusqu’à présent dans la littérature. Dans cette thèse, le volume optimal sous changement climatique est déterminé par le critère coût-bénéfice en cherchant vue les écarts de prédiction des modèles climatiques à minimiser le coût maximum de l’erreur. Le plan de la thèse est le suivant. Dans le chapitre 1 les situations actuelles de l’offre et de la demande ainsi que quelques éléments de prospective sont présentés. Le changement climatique à l’échelle globale et locale, les diverses sources d’incertitude liées au changement climatique, les impacts ainsi que les options d’adaptation, font l’objet du chapitre 2. Dans le chapitre 3, un modèle de dimensionnement optimal d’un réservoir est présenté à l’échelle d’un bassin versant sous climat incertain et il est testé sur un bassin montagneux grec. Ensuite, dans les chapitres 4 et 5 une méthodologie générique intégrée Introduction 21 d’articulation globale-locale est présentée. Cette méthodologie a une couverture globale et réalise à l’échelle du bassin versant une modélisation générique à partir de données disponibles à l’échelle globale sur l’offre et la demande afin de prendre en compte leur hétérogénéité spatiale et temporelle tout en permettant l’inclusion d’interactions entre bassins. La méthodologie permet de reconstruire les réseaux de réservoirs et les liens réservoirs-demandes. Elle permet également de déterminer l’opération coordonnée des réseaux de réservoirs afin de maximiser la demande en irrigation satisfaite. La méthodologie est d’abord appliquée sur la région méditerranéenne et les réseaux et liens reconstruits sont validés qualitativement sur l’Algérie (chapitre 4). Elle est aussi appliquée sur la région sous changement climatique selon deux scénarios de définition des phases de développement des cultures (chapitre 5). Chapitre 1 La fracture Nord-Sud de la région méditerranéenne : situation et perspectives 1.1 Profil socioéconomique de la région méditerranéenne La région méditerranéenne se situe entre l’Europe et l’Afrique. Elle est définie par le GIEC comme un rectangle allant de 30◦ N à 48◦ N et de 10◦ W à 38◦ E. Dans cette étude, tous les bassins versants qui se déversent dans la Méditerranée sont considérés, et des pays non riverains comme la Suisse et la Bulgarie sont également inclus (Figure 1.1). Cette région est composée de 22 pays et territoires, participant à 13% de la production économique mondiale, avec plus de 420 millions d’habitants soit 7% de la population mondiale. 218 millions de touristes la visitent chaque année, soit 32% du tourisme international. Selon les études du Plan Bleu, la population et le développement économique sont d’ores et déjà pénalisés par les dégradations environnementales. Il est à noter que près de 60% de la population mondiale dite pauvre en eau, avec moins de 1000 m3 de ressources naturelles renouvelables par an et par habitant, se trouve au milieu de la région méditerranéenne [Margat et Treyer , 2004]1 . Cette situation souligne la nécessité d’études sur les risques 1 Plusieurs informations présentées dans ce chapitre sont issues de ce rapport. Il s’agit d’un ouvrage de référence à caractère très technique qui a été rédigé suite au rassemblement de données issues de plusieurs monographies, de synthèses nationales-régionales, de conférences, de travaux du Plan Bleu ou bien fournies par des experts. Ce rapport donne un panorama très complet et récent de la situation des ressources en eau en région 1.1 Profil socioéconomique de la région méditerranéenne 23 Fig. 1.1: L’espace méditerranéen, source : Benoit et Comeau [2005] climatiques et leurs impacts qui pourraient aider à proposer des stratégies d’anticipation pour limiter l’ampleur de leurs impacts et concilier développement économique et maintien des conditions environnementales. D’après United Nations [2001a,b]; Attane et Courbage [2001], les deux rives de la Méditerranée devraient connaı̂tre des évolutions démographiques divergentes. La population de la rive Nord de 193 millions en 2000 ne devrait augmenter que marginalement, tandis que la population de la rive Sud de 234 millions en 2000, devrait augmenter de 100 millions d’ici 2025, ce qui conduira à des difficultés multiples : vieillissement de la population pour le Nord, et entrée sur le marché du travail de 34 millions d’actifs supplémentaires dans les vingt prochaines années pour le Sud. La population rurale est stable sur les deux rives avec 60 millions au Nord et 90 millions au Sud. La population urbaine au Nord, aujourd’hui de 130 millions d’habitants, pourrait augmenter lentement, tandis qu’elle du Sud, aujourd’hui de 150 millions, pourrait dépasser 250 millions en 2025 [Benoit et Comeau, 2005]. Selon le Plan Bleu, trois tendances sont à retenir : 1. Contraste entre les pays du Nord avec une croissance lente voire une décroissance en Italie, Espagne, Croatie et Grèce, et les pays du Sud et de l’Est avec une population qui atteindrait 62% du total de la région avec une croissance encore importante mais toutefois décélérée ; méditerranéenne ainsi que des problèmes liées. 1.1 Profil socioéconomique de la région méditerranéenne 24 2. Expansion de l’urbanisation à un taux relativement stable au Nord et croissant au Sud et à l’Est ; 3. Maintien de la littoralisation au niveau actuel, accentuée dans quelques pays comme la Libye, la Turquie, et l’Algérie, et en diminution en revanche dans d’autres en raison de l’attractivité des pôles non littoraux en Italie, Syrie, et Israël. En général, la croissance de l’urbanisation des zones littorales est plus forte en comparaison avec la moyenne de tous les autres pays avec, en 2025, 31 de la population résidant sur les zones côtières. Ces évolutions auraient dès lors un impact déterminant sur le développement, sur l’état de l’environnement local, sur la consommation des ressources naturelles et sur la vulnérabilité aux catastrophes naturelles. D’après Benoit et Comeau [2005], au cours de la dernière décennie l’économie de la région n’a pas été performante avec des taux de croissance de l’ordre de 4-5% pour l’Est et le Sud et seulement 2.5% pour le Nord. Les pays méditerranéens de l’Union Européenne se sont néanmoins rapprochés du niveau des autres pays Européens pour le PIB par tête. Les écarts en terme de PIB par tête, en revanche, sont restés importants pour les autres pays de la région. Le chômage atteint 10% au Nord, et 20% à 30% au Sud, constituant un grave problème social. Le dynamisme économique du Sud pourrait être soutenu par l’éducation primaire et par un meilleur accès à l’eau potable et l’assainissement. Au cours des quarante dernières années, les emplois agricoles ont été réduits de 74% au Nord, en revanche à l’Est et au Sud le secteur contribue toujours à environ 15% du PIB, avec 70 millions d’actifs en 2000. L’agriculture, avec 23 millions d’hectares irrigués en 2000, soit 20% des terres arables, dépend fortement de la fréquence des pluies. L’agriculture pluviale est vulnérable aux conditions climatiques et peu productive sans irrigation. Des problèmes de désertification, d’épuisement des sols et de salinisation peuvent également s’ajouter. La balance commerciale agricole de la région est déficitaire, l’Égypte et l’Algérie étant devenus de grands importateurs [Hervieu, 2006]. L’eau constitue un élément essentiel pour la vie humaine, au niveau de l’utilisation domestique, ainsi que pour plusieurs activités productrices. L’agriculture et le tourisme, les deux activités économiques majeures de la région, sont fortement conditionnées par la disponibilité des ressources en eau. En dépit de cette importance, l’eau est un intrant de faible valeur parmi les facteurs de coût de production des biens et services. D’ailleurs, la différence entre valeur d’usage et valeur marchande est une question bien connue 1.1 Profil socioéconomique de la région méditerranéenne 25 en économie de l’eau qui concerne non seulement la Méditerranée mais aussi d’autres régions du monde [Frederick , 1997]. La place qu’occupe l’eau dans l’économie nationale n’est pas clairement définie car, dans la “comptabilité nationale économique”, elle est rarement individualisée et souvent intégrée avec l’électricité. En général, au niveau des pays méditerranéens, la part du PIB consacrée aux dépenses publiques et privées liées à l’eau, souvent utilisée pour indiquer la place de l’eau dans l’économie, atteint 2%. Cette part est plus importante pour les pays du Moyen Orient et du Maghreb. Au Maroc par exemple, les dépenses sont passées de 2.6% du PIB en 1990 à 3.2% en 1994 [Margat et Treyer , 2004]. La contribution de l’eau au développement est une question théorique qui représente un intérêt majeur. Le rôle de l’utilisation de l’eau comme facteur de développement socioéconomique pourrait notamment dépendre du secteur principal de consommation de ressources en eau, l’agriculture, et de la contribution de ce secteur au développement. Si l’importance de l’agriculture dans l’économie diminuait, la dépendance aux ressources en eau réduirait aussi. Cependant, au seins des pays méditerranéens, la contribution ne semble pas être proportionnelle à la quantité d’eau utilisée, car la part de la consommation d’eau dans les pays les plus riches est faible dans le PNB. De plus, au niveau des pays méditerranéens, il est rare que l’activité principale sur laquelle se base le développement soit le secteur le plus consommateur en eau. Par exemple, le refroidissement des centrales thermiques est essentiel pour la production d’électricité mais sa consommation en eau est peu importante. Ainsi les écarts de développement ne sont pas nécessairement associés aux différences de ressources et d’utilisation de l’eau. Du côté de l’offre, étant donné que la ressource en eau, notamment en région méditerranéenne, est variable dans l’espace et le temps, des infrastructures hydrauliques lourdes comme les barrages doivent être mises en place. De plus, les ressources en eau sont d’ores et déjà quantitativement et qualitativement fragilisées. Afin de faire face à la rareté de la ressource, les pays en particulier du Levant et du Sud vont non seulement devoir exploiter au maximum les ressources conventionnelles, mais aussi envisager les importations ainsi que la production de ressources non conventionnelles. Or, cette production qui peut inclure des procédés industriels comme le dessalement, peut avoir un coût important. Ainsi, là où la ressource avait un coût quasiment nul, elle sera désormais payante. Ces coûts peuvent ne pas constituer un élément limitant essentiel au développement mais leur impact pourrait être plus marqué dans les situations de pauvreté. C’est pourquoi, selon Margat et Treyer [2004], le manque d’eau est un impact du sous-développement, plus marqué que la rareté. Cette question, qui ne sera pas traitée dans cette thèse, constitue une question fondamentale. 1.2 Climat et apports en eau en Méditerranée 26 L’étude de diverses questions concernant les pays méditerranéens notamment les liens entre disponibilité de la ressource en eau et développement, ou de façon plus concrète, pour examiner des choix de développement et d’investissement, nécessite une vision d’ensemble. Cette vision doit prendre en compte l’hétérogénéité qui peut s’identifier à plusieurs niveaux. Des éléments présentés dans cette section, il peut être constaté que les profils socioéconomiques des pays méditerranéens sont disparates. L’hétérogénéité s’identifie également au niveau des apports en eau qui sont variables dans l’espace et le temps (section 1.2). Les situations socioéconomiques variées se traduisent par différentes demandes en eau au niveau sectoriel (section 5.1.2), ainsi que par différents modes d’exploitation, de mobilisation et de production de ressources pour constituer, en fonction des apports, l’offre en eau (section 1.4). En fonction des demandes ainsi que de l’offre, souvent dissociées à l’échelle géographique et temporelle, différentes situations de manque d’eau pourraient être rencontrées (section 1.5), nécessitant une gestion appropriée afin d’établir au mieux l’équilibre offre-demande (section 1.6). Etant donnée cette hétérogénéité, les changements globaux, notamment le changement climatique, aurait des conséquences différentes à travers la région, comme cela sera présenté au chapitre 2. 1.2 Climat et apports en eau en Méditerranée Le bassin méditerranéen est un espace tricontinental, ouvert aux échanges avec les territoires eurasiatiques et africains. Au niveau du cycle hydroclimatique, l’atmosphère méditerranéenne doit une partie importante de son humidité à des transferts convectifs depuis les bassins atlantiques (1500 km3 .an−1 ) et elle émet des flux d’humidité vers le bassin danubien et le Moyen-Orient (2600 km3 .an−1 ). Le climat méditerranéen est un climat de transition entre le climat désertique du Sud et celui des moyennes latitudes du Nord. Il est caractérisé par deux saisons pluvieuses en automne et au printemps et des sécheresses estivales. Il est également diversifié : hyper-aridité jusqu’aux rivages africains sud-est et forte humidité dans les régions alpestres et dinariques. Le passage de dépressions provoque des précipitations sur les reliefs et leur absence des orages en été. Les informations présentées dans le reste de cette section sont issues de Margat et Treyer [2004]. Ces auteurs décrivent une répartition très inégale des apports en pluie (Figure 1.2). Le volume total des précipitations sur le bassin est de 1100 km3 .an−1 en moyenne, les 32 étant concentrés sur 15 du 1.2 Climat et apports en eau en Méditerranée 27 Fig. 1.2: Précipitations moyennes sur le bassin méditerranéen, source : Benoit et Comeau [2005] bassin, avec la France, l’Italie et la Turquie recevant la moitié de ce total, et les pays africains seulement 13%. Les pluies varient fortement selon les saisons et les années, avec une concentration sur un petit nombre de jours (50-100 par an) et des intensités journalières très fortes, générant des ressources, mais également des risques. La saison sèche structurelle (“normale”) peut durer de un à deux mois au Nord et plus de quatre mois au Sud et à l’Est, mais les sécheresses sont surtout conjoncturelles (“éphémères”) et peuvent être aggravées par des récidives pluriannuelles. Le pouvoir évaporateur de l’atmosphère est également très important. Il dépasse en total annuel les précipitations, réduisant le rendement des réservoirs. Au barrage d’Assouan, par exemple, 10 km3 .an−1 sont évaporés. Ces inégalités et cette irrégularité ont des répercussions sur la géographie et le régime des écoulements. La répartition des apports et des écoulements dans chaque pays est influencée par le contraste entre un petit nombre de grands fleuves et de nombreux petits cours d’eau. Les eaux bleues superficielles et souterraines qui sont source d’approvisionnement et constituent un milieu adéquat pour les utilisations in situ sont réparties de façon contrastée entre le Nord et le Sud à cause de cette dissymétrie climatique. Les précipitations génératrices d’écoulement sont très inégalement distribuées allant de moins de 10 mm dans les zones les plus arides du Sud, à 2000 mm localement dans les Alpes. 620 km3 .an−1 d’apports totaux de précipitations sont génératrices d’écoulement. Le Nord et la Turquie en reçoivent 45 . 19% concernent le Sud et le Levant, le Nil apportant à lui seul 13.5%. La France, 1.2 Climat et apports en eau en Méditerranée 28 l’Italie, les Balkans et la Turquie fournissent ainsi 90% des 475 km3 .an−1 que la mer Méditerranée reçoit. L’eau verte, source de vie pour l’agriculture non irriguée, les pâtures et forêts, est aussi inégalement répartie sur le bassin. Au Nord, elle peut atteindre 700 mm par an en moyenne, et au Sud elle ne dépasse pas 100 mm par an. Dans ce panorama des ressources hydriques en Méditerranée, l’eau virtuelle, qui peut être estimée sur la base de quantités utilisées pour les différentes productions alimentaires ou sur la base de statistiques de commerce international, peut également être comptabilisée. Ainsi en 2002 les importations nettes ont été de l’ordre de 29 km3 .an−1 au Nord, 7.5 km3 .an−1 à l’Est et 40.5 km3 .an−1 au Sud. L’eau virtuelle exprime la quantité d’eau consommée dans les pays exportateurs pour la production de biens alimentaires importés. Ainsi, avec le commerce international, non seulement des tranferts d’eau se font afin de compenser le déséquilibre des ressources entre les pays, mais aussi la sécurité alimentaire est assurée. De plus, il permet de mieux utiliser les ressources rares des pays pauvres en eau. Souvent par pays, les importations et exportations brutes d’eau sont distinguées afin de déterminer les importations nettes, et les chiffrages dépendent des modes de calcul et des produits pris en compte. Les plus grands importateurs nets sont l’Italie, l’Egypte, l’Espagne, et l’Algérie. Dans certains cas, les flux d’eau associés aux importations brutes de produits agricoles sont supérieures aux ressources naturelles renouvelables. Une autre dissymétrie concerne la répartition et les fonctions des eaux souterraines. Au Nord, elles sont le facteur principal de la pérennité des écoulements. Au Sud, elles sont nourries par les crues des cours d’eau superficiels, sont temporaires et affluent dans des champs d’évaporation. Les eaux à travers la Méditerranée se différencient aussi par leur qualité naturelle (caractéristiques physiques, chimiques, biologiques). De plus, les zones humides où l’évapotranspiration atteint 500-1000 mm d’eau par an soit plus que certains champs irrigués, sont définies et inventoriées de manière différente à travers le bassin. Les ressources en eau rapportées aux populations sont souvent utilisées comme indicateur pour identifier les situations de manque ou d’abondance d’eau, en dépit de l’irrégularité et de l’inégalité des écoulements. Selon Malin Falkenmark, si la ressource en eau moyenne par habitant est de 1000500 m3 .an−1 on est dans une situation de tension ou pauvreté, et avec moins de 500 m3 .an−1 on est dans une situation de pénurie. Les ressources naturelles par habitant varient entre moins de 100 m3 .an−1 à Gaza et plus de 10000 m3 .an−1 dans les Balkans. Elles atteignent 28000 m3 .an−1 en BosnieHerzégovine. Même si des projections régionales démographiques ne sont pas disponibles, les projections de l’indicateur “ressources en eau par habitant”, 1.3 La demande en eau en Méditerranée 29 calculées en utilisant les projections démographiques par pays, permettent de dégager une tendance : – Stabilisation en Italie, en Grèce, en Croatie et en Slovénie ; – Décroissance importante pour les pays où les ressources étaient inférieures à 1000 m3 .an−1 .hab−1 en 2000 ; – Décroissance modérée pour les pays avec moins de 500 m3 .an−1 .hab−1 . Les projections permettent également de déterminer la période approximative où les seuils de pauvreté ou de pénurie pourraient être atteints. Selon ces projections les pays du Sud se rapprocheraient du seuil de pénurie en 2025. Par conséquent, le climat de la région méditerranéenne est caractérisé par une diversité importante, avec des régions hyperarides et très humides. Les précipitations sont notamment inégalement réparties à travers la région et sont également caractérisées par une variabilité intra et inter annuelle importante. Ces caractéristiques des précipitations influencent la géographie et les régimes des écoulements, qui sont ainsi également variables dans l’espace et le temps. Ces profils hydroclimatiques variables, souvent difficiles à représenter vu le manque de données, sont confrontés à des demandes sectorielles avec des exigences quantitatives et qualitatives distinctes, des profils dissociés dans l’espace et le temps par rapport aux apports et souvent même supérieurs aux ressources disponibles. Ainsi, pour mieux évaluer les pressions subies par les ressources naturelles en eau, il est important de disposer d’une bonne connaissance de l’état actuel des demandes et de leur évolution spatiotemporelle (section 5.1.2). Cette connaissance permet de mieux comprendre les choix actuels et ceux à envisager, en lien avec les modes de mobilisation, les transferts et également en lien avec l’utilisation de nouvelles ressources en eau afin d’assurer une offre régulière et bien répartie (section 1.4). 1.3 La demande en eau en Méditerranée Les informations présentées dans cette section sont également issues de Margat et Treyer [2004]. Une grande partie de la population du bassin se concentre dans l’espace littoral avec des conséquences sur l’économie des ressources en eau : les demandes sont fortement concentrées et sont souvent supérieures aux ressources locales disponibles, ce qui conduit à faire appel aux ressources de l’intérieur des terres et nécessite des transferts. Pour avoir l’idée la plus précise possible du progrès des demandes dans l’espace et le temps, ainsi que des pressions qui peuvent s’exercer sur les ressources en eau disponibles, il s’avère nécessaire d’acquérir des connaissances sur l’évolution récente des demandes en plus de celle sur leur état actuel. Il convient ainsi 1.3 La demande en eau en Méditerranée 30 d’étudier les tendances que leurs évolutions contemporaines laissent percevoir, ainsi que des diverses projections faites. Pour commencer, quelque définitions sont nécessaires afin d’aider à mieux comprendre le cycle d’utilisation de l’eau. Le terme “utilisation” se réfère à chaque activité économique ou sociale qui rend l’eau utile à un certain usage. L’utilisation se répartit entre les différents secteurs classiques comme l’approvisionnement en eau potable des villes, les industries, l’agriculture irriguée, le refroidissement des centrales thermiques, ainsi que les usages insitu comme la production d’hydroélectricité. L’utilisation correspond aussi à la quantité utilisée pendant une période donnée par un secteur ou une région, quantité qui peut être reçue ou acquise. A priori, ce terme ne préjuge pas du degré d’utilité ou de l’efficience de l’utilisation. Les quantités utilisées ne correspondent pas à celles prélevées ou produites, car une partie peut être perdue pendant le transport, surtout s’il y a des réseaux importants de distribution, ou ne pas être utilisée. Le terme “demande” a plus une connotation économique. Il exprime le fait que les quantités à utiliser doivent correspondre à une offre. Ces quantités peuvent être produites par mobilisation de la ressource en milieu naturel ou bien par des procédés industriels (non conventionnels). La demande, qui est crée par les usagers, correspond à un niveau de production spécifique, qui peut inclure des surplus ou des pertes. Ainsi, la quantification des demandes en eau équivaut à la production et non aux quantités utilisées. Elle peut être répartie entre les différents secteurs si les pertes de chaque secteur sont bien identifiables ce qui reste difficile. Le terme “consommation” exprime la quantité totale d’eau, en surface ou souterraine, consommée en un temps donné, pour la transpiration des plantes, la formation de leur tissus et l’évaporation des sols cultivés. La consommation est exprimée en volume d’eau par unité de surface. Elle correspond également aux prélèvements définitifs, par exemple, pour les consommations industrielles ou domestiques, qui conduisent à la réduction des ressources disponibles. La consommation nette est la quantité utilisée, et non rejetée par les usagers. Elle exprime plutôt l’efficience de l’usage. Quand à la consommation finale, elle exprime la consommation non retournée au milieu naturel des eaux continentales. Ainsi, la consommation finale inclut les non retours des eaux utilisées qui peuvent aussi venir des eaux non conventionnelles ou importées. Il est à noter que les usages se répartissent entre usages évaporatifs et non évaporatifs (“consumptive uses” et “non consumptive uses” respectivement). Les usages évaporatifs provoquent la réduction de la source (eau en surface ou souterraine) ou point du prélèvement. La réduction du flux ou de l’eau dis- 1.3 La demande en eau en Méditerranée 31 ponible peut être quantitative ou bien qualitative. Les usages non évaporatifs ne provoquent pas un détournement d’eau de la source ou une réduction de la source. Il peut y avoir un détournement mais qui est suivie par un retour immédiat au point de la diversion après l’usage. L’eau retournée a les mêmes quantités et qualités qu’avant le détournement. Une fois ces définitions données, une description globale du bilan d’utilisation peut être présentée. Ainsi, la production est constituée des prélèvements, de la réutilisation, de la production non conventionnelle (par exemple le dessalement) et des importations. De la production, il faut soustraire les pertes par type d’usage (fuites,...) ainsi que les pertes pendant le transport et par évaporation sur les surfaces de stockage d’eau pour obtenir l’approvisionnement. Aux consommations nettes il faut ajouter les pertes durant le transport et par évaporation ainsi que les rejets à la mer afin d’obtenir les consommations finales. On peut également soustraire des prélèvements les pertes liées aux usages ainsi que les retours d’eau en milieu naturel. 1.3.1 Évolution récente et état présent des demandes en eau La demande d’eau a doublé au cours de la deuxième moitié du XX e siècle, avec une augmentation supérieure à 50% au cours des 25 dernières années. Il existe des différences entre régions : au Nord, décélération depuis les années 80, à l’Est et au Sud, croissance accélérée avec une augmentation de 70% pendant le dernier quart de siècle. Les demandes ont été croissantes dans tous les secteurs. L’agriculture, avec une croissance linéaire, reste dominante, mais sa part est passée de 75% dans les années 50 à 60% aujourd’hui. La part des collectivités et de l’énergie a augmenté et la demande industrielle a ralenti. Les demandes par tête ont été croissantes partout pendant les années 60-70. Elles ont souvent commencé à décroı̂tre dans les années 80 : – Dans les pays industrialisés du Nord à croissance de population faible ou nulle comme en Espagne, France, Grèce, et Italie ; – Dans les pays où la demande croit plus vite que l’offre comme en Egypte, et au Maroc ; – Dans les pays où les économies d’eau sont efficaces comme en Israël. Les demandes ont continué à croı̂tre : – Modérément dans les pays où elles sont parties d’un niveau assez bas comme en Algérie ; – Fortement du fait des efforts importants d’aménagements et de produc- 1.3 La demande en eau en Méditerranée 32 tion d’eau comme en Libye, au Liban et en Turquie. Ainsi, les évolutions des moyennes de cet indicateur dans chaque sous région sont très contrastées : croissance forte au Nord, décroissance au Sud et à partir des années 80 croissance à l’Est. De même que les apports, les demandes sont inégalement réparties entre pays et secteurs d’utilisation. Les pays les plus demandeurs sont par ordre d’importance l’Egypte, l’Italie, l’Espagne, la Turquie, et la France, les trois premiers pays regroupant 69% du total. Dans l’ensemble, entre 1950-2000 les demandes en eau par habitant ont augmenté de 63% eu Nord, 20% à l’Est et ont diminué de 35% au Sud. Par grande région, à l’Est, les demandes par tête sont les plus faibles, et celles du Sud sont un peu supérieures à celles du Nord en raison de l’importance de l’irrigation en Egypte. Les quantités moyennes annuelles demandées par habitant varient entre 115 m3 .an−1 en Cisjordanie et 1250 m3 .an−1 en Egypte, avec des valeurs basses de 250 m3 .an−1 pour les territoires palestiniens, Malte, l’Algérie, la Croatie et la Slovénie, et haute de 700-800 m3 .an−1 pour les pays européens. Malgré sa rareté, l’eau en Méditerranée ne semble pas être utilisée dans un esprit d’économie et d’efficacité, avec des gaspillages aggravant les pénuries. Une partie importante est perdue à cause des pertes d’adduction et des rendements de distribution médiocre des réseaux d’eau potables qui représentent entre 10 et 60% des pertes, des fuites chez les usagers, et des pertes de transport des réseaux d’irrigation qui représentent entre 5 et 40% des pertes. Des techniques d’irrigation par gravité et submersion, à faible efficience, sont encore majoritairement utilisées dans le Sud. Les pertes par évaporation, plus difficile à éviter, doivent aussi être considérées, car sur les retenues au Sud, en particulier, elles pourraient se chiffrer en km3 .an−1 . Ainsi, les quantités d’eau mal, ou pas, utilisées sont de l’ordre de 75 km3 .an−1 . Cette valeur correspond à 40% des 290 milliards de m3 par an de demande totale de tous les pays méditerrannéens, 190 milliards de m3 étant situées dans le bassin méditerrannéen. En outre, cette valeur prend en compte les pertes de distribution d’eau urbaine et les fuites chez les usagers qui sont environ de 12 km3 .an−1 , ainsi que les pertes liées à l’irrigation qui sont environ de 60 km3 .an−1 . Ainsi, les quantités d’eau réellement utilisées qui s’élèvent à 150 milliards de m3 .an−1 sont inférieures aux productions brutes qui sont de l’ordre de 190 milliards m3 .an−1 , à cause des pertes durant le transport et la distribution, principalement pour l’alimentation des collectivités et des zones irriguées. Les consommations nettes qui se réfèrent aux quantités évaporées, non rejetées par les usagers, peuvent être évaluées en utilisant des coefficients moyens applicables aux quantités utilisées. Ces coefficients sont très différents entre les secteurs : 15% pour les collectivités, 80% pour l’agriculture, 1.3 La demande en eau en Méditerranée 33 Fig. 1.3: Demandes en eau actuelles, totales et par secteur sur le bassin méditerranéen, source : Margat et Treyer [2004] 5% pour les industries non desservies et 1.5% pour les centrales thermiques. Les consommations nettes actuelles seraient de l’ordre de 80 milliards de m3 .an−1 avec 31 au Nord et plus de la moitié au Sud, auxquelles on pourrait ajouter l’évaporation des réservoirs. Les consommations finales, c’est-à-dire qui ne sont pas retournées aux eaux douces continentales, dépasseraient les 100 milliards de m3 .an−1 avec 35% au Nord, 9% à l’Est, 56% au Sud. La différence entre les consommations nettes et finales correspond à la part d’eaux usées rejetées déversée en mer. La demande totale est répartie entre différents secteurs d’utilisation d’eau à travers le bassin méditerranéen avec des exigences en terme de quantité et de qualité variées : demande domestique, touristique, irrigation, industrielle, production hydroélectrique et pour le refroidissement des centrales (Figure 1.3). La demande en eau pour le refroidissement des centrales n’occupe une place importante qu’en France. Tout d’abord, actuellement, 38 milliards de m3 d’eau potable sont produits annuellement. Cette production est inégalement répartie à travers la région. 58% de la production se trouve au Nord, alors qu’à l’Est et au Sud, le reste de la production se répartit de façon égale. Cette production est souvent supérieure aux demandes réelles. Cependant, étant donné les pertes de distribution qui sont de l’ordre du tiers, la production répond inégalement aux besoins. L’évolution de la production d’eau potable par habitant au cours des dernières décennies montre de nets contrastes. Dans les pays du Nord, une 1.3 La demande en eau en Méditerranée 34 croissance forte comme en Espagne ou en diminution comme en France, est observée. Dans les pays du Sud et de l’Est, on observe une croissance plus lente au Maghreb, une décroissance due aux économies d’eau en Israël, ou au retard d’équipement dans les pays à forte croissance démographique urbaine, en Egypte. Les taux de desserte ne sont pas satisfaisants surtout pour les populations rurales (57% en Serbie-Monténégro, 64% en Syrie, 67% en Tunisie). Il est à noter également que la qualité des eaux utilisées est encore un sujet préoccupant, car une part non négligeable de la population dans certains pays est desservie par de l’eau qui ne respecte pas les normes de potabilité, de manière temporaire ou permanente. Ainsi 30 millions de Méditerranéens, dont les deux-tiers en Turquie et au Maghreb, n’ont pas un accès correct à une eau saine. Le tourisme a comme caractéristique une importante saisonnalité estivale, avec une différence de phase avec le régime naturel des flux d’eau. De plus, il amplifie les demandes en eau potable avec 500-800 litres par jour et par tête, et induit aussi des activités fortement consommatrices, nécessitant des équipements de production et de distribution sur-dimensionnés. L’irrigation, presque partout nécessaire pour la production agricole, s’est fortement accrue au cours du XX e siècle, et les aires irriguées dépassent les 21 millions d’hectares, avec 32 concentrées sur la Turquie, l’Espagne, l’Egypte et l’Italie. L’irrigation est également caractérisée par une importante saisonnalité estivale au moment où les ressources en eau naturelles sont le moins disponibles. Les besoins en eau d’irrigation correspondent aux quantités d’eau nécessaires pour compenser l’évapotranspiration et assurer une croissance optimale. Ils sont influencés par des paramètres climatiques, biologiques et pédologiques : la superficie irriguée, l’indice d’intensité culturale, les besoins en eau moyens annuels par hectare irriguée et par récolte, ainsi que par le complément d’irrigation nécessaire pour le lessivage des sols. La demande dépend plutôt des conditions d’accès à l’eau et des possibilités d’utilisation à la parcelle. L’accès à l’eau peut être assuré par des pompages individuels ou par des réseaux collectifs. Ainsi la demande est influencée par des facteurs comme le taux d’efficience moyenne de l’irrigation, le rendement du transport, la proportion de la superficie irriguée par chaque procédé d’irrigation, la proportion des superficies irriguées suivant les cultures inégalement consommatrices (cultures de subsistance, de rente). Elle est également influencée par le degré d’autosuffisance alimentaire, le degré de prise en charge des coûts de l’eau d’irrigation par les agriculteurs, et l’élasticité de la demande aux charges imputées ou aux tarifs. Les industries s’approvisionnent en eau dans des proportions variées, soit par prélèvements directs ce qui est essentiellement le cas pour les pays du 1.3 La demande en eau en Méditerranée 35 Nord, soit par branchement au réseau public comme c’est surtout le cas dans les pays du Sud. Les industries desservies sont difficiles à distinguer des autres usagers des réseaux ce qui complique l’estimation des quantités réelles utilisées, mais malgré cette incertitude, on peut estimer que la part des industries dans les demandes est relativement mineure. La part des industries non desservies dans les demandes en eau varie. Pour les pays du Nord, la part des industries non desservies est de l’ordre de 2 à 10%. Pour les Balkans, la part est plus élevée. En Italie, elle dépasse les 15%. Pour les pays du Sud et de l’Est, la part des industries non desservies est de l’ordre de 2 à 12%. Pour les bassins des pays qui se déversent dans la Méditerranée, la part est de l’ordre de 2 à 6% au Nord et de moins de 1 à 11% au Sud. Les exigences en termes de qualité des prélèvements industriels sont très variées et elles peuvent se prêter au recyclage en particulier quand l’eau n’est utilisée que pour le refroidissement. Il s’agit de demandes très localisées (urbaines ou portuaires), et leur consommation nette est restreinte. Dans le secteur de production d’électricité primaire, l’hydroélectricité dépend du débit et de la dénivellation, et concerne une utilisation in situ, qui, en général, ne prélève pas d’eau. Cette demande est de plus en plus associée à des aménagements à buts multiples impliquant des compromis dans la gestion des lâchés des réservoirs. Le terme potentiel hydraulique “sauvage” se réfère à tous les endroits où, dans l’absolu, on peut installer des aménagements hydrauliques. Le potentiel hydraulique “sauvage” en Méditerranée est de 80 GW , à 80% situé en Europe et en Turquie, avec une fraction techniquement et économiquement exploitable. Ce potentiel devient techniquement exploitable quand ces endroits peuvent être équipés avec les connaissances techniques actuelles et économiquent exploitables quand l’éléctricité produite peut l’être avec un coût compétitif par comparaison aux autres sources d’énergie. Son exploitation est encore assez inégale avec un niveau d’exploitation assez fort en France et en Italie, modéré mais croissant en Turquie, dans les Balkans et en Espagne. Les centrales thermiques utilisent l’eau essentiellement pour le refroidissement nécessitant des débits très importants pour des consommations finales minimes, en particulier pour des centrales à circuit ouvert (“once through cooling”, OT). Pour ce mode de refroidissement, de grandes quantités d’eau sont nécessaires et la charge thermique transférée aux eaux de surface peut être importante. Quasiment toute la charge thermique est dissipée par l’eau de refroidissement et transportée au volume d’eau, ainsi les pertes évaporatives sont moins importantes que celles des centrales à circuit fermé (“close circuit cooling”, CC). Si le mode de refroidissement comprend une tour dans laquelle l’eau est refroidie via le contact avec un jet d’air avant qu’elle soit 1.3 La demande en eau en Méditerranée 36 évacuée, les grandes charges thermiques peuvent être évitées. Pour le mode CC les extractions d’eau sont minimisées et les grandes charges thermiques sont évitées. Cependant, la température de l’eau dans le système de refroidissement est plus importante que celle dans le système OT, ce qui est lié à des efficiences plus faibles des centrales. De plus, les pertes évaporatives directes sont plus élevées que dans le système OT [Koch et Vögele, 2009]. Les centrales localisées dans les zones côtières se refroidissent essentiellement avec l’eau de mer, tandis que les centrales situées dans l’arrière pays sont localisées près d’un cours d’eau d’où elles extraient l’eau. Les tendances d’évolution contemporaine des demandes en eau totales sont différentes selon les pays : – Croissance encore forte en Egypte, Grèce, Libye, Syrie, Turquie et au Maroc ; – Croissance modérée et décélérée en France et en Espagne ; – Croissance faible ou stabilité en Israël, Tunisie, et en Algérie ; – Légère décroissance en Italie et à Chypre. La demande en eau potable se stabilise dans les pays du Nord, voir diminue en France en raison des progrès réalisés au niveau des rendements des réseaux de distribution et de la hausse des prix. Au Sud et à l’Est elle est en hausse, et suit la croissance des populations urbaines. Les demandes liées au tourisme sont nettement en croissance. Les demandes des industries non desservies tendent à décroı̂tre ou à se stabiliser au Nord grâce à une augmentation de l’efficience et du recyclage, tandis qu’au Sud elles restent faibles. Les demandes pour l’irrigation sont généralement en croissance, avec une tendance à la diminution en raison de la croissance des parts des collectivités et du tourisme. Le ratio demande par habitant présente des évolutions contemporaines variées : – Croissantes dans les pays du Nord ainsi qu’en Turquie, en Algérie, en Libye et au Liban ; – Fluctuantes en Italie et en Tunisie ; – Décroissantes dans les pays où la population s’accroı̂t plus vite que les ressources en raison du plafonnement des ressources comme en Egypte, à Chypre, en Israël, et à Malte. 1.3.2 Projections des demandes en eau Les prévisions des demandes peuvent se faire en utilisant différentes approches comme l’extrapolation des tendances, l’application de taux de croissance sur les demandes contemporaines, la projection des facteurs exogènes 1.3 La demande en eau en Méditerranée 37 et les scénarios. Dans les exercices mondiaux de prévision, où l’objectif est d’estimer de façon approximative les pressions futures sur les ressources en eau ainsi que les situations de pénurie, les demandes, qui sont considérées équivalentes aux prélèvements, sont surestimées. Ils s’agit d’exercices assez sommaires, régionalisés de façon inégale, qui utilisent souvent comme facteur essentiel la population. C’est le cas des projections faites par Shiklomanov qui sont guidées uniquement par les projections démographiques [Shiklomanov , 1999]. En matière d’études à l’échelle globale, selon la FAO, dans les pays en voie de développement, qui détiennent 75% du total des surfaces irriguées, les terres irriguées augmenteraient de 0.6% par an jusqu’à 2030, et de 0.4% selon d’autres études sur l’Asie du Sud, l’Afrique et l’Amérique Latine. De plus, l’intensité culturale des terres irriguées dans les pays en voie de développement passerait de 1.27 à 1.41 cultivars par année, expansion surtout concentrée en Asie du Sud, Chine du Nord, Proche Orient et Afrique du Nord, avec une légère amélioration de l’efficacité d’usage [Bruinsma, 2003]. Cette vision exclut le changement climatique qui commencerait à avoir un impact sur l’agriculture à partir 2030. Selon le Millenium Ecosystem Assessment, l’expansion des terres irriguées serait plus lente de l’ordre de 0-0.18% par an jusqu’à 2050 avec ensuite une stabilisation voire une réduction [Millennium Ecosystem Assessment Board , 2005]. Selon la FAO, en 2030, l’extraction d’eau pour l’irrigation augmenterait de 14% dans les pays développés lorsque les impacts du changement climatique ne sont pas pris en compte [Bruinsma, 2003]. Enfin, des études à l’échelle globale se focalisent sur d’autres types de demande. Selon le Millenium Ecosystem Assessment, la hausse des extractions d’eau pour les usages domestiques et industriels à l’échelle globale, serait entre 14 et 83% en 2050. Ceci serait, entre autres, dû selon ce rapport au fait qu’une plus grande valeur serait attribuée aux usages domestiques et industriels en particulier sous condition de stress hydrique [Millennium Ecosystem Assessment Board , 2005]. Des études à l’échelle régionale, notamment au niveau de la région méditerranéenne, ont été conduites. Par exemple, des projections sont faites par International Water Management Institute (IWMI) avec le modèle PODIUM, qui prennent en compte l’offre et les demandes. Cette étude constitue un effort assez régionalisé avec 45 pays dont 14 méditerranéens et deux scénarios de développement de l’irrigation [Seckler et al., 1998] qui montre une : – Croissance des prélèvements proportionnelle à la population et efficience initiale constante ; – Croissance des aires irriguées proportionnelle à la population et un 1.3 La demande en eau en Méditerranée 38 progrès de l’efficience de 70% en 2025. Au niveau du bassin méditerranéen, selon les calculs de la FAO en 2000 [FAO, 2000], l’aire irriguée et récoltée augmenterait de 38% au Sud et 58% à l’Est entre 1998 et 2030 pour atteindre respectivement 9.1 millions d’hectares et 7.7 millions d’hectares. Pour cette région, selon Shiklomanov et les efforts ultérieurs sur les projections par pays, on aurait entre 2000 et 2025 une : – Croissance des prélèvements faibles de l’ordre de 10-13% en Europe, Israël, Tunisie ; – Croissance très faible en Italie ; – Croissance moyenne en Egypte, au Maroc ; – Croissance forte voire supérieure à 50% en Turquie, Syrie, Algérie, au Liban. Dans l’ensemble, les enveloppes de toutes les projections faites par les diverses études sont très divergentes allant de -30% à +15% pour l’Europe et de 0 à 95% pour l’Afrique et l’Est. Le Plan Bleu a également proposé des scénarios [Margat et Treyer , 2004]. Parmi ceux-là, on trouve le scénario “Avenir de l’eau en laissant faire”, un scénario “business as usual, au fil de l’eau”, caractérisé par les points suivants : 1. Dominance de l’approche par l’offre, continuation de la politique des barrages, sollicitation accrue des eaux souterraines ; 2. Continuation des modes de production et de consommation d’eau au Nord et transition des pays du Sud et de l’Est ; 3. Transferts d’eau pour la correction des inégalités intra et inter nationales ; 4. Rôle important maintenu pour l’agriculture irriguée ; 5. Réduction de la capacité des réservoirs ; 6. Compétition entre demandes, éventuellement due au changement climatique ; 7. Priorité donnée au développement économique à moyen terme. Selon ce scénario, en 2025, les demandes totales (prélèvements) augmenteraient de 43 km3 .an−1 soit +15% dans l’ensemble de la région. Le contraste entre le Nord et le Sud ne s’atténue pas. Au Nord, la croissance est nulle voire négative, tandis qu’au Sud et à l’Est, la croissance est encore importante i.e. de +23% et +48% respectivement sauf pour quelques pays pour lesquels l’offre plafonne. La part de la demande municipale est en légère croissance, ce qui est également le cas pour l’agriculture et l’industrie. La part de l’énergie est en décroissance ce qui est lié au progrès technique considéré pour cette demande (Figure 1.4). Selon ce scenario, qui est basé sur 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 39 l’approche par l’offre, l’évolution des coefficients liés à l’usage comme l’efficience de l’irrigation, l’avancée du recyclage industriel et du circuit fermé de refroidissement et à la part des eaux usées rejetées en mer à cause de la littorisation croissante des populations urbaines et des activités industrielles, sera lente. Les consommations finales devraient évoluer dans le même sens que les prélèvements et avec peu de divergence au moins à ce qui concerne le Sud et l’Est. Dans ce scénario, les consommations nettes sur l’ensemble de la région s’établissent à 150 km3 .an−1 , soit plus 30% par rapport à aujourd’hui. Il faut aussi compter 6 km3 supplémentaires liés aux ressources non renouvelables (fossiles) dans les pays du Sud, sans compter l’évaporation des réservoirs qui s’élève à 15 km3 .an−1 aujourd’hui et qui pourrait encore augmenter avec les projets de barrages et de canaux. Les consommations finales pourraient atteindre 180 km3 .an−1 soit +20% par rapport aux consommations nettes (eaux non rejetées après usages) en 2025, et +41% par rapport aux consommations finales (eaux non retournées au milieu) d’aujourd’hui. Malgré la hausse de la part des autres demandes, la demande en irrigation occupe une part dominante en Méditerranée. Sous changement climatique avec une modification potentielle des paramètres hydrologiques et climatiques, la demande en irrigation, dépendante de ces paramètres, pourrait changer. Ce sujet sera traité à la section 2.2.2. En dépit de l’importance de la demande en irrigation, il peut être constaté que, de façon générale, pour l’évaluation quantitative des différents types de demandes, divers facteurs socioéconomiques, hydroclimatiques et environnementaux doivent être pris en compte. Etant donnée l’incertitude sur l’évolution de ces facteurs ainsi que le degré d’incertitude induit par le choix de la méthode de prévision, l’estimation de l’évolution des demandes dans l’espace et le temps est délicate. 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée Les données présentées dans cette partie sont également issues de Margat et Treyer [2004]. L’offre d’eau en Méditerranée est assurée essentiellement par des stockages artificiels de plus de 200 km3 et des grands réservoirs aquifères sahariens et arabiques (sur)exploités notamment pour l’agriculture. Il est à noter aussi que les transferts d’eau sont très courants notamment en Espagne, Israël et Libye. En outre, à cause des aires irriguées et des retenues, l’évaporation a augmenté de 14% et, en considérant les diverses interventions humaines, le débit des cours d’eau qui se rejettent en Méditerranée a été réduit de 15%. Par ailleurs, la qualité des eaux diminue en raison de l’urbanisation, de l’imperméabilisation des sols, et de la hausse des rejets d’eaux 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 40 Fig. 1.4: Résumé des projections tendancielles des demandes en eau (km3 .an−1 ), source : Margat et Treyer [2004] 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 41 pluviales dans la mer et les défauts d’assainissement. Enfin, la présence forte d’aménagements contre les inondations accentue l’artificialisation du régime des eaux. Comme mentionné à la section 1.2, les ressources naturelles en eau rapportées aux populations sont souvent utilisées pour identifier les situations de manque ou d’abondance d’eau. A la différence entre pays se rajoute celle au sein des pays. Cependant, comme cette définition est globale, elle ne peut révéler de contrastes intra-pays liés à la variabilité spatiotemporelle des ressources, souvent régulées par des infrastructures hydrauliques. Ainsi, il serait plus intéressant de se référer, pour cet indicateur, uniquement aux ressources exploitables, voire même aux ressources intérieures en excluant les ressources extérieures en provenance des pays voisins. Les ressources exploitables se référent à celles susceptibles d’être mises en valeur selon des facteurs comme la faisabilité économique et environnementale du stockage de l’eau dans des réservoirs ou de l’extraction des eaux souterraines. La mise en valeur prend aussi en compte la possibilité physique de stocker de l’eau qui normalement se déverse en mer, ainsi que le débit minimal nécessaire pour les services environnementaux et la navigation. La définition des ressources exploitables est non seulement basée sur des critères techniques et économiques, mais aussi sociaux et, de plus en plus, environnementaux. La variation des ressources exploitables par habitant est un peu moins importante que la variation des ressources naturelles par habitant mais reste encore large allant de moins de 100 m3 .an−1 à plus de 2000 m3 .an−1 . Aujourd’hui, la demande en eau est couverte à 98% par l’exploitation des eaux douces. Initialement, le mode de mobilisation dominant était le captage des eaux régulières superficielles ou souterraines, en utilisant des techniques peu coûteuses en terme d’investissement et d’énergie : prises d’eau pérennes superficielles, captage de la source, puisage ou captage par gravité d’eau souterraine peu profonde. Cependant, en raison de l’irrégularité et de la saisonnalité des demandes, la nécessité de faire des aménagements régulateurs et de stocker la ressource est apparue. La mobilisation des eaux superficielles a occupé une part croissante de l’approvisionnement pour la plupart des pays méditerranéens. De façon générale, 54 des quantités d’eau prélevées proviennent des ressources en eau superficielles, tandis que 15 vient des ressources en eau souterraines. Cependant, la répartition varie selon les pays. Dans certains pays notamment l’Egypte, l’eau est uniquement prélevée à partir de ressources superficielles, tandis que dans d’autres pays comme Malte, les Territoires Palestiniens et la Libye, l’eau est essentiellement prélevée à partir de ressources souterraines. Les parts respectives des différentes sources d’approvisionne- 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 42 ment varient également selon les secteurs utilisateurs. En général, les ressources souterraines sont la source dominante d’approvisionnement pour les villes. Les ressources superficielles constituent la source d’eau exclusive pour le secteur de l’énergie et la source principale pour l’agriculture et l’industrie. Comme critères de répartition des quantités prélevées, on peut utiliser le mode de mobilisation et l’effort nécessaire, liés au caractère permanent ou non de la ressource en eau (Figure 1.62 ). L’eau en surface et souterraine, disponible localement peut être utilisée. Des quantités d’eau transférées depuis d’autres bassins peuvent également être utilisées et, plus récemment, on a fait appel à des ressources en eau non conventionnelles. Ces trois aspects de l’offre sont présentés dans les sections suivantes. 1.4.1 Mobilisation des ressources en eau : prises, pompages et barrages Le premier mode de prélèvement, déjà mentionné ci dessus, est la prise au fil de l’eau des eaux de surface régulières qui peut se faire par simple dérivation gravitaire pour des lieux d’utilisation à proximité de la ressource, ou par des canaux pour servir des zones plus éloignées. Le relèvement constitue une deuxième manière de prise au fil de l’eau qui peut être réalisée à l’aide de techniques traditionnelles peu consommatrices d’énergie comme les roues élévatrices en Syrie, ou de plus en plus souvent, à l’aide du pompage comme c’est le cas pour les infrastructures d’exploitation du Rhône. Pour les grands fleuves, les dérivations peuvent conduire à des aménagements lourds et complexes comme c’est le cas pour le Pô et le Rhône. Cependant, quand le fleuve constitue l’artère principale de distribution, les prises d’eau fluviales peuvent être dépendantes d’aménagements régulateurs. C’est le cas du Nil en aval du barrage d’Assouan. Le deuxième mode de mobilisation concerne l’exploitation des eaux souterraines phréatiques ou profondes. Les aquifères les plus accessibles et productifs (constitués de sable et de gravier, habituellement vastes et profonds, alimentés par les eaux de pluies qui s’infiltrent dans le sol) se trouvent principalement dans les zones habitées comme les plaines côtières et intérieures et les vallées. En fonction de l’accessibilité de l’eau souterraine et de l’importance des ouvrages qui doivent être mis en place, deux types d’exploitation 2 a. Dans l’état des statistiques disponibles, ce tableau comporte quelques hypothèses. b. Espagne : données du PNH pour 1993, comptant des “usos non consuntivos”. c. Israël : non compris la régulation par le lac Kinnereth. d. Y compris exploitation de ressources non renouvelables. e. Egypte : y compris remobilisation des retours d’eau au Nil, régularisé, et aux aquifères alluviaux (11.3 km3 .an−1 ). 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 43 peuvent être identifiés : l’exploitation des nappes phréatiques et profondes. L’exploitation des nappes phréatiques se fait par puit ou forage peu profond, solution de proximité nécessitant des investissements à la porté des usagers. Ces exploitations sont équipées d’appareils de puisage traditionnels ou de pompes plus productrices mais plus coûteuses en énergie (Tunisie 120000 points en 1997, Maroc 215000 points en 1990, Espagne 500000 points en 1993, en Italie 100000 points dans les années 80). Les productions varient entre une dizaine à plus d’un millier de m3 .hr−1 suivant le type d’aquifère. Plusieurs exploitations locales intensives d’aquifères alluviaux ou karstiques existent au niveau du bassin méditerranéen : Delta du Nil (77 m3 .s−1 ), plaine de Pô près de Milan (60 m3 .s−1 ), plaine de Mitidja pour l’alimentation d’Alger (10 m3 .s−1 ), plaine côtière d’Israël (15 m3 .s−1 ), Jeffara libyenne (18 m3 .s−1 ), plaine de Valence en Espagne (6 m3 .s−1 ). L’exploitation des nappes profondes, beaucoup moins à la portée des usagers particuliers, nécessite des forages plus profonds. Cette technique s’est développée en particulier en Egypte, Libye, Tunisie, et Algérie. Ce mode d’exploitation n’est pas durable car il conduit à l’épuisement de ressources non renouvelables. En général, la surexploitation des nappes souterraines à ressources renouvelables est déjà observée, notamment en Espagne, Israël, Libye, et en Tunisie, avec comme conséquence possible l’invasion d’eau salée. De plus, l’exploitation minière des eaux fossiles, production non durable, est loin d’être négligeable dans plusieurs pays méditerranéens, notamment en Libye, en Algérie et à Malte. Le troisième mode d’exploitation est lié à la maı̂trise des eaux de surface irrégulières, notamment à l’aide d’infrastructures hydrauliques importantes. Dans un premier temps, la collecte locale de l’eau pluviale, à l’aide de structures adéquates, est réalisée. Pour cela, il est possible d’utiliser des lacs collinaires avec un rôle local, notamment en Italie, Turquie, Algérie, et en Tunisie, de capacité variable entre 10000-100000 m3 , destinés à l’agriculture. Cependant, un barrage créant un réservoir d’accumulation représente la technique principale de régulation et la plus structurante pour l’aménagement des eaux. Les barrages-réservoirs peuvent avoir plusieurs finalités : pour l’irrigation, l’approvisionnement en eau, la production d’électricité, la protection contre les inondations, la navigation, le contrôle des pollutions, les loisirs, l’élevage. Les réservoirs d’accumulation ont aussi un rôle de “consommateur”, peu évalué, par le biais de l’évaporation qui peut atteindre 1 m.an−1 . C’est surtout au cours du XX e siècle que la construction de barrages au niveau de la région méditerranéenne à été initiée. Leur construction a commencé dès les années 1930 et 1940, particulièrement en Italie et en Es- 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 44 Fig. 1.5: Volumes des réservoirs des pays méditerranéens, source : Margat et Treyer [2004] pagne avec une finalité hydroélectrique. Ensuite, pendant la deuxième moitié du XX e siècle, le nombre de ces aménagements a augmenté dans la plupart des pays, en particulier en Espagne, France, Italie, Grèce, Albanie, Turquie, Maghreb et Egypte, avec des finalités multiples. De nos jours il y a plus de 1200 barrages avec une capacité de stockage supérieure à 10 millions de m3 , un volume cumulé de plus de 420 milliards de m3 (Figure 1.5), avec les barrages Ataturk et Keban sur l’Euphrate en Turquie et le barrage d’Assouan en Egypte représentant plus de la moitié de ce volume. Le potentiel est essentiellement développé en Espagne, France, Italie, Egypte et Maghreb. La plupart des réservoirs ont une capacité essentiellement inter-saisonnière, et leur gestion doit prendre en compte plusieurs demandes saisonnières, déphasées et souvent en compétition entre elles. Cependant, même si ces réservoirs jouent un rôle essentiel pour l’offre en eau en Méditerranée, ils suscitent des critiques sur leurs impacts environnementaux et sociaux. Il est à noter que la capacité régulatrice des barrages peut être diminuée par l’envasement causé par des flux importants de sédiments. La durée de leur fonction régulatrice peut être réduite malgré les “volumes de sédimentation” prévus à cet effet. Le taux des pertes moyennes annuelles s’élève à 0.1-0.5% au Nord et 0.5-1% au Sud, avec des pertes importantes au Maghreb et en Espagne. Ainsi la capacité régulatrice est en diminution, et, malgré des techniques de prévention, le comblement est plus ou moins prévu au XXI e . 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 45 Fig. 1.6: Production d’eau par mode de mobilisation des ressources conventionnelles pour les pays méditerranéens, source : Margat et Treyer [2004] 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 46 Ce problème ne pourra pas être entièrement résolu par la construction de nouveaux barrages, car le nombre de sites disponibles devient limité. 1.4.2 Transferts d’eau Au niveau du bassin méditerranéen, l’offre et la demande sont géographiquement dissociées. Ainsi, par le passé, l’eau a toujours été transportée sur des longues distances pour l’alimentation des villes. De nos jours, les transports d’eau ont changé d’échelle avec un accroissement des distances et des volumes. Plus de 130 villes de plus de 100000 habitants dépendent de ressources se situant à 50km, et souvent à l’extérieur de leur bassin hydrographique. Ainsi, les eaux des arrière-pays subissent souvent une pression supplémentaire due au développement des zones littorales, comme c’est le cas en Espagne, France, Grèce, Israël et Libye. Pour l’irrigation de quelques centièmes du territoire d’un pays, les ressources produites doivent être captées sur des espaces au moins dix fois plus étendus. Dans le cadre des plans d’aménagement, la justification de transferts entre bassins “excédentaires” et bassins “déficitaires” peut être de corriger les inégalités de répartition des ressources en eau. Cette solution est mise en oeuvre en priorité par les aménageurs pour faire face aux pénuries structurelles qui peuvent menacer certaines régions et elle s’inscrit dans une approche centrée sur l’offre. De nos jours, les transports assurent les 43 de l’approvisionnement de tous les secteurs desservis notamment pour l’eau potable ou l’irrigation, avec des réseaux pouvant être plus importants que les réseaux hydrographiques naturels, et avec des coûts énergétiques considérables. La figure 1.7 présente les principaux projets de transfert de la région méditerranéenne. Parmi les transferts importateurs pour le bassin méditerranéen on trouve : – en Espagne, le Trasvase, du Tage jusqu’en Andalousie ; – en Israël, le transfert d’eau du Jourdain prélevé par le lac du Kinnereth jusqu’aux zones côtières et le Neguev ; – en Libye, le transfert d’eau pompée dans les aquifères sahariens aux plaines et aux villes littorales ; – en France, les structures hydroélectriques qui transfèrent de l’eau de la Loire et la Garonne vers le Rhône et l’Orb. Parmi les transferts exportateurs on trouve : – en Egypte, le transfert d’eau du Nil vers la région côtière Ouest, vers le Sinai et les oasis méridionales ; – en Espagne, des structures hydroélectriques transportant de l’eau de l’Ebre au versant atlantique. 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 47 Fig. 1.7: Principaux projets de transfert, source : Margat et Treyer [2004] 1.4.3 Les nouvelles ressources en Méditerranée De nouvelles ressources commencent à être utilisées dans le bassin méditerranéen comme les eaux saumâtres et le dessalement. En Israël, par exemple, les ressources en eaux saumâtres sont estimées à 240 hm3 .an−1 , dont 100 dans le bassin méditerranéen. A ceci se rajoutent 85 hm3 .an−1 d’eau fossile qui peut être potentiellement produite dans le Neguev. A Gaza, les eaux saumâtres renouvelables sont estimées à 31 hm3 .an−1 . Il est également possible d’utiliser les eaux plusieurs fois soit par remobilisation après un premier usage (utilisation secondaire), soit par réutilisation directe. Cet usage est déjà développé en Espagne, Chypre, Israël, Egypte, Tunisie. Enfin, le potentiel de production industrielle d’eau douce par dessalement d’eau de mer ou d’eau saumâtre est de 800 millions de m3 .an−1 dans le bassin méditerranéen. Le coût moyen de dessalement est par ailleurs actuellement de 1.00 U SD.m−3 pour l’eau de mer et de 0.60 U SD.m−3 pour l’eau saumâtre, à comparer à 0.02 U SD.m−3 pour la chlorinisation de l’eau potable [Bates et al., 2008] 1.4 L’offre d’eau en Méditerranée 1.4.4 48 Quelque éléments de synthèse sur l’offre en eau en Méditerranée Les ressources en eau, non seulement en surface mais aussi souterraines, disponibles localement et exploitées avec divers modes plus ou moins coûteux en terme d’investissement et d’énergie, constituent l’essentiel de l’offre en eau pour la région méditerranéenne. Les prises au fil de l’eau sont plus faciles à réaliser car, en général, elles ne nécessitent pas la mise en place d’infrastructures lourdes. Cependant, comme la ressource en eau est très variable, ce mode de mobilisation peut ne pas être pérenne. Quand à l’utilisation de l’eau souterraine elle peut être à la portée des usagers localement sauf lorsqu’il s’agit des nappes profondes, où des investissements importants sont nécessaires, sans oublier que, de plus en plus, la surexploitation des eaux souterraines est observée. Etant donnée l’irrégularité des ressources en eau, les réservoirs représentent le mode de mobilisation le plus utilisé car ils contribuent à la régulation des ressources pour répondre à plusieurs objectifs notamment la protection contre les inondations ou pour satisfaire des demandes souvent décalées dans le temps par rapport à l’eau disponible. En outre, les ressources en eau disponibles et les demandes sont non seulement dissociées dans le temps mais aussi dans l’espace, rendant les transferts sur de longues distances nécessaires. Toutefois, il ne faut pas oublier les limites liées aux réservoirs et aux transferts. Presque tous les sites potentiels de construction de barrages sont utilisés, des quantités d’eau non négligeables sont évaporées des surfaces des réservoirs existants, et les barrages font souvent l’objet de controverses concernant leurs impacts sociaux et environnementaux. Quant aux transferts, ils reposent sur le transport de l’eau de l’arrière pays vers le littoral. Ces transferts ne sont pas nécessairement justifiés par un besoin de corriger la répartition inégale des ressources mais plutôt par les intérêts économiques de certaines zones (par exemple attractivité touristique des certaines zones littorales du Maghreb). Malgré les aspects négatifs des réservoirs, ils constituent des éléments essentiels de l’offre en eau en Méditerranée, une région caractérisée par une ressource en eau naturelle et des demandes variables dans l’espace et le temps. Cette hétérogénéité spatiotemporelle peut être aussi la raison des transferts d’eau longue distance. La représentation des barrages réservoirs constitue une étape essentielle dans la méthodologie intégrée générique globale-locale présentée aux chapitres 4 et 5. Cette méthodologie qui a une couverture globale, reconstitue à l’échelle du bassin versant les réseaux de réservoirs et les liens réservoirs-demandes en utilisant des données disponibles à l’échelle globale. Ces liens sont non seulement intra mais aussi inter bassins et per- 1.5 Intégration de l’offre et de la demande 49 mettent également de reconstituer les transferts. Un tel cadre peut être utilisé pour évaluer différentes options d’adaptation liées aux réservoirs sous changement climatique comme la modification de leurs dimensions ou de leurs règles opérationnelles (chapitre 2). Enfin, comme les réservoirs représentent des investissements lourds et irréversibles, dans le chapitre 3 le modèle générique présenté de dimensionnement d’un réservoir à l’échelle du bassin versant est utilisé pour évaluer l’impact de l’incertitude climatique sur la décision liée à la dimension optimale et pour estimer l’investissement correspondant. 