La Pologne, un exemple de réussite économique
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La Pologne, un exemple de réussite économique
La revue d’échanges des dirigeants financiers N°313 octobre 2013 - 21€ Portrait Portrait Emmanuel Ravissot American Express p.38 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Vendredi 29 novembre 2013 Journée Arrêté des Comptes 2013 CNIT > La Défense > 8h30 > 17h30 Entreprises Votre rendez-vous comptable et fiscal de référence Un programme dynamique (plus de 300 questions/réponses) et interactif (quiz) sur l’actualité comptable, fiscale et sociale pour : Arrêter vos comptes sociaux et votre résultat fiscal 2013 > Maîtriser les nouveaux textes comptables Recommandation ANC sur les engagements de retraite, position sur les crédits d’impôt, … > Gérer les nouveautés sociales et leurs incidences comptables CICE, participation des salariés, loi relative à la sécurisation de l’emploi, … > Maîtriser les nouvelles règles fiscales Taxe sur l’EBE, documentation des prix de transfert et toutes les mesures des lois de finances de fin d’année, … Assurer vos contrôles fiscaux Remise obligatoire du fichier des écritures comptables, … Valoriser vos informations RSE Les enseignements d’une première année d’application de Grenelle II. Repenser vos financements afin de tenir compte > De la nouvelle donne fiscale Limitation de la déductibilité des charges financières, préfinancement du CICE, … > De la conjoncture économique et financière Arrêt d’une couverture pour profiter des taux bas, rupture de covenants, … Appréhender l’impact de vos réorganisations Provisions dans le cadre de restructuration, fermeture de site, changement de business model, transfert d’activité, … Anticiper les changements Directive comptable unique, futur règlement ANC sur les instruments financiers, mesures à venir en faveur de la lutte contre l’érosion des bases fiscales, … Conçu et animé par PwC et Landwell & Associés* Auteur du Mémento Comptable et du Mémento Fusions & Acquisitions (Ed. F. Lefebvre) avec les témoignages des institutionnels et les conseils des experts Autorité des Normes Comptables Conseil d’Etat Medef de PwC et des avocats fiscalistes de Landwell & Associés * Landwell & Associés, société d’avocats, est membre du réseau PwC dont chaque membre est une entité juridique distincte. Programme et inscriptions : www.lesechos-events.fr Contact : Nadège BANSARD Tél. : 01 49 53 63 93 e-mail : nbansard@lesechos.fr Tarif : 1 150 € HT (1 375,40 € TTC) la journée - déjeuner compris Réductions : 20 % sur 2e inscrit, 50 % sur 3e inscrit et les suivants ÉDITORIAL La revue d’échanges des dirigeants financiers Bruno de Laigue Président du comité éditorial 46e année - Publication mensuelle Éditeur : Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Association loi 1901 14, rue Pergolèse, CS 11655 75773 Paris cedex 16 (France). Tél. : 01 42 27 93 33 – Fax : 01 42 27 04 03 La revue sur internet www.finance-gestion.fr fondateur Georges Mathey Directeur de la publication Thierry Luthi Secrétaire de rédaction Caroline Dartiailh, carolinedartiailh@dfcg.asso.fr Maquette Anne-Marie Auger Président du comité éditorial Bruno de Laigue Vice-présidents du comité éditorial Philippe Chastres, Baudouin Griton, Stéphane Sabbah Comité éditorial Finance et trésorerie : Dominique Chesneau ; comptabilité : Baudouin Griton et Frédéric Puistienne ; contrôle de gestion : Frédéric Doche et Denis Molho ; SI et nouvelles technologies : Stéphane Sabbah, Denis Molho, Ludovic de Beauvoir et Dominique Fernandez-Poisson ; gestion des risques et contrôle interne : Stéphane Sabbah et Jean-François Casanova ; hommes et management : Laure Dykstra Frédérick Martin et Philippe Robert-Tanguy; droit et réglementation : Mathieu Le Tacon ; communication financière : Christophe Marion ; développement et stratégie : Alban Eyssette ; international : Armand Angeli ; lire : Philippe Chastres, Michèle Canovaggio et Marie-Hélène Marot de Priester. Abonnement : 204,20 € Mail : siege@dfcg.asso.fr Demander un bulletin d’abonnement par mail Publicité Anissa Tilikete, chef de publicité Tél. : 01 42 27 81 14 ; anissatilikete@dfcg.asso.fr Conception graphique Rampazzo & Associés. – www.rampazzo.com Impression Imprimerie de Champagne, Zone industrielle « Les Franchises », 52200 Langres ISSN en cours – Dépôt légal : octobre 2013 CPPAP 0415G87484 La PoLogNE, uN ExEmPLE dE réussitE écoNomiquE A collaboré à ce numéro : Stéphane Demazure La revue d’échanges des dirigeants financiers N°313 octobre 2013 - 21€ Portrait Portrait Emmanuel Ravissot P.38 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique www.finance-gestion.fr Pour vous abonner Effectuer des recherches Accéder aux archives d’échanges © photo : Cyril Etien octobrE 2013 - N° 313 - 21 € SUR LE WEB american Express Injustice fiscale ? U ne nouvelle taxe devrait voir le jour. Et quelle taxe ! Une taxe sur l’excédent brut d’exploitation (EBE)… Voilà qui a de quoi décourager les entrepreneurs fidèles à notre pays, en particulier ces grandes PME qui constituent le tissu économique de la France ! Que cette décision est injuste, pernicieuse et inquiétante… Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler dans nos colonnes. Nos contributeurs nous offrent, une nouvelle fois, un numéro plein de richesses ! Vous découvrirez la Pologne, un pays qui mérite toute notre attention – tant pour son dynamisme que pour son sens de l’accueil, sans parler de la proximité qui nous lie à lui. Vous pourrez également mieux appréhender la nécessité de lier innovation et contrôle de gestion à travers un article du comité scientifique de l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG). Sylvain Favre-Gilly répondra à vos éventuelles interrogations sur la conjoncture boursière pour l’année qui s’achève. Le groupe de travail DFCG-AFCI vous partage le fruit de sa réflexion sur les nouveaux comportements pour une nouvelle communication financière interne. Enfin, vous (re)découvrirez, les missions du Conseil économique et social européen, à travers les propos de son président Henri Malosse. Le comité éditorial, Mathieu Marcinkiewicz et Caroline Dartiailh, se joignent à moi pour vous souhaiter, ami lecteur, une excellente lecture ! l Finance & gestion octobre 2013 Secrétaire général de rédaction, Journaliste Mathieu Marcinkiewicz mathieumarcinkiewicz@dfcg.asso.fr 01 42 27 94 57 1 Le billet de la rédaction Finance & gestion septembre 2013 Baudouin Griton vice-président du comité éditorial 2 Messieurs les politiques : réformez… ou la bulle éclatera ! S ans jouer les Cassandre, je suggère à tous concomitante, non seulement un désamour des marles acteurs économiques de porter une attention par- chés pour les actions des pays émergents, mais aussi ticulière à l’évolution des marchés boursiers européens, des chutes vertigineuses des monnaies de ces pays et de ne pas se laisser berner par des chiffres « gonflés » (Inde et Brésil en particulier). Et si les marchés par la notable embellie constatée depuis fin juin. avaient en fait intégré le tarissement de la « pompe » D’ailleurs, cet été boursier, aussi – apparemment – à liquidités, comme l’a annoncé Mr Bernanke il y a radieux qu’anachronique, tant en France qu’en quelques semaines ? Europe, comment l’expliquer ? Les gérants américains Si c’était le cas, on peut craindre que le moindre estiment les actions européennes sous grain de sable, le moindre plan d’ausévaluées, mais cela suffit-il à justifier térité contesté en Grèce, au Portugal, des hausses estivales comprises entre en Italie… n’amènent à nouveau les On peut 12 et 22 %, selon les places boursières marchés à « fuir » l’Europe ! En européennes ? Permettez-moi d’en appréhender que d’autres mots, à faire éclater une bulle douter ! En général, pour être durable, le moindre grain que nos dirigeants ne pourraient ce genre de mouvement doit corres- de sable n’amène contenir, comme en 2008, par la pondre à une anticipation par les marplanche à billets. Voilà qui nous plaà nouveau chés des croissances des économies cerait devant bien des scléroses et disconcernées… Or, les entreprises euro- les marchés fonctionnements. péennes ne vont pas mieux au- à fuir l’Europe Il est donc urgent de « redonner de jourd’hui qu’à la fin du mois de juin, l’air » à nos économies, de fluidifier nos nos économies sont toujours totalemarchés (et pas seulement les ment atones et nos gouvernements aussi préoccupés échanges commerciaux si chers à l’Organisation monpar le placement de leurs émissions obligataires… diale du Commerce ), mais aussi et surtout de « reDans ce contexte, il semblerait que ces hausses ne protéger » notre marché national, en faisant disparaître s’expliquent que par des afflux significatifs de liqui- les lourdeurs qui pèsent sur notre marché du travail et dités. En soi, cette information ne porterait pas à en allégeant l’ensemble de notre système fiscal tant sur conséquence si l’on n’avait observé, de manière nos entreprises que sur les particuliers… l 11•12 décembre 2013 Pavillon d’Armenonville A noter dans votre agenda Explorer • Financer • Innover A la recherche de la croissance perdue www.financium.fr Contact : Caroline de Chastellux carolinedechastellux@dfcg.asso.fr La revue d’échanges des dirigeants financiers éditée par la association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion 1 AN, Retrouvez chaque mois : Directeurs financiers, directeurs du contrôle de gestion, abonnez-vous la filière viNicole LIRE, EN APPARTÉ RÉUSSITE une sélection de livres, un point de vue, des réussites d’entreprises. La revue d’éc hanges des dirig eants financiers N°311 juillet-août 2013 Nicolas Dufourcq à la tête de bpifrance - 25 € DOSSIER un thème approfondi pour vous tenir au courant de l’état de l’art 204,20 € 2013 - N° 311 EXPERTISES les articles et interviews pour suivre l’évolution de la profession AU PRIX DE juillet-août ACTUALITÉ les nominations, le portrait, le fil rouge… 10 NUMÉROS 38 DOSSIER La filière vini cole www.dfcg.com www.finance-gestion.fr BULLETIN D’ABONNEMENT 2013 À RETOURNER À DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, RUE PERGOLÈSE, CS 11655, 75773 PARIS CEDEX 16 ❐ 1 AN (papier + Internet) : 204,20 € TTC ❐ chèque libellé à l’ordre de DFCG ❐ par virement IBAN FR76 3000 3016 5800 0372 8234 681 ❐ Carte de crédit Date d’expiration : mois année Cryptograme visuel (au dos de la carte) Date et signature obligatoire Nom et adresse du créancier : DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, RUE PERGOLÈSE, CS 11655, 75773 PARIS cedex 16 Nom ...................................................................................................................................................................................................................................................................................... Prénom........................................................................................................................................................................................... Société ou organisme......................................................................................................................................................................................................................... Fonction....................................................................................................................................................................................... Adresse.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................. Code postal............................................................................................................................ Ville ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Tél. ..................................................................................................................Fax ..........................................................................................................................E-mail .........................................................................................................@................................................................................................................. Conformément à l’article 27 de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Les informations ci-dessus, étant traitées informatiquement, sont indispensables à la gestion de votre demande d’abonnement. Vous pouvez vous opposer à leur cession ultérieure en nous le précisant par écrit. - 25€ SOMMAIRE Savoir, échanger, servir. Georges Mathey fondateur de la revue Octobre 2013 - N°313 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique 38 ACTUALITÉ EXPERTISES 6EN BREF 20 FINANCE 8TRAJECTOIRES 10FIL ROUGE RSE et performance économique : de nouveaux rôles pour les directions financières ? Sylvain Lambert 12Hommage 20 Que nous réserve encore 2013 ? Sylvain Favre-Gilly 28 Politique de mobilité internationale : un atout pour l’entreprise Danielle Deffontaines 22 Vers une nouvelle communication financière interne Groupe de travail DFCG-Afci 31 Fraude et évasion fiscales en France et à l’international 2/3 : les axes de travail Jérôme Bogaert 23 PERFORMANCE 23 Saas et PME : une externalisation avantageuse Marc Salez Vincent Delacour 14TRIBUNE 26 Pilotage de l’innovation et contrôle de gestion : un projet global pour la PME-ETI 14Vers un retour à l’amortissement du goodwill en IFRS 28 ORGANISATION Denis Molho 34 Location financière et interdépendance contractuelle Charles Delavenne 36 international 36 JLR’s Gregor on China, Cash Flows and Lifelong Learning Kenneth Gregor Emmanuel Paret et Astrid Montagnier 16Le nouveau code de gouvernance : big bang ou pétard mouillé ? Jean-Florent Rérolle 18PORTRAIT Emmanuel Ravissot, American Express NOS PROCHAINS DOSSIERS LIRE 62 La sélection de livres qui a retenu l’attention de la rédaction en aparté 64 Henri Malosse La CESE, pour une Europe citoyenne Novembre-décembre Les évolutions du contrôle de gestion janvier L’économie numérique Finance & gestion octobre 2013 © jacek_kadaj - Fotolia.com à seulement deux heures d’avion de Paris, un havre de dynamisme et d’optimisme : la Pologne ! L’un des rares pays européens à connaître une forte croissance, c’est une destination de choix pour les entreprises françaises et internationales. Le dossier de ce numéro d’octobre donne la parole aux Polonais et aux investisseurs étrangers qui font la réussite de ce pays. 5 ACTUALITÉ EN BREF Grand prix de l’AG 2 013 APPEL À PROJET Finance & gestion octobre 2013 6 Le Ministère du Redressement Productif, Bpifrance, l’ADEME, en liaison avec le Ministère de l’écologie, du Développement Durable et de l’énergie lancent un nouvel appel à projets (AAP) afin d’inciter les PME et ETI à poursuivre dans la voie de l’innovation. Cet appel à projets vise à soutenir des projets collaboratifs de recherche et développement à fort potentiel économique et apportant des réponses à des enjeux environnementaux ciblés. Ils devront associer au minimum deux entreprises (PME ou ETI) et un laboratoire ou organisme public de recherche. Le montant de l’aide accordée aux projets lauréats est plafonné à 750 000 euros. Les projets attendus doivent être orientés majoritairement vers le développement expérimental pour favoriser la mise sur le marché d’offres innovantes à horizon de 3 à 5 ans par les PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI). l L’AAP éco-industries est ouvert jusqu’au 25 octobre 2013. Les dossiers de candidature sont à déposer en ligne au plus tard le 25 octobre 2013 : https : extranet. bpifrance.fr/aapecoindustries Chiffre du mois © DR Poursuivre dans la voie de l’innovation De gauche à droite : Anne Maréchal, Gérard Mestrallet, Jean-Dominique Senard, Bruno Bich, Philippe Audouin, Marc Lefèvre La cérémonie de remise du grand prix de l’AG 2 013 s’est déroulée le 10 juillet, au Pavillon d’Armenonville à Paris. Ce prix, créé à l’initiative de Caroline de la Marnierre, présidente de Capitalcom, récompense les entreprises dont l’Assemblée générale correspond aux meilleures pratiques, fruits d’une centaine de critères définis par un jury, présidé cette année par Philippe Marini, sénateur, et Gérard Mestrallet, PDG de GDF SUEZ. Cette année, l’Association nationale des directeurs financiers s’est associée à cette initiative, initialement réservée aux entreprises du CAC 40, en créant le Trophée des valeurs moyennes, ouvert à toutes les entreprises du SBF120. Le grand prix du CAC 40 a été remis à MICHELIN pour l’exhaustivité de son AG et la clarté de la présentation de son business model. Le grand prix du SBF80 – dont la DFCG est l’initiatrice-a été remis par Philippe Audouin, au titre de la DFCG, à la société BIC pour son AG extrêmement pédagogique et le focus fait sur l’innovation. Le prix spécial du jury est revenu au Groupe AXA pour la clarté de la présentation des piliers de sa stratégie et des mutations de son environnement économique. Le prix de la gouvernance a été attribué à BOUYGUES, pour l’exhaustivité et la qualité de l’information délivrée sur la gouvernance du groupe. Le trophée de la RSE, enfin, a été remis à SCHNEIDER ELECTRIC pour sa démarche de transparence, de pédagogie et d’intégration du développement durable comme partie inhérente à sa stratégie. l 1,15 % C’est le taux de la taxe sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) , qui entrera en vigueur en 2014. Dû par toutes les personnes morales soumises à l’IS et les SIIC, dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 m€, cet impôt, annoncé par le ministère du Budget, commence à faire grand bruit dans le monde de la finance. l DÉFAILLANCE D’ENTREPRISE Une progression forte Sur 12 mois glissants (à fin août 2013), les défaillances d’entreprise se sont élevées à 62 000, d’après des statistiques publiées par Coface Services le 17 septembre dernier. Cette forte augmentation est enregistrée depuis mai 2013. La typologie des entreprises défaillantes varie peu. Il s’agit essentiellement de sociétés commerciales (75 %), ce segment enregistrant une progression de 7 % sur un an. Les TPE représentent 97 % des dépôts de bilans, 71 % dégageant moins de 500 000 euros de chiffres d’affaires. Le nombre d’entreprises défaillantes de 2 à 9 salariés progresse de 20 %. Une baisse du nombre de défaillances des grandes entreprises est notée (-2,2 %) après une forte augmentation au second trimestre 2013. l Hommage Thierry Meline Thierry Méline nous a quittés mardi 10 septembre, des suites d’une longue maladie. Nous nous sommes rencontrés durant nos études à l’université Paris IX Dauphine, il y a près de 40 ans. Nos chemins ont ensuite convergé tout au long de nos vies personnelle et professionnelle. Thierry a mené une belle carrière au sein de la Caisse des Dépôts et Consignation puis de Total. Membre de la DFCG depuis de très nombreuses années, il est devenu le trésorier Île-de-France en 2006. Nous garderons de Thierry le souvenir d’un homme vif, intelligent, d’une grande sensibilité, d’une honnêteté à toute épreuve, d’une grande générosité et d’un courage exceptionnel. « Je me souviens de notre première rencontre sur les bancs de la faculté comme de nos derniers moments passés ensemble en Haute Saône avec nos épouses respectives. Tu te battais avec courage contre cette maladie, sans te plaindre, nous partagions notre passion pour cette région. Thierry, mon ami, tu seras toujours parmi nous, je ne t’oublierai pas, notre communauté financière ne t’oubliera pas, tu resteras dans nos mémoires. Nous nous associons à la peine de ton épouse Emmanuelle et à celle de ta fille, Alexandra dont tu étais si fier. Daniel, ton ami pour toujours. » Par Daniel Bacqueröet, ancien Président de la DFCG – 2008-2011 Page coordonnée par Mathieu Marcinkiewicz La bibliothèque numérique de la banque et de la finance L’accès illimité aux ouvrages clés de la profession Positionnée au cœur de la banque et de la finance, la bibliothèque numérique proposée par Revue Banque, offre un accès illimité aux ouvrages clés de la profession. Plus de 2 200 ouvrages spécialisés, classés et accessibles par différents critères. Titres en français et en anglais. Présentation claire des nouveautés et possibilité de gérer des alertes et des flux RSS. Mise en place très simple de sa propre sélection pour ensuite archiver, annoter, imprimer ou partager les titres choisis. L’intérêt du lecteur : un accès facile à des contenus éditoriaux de qualité. ABONNEZ-VOUS CONTACT : bibliotheque@revue-banque.fr Tél. : 01 48 00 54 54 www.revue-banque.fr/bibliotheque ACTUALITÉ Page coordonnée par Mathieu Marcinkiewicz TRAJECTOIRES Pages réalisées en partenariat avec Christophe Arminjon Finance & gestion octobre 2013 Pierre-François Riolacci 8 Air France KLM Finance Pierre-François Riolacci est nommé directeur général adjoint en charge des finances d’Air France KLM Finance. Il a débuté sa carrière chez Elf Aquitaine en 1991 à la direction financements trésorerie en 1991. Il occupe différents postes chez Elf jusqu’en 2000 : d’abord en tant que contrôleur financier pour Elf Congo, puis comme contrôleur financier pour les zones Orient, CEI et Amérique latine, et enfin comme adjoint au directeur de la communication financière. En 2000, il rejoint Veolia Environnement au poste de chargé de mission auprès du directeur général adjoint des finances. En 2003, il devient directeur du contrôle et des synergies au sein de la direction financière, jusqu’en 2007 où il prend la direction des services financiers. En 2010, il devient directeur général adjoint en charge des finances. Antoine Viry Foncia Antoine Viry est nommé directeur du contrôle de gestion de Foncia. Il est en charge de l’élaboration des reportings, de l’analyse de la performance financière, du pilotage du processus budgétaire et du management d’une équipe de contrôleurs, au siège, en région et dans les filiales du groupe. Il a débuté sa carrière en 2002 chez KPMG en tant qu’auditeur financier Senior. Puis en 2006, il devient senior manager Transaction Services, poste qu’il occupa jusqu’à ce jour. Thomas Dillschneider Sogeti High Tech Thomas Dillschneider est nommé directeur administratif et financier de Sogeti High Tech. Thomas Dillschneider occupait depuis 2011 le poste de head of corporate finance chez Sogeti. Louis Vuitton Christophe Arminjon est promu directeur financier Espagne, Portugal et Maroc. Il débute sa carrière chez Arthur Andersen en tant qu’auditeur financier. En 2003, il rejoint Ernst & Young et devient senior financial auditor. En 2006, il intègre Louis Vuitton au poste de internal controller. En 2010, il évolue en tant que contrôleur financier pour la région Europe du Sud et devient financial control manager pour la région Europe du Sud en 2012. à Hambourg, avant de revenir en France en 1999 où il accède à la fonction d’adjoint au sous-directeur des affectations et des personnels locaux à la direction des ressources humaines. De 2001 à 2002, il est conseiller technique, en charge des méthodes et des organisations, du budget, des affaires financières, de la direction des Français à l’étranger, des relations avec le CSFE, des personnels dans les organisations internationales du ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine. En 2002, il devient Consul de France à Rabat jusqu’en 2006. Cette année-là, il prend le poste de sous-directeur de la politique des ressources humaines au sein de la direction des ressources humaines. De 2010 à 2013, il est Consul général de France à Genève. Julien Etienne Jean-Yves Bauchot FRAM Jean-Yves Bauchot est nommé directeur financier de la FRAM. Il démarre sa carrière en 1984 à la Direction régionale de l’industrie et de la recherche Rhône-Alpes en tant que directeur de la sûreté nucléaire. En 1988, il devient conseiller technique auprès du secrétaire d’État chargé des risques majeurs. Un an plus tard, il rejoint le groupe Rhodia (ex Rhône-Poulenc) où il occupe diverses fonctions opérationnelles et financières jusqu’en 2002. , en étant affecté à 2013, il est vice-président finances de Novasep. Paris Inn Group Julien Etienne est nommé directeur financier adjoint de Paris Inn Group. Il a débuté sa carrière en tant que comptable financier pour Intercontinental Hotels Group en 2006. Deux ans plus tard, il devient directeur financier & business support Holliday Inn de l’aéroport Toulouse-Blagnac (InterContinental Hotels Group Holiday). En 2010, il devient directeur financier & business support Mercure Paris-Terminus Nord et Holiday Inn Paris-Gare de l’Est (Westbridge Lafayette). Latécoère Olivier Regnard est nommé directeur administratif et financier de Latécoère. Il devient également membre du comité exécutif du groupe. Il débute sa carrière chez Deloitte à Barcelone en tant que senior. En 2002, il devient senior manager, et en 2008 directeur de Deloitte Finance. Dans ses fonctions précédentes au sein de Deloitte, il a notamment accompagné le groupe Latécoère sur différents projets au cours des trois dernières années. Axel Kessler Camaïeu International Axel Kessler est nommé Directeur général adjoint Finances de Camaïeu International. Il est en charge des finances, de l’informatique, de l’organisation, de l’immobilier et du développement international. Axel Kessler débute sa carrière chez Arthur Andersen en tant que manager en 1994. En 2000, il rejoint Carrefour au poste de Chief Financial Officer Amérique Latin, puis en 2003 évolue en tant que chief financial officer Europe. En 2005, il rejoint Darty et devient deputy managing director finance & development. Pascale Heurteau Bruno Perdu Ministère des Affaires étrangères Bruno Perdu est promu directeur des affaires financières du ministère des Affaires étrangères. Il débute sa carrière en 1981 lorsqu’il est affecté au gouvernement militaire français de Berlin. En 1986, il devient chef de bureau de gestion des personnels de catégorie C à la direction du personnel et de l’administration générale, puis chef du bureau de la formation. En 1992, il est nommé chef du bureau de la rémunération à la direction des affaires administratives et financières. En 1994, il devient consul adjoint Olivier Regnard Jérôme Conrad LeasePlan France Jérôme Conrad est nommé directeur financier de LeasePlan France et devient membre du comité de direction. Il débute sa carrière chez RCI Banque comme responsable du contrôle de gestion, puis directeur financier (en Espagne puis en Italie). Puis en 2010, il devient directeur en charge du management des marques et des activités Nissan Finance. Grontmij France Pascale Heurteau est nommée directeur administratif et financier de Grontmij France. Elle devient également membre du comité exécutif. Elle a été précédemment directeur financier de British American Tobacco France. Nihel Mouloua Steva Nihel Mouloua est nommée directeur des affaires financières de Steva. Nihel Mouloua était depuis 2009 chargé d’affaires entreprises au sein de BNP Paribas. ACTUALITÉ FIL ROUGE responsabilité sociétale Traditionnellement perçue comme une fonction éloignée de la thématique de la responsabilité sociétale de l’entreprise, la direction financière peut pourtant en être l’un des acteurs les plus importants. Un rôle qui deviendra capital dans les années à venir. RSE et performance économique : de nouveaux rôles pour les directions financières ? Finance & gestion octobre 2013 PAR Sylvain Lambert Associé PwC dernières devant par ailleurs faire l’objet d’une attestation par un tiers externe indépendant (qui peut être le commissaire aux comptes). La mise en œuvre de règles de plus en plus similaires à celles de l’établissement des comptes, et l’adéquation du calendrier de remontée de l’information avec celui des données financières sont autant d’arguments poussant une implication forte de la direction financière. On observe d’ailleurs une forte montée en puissance de cette fonction dans les reporting RSE, depuis l’entrée en vigueur du dispositif Grenelle 2. Cette réglementation nécessite un rapprochement de plus en plus poussé entre données extra financières et financières. 