Christophe Colomb devant l`histoire
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Christophe Colomb devant l`histoire
-4 CHRISTOPHE COLOMB DEVANT L'HISTOTRE PAR HENRY HÁRBISSE PÁBJ S H. WELTER, ÉDITEUR 59, filiE BONAPAI1TE, 59 12 octobre LIOTHÉç 1892 6 CHRISTOPHE COLOMB DEVANT L'HISTOIRE 1 Daus la nuit du 11 au 12 octobre 1492, á deux heures aprs minuit, un -vendredi, Christophc Colomb découvrit 1'Arnérique. Nul ne l'ignore. On salt aussi que le mercredi, 12 octobre prochain, 1'Espagne, l'Jtalie, eL Chicago neuf jours aprs 1 , se proposent de célébrer le quatriéme centenaire de ce grand événenient. Mais ce dont beaucoup de personnes nc se doutent guére, c'est le róle que doivent jouer daus cette comrnémoration i'histoire eL la vérité. Parlons de l'histoire, ou, plutót, de cc qu'on appelle ainsi dans les différcnts milieux oü s'élaborent l'ordrc et la marche de l'entreprise. II a suffl qu'un si louable projet fut conçu par des esprits inventifs pour que, du coup, toas les problémes historiques soulevés par la découverte du Nonveau Monde fusscnt résolus et, comme bien on pcnse, d'une íaçon définitive. Ce sont ces bcaux résultats qu'il importe de faire connaitre. * 44 D'entrée de jcu, on a foncé droit sur la grande énignle du premier atterrage. Colornb aborda, c'est certain, á l'une des Documerit 111111 I 11111 li i 111111111110 j__ 0000005512850 -2Lucayes. 11 y en a trente-six 2 laquelle doit-on ehoisir? Autant (l'exégétes, autant de róponses diverses. Faut-il croire pOUI' cela que naos possédons les élérncnts «une opi]liOfl précise et absolue? Les critiques et les savants auront beau éptloguer, ces élérnents n'existent pas. 11 nc s'en trouvera jamais. Qn a, il est vrai, un abrégé dii jounial de horci de Christophe Colomb 1 . Quatre niarins 6 , éruclits et zélés, ont examiné a iree tontes les ressources (le l'expérience professionnelle et de la science nautique ce pC1X document pour y déeouvrir les points de repére essentiels. Aprés de loiigs caicuis, ces hyclrographes émérites sont arrivés chacun á désigner une Ile différentel Coiomb, d'aiileurs, nous a laissé une description détaillée (le cet Ilot rnysérieux. Mais admirez la maleehance! Les cartes marines modernes, malgré leur merveilleuse exactitude, ne portent aucu.ne Ile offrant la moindre ressemblance airee celle que décrit le grand Génois, Cependant « un port assez inste pour contenir tous les navires de la chrétienté 5 », cela se voit, facilement in€me. Et Colomi) donne á entendre que cesi ce port pu k frappa surtout dans l'fle of' son vaisseau vcnait d'avoir le bonheur d'atterrir. Aucun des lieux designes, juscju'ici, ne posséde ce havre immense. Ces clifficultés nétaient pas faites pour ébranler le Herald de Chicago détcrminé á réussir la oü tant d'exccllexils csprits avaient échoué. Le journalisme a des raisons que la raison ignore, et lordre fut clonné d'cxpédier ineontinent une caravelle bien éqiiipée, ay ee tout ce qu'il faut pour écrire. iNous nc savons si l'on embarqua aussi une sornnanlbule, mais, de fait, vingt-quatre heures aprés avoir appareillé du port de Nassau, le navire qui portait le journaliste et sa fortune arriva en ligne directe sur le lieu mine. C'est dans l'tle Watling, par 23 degrés 28 minutes de latitude nord — .3 et 74 degrés 28 minutes 8 secondes de longitude ouest, méridien de Greenwich. Qu'on se le dise e, Alors s'accomplit un acte solennel. Le 15 juin 1891, aux premióres lueurs de l'aurore, la rédaction et les hommes de l'équipage descendirent á terre, munis de pioches, de pelles, de ciment romain et jis érigérent un monument cotnmémoratif, « h cent quatre-vingt-deux métres de la véritable piage oú Colomb foula pour la premiére fois le sol du Nonvean Monde'. » Peut-.Lre y virent-ils encore l'empreinte de ses p° El. dans cct édiíice, modeste par ses climensions, mais superbe par l'idée, on déposa un numéro de chacun des grands journaux américains, ainsi que le portrait de leurs réclacteurs. De simples pierres, homrnages individuels et touchants des citoyens de Chicago, furent incrustées dans les parois. Au sommet on scella un bloc de granit, métope détachée de la frise des hureaux d'abonneinents clu Chicago He,alcl, aprés y avoir gravé el) lettres d'or, sur toutes les faces, une íort belle inscription 8 . Elle scintille maintenant au soleil des Bahamas. Espérons que ce granit, á l'exemple de la statue de Memnon, chante au lever de l'astre radieux et que ses accents font vibrer le tarif des annonces de l'entrepreriant journal. * La Providence n'a pas voulir que les grandes déconvertes vinssent .io1ées. Au moment oú les réclacteurs du Chicago llera/ti répandaient dans l'univers la nouveile que le prohiéme était enfiri résoiu, un savant espagnol annonçait cl'une voix émue á l'Acaclémie royale cíe 11-listoire , - qui a clu temps de reste, - . des résultats plus étonnaiits encore. \ojcj 't que1 propos L'IIc oü Christophe Colonih aborda, File heureusernent -4retrouvée, cornme on vient de le voir, par les nautoniers du journal de Chicago, s'appelait Guanahani; Que signifiait ce mélodieux vocable? Ji n'est tien de plus clair. 1)'abord se trouvaient sur les earavclles de Colomb un •grand nombre de juifs ce qu'on ignorait jusqu'iei, malgré la liste complte, norninative eL digne de lo¡, que les documents authentiques ont permis d'établir des quatrc-vingtdix compagnons de l'iilustre navigateur. Done, par cette nuit d'octobre, detix Sémites se promenatent sur le pont du navire l'un d'eux s'écria, en hébreu, naturellement : « Tiens, la terre! - Ji! L'autre, non rnoins étonné, lo¡ demanda « Oi cela? Waana P » Cornment, dit le premier : « Tu nc vois pas, lá, la terre? lien-iP» EL cela fait JVaana-/zen-i. On ne se figure ¡xis lhcilement ce que Bedlam et Charenton pourraient offrir de plus joli comíne trait de philologie comparée. Cependant ¡1 faut étre juste envers tout le monde htons-nous d'ajonter, quesi l'acadérnicien espagnol'°, ayee le sens critique habituel aux érudits de la péninsule, s'attache á cette idée d'un embarqueinent d'émigrés juifs, ji reconnait pourtant que l'étymologie du mot hébréo-bahamanien pourraiL sans inconvéuient étre renforcé par des preuves nouvelles : ce que nous croyons saris peine. Mais ji y a une conséquence de la plus haute portée que ces savants ont négligé de tirer de leur ingénieuse explication. Colomb dliL lui-mrne que'', dans la Jangue du pays, File s'appeiait Guanahani. Coiomb nc peut s'&re trompé ce sont les insuiaires en personne qui donnaient ce nom á leur ¡le. Ces natureis pariaient done aussi l'hébreu. Alors tout s'exphque et nous sommes enfin rassurés . .Depuis iongtenips —a— en n'&ait pas sans inquiétudc sur le sort des dix tribus percines d'fsral. Eh bien les voilá retiouvées c'est aux "es Lucayes qu'elles avaient cherché un iefuge. Áinsi se trouve résolue, h J'iniproviste, une des questions les plus complexos de li-listoire sainte. * Nous pourrions multiplier les exemples de cette activité (esprit dans ]e charnp de la science, de la logique et de i'observation mais le mornent n'est pas encere venu. Rappelous tontefois qu'on se propose á Madrid, h Genes, á Calvi, de parier non seulement ñ l'intelligence, mais aux yenx des populations. 11 y aura dans chacune de ces viles prospéres un vasto musée pour contenir les rehques du héros Les prograifimes officiels en knt fol. D'autre par, le sepuénie groupe de la deuxiérne section de l'Exposition historique européenne de Madrid comprencira des c Ohjets ayont appartenu á Christophc Coloinb t?• » Nous nc connaíssions guére, juscju'ici, en fait d'articles de ce genl-e, que les chames de fer rivées a ses pieds par l'ord.re del'alfreux Bobadula et qui furent erisevelies a y ee ]ni dans son cereneil, cornme en térnoignent tant de véridiques histoires. Elles pésent 3.225 gramies, un pci' moins que Fon n'aurait pensé, maigré les anneaux massifs supplémentaires , pour les poigncts , encore visibles. Ces chames, « dont FauthenticilépeutétredémontréePl'eSCIlJe niathémat.iquernent t3 , » sont conscrvées á Gne.s. Piazza Leopardi, n" 3, au second étage, la porte ñ gauche l L'inestiniable relique sera sans doute exposée duns eette ville et, en mérne tenips, á Madrid, Chicago, ainsi qu'it Calvi. iVJais on devra lutter contre la concurrenc un citoyen de New- \ r odc dont malheureusement nous n'aons pu obtenir l'adrcsse, annonee dat's les -6-journaux arrivés par le dernier vapeur (lije lui aussi posséde ces fers authentiques et vénérés 15; * *4 On a compris qu'il fali alt également répondre aux cxigences légitimes (le la science, en exhibant les cartes nautiques in&rTles dont Colomb se servit pour aecomplir ses découvertes. Sur ce point capital, notre attente no sera pas déçue. Le prograrnme ofíicicl publie qu'une place d'honneur est réservée « aux cartes marines authentiques employées par Colomb, si l'on peut en obtenir le prt; sinon, á dexactes copies 16 ». De toutes íacons, ji sera done enfln possible de voir eL d'admirer cos précieux monuments de la géographie, si longtemps, si vainement cherehés. On no saurait douter que Cbristophc Coloinb a fait beaueoup de cartographie. Les documenis dii xv° siécle contiennent mainte allusion i des sphé.res ct á des rnappemondes dressées par lui-mme. II y avait cepcndant deux cent cinquante aus qu'on n'cn avait vu, Iorsque le 18 juin 1762, I'Acadéinie espagnole de l'Ristoire, - déjá fameuse, - fut informée qu'elle pouvait aequérir á Madrid, pon¡ , une misére, quatre trés viejlles niappemondes manuscrites, collées sur panneaux, enfin les véritables cartes que Colomb employa dans ses voyages. Le pays, l ' époque et le milieu no rendalent pas la chose 1 rnpossibie. C'est id que ion volt se déployer en tonto leur beauté la grande sagesse eL le savoir univeisellement reconnus de cette ¡Ilustre eompagnie. Aprés des hésitations, non provoquées touteíois par le doute, mais dues á des considérations «un ordre particulier, - sai generis, diraient ceux de ses inembres qui savent le latin, - FAcadémie envoya aux informations, « bien que, dit finenient le procés-verbal des séances, ces cartes semhlassent no pouvoir -1— servir á rien du tout, ou h pas grand'chose, car cites ¿taient anciennes » Etonnantes paroles, qu'on ne saurait trop mécliter Rieti n'advint, naturelienient, (le cene démarclie hispano-académique, mais le programine clont s'agit montre qu'ii Chicago du moins tout espoir n'est pas perdu. * A CCL ordre d'objets de vitrine appartient une noix de coco dé.já connue et en passe de devenir fanicuse par le nouveau lustre que lo¡ donne le dernier biographe de Colomb, qui est aussi académicien. Ce scrupuleux auteur rapporte a yee uit soin, a y ee unegravité bien dignes de reniarque, les dilTérentes versions de la découverte de ce fruit exotique. it les compare et les cornpléte, et non pas, nous devons le dire á cette place, sans demander un suppléinent denquéte. Une telle réserve, pon, étre expri rnée a y ee moilesse, nc fait pas moins grand honneur á son indépendance de caractre et aso perspieacité. Nous regrettons de nc pouvoir, k I'exemple de ecL historien espagnol, présenter sous chacune de ses faces un événement aussi considerable. Mais tout le monde ¿a pos seize cents pages, et de grand format, it noireir. Le lecteur devra se contenter d'un simple résumé de ces récits palpitants d'intérét. Voici done l'épopée de cene noix des tropiques Un navire américain. brick ou tiois-mts se trouvait sur la cóte da Mat'oc, lorsque, voyant venir une tempéte, le capitaine eraL devoir augmenter son lest. L'éqwpage se iivrait cette oceupation , en vue de Gibraliar, quanci la drague amena sur le.pont ce qui paraissait étre un fragmentde roche mais surpns de le trouver si léger, les matelots l'exaniinére:nt de prés Cette grosse pierre ÓLOR i:in coifre en bois de ge cécire. Jis l'ouvrirent et une noix de coco apparut it leurs yeux étonnés. La noix fut tout (le suité 'décortiquée elle contcnait un documcnt écrit en lettres goLf iques sur parchemin. No pouvant décliiffrer ce grimoire, le capitaine i'appoita á un libraire américa 1 n de Gibraltar, connu polir sa vaste intclligence. Sans nutre préambule, ce dernier offiit de la noix de coco et de son précieux conten;; cent clollars, qui furent i mniédiatenient refusés. Le libraire, alors, lut au capitaíne le mystéiienx écrit. C'éiait, - chose útrange! - la relation autographe de la découvcrte clv 1'Çouveau Monde, que Christophe Colornb, au rnonient de périr dans une violente tcmpéte , it la hauteur (les Canaries fit ainsi empaqueter et conGa aux ílots, trois cent cinquante-neuí ans, six mois et treize jours auparavant. » On n'a pu encore retrouver co docuinent inestimable, mais les organisateurs de la deuxiénie sectiori croient quil se conserve paimi les papiers de farnille du capifaine. Pour facilitei les recherches, rappeions que l'historien auquel nous avons enip;'unté ces détai ]18 a consigné (laus liii giand eL magistral ouvrage, comme c'était son clevoir, le noin de l'hcureux mani ri. 11 s'appeiait ('Aubervil le, son navi te a y a it noni le CIt.ie/tciin, de Boston, ct la nierveilleuse trotivaille se fit le 27 aofit, vers niidi, en Van de gi'f;ce 1852.* N'abandonnons pas cet intéiessant sujct sans rappeler aux susdits organisateurs que l'on juonire á Sienne, dansi' égLse Fontc-Gusta, au clessusde la portcd'entrée, paimi iesex-oio. un glaive, un petit 1)01)01 lcr en bo j set un gra ncl íanon (le balei nc. offerts par Colomblors de son retour ca EuropelO. Encone des reliques gui tiouveraient leur place duns la deuxiéme section! Ii sera facile, croyons-nous, d'y joindre un coffret en ivoire císelé, ayant contenu les joyaux que la reine Isabelie, clix ans aprés les avoir vendus á Valence 20 , engagea résolurnent á des usuriers pour couvrir les frais de la mémorable entreprise. Les liois-Catholiques le donnérent á Colornb cornrne souvenir; et, le 6 avril 1890, jI a été adjugé en yente publique á New_)rork, pour la somme de 1,125 dollaN, sans les frais 21 . C'est donné. Daus cet ordre de reliques se place, n3turellernent, le collier de la Toison d'or que porte Sa Majesté le mi cl'ltalie, qui le tient de la maison d'Autriehe, disent les jou'naux amérieains 22 , etse trouve étre le collier rnme que Ferdinand eL Isabelle passérent au con de l'heureux navigateur lorsqu'ils le reçurent á Bareelone. On le voiL, ces ohjets réunis présentent dores et dójá un ensemble singuiiéretnent respeetrible qu i selon la lo¡ coas tante de l'offre et de la demande, nc tarciera pas á grossir, nous en avons le ¡crine espoir. Aun ahords du Rialto eL é l'ombre clii palais de justice de Bo1gne, déjá se réjouissent les faussaires 1 * L'archéologie doit occuper une place importante daus les expositions colombiennes. En premiére ligne, noas remarquons (( un modéle de la maison de Gnes oú Christophe Colonib a vn le jou e 23 »• Voilá done la question tranehée en faveur de la capitale de la Ligurie, eL c'est tres bien de la part des Américains. Mais cette maison, oii se trouve-t-elle á Génes, dans quelle rue, dans que1 quartier? En existet-il seulement un plan, un dessin ? Christopbe Colomb a certauneinent passé sa jeunesse au n° 67, rouge, du Vico Dritto Ponticello ; mais son pére n'est mentionné cornme occu pant ce petit immcuble qu'á dater de 1457, Or Colornb naquit - jo entre le 29 octobre 1446 eL le 29 octobre 1451. En outre, cette maison fut clérnolie presque entiéreinent P al' les obus que Seignelay fit pleuvoir sur le quartier des tisserancls lors du bombarclement de 1684. Dorninique Co]omb posséda aussi, dés 1457, une bicoque prés la Porte-de-I'Olivier. C'est peut-tre ¡ti que son tUs vint an monde. Lliumble deineure a disparu clepuis des siécles sans qu'aucun patriote génois alt songé ti en conserver le souvenir par la description ou par une vue dessinée. A Chicago, on n'est pas enibarrassé pour si peo attendonsnous it von' sélever sur les borcis du lac Michigan une bátisse compléte, exacto en chacune de ses parties, et que lui-n1me, s'iI revenait sur terre, Colomb reconnaitrait dii premier coup d'iI. A vrni dire, lorsqu'on y songe, l'inqi.iiétucle s'empare de ¡'esprit le plus forme. La maison authentique existe également ti Savone, Piazza di Canepa; elle existe ti Cogoleto, Contrada Giuggiola elle existe ti Plaisanee, Via Diritta, et, surtout, it CaRi, dans la rae del Filo ; cay chacun sait qUe le rntne Coloinb est aussi né dans ces quatre villes, sans parlcr de onze mitres doM les noms nous échappent. Douter de ces quinze origines. c'est n'avoir mil égard aux délibérations des conseils municipaux ; c'est no point tenir cotnpte de certain décret du Président de la flépublique française, rendu sur la proposition du Ministre de l'Jntérieur Je 6 aofut 1882, eL dfiment notifié ati préfet de Ja Corse 24 . Mais bah! soyons saus inquiétude. L'ingéniosité bien connue des Áinéricains sera it Ja hauteur des círconst'ances. La note gaie no saurait élre bannie d'une si grande exposition. Le titre d'internationat en est un sin ' garant on Lrouvera Inoven de contenter tout le nioncle. - 11 * Non loin des maisons oü Colornb est né, s'élévera celle oü it mourut, aussi notoire que les autres. Les journaux iii ustrés des deux mondes, les belles histoires qui font autorité en Espagne, en France, flux Etats-Unis, nous ont fait coniaitre cefle demeure, chére flux Espagnols par de si toucliants souvenirs. Ji sera done aisé de rcproduire en toute vérité, aux termes du prograiflíne, la mort du grand hornme, aussi bien que « la triste cérémonie de ses funérailles, son cercueti et sa tombc 25 . » Ici, nulie concurrence possible. La maison oü le 20 (lisez 21) mai 1.506 expira Christophe Colomb, - nul Castillan bien pensant nc i'ignore, - est celle qui, k Valladolid, portait le u° 2 de la Calle Ancha de la Magdalena 20 C'était l'humble demeure de Gil Garcia, matelot eharitable, singuli?3rement ignoré jusqu'en 1856, qui avait recucilli l'illustre navigateur réduit ala mendicité, comme le prouvent les lettres de change que lui iemettaient réguliérement Bivarol, Grimaldi, Doria, scs banquiers. L'hospitalité en question nc fait ancua doute. Un certifieat, piéce curieuse, commenee par cette phrasc « Et je «lis, moi Christophe Colornb, étant á l'artiele de la mort, sans autre témoin de mes derniers moments que Gil Garcia qui veut bien m'héberger... » Un historien de la Vieille Castille, mais lui-méme trés moderne, assure, au contrairc, que cette maison fuL de tout temps un majorat des Colomb et que le grand Génois se trouvait parfaitcment chez lui quand jI mourut. ..... Bien de tel que la précision dans la vérité Les archives de Valladolid ne eonticnnent aucun vestige de ce Gil Garcia, ni du niajorat, ni du domieile de Cobomb, ni de sa présence ou de son décés dans la rue de la Made- - - leine ou ailleurs, ni dudit certifieat, ni de quoi que ce sok qui se rapporte de prés oti de loin h ceue clemeure historique, non déjt construite, ce semble, dans une rue qui probablement n'élait pas encore percée en 1506. Ces ohjeetions nc sont point embarrassantes pour le Castílian qu'aninie l'amour de la patrie. D'ahord, ji y a une décisión du conseil municipal de Valladolid, prise le 3 février 1856 á l'unanimité, ordonnant qu'u.ne plaque commérnorative soit plaeée sur la facade de la maison. Tout le monde peut la voir, cette plaque. On y lit ces mots Áquimw'ió Colon. - honor al genio. C'est bref, mais noble. Ajoutons que cette belle inseription fut approuvée par les giands corps savants de l'Espagne l'Acadinie royale de la. Langue et l'Académie i:oyale de 1'Flistoire, déjá nommóe 27 . II n'est pas admissible C[UC des Miles, que des académiciens espagnols puissent j ainais se troriper en pareille matiéie. Pas un musée, grand ou petit, des rives de la Bidassoa jusqu'á l'ernbouchure fin Guadalquivir, qui nc ténioigne de cette inpeccabilité 1 Pour nc point sortir' du sujet, lArmeria Real nc montre-t-elle pas l'a:rmure damasquinée de la fin du seiziétue siécle 'que portait Cobomb dans les grandes oceasions 281 11 y manque seulement l'épée, qu'un hasard providentiel vieni de faire déeouvrir derriére une armoire du musde de Salzbourg. C'est. bien celie que le navigateur avait au cóté lorsqu'il deseendit h l'ile Guanahani un eomrnissaire de l'exposition de Chicago l'atteste 29 . Cela fait dcux épées, ou, plutót, pour &reprécis, un glaive, celui de Sienne, et une épée, celle-ej l'un et l'autre, dailleurs, préscntant tous les mémes caractéres d'authenticité. 1. r. - Onant á l'absenee de preuves docurnentaires touchant la maison de Valladolid, elle s'explique par une raison qui, pour avoir souvent sea-vi, «en est pos plus vraie. C'est que, lors de l'invasion de 8O8, les Francais détruisirent toutes les archives da royaume d'Espagne, par jalousie et méchanceté puro, s'ac]iarnant de préférence aux documents qui rappelaient l'ineurie de leurs rois á eux, parti culi éremelit celle deFrançois P, né en [494 et resté sourd (selon Montesquieu)30 aux offres que lui ía Colom) de cléeouvrir l'Amérique. * Maintenant parlons da cercueil. Le 10 décembre 1795, iorsque l'amiral espagnOl Aristizahal exhumo dune espéce de fosse comrnune, dans la catl édrale de Santo-Domingo ce qUe son rapport appelie siraplement « des esquillles du tibia d'ttn mort quelconque », esquilles aujourd'hui décorées á la 1-lavane du titre ainbitieux de Restes ,no,'teis de Cliristopite Golonib; authentiquées, á la majorité des .voix, par une ocadémie espagnole 11 , - vote quon nc peaL guére se rappcler satis tire,,— ledit cercueil n'était qu'une pauvre petitp servieLt 31 . Qú'est devenu ce morceau de toile. Et si, par hasard, onle retrouve, sera-t-il encore digne da héros? • 11 y a aussi la caisse en fer-blanc découverte á SantoDomingo en 1877 elle renferme également ces restes préeieux, enrichis de la baile de fusil de munition, cause 1yretniére des rhumatismes de Ghrisl.oplie Colomb, eL qui le • uit toril. souffrir Les iiaitiens consentiront-ils jamais ase séparer de cet inestimable récipient? lis ont de la peine á s'y résoudre. Cepe:ndant les eompagnies d'assuranccs les plus sdlvables, prenant l'engagement de remplacer en cas d'avarie, le tibia endotnmagé, les négociations diplomatiques se - pouiuivent á iheure qn'11 est entre les gouvernements - 14 intéressés. Aux derniéres nouvelles l'espoir dune solution favorable semblait renaítre, Pour le tomheau, ]'en n'a que l'ernharras du choix. Notons d'abord linvisible sépuicre de Cbristophe Colornb dans la cathéclrale de Séville, oi ji nc fut jarnais enterré, quoi qu'en dise son fis et historien Fernand. 11 y a, ensuite, celul de la Chartreuse des Grottes oú, cetie fois, ses restes furent véritablernent ensevelis, de 4.509 h 4537, au rnoins. C'est depuis longtemps un four it cuire la porcelaine et oneques nc se rappelle y avoir vu trace de monument funébre. La cathédrale de Santo-Domingo possédait certainemcnt un cénotaphe élevé en l'honneur de Colomh; mais dans l'année 1586, lorsque Francis Drake s'empara de la ville, « les sépultures furent soustraites Ji la vue afin que les bérétiques ne pussent les souilier ou les profaner, et Ion agit surtout ainsi pour celle de Christophe Colomb, rapporte un témoin oculaire34. Sage précaution! car le premier soin de Drake fut de saeeager les chapeiles et de brúler vifs sur un bfieher, dans le ehur, it deux pas seulement de Ja dépouille mortelle, les moines qui lui tombaient sous la main. Onze tremblements de terre et l'incurie acbevérent l'a,uvre de destruetion dii Forhan. Le sépuiere, ay ee les ossernents, disparurent pour toujours parmi les décombres, et nulle souvenance no subsiste de ce que kt le tomheau de Christophe Colornb, n'importe oii. Mais quoi! Le propre du génie est de faire revivre, par la seule force de la pensée les ceuvres d'art depuis longtemps disparus. Chicago, it l'heure présente, foisonne de grancis artistes, peintres, seulpteurs, architectes. lis sauront tirer du marbre et de la pierre, tombe ou cénotaphe authentique, enfin tout ce qu'á cet égard il est permis d'espérer. - 15 * Cependant l'attrait le plus irrésistible de chacune de ces expositions sera le Musée iconographique, organisé de la facon la plus luxueuse. 11 doit reníermer la série compléte et celle qui est en cours de fahrication des véritables portraits de Christophe Colonib. Rome laYque et Gnes (c'est tout un) paraisscnt clevoir se contenter des cifigies du glorieux navigateur; mais ji les leur faut toutes, d'oú quelles viennent. Chicago, ahsolurnent insatiable, demande, exige, en outre, l'iniage incontcstée do pére, des fréres, oncles, cousins, agnats, cognats, tous, hélas simples tisserands ou cardeurs de lame. Osera-t-cm aussi rappeler les traits de la sour de Colomb, Bianehmnetta, épouse légitirne de Giacorno Bavareilo, le charcutier? Vilibus orlas paren/ibas, rapportent les chroniqueurs du temps. Dans une dérnoeratie, un tel aveu présente de graves inconvénients. D'autre pan, - les biographies cornposécs selon les régles le prouvent, - mil n'est eapable de grandes actions s'iI nc tire son origine au moins (le Charlemagne. II faudra done dérnontrer une fois (le plus que les Colomb, - de lá leur nom patronymique, descendaient en ligne directe de Colonus, célébre Romain, qui ramena captifle roi Mithridatc, et l'on fera commeneer ]a galerie par le portrait de ce consul, que les textes s'obstinent noinmer Cilo. Cene haute noblesse nous rappelle un fait historique peu coiinu. Le pri rice Massimo, compte aussi un consul romain parmi ses ancétres. L'empereur Napoléon III, tres versé dans l'histoire ancienne, dit un jour á ce patricien « 11 parait, prince Massimo, que vous descendez de Fabius Maximus etator? » le prince de répondre aussitót « Je nc sais, sirc, inais IARTLIBSIt. - C/.rinophe Coloinb deari tHinóire. 