Les Rites Misraim et Memphis - Ancient and Primitive Oriental Rite
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Les Rites Misraim et Memphis - Ancient and Primitive Oriental Rite
LES RITES MAVONNIQUES DE MISRAIM ET MEMPHIS SI LA BIBLIOTHEQUE INITIATIQUE 11 GASTONE VENTURA COLLECTION LA BIBLIOTI-IEQUE INITIATIQUE 1. La langue sacr~e, par ENEL. 2. L’enfant du Nil, par ENEL. 3. ZOHAR, le livre de la splendeur, traduit par Jean de Pauly. Tome 1. 4. Tome 2. 5. Tome 3. 6. Tome 4. 7. Tome 5. 8. Tome 6. 9. Les origines de Ia Genese et l’enseignement des temples de l’ancienne Egypte, par ENEL. 10. Le myst~re de Ia vie et de Ia mort d’apr~s I’enseignement des temples de I’ancienne Egypte, par ENEL. 11. Les Rites ma~onniques de Misraim et Memphis, par Gastone VENTURA. LBS RITES MA~ONNIQUES DE MISRAIM ET MEMPHIS traduit de 1’italien par Gerard GALTIER et Sophie SALBREUX 1986 EDITIONS MAISONNEUVE & LAROSE 15, RUE VICTOR-COUSIN PARIS TABLE DES MATIERES Introduction 11 Premi~re partie. — LE RITE MA§ONNIQUE DE MISRAIM OU D’~GYPTE 15 Chapitre Premier. Misraim en France: Ragon et les Bddarride MisraYm et le Grand Orient La pers~cution La ddc]aration de 1889 La scission en deux groupes 17 Chapitre II. Les Arcana Arcanorwn: Cagliostro et le Chevalier d’Aquino Les Ma~ons napolitains La loge Secret et Harmonie de Vile de Malte Les trois grades des Arcana Arcanorum L’ddit antima~onnique de Ferdinand de Bourbon Pallante Les loges jacobines Les Arcana Arcanorum dans les Pouilles et les iles loniennes 28 — — — — — — La loi du 11 mars 1957, n’autorisant aux termes des alin6as 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les copies ou reproductions strictement r6serv6es ~ l’usage priv6 du copiste et non destin~es ~ une utilisation collective et d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustiations, «toute representation ou reproduction int~grale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ~ (alin6a 1~’ de l’article 40). Cette representation ou ieproduction, par qucique proc6d6 que ce soit, constituerait donc une contrefa~on sand ionn6e par les articles 425 et suivants du Code penal. Titre original: I RITI MASSONICI DI MISRAIM E MEN4PHIS Editions Atan6r, Rome, 1975 — — — — — — — Chap itre HI. Les sources bistoriq~es de MIsrahn: Les premi~res attestations La version de Levesque et celle de Clavel L’histoire l~gendaire de Marc B~darride Les imitateiirs de Ragon Le Rite Adonhiramite et Ia loge des Illumin~s d’Avignon Le patriar— — — © G.-P. MAISONNEUVE ET LAROSE, 1986 — — ISSN 0767-080X ISBN 2.7068.0913.2 — 8 che Ananiah et l’initi~ Parenti de Zante A nouveau Cagliostro Le Philal~the Abraham MisraYm ~ Zante et ~ Venise — — — Chapitre IV. Misraim apr~s les B~darride, en Italie et en France: Les Carbonari et l’ind& pendance italienne Les Sublimes Maitres du Grand flEuvre Misraim ~ Venise en 1848, en 1865 et sa mise en sommeil de 1867 Le r~veil de 1945 Les dipl6mes italiens de Papus Le Rite R~forrn6 de Misraim de Pessina La loge Arc en Ciel de Paris Le Rite moderne de MisraYm, R~gime de Naples 39 — — — — — — — — — — 50 — — — Deuxi~me partie. 59 89 Chapitre VIII. Le Rite Philosophique Italien et le Rite de Memphis de Palerme: Ferrari et Fera Palazzo Giustiniani et Piazza del GesZ~ Edoardo Frosini, le Grand Orient d’Italie et le Congr~s spiritualiste de Paris La F~d& ration Ma~onnique Universelle La Loge centrale Ausonia du Rite Espagnol et le Rite Philosophique Italien en sept grades Sa cession ~ Ia Piazza del Gesi~i apr~s Ia Premi~re Guerre mondiale Le r~veil i~ Palerme en 1921 de I’Ordre de Memphis d’Egypte Le Grand Expert Adelchi Borzi Martinistes et Memphisiens Banti et Allegri La patente de la Langue de V~n~tie et Lombardie 109 — — — — — — — — — Chapitre V. Etienne Marconis et Memphis: La version de Ragon L’Hi~rophante et le Sanctuaire de Memphis Legende et r~alit~ Les 92 grades originels Memphis, les grades Ecossais et les grades de Misraim L’orthodoxie du Rite Les pri~res ~ la Puissance Supreme — — — — LE RITE ORIENTAL ANClEN ET PRIMITIF DE MEMPHIS Chapitre VII. Des PyramJdes ii I’Eglise Gnostiqw.~e: Joseph Garibaldi La situation des deux Rites Leo Taxil et Diana Vaugham Memphis en Espagne et en Roumanie Reconnaissance g~n~rale du Memphis d’Egypte Guarino Troilo et le Rite de Memphis en 99 degr~s Le Congr~s spiritualiste de Paris de 1908 La patente de Reuss ~ Papus Sa succession: Bricaud et Ambelain Les chartes de 1909 et 1921 de Mika~l (Lagr~ze) L’Eglise Gnostique et sa succession Le pr~tendu Rite chr~tien de Memphis-Misraim et le grade de Cons~crateur Les N~o-Templiers et le clerg~ Le Levitikon et 1’Evangile apocryphe de Saint Jean — — — 9 TABLE DE5 MATI~RES LES RTES DE MISRAIM ET MEMPHIS — — — — — — — 61 — Chapitre VI. Les Pyramides de Memphis: Le Rite Ancien et Primitif John Yarker et ses Rites Leur histoire La rdduction des grades ~ Ia nomenclature Ecossaise Theodor Reuss et l’Ordo Templi Orientis Memphis ~ Palerme Le Grand Orient d’Egypte et la charte de 1876 Le Rite R~form~ de Memphis de Catane et Giambattista Pessina La poidmique avec Ia Rivista della Massoneria Le Congr~s de Milan et les Supr~mes Conseils de Naples, Palerme et Livourne Le Sanctuaire Idgitime d’Italie — — — — — — — — — — Troisi~me partie. — — — MEMPHIS ET MISRAIM APRtS LA MONDIALE Chapitre IX. L’Ordre de Memphis-Misraim: Le trait~ entre l’Eglise Gnostique de Bricaud et I’Ordre Martiniste La succession gnostique de Bricaud La filiation Mika~1 issue de Ia charte de Yarker de 1909 Les convents de — — — — SECONDE GUERRE 71 — — — 123 10 LES RITES DE MISRAIM ET MEMPHIS 1964/65/66 de 1’Ordre de Memphis-MisraYm r6veill~ par Robert Arnbelain La Grande Loge f~minine de France L’Ordre moderne de Memphis de Probst-Biraben — — 125 Chapitre X. Palerme et Milan: Nouveau r~veil ~ Palerme de l’Ordre de Memphis d’Egypte R~veil du m~me Ordre ~ Londres Martinistes de Memphis et Martinistes de Misraim et Memphis Les prdtentions milanaises Le plan de MisraYm et Memphis pour l’unification 135 ma~onnique en Italie — — — — INTRODUCTION — Chapitre XI. Le So~verain Grand Sanctuaire Adriatique: Rdveil de l’Ordre de Misraim de Venise et son union au Temple Mystique des Patriarches de Memphis La Loge-m~re Osiride Le Souverain Chapitre des Adeptes d’Orphde Le Consistoire Nefertum du 9O~ degrd L’alliance avec le Droit Humain La prevarication de Philalettes La R~organisation des Ordres et des Rites Philalettes et les Fran~ais Philalettes et les Italiens La calomnie contre le d~funt Grand Hidro142 phante Artephius Philalettes d~masqu~ — — — — — — — — — — — Conclusion 155 Addenda ~ Ia deuxl~me ddition Itallenne 161 Annexe ii I’ddition fran9alse: Grades de divers Rites 183 Bibliographie 195 Un grand nombre d’~crivains ma9onniques et antima~onniques ont ~crit sur les Rites de Misraim et Memphis, mais toujours d’une mani~re br~ve et superficielle, sans jamais les prdsenter clairement, soit parce qu’ils ne possddaient pas de documentation, soit parce qu’ils n’avaient pas obtenu 1’autorisation de la publier, soit encore pour d’autres raisons qui apparaitront clairement ~ celui qui aura la patience de lire et de r~fkcbir. Cela