10 L’intérêt croissant des investisseurs L a perception selon laquelle la RSE concernerait exclusivement les affaires environnementales, et, éventuellement des sujets liés aux ressources humaines, est beaucoup trop limitée. La RSE est un concept bien plus large, directement lié à la performance de l’entreprise, au cœur des préoccupations du directeur financier. Aujourd’hui, des sujets RSE naturellement proches de la direction financière deviennent essentiels et attirent l’attention des responsables sur ces questions. Une forte intégration de la RSE dans la communication financière La récente législation Grenelle 2 et son article 225 prévoient que toutes les sociétés françaises cotées et non cotées de plus de 500 personnes et de 100 millions d’euros doivent (selon un calendrier échelonné entre le 31 décembre 2012 et le 31 décembre 2014) publier dans leur rapport de gestion des informations sociales, sociétales et environnementales détaillées, ces Que ce soit dans des univers cotés ou non, les investisseurs sont depuis quelques années de plus en plus vigilants sur la prise en compte de ce sujet par les entreprises. Pour les sociétés faisant appel à l’épargne, les approches ISR (investissement socialement responsable) mises en œuvre par les asset managers se multiplient, en se basant soit sur des agences de notations extra financières, soit sur des équipes dédiées et intégrées aux équipes d’asset management traditionnel. La notation réalisée par les agences donne parfois lieu à l’intégration d’indices boursiers reconnus, dont le plus célèbre est le Dow Jones Sustainable Group Index (DJSI). ACTUALITÉ FIL ROUGE Gouvernance, éthique et RSE Le socle de toute démarche RSE repose sur la bonne prise en compte de ces questions, bien avant de se préoccuper des questions environnementales. L’intégration de la RSE dans les procédures de contrôle interne, l’évolution des règles de L’analyse économique du traitement des questions RSE Au-delà de l’élaboration des budgets et de leur suivi, les entreprises les plus performantes travaillent aujourd’hui à la détermination des conséquences économiques des actions RSE sur la création de valeur (exemple du groupe Kering et du compte de résultat environnemental de Puma). Ces conséquences touchent à la fois l’amélioration de la gestion des risques (prise en compte, par exemple, de risques de type gestion des droits de l’homme dans la supply chain), l’efficacité opérationnelle (économies liées une meilleure gestion environnementale ou des ressources humaines), innovations et optimisation des produits ou services. En effet, une démarche RSE n’est pérenne et réellement efficace que si elle contribue, sur l’une de ces dimensions, à la création de valeur pour l’entreprise. La RSE commence à être de plus en plus perçue comme un investissement, donc susceptible de générer un retour sur investissement, et non comme une charge. cela explique pourquoi ces éléments font partie des analyses demandées par de nombreux investisseurs lors des opérations de LBO. La RSE quitte progressivement des domaines très circonscrits de l’entreprise pour devenir un axe important de la performance La RSE quitte donc progressivement des domaines très circonscrits de l’entreprise pour devenir un axe important de la performance. à ce titre, grâce à son rôle d’intégrateur des éléments de performance, la direction financière commence à avoir un rôle de plus en plus important à jouer sur ces questions. En seulement vingt ans, la nature même des parties prenantes de l’entreprise sur le sujet a énormément évolué, en intégrant plus largement la communauté financière : analystes, investisseurs, actionnaires, agences de notation… En outre, la publication d’informations traduisant la réalité des actions initiées est de plus en plus cadrée par une réglementation (le code du commerce en France) dont les similitudes avec le contexte de l’information financière sont grandes. La RSE est donc certainement un nouveau champ d’expression des directions financières, une dimension motivante et porteuse d’avenir. l L’analyse et l’utilisation de nouveaux instruments financiers Un certain nombre d’instruments financiers ayant un sous-jacent lié à la RSE se sont développés sur les marchés. Au même titre que les autres instruments, ces derniers entrent complètement dans le champ de compétence de la direction financière. Il s’agit par exemple des quotas d’émission carbone et de leurs instruments associés, mais aussi de certains crédits d’impôts. Il est probable qu’à moyen-long terme, des réflexions liées à l’internalisation d’externalités environnementales conduisent les pouvoirs publics à développer d’autres mécanismes similaires aux quotas d’émission (dans le domaine de la biodiversité par exemple). Pour davantage d’informations sur les ESG http://www.afic.asso.fr/Images/ Upload/Commissions/2013/ESG/ ESG_Disclosure_ Framework_25March13.pdf Finance & gestion octobre 2013 corporate governance et surtout la prise en compte du sujet par les administrateurs sont autant de raisons d’impliquer la direction financière sur le sujet. En effet, on observe de plus en plus de créations de comités RSE au sein des conseils d’administration, et l’IFA a récemment mis en place des formations spécifiques destinées aux administrateurs. EN SAVOIR PLUS Pour de nombreuses entreprises, être reconnues dans un tel indice est un signe de qualité et de crédibilité de la performance : seules les plus performantes parviennent à intégrer ces indices. Il arrive fréquemment que cela constitue un des objectifs personnels du directeur général et que la direction financière soit un des rouages les plus importants du processus d’évaluation. Plus intéressante et plus récente est la montée en puissance de la RSE dans l’univers des LBO non cotés. La plupart des acteurs du capital investissement, à la fois sous la pression de leurs propres investisseurs, mais aussi conscients des conséquences positives d’une approche RSE sur la gestion des risques et sur la performance des entreprises, intègrent systématiquement dans leurs diligences d’acquisition des critères RSE (ou ESG pour environnement social et gouvernance). Des fonds comme KKR publient régulièrement la consolidation des économies réalisées par la mise en place de démarches environnementales au sein de leurs participations. La RSE entre de plus en plus dans les objectifs des équipes de management d’entreprises en LBO et font l’objet de plans d’actions et de points réguliers en conseil d’administration avec l’actionnaire. En France, l’Afic (Association française des investisseurs pour la croissance) a mis en place une commission RSE pour favoriser le déploiement de démarche de ce type dans la profession. Encadrées par les PRI (principes de l’investissement responsable : initiative soutenue par les Nations unies) ces démarches sont largement répandues : près de 60 fonds de Private Equity sont aujourd’hui signataires des PRI en France. Au plan international, les investisseurs institutionnels ont développé un référentiel mondial d’évaluation post et pré-investissement en matière RSE : l’ESG Disclosure Framework. Ce dernier est destiné à cadrer les demandes RSE des investisseurs avant toute opération avec un fonds puis après l’investissement pour la mise en place d’un reporting annuel RSE régulier. 11 Finance & gestion octobre 2013 ACTUALITÉ Hommage 12 ACTUALITÉ hommage Marc Salez, ancien trésorier de l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion, est décédé le 3 septembre 2013. Finance & Gestion a souhaité lui rendre hommage. PAR Jean-François BosquetAncien Président de l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG) A vec la disparition de Marc Salez, la DFCG perd un animateur talentueux, un infatigable contributeur au développement de nos activités, un compagnon, un ami. Juriste de formation, DAF de profession, DRH d’adoption, il appartenait à la catégorie, hybride en apparence, du DAF-DRH. Chez d’autres que lui, l’éclectisme aurait pu engendrer la dispersion. Mais Marc, par tempérament, était incapable de se satisfaire d’une seule discipline. Unique associé de son cabinet, il était à la fois conseil RH, audit social, sous-traitant en paie, formateur, enseignant, et porteur salarial. Sa grande exigence personnelle, sa capacité de travail, son sens de l’organisation et son souci du détail l’autorisaient à être sur plusieurs fronts en étant affûté dans les domaines variés où il exerçait, « au taquet » comme on dit aujourd’hui. Comme il avait coutume de le dire, « on ne naît pas performant, on le devient. Cela se construit ». Marc était, de ce point de vue, en recherche permanente de leviers de performance pour lui-même et ses clients. La roue de DÉMINA, présente dans ses formations, symbolisait cet effort d’amélioration permanente, mais, au contraire de Sisyphe, il avait trouvé le moyen de bloquer la roue, afin qu’à chaque progrès réalisé, elle ne redescende pas la pente. Marc a toujours suivi la tradition de la transmission.Ce que son cerveau intégrait était moins important que ce que son cœur recevait. Sa vie était fondée sur un passage de témoin à des apprentis qui ne demandaient qu’à apprendre avec lui. Et il enseignait bien selon un rituel solide liant la réflexion, le raisonnement à l’expérience, au vécu, au ressenti. L’exemplarité, chez Marc, avait un sens, il la recherchait dans ses pensées et ses actions. Chez le client, il était capable en 3 jours de reconstituer sur Excel la paie complète de 2 400 salariés pour traquer les paies fausses et les rectifier. Son outil d’audit social, forgé par l’expérience, comportait 350 points de contrôle, à la mesure de la complexité des règles de paie en France. Son action au conseil d’administration et à la tête de la commission juridique de la FNPS (Fédération nationale du portage salarial) a contribué à la reconnaissance de la profession du portage salarial ainsi qu’à la protection des intérêts des portés concrétisée par un accord de branche. Dans le sillage de Bernard Martory, Marc a grandement œuvré pour promouvoir le contrôle de gestion sociale et en faire un métier à part entière, convaincu de l’enjeu stratégique de la masse salariale. « La masse salariale est au contrôle de gestion sociale ce qu’est la comptabilité au contrôle de gestion » aimait-il à rappeler. Son engagement l’a conduit à former à cette spécialité des générations d’étudiants et de futurs dirigeants, dans le cadre universitaire et à HEC notamment. De même, en tant que DAF, il a cherché très tôt à se rapprocher de ses confrères pour échanger et partager. Dans les instances de la DFCG, à commencer par le bureau Îlede-France, il était un compagnon merveilleux, constructif et attentif aux autres. Il fut aussi un secrétaire et un trésorier vigilants dans ses multiples fonctions statutaires. Bon nombre de catalogues DFCGFormation portent sa marque de fabrique, ses sessions de formation faisaient le plein. Échanges a bénéficié de ses nombreux articles aussi concrets que pertinents. Son cerveau, dont il a beaucoup sollicité l’agilité et la rapidité, l’a trahi. En novembre dernier, alors que, se relevant d’une opération, ce cerveau subissait le double mitraillage des rayons et de la chimie dite thérapeutique, après une journée de travail, il fallait voir comme Marc était heureux d’avoir tenu le choc et de constater que « le contrôle de conformité » de l’organe était positif. Jusqu’à nouvel ordre, car il était parfaitement informé et lucide sur les risques qu’il courait et qu’il avait « cartographiés ». Il avait dit devant l’épreuve : « je suis né guerrier, je me battrai en guerrier ». Marc, tu as mené ta vie tambour battant, battant jusqu’au dernier souffle. Nous n’oublierons jamais cette dernière leçon ni les merveilleux moments d’amitié vécus avec toi, au sein de la DFCG comme en dehors. Comme un ami l’a dit au cours de la cérémonie d’adieu : « maintenant tu sais ! Marc, tu as toujours eu de l’avance. » l Finance & gestion octobre 2013 ET Dominique Chesneau, membre du comité éditorial de Finance & Gestion 13 ACTUALITÉ tribune PAR Emmanuel Paret associé, KPMG PAR Astrid Montagnier senior manager, KPMG Finance & gestion octobre 2013 Et s’il était opportun de réintroduire l’amortissement systématique du goodwill dans les états financiers préparés en IFRS ? Telle est la question que soulève à nouveau fortement la communauté financière, face au sentiment grandissant que les goodwill ne sont pas suffisamment, ou trop tardivement, dépréciés. 14 Vers un retour à l’amortissement du goodwill en IFRS ? P lusieurs articles, tel que celui récemment publié dans la lettre Vernimmen.net (n° 115 de mai-juin 2013), reposent sur une étude des dépréciations de goodwill par les groupes européens, comparées à celles qui ressortiraient théoriquement de l’application d’un modèle ad hoc. Ce réflexions relancent la polémique en posant des questions centrales : les dépréciations de goodwill sont-elles suffisantes ? et sont-elles constatées au bon moment, c’est-à-dire lorsque les perspectives économiques se dégradent ? la méthodologie de dépréciation de la norme IAS 36 donnet-elle trop de latitude aux entreprises pour « piloter » le montant des dépréciations et le moment où elles sont constatées ? De la question de la dépréciation des goodwill Toutefois, la méthodologie utilisée dans cette étude1 peut apparaître comme un raccourci un peu rapide pour affirmer que tel ou tel groupe a trop peu déprécié ses goodwill et actifs non financiers, quand on connaît la complexité de la mise en œuvre des tests de dépréciation selon IAS 36. On peut également s’interroger à propos de la définition de la valeur recouvrable qui sert de base aux tests de dépréciation, et qui correspond à la plus élevée de la juste valeur moins les coûts de la vente et de la valeur d’utilité. Or, cette dernière, qui est souvent retenue en pratique par les entreprises, est par définition un concept distinct de celui de juste valeur. De surcroît, celle-ci n’est pas une donnée facilement appréhendable par des observateurs externes à l’entreprise. Indirectement, elle peut également poser la question des limites de la déconnexion entre juste valeur et valeur d’utilité. Quoi qu’il en soit et au-delà des débats techniques sur sa pertinence, cette étude remet sur le devant de la scène la question de la bonne application ou non par les groupes des règles de dépréciation des goodwill, à un moment où le débat sur le sujet avec le normalisateur comptable va de nouveau avoir lieu. La polémique n’est pas nouvelle. Des questions similaires sur l’application en pratique des règles de dépréciation d’IAS 36 ont déjà été posées à l’IASB dès la fin de l’année 2011, par des utilisateurs d’états financiers, au travers de commentaires sur le projet d’agenda de l’IASB qui incluait un éventuel projet sur les incorporels. Elles s’accompagnaient d’une autre interrogation, qui leur est inévitablement associée : ne faudrait-il pas envisager de revenir à un amortissement systématique de cet actif ? Hans Hoogervorst, président de l’IASB, a lui-même ouvertement abordé le sujet lors de deux conférences de presse mi-20122 et exprimé sa crainte que la méthodologie de dépréciation ne soit pas toujours menée avec la rigueur attendue, ce qui conduirait à des dépréciations, soit trop tardives, soit motivées par un changement de direction. Au niveau européen, l’EFRAG a également engagé la réflexion sur le sujet en 2012, en collaboration avec le normalisateur comptable italien, l’OIC (Organismo Italiano di Contabilita), en publiant une consultation sous la forme d’un questionnaire sur la comptabilisation du goodwill en cinq parties s’adressant chacune à un groupe d’intéressés : utilisateurs d’états financiers, normalisateurs et régulateurs, préparateurs, auditeurs et universitaires. Le compte-rendu des réponses reçues a récemment été publié dans un feedback statement, qui montre une grande diversité de vues sur le sujet. Sans surprise, on y retrouve les mêmes questions sur l’application des règles de dépréciation, leur trop grande complexité, l’utilisation d’hypothèses trop nombreuses et trop subjectives qui permettent un pilotage trop important des dépréciations constatées et de leur timing. L’absence d’information utile dans les états financiers sur les hypothèses utilisées est également notée. Et bien sûr, un retour à une forme d’amortissement éventuellement complétée d’une dépréciation est suggéré par un certain nombre de parties prenantes. Des évolutions prévues ? Il est prévu que le Board de l’IASB entame prochainement ses discussions sur la revue du suivi de la mise en œuvre d’IFRS 3 (Post Implementation Review ou PIR). La première phase de la PIR, qui devrait commencer en juillet 2013, consistera à confirmer les sujets qui doivent être investigués et débattus. Le sujet de la dépréciation du goodwill a, bien entendu, d’ores et déjà été identifié comme un sujet candidat à cette revue, le staff de l’IASB ayant noté les craintes exprimées sur la mise en œuvre pratique des tests de dépréciation. Le débat ne manquera donc pas de s’ouvrir à nouveau, cette fois au niveau du normalisateur ACTUALITÉ tribune marché, de capital humain… Aussi, et peut-être surtout, l’explication réside dans le fait que son montant résulte directement de la correcte identification et évaluation des actifs acquis et passifs assumés dans un regroupement d’entreprises. Ainsi, tout biais dans la comptabilisation d’acquisition trouve mécaniquement sa contrepartie dans le goodwill. Conceptuellement, et en particulier depuis l’application d’IFRS 3, en 2008, une fois les actifs et passifs évalués à leur juste valeur, on pourrait s’attendre à ce que le montant reconnu en goodwill soit d’un montant relativement modéré, sa raison d’être devant d’ailleurs être expliquée en principe dans les notes aux états financiers. En pratique, le constat est souvent autre et le montant reconnu en goodwill dans un regroupement d’entreprises demeure parfois extrêmement significatif. Ce qui peut entraîner les enjeux et parfois les crispations que l’on a soulignées sur la façon dont la comptabilisation subséquente est effectivement gérée. Dans ce contexte, ne faudrait-il donc pas également analyser le problème sous une autre perspective, en essayant de mieux comprendre pourquoi, malgré les dispositions d’IFRS 3, les goodwill sont toujours aussi significatifs dans les regroupements d’entreprises ? l 1. Cette méthode s’appuie, dans les grandes lignes, sur la variation du Price to Book Value moyen – ratio du cours de bourse sur l’actif net comptable – entre la date d’acquisition et l’année 2011, point de référence de l’étude. 2. Extrait du discours du 18 septembre 2012 « The concept of prudence, dead or alive ? » à la FEE (Fédération des Experts Comptables européens) : « Given its subjectivity, the treatment of goodwill is vulnerable to manipulation of the balance sheet and the P&L. In normal circumstances, you would expect at least part of the goodwill to be written off gradually, as the expected synergies for which goodwill was paid are being realized. » Extrait du discours du 20 juin 2012 « The imprecise world of accounting » : « Often, share prices reflect the impairment before the company records it on the balance sheet. In other words, the impairment test comes too late. All in all, it might be a good idea if we took another look at goodwill in the context of the post-implementation review of IFRS 3 Business Combinations. » Finance & gestion octobre 2013 comptable international, et l’EFRAG mettra sans doute en avant les enseignements de son feedback statement pour y contribuer. Cela se traduira-t-il par un changement de cap de l’IASB sur la question ? Difficile à dire… La seule certitude à ce stade, c’est que la solution parfaite pour la comptabilisation des goodwill n’existe vraisemblablement pas. Les différents normalisateurs comptables ont déjà expérimenté, dans plusieurs contextes, différentes approches pour la comptabilisation de ce type d’actif à la nature si particulière : comptabilisation directement en capitaux propres (selon la méthode dite du « pooling of interests »), comptabilisation à l’actif avec soit un amortissement systématique, soit un test de dépréciation. Force est de constater qu’elles ont chacune leurs avantages mais aussi leurs défauts. Pourquoi une telle situation ? Notamment parce que cet actif est d’une nature bien spécifique. Il est déjà bien difficile de comprendre à quoi correspond exactement le goodwill : un mix de surpaiements parfois, de synergies anticipées, de parts de 15 Pour ou contre un retour à un amortissement systématique du goodwill ? Pour l’amortissement Contre l’amortissement L’amortissement réduit très fortement la possibilité pour les entreprises de « piloter » le montant constaté en charges au titre de celui-ci et donc de la consommation des avantages économiques liés au goodwill. C’est une méthode simple à mettre en œuvre et facile à comprendre. Elle a en outre le mérite de la prudence. L’amortissement est une méthode simpliste et arbitraire qui ne donne pas une information vraiment utile aux investisseurs. Si la détermination de la durée d’utilité du goodwill nécessite un jugement qui peut être arbitraire, c’est également le cas de la détermination de la valeur recouvrable, qui est le fondement du test de dépréciation et qui repose également sur la prise en compte d’hypothèses tout aussi arbitraires. La détermination de la durée d’utilité (et donc du rythme d’amortissement) est arbitraire. De plus, le goodwill peut inclure plusieurs natures d’actifs (synergies, compétences de personnel clé…) qui peuvent avoir des durées d’utilité bien différentes. Enfin, la consommation des avantages économiques liée au goodwill n’est pas forcément linéaire. L’absence d’amortissement du goodwill conduit souvent en pratique du fait des règles applicables aux tests de dépréciation à la prise en compte d’un goodwill généré en interne. De plus, il serait quasi-impossible dans les tests de dépréciation de distinguer le goodwill acquis du goodwill généré en interne. La charge d’amortissement (représentant la consommation des avantages économiques liés au goodwill) fait double emploi avec les coûts de maintien de ce goodwill (publicité, service clients, efforts commerciaux en général…). On constate que peu de dépréciations sont comptabilisées et qu’elles sont souvent trop tardives ou « opportunistes » (à l’occasion d’un changement de direction par exemple). Cela est dû à la complexité des tests mis en œuvre et au caractère subjectif d’un certain nombre d’hypothèses. Un test de dépréciation rigoureux, permettant de comptabiliser les réductions de goodwill lorsque les avantages économiques prévus se détériorent, donne une information plus pertinente car plus satisfaisante sur le plan économique. Un amortissement systématique peut être complété le cas échéant par un test de dépréciation. ACTUALITÉ tribune à retrouver sur vox-fi.fr PAR jean-Florent Rérolle Partner, Head of Valuation and Strategic Finance, KPMG Corporate Finance Analyse du très attendu nouveau code de gouvernement d’entreprise. Entre bonnes idées et incertitudes, des dispositions qui ne laisseront ni société civile, ni actionnaires indifférents ! Finance & gestion octobre 2013 Le nouveau code de Gouvernance Big bang ou pétard mouillé ? 16 L e nouveau code de gouvernement d’entreprise des sociétés cotées vient d’être rendu public. Il s’agit de la 7e version des recommandations que l’Afep et le Medef adressent aux sociétés cotées françaises, afin de les inciter à adopter et respecter certaines bonnes pratiques dans le fonctionnement de leurs organes sociaux. Il est habituel de voir ces pratiques évoluer en fonction des pressions sociales et politiques du moment. Ce texte n’échappe pas à une logique de circonstance : celle de donner des gages au législateur afin de l’inciter à ne pas légiférer pour laisser toutes ses chances à l’autorégulation. Mais il ne faut pas oublier que la gouvernance n’est pas seulement faite pour répondre à l’acrimonie populaire. Avant tout, elle donne une consistance au pacte de confiance qui doit s’établir entre une société et ses investisseurs. Elle permet de rassurer les actionnaires sur le respect des promesses sur la base desquelles ils ont acheté les actions de la société. Si les dispositions du nouveau code répondent bien aux attentes de la société civile, elles sont d’un intérêt plus incertain pour les actionnaires. Un texte qui répond à certaines interrogations… Le nouveau texte s’attache à traiter pour l’essentiel deux questions qui, jusqu’à présent, n’avaient pas reçu de réponses pleinement satisfaisantes. La première concerne un sujet d’actualité : les rémunérations des dirigeants. La seconde est moins médiatique, mais essentielle : comment donner plus d’autorité à cette « soft law » dont l’ambition est de suppléer la loi ? Des thèmes inédits Il faut croire qu’en matière de rémunération de dirigeants, les choses sont plus compliquées en France qu’ailleurs. Alors que le code de gouvernance britannique consacre deux pages et demi au sujet, le code français ne comporte pas moins de 19 pages sur la question, soit plus de la moitié du document ! Des principes de transparence, de modération et d’alignement avec les performances sur le long terme sont réaffirmés, précisés et amplifiés. La présence des administrateurs actionnaires salariés au sein des comités de rémunération est recommandée. Surtout, à l’instar de bien d’autres pays (États-Unis, Grande-Bretagne ou Australie), le principe du « say on pay » est officiellement adopté. Chaque année, l’Assemblée générale sera invitée à donner son avis sur les « éléments de la rémunération due ou attribuée au titre de l’exercice clos à chaque dirigeant mandataire social ». Ce vote, qui porte uniquement sur la rémunération passée, sera consultatif. En cas d’avis négatif, le conseil devra se prononcer publiquement sur les suites qu’il entendra y donner. Le conseil demeure donc souverain dans la fixation des rémunérations des dirigeants. En ce qui concerne l’application du code, le nouveau texte s’attache à préciser la règle à présent bien établie d’« appliquer ou expliquer ». On connaît ses défauts. Elle a souvent conduit les entreprises à adopter une approche « tick the box » et à présenter leurs choix d’une manière totalement artificielle. Tous les régulateurs et les observateurs déplorent cette situation qui n’est d’ailleurs pas propre à la France. Pour sortir de cette logique, il faut d’abord que les bonnes pratiques fassent davantage l’objet d’un consensus. La concertation très large à laquelle ont procédé les auteurs de ce code avait comme objectif de lui donner plus de légitimité. Les associations d’investisseurs et d’administrateurs, les autorités publiques et des agences de conseil en vote ont ainsi été consultées pour la première fois. Le concept « appliquer ou expliquer » fait l’objet de développements quant à la nature de l’explication qui doit être donnée en cas de non-application. Celle-ci doit être « compréhensible, pertinente et circonstanciée ». Elle doit présenter de manière convaincante les raisons pour lesquelles la bonne pratique n’est pas appliquée, et si des approches alternatives ont été adoptées pour atteindre le même objectif que si elle l’avait été. Cette conception avait été récemment proposée par l’IFA. Enfin, la grande innovation réside dans la création d’un Haut Comité de suivi de l’application du code, auquel doivent adhérer toutes les entreprises qui s’en réclament. Composé de sept personnes (dont le mode de nomination n’est pas précisé), ce comité sera chargé d’assurer le suivi de l’application du code et de proposer les modifications qui s’imposeraient en fonction de l’évolution des pratiques tant en France qu’à l’étranger. L’ensemble de ces mesures représentent des avancées significatives. Il ne reste qu’à espérer qu’elles seront appliquées de bonne foi par la majorité des entreprises pour éviter l’intrusion du législateur dans ACTUALITÉ un domaine qui se prête difficilement à des mesures uniformes. Outre le traitement de la question des rémunérations et de l’application du code, les auteurs ont également introduit diverses modifications d’inégale portée dont certaines pourraient même inquiéter les actionnaires. Des recommandations positives Deux recommandations doivent être soulignées. La première concerne l’information donnée au marché. On sait que celle-ci est loin d’être satisfaisante car elle est trop historique, volumineuse et technique pour aider les investisseurs à comprendre la capacité de l’entreprise à générer des cash-flows sur le long terme. Le nouveau code préconise donc une approche qui s’inspire en partie des réflexions menées actuellement en matière de reporting intégré. Le conseil doit veiller à ce qu’une information « pertinente, équilibrée et pédagogique » soit donnée aux investisseurs sur la stratégie de l’entreprise, son business model et ses perspectives à long terme. Seconde mesure très positive, car de nature à favoriser une implication plus importante des administrateurs : une limitation plus stricte du nombre des mandats. Le dirigeant mandataire social ne pourra pas accepter plus de deux mandats d’administrateur dans d’autres sociétés et les administrateurs ne pourront pas détenir plus de cinq mandats dans des sociétés cotées, y compris étrangères. et qui en crée d’autres ! Des modifications plus subtiles ont été introduites concernant le positionnement du conseil d’administration par rapport aux actionnaires, notamment minoritaires. Plus de garanties ? à l’origine du gouvernement d’entreprise, on trouve la nécessité de limiter ou de résoudre les conflits d’intérêts créés par la dissociation entre propriété et direction générale dans les entreprises cotées : comment garantir aux actionnaires qui abandonnent leur pouvoir de direction au profit de managers professionnels que la société sera gérée dans leur intérêt ? Deux réponses sont classiquement apportées à cette question. D’une part, l’objectif de la firme doit être clairement de maximiser la valeur actionnariale. La règle financière numéro un qui en découle (et qui est universellement appliquée par les financiers) est celle de la valeur actuelle nette positive que doit présenter toute décision d’investissement. En maximisant la valeur de la firme, on privilégie nécessairement la valeur pour l’actionnaire (sauf si l’entreprise est en situation de détresse financière). D’autre part, un conseil d’administration est mis en place pour exercer une surveillance régulière de l’action des dirigeants et veiller à ce que le principe énoncé précédemment soit respecté. La France n’a jamais complètement adopté l’idéologie actionnariale. Le concept concurrent ou complémentaire d’intérêt social est constamment avancé afin de limiter le pouvoir des marchés. Par ailleurs, la nature de l’actionnariat a une influence sur la problématique des conflits d’intérêt. Dans les pays comme les ÉtatsUnis où l’actionnariat est dispersé, la question qui est posée est celle de la surveillance de l’action du management. En France, la situation est différente car la plupart des sociétés sont contrôlées par un actionnaire dominant qui supervise effectivement la direction générale grâce à une large représentation au sein du conseil. Le véritable conflit d’intérêt potentiel est en réalité celui qui oppose le majoritaire et les minoritaires. Une rupture avec l’ancien code L’ancien code de gouvernance admettait une certaine coexistence de l’intérêt social et de l’intérêt actionnarial, et reconnaissait que les actionnaires minoritaires puissent être dans une position plus vulnérable que les actionnaires contrôlants. Le conseil était présenté comme une instance collégiale « représentant collectivement l’ensemble des actionnaires » (paragraphe 1.1). L’administrateur devait « se considérer comme le représentant de l’ensemble des actionnaires et se comporter comme tel dans l’exercice de ses fonctions sauf à engager sa responsabilité personnelle » (§ 6.2). La nécessité de protéger les actionnaires minoritaires était reconnue implicitement : « Plutôt que de tenter d’assurer une représentation spécifique des minoritaires, la meilleure formule consiste à nommer des administrateurs indépendants ». (§ 7.2.2) La nouvelle version gomme toute allusion à l’intérêt actionnarial et met fortement l’accent sur l’intérêt social. Elle remplace la notion de « représentation de l’ensemble des actionnaires » du paragraphe 6.2 par l’affirmation du principe selon lequel « chaque administrateur doit agir dans l’intérêt social de l’entreprise sauf à engager sa responsabilité personnelle ». Dans le paragraphe 1.1, l’idée de « représentation » de l’ensemble des actionnaires est remplacée par celle de mandat, expression plus rigoureuse juridiquement, mais qui atténue l’idée que les administrateurs devraient être alignés sur l’intérêt des actionnaires. En ce qui concerne les actionnaires minoritaires, le paragraphe 7.2.2, qui attribuait aux administrateurs indépendants un rôle spécifique en la matière est purement et simplement supprimé. L’idée même que des actionnaires minoritaires puissent être représentés au sein du conseil est récusée sous prétexte que celui-ci risquerait de devenir « le champ clos d’affrontement d’intérêts particulier ». La prévention des conflits d’intérêt est à présent confiée à la sagesse de l’actionnaire majoritaire qui assume une « responsabilité propre et distincte du conseil » à l’égard des actionnaires minoritaires. Cette approche est en contradiction avec la réglementation boursière qui prévoit des mécanismes pour protéger les actionnaires minoritaires (comme par exemple l’intervention d’un expert indépendant dans certaines circonstances). Cet affaiblissement de « l’intérêt commun des actionnaires » (qui est défini comme l’objet de toute société par l’article 1833 du code civil) est inquiétant. La notion d’« intérêt social » est une notion à géométrie totalement variable, fonction des choix propres de celui qui l’invoque. Mal employée, elle laisse la porte ouverte à toutes les iniquités tant dans les décisions de l’entreprise que dans les contestations judiciaires. Cette conception qui plaira assurément aux tenants de la valeur