2 - 16 depuis dix-huit cents ans ce bruit court dans ma farnille 35 . » Fernand Colomb est plus positif. * La découverte chi Nouveau Monde fut loin de produire l'effet que nos conteinporains s'irnaginent. En tout cas, la popularité de Colornb ne dura guére; soit cinq mois et clix jours, du 15 avril 1493, époque de son premier retour, au 25 septembre suivant, quand il partit pour le second voyage; sur- lesquels ji nc passa que deux semaines Li .Barcelone. Bjentót aprés, arrivait la fácheuse nonvelle que lAmérique n'est pas la Chine, qu'on y mourait de faiin, que les penes, la cannelle, les pépites d'or promises exista eni seulement dans 11 magination dii fallacieux Génois qui, «un cour léger, vouait de nobles Castillans an trar ail, h la misére et á la mort. Ainsi écrivaient les geutilsho.tnmes venus sur les caravelles, pressés de faire fortune. Cette impopulanité dura tant que Colomb vécut ; et, de fait, son entreprise nc devint prolitable fi l'Espagne que dix ans, vingt ans aprés, quand Fernand Cortez eL Francois Pizarre conquirent, "un le Mexique, I'autre le Pérou. En France, en Ablernagne, en Angleterre, on le connut á peine et il fut \n itc oublié comme le proui7e ce nom cl'A mdtique, donné au Nouveau Monde, dés 1507, sans conteste, par un Aliemand de Fnibourg en Brisgau. Et si á \Tenise, á Génes, h Florence, il ha parfois question de Christophe Cobomb, ce dut étre ayee des paroles de co]ére; car de sa mémorable entreprise date la ruine du eornmeree des villes italiennes ayee l'1xtrrne Orient. On cornprend que, dans ces conditions, 1'Espagne eL surtout l'ltalie, nation qu'étouffe la gratitude, comme chacun sait, aient tenu á cur de fixer les traits de ]'homme dont, 17 á cette époque particuliérement, elles étaient si fiéres. Les Espagnois nc semblent pas nous avoir laissé de portraits authentiques ni d'Isabelle la Catholique, ni du cardinal Ximenés, ni de Gonzalve de Cordoue. Colomb, plus favorisé, a été, paral 1-ii, peint et repeint de son vivant par les artistes célébres de I'Europe, qui, á tour de róle, vinrent jusque dans sa solitude aCm de le mieux pourctraire. Avant mtme qu'il partit pour le voyage qui devait l'iliustrer, la reine de Castille, toujours bonne, chargea un graud peintre de reproduire les traits duhardi mann 36 . Ce peintre, quia dú naRre nu plus tard vers 1467 (pour avoir en tant de talent en 1492), donna une copie dudit portrait á un de ses amis, peo de temps, á ce qu'il paraR, avant 1595, date á laqoclie de Bry, l'ayant réçu de ce dernier, le fit graver. C'est celui oit Colon) apparait coiffé d'un chapeau á comes, a yee la plus belle ehevelure frisée qui se puisse voir et de grosses verrues au milicu du visage. On nc saurait pousser l'exactitude plus loiti. Afin qu'iI n'y ait aucun doute sur la royale provenance eL l'authenticité de ce portrait, destiné, comme oit le yerra bientót, á la plus brillante fortune, de Bry, confirrnant ces détails h sa maniere, raconte ailleurs qu'il fut peint, toujours d'aprós nature, par l'ordre de Ferdinand d'Aragon, pris d'un amour subit pour Christophe Colomb, qu'il fut volé ensuite dans la salle des délibérations du Conseil des Indos et expédié en Hollande". Oui, le Conscil des ludes, créé des années aprés la mort do grand navigateur, et qui n'auiait jamais pu le voir méme en peinture, - car les plaintes perpétuelles, améres et justes, la nuée de mémoirés, de plaidoyers, de revendications do héros eL de ses descendants firent le tourrnent des juges pendant deux siécles, - ce Conseil, pour qui le souvenir de Coloinb nc cessa d'étre un cauchemar, eut aussi la - 18 joie d'avoi;, ses traits continuellement soiis les yeux 1 « le pe Dieu que Gutierrez nc manque jarnais de papier, dit Francesillo de Zuíiga, le bouffon de Charles-Quint, dans une de ses lettres au marqilis de Pescara; ji écrit plus que le Colornb qul (iécOuvrit les Indes. » Souvenir fidéle d'une PPerass'k devenue légendaire et de tribulations sans fin JI semble qu'Jsaheile la Catholique nc pouvait se lasser de faire peindre la physionomie de Coloinb. A peine de retour en 1496, ¡'¡Ilustre et déji infortuné navigateur dut poser devant Antonio del Rincon par l'ordre de sa souveraine. Ce portrait mérne orne aujourd'hu.i le Muséc naval de Madrid. Mais que les noirs soucis, einq mois de maladie, aggravée par les veilles et l'inquiétude avaient done aiéré ses traits! Colomb est cievenu méeonnaissable un joyeux sourire efíleure ses lévres, de longues houcies encadrent son charmant visage, les fécheuses verrues nc se voient plus. Peu de temps aprés, Tsabelle commande un nouveau portrait; cette fois en miniature. Co fut loriginal de celui que l'on nous raconte avoir été peint par Antonio Moro pour Marguerite de Parme, régente des Pays-J3as. Phénoméne bizarre, Je grand Gónois rajeunissait a y ee l'ge et les chagrins. A cette époque, c'est un bourgmestrejoufflu, florissant, aux cheveux noirs de jais, qui porte moustaches 38• Des exemples partis de si hant devaient hientót étre ¡u)¡tés. A en juger par le nombre des portraits authentiques, faits d'aprés nature, qui encornbrent les musées, galeries eL rnagasins, Colornb dut employer le restant de ses jours Ii poser dans les ateliers. Ce matin, nous connaissions déjá quatre-vingt-sept de ces peintures, qu'il ne serait pas prudent de contester. Depuis, une quatre-vingt-huitiérne a été signalée «une façon particuliére. C'est celle de la Bíbliothéquc nationale de Madrid. 11 paraít que « la ressemblance ayee 'e duo de Veragua actuel, son frére Don Fernando et leurs enfants, est tout á fail extraordinaire ». Extraordinaire, certaineinent 1 Un simple regard jeté sur l'arbre généalogique de la familie basque et de robe des Larréatégni ° suffit pour montrer aux incrédules les plus endurcis ce clu'un tel cas d'atavisrne a de probable. Nul doute no saurait maintenant subsister et ]'en comprend que cette efílgie, flatteuse eL désormais nationale, rallie en Espag.ne tous les suífrages. Les autres portraits, cependant, no sout pas sans mérite. Coinípe les primates, j is peuve.nt étre divisés en dix grandes frimilles les chauves et les chevelus, les bruas et les blonds, les gras el les maigres, les glabres eL les barbus, les majestueux et les burlesques. Cette derniére catégorie est la moins raro, mais la plus recherchée. Un des prototypes a pris naissanee en 1-Jollande. C'est le portrait gravé par de Bry, que nous venons de décrire, eL dont l'original, heureusemcnt retrouvé diez un brocanteur de Bruxelies, acheté par le roi Louis-Philippe, en 1833, figure dans les galeries du musée de Versailles. 11 inspire un sentiment de terreur au corps diploinatique. En eff'et l'ltalie, qui roule sur i'or, les deux Ainériques et iaintc autie nation prospére nc se fatiguent pas de le faire copier h grands frais. Que de dépéches, cbiífrées et en elair, que d'auiorisations ministérielles solliciiées eL, hñtons-nous de le reconnaltre, accordées gracieusement aprés délais; combien de démarehes et d'efforts! Les ambassadeurs el leurs secrétaires, privés de repos, mauclissant Colomb, sa découverte et son centenaire; un peuple de peintres, de graveurs et de photographes, sans cesse en mouvement sur la route de Versailles ; le palais de nos rois encombré par les chevalets, les toiles, les appareils, empesté par les vapeurs de la téréhentine et du collodion ; - - 20 que serait-ce dono si l'autre portrait hollandais, emporté par les Prussiens cornme dépouille opime, était encore en place41? Eux aussi possédent un portrait de Christophe Colon-ib, et 11 vient de France. C'est le conirnencetnent de la revanche 1 Mais le pays par excellence pour les objets de cette espéce est et sera toujours l'Italie. LA, véritabiement surgit la premiére effigie supposée de l'illustre navigateur. Ce ha dans la galerie de tableaux forrnée par Paul Jove, principal ornement de sa villa du lac de Cóme. Les Elogia du singulier év&que de Nocéra, imprimés A BAle en 1575, contiennent une piétre gravure sur bois que Fon suppose faite d'aprés ce portrait. La conjecture est-elle juste? Au moins iIn'y a pas cI'image, ou prétendue iinage, de I'illustre mann qui soit plus ancienne. A l'époque oü elle fut gravée, Colomb était mort depuis soixante-dix ans, (laus le plus profond oubli, et son départ de !'Jtalie, oü il n'était jamais revenu, datait d'un siécle environ. Quant au tableau lui-méme, modéle (le la gravure, ji existe en original, natune]lement, daus quatre villes différentes A Fiorence, A Madrid, A Cogoleto et A Cóme, oó Fon vient trés A propos de le découvrií' 42 . Ce portrait représente le grand Génois A diverses é . poques tic sa vie, mais non dans sa jeunesse. 11 y a la une ¡acune regrettahie, qu'une autre découverte celle du crAne autheritique de Colomb enfant, ne tardera pas, sans doute, A combier. Source inépuisable de gloire nationale et de proíits, le portrait ad vivum de l'immortel navigateur est devenu un tel objet d'exportation que les éconotuistes s'étonnent de nc pas le voir figurer daus le tarif remanié de l'ltalie. Ce qui ajoute un charme inexprimabie A ces bclles peintures, c'est leur augusto provenance. Les pninces, les ducs ct les grands-ducs Cosme de Médicjs, la pnincesse Flippolyta, Fendinand d'Autrichc (pére et flIs), Alexandre Far- - 21 rése; les patriciens Aldobrandini, Gradenigo, Borghése, no commeneórent á respirer qu'aprés avoir obtenu un portrait de Colornb. Le: rritie1 Van Eyck, Sebastien del Piombo, le Parmesan, Lorenzo Lotto, sur l'ordre de ces hauts et puissants seigneurs, consacrérent leur talent á peindre et repeindre les traits du grand homme. Les iliustres artistes le firen revivre sous toutes les formes et en toutes couleurs; car, - phénornéne dont l'anthropologie no nous a pas encore Jivré le secret, - Christophe Colomb possécla sirnultanément les aspects ondoyants et divers que nous nc cessons d'ad,nirer. Chacune de ces merveilles de l'art et de l'histoire porte en so¡ -le cachet de son authenticité. Ainsi, le plus fameux aujourd'hui de ces superbes portraits, récemment découvert it Venise par un consul général américain, chez ]e deseendant légitime, mais appauvri, du doge Gradanigo ; acheté pour une forte sornme par un capitaliste de Chicago, et qui, aprésavoir servi de type j our les nouveaux timbres-poste et le dollar comrnémoratif 43 , oceupera la place dbonneur dans la deuxiérne section; enfin, le portrait peint sur le vif, h Crcnade, pour le Sénat de Venise, par Lorenzo Lotto, signé et daté de 1502, montre Colomb exhibant a yee un justo orgueil la carte du Brésil, pays oit il no fut jamaís, dressée deux ans aprés sa rnort, par l'Allemand Johannes Ruysch en 1508". 11 y a surtout et avant tout le seul, i'unique portrait véritable de Colomb, portrait d'une valeur inappréciable, qu'on a tout licu de croire provenir [en ligne directe] de Béatriee Enriquez [la maitresse de Christophe Colomb], attrihué [aussi] h Antonio del Rineon, peintie disabelle la Cailiolique, apporté de Cordoue t Cuccaro au ni° siécle, et appartenant su postuiateur officiel de la cause du grand amiral prés la eour de Rome, qui le tient de l'abhé Colombo, dernier cointe dudit Cuecaro, parent [non mojas authentique] de Christophe Colomb 45 ». Maiheur á l'incrédu]e assez hardi pour róvoquer en doute un seul de ces faits! * Dans ecL ordre d'idées el de vérité hisiorique, la section Latino-Américaine exhibera également cc le porirail clii P. Juan Perez de Marchena, le prieur du Inonastére de Santa Maria de la Habida », renouvelé apparemmeni des fréres Siamois, car sous ce vocable se trouvent deux personnages absolurnent distincts, é savoir 1° le P. Juan Perez, l'ancien confesseup de la reine Isabelle, 20 le chartreux Antonio de Marchena46. Le progranime annonce aussi « les portraits autographes el reliques des Pinzon, de Luis de Santangel el d'autres personnes qui participérent á la grande entreprise ». Les organisateurs de la section oublient de nous donner l'assurance que les industriels chargés de la commande seront pr&ts en temps utile. Daus la galerie de tableaux cc historiques », o.a exposera « une vue de l'Université de Pavie, 01 Colomb étudia l'astronomie nautique el la navigation ) - sans y avoir jamais mis les pieds . It/em les quatre scénes suivantes La scéne lorsque Ferdinand d'Aragon ayant annoncé que le Trésor était vide, Isabelle s'éeria Eh bien! j'entreprends la chose á mes frais 48 , el je vais mettre en gagc mes joyaux (queje ne posséde plus depuis 1489) . C'est dans ce tableau que dm1 figurer le coffret en ivoire ciselé, vendu l'autre jour á New-York. La scéne non lnoins Louchante el déjá si souvent représentée, oú Colornb se jette aux pieds de son équipage découragé - 23 et le supplie de lui accorder viñgt-quatre heures encore. Mais ce sont les académiciens espagnois qui he vont pas étre contents, eux dont les conféreuces et les écrits corume nos lecteurs le verront.bientót - voudraient piouver que ce fuL Colomb, au contraire, qui supplia ses compagnons de le laisser revenir en E spagne sans avoir Fien découvert! La réception splendide que Ferdinand et Isabelle firent á Colomb, lorquil leur apporta á Bareelone la nouvelle de sa mórnorahie découve.rte. Le roi et la reine se lóvent, ils font asseoir l'heureux navigateur á cóté d'eux, non dans un fauteuji, seuiement sur une chaise, ce qui d'ailleurs de mémoire d'homnie nc s'étaitjamais vu, etc., etc. 11 est bien extraordinaire, tout de méme, que les anuales de la municipalité harcelonnaise, qui, pour 1année 1493, sous trois formes différentes, donnent jour pour jour, heure par heure, ce qui se passa de notable á l3arcelone en cette année, ne mentionnent rien de pared, ni d'approchant"°. Enfin, comme bouquet, un tableau superbe, dont voici la description textuelle « La scéne de Fuf. Lorsque Colomb revint de son second voyage (1496), des gens de la cour ayant dénigré sa découverte, ji leur demanda de faire tenir un ceuf debout. Nc pouvant y réussir, Colomb montra eomment ji fallait s'y prendre (en brisant déheatement un des bou LS). Sur ce, ils s'écriérent: Mais tout le monde peut faire cela! Et Coiornb répondit ayee jusLesse : Oui, apr?s que j'ai montré comment 50 1 » \Toiiá queis seront les plus beaux ornements de ces fétes de líntellígenee auxquelles nous somines conviés! III Que Pon ne se méprenne pas sur le sens de nos paroles. La pensée de cornrnémorer a yee éelat le quatriérne centenaire de la découverte de 1'Amérique est juste et belle. Nous y applaudissons de tout caur; nos vux Faccornpagnent Chicago, á Huelva et á Gnes. Ce qui nous afflige, c'est de voir périr les conqutes du libre examen, la légende renattre et s'inip]anter, la critique bafouée, les vérités rnéconnuies, parodiées. 11 nc s'agit pas seulernent de falsifications ridicules et d'une galerie de caricatures. Cette ignorance des données les plus élérnentaires de I'histoire, ce manque absolu d'esprit critique; cette présou-nption cjui veut tout savoir, tout expliquer, saris. études et sans preuves, se rnontrent a yee la nrne audace cinas les écrits depuis peu répandus parmi nous. En Espagne, en France, en ltalie, aux Etats-Unis se fabriquent de nombreuses hiographies du grand Génois. Les unes ressassent encore ce qui trame depuis un siéele dans des livres futiles ou décriés. Les nutres, affichant la prétention aux profondcs recherches, découpent, triturent, paraphrasent les faits, les document.s,les résultats pris en silenee dans l'uvre d'autrui. Depuis Iongtemps, ji n'a para sur Colornb eL la découverte du lNouveau Monde que trés peu d'ouvrages tétnoignant de recherches, rnme superficielles, dans les archives d'Espagne eL d'ltalie. Moins d'auteurs encore ont entrepris la - 25 tche ingrate d'arriver á la vórité par l'analyse critique, patieuite et impartiule de toutes les sources de Uhistoire. Les c1uelques travaux conçus dans cet esprit et a yee la loyauté qu'un tel examen comporte, offrent un cadre tout fait eL une mine presque inépuisable d'utiles renseigneinents. Aussi, académiciens, professeurs, folliculaires et faux érudits se sont précipités Ét I'envi sur ces livres, copiant, pillant ce qu'ils en pouvalent comprendre; presque tous morclant la main qui les a nourris. C'est Ja piraterie littéraire exercée en ses formes multiples et le plagiat élevé á la bauteur d'une institutión! Mais que de sagesse dans cette maniére d'envisager les droits de la science et les droits du prochain Pourquoi la peine, les fatigues, les sacrifices? Consacrer son temps, sa force, ses ressources á recueillir, dans la poussiérc des bibliotbéques et des archives, ici un fait, lii une date, ailleurs de simples indices oubliés, perdus; en extraire, par l'analyse et les méditations, la sornme de vérité que ces données renferment, c'est nc point se souvenir qu'il y a des ¿tres mis au monde exprés pour épargner aux autres ce pénible labeur. Espéce de plébe, peu nombreuse toutefois, mais flattée de rendre service á tant d'esprits si distingués. Puis, Iorsqu'on écrit, c'est pour &re 'u, dit un, vieil adage, et l'auteiir le plus vain n'imagine pas facilement un nombreux publio absorbé dans la lecture de dissertations hérissées de dates, de références, de piéces justificativos sur Colomb, sa vie, ses voyages et ses malheurs. Passe encore s'il s'agissait d'un sujet qui reléve des scie»ces á la mode! Mais la déeouverte du Nouveau Monde, qui semble á quelques-uns l'événement le plus considérable des temps niodernes et le plus propre á soulever de difficiles problémes dans tous les ordres des connaissances humaines - 26 géologie, ethnographie, linguistique, bistoire, l'Árnérique enfin, pour les savants de nos jours, ce n'est que la plus nóglígeable des quantités. Oit no se gne pas pou' le cUre et le montrer au Palais Mazarin. * 11 est essentiel aussi de séparer le hon grain de linaje, en éliminant les faits et les preuves contraires aux écrits d'autrefois. No l'oublions pas, ce qui a été imprimé touchant Christophe Colomb, ti Venise, en Pan de grce 1571, est vraiiIl, imrnuablernent vrai. Y contreclirc, et surtout en ce qui se rapportc ti l'origine, ti la jeunesse, ti la famille, aux occupations du héros avant ciu'il devint faineux, c'cst poi-ter une main sacrilége sur un monument élevé ti sa gloire par le plus religieux aniour de la vérité gui fut jamais Pour n'avoir point voulu d'embiée accorder ti cene biographie hispanovénitienne l'autorité due aux livres canoniques, certain puhliL ciste n'éc.happera pas aux géinonies, - et ce sera bien faitl Bassurons ccpe.iidant les conscíences. Aucun docleur orthocloxe n'enseigne que I'Histoire de Christophe Colomb attrihuée ti son fis illégitime contient, cornwe le Coran, tout, absolurnent tout, ce qu'íl est permis de savoir. Ainsi peuvent s'exercer le coup d'03i1 iníaillible eL la sfiretá de in am d'une eatégorie d'autcurs, incapables de rien découvrir, oti de von' par eux-mémes, et que leurs compilations rnalgré tout ohligent ti no rien omettre. Selon les historiens bien pensants, voici done ce qu'il faut inculquer dans l'esprit des populations Rejeton légitirne, direct et avéré d'une famille patricierine de Plaisance; d'une noblesse remontant ti Junius Colonus, consul roinain, Christophe Colornb naquit on nc sait oü ni quand. Pauvres, mais fiers, ses ancétres no s'abaissérent - 27 jamais ú travailier de leurs bras et aucun de ses parents n'exerça d'état manuel. De pére en fila, jis furent tous monis de profeasoui et, avant Colomb, ji y eut des amiraux dans cette noble Iignée. Colombo, l'aicltipitata ¿liustn, ainsi que Colombo junio;, dont le nom seul faisait frissonner d'épouvante les enfants au bereeau, eomptaient parmi ses valeureux aneétres. Voihi pour le sa:ng bleu, absolument indispensable, qui nc manqua pas de conler dans sea veines. De honne heure Colomb aHa étudier á l'Université de Pavie la cosmographie et l'astronomie, ainsi que devait le faire tout fis de famillie bien élevé, qu'il fút riche ou pauvre. Cela n'empcha pas ]e jeune patricien génois de se lancer dans la carriére niaritime dés l'ge le plus tendré, et jI nc eessa plus de naviguer. Son habileté devint telle que le roi René Iui confio le coinmandement dun fort grand navire de guerre et le chargea en personiie d'aller á Tunis s'emparer «une galéasse ennemie. 11 conibauit sous les ordres de son ¡Ilustre parent Colombo junio;' (nécessairement pour le compte de la France), et prit part au fameux combat naval du cap Saint-Vincent. L'ennemi fut cruellement décimé, mais le vaisseau-amiral, sur lequel se trouvait Christophe Colomb, ayant été dévoré par les flammes, notre homnie se jeta résolument á la mer et, saehant trés bien nager, atteignit heureuseinent la cóte du Portugal. C'est ainsi qu'il arriva dans ce pays. Voilá pour les faits merveillleux que tout biographe instruit et inteliigent doit trouver dans la jeunesse de son héros. ih 1 bien, quand le monde entier se léverait pour nous imposer ce récit, nous ne cesserions de diré, d'affirmer envers et centro tous, que e'est un tissu d'inventions, depuis le premier mot jusqu'au dernieri L'ócleetisme et les concessions nsont pas admissibles un seul instant. 11 s,agit de choisir tout ou rien. Si la biographie qu'on préconise est vraie, les documents tirés des archives de Génes, de Savone, de Venise, sont faux. Ces légendes nc se peuvent concilier avec le térnoignage des chroniques italiennes contemporaines et les actes du notaiiat génois. Maintenant, que disent, que prouvent les documents, les fáeheux docurnents ? D'aboi'd, que les amirakix surnommés Colombo au xv° siécle n'étaient. ni Génois, ni ltalicns, mais de véritables Français, nés en Gascogne, sans l'ombre d'une parenté quelconque a y er, les familles génoises ainsi nommées. lis nc s'appelaient pas méme Colombo. Leur nom patronymique était Caseneuve; l'unGuillaurne, l'autreJean52 . Ensuite, que le combat naval da cap Saint-Vincent fin livré le 21 aoi'it 1485 et qu'á cette époque Christophe Colomb était depuis longtemps en Portugal, établi, marié, pére de fainille. Quant á la véritable origine de Christoplie Colomb, la voici en bref Dés le premier quart da XV° siécle vivait dans la petite ville de Quinto, voisine de Génes, un pauvre piébéien nommé Giovanni Colombo. It était originaire de la Fontanabuona, vallée au cur de la Ligurie; apparemment dii village de Moconesi. Ce Giovanni eut deux (lis : l'un appelé Antonio, qui resta dans sa petite vilie; l'autre, appelé Domenico, vint se fixer á Génes, peu avant 1439. Ils étaient tisserands de profession. Dornenico épousa Susanna Fontanarossa, filie d'un confrére habitant le Bisagno, banlieue de la grande vilie. De cette union naquirent cinq eníants, dont quatre (lis, nomrnés Cristoforo, Giovanni-Pellegrino, Bartolorneo et Giacomo, qui tous, comme leur pére, travaiilérent á la carde ou au métier - 29 tisser. La filie, Bianehinetta, épousa Giacoino Bavarello, froinagier-charcutier, dont la petite boutique se trouvait non loiti de la demeure de Dornenico, dans le faubourg SaintEtienne, quartier des tisserands. Christophe, qui était l'ainé, reçut quelque instruction, vraisemhiabiement dans une de ces écoles primaires que la corporation des tisseurs de lame subventionnait au Borgo de¡ lanieri. 11 nc semble pas avoir aecompagflé son pére á Savone, lorsque celui-ci alla s'y établir cornme tisserandcaharetier,en 1470; bien que les documents nous le montrent plusieurs fois dans cette vdle, de i70 á 1473. Bien n'empéche qu'au sortir de i'adoleseence, j i alt concilié a yee les exigenees de sa profession de tisseur, qu'il continua d'exercer á Génes, des étucles nautiques élémentaires, voire quelques voyages dans la Méditerranée combinaison fr&quente parni les ouvriers des ports de mer. Vers i'année 1473, Colomb s'émaneipa compiétement et émigra en Portugal. II y y écut douze ou quatorze ans, et de Lisbonne, sans doute, rayonna au nord jusqu't Bristol et jusqu'en Isiande, au sud jusqLk'en Guinée. Puis Colomb se maria, en Portugal, ay ee la filie d'un Moniz ou d'un Perestr&lo, leciuc l , soit dit en passant, qu'on le nomine Pietio ou Bartholomeu, ne fut jarnais i arin ni nc découvrit quoi que ce soit. Q uant aux fréres de Colotnb, Giovanni-Pellegrino, resta au pays et y mourut, avaut 1480, Bartolorneo et Giacomo, ce dernier le plus jeune, émigrérent á leur tour et on nc les retrouve qu'en Espagne, des annécs aprés, lorsque leur amé, devenu eélébre par la découverte qu'il venait de faire, les appela auprés de lui 51. \Toilh la vérité, toute la vérité, rien que la vérité 1 30 * Au xv° siécie, presque toutes les villes européennes du bassin (le la Méditerranée possédaient une ou plusieurs famijies dii núm de Colomb. La France n'eu était pas privée. Les nohiliaires aceusent la pisence (le nomhreux Coiomb á Marseille, á Castellane, ñ Aix, á Alais, á Mencle, au Puy, á Montauban, á Montpellier, á ioiiIouse, ñ Digne 54. Plusieurs s'arrogércnt mme les armes octroyées par les Ibis Catholiques A Cliristophe Colomb, en 1493. Dans la province de Gnes seule, nous avons relevé sur des actes notariés du xiv° et du xv° siécle, plus de cent cinquante Colombo, appartenant au moins á trente familles différentes. Par cette multitude d'homonymes s'expliquent les origines légendaires qu'on retrouve presque partout. Cependant le lecteur, si peu exigeant qd'il soit, est fondé A demander aux historiens profanes et iconociastes d'oü vient Jeur grande science; cOmment surtout jis arrivent A démontrer que ce Cristoforo Colombo d'origine infime est bien le g]orieux Christophe Coiomb qui découvrit l'Ámérique. lIs répondent que la démnonstration est facile. En voici la preuve Un dossier judiciaire, composé exclusivement d'actes authentiques provenant des archives savonésiennes, étabiit les fajts suivants Titius, créancier par héritage, se présente devant le magistrat de Savone, le 8 avril 1500, h l'effet d'olaenir l'autorisation d'assigner comíne témoins les anciens voisins d'un débiteur de feu Sejus, pére de Titius. Ledit débiteur se nomme Dornenico Colombo, et sa dette a pour origine le prix impayé d'une petite terre vendue á ce Domenico par Sejus. - 31 La raison pour laquelle rrititls aux termes de la lo¡, demande k faire comparaitre les voisiris de Domenico, c'est (fue ce dernier est morE eL que ses héritiers mit quitté le pays depuis longiemps. lis nc peuvent done &tre touchés par l'assignation. C'est le fait que le réclamant cloit prouver, car la lo¡ exige que les héritiers du débiteur soient mis en cause. Ces héritiers sont trois Lis de Domenico, appelés, l'&né, Cristoforo; le puiné, Bartolomeo; le cadet, Giacorno. Le 26 janvier 1501, Titius renouvelle ses cliligences et les voisins assignés viennent déclarer sons serment, comme fait notoire, que lesdits Lis de Domenico Colombo, c'est--dire Cristoforo, Banolomeo et Giacorno, « maintenant appelé Diego, » nc vivent plus á Savone dcpuís des années et qu'ils habitent une partic de I'Espagne. Voici done un Domenico Colombo, clébiteur pour un bien rural aeheté de Sejus, ñ Savonc, avant l'année 1500. II est pére de trois Lis, dont lainé s'appclie Cristoforo, le puné Bartholomeo ct le eadct Giaeorno. Ces trois Lis ont vécu á Savone, mais en 1501 jI y a Jongtemps qu'ils sont en Espagne. Une nutre eireonstanee rare et digne d'étre notée, cesE que le plus jeune des Lis de ce Domenico Colombo a traduit en espagnol son prénom génois. 11 ne s'appelle plus Giaeomo, mais Diego. Ces faits sont aequis55. Cependant Christophe Colomb dit ]u¡-niénie, dans son testainent, qu'il est né dans la ville de Gnes, et jusqu'ici, on nc nous a montré que des Savonésiens; cherehons le contrat de y ente, cause premiére de cette procédure. Nous y reléyerons eertainement de nouveaux indices. On le posséde. 11 est en date du 19 aoút 1474, et nous apprend, g.rñee á l'antique eoutume des tahellions italiens de toujours rappeler le nom clu pére des parties contraetantes, - Chrinop/ie CoIomb devíuu lJlücoire. 3 - - que Domenico Colombo est le fis (le Giovanni, qu'il est originaire de Quinto, habite Savone, mais vient de Genes eL exerce Ja profession de tisserand. Que faut-il encore? Démontrer que ces faits avérés, formant un indestructible faisceau, concordent parfaitement ayee ce que Fon salt d'autre 1 art de l'origine, de la famille eL de la jeunesse du Christophe Colomb qui déeouvrit l'Á.mérique. Voici la concordance demanclée Au xv° siécie, h Gnes, ceini pu était (lis dun tisserand-cabaretier eL beati-frére don marchand de fromages ou de chareuterie passait, généralemcta, pour &tre (le condition modeste. Or que dit Antonio Gallo, annaliste oííiciei de la républ.ique de Gnes, conteinporain eL compatriole de Christophe Colomb , iorsqu'il parle de ceiui-ci et de ses fréres ? Genawplcbcizs ovil pa'eni.ibus « Nés de souche plébéienne génoise. » L'évque Giustiniani, autre concitoyen du grand navigatelir, est plus explicite encore Vilibas otuspaicntibus « 11 était de basse extraction. » Mais ces deux historiens, qui font autorité, nc s'expriment pas ainsi avec la pensée de décrier leur citoyen, dont ils racontent les 1reniéres décotiveries sur le ton de l'enthousiasme. lis veulent simplemeni constater le fait que Colomb n'appartenail. pas a une famille de patriciens. N'est-il pas aussi avéré que son p&e se nominait Domenico? Oviedo, chroniqueur royál des ludes, qui eonnut personnellement Christophe Colomb, ses fréres eL ses fis, rapporte que « Santo-Domingo fuL ainsi nominé en l'honneur de son pére Dominique ». Peut-on ré-voquer en doutc que ce péi •e fin tisserand de profession ? ATani icxlorpatcr « leur pére était tisserand, » disent Gallo eL Senarega, ce dernier également Génois eL contemporain. - 33 Que Domenico Colombo vécut encore en 1474 el plus tard ? Oviedo relate que le granci homme, en fis dávoué, alors qu'il vivait en Portugal (4.473-1484), envoyait des secours h son vieux Christophe Colomh n'eut-il pas deux fréres, l'un.Barthé1cm)', qui élait son puiné? i'autre, le eaclet, nommé Gineomo ou Diego? /Jartoto,nd e Diego mis hermanos, répéte maintes fois Christophe Coiomb dans ses écrits. Bwi/tolomeum, ac ieziium f)alrem .Jacobu,n in ea expcdition.e C/tiistop/toiu.s .