1.5 Intégration de l’offre et de la demande Dans la section 5.1.2 l’état actuel des demandes en eau en Méditerranée ainsi que quelques éléments sur leurs projections ont été présentés. Les modes de mobilisation, les transferts d’eau et les nouvelles ressources d’eau ont été présentés dans la section 1.4. Cette section compare l’offre et la demande actuelles et les situent dans le cadre d’exercices mondiaux et régionaux de prospective. De telles comparaisons sont utiles parce qu’elles peuvent donner une idée des pressions exercées sur les ressources ainsi que des éventuelles disponibilités résiduelles dans le temps. Les données présentées dans cette partie sont issues de Margat et Treyer [2004]. Tout d’abord sur un plan géopolitique, actuellement et dans le futur, les contrastes de situation liés à l’eau ne se résument pas simplement à une différence Nord/Sud. Trois axes de déséquilibre existent : entre l’UE et le Maghreb, la Turquie et les pays du Proche Orient, l’Egypte et les pays en amont du Nil. Surtout pour les deux derniers cas, la situation pourrait être encore plus compliquée car certains pays ont des ressources en eau communes à partager. Ces ressources, selon certains, pourraient constituer pour les pays en amont un moyen de pression sur les pays en aval. L’offre et la demande sont souvent comparées en rapportant soit les prélèvements soit les consommations finales, aux ressources naturelles moyennes renouvelables, pour calculer respectivement les indices d’exploitation et de consommation. Les prélèvements peuvent inclure les remobilisations des retours. Ainsi, une meilleure comparaison peut être faite avec les consommations finales. Comme mentionné dans la section 1.4, ces indices globaux peuvent refléter des contrastes entre pays, car leur valeurs varient de moins de 1% à plus de 100%. Une deuxième comparaison peut être faite en rapportant les prélèvements et les consommations finales aux ressources exploitables. Ces indices sont plus élevés, mettant davantage en évidence les situations critiques et les disparités. En général, tous ces indices se réfèrent à des situa- 1.5 Intégration de l’offre et de la demande 50 tions moyennes et n’illustrent donc pas les tensions locales mais plutôt des situations probables de tensions. Les tendances contemporaines d’évolution de ces indices sont significatives, notamment les indices d’exploitation (rapportés aux ressources en eau naturelle renouvelable moyenne). Au cours des dernières décennies du XX e siècle, la croissance de ces derniers indices a été très forte notamment en Egypte, linéaire par exemple en France, accélérée en Syrie, décélérée, par exemple en Espagne, décroissante, notamment en Italie. De nos jours, les indices d’exploitation (rapportés aux ressources exploitables) sont de plus de 50% pour la plupart des pays, voire plus de 100% en Libye, Malte, Gaza, Israël. Ces indices ainsi que les indices de ressources naturelles et renouvelables par habitant, mentionnés en section 1.2, conduisent à des résultats similaires pour les pays méditerranéens. Leur corrélation illustre que les ressources en eau sont non seulement faibles mais aussi très exploitées (Figure 1.8). En général, des valeurs supérieures à 100% des indices présentés ci dessus peuvent correspondre à plusieurs situations différentes. A Malte, c’est la surexploitation des eaux souterraines qui explique ce déséquilibre. En Egypte, les valeurs supérieures à 100% sont dues à la remobilisation intense des retours d’eau. En Libye, le déséquilibre est justifié par la difficulté à distinguer les ressources renouvelables des non renouvelables. Quelles sont les ressources/réserves encore disponibles pour satisfaire les demandes futures ? Pour quantifier les marges de manoeuvre, on peut utiliser la différence quantitative entre ressources exploitables et consommations finales : élevée aux Balkans, encore forte en France, notable en Algérie, plus réduite en Espagne, se raréfiant en Israël, elle est pratiquement nulle à Gaza. Même quand le solde est appréciable il convient de prendre en compte le fait que les ressources en eau peuvent être difficilement exploitables, constituées en partie d’eau de retours, ce qui réduit la qualité et augmente les coûts, et également constituée d’eau externe, assez incertaine, de la zone amont du bassin située sur le territoire des pays voisins, avec des disparités régionales. Des études à l’échelle mondiale et régionale évaluent l’offre et les demandes et les comparent dans le futur. Parmi les exercices mondiaux, l’application du modèle WATERGAP a comme objectif d’évaluer les conséquences du changement climatique sur les demandes et les ressources en eau par habitant ainsi que sur le risque de pénurie en eau à l’horizon 2025. Trois scénarios d’évolution des demandes correspondent à des projections de l’intensité d’utilisation par rapport aux revenus par habitant. Les demandes correspondent aux demandes d’approvisionnement et, à cause de la réutilisation des ressources d’eau exploitées, elles peuvent être différentes des prélèvements. Pour une année moyenne, la demande augmenterait globalement d’ 13 entre 1995 et 1.5 Intégration de l’offre et de la demande 51 Fig. 1.8: Indicateurs de pénurie et de pauvreté, relation entre indices d’exploitation et les ressources naturelles par habitant pour les pays méditerranéens, source : Margat et Treyer [2004] 1.5 Intégration de l’offre et de la demande 52 2025. Cette hausse serait très forte à l’Est, forte au Sud et faible au Nord. Comme le modèle ne prend en compte que les ressources en eau renouvelables internes, il amplifie la différence entre eau disponible et usages de l’eau. Pour certains pays comme l’Egypte, la Libye, Israël, la Cisjordanie, Chypre, et les pays du Maghreb, les ressources sont ainsi sous évaluées. Quelques résultats peuvent être cités pour les pays méditerranéens. Pour le Maroc en 2025, pour une année moyenne l’eau disponible est de 54 et pour une année sèche décennale de 21 m3 .an−1 .hab−1 , à comparer avec les 207 m3 an−1 .hab−1 en 1995 (année moyenne). Concernant les demandes, en 2025 elles sont de 571 (année moyenne) et de 1003 m3 .an−1 .hab−1 (année sèche décennale), à comparer avec 400 m3 .an−1 .hab−1 en 1995 (année moyenne). Pour Israël, l’eau disponible en 2025 est de 49 m3 .an−1 .hab−1 (année moyenne) et de 28 m3 .an−1 .hab−1 (année sèche décennale), et en 1995, de 151 m3 .an−1 .hab−1 (année moyenne). La demande est de 404 m3 .an−1 .hab−1 (année moyenne) et de 900 m3 .an−1 .hab−1 (année sèche décennale), à comparer avec 536 m3 .an−1 .hab−1 en 1995 (année moyenne). Enfin pour l’Italie, l’eau disponible en 2025 est de 2084 m3 .an−1 .hab−1 (année moyenne) et de 1530 m3 .an−1 .hab−1 (année sèche décennale), à comparer avec les 2289 m3 .an−1 .hab−1 en 1995 (année moyenne). La demande en 2025 est de 779 m3 .an−1 .hab−1 (année moyenne) et de 840 m3 .an−1 .hab−1 (année sèche décennale), à comparer avec les 929 m3 .an−1 .hab−1 en 1995 (année moyenne). Le Plan Bleu évalue l’offre et la demande et les compare dans le futur à l’échelle de la région méditerranéenne. Le scénario du Plan Bleu sur “l’avenir de l’eau en laissant faire” mentionné plus haut fait apparaı̂tre un classement des pays en comparant les demandes projetées et les ressources conventionnelles. 1 Elles resteront inférieures à 10 pour la Bosnie-Herzégovine et la Croatie, ou 14 des ressources exploitables pour la Slovénie, la Serbie-Monténégro, et l’Albanie, jusqu’en 2025. Elles pourront être couvertes sans grand problème par l’exploitation des ressources conventionnelles. Pour un deuxième groupe de pays, les demandes qui ne changeront pas (France, Grèce, Italie) ou croı̂tront de façon importante (Turquie), resteront inférieures à la moitié des ressources conventionnelles. Elles devront faire face, localement ou de façon conjoncturelle, à des tensions liées aux demandes saisonnières ou aux ressources temporairement indisponibles. Dans un troisième groupe de pays, elles seront croissantes, en approchant les ressources exploitables moyennes (50-100%). C’est le cas dès à présent pour l’Espagne, la Macédoine, Chypre, le Liban, la Syrie, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. Ca sera le cas également de la Turquie avant 2025. Pour ces pays, les risques de pénurie conjoncturelle avec les sécheresses saisonnières 1.5 Intégration de l’offre et de la demande 53 ou inter-annuelles et les déséquilibres régionaux déjà existants s’aggraveront. Pour faire face aux pénuries, une meilleure gestion des ressources sera nécessaire. En outre, en vue de l’augmentation de la pression sur les ressources conventionnelles, les ressources exploitables seront réévaluées à la hausse. Enfin, le quatrième groupe est caractérisé par de plus grandes difficultés. Pour les pays de cette catégorie, à savoir l’Egypte, Israël, la Libye et Malte, les demandes, dès à présent, sont supérieures aux ressources exploitables voire même naturelles. Pour la Syrie, l’Algérie, les Territoires Palestiniens et la partie de l’Espagne qui est incluse dans le bassin méditerranéen, cette situation devrait prévaloir d’ici 2025. Pour les pays du quatrième groupe, les ressources conventionnelles étant de plus en plus insuffisantes, de nouvelles solutions devront être trouvées. Certains pays tels que la Libye, l’Egypte, la Tunisie, et l’Algérie, auront un recours croissant aux ressources non renouvelables. D’autres pays comme l’Egypte, Israël, la Syrie, et la Tunisie, devront utiliser les ressources secondaires. Des pays comme l’Espagne et Israël pourraient mettre en place des transferts inter-régionaux ou internationaux. Enfin, d’autres pays tels que Malte, Chypre, l’Espagne et Israël devront faire appel aux ressources non conventionnelles notamment le dessalement. Plus précisément, d’après le scénario basé sur l’approche par l’offre du Plan Bleu, l’offre de ressources secondaires en provenance des eaux de drainage serait importante en Egypte et en Syrie. En Israël, la réutilisation des eaux usées urbaines en agriculture pourrait atteindre 640 hm3 .an−1 en 2020. A Gaza, le dessalement augmenterait jusqu’à 55 hm3 .an−1 en 2020 pour couvrir 60% de la demande domestique. La consommation des eaux secondaires ou non conventionnelles pourraient atteindre 25 hm3 .an−1 , la plus grande partie étant en Egypte. Les projections de l’offre et de la demande peuvent être comparées en utilisant les indices d’exploitation et de consommation finale rapportés aux ressources exploitables. Les tableaux 1.1 et 1.2 révèlent les projections en 2025 de ces indices. Le classement des pays à la base de l’indice d’exploitation rapporté aux ressources exploitables est en accord avec celui avec l’indicateur des ressources en eau par habitant. A la base de ces deux indicateurs corrélés, le classement des pays peut être projeté en 2025. Ce classement est similaire à celui établi avec les valeurs actuelles des indices (Figure 1.9). La géographie des pressions sur les ressources ne sera pas très différente de celle d’aujourd’hui. Les contrastes entre Nord et Sud-Est seront amplifiés et les situations seront aggravées pour la plupart des pays du Sud et du Proche Orient. On constate, d’ores et déjà, que les ressources en eau sont limitées quantitativement et qualitativement alors que les demandes en eau ne cessent 1.5 Intégration de l’offre et de la demande 54 Tab. 1.1: Projection en 2025 de l’indice d’exploitation rapporté aux ressources exploitables Valeur Pays Commentaire 30% > 50% pays du Nord Espagne, Turquie, pays du Sud > 100% partie médit. de l’Espagne, Malte, proche Orient, Egypte, Libye, Algérie sécurité tensions plus fréquentes, mobilisation plus difficile surexploitation, recours à la rémobilisation Tab. 1.2: Projection en 2025 de l’indice de consommation finale rapporté aux ressources exploitables Valeur Pays < 10% 10-25% 25-50% > 50% > 100% pays balkaniques, France Italie, Grèce Espagne, Macédoine, Turquie, Chypre, Cisjordanie, Tunisie Syrie, Liban, Algérie, Maroc Israël, Egypte, Libye, Gaza 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen ; La modélisation au service de la gestion intégrée 55 Fig. 1.9: Classement des pays méditerranéens suivant les indicateurs de pauvreté et de pénurie pour le scénario tendancielle modéré en 2025, source : Margat et Treyer [2004] d’augmenter. Par conséquent, les situations de pénurie sont fréquentes, d’autant plus que les ressources et les demandes sont dissociées dans l’espace et le temps. Dans le futur, cette situation risque de s’aggraver. Ainsi, l’évaluation et la gestion intégrées de l’offre et de la demande, s’avèrent nécessaires afin de rétablir l’équilibre offre-demande dans l’espace et le temps. 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen ; La modélisation au service de la gestion intégrée Dans le contexte actuel, avec la prise de conscience de la rareté et de la fragilité des ressources en eau et le constat de compétitions et conflits entre usages avec des demandes grandissantes, la “gestion de la ressource” s’avère de plus en plus nécessaire. Ce nouveau concept vient replacer le gestion traditionnelle de l’eau par secteur. Cependant, la mise en place de ce concept reste difficile notamment pour les bassins transfrontaliers. En effet, dans ce cas, des facteurs géopolitiques entrent en ligne de compte. La gestion et le partage de la ressource commune est ainsi encore plus difficile à mettre en place. L’étude du nouveau concept de gestion constitue alors un réel défi 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen ; La modélisation au service de la gestion intégrée 56 pour la modélisation. De nombreux modèles hydro-économiques ont ainsi été développés pour analyser les divers aspects de ce concept, en incluant plusieurs caractéristiques notamment hydrologiques, techniques, économiques à diverses échelles spatiales et temporelles. Ces modèles constituent des outils qui peuvent être utilisés pour la gestion intégrée de la ressource à des échelles différentes. 1.6.1 De la gestion par secteur à la gestion par milieu De façon générale et en particulier en Méditerranée, l’eau est un sujet primordial qui a influencé la structuration des sociétés. Au niveau des structures gouvernementales, la gestion de l’eau est sectorielle. Cette gestion morcelée est notamment soutenue par l’ordre des priorités fixé par chaque secteur ou par les gouvernements qui peuvent, à un certain moment, donner la priorité à un secteur en particulier. Typiquement, encore aujourd’hui, l’approvisionnement et l’assainissement étant considérés comme des services essentiels, l’objectif principal est d’assurer un taux de desserte élevé avec une quantité et une qualité satisfaisante, en anticipant également les progrès des demandes futures. Etant donnée la priorité attribuée à ces services, l’eau en surface ou souterraine est utilisée sans prendre en compte les autres demandes. De plus, l’approvisionnement et l’assainissement sont souvent délégués à des entreprises privées ce qui fait que les responsabilités sont encore plus morcelées. L’irrigation est aussi un secteur particulier avec sa propre organisation. La tendance récente consiste à transférer la responsabilité de l’exploitation et de la maintenance des réseaux d’irrigation réalisés sur les fonds publics aux collectivités d’irrigants, donnant ainsi à l’eau un caractère de produit de consommation distribué par des acteurs responsables de l’approvisionnement. Ceci souligne encore la pratique actuelle de fragmentation des responsabilités et de la gestion par secteur. L’intégration de l’offre (toutes les ressources) et de la demande (tous types de demande), leur comparaison et l’évaluation de leurs évolutions dans l’espace et dans le temps, nécessitent la mise en place d’une pratique de gestion de la ressource qui constitue un concept plus récent et, en général, assez différent des pratiques traditionnelles présentées ci-dessus. Le nouveau concept de la “gestion de la ressource” correspond au passage de la gestion par secteur à la gestion par milieu. Le changement de pratique de gestion s’avère d’ailleurs nécessaire, étant donnée les ressources en eau de plus en plus fragiles et rares et les demandes sans cesse grandissantes. Selon Margat et Treyer [2004], étant donné les tensions sur les ressources, le droit d’eau devrait évoluer avec une reconnaissance du statut de “patrimoine commun” 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen ; La modélisation au service de la gestion intégrée 57 de l’eau et la création d’institutions et de procédures de gestion (polices de l’eau, planification et gestion, politiques tarifaires, redevances, participation des parties prenantes, droit national et communautaire). La nouvelle gestion de l’eau qui essaie d’encourager la “gestion par bassin” doit intégrer la structure physiographique et hydrographique, la structure des utilisations (géographie socioéconomique), et la structure des pouvoirs (niveaux de décentralisation différents). Dans le bassin méditerranéen où l’offre et la demande sont dissociées dans l’espace et le temps, deux cas de figure liés à la gestion se rencontrent. Dans le premier, la gestion est fortement centralisée. Ceci peut être dû à la structure de la ressource naturelle (par exemple le Nil qui concentre toute la ressource) ou l’organisation technique qui peut intégrer production et distribution et dont la gestion est organisée en monopole. Dans le deuxième, la gestion est décentralisée. Ce type de gestion est justifié soit par l’existence d’un nombre important de grands bassins, soit par une structure hydrographique qui empêche les transferts, soit par la domination des eaux souterraines qui peut favoriser les exploitations individuelles. En raison de l’hétérogénéité des situations, la gestion ne se résume pas simplement à une gestion par bassin. Pour la majeure partie de la Méditerranée, à cause des structures hydrographiques ou du climat, la gestion s’exerce soit par ensemble de petits bassins, soit par aquifères indépendants des structures hydrographiques de surface. Ainsi, l’évaluation de l’équilibre entre offre et demande, qui constitue un objectif majeur de la gestion de la ressource, peut s’exercer à des échelles différentes à cause de l’hétérogénéité de l’offre et de la demande dans l’espace et le temps et de la faisabilité des transferts . 1.6.2 Bassins transfrontaliers : un cas difficile pour la gestion par milieu Diverses particularités liées aux structures hydrographiques et à la structure des utilisations peuvent aussi compromettre la gestion par milieu ou nécessiter la mise en place d’une organisation particulière. Par exemple, dans certains cas, la ligne de partage naturelle ne coı̈ncide pas avec les frontières politiques. Au niveau de la région méditerranéenne en particulier, plus d’une vingtaine de bassins transfrontaliers existent, comme c’est le cas pour les péninsules ibérique et balkanique, le bassin du Nil et le Proche Orient. L’écoulement transfrontalier est de l’ordre de 120 km3 .an−1 , avec la moitié au Nord, 46% au Sud, et 2% au Proche Orient. Pour ces bassins, où des problèmes de souveraineté se posent, l’organisation de la gestion par structure physiographique est complexe. 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen ; La modélisation au service de la gestion intégrée 58 Ainsi, pour ces ressources communes, différents problèmes sont rencontrés : partage de la ressource, en particulier en situation de rareté, cours d’eau comme vecteur de transfert de pollution, aménagements pour la prévention contre les inondations quand le site à équiper et à protéger sont des deux côtés de la frontière, mise en avant du principe de souveraineté pour les eaux générées sur le territoire d’un pays, droit d’usage pour le pays en aval. Les pays concernés sont l’Egypte, la Syrie, Israël, la Grèce, l’Albanie, la Croatie, la Slovénie, et la Serbie-Monténégro. La vision d’une gestion commune reste toutefois un idéal. Concernant le bassin du Nil, des accords ont été signés, notamment en 1959 et l’Egypte avec le Soudan ont lancé plusieurs initiatives de coopération. D’autres initiatives sont mises en place comme le “Nil Basin Initiative” lancé en 1999, qui vise plutôt à promouvoir le développement socioéconomique de la région [Margat et Treyer , 2004]. De façon générale les accords pour le bassin du Nil reflètent divers intérêts (coloniaux, nationaux/régionaux, ...) et certains de ces accords ne sont pas reconnus par un ou plusieurs pays voisins [Conway, 2005]. 1.6.3 Modèles hydro-économiques comme outils de gestion intégrée Une gestion intégrée de la ressource peut être assistée par les modèles hydro-économiques. Ces modèles représentent des systèmes hydriques spatialement distribués, des infrastructures, des options de gestion, et des valeurs économiques [Harou et al., 2009]. Cette approche est différente de l’approche classique de bilan hydrologique [Sun et al., 2008; Ji et al., 2006; Asokan et Dutta, 2008]. Dans l’approche de bilan hydrologique, l’eau disponible par point de grille est calculée avec un modèle hydrologique. Les demandes sont localisées dans les points de grille et ainsi le bilan peut être fait par point. Si cette approche contient un schéma de routage, l’eau est acheminée à travers les points de grilles qui sont ainsi connectés, et les demandes localisées peuvent être satisfaites soit par l’eau disponible localement dans les points de grille soit par l’eau disponible dans les points de grille en amont par le biais du routage. De leur côté, les modèles intégrés représentent, à l’échelle régionale, non seulement les aspects hydrologiques mais aussi techniques, économiques et environnementaux liés aux ressources en eau. Ce sont des outils orientés vers la découverte de stratégies permettant d’améliorer l’efficience et la transparence de l’usage de l’eau [WATECO, 2003]. Cette approche spatialisée hydro-économique est nécessaire quand plusieurs infrastructures sont mises en place, tandis que dans le cas contraire les modèles précipitation ruisselle- 1.6 Gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen ; La modélisation au service de la gestion intégrée 59 ment peuvent être utilisés. Bien évidemment, ces approches ont des limites, en ce qui concerne les techniques utilisées (optimisation, simulation), les unités géographiques (basin versant, région), les échelles temporelles (jour-moissaison, année), ou dans la combinaison des approches hydrologiques et économiques [Brouwer et Hofkes, 2008]. Une hypothèse importante concerne les demandes qui ne correspondent pas à des besoins fixes mais plutôt à des fonctions où les quantités utilisées dans le temps ont des valeurs économiques totales et marginales qui varient. L’allocation des ressources dans un modèle hydro-économique est ainsi déterminée par la valeur économique qu’elle crée. La monétarisation des usages permet ainsi de convertir un problème complexe multi-objectif de gestion des ressources en eau en un problème plus simple à un seul objectif. Les modèles intégrés ont pour vocation de représenter les principales caractéristiques distribuées dans l’espace qui décrivent au mieux l’état des ressources en eau : composantes hydrologiques, infrastructures, règles operationnelles. La question à laquelle on veut répondre détermine le choix de l’échelle et de là, les processus qui peuvent être représentés. La structure noeud-lien est en général la plus appropriée pour l’intégration de plusieurs échelles [Harou et al., 2009]. Enfin, la crédibilité de ces modèles est jugée sur leur capacité à reproduire des valeurs historiques (validation). La formulation et l’application des modèles dépend d’un élément important qui est la disponibilité de données. Au niveau du bassin méditerranéen, les ressources en eau sont variables dans l’espace et le temps en terme quantitatif et qualitatif. Un autre contraste concerne la disponibilité et la qualité des données hydrologiques, qui sont essentielles pour disposer d’une représentation précise des profils hydroclimatiques ainsi qu’une évaluation des ressources en eau. Les connaissances hydrologiques du bassin méditerranéen dépendent de la continuité d’efforts d’observations qui sont contrastés. Les durées d’observations sont en effet inégales. Les observations peuvent être lacunaires, les réseaux de mesures sont de densité variées, des estimations peuvent ne pas être mesurées mais modélisées. En Europe, les réseaux pluviométriques sont de densité assez homogène avec 10 stations par 1000 km2 . Dans les pays du Levant ils sont peu étendus, plus faibles au Maghreb avec moins de 1 station par 100 km2 et encore plus en Egypte et en Libye. Les réseaux hydrométriques ont une densité plus variée en Europe avec 2-8 stations par 1000 km2 et au Proche Orient avec 1-10 par 1000 km2 , la densité la plus faible étant en Afrique. Les applications des modèles hydro-économiques sont diverses : – allocation intersectorielle et usages in-stream et off-stream [Brinegar et Ward , 2009; Ward , 2009; Watson et Davies, 2009; Karamouz et al., 1.7 Quelques éléments de conclusion 60 2005; Letcher et al., 2006; Heinz et al., 2007] ; – offre de l’eau, infrastructures techniques et expansion de capacité [Koch et Grünewald , 2009; Strzepek et al., 2008; Feng et al., 2007; Palmer et Characklis, 2009] ; – utilisation conjointe de l’eau de surface et souterraine [Harou et Lund , 2008; Liao et al., 2010] ; – institution, marchés d’eau et tarification [Zaman et al., 2009; Gohar et Ward , 2010; van Heerden et al., 2008; Ballestero, 2004] ; – résolution de conflits, gestion transfrontalière, et viabilité [Hamouda et al., 2009; Ward et al., 2006; Mahjouri et Ardestani, 2010] ; – gestion pour le changement climatique et les sécheresses [Quinn et al., 2001, 2004; Gurluk et Ward , 2009; Médellı́n-Azuara et al., 2010] ; – gestion des usages des sols, inondations et qualité d’eau [Ward et PulidoVelázquez , 2008; Guan et Hubacek , 2008; Jonkman et al., 2008]. Ainsi, les modèles hydro-économiques dont l’échelle spatiotemporelle peut être choisie en fonction de la question étudiée, peuvent représenter divers éléments d’hydrologie, d’hydraulique et d’économie, distribués dans l’espace. Une telle méthodologie avec une couverture globale et une modélisation générique des structures nodales offre (réservoirs)-demande à l’échelle du bassin versant, est présentée dans les chapitres 4 et 5. L’étendue géographique globale permet de représenter divers changements globaux, notamment hydroclimatiques, ainsi que les interactions liées aux ressources en eau entre bassins, étant donné que l’offre et la demande en eau sont, de plus en plus, dissociées dans l’espace et le temps. A l’échelle du bassin, les caractéristiques essentielles qui aident à refléter l’hétérogénéité spatiotemporelle de l’offre et de la demande sont représentées. De plus, les réseaux de réservoirs et les liens entre les réservoirs et les demandes sont reconstitués, et l’opération coordonnée des réservoirs est déterminée de sorte à couvrir au mieux les demandes, ce qui permet l’évaluation intégrée de l’offre et de la demande. 1.7 Quelques éléments de conclusion Les sections précédentes permettent de dégager un panorama général des ressources en eau au niveau du bassin méditerranéen. La demande, caractérisée par une importante saisonnalité, est inégalement répartie, tandis que l’offre est irrégulière et également inégalement répartie dans l’espace et le temps. Ainsi, à travers le bassin méditerranéen l’offre et la demande, influencées par les situations socioéconomiques et hydroclimatiques, sont caractérisées par une importante hétérogénéité spatiotemporelle. Par ailleurs, la demande ne cesse d’augmenter et l’offre devrait suivre cette hausse en rai- 1.7 Quelques éléments de conclusion 61 son de la présence de nombreuses infrastructures hydrauliques, notamment des barrages nécessaires pour maı̂triser une offre irrégulière. Pourtant, tant au niveau quantitatif que qualitatif, les ressources en eau, d’ores et déjà rares et fragilisées, doivent faire face à des pressions grandissantes liées aux changements globaux ou régionaux-locaux, socioéconomiques ou environnementaux. En fonction des caractéristiques de l’offre et de la demande, la gestion des ressources en eau nécessite de dépasser la limite du bassin versant afin de disposer d’une étendue géographique plus importante. Le choix de l’échelle déterminera ainsi le niveau spatial et temporel au sein duquel l’évolution quantitative et qualitative de l’offre et de la demande est mesurée et sont comparées. La question traitée pourra également influencer le choix de l’échelle ainsi que les caractéristiques de l’offre et de la demande qui doivent être représentées pour refléter leur hétérogénéité, en particulier dans le cas des défis globaux dont l’étude nécessite une étendue globale. Ce niveau d’analyse est également nécessaire lorsque les changements globaux interviennent dans des situations où les bassins versants interagissent entre eux (transferts d’eau, échanges de biens et services produits sur la base de l’utilisation des ressources en eau). A l’échelle d’une zone géographique étendue, les bassins ont souvent des profils d’offre et de demande en eau très hétérogènes. Dans certains bassins, l’eau de surface constitue la source d’eau principale, exploitée avec de nombreux réservoirs qui servent plusieurs objectifs. Dans d’autres, les aquifères sont la source principale d’eau, souvent surexploités pour les besoins agricoles en eau. Les activités implantées sur les différents bassins sont également très diverses, elles nécessitent différentes quantités d’eau avec des standards de qualité différents et des distributions dans le temps diverses. En raison de cette hétérogénéité, les changements globaux auront des implications différentes pour la gestion et la planification des leurs ressources en eau. Ainsi, en terme de recherche, le défi consiste à disposer d’un double focus : disposer d’une couverture globale et en même temps descendre à un niveau spatial assez fin, celui du bassin versant, afin de représenter l’hétérogénéité socioéconomique, hydrographique et hydroclimatique du secteur. Une telle approche globale-locale doit se positionner entre les approches globales très agrégées et les approches locales très détaillées, en représentant au niveau d’une région les éléments essentiels de l’offre et de la demande en eau à l’échelle du bassin versant qui reflètent leur variabilité. Plusieurs modèles hydro-économiques existent qui peuvent être utilisés pour l’étude de diverses questions liées aux ressources en eau, pour un bassin ou un ensemble de bassins. Cependant, leur application nécessite souvent des données très dé- 1.7 Quelques éléments de conclusion 62 taillées, généralement indisponibles à l’échelle globale. Cette thèse (chapitres 4 et 5), présente une approche globale-locale qui repose sur une modélisation générique des structures nodales offre-demande à l’échelle du bassin. La méthodologie permet de reconstituer les réseaux des réservoirs et les liens réservoirs-demandes et de déterminer l’opération coordonnée des réservoirs, en utilisant des données disponibles à l’échelle globale. Elle peut être ainsi utilisée pour l’évaluation et la gestion intégrées des ressources eau de diverses régions sous l’effet de divers changements aux échelles globales et régionales. Les changements globaux pourraient par ailleurs accroı̂tre le degré de vulnerabilité des ressources en eau, en influençant les caractéristiques de l’offre et de la demande en eau ainsi que leur adéquation dans l’espace et le temps. Ils peuvent accentuer l’effet de divers changements non-climatiques (hausse de la population, diversification des activités économiques, utilisations accrues des ressources naturelles, dégradations environnementales...). Or, la région méditerranéenne, est la région où les modèles s’accordent le plus sur le signe du changement climatique. Cependant, le climat méditerranéen est sensible à l’ampleur du changement climatique global, comme l’illustrent les variations au niveau de la localisation précise et de l’ampleur des changements qui varient entre les modèles. Dans l’ensemble, les impacts de ce changement sur les systèmes environnementaux et humains seront probablement importants, avec des variations entre les régions et les secteurs en raison de l’incertitude climatique. En particulier dans le secteur de l’eau, le changement climatique pourrait changer la disponibilité, l’accessibilité et la demande et par conséquent accentuer les problèmes de rareté existant déjà notamment au niveau du bassin méditerranéen. L’existence d’un risque de changement climatique demande dès lors de réviser les stratégies de gestion des ressources afin de s’adapter au risque et limiter l’ampleur de ses impacts. Ce risque doit ainsi être intégré dès à présent dans les diverses décisions d’investissement, et notamment, dans la conception des infrastructures hydrauliques afin d’assurer leur fiabilité à long terme. Il s’agit d’investissements lourds avec des durées de vie longues, par conséquent, en raison des incertitudes sur le changement climatique, il y a à priori des risques importants de pertes économiques entraı̂nés par un mauvais investissement, sujet qui sera traité au chapitre 3. Bibliographie 63 Bibliographie Asokan, S. M., et D. Dutta, Analysis of water resources in the mahanadi river basin, India under projected climate conditions, Hydrological Processes, 22, 3589–3603, doi :10.1002/hyp.6962, 2008. Attane, I., et Y. Courbage, La démographie en méditerranée. situation et projections, Document de travail 11, Economica - Plan Bleu, 2001. Ballestero, E., Inter-basin water transfer public agreements : a decision approach to quantity and price, Water Resources Management, 18, 75–88, 2004. Bates, B., Z. Kundzewicz, S. Wu, et J. P. (Eds.), Climate Change and Water, 210 pp., IPCC Secretariat, Geneva, Technical Paper of the Intergovernmental Panel on Climate Change, 2008. Benoit, G., et A. 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Chapitre 2 Changement climatique et adaptation dans le secteur de l’eau 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne Les systèmes climatiques, hydriques, biophysiques, et socioéconomiques sont interconnectés de manière complexe et sont sensibles à toute modification de l’un des systèmes ou sous l’effet de pressions comme le changement climatique. Le changement climatique d’origine anthropique pourrait ainsi amplifier les problèmes liés aux aspects quantitatifs et qualitatifs des ressources en eau déjà existants. Or étant donné que les ressources en eau sont indispensables pour toute forme de vie et qu’elles sont nécessaires en quantités importantes pour pratiquement toutes les activités humaines, l’étude des liens entre le changement climatique et les ressources en eau constitue un enjeu important d’analyse [Bates et al., 2008]. Le changement climatique constitue un défi global qui, en fonction des caractéristiques hydroclimatiques et socioéconomiques de chaque région, pourrait avoir des conséquences différentes. La descente d’échelle du changement climatique au niveau d’un système local est toutefois incertaine (section 2.1.3). Ainsi, ce chapitre présentera tout d’abord des éléments sur le changement climatique à l’échelle globale (section 2.1.1), puis à l’échelle de la région méditerranéenne en ce qui concerne les paramètres hydroclimatiques 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 69 (section 2.1.2). Ensuite, un panorama des impacts du changement climatique à l’échelle globale est présenté (section 2.2.1), puis au niveau de la région méditerranéenne, caractérisée par des ressources hydriques variables dans l’espace et le temps et des profils socioéconomiques hétérogènes (section 2.2.2). Enfin, des mesures d’adaptation notamment du côté offre sont présentées (section 2.3), mesures qui peuvent être difficiles à mettre en oeuvre en raison de l’incertitude climatique. 2.1.1 Changement climatique à l’échelle globale Les résultats présentés dans le IVème rapport du GIEC [IPCC , 2007] pour la période 1900-2100 sont issus de deux types de modèles climatiques numériques : les modèles globaux et les modèles régionaux. Les modèles globaux couvrent l’ensemble du globe avec une faible résolution spatiale (150-250 km) et représentent tous les facteurs qui influencent le climat. L’éventail des scénarios produits par ces modèles donne une idée du spectre des incertitudes liées aux projections climatiques. Les modèles régionaux couvrent une partie seulement du globe et ont une plus haute résolution (50-20 km) sur la zone étudiée. La simulation des processus physiques (reliefs, trait de côte complexe, contraste terre-mer, ı̂les) leurs permet d’obtenir une représentation fine du climat. Toutefois, seul un certain nombres de facteurs sont représentés, comme les évolutions de l’atmosphère et de la végétation, tandis que les caractéristiques de l’océan sont prises en compte dans des modèles globaux [Hallegatte et al., 2008]. Les changements du cycle hydrologique global lors des dernières décennies ont été associés au réchauffement observé : hausse du contenu atmosphérique en vapeur d’eau, changement des précipitations, réduction de la couverture neigeuse et fonte des glaciers, changement de l’humidité des sols et du ruissellement. Les simulations des modèles climatiques sur le XXI e siècle s’accordent sur une hausse très probable des précipitations aux hautes latitudes, sur une partie des tropiques, et une réduction dans certaines zones subtropicales et de moyenne latitude. Des réductions importantes pourraient se produire, allant jusqu’à 20%, dans la région méditerranéenne, les Caraı̈bes et les côtes Ouest sub-tropicales de chaque continent. A partir du milieu du XXI e siècle, le ruissèlement moyen annuel des cours d’eau et la disponibilité en eau augmenteraient dans les hautes latitudes et dans certaines régions humides tropicales, et diminueraient dans les régions sèches aux latitudes moyennes et dans les zones sèches des tropiques [Bates et al., 2008]. Sur le bassin du Nil, selon l’étude de Beyene et al. [2010], les écoulements seraient de 111(114), 92(93), 84(87) % par rapport aux valeurs historiques de 1950-1999 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 70 pour les périodes 2010-2039, 2040-2069, 2070-2099 respectivement, pour le scénario global d’émissions A2 (B1) 1 . Il est à noter que les scénarios d’émissions SRES B1, B2, A1B, A2 vont du plus optimiste au plus pessimiste en matière d’émissions de gaz à effet de serre et in fine d’impacts du changement climatique. Selon les régions, la hausse possible de l’intensité et de la variabilité des précipitations pourraient conduire à l’augmentation des risques d’inondation et de sécheresse. De plus, la réduction de l’eau stockée dans les glaciers et la couverture neigeuse pourrait s’accompagner d’une diminution de l’eau disponible pendant les périodes chaudes et sèches, au changement de la distribution saisonnière du ruissellement, à la hausse du ratio des flux hivernaux sur les flux annuels, et à la réduction des flux minimums également. Des régions semiarides et arides comme la Méditerranée, l’Ouest des États-Unis, l’Afrique du Sud et le Nord-Est du Brésil, seraient d’avantage exposées aux impacts du changement climatique avec une réduction des ressources. Le changement de l’humidité des sols dépend du volume et de la temporalité des précipitations mais aussi de l’évaporation. Les projections de la moyenne annuelle de l’humidité des sols montrent une réduction dans les sub-tropiques et la Méditerranée et une augmentation pour des régions comme l’Afrique de l’Est, l’Asie centrale et d’autres zones caractérisées par une hausse des précipitations. Selon certaines projections, la recharge des eaux souterraines décroı̂t jusqu’à 70% en 2050 dans le Nord-Est du Brésil, le Sud-Ouest de l’Afrique et la rive sud de la mer Méditerranée. Toutefois l’augmentation de la variabilité journalière des précipitations n’ayant pas été prise en compte, cette réduction 1 scénarios SRES – Famille A1 : elle fait l’hypothèse d’un monde caractérisé par une croissance économique très rapide, un pic de la population mondiale au milieu du siècle et l’adoption rapide de nouvelles technologies plus efficaces. Cette famille de scénarios se répartit en trois groupes qui correspondent à différentes orientations de l’évolution technologique du point de vue des sources d’énergie : à forte composante fossile (A1F1), non fossile (A1T) et équilibrant les sources (A1B). C’est la famille de scénarios les plus grands émetteurs en gaz à effet de serre. – Famille A2 : elle décrit un monde très hétérogène caractérisé par une forte croissance démographique, un faible développement économique et de lents progrès technologiques – Famille B1 : elle décrit un monde convergent présentant les mêmes caractéristiques démographiques que A1, mais avec une évolution plus rapide des structures économiques vers une économie de services et d’information – Famille B2 : elle décrit un monde caractérisé par des niveaux intermédiaires de croissances démographique et économique, privilégiant l’action locale pour assurer une durabilité économique, sociale et environnementale. Elle fait référence à un monde sobre en consommation énergétique et peu émetteur. 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 71 peut être considérée comme légèrement surestimée [Bates et al., 2008]. Selon les projections du GIEC avec le scénario SRES A2 (scénario le plus pessimiste), en 2090, des périodes de sécheresses affectant des surfaces de 10 à 30 fois supérieures seraient probables, tandis que la fréquence et la durée moyenne des sécheresses seraient augmentées respectivement d’un facteur 2 et 6. La réduction des précipitations estivales en Europe centrale et du Sud, en combinaison avec une hausse des températures auraient comme impact la réduction de l’humidité des sols en été et des sécheresses plus fréquentes et intenses. En 2070 une sécheresse centennale, se répéterait tous les dix ans en Espagne, au Portugal, dans l’Ouest de la France, la Pologne et l’Ouest de la Turquie. Le risque de sécheresse serait particulièrement accru pour les régions qui dépendent de la fonte des glaciers pour leur approvisionnement durant les périodes sèches comme c’est le cas en Bolivie, Équateur, Pérou, Chine, Pakistan et Inde [Bates et al., 2008]. 2.1.2 Changement climatique au niveau de la région méditerranéenne Au niveau de la région méditerranéenne, le réchauffement devrait être plus rapide que pour les régions avoisinantes. Ainsi, en Europe, au cours du XX e siècle, la température a augmenté de 0.8◦ C avec des différences régionales importantes. La hausse est surtout sensible avant 1940 et après 1970. Elle est particulièrement sensible en Europe du Sud et au niveau du bassin méditerranéen, avec près de 2◦ C au Sud-Ouest de l’Europe et très nette au niveau de l’Afrique du Nord, même si elle est difficilement quantifiable en raison de manque de données d’observations. Pendant les années 1980 et 1990, le réchauffement a été plus prononcé au niveau du bassin méditerranéen, avec une hausse plus importante en hiver, surtout en ce qui concerne les températures minimales. Ainsi, l’amplitude du cycle diurne a diminué. Au niveau des précipitations, depuis la moitié du XX e siècle, l’Europe est divisée en deux : les pluies ont augmenté au nord des Alpes, diminué au sud de l’Europe, avec une baisse de 20% dans certaines régions. Au niveau de l’Afrique du Nord, la tendance est plus contrastée. Le tableau 2.1 résume les résultats des 21 modèles globaux du GIEC pour le scénario A1B [IPCC , 2007]. Les valeurs minimales et maximales sont indiquées ainsi que la médiane, les premiers et derniers quantiles, et la fréquence (%d’occurrence) des saisons extrêmes. En prenant l’hypothèse d’un signal temporel linéaire entre 1980-1999 et 2080-2099, il est aussi indiqué dans combien d’années le signal du changement climatique sera détectable 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 72 par rapport à la variabilité naturelle du climat [IPCC , 2007]. La figure 2.2 représente un zoom sur l’Europe et la Méditerranée du comportement moyen des modèles globaux du GIEC pour la comparaison des périodes 1980-1999 et 2080-2099 en moyenne annuelle, en hiver et en été. La hausse de la température annuelle moyenne serait ainsi plus marquée sur le bassin méditerranéen par rapport au reste du monde. L’augmentation serait plus importante en été, plus au niveau des températures maximales que sur les températures minimales et moyennes. Dans le scénario A1B, le réchauffement annuel moyen se situerait entre 2.2-5.1◦ C avec 50% des modèles au-dessus de 3.5◦ C. Le réchauffement commencerait à être marqué d’ici 15-25 ans, avec 100% des étés extrêmement chauds à la fin du siècle et dans la majeure partie de la zone méditerranéenne, les précipitations moyennes sur l’année diminueraient (Figure 2.3). Le nombre de jours de pluies devrait également diminuer ainsi que les périodes d’enneigement. La diminution des précipitations serait plus importante en été, de l’ordre de 24% selon le scénario A1B. Tous les modèles s’accordent sur ce phénomène pour la période estivale. Les changements de précipitation seraient plus marqués à partir de 2050-2060. La baisse des précipitations en combinaison avec la hausse de l’évaporation au printemps et au début de l’été aurait pour conséquence une faible humidité des sols et donc un risque important de sécheresse, phénomène accentué par un asséchement précoce des sols dû à la fonte des neiges avancée et à la diminution du contenu en eau des sols en printemps. L’effet refroidissant de l’évaporation en été serait alors diminué. Les sols s’assécheraient sur la plus grande partie de la région et les débits de fleuves devraient diminuer en moyenne sur l’année malgré une probable redistribution saisonnière avec plus d’eau en hiver. Selon le scénario A1B, les changements hydrologiques les plus significatifs seraient attendus à partir de 2080-2099. En ce qui concerne les températures extrêmes, la région devrait faire face à des vagues de chaleur plus longues, intenses et fréquentes et des vagues de froid moins fortes et moins longues. La variabilité temporelle des températures en hiver se réduirait, tandis que la variabilité inter-annuelle des températures en été serait en hausse bien que l’incertitude sur cette évolution soit plus importante. La variabilité quotidienne des températures en été serait également en hausse. De façon générale, les nuits seraient plus chaudes, il y aurait moins de jours de gel, et l’amplitude du cycle diurne diminuerait. Au niveau des extrêmes liés aux précipitations, le nombre de jours de pluie devrait diminuer, tandis qu’une incertitude plus grande existe en matière de précipitations intenses. La variabilité inter-annuelle à l’échelle mensuelle et annuelle serait en hausse, et l’intensité des extrêmes mensuels et annuels se- 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 73 Fig. 2.1: Résumé des résultats des 21 modèles globaux du GIEC sur le changement de la température de surface, des précipitations et de certains extrêmes pour la zone méditerranéenne calculés entre les périodes 1980-1999 et 2080-2099 pour le scénario A1B, source : IPCC [2007] Fig. 2.2: Comportement moyen des 21 modèles globaux du GIEC concernant le changement de température et de précipitations pour l’Europe pour le scénario A1B, comparaison des périodes 1980-1999 et 2080-2099 en moyenne annuelle, pour l’hiver et l’été, source : IPCC [2007] 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 74 Fig. 2.3: Changements de précipitations sur la zone euro-méditerranéenne pour les 21 modèles globaux du GIEC et pour la moyenne des modèles (montrée en bas à droite (MEAN)) entre les années 1980-1999 et 2080-2099 pour le scénario A1B, source : IPCC [2007] 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 75 rait en diminution. De plus, les périodes sèches seraient plus nombreuses et longues et les sécheresses continentales (bilan précipitation- évaporation) seraient accentuées en été. Enfin, la route des dépressions serait déplacée vers le nord et le nombre de dépressions dites méditerranéennes serait réduit tandis que le nombre de dépressions intenses serait en hausse. Les précipitations liées aux dépressions seraient en baisse, et, avec plus d’incertitude, on observerait une diminution des vents forts [Hallegatte et al., 2008]. 2.1.3 Incertitudes liées au changement climatique L’évaluation des ressources en eau dans le futur sous changement climatique est difficile car plusieurs sources d’incertitude persistent. Or l’identification de toutes les sources d’incertitude est nécessaire en matière de planification des ressources sous contrainte de changement climatique. Elle permettrait de disposer d’une vision globale des impacts que le changement climatique peut provoquer sur les ressources en eau ainsi que sur les secteurs en dépendant (section 2.2), et d’envisager des mesures d’adaptation robustes aux diverses incertitudes sans conduire à des coûts ingérables (section 2.3). Ainsi, la planification des ressources en eau ne nécessite pas seulement de l’information sur l’évaluation du climat futur et des implications possibles pour les écoulements, mais également sur l’incertitude des résultats. Ces informations sont nécessaires afin de pouvoir évaluer la fiabilité de l’offre en eau et de déterminer à quel point les changements sont intervenus par rapport aux conditions présentes, en particulier la variabilité climatique, et aux facteurs externes, comme les changements de la demande. A partir de là, les planificateurs doivent faire face à deux défis : (i) comprendre comment le changement climatique peut influencer les systèmes hydriques-hydrauliques et plus spécialement l’offre et la demande en eau ; (ii) disposer de méthodes nécessaires pour l’identification et la quantification des incertitudes pour la période future, dans le cadre de la gestion du risque [Prudhomme et Davies, 2009a]. D’après Arnell [1998], trois catégories d’incertitudes liées au changement climatique existent. La première source d’incertitude est liée aux scénarios de changement climatique : l’incertitude sur les émissions de gaz à effet de serre futures, sur le “destin” des gaz dans l’atmosphère, sur l’effet du réchauffement global sur le climat, et sur l’effet des changements globaux sur le régime de temps et le climat local (grande région, bassin versant). L’évaluation de cette source d’incertitude a suscité un grand intérêt, comme l’ont montrées les diverses études sur le climat et les ressources en eau. La seconde source d’incertitude provient de la descente d’échelle du changement climatique au niveau 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 76 d’un système local, comme un bassin versant ou un écosystème aquatique. Les modèles hydrologiques existant peuvent assez bien reproduire les conditions hydrologiques moyennes, mais plus difficilement les évènements extrêmes et les autres composantes de l’environnement aquatique. La dernière catégorie d’incertitude est liée au comportement des catégories de population concernées (planificateurs, usagers,...), qui peuvent prendre des décisions liées à des facteurs climatiques (ou autres) de façon difficilement prédictive. D’après Bates et al. [2008], les incertitudes sur les impacts du changement climatique sur les ressources hydriques relèvent davantage des incertitudes sur les précipitations que celles concernant les émissions de gaz à effet de serre, la sensibilité climatique ou encore les modèles hydrologiques. D’autres études menées sur les crues au Royaume-Uni montrent que la première source d’incertitude provient des modèles GCM, puis des scénarios d’émissions et enfin des modèles hydrologiques [Bates et al., 2008]. Les impacts sont également fortement influencés par les mesures d’adaptation mises en place. Afin d’évaluer le niveau d’incertitude relatif aux impacts du changement climatique sur les ressources en eau, il est ainsi préférable en général d’appliquer une approche multi-modèles. Cette approche est préférable à l’utilisation des sorties d’un unique modèle climatique, même si son application dans les études d’impacts est rare [Bates et al., 2008]. Les changements des variabilités inter-annuelle et journalière des variables climatiques ne sont pas pris en compte dans les études d’impacts hydrologiques ce qui peut conduire à une sous-estimation des sécheresses et des crues, de l’eau disponible ainsi que des besoins en irrigation. De plus, Bates et al. [2008] mentionne que de l’incertitude peut également être induite en raison du choix de valeurs d’indicateurs et de seuils pour la quantification des impacts du changement climatique sur les ressources en eau. Afin de pouvoir résoudre le problème de la différence d’échelle spatiale au niveau de la grille des modèles climatiques et hydrologiques, des techniques sont développées pour la descente d’échelle des sorties de modèles climatiques à des résolutions spatiales et temporelles plus fines (interpolation, descente d’échelle statistique ou dynamique). La méthode de descente d’échelle statistique fait notamment l’hypothèse que certaines des relations statistiques pour le climat présent restent les mêmes pour des conditions futures modifiées. Ces techniques permettent aux modélisateurs d’inclure la variabilité journalière dans les changements futurs et de produire de l’information nécessaire pour la planification des ressources en eau sur les ruissellements futurs en appliquant une analyse probabiliste [Bates et al., 2008]. Quintana Seguı́ et al. [2010] applique trois méthodes de descente d’échelle et la correction du biais de la simulation d’un GCM centré sur la Méditer- 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 77 ranée (SAMM), afin de l’utiliser comme entrée d’un modèle hydrologique physique distribué (SIM). Les techniques sont évaluées par rapport à leur capacité à reproduire les extrêmes maximum et minimum des précipitations et des ruissellements pour les bassins méditerranéens en France. La méthode des quantiles (“Quantile mapping method, QM”) et la méthode fondée sur les régimes de temps (“Weather typing method, WT”), arrivent à reproduire les extrêmes observés des précipitations, ce qui contribue à améliorer la performance de SAMM en utilisant des informations disponibles à l’échelle locale. La performance de la méthode des anomalies (“Anomaly method, AN”) montre que la méthode est particulièrement adaptée pour évaluer les quantités de ruissellement. Cependant, diverses limites existent, comme la difficulté de la méthode WT à reproduire la période sèche avec la plus grande durée. La capacité du modèle hydrologique à reproduire les extrêmes de ruissellement, forcé par SAFRAN-F (forçage atmosphérique pseudo-observé) et les méthodes de descente d’échelle méritent également d’être évaluées. Pour les extrêmes maximum, les résultats sont assez satisfaisants et les méthodes de descente d’échelle, notamment WT, ont des performances bien inférieures à la performance de SAFRAN-F. Ce résultat indique que la capacité de ces techniques à reproduire les extrêmes en matière de précipitation ne se transfère pas directement à la simulation des extrêmes de ruissellement. En effet, le modèle hydrologique amplifie les erreurs, et d’autres paramètres atmosphériques peuvent jouer un rôle important dans la simulation. La faible performance de WT est notamment liée à la difficulté de reproduire les événements convectifs qui peuvent être mieux identifiés à une échelle meso. Malgré la difficulté de la méthode AN pour reproduire les extrêmes des précipitations, sa performance en terme de reproduction des extrêmes du ruissellement est assez satisfaisante, résultat étonnant car avec la méthode AN il n’est pas possible de modifier les périodes de pluies ce qui est important pour la simulation des crues. Les méthodes reproduisent qualitativement le même futur pour les extrêmes de ruissellement, cependant en terme quantitatif des différences importantes pour certaines stations de jaugeage persistent. Pour la période 2033-64 les flux minimum mensuels diminueraient sur toute la région (bassin méditerranéen français) avec des réductions de l’ordre de 20%, alors que les flux maximum augmenteraient avec des hausses de l’ordre de 100% pour le sud-ouest de la région. Enfin, les crues décennales actuellement se répéteraient tous les 2 ans. Dans les études d’impact, les séries temporelles des valeurs climatiques observées sont ajustées par les changements calculés pour les variables climatiques afin d’obtenir des scénarios qui sont en accord avec les conditions présentes. Cette méthode est utilisée afin de minimiser l’impact de l’erreur des 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 78 modélisations climatiques réalisées avec les GCM. L’hypothèse sous-jacente à cette méthode est que le biais dans la modélisation du climat a la même ampleur pour les conditions présentes et futures. Ceci a une importance particulière pour les projections des précipitations car des différences significatives existent entre les valeurs observées et celles calculées avec les modèles climatiques [Bates et al., 2008]. Dans l’étude menée par Prudhomme et Davies [2009a], trois sources principales d’incertitude liées aux études d’impacts du changement climatique sur les écoulements sont évaluées : les modèles climatiques globaux, les techniques de descente d’échelle et le modèle hydrologique. En premier lieu, il est noté que le biais existant sur la reproduction des régimes d’écoulement présents peut être transféré sur les simulations des écoulements futurs. Ce biais dans la reproduction des régimes présents d’écoulement doit ainsi être pris en compte pour l’analyse des changements projetés dans les études d’impact du changement climatique. Les résultats indiquent que l’incertitude liée à la capacité des modèles climatiques globaux à reproduire le climat de référence est plus importante que celle liée aux techniques de descente d’échelle, et toutes les deux sont plus importantes que l’incertitude liée au modèle hydrologique ou à la variabilité naturelle. Aucun modèle climatique ou technique de descente d’échelle ne semble être meilleur ou avoir un biais systématique inférieur aux autres. L’incertitude et le biais pour la période de référence sont importants en comparaison avec la variabilité naturelle. Ainsi, la comparaison directe des projections futures avec des valeurs de référence peut conduire à des conclusions erronées. A l’avenir [Prudhomme et Davies, 2009b], il est indiqué que l’incertitude sur les écoulements futurs liée aux modèles climatiques globaux est bien supérieure aux incertitudes liées aux techniques de descente d’échelle et aux scénarios d’émission. Les changements projetés ne sont pas systématiquement importants par rapport à la variabilité de référence, car moins de 50% des projections indiquent un changement important de l’écoulement. Par rapport à ce qui est obtenu sur d’autres régions du monde, les projections concernant le bassin méditerranéen du changement climatique sont relativement cohérentes. Ce qui reste très incertain est la localisation précise et l’amplitude des changements qui varient entre modèles, le climat méditerranéen étant sensible, entre autres, aux changements de circulation atmosphérique et aux variations de l’intensité de la circulation thermohaline en Atlantique [Hallegatte et al., 2008]. A ces incertitudes se rajoutent celles liées au choix du scénario énergétique, économique et démographique, celles liées à la modélisation des processus physiques, ainsi que celles liées à la rétroaction positive de l’eau du sol sur l’asséchement et le réchauffement de la 2.1 Changement climatique et incertitude : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 79 région (mal quantifiées). La prise en compte de la mer Méditerranée à plus haute résolution et interactive risque d’augmenter le réchauffement simulé par les modèles régionaux [Somot et al., 2008]. Enfin, la variabilité naturelle climatique peut être un frein important surtout pour des projections précises à moyen terme. La variabilité inter-annuelle naturelle peut rendre plus difficilement perceptible les impacts du changement climatique dans les dix à vingt prochaines années [Hallegatte et al., 2008]. Ces éléments nous amènent à développer dans le chapitre 3, un modèle générique de dimensionnement optimal d’un barrage-réservoir à l’échelle du bassin versant, pour l’étude des impacts du changement climatique sur le dimensionnement ainsi que de l’influence de l’incertitude climatique sur le choix d’investissement. Les valeurs mensuelles de précipitation et de température des 19 modèles globaux du GIEC sont utilisées. Pour déterminer le changement de l’offre en eau sous climat stationnaire, une méthode de descente d’échelle similaire à la méthode de ∆ est utilisée. D’après cette méthode, les signaux dans le futur calculés avec les GCM sont appliqués sur le climat observé, c’est-à-dire que les valeurs observées sont modifiées par les différences ou ratios des résultats des GCM et calculées en moyenne sur des périodes et des moyennes correspondantes des GCM calculées pour la période de référence. Les mêmes changements saisonniers de précipitation et de température sont appliqués pour tous les débits passés annuels. Par la suite, le climat est considéré stationnaire et les changements du climat sont modélisés comme une suite de climats stationnaires. A la place de la méthode de ∆, sur la base des projections de précipitation et de température des GCM, une tendance linéaire est déterminée. Pour les changements saisonniers donnés pour chaque année par la tendance, un climat stationnaire est choisi pour lequel ces changements sont appliqués sur toutes les années. Ainsi, l’offre pour chaque année est considérée égale à l’offre du climat stationnaire choisi, en considérant les changements saisonniers qui correspondent à l’année. 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 80 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 2.2.1 Les impacts du changement climatique à l’échelle globale A l’échelle globale, d’après le GIEC, les impacts négatifs du changement climatique sur les ressources en eau devraient être plus importants que ses bénéfices [Bates et al., 2008]. La pression causée sur les ressources en eau par des facteurs non climatiques serait en particulier accentuée par le changement climatique. Pour autant, selon Arnell [2004], le nombre de personnes habitant dans des bassins versants sous stress hydrique en 2050 sera plus influencé par les différences de projection de population des 4 scénarios SRES que par les différences de scénarios climatiques. Selon les projections faites par Alcamo et al. [2007] à l’horizon 2050 avec deux modèles climatiques et les scénarios SRES A2, B2, le stress hydrique diminuerait sur 20-29% de la surface totale et augmenterait sur 62-76% de la surface totale. La diminution serait essentiellement due à la hausse des précipitations tandis que l’augmentation proviendrait de la hausse des quantités d’eau extraites [Bates et al., 2008]. Les différents aspects liés à la sécurité alimentaire (disponibilité, accessibilité, stabilité de l’approvisionnement, utilisation), pourraient être influencés par les changements socio-économiques et également par les changements quantitatifs et qualitatifs des ressources en eau sous changement climatique [Bates et al., 2008]. En outre, les pratiques actuelles de gestion des ressources pourraient ne pas être suffisamment efficaces pour atténuer les impacts du changement climatique. Ces impacts peuvent concerner tous les secteurs dépendants de cette gestion comme un approvisionnement fiable en eau, la protection contre les inondations, l’agriculture, la production hydroélectrique ou encore les écosystèmes aquatiques. Le changement climatique met en question la méthode jusqu’à présent adoptée selon laquelle l’information hydrologique passée est une base solide pour l’étude des conditions futures. Or, les caractéristiques hydrologiques vont très probablement changer dans le futur. Ces changements pourraient mettre en question la fiabilité des systèmes de gestion des infrastructures liées aux ressources en eau et la vulnérabilité des différents secteurs dépendants des ressources en eau pourrait augmenter. La productivité de l’agriculture, des forêts et de la pêcherie est liée à la distribution spatiale et temporelle des précipitations et de l’évaporation, 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 81 et, pour les cultures irriguées, à la disponibilité des ressources en eau pour l’irrigation. 