partenariale risque d’inquiéter les investisseurs dont les intérêts peuvent être mis de côté pour des raisons imprévisibles et indéterminées. l 1. Les opinions développées dans cet article n’engagent bien évidemment que leur auteur et ne représentent pas nécessairement la position de la firme dans laquelle il exerce son activité professionnelle ni des associations dont il fait partie. Cet article fait également l’objet d’une publication sur le blog de l’auteur (http://www.rerolle.eu/). Finance & gestion octobre 2013 tribune 17 © Cyril Etien Finance & gestion octobre 2013 ACTUALITÉ PORTRAIT 18 ACTUALITÉ PORTRAIT Entretien Emmanuel Ravissot est le responsable du contrôle financier de l’ensemble des sociétés du groupe American Express en France, incluant principalement les cartes de paiement et le voyage d’affaires. Entré dans le groupe il y a 17 ans, il y vit une expérience unique : celle de faire partie d’une entreprise mondiale qui s’est construite sur un modèle économique particulier dans le secteur de la carte de paiement : une relation triangulaire entre Amex, le titulaire et le commerçant. Et un réseau mondial de centres de services partagés. PROPOS RECUEILLISpar Stéphane Demazure F inance & Gestion : quel est le périmètre de vos responsabilités ? Emmanuel Ravissot : j’ai la responsa- bilité du contrôle financier du marché français, ce qui comprend neuf entités juridiques réparties sur les cinq métiers principaux d’American Express qui sont la carte pour particuliers, la carte corporate, le réseau de commerçants, le voyage d’affaires et le change. Quelle est la particularité du rôle de directeur financier chez American Express ? Pour appréhender cette fonction chez Amex, il faut comprendre le rôle de la fonction finance dans notre entreprise : une des particularités du groupe est d’avoir été un véritable précurseur, dans les années 90, avec la mise en place de centres de services partagés (CSP), structures qui centralisent un certain nombre d’activités comptables ou financières. Nous avons ainsi à notre disposition de véritables experts qui vont traiter un process en « horizontal » pour l’ensemble des entités du groupe dans le monde. Les tâches ainsi traitées peuvent être à forte valeur ajoutée et ne concernent pas simplement le transactionnel comme la gestion des notes de frais ou le traitement des factures fournisseurs. Nous avons par exemple des équipes chargées de calculer la provision crédit à travers une procédure standardisée et fiable, quel que soit le pays concerné. Que reste-t-il alors à faire en local ? La direction financière française est la garante de la conformité des états financiers des entités juridiques nationales. Ce qui suppose que nous travaillions en interaction permanente avec ces CSP. Ainsi, l’équipe française en local est-elle composée de (seulement) 15 personnes, tandis que le réseau de correspondants mondiaux à notre service représente, lui, une centaine d’intervenants. Nous sommes aussi garants du reporting règlementaire et du contrôle interne. Comment tenez-vous compte des spécificités locales ? Notre comptabilité est en US GAAP en utilisant au jour le jour le plan de comptes Amex. Les situations mensuelles sont d’abord réalisées dans cette norme et ensuite nous les transformons en comptabilité française. Les CSP ne peuvent pas tout produire et il est nécessaire d’avoir des équipes locales pour travailler sur les spécificités nationales, tant fiscales que juridiques ou réglementaires. Nous avons ainsi dans notre équipe un expert des questions fiscales et notamment de la TVA, spécialement sur notre activité de voyage d’affaires. Que pensez-vous du rôle du DAF en tant que business partner de l’entreprise ? Nous sommes souvent consultés en tant qu’experts fiscaux ou comptable mais aussi parce que nous sommes les seuls à posséder une vision transverse de l’entreprise. Ainsi, nous pouvons intervenir pour valider la conformité et aider à la mise en place d’un nouveau produit ou d’un nouveau partenariat. En revanche, nous ne participons pas à la réalisation des budgets et des forecast. Le choix d’Amex de séparer le contrôle financier du contrôle de gestion est lié aux risques de conflits d’intérêts qui pourraient pousser à certains arbitrages tendancieux. Chaque ligne de business a ses propres financiers pour procéder à la mise en place de ses budgets. Quelle est votre vision prospective du métier de directeur financier ? Nous vivons d’abord une révolution technologique qui nous permet aujourd’hui d’être en accès immédiat avec l’entreprise quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Dans une société mondiale, cela confère une grande souplesse. Et surtout chez Amex où la culture du home office est très forte. Ensuite, je constate une complexité croissante sur nos domaines d’expertise comme les normes comptables, la fiscalité ou l’aspect réglementaire. Ceci implique que nos équipes doivent être de plus en plus constituées d’experts dans leurs domaines de compétences. Des experts au service de nos différents clients internes, tel les business partners, qui doivent de surcroît effectuer une veille permanente de l’évolution de leur métier. Enfin, qui dit complexité dit créativité. Faire sans arrêt face à de nouvelles problématiques aussi bien business que réglementaires demande de pouvoir faire preuve d’imagination. l XEN CHIFFRES American Express Monde Chiffres clés pour l’année 2012 Chiffre d’affaires : 31,6 Md$ Résultat net : 4,5 Md$ olume des dépenses cartes dans le monde : V 888,4 Md$ Effectifs en France : 2 300 personnes artes en circulation dans le monde : C 102,4 millions Finance & gestion octobre 2013 « La décentralisation au service de la finance » 19 EXPERTISES FINANCE 20 de la récession en 2009. L’inflation restera donc contenue. Les économies européennes et japonaises se sont elles aussi comportées plus ou moins comme nous l’anticipions : la première a enregistré une croissance atone et la seconde s’est redressée à la faveur de l’« Abenomics ». Les actions vont-elles continuer de s’apprécier ou était-ce juste une correction ? La volatilité restera-t-elle élevée ? © photo : Alcook Finance & gestion octobre 2013 PAR Sylvain Favre-Gilly responsable de la clientèle Institutionnels & Entreprises, BlackRock Que nous réserve encore 2 013 ? Entretien à l’occasion de la rentrée, Sylvain Favre-Gilly, responsable de la clientèle Institutionnels & Entreprises chez BlackRock, répond aux questions que se posent tous les investisseurs en matière de conjoncture boursière. PROPOS RECUEILLIS pardominique chesneau F INANCE & GESTION : Qu’est-ce qui vous a surpris au 1er semestre et qu’est-ce qui s’est passé comme prévu ? Sylvain Favre-Gilly : Les sur- prises n’ont pas manqué : le changement de cap de la FED et la hausse qui en a résulté, le net redressement des marchés d’actions et la performance décevante des marchés émergents. Par contre, nos anticipations ont été vérifiées en ce qui concerne l’atonie de la croissance et le faible niveau de l’inflation dans les économies occidentales. L’économie américaine a également répondu à nos attentes avec une croissance de 2 % en termes réels, cadrant largement avec celle qu’elle a affichée depuis la fin Les actions devraient encore s’apprécier mais plus lentement et de manière plus volatile car les incertitudes générées par les problèmes politiques et économiques resteront élevées. Les actions restent soutenues par des valorisations raisonnables (notamment par rapport aux obligations). Ceci est particulièrement vrai en dehors des États-Unis où la plupart des actions – celles négociées en Europe par exemple – affichent une décote importante. Quand les banques centrales vont-elles modifier leur politique et quelles en seront les conséquences ? La politique monétaire domine les marchés : c’est ce qui devrait caractériser le reste de l’année et même au-delà. On assiste déjà à une évolution des politiques monétaires et des marchés, surtout aux États-Unis. Nous continuons de recommander aux investisseurs de « sous-pondérer » EXPERTISES les obligations d’État des pays centraux. Leur volatilité a augmenté et nous pensons qu’elle restera élevée. Quel est l’état de l’économie mondiale ? La croissance de l’économie mondiale reste poussive et les signes qui laisseraient entrevoir une accélération sont rares. Au 2e trimestre, le ralentissement semble même s’être accentué dans de nombreuses régions du monde, notamment dans beaucoup de pays émergents. Le risque d’une récession économique généralisée est certes moindre qu’il y a un an mais la croissance mondiale ne reste comprise qu’entre 3,3 % et 3,5 % ! Elle est donc relativement poussive. Le Japon offre pourtant un contraste surprenant : après avoir stagné pendant des décennies, son économie affiche une croissance de 4.1 % au 1er semestre. La nouvelle politique économique de l’archipel et un regain de confiance alimentent cette dynamique conjoncturelle. Les risques liés à l’Europe s’estompent-ils ? La menace d’un effondrement prochain de la zone euro est définitivement écartée. En dépit de la teneur mitigée des statistiques économiques, les fondamentaux de l’économie réelle donnent quelques signes d’amélioration. Globalement fragile et sous-capitalisé, le système bancaire de la zone Euro reste une source potentielle de fluctuations des marchés. Certains risques extrêmes persistent, comme les mesures d’austérité en Grèce ou le système bancaire chypriote, mais ils influencent peu les marchés de capitaux en raison du soutien apporté par la BCE aux économies et aux systèmes financiers en danger. Une réforme réelle et globale ne pourra se faire en Europe Du fait de l’évolution des politiques monétaires à l’échelle mondiale, il est peut-être dans l’intérêt des investisseurs de privilégier les portefeuilles obligataires dont le gestionnaire peut plus facilement ajuster l’exposition aux risques de duration, de crédit et de change ainsi que l’allocation géographique. disparaître. Qui plus est, une politique monétaire moins accommodante et un dollar plus fort seront autant d’obstacles pour beaucoup de pays émergents. Pour finir, leurs entreprises exportatrices souffriront de la croissance atone dans la plupart des pays développés. Tout cela nous amène à croire que des anomalies apparaîtront, ainsi que des opportunités de placement aléatoires. Les différences se creusent sur les marchés émergents et les investisseurs doivent faire preuve de davantage de discernement. Cependant, sur le long terme – disons trois à cinq ans – les actions des marchés émergents constituent selon nous un bon placement étant donné qu’elles affichent une décote de plus de 30 % par rapport à celles des marchés développés, soit l’écart le plus important depuis la crise de 2008. Les marchés émergents vont-ils continuer de « sousperformer » ? Qu’anticipez-vous en ce qui concerne l’évolution des cours de l’or ? Ceci ne nous surprendrait pas mais, à long terme, ils continueront à notre avis de présenter tout autant d’attrait pour les investisseurs. Le ralentissement de la croissance, les inquiétudes liées au système bancaire chinois et une préférence générale des investisseurs pour les actions américaines ont pénalisé la performance et ces tendances ne sont pas prêtes de Nous conseillons aux investisseurs de conserver une exposition à l’or à des fins stratégiques, mais d’envisager éventuellement d’alléger leurs positions compte tenu de la hausse des taux d’intérêt réels. Toutefois, nous nous attendons à ce que les cours de l’or restent volatils et à ce qu’ils prennent une orientation généralement baissière. l La menace d’un effondrement prochain de la zone euro est définitivement écartée sans une volonté politique plus affirmée qu’aujourd’hui mais nous n’espérons guère de progrès avant les élections allemandes de septembre. Où identifiez-vous les meilleures opportunités en ce qui concerne les actions, d’un point de vue géographique ? Les actions américaines sont moins bon marché que l’an dernier, mais les valeurs des secteurs de l’énergie et de la technologie sont attractives. La baisse des valorisations résultant de la « sous-performance » des marchés émergents pourrait constituer une opportunité. Nous recommandons de cibler les secteurs cycliques (mais pas ceux qui sont surexposés aux consommateurs américains) comme l’énergie et les technologies. En dehors des États-Unis, les actions internationales nous semblent offrir un potentiel d’appréciation significatif. En Europe et au Royaume-Uni, les actions qui paient un dividende demeurent attractives car les statistiques économiques se sont améliorées récemment. La BCE et la Banque d’Angleterre ont d’ailleurs indiqué que les taux d’intérêt pourraient rester faibles à court terme. Quant aux marchés émergents, ils ont à ce jour « sous-performé ». Leurs actions affichent une décote significative par rapport à celles des pays développés. Les valorisations des premières sont tombées à des niveaux exagérément bas qui pourraient offrir l’occasion de passer acheteur. Les actions de certains pays d’Asie et d’Amérique latine nous semblent présenter un potentiel d’appréciation à long terme particulièrement important. Compte tenu de la volatilité actuelle, où se trouvent selon vous les opportunités pour ce qui est des obligations ? conjoncture économique mondiale en dix graphiques XLe site http://www.coe-rexecode.fr/ m et en ligne chaque semaine les graphiques des dix indicateurs à jour pour le suivi de la conjoncture économique mondiale : croissance du PIB mondial, production industrielle, exportations mondiales, production mondiale de pétrole brut, enquête auprès des directeurs d’achats, Indice Coe-Rexecode des cours des matières premières, inflation mondiale, masse monétaire mondiale, capitalisation boursière mondiale, marché des changes euro/dollar. Finance & gestion octobre 2013 FINANCE 21 EXPERTISES FINANCE PAR le groupe de travail DFCG-Afci Finance & gestion octobre 2013 Vers une nouvelle communication financière interne 22 La communication financière interne, levier de performance économique et sociale, fait l’objet d’un livre blanc par l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion et l’Association française de communication interne, à paraître en octobre prochain. A lors que les entreprises ont, depuis trois décennies, réalisé d’importants efforts en matière de communication financière, le traitement des collaborateurs dans ce domaine n’a pas évolué de concert. Le fait est que l’explosion d’internet et des réseaux sociaux a modifié les comportements. Les informations sont désormais disponibles par tous, et partout, rendant les exigences des salariés en matière de communication plus élevées que jamais. De nouveaux comportements… Désormais, un collaborateur pas assez et/ou mal informé par son entreprise, ira spontanément chercher sur internet les données et analyses qui lui manquent. Au risque de tomber sur des sources peu fiables, voire erronées. Dès lors, l’entreprise doit impérativement occuper le terrain de la diffusion du savoir et de la pédagogie, et ne plus se contenter d’envoyer à ses collaborateurs les seuls résultats financiers et autres communiqués de presse, disponibles sur n’importe quel site externe. Cela pourrait être vécu comme un manque de considération par des collaborateurs en recherche permanente d’écoute et de reconnaissance. Enfin, suite à la crise économique du début des années 2000 et surtout à celle de 2008-2009, les plans d’économies se sont succédé dans les entreprises : si des ef forts conséquents sont demandés aux collaborateurs, il est impératif de les éclairer sur le pourquoi, et pas seulement sur le comment. Est-ce qu’un investisseur qui ne se sentirait pas correctement informé par une entreprise choisirait d’y investir son argent ? La question est aisément transposable au collaborateur : si celui-ci a le sentiment de n’être pas bien informé, il ne sera pas enclin à adhérer à la stratégie de son entreprise, et encore moins à s’y investir. Lorsque ce sentiment est partagé, c’est la performance de l’entreprise qui s’en ressent. Livre blanc DF CG – Afci de la commun ication financière inte rne pour une nouvelle communication interne Pour mieux communiquer en interne sur la performance économique des entreprises, le groupe de travail DFCG-Afci a 10 convictions : - une communication financière interne (CFI) doit être conçue spécifiquement pour les salariés ; - une CFI forte doit être incarnée et donc bénéficier du soutien de la direction générale ; - une bonne CFI résulte d’une collaboration étroite entre les équipes Finance, la DRH et la Communication ; - une CFI efficace concerne tous les salariés et pas uniquement l’encadrement ; - une CFI pertinente n’est pas que factuelle et chiffrée : elle est reliée à la stratégie et propose un commentaire ; - une CFI attrayante s’inscrit dans un récit : elle est connectée à la culture de l’entreprise et à ses métiers ; - une CFI performante arrive on time ; - une CFI crédible exige constance et cohérence. - une CFI puissante doit s’appuyer sur un travail pédagogique mené auprès de l’encadrement ; - une CFI pérenne doit être mesurée. Le Livre blanc DFCG-Afci a pour but de vous aider à construire une communication financière interne efficace, véritable levier de performance économique et sociale. Ce que l’entreprise attend de ses salariés est au moins aussi important que ce qu’elle attend des marchés financiers. Elle doit ainsi garantir à ses publics internes les mêmes principes vertueux que ceux mis en œuvre lors des road-shows : proximité, contenus sur mesure et temps d’échanges. l XLes membres du groupe Xde travail DFCG-Afci Guillaume Aper, Directeur adjoint de la communication, JCDecaux - Président de l’Afci Claire Brossard, Direction de la communication, Generali France Éric Chaumeau, Responsable de la communication interne, FDJ Ronan Chesnel, Directeur de la communication interne, BNP PARIBAS Jean-Xavier Franco, Direction Financière, Generali France Damien Goy, Directeur du contrôle interne et de l’éthique, GEODIS Membre du Comité Scientifique et coprésident de la Commission Gouvernance, DFCG Marie-Hélène Marot de Priester, Directeur administratif et financier – Vice-présidente, DFCG Île-de-France Fabrice Vernière, Directeur administratif et financier, SAGE EXPERTISES PERFORMANCE Saas et PME Une externalisation avantageuse Le terme de « Cloud » désigne de manière générale la virtualisation des moyens informatiques grâce à Internet. Mais quelle est la valeur ajoutée de ces solutions pour les PME ? I l existe différents niveaux de virtualisation. Citons tout d’abord le StaaS (Storage as a Service) qui décrit des services de stockage virtualisés. Ces solutions donnent accès à de larges volumes de stockage moyennant un prix intégrant la gestion complète des moyens physiques. La tarification est basée sur les volumes utilisés ainsi que sur les niveaux de service (disponibilité, latence et bande passante). Vient ensuite le service le plus connu : le SaaS (Software as a Service) qui décrit les applications virtualisées. Ces solutions applicatives, entièrement gérées par le fournisseur, sont accessibles par le biais du navigateur internet. Leur tarification est typiquement basée sur le nombre d’utilisateurs distincts, sur leur niveau d’activité et/ou sur le volume de données demandé. Les applications les plus utilisées sont le courrier électronique, la visioconférence, les outils de travail collaboratif, l’annuaire d’entreprise, la gestion de la relation client (CRM), la gestion du support utilisateur, la gestion des ressources humaines (cycles d’évaluation, traitement des notes de frais) ou certains ERP… Dans ce modèle, aucun développement spécifique n’est fait pour l’entreprise utilisatrice. Seul le paramétrage permet certains niveaux d’adaptation dans le cadre du modèle proposé par l’application. Par exemple, une application de gestion des ressources humaines proposera de baser les actions (notamment d’approbation) sur un paramétrage de la structure hiérarchique typiquement implémentée dans un annuaire d’entreprise. Ce modèle convient donc lorsque les modèles de processus métier sous-jacents sont suffisamment standards pour être adoptés par l’entreprise cliente sans développement spécifique. Pour réaliser les économies permises par ce type de solution, des entreprises peuvent choisir de s’adapter à l’outil, ce qui est acceptable et même avantageux pour des processus communs ne touchant pas au cœur de métier original de l’entreprise. Finance & gestion octobre 2013 PAR Vincent Delacour membre de la commission technique Systèmes d’information DFCG associé fondateur in terris conseil 23 EXPERTISES PERFORMANCE Finance & gestion octobre 2013 Des systèmes alternatifs 24 Parmi les autres systèmes de Cloud, citons aussi le PaaS (« Platform as a Service ») qui décrit une plate-forme logicielle virtualisée. Le terme de plateforme désigne ici un outil ou un ensemble d’outils de développement, de plus ou moins haut niveau, dont l’exécution est hébergée par le fournisseur. Il s’agit ici de dépasser les limites du simple paramétrage permis par le SaaS pour mettre en œuvre des développements spécifiques à l’entreprise. Le concept de plate-forme peut intégrer un support au processus de développement (avec par exemple utilisation d’instances distinctes pour le développement, le test, la validation et l’exploitation). Un exemple typique de cette approche est donné par les plates-formes de la société Salesforce, qui fournissent un cadre pour développer des workflows d’entreprise applicables à diverses problématiques fonctionnelles, comme la gestion de projet, la gestion de force de vente (CRM) ou la gestion de service (chaîne de support utilisateur). Citons enfin l’IaaS (« Infrastructure as a Service ») qui décrit une plateforme physique virtualisée. Descendant encore d’un niveau après les PaaS, la virtualisation de la plate-forme physique offre aux équipes d’un service informatique la possibilité d’utiliser tous les services d’une plate-forme physique virtuelle sans avoir à gérer le matériel lui-même. La plateforme se définit notamment par son système d’exploitation et ses interfaces standards (par exemple Linux/Posix) et ses « dimensions » : nombre de processeurs, quantité de mémoire centrale et taille des systèmes de fichiers. La plate-forme virtuelle du fournisseur reçoit les logiciels utilisés par le service informatique de l’entreprise (systèmes de gestion de bases de données, outils d’administration, applications spécifiques achetées ou développées pour la plate-forme). Quelle utilité pour les entreprises ? Dans ce contexte, quels sont les avantages et les risques des solutions en Cloud ? La virtualisation présente des avantages multiples et des risques qu’il convient de bien peser. Au chapitre des avantages : l’absence d’investissement financier mais également humain, ainsi que la minimisation des délais de mise en œuvre. Dans l’absolu, la mutualisation des moyens à large échelle chez le fournisseur est une solution rationnelle pour améliorer la qualité de service et la performance tout en minimisant les coûts. Les risques techniques, notamment liés à la disponibilité ou à la sauvegarde des données, sont mieux adressés à grande échelle : architectures redondantes, doublage des sites, plans de reprise en cas de catastrophe. De même, les moyens mobilisables pour assurer la protection contre les intrusions dépassent ce que les entreprises peuvent déployer en interne. Les risques non techniques sont d’abord ceux liés à la défaillance du fournisseur (un risque critique car les données de l’entreprise sont en jeu). Le choix d’un fournisseur doit donc intégrer des éléments essentiels comme sa réputation technique et sa santé financière. Cependant, la fragilité d’ensemble des solutions Cloud n’est pas nécessairement plus forte que celle des solutions internes qui dépendent également des prestations d’une chaîne d’acteurs : constructeurs, mainteneurs et opérateurs des équipements informatiques mais également alimentation électrique, climatisation, sécurité incendie… Il convient donc de prendre en considération les risques de l’ensemble de la solution. Enfin, il est sain de rappeler que l’externalisation ne transfère pas le risque au fournisseur. Ce qu’il faut ne pas négliger Nous relevons ainsi trois types de points d’attention qu’il s’agira d’anticiper de manière Caractéristiques des différents modes Cloud : les moyens humains mobilisés Stockage (StaaS) Application (SaaS) Plateforme (PaaS) Infrastructure (IaaS) Maintenance matérielle Néant Néant Néant Néant Administration technique Néant Néant Néant Administration système Mise en place de la solution Paramétrage minimal Paramétrage applicatif (projet) Développements sur la plate-forme (projet) Paramétrage minimal Administration fonctionnelle et exploitation des applications Gestion des volumes utilisés et autres paramètres techniques (latence, débit) • Gestion des volumes utilisés • Administration fonctionnelle (métier) • Gestion des volumes utilisés • Administration fonctionnelle (métier) Modèle classique Support utilisateur SLA fournisseur SLA fournisseur Niveau métier à mettre en place (selon la complexité des développements spécifiques) Modèle classique Maintenance applicative Fournisseur Fournisseur Équipes internes ou TMA Modèle classique Gouvernance Gestion du contrat (SLAs, prix) • Gestion contrat • Autorité métier sur l’administration fonctionnelle • Gestion contrat • Autorité Métier • Gestion des changements (fonctions, budget) Modèle classique EXPERTISES PERFORMANCE contractuelle. Le premier concerne les conditions de sortie et de récupération des données. Alors que la tarification « au variable » permet en théorie de sortir « sans frais », il convient de s’assurer que les données hébergées avec l’application seront récupérables « en masse », soit par injection dans une autre solution, soit parce que l’entreprise a d’autres moyens pour les reconstituer, soit enfin parce que la part des données non récupérables est non critique pour la vie future de l’entreprise. Le deuxième point concerne les éventuelles défaillances du fournisseur : des garanties doivent être prévues en cas de défaillance de la solution. L’entreprise cliente doit aussi se prémunir contre une défaillance totale du fournisseur (par exemple par une récupération périodique des données). Enfin, le dernier point d’attention concerne le cadre juridique. La localisation géographique des données et des traitements peut déterminer la juridiction en cas de litige. La sécurité juridique est mieux assurée en Europe qu’en Chine ou même qu’aux états-Unis. Il convient donc de s’assurer de sa capacité à ester dans la juridiction concernée. Pour une externalisation mesurée Quoi qu’il en soit, l’externalisation ne peut être intégrale. Comme pour toute solution d’entreprise, il subsiste toujours un minimum de moyens à déployer en interne pour utiliser les solutions en Cloud. En particulier, l’administration fonctionnelle et la gouvernance demandent toujours un minimum de ressources internes à l’entreprise. Les PME ont-elles donc intérêt à opter pour le SaaS ? Rendu possible par le développement d’internet, ce mode est la forme d’externalisation la plus aboutie. Il permet de ne conserver en interne que les fonctions nobles des systèmes d’information, c’est-à-dire l’administration fonctionnelle et la gouvernance. Son émergence reste récente pour les systèmes de gestion, même s’il est déjà largement utilisé sans état d’âme par les PME pour des applications plus circonscrites (mail, gestion, RH, conferencing). L’adoption récente de ce type de solutions par de grands groupes internationaux est un élément rassurant. Ceux-ci ont en effet des contraintes de sécurité très importantes. Pour ces groupes, un service informatique interne, même avec des moyens conséquents, peut-il rivaliser en fiabilité avec des fournisseurs de service spécialisés et à large échelle, notamment en ce qui concerne la fiabilité et la sécurité des plates-formes ? Pour la PME, les solutions SaaS constituent une opportunité pour mettre en place des solutions à moindre délai et moyennant des investissements très limités (projet de mise en place). Ces solutions peuvent alors remplacer des éléments de solution existants, générer des économies et apporter une valeur ajoutée fonctionnelle à un coût abordable. l Finance & gestion octobre 2013 Le SaaS est la forme d’externalisation la plus aboutie 25 EXPERTISES PERFORMANCE Finance & gestion octobre 2013 PAR Denis Molho consultant associé DME Performance, membre du comité scientifique DFCG 26 Pilotage de l’innovation et contrôle de gestion Un projet global pour la PME-ETI Dans les PME-ETI, la question de l’innovation ne concerne pas seulement la R&D, mais mobilise l’ensemble de l’entreprise, contrôle de gestion compris. Tenue des budgets et atteinte des objectifs sont tout aussi déterminants dans le processus de mise en place d’un projet. A u cour s de plusieurs interventions récentes dans des établissements publics et des moyennes entreprises, qu’elles soient industrielles ou de services, j’ai pu observer qu’à la différence des grandes entreprises qui sont souvent bien outillées, la problématique du contrôleur de gestion et de l’innovation est souvent difficilement perçue par la PME ou par l’ETI. Je n’aurai pas la prétention de fournir ici des méthodes, mais seulement de rappeler quelques principes et règles qui paraissent essentiels pour positionner le contrôleur de gestion. Le large périmètre de l’innovation L’innovation ne se résume pas à la seule recherche et développement qui débouche, en général, sur le lancement de nouveaux produits, la production de patentes ou de brevets. Mais la réorganisation des processus – tels que les achats, la production, l’administratif, – autour d’un nouveau système d’information par exemple, fait tout autant partie du processus d’innovation. De même, la rénovation de la gestion de la relation au client, par exemple au travers de nouveaux services ou de nouveaux modes de distribution, constitue un élément essentiel. Sans oublier le développement des compétences des collaborateurs, pour plus d’efficacité. L’innovation n’est donc pas seulement un nouveau produit, une nouvelle idée, mais elle comprend également l’ensemble des changements affectant le portefeuille produits ou services, ainsi que les processus de l’entreprise qui sont des générateurs de profitabilité économique. La PME doit piloter l’innovation de manière globale et transversale, identifier les projets à forte rentabilité, qu’ils soient administratifs, techniques, ou logistiques, et associer tous les acteurs concernés à la construction des projets. Par exemple, un projet sur la chaîne logistique va impliquer les commerciaux, les achats, la production, les informaticiens… Structurer l’innovation La tenue des budgets et l’atteinte des objectifs de rentabilité économique impliquent une gestion très rigoureuse et structurée en mode projet. D’expérience et de manière synthétique, les entreprises qui tiennent leurs objectifs structurent leurs développements autour des phases suivantes : • Cadrage