çecum duxit, dit Galio, i une poque oü les noms de Barthélemy et de Diego Coionib n'avaient pas encore été mentionnés daus les éerits historiques. Ce nom de Diego ou Jacques, n'est-il pas l'équiva!ent espagnol de Giacomo? Christophe n'étaít-il pas en Espagne á dater de 1486, Bar-. thélemy depuis 1494 et Diego á partir de 1.493, saris que I'un on l'autre ait revu le pays nata! att XV° siécie ? Enf'in, nc posséde-t-on pas un eontrat passé á Génes, le 30 octobre 1496, aux termes duque! trois Colombo de Quinto, 1 etits-fils (le Giovanni, fils d'Antonio et neveux de Domenico, envoient l'aíné, á frais communs, vers « Christophe Colomb, aniiral des mis d'Espagne )>, et devront partager ce que ce voyage aura rapporié? Qu'est-ce, sinon une démarche de parents pauvres, - id des cousins germains, - auprés d'un membre de la famille arrivé aux honneurs et á la fortune P56 Les dénégations gratuites et irréfléehies de ceux que ces faits authentiques génent dans Ictus théories et dans leur crédulité auraient une consécjuence originale, surprenante. it aurait existé h Génes, en niéme tenips, á la fin do xv° siécie, nous nc savons combien d'individus appeiés Cristoforo Colombo, tous fIs «un Dornenico Colombo, tic Quinto, invariabienient tisscrand de profession, tous petits- f - 34. fis d'un Giovanni Colombo, tous ayant pour mére une Susanna Fontanarossa, da Bisagno, pour frére puiné un Bartolomeo, pour frére cadet un Giacomo, lequel plus tard s'appela aussi Diego, tous pour beau-frére un charcutier, pour ancle, á Quinto, un Antonio et pour cousius germains un Ciovanni, un l\latteo et un Arnighetto Colombo; tous ces sosies de Christophe, (le Barthé]emy, de Diego Colomb, a ii raient vécu dans]es mrncs années á Génes ou á Savone; nnraient érnigré en Espagne á Ja méme ópoque, s'Y seraient trouvés en Fan 1500; tous apparentés, d'ailleurs, 5 un amiral des Rois CaUrniiques! On est humilié d'avoir des contradicteurs auxquels it faut dire qu'une telle réunion dé particularités, 5 moins dun mirado, no pdut se trouver que dans une seule.famil!e * Ce qu'on ne saurait trop admirer, pourtant, c'est lesgloses précises ajoutées par nombre de savants historiens 5 la biographie que Fernand Colonib écrivit de son pére et dont nous venons, en tremblaut, de montrer le caractére véridique. On voit 15 combien l'histoire est devenue seicnce facile et coniment tout une ehronologie pent surgir en un clin d'i1, lorsque le moment psyehologique est venu. Ainsi, c'est entre 1.448 ct 1451 » que Domenico Colombo, pére de Christophe, vint se fuxer 5 Génes ayee sa fenime et ses trois enfants » (bien qu'un acto notarié le montre étahli déj5 dans cette ville au avril 1439). Quant au séjour de Colonib 5 l'Université de Pavie (oil certainement il no mit jarnais les picds), « ji avait á peine dix ans iorsque son pére, s'imposant de durs sacrifices, i'y envoya étuclier la philosophie naturelie et la philosophie extrao rdi naire. » (Apparemnient les cnfants étaient tres précoces • 5 cette - 35 époque 1) « 11 y resta durant trois années», (ni plus ni moins.) C'est « en 1454 que Colomb quitta l'Jtalie pour le Portugal ou, ad libitum, « entre 1470 el 1471, (á telle enseigne qu ' un notaire, recevant son témoignage á Savone, le qualiíie encore, au 20 mars 1472, de « tisserand de Génes .) C'est néanrnoins au eours de 1459 qu'il accompagna dans sa campagne contre le royaume de Naples, Jean (FAnjou, due (le Ca]abre (qu'il n'aeeompagna jamais nulie pauL). C'est en « 1473 que l'aventureux mann proposa son pian au Sénat de CSes, qui le refusa, prétextant la pénurie du trésor épuisé . (Comme s'ii y avait ¡'ombre d'un doeument ou dune prohabilité pour une proposition de ce genre !) Ce fut aussi « en 1473, qu'i] se maria aux Açores ». (Mais l'impeccable Fernand Colomb dit que ce fut á Ltsbonne el, forcéeément, aprés 1485 1) Ce mariage se fit alors quil avait trente-sept ou quarante ans. (Déeidéinent Colomb, comme nous le verrons bientót, était destiné aux amours tarclives.) « C'est antérieurement au mois (le ]Ulfl 1474, que Chuistophe Colomb comrnuniqua Éi Paolo Toscanelli son projet de navigation á I'Ouest. » (Conséquemment ¡'astronome florentin mit cinc1 ans á liii répondre 1) « C'est au printemps (le 1485 que le célébre navigateur revint aGénes (attendu que, jouissant du (ion d'ubiquité, ji combattait A cette époque, ce que raconte son fis el historiographe, sur le navire de Colombo Jwzior, danslegolfe de Gascogne. A moins cependant que ce fut cotn.rne voyage de noces, puisque e'est aussi duns ce temps-lá qu'il se maria). C'est le 29 aoit 1487 que lui naquit son dit fis illégitime Fernand (paree que les exécuteurs testamentaires de co dernier déclarent sous serment quil est né le 15 aoút 1488). Enfin, c'est le 20 mai 1506 qu'iI mourut, vu que ce fut le jour de l'Ascension (qui justement tomba ocRe année-lh le 21) 57. Si, aprés tout cela, les érudits ehargés de préparer une nouvelle édition de I'Ar/ de 'énfier les cintes no se déclarent pas satisfaits, c'est qu'ils sont véritablement par trop difficiles á contento¡-. * Parlerons-nous de la date de sa naissance? Quoi qu'cn disent les patrioles de la Corso, on no posséde pas l'acte de haptéme de Colomb. Une raison assez plausible, c'est que los actos de baptéme datent seulement da Concile de Trente et qu'á lépoque de ce concile, Christophe Colomb était mort el enterré depuis quarante ans. Cet argument no satisfera l)S tout le monde, nous le savons. Des commissaires de la grande Exposition se proposent méme de rechercher ce document daus les registres baptisrnaux de I'église SaintEtienne et jis espérent le découvrir i ternps pour lexhiher dans la deuxiéme section. Nous no doutons pas qu'iIs réussissent. En attendant, l'année dans laquelle ji naquit est aussi controversée que le lien méme. Un document, découvrt dans les archives de Génes en 188758, léve tous les doutes de ceux qni ont des yeux pour voir et des oreilies pour entendre. C'est un acto notarié en date da 30 octobre 1470, dressá a Génes, oii figure « Christophe Colomb, fis de Dominique, partie contractante », et dans lequel ji est dit étre, par le notaire instruinentant, « majeur de djx-neuf ans ». Comme en droit romain et génois ji y avait plusieurs maj orités, dont la derniére était fixée a l'ágc de vingt-cinq ans, ce Christophe Coiornb est né entre le 31 octobre 1446 et le 31 octobre 1451. Nous penchons pour une date plus rapprochée de 1446 que de 1451. Le lecteur nous pardonnera de no pus étre plus précis quand on fait ce qu'on peut, on fait ce qu'on doit, disent ]es sages. - 37 Mais ce Christophe Colomb est-il bien le nótre? A cette question, le critique répond que les archives génoises, si étorniarnment riclies en homonymes, nc possédent cependant qu'wz seul Colonibopi'e'aomnté Crisioforo 59 et que celui du document précité est dit fils de Donienico, comme ]'¡Ilustre navigateur. Que justement, á cette date, en 1470, nous connaissons la présence á G&ies dii Domenico Colombo des actes génois et savonésiens et de son fis Cristoforo. Que la qualité de mineur attrihuée á ce dernier en 1470 se retrouve dans d'autres actes dressés de 1470 a1473 á Savone ci á Génes. Qu'enfin ces docuwents placent impliciteinent l'époque de sa naissance peu aprés (44660. En Espagne, oú licurit, conime tout le monde sait, une critique saine et savante, en tient pour la date de 1436, vol re mórne pour celle de « 1433 ou 1434 »; ce qui entrame des conséquences bizarres et inattendues. Dans une publication remplie de bolles images, merveilleux joujou francoespagnol « la joie des enfants, la sécurité des parents 61, ce mil]ésime Ílamboie d'un éclat nouvcau. On y rapporte, á l'appui, le propos du curé Bernaldez « Colomb mourut á I'ñge de soixante-dix ans, plus ou rnoins Et les incrédules, race perverse, méprisable, de demander en douceur si Bernaldez n'a pu se tromper aux chevcux blanes de Christophe Colonib, iesquels n'étaient pas dus k la vieiflesse, mais aux cbagrins, ou u une disposition natureile, ainsi que le disent et son propre fis Fernand et Las Casas, témoins oculaires « Colomb avait la taille élevée, au dessus de la moyenne, le visage long eL imposant, le nez aquiliin, les yeux bleu clair, le teint blanc, tirant sur le rouge vi¡, la barbe et les cheveux bionds dans sa jeunesse, mais le c/tagrin les blanchit de bonne Iteure, » rapporte Las Casas 62, - 38 Fernand précise davantage « Lorsque Colomb était jeune, il avait les cheveux hionds; amis loi'squ'il fid arrivé 4 l'áge de tiente ans, jis dein,ent iota blanes63. Ajoutons des années de cléboires, de pénibles voyages, de inaladie, peut-étre aussi la misére et les privations dans sa jeunesse, et no pourra-t-on eroire que Je vénérable curé de Los Palacios a été le jouet cI'une apparence trompeuse? Et eomment, ay ee justice, n'opposer á des preuves documentaires ce qui semble &re diez Bernaldez qu'une vague expression et impression? Ces documents soñt des actos notariés, authentiques, précis, pertinents; les textos cornplets ont éIÓ publiés, analysés, approfondis, on a pris soin den monirer les concordances, la portée. Pareille chame de dates, de noms, danalyses, unetrame aussi serrée de déductions, un tel ensenib]e, no peuvent étre passés sous silence. Cenes, ji est beau de voir les critiques espagnols campés en noble auittidc, écartant d'un air dédaigneux le térnoignage et les autorités. La Ioyauté néanmojns demande, exige qu'aux preuves en oppose des preuves, aux actos des actos, aux raisons des raisous, et non de puériles hypothéses ou d'arbitraires désaveux. Mais póur se montrer juste dans la polémique, ji faut d'abord étre capable d'apprendre et savoir réfléchir; on doit se sournettre á peser le pour et le contre, a yee impartialité. Hors dEspagne, personne n'admet plus les historiens seience infuse, qui parlent du haut de leur cravate et dictent des arr&s. lis s'exposent á la riséc publique, ceux qui prétendent raconter les événernents d'il y a quatre sRe1es, sur le ton d'untérnojn oeuiaire eL auriculaire. Allons 1 savants, heaux parleurs, andaloux eL madrilénes á la main preste eL légére, faites un effort, si vous le pouvez-, et que les documents extraits des archives de Génes eL de Savone soient diseutés 1 - 39 - Non! Quand un Espagnol a dit que Christophe Colomb est né en 4433 ou en 1436, e'est que Christophe Colornb est né en 1433 on en 1436, ji n'y a pas de documents qui tiennent! - Mais si Christophe Colomb est né en 1436, jI séduisit Béatrice Enriquez et en eut un enfant á I'ftge de cinquantedeux ou cinquante-cinq ans 64? - Tant pis pour Béatriee - Alors ji y a trente-deux, voire méme trerite-cinq années de différcnce entre Christophe et son frére Diego ° ? Leur mére Susanna enfanta longternps aprés avoir passé la cinquantaine? - Tant mieux pour Susanna 1 - Mais, d'autre part, si vous faites naitre Diego en 14461 c'est passé I'áge de cinquante-deux ans qu'iI entra au séminaire pour devenir prétre66? - 11 n'est jarnais troj) tard pour bien fairel - Devons-nous croire aussi que Barthélerny, autre frére de Christopbe Colomb, devint pére á soixnnte-treizeans ? - 11 ten ait de sa rnére671. 1:11 Reenler de dix ans i'époque de la naisance de Christophe Colomb le croire d'origine patricierine ; donter qu'il soit né clans l'enceinte de la vilie de Génes liii attribuer des idées, des sentiments, des exp1oit que sa condition sociale, 8011 ge et les ternps o' it vivait rendaient ímpossibies, c'est no pos savoir s'affranchir d'idées préconçues et qui nc reposent sur ¡, ¡en. L'histoire en est offensée par ces erreurs se fortifie eneore dans lespril (les masses une légende rnalsaine et se trouve retarciée I'heure oü le caraetére dii héros apparaitra sous son vrai jour. Tel ou tel de ces faits, ji Giut I'avouer, ¡solé nc comporte peut-étre pas de graves conséquences. Mais de l'ensernble se dégage le type faux reçu coilime vrai depuis longtemps eL partout. Quoique des panégyrisies exaltés puissent dire, Christophe Colornb nc fut que de son époque, de sa mee et de son pays un plébéien génois du xv° siécle, (le génie, mais ni meilleur ni pire, comrne homme, que les autres. L'observateur qul a pu discerner dans l'histoire de Génes les traits distinctifs (le son peuple, voit ces traits se reíléter dans la grande figure de l'illustre mann. Les constantes i.ncursions maritirnes des Génois sur tout le hitoral de la Méditerrande depuis le xC siécle Psprit d'entreprise qui pOussa les Vivaldi des 1291 á expiorer la cóte occiden tale de l'Afrique, a y ee lespéranee de parvenir aux Indes par un détroit i naginaire les cxpéditions, les conquétes, sans cesse inspirées par l'ainour du lucre, á Ch) ,pre, á Scio, en Coi-se, et devenant sous l'adininistration de ¡'Office de Saint-George un - 41 systérne d'exactions, saris nul égard pour les droits des vaincus, voik bien assez de faits qui expliquent les projets, les efforts, les exigences de Christophe Colomb et sa conduite violente aux Antilles. Mais au dessus d'actes injustos, on volt aussi planer un mysticisme sincero, qui se leurre de vagues pensées et d'uu vague espoir, mysticisnie inconnu peut-€tre aux Carthaginois, mais que nous retrouvons de nos jours, associé aune soif de Por non moins ardente chez le peuple de la Nouveile A.ngleterre. Cet esprit religieux, exalté par la maladie, les chagrius, lingratitude, et dont les derniéres iettres de Colomb a témoignent un si haul degré, - auquel néanmoins personne no Uit attention pendant des siécles, - c'est lá ce qui depuis pon excite de zélés admirateurs á entourer le grand mann d'une auréo]e, á le revtir d'un caractére presque sacré. L'historien impartial n'hésite pas it reconnaitre que la fe¡ catholique cut une grande part dans la conception et l'cxéeution de la mémorabie entrepnise de Colomb. « On coapte, dit la bello Encyeiique récemment pubuiée, beaucoup d'hommes courageux et experts qui, avant et aprés Christophe Golonib, se son mis ay ee un zéle obstiné a la recherche de torres eL de mers inconnues. La renornmée humaine, qui se souvient dé leurs services, célébre et célébrera toujouns leur mémoire, parce qu'ils ont reculé les limites de la science et de la civilisation, et contribué á aceroilre la prospérité générale; et cela non sans peine, maisavee un purssant effort de volonté et souvent au prix de grands dangers. II y a, cependant, entre eux et ceiui dont nous parlons, une grande différcnce. Ce qui distingue éminemment Colomh, c'est qu'en parcou.rant les ¡inmensos espaces de I'Océan, ji poursuivait un but plus grand et plus haut que les autres. Ce n'est ps qu'il no Mt mu par le tres - 42 légitinle désir d'apprendre et de bien mériter de la Société huinaine ce n'est pas qu'il mépnsñt la goire, dont les aiguillons rnordent d'ordinaire plus vivement les grandes Ames, ni qu'il dédaignAt enliérernent ses avantages personneis ; mais sur toutes ces considéi'ations hurnaines le niotif de la religion de ses anctres l'ernporta de beaucoup chez ]ui, elle qui, sans contredit, lui inspira la pensée et Ja volonté de l'exécution et lui donna jusque dans les plus grandes difficultés la persévérance a y ee la consolation. Cay ¡1 est constant que la principale idée et la conception qui dirigea son esprit, ce fuL d'ouvrir un chernin á I'Evangile á travers de nouvelies terres et de nouvelies mci's » En effet, au moment de .mettre á la voile, Colo.rnb, dans le préambule de son journal de bord, rappelle aux bis Catholiques les tentatives du Graud Khan, qui plusieurs fois avait envoyé á adme afin d'obtenir des docteurs pour liii enseignej' la religion chrétienne. Et ji ajoute que « le Saint Pére n'ayant pas répondu it cette louable volonté, tous les peuples de cc prince se perdaient dans l'idolñtrie; ce qui décida Leurs Altesses it envoyer Colornb vers les pays de l'lnde, auprés de ce potentat et de ses sujets, et pour voir la maniére doM on pourrait s'y prencire pon¡ , les convertir au christianisnie 68• Nous avons peine it eroire, cependant, que la propagation de la foi fuL « la principale idéc et la conception qui dirigea l'esprit de Colomb dans cette grande eniseprise ». Les faineuses capitulatíons du 17 avril 1492, si elles avaient été inspirées par une intention aussi manifeste de propagande religieuse, en devraient porter le téinoignage. cotnme le fait le préambule des capitulations du 23 avril 1497; or elles n'exposent qu'un projet de découvertes marilimes et l'espoir * Tradcictioa de la Gaette de France, it0 da 21jiiitlet 1892. \Toir ata si, pour le texte latin, le Monde, u° du 22 juilleL - 43 de recuelilir « des marchandises de toutes sortes, des penes, des pierres précteilses, de l'or, de l'argent, des épiceries60». Dans aucun des actes se rapportant au premier voyage, eL jis sont nombreux, nous n'avons non plus trouvé trace d'allusion á des conqu&tes morales ou aux p'gi du christianisme. Notous aussi que les caravelles, en 1492, no portaient ni prétre, ni missionnaire, ni moine, pas méme un chapelain. Mais, lorsque le fortiiné navigateur, débarquant aux Antilles, aperçut, au lieu de la nation civilisée décrite par Marco Polo, de sauvages peuplades, c'est alors que les sentiments de profoiRle pitié religieuse, qui á toutes les époques de sa vio gerrnérent au fond de son cur, firent naitre en lui la ferme volonté eL l'espoir de convertir les insulaires á la foi cbrétienne. A dater de ce jour, depuis la lettre décrivant son premier voyage, adressée fr Ferdinand et Isabelle, qui se termine par le vu « qu'on célébre sa découverte par d'éeiatantes actions de gráce adressées á la Sainte Trinité eL de nombreuses et solennelles qraisons pour la gloire qui résuitera de la conversion de tant de peuples á la saiiite foi°», la plupart de ses écrits témoignentde ce zéle. Ces pensées religieuses, cet espoir de propagande, no justifient cependant pas entiérement la nouvelle école de panégyristes qui, en Franco, fait de Christophe Colomb « un des héros de lÉvangile, sans aucune faihlesse, un saint ». Le hardi navigateur n'en demanda jamais autant. Convaincu que le monde allait finir le mercredi 15 septembre 1656, il no s'attribua, au temps de sa plus grande ferveur, d'autre mission divino que de révéler au genre hurnain, avant l'effroyable cataclysme, les parties du globo jusqualors inconnues7 t . On peut dire, sans crainte de blasphérner, dcit son « róle apostolique » en souffrir, que, cette fois au moins, Colomb fut le jouet d'une illusion. -44-.Les clesscrvants de la petite chapelle oi se brólent tant de cierges, pour que leur idole alt sa place dans le calendrier, nc sont pas la mansuétude incaruée. Maiheur á l'historien consciencieux dom les écrils montrent en Coloni b un hornme qui nc fut pas exempt de faiblesses On le vilipende, en ¡'exécre, le inensonge et la calomnie le poursuivent sans trve ni merci. Dans l'intérét de la vérité, nous supplions nos airnables adversaires de croire que, si á ilome en hésite á béatifier Christophe Coioinh, ce n'est véritablenient pas notre faute. Au contraire, dans la ville éter.nelle mAme, ceux clui daignaient préter l'oreille á nos discours, nous avons plaidé a y ee chaleur les circonstances attónuantes. Oui, Colomb cut une liaison aYee Béatrice Enriquez, t Cordoue, daus l'année 1488. De cette liaison naquit un Uds illégitime, Fernand, dom i'amour des livres seul suífirait ñ effacer la tache originelie, si tache ji y a. Pour tous les contemporains, la bhtardise de Fernand était un fait avéré; depuis, rien n'est venu l'infirmer 72 . D'ailleurs, les eníants nés hors niariage n'étaient pas rares daus cette famulle. Barihélemy Colomb, honirne austére, cut néanmoins, á l'ñge de oixante ans, une filie hAtarde 73 , Maria Marron. Diego Colomb, fis amé de Christophc, devint pére de cleux el1fanis la veille de son mariage a yee Doña Maria de rroláde niéce du cinc cl'AIhe. Luis, petit-fis et héritier (le tous les titres, polygame fleifé, condarnné comme tel ñ l'exii, nc manquait pas non plus de progénitiire iHégitime. Enfin, pour Diego, frére du grand Christophe, qui était d'égiise et en passe de devenir évAque, qu'est-ce que cet enfant de la servante Barbola, qu'il charge su propre niéce d'élever et auquel ji légue cent onces d'or? Nc cloit-on pas prés ti naer que c'était un fis né du cornmeree illicite dudit Diego a yee une négresse Pourquoi faire de cette irréguiarité un crime qui - 45 cm péeherait Christophe Colomb d'1re compté au nombre des bienbenreux C'est le comble de l'injustice de juger les hoinmes cl'autrefois par les idees d'aujourd'hui. Au xv° siécle, la btardise nc tirait pas conséquence, ni la postérité illégitime. Depuis le pape juscju'au dernier (les hohereaux, il «y avait pas de seigneur c1ui se fR'scrupu1e de procréer des bAiards et de les avouer publiquement. Colom), au temps rnme de sa liaison a y ee Béatriee Enriquez, eút pu voir, dans les rues de Cordoue, F'erdinand le Catholique caracolant en compagnie de Don Alonso d'Aragon, son fils illégitime et acluitérin, promu nichevéque de Saragosse á l'ñge de six ans11 y rencontra sans doute aussi le cardinal Mendoza, suivi de ses trois bfltarcis nés de méres différentes ancétres de grandes familles espagnoles, (liii sont encore de ce chef trés cousidérées aujourd'hu i. * Les louanges folles de cos panégyristes exaltés, le défi qu'ils poutent \ Ihistoire et au seas commun , appclaient maiheureusement des représailles. L'écho en arrive jusqu' notis et c'est du monde méme clécouvert par Coiomb, c'est de la principale université arnéricaine, que le signal est 1mttj. Cuy juge Sol) ruvrc Cfl ces termes « Sa découverte ifest qu'une bévue. Colomb eCit pu devenir la providence du monde qu'il a découvert, ji en fut le spoliateiir, nc laissant clerriére la ¡ que des criines et la ruine. 11 pouvait étre le promoteur de la géographie ; ji préféra le róle de ehercheur enragé (sic) de l'or et «une víceroyauté. Loin de mettre un frein aux atrocités de ses cowpagnons, fl leur donna le pitoyable exemple d'uiie conscienee obiitérée. )) • El, iT y a trois cents pages émaillées de cette façon. 46 Hátons-nous d'ajouter que la presse, en Angieterre et aux Etats-Unis, a répondu par un bláme prompt et sévére á ce volu tnineux pamphlet, ouVre dun écnvain nc connaissant des événements que l'extérieur et l'accessoire, peu soucieux de remonter aux sources, de saisir leur connexion intime et l'ensemble des documents, ineapable surtout de se reporter par la pensée á l'époque et dans le milieu qu'iI veut décrire. En ce qui nous concerne, insensible á cette faveur que nous a fait l'ingrat Bostonnien de citer souvent notre nom et de puiser des faits dans nos ouvrages, noiis protestons ayee la derniére énergie contre un jugement aussi injuste. Et dire que ces invectives, comme nous le verrons bientól, comptent á peine auprés de celles que les Espagnois. pour micux préparer le centenaire, se font une féte de lancer périodiqueinent contre la mémoire de Christophe Colornb * Le grand Génois eut eertainement á essuyer bien des déboires. 11 dit lui-méme avoir « .souffert du froid et de la faim ». Geraldini parle de sa pauvreté; non seulement Oviedo rapport combien Quintanilla fut touché de sa misére, mais il fait allusion á son pié.tre mantean. On ne cloit ccpendant pas prendre á la lettre les lamentaiions oii se complait trop souvent l'Amiral. Lorsque, par exemple, il se plaint que « pendant sept années tout le monde le repoussa, qu'il fut la risée de tous qu'un paux're moine seul cut pitié de lui », les faits, les réeits des contemporains, ses aveux mémes -le eontredisent. Colomb fut au contraire accueilli, encouragé, aidé par les plus grancls personnages de l'Espagne. C'est le duc de Medina-Celi, qni .I'héberge dans sa propre maison et, pour facili ter l'exéeution de ses projets, équipe plusieurs caraelles, - -0- restées cepenclant au port -; c'est Diego de Deza, déjá évéque de Zamora et prócepteur de i'héritier de la couronne, qui, dés I'arrivée de Colomb en Castillo, le protége; c'est Juan Cabrero, premier charnbelian du roi ; c'est Alonso (le Quintanilla, le trésorier de la courone, qui l'aceueiile ehez lui ; e'est le cardinal de Mendoza; e'est Hernando de Talavera, le plus véndré des prélats du royaurne; c'est Alcssanciro Geraldini, évéque de Voiturara, préceptdur des quatre infantes, et son frére le légat, Antonio Geraiclini c'est le íarneux cornte de Tendilla doM l'avis favorable, joint á celui de Talavera, décida de lentreprise c'est Luis de Santangel, chancelier de lintendance de Ja couronne d'Aragon et membre du conseil royal c'est Béatrice de Bobaclilla, marquise de Moya, lamie intime dJsabelle; ce furent enfin le ro¡ et la reine, qui « nu milieu du doute de tous eurent seuls la lo¡ et la eonstance », Isabelle de Castillo c á qui le cid donna lintelligence et la force pour surmonler lincréclulité », Ferdinand d'Aragon, tant cléerié, qui « favorisa Colom) Jorsqu'il n'avait encore de lui que des paroles eL I'aida aussitót qu'il eut coiinaissance de ses projets ». Coinment pourrait-on en douter? C'est Christophe Colomb luirnme qui l'affirrne". 11 y a dono de lexagération dans ses continuelles doléances. Nous no pensons pas non plus que, pe:ndant les années d'efforts, de soi!icitations et d'attente, il ait constamrnent vécu cians un état de complet abandon mi de misére profonde. La véritable pauvreté, l'indigence légendaire de Colomb no datent que de ses derniéres tentativos au eamp de Santa-Fé, la fin de lautomne de 1491. 11 arrive sons les murs de Grenade. La reine a décidé d'improviser en ce lieu mnie une ville. Courtisans et soldats rivalisent de zéle et, aprés trois mois de labeur et }IARRIUF. - Chrisiaplie Coloinb devoni ¡'itistoire. 