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MADAME FIGARO
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MONOCLE
March 2014
travel edits
Italy
Villa Lena
Tuscany
Villa Lena, a 500-hectare
estate in the Tuscan hills,
hosts an artist residency
and is the perfect base for a
creative retreat. “Pressure was
on to create a luxury resort
but we wanted the people we
love to join in the adventure,”
says Jerome, who co-owns
the creative hub. Designer
Clarisse Demory injected
doses of her style into vaulted
ceilings and white-washed
walls across three private
villas, 13 apartments and nine
rooms. The fun happens in the
common areas, where woodfire pizzas are served at long
tables that then get pushed
back for performances from
visiting musicians. It’s currently undergoing renovations
but will reopen in April. — lh
villa-lena.it
Room with
a view
Italy
Preface
We bring you some of the
best places to stay in Italy,
including a 16th-century
former monastery and a
500-hectare estate in
the Tuscan hills. We also
introduce you to some
fine boatyards.
Ottmanngut
South Tyrol
This 13th-century estate previously served
as a farm and country tavern but in 2012 it
NEXT LIBERATION | page 1/2
December 2013
REPORTAGE
la dolce villa
À la fois fondation d’art, hôtel et maison d’hôtes, la Villa Lena n'est pas réservée aux seuls artistes.
Au cœur de la Toscane, elle accueille également touristes et noceurs, italiens et étrangers, dans un
vaste domaine où l’on fait la fête tout en cultivant, aussi, son jardin. Visite avant ouverture officielle.
D
Texte Marie Ottavi / Photographies Claudio Cassano de Giorgi
ans le Fanfaron de Dino Risi, Vittorio
Gassman, quadra exubérant, entraîne un jeune
timoré joué par Jean-Louis Trintignant dans la
Toscane insouciante et donjuanesque des
années 60. Le frondeur et l’égaré, manches de
chemise retroussées et cols relevés, coursent
les femmes, roulant à vive allure entre des villas médicéennes et des bars de plage. Cette
Toscane de Super 8 n’a pas totalement disparu.
Les Américains ont leurs highways des déserts, la vieille Italie a
toujours ses vallées où il fait bon boire, manger et laisser le temps
filer dans le rétro. Au fin fond de cette « région rouge » où les communistes se vantent d’avoir encore de beaux bastions, à équidistance de Pise, Florence et de la Méditerranée, il existe un domaine
qui laisse espérer que la dolce vita n’est pas qu’un fantasme suranné de l’inconscient collectif.
Depuis cet été, la rumeur circulait à Paris : un lieu de villégiature
italo-franco-russe aurait ouvert près du petit village de Palaia. La
Villa Lena, belle demeure couleur corail, domine depuis le début du
XIXe siècle des paysages recouverts de forêts. À l’intérieur, tout semble intact et inchangé, couloirs sans fin, carrelages d’époque, hauteur
sous plafonds de maisons de maître, meubles disproportionnés. Cette
villa, installée au cœur d’une propriété de 500 hectares, est la figure
de proue d’un projet hybride. Qui a pour ambition de faire perdurer
une jeune fondation d’art à but non lucratif, de créer un projet agricole durable, et enfin, de développer une hôtellerie reliée aux deux
premiers. Les noceurs y sont comme chez eux, les solitaires peuvent
n’y croiser personne, et les artistes sont plus que bienvenus.
CHANGEMENT D’ÂME
Il y a sept ans, tout tombait en ruine. L’endroit est reculé. Même les
Toscans ne viennent pas jusqu’ici, préférant la région du Chianti.
Une riche famille russe basée à Moscou a racheté le domaine. Les
parents ont donné au lieu le nom de leur fille aînée. Cinq ans plus
92
tard, Lena Evstafieva, une galeriste ayant travaillé pour le Garage à
Moscou et la Pace Gallery à Londres, et son compagnon Jérôme
Hadey, un musicien français, décident d’offrir une autre vie à ces
terres. Ils s’associent à Lionel Bensemoun, celui qui transforma le
Baron en club fréquentable il y a neuf ans. À lui de donner une âme
au domaine.
Comme dans les vieux films italiens sans trucage, l’arrivée à la Villa
Lena passe par des chemins tortueux où l’on a toujours tendance à
rouler trop vite en prenant sa Fiat pour un bolide. Pas de grilles à
pousser à l’entrée. Le chemin est ouvert à tous. Seul le blason de la
villa indique que l’on est à bon port. Lionel, un Parisien de Marseille,
a emmené avec lui ses bons camarades. Clarisse Demory se charge
de la direction artistique et de la décoration, qui mêle travail des
artistes en résidence et meubles chinés dans la région ; Stéphanie
Ceccaldi, une DJ de Calvi, est désormais chef des cuisines et Yoni
Serruya est maître des terres agricoles.
Le domaine est immense. Il y a un hôtel (la Fattoria) entouré de
cyprès, des villas avec piscine, des maisons refuges pour les familles,
quatre pavillons agricoles reconvertis en ateliers d’artiste, une forêt
inquiétante, des sous-sols hantés, un restaurant, sa piscine, un écran
géant de cinéma, une piste de danse et la Villa Lena donc, ouverte
pour l’instant aux amis et amis d’amis. Les terrains alentours sont
gorgés de truffes, champignons, olives, et pieds de vigne.
TRUFFES, CHAMPIGNONS ET OLIVIERS
À l’automne, au moment où certains se couchent dans une rumeur de
bain de minuit et d’ivresse, d’autres partent à la chasse aux truffes.
Le rituel est quasi-quotidien car de septembre à janvier, les Tuber
melanosporum poussent dans une abondance indécente. Deux professionnels de l’exercice, Angelica, la mère, et Morgan, le fils, en
tenue couleur de chasse, mènent les visiteurs au pied des chênes. Le
jeu est toujours le même : ils guident les novices et repartent avec la
moitié des trouvailles. La mère et le fils tentent parfois de semer les
suiveurs et feignent de revenir les mains vides, car le butin vaut le
La Villa Lena a été construite au XIXe siècle.
93
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