préliminaire : Il s’agit d’évaluer l’opportunité d’un projet d’innovation, notamment R & D, à travers les coûts et les revenus générés, la cohérence stratégique du projet. à l’issue de cette phase, il est décidé ou non de procéder à une étude détaillée. • Étude détaillée : Elle consiste à évaluer les risques et aléas liés aux estimations de la phase précédente au travers d’un approfondissement de l’étude du contexte du projet (technologies, marché, risques financiers…). Cette phase doit permettre de réduire les risques et débouche sur des décisions de go/no go. Par exemple, dans une entreprise high-tech, un projet de développement de logiciel devra recevoir un feu vert à ce stade, sur la base d’une double étude des coûts de développement et des opportunités du marché. • Développement : à ce étape, le projet est lancé et le véritable enjeu est de tenir le budget de ressources et les objectifs de délais. à cet égard, l’essentiel est de produire des éléments de mesure, à travers une nomenclature précise de coûts et revenus associés. à titre d’illustration, on dissociera souvent coûts spécifiques de R&D du projet, coûts de support techniques, prestations reçues des différents services de l’entreprise, amortissements des actifs, et coûts de prototypage. La nomenclature varie selon les entreprises, mais elle doit être précise et stable. le contrôleur de gestion joue un rôle central de garant des objectifs et d’animateur EXPERTISES PERFORMANCE Les PME françaises vers l’innovation discours sur l’emploi en rappelant la place déterminante de l’innovation dans les petites et moyennes entreprises françaises : « j’ai voulu terminer par ce message sur la compétitivité, sur la croissance, parce que s’il n’y a pas d’innovation, s’il n’y a pas de compétitivité des entreprises, il ne peut y avoir de créations durables d’emplois ». XFleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, a voulu apporter « un message qui porte sur notre politique en faveur de l’innovation, en faveur des PME de leur financement, de l’aide que nous souhaitons leur apporter pour qu’elles puissent exporter davantage, investir davantage dans la recherche et le développement et dans l’innovation ». Donnez Pour permettre à la Fondation DFCG de poursuivre et de développer ses deux missions principales : Faciliter • Pilote : Lorsque cela est possible, il est toujours souhaitable de lancer la mise en œuvre progressivement, au travers du démarrage sur une entité pilote. Cela permet de procéder à des ajustements. • Industrialisation Le contrôleur de gestion joue un rôle fondamental dans l’élaboration de ces budgets de projets. Il est le garant du réalisme des chiffres. Une large compréhension du ROI La maîtrise des coûts et des revenus engendrés par une bonne structuration du projet permet de fixer des objectifs de ROI, ce qui est nécessaire à la tenue des objectifs économiques de l’entreprise. Au-delà du ROI stricto sensu, il faut aussi s’assurer de la cohérence stratégique de l’investissement (correspond-il au positionnement produits/marchés de l’entreprise ?) et de la valeur ajoutée pour les clients. Le développement, bien compris, de l’entreprise l’exige. Le contrôleur de gestion doit, ici encore, jouer un rôle central de garant du réalisme des objectifs. La mesure de la maîtrise des risques La structuration du projet doit servir de socle à une gouvernance efficace, dont l’instrument principal est un comité de pilotage « transverse » associant les fonctions concernées et centré sur la maîtrise des risques et l’atteinte des objectifs. Pour cela, le contrôleur de gestion doit jouer un rôle central d’animation. L’innovation, dont la R&D est un vecteur essentiel de développement, se gère comme un business autour des deux piliers que sont la structuration des projets et la mesure des coûts et des performances. Sur ces deux points, le contrôleur de gestion joue un rôle central de garant des objectifs et d’animateur. l XInnovation et PME EN CHIFFRES Dépenses intérieures de R&D dans les PME de moins de 250 salariés, 3,6 milliards d’euros en 2005 ; 6 milliards en 2010 9 000 PME de moins de 250 salariés ont bénéficié du crédit d’impôt recherche, soit 70 des bénéficiaires l’accès aux professions de la finance d’entreprise, à de jeunes talents qui n’ont pas les moyens de financer leurs études supérieures. Ce soutien prendra les formes financières les plus appropriées en liaison avec les chefs d’établissement de classes préparatoires de lycées, de grandes écoles et d’université, notamment sous formes de Bourses d’Etudes. Encourager et soutenir des travaux de recherche scientifique visant à améliorer les bonnes pratiques et les techniques de finance et de gestion en entreprise, notamment sous forme de Bourses de Recherche. Les chèques doivent être libellés au nom de : « La Fondation de France - Fondation DFCG » Et adressés à : Fondation DFCG - Maison de la Finance 14 rue Pergolèse - CS 11655 75773 Paris Cedex 16 La Fondation de France adressera au donateur le reçu fiscal correspondant aux dons, sachant que l’exonération fiscale s’élève à 66% du montant du don pour les particuliers et à 60% pour les entreprises. Finance & gestion octobre 2013 XLe 8 août dernier, François Hollande a terminé son 27 EXPERTISES ORGANISATION PAR Danielle deffontaines directrice d’alceis Finance & gestion octobre 2013 non seulement une exigence mais aussi un atout pour l’entreprise. Si les grands groupes l’ont compris depuis plusieurs années, les PME prennent désormais à leur tour conscience de l’atout que représentent la définition et la formalisation d’une politique. 28 Les évolutions récentes de la mobilité internationale Politique de mobilité internationale Un atout pour l’entreprise Les cadres français sont de plus en plus nombreux à travailler à l’étranger. D’où la nécessité, pour les services de Ressources humaines, de définir une nouvelle politique de mobilité internationale. L Construire une réelle politique d’expatriation dès le premier projet es nouvelles exigences de la mobilité internationale nécessitent de transformer la fonction RH, et plus précisément la fonction mobilité internationale, en outil stratégique pour accompagner la stratégie globale de l’entreprise et contribuer ainsi à la gestion des carrières de façon pro-active. La politique de mobilité internationale devient La mobilité internationale ne cesse de progresser dans le monde et en France. Les Français sont de plus en plus nombreux à franchir les frontières pour travailler à l’étranger. L’expatriation montre donc une progression régulière même si les destinations et les « formes » (notamment contractuelles) évoluent et se diversifient. L’Europe occidentale demeure la destination principale avec 49 % des expatriés français. Toutefois, on note un léger tassement des inscriptions dans les registres diplomatiques, tout comme en Amérique du Nord. En revanche, l’attractivité de l’Asie est en croissance. D’une part, les entreprises recrutent davantage en local en Europe et aux états-unis. D’autre part, les opportunités offertes par l’Asie sont vérifiées par les statistiques. Le tassement des inscriptions masque néanmoins la réalité globale : la croissance des mobilités internationales se poursuit et les attentes business, comme EXPERTISES ORGANISATION politique d’expatriation globale : de nouveaux modèles en perspective. Outre ces évolutions quantitatives, des évolutions qualitatives apparaissent. La durée des expatriations est en diminution. Mais, en revanche, on note une augmentation des expatriés en contrat local. Cette o r i e n t at i o n e s t d u e a u x contraintes de réduction des coûts et aux contraintes législatives nationales. Par exemple, les expatriés ne souhaitant pas rentrer à la fin de leur contrat changent de statut et deviennent alors des employés sous contrat local. Selon une étude du Consulat de France à Shanghai, 40 % étaient en contrat local en 2008. Ce chiffre est passé à 55 % en 2012. Dans le même temps, le nombre des employés sous statut d’expatriation ou de détachement a sensiblement baissé, passant de 47 % en 2008 à 30 % en 2012. Pour des raisons stratégiques, les entreprises emploient un nombre croissant de Chinois, lesquels ont remplacé les expatriés. Une étude publiée par PricewaterhouseCoopers en février 20121 prévoit une poursuite de cette tendance. Un article publié par Les échos 2 (22 avril 2013) sous le titre « les mutations de demain n’auront rien à voir avec celles d’hier » corrobore cette analyse et indique que les politiques RH d’expatriation doivent suivre les évolutions de l’expatriation. En raison des situations et obligations familiales (doubles carrières, enfants, parents âgés), les missions à court terme se développent. Les missions de 12 mois sont passées de 10 à 20 % depuis 2002. Plus d’un million de Français travaillent à l’étranger XBien que la France ne soit qu’au douzième rang des pays d’expatriation pour la zone OCDE (sur 34 pays), 1,6 million de Français sont inscrits dans les registres diplomatiques3. XL’augmentation du nombre d’expatriés inscrits, en constante hausse depuis vingt ans, s’est un peu tassée en 2012 (1 %) comparée à l’augmentation de 6 % en 2011. Mais elle reste d’une moyenne annuelle de 4 % depuis 2000. Parallèlement, la délocalisation des sièges régionaux ou mondiaux vers les marchés en expansion conduit à des expatriations de long terme. Dans ce contexte très évolutif, les entreprises ne peuvent plus se satisfaire de contrats d’expatriation au coup par coup. Les grandes entreprises l’ont compris depuis plusieurs années : une politique globale d’expatriation a été conçue. Les organisations possèdent au moins un responsable mobilité internationale. Ces acteurs se rencontrent dans des groupes ou cercles, comme le Cercle Magellan, et benchmarkent leurs pratiques. Les PME également concernées Depuis quelques années, les PME conquièrent les marchés mondiaux via des distributeurs et, également, via la mise en place de structures locales ou par fusion/acquisition. Dans ces situations de plus en plus fréquentes, elles décident d’envoyer un ou plusieurs expatriés pour construire l’entité sur place ou pour faciliter la fusion managériale avec l’entité acquise. Manquant encore d’expérience, tant au niveau des RH qu’à celui des managers, les PME préparent pourtant encore ce projet d’expatriation trop souvent dans l’urgence et le construisent en fonction du salarié « repéré » pour le job, en prenant en compte toutes les exigences de ce salarié. Malheureusement, ce procédé ne permet pas de construire un cadre clair de référence et pose des problèmes lorsque d’autres salariés se voient ensuite proposer un poste hors des frontières (en raison des risques de surenchère des demandes, des précédents, ou encore de l’impossibilité de comparer les situations). Alceis conseille donc aux entreprises de construire une réelle politique d’expatriation dès le premier projet afin de partir sur des bases solides et de pouvoir argumenter sur les choix retenus par l’entreprise en termes de « packages ». La définition d’une politique d’expatriation permet de traduire la stratégie de développement de l’entreprise dans sa politique RH, de proposer un cadre cohérent pour les départs en expatriation des salariés et d’éviter les dérives de coûts dues à des démarches individuelles et à la méconnaissance des coûts globaux financiers et sociaux d’une expatriation (tout en conservant une réelle attractivité pour les talents). Les PME ont souvent besoin d’un accompagnement pour les aider à réfléchir aux meilleures propositions possibles en fonction de leur situation, de leur stratégie de développement et, bien sûr, de leur politique RH actuelle. Ce conseil leur permet également d’identifier les différents points à prendre en considération et les éventuels pièges à éviter. formaliser un cadre attractif et cohérent L’objectif global consiste à aider l’entreprise à formaliser un cadre attractif et cohérent en ligne avec les meilleures pratiques du marché et prenant en compte l’ensemble des aspects contractuels, financiers et managériaux de l’expatriation. Dialogue avec les dirigeants du groupe, mise au clair de la problématique et des besoins, préparation et animation des réunions, traduction concrète en propositions dans le respect des réglementations et des pratiques, présentation des différentes options possibles, synthèse de travaux sont autant de méthodologies à privilégier. Les principaux thèmes abordés sont les points-clés d’une politique de mobilité internationale : enjeux de la politique d’expatriation au regard de la stratégie du groupe et des pratiques RH de la maison-mère et des filiales, et choix des différents éléments possibles du « package ». On pense bien sûr aux éléments de rémunération avec différentes modalités d’application : - évolution annuelle, durée, modalités de paiement dans le pays et éventuellement en France ; - contrat : contrat local avec démission en France, suspension du contrat français avec contrat local, détachement pour la mission dans le cadre du contrat français (pour ne citer que les cas les plus usuels). - protection sociale ; - accompagnement de l’expatrié et sa famille : démarches Finance & gestion octobre 2013 celles des nouvelles générations, évoluent. Une mutation internationale devient un passage normal dans une carrière. 29 EXPERTISES Finance & gestion octobre 2013 ORGANISATION 30 consulaires, administratives, recherche de logement, d’écoles mais aussi formations interculturelles et linguistiques, accompagnement du conjoint dans la formalisation de son projet et sa mise en œuvre et modalités de retour en France ou dans le pays d’origine. Ces thèmes sont des têtes de chapitre : le contenu est donc à concevoir et à établir en fonction des pratiques RH de chaque entreprise. L’accompagnement couvre également le pilotage de l’expatriation (suivi de la mission, entretiens annuels) mais aussi l’organisation du retour. à l’issue d’un court cycle de réunions, généralement quatre ou cinq, le projet de politique d’expatriation constitue la synthèse du groupe de travail. Il peut être alors présenté à la direction générale pour validation. Ce document constitue la référence des responsables RH et des managers dans toute situation de mobilité internationale. Il est complété par un guide de l’expatriation à l’usage des candidats au départ afin de leur permettre de connaître le cadre retenu par l’entreprise et de disposer de toutes les informations pratiques pendant leur expatriation. Ce travail d’élaboration d’une politique de mobilité internationale est l’occasion pour les entreprises d’une réflexion sur leurs pratiques RH, l’articulation avec d’autres p o l i t i q u e s ( c o m m e, p a r exemple, les principes retenus pour les mutations au sein du Groupe), la politique des talents et la politique salariale. Les Directeurs de Ressources humaines apprécient particulièrement cette prise de recul permettant de calibrer les projets en fonction des besoins de l’entreprise tout en sachant s’adapter à la situation particulière des expatriés et de leur famille, mais aussi de pointer différents aspects importants auxquels ils n’avaient le plus souvent pas pensé. l 1. L’étude PwC peut être téléchargée sous le lien http://www.pwc.fr/talent-mobility-2020and-beyond.html 2. à consulter également : Le Monde, 3 avril 2013 3. Tous les expatriés français ne s’inscrivent pas : les expatriés s’inscrivent en fonction des risques du pays, par conséquent les pays comme les États-Unis ont un nombre d’inscriptions qui ne reflète pas tout à fait la réalité. La mobilité internationale ne cesse de progresser dans le monde et en France EXPERTISES ORGANISATION Fraude et évasion fiscales en France et à l’international 2/3 : Les axes de travail Deuxième article de la série de Jérôme Bogaert sur la fraude et l’évasion fiscale, il est cette fois question d’érosion des bases fiscales, de transfert des bénéfices et des prix de transfert. Dans la situation actuelle, devonsnous céder à la psychose ou existe-t-il suffisamment de leviers pour trouver des solutions ? D ans le précédent numéro de cette revue, nous avons synthétisé les différents programmes et actions en cours ou à venir en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales : extension des échanges automatiques d’informations bancaires et fiscales concernant tous les revenus, notamment au niveau européen, suppression progressive des régimes fiscaux dommageables entraînant de réelles distorsions de concurrence, mais surtout, lutte contre l’érosion des bases fiscales et les transferts de bénéfices. Si l’on voit assez bien, dans les grandes lignes au moins, en quoi consistent les deux premiers types de mesures ci-dessus, les différents axes de lutte contre l’érosion des bases d’imposition et les transferts de profits, tels qu’ils sont retenus à ce stade, méritent en revanche d’être explicités dans toutes leurs composantes. C’est l’objet de cette deuxième partie. Il s’agit, pour les entreprises, d’anticiper les nouvelles règles correspondantes pour prendre, le cas échéant, les mesures correctrices qui s’imposent afin de bien maîtriser les risques que ce nouveau volontarisme à l’échelle internationale pourrait leur faire courir. La lutte contre l’érosion des bases fiscales et les transferts de bénéfices pour l’ocde Le rapport publié par l’OCDE en février 2013 à ce sujet, dont la traduction anglaise est « BEPS » pour Base Erosion and Profit Shifting, apporte des éléments de réponse déterminants à cette question. Même si ce document souligne d’emblée que ce phénomène est difficile à quantifier de façon fiable, il met toutefois en exergue quelques constatations qualifiées de « troublantes » concernant les investissements directs étrangers. Par exemple, l’Île Maurice et Chypre sont respectivement les premiers investisseurs en Inde et en Russie. En filigrane, les experts ayant travaillé à la rédaction de ce rapport sous-entendent ainsi que les modalités d’investissement depuis et/ou vers un pays donné seraient largement, voire exclusivement, déterminées en fonction de critères fiscaux tels que l’exonération d’imposition locale des profits générés ou l’absence de retenues à la source lors de leur rapatriement sous forme de dividendes ou encore de plusvalues de cession. Mais ils visent aussi, en donnant d’autres exemples, les situations de double exonération où un même bénéfice n’est imposé ni dans le pays d’où il provient, ni dans l’État de résidence de l’entité qui l’enregistre sur le plan comptable et financier ; ou bien encore celles où un même flux donne lieu à la fois à une charge déductible et à un produit non imposable. La déclaration adoptée par le Conseil des ministres des Finances lors de la réunion des 29 et 30 mai 2013 donne une définition de ce que désigne l’expression « érosion des bases d’imposition et transferts de bénéfices » : il s’agit de situations dans lesquelles « les gouvernements perdent des recettes d’impôt sur les sociétés substantielles du fait de schémas d’optimisation fiscale internationale qui ont pour effet de transférer artificiellement des profits d’un état à un autre où ils bénéficient d’un régime d’imposition plus favorable ». Cette notion ne fait référence qu’à l’impôt sur les sociétés et aux impôts qui peuvent y être assimilés. Y échappent donc les taxes indirectes, dont la TVA, les droits de douane, les droits d’enregistrement ou encore les droits d’accises ou de timbre. En outre, les déperditions d’impôt doivent être substantielles, ce qui justifie a priori dans le principe le maintien d’écarts de taux et/ou de bases d’imposition, dès lors que la charge d’impôt correspondante reste compatible avec une saine concurrence entre états et ne fausse pas totalement les décisions d’investissement prises par les acteurs économiques. De plus, pour être dans le champ de l’érosion fiscale et/ou des transferts de bénéfices, ces déperditions doivent provenir des règles applicables en matière de fiscalité internationale, c’est-à-dire de la comparaison des régimes en vigueur d’un pays à l’autre. En revanche, les régimes de faveur de type sursis d’imposition ou crédits d’impôt nationaux qui peuvent être accordés par chaque État ne sont apparemment pas visés par le Conseil. Enfin, élément naturellement fondamental de l’analyse, le résultat de l’opération ou de la situation, à savoir le transfert de bénéfices d’un pays à un autre pour aboutir à une charge d’impôt sur les sociétés globale nettement inférieure à ce qu’elle aurait été en l’absence d’existence d’un régime fiscal favorable, n’est pas Finance & gestion octobre 2013 PAR Jérôme Bogaert Avocat à la cour Représentant de la DFCG au comité fiscal de l’IAFEI 31 EXPERTISES Finance & gestion octobre 2013 ORGANISATION 32 condamnable en soi. Il ne peut l’être que s’il résulte d’un montage artificiel, c’est-à-dire essentiellement qui n’est soustendu par aucun impératif économique ou financier et dont la substance est sujette à caution1. Afin d’éviter tout amalgame, la déclaration du Conseil précise d’ailleurs l’esprit dans lequel cette définition doit être comprise. En l’occurrence, un tel résultat est potentiellement répréhensible dès lors qu’il « représente un risque sérieux sur les recettes imposables, la souveraineté fiscale et la confiance dans l’intégrité des systèmes d’imposition de tous les pays concernés, et qu’il est susceptible d’avoir un impact négatif sur l’investissement, les services et la concurrence, et donc sur la croissance et l’emploi en général ». Reste à savoir si les Gouvernements et leurs administrations fiscales auront la sagesse d’appliquer les règles qui découleront de tous ces travaux avec discernement malgré les contraintes budgétaires auxquelles certains d’entre eux sont soumis. Les axes de travail suivis par l’OCDE en la matière Les mesures préconisées par ce rapport pour endiguer ces phénomènes sont les suivantes : - Renforcer l’efficacité des mesures de lutte contre l’évasion fiscale. Au-delà de l’instauration d’un système multilatéral d’échanges automatiques d’informations déjà évoqué en première partie, cela fait référence, entre autres, à la généralisation de règles de type article 209 B du Code général des impôts français, que les Anglo-Saxons nomment Controlled Foreign Companies (« CFC rules »). En substance, l’objectif est d’imposer dans le pays de résidence d’une société-mère ou d’un siège de succur sale les bénéfices qui auraient été localement soumis à l’impôt sur une base trop faible et/ou à un taux trop bas en fonction des standards internationaux en vigueur, et ce même si ces profits sont conservés dans leur pays d’origine. Ainsi par exemple, les profits dégagés par une filiale résidente aux Bahamas sont in fine imposés dans les mêmes conditions que s’ils étaient générés directement au niveau de sa société-mère située en France ou en GrandeBretagne, supprimant ainsi une bonne partie de l’intérêt fiscal d’une telle implantation ; - Supprimer les régimes préférentiels dommageables allant au-delà de ce qui peut être admis en matière de compétitivité fiscale internationale. Il s’agit ici de lutter contre les « paradis fiscaux » à proprement parler, en exerçant sur eux une pression politique, économique et financière telle qu’ils se voient contraints de modifier leurs régimes d’exonération totale, ou partielle mais artificielle, d’impôt sur les sociétés ; - Appliquer les principes des conventions fiscales internationales aux bénéfices tirés de la fourniture de biens et de services d’origine numérique, pour tirer par exemple les conséquences de la possibilité de vendre dans un pays sans y être établi ou encore d’implanter des activités de production loin des clients. Les cas de grands groupes notamment d’origine américaine, très médiatisés récemment, donnent une bonne illustration de ce qu’il est possible de faire en la matière aujourd’hui ; - Remédier aux différences de qualification des entités et des hybrides entre différents pays parties prenantes à une même opération, afin d’éviter par exemple qu’une même société puisse être considérée comme transparente d’un point de vue américain mais soumise à l’impôt sur les sociétés d’un point de vue français, ou inversement ; - Régler les différences de traitement fiscal en matière de financement par emprunt entre parties liées (sous-capitalisation…), de transactions avec des captives d’assurances et d’autres transactions financières intragroupe, notamment quant à la qualification et donc au régime applicable à un même flux de dividendes ou d’intérêts entre deux ou plusieurs pays parties prenantes ; - Exercer une forte pression en matière de prix de transfert, notamment en cas de transferts de risques et/ou d’incorporels. Dans ce dernier domaine, cela fait notamment référence aux commentaires de l’OCDE en cours d’élaboration sur les prix de transfert et les incorporels. Ces préconisations vont certainement conduire les pays les plus volontaristes à se doter d’un arsenal de textes sensiblement renforcé pour lutter contre l’érosion des bases fiscales et les transferts de Maîtriser les risques que ce nouveau volontarisme à l’échelle internationale pourrait leur faire courir bénéfices. Ils s’inspireront pour cela des meilleures pratiques déjà en vigueur au sein des pays les plus « avancés » dans ce domaine, dont la France fait partie. En outre, ces recommandations vont également contraindre certains autres pays plus réticents à une mise à niveau au moins par tielle de leur s règles concernant l’impôt sur les sociétés, sur la pression « amicale » de leurs partenaires les plus pénalisés. Le plan d’actions correspondant, élaboré par le Comité des Affaires Fiscales de l’OCDE, a été publié le 20 juillet 2013. Il est divisé en 15 actions à mener selon un calendrier allant de septembre 2014 à décembre 2015. Il a reçu le soutien inconditionnel des pays membres du G20 lors du sommet qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg les 5 et 6 septembre 2013. Le cas particulier des prix de transfert Les prix de transfert sont considérés par les gouvernements et les administrations fiscales comme un moyen privilégié de transferts de bénéfices entre états. Ainsi l’OCDE a-t-elle publié, en avril 2013, un projet de manuel pratique sur l’évaluation par les administrations fiscales des risques liés aux prix de transfert des contribuables, qui a vocation à servir à la fois aux administrations des pays en développement et aux pays de l’OCDE. Sa version définitive est prévue pour octobre 2013. Il identifie des facteurs de risques liés aux transactions récurrentes, ainsi qu’aux transactions non récurrentes importantes ou complexes (par ex. les réorganisations d’entreprises ou transferts d’incorporels) et des risques « résultant du comportement du contribuable en termes de gouvernance, EXPERTISES ORGANISATION d’euros, mais en même temps que la déclaration de résultat annuelle prévue à l’article 223 du CGI. Lors de ces discussions parlementaires, deux autres amendements en matière de prix de transfert ont été retirés à ce stade, mais traduisent bien la volonté de l’exécutif et du législateur français de durcir sensiblement les règles y afférentes : l’un tendait à abaisser le seuil de chiffre d’affaires au-delà duquel une documentation doit être produite de 400 millions d’euros à 100 millions d’euros, et l’autre à inclure dans cette obligation la fourniture de la comptabilité analytique de chaque implantation ou territoire. des transactions intra-groupe sous surveillance Parallèlement, un rapport de l’inspection générale des finances, intitulé « Mission de comparaisons internationales sur la lutte contre l’évasion fiscale via les échanges économiques et financiers intragroupe », a été publié 6 juin 2013 par le ministère de l’Économie et des Finances. Dans ce document, la mission formule en substance les propositions suivantes : - insérer le principe de pleine concurrence dans le droit positif ; - renforcer la sanction applicable en cas de non-respect de l’obligation documentaire. Actuellement, les sanctions liées à l’obligation documentaire s’élèvent à 5 % des bénéfices rehaussés. Il en résulte que si les prix de transfert de l ’ e n t r e p r i s e s ’ avè r e n t conformes au principe de pleine concurrence, le contribuable n’est pas sanctionné même s’il n’a pas produit de documentation. Le rapport propose que la pénalité soit calculée sur l’assiette globale des échanges extérieurs de Les entreprises doivent s’interroger pour savoir si leur politique fiscale est bien « à l’épreuve du feu. l’entreprise, c’est-à-dire l’ensemble des flux entrants et sortants. Il s’agirait pour les auteurs du « prix de l’information fiscale », même dans les cas où l’entreprise n’aurait pas transf éré de bénéf ices à l’étranger ; - donner à l’administration fiscale accès à la comptabilité analytique de l’entreprise ; - viser une application plus fréquente de la méthode du partage des bénéfices, surtout dans les cas de restructuration d’entreprises où les actifs sont localisés dans un territoire à régime fiscal privilégié ; - supprimer l’effet suspensif de l’ouverture d’une procédure amiable visant à éliminer la double imposition. Ces propositions devraient être examinées dans le cadre du projet de loi de finances pour 2014, qui devrait donc contenir des dispositions spécifiques aux prix de transfert reprenant tout ou partie de ces recommandations dont l’objectif est clairement de donner plus de moyens juridiques à l’administration fiscale pour lutter contre les transferts de bénéfices résultant de pratiques qui seraient qualifiées d’abusives en la matière. Tel qu’il résulte des travaux ayant été menés et annoncés à ce stade, l’objectif de la lutte contre l’érosion des bases d’imposition et les transferts de bénéfices est donc double : dans sa déclaration du 29 mai 2013, le Conseil des ministres de l’OCDE mentionne explicitement qu’il vise à éviter « les doubles exonérations ou les impositions à des taux effectifs très faibles résultant de l’application asymétrique des règles de fiscalité internationale ». Mais les grandes lignes du plan d’actions déjà annoncées et l’attention particulière portée aux prix de transfert laissent penser qu’il s’agit également d’imposer les entreprises là où se situent réellement les éléments essentiels de leur chaîne de valeur, notamment ceux provenant de l’exploitation des incorporels. Dès lors, en fonction de la transposition des mesures correspondantes dans les différents états où elles sont implantées, d’une part, et de leur interprétation par les administrations fiscales locales, d’autre part, les entreprises doivent s’interroger pour savoir si leur politique fiscale est bien « à l’épreuve du feu » par rapport à l’évolution prévisible des pratiques des autorités de contrôle en la matière. En fonction des conclusions d’un tel diagnostic, elles pourraient être amenées à adapter tout ou partie de celleci, mais sans pour autant céder à une quelconque psychose à ce sujet car les leviers d’action restent nombreux, même s’ils nécessitent d’être utilisés avec une expertise encore accrue. La troisième et dernière partie de cette série d’articles, à