Les compressions élastiques dans le lymphœdème de la partie
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Les compressions élastiques dans le lymphœdème de la partie
GUIDE PRATIQUE Les compressions élastiques dans le lymphœdème de la partie supérieure du corps Fabrication et classification des vêtements compressifs Principes d’anatomie et de physiologie en relation à la compression des membres supérieurs et du thorax Données probantes en faveur de l’utilisation de vêtements compressifs chez les patients atteints de lymphœdème de la partie supérieure du corps Sélection d’une compression élastique dans le lymphœdème de la main, du bras et de la ligne médiane du thorax Journal of INTERNATIONAL LYMPHOEDEMA FRAMEWORK SOUTENU PAR UNE BOURSE D’ÉTUDE DE BSN MEDICAL Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles des responsables de la publication ou de BSN Medical. CE DOCUMENT A REÇU LE SOUTIEN DE : Australasian Lymphology Association (ALA, Australie) British Lymphology Society (BLS, R-U) Lymphoedema Association of Australia (LAA, Australie) Lymphoedema Support Network (LSN, R-U) Lymphology Association of North America (LANA) MLD UK National Lymphedema Network (NLN, É.-U.) Nederlands Lympfoedeem Netwerk (NLN, Pays Bas) Norsk Lymfødemforening (NLF Norsk, Norvège) RÉDACTEUR EN CHEF Nicola Rusling CONSEILLER RÉDACTIONNEL EN CHEF Christine Moffatt Professeur honoraire, Glasgow University Medical School, R-U RÉDACTEUR ADJOINT Binkie Mais CONSEILLERS RÉDACTIONNELS Jane Armer Professeur, École d’infirmière Sinclair, Directrice, Recherche en soins infirmiers , Ellis Fischel Cancer Center, Directrice, American Lymphedema Framework Project, Université du Missouri, Columbia, É.-U. Augusta Balzarini Médecin, Rééducation oncologique, soins palliatifs et rééducation, Institut national du cancer, Milan Håkan Brorson Consultant en chirurgie plastique, Département des sciences cliniques, Unité des lymphœdèmes, Chirurgie plastique et reconstructrice, Hôpital universitaire de Malmö, Malmö, Suède Michael Clark Chercheur sénior, Département de la cicatrisation des plaies, École de médecine, Université de Cardiff, Cardiff, R-U Robert Damstra Dermatologue, Département de dermatologie, plébologie et lymphologie, Nij Smellinghe Hospital, Drachten, Pays Bas Israel Lymphoedema Association (ILA, Israël) Sarah Davies Physiothérapeute, Centre de cancérologie Peter MacCallum, Victoria, Australie Svensk Förening för Lymfologi (SFL, Suède) Etelka Földi Médecin chef, Clinique Földi, clinique spécialisée en lymphologie, Hinterzarten, Allemagne ÉNONCÉ DE RECONNAISSANCE : La International Society of Lymphology (ISL) recommande le nouveau Guide pratique : Les compressions élastiques dans le lymphœdème de la partie supérieure du corps comme ressource pédagogique valable, utile et explicative pour les médecins généralistes et le public en tant que recueil réfléchi et détaillé des pratiques établies au sein du Royaume Uni. ©HealthComm UK Ltd, a division of Schofield Healthcare Media Ltd, 2009 Tous droits réservés. Aucune reproduction, copie ou transmission de la présente publication ne peut être réalisée sans autorisation écrite expresse, à l’exception de BSN medical. Aucun paragraphe de la présente publication ne peut faire l’objet d’une quelconque reproduction, copie ou transmission sans autorisation écrite expresse ou selon les dispositions de la loi “Copyright, Designs & Patents Act 1988” ou suivant les termes d’un quelconque permis permettant une copie limitée, délivré par la Copyright Licensing Agency, 90 Tottenham Court Road, Londres W1P 0LP. POUR LE RÉFÉRENCEMENT DU PRÉSENT DOCUMENT VEUILLEZ CITER LE TEXTE CI-DESSOUS : Guide pratique : Les compressions élastiques dans le lymphœdème de la partie supérieure du corps. 2009. HealthComm UK Ltd, Aberdeen Nicole Stout Gergich Physiothérapeute et spécialiste des lymphœdèmes, Centre médical de la marine nationale, Centre des soins mammaires, Bethesda, MD, É.-U. Kaoru Kitamura Vice-Directeur (Département de chirurgie mammaire), Hôpital central Kyushu, Fukuoka, Japon Isabelle Quéré Professeur en médecine vasculaire, Chef du département de médecine vasculaire, Hôpital universitaire Saint Éloi de Montpellier, Université de Montpellier, France Saskia Thiadens Fondateur et directeur général, National Lymphedema Network, Inc, Oakland, Californie, É.-U. Anna Towers Directrice, Division des soins palliatifs, Université McGill, Montréal, Canada Horst Weissleder Professeur de radiologie, Université de Fribourg, Allemagne; Président honoraire de la Société allemande de lymphologie Des copies de ce document sont disponibles sur les sites Internet suivants : www.wounds-uk.com www.lymphormation.org www.woundsinternational.com EDITE PAR HealthComm UK Ltd, Suite 3.1, 36 Upperkirkgate, Aberdeen AB10 1BA, R-U IMPRESSION WACE Corporate Print Limited, Swindon, Wiltshire, SN3 4FH, R-U TRADUCTIONS POUR LES ÉDITIONS ÉTRANGÈRES RWS Group, Medical Translation Division, Ad-Ex House, 296 Kingston Road, Londres, SW20 8LX, R-U GUIDE PRATIQUE Les compressions élastiques dans le lymphœdème de la partie supérieure du corps CJ Moffatt Les compressions élastiques sont au centre de la prise en charge à long terme du lymphœdème et représentent l’un des aspects les plus importants des soins en permettant d’aider les patients à avoir un meilleur contrôle de leur état. Le domaine des compressions s’est jusqu’ici focalisé sur les membres inférieurs. Ce Guide pratique est une tentative unique de fournir une ressource internationale pouvant guider l’utilisation appropriée de vêtements compressifs pour la partie supérieure du corps. CJ Moffatt, CBE, Professeur honoraire, Glasgow École de médecine universitaire, R-U Directeur, International Lymphoedema Framework Le lymphœdème est un important problème de santé international à la fois dans les pays développés et ceux en voie de développement. Bien que l’on ne connaisse pas avec précision la dimension du problème, les recherches réalisées dans le monde entier commencent à montrer sa véritable ampleur. Des millions de patients et leurs familles sont atteints sur le plan personnel par ce fardeau. La pratique et les connaissances professionnelles sont souvent faibles et cette ignorance a pour conséquence un traitement inadéquat, voire l’absence de traitement, et contribue à l’absence de remboursement du traitement dans de nombreuses régions du monde. Ce guide fait suite à un premier document intitulé Compression hosiery in Lymphoedema (Lymphoedema Framework, 2006a) qui reconnaît le rôle central que les vêtements compressifs jouent dans le traitement du lymphœdème des membres inférieurs. Ces deux documents constituent un guide complet, mais également pratique, pour les médecins qui prennent en charge des patients souffrant de lymphœdème. Dans le premier article, Krimmel décrit les principes de base de la fabrication de vêtements compressifs et la manière dont les différents types de tissage et l’utilisation des fils affectent le type de vêtement fabriqué. Ceci est un point d’une importance critique qui influence directement le choix du vêtement compressif à administrer à des patients ayant des présentations cliniques différentes. Contrairement aux compressions élastiques pour les membres inférieurs pour lesquels il existe différentes normes nationales, il n’existe qu’une seule norme, récemment adoptée (la RAL) qui établit les critères de pression et de fabrication pour les vêtements compressifs des membres supérieurs. L’article par Carati, Gammon et Piller fournit une étude approfondie de l’anatomie et de la physiologie de la partie supérieure du corps, et souligne de quelle manière une compréhension du flux artériel, veineux, et lymphatique des membres normaux et à risque ou atteints de lymphœdème, améliorera de manière importante l’issue des patients. Les auteurs soulignent les difficultés à mesurer sous la compression. Johansson a réalisé une étude de la littérature sur les données justifiant l’utilisation de vêtements compressifs pour le traitement des œdèmes de la partie supérieure du corps. Cette étude montre le nombre très faible d’études de bonne qualité réalisées dans ce domaine au cours des 30 dernières années. Toutes les données probantes disponibles à ce jour encouragent l’utilisation de vêtements compressifs pour les membres supérieurs. Toutefois, ces données sont souvent entachées par une mauvaise méthodologie, des problèmes de définition et des difficultés à normaliser les méthodes d’évaluation pour comparer les études. Ce domaine nécessite un investissement en recherche considérable. Le dernier article par Doherty et Williams fournit des conseils pratiques et détaillés sur l’utilisation des vêtements compressifs dans la pratique courante. Ces recommandations sont largement tirées du Best Practice for the Management of Lymphoedema (Lymphoedema Framework, 2006b) qui a été élaboré et endossé par des experts internationaux reconnus dans le domaine. Cet article souligne la nécessité d’une évaluation rigoureuse et continue de l’efficacité des vêtements compressifs et donne également un aperçu des différentes présentations du lymphœdème de la partie supérieure du corps. En dépit de l’absence de données probantes empiriques, l’abondance des avis cliniques experts étaye le rôle central que les vêtements compressifs jouent dans la prise en charge des lymphœdèmes. Il est particulièrement important de souligner la reconnaissance récente qu’un traitement précoce et que la prévention du lymphœdème sont des éléments critiques si l’on souhaite éviter les complications à long terme liées à une mauvaise prise en charge. En justifiant l’intérêt des vêtements compressifs dans le traitement du lymphœdème de la partie supérieure du corps, et en expliquant les aspects pratiques de ce type d’approche, ce document a pour objectif d’optimiser leur utilisation auprès des médecins et des patients et de mieux soulager les personnes souffrant de lymphœdème. RÉFÉRENCES Lymphoedema Framework (2006a) Template for practice: compression hosiery in lymphoedema. MEP Ltd, London Lymphoedema Framework (2006b) Best Practice for the Management of Lymphoedema. International Consensus. London: MEP Ltd 1 2 GUIDE PRATIQUE Fabrication et classification des vêtements compressifs G Krimmel Le tricot plat et le tricot circulaire sont les deux principales techniques utilisées dans la fabrication de vêtements pour les patients atteints de lymphœdème. Ces deux techniques influencent les propriétés du produit final en termes de niveau de compression fourni, d’épaisseur, de confort et d’acceptabilité sur le plan esthétique. Il est important que les cliniciens comprennent comment la fabrication influence le produit fini et comment les vêtements sont classés, de sorte qu’ils soient en mesure de choisir des produits fournissant une compression efficace, qui s’adaptent correctement, sont confortables et encouragent l’utilisation à long terme. G Krimmel, General Manager, BSN-Jobst GmbH, Emmerich am Rhein, Germany Les vêtements compressifs sont généralement prescrits après thérapie intensive chez les patients porteurs d’un lymphœdème de la partie supérieure du corps. Toutefois, ils peuvent être également utilisés pour la prophylaxie ou en complément du traitement initial des patients présentant un lymphœdème léger. Chez certains patients, les vêtements compressifs peuvent représenter la seule forme de compression utilisée ou faire partie d’un plan de traitement incluant d’autres types de compression, tels que les bandes multicouches. Pour que la compression choisie soit efficace et encourage l’observance du patient, elle doit être confortable et acceptable pour le patient (Lymphoedema Framework, 2006). Il existe plusieurs styles de vêtements compressifs pour le traitement d’un œdème de la partie supérieure du corps, notamment les gants, gantelets, manchons, vestes et masques pour œdème facial. Le type de vêtement et le niveau de compression prescrits aux patients souffrant de lymphœdème dépendent de plusieurs facteurs, notamment la localisation, l’étendue, la déformation du membre,et la sévérité de l’œdème, la capacité du patient à gérer et à tolérer la compression et le choix du patient (Lymphoedema Framework, 2006). Par conséquent, pour une utilisation optimale des vêtements compressifs, il est important que les cliniciens comprennent la pertinence des aspects techniques de la fabrication des vêtements, de sorte qu’ils soient en mesure de choisir un vêtement efficace, confortable et qui s’adapte parfaitement, afin d’encourager l’observance et l’utilisation à long terme. FABRICATION DES VÊTEMENTS COMPRESSIFS La compression, définie comme étant la pression appliquée au membre par un vêtement (Clark et Krimmel, 2006), dépend d’une interaction complexe entre les propriétés physiques et la fabrication du vêtement compressif, la taille et la forme du membre auquel il est appliqué et l’activité du porteur. De façon générale, le niveau de compression est directement proportionnel à la tension d’application du dispositif de compression et inversement proportionnel à la taille du membre (Loi de Laplace) (Clark et Krimmel, 2006). La tension exercée par les vêtements compressifs est déterminée par le type de fil et les techniques de tricot choisis pour fabriquer le tissu. Fil Le tissu utilisé pour les vêtements compressifs est fabriqué en tissant ensemble deux types de fils (Figure 1) : n Trame. Elle produit la compression n Maille de fond. Elle fournit l’épaisseur et la raideur du tricot. Ces deux types de fils sont fabriqués en matériau élastique comme le latex ou l’élasthane (Lycra) et recouverts de polyamide ou de coton (fils guipés) (Figure 2). Le guipage permet de faire varier les paramètres force et élasticité du fil (Figure 2). L’élasticité est la mesure de l’allongement possible du fil, tandis que la force est celle de la facilité d’étirement. Un fil très solide est plus rigide et s’étire moins facilement qu’un fil moins fort et applique donc une plus forte compression. En modifiant le guipage, il est également possible de modifier l’épaisseur, la texture et a. b. FIGURE 1. Disposition de la trame et de la maille de fond dans un tricot plat (a) et un tricot circulaire (b). GUIDE PRATIQUE l’aspect du tricot. L’augmentation de l’épaisseur du fil central élastique de la trame représente le principal moyen pour obtenir des niveaux de compression plus élevés, bien qu’il soit également possible de modifier la maille de fond. TECHNIQUES DE TRICOTAGE Les deux principales techniques utilisées pour produire les vêtements compressifs sont : n le tricot plat n le tricot circulaire (Tableau 1). Tricot plat Comme son nom le suggère, la technologie du tricot à plat aboutit à un tissu plat (Figure 3) qui Fil élastique central, ex. latex ou élasthane Tricot circulaire Les vêtements en tricot circulaire sont fabriqués à partir d’un tissu tricoté sans interruption sur un cylindre, ce qui permet d’obtenir un tube sans couture qui nécessite comparativement moins de finitions pour produire la compression finale (Figure 5). En règle générale, le tricot circulaire est plus fin, et donc plus acceptable sur le plan esthétique, que le tricot plat. Guipage polyamide ou coton a. b. FIGURE 2. Fibres constituant le fil de la maille de fond et de la trame. Le guipage de la fibre extérieure autour d’un fil central étirable permet de faire varier les paramètres force et allongement du fil. Un guipage lâche (a) signifie que le fil est plus élastique et moins solide qu’un fil dont les fibres bénéficient d’un guipage serré (b). TABLEAU 1. Caractéristiques du tricot plat et du tricot circulaire Tricot plat prend forme en ajoutant ou retirant des aiguilles lors du tricotage. Le tissu est ensuite cousu (ce qui crée une couture) pour produire le vêtement final. Cependant, la société BSN-Jobst a récemment élaboré une technique tout à fait unique de tricot à plat permettant la production de gants sur mesure sans couture. Cette technologie unique permet d’obtenir un tissu plat plus doux que celui produit par la méthode traditionnelle. Les gants de compression sans couture sont particulièrement utiles chez les patients dont la peau est sensible et chez qui la présence d’une couture pourrait entraîner une irritation cutanée. Ce type de gants exerce également une pression continue, constante, et ne restreint pas les mouvements des mains (Földi et Greve, 2007) (Figure 4). Tricot circulaire Comment la forme En faisant varier le nombre est-elle maîtrisée ? d’aiguilles à utiliser. La trame élastique est montée presque sans tension En faisant varier la tension de la trame et la hauteur des mailles ; le nombre d’aiguilles ne peut pas être modifié, d’où une moindre capacité d’adaptation Nombre d’aiguilles par pouce 14–16 (tissu grossier) 24–32 (tissu fin) Épaisseur du fil Fil plus grossier – pour obtenir une raideur et une épaisseur suffisantes du tissu final Fil plus fin – plus acceptable sur le plan esthétique VÊTEMENTS PRÊTS-À-PORTER OU SUR MESURE Dans la plupart des cas de lymphœdème des membres supérieurs, la gamme des tailles offertes par les fabricants de vêtements prêts-à-porter n’est pas adaptée à la taille ou à la forme de la zone œdémateuse qui nécessite des produits sur mesure. Ceci représente, par ailleurs, un défi spécifique auquel un médecin fait face au moment de la prescription d’un vêtement. Ceci est particulièrement le cas pour les régions difficiles à mesurer telles que la poitrine, où la forme mammaire, le poids et la densité des tissus et le rapport épaule-thorax, auront tous un impact sur l’ajustement du vêtement. Même s’il existe différents styles et tailles de soutiens-gorge prêts-à-porter, les vêtements sur mesure sont recommandés lorsqu’il existe des considérations anatomiques spécifiques, afin d’obtenir un ajustement plus efficace et confortable. Les techniques du tricot plat et du tricot circulaire sont utilisées pour produire des vêtements compressifs prêts-à-porter ou sur mesure. Toutefois, les vêtements sur mesure sont le plus souvent fabriqués en tricot plat, car cette technologie permet une utilisation sur un large éventail de déformations anatomiques. Le nombre total d’aiguilles utilisées pendant le 3 4 GUIDE PRATIQUE tricotage peut être augmenté ou diminué de façon à