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if t c e j Ob action & N° 326 • Juillet-août-septembre 2015 • 1,75 € • Trimestriel • ISSN: 0154-8530 LE MOT DU PRÉSIDENT Le pari tenu de la croissance de la mutuelle ILS NOUS FONT CONFIANCE La Scop Moulin Roty rejoint la Mucs SOCIÉTÉ Alerte sur la santé des chômeurs RÉGIME PALÉO Faut-il manger comme nos ancêtres préhistoriques ? SPORTS D’EAU Pour ne pas bronzer idiot Accoucher aujourd’hui MUC OAM326_COUV ok.indd 5 19/06/2015 18:37 ICourrier des lecteurs Asthme du jeune enfant Antidépresseurs et prise de poids « Mon médecin généraliste suspecte un asthme viro-induit (n° 325, NDLR) chez ma fille de 3 ans, qui tousse beaucoup. Il lui a prescrit de la Ventoline, mais lui faire prendre ce médicament est très difficile... » (Mme. E, Paris.) Pour prendre un broncho-dilatateur, les nourrissons et les jeunes enfants asthmatiques ont en effet besoin d’un équipement spécifique : la chambre d’inhalation (Babyhaler, Aerochamber…). Il s’agit d’un appareil en plastique allongé, équipé d’un petit masque, au bout duquel on fixe le bronchodilatateur. Il existe différents modèles en fonction de l’âge de l’enfant. N’hésitez pas à demander des précisions à votre médecin et à votre pharmacien ou à vous rapprocher de l’association Asthme et Allergies (0 800 19 20 21). Ces chambres d’inhalation sont prises en charge par l’Assurance maladie. Pour rassurer votre enfant avant une première utilisation, mimez le geste sur vous-même, devant lui, pour lui expliquer que cela ne fait pas mal. L’appareil doit être lavé une fois par semaine à l’eau savonneuse et séché à l’air libre (ne pas utiliser de torchon). « J’ai lu avec intérêt votre dossier sur la dépression (n° 323, NDLR). Vous n’abordiez pas la question de la prise de poids en cas de traitement par antidépresseurs. Est-il vrai que ces médicaments font grossir ? » (Mme. A, par courriel.) La prise de poids fait partie des effets indésirables possibles indiqués sur la notice de la plupart des antidépresseurs (excepté le Prozac, pour lequel on parle plutôt de perte de poids). Un phénomène essentiellement dû au fait que ces médicaments ralentissent le métabolisme. Autre explication : en agissant sur l’état dépressif, ils peuvent conduire le malade à retrouver l’appétit et à grossir un peu. En moyenne, la prise de poids n’excède pas cinq kilos et disparaît généralement en quelques mois après l’arrêt du traitement, à condition d’adopter une alimentation équilibrée. Retraite progressive Artisans et commerçants « Après lecture de votre article sur les nouvelles règles de la retraite progressive (n° 325, NDLR), j’aimerais savoir si je peux bénéficier de ces dispositions alors que je suis auxiliaire de vie auprès de six employeurs. Je souhaite ne garder que trois emplois, ce qui ferait passer mon temps de travail par semaine de trente-cinq à vingt heures. » (Mme D., par courriel.) Non, ce n’est pas possible, car le dispositif de la retraite progressive ne s’adresse qu’aux personnes ayant un seul contrat de travail à temps partiel. Il vous faudrait donc garder un employeur unique, sachant que vous devriez travailler chez lui au moins quatorze heures par semaine. Pour prétendre à la retraite progressive, il faut en effet maintenir une activité représentant au moins 40 % et au plus 80 % de la durée légale ou conventionnelle du travail. Concrètement, la durée légale étant de trente-cinq heures, vous devez travailler entre quatorze et vingt-huit heures par semaine chez un seul employeur. « La nouvelle indemnité de départ à la retraite des commerçants et des artisans (n° 325, NDLR) s’appliquera-t-elle en 2016 ? Je pense prendre ma retraite l’an prochain. » (M. C., Tarbes.) Depuis la parution de notre numéro 325, les modalités d’attribution de l’accompagnement au départ à la retraite (ADR) ont été précisées. Cette aide est mise en place pour les départs à la retraite en 2015, mais sa pérennisation est en cours d’étude dans le cadre de la Convention d’objectifs 2016-2020 que doivent signer l’Etat et le régime social des indépendants (RSI). Pour obtenir l’ADR, il faut : être artisan ou commerçant au moment du départ à la retraite ; avoir au moins l’âge légal de la retraite (61 ans et 2 mois si vous êtes né en 1953, par exemple) ; justifier d’au moins quinze ans d’activité artisanale ou commerciale (soit soixante trimestres) ; avoir été non imposable en 2013 et 2014 pour un départ en 2015. Dernière condition : la majorité de vos trimestres de retraite doit être validée au RSI. Si par exemple vous avez été successivement salarié et commerçant, ces activités vous ayant permis de valider 164 trimestres au total, 133 doivent provenir de votre activité commerciale. Compte pénibilité « Comment savoir si je suis concerné par le dispositif du compte pénibilité (n° 325, NDLR) ? » (M. B., Le Havre.) Il appartient aux employeurs de déclarer leurs salariés exposés à des facteurs de risque, via la déclaration annuelle des données sociales (DADS) et la déclaration trimestrielle des salaires pour les entreprises agricoles. Ils doivent en outre leur remettre, avant février 2016, une fiche de prévention des expositions. Au cours du premier semestre 2016, les salariés concernés recevront la notification de l’ouverture de leur compte pénibilité. Toujours à partir de 2016, sur le site du compte pénibilité (Preventionpenibilite.fr), ils disposeront d’un espace personnel sur lequel ils pourront consulter les points acquis au cours de leur carrière. Notez que, le 26 mai 2015, le Premier ministre a annoncé un report de six mois de la pleine application du compte pénibilité. Ce dispositif est entré partiellement en vigueur le 1er janvier 2015, avec la reconnaissance de quatre premiers facteurs de pénibilité (travail de nuit, en équipes successives alternantes, répétitif ou en milieu hyperbare). La prise en compte de six autres facteurs de risque (postures pénibles, manutentions manuelles de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, températures extrêmes, bruit), qui devait intervenir le 1er janvier 2016, est reportée de six mois. Pour plus d’infos : tél. 36 82 ; Preventionpenibilite.fr. Mutualistes, Courrier des lecteurs, 67, rue Blomet, 75015 Paris. E-mail : courrier@ciem.fr. Commission paritaire : 0718 M 06546. Dépôt légal : juillet 2015. © Mutualistes, Objectif et Action, 2015. Reproduction interdite sans autorisation. Réalisé avec un papier porteur du Label écologique européen, n° d’enregistrement FI/11/1, fourni par UPM. Prix du numéro : 1,75 €. Abonnement annuel : 7 € (4 numéros par an) à souscrire auprès de la Ciem, 67, rue Blomet, 75015 Paris. « Mutualistes », n° 326, juillet, août, septembre 2015. Trimestriel d’informations mutualistes et sociales édité par Ciem, Coopérative d’information et d’édition mutualiste, pour Utema (organisme régi par le Code de la mutualité). 67, rue Blomet, 75015 Paris. Tél. 01 44 49 61 00. Fax 01 44 49 61 04. Internet www.ciem.fr. Directeur de la publication : Gérard Quittard, président de la Ciem • Directeur délégué aux publications : Philippe Marchal, administrateur • Directrice des rédactions : Laurence Tavernier-Hamon, directrice générale de la Ciem • Rédactrice en chef : Sylvie Irissou (sylvie.irissou@ mutualistes.com) • Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard • Rédacteurs : Juliette Bencivengo, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Vanessa Pageot-Françoise • Réalisation graphique : Claire Gaspel, Gabrielle Claisse, Anne-Marie Halbardier, Christine Trembley • Chef de fabrication : Cyril Dehay • Régie publicitaire : Mistral Média, 365, rue de Vaugirard, 75015 Paris. Tél. 01 40 02 99 00. Fax 01 40 02 99 01 • Impression : Maury Imprimeur • Couverture © Shutterstock. Ce numéro 326 de « Mutualistes, Objectif et Action » de 32 pages comprend : une couverture et une page spéciale (3) pour la Mutuelle des pays de Vilaine ; une couverture et trois pages spéciales (3, 4 et 5) pour la MCA ; une couverture et trois pages spéciales (3, 5 et 22) pour la Mutuelle saint-aubannaise ; une couverture et quatre pages spéciales (3, 4, 5 et 6) pour la MOS et la Mucs ; une couverture et cinq pages spéciales (3, 4, 5, 6 et 22) pour la Memf ; une couverture et cinq pages spéciales (3, 4, 5, 6 et 32) pour Avenir Mutuelle ; une couverture et sept pages spéciales (3, 4, 5, 6, 22, 28 et 29) pour Sud-Ouest Mutualité et MIP. I 2 mutualistes n° 326 OAM326_002.indd 2 19/06/2015 18:15 if Objeaccttion & N° 326 • Juillet-août-septembre 2015 • 1,75 € • Trimestriel • ISSN: 0154-8530 IEditorial n° 326 • juillet-août-septembre 2015 L a Scop Moulin Roty, une référence pour LE MOT DU PRÉSIDENT Le pari tenu de la croissance de la mutuelle ILS NOUS FONT CONFIANCE La Scop Moulin Roty rejoint la Mucs SOCIÉTÉ Alerte sur la santé des chômeurs RÉGIME PALÉO Faut-il manger comme nos ancêtres préhistoriques ? SPORTS D’EAU Pour ne pas bronzer idiot Accoucher aujourd’hui MUC 2 Courrier des lecteurs 16 En bref 3 Editorial 17 Dossier Accoucher aujourd’hui 4 Actualité de la mutuelle 5 6 © Shutterstock Moulin Roty nous a rejoints : pour le bien-être des petits… et des salariés Le mot du président : le pari tenu de la croissance quantitative L’actualité du passé : mixité surveillée des adhérents 7 Economie de la santé 8 Entretien Questions à Michel Debout, psychiatre : alerte sur la santé des chômeurs 10 Médecine © DPA Picture Alliance – BSIP Ablation des amygdales : une opération de moins en moins pratiquée 11 21 Kiosque 22 Web Migraine : comprendre et anticiper les crises 23 Vie pratique 24 Médicaments : trop de mauvais usage chez les seniors Vélo : le code de bonne conduite Médiation familiale : pour régler les conflits à l’amiable 13 Régime paléo : faut-il manger comme nos ancêtres préhistoriques ? Allergies alimentaires : halte aux idées reçues © Shutterstock 12 Prévention 26 Initiatives 30 Dessine-moi un mouton : accompagner les jeunes séropositifs dans leur projet de vie APF Evasion : le droit aux vacances pour tous © Shutterstock 15 Stop au bric-à-brac : ranger, ça fait du bien Des sports d’eau à découvrir : pour ne pas bronzer idiot DR 14 Forme et bien-être Plus d’infos sur Mucs.mutualistes.com MUC326.indd 3 les enfants, a rejoint la Mucs (pages 4 et 5). Un événement qui rappelle l’ouverture de la mutuelle aux enfants… en 1907 (page 7). Avec plus de 5 millions de demandeurs d’emploi, la France est confrontée à un fléau économique et social, mais pas seulement. Le chômage de masse représente aussi une menace sanitaire, car les « sans-emploi », fragilisés et souvent mal considérés, sont exposés à une dégradation de leur santé physique et mentale. C’est l’alerte que lance le professeur Michel Debout, psychiatre : il est plus que temps, affirme-t-il, de signifier à ceux qui ne travaillent pas que la société se préoccupe d’eux (pages 8 et 9). Q uatre-vingt-six pour cent des plus de 75 ans prennent en moyenne quatre médicaments différents par jour. Or, cette polymédication multiplie les risques d’erreurs, de mauvaise observance ou encore d’interactions indésirables, voire dangereuses. Une prise de conscience des patients comme des professionnels de santé s’impose (page 11). L’allergie à l’œuf interdirait la vaccination, celle aux fruits de mer contre-indiquerait certains examens d’imagerie médicale, celle aux fruits rouges serait des plus répandues… En matière d’allergies alimentaires, les idées reçues ont la vie dure. Et vous, saurez-vous démêler le vrai du faux (page 13) ? L’Insee a enregistré 820 000 naissances l’an dernier. Mais comment accouche-t-on aujourd’hui en France ? Quel accompagnement et quelle prise en charge les équipes médicales proposent-elles ? Des premières douleurs à la mise au monde, qu’est-ce qui attend la future maman ? Les réponses dans notre dossier (pages 17 à 20). Pour permettre aux personnes handicapées de sortir de leur cadre de vie habituel et de voyager en toute sécurité, les bénévoles d’APF Evasion les accompagnent chaque été lors de séjours à la campagne, à la mer ou à la montagne. Si, comme eux, vous souhaitez tenter l’expérience, devenir accompagnateur et donner ainsi plus de sens à vos vacances, il n’est pas trop tard : contactez l’association (page 30) ◆ La rédaction de la Mucs n° 326 mutualistes I3 19/06/2015 18:39 IActualité de la mutuelle nous a rejoints Pour le bien-être des petits… et des salariés Depuis plus de quarante ans, Moulin Roty, une Scop basée à Nort-sur-Erdre, près de Nantes, fabrique des jouets, dont certains sont devenus des produits emblématiques de la puériculture. Elle propose aujourd’hui ses produits sur tout le territoire français, mais aussi à l’export. A la fin de l’année 2013, elle a fait le choix d’adhérer à la mutuelle des Scop, la Mucs, en accord avec ses valeurs. de la marque. La Douillette (poupée moelleuse en tissu), autre produit phare, sort dans la foulée. D’autres poupées, doudous et éléments de décoration en bois pour les chambres d’enfants voient le jour, grâce à l’expérience acquise avec l’atelier de sérigraphie et, plus tard, dans le cadre d’un partenariat avec une entreprise roumaine – créée par un compagnon de route de la Scop –, dont le savoir-faire ancestral s’accorde bien avec la philosophie de la marque. Des salariés vraiment associés La Scop poursuit son développement jusqu’à l’incendie de la minoterie, en 1988, qui pousse au déménagement dans la zone industrielle de Nort-sur-Erdre. « Un choix qui était plus celui des banquiers », mais qui permettait de s’installer dans une zone moins isolée et, donc, de développer la commercialisation. Les effectifs triplent. Au début des années 90, Moulin Roty passe en Scop SA. « En SARL, un seul gérant était désigné, ce qui correspondait moins à notre projet. » Le conseil d’administration (CA) comprend neuf salariés représentant les métiers pratiqués : création, développement commercial, administration, logistique. Chaque CA mensuel est suivi d’une réunion générale, avec tout le personnel, pour échanger sur les décisions prises en CA, ce qui suppose que tous les salariés soient sur place. Le choix de filialiser les services développés sur d’autres sites découle de ce principe fort de la gouvernance de Moulin Roty. Cette dernière emploie aujourd’hui quarante-cinq salariés, tous associés, auxquels s’ajoutent les salariés employés dans les filiales du groupe en France et vingt salariés dans ses fi liales dans le monde (à Hong Kong notamment, pour le développement de la commercialisation en Asie, et au Royaume-Uni). Ces filiales ont été créées pour les activités connexes à la production : le commercial, la logistique, etc. Le groupe compte en tout quatre-vingts personnes. Deux boutiques sont également ouvertes à Nantes et à Paris ; la première en 2001, la seconde dix ans plus tard. L es origines de la société coopérative et participative (Scop) Moulin Roty remontent aux années 70, quand un groupe de jeunes Nantais, dont plusieurs sont des étudiants en sociologie, décide de se lancer dans un projet alliant travail et vie sociale au sein d’une ancienne minoterie du hameau de Moulin Roty. A cette époque, il s’agit d’« une communauté de vie et de travail, le moulin, réhabilité, abritant les ateliers et les lieux d’habitation », raconte Bruno Fustemberg, son dirigeant. Les premières activités développées tournent autour de l’artisanat d’art, de la sérigraphie sur bois et des bijoux, puis naissent les premiers enfants et, avec eux, l’idée de fabriquer des jouets. Moulin Roty est encore une société de fait, avec une caisse commune. Aucun salaire individuel n’est versé. Dans les années 80, la société « s’officialise », et trois gérants sont désignés. Le passage en Scop suit bientôt, « pour intégrer les premiers salariés [une vingtaine] », le statut correspondant à leurs valeurs de solidarité, de partage, de respect mutuel – « Nous n’en voyions pas d’autres. » C’est à cette époque que les premières voitures à roulettes (en tissu, bois et mousse) sont produites en série et commercialisées – elles vont faire le succès © Moulinroty.com Sur un pied d’égalité… sociale