paraître dans le prochain numéro de cette revue, tentera d’apporter quelques pistes en la matière. l 1. Cf. paragraphe II.1. pour plus de précisions à ce sujet. Finance & gestion octobre 2013 de stratégies fiscales ou de capacité à faire preuve de civisme fiscal ». Il propose divers indicateurs de mesure des risques, parmi lesquels des comparaisons de la rentabilité de l’entreprise avec des données groupe ou des données de marché, l’existence de transactions avec des pays à fiscalité privilégiée, la rémunération de prestations de services intragroupe, le versement de redevances ou de primes d’assurances à des pays à fiscalité privilégiée, la présence de sociétés de marketing ou d’approvisionnement situées en dehors des marchés ou des pays de fabrication, un endettement excessif, des transferts d’incorporels de/vers des parties liées, ou encore les accords de répartition de coûts et les réorganisations d’entreprises. On notera une tendance peu favorable aux entreprises, consistant à qualifier beaucoup trop systématiquement les redevances, management fees et primes d’assurance de versements permettant d’éroder la base fiscale locale – alors que l’on connaît les difficultés que posent déjà les pays émergents et en développement à la facturation de telles prestations. En France, cette évolution se traduit tant par la vigilance accrue de l’administration fiscale sur les transactions intragroupe que par un renforcement des obligations mises à la charge des entreprises en la matière. Par exemple, dans le cadre de la discussion du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale, les députés ont voté le 20 juin 2013 un amendement instituant une obligation de transmettre à l’Administration une documentation permettant de justifier leur politique de prix de transfert non plus au début des opérations de contrôle, comme c’est actuellement le cas pour les sociétés dont le chiffre d’affaires dépasse 400 millions 33 EXPERTISES ORGANISATION PAR Charles Delavenne avocat associé, DLGA Finance & gestion octobre 2013 Location financière et interdépendance contractuelle 34 En comparant deux arrêts de la Chambre Mixte, nous pouvons enfin obtenir une réponse claire concernant la jurisprudence sur les problèmes d’indépendance contractuelle. L e 17 mai dernier, la Cour de Cassation a rendu deux arrêts (Chambre mixte, 17 mai 2013, n° 11-22 768 et 1122 927) qui apportent une réponse claire à la problématique de l’interdépendance contractuelle à l’origine d’un contentieux particulièrement important depuis les années 1980. Rendues en chambre mixte, une formation d’exception sollicitée lorsqu’un point de droit intéresse plusieurs chambres (en l’espèce les chambres civiles et commerciales), ces décisions sont riches d’enseignements et illustrent parfaitement le rôle de la Cour en matière d’harmonisation de la jurisprudence sur l’ensemble du territoire. Deux cas d’espèce, deux cas d’école La Cour était saisie de deux pourvois formés contre des arrêts rendus par les Cours d’Appel de Paris et Lyon. Dans la première, le gérant d’un bar avait conclu avec une première société, les 25 novembre 2004 et 8 avril 2005, deux conventions de partenariat qui prévoyaient l’installation dans l’établissement d’un ensemble informatique et vidéo, puis la diffusion sur ledit ensemble de publicités moyennant le paiement d’une redevance mensuelle au profit du gérant. Les 29 décembre 2004 et 4 janvier 2005, le gérant prenait à bail auprès d’une seconde société le matériel nécessaire à l’exécution des conventions de partenariat. Les contrats de bail contenaient une clause stipulant que la location financière était indépendante des conventions de partenariat pour l’exécution desquelles le matériel avait été loué. Le second arrêt contesté concernait une société qui avait souscrit auprès d’un prestataire trois contrats de télésauvegarde de ses fichiers informatiques et, le même jour mais auprès d’une autre société, trois contrats de location financière du matériel informatique nécessaire à l’exécution des contrats de télésauvegarde. Là encore, une clause stipulait que les contrats de location financière étaient indépendants des contrats de télésauvegarde. Une décision de justice très attendue Dans les deux cas, la prestation de services (contrat principal) était partiellement ou totalement inexécutée. Les clients ont donc cessé de régler le loyer du matériel nécessaire à l’exécution de ces prestations. Les bailleurs ont alors demandé le règlement des loyers impayés sur le fondement de la clause d’indépendance stipulée dans les contrats de location financière. Les juges saisis de ces Une volonté de rétablir l’équilibre des parties au contrat de location financière affaires ont donc eu à décider si la clause d’indépendance prévue dans le contrat de location financière devait perdurer ou si, au contraire, il fallait considérer que ces deux contrats étaient liés et, dans ce cas, que la disparition de l’un entraînait la disparition de l’autre. Or, la Cour de Cassation n’a pas, pendant longtemps, eu de réponse homogène sur la question : les solutions apportées pouvaient varier selon que statuait une chambre civile ou la chambre commerciale. Cette dernière a, le 24 avril 2007, décidé qu’il fallait apprécier « l’économie générale de l’opération pour laquelle les deux contrats avaient été conclus et si, en conséquence, le texte de la clause n’était pas en contradiction avec la finalité de cette opération » (Com. 24 avril 2007, n° 0612 443). La clause qui contredit la finalité objective de l’opération peut donc être écartée si les juges du fond l’estiment nécessaire. Cette position sera réaffirmée dans un arrêt plus récent où la Cour casse une décision d’Appel au motif que les juges n’avaient pas recherché « si les parties, nonobstant la clause [de divisibilité] précitée, avaient la commune intention de rendre leurs accords indivisibles » (Com. 6 décembre 2011, n° 10-21 832). à l’inverse, la première chambre civile de la Cour de Cassation, également saisie d’une affaire concernant l’indépendance d’un contrat de location financière par rapport à un contrat de prestation de services inexécuté, a décidé le 28 octobre 2010 que « la commune intention des parties avait été de rendre divisibles les deux conventions, de sorte que la disparition de l’une ne pouvait priver de EXPERTISES ORGANISATION cause les obligations nées de l’autre ; » (Civ. 1ère, 28 octobre 2010, n°09-68.014). La première chambre civile considère donc que la clause d’indépendance du contrat de location financière s’applique. La chambre mixte pour arbitre La divergence d’appréciation entre la chambre commerciale et la chambre civile a donc donné lieu à des décisions contradictoires, notamment celles dont était saisie la chambre mixte. Dans le premier cas, la Cour d’appel de Paris avait prononcé la résiliation du contrat de location financière au motif que « la location du matériel ne se concevait pour la société [qui exploitait le bar] qu’en considération de la convention passée avec [le prestataire de services] » (Paris, 6 avril 2011, n° 09/22 888). Le second ar rêt attaqué (Lyon, 16 juin 2011) avait quant à lui prononcé l’indépendance des deux contrats, les juges ayant cherché en vain des éléments permettant de c a r a c t é r i s e r l a vo l o n t é qu’avaient les deux parties de lier ces deux contrats malgré l’existence d’une clause d’indépendance. La décision d’appel énumère donc une longue liste de critères appréciés pour finalement décider que le contrat de location financière n’était pas lié à l’exécution du contrat principal. La Chambre Mixte a tranché le 17 mai dernier en rendant deux décisions de principe destinées à mettre un terme à l’insécurité juridique en la matière : « attendu que les contrats concomitants ou successifs qui s’inscrivent dans une opération incluant une location financière sont interdépendants ; que sont réputées non écrites les clauses des contrats inconciliables avec cette interdépendance ». Le raisonnement de la Cour d’Appel de Paris est validé, alors que l’arrêt lyonnais est infirmé. Un arrêt qui fait jurisprudence Deux conséquences découlent de ces arrêts : tout d’abord, le contrat de location financière conclu concomitamment ou successivement avec d’autres contrats, dans le cadre d’une même opération, suivra le sort de ces autres contrats. Ainsi, ces contrats forment un ensemble contractuel bien qu’ils ne soient pas conclus entre les mêmes parties, et cela peu importe la clause de divisibilité. Il en résulte une communauté de sort pour ces conventions qui dépendent l’une de l’autre. La sanction touchant l’un des contrats (annulation, caducité, résolution ou résiliation) va « contaminer 1 » les autres contrats de l’ensemble qui subiront un sort identique. La location financière est, rappelons-le, un contrat proche du crédit-bail à ceci près qu’elle ne comprend pas de promesse unilatérale de vente au bénéfice du preneur. Cette subtilité présente un avantage notable puisqu’elle permet au contrat d’échapper à la qualification d’opération de crédit. Elle peut donc être réalisée par des sociétés autres que des banques ou des établissements financiers. Les biens donnés en location financière connaissent le plus souvent une obsolescence rapide et une période d’amortissement brève, comme en témoignent les arrêts cités qui concernent du matériel informatique et des équipements vidéo destinés à être utilisés (et donc usés) de façon intensive. En contrepartie de ce mode de financement d’un bien dont il a besoin, le client originel renonce contractuellement à tout recours contre son bailleur financier en cas de défaillance du prestataire ou du fournisseur originel du bien. De nombreuses sociétés ont tiré profit de cette tolérance des juges pour investir par ce biais. La fin d’un système Les différents contrats de l’ensemble font l’objet de cessions de créances (pour la prestation de services) ou de cession de contrat (pour la location). Si bien qu’une seule société perçoit au final l’ensemble des sommes (prix de la prestation et loyer) et qu’il est impossible au débiteur de lui opposer l’inexécution de la prestation ou un défaut qui affecterait le bien loué. D’où le second enseignement des décisions commentées : les clauses visant à faire échec à l’interdépendance qui seraient insérées dans l’un des contrats de l’ensemble contractuel sont réputées non-écrites. Et donc dépourvues de tout effet juridique. Cette formulation est par ticulièrement large puisqu’elle ne se limite pas à la seule clause de divisibilité qui serait libellée comme telle mais elle soumet à l’appréciation souveraine des juges les stipulations contractuelles qui sont inconciliables avec l’interdépendance de ces conventions. Ainsi la clause qui limiterait la responsabilité du créancier Un équilibre parfaitement rétabli Cette décision doit être analysée au regard du droit de la concurrence qui sanctionne les ensembles contractuels en cas d’abus de dépendance économique, notamment en matière de franchise dans les cas où le franchisé souscrit à un ensemble de contrat dont l’effet est de l’empêcher de quitter librement le réseau du franchiseur. Pris isolément, ces différents contrats (de franchise, d’adhésion à une coopérative de commerçants, d’approvisionnement, de location-gérance, de bail, pactes d’associés, etc.) ne constituent pas une infraction au droit de la concurrence mais l’appréciation de l’opération économique dans sa globalité permet, dans certains cas, d’établir la pratique restrictive de concurrence qui engage la responsabilité du franchiseur. Le fondement de cette construction prétorienne trouve son origine dans la volonté de rétablir l’équilibre des parties au contrat de location financière afin que celui-ci reste un mode de financement pour l’entreprise et pas seulement un investissement pour le bailleur. La Cour de Cassation contribue par cette décision de principe à privilégier une appréc i at i o n é c o n o m i q u e d e s relations entre un preneur financier et ses partenaires, s’affranchissant des dispositifs contractuels contraignant la « partie faible ». l 1. Pellé S., La notion d’interdépendance contractuelle, Nouvelle Bibliothèque de Thèses, Dalloz, 2007, 558 pages Finance & gestion octobre 2013 Privilégier une appréciation économique des relations entre un preneur financier et ses partenaires final d’une façon ou d’une autre, ou lui rendrait inopposable toute inexécution de l’un ou l’autre des contrats dont il a fait l’acquisition, serait réputée non-écrite. 35 EXPERTISES INTERNATIONAL Finance & gestion octobre 2013 PAR Kenneth Gregor Jaguar Land Rover 36 JLR’s Gregor on China, Cash Flows and Lifelong Learning Entretien To say Jaguar Land Rover has been successful in China is an understatement. The country now accounts for most of the group’s sales, outperforming even its UK home market. CFO Kenneth Gregor talks about how this has changed the group and his role. PROPOS RECUEILLIS parSteven Arons I f there is one company that epitomises the unpredictable impact that globalisation has had on UK businesses, it is Jaguar Land Rover (JLR). Originally part of the now-defunct British Leyland Group, both brands eventually ended up in the Ford stable until they were sold to Indian car maker Tata Motors, itself a subsidiary of the Tata business empire, in 2008, when the spreading financial crisis was plunging the entire industry into its worst crisis in decades. JLR has been through a spectacular turnaround since then. Revenues of less than £5 billion in 2009 have skyrocketed to £13.5 billion just 3 years later, earning the group £1.5 billion in profit before tax. Retail unit sales have more than doubled between 2008 and 2012, from 177,000 to 374,000. The China factor Much of this has to do with China. JLR’s sales in the world’s hottest economy grew by almost 50% last year, making it the most important market for the premium carmaker even ahead of the UK. Consumers in the People’s Republic bought every fifth car rolling off of JLR’s assembly lines last year, up from less than every twentieth 4 years earlier. «The speed of our growth in China has been pleasing, faster than people would have thought 5 to 6 years ago,» comments CFO Kenneth Gregor. China’s rapidly growing consumer class has a ravenous appetite for Western luxury items, and UKmade premium cars have been lucky enough to be among them. JLR has been trying to support these macro trends as much as it can. «One of the first things we set out to do [after the Tata acquisition] was to make plans to set up a sales company in China, which was eventually created in 2011, to give us more substance in the market and more growth opportunities,» Gregor says. Finding the right partner The growing importance of China for JLR is having knockon effects throughout the business. In what could turn out to become the most momentous development yet, the carmaker sealed a joint venture with Chinese car producer Chery last November, with the goal of opening a joint production facility close to Shanghai in 2015. For the first time in JLR’s history, entire cars carrying the company’s coveted brand logos will be built away from British soil. The primary driver behind the JV is to produce cars tailored to the Chinese market, says Gregor, adding that it will also be advantageous in terms of local sourcing and «growing our footprint there». The China boom has also been changing the CFO’s role. For one, it has meant that the CFO is spending a lot of time in the country. «I was involved in finding the right JV partner and the negotiations over the past 2 years,» Gregor says, adding that he is now on the board of the new company. Some of his responsibilities can be performed by tele-meeting or conference call, including the quarterly results presentations at Tata Motors. Yet, some still require his physical presence. These responsibilities put Gregor in touch with new groups of stakeholders. The JV is financially supported by a syndicated loan to the tune of RMB 4 billion (£430 million) shared between 7 of China’s largest banks. No threat from slowdown Even the spectre of a Chinese slowdown does not worry Gregor much. «The Chinese economy has been running at 10% annually,» he says. «Most observers expect that to moderate a bit, but I don’t expect growth to stall.» In addition, he believes that luxury car sales will continue to outpace the overall market. «We’d expect the premium car market to develop a little bit faster than the general market because of growing wealth and appetite for premium products.» Unfortunately for JLR, the same cannot be said about all of its other key markets. Continental Europe is creating the biggest headaches. «The European car market was down in 2012 and most external analysts predict it will be flat or down again in 2013. That makes it a tough market to compete in,» the CFO says. H o we ve r, n e w p r o d u c t launches such as the Ranger EXPERTISES Recent launches of new models and other innovations buttress that claim. They also suggest that JLR has indeed been successful at whetting the consumer’s appetite. While total new car registrations in Europe slumped by 10% in the first quarter of 2013 compared with the same period last year, marking the 18th consecutive month of decline, JLR recorded an almost 10% year-on-year increase in Europe. Massive investments Surging global, and especially Chinese, demand is also transforming the company in other ways. Capacity at its 3 manufacturing sites – all in the UK – is becoming scarce. To counteract this, the group has announced a massive investment programme. Around £500 million will be pumped into building a greenfield plant in Wolverhampton, UK, alone. All in, the group expects to invest £2.75 billion in products and facilities over the current fiscal year, ending next March. This can be a double-edged sword for a CFO as the longterm growth perspective made possible by investment can conflict with the short-term need to bolster liquidity and bring down the cost of borrowing. Based on its «strong unit sales, increased geographic diversification, and stable profitability», rating agency S&P upgraded the JLR group last year, lifting its credit rating from B+ to BB- and translating into an instant boon for Kenneth Gregor. Selling dollar-denominated high-yield bonds in January, he offered investors a coupon of 5.625% for 10 years. Last year, he had to commit to paying 8.25% for 8 years on a sterling issue. I believe strongly in the idea of learning throughout life The massive investment programme means that further coupon reductions are unlikely as the solid cash flow – JLR generated almost £1 billion in FCF in 2012 – is about to dry up. «Cash flow after investments could be negative in 2013 because we are investing in new products and facilities, but that’s to be expected when you’re growing the business,» Gregor says. The view is broadly shared by S&P: «We believe that JLR’s announced h e av y i nve s t m e n t s w i l l somewhat impair current profitability and credit metrics,» the agency warned last year, adding that «we understand these investments are needed to support [...] future growth.» Balancing conflicting objectives That being said, negative cash flow and whatever erosion this could cause to credit metric is not something Gregor frets over too much. «My responsibility is to make sure we can do both: grow the business and sustain a strong and healthy liquidity profile. That’s what I want to continue to do: balance the two objectives,» he says. «I feel comfortable with our present level of liquidity. It enables us to invest to grow the business.» Along with heavy capital investment, JLR is also expanding its workforce. Since the trough in the crisis, headcount has surged by over 50%, rising from 16,000 in 2010 to 25,000 last year. Interestingly, even though JLR is a subsidiary of Mumbai-based Tata Motors, the group produces almost exclusively in the UK, apparently foregoing the straightforward financial benefits that can be had from low-cost manufacturing sites. «We have three manufacturing sites in the UK and that’s where our capacity footprint is,» Gregor says, explaining why the headcount increase has been happening almost exclusively within the UK, «and therefore, as the volume recovered, that UK capacity base was able to take that up.» He stresses that, even though labour costs are important, they are far from the only consideration flowing into the decision about where to build a new production site, which is now being erected in Wolverhampton. «It’s important to look at the whole value chain in addition to the reality of already having a large UK footprint,» he says. «Having an engine manufacturing site in the UK close to our other facilities makes sense; for example, it brings down freight costs.» Finally, reputation and brand are factors too. That Jaguars and Land Rovers are seen as quintessentially British is an important element of their appeal. «We’re committed to the UK and our manufacturing base,» Gregor insists, adding, «There are opportunities for incremental capacity in various other places in the world such as the JV in China, but those are not intended to replace capacity in the UK.» JLR’s growing reputation of having good industrial relations is another positive side effect. The Finance Academy The increased workforce has created the need to beef up the corporate functions as well, resulting in a larger finance team for Ken Gregor. This, combined with what comes across as a genuine interest in the people he leads, has led the CFO to initiate a Finance Academy that lets finance staff take courses to bolster their skills. «The Finance Academy is something I’m incredibly passionate about,» he says. «We want finance to partner with the rest of the business and we need a finance team skilled to take on those challenges.» The Academy design is not revolutionary but it is efficient and achieves its purpose. «We set up a small team within finance in order to drive it forward. Not all elements are new, but we decided to put it all together in a structure,» he says. «I believe strongly in the idea of learning throughout life and there’s a business side as well, making sure people have the skills we need.» l This article was originale published almost four montés ago as somme of the information container in it may be outdated by now. EN SAVOIR PLUS Rover Sport and Jaguar F-type sports cars will create the «opportunity to grow even in tough markets.» This article first appeared on: www.cfo-insight.com Finance & gestion octobre 2013 INTERNATIONAL 37 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique 39 Une destination de choix Armand Angeli 40La réussite 44 Un eldorado pour les investisseurs Hanna Stypulkowska Goutierre 46 Investir et s’implanter en Pologne : le cadre juridique Alicja Bien 48 La fiscalité polonaise : une faible imposition, une TVA élevée Marzena Matuszyk-Aubertin d’un pays multifacettes Finance & gestion octobre 2013 Anne Duncan © jacek_kadaj - Fotolia.com 38 « Au carrefour des grands pays européens et grands marchés de l’Est, la Pologne bénéficie d’une position stratégique propice au développement des investisseurs » Anne Duncan. — Vue de Varsovie. Monika Nowecka 54 Pourquoi Teleperformance veut faire de la Pologne un hub multilingue Robert Ciuraszkiewicz et Cécile Falchier 56 Financement et assurance-crédit en Pologne : regards croisés Olivier de la Pontais et Tomasz Drebot 58 Finance Directors In Poland: Fighting for survival in tough markets Jadwiga Naduk Une destination de choix L PAR Armand Angeli Membre du Bureau Exécutif de la DFCG Membre du Comité éditorial e choix de la Pologne comme thème de dossier proposé par le Groupe International de la DFCG s’est imposé de lui-même. L’un des rares pays de l’Europe à connaître une forte croissance économique, c’est une destination de choix pour les entreprises françaises, aussi bien pour leurs activités de production que pour l’installation de centres de services partagés et de Business Process Outsourcing (BPO) en nearshoring. Les coûts salariaux sont attractifs, la main d’œuvre est large, motivée et hautement qualifiée, des incitations financières locales et nationales sont disponibles. Le pays jouit d’un climat syndical apaisé. Depuis son ouverture à l’économie de marché en 1989 et son entrée dans l’Europe en 2004, le marché intérieur de la Pologne attire nos entreprises, qui y voient une porte d’entrée vers les pays de l’Europe centrale et de l’Est. Grâce aux Fonds européens et au dynamisme de sa population jeune, au niveau d’éducation élevé, multilingue et de tradition scientifique ; grâce à la saine concurrence entre les régions et les agglomérations et malgré certaines lourdeurs administratives et une position hors euro, la Pologne est aujourd’hui un immense chantier qui attire nos entreprises. Le pays a fait un bond de géant en matière de télécommuni- La Pologne est aujourd’hui un immense chantier qui attire nos entreprises cation. L’infrastructure aéroportuaire, routière et immobilière se développe quant à elle à marche forcée. Proximité économique, mais aussi géographique : Varsovie n’est qu’à deux heures d’avion de Paris. Les sites historiques et touristiques polonais inscrits au patrimoine de l’UNESCO sont de plus en plus fréquentés par les touristes français. Au-delà de la visite culturelle, de nombreux Français vivent en Pologne et travaillent à des postes de direction ou dans des centres de service. Réciproquement, la communauté polonaise en France est très étendue et très active. Il ne se passe pas un mois sans que la Chambre de Commerce polonaise à Paris et l’Ambassade polonaise n’organisent des présentations et des rendez-vous d’affaires. Preuve des échanges conséquents entre les deux pays : l’année 2013 célèbre Chopin, qui a partagé sa vie entre la Pologne et la France. Témoin de ce lien, le Groupe International de la DFCG a co-organisé, en début d’année 2013, une journée France-Pologne, avec la Chambre de Commerce et l’Association européenne de l’Outsourcing (EOA France). En 2011, nous avons aidé nos collègues financiers polonais à mettre en place leur association, FINEXA, qui est aussitôt devenue membre de l’IAFEI, l’Association mondiale des Instituts financiers, dont la DFCG est un des piliers et membre fondateur. Nous aidons actuellement FINEXA à organiser le Congrès mondial des directeurs financiers qui aura lieu à Varsovie les 16 et 17 octobre 2013. En tant que président du Groupe International de la DFCG, mais aussi président EMEA de l’IAFEI, j’aurai le plaisir d’accompagner la délégation qui se rendra à Varsovie, conduite par Thierry Luthi, président de la DFCG. Nous vous y attendons nombreux. l Finance & gestion octobre 2013 50 L’offre du marché de l’externalisation en Pologne 39 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Finance & gestion octobre 2013 PAR Anne Duncan Directeur Général, Lumiu Ltd 40 La réussite d’un pays multifacettes « Marche, marche Dabrowski/de la terre italienne vers la Pologne/sous ta direction/nous nous unirons avec la nation » dit le refrain de l’hymne polonais. Aujourd’hui, il semblerait bien qu’à la place de Dabrowski, et toute intention guerrière mise à part, ce soient les entreprises et les travailleurs de l’Europe entière qui marchent vers la Pologne. Pourquoi ce pays attire-t-il autant ? L a Pologne est un pays dynamique dont la réussite économique, survenue suite à sa transition à l’économie de marché, impressionne. Ce sont aussi bien les investisseurs que les jeunes en quête d’une première expérience internationale ou les touristes qui ont tout à gagner à découvrir ce pays, géographiquement et culturellement si proche de nous. Une économie porteuse Située au cœur de l’Europe, au carrefour des grands pays européens et grands marchés de l’Est, la Pologne bénéficie d’une position stratégique propice au développement des investissements. Selon un rapport E&Y, la Pologne a été le seul pays européen à éviter la récession en 2009 et a connu depuis la plus forte croissance dans l’UE. Unique état-membre à avoir résisté à la crise mondiale, sa croissance était positive en 2011 (+ 4,0 %) et en 2012 (+ 2,5 %). Premier marché en Europe centrale en termes de superficie (312 685 km²) et de population (39 millions d’habitants), la Pologne constitue un débouché commercial important pour des entreprises et investisseurs étrangers. Grâce à une augmentation constante du pouvoir d’achat des Polonais, l’économie y jouit d’une croissance forte et stable. L’inflation est maîtrisée. Le risque de crise financière est faible, la dette publique montant à 57 % du GDP alors que la moyenne des 27 pays européens est de 84,9 % de leur GDP. L’ouverture à l’économie de marché en 1989, l’entrée dans l’Union européenne en mai 2004 et les fonds européens ont permis cette expansion. La Pologne est un vaste chantier permanent pour ses infrastructures immobilières, ferroviaires et routières. L’économie est portée par un grand nombre DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Un pays où il fait bon faire du business Les conditions sont réunies pour attirer les investissements : - Les salaires restent relativement faibles : selon Hays, un comptable A/P ou A/R avec moins d’un an d’expérience gagne en moyenne 850 euros par mois, un comptable avec une expérience de moins de 2 ans, 1 100 euros et un team leader 2 225 euros. Il est à noter que la Pologne ne souhaite pas surfer sur la vague du low-cost de l’offshore mais plutôt sur celle du nearshore où l’expertise et la proximité sont clés ; - Les contributions employeurs sont parmi les plus basses d’Europe centrale, environ 20 % ; - Un large pool de main-d’œuvre qualifiée, jeune, multilingue, motivée, ayant le sens du service et mobile. Le taux d’attrition moyen est de 15 % dans les centres, et parfois aussi bas que 5 % ; - Nombre de ces jeunes sont nés ou ont étudié et travaillé à l’étranger et reviennent en Pologne avec les meilleures pratiques, pour contribuer au capital social de leur pays ; - Un marché immobilier de bureau favorable : un volume important d’espace immobilier disponible dans toutes les villes d’intérêt avec un prix de location mensuel entre 12 et 16 euros/m² hors de Varsovie ; - Des subventions et des incitations fiscales, gouvernementales et locales en nombre, et parfois considérables en montant, adaptées à tout type de business. - Une forte, mais saine, concurrence entre une quinzaine de villes, chacune, avec des spécificités intéressantes, réparties sur l’ensemble du territoire. Après Varsovie, Cracovie et Wroclav, reconnues internationalement, c’est au tour de Katowice, Lodz, Poznan et Tri-city (Gdansk/Sopot/Gdynia) de montrer leurs atouts et de devenir les nouvelles destinations favorites des investisseurs ; - Un support actif du Gouvernement pour attirer les investisseurs à travers l’agence de promotion PAIiIZ (Polish Information and Foreign Investment Agency), très efficace grâce à ses conseils, ses bases de données, ses contacts à haut niveau et son assistance logistique ; - Les actions des Chambres de Commerce polonaises Le pays dispose de 106 milliards d’euros de fonds européens à investir à l’horizon 2014-2020 dans le développement de l’économie à l’étranger. Il ne se passe pas un mois sans que la Chambre de Commerce de Pologne à Paris n’organise une réunion de présentation d’une ville ou d’une région polonaise à l’Ambassade polonaise ; - Le fort capital social qui facilite la conduite des affaires, grâce aux actions d’information, de promotion, d’échanges mais aussi de lobbying par des associations clés comme ABSL (Association of Business Services Leaders), ASPIRE ou encore FINEXA, l’Association des Directeurs financiers polonais, dorénavant membre de l’association mondiale des instituts financiers (IAFEI) tout comme la DFCG. Les résultats sont là. Les FDI (Foreign Direct Investments) que la Pologne a attirés en 2011 ont atteint 13 567 milliards, ce qui représente une croissance de 30 % sur l’année précédente. Même si l’effet de la crise mondiale se fait sentir, le nombre de projets d’investissements reste en progression, spécialement dans les domaines automobile, R&D, électronique et chimique, mais surtout dans les domaines des centres de services (BPO, ITO, Centres de Contact et CSP internes). Grâce à ces centres, la Pologne est non seulement la troisième destination au monde, mais aussi la tête de pont européenne favorite pour les leaders asiatiques et américains du secteur. Les études le prouvent. Selon le classement 2 013 de Bloomberg, la Pologne est le meilleur pays de la CEE pour les affaires. Le rapport « FDI Intelligence » place la Pologne en troisième position derrière la Chine et les USA pour la meilleure localisation pour des projets « manufacturing ». Selon le rapport de E&Y sur l’attractivité européenne, dans les trois années qui viennent, la Pologne deviendra le deuxième pays le plus attractif, derrière l’Allemagne. L’attractivité du marché polonais se reflète dans un développement considérable des investissements. Étant le premier bénéficiaire des fonds structurels de l’Union européenne, le pays dispose de 106 milliards d’euros de fonds européens à investir à l’horizon 2014-2020 dans le développement de l’économie, des infrastructures, du capital humain, de l’emploi mais aussi de l’agriculture qui, comme en France, joue un rôle important dans l’identité polonaise et le paysage. Par ailleurs, en tant que pays coorganisateur de l’Euro 2012, la Pologne a réalisé de nombreux investissements dans des infrastructures sportives, routières et hôtelières. Finance & gestion octobre 2013 de petites et moyennes sociétés (plus de 3 000 000 sont enregistrées). La Pologne est près de rejoindre le cercle des 20 économies les plus larges au monde. Ses principaux partenaires commerciaux sont l’Allemagne, la Russie, la Chine, la Grande Bretagne et la France. Cette dernière y est le troisième investisseur étranger, et son cinquième fournisseur. Les principaux secteurs polonais dans lesquels les entreprises françaises investissent comprennent la télécommunication, la construction et BTP, le commerce, l’environnement, les banques et assurances, l’automobile, ou encore l’énergie. Outre la présence des marques bien connues comme Auchan, Carrefour, les deux pays ont tissé des liens culturels et économiques de longue date. 41 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Finance & gestion octobre 2013 Les privatisations démarrées en 1989 sont loin d’être terminées. Des pépites restent à exploiter, avec les fonds européens ou des investisseurs avertis. De nombreux entrepreneurs polonais avertis sont devenus millionnaires en étant au bon endroit au bon moment, mais aussi en jouant des coudes auprès de relations liées à l’ancien régime. Nous connaissons tous le verre italien de Murano, le cristal français Baccarat ou le cristal autrichien Swaroski, mais il faudra bientôt compter sur le cristal de Krosno qui pourrait rapidement atteindre la même notoriété et la même réussite commerciale. Les meilleures vodkas russes sont connues mais celle qui monte, la Belvédère, la marque premium de LVMH avec sa bouteille sérigraphiée, est polonaise ! 