4 - 48 d'abnégation, Santa-Fé, construite toute de pierre et (le. mortier, surgit clans la plaine. Au milieu de troupes qui cornbattent et d'ouvriers qni construisent, quand le seigneul comme le vassal est assujetii á la fatigue et aux privations, ce moment suprme oü le roi, la reine et les ministres nc songent Ii poi-ter le dernier coup á l'ennerni sculaire, qu'on s'irnagine facilernent qu'un pauvre solliciteur n'ait pu se faire óeouter. Aussi, est-ce h SantaFé, et non ailleurs, que Colornb dit avoir éprouvé cette extrme indigenee. Elle dura peu de ternps. Dícidé á quitter l'Espagne, le malheureux Génois se rericlait auprós de son beau-frére, Miguel Muliari, h Huelva, pour liii confier l'ainé de ses tUs, lorsque son heureuse étoile le concluisit au monastére de la Rabida. Quatorze jours aprés, le Pre Juan Perez &ait appelé á la cour, d'oii la reine nc tardaft pas á iníormer Colomb que ses projet3 &aient eníin aceeptés. Le inessager, porteur de ces paroles d'espéranee, lui reinettait en m&ule temps une bourse de vingt mille maravédis. Nous voici arrivés á J'événement capital de sa vie. Le populaire, toujours épns du merveilleux, s'i .magine que l'idée de franehir 1'Océan ala reeherche du Japon el de ]a Chine genna spontanément dans l'esprit de Christophe Colomb, sans que personne avant lui eiit jamais songé rien de pared. C'est une grave erreur. Les historiens retrouvent ceLle pensée dans les éerits d'Aristote, ¿le Roger Bacon cc dautres écrivains du rnoyen -e 78 . Et on la retrouve, non á l'état de simple concept de l'esprit, isolé, plus ou moins vague, mais appuyée de raisonnements, de déductions scientifiques, telle enfin que l'exposa Colomb, sans y beaucoup ajouter. Au xv siéele, elle était méme sortie du domaine de la spéculation el les savants cherchaient arce ardeur le moyen de la réaliser. A une époque difficile á préeiser, niais entre les aunées 1475 el 1482, Christophe Colomb envoya de Portugal á Podo Toscanelli, par lentremise de Lorenzo Girardi, négociant étahii á Lisbonne, une demande de renseignements sur la voie á suivre peor atteindre par mer le pays d'oci provenaient les épiees but principal en (out temps, seton nous, de ses eííorts el de ses vux. Le grand astronou)e flore.ntin lui fit remettre une earte marine el la copie d'ure lettre qu'en réponse á semblable demande dii mi de Portugal; ji avait aclressée au chanoine Fernam Martins, son chapelain, le 25 juin 1474. Nous détaehons de cette lettre le passage suivant - 50 « J'ai déj'á parlé cl'une i'oute man/une pour aller au paijs des aromales, plus conrte que celle que vous [les Portugais] swvez par la Guinde. C'est p' ceta que le roi Alphonse ¡nc demande aujourd'hui des éclaircisscments sur ce sujct, ou, plutót, des explications suffisamment claires, pour que des hommes, mine médioerernent savants, puissent comprendre l'existence de cette voie. « Bien que sachant que la route en question tésulie de la fbrme splié'ique du monde, je me suis cependant décidé, aíin de me faire mieux comprendre et de faciliter lentreprise, á le démontrer par une carte nautique. On fra ce voyage en se dirigeani t.oujouis veis loccideni . » Ce sont ces raisons mnws, le lecteur en yerra bientót la preuve, que le navigateur invoquera environ quinze ana aprés, pour décider les Roja Catholiques á mettre ses projets exécution et qui, en 1492, aboutiront á la découverte du Nouveau Monde. A notre avis, Toseanelli n'étaít pas le seul méditer ces données. La théorie que, sur l'autre rive de lOcéan, ji y a des terres habitables et aecessihles dut tre aceLLe époque un sujet de discussions pour la plupart des eosrnographes. 1-Jercule d'Este, considérant la découverte de Christophe Colomb comrne une confirmation des idées propagées par Toscanelli, chargea, le 26 juin 1494, Manfredo Manfredi, son amhassadeur á Fiorence, de rechercher dans les papiers de lastronome florentin, alors aux mains de Ludovie del Pozzo, neveu de ce dernier, toutes les notes qu'il poivait avoir laissées sur cette queslion 80; si le due de Ferrare se sonvenait de tliéories géographiques remontant h plus de vingt annécs, c'est apparemmcnt qu'elles avaient continué d'éLi'e le théme de commentaires et d'entretiens. Ce n'est pos seulernent it Florence que les savants s'occu- sie paient de ce grand problérne. En A.11ernagne, on y pensait aussi et l'école de Regiomontanus en íit, eroyons-nous, le sujet de ses méditations. Un documcnt contemporain pon connu, vient á l'appui de notre dire. C'est une lettre adressée pal' le D' Jéróme Münzmeister de Nuremberg h Joam IT, roi (le Portugal, te 14 juiilet 149381• Ji ignore coinplétement eL les proj et.s eL le départ et le retour de Christophe Colomb tant fut pon profnde , hors d'Espagne, l'iiupression proc] tnte par ceLle expédition devenue si ruémorable Le méclecin al!emand'propose donc au roi de Portugal d'équiper des navires afín d'atteindre en traersant l'oeéan Atiantique la région oü abondent la soie, les pierres précieuses et les épices. Mais, fait digne de remarque, nous retrouvons dans sa lettre tous les arguments dont se servireiit rposeaneui , cl 'abord et Christophe Colomb ensu ¡te, sans qu'un senl indice puisse faire soupçonner un écliange d'idées bu de mutuels emprunts. En jéalité, c'était un fonds commnn de réflexions inspirées par la leeture des polygraphes du moyen Age; c'était la résultante du travail qui n'avait cessé de se faire dan-, les esprits clepuis Aristote. Celle genése est bien connue eL a été maintes fois dérnontrée. Comparons maintenant les raisons aJléguées par Münzmeister ay ee celles de Christophe Colornb CO LOMB MÍiNZMJHSTIiII it. « II est possible de naviguer depuis la eMe occidet]tale de l'Afrique jusqu'h l'extrérnilé orientale de II udc, pa reo que la mer a peu d'étcuclue eutre ces deux pui nts, coinme le dit A vistoLe h la fl u fin livre TI da trail é 1. « Aristote affirme, it la fin du livre II du traité De £]aio et JI! undo , que l'Extréuic - Oiient habitable cst ti's rapproché de l'ouest ce qui e eneore démonIré par d'autres preuves eL l'opiilion clautres philosophcs. > Dii Ciel a de la Te,'re. » - 52 2. II y a dans le globo terrestre six parties de terre krnie; la septume partie seule est suibrnergée. a r 3. « Si c'cst une mev qui se trouye entre les denx,alors ¡1 sera fucile de la traverser en CueIques jours. a 4. « Commc toutes les mers et lentes les tevres réunies íorment une sphére et, conséquemment que la terre est ronde, un peut navigner de l'est b l'ouest. a 5. « Pedro Correa dit avoir va sur le rivage de lune des Açores, des tiges et des roseaux amenés par les vents d'ouest. » 2. « II n'est pus vrai que la plus grande partie du globo soit sous les eaux. An contraire, les mers ont moins d'étendue que la torre. » 3. « De nomhrenx argurnents prouvont quaprés u nc navigation de quelques jours sculement, on peutatterrira la cóte dii Cathay.» 4. " A l'exeniple de votre oncle Dom Henry vous n'arez épargné ni efforts ni sacri fices Imut. déniontrer que la terre est ronde, eOnséquemment... » 5. a Des pieds de bainhous sont souvent poussés par les tempétes jusque sur le rivage des ¡les Açores. Enfin Colomb et Münzrneister citent á l'appui de leurs misons les mmes autorités Aristote, Sénéque le P.hilosophe et le cardinal Pierre ci'Ailly, lequel nc [alt que répéter les arguments de Roger Bacon. Ces données, Colornb les repoussa plus tard loin de Ini, comme autant d'hérésics, non scientifiques, mais reiigieuses, car ji revint de son seeond voyage coirvaincu que l'esprit céleste seul l'avait aidé dans ses découve.rtes, « Pour lexécution de l'entreprise des Indes, je n'ai einployé, clit-il, ni le raisonnement, ni les rnappemondes, ni le calcul les prophéties d'lsaie ont été mes seuls guides » Ceinv alors da cordon de Saint François et revétu du froe de cet ordre, quil ne cessa plus de porter et dans lequel on l'ensevelit, Coloinb n'en resta pas moins un hoinme pratique. Si, dans S5 premiers appels, II avait invoqué seulement la Bible et les - 53 prophétes, peut-&re la découverte dii N6uveau Monde eitelle subi quelque retard. Ses pensées religieúses furent toujours tempérees par une justo appréctation des btens (le ce monde « L'or, dit-il, dés cette époque, est chose excellente, car ji nous permet rn&me d'envoyer des ámes en paradis 83 . a Ce n'est pas, d'autre part, que les raisons al!éguées par Toscaneili, par Coiomb, par Münzmeister, íussent justes ou nime plausibles. Au contraire, ji est raro voir pareil chapelet d'hypothéses erronées. Mais qu'ifflporte 1 Les dócouverLes dont le point de départ no lut pas une idée inexacto se comptent sur les cinq doigts de la main. Notre science moderne elle-mme, si justement vantée, est bm d'étre exeifipte de cette tare inóvitable. La découverte de la ptanéte Neptune, par exemple, qui offre plusieurs points de resseinblance a y ee celle de l'Amérique, nous présente autant tl'erreurs. Les équations de Le Verrier no l'ernpchérent point de se iromper sur la masse, sur l'excentricité, sur la distance et sur !'orbite de l'astre perturbateur, astro dont ji démontra riéanmoins I'existence. * 44 Et cependant, l'évolutjon du grand projet dans i'esprit de Christophe Colomb no fut pas essentieHe pour amener des résultats identiques á ce 'ix que nous cdébrons aujourd'hui La découverte du cap de Bonne Espérance, par Barthélerny Dias, en 1486, six années avant celle de l'Árnérique, décida le roi de Portugal á tenter de nouvelies expéditions matiLilTies. II s'agissait toujours d'arriver au pays des pierres précieuses, de la soie, des aromates et des épicos. Le lundi 9 mars 1500, une flotte portugaise de treize - 54 navires, comn-janclée par Pedro Alvarez Cabral, partit de Lisbonne et fit voile pour le Malabar et Calicut. ChcrchantTá échapper aux calmes dii golfe de Guinéc et aux vents alizés du sud-est signalés dans les instructions que Vasco da Gama avait rdigées pour ce voyage, Cabral se dirigea plus á l'ouest que saroute nc le comportait. Les brises qu'il voulait éviter et le courant équatorial du sud, dont personne alors nc soupçonnait l'existenee, le jctérent bors de la y ole traeée, et un jour de !'octave de Pñques, !e 22 aviil de Fan 1500, ses caravelies vinrent inopiné.rnent atterrir á un pays que nc connaissaient encore ni les Portugais ni les Espagnois 84 . C'était le Brési!! Ces faits sont connus, mais on néglige d'en tirer la conséquence inéluctable, á savoir cine, méine si Christophe Colomb n'avait jauiais vécu, l'Amérique eCu néanrnoins été dácouverte al¡ printemps de la premiére annéc du xvi° siécle. * Maintenant nous sornmes en Espagne. Jo! 1rum1)/tc! Voici venir la elochette eL les ver-es. Dans les Athénées, en prélude á la célébration dii cenlenaire par une sorte de veillée des armes. Depuis Fan passé, orateurs, savants, acadéniiciens, discourent périodiquement, ay ee une faconde á nulle autre pareilie, sur Co!omb, sa vie, ses voyages. L'attitude est celle du !évte exer çant son sacerdoce. Malgré so¡, Ion songe cette chapel!e de monastére oü se succédent á l'autel les fréres du tiers ordre pour psalmodier saris reláche les veflus de saint Francois. Mais ji y a une différenoe. A i'Atbénée de Madrid, la voix s'éléve souvent pour rarnener les audiieurs trop fervents au calme et ala méditation. Co!omb, nul nc doit !'oublier, est né hors d'Espagne. Sa gloire nc fut done pas sans niélange. Ce n'est - 55 pas lui, en réalité, qui découvrit 1'Arnérique, mais bien Martin Alonso Pinzon, véritahie Espagnol, né sous le beau del de l'Andalousie. Et voici comment se démontre le fait D'abord, Iongternps avant de connaitre Christophe Coiornb, Martin Alonso Pinzon savait que la Chine se trouve de l'autre cóté de i'océan Atlantique. 11 n 'ignorait pas non plus l'existence des contrées mémes que Iui et le Génois devaient découvrir ensemble. Cette science gerrna dans son esprit, alors qu'étant alié á Borne vendre des sardines, ji profita de l'occasion et fut visiter la hibiiothóque du pape a yee un sien ami. Ce dernier, grand cosrnographe, Uit voir á Pinzon une mappemonde sur laquelle étaient représentées les torres oii personne encore n'avait abordé etd lui donna les renseignements indispensables pou' atteindre ces régions bmtaines. Sur ce, Pinzon, sans tarder, équipa trois navires, á ses frais, afín de tenter l'aventure. Colomb, ayant entendu parler de ce projet, se rendit Palos, oü Pinzon s'ernpressa de se mettre á ses ordres, l'aidant de ses conseils eL de sa bourse, voire de son infinence, qui était grande á la cour de Ferdinand et d'lsahelle. Enfin, le généreux capitaine de Palos lui transféra les caravelles qu'il avait arrnées á grands frais, de son propreargent: •sacrifice rornantique (sic) et enti&ernent désintéressé, qui no fut pas sans exercer une certaine influence sur la réussite (le l'entreprise. Q uant au voyage et á la découvcrte de l'Arnériquc, on no nie pas que Christophe Colornb partit de Palos et traversa l'Océan mais avant d'atteindre les torres nouvelies, le courage ini rnanqua. 11 vot lut á mutes forces revenir au port sans avoir accompli sa tAche. J-leurensernent, Pinzon, son lieutenant, mais en réa]ité son supérieur, veiilait. Ji intervient, it ranirne le cceur de Colornb, il impose Sa volonté, - 56 ji indique la véritable ronte ñ suivre et hientót apparait le Nouvean Monde Ces halivernes, que les aeadémiciens espagnois se soni donnés pour rnission de propager 85 eL qui vienneut de valoir lun d'eux 86 une eouronne de lauriers tressée parles populations reconnaissantes, ont été rarnassées dans des mérnoires d'avocats déblatérant sans contróle et oiil'absurde 'e dispute au mensonge. Cette serie de cures ridícules, iniplicitement reconnus f'anx par les décisious constantes do Conseil des Indes, fut produite au cours de procés que les (ieseefldaflts de Pinzon, longtemps aprés la mort de Icor aeul eL celle de Christophe Colornb, nc cessérent d'intcnter et qu'ils perci irent toujours. Personne d'aUlcurs, méme en Espagne pendant quatre siécles, n'a jainais ajouté lo¡ ñ ces contes. 11 est parfaitement possihie que Martin Alonso Pinzon soit alié vendre des sardines aRowe en 4491 eL qu'on lvi alt inontré dans la hibliothéque dii Vatican une caite représentant des terres supposées transatiantiques. Nous possédons encore plus de cmquante portulans, mappeiuondes on sphéres construites avant 1493 oü figure, naturelienient, la cóte orientale de l'Asie, ayee des ¡les imaginaires et fantasiiques senlées sur 1'Océan. C'est évidemment une de ces cartes qu'on aura fait voir h 1inzon ; s'il y découvrit la possibilité ciun atterrage aux Indes, eette trouvaille peut lui étre disputée par tous ceux des rnari:ns qui jetérent jarnais les yeux sor un glohe terrestre ou sur une rnappemonde. 9 uant á l'assertion que les navires appartenaient á Martin Alonso Pinzon on á n'importe que1 membre de sa famille, elle est ahsolument controuvée. La petite eseadre eornprenait en tout trois caravelles. La plus grande el la seule pontóe, appeiée la Santa Maria, appartenait á Juan de la Cosa; la - 57 seconde, la Pinta, á Cristobal Quintero; la troisiéme, la Niña, d'aprés un document publié par ces biographes euxmmes, aurait appartenu á Juan Niño. Aucun de ces trois propriétaires n 'était le parent ou . l'allié des Pinzon. Les écrivains ci coníét'enciers espagnols, dont nous examinons Ja thése oir les paradoxes, no e contentent pas de généralités. C'est par le menu surtout qu'ils briltent. Ay ee plus de patriotisme mal entendu que d'esprit critique, on les voit s'aventiirer jusqu'á redire les paroles mAmes qu'échangérent Colomb et Pinzon pendant le voyage. Ces dialogues nc sont pas de leur cru. La glose et les apantés (can souvent on se éroit ú la comédie, doivent seuls Atre attnibués á cette classe partieuliér'e de panégyristes. Le Fond, les rnots eL les phrases, pnoviennent des bavardages d'un viéillardde quatre-vingts ans eL plus, recuejllis quarantecinq années aprés la découverte. Ce témoin, proehe pareni de Martin Alonso, interrogé sur les preuves ou sur les sources de ses allégations, répond d'ailleurs que, personneliement, ji iie sait rien du tout, puisqu'il n'y était pas, et se borne á répéter ce que luj dirent... les írnes Pinzon 11 1 Nous reeornrnandons aux légistes cette maniére si impantiale d'élueider une enquéte. Voici done, d'aprés ces précieux renseignements, ce que Martin Alonso laissa tomber de ses Iévres au moment oü, abattu, anéanti, jetant le manche aprés la cognée, Christophe Colomb implorait son seeours. No perdons pas un mot de ce eolloque « Les trois navires ayant été rénnis á la portée de la voix, Martin Alonso Pinzan dit á l'Aminal - Que me veut Votre Seigneurie? Et Colomb répondit - Martin Alonso, les gens qui sont N man bord murmurent et veulent s'en retourner. C'est aussi man sentiment, - 58 car ji y a assez longteirips que nous naviguons sans avoir trouvé la terre. « EL Martin Alonso de réplicjuer a yee énergie - Faites pendre haut et court ou jeter á la mer une derni-donzaine de ces gens. EL si vous n'osez le faire, rnoi eL mes fréres nous irons á votre bord et 1exóeuterons incontinent. Une flotte envoyée par l'orclre de si grands monarques nc saurait revenir sans apporter de bornes nouvelies. » « Sur CO, l'Amiral [Colornb] se soumit á la ferme voionté du capitaine (le Palos [Pinzon] 88. Ce dialogue, qui tient piutóL de l'opérette que de Phistoire, h la façon surtout dont un des biographes espagnois l'encadre eL l'ernbeliit 80 , nous est nanmoins donné comme parole d'Evangile.Avocats de profession pon¡, la plupart, ces orateui's eL ces apologistes eussent pu, ce semble, reproduire un autre témoignage pris daus les premiers interrogatoi res et qui est d'une certaine valeur. Nc mt-ce que pour prouver précisément le contraire de ce qu'ils affirment. Voici cette déposition « Le témoin Manuel de Valdovinos clit qu'ils [les Pinzon] s'approehérent avec leurs navires de celui de Colomb et lui dirent - Seigneur, oü allons-nous ? Aprés un trajet de huit cents licues, nous n'avons pus eneore trouvé la ten-e et ces gens croient eourír á icur perte. « Colornb répondit - Martin Alonso, faltes rnoi le plaisir de passer encore ayee rnoi ce jour et cette nuit et si je ne vous montre pas la terre avant demain matin, alors coupez moi la téte. Si je nc tiens pus ma prornesse, vous pourrez tOujours vous en retourner 1 - 59 « Martin Alonso répliqua - « Maintenant, Seigneur, qu'il en solt done ainsi et que jamais Dien nc veullie que la uiotte d'un si grand roi [agisse autremenq non pour cette nuit seule, mais durant une année [s'iI le faut]°° ». En d'autres termes, c'est Pinzon qu'il faudrait accuser d'une défaillance, Colomb, au contraire, aurait persisté dans lentreprise. Ajoutons que ce térnoignage fut produit par les Pinzon eux-mémes. Leurs avocats posthumes nc peuvent done le récuser. D'ailleurs, comment eroire un seul instant que Colorub eflt jarnais souffert de son subordonné le langage ridicule et insolent qu'enregistrent a y ee une joie manifeste ces trop zélés déíenseurs «une séquelle de faux témoins? PeuL-on s'imaginer aussi une faiblesse, un abaissement plus contraires á ce que, de source certaine, nous savons de I'audace, de la persévéranee, de la fe¡ robuste en so¡-méme eL en ses idées, qui constituent le vóritable caractére dé Christophe Colomh? Répéter de pareilles billevesées eL y croire, c'est étre aveugié par l'arnour-propre national, e'est reconnaitre ciu'on nc sait pas dépouiller un dossier, c'est prétendre tenir polar nulles toutes les chroniques et tous les documents contemporains. N'ayons crainte. Des paroles creuses, mcme sonores, nc sauraient suffire. Les gens sensés croiront toujours que Pierre Martyr, Bernaldez, Oviedo et Las Casas, témoins oeulaires du retour des caravelles, en savaient plus long sur le róle de Colomb eL sur celui de Pinzón que les conférenciers de 1'Athénée de Madrid! Ce ne sont pas non plus les preuves qui manquent et nous saurons bien montrer, avant longtemps, ce que les allégations sur lesquelles eomptent les aeadémiciens espagnols pour en imposer a l'opinion publique ont de faux et de frelaté9t. 60 Colomb n'avait pas trouvé facijernent des hornrnes qui consentissent á le suivre; aux crimineis de toute sorte qui voudraient s'enróler, on avait pronis de suspendre á leer égard l'action de la jusUce. On doít croire que ce n'est pas seulement léquipage du vaisseau-amirai qui était sí mélé. Martin Alonso Pinzon et son fr&e, VicenteYañez, sur les deux autres navires, durent aussi souffrir du niauvais vouloir, de l'irnpatience et des piaintcs de Ieurs mateiots. Dans ces conditious, ji est naturel que les cornmandants se soient réunis pour pater á une insubordination de plus en plus menaçante. On s'explique aussi que Colomb et les cicux Pinzon, tous trois howrnes forternent trempés, alent résolu d'un cornmun accord de n'abandonner l'entreprise qu'á la derniére extrémité. Mais prétendre que les capitaines de Palos seuls eurent cette force de caractére, tandis que Colomb, étre pusillanime eL découragé, ne fit que subir leúr ascendant, c'est se moquer! Pour Martin Alonso Pinzon partieuhérement, l'historien se demande oi ces apologistes de la derniére heure ont encore été chercher ce qu'iis nous racontent de ses vertus et de sa part prépondérante dans l'équipernent de la prcnuére expédition de Colornb? Ces fables proviennent de la mme source empoisonnée. Le discours d'ouverture des fameuses conférences de l'Atliénée de Madrid, - qu'avec ironie, ans doute, on nous dit nc devoir &re guidées que par la vérité historique » -, décrit Pinzon comrne un personnage ahsolument désintéressé et qui s'engagea dans cette tentative « sans l'espoir d'une récompense ». Les actes prouvent, au contraire, que ¡'entreprise fut pour lui une affaire, et rien de plus. Le procés intenté par son lBs ethéritierdevant le fiscal, en 1508, énonce positivcment « qu'en vertu d'une convention intervenue á - 61 Palos lors de l'armernent de lexpédition, Colornb s'éiait enagé h partager ayee Martin Alonso Pinzon tout ce que les Rois-Calioliques lui accorderaient ». Et c'est ce partage que les Pinzon nc cessérent de réclacner en justice pendant trente années. Voilá pour !'idée que sa propre famille avait du clésintéressernent si vanté aujourd'hui de ce capitaine. C'est dans l'habileté prOfessionnelle et la hardiesse clont lis firent preuve, - eL auxqnelles Colomb fut le premier á rendre justice ¿__; c'est dans leurs efforts pour former un équipage, que résident les bons offices rendus au navigateur génois par les Pinzon. Certes, ce fut un service signalé; mais Martin Alonso Pi.nzon nc fit rien d'autre, de sa personne Ou de ses biens, pour le noiis eL l'équipement des caravelles les documents le prouvent. Quant Ii lui attribuer le róle principal dans l'exécution eL le succés de l'entreprise, á en í'aire inéme - chose incroyable ¡—une sorte d'esp.rit lomantique 02, c'est encore une Fantaisie qui nc supporte pas i'examen. Pinzon est mentionné pour la premiére fois le 6 aoúL 1492, jour oü le gouvernail de la Pinta, qu'il eommandait, se rompit. Le 21 novembre; ji disparait subrepticeinent, ayee l'intention de faire des découvertes pour son conipte, eL, en effet, la seinaine suivante, sa caravelle atterrit á FTispaniola, recueille un peu cl'or, se ren)harc1ue et rallie l'escadre. Le 23 janvier, il disparan encore. Cette fois, ce mann, prétendu romantique et désintéressé, cet « astre de premiére grandeur », abandonne tout Lt fait son chef «une façon indigne, et vogue vers i'Espagne, comptant recueillir avant liii l'honneur db la découverte. Le fait est patent. Les historiens sont unanimes pour condatuner la coiduite de Pinzon. C'est aussi le verdict de la posténité; tous les acadéiniciens, tous les phraseurs du - 62 royaume (le Castille n'y pourrontjamais riel) changer. Maintenant. que Martin Alonso soit mort de ehagrin, bourrelé de rernords, comme te dR Las Casas, oi simplement de maladie en aébarquant, ainsi que le déclare un térnoin, cela importe Peu * Sétre imaginé qu'un Espagriol avait découvert le Nouveau Monde niaigré Christophe CoIo.mlá, ne Uit-ce que par ricochet, et réussir á faire de eette niaiserie patriotique un article de foi pour la nation entiére, c'élait déjt un beau succés, quoique prévu. Mais, quand en prend do galon, en n'en sauvaR trop prendre, et l'Académie madriléne (le i'I-listoire eut manqué á sa noble mission si un dé ses inembres, fút-il seolement de la catégorie provineiale et secondaire nc s'était mis á 1'uvre pour renforcer les droits acquis de ce cheí par 1'Espagne á l'éternelle gratitude du genre humaín. Le probléme était de dédoubler Pinzon, sais I'amoinclrir. Qn s'avisa dexhiber une autre gloria nacional, á cóté de lui, et ce fuL encore un Anclalous qui décrocha la timbale. Son nom est Alonso Sanehez. Ii était pilote et, nous dRon, de Fluelva méme. Un jour de l'année 1484, qu'avec Son petit navi.re , chargé, heureusement pour lui, de sucreries et de conserves, ji venait des Canaries, une saute de vent le porta vers I'ouest, loin et longtemps. C'est alors que sa cay -gaisondeucrtbisadneluvtré utile. BreF, co fut ú Saint-Dotningue qu'il aborda. A.0 retour, Alonso, ayaut fait escale á l'ile de Tercére, se mit mncontmnent á la recherche de Christophe Coloinb, déjá fameux, semble-t-fi, comme navigateur eL cartographe. Colornb l'aceueillit a yee amour con mucho amor. Mais pris dun malaise subit, ce qui s'explique d'ailleurs par la nature 63 spéciale de son alirnentation durant ce péniblevoyage, Á Ion sh n'eut que le temps de révéler ñ Colomb le secret de sa déconverte et de mourir dans sos bras. Ce conte a été pris clans un livre écrit quatre-viugts ans aprés la date de cette prétendue histoire el n'est qu'une paraphrase revue et considérablemeiit augrnentée dun réeit publié par Oviedo 04 en 1535, nlaís uniquement pon¡en faire ressortir le earaetére apocryphe, audacieux et absurde. Discuter pareille fable, ailleurs que sur les rives clu Guadalquivir, serait faire injure á l'intelligenee du lecteur. II est un fait, cependant, qui peut expliquer l'origine des revendications de cette nature et qu'on a toujours vu se produire quanci une clécouverte est livrée á la pubiieité. Des le milieu du xv° siéele, de hardis inarins portugais, açoriens, anglais, teniérent d'atterrir aux ¡les fantastiques, telles que celles (le Saint-Brandan, des Sept-Cités, de l'Antiha, etc., semécs á traiers i'Oeéan sur toutes les rnappetnondes du moyen ñge. Nous avons relevé ° (outre les voyages des Scandinaves, qui sont d'un ordre clifférent el furent suivis d'effets), de 1431 ñ 1402, vingt-et-une expéditions de ce genre. A.ueune de ceiles-ei n'atteignit les cótes du Nouveau Monde; mais le souvenir de ces tentatives resta fixé parm les populations maritimes, partieuliérement aux Açores, qui en furent le principal foyer. C'est de la, certainement que provient cette catégorie ele légendes, y compris ee]le de lítica Garcilasso de la Vega que nous avons rapportáe plus haut. Le succés de Colornb leur donna un regain qui n'est pas encore oublié, * 44 11 efit été d'une bonne politique de nc pas limiter le mérite HA .... o., - Chrizrophc Cokmb devan: ¿'Jfisioir. 