80% des terres agricoles sont pluviales, leur productivité dépend des précipitations pour la couverture des besoins évaporatifs des plantes et de la distribution de l’humidité des sols. L’irrigation représente 70% des extractions au niveau mondial, 90% de l’eau évaporée, génère près de 40% du produit agricole et les zones irriguées, qui ont augmenté depuis 1960 exponentiellement de 2% par an, correspondent à 18% des terres cultivées. Ainsi, dans les régions où les variables comme les précipitations et l’humidité des sols sont actuellement dépendantes des conditions climatiques, la production agricole pourrait subir des impacts liés au changement climatique, en particulier dans les zones arides des tropiques et subtropiques, ainsi que dans des régions de type méditerranéen comme une partie de l’Europe, de l’Amérique du sud, de l’Asie du sud, de l’Afrique du nord et de l’Australie. Selon la plupart des études, dans les hautes latitudes, des hausses modérées de la température (1-3◦ C), en combinaison avec la hausse de la concentration du CO2 et le changement des précipitations, pourraient avoir un effet bénéfique sur le rendement des cultures. Cependant, dans les basses latitudes une augmentation de 1-2◦ C aurait plutôt un effet négatif sur les rendements des céréales. Pour des hausses de température plus importantes, les impacts seraient négatifs sur toutes les régions. Les extrêmes de température pourraient également avoir des impacts plus conséquents sur les rendements que les changements moyens. Aux États-Unis, les pertes de production dues aux précipitations intenses pourraient atteindre 3 milliards USD par an en 2030 [Bates et al., 2008]. Par ailleurs, d’après Döll [2002], les besoins nets en irrigation sous changement climatique, sans considération de l’effet positif du CO2 , pourraient augmenter de 5-8% en 2070 en prenant en compte l’impact du changement climatique sur les périodes optimales de développement. Fischer et al. [2007], souligne également, qu’à l’échelle globale, les besoins nets pourraient augmenter de 20% en 2080. Cette augmentation est due, pour deux tiers, aux demandes non consommatrices en eau plus importantes et, pour un tiers, à un allongement des périodes de développement dans les zones tempérées et subtropicales en raison du changement climatique. Dans cette étude, avant 2050, le réchauffement n’est pas très élevé et la hausse des précipitations peut aider à améliorer l’équilibre hydrique des cultures, tandis qu’après 2050, la hausse des températures est si importante que les déficits en eau s’accroissent quels que soient les changements de précipitation. De plus, avant 2050, la hausse des concentrations de CO2 a comme conséquence la réduction de la demande en eau des cultures, tandis qu’après 2050, la hausse des températures a un effet dominant. 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 82 Pour des zones irriguées comme l’Afrique du Nord avec des demandes en eau en hausse, des études indiquent une dynamique critique entre changement climatique et eau avec des situations de stress hydrique [Bates et al., 2008]. Aux États-Unis, la différence de rendements se réduit entre surfaces irriguées (hausse des températures réduisant le rendement) et surfaces pluviales (hausse des précipitations améliorant le rendement), lorsque l’effet de la variabilité n’est pas pris en compte. De plus, pour cette région d’étude, l’utilisation d’eau pour l’irrigation et les surfaces irriguées pourraient être réduites au-delà de 2030 pour différents scénarios climatiques [Bates et al., 2008]. Sous l’effet de températures plus élevées et de la hausse de la variabilité des précipitations, les besoins en irrigation augmenteraient même si les précipitations totales restent identiques pendant la période de développement des plantes. Différents modèles climatiques projettent ainsi des changements des besoins nets en irrigation allant de 1 à 3% en 2020 jusqu’à 2 à 7% en 2070, avec la hausse globale la plus importante pour le scénario B2 [Bates et al., 2008]. Une étude menée sur le maı̈s irrigué en Illinois montre que le changement de précipitation a un effet plus marqué sur l’usage de l’eau pour l’irrigation sous contrainte de maximisation du profit que sur contrainte de maximisation du rendement. De plus, pour la même étude, le doublement de la concentration du CO2 semble avoir un effet mineur [Bates et al., 2008]. Cependant, ces observations dépendent fortement des approches et des zones d’études. Selon les études faites dans le cadre du projet Climator sur la France, l’anticipation des stades et le raccourcissement du cycle, surtout pour les cultures de printemps, conduiraient dans le très court terme à l’augmentation et dans le long terme à la stabilisation voire à la diminution des apports en eau nécessaires, effectives que si les variétés restent inchangées, à condition que les agriculteurs acceptent des baisses importantes de rendements [Brisson et Levrault, 2010]. Du côté de l’offre, l’accès à l’eau est plus déterminé par la présence et les propriétés des infrastructures hydrauliques, que par les écoulements naturels, à condition que les ruissellements et les recharges des aquifères ne soient pas réduits de façon importante ce qui pourrait se produire sous contrainte du changement climatique. Les changements de niveau des ressources en eau sous changement climatique pourraient ainsi avoir des conséquences sur le fonctionnement des infrastructures hydrauliques, engendrant ainsi des coûts additionnels pour le secteur de l’eau. De plus, l’extension des services d’offre d’eau pourrait être remise en question, et, dans ce cas, les impacts et les coûts socio-économiques pourraient être importants. Par exemple, le revenu net des agriculteurs au Texas ayant recours à un aquifère, selon les projections 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 83 pourrait diminuer de 16-30% en 2030 et de 30-45% en 2090, en raison d’une raréfaction des ressources en eau pour l’irrigation et de l’augmentation des besoins sous changement climatique [Bates et al., 2008]. Les impacts du changement climatique sur les dommages liés aux inondations peuvent être projetés sur la base des changements modélisés des intervalles de récurrence des inondations présentes avec une période de retours de 20 et 100 ans en combinaison avec les dommages d’événements actuels calculés sur la base des relations hauteur débit et des données sur les propriétés immobilières. Ainsi, pour trois bassins australiens, les dommages directs moyens annuels liés aux inondations augmenteraient de 4 à 10 fois pour un doublement de la concentration du CO2 [Bates et al., 2008]. Selon une étude sur les dommages liés aux inondations côtières et des rivières en Angleterre et au pays de Galles, les dommages augmenteraient si les pratiques actuelles de gestion des inondations et les infrastructures existantes sont conservées. En 2080, les dommages annuels s’élèveraient à £5 milliards pour le scénario B1 et £21 milliards pour le scénario A1 en comparaison avec les £1 milliards d’aujourd’hui. La modification des écoulements sous changement climatique aurait également des conséquences importantes pour les usages directs des cours d’eau, notamment l’hydroélectricité. Par exemple en Amérique du Nord, avec le modèle CGCM1 et un réchauffement de 2◦ C, la production hydroélectrique du Niagara et de St. Lawrence serait réduite de 25-35% engendrant des pertes annuelles de 240-350 millions de dollars canadiens 2002 [Bates et al., 2008]. Cette section a présenté un panorama général des impacts du changement climatique. Cependant un effort plus régionalisé est nécessaire afin d’appréhender les spécificités du bassin méditerranéen. 2.2.2 Les impacts du changement climatique sur la Méditerranée Jusqu’à présent, le GIEC fournit des estimations chiffrées sur les impacts du changement climatique par grande région, notamment pour l’Afrique et l’Europe. Les dommages macroéconomiques dus au changement climatique sont également évalués par des études [Mendelsohn et al., 2000; Mendelsohn et Bennett, 1997; Tol , 2002b,a] par grande région. Toutefois, ces études ne sont pas particulièrement focalisées sur le bassin méditerranéen, contrairement aux études concernant le climat futur. Le tableau 2.4 présente un exemple d’estimation des impacts du changement climatique par grande région. Ce tableau indique le nombre d’habitants confrontés à un risque accru de stress hydrique ainsi que la hausse du nombre d’habitants touchés par 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 84 Fig. 2.4: Population (en million) avec un risque de stress hydrique, d’inondation ou de pénurie alimentaire en Europe et en Afrique pour quatre scénarios climatiques du GIEC avec les projections du modèle HadCM3, GIEC 2007, source : Hallegatte et al. [2008] les inondations côtières ou exposés au risque de sous-nutrition par grande région (Afrique, Europe). L’Afrique est souvent identifiée comme très vulnérable avec des pertes de PIB de l’ordre de 8% pour un doublement de la concentration du CO2 (Table 2.5). Cependant, ces résultats sont incertains car certains processus techniques et économiques ne sont pas représentés. Plus largement, l’évaluation économique des dommages futurs reste difficile en raison de la dépendance vis-à-vis du modèle de développement choisi pour les décennies à venir et de la capacité de réaction pour faire face au défi climatique [Hallegatte et al., 2007]. Les impacts du changement climatique sur les ressources hydriques et l’agriculture en Méditerranée sont néanmoins préoccupants, notamment parce que les conséquences sur la disponibilité en eau et la sécurité alimentaire peuvent avoir des effets catastrophiques sur le bien-être des populations. Les ressources hydriques sont gérées à l’aide d’infrastructures lourdes planifiées par avance et difficilement modifiables une fois construites. Ainsi leur réduction pourrait mettre en question l’efficacité économique de ces infrastructures. De plus, l’agriculture, qui constitue un secteur économique important pour la Méditerranée, dépend fortement de l’irrigation. Des changements de l’eau disponible pourraient provoquer des réductions de la productivité susceptibles d’engendrer des impacts négatifs importants et en particulier accélérer les migrations des campagnes vers les villes [Hallegatte et al., 2008]. Un réchauffement de l’ordre de 2◦ C se rajouterait à la croissance de la population et l’utilisation plus intense des ressources en eau, qui aurait un effet non négligeable pour plusieurs centaines de millions d’habitants. Dès lors, ce problème devrait être intégré pour en limiter les impacts. La réduction des écarts entre les réserves d’eau disponibles et la demande grandissante s’avère plus que nécessaire. L’Egypte constitue un exemple symptomatique, 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 85 Fig. 2.5: Dommages annuels provoqués par le doublement de la concentration du CO2 exprimés en termes financiers, GIEC 2001, source : Hallegatte et al. [2008] car à la situation fragile actuelle (les ressources en eau sont surtout utilisées pour l’agriculture et supérieures aux ressources disponibles en raison de la remobilisation des retours d’eau 2 ), se rajoute le changement climatique. En effet, 12-15% des surfaces agricoles risquent de disparaı̂tre à cause de la hausse du niveau de la mer. Parmi d’autres paramètres, la hausse de la température pourrait avoir comme conséquence la diminution de la productivité agricole et le changement des besoins en eau. De plus, le changement climatique rend incertain le débit du Nil dont dépend grandement l’activité agricole. Enfin, le stress hydrique sera amplifié par l’augmentation de la population de 115-180 millions en 2050 et par l’augmentation des surfaces irriguées. Dans les sections suivantes, les impacts du changement climatique qui peuvent être liés aux ressources en eau sont présentés selon trois secteurs : l’irrigation, le tourisme et l’énergie. 2.2.2.1 Irrigation Malgré les incertitudes autour du changement climatique et la difficulté d’évaluer les dommages macroéconomiques provoqués, les résultats de plu2 Comme mentionné au chapitre 1, certains usages d’eau sont évaporatifs, c’est-à-dire qu’ils provoquent la réduction, quantitative ou qualitative, de la ressource au point du prélèvement. Cette réduction peut être partielle, ainsi une partie de la quantité prélevée peut être retournée à la ressource. Par la suite, cette quantité peut être remobiliser en aval pour d’autres usages. 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 86 sieurs études menées sur le bassin méditerranéen peuvent donner une idée des impacts sectoriels possibles. Dı́az et al. [2007], par exemple, ont évalué les impacts du changement climatique sur la demande en irrigation en se focalisant sur des zones d’irrigation représentatives du bassin de Guadalquivir en Espagne. Leur calcul a montré une hausse potentielle de l’aridité et des besoins en irrigation. Pour cette étude, ils utilisent le modèle CROPWAT qui nécessite comme données la précipitation mensuelle, l’évapotranspiration mensuelle, les besoins alloués en eau pour la préparation de la terre et/ou les pertes liées aux infiltrations. Le choix et les pratiques liés aux cultures sont considérés inchangés, et la durée de développement et les coefficients des cultures sont pris de Allen et al. [1998]. Selon les résultats de cette étude, les besoins en eau des cultures varient entre les zones d’irrigation, avec une augmentation moyenne de 9.4% et de 8.3% pour les scénarios A2 et B2 respectivement, pour le modèle climatique HadCM3. La hausse moyenne des besoins en irrigation s’élèvent pour ces scénarios respectivement à 19.3% et à 16.3%. L’augmentation au niveau du bassin de Guadalquivir résulte de la réduction des précipitations et le changement de leur distribution dans l’année avec des précipitations concentrées en hiver et réduites en printemps. L’augmentation est particulièrement importante pour les cultures d’été semées au mois de mars. Lovelli et al. [2010] dans leur étude menée sur la zone méditerranéenne soulignent l’importance d’évaluer la réaction des cultures au changement climatique ainsi que les impacts de la hausse de la concentration du CO2 et de la hausse de la température sur la physiologie des cultures. Pour le calcul des besoins en eau des cultures, ils utilisent la fonction d’évapotranspiration de Penman-Monteith avec le paramètre de résistance stomatique récalibré et le coefficient de culture ajusté en fonction du climat futur. La durée des phases est calculée avec la méthode de degré jours en fonction de la température. Les besoins en eau et en irrigation des cultures changent en fonction de l’ampleur des changements climatiques, de leurs besoins thermiques et de la période dans l’année pendant laquelle elles se développent. Ainsi, en cas de hausse des températures, de réduction des précipitations annuelles et de changement de leur distribution, le déficit potentiel en eau sur l’année augmente. Pour les cultures d’automne-printemps comme le blé, une augmentation additionnelle du déficit et des besoins en irrigation n’est pas attendue, contrairement aux cultures de printemps-été comme la tomate. En effet, pour ces dernières, la hausse de l’évapotranspiration ne peut pas être compensée par le raccourcissement de la durée du cycle de développement ni la fermeture partielle des stomates. Les cultures pérennes ou celles caractérisées par un cycle long seraient 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 87 plus vulnérables car elles nécessiteraient 25-40% d’eau supplémentaire. De plus, la baisse de productivité des cultures d’été peut être accentuée par la fréquence d’évènements extrêmes pendant leur développement. Des mesures d’adaptation pourraient réduire l’effet du changement climatique et même le rendre bénéfique. Ainsi, anticiper les semis peut protéger les cultures du stress hydrique pendant leur période de croissance et l’utilisation des cultures avec des croissances plus lentes peut contrecarrer les baisses de rendements dues à une durée trop raccourcie des phases. 2.2.2.2 Le secteur touristique Le tourisme constitue également un secteur important pour la zone méditerranéenne avec plus de 218 millions de touristes par an, et pour certains pays c’est même un secteur crucial à l’échelle macroéconomique nécessitant de lourdes infrastructures (logement, approvisionnement en eau, centres de loisirs, restauration,...). Les besoins en eau durant les périodes touristiques doivent ainsi être anticipés afin d’éviter les pénuries d’eau. Celles-ci pourraient compromettre l’attractivité de certaines destinations sous changement climatique. La réduction des flux touristiques qui en condition normale soutiennent considérablement le développement d’infrastructures, remettrait en cause leur rentabilité et leur capacité de financement. Etant donné la hausse des températures, l’attractivité de la Méditerranée, et surtout celle de la rive Sud, pourrait diminuer. Selon Bigano et al. [2008] les flux de touristes internationaux pourraient diminuer de 30% sur la rive Sud et de 10 à 20% sur la rive Nord à l’horizon 2100. Des conséquences positives peuvent également être envisagées, comme une augmentation des flux entre pays méditerranéens, des séjours plus longs et une réorientation des activités de manière à être moins dépendants du climat. Le changement climatique aura également des conséquences sur l’offre touristique, là où les ressources en eau seraient insuffisantes. Le secteur touristique est en effet un grand consommateur d’eau. Par conséquent, l’accroissement des flux touristiques peuvent poser problèmes, invitant à mettre en œuvre une gestion plus rigoureuse de la ressource en eau [Hallegatte et al., 2008]. Selon l’étude menée par Magnan et al. [2011], du point de vue climatique, l’enjeu déterminant réside dans le contraste entre les conditions de vie quotidiennes des touristes et celles de leur destination de vacance. Les auteurs utilisent un modèle national et régional de demande pour évaluer des conséquences du changement climatique sur le tourisme. Selon ces modèles, le nombre de flux de nouveaux arrivants dans un pays est fonction de la superficie, de la température moyenne annuelle du pays entre 1961-1990, de 2.2 Les impacts du changement climatique liés aux ressources en eau : de l’échelle globale à la région méditerranéenne 88 la longueur de la côte et du revenu national par tête, tandis que le nombre de départs du pays d’origine est fonction des mêmes paramètres, la longueur de la côte étant remplacée par le nombre de pays voisins. Par exemple pour l’Algérie, la différence entre les situations avec (scénario A1B) et sans changement climatique en 2100, pour les flux d’arrivées internationaux seraient de -52%, de -17% pour les arrivées domestiques et les dépenses de -17%. Une analyse des séries temporelles montre qu’une augmentation de 3◦ C diminuerait au niveau annuel les flux touristiques partant de l’Angleterre de 8%. Selon le troisième modèle, un modèle de choix discrets, la distribution des flux touristiques est principalement déterminée par le coût du voyage, les caractéristiques des plages et les propriétés climatiques. Enfin, selon cette étude, la hausse de la température dans le Nord de l’Europe pourrait réduire les flux internationaux du Nord vers le Sud mais renforcer les flux au Nord. Il semble ainsi nécessaire de disposer d’outils simples qui pourraient aider à évaluer la vulnérabilité actuelle et suivre l’évolution des avantages et des inconvénients des destinations. Selon l’étude de Amengual et al. [2011], le tourisme est sensible aux températures, aux précipitations, aux taux d’humidité relative, à la couverture nuageuse, et à la vitesse du vent. Un indice climatique pour le tourisme historique est défini sur la base des valeurs journalières de ces paramètres pour la période 1973-2008, et un indice projeté est élaboré pour les données journalières moyennées sur les 13 modèles climatiques régionaux du projet ENSEMBLES qui est corrigé avec une approche quantile-quantile. Cet indice englobe les aspects thermique, esthétique et physique du climat. Les résultats pour le système de Platja de Palma dans les Baléares indiquent par exemple que les niveaux de visites actuels coı̈ncident avec les perceptions observées du climat. Les perceptions satisfaisantes du climat seraient en hausse pour le printemps et l’automne. Les conditions climatiques optimales de la haute saison, à la fin du siècle, se décaleraient vers le printemps et l’automne, avec des déséquilibres entre saisonnalité naturelle et institutionnelle. 2.2.2.3 Le Secteur énergétique Enfin, la demande en énergie va considérablement augmenter au niveau du bassin méditerranéen et nécessiter des investissements en infrastructures de durée de vie longue. En outre, les choix techniques d’investissements dépendent, parmi plusieurs paramètres, de l’impact que le changement climatique peut avoir sur l’efficacité de la production d’énergies renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolien). La production hydroélectrique, qui dépend de la hauteur de la colonne d’eau stockée, pourrait baisser dans le cas d’une 2.3 L’adaptation au changement climatique 89 diminution de la couverture neigeuse. En revanche, dans le cas où le taux d’humidité augmente pendant la période hivernale, avec une gestion adéquate des crues, la production pourrait être facilitée. Il est à noter que sous changement climatique, le maintien de la colonne d’eau haute pour la production hydroélectrique pourrait rentrer en conflit avec le maintien d’un volume libre en raison d’un risque d’inondation accru [Kiparsky et Gleick , 2003]. En Europe, où l’hydroélectricité participe à hauteur de 20% à la production d’électricité, le potentiel serait réduit de 6% en 2070. Cette réduction atteindrait 20-50% en Méditerranée et on observerait une augmentation de 15-30% au Nord-Est de l’Europe et une stabilisation en Europe de l’Ouest et centrale [Bates et al., 2008]. Selon l’étude de cas menée par Schaefli et al. [2007] sur les Alpes Suisses, la production en Gwh d’hydroélectricité, passerait de 246,8 (95% intervalle de confiance) pendant la période 1961-90, à 188,2 (95%) pendant la période 2070-99. Par conséquent, les changements à l’échelle régionale et locale des paramètres hydroclimatiques sous changement climatique sont susceptibles d’avoir des répercussions sur plusieurs secteurs économiques. Ceci nécessitera de mettre en œuvre des actions d’adaptation en particulier pour la planification des ressources en eau dont dépendent plusieurs secteurs. Toutefois, la mise en œuvre de mesures d’adaptation adéquates peut nécessiter des informations précises sur le changement du climat local, mais, étant donnée les divers sources d’incertitude, celles-ci sont indisponibles à ce jour. 2.3 L’adaptation au changement climatique L’adaptation au changement climatique est définie comme l’ensemble des mesures et ajustements mis en oeuvre par des personnes, des organisations ou tout être vivant, qui permettent d’éviter ou bien de profiter des effets directs et indirects du changement climatique [IPCC , 2001]. La mise en œuvre de stratégies d’adaptation s’avère nécessaire étant donné les modifications au niveau local des paramètres hydroclimatiques sous changement climatique qui pourraient impacter les différents secteurs économiques. L’adaptation se décline en adaptation autonome et planifiée. L’adaptation autonome inclut les mesures ne visant pas directement à répondre au changement climatique mais à d’autres types de modifications causées par le changement climatique comme le changement de la demande ou de la variabilité climatique. Elles permettent de réduire les conséquences négatives ou de bénéficier des conséquences positives du changement climatique. Les mesures sont réalisées par des particuliers ou des acteurs économiques privés 2.3 L’adaptation au changement climatique 90 qui ne peuvent pas prévoir les évolutions et n’ont pas les capacités d’investir dans le long terme. Ces mesures ont plutôt un caractère de court terme. L’adaptation planifiée résulte d’une réflexion dédiée au changement climatique et à la variabilité climatique. Cependant, l’adaptation planifiée dans le secteur de l’eau est très peu fréquente en pratique. Des initiatives dans ce sens sont néanmoins à noter en Hollande, en Australie, en Allemagne, au Bangladesh, au Royaume-Unis, en matière de standards de conception et d’allocation pour les inondations et les infrastructures d’offre [Bates et al., 2008]. Des exemples des deux types d’adaptation sont présentés dans le tableau 2.1 pour le secteur de l’agriculture. De plus, l’adaptation dans certains cas peut être réactive (“reactive adaptation”), c’est-à-dire qu’elle peut n’être mise en œuvre qu’après que le changement climatique ait été observé. Cependant, dans d’autres cas, l’adaptation doit être anticipée (“anticipatory adaptation”), notamment lorsque des investissements avec des durées de vie très longues sont en jeu. Peu d’exemples concrets de mise en œuvre de mesures anticipées d’adaptation existent. D’après Bates et al. [2008], ceci serait dû au fait que ces mesures nécessitent une information exacte sur le changement du climat local, information qui, à cause des diverses sources d’incertitude liées au changement climatique, n’est pas disponible. En outre, ce pourrait également être dû à une influence plus importante dans le court terme d’autres variables pour piloter les stratégies d’investissement. de Graaf et al. [2009], dans leur étude sur les mesures liées aux ressources en eau (offre, protection contre les inondations) à mettre en œuvre pour la réduction de la vulnérabilité sous changement climatique de la région Ouest des Pays-Bas, ont également mentionné le fait que peu d’exemples de mise en œuvre de mesures anticipées d’adaptation existent. Selon cette étude, la réduction de la vulnérabilité correspond à l’augmentation de la capacité de seuil (threshold ), la capacité à faire face (coping), la capacité de récupération (recovery) et la capacité adaptative (adaptive), pour la prévention, la réduction des dommages, la réaction aux dommages et leurs anticipations respectivement. Jusqu’à présent, selon cette étude, aux Pays-Bas comme ailleurs, la priorité a consisté à augmenter la capacité de seuil en construisant des digues plus hautes et en améliorant la capacité de stockage et les infrastructures de distribution. Le défi consiste désormais à augmenter la capacité adaptative afin de pouvoir faire face et s’ajuster à des futurs changements, notamment climatiques, incertains. Pour cela, il s’avère nécessaire de mettre en place un cadre d’évaluation des stratégies d’adaptation afin de choisir une stratégie robuste en prenant en compte les diverses incertitudes. Un tel cadre qui prend en compte l’incertitude climatique, ainsi que l’irréversibilité des inves- 2.3 L’adaptation au changement climatique 91 Tab. 2.1: Exemples d’adaptation dans le secteur de l’agriculture Type d’adaptation Exemples de mesures dans le secteur de l’Agriculture Autonome adoption de variétés plus résistantes aux chocs thermiques ; modification des techniques d’irrigation ; adoption de techniques efficaces pour la collecte d’eau, la conservation de l’humidité des sols, réduction du risque de salinisation ; amélioration de la gestion de l’eau pour éviter l’érosion et le lessivage ; modification des calendriers de cultures ; implémentation des prévisions saisonnières amélioration des systèmes existants en surface d’irrigation et nouvelles infrastructures, gouvernance améliorée incluant le changement climatique ; hausse des investissements dans des infrastructures pour l’irrigation ; utilisation de technologies pour une meilleure efficacité de l’usage, avec notamment utilisation de l’eau souterraine ; définition des droits de propriétés des terres ; bon fonctionnement des marchés des intrants, produits et services financiers Planifiée 2.3 L’adaptation au changement climatique 92 tissements et la flexibilité temporelle dans leur réalisation, pourrait remettre en question l’évaluation traditionnelle économique selon laquelle les bénéfices nets de la construction complète actuelle d’une infrastructure et de la non réalisation du projet sont comparés. Le nouveau cadre pourrait ainsi inclure la possibilité de retarder un investissement. 2.3.1 Méthodologies d’évaluation des stratégies d’adaptation sous climat futur incertain Les critères de sélection parmi les options d’adaptation, comme mentionné dans de Loë et al. [2001] regroupent : les “stratégies sans regret”, le degré de réversibilité, la minimisation des impacts environnementaux, l’analyse coûtsbénéfices, l’équité, la réduction de la vulnérabilité, la faisabilité et l’efficacité. Michailidis et Mattas [2007] citent également d’autres techniques pour les décisions d’investissement comme l’actualisation des flux financiers (discounted cash flow ), la valeur actualisée nette, le taux interne de rentabilité et les options réelles. En ce qui concerne le choix du dimensionnement d’une infrastructure hydraulique, i.e. d’un barrage-réservoir, la littérature identifie deux approches de sélection : la satisfaction d’un niveau fixé de fiabilité ou de demande satisfaite et la comparaison des coûts et des bénéfices. La première approche a été appliquée par Mimikou et Kouvopoulos [1991] pour déterminer la dimension d’un réservoir. Cependant, il n’est pas toujours possible ou efficace de changer la capacité de stockage d’un réservoir afin de maintenir un niveau de fiabilité voulu. Ainsi, une analyse coût-bénéfice peut être appliquée comme dans O’Hara et Georgakakos [2008] pour évaluer l’efficacité de l’expansion de la capacité de stockage des réservoirs. Chacun de ces critères conduit à un résultat différent, car selon le premier, des plus grands réservoirs doivent être construits pour satisfaire la demande voulue, tandis que selon la deuxième, pour des réductions importantes des réserves d’eau disponibles, la comparaison des coûts et bénéfices indique que des plus petits réservoirs doivent être privilégiés. L’analyse coût-bénéfice est également utilisée dans le chapitre 3. En effet, la réduction des précipitations conduit à des réservoirs plus petits. Avec une préférence pure pour le présent élevée, les bénéfices ainsi que les volumes optimaux sont diminués et l’importance du changement climatique est réduit. La différence entre les valeurs actualisées nettes obtenues avec les différents modèles climatiques est alors diminuée. Les résultats montrent que l’optimum de la valeur actualisée nette étant plat, l’analyse coût-bénéfice n’est pas assez discriminante pour le choix du volume à la différence de l’autre critère. Des stratégies d’anticipation à moindre coût pourraient être mises en place 2.3 L’adaptation au changement climatique 93 dès à présent pour réduire la vulnérabilité. C’est le cas par exemple à Copenhague, où les tuyaux d’évacuation des eaux pluviales ont été dimensionnés avec des débits maximum augmentés de 70% pour anticiper la croissance de la population et l’intensification des précipitations. Augmenter le diamètre au moment de la pose peut avoir un coût marginal inférieur comparé au changement du diamètre après [Hallegatte et al., 2008]. Cette option d’adaptation est typiquement une option sans regrets, c’est-à-dire qu’elle est utile en soi même sans changement climatique ou quelque soit l’ampleur du changement climatique. Si le risque pour lequel elles ont été développées ne se réalise pas, les mesures n’auront pas été inutiles ou même dommageables. Cependant, comme l’expliquent Venkatesh et Hobbs [1999], certains investissements sont irréversibles, avec des bénéfices futurs incertains, et le choix du moment de leur réalisation peut permettre une certaine flexibilité dans le temps. C’est pourquoi pour ces investissements leur réalisation devient une option qui inclut également la possibilité de la remettre à plus tard. Venkatesh et Hobbs [1999] ainsi que Michailidis et Mattas [2007], utilisent pour l’analyse d’un investissement (barrage pour l’irrigation et structure de contrôle des inondations) l’approche des options réelles. Parmi les options réelles plusieurs alternatives concernant l’investissement en capital comme l’expansion, l’abandon ou le retard sont prises en compte, à chacune desquelles une valeur est associée. Etant donné l’incertitude sur, par exemple, l’ampleur du changement climatique, la remise à plus tard d’un projet jusqu’à ce que plus d’information soit disponible peut-être l’option optimale. La décision peut ainsi être complètement modifiée si au bénéfice net d’inaction (“do nothing”), on ajoute la valeur de l’option d’attente. Venkatesh et Hobbs [1999] calculent la valeur espérée si l’incertitude dans le processus de décision est incluse afin de déterminer la stratégie optimale pour la structure de contrôle du débordement du Lac Erie, en considérant différentes possibilités de disponibilité en eau nette (précipitation- évaporation+ ruissellement), ainsi que la flexibilité dans le temps. Pour cela, l’analyse bayésienne est incluse dans des arbres de décision et les stratégies adaptatives sont décrites comme des décisions séquentielles. Dans ce cadre, la valeur espérée de l’incertitude sur le changement climatique (EVIU : expected value of including climate change uncertainty) est calculée, ainsi que la valeur espérée d’avoir une connaissance parfaite sur le changement climatique (EVPI : expected value of perfect climate change information). La première correspond à la valeur espérée de l’information additionnelle obtenue en incorporant l’incertitude dans le processus de décision et la deuxième à la différence entre les bénéfices espérés dans le cas où les décideurs savent avant faire un choix si le changement climatique va se réaliser et, dans le cas où ils ne réalisent 2.3 L’adaptation au changement climatique 94 pas, une expérimentation. L’information sur les avis des utilisateurs (probabilités subjectives, facteurs de pondération attribués aux objectifs) est prise en compte et leur opinion sur la probabilité des scénarios de changement climatique est révisée en fonction de la disponibilité en eau nette observée. L’option de report de la décision a une valeur de 20 million de dollars, tandis que le fait d’ignorer le réchauffement possible peut avoir un surcoût de 20% au niveau du coût de construction. L’importance du choix de la méthode d’analyse d’un investissement est notamment soulignée par Michailidis et Mattas [2007] car ils constatent qu’en utilisant la méthode conventionnelle de valeur actualisée nette, l’investissement est considéré comme profitable, alors qu’avec la méthode des options réelles, les options d’abandonner, retarder ou élargir le barrage, si elles sont pratiquées, ont également une valeur importante. Les auteurs suggèrent que les deux approches peuvent être utilisées pour évaluer des investissements de façon complémentaire. La règle standard de la valeur actualisée ne prend pas en considération de quelle manière la possibilité de retarder un investissement irréversible peut influencer la décision d’investir, alors que la méthode des options réelles permet de déterminer les délais d’attente avant d’investir. Cette flexibilité peut être importante et ajouter de la valeur dans la décision. Cependant, la méthode des options réelles ne remplace pas la valeur actualisée nette, elle aide à mieux comprendre la décision d’investissement et les zones d’incertitude. La détermination de stratégies adaptatives sous incertitude peut aussi être fondée sur le principe de la robustesse. Selon ce principe, une décision est robuste quand elle ouvre des voies vers des résultats favorables, en protégeant contre les vulnérabilités et en exploitant les opportunités du changement climatique. Le principe de robustesse indique qu’il est important d’éviter de mettre en place des mesures qui peuvent s’avérer inefficaces une fois les changements climatiques matérialisés (mal adaptation), notamment celles qui concernent la construction d’infrastructures, une mauvaise adaptation au changement climatique pouvant se révéler très coûteuse. Les quatre piliers de la robustesse sont la vigilance (habilité à détecter des signes alarmants), l’agilité (possibilité de réagir à ces signaux), l’adaptabilité (habilité dans l’ajustement des tactiques) et l’ajustement (capacité de s’aligner vers une même direction). L’apprentissage joue un rôle important, les actions de court terme devant être considérées comme des expérimentations pouvant produire de l’information sur le fonctionnement des systèmes environnementaux complexes [Lempert et Groves, 2010]. La prise de décision robuste pour la mise en place des stratégies adaptatives (anticipées) dans ce contexte d’incertitudes interroge l’approche traditionnelle “prédiction puis action”, avec 2.3 L’adaptation au changement climatique 95 l’addition de trois nouveaux concepts : les vues multiples du futur, le critère de robustesse, et l’analyse itérative “vulnérabilité-et-réponse-option” [Bates et al., 2008; Lempert et Groves, 2010]. Dans le processus de décision robuste, l’incertitude est traitée en considérant plusieurs vues/états du futur. L’information probabiliste peut être aussi intégrée en utilisant une série de distribution de probabilités possibles. Cette pluralité de distribution est nécessaire car une seule ne suffit pas pour décrire le niveau présent d’incertitude sur le futur. Par ailleurs, dans ce processus de prise de décision robuste, un critère de robustesse est utilisé plutôt qu’un critère d’optimalité. Par la suite, l’analyse “vulnérabilité-réponse-et-option” permet de prendre en compte l’incertitude et des stratégies robustes peuvent être identifiées et évaluées. Dans ce but, comme pour d’autres analyses de décision, le problème est formulé et les données et modèles nécessaires sont rassemblés. Plusieurs stratégies possibles sont considérées. Leur efficacité est évaluée sur la base d’indicateurs notamment de standards de performance fixés par les décideurs qui peuvent être absolus ou relatifs et peuvent exprimer la déviation de l’optimalité ou le regret. Au final, des stratégies alternatives sont identifiées (adaptabilité) pouvant réduire la vulnérabilité des stratégies possibles et elles sont envisagées comme des nouvelles stratégies possibles, ou bien le problème est reformulé. Ce processus a été présenté et appliqué par Lempert et Groves [2010] dans l’Ouest des États-Unis pour l’exploration du portfolio des stratégies d’offre d’eau (stockage souterrain, recyclage, équilibre offre demande, stockage de l’eau d’orage) qui ont éliminé 80% des coûts identifiés. Par conséquent, le choix de la méthode d’analyse d’un investissement est important, car il peut conduire à des résultats complètement différents. Ce choix est particulièrement important quand il s’agit d’investissements irréversibles. En effet, ces investissements étant conçus pour un risque, notamment le changement climatique, qui finalement ne se réalise pas, des coûts importants peuvent être engendrés. Dans le chapitre 3 où un modèle générique de dimensionnement d’un réservoir est présenté, la méthode proposée par Lempert et Groves [2010] selon laquelle une stratégie adaptative robuste doit être mise en oeuvre afin de réduire la vulnérabilité aux changements climatiques est appliquée. 2.3.2 Les limites des stratégies d’adaptation Différentes limites aux stratégies d’adaptation peuvent être relevées. En premier lieu, des limitations physiques ou écologiques existent lorsque des mesures techniques ou institutionnelles ne permettent pas de faire face aux 2.3 L’adaptation au changement climatique 96 effets néfastes du changement climatique. Confronté à un cours d’eau qui s’assèche complètement, la construction de grandes infrastructures hydrauliques ou le redimensionnement des infrastructures existantes n’est plus efficace et peut engendrer des pertes économiques importantes si les investissements réalisés sont irréversibles. Dans le chapitre 3 on verra qu’effectivement, avec des réductions importantes des ressources en eau sous changement climatique, certaines mesures d’adaptation, notamment le redimensionnement des barrages-réservoirs, peuvent s’avérer insuffisantes pour soutenir la demande. Ainsi, les activités localisées sur un bassin avec une réduction importante de ses ressources en eau, devraient éventuellement être relocalisées. Les restrictions peuvent aussi être techniques, politiques ou sociales, quand il est impossible pour les usagers de réduire leur consommation, ou quand il est difficile de trouver des sites appropriés pour la construction de réservoirs. En particulier dans le bassin méditerranéen, comme les ressources en eau sont irrégulières dans le temps et l’espace, de nombreux barrages-réservoirs ont été construits. Mais la plupart des bassins sont fortement anthropisés et les sites encore disponibles pour l’implantation de nouveaux réservoirs deviennent de plus en plus rares. Ensuite, des limites économiques peuvent aussi exister quand une stratégie adaptative est trop coûteuse par rapport aux bénéfices que sa mise en œuvre peut apporter. Le cadre réglementaire peut également ou pas : encourager la mise en place d’actions pour l’adaptation au changement climatique, favoriser le court ou le long terme, et mettre en avant des actions irréversibles intensives en capital ou flexibles [Arnell et Delaney, 2006]. Des obstacles culturels ou institutionnels constituent un autre type de limite. Ils incluent notamment le contexte institutionnel dans lequel la gestion des ressources s’exerce, le manque de coordination entre les divers acteurs, les problèmes d’acceptabilité sociale, la faible priorité donnée à la gestion des ressources hydriques, les tensions entre différentes échelles et l’inefficacité de la gouvernance. Enfin, les limitations cognitives ou informationnelles concernent les cas où les planificateurs des ressources hydriques ne reconnaissent pas le changement climatique comme un défi important ou lui attribuent une priorité trop faible. Ils peuvent également ne pas avoir accès à des méthodologies concrètes pour apporter une réponse rigoureuse au changement climatique ou bien considérer que l’incertitude sur le climat futur est trop importante comme le décrit Larsen [2010] sur le Danemark ou Bates et al. [2008]. La gestion des planificateurs peut se faire à un horizon temporel à très court terme (journalier). Lorsque leur priorité est une gestion à un pas de temps aussi fin, les conditions à long terme, notamment le climat à une échelle décennale ou centennale, viennent bien après d’autres priorités [Lins et Sta- 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 97 khiv , 1998]. Arnell et Delaney [2006] dans leur étude sur l’adaptation des compagnies d’approvisionnement en eau en Angleterre et au Pays de Galles, reconnaissent que dans le court terme le changement climatique n’est pas le paramètre le plus important, alors qu’il est considéré comme une priorité sur le long terme. Cette hiérarchisation est non seulement influencée par le cadre réglementaire comme mentionné ci-dessus, mais aussi par l’occurrence d’événements exceptionnels. Ainsi, les applications concrètes dans la gestion des bassins versants sont très rares. Les planificateurs des ressources hydriques ont par ailleurs longtemps dû faire face à des demandes continuellement modifiées, en faisant l’hypothèse que la ressource naturelle reste pratiquement constante dans le moyen terme et en considérant que l’information historique constitue un bon indicateur des conditions futures. Mais le changement climatique remet en question la fiabilité des systèmes hydrologiques et hydrauliques ainsi que ces hypothèses. Sa prise en compte pourrait conduire à une révision complète des processus de planification des ressources avec, par exemple, le développement de nouvelles méthodes d’évaluation et de conception des infrastructures, la prise en compte des ressources non conventionnelles etc. Dès lors, pour les planificateurs, le défi serait d’intégrer non seulement la variabilité naturelle mais également le changement climatique pour assurer un niveau de fiabilité acceptable à long terme [Kiparsky et Gleick , 2003]. Malgré l’incertitude sur les conditions hydrologiques futures et la difficulté de détecter une tendance sur le long terme, des décisions devront être prises dès aujourd’hui, avec la révision des hypothèses de conception et de gestion des infrastructures hydrauliques. De plus, la mise en place des processus de prise de décision robuste ou avec apprentissage est nécessaire, dans lequel les modèles climatiques sont intégrés. Une approche fondée sur des scénarios pouvant conduire à des impacts différents pourrait être utilisée afin de permettre aux planificateurs de disposer d’informations sur la probabilité d’occurrence d’évènements pour pouvoir prendre des décisions. Dans la section suivante, différentes mesures d’adaptation sont présentées du côté de l’offre puis de la demande, chacune avec sa propre facilité et flexibilité de mise en œuvre, sa dépendance à l’information climatique précise et son efficacité. 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau Les mesures d’adaptation du côté de l’offre et de la demande peuvent avoir des taux d’application, des efficacités et bénéfices générés et des im- 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 98 pacts négatifs différents, en fonction de l’ampleur du changement climatique et des conditions locales. Du côté de l’offre, parmi les options souvent envisagées, figurent la hausse de la capacité de stockage ou les transferts d’eau. Ces options ont en général des conséquences sociales et environnementales négatives, en particulier en raison de la mise en eau de zones situées sur le réservoir. Ces conséquences, notamment celles liées à la construction de barrages, sont de plus en plus prises en compte et gérées pendant la conception et la réalisation des projets. Du côté de la demande, l’efficacité de certaines mesures n’est pas certaine, car elles nécessitent l’action cumulée d’acteurs disposant de capacités d’adaptation variées et avec des intérêts possiblement en conflit [Bates et al., 2008]. De façon générale, les mesures du côté de l’offre, notamment l’exploitation des eaux de surface, sont les solutions dominantes aujourd’hui pour répondre aux besoins, et continueront à l’être sous changement climatique. 2.4.1 Les options d’adaptation du côté de l’offre Pour la projection des ressources en eau sans et avec changement climatique, certaines composantes importantes devraient être prises en compte notamment les barrages construits, à construire ou démantelés, les infrastructures hydrauliques d’approvisionnement et de distribution intra et inter bassins, le traitement des eaux usées et la réutilisation, ainsi que la désalinisation. Si l’on considère le climat actuel, les réservoirs jouent déjà un rôle important car ils assurent un niveau d’approvisionnement d’une ressource en eau variable dans l’espace et dans le temps dans la plupart des régions du monde, notamment au niveau du bassin méditerranéen. Ainsi, étant donné leur place dominante dans les profils hydriques de plusieurs pays, et la réduction possible des apports en eau sous changement climatique, leur utilisation comme moyens d’adaptation sous changement climatique mérite d’être examinée. Dans la littérature, parmi les mesures possibles d’adaptation du côté de l’offre, les barrages-réservoirs occupent une place importante. En effet, le changement de leur dimensionnement ou de leurs règles opérationnelles pourraient constituer des options d’adaptation puissantes, caractérisées par un degré de réversibilité différent. En cas d’augmentation de la variabilité temporelle du ruissellement due au changement climatique, la hausse de la capacité de stockage des réservoirs peut être bénéfique, si le ruissellement annuel ne se réduit pas de manière significative. En revanche, l’utilité des barrages peut être diminuée à cause de la hausse de la température, car le risque de pertes dû à l’évaporation serait accru. Sous changement climatique, 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 99 avec la réduction probable des ressources en eau disponibles, il pourrait aussi être envisagé de modifier les règles opérationnelles des réservoirs afin, par exemple, d’allouer la ressource en eau selon la valorisation économique des usages. D’autres options du côté de l’offre pourraient également être envisagées comme des transferts d’eau ou entre autres la réutilisation des eaux usées traitées et la désalinisation [Bates et al., 2008]. Dans cette thèse, l’accent est mis sur les options d’adaptation liées aux réservoirs, leur redimensionnement et le changement de leurs règles opérationnelles, qui seront présentées. Auparavant, il convient de présenter quelques définitions essentielles concernant les barrages, qui pourront aider à mieux comprendre les options d’adaptation liées aux barrages-réservoirs. 2.4.1.1 Quelque définitions utiles sur les barrages-réservoirs Un réservoir de stockage a la capacité de retenir l’excès d’eau après une pluie, y compris une pluie intense, et le redistribuer durant les périodes de sécheresses. Il permet également de réduire les dommages en aval pendant les périodes de crues. Les réservoirs ont ainsi comme fonction de stabiliser le flux d’eau, en régulant une offre variable naturelle et en satisfaisant une demande elle aussi variable. Par ailleurs, comme à partir de plans topographiques les courbes d’élévation-surface et d’élévation-stockage peuvent être définies, pour une hauteur d’eau donnée, il est possible de calculer le volume d’eau stocké dans le réservoir et la surface d’eau inondée. La capacité de stockage d’un réservoir peut être divisée en trois zones. Le volume entre le lit de la rivière et une hauteur d’eau minimum dans le réservoir correspond au volume de sédimentation (“dead storage”). Cette hauteur minimale correspond au niveau minimum à partir duquel l’eau peut être extraite du réservoir. Ce volume est uniquement dédié au stockage des sédiments qui arrivent au barrage. Le volume entre la hauteur d’eau minimum et la hauteur dite “normale” correspond au volume utile (“useful storage”). La hauteur “normale” correspond à la hauteur maximale que l’eau peut atteindre dans les conditions normales de fonctionnement du réservoir. L’eau est extraite de ce volume pour la satisfaction des différentes demandes. De plus, le niveau d’eau “normal” détermine le potentiel hydroélectrique. Enfin, le volume d’eau entre la hauteur “normale” et la hauteur de débordement correspond au volume d’inondation (“surcharge volume”). La hauteur de débordement correspond à la hauteur maximale à laquelle l’eau arrive en prenant en compte le volume d’inondation. Ainsi, le volume d’inondation sert à stocker l’eau de la crue de dimensionnement de l’évacuateur. Ce volume peut ne pas rester vide, notamment pendant les périodes où la probabilité 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 100 d’occurrence de la crue maximale de dimensionnement est faible. L’aspect le plus central pour le dimensionnement du volume réside dans la relation entre rendement et capacité, le rendement étant la quantité d’eau qui peut être fournie dans un intervalle de temps défini (du jour à l’année ...). La capacité doit être déterminée en fonction des quantités d’eau disponibles et de la demande en assurant un niveau de risque acceptable. Cela signifie que le rendement ne doit pas être inférieur à une valeur cible. Ce niveau de risque acceptable est faible pour les villes alors que pour l’irrigation il est plus élevé. Un indicateur souvent utilisé pour mesurer la performance d’un réservoir est la fiabilité. Elle correspond à la probabilité que le réservoir puisse alimenter une demande donnée pendant sa durée de vie (économique, entre 50-100 ans) sans interruption. La capacité de stockage peut être déterminée avec un pas de temps annuel, mensuel ou journalier, en utilisant l’approche “operation study”. Selon cette approche, des règles opérationnelles sont définies, et une simulation de l’opération est réalisée sur une période de temps qui permet de déterminer la fiabilité du réservoir avec sa capacité de stockage donnée. Les méthodes “sequent peak” et “Rippl” sont également souvent utilisées [Anctil et al., 2005], ainsi que d’autres méthodes plus économiques déjà mentionnées à la section 2.3.1. 2.4.1.2 Redimensionnement des barrages-réservoirs sous changement climatique : inertie et incertitude climatique Le changement climatique peut être intégré comme critère de conception des ressources hydriques, l’incertitude pouvant affecter la prise de décision. Comme mentionné à la section 2.3.1, des nouveaux investissements peuvent être envisagés, comme c’est le cas pour les barrages-réservoirs. Cependant, comme il s’agit d’investissements lourds et irréversibles, et étant donné l’incertitude sur l’amplitude, la temporalité et la direction du changement du climat, leur réalisation pourrait engendrer des pertes économiques élevées en cas de non réalisation du climat prévu par les planificateurs. Rogers [1997] a étudié la possibilité de l’augmentation de la capacité des réservoirs en appliquant quatre sous-modèles : croissance déterministe linéaire et géométrique de la demande, croissance linéaire stochastique, et une version différente de la croissance géométrique où la capacité et les prix sont en même temps déterminés. Dans les quatre modèles, le changement climatique joue un rôle de plus en plus important, mais reste limité dans l’influence qu’il a sur la demande ainsi que sur la décision optimale, qui se fait sur la base du critère coût-bénéfice, conclusion qui doit être interprétée, selon l’auteur, avec attention, car l’effet d’irréversibilité des investissements n’est pas prise 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 101 en compte. Fisher et Rubio [1997] ont également modélisé les décisions sur la capacité de stockage sur le long terme sous changement climatique, en représentant l’investissement en capital public et les coûts environnementaux. Sous incertitude et bénéfices marginaux convexes, un avantage existe à investir dans des infrastructures hydrauliques et éviter les réductions drastiques de consommation dues aux sécheresses. De plus, si les coûts d’ajustements sont asymétriques, une période d’inaction peut exister, qui est plus longue quand le désinvestissement (restauration de l’environnement) est coûteux. Ainsi les auteurs soulignent que les planificateurs doivent veiller à ce que les infrastructures, notamment hydrauliques, ne doivent pas être sous ou sur dimensionnées sous la pression du changement climatique. Cependant, étant donné la nature séquentielle de la prise de décision, il n’est pas nécessaire de mettre en place des mesures radicales dans le court terme. Dans le chapitre 3, étant donné le niveau actuel d’incertitude climatique important, il est proposé de mettre en place des stratégies d’adaptation anticipées, dans le cas présent fixer le volume optimal d’un réservoir, qui peuvent être robustes au plus vaste champs possible de changements climatiques, dans le même esprit que [Lempert et Groves, 2010]. Cependant, des mesures d’adaptation plus flexibles peuvent être mises en place. Le changement des règles opérationnelles des réservoirs, décrit dans la section suivante, constitue un exemple de mesure moins dépendante d’une information climatique précise. 2.4.1.3 Changement des règles opérationnelles sous changement climatique des barrages-réservoirs Les réservoirs, avec leurs dimensions actuelles, peuvent être utilisés en changeant les règles opérationnelles afin de s’adapter aux changements d’écoulements. Leur modification peut être une solution efficace du côté de l’offre d’eau, en raison du contexte actuel d’incertitude sur le changement climatique. Les nouvelles stratégies de gestion doivent être flexibles et capables de mettre en place des plans de fonctionnement qui prennent en compte la nature variable et dynamique du climat. Cette stratégie d’adaptation a été mentionnée dans plusieurs études, notamment dans Wood et al. [1997]. Les conditions, selon les auteurs, qui déterminent si le changement climatique doit être pris en compte, sont liées à l’hydrologie du système, ses caractéristiques physiques, ses demandes et ses contraintes institutionnelles. Ainsi, Wood et al. [1997] considèrent que trois catégories théoriques existent pour les problèmes de planification, conception 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 102 et gestions de ressources en eau. Dans la première, le changement climatique n’a pas d’influence sur la performance du système, parce que les changements prévus par les modèles de circulation générale n’impliquent pas des changements pour l’hydrologie régionale, les systèmes régulés sont déjà robustes car ils peuvent gérer les extrêmes du climat variable, ou parce que d’autres changements comme la hausse de la demande peuvent avoir un effet plus important. Dans la deuxième catégorie, le changement climatique peut avoir des effets sur la performance des infrastructures. Cependant, des contraintes, comme les préférences sociales et les réalités politiques, font que les mesures d’adaptation ne sont pas mises en œuvre. Dans la dernière catégorie, le changement climatique a un effet non trivial sur la performance qui peut être atténué par la modification des règles opérationnelles des réservoirs. Dans ce cas, les planificateurs sont appelés à faire face à l’incertitude avec des approches comme une meilleure connaissance des projections hydrologiques, des techniques d’analyses plus affinées, l’augmentation des facteurs de sécurité dans la conception et la réduction d’investissements irréversibles. Mendelsohn et Bennett [1997] ont proposé un modèle générique d’allocation de l’eau sous changement climatique. Dans ce modèle, les règles d’allocation ainsi que la valeur présente nette du projet sont plus influencées par la modification du ruissellement moyen que par celle de la variance, et l’efficacité de chaque règle peut avoir des impacts différents avec et sans changement climatique. Cette étude concernant les règles opérationnelles propose également un ajustement dynamique et un transfert de l’eau vers des usages à plus grande valeur ajoutée. Selon Lettenmaier et Sheer [1991] l’adaptation des règles opérationnelles pour les systèmes de réservoirs en Californie est envisageable, mais avec un risque qu’elle soit réalisée au détriment de la protection contre les inondations. Dans leur étude de cas, Wood et al. [1997] montrent que prendre en compte le changement climatique peut ne pas affecter les règles opérationnelles optimales. De plus, des petits changements des règles pour s’adapter au changement climatique ne modifient pas de façon significative la performance du système étudié. Certaines études constatent que ni l’augmentation de la capacité des réservoirs ni le changement des règles opérationnelles ne peuvent atténuer le stress dû à la réduction des écoulements. C’est le constat fait par Christensen et Lettenmaier [2007] sur le Bassin du Colorado. Dans cette étude de cas, où la réduction du ruissellement doit être attribuée aux différences d’évapotranspiration, le modèle hydrologique utilisé a une résolution spatiale plus fine que les modèles de circulation générale. Ainsi les interactions entre l’élévation et les demandes évaporatives, qui ont une variabilité saisonnière, peuvent être mieux représentées. Les auteurs soulignent la non linéarité des 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 103 réponses des systèmes de réservoirs aux changements d’écoulements et la dégradation considérable de leur performance. Ainsi, les règles opérationnelles peuvent être ajustées de manière dynamique afin de s’adapter au changement climatique. Malgré cette flexibilité, comme on l’a vu, leur efficacité ne fait pas consensus. Dans le chapitre 5, avec la méthodologie générique globale-locale présentée dans les chapitres 4 et 5, les règles opérationnelles optimales d’opération coordonnée des systèmes de réservoirs méditerranéens sont déterminées afin de satisfaire la demande en irrigation avec le plus haut niveau possible de fiabilité. Ces options d’adaptation du côté de l’offre peuvent en partie atténuer les impacts du changement climatique. Cependant, sous changement climatique, l’eau disponible sera probablement réduite notamment au niveau du bassin méditerranéen, rendant dès lors les mesures d’adaptation du côté de l’offre inefficaces. En outre, les mesures d’adaptation pourraient être plus flexibles que les mesures du côté de l’offre. De plus, le défi, dès aujourd’hui, consiste à faire converger l’offre avec une demande qui, par endroit, n’est pas satisfaite, et, sous l’effet des changements socioéconomiques et hydroclimatiques futurs, pourrait augmenter. Sous changement climatique, une meilleure gestion des consommations en eau s’avérerait ainsi nécessaire afin d’adapter les demandes et les besoins en eau des secteurs au nouvel état du climat. 