42 Des opportunités d’amélioration pour faciliter les affaires Si la Pologne connaît une réussite presque insolente, tout n’y est pas totalement optimisé. Par exemple, le passage à l’euro n’est pas encore d’actualité dans les instances gouvernementales, ce qui ne facilite pas les échanges tout en isolant l’économie des soubresauts des autres pays voisins. De façon générale, on ressent une certaine bureaucratie et une lourdeur administrative, que certains voient comme un héritage du communisme. La Pologne fait cependant des efforts pour rendre les procédures plus efficaces : des réformes institutionnelles ou réglementaires sont en cours pour faciliter l’enregistrement de la propriété, le paiement des impôts, l’application des contrats et résoudre les impayés. De même, le système équivalent au Pôle Emploi est peu efficace, avec un taux moyen de chômage de 13,4 % en 2012. Un résultat surprenant, compte tenu de la bonne santé de l’économie, et des relations syndicales apaisées dans le pays, à commencer par Gdansk, le berceau de Solidarnosc et de l’épopée Leich Walesa. Peut-être que les jeunes changeront la donne, avec un nombre de diplômes supérieurs (bac +3) qui a augmenté de 25 % en 5 ans pour rattraper le retard. Cependant, l’adéquation des études aux besoins des entreprises impose maintenant de travailler sur de fortes collaborations entre les universités et le monde de l’emploi. d’achat élevé constituent des moteurs de la croissance économique du pays et des débouchés pour d’autres pays européens. Selon le rapport Pearson comparant les systèmes éducatifs dans 50 pays, La Pologne est 14e juste derrière l’Australie et le Danemark, mais devant l’Allemagne, les USA et la France. Ce qui la distingue est son haut niveau de diplômés (minimum équivalent au Bac) de 68 % sur le marché du travail. Selon Eurostat, en 2011, la Pologne comptait 2 148 000 étudiants dans l’éducation supérieure, contre 2 555 000 en Allemagne ou 2 245 000 en France et 1 879 000 en Espagne. De par son histoire, la Pologne à une forte tradition de disciplines techniques, d’ingénieurs, de spécialistes IT et autres scientifiques qui sont très appréciés dans les nombreux centres IT et de R&D et dans les instituts scientifiques. Ils sont nombreux à rafler les prix dans les compétitions scientifiques internationales. Contrairement à la génération précédente, les jeunes scolarisés dans les années 90 et les décennies suivantes sont également doués pour les langues, faisant ainsi le bonheur des centres multilingues (BPO, ITO, CSP et Centres de Contact). Selon la « Study of Human Capital in Poland, 2 010 », 90 % des étudiants disent bien parler l’anglais, 43 % l’Allemand, et 10 % le Français. Le programme ERASMUS qui permet les échanges d’étudiants avec l’étranger est très populaire en Pologne. On notera aussi que la parité n’est pas un vain mot en Pologne. On y observe une plus grande proportion de femmes dans les postes à responsabilité que dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest. Une destination culturelle et touristique méconnue Ceux qui ont encore la vision d’une Pologne industrielle et laborieuse seront surpris de découvrir de nombreuses destinations culturelles et sportives, des golfs ou des nouveaux restaurants de qualité et des quartiers à la mode dont profitent de plus en plus les Polonais mais aussi les touristes du monde entier. La Pologne est un pays vert avec des forêts, de parcs et de lacs couvrant une grande partie du territoire. Des Polonais jeunes, motivés, cultivés et consommateurs ! Les Polonais sont jeunes : 18 % de la population a moins de 18 ans. Parmi la jeunesse active, nombreux sont ceux qui cumulent un poste à temps complet dans une entreprise internationale, tout en travaillant sur un projet personnel, non pas pour arrondir les fins de mois mais davantage dans une optique de développement personnel. Les Polonais sont volontiers dépensiers, mais de plus en plus exigeants et sensibles à la qualité. C’est pourquoi la consommation interne soutenue et le pouvoir Les FDI que la Pologne a attirés en 2011 ont atteint 13 567 milliards, ce qui représente une croissance de 30 % sur l’année précédente DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique lérateurs de carrière internationale. Nombre de jeunes Français ont fait le choix des centres de services multilingues polonais pour une première expérience professionnelle internationale. Effet « plombier polonais » aidant, ils ont décidé de s’installer dans des villes jeunes comme Cracovie, où on peut entendre le français à chaque coin de rue. Malgré le différentiel de salaire entre la France et la Pologne, le faible coût de la vie (surtout hors de Varsovie) et toutes opportunités qu’offre la Pologne assurent une bonne qualité de vie. La Pologne est un pays à découvrir et à investir. Le flux des FDI (Foreign Direct investments), sa troisième position mondiale (selon ABSL) en matière de création de centres de services et d’emplois liés, mais aussi les manifestations professionnelles, sportives et culturelles variées qui lui sont confiées témoignent de la reconnaissance mondiale qu’elle a su gagner. Parmi les grands événements passés et à venir en Pologne, citons l’Euro de Foot de 2012, les Journées mondiales de la Jeunesse à Cracovie en 2016, Wroclaw capitale de la culture 2 016 sans oublier le Congrès Mondial IAFEI des Directeurs Financiers à Varsovie du 16 au 17 octobre 2013. l Finance & gestion octobre 2013 Parmi les incontournables de la Pologne, comptons Sopot, limitrophe de Gdansk, au nord du pays, station balnéaire de renom, et Cracovie, au sud, proche des pistes de ski de niveau international. Le patrimoine culturel et historique de la Pologne est aussi riche et varié. En dépit des destructions immenses causées par la Seconde Guerre mondiale, la Pologne conserve un grand nombre de monuments historiques. Dix-neuf d’entre eux sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO, dont les ensembles architecturaux des vieux quartiers de Cracovie ou Varsovie, la mine de sel gemme de Wieliczka (toujours en service depuis plus de 700 ans), le plus grand château fort médiéval du monde des chevaliers Teutoniques de Malbork, le parc national de Bialowieza et les six églises en bois du sud de la Pologne. C’est également en Pologne que se trouve le camp d’extermination nazi d’Auschwitz Birkenau, où les visiteurs peuvent accomplir leur devoir de mémoire. La communauté française à Varsovie est estimée à plus de 5 000 personnes. Les directeurs financiers d’entreprises françaises phare comme Orange ou Sanofi, le directeur général de Michaël Page pour ne citer qu’eux, sont français et peuvent trouver là des accé- © Commons/A.Savin/CC-BY-SA-3.0 43 La vieille ville de Varsovie témoigne du dynamisme et de la jeunesse de la Pologne d’aujourd’hui. DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Hanna Stypulkowska Goutierre Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Polonaise en France, Avocat franco-polonais (cabinet HSG Avocats Paris - Varsovie) Un eldorado pour les investisseurs Finance & gestion octobre 2013 La Pologne nouvelle terre promise ? Avec un taux de croissance qui semble échapper à la crise et un dynamisme rafraîchissant, le pays est devenu un véritable aimant pour les sociétés et travailleurs européens. 44 L a Pologne étonne. La Pologne est à la mode. Dans un contexte international de morosité, c’est un pays qui fait figure d’exception. Du rideau de fer à dynamisme d’exception Alors qu’il y a encore une vingtaine d’années, la Pologne était un pays qui peinait dernière le rideau de fer, elle a su profiter de son entrée dans la famille européenne, il y a maintenant presque dix ans, pour susciter aujourd’hui l’admiration. Seul pays à avoir eu une croissance positive dans l’UE en 2009, son extraordinaire dynamisme lui a permis de transformer son économie grâce à des réformes structurelles douloureuses dans les années 90. Dynamisme qui a connu un regain avec l’adhésion à l’UE en mai 2004. Résultat : en 2012, la croissance du PIB, en berne chez ses voisins, a atteint 2,4 % en Pologne et elle avoisinera sans doute 1,8 % en 2013. L’afflux et le bon usage des fonds européens, fussent-ils structurels ou de la PAC, ont profondément changé le pays, devenu leader des PECO. Depuis 10 ans, les investissements ont afflué, atteignant 175 Md€ cumulés et faisant de la Pologne la 7e économie de l’UE, et la 4e plus dynamique en Europe. La France, jadis 1er investisseur, conserve une place honorable de 3e rang (19,2 milliards euros d’investis) essentiellement dans les télécoms, les nouvelles technologies industrielles de production, l’énergie et la grande distribution. C’est la Pologne qui compte le plus grand nombre de filiales françaises : elles sont 800 à employer 150 000 salariés. Avec ses 38 millions d’habitants, la Pologne a eu soif de consommation et tous les secteurs ont bénéficié d’un développement grâce à l’influx des investissements et des fonds européens. Ce qui détonne, c’est surtout la capacité des Polonais à s’adapter, et notamment à surmonter la crise. Car à cet égard, le pays a fait figure d’exception. Doté de systèmes de contrôles rigides, le système bancaire polonais, bien que majoritairement sous contrôle étranger, a plutôt bien résisté au tsunami financier des subprimes et de la crise financière qui en a suivi, même si la Bourse de Varsovie a enregistré des baisses. La capacité d’adaptation des chefs d’entreprise, qui savent rester optimistes, leur permet d’étendre leurs réseaux, rechercher de nouveaux partenaires et vaincre les réticences et frilosités. Des clusters apparaissent, comme celui des pièces détachées de l’automobile, ou de produits de l’aviation. L’exportation des machines de haute technologie, de composants électroniques, de la métallurgie et de ressources minérales est en forte expansion. Le secteur agroalimentaire, notamment bio, s’exporte très bien, de même que le secteur du bois et de la menuiserie industrielle. Enfin, les services décentralisés, centres d’appels et back office choisissent depuis quelques années la Pologne pour son dynamisme, sa flexibilité du travail et sa main-d’œuvre jeune, motivée, disponible, créative, multilingue et hautement qualifiée, à des coûts encore relativement plus faibles que chez les voisins occidentaux (même si l’écart se creuse peu à peu). Cette jeunesse qualifiée et culturellement proche est certes un des atouts majeurs du pays mais il n’est pas le seul : la Pologne jouit d’une situation politique stable et démocratique, d’une inflation jugulée, d’un cadre législatif européen de plus simplifié ouvrant notamment largement l’accès aux financements pour les investisseurs, ce qui est « business friendly ». Une croissance durable ? L’intégration à l’EU a été un moteur de croissance indéniable : l’alignement aux normes européennes, son intégration enthousiaste au marché unique, le soutien de l’UE aux investissements, notamment dans les infrastructures, ont permis au pays d’augmenter son attrait et de s’ouvrir vers les autres états. La Pologne, qui n’a tout de même pas été totalement épargnée par la crise, certes encore relative, cherche DOSSIER AVIS D’EXPERT à s’ouvrir à de nouveaux domaines économiques pour conserver sa compétitivité. Le chemin de la libération lui a ainsi permis de tirer des bénéfices et de continuer à attirer les grands groupes dans différents secteurs, comme celui de l’énergie. Faut-il rappeler que le pays, quelque peu contraint du fait de sa dépendance énergétique, a misé sur la diversification de ses ressources dans l’éolien, la biomasse et plus récemment, en autorisant l’exploration des gaz de schiste. De nouveaux moyens, selon nous, de tirer son économie vers le haut. L’avenir dira si ces choix sont les bons. Le secteur immobilier n’est pas en reste non plus. Tous les groupes de promoteurs et de constructeurs européens sont présents, et le parc des bureaux, logements et galeries commerciales n’a pas cessé de croître, tant la demande est forte. Aucune restriction n’existe désormais quant à l’acquisition d’un bien par un étranger en Pologne. Le prix moyen du m² de bureaux à l’achat est de 1 200 €, celui à la location s’élève de 27 € au centre de Varsovie pour la classe A, et de 8 à 15 € en province ou en banlieue. Seule ombre au tableau : le taux de chômage qui vient de dépasser 15 %. Cette situation influe sur les coûts du travail qui restent stables : 850 € pour un salaire moyen mensuel national, mais à Varsovie, il est aujourd’hui difficile de trouver un cadre bilingue à moins de 2 000 € par mois. La Pologne, longtemps perçue comme étant le bassin d’une main-d’œuvre à bon coût, s’est aujourd’hui placée à la tête des N.E.M. en termes d’innovation et de compétitivité de ses forces vives. Les Polonais sont surtout appréciés pour leur faculté d’adaptation, leurs compétences et leur savoir-faire. Le critère du coût est devenu secondaire : la maind’œuvre reste disponible mais elle est surtout bien formée, qualifiée et de bonne qualité. Un grand nombre de Polonais travaillent dans les groupes étrangers, en Pologne ou à l’extérieur, et y font carrière, sans rechigner à la mobilité. Quant aux Français audacieux qui ont eu la chance de goûter à l’âme polonaise, bon nombre préfèrent y rester, tant le cadre de vie est agréable. Alors, cap sur la Pologne ? l Renata Mrozowicz-Cabas Doctorante en Sciences de l’information et de la communication (Université Lyon II), Business Development Manager (France-Pologne). 45 Le commerce en Pologne, l’essor des nouvelles technologies La Pologne, avec la croissance de 15,8 % entre 2008 et 2011, attire les investisseurs étrangers. Les perspectives de croissance en 2013 atteignent 2,2 % selon le gouvernement polonais et 1,1 % selon la Commission européenne. Selon le Bureau national des statistiques (GUS) du 29 mai 2013, le PIB de ce pays a augmenté de 0,5 % au premier trimestre de l’année. Les secteurs porteurs du commerce e n Pologne sont le gaz de schiste, le domaine des produits en porcelaine ou céramique, les produits en verre de Krosno, les spas ou sanatoriums. Le domaine de l’aviation est pour sa part en pleine expansion. Des centres d’industrie aéronautique, d’apprentissages des pilotes et de recherche scientifique ont vu le jour dans la vallée de l’Aviation en Voïvodie Podkarpackie. Parallèlement à ces marchés traditionnels, le e-commerce, se développe de façon fulgurante, avec 11,4 millions des cyberacheteurs. Le Centre for Retail Research a estimé le chiffre d’affaires du e-commerce polonais en 2012 à 22,9 milliards de zlotys (environ 5,7 milliards d’euros). En 2011, le pays a atteint 4,5 milliards d’euros de dépenses online, ce qui représente une hausse de 33,5 % par rapport à 2010. à titre de comparaison, en France, en 2012, les dépenses en ligne ont atteint 45 milliards d’euros (une hausse de 19 %). Finance & gestion octobre 2013 La Pologne, un exemple de réussite économique Une différence importante, mais il faut reconnaître que les revenus et le panier moyen des Français et des Polonais ne sont pas égaux. Un panier moyen français représente environ 1 400 euros par an, tandis que le panier moyen polonais est d’environ 450 euros (selon les études d’Acsel et d’Ubifrance). Le salaire minimum en Pologne est de 350 euros et le salaire moyen d’environ 900 euros. Selon le rapport de Sklepy24.pl de 2012, en 2006 on comptait 2 762 boutiques d’e-commerce en ligne. Ce chiffre a atteint 12 117 en 2012. Les nouvelles technologies et notamment le paiement par téléphone sont également attendus par les mobinautes et les consonautes polonais. En effet, selon le quotidien polonais Rzeczpospolita du 5 mars 2013, le magasin discount de la chaîne Biedronka, grâce à la Bank Zachodni WBK, proposera aux clients de Biedronka un paiement par téléphone, à partir du deuxième trimestre 2013. L’application permettant le paiement par téléphone sera disponible sur iOS, Android. De façon générale, les Polonais adoptent de plus en plus des solutions online, comme par exemple la déclaration fiscale. Au 30 avril 2013 (date limite pour la déclaration fiscale en Pologne), le Ministre polonais des finances a enregistré plus de 3,5 millions de déclarations électroniques sur e-Deklaracje. DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Alicja Bien avocate au Barreau de Lodz Finance & gestion octobre 2013 Investir et s’implanter en Pologne Le cadre juridique 46 Alors que le nombre de filiales s’implantant en Pologne ne cesse d’augmenter, il est bon de faire le point sur les démarches juridiques à entreprendre pour monter sa SARL ou sa SA. L e système juridique polonais, basé sur le Code napoléonien, est très similaire à ce qui se fait en France, surtout en matière de droit civil. Qui plus est, la Pologne, membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004, a adopté la législation communautaire et fait un grand travail d’harmonisation des lois aux exigences européennes, Aujourd’hui, les règles applicables au domaine des affaires ne diffèrent donc pas sensiblement de celles des autres états membres. Choisir le cadre juridique de sa filiale « Quel cadre juridique choisir ? Comment implanter la filiale ? », telles sont les premières questions que se posent les entreprises qui souhaitent s’implanter en Pologne. Du point de vue commercial, une filiale est considérée comme une entreprise polonaise. Du point de vue juridique, c’est une entité distincte – le fait d’être une filiale n’est pas visible ni dans sa dénomination ni dans l’équivalent du Kbis français (KRS polonais). C’est une unité d’organisation de l’activité commerciale, indépendante et séparée, menée par l’entrepreneur en dehors du siège de l’entreprise mère. Une filiale est donc toujours une société du droit polonais. Il existe différentes formes juridiques de filiales : - Société à responsabilité limitée (Spółka z ograniczona odpowiedzialnoacia) ; - Société anonyme (Spółka Akcyjna) ; - Société en commandite (spółka komandytowa) ; - Société professionnelle (spółka partnerska), pour exercer une profession libérale ; - Société en commandite par actions (spółka komandytowo-akcyjna) ; - Société civile (similaire à la SNC en France). Les formes le plus souvent choisies sont la SARL et la SA. Les très grandes entreprises, qu’elles soient multinationales ou polonaises, privilégient la société à responsabilité limitée, qui répond mieux à leurs besoins et qui est la plus facile à gérer opérationnellement. Des responsabilités spécifiques SA et SARL sont créées devant le notaire, le statut de la société ayant la forme d’un acte authentique. Après la signature du statut devant le notaire, la société doit être enregistrée au Tribunal de Commerce dans le Registre national de Sociétés (KRS). Chaque SARL et SA, suite au dépôt de la demande d’enregistrement auprès du KRS, devient une société « en l’état de l’organisation » ce qui lui permet de commencer son activité opérationnelle, avant même son enregistrement auprès du registre commercial (KRS). La responsabilité personnelle des associés est exclue. La responsabilité d’une SARL est limitée à ses propres actifs. Il n’y a pas de responsabilité personnelle des associés. Ces derniers risquent seulement une perte des apports ou un manque du dividende. Par contre, en ce qui concerne la responsabilité envers les créanciers de l’entreprise dans des sociétés Une filiale est toujours une société du droit polonais DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Pour la SARL Pour constituer une société à responsabilité limitée, il est requis : - d’établir un acte de fondation (statut) de la société sous forme d’acte notarié, qui doit déterminer, en outre, la dénomination sociale et le siège de la société, l’objet social, le montant du capital social (au minimum 5 000 PLN voir 1 250 euros) ; - de souscrire le capital initial, qui peut être couvert par l’apport numéraire ou en nature ; - de nommer le Conseil d’Administration ; - de constituer le Conseil de Surveillance ou de la commission de contrôle, si la loi ou les statuts l’exige ; - d’inscrire la société au registre commercial (KRS). Le dépôt de la demande d’inscription de la société au registre doit être réalisé dans un délai de 6 mois à compter de la date de signature de l’acte notarié du statut de la société, sinon, il sera considéré comme nul de plein droit. à la demande d’enregistrement de la société, il faut joindre : - le statut, sous forme d’un acte notarié ; - la déclaration de tous les membres du Conseil d’Administration de la société attestant la libération totale des apports fait de manière régulière ; - la preuve de la constitution des organes de la société ainsi que leur composition (si ce n’est pas déterminé par les statuts) ; - la liste des associés de la société signée par tous les membres du Conseil d’Administration, qui contient les noms, prénoms ou les dénominations sociales des associés, ainsi que le nombre et la valeur nominale des parts qu’ils détiennent ; - les modèles de signatures des membres du Conseil d’Administration authentifiées par notaire en France ou en Pologne. Au moment de l’inscription au registre, la société acquiert la personnalité morale. Pour la SA En ce qui concerne la société anonyme, sa constitution commence au moment de la souscription de toutes les actions et de la signature du statut par les fondateurs (sous forme d’acte notarié). Au moment de la signature du statut et de la souscription de toutes les actions, la société devient une société en organisation, qui acquiert sa pleine personnalité juridique après avoir obtenu l’inscription au registre des entrepreneurs au Registre National Judiciaire (KRS). Une ou plusieurs personnes peuvent agir en tant que fondateur. Le montant du capital social minimal s’élève à 100 000 PLN (environ 25 000 euros) Le statut sous forme d’un acte notarié, doit en outre préciser : - la dénomination sociale et le siège de la société ; - l’objet social de la société ; - la durée de la société, si elle a été constituée pour une durée déterminée ; - le montant du capital social et le montant du capital libéré avant l’immatriculation ; - la valeur nominale des actions et leur nombre, avec l’information si les actions sont nominatives ou au porteur ; - les conditions et les modalités d’annulation des actions ; - les noms et prénoms ou la dénomination sociale des fondateurs ; - le nombre de membres du Conseil d’Administration et du Conseil de Surveillance, ou au moins le nombre minimum ou maximum des membres de ces organes, et l’entité habilitée à déterminer la composition du Conseil d’Administration ou du Conseil de Surveillance. Les frais d’enregistrement sont les mêmes que pour une SARL. l Finance & gestion octobre 2013 Des processus simplifiés Les grandes entreprises privilégient la société à responsabilité limitée, qui répond mieux à leurs besoins et qui est la plus facile à gérer opérationnellement 47 © Commons/Kudak/CC-BY-SA-3.0 à responsabilités limités, le système polonais diffère du système français. En Pologne, la responsabilité potentielle vis-à-vis des créanciers de la société peut aller jusqu’aux membres du Conseil d’administration. Il s’agit tout simplement une responsabilité subsidiaire pour les obligations de la société, dont le recouvrement du patrimoine de la société était inefficace. Le cadre juridique polonais permet à de nombreuses entreprises de s’implanter dans les centres économiques de Pologne, notamment à Varsovie. DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Marzena Matuszyk-Aubertin Senior Counsel, Warsaw Office, White Case Finance & gestion octobre 2013 La Fiscalité Polonaise Une faible imposition, une TVA élevée 48 La fiscalité d’un pays… un point souvent épineux pour quelque étranger qui s’y penche. Marzena Matuszyk-Aubertin apporte son éclairage sur la fiscalité polonaise pour les lecteurs de Finance & Gestion, en détaillant les impôts sur le revenu et ceux sur les marchandises et services. E n 2013, le ministère des Finances a lancé un vaste chantier de réformes concernant l’impôt sur les sociétés afin de limiter les nombreuses possibilités d’optimisation fiscale, notamment des plus-values, ainsi que de réintroduire, à compter du 1er janvier 2014 de la notion d’« abus de droit fiscal ». En 2013, sont également entrés en vigueur des amendements en matière de TVA. Bien que les fondamentaux ne changent pas, entre autres en termes de taux d’imposition, il faudra suivre le processus législatif et réaliser encore en 2013 les opérations d’optimisation fiscale. La fiscalité polonaise se caractérise par une instabilité des interprétations et de la pratique des offices fiscaux comme des tribunaux administratifs. Afin de se prémunir contre les risques d’un redressement, il est hautement conseillé d’obtenir pour toute transaction importante la confirmation de son traitement fiscal, cette dernière revêtant la forme d’un tax ruling délivré sous trois mois par le fisc. Les impôts sur le revenu Impôt sur les sociétés : des sociétés moins imposées qu’en France La fiscalité des entreprises a été fixée en 1992. L’IS polonais, dénommé CIT, frappe les revenus réalisés par les personnes morales, les sociétés de capitaux de droit polonais (SA et SARL) et certaines entités organisationnelles telles que les succursales. Les contribuables, s’ils n’ont pas leur siège ou directoire en Pologne, sont soumis au CIT seulement sur les revenus qu’ils réalisent en Pologne, que ces revenus soient actifs – donc résultant d’activités économiques (prestation de services, chantier de construction) – ou passifs (dividendes, intérêts, royalties). Ceci sous réserve des conventions fiscales internationales et Il est hautement conseillé d’obtenir la confirmation de son traitement fiscal pour toute transaction des exonérations résultant de la transposition en droit interne des directives européennes. Une convention de non-double imposition a été conclue entre la France et la Pologne le 20 juin 1975, qui permet, sous réserve de fournir un certificat de résidence fiscale, d’éviter la double imposition des revenus dans les relations économiques entre la France et la Pologne. Le taux de CIT est, depuis 2001, de 19 %, ce qui place la Pologne parmi les pays ayant une politique fiscale modérée. La base imposable au CIT correspond aux revenus nets, à savoir à la différence entre la somme des revenus et les coûts fiscalement déductibles enregistrés durant l’année fiscale. Sont également considérés comme revenus les sommes facturées et non payées, les valeurs telles que les différences de change, les prestations et les biens obtenus à titre gratuit ou partiellement gratuit. Les pertes fiscales ne sont reportables qu’en amont sur cinq années fiscales consécutives, sachant que le montant de l’imputation fiscale ne peut excéder 50 % du montant de la perte par an. En cas de financement et de prestation intragroupe, il faut respecter la réglementation du prix de transfert DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Les impôts sur les marchandises et les services La TVA : relativement élevée et à taux multiples La TVA a été instaurée en 1993 et évolue depuis 2004 en fonction de la réglementation communautaire en la matière. Les mécanismes de son fonctionnement sont donc proches de ceux connus en France, par exemple le principe de liquidation « reverse charge » pour les services immatériels. En contrepartie l’imposition relativement faible des revenus, la TVA en Pologne se situe dans la L’accise L’accise – akcyza – frappe comme dans les autres pays membres de l’UE, les actes ayant pour objet les biens visés par la loi sur l’accise, tels que le tabac, l’alcool, l’énergie, les véhicules et les parfums, et s’applique à leur fabrication, leur commercialisation, leur introduction en dépôt sous douane et leur importation. L’impôt au titre des actes civils, souvent sous-estimé L’impôt au titre des actes civils podatek – od czynnosci cywilnopranych/PCC – est un droit d’enregistrement qui frappe les versements liés à la constitution des capitaux des sociétés, aux prêts et à certaines opérations de transfert des biens et des droits (par exemple, les cessions de parts et d’actions, de fonds de commerce exonérées de la TVA). Le taux de PCC varie entre 0,5 % et 2 % du prix de vente et doit être acquitté par l’acheteur. l Le site de la maison des Français à l’étranger, et sa rubrique fiscalité en Pologne http://www.mfe.org/index.php/ Portails-Pays/Pologne/Fiscalite/ Fiscalite-du-pays Finance & gestion octobre 2013 Impôts sur le revenu des personnes physiques : moins de tranches et un taux marginal plus faible L’impôt sur le revenu des personnes physiques (en polonais, PIT) est un impôt unitaire instauré en 1991 qui frappe les revenus mondiaux des personnes physiques résidant en Pologne ou des nonrésidents au titre de leurs revenus de source polonaise, sous réserve des dispositions des conventions fiscales internationales. Est considérée comme résident fiscal polonais toute personne ayant son domicile en Pologne, à savoir toute personne physique qui soit a en Pologne son centre d’intérêts vitaux, soit séjourne sur le territoire polonais plus de 183 jours durant l’année fiscale donnée. à la grande différence de la France, il n’existe que deux tranches d’imposition. Depuis 2007, les revenus annuels inférieurs à 85 528 zlotys sont taxés à hauteur de 18 % (avec une remise de 556 zlotys), les revenus supérieurs l’étant à 32 %. La notion de foyer fiscal n’existe pas en tant que telle et les déductions des impôts sont insignifiantes. Les personnes physiques exerçant des activités économiques peuvent opter pour une imposition au taux linéaire de 19 %. Les intérêts, les dividendes et les plus-values mobilières sont imposés de manière forfaitaire au taux de 19 %. Le contribuable doit déclarer annuellement ses revenus, ainsi que calculer et payer l’impôt avant le 30 avril de l’année suivante, déduction faite des éventuels acomptes mensuels prélevés mensuellement par le payeur (à titre d’exemple, par l’employeur au titre de la rémunération des contrats de travail). L’ISF n’existe pas en Pologne. moyenne haute des pays européens avec, depuis janvier 2011, un taux de base de 23 % et deux taux plus faibles de 8 % et de 5 %. De nombreux services, notamment financiers, sont soumis à la TVA tout en en étant exonérés. La TVA doit être calculée et payée tous les mois, avant le 25 du mois suivant, les « petits » contribuables pouvant choisir une périodicité trimestrielle. En cas d’impossibilité de déduire la TVA, tout assujetti (à l’exception de ceux dont l’activité est exonérée de la TVA par exemple les banques) a le droit de demander au fisc son remboursement, et ce dans un délai maximal de 180 jours. EN SAVOIR PLUS et, dans certains cas, tenir la documentation dite de prix de transfert afin de pouvoir justifier le prix pratiqué. Ne sont pas déductibles les intérêts au titre de prêts intergroupes pour la fraction du prêt dont le montant excède le triple produit du capital social (souscapitalisation). Le régime d’intégration fiscale est, en pratique, inexploitable. Les contribuables et les payeurs sont tenus de verser des acomptes mensuels ou trimestriels sur le CIT en fonction du résultat courant. 