5 1 - - de cette grande entreprise aux seuis efforts de pilotes andabus. Cortes, les aeadérniciens espagnois out assez dimagination pour satisfaire le désir si naturel qu'éprouvent d'autres prrninces que l'Andalousie de figurer sur ce palmarés «une nouvelbe espéce. La Biscaye, par exemple, peut dores el déjñ revendiquer cet honneur insigne, car selon les preniéres versions, l'aventureux ilautonier était au méme litre natif de ce pays. C'est longtemps plus tard que iluelva, par suite «un avatar non encore expliqué, dcvi ut exclusivement le Jieu qni vil naitre Alonso. Enattendant, les lles de ce beau :royaume ont dé élevé la voix. Majorque insiste pour que justíce liii soit rencbue, á cause de Raymond Lulle, natif des l3aléares. C'est dans hin des cjuatre mille écrits de ce docteur illuminé que Coloinli el puisa l'idée doM la réa!isation devait l'illustrer, mulle part ailleurs. L'honneur de ceLLe heureuse trouvaille, juste récomieise de profondes recherches, revient ñ une gentille dame. d'abord, puis á un révérend pére jésuite, el ce ful eneore A l'Athénée de Madrid, dans une de ces étonnantes conférences doM nous avons dejaentretenu nos lecteurs, que la lumiére se fil. Aprés avoir sacrifiéauxgr&ces, sebonles rites de ce temple, fin-de-siécle, de la gratitude el de la vérité, e'est-á-dire en rappelant d'unc façon part.iculiére les mérites de Christophe Cobomh récemrnent découverts en Espagne, teis que, par exeinple, « son ambition, son népotisme, sa dureté et sa cruauté, son prurit esclavagiste et sa soif de l'or, réstes de ses anciennes pratiques de corsaire el de boucanier" », la charmante conférenciére pose les principes suivants « C'est Raymond Lulle qui, en réalité, a riñcou.vcrt les Amériques. A Colomb, en récompense de son énergie el de sa persévérance [on n'cst pas plus aimab]e 1], fuL reservé l'im- ¶1 —05 mense honneur et la chance de les rencontrer deux siécles plus tard L'académicicnne (ou digne de l'étre), prouve ensuite tbése en ces termes « Raymonci Lulle, dans ses Qna?ssionespel' ailenz denzons livam solubiles, n° 154, enseigne que la cause principalc du flux et du reflux de l'Océan est la courbe des eaux appuye sur une terre occidenta]e, á l'opposé de 1'Angleterre, de la France, de lEspagne et de i'Afrique, laquelle est portée sur les cótes de ces pays; attendu que la courhe des eaux, comme corps sphérique, doit pouvoir s ' appuycr sur un archoutant h l'opposé° 8. » Comme si Chrístophe Colornb, qui conbait avec I'Jniago niundi du cardinal Pierre d'Ail!y sous son oreiller, avait eu besoin (le ce galimaiias majorquin pour concevoir la pensée d'unc expédition transatiantique! Pour &tre complet, ji failait aussi démontrer que le grand Génoisavait ¿tudié les Qua.iiones précitées. C'cst ici que le savant pórejésuite, á c}ieval sur un ancien acadérnicien péninsulaire, se révéleet nous donne encore un de ces échanl.illons de la logique et de la profoncleur qui distinguent la science espagnole entre tontes les sciences du monde. D'abord, Raymond Lulle aurait Iaissé á Génes, á la fin du trciziérne siécle, tous ses papiers - ccci est une premiére invention. - Ces papicrs auraient contenu Jesdites Qzues¿iones - invenlion n°2. - Ce serait dans la clenieure !némc de Christophe Colornb (né plus de deux cent cinquanteans aprés), qu'ils auraient été déposés - invention n° 3. L'impariialité nous faiL un devoir de reconnalire que ce curieux chapitre d'histoire hispano-péruvienne el semipalrlotique a pour base, non seulemcnt des hypothéses, mais aussi un amas de déductions assez réussies. Le lectcur en jugera - 66 « Un nominé Stephano Colombo (?), Génois, marlyrisé par les Maures, 1k don de ses restes mortels au ro¡, [de Bougb] ay ee l'arrióre-pensée que ce dernier ]ui FeraiL le plaisir de les envoyer h Génes. 11 n'y a done ahsolument rien cUinipossihie á ce que les papiers (le Raymond bulle [qu'on no distingue pas trés nettement dans celle affaire de pompos funébres], aient été envoyés en Ligurie". » D'ici, nous yoyons les ancétres de Colomb recevant, dans quelque viJiage de la Fontanabuona, les cucombrantes paperasses du philosophe baléarien, et cos patines tisseurs, qui cortes no savaient pas lire, conservaul ayee soin, «un siécle á l'autre, des traités de métaphysicpie, dont jis devaient se soueier cornme un poisson d'une pomme , les transportant ay ee eux de Moconesi á Quinto, de Quinto á G€nes, de Génes á Savone, et Christopbe Colomb, enlin, délaissant son métier á tisser pour approfondir les Qurestiones pci' arle/ii clemonstratwam solubiles! * Ces prétentions rétrospeclives s'expliquent et no manquent pas d'intéit. Leur moindre défaui, c'est d'éveiller i'envie de tant cl'auires villes clu royaunie, qui peuveni certainernent exciper de droits aussi légitimes tt un tel honneur. Les académiciens espagnols eussent df ' éviter ce désagréme:nt. Patrioles, profonds politiques, connaissant l'histoire coinme personne, j is pouvaient des le début enrayer le inouvement. Pour ces érudits, rien de si facile. 11 suífisait de produire une rcvendication j)lus flatteuse encore pour la patrie et la premiére dont les annales de la péniosule aient gardé le souvenir. C'était donner satisfaetion k tous et á chacnn; du eoup, en effet, Colomb se serait trouvé dépossédé de son injusto gloire, non au profit de Huelva, de Majorque - (37 ou de Bilbao en particulier, mais au profit de l'Espagne tout entiére. Cette réclarnal ion eonciliatrice a été forL1ulée a yee éelat en 1535, par Gonzalo Fernandez de Oviedo, historiographe royai, dans son histoire des ludes 101 , écrite sous les auspices de I'einpereur Charles-Quint, de glorieuse niémoire. Elle s'y trouve soutenue ay ee une précision, une ampleur d'arguments et de preuves qni foniprévoirlasciencegrande eL sfjre (les hisloriens péninsulaires de notre époque. La voici, résumée au plus prés Les Indes occidentales, Cuba, Flispaniola, Porto Rico, etc., nc sont en réalité que 'es ¡-Tespéricles, ainsi nommées claprés ceiui qui découvrit ces ¡les, c'est-h-dire Hesper, douziéme roi d'Espagne, mil six cent cinquante-huit ans avant la naissanee de Jésus-Chríst; - ñ preuve, ce que rapportent ayee une flclélité incontestable, Bérose , Calepino et isidore de Séville, surloul ce dernier (un coinpatriote). L'illustreÁcadérnie royate clel'l-listoire, désormais avei-tie, clevrait conseiller aux villes rivales d'abdiquer, devani un droii aussi auguste que celui d'Ffesper, la gloire d'avoir vn naitre le héros qui le prenier aborda en Amériquc. Elle n)eltrait fin ñ cctte concurrence qui est un véritable créve- cceur pour la galerie. * *4 L'honneur castillan exige en plus que certain fait histoj-icj ue, présent á la mémoire de tous, sok élucidé \ nouveou eL selon les inéthodes qui régneni en Espagne. Tout le monde a entendu parler de Bobadilla. C'est le procoisul que Ferdinaud et Isabeile cnvoyérent á 1-Jispaniola en 1500, afin de procéder á une cuy uéte sur les actos, vrais 0(1 Su])O55, de Christophe Colomb. On ]ui reprochait le désordre - 68 de la colonie, les cargaisons d'lncliens inoffensiís expédiés á plusieurs reprises pour €tre vendus sur le marché de Séville, cornrne esclaves, eontrairement aux ordres d'Jsa.belle, voire n)me trop pca d'empresse.ment á faire parvenir l'or que ion cornmençait á extraire des mines. Le lecteur sait eomment Bobadilla, malgré les vertus qu'Oviedo lul attribne, abusa des pouvoirs doni ses souverains l ' avaient miirn. De parti pris, sans explicatioris, ce grand seigneur espagnoi s'empara du gouvrnernent de l'ile, ainsi que des papiers et de la fortune privée de Colomb et de ses fréres, qu'U jeta en prison. Nous devons dire aussi que l'inflexibilité de caraciére de Barthélemy Colomb, chargé en l'ahsence de Christophe de gouverner la colonie, avait exaspéré les Espagnois, peu enelins de Lentes façons á supporter le commandement dna étranger, en mitre, hoinme d'origine obseure. Christophe Coiomb, lui-méme, n'avait pas toujours la main légére. Pon y nc eiterqu'un exemple ou deux Adrien de Mogica, réfraetaire á son autorité, avait été condamné ñ éire pendu. Espérant rearder l'exécution, ce rehelle différait autant que possible le moment de se eonfeser. Colornb, about depatience, lefitjeterpar dessus les créneaux du foit 101 . 11 s'irnagina aussi d'ordonner qu'on eoupht le nez et les oreilles des Jndiens coupables de méí'aits. Nous nc devons pas condure tic la qu'il fui inhuinain. Coloiiib nc se résolut h faire exécuter Mogica de eette Facon quaTvee des larines dans les yeux°2. Et s'ii prescrivit ces aifreuses mutuations, c'est pour I'uniqne motif qu'elies laissaient des marques fon difficiles á dissiinuler 103 My voyons que les mrnurs (le l'époque et partieuliéremeni celles des Espagnois. Ces cruautés étaient alors dioses nainrelles; et le vertueux l3ohadilla en personne n'ent pas hésité ales eomtnettre le cas échéant, - 69 Aprés I'avoir mis aux fers et gardé deux mois dans un cachot, Bobadilla renvoya Colornb en Espagne. C'est enchainé par ses ordres cornme un vil crimine!, que l'homme qui découvrit le Nouveau Monde fut ramené á Cadix. M. le Président clii conseil des ministres á Madrid, inaugurant les singuliéres conférences (le 1'Athénée, se serait écrié : « Somme tonto qu'a fait Bobaclilla, SiflOI1 appliquer le prncipe, aujourd'hui chéri (le tous, de l'égalité devant la lo¡ ? Colomb, ses yeux, était un délinquant comme délinquant íl le traita 104• Mais c'est justemcnt Ce principe que Bobadilia a violé; les preuves sont positivos sur ce point. C'était aussi, alors consme nsaintenant, un principe chéri (le bus que !'accusé est pstm innocent jusqu'á ce qu'ii ait été reconnu coupahie, et que nul no doit le frusirer des pi1viléges que cette présomption comporte. D'ai!!eurs, Colomb avait acquis assez de droits á la reconnaissance de son pays d'adoption pour se VOil' épargner le traitement réservé aux vagabonds et flux malfaiteurs de la pire espéce. Eit-on traité ninsi Gonzaive de Cordoue quand, Ferdinand d'Aragon, en prole dinjustes soupçons Ini ordonna de quitter Naples et (le iicencier son armée? Un pareil acto ne se j ugo pas non plus a yee des maximes, des 1jhrases et des lieux consmuns. C'est du fonci de la conselence, spontanément, qu'en face de íaits semblables surgit Ieblñnie. Pourétreminisire, onn'estpasinoinstenudescruter les faits et de connaltre l'histoire. Les récits de Las Casas 405 et d'Oviedo 406 sont Formels. Bobadi!!a, en tout état de cause, outrepassa ses pouvoirs et son droit. Colomb no fut jamais un rebe!!e. Aussitót que l3obadi!Ia ini eút fait connaitre le inandat dont les Rois-Catholiques l'avaieut investi, ji quilta i3onao et, sans escoite, sans armes, seul, vint á Santo-Domingo se soumettrc á son autorité. A la premiére - 70 réquisition, ji enjoignit á son fróre Barthélemy de montrer la mérne obéissance, a y ee le ferme espoir que F'erdinancl el isabeile sauraient leur rendre justice. Mais avant de l'avoir interrogó, entendu on ménie ru, saris l'inforrner des charges produites contre lui, Bohadilla, n'obéissant qu'á la passion, fait enchainer Colomb, le jette dans un cachot, ordonne de le transporter les fers aux pieds, comme un galérien, hors dii pays dont ji avait doté FI, spagne, hors de la coionie qu'il avait fondée. Sont-ce ces odieux procódés que sur l'autre versant des Pyrénées on appelle le droit comniun Q uand des écrivains espagnois demandent qu'on netienne pas la nation entiére responsable de l'injustice coinmi.se par Bobadilla, jis sont dans le vrai, car co fut un acto individuel. Mais dófendre une indignité aussi flagrante, c'est payer d'audacé! L'histoire a fiétri cet acte inique. Eli! bien, dans les disCOUrS (le l'Atbénée, institués, chose bizarre, - potir célóbrer la niémoire de Christophe Coiomb, un orateur, broehant sur les paradoxes de son chef de file, nous informe qu'on no doit y véir qu'un ehátiment rnérité. Dans ce panógyrique, d'un genre tout á fait nouveau, l'hornme qui de l'Espagne doubla l'empire eL ciuiitup l a les richesses, est qualifié de despota, disleal, concusionario, in/tu,nano, dcsorga.nisador e inepto fli; c'est--dire de scélérat el d'imbéeile. Un (les journaux les plus inportants de la Péninsule, intitulé l'Jnzparcial, trouve dans ce jugement « une preuve nhuvelle des dons procligués par la riature á l'éloquent orateur qui Fa formulé aux applaudissements de l'assernblée el la marque de son mérito universellewent reeonnu d'historien érudit el profond" 8 ». En d'autres termes, la victime, c'est Bobadilla, et le spectacle (le Christophe Colomb, chargó de chames, n'est qu'un sujet de pendule 1 - 71 * Toujours dans cet esprit dé glorification, les académiciens espagnois viennent encore de .trouver quelque chose l'honneur dii héros. lis insinuent que Coioinb, á l'ige de ciaquante-cinq ans (selon leurs calcuis), non conterit d'avoir séduit Béatrice Enriquez, vécut á ses crochets. Les premiers traits de eette singuiiére histoire se diseeraent dans la biographie enluminée de Colomb récemment deja sortie des presses de Barcelone, et doat ji a été ques109• tion 11 s'agit du huitiérne des frais du premier voyage laissé i la charge du hardi Génois d'oú venait l'argent? a « Nous inclinons soupçonner, dit l'ingénieux biographe andalous, que la familie de doña Béatrice Enriquez, les Arana de Cordoue, ou grce á eux, d'autres hidalgos de cettc ville fournirent les sommes nécessaires. » Pour parler comme Basile, puisque la premiére scéne se passe á Séville é un peniice/io, Un' aurelia assai gen ti/e, Che insensibile, solide, Leggerrnense, dolce,nente, incorníncia a susurrar. Puis, « le mal est fait, ji germe, ji rampe, il eliernine et rin/orzando de houche en bouche ji va le diabie. » C'est dans une éiucubration hispano-américaine et prétendue historique, c]'un autre atadémicien espagnol, orateur célébre en son pays, que cette idée haroque revt sa forme définitive. « Les douhlons de .I3éatrice et de ses proches servirent défrayer les préparatifs de la grande entreprise. Nous rencontrons mérne dans les papiers de fainilie des cornptes d'arrérages entre les deux majsons. Pendant deux années, - 72 Colomh ne donna parmi nous anewi signe de vie, eornme si rien n'eut pu le distraire des joies et du bonheur immense atAquel it s'abandonnait á Cordoue 110 . » E le teve cd i corvo/ii Fa siordire, e fa gon fiar De/la bocca fuori ascondo, Lo sc/tiama.zzo va crescendo. Et voilit comme en écrit l'histoire á Séville et á Madrid 1 C'est une invention de toutes piéces.Penclant deux années, Colornb n'aurait clonné aucun signe (le vie, sabandonnant aux délices de Cordoite, dit !lllustre diseoureur. Le 5 rnai, le 3 jiiillet, le 27 aoót el le 15 octobre 1487, Colornb touche en personne aCordoue des subsides de Ferdinand et disabelle. Áu printemps de 1488, le rol de Portugal lui écrit á Séville et la lettre parvient parfaitement it son adresse 111 . Le 16 juín suivant, nous revoyons Colomb it Cordoue, yute oi on lui accorde de nouveaux secours. Le 12 mai 1489 112 , les flois Catholiques le font venir á la cour. Enfin, pendant les deux années qui Sflivirent Ii habite, it la connaissanee detout le monde, en Andntousie, chez leduede MedinaCcli, qui encourage ses projets de découvert.es Quels autres signes de vie pouvait alors donner le pauvre e ohscur aventurier génois? « Les doublons de Béatrice Enriquez. 1 » s'écrie l'orateur espagnol.La nialheureuse femme 1 Le pen (lije nous s-achions cl'elIe inspire la pifié, décéle la pénurie, la misére. La seule fortune qu'on cunnaisse de cette prótendue capitaliste consistait en une pension viagére de 10.000 niaravédis, it prendre sur le revdnu des abattoirs de Cordoue. Que le teeteur nc sursautc - 73 pa .s en voyant ce gros chiffre. Ces 10.000 maravédis représentaient exactement 296 franes de rente 114 . En 1498, á la veille de partir pour son troisiérne voyage, Colornb ehargea Diego, son fis légitirne eL héritier, d'ajouter 11 ceLLe pension une annuité de 10.000 mavavédLs; ce qui portait les inoyens d'existence de Béatrice á 592 francs, par an. Pour une femwe que certains prétendent avoir été de plein droit vice-reine et grande-am irale clouairiére des Indes, la pitance nous paran maigre. C'est la premiére fois que Béatrice se trouve mentionnée 115 La seconde fois qu'on lit son bm, c'est dans le testarnent de Christophe Colornb et en des termes qui méritent d'&re rapportés « Je dis et ordonne á mon fis Diego d'avoir soin de l3éatrice Enriquez, mére de mon fIs Fernand; qu'il la mette Li rnme de vivre d'une façon honorable, comme étant une personne envers laquelle j'ai [eontraeté] de si grands.devoirs. Ce que j'en fais, c'est pour alléger ma conseience, car cela pése lourdeinent sur mon &rne. 11 n'est pas permis d'en éerire ici la raison 116 » La raison n'est eertes pas de s'&re rendu débiteur de Béatrice sans la rembourser jarnais en espéces, mais de liii avoir fait un enfant et de i'avoir abandonnée. Enfin, son nom reparait, et pour la derniére fois, dans le testament de Diego, qui, se reprochant de ne pas avoir payé les 296 francs additionnels de Béatriee Enriquez pendant les trois ou quatre derniéres années de sa vie, ordonne ñ ses exécuteurs testamentaires de solder eet arriéré 117 C'est cela que l'éloquent académicien appelle « les comptes des deux maisons », tout comine s'il s'agissait d'un réglement d'hoirie entre Medina-Sidonia et Medina-Celi! Non, en vérité, ce nc fut pas Béatrice Enriquez, ni sa - 74 famille; ce furent encore moins les Pinzon qui avaneérent le huitiéme des frais du premier voyage de Colomb. Qui done alors se montra confiant eL généreux ? Le mérite en revient á des conipatriotes du grand navigateur, Génois et Florentins, établis Séville, Xérés , á Cadix, Jaeopo de Negro, Luigi Doria et Juanoto Berardi; á telle enseigne que ce deinier no fut jainais rernboursé de ses avances. Ajoutons, pour méinoire, que le huitiénie pour le second voyage fut égaiement fourni par des Génois Franeesco de Rivarol, Franeeseo Doria, Francesco Cataneo et Gaspar Spinola 119• * Et ce carnaval vient seulement de eornmeneer! C'est clu'en Espagne, la pensée qui préside á cette grande coinméinoration, h tous ces discours et á toutes ces f&es, n'est pas de célébrer la mérnoire du héros. 11 s'agit encore moins de rappeler avec orgueil aux générations nouvelies les serviees signalés que Christophe Colomb rendit ñ sa patrie d'adoption. Quatre cents sus de gloire n'ont pu encore luí faire pardonnr son origine étrangére et son sang de plébéien. Le stigmatc infligé par la morgue et la jaetance castillanes, gardant sa cruelle einpreinte ñ travers les siécles, reparait plus profond, plus injusto que jamais 1 L'Espagne no pent, no veut se soumettre á l'idée quelle est redevable i un étranger d'avoir éiendu son einpire au-delá des niers, conc1uis etouvertl'activité humaineunhérnisphére entier, étnerveillé l'Europe pendant cinquante années. C'est grñee eneore ti ce pauvreémigrant, ace Génois en guenilles, it son génie, it son initiative et it ses efforts, que la nation espagnole doit de pouvoir venir aujourd'hui réclanier une place parmi les peuptes qui ont bien inérité de la civilisation. Grenade eL Lépante s'effacent devantie souvenirdeladéeouvertedu Nouveau Monde 1 - 75 -:-. Cette dette de gratitude futtoujours lourde á poi-ter. Un noble cur ccpendant protesta, á l'époque rn&rne, contre une méconnaissance ailssi odieuse. Oviedo, s'adressant A Charles-Quint, cut le courage de dive, en pleine cour « Ji est notoire que Christophe Colomb a découvert les Jodes au lenips de vos nobles aieux. C'est un des plus signa1s serviees que s.njet alt jainais rendu á son souverain. En vérité, je nc tiens ni pour Castillan, ni pour bon Espagnol quleonque oserait le méconnaitre. Soyez persuadé, Sire, que les aneiens cussent élevó une -tatue d'or á un pared homme, sans eependant se eroiie quittes envers lui 120• Ce sentiment est vrai. Tot historien impartial le partage. Ce fut A Madrid mme, ji y a trois siécles, qu'un généreux écrivain l'exprirna. Qui le croirait de nos jours en écoutant les diatribes prononcées A I'Athénée par des orateurs espagnois, aux appiaudissements (le l'assemblée? C'est qu'un nouvean sentitnent, non moins inique, vient maintenant se greifer sur l'ingratitude. On veut, au delá des monts, revoir Je verdict de la postérité. De petits esprits s'itnaginent qu'ils peuveit arnoindrir le róle de Christophe Colornb dans Phistoire, et hon seulernent réhahiliterdes comparses que le temps a flétris, mais assigner A ¡'un, la preniére place, aux autres un rang digne d'envie dans la mémorable entreprise. Martin Alonso Pinzon, le lieutenant de mauvaise lo¡ et transfuge; le Pére Boil, moine aux hasses intrigues; Bobadilla, le despote atrabilaire, esprit éti-oit, Ame mesquine, voilé les hommes que l'Espagne cherche A soustraire au mépris et qu'elle veut honorer, en rabaissant Colomb, son ocu yre, ses services et sa gloire * Mais A qui pense-t-on en imposer? Ces aeadémiciens s'ima- * 76 ginent-ils qu'A Paris, h Londres, á Munich, h \Tjenne c'est comrne a Madrid el á Sévilie; que les gens qui écoutent el qui lisent sont si crécluies el ignorent á ce point l'histoire, qu'ils puissent jarnais se iaisser prendre á de vaines prétentions elá des phrases, inspirées par un insatiable orguei!, laneées du haut des tréteaux ? Demain, il y aura quatre siéctes que des historiens étudient les annales de la découverte du Nouvean Monde. Cinq ebroniqueurs espagnois Pierre-Martyr d'Anghiera, Oviedo, Las Casas, Bernaldez, Marino Siculo, tous témoins de ce grand événement; d'autres, comme Herrera, Muñoz, Navarrete, qui, par leur position ofíieielle d'historiographes, eurent accés aux archives les plus secrétes de Simancas el de Séville, nous ont laissé des récits ci des analyses qui témoignent d'unc connaissance approfondie des docu ments. Aucun d'eux n'avait intérét á dissimuler la vérité, surtout mi détnnient de Castillans el d'Andalous el pour le profit «un homme que les Espagnols n'aimérent jamais. Ferdinand d'A.ragon (pour sa filie Jeanrie), Charles-Quint, Philippe II, nc pouvaient que gagner á váir l'uvre de ce Génois dirninuée et á en partager le mérito entre leurs sujeis. Pendant deux siécles, les voótes da Conseil des lndesretentirent des réciamations provoquées par un immense héritage, qtn n'avait d'autre origine que la part de Christophe Colomb dans cene découverte mmc. Au cours de ces procés d'hoirie, la Couronne dut maintes fois intervenir; enquétes, ménioires, plaidoyers, décisions judiciaires se succédérent sans relAche, épluchant les faits, remontant ant sources, en appelanl aux témoignages contemporains. Ces chroniques el ces dossiers, nous les possédons tous. Vainement ony chercherait un seul indice plausible du róle prépondérant el des vertus que les discourcurs espagnols, académiciens el conférenciers des deux sexos, inspirés 77 par un patriotisme dévoyé et futile, préteiclezit conférer Martin Alonso Pinzon, ?t Bobadilla, h Bod, nous nc savons ü qui encore! Est-ce done que ces apologistes ont exhumé de Siniaheas ou de lArchive des Jndes que!que nouveau dossier, authentique et contempora in Les plus aneiens docunients qu'ils eiteut furent coii nus des premies chroniqueurs, en particulier de l'évéque l3arthélemy de Las Casas, qui les a analysés, jugés, conclamnés. Quant á eeux de dates plus récentes et dont se targuent á I'Athénée les aeadémiciens espagnois, ce nc sont que des factums dédaignés par le Conseil des ludes, des enquétes partiales auxqueiies les juges n'accordérent aueune foi, des dépositions de témoins cornplaisants qui suintent le mensonge par tous les poi'es. Non, I'heure de cette pi'éteiidue réhabulitation n'est pas venue. Elle nc sonnei'a janlais. L'appeler de ses voux, c'est mentir ñ l'histoire el baíouer la vérité 1 LVA Des bomrnes sérieux, des savants, se sont aussi mis de la partie pour amoindrir Christophe Colomb, et comme le moment est bien choisi 1 1-Itons-nous dajouter qu'ils n'ont pas plus raison que les nutres. I)ans de réeentes histoires de i'époqueappelée le siécle des découvertes, ji est souvent question clii « Prinee des navigateurs » el de ses hauts faits, que rien nc saurait égalcr. Pour le commun des inortels, le premier flOffl qui vient sur les Iévres en lisant ces louanges, c'est celui de Christophe Coloinb. Le comwun des morteis se trompe. Ce mann incomparable, le plus grand de tous, c'est Magellan. Quant an Génois, « rieti de plus insignifiant » que son voyage, comparé á l'expédition du héros portugais 12t . « A presque tous les points devue, le paralléle est en faveur de ce clernier 122 . » Enfin, á Magellan revient l'honneur « cl'avoir accompli le plus merveillcux voyage dont l'histoire alt gardé le souvenir ». On croit rver en écoutant de panel lles hyperboles. Puisque ces écnivains, ópris plus qu'ii nc convient de leur sujet, poussent le paradoxe jusqu'á prétendre que la somme d'initiative, de science nautique, de courage, de génie déployée par Magellan surpasse beaueoup celle que, jusqu'ici, les naifs attribuaient á Chnistophe Colomb, nous allons examiner de prés l'ceuvre de Hernancjo de Magellan. - 79 - * Lorsque Colornb, Vespuce, Corte-Real et Cabofse proposérent pour la premiére fois de traverser I'oeéan Atlantique, jis n'avaient qu'une seule idée atteindre l'extrémité orientale de 1'Asie. Cette cóte asiatique était parfaiternent cléfinie dans leur esprit, sebo les notions géograpluqaes da temps. lis se la représentaient tnoins éloignée de l'Europe, paree qu'alors on eroyait la torre un quart plus petite qu'elle n'est en réalité, a yee six parties de torre ferme et une partie seulement de mer. Quant aux contours qui font face al'Europe e'étaient ceux de la rnappemonde de Ptolémée, modifiés et nomenclaturés d'aprés la relation de Marco Polo. Nous no savons s'il y eut jamais de iecteurs assez dépourvus de seos commun pour reporter par l'imagination sur une earte mocierne la route suivie par ces navigateurs et tirer de cette comparaison les conséquences absurdos que de récents écrivains disent avoir été acceptées et l'étre eneore par tout le monde 121 ; mais il est certain que Humboldt, Peschel, Kohl, M. d'Avezac et tous les géographes ont agi autremcnt. C'est sur le globo de.Behaim, ou son équivaient, et sur les mappemondes do xv° siécle, qu'iis cherchérent toujours leurs points de repére, car c'étaient ceux que Colomb et scs émulcs avaient interrogés. Toseanelli y ajouta des ¡les, imaginaires, mais données seulernent á titres d'eseales et prises dans les portulans (le l'époque, sans changer pour cela l'idée générale. Ce qu'on doit aussi dire, c'est que, contrairernent á l'opinion répandue partout de nos jours, Giovanni Cabot, Americ \Tcspuee , Gaspar Corte-Real, Christophe Colornb bui-méme, no tardércnt pas á se convainere qu'ils avaient abordé, non á la eóte orientale de i'Asie, en Chino ou au Japon, mais bien dans des régions tout t fait inconnues, séparées de la cóte ITARBIS,E. - Chrkwph Colomb dei'ant ¿'Hístoire. 0 - so -. asiatique; voire dans un continent ilouveau. 11 nc faut pas s'imagirier que ces hardis et expérimentés marins avaient inoins d'esprit que nous. En venant au prix de mille dangers dans ces régions lointaines, jis nc se proposaient pas, certainement, de résouclre des problémes de géographie. L'or, les penes, la sole, les épices, voilá quel était le but unique de tant d'efforts et de sacrifices. On devine clonc sans peine ce que furent !eurs sentirnents á la vue des cótes désolées dii Labrador, dans les for&ts de pins eL de bouleaux qui bordent le Canada, ou sur 'es plages sablonneuses (le la Guyane et du BrésiJ. lis «y voyaient, hélas 1 ni poivre, ni cannelle, ni rhubarbe, ni penes, ni grosses pépites d'or. Des paillettes apportéesdans le creux de la main par quelque indien, méme du mica ou des pyrites de fer qu'iis prirent pour Je métal précieux, étaient á pi prsieur seule récompense. Les hahitants, loins d'&re des seigneurs enturbannés, richernentvtus de soie et se promenant en palanquin, comrne une interprétation assez naturelle des récits de Marco Polo les portait le croire, étaient des peaux-rouges, derneurant sous un ajoupa, sans autre nichesse qu'un are et son carquois ou une sarbacane. Dés iors, la prerniére pensée des audacieux aventuniers fut de chercherpius loin et toujours plus bm. C'estainsi que, dans un espace de ternps assez court, j Is arrivérent á expiorer une vaste étendue de cótes, sans ríen trouver, naturellement, de ce qu'ils cherchaient, niais a y ee la convietion que ces contrées sauvages se continuaient presque d'un póie h l'autre. La lettre du Vénitien Pasqualigo, insérée dans les Dia;ii de Mann Sanuto, relatant des 1.499 que les ternes septentrionales se prolongeaient au sudjusqu'aux Antilles appartenant á ¡'Espagne, est un commencement de preuve'24. L'idée cl'une vaste terre continentalen'excivait pas celle de -84 l'existeuce d'un détroit conduisant de l'Atiantique á la mci' des Indes, au contraire. Aussi l'histoire nous montre-t-elle les marins espagnois et porUigais, dés les prerniéres années de Ja découverte de I'Arnérique, fouillaut les golfes et l'ernbouchure des fleuves á la recherche de ce passage, qui fut le grand probléme de l'époque. Colomb, qui d'abord avait forcé les équipages et leurs chefs h venir déclarer par devant notaire, —sons peine, sus le désavouaicnt jamais, d'avoir la langue eoupée, - qu'on pouvait aher par terre de Cuba en Chine, revint bientót de sa prerniére erreur. Au mornent mAme oit ses tabelhons instrurnentaient, le doute conmençait á germer duns son esprit. Qn le voit par i'acte arbitraire défendant á un savant ecciésiastique, qui l'avait accompagné, de retourner en Espagne: « L'abbé de Luxerna, grand cosrnographe, nc partageait pas les idées de 1'Ámiral. 