L’égalité n’est pas un vain mot pour Moulin Roty. L’intéressement et la participation y sont majoritairement distribués sur une base égalitaire, au prorata du temps de travail. Dans les années 2000, la question d’une mutuelle santé se pose. Dans la mesure où celle-ci n’est pas obligatoire, elle constitue une charge supplémentaire pour les salariés. Une discussion est alors ouverte : les salariés bénéficiant de la mutuelle de leur conjoint s’interrogent. « Le débat a été vite tranché au nom de la solidarité. Pour des questions d’équité, nous souhaitions que tout le monde soit sur un pied d’égalité », souligne Bruno Fustemberg. La part à la charge des salariés est la plus faible possible (20 %). « Avoir la même mutuelle était essentiel pour nous. » C’est à l’occasion d’un congrès de la CG Scop qu’ils entendent parler I 4 mutualistes n° 325 MUC326.indd 4 19/06/2015 18:40 IActualité de la mutuelle Le mot du président Le pari tenu de la croissance quantitative C ’est en juin 2012 que la décision a été prise d’engager la Mucs dans une démarche de développement volontariste. L’objectif d’alors est, bien sûr, toujours valable. Il s’agit d’augmenter l’effectif des adhérents et bénéficiaires pour profiter d’un potentiel élargi de services. La campagne d’adhésions menée en ce sens a déjà permis de doubler l’effectif, qui atteint 4 500 assurés en 2014. La progression se poursuit au rythme d’un tiers d’adhérents en plus chaque année. Elle provient aussi bien de contrats collectifs de Scop que de contrats ouverts à des individuels, principalement des coopérateurs retraités. Tant et si bien qu’en cinq ans, en 2017, notre mutuelle devrait avoir au moins quadruplé son effectif. Pour autant, il est hors de question de tomber dans l’obsession de la course à la taille et à la réduction des coûts, qui conduirait vite à brader la complémentaire santé et, ce faisant, notre santé. De fait, les prestations assurées auprès de l’ensemble de nos bénéficiaires enregistrent une importante progression sans pour autant fragiliser l’équilibre gestionnaire. En 2014, elles ont augmenté de plus de 50 %, donc nettement plus que la croissance des cotisations de 35 %. L’accroissement des prises en charge résulte de l’amélioration de la couverture des frais de santé retenue aussi bien par les contrats historiques que par des nouvelles grilles de remboursement prévues par les contrats plus récents. Il est aussi le fruit d’une meilleure communication avec les adhérents grâce à l’accueil téléphonique et à l’interactivité du site Internet. Quant à l’équipe salariée de la mutuelle, elle a été totalement rajeunie. La Mucs va pouvoir s’appuyer sur ce socle de modernisation pour continuer à diversifier ses offres de protection sociale. Elle vient de le faire pour 2015 en lançant ses offres de prévoyance. En liaison avec des partenaires tels que le groupe Harmonie, elle va pouvoir s’engager dans une seconde phase de croissance qualitative : celle des innovations du suivi de la santé. Notre ambition est de réussir ce challenge aussi bien que celui de la croissance quantitative. ◆ DR © Moulinroty.com En trois ans, la Mucs a plus que doublé le nombre de ses adhérents. Une réussite qui se conjugue avec une qualité accrue de sa complémentaire santé. Aussi, innover dans le suivi de la santé entre maintenant dans son champ des possibles. de la Mucs et qu’ils la choisissent, « parce que c’est la mutuelle des Scop ». Le sujet est aujourd’hui clos, puisque les entreprises sont contraintes d’avoir une mutuelle de groupe… une obligation assortie d’une augmentation des charges sociales sur la mutuelle, ce qui paraît surprenant pour Bruno Fustemberg. Pourtant, tous les salariés, quel que soit leur statut dans la Scop, bénéficient du même régime de protection sociale : tous sont protégés par la Mucs, avec des garanties identiques, qu’ils soient cadres ou non-cadres. Dans le même ordre d’idées, la Scop a toujours versé davantage pour la formation professionnelle que les exigences légales, sans jamais refuser les demandes faites par ses salariés. Pérennité, le maître mot En 2000, Moulin Roty s’ouvre à l’export et s’implante en GrandeBretagne via une première filiale. Un positionnement qui paie : ces cinq dernières années, l’entreprise a connu une belle croissance, avec une augmentation du chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 10 % au moins, et une implantation dans une cinquantaine de pays (Europe, Etats-Unis, Australie, Japon…). L’activité est un peu moins forte en 2015, car la Scop a choisi de se repositionner sur son activité. « On peut parler d’une année de consolidation de la croissance, avec une volonté de développer l’export vers les Etats-Unis », explique Bruno Fustemberg. Les ventes à l’export représentent aujourd’hui 30 % du chiffre d’affaires. Bien entendu, la Scop a connu « des années de vaches maigres, mais elles nous ont fait du bien, car elles nous ont obligés à nous repositionner, observe Bruno Fustemberg. Nous partageons tous cette volonté de ne pas nous endormir, même s’il ne s’agit pas de changer de cap tous les jours ». Depuis quelques années, Moulin Roty s’oriente donc vers une commercialisation plus sélective, avec des partenaires à long terme. C’est un gage de « pérennité », le maître mot de la structure. Et le meilleur moyen de continuer de faire rêver petits et grands. ◆ Jacques Landriot, président de la Mucs n° 326 mutualistes MUC326.indd 5 I 5 19/06/2015 18:40 IActualité de la mutuelle L’actualité du passé Mixité surveillée des adhérents L e 28 avril 1907, l’assemblée générale de l’Union du commerce donne dans la satisfaction tranquille, loin des effets de manche de certaines assemblées précédentes. Pourtant, elle fête la soixantième année de cette société philanthropique créée en 1847 par une poignée d’employés du commerce de tissus. La salle des fêtes du palais du Trocadéro est remplie comme jamais par les adhérents et leurs familles, en partie attirés par la qualité du concert qui va suivre. La présidence d’honneur est une fois de plus assurée par un ministre en vue, en l’occurrence René Viviani, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale. Mais, petite déception, et c’est le cas depuis deux ans, le ministre est représenté par l’un de ses collaborateurs, en la personne du directeur de la mutualité au ministère. C’est que l’actualité de l’Union ne connaît plus le suspense du début des années 1900. L’ouverture aux femmes, sans faillite… En 1902, ce sont le président de la République, Emile Loubet, et son Premier ministre, Pierre Waldeck-Rousseau, qui étaient venus accompagnés de leurs épouses, pour féliciter les sociétaires de leur décision d’accepter enfin les femmes de sociétaires comme membres de la mutuelle. Une initiative alors citée en exemple par le gouvernement, mais qui continuait à susciter l’inquiétude de certains administrateurs, lesquels avaient demandé qu’une comptabilité analytique soit tenue, afin de connaître les dérives éventuelles des dépenses de santé des femmes adhérentes. Il était par ailleurs exclu que la mutuelle s’ouvre vers les employées de commerce qui n’étaient pas des épouses légitimes de sociétaires. De fait, en 2006, les 2 480 épouses adhérentes n’ont pas mis l’Union en faillite. Certes, leurs dépenses de santé atteignent 126 % du montant de leurs cotisations, contre 108 % pour l’ensemble des 25 000 adhérents, mais rien d’alarmant, car, depuis l’année 1900, il a justement été décidé de ne pas freiner la croissance des dépenses de santé. Bien au contraire, en 1902, l’assemblée délibérante a failli rejeter les comptes annuels, car l’équipe dirigeante était suspectée de limiter le remboursement des médicaments. Des patrons et des retraités à la rescousse Aussi, pour compenser le déficit santé, la mutuelle encourage le versement de dons des membres retraités et par des patrons de magasins. En 1906, l’un des anciens dirigeants des Grands Magasins du Louvre, Alfred Chauchard, s’honore d’avoir versé une nouvelle subvention, portant à 305 000 francs le total de ses dons sur deux décennies, soit plus de la moitié des dépenses annuelles de santé. Un montant qui dépasse de loin les 100 000 francs du plus gros legs effectué par un ancien sociétaire, Pierre-Alphonse Ducourneau, dont les intérêts sont affectés à la caisse de secours. Même les professionnels de santé composant le service médical y vont de leur poche. C’est tout particulièrement le cas d’un des médecins dentistes de l’Union, qui a par ailleurs une clientèle non mutualiste. Depuis plusieurs années, il fait don de ses honoraires dus par la mutuelle. Résultat : le déficit de l’année 1899 est bien oublié, et depuis six ans la mutuelle est excédentaire. Avec le capital de ses caisses de retraite, le montant des réserves de l’Union du commerce dépasse à présent les 3,5 millions de francs. Les partisans d’un équilibre gestionnaire rigoureux n’ont toutefois pas dit leur dernier mot. L’une de leurs dernières propositions Photos : DR En 1907, l’Union du commerce, l’ancêtre de la Mucs, souffle ses soixante bougies. Après avoir enfin intégré les épouses de ses membres, elle couvre aussi leurs enfants. Malgré le succès de l’appel aux dons de patrons et de retraités, une solide minorité d’adhérents impose une surveillance attentive du suivi gestionnaire de ces innovations jugées futuristes. La République n’a pas encore accordé le droit de vote aux femmes, tandis que, depuis 1902, l’Union du commerce les accueille comme adhérentes disposant du droit de vote. Alfred Chauchard, cofondateur des Grands Magasins du Louvre. Ses dons à l’Union du commerce dépassent les 300 000 francs en 1907. vient d’être rejetée. Elle consistait à remplacer le service médical de médecins triés sur le volet par un mécanisme de remboursements basés sur le tarif fi xé par la mutuelle. Ces pères-la-rigueur restent minoritaires. Ainsi, ils ont dû accepter le vote majoritaire qui prévoit d’accueillir les enfants des adhérents comme nouveaux bénéficiaires. Une avancée qui prolonge la création en 1905 du patronage de leurs pupilles et orphelins. Toujours à la pointe du progrès social Telle est l’actualité de la future Mucs durant cette année 1907, dite de la Belle Epoque. Si elle implique moins directement les gouvernants en place, son président ne manque pas de rappeler que, après avoir décroché une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889, l’Union du commerce a obtenu un grand prix de l’Exposition universelle de 1900. Une reconnaissance qui la situe encore à la pointe des « 20 000 sociétés mutualistes et 4 millions de mutualistes, dont la fortune mise en réserve s’élève à 400 millions de francs ». Avec ses 3,5 millions de francs, celle de l’Union devrait décidément lui garantir un devenir prometteur. ◆ I 6 mutualistes n° 326 MUC326.indd 6 19/06/2015 18:41 IEconomie de la santé ■ Tiers payant généralisé © Thinkstock La Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) et le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP) ont récemment créé une association commune chargée de piloter le dispositif technique nécessaire à la mise en œuvre du tiers payant généralisé (TPG), prévu pour la fin de l’année 2017. Le rôle de cette association sera d’organiser la coopération entre les différents acteurs (assurance maladie obligatoire, éditeurs de logiciels des professionnels de santé, opérateurs de tiers payant) et de simplifier le déploiement du TPG pour les professionnels de santé. « L’association […] mettra en place, avec ses partenaires, un socle de règles communes (cahier des charges, normes techniques et de gestion…) afin d’améliorer et de moderniser les échanges entre les professionnels de santé et les organismes complémentaires »,, indique la FNMF dans un communiqué. Le dispositif sera testé une première fois dès la fin de l’année 2015 et pourra être réajusté pour répondre au mieux aux exigences « de simplicité, de rapidité, de garantie de paiement et de qualité des professionnels de santé ».. © Thinkstock Les complémentaires créent une association Les choses se précisent pour La Mutuelle des étudiants (LMDE), placée sous sauvegarde de justice depuis le 9 février : dès le 1er octobre 2015, c’est l’Assurance maladie qui reprendra la gestion du régime obligatoire des étudiants. Elle s’occupera notamment de leurs remboursements et des relations clients (immatriculation, changements de situation, délivrance de la carte Vitale). De son côté, la LMDE sera chargée des affiliations et des actions nationales de prévention. Le burn-out bientôt reconnu comme maladie professionnelle ? Les députés ont finalement décidé de proposer un amendement au projet de loi sur le dialogue social, débattu au Parlement au moment où nous écrivons ces lignes, selon lequel « les maladies psychiques peuvent être reconnues comme maladies professionnelles ». Si le terme « burn-out » initialement proposé par Benoît Hamon n’a pas été retenu, il s’agit pourtant bien d’un pas de plus vers la reconnaissance de cette pathologie spécifique au monde du travail. Actuellement, le burn-out est pris en charge par le seul régime général de l’Assurance maladie, sous le terme « dépression nerveuse ». En étant qualifiée de professionnelle, cette maladie pourrait être assumée par la branche travail de la Sécurité sociale, financée, elle, par les entreprises. Un progrès toutefois relatif, car pour le ministère du Travail, « le diagnostic [de la maladie] est complexe à poser ». © Thinkstock LMDE : l’Assurance maladie gérera la Sécu des étudiants Si le taux moyen des dépassements d’honoraires a effectivement baissé d’un point l’an passé pour atteindre 54,1 % du tarif de base de la Sécu, comme s’en est félicité le gouvernement fin avril, les médecins sont de plus en plus nombreux à y recourir, a souligné l’Observatoire citoyen du reste à charge. Ainsi, 43 % des praticiens de secteur 2 ont pratiqué des dépassements en 2014, contre 41,1 % en 2012. En outre, avec le contrat d’accès aux soins (CAS), certains médecins de secteur 1 (assistants d’hôpitaux, anciens chefs de clinique) sont désormais autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires. Conséquence : alors que le taux moyen pratiqué baisse, le montant total augmente (+ 6,6 % en deux ans) et s’élève désormais à 2,8 milliards d’euros. © Shutterstock © Thinkstock Dépassements d’honoraires : le montant total continue d’augmenter Hépatite C : pour une amélioration de la prise en charge Selon une étude publiée le 2 juin par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (INVS), 75 000 personnes, des hommes en majorité, seraient atteintes par le virus de l’hépatite C sans le savoir. Pour améliorer la prise en charge, le BEH rappelle la préconisation d’un rapport remis en 2014 à Marisol Touraine : élargir le dépistage en proposant aux hommes âgés de 18 à 60 ans, au moins une fois dans leur vie, un test unique pour les hépatites et le VIH. Le BEH s’inquiète en outre du prix « préoccupant » des médicaments développés contre l’hépatite C. Il rejoint ici l’Association française pour l’étude du foie (Afef), qui plaide pour que davantage de patients puissent bénéficier de ces traitements onéreux (et très efficaces), destinés en priorité aux cas les plus sévères. Page réalisée par Aliisa Waltari n° 326 mutualistes OAM326_007-2.indd 7 I7 19/06/2015 11:48 IEntretien Michel Debout, psychiatre Questions à © DR Alerte sur la santé des chômeurs Psychiatre, professeur émérite de médecine légale et de droit de la santé au CHU de Saint-Etienne, Michel Debout est également membre de l’Observatoire national du suicide. Dans son dernier ouvrage, « Le traumatisme du chômage* », il donne l’alerte sur la santé tant physique que mentale des chômeurs et plaide pour un soutien bienveillant à l’égard des « sans-emploi », fragilisés au sein de la société. © Shutterstock Mutualistes. – Le titre de votre dernier ouvrage* résume ce que souvent on se refuse à admettre : perdre son emploi est avant tout un traumatisme, même en période de crise. ▶ Pr Michel Debout. – Se retrouver au chômage est