diminuer la largeur et la forme du tissu obtenu. La technique du tricot circulaire, qui utilise un nombre d’aiguilles fixe, réduit la marge d’adaptation possible. Toutefois, en modifiant la tension de la trame et la hauteur des mailles, le tricotage lui-même peut intervenir sur la forme. De façon générale, les vêtements sur mesure en tricot circulaire ne sont adaptés qu’en l’absence de déformation ou en cas de déformation minime d’un membre. Dans le cas contraire, il pourrait être plus difficile d’obtenir un ajustement adéquat. Le tricot plat est généralement plus grossier que le tricot circulaire, car le fil utilisé est plus épais, ce qui diminue le nombre d’aiguilles utilisées par pouce pendant le tricotage (Tableau 1). Ce type de fil permet de produire un textile plus raide et plus épais, agissant plus efficacement sur les plis cutanés, sans créer d’effet de cisaillement ou de garrot. La finition plus fine des compressions en tricot circulaire les rend plus acceptables sur le plan esthétique, mais le risque de cisaillement est plus important, surtout si la compression est portée pendant de longues périodes. FIGURE 3. Vêtement en tricot plat. a. b. FIGURE 4. Les gants doux et sans couture en tricot plat Elvarex® Soft Seamless comportent les caractéristiques suivantes : (a) bords plats sans couture, fins et qui ne se retroussent pas ; (b) une méthode de fabrication unique en 3 D qui facilite un ajustement adéquat entre les doigts, ce qui contribue à contrôler l’œdème sur cette zone. FIGURE 5. Vêtement en tricot circulaire. NORMES EUROPÉENNES POUR LES VÊTEMENTS COMPRESSIFS DES MEMBRES SUPÉRIEURS Les normes nationales portent sur des paramètres tels que les méthodes d’essai, les spécifications du fil, le gradient de compression et la durabilité et sont d’un intérêt considérable pour s’assurer que le vêtement soit choisi selon un niveau approprié et connu de compression. De même, elles constituent généralement un préalable au remboursement. Contrairement aux compressions élastiques des membres inférieurs pour lesquelles il existe des normes britannique, française et allemande (Clark et Krimmel, 2006), il n’existe actuellement qu’une seule norme pour les vêtements destinés à la partie supérieure du corps. La norme allemande RAL-GZ 387/2 est entrée en vigueur en janvier 2008 et s’applique aux manchons compressifs. La norme RAL allemande porte sur les vêtements prêts-à-porter et sur mesure. Cependant, ces derniers sont privilégiés pour le traitement du lymphœdème. La norme utilise la méthode HOSY lors des tests pour la mesure de la compression appliquée aux membres supérieurs par le manchon et se focalise sur les mesures in vitro des pressions appliquées à différents endroits du membre. Le GUIDE PRATIQUE niveau de compression appliqué au poignet est ensuite classé selon trois catégories : n Classe I : 15–21 mmHg n Classe II : 23–32 mmHg n Classe III : 34–46 mmHg. Cependant, la norme ne contient que peu d’informations sur l’utilisation des vêtements compressifs dans le traitement du lymphœdème. Elle devrait donc être utilisée conjointement avec des directives cliniques telles que le document Best Practice for the Management of Lymphoedema (2006). Il convient également de noter qu’il n’existe que peu de données cliniques indiquant les pressions adéquates pour les vêtements compressifs de la partie supérieure du corps, particulièrement lorsqu’il convient de traiter un œdème de la ligne médiane. Les recommandations sont souvent fondées sur l’état des connaissances actuelles sur les compressions élastiques des membres inférieurs. Cependant, les différences anatomiques font que cela est loin d’être une situation idéale et davantage d’études sont nécessaires dans ce domaine. ENTRETIEN DES VÊTEMENTS Les recommandations relatives à l’entretien des vêtements compressifs sont destinées à maintenir leurs performances et prolonger leur durée de vie, en fonction des matériaux et méthodes de fabrication utilisés. L’utilisation de crèmes dermatologiques grasses sous le vêtement compressif peut être nuisible pour le fil et donc modifier les performances de la compression. Dans l’idéal, les vêtements doivent être lavés à la main ou à la machine tous les jours ou tous les deux jours à la température recommandée par le fabricant. Il ne faut pas ajouter d’assouplisseur à la lessive, car cela peut abîmer le vêtement. Outre sa fonction de nettoyage, le lavage permet un réalignement des fils après leur étirement dû au port et le maintien d’une compression appropriée. Le séchage des vêtements doit être effectué à distance de toute source de chaleur afin de ne pas endommager le fil. La nécessité de remplacer le vêtement devrait être évaluée tous les trois à six mois, ou en cas de perte d’élasticité. Les patients très actifs peuvent nécessiter un remplacement plus fréquent. CONCLUSION Les méthodes utilisées dans la fabrication de vêtements compressifs influencent la performance du produit final. Une bonne connaissance de ces méthodes peut aider les médecins à choisir un vêtement compressif répondant aux besoins individuels de leurs patients. Les normes nationales actuelles ont été mises au point pour guider les fabricants et classer les vêtements compressifs en fonction de la compression produite. Plusieurs normes existent pour les compressions élastiques des membres inférieurs. En dépit de l’existence d’une seule norme pour l’utilisation de manchons compressifs pour les membres supérieurs, les fabricants offrent une vaste gamme de produits pour la partie supérieure du corps ; chacun ayant un système différent de classification de la compression produite, selon les méthodes d’évaluation utilisées. Les médecins doivent être informés de la difficulté à comparer les produits en raison de ces différences de classe de pression et de matériel d’évaluation. Pour faciliter la comparaison, il serait utile que les emballages des vêtements, ainsi que les études sur les vêtements compressifs, stipulent les gammes de pression et les méthodes d’évaluation utilisées pour déterminer les pressions. Cependant, il est important de se souvenir que la classification des vêtements compressifs, soit par une norme, soit par les fabricants, ne fournit qu’une fourchette approximative de la compression appliquée. La sélection d’un vêtement compressif approprié devrait être fondée sur une évaluation complète et holistique du patient afin d’encourager l’observance et l’utilisation à long terme. RÉFÉRENCES ET DAVANTAGE DE LECTURE Clark M, Krimmel G (2006) Lymphoedema and the construction and classification of compression hosiery. In: Lymphoedema Framework. Template for Practice: compression hosiery in lymphoedema. London: MEP Ltd 2006 Földi E, Greve J (2007) Technological quantum leap in lymph therapy Jobst® Elvarex® Soft Seamless: Worldwide first flat knit seamless custom-made compression glove. Eur J Lymphol 17(5): 16–7 Lymphoedema Framework (2006) Best Practice for the Management of Lymphoedema. International consensus. MEP Ltd, London 5 6 GUIDE PRATIQUE Principes d’anatomie et de physiologie en relation à la compression des membres supérieurs et du thorax C Carati, B Gannon, N Piller Une bonne connaissance des flux artériel, veineux et lymphatique de la partie supérieure du corps dans les membres normaux et ceux à risque ou atteints de lymphœdème permet une importante amélioration de l’evolution du patient. Cependant, nous ignorons beaucoup de choses à ce sujet, notamment les effets de la compression sur le flux et le drainage lymphatiques. Sur ce point, les techniques d’imagerie et de mesure s’améliorent, mais sont souvent onéreuses et chronophages. Ceci, ajouté aux effets inconnus des différences individuelles, diurnes et saisonnières sur l’efficacité de la compression, signifie que les recherches futures devraient cibler les moyens de suivre la pression appliquée par un vêtement et ses effets sur les liquides que l’on tente de contrôler. C Carati, Professeur associé; B Gannon, Professeur associé, Département d’anatomie et de physiologie ; N Piller, Professeur, Directeur de la Clinique d’évaluation du lymphœdème, Département de chirurgie, École de médecine, Flinders University and Medical Centre, Bedford Park, Australie du Sud Il n’existe que peu de données probantes en faveur de l’utilisation de vêtements compressifs dans le traitement du lymphœdème, en particulier s’il touche la partie supérieure du corps ou les membres supérieurs. Nous ignorons également beaucoup de choses sur les détails précis des flux artériel, veineux et lymphatique dans les membres normaux, à risque ou atteints de lymphœdème et quel est l’impact de la compression. Malgré cela cependant, l’utilisation de vêtements compressifs est largement acceptée et constitue un élément important du traitement (Partsch et Junger, 2006). Les effets possibles de la compression aux membres inférieurs sur la physiopathologie du lymphœdème sont mieux connus (Partsch et Junger, 2006). Même si certains de ces principes peuvent être appliqués pour guider l’utilisation de la compression de la partie supérieure du corps, il est important que le praticien connaisse l’anatomie et la physiologie des membres supérieurs, des fosses axillaires et du thorax, ainsi que les différences anatomiques et vasculaires entre les membres supérieurs et inférieurs, afin que l’effet de ces différences puisse être pris en considération lors de l’utilisation de vêtements compressifs. Cet article décrit l’anatomie vasculaire des membres supérieurs et des fosses axillaires et souligne les connaissances actuelles sur le drainage lymphatique normal et anormal. Il explique également le mécanisme d’action des vêtements compressifs et détaille les effets de la compression sur la circulation des liquides. DRAINAGE VASCULAIRE DES MEMBRES SUPÉRIEURS Il est utile de comprendre le drainage vasculaire des membres supérieurs, car le drainage lymphatique suit le même parcours (Figure 1). Le système veineux des membres supérieurs comprend les systèmes superficiel et profond, ainsi que de nombreuses veines « perforantes » (appelées ainsi car elles « percent » le fascia profond qui sépare la peau des muscles et des os) qui unissent les deux systèmes (Moore et Dailey, 2006). Le système superficiel provient des réseaux de capillaires de la peau et des tissus sous-cutanés drainés par deux vaisseaux principaux. Le tissu antérolatéral des membres supérieurs est drainé par la veine céphalique. Cette veine part de la face dorsale latérale de la main, parcourt le long du bord latéral du poignet et de l’avant-bras, via la face latérale de la fosse cubitale (où elle En direction du tronc lymphatique sous-clavier Nœuds lymphatiques axillaires apicaux Nœuds lymphatiques deltopectoraux Nœuds lymphatiques axillaires centraux Muscle petit pectoral Nœuds lymphatiques axillaires latéraux (huméraux) Nœuds lymphatiques axillaires antérieurs (pectoraux) Nœuds lymphatiques axillaires subscapulaires (postérieurs) Veine basilique Veine céphalique Veine cubitale médiane Veine céphalique Nœuds lymphatiques cubitaux Veines perforantes Veine basilique Arcade palmaire superficielle Plexus lymphatique de la paume Vaisseaux lymphatiques digitaux Vue palmaire (antérieure) Figure 1. Systèmes veineux et lymphatique de la main et du bras. GUIDE PRATIQUE communique avec la veine basilique via la veine cubitale médiane), remonte le long du bras dans la région axillaire entre les muscles deltoïde et grand pectoral. La veine basilique draine la face postéro-médiane du dos de la main, parcourt superficiellement la face antéromédiale de l’avant-bras, à travers la fosse cubitale et remonte le bras aux environs des deux tiers, avant de percer le fascia profond pour accompagner alors l’artère brachiale dans la région axillaire. Ces deux veines s’abouchent à la veine axillaire, puis aux veines sous-clavières, avant de gagner la veine cave supérieure. Plusieurs veines perforantes sont visibles sur la face antérieure de l’avant-bras. Elles s’unissent à la veine médiane de l’avant-bras qui rejoint alors la veine basilique et/ou la veine céphalique (Figure 1). Le drainage lymphatique du thorax ne suit pas le drainage veineux du thorax aussi étroitement que dans le bras. Cependant, le drainage veineux du thorax pénètre également dans les veines axillaires, sub-clavières ou brachio-céphaliques en direction de la veine cave supérieure, et par conséquent il peut correspondre au drainage veineux du bras. La paroi antérieure du thorax et de la poitrine est principalement drainée par la veine axillaire, et à un moindre degré, les veines thoraciques internes. La région postérieure de la cage thoracique est drainée par les veines intercostales et subcostales dans le système veineux azygos/hémiazygos, tandis que la région antérieure est drainée dans les veines thoraciques internes. La paroi antérieure du Nœuds lymphatiques supraclaviculaires Nœuds lymphatiques infraclaviculaires Artère et veine axillaires thorax est également drainée dans le système azygos/hémiazygos, qui se draine directement dans la veine cave supérieure. DRAINAGE LYMPHATIQUE DU MEMBRE SUPÉRIEUR Le drainage lymphatique du membre supérieur comporte également des systèmes superficiel et profond qui suivent des voies identiques à celles du système vasculaire. Des études lymphographiques et lymphoscintigraphiques réalisées sur des individus récemment décédés ont permis de distinguer quatre principaux types de drainage lymphatique (Föeldi et al., 2003). Les vaisseaux responsables du drainage lymphatique superficiel perfusent la peau du membre supérieur sous forme d’un plexus. Les vaisseaux se drainent depuis la main (principalement le long de la face palmaire) dans les gros vaisseaux lymphatiques qui convergent vers les veines qui drainent l’avant-bras (en particulier la veine basilique) (Moore et Dailey, 2006), anastomosant de nouveaux vaisseaux provenant de la peau au fur et à mesure qu’ils remontent le bras (Figure 1). Les vaisseaux lymphatiques qui drainent le territoire antérolatéral du bras, traversent la partie supérieure du bras et la face antérieure de l’épaule, et s’écoulent dans les nœuds lymphatiques apicaux du système lymphatique axillaire (Figure 2). Le drainage de la lymphe provenant de la face postéro-médiale de l’avantbras traverse les nœuds lymphatiques de la Tronc lymphatique subclavier Veine jugulaire interne Nœuds lymphatiques apicaux Nœuds lymphatiques cervicaux profonds Conduit lymphatique droit Veine subclavière Veine et artère brachio-céphaliques droites Nœuds lymphatiques huméraux (latéraux) Nœuds lymphatiques centraux Nœuds lymphatiques pectoraux (antérieurs) Nœuds lymphatiques subscapulaires (postérieurs) Nœuds lymphatiques interpectoraux Muscle petit pectoral Muscle grand pectoral Nœuds lymphatiques parasternaux En direction de la face controlatérale (gauche) de la poitrine Plexus lymphatique subaréolaire En direction des lymphatiques abdominaux (subdiaphragmatiques) (A) Vue antérieure FIGURE 2. Nœuds lymphatiques de la fosse axillaire. 7 8 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 1 Drainage lymphatique de la fosse axillaire Il est difficile, voire impossible, d’obtenir une pression optimale dans la région axillaire/médiale proximale du bras au moyen de vêtements compressifs. Ceci, associé à une pression inadéquate, probablement circulaire, sur l’épaule et la région latérale de la poitrine, provenant du soutien-gorge de la patiente (dans le cas d’une femme), signifie qu’on observe fréquemment des problèmes très importants d’accumulation de liquide (initialement) et fibres (plus tard) dans cette région. région cubitale médiale, du côté proximal de l’épicondyle médial du coude, puis pénètre les nœuds lymphatiques huméraux (latéraux) des fosses axillaires. Le drainage lymphatique profond provient des tissus mous profonds, tels que les muscles et les nerfs, les articulations et le périoste des os. Les vaisseaux convergent et parcourent à proximité des veines profondes du membre supérieur, passant parfois à travers quelques nœuds lymphatiques, avant d’arriver aux nœuds lymphatiques axillaires huméraux (latéraux) (Figure 2) (Moore et Dailey, 2006). Le drainage veineux cutané de la partie supérieure du dos (thorax) s’effectue par les branches cutanées perforantes dorsales (postérieures) des veines intercostales postérieures, et par conséquent en direction du système azygos/hémiazygos et de la veine cave supérieure. Le drainage veineux de la peau et du derme du thorax en avant de la ligne axillaire médiane est principalement effectué par le réseau veineux thoraco-épigastrique, en direction de la veine axillaire (par la veine thoracique latérale – partie supérieure du réseau veineux thoracoépigastrique). Chez la femme, le drainage veineux de la poitrine s’effectue principalement via la veine thoracique latérale vers la veine axillaire. Cependant, les faces superficielles les plus médiales de la poitrine s’écoulent vers deux veines satellites de l’artère thoracique interne, puis vers la veine subclavière et la veine cave supérieure. La plupart des tissus profonds de la poitrine sont drainés via les veines perforantes à travers le fascia profond vers les veines intercostales antérieures, puis dans les veines thoraciques internes. Chaine lymphatique supraclaviculaire Chaine lymphatique axillaire Chaine lymphatique mammaire interne FIGURE 3. Drainage dans les nœuds lymphatiques mammaires. Le drainage veineux de la peau et du derme du thorax pénètre principalement dans les veines axillaires, subclavières ou branchio-céphaliques en direction de la veine cave supérieure, et peut donc être en rapport avec le drainage veineux du bras. DRAINAGE LYMPHATIQUE DU THORAX Le drainage lymphatique du thorax ne suit pas le drainage veineux du thorax aussi étroitement que ne le font les systèmes lymphatique et veineux du bras. Le drainage lymphatique superficiel provenant de la partie postérieure du thorax s’effectue principalement via un réseau lymphatique superficiel qui converge vers les nœuds subscapulaires (postérieurs) des fosses axillaires (Figure 2). Cependant, il est possible que la région la plus médiale du dos se draine via des connexions lymphatiques perforantes dans les lymphatiques intercostaux postérieurs en direction des nœuds paravertébraux (Iyer et Libshitz, 1995). Le drainage lymphatique de la peau et du derme à l’avant du thorax, antérieurement à la ligne axillaire médiane, s’effectue à partir de territoires variables (lymphotomes) vers des nœuds axillaires spécifiques (c.