2.4.1.4 Quelque éléments sur le coût des mesures d’adaptation du côté offre Même si des mesures d’atténuation du changement climatique sont prises, un certain degré de changement climatique sera inévitable, nécessitant la réalisation de mesures d’adaptation comme les mesures présentées ci-dessus du côté de l’offre, pour répondre aux impacts. Dans la revue de littérature conduite par Hughes et al. [2010], les résultats d’études au niveau micro montrent que le coût d’adaptation au changement climatique dans le secteur de l’eau pour les pays riches peut être considérable. Selon les auteurs, le coût de l’adaptation peut varier considérablement en fonction du niveau de référence, de la couverture sectorielle et du scénario climatique. Dans leur étude, les auteurs proposent une approche “top-down” pour l’appréciation des coûts d’adaptation. Pour la première partie des coûts (DeltaC), ils considèrent que le changement des variables climatiques peut influencer les coûts directs de construction des infrastructures pour assurer un niveau de service fixe. Ainsi les standards de conception doivent être ajustés pour assurer le niveau de performance fixé. Les changements de coûts (construction, opération, maintenance, remplacement) sont définis comme des relations de 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 104 dose-effet marginaux pour différents stress climatiques qui sont appliquées, afin d’obtenir des séries d’augmentation des coûts par type d’infrastructure, pays, période et scénario climatique. Ces relations sont aussi appliquées pour la période de référence, ce qui permet de déterminer le coût Delta-C. Pour la deuxième partie des coûts (Delta-V), les auteurs considèrent que les quantités d’infrastructures nécessaires peuvent changer sous changement climatique, étant donné que le niveau ou la composition de la demande pour les services d’eau pour un certain niveau de revenu peut être modifié. Ils soulignent le fait que la détermination de Delta-V est difficile à cause de deux aspects : les impacts du climat sur la demande d’infrastructure et le long terme. Dès lors, les Delta-V n’apparaissent pas à des intervalles réguliers de temps. De plus, en matière de planification des infrastructures, les gouvernements doivent disposer d’informations sur comment le changement climatique peut influencer le nombre et le type d’infrastructures nécessaires. Les auteurs considèrent que la seule façon pour déterminer l’impact empirique du changement climatique sur la demande en infrastructure consiste à conduire une analyse économétrique des données de panel. Le coût de l’adaptation selon Hughes et al. [2010] représente 1-2% du coût de référence pour les pays OCDE. Les coûts additionnels des ressources en eau permettant de répondre à la hausse de la demande en eau domestique (fonction des paramètres hydroclimatiques) constituent l’élément essentiel du coût d’adaptation. Les disparités régionales sont importantes, le coût de l’adaptation est par exemple plus élevé en Europe de l’Est par rapport à l’Europe de l’Ouest. En effet, la demande en eau en Europe de l’Est augmenterait sous changement climatique. D’après cette étude, le coût de l’adaptation s’avère peu élevé par rapport aux autres facteurs influençant les coûts futurs des infrastructures. Cette charge, peu élevée selon Hughes et al. [2010], peut même être réduite si des mécanismes économiques comme les taxes sur l’eau sont mises en place pour réduire les extractions, générant des économies de 6-12 milliards de dollars par an pour les différents scénarios climatiques. Ward et al. [2010] ont également évalué les coûts d’adaptation partiels globaux et régionaux pour l’offre brute d’eau pour les demandes industrielles et domestiques projetées au niveau national en 2050. Disposant comme options d’adaptation de la hausse du rendement des réservoirs ainsi que des mesures alternatives (recyclage, collecte de l’eau pluviale, désalinisation), le coût de l’adaptation s’élèverait à 12 milliards de dollars par an, 83-90% du total toucherait l’Afrique Sub-Saharienne. Ces coûts, selon les auteurs, sont faibles par rapport aux coûts de la période de référence qui s’élèvent à 73 milliards de dollars par an. Ainsi, Ward et al. [2010] suggèrent que l’adaptation au changement climatique soit incorporée dans le processus de prise de 2.4 Les options d’adaptation de l’offre et de la demande en eau 105 décision plus large. 2.4.2 Les options d’adaptation du côté de la demande Du côté de la demande, des mesures d’efficacité de l’usage, des politiques de tarification, d’organisation des marchés d’eau ainsi que des mesures encourageant la conservation et la réallocation de l’eau vers des usages à plus grande valeur sont envisageables. Ces mesures peuvent être mises en place dès aujourd’hui car dans plusieurs régions du monde les ressources sont qualitativement et quantitativement fragilisées. Leur efficacité sous changement climatique dépendra de l’horizon temporel de réalisation du changement, de la prise en compte des impacts sur les différentes catégories de population concernées, de la limitation des coûts de transaction associés, et de la réduction du risque. L’objectif de cette thèse est d’étudier les possibilités d’adaptation aux impacts du changement climatique du côté de l’offre. Ainsi, cette section propose quelques pistes de réflexion sur les possibilités du côté de la demande. Alors que certaines mesures sont propres à chaque type de demande, comme l’amélioration de l’efficience de l’usage, d’autres mesures nécessitent l’interaction entre les différents secteurs demandeurs d’eau. Ces interactions peuvent ensuite concerner des régions voir des pays entiers. Ainsi la coopération entre différents secteurs, régions ou pays peut s’avérer nécessaire pour la réussite des options d’adaptation du côté de la demande mais sa mise en œuvre constitue un sujet délicat. D’après l’étude de Frederick [1997] sur les possibilités d’adaptation du côté de la demande, les marchés et les instruments prix sont les principaux moyens d’allocation de ressources rares entre usages en compétition mais ils n’ont pas été appliqués dans le secteur de l’eau. En effet, même si des marchés existent, les prix ne reflètent pas le vrai coût d’utilisation et du transfert de l’eau. Un marché efficace nécessiterait des droits de propriétés transférables, l’identification des externalités, une répartition équitable des coûts et bénéfices, des prix fixés aux usagers proches du coût social net, la présence de plusieurs vendeurs et acheteurs. Les marchés d’eau à petite échelle existent déjà dans des zones arides où les usagers échangent, prêtent, empruntent, vendent ou achètent de l’eau, avec des coûts de transaction minimes et des distances courtes, mais l’extension à une échelle plus grande peut être difficile. En considérant l’état du climat présent, selon Molle et Berkoff [2009], les expériences positives de marchés concernent les pays où le contexte légal, institutionnel et régulateur est solide et où les parties prenantes sont assez riches. Proposer leur mise en œuvre à des pays où les données hydrologiques sont 2.5 Quelques éléments de conclusion 106 lacunaires, les infrastructures nécessaires n’existent pas et les gouvernements ont une faible capacité de réalisation et de contrôle, ne semble pas réaliste. De plus, ils considèrent que les transferts permanents des droits peuvent ne pas être nécessaires, car des processus ad hoc de négociation comme le “drought bank ” établis en Californie et les mesures de compensation au Japon, peuvent être mis en place. Le dégrée d’application ainsi que l’efficacité, les bénéfices et impacts négatifs peuvent varier parmi les options d’adaptation, cependant, les mesures du côté de l’offre, déjà dominantes sous conditions socioéconomiques et hydroclimatiques présentes, continueront à dominer sous changement climatique. Les options du côté de l’offre qui nécessitent souvent des investissements importants, peuvent avoir des conséquences sociales et environnementales négatives et peuvent même aller à l’encontre des mesures de mitigation. Toutefois, la mise en place des mesures du côté de la demande peut être très limitée puisqu’elles nécessitent le changement de comportements d’individus, potentiellement en compétition, avec des capacités d’adaptation différentes. Néanmoins, elles sont nécessaires afin d’atténuer en partie les impacts du changement climatique, qui pourrait entraı̂ner une réduction importante des ressources en eau. Dans plusieurs études, la prédominance des mesures du côté de l’offre a été soulignée. Par exemple, Amarasinghe et al. [2008] proposent la recharge artificielle des eaux souterraines car leur utilisation continuera à être choisie pour le développement de l’irrigation en Inde. Les auteurs notent également que les mesures qui peuvent induire des économies d’eau ne semblent pas être suffisantes, et étant donné que les secteurs domestiques et industriels ont une capacité grandissante à payer pour avoir accès à une offre propre et fiable, la pression pour le développement supplémentaire des eaux de surface, avec notamment des transferts intra et inter bassins, augmentera. 2.5 Quelques éléments de conclusion En raison des liens qui unissent les systèmes climatique, hydrique, biophysique et sociéconomiques, le changement climatique pourrait amplifier les problèmes liés aux aspects quantitatifs et qualitatifs des ressources en eau déjà existants, accélérant la vulnérabilité des secteurs en dépendant. La région méditerranéenne sera particulièrement affectée par ces changements selon les modèles climatiques. Cependant, de nombreuses incertitudes persistent sur la localisation précise et l’ampleur du changement. Les simulations réalisées avec les modèles climatiques pour le XXI e siècle indiquent en moyenne une réduction des précipitations au niveau du bassin méditerranéen, entraı̂nant 2.5 Quelques éléments de conclusion 107 potentiellement une hausse de la fréquence et de la durée des périodes de sécheresse. Dans ce contexte de changement climatique, les ressources en eau ne resteront vraisemblablement pas les mêmes que par le passé. Leur évaluation dans le futur reste toutefois difficile car plusieurs sources d’incertitude liées au changement climatique existent, et de plus, des facteurs non-climatiques rentrent en ligne de compte. Ainsi les pratiques actuelles de gestion pourraient ne plus s’avérer fiables. Intégrer le changement climatique dans la planification des ressources en eau constitue un défi car toutes les sources d’incertitude doivent être prises en compte afin de disposer d’une vision la plus globale possible des impacts sur les ressources en eau et les secteurs dépendants. Pour évaluer les impacts du changement climatique, un effort plus régionalisé est nécessaire car chaque région a son propre profil hydroclimatique et socioéconomique, entraı̂nant des impacts différenciés. Du côté de la demande et en particulier de l’agriculture, la hausse de la température et de la concentration du CO2 , peuvent avoir un impact différent sur la physiologie de chaque culture. Les impacts pourraient également être différents en fonction de la méthode utilisée pour leur évaluation. En Espagne par exemple, selon des études réalisées qui considèrent les pratiques culturales et les durées de développement actuel, les besoins en eau seraient en hausse en raison de la réduction de la précipitation et du changement de sa distribution. Du côté de l’offre, l’accès à l’eau, notamment dans les zones arides comme la Méditerranée, est assuré par des infrastructures hydrauliques est plus spécialement par les barrages-réservoirs, à condition que le ruissellement et la recharge des nappes ne soient pas réduits de façon importante. Un changement du niveau d’eau stockée pourrait avoir des conséquences sur le fonctionnement des réservoirs en conduisant ainsi à des coûts additionnels. De plus, le maintien et l’expansion des services seraient compromise en conduisant ainsi à des coûts socioéconomiques importants. Ainsi, étant donné cette diversité d’impacts provoqués par le changement climatique, il s’avère nécessaire de mettre en place des mesures d’ajustement pour éviter ou bénéficier des effets du changement climatique, du côté de l’offre ou de la demande, qui doivent être appropriées aux caractéristiques de chaque région. De façon générale, les mesures du côté de l’offre sont les plus souvent envisagées, car traditionnellement l’offre est appelée à suivre la demande grandissante. Plusieurs options sont liées aux barrages qui sont dimensionnés afin de réguler la ressource qui est caractérisée par une variabilité intra et inter annuelle, assurer l’approvisionnement pendant la période des flux minimum ou bien réduire la différence entre l’offre et la demande qui sont 2.5 Quelques éléments de conclusion 108 variables dans l’espace et le temps. Etant donné l’importance que les barrages ont dans les profils hydriques de plusieurs pays notamment en Méditerranée, diverses mesures d’adaptation peuvent être envisagées les concernant. Leur redimensionnement constitue une option qui nécessite de bien prendre en compte les évolutions du climat futur car il s’agit d’investissements lourds et irréversibles. D’autres options liées aux barrages peuvent être envisagées comme la modification de leurs règles opérationnelles. Les règles peuvent être ajustées dynamiquement et elles sont moins dépendantes d’une information climatique précise. Cependant leur efficacité n’est pas évidente. Selon certaines études leur changement peut ne pas influencer la performance. Selon d’autres études, la modification peut se faire en fonction d’un objectif au détriment des autres. Enfin, dans certaines études il est souligné que le stress hydrique pourrait être accentué à un tel point qui ne pourrait pas être compensé par la modification des règles opérationnelles. Comme présenté dans le chapitre précèdent, en terme de recherche, le défi est de disposer d’un double focus : maintenir une étendue géographique globale et en même temps descendre au niveau du bassin versant afin de représenter la variabilité des ressources en eau. Les ressources en eau déjà fragilisées quantitativement et qualitativement doivent faire face à des pressions grandissantes liées à des changements environnementaux et socioéconomiques globaux ou régionaux-locaux. De plus, des nouveaux défis émergent durant le XXI e siècle à l’échelle globale, comme le changement climatique, qui peuvent avoir des implications locales importantes comme l’accroissement de la pression sur les ressources en eau. C’est pourquoi une évaluation globale des ressources en eau disponibles et des demandes semble être nécessaire afin de comparer l’offre et la demande sous différentes conditions hydroclimatiques et socioéconomiques dans l’espace et le temps et de tester différentes mesures du côté de l’offre et de la demande qui peuvent aider à établir un équilibre offre-demande. De plus, diverses mesures d’adaptation du côté de l’offre et de la demande peuvent être évalués afin d’atténuer les impacts du changement climatique et faire converger au mieux une offre en eau probablement réduite et une demande en hausse. Par conséquent, l’étude des impacts du changement climatique, de la vulnérabilité des ressources en eau et des mesures d’adaptation présente le double défi, mentionné auparavant : disposer d’une couverture globale est important afin d’inclure ce changement global et représenter les interactions entre bassins versant, et d’autre part, représenter les profils hétérogènes d’offre et de demande en eau des bassins est également essentiel afin de refléter leur variabilité dans l’espace et le temps. Une telle approche intégrée globalelocale sera présentée dans les chapitres 4 et 5. Cette approche a une étendue 2.5 Quelques éléments de conclusion 109 géographique global-régional et à l’échelle du bassin versant représente les caractéristiques essentielles de l’offre de la demande, en fonction des données disponibles à l’échelle globale, qui permettent d’illustrer l’hétérogénéité spatiale et temporelle de l’offre et de la demande. Cette méthodologie générique reconstitue les réseaux des réservoirs et les liens réservoirs-demandes et détermine l’opération coordonnée des réseaux de réservoirs. Elle peut être appliquée sur diverses régions du monde pour l’évaluation de changements globaux. Dans le chapitre 5, elle est appliquée sous changement climatique sur la région méditerranéenne pour déterminer les règles opérationnelles optimales du fonctionnement coordonné du réseau de réservoirs comme mesure d’adaptation afin de satisfaire la demande en irrigation au plus haut niveau de fiabilité possible. Enfin, dans le cadre de prise de décision robuste, le redimensionnement des réservoirs comme option d’adaptation est étudiée sous incertitude climatique, au chapitre 3 à l’aide d’un modèle générique développé à l’échelle du bassin versant. Ce modèle évalue l’influence que le changement climatique a sur le dimensionnement optimal du volume ainsi que l’influence de l’incertitude climatique sur la prise de décision concernant le dimensionnement. Bibliographie 110 Bibliographie Alcamo, J., M. Flörke, et M. Märker, Future long-term changes in global water resources driven by socio-economic and climatic changes, Hydrological Sciences, 52 (2), 247–275, 2007. Allen, R. G., L. S. Pereira, D. Raes, et M. Smith, Crop evapotranspiration – guidelines for computing crop water requirements, Document de travail 56, FAO, 1998. Amarasinghe, U., T. Shah, et P. G. McCornick, Seeking calm water : exploring policy options for India’s water future, Natural Resources Forum, 32, 305–315, 2008. 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Adaptation à un changement climatique incertain : analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage Les barrages-réservoirs sont des investissements lourds avec des durées de vie très longues, ainsi les changements futurs devraient être pris en compte dès leur conception. Cependant, les incertitudes liées à l’évolution de différents paramètres, notamment hydroclimatiques, peuvent contraindre à la réalisation de décisions concernant la conception des réservoirs. Pour anticiper les mesures d’adaptation au changement climatique, comme le redimensionnement des barrages-réservoirs, une information détaillée sur le changement du climat local est nécessaire. Or, cette information n’est pas disponible parce que entre autres, l’impact que le changement de la température moyenne globale aura sur le changement à l’échelle locale, n’est pas certain, ainsi le climat local futur est incertain. Etant donnée le niveau actuel significatif d’incertitude concernant le changement climatique, selon Hallegatte [2009], il est plus approprié d’implémenter des stratégies d’adaptation robustes anticipées qui peuvent réduire la vulnérabilité à une gamme la plus étendue possible de changements climatiques. Ce cadre est appliqué dans le chapitre présent dans le secteur de l’eau, un secteur particulièrement sensible aux conditions climatiques, et plus spécialement au dimensionnement d’un barrage-réservoir. Le changement du dimensionnement des barrages-réservoirs a été étudié dans plusieurs études à l’échelle locale ou régionale, comme option possible d’adaptation. Pour déterminer le volume optimal d’un réservoir sous change- Introduction au chapitre 3. Adaptation à un changement climatique incertain : analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage 116 ment climatique, deux méthodes sont disponibles dans la littérature. Selon la première approche, le dimensionnement d’un réservoir doit permettre de répondre à un niveau de demande donné avec une fiabilité définie. A savoir que la fiabilité est un indicateur souvent utilisé pour évaluer la performance d’un réservoir, c’est-à-dire la probabilité que le réservoir puisse répondre à une fonction demandée (par ex. satisfaction de demandes en eau) pour une période de temps et des conditions définies. Ce premier critère de dimensionnement est notamment utilisé dans les études menées par Mimikou et al. [1991] et Mehrotra [1999]. Or, avec la réduction possible des précipitations sous changement climatique et pour un niveau de demande inchangé, l’approvisionnement en eau pourrait être arrêté plus fréquemment. Ainsi, le changement du volume d’un réservoir ne pourra probablement pas contribuer au maintien d’un niveau de fiabilité défini pour une demande donnée. C’est pourquoi, un deuxième critère qui peut être utilisé pour le dimensionnement d’un réservoir sous changement climatique est l’analyse coût-bénéfice, utilisé dans l’étude menée par O’Hara et Georgakakos [2008]. Pour évaluer l’influence de l’incertitude climatique, un modèle simple de dimensionnement d’un barrage-réservoir est présenté dans ce chapitre, testé sur un bassin versant montagneux grec. Dans ce chapitre, l’analyse coûtbénéfice est utilisée afin de déterminer le volume optimal du réservoir sous changement climatique. Tous les modèles climatiques du GIEC sont utilisés et pour chacun, le volume optimal est déterminé en maximisant la valeur actualisée nette. En faisant l’hypothèse qu’un modèle parmi les modèles du GIEC est correct et que le climat futur est parmi les scénarios de changement climatique produits par les modèles, on peut déterminer le coût maximum de l’erreur liée au choix du modèle climatique pour le dimensionnent du réservoir. Etant donné le niveau d’incertitude, pour éviter la maladaptation au changement climatique, une approche de prise de décision liée au dimensionnement du réservoir est proposée, afin de faire des choix robustes. Les changements saisonniers de précipitation et de température sont déterminés sur la base des valeurs mensuelles de précipitation et de température prises des sorties des modèles climatiques du GIEC pour le scénario A2, en considérant une tendance linéaire afin d’enlever la variabilité inter-décennale et inter-annuelle des modèles qui est incertaine. La série historique de 34 années de débits mensuels du bassin versant étudié, est modifiée sur la base de ces changements saisonniers. Plus particulièrement, un facteur dépendant du changement saisonnier de la température est considéré. De plus, un facteur dépendant des changements saisonniers de précipitation et de température est pris en compte, il traduit le changement de précipitation en changement de débit. Les valeurs des deux facteurs sont calculées en fonction des chan- Introduction au chapitre 3. Adaptation à un changement climatique incertain : analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage 117 gements saisonniers, à partir des valeurs données par Mimikou et al. [1991] pour le bassin versant en question. On considère que la demande est égale à l’offre disponible à un niveau de fiabilité choisi de 95%. Sur la base des changements saisonniers donnés par la tendance linéaire, pour chaque année, un climat stationnaire est choisi. Pour le climat choisi pour chaque année, les changements saisonniers correspondants sont appliqués sur toutes les années. L’offre et la demande sous climat non stationnaire pour chaque année, sont considérées égales à l’offre et la demande du climat stationnaire associé à l’année et à ses changements saisonniers correspondants. La fonction entre la capacité de stockage et la hauteur du réservoir est considérée être un polynôme de troisième degré qui est déterminé en faisant des hypothèses sur la géométrie de la vallée (longueur, largeur, pentes). Pour le bassin versant grec, la fonction définie est en accord avec celle donnée par Georgakakos et al. [1999]. Des hypothèses sont également faites sur la géométrie du barrage (section trapézoı̈dale en enrochement, angle, largeur de la crête). La géométrie générique de la vallée permet de tester plusieurs hypothèses sur la longueur de la vallée : courte, moyenne et longue. Pour le calcul des bénéfices, la valeur unitaire de l’eau est considérée comme étant indépendante du niveau de la demande. Le dimensionnement optimal du barrage-réservoir est déterminé en maximisant la valeur actualisée nette du système. Le coût maximum de l’erreur dans le choix du modèle pour le dimensionnement du réservoir est déterminé pour trois volumes : les volumes optimaux maximum et minimum parmi les modèles et le volume optimal sans changement climatique. Pour chaque volume parmi les trois et pour chaque modèle climatique, le coût de l’erreur est calculé comme étant le ratio de la différence entre la valeur actualisée nette du volume optimal du modèle et de la valeur actualisée nette de volume avec le climat décrit par le modèle, sur la valeur actualisée nette du volume optimal du modèle. La valeur actualisée nette varie par rapport à la situation sans changement climatique entre 0% et -25% pour un taux de préférence pure pour le présent de 0% et -10% pour un taux de 6%. Les impacts du changement climatique sont donc potentiellement importants malgré une adaptation optimale. L’impact du changement climatique sur le dimensionnement est également important car, avec un taux d’actualisation de 0% le volume optimal peut varier entre 0% et -34% pour une longueur de vallée de 20km par rapport à une situation sans changement climatique, ce qui indique le niveau important d’incertitude. Le volume optimal peut varier entre -7% et +1% pour la même longueur de vallée et un taux de 6%. Avec la hausse de la préférence pure pour le présent, les bénéfices ainsi que les volumes optimaux sont diminués et Introduction au chapitre 3. Adaptation à un changement climatique incertain : analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage 118 l’effet du changement climatique est réduit ce qui fait que la différence entre les valeurs actualisées nettes est réduite. La réduction de la précipitation conduit à des réservoirs plus petits, ce qui contraste avec le résultat obtenu avec le critère de niveau de fiabilité fixée. Les changements des volumes optimaux par rapport à la situation sans changement climatique ne sont pas très différents pour les trois longueurs de vallée considérées. Ceci provient du fait que les changements du ruissellement moyen annuel, de la déviation standard et du ruissellement hivernal, sont corrélés, or ce sont ces variables qui déterminent les volumes. Dans le cas des vallées courtes, le réservoir se remplit en hiver, alors que dans le cas des vallées longues le dimensionnement du réservoir dépend de la variabilité interannuelle. Ainsi, pour les moyennes et longues vallées, le dimensionnement des réservoirs semble être plus influencé par le changement de la précipitation totale annuelle que par les changements saisonniers. De plus, les changements de la précipitation estivale, même s’ils peuvent être importants et différents parmi les modèles, ils n’influencent pas le dimensionnement. Différentes valeurs unitaires de l’eau sont examinées. La valeur de l’eau a une influence sur le volume optimal sans pour autant changer les résultats qualitativement. Comme le volume optimal est réduit lorsque le ruissellement diminue, la réduction de demande satisfaite est plus importante que celle du ruissellement. Les modèles climatiques conduisent à des dimensions optimales et des valeurs actualisées nettes différentes, le coût de l’erreur pourrait donc être important. Cependant, dans cette étude, ce coût est faible. Il varie entre 0.3% pour une vallée longue et un taux d’actualisation de 6%, et 2.8% pour une vallée courte et un taux de 0%. Ainsi, malgré la différence entre les valeurs actualisées nettes, le coût de l’erreur est faible : l’optimum est plat et peu sensible au choix du volume. Etant donné le niveau actuel d’incertitude important, les sorties de tous les modèles climatiques disponibles peuvent être utilisés, afin d’avoir le plus de descriptions possibles du climat futur. En faisant l’hypothèse que le climat décrit par un de ces modèles est vrai, on peut déterminer le coût de l’erreur d’avoir dimensionné le réservoir sur la base des descriptions erronées données par les modèles restants. Afin d’éviter la maladaptation et pour faire un choix de dimensionnement le plus robuste possible à l’incertitude climatique, le réservoir peut être dimensionné en considérant le modèle climatique qui minimise le coût de l’erreur d’avoir choisi parmi les modèles climatiques avec une description du climat futur erronée. L’optimum de la valeur actualisée nette étant plat, l’analyse coût-bénéfice n’est pas très discriminante pour le choix du volume, à la différence du cri- Introduction au chapitre 3. Adaptation à un changement climatique incertain : analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage 119 tère de maintien du niveau de fiabilité fixé. La valeur actualisée nette, en revanche, n’étant pas très sensible à l’erreur de dimensionnement, peut donner une bonne indication sur l’opportunité de construire un réservoir. Le fait que le coût de l’erreur soit faible peut être considéré comme positif pour le dimensionnement des réservoirs, cependant les différences de NPV indiquent que l’adaptation n’est, en général, pas efficace. Des mesures qui peuvent aider à faire face aux ressources en eau réduites devraient être développées (par ex. utilisation des ressources en eau non conventionnelles, contrôle de l’évolution de la demande). Introduction au chapitre 3. Adaptation à un changement climatique incertain : analyse coût-bénéfice et prise de décision robuste pour le dimensionnement d’un barrage 120 Bibliographie Georgakakos, A., H. Yao, C. Demarchi, et M. 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Chapter 3 Adaptation to an uncertain climate change: cost benefit analysis and robust decision making for dam dimensioning Abstract Climate models project large changes in rainfall, but disagree on their magnitude and sign. The consequences of this uncertainty on optimal dam dimensioning is assessed for a small mountainous catchment in Greece. Optimal dam design is estimated using a Cost-Benefit Analysis (CBA) based on trends in seasonal temperature and precipitations from 19 IPCC-AR4 climate models driven by the the SRES A2 emission scenario. Optimal reservoir volumes are modified by climate change, leading to up to 34-percent differences between optimal volumes. Contrary to widely-used target-based approaches, the CBA suggests that reduced rainfall should lead to smaller water reservoirs. The resulting change in the Net Present Value (NPV) of water supply is also substantial, ranging from no change to a large 25 percent loss, depending on the climate model, even assuming optimal adaptation and perfect foresight. In addition, climate change uncertainty can lead to design errors, with a cost ranging from 0.3 percent to 2.8 percent of the NPV, depending on site characteristics. This paper proposes to complement the CBA with a robust decisionmaking approach that focuses on reducing design-error costs. It also suggests that climate change impacts in the water sector may reveal extremely large, that water reservoirs do not provide a cost-efficient adaptation strategy, and that alternative adaptation strategies based on water conservation and non-conventional water production need to be considered. 3.1 Introduction 123 Keywords: Optimal dam dimensioning, Climate Change, Adaptation, Uncertainty JEL classification: Q25, Q54, L95 3.1 Introduction According to the IPCC [2007], global mean temperature could increase by between 1 and 6 ◦ C over this century. This warming would lead to multiple and heterogeneous changes in local climates. Some locations would experience larger warming (e.g., the polar regions) than others (e.g., the southern hemisphere). Some locations would receive more precipitations while others would become drier. These local changes will have many consequences, in many economic sectors, and will make it necessary to implement adaptation actions. In some sectors, adaptation can be reactive and be implemented when climate changes are observed. In others, however, adaptation needs to be anticipated [Hallegatte et al., 2007]. This is the case especially when investments have very long timescales: if all buildings are to be adapted to a different climate in 2050, then changes in how we build and renovate buildings need to be implemented without delay. To anticipate adaptation needs, however, it has often been said that detailed information on how local climates will change is necessary. But for various reasons detailed in Hallegatte [2009], such information is not available and will not be available soon: future local climates are uncertain because we do not know how much greenhouse gas will be emitted in the future, because there is still a large uncertainty on how global temperature reacts to changes in greenhouse gas concentrations, and because we do not know how a change in global mean temperature would translate into changes at the local scale. The last uncertainty is particularly important for adaptation in water management, since global climate models largely disagree on local precipitation changes [IPCC, 2007]. To cope with this situation of increased uncertainty, Hallegatte [2009] proposed to follow Lempert and Schlesinger [2000]; Lempert et al. [2006]; Lempert and Collins [2007]; Groves and Lempert [2007] and to implement robust anticipated adaptation strategies that aim at reducing vulnerability to climate change, in the largest possible range of climate changes. This article applies this idea to dam dimensioning in the water management sector, a sector that is particularly sensitive to climate conditions. In addition, water management segment is sensitive to socioeconomic conditions that can be quite uncertain. It is also a sector where investments are 3.1 Introduction 124 made for very long time: the lifetime of a dam exceeds largely 50 years, thus requiring the taking into account of future changes. With climate change, changes in precipitations and temperature mean, variability and extremes are expected, leading to modification of hydro-climatic parameters, affecting runoff, soil moisture and groundwater level. These alterations may, to different extents, affect the available water resources but also the different types of water consumption. On account of quantitatively and qualitatively altered water resources, the conception of hydraulic infrastructure will have to be revised. Frederick and Schwarz [1999] investigate the change in renewable water supplies for the United States, focusing on changes in mean inflow. They determine least cost management scenarios to balance change in evaporation from surfaces of man made reservoirs and protect instream flows. To do so, conservation measures appear to be less expensive than increases in supply. They use two climate change scenarios, and obtain widely different least-cost strategies, stressing the importance of uncertainty in future climate change. Vogel et al. [1997] use simplified yield-storage relations to determine the sensitivity of complex reservoir systems for river basins under climate change. Still at the regional level, in China, Kirshen et al. [2005] go further and determine the storage capacity needed to meet demand at the highest possible level of reliability, taking into account the variability in precipitation and inflows. To do so, they use the modified sequent-peak method, and evaluate the associated costs using simplified unit-cost relations based on geophysical characteristics. More recently, Ward et al. [2010] provided an estimation of global and regional adaptation costs to reduced water availability. This study assesses the cost of providing enough water to satisfy the projected industrial and domestic water demands in 2050, using additional water storage and non-conventional water production. According to their results, global storage capacity is projected to increase significantly by 34-36% over the period 20102050. Estimated adaptation costs are of $12 bn per year, with almost 90% of these costs in developing countries. At a local level, some studies also try to assess the implication of climate change for reservoir dimensioning. For example, Robinson [1997] determines the maximum draw from a reservoir, and, hence, the minimum dam size necessary to maintain a continuous energy generation under climate change in some locations of the USA. A different methodology, based on the integrated economic-engineering optimization model CALVIN [Tanaka et al., 2006] is used to study the ability of California water supply system to adapt to long term climatic and demographic changes. This methodology allows for the determination of shadow values for infrastructure capacities and conveyance 3.1 Introduction 125 capacities. The study shows that, in that case, conveyance expansion is the most relevant option. In response to a change in the precipitation regime, the variability of water supply can increase or decrease. To assess the performance of hydraulic infrastructures along this dimension, the reliability is a commonly used indicator. According to Koutsoyiannis [2005], the reliability of a reservoir is the probability that the reservoir will accomplish a needed function, for example demand satisfaction, over a specific time period under stated conditions. The studies presented above allow the determination of the dimensioning or cost associated with maintaining a fixed level of reliability. Mimikou et al. [1991b]; Mehrotra [1999] also determine water reservoir dimensions to reach different reliability targets. Equivalently, one can consider the change in water demand that can still be satisfied at an unchanged reliability level. For instance, a reduction in precipitation with unchanged water demand can lead to more frequent supply interruption, i.e. the water demand that is satisfied at an unchanged reliability level is lower. Sometimes, accepting a change in available water can be more efficient than trying to keep up with climate change with different infrastructure. Brikowski [2008] shows that for some reservoirs in the Great Plains of USA, due to groundwater mining and climate change, the decline in streamflow leads to a profound inefficiency of reservoirs: negative water budgets even become common as over half of the water flowing into the reservoirs evaporates. It is not always possible nor efficient to modify the storage capacity of water reservoirs to maintain unchanged the reliability of water supply, and a change in demand can also be considered. Instead of a dimensioning based on a target, cost-benefit analysis may be used to determine the optimal dimension of a dam, taking into account demand and supply changes. In O’Hara and Georgakakos [2008], the effectiveness of storage capacity expansion is assessed for the water supply of San Diego in the US, and an optimal investment policy is determined. In this study, several capacity expansion increments are tested, and a valuation of demand and water imports is performed. Three climate models are used, and a sensitivity analysis is also conducted on population change and plausible model parameter values. The expansion problem is then solved as a recursive mathematical programming. We find in the literature two approaches, one that determines the size or cost of infrastructure based on a target in water delivery, and one that uses cost-benefit analysis to compute the optimal infrastructure design, taking into account the costs of construction and operation and the benefit from water demand satisfaction. Here, we follow the second approach and use a 3.1 Introduction 126 cost-benefit analysis to determine dam dimensions. A first contribution of this paper is to show that the two approaches of dam dimensioning, namely cost-benefit analyses and target demand approaches, lead to opposite results: with decreasing rainfall, target based methodologies lead to larger dams, while cost-benefit analyses lead to smaller dams. To investigate this issue as well as the role of climate uncertainty, a simple model of dam dimensioning under climate change is set up and tested on a small mountainous catchment in Greece, where different climate models from the IPCC lead to different changes in terms of precipitation. According to IPCC [2007], the mean annual warming could reach 2.2-5.1 ◦ C based on the A1B scenario, an increase which is more marked compared to the rest of the world. In global warming projections for the Mediterranean area there is less uncertainty concerning the sign compared to other regions of the world, however the magnitude and precise localizations of changes differ among the models. Mean annual precipitation will probably decrease on most of the Mediterranean area, with reductions up to 20% for South Europe, more pronounced contrast in North Africa, and probably shorter rain and snow cover periods. Evaporation increase in combination with precipitation decrease should conduce to low soil moisture and river flow decrease with more water during the winter in snow dominated basins. Then we show how using different climate models could lead to very different choices in terms of optimal dimensioning and different net present values (NPV) for the available water. These results highlight the need to use multiple models to avoid potential maladaptation. We also assess the cost of error, and find that this cost is surprisingly low in light of the wide differences in optimal volumes. Then, we discuss alternative strategies to decide about dam dimensioning in the current situation where climate uncertainty at the regional scale is very large. Even though applied to a small catchment, we claim that this work yields insights that are of general relevance for climate change adaptation and water management in a changing climate. At a later stage, our model is meant to be applied to other catchments across the world, and used as a tool for global studies on climate change adaptation in the water supply sector, in the line of Ward et al. [2010] . The next section describes the study area in Greece. Section 3.3 presents the methodology for optimal dam dimensioning under climate change, considering first a changed (stationary) climate and second a changing (nonstationary) climate. Section 3.4 applies this methodology assuming three different reservoir geometries and using 19 climate models simulations from the IPCC. Section 3.5 concludes and proposes insights on how to make climatesensitive decisions in the current situation of uncertainty. 3.2 Study area 127 Figure 3.1: General plan of the study area. Source Mimikou et al. [1991a] 3.2 Study area The model is applied to a Mediterranean mountainous catchment in northern Greece, the Pyli basin. The drainage basin is located at Latitude 39.4297 and Longitude 21.6636, at a mean elevation of 800m above sea level. The basin has a surface of 134.5 Km2 . It is one of the four drainage basins that are part of a major water development scheme of the Acheloos River in central Thessaly. The project comprises the construction of four reservoirs that are going to exploit the hypsometric difference for power generation and will also satisfy irrigation demand [Mimikou and Kouvopoulos, 1991; Georgakakos et al., 1999; Koutsoyiannis et al., 2002; Loukas et al., 2007]. In this basin, 34 years of historical monthly runoff have been used, taken from Koutsoyiannis et al. [1988, p. 76] and Nalbantis and Koutsoyiannis [1997, p. 31]. This data provide important information on runoff variability in the catchment, which is one of the basic information needed for dam dimensioning. A monthly time step is used, which is a very common setup in water management studies. 3.3 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change 3.3 128 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change The section first proposes a methodology to assess the constant water demand that can be satisfied by a water reservoir at a target reliability level Ψ and in a stationary climate. The Ψ target reliability must be set high enough in order to be able to trigger investments by economic agents which create the corresponding water demand. If the target reliability is not high enough, economic sectors will not rely on the corresponding available water for their activities and the water may not be consumed, and in the longer term, the economic actors will avoid investing in activities requiring water. Then, in (section 3.3.2), a stationary climate with definitive change in climate conditions is considered. The downscaling method allowing to determine the change in supply follows the ∆ methodology. With this method, GCM signals calculated in the future are applied to the observed climate i.e. baseline observations are adjusted by the differences or ratios of the periodaveraged results of GCMs and the corresponding averages for the GCM simulated baseline period. Here we therefore apply the same seasonal precipitation and temperature changes to every year’s historical runoff. It is then assumed that the demand in a changed climate adjusts to the supply associated with the Ψ reliability target. Next, in (section 3.3.3), a non stationary climate is considered with changing climate conditions, but these changes are modelled as a succession of stationary climates. For the production of the climate change information, the ∆ methodology is not used here. Instead, a linear trend is determined based on the precipitation and temperature GCM projections. Using the seasonal changes per year given by the trend, a stationary climate is selected. The stationary climate selected for this particular year has the corresponding changes applied every year. The supply for this year in the changing climate and the demand for this year are then taken to be equal to the supply and demand for the corresponding stationary climate associated with this year and the corresponding changes of the trend. This method allows assessing the economic benefits from the reservoir. Construction costs are estimated (described in Online Resource 1), and a cost-benefit analysis is achieved to assess its optimal dimension. 3.3 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change 129 Table 3.1: Fraction of annual demand used each month, φm , here shown in percent, source: Aftias [1992] OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL AUG SEP 6 6 7 8 9 10 11 11 10 9 7 6 3.3.1 Water reservoir dynamics and demand computation This section proposes a method to assess the constant water demand that can be satisfied by a water reservoir, at a fixed reliability level and in a stationary climate. To do so, a behavioural method is used to compute the reliability of water supply for all level of water demand and all possible reservoir storage volumes. This relationship is then inverted to obtain the supply associated with a Ψ target reliability. We assume a given series of inflow It into the reservoir, e.g. the historical data series, and a maximal reservoir volume K. Then, the supply reliability is determined with a monthly time step. The annual water demand D is converted to a monthly demand Dm using monthly coefficients φm (in Table 3.1) in order to compute the pattern of water use in the region: Dm = φm D. These coefficients are taken from Aftias [1992] and correspond to the observed values for Athens. The sum of all φm is equal to one. Evaporation losses and precipitations over the reservoir are not taken into account, assuming they cancel out. In site uncontrollable losses are also ignored. Simple operating rules are used for the reservoir: (i) if possible, water is withdrawn to satisfy water demand; (ii) all additional water is used to fill the reservoir volume Vt ; (iii) overflow is spilled and cannot be used. As a consequence, the water volume dynamics is given by: Vt+1 K, if Vt + It − φm D > K, = 0, if Vt + It − φm D < 0, Vt + It − φm D, otherwise (3.1) If Vt + It − φm D < 0, the monthly water demand cannot be fully satisfied, s and the satisfied monthly demand Dm is only equal to Vt + It . Otherwise, the demand is fully satisfied and equal to φm D. The reliability of water 3.3 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change 130 supply over all periods T of reservoir operation, is equal to the mean value of monthly reliabilities: R= s Dm t Dm PT T (3.2) To avoid choosing an initial value for the reservoir fill percentage, a first simulation is carried over with a reservoir initially empty, without calculating reliability. The last value of this simulation is used as starting point for an additional simulation that is used to compute reliability RI,K (D). The supply guaranteed with a Ψ target reliability, −1 SΨ = RI,K (Ψ) (3.3) is computed by inverting the reliability function, which is a monotonically decreasing function of the supply target D, leading to the supply SΨ (It,t∈[0,T ] , K). The resolution of equation 3.3 can only be done numerically. This method allows the calculation of the water demand that can be satisfied at the Ψ target reliability level, as a function of the water inflow in the reservoir. We need now to assess how these inflows depend on climate conditions. 3.3.2 Demand in a changed (stationary) climate In this section, we assume an instantaneous and definitive change in climate conditions, but the climate remains stationary. To take into account climate change, the historical runoff data is modified according to model precipitation and temperature changes. To allow for changes in seasonal variability, we consider two seasons: the winter season w from October until March and the summer season s from April until September. We assume that summer temperatures are increased by δTs degree and winter temperatures by δTw degree. Summer precipitations are multiplied by 1 + αPs and winter precipitation are multiplied by 1 + αPw . We apply these changes to every year alike, disregarding changes in inter-annual variability. A potentially important impact of climate change on variability, see e.g. Schär et al. [2004], is thus disregarded. These changes in precipitations and temperatures are translated into changes in runoffs using the historical runoffs I¯t described in section 3.2. First, there is an effect of the temperature that changes the runoff even without precipitation change. Classically, there is an increase in winter runoff in 3.3 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change 131 case snowmelt increase, and a decrease in summer runoff due to a decrease in remaining snow and an increase in evapotranspiration. Second, a change in rainfall will impact the runoff, this relation being temperature-dependent. In a situation where rainfall is 10% lower than in the historical data, runoff will be lower than in the historical data by a factor given by a temperaturedependent coefficient multiplied by 10%. Formally, the runoff change is described by a temperature change factor A, added to a precipitation change factor that translates precipitation change to a change in runoff through a “magnification factor” M : It = (1 + A(δT ) + M (αP, δT )αP )I¯t . (3.4) The magnification factor itself depends on precipitation and temperature changes. This parameter summarizes how changes in snow cover, snow melt and evapotranspiration modifies how precipitation influences runoff. In this study, we use the rainfall-runoff magnification factors and temperature change factors published by Mimikou and Kouvopoulos [1991]. Linear interpolation and extrapolation is used to determine the magnification factors for all the possible temperature and precipitation changes. In the river basin studied here, the temperature factor A(δT ) is very small, and is therefore set to 0. From these mean winter and summer values, monthly values are computed, by mapping to a sinusoid and rescaling such that the mean seasonal change is unchanged. This is done for the magnification factors and the precipitation changes (details are given in Online Resource 1). Noting I¯ the historical runoff, the altered runoff under climate change in season j is: ¯ + A(δTw , δTs ) + αPj (αPw , αPs ) · Mj (δTw , δTs )) I(αPw , αPs , δTw , δTs ) = I(1 (3.5) with A(δTw , δTs ) = 0 for the basin under consideration. Monthly runoff computation is detailed in Online Resource 1. The altered runoff allows to compute the stationary supply at the Ψ target reliability level (SΨ ), as done in the previous section. Then the corresponding demand in a changed climate can be estimated, assuming that demand adjusts to the Ψ target reliability supply. ¯ K, αPw , αPs , δTw , δTs ) = SΨ (I, ¯ K, αPw , αPs , δTw , δTs ). DΨ (I, (3.6) 3.3 Assessment of optimal dam dimensioning under climate change 3.3.3 132 Demand in a changing (non-stationary) climate Climate change will not be a sudden and permanent shift in climate conditions. Instead, we experience a non-stationary climate with changing climate conditions. Because we have only a few climate simulations and because climate models have difficulties to reproduce natural inter-annual and interdecadal variability, this analysis uses a combination of historical data series and of climate model signals to assess how climate change will modify optimal water infrastructure designs. For the generation of seasonal precipitation and temperature scenarios, we use the outputs of 19 IPCC AR4 models for the SRES A2 scenario. Monthly precipitation and temperature data from the IPCC AR4 database at the grid point containing the studied river basin are used to compute the seasonal temperature and precipitation changes. Thirty-year moving averages of the seasonal sums of precipitations and of the seasonal temperature means are computed between 2000 and 2100. The resulting series are averaged across all the runs for each model, therefore removing the inter-run variability to keep only a mean climate change signal. Then, a linear trend is determined to remove inter-decadal and inter-annual variability, which is uncertain in climate models and can hide the climatechange signal, especially over the short term. This linear trend provides the climate-change parameters αPw (y), αPs (y), δTw (y), δTs (y) for each year y. A period of 70 years is used, corresponding approximately to the reservoir life time. It is worth emphasizing that the resulting time series embed the trends in intra-annual variability as obtained from the GCM (through the consideration of two seasons). The time series, on the other hand, discard very uncertain GCM transient dynamics and inter-annual variability. The demand available each year in a transient climate is computed using the value from a stationary climate determined above, considering that it adjusts to the available resource, and that the available resource in a transient climate is the same than in a stationary climate. For each year of the period, we have a set of climate change parameters, and the demand for this year is then assumed equal to the available demand in a stationary climate with the same climate change parameters. Formally, the demand satisfied with Ψ target reliability for each year y is: ¯ K, αPw (y), αPs (y), δTw (y), δTs (y)). DΨ (I, The water that is actually used is: ¯ K, αPw (y), αPs (y), δTw (y), δTs (y)). D(K, y) = Ψ · DΨ (I, (3.7) 3.4 Results 133 This method allows the assessment of the water demand that can be satisfied with a Ψ target reliability, for each year y and for each climate scenario from the IPCC climate models. 3.3.4 Water benefits, construction costs and net present value Construction costs for a given capacity are determined by considering a valley-shaped reservoir with a rock-filled dam at the entrance of the valley. The cost computation is described precisely in Online Resource 1. The economic benefits of a given demand for a year is set to the discounted value of water, where the quantity of water used is set to the demand in a transient climate taken from the equation 3.7. The unit water price is considered to be independent of the demand level. The net present value (NPV) of the water system is set equal to the benefits of water minus the construction costs. The system (water and manmade reservoir) net present value is then maximized in order to determine the optimal dam dimension. The parameter values and of the details of computation are described in Online Resource 1. 3.4 Results The model is implemented in scilab, the code is available upon request. To calculate B(V ) and C(V ), volumes have been discretized with a step of 0.7% between each volume. Demand, cost and NPV are computed for all the volumes and all the climate change scenarios. The optimal volume is simply the volume with largest NPV. 3.4.1 Reference case without climate change With the set of parameters shown in Table 1 of Online Resource 1, the relationships between dam height, reservoir surface and reservoir volume are in agreement with Georgakakos et al. [1999]. We also consider other reservoir geometries to investigate model results. The model, indeed, is meant to be generic and this sensitivity analysis highlights how optimal storage capacity choice under climate change may depend on local constraints. Therefore, optimal volumes are computed for different valley lengths, which determine the marginal cost of the reservoir: in a longer valley, a given reservoir volume 3.4 Results 134 is achieved with a smaller (and cheaper) dam. The results obtained without climate change are described in detail in Online Resource 1. 3.4.2 Optimal dimensioning under climate change In this section, changes in optimal dam dimensioning and economic value are presented, focusing on how they are influenced by the geometry of the valley, pure time preference, water price and runoff change. According to IPCC [2007] for the Mediterranean region there an agreement for all the models on the sign of precipitation changes, however the magnitude and precise localisations of changes vary among the models. Mean annual precipitation reduction averaged over the models leads to a 20% reduction in South Europe, while evaporation increases. Both effects should conduce to low soil moisture and river flow decrease with probable seasonal redistribution. Hence, here, like in IPCC [2007] results, mean runoff tend to decrease with climate change in the Mediterranean region. The changes in standard deviation is shown in Table 3.2, in the last column. The change in runoff is shown in Table 3.3 as well as Tables 1 and 2 of Online Resource 2, in the last column. The computation of the average changes in mean runoff is detailed in Online Resource 1. 3.4.2.1 Volume Figure 3.2 shows how the water system net present value (NPV) depends on the reservoir volume, for a valley length 10km and for three models CNRMCM3 (exhibiting a very important reduction in variability and mean), CSIROMK35 (with a moderate reduction in variability and mean), and NCARPCM1 (with an unchanged mean and an increase in variability). The figure includes the results with a null pure time preference and with a 3 and 6 percent rate of pure time preference. The purpose of this illustration is not to show the precise NPV values but the three groupings (indicated with the three ellipsis) of the four models (CNRMCM3, CSIROMK35, NCARPCM1, no climate change) corresponding to the three pure time preferences (0%, 3%, 6%) and their respective NPV ranges under climate change (indicated with the three vertical bars). Indeed, this figure shows that a higher discount rate has two consequences: classically, it leads to lower benefits and therefore smaller optimal volumes, but it also diminishes the effect of climate change as the difference of computed NPVs is reduced when the interest rate is higher. This arises simply from the fact that higher discount rate leads to giving less importance on the future, where 3.4 Results 1 Net present value (10^9 $) 0.9 0% ptp range of CC 0.8 0.7 0% ptp, 4models 0.6 0.5 0.4 0.3 3% ptp range of CC 0.2 3% ptp, 4 models 0.1 0 6% ptp, 4 models 0 20 CNRMCM3, 0% CNRMCM3, 3% CNRMCM3, 6% NCARPCM1, 0% 40 60 80 100 Volume (10^6 m^3) CSIROMK35, 6% NCARPCM1, 3% NOCC, 0% NCARPCM1, 6% NOCC, 3% CSIROMK35, 0% NOCC, 6% CSIROMK35, 3% 6% ptp range of CC 120 Figure 3.2: Net present value as a function of reservoir volume. Three models and the no-climate-change case (NOCC) are shown and three rates of pure time preference. The models (CNRMCM3, NCARPCM1 and CSIROMK35) exhibit different changes in variability and mean. The purpose is not to show the precise NPV of each model but to illustrate, beside the usual pure time preference effect (lower NPV and optimal volume), the reduction of NPV difference between models under climate change. Indeed, the NPV range is much larger for a 0% pure time preference 135 3.4 Results 136 most of climate change is taking place. The change in optimal volume obtained by the maximization of the NPV is shown in Table 3.2, as a percentage of the case with no climate change for three valley lengths, three pure time preferences, and all IPCC models. It can be seen that less runoff conduces to smaller volumes. Hence, lower rainfall is not compensated through increased water storage in an optimal adaptation strategy using cost-benefit analysis, which is in contrast with the result obtained with the demand target methodology [Ward et al., 2010; Mimikou et al., 1991b]. This change is more significant when the pure time preference is low. The range of variation is from -34% up to +2%, indicating the large incertainty. These results depend on the hypothesis that the unit value of water is constant. When water is scarcer, the increase in unit water value could increase the benefits of building a bigger reservoir and lower the differences in size. Here, since the unit value of water do not change, it is not beneficial to bear the costs of capturing an additional part of the smaller water quantity that is available. As shown in this table, different geometries do not lead to large differences in the percentage change of optimal volumes compared with the no climate change optimal capacities (for each combination of pure time preference and climate change model). This result stems from the fact that changes in mean runoff, standard deviation and winter runoff are rather well correlated. This correlation could explain the comparable percent change of optimal volumes, whether winter runoff, inflow variability or mean runoff is the major driver of the optimal volume. It is interesting to note that the presence of a medium or large size dam gives more importance to total annual precipitation change than to changes restrained to a season. For instance, the change in summer precipitations may be different between climate models, but this does not affect the dam dimensioning or the demand satisfaction because a small reservoir refills mostly in winter and a big reservoir is only affected by inter-annual variability change. The water value has an effect on the optimal volume, as shown in Table 1 of Online Resource 2 where three water values are compared, although it does not change the results in qualitative terms. 3.4.2.2 Satisfied demand The change in satisfied demand at the end of the period of 70 years is much less influenced by the pure time preference, as shown on Table 1 of Online Resource 2. This is obvious for a long valley: in that case the reservoir is very 3.4 Results 137 Table 3.2: Percent change in optimal volume storage relative to a case with no climate change (historic baseline), for three valley lengths, three rates of pure time preference, and 19 IPCC models Reservoir length Pure time preference BCCRBCM20 CCCMACGCM31 CNRMCM3 CSIROMK30 CSIROMK35 GFDLCM20 GFDLCM21 GISSMODELER INGVECHAM4 INMCM30 IPSLCM4 MIROC32MEDRES MIUBECHOG MPIECHAM5 MRICGCM232A NCARCCSM30 NCARPCM1 UKMOHADCM3 UKMOHADGEM1 0% -10 -9 -23 -14 -10 -10 -17 -15 -17 -4 -17 -5 -17 -17 -6 -8 2 -6 0 4km 3% -6 -4 -12 -9 -6 -3 -7 -9 -10 -2 -10 -2 -10 -10 -3 -4 2 -3 0 6% -3 -3 -12 -5 -3 -3 -6 -6 -8 -1 -7 -1 -7 -7 -1 -2 0 -2 0 0% -12 -15 -23 -16 -12 -14 -21 -21 -22 -4 -20 -6 -18 -22 -7 -12 1 -10 0 10km 3% -7 -5 -14 -10 -6 -6 -10 -10 -11 -2 -11 -2 -10 -11 -2 -4 1 -3 0 6% -7 -6 -10 -8 -7 -4 -8 -8 -9 -3 -8 -3 -9 -8 -4 -5 1 -4 0 0% -8 -16 -23 -11 -9 -25 -34 -25 -17 -5 -17 -8 -14 -26 -9 -11 -9 -13 0 20km 3% -8 -10 -13 -10 -9 -9 -12 -11 -12 -4 -11 -7 -10 -12 -8 -9 -1 -9 0 6% -2 -1 -7 -3 -1 -1 -3 -3 -4 -1 -4 -1 -4 -4 -1 -1 1 -1 0 Stddev change -9 -9 -21 -13 -9 -10 -16 -16 -18 -4 -16 -5 -15 -18 -6 -8 1 -6 -0 3.4 Results 138 big for all pure time preference values, and most of the variability is captured. Therefore, the change in satisfied demand simply follows the change in mean runoff. An interesting result of this analysis is that — in an optimal adaptation scenario — the reduction in rainfall is not compensated by larger reservoirs. On the opposite, the optimal reservoir is smaller in a drier climate, and the satisfied demand is significantly reduced. In practice, the reduction in satisfied demand is larger than the reduction in runoff with a fixed water value. Optimal adaptation do not maintain water availability. 