toujours brutal – même lors d’un plan social –, authentiquement traumatisant et déstabilisant : ce n’est pas seulement une perte d’emploi, c’est aussi celle de tout un quotidien (dont le travail est un organisateur), de contacts réguliers avec ses collègues, de revenus et d’un rôle dans la société. Tout change, le regard des autres, mais également le regard sur soi, car le travail représente toujours un investissement personnel, que l’on soit salarié ou, a fortiori, commerçant, artisan ou agriculteur. Selon vous, le chômage a des conséquences non négligeables sur l’état de santé, physique et psychique, et augmente le risque suicidaire. ▶ Il est établi que l’espérance de vie moyenne des chômeurs est réduite d’un an par rapport à celle des travailleurs qui n’ont pas connu de périodes sans emploi. Un homme au chômage a un risque annuel de décès, toutes causes confondues, trois fois supérieur à celui d’un actif du même âge. Quant à la mortalité par suicide, si elle reste difla réalité, voire un état de sidération ou ficile à mesurer précisément (l’enquête au contraire une hyperréactivité émomédico-légale menée après un suicide ne tionnelle. Et quoi qu’il en soit, c’est touprécise pas toujours la situation profesjours un choc violent, accompagné d’un sionnelle de la personne décédée), elle vécu d’anéantissement ou de mort (« le peut être estimée en croisant les donmonde s’écroule »), mais aussi d’humilianées de mortalité et les t io n o u m ê m e d e données sociales, pour déshu ma nisation (on obtenir une estimation Se retrouver au chômage est « moins que rien »). proche de la réalité. est toujours brutal (…), Une sensation d’échec, Aujourd’hui, en France traumatisant et déstabilisant : d’injustice et d’impuiscomme en Angleterre ce n’est pas seulement sance envahit parfois ou en Europe du Sud la pensée et provoque une perte d’emploi (…) (Grèce, Italie, Espagne une détresse durable, ou Portugal), il est Tout change, le regard associée à une baisse prouvé que la crise éco- des autres, mais également de la confiance en soi, nomique est corrélée le regard sur soi. puis à une mésestime à une augmentation de soi. Celle-ci, bien des suicides, particulièrement chez les qu’injustifiée, puisque l’on n’est pas chômeurs. Il faut comprendre que le chô« coupable » d’avoir perdu son travail, n’en est pas moins réelle. On devient inumage de masse est un fléau économique, mais aussi humain, social et sanitaire à tile, dévalorisé… On a en quelque sorte grande échelle, qu’il importe de ne pas perdu son rôle dans la société, et donc nier ou négliger. une part de sa propre identité. L’anxiété s’installe, avec son cortège de symptômes : perte d’appétit, troubles du somOn observe donc des troubles majeurs, comme des états de stress qui deviennent meil, irritabilité, ruminations… D’autant chroniques. que, de façon plus pragmatique, il faut ▶ Effectivement, ce moment souparfois faire une croix sur tous ses prodain où l’on bascule dans le rôle du jets. Le chômage est un mur qui s’élève « sans-emploi », du « licencié », provoque devant soi et empêche d’envisager tout chez certains un sentiment de perte de avenir, à court, moyen et même long I 8 mutualistes n° 326 OAM326_0809.indd 8 19/06/2015 13:18 IEntretien du lendemain ? La violence subie par le chômeur n’est pas seulement économique : à la perte de revenus s’ajoute la culpabilité engendrée par le regard dur des autres, ou en tout cas l’idée qu’il s’en fait, et tout cela l’atteint profondément dans sa dignité. Pour certains, c’est une véritable déchéance personnelle, qui peut mener à des gestes extrêmes. © Shutterstock Que peut faire la société, dans cette période de crise où il lui est impossible de garantir le plein-emploi ? Comment soutenir les chômeurs souvent laissés pour compte ? ▶ Tous les chômeurs ne sont pas malades ni déprimés – et c’est très bien ainsi ! –, mais, parce que le chômage constitue un risque pour la santé, il s’agit aujourd’hui de faire de la prévenLe chômeur est trop souvent accusé de vivre aux crochets des autres, tion : nous avons une médecine dite du ceux qui travaillent, et de la société tout entière. Un jugement très culpabilisant, travail, laquelle ne devrait pas ignoqui accroît le risque de repli sur soi et d’isolement. rer le devenir des chômeurs, mais au termes : comment se construire dans capacités et faire obstacle à son embauche contraire les accompagner pendant les l’idée de demain quand on n’a plus de tradans un nouvel emploi. Difficile, en effet, périodes d’inactivité, le but étant d’évavail et que l’on s’isole socialement ? Que de passer le cap de certains entretiens luer l’état médical et psychologique, l’on ne parvient plus à rembourser ses de recrutement et les signes potencrédits courants, à élever correctement d’avoir l’air « sous tiels de dépression, ses enfants ni à les soutenir financièreson meilleur jour » Il importe, de la part de tous (…), voire de tendances quand on est mora- de poser un regard bienveillant su icid a i r es, q u i ment, ni tout simplement à vivre ? lement atteint. Les et non dévalorisant sur peuvent être repérés Cela dit, tous les sans- emploi ne é che c s p eu vent les personnes sans emploi, et traités. D’autres connaissent pas de telles difficultés médecins pourraient alors réactiver le de reconnaÎtre pleinement psychologiques. Certains réussissent traumatisme subi aussi i nter ven i r à rebondir et à retrouver rapidement lors du licenciement leur rôle social, leur utilité, dans cette démarche un travail… et assombrir encore leurs capacités professionnelles, préventive, car il ▶ Fort heureusement, la grande majorité un peu plus l’avenir. ainsi que leur dignité. faut signifier à tous des personnes au chômage ne présente les chômeurs, même pas ces importantes difficultés et les Il est vrai que le regard porté sur les ceux – les plus nombreux – qui ne prérisques qui leur sont associés. Mais c’est chômeurs, souvent traités d’assistés, sentent pas de tels troubles, que leur le cas de certaines d’entre elles, et le n’est pas toujours tendre… santé nous intéresse et que la société se problème peut devenir majeur chez les ▶ C’est le moins que l’on puisse dire préoccupe toujours d’eux. Ce n’est pas chômeurs de longue durée, de plus en depuis quelques années ! A tel point que seulement d’une démarche médicale : il plus nombreux : en seulement un an, le le chômeur n’est plus la victime d’un fait importe aussi et surtout, de la part de tous nombre d’inscrits à Pole emploi depuis social – ce qu’il est pourtant –, mais – des élus, des associations, des syndiplus de trois ans a augmenté de 2 %, et souvent accusé de vivre aux crochets cats… –, de poser un regard bienveillant l’ancienneté moyenne d’inscription sur des autres, ceux qui travaillent, et de et non dévalorisant sur les personnes les listes, de 32 jours (elle est désorla société tout entière. Ce jugement très sans emploi, de reconnaître pleinement mais de 529 jours)… Quand le chômage rude et très culpabilisant accentue la leur rôle social, leur utilité, leurs capas’installe et s’accompagne de troubles perte d’estime de soi, le repli et l’isolecités professionnelles, ainsi que leur psychologiques, le risque de dépresdignité, dont chaque être humain est ment. Il peut, en outre, mettre à mal le sion, mais aussi de conduites à risque couple et la famille, dont le quotidien porteur, qu’il travaille ou qu’il ne tra– comme la consommation d’alcool, de est transformé même quand le conjoint vaille pas. ◆ tabac ou de substances psychotropes –, a un emploi. L’étau se resserre sur ces Propos recueillis s’accentue, pour entraîner le chômeurpersonnes fragilisées : difficultés finanpar Isabelle Delaleu consommateur dans une spirale de dégracières, surendettement et harcèlement * Le traumatisme du chômage, du dation globale de son état de santé, aussi associé… La situation est vécue comme professeur Michel Debout, avec bien physique que mentale. Ces diffi honteuse. Comment garder espoir Gérard Clavairoly. Les Editions de l’Atelier (91 pages, 12 euros). cultés peuvent rapidement affecter ses quand on nage en pleine incertitude n° 326 mutualistes OAM326_0809.indd 9 I9 19/06/2015 13:18 IMédecine Ablation des amygdales Une opération de moins en moins pratiquée L’ablation des amygdales a parfois mauvaise réputation. Peut-être parce qu’il y a trente ans les chirurgiens ORL la pratiquaient un peu trop systématiquement et dans des conditions différentes de celles d’aujourd’hui. Moins fréquente désormais, elle reste préconisée, parce qu’efficace, dans certains cas bien précis. L © DPA Picture Alliance – BSIP ’opération était si banalisée qu’il arrivait que des classes entières de jeunes enfants subissent une ablation des amygdales (ou amygdalecto mie), et ce sans anesthésie. A partir des années 70, de nombreux experts se sont interrogés sur l’utilité et l’efficacité de cette intervention. En 2002, en France, on en recensait encore 68 000 ; en 2010, le nombre avait diminué de moitié (35 000), selon les données de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih). La même tendance à la baisse est à noter dans tous les pays industrialisés. Une solution contre les angines à répétition… L’amygdalectomie avec ou sans adénoï dectomie (retrait des végétations) reste cependant l’une des interventions les plus courantes dans le monde. Plus d’une fois sur deux, elle est effectuée en ambula toire, sous anesthésie générale avec intu bation pour protéger les voies aériennes, et accompagnée d’un traitement antidouleur. Les amygdales, ces deux petites masses glandulaires situées à l’arrière de la bouche de part et d’autre du pharynx, étaient souvent rendues responsables – à tort – de la survenue d’otites ou de rhino-bronchites. Aujourd’hui, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande l’amygdalectomie lorsque les angines sont très fréquentes (sept ou plus dans l’année en cours ou trois ou plus au cours des trois dernières années), qu’elles perturbent la scolarité, et seulement après une période d’observation minimale de six à douze mois. Si les angines ou les pharyngites ne présentent pas de critère de gravité ou que la période d’observation est inférieure à six mois, la HAS conseille « fortement » d’éviter l’opération. ... et les apnées du sommeil Il arrive aussi que les amygdales soient trop volumineuses et gênent la déglutition et la respiration – on dit alors qu’elles sont obstructives. L’enfant éprouve Dans 80 % des cas, l’amygdalectomie est réalisée en raison d’apnées du sommeil. des difficultés à s’alimenter normalement, ce qui a une incidence sur sa prise de poids et sa croissance. Des amygdales trop grosses peuvent en outre gêner la respiration nocturne et favoriser le ronflement. Mais ce n’est pas parce que votre enfant ronfle qu’il faut absolument lui enlever les amygdales : c’est surtout le caractère irrégulier de la respi ration et l’existence d’apnées du sommeil qui doivent alerter. Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) chez l’enfant peut en effet freiner sa croissance, nuire à ses capacités neurocognitives et, à plus long terme, être la cause de maladies cardiovasculaires. Les enfants atteints peuvent également souffrir d’énurésie (ils font fréquemment pipi au lit) ; ils ont des sueurs nocturnes et un sommeil agité, sont fatigués, et leurs résultats scolaires s’en ressentent. « En CP, notre fille avait beaucoup de difficultés pour apprendre à lire, raconte Sandra, la maman de Luna, 9 ans. Elle faisait aussi très souvent pipi au lit, parfois jusqu’à trois fois par nuit. Un test de polysomnographie à l’hôpital Trousseau (hôpital pour enfants à Paris, NDLR) a révélé des apnées du sommeil. L’ablation des amygdales et des végétations était indispensable, et nous ne le regrettons pas : une semaine après l’opération, Luna commençait déjà à lire. Il a fallu un an pour que les pipis au lit disparaissent tota lement. Elle était également souvent sujette aux angines et n’en a plus jamais eu par la suite. » Aujourd’hui, 80 % des amygda lectomies sont réalisées en raison d’apnées du sommeil. Des complications rares, mais graves L’ablation des amygdales n’est toutefois pas sans risque : on déplore un décès pour 50 000 opérations. « Les complications associées à la réalisation de la chirurgie sont en premier lieu hémorragiques post opératoires : au premier jour (le plus souvent avant la huitième heure), de l’ordre de 1 % ; entre le huitième et le quinzième jour, de l’ordre de 1 à 3 %, expliquent les experts de la HAS*. Une réintervention chirurgicale est nécessaire dans 0,5 % des cas. » Enfin, de retour à la maison, certaines précaut ions s’imposent. Il faut, par exemple, éviter tous les aliments irritants (croûte de pain, chips, gâteaux secs…) et ne pas faire d’efforts violents. ◆ Isabelle Coston * Amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie chez l’enfant ou l’adolescent (moins de 18 ans), synthèse des données de la littérature, Haute Autorité de santé (HAS), décembre 2012. I 10 mutualistes n° 326 OAM326_010v2.indd 10 19/06/2015 11:48 IMédecine Médicaments Trop de mauvais usage chez les seniors Depuis le mois de mai, une campagne de sensibilisation sur les dangers liés aux abus ou aux mélanges de médicaments est menée à destination des seniors, mais aussi des professionnels de santé. Une prise de conscience est en effet indispensable. Des Français ultra-consommateurs Avec quarante-huit boîtes de médicaments par personne et par an, on peut réellement parler de surconsommation pour les Français de tout âge, dont le réflexe « médicament » est devenu très (trop ?) facile. Chez les seniors, cette consommation ne fait que croître : aujourd’hui, 71 % des plus de 50 ans et 86 % des plus de 75 ans sont polymédiqués (depuis plus de dix ans dans la moitié des cas), avec une moyenne de quatre spécialités différentes par jour. Or les risques d’erreurs s’en trouvent multipliés – l’utilisation de médicaments inappropriés a été observée chez 53,5 % des patients de plus de 75 ans –, de même que les interactions indésirables, voire dangereuses, notamment chez les personnes âgées, dont le fonctionnement de certains organes (le foie et les reins surtout) baisse physiologiquement, ce qui est susceptible d’entraîner une mauvaise élimination des molécules médicamenteuses actives. Des causes multiples, impliquant public et professionnels de santé Ces effets pervers sont liés à l’« appétence » excessive pour les médicaments, certes, mais d’autres causes s’y ajoutent, en particulier « de vrais soucis d’observance, alors © May – BSIP C haque année, quelque 128 000 hospitalisations, représentant un total de 1 146 000 journées d’hospitalisation, et environ 8 000 décès sont dus à la iatrogénie (ou iatrogénèse) médicamenteuse, c’est-à-dire l’apparition d’effets négatifs – potentiellement dangereux, voire mortels – provoqués par un surdosage ou un mauvais « cocktail » de médicaments. Un véritable enjeu de santé publique, puisque 20 % des hospitalisations des plus de 80 ans leur sont directement imputables. qu’avec l’âge la chronicité des pathologies s’installe », explique Philippe Lamoureux, président du Leem*. Le non-respect des traitements (erreur de dosage, prolongation ou arrêt décidé seul) est en effet fréquent : 37 % des patients le reconnaissent. Il est aussi établi que certains médecins ont parfois la main lourde, renouvelant trop facilement les ordonnances au long cours, prescrivant des traitements inappropriés ou ne portant pas un regard global sur les prescriptions du patient – lesquelles émanent à 75 % du généraliste, mais aussi à 25 % d’un spécialiste et peuvent alors se révéler contradictoires ou redondantes. Le recours excessif à une automédication parfois fantaisiste et mal choisie est également à déplorer, tout comme le développement des génériques, dont les diverses présentations sont sources d’erreurs, notamment chez les personnes âgées dont les capacités cognitives déclinent. Le problème n’a rien de nouveau. En 1988, Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, déclarait déjà à