CHAPITRE H1 - hgmatisse

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CHAPITRE H1 - hgmatisse
CHAPITRE G4
GERER LES ESPACES TERRESTRES
La nature offre aux hommes des potentialités (richesses naturelles, paysages…) mais impose
également des contraintes plus ou moins importantes (pentes, érosion, séismes…). Pour les hommes, se
pose ainsi la question de la gestion des espaces terrestres qui offrent des potentialités tout en leur
imposant des contraintes. Comment peut-on profiter des unes tout en limitant au maximum les autres ?
I – En quoi les littoraux sont-ils des espaces convoités ?
Les littoraux forment une bande de 340 000 km de long sur la Terre. Ces espaces correspondent
aux zones sur lesquelles les milieux marins et continentaux entrent en contact. Dans cet espace, la mer
influe sur le monde terrestre (particularités climatiques, odeurs, activités) et réciproquement. Espaces
d'une grande richesse biologique, ils offrent également de grands avantages aux hommes qui ont
tendance à s'y installer de plus en plus. Ces espaces attractifs sont donc confrontés à une multiplication
d'aménagements qui les mettent en danger. Comment les sociétés humaines agissent-elles aujourd'hui
sur les littoraux ?
A) Quelles activités se concentrent sur les littoraux ?
- Les littoraux sont des lieux d’échanges : La voie maritime est aujourd'hui la plus utilisée pour le
transport de marchandises en raison des faibles coûts qu'elle permet. Le trafic maritime a
considérablement augmenté (plus de 70 % depuis le début des années 70) et concerne aujourd'hui tout
autant les matières premières que les produits manufacturés. Cette augmentation est liée au
développement du transport par conteneurs.
Les ports sont donc des espaces particulièrement importants des littoraux. C'est là que s'effectuent
les opérations liées au changement de moyens de transport entre la voie maritime et les différents
types de moyens de transport terrestre (rupture de charge). Les espaces portuaires sont souvent
anciens mais la croissance du trafic a souvent amené leur déplacement dans l'espace (ainsi, à Marseille,
on est passé du port antique et médiéval (Vieux Port) au port de la Joliette au nord du centre-ville au
XIXè siècle puis à Fos-sur-Mer à une trentaine de kilomètres de la ville). Ces ports connaissent des trafics
variables : aujourd'hui, les principaux se situent le long des littoraux asiatiques, européens et nordaméricains. La proximité de ports importants a favorisé l'apparition de façades maritimes où aboutissent
les grandes routes maritimes.
Conteneur : Caisse métallique servant au transport des marchandises. Leur forme standardisée permet
de les placer aussi bien sur des navires que sur des camions ou des wagons plats.
Façade maritime : Région littorale ouverte aux échanges mondiaux. Elle est constituée de plusieurs
grands ports rapprochés.
Routes maritimes : Itinéraires suivis par les navires de commerce. Elles se concentrent aux points de
passage obligés (canaux interocéaniques, détroits)
- une diversification des activités : Certaines activités sont traditionnellement installées sur le
littoral. Elles sont liées à l'exploitation des richesses de la mer (pêche, conserverie) ou au monde de la
mer au sens large (chantiers navals, ports). Elles ont drainé vers les littoraux des populations qui se sont
installées en ces lieux, notamment en relation avec les activités commerciales.
La mondialisation et l'accroissement des possibilités des navires ont modifié profondément la
donne. Beaucoup d'industries s'installent désormais sur les littoraux afin de profiter des matières
premières qui arrivent par la mer (on évite le coût plus important du transport terrestre) et de
réexpédier facilement les produits finis. Ces industries s'installent donc à proximité des ports. Le littoral
devient donc une zone d'interface entre l'intérieur des terres (l'hinterland) et le reste du monde.
Interface : Espace de contact entre deux milieux naturels, sociaux ou économiques différents
Hinterland : Espace continental desservi par un port pour ses importations et ses exportations
Les littoraux sont également devenus attractifs pour le tourisme. Alors que le tourisme littoral
était une activité surtout hivernale au XIXè siècle (« promenade des Anglais » à Nice), il est devenu dans
la seconde moitié du XXè siècle une activité estivale avec le développement du tourisme de masse. Les
littoraux constituent le premier espace touristique mondial.
=> Les littoraux constituent des espaces de plus en plus attractifs. En 1950, 28 % des humains vivaient à
moins de 50 km des côtes, c’est aujourd’hui 50 %. On appelle ce mouvement des hommes et des
activités vers les côtes la littoralisation.
B) Quels conflits sont provoqués par la convoitise des hommes et des activités sur les espaces
littoraux ?