3.4.2.3 Net present value The change in net present value, shown in Table 3.3, takes into account the reservoir size, such that smaller reservoirs lead to lower costs, and the change in satisfied demand. It also integrates what happens in the first years with low climate change and the potentially important changes in demand at the end of the period. Net change in NPV is relevant, because it corresponds with the cost of climate change with optimal adaptation taken into account. The change in NPV with climate change may be substantial with low discounting, in case of an important reduction of runoff with losses up to 25 percent of the net present value of the water system without climate change. Discounting changes the percentages, but the differences remain, with a maximal loss of 12 percent. Climate change may even make the reservoir undesirable. The net benefit of the dam may indeed become negative due to climate change for the smallest water price. For this price, an intermediate valley length of 8km and a rate of pure time preference of 6 percent, a dam is desirable in the current climate. But with climate change, 18 models lead to an optimal situation without dam, while 1 model favour a situation with a dam. 3.4.3 Error costs and robust decision-making Climate model uncertainty is here a potential source of error regarding optimal dam dimensioning. Indeed, there is a substantial difference between the optimal heights, and, therefore, a potential for sunk costs, if the realized climate is not consistent with the climate the dam has been designed for. Table 3.2 shows that, especially for low rates of pure time preference, optimal dimensions differ markedly between different climate change scenarios. For example, with a 10km valley and no pure time preference, the optimal volumes varies between 1% and -23% compared with a situation with no climate 3.4 Results 139 Table 3.3: Percent change in net present value (NPV) in percent relative to a case with no climate change (historic baseline), for three valley lengths, three rates of pure time preference, and 19 IPCC models Reservoir length Pure time preference BCCRBCM20 CCCMACGCM31 CNRMCM3 CSIROMK30 CSIROMK35 GFDLCM20 GFDLCM21 GISSMODELER INGVECHAM4 INMCM30 IPSLCM4 MIROC32MEDRES MIUBECHOG MPIECHAM5 MRICGCM232A NCARCCSM30 NCARPCM1 UKMOHADCM3 UKMOHADGEM1 0% -8 -14 -22 -11 -9 -19 -25 -21 -20 -4 -18 -6 -13 -23 -8 -11 -3 -11 -0 4km 3% -5 -12 -15 -7 -6 -16 -21 -17 -15 -3 -13 -5 -9 -18 -6 -9 -4 -10 -0 6% -4 -12 -12 -4 -5 -18 -21 -16 -13 -3 -11 -5 -6 -17 -6 -8 -6 -10 -0 0% -8 -13 -21 -11 -9 -17 -23 -20 -19 -4 -17 -6 -13 -22 -7 -10 -2 -10 -0 10km 3% -6 -10 -16 -8 -6 -13 -18 -15 -14 -3 -13 -4 -10 -16 -5 -8 -2 -8 -0 6% -4 -8 -11 -5 -5 -10 -14 -11 -10 -2 -9 -3 -7 -12 -4 -6 -2 -6 -0 0% -8 -13 -21 -11 -9 -17 -23 -20 -19 -4 -17 -6 -13 -22 -7 -10 -2 -10 -0 20km 3% -6 -9 -15 -8 -6 -12 -16 -14 -14 -3 -12 -4 -9 -16 -5 -7 -1 -7 -0 6% -4 -7 -11 -6 -5 -9 -12 -10 -10 -2 -9 -3 -7 -12 -4 -5 -1 -5 -0 Runoff change -8 -12 -20 -11 -9 -15 -21 -19 -18 -4 -17 -6 -13 -20 -7 -9 -1 -9 -0 3.4 Results 140 Table 3.4: Maximal error costs in percent for three volumes, the largest volume, the smallest volume and the volume chosen without climate change Reservoir length Pure time preference 0% 4km 3% 6% 0% 10km 3% 6% 0% 20km 3% 6% smallest volume no climate change optimal volume largest volume 2.63 2.39 2.83 2.28 1.01 1.35 1.65 1.63 1.63 1.31 1.12 1.21 1.36 1.08 1.25 0.49 0.33 0.40 0.53 0.78 0.78 0.59 0.50 0.50 0.68 0.26 0.35 change. Assuming — quite unrealistically — that one of the IPCC models is perfectly correct and that the future climate is actually among the climate change scenarios produced by the climate models, we can assess the cost of designing the dam using one of the eleven wrong models1 . To assess these error costs in each situation (three valley lengths and the no-discounting, 3 or 6 percent pure time preference case), the maximal cost resulting from an error in climate model choice is computed for three volumes: 1. the largest optimal volume among all models, 2. the smallest optimal volume among all models, 3. the optimal volume without climate change. For each of these three volumes V and for each climatic model scenario M , the cost of error (in percent) is computed as 100 maxv (N P V (v, M )) − N P V (V, M ) . maxv (N P V (v, M )) (3.8) The maximal relative error costs over all models are shown in Table 3.4. The error costs are higher in the case of a small valley, up to 2.8 percent of the NPV, while they are small in case of a very long valley, with at most 0.78%. This is consistent with the fact that height-dependent costs are smaller when the valley is long. As a consequence, the NPV is flat around the optimum in the case of the long valley, with a large reservoir and a benefit determined by the available inflow and not too sensitive to the reservoir volume. 1 Besides the fact that none of the models is perfect in its ability to predict climate change, it is essential to note that we considered here only one emission scenario. The uncertainty on future GHG emissions could be added to this methodology. 3.4 Results 141 5 0 -10 6 Value (10 $) -5 -15 -20 -25 -30 -35 -40 74 76 78 80 82 6 84 86 88 3 Volume (10 m ) Adaptation cost Climate change residual impacts (losses are negative) Climate change net impacts (losses are negative) Error cost Figure 3.3: Costs and benefits associated with adaptation of dam dimensioning, for the CSIROMK35 climate change scenario, a pure time preference of 3 percent and a valley length of 10km. The cross corresponds to the optimal volume. Costs and benefits are shown as a function of the volume of the dam. The adaptation cost is the height-dependent cost of the reservoir. In most cases adaptation costs are negative since reservoirs are smaller with climate change, it is also the case here. The residual impacts are also figured, corresponding with the change in water benefits with climate change and reservoir volume adaptation, compared with the no climate change situation. The residual impacts are also negative because of the decrease in mean runoff compared with the no climate change situation. The net impact of climate change is the difference of water system NPV with respect with the no climate change case. The net impact is quite flat, large, and negative. The error cost is also presented Still assuming that one of these models is correct and predicts the actual future climate, the error cost of using the wrong model is shown in the second table of Online Resource 2, for a 3% pure time preference rate and a 10km valley length. This table shows that, in that case, the error costs are roughly symmetric and regularly increase with the error in predicting rainfall characteristics. Figure 3.3 shows the adaptation cost, the error cost, the residual impact and the net climate change impact2 , as well as their change with dam volumes. The distinction between adaptation costs and residual impacts is always somehow arbitrary. Here we consider that the adaptation measure is 2 A positive impact is a benefit, while a negative impact is a cost. 3.5 Conclusion 142 the determination of the optimum size of the dam and the adaptation cost is the cost associated with the change in the dam size, while the residual impact is the difference between the water benefit present value with and without climate change and adaptation so that losses correspond to negative values. Adaptation cost, which varies in the same direction than residual impacts, increases with the dam volume. In our analysis, adaptation costs are negative, since adaptation leads to smaller, and cheaper, dams. Their difference, the net climate change impact is however quite flat. In that case there is a reduction in available water leading to a negative net impact (i.e. a loss). The error cost, corresponding with the difference in net cost for different volumes, is small, compared with the large adaptation cost of climate change. It has been said that, in the current situation of deep uncertainty on how climate will change, using scenario analysis and robustness criteria was more adequate than cost-benefit analysis; see for instance Lempert and Schlesinger [2000]; Lempert et al. [2006]; Lempert and Collins [2007]; Groves and Lempert [2007]; Hallegatte [2009], and application to water management in Groves et al. [2007]; Dessai [2005]; Dessai and Hulme [2007]. In the current analysis, it is possible to look for robustness by designing the dam using the volume with which the maximum error cost is the smallest (a minimax approach). Looking at the corresponding models, one find that two models have a maximum error cost that is the smallest, i.e. GFDLCM20 and CSIROMK35 (with a maximal error cost of 0.4 percent). The cost benefit analysis shows that this choice is robust, a result which is not really surprising since the error cost is quite small. 3.5 3.5.1 Conclusion Summary This analysis shows that climate change influences in a significant manner the optimal dimensioning of water reservoirs. Since climate change is uncertain, optimal reservoir design is also uncertain. For instance, in one case of reservoir geometry and no discounting, the optimal reservoir volume varies between no change and -34 percent compared with a situation with no climate change, depending on the climate model that is used. Importantly, our analysis suggests that the reduction in rainfall should lead to building smaller dams and that reduced water availability can not be cost-effectively compensated by more water storage, in a setting where the unit value of 3.5 Conclusion 143 water is considered to be independent of demand. There is therefore a potential for sunk-costs, in case a large reservoir is constructed while actual climate change finally calls for a smaller reservoir. Correspondingly, a small reservoir may be constructed, in spite of a potential for satisfying a larger water demand. In our case, the costs associated with these errors are not large, however, as they lie between 0.3 percent with a long valley and a 6 percent discount rate) and 2.8 percent (with a short valley and no discounting). The error cost is lowest for long valleys, i.e. when the reservoir cost is low, the reservoir large, the dam height small and all the available inflow captured. These costs are relatively low, compared with the net present values differences between scenarios: optimums are flat and therefore not very sensitive to the volume chosen in the end. Although this is good news for dam dimensioning, this also means that adaptation measures are not always effective to mitigate climate change impacts in the water sector. Adaptation policies need to further focus on how to cope with reduced water resources (e.g. reduced water consumption, non-conventional water production), in addition to maintenance of water resources through increased water storage. Indeed, the net present value of water resources can be substantially affected by climate change, even assuming optimal adaptation: depending on the model, the change in NPV ranges from no change to a reduction of 25 percent (without discounting) or 12 percent (8 percent discounting, if 2% economy growth rate and unit income elasticity are assumed) compared with a situation without climate change. This is a very large negative impact of climate change, even assuming optimal adaptation and perfect foresight. 3.5.2 Conclusion on adaptation decision making Since the optimal net present value is very flat, a cost-benefit analysis appears not to be very useful to discriminate against the different volumes, in the case studied here. This questions the use of cost-benefit analysis to determine the design of the dam. A demand target could be more discriminatory, since the benefits of the dam increase markedly with reservoir size. The net present value resulting from the cost-benefit analysis, however, is a good measure of the opportunity to build the dam, since it is not very sensitive to errors in the dam design. An analysis of possible error costs of choosing one model, when another one finally reveals correct, shows that carrying out the reservoir design with some models minimizes the maximum possible error cost. In absence of better information, and in a robust decision-making framework, we suggest the use 3.5 Conclusion 144 of the volume minimizing the maximum error cost. Even if error costs are limited in the illustrative example of this paper, it may not be the case for all investments. In these cases, reducing the error costs may be a viable decision-making approach. In such a decision-making framework, it is necessary to have as many models as possible, to reduce the likelihood of “missing” a possible outcome of climate change. In such a framework, therefore, the development and use of many climate models in parallel is very important. It means that model development should not be concentrated on a so-called “best” model. Moreover, it must be stressed that the model that is used to design the dam in this framework is not the “best” model that would be able to reproduce the present or past climates more accurately than the others. The relationship between being able to reproduce the current climate and being able to project future climates is not strong enough to do so. In our framework, we chose the model that reduces the cost of choosing the wrong model. We claim that this approach is more robust in the current situation of deep uncertainty. 3.5.3 Next steps and research needs This approach is incomplete, however, and few additional considerations will have to be taken into account in the future. First, including possible postponing of investment before uncertainty is resolved could be an interesting next step in the analysis [Venkatesh and Hobbs, 1999], especially in the case of unfavourable sites (i.e., short valleys and large climate uncertainty). Second, in case of important reduction of water resources, large investments in sectors demanding water, especially irreversible investments would be lost, a fact that should be taken into account into our approach. This change could be reflected in a change in the water unit value, with an increasing value when runoff decreases. Third, flood control and sedimentation volume change under climate change would also modify the optimal volume, and different hydrological models can lead to different results. Lastly, non climatic change related uncertainties could also be considered and change drastically the results, especially changes in demand and in institutional arrangements [Wood et al., 1997; Callaway et al., 2007; O’Hara and Georgakakos, 2008]. Other sources of uncertainty (or uncertainty reduction) could also be taken into account. For instance, the transient dynamics and change of inter-annual variability from GCM is not taken in to account, 3.5 Conclusion 145 the change in demand under climate change (e.g., in the agriculture sector) are not considered, only one emission scenario is used, other downscaling methods and hydrological models could be tested. More importantly, with the aim of the most robust decision, the possibility that all climate models are wrong has to be included in the analysis, leading to even more complexity. Possible solutions include the addition of expertbased climate change scenarios, to account for the boundaries of possible climate changes (e.g., worst case and best case scenarios). Acknowledgements: This research study was financed by the European Union under the integrated project CIRCE. We would like to thank JeanLouis Dufresne from the LMD laboratory for his valuable advice on climatic data extraction and Maria M. Mimikou Professor of NTUA, for letting us use the figure of the general plan of the area. We would also like to thank Yannis Kouvopoulos from Public Power Corporation of Greece for his encouragement, ITIA research team from the National Technical University of Athens Faculty of Civil Engineering for the reports on historical runoff and Professor Athanasios Loukas and Lampros Vasiliades from University of Thessaly, Department of Civil Engineering, Volos for their indications on data sources. Appendices 1 Cost of dam and reservoir 147 Online Resource 1 1 Cost of dam and reservoir Construction costs are divided into costs independent of the dam height (spillways, hydropower plants and associated labour costs, land settlements) Cf , and costs depending on the required storage capacity (height-dependent costs). To determine the height-dependent costs, we first compute the relationship between the storage capacity and the dam height. This relationship determines the dam height required to reach a given capacity. Then the dam cost is determined, using a relationship between dam height and construction cost. For the reservoir geometry, we consider a valley, with a floor length Lv and width wv . The valley lateral slopes make an angle φ with the valley floor. The valley floor is flat and is followed by a slope with an angle ψ with the valley floor. The function linking the storage capacity and the height of the reservoir h is a polynomial function of third degree: 1 K(h) = h3 + 3 tan(φ) tan(ψ) Lv wv + 2 tan(ψ) tan(φ) h2 + Lv wv h (1) Inverting the above equation, we get the height as a function of the storage capacity H(K). For the dam itself, we consider a trapezoid rock filled dam at the entrance of the valley. Following ICOLD [1992], for each increase in the dam height of 1 meter, 1.5 meter are required at the base of the dam, therefore the trapezoid angle is ζ = arctan(1/1.5). Since the dam is in a valley, the crest length depends on the dam height. The crest is considered to be cd meter wide, which could be used, for example, for a road. The crest length is: Lc (h) = wv + 2 h tan(φ) The volume of the rock filled dam is: 2 cd wv 3 h2 + wv · cd · h Vf (h) = h + + 3 tan(ζ) tan(φ) tan(ζ) tan(φ) (2) (3) 2 Water benefits and net present value 148 Table 1: Geometry and cost parameters Name Value Lv wv cd ψ ζ φ Cf pr ρ 290 m 81 m 9m 0.53 ◦ arctan(1/1.5) 19.1 ◦ 30 106 US$ 41.6 $.m−3 0, 3 or 6 percent The height-dependent cost is considered to be proportional to the dam volume (corresponding with labour, material and groundwork) with a price pr . The total cost is thus: C(K) = Cf + pr Vf (H(K)) (4) The value of Cf is an average of the fixed costs of the different dam options envisaged for the Montgomery Reservoir [MWH, 2003]. Even though we assume here that the dam is a rock filled trapezoidal dam, results should not be too sensitive to this assumption, since the cost of alternative dams are close to that cost, with possible cost reduction of less than 20%, disregarded here [ICOLD, 1992]. 2 Water benefits and net present value The water demand satisfied by the reservoir in a transient climate yields an economic benefit which is set to the discounted value of water: X 1 B(K) = D(K, y) · pw (y) (5) (1 + ρ + νg)y y where ρ is the pure time preference, g is the growth rate of the economy, ν is the income elasticity, D(K, y) is the water demand that can be satisfied in a transient climate with a Ψ target reliability for each year y and pw (y) is the unit water price. In this equation the classical formulation of interest 2 Water benefits and net present value 149 rate consistent with optimal growth models, ρ + νg is assumed. Here it is considered that the unit water value is independent of the demand level and grows at the same rate than the economy. The current water price is set to pw (0) = 0.1 $.m−3 . In this setting, assuming an income elasticity ν of one: pw (y) pw (0)(1 + g)y pw (0) = ≈ y y (1 + ρ + νg) (1 + ρ + νg) (1 + ρ)y (6) Hence, equation (5) can be simplified as follows: B(K) = X y 1 D(K, y) · pw (0) (1 + ρ)y (7) Water pricing and its relation with water economic value is a delicate issue, with significant contrasts among economic sectors (domestic use, irrigation, hydroelectricity) and institutional arrangements. In general, the potential stress on water resources is not fully taken into account in the determination of tariffs, and the tariffs do not reflect the real value of the water resource. Since unit value of water is considered constant, the cost of scarcity is disregarded. The dependence of the unit value to the demand level is not considered either. This fixed unit water value could be justified if a large alternative source exists with a unit price, not influenced by climate change, which determines this unit value. However, in general, runoff reduction which would lead to lower available water supply for a given reliability level could lead to higher water prices and water resources would be reallocated to purposes with higher value. The optimal dam dimension is determined by the maximization of the net present value of the water system: N P V = max(B(K) − C(K)) K (8) C(K), described in section 1 of the present Online Resource, is given by the following equation: C(K) = Cf + pr Vf (H(K)) (9) Where H is the height of the dam for the reservoir’s maximal volume K, Vf (H(K)) the corresponding dam volume, pr the price of labour, material and groundwork per m3 of dam volume and Cf correspond to the costs that 3 Runoff change computation 150 are independent of the dam height. When there is no dam, the net present value is B(0), and the dam is worth constructing if the net present value obtained with the dam is higher than the net present value without dam, i.e. if: max(B(K) − C(K)) − B(0) > 0. K The net present value N P V is therefore the value of the full water system including the value of water and not only the value of the man-made reservoir. In the present study, the Ψ target reliability is set at 95% (Ψ = 0.95). This level can be considered as acceptable for the agricultural sector, since in this sector precipitations may also be used, it is however not acceptable for municipal and industrial supply since which require a reliability level of at least 98%. If, however, an alternative supply and/or drought management plan designed to assist temporary adaptation to reduced supply is established, then a 95% reliability may be acceptable for all purposes. The unit water demand value is set to about twice of the benefit evaluated for the irrigation sector and one quarter of a typical tariff applied to the domestic sector in Greece i.e. 0.1 $.m−3 . Alternative values of 0.05 $.m−3 and 0.4 $.m−3 are also used below, to test the sensitivity to this assumption. 3 3.1 Runoff change computation Computation of annual runoff change The mean annual runoff of the stationary climate corresponding with year y is: + Inw (y)) , (10) N where n refers to each of the historical years N , s and w to the summer and winter season. Then in tables presented in the paper, the change in annual runoff is I mean (y) = 100 × P P y s n (In (y) I mean (y)−I mean (0) I mean (0) Y . (11) 3 Runoff change computation 3.2 151 Seasonal to monthly value computations In the following appendices, notation ¯ (a bar above a symbol) refers to historical values andˆ(a hat above a symbol) refers to monthly values. Seasonal values of magnification factors and precipitation changes computed from climatic models outputs are projected to monthly values using a sinusoidal function. Those computations are performed for each month m of season i(m), with i(m) = s for summer, w for winter. In the equation below, η denotes a quantity with seasonal means ηs and ηw , and η̂m is the corresponding monthly value. The sinusoidal projection leads to: ηw − ηs η̂m = sin 2 2πm − π 12 θi(m) + ηw + ηs 2 (12) θı̃ is determined by setting the seasonal mean computed using monthly values η̂m equal to the seasonal value ηı̃ : 1 6 X m/i(m)=ı̃ ηw − ηs sin 2 2πm − π 12 ηw + ηs θı̃ + 2 = ηı̄ , ∀ ı̃ = s, w Developing the sum leads to 6 m=1 sin θw = P6 2πm−π 12 6 m=7 sin = − P12 2πm−π 12 = θs = θ The magnification factor for the month m under the changes of year y is therefore set to Mw (y) − Ms (y) Mw (y) + Ms (y) 2πm − π M̂m (y) = sin (13) θ+ 2 12 2 Similarly the change in precipitation is: αPw (y) + αPs (y) αPw (y) − αPs (y) 2πm − π ˆ θ+ αP m (y) = sin 2 12 2 3.3 (14) Runoff monthly values With I¯ni the historical seasonal runoff for season i, year n, the seasonal runoff corresponding with year y climatic changes Ini (y) is: 3 Runoff change computation Ini (y) = I¯ni (1 + Mi (y) · αPi (y)) 152 (15) For each month, with Iˆ¯nm the historical runoff for month m in year n, the modified runoff corresponding with year y climatic changes is set to: ˆ m (y) βi(m) (y) Iˆnm (y) = Iˆ¯nm 1 + M̂m (y) · αP (16) where βı̃ (y) is a coefficient depending on the season, such that the mean seasonal runoff is equal to the mean sum of the monthly runoffs for the season ı̃: ! N N 1 X X ˆm 1 X ı̃ I (y), ∀ ı̃ = s, w In (y)βı̃ (y) = N n=1 m N n=1 n ı̄ with mı̃ ≡ {m/i(m) = ı̃} the months in season ı̃. To compute the βı̃ (y) coefficients (independent of the year n), historical P ˆ¯m i i seasonal mean Imean = N1 N n=1 In and historical monthly means Imean = P N 1 Iˆ¯nm may be substituted leading to N n=1 βı̃ (y) = P ı̃ I¯mean (1 + Mı̃ (y)αPı̃ (y)) , ∀ ı̃ = s, w ˆ m ˆ ¯ Imean 1 + M̂m (y)αP m (y) mı̃ ˆ m (y) leads to Expansion of M̂m (y) and αP ı̃ I¯mean (1 + Mı̃ (y)αPı̃ (y)) P P P m m m Γ1ı̃ (y) mı̃ Iˆ¯mean + Γ2i (y) mı̃ Iˆ¯mean sin2 (ωm ) + Γ3i (y) mı̃ Iˆ¯mean sin(ωm ) (17) where: 2πm − π ωm = sin 12 βı̃ (y) = Γ1i (y) = Mw (y)αPw (y) + Ms (y)αPs (y) + Mw (y)αPs (y) + Ms (y)αPw (y) + 4 4 Γ2i (y) = Mw (y)αPw (y) + Ms (y)αPs (y) − Mw (y)αPs (y) − Ms (y)αPw (y) 2 θ 4 4 Reference case without climate change volume surface Georgakakos et al. volume data Georgakakos et al. surface data 400 4 2 6 3 Surface (10 m ) and Volume (10 m ) 450 153 350 300 250 200 150 100 50 0 0 20 40 60 80 100 height Figure 1: Volume and surface of the reservoir as a function of dam height Mw (y)αPw (y) − Ms (y)αPs (y) θ 2 ˆ m (y) The monthly runoff given by (16) may be negative if 1 + M̂m (y) · αP is negative, in that case the runoff is set to 0. Γ3i (y) = 4 Reference case without climate change With the values on cost and geometry parameters shown in Table 1 of Online Resource 1, the resulting geometry, i.e. the relationship between dam height and reservoir surface and volume is in agreement with Georgakakos et al. [1999], as may be seen on Fig. 1. We also consider other reservoir geometries to investigate model results. The model, indeed, is meant to be generic and this sensitivity analysis highlights how optimal storage capacity choice under climate change may depend on local constraints. To do so, we consider different valley lengths, which determine the marginal cost of the reservoir: in a longer valley, a given reservoir volume is achieved with a smaller (and cheaper) dam. Optimal reservoir volumes are computed for three valley lengths of 4km, 1 Optimal volume change for different unit water values 154 10 km and 20km3 , no climate change, and several values of the pure time preference. Short valley. In a catchment with a relatively short reservoir of 4km, the optimal reservoirs are associated with an extraction of 67 to 89 percent of the mean annual runoff with a reliability of 95 percent, depending on the choice of pure time preference. The frequency of spill varies between 68 percent of the years to more than once a year. The height of the dam varies between 76 and 110 m. Medium valley. In that case the reservoir length is 10km, leading to surface and volume consistent with the values reported in Georgakakos et al. [1999]. In that case, the optimal reservoir height is between 64 and 89 m, and 77 to 93% of the mean annual runoff is available with a 95 percent reliability. The frequency of spill varies between 53 percent of the years to once a year. Long valley. With a reservoir length of 20km, between 89 and 100 percent of the mean annual runoff is extracted, with spill frequencies between 35 and 68 percent and optimal reservoir height between 61 and 93 m. In a long valley, dam building costs are lower and the optimum solution is to capture all (or almost all) intra-annual variability and to reduce the frequency of spillovers close to zero. Online Resource 2 1 Optimal volume change for different unit water values Table 1 shows the change of the optimal volume compared with the situation without climate change for 3 unit water prices and for 2 pure time preferences, for a 10km valley length. 3 The different geometries are distinguished by different angles ψ, larger for a longer valley, and the valley length is found for a dam height of 90 m. The valley floor is flat and is followed by a slope with an angle ψ with the valley floor 1 Optimal volume change for different unit water values 155 Table 1: Percent change in optimal volume storage relative to a case with no climate change (historic baseline), for a 10km valley lengths, two rates of pure time preference, three water values. Water value is in $.m−3 Pure time preference Water value BCCRBCM20 CCCMACGCM31 CNRMCM3 CSIROMK30 CSIROMK35 GFDLCM20 GFDLCM21 GISSMODELER INGVECHAM4 INMCM30 IPSLCM4 MIROC32MEDRES MIUBECHOG MPIECHAM5 MRICGCM232A NCARCCSM30 NCARPCM1 UKMOHADCM3 UKMOHADGEM1 0% 0.05 0.1 -5 -12 -2 -15 -16 -23 -9 -16 -5 -12 -4 -14 -9 -21 -9 -21 -12 -22 0 -4 -11 -20 0 -6 -11 -18 -12 -22 0 -7 -2 -12 10 1 0 -10 0 0 0.4 -15 -9 -28 -20 -14 -9 -13 -17 -23 -3 -22 -4 -23 -21 -5 -7 -5 -8 0 0.05 -7 -3 -13 -10 -7 0 -6 -8 -11 -2 -11 -2 -11 -10 -2 -4 0 0 0 6% 0.1 -7 -6 -10 -8 -7 -4 -8 -8 -9 -3 -8 -3 -9 -8 -4 -5 1 -4 0 0.4 -8 -10 -16 -11 -9 -11 -14 -13 -14 -2 -13 -4 -12 -14 -5 -8 0 -6 0 Runoff change -8 -12 -20 -11 -9 -15 -21 -19 -18 -4 -17 -6 -13 -20 -7 -9 -1 -9 -0 2 Satisfied demand change 2 156 Satisfied demand change Table 2 shows the change in satisfied demand at the end of the period of 70 years compared with the situation without climate change for 3 valley lengths and 3 pure time preferences. Table 2: Percent change in demand satisfied in the last year, year 70, in percent relative to a case with no climate change (historic baseline), for three valley lengths and three rates of pure time preference Reservoir length Pure time preference BCCRBCM20 CCCMACGCM31 CNRMCM3 CSIROMK30 CSIROMK35 GFDLCM20 GFDLCM21 GISSMODELER INGVECHAM4 INMCM30 IPSLCM4 MIROC32MEDRES MIUBECHOG MPIECHAM5 MRICGCM232A NCARCCSM30 NCARPCM1 UKMOHADCM3 UKMOHADGEM1 3 0% -15 -24 -37 -18 -16 -34 -45 -37 -34 -8 -32 -11 -23 -41 -13 -19 -4 -19 -0 4km 3% -12 -25 -33 -15 -13 -37 -46 -37 -32 -7 -29 -10 -19 -40 -13 -18 -8 -21 -0 6% -9 -25 -31 -11 -10 -41 -49 -37 -30 -5 -26 -9 -15 -39 -12 -17 -11 -22 -0 0% -16 -25 -39 -20 -16 -33 -45 -38 -36 -8 -33 -11 -24 -42 -14 -20 -3 -19 -0 10km 3% -14 -24 -37 -18 -15 -33 -44 -37 -34 -7 -31 -10 -22 -40 -13 -18 -4 -18 -0 6% -13 -25 -33 -16 -14 -35 -45 -36 -31 -7 -29 -10 -20 -39 -13 -18 -6 -20 -0 0% -15 -25 -38 -19 -16 -34 -46 -39 -35 -8 -32 -11 -24 -42 -14 -19 -5 -20 -0 20km 3% -15 -24 -38 -19 -16 -33 -44 -37 -35 -8 -32 -11 -23 -41 -14 -19 -4 -19 -0 6% -14 -23 -36 -17 -14 -33 -44 -36 -33 -7 -30 -10 -22 -40 -12 -18 -4 -18 -0 Runoff change -8 -12 -20 -11 -9 -15 -21 -19 -18 -4 -17 -6 -13 -20 -7 -9 -1 -9 -0 Error costs for all the models Table 3 shows the mapping between indices and model names, as well as changes with respect with a no climate change situation for selected indica- 3 Error costs for all the models 157 tors. The indices are used in Table 4 where the error costs of using the wrong model are shown. Table 3: Climatic models, corresponding indices used in Table 4 and changes in runoff, optimal volume, NPV and standard deviation Model name CNRMCM3 IPSLCM4 MPIECHAM5 INGVECHAM4 GISSMODELER CSIROMK30 MIUBECHOG GFDLCM21 BCCRBCM20 GFDLCM20 CSIROMK35 CCCMACGCM31 NCARCCSM30 UKMOHADCM3 INMCM30 MIROC32MEDRES MRICGCM232A UKMOHADGEM1 NOCC NCARPCM1 Index NPV change Runoff change Volume change Stddev change 3 11 14 9 8 4 13 7 1 6 5 2 16 18 10 12 15 19 20 17 -16 -13 -16 -14 -15 -8 -10 -18 -6 -13 -6 -10 -8 -8 -3 -4 -5 -0 0 -2 -20 -17 -20 -18 -19 -11 -13 -21 -8 -15 -9 -12 -9 -9 -4 -6 -7 -0 0 -1 -14 -11 -11 -11 -10 -10 -10 -10 -7 -6 -6 -5 -4 -3 -2 -2 -2 0 0 1 -21 -16 -18 -18 -16 -13 -15 -16 -9 -10 -9 -9 -8 -6 -4 -5 -6 -0 0 1 3 11 14 9 8 4 13 7 1 6 5 2 16 18 10 12 15 19 20 17 3 0 0.1 0.0 0.0 0.1 0.2 0.1 0.1 0.3 0.4 0.3 0.4 0.5 0.7 0.8 0.7 0.7 1.2 1.3 1.4 11 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.2 0.2 0.3 0.4 0.4 0.3 0.8 0.8 0.9 14 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.2 0.2 0.3 0.4 0.4 0.3 0.8 0.8 0.9 9 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.2 0.2 0.3 0.4 0.4 0.3 0.8 0.8 0.9 8 0.1 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1 0.3 0.3 0.3 0.3 0.6 0.6 0.7 4 0.1 0.0 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1 0.3 0.3 0.3 0.3 0.6 0.6 0.7 13 0.1 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1 0.3 0.3 0.3 0.3 0.6 0.6 0.7 7 0.1 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1 0.3 0.3 0.3 0.3 0.6 0.6 0.7 1 0.3 0.1 0.1 0.1 0.1 0.0 0.1 0.1 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.2 0.1 0.1 0.4 0.4 0.5 6 0.4 0.1 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1 0.3 0.3 0.4 5 0.4 0.1 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1 0.3 0.3 0.4 2 0.5 0.2 0.3 0.3 0.1 0.1 0.2 0.1 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.1 0.0 0.0 0.3 0.3 0.3 16 0.6 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.2 0.2 0.0 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.2 0.2 0.3 18 0.7 0.3 0.4 0.4 0.3 0.2 0.3 0.2 0.1 0.0 0.1 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.0 0.2 0.2 0.2 10 0.8 0.4 0.5 0.5 0.4 0.3 0.4 0.3 0.1 0.1 0.1 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.0 0.1 0.1 0.2 12 0.8 0.4 0.5 0.5 0.4 0.3 0.4 0.3 0.1 0.1 0.1 0.0 0.0 0.0 0.0 0 0.0 0.1 0.1 0.2 15 0.8 0.4 0.5 0.5 0.4 0.3 0.4 0.3 0.1 0.1 0.1 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0 0.1 0.1 0.2 19 1.1 0.6 0.8 0.8 0.6 0.5 0.6 0.5 0.2 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0 0.0 0.0 20 1.1 0.6 0.8 0.8 0.6 0.5 0.6 0.5 0.2 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.0 0 0.0 17 1.2 0.8 0.9 0.9 0.7 0.6 0.7 0.7 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 0 3 Error costs for all the models Table 4: Cost of error, in percentage of net present value, for all models when the optimal volume of another model is chosen. The indices of the models given in Table 3 are in the first column. The same indices are used for the column headers. Each number is the regret of building a dam with the optimal volume calculated using the model in column, if the model in line is finally correct in projecting climate change. The models are ordered by increasing optimal volume, the pure time preference is 3 percent and the valley length is 10km 158 Bibliography 159 Bibliography Aftias, M., 1992. Ydreuseis. Ecole Polytechnique d’Athènes Grèce. Brikowski, T. H., 2008. Doomed reservoirs in Kansas, USA? climate change and groundwater mining on the Great Plains lead to unsustainable surface water storage. Journal of Hydrology 354, 90–101. Callaway, J. M., Louw, D. B., Nkomo, J. C., Hellmuth, M. E., Sparks, D. A., 2007. 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Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale : Validation en Algérie Les ressources en eau sont d’ors et déjà quantitativement et qualitativement limitées dans les régions arides et les régions fortement anthropisées. De plus, les ressources en eau doivent faire face à des pressions grandissantes liées à des changements socioéconomiques et environnementaux, à l’échelle globale, régionale ou locale. Au début du XXI e siècle, de nouveaux défis émergent à l’échelle globale, par exemple les transferts d’eau, les conflits transfrontaliers et négociations, les quantités d’eau nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire, les impacts du changement climatique sur les ressources en eau. Le XXI e siècle voit également l’émergence de questions à l’échelle globale, par exemple l’eau en tant que facteur limitant le développement ou bien le commerce de l’eau virtuelle. Pour l’étude des défis globaux, une modélisation avec une couverture géographique globale est nécessaire. A travers cette zone, des interactions entre bassins versants, notamment les transferts d’eau, les échanges de biens et services produits en utilisant des ressources en eau et les migrations en fonction des ressources en eau disponibles, peuvent exister. Toujours est-il que les décisions liées à la gestion et planification des ressources en eau sont prises au niveau du bassin versant. Les profils d’offre et de demande entre les bassins inclus dans une telle zone géographique étendue, peuvent être hétérogènes. Ainsi, il est important de représenter au niveau du bassin versant les caracté- Introduction au chapitre 4. Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale : Validation en Algérie 163 ristiques essentielles de l’offre et de la demande, étant donné qu’en fonction des spécificités du bassin, les changements globaux auront des impacts différents. De cette façon, pour la modélisation, l’étude des changements globaux et de leurs implications au niveau local est un challenge, car elle doit combiner l’échelle globale et locale, prendre en compte non seulement la dimension spatiale mais aussi temporelle et représenter les caractéristiques socioénomiques, environnementales, hydroclimatiques et techniques. Deux approches existent dans la littérature. Dans les études à l’échelle globale, un volume d’eau est disponible à chaque point de grille, et les points appartenant au même bassin peuvent être liés par les schémas de routage d’eau [Oki et al., 2001]. Ces études modélisent à une échelle spatiale et temporelle assez fine les processus hydrologiques, ainsi la variabilité de la ressource en eau est représentée de façon appropriée. Dans ces études, quand les réservoirs sont représentés, ils ne sont gérés qu’individuellement pour la satisfaction des demandes [Hanasaki et al., 2008; Haddeland et al., 2007]. Dans les études à l’échelle locale, une structure nodale est, en général, considérée, pour des régions pour lesquelles des données sur l’offre et la demande très détaillées sont disponibles. Les réservoirs et demandes sont organisés en réseaux et les réservoirs fonctionnent de manière coordonnée. C’est le cas de modèles comme CalSim [Anderson et al., 2008] et CALVIN [Medellı́n-Azuara et al., 2008], ou bien de modèles plus flexibles avec lesquels les utilisateurs peuvent définir leur région, comme WEAP [Strzepek et al., 1999]. Cependant, le fait que ces modèles nécessitent des données très détaillées, peut empêcher leur application sur d’autres régions pour lesquelles ces données ne sont pas disponibles. Ainsi, étant donné l’absence d’information à l’échelle globale, le défi est de développer un outil de modélisation avec une couverture globale ou, au moins, régionale et une modélisation de l’offre et de la demande au niveau du bassin en représentant leurs caractéristiques principales qui aident à refléter leur hétérogénéité spatiale et temporelle. L’objectif de l’étude est de construire une méthodologie qui représente à l’échelle du bassin versant les réseaux de réservoirs et les associations réservoirs-demandes, reconstruits sur la base de règles génériques et de données disponibles à l’échelle globale. Le caractère générique est commun avec les modèles de Hanasaki et al. [2006] ou Haddeland et al. [2006], ici les réservoirs forment des réseaux et opèrent simultanément. En outre, ici, pour déterminer les débits entrants des réservoirs, leurs sous-bassins sont définis comme dans Islam et al. [2005]. La construction d’une telle méthodologie suppose d’utiliser uniquement des données disponibles à l’échelle globale. L’objectif est de représenter les éléments essentiels de l’offre et de la demande à l’échelle Introduction au chapitre 4. Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale : Validation en Algérie 164 des bassins versants de manière à mieux refléter les implications locales des changements globaux en faisant une synthèse entre les approches globales et locales de la littérature, et non pas de construire un cadre de représentation très détaillée, plus utile pour les opérationnels. La méthodologie est divisée en trois modules. Dans le premier, les réservoirs sont localisés. Certains réservoirs ne sont pas correctement placés sur les rivières, ainsi une règle de relocalisation est définie qui les déplacent vers la rivière la plus proche avec le plus haut flux accumulé. Les sous-bassins sur lesquels le ruissellement s’accumule pour devenir un débit entrant sont définis en utilisant le modèle de terrain hydro1k. Ensuite les relations amont-aval des réservoirs sont définies. Les sous-bassins des réservoirs et la grille du modèle climatique régional CNRM sont superposés afin de déterminer la fraction de chaque point de grille couvert par un sous-bassin, ainsi le débit entrant des réservoirs. Dans le deuxième module de la méthodologie dans sa version actuelle, la demande en irrigation est la seule demande modélisée. Cette demande, qui constitue le premier poste de demande en Méditerranée, atteint 65-80% de la demande totale. La localisation des cultures irriguées est déterminée sur la base des données sur les cultures existantes et les aires irriguées géoréférencées de Siebert et al. [2005]. Les phases de développement de chaque culture sont définies par la méthode des degrés jours. Pour chaque phase, les besoins en irrigation sont déterminés en fonction de ses caractéristiques, des données hydroclimatiques et de la surface de la culture, afin de couvrir les besoins en eau de la culture non satisfaits par la précipitation effective. Les liens réservoirs-demandes ne sont pas connus à l’échelle globale. Une règle générique est présentée, permettant de reconstruire ces liens en fonction des contraintes topologiques (distance parcourue en montant tout au long du chemin réservoir-demande) ainsi que des contraintes hydrologiques (équilibre entre l’offre et la demande annuelles moyennes). Ces liens représentent implicitement les réseaux de distribution d’eau à des demandes intra ou inter bassins ainsi que les extractions directes de rivières dont l’étiage est soutenu par les barrages. Il est à noter que les liens entre réservoirs ne sont pas représentés. Entre un réservoir et une demande plusieurs liens possibles peuvent exister. Le coût total de chaque lien prend en compte la distance parcourue et la dénivellation pour chaque mouvement non gravitaire. Le coût est minimisé afin d’obtenir un lien potentiel entre un réservoir et une demande. Parmi les liens potentiels d’une demande avec des réservoirs localisés dans le même pays que la demande, ceux ayant un coût inférieur à un seuil sont gardés. Sur la base des liens potentiels et en faisant l’hypothèse dans cette étude Introduction au chapitre 4. Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale : Validation en Algérie 165 qu’une demande est associée à un seul réservoir, plusieurs réseaux peuvent être définis. Cependant, le nombre des liens potentiels étant important, des simplifications se font afin d’éviter l’explosion combinatoire. Pour chaque réseau défini, l’équilibre entre l’offre et la demande annuelles moyennes est évalué afin de déterminer s’il est faisable. Parmi les réseaux faisables, celui ayant le coût accumulé sur tous ses liens minimum est finalement choisi. Les réseaux et liens reconstruits sont validés qualitativement en Algérie, où un certain nombre de données à l’échelle nationale ont permis d’avoir une vue d’ensemble sur le statut des ressources en eau du pays. Les listes de réservoirs et de leur vocation sont un peu différentes en fonction de la source. Certains réservoirs ne sont pas dans Aquastat et d’autres sont mal localisés. La règle de relocalisation des réservoirs fonctionne de façon assez satisfaisante. La seule exception est que si un affluent moyen et un grand sont proches, avec la règle, un réservoir normalement localisé sur le moyen sera déplacé vers le grand affluent. En dehors de ces points, les réseaux de réservoirs reconstruits sur la base des données hydro1k sont en accord avec les données disponibles. Concernant les aires irriguées, la localisation et l’étendue des grands périmètres irrigués sont, de façon générale, en accord avec les cartes fournies par Messahel et Benhafid [2004]. En revanche, les évaluations quantitatives des aires irriguées par région peuvent varier entre les deux sources. Le taux de aires irriguées potentiellement associées à des réservoirs est de 66% pour l’Algérie. Ce taux est plutôt satisfaisant car, en effet les réservoirs constituent pratiquement la seule source d’approvisionnement pour les régions ayant des rivières temporaires. Etant donné le manque d’information sur les sources locales comme les retenus collinaires ou l’eau souterraine, qui, normalement, couvrent une partie des demandes, seuls les barrages-réservoirs sont représentés. Cependant, les sources locales sont implicitement prises en compte car, en fixant un seuil de coût, en dessus duquel les liens potentiels de certaines demandes avec des réservoirs sont éliminés, il est considéré que ces demandes sont plutôt associées à des sources locales. En outre, avec les règles génériques d’association réservoirs-demandes, il peut être constaté que, les transferts longue distance étant possibles, les demandes, en réalité associées à des sources locales, sont quand même liées à des réservoirs éloignés. Ainsi, les réservoirs compensent en partie le manque de données sur les sources locales. Enfin, la demande moyenne annuelle totale de la plupart des réseaux est supérieure à l’offre moyenne annuelle totale disponible, c’est pourquoi les débits entrants moyens annuels des réservoirs sont augmentés plusieurs fois afin d’obtenir des réseaux faisables. Malgré le fait que l’offre a du être augmentée pour atteindre un équilibre, Introduction au chapitre 4. Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale : Validation en Algérie 166 les liens reconstruits par la méthodologie pour les principaux périmètres irrigués Algériens sont en accord avec les informations données par le Ministère Algérien des ressources en eau. On note néanmoins une tendance à sur associer les réservoirs aux grands périmètres irrigués, entre autres parce que les aires sont considérées comme des points d’irrigation individuels pouvant être associés indépendamment à différents réservoirs. Enfin, la sur association peut ne pas être erronée dans certains cas, car les lâchers d’eau des réservoirs peuvent aider à soutenir l’étiage de rivières et ainsi peuvent être utilisés en aval pour d’autres zones irriguées. En conclusion, la méthodologie générique présentée dans cette étude, arrive assez bien à combiner l’échelle globale et locale en intégrant des données disponibles à l’échelle globale, et reproduit de façon satisfaisante les informations données par diverses sources sur les réseaux de réservoirs, les aires irriguées et les liens réservoirs-demandes. Introduction au chapitre 4. Reconstruction des réseaux anthropiques à l’échelle du bassin versant avec une couverture globale : Validation en Algérie 167 Bibliographie Anderson, J., F. Chung, M. Anderson, L. Brekke, D. Easton, M. Ejeta, R. Peterson, et R. 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In this paper, a generic reservoir network and reservoirs-demands links reconstruction methodology is presented. Data requirement is kept minimal, using only data available at the global scale. This methodology consists in three modules: reservoirs networks reconstruction, irrigation requirements computation, and supply-demand nodes association based on topological and runoff constraints. The methodology is applied over the Mediterranean region, and a qualitative validation is done on Algeria. 4.1 Introduction 171 Keywords: generic model, supply and demand, reservoirs network, operating rules JEL classification: Q25, Q54, L95 4.1 Introduction Quantitative and qualitative aspects of water resources are already imperil in arid regions and in regions where human intervention is significant [LorenzoLacruz et al., 2010]. In addition, socioeconomic and environmental changes at different spatial scales cause extra pressures on water resources. Population increase and economic activities diversification are the main socioeconomic drivers, while biodiversity protection and environmental flow requirements are among the principal environmental concerns. Furthermore, in the 21st century, several questions are on the rise at the global scale with regionallocal consequences, such as an intensification of water resources quantitative and qualitative deterioration. Virtual water trade, water as a limiting factor to the development or the impacts of climate change on water supply potential, are some examples of questions which are only relevant at the global scale [Margat and Treyer, 2004]. These global questions call for modelling approaches with a global extent. Often, river basins supply and demand profiles within a given region are heterogeneous. The profiles may even vary within a basin of considerable spatial extent (eg, the Nile basin). In many basins, surface water is the main supply source, exploited by dams-reservoirs possibly serving multiple purposes. In other basins, aquifers may be the principal supply sources, possibly overexploited for agricultural needs. In most of the basins human intervention is significant. Various activities are settled in, such as cities and irrigated fields, manufacturing and electricity production sites, with different quantitative and qualitative water requirements and various constraints on their location. Also, since the protection of the environment is of growing concern, a new type of water demand becomes more and more important i.e. the environmental with its own flow requirements. Many river basins are characterized by a high degree of anthropization, with a significant presence of hydraulic infrastructures. More than 45000 dams-reservoirs exist worldwide with 7 km3 storage, which aim to regulate natural inflows in time and space, satisfy demands at the highest possible level and offset other anthropogenic activities, for instance non sustainable direct river abstraction [Sahagian, 2000; Magilligan and Nislow, 2001]. Reservoir importance has been illustrated in studies at the local level, e.g. in Singer 4.1 Introduction 172 [2007] contrasting the pre and post dam hydrograph alteration due to large reservoirs in Sacramento river basin, but also at the global level [Vörösmarty et al., 2003]. On the demand side, the appropriate socioeconomic and hydroclimatic drivers must be identified in order to assess changes. In general, available water resources and demands must be assessed over extended geographic regions in an integrated way in order to reach an equilibrium. Their integrated assessment necessitates a knowledge of the network configuration, i.e. of the reservoirs systems and reservoirs-demands links. Hence, geoinformation is important for the realization of integrated water resources studies [Gupta et al., 2010]. A global extent is important and supply and demand spatiotemporal heterogeneity have to be represented at the river basin level. The aim of this article is therefore to formulate an integrated water resources assessment methodology which has a global coverage and also includes a generic modelling of reservoirs-demands structures at the river basin scale. A third constraint stemming from the consideration of those two scales is the lack of data such as meteorological, river discharge, water withdrawal, reservoirs, networks and reservoir operation data. In particular, information on reservoir network configuration and real reservoirs-demands links is not globally available, the modeling proceed with the reservoir network and links reconstruction, in order to represent conveyance networks as well as long distance inter-basin water transfers. Two main approaches stand out in the literature. In studies at the global scale, “storage” is associated to cells, and man-made reservoirs, when represented, are connected through flow routing and managed independently. In the second approach, at the local scale, man-made reservoirs and demands are organized into networks with a nodal structure, and are managed in a coordinated way. These two approaches are reviewed in the following. In several studies at the global scale, the water remaining in each grid represents the grid’s current “storage” and flow routing creates the connection between “cell-storages”. For example, Oki et al. [2001], in order to assess water scarcity, compute the water availability for each grid point as the sum of the runoff calculated from the land surface models of the Global Soil Wetness Project and the river discharge computed from the TRIP routing scheme at 0.5 ◦ resolution. In this study annual global abstraction is represented and distributed with a global GIS-based approach on the basis of country boundaries, population and irrigated area per grid. Demand in each cell is linked directly to the cell’s local “storage” and indirectly to upstream “storages” belonging to the same upstream basin. 4.1 Introduction 173 Döll et al. [2003] starts with the same setup. In addition, man-made reservoirs are represented. In this study, the global hydrology sub-model WGHM of the global water use and availability model WATERGAP2, at 0.5 ◦ resolution is presented. WGHM includes a vertical water balance and a series of six different “storages” at each grid point. These “storages” may be local (groundwater, lakes, wetlands), if they are only reached by flows within the cell, or global (lakes, wetlands, river segment), if they collect also water from upstream cells. Fast surface/subsurface runoff is routed to surface storages without delay while groundwater recharge is stored. Both flows recharge local lakes present in the cell. The third “storage” corresponds to local wetlands with lower storage capacity and slower outflow. Global lakes and global wetlands “storages” have the same storage behavior as their local counterparts. In the end, the flow reaches the river which is also a linear reservoir like groundwater, and the cell discharge becomes inflow for the downstream cell. Reservoirs are treated as global lakes for their outflow computation. At each grid cell, demand can be covered by the local lake. If there is no local lake or its “storage” is zero, consumptive use can be extracted from the river. In case consumptive use is greater than river discharge, extraction is delayed for up to one year until a water surplus period occurs. Last, if annual average demand is greater than annual average discharge, demand can be covered by neighborhooding cells with higher average discharge. Hence, demand is associated to the “storage” of its own cell and indirectly to upstream cells, while lateral transfers from other cells (topologically connected) are possible. Still at the global level, Hanasaki et al. [2008] improve over this approach by incorporating man-made reservoirs individual operation. The integrated global model at a 1 ◦ spatial resolution use runoff routing based on a river scheme identical to TRIP. Agricultural, environmental and anthropogenic water demands are computed at the grid cell level. Man-made reservoirs individual operation is defined following generic rules as a function of current volume and mean annual inflow [Hanasaki et al., 2006]. In this study, each reservoir is linked to the downstream area up to the next reservoir with a 10cell maximum distance. Therefore reservoirs, convey water to demands over long distances downstream, however transfers to demands in other basins are not allowed. Haddeland et al. [2007] follow a similar methodology with the addition of multiple purposes and reservoirs individual operation optimization. This study assesses the impacts of land use modifications, reservoirs and irrigation on the hydrological balance of North America and Asia with 183 and 257 4.1 Introduction 174 reservoirs respectively. The model is based on the grid-based macro-scale hydrology model VIC which includes a routing scheme. In this study, water is extracted from reservoirs if there is not enough water in the grid cell where irrigation demand point is located. As described in Haddeland et al. [2006], if the elevation of the grid cell in which the reservoir is localized is greater than the elevation of the grid cell in which the demand is localized, the reservoir may release water for the demand. A maximum distance of 5 grid cells is considered. This rule therefore allows water transfers to demands localized in other basins than the reservoir. Optimal releases are computed given reservoir inflow, storage capacity and downstream water or energy demand. Simultaneous operation of multiple reservoirs, i.e., coordinated management is not considered. As in the previous studies, reservoirs can be linked through flow routing. In the second strand of literature, reservoirs are represented as a system and are managed in a coordinated way. Most models work at a fine temporal and spatial scale and are developed for a particular area for which all supply and demand characteristics are known precisely. In particular, there is a detailed knowledge on reservoirs systems configuration, management policies, reservoirs-demands associations, with details on water distribution to local demands or long distance transfers. A nodal structure is generally used to represent those networks. In this framework, various types of demands (municipal, irrigation, hydropower, recreation, nagivation...) may be represented, as well as diverse supply sources. Existing water markets, regulatory or institutional constraints are also frequently taken into account. In addition they are coupled with hydrological models developed for the study area which can be quite complex. Such studies can be found at the river basin scale [Minville et al., 2009; Vano et al., 2010; Hotchkiss et al., 2000; Vicuna et al., 2008; Payne et al., 2004]. Models at coarser spatial scales, for extended geographic regions, have also been developed and Rani and Moreira [2009] list such models. For example, SWD SUPER is used for the multipurpose systems of reservoirs of the Southwestern Division of USACE, while CalSim II [Anderson et al., 2008] is developed for the planning of State Water Project and Central Valley Project. In addition to the models listed by Rani and Moreira [2009], one could also mention CALVIN [Medellı́n-Azuara et al., 2008], an economic engineering model, including reservoir network operation, conjunctive use and water markets, developed for the management of California state’s water system. Hence, these models have been developed for a specific river basin or extended region using detailed supply and demand data and are not generic. On that account, their methodology can hardly be applied on other basins 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 175 or regions. Other similar tools exist, which are also designed to be flexible, i.e. they can be used for various river basins or regions defined by the user. This is the case of WSM [WaterStrategyMan, 2004], a comprehensive GIS based decision support system for the elaboration of water management strategies with a special attention given to social system’s responses and use of multicriteria analysis, representing known networks containing supply, demand, transhipment nodes and links. Another example is WEAP [Strzepek et al., 1999], which is a reservoir/river/use system water balance accounting model, used for the examination of various water management scenarios, for basins with known reservoir configurations and associations. However, despite the fact that these models are more generic, their high data requirements and complexity for the description of a user’s defined area may compromise their application in basins or regions where data are scarce. In this paper, the methodology presented has a global extent and, at the same time, aims at representing reservoirs networks and reservoirs-demands associations at the river basin level with a reconstruction based on generic rules, using only globally available data. This methodology is a subset of a framework called ODDYCCEIA which also includes operating rules. The generic aspect of the methodology is common with the approaches of Hanasaki et al. [2006] or Haddeland et al. [2006], with the difference that reservoirs are organized in networks. The methodology therefore aims to reconstruct the nodal structure known in more detailed models. While in global studies flow routing determines reservoirs inflow, here each reservoir upstream sub-basin is determined and the summed runoff over this area corresponds to reservoir inflow similarly with Islam et al. [2005]. This model has been first applied on the Mediterranean region, an area typically characterized by an uneven data availability between the two banks. In the following, an overview of the methodology is given in section 4.2 as well as a description of the three modules of the methodology (subsections 4.2.14.2.3). In section 4.3, a qualitative validation on Algeria is done, followed by concluding remarks in section 4.4. 4.2 Determination of Reservoir-Demand links The methodology includes three sub-modules: reservoirs networks reconstruction, irrigation demand computation and determination of reservoirsdemands links. In the first module, dams-reservoirs are located and their sub-basins of flow accumulation are defined based on the HYDRO1k [2009] 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 176 terrain model. Then, upstream-downstream relations among reservoirs are determined. Various sources like hydrological models, flow routing or runoff reanalysis data could have been used for runoff and other hydroclimatic variables. Here, the CNRM model outputs are used. This model is based on three models, namely ARPEGE-Climate, a global stretched-grid atmospheric model, NEMO-ORCA2 and NEMO-MED8 oceanic models respectively global and Mediterranean. At the Strait of Gibraltar the global ocean and the Mediterranean Sea exchange water, heat and salt. ARPEGE covers the whole planet with a stretched grid which allows a refinement over the Mediterranean region reaching a spatial resolution of 50km [Somot et al., 2008, 2009; Dubois et al., 2011]. Values are extracted at the monthly time step over fifty years on a longitude-latitude grid. This model is used because in an upcoming study future supply and demand balance will be assessed under climate change over the Mediterranean region with ODDYCCEIA. Hence, here, sub-basins are intersected with the CNRM regional climatic model grid cell to determine reservoir inflow. On the demand side (the second module), in this first version of the model, only irrigation demand is considered. This is, however, the main demand in the majority of the areas across the world. For instance in the Mediterranean region, irrigation demand represents on average 63% of total demand. In North Africa and Middle East, it represents 80% of total demand [Margat and Treyer, 2004]. To determine this demand, various crops are localized across the study region and associated to irrigation points. Net irrigation crop requirements, which correspond to the necessary water amount to cover evapotranspiration demands are computed. To assess supply and demand equilibrium in space and time, supplydemand associations have to be known. However, data on reservoir-demand links are not globally available. On that account, in the third module of the methodology a generic rule is presented for the determination of reservoirdemand links based on topological constraints (covered distance and altitude difference in upward movements along the path) and mean annual supply and demand balance. These links implicitly represent channel and pipe networks conveying water to demands localized within the same basin or other basins, as well as direct river extractions supported by upstream reservoir releases. 4.2.1 Reservoir network creation In the first step of ODDYCCEIA, reservoirs networks are reconstructed and reservoir inflows are computed. On that account, first reservoirs are localized. 