-à-d. le nœud sentinelle pour chaque territoire ; Suami et al., 2008). Chez les hommes, comme chez les femmes, la région médiale vis-à-vis du mamelon se draine vers la chaîne ganglionnaire parasternale (mammaire interne) (Figure 3). Le drainage du réseau lymphatique très développé de la poitrine chez la femme (y compris le riche réseau subaréolaire), est largement réalisé via les lymphatiques en direction latérale ou supérieure, vers les nœuds axillaires pectoraux ou latéraux (Suami et al., 2008) (Figure 2). Les faces superficielles de la poitrine du côté médial de l’aréole, se drainent médialement vers les nœuds paramammaires et parasternaux (Schuenke et al., 2006), puis vers les conduits lymphatiques droit ou gauche ou le conduit thoracique vers la veine subclavière et la veine cave supérieure. Le traçage du nœud sentinelle chez des sujets atteints de tumeurs mammaires non palpables (profondes) (Tanis et al., 2005) suggère que la plupart des tissus profonds de la poitrine sont susceptibles d’être drainés via les lymphatiques profonds, qui perforent le fascia profond pour joindre les lymphatiques intercostaux antérieurs, passant ensuite au tronc lymphatique et à la chaine ganglionnaire mammaires internes. DRAINAGE LYMPHATIQUE VERS LES FOSSES AXILLAIRES Le drainage lymphatique du membre supérieur est intimement lié à celui des régions antérieure et postérieure du thorax, particulièrement la GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 2 Voies de drainage lymphatique Des études ont indiqué que le drainage lymphatique du bras parcourt les nœuds lymphatiques mammaires chez certains individus atteints de lymphœdème. Ce type de drainage indique également qu’il est nécessaire d’accorder une attention particulière à l’effet potentiel des vêtements (notamment le soutien-gorge) sur le drainage lymphatique vers les nœuds mammaires internes, ainsi que les nœuds axillaires controlatéraux. ENCADRÉ 3 Réseaux lymphatiques cutanés On observe une plus grande densité de vaisseaux lymphatiques chez des patients atteints de lymphœdème par rapport à ceux présentant des membres normaux. poitrine, dont la totalité est drainée par la région axillaire. La région axillaire contient cinq groupes de nœuds, disposés en pyramide en fonction de la forme de la région axillaire, avec trois groupes à la base de la fosse axillaire, un au sommet et un au milieu (Figure 2) (Moore et Dailey, 2006). Ces nœuds sont enfouis dans la graisse axillaire, à l’extérieur de la gaine axillaire qui contient l’artère et la veine axillaires. La majorité du liquide lymphatique associé au territoire lymphatique antéro-latéral se draine dans quatre à six nœuds huméraux (latéraux), tandis que celui du territoire postéro-médial se draine dans les nœuds apicaux. Les nœuds pectoraux et subscapulaires drainent respectivement la paroi thoracique antérieure et postérieure et, avec les nœuds huméraux, drainent les nœuds centraux puis apicaux, en direction du tronc lymphatique subclavier et finalement du système veineux. Il résulte de cette disposition que le drainage lymphatique du membre supérieur est directement affecté par le drainage de la partie supérieure du thorax et par l’état du système lymphatique central. Comme dans le cas de la région inguinale, il est difficile, voire impossible, d’obtenir des pressions optimales dans la région axillaire/ médiale proximale du bras. Ceci, associé à une pression inadéquate, probablement circulaire, sur l’épaule et la région latérale de la poitrine, provenant du soutien-gorge de la patiente (dans le cas d’une femme), signifie qu’on observe Membre supérieur Nœuds lymphatiques axillaires fréquemment des problèmes très importants d’accumulation de liquide (initialement) et fibres (plus tard) dans cette région. VOIES DE DRAINAGE LYMPHATIQUE Des études ont indiqué que le drainage lymphatique du bras s’effectue dans les nœuds lymphatiques mammaires chez certains individus atteints de lymphœdème. Kawase et al. (2006) ont passé en revue les résultats lymphoscintigraphiques de 1 201 patients atteints d’un cancer du sein invasif, ayant des nœuds négatifs et ayant subi une biopsie préopératoire du nœud lymphatique de la glande salivaire labiale (GSL) et du nœud lymphatique sentinelle (NLS) axillaire. Différents types de drainage lymphatique ont été rapportés. Chez près de 25 % des patients, le drainage s’effectuait vers des nœuds lymphatiques axillaires supplémentaires, notamment les nœuds lymphatiques mammaires internes (Figure 3). Ceci a également été confirmé par Ferrandez et al. (1996) qui, après une session de drainage lymphatique manuel (DLM), ont observé le déplacement de traceurs marqués au Tc vers les nœuds lymphatiques mammaires internes chez 8 % des patients souffrant de lymphœdème (n = 47), ainsi que vers les nœuds contralatéraux chez 20 % des patients (Figure 4). En ce qui concerne les résultats de la compression, ceci indique qu’il convient non seulement de prendre en considération le niveau de compression et son gradient au niveau du membre, mais également le gradient sur toute la zone thoracique. Ce type de drainage indique également qu’il est nécessaire d’accorder une attention particulière à l’effet potentiel des vêtements (notamment le soutien-gorge) sur le drainage lymphatique vers les nœuds mammaires internes, ainsi que les nœuds axillaires controlatéraux (Figure 3). Glande mammaire Espaces intercostaux antérieurs Paroi thoracique antérieure Paroi thoracique postérieure Espaces intercostaux postérieurs Nœuds lymphatiques paramammaires Nœuds lymphatiques parasternaux Nœuds lymphatiques paravertébraux FIGURE 4. Drainage normal du membre supérieur et des tissus thoraciques vers les nœuds lymphatiques. Veuillez noter que le drainage d’un sein peut se faire soit vers les nœuds lymphatiques ipsilatéraux (cas le plus fréquent) ou controlatéraux (moins fréquent). RÉSEAUX LYMPHATIQUES CUTANÉS Il est reconnu que les patients atteints de lymphœdème présentent une densité de vaisseaux lymphatiques supérieure à ceux présentant des membres normaux. Mellor et al. (2000) ont utilisé une microlymphographie par fluorescence pour examiner les capillaires lymphatiques cutanés de l’avant-bras chez 16 femmes atteintes d’œdème après un traitement pour cancer du sein. Ils ont rapporté que la densité du réseau lymphatique superficiel et la longueur totale des capillaires étaient supérieures dans le membre atteint par rapport au membre contrôle. Mais surtout, la distance parcourue par le contenu lymphatique relativement superficiel avant drainage vers le système subfacial était plus longue dans le membre atteint par rapport au membre normal. De plus, il n’existait aucune donnée probante de 9 10 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 4 Facteurs affectant le drainage lymphatique Il n’y a aucune résorption de liquide et le flux net est uniquement présent dans le tissu, où il est éliminé par les lymphatiques. Par conséquent, les flux de liquide à travers le système lymphatique sont susceptibles d’être plus importants que l’on n’imaginait auparavant. Flux sanguin Liquide interstitiel Capillaire Pression hydrostatique Pression osmotique Extrémité veineuse FIGURE 5. Schéma des pressions hydrostatique et oncotique agissant à travers la paroi capillaire et affectant l’exsudation transendothéliale de liquide depuis le plasma vers l’interstitium. dilatation lymphatique dans le membre atteint. Ces données suggèrent qu’il y a un re-routage de la lymphe superficielle et éventuellement une lymphangiogenèse dans les membres de patients souffrant de lymphœdème. Étant donné que les résultats d’autres travaux ont montré une angiogenèse des capillaires sanguins dans les membres atteints d’œdème, Mellor et al. (2000) ont émis l’hypothèse selon laquelle le nombre accru (longueur) des capillaires lymphatiques pourrait éventuellement contribuer à maintenir le rapport entre capacité de drainage et capacité de filtration. L’impact de la compression externe sur cette altération est éventuellement mineur, mais la distance plus importante parcourue par la lymphe dans les collecteurs superficiels peut signifier que l’établissement et le maintien d’un gradient de pression le long du membre sont très importants. STRUCTURE TISSULAIRE DU BRAS La partie supérieure du bras contient des couches de graisse profondes et épifasciales. La couche de graisse profonde retrouvée dans la région deltoïde et postérieure du bras est fine. Dans les membres normaux, la couche de graisse épifasciale recouvre la circonférence, mais peut présenter une hypertrophie dans la partie postérieure proximale du tiers du bras. Dans les membres atteints de lymphœdème, cette hypertrophie est marquée. Ceci a non seulement une influence sur la charge lymphatique, mais également sur le drainage lymphatique, car la pression tissulaire supplémentaire des adipocytes sur les parois délicates des collecteurs lymphatiques les empêche de présenter une contraction optimale. Chamosa et al. (2005) ont observé que dans les bras normaux, les tiers antérieur et distal du bras avaient tendance à présenter un tissu adipeux moins épais. Dans certains cas, une zone lipodystrophique spécifique peut être observée sur la zone postéro-externe du bras normal, entre les tiers proximal et médial. Relativement parlant, la peau de la face médiale du bras normal est généralement fine, dépourvue de follicules pileux et susceptible d’être flasque. Globalement, la peau est mobile et recouvre de la graisse libre, non fibreuse. Cependant, à mesure que le lymphœdème se développe, on observe différentes altérations significatives du tissu épifascial qui se produisent principalement en proportion de la graisse et des fibres, en raison de l’épaississement du fascia profond et du fascia situé entre les lobules d’adipocytes. Ces altérations auront des effets significatifs sur les résultats de la compression externe, en termes de transfert aux tissus et aux systèmes vasculaire et lymphatique qui s’y trouvent. L’augmentation de l’épaisseur du fascia profond, ainsi que son impact sur l’échange de liquides entre le réseau lymphatique profond et superficiel, constituent un élément particulièrement important. Nous n’aborderons pas ces modifications physiopathologiques ici, car elles sont par ailleurs bien documentées dans la littérature générale (Föeldi et al, 2003; Weissleder et Schuchhardt, 2008). Une diminution de la profondeur du tissu épifascial, le plus souvent associée à une quantité moins importante de graisse directement au-dessus du fascia profond, signifie que les collecteurs lymphatiques (qui siègent normalement au-dessus du fascia profond) sont plus superficiels que ceux recouverts par une épaisseur plus importante de graisse, et nécessitent donc généralement une pression de compression inférieure. FACTEURS PHYSIOLOGIQUES AFFECTANT LE DRAINAGE LYMPHATIQUE Les profils normaux et anormaux du drainage lymphatique contribuent à démontrer comment les liquides s’écoulent à travers les tissus. Il est donc important de comprendre les théories passées et actuelles de la formation et de la circulation du liquide lymphatique. Chez un individu sain, le système vasculaire emprunte les capillaires, qui sont de petits vaisseaux baignant dans un liquide interstitiel. Les capillaires possèdent des parois fines, semi-perméables, constituées d’une couche unique de cellules endothéliales permettant le transfert d’oxygène et d’éléments nutritifs depuis le sang vers les tissus, ainsi que le transfert des produits de dégradation, tels que le CO2 et l’urée, depuis les tissus vers le sang. La dynamique des échanges de liquides à travers la membrane capillaire est soumise aux principes énoncés pour la première fois par Starling (1896), selon lesquels un gradient de pression hydrostatique expulse les liquides en dehors des capillaires vers les tissus tandis qu’un gradient de pression colloïde osmotique les « aspire » à l’intérieur des capillaires (Figure 5). L’équilibre de ces forces entraîne, dans des conditions normales, un flux net de liquide dans les tissus qui est ensuite drainé par le système lymphatique. Il est important, cependant, d’être informé du fait que la version officielle de ce processus prône une filtration des liquides depuis l’extrémité artérielle des capillaires puis leur élimination à l’extrémité veinulaire (ex. manuel Marieb et al., 2007), en raison de la diminution de la pression hydrostatique le long des capillaires (causée par des pertes frictionnelles ou une résistance), et des forces de Starling dont l’équilibre favorise la filtration ou l’élimination le long du capillaire. Cette perspective est progressivement remplacée GUIDE PRATIQUE par l’idée, qu’au moins dans la plupart des capillaires dans des conditions normales, il n’y a aucune élimination de liquide et que le flux net est uniquement présent dans les tissus, où il est drainé par le réseau lymphatique (Michel, 1997, Levick, 2004 ; 2009). Au cours de ce déplacement de liquide, la plupart des protéines plasmatiques sont retenues dans le système vasculaire étant donné qu’elles ne traversent pas la membrane capillaire de la plupart des tissus. Le consensus récent est que la « barrière » au flux transcapillaire de protéines plasmatiques et aux solutés lipophobiques volumineux, siège au niveau du glycocalyx, une couche luminale complexe formée de polysaccharides anioniques et glycoprotéines sécrétées par, et liées à probablement toutes les cellules endothéliales capillaires. Le glycocalyx agit comme filtre microfibrillaire s’opposant au transit de grosses molécules par exclusion stérique (en fonction de la taille) (Squire et al., 2001; Zhang et al., 2006). La voie physique pour une fuite de liquide réside au-delà du glycocalyx, au niveau de petites brêches peu fréquentes dans les filaments de la membrane jonctionnelle, le long des jonctions cellulaires interendothéliales, qui ailleurs, présente des jonctions serrées (Adamson et al., 2004 ; Curry, 2005). Le résultat de ce processus est que la résorption de liquide au niveau du capillaire est improbable dans des conditions normales et nécessite des brèches plus grosses dans l’intégrité de l’endothélium, telles que celles qui se produisent lors d’un processus inflammatoire. Un corollaire de cette situation est que les flux de liquide à travers le système lymphatique sont probablement plus importants que ce que l’on pensait auparavant, car il n’y a pas d’élimination veinulaire de liquide dans des conditions physiologiques normales. Pour cette raison, il est essentiel d’améliorer les connaissances concernant l’impact de la compression sur le flux lymphatique superficiel. Un autre corollaire est que l’augmentation de la pression interstitielle diminue le gradient de pression qui expulse le liquide hors des capillaires et diminue donc les flux de liquide dans les tissus. Inversement, l’augmentation de la pression colloïde osmotique du liquide interstitiel augmenterait les flux de liquide, étant donné que le gradient de pression colloïde osmotique retenant le liquide dans le plasma serait diminué dans ce cas (Levick, 2009). Une telle situation peut se produire lorsqu’il y a accumulation de protéines interstitielles en raison d’une augmentation de la fuite transcapillaire de protéines dans les tissus, ainsi qu’une augmentation de la protéolyse interstitielle (qui se produit par exemple au cours d’une inflammation) ou une diminution du drainage des protéines interstitielles en raison d’un drainage lymphatique insuffisant. Chacun de ces facteurs sera affecté par la compression du membre et peut conduire à diminuer l’influx de liquide dans les tissus. Par conséquent, le rôle de la compression d’un membre pourrait très bien être de prévenir l’accumulation de liquide plutôt que d’encourager le drainage lymphatique, comme cela est souvent suggéré. Le drainage sanguin et lymphatique du bras est également influencé par les mouvements et les contractions des muscules squelettiques, la pression intrathoracique, ainsi que par les changements de position. MODIFICATIONS LYMPHATIQUES ET VASCULAIRES APRÈS INTERVENTION CHIRURGICALE ET RADIOTHÉRAPIE La cause principale d’un lymphœdème de la partie supérieure du corps est un cancer de causes diverses, particulièrement le cancer du sein, qui est souvent traité par chirurgie et radiothérapie. Un lymphœdème secondaire à une chirurgie et/ou une radiothérapie, débute par une obstruction du drainage de la région axillaire. Cependant, la physiopathologie exacte des séquelles secondaires au niveau des vaisseaux secondaires (et tissus environnants) n’est pas bien connue (Pain et al., 2005). De plus, il existe certains aspects hémodynamiques importants du bras après une chirurgie (avec ou sans radiothérapie) encore mal compris. Influx artériel Il existe un certain nombre de données probantes indiquant que l’influx artériel est augmenté dans les bras atteints de lymphœdème après traitement du cancer du sein (Dennis, 2008). Il a été rapporté, au moyen de différentes techniques, une augmentation comprise entre 42 et 68 % du flux sanguin dans les bras atteints de lymphœdème par rapport aux bras indemnes (Jacobsson, 1967; Svensson et al., 1994a; Martin et Foldi, 1996; Yildrim et al., 2000). Jacobsson (1967) a rapporté que cette augmentation se situait principalement dans la peau et les tissus sous-cutanés. À l’inverse, Stanton et al. (1998) ont démontré que le flux sanguin du bras atteint était identique à celui du bras non atteint, bien que le volume par unité de flux sanguin était effectivement diminué dans les bras atteints, étant donné qu’ils présentaient un volume plus important. Les raisons de cette modification du flux sanguin dans les bras atteints de lymphœdème ne sont pas élucidées, bien qu’il y ait des modifications structurelles manifestes dans le membre atteint qui pourraient entraîner une augmentation du flux sanguin. Par ailleurs, une augmentation de l’influx artériel pourrait entraîner une augmentation de la filtration de liquide dans le tissu et par conséquent, 