propos de la surconsommation médicamenteuse que « cette attitude thérapeutique non seulement est injustifiée et, dès lors, inutilement coûteuse, mais peut être source de complications individuelles et collectives ». L’individu comme la collectivité paient en effet – et parfois même très cher – les effets de ce laxisme. Des pistes pour endiguer le phénomène Si les seniors font des erreurs manifestes qui peuvent les affecter lourdement, ils semblent cependant prêts à « consommer mieux » : 93 % accepteraient que leur médecin révise leur ordonnance (à chaque visite pour 53 % d’entre eux, une fois par an pour les autres) et 75 % écouteraient leur pharmacien si celui-ci leur recommandait d’éviter une spécialité qui pourrait faire mauvais ménage avec les traitements qu’ils prennent déjà. Une bonne raison d’impliquer le pharmacien, qui grâce au dossier pharmaceutique** bénéficie d’une traçabilité des prescriptions. Reste que le risque d’accident médicamenteux ne pourra être réduit – et la volonté de prescriptions plus raisonnées, affirmée – que par une réelle prise de conscience conjointe des patients- consommateurs, des professionnels de santé et de la société tout entière. ◆ Isabelle Delaleu * Les Entreprises du médicament. ** Pour plus d’infos : Servicepublic.fr, rubrique « Particuliers », puis « Social-santé », « Droits des patients » et « Information du patient ». Pour en savoir plus > Un livret de huit pages, Le guide du bon usage des médicaments, est désormais disponible dans les salles d’attente des médecins généralistes et les pharmacies, ou encore téléchargeable sur le site du Leem : Leem.org. n° 326 mutualistes OAM326_011v2.indd 11 I11 19/06/2015 12:26 IPrévention Régime paléo cardiovasculaire, et une réduction des symptômes dans les maladies autoimmunes ou inflammatoires. C’est un des derniers régimes dont on parle… souvent sans savoir de quoi il s’agit exactement. Quels principes, pour qui et, surtout, pour quels bienfaits ? Le point sur le régime paléo, une tendance de poids de l’alimentation santé et minceur. Les bons points > On met l’accent sur les graisses, réha- bilitées depuis quelques années, études scientifiques à l’appui, notamment en ce qui concerne les acides gras oméga 3 : huiles végétales (olive, noix, macadamia, coco), avocat, beurre, graisse de canard, fruits oléagineux (noix, amandes, noisettes) doivent apporter au minimum 50 % de la ration énergétique (contre 30 % dans une alimentation « classique »), d’autant qu’ils protègent le système cardiovasculaire et le cerveau. > On supprime tous les aliments industriels, donc les colorants, les exhausteurs de goût, les conservateurs et autres produits de la chimie alimentaire, ainsi que les additifs mal connus du public, mais qui sont au mieux superflus, au pire néfastes. Les bannir ne peut faire que du bien à la santé, à la ligne… et au porte-monnaie. > On élimine le sucre sous toutes ses formes : sodas, confiseries, biscuits, céréales de petit-déjeuner…, ce qui a un effet positif sur le poids et la glycémie et permet de sortir de l’addiction, tant physique que psychologique, au sucré. T rès en vogue depuis quelques années, le régime paléo propose tout simplement de s’alimenter comme nos ancêtres préhistoriques. Nos gènes étant restés quasiment identiques aux leurs malgré l’évolution, nous n’avons en effet aucune raison valable de ne pas nous nourrir comme ces chasseurs- cueilleurs, en supprimant ce qui n’existait pas à l’époque, par exemple les produits céréaliers et tous les aliments liés à l’industrialisation (produits laitiers, aliments manufacturés et plats tout prêts). Sur le principe, ce régime mérite donc que l’on s’y intéresse, puisqu’il propose de retrouver une alimentation 100 % naturelle, sans gélules, substituts ou autres : au menu, de la viande, du poisson, des œufs, certaines huiles, des oléagineux et, bien sûr, des fruits et légumes en grande quantité. Il promet une perte de poids, mais aussi et surtout une meilleure santé, notamment sur les plans intestinal et Les inconvénients © Shutterstock > Toutes les céréales sont supprimées, même celles sans gluten (riz, maïs ou quinoa), car elles contiennent des « antinutriments » (comme les phytates), qui perturbent l’assimilation des minéraux (fer, calcium, magnésium, zinc). Les légumineuses (lentilles, haricots et soja) sont également interdites, car considérées comme pauvres en acides aminés (constitutifs des protéines), mais riches en glucides, et notamment en Fodmap – des sucres fermentescibles, responsables de troubles digestifs. Cette éviction © Thinkstock Faut-il manger comme nos ancêtres préhistoriques ? complète peut se révéler difficile en société et créer des frustrations chez certains. > La part des protéines animales est importante (90 à 240 grammes par repas, selon son gabarit) et, si l’on n’aime ni le poisson ni les fruits de mer, on risque de manger de grosses quantités de viande, parfois riche en acides gras saturés (même si les effets néfastes de ces derniers sont controversés). Il importe également de choisir de la viande, du poisson et des œufs de bonne qualité, ce qui n’est pas si facile et peut se révéler coûteux. Et évidemment, une telle alimentation n’est pas compatible avec le végétarisme. > Ce régime n’est pas adapté aux personnes souffrant d’allergie aux noix et autres oléagineux (pas de problème avec l’arachide, car elle est interdite en paléo). Alors, on le teste ou pas ? Ceux qui souffrent de maladie inflammatoire ou de gros troubles digestifs (potentiellement liés au gluten, au lactose ou aux Fodmap) peuvent tester ce régime pendant trente jours au minimum, pour voir si leurs symptômes diminuent ou disparaissent, sans risque pour leur santé : nul danger, en effet, à supprimer les sucres, y compris les céréales et les légumineuses. Cela dit, le régime paléo peut devenir lassant, d’autant qu’il implique des changements radicaux. Il n’apporte aucune douceur sucrée hormis les fruits (et éventuellement, en version « soft », un peu de miel et de cacao non sucré), pas non plus d’alcool, de café, de thé noir, ni même d’eau gazeuse. On peut donc lui reprocher un manque de convivialité sur le long terme. ◆ Jeanne Gabin Pour en savoir plus > Je me mets au paléo, d’Aglaée Jacob. Thierry Souccar (208 pages, 16,90 euros). > Le régime paléo, de Daniel Green. Larousse (176 pages, 14,90 euros). I 12 mutualistes n° 326 OAM325_012.indd 12 19/06/2015 15:08 Allergies alimentaires Halte aux idées reçues Les fausses croyances que dénoncent les allergologues sont toujours les mêmes, mais elles sont tenaces. Le X e Congrès francophone d’allergologie, qui s’est tenu à Paris du 21 au 24 avril dernier, a encore été l’occasion pour les spécialistes de revenir sur certains a priori. © Thin k st o c k « Allergique aux fruits de mer, je ne peux pas passer certains examens d’imagerie médicale » Les personnes concluent souvent qu’elles sont allergiques à l’iode lorsqu’elles le sont aux crustacés. Elles se trompent, affi rme Martine Drouet, responsable de l’unité d’allergologie au CHU d’Angers. « C’est une “vraiefausse” croyance. Les allergies aux fruits de mer ne sont pas dues à l’iode en soi, mais à d’autres molécules », précise-t-elle. Mais alors pour quelles raisons certains médecins demandent-ils à leurs patients s’ils sont allergiques à l’iode avant de leur faire passer un scanner ? « Des radiologues continuent de véhiculer cette fausse croyance en administrant des corticoïdes aux personnes allergiques aux fruits de mer avant l’injection de produit de contraste iodé parce qu’ils pensent, à tort, que celui-ci peut entraîner une réaction allergique », répond l’allergologue. Or l’iode n’est pas un allergène. La meilleure preuve, c’est que cet atome se trouve à l’état naturel dans le corps humain. « Allergique aux œufs, mon enfant ne peut pas être vacciné » Des embryons de poulet sont parfois utilisés dans la préparation de vaccins, comme celui contre la grippe ou celui contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR). « Sur certains enfants, qui sont très allergiques, qui ne supportent les œufs ni crus, ni cuits, ni en petites doses, nous pratiquons des tests, indique Martine Drouet. Bien souvent, il n’y a pas de réactivité aux vaccins. D’ailleurs, les embryons de poulet sont de moins en moins utilisés pour les vaccins », poursuit-elle. Et d’ajouter : « Nous dédramatisons l’allergie auprès des familles en leur expliquant que l’enfant absorbe bien souvent de l’œuf en petite quantité, lorsqu’il mange un gâteau par exemple. » De plus, les enfants allergiques aux œufs voient souvent leurs allergies s’améliorer d’elles-mêmes. « Les tests d’allergie vendus sur Internet permettent d’adapter son alimentation en fonction de ses risques personnels » Ces tests, réalisés à partir d’un prélèvement de sang, sont inutiles : ils ne feront au mieux que détecter une sensibilité et risquent de déboucher sur des conclusions erronées et confuses. Il serait idiot, voire néfaste pour la santé, de se priver de tel ou tel aliment parce que l’on soupçonne une allergie. Les tests d’allergie doivent impérativement être effectués par un allergologue. « Le régime d’éviction totale, à vie, est la seule réponse possible à l’allergie alimentaire » Martine Drouet est catégorique : l’éviction ne doit pas être systématique. « Certains enfants guérissent spontanément de leur allergie. » Il y a quelques années, les régimes d’éviction préconisés par les allergologues étaient très stricts et, avec le recul, on suspecte fortement que cela n’a pas été très favorable en termes d’acqui sition d’une tolérance naturelle. « La meilleure façon de soigner une allergie, c’est de réintroduire de petites doses de l’aliment quand elles sont bien tolérées. La réintroduction graduelle présente deux avantages : d’abord amener à une tolérance progressive, puis améliorer la qualité de vie, car l’éviction © Shutterstock IPrévention totale est très difficile à vivre avec notre mode de vie moderne », explique-t-elle. « De nombreuses personnes sont allergiques aux colorants industriels » « C’est faux, déclare Martine Drouet. Il existe toutefois un colorant rouge, le E120, dérivé de la carapace de cochenille, qui peut être allergisant. Il y a des soupçons d’allergie croisée avec la crevette, mais c’est anecdotique. L’E102, un colorant jaune appelé tartrazine, avait mauvaise réputation, en particulier auprès des patients intolérants à l’aspirine et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. Nous savons désormais que cette association n’est pas fondée et qu’il n’y a aucune raison de contre-indiquer la tartrazine. » « La fraise est très allergisante, comme la plupart des fruits rouges » « Il y a très peu d’allergies aux fruits rouges, et notamment à la fraise, assure la spécialiste. L’histamine contenue dans la fraise peut provoquer une ré ac t ion chez les toutpetits, mais c’est exceptionnel. » Dans ce cas, il s’agit plus probablement d’une intoléck st o ink rance : l’enfant a consommé © Th une trop grande quantité de fraises, ce qui a provoqué une réaction cutanée, de type urticaire. Mais ce n’est pas une allergie, car il n’y a aucune réaction immunitaire due aux anticorps de l’allergie (immunoglobulineE ou igE). ◆ Isabelle Coston n° 326 mutualistes OAM326_013v3.indd 13 I13 19/06/2015 11:56 IForme et bien-être Stop au bric-à-brac Ranger, ça fait du bien D ans notre monde d’hyperconsommation, on ne cesse de nous conseiller de trier, ranger, débarrasser, jeter ou donner pour nous alléger. Et il suffit de regarder nos placards qui débordent, nos caves et nos greniers submergés du sol au plafond, pour confirmer que nous avons souvent tendance à stocker vêtements, livres, bibelots, souvenirs et autres, ce qui transforme nos pièces en bric-à-brac. Tout garder est un réflexe d’autrefois, quand les objets étaient faits pour durer et être transmis, alors qu’aujourd’hui tout est devenu sinon jetable, du moins peu durable et, finalement, essentiellement sentimental. Trop de désordre nuit Si chacun a sa propre tolérance au désordre, force est de constater que l’on peut passer des heures à chercher un objet égaré. Le fouillis, s’il dépasse nos limites, devient perturbant et génère perte de temps et malaise. Culpabilisant, il nous donne en outre une mauvaise image de nous. Quand le « seuil d’alerte » personnel est atteint, ranger devient indispensable, pour son environnement comme pour soi-même, et procure un regain d’énergie. Cela prend du temps, mais celui-ci n’est jamais perdu, car, comme on y voit plus clair, on en regagne ensuite. Aérer sa tête Les mois et les années passent, et, quand on ne jette rien, on finit par accumuler les possessions superflues. A force, qu’y gagne-t-on, si ce n’est du désordre dans notre espace mental ? Le « trop » peut devenir parasitant, envahissant, et il finit par nous submerger. A l’inverse, pendant que l’on trie et range – une activité qui demande à être vraiment concentré –, on fait le vide dans son esprit et le résultat permet d’avoir un meilleur champ de vision. « Qui range sa maison range sa tête », disaient nos grands-mères. Effectivement, au lieu de © Thinkstock Cinq conseils pour que le rangement profite vraiment 1. Choisir son moment : le « grand ménage de printemps » n’a plus de sens aujourd’hui. Ranger doit se faire quand vous en avez besoin et que votre seuil de tolérance est atteint, n’importe quand dans l’année et généralement plusieurs fois en douze mois. 2. Prendre le temps : rien ne se fait en une heure. Pour un « rangement-tri-nettoyage » bien fait, il faut compter en journées complètes. 3. Ne pas s’encombrer d’avis ou de bras inutiles : c’est à vous de décider de ce que vous gardez ou pas et de l’endroit où vous avez besoin de ranger chaque chose pour qu’elle vous soit utile. Les âmes bien intentionnées ne font pas forcément des aides précieuses. 4. Procéder méthodiquement, pièce par pièce et meuble par meuble, et accepter que ranger fasse du bazar, puisqu’il faut d’abord tout sortir. Procéder par ordre évitera de mettre toute la maison sens dessus-dessous et de se sentir découragé dès le début. 