est dfi aussi ~ la r~serve dans laquelle ces deux Rites se sont maintenus ~ la suite des pers~cutions des pouvoirs civils et des ca lomnies Fr~quentes auxquelles us furent et sont encore soumis de la part des organisations ma~onniques plus puissantes numdriquement et de tendances radicales et mat~rialistes. Quelques dcrivains ma~onniques, presque toujours de tr~s hauts dignitaires des deux Rites, comme par exemple B~darride, Vernhes, Malinger pour le Rite de Misraim, Marconis, Yarker, Bricaud, Frosini, Mac Bean pour le Rite de Memphis (pour n’en citer que quelques-uns, en exceptant Ragon pour des raisons ~videntes qui seront expliqu~es dans le texte) ont tent~ de mettre en avant quelques dates historiques (presque toujours l~gendaires ou tout ~ fait fantaisistes) sans y r~ussir, et en g~n~ral avec le but secret, apr~s avoir tents de d~montrer l’anciennets du Rite, d’en profiter pour eux-m~mes, sans se rendre compte que, lorsqu’on se r~f~re i~ 1’anciennet~ des Rites ma~onniques et i~ l’origine de la Ma~onnerie sp~culative, les dates sont tr~s r~centes et que le Rite le plus 12 LES RITES DE MISRAIM ET MEMPHIS connu et le plus important num~riquement, c’est-~-dire le Rite Ecossais Ancien et Accept~, remonte i~ 1801, et que Memphis est plus recent et Misraim sans doute ~ peine plus ancien. Ainsi que le faisait remarquer tr~s justement le Marquis Savalette de Lange dans un petit opuscule publi~ en 1777 par les soins de la Respectable Loge des Amis R~unis ~ l’Orient de Paris (la Loge si c~l~bre des Prnlal~thes) Les pr~tentions d’anciennet~ ne servent ~ rien: «Renon~ant donc absolument ~ toute pr~tention ~ l’antiquit& notre ~poque est fixde i~ l’~tablissement dans cette Loge des Commissaires aux Grades et aux Archives en 1775 (...) Les Amis R~unis se dedommageront par une longue et paisible existence dans la post~rit~ de l’aveu modeste qu’ils ne rougissent pas de faire de leur moderne origine. Quant ~ moi, sous l’influence de quelques amis du Centre international des ~tudes traditionnelles, j ‘ai entrepris la recherche de documents sur les deux Rites, sans attacher la moindre importance ~ leur origine plus ou moms ancienne, parce qu’~ mon avis, ce n’est pas la date de Ia fondation d’un Ordre ma~onnique qui l’ennoblit et fait apparaitre son orthodoxie et son authenticit~, mais bien son exactitude dans l’enseignement des doctrines ma~onniques et son respect de leur esprit. Maiheureusement la raret~ des renseignements sur les deux Rites laisse les mains libres aux profiteurs et aux faux proph~tes> et, de ce fait, les filiations des nombreux groupes qui se r~clament de Misraim ou de Memphis, ou des deux, sont assez incertaines et m~me souvent fausses. Ceux qui de temps en temps r~veillent Misraim ou Memphis, ou se d~clarent possesseurs plus ou moms l~gitimes d’un droit de r~veil, «oublient > certains statuts et certains rituels, soit parce qu’ils ne poss~dent pas L’ensemble des statuts et des rituels originels, soit pour d’autres motifs; quand ils ne substituent pas ddib~r~ment aux rituels authentiques les rituels d’un autre Rite plus commun ou plus connu (qui selon eux respectent la tradition) ou n’inventent pas de pseudo-rituels “6gyptiens ou «orientaux des trois premiers degr~s ceci contre toute r~gle ma~onnique, car les rituels — INTRODUCTION 13 des trois premiers degr~s de tous les Rites sont les m~mes, sauf queLques petites et insignifiantes variantes, pour tous les Ma~ons du Monde. Dans l’~laboration de la pr~sente ~tude, je m’en suis tenu, en ce qui concerne Les sources, i~ une m~thode fondamentale pour quelqu’un qui «pretend ~ et se plait i~ faire de l’histoire; cette m~thode, gage de s~rieux et de precision, consiste en la prise en consid~ration de trois axes de recherches: 10 la documentation existant dans les archives publiques et priv~es des Ordres et Rites, ainsi que celle provenant d’ouvrages de caract~re historique; 20 Ia documentation fournie par les papiers privds appartenant aux Rites (correspondance, notes, etc.) et l’examen des jugements qui peuvent subsister dans cette documentation; l’analyse des diverses interpr& tations et des diffdrents r~cits et indications historiques. Pour chacune de mes sources, je me suis pr~occup~ de fournir l’origine et les dates pr~cises ~ ma disposition, afin que chacun, s’il le desire, puisse contester l’exactitude de la citation. Par souci d’objectivit~, j’ai en outre cit~ de nombreux auteurs oppos~s aux deux Rites, qui ont essay~ de les discr~diter; et leurs citations servent largement aussi ~ ddmontrer le peu de s6rieux et les contradictions de leurs dcrits. Naturellement il serait absurde et ridicule de pretendre avoir recueilli et examin~ toutes les informations existantes mais assur~ment nous avons pr~sent6 celles qui dans le cadre g6n~ral d’une s~rieuse recherche historique permettent de d~gager l’origine, l’~volution (et l’involution) ainsi que l’actuelle position des deux Rites, du brouillard ~pais dans lequel, jusqu’~ aujourd7hui, us ~taient pIong~s pour les raisons d~j~ mentionn~es. Nous pensons ainsi ouvrir les yeux sur les speculations de certains “Grands Maitres > et sur Ia r~gularit~ de divers groupes qui, en toute bonne foi, se r~cIament des Rites de MisraYm ou de Memphis, ou de tous les deux ensemble, sans avoir d’eux aucune documentation r~elle, ni avec eux aucun lien historique et initiatique. Je me sens le devoir de remercier tous ceux qui m ‘ont assist~ dans mes recherches et m’ont donn~ Is possibilit~ 30 ~1 14 LES RITES DE MISRAIM ET MEMPHIS d’acc~der ~ des documents rarissimes et compl~tement inddits et particu1i~rement le Grand Secretariat des Rites Unis de Misraim et Memphis, le Grand Hi~rophante g~n6ral du Rite de MisraYm Regime de Naples» ou Arcana Arcanorum, le Grand Maitre de I ‘Ordre Martiniste, la Grande Chancellerie de l’Ordre du Temple, le Conservateur des archives de la loge Concordia Veneta ~ l’Orient de Venise du Rite ma~onnique mixte du Droit Huma in et les importants Ma~ons des autres Rites, qui ont permis mes recherches en mettant ~ ma disposition des textes rares, des lettres originales, des d~crets, des chartes et ainsi de suite. Je dois conclure en d~clarant que si dans le texte qui suit j ‘arrive quelquefois ~ des conclusions, elles sont enti~rement d~pendantes de l’examen des documents cites ou rapport~s, sans que l’on puisse penser qu’elles tirent leur origine d’int~r~ts particuliers de caract~re ma~onnique. C’est-~-dire, qu’il s’agit de conclusions historiques qui, en tant que telles, ont une importance fondamentale. PREMIERE PARTIE LE RITE MA~ONNIQUE DE MISRAIM OU D’EGYPTE Venise, janvier 1975 G. VENTURA 55 CEIAPITRE PREMIER MISRAIM EN FRANCE “Ce fut le 21 mai 1814 ~crit Jean-Marie Ragon, auteur sacr~ de la Ma~onnerie fran~aise, particuli~rement vdn&6 au Grand Orient de France — que des Ma~ons, venant d’Italie, nomm~s B~darride fr~res, n~gociants (ils passaient pour des Juifs portugais), dtablirent, dans leur domicile, rue des Bons-Enfants, n0 27, un Grand Chapitre du Rite de Misraim, dont nous donnons plus loin le tuileur complet ~.» Ragon raconte ses contacts avec les B~darride qui, selon ce qu’il ~crivait, lui “vant~rent la sub1imit~ de leur Rite, sans vouloir entrer dans aucun ddtail. Je leur objectai qu’ayant lu leur nomenclature, j ‘en connaissais les 68 premiers degrds, et je les priai de me dire l’esprit et le but des 22 derniers grades. Leur rdponse fut un balbutiement que je pris pour de la r~serve et que j ‘attnbuai aussi ~ la difficu1t~ de s’exprimer en fran~ais qu’ils baragouinaient alors avec peine — S >. 