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 177 For the study on the Mediterranean region, the African, European and Asian sub-areas are considered. For the Eurasian zone, reservoirs are localized according to information provided by the International Commission on Large Dams [ICOLD, 2003] and satellite images accessed through “Google Earth” or “Google Maps”. For the African region, reservoirs are taken from the Aquastat database [AQUASTAT Program, 2007]. In this database reservoirs coordinates are already provided. In the section 4.3 on Algeria an assessment of reservoirs localization as provided by Aquastat is carried out. With the coordinates found manually or provided by Aquastat, many reservoirs are localized nearby hydro1k streams but not exactly on the stream, hence they have to be relocated before upstream basins can be determined. To bring reservoirs closer to streams, a relocalization rule is defined to move reservoirs to the nearest stream reach, with higher accumulated flow. The reservoirs are kept in the same river basin and within a radius of 10km. The reservoir relocation is based on a fitness function which balances the distance from the reservoir initial location with the flow accumulation values. The new location x of a reservoir with x0 as initial coordinates is given by: log(φ) max log(f ax ) − × dx0 ,x , with dx0 ,x ≤ 10km, (4.1) x D with f ax the flow accumulation value provided by hydro1k at point x, dx0 ,x the distance between the reservoir and point x, φ a reference accumulation factor set to 10 and D a reference distance set to 1000. Starting from each relocalized reservoir, flows are followed on the hydro1k digital elevation model, to identify intersections. Then, for each relocalized reservoir a small area is defined (5km) which roughly corresponds to the area of the lake associated to the reservoir. Based on the hydro1k flow direction map and starting from all the points in this area, upstream sub-basins of each reservoir are determined. Reservoirs which are localized over these sub-basins are then detected. This information allows to identify double reservoirs and divide the whole upstream area if other reservoirs are localized in that area. The sub-watershed of each reservoir corresponds finally to the land over which the water goes to the reservoir without crossing another reservoir. Based on this partitioning, direct upstreamdownstream reservoir links are determined. Runoff data are available from the CNRM climatic model output per grid cell. For the computation of each reservoir’s inflow, reservoirs sub-basins and climatic model grid cells are intersected. With RG the runoff of each grid cell G with surface SG , SBr the surface of the sub-basin of reservoir r, the runoff 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 178 Rr of the reservoir computed at a monthly time step, is: X SB T SG r Rr = × RG S G G 4.2.2 (4.2) Irrigation demand calculation The second step of ODDYCCEIA is focused on irrigation demand localization and computation. For this purpose, globally available data on irrigated areas and crops are combined in order to determine irrigated crops localization. Then, their irrigation requirements are computed for each growth stage, defined based on degree days method, as a function of hydro-climatic data, crop area and each crop stage characteristics. Irrigation areas are provided by the Global Map of Irrigated Areas [Siebert et al., 2005]. The irrigated point is located at the center of the cell. The few irrigation points located in the sea, are moved to the nearest land point of the digital elevation model. Globally available data on crop shares are extracted from Agromaps [FAO, 2005] at a sub-national scale if possible and FAOSTAT/PRODSTAT [FAOSTAT, 2011] otherwise. Crops are aggregated as described in table 4.1. Administrative areas located in EU countries are georeferenced using the administrative and statistical territorial boundaries based on NUTS classification from Geographical Information System of the Commission map (GISCO, EUROSTAT [2010]). Areas located in Africa, Near East, whole countries and Albania are georeferenced using the boundaries provided by the Global Administrative Unit Layers (GAUL) of FAO [GeoNetwork, 2009] and maps provided with Agromaps. Each irrigation point is associated to the nearest area. Over the crop growing period, ground cover, crop height and leaf area change, hence evapotranspiration changes too. For that reason, in order to compute crop evapotranspiration and irrigation requirements, crop growth stages have to be identified with their corresponding lengths and crop coefficients. Following Allen et al. [1998], the growing period is divided into four phases namely the initial, crop development, mide-season and late-season. In the present paper, growing degree days are used to determine the development of crops during the growing season [Stehfest et al., 2007]. This method is used, since, as mentioned in Miller et al. [2001], measuring the heat accumulation over time can provide a better physiological estimate compared to counting calendar days. 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 179 The growing degree days requirements for each development phase are computed based on the phase duration in days and mean growing degree days per month and crop. Information on crop phase durations are taken from Allen et al. [1998] and information on crops plantation and harvesting dates are taken from FAO WATER [2011], shown in table 4.2. Each crop phase duration is rescaled proportionally to the length of the total growing period based on plantation and harvesting dates. Computation of the required growing degree days for the realization of each development phase is determined by using average growing degree days representative of the Mediterranean region using the Tunisian climatology. Therefore, mean monthly daily maximum and minimum temperatures over historical years are taken from CRU [Mitchell and Jones, 2005], and then averaged across Tunisia to compute monthly growing degree days. The base temperature is set equal to 5 ◦ C for all crops. If the accumulated duration of growth exceeds 365 days, the cycle is stopped. After crop growth stages definition, reference evapotranspiration is computed. In general, evapotranspiration depends on factors related to weather, crop, management and environmental conditions. Reference crop evapotranspiration ET0 can be computed with several empirical and semi-empirical methods. The reference method is Penman-Monteith [Allen, 2000] for a variety of locations and climates, a data demanding method, and in some cases some data are missing. Less data demanding methods also exist: for instance, Allen et al. [1998] mention the Hargreaves method, which is interesting as it only requires radiation and temperature data, although it seems to underestimate evapotranspiration in case of high wind conditions or overestimate in case of high relative humidity. Trajkovic [2005] in a study on Serbia, test Radial Basis Function, Thornthwaite, Hargreaves and reduced set FAO 56 PM, as temperature based methods compared to Penman-Monteith and find that RBF network performs better, while Hargreaves overestimates evapotranspiration and is not recommended. Trajkovic and Kolakovic [2009] present a reduced form of FAO-56 PM necessitating as minimum data minimum and maximum air temperature and local default wind speed, which seems to perform well compared to Turc, adjusted Hargreaves and Radial Basis Function network methods. Vanderlinden et al. [2004] presents Hargreaves as a suitable method for regions with limited meteorological data like Southern Spain, but with an adjustment coefficient to reduce bias for hot and dry months. Finally, Sabziparvar and Tabari [2010] tested Makkink, Priestly-Taylor and Hargreaves methods for northeast Iran, and Hargreaves seems to have the best performance for monthly evapotranspiration. Here, the Hargreaves method is used, since it has a satisfactory perfor- Table 4.1: Crops aggregates Wheat Potatoes Sugarbeet Pulses ’Barley’, ’Cereals, nes’, ’Oats’, ’Rye’, ’Mixed grain’, ’Canary seed’, ’Triticale’ ’Sweet potatoes’, ’Sweet Potatoes’, ’Roots and Tubers, nes’, ’Yams’, ’Cassava’ ’Sugar beet’, ’Sugar Beets’, ’Hops’, ’Mustard seed’, ’Mushrooms and truffles’ ’Beans, Dry’, ’Beans, green’, ’Beans, dry’, ’Cow peas’, ’Cow peas, dry’,’Broad beans, horse beans, dry’ ’Lentils’, ’Leguminous vegetables, nes’, ’Groundnuts in Shell’,’Peas, dry’, ’Peas, green’, ’Vetches’,’Chick peas’ ’String beans’, ’Pulses, nes’, ’soybean’,’Groundnuts, with shell’, ’Soybeans’, ’Broad Beans, Dry’,’Beans, Green’ ’Cow Peas, Dry’, ’Peas, Green’, ’Chick-Peas’, ’Broad Beans, Green’, ’Peas, Dry’, ’Lupins’ ’Cabbages and other brassicas’, ’Carrots and turnips’, ’Cauliflowers and broccoli’,’Chicory roots’ ’Chillies and peppers, green’, ’Chillies and peppers, dry’, ’Cucumbers and gherkins’,’Garlic’, ’Lettuce and chicory’ ’Onions’, ’Onions, dry’, ’Onions (inc. shallots), green’,’Onions+Shallots, Green’, ’Onions, Dry’ ’Pepper,White/Long/Black’,’Pumpkins, squash and gourds’, ’Eggplants (aubergines)’, ’Strawberries’, ’Tomatoes’ ’Vegetables fresh nes’, ’Watermelons’,’Other melons (inc.cantaloupes)’, ’Artichokes’, ’Asparagus’,’Spinach’ ’Anise, badian, fennel, corian.’, ’Okra’, ’Cabbages’,’Eggplants’, ’Cucumbers and Gherkins’, ’Cauliflower’, ’Carrots’ ’Lettuce’, ’Pumpkins, Squash, Gourds’,’Melonseed’, ’Cantaloupes&oth Melons’, ’Chillies&Peppers, Green’, ’Spices, nes’ ’Currants’, ’Peppermint’ ’Citrus’, ’Apples’, ’Apricots’, ’Cherries’, ’Figs’, ’Grapes’, ’Oranges’, ’Peaches and nestarines’, ’Pears’ ’Plums and sloes’, ’Quinces’, ’Sour cherries’, ’Tangerines, mandarins, clem.’, ’Dates’, ’Grapefruit (inc. pomelos)’ ’Stone fruit, nes’,’Lemons and limes’, ’Bananas’, ’Citrus fruit, nes’, ’Kiwi fruit’, ’Avocados’, ’Persimmons’ ’Mangoes, mangosteens, guavas’, ’Papayas’, ’Pineapples’, ’Tea’, ’Lemons and Limes’, ’Grapefruit and Pomelos’ ’Peaches and Nectarines’, ’Peaches and nectarines’, ’Berries Nes’, ’Fruit, tropical fresh nes’, ’Plums’ ’Tang.Mand.Clement.Satsma’, ’Cloves, Whole+Stems’, ’Citrus Fruit nes’, ’Fruit Fresh Nes’, ’Gooseberries’ ’Raspberries’, ’Blueberries’, ’Cranberries’, ’Coffee, green’ ’Olive’, ’Almonds, with shell’, ’Carobs’, ’Hazelnuts, with shell’, ’Olives’, ’Walnuts, with shell’ ’Pistachios’, ’Chestnuts’, ’Nuts, nes’, ’Almonds’, ’Walnuts’,’Hazelnuts (Filberts)’ ’Tobacco, unmanufactured’, ’Tobacco Leaves’ ’Rice, paddy’, ’Taro (cocoyam)’, ’Rice, Paddy’ ’Seed cotton’, ’Linseed’, ’Flax Fibre and Tow’, ’Flax fibre and tow’, ’Seed Cotton’, ’Jute’, ’Hempseed’ ’Hemp Tow Waste’, ’Sisal’, ’Other Bastfibres’ ’Millet’, ’Poppy seed’ ’Buckwheat’, ’Maize, green’ ’Rapeseed’, ’Sunflower seed’, ’Sesame seed’, ’Safflower seed’, ’Sesame Seed’, ’Sunflower Seed’ ’Castor oil seed’, ’Oilseeds, Nes’ ’Sugar Cane’, ’Sugar cane’ Vegetables Fruits Oil Tree Tobacco Rice Cotton Sorghum Maize Oil Seed Sugarcane 180 Crops 4.2 Determination of Reservoir-Demand links Crop Aggregate 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 181 Table 4.2: Data on crops phases durations (Lp ) in days provided by Allen et al. [1998] and crops plantation and harvesting dates provided by FAO WATER [2011] Crop Aggregate L1p L2p L3p L4p Plantation date Harvesting date Wheat Potatoes Sugarbeet Pulses Vegetables Fruits Oil Tree Tobacco Rice Cotton Sorghum Maize Oil Seed Sugarcane 30 30 45 20 30 60 30 20 30 30 20 30 25 30 140 35 75 30 40 90 90 30 30 50 35 40 35 50 40 50 80 30 45 120 60 30 60 60 40 50 45 180 30 30 30 10 30 95 90 30 30 55 30 30 25 60 Oct Mar Feb Mar Mar Jan Jan Mar Apr Jul May Apr May Jan Apr Jul Jul Jul Jul Dec Dec Jul Aug Jan Sep Aug Sep Dec Table 4.3: Crop coefficients Crop Name Kc 1 Kc 2 Kc 3 Wheat Potatoes Sugarbeet Pulses Vegetables Fruits Oil Tree Tobacco Rice Cotton Sorghum Maize Oil Seed Sugarcane 0.4 0.5 0.35 0.4 0.6 0.75 0.5 0.5 1.2 0.35 0.3 0.3 0.35 1 1.15 1.15 1.2 1.15 1.1 0.75 0.9 1.2 1.1 1.2 1.1 1.2 1.1 1 0.3 0.75 0.7 0.55 0.9 0.75 0.6 0.8 0.8 0.6 0.55 0.6 0.35 1 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 182 mance, even if it is not appropriate in all cases, and data requirements are low. Following this method, evapotranspiration is computed as a function of mean j monthly daily minimum temperature T̄min , mean monthly daily maximum j temperature T̄max and daily extraterrestrial radiation Raj , here computed under clear sky conditions [Allen et al., 1998]. Climatic data are taken from the CNRM climatic model outputs. Mean daily reference evapotranspiration ¯ j for month j for each climate grid point in mm.day −1 is computed as: ET 0 ¯ j ET 0 j j T̄max + T̄min j j = 0.408 × 0.0023 × + 17.8 × (T̄max − T̄min )0.5 × Raj (4.3) 2 The difference between reference and crop evapotranspiration is determined based on the Single Crop Coefficient method. This method is used for irrigation planning, design and management, under standard field conditions with no limitations on crop growth or evapotranspiration related, for instance, to soil water and salinity stress [Allen et al., 1998]. The three crop coefficient values are taken from Allen et al. [1998] for each crop corresponding to the Mediterranean climate, as shown in table 4.3. For “oil tree”, crop coefficients corresponding to the mean value of olive and pistachios are used. Crop coefficient is set to the coefficient of the late season until the end of the year for perennial crops that have reached the last development phase while the total duration of the crop development is less than 365 days. Last, irrigation needs are computed following the methodology presented in the global irrigation model of Döll [2002]. According to this methodology, part of the precipitation percolates below the root zone or flows over the surface as runoff. The remaining part, namely the “effective” precipitation, is stored in the root zone and is used by the crop in order to partly cover its water needs. In order to determine the effective precipitation per wet day, monthly precipitation is spread over the wet days. With P the monthly precipitation and wd the wet day frequency of the month in days, the effective wd −1 precipitation per wet day Pef f in mm.day , is calculated at each grid point as: wd Pef f = P wd P P , if wd × 1 − 0.048 × wd < 8.3mm, P 4.17 + 0.1 × wd , otherwise. (4.4) Precipitation and wet day frequency under present conditions are provided by CRU. Wet day frequency is not in the CNRM monthly climatic model outputs. On that account, a linear relation is fitted on CRU data, linking precipitation and wet day frequency. The resulting correlation coeffi- 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 183 cients are used together with CNRM precipitation data in order to compute wet day frequency. A coefficient is computed for each month and grid cell. The difference between the crop water needs and effective precipitation corresponds to the irrigation water needs. For each localized crop c with nearest climatology grid point g and for each month m, with ph indexing growth stages occurring over a month, d(ph) the number of days of each growth stage ph in month m, ET0m the reference crop evapotranspiration for a day in m.s−1 , Kcph the crop coefficient for this phase and crop and Ac the c crop area in m2 , Irrigm monthly irrigation demand in m3 is: c Irrigm = (" X ph d(ph) × ET0m,g # × Kcph − wd,g Pef f ) × Ac × 1 γ (4.5) The γ parameter, which is set to 0.5, is an efficiency coefficient and is used to compute net irrigation requirements. This efficiency value is considered satisfactory for the Mediterranean region, in order to represent both salt leaching procedure realized with irrigation supplements which pond on the soil surface and is allowed to infiltrate, and some inefficient irrigation uses. For the Nile basin, however, the efficiency value is certainly too low since important amounts of water return to the river [Margat and Treyer, 2004]. 4.2.3 Determination of reservoir-demand links The purpose of the methodology presented next is to associate each demand to a unique reservoir. First, for each demand, many potential associations to reservoirs are determined. For each reservoir-demand couple, a least cost path is determined penalizing non gravitary moves on the path to the demand. Then, in order to obtain for each demand a set of potential links to reservoirs, associations with costs below a threshold are chosen (section 4.2.3.1). Networks with a unique reservoir associated to each demand are assessed in terms of the achieved total mean annual supply and average demand balance. Then, the network with the minimum total cost over all links is chosen among the feasible ones (section 4.2.3.2). 4.2.3.1 Potential Reservoir-Demand links The cost of a reservoir-demand link is computed by finding the least cost path using a cost function penalizing the distance from the river downstream of the reservoir to the demand and the altitude difference for each upward 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 184 movement along the path, thereby penalizing non gravitary movements. It is not possible to go upstream of the reservoir. The least cost path is selected. Then, each potential link to a reservoir is kept if its cost is lower than a threshold. Indexing reservoirs by r and demands by j, with dpath the covered disr,j tance along the examined path between the reservoir and demand node, up,path ∆Hr,j the altitude difference while moving upward along the path, costup the penalty coefficient associated to upward movements along the reservoirdemand path, the total cost Costr,j of the r, j link is: up,path Costr,j = min dpath + cost × ∆H up r,j r,j path (4.6) Then, with cthresh the maximum cost of potential associations between reservoirs and demands, links are selected if Costr,j ≤ cthresh . The penalty coefficient for upward movements along the path is set equal to 10000, implying that going up one meter is 10000 times more costly than moving horizontally 1 meter. The upper total cost threshold is set equal to 1600000. It is also considered that reservoirs are only associated to demands located in the same country. For North Africa 81% of the irrigated surfaces are potentially associated to reservoirs. In Algeria, 46% of irrigation localizations and 66% of irrigated surfaces are potentially associated to reservoirs. These rather high rates are considered to be satisfactory since many river tributaries are not permanent in the South Mediterrean bank, hence reservoirs are the main water sources for the satisfaction of demands localized in these arid zones like Nile. However, in several basins other water reservoirs not represented in the methodology exist, like snowpack, groundwater and hillside reservoirs, which may satisfy part of the localized demands. Even if they are not represented, it is implicitly considered that associations excluded by the cost threshold are covered by these natural water reservoirs. In the figures 4.1 and 4.2, the potential links are figured for the Eastern and Western part of Algeria. Algerian reservoirs-demands networks are validated in section 4.3. 4.2.3.2 Determination of the reservoir-demand network with one reservoir for each demand In this step, a reservoirs-demands network where each demand is linked to only one of its potentially associated reservoirs, is selected. Networks with a unique reservoir associated to a demand are first assessed in terms of the achieved mean annual supply and average demand balance over the network. 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 185 Figure 4.1: Potential (purple lines) and finally kept (black lines) reservoir-demand links in the Eastern part of Algeria with CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs and red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters. Latin numbers are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems where they belong 4.2 Determination of Reservoir-Demand links Figure 4.2: Potential (purple lines) and finally kept (black lines) reservoir-demand links in the Western part of Algeria with CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs and red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters. Latin numbers are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems where they belong 186 4.2 Determination of Reservoir-Demand links 187 Then, among the feasible configurations, the one with the minimum total cost over all the links is chosen. Demands are still indexed by j ∈ [1, ND ] and reservoirs by r ∈ [1, NR ]. Thanks to the methodology presented in the previous section, each demand is associated with a set of potential reservoirs, noted Pj for the demand j. The network of reservoirs is also available, and we note Ur the set of the r direct upstream reservoirs. Reservoirs and demands are grouped together in groups comprising all the reservoirs of reservoir networks in the group and all the demands potentially associated to the reservoirs, and those groups are processed independently. In a given group, with nD the number of demands in the group and nR the number of reservoirs in the group, the association of a demand to a unique reservoir is defined as a mapping A associating a reservoir to a demand when it is in the set of the demand potential reservoirs: A : [1, nD ] → [1, nR ] A(j) ∈ Pj Among the mappings that satisfy this condition, first, selection is done to keep only associations for which mean annual inflow covers mean annual demand. Starting from leaf reservoirs and progressing downstream, each mean annual demand can be covered by the mean annual inflow of its associated reservoir and residual inflow from upstream reservoirs. For a leaf reservoir, with I¯r its mean annual inflow, equal to the mean annual runoff R̄r arriving at the reservoir, and D̄j the mean annual value of demand j, the mean residual water volume available is: X V̄r = I¯r − D̄j (4.7) j∈A−1 ({r}) Progressing downwards, the same balance is used, adding the residual volume from upstream reservoirs. Thus, (4.7) is used with the inflow set to: X I¯r = R̄r + V̄u (4.8) u∈Ur If the residual volume of a reservoir in the group is negative, the association A is discarded. We note P the set of remaining associations. Lastly, only one association A∗ is kept, the one such that the total cost 4.2 Determination of Reservoir-Demand links is minimal: ∗ A = argmin A∈P nD X 188 CostA(j),j (4.9) j At the beginning of network examination, the mean runoff available for the reservoirs is based on the CNRM climatic model output as described in section 4.2.1. In case no feasible networks exist for the group, reservoirs runoff is increased with a multiplicative coefficient for all reservoirs in the ′ group: R̄ = α · R̄. The coefficient α is increased until a possible network is determined. In practice, these rules lead to combinatory explosion, and therefore some simplifications are done in order to have a numerically feasible problem. The first simplification is the grouping of demands that have the same potential reservoir associations. The second simplification is based on the removal of potential links that have a distance above a cost cutting criterion. After the removal of those potential links, the groups are determined again and the distances are cut further if the estimated computation time is still too high. Formally, as long as the estimated computation time is too long, for all demands j in the group, the set of potential reservoirs Pj is modified, with the new set of potential reservoirs, Pj′ , defined by: r ∈ Pj , Costr,j ≤ cn where cn , the cost cutting criterion follows an arithmetico-geometric sequence: 1 cn = n (c0 − 1) + 1 (4.10) 2 The result of this methodology is visible on figures 4.1 and 4.2 for the eastern and western parts of Algeria, where the potential links are in purple and the final links are in black. In most cases, the runoff had to be increased, sometime to very high values to find a match between reservoirs inflow and demands. As will be shown in section 4.3, the results are nevertheless broadly consistent with available data sources. Figure 4.3 offers a general overview of the code structure of ODDYCCEIA: data importation, reservoir network construction, climatologicalmeteorological and runoff data extraction, potential reservoirs-demands links definition, irrigation demand computation, final reservoirs-demands selection, system operation simulation/ optimization. GRASS GIS [GRASS-GIS, 2008] is used for the geographical analysis especially network and potential reservoir-demand association. Scilab [Consortium Scilab, 2011] is used for 4.2 Determination of Reservoir-Demand links Figure 4.3: Overview of the model implementation/ code structure 189 4.3 Qualitative Validation 190 irrigation demand computation and selection of networks with only one demand association to a reservoir. Lastly PERL code is used for data handling and GRASS support when shell scripting is not enough, and grads is used for runoff integration using masks and grid based runoff. Code is available on demand. 4.3 Qualitative Validation The methodology is initially applied on the Mediterranean region and a qualitative validation is done on Algeria. Data availability is an important criterion for the choice of the validation case study. On that account, a diversity of available data at the country level have facilitated a good understanding of the Algerian water resources status. For Algeria, data from the book of Pérennès [1993] thereafter noted [P93], AQUASTAT [2005] [A05], AQUASTAT Program [2007] [A07], Messahel and Benhafid [2004] [M05I], Messahel et al. [2005] [M05II], ICOLD [2003] [ICOLD], and the Algerian Ministry of Water Resources Ministère des Ressources en Eau Algérien [2007] [AMWR] have been used. These data sources provide information on reservoirs, demands, reservoir networks and demand-reservoir links. The Maghreb is a region of interest since, according to [P93], the region will have to face the serious challenge of feeding a growing population going from 25 to 100 million of inhabitants from the present to 2025, under the additional pressures of increased urbanization, erosion and a possible extension of the desert. The Maghreb area is characterized by irregular precipitations under two contrasted climatic influences (Sahara, Mediterranean) and limited agricultural land, hence dams and irrigated areas are considered as an important means of agricultural production increase. 4.3.1 Overview of the Algeria’s water resource and demand profile Algeria could regulate up to 9.5 km3 or even more if 4.9 km3 of groundwater are taken into account. Surface water comes mainly from Mediterranean basins, since endorheic and Saharian river basins have a small contribution. According to [P93], 6 km3 can be regulated. Groundwater potential is considerable (6.71 km3 ). It is mainly localized in Sahara in deep aquifers, however, hence extraction is very costly and not sustainable. There is also a contrast between the West, with many plains not watered enough with only one wadi, the Chelif wadi (1.54 km3 ) (wadi= an ephemeral riverbed, the runoff of which 4.3 Qualitative Validation 191 depends on precipitation and can remain dry for a long period of time), and the East, a mountainous region with the wadis Kebir Rhummel (0.91 km3 ), Soummam (0.7 km3 ), coastal Constantinois (3.25 km3 ) and Isser (0.52 km3 ). Hence, water is missing in the West, while some is not used in the East [P93]. Surface water potentially mobilized during nineties were 5.703 km3 , while according to Inesg (Institut National d’étude de stratégie globale, cited in [P93]), globally exploitable resources were, in the late eighties 1.5 km3 and 1.4 km3 , in 2000 could be 3 km3 and 1.6 km3 , and in 2025 will be 4.7 km3 and 1.6 km3 , for surface and groundwater respectively according to the minimum hypothesis on global exploitation ([P93]). According to [M05I], today’s Algeria potential per year is 14 km3 in the North and 5.2 km3 in the Saharan region. A first generation of reservoirs were constructed between 1850 and 1894 mainly to respond to the increasing drinking water demands, with some of them still in use today, while Djidiouia, Tletat and Magoum reservoirs have been decommissioned [P93]. In the 1920s, 20 dams were planned to be constructed although only 9 were constructed between 1926 and 1945. In general, reservoirs of the twenties were not very big with the exception of Ghrib and Oued Fodda. Hence only a small part of the national surface water potential was used. In Algeria there are two types of irrigation areas, with Big Irrigated Perimeters (BIP, “Grand Perimetre Irrigue”) which are in general satisfied by reservoirs releases, and Small and Medium Hydraulics (SMH, “Petite et Moyenne Hydraulique”) which, according to [A05], are linked to hillside dams (5%), sources (2%), drilling (44%) and wells (49%) (table 4.4). In 1935, seven Big Hydraulic Perimeters were defined: middle Chelif (Oued Fodda) with 25386 ha, Hamiz (Hamiz) with 18470 ha, low Chelif (Charon) with 27700 ha, high Chelif (Ghrib) with 20260 ha, Mina (Bakhadda) with 13467 ha and Sig (Sarno-Cheurfas) with 8666 ha. Medium hydraulic zones were also defined with a total extent of 45000 ha, which mainly contain irrigation perimeters namely Ksob, Zardezas, Maghnia, Foum El Gueiss, Foum El Guerza. In Algeria, in general, networks were realized with an important delay (delay in facilities realization, start of operation). According to the reports made by the technical services during the sixties, this delay was due to available flow reduction during fifties from 812 to 530 hm3 , reservoir high sedimentation rate from the thirties to the sixties (Ghrib from 280 to 179 hm3, Fodda from 228 to 135 hm3 ), urban withdrawals and network losses at the farm level. Finally, only 70% of the Big Hydraulic Perimeters, were equipped and overall only 45000 ha were irrigated between mid forties and sixties. During the eighties, with the aim to organize the after oil period, priority 4.3 Qualitative Validation 192 were given to hydraulics in order to counterbalance delay since only three reservoirs were built between 1962-80, irrigated areas were regressing and shortage appeared in urban areas. Further, in Algeria the objective was to increase irrigated land from 282000 ha to 827000 ha in 20 years starting from the end of eighties. For this purpose, 65 barrages in the North (3 per year) and 50000 m of linear for drilling in the South, were planned. A diversity of information on reservoirs and irrigated areas are provided by [P93], [A05], [A07], [M05I], [M05II], [ICOLD] and [AMWR]. According to [P93] before 1962 14 reservoirs were constructed, between 1963-1979 8, between 1980-88 14, and during nineties 12, hence a total of 48 reservoirs. In [A05] 48 reservoirs are listed, 31 being used for irrigation which represents 65% of 6074 hm3 withdrawn in 2000. According to [M05I], 50 reservoirs are constructed, 16 are under construction, 63 are under study and 400 hillside dams are under operation. [AMWR] lists 56 reservoirs under study, 14 under construction and 58 under operation. In [ICOLD] 114 reservoirs are registered, with 102 serving irrigation purposes. In this database, it is not specified whether the construction of all of these reservoirs is completed and whether all the reservoirs are operating. Hence, from the comparison of the given reservoir numbers, the number of constructed and under operation reservoirs is probably more close to fifty, thus the number given by [ICOLD] likely includes reservoirs under construction. Overall [A05] considers that 569418 ha (149860+363508+56050), for BIP, SMH and spate areas respectively) are irrigated, data used in the present study through GMIA. In contrast, according to [M05I] the total irrigated land at the country level is 420000 ha, according to [M05II] 650000 ha, and [AMWR] 1 million ha. As seen from the table 4.4, various definitions are used for the irrigation areas. The “potential”, “equipped”, “irrigable”, “irrigated” areas are generally used in order to define the Big Irrigated Perimeters. Since this type of irrigation areas extend over a wide region, there might be a difference in the rate of irrigation equipment over this region, hence a difference exist between the potentially and finally irrigated land (table 4.4). For the Small and Medium Hydraulics, data are given on the “irrigated” land only according to [A05], although it is unclear what this really covers. The projected value of irrigated land cited by [P93] for the year 2010 listed in the table 4.4 concerns only the Northern part of Algeria. Table 4.5 shows the area per province equipped for irrigation according to Siebert et al. [2005] used in the present study, as well as the irrigated land of SMH and the equipped and irrigable land of BIP per province, provided by [M05II]. Comparing the values of irrigated land per province given by Siebert et al. [2005] and [M05II], one can notice that differences may be substantial: 4.3 Qualitative Validation 193 Table 4.4: Area extents (in ha). The value of 419558 ha, according to [A05], corresponds to the sum of SMH area and spate (inundated) irrigation areas. Data Source [P 93] [P 93] [A05] [A05] [M 05I] [M 05I] [M 05II] [M 05II] [AM W R] [AM W R] Year 1990 2010 2001 2001 2005 2005 2003 2003 2007 2007 Area Type BIP BIP BIP SMH BIP SMH BIP SMH BIP SMH Potential 1300000 500000 - Equipped 145120 149860 177000 173350 212918 - Irrigable 113350 765000 100300 419558 100000 380000 103200 612289 - Irrigated 36181 476000 33763 40000 40000 43718 889036 for instance, for the Illizi province the value given by Siebert et al. [2005] is only 2% of the value given by [M05II], while for the Saida province the Siebert et al. [2005] value is 5 times greater. In general, localization and extent of irrigated areas provided by Siebert et al. [2005] are consistent with the mapping of areas illustrated in [M05I]. List of reservoirs, with various informations are provided by all data sources. In the present study they are localized and corresponding data, such as the storage capacity, are taken from [A07], which uses among other data sources [ICOLD] data, and provides shapefiles. From this list only reservoirs located in Mediterranean river basins are taken. Some differences can be seen in the reservoirs listed in the data sources: some dams are only listed in [P93] like Koudiat Affrem, or in [M05I] like Zhor, or in both but not in other sources like Hericha. These could be planned reservoirs in the past or doomed reservoirs due to sedimentation. Some are only listed by [AMWR] and [P93] like Pr. Harbil, or [AMWR] and [M05I] like K.Rosfa, likely referring to secondary/smaller reservoirs in operation. Other reservoirs are not listed by [ICOLD] like Sarno, or [ICOLD] and [AMWR] like Souani, certainly referring to very small or out of operation reservoirs. Others are not cited by [A07] and [P93] like O Cherf, or [ICOLD] like Zit Emba, or [AMWR] like Kt Acerdoune, referring to recent not yet used projects. Other reservoirs are missing only in the list provided by [A07] like Ben Harroun, or by [AMWR] like Ighil Emda, refer to new reservoirs. Finally, others listed only by [A07] 4.3 Qualitative Validation 194 Table 4.5: Irrigated land per province, values in ha. “i.a.” stands for irrigated area, “eq.a.” for equipped area for BIP, “ir.a.” for irrigable area for BIP Province Skikda Annaba El Tarf Jijel Boumerdes Tizi Ouzou Bejaia Alger Tipaza Guelma Blida Bouira Mila Constantine Setif Chlef Souk Ahras Medea Ain Defla Bordj Bou Arreridj Mostaganem Relizane Oum el Bouaghi M’Sila Tissemsilt Tebessa Batna Oran Djelfa Mascara Tiaret Khenchela Ain Temouchent Sidi Bel Abbes Tlemcen Biskra Saida Laghouat El Oued El Bayadh Naama Ouargla Ghardaia Bechar Adrar Illizi Tindouf Tamanghasset Aquastat i.a. 6810 2374 18319 1024 14625 5353 9155 564 17396 2947 44747 11929 5501 3109 8570 37351 5997 5633 17339 5290 20821 32640 13481 20434 4401 4016 13200 4829 1755 33746 10379 5540 1013 10195 22620 65382 16304 3654 11092 1524 930 8847 6022 6898 23000 22 33 4000 [M05II] i.a. 10200 1974 10050 5873 8654 5628 6600 14583 11072 9244 23005 2983 7298 1944 11391 14769 3415 7318 26880 5200 21500 10035 6853 31550 5710 11707 19829 5326 17543 8006 14966 20358 3620 5110 18549 76726 2975 17782 45212 5130 3900 18934 13090 8840 23835 1270 421 7432 [M05II] eq.a. 16500 17000 3700 3500 8600 8600 3800 21800 20200 32100 5000 27800 5100 2850 5400 - [M05II] ir.a. 14800 12000 2000 2000 7500 7500 3400 10000 16000 10000 4000 11000 4000 2000 4500 - BIP Name Bounamoussa Hamiz Isser Sebaou Soummam Mitidja Mitdja Arribs, M’chedellah M.Cheliff H.Cheliff L.Cheliff, Mina K’sob Habra, Sig Maghnia Ain Skhouna Abadla - 4.3 Qualitative Validation 195 and [P93] like H. Meskoutine may be referring to reservoirs with changed names. Based on coordinates given by [A07], 35 reservoirs are located. The relocalization rule which performs well in most cases, in case small and important river tributaries are close, has the tendency to relocate a reservoir localized on the small tributary to the important one. This is the case for one reservoir in an Algerian Mediterranean basin (Boughzoul reservoir). 7 reservoirs endorheic or Saharan (Babar, Djorf Torba, Brezina, Fontaines des Gazelles, Foum El Gherza, Foum El Gueiss, Ksob) are not studied since the focus is on Mediterranean basins. The comparison above shows that additional reservoirs could be located since they are currently operating (ex. Ben Zid, Deurdeur, H. Boughrara, Boukourdane, Taksebt, Zit Emba, Sikkak, SMB Taiba, Tilesdit, Tichy Haf). 4.3.2 Reconstructed reservoirs networks and reservoirdemand links using ODDYCCEIA methodology Using the methodology presented in this paper, 13 reservoir networks are defined. The reservoirs of each network according to ODDYCCEIA results are linked to various irrigation perimeters. The produced reservoir-demand links and their comparison with the information given by various data sources, are presented next. The latin numbers correspond to reservoir systems while arabic numbers correspond to individual dams in each system. I) Souani (1), Meffrouch (2), Sidi Abdelli (3), Beni Bahdel (4): Comparing the resulting map using the methodology presented in this paper with the satellite images accessed through “Google Map”, the coordinates of Souani reservoir, as provided by [A07], seem erroneous since the reservoir falls on the localization of H. Boughrara reservoir, not listed in [A07]. The correct localization, as seen on the satellite images, should be more in the northwest. Meffrouch reservoir is also wrongly localized in the northwest of its correct localization seen on satellite images, not far from the Sikkak reservoir not listed in [A07]. Sidi Abdelli and Beni Bahdel reservoirs, as well as Souani and Meffrouch reservoirs, with their erroneous and correct localizations, are within the Tlemcen province. Souani is an irrigation purpose reservoir according to [A07]. It is linked to a small part of Maghnia irrigation perimeter and Tafna Isser perimeter, according to ODDYCCEIA. Meffrouch, Sidi Abdelli and Beni Bahdel are irrigation and water supply reservoirs according to [A07] and [ICOLD], while for [AMWR], they are only supply reservoirs. In ODDYCCEIA, the three 4.3 Qualitative Validation 196 Figure 4.4: Reservoir Networks in the Eastern part of Algeria obtained using CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs, red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters areas, and black lines are the finally kept links. Latin letters are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems they belong to 4.3 Qualitative Validation Figure 4.5: Reservoir Networks in the Western part of Algeria obtained using CNRM climatic model outputs. Purple triangles represent reservoirs, red dots correspond to irrigation points, the size of which increase with the size of the irrigated crops perimeters areas, and black lines are the finally kept links. Latin letters are the labels of the reservoir systems and arabic numbers correspond to the labels of the reservoirs in the systems they belong to 197 4.3 Qualitative Validation Figure 4.6: Initial (black triangles) and corrected (red dots) localizations of Algerian reservoirs 198 4.3 Qualitative Validation 199 reservoirs are linked to Maghnia irrigation perimeter. According to [AMWR], Maghnia irrigation perimeter is only supplied by Beni Bahdel reservoir. ODDYCCEIA reproduces this link, however it associates to the perimeter Souani and Meffrouch reservoirs, probably because of their erroneous localization. For [M05II] the Tlemcen province which contains Maghnia and Tafna Isser irrigation perimeters, is supplied by 7 reservoirs, hillside reservoirs, wells and direct extraction from rivers which may be assisted by the reservoirs releases. Hence, there is a difference between the 7 reservoirs in [M05II] and the reservoir in [AMWR]. The reservoirs number in [A07] and thus, in ODDYCCEIA, seems to be closer to [M05II]. Consistency of ODDYCCEIA with [AMWR] is only partial since, four reservoirs are associated to Maghnia irrigation perimeter instead of one, from which two are erroneously localized. II) Cheurfas (1), Fergoug (2), Bou Hanifia (3), Ouizert (4): The positioning given by [A07] is in accordance with the satellite images accessed through “Google Maps” for Cheurfas, Fergoug and Bou Hanifia reservoirs placed in the Mascara province. This is not the case for the Ouizert reservoir which, as seen on the satellite images, is located more in the south of the location given by [A07]. With the correct localization Ouizert reservoir would have remained in Mascara province. Also, Fergoug reservoir has a double, Erraguene reservoir, because in [A07] Erraguene is erroneously placed at the location of Fergoug reservoir. According to [A07], [AMWR] and [ICOLD] Cheurfas is an irrigation reservoir. In ODDYCCEIA, Cheurfas reservoir is linked to Sig and Mleta irrigation perimeters. Bou Hanifia is a multipurpose (supply, irrigation) reservoir according to [A07] and [ICOLD], and transfers water to Fergoug reservoir according to [AMWR]. In ODDYCCEIA, it is also linked to Sig and Mleta irrigation perimeters. Ouizert is a multipurpose reservoir according to [A07], while for [ICOLD] it is only a supply reservoir and for [AMWR] it transfers water to Bou Hanifia reservoir. In ODDYCCEIA, Ouizert reservoir is linked to Sig irrigation perimeter. Last, Fergoug is a multipurpose reservoir according to [A07], [ICOLD] and [AMWR]. In ODDYCCEIA it is linked to Habra irrigation perimeter. Sarno reservoir should have also been included in this system, however with the erroneous coordinates provided by [A07], it is included in system III (see below more on Sarno). According to [AMWR], Sig irrigation perimeter is linked to Cheurfas reservoir. Hence ODDYCCEIA reproduces this link, however it associates two more upstream reservoirs to the perimeter. Habra irrigation perimeter is linked to Bou Hanifia, Ouizert and Fergoug reservoirs for [AMWR]. ODDYCCEIA reproduces the link of Habra perimeter with Fergoug reser- 4.3 Qualitative Validation 200 voir, however ODDYCCEIA associates also reservoirs of the system III (see below) to the perimeter, links which do not exist for [AMWR]. The fact that Ouizert reservoir is erroneously linked to Sig perimeter and is missing from the links of Habra perimeter may be related to its wrong localization. ODDYCCEIA manages to reproduce the links of Sig and Habra irrigation perimeters, however for [M05II], Mascara province which contains Sig and Habra irrigation perimeters is only supplied by wells and drilling, and reservoirs are not listed as —at least direct— supply sources. Hence, there is a difference between ODDYCCEIA and [M05II]. Information on Mleta irrigation perimeter is not provided by [AMWR]. According to [M05II], the Oran province, which contains Mleta irrigation perimeter, is supplied by drilling, wells, and sources. Reservoirs are not mentioned which is in contrast with ODDYCCEIA which associates Cheurfas and Bou Hanifia reservoirs to Mleta perimeter. Overall, ODDYCCEIA results are still more consistent with the data provided by [AMWR]. III) SMB Aouda (1), Sarno (2), Bakhadda (3), Dahmouni (4), Col. Bougara (5), Gargar (6), Merdja Sidi Abed (7), Sidi Yacoud (8, probably called Sly), Oued Fodda (9), Harreza (10), Ghrib (11), Boughzoul (12): In terms of localization, comparing with “Google Maps” satellite images, [A07] provides an erroneous localization for Sarno reservoir, which should be localized more in the west. With the correct localization, it moves from the Mascara to the Sidi Ben Abes province, and it should have been part of the system I. SMB Aouda and Bakhadda reservoirs are correctly located in Relizane and Tiaret provinces respectively. Merdja Sidi Abed reservoir, as also seen on the satellite images, seems to be erroneously located next to Gargar reservoir while its correct position is more in the North. With the correct localization, Merdja Sidi Abed reservoir remains in the Relizane province. Gargar reservoir is also correctly located in the Relizane province. Sarno is a multipurpose reservoir according to [A07], while according to [AMWR] it is a supply reservoir only. Since Sarno reservoir is erroneously localized, its link with Mina irrigation perimeter, as produced by ODDYCCEIA, is not correct. SMB Aouda is a multipurpose reservoir according to [A07], [ICOLD] and [AMWR]. Bakhadda is also a multipurpose reservoir ([A07],[ICOLD]), while for [AMWR] it is only a supply reservoir. Both SMB Aouda and Bakhadda reservoirs, in ODDYCCEIA, are linked to a small part of Habra, Mina and Low Cheliff irrigation perimeters. Merdja Sidi Abed is an irrigation reservoir according to [A07] and [AMWR]. In ODDYCCEIA, Merdja Sidi Abed reservoir is indirectly linked, through an intersection, to Low Cheliff irrigation perimeter. Gargar is an irrigation reservoir for [A07] 4.3 Qualitative Validation 201 and [M05II] and a multipurpose reservoir for [ICOLD] and [AMWR]. It is linked to Low and Mide Cheliff irrigation perimeters according to ODDYCCEIA. According to [AMWR], Mina perimeter is only linked to SMB Aouda reservoir. This link is reproduced by ODDYCCEIA, however it associates to the perimeter two other reservoirs among which Sarno reservoir, located into the wrong basin. For [AMWR], as mentioned in the system I, the links of Habra irrigation perimeter with SMB Aouda and Bakhadda reservoirs do not exist, since the perimeter is only associated to reservoirs of the previous system. Also, according to [AMWR], Low Cheliff irrigation perimeter is linked to Merdja Sidi Abed and Gargar reservoirs. Since Merdja Sidi Abed reservoir is located by [A07] not very far from its correct position, ODDYCCEIA manages to reproduce the link of the reservoir with the Low Cheliff perimeter. Hence, among the four reconstructed links by ODDYCCEIA for the Low Cheliff irrigation perimeter, two correspond to the links cited by [AMWR]. In contrast, for [M05II], Relizane province, which contains Mina and Low Cheliff irrigation perimeters, is supplied by drilling, wells, river abstractions and sources, and reservoirs are not listed as direct supply sources. On that account, ODDYCCEIA, even if it associates three reservoirs instead of one to Mina perimeter, four reservoirs instead of two to Low Cheliff perimeter and three instead of one reservoir to Habra perimeter, is more consistent with [AMWR], than with [M05II] in which no reservoirs are listed. Dahmouni reservoir is located in the Tiaret province. Comparing with satellite images, Bougara reservoir seems to be located in the east. Harreza reservoir, probably also called Ouled Mellouk, as seen on the satellite images should also be located more in the east. For both reservoirs, correct localizations are certainly not very far from the localizations provided by [A07], hence Bougara reservoir stays within the Tiaret province and Harreza reservoir within the Ain Defla province. Sidi Yacoub and Oued Fodda reservoirs are correctly located in Chlef province. Last Ghrib reservoir is located in the Ain Defla province and Boughzoul reservoir in the Medea province. Dahmouni is an irrigation reservoir according to all sources. In ODDYCCEIA, it is linked to Mide and High Cheliff and part of Bougara irrigation perimeters. Col. Bougara reservoir is an irrigation reservoir according to [A07],[M05II] and [AMWR], and for [ICOLD] it is a multipurpose reservoir. According to ODDYCCEIA, Bougara reservoir is linked to Bougara irrigation perimeter. Harreza is an irrigation reservoir according to all sources. In ODDYCCEIA, Harreza reservoir is linked to High Cheliff irrigation perimeter. Sidi Yacoud is an irrigation reservoir according to [A07], while it is a multipurpose reservoir according to [AMWR] and [ICOLD]. It is linked to 4.3 Qualitative Validation 202 Mide Cheliff irrigation perimeter, according to ODDYCCEIA. Oued Fodda is an irrigation reservoir according to all sources. In ODDYCCEIA it is linked to Amra and Mide Cheliff irrigation perimeters. Ghrib reservoir is an irrigation reservoir according to [A07], multipurpose according to [M05II] and [AMWR], or supply, irrigation and hydropower according to [ICOLD]. According to ODDYCCEIA, it is linked to Mide and High Cheliff and Amra irrigation perimeters. Finally, Boughzoul is an irrigation reservoir according to [A07], for [AMWR] it transfers water to Ghrib reservoir, and for [ICOLD] it is an irrigation and flood control reservoir. In ODDYCCEIA it is not linked to any demand. According to [AMWR] Mide Cheliff perimeter is linked to Sidi Yacoud and Oued Fodda reservoirs. ODDYCCEIA reproduces these links however it associates three more reservoirs which are correctly localized, Gargar, Dahmouni and Ghrib to the perimeter, links which for [AMWR] do not exist. For [M05II], the Chlef province, which contains Mide Cheliff irrigation perimeter is supplied by all types of supply nodes except reservoirs. Hence, for the Mide Cheliff perimeter, ODDYCCEIA is more consistent with [AMWR]. High Cheliff irrigation perimeter is linked to Ghrib and Deurdeur reservoirs according [AMWR]. ODDYCEIA reproduces the link to Ghrib reservoir, but not to Deurdeur since this reservoir is not in [A07]. It also associates Dahmouni and Harreza reservoirs to the perimeter, links which are not listed by [AMWR]. Concerning Amra irrigation perimeter neither the link to Oued Fodda reservoir or the link to Ghrib reservoir are valid for [AMWR], since according to this source the perimeter is only linked to SMB Taiba reservoir which is not present in [A07]. [M05II] gives yet another picture since the Ain Defla province, which contains High Cheliff and Amra irrigation perimeters, is linked to all supply sources but reservoirs. Hence for High Cheliff perimeter ODDYCCEIA is more consistent with [AMWR], while the links defined by ODDYCCEIA for Amra perimeter are not in accordance with any data source. Last, Bougara irrigation perimeter is linked to Bougara reservoir according to [AMWR]. With the [A07] coordinates, Bougara reservoir is not located very far from its correct location and ODDYCCEIA reproduces this link. Also, as for many other perimeters cited above, ODDYCCEIA associates one more reservoir to this perimeter, which is not in agreement with [AMWR]. In addition ODDYCCEIA, certainly wrongly associates the reservoir to remote small irrigation perimeters. On the other hand, for [M05II], Tiaret province which contains C. Bougara irrigation perimeter, is supplied by hillside reservoirs, drilling, wells, river abstractions and sources, hence reservoirs are not mentioned as (direct) supply nodes. On that account, 4.3 Qualitative Validation 203 ODDYCCEIA is, again, more consistent with [AMWR]. However, the inconsistency of ODDYCCEIA with [M05II] is not as obvious as it would seem at first. Indeed, reservoirs are not cited as direct supply sources by [M05II], but river abstractions are, and these abstractions may be possible thanks to water releases made by upstream reservoirs. Informations on reservoir releases made for downstream river flow maintenance and on the localisation and amount of river abstractions are not available. On that account, even if in fact a reservoir is indirectly associated to a downstream irrigation perimeter, such a link reconstructed by ODDYCCEIA can not be validated. Also, in ODDYCCEIA water transfers between reservoirs, like the transfer from the Boughzoul to the Ghrib reservoir, are not represented. According to ODDYCCEIA results, Boughzoul reservoir is not associated to any demand, while Ghrib reservoir is linked to demands. However, Boughzoul reservoir is upstream from Ghrib, hence, it can be considered that Ghrib reservoir captures all the inflow of both reservoirs. Therefore this transfer is present in ODDYCCEIA through the reservoirs network. IV) Meurad (1), Hamiz (2): On the basis of “Google Map” satellite images, Meurad reservoir, with the localization provided by [A07], is located on Boukerdane reservoir, while it should be placed more in the south. With both localizations, Meurad reservoir is located in Tipaza province. Also, Hamiz reservoir, according to [A07], is located on Meurad reservoir, while according to “Google map” images, it is placed in the northeast next to Keddara reservoir. With the correct coordinates Hamiz reservoir moves from the Tipaza to the Blida province. Meurad is an irrigation reservoir according to [A07]. Following ODDYCCEIA results, Meurad reservoir is linked to a small part of Sahel Algerois Ouest irrigation perimeter and a small part of Mitidja perimeter. Hamiz is an irrigation reservoir for [A07] and [AMWR], it is a multipurpose reservoir for [ICOLD] and transfers water to Keddara reservoir according to [AMWR]. According to ODDYCCEIA, Hamiz reservoir is linked to Hamiz, Mitidja and a part of Isser Algerois irrigation perimeters. According to [AMWR], Sahel Algerois Ouest perimeter is linked to Boukerdane reservoir (not present in [A07]), Hamiz perimeter to Hamiz reservoir and for Mitidja irrigation perimeter, neither Meurad or Hamiz reservoirs are among its associated reservoirs (see below more on Mitidja). Further, Hamiz reservoir is supposed to transfer water to Keddara reservoir, according to [AMWR]. Keddara reservoir, according to ODDYCCEIA, is linked to Soummam irrigation perimeter (see more in system VI). Even if transfers between reservoirs are not represented yet in ODDYCCEIA, the methodology could 4.3 Qualitative Validation 204 reproduce a link between Hamiz reservoir and Soummam irrigation perimeter, i.e. an indirect link between Hamiz and Keddara reservoirs, however this is not the case, maybe because Hamiz is wrongly localized. Although ODDYCCEIA reproduces the link to the Hamiz perimeter, is not fully consistent with [AMWR] since it associates to Sahel Algerois and Mitidja perimeters Meurad and Hamiz reservoirs which should not be linked to them and do not associate Hamiz and Mitidja irrigation perimeters to Bouroumi reservoir (see more in system V). These issues may be related to the erroneous location of Hamiz reservoir, since in reality it should be near Keddara reservoir. [M05II] gives, however, another picture of the situation since the province Alger Boumerdes which contains Hamiz and Isser irrigation perimeters is linked to 3 reservoirs, as well as hillside reservoirs, drilling, wells and sources. Also, Tipaza province, which contains Sahel Algerois perimeter is linked to one reservoir, as well as hillside reservoirs, drilling, wells, sources and direct river abstractions. According to ODDYCCEIA results, the perimeters of Alger Boumerdes province are linked to two reservoirs Hamiz and Bouroumi (presented in the following reservoir system) and the perimeter of Tipaza province to one reservoir. Hence, despite the localization problems, reservoir numbers according to ODDYCCEIA are close to the numbers given by [M05II]. Hence ODDYCCEIA results are more consistent with [M05II], compared to [AMWR]. V) Bouroumi (1): Bouroumi reservoir is located in Ain Defla province. It is an irrigation reservoir according to [A07] and [ICOLD], while according to [AMWR] is a multipurpose reservoir. According to ODDYCEIA results, it is linked to Hamiz and Mitidja irrigation perimeters. However, as mentioned in the previous system, according to [AMWR], Hamiz perimeter is not linked to Bouroumi. Nevertheless, according to [AMWR], Mitidja perimeter is in fact associated to Bouroumi, and also to Boukerdane (not present in [A07]). In contrast, for [M05II], Blida province which contains the Mitidja irrigation perimeter, is linked to hillside reservoirs, drilling, wells, river extractions and sources, but no reservoirs are mentioned. Hamiz reservoir is correctly located in this province, however for [AMWR] is wrongly linked to Mitidja perimeter. Hence, ODDYCCEIA is partly in line with [AMWR], since it reproduces the link to Mitidja perimeter, despite the fact that reservoirs of the previous system are also erroneously linked to this perimeter. It may also be in accordance with [M05II], if the mentioned river abstractions are maintained by reservoir releases. VI) Ladrat (1), Keddara (2): 4.3 Qualitative Validation 205 According to the satellite images from “Google Map”, Ladrat reservoir should be located more in the southeast. Even with the correct coordinates it stays in the Medea province. Keddara reservoir, with the relocalization rule moves from Boumerdes to Blida province. Ladrat is an irrigation reservoir according to [A07], [ICOLD] and [AMWR]. According to ODDYCCEIA, Ladrat, wrongly located, reservoir is linked to local demand and Arribs irrigation perimeter. Keddara reservoir is a supply reservoir according to [A07], [AMWR] and [ICOLD]. It is linked to Soummam irrigation perimeter, according to ODDYCCEIA. According to [AMWR], Arribs perimeter is supplied by Lekhal reservoir (see below more on Lekhal), hence the link reproduced by ODDYCCEIA between the wrongly located Ladrat reservoir and Arribs irrigation perimeter is not consistent with this source. For Soummam irrigation perimeter data are not given by [AMWR]. As mentioned in [M05II], Bouira province, which contains Arribs as well as M’chedellah (see below more on M’chedellah) irrigation perimeters, is supplied by one reservoir in addition to all the other sources. Referring to ODDYCCEIA results, Arribs perimeter is linked to two reservoirs Ladrat and Lekhal. The difference between ODDYCCEIA and [M05II] reservoir numbers, may be related to the erroneous localization of Ladrat reservoir. Also for [M05II], Bejaia province, which contains Soummam irrigation perimeter (see in system VIII more on Soummam), is not directly supplied by a reservoir. According to ODDYCCEIA results, Bejaia province’s perimeter is linked to two reservoirs Keddara and Ain Zada (more on Ain Zada below). Hence, beside the localization problems, there are differences in reservoir numbers between ODDYCCEIA and [M05II]. VII) Lekhal (1), Ain Zada (2): According to “Google Maps” satellite images, Ain Zada reservoir should be located more in the southeast compared to the localization given by [A07]. With the correct localization it moves from the Setif to the BB Arreridj province. Lekhal reservoir is correctly located in Bouira province. Lekhal reservoir is a multipurpose reservoir according to [A07], [ICOLD] and [AMWR]. According to ODDYCCEIA results, Lekhal is linked to local demand, Arribs and Mchedellah irrigation perimeters. Ain Zada reservoir is a multipurpose reservoir according to [A07] and [ICOLD], while for [AMWR] it is only a supply reservoir. Ain Zada, according to ODDYCCEIA results, is linked to Soumamm irrigation perimeter. Information on reservoirs linked to Soummam perimeter is not available in any data source, however since Ain Zada is erroneously located in [A07], its association, according to ODDYCCEIA, to Soumamm perimeter is certainly wrong. Consequently, ODDYCCEIA is consistent with [AMWR], since it reproduces the link to Arribs 4.3 Qualitative Validation 206 irrigation perimeter, even if Ladrat reservoir from the previous system is also linked to Arribs. In contrast, as mentioned in the previous system, there is a difference between the reservoir numbers given by ODDYCCEIA and [M05II] for Bouira and Bejaia provinces where Arribs and Mchedellah, and Soummam, irrigation perimeters are respectively located. In the present study, Saharian basins are not analysed, but one can notice that Ksob reservoir seems to be associated to irrigation areas nearby the reservoirs of the system VII. This seems quite a long transfer, and according to [AMWR] this reservoir is linked to another irrigation perimeter next to it. VIII) Ighil Emba (1): Ighil Emba reservoir is an hydropower reservoir according to [A07] and [ICOLD]. It is located in Bejaia province. According to ODDYCCEIA results, it is linked to local demand. This demand is located in Bejaia province where also previously cited Arribs and Mchedellah irrigation perimeters are located. However, as mentioned in system VI, for [M05II] this province is not directly supplied by reservoirs but only hillside reservoirs, drilling, wells, river abstractions probably supported by reservoirs releases and sources. In the current version of ODDYCCEIA, hydropower purpose and operation is not represented, hence, even if Ighil Emba only purpose is hydropower, it is associated to an irrigation perimeter. IX) El Agrem (1): El Agrem reservoir, with the coordinates provided by [A07] is erroneously placed, since when comparing to satellite images of “Google Map”, it seems to be located more in the south. With both localizations the reservoir remains in Jijel province. El Agrem is an irrigation reservoir according to [A07], a supply reservoir according to [AMWR], and for [ICOLD] it is a multipurpose reservoir. According to ODDYCCEIA, it is linked to local demand. Following [M05II], Jijel province, where this local perimeter is probably placed, is linked to 5 reservoirs plus hillside reservoirs, drilling, wells, direct abstractions and sources. This number is in contrast with ODDYCCEIA results, since only El Agrem reservoir, which is erroneously located, is linked to the irrigation perimeter of this province. Consequently, ODDYCCEIA results are not consistent with the data source, probably because of the wrong localization of the reservoir and maybe because other reservoirs are not in [A07]. X) H. Grouz (1): Hammam Grouz reservoir is a supply reservoir according to all sources ([A07], [AMWR], [ICOLD]). It is correctly located in Mila province. According to ODDYCCEIA results, Hammam Grouz is linked to local demand. For [M05II], Mila province, which contains this local demand as well as Mila 4.3 Qualitative Validation 207 irrigation perimeter (see below more on Mila), is supplied by drillings, wells, river abstractions, and sources, however reservoirs are not cited as direct supply source. River abstractions may be supported by reservoirs releases, for instance from Hammam Grouz, however since it is not mentioned in [M05II], consistency of ODDYCCEIA results with data source is not obvious. The same situation was described above for Ighil Emba reservoir. Also, as seen for Ighil Emba reservoir, even if H. Grouz is only a supply reservoir, it is associated to an irrigation perimeter, since domestic water use is not represented in ODDYCCEIA. XI) Guenitra (1), Zardezas (2), Meskourdine (3) From“Google maps”satellite images it can be seen that Guenitra reservoir with the localization provided by [A07] is wrongly placed, since it falls on Zardezas reservoir. In reality, according to the satellite images, it seems to be located more in the northwest. Even with the correct localization, Guenitra reservoir remains in the Skikda province. Also the coordinates of the Zardezas reservoir given by [A07] seem to be wrong, since it is placed in the south of its correct position which is taken by Guenitra reservoir. From the satellite images the wrong position of Zardezas reservoir does not seem to correspond to another reservoir. Zardezas reservoir, with the correct localization moves from the Constantine to Skikda province. Meskourdine reservoir is correctly placed in Guelma province. Guenitra reservoir is a multipurpose reservoir according to [A07], [ICOLD] and [AMWR]. At the Zardezas reservoir localization, it is linked to Saf Saf irrigation perimeter, according to ODDYCCEIA results. Zardezas reservoir is also a multipurpose reservoir for all sources. Last, Meskourdine reservoir, probably called also H. Debagh, is an irrigation reservoir according to [A07]. It is linked, according to ODDYCCEIA results, to Saf Saf, Zit Emba, Bounamoussa and Guelma irrigation perimeters. According to [AMWR], Saf Saf irrigation perimeter is supplied by Guenitra and Zardezas reservoirs. ODDYCCEIA reproduces these links. ODDYCCEIA also associates Meskourdine reservoir to the Saf Saf perimeter, however, this link does not exist for [AMWR]. Zit Emba irrigation perimeter is linked according to ODDYCCEIA results to Meskourdine reservoir, however this association does not exist according to [AMWR]. For this data source, Zit Emba perimeter is linked to Zit Emba reservoir which is not listed in [A07] hence not used in the present study. [AMWR] is the only precise data source for Saf Saf and Zit Emba irrigation perimeters, since in [M05II], Skikda province which contains both irrigation perimeters, is supplied not only by hillside reservoirs, drilling, wells and river abstractions, but also reservoirs however their number is not specified. [AMWR] does not provide any in- 4.3 Qualitative Validation 208 formation on Mila irrigation perimeter. The only information available is provided by [M05II], according to which Mila province where Mila irrigation perimeter is located, is not, at least directly, linked to reservoirs. According to [AMWR], Guelma irrigation perimeter is linked to H. Debagh reservoir which is probably also called Meskourdine. As it is mentioned for system XIII below, [M05II] is in accordance with [AMWR], since Guelma province which contains Guelma irrigation perimeter, is supplied by one reservoir. Hence, ODDYCCEIA results are in accordance with both data sources for Guelma perimeter. Last, as it is discussed for systems XII and XIII below, the association produced according to ODDYCCEIA results for the Bounamoussa irrigation perimeter is not in agreement with [AMWR]. However, ODDYCCEIA manages to produce the link of Bounamoussa perimeter (see more on the system below). Hence ODDYCCEIA results are consistent with [AMWR] for the Saf Saf perimeter despite the localization problems, but not for Zit Emba since it is associated to Zit Emba reservoir which is not located in the present study. For Mila irrigation perimeter, consistency with [M05II] is not clear and for Guelma perimeter ODDYCCEIA results are consistent with both data sources. XII) Cheffia (1): Cheffia reservoir is located in the Guelma province. According to [A07], [ICOLD] and [AMWR] it is a multipurpose reservoir. Cheffia reservoir, according to ODDYCCEIA results, is linked to Bounamoussa irrigation perimeter. Comparing to [AMWR], ODDYCCEIA manages to reproduce the link of the Bounamoussa perimeter with the Cheffia reservoir, but two additional links are produced with reservoirs from the system XI and XIII. In contrast, according to [M05II], El Tarf province which contains Bounamoussa irrigation perimeter, is not supplied by reservoirs but only hillside reservoirs, drilling, wells, direct abstractions and sources. Also, Foum El Gueiss reservoir located in the Saharian basin, seems to be erroneously linked to irrigation areas next to the reservoirs of the systems IX to XII. XIII) Ain Dalia (1): Ain Dalia reservoir is correctly located in Souk Ahras province. According to all data sources it is a supply reservoir. Ain Dalia reservoir, according to ODDYCCEIA results is linked to local demand, Bounamoussa and Guelma irrigation perimeters. As mentioned in the two previous reservoir systems, for [AMWR], Guelma irrigation perimeter is linked to Meskourdine resevoir (H. Debagh) of the system XI, and Bounamoussa perimeter to Cheffia reservoir of the system XII. Hence, ODDYCCEIA results are not consistent with [AMWR] since for this data source the link between Ain Dalia reservoir and the two perimeters does not exist. However, according to [M05II], Souk Ahras 4.3 Qualitative Validation 209 province where the local demand is placed, is supplied by 3 reservoirs in addition to other supply sources. Ain Dalia could be one of these three reservoirs, although those reservoirs may also be located in the Saharian basins, which are not considered in the present study. Hence ODDYCCEIA results for this system is not consistent with [AMWR], while accordance with [M05II] is not clear. From the analysis of the 13 reservoir networks, several points can be highlighted. First there are quite a few localization problems as it can be seen in Figure 4.6. For correctly located reservoirs, ODDYCCEIA manages, in general, to reproduce the links provided by [AMWR]. Also, some reservoirs are not listed in [A07], hence information on their links with irrigation perimeters provided by [AMWR] can not be validated. In addition, since the focus is on Mediterranean basins, reservoirs and irrigation perimeters localized in Saharian or endorheic basins were not fully analysed. In general, ODDYCCEIA associates more reservoirs to the big irrigation perimeters, than the number of reservoirs that are, according to [AMWR], associated to them. This may be related to the fact that, in the methodology, irrigation areas are considered as separate irrigation points, hence different reservoirs can be associated to points which belong to the same irrigation perimeter. Association with medium sized irrigation perimeters is also imperfectly reconstructed. Indeed, the methodology allows long distance transfers, whereas in reality these perimeters are normally only linked to water sources located next. Last, in the available data sources, information on irrigation perimeters which are supplied by direct river abstractions is not given. Hence, the association of reservoirs to irrigation perimeters, not listed in [AMWR], may not be an error in every case since the release of additional upstream reservoirs may help maintain river flow. For example, the link found by ODDYCCEIA between Harreza reservoir of reservoir network III and High Cheliff irrigation perimeter, is not consistent with [AMWR]. However, Ain Defla province where the perimeter is located, according to [M05II], is supplied by river abstractions, which may be maintained by releases from upstream reservoirs, like Harreza. Corresponding informations are not available, hence can not be validated. 