11 croyait, au contraire, a yee beaucoup d'entre nous, que Cuba n'cst pas un continent mais une ¡le, » dit Michele de Cuneo, térnoin oculaire, qui ajoute cette réflexion caractéristique: « Ei Colornb s'opposa.á son retour, craignant que ses divulgations n'engageassent Leurs Majestés á abandonner i'entreprise 125 .» Cela se passait en 1494. Au voyage de 4498, ji se mit sans hésitation á Ja recherche du détroit indispensable. Par une cotncidence curieuse, Col omb croyait devoir le découvrir justeinent á l'endroit oit nous ereusons le Canal de Panarna; sans qn'11 eút néanmoins soupçonné l'existenee de l'isthme devenu si fameux. C'est vingt ans aprés que Mageilan découvrit le passage tant cherché. Quel était á cette époque l'état de Ja géog.raphie et des sciences nautiques, premiers faeteurs dans un problérne (le ce caraetére? Le principal doute avait été résolu depuis un quart de siécie. C'est-ñ-dire que les régions au delá de l'Oeéan étaient reconnues abordables, mAme - 82 d'accés facile. Plus de trois cents expéditions espagnoles, portugai ses, anglaises, françai ses avaient traversé l'Atlantique; de nornbreux navires appartenant it des partieuliers nonmunis d'autorisations le sillonnaient sans cesse. En réalité, on allait alors au Brésil presque aussi facilement que de nos jours. Tout déeoule de ce premier fait, qui no remonte pas, certainernent, it Magelian, mais it Colomb. C'est pourquoi l'imagination nepeutsereprésenter le grand navigateur portugais accomplissant sa mélTiorable découverte, si le navigateur génois nc lui en eút, par sou exemple, inspiré le projet eL par ses suecés tracé la voie. Dés 1508, les Portugais avaient exploré la cóte orientale di Nouveau Monde jusqu'á la Patagonie argeritine, peut-étrc plus au sud eneore, et les navigateurs, en voyant combien le continentserétrécitdans ces latitudes, no pouvaient que présurner une terminaison pon éloignée. D'autre pan, Nufíez de Balboa, du sornmet des Andes, avait découvert l'oeéan Pacifique. Non plus en tbéorie, mais par expérience, on savait done aussi que l'Amérique n'est pas soudéeitl'Asie, - vieille et éphémére erreur, reprise seulement veis 1523, en Allemagne, et dans l'année 1525 en Belgique. Att contraire, les géographes enseignaient que pas trés bm, it l'ouest, se trouvait une vasto mer, entre les cótes orientales de ¡'Asic eL la cóte oceidentale des torres nouvelles. Les Espagnols élaient persuadés de l'existence de deux oü trois détroits. lls plaçaient l'un entre les Floridos et TerreNeuve e'est celui que Estevam Gomez tonta de découvrir en 1525; un autre, it l'isthme de Danien ji figure encore sur une mappernoncle, celle de Maggiolo de 1527, mais a yee la sage mention .Stretto dubitoso. Quant au troisiéme détroit, admis pal' tous les cosmographes, hypothétiquement marqué sur la plupart des globos de l'époque, - et le seul que - 83 Charles-Quint voulut alors trouver, paree qu'étant plus au sud, ji serait le véntable chemin da pays des clous de girofle, - en l'avai L cherché sur une grande partie de la cóte méridionale. Solis avait payé (le 50 vie la pne que l'estuaire de la Plata nc pouvait y conduire. En réalité, c'est ti partir seulement du 500 de latitude sud, que l'exploraiion (levait cornmencer, en suivant UI) littoral qui n'étaii réputé dangereux par personne et qul en effet nc l'est point. Voyons inaintenant si l'hypothése de Magellan, réalisée le 28 novembre 1520, mais dont les résuliats nc furent connus en Europe qu'au mois de septembre 1.521, no pos encore une autre origine. Deux rnappemondes et sept giohes terrestres construits de 1.509 ti 1520, précieux monuments de la géographie qui nous sont parvenus intacts, représentent I'Arnérique du Sud ti prés telle que nos cortes la dépeignent aujourd'hui 126 C'cst ti dire que eette partie du continent affecte la forme trianguloire, ay ee les cótes orientales et occidentales trés nettes, et se terminant en pointe. Sur quatre de ces globes, dessinés en 1515 eL 1520, on voit aussi des terres australes, séparées dii continent, corurne dans la réalité, par un détroit de ruinime largeur. 11 y a plus Magellan a consulté un docurnent graphique de ce genre et s'en est inspiré. Pigafetta, qui ¡it partie de 1'epédition, rapporte que le grand navigateur portugais « dist quily auoit vngaultre estroictpoursail]ir, et dist quil le scauoit bien pozuce quil lauoit vea par yac carie marine du roy de Portugal. La quelle caite vng grand pilot et rnarinier nominé Martin de boesme auoit faicte 127 En mitre, une relation de voyage, imprimée ti Augsbourg veis 1514, conttent des détáuls indiquant une exploration do détroit austral; et ces détroits n]émes out inspiré Johann Sehóner pour la configuration qu'il a donnée sur ses globes au eontinent sud-aniéricain, des 1515 128 - 84 Nous no croyons cependant pas que Magellan ait suivi les traces d'autres navigateurs ay ee connaissance (le cause. Mais tout Cela montre bien que la conceplion du voyage de Magellan no fut ni nouvelle ni merveilleusc. En réalité, ce n'était que la continuation d'une entreprise dont tous les jalons étaient plantés depuis vingt ans ; qui, au Ecu d'aller ñ l'encontre de préj ugés ou d'opínions adversos, étai 1 approuvée par tout le monde. A cet égard, le voyage de Magellan no peut certainement supporter la coniparaison ayee celo¡ de Colomb. 11 est méme inférieur i l'expédition de Barthélemy Dias, au cours de laquelle ce navigateur découvrit et doubia le cap de Bonne-Espérance et que Vasco de Gama, qui en récolta la gloire, no fit que terminer. Le projet de Cornelis Sebouten, récompensé par la clécouverte clii détroit de Lernaire, nous parait aussi plus ingénieux eL plus scientifiquc que celui du célébre mann portugais. L'idée que la Terne des feux no fait pas corps ayee les régions avoisinant le póle sud, conmc le montraient tonto, les cantes qu'au contraire elle s'en trouve séparée par un détroit praticable; les raisons sur lesquelles s'appuyait le navigateur hollandais pour en tenter le passage, tout dénote une intuition et des idées cosmographiques de premier ordre, qu'ou no rencontre pas chez Magellan. Or le mérito des grandes entrepnises se mesure d'abord par l'arnpbtucle de la conception ; ensuite par la somifie d'initiative dans l'elrort. Lexécution n'est qu'un fait iníérieur, bien quessettiel, cela va de soi. 11 reste á I'acquit de Magel!an seulement la fermeté et l'art de navigucr dont il fit preuve, 1 'une et l'autre admirables, irables, nul no le conteste. Mais c'est commettre une injustice flagrante (le flC pas reconnaitrc ces qualités dans les expéditions de Dias, de Colornb et de Sc]iouten. Qu'on rclise le journal de Lord du - 85 grand Génois, tout abrégé qu'il soit, ainsi que les récits de Barros et clAris Classen i Que Fon considere les piétres moyens dont ces ti'ois na.igateurs disposaient, coniparés surtout au magnifique équipement de la flotte commandée par Magellan 1 Quant aux résultats pratiques de' son mérnorable voyage et au bien qui en sortit, ji nc viendra jamais á la pcnsée de l'bistorien impartial de les opposer aux eltets des découvertes de l'Arnérique, du cap de Bonne-Esperance eL du détroit de Lernaire. C'est véritablernent nc voir que le petit cóté des choses, d'auacher tiiie telle ufflpOrtal)Ce au fait matéiiel, aux dehors de la prenhiére navigation autour dii globe. Nous pourrions facilernent poursuivre ce paralléle et mantrer ce quil y a ci'injuste et d'exagéré dans les louanges prodiguées aujourd'bui i Magellan, au détrirnent de la gloire qui apparticnt í1 Christophe Colom) sans partage. Mais nous croyons en avoir assez dit sur ce sujet. VI Larnérnoire de Christophe Colomb devait passer par toutes les épreuves imaginables. Nous l'avons inontrée en butte aux inveetives d'un publiciste américain, qui appartient ¿i la preniére université du Nouveau Monde. On vient de voir aussi des orateurs espagnois cherehant, d'une façon détournée, á dépouiller l'illustre el toujours inalheureux Génois du mérito d'avoir découvert I'Amérique pour en parer Pinzon, leur compatriote. D'autres Castillans, des deux sexos, le rabaissent au niveau d'un vil el inepto aventurier, dans la capitale detoutes les Espagnes, aux applaudissemcnts cl'auditeurs bénévoles el nombreux —Saltayi cipiacuil Maintenant, ji nous reste h jouir du speetacle, non rnoins surprenant, des efforis d'une nation qui, á son Lour, veut accaparer pour elle-méme une part de son uvre el de sa gloire. Cette nation, c'est l'italie. Christophe Colomb est né á Génes, Jean Cabot en Ligurie, Vespuce et Verrazano á Florence. L'Italie a done le droit, á I'occasion du granal centenaire, de rappeler qu'elle a vu naRre ces ¡Ilustres navigateurs. Sur cc point, tout le monde est d'accord el nous, le premier, avons pris la parole a pour qu'elle s'associAt par une ceuvi,e utile el durable á une commémoralion que justilient sa justo fierté, l'histoire de la science etiagratitude du genre humain 120 »• On le voit, nous n'avons marchandé ni la reconnaissance ni l'éloge. Le - 87 moyen désirable était la publication des écrits de Christophe Colomb, jusqu'ici dispersés dans une volumineuse collection de documents. Ses rapports, sacorrespondance réclamaient une édítion faite sur les textes originaux, ayee récits conternporains, eornmentaires et notes pei'péluelles. En effet, la découverte du Nouvean Monde fut 1'uvre d'un homme né en Italie, mais agissant comme individu, pour une nation étrangre, sausle concours, et rnme contre les voux et l'intér& de la rnére-patríe, qu'il avait abandonnée depuis longlemps et oú ji nc revint jainais. La surprise fuL done trs grande clans nos miiieux scientifiques lorsqu'en 1891, on viL le projet détourné de la pensée preniiére, la seule vraie, la sede légitime, eL qu'il nc s'agissait plus tant de célébrer la gloire individuelie de Colomb que de l'absorber au profit de l'Ita!ie. Le but, dorénavant, était de satisíaire, aux dépens de la vérité, i'orgueii national, cefle plaie de l'Histoire 1 Q u'on ne s'y trompe pas, hors la chance d'avoir donné le jour á Christophe Colomb, l'Italie nc peut rien ou presque rien revendiquer dans la découverte de l'Ámérique. Ce presque rien, c'est l'idée que Toscanelli a partagée eL soutenue. Le mérite serait considérable, assurément, si lastrononie florentin I'avait énoncée avant tout autre. Mais Ii n'a pu que répéter, a yee I'autorité que tui donnait sa grande réputation, ce que les phulosophes enseignaient depuis dix-sept siécies. Sans doute, ji a pensé eL dit qu'on pouvait faciletnent atteindre par la voie inaritirne, en allant veis l'ouest, les eMes de I'Asie est-ce un titre á l'adrniratioii universeile, Toscanelli le partage a yee Aristote, ayee Roger Bacon, ayee Pierre d'Ailly 131 . La Gréce, i'Angleterre, la France, aiors, ont le droit de prendre place, et rn&rne avant l'Italie, au banquet des élus. - 88 Est-ce done que les navigateurs génois el florentins, dont la presse ilalienne chante aujourd'hui les louanges, acquircnt leur savoir ou leur expérienee au pays natal el que, pour ce motif, l'honneur des déeouvertes qu'ils onl accomplies doit rejailtir sur l'ltalie. C'est l'étranger, arrivés á l'Age viril, aprés avoir quitté leur patrie pou,r toujours, que ces hommes, plus tard ¡Ilustres, devinrent marins de profession. C'est en Portugal, c'est en Espagne qu'ils se formérent I'esprit et conçurent leurs atidacieux P°Y Jusqu'á vingl-trois ou vingt-quatre ans, Chi'istophe Colornb no fuL qu'un modeste tisserand, bien qu'en octobre 1470 nous puissions le voir engagé dans une petile opération de cornrneree maritirne, ñ Gnes. Au 20 mars 1472, figurant comme lérnoin, á Savone, ji est qualifié, par le notaire, de lisseur de lame taneiio de Janua. L'année su vante, Colomh est encore dans son pays; mais, al)rés le 7 aocit 1473, les historiens no le retrouvent plus qu'aux Açores el á Lishonne, oü coinmence la carriére qui devait i'iliustrer. Sans rapporls désorinais ayee I'Jtaiie, quil no revit plus, Colomb semble avoir oublié jusqu'á sa tangue maternelle Pour Ainéric Vespuce, les soixante-huit lettres que nous avons retrouvées dans le portefeuillie des Médicis le montrent exciusiverneut occupé de négoce, ñ Florence. Lorsqu'il émigre, c'est encore dans un comptoir, - celui de Juanoto Berardi, — qu'on le revoit á Sévitle, veis 1493. C'est en Espagne el en Portugal, des années aprés avoir quitté sa patrie pour n'y jamais revenir, qu'il s'adonne pour la premiérc fois á la navigation et accomplit ses fameux voyages transatiantiques. Jean Cabot'82 el Verrazano133 no sont connus, comrne matins, ¡'un qu'cn Angleterre, pour le cómpte de iaquelle it - 89 découvrit Terre-Neuve et le Labrador; l'autre seuiement en Franco, nu service de François Jer dont ji planta le pavillon depuis la Florido JLIsqu ' au golfo Saint-Laurent. Quant A Sébastien Gabot. A qui ion se propose cl'élever une statue A Venise, sa ville natale, - oü d'ailleurs se passa seulernent son enfance, - il no fut c1u'un charlatan fleifé et ¡fa jamais rien découvert. Et znaintenant, oü sont les navires des républiques italienries qui, au xv° et au XVL° siécles, franehirent I'Océan? Venise, GAnes, Pise étaient les nations maritiines les plus puissantes A ceLle époque; vit-on jarnais leurs vaisseaux dans les parages du Nouveau Monde? Encouragérent-elles les efforis des navigateurs dont I'ltalie veul aujourd'hui partager la renornmée? Ce n'est pas un reproche. Rien nc pouvait Atre plus contiaire A son comrnerce dans I'Extréme Orient que eette concurrenee ayee la yole de terre dont elle avait le monopole et possédait les débouehés. C'eút été convier tules les nations di continent A venir prendre leur part de ces grandes riehesses. Aussi no croyons-nous pas que Colornb alt mAme jarnais songé A souinetlre sos projeis A Venise, bneore rnoins A GAnes, eornme le rapportent plusieurs historiens et I'Encydique, sans preuve. Que la nouvelle des succés de Christophe Colomb alt été propagée par les éerits d'un littérateur ¡tallen fixé en Espagne depuis longternps; qué deux imprimeurs étahiis A Borne, mais Aliemands, aient publié une traduction latino, falte par un Catalan, du premier réeit de la découverte, lequel fut rédigé en largue espagnole; qu'A Venise, A Milan, A Florence, II soit sorti des presses dix, vingt relations intéressantes de voyages transatiantiques; qu'un Milanais soit alié au Nouveau Monde soixante ans aprés le grand Génois, 90 uniquement pour s'y promener et nous ait raeonté ses aventures; qu'on doive á un autre Jtalien une traduction illisíble de la deseription du voyage de Magellan, originairernent écrite en français par un Vicentin, ehevalier de Rhodes; ou que des négocianis crémonais nient en la bonne fortune d'apereevoir en mer, au bm, les navires de Cabral revenant ñ Lisbonne, ce sont, á eoup sfir, des faits dignes d'étrenotés 134• 11 nc s'en sult cependant pas qu'au-delá des Alpes on puisse s'arroger á la derniére heure le mérite d'une partieipation daus cette mémorable entreprise. Etre fier d'avoir donné naissance aux hommes qui l'accomplirent, encore que ce fut sans so¡, malgré so¡, eontre SOl, Fien de plus juste; mais venir parler du rúle de l'Italie dans la découvcrte de l'Amérique, c'cst une orgueilleuse prétention, que nc justifient ni la vérité ni l'histoire 1 CON CLU SION Non, Colomb n'eut pas le prenier l'idée que sur l'autre rive de l'Océan se itouvent des régions accessibles au marn confiant eL hardi. Ce no furent pas non plus ses propres calculs ni ses argurnenls qui en démóntrérent l'existence. II est certain, d'ailleurs, que son hypothós&, alors répandue parmi les savants depuis dix-sept siécles, était dans ses discours eL dans ses écrits entachée de profondes erreurs qu'enf'in, sans liii, le Nouveau Monde aura¡( été connu eL exploré rnoins de sept ans aprés le jour oü ji en fouia le sol pour la premiére fois. Mais á rnoins de n'avoir aucune notion des progrés de La science eL du développernent de l'esprit humain, on no sauraiL prétendre que ces faits arnoindrissent Colomb, ses services, sa valeur eL sa gloire. Pour n'avoir éLé qu'un anneau de ceRo vasto chatne qui no sera jamais aehevée, ji «en a pas nioins laissé une empreinte ineffaçable sur la civi]isation moderne. C'est lui, avant Lout antro, qui, franchissant l'espace, 1k connaitre á l'Europe étonnée ces pays révés par les poétes, devinés par les philosophes. II est le plus audacieux génie dont l'histoire fasse mention. Les exploits des héros qui ont érnerveillé et fait progresser le monde retentissent surtout dans le passé. Pour Christophe Colomb, une partie seulement de son couvre appartient aux siécles écoulés; l'autre attend son entiére évolution de l'avenir, eL nul encore no peut en prévoir tonto la grandeur! NOTES ET PIIEUVES DOCUMENTÁIRES NOTES ET PREUVES DOCEJMENTALRES 1. Proclamation du Président de la République des Etats-Unis, du 21 juillet 1892. La date du 21 octobre y est adoptée en conséquence de la réforme du calendrjer Julien introduite en 1582. Stríetement parlant c'est exact, puisque GQÉC0IKE XIII retraneha 10 jours de l'année courante, en faisarrt conipter le 15 octobre au Iieu dci 5; mais en réalité c'est une chinoiserie, car personne ne s'est jamais soucié de cette diíférence teehnique, et par la pensée on se reportera toujours k la premire date donnée. II va done falloir anssi changer la date de toutes les découvertcs qui suivirent? 2. 36 ¡les, 687 récifs (cayes, cayos) et 2,414 roches selon le capi- taine Fox, An attenipt lo solee tite problein of (he ftrst ianding place of columbus ja (he Mw World, Washington, 1882, in-4. 3. NAVARRETE, ('oleccion de los ciages y descubrimientos que hicieron por inarjos Españoles; Madrid, 1825, in-8, t. 1, pp. 1-166. En írançais, Paris, 1828, in-8, tome II. pp. 1-338. 4. Le commodore Alexander Slidc)I MAcICENZIE (apud Washington JRVING) opine pour ¡'ile da Cltat; NAYARnETE (ancien enseigne de vaisseau) peor /'!le de la Grande Salme; le capitaine A. B. BCHEn, de la marine royale d'Angletcrre, pour ¿'ile Watling; le capitaine G. Y. Fox, de la marine militaire des Etats-Unis, pour ¡'ile Santana. Les opinions des savaiits de l'ordre civil clifférent également; aínsi, pour YARNHAGEN, San Salvador est file Mayaguana, etc., etc. S. Entre medias queda hondo y puerto para cuantas naos hay en toda la cristiandad, y la entrada delio muy angosta - u Au milieu [la otra parte del Leste - Sur le cóté occidental de ¡'¡le], il y a Hsu,niss,. - Chrtstophc Coiomb denac ¡'fEnol,,. 7 - 96 une échancrure eL un poil assez vasto poul' coiitenir tous les navires de la chrótienté, et i'entrée en est trbs étroite. » Joni'nal de hord, dans NAVARRETE, t. 1, p. 24. COLOMB ajoute mrne qu'ii examina ce port daus tous ses détails Y miré todo aquel puerto. Comme cctte description cg donnée entre guiltemets et, selon l'aflirtnation de LAS CASAS, duns le propre langage de l'Ainiral, ji n'yapas h s'y troniper. 6. Acre lauded Columbus. And ¿he lleraid Monumetit Noiv Marks tite Historic Spot. Án Enduring Memorial erected a,ul Un ye/lcd veith impressive aud appropriate Ceremonies. Voir le Chicago ileraid du 4 juiliet 1891. 7. It is en/y 200 yaids from tite very saud beaeh en vitich Coiuinbus landed. Dépéehe ti3iégraphique eh date du 5 juillet 1891, voycz p . 9 du Chicago Jierald préeitd. 8. Voici le texto mérne de cctte inscription, digne de i'antiquc 0W TRIS SPOT CnHtsToPIIEn COLUMBUS FIBST SET FOOT 0W TIIR SOIL OF TIIE Nxw WORLD ERECTE» 11V TEE CHICAGO HERALD JUNE 15, 1890. 9. Boletín de la Real Academia de la Historia, t. XIX, p. 361 10. Ibidem, t. XX,pp. 215-218. POUF étre eomplet, le savant acadómicien devrait ions indiquer, sin , la liste qn'il a drcssée des'tompagnons de Colomb, beux qui átaient seloti lui , d'oi-igine hbraique. Ce serait trés intéressant 11. Una isleta de los Lucayos (ce dernier mot indique une ititerpolation de LAS CASAS), que se 1/cunaba en lengua de indios Guanahani ». ( NAVAIIEETE, op. cit, p. 20.) 12. Deuxiéme section. Epoque Colornbieane eL post-Colornbienne. Septiéme groupe. - Objets ayant appartenn h Christop ,he Colomh. Duns le Plan for tite organization of a Latin-Á,neriean Department, p. 5, en lit There are a number of priceless re/íes of t'ol,, jabas iii cxjstenee... ¡ sub,nit tha.t t/tese relics wouid constitute one of tite greatcst att,-actious that cocld be o/J'ercd. (Ce n'est pas douteux 1) - 97 - 13. Poter quasi matematicanzcnte dimostrare l'oriinalita (Le Galeno di Gristoforo Colombo, dans l'Eco d'halia, jer janvier 1885; 11 Cittadino, 23 novembre 1885; 11 Seco/o XIX, 6-7 aoút 1889; LObservateur français, 29 avril; etc., etc.) 14. Chez le chevalier Giuseppe ni G. BALDI, vice-postulateur 'a Rome peor Ja bdatification de Christophe Colomb, 15. « M. R. S. Moong, de Newburn (Caroline da Nord), prétend posséder un morceau de la chame que portait Colornb lorsqu'il Cut e m j) riso u né * » Deparim cnt of Pu blicity and Prornotion , World's ColumbianExposition. fot-in. 322. Ce possesseur n°3 des chames est différent de celvi de New-York. L'impartialité nous oblige 'a rappeler quil n'en posséde qu'un rnorceau. 16. Tite actual cha,-ts used by Golum bus, if those can he obtained, and ifnot, accurate reproductions. (Plan of ihe organization, p. 5.) 17. Voici le docurnent perbatim a litteratim, digne certainement d'aller u la postérit4 Se vieron cuatro mapas hechas de ¡llano en Llape1 pegado sobre tabla, que se dice ser de las navegaciones de Cristobal Go/oit, y en la junta de 4 del presente se propusó podían comprarse para la Academia. Tuvose presente una explicacion que ¡nc entregó con ellas su dueño y el dictamen del señor don Josef Jifa reos, ti quien, como revisor de Indias, acordo el señor director se remitiesen para reconocerlas; y sin embargo de haber parecido que eran de poco 6 ningun uso, porque eran antiguas y que ya se hablan hecho traer a la Academia, se determinó tomarlas, dandomc comision para que las ajuste con su dueño. (Acta de la Academia de la Historia, de 18 junio de 1762.) 18. ('ristobal Gofo,,, su p ida, su viages, sus descub,'i,nientos, por D. José filaria AsENsIo, directo,- de la ¡'cal Academia Sevilla/la de Buenas Lettras, correspondiente de la de la historia, Bareelone, in-4, t. 1, p. 388. Voir la Repite Critique, 26 sept.-3 oct., 1892. 19. Guide Joanne, Italie da Centre, 1877, p. 280. 20. Notre Christopite Golomb, t. 1, p. 392. 21. Dépéche télégraphiquedu 6 avril 1890. 22. Nearly alt tite collars of the Golden fleece have interesting historical assoeiations. Tite King of Italy, rvho received /t.is fron Aus. - 98 - tija, wears tite one thai belonged lo Christopher Calata bus. (Evening Star, Washington, juillet, 1892.) 23. First. A tnodel of tite house al Genoa in which Columbus ivas bara. (Plan foz, tite oi'ganizat ion, p. 5.) 24. Christophe (Joiomb, les ('orses el le Gouverneinent francais Paris, 1890, in-8, p. 19. 25. Exhibits illustrating th.e circumstances of tus death ami banal, with inodels of his co/fin and lomb. (Plan, loe. cit.) 26. La Jlustracion Espailola y Americana, 22 rnai 1875, pp . 318319. Conime l'on comprenti bien l'indignation patriotique et archéologique da savant espagnol, aujourd'hui menibre de I'Acadérnie royale de I'Hístoire et son spécialiste en ces matiéres, le Señor Cesareo Fernandez Duno, Iorsque, préludani l l sos travaux histoTiques, qui font la gloire de lEspagne, it s'écria La Ilustracion Española y Americana, en el dobla concepto de su titulo, honra Ita la mc,utO e/a de Colon estampado con la exactitud de la cámara fotográfica, pagina 303, la casa posada de Valladolid en que exhaló [Cristobal Colon] ci ultimo suspiro. Lo que rudamente quieren expresar las lineas de este escrito, lo proclaman con irresistible lógica las del edificio abandonado y ruinoso, y mas aón las del letrero de la fachada, que harto bien se distinguen en elgro.bado. En el enterramiento del almirante se fabrican vasos de loza Sevillana; en su vivienda se albeiwan animales i Esta es Castiella - 27. A la page 319, de ce nurnéro de I'Iiustracion, en lit ccci En 3 de Febrero de 1866, por indicaciones de/Alcalde corregidor, y remitiéndose al juicio ilustrado de las Academias de la Lengua y de la Historia, se tomó la providencia de consultar á estos dos ilustres centros, adhiriendoze al parecer de las personas que ¿rezaban de autoridad suficiente para emitir opinion respecto al particular; y por ultimo, en 27 dejulio de 1866 recayó acuerdo definitivo. 28. Armadura de Colon de indudable precedencia, dit le señor AsuNsio, président précité d'une des académies royales de Séville. 29. « Aprés quatre cents ans, l'épée que portait Christophe Coloinb lors de Sa grande dócouverte a fait retour h I'Amérique. Elle a été rapportée par M. Robert STRITTER, cornmissaire de 1'Allcrnagne ül'exposition de Chicago. L'épée appartient au musée de Salzbourg qui a bienvonlu 1aprter peor qu'elle figurAt k la grande Exposition arnéricaine. » Le So/dl, 19 avril 1892, d'aprs Le Brésil, journal publié k Paris. 30. MoNTESQUIEU, Esprit des iots, livre XXI, chap. XXII. 31. Puesta á votacion fié aprobada por unanimidad, dit le procésverbal des séances. Real Academia Sevillana de Buenas Letras. Sesion del dha 11 tic Noviembre de 1881..... 32. Pedazos de huesos de canillas y otras parias partes de algun dithato, que se recogieron en una salvilla. NAVARRETE, t. II, 1> 368. 33. Los restos de don Cristoval Colon, p. 28. II parait qu'on pent se dispenser de lire sur le mérne snjct l'lnforme de la Real Academia de la Historia, notre travail « ayant été, en grande partie trés exactement suivi et mis á contribution par D. Manuel CoLInIno, censeur de FAcadémie royale de I'Flistoire, » dit M. Alfred MOREL-FATI0, qui est bon juge. Revue Critique, 7 juin 1879, p . 417. 34. Les sépultures de C'/tristophe £'olomb, p. 18. 35. Ce fait cd corroboré par la lettre suivante que le prince MAssrMo vient d'adresser au direeteur du Messagero, de Roine u Je reVive dans votrejournal de ce rnatin que lexplosion qui a en lien Sons le portique de mon palais a effrayé ma famille, et je tiens h déclarer que cetix qui out dans les peines le sang des Fabius et de la maison de Savoie nc coanaissent ni fraycur ni peur. » Son Excellence Ra done jamais essayé de moucher une chandelle ayee les doigts? dernanderait le grand Frédérie. 36. Quoniani autem ii/e Columbus oir erat cordatus ntagnique iitgenii el animi, rex el rcgiva C'astilic'e antequam ab ipsis discederet ejus efflgiein ab eximio aliqeo pictore ad vivum expriuzi ¡usserunt, lit si ab ii/a expeditione non rediret aliquod ejus ,nonumentum aptid se haberent. (Colleet iones peregrinationum ir¿ Indiam orienta/em el Judiam occidentalcm, - ou Grands Voyages, de J.-T. DE Bay, t. ir, cinquiéme partie, p . 1.) Dans cette partie, qui porte la date de 1595, DE Bat dit aussi (en latin) u Le IV' livre qui préede venait d'étre achevé quand toiit récernrnent j'ai en la joie de metrouver en possessioil d'une répétition de ce portrait par l'entrernise d'un mien ami qui la tenait dupeintre tu¡-mé,ne. A cette fin, j'ai Iiit graver en petit son euvre par moIi — 100 Lis, etc., etc. » De 1467 (minimum) it 1595, cela fait cent vingt-huit aus. Bien que nous ne sachions pas précisément qiiaud le peintre d'Isabelle la Catholique donna, « iui-méme, » eette copie it l'ami de Tliéodore DE Bar, la margo entre ces dates est teliement grande, que nous avous ici, it ' nen pas douter, un portraitiste qui marcha it sur les traces de Mathusalem. 