5. Trouver sa méthode : livres, DVD et blogs proposent des quantités incroyables de trucs et astuces, mais tous ne conviennent pas forcément à chacun. Le rangement n’est pas statique et l’organisation en est personnelle : adoptez ce qui vous semble bénéfique pour vous et oubliez le reste. Merci à Isabelle Louet, auteure d’Une maison feng-shui (éd. Charles Massin, 80 pages, 12 euros) et de Ranger, classer, conserver chez soi (éd. Charles Massin, 64 pages, 5,90 euros). © Burger – Phanie Les conseils malins pour faire le « grand ménage » dans la maison fleurissent, au rayon librairie, dans la presse et sur Internet. A la clé, esprit allégé et regain d’énergie, nous promet-on. Et si on essayait ? se perdre dans la pagaille, on retrouve ses bases et l’on s’aperçoit que notre esprit en est, comme notre espace, véritablement allégé, aéré, plus clair. Difficile, parfois, mais bénéfique… Se rapprocher de l’essentiel Savoir se débarrasser du superflu permet non seulement de s’alléger, mais aussi, du coup, de se recentrer sur ce qui est vraiment important. Comme un éloge à une certaine frugalité, à une simplicité de vie, où l’on réalise qu’achats et possessions ne font pas le bonheur et que l’on se passe très bien d’un nombre incalculable de choses que l’on croyait pourtant indispensables. Là encore, cela rend plus efficace, car plus centré sur l’essentiel. Prendre un nouveau départ Un grand rangement est un peu comme un déménagement, une façon de trouver un second souffle, dans un environnement nouveau, car différent, dégagé, nettoyé. On repart alors du bon pied, presque comme neuf ! Trier et ranger est notamment essentiel lors de changements de vie importants, en permettant de mieux « coller » à nos besoins, lesquels évoluent au fil des années, comme nous et nos envies et, finalement, comme la vie. ◆ Jeanne Gabin Pour en savoir plus > L’art de l’essentiel : jeter l’inutile et le superflu pour faire de l’espace en soi, de D. Loreau (J’ai lu, 252 pages, 6,90 euros). > La magie du rangement, de Marie Kondo (First, 272 pages, 17,95 euros). I 14 mutualistes n° 326 OAM326_014v2.indd 14 19/06/2015 14:48 IForme et bien-être Des sports d’eau à découvrir Pour ne pas bronzer idiot Au lieu de faire le lézard sur la plage, activez-vous ! Au programme, quelques activités à pratiquer dans l’eau, bénéfiques pour le corps et qui mettent le mental au beau fixe. Originaire de Dunkerque (Nord), cette randonnée pédestre aquatique, créée pour entraîner les rameurs, s’est répandue sur toutes les plages. Le principe : marcher immergé dans la mer jusqu’aux genoux, à la taille ou même jusqu’au diaphragme, en s’aidant d’une pagaie, qui sert aussi d’appui dans les vagues et fait travailler tout le haut du corps. La résistance de l’eau augmente fortement le travail musculaire, les articulations sont préservées (le corps est plus léger dans l’eau), les bienfaits pour les systèmes veineux et cardiovasculaire sont réels et, en outre, on profite de l’iode et des ions négatifs, qui rechargent et reminéralisent l’organisme. On peut pratiquer le longe-côte de façon rapide et intensive (c’est une vraie discipline sportive, avec courses et championnats), mais aussi s’initier doucement, au rythme plus tranquille d’une balade tonique. © Thinkstock Stand up paddle : gainage du corps et paix de l’esprit Le stand up paddle (SUP), apparu récemment en France, est une activité qui mêle travail sportif d’endurance et effet antistress. Debout sur une planche (type longboard) et équipé d’une pagaie, on se déplace tranquillement en bord de mer (ou sur un lac) et l’on en profite pour découvrir le paysage. Pagayer n’est pas difficile en soi, mais rester debout sur la planche exige de gainer tout le corps, en plus de maintenir l’équilibre grâce aux membres inférieurs (un bon travail de proprioception pour les genoux et les chevilles). Du coup, les muscles travaillent de bas en haut, se tonifient (des courbatures sont à prévoir), et l’esprit, lui, se libère : silence à peine troublé par le clapotis des vagues et le doux bruit de la pagaie, impression de tranquillité et de plénitude. De nombreuses stations balnéaires proposent des balades-découvertes, en petit groupe, pour apprivoiser la technique. Snorkeling : découverte des fonds ludique et sportive Au lieu de nager « bêtement », testez le snorkeling (ou « plongée libre ») : une balade juste en dessous de la surface, avec palmes, masque et tuba, pour explorer la faune et la flore. Il suffit que l’eau soit claire et limpide pour pouvoir ainsi se promener, sans difficulté particulière, en faisant travailler ses systèmes respiratoire et cardiovasculaire (c’est un sport d’endurance), mais aussi ses jambes, car les palmes exigent de vrais efforts musculaires. Avantages : une action tonifiante sur la silhouette et un côté très ludique. Les enfants, dès qu’ils savent nager, adorent, et l’on peut faire des sorties familiales pour admirer les étoiles de mer, les poissons ou les oursins. Beach-volley : énergie, détente et convivialité A la fois convivial et assez physique, le beach-volley, dérivé du volley-ball, se pratique désormais sur de nombreuses plages, où sont mis à disposition des estivants des petits terrains (8 mètres sur 6) avec un filet amovible. © Thinkstock Longe-côte : balades toniques et embruns marins Nul équipement n’est requis (hormis le ballon) : même pas besoin de chaussures de sport, puisque l’on pratique pieds nus dans le sable, généralement en maillot de bain ou, mieux, en short et tee-shirt pour éviter les coups de soleil. Excellent pour tout le corps (les jambes se musclent, et les bras, les épaules et les poignets sont fortement sollicités), c’est aussi un sport ludique, qui donne lieu à des matchs à la fois conviviaux et intenses. On travaille ses réflexes et sa détente, et le sable, très meuble, accentue le travail des jambes, mais préserve les articulations en procurant un bon amorti lors des nombreux sauts. Attention toutefois, quand on débute, aux chutes et aux risques d’entorse liés aux irrégularités du terrain. ◆ Jeanne Gabin © Shutterstock n° 326 mutualistes OAM326_015v4.indd 15 I15 19/06/2015 11:55 IEn bref ■ Cancer Photos © Shutterstock Les espoirs de l’immunothérapie Tatouage : attention aux effets secondaires Une étude américaine publiée dans la revue Contact Dermatitis et menée auprès de personnes choisies au hasard révèle que 10 % des sujets tatoués ont souffert de réactions indésirables à la suite de leur tatouage (rougeurs, démangeaisons, cloques), et 6 % ont même présenté une réaction pendant plus de quatre mois. Parmi ces réactions chroniques, 44 % ont été induites par un tatouage à l’encre rouge et 25 % par un tatouage à l’encre noire. D’après le syndicat français des dermatologues, le rouge serait l’une des couleurs les plus dangereuses en tatouage. Il recommande en outre aux personnes souffrant de psoriasis ou de vitiligo de ne pas se faire tatouer. Réunis au congrès de l’Association américaine d’oncologie clinique (Asco) début juin à Chicago (Etats-Unis), de nombreux chercheurs, français en particulier, ont fait part de leur enthousiasme concernant une nouvelle méthode de traitement des cancers : l’immuno thérapie. Développée depuis quelques années à travers différents essais cliniques, elle consiste à agir sur le système immunitaire pour lui permettre de déjouer les mécanismes de défense de la tumeur. Cela s’est révélé efficace pour traiter des cas de cancers métastasés, notamment de la peau (mélanome) et du poumon (celui dit « non à petites cellules »), face auxquels les médecins se trouvent toujours démunis. Des malades à un stade très avancé ont ainsi vu leur survie augmenter de plusieurs mois, voire de plusieurs années. Les chercheurs attendent également des progrès de l’association de l’immunothérapie avec les autres traitements (thérapies ciblées et chimio), mais tiennent à rappeler que l’on manque encore de recul pour dire s’il s’agit là d’une véritable révolution en matière de traitement du cancer. D’autant que l’immunothérapie reste sans effet sur certains patients et que les effets secondaires sont encore importants. Myopie : de plus en plus de jeunes concernés En Europe, près d’un jeune sur deux âgé de 25 à 29 ans serait concerné par la myopie. C’est ce que nous apprend une étude britannique publiée récemment dans la revue Ophtalmology. Une véritable « épidémie », sachant qu’au total près d’un quart de la population européenne souffrirait de ce trouble visuel. Selon les chercheurs, l’augmentation – un phénomène que l’on constate déjà depuis plusieurs années – serait en partie due à la généralisation des études supérieures. Passer beaucoup de temps à lire, de trop près et à l’intérieur favorise l’apparition de la myopie. La multiplication des écrans et les facteurs génétiques accroissent également les risques. SEP : 70 000 à 90 000 personnes touchées en France La Journée mondiale de la sclérose en plaques (SEP), le 27 mai dernier, a été l’occasion de revenir sur cette maladie auto-immune encore peu connue du grand public et qui toucherait entre 70 000 et 90 000 personnes en France, des femmes en majorité (71 %). Parfois très invalidante, la SEP est la première cause de handicap non traumatique chez le jeune adulte, et son évolution tout comme ses symptômes varient fortement d’un malade à l’autre. Elle se caractérise par des inflammations du système nerveux central et des poussées qui se manifestent par des troubles cognitifs, moteurs et sensitifs. On ne sait pas vraiment expliquer son origine, même si des facteurs environnementaux et génétiques ainsi qu’une mauvaise hygiène de vie (tabac, alcool, sel, alimentation déséquilibrée) semblent jouer dans l’apparition et l’intensité des symptômes. Si, aujourd’hui, on ne sait pas guérir la SEP, des traitements permettent de limiter les poussées, les douleurs associées et l’évolution de la maladie. Allergies : l’ambroisie risque d’envahir l’Europe Selon des chercheurs britanniques, autrichiens et français, l’ambroisie, une plante à pollen très allergisant venue des Etats-Unis, pourrait envahir plusieurs régions d’Europe dans les prochaines décennies et augmenter ainsi les risques de réaction allergique (toux, conjonctivite et crises d’asthme parfois très sévères). D’ici à 2050, la concentration de ses pollens dans l’air pourrait même être multipliée par quatre. Des zones encore épargnées, comme le nord de la France ou le sud de la Grande-Bretagne, seraient particulièrement concernées en raison du réchauffement climatique. Dans l’Hexagone, cette plante est déjà présente en Rhône-Alpes, en Bourgogne et en Auvergne. Le pic de pollinisation a lieu en août et en septembre. Page réalisée par Aliisa Waltari I 16 mutualistes n° 326 OAM326_016.indd 16 19/06/2015 11:49 Dossier réalisé par Delphine Delarue Accoucher aujourd’hui Le jour J approche. Après neuf mois d’attente, vous allez enfin faire connaissance avec votre bébé. Mais d’abord il va falloir se concentrer sur une étape incontournable : l’accouchement. Redouté par certaines futures mamans, fantasmé par d’autres, ce moment si particulier marquera votre esprit pour la vie. Des premiers signes annonciateurs jusqu’à la mise au monde, voici le détail de tout ce qui vous attend. A redouter de souffrir, avoir peur de l’inconnu ou de ne pas être à la hauteur. Il faut simplement qu’elles se disent que l’équipe de la maternité sera là le jour J pour les accompagner et les soutenir. La majorité des accouchements se passe très bien ! L’idée, c’est aussi d’essayer de bien appliquer les conseils donnés lors des séances de préparation et de rester attentive aux premiers signes du travail. » Parmi ces signes : les contractions d’accouchement. Différentes de celles que vous avez pu ressentir lors du dernier trimestre de votre grossesse, elles sont plus intenses et plus douloureuses. « Ces contractionslà serrent vraiment le ventre, comme une ceinture, elles arrêtent la patiente dans ce qu’elle est en train de faire et lui coupent le souffle, indique Catherine Ryo. Au début, elles sont espacées et supportables, puis elles se rapprochent et gagnent en intensité. » Départ pour la maternité Pour une première naissance, on considère qu’il faut attendre d’avoir ressenti des contractions douloureuses et régulières toutes les cinq à dix minutes pendant deux heures avant de se rendre à la maternité. Chez une femme qui a déjà accouché, l’attente est ramenée à une heure. Durant ce laps de temps, essayez de vous détendre et de bien respirer. Vous pouvez éventuellement vous faire couler un bain chaud et prendre deux comprimés de Spasfon pour calmer la douleur. Autre signal de départ : la perte des eaux. Elle peut intervenir à n’importe quel moment, avant ou après le début des contractions. « Pour ma part, c’est arrivé en pleine nuit, se souvient Tiphanie. Ça m’a réveillée d’un coup, j’étais complètement trempée, comme si on avait jeté un verre d’eau dans mon lit. J’ai tout de suite su que c’était ça : impossible de se tromper ! » Le liquide amniotique qui s’écoule est clair et transparent, il faut alors se rendre rapidement à la maternité, parce que le bébé n’est plus dans son environnement stérile. © Shutterstock près des mois d’attente, votre bébé ne va pas tarder à montrer le bout de son nez. Sa chambre est aménagée, votre valise pour la maternité est bouclée, tout est prêt. Cette naissance, vous l’avez bien préparée, vous l’avez rêvée et même, parfois, cauchemardée. Rien d’anormal à cela. « Les projections et les angoisses liées à l’accouchement sont tout à fait logiques, surtout s’il s’agit d’un premier enfant, assure Catherine Ryo, sage-femme à la maternité de l’hôpital de Saint-Nazaire. Certaines futures mamans ne connaissent pas encore bien leur corps, elles peuvent n° 326 mutualistes OAM326_017020v2.indd 17 I17 19/06/2015 12:09 Quand déclenche-t-on un accouchement ? © Burger – Phanie Plusieurs raisons peuvent conduire l’obstétricien à décider un déclenchement : le dépassement du terme, une pathologie de la mère, par exemple de l’hypertension ou du diabète, ou encore une indication médicale pour le bébé comme un retard de croissance. « Il arrive également qu’un accouchement soit déclenché par convenance pour des raisons pratiques, ajoute le docteur Deruelle, professeur de gynécologie obstétrique au CHRU de Lille. Ça peut être le cas pour les femmes qui habitent loin de la maternité ou pour celles qui ont déjà plusieurs enfants et qui ont du mal à s’organiser. Mais toutes les maternités ne l’acceptent pas. » Pour déclencher l’accouchement, on perfuse une hormone, l’ocytocine, qui va provoquer des contractions. La sage-femme peut aussi percer la poche des eaux pour accélérer le travail. Si le col n’est pas favorable, c’est-à-dire s’il est complètement fermé, on applique un gel composé de prostaglandine. Il faut savoir que les accouchements déclenchés sont généralement plus longs et plus douloureux. Programmée ou décidée en urgence, la césarienne s’impose en cas de souffrance fœtale ou de complications chez la mère. Même principe si vous perdez du sang ou si vous ne sentez plus votre enfant bouger. N’hésitez pas à vous déplacer à la moindre inquiétude : en fin de grossesse, il n’y a pas de petit motif de consultation. « En revanche, contrairement à ce que pensent beaucoup de futures mamans, la perte du bouchon muqueux n’est pas le signe d’un accouchement imminent, précise Virginie Bonjour, sage-femme à la maternité des Bluets à Paris. C’est simplement la conséquence d’une modification du col de l’utérus : il se ramollit, et des sécrétions glaireuses parfois sanglantes peuvent s’évacuer. On ne demande pas aux patientes de venir à la maternité pour cela : l’accouchement peut intervenir plusieurs jours, voire plusieurs semaines après la perte du bouchon muqueux. » La prise en charge Lorsque vous arrivez à la maternité, la sage-femme qui vous accueille place un monitoring sur votre abdomen pour contrôler la façon dont le rythme cardiaque du bébé réagit aux contractions. Elle pratique également un toucher vaginal afin d’évaluer la dilatation de votre col et l’état d’avancement du travail. En général, cette sage-femme vous suivra pendant toute la durée de l’accouchement. C’est elle qui va vous accompagner, vous et votre conjoint, dans la venue au monde de l’enfant. Le lien qui s’établit peut donc devenir très fort. « Toute ma vie je me souviendrai de la sage-femme qui était à mes côtés, confie Aurore. Sa gentillesse, sa douceur, sa sérénité. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans elle ! Le papa était encore plus stressé que moi et elle a su nous rassurer. » Les compétences médicales de la sage-femme demeurent toutefois restreintes. Elle peut suivre la grossesse, prescrire des examens, établir un diagnostic sur l’état d’avancement du travail, assurer la mise au monde et gérer les suites de couches, mais uniquement dans la normalité. A la moindre complication, elle passe la main à l’obstétricien. Une fois que la sage-femme a vérifié que tout allait bien pour le bébé et la maman, elle laisse généralement le travail se faire en passant régulièrement pour contrôler le monitoring et mesurer les modifications du col induites par les contractions. Celles-ci aident aussi le bébé à amorcer sa descente dans le bassin. Cette phase d’attente peut être plus ou moins longue et douloureuse selon les patientes. A votre arrivée à la maternité, une sage-femme vous prend en charge et vous accompagne jusqu’aux suites de couches. L’obstétricien n’intervient qu’en cas de complications. © Burger – Phanie La gestion de la douleur Quand la dilatation du col atteint environ 4 centimètres, la sage-femme peut proposer la péridurale. Posée par l’anesthésiste, celle-ci consiste à introduire une aiguille au niveau du dos, entre la troisième et la quatrième lombaire, pour atteindre l’espace péridural. Un cathéter, par lequel sera injecté le produit anesthésique, I 18 mutualistes n° 326 OAM326_017020v2.indd 18 19/06/2015 18:13 y est ensuite glissé. La péridurale, très efficace, met environ une quinzaine de minutes à agir, et on peut la renouveler si besoin. Bien qu’impressionnante, cette intervention n’est généralement pas douloureuse. Cela permet de mieux supporter l’étape suivante, c’est-à-dire la phase active : à ce moment-là, les contractions deviennent plus violentes et le col se modifie plus rapidement. « Chez une femme pour qui c’est une première naissance, on parle en moyenne d’une dilatation de 1 centimètre par heure. Chez une multipare, ce sera plutôt 2 à 3 centimètres. Mais il n’y a pas de règle : dans notre métier, il y a quelques généralités et beaucoup de cas particuliers », constate Catherine Ryo. La présence du conjoint peut aider à passer le temps et à gérer la douleur s’il n’y a pas de péridurale. « Le rôle de soutien du père ou de l’accompagnant est très important, souligne Virginie Bonjour. Mais cette présence doit être souhaitée et non imposée. On accorde d’ailleurs une attention bien particulière aux femmes qui viennent accoucher seules. » Quand la dilatation du col atteint 10 centimètres et que le bébé est bien engagé dans le bassin, on vous installe pour les efforts expulsifs. Le plus souvent, vous serez allongée sur le dos. Accompagnée par la sage-femme, elle-même secondée par une auxiliaire puéricultrice, vous commencez à pousser en même temps que les contractions pour aider le bébé à sortir. Cette phase d’efforts intenses dure au maximum une demi-heure. Accoucher autrement © HOoton - SPL – Phanie Si l’accouchement classique vous semble trop médicalisé, vous pouvez toujours choisir une autre option. Certaines maternités proposent par exemple à leurs patientes d’accoucher dans l’eau. C’est le cas des Bluets, à Paris. « Nous disposons de trois baignoires dans le service, précise Virginie Bonjour, sagefemme, mais uniquement pour les accouchements sans complications, qui se passent bien. Et dans l’eau, la péridurale n’est pas possible. » Dans cette maternité, il est également possible d’accoucher dans une position différente : à quatre pattes, accroupie, debout, sur le côté… Certaines mères choisissent par ailleurs de donner naissance chez elles, aidées par une sage-femme libérale. Ce type d’accouchement n’est cependant possible que pour les naissances à bas risque. Dernière possibilité : les maisons de naissance. Ces structures non médicalisées, actuellement autorisées à titre expérimental, permettent des projets de naissance personnalisée accompagnés par des sages-femmes. Renseignements : Maisonsdenaissance.wordpress.com. Forceps, spatules ou ventouse © Hop – BSIP Le produit anesthésique est injecté dans la zone péridurale, entre la troisième et la quatrième lombaire. « Parfois, au moment de l’expulsion, le bébé présente des signes de fatigue, précise le docteur Philippe Deruelle, professeur de gynécologie obstétrique au CHRU de Lille. Cela se traduit par des anomalies de son rythme cardiaque visibles au monitoring. C’est le signe qu’il supporte mal les contractions. La sage-femme appelle alors l’obstétricien et ce dernier peut envisager une extraction instrumentale avec les forceps, les spatules ou la ventouse. » Les conséquences pour l’enfant ne sont plus aussi traumatisantes que par le passé, à une époque où l’on allait le chercher alors qu’il était encore placé très haut dans le bassin. Aujourd’hui, l’utilisation de ces instruments ne se fait que quand le bébé est bien engagé dans la partie basse. Il aura donc peu de séquelles : peut-être un hématome, des rougeurs et quelques douleurs qui pourront être traitées avec du paracétamol. Qui dit instruments peut dire aussi risque augmenté d’épisiotomie, bien que cela ne soit pas systématique. Cette incision tant redoutée par les mamans est pratiquée par le médecin ou la sagefemme au niveau du périnée sur 2 à 3 centimètres, au moment de l’expulsion, pour faciliter le passage du bébé. « On essaie de ne la pratiquer que quand c’est vraiment nécessaire, c’est-à-dire quand l’enfant est bloqué par le périnée, ajoute le professeur Deruelle. Mais il faut savoir que dans la moitié des cas, les patientes accouchent sans épisiotomie ni déchirure. » Quand le bébé est enfin là, reste une dernière chose : l’expulsion du placenta. C’est la délivrance. Vous êtes toujours allongée, les contractions reprennent, mais moins intensément. Vous devrez pousser à nouveau, mais la sage-femme pourra aussi vous aider manuellement. Une fois expulsé, le placenta est examiné par la sage-femme, qui vérifie qu’il est bien complet. Et la césarienne ? Parfois, la naissance par voie naturelle se révèle impossible. « Si le bassin de la maman est trop étroit ou si l’utérus a été fragilisé par de précédentes interventions – le retrait d’un fibrome par exemple –, on programme une césarienne », explique le professeur Deruelle. Cette intervention, qui concerne environ 20 % des naissances en France, peut aussi être décidée en urgence. « C’est le cas quand au cours du travail le bébé montre des signes de souffrance alors qu’il n’est pas encore engagé dans le bassin. On prend aussi la décision quand le col ne s’ouvre pas malgré plusieurs heures de travail ou quand l’enfant ne veut pas descendre. » Avant cela, plusieurs techniques sont utilisées pour que le bébé se décide à s’engager : faire marcher la maman, à condition qu’elle ne soit pas immobilisée par la péridurale – il existe aussi des péridurales ambulatoires – ; lui faire changer de position, la mettre sur le côté ; percer la poche des eaux si elle est encore intacte ou encore administrer de l’ocytocine pour intensifier les contractions. Chaque situation est différente, mais dans tous les cas c’est la souffrance fœtale (ou des complications n° 326 mutualistes OAM326_017020v2.indd 19 I19 19/06/2015 18:13 « Juste après la naissance, la maman se trouve dans un état émotionnel et hormonal vraiment particulier, unique, explique Catherine Ryo, sage-femme à la maternité de l’hôpital de Saint-Nazaire. Toutes les hormones de la grossesse et de l’accouchement s’effondrent : ce climat inédit peut être vécu dans l’euphorie, mais pour d’autres patientes ce sera plus compliqué. Elles peuvent ressentir une grande tristesse, un grand vide. Cette vulnérabilité est aggravée par la fatigue et le manque de sommeil. Il ne faut pas la négliger et surtout ne pas culpabiliser. » S’il n’est pas pris en charge, ce baby blues peut rapidement se transformer en véritable dépression du postpartum. Pour l’éviter, il ne faut pas hésiter à en parler, contacter sa sage-femme ou se rendre au centre de protection maternelle infantile (PMI) le plus proche. Pensez aussi à vous reposer autant que possible, à déléguer les tâches ménagères et à préserver l’intimité de votre couple et de votre petite famille. pour la maman) qui accélère la décision de césarienne. A partir de là, tout va très vite. « L’anesthésiste, l’infirmière et d’autres personnes sont arrivés en même temps dans la salle de naissance, raconte Oriane. On m’a emmenée au bloc rapidement, tellement vite qu’on a failli perdre le papa dans les couloirs ! J’ai eu très peur, mais la sage-femme m’a pris la main et m’a tout expliqué. Il fallait sortir mon bébé dans l’urgence. Cinq minutes Le Prado : un dispositif pour accompagner le retour à domicile Pour soutenir les femmes qui viennent d’accoucher, l’Assurance maladie a mis en place en 2010 un programme spécifique d’accompagnement du retour à domicile (Prado). Pris en charge à 100 % jusqu’au douzième jour qui suit la naissance, le Prado vous permet de bénéficier d’un suivi personnalisé, assuré chez vous par une sage-femme. Concrètement, après accord de l’équipe médicale, un conseiller de l’Assurance maladie vous rend visite à la maternité et vous soumet une liste de sages-femmes disponibles dans la région. Le premier rendez-vous à domicile aura lieu le lendemain de la sortie. Plusieurs visites seront ensuite prévues, au cours desquelles la sage-femme s’assurera de votre bon état de santé et de celui de votre bébé. Pour bénéficier de ce service, vous devez être majeure et avoir accouché d’un enfant unique né à terme et sans complications. Cependant, toutes les maternités ne le proposent pas, renseignez-vous auprès de la vôtre. © Burger – Phanie Le post-partum : une période de fragilité plus tard, il était là, et quelques instants après j’ai pu prendre ma fille contre moi. Un véritable instant de grâce. Il n’y a pas de mots pour expliquer ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Plus rien ne comptait autour de moi, je ne voyais qu’elle. » Les premières heures avec votre enfant Une fois le cordon ombilical coupé, on sèche le bébé et on le laisse sur votre poitrine, en peau à peau. Cette technique aujourd’hui répandue dans toutes les maternités a l’avantage de réchauffer le nouveau-né bien mieux qu’une lampe chauffante et de favoriser le lien émotionnel avec la mère. La sage-femme évalue ensuite l’adaptation du nouveau-né à la vie extra-utérine : cri, vitalité, tonus, couleur de la peau, respiration, fréquence cardiaque, c’est le score d’Apgar, qui sera coté à une minute, deux minutes, trois minutes et cinq minutes. Puis, pendant environ deux heures, vous restez en salle de naissance : l’équipe surveille votre état de santé et observe l’enfant. « On regarde le faciès, les oreilles, le palais, la colonne et les organes génitaux, détaille Virginie Bonjour. On vérifie qu’il n’y ait pas de malformations, puis on donne des vitamines, on met des gouttes d’antibiotique dans les yeux et on met les bracelets. » Vous serez également invitée à donner le premier repas de votre bébé, au sein ou au biberon, puis vous intégrerez votre chambre et pourrez continuer à faire tranquillement connaissance avec lui. Vous aurez ensuite plusieurs jours pour vous remettre. D’une durée moyenne de quatre à six jours, selon qu’il s’agit d’un accouchement par voie basse ou d’une césarienne, le séjour à la maternité sert à accompagner le couple dans sa nouvelle vie de parents. Premier bain, soins du cordon, change… vous apprenez à vous occuper de votre enfant. L’équipe médicale est aussi là pour repérer d’éventuelles complications et pour vous soulager des suites de couches. « La patiente peut ressentir divers désagréments : des contractions de l’utérus qui reprend progressivement sa place initiale, une gêne au niveau de l’épisiotomie ou des sutures de césarienne, des irritations des mamelons dues à la mise en place de l’allaitement, note Catherine Ryo. Il faut savoir aussi que les saignements post-accouchement peuvent durer plusieurs semaines de façon peu abondante après la sortie de la maternité. » Un conseil : profitez de ce séjour pour vous reposer. « L’accouchement n’est pas une formalité. La maman et le bébé sont fatigués, et il faut respecter ça, insiste la sage-femme. Il ne faut pas hésiter à espacer les visites de vos proches et à prendre du temps pour dormir en même temps que votre enfant. » Famille et amis auront tout le loisir de venir admirer votre petite merveille une fois que vous serez rentrée à la maison, fraîche et dispose. ◆ Pour en savoir plus • J’attends un enfant, édition 2015-2016, Laurence Pernoud. Horay (480 pages, 29,50 euros). • Neuf mois pour devenir parents, Paul Cesbron et Sylvain Missonnier. Fayard (240 pages, 17,80 euros). • Vivre sa grossesse et son accouchement, Isabelle Brabant. Chronique sociale (582 pages, 29,90 euros). > Pour encore plus d’infos, consultez Mutualistes.com. I 20 mutualistes n° 326 OAM326_017020v2.indd 20 19/06/2015 18:14 Tous les papiers se recyclent, alors trions-les tous. Il y a des gestes simples qui sont des gestes forts. La presse écrite s’engage pour le recyclage des papiers avec Ecofolio. 70_200x265.indd 1 OAM326_021.indd 21 23/04/15 17:21 18/06/2015 15:12 IWeb Migraine Comprendre et anticiper les crises Entre 5 et 8 millions de Français souffrent de migraine, dont un tiers de femmes âgées de 40 à 74 ans. Apprendre à distinguer les différents types de maux de tête, tenir un agenda de ses crises migraineuses ou expliquer à son enfant pourquoi « ça tape » dans son crâne : les sites se veulent avant tout pratiques et pédagogiques. Sfemc.fr Les termes « céphalée » et « aura aphasique » n’auront plus de secrets pour vous grâce au site de la Société française d’études des migraines et céphalées (Sfemc). Si le graphisme des pages est un peu dépassé, la navigation est fluide, avec un rubriquage clair, par thèmes ou par publics : femme enceinte, enfant, personne âgée, etc. Dans l’onglet « Préparer sa consultation », à droite, les internautes arrêter une crise », etc. L’information est traitée sous forme de bandes dessinées ou de schémas simplifiés. Par exemple, l’un d’entre eux explique pourquoi « ça tape dans la tête ». On y voit un visage de profil, avec le dessin des vaisseaux sanguins. « Ce sont eux qui transportent le sang et, quand ils se dilatent, le sang arrive trop fort. » Un véritable support pédagogique pour les 6-14 ans, développé par les médecins du Centre de la migraine de l’enfant. Migrainequebec.com Les Canadiens font coup double avec ce site : ils abordent à la fois les questions médicales (les différents types de céphalées, les facteurs déclenchants, etc.) et le rôle de l’environnement sur les maux de tête. Ainsi, dans la rubrique « Migraine et société », l’internaute curieux saura en situation face à son hypersensibilité aux bruits et à la lumière, en train de broyer du noir ou encore s’essayant à la méditation. L’autre particularité de Migraine.fr est sa revue de presse (« Actualités »), qui renvoie vers des articles grand public parus dernièrement. Attention, ce site émanant d’une société privée, ne soyez pas étonné du manque d’objectivité des liens « conseillés », tous hébergés par le même groupe. Sosmigraine.com trouveront des conseils et des outils pratiques, à imprimer : agenda des migraines, échelles de douleur… Les auteurs, médecins et chercheurs, ont fait un effort de vulgarisation afin de rendre les explications accessibles au grand public, sans pour autant perdre en richesse informative. Migraine-enfant.org Avant l’âge de 10 ans, 10 % des enfants souffrent de migraines. Si le vôtre en fait partie, voici un site conçu pour lui et pour vous. La navigation est très facile, y compris pour les plus jeunes, chaque thématique étant clairement identifiée : « Qu’est-ce qu’une crise de migraine ? », « Qu’est-ce qui la déclenche ? », « Comment s’il doit baisser sa consommation de café, changer de rythme de sommeil ou se mettre au sport pour limiter les crises. Autre point fort : des fiches à imprimer depuis l’onglet « Bibliothèque ». De nombreux thèmes sont abordés : « Mythes et réalités des migraines », « Questionsréponses sur le traitement de fond ou de crise », « Migraine chronique », etc. En bonus, des vidéos avec l’accent québécois. Migraine.fr La page d’accueil donne le ton : un graphisme moderne et des informations claires pour le grand public. L’internaute suit un personnage féminin dessiné mis Y a-t-il un centre antimigraineux à côté de chez moi ? Vous trouverez la liste de tous les centres en France, ville par ville, dans la barre grisée en haut de la page d’accueil. Et si vous prévoyez de partir à l’étranger, l’association SOSmigraine a recensé les centres canadiens, suisses, belges, italiens ou anglais. Autre caractéristique du site : son forum. Les sujets, classés par thèmes, vous permettent d’aller à votre essentiel : « Migraine et travail », « Les dix erreurs à éviter », « Traitements », etc. On regrettera seulement le rubriquage, un peu « fouillis ». ◆ Vanessa Pageot-Françoise I 22 mutualistes n° 326 OAM326_022.indd 22 19/06/2015 11:47 IVie pratique Vélo Le code de bonne conduite « Je ne serai pas verbalisé si je commets une infraction au Code de la route à vélo » Faux. Si vous ne respectez pas un stop, par exemple, vous êtes passible d’une amende de 90 euros. Sachez cependant qu’une infraction à vélo ne peut pas entraîner un retrait de points sur votre permis de conduire. « Un cycliste peut passer au feu rouge pour tourner à droite » Vrai. Un décret de