4.4 Conclusion 4.4 210 Conclusion Water resources quantitative and qualitative aspects are already endangered in many arid regions or in regions where the degree of river basin anthropization is significant, and will certainly have to face increasing socioeconomic and environmental pressures. On that account, there is a need to formulate long term water resources planning. Integrated hydroeconomic models can be useful screening tools in order to respond to this need. The challenge is to incorporate a double focus: to handle global questions a global extent is required, but heterogeneous water supply and demand profiles at the river basin level also need to be accounted for. There is no globally available information on supply-demand associations although they must be known in order to fully represent the network and assess their balance in time and space. From the literature two approaches were identified: in large scale studies, flow routing assures the link between topologically connected grid cells each one being characterized by a ”storage”. Reservoirs may also be represented but they are managed individually. In case studies, reservoirs are managed in a coordinated way and associated through a nodal network, requiring very precise data. There is a need to bridge the gap between the two approaches and formulate a methodology with a global extent and a generic reservoir-demand modeling at the river basin level. To do so, an integrated generic methodology, part of a modeling framework called ODDYCCEIA, is presented in this paper. The methodology comprises the following steps: 1. Reservoirs are localized, their sub-basins of flow accumulation are determined, reservoir networks are determined and runoff is computed at each supply node 2. Demands are localized and computed. For now, irrigation is the only demand taken into account. Crops are localized and associated to irrigation points, and crop water needs are computed as the difference between crop evapotranspiration and effective precipitation 3. A generic reservoir-demand link reconstruction rule is applied in order to associate each demand to a unique reservoir. For that purpose, first, for each potential reservoir-demand couple within a country, a least cost path is determined penalizing non gravitary movements on the path to the demand, and for each demand a set of associations with costs below a threshold are chosen. Then, networks with a unique reservoir associated to a demand are assessed in terms of the achieved 4.4 Conclusion 211 mean annual supply and demand balance. The chosen configuration corresponds to the feasible one with the minimum cost over all links. This generic methodology, which allows to determine a nodal structure with a global coverage, could be potentially applied to other regions worldwide, where a minimum set of data on reservoirs and demands localization and properties are available. Another advantage of this methodology is that inter basin transfers may be represented. The reconstructed reservoirs networks, located irrigated areas and the reservoir-demand links determined by ODDYCCEIA are validated qualitatively on Algeria. A comparison between the reservoirs provided by Aquastat georeferenced data used in the present study and other data sources shows that some reservoirs are not listed in Aquastat. The validation also shown that the localization provided by Aquastat for some reservoirs is not correct. This has induced an error in some reservoir networks. When reservoirs are correctly localized, the reservoir network (upstreamdownstream reservoirs links, sub-basins) created based on hydro1k, is in good agreement with information provided from the data sources. The relocalization rule, which is meant to move reservoirs to the nearest stream, performs well in most cases. Nevertheless in case small and important river tributaries are close, the rule will have the tendency to relocate a reservoir localized on the small tributary to the important one. This is the case for one reservoir in an Algerian Mediterranean basin. Localization and extent of irrigated areas provided by Siebert et al. [2005] are also consistent with the mapping of existing areas illustrated in [M05I]. When assessing supply-demand balance, in general, demand was much larger than supply. Despite this problem, links generated by ODDYCCEIA are in general consistent with links provided by the Ministry for the main Algerian irrigated areas. More difference exist with Messahel et al. [2005], since for many provinces reservoirs are not listed as direct supply sources. A drawback of the methodology is the tendency to over associate reservoirs with demands. For big irrigation perimeters, the reason may be that irrigation areas are considered as individual irrigation points each possibly associated to a different reservoir, while in reality one reservoir supply the whole area. The methodology also has a tendency to allow long distance transfers to supply demands that are associated to other local water sources, like hillside reservoirs, groundwater, and sources. If information on those sources, especially groundwater, was available, the rule could directly associate demands to this supply source hence avoid over association to reservoirs but these data are not globally available for now. 4.4 Conclusion 212 Over-association of reservoirs to irrigation perimeters, however, may not be an error in every case. Indeed, upstream reservoir release can help maintain river flow which is extracted downstream to satisfy the area. However, neither the information on reservoir releases for river flow conservation nor the information on the localisation and amount of direct river abstractions are available, hence some of the links defined by ODDYCCEIA cannot be validated. In ODDYCCEIA, water transfers-links between reservoirs are not—at least directly—represented. The ministry cites some cases of water transfers between reservoirs, like the transfer from the Boughzoul to the Ghrib reservoir. According to ODDYCCEIA, the former is not linked with any demand while the later is. However, as it can be seen from the reconstructed reservoir network, Boughzoul is upstream from Ghrib, hence it can be considered that Ghrib receives the inflow of both reservoirs. Hence, Ghrib which captures the inflow is also associated to several demands. Therefore, through the reconstructed structure of reservoirs network, some transfers are represented. Also as, non-irrigation purposes are not represented in the model, all reservoirs are considered to have as only purpose irrigation and are linked to irrigated areas. In future works, reservoirs with localization problems should be relocated. In the present study, only reservoirs listed in ICOLD national registers are localized. However, some national lists can be further extended, depending on the availability of additional data sources. For instance, in the French [CFBR, 2011] and Turkish national dams-reservoirs register websites [TRCOLD, 2011], supplementary reservoirs are listed. Hence a better determination of reservoir networks could be obtained as well as more consistency with the reservoir-demand links. These updated links could help reach a better supply and demand match. The quantitative supply-demand mismatch is also something that should be further investigated. Other demands could also be represented. Preliminary investigation allowed to find global databases, like CARMA [CARMA, 2007] for power plant cooling or CIESIN [Center for International Earth Science Information Network (CIESIN) et al., 2004] for settlements and domestic demand. Since there are some uncertainties related to the reconstructed reservoir networks and reservoirs-demands links, ODDYCCEIA results should not be taken in absolute terms, instead, the methodology should be used in order to assess the difference between situations. A process-based methodology like ODDYCCEIA could help assess the 4.4 Conclusion 213 quality of various data sources which may be sparse, by evaluating the influence they have on the results of the methodology and help resolve possible data inconsistencies. The outcomes of the methodology can give a first estimate and encourage further detailed investigations, cost-benefit analysis or feasibility assessment studies. The methodology could also be included into global climate change impact assessment studies or earth modeling studies. In an upcoming study, the last module of ODDYCCEIA will be presented. In this module, generic coordinated operating rules for reservoir systems are determined in order to satisfy demands at the highest reliability level. Then the complete methodology will be applied for the Mediterranean region under climate change. Bibliography 214 Bibliography Allen, R., 2000. Using the FAO-56 dual crop coefficient method over an irrigated region as part of an evapotranspiration intercomparison study. Journal of Hydrology 229, 27–41. Allen, R. G., Pereira, L. S., Raes, D., Smith, M., 1998. Crop evapotranspiration – guidelines for computing crop water requirements. Tech. Rep. 56, FAO. Anderson, J., Chung, F., Anderson, M., Brekke, L., Easton, D., Ejeta, M., Peterson, R., Snyder, R., 2008. Progress on incorporating climate change into management of California’s water resources. 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Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique : Application sur la région méditerranéenne Dans ce chapitre, des règles opérationnelles génériques des systèmes de réservoirs sont présentées et sont déterminées en prenant en compte le changement climatique, de sorte à maximiser la fiabilité de satisfaction de la demande en irrigation. Comme cité dans le chapitre 4, le challenge est de développer une méthodologie avec une couverture géographique globale pour pouvoir intégrer les changements globaux, et une modélisation générique des structures offre-demande à l’échelle du bassin versant afin d’évaluer les implications locales des changements globaux. Au niveau du bassin versant, les profils d’offre et de demande étant hétérogènes et souvent dissociés dans l’espace et le temps, les règles opérationnelles des réservoirs peuvent aider à obtenir un meilleur équilibre offre-demande intra ou inter bassin. Dans la continuité de la méthodologie présentée au chapitre 4, ici, l’intention est de proposer des règles opérationnelles qui restent génériques, faciles à implémenter, et qui peuvent prendre en considération les profils d’offre et de demande hétérogènes et être testées comme moyen de réduction des impacts du changement climatique. Dans la littérature, les approches liées au changement climatique et l’adaptation, se différencient d’abord au niveau de la couverture géographique, en effet, elles vont de l’échelle locale à l’échelle régionale-globale. Elles se différencient également au niveau du degré d’anthropisation considéré pour les Introduction au chapitre 5. Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique : Application sur la région méditerranéenne 221 zones d’étude, allant de zones complètement naturelles à des zones fortement anthropisées avec des configurations de systèmes de réservoirs complexes. A l’échelle globale, les études qui considèrent des zones naturelles ou naturalisées, sont focalisées sur la modélisation des processus hydrologiques essentiels. Sans les schémas de routage d’eau, elles procèdent à un bilan par point de grille ainsi elles donnent une indication de la disponibilité moyenne en eau [Arnell , 1999]. Dans le cas où elles incluent des schémas de routage qui connectent les points de grille, elles peuvent fonctionner à un pas de temps assez fin afin de représenter correctement la variabilité naturelle [Beyene et al., 2010]. Dans certaines de ces études, le rôle régulateur des réservoirs est considéré de façon simplifiée de sorte à réaliser une meilleure évaluation des ressources disponibles [Döll et al., 2003]. Dans des études à l’échelle globale, des règles opérationnelles génériques sont proposées qui peuvent être même optimisées [Haddeland et al., 2006]. Cependant, les réservoirs ne fonctionnement pas simultanément en tant que système. Ainsi, dans ces approches ce qui manque c’est la considération des réservoirs dans des structures nodales dans lesquelles ils fonctionnent de façon coordonnée afin d’atteindre un meilleur équilibre offre-demande. Parmi les études à l’échelle du bassin versant, plusieurs types de règles opérationnelles sont identifiés. Dans certains cas les réservoirs [Islam et al., 2005] ou les agrégats de réservoirs [Fowler et al., 2003] fonctionnent individuellement avec des règles simples et prédéfinies qui, cependant, ne peuvent pas s’ajuster à l’offre et la demande qui sont variables dans l’espace et le temps. L’opération individuelle ou coordonnée des réservoirs dans d’autres études, est définie sur la base de séries historiques de débits entrants, de niveau de stockage et de lâchers d’eau des réservoirs et peut être ajustée par les opérateurs [Fujihara et al., 2008]. Toutefois, les données historiques détaillées nécessaires souvent ne sont pas disponibles à l’échelle globale. L’hypothèse de stationnarité faite et les ajustements faits par les opérateurs, peuvent compromettre la définition des règles opérationnelles avec cette méthode pour des études à l’échelle globale-locale sous changement climatique. Des techniques d’optimisation sont également utilisées dans certaines études notamment quand plusieurs objectifs contradictoires existent [Minville et al., 2010]. Cependant, si le nombre de variables est important, leur application peut être complexe et intensive en terme de temps de calcul. Certaines de ces techniques sont utilisées dans des études à l’échelle régionale [Medellı́nAzuara et al., 2008], mais la représentation très détaillée de l’offre et de la demande nécessite des données qui ne sont pas disponibles à l’échelle globale. Ainsi leur application à d’autres régions n’est pas possible. Etant donné le double enjeux présenté ci-dessus, des règles opérationnelles ne se basant pas Introduction au chapitre 5. Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique : Application sur la région méditerranéenne 222 sur des données historiques détaillées et sur l’avis des opérateurs, faciles à implémenter et avec des temps de calculs raisonnables, sont nécessaires. Ici, pour compléter la méthodologie générique globale-locale de reconstruction des réseaux de réservoirs et de liens réservoirs-demandes ODDYCCEIA, décrite au chapitre précédent, un module de règles génériques d’opération coordonnée du réseau de réservoirs est présenté. Dans ce module, pour les réservoirs en séries, une règle prédéfinie est utilisée selon laquelle d’abord les réservoirs le plus en amont se remplissent et l’eau est extraite d’abord des réservoirs les plus en aval [Lund et Guzman, 1999]. Pour les réservoirs en parallèle, une règle paramétrique simple est considérée. Le paramètre β de la règle pour chaque réservoir en parallèle représente l’allocation de l’espace vide entre les réservoirs en fonction de leurs capacités de stockage, de leurs débits entrants et de la demande en aval [Nalbantis et Koutsoyiannis, 1997]. Ces règles sont généralisées afin de prendre en compte les demandes associées à chaque réservoir. En parcourant les réseaux de l’amont vers l’aval, chaque réservoir est considéré fonctionner selon la règle standard d’opération pour satisfaire d’abord ses demandes associées. Une partie, voire la totalité, de ces demandes peut ne pas être couverte par leurs réservoirs associés respectifs. En parcourant à nouveau le réseau de l’amont vers l’aval, ces demandes résiduelles peuvent être couvertes par les réservoirs en amont en appliquant les règles pour les réservoirs en séries ou en parallèle. Une fois chaque demande résiduelle traitée, les réservoirs sont agrégés, et les mêmes règles sont appliquées récursivement jusqu’à la racine du réseau pour satisfaire les demandes résiduelles situées en aval. Enfin, en parcourant le réseau vers l’amont, les agrégats sont désagrégés afin de déterminer de quel réservoir l’eau est extraite pour satisfaire chaque demande résiduelle en aval. Une fois ce module ajouté à la méthodologie générique de reconstruction, elle est appliquée sur la Méditerranée, une région typiquement caractérisée par de l’hétérogénéité à plusieurs niveaux. En particulier, la disponibilité des données est assez hétérogène, ainsi une telle approche générique peut très utile pour la région pour l’évaluation des impacts de plusieurs types de changements globaux. Dans le chapitre, le changement climatique est la question globale étudiée pour la Méditerranée qui est déjà caractérisée par des niveaux d’évapotranspiration élevés et des périodes de sécheresse et de déficit en eau. Dans la méthodologie, la seule demande représentée est l’irrigation qui constitue la demande la plus consommatrice en eau, ainsi qu’un secteur influençable par les changements de productivité des sols, des décisions futures sur l’utilisation des sols et des changements du climat. Toujours dans l’esprit de généricité, la méthode applicable pour toutes les cultures du module de calcul de la demande en irrigation, est appliquée ici pour repré- Introduction au chapitre 5. Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique : Application sur la région méditerranéenne 223 senter les changements de développement dans le temps de chaque culture sous changement climatique. Pour définir les phases de développement de chaque culture, deux scénarios sont considérés : selon le premier, la durée de chaque phase est fixe et elle est définie par le nombre connu de jours (S1) ; selon le deuxième, chaque phase est réalisée quand le nombre nécessaire de degré jours est accumulé (S2). Les résultats sur le changement de la demande projetée et de la fiabilité sont présentés. Selon les résultats d’ODDYCCEIA, le raccourcissement de la durée du cycle de développement des cultures compense jusqu’à un certain point la hausse de l’évapotranspiration. Ceci peut être surtout observé pour l’Afrique du Nord alors que pour l’Asie et l’Europe cet effet est moins évident. En général, pour l’Afrique du Nord, sous le scénario S2, la demande augmente de +0.4% et sous le scénario S1, de +14%. Les changements sont plus importants pour les zones sous influence climatique méditerrannéene où une réduction des précipitations est attendue. En Asie, sous le scénario S2, la demande est réduite de -1.8%, alors que sous le scénario S1, elle augmente de +4.7%. Enfin, en Europe, la différence entre les deux scénarios concernant le niveau de changement de demande n’est pas évidente alors que la différence concernant la distribution des changements est plus claire. En général, pour l’Europe, l’effet des deux scénarios peut sembler similaire, cependant les valeurs de changement de demande sont plus contrastées sous le scénario S2, alors que, sous le scénario S1, les valeurs d’augmentation de demande sont plus homogènes. Ainsi, dans l’ensemble, il peut être observé que sous le scénario S2, soit la demande décroı̂t de peu soit elle croı̂t légèrement, alors que sous le scénario S1, le niveau de hausse de la demande est plus important. En raison du raccourcissement du cycle, l’utilisation de l’eau est réduite ainsi la hausse de l’évapotranspiration à cause de l’augmentation de la température, est partiellement et dans certains cas totalement compensée. Cependant, étant donné la diminution des précipitations et le changement de leur distribution intra-annuelle, cet effet est diminué. En général, les changements de demandes sont en accord avec ceux trouvés dans la littérature. Par exemple, sous le scénario S1, en Espagne, la demande en irrigation augmente sous changement climatique [Dı́az et al., 2007]. Sous le scénario S2, en Europe du Sud, la demande semble plutôt augmenter comme dans Wolf et Diepen [1995]. La cohérence des résultats obtenus pour la France n’est pas évidente car, selon ODDYCCEIA, sous le scénario S2, et comme obtenu dans González-Camacho et al. [2008], la demande augmente, alors que selon Brisson et Levrault [2010], elle augmente dans le très court terme puis se stabilise voire diminue dans le long terme. Egalement, en Espagne sous le scénario S2, selon Iglesias et Minguez [1997], la demande Introduction au chapitre 5. Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique : Application sur la région méditerranéenne 224 diminue, alors que selon ODDYCCEIA la demande augmente cependant les valeurs de changement de demande sont plus contrastées que sous le scénario S1. En outre, l’accord avec les études à l’échelle Méditerranéenne n’est pas apparente car, selon Meza et al. [2008], pour une culture méditerranéenne, sous le scénario S2, la demande diminue, alors que selon ODDYCCEIA, pour certaines régions la demande augmente alors que pour d’autres elle diminue comme dans Lovelli et al. [2010]. Enfin, les résultats obtenus par sous-région sont en accord avec les résultats de Döll [2002], car sous le scénario S2, la demande diminue en Afrique du Nord et augmente en Europe du Sud. De façon générale, la fiabilité diminue sur la région méditerranéenne. En Afrique du Nord, la réduction de la fiabilité peut atteindre les -25% et -32% sous les scénarios S2 et S1 respectivement pour certaines régions en Tunisie et en Algérie où la réduction des précipitations est importante. En Europe, des changements semblables sont observés (réduction de -23% et -34% sous les scénarios S2 et S1 respectivement) pour certaines régions dans les Balkans. De plus, en Europe, les valeurs de changement de fiabilité sont assez contrastées sous le scénario S2. En Italie par exemple, les changements vont de -11% à +2% sous le scénario S2, alors que sous le scénario S1 la fiabilité augmente de +1% sur l’ensemble. En Asie, les changements sont moins importants, avec des diminutions qui peuvent atteindre les -10% sous les deux scénarios. En général, les changements de la fiabilité, qui sont semblables pour les deux scénario, sont moins importants que ceux de la demande. Ainsi, les changements de fiabilité semblent être plus influencés par les changements de ruissellement. Pour certaines régions, le changement des règles opérationnelles des réservoirs permet de conserver la fiabilité malgré la hausse de la demande, cependant la hausse de la fiabilité n’est pas possible car les changements des règles ne permettent pas de compenser complètement les changements de demande et de ruissellement. Introduction au chapitre 5. Adaptation des règles opérationnelles des réservoirs en réseaux sous changement climatique : Application sur la région méditerranéenne 225 Bibliographie Arnell, N. W., Climate change and global water resources, Global Environmental Change, 9, S31–S49, 1999. Beyene, T., D. P. 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Irrigation demand and reliability changes are computed for the Mediterranean region under climate change. Two possibilities for the measurement of crop development phases are examined: constant phases durations or accumulated degree days (GDD). For this application, the hydroclimatic outputs of the Meteo-France regional climatic model are used. According to ODDYCCEIA results, evapotranspiration increase is counterbalanced by crop development cycle shortening up to a certain level. Overall, under the fixed duration scenario, demand increase is more important. For the African and Asian sub-regions, under the fixed GDD scenario, small decreases or increases are expected, while for the European sub-region demand increases and the demand increase values are more contrasted. Operating rules change allow to conserve reliability up to a certain limit. Reliability changes are less pronounced than demand changes and the results are quite comparable for both scenarios. Hence, reliability changes seem to be more influenced by changes in inflow. 5.1 Introduction 229 Keywords: integrated assessment, irrigation, reservoirs network, operating rules, adaptation, climate change, Mediterranean JEL classification: Q25, Q54, L95 5.1 Introduction Water resources which, in some regions, are already quantitatively and qualitatively limited, are facing increasing pressures caused by global and regionallocal socioeconomic and environmental changes [López-Moreno et al., 2007]. Population increase, economic activities diversification and change in irrigation demand are important socioeconomic drivers, while land use modification, biodiversity protection and environmental flow requirements are the principal environmental constraints. In many regions, demands, mainly driven by socioeconomic factors, are expanding and supply is constrained to follow demand expansion with the realization of important hydraulic works mobilizing surface and groundwater resources. This situation is not always sustainable and could conduce to resources depletion [Bates et al., 2008]. In addition, since water resources are already scarce in some regions, not only quantitatively, but also qualitatively, competition between demands is already a problem. The importance of issues requiring global scale such as virtual water trade relevance, climate change or water as a limiting factor for agriculture or development, is on the rise. Taking into account these global questions which could have local implications for water resources, there is a need to formulate an integrated approach for the assessment of water supply-demand balance and the evaluation of different sustainable mechanisms in the supply or the demand side in order to achieve a better equilibrium over space and time. Among the global questions, climate change is of growing concern. Taking into account climate change in long term water resources planning is important, since it will seriously, although in a uncertain way, impact the variables of the hydrological cycle (precipitation, evaporation, streamflow, groundwater level). With climate change, changes in mean, variability and extremes are expected, although the sign, magnitude and exact localisation of the changes may vary across climatic models. In the supply side, reservoirs are of particular importance at the river basin level, since they regulate, spatially and temporally, variable water resources. Traditionally, reservoirs have been designed to respond to historical hydro-climatic conditions. However, stationarity hypothesis for reservoir design and management may not be acceptable under climate change. 5.1 Introduction 230 Reservoirs re-dimensioning or change of their operation can be foreseen as adaptation options that can potentially reduce climate change impacts on human societies and ecosystems. Reservoirs are long-lived and irreversible investments, hence their redimensioning needs to be anticipated. However, anticipation requires detailed information on how local climate will change which is not available at present [Bates et al., 2008]. Hence, before uncertainty is resolved, postponing of investment could be envisaged [Venkatesh and Hobbs, 1999]. Change of existing reservoirs operation is a more flexible adaptation option since operating rules may be modified rapidly. However, there is no agreement on their effectiveness under climate change. Burn and Simonovic [1996] and Hossain et al. [2010], describe how, a lack of operating rules adaptation could lead to reservoirs performance decrease and induce considerable costs for the water sector. Lettenmaier et al. [1999], in their U.S. regional perspective study, show that operating rules adaptation is effective, but only for modest hydrological changes. In contrast, in Wood et al. [1997] hydrometeorological changes do not significantly alter optimal operation policies of the Tacoma water supply system, and climate change do not affect operation decision nor performance. In the present study, the objective is to determine operating rules optimized in order to satisfy the projected irrigation demands at the highest reliability level under climate change. When studying climate change, a large coverage is important. But climate change will also have different implications for the water resources balance, planning and management for the different river basins. Therefore, supply and demand spatiotemporal river basin profiles have to be represented. Hence, the challenge is to formulate an integrated water resources assessment with a regional-global geographic extent and a modelling at the river basin level where reservoirs and demands are represented. In this framework there is a need to formulate an easy to implement generic operation modeling and data used should be restricted to data available at the global level. In the present paper, a generic rule for reservoirs network coordinated operation is proposed which completes a reservoir network and reservoir-demand links reconstruction methodology presented in a previous study. 5.1.1 Supply side and adaptation under climate change In the literature, various approaches are used in order to assess water resources vulnerability, under current or future socioeconomic and hydroclimatic conditions. These approaches have different spatial extents from local 5.1 Introduction 231 to regional-global scales. There is also a diversity related to the presence or not of reservoirs. Some studies consider natural flows while others represent reservoir systems with increasingly complex configurations functioning with different operating policies. In the next two sections, studies at the river basin and the regional-global level are presented, in order to provide an overview of operating rule modeling approaches, and help identify an approach which fits with the double focus of genericity and basin heterogeneity representation. 5.1.1.1 River basin level studies At the river basin scale, various studies are realized with the assumption that catchments are natural. Ducharne et al. [2007] use an agronomical, hydrogeological, land surface, and water quality modeling framework for the assessment of human activities and climate change impacts on the Seine basin (27 sub-basins), with simulated runoff correction to remove the influence of 3 upriver reservoirs. Beyene et al. [2010] assess the impacts of climate change on the Blue Nile, using VIC, a semi-distributed grid based land surface model with flow routing at 1/2 ◦ spatial resolution, calibrated using observations from, among others, the main stem of High Aswan Dam. In such approaches the focus is on the hydrological modeling (surface ground water, exchange with vegetation and atmosphere, quality,...), but man made reservoirs are not considered or only used for flow naturalization. However, the majority of basins are managed by dams-reservoirs as well as other hydraulic infrastructures, and their operation has an important influence in the temporal and spatial distribution of runoff. In Mimikou and Baltas [1997], one reservoir is represented and its operation is assessed under climate change using present rules with energy constraints and rule curves (maximum power pool level) defined by local operators. Li et al. [2010] use System Dynamics with feedback loops linking watershed hydrological structure, streamflow generation, and change in reservoir volume, with existing operating rule curves and demand for the Shellmouth dam, for reliability assessment of drought and flood control. In other studies, rule curves are adjusted under changing climatic conditions. For instance, in Wood et al. [1997] adaptive rule curves for the reservoir of Tacoma system are determined to maximize net benefits (supply, flood control) subject to instream needs. In this case study reallocation decision and performance are not significantly modified with climate change. Optimization techniques are also used in one-reservoir studies at the river basin level under climate change, as in Schaefli et al. [2007]. In this study, daily discharge simulations are computed with a conceptual semi lumped 5.1 Introduction 232 model and the Mauvoisin reservoir releases are determined with a mixed deterministic and stochastic model. In this case, potential climate change has statistically significant negative impacts on system performance. Raje and Mujumdar [2010] use GCM outputs downscaled to monsoon streamflow and business as usual rules, namely the simplest operation rule, the standard operation policy, commonly used for single reservoirs according to which water is released when available, with current rule curves for flood protection. Adaptive optimal policies with stochastic dynamic programming are also used for reliability maximization (irrigation, flood, power generation) for Hirakud dam. In more complex river basin studies, an increasing number of reservoirs have to be considered. In such studies reservoirs can operate under climate change with the current rule curves defined by the operators, as it is done in Vano et al. [2010b] and Vano et al. [2010a]. In the first study, a distributed hydrological-soil-vegetation model and a daily water management model with current operating policies and demands, are used for three supply systems (4 reservoirs) of Puget Sound region. Reliabilities are above 98% in 2020 but drop by 5% in 2080 in case of a 10% demand increase. In the second article, the Yakima watershed is studied, with five reservoirs and 2 confluences, using VIC model and the water management model used by USBR implemented by the Riverware software. Current rules are used depending on water rights, primary focus on agricultural water demand and minimum instream flow needs. They conduce to shortages 68% and 43% of the years, for A1B and B1 scenarios respectively. Under the A1B (B1) scenario, a +4.9% (+3.4%) annual precitation increase and a +3.52 ◦ C (+2.49 ◦ C) annual temperature increase, are projected in 2080. Fujihara et al. [2008] apply current operating rules determined with historical records and interviews of dam operators, under climate change. In the two reservoirs water is stored in order to preserve a target operational level which is the average of the historical levels and water is released to meet demand regardless of the level. Despite flow decrease, scarcity does not occur, except if irrigated area increase. Such an approach is very data demanding, since long historical records are needed, as well as operators judgment. In studies at the river basin scale with more than one reservoir represented, operation may also be determined under climate change using optimization techniques. For instance, dynamic and stochastic optimization programming are used in the studies of Minville et al. [2009] and Minville et al. [2010]. In the first study, the Peribonka watershed is studied with two reservoirs and 3 power plants in series, using regional climate model outputs and a physically based distributional model. Weekly operation rules deter- 5.1 Introduction 233 mined based on optimization programming conduce to hydropower and spill increase and reliability decrease. In the second study, for the same system, a linear reservoir based lumped conceptual model is used and reservoir operating rules are determined based on the same optimization model, but under profit maximization objective. In other studies, metaheuristic optimization methods are used under climate change, for example the Differential Evolution model. This is used together with a rainfall-runoff model in the study of Eum and Simonovic [2010] in which the upper and lower optimal rule curves for 3 reservoirs in the Nakdong basin are determined. In this study, smaller reservoirs are to be found more sensitive to rule changes. Optimization techniques avoid relying on current operation. However, when multiple reservoirs are present, they may be too complicated and computationally intensive [Labadie, 2004], hence simpler rules may be used. For instance, Lund and Guzman [1999] suggest simple optimization deduced operating rules. For reservoirs in series they are based on the principle of filling the upper reservoirs first and emptying the lower reservoirs first. For reservoirs in parallel the probabilities of spill or emptying are equalized (New York City rule) or more space is left in reservoirs where the expected inflows are greater (space rule). Nalbantis and Koutsoyiannis [1997] propose a parametric rule applicable for various purposes (restricting spills, losses, conveyance, satisfaction of secondary uses) and reservoirs systems, and test it on the Athens water supply system which includes 4 reservoirs, 2 aqueducts and a tunnel. According to this rule each reservoir operation is determined based on two parameters, the rule is simulated and the parameter values are determined using optimization. For the Athens case study, parameters are optimized for system’s release maximization and operating cost minimization. Those rules do not require much data, and are rather simple, and so may be applied to complex reservoirs systems. Some studies at the river basin level represent more complex multi-reservoir systems. For instance, Nawaz and Adeloye [2006] use a daily rainfall-runoff model and the modified sequential peak algorithm for multiple reservoir system which gives the possibility to select a priori the system’s vulnerability or volumetric failure risk and is inverted in order to obtain the yield for a given storage. In their case study on the Yorkshire basin, there are 11 reservoirs, parallel reservoirs are grouped, hence the system ends up with 5 distinct reservoirs. Despite the reservoirs system complexity, reservoirs may also be considered to be operating individually with simple predefined rules under climate change. For instance, in Islam et al. [2005], the reservoirs of the 8-reservoir system of Kurihashi basin operate with the standard operation rule to cover a 5.1 Introduction 234 target flow requirement under climate change. A deterministic water balance model, calibrated with naturalized observed flows is used to assess the water available for reservoirs. In Fowler et al. [2003], reservoirs of the Yorkshire system are aggregated into 10 groups each operating with standard control rules taking into account pipe and water treatment size constraints. However, reservoir aggregation do not allow to define the individual contribution of each reservoir. Also, under climate change water supply and demand spatiotemporal variability will probably be modified. Hence, simple rules like the standard operation policy, which are not adjusted to take into account this modification, may no longer be appropriate. To represent coordinated operation, rule curves defined by operators are used, in their existing form in Hotchkiss et al. [2000], or adjusted under climate change in Payne et al. [2004]. In the first case, climate change effects are assessed on the Missouri basin with 6 reservoirs functioning individually based on a Master Manual and as a system with priority given to the Gavins dam releases. Rule curve adjustment as done in Payne et al. [2004], may prove to be necessary, since current rules based on the stationarity hypothesis, may not guarantee a satisfactory reservoir performance under climate change. The Columbia river simulation model allows to assess alternative rule curves defined from heuristic combinational techniques with flood, energy and instream targets for 33 reservoirs. Rule curves can be adjusted under climate change, however their data requirements are high and they are subject to operators judgments, compromising their use for generic complex reservoir systems. In river basins with complex reservoir systems, more elaborated approaches may be used with optimization techniques, which can be appropriate when there are multiple, often conflicting objectives. For instance, Sigvaldason [1976] apply network flow optimization with reservoir prioritization, five time based storage zones per reservoir and channel flow constraints for a 48reservoir network in the Trent basin. Vicuna et al. [2008] use the VIC grid based model and determine optimal rules with multi step linear programming over a 12 month moving horizon (only first kept) with the objective of energy generation revenues maximization under the constraint of minimum instream flow needs, for 11 reservoirs of the Upper American river. Martin [1983] formulate a deterministic non linear optimization problem with successive linear approximation for the determination of optimal release for a 27 reservoir system of Arkansas White Red river. Finally, Mizyed et al. [1992] for the determination of operation of the 19 reservoir system of Mahaweli, test the usefulness of optimal control and implicit stochastic approaches. 5.1 Introduction 5.1.1.2 235 Regional-Global level studies Going beyond the scale of the watershed, studies with a global-regional coverage allow for the representation of interactions between various sub-regions with heterogeneous supply-demand profiles. This scale is also required in order to incorporate global issues and, depending on the studied issue and the supply and demand features taken into consideration, assess their impact on water resources and evaluate adaptation measures. Several studies at the global scale consider that water resources are not managed by hydraulic infrastructures, despite the fact that most of the river basins in the world are highly regulated. Depending on their level of spatial and temporal refinement, various hydrological processes are represented and water availability is assessed at different degrees of spatiotemporal detail. Arnell [1999], at the global scale, uses a conceptual grid-based water balance model at 0.5 ◦ , without representing flow routing. The volume of the runoff generated within each country is the sum of the area-weighed runoff generated in each grid cell of the country with upstream runoff taken into account. Since flow is not routed through a river network, upstream cells are identified by superimposing global watershed onto national boundaries. This model is used in Arnell [2004] for the water stress assessment at the watershed scale, where it is emphasized that the evolution of the components of the water balance is computed for each grid cell separately. In contrast, in other approaches, grid cells “storage” are considered, and topologically connected “storages” are linked through river routing. For example, Oki et al. [2001] compute water availability at each grid cell as the sum of runoff generated by land surface models and river discharge computed with TRIP routing scheme at 0.5 ◦ resolution, while annual global abstraction is distributed based on GIS approach. However, most of the water resources are regulated by reservoirs and contribute to a better supply-demand equilibrium over time and space. Several studies at the regional-global scale take reservoirs into consideration without any specific operating rules, with the aim of integrating in a elementary way their regulation effect and assessing more accurately available water supply. For example, Döll et al. [2003] present a global hydrology model at 0.5 ◦ spatial resolution, which is part of the global model WATERGAP 2. The model includes a vertical water balance and water from upstream cells transported through a series of storages. In this storage approach, “local” lake, reservoir, wetland storages are taken into account, flow is routed from cell to cell based on a global direction map, and “global” lake, reservoir or wetland storages of each cell receive flow routed from upstream cells. In this approach, lakes 5.1 Introduction 236 outflow is a function of area, depth, maximum active storage capacity and a coefficient. Demands are satisfied from river discharge or lakes of the grid cell or from adjacent cells. There are no specific operating rules as reservoirs outflow is computed in the same way as for lakes. This simple storage approach is also used in Lehner et al. [2006] who assess the risk of hydrological extremes under climate change at the continental (European) scale with WATERGAP model. The simplicity of the assumptions made for reservoirs are justified by the difficulty to obtain information on reservoirs operation at the scale of the study. Several studies at the regional or global scale take into account reservoirs operating individually with basic rules, in most of the cases without optimization and with aggregation. For example, Kirshen et al. [2005] estimate surface water storage curves for 11 size classes and 10 physiographic zones using modified sequential peak algorithm to assess the mean yield for 14 major basins of China (0 to 460 reservoirs). This methodology is applied in order to determine, under climate change, the cost of groundwater supply and of the basin’s aggregated storage requirement to increase yield for consumption, instream requirements and water transfer. Ward et al. [2010] estimate the partial global and regional adaptation costs for providing raw industrial and domestic water supply, over 281 food production units, with the use of rainfall-runoff model at 0.5 ◦ , current ICOLD reservoirs, econometric equations for the computation of abstractions per person and two supply increase options. Reservoirs are aggregated and the modified Sequential Peak Algorithm is used to determine the mean available water. Since information on reservoir operation is not available at the regional or global scale, in several studies some simple hypothesis are made. For instance Lehner et al. [2005], to assess global changes impacts on European hydropower potential, introduce into the WATERGAP’s global hydrology model described in Döll et al. [2003], 5991 geo-referenced European stations. The stations are either reservoirs, which can store water over long periods and provide steady electricity supply, or run-of-river stations, which have a very limited retention ability, can not harness discharge above a threshold and may only provide a fluctuating energy production. Meigh et al. [1999] compute water scarcity with a grid-based approach for the Eastern and Southern Africa using a lumped conceptual rainfall-runoff model for local runoff and a simple Muskingum approach which provides a time delay and a degree of dispersion in flows routed between adjacent cells. Groundwater availability is also taken into account. Reservoirs are distinguished between those that have as main function outflow regulation and those used for water storage. For the first type, outflow is proportional to 5.1 Introduction 237 current storage raised at a power, while for the second type, water is released to meet demands. Artificial transfers are also implemented as fixed flow or flow to meet required demand. Demands are taken, if available, from reports, else simple linear relationships are defined to model them and estimate interdependencies between types of demand (ex. livestock number-rural population) or between demands and climate. Also, if available, data on water sources are used, otherwise typical ground and surface water combinations are used. There are also studies at the regional scale where operation rule curves are defined for individual reservoirs. In this category, we can find for instance the WEAP reservoir/river/use system water balance accounting model. It is used by Strzepek et al. [1999] in their study on U.S. Cornbelt (21 states) divided into 6 water regions, for the assessment of water availability for agriculture under climate change. The model has a nodal structure, where each basin’s storage, which expresses the total water supply of the basin, is represented by a “reservoir”. Since the spatial scale of WEAP is coarse, the separation between surface and groundwater is difficult to achieve, hence basin’s supply corresponds to their joint yield. Water is abstracted first from river flow then from reservoir storage and is allocated according to demand priorities, irrigation being last. According to Stockholm Environment Institute [2011], the user who builds the studied network should define its operation data, namely the inactive, buffer, conservation and flood control zones. In addition, a buffer coefficient can be defined to slow down releases when storage level falls into the buffer zone. Hence, its application to a wide geographic region may be restrained by these data requirements. Studies at the regional or global scale propose individual generic operating rules. For example Haddeland et al. [2007] and Haddeland et al. [2006a], assess the impacts of irrigation and reservoir importance in North America and Asia with 183 and 257 reservoirs respectively. The VIC model is used, together with a generic reservoir module presented in Haddeland et al. [2006b]. In this module the minimum release is set equal to the seven-day consecutive low flow with a ten year recurrence period while the maximum release is a function of the storage at the end of the operational year, the daily inflow, the minimum release and the daily evaporation. In case there are many upstream reservoirs located in different tributaries, demands are divided based on storage capacity, else, demands for shared downstream areas represent demands for all reservoirs. For multipurpose reservoirs, priority is given to irrigation, followed by flood control and hydropower production maximization. Daily releases are optimized using the SCEM-UA algorithm, based on the inflow of the next 12 months, storage capacity and downstream water 5.1 Introduction 238 or power demand. The methodology is generic enough to be implemented over a wide geographic region, however, simultaneous operation of multiple reservoirs is not taken into consideration. Hanasaki et al. [2008] present an integrated global model at 1 ◦ resolution, applied in Hanasaki et al. [2008] under climate change, in which computed runoff is routed with a river scheme similar to TRIP, and environmental, agricultural and anthropogenic water demands are computed per grid cell. In this model each reservoir is taken into account separately. This model utilizes the generalized rules suggested by Hanasaki et al. [2006] developed based on global available datasets, for 400 worldwide reservoirs located on TRIP, operating individually over defined operational years as a function of storage capacity, purpose (non-irrigation, irrigation), current volume, simulated flow and downstream demand (until the next reservoir, max distance 10 grid), with possibility of release reduction for system recovery, at annual, monthly, and daily step. As in Haddeland et al. [2006b], this rule is generic enough to be implemented over a wide region, however it concerns individual non optimized reservoir operation. Strzepek et al. [2010], assess the effect of water supply change on economic production potential. For this purpose, runoff is computed with the Community Land Model, a land surface model, and is routed downstream to the oceans with the River Transport Model. This runoff is aggregated at the Food Production Units level and is used as an input from the Water Resources System which is a global river basin scale model. In the Water Management System module of the model, first the total water supply is determined per month, then the total is allocated to the different sectors and for irrigation to different crops. Water supply is represented as depletion over consumption, where surface or ground water resources depletion is equal to water withdrawal minus return flow. Each basin’s storage is represented by a reservoir. The reservoir is operated following a traditional reservoir operation model, based on natural water availability, storage regulation, withdrawal capacity, and committed flow requirements, in order to maximize reliability of supply which drives water application according to demand in crop growth stages. Several regional approaches go beyond independent operation of reservoirs and represent an important number of reservoirs operating in a coordinated way. These approaches have been developed for specific extended regions for which all characteristics are known: reservoir network configuration, reservoir-demand links, operation policies, pipe network distribution for local demands or long distance transfers, several demands (municipal, irrigation, hydropower, recreation, navigation...), wells and drilling, water 5.1 Introduction 239 markets, regulatory or institutional constraints, etc. For example, Anderson et al. [2008] apply CalSim II generalized simulation model developed for the State Water Project and Central Valley Project, with current operation rules, and streamflow statistically derived from VIC model at 1/8th ◦ forced by downscaled climatic model outputs. CalSim II, working at fine time steps, can incorporate ensembles forecasting, climate change scenarios and water transfers [Rani and Moreira, 2009]. Brekke et al. [2004] also use the CalSim II Benchmark Study G-model for the monthly operation of the interrelated local, state and federal systems serving San Joaquin River region, occupying the great Central Valley, with a LP/mixed integer programming solver in order to determine release, flow routing though the system, storage, exports and indices of water quality. With the same CalSim model, Brekke et al. [2009] evaluate risk based planning as a robust tool for identification of adaptation strategies. Still on California, Medellı́n-Azuara et al. [2008] utilize for the California interconnected water system the engineering-optimization model CALVIN with 51 reservoirs, 28 groundwater basins, 54 economic demand nodes, 1250 natural and built links, which includes a HEC-PRM linear network flow optimization algorithm. In the same category of regional approaches taking into account reservoirs system, WaterStrategyMan [2004] presents a GIS based decision support system for the assessment of various water management strategies, with special attention to social system responses and use of multicriteria analysis. In this model supply-demand networks of cases studies in Italy, Portugal, Spain, Israel, Greece and Cyprus are represented and allocation is done based on priorities (demand, supply), reservoirs are operating based on known rules, and for each time step the flow on the network is found that minimizes shortage based on a MaxFlow and Augmenting-Path maxflow algorithms. These studies represent at a very detailed level all the supply and demand features which contribute to the extensive description of the water resources profile of the wide region. These approaches can be powerful tools for operational purposes. However, water resources representation is too data intensive to fit with the objective of developing a generic river basin modeling with water supply and demand computation over an extended geographic region. 5.1.2 Demand side projection in global assessment studies For the evaluation of supply and demand equilibrium, attention must also be given to socioeconomic and environmental demands evolution in time and 5.1 Introduction 240 space. For global assessment studies, data availability is a significant issue since gathering data on historical withdrawal, in particular on evaporative consumption, is a difficult task. Demand projection is also complex, since drivers choice is delicate and their projection is uncertain [Shen et al., 2008]. In general, socio-economic and climatic factors are the main water demand drivers. However, the relation between demand and climate drivers has not been extensively determined. For domestic demand the focus of the demand forecasting studies is mainly put on the reliable description of the relationship between water use and socioeconomic factors [Flörke and Alcamo, 2004]. Population, economic growth and technological progress are commonly used drivers for the projection of non irrigation demands in global studies. As described in Alcamo et al. [2003], in the WATERGAP model, domestic and industrial water use intensities follow a sigmoid and hyperbolic curve respectively and are functions of per capita annual gross domestic product. Rates of improvement in the water use efficiency are also considered. Still in WATERGAP [Flörke and Alcamo, 2004], thermal power plant water withdrawal depends on electricity produced by the plant, station specific water withdrawal intensity, and technological change, while manufacturing withdrawal depends on manufacturing water intensity, technological change and gross value added. In Shen et al. [2008] domestic demand is also a function of GDP, and since industrial GDP is linearly correlated to electricity consumption, a coefficient is deduced representing industrial restructuring and efficiency improvement, in addition to economic growth and rate of recycled water use. In Ward et al. [2010] urban water demand is determined econometrically based on UN population and urbanization scenarios, average GDP per person from 5 integrated economic assessment models for climate change and GDP per person at PPP. Municipal demand is a function of urbanization and GDP per person, while industrial demand is function of population and GDP per person. According to Strzepek et al. [2010] municipal demand is driven by per capita income, while industrial demand depends on the industrialization level, the adoption of water conservation technologies, regulations and prices, and electrical energy demand depends on generation policies, water generating technologies and environmental management policies. Irrigation, however, is the major water consumption sector in many regions of the world, as in the Mediterranean area, the area under study in this paper. It is also a demand which will be influenced both by land productivity changes and future land use decisions [Stehfest et al., 2007], as well as changes in climate. Effective adaptation to changing conditions could include policies related to agriculture in the supply side, for example, use of water of various 5.1 Introduction 241 qualities, reserve increase, conjunctive use, or in the demand side as, change in irrigation methods, in cultivation practices, or crop pattern improvement, in order to control non beneficial consumptive uses and minimize non beneficial non reusable uses [Pereira et al., 2002]. Under climate change, irrigation demand will probably be the most affected demand with significant increases, despite the potential CO2 fertilizing effect [González-Camacho et al., 2008]. However, according to Fischer et al. [2007], climate change mitigation could reduce these increased requirements by 40% in 2080. Also, demand increase could be attenuated by the reduction of the duration of the crop development phases [Brisson and Levrault, 2010]. Irrigation demand is dependent on conveyance efficiency, irrigation intensity, water application uniformity and water use efficiency [Shen et al., 2008; Reca et al., 2001; Ali et al., 2000; Leenhardt et al., 2004; Strzepek et al., 2010; WaterStrategyMan, 2004]. In many studies, the soil water accounting approach is followed considering soil water capacity or moisture depth, seepage and percolation losses and ponding depths [Ali et al., 2000; Leenhardt et al., 2004; Strzepek et al., 2010]. In some studies importance is given to temporal water delivery [Leenhardt et al., 2004; Reca et al., 2001; Strzepek et al., 2010], to salinity [WaterStrategyMan, 2004; Strzepek et al., 2010] and to crop water stress sensitivity [Reca et al., 2001; Strzepek et al., 2010]. In other studies allocation is based on economic criteria, for instance crop profitability [Strzepek et al., 2010; Reca et al., 2001]. Purkey et al. [2008] assess climate change impacts on water for irrigation, using the WEAP planning tool and econometric expressions linking dynamically crop pattern with climatic and supply (surface water and groundwater depth) variables. According to Joyce et al. [2006], these expressions are derived from a multinomial regression analysis of synthetic data of crop shares generated by the Central Valley Production model. Irrigation efficiency gradual improvement is represented by modifying lower and upper irrigation thresholds. Rosenzweig et al. [2004] use a different methodology for the evaluation of water resources for agriculture under climate change, with CERES-Maize and SOYGRO dynamic process crop growth models dedicated to maize and soybean, together with CROPWAT empirical regional irrigation management model. CERES-Maize and SOYGRO models describe daily phenological development and growth as a response to environmental factors like soil, weather and management, and direct physiological CO2 effects are taken into account. Simulations are done for rainfed and fully irrigated production considering adequate nitrogen fertilization. Crop cultivars and management inputs represent current practices and for climate change simulations planta- 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 242 tion date is adjusted to consider autonomous adaptation of farmers. Crop coefficient values computed from these models, monthly precipitation, monthly potential evapotranspiration computed with the water balance model, irrigated crop areas provided by FAO and national agricultural statistical services and estimated irrigation efficiency are used by CROPWAT to compute net irrigation requirements. The literature review shows that a generic reservoir network coordinated operation modeling which could be applied at the global level is still missing. Here, the objective is to present a reservoirs network coordinated operation module which fills this gap. The model is used to project irrigation demands reliability under climate change with operating rules adaptation. The whole framework, called ODDYCCEIA, is first applied over the Mediterranean region, an area typically characterized by heterogeneous water supply and demand profiles over space and time under present socioeconomic and hydroclimatic conditions, an heterogeneity which may be accentuated under climate change. In the present paper, a recall of the other modules of ODDYCCEIA is given. Information are provided on CNRM climatic model outputs which are used under present and future climatic conditions and the two scenarios on crops development phases used for the computation of irrigation demand are described. Next, the reservoir operating rule module of ODDYCEIA is described. Last, results are presented on the Mediterranean region on the projected irrigation demand and reliability change with and without climate change. 