11 12 GUIDE PRATIQUE augmenter le risque d’apparition d’un lymphœdème. Une telle augmentation du flux artériel peut entraîner des lésions à l’innervation autonome du membre en raison d’une chirurgie et/ou d’une radiothérapie (Kuhl et Molls, 1995). Débit veineux Le débit veineux peut également être compromis dans les membres atteints de lymphœdème (Dennis, 2008). Une occlusion veineuse significative a été rapportée chez 57 % des 81 patients évalués par Svensson et al. (1994b) au moyen d’une échographie Doppler couleur. Szuba et al. (2002) ont rapporté une prévalence faible de 4,6 %, mais encore significative, de l’occlusion veineuse des membres supérieurs atteints de lymphœdème. Il y a plusieurs autres données probantes indiquant une association entre un dysfonctionnement veineux et le lymphœdème, particulièrement dans les membres inférieurs (Dennis, 2008). Ceci devrait être pris sérieusement en considération au moment d’envisager un traitement compressif d’un membre supérieur. Tout facteur compromettant le débit veineux augmentera significativement les pressions hydrostatiques capillaires et entraînera une augmentation de la filtration de liquide dans les tissus, conduisant à des charges lymphatiques plus importantes. Débit lymphatique Il existe plusieurs rapports sur l’effet de la chirurgie et/ou de la radiothérapie pour le cancer du sein sur le flux lymphatique du bras et du thorax. Perbeck et al. (2006) ont étudié l’élimination de la lymphe à l’aide de l’élimination de nanocolloïde marqué au 99 Tc dans les tissus mammaires de patients ayant subi 2 ans et demi auparavant, une chirurgie et/ou une radiothérapie pour cancer du sein. Ils ont rapporté une augmentation 4 fois supérieure du flux lymphatique après tumorectomie et radiothérapie, une augmentation 2,5 fois supérieure dans le sein controlatéral (non opéré) et de 1,5 fois dans le sein opéré, mais non irradié, indiquant des modifications à long terme du flux lymphatique de base des tissus mammaires. Stanton et al. (2008) ont mesuré, à l’aide d’une lymphoscintigraphie, le drainage lymphatique des muscles et du subcutis du bras après chirurgie axillaire pour cancer du sein chez 36 femmes. Ils ont rapporté que le drainage lymphatique musculaire a toujours excédé celui du drainage du subcutis, et que le drainage du subcutis était supérieur chez les femmes ayant développé par la suite un lymphœdème. Ils en ont conclu que les femmes présentant des taux de filtration supérieurs et par conséquent, des débits lymphatiques supérieurs dans la région axillaire, ont un risque supérieur de développer un lympœdème après chirurgie axillaire, probablement en raison d’une réserve lymphatique inférieure pour gérer une charge de liquide supplémentaire secondaire à une chirurgie. MÉCANISME D’ACTION DES VÊTEMENTS COMPRESSIFS Dans la prise en charge du lymphœdème, le terme « thérapie compressive » recouvre un éventail de modalités thérapeutiques, notamment le bandage multicouche inélastique du lymphœdème et les vêtements compressifs (Partsch et Junger, 2006). Les vêtements compressifs sont utilisés pour la prophylaxie, le traitement et la prise en charge à long terme du lymphœdème et peut agir en : n Augmentant la pression interstitielle n Améliorant le drainage tissulaire n Stimulant les contractions lymphatiques n Dégradant le tissu fibroscléreux. Augmentation de la pression interstitielle Une pression externe est transmise au tissu auquel elle est appliquée, bien que cette transmission ne soit pas toujours linéaire. Une pression de 200 mmHg a augmenté la pression interstitielle du tissu de 65–75 % de la pression externe appliquée aux membres normaux de cochons et jusqu’à 100 % lorsque le membre était atteint d’œdème et moins compliant (Reddy et al., 1981). Les pressions générées (et mesurées) par les vêtements compressifs sont susceptibles de dépendre des techniques de mesure, de la nature (tricot/élasticité) et de l’ajustement du vêtement, ainsi que de la compliance du tissu subissant la compression. Des pressions comprises entre 8 et 38 mmHg ont été mesurées, dans le cadre de protocoles standards (Mann et al., 1997) sous les vêtements appliqués à des patients atteints de brûlure. Des variations importantes dans, et entre, les sites de mesure ont été observées. Ainsi, la pression moyenne produite par un même vêtement au-dessus de la face antérieure de la cuisse était significativement inférieure (8 mmHg) à celle au-dessus de la face postérieure de la cuisse (15 mmHg). Les vêtements compressifs sur mesure ont augmenté la pression sous-dermique de 9 à 90 mmHg chez les patients brulés. Mais les mesures des pressions sous les vêtements ont surestimé la pression transmise aux tissus « mous » (ex. muscles) jusqu’à 50 % et ont sous-estimé celle transmise aux sites « osseux » dans les mêmes proportions (Giele et al., 1997). Par conséquent, les mesures prises à l’interface entre le vêtement et la peau peuvent ne pas toujours être représentatives des pressions transmises aux tissus et devraient être interprétées avec prudence. L’augmentation de la pression interstitielle affecte l’échange de liquide entre le sang et l’interstitium, afin de prévenir l’accumulation de GUIDE PRATIQUE liquide interstitiel (œdème). De plus, des pressions interstitielles supérieures aux pressions capillaires ou artérielles (> 40 mmHg) sont susceptibles de diminuer le flux sanguin, ce qui empêche davantage l’accumulation de liquide. À notre connaissance, la contribution de ces facteurs à la thérapie compressive n’a jamais été évaluée dans le cadre de vastes essais cliniques, bien que le travail d’Abu-Own et al. (1994) donne des informations et celui de Partsch et Partsch (2005) apporte des indications sur l’impact de la position des pressions requises, bien que ces informations s’appliquent aux membres inférieurs. Amélioration du drainage tissulaire La compression externe améliore, jusqu’à un certain point, le drainage tissulaire réalisé par le système lymphatique. L’élimination d’un colloïde radio-marqué dans les membres postérieurs de chiens a augmenté de façon exponentielle (jusqu’à trois fois) avec la pression externe appliquée jusqu’à 60 mmHg. Au dessus de 60 mmHg, l’élimination a diminué à un niveau presque nul (Miller et Seale, 1981). Des résultats identiques ont été rapportés sur les membres inférieurs chez l’humain. Néanmoins, les pressions auxquelles l’élimination maximale se produisait, variaient selon la position (30 mmHg en position debout par rapport à 60 mmHg en position assise) (Chant, 1972). Dans un contexte plus clinique, les bas jarrets (pression à la cheville de 30 mmHg) ont doublé le drainage veinolymphatique d’une solution de fluorescéine sodique administrée par injection intradermique dans les membres normaux et ceux atteints d’insuffisance veineuse (Lentner et Wiernert, 1996). L’élément le plus convaincant cependant, est l’observation générale que les thérapies compressives peuvent diminuer précisément le volume d’un membre (liquide) lorsqu’elles sont utilisées de manière appropriée pour traiter le lymphœdème. L’observation selon laquelle les vêtements compressifs augmentent l’élimination de liquide s’oppose aux rapports qui stipulent que le système lymphatique est un système à basse pression. La pression latérale dans le réseau lymphatique de l’humain (et de plusieurs autres espèces) augmente de 15 à 40 mmHg au cours d’un mouvement, mais est beaucoup plus faible au repos (1 à 12 mmHg) (Aukland et Reed, 1993). Par conséquent, les vêtements compressifs, qui induisent des pressions interstitielles comprises entre 10 et 40 mmHg par exemple, sont susceptibles de provoquer un collapsus des vaisseaux lymphatiques dans de nombreuses situations. On ne peut que conclure que la thérapie compressive est peu susceptible de simplement augmenter le drainage par le système lymphatique (souvent compromis) mais affecte probablement l’échange de liquide tissulaire, au moyen d’autres mécanismes, possiblement interreliés, tels qu’une diminution de l’influx de liquide dans le membre. Stimulation des contractions lymphatiques Le drainage lymphatique dépend de la contraction spontanée des vaisseaux lymphatiques valvulés, ce qui produit une force de pompage. L’application d’un vêtement compressif entraîne une pression constante sur la peau lorsque le membre est au repos (pression au repos). Lorsque les muscles se contractent, s’étirent puis se relâchent (ex. au cours d’exercices physiques), ils appuient de manière transitoire sur le vêtement qui résiste, de sorte que la pression dans le membre augmente de manière temporaire. Cette augmentation transitoire de la pression interstitielle compresse le réseau lymphatique dermique adjacent. Étant donné que les vaisseaux lymphatiques collecteurs et volumineux présentent des valves, ces vaisseaux pompent de manière passive de sorte que la lymphe remonte le bras sans que les vaisseaux lymphatiques ne doivent se contracter. L’influence des mouvements musculaires et des différentes pressions externes (et de leur transmission au tissu sous-jacent) dépend de l’élasticité du matériau utilisé pour le vêtement et de la pression compressive appliquée. Il n’existe aucune donnée probante pour suggérer une augmentation de la contraction lymphatique sous compression. Dégradation du tissu fibroscléreux Il existe deux stratégies principales pour la dégradation du tissu fibroscléreux. Mais le nombre et l’envergure des études sont limités. Une des stratégies est le massage frictionnel ou encore l’utilisation d’une thérapie laser bas niveau. Il existe quelques études valables sur cette dernière stratégie au cours desquelles une tonométrie a été utilisée pour détecter des modifications de la fibrose épifasciale (par mesure de la résistance des tissus à la compression). Lorsqu’un laser bas niveau (à main ou non) est utilisé, on observe un assouplissement lent, bien que diffus, des tissus indurés, pour participer sans doute au passage du liquide extracellulaire et permettre une contraction plus forte des lymphangions car ils sont moins contraints. L’assouplissement est le plus souvent associé à des modifications de la taille des membres et à une amélioration subjective (Piller et Thelander, 1998; Carati et al., 2003). OPTIMISATION DES EFFETS DES VÊTEMENTS COMPRESSIFS On affirme que le vêtement idéal pour obtenir une efficacité optimale lors de l’utilisation de 13 14 GUIDE PRATIQUE compression pour traiter des patients souffrant de lymphœdème devrait être fait sur mesure et en tricot plat. Cependant, des essais de grande ampleur sont nécessaires pour étayer ces affirmations. Une mesure précise du vêtement revêt une importance cruciale. Elle doit prendre en compte les modifications du volume du membre selon la position (élévation ou position basse) ou selon que le membre est susceptible d’être actif ou non (ce qui dépend des habitudes du patient). Cependant, on ignore beaucoup de choses sur l’effet des variables ci-dessus sur les gradients de pression des vêtements et sur les pressions sous les vêtements. Dans l’attente, cependant, nous pouvons extrapoler les connaissances sur la réponse de jambes présentant un lymphœdème ou un œdème (au moins en position basse), car ceci peut contribuer à guider les recherches sur l’impact de la compression sur le bras. En plus des paramètres liés aux mesures et des paramètres biologiques, les informations sur les caractéristiques du vêtement, telles que l’indice de rigidité dynamique, l’indice de rigidité statique, les matériaux à plusieurs composants et le bandage inélastique, sont importantes (Partsch et al., 2008; Mosti et al., 2008). Il y a eu quelques avancées récentes dans le domaine des brûlures sur le plan de la conception de vêtements compressifs qui exercent une pression spécifique et connue (Macintyre, 2007). Cependant, la précision de la mesure pour le vêtement est le facteur déterminant principal d’un résultat excellent, bon ou péjoratif pour le membre. De nouveaux matériaux pourraient contribuer à compenser partiellement des mesures de mauvaise qualité, bien que ceci ne doive pas servir d’excuse pour un manque de précision. DIFFÉRENCES ANATOMIQUES ENTRE LES BRAS ET LES JAMBES Lors de l’application à un membre supérieur, une bande ou un vêtement compressif est moins susceptible d’être en position basse sur toutes régions. La profondeur du fascia profond est souvent inférieure à celle de la jambe dans une position identique. La profondeur des vaisseaux lymphatiques collecteurs adhérents (souvent proches) est inférieure (ce qui signifie que l’effet d’une pression externe est plus marquée) et les vaisseaux lymphatiques collecteurs sont souvent de calibre inférieur (ils présentent un flux moins fort et des pressions intralymphatiques diminuées). Lorsque ces facteurs sont combinés, la pression externe, telle que celle de bandes ou de vêtements compressifs, est susceptible d’avoir un effet plus profond. Cependant, le caractère relativement superficiel des vaisseaux signifie qu’il faut prendre conscience qu’une pression trop élevée peut être contre-productive (Modi et al., 2007) et peut entraîner un collapsus des vaisseaux qui peut se manifester par un œdème du bras et/ou de la main. La variation de la forme du bras sur sa longueur est souvent supérieure à celle de la jambe, ce qui signifie que l’impact des différents rayons des différentes parties du bras entraîne l’application de pressions souvent significativement différentes à chaque point de la circonférence. Ceci est en cohérence avec la loi de Laplace, dont les résultats nécessitent souvent l’utilisation d’un éventail de stratégies de rembourrage du membre pou garantir une pression minimale dans le sens de la longueur (un gradient) du membre, plutôt que simplement à un point donné du membre. CONCLUSION On ignore beaucoup de choses au sujet des détails exacts du flux artériel vers, et du débit lymphatique veineux en dehors des membres normaux, à risque et atteints de lymphœdème. Plus précisement, nous ne connaissons pas suffisamment les effets de la compression sur le flux et le drainage veineux et lymphatique. En ce qui concerne la partie supérieure du corps, l’impact des variations de la pression intrathoracique sur le drainage de la partie proximale du bras, les vêtements d’un patient et l’impact des différentes circonférences de la poitrine au cours du cycle respiratoire sont relativement peu connus et varient très probablement de manière significative d’un patient à un autre, mais également chez un même patient d’une journée, voire d’une heure, à l’autre, selon l’activité, la position corporelle et le niveau d’activité du membre. Une connaissance plus importante de l’anatomie, de la physiologie et de la physiopathologie des tissus et structures de la partie supérieure du corps permet d’obtenir de meilleurs résultats chez un patient à risque ou atteint de lymphœdème. Cependant, il semblerait que la meilleure solution est de reconnaître les variations individuelles, diurnes et saisonnières et de développer de meilleurs moyens de suivre l’effet de la pression du vêtement prescrit sur les liquides que l’on tente de contrôler. Il s’agit peut-être de l’option la plus facile et ayant le meilleur coût-efficacité pour la majorité des patients que celle de tenter une batterie de tests sur l’ensemble des patients afin de déterminer l’anatomie, la physiologie et la physiopathologie de la fonction correcte (ou non) des systèmes sanguin, tissulaire et lymphatique d’un patient. Cependant, la connaissance de ces éléments contribuera également à l’objectif global de soins holistiques. GUIDE PRATIQUE références Abu-Own A, Shami SK, Chittenden SJ, Farrah J, Scurr JH, Smith PD (1994) Microangiopathy of the skin and the effect of leg compression in patients with chronic venous insufficiency. J Vasc Surg 19(6): 1074–83 Adamson RH, Lenz JF Zhang X, Adamson GN, Weinbaum S, Curry FE (2004) Oncotic pressure opposing filtration across non-fenestrated rat microvessels. J Physiol 557: 889–907 Aukland K, Reed R (1993) Interstitial-lymphatic mechanisms in the control of extracellular fluid. Physiol Rev 73: 1–78 Calbet J, Holmberg H, Rosdahl H, van Hall G, Jensen-Urstad M, Saltin B (2005) Why do arms extract less oxygen than legs during exercise? Am J Physiol Regul Integr Comp Physiol 289(5): 1448–58 Carati, C, Anderson S, Gannon B, Piller N (2003) Treatment of post mastectomy lymphoedema with low level laser therapy. Results of double blind placebo controlled trial. 