janvier 2012 autorise les cyclistes à « griller » un feu rouge pour tourner à droite, à condition qu’un panneau spécial l’indique en amont du carrefour concerné. Le cycliste doit toutefois céder le passage aux autres véhicules qui traversent le carrefour au feu vert et laisser traverser les piétons sur le passage protégé. « J’ai le droit d’utiliser mon téléphone mobile quand je suis à vélo » Faux. Selon l’article R412-6-1 du Code de la route, le conducteur d’un véhicule, quel qu’il soit, ne doit pas tenir en main un téléphone. « Quand il existe une piste cyclable, il est obligatoire de l’emprunter » Faux, en principe, mais vrai lorsque le maire, dans le cadre de ses pouvoirs de police, a par arrêté rendu obligatoire l’usage des pistes cyclables. Celles-ci sont signalées par un panneau rond avec un cycle blanc sur fond bleu. « Il n’est pas interdit de rouler à deux de front sur la chaussée » Vrai, mais rouler en file indienne devient obligatoire dès la tombée du jour et lorsque les conditions de circulation l’exigent (dépassement par une voiture ou voie étroite, par exemple). « Les cyclistes peuvent rouler dans les deux sens dans les zones où la vitesse est limitée à 30 km/h » © Shutterstock En ville comme à la campagne, à vélo, vous êtes tenu de suivre le Code de la route : vous arrêter au stop, respecter la priorité… Paradoxalement, dans certaines situations, vous pouvez prendre la rue en sens interdit ou passer au feu rouge. Sachez démêler le vrai du faux. Vrai. Le double sens cycliste dans les zones limitées à 30 km/h est autorisé par le Code de la route, à condition que des panneaux le précisent à l’entrée de la rue en sens interdit et préviennent les automobilistes à l’entrée de la voie en sens unique. par exemple). Par ailleurs, sachez que le port du casque n’est pas obligatoire, mais il est fortement conseillé, en particulier pour les jeunes. « Il est interdit de rouler à vélo dans les couloirs de bus » Faux. L’avertisseur sonore, les freins avant et arrière, un phare à l’avant (lumière jaune ou blanche) et un feu rouge à l’arrière, ainsi que des catadioptres de couleur orange sur les roues avant et arrière et sur les pédales sont des équipements obligatoires. Vrai. Les cyclistes peuvent néanmoins être autorisés à emprunter les couloirs de bus lorsqu’un panonceau le précise. « J’ai le droit de rouler sur le trottoir » Faux, seuls les enfants de moins de 8 ans ont le droit de le faire. Cela dit, vous pouvez y circuler lorsqu’une piste cyclable est aménagée sur le trottoir (elle est en général matérialisée par deux bandes blanches et le pictogramme « vélo »). « Le gilet jaune rétroréfléchissant n’est pas obligatoire » Faux. Il l’est lorsque vous circulez de nuit hors agglomération ou lorsque la visibilité est insuffisante (dans un tunnel, A lire • Le guide du bénévolat 2015, publié par le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, sur le site Associations.gouv.fr (rubrique « Documentation », puis « Les guides pratiques »). • Le guide Aides financières 2015 pour des travaux de rénovation énergétique dans des logements existants (édition 2015), publié sur Ademe.fr. « Je ne suis pas obligé d’équiper mon vélo d’une sonnette ou d’un klaxon » « Je peux transporter un enfant si mon vélo est équipé d’un siège fi xé sur le porte-bagages ? » Vrai, mais attention : si vous transportez un enfant de moins de 5 ans, le siège doit être muni de repose-pieds et de courroies d’attache. ◆ Catherine Doleux Pour plus d’infos : Fédération française des usagers de la bicyclette, Fuciby.org ; Fédération française de cyclotourisme, Ffct.org ; Sécurité routière, Securiteroutiere.gouv.fr. Vapoter n’est pas fumer Une femme en train de « vapoter » dans une gare SNCF s’était vu infliger une amende pour infraction à l’interdiction de fumer. Or cette interdiction, prévue par le Code de la santé publique, a été créée alors que la cigarette électronique n’existait pas et ne peut donc pas s’appliquer à celle-ci. En outre, l’e-cigarette Pour en savoir plus ne peut pas être assimilée à une cigarette traditionnelle, car le liquide, mélangé > Numéro à l’air, est diffusé sous forme de vapeur. C’est en tout cas la national position d’appel retenue: par 820 00 23 78 (0,12 € TTC/min). la chambre criminelle de la Cour de cassation, et le0 juge a par conséquent invalidé > www.cesu.urssaf.fr. la sanction (Cour de cassation, chambre criminelle, 26 novembre 2014, n° 14-81888). n° 326 mutualistes OAM326_23_25 - corr.indd 23 I23 19/06/2015 12:25 IVie pratique © Shutterstock Vous licenciez la personne qui fait le ménage à votre domicile pour un motif sans lien avec elle (par exemple, vous prenez votre retraite, vous perdez votre emploi, vous déménagez…) ? En tant qu’employeur particulier, vous n’êtes pas soumis aux règles du licenciement pour motif économique réservées aux seules entreprises (arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation, 21 janvier 2015, n° 13-17850). Attention toutefois : avant de procéder au licenciement, vous devrez convoquer le salarié à un entretien préalable, au cours duquel vous lui ferez part de votre projet de rompre son contrat et lui en donnerez les raisons. Utilisez la lettre recommandée avec avis de réception (AR) pour envoyer la convocation, au moins cinq jours avant la date de l’entretien. Vous pourrez lui adresser la lettre de licenciement (toujours en recommandé AR) au plus tôt un jour après l’entretien. Si, par exemple, celui-ci se déroule le lundi 20 juillet, la lettre pourra être envoyée au plus tôt le mercredi 22. Le jour de battement ne peut être un samedi, un dimanche ou un jour férié. Lorsque l’entretien a lieu un vendredi, la lettre ne doit donc pas être envoyée avant le mardi. © Thinkstock Timbre fiscal sur Internet Vous pouvez acheter le timbre fiscal nécessaire à l’obtention de votre passeport directement sur le site Timbres.impots.gouv.fr. Connectez-vous depuis votre smartphone, votre tablette ou votre ordinateur et réglez le timbre électronique par carte bancaire. Vous recevrez celui-ci par e-mail ou par SMS, sous deux formes possibles : un identifiant à seize chiffres, valide pendant six mois à compter de la date d’achat ; un timbre au format PDF et sous forme de flashcode. Lors du dépôt de votre demande de passeport en mairie, vous devrez communiquer ces références. D’ici à 2017, le timbre électronique devrait remplacer le timbre papier. Médiation familiale Pour régler les confflits à l’amiable Dans le cadre d’une procédure de divorce ou d’une succession difficile, la médiation familiale peut dénouer la situation conflictuelle et éviter le procès, qui la plupart du temps détériore un peu plus les relations. E n cas de conflit, le médiateur familial accompagne les membres d’une même famille afin qu’ils renouent le dialogue et trouvent une solution amiable. Peuvent par exemple y avoir recours les couples ou les parents qui se séparent et cherchent un terrain d’entente pour les modalités de garde des enfants ou la contribution financière. Les grands- parents dont les liens avec les petits-enfants ont été rompus à la suite du divorce des parents peuvent aussi en bénéficier, tout comme les enfants qui ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les décisions à prendre pour un parent âgé devenu dépendant. Enfin, la procédure de médiation peut se révéler utile quand des frères et sœurs sont en bisbille au moment du partage des biens de leurs parents décédés. Le médiateur familial est un professionnel qualifié, doté de compétences juridiques et psychologiques. Il ne doit pas divulguer ce qui se dit au cours de la médiation, ni prendre parti pour l’une ou l’autre des personnes en conflit. Il aide à trouver une solution concrète, mais ne tranche pas le conflit comme le ferait le juge. Comment ça se passe ? Vous pouvez entamer les démarches seul. Il vous faut pour cela vous adresser directement à un médiateur familial (lire l’encadré). La médiation peut également être proposée par le juge au cours d’un procès. La procédure commence toujours par un entretien d’information gratuit. Les séances de médiation familiale ne pourront se mettre en place qu’après cette phase préalable, si les personnes en conflit en sont d’accord, et dureront entre une heure et demie et deux heures chacune, leur nombre variant selon les situations (en moyenne trois entretiens © Shutterstock Pas de licenciement économique pour un employé de maison répartis sur trois mois). Ces rendez-vous doivent permettre à tous de s’exprimer sur les points qui les opposent afin de faire émerger une solution équitable et donc acceptable pour chacun. Le succès de la médiation repose ainsi sur la participation active des personnes impliquées. Si un accord est trouvé, il peut être formalisé par écrit ou rester oral. En cas d’échec, le litige devra être tranché par la justice. Combien ça coûte ? Le coût de la procédure dépend du médiateur auquel vous vous adressez. Si vous choisissez de recourir à un service de médiation conventionné par la caisse d’allocations familiales, le tarif est fixé selon un barème national qui varie en fonction de vos revenus : comptez entre 2 et 131 euros la séance par personne. Vous pouvez également opter pour un médiateur libéral, dont les tarifs sont libres. Demandez un devis. ◆ Catherine Doleux Pour en savoir plus > Pour contacter un médiateur familial agréé par votre caisse d’allocations familiales : Caf.fr. > Fédération nationale de la médiation familiale et des espaces familiaux (Fenamef) : 02 31 46 87 87 ; Mediation-familiale.org. > Association pour la médiation familiale (APMF) : 01 43 40 29 32 ; Apmf.fr. I 24 mutualistes n° 326 OAM326_23_25 - corr.indd 24 19/06/2015 12:25 IVie pratique ■ Personnes handicapées © Thinkstock Les animaux, des êtres vivants doués de sensibilité C’est officiel : grâce à la loi n° 2015-177 du 16 février 2015, les animaux sont considérés comme des êtres vivants doués de sensibilité, et non plus comme des meubles. Mais quelle est la portée pratique de cette reconnaissance ? L’avancée est en réalité toute symbolique, car le texte ne confère pas à l’animal des droits spécifiques, par exemple un droit de garde en cas de divorce des maîtres. Où peut-on se marier ? De manière générale, le mariage peut être célébré dans une commune avec laquelle au moins l’un des deux époux a des liens durables, comme celle où réside le futur marié ou l’un de ses parents. Il est également possible de se marier dans la commune où se trouve la résidence secondaire familiale, à condition qu’elle ne soit pas louée. Les futurs époux n’auront alors à produire ni justificatif de domicile ni attestation d’hébergement. En revanche la mairie peut exiger la preuve de la domiciliation des parents (l’avis de taxe foncière ou de taxe d’habitation, par exemple). Source : réponse ministérielle publiée au Journal officiel de l’Assemblée nationale du 20 janvier 2015. Copropriété et travaux dans un appartement Si vous réalisez dans votre appartement des travaux qui nécessitent l’utilisation des parties communes, par exemple l’installation d’un monte-charge pour descendre les gravats ou monter les matériaux, vous devez en informer le syndic de copropriété. C’est ce que vient de rappeler la Cour de cassation (chambre civile 3, 27 janvier 2015, pourvoi n° 13-23 853). Droits de succession et taux d’intérêt © Thinkstock S’il est possible de prendre des photos dans les musées et les monuments, le ministère de la Culture préconise tout de même de désactiver le flash de l’appareil dès l’entrée dans l’établissement et de ranger les accessoires (comme les bras télescopiques) pour ne pas gêner les autres visiteurs, de demander une autorisation spécifique pour réaliser une prise de vue nécessitant un matériel supplémentaire, de veiller à ne pas porter atteinte à l’intégrité des œuvres lorsque l’on filme ou photographie, d’éviter de prendre en photo un membre du personnel en tant que sujet principal identifiable sans son autorisation formelle et, enfin, de partager et de diffuser ses photos et ses vidéos sur Internet et les réseaux sociaux dans le cadre de la législation en vigueur. Procédure de surendettement : les propriétaires y ont droit © Thinkstock © Shutterstock Musées et monuments : le bon usage de l’appareil photo Si vous êtes titulaire de la carte de stationnement pour personne handicapée, vous pouvez désormais garer gratuitement votre véhicule sur toutes les places de stationnement, sans limitation d’horaire. Pour éviter les voitures ventouses, la municipalité peut toutefois limiter la durée à douze heures. Elle peut également maintenir le paiement d’une redevance pour les places qui se trouvent dans un parking disposant de bornes d’entrée et de sortie. © Shutterstock © Thinkstock Le stationnement gratuit facilité Le fait d’être propriétaire d’une résidence principale dont la valeur permettrait de rembourser ses dettes et de couvrir ses frais de relogement et ses charges courantes n’empêche pas d’accéder à la procédure de surendettement, a rappelé la Cour de cassation par un arrêt du 19 février 2015. L’affaire en question concernait un couple dont le dossier déposé auprès de la commission de surendettement de la Banque de France avait été déclaré irrecevable par cette dernière parce que les époux étaient propriétaires de leur résidence principale. Les héritiers peuvent demander aux services fiscaux de régler en plusieurs fois les droits de succession dont ils sont redevables. Tout se passe alors comme s’ils faisaient un emprunt au fisc. Depuis 2015, les intérêts sont de 2,2 % sur la part de droits non payés en temps et en heure. Le paiement des droits peut être étalé sur un an ou sur trois ans, lorsque la succession comporte plus de 50 % de biens non liquides (biens immobiliers, objets d’antiquité, d’art ou de collection). Pour plus d’infos : Impots.gouv.fr, rubrique « Particuliers », puis « Famille » et « Un de mes proches est décédé ». Page réalisée par Catherine Doleux n° 326 mutualistes OAM326_23_25 - corr.indd 25 I 25 19/06/2015 12:25 IInitiatives Dessine-moi un mouton Accompagner les jeunes séropositifs dans leur projet de vie Ateliers collectifs Pour aider ces jeunes à retrouver confiance en eux, plusieurs ateliers collectifs sont proposés : théâtre, peinture, musique, socio-esthétique, mais aussi pratiques somatiques, diététique ou encore éducation thérapeutique. « Le VIH reste toujours lié à la mort. Il met à mal l’estime de soi : souvent, on renie complètement son corps, ajoute la directrice. La plupart des jeunes que nous suivons n’ont pratiquement pas de vie sexuelle ou amoureuse. Ils se l’interdisent. Réinvestir ce corps, bien connaître sa pathologie et l’accepter, c’est très important quand on souffre d’une maladie chronique. » Toutes ces disciplines sont autant de moyens pour libérer la parole et amener ensuite l’adolescent à travailler sur son histoire personnelle lors d’entretiens individuels avec un psychologue ou un éducateur. Reconstruction identitaire Pour quelques-uns, c’est d’une reconstruction identitaire complète qu’il s’agit. Dans certaines familles, la maladie n’est jamais évoquée. L’enfant séropositif prend ses traitements depuis toujours sans vraiment savoir pourquoi. Et quand il commence à se poser des questions et finit par comprendre, tout vole en éclats. « La réaction peut être très violente et destructrice, parce que l’adolescent a vécu toute sa vie sur des non-dits, voire sur des mensonges, observe Anne-Marie Gosse. Il faut alors tout reconstruire, et cela prend beaucoup de temps. » D’autres apprennent leur séropositivité par hasard, à l’occasion d’une hospitalisation par exemple. C’est ce qui est arrivé à Sali, 27 ans. « J’étais bouleversée et complètement désorientée, Des locaux à la disposition des ados. DR D essine-moi un mouton est née il y a vingt-cinq ans avec pour vocation l’accompagnement des orphelins séropositifs dont les parents mouraient du sida, explique Anne-Marie Gosse, directrice de l’association. Aujourd’hui, notre positionnement est devenu celui d’une prise en charge globale