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation ODDYCCEIA is meant to be generic, thus potentially applicable to various regions of the world. It integrates globally available data on reservoirs and demands properties and localizations as well as hydroclimatic data, and represents water management at the river basin scale. 5.2.1 Reservoirs inflow, irrigation demand computation and networks reconstruction On the supply side, reservoirs are located [ICOLD, 2003; AQUASTAT Program, 2007] and their basins are determined using Hydro1k terrain data [HYDRO1k, 2009]. Reservoir network is reconstructed by defining upstreamdownstream reservoir links. 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 243 The Mediterranean region is characterized by a climate in transition between the desertic climate in the South and the climate in the mid latitudes in the North. The region is already characterized by high evapotranspiration rates, droughts and deficits [Lorenzo-Lacruz et al., 2010]. Under climate change, mean annual warming could reach 2.2-5.1 ◦ C based on the scenario A1B, an increase which is more marked comparing to the rest of the world. There is less uncertainty in global warming projections for the Mediterranean zone compared to the other regions concerning the sign of precipitation changes, yet the magnitude and precise localization of changes vary among the models. On most of the Mediterranean area, mean annual precipitation will probably decrease, reaching a 20% reduction in South Europe. The contrast could be even more pronounced in North Africa. Rain and snow cover periods will probably shorten, and evaporation will certainly increase. Precipitation decrease and evaporation increase should conduce to low soil moisture, while mean annual river flows would decrease, with a probable seasonal redistribution with more water during the winter in snow dominated basins [Hallegatte et al., 2008]. Hence, in the water cycle, the share of precipitation which evaporate, run over the surface and drain to the groundwater will change. These hydro-climatic changes, in addition to increasing water demands, will certainly constitute important pressures for the water resources which will probably change quantitatively and qualitatively [López-Moreno et al., 2007; Garcı́a-Ruiz et al., 2011]. Outputs of the simulations made with CNRM model, namely runoff as well as other hydroclimatic variables, under present and future conditions, are used. The CNRM model is based on three models, namely ARPEGE-Climate a global stretched-grid atmospheric model, NEMO-ORCA2 and NEMO-MED8, respectively global and Mediterranean oceanic models. The exchange at the Strait of Gibraltar between the two oceans is done as follows: the exchanged fields are temperature and salinity profiles from the global ocean to the Mediterranean Sea and water, heat and salt are transports from the Mediterranean Sea to the global ocean. The configuration of ARPEGE-Climate covers the whole planet with a stretched grid which allows a refinement over the Mediterranean region with a 50 km spatial resolution. For the present day spatial concentration and distribution of atmospheric GHG and aerosols are taken from observations, while for the future A1B IPCC-SRES emissions are used. 6-hourly and daily atmospheric fields are provided by ARPEGE Climate model on the original grid. Values are extracted on a monthly time step over fifty years in the present and future period on a longitude-latitude grid [Somot et al., 2008, 2009; Dubois et al., 2011]. Irrigation is the principal consumption sector for most of the regions of 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 244 the world, and especially in the Mediterranean area. In ODDYCCEIA, irrigation is the only demand taken into account. Crop area ratios are taken from FAO Agromaps at sub-national levels if available [FAO, 2005]. If this is not the case, national values are taken from FAOstat/PRODSTAT [FAOSTAT, 2011]. Irrigation areas from Siebert et al. [2005] are used. Irrigation requirements are computed as the difference between effective precipitation and crop evapotranspiration, following Döll [2002] as well as guidelines provided in Allen et al. [1998]. Potential evapotranspiration is computed with the Heargrave method. Here, a constant efficiency coefficient is used for the computation of net irrigation requirements, which incorporates conveyance, application, distribution and water use efficiencies. A simple soil model is considered which empties at the end of the month, and no specific soil properties are considered. Two scenarios are examined in the present paper for the definition of crop development phases: 1. For each development phase a fixed length in days, taken from Allen et al. [1998] rescaled using FAO WATER [2011] planting and harvesting dates, is considered. 2. For each development phase a fixed number of necessary growing degree days is also considered [Stehfest et al., 2007]. In case of temperature increase, phase duration will be shortened since the necessary degree days accumulate more rapidly. An essential challenge for ODDYCCEIA is the association of reservoirs and demands. Since there is no available information on reservoirs-demands links at the Mediterranean level, a generic methodology is developed in order to determine those links. This method is based on topological constraints with a penalization of distance covered and altitude difference of ascending moves, along the supply-demand path, and water balance constraint on total network mean annual supply and demand. In order to fulfill the second constraint inflow is increased if necessary. 5.2.2 System operating rule simulation/optimization This part of ODDYCCEIA focuses on the computation of coordinated operating rules of reservoirs networks under the objective of reliability maximization, taking into account available runoff under present and future hydroclimatic conditions. The operating rules for reservoirs in parallel are determined using the parametrization-simulation-optimization (PSO) approach suggested by Nalbantis and Koutsoyiannis [1997] and Koutsoyiannis and 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 245 Economou [2003], with a parametric rule. A predefined rule for reservoirs in series suggested by Lund and Guzman [1999] is used according to which the upper part of the system is allowed to fill first while the most downriver reservoirs are drained first. The PSO approach is compared in Koutsoyiannis and Economou [2003] to high dimensional perfect foresight and “equivalent reservoir” methods, for an hypothetical two-reservoir system. 41 problems are constructed based on various objectives, water uses, reservoir system characteristics and hydrological scenarios, showing that PSO gives solutions that are not inferior to the other methods. The objective of the operating rules is the reliability maximization. Demands to be satisfied Dn,t associated to the reservoir n, and demands finally sat meet Dn,t are summed over the network and over all time steps, in order to compute the reliability performance indicator: PN PT Rnet = PN PT sat Dn,t Dn,t (5.1) where N is the number of reservoirs in the network and T the number of time periods. No priorities are set among demands. For reservoirs in parallel, the parametric rule of Nalbantis and Koutsoyiannis [1997] is used, with a βl parameter for each reservoir Pnl l upstream of an intersection with nl upstream reservoirs such that l βl = 1, and P with the second parameter of the rule set to αl = Kl − βl × nl l Kl where Kl is the storage capacity of the reservoir l. The β parameters of the reservoirs in parallel express the allocation of empty space among these reservoirs which is done as a function of their storage capacities, inflows, and common downstream demand. The rules for reservoirs in parallel are presented for a system where water is withdrawn from reservoirs to meet a common downstream demand. In the present study, each reservoir is linked to demands, hence the above rules have to be generalized in order to take into consideration in-site reservoir demands. 5.2.2.1 Leaf reservoirs For reservoirs without upstream, i.e. leaf reservoirs, the standard operating policy is used to satisfy the associated (in-site) demand. According to this policy, water is released when available, and the excess of water is spilled. In case in-site demand is only partly satisfied, reservoir is necessarily empty as demand is greater than available water. 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 246 For the leaf reservoir r, let consider Kr the storage capacity, Ir,t the inflow and Dr,t the associated demand at the time step t. The current volume 0 V curr,t , the residual—non satisfied—demand ∆Dr,t and the excess of water spilled SPr,t of the leaf reservoir, are: If V curr,t−1 + Ir,t − Dr,t > Kr , 0 V curr,t = Kr , ∆Dr,t = 0, SPr,t = V curr,t−1 + Ir,t − Dr,t − Kr If V curr,t−1 + Ir,t − Dr,t < 0, 0 V curr,t = 0, ∆Dr,t = Dr,t − V curr,t−1 − Ir,t , SPr,t = 0 Otherwise, 0 = V curr,t−1 + Ir,t − Dr,t , V curr,t (5.2) ∆Dr,t = 0, SPr,t = 0 Inflow Ir,t is equal to the runoff arriving at the reservoir Rr,t for a leaf 0 reservoir. In case V curr,t is not zero the remaining volume may be further used to satisfy downstream demands as explained below. Progressing downstream, leaf reservoirs and their direct downstream reservoirs, constitute a system of reservoirs in series or in parallel. The downstream reservoir r, will receive, beside its available runoff, the excess of water eventually spilled by each reservoir up from the set of its direct upstreams U : Ir,t = Rr,t + U X SPup,t (5.3) up 5.2.2.2 A reservoir and its immediate upstream in series Let us consider a system of reservoirs formed by a reservoir l and its direct downstream ds (reservoirs in series). For reservoirs in series, water is first extracted from the most downriver reservoir then progressively from the upriver reservoirs. Hence reservoir ds will first, partly or totally, satisfy its in-site demand following the equation (5.2), with inflow computed in equation (5.3). 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 247 0 Then, its residual demand ∆Dds,t could be, partly or totally, satisfied by the 1 upstream reservoir, with updated current volume V curl,t : if V 0 curl,t ≥ 0 ∆Dds,t otherwise 5.2.2.3 1 0 0 V curl,t = V curl,t − ∆Dds,t 1 ∆Dds,t = 0. 1 V curl,t =0 1 0 0 ∆Dds,t = ∆Dds,t − V curl,t . (5.4) A reservoir and immediate upstream reservoirs in parallel Let us now consider a system of reservoirs formed by nl upstream reservoirs l and a direct downstream reservoir dp (reservoirs in parallel). First, the reservoir dp will cover, partly or totally, its associated demand, based, again, 0 on equations (5.2) and (5.3). The residual demand ∆Ddp,t will eventually be covered by upstream reservoirs using the parametric rule [Nalbantis and Koutsoyiannis, 1997]. The upstream system total final water volume is: syst Vdp,t = nl X 0 0 V curl,t − ∆Ddp,t (5.5) l syst If Vdp,t > 0, it means that upstream reservoirs have enough water to cover the downstream residual demand. In the opposite case, all upstream syst 1 0 reservoirs are emptied and ∆Ddp,t = −Vdp,t + ∆Ddp,t is the residual demand that can not be satisfied. If upstream volume covers the residual demand, the parametric rule is used to determine from which upstream reservoir water is extracted. In that targ case, the target volume Sl,t of each upstream reservoir is: targ Sl,t = Kl + βl × syst Vdp,t − nl X Kl l (5.6) These target volumes may not be consistent with constraints on volumes, i.e. volumes may be negative or exceed storage capacity. Hence, their cortarg,corr rected target volumes Sl,t are: targ,corr Sl,t targ Kl , if Sl,t > Kl , 0, if S targ < 0, = targ l,t Sl,t , otherwise. (5.7) 5.2 ODDYCCEIA methodology presentation 248 Once these inconsistencies are corrected, the new target volumes may syst not add up to the system’s volume Vdp,t . Hence for the second change, a correction coefficient is defined [Nalbantis and Koutsoyiannis, 1997]. The correction factor φdp,t is computed as follows: φdp,t P syst targ,corr (Vdp,t − nl ) × Kl l Sl,t = Pnl targ,corr targ,corr × (Kl − Sl,t ) l Sl,t (5.8) Based on the φdp,t correction factor, new target volumes Sltarg,new are computed as: targ,new targ,corr Sl,t = Sl,t × ) targ,corr Sl,t 1 + φdp,t × 1 − Kl ( (5.9) These two corrections have to be done repeatedly until the previous constraints are fulfilled. targ,new 0 . For the set Rg Sl,t can be greater than the current volume V curl,t targ,new of upstream reservoirs for which this condition holds (Rg = {r/Sr,t > 0 V curr,t }), the final target volumes is set equal to their current volumes. The residual demand is covered by the set Rl of remaining upstream reservoirs which have target volumes lower than their current volumes (Rl = targ,new 0 {r/Sr,t < V curr,t }). Each one of these reservoirs contribution is set to be proportional to its current volume, and its final target volume will be ∀l ∈ Rl : targ,f in Sl,t 5.2.2.4 0 V curl,t =P × 0 r∈Rl V curr,t syst Vdp,t − X r∈Rg 0 V curr,t ! (5.10) Network processing: reservoirs aggregation and disaggregation The rules presented above allow to determine residual volumes of leaf reservoirs, 2 reservoirs in series and upstream reservoirs in parallel with a downstream reservoir. For a whole system, the residual demands and volumes are determined starting from the most upriver parts of the network and going downstream. Going down through the network, systems of reservoirs constituted by leaf reservoirs with one downstream reservoir, in series or in parallel are processed, and the satisfaction of residual downstream demand is 5.3 Results 249 determined as described above. Then, the reservoirs of the system are aggregated into one reservoir. Hence, with other reservoirs (possibly aggregates) and their direct downstream reservoir, they constitute a global system either with one upstream aggregate branch, if no other reservoirs aggregate exist in parallel, or with several upstream aggregate branches, and one downstream demand (Figure 5.1). Going further down, the rules are used again for the satisfaction of the residual demand of the direct downstream reservoir, and the reservoir is then included into the aggregate and network processing continues to the next direct downstream reservoir. This recursion continues until reaching the network root. While progressing downstream, in-site demands are satisfied first. Each time a downstream residual demand is to be covered by upstream reservoirs aggregate, it has to be determined from which reservoir of each upstream aggregate, water is withdrawn. For this purpose, the rules used to determine the amount of water coming from parallel branches are used while going up until reaching leaf reservoirs. A genetic algorithm is used to optimize the β parameters in order to avoid local minima and end up with global optimum solutions. 5.3 Results Results are presented for three sub-areas of the Mediterranean region, namely African, Asian and European sub-areas. ODDYCCEIA is run for the present (without climate change) and future (with climate change) conditions, until 2050. For each period, reservoirs operating rules are optimized and simulated, using the module previously presented. For the simulations corresponding to the past, initial reservoirs volumes are set equal to their storage capacity, while for the future, initial volumes are equal to the volumes of the end of the past period. The default scilab genetic algorithm is used and couples to be selected for crossover and mutation are set to 22, generations/iterations to be computed to 10, mutation probability to 0.1, crossover probability to 0.7 and the size of population of individuals to 100. 5.3.1 Demand and reliability changes In Figure 5.2 results on demand change for the African region are presented. The demands have been computed with the two scenarios of irrigation computation presented above. With Dcc the irrigation demand under climate change, Dnocc the demand without climate change, the relative change in 5.3 Results 250 The original system: reservoirs with in−site demands Leaf reservoir: SOP One downstream reservoir: parametric rule System with upstream demands already satisfied agregation Rules of water abstraction in the agregate already determined After agregation rules for one downstream reservoir used More agregation downstream until the river mouth is attained Figure 5.1: Upstream aggregation into branches for operating rule computation 5.3 Results 251 proj 2050, ∆D2050 is: proj ∆D2050 = Dcc − Dnocc Dnocc (5.11) In Figure 5.4 results on reliability change for the African region are presented. With Rcc the reliability under climate change determined through optimization, and Rnocc the reliability without climate change, also optimized, the change ∆R2050 is: ∆R2050 = Rcc − Rnocc (5.12) In the African region changes are very marked. Under the fixed plant growth duration scenario, percent demand change is important around +14% (Figure 5.3) compared to an increase around +0.4% (Figure 5.2) in the fixed GDD scenario. In the GDD scenario, indeed, shortening of the crops growth development compensates evapotranspiration increase under climate change. The geographic distribution of changes is the same for both scenarios. In the Atlantic part of Morocco, small changes are observed. For the fixed GDD scenario, demand decreases (-2.1%), or increases by very small amounts (+0.4%). For the fixed duration scenario, an overall demand increase can be seen (+6%). On the Nile basin, where precipitation does not play a role in irrigation demand, under the fixed GDD scenario demand decreases by -4.7%, while under the fixed duration scenario demand change is very small. In Libya as well, changes are small (+0.4% for the fixed GDD scenario, -1% for the fixed duration scenario). Changes are more marked in countries with a more pronounced Mediterranean influence, like Algeria or Tunisia, because of precipitation reduction. In Tunisia, for the fixed GDD scenario, demand increase is still small (around +5.5%), while for the fixed durarion scenario demand increase goes up to +14%. Similar changes can be seen for Algeria, where for the fixed duration phase scenario demand increase reaches +28% in some zones. This difference can also be seen in the reliability changes: reliability decrease reaches -25% under the fixed GDD scenario (Figure 5.4) and -32% under the fixed duration scenario (Figure 5.5). These extreme changes are only found for a few geographic zones in Tunisia and Algeria, both countries where precipitation decrease is important. For both scenarios, Tunisia seems to be split between regions with no reliability change and regions with the highest reliability change observed over the North African area. In Algeria, various values of reliability reduction can be observed. In general, reliability is reduced by -6% for the fixed GDD scenario and a little more (-8%) for the fixed duration scenario. Reliability do not change for both scenarios on the Nile basin and Libya. In Morocco, no change is observed under the fixed 5.3 Results Figure 5.2: Demand change for the African sub-region for the fixed growing degrees days irrigation demand scenario 252 5.3 Results Figure 5.3: Demand change for the African sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario 253 5.3 Results 254 GDD scenario, while for the fixed duration scenario reliability decreases by -8%. Hence, it can be seen that in countries like Egypt and Libya, small demand changes are observed under both scenarios while reliability is not changing. In Morocco, under the fixed GDD scenario, small demand changes and nil reliability changes are expected, while under the fixed duration scenario, a +6% demand increase and -8% reliability decrease are expected. Last, in counties under Mediterranean influence, it can be seen that reliability changes can be more marked. In Tunisia, under the fixed GDD scenario, an overall demand increase of +5.5% and a reliability change ranging from 0% to -25% are expected, while under the fixed duration scenario, a +14% demand increase and a reliability change ranging from 0% to -32% are expected. Yet, in general, the differences between the two demand scenarios (fixed GDD and fixed length) for changes in reliability are less important than the differences for changes in demand, except in countries under Mediterranean influence where precipitation reduction can be important. On that account, overall, the water system may be more sensitive to changes in inflow that to changes in demands in the case studied here. For the Asian region, under the fixed GDD scenario a slight demand decrease is observed (Figure 5.6), while under the fixed duration scenario a slight increase is seen (Figure 5.7). In the fixed GDD scenario, demand decreases are around -1.8%, while, in the fixed duration scenario, demand increases by about +4.7%. In Turkey, for the fixed GDD scenario, demand increase is around +2%. There is some heterogeneity, as for some sub-regions demand increase can reach +9.8%. For the fixed duration scenario increase is more marked, around +4.7%. For this scenario, demand decreases (-1.9%) are also observed for some zones in Turkey. In the Middle East area, for the fixed GDD scenario demand tend to decrease (about -1.8%), while for the fixed duration scenario demand increases (+1.4%) with, however, some heterogeneity. For Cyprus, under the fixed GDD scenario, demand is decreased by -1.8% in one basin of the island and by -5.7% in the other. For the fixed duration scenario, demand increases by +4.7% in one basin and by +11.2% in the other basin of the island. For the Asian region the crop growth cycle duration shortening conduces to demand reduction however the effect is less pronounced than for the African region. Reliability does not seem to be very sensitive to the scenario of irrigation demand change. In Turkey as well as in the Middle East area, for the fixed GDD scenario, a small increase is observed (around +1.2%). For some zones in Turkey, however reliability decreases by -9.6%. For the fixed duration scenario also, a small reliability increase (about +1%) can be seen in Turkey 5.3 Results Figure 5.4: Reliability change for the African sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario 255 5.3 Results Figure 5.5: Reliability change for the African sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario 256 5.3 Results Figure 5.6: Demand change for the Asian sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario 257 5.3 Results Figure 5.7: Demand change for the Asian sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario 258 5.3 Results 259 and the Middle East area. Still, in Turkey, in a very small area, reliability decreases by -10.8% for this scenario. Last, in Cyprus, reliability decreases by almost a similar rate for both scenarios (around -6%). Hence, it can be seen that in Turkey, under the fixed GDD scenario, a small demand increase (+2%) is expected as well as a small reliability increase (1.2%) although with exceptions since in few areas reliability decreases by -9.6%. Under the fixed duration scenario, similar changes can be seen, however, demand increase is slightly more important (+4.7%) and reliability increase slightly less important (+1%) with only one area caracterized by a reduction reaching -10.8%. In the Middle East area, under the fixed GDD scenario, a small demand decrease as well as a small reliability increase are expected, while under the fixed duration scenario, a small demand increase (+1.4%) and a smaller reliability increase (+1%) are expected. Last in Chyprus, under the fixed GDD scenario demand reduction can reach -5.7% while under the fixed duration scenario demand increase can reach +11.2%, and for both scenarios an overall reliability reduction of -6% can be seen. On that account, as seen for the African region, reliability change seems to be in general less important than demand change, showing that, in this case, water system is more sensitive to inflow changes. Moving to the European region, the effects of the fixed GDD scenario (Figure 5.10) and the fixed duration scenario (Figure 5.11) on demand change are quite similar. Between the two scenarios, the difference concerning the level of demand change is not apparent, however the difference concerning the distribution of changes is more obvious. Overall, demand change values are more contrasted under the fixed GDD scenario in comparison with the fixed duration scenario. For instance in Italy, under the fixed GDD scenario, various rates of demand increase can be seen across the country (0%, 8%, 17%, 25%), while under the fixed duration scenario, values of demand increase are more homogeneous (about 11.3%). Also, the extent of areas of the southern parts of the European countries with no demand change under the fixed GDD scenario is reduced under the fixed duration scenario. In Spain also for the fixed GDD scenario, various demand increase rates can be seen (0%, 8%, 25%, 34%), while for the fixed duration scenario, even if a +16.9% demand increase seems to be a little more dominant, there is still some heterogeneity (0%, 5.6%, 11.3%, 22.6%). For France as well under the fixed GDD scenario, demand increase varies from 8% to 25% and under the fixed duration scenario, an overall +11.3% demand increase can be seen with very few areas caracterized by +5.6% and +16.9% increases. For Slovenia, Croatia, Bosnia-Herzegovina, Montenegro and Albania, under the fixed GDD scenario, in general demand increases by +17%, however in some areas +25% 5.3 Results Figure 5.8: Reliability change for the Asian sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario 260 5.3 Results Figure 5.9: Reliability change for the Asian sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario 261 5.3 Results 262 demand increase can be noticed, while under the fixed duration scenario, demand increases by +11.3% over the whole area. In Bulgaria, Macedonia and the North part of Greece demand increase rates vary from +8% to +25% with a slight dominance of the +25% increase rate, while under the fixed duration scenario a +11.3% can be observed. Last, in the rest of Greece for the fixed GDD scenario demand increase rates vary from 0% to +8%, while for the fixed duration scenario a +5.6% demand increase can be seen still with some heterogeneity. As observed for Spain, Italy, and Greece the area with no demand change under the fixed GDD scenario, reduces under the other scenario. For these areas percent demand change increases. It can be seen that the crop growth cycle reduction shortening conduces to a difference between the North and South areas of the European sub-region. Also, for Spain and Greece, heterogeneity in demand increase rates is maintained under the fixed duration scenario. Reliability change values for the European region under the fixed GDD scenario seem to be more contrasted. For instance in Italy, reliability change varies from -11% to +1.8% while under the fixed duration scenario a common increase of +1% is found with reliability changes varying from -16% to +1%. The extreme values of reliability change are quite similar with the ones observed for the African sub-region. Under the fixed GDD scenario, maximal reliability reduction reaches -23%, while under the fixed duration scenario the maximal change is -34%, both values observed over the Balkan area. In Spain for the fixed GDD scenario, reliability change rates vary from -11% to +1.8% and for the fixed duration scenario a +1% demand increase seems to dominant however there is still some heterogeneity since reliability change rates vary from -16% to +1%. For France, for both scenarios, the range of reliability change values is more restrained i.e. reliability changes vary from -4.4% to +1.8% under the fixed GDD scenario and from -8% to +1% under the fixed duration scenario. For Slovenia, Croatia, Bosnia-Herzegovina, Montenegro and Albania the contrast is more marked under the fixed GDD scenario since values are going from -11% to +1.8%, while under the fixed duration scenario an overall reliability increase of +1% can be observed with a more restrained range (from -8% to +1%). For Bulgaria, Macedonia and the North part of Greece under the fixed GDD scenario, reliability change rates vary from -23% to +1.8% however an overall -4.4% demand decrease is observed. Under the other scenario, reliability change rates vary from 34% to +1% with an overall +1% increase seen. Last, for the rest of Greece reliability change rates vary under the fixed GDD scenario from -16.8% to +1.8% and under the fixed duration scenario from -16% to +1%. The NorthSouth differention under the fixed GDD scenario seems to be less pronounced. 5.3 Results Figure 5.10: Demand change for the European sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario 263 5.3 Results Figure 5.11: Demand change for the European sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario 264 5.3 Results 265 Hence, some heterogeneity in reliability change values can still be seen for Spain and Greece especially for the fixed GDD scenario. Hence it can be seen that in Italy, under the fixed GDD scenario, demand increase varies from 0% to 25% and reliability change varies from -11% to 2%, while under the fixed duration scenario, a +11.3% demand increase and an overall +1% reliability increase are observed. Changes for Slovenia, Croatia, Bosnia-Herzegovina, Montenegro and Albania are quite similar with Italy changes. In Spain, under the fixed GDD scenario, similar demand changes with Italy can be seen. Demand increase varies from 0% to 34% and reliability change from -11% to 2%. Under the fixed duration scenario, values are still heterogeneous since demand increase varies from 0% to 22.6% and reliability change varies from -16% to +1%. In France, under the fixed GDD scenario, demand increase varies from 8% to +25% and reliability change only from -4.4% to 2%, while under the fixed duration scenario, an homogeneous demand increase of +11.3% is observed and reliability change ranges from -8% to +1%. In Bulgaria, Macedonia and the North part of Greece similar demand increase rates with France are observed, while in contrast with France, reliability change values are more homogeneous; an overall -4.4% reliability decrease and a +1% increase are observed under the fixed GDD and fixed durations respectively. Last, in the rest of Greece, under the fixed GDD scenario, demand increase varies from 0% to +8% and reliability change from -16.8% to +2%. Under the fixed duration scenario, reliability change range is quite similar, while an homogeneous demand increase of +5.6% is observed. On that account, as noticed for the African and Asian regions, reliability change seems to be less important than demand change, hinting that, in this case, water system is more sensitive to inflow changes. 5.3.2 Comparison with demand changes from the literature The +16.9% demand increase in Spain for the fixed duration scenario is consistent with the results of Dı́az et al. [2007]. In this study on the Guadalquivir basin, unchanged cropping and crop practices and current crop periods and coefficients are assumed and irrigation demand under climate change is computed with the CROPWAT model. Irrigation demand is projected to increase, especially for summer crops, on average by 16-20% due to precipitation reduction and precipitation distribution change over the year. For the fixed GDD scenario however, ODDYCCEIA results on Spain are not fully consistent with the results of Iglesias and Minguez [1997]. In this study, climate change impacts on irrigated maize are assessed using maize CERES 5.3 Results Figure 5.12: Reliability change for the European sub-region for the fixed GDD irrigation demand scenario 266 5.3 Results Figure 5.13: Reliability change for the European sub-region for the fixed duration irrigation demand scenario 267 5.3 Results 268 model for the evaluation of its daily phenological development and growth. According to their results, the significant crop growing season shortening due to temperature increase, conduces to crop evapotranspiration reduction leading to irrigation requirement decrease. Following ODDYCCEIA results, a small demand increase is observed in general and for some areas in the North part of Spain demand increase can reach +34%. Hence, according to ODDYCCEIA, crop growth development shortening does not compensate evapotranspiration increase and precipitation decrease. In France, González-Camacho et al. [2008], assess climate change impacts on maize irrigation needs with STICS model in the Drôme region. According to their results, crop growth cycle duration is reduced by 20% while the required watering amount is increased by 14%. It is mentioned also that in the peak period the deficit is accentuated since the same irrigation needs have to be satisfied in a shorter time period, and during the low water period watering frequency is increased due to temperature raise hence during July irrigation needs are increased by 25%. ODDYCCEIA results are in agreement since under the fixed GDD scenario an overall irrigation demand increase can be seen. Brisson and Levrault [2010] also assess climate change impacts on agriculture for France. According to their results, crop growth cycle shortening will conduce for spring crops to increase of irrigation needs in the near term and stabilization, and in some cases, reduction of irrigation needs in the long term. According to ODDYCCEIA results demand change values under the fixed GDD scenario are disparate, however, either a moderate or an important increase is observed, while according to Brisson and Levrault [2010] a decrease can be expected. In Southern Europe, ODDYCCEIA is consistent with Wolf and Diepen [1995] where climate change effects on necessary irrigation requirements to reach potential maize yield level are assessed using a dynamic crop growth model. According to their results, growing periods are shortened due to temperature rise and null to moderate irrigation requirement increases are expected. Taking also into account the CO2 effect, conduces, according to their results, to moderate to major irrigation requirement decreases. Here, this effect is not considered, however, under the fixed GDD scenario an overall demand increase can be seen. One study provide results for the whole Mediterranean area. For instance Lovelli et al. [2010] use CROPWAT model with adjusted crop coefficient according to future climate trend, and Growing Degree Day method for phenological phase length computation, to assess water and irrigation needs of tomato and wheat, crops typically growing in the Mediterranean area. Ac- 5.3 Results 269 cording to their results, crop phase length reduction is probable, especially for tomato. For wheat, this leads to crop evapotranspiration decrease and in combination with a more favorable precipitation distribution, would conduce to irrigation requirement reduction. For tomato, at first potential and crop evapotranspiration increase, then they decrease due to cycle length reduction. Also, since precipitation decreases, irrigation requirements increase. Even though Lovelli et al. [2010] do not assess demand change per sub-area of the Mediterranean region and here demand change is not presented by crop, ODDYCCEIA results are quite in agreement with Lovelli et al. [2010] outcomes, since under the fixed GDD scenario for the African sub-region a very small increase is observed, for the Asian sub-region a small decrease, while for the European sub-region a rather high demand increase can be seen. Hence, there is some agreement in terms of the expected signs of demand change. Meza et al. [2008] study maize productivity under climate change in central Chile (irrigated region with Mediterranean climate), using DSSAT crop simulation model. They find an earlier physiological maturity due to temperature increase and a potential evapotranspiration rise due to the increased importance of the advective component of Penman Montheith equation. In the study, actual evapotranspiration is sensitive to CO2 since stomatal conductance is reduced. The result of these three changes is actual evapotranspiration and seasonal irrigation needs reduction, although, as stated in Meza and Silva [2009], crops with a photosynthetic system of type C4 like maize are less affected by the fertilizing CO2 effect. Hence, the negative impact of temperature increase is more important. In this study, results on irrigation demand change are always appointed to the CO2 effect, however, since the negative temperature effect is more important irrigation demand reduction will be probably less pronounced compared to the assessment provided by Meza et al. [2008]. Hence, it can be considered that ODDYCCEIA results are partly in agreement with Meza et al. [2008] results. Döll [2002] assesses climate change impacts on optimal crop pattern and growing season as well as irrigation requirements, using the Global map of irrigated areas. According to this study, starting dates of the growing seasons shift by at least one week. In North Africa and Middle East regions net irrigation requirements are reduced despite temperature increase and precipitation decrease. This is due to optimal growing seasons shift to the winter months since summer temperatures under climate change exceed optimal temperatures for crop growth. During winter months solar radiation hence potential evapotranspiration are lower. Climate change also modifies the areas where multicropping is done. For OECD and Eastern Europe, irrigation requirements increase. Again, results given by Döll [2002] are quite in agreement 5.4 Conclusion 270 with ODDYCCEIA, since the applied methodology corresponds to the fixed GDD scenario here and for the African and Asian sub-regions demand is reduced while for Europe an increase is observed. 5.4 Conclusion In many regions, water demands are expanding without limitation, driven by socioeconomic changes, constraining supply to follow this evolution. In addition, climate change could constitute an extra burden for water resources already quantitatively and qualitatively limited. In this study, operating rule adaptation is taken into account to determine the change in irrigation demand reliability satisfaction under climate change. To achieve this objective, a generic coordinated operation modeling is formulated. This module includes a predefined rule for reservoirs in series [Lund and Guzman, 1999] and a simple parametric rule for reservoirs in parallel according to which the empty space is allocated as a function of storage capacity, inflow and common downstream demand [Nalbantis and Koutsoyiannis, 1997]. The rules are generalized in order to take into account networks of reservoirs and associated demands. Optimal operating rules are determined based on simulation-optimization. The methodology is first applied under climate change on the Mediterranean region which is already characterized by high evapotranspiration rates, droughts and deficits. In this region, precipitation will probably decrease and evaporation will increase due to temperature rise under climate change, conducing to the reduction of soil moisture and mean annual flow with a probable seasonal redistribution. For irrigation demand computation, two scenarios are examined for the definition of crop development phases. In the first, the duration of each phase is constant while in the second, phases are determined based on degree day accumulation. In ODDYCCEIA the crop development cycle shortening which conduces to water use reduction, counterbalances evapotranspiration increase up to a certain level due to precipitation decrease and precipitation intra-annual distribution change. This effect is mainly observed for the African sub-region, while for the Asian and European sub-regions this effect is less pronounced. Under the fixed GDD scenario, for the African and Asian sub-regions, either relatively small decrease rates or slight increase rates are found, while under the fixed duration scenario demand increase rates are more important. For the African sub-region, where the demand changes are very marked, a 5.4 Conclusion 271 demand increase of a few percent (+0.4%) is observed for the fixed GDD scenario, while for the fixed duration scenario a more than 10% demand increase is expected. The changes are more noticeable in countries under Mediterranean influence due to precipitation reduction. For the Asian sub-region, under the fixed GDD scenario a slight demand decrease is found, while under the fixed duration scenario a small demand increase. Last for the European region, the difference concerning the level of demand change between the two scenarios is not apparent, whereas the difference concerning the distribution of changes is more obvious. Overall, the effects of the two scenarios may seem similar, however, demand change values are more contrasted under the fixed GDD scenario, while under the fixed duration scenario demand increase values are more homogeneous. Overall, reliability decreases over the Mediterranean region. In general, it can be observed that reliability changes are less important that changes in demand and the results under the fixed GDD and fixed duration scenarios are more similar. For the African sub-region extreme reliability reductions (-25% and -32% under the fixed GDD and fixed duration scenarios respectively) are found in some parts of Tunisia and Algeria, where precipitation reduction is important. For the European sub-region, the level of reliability reduction is quite similar (-23% and -34% under the fixed GDD and fixed duration scenarios respectively) and is expected for few areas of the Balkans. Also, it can be seen that reliability change values are more contrasted under the fixed GDD scenario, since for instance across Italy reliability change ranges from around -11% to +2%, while under the fixed duration scenario reliability increases by +1% almost everywhere. Last, for the Asian sub-region, reliability changes are less pronounced with reductions reaching around -10% for both irrigation change scenarios. Hence, reliability changes seems to be more sensitive to changes in inflow. Reservoirs and changes in operating rules allow to maintain reliability in some regions, sometimes with increased demand. However, overall, they limit the reliability decrease without being able to counterbalance completely changes in demand and inflow. ODDYCCEIA results are quite in agreement with demand changes found in the literature. For instance for Spain under the fixed duration scenario [Dı́az et al., 2007] or for France under the fixed GDD scenario [González-Camacho et al., 2008] there is an agreement, while for France [Brisson and Levrault, 2010] or the whole Mediterranean area under the fixed GDD scenario, consistency is not clear. In future works, MIRCA2000 data [Portmann et al., 2010] could be used in order to determine crop calendars. Also, the existing simple soil model could be replaced by a more elaborated one using elements for instance from 5.4 Conclusion 272 ORCHIDEE/SECHIBA [Guimberteau, 2010; Ducharne et al., 2003]. In addition, groundwater could be modeled in a simplified way in order to represent local groundwater abstraction. It is envisaged also to represent other uses like power plant cooling and domestic demand. For this purpose, a preliminary investigation helped finding global databases like CARMA [CARMA, 2007] for power plant and CIESIN [Center for International Earth Science Information Network (CIESIN) et al., 2004] for settlements and domestic demand. Demands could be computed following global assessment methods or econometrics. The distinction could be made between evaporative and non-evaporative uses and evaporation from reservoirs could be represented. Economic criteria could then be used in order to allocate water resources according to demand prioritization. The integrated water resources methodology could be used in order to study various questions like virtual water trade, activities and population relocalization due to supply reduction, reservoirs network redimensioning taking into account climatic and non-climatic uncertainties, reservoir network operating rule determination considering conflicting objectives and the investment postponing option. The methodology could also be coupled with sectoral models and integrated into general equilibrium models in order to assess propagation effects. Bibliography 273 Bibliography Alcamo, J., Döll, P., Henrichs, T., Kaspar, F., Lehner, B., Rösch, T., Siebert, S., 2003. Development and testing of the WaterGap 2 global model of water use and availability. Hydrological Sciences 48 (3), 317–337. Ali, M. H., Shui, L. T., Yan, K. C., Eloubaidy, A. F., Foung, K., 2000. Modeling water balance components and irrigation efficiences in relation to water requirements for double-cropping systems. 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Conclusion et perspectives Conclusion et perspectives 283 Cette thèse avait pour objectif premier de développer des outils contribuant à une meilleure compréhension des mécanismes par lesquels, en modifiant le cycle de l’eau, le changement climatique global pouvait affecter une région donnée, ici le Bassin Méditerranéen, zone particulièrement fragile du point de vue de l’approvisionnement en eau. Le principal défi méthodologique que nous espérons avoir relevé était d’intégrer une nécessaire couverture globale et la prise en compte de l’hétérogénéité des profils d’offres et demandes d’eau par bassin versant. La stratégie scientifique que nous avons choisie a été de développer des modèles génériques pouvant récupérer les données disponibles à l’échelle globale pour donner une description satisfaisante des spécificités locales. Le degré de pertinence de cette stratégie peut être apprécié à l’aune de quelques résultats que nous pensons à la fois robustes et novateurs. Eléments méthodologiques et résultats Un premier ensemble de tels résultats est obtenu à partir d’un modèle de dimensionnement optimal d’un réservoir à l’échelle du bassin versant. En considérant que la demande suit l’offre dès qu’un niveau de fiabilité de 95% est garanti, nous avons calculé l’évolution du volume optimal des barrages dans un contexte de changement climatique. Sur la base du critère de valeur actualisée nette du système pour une valeur unitaire donnée de l’eau, on obtient une baisse du volume optimal supérieur à celui des études fixant un certain objectif de fiabilité et supposant constante la demande en eau. La baisse du dimensionnement optimal peut aller, selon les modèles climatiques (19 modèles du GIEC-AR4 pour le scénario SRES A2), jusqu’à 34 % du volume optimal à climat constant. Mais une étude du coût de l’erreur nuance l’importance pratique de ce résultat puisque celui-ci n’est que de 2.8 % de la valeur nette pour une vallée courte même avec un taux d’actualisation faible. Cela signifie que l’optimum est relativement plat et appelle une réflexion sur la pertinence du seul critère de la VAN pour discriminer entre plusieurs choix de dimensionnement et sur le besoin de critères décisionnels rendant mieux compte du coût de l’erreur. Un deuxième ensemble de résultats est obtenu à partir d’une méthodologie avec une couverture géographique étendue et un modèle générique permettant d’intégrer l’hétérogénéité spatio-temporelle de l’offre et de la demande à l’échelle du bassin versant. Cette méthodologie se positionne entre les études à l’échelle globale avec des schémas de routage et les études à l’échelle régionale ou locale qui représentent des réseaux de réservoirs fonctionnant de façon coordonnée. Dans ces études, les règles opérationnelles sont déterminées Conclusion et perspectives 284 sur la base de données historiques ou de techniques d’optimisation souvent complexes et intensives en terme de temps de calcul. La méthodologie a permis le test de règles opérationnelles de gestion de l’eau tenant compte des liens amont aval des réservoirs (et leurs sous bassins) reconstitués, des débits entrants déterminés sur la base des sorties du modèle climatique CNRM, d’un schéma de localisation des cultures irriguées, de caractérisation de ces cultures et d’évaluation de leurs besoins en irrigation, ainsi que des liens réservoirs-demandes (chaque demande associée uniquement à un réservoir) reconstitués sur la base de données topologiques et hydrologiques. L’opération coordonnée des réservoirs est déterminée afin de satisfaire la demande en irrigation au plus haut niveau de fiabilité. Testé sur l’Afrique du Nord et notamment sur l’Algérie, le modèle reproduit assez bien à la fois les réseaux de réservoirs, la localisation des zones irriguées, et les demandes associées à chaque cours d’eau et réservoir notamment les transferts longue distance malgré une tendance à surassocier des réservoirs aux demandes. Les demandes étant bien supérieures à l’offre, pour obtenir des réseaux faisables, les ruissellements annuels moyens des réservoirs ont dû être augmentés plusieurs fois. Le modèle a été appliqué pour tester l’évolution de la fiabilité de l’approvisionnement en eau de la région selon deux hypothèses sur le développement des cultures. Dans la première (S1), la durée en jours de chaque phase de développement des plantes est fixe. Dans la deuxième (S2), celle-ci évolue avec le changement climatique puisque elle est liée à un nombre nécessaire de degrés-jour pour la réalisation de chaque phase. On montre alors que le raccourcissement de la durée du cycle de développement compense jusqu’à un certain point la hausse de l’évapotranspiration ; ainsi, en Afrique du Nord, alors que dans le scénario S1 la demande augmente de +14% pour compenser la hausse de température, elle augmente que de +0.4% dans le scénario S2. De façon générale la fiabilité de l’approvisionnement en eau diminue sur la région. Les changements de fiabilité semblent être plus influencés par les changements de ruissellement. Pour certaines régions, le changement des règles opérationnelles, étant donnée une sorte d’adaptation spontanée de la végétation (scénario S2), permet de conserver la fiabilité malgré la hausse de la demande. Perspectives Ces résultats, pensons-nous, montrent la pertinence des modélisations retenues, mais nous sommes conscients de n’avoir parcouru que les premières étapes d’un programme au long cours. Nous voudrions, dans cette conclusion, suggérer quels développements qui pourraient être effectués sur la base des Conclusion et perspectives 285 travaux de cette thèse. Ces développements peuvent être regroupés en trois grands ensembles, d’ailleurs non totalement séparables. Un premier ensemble est de nature essentiellement technique : — Amélioration du modèle générique de dimensionnement en incluant les volumes de sédimentation et d’inondation et en intégrant l’évaporation des surfaces d’eau libre. Sur le premier point, des méthodes efficaces et cohérentes avec notre approche globale devraient pouvoir être adaptées des travaux de Mimikou [1994]. Les volumes de sédimentation peuvent être mieux cernés en fonction du poids unitaire et du débit moyen des sédiments à partir de modèles d’érosion. La distribution des sédiments peut aussi être calculée afin de déterminer le niveau de perte de volume utile. Quant à l’inondation retenue pour le dimensionnement du déversoir, elle pourra être déterminée sur la base de l’hydrogramme unitaire et de la crue de dimensionnement. Le niveau d’eau maximum du réservoir pourra être déterminé par le routage de la crue par le barrage. Enfin, la représentation de l’évaporation des surfaces d’eau libre des réservoirs devra être effectuée en liaison avec des travaux en cours. Divers modèles existent nécessitant un certain nombre de données soit fournies par les modèles climatiques soit ayant besoin d’un calcul intermédiaire avec des formules données par Allen et al. [1998]. Dans les travaux en cours, les modèles de Priestley Taylor, deBruin Keijman, Penman, Brutsaert-Stricker, Papadakis et Thorthwaite ont été testés pour un cas artificiel. Les quatre premiers, essentiellement influencés par le rayonnement, sont en cohérence, alors que les autres, influencés par la température, semblent être différents en terme de valeur moyenne et amplitude. — Intégration de l’offre souterraine comme élément essentiel de l’offre en eau en Méditerranée [Pulido-Velazquez et al., 2008]. Dans un premier temps, il pourra être considéré que chaque demande est satisfaite en priorité par l’eau souterraine disponible localement. La part de chaque demande non couverte constituera la demande à satisfaire par les réservoirs. Un modèle générique de nappes, s’inspirant de SECHIBA/ORCHIDEE [Guimberteau, 2010; Ducharne et al., 2003] devra par la suite être élaboré, les caractéristiques desquelles devront être recensées. Il pourra alors être appliqué aux données cartographiques existantes (UNESCO, cartes géologiques, Siebert et al. [2005]) nécessaires pour la localisation des lieux de pompage afin d’élaborer un modèle simplifié de pompage. Diverses formes de restrictions techniques et réglementaires sur les quantités prélevées pourront être intégrées. Des règles opérationnelles d’utilisation conjointe pourront ainsi être formulées en considérant les nappes comme des réservoirs supplémentaires. Le choix sera fait par le biais d’un coefficient qui lie le niveau des nappes et des réservoirs à la quantité prélevée et qui sera optimisé en utilisant le critère de maximi- Conclusion et perspectives 286 sation du surplus des usages moins les coûts de pompage ou de la fiabilité. Des travaux sont en cours pour l’utilisation conjointe à l’échelle du bassin versant. — Validation quantitative de la méthodologie globale-locale en utilisant les observations de Wolfgang Ludwig sur la base des débits issus des sorties des modèles climatiques régionaux ou calculés suivant le modèle empirique de Ludwig et al. [2009]. Cette validation permettra entre autres de mieux cerner les reports entre eaux souterraines et eaux de surface. Un deuxième ensemble de travaux doit porter sur la composante économique du modèle de dimensionnement et du modèle régional : — Sur le modèle de dimensionnement optimal, en dehors de l’introduction de règles paramétriques de partage entre l’utilisation de l’eau pour la satisfaction des demandes et le maintien d’un volume pour l’écrêtage des crues et de l’évaluation des conséquences économiques des inondations pour les zones vulnérables en aval, l’essentiel de l’effort devrait porter sur les modèles d’investissement dans l’incertain. On est ici en présence d’investissements irréversibles et on peut penser, dans le même esprit que Venkatesh et Hobbs [1999] à des approches bayésiennes avec décision séquentielle et arrivée progressive de l’information. L’avis d’experts pourra être intégré sous forme de probabilités subjectives attribuées aux scénarios de changement climatique qui sera réévalué à chaque étape de décision à la base des changements observés. Un des enjeux ici est de mettre en regard l’incertitude introduite par le changement climatique (dynamiques transitoires, changements de la variabilité inter-annuelle des modèles climatiques globaux, scénarios d’émission, méthodes de descente d’échelle, modèles hydrologiques) et les autres types d’incertitudes, y compris celles relevant des demandes et des arrangements institutionnels (politiques de tarification, valeur unitaire de l’eau dépendante du niveau de demande, évolution des demandes dans l’espace et le temps, importations d’eau, marchés d’eau...). Ainsi cette méthodologie pourra être intégrée dans la méthodologie générique globale-locale dans laquelle les réservoirs sont représentés avec leur dimensions actuelles. Des sites potentiels de construction de nouveaux barrages pourront être déterminés en utilisant des indices hydrologiques et topologiques. — Sur le modèle régional, l’important est de disposer d’indicateurs de la valeur économique de l’eau. Cette valeur pourra être dérivée d’analyses économétriques sur la base des enquêtes disponibles pour les ménages, d’enquêtes sur l’utilisation de l’électricité et de l’eau par les entreprises manufacturières et les services, et, enfin pour l’agriculture, en reprenant la méthode présenté par Strobl et Strobl [2010] qui se base sur les terres cultivées localisées à partir de données d’usage des sols dérivées des images satellites, les informations Conclusion et perspectives 287 climatiques et les débits. Ces études économétriques en panel permettront de comprendre le rôle de l’eau et sa variabilité pour les secteurs. Ainsi, étant donné que les situations de manque d’eau pourraient être accentuées sous changement climatique, l’eau pourra être allouée à la demande avec la plus grande valeur économique. Ces relations quantitatives pourront être utilisées pour le calcul des demandes en eau sectorielles. La méthode WATERGAP [Alcamo et al., 2003] pourra aussi être utilisée pour leur calcul au niveau national sur la base de paramètres socioéconomiques. Suivant WATERGAP, des données historiques de demandes (Eurostat, Plan Bleu) et de richesse (FMI) pourront être utilisées pour déterminer la fonction quantité utilisée-revenu par habitant. Les valeurs ajoutées des secteurs industriels de GTAP pourront être utilisées pour la désagrégation au niveau sectoriel et la quantité utilisée par unité de valeur ajoutée d’un produit industriel pourra être déterminée sur la base de données historiques de demandes (Eurostat, Plan Bleu) et de valeur ajoutée (Enerdata). CARMA fournie des données sur la production électrique actuelle des stations et sur l’intensité de leur émissions de CO2 sur la base desquelles leur type est déjà déterminé. Le procédé de refroidissement devra aussi être connue, information jusqu’à présent disponible uniquement pour les stations nucléaires françaises. Pour le calcul de la demande en irrigation, la méthode actuellement implémentée pourra être utilisée avec des améliorations comme l’utilisation de MIRCA2000 [Portmann et al., 2010] pour la détermination des calendriers des cultures et la meilleure représentation des sols en utilisant éventuellement des éléments d’ORCHIDEE/SECHIBA. La localisation exacte des usages évaporatifs et non évaporatifs n’étant pas connue, une règle générique qui représente en moyenne les différents ordres pourra être considérée. Un troisième ensemble de travaux porte sur les éléments nécessaires à la prospective des vulnérabilités du bassin méditerranéen provoquées par la transformation des régimes de précipitation dont il bénéficie. Il s’agit ici d’un chantier difficile dans la mesure où il implique de faire tenir dans une modélisation cohérente une prospective des activités humaines (localisation des activités, migrations, choix technologiques dans l’énergie, l’agriculture, l’habitat) et une description de l’impact de la transformation des approvisionnements en eau sur ces activités, en particulier l’agriculture. La difficulté est ici qu’il faut disposer, en principe, non seulement d’une description maı̂trisable des flux physiques et des indicateurs de niveau de production mais aussi une endogénéisation des prix relatifs (le prix de l’eau certes mais aussi celui de l’énergie et celui de la terre qui est déterminant pour comprendre la localisation des diverses activités et l’impact des prix alimentaires sur les niveaux Conclusion et perspectives 288 de vie) et, enfin d’une description des feedbacks que l’évolution de ses prix relatifs a sur l’activité générale, la distribution sectorielle de cette activité et sur le niveau de vie des ménages. Les impacts directs des pénuries ou des inondations seraient faibles par rapport à la production totale. Cependant, les impacts sur la productivité et l’investissement des secteurs directement touchés pourraient se transmettre aux autres secteurs donnant ainsi lieu à des importants effets de propagation l’analyse desquels nécessite l’étude du bouclage macroéconomique. Non seulement les secteurs directement touchés sont liés à toute l’économie mais symétriquement le coût de certains facteurs peut influencer le coût des politiques de gestion de l’eau. L’étude de ces questions est conditionnelle à l’existence d’un cadre permettant de faire discuter le modèle d’agriculture, d’eau et de bâti comme IMACLIM-R qui permet de renseigner l’équilibre économique général à partir de données sectorielles, notamment du secteur eau [Sassi et al., 2010]. On doit donc passer à des modèles des effets d’équilibre général permettant dans la ligne suivie au Cired avec le modèle Imaclim d’organiser un dialogue cohérent entre “expertises d’ingénieurs” sur les potentiels techniques, dynamiques sectorielles et dynamiques macro-économiques. Mais pour intégrer les effets de l’approvisionnement en eau sur le développement, on est confronté à un problème d’intégration “bottom-up” - “top-down” d’un niveau supérieur à celui rencontré dans le dossier de l’énergie. Il faut en effet prendre en charge des interactions globales comme des marchés agricoles et des prix de la terre et des dynamiques et contraintes très spatialisées autour d’un secteur, l’eau, critique pour le développement mais qui pèse peu dans une comptabilité macroéconomique. Il était impossible de relever le défi dans le cadre de cette thèse et probablement il est impossible de le faire dans une seule équipe. C’est à une vaste communauté scientifique interdisciplinaire de s’y atteler et c’est une condition nécessaire à mieux prendre la mesure de l’impact économique et social des changements climatiques globaux. Bibliographie 289 Bibliographie Aftias, M., Ydreuseis, Ecole Polytechnique d’Athènes Grèce, 1992. Alcamo, J., P. Döll, T. Henrichs, F. Kaspar, B. Lehner, T. Rösch, et S. Siebert, Development and testing of the WaterGap 2 global model of water use and availability, Hydrological Sciences, 48 (3), 317–337, 2003. Alcamo, J., M. Flörke, et M. Märker, Future long-term changes in global water resources driven by socio-economic and climatic changes, Hydrological Sciences, 52 (2), 247–275, 2007. Ali, M. H., L. T. Shui, K. C. Yan, A. F. Eloubaidy, et K. Foung, Modeling water balance components and irrigation efficiences in relation to water requirements for double-cropping systems, Agricultural Water Management, 46, 167–182, 2000. 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