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Il existe, néanmoins, peu de données en ce qui concerne le thorax et la poitrine. Les résultats et les limitations sont soulignés ainsi que les éléments clés pour la pratique, en fonction des données retrouvées dans la littérature. K Johansson, Masseurkinésithérapeute, D.E., Dr Sciences médicales, Unité de lymphologie, Département d’oncologie, Hôpital universitaire de Lund, Lund, Suède L’importance du port de manchons compressifs chez les patients atteints de lymphœdème a été démontrée par Brorson et al. (1998) qui ont utilisé des manchons compressifs sur mesure pour le maintien du volume du bras chez des patients ayant subi une liposuccion du bras atteint, entraînant une réduction complète de l’œdème. Un an après la liposuccion, les manchons compressifs ont été retirés pendant une semaine chez six patients. Une augmentation moyenne du volume du bras de 370 ml (fourchette comprise entre 135 et 775 ml) a été observée (mesure par la méthode du déplacement de l’eau) et ne s’est pas totalement résorbée après réapplication de la compression. Les patients présentant un lymphœdème du bras ont été comparés dans le cadre de deux études avec exercices physiques, réalisées par Johansson et al. (2005) et Johansson et Piller (2007). Il a été noté que le lymphœdème du bras non traité a augmenté de volume plus rapidement que celui du bras traité par un vêtement compressif. Les patients de la première étude (n = 31) ont été traités par un manchon compressif après diagnostic. Ces patients ont présenté une différence du volume du bras de 17 ± 7 % après 67 ± 52 mois. Dans la deuxième étude, les patients (n = 18) n’ont pas utilisé de manchon compressif. Ce groupe a bénéficié d’un suivi plus court après le diagnostic (54 ± 49 mois) et une différence du volume du bras plus importante (25 ± 6 %) par rapport au groupe de la première étude. Les deux études ont utilisé la méthode de déplacement de l’eau pour mesurer le volume du bras. Vignes et al. (2007) ont montré que la non observance du traitement par bandes à faible étirement ou par manchons compressifs est un facteur de risque d’œdème accru dans la prise en charge du lymphœdème lié au cancer du sein. Une thérapie décongestive complète (TDC), comportant un drainage lymphatique manuel (DLM), la pose de bandes, des exercices physiques et des soins cutanés, a été administrée à 535 patients. Les données sur le volume des bras, obtenues par mesure de la circonférence, ont montré une diminution du lymphœdème comprise entre 1054 ± 633 ml et 647 ± 351 ml. Après un période de traitement intensif, un manchon compressif a été appliqué à l’ensemble des patients (compression entre 20 et 36 mmHg chez 86 % des patients et entre 15 et 19 mmHg chez le reste des patients). Après un suivi de 12 mois, une évaluation effectuée sur 356 patients a montré que 89 % d’entre eux portaient encore leur manchon compressif, 70 % posaient eux-mêmes leurs bandes compressives et 66 % recevaient toujours un DLM (1 à 3 fois par semaine). L’étude a montré que le risque d’augmentation de volume du lymphœdème lors du suivi (augmentation supérieure à 10 % au terme de la phase intensive) était supérieur à 50 % chez les personnes n’utilisant pas de manchon compressif (risque relatif ajusté = 1,61 [IC à 95 % : 1,25–1,82] ; p = 0,002) ou des bandes compressives à faible étirement (1,55 [IC à 95 % : 1,3–1,76] ; p <0,0001). À l’inverse, le risque d’augmentation du volume du lymphœdème lors de la période de suivi a été le même chez les patients recevant un DLM ou non. Toutes ces études ont indiqué que le port d’un manchon compressif était bénéfique pour le maintien de la diminution du volume du membre après liposuccion ou thérapie intensive. Il n’existe aucune donnée probante pour étayer le port de vêtements compressifs chez les patients présentant un lymphœdème du thorax ou de la poitrine. PROPHYLAXIE Casley-Smith (1995) ont observé qu’en l’absence de traitement, le lymphœdème secondaire du bras progresse plus vite que les autres types de lymphœdème tels que le lymphœdème secondaire de la jambe et le lymphœdème primaire. Ramos et al. (1999) ont démontré la GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 1 Efficacité des vêtements compressifs Le risque d’augmentation de volume d’un lymphœdème est supérieur chez les patients souffrant d’un lymphœdème du bras et ne portant pas de vêtement compressif. Une intervention précoce et un port continu des vêtements représentent également d’importants facteurs contribuant à l’efficacité de ces vêtements. ENCADRÉ 2 Amélioration de l’issue thérapeutique L’issue thérapeutique d’un lymphœdème du bras est améliorée par le diagnostic précoce associé à un volume initial faible au début de la thérapie compressive. ENCADRÉ 3 Risques liés aux voyages aériens Les vols domestiques n’augmentent pas le risque d’apparition d’un lymphœdème du bras chez les patients traités pour un cancer du sein. Cependant, les vols transatlantiques sont associés à un œdème temporaire. réussite de la prise en charge d’un lymphœdème du bras chez 69 patients atteints d’un cancer du sein. Les résultats ont montré une diminution moyenne du volume de l’œdème de 78 %, corrélée à un volume d’œdème initial de 250 ml maximum (données obtenues par mesure de la circonférence du bras). Les patients ayant des volumes initiaux de 250 ml maximum ont présenté une diminution moyenne de 78 % avec TDC, tandis que ceux dont les volumes initiaux étaient compris entre 250 et 500 ml présentaient une réduction moyenne de 56 %. Delon et al. (2008) ont réalisé une étude chez 133 patientes traitées pour cancer du sein. L’œdème postopératoire après deux semaines a été le seul facteur associé à une augmentation du nombre de lymphœdèmes du bras. Par conséquent, il est essentiel de réaliser une détection et un traitement précoces. Ces conclusions ont également été partagées par Box et al. (2002) lors d’une étude interventionnelle randomisée (n = 65) incluant un programme de groupe de traitement avec des principes de diminution maximale du risque de lymphœdème et de prise en charge précoce après identification de l’affection. Stout Gergich et al. (2008) ont conclu que les vêtements compressifs représentaient un traitement efficace du lymphœdème subclinique du bras. Un lymphœdème du bras, défini par une augmentation, mesurée par péromètre, supérieure à 3 % du volume d’un membre supérieur par rapport au volume préopératoire, a été identifié chez 43 patientes sur 196 participantes à une étude clinique prospective sur les morbidités liées au cancer du sein. Au moment du diagnostic d’un lymphœdème du bras, soit en moyenne 6,9 mois après les mesures préopératoires, il a été observé une augmentation de volume de 83 ml (± 119 ml) ou 6,5 % (± 9,9 %). Le port quotidien d’un vêtement compressif (20 à 30 mmHg) a été rapidement prescrit pour une durée moyenne de 4,4 semaines. Après l’intervention, une diminution du volume de 46 ml (± 103 ml) ou 4,1 % (± 8,8 %) a été observée. On a alors conseillé aux patientes de poursuivre le port du vêtement uniquement lors d’exercices physiques ou d’activités intenses, pendant un voyage en avion, en cas de symptômes de lourdeur, ou d’apparition manifeste d’un œdème. Les résultats ont été maintenus pendant cinq mois en moyenne. Lors d’une étude sur le lymphœdème associé aux voyages aériens réalisée par Graham (2002), 287 questionnaires ont été complétés par des patientes n’ayant par subi de rechute d’un cancer du sein. Un voyage aérien avait été effectué par 50 % des femmes après administration d’un traitement pour cancer du sein. Aucune différence dans le nombre de lymphœdèmes cliniques n’a été observée entre les femmes ayant voyagé en avion ou pas (11,2 % versus 8,3 %). Graham a découvert une absence de différence de fréquence à laquelle les patients souffrant de lymphœdème rapportaient un œdème temporaire selon qu’ils prenaient ou non des précautions, telles que l’utilisation d’un manchon compressif (17 %). Il a été conclu que les vols domestiques ne présentaient aucun risque pour les patients atteints d’un lymphœdème du bras. Cependant, un risque d’œdème temporaire a été corrélé aux vols transatlantiques. Aucune donnée probante n’a permis d’étayer le rôle préventif des vêtements compressifs dans le lymphœdème de la poitrine et du thorax. TRAITEMENT Plusieurs études ont démontré qu’en règle générale, la thérapie compressive était un traitement efficace du lymphœdème. Dans le cas de la partie supérieure du corps, toutes les données probantes concernent le traitement du lymphœdème du bras après traitement pour un cancer du sein. Il n’existe aucune donnée probante pour étayer l’efficacité des vêtements compressifs dans le traitement du lymphœdème du thorax ou de la poitrine. La majorité des études actuelles ont utilisé des bandes compressives à faible étirement. Néanmoins, certaines études ont également rapporté le rôle important joué par l’utilisation seule de vêtements compressifs dans l’efficacité du traitement. L’étude de Swedborg (1980) a permis de démontrer une diminution comprise entre 11 et 13 % de l’œdème chez 39 patients atteints d’un cancer du sein associé à un lymphœdème du bras, après différentes combinaisons de massage et d’exercices physiques sur trois périodes thérapeutiques de 4 semaines et une période globale de 6 mois. Les patients ont porté quotidiennement des manchons compressifs (40 mmHg) dans l’intervalle de 4 semaines entre les périodes de traitement. Pendant les intervalles durant lesquels les manchons étaient portés, il n’a été démontré aucune augmentation du volume de l’œdème, mesuré par la méthode du déplacement de l’eau. Bertelli et al. (1991) ont rapporté une diminution de 17 % de l’œdème, mesuré par la méthode delta, chez 37 patients randomisés pour porter un manchon compressif pendant six heures consécutives par jour, pendant deux mois. Les résultats de ce groupe ont été comparés à celui d’un autre (n = 37) qui avait reçu, en plus, un drainage lymphatique par stimulation électrique. Le deuxième groupe n’a pas montré de diminution supplémentaire de l’œdème, ce qui montre que des résultats positifs peuvent être obtenus par l’utilisation de manchons 17 18 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 4 Temps de port des vêtements compressifs Les vêtements compressifs peuvent être utilisés pour traiter efficacement le lymphœdème du bras, à la fois à court et à long termes, avec une diminution du volume allant jusqu’à 60 % selon la fréquence et la durée du port. ENCADRÉ 5 Compression et diminution du volume Les vêtements compressifs peuvent être utilisés pour stabiliser et maintenir des diminutions du volume du bras allant jusqu’à six mois après un traitement initial pour lymphœdème du bras. compressifs seuls. Lors d’une étude par Johansson et al. (1998) des manchons compressifs standards, prêts-àporter (23 à 32 mmHg) ont été appliqués à 24 patients présentant un lymphœdème du bras associé à un cancer du sein et qui n’avaient reçu aucun autre traitement. Les manchons étaient portés pendant deux semaines, afin de stabiliser le volume du bras avant randomisation des patients pour une intervention par DLM ou compression pneumatique intermittente (CPI). Au cours de la période de traitement de deux semaines, une diminution significative de 7 ± 18 % (49 ml), mesurée par la méthode du déplacement de l’eau, a été observée dans le groupe porteur d’un manchon compressif. Lors d’une autre étude sur deux groupes de patients randomisés, il a été démontré qu’un traitement de trois mois incluant l’utilisation d’un manchon compressif sur mesure (32 à 40 mmHg), des exercices et des soins dermatologiques pour l’un des groupes (n = 22) a permis de réduire le volume du lymphœdème de 60 % selon les mesures de la circonférence et calcul du volume du bras (Andersen et al., 2000). Toutefois, seuls les patients présentant un lymphœdème léger ou modéré (< 30 %) ont été inclus dans cette étude. Les vêtements compressifs peuvent également être utilisés comme traitement à long terme du lymphœdème du bras. Brorson et al. (1998) a présenté une procédure connue sous le nom de « compression contrôlée » (CC), dans laquelle le vêtement est constamment repris au moyen d’une machine à coudre et d’une compression ajustée au patient. Des patients (n = 14) n’ayant reçu aucun traitement conservatoire antérieur de leur lymphœdème ont été recrutés pour subir un traitement par CC. Après 12 mois de traitement, le volume du lymphœdème, mesuré par la méthode du déplacement de l’eau, a été diminué de 1 680 ml (fourchette entre 670 et 3 320) à 873 ml (fourchette entre 340 et 2 275 ml) avec une diminution relative de 47 % (fourchette de -2 à 80 ml). TRAITEMENT À LONG TERME DU LYMPHŒDÈME DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DU CORPS Certaines études, comportant des périodes de suivi plus longues, ont montré que l’utilisation de vêtements compressifs pour la prise en charge des lymphœdèmes des membres supérieurs était également efficace à long terme. Au cours d’une étude, 249 patients souffrant d’un lymphœdème du bras associé à un cancer du sein ont reçu des manchons compressifs sur mesure portés sur des périodes allant d’une semaine à six mois avant traitement par thérapie par compression pneumatique intermittente (CPI) (Swedborg, 1984). Le manchon était remplacé en cas d’usure ou s’il était trop grand ou trop petit. Les résultats ont mis en évidence une diminution relative moyenne statistiquement significative de 17 % du volume de l’œdème, mesurée par la méthode du déplacement de l’eau. Une diminution relative moyenne supplémentaire de 18 % a été obtenue après traitement par CPI pendant 10 jours. Après le traitement par CPI, le manchon a été porté pendant six mois. Au cours de cette période, aucune augmentation significative du volume du bras n’a été décelée; et par conséquent aucune rechute. Lors d’une étude interventionnelle de deux mois par Bertelli et al. (1992), 120 patients souffrant d’un lymphœdème du bras associé à un cancer du sein ont été randomisés en trois groupes de traitement : n Manchon compressif porté pendant uniquement six heures consécutives par jour (n = 37) n Manchon compressif porté pendant uniquement six heures consécutives par jour en plus d’une CPI (n = 46) n Manchon compressif porté pendant uniquement six heures consécutives par jour en plus d’un drainage lymphatique par stimulation électrique pendant deux mois (n = 37). La valeur delta moyenne (19,7 ± 0,7 cm) a été significativement diminuée (16,8 ± 0,8 cm). Les patients ont porté le manchon compressif seul pendant quatre mois supplémentaires ce qui a permis de montrer que la diminution était maintenue (17,2 ± 0,8 cm). D’autres études ont porté sur l’effet du port de manchons compressifs associés à d’autres activités. Au cours d’une étude interventionnelle réalisée par Szuba et al. (2000), une thérapie décongestive intensive, comprenant DLM, bandes compressives et exercices, a été administrée à 43 patients souffrant d’un lymphœdème du bras. Les résultats ont montré une diminution moyenne de l’excès de volume de 44 ± 62 %, après une thérapie moyenne de 8 ± 3 jours. Au terme de la phase de thérapie intensive, un vêtement compressif (le plus souvent prêt-à-porter) a été instauré. Après un suivi moyen de 38 ± 52 jours, le résultat a été maintenu par automassage, pose autoadministrée, exercices physiques et utilisation continue de vêtements compressifs. UTILISATION DE VÊTEMENTS COMPRESSIFS LORS D’UN EXERCICE IMPLIQUANT LES BRAS Plusieurs études ont montré que les patients subissant un traitement pour cancer du sein et présentant une surcharge pondérale peuvent être GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 6 Vêtements compressifs et exercices physiques Les vêtements compressifs devraient être portés immédiatement après les exercices physiques impliquant les bras, selon une routine habituelle. Si un patient préfère effectuer des exercices physiques sans vêtement compressif, ceci n’affectera pas le volume de leur membre si le vêtement est replacé immédiatement après les exercices. ENCADRÉ 7 Observance du patient L’obtention de résultats à long terme satisfaisants dépend de l’observance des patients vis-à-vis de l’administration du vêtement compressif. susceptibles de développer un lymphœdème du bras (Bertelli et al., 1992; Segerström et al., 1992; Johansson et al., 2002). Au cours d’une étude interventionelle réalisée par Bertelli et al. (1992), une diminution supérieure du lymphœdème (25 %) a été observée chez les femmes dont le gain de poids était inférieur à 3 kg à la suite d’un traitement pour carcinome du sein. Par conséquent, il est important que les patients atteints de lymphœdème ne soient pas en surpoids. Les exercices physiques sont un moyen d’y parvenir. Boris et al. (1997) ont traité 56 patients souffrant de lymphœdème du bras associé à un cancer du sein, au moyen d’une thérapie combinée du lymphœdème (TCL) comportant soins dermatologiques, DLM, bandes compressives et exercices physiques pendant 30 jours. Cette TCL a entraîné une diminution moyenne du lymphœdème de 62,6 %. Au terme de la TCL, les patients ont porté des vêtements compressifs en permanence, et débuté un programme d’exercices physiques de 15 à 20 minutes deux fois par jour. Après un suivi de 36 mois, la diminution moyenne a été stabilisée à 63,8 %. L’utilisation de vêtements compressifs lors d’exercices physiques est recommandée depuis longtemps (Földi et al., 1985 ; Casley-Smith et Casley- Smith, 1992). Cependant, une étude par Johansson et al. (2005) a étudié l’effet d’exercices de faible intensité avec et sans manchon compressif chez 31 femmes souffrant d’un lymphœdème du bras associé à un cancer du sein. Les résultats ont montré une augmentation initiale significative dans les deux groupes, du volume total du bras mesuré par la méthode de déplacement de l’eau, mais non du volume de l’œdème, immédiatement après un programme spécifique de cinq exercices différents des bras. Les patientes ont porté des manchons compressifs selon leur routine habituelle au cours des 24 heures suivant un programme d’exercices physiques. Lors du suivi à 24 heures, on a observé que l’augmentation de volume s’était inversée et que les deux groupes présentaient une tendance à la diminution du volume du lymphœdème. OBSERVANCE DES PATIENTS Selon les données de la littérature médicale, l’observance thérapeutique vis-à-vis du port de manchons compressifs est bonne, une fois le traitement amorcé. L’observance thérapeutique a été étudiée par Bunce et al. (1994) lors d’un programme de physiothérapie multimodal incluant une prise en charge auto-administrée. L’étude a inclus 25 femmes souffrant de lymphœdème et ayant subi une mastectomie. Au terme de quatre semaines de traitement intensif par massage, compression pneumatique séquentielle, bandes compressives et des exercices physiques, un manchon compressif a été appliqué et les patientes ont appris à s’en servir. Le port du manchon a bénéficié d’une observance presque totale constatée lors du suivi à un mois. Après six et 12 mois, l’observance avait décliné, mais de manière non significative, à un niveau supérieur à 3 sur une échelle de 1 à 5. Les résultats d’une période de suivi plus longue ont été présentés par Boris et al. (1997). Ces résultats ont montré que les 56 patients souffrant d’un lymphœdème du bras et ayant reçu un TCL pour une diminution moyenne de 62,6 % et dont l’observance n’était pas bonne vis-à-vis du port d’un vêtement compressif associé à des exercices physiques deux fois par jour, ont maintenu une diminution de 43 % du volume du membre après un suivi de 36 mois. Les patients dont l’observance était de 50 % ont présenté une diminution de 60 %, tandis qu’elle était de 79 % chez les patients dont l’observance était de 100 %. DISCUSSION Cet article passe en revue la littérature disponible à ce jour sur l’utilisation de vêtements compressifs chez les patients présentant un lymphœdème de la partie supérieure du corps. Étant donné que les études