37. Justin WlNson, Narrative and Critical h'istory of America, Boston, t. IT, p. 73. 38. It a'as ,paintcd by MORO and bea.rs t/ie stainp of origina.lity. (Interocean, u° du 21 aoút 1892.) Ce tahieau est le joyau d'une collection de Chicago. lmaginez-vous, lecteur, que ce o cachet d'originalité » consiste en une ehevelure noire cornrne de l'cncm'e, les traits don homme de trente it quarante ans, une moustache tombante et barbiche, le totd encadré daus une fraise empesóe, de la fin do xvi° siécle, et surmonté dun biason qui nc fut jamais ccliii de Christophc Colomnb ni d'aucun membre de sa ('arnillo. Une parcillie ignorance, un tel inanque d'esprit critique nc p téte plus qii'h vire Que diraient ces savants iconographes si 00 leur donnait peur authentique un portrait de George 'WAshINGToN, vétu, coiffé et barbiflé comme Abraham LINcoLN?39. C'est ce que nous apprend le spécialiste , déjit nominé, de l'Aeadérnie royale de I'Flistoire Hay otra circunstancia que por primera, vez notaron los extranjeros asistentes al Congreso de Americanistas de Madrid de 1881, y es la semejanza de ciertos rasgos ftsionómicos del actual Duque de Veragua, D. Cristóbal Colón, de su hermano D. Fernando y de los hijos de ambos, con los del retrato de la Biblioteca Nacional. » (Le seiior C. F. Dimo, Pinzon en el descubrimiento de las Indias, Madrid, 1892, in-12, p• 242.) 40. Notre Christop/ie Colomb, t. JI, p. 284, planche IV bis. 41. Nous en possédons nR dcssin, psis sur le tableau méuie, lequel est peint sur hois, de 13 eent. de largeur, sculement. Colotnb lit est complétement chauve, ateo un peo de barbe ¿u menton, tournée it droite et trés ridée. La téte sort d'imn collct de fourrure. Au dessus et it droite, on lit Cristo/Jel Coiomb Groote Ádmiraal ter zee onder Ferrand J<'oning van Castelie de Eerste Vinder der nieuvve Werelt. Ce tableau faisait partie, au siécle dernier, de la collection de M. MAGNAN DE LA ROQUETTE, it Aix en Provence - 101 42. C'est ce qu'on appclle «le portrait du docteur u, it cause (le SOfl découvi'eur et propriétaire, le docteur Alessandro DI Ondili, de Cómo. Le titre de la premire édition illustrée des Elogia, de Paul JOVE (BAle, 1575), porte que l'ouvrage est orné de portraits qui furent pernts d'aprés nature, et tirés de la collection (le ce littérateur Ex ciiisdern filuswo... ad vivuni expressi.s irnaginibus exornata. L'éditeur, Pierre PER-,A, dans sa préface, rappelle r1 u'il a fait reproduire, it frais qui dépassent presque Sa Fortune personnelle, par un trés habile peintre, les effigies de cette farneuse galerie Qui niaioribu.ç propé, quá.m res nica fa.niiiiai'is paicretur, impensis a nobiliss. pictore Jo punjas imagines cxperimcndas duravi. Mais, en 1575, Paul Jovr n ' était plus depuis virigt-trois ans; ct c'est une opinion généraiement répandue que sa colleetion de portraits íut dispersée it sa niort (1552). Comtnent, dans ce cas, put PEEn retrouver taus ces tableaux? La galerie no Lot pas dispersée it cette époque. Elle resta, - nous no savons jusqu'en quelle anude, - en la posscssion de Giulio Giovo, son neveu et suceesseur dans l'óvéehé de Nocera (Cartcggio de GTE, t. II, 389 et 390). Nous pensons que Giulio continua d'en jouir pendant sa vio; mais ici encore nous n'arrivous pus it une date précise , puisqu'on ignore quand ji mourut. Tous ce que les écrivains ecciésiastiques enseignent c'est que Paul JOTE junior devint son coadjuteur au 29 septembre 1560, et que ce dernier figura au Conciiede Trente, en 1562, comino évéque. Notre théorje est que la demenre somptueuse de Paul JOTE senior resta intacte tant qu'il y cut des évéques duns cette famille résidunt it Córne c'est-h-dire jusqu'it la mort de son petit-neveu, arrivée en 1585 (UCUELLI, Italia sacra, VII, 747), et cela d'autant plus qu'il est l'auteur dun certain nombre des dpigramrnes latines ajoutées aux portraits des Elogia (BAYLE, Dici. cnt., a rt. Jovs). En tout cas, on posséde une série de lettres datées soit de Cómo salt del Museo di Mo nsiknor Jovio, écrjtes par Cristofano DELL' AL • TIssIo au grand-duc Cosme l er , et it Christjano PÁCNI, secrétaire doce prince, rendant compte do travail dont ji avait été ebargé; c'estit-dire de prendre des copies des portraits de la galerie en question. Instailú au 31 mal 1553 depuis atizo mois chez Jovr Soso in casa di II!onsignor ¡ocio, del clic oggi son undici nzcsi, ce qui nous reporte un 31 juin 1552, du vivant mime do famoux évéque, L'ALTIssIMO 1. tt-'1 - 102 an 31 mal 1553 avaíl eiivoyé 'a Cosme 23 copies, mi 7 julllet 1554, 26 autres; au 18 novembre 1556, deax c.aisses qui devaient en cuntenir autant, puisque le premier euvoi se trouvait reníermé claus dna casse di titrali. rnalheureusetnent, s'arróte la correspondance que Gyg a rctrouvée dans les archives de Florencc (cartcggio, 11, 389.92, 401-2, 412-14). La prsence de L'ALTI55IMO et ses travaux de copiste dans le Musée de Jovn sont corroborés par une lettre qu'envoya Bernardino CAMPI 'a Ipolita DE CUNZACUE, amis cette lettre no parait pas Mre post.érieure 'a avril 1554 (Discorso di Aiessandro LAMO, Cremona, 1584, in-4, p. 53). Elle no ¡loas apprend done rien de plus sur le séjour de notre peintre 'a Cóme. Tont cependant tend 'a déinontrer quil resta dans cette. ville assez longtemps aprés 1556. Nous lisons, par exemplc, dans VAsARI, que LALTTSSIMO se (it 011(3 spécialité de copier des port raits et (le la soite se procura hon fl CII r eL proíit Ciistofriiio adun que ferma.t.osi in questa. inanieta de pulcra, clic ¿ secondo it genio sito, o vero mciina2ione, ha fallo poco cilio, coinó quegli che del ba,ie di quena onore cd titile a bastaizza. Ce succés doit étre d'une date postérienre, cay au 16 aoút 1554, nous voyons L'ALTISSIMO écrire au grand-duc Suplica a que//a clic per i'a,nor di dio la yagua socliori'ere perché si 1,-oca un gran calamita, e la sua po'cra madre el dna nipoti staiiiio par morñsi di fama (dans GYR, t.p• 401). D'autre pan, VÁ5ARI ajoute que ecL artiste petgntt pour Cosme DE MEDICI5 dccx cent quatre-vingts portraits it numero di dugenso atlanta (De/le Vita, Firenze, 1558, - privikge du 25 aoút 1567 -, t. III, 869) Ce chiffre con sid érab]e, en prenant pour moyen nc le nombre de copies fournies 'a ce prince de 1,552 ji 1554, soit dccx par mois; implique la prisence de L'ALTISsIMo dan; le Musde Jovien, au moifis jusqu'en 1566. Cette date, rapprochée de la probabilité que les neveux de Paul JovE continuéreut 'a jonir de la collection pendant leur épiscopat, eL du tcmps qu'il Failut poir dessiner ces nombreux portraits afin qu'ils íussent préts pour une publication iinpiiinde en 1575, vient 'a l'appui de la déclaration de PERNA que ses gravures Fureni faltes sur 'es portraits mémes de la galerie de Paul Jovn, évidemment encore en place ji cette époque. De tous les portraits de C0L0M13 qu'on prétciid provenir de la galerie de Paul Jovn, le seal auqilel les documents donneiit une apparence de plausibilitú cst celui des Offiees, 'a Florence. - 103 Malheureuserncnt, ¡1 est diífieile de sininginer une'eíligie ressemblun t rnoins que ce portrait h l'image authentique da gra u d navigateur, telle que son tus et ses amis personnels nous la ddcrivent. Aux Of Fices, c'est un hornme d'environ trente-cinq ans, h la figure ronde, les veux el les sonrcils foncés , les eheveux trs lisses, d'un noii' de jais. Or, les textes originaux que nous avons cités (supra, p. 37) disent que Colornb avait la figure bague, les yeilx gris clair, et que dés I'ge de trento ans ses chevenx devinrent tout blanes. Le poi'trait des Olfices nc pcut done pas étre eclui de Cliristoplie Colomb,qui appandt pon¡ - la premiére Fois duns 1'Ilistoire Sué de (f uarante-einq ans, a yee une chevelure de vieillard. Et coinine aucuri catahigue ¿existe des portraits coptés ti Cóme par DELL' Atn'tssiio qui d ' ailleurs n'a pcut étre pas pris copie de toas les portraits de la gulerie, tandi cju 'aucun docu ment dn ni', voire du xvn° siécle, tic dit qun a po rtrait de Colom b rut fa it par ce pci utre, en bonn e logique l'attributiun doit étre rejetée nbsoJurnent.. On a dú se bu m l i' d 'ét iqu ette Duns I ' ouvrage de Paul Jov g intitulé Elogia virorum hellica p i'tnie illn.strinm p eris ima.ginibus su/posita, qux apu.d Mu.sa?u,n speclanflr (autrement dit, les éloges décrites sous les efigies des honimes ¡Ilustres qili se voient dans le Musée de Paul Jovg, Cóinc), ouvrage pu bI ié de son viva nl, en 1551, h Floren ce par Lorenzo T0BTIENTINI, ja-folio, on trouve ti la page 45, une hiogra ph ie de Christophe Colomb , portant potirtitre: Sub effigie Citrisiofori Co/nm/si; c'est-ii-dire Eloge placé sons le portrait de Christoph e Colom b. Paul Jovn a done possédé un portrait, tau prétendu portrait, clu grand Cénois (qu'il f'ait naite ti Albissula), et cette mention est la plus anejen nc d'un portra it (le lui qu'on con naisse. Le dije, souvent répété eL toujours snns contróle, que la galerie Jovtcllne eonteriait pluslcurs portraits (le l'Amiral , repose uuiqucinecit SU!' des aun hutions que rica nc justifie. II y a quati'e p rétend ues i niages d u céléb re navigateu y , que Fon a ([lime provenir en ligne directe de la collection de Paul Jovu, et comine elles nc se ressemblent pas, on en a tiré la conséquenee que 1e famenx évéque * Cc catalogue, ou la Ii 4 te móme dc porlraits peiiLs par L'Altissi,no pour Cosme, doiL exjst,,r daus le Ca r teg?w des ilfédicis, cuz archives d'Etatá Florence. Le grand-duc, dnns se róponse á la JeLtre de 31 mci 1553, dit Vrsçgesi di ritrovar ¡a nota de' flomi, che la ha ¡1 ,naio,'do,no, pci' aandurglidc. (CYE, 11, 380.) - 104 posséda plusicurs portraits de ce geure. C'est ce que les gens qui raisoniient appellent une p(titLon de principes. Plusieurs éditions furent faites de ces Eloges mais e'est senlement dans celle pu fut publiée h liMe en 1.577 (quoique datée, an litre, de 1575), que l'on voit une cífigie de l'illustre navigateur. Le mot effigie, an singulier, dans la inention préeitée Sub e/figle Cbristofori Columbi, indique la possession d'uu seal portrait de Colomb, el de fait, il ny a pis la moindre preuve que Paul Jove en ait en deux, encore rnoins une dem[-douzaine. Admettons (pour nous arnuser) que Paul JOVE ait posséclé deux portraits du célébre Génois, naturellernent c'est l'un de ccux-ci qili a été reproduit daus ses Elogia— Si ceini do docteur est lautre, jis doivent se ressembler. Or, rica de plus disscmblable el de plus contradietoire que ces deux euligies. Elles s'exeluent lune l'autre, el, conséquernnient, ¡Inc pcut y avoir que Pune des deux qui soit authcntiqtie, - el encere! C'est done le portrait apocryphe que Paul Jovu, ou les éditeurs de ses Elogia auraient choisi peor figurer duns son Iivre? A qui fera-t-on jamais croire une baliverne pateille Quand Inénle le portrait do Docteur « serait le seai quí exhibe la verrue historique rnentionnée dans toutes les histoires (?) de Colomh », jI resterait encore 'a prouver non sculernent que cctte pcinture a appartcnu 'a Paul Jo y a, ninis, aussi , coinine en le préteud, 'a su famille dep 'iis l'nnnée 1552 jusqu'h nos jours. Qunud, conrnent, l'ancétre de la dame qui Pa légué au Docteur se I'est-il procuré? Un tablean choisi dans une galerie qui en renferrnait des centaines, el conservé si précieusement pendant trois cent qua rante ans dnns la mérne Famille, n'a pu passer par tant (le góuérations saus laisser des traces dans la eorrespondauee el les inveutaires en nutres actes authentiques. O'a sont ces preuves? Ayee la meilleure volonté da monde nul nc peut aceorder aux déclarations , nécessaireinent ¡utéressées, d u D' DI Oncut, la ynleur d'uu térnoignage odulaire ponr un prétendu faiL remontant it trois sieles el derni 1 Aussi nc su it-en que penser lorsqu'on voit un homme de valeur, uii vice-président de la Société royale de Géographie, de Londres, prendre, sans plus de garanties, une semblable peinture sous sa protection el écri re Oniy ono autitent.íe poiIra.it of ('olumbies ir Á-no,t'n ¿o itave been pa,in.ted ..... tui unt.ii quite eeenilq 1 (lo 'tot 1I,inlç 1/tal 1/1e original it'as knotvn lo ex¿:. It, hotveper, ne y cr lef? rite /1wi/q. and wlten tite iast Giovio died it was in/se,'ited by t'ter grand son, tite No hile de - {05 Ore/id, wito is 1/te preseni possessor. 1 çt'as so forleenate as Lo seo it 'iren 1 çvas ni. Como... líere we hace tite head of a venerable litan, witit tiria grey ¡taj,', etc., ele., etc. It vas 1/tres thai he donbtiess a/)J)eared dar/ng tite pei'iod 1/tal he wa.s ¡ti Spain, af?er bis retaen ¡ti chame, etc., etc., etc. (Pi'oceedings of tite Boyal Geographicai Society, Londres, pour septembre 1892, p 603.) 43. TILiI'd Assisi.ant Post-master-General IJAZEN, ¿y preparing tite ciesign fo;' a set of stamps Lo be issued ja honor of tire 400th annicersa;'y of tite drscocery of America. Tite Te'easury Departnecnt to-day began tire prepai'ations faz' cort/te fico mil/ion C olu mL jan ha! f d oit a p . l'lte designe of tite co iii ha ve aiready hcen selecied....from a porirait which was rccentiy prerchased by tite U. S. Consul General al Franlcfort, for M. James W ELT.SWORTH of Chicago. (Dépéches téiúgraphiques des 30 juillct eL 6 aoút 1892.)44. Cette sophistiquerie motiva la lettre adressée au Nsiv York Times, le 8 avril dernier. Comme notre épitre expuse la tactique employée généralernerit dans les tromperies de ce genre, ¡mus croyons utile den insrer ¡ci une traduiction. Les mots soulignds sont pris des bonirnents, manuscFits et irnpri. !nés , journalistiques eL épistolaires (particuliérement de la notice intitulúe Tite Loito Porirait of Columbus, signée E. II. M.) qui accon]pagnnie.nt la pcinture it !'époque oü cette merveilte était en quéte de quelque opulent eL naif capitaliste e Co prétendn portrait ¡mus est donné dans nombre de récentes puNícations italiennes et new-yorkaises cornine étant l'ouvre du céIébt'e uniste vénitien Lorenzo Lono, peint d'aprds notare á Grenade en 1.502 date inserite en c/iifl'rcs absoleemeur distareis el incontestables. On avance á l'appui de eette atinhution et de cene date d'audacieuscs aflirrnations qui demandent une réponse. La voici 11 n'est pas vrai que Domenico ¡'isani fui en"oyé en Espagne cern/nc am bassadear de la 1?dpubit que lors que la nou,'e/lc arriva ti Venisc de la ddcorwerte da Noun'eau Afonde. II n'est pas vrili que Pisani olla 'laus ce pays surtout (un le moins da monde) dans le bac d'obienir des renseignements acijes cccx rnarc/eands de Venise ea sujct de la n'ateeer co,n,nerciaie, des ressources ci des produies des ferres nene tel/c g , el a/la (1 ohte,ur des carees marines pone' les ;eavigateurs pdnitiens. II jt'cst ¡).as yrai que J'isani atari un seerétaire appeté Giovanni Caen¿rifo ea Grajeo, - 106 II n'est pas ;'rai que te Camerino ou Critico oblint secri,ien,cnt de C/trisrophe Coln,nh une carie da Nous'eau Monde. II n'est pas vrai que P,Ñani envoya Li Rofl govoerneinent de Qolu,nineu.v rapporls (no un rapport qiielconque) Contorne nl les ddcouoertes de .Colonth. u pas vrai que Lorenzo Lo go visita l'Epague da tetups de Pisan¡ (on fr aucune époque) ti quil peignii plusicurs tahlea.t.c i'nportants (ou quoi que ce soit) satis son patronage. 11 n'est pas vial qu'il y cii auj oardisin seise de ses aju pres á Madrid, exécuides á Crenade, á Sdeille ci Ltilleurs en Jfspagne, d celle ¿po que (voire avont ou aprés !) 11 n'est pas \-rai qa'on connaisse l'liistoire de ce porirait depuis irois tenis nos (ni méme trois cents jours avara Sa rente pone la forte somme!). Quant fr celle peintute en tant que porirail de Cbristophe Colo mt), &est une impudente íabrieation, laquelle, comme tules les falsifications i ¡aliennes (el Dieu sait si Ion en manníacture dnus la péninsule 1) particuliérement celles qiu pioviennent de Venise et de Bologne , veía erop prou ver. Colomb, dans ce tableau, est représenté tenani une carte de géographie. Cette ca pte, nest pas, coinme on devrait s ' y attendre, une carte de sos découvertes. Cest une carte du Brésil, pays qu'it• na ni découvert, ni prétendu avoil' déeouvert, et qu'il n'a jamais vu de sa nc. Ce n'est pas 'néme une carte espagnole, - encore moins italienne. Cest une e-arte falte exclusiverncnt a y ee des éléments portugais. Sans étre grand clero, on sexplique com,nent le faussaire est arrivé fr insórer une carte de ce genre dans si peinture. 11 s'adressa fr quelque bihliothécaire, dernandant fr vol' « la plus ancienne ca p te de l'Amérique Cela¡-e¡, qui n'en savait ceitainelncnt pas plus long, lul lit voir la plus nnciennc carie gro ,'de ola le Nouveau Monde est représenté; laquelle noire truqueur s'ernpressa de copier. Mallieureusen,eni pour cel industriel, ceLle carie n'est rien d'autre que la inappenionde construite par lAlleniand Johannes lluysch, fr la fin de l'année 1507, eL ajoutée au Ptold,née piihlié fr Borne en 1508. Ce (idI est dérnontré par le fait que cesÉ une Fnappemonde projetée en développement du cóne dont le soinmel est nu pifie aictique, genre de projeclion inconnu avant 1508; par la configuration trés particuliáre du Brésil, qui est la méme daos le pseudo-Lotto eL (laus le Ruysch; par la hévije qui met laTrinité parini les ¡les de Cannibales; par File de Monserrat, ainsi noinmée exclusivernent dans ces deux cartes; par le continetit que l'nne el tautre appellent ¡'cera sanct;c Crucis, vocalfie auquel Colornb na certainement jamais songé eL qu'on nc trouve sur aucune carie on sur aucun glohe espagnoL Et cela sexplique, puisque ce nota inventé par Cabral, lorsqu'il découvrit le Brásil pour le compte du Portugal. Enfin, - 107 la fraude se démontré encole par ].a identification des degrés de longitude, ntamérotés dans le pseudo-Lotto, 305, 310, 315, 320, précisémeut comme dana la carte lusitano-germanique de Buysch, quoique 3050 (de ceite échelle - á pon prés notre 600 longitude oucst) soit l'extrme limite de la cóte orientale du contineut américain que Colomb ait jamais atteint. Maintenani, les décou-vreurs et les courtiers de cetie piéce curiense afflrment qu'elle porte la date de 1502. Comment peui-elle alors exhiber 'Inc carie qui fin construite six ans aprés et alors que Colonib était mart et enterré depuis deux années? En réalité, c'est une de ces excessives fjnesses dont les pourvoyeurs italiens sont coutuiuiers, mais qui, cousues de fil blanc sans qu'ils s'en doutent, fin ssent toujours par mettre sur la yole. Dans les tromperies de ce genre, l'offre va de pair ay ee la demande, et pi'esque 5 chaque nouyelle lune, naos voyons exhumer de quelque col/cellen pasricienne, d'oú ¿1 'fa pas houge depuis trois cents ans (qtielque fois deux siécles seulement), un portrait aut/ecntiquc, pr/e ad pioum, G/iriseophe Coio,nb. Cet influenza iconographique durera sans doute jtIsqu'aprés l'Exposiiion de Chicago. En cc qui concerne le prétendu Lotio, attendons-nous aux eífets constants de la critique. Ou Ion découvrir'a un autre Lotto de méme acahit, maje sans la famense carte du Brésil, ou lijen les parties jntéressées dans cene affaire, faisant la part du feu, jetteront la carte par dessus ]rnrd, a yee le pénible mais malín aveu « qu'ils viennent de découvnir que la cante a été ajoutée aprés coup, 00 qu'ils n'avaient pas vu un 1 placé avant le 2, et eonséqucnt qu'il íaut lire non 1502, mais 1512; ce qoi cmpirerait encare les choces, en vertu de l'adage américain Plus en le rcmu,e es plus cela cene nzauvaLç/ Ou bien encore que les experts ont mal regardé et que le ponirait nc porte ancune date, etc., etc. Nous verrons aussi abarklonner, h tour de róle, les autres appendices du porirait, teis que 1e sablier, le volume des 'euvres d'Aristote, etc., etc., lactique renouvelée de l'art (le la fortification des places, oü c'est la façon d'atiaquei' qui fait la lo¡ de la défense . Tout Cela est bien connu des coununissaires priscurs appelés a vendre aprés décés les olijets d'art collectionnés á grands frais par des arnateurs qui, do haut du cid, leur derneure derniére, ne voient peui-élre pas encore de quelles... illusions jIs furent victimes. ,, Le leeteur Fa sans dotite déjii deviné, tout ce que naos venons de dire c'est par pune julonsie, can naos aLISSi, nous possédons un poit raiL a uthentique. (le Ch nisi 0j he Colo,iub, pni s d 'ap rés natu re, el que nouis désirons beaucouip voir adopter de prélúrence par le gouiverncmen t des Etats-Un is, poiur des timbres-poste, au inoin 5 pour celui d'un son. - 108 Cette efigie se présente daus des conditiuns d'authenticité qni nc Je cédent en rica aux portraits les plus •diiis. Présentée an Congrés des Américanistes tenu ti Luxernbourg en 1877, elle conquit d'ernblée toas les suifrages de Ja savante compagine. Comme Fa (lit excellcrninent lorateur chargé d'initier ses collégues aux mérites du tablean, « c'est le seul portrait véritable de Cliristophe Colomb. Cettc peinture est exécutée a yee UD soin et un scrupnle que l'cnthousiasme peut seul a-voir inspirés. II n'y a pas jusqu'h la chassie des yeux usés du vieux mann qui nait été observée et rendue. Le triomphe moqueur dii grand honime méconnu, humillé et persécuté, Bul, artiste nc l'aurait mieux reproduLte. » (Congrs international der 4móricanistés. Luxcmbourg, 1877, t. II, p. 375) Voiei ce portrait, prís sur loriginal , destiné au Musde du Louvre Le lecteur remarquera combien la conirnunication faite au Congrés des Amé rica nistes est exacte en toas points. Les reuseignements historiques produits á cette occasion sont aussi de l'espéce particuliére toujours £ournie par les possesscurs de portraits incontestables et Ile sauraient laisser subsister le moindre donte dans l'esprit méme des iconographes les plus inerúdules. A certains - 109 - égaids, cette eífigie est supéricure h tout ce quon a produit en ce genre jusqu'ici. Par exempie, alors qu'un de ces portraits (cclui que nous mentioLlnons e¡-dessous, h la note 45, fréquemrnent appelé ijar d'irrévéi'cncieux iconograplies « le clérical ») provient seulement de la inattresse de Christophe Colornb, le nótre fut peint pour son fis légitirne et héritier qui (c ayout été gouverneur de Vile de Cuba; l'apporta et le laissa att palais, d'oü ji aura été volé par quelque flibustier ou sauvé par quelque partisan ». Enfin, preuve décisive! le portrait cst égalemcnt symbolique , et de tous les syniholes ji arbore le plus certuin l'uF! Si ectte fidéle image pouvait aussi inontrer la corte dii Brésil, de RUYSCH, ce serait la períection! 45. La France no,welle, Paris, 31 aoút 1892, et ficocce Britan,z&juc, du P' octobre saivant. Ce portrait unique et incontestable qui, « jusqu'au dernier descendant des comtes de Cuccaro, nc sortit pas de la famiille des descendants directs du cointe BALDASSABE, » Fut donné, ou cédé, au vénérabie postulateur de Christophe Coiomb, j i y a prés de quarante ans, par Mgr. Luigi COLOMBO, ledit dernier descendant desdits comtes de Cuccaro , comrnc ¿tant le seul véritable portrait de son (prétendu) ancétre. Ce récit nous suggére une réflexion assez bizarre. Le digne et génércux publio en 1853, u1 Rome, une biographie étenduc de Christophe Colomb, afin de prouver que ce dernier était de' comí e signori de Cuecaro, coste/lo della Liguria riel Monferrato. Cette publication (Patria, e Bios,'ra/ia del Grande Ammiraglio D. Gnistofoio Colombo, Roma, Tipogr. Forense, iu-8), est ornée d'un portrait du héros. Comrncnt se Lait-il que le savant prélat n'ait pas adopté pour ccue effigie « le seul portrait authentique, conservé danssa famille depuis deux siéeles et deihi ,t, et, qu'au contraire, jI oit choisi lespéce de polichinelle da Musée de Versailles qui , satis Mie plus uutheutique, nc ressemble h sa farneuse peinture en aucune íaçon? C'étaít cependant le moment ou jamuis d'cxhiber son autiquaille ¡ II nc croyait done pus lui-méme h l'authenticité de ce portrait? 46. Notre Cltníszophe Golomb, t. 1, pp. 364-371. 47. Ibidem, t. 1, pp. 241-246. 48. World's C'olu.mb tan E.zposition. C'lassification of tite Latín. American Dcpartnent, Washington, 1890, in-8, p. 5, n° 6. - no 49. liii liodieca Americana Vetustissima, Additions, p. ix. Le nom de Colornb n'est mérne pas prononcé dans ces Dietarios. 50. World's Columbian Exposition, p. 6, n° 9. 51. Historie Dei S. D. Fernando Colombo; Ale/le guau s'/?a parel tito/are, vera reiatione della vito, el de' fatti del¡' Antmiraglio D. c/tristoforo Goiombo, suo padre. In Venetia, MDLXXI, petit in-S. Voir, an sujct de ce livre, notre C/iri.st op/te Colomb, t. 1, pp. 108-121. 52, Les colombo de France el ménloire lii h l'Aeadérnie des lnscriptions et BeIIes-Lettres; l o ' et 15 rnai 1874. Voir aussi l'excellcnte thése de M. Charles B0uREL DE LA RoNctnE, La marine fra.ncaise sous Loní.s XI, soutenne h 1'Ecole des Chartts, le 30 1891. 53. Piéces justificatives dans l'appendice A, torne II de notre Cliristoplie Coiomb. 54. Ármoriai gónélal de la France, dressé en vertu de l'édit de 1690, par Charles d'UozIEn. Salle de travail do Cabinet des manuserits. 55. Dossier saponásien, dans notre c/trisioplic C'olomb el Sa pone, Génes, 1887, in-8, pp. 79-105. 56. Docu,nents e.xt'insi?q ves el ui5 forigues et Docuinents ínt,'h,saques el notarids, dans la brochure Cliristophe (>lomb, les Gorses el le Goupe,'nement francais, PP. 21-30, et an tablean généalngíque. 57. Voir les ouvrages de Al. le comte R0SELLY DE LoncuRs et de son école, aiusi que ceax des académicicns espagnols, D. Emilio CASTELAR, D. José Maria AslNslo, etc., etc. 58. Clíristo/forus (le Golumbo filias Dominici, maior annis deeem nova '?,, a in presentía, ,ruetoritate, concilio el consensu dicti Don?!nici cias patris, presentis el autorizantis....Actuni Janue ¿u Foscafr/lo, ad baneam Lazari Bagü nota.nii, auno Dominice natipitatis )lcccc Lxxe , indicione tercia iu.xta more/u Janue, die mercutii ultimo octobris, in terciis. (In not. Nicoló RAGGI0.) Ce document a été déeouvert et publié par Al. le marquis Marcello SrAGLIBNO, Ciornale Ligustieo, Fase. vi,-vIII, auno 1887, et p. 21 do titage b part Alcn,zi nuo'i documenti intorno a Ciisto/bro Colombo cd alla. sua fanziglia, Genova, 1887, in-8. Cf. notre Golomb el Savonc, p. 48. — lii 59. Voir la table des homonymes, daus le tome JI, pp. 541-556du C/iristophe Colomb. 60. C/tristophe Colomb, t. 1, pp. 223-240. 61. Un historien espagnol de Christophe co/cmb, dios la Recua CHI/que, numéro double de sept. 26 et oct. 3, 1892. 62. Fud de alto cuerpo, más que mediano; el rostro luengo y autorizado; la nariz aguileña; los ojos garzos; la color blanca, que tiraba á ro/o encendido; la barba y cabellos, cuando era mozo, rubios, puesto que muy presto con los trabajos se lo tornaron canos. (LAS CASAS, Historia, t. 1, P . 43.) 63. ]\Teila sua giouentiz /tebbc i capelli biondi, benclie, giunto che fi á tienta anni, tutti gil dinennero bianciti (Historie, 1571, f. 7, recto). 64. Fernancl C0L0MB naquit le 15 aoút 1488. 65. Un acte notarié, passé u Savone le 10 septembre 1484, nous monirc Jacobus de Co/ambo Doininici cicis Jannw (Dominique, son pére, était revetiu vivre it Génes), majeur de seize ans it cette date mejor annis scxdeci,n. (Cuiristophe Colomb, t. II, p. 437, doc. XXXV, in not. Ansaldo BAsso.) 66. En iastituant un majorat, le 22 février 1498, Christophe COLOMO oi-donne quil soit fait une pension it son frére DIEGO, paree que ce dernier a l'intention d'entrer dans les ordres porque e1 quiere ser de la Iglesia (NAVARRETE, t. JI, p. 230). 