Les littoraux sont généralement des espaces étroits sur lesquels les hommes et leurs activités
entrent en concurrence. La littoralisation se traduit par une multiplication des activités humaines et
donc par un afflux de population qu’il faut bien loger. Le premier conflit est donc entre les activités
économiques et l’habitat humain ; on assiste ainsi à une urbanisation des littoraux, la ville dévorant
l’espace disponible ce qui oblige à construire en hauteur. Il faut aussi faire passer à travers ses espaces
urbains l’ensemble des voies de communication qui généralement suivent le littoral.
Dans un espace encore réduit par l’urbanisation, la concurrence entre les activités est encore
plus féroce. Ce sont généralement les activités traditionnelles qui se réduisent (activité de la pêche,
agricole ou de la récolte du sel) parce qu’elles n’ont pas la capacité financière de grands groupes
industriels ou des Etats qui peuvent mettre le prix fort pour acheter des terrains. Les activités nouvelles
grignotent ainsi peu à peu les activités traditionnelles (zone industrielle à la place d’espaces d’élevage ;
installations touristiques à la place d’un village de pêcheurs).
Dans cette quête d’espaces, on a commencé par rendre habitable des espaces qui ne l’étaient
pas (ex : la côte languedocienne dans les années 60-70). Lorsque la place a manqué, on a commencé à
gagner sur l’étendue maritime. Deux méthodes existent pour cela : les polders (on gagne des terrains
sur la mer en faisant reculer celle-ci grâce à des digues) ; les terre-pleins (on construit des îles artificielles
généralement reconnaissables à leurs formes géométriques).
Polder : Terrain gagné sur la mer grâce à la construction de digues
Terre-plein : Terrain gagné sur la mer grâce au remblaiement permettant la construction d’îles
artificielles
Cette conquête des espaces littoraux par les activités peuvent se révéler contre-productive car
les activités ne sont pas forcément compatibles (ex : la lagune de Venise ; les rejets de l’agriculture en
Bretagne et leurs effets sur le littoral avec la prolifération d’algues ; la bétonisation par des grands
ensembles touristiques…)
C) Comment peut-on parvenir à un développement durable des espaces littoraux ?
La protection des espaces littoraux a pour but de préserver la biodiversité, les équilibres
biologiques et les paysages littoraux. Elle est généralement décidée par les pouvoirs politiques (arrêtés
municipaux, lois) et porte sur des périmètres bien définis (parcs naturels, réserves naturelles). On y
interdit toute nouvelle construction, on y limite l’accès et l’exploitation du milieu par les hommes (la
pêche notamment). Décisions souvent locales, ces mesures de protection du littoral sont cependant
encadrées par des accords internationaux comme par exemple la convention de Ramsar (1971).
La Convention sur les zones humides (Ramsar, Iran, 1971) -- connue sous le nom de « Convention de
Ramsar » -- est un traité intergouvernemental qui incarne les engagements de ses États membres à
maintenir les caractéristiques écologiques de leurs zones humides d'importance internationale et à
planifier « l'utilisation rationnelle », ou utilisation durable, de toutes les zones humides se trouvant sur
leur territoire.
La gestion intégrée des espaces littoraux ne vise pas à « sanctuariser » l’espace littoral pour le
protéger mais à faire en sorte que son développement s’effectue de manière harmonieuse en limitant
les conflits d’usages entre les différents acteurs. Le principe général d’une gestion intégrée, c’est-à-dire
prenant en compte aussi bien les intérêts des acteurs que les spécificités d’un espace littoral, est né
dans la communauté scientifique et a débouché en Europe sur la mise en place de la GIZC (Gestion
intégrée des zones côtières), principe qui a peu à peu été repris dans de grands accords internationaux.
Ce principe voit se réunir différents types d’acteurs (scientifiques, acteurs politiques ou économiques)
au sein d’organes de gestion ; en fonction des caractéristiques du littoral, on peut remettre en cause des
aménagements déjà existants (destruction d’un polder, retour d’une plage à son état « naturel »…),
transformer les caractéristiques de l’agriculture pour la rendre moins polluante, n’accepter de nouveaux
aménagements importants qu’en échange de compensations.
Cependant, le développement durable des espaces littoraux reste difficile à réaliser du fait des
enjeux économiques importants de ces espaces. Dans les pays développés, la dégradation de ces
espaces est ancienne et, même si les nouveaux aménagements prennent souvent en compte les
impératifs du développement durable, beaucoup de littoraux sont grandement fragilisés. Dans les pays
en développement, on peut difficilement parler d’un développement durable des espaces littoraux car,
outre les effets environnementaux négatifs, l’évolution économique de ces espaces (développement
d’activités économiques nouvelles comme le tourisme balnéaire) a des effets négatifs sur les activités
traditionnelles et les sociétés.