incluses s’étalent sur une période de près de 30 ans (1980 – 2009), il n’est pas surprenant de ne pas avoir de données probantes de plus haute qualité. De plus, certains des points clés pour la pratique, soulignés dans cet article, proviennent d’études uniques de petite envergure indiquant que davantage de recherches, et sur une plus grande envergure, sont nécessaires dans tous les domaines, y compris la prophylaxie, le traitement, et la prise en charge à long terme du lymphœdème de la partie supérieure du corps. Une des raisons de l’absence de données probantes peut être associée aux difficultés à évaluer le lymphœdème. Bien que certains instruments soient fiables et recommandés par la Société internationale de lymphologie (Bernas et al., 1996), d’autres outils doivent être conçus et testés. Il y a, en particulier, un manque d’outils pour la mesure du lymphœdème du thorax et de la poitrine, ce qui influence la capacité du clinicien à effectuer une évaluation robuste de l’efficacité des traitements dans ce domaine. Une autre explication de l’absence de données probantes peut être la définition même du lymphœdème, en particulier au stade précoce, qui n’a pas encore été normalisée. Ceci doit donc faire l’objet d’études et de discussions supplémentaires. Les résultats de ces études sont en partie 19 20 GUIDE PRATIQUE limités par le fait que la pression appliquée par les vêtements compressifs est très rarement documentée. Ceci peut être causé par l’absence de normes, bien que le Comité européen de standardisation (2001) ait fait des recommandations sur un éventail de pressions au sein des quatre classes de compressions différentes. Par conséquent, des recherches futures doivent aborder certains éléments ; notamment celui d’un meilleur suivi des pressions appliquées sous les vêtements compressifs. Stout Gergich et al. (2008) ont conclu que les vêtements compressifs traitent efficacement le lymphœdème sub-clinique du bras, même si les vêtements sont portés après un exercice ou une activité physique intensive, au cours d’un voyage aérien, en cas de symptômes de lourdeur ou d’apparition d’un œdème manifeste. Il conviendrait d’étudier la durée pendant laquelle un patient chez qui un lymphœdème a récemment été diagnostiqué peut porter le vêtement sans compromettre l’efficacité du traitement, car une diminution du temps de port pourrait améliorer l’observance thérapeutique. Le confort et l’aspect des vêtements compressifs peuvent également avoir également un impact sur l’observance thérapeutique. Par conséquent, les fabricants de vêtements pourraient envisager d’entreprendre une recherche psychosociale et utiliser les résultats pour influencer positivement le développement de leurs produits. CONCLUSION La littérature indique que l’utilisation de manchons compressifs est efficace pour la prise en charge du lymphœdème du bras, mais les résultats rapportés doivent être confirmés par des études de plus grande envergure. Des études sur le rôle des vêtements compressifs dans la prise en charge du lymphœdème de la poitrine et du thorax sont nécessaires, mais elles pourraient être difficiles à mettre en œuvre jusqu’à ce que des outils de mesure appropriés soient conçus et normalisés. Finalement, les recherches permettant des temps de port plus courts et des formes de vêtements qui répondent aux besoins psychosociaux des patients, permettront d’améliorer l’issue et la qualité de vie des patients souffrant de lymphœdème. RÉFÉRENCES Andersen L, Höjris I, Erlandsen M, Andersen J (2000) Treatment of breast-cancer-related lymphedema with or without manual lymph drainage. A randomized study. 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Le niveau de compression, le type et le style de fabrication, ainsi que la mesure et le degré d’ajustement influencent le confort, l’efficacité et l’observance du patient. Cet article guide le praticien à travers les différents processus de la prescription de vêtements compressifs pour la prise en charge d’un lymphœdème de la partie supérieure du corps. D Doherty, Directeur du Lymphoedema Framework Project et Infirmier clinique spécialiste du lymphœdème ; A Williams, Cancer Nursing Research Fellow, Université Napier d’Édimbourg, Édimbourg, Écosse La compression est largement utilisée pour contrôler l’œdème des membres supérieurs et du torse, bien qu’il existe plus de données probantes en faveur de l’utilisation de la compression dans le lymphœdème des membres inférieurs. Une étude limitée des pressions d’interface sous la compression a permis de souligner les difficultés liées à l’identification des gradients de pression efficaces sur toute la longueur des manchons et a discuté certaines des implications cliniques (Williams et Williams, 1999). En dépit de l’utilisation répandue des manchons et d’autres vêtements compressifs tels que les gants/ gantelets et soutiens-gorge comme traitement de première intention d’un lymphœdème de la partie supérieure du corps, il existe peu de recherche pour étayer cette pratique. Les données probantes disponibles sont discutées par Johansson dans les pp. 16 à 20 de ce document. En l’absence de données robustes, la pratique clinique est guidée par le consensus et l’opinion des experts, qui ont été utilisés pour les recommandations pour la pratique présentées dans cet article. est en mesure d’utiliser une compression élastique : n Style de vie, mobilité, âge, statut psychosocial et choix personnel du patient n Dextérité du patient ou du soignant : ils doivent être capables d’appliquer et de retirer le vêtement n L’état de la peau et la sensibilité cutanée : la peau doit être intacte et ferme n État des tissus sous-jacents et présence de fibrose ou de lipœdème n Statut artériel n Taille et forme du membre et répartition de l’œdème n Statut fonctionnel du membre n Statut de la ou des maladies sous-jacentes, telles que cancer, insuffisance cardiaque congestive et autres comorbidités n Statut et gravité du lymphœdème n Déficit sensoriel n Capacité à tolérer la compression n La présence d’une affection concomitante telle qu’une neuropathie périphérique. De plus, il existe certaines contre-indications à l’utilisation d’une compression (Encadré 1). FACTEURS QUI INFLUENCENT L’UTILISATION DE VÊTEMENTS COMPRESSIFS Bien que les vêtements compressifs puissent être utilisés en prophylaxie ou pour traiter un lymphœdème précoce, ils sont principalement utilisés pour la prise en charge à long terme. Par conséquent, il est important de fournir le vêtement adéquat, étant donné que l’ajustement, le style et le matériau influencent l’aspect et le confort du vêtement, et donc le souhait du patient de poursuivre le traitement (Doherty et al., 2006). Le choix d’un vêtement approprié implique le fait de collaborer avec le patient pour explorer les différents vêtements compressifs disponibles et sélectionner le produit le plus approprié pour satisfaire à la fois les besoins cliniques et le style de vie du patient. Un vaste éventail de facteurs doit être pris en compte au moment de déterminer si un patient VÊTEMENTS PRÊTS-À-PORTER OU SUR MESURE ? Après évaluation complète par un praticien formé, permettant de confirmer que le patient est en mesure de porter un vêtement compressif, une décision devra être prise sur le style et le type de vêtement nécessaire (c.-à-d. prêt-à-porter ou sur mesure, tricot circulaire ou tricot plat). Les informations obtenues lors de l’évaluation peuvent être utilisées pour choisir le produit le plus approprié au patient et à son environnement. Les vêtements prêt-à-porter ont l’avantage d’être plus rapides à obtenir et à ajuster. Ils peuvent être fabriqués avec des tissus plus fins plus acceptables sur le plan cosmétique que les autres vêtements en tricot plat plus épais. Cependant, les produits en tricot circulaire peuvent ne pas s’ajuster parfaitement ou ne pas fournir un soutien suffisant. Ils sont davantage 21 22 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 1 Contreindications aux compressions élastiques n Insuffisance artérielle n Obstruction du débit n n n n n veineux ou thrombose veineuse profonde (TVP) aiguë Insuffisance cardiaque congestive non contrôlée Lymphorrhée Cellulite aiguë non traitée Phlébite aiguë Déformation extrême d’un membre, y compris plis cutanés profonds Attention : sténose de l’artère supraclaviculaire, neuropathie du plexus brachial, thrombose de la veine axillaire FIGURE 1. Vêtements compressifs avec adaptations particulières. susceptibles de se retourner en haut, en particulier si la zone couverte est charnue et peuvent former des plis cutanés ou un garrot. Les compressions élastiques prêt-à-porter en tricot circulaire sont adaptées pour les patients présentant un œdème léger avec altération faible de la forme anatomique normale. Les vêtements prêt-à-porter en tricot plat peuvent être utilisés pour s’adapter à une déformation minime de la forme ou en cas d’œdème rebond, pour lesquels les vêtements en tricot circulaire ne contiennent pas l’œdème. En règle générale, les vêtements sur mesure en tricot plat sont utilisés chez les patients présentant un lymphœdème plus grave et compliqué, particulièrement si la forme du membre est irrégulière. Ils s’accommodent mieux en cas de forme et de distribution anormale des tissus, permettant différents niveaux compressifs à différents sites anatomiques au moyen d’un même vêtement. Ils peuvent également être utilisés lorsque des adaptations spéciales sont nécessaires (ex. fermetures éclairs ou velcro) pour assurer l’ajustement précis (Figure 1). Ils sont également recommandés dans les tout premiers mois suivant un bandage multicouche du lymphœdème pour prévenir un œdème rebond. Les patients peuvent exprimer une préférence pour une épaisseur ou un style particuliers selon le niveau d’activité physique et l’utilisation du vêtement. Le praticien devrait prendre ces préférences en compte au moment de décider une thérapie optimale, tout en encourageant le traitement le plus approprié. Les options préférables comprennent l’application de plusieurs couches de vêtements ou la modification de la rigidité du matériau pour encourager une utilisation plus importante. CHOISIR LE STYLE DE VÊTEMENT COMPRESSIF APPROPRIÉ Différents styles de vêtements sont disponibles FIGURE 2. Sélection de vêtements compressifs pour différentes présentations cliniques. pour s’adapter à différentes présentations cliniques d’œdème de la partie supérieure du corps. De nombreux manchons compressifs présentent différentes caractéristiques : coupe en biais de la région axillaire, attaches aux épaules, bandes supérieures en silicone, et parties pour les mains séparées ou combinées (gantelets/ mitaines) (Figure 2). Des vêtements compressifs spécialisés sont disponibles en cas d’œdème de la ligne médiane. Les compressions élastiques couvrent la totalité de la zone de l’œdème pour éviter un gonflement du quadrant adjacent ou pour forcer l’œdème à distance. Œdème de la main et des doigts Un œdème de la main et des doigts (Figure 3) peut se produire avec ou sans œdème du bras. Cette atteinte peut être handicapante. Elle rend les mouvements fins des doigts difficiles et souligne l’affection aux autres. Les effets cutanés d’une chimiothérapie au docétaxol subie par certaines femmes atteintes d’un cancer du sein, peut entraîner un lymphœdème précoce et mal contrôlé des mains et des doigts, ainsi que des modifications de type fibroscléreux et sclérodermiques du dos de la main (Farrant et al., 2004). Différents styles, tailles et épaisseurs de gants et mitaines prêt-à-porter sont disponibles et nécessitent un ajustement rigoureux (Figure 4). Les gants sur mesure en tricot plat peuvent être ajustés pour s’adapter à des besoins spécifiques (tels qu’un œdème de la main ou de l’avantbras). L’utilisation d’une pièce séparée pour la main permet un retrait pour le lavage à la main et préserve l’intégrité du tissu. Cependant, si des vêtements distincts sont utilisés, des précautions doivent être prises pour éviter qu’une pression excessive soit appliquée là où les vêtements se superposent au poignet (Encadré 2). Les patients doivent comprendre que porter un manchon sans GUIDE PRATIQUE le gant ou la mitaine, peut augmenter l’œdème de la main et des doigts et qu’ils doivent donc adapter leurs activités et leur utilisation des vêtements. FIGURE 4. Mitaines et gants prêt-à-porter. Œdème de l’avant-bras Il existe un certain nombre de vêtements pour la prise en charge de l’œdème de l’avant-bras (Encadré 3). Un vêtement sur mesure en tricot plat peut être nécessaire pour appliquer une pression suffisante en cas d’apparition d’un œdème rebond ou en cas d’épaississement cutané de l’avant-bras (Figure 5). Les praticiens qui prennent les mesures en vue d’un vêtement sur mesure peuvent serrer le ruban à mesurer pour ajuster les mesures à l’avant-bras moyen et s’assurer d’une pression adéquate sur les zones où les œdèmes rebond peuvent facilement se produire. Cependant, des précautions doivent être prises pour éviter que le vêtement ne serre inutilement le poignet ou le coude. En cas d’apparition d’une fibrosclérose à la face latérale de l’avant-bras autour du coude ou de la partie médiale de l’avant-bras, des coussinets peuvent être insérés sous le vêtement au niveau des zones affectées afin d’appliquer une pression et une friction locale aux tissus sous-jacents. Il est important de s’assurer que le manchon n’entraîne pas de rougeur ou d’irritation au pli sensible du coude. Un des avantages liés à l’utilisation d’un vêtement sur mesure est la forme du coude tricotée dans le matériau qui peut éliminer ce problème (Figure 6). Cependant, si le vêtement est bien ajusté et qu’une irritation se produit encore, une couche intérieure en soie peut également être utilisée pour protéger le coude. Chez certains patients, des manchons sur mesure qui ajustent simplement la main et FIGURE 5. Œdème de l’avantbras. FIGURE 6. Manchon compressif avec la forme du coude tricotée dans le tissu. FIGURE 3. Œdème de la main et des doigts. ENCADRÉ 2 Conseils pour choisir des gants et mitaines pour œdème de la main ou des doigts n Les gants et gantelets ou mitaines sont utilisés n n n n n pour l’œdème de la main, des doigts et de l’avant-bras. Des gants en tricot plat sans coutures sont maintenant disponibles. Ils augmentent la liberté de mouvement des doigts et de la main, ce qui contribue à prévenir une altération de la peau causée par la pression aux coutures Les gants et gantelets ou mitaines sont également nécessaires si un manchon entraîne un œdème de la main qui n’était pas présent auparavant Avant l’application d’un vêtement, vérifier la présence de mycose interdigital ou d’excoriation dans l’espace commisural entre le pouce et l’index En cas d’œdème des doigts, un vêtement sur-mesure de la longueur des doigts peut être ajusté pour couvrir la zone œdémateuse Des tissus plus souples (ex. tissu microfibre) peuvent être utilisés pour permettre un plus grand confort et une facilité de mouvement. Dans certains cas, il y a la possibilité de couper les doigts du tissu en microfibres afin de personnaliser l’ajustement du tissu au patient Épaississement des tissus du dos de la main – l’utilisation d’inserts en mousse permet au gants de fournir une pression et une friction supplémentaires afin d’assouplir les tissus épaissis l’avant-bras peuvent être également utiles si l’œdème est localisé et qu’un manchon de l’ensemble du bras n’est pas indiqué (Figure 7). Lorsqu’un contrôle de l’œdème pendant la nuit est problématique, un bandage ou un vêtement avec une compression faible utilisé pendant la nuit peut être efficace. De plus, l’utilisation d’une compression inélastique peut être bénéfique. Œdème du bras Un œdème du bras peut également être associé à un dépôt graisseux entraînant une déformation ou à un tissu tombant (Figure 11). Dans de telles circonstances, un vêtement compressif fabriqué dans un matériau plus rigide est souvent FIGURE 7. Manchon sur mesure pour ajuster l’avantbras et la main. 23 24 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 3 Conseils spécifiques en cas d’œdème et de modifications des tissus limités à l’avant-bras et/ou la main n Un manchon sans mitaine peut être utilisé en l’absence d’œdème de la main (Figure 8) n Un manchon avec mitaine intégrée peut être utilisé en cas d’œdème de la main. Un certain nombre de patients nécessitent un manchon avec gant ou mitaine. Le modèle avec gantelet (c.