de l’enfant au sein de sa famille. En 2000, nous avons ouvert un nouveau service dédié à ces jeunes qui grandissaient et devenaient adolescents. » Baptisé « Tag le mouton », ce service aide les 15-25 ans à accepter la maladie et à construire leur avenir sur des bases sereines. Comment prendre soin de soi, comprendre sa maladie, son corps et ses traitements, comment envisager sa sexualité et sa vie amoureuse : les éducateurs, les infirmières et les psychologues de l’association travaillent sur ces problématiques en partenariat avec les équipes soignantes des hôpitaux. « Nous sommes complémentaires : alors que l’hôpital s’axe spécifiquement sur la pathologie et sur le suivi de la personne, nous nous occupons davantage de son quotidien et de la façon dont elle vit sa séropositivité », précise Anne-Marie Gosse. DR Créé en 2000 par l’association Dessine-moi un mouton, le service « Tag le mouton » s’adresse spécifiquement aux adolescents et aux jeunes adultes séropositifs. Prise en charge psychologique, accompagnement social, orientation scolaire ou professionnelle, éducation thérapeutique et pratiques somatiques : tout est mis en œuvre pour leur permettre de construire un avenir sur des bases sereines. Anne-Marie Gosse, directrice de l’association Dessine-moi un mouton. se souvient-elle. Heureusement, grâce à Dessine-moi, j’ai remonté la pente petit à petit. Pour moi, c’est un lieu vraiment bienveillant, où je n’ai été ni jugée ni rejetée. J’ai pu enfin me poser et réfléchir à mon avenir. » L’association soutient et oriente aussi les jeunes dans leur projet professionnel. Sali a pour sa part entrepris une formation et, bientôt, deviendra monitrice- éducatrice, elle aussi. « Ce sont les éducateurs de l’association qui m’ont inspirée. Quand j’ai vu de quelle façon ils aidaient les enfants, j’ai eu envie de faire pareil, tout simplement. » Un bel exemple de réussite parmi d’autres pour cette association loi 1901, qui se bat actuellement pour acquérir un statut médico-social et pérenniser ainsi les fonds nécessaires à son fonctionnement. ◆ Delphine Delarue Dessine-moi un mouton (DMUM) : 1, villa des P yrénées, 75020 Paris. Tél. : 01 40 28 01 01. Site : Dessinemoiunmouton.org. Un colloque « Adolescents et maladies chroniques » A l’occasion de ses vingt-cinq ans, Dessine-moi un mouton (DMUM) organise, le 5 novembre prochain à l’institut Imagine, à Paris, un colloque sur les spécificités de la prise en charge des adolescents atteints de pathologies chroniques transmissibles, qu’il s’agisse de séropositivité ou de maladie génétique. L’occasion de faire le point sur la complexité des problématiques soulevées par la maladie lors de cette période particulière de passage de l’enfance à l’âge adulte. Pour plus d’infos : Dessinemoiunmouton.org ; tél. 01 40 28 14 35. I 26 mutualistes n° 326 OAM326_026.indd 26 19/06/2015 11:57 Re trouvez vot re m a g a z i ne s a nt é s ur Mucs.mutualistes.com © Thinkstock Des centaines d’articles, une information fiable et labellisée HON* ◗ L’intégralité du magazine ◗ Les dossiers parus dans « Mutualistes » ◗ Les actualités santé ◗ Les sites santé à feuilleter en ligne de la semaine enrichis d’infos inédites conseillés par la rédaction R EJOIG N E Z- NOUS SUR LES R ÉS E AUX SOCIAUX /Mutualistes.infos @MutualistesMag * Health on the Net (« la santé sur Internet »), organisation non gouvernementale suisse qui certifie de la qualité des sites santé. MUC326.indd 27 OAM326_027_pub-web_OKOK.indd 29 19/06/2015 15:16 18:42 17/06/2015 ©DenisBourges-TendanceFloue IL N’Y A PAS DE PETITES NI DE GRANDES ©DenisBourges-TendanceFloue VACANCES Soutenez-nous sur carresolidaire.fr Avec 50 T, vous mettez du soleil dans la journée d’un enfant. Bon de soutien OUI, j’aide un enfant à partir en vacances en versant un don de : 30 c 50 c 80 c 100 c autre montant .............................. c Je règle par chèque à l’ordre du Secours populaire français Nom Prénom ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Adresse ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... CP Ville Tél. ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Coupon à compléter et à retourner, accompagné de votre don, dans une enveloppe affranchie au tarif en vigueur, au Secours populaire - 9/11, rue Froissart - 75140 Paris Cedex 03 Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès, de suppression et de rectification des données personnelles vous concernant en vous adressant au siège de notre organisation. Dons en ligne sur www.carresolidaire.fr OAM326_028.indd 28 FN2008 Votre don vous fait bénéficier d’une réduction d’impôt de 75% du montant de votre don dans la limite de 528 euros. 19/06/2015 14:59 © Jérôme Ballet – Altitude-image.com IInitiatives ■ Cancer Lorsque l’on est une femme en situation précaire et que l’on est traitée pour un cancer, acquérir une perruque afin de pallier les effets de la chimiothérapie se révèle souvent impossible, car trop onéreux (entre 500 et 3 000 euros) et mal remboursé par l’Assurance maladie (125 euros seulement). Consciente de l’importance de continuer à se sentir belle et digne malgré la maladie, Lucia Iraci, fondatrice de l’association Joséphine pour la beauté des femmes, a lancé, le 19 mars dernier, une opération de sensibilisation sur les réseaux sociaux intitulée #Avecmaperruque. Objectif : encourager les femmes ayant vaincu le cancer à faire don de leur perruque, afin que celle-ci soit redistribuée (au prix de 40 euros). L’association en a déjà récolté une soixantaine. Elles pourront être « rafraîchies » (lavées, coupées et coiffées) tous les trois mois par des coiffeurs bénévoles ou salariés de l’association. En fauteuil sur les pentes du Mont-Blanc Guide de montagne indépendant, qualifié handisport, Jérôme Ballet, fondateur d’Altitude nature au pays du Mont-Blanc, a voulu partager son amour des sommets en proposant des randonnées adaptées aux personnes en situation de handicap. Ces dernières peuvent ainsi circuler sur les pentes du massif, seules ou avec un pilote accompagnateur, grâce à des fauteuils tout-terrain fournis par l’association. « Nous commençons par des pistes faciles et, au fur et à mesure, nous corsons la technique, sur des espaces normalement dévolus aux VTT, précise le guide. L’objectif n’est pas d’aller le plus vite possible, mais de travailler le pilotage. » Pour 130 euros la demi-journée ou 230 euros la journée (acheminement du matériel compris, mais sans les forfaits des remontées mécaniques), paysages grandioses et sensations fortes garantis. Pour plus d’infos : Joséphine pour la beauté des femmes, sur Facebook et Twitter ; Josephinebeaute.fr. DR Des perruques à prix accessible Campagne de sensibilisation #Avecmaperruque, lancée le 19 mars par l’association Joséphine pour la beauté des femmes. Sortir de l’enfer du jeu Pour plus d’infos : Jérôme Ballet, tél. 09 51 33 59 41, jerome.ballet 74@ free.fr ; Altitude-nature.fr, rubrique « Sports adaptés ». Pour plus d’infos : Sos-joueurs.eu. © DiscoSoupe Disco Soupe : ensemble contre le gaspillage alimentaire Disco Soupe est un mouvement solidaire fondé en 2012 par Antoine Delaunay. Soucieux de lutter contre le gaspillage alimentaire, ce dernier a décidé, avec quelques amis, de récupérer fruits, légumes et céréales invendus pour en faire des soupes, des salades ou encore des jus de fruits ou des smoothies, en musique et dans une ambiance conviviale. Chacun peut organiser sa propre Disco Soupe, à condition d’en respecter les préceptes. Les fruits et les légumes abîmés et destinés à être jetés sont collectés sur les marchés et dans les supermarchés, puis épluchés et cuisinés au cours d’une session collective, dans un espace public, parfois à l’occasion d’une manifestation sur le thème du développement durable. Les préparations ainsi obtenues sont ensuite distribuées à tous, gratuitement ou à prix libre. Pour plus d’infos ou pour savoir si des Disco Soupes sont organisées près de chez vous : Discosoupe.org. © Shutterstock Il est délicieux, le frisson ressenti au moment du verdict. Le seul espoir, la simple perspective du gain suffit à faire rêver, à procurer un instant de plaisir. Mais lorsque l’envie de jouer devient incontrôlable, les problèmes commencent… Machine à sous, poker, courses, roulette, paris en ligne, jeux de grattage ou de tirage agissent comme une drogue sur le joueur compulsif, qui ne peut y résister. Et telle une drogue, cela finit par le ruiner, le détruire peu à peu, lui, mais aussi ses proches. Depuis vingt-cinq ans, l’association SOS Joueurs les accompagne et les soutient gratuitement. Psychologues, avocats ou assistants sociaux conseillent les familles pour qu’elles se protègent et parviennent à sortir de leurs difficultés financières. Tous spécialisés dans l’addiction au jeu, ces bénévoles aident aussi les joueurs pathologiques à vaincre leur dépendance. Un coup de fil qui fait du bien Parler, se raconter, se confier à quelqu’un par téléphone peut éclairer la journée d’une personne âgée qui se sent isolée. L’association Au bout du fil offre ce contact amical chaque semaine, du lundi au dimanche entre 8 et 22 heures, à ceux qui en font la demande. Il suffit d’indiquer les jours et l’heure où l’on souhaite être joint. Les appelants sont des bénévoles, spécialement formés à l’écoute et à la conversation téléphonique. L’appel est confidentiel et anonyme (le bénévole ne connaît que le prénom de la personne à qui il téléphone). Pour quatre à huit appels mensuels, Au bout du fil demande une participation aux frais de fonctionnement de 6 euros par mois. Ce service peut être pris en charge par la mairie, le conseil général, la caisse de retraite ou encore un « parrain ». Pour plus d’infos : tél. 01 70 55 30 69 ; Auboutdufil.org. Page réalisée par Catherine Chausseray n° 326 mutualistes OAM326_029.indd 29 I29 19/06/2015 11:51 IInitiatives APF Evasion Le droit aux vacances pour tous R endre possible l’impossible, tel est le leitmotiv d’APF Evasion, le service vacances de l’Association des paralysés de France (APF), qui orga nise chaque année de nombreux séjours pour les personnes en situation de han dicap. « Comme tout le monde, elles ont besoin de vacances, observe Marjolaine Viala, responsable de la structure. Grâce à l’accompagnement de qualité que nous proposons, elles sortent de leur cadre habituel, qui est souvent celui de l’institution. Ces séjours, c’est du plaisir, de la découverte, du partage, de l’évasion, des moments de rigolade : les vacances, quoi ! » Un vrai bol d’air, permis grâce à l’investis sement des bénévoles qui accompagnent les personnes en situation de handicap pendant toute la durée du séjour. « Nous respectons toujours le ratio d’un accompagnateur pour un vacancier, précise la responsable. Cela permet d’assurer une aide individualisée pour les gestes de la vie quotidienne, mais pas seulement. On partage de vrais moments de complicité, tout en garantissant la sécurité de chaque participant. » Théâtre, concerts, activités nautiques… Ces séjours collectifs sont proposés en France et à l’étranger. Mer, montagne, campagne, vacances à thème, avec par exemple du théâtre, des concerts, des activités nautiques ou encore de la gastro nomie : la palette des possibilités est plutôt large, et elle s’adresse à la fois aux enfants à partir de 6 ans, aux adolescents, aux adultes et aux seniors. « J’ai vécu DR Depuis bientôt quatre-vingts ans, APF Evasion organise des séjours pour les personnes en situation de handicap. Objectif : leur permettre de vivre, comme tout un chacun, de véritables vacances faites de découvertes, de rires et de partage. Une mission rendue possible grâce à l’engagement des bénévoles qui accompagnent ces vacanciers au quotidien. Grâce aux accompagnateurs bénévoles, les personnes handicapées prennent des vacances et sortent de leur cadre habituel, qui est souvent celui de l’institution. des choses incroyables avec APF Evasion, raconte Valérie, accompagnatrice béné vole devenue responsable de séjour. C’est vraiment sur le plan humain que j’ai été le plus comblée. Avec les autres bénévoles et les vacanciers, qui nous donnent d’ailleurs de sacrées leçons de vie, une énergie formidable se met en place, une belle solidarité. Grâce à toutes ces personnes, j’ai appris la tolérance et la force de l’être humain. » Deux à trois jours de formation Les bénévoles sont formés par APF Evasion sur les sites des séjours, avant l’arrivée des vacanciers, pendant deux à trois jours. Une formation principale ment axée sur la sécurité, les méthodes de transfert (du fauteuil au lit et du lit au fauteuil, par exemple) et les spécificités des handicaps que l’accompagnateur sera amené à rencontrer. « Lors de mon premier séjour, j’avais certaines appréhensions, avoue Valérie. Je n’avais jamais côtoyé de personnes en situation de handicap. Mais les choses se font naturellement, de façon intuitive. On acquiert rapidement les bons réflexes, et les vacanciers eux-mêmes nous aident à nous intégrer. Depuis, je pars chaque année ! » C’est également le cas de Jérémy, fidèle vacancier d’APF Evasion depuis quinze ans. « Cet été, je pars pour un séjour en Corse avec ma compagne, explique-t-il, enthousiaste. Ce sont de vraies vacances. On rencontre de nouvelles personnes, on découvre de nouveaux lieux… Et puis, je garde encore des contacts avec certains accompagnateurs : il y a un lien qui se crée au-delà de la simple aide quotidienne. Et ça, ça fait vraiment chaud au cœur. » ◆ Delphine Delarue Pour plus d’infos : Apfevasion.blogs.apf.asso.fr. Accompagnateurs : des places sont disponibles pour cet été Vous souhaitez vous lancer dans l’aventure en tant qu’accompagnateur ? Il n’est pas trop tard : APF Evasion, le service vacances de l’Association des paralysés de France (APF), cherche encore des volontaires pour cet été. « Toute personne de plus de 18 ans, dynamique et prête à donner deux semaines de son temps peut devenir accompagnateur bénévole », précise l’association sur son site Internet. En 2015, plus de 1 400 personnes partiront ainsi en vacances en France ou à l’étranger, grâce à l’engagement de 1 000 bénévoles. Pour proposer votre aide, vous devez compléter le dossier d’inscription sur Apfevasion.blogs.apf.asso.fr. L’association vous contactera afin de vous donner votre lieu d’affectation et vos dates de départ. Renseignements sur Apfevasion.blogs.apf.asso.fr. I 30 mutualistes n° 326 OAM326_030.indd 30 19/06/2015 13:19 MONTURE + 2 VERRES CORRECTEURS OPTIQUES OU SOLAIRES 109 à partir de * - Visaudio S.A.S Paris 492 361 597 au capital social de 1 800 000 euros. Ce dispositif médical est un produit de santé réglementé qui porte, au titre de cette réglementation, le marquage CE. Photos non contractuelles. *Voir conditions en magasins. OAM326_031.indd 31 200x267_AFF_Vogue_TFS.indd 1 19/06/2015 12/06/2015 09:58 10:05 ra an n et par enf t pa Offre spéciale rentrée scolaire « Assurance Scolaire à 11 € au lieu de 21 € » : somme maximale perçue en 2015 après déduction d’une remise de 10 € pour toute assurance scolaire garantissant un enfant entrant pour la première fois dans un nouveau cycle scolaire à la rentrée 2015 (première rentrée en maternelle, première année de primaire, collège ou lycée). La remise de 10 € est créditée au compte lors de la souscription du contrat « Assurance Scolaire » entre le 24/06/2015 et le 30/09/2015 inclus. L’offre s’applique également aux détenteurs du contrat dont l’un des enfants assurés répond aux conditions. Conditions de l’offre disponibles en Agence ou sur matmut.fr. Matmut - Mutuelle assurance des travailleurs mutualistes - Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. AMF Assurances, Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 69 416 644 € entièrement libéré N° 487 597 510 RCS Rouen. Entreprises régies par le Code des Assurances. Sièges sociaux : 66 rue de Sotteville 76100 Rouen. Studio Matmut - Crédits photos : © Syda Productions, © danielsbfoto, © nyul, © Andrey Kiselev, © Andrey Arkusha – Fotolia.com (1) OAM326_032.indd EXT 6245 OBJ&ACT32 200x267.indd 1 11:45 19/06/2015 10:31