1. J.-M. RAGON. — Tuileur gdn~ral de La Franc-Ma9onnerie ou Manuel de l’Initis contenant l’origine identique de l’Ecossisme et de Misrdim, Paris, 1861, p. 236. 2. Ii n’est pas exact que les fr~res B~darnide, Marc, Joseph et Michel, ne connaissalent pas le fran~ais. Marc, auteur de l’Ordre ma~onnique de MisraYm, publi~ ~ Paris en 1845, I’~crivit en tr~s bon fran~ais. D’ailleurs Marc dtait officier d’dtat-major dans 1’arm~e d’Italie et ~tait nd en France, et de ce fait le fran~ais ~tait sa langue. En consequence, 1’opinion de RAGON selon 1eq~ie1 18 19 LE RITE DE MISRAIM MISRAIM EN FRANCE Le r~cit de Ragon laisse percevoir sous son apparente objectivit~ et son style quelque peu ironique, tine certaine rancceur contre les B~darride et le Rite de MisraYm qu’en ddfinitive ii condamne parce qu’iI “reprdsente l’autocratie: Un seul, sous le titre de Souverain Grand Maitre absolu, gouverne les ateliers, il est irresponsable. Cette anomalie toute profane rappelle le droit divin. Ce r~gime, qui n’a de ma~onnique, que ses emprunts aux collections et aux Rites connus, n’est pas meme ma~onnique dans ses formes ». Mais cependant ii manifestait de l’intdr~t pour ce Rite qui le fascinait malgr~ son mdpris ext~rieur pour les hauts-grades et il fit une tentative, sur laquelle il y aurait beaucoup ~ dire, de le faire reconnaitre par le Grand Orient de France. Dans tine autre de ses ceuvres, Orthodoxie ma~onnique, Ragon, reparlant de Misraim, ~crit: “Le Rite des Fr~res B~darride n’est depuis le premier jusqu’au 66’ degr~ inclusivement, qu’un pillage fait dans le Rite informe dit Ancien et Accepts de 33 degr~s, et dans diverses collections de grades invent~es en France et ailleurs depuis 1730. Ce Rite ne commence donc r~ellement qu’au 67’ degr~ et ne roule plus que sur des sujets bibliques, ofi Ia vraie Ma~onnerie n a rien ~ faire ni ~ voir, et sur des sujets relatifs ~ l’isra~lisme, ce qui n’a aucun rapport avec 1’ Egypte, qui est bien ant~rieure ~ tout cela. Voiin pourquoi nous 1’appelons Rite judaique.> A part les contradictions dans lesquelles tombe Ragon et ses affirmations p~remptoires sur le manque absolu de liens entre la Ma~onnerie (la vraie, selon lui) et la Bible’, il demeure qu’il se delecte d’ ~gyptianisme apr~s avoir d~couvert que les quatre derniers grades de MisraYm du R~gime B~darride (grades, qu’il qualifie de ils ~taient portugais n’a plus de raison d’&re. D’apr~s 1’Histoire pittoresque de la Franc-Ma9onnerie de F.T.B. CLAVEL (p. 214), Marc Bddarride aurait ~ en 1811 un des signataires (avec le 770 degr~) d’un dipl6me du Rite misraYmite, d~livr~ par le Chapitre la Concorde existant alors dans les Abruzzes, au commissaire des guerres fran~ais B. Clavel, parent de 1’auteur. 3. L’anomalie dtait, au contraire, dans le ddmocratisme que 1’on voulait attribuer ~ la Ma~onnerie, ddmocratisme dont elle avait ~ rev~tue par le Grand Orient de France, d~s apr~s la Rdvolution, avec les loges jacobines, et gui s’est ensuite propagd sur la base des ~ principes immortels ~>. Ii est de fait, au contraire, sans se perdre en divagations inutiles, que la definition de Souverain dont on use et abuse dans les grades ma~onniques, a Ia signification precise de celui qui est au-dessus des autres et qui poss~de Ia souverainet~, c’est-~-dire la totalitd de l’Etat; ce Pouvoir suprdme est Ia facu1t~ d’imposer ses ordres aussi bien que de r~g1er et diriger 1’action de chacun d’une mani~re absolue (VANNI — Lezioni di filosofia del diritto, Bologne, 1908). 4. RAGON — 1861, p. 234. “ cabalistiques) peuvent ~tre remplacds par quatre autres appel~s Arcana Arcano rum (Myst~res des Myst~res), Scala di Napoli ou <‘R~gime de Naples ». En fait, dans un de ses r~cits sur les rapports existant entre les B~darride et d’autres Ma~ons dii Rite de Misraim’, ii affirme que: “En 1816, onze Freres appartenant au Rite, fort m~contents e t scandalis~s du trafic que des importateurs osaient faire de cette Ma~onnerie, et dans le but louable et d~sint6ress~ d’y mettre un terme, r~solurent de purifier l’arche et de crder une nouvelle Supreme Puissance du Rite: ils form~rent un Supreme Conseil, 90’ degr~. Les membres charg~s de remplir les offices furent les Fr~res: Ragon, chef de bureau, v~n~rable fondateur de la loge imp~trante des Trinosophes; Gaborria, Souverain Grand Maitre absolu au 90’ et dernier degrd, Valide de Naple; D~col1et, chef ~ l’administration des Monnaies et M~dailles; M~allet, secrdtaire de la Soci~td acad~mique des Sciences; sous la pr~sidence du Fr~re Joly, autoris~ ~ cr~er, ~tablir et constituer en France le Rite de Misraim dans ses quatre series et dans tous les degr~s qui les composent en vertu des pouvoirs qui lui avaient ~ d~l~gu~s ~ Naples, en 1813, par la Puissance ~tablie en cette capitale ~.> 5. La 1~gende d’Hiram (qui est en rdalitd celle d’Osiris) provient d’un sujet biblique lui aussi alt~rd; les paroles sacrdes et les mots de passe des trois premiers degr~s sont des paroles h~braYques provenant de la Bible et ainsi de suite. Ce que Ragon paralt avoir ~trangement oub1i~. 6. J.-M. RAGON — Orthodoxie Ma9onnique, Paris, 1853, p. 186. 7. Marc B~DARR1DE soutient au contraire (De l’Ordre ma9onnique de Misrdim, tome II, p. 165) que le Fr~re Joly, 77’ degrd, recommandd par le Fr~re de Lassalle de Ia ValIde de Naples flit ~1ev~ au 81’ puis au 87’ degrd en 1814. Toujours dans le m&me tome ~ La page 207, il indique que les Fr~res Richard, Beaurepaire, Mdallet, Joly et consorts furent expulsds le 15 aoi:it 1818 ~ la suite de ce qu’ils avaient tentd de faire au prejudice du Rite. 20 LE RITE DE M]SRAIM En d’autres termes le Rite 6tait valide, magonnique et r~gu1ier mais selon Ragon il devait ~tre mis sous l’~gide du Grand Orient &ant donn~ que les quatre personnages cit~s, ainsi que leur pr~sident Joly (homme de paille ainsi que cela sera d~montr6 plus loin) d6clarent, dans les statuts dressds par eux, au m~pris de Naples et dii Rite, “ne reconnaitre en France d’autre autorite magonnique et kgale que le Grand Orient ~. Cependant, notons que dans son Tuileur gdndral Ragon raconte une version diff&ente. Etant donn~ que le 16 octobre 1816 les Misraimites vot~rent contre Ia proposition de demande de reconnaissance par le Grand Orient, Ragon se mit dans une grande col~re, et abandonna, indign~, la reunion du Grand Chapitre de Misraim Arc en Ciel. Mais s’~tant apergu que l’Orateur du Chapitre portait le cordon aurore du Grand Orient, “le lendemain ~crit Ragon j’allai le trouver et lui fis les plus vifs reproches de se fourvoyer, lui et son cordon, avec des gens sans moralit~ qu’il devait bien connaitre. Ii m’avoua — — — — ses torts, en m’assurant que l’dmotion