-à-d. attaché ou faisant partie intégrante du manchon) est préférable, car il diminue le risque de surpression à l’endroit de la superposition (Figure 9) n Une mitaine distincte du manchon peut être utilisée pour offrir une plus grande polyvalence (Figure 10). Il est conseillé de prendre un gant couvrant 6 cm après le poignet pour assurer une superposition plus importante avec le manchon, étant donné qu’une superposition étroite peut provoquer un garrot n Bien que rare, un gantelet sur mesure recouvrant l’avant-bras peut être utilisé FIGURE 8. Manchon seul sans gant. nécessaire et les vêtements sur mesure en tricot plat peuvent fournir un ajustement adéquat. En cas d’œdème à l’épaule (racine du membre), un drainage lymphatique manuel (DLM) peut être nécessaire (Encadré 4). Œdème du thorax et de la poitrine Un œdème de la partie supérieure du thorax ou de la poitrine (Figure 12) est fréquent après un traitement anticancéreux ; particulièrement en cas d’exérèse des ganglions axillaires chez les patients atteints d’un cancer du sein ou de mélanome malin. Les zones du quadrant thoracique adjacent partagent les voies de drainage lymphatique du bras et se drainent dans les ganglions lymphatiques axillaires. Un œdème de la région axillaire, de la paroi thoracique, de la poitrine, du dos ou de l’épaule peut donc se FIGURE 10. Manchon et gant séparé permettant une grande FIGURE 9. Manchon polyvalence d’utilisation. avec gant attenant. ENCADRÉ 4 Conseils spécifiques en cas d’œdème du bras n Lorsque l’œdème atteint la totalité du bras ou simplement la partie supérieure du bras, un manchon complet est nécessaire (Figure 8) n Une coupe droite ou en biais à la région axillaire est disponible (cette dernière s’adapte mieux sur le plan anatomique, mais le choix peut dépendre des préférences du patient) n Un œdème du bras qui s’étend à l’épaule peut nécessiter un manchon avec épaulière. Un vêtement avec épaulière attachée au soutiengorge ou à la ceinture est nécessaire. Selon les préférences du patient, et si cela est disponible, il est également possible d’associer un DLM à l’application de Kinesio-Tape n Une bande de maintien en silicone peut être utile pour s’assurer que les manchons restent en place, mais elle ne doit pas provoquer de pression inutile (qui pourrait accentuer l’œdème) ou endommager la peau produire avec ou sans lymphœdème du bras associé. Les modifications pathologiques sousjacentes au développement d’un lymphœdème du bras et d’œdème du thorax ou de la poitrine peuvent différer. Une radiothérapie de la poitrine ou de la région axillaire peut entraîner des modifications inflammatoires spécifiques qui touchent les lymphatiques locaux et peut causer un œdème supplémentaire, en cas de poitrine pendante ou non soutenue. Les cicatrices et adhésions de la région axillaire, de la poitrine ou de la paroi thoracique peuvent entraîner une gêne, qui est exacerbée par un mauvais ajustement du soutien-gorge ou des prothèses mammaires. Les patients sont souvent réticents à GUIDE PRATIQUE FIGURE 11. Œdème du bras. FIGURE 12. Œdème mammaire. porter un soutien-gorge compressif ou un vêtement à compression légère, même si la zone est susceptible de bénéficier d’un support et d’une compression adéquats. Un œdème de la poitrine ou de la partie supérieure du thorax, de la région axillaire ou de l’épaule provoque des angoisses particulières pour le patient, car il est fréquemment associé à des douleurs, de la gêne, et de l’insensibilité (Bosompra et al., 2002), entraînant des peurs de récidive de cancer. Il peut être difficile pour le patient et le praticien de distinguer un œdème, un sérome (accumulation postopératoire de liquide) et d’autres problèmes tels qu’une douleur neuropathique postopératoire, une réaction à la radiothérapie ou une cellulite (Stevenson et al., 2005). Par conséquent, il est nécessaire d’effectuer une évaluation rigoureuse et d’adopter une approche pluri-disciplinaire. Il sera important de distinguer un sérome d’un œdème thoracique, car ces deux affections peuvent se présenter simultanément. Cependant, une aspiration à l’aiguille du sérome ou une biopsie des zones fibrotiques (afin d’exclure la possibilité de récidive de cancer) peuvent exacerber un œdème local. Les vêtements compressifs tels que les soutiens-gorge ou produits pour le corps spécialisés peuvent être utiles chez certains individus atteints de lymphœdème en plus d’autres traitements tels qu’un DLM ou l’application de Kinesio-Tape. Les patients ont besoin de soutien pour les soins autoadministrés, notamment les auto-massages et exercices qui contribuent à décongestionner les zones atteintes, ainsi que lors du choix d’un soutien-gorge ou d’un vêtement bien ajusté et soutenant. Il est possible que les techniques telles que la libération de tissus et une mobilisation des fascias puissent contribuer à rétablir des voies de drainage lymphatiques saines, bien que cet aspect du traitement nécessite davantage de recherche (Mondry et al., 2002). Évaluation Il est recommandé de réaliser une évaluation d’un œdème thoracique et mammaire par un praticien spécialisé. Les complications telles qu’une tumeur récidivante ou primaire, une cellulite nécessitant une antibiothérapie, et la présence d’un abcès dans le tissu mammaire sous-jacent, par exemple, devraient être toutes éliminées avant d’envisager une thérapie compressive. Les patients ont besoin d’informations opportunes et appropriées pour comprendre les altérations sous-jacentes et apprendre ce qu’ils doivent faire pour contribuer à une diminution de l’œdème. Dans de nombreux cas, des œdèmes thoraciques et mammaires ENCADRÉ 5 Conseils en cas d’œdème du thorax ou de la poitrine n Garder la zone propre et hydratée (vérifier n n n n n n n avec le département de radiothérapie pour des conseils sur les émollients, le cas échéant) Consulter le médecin si la zone est chaude et sensible et en cas de suspicion d’infection Si cela est confortable, porter un soutien-gorge ou un vêtement bien ajusté pour soutenir les zones œdémateuses et fournir une compression souple aux tissus Obtenir des conseils sur les exercices qui contribueront à décongestionner la zone Envisager l’utilisation d’automassages ou de DLM Savoir en interrogeant un praticien spécialiste des lymphœdèmes si l’application de KinesioTape pourrait être utile Revenir pour un suivi de contrôle avec le praticien spécialiste des lymphœdèmes lorsqu’un nouveau ou un autre vêtement pourrait être nécessaires Se souvenir que l’œdème du thorax et de la poitrine réduira et parfois, disparaîtra complètement, bien que cela puisse prendre entre plusieurs mois et deux ans. Une perturbation des sensations peut subsister (ex. insensibilité) finiront par se résorber, en particulier si un traitement et une compression efficace peuvent être initiés précocement. Ajustement des soutiens-gorges et des vêtements compressifs Un soutien-gorge avec un ajustement approprié est essentiel chez les femmes présentant un œdème thoracique ou mammaire. Différents modèles sont disponibles par l’intermédiaire de sociétés spécialisées dans les soins liés à la poitrine et au lymphœdème. Il est nécessaire d’effectuer une mesure et un ajustement précis du vêtement, en particulier si une patiente éprouve de l’inconfort et est réticente à porter une compression sur la zone. Il est utile de souligner qu’un support adéquat est essentiel pour favoriser le drainage lymphatique depuis la zone mammaire. En cas de chirurgie mammaire conservatrice, les seins peuvent être maintenant de taille et de forme différentes et le sein atteint d’œdème est susceptible d’être plus lourd et souvent pendant et inconfortable. Les patientes portant une taille de bonnet supérieure à C présentent un risque supérieur d’œdème (Pezner et al., 1985), et peuvent également bénéficier du port d’un vêtement ou d’un soutien-gorge plus souple la nuit. Des soins sont nécessaires pour obtenir un ajustement approprié et une symétrie. Ils sont parfois associés à l’utilisation de prothèses ou à une réduction chirurgicale du sein non traité. Les 25 26 GUIDE PRATIQUE FIGURE 13. Soutien-gorge spécialisé. patientes qui subissent une reconstruction mammaire présentent également un risque d’œdème (Parbhoo, 2006), bien que le chirurgien doive être consulté avant un DLM. Certaines sociétés commercialisent des vêtements spécifiques pour l’œdème thoracique et mammaire, y compris les vestes ou les soutiens-gorges compressifs (Figure 13) fabriqués en tissus rigides (mais doux) et comportant de larges bretelles. Les vestes peuvent être utilisées pour fournir un support dans l’ensemble du dos, y compris la zone axillaire postérieure et la paroi mammaire ou thoracique. Certaines sociétés les commercialisent en blanc, noir et beige. Elles sont utiles au cours des tout premiers mois qui suivent l’intervention. Un praticien adéquatement formé devrait prendre les mesures et ajuster le vêtement. Inserts Les inserts, fabriqués en matériaux comme la mousse, peuvent être utilisés à l’intérieur du soutien-gorge pour fournir une friction en regard des zones fibrotiques. Ils peuvent être obtenus sous forme de plaques prêtes à l’emploi ou peuvent être recoupés et assemblés à l’aide d’une mousse hypoallergénique et de matériaux adhésifs. Œdème de la partie supérieure du thorax et du bras en cas d’atteinte avancée L’œdème peut être un problème important et difficile à contrôler en cas d’envahissement tumoral local ou de métastases à distance. Il peut être compliqué par une plaie ouverte causée par une tumeur ulcérovégétante autour de la paroi thoracique ou par des modifications systémiques entraînant un déséquilibre hydrique causé par une hypoalbuminémie ou encore par l’utilisation de médicaments (ex. dexamethasone). De nombreuses femmes atteintes d’un cancer du sein avancé subissent une chimiothérapie palliative qui peut exacerber l’œdème. Cependant, l’effet direct des agents de chimiothérapie, en réduisant la taille de la tumeur, peuvent diminuer significativement l’œdème. L’ajustement des vêtements compressifs chez les patientes présentant une atteinte avancée nécessite des compétences et une conscience des problèmes plus vastes entourant le traitement et la palliation des symptômes. Les patientes peuvent présenter une mobilité réduite et des douleurs, et par conséquent sont moins susceptibles de tolérer de hauts niveaux de compression. Elles peuvent trouver difficile d’appliquer un vêtement et, par conséquent, le praticien doit faire preuve d’une certaine créativité et une évaluation des besoins et des capacités individuels. Les vêtements en tricot circulaire et en tricot plat, généralement à compression faible, peuvent être utilisés dans ce groupe de patients en fonction des besoins individuels. Un bandage support peut être utile avant l’utilisation d’un vêtement compressif et peut être utilisé spécifiquement pour diminuer l’œdème des doigts et des mains, ou une lymphorrhée, même si le bras ou le thorax présentent un œdème relatif. Les patientes présentant un bras dépendant secondaire à une neuropathie du plexus brachial peuvent trouver plus confortable l’utilisation d’un bandage de support à long terme, mais peuvent également porter un vêtement, à la condition qu’elles trouvent le moyen d’appliquer le vêtement, soit seules, ou avec de l’aide. PRISE DE MESURE POUR LES COMPRESSIONS ÉLASTIQUES Les prises de mesure pour les vêtements compressifs devraient être réalisées au terme de toute thérapie intensive et lorsque le membre est dans le meilleur état possible. Par conséquent, la zone œdémateuse doit être, autant que possible, exempte d’œdème ; l’œdème prenant le godet doit être minime ou absent et la distorsion de la forme minimisée (Lymphoedema Framework, 2006). Chez la plupart des patients, une thérapie décongestive par drainage lymphatique manuel (DLM) et bandage peut être nécessaire pour atteindre cet objectif. Un œdème subtil, y compris des altérations cutanées et tissulaires du membre et du thorax, devrait également être identifié, car l’œdème des membres peut être moins contrôlé si la zone thoracique reste congestionnée. Les atteintes cutanées et altérations tissulaires telles que les phlyctènes, les lymphorrhées ou un épaississement souscutané peuvent également nécessiter un autre type de prise en charge, tel qu’un bandage, avant de pouvoir utiliser des traitements compressifs. Pour les patients qui portent déjà un vêtement compressif, des mesures devraient être réalisées : n Avant renouvellement du vêtement pour confirmer que la taille adéquate est prescrite n Si le patient passe d’un vêtement prêt-àporter à un vêtement sur mesure et vice versa n Si un autre type de vêtement est nécessaire n Si des ajustements du vêtement ou une pression différente sont nécessaires (Lymphoedema Framework, 2006). Une prise précise des mesures est essentielle pour un ajustement adéquat du vêtement et un confort optimal pour le patient. Les compressions élastiques qui s’ajustent mal peuvent ne pas contenir le lymphœdème, endommager les tissus, être inconfortables et mal tolérées et finalement dissuader le port à long terme des compressions élastiques. GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 6 Mesures pour les compressions élastiques prêtes-à-porter H Mesures nécessaires pour un manchon compressif En cas d’œdème de l’avant-bras ou du bras n Commencer par détendre le bras en le faisant reposer sur une table. Plier légèrement le bras pour créer une petite courbure au niveau du coude n Le bras ne doit pas être totalement droit, ni totalement plié n Mesurer le tour du poignet au-dessus du processus styloïde de l’ulna (petit os externe) n Le mètre ruban doit être légèrement tendu. Il ne doit être ni trop relâché ni trop étiré n Inscrire cette mesure n Ensuite, placer le mètre ruban entre le poignet et le pli du coude (partie moyenne de l’avant-bras, D) n Utiliser la même tension légère et noter la mesure n Prendre la mesure au pli du coude n Enfin, mesurer la partie supérieure du bras, à mi-chemin entre le coude et l’aisselle (partie moyenne du bras, F) n S’il y a de la peau en excès à cet endroit, la retenir au mieux et serrer un peu plus le mètre ruban de sorte que toute la surface cutanée soit uniformément entourée n Prendre la dernière circonférence à 2 doigts (2 cm) en dessous de la région axillaire n La mesure de la longueur est prise à l’intérieur du bras depuis le coude jusqu’à 2 cm (2 doigts en largeur) sous la région axillaire (G) afin de déterminer s’il est nécessaire de prescrire un vêtement de taille petite, standard ou large. Mesurer depuis G jusqu’à H, bord externe de la bretelle du soutien-gorge, pour l’épaulière en option n Pour une mitaine intégrée, mesurer la main aux points A et B 2 cm sous la région axillaire G Bras moyen F Pli du coude (légèrement plié) E Avant-bras moyen D Poignet C B A ENCADRÉ 7 Mesures pour une mitaine ou un gantelet prêt-à-porter n Les mesures doivent être prises main détendue, paume vers le haut n Laisser les doigts se détendre et placer le mètre n n n n ruban juste en dessous des phalanges. Tendre légèrement le mètre ruban de sorte qu’il ne soit pas relâché Mesurer sur la main au point A Mesurer la partie la plus large de la main, en plaçant le ruban légèrement à distance de l’espace commissural au point B Demander au patient de fléchir la main vers le haut au niveau du poignet et noter ce point. Mesurer au niveau de la flexion du poignet au point C Noter la mesure Les encadrés 6 à 11 présentent un guide pour la mesure de différents vêtements compressifs pour les patients présentant un lymphœdème de la partie supérieure du corps. Cependant, il convient de noter qu’il ne s’agit que d’un guide et une attention particulière devrait être accordée aux instructions du fabricant concernant la prise A B C des mesures. Ces dernières devraient être effectuées par un praticien qualifié. RECOMMANDATIONS POUR LES VÊTEMENTS COMPRESSIFS DANS LE LYMPHŒDÈME DES MEMBRES SUPÉRIEURS Les pressions thérapeutiques optimales et la 27 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 8 Mesures pour un gant prêt-à-porter n Les mesures doivent être prises main détendue, paume vers le haut 4 n Laisser les doigts se détendre et placer le mètre n n n n n n n ruban juste en dessous des phalanges. Tendre légèrement le mètre ruban de sorte qu’il ne soit pas relâché Mesurer sur la main au point A Mesurer la partie la plus large de la main, en plaçant le ruban légèrement à distance de l’espace commissural au point B Demander au patient de fléchir la main vers le haut au niveau du poignet et noter ce point. Mesurer au niveau de la flexion du poignet au point C Noter la mesure Prendre la mesure C1, à environ 3 cm au-dessus de C Pour déterminer la taille de la mitaine, prendre les mesures entre A et B, A et C et A et C1 Prendre la circonférence des doigts et du pouce à l’extrémité et à la base 3 2 5 A 1 A-B B A-C C A-C1 ENCADRÉ 9 Mesures pour les manchons sur mesure En cas d’œdème de l’avant-bras ou du bras n Commencer par détendre le bras en le faisant reposer sur une table. Plier légèrement le bras pour créer une petite courbure au niveau du coude n Le bras ne doit pas être totalement droit, ni totalement plié n Pour trouver C, demander au patient de fléchir le poignet. Utiliser le niveau du deuxième pli en partant de la main pour mesurer la circonférence C. C1 se trouve à environ 5 à 7 cm au-dessus de C n Le mètre ruban doit être légèrement tendu. Il ne doit être ni trop relâche ni trop étiré n Inscrire cette mesure n Ensuite, placer le mètre ruban entre le poignet et le pli du coude (partie moyenne de l’avant-bras, D). Mesurer la circonférence à D en tirant sur le ruban jusqu’à sentir une résistance de l’œdème n Mesurer la circonférence E au pli du coude alors que le coude est légèrement plié, sans tension appliquée au mètre ruban. Mesurer de nouveau à 1-2 cm audessus de E. Si cette circonférence est supérieure à la mesure E, l’inscrire comme étant E n Mesurer la partie supérieure du bras (F), à michemin entre le coude et l’aisselle. S’il y a de la peau en excès à cet endroit, la retenir au mieux et serrer un peu plus le mètre ruban de sorte que toute la surface cutanée soit uniformément entourée. Mesurer la circonférence à F en tirant sur le ruban jusqu’à sentir une légère résistance de l’œdème n Mesurer G à 2 cm sous la région axillaire. Ne pas appliquer de tension au mètre ruban au moment de mesurer la circonférence G n Mesurer la longueur G-G1 pour le biais en haut n Mesurer la longueur depuis G jusqu’à l’extérieur de la bretelle du soutien-gorge (H) pour l’attache à l’épaulière. Mesurer également la largeur de la bretelle de soutien-gorge pour l’attache au soutiengorge n La mesure de la longueur est prise le long de la face interne du bras en suivant la totalité du contour du bras H G-G1 Mesures nécessaires pour un manchon compressif 28 G Bras moyen F Pli du coude (légèrement plié) E Avant-bras moyen D C-G C-F C-E C-D C1 C C 29 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 10 Mesures pour un gant/gantelet sur mesure n Prendre les mesures main détendue, paume vers le bas qui presse légèrement sur la table n Laisser les doigts se détendre et placer le mètre n n n n n n n n ruban juste en-dessous des phalanges. Tendre légèrement le mètre ruban de sorte qu’il soit légèrement relâché. Éviter tout garrot Mesurer la main au point A en appliquant une légère tension au mètre ruban Mesurer la partie la plus large de la main, en plaçant le ruban légèrement à distance de l’espace commissural au point B Demander au patient de fléchir la main vers le haut au niveau du poignet et noter ce point. Mesurer le point C à la pliure du poignet, en tirant légèrement sur le mètre ruban pour qu’il y ait un contact cutané Noter la mesure Prendre la mesure à C1, à environ 5-7 cm au-dessus de C Pour déterminer la taille de la mitaine, prendre les mesures, main détendue, paume vers le haut, entre A et B, A et C et A et C1 Prendre la circonférence des doigts et du pouce à l’extrémité et à la base Mesurer la longueur des doigts et du pouce depuis