67. Duns son testanient en date da 30 aoút 1511, Barthélehiy COLOME, parle de sa filie en ces termes Por cuanto doña filaria mi hija es niña de tres años los cuales comp/irá á once de Diciembre de este año de quinientos once años. (Cliristophe co/cmb, t. II, doc. III, p. 466.) 68. NAVARRETE, op. cit., tome 1, P . 1; LAs CASAS, op. c it., t. 1, p 262. C0L0MO a emprunté ce ¡'ah it la lettre que TOSCANELLI lui avait envoyéc, et TOSCANELLI Fa prise dans la relation de Nicolas CoNn. MAnco POLO mentionne aussi une ambassade qu'envoya le Graud Khan su pape dans ce but, mais celle-ej revint saus avoir pu arriver jusqu'h Rome. Ici, le pape dont parle Coionib est EUGÉNE iv (14311447). IIAILnIOSE. — Chriszophe C4..1 clevani ¿'Ilinoin. 8 -. lÍQ 69. NAVARRETE, t. II, doc. Y., p. 7. 70. De tan alta cosa a donde toda la cltri.sUendad deue tomar alegria y fazer grandes fiestas y dar gracias solenties ala santa trinidad con muchas oraciones so/en t es por ci tanto enxaiamicnto que curan en tornandose tantos pueblos a nuestra santa fe... . Texte de la plaquette de t'Ainbrosiennc (Gitristoplie Colomb, t. L pp. 433434). C'est l'écrit le plus anclen que nous possédions de tui; malheureusement, l'autographe est perdu. 71. Santo Agostin diz que la fin ¿este inundo ha de ser en ci sétimo nzillenar de los años de la crcacion dé!.... De la c,eacíon del inundo fasta el avenimiento de!. C., son cinco mil ¿ trcccntos y cuarenta o é tres años, y trecentios y diez ¿ Oc h (Vas... con los cuales poniendo mil y quingeíttos y uno iniperfeto, 8011 400r todos seis mil ochocientos cuarenta ¿ cinco iinpe,-fetos. Segund esta cuenta no falta salvo ciento 4 cincuenta ij cinco años para compliiniento de siete mil, en los cuales digo arriba por las autoridades dichas [ Saint. Augustin, Pierre dAilly et le ro¡ Alphonse] que habrá de fenecer el inundo (Libio de Profecias, duns NAVAIIBETE, t. II, p. 264). Ecrivant au 13 septembre 1501, et annonçnnt que le monde navait plus que 155 tuis d'existence, Colomb fixait la catastrophe linale au 13 septembrc 1656. 72. Cltristoplie Coloinb, t. TI, Pp. 345.357. Les docurncnts que l'on dcouvre nc font, mi contraiie, que corroborer cette opinion. Ainsi, Alonso DE. SANTA CRUZ, le graud eosmograpbe et colkgue de Fernand CoLono, appelé it déposer sous serment devant le fiscal, le 31 décetnbre 1536, du vivant de ce dernier et it Séville, voulant éviter de dire qu'il dtait a Ms naturel, » pour nc pas le blesser, se sert d'un euphémisme lo oyó decir ti D. Fernando Colón que dice ser hijo de D. Cristobál Colon « J'ai cateado tenir ce propos par Don Fernand Colomb, que Pon ¿it Mre flls de Don Christophe Colonih .. o Mémorias de la R. Academia de la Historia, t. X, p. 266. 73. Supr, p. 111, note 67. 74. Tous ces faits sont empruntés it lours propres testaments, publiés duns l'appendice B de notre C/iristoplte Colo,nb. 75. Einbiaron a suplicar al Papa que tuviese por bien de proveer de aquella Iglesia (Metropolitana de Çaragoça) en la persona de don Alonso de Aragon, hijo natural del Bey de Castilla, que era de seys años (ÇURITA, Anales de Aragon, Madrid, 1610 t. IV, f. 296); eL, de - - fait, cct enfant de six aus Fut préconisd archevéque par Sixte IV, le 14 aoút 1478. Son pére, FBRDINAND n'ARAe.oN, était eependant l'époux d'ISABELLE LA CATHOLEQUE depuis le 19 octobre 1469, et don ALoNzo naquit, dune autre Iemme, en. 1471 Le jeune archevéque suivit l'exernple de son noble pére, et, ji son toar, cut un fis bAtard, qui fut éga!ement archevéque de Saragosse. (ANTONIO, Bib/ioth. Jfisp. Nova, t. 1, p. 368.) 76. OVIEhO, Quincuagenas, bat. 1, qainc. 1, dialogue 8, ms. cité par PnEscon, Ferdhzand and Isabel/a, 1870, t. II, p. 371, note. 77. Christop/ie co/cmb, t. II, p. 372-382, pour les autoritós. 78. Voir le benu travail de Al. Charles Jouno * zw, De l'in/iaence d'Aristote et de ses interprétes sur la ddcouc'erte da Nouveaa-Monde, duns le Journal de l'Instru.ction publique, aoút 1861. 79. Cette lettre, recopiée par Christophe Colomb sur les feuillets de garde dan livre de sa petite collectiou et qui se conserve ericore á la Bibliothéque Colombine, de Séville, se trouve dans nos Additamcnta it la JJjb/iothcca Americana Vetustissi,na, prise du texte original latín, que nous avons reconnu en 1870. 80. UZIELLI, L'Episto/ario colo,nbo-Toscaue//í e i Danti, Roma, 1889, p. 33, donne le texte de la lettre d'Hereuie d'Esrg, copiée sur I'original, conservé aux archives d'Etat de Modéne, Ganee/leria Ducale, Garteggio degli Ambasciatori. 81. c,,•& que enaiou Hieroni,no )Il6ntaro [MoNsTAnlus] doutor aie,n7to da cidade de norunberga cm A/hema;z/ta co sercnissi'no Rey dTi Jolzam.segumdo de portugal. Sobre o deseo brimento do mar O ceano et proa hiela do Grani Gairi (le Gataq tirada de latim cm lingoagern por mestre Aluaro da Torre. Cette iettre eurieuse se trouve dans le seul exciuplaire coana de l'ouvragc suivant, conservé ji la Bihliothéque municipale de Evora Tractado da Spera do inundo tíraroa de /atiin m ligcagd portilgues Gota. unza carta que liana grade doator A/em am mandou a el Rey de Portugail dom Joam ha segando. Petit in-80 , gothique, de 36 feuillets non chiffrés, Sine anuo ant loco, mais au 19e f., dans l'encadrement d'une vignette, on lit German Gal/zard, nom cUan imprirneur français, établi 1 1 Lisbonne au mo j as dés l'année 1509. Le texte complet de cette lettre, accompagné d'une traduction en anglais, est inséré - 114 dans notre Discovcry of North America, Paris-Londres, 1892, in-40, Pp. 393-395. 82. Ya dije que para la esecucion de la impresa de las Indias no me aprovechó razon ni matcm ática ni ¡napamundos llenamente se cumplió lo que dijo Isaías. (Lettre de Colornb aux bis Catholiques, daus le Libro de Pro/ecias, NAVARRETE, t II, p 265.) 83. El oro es exceientissime del oro se hace tesoro, y con ¿1, quien lo tiene, hace cuanto quiere en e1 inundo, y llega 4 que hecha las animas alparaiso. Relation da quatriérne voyage; NAVARRETE, t. 1, P. 309. NAVARRETE rapproche cette phrase cunease de deux maximes des sainLes Eci-itures Elemosyna a inoite liberal, el purgat peccata, el facit rnvenjre ,njsericord jan, e! p itain ¿eterna,n ('[oh. 12-8). Beatus qui intelligit super egdnuin el pauperem in die ,,,a.ia liberabit cu.m Dominus (psaurne 40). 84. Discovery of Nonhi America, pp. 302, 303, 340, 345, 683. 85. Pinzon en ci descubrimiento de las indias, por Cesareo Fernaudez Duno, de las Reales Academias de la Historia y de Bellas Artes de San Fernando (c'est le spécialiste de l'Acadmic de l'Histoirc), Madrid, 1892, in-12. Du mérne, Colon y Pinzo,,, dans les Memorias de la dite Acadérnie, t. X. Dii ménie, confúreRce sur ce sujet faite h l'AthéRée de Madrid, le 23 décembre 1891. C,Laobai ¿'o/oit, por D. José Maria A5ENSIO. Director de la Real Academia Sevillana de Buenas Letras; ¿'orrespondicnte de la Real Academia de la historia, t. 1, pp. 286-287, etc., etc., etc. 86, Le Señor Duno précité, Juicio critico acerca de la participación que tuvieron en el descubrimiento del 2V,evo ¿'ontinene los be,'¡llanos Pinzon. CeLLe cérénloRie patriotique ct tonchante caL lien le 2 aoút 1891, h neuf heures du soir, dans la salle des fétes da Grand I-IóteI de Huelva, aprés un intermedio de m,isica. Voir Sociedad Colombina Onubense, Memoria correspondiente al año de 1891, p. xxvi. Pour exergue A'adie es profeta en su patria (8. Lucas, jy Y. 24). C'cst l'inverse qui est vrai * 1égard de l'aeadérnicien précité, lauré eL sérénadé. 87. Jlernan Pcrez Mat.eos, de edad de mas de 80 años, primo de Martin Alonso Pinzón, no sabe más de haber oido 4 Martin Al01150 eta sus hermanos (Méinoires de l'Aeadéinie royale de l'Jiistoire, t. X, p. 263). 1 - 115 88. Coníérences,- histoires, discours couronnú, etc., etc., des académiciens espagnois précités. 89. Le Seior AsiNslo, op. vil., t. 1, p. 520. 90. NAVARRETB, op. cit., t. IH, p. 520. 91. Christoplte Goioinb el les Acadómicicns espagnols (en préparation). 92. Espoutenemenee, sin esperanza de premio, de una manera romantica. Discours d'iiiauguration des confét-ences de I'Athénée de Madrid, prononcé par M. CÁNOVAS DEL CASTILLO, prósident du conseil des ministres, membre de FAcadémie royate de l'Histoire (EspaÑa y Portugal, n° du 24 novembre 1891, p. 175). 93. Cristobal Colon y Alonso Saneltez o el primer deseuliri,niento del Nuevo-Mundo por el presbiterb Dr. D. Baldomero de LORENZO Y LEAL, indipiduo correspondiente de la Real Academia (le la historia. Con licencia de la Autoridad Ecele.siastica. Jerez, 1892, in-12. Celui qui n'a pas lu ce Iivre no possédc qu'une idée ineompléte de la science et de la critique espagnoles 94. Para mi yo lo tengo por ¡hIso. üviíino, Historia general de las Indias, t. 1, p. 13. 95. Clironology of mariti,ne ooya.ges westa'a,'d, dans Tite Discovery of clic Coja/nene of Norili Anzerica, pp. 651-661. 96. Sus devaneos, inds o menos clandestinos [?], su antbicin, sa nepotismo, su clareza y crueldad, su prurito esclavista y su sed del oro, rezagos de sus viejas maflas de corsario y bucancrio. Conférence Faite ¿i I'Athénée de Madrid, le 4 avril 1852, par la Señora Doña Emilio PARDO BAZÁN. 97. Yo dina que Raimundo Lulio es quien realmente descubrió las Américas, quedando reservada £ Colon, en premio de su energia y constancia, la inmensa honra y fortuna de encontrarlas dos siglos después. (Op. cit., p. 21.) 98. Ce vaste savoir n'a d'autre origine que la pago 53 de la dissertation sur l'aiguille aimantée, du R. P. PASQUAL, Madrid, 1789, in-4. 99. Puede ser que la casa de C'cUon fuese aquella donde el beato - 116 La/jo dejo sus obras; de las antiguas memorias é lustoria.s de Mallorca consta que Esteban Colon, genovés, que se hallaba en Buxia cuando aquél fue' martirizado por los moros, pidió al Rey set cuerpo y lo tomó con intención de lleva rse/o it Gen ova, por ser muy conocido .Çuqo... Esto indica ci particular apego de Cristobal Colon. (El Centenario, 11 IX, p. 428.) Le R. P. CAI' p A emprunte cette démonstration hiscornue ini livre prócité du P. PASQUAL, en son ternps mémbre de I'Acadérnie royale de l'l-hstoire, - ainsi qu'on devait s'y attendre! 100. pp. OvIEDO, 14-17. historia General de las Indias, lib. II, cap. lit, t. 1, 101. Mando fuego al A drian de Muxica.] ahorcar; y diciendo él que le defasen confesar, dijo que le confesase un clérigo que allí estaba, y, cuando el clérigo se ponia d confesarle, se detenia y no quena confesar, y esto hizo algunas veces. Viendo el Almirante que lo hacia por dilatar su muerte, mandó que lo cc/tasen de un almena. abajo, y así In bici/ron. LAS CASAS, lib. 1, cap. ccxx, t. Ti, p. 133. 102. Un adrian en este tiempo prouo a alcarse otra ves, comino de antes mas nuestro Señor non quiso que llegasne a e/bao su mal proposito :1)0 tenja propuesto en ini tic non tocar el cabello a nadie Y a este por su ingratitud con lagrimas non se pudo guardar asy, como yo lo tenia pensado. - « A cette époque un nornrné ADRIEN tenta de se révolter de nouveau, mais Notre Seigneur no permit pas que ses mauvais projets réussis.sent. Je m'étais prornis de tic toucher pos méme it un cheveu de qui que ce soit, mais l'ingratitnde de cet Adrien me Corea, en versaiit des larines, de renoncer it celle intention. » ( Lettre it la nourr j ce de l'inlhnt Don JUAN; texto da cartulaire original de Coloinb , conservé mix Archives cia ministére des nifiuires ¿trangéres , it Paris; en ce moment exposé dans la section (le géographie de la Bibliothéque nationale.) 103. Y porque en este camino que yo hice it Cam.bao [sic pro Gibao?] acaesció que algan Jadio hurtó algo, si /ialláredes que algunos de ellos furten, castigadlos tambien cortándoles las narices y las orejas, porque son miembros que no podrán esconder Instructiolls adressées par Coloinb it Pedro MARGAIIITr, le 9 avril 1494, dans NAVARRETE, t. II, p. 111. Voir flUSS, LAS CASAS, Flistor, General, t. II, p. 46. - 117 104. ¿ Qué hizo, al fin a la postre, Boba.dilla, sino aplicar el principio, hoy tan querido de todos, de la igualdad ante la ley? Colón era para él un delincuente, y como delincuente le trato. CeLle phrase est prise par nous d'un long extrait, publié entre guillernets et précédé des trois lignes suivantes Cedernos, pues, la palo bv,a al Sr. Cánovas, condensando su pensamiento cuanto nos sea dable sin des/i;rura.rle, dans España y Portugal, 110 dii 24 novetubre 1891, pp. 174 et 175. 11 n'est pas arrivé á notre conuaissance que M. le Président du conscil des Ministres ait protesté contre ces paroles; mais dans la Con/brencia inaugural, irnprirnée h Madrid en cette année, et qui nous parvient h linstani, le langage de S. E. se trouve trés atténué. LAS CASAS, Historia, t. II, p . 488. 105. 106. Ovinno, Historia General, t. 1, p. 69. 107. Conférence faite h l'Athénée de Madrid, le 14 décembre 1891, par le señor Louis Vidart, (Espa»a y Portugal, n° da 24 décetnbre dernier.) 108. La conferencia del Sr. Vidart probó una vez más las dotes reconocidas de investigador y de erudito historiador que posee; asi se lo probé la concurrencia con su aplausos... (op. cit.) 109. Voir un Historien espagnol de Colornb, daus la Revise critique d'lustoire el (le üttérature, u° du 26 septenibre eL 3 octobre 1891. 110. Cet autre échantillon de Li critique espagnole no noits est connu que par une tracluction anglaise The douhíoons of Bestrice ansi he, farnily /ie)ped Lo suppiy the necessary expenses of prepara. don for tlie great underta.lsing. Even in dic fainiiy records of dic second generation we come across statements of a.rrea.rs in ¿he contracts between 1/se two bou . el,oids [Nous voudrions bien les Noir!], asid notes of snoney payments faz- debts of this class, mysteriously contracted asid still undischarged... For sorne Uro years lic ga ye no s%n of life asnong us, as thou.gli tinte vere la.ckinç fo " tIte cnjoyment o/'so vas¿ a li.appiness as lic ¡binid ¿a Cordoi'a. (Christopher Columbus, par le señor Emilio CASTELAR, rncmbre de l'Acadórnie royale de I'Histoire; dans Tite Century, de New-York, juin 1892, p. 287.) NAVARRETE, t. 11, p. 5, doc. 111. 111. 112. Libro de cuentas de Francisco Gonzales, Tesorero de los S. Reyes Católicos, dans NAVARRETE, t. 11, P. 4. - 118 113. Lettre clu due de MEDINA GEL! au Grand Cardinal d'Espagne; NAVABRETB, t. TI, Ps 20, doc. XIV; LAS CASAS, t. 1, p. 235-39. 114. L'órdonnance des ibis Catholiques, Medina del Campo, 1497, fixe la valeur de lExee/lente de la granada h 375 maravédis. Ledt Excel/ente pr.sait environ 3 gr.52. Mainienant, 10.000 maravédis divisés par 375 = 26, 66 Excelienis dar Ii 3 grammes 52 = 93 gr. 84. 93 gr. 84 it 3 írancs 16 le gramme = 296 franes 53 cent. 115. Ms. Collection VARGAS Poxcs, t. LII, pp. 1423-1426. Bibliot. de l'Acadérnie de Iflistoire, h Madrid. 116. Digo é mando 4 Diego mi hijo... que haya encomendada 4 beatriz eniriquez, medie de don fernando mi hijo, que la piobea que pueda hebir ltonesta,nente, como perSona á quien yo soy en tanto cargo, ij esto se faga por ¡ni descargo de la consciencia, porque esto pesa mucho para ¡ni anima. La razon de/lo no es licito de la escribir aqui. ' !'exte de l'expédition méme du notaire Pedro us ASCOYTIA (Ms. de lArchive des ludes). II est it noter que lcxpression por descargo de ¡ni conciencia , se retrauve dans le legs filit par le fameux Sébastien DE ELCANO, en faveur de Sa filie bMarde. 117. Testament de Diego COLON du 16 mars 1509; dans notre Christop/e Coiomh, appendix B, doc. 1, p. 461. 118. Dans les additions manuscrites it la traduction espagnole inddite de Pierre-Martyr D'ANGIIIERA , Coflservée it la l3ibliothéque de l'Acadérnie rs de IHistoire (Esi. 27,gr. 3a E, 1V" 93), en lit Oti'o que han contado este rin/e primero.. a/firman que / hé ayudado de tres ginoreses mercaderes que al mo llamaran jacobo (le NECiO, que tenia en aquel tiempo mucho cl-edito en Semilla, y al otro 1/a ¿novan CAPATEL [?] y esto p a en Xeres, y el otro llamaran luys DORIA que morava en Galiz. Au 1'. 8, le chroniqueur ajoute Fue el dicho Colon a .verez de la frontera a 11aze,' gente y a/ii pag( a muchos (le los que fueron con él al primci' viaje que les dcviii dineros y ansi se loaran e//os de les aç'er bien pa gado lo que les depia. Ceux-ci eurent plus de chance que Juanoto Bt!BARD[, qui fut aussi un des bailleurs de fonds. Uest du rnoins ce que nous iníérons du doeurnent si curieux récemment publié par M"° la duchesse dÁLBE, daus un livre qui it ini seul vaut eent Fois rnieux que tout ce qul a été publié jusqu'iei it propos du ceutenaire par les acadúmiciens espagno)s, et est venu it temps poni- ia sanver, autant que possible, du — 119 ricijcule Digo é confieso, por decir verdad ct Dios ó guardar salud de mi ánima, que el Señor Almirante Don (]ristobai Colon mc ¿ene des obligado á ciar d pagar por su cuenta corriente ciento y ochenta. 1/li lnrs.,. poco mas 6 ¡itenos, segun por mis libros parecerá, y mas ci servicio y trabajo que yo por su señoria d por sus hermanos ó fijos e negocios lic fecho y trabaj ado tres aÑos ha .. . Ce doeurncnt notarié est en date do 15 dócembre 1495, done les « trois anuées écoulées )), nous reportent á 1492 , date de i'équipernent de la preni ilre exp&lition. A utógrafos de Cristobal Colon y Papeles (le America, los publica La Duquesa DE Bintwicic y DE ALBA, Condesa SIRUELA, Madrid, 1892, jo-folio, p. S. 119. Dans les instructions que Christophe Colomb donan it Diego, son ¡j is, avant de partir pou r Te troisihme voyage , et que VARGAS Poxcs a trouvées dans une Genealoçia (le la Casa (le Portugal écrite par Francisco MEDINA NuxcLnAY, et insórées dans collection de copies (supra, note 115), on ¡it Micer Francisco DE Micer Francisco CATANE0 y ilíicer Gaspar ESPENDOLA (sic pro SI'INOLA), mc emprestaron para suplir ci ochavo (le las inercancias que fueron ¿i las Jndias, y mas ciento diez y ocho niara vedis en dinero que se gastaron en Sevilla, y cinquento mil. en Jerez, y veinticinco mii en Granada, de todo tienen mi cedida y escritura publica. La copie piise autrefois pour RivAnoL, Micer Francisco DORIA y notis sur le ms nc conticnt pas plus de ciétails; ,nais ¡1 s'agit évidem mm t du second voyage. Nous avon s égaiement fait rechercher, ma j s en vai u, lacte notarié (escritura publica) dont ji esi fa it mention dans cette pice. 120. Ovisoo, Historia Natural de las Indias Proemio (écrit en 1526), f. 3 de i'údition de BARCIA. 121. TIte Discovery of Nortii. America, v. 'itl, sorne account of Ancieni America and dic Lpanish Conquest by John. FIsKii. Boston et Londres, 1892, in-12, t. 11, pp. 187, 210. 122. TIte .Life of Ferdinand ilfagellan and tite first circumna vigation of tIte glohe, by F. II. II. GUILLEMABD. London, 1890, in-8, P . 258. 123. Ce qu'ils appeilent dic honda.ge of tIte modern inap (?). 124. Voir les chapitres sur les navigateurs inconnus et les navi- - 120 gations clandestinos il la fin du n° sidcle, dans notre Diseovery of Norik Ainerica, pp. 77-133. 125. E it S. Armirante dice che trouara maior for/une e pe4'iori it Catho.yo, ci di questo ¡no/lo sta ita ¡ti arga/nenio cain uno ah/míe de Luxerna. ... bono astro/lomo ci cosmografo... fui dice p a de note ma era che cra ¡no/lo grande ¡solo. A la quale sentencia, considerata la forma del nos/ra na . uicamenie, le pi» parte de nayj afiri se dauanio; el per questa casone el S. Arin iran/e non lo ha voluto lanar venire it, Spagua cuin nu j á cid che dema,ulato di parcre (la la Afajestá del ./? é non cansasse cum la seta rispos/a che dicto fié non ha.bandonasse la intc;prcsa. (De tzouitantihus Jnsa/arunz oewa.ni íTi'tper. fieperior, a Don Xpoforo Colu,nbo Gen uensi. Ms. de lUniversité de Bologne, Codex I. C. 2.) 126. Cartographía Americana Vcíustissima , troisiéme partie de nutre .Discovery of Norih. A,nerica. 127. Relation de PIGAFHTTA, Mss. de la bibliothéque de Fontal. iiehtcau, conservés h la Bibliolbéque nationale, Gabinet des mss. Français, 5650 et 24224. 128. Magal/iñes-Sim•nsse and Austral-Gontinent auf den glohen (les Johannes Se/tóner, 'on Dr. Franz WIESER, Innsbruck, 1881, in-8. 129. Ldure adressée it Al. le Ministre de l'Jnstru.ction publique da royainne di/alíe, par un Giioyen ainérieain, Génes, 1889, in-8. 130. La lettrc de T0SCANHI.r.r, dont Ij ous avons reconnu el publit le teste latin , en 1871, prouve des rapports entre l'astronorne iloreritin et Christophe COLOMU. Les Ilitiotie (cap. VII, E. 15) clisen 1 méme que TO5CÁNELLI fuL pour beaueou dans Sa déterin lun. tion d'entreprendre le grand voyage de découvertes fosne eagione in gran par/e, cli' egli con pm animo inzprendessc queto Qiaggio. Cependaut CoLoMn no le mentionne pas une seule (bis, tandis qu'it cite it plusieurs reprises le cardinal Pierre D'AII,LY (NAVAnUETE, 1, 260; II, 262, 269) dont it rópéte des pagos entiéres, VOI FO ni érne la plus grande partie d'un chapitre (Fiurincior, Examen critique de ihistoire de la géograpltie dii Nouveap Contineni, 1, 61. PR5CHIL, Geseluehie des Zeita/ters de, Entdeckangen, 1858, 123). Aussi LAS CAsAs (lib. 1, cap. XI, t. 1, 89) n'hésite.t-il pas h dire que e'est C04'tainement Pierre d'AiIly qui eut le plus d'influenee sur - 121 Colomb dans ses projets Lo primero es lo que Pedro de Aliaco, Cardenal dice en sus libros de astrologia y cosmografía, i este doctor creo cierto que a Cristobah Colon inés entre los pasados inooh h en negocio; el libro del cual fió tan fani ffiar a Colon, que Lodo lo tenía por las inaiwen e s de su ,nano y en latin notado y rubricado. De fait, I'exempluire da traité de Imagine fil undi de Pierre d'AILLY, que Colomb pos&Iait et qui existe encore, porte en inarge ccnt trentosix notes de su main. Nous en avons reproduit onze dans nos Notes oit Colum bits. 131. On pósséde environ cent écrits de Christophe Colornb. II ne sy trouve pis une seule ligne éerite en italien. Méme dans Sa correspondanee ayee ses compatriotes, conlnlc, par exemple, ayee I'Ofliee de Saint-Gcorges, b Unes, sos kttres sont rédigées en langue espagnolc, quoiqne ayant un caractre privé. 132. Jean ci Séhastien Cabal, leur origine el Ienrs voyagcs, pp. 42-108. Discoery of Ameriea, pp. 1-50. 133. Discoei j of America, pp. 214-228; Re pite crilique d'kisíoire el de littd,ature, jor janvier 1876. 134. Programina generale delta, Raceo/ta Colombiana, Categorie dei lavori, nos 3 et 4. BU MItME AUTEUR LETTERS os CIIRI5T0PHER COLUMBUS DESCRTDINC 1115 rIRST VOTAGE TO TUS WESTERN IIEMISPIIERE. TEXTS AND TRANSLATIOXS. New-York, 1865 in-folio. NOTES ON COLUMUUS New-York, ja-folio. BIBLIOTHECA AMERICANA VETUSTISÑIMA. A OESCRTPTION OF WORES RELATING TO AMERICA PUIILISIIED BETWEEN TICE YEARS 1402 A?W 1551. New-York, 1866; in-4 et groad in-8'. D. Fiutnrmo COLON, HISTORIADOR DE SU PADRE; ENSAYO Cnjrsco. Sevilla, 1871; in-4'. BIULIOTHECA AIIERICANAVETUSTJSSIMA. Anrnnorçs. Paris, 1872; in4' a pnud ¡n.B'. NOTES POVIt SERVIR A L'RISTOIRE, A LA BIDLIOGRAPIIIE ST A LA CARTOGItAPIIIE DE LA NOU'ELLE FRANCE ET DES PAYS ADJACENTS, 1545-1700. Paris, 1872; in-8'. INTRODVCCION DE LA IMPRENTA EN AMÚIIICA, CON UNA BIRI,TooIurIA DE LAS OBRAS IMPRESAS EN AQUEL HEMISFERIO DESDE 15404 1600. Madrid, 1872; in-4'. FERraND COLOMR, SA \'IE, SES GUVRES. ESSAI CRITIQUE. Paris, 2872; groad LES COLOMBO DE FISANCE ET D'ITALIE, FASIEVE MARIRS DV XV' SILCt.E 1461-1491. O'oprs des docurnents nonveoni ou inédits tirés des archives de i\Iilnn, de Paris a de Venise. Mdtnoire la A l'Aeadémie des Insoriptions et Belles-Lettres dans les sénnees des 1'' el 14 'noi 1874. Paris, 1874; in-4'. LIIISTOIRE DE CIIIIISTOPIIE C0I,OMR ATTRIRUÉE A SON FILS FERRAND. EXAMEN CRITIQUE. Paris, 1878; in-8'. Los RESTOS DE DON CRISTOVAI. COLON. DJSQUISICION. Sevilla, 1878; petit in-6'. LES SÉPULTURES DE CUHIST0PIIE COI.OMR. REvUE CRITIQUE DV PREMIER RACPOET OFFICIEI. I'UItLIÉ SUR CE SIJJET. Paris, 1879; ia-8'. JEAN ET SÉBASTIEN CAIIOT, I.EUR ORIGINE ET LEURS VOYAGES. ETUDES D'HISTOIRE CRITIQUE, SIJIVIE DONE CARTOCRAPIIIE, D'ONE EIBLIOGRAPUTE ET O'UNE CIrnoNoI.00ls DES VOYAGES AV NOIID-OUEST, DE 1497 A 1550, d'uprbs des documents inédits. Peris, 1882; grand in-8'. CURISTOPIIE COL0ME EV LA CORSE. OBSERVATIONS SUR UN DÚCEET RÉCENT ou GOUVERNEMENT FRANCAIS. Paris, 1883, in-8'. LES CORTE-REAL ET LEORS VOTAGES AV NOUVEAU-MONDE. D'oprés des ,locnments nonveanx mi pon connus tirAs des orehives de Lisbonne el de Modóne, suivi do texto inédiL d'ttn réeit ele lo troisióme expédition de Gaspar Corte-Real eL(¡ * une importante curte naUtique portugaise de I'année 1502, reprodaite ici pone la promiére fois. Mémoire la A l'Aeradérrtic des Inscriptions el Belles-Lcttres duns sa séunee da 1" mm 1883. Paris, 1883; groad i11-8'. GASPARD CORTE-REAL. LA DATE EXACTE DE SA DERNIÉRE EEPÉDITION AU PSOVVEAV-MONDE. D'aprés deux doeumeats iaddits récemnaent tires des archives de to Torre do Tombo A Lisbosme. Paris, 1883; in-8'. - 124 CnrIsTo p nE COLOMR. SON ORIGINE, SA YTE, Srs VOY AGES, SA PAMTLLE ET SES DESeENDANTS. D .pi'5s des doeuments inédil,s tirés des archives de Génes, de Sa yona, de Séville etde Madrid. Eludes d'histoire critique. Paris, 1884; 2 robines grand in-8', Ovec planches eL de nombreuz tahleaux génénlogiques. GRANDEUJI ET DÚGADENCE DE LA Cor.oMninE. Paris, 1885; in-8. LA CoLostnrxK ET CLéMENT MAROT. Paris, 1886, in-8'. EXCEIIITA C0LOMB5NIANA. Bibliogropbie de qisotre cents piéces gothiq,ies françaises, itoliennes et latines da eommeneemerit do xvr siée.le, non décrites jiisqu'ici. Prórérlée duna histoire de la Bibliothdque Colombino et de son fondateur. Paris, 1887, iii-8; ayer de nombreux fne-similes de caraciSres Lypographiqnes et do bois da l'époque. LE QUATETÚME CRNTENAIRE uIt LA DÚCOLVERTE Dli NOUVEAIJ-MONOE, Lett,e adressée 5 S. E le Ministre de l'Iiistruction publique da ro y anme d'ltalie. Génes. 1887; gr. in-8. CunisTo p ili, C0L0MB ET SAVONE, VERZELLINO EF SES Meo,oric. Études d'histoire critique eL documentaire. Génes, 1887, Ci,nisro p srmt CoLunnus ANO TItE BANK OF SA5NT-GEORGES. New-York, 1888; gr. in-4'. CiistisTorii COLUMBUS SM ORIENT. Leipzig, 1888, brocb. in-8. DOGUBENT INÚDIT CONCERNANT VASCO DA GAMA. Relation udressée 5 llercule d'Este, din, de Ferrare, par son ornbassndeur 5 la Cour de Portugal. Paris, 1889, in-8'. CrinssTo p uE CoLoMss, LES CortsEs ET LE GOUVERNEMENT FIIANGA55. Paris, 1890, br. CRISTOFORO COLOMNO E II. llANeo Di S. Gionero. - Re]azionc del grande navigatoi'a co. quell' istituto - Saggio sturieo-critico suli' offleio e sulla opernzioni di banco no¡ medio evo - Dimosti'olione documentato dell' origine di Colombo dalia cutí, di Genova sulla base di inediti o poco noti documenti. Versione dell' Inglesa, coi'retta cd nmpliata dell' antore. Geno y n, a spese del Municipio, 1800. Infolio, a yee planches. NOUVELLES REcHERGIlEs SUR L'HISTOIIIE DE I,'AMÚRIQUE. Pons, 1800, broeh. in-8°. Qus A IMI'EIMÚ LA PJLEMISRELETTRE ml Cotoia? Leipzig, 1892, broeh. in-S', VIENT DE PARAITRE T,ist D5SCOVERV os Noarsi AMEH5CA. A Critica], Doeumatitory, and Ilistoric lIIVcstigaLioII, with en Essoy en the Enrly Certogrnphv of Lhe New World, including descriptions of Two Hand red and Fi ny Mops or G buhes, cxi ni ng or Ion, co,, e tructed befare the yonr 1536. To whieh are ndded a Chronology of Ono llundred Voyages Westwerd, Projecled, Attempted, or Accumplished betwoen 1431 and 1504; Biograpbical Aeeour,Ls of tSe l'hree Ilundred Pilots wbo firsL crossed tSe Atbontie; and a eopious List of the Original Namas of American Regions, Gaeiqueships, Mountaies, islends, Copes, Gulís, Rivera, Towns, oit portulons, reproduits en fac-sintilo. Peris el Londres, 1892, gr. ir,-4 de 820 pagos, ave,, trento carLos nautiques, globos end Ilarbours. EN PRÉPARATION CunisTo p ItE COLOMB Er LES ACADÚMTCTRNS E5PACNOL5. diScan, l'rolst f,',res, InI erimnur..