49 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Monika Nowecka Associée, Vice-Présidente de la Gérance Mazars Polska Sp. z o.o. Finance & gestion octobre 2013 L’offre du marché de l’externalisation en Pologne 50 L’externalisation des processus métiers gagne en popularité. Il s’agit, pour l’entreprise, d’un outil stratégique qui permet une meilleure gestion et une croissance plus rapide. Dans ce secteur, la Pologne est un leader européen et mondial. L’ outsourcing concerne principalement les fonctions qui, bien que nécessaires au fonctionnement de l’entreprise, ne sont pas déterminantes pour son avantage concurrentiel. L’idée de l’outsourcing est que les entreprises externes effectuent les tâches qui leur sont confiées de manière plus efficace que si ces tâches étaient traitées en interne par la société contractante. Les domaines les plus souvent externalisés sont les suivants : la comptabilité, les ressources humaines, le maintien de la propreté et de l’ordre, la logistique, le gardiennage, l’assistance téléphonique, l’assistance technique, l’informatique. L’expansion mondiale de l’outsourcing L’entreprise qui fournit des services d’externalisation est le plus souvent une entreprise indépendante ou une partie distincte de l’entreprise donneuse d’ordre. Pour cette dernière, l’un des objectifs de l’outsourcing, est la réduction de ses coûts et l’amélioration de son efficacité. En simplifiant les questions opérationnelles, il permet à l’entreprise de se concentrer sur ses problèmes stratégiques. L’une des formes particulières de l’outsourcing est l’offshoring, c’est-à-dire l’externalisation délocalisée, lorsqu’une part des activités est confiée à des prestataires implantés à l’étranger, en particulier dans les pays à bas salaires. Face à la concurrence croissante et aux attentes accrues des associés, les entreprises ne peuvent pas se permettre de s’engager dans des activités qui les privent de leur avantage concurrentiel. Le coût du travail dans les pays où ces processus sont délocalisés est moins élevé que dans les pays où ils ont été opérés jusqu’à ce jour. Le développement des prestations d’externalisation dans le monde est fortement influencé par l’évolution de l’infrastructure de communication, la schématisation et la digitalisation des missions. Les processus le plus souvent externalisés sont les processus de back-office : la comptabilité, le traitement des transactions de banque et d’assurance, ainsi que certains processus de front office tels que le service client ou les étapes initiales du processus de recrutement. Compte tenu du caractère de ces prestations, les entités qui réalisent ce type de prestations sont organisées sous forme de Business Process Outsourcing (BPO) ou de Centre de Services Partagés (CSP). La Pologne, leader de l’externalisation Actuellement les leaders dans la réalisation des services BPO sont l’Inde, les Philippines et les pays d’Europe centrale et orientale. La Pologne est l’un des pays les plus populaires pour accueillir les sociétés internationales qui ouvrent leurs centres de services. En 2012, les effectifs des centres de services aux entreprises en Pologne étaient supérieurs à 100 000 personnes. Il est prévu que le nombre de centres augmentera près de 20 fois, avec des effectifs n’atteignant pas moins de 120 000 personnes. Les statistiques, présentées dans le graphique du nombre de centres de services en Europe centrale et orientale, ne concernent que les centres de services aux entreprises créés par des investisseurs étrangers, mais il convient de souligner que ces prestations attirent de plus en plus les entreprises à capitaux polonais, quelle que soit leur taille. Pour les PME évidemment, l’offre doit être adaptée. L’organisation d’un SSC suscite un vif intérêt de la part de l’administration locale et de l’état du fait de la réduction des coûts et de l’efficacité dans la réalisation des tâches confiées. Le développement du secteur DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Des services plus divers et plus performants Le secteur des services aux entreprises en Pologne connaît une grande évolution au niveau de l’offre. Au début du développement de ce secteur, le premier critère de choix était le coût du travail peu élevé, mais à l’heure actuelle, des tâches de plus en plus complexes requérant de l’expertise sont transférées en Pologne. Nombre de centres de services aux entreprises et leurs effectifs dans les pays d’Europe centrale et orientale en 2012 Source : « Centres de services aux entreprises en Pologne », Sedlak & Sedlak, 04.2013 Centres de services aux entreprises en Pologne selon leur situation géographique en 2012 Source : Etude de Sedlak & Sedlak Finance & gestion octobre 2013 des années précédentes a fait que le marché polonais a été alimenté par des spécialistes hautement qualifiés, qui transposent le concept des centres de services au sein des sociétés polonaises. Comme exemple, on peut citer Polska Grupa Farmaceutyczna, dont le centre SSC est situé à Łódz ou NEUCA de Toruz. En matière d’externalisation, la Pologne offre un certain nombre d’avantages non négligeables : - le personnel qualifié de dix centres universitaires ; - un coût de travail peu élevé, avec une faible fluctuation de personnel et une grande assiduité au travail de la main-d’œuvre ; - une infrastructure de bureaux haut de gamme ; - l’adhésion à l’Union européenne ; - la proximité culturelle des pays européens ; - le multilinguisme ; - une relative stabilité politique, juridique et économique ; - un coût compétitif de l’investissement avec une politique d’incitation aux investissements et des zones économiques spéciales. L’avantage essentiel de la Pologne est sa situation géographique stratégique. Ce qui compte pour les investisseurs européens, ce sont des différences culturelles peu marquées, des systèmes juridiques similaires et un temps de réponse rapide dû à l’absence de décalage horaire. Les décideurs apprécient chez les Polonais leur capacité à travailler dans des situations difficiles, inhabituelles et souvent stressantes. Pour la première fois, le bagage d’expérience est devenu un avantage concurrentiel pour les salariés polonais, qui font preuve d’une créativité exceptionnelle face à des difficultés externes. Les investissements étrangers qui ont déferlé sur le marché national du travail ont donné aux Polonais de l’expérience dans l’application des normes européennes ou mondiales de travail, ce qui leur permet de s’adapter facilement à l’environnement international. Les centres de services sont créés autour de centres universitaires situés dans les zones économiques : Varsovie, Poznan, Cracovie, Wrocław, Trójmiasto (Tricité), l’agglomération de Katowice, Łódz ou Szczecin. Les villes plus petites telles, que Kielce, ont quant à elles mis en œuvre une politique d’adaptation des conditions et de l’offre à ce type de business et cherchent de plus en plus activement des investisseurs. Sur la carte des centres de services, Wrocław mérite une attention particulière, car cette ville possède le plus grand nombre de centres de recherche et de développement. 51 Type et nombre d’entités dans les centres de services aux entreprises en Pologne en 2011 Source : « Centres de services aux entreprises en Pologne », Sedlak&Sedlak, 04.2013 DOSSIER Finance & gestion octobre 2013 La Pologne, un exemple de réussite économique 52 Le marché polonais offre désormais une grande variété de services, en donnant une large possibilité de choix aux décideurs, et le personnel qualifié constitue un avantage concurrentiel majeur. Les compétences croissantes des Polonais contribuent à élargir le groupe cible des investisseurs potentiels. En 2013, on peut s’attendre à voir apparaître de nouveaux domaines de services en Pologne, comme les fonds d’investissement qui s’ouvrent à la collaboration avec les centres de services aux entreprises. En outre, les services fournis pour le secteur financier constituent un segment important au sein de cette branche, avec de grandes banques comme UBS, ING, BNP Paribas, HSBC, Deutsche Bank, Crédit Suisse, ou encore Santander, qui ont placé leur centres de services en Pologne. Les banques d’investissement Merill Lynch, JP Morgan ou Morgan Stanley sont elles aussi intéressées par une installation en Pologne. Les centres de services aux entreprises constituent un marché important de l’emploi, qui s’adresse principalement aux jeunes en début de carrière. Ces centres offrent à leurs employés un large éventail de formations pour améliorer leurs qualifications et assurer ainsi la qualité des services. L’approche au développement du personnel et son recrutement évoluent avec le développement des services fournis. Pour répondre aux besoins du marché, les universités polonaises adaptent leurs programmes d’enseignement aux profils d’emploi recherchés, à tel point que l’Université de Łódz, dans le cadre d’une formation post-diplôme, a lancé un cursus « Organisation et gestion du centre de services partagés BPO (Business Process Outsourcing) ». L’un des facteurs clés de la réussite de tels projets est aussi la technologie utilisée par les centres de services aux entreprises, qui assure un délai de réalisation très court et un accès facile aux données. Par technologie, on entend ici logiciels spécialisés, OCR, etc. La technologie moderne se développe dans des entités commerciales plus petites, tant chez les clients que chez les fournisseurs d’externalisation. L’importance de la technologie augmente dans l’externalisation de la fonction comptable ou de la gestion de paie/RH réalisée par les structures plus petites. Ces dernières, sur le marché de l’externalisation, représentent un segment aussi fort que les centres de services aux entreprises, ces structures étant bien sûr plus dispersées. Toutefois, elles opèrent sans incitation à l’investissement ou sans le soutien apporté aux zones économiques. Elles offrent principalement leurs services aux multinationales moins importantes ou aux PME. l à propos de FINEXA XFINEXA (Stowarzyszenie Dyrektorów Finansowych) est l’unique association nationale de directeurs financiers en Pologne. Très active dans la réglementation, la formation et l’aide à la carrière des financiers, FINEXA est basée à Varsovie, mais possède également plusieurs branches régionales. Créée à l’initiative de Nikolaus von Nathusius, l’éditeur d’un magazine destiné aux directeurs financiers, l’association a été établie par 36 membres fondateurs le 2 août 2011. Elle comprend actuellement 170 membres, un nombre qui croît régulièrement. Aujourd’hui, Pawel Domoslawski en est le President of the Board, Nikolaus von Nathusius le Chair of the Supervisory Board. XChaque année, FINEXA organise la remise d’un prix destiné aux meilleurs économistes Polonais pour leurs brillantes carrières : Galeria Chwały Polskiej Ekonomii. XFINEXA a rejoint l’IAFEI, l’Association mondiale des instituts financiers, grâce au support d’Armand Angeli, Président EMEA de l’IAFEI. FINEXA organise le Congrès Mondial IAFEI des directeurs financiers à Varsovie, au Palais de la Culture, les 16 et 17 octobre 2013. Les centres de services aux entreprises dans les villes polonaises Ville Exemples Varsovie Cross Jeans, Goldman Sachs, Mettler-Toledo, Redknee, JDA, Coca Cola, General Electric, Accenture, Procter& Gamble, Xerox, Pandora, Citibank Wrocław Becton Dickinson, BNY Mellon, Dolby, QIAGEN, Qatar Airways, E & Y, Credit Suisse, HP, IBM, Google, Nokia Siemens Networks Cracovie Brown Brothers Harriman, Cisco, Euroclear, Heineken, Herbalife, Capgemini, Shell, UBS, Motorola, IBM Trójmiasto (Tricité) Bayer, Flugger, Metsä Group, OIE Support, WNS, Lufthansa, Intel, Thomson Reuters Łódz Citi Service Center, Clariant, Samsung, Sii, HP, Business Support Solution (BSS), Infosys, Nordea, HP Poznan Carl Zeiss, Detica, DFDS, EXIDE Technologies, Rule Financial, MAN, Carlsberg, Ikea, Lorentz, Bridgestone, Tempelton, Samsung Agglomération de Katowice ING Services Poland, Oracle, Unilever, Webanywhere, PwC, Capgemini, Ericsson, General Motors, Rockwell Automation DOSSIER L’externalisation vue par les membres de FINEXA Dariusz TOPCZEWSKi Vice-Président de la Gérance JARS Sp. z o.o. « L’article de Mme Monika Nowecka permet d’organiser nos connaissances sur l’externalisation en Pologne. Je souhaite tout de même m’opposer à la thèse avancée par la vice-présidente, disant que les services d’externalisation concernent les domaines qui ne sont pas déterminants pour l’avantage concurrentiel des entreprises. Dans le monde contemporain des affaires, fortement compétitif, chaque élément qui permet de gagner l’avantage compte. Je ne peux pas imaginer des décisions d’affaires correctes sans comptabilité efficace, ni des opérations de plusieurs entreprises sans travaux de recherche et de développement. Ce sont des éléments essentiels de la gestion de l’entreprise, qui ont une part importante dans la création de la valeur. Un phénomène très intéressant qui apparaît en Pologne depuis plusieurs années est l’externalisation de nombreux processus qui ont auparavant été fortement ancrés dans la chaîne de valeur de base. Il s’agit, entre autres, de l’externalisation de la production, de la logistique ou du contrôle qualité. J’ai moi-même eu l’occasion d’observer les projets qui externalisaient de lignes de fabrication à part entière. Les avantages obtenus permettaient la réduction de coûts de plusieurs dizaines de pourcent, l’amélioration de la qualité des produits et l’augmentation de la flexibilité au niveau de coûts à travers « l’exportation » de coûts fixes, ce qui constitue un bénéfice supplémentaire de l’outsourcing. » Andrzej DMOCHOWSKI Directeur administratif et financier de XELLA Polska « Les expériences de Xella Polska en matière d’outsourcing ne concernent que certains services, car elle fait partie d’une grande entreprise multinationale regroupant douze établissements en Pologne. Les domaines sous-traités sont donc très spécifiques : les services juridiques, l’audit fiscal, les services liés à la protection de biens et maintien de l’ordre dans les établissements de production, les services marketing. La politique de notre société est la suivante : sont confiés aux prestataires externesles services simples et récurrents ainsi que ceux qui sont effectués selon les règles précises, dans une eprspective de réduction des coûts. D’autre part, il y a intérêt à externaliser les services qui requièrent de l’expertise et du perfectionnement continu, comme l’audit fiscal, l’audit environnemental, l’inspection technique, la préparation de la conception marketing. Nous obtenons non seulement d’excellents résultats pour ces tâches confiées à l’extérieur, mais cela nous permet de réduire nos dépenses. Nous économisons notamment sur la formation continue du personnel, qui devrait le cas échéant apprendre à réaliser des tâches qui ne sont finalement que ponctuelles. » Tomasz CHRABALOWSKI Contrôleur de ARPI Group et Conseiller auprès du Conseil d’administration de Grupa 5 Architekci « En évaluant la rentabilité de services confiés en dehors de la structure de l’entreprise, je suis tout à fait pour l’externalisation. Si chaque entreprise doit dresser des factures et payer des impôts, toutes n’ont pas besoin d’avoir leur propre fonction comptable ou RH. A titre d’illustration, si ces activités sont externalisées, la réduction des coûts comptables peut aller jusqu’à 60 %. Cependant il faut se rappeler que toute la responsabilité de la comptabilité repose désormais sur le bureau comptable choisi. Voilà pourquoi, dans le choix de l’offre, il convient de ne pas se laisser guider uniquement par le prix mais aussi tenir compte de la bonne réputation d’un cabinet comptable. » Paweł DOMOSŁAWSKI Directeur financier de GEFCO Polska Président FINEXA « En ma qualité du directeur financier de GEFCO Polska Sp. z o.o. je suis obligé de rechercher des solutions d’externalisation qui, premièrement, ne constituent pas d’activité principale de l’entreprise et deuxièmement, amélioreront l’efficacité du fonctionnement de l’entreprise. Il y a plusieurs années, nous nous sommes décidés à externaliser la surveillance de nos bâtiments logistiques ou le maintien de la propreté, c’est-à-dire des activités qui n’apportent pas de valeur ajoutée pour nous. En outre, une partie des services juridiques et fiscaux est confiée à des prestataires externes, ce qui permet non seulement de libérer les personnes devant initialement réaliser ces tâches au sein de notre entreprise, mais aussi d’obtenir des résultats garantis par des spécialistes hautement qualifiés, possédant une expertise que nous pouvons ne pas posséder. à la fin de l’année 2012, nous avons également mis en place le système de flux de données électronique grâce auquel une grande partie des factures reçues fait l’objet de dématérialisation (extraction, archivage et traitement de données). Nous envoyons aussi un plus grand nombre de factures à nos clients sous forme électronique. Dans quelques années nous prévoyons le passage total à l’échange électronique de documents. Malheureusement, c’est un processus qui prend du temps car il nécessite beaucoup de consultations et de détermination de notre part et de celle de nos clients et fournisseurs. » Finance & gestion octobre 2013 LA PAROLE À… La Pologne, un exemple de réussite économique 53 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Robert Ciuraszkiewicz CFO Teleperformance Polska PAR Cécile Falchier Chief Financial Officer EMEA region, Teleperformance Finance & gestion octobre 2013 Pourquoi Teleperformance veut faire de la Pologne un hub multilingue 54 La Pologne attire de plus en plus d’investisseurs du secteur des services. Le groupe Teleperformance a été parmi les premiers à s’y installer, il y a une dizaine d’années. P ays prometteur et en fort développement, la Pologne se situe au cœur de l’Europe centrale et orientale, une région qui attire de plus en plus d’investisseurs dans le domaine des services. Le climat favorable du secteur des centres de gestion de la relation client en Pologne, ainsi que les bons résultats obtenus jusqu’à ce jour, incitent la société, qui dessert aujourd’hui 11 pays, à développer son offre de services, notamment vers une offre multilingue. La Pologne, leader dans la région Selon les estimations de l’Association des Leaders du Secteur des Services aux Entreprises (ABSL), environ 1 000 centres de services (BPO, ITO, SSC, R & D) à participation étrangère sont implantés en Europe centrale et orientale, dont plus de 400 en Pologne : centres de services partagés (SSC), d’externalisation des processus métier (BPO), d’externalisation IT ainsi que des centres de recherche et de développement (R & D). Selon le rapport d’ABSL1 de juin 2012, la Pologne se place au premier rang dans cette région pour le nombre d’emplois dans le secteur : entre 2010 et 2013, le nombre de personnes employées dans lescentres de services à participation étrangère en Pologne est passé de 38 000 à 110 000 et pourrait atteindre 125 000 en 2014. Les salariés dans les centres de services clients en Pologne sont à 90 % diplômés de l’enseignement supérieur ou en cours d’études2. La capacité à fournir un service dans différentes langues (essentiellement l’anglais, l’allemand et le polonais mais le français, l’espagnol, l’italien et le russe sont également souvent utilisés) séduit de plus en plus les investisseurs. Une position stable sur un marché dynamique Teleperformance Polska, filiale du leader mondial de la gestion multicanal de l’expérience client, est présente sur le marché polonais depuis 1997. C’est l’un des premiers centres d’appel créés en Pologne. Pionnier, Teleperformance Polska offre des services d’assistance technique et de service client et de vente en polonais ou dans d’autres langues. Progressivement, une offre de services de back-office s’est également développée. Ses clients, essentiellement des multinationales, opèrent notamment dans le secteur de la finance et de l’énergie. Forte de son expérience, la filiale polonaise de Teleperformance ambitionne de devenir leader dans le secteur des solutions BPO en Europe centrale et orientale. Aujourd’hui, elle emploie plus de 350 personnes dans deux sites, à Varsovie et à Siedlce. Teleperformance Polska possède de nombreuses années d’expérience du marché local, s’appuyant sur les processus et le savoirfaire du Groupe Teleperformance, les solutions haut de gamme de Contact Center Solutions ainsi que la garantie de la qualité des services. Des contrats de longue durée ont ainsi été conclus avec des entreprises du secteur technologique, des biens de grande consommation et de l’énergie. Teleperformance Polska est également la seule entreprise de centre d’appels en Pologne dont les processus opérationnels sont normalisés. La mise en œuvre des processus globaux de management tels que TOPS (Teleperformance Operational Processes & Standards) et BEST (Baseline Enterprise Standards for Teleperformance) permet non seulement de fournir des services de haute qualité aux clients mais constitue également une garantie pour les collaborateurs. En effet, Teleperformance accorde une attention particulière au développement des compétences des managers et à l’évaluation régulière des actions au sein de l’équipe. L’essentiel est de faire en sorte que tous les superviseurs allouent 80 % de leur temps de travail au suivi des équipes et au coaching. Cela se traduit par l’implication et la loyauté des équipes, ce qui DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique entraîne un taux de rotation du personnel extrêmement bas compte tenu du secteur d’activité. Au moment où les sociétés envisagent de délocaliser leurs processus à l’étranger, la Pologne est citée parmi les meilleures zones d’implantation pour investir dans les centres de services. Dans un classement de la société de conseil Hacket Group, la Pologne se place au troisième rang mondial, juste après l’Inde et la Chine3. Les perspectives de développement du marché du service multilingue en Pologne sont donc prometteuses, l’augmentation du nombre d’étudiants parlant de plus en plus couramment plusieurs langues étant notable. Le flux d’étudiants venant des universités étrangères dans le cadre des échanges et la vague des travailleurs immigrés sont également favorables à ce développement. Actuellement, les services dans les centres de services externalisés polonais sont prestés au total dans 34 langues ! l Finance & gestion octobre 2013 La démarche : vers un hub multilingue De nombreux contrats de Teleperformance Polska sont multilingues. En témoigne la coopération récente avec une société de biens de grande consommation pour laquelle des boutiques en ligne sont gérées en polonais, tchèque et slovaque. Ou bien un contrat de support technique et de service client avec un fabricant d’équipement électronique en polonais, tchèque, slovaque, hongrois, lituanien et ukrainien. « Les conditions favorables au développement du secteur des services aux entreprises en Pologne et les possibilités d’engager, dans la région de Varsovie, des collaborateurs parlant des langues même très rares nous permettent de transformer la filiale en hub multilingue » précise Ma- 1. D’après « Secteur de nouveaux services aux entreprises en riusz Odkala, Président de Teleperformance Polska. Pologne 2 013 », élaboré par l’Association des Leaders du Secteur des Services aux Entreprises (ABSL), juin 2013. « En fonction du projet et des besoins du client, nous sommes capables, en trois mois, d’engager des personnes 2. D’après « Secteur de nouveaux services aux entreprises en parlant l’une des 28 langues, notamment des langues peu Pologne 2 013 » élaboré par l’Association des Leaders du Secteur répandues telles que le norvégien, l’hébreu ou le slovène. des Services aux Entreprises (ABSL), partenaire du rapport : à ce jour, de plus en plus de contrats de Teleperformance l’Agence Polonaise d’Information et d’Investissements Étrangers (PAIiIZ), Varsovie 2 012 Polska sont des contrats de service multilingue. C’est la direction à suivre pour le développement de l’entreprise » 3. D’après « Secteur de nouveaux services aux entreprises en Pologne 2 013 » élaboré par l’ABSL, partenaire ajoute MariuszIntra Odkała.174x128:Mise en page 1 23/09/13 Formations 9:47 Page 1 du rapport Varsovie 2 012. © mh-werbedesign - Fotolia.com Les formations intra by DFCG • Une formation adaptée à vos besoins • Des exercices et cas pratiques adaptés à votre environnement • L’acquisition de pratiques et d’un langage commun pour une meilleure cohésion de vos équipes • Une optimisation de votre budget formation Pour toute demande, contactez Stéphanie Poindrelle au 01 40 20 96 04 ou par mail : stephaniepoindrelle@dfcg.asso.fr F O R M AT I O N 55 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Olivier de la Pontais Département Grands Comptes A.U. Group PAR Tomasz Drebot PDG Riskman partenaire A.U. Group Finance & gestion octobre 2013 Financement et assurancecrédit en Pologne Regards croisés 56 S’installer en Pologne comporte bien des avantages… mais aussi quelques risques ! Olivier de la Pontais et Thomasz Drebot partagent leurs expertises en termes de financement et d’assurance-crédit. O livier de La Pontais : M. Drebot, pouvezvous nous donner une vision de la situation économique en Pologne ? Tomasz Drebot : La Pologne est l’un des rares pays de l’Union européenne à avoir surmonté la crise économique de 2009 et 2010. Sa situation macroéconomique est non seulement l’une des meilleures en Europe Centrale et en Europe de l’Est mais également l’une des plus saines parmi les membres de l’UE. Au quatrième trimestre 2012, la Pologne était le seul pays de la région avec un PIB largement supérieur à celui du début de la crise, au quatrième trimestre 2008 (+12,5 %). En 2012, l’économie polonaise a ainsi affiché une croissance de 1,9 % alors que la plupart des pays de l’Union européenne étaient en récession. Les exportations ont augmenté de 2,8 %, la consommation intérieure de 0,8 % et le salaire moyen de 3,7 % (cette dernière hausse a toutefois été absorbée par une inflation à 3,7 %). Malgré ce bilan positif, la Pologne est confrontée à de nombreux risques macro et micro-économiques : un taux de chômage élevé de 12,9 % (en 2012) et en lente augmentation (0,9 % prévu pour 2013), un taux d’investissement qui chute, en liaison avec les mesures de réduction des coûts dans le secteur public et privé et, enfin, un risque d’insolvabilité accru pour les entreprises. O.P. : En quoi la Pologne se distingue-t-elle du reste de l’Europe en termes de risques ? T.D. : La Pologne a globalement été moins touchée par la crise de 2009 et 2010 car les banques polonaises n’étaient pas impliquées à grande échelle dans des programmes risqués d’obligations et de produits financiers dérivés. En outre, le zloty polonais s’est largement déprécié en 2008 et 2009. Enfin, la part de l’investissement public dans le PIB de la Pologne était, en 2011, l’un des plus élevés de l’Union européenne des 27. Toutefois, ces différents leviers économiques internes (la dépréciation du zloty, les politiques fiscales et les investissements publics) sont actuellement au ralenti et la situation économique extérieure s’est largement dégradée. La majorité des exportations polonaises se font vers l’Union européenne (en particulier l’Allemagne et la France). Par conséquent, les sociétés exportatrices dépendent largement de la situation économique de l’UE pour la bonne santé de leurs activités. Il faut noter, par ailleurs, que la Pologne n’est pas dépendante d’un secteur économique particulier (comme l’Europe du Sud avec la construction) et qu’aucune banque polonaise n’a demandé une aide de l’état. O.P. : La situation que vous évoquez n’a-t-elle pas des conséquences sur le risque de crédit client ? T.D. : Le fait est que le risque d’insolvabilité s’est accru. Le nombre de demandes de recouvrement et le nombre de contentieux ont augmenté depuis mi-2012. Tout comme le nombre de défaillances, qui a augmenté de 22 % en avril 2013 par rapport à l’année précédente. Rien que pour le mois d’Avril 2013, les tribunaux de commerce ont approuvé 88 défaillances, soit 328 défaillances depuis le début de l’année 2013, ce qui représente 9 % de plus que la même période l’année passée (300 défaillances). Le nombre de défaillances en 2013 a rapidement augmenté dans l’industrie lourde (+34 %), la distribution (+32 %) et les services (+22 %). En parallèle, les délais de paiement ont augmenté dans la plupart des secteurs. En termes d’assurance-crédit et d’affacturage, les besoins prioritaires DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique T.D. : Pouvez-vous nous en dire plus sur la situation de vos clients implantés en Pologne ? Quels sont les risques majeurs identifiés sur ce marché et les principaux besoins en assurance-crédit ? O.P. : Aujourd’hui, le risque majeur sur le marché polonais est clairement lié à la crise. Même si nos clients ont une connaissance approfondie de leurs partenaires commerciaux, ils sont de moins en moins à l’abri de problèmes de non-paiement. En effet, nombre d’entreprises locales rencontrent de plus en plus de problèmes de liquidité financière qui peuvent être source de retards de paiement. Par ailleurs, les groupes industriels – et en particularité les équipementiers – sont confrontés à une concurrence accrue qui pousse leurs compétiteurs à s’engager sur des commandes sans toujours mesurer les risques, simplement pour gagner un nouveau client. Ce qui conduit certains à proposer, au-delà de conditions de paiement très favorables, le versement d’une prime pour conquérir de nouvelles parts de marché ! Les risques majeurs sur le marché polonais sont donc autant liés au rétrécissement du marché et à la perte de contrats qu’à une augmentation des impayés. T.D. : Dans cette logique, le recours à l’assurance-crédit est de plus en plus associé aux meilleures pratiques de gestion des risques et du poste clients. O.P. : Justement, quelles sont les différentes options et solutions possibles en Pologne en matière d’assurance-crédit et de financement comparé au reste de l’Europe ? T.D. : Le marché polonais de l’assurance-crédit est en majorité détenu par Euler Hermes (60 % des parts de marché) avec ses polices standardisées et dédiées aux PME. Beaucoup de PME souscrivent des polices d’assurance-crédit avec la Coface et Euler Hermes avec des primes annuelles d’une valeur inférieure à 2 500 euros, ce qui est rare dans le reste de l’Europe. Prenant en compte ces risques de défaillances, la plupart des entreprises françaises du CAC 40 présentes en Pologne sont couvertes par une police d’assurance-crédit ou pensent sérieusement à en souscrire une rapidement. Le marché de l’affacturage est très concurrentiel avec plus de 50 factors différents. Ce qui caractérise le marché polonais par rapport au reste de l’Europe, c’est la possibilité de choisir un financement pour une petite partie de votre portefeuille ou même pour un acheteur unique/un risque acheteur unique. Là où, dans le reste de l’Europe, vous devez habituellement envisager un programme global d’affacturage. Le reverse factoring se développe également depuis quelques années et suscite de plus en plus d’intérêt. T.D. : Quelles solutions mettez-vous en place pour répondre aux besoins de vos clients implantés en Pologne ? O.P. : Nos clients en Pologne sont souvent des filiales de grands groupes internationaux. La pression commerciale peut les pousser à accorder des délais de paiement à leurs clients réguliers mais également, sur des nouveaux marchés, à des clients qu’ils ne connaissent pas. Pour cela, ils ont besoin d’outils de prévention, de recouvrement mais aussi de garanties. Notre rôle est donc de les conseiller dans leur mise en place, en toute indépendance. Notre expérience acquise à travers un portefeuille de clients présents dans différents secteurs d’activités répartis sur toute l’Europe, est véritablement ce que recherchent les entreprises. Nous faisons gagner du temps à nos clients dans l’évaluation de leurs besoins, la recherche et la mise en œuvre de solutions sur mesure si nécessaire. Si le marché de l’assurance-crédit a atteint en Europe de l’Ouest une certaine maturité, il existe en revanche en Pologne une marge de progression liée à une conjoncture plus porteuse. Les échanges commerciaux s’en trouvent multipliés. Nous accompagnons le développement du chiffre d’affaires de nos clients en protégeant leurs transactions sur le marché domestique et à l’export. T.D. : Le marché polonais constitue une réelle opportunité de croissance pour les entreprises françaises qui souhaitent se développer en Europe. O.P. : Et que recommandez-vous à une entreprise qui souhaite s’implanter en Pologne ? T.D. : Je pense qu’une des premières étapes est de pen- ser sérieusement à souscrire une assurance-crédit. J’ai vu beaucoup d’entreprises allemandes, françaises et anglaises avoir cette démarche d’assurance-crédit lors de leur entrée sur le marché polonais. Vous ne connaissez pas les acheteurs et leur « intégrité » en termes de paiement. Vous ne maîtrisez pas non plus les comportements de paiement et les tendances du marché. Les assureurs-crédit et les courtiers ont les informations pertinentes, maîtrisent ces points-clefs et peuvent vous accompagner dans la sélection de vos partenaires commerciaux. Il n’y a aucun problème pour une start-up qui souhaite souscrire une assurance-crédit alors que ce n’est pas forcément aussi simple de travailler avec un factor ! l La Pologne est l’un des rares pays de l’Union européenne à avoir surmonté la crise économique de 2009 et 2010 Finance & gestion octobre 2013 sont liés aux limites de crédit ! En effet, tous les assureurs-crédit et les entreprises d’affacturage sont de plus en plus conservateurs en termes de risques. OP. : Nous avons nous aussi observé cette détérioration de la solvabilité dans le portefeuille des clients d’A.U. Group. 57 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique PAR Jadwiga Naduk Head of Market Research & Consultancy Hays Poland sp. z o.o Finance & gestion octobre 2013 Finance Directors In Poland Fighting for survival in tough markets 58 With economic conditions continuing to challenge corporations across the world, never have financial skills been more valued. We analyse the role of the FD in Poland, the attributes needed to succeed, the sector experience required plus the all-important motivational stimuli that these individuals are looking for from their organisations. W e surveyed 200 Finance Directors, asking them about their qualifications, experience and their opinions. A detailed presentation of the information we have gathered can be found below. Gender Gender Perhaps unsurprisingly, the upper echelons of the financial world are male dominated. However, there are more opportunities opening up for women - according to current statistics, the percentage of women FDs stands at 31%, which is still above the EU average (which is 29% for senior executives and managers; source: Mercers survey 2012). Age It should come as no surprise that almost two thirds of the finance directors surveyed are between the age of 36 and 55. The number above 65 makes up only 1% of the whole group, which might indicate that the younger generation is taking over the important positions. Another indication to support this claim would be the fact that over 18% of all respondents are below the age of 35. Years of experience Finance directors have on average around 20 years of professional experience, with the median being 16. As for the amount of time spent in their current position, this is on average 10 years whereas the median is 8. Another important point to make is that over 20% of the respondents are also serving board members. Age DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique What qualifications do you hold? It’s interesting to note that almost one fifth of the respondents have finished their postgraduate studies. Another 4% have graduated from MBA courses while 2% hold a PhD. A significant number (7%) of respondents have obtained internationally recognised qualifications, such as CIMA, ACCA, CFA or CMI. Education abroad Have you ever worked abroad? What our research also revealed is that a greater number of finance directors have actually worked abroad compared to those who have studied overseas. The study shows that almost 13% of them have gained professional experience outside of Poland – the most popular country is Germany followed by Russia and Italy. Monika Zielinska-mysior Mysior, Managing Director, Gravet Consulting Sp 20.0 Candidates for financial positions in Poland as seen by EU CFOs The general impression of EU CFOs working in Poland concerning Polish candidates for posts in financial departments is very positive. The candidates are usually well educated, have good level of knowledge in the area of finances, fluently speak foreign languages, English in particular (other popular foreign languages are: German, Russian, French, Spanish and Italian). Those willing to work in an international environment focus on getting experience in International Accounting Standards or US GAAP. They are ready to work from Poland and travel frequently to some subsidiary. Yet, they are relatively not expensive. In 2012, the average annual salary in Poland of the Accountant was EUR 12 900, Chief Accountant EUR 34 300; Risk Managing Specialist EUR 25 800, Finance Controller EUR 25 800, Financial Analyst EUR 17 200 (1 EUR = 4,2 PLN). This may vary, of course, depending on: the length of professional experience, company size, origin of capital (companies with the foreign capital usually pay more), perks and benefits system (car, healthcare system, courses and postgraduate studies, etc.) and the region of employment. The highest remunerations are in Warsaw (Masovian district), while in the Eastern Regions of Poland they can be even 30 % lower. Some CFOs point out that the weaker point of Polish candidates applying for posts in financial departments, especially fresh graduates, are soft skills, such as: proactive approach, problem solving, time management, ability to set goals and execute them, efficient communication, team co-operation, knowledge sharing. The change in this area would require the change in the entire educational system in Poland, from teaching knowledge to acquiring skills, from teacher-centered to student-centered learning. This of course must take time, so the solution most CFOs choose today is providing their employees with soft skills trainings. Their abundance in Poland may fulfill all needs and expectations. High level of hard skills and salary level factors contribute to very dynamic development of business services sector in Poland. Within the last 6 years almost 400 service centers were located here, employing 110 000 people. Among them: Dalkia Services, Saint Gobain, Steria, Capgemini, Schneider Electric. Almost 60% of centers provide services in the area of finance and accounting. While organizations operating in the service, retail, and property sectors reported the greatest demand for finance specialists in 2012, recruitment in 2013 looks to be less optimistic due the economic slowdown, which mostly effected the construction industry. An increase in accountancy and tax positions has been noticed, so a greater demand for professionals, especially those with knowledge of taxation law is expected. The role of the Finance Business Partner is also supposed to grow as finance departments need people who can not only analyze problems, minimize risks and optimize costs, but have a general understanding of a wider business context (law, economy, organisation functioning). It is expected that in 2013 pharmaceutical, FMCG and Manufacturing sectors will create most jobs (source: Hays Salary Guide 2013). Today, the main reasons considered by Polish candidates to financial departments while choosing the potential employer are: stability of employment (type of job contract: for limited/ unlimited period of time; financial stability of the company), salary and benefits, perspectives for career development within organisation including professional trainings. Finance & gestion octobre 2013 The point of vue of… Almost one in 10 of the respondents have studied abroad with a third heading for the UK, followed by other popular destinations such as Italy, France, Switzerland and Bulgaria. 59 DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique Finance & gestion octobre 2013 Orange Polska Accounting Shared Services Centre in Lublin, Poland, recognized as the best in Europe 60 Orange Polska Accounting Shared Services Centre (ASSC) in Lublin, Poland, was awarded a prestigious prize at the 2013 Excellence Awards held at Shared Services and Outsourcing Week in Prague, Czech Republic, in May. The judges from Shared Services & Outsourcing Network (SSON) selected the Orange Polska Centre as the best in EMEA region in the category of “Excellence in Culture Creation”. Orange Polska is Poland’s leading telecommunication provider with more than 20 million customers. The Orange Polska Accounting SSC has operated in the City of Lublin since 2006. This Center was singled out by SSON in 2013 for a corporate culture that streamlines processes and enables implementation of new solutions. The results are better communication, better development of services, and improved work standards. The corporate culture model created by Orange Polska Accounting SSC is based on leveraging the experience and expertise of its employees, building a deep understanding of the nature of the company’s business, and combining it with a sense of passion and engagement in complementary activi- ties supporting the local community. This advantageous culture is also a reflection of the community in which the centre is based. According to Lublin Mayor Krzysztof zuk, the SSON award is “… proof that the location of the company in Lublin was a good choice. In the Lublin Development Strategy we emphasize the importance of BPO and SSC centres for the growth of the city economy and Orange Polska ASSC was one of the first players in this sector in Lublin”. The main goal for Orange Polska in establishing the SSC in Lublin in 2006 was to deliver high quality financial and accounting services for the companies within the Orange Polska Group. This it was quickly achieved. In 2009 SSON already recognized the Orange Polska ASSC naming it “Best Shared Services Centre Younger than 3 Years”. As one of the largest networks of shared services and outsourcing practitioners, SSON connects more than 65,000 members across 95 countries and organizes 25+ professional events around the world each year, including specialty events for CFO’s and Finance Directors. DOSSIER La Pologne, un exemple de réussite économique What sectors have you worked in? Our financial leaders in Poland have typically worked across a number of industries during their careers. Two thirds have gained experience in two sectors with over one in five declaring that they had worked in three sectors. Only two respondents have stayed in one industry for the entirety of their working lives. As for particular industries, almost half of the finance directors have worked in manufacturing, 42% in retail and wholesale trade and 29.5% in the construction sector. Employement Over a quarter of our FDs/CFOs have performed different roles throughout their careers. Over 20% used to work as HR Directors/Managers with a slightly smaller number responsible for R&D. Around 17% were formerly Operations Directors. This would seem to indicate a changing role for the FD from purely finance into being multi-disciplined, which is good news for any accountants coming into the profession from other areas. Company Turnover Current company – facts and figures Almost three in four finance directors work for Polish companies and almost one fifth are employed by foreign enterprises. Fewer than 5% work for companies with a state shareholding. The vast majority of respondents work for enterprises that employ between 50 and 249 people. It is important to note that only three respondents work for small companies. The majority of finance directors are employed by companies with an annual turnover greater than Zl 1000m with almost half working for companies with more than Zl 100m. As for industryt sector, over 20% of the respondents work in manufacturing, followed by retail and wholesale (16.5%) and construction (14%). It is important to note that the finance and insurance sector came fourth, which accounted for 11.5% of finance directors. Employers of choice We also asked the respondents what they expect from the top employer. Over 62% of respondents valued professional development as the most important benefit, followed by competitive remuneration (59%) and a financially secure company (56%) in third. More than half of the directors also listed company’s market position and just less than that – trust for the company. l Finance & gestion octobre 2013 Experience in other organisational functions 61 Employment of choice LIRE Alexander Osterwalder et Yves Pigneur Business Model : nouvelle génération Finance & gestion octobre 2013 Résolument novateur t ant sur la forme 62 que sur le fond, ce livre revisite le concept de business model à l’aune des nouveaux modèles économiques qui réussissent. Il s’adresse aux âmes d’entrepreneur et à tous ceux qui veulent créer de la valeur, développer de nouveaux marchés, améliorer et transformer leur organisation. Le but clairement affiché est de fournir le langage, les outils, les techniques et l’approche dynamique nécessaires pour concevoir des modèles innovants et compétitifs comme le dégroupage, la longue traîne, les plates-formes multi-faces, le modèle économique du gratuit, les modèles économiques ouverts. à partir de nombreux exemples, Alexander Osterwalder et Yves Pigneur décryptent les raisons du succès des uns et les échecs des autres, en expliquant les concepts et la façon dont les visionnaires et les audacieux abordent cet enjeu fondamental que constitue la création d’un modèle économique. Un ouvrage qui est également prospectif, en abordant cinq visions d’avenir. En dernière partie, les auteurs dévoilent l’originalité de la conception de l’ouvrage et les divers contributeurs. Un site internet permet de rejoindre la communauté et d’utiliser des outils mis à disposition. Très agréable à lire et très pédagogique, il dépoussière la matière et donne envie de se lancer pour faire partie de cette « nouvelle génération » ! l Michèle Canovaggio Pearson, 35,50 € - 288 p. François Langlet Qui va payer la crise ? Mille milliards ont été engagés o u dépensés pour sauver l’euro, « et ce sont les contribuables qui ont été rançonnés par les plans de rigueur successifs ». Dans Qui va payer la crise ? François Langlet revient sur les causes de la périlleuse situation française et explore des scénarios pour l’avenir. Parmi les solutions possibles, il privilégie celle consistant à faire payer les rentiers « auteurs d’un véritable hold-up » sur les contribuables. LU POUR VOUS PAR dominique chesneau Les systèmes financiers : mutations, crises et régulation À l’heure où les banques et la finance font l’objet d’une profonde remise en question, il est utile de rappeler quel est (ou devrait être) le rôle des banques et des marchés financiers. La finance est-elle toujours au service de l’économie réelle ? Quelles sont les sources de l’instabilité financière ? Les bulles sont-elles inévitables ? Pourquoi les banques ont-elles pris des risques excessifs ? Comment les banques centrales ont-elles agi pendant la période 2007-2012 ? Les leçons de la crise financière, devenue naturellement une crise économique, ont-elles été tirées ? Les réformes en cours parviendrontelles à améliorer la supervision des banques et l’organisation des marchés, ainsi qu’à contenir le shadow banking ? Sur tous ces sujets et bien d’autres encore, ce livre propose des clés pour passer de la théorie aux applications les plus actuelles. Il met en lumière, analyse et met en perspective la complexité des évolutions des modèles économiques. Sans juger, il démontre que les économistes ne pouvaient pas forcément voir venir la crise que nous traversons. En effet, parmi toutes les hypothèses contradictoires, l’histoire économique n’a tendance à retenir que l’auteur qui avait vu juste… présentant la crise qui nous frappe comme un événement inéluctable ! Concernant l’Europe, les auteurs nous rappellent que si les États ne réforment pas suffisamment leur marché du travail ou que les barrières linguistiques et réglementaires sont trop fortes, seule la flexibilité des salaires permet le maintien ou le retour du plein-emploi et joue donc un rôle similaire à la mobilité du travail. Sauf à envisager des transferts budgétaires d’équilibrage de la zone. L’insuffisante intégration européenne ne pouvait que conduire à la situation présente. Parallèlement la fragmentation des acteurs de marché pour renforcer la concurrence a conduit à une moindre transparence et à des arbitrages réglementaires car la régulation et la supervision n’ont pas suivi le mouvement. Cet ouvrage est destiné en priorité aux étudiants mais intéressera n’importe quel lecteur soucieux de mieux interpréter les évolutions monétaires bancaires et financières. l Les systèmes financiers : mutations, crises et régulation, direction de Christian de Boissieur et Jézabel Couppey-Soubeyran, Economica, 27 € - 288 p. Il rappelle les événements intervenus depuis le début de la crise de l’euro avec un vrai talent de plume, qui fait oublier la technicité du sujet, pas forcément passionnant de prime abord. L’exposé des remèdes, en revanche, paraîtra peut-être moins convaincant au lecteur. La crise de l’euro dissimulant, une opposition entre les générations et les modèles de société, l’auteur recommande d’éliminer une rente – nocive au développement économique – et d’accélérer les transferts générationnels… objectifs que l’on peut atteindre en ne remboursant pas les prêteurs. Simple ! Enfin… seulement en apparence. Si l’on y réfléchit, ce simplisme conduit aux mesures institutionnelles en cours de discussion sur l’union bancaire, le fonds européen de garantie des dépôts, les eurobonds, la résolution des faillites bancaires, le contrôle parlementaire de la BCE... l Dominique Chesneau Fayard, 11,90 € - 216 p. Vincent Lorphelin Le rebond économique de la France Fin XIXe, la France a traversé u ne crise économique sans précédent : subprimes immobilières, faillites bancaires, secteurs industriels tout entiers qui s’effondrent, scandales politiques… La France peine a redémarrer, alors que ses voisins redeviennent très vite compétitifs. L’exposition LIRE l Bruno de Laigue Pearson, 22 € - 224 p. Yves Michaud Qu’est-ce que le management responsable ? Les entreprises doivent s’adapter aux défis économiques, technologiques, sociaux et environnementaux. Dans ce contexte, il convient de bien « faire marcher les choses », mais pas n’importe comment ! Qu’est-ce que bien manager ? Yves Michaud, philosophe ayant exercé de nombreuses responsabilités managériales, essaye dans cet ouvrage de dessiner les contours du management responsable. L’auteur suggère d’oublier les recettes de management « simplistes » des deux dernières décennies (rentabilité, flexibilité à tout prix) et de sortir du « tout urgent ». Il pose les bases « théoriques » d’un management durable et en définit les aspects : responsabilité, confiance, décision, sens de l’innovation au quotidien, performance entendue dans toute sa complexité, respect et réflexivité. L’ouvrage est ponctué de nombreux témoignages de managers et de chefs d’entreprise. À découvrir sans plus tarder ! Finance & gestion octobre 2013 universelle de 1 889 à Paris est un nouveau départ, l’occasion de mettre en avant des projets innovants : électricité, chimie, moteurs, téléphone… Devant le développement de secteurs nouveaux comme l’électrométallurgie, la presse, l’édition, l’économie repart avec vigueur et les services de R&D se développent dans les entreprises. En 1900, la France est à son apogée et devient une référence mondiale, tant dans le domaine industriel que dans celui de l’art de vivre… Cette histoire ne vous dit rien ? Vincent Lorphelin nous la raconte dans Le rebond économique de la France. Un ouvrage qui permet de mieux comprendre les origines de la crise de 2008, identiques en tous points. La France a du mal à redevenir compétitive… Quant aux innovations d’aujourd’hui, elles sont également pléthoriques : 85 entrepreneurs partagent leurs idées de manière passionnante : nouvelles technologies, réseaux sociaux, écologie, art de vivre. Avec un outil merveilleux : le web. Ce livre permet de prendre un bon bol d’optimisme : la France a du talent et elle a su, sait et saura en tirer profit ! l Mathieu Marcinkiewicz Eyrolles, 12 € - 248 p. Jacques Attali Urgences françaises Le pessimisme semble toucher tous les secteurs de l’économie française, que ce soient le patronat, les salariés, ou même certains politiques. Il faut dire que la crise frappe durement notre pays, en dépit d’un environnement relativement protégé. La France qui s’enfonce, la France qui refuse de se réformer, la France qui n’avance que par des révolutions, sont autant d’aspects analysés par Jacques Attali. Son ouvrage, au-delà d’un constat critique parfois exacerbé, comme ce chapitre concernant le pouvoir excessif des seniors, détermine les différentes responsabilités. Il porte aussi un regard grave et lucide sur ce qui pourrait arriver, avec la vision d’un déclin inéluctable d’ici dix à vingt ans. Mais il nous délivre un formidable espoir, la possibilité de s’en sortir par la mise en œuvre de dix chantiers majeurs. La France pourrait bien redevenir ce pays plein de promesses que nous aimons tous, pour nous d’abord mais aussi pour les générations futures. Un beau programme pour les acteurs de la lutte contre la crise que nous sommes tous… l Georges Couvois Éditions Fayard, 15,50 € - 240 p. 63 Viennent de paraître La France contre-attaque, par Karine Berger et Valérie Rabault, Odile Jacob, 21,90 € - 244 p. Théories du bordel économique, par Pierre-Henri de Menthon et Airy Routier, J.-C. Lattès, 17 € - 284 p. Monnaie, banque et marchés financiers, p ar Frederic Mishkin, Pearson, 54 € - 928 p. L’iconomie pour sortir de la crise, par Christian Saint-Étienne, Odile Jacob, 19,90 € - 200 p. EN APARTÉ Henri Malosse Président du Comité économique et social européen Finance & gestion octobre 2013 Le CESE, pour une Europe citoyenne 64 Henri Malosse, président du Comité économique et social européen, prêche pour une Union européenne qui ait enfin le courage de défendre les acteurs économiques de la société civile, et pas seulement les plus puissants. L’ Union européenne a perdu ces dernières Dès lors, le défi de l’Union consiste à retrouver son but années sa capacité à écouter les citoyens. Et les élections premier : la défense des intérêts de ses citoyens et de ses européennes, qui auront lieu dans moins d’un an, entreprises. Certes, le développement des lobbies sous la risquent d’amorcer un tournant majeur, marqué par la technicisation croissante des sujets traités par la Commispoussée des anti-européens. Ce constat franc, sans sion, a rendu la tâche plus ardue. Se faire entendre à langue de bois, paraît bien pessimiste si l’on s’en tient Bruxelles est devenu un tour de force, de plus en plus à la là. Mais si l’on sait en tirer les conséquences nécessaires, portée exclusive des seuls acteurs les plus puissants. Face il peut devenir salvateur ! à ce constat, le rôle prioritaire du Comité économique et Il est vrai que l’Europe donne souvent l’impression de social européen (CESE) consiste à assurer la défense des s’intéresser à des sujets aussi secondaires que la régle- acteurs économiques et sociaux qui composent la société mentation de l’huile d’olive dans les restaurants, alors civile (petites et moyennes entreprises, mutuelles, assoqu’elle échoue à lutter contre l’évasion ciations, start-up…), qui n’ont pas forcéfiscale et les 2000 euros par an qu’elle ment les moyens de se faire entendre, Le défi de coûte à chaque Européen. mais en ont tout autant le droit. Il s’agit Au-delà de cette dimension anecdo- l’Union consiste de la seule institution européenne vers tique, certaines de ses décisions, nolaquelle des chefs d’entreprise du bâtià retrouver tamment dans le domaine économique, ment, de sociétés de service ou d’exploiprêtent un peu moins à sourire. Ainsi, son but premier : tations agricoles ont pu se tourner pour la Commission européenne donne-t- la défense faire entendre leurs craintes quand est sorti le projet de directive dite elle naissance à des politiques contra- des intérêts dictoires qui laissent perplexe sur l’exisEt elle sera la seule instide ses citoyens et « Bolkestein ». tence – ou non – d’une quelconque tution qui lancera une analyse de terligne directrice. Par exemple, lorsque le de ses entreprises rain, pour en faire remonter les dysfoncCommissaire en charge de l’Industrie tionnements et exiger des modifications. s’évertue à promouvoir une politique à présent, l’urgence est de redonner de soutien à un secteur économique, le Commissaire du sens au mot « transparence ». Fondement de tout en charge de la politique de la Concurrence fait son système démocratique, c’est ce qui fait aujourd’hui le possible pour en empêcher les effets, au nom du sacro- plus défaut à Bruxelles. C’est pourtant le seul moyen de saint principe de libre concurrence. Un peu comme si remettre l’Europe à l’endroit, afin que chacune de ses nous allions à rebours de tous les autres continents – il décisions la mettre du côté de ses acteurs économiques suffit, par exemple, de regarder combien de dollars et sociaux dans un jeu de plus en plus mondialisé et l’Etat américain a consacré au sauvetage de General concurrentiel. C’est aussi le seul moyen pour que les Motors – tant ces stratégies participent à la désindus- citoyens comprennent ce qui s’y passe et reprennent trialisation progressive de l’Europe. « goût » à l’Europe. l