l’espace commisural. Elle peut être longue ou courte, suivant les besoins du patient. Pour la longueur des doigts, utiliser la carte de mesure adaptée et lire la mesure du côté le plus petit rigidité des matériaux pour la compression dans le lymphœdème des membres supérieurs n’ont pas été définies avec précision. En règle générale, les manchons compressifs, les gants compressifs et vêtements compressifs pour le thorax correspondent à des niveaux de compression légers à modérés, inférieurs aux vêtements équivalents pour les membres inférieurs. Ceci est principalement dû à la pression artérielle inférieure et à la force de gravité dans les bras et les mains, en plus d’autres différences anatomiques et physiologiques. Les niveaux de compression modérés sont généralement efficaces et mieux tolérés au niveau du thorax (Lymphoedema Framework, 2006). Les recommandations suivantes ont pour objectif de donner des directives claires fondées sur ce que l’on juge être le niveau efficace de compression pour le lymphœdème primaire et secondaire des membres supérieurs. Lymphœdème subjectif et subclinique (compression faible comprise entre 14 et 18 mmHg) L’utilisation prophylactique des vêtements compressifs est de plus en plus recommandée chez les patients présentant un risque de développer un lymphœdème des membres supérieurs (Lymphoedema Framework, 2006). Le véritable potentiel de l’utilisation d’une compression pour prévenir la progression et les 4 3 2 Z 5 X-Z A 1 A-B B X Z X-Z A-C C C1 D E X A-C1 A-E n Prendre la circonférence au point sur l’avant-bras où le gant devrait finir n Prendre la mesure de la longueur entre les points A et le point D et/ou E (mesure du contour) complications d’un lymphœdème subclinique n’a pas été totalement examiné. Ce que l’on en sait est discuté à la p. 17 de ce document. Les patients atteints de lymphœdème peuvent rapporter différents symptômes tels que lourdeur ou pesonteur liés au poids du membre, sensation de tension ou diminution de la flexibilité de l’articulation atteinte. En cas d’atteinte des extrémités supérieures, il peut être difficile d’ajuster la zone atteinte dans le vêtement ou de porter des anneaux, des montres, ou des bracelets qui allaient bien auparavant. Une faible compression est souvent utilisée dans le cadre d’un programme de prévention chez les individus présentant un risque de lymphœdème secondaire après un traitement anticancéreux. Une compression faible peut contribuer à soulager certains symptômes subjectifs associés au lymphœdème en l’absence de tout œdème visible. Les vêtements doivent être portés lors d’activités répétitives qui peuvent contribuer à l’œdème ou à une exacerbation des symptômes. Il est également recommandé de les porter lors des vols long-courriers. Une étude par Graham (2002) a démontré qu’il existe un risque d’œdème temporaire lié aux vols transatlantiques. Les patients peuvent choisir de porter le vêtement pendant la journée, pendant plusieurs heures ou uniquement lors d’activités comportant un risque élevé. 30 GUIDE PRATIQUE ENCADRÉ 11 Considérations générales vis-àvis de l’ajustement d’un soutien-gorge n Devrait être effectué par une personne adéquatement formée n Les bretelles et les sections latérale et n n n n dorsale devraient être suffisamment large pour fournir une pression uniforme sur les tissus sans couper ni causer de plis à la peau, particulièrement au niveau de la zone œdémateuse ou de la région axillaire La partie centrale à l’avant du soutien-gorge devrait être aplatie contre la paroi thoracique. Dans le cas contraire, ceci indique que la taille des bonnets n’est pas adéquate La taille des bonnets doit être suffisante pour soutenir et contenir le sein entier et ne pas permettre au tissu mammaire de saillir vers le haut ou sous l’aisselle, car ceci peut entraîner la formation de bandes de fibrose dans le tissu mammaire. Certains modèles comportant une bande large sous les seins sont préférables chez les femmes présentant une poitrine volumineuse Les soutiens-gorges de sport peuvent être utiles, car le matériau du bonnet est généralement plus rigide, permettant un rebond minimum du tissu mammaire et une diminution des mouvements latéraux lors de la marche et de la pratique d’exercices physiques Chez certaines femmes, un soutien-gorge plus souple doit être porté la nuit pour fournir un soutien, particulièrement aux stades précoces Lymphœdème précoce ou léger (compression faible comprise entre 15 et 21 mmHg, RAL, 2008) Un œdème qui prend le godet est caractéristique d’un lymphœdème léger qui peut disparaître ou ne se produire que lorsque le volume en excès du membre atteint est inférieur de 10 à 20 % par rapport au membre non atteint (International Society of Lymphology [ISL], 2003). Les sujets qui développent un bras dépendant après un accident vasculaire cérébral ou dans des affections telles une maladie des neurones moteurs (MNM) peuvent bénéficier du port de vêtements à faible compression. Des niveaux de compression faibles peuvent également être utilisés chez les patients dont la peau est fragile et la tolérance à la compression est faible. Ce niveau de compression est recommandé en cas de lymphœdème des extrémités pour lequel les gants et mitaines sont utilisés. Cela facilite également la superposition des vêtements qui peut être adaptée chez les patients incapables d’appliquer un vêtement unique avec une compression plus élevée (Lymphoedema Framework, 2006). De plus, des vêtements de compression plus faible peuvent être utilisés dans certains déficits neurologiques et, en cas de lipœdème, améliorer la qualité de vie et pallier les symptômes. Taille du soutiengorge 8cm Lymphœdème modéré ou sévère (compression moyenne comprise entre 23 et 32 mmHg, RAL, 2008) Il s’agit essentiellement d’un œdème qui ne prend pas le godet, caractérisé par un épaississement des tissus associé à un volume en excès du membre compris entre 20 et 40 % ou supérieur à 40 % en cas de lymphœdème sévère (Lymphoedema Framework, 2006). Des plis cutanés profonds, des dépôts de graisse et des altérations sous-cutanées peuvent également être présents. Lymphœdème complexe (compression forte comprise entre 34 et 46 mmHg, RAL, 2008) Il s’agit essentiellement d’un œdème qui ne prend pas le godet, associé à un tissu adipeux en excès, à un épaississement de la peau, à l’atteinte des trois articulations, avec une aggravation de l’œdème et des infections cutanées (ISL, 2003). ENCADRÉ 12 Conseils pour vérifier l’ajustement À la première application, vérifier que : n Le vêtement prescrit satisfait les spécifications de la prescription n Le vêtement recouvre totalement la zone à traiter n Le matériau du vêtement est uniformément réparti, sans plis, fronces ou bandes serrées. n Le vêtement est confortable et n’est ni trop serré ni trop lâche n Les attaches ou fixations sont confortables et maintiennent le vêtement en place De plus, au suivi : n Évaluer la motivation du patient et l’utilisation du vêtement n Vérifier que le vêtement : – – – reste en place et qu’il n’y a aucun glissement nécessitant une fixation ou indiquant qu’il convient de changer la fixation n’entraîne pas de réaction cutanée ni de traumatisme cutané local n’est pas replié en haut et n’a été ni coupé ni retaillé GUIDE PRATIQUE Des plis cutanés profonds peuvent également être présents. Des pressions élevées sont rarement utilisées sur les membres supérieurs et ne doivent être prescrites que par des praticiens spécialisés. ENCADRE 13 Soins quotidiens des compressions élastiques n Les vêtements doivent être lavés tous les jours, selon les directives du fabricant afin qu’ils retrouvent leur élasticité n Les vêtements doivent sécher à l’air libre plutôt qu’au-dessus d’un radiateur ou dans un séchoir électrique n Ne jamais excéder un temps de port de 2 à 3 jours sans nettoyage adéquat n Ne pas couper de fils tirés ou piégés, car ceci peut faire des trous ou filer le vêtement ENCADRÉ 14 Outils pour l’application n Gants côtelés en caoutchouc n Applicateurs pour faire glisser le tissu n Applicateurs pour faciliter le retrait n Applicateurs en métal AJUSTEMENT ET ÉVALUATION Il existe une vaste gamme de vêtements disponibles sur le marché qui offrent un grand choix. Les praticiens devraient être informés et avoir accès aux produits disponibles pour satisfaire les besoins de leurs patients. Un praticien adéquatement formé doit vérifier l’ajustement des vêtements, ainsi que montrer et vérifier leur application et leur retrait. Les patients doivent être évalués de nouveau quelques jours après, puis dans les deux à trois semaines qui suivent l’ajustement initial d’un vêtement nouvellement prescrit. Le suivi doit être ensuite réalisé trois à six mois après, si l’ajustement des vêtements est adéquat et la réponse à la compression satisfaisante. Les patients plus expérimentés peuvent n’avoir besoin que d’une évaluation annuelle. Ces patients peuvent quitter le service des lymphœdèmes et avoir leurs vêtements prescrits par leur médecin généraliste. Lors de la ré-évaluation, les praticiens devraient évaluer la capacité du patient ou du soignant à appliquer des stratégies de soins auto-administrés appropriées et d’incorporer l’opinion du patient sur ses progrès. Il est également important de demander au patient la fréquence du port des vêtements, si le style est adapté à leur style de vie et quelle est leur opinion sur l’efficacité du vêtement. Ceci donne l’opportunité au praticien de déterminer si une aide ou un soutien supplémentaire sont nécessaires. Une attention particulière doit être accordée en cas de douleur, de changement de couleur de la peau ou de toute augmentation subite de l’œdème. Les praticiens doivent être avertis de la possibilité d’infection, de thrombose ou de maladie ischémique. Des causes sous-jacentes doivent être recherchées si le lymphœdème est étendu ou chronique et résistant au traitement, ou s’il apparaît plusieurs années après la chirurgie primaire en l’absence de traumatisme manifeste. Il est particulièrement important d’éliminer la possibilité de récidive d’une tumeur ou de développement de lymphagiosarcome. Un diagnostic adéquat impose une évaluation spécialisée. En règle générale, les compressions élastiques doivent être confortables et s’ajuster adéquatement (Encadré 11). Elles ne doivent pas rouler ou marquer la peau, ni causer de la douleur ou une insensibilité. À l’application, le tissu doit être uniforme et sans pli, car ceci peut endommager la peau. Des gants en caoutchouc, en cas d’absence d’allergie au caoutchouc, peuvent être utilisés pour aider à attraper le tissu et permettre un réajustement et éviter un étirement excessif. Un étirement excessif peut conduire à un excès de tissu que des patients pourraient plier au niveau du poignet ou de la région axillaire. Ceci peut également être une cause de glissement des vêtements en tricot plat. Des précautions doivent également être prises pour éviter de retourner tout ou partie du vêtement sur lui-même, car ceci augmentera la pression dans la zone et aggravera l’œdème. Les vêtements doivent être mis tôt le matin, lorsque l’œdème est minimal. L’ajustement du vêtement juste après un bain ou l’application d’un agent hydratant doit être évité, car ceci rend l’application plus difficile. L’utilisation excessive d’un hydratant cutané affecte la longévité du vêtement et il est préférable de l’appliquer la nuit, afin qu’il y ait du temps pour l’absorption avant réapplication du vêtement le lendemain. Idéalement, les compressions élastiques doivent être portées aussi longtemps que possible pendant la journée et doivent être toujours portées pendant les exercices physiques. Généralement, deux vêtements sont prescrits : un est porté pendant que l’autre est lavé (Encadré 13). En cas d’allergie cutanée, il est utile d’utiliser des vêtements comportant beaucoup de coton. De nombreux outils sont disponibles pour une application et un retrait plus faciles des compressions élastiques (Encadré 14). Ils nécessitent une certaine dextérité et l’utilisation de techniques particulières qui doivent être montrées et vérifiées par le praticien pour s’assurer de l’utilisation adéquate. Les compressions élastiques peuvent également être adaptées à des besoins particuliers. Les vêtements peuvent être fabriqués avec des fermetures éclair ou Velcro pour faciliter l’application et le retrait (Figure 1). RENOUVELLEMENT DU VÊTEMENT Un seul vêtement compressif est initialement prescrit. Ceci permet de s’assurer que le vêtement s’ajuste adéquatement et qu’il contrôle l’œdème. Une fois que ceci a été déterminé et qu’un ajustement adéquat a été obtenu, un deuxième vêtement peut être prescrit. La nécessité de remplacer le vêtement dépendra de la fréquence d’utilisation, de l’attention accordée à son nettoyage et du niveau d’activité. En règle générale, les vêtements doivent être remplacés tous les six mois, ou lorsqu’ ils commencent à perdre leur élasticité. Un gain ou une perte de poids de 2,7 kilogrammes et plus (5 livres et plus) peut également altérer l’ajustement du vêtement. 31 32 GUIDE PRATIQUE IMAGE CORPORELLE ET VÊTEMENTS COMPRESSIFS Des études ont montré que le lymphœdème du bras peut avoir des effets physiques, psychologiques et sociaux (Johansson et al, 2003). De plus, les difficultés que les individus éprouvent lors du port de manchons compressifs ont été soulignées (ex. les problèmes d’habillement et l’effet stigmatisant du port de manchons ou de gants (Sneddon et al, 2008). Il est donc important que les praticiens explorent les questions pratiques et les questions d’image corporelle avec les individus qui portent des vêtements compressifs, étant donné que les vêtements peuvent considérablement influencer l’issue en augmentant l’observance et en maximisant la qualité de vie (Lymphoedema Framework, 2006). CONCLUSION Les objectifs principaux de la prise en charge du lymphœdème sont le contrôle de l’œdème et la diminution des complications. Du point de vue historique, l’incidence du lymphœdème a été sous-estimée et peu suffisamment étudiée. Le nombre de personnes pouvant être atteintes par un lymphœdème de la partie supérieure du corps est susceptible d’augmenter en raison du vieillissement de la population et de l’augmentation du nombre de survivants d’un cancer qui présentent un risque de lymphœdème. De plus, le problème des lymphœdèmes primaires et des causes non cancéreuses ne devrait pas être négligé. Le lymphœdème est une affection incurable : l’objectif est d’éduquer et de soutenir les patients au cours de sa prise en charge à long terme (Encadré 15). Les vêtements compressifs sont utilisés après réduction et stabilisation de l’œdème. Les vêtements doivent être confortables tout en fournissant une pression visant à prévenir une ré-augmentation de l’œdème dans la zone atteinte. Il y a une reconnaissance de plus en plus importante de la nécessité de fournir une gamme de vêtements afin de satisfaire les besoins différents et variables de ce groupe de patients. Les praticiens doivent être informés des options disponibles et être adéquatement formés pour faire des choix appropriés, en collaboration avec les patients, pour la prise en charge d’un lymphœdème de la partie supérieure du corps. références et davantage de lecture Bosompra K, Ashikaga T, O’Brien PJ, Nelson L, Skelly J (2002) Swelling, numbness, pain, and their relationship to arm function among breast cancer survivors: a disablement process model perspective. Breast J 8(6): 338–48 Doherty DC, Morgan PA, Moffatt CJ (2006) Role of hosiery in lower limb lymphoedema. In: Template for Practice: Compression Hosiery in Lymphoedema. MEP Ltd, London Farrant PBJ, Mortimer PS, Gore M (2004) Scleroderma and the taxanes: is there really a link? Clin Exp Dermatol 29: 360–2 Graham PH (2002) Compression prophylaxis may increase the potential for flight-associated lymphoedema after breast cancer treatment. Breast 11(1): 66–71 ENCADRÉ 15 Informations aux patients Pour utiliser les vêtements efficacement, les patients doivent savoir : n Comment les compressions élastiques contrôlent le lymphœdème n Comment prendre soin de leur peau – pour appliquer un agent émollient la nuit ; pour utiliser une couche en coton pour protéger le vêtement si l’agent émollient est appliqué juste avant que le vêtement soit mis, ou si la peau est à risque de traumatisme, ou encore en cas de dermatite n À quel moment porter une compression élastique et l’importance de la porter tous les jours, y compris pendant les exercices physiques* n Par temps très chaud, le patient peut arroser le vêtement, car l’évaporation de l’eau refroidit le bras n Comment et quand appliquer le vêtement, en particulier, éliminer toutes les fronces, éviter un étirement excessif du vêtement en l’étirant très haut sur le membre, ne pas replier le vêtement en haut, appliquer le vêtement le matin quand le membre est le moins enflé n Laver le vêtement fréquemment suivant les directives du fabricant et le sécher à l’abri de la chaleur directe n Qui contacter si la peau semble irritée, coupée ou a changé de couleur, ou en cas d’apparition de douleur, de picotements ou d’œdème périphérique n Comment surveiller l’œdème et qui informer en cas de détérioration *Les patients qui font de la natation peuvent porter un vieux vêtement. Le vêtement actuel ne doit pas être utilisé, car le chlore endommage les fibres International Society of Lymphology (2003) The diagnosis and treatment of peripheral lymphedema. Consensus document of the International Society of Lymphology. Lymphology 36(2): 84–91 Johansson K, Holmstrom H, Nilsson I, Ingvar C, Albertsson M, Ekdahl C (2003) Breast cancer patients’ experiences of lymphoedema. Scand J Caring Sci 17(1): 35–42 Lymphoedema Framework (2006) Best Practice for the Management of Lymphoedema. International consensus document. London: MEP Ltd Mondry TE, Johnstone PAS (2002) Manual lymphatic drainage fo lymphedema limited to the breast. J Surg Oncol 81: 101–4 Morgan PA, Franks PJ, Moffatt CJ (2005) Health-related quality of life with lymphoedema: a review of the literature. Int Wound J 2(1): 47–62 Michelini S, Campisi C, Failla A, Boccardo F, Moneta G (2006) Staging of lymphedema: comparing different proposals. 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