g~n~rale ~prouv~e dans la s~ance d’hier, oti ma sortie rompit les travaux, le s~parait enti~rement d’eux. II me pria de l’agr&r dans ma loge, ajoutant que d’autres bons Fr&es viendraient bient6t solliciter la m~me faveur. Je lui tendis la main, en le nommant Orateur-adjoint de ma loge. [1 me conta qu’un pr~t de 300 francs que lui avaient fait ces Magons de contrebande, qui poss~daient une longue nomenclature de grades sans rituels, lavait retenu, mais qu’il se croyait d~gag~ et quitte avec eux, parce que, pour cette somme, ii avait r6dig~ leurs statuts qui ~taient fort lib&aux, et que pendant une grave indisposition qui le tint au lit, us y introduisirent un absolutisme ridicule en lear faveur’ >~ Dans ce qui est &rit ci-dessus, on voit clairement Ic s&ieux et l’honn&tet6 de ces deux Ma~ons soi-disant intransigeants : l’un d’entre eux, qui estimait &re relev~ de ses serments et de ses dettes parce qu’il aurait r6dig6 des statuts, passait d’une loge ~i l’autre sans aucune 8. RAGON — 1861, p. 243. MISRAIM EN FRANCE 21 crise de conscience; I’autre, le pur, qui accusait d’immoralit~ ceux qui sous sa pression 1’avait d~cor6 du 88’ degr~’, s’indignait uniquement parce que dans un vote r~gu1ier la proposition de demander la reconnaissance du Grand Orient avait ~ refus~e. Ils se mirent alors d’accord pour s’emparer de Misraim (ce qu’ils tent&ent effectivement). Puis, sans se rendre compte que ce qu’il ~crivait le condamnait, Ragon continuait: “Le lendemain, dimanche 20 octobre, vinrent chez moi les Fr~res Joly, Orateur titulaire des Trinosophes, M~allet, Orateur adjoint, et Henkelbein, Premier Maitre des C~r~monies. Ces deux derniers me pr~sent~rent It Fr~re Ncollet, conservateur des mddailles a l’administration de la Monnaie et le Fare Pigni&e, chef d’escadron d’artillerie, qui, rompant avec les &darride, sollicitaient une fonction chez les Tnnosophes. Je nomcnai le Fr&re Ncollet, Secr~taire, et le Fr&e Pigni~re, Premier Expert. Ces Fr&es fort satisfaits, me remerci&ent et m’expliqu~rent [ensuite] l’~nigme de l’unanimit~ des boules noires qui trompa tout le monde ‘¾>Et il continuait encore: “Le Fr~re Joly &ait accompagn~ des Fr~res Gaborria et Garcia; ces trois Fr~res ~taient porteurs de leur patente du 90’ degr~, constatant le pouvoir d’&ablir hors de l’Italie, le Rite de MisraYm. Ces Fr&es nous propos&ent de former une Supreme Puissance pour mettre ce Rite sous la protection 9. RAGON rapporte dans son Tuileur gdndral la lettre qu’il 6crivit ~ Bddarride afin d’&tre re~u dans le Rite de Misraim. Apr~s avoir soulignd qu’aux trente-cinq maitres de son groupe, s’ajoutaient onze autres, quelques•uns ddtenteurs du 18’ degr6, d’autres du 300, 31’ et un du 33’ (Rite Ecossais), gui par dquivalence de grade faisaient partie de la 10’ classe, 66’ degr~ de Misraim, Ragon continuait: “en consdquence, ces Fr~res ddsirent, s’il est possible, voir 6tablir, dans leur sein, la 14’ classe, 77’ degrd. Le tuileur de la 3’ s6rie (classes 11 ~ 14) serait communiqu6 k 9 Fits-es; le Fitre Withen de Henkelbein, 87’ degrd, formerait le 10’ membre, nombre prescrit.» Naturellement pouvait-on donner & Ragon un grade inferieur k celul des membres de sa loge? Cela aurait dte ridicule. Et effectivement, on lui donna le 88’ degrd. 10. Si, ainsi que l’affirme RAGON, sur 36 boules, 4 seulement dtaient blanches (Tuileur gdndral, p. 242) comment donc tous avaient-ils etd trompes? Et comment donc avaient 6t6 trompds les D6collet, Pigni~re, Gaborria el Garcia, inconnus de Ragon, s’il affirme que les quatre boules blanches 6taient celles de ses trois amis plus La sienne? 22 LE RITE DE MISRAIM du Grand Orient et m’offrirent la dignit~ de Supreme Grand Chancelier. Nous acc~d~mes tous ~t ce projet qui r~pondait ~ nos vues”. La Constitution de cette pr~tendue Supreme Puissance pour la France, action authentique de trahison envers les B~darride qiii avajent apport~ et fond~ en France le Rite, eut lieu le 11 novembre 1816; 1’acte fut sign~ par cc .Joly, Supreme Grand President 9Qe; Richard 9Qe; Ragon, Supr~me Grand Chancelier 9O~~ M~a11et, Supreme Grand Inspecteur 90e; Gaborria, Supreme Garde des Sceaiix 9O~; Pigni~re 9Q0; D~co11et etc. Comme on peut le constater tous ces Messieurs s’~taienL auto-proc1ain~s 9O~ d’iin Rite qui, ~ leur avis, ~tait une escroqilerie. us le pr~sent~rent aii Grand Orient, mais cette assembke, apr~s la mascarade organis~e par Ragon et qu’il explique lui-meme dans les pages 250, 251 et 252 du Tuileur g~n~ral, ne consi&ra pas comme opportun, ni prudent de 1’admettre. Ainsi le pr6tendu Misraim de Ragon et cornpagnie disparut de la circulation mais fut ~ l’origine de La diffamation, de la persecution et des d~nonciations contre les B~darride et les Misraimites de Ia part des journalistes du Grand Orient parmi lesquels le d~nomm~ Richard, membre de 1’Acad~mie des Sciences. Ce dernier sous sa robe de Grand Orateur du Grand Orient (ii avait fait carri~re) jugea opportun, le 24 juin 1822, de rappeler que ce Rite (Misraim), avait d’abord ~ pr~sent~ au Grand Orient par des Fr~res qui, pr~voyant 1’abus qu’on se disposait d’en faire, crurent qu’il serait avantageux, pour 1’autorit~ ma~onnique de 1’adopter ~.Ii s’attira cette r~ponse, plus que juste, de Ia part du Fr~re Vernhes, de Montpellier, 870 de Misraim: Nous pouvons vous porter le d~fi, Fr~re Richard, de produire, ou m~me de citer une seule d~marche officielle faite par La Puissance Supreme aupr~s du Grand Orient, pour qu’une semblable fusion s’op~r~t, ~ moms que cette d~marche ne fr~t 1’ceuvre de 9Q0; 11. Comment donc, tout ~ coup, La reconnaissance du Grand Orient r~pondait-eIIe aux vues de ceux qul avajent vote contre deux jours avant? ~KAGON — 1861, p. 246. MISRAIM EN FRANCE 23 quelques pariures ou transfuges de votre esp~ce qui, sans aucune instruction, sans aucun pouvoir, se seraient arrog~s cette mission Mais 1’on doit aussi souligner un d~tai1: 1’affirmation que le Fr~re Joly avait autorit~ pour instituer une Supreme Puissance en France. Ragon ~crit ~ la page 243 de son Tuileur: Le lendemain, dimanche 20 octobre, vinrent chez moi, les Fr~res Joly, Orateur titulaire des Trinosophes, M~a11et, Orateur adjoint, etc. Or, Joiy, en sa qua1it~ d’Orateur titulaire de La loge fond~e et pr~sid~e par Ragon ~tait, naturellement, bien connu de lui. Comment alors Ragon s’~tait-iI fait duper ainsi qu’il le soutient par les B~darride s’il avait d~j~t, dans sa loge, et comme Orateur, le 1~gitime repr& sentant du Rite de Misraim cc autoris~ ~ cr~er, ~tab1ir et constituer en France le Rite de MisraYm dans ses quatre series et dans tous les degr~s qui les composent en vertu des pouvoirs qui lui avajent ~ d~1~gu~s ~ Naples en 1813 ~ ‘~? Et comment Joly, qui voyait son V~n~rab1e traiter avec les B~darride, faux et profiteurs, aurait-il Pu rester silencieux pendant tout le temps des tractations et se r~v~1er en tant que Supreme Grand Conservateur seulement le 20 octobre 1816? Myst~res que Ragon n’explique pas, mais qui n’apparaissent pas tr~s difficile ~ comprendre pour un lecteur attentif (sans compter le d6menti de B~darride concernant 1’initiation de Joly). De plus, ii faut souligner 1’histoire de La cassette que Ragon aurait perdue en mer pendant son voyage aux Etats-Unis en 1820 et dans laquelle h~1as ~taient conserves d’importants documents de Misra~m, parmi lesquels les explications et les d~ve1oppements des 870, 88~, 890 degr~s du Regime de Naples (Arcana Arcanorum). Au contraire, les B~darride poss~daient bien ces grades ainsi que le confirme un manuscrit conserve ~ Bruxelles et datant de 1817 au plus tard, comme nous 1’expliquerons plus loin. Voi1~ 1’histoire de 1’apparition de MisraYm en France, — — 13. J.F. VERNEES Defense de Misra~m, Paris, 1822. 14. RAGON 1853, pp. 185-186. — — -. -.- —. .. a. -mm-- 24 LE RITE DE MISRAIM MISRAIM EN FRANCE ob ce genre de choses pouvait avoir une grande publicite meme apres Ia Restauration, alo rs qu’en Italie tout ce qui “sentait» la Ma~onnerie devait ewe tenu secret. Histoire que nous avons reconstruite, comme nous l’avons vu, A partir des d&zla rations de ceux qui avajent diffarne Misraim apres avoir tentcl de s’en ernparer, alors que nous aurions pu nous baser uniquernent sur ce qui avait ~tcl &rit par Marc IBcldarride lui-meme. “Le Grand Orient de France — ecrit un auteur moderne tres documente, l’avocat Jean Malinger battit en ce dornaine [celui de la persdcution] toas les records de La mdchancet6 allant jusqu’A denoncer le Rite de Misraim au pouvoir politique, A provoquer des perquisitions et des poursuites contre le Rite de Misraim, afin de rendre A ce dernier toute existence impossible.» Malinger cite les Acta Latomorum de Thory, tome II, mais ii suffit de se tourner vers Ragon et son Tuileur gdndral ott, A la note de La page 248 (dans laquelie ii presente natureflement [a persecution comme La consequence logique d’on ne sail quels actes contraires aux lois commis par les Misraimites) ii signale La circulaire du 22 juin 1818 du Supreme Conseil des Pays-Bas interdisant le Rite de MisraYm’5, Ia fermeture de Ia loge Bonne Fol de Montauban en 1821 et l’irruption de Ia police dans Ia loge misraimite de Tarare le 1” octobre 1822. II en fat ainsi, en France, pendant environ 74 ans, jusqu’A ce que le Rite de Misraim, reduit d6sormais A un lumignon, renonce A ses prerogatives et A son orthodoxie, de [a bouche ineme de son Grand Secrdtaire Chailloux, dans un discours dont ii parait opportun de rapporter — 15. J. MALLINGER — “Les Rites cUts Egyptiens de la Ma9onnerie Inconnues, n 12, Lausanne, 1956. 16. Quand cela peut &tie utile k ses objectils personnels, ~, ne craint pas de s’appuyer sur Ic Rite Ecossais, qu’il a toujours diffamd, ainsi qu’il eat facile de le constater clans ses ruvres. Cependant II faut dire que Ic Rite Ecossais ne pouvait pas Faire moms qu’interdire Misraim dtant dome que ses statuts ddfendent aux Mavons de son Rite de faire partie d’autres Rites, sous peine d’expulsion. Misralin, au contraize, adinet les Ma~ons de tous les Rites (art. 2, 3, 4 de ses statuts). RAGON 25 quelques extraits”: «Mais vient 1’instant ott ii Iui est permis enfin de disposer de ses forces vives pour les mettre au service des idees de progks; cette institution est amende par La force des choses A se transformer, A evoluer dans un sens progressif. Chez nous, La reorganisation a commence par Ia refonte des rituels. Ces rituels on t ete mis en harinonie non seulernent avec les principes ma§onniques et ddmocratiques’5, mais avec les donndes scientifiques les plus modernes (...) En supprimant completement tout ce qui, de pres ott de loin, pouvait rappeler le caractere Si religieux de ce grade A son origine, La Ma§onnerie n’ayant et ne devant avoir rien de commun avec Ia religion (...) Si on peut tire dans notre Ddclaration de principe, imprinide en 1885: Base fondarnentale et immuable, l’existence de l’Stre Supr&me, l’immortalitd de l’Ame, l’amour du prochain; aujourd’hui on peut lire dans notre Constitution rdformde: Autonomie de La per~ sonne humaine, justice, altruisme’5.» Une telle prise de position qui violait les statuts et lea declarations de principe de l’Ordre, etant donne qu’il ne s’agissail plus du metre Rite, provoqua une scission entre ceux qui dtaient fideles A l’orthodoxie de Misraim qui suivirent le Frere Osselin, et les autres, sensibilisds par lea innovations ddmocratiques et opposes au Grand Architecte de 1’Univers et A 1’imrnortalitd de 1’Ame, qui saivirent le Frere Chailloux. Lea Fran~ais, qui s’etaient battus pendant trois quarts 17. Discoura du docteur Chailloux du 4 aoiit 1889 h Paris pendant la fete de I’Ordre de Mismim, citt par 3. MALLINGER dana son article (1956). 18. La Mavonnerie si elle eat, comme cUe 1’affirme, tine societe initiatique ne peut etre ddmocratique. Albert LANTOINE, historien et speci~iste des questions ma~onniques, affinne (Zes Socidtds secretes actuelles en Europe et en Ani&ique, Paris, 1940, page 23): cc Une societe qul, initiatique, entend soumettre sea ems A tine discipline morale et intellectuelle, ne peut s’agreger que ceux qui sont ausceptibles do recevoir son enseignement. Choisissant Yes aristes lea rneilleurs — elle eat, de cc fait m&me, aristocratique. Ne l’aurait-elle pas ete, du moms en partie, par Ia qualitd sociale de sea membres, la Franc-Mavonnerie l’dtait dejA par son essence m~me.’> 19. En abolissant Ia fondamentale et immuable base du Rite, A savoir l’existence du Grand Architecte de l’Univcrs, Chailloux et consorts a’en excluaicnt par eux-m&mcs. — I 26 LE RITE DE MISRAIM MISRAIM EN FRANCE de si~c1e, auraient mieux fait d’imiter leurs Fr~res italiens qui s’~taient mis en sonimeil ~ la fin de 1867 et qui ne pouvaient de ce fait s’int~resser aux r~apparitions b~tardes de certaines pr~tendues Puissances misraimites, privies de rituels et de toute tradition et r~diiites ~ copier le Rite Ecossais et ~ adopter des statuts <progressistes Tout cela sera expose bri~vement par la suite. Maintenant notre int~r~t est de faire un retour en arri~re pour ~claircir Ia question du ~ Regime de Naples~> et des Arcana Arcanorum dont d’apr~s Ragon (qui en aurait perdu tous les documents pendant sa travers~e vers les Eta ts-Unis) la pr6rogative aurait ~ donn~e au fr~re Joly tandis que les B~darride se seraient invent~s le tuileur des quatre derniers grades dii Rite. Nous soutenons que le tuileur des quatre derniers degr~s expos~ par B~darride, ~tait un tuileur a1t~r~ artificieusement car les Arcana Arcanorum, en tant que tels, sont myst~res, et donc secrets. Cette affirmation est ~tab1ie par le fait qu’aiijourd’hui encore ce tuileur et son explication sont ngoureusement caches et par le fait qu’~ Bruxelles, oii le Rite fut introduit en 1817, existe encore une partie de ses archives qui inclut les statuts parus le 5 avril 1818, plusieurs dipl6mes et un tuileur manuscrit sur parchemin contenant notamment les Arcana Arcanorum, avec une ~criture identique ~ un document plus ancien, remontant au moms ~ 1780-85 ~. Le fameux Thory, ensuite, dans ses Acta Latomorurn ~crivait ~ propos de MisraYni Cette institution ~tait tr~s en vigueur ~ Venise et dans les iles loniennes, avant la r~vo1ution fran~aise de 1789. Ii existait aussi plusieurs Chapitres de MisraYm dans les Abruzzes et dans Ia Poiiille (...) Tous ces grades, except~ les 88e, 89e et 9O~, ont des noms diff~rents. A 1’~gard de ces trois derniers, nous n’en connaissons pas Ia denomination: on les a indiqu~s ‘. 20. Dans son ouvrage (tome II, p. 125), Marc B~DARRIDE signale qu’en 1’ann~e 5786 (correspondant 1782) 1’initi~ Parenti, 66 degr~ de la loge de Zante, se rendit en Belgique. En Ce qui conceme les rituels, B~DAkRIDE affirme que Lacoste, et non Joly, avait tous les pouvoirs et manuscrits des divers grades (pp. 160-161). 27 comme voil~s dans le manuscrit qui nous a ~ communiqu~ Remarquons ~ partir de ce qu’~crivait le plus c~bre historien ma~onnique, que si les trois derniers degr~s du Rite ~taient < voi1~s ~ pour lui, ~crivain, us 1’~taient parce qu’on en craignait la divulgation. ~‘. 21. THORY — 1815, pp. 327-328. 29 LES ARCANA ARCANORUM CHAPITRE II GrAce ~ un protecteur de cette distinction, les Pehlegrini firent ~ Naples une rentree assez brillante (...) Le Marquis Pellegrini, collaborateur intime du Chevalier d’Aquino, ne rappelait en rien l’obscur dessinateur A la plume. Ii se prdsentait aux Napohitains comme un adepte merveilheusement instruit de physique, de chimie, d’anatomie, de botanique, sans parler des sciences occultes. A 1’ecole du Chevalier, ii avait acquis un maintien et un langage qui ne sentait presque plus les bouges de Palerme C’dtait en 1775 et les choses alhaient A merveihie pour Ic futur Comte de Caghiostro qui enseignait la cabahe, hes sciences occultes et quehques rudiments de mddecine; sinon que brusquement, ainsi que l’dcrit Photiades, cc tout est dnigme et mystere (...) Riche de l’argent que hui rapportaient ses le~ons de cabahe et d’ahchimie, energiquement soutenu par he Chevalier d’Aquino, pourquoi donc Balsamo-Pellegrini ne se fixait-il pas A Naples? (...) Toujours est-il qu’avant la fin de 1775 Balsamo s’embarquait A Naples pour Toulon, trainant apres liii Lorenza et he trop johi beau-frere Francesco Puis de lA, us rejoignirent Marseille. Ni Photiades, pourtant attentif et documentd, ni aucun autre biographe de Caghiostro, ne se sont donnes ha peine de chercher qui etait effectivement he Prince de Caramanico, frere du Chevalier d’Aquino: ils auraient constatd qu’il etait Grand Maitre national de ha Ma~onnerie du Royaume de Naples et que son cousin, he prince Raimondo di Sangro di San Severo (titre qui passa ensuite A la famille d’Aquino) avait aussi ete vers 1750 Grand Maitre de ha Ma~onnerie napolitaine ~. Balsamo avait appris ha cabahe et lea autres branches i.» LES ARCANA ARCANORUM En se basant sur le tdrnoignage de Gcethe contenu dans son Italienische Reise (Palerme, 13 et 14 avril 1787), Constantin Photiades mentionne dans les Vies du Comte de Cagliostro le voyage ~ Malte en 1775 de Joseph Balsamo et Lorenza Feliciani, qui termmna it la deuxieme mdsaventure de Palerme du celebre magicien, et ii ecrit: “Autant sa premiere escale ~ Malte, chez le Grand Maitre Pinto d’Alfonseca’, paraissait probidinatique, autant celle.ci comptait et marqiiait dans Ia carriere de Balsamo. Pendant son sejour ~ La Valette, un trirnes tre environ, il eut le bonheur de se her avec he frere puind du Prince de Caramanico, qui allah devenir Vice-Roi de Sicile. Or, le Chevalier d’Aquino2 passait ~ juste titre pour un modele de courtoisie, d’humanite et de sagesse. Son amitie etait une recommandation pr6cieuse aupres des honnetes gens. 1. Le premier voyage de Balsamo ~ Malte auralt eu lieu en 1766, selon cc qu’il cUt dana son Memoire, et ii y aurait alors connu le Chevalier d’Aquino. Mais il cat probable qu’iI n’a jamais parld du second voyage du fait du nom de Pellegrini qu’iI portait alors. 2. D’Aquino cli Caramanico: une des sept grandes maisons du royaume de NaVIes, apparentee aux anciens rois. Saint Thomas d’Aquin en faisait partie. Elle jouit de trois titres princiers (Cara- manico, San Severo, Castelfranco), deux titres de ducs, deux de marquis, un de comte et differents titres patriciens et nobles. ‘>. 3. A cette epoque, scion leurs biographes lea plus valables, Joseph Balsamo et sa femme avaient pris le nom et le titre de Marquis Pellegrini. 4.PHOTXAD~S — 1932, pp. 123-124. 5. La Ma~onnerie napolitaine ~tait protegec et aussi frequentee par la Reine Marie Caroline, sceur de Joseph II de HabsbourgLorraine, Franc-Ma~on notoire. A Naples Ia loge Eguaglianza etait presidee par le Duc de San Demetrio, celle de Ia Pace par le Prince de Ferolito, celle de l’Amicizia par le Duc Antonio Maresca di Serracapriola; une loge fdminine avail pour Maitresse la Princease d’Ottaiano. 30 LE RITE DE MISRAIM LES ARCANA ARCANORUM de l’occultisme de celui qii’il d~signe comme son pr~cepteur et maitre, Aithotas que certains cataloguent sans preuves comme an aventurier grec ou levantin. Pendant son premier voyage ~ Malte en 1766 ou 1767, Balsamo aurait ~ re~u Ma~on dans La loge Secret et Harmonie, fond~e dans 1’ile en 1738 puis reconstitu~e en 1789 par La patente n0 539 de la Grande Loge d’Angleterre ~.Le Chevalier d’Aquino aurait aussi appartenu ~ cette loge. Les rituels et r~gIements de la loge aiiraient ~ amends ~ Naples en 1767 et ~ ceux-ci se serajent ensuite ajout~s, par les soins de D’Aquino et peut-~tre de Balsamo, grace aiix suggestions d’A]thotas, trois autres degr~s d~nomm~s Arcana Arcano rum et connus ensuite en France et en Belgique comme Scala di Napoli ou ~Regime de Naples A son retour ~ Naples, s’appuyant sur 1’amiti~ de D’Aquino, Balsamo-Pellegrini aurait fr~quent~ les loges et en serait devenu un des dignitaires. Maiheureusement, en avri] 1775, le g~n~ra1-prince Francesco Pignatelli, ayant appris qu’une loge ma~onnique avait ~ fond~e dans le bataillon royal des Cadets, avait jug~ opportun et de son devoir d’en avertir le Roi. Ferdinand de Bourbon en informa son p~re, Charles 1111, Roi d’Espagne, qui avait toujours manifest~ de 1’aversion pour la Ma~onnerie, et ii lul demanda conseil. Le Roi d’Espagne aurait sugg~r~ d’en arr~ter les chefs par surprise. Ferdinand en parla avec son ministre, le Marquis Taniicci, qui remit en vigueur un edit promuIgu~ en 1751 par le m~rne Charles III d’Espagne alors qu’il ~tait encore Roi de Naples, par lequel la Ma~onnerie ~tait mise ~ 1’index A cet edit que les Ma~ons, prot~g~s par la Reine, trait~rent par dessous Ia jambe, le Roi Ferdinand en fit suivre un autre qui d~c1arait les Francs-Ma~ons ennemis et rebelles. Mais ce1ui-1~t n’eut pas plus de r~su1tat: les loges continuajent ~ Fonctionner tranquillement tandis que la Reine, se moquant des d~crets de son 6poux, participait aux banquets des loges f~minines oji elle se rendait accompagn6e par la Duchesse de Termoli “a. Tanucci, qili ~tait tr~s ~, ‘>. 6. Eliphas L~vi (Histoire de La Magie) divise le norn Aithotas en trois syllabes AL THOT AS. En lisant la premi~re et Ia troisi~me de droite ~ gauche (cabalistiquement affirme improprement LevI) 1’on obtient le mot SALA qui selon cet auteur signifie messa~er. Par cons6quent, Aithotas signifierait Messager de Thot, ou ien de La Sagesse. 7. Voir F.R. GOULD — Histoire abr~g~e de La Franc-Ma~onnerie, Bruxelles, 1911, p. 417. 8. La date de 1767 est port~e sur un parchemin (Archives des Ordres de Misraim et Memphis) dont 1’authenticit~ n’est cependant pas tout ~ fait certaine. Toutefois, cette date coYncide, avec celle du retour de Balsamo, en Italie, apr~s trois ann~es d’absence; et sur cette p~riade de sa vie les renseignements manquent. L’on suppose que ces ann~es ont ~ emp1oy~es ~ voyager au Moyen Orient et en Egypte. 31 ~. au courant de ce qui se passait, laissa courir pour ~viter des heurts avec La Reine et de gros scandales dans 1’aristocratie; mais, ii arriva un moment o~i devant les remontrances du Roi ii falkit faire un exemple; aussi apr~s avoir averti ceux de ses amis qu’il savait ~tre Ma~ons de rester tranquilles pendant quelque temps, ii ordonna ~ Pallante, chef de la police, d’effectuer une descente surprise dans une loge de peu d’importance. Dans le proc~sverbal ~tab1i par Pallante apr~s 1’arrestation des Ma~ons surpris ainsi qu’on le disait ~ Naples avec le lard au COU’ (Ia main dans le sac), on pouvait lire que, dans une petite pi~ce appe1~e cabinet de r~f1exion on avait trouv~ une lampe ~ huile a1Ium~e, onze figurines de carton noir tai1]~es en forme de tete et accroch~es au mur, et iine chemise ensang1ant~e qui pendait sur une chaise en dessous de deux os entrecrois~s; stir La table ii y avait deux tasses pleines de sang et un morceau de bois avec un billet sur lequel ~tait inscrit pense & la mart, tremble parce que lui est mart. On bandait les yeux au neophyte pr~t ~ ~tre re~u. Dans La Chambre de Lumi~re se trouvajent des bureaux pour le chef de la loge et pour le secr~taire, quatre ceintures de cuir blanc, huit ou dix paires de gants d’hommes en peaux et d’autres pour les femmes, le cat& chisme ma~onnique...’ Le proc~s fut d~cid~’: les Ma~ons avajent avou~ et us ailtajent donc de~ etre condamn~s en raison des edits. Mais Tanucci tergiversait, cherchant un Ma~on de moyenne importance qui aurait eu quelque affaire en suspens 9. L’~dit avait ~ provoqu~ par I’absence du miracle annuel de San Gennaro. 10. H. ACTON I Borboni di Napoli, Milan, 1968, p. 191. — 32 LE RITE DE MIsRAIM LES ARCANA ARCANORUM avec ha justice ou qui ne fat pas tout ~ fait en regle avec ha hoi, afin de sacrifier aux ordres de Charles III et ~ h’orgueih de Ferdinand. Quehqu’un avait livre he nom d’un certain Marquis Pellegrini dont he passd ne semblait pas totahement vierge. Mais h’amitie du Chevalier d’Aquino ainsi qIi’une pdtition en faveur des prisonniers envoyee ~ ha Reine par he Prince de Caramanico sauverent Pellegrini-Balsamo de h’arrestation. Averti en temps opportun, he professeur d’occiihtisme, craignant he pire, rassembla argent et bijoux et, avec sa femme et son jeune beau-frere Francesco, s’embarqua inopinement pour ha France. Cependant les grands noms de ha Ma~onnerie napohitame se devaient de faire ce qu’ih fallait pour faire changer he Roi d’opinion. Le beau-Frere et ha sceur de Marie-Caroline, Duc et Duchesse de Saxe-Teschen, ainsi que d’autres grands noms de ha noblesse de cour insisterent aupres de ha Reine pour qu’elIe convainque he Roi de changer son attitude. Et he Roi se laissa “attendrir On dechara que Pallante avait eu des hallucinations; en fin de cornpte ii s’agissait seulement de personnes respectables qui se reunissaient, ainsi que he Prince de San Severo h’avait en son ternps declare au Pape, pour s’occuper de bienfai- hes nobles qul voulaient se montrer ouverts A h’esprit democratique. En 1790, un jeune magistrat, frere de ha Marquise de San Marco, amine intime de la Reine, he Chevalier Luigi de Medici, de ha lignde des Princes d’Ottaiano, francophile et reline comme presque tous les membres de sa famille attic loges ma~onniques, fut nomme cc Regent de ha Grande Cour de ha Viguerie n, autant dire chef ou mmnistre de la police. Ce jeune homme, terriblement ambitineux, qui bdndficiait de beaucoup de partisans, convoitait la charge de mminstre d’Etat et aspirait A supplanter l’Anglais Acton, qul avait remphace Tanucci apres ha ti-es breve periode de mmnistere du Marquis sicinhinen de ha Sambuca. Pendant les annees de ha Revolution fran~aise et de ha Terreur puis pendant he Dinrectoire, les vicilles hoges ma~onninques furent largement depassees par toutes celles dont ha devise etait ccLiberte, Egalitd, Fraternitd ~; cette forn-ittle, arrivee de France avec hes navires de l’amirah Latouche-Treville he 12 decembre 1792’5, a ete attribuee par inauvaise foi A un Ma~on mystique, he noble LouisClaude de Saint-Martin’5. >. sance et d’innocents divertissements. Dc sorte que ceux qui avajent ete arretes furent acquittes’5. La tourmente etait passee, et les Ma~ons eurent ti-es vite heur vengeance. A ha suite des pressions de MarieCaroline aupres du Roi Ferdinand, he mmnistre Tanucci tomba en disgrAce et fut licencid moms d’un an apres; hes edits contre hes Ma~ons furent oublids et hes Freres)) purent continuer A frequenter les loges. Les reunions, <‘ toutefois, devenaient beaucoup moms inondaines et plus ouvertes aux idees neuves et progressistes A ha suite de h’infihtration de jeunes adeptes aux idees liberahes. On vit se former de nouveau~c groupes, dont les doctrines n’dtaient plus tres orthodoxes, qui rassemblajent lea membres pour ainsi dire ccintehlectuels > de ha bourgeoisie et 11. Toute l’histoire des pretendues hallucinations de Pallante cat racontee dana l’ouvrage d’AcroN, pp. 191-193. 33 12. La flotte de l’amiral Latouche-Treville, envoyee k Naples pour donner une le~on au Rol Ferdinand, accoata le 12 decembre 1792 et repartit 28 heures api-es pour la Sardaigne, non sans avoir envahi la cite d’opusculca de propagande sur lea ideca revolutionnaires. Pins dana une tempete l’cscadre dut retourner ~ Naples ott dc demeura pour faire lea reparations. La 12 janvier 1793 apres un repas offert par 1’amiral sur son navire ~ des sympathisanta jacobins, l’on decida de fonder ~ Naples une Societe des Amis de la Liberte et de l’Egalite, et la realisation en fut confiec au pretre napolitain Carlo Lauberg qui, avec le Prince Pignatdlli di Strongoli et Ettore Carafa, fonda tine nouvelle loge ma~onniquc, qu’il definnit lul-meme comme cc purement jacobine 13. Dc nombreux auteurs ont atti-ibud ~ Louis-Claude de SaintMartin l’invcntion de La trompeuse devise et son introduction dans La Ma~onneric avant la Revolution fran~aise. La plus illuatre est Oswald WinTH qul ecrivit: “C’est ~ ml (S.M.) quc nous devons la devise Liberte, Egalite, Fraternite, ainsi que le demontre Louis BLANc dans son Histoire de la Rdvolution au chapitre des revolutionnaires mystiques. Mais, en fait, ainsi quc l’ecrit Jules Bouc~mt dens son livre La Symbolique ma~’onnique (p. 344) BLANC aurait base son affirmation sur le passage suivant de SADUMARTIN: cc La nature indique qu’il n’y a quc troia dimensions dana les cor~~s; qu’il y a trois divisions possibles dana tout etre etendu; qu’il n y a que trois figures dana la geometric; qu’fl n)r a que trois facultes innees dana quelquc etre que cc soit; qu il n’y a ~. LE RITE DE MISRAIM 34 La doctrine des nouvehies hoges n’etait plus ha doctrine traditionnelle: l’on n’y etudiait plus he symbolisme, ni dans, lea grades superietirs ha cabahe, h’ahchimie et les autres sciences occultes, mais l’on y parhait de politique, de hiberte, d’abattre hes tyrans et ainsi de suite. Petit It petit ha Ma~onnerie prit un aspect qui etait 1’antithese du passe avec pour consequence hogique que tout cc qui avait ete motif d’interet et d’etudes et aussi si h’on veut de curiosite pour certains, fut abandonne. La Ma~onnerie se desorganisait particulierement dans lea hauts-grades et par consequent les loges ne s’occupaient plus de leurs temples intericurs; elles ceaaaient d’etre des hoges de perfection, elles oubhiaient ineme he symbohisme des trois premiers grades pour redevenir comme h’on dit bien des raihleurs des hoges operatives dans hesquehles h’on n‘cruvrait plus dans he metier d’ott avait surgi he symbolisine, mais bien pohitiquement, conspirant dana hes unes, preparant ha reaction dans les autres, comme du tempa des Puritains, des Chevahiers et des premiers Ma~ons “acceptes Dans cc climat, il est bien evident que des grades coinme ceux des Arcana Arcanorum ne trouvaient plus >‘. 35 LES ARCANA ARCANORUM un pays, comme l’Itahie, divise en tellement d’Etats et de principautes. L’ouragan jacobin qui avait envahi lea hoges avait aussi provoque ha recrudescence des sanctions et des excommunicationa hancees contre ha Ma~onnerie et une vigilance plus attentive. On asaista meme It ha diaparition de ha tolerance dont faisaient preuve juaqu’alors lea grands et lea petita princes qul se partageaient he pays, quand iha voyaient dana heur consentement tacite et sournois It h’exiatence de hoges excommuniecs, une sorte de demonstration de heur independance via-It-via de ha papaute. C’etaient des tempa difficiles pour hes Ma~ona orthodoxes, reflechis et honnetes, qui respectaient he gouvernement de heur pays, et qui, tout en a’interessant It h’occuhflame, alhaient ~ ha messe et croyaient It l’enfer et au paradis. Il ne heur etait jamais venu It h’esprit, qu’en frequentant une hoge, iha commettaient un sacrilege et attentajent aux pouvoirs de l’Etat. Des hommes qui, It h’ouverture de heurs travaux ma~onniquea, non seuhement invoquaient ha Divinitd, mais se recueilhaient en prieres Des hommes d’originea sociales variecs hommes hibres ‘~. d’adeptes surtout depuis he depart de Balsamo-Pellegrini It ha fin de 1775, ha mort du Chevalier d’Aquino en 1783 et celle du meme Balsarno au chItteau de San Leo di Romagna en 1795. Ii nous manque lea dates qui permettraient de suivre avec une certitude absolue he fil d’Ariane dans he habyrinthe des evenements de cette epoque, speciahement dana 14. cc Lea Old Charges anglaises sont formellea: Le premier devoir d’un Macon est d’etre fid~Ie ~lDieu et & la Sainte Eglise et de fuir I’hdrdsie et I’erreur (...) Chacun des membres implore humblemeni de Dieu tout-puissant et de sa mere, la douce Vterge, la grace d’etre fid~le 1 ses devoirs. (Serge HuTIN Les FrancMa~ons, 1960, p. 54.) En 1762, Ic Conseil des Empereurs, Princes du Royal Secret, que trois mondes temporels; ou trois grades dana la vraie FrancMa~onneric; en tin mot que sous quclque face qu’on envisage lea chases crddes, II eat impossible d’y Irouver nen au-dessus de trois (Des erreurs et de La verite, 1782, tome I, p. 125). Il eat clair qu’il n’y a l~ auctme allusion au fallacicux trin6me. D’autre part, avant la Revolution fran~aisc, il n’avait janiais ete en usage dana Ia Maqonnerie, comme l’affirment de nombreux auteurs ma~onniqucs. Ainsi, dana son ouvrage Considerazioni sul rituale deli’ Apprendisia libero Muratore (pp. 32-33), Arturo REGnINI ecrit: cc Du reste en hommage ~ la verite histonque il importe de reconnaitre que le fameux trin6me Liberte, Egalitd, Fraternitd eat aussi une innovation fran~aise. Ce sont trois belles paroles qui, avec Je chant de la Marseillaise, on fait du chemin.D lea principes vdndrables.’> — stir lequel devait ensuite se greffer l’actuel Rite Ecossais Ancien et Accepte, confirma que: cc Attendu que la religion eat un culte necessairement rendu It Dieti omnipotent, persorine ne sera initie dana lea mysteres sacres de cc grade eminent s’il ne s’est pas soumis aux devoirs de la religion du Pays dont II doit avoir revu Au Convent de Willielmabad de 1782, auquel participerent d’emi- nents Maqons, voici le serment prete par lea participants avant le commencement des travaux: «Nous avons rdsolu de deelarer comme nous deelarons et protestons (...) que l’unique but de notre Association eat de Ia rendre, ainsi que chacun de sea inembres, recommandable et utile It l’Humanite, par l’amour et l’etude de la verite, par 1’attachement le plus sincere attic dogmes, devoirs et pratiques de Noire Sainte Religion chrdtienne, par notre sotimission et obdissance aux Souverains et aux lois de nos patries respectives, par tine bienfaisance eclairee et tiniverselle, dana le sens le plus dtendu, enfin, par tine pratique constante de toutes lea vertus religieuses, morales, patriotiques et socialea.~ 36 LB RITE DE MISRAIM et de bonnes mceurs, de ha maniere dont on entendait ahors le terme “hibre ~ — qui dana leura reunions de loge ne a’etaient jamais preoccupes du probleme pose par ha devise cc Liberte, Egalite, Fraternite Et comment lea Ma~ona du <~Regime de Naples auraient-iha pu meme a’intereaaer It cc probleme, eux qui reconnaiasaient h’autorite souveraine de leur Grand Maitre et n’entendaient absohument pas ha remphacer par ha pretendue aouverainete populaire It laquelle ha Ma~onnerie devait ensuite se rallier avec l’aberration demagogique de I ‘election du Venerable Maitre par ha base, c’est-It-dire par lea apprentia Franca-Ma~ona qui “ne savent ni hire, ni ecrire, mais aeuhement epeler ~? Lea adeptes des Arcana Arcanorum c’eat-It-dire de ces grades que Ragon, pourtant ennemi acharnd des hautagrades et contempteur de Miaraim, affirmait cat egoriquement etre ceux qui ccforment tout he systeme phihosophique du vrai Rite de Miaraim; hequel satisfait l’esprit de tout Ma~on inatruit savaient tres bien, ayant etudie he sujet d’une autre maniere, que lIt ott eat ha liberte il ne peut y avoir egahite et que lea termes de ha formule revohutionnaire et mystificatrice importee de France etaient lea antitheses lea una des autres. Une situation heureuse d’egalite dans ha richease, dana ha repartition des biena communa, dans ha jouiasance des phaisirs de ha nature, y compris ha propriete collective des femmes dont parle ha Gnoae de Carpocrate’5, eat presentee dans une comedie fameuse d’Ariatophane; quand arrive un vicil homme qui vient de loin et eat charme par ce qu’il voit: tout eat parfait, tout eat magnifique, tout eat tres beau, un reve authentique. Mais It un certain moment, comme s’il se rappehait de quelque chose qui n’existe pas dana cc merveilleux syateme de vie, il demande: “Mais pour he travail comment faites-vous ? Le travail ? repondent lea habitants de cc merveilleux pays, etonnes, vraiment stupdfaits devant une question qui, pour cux, n’a aucune raison d’etre Faite, tant ha reponac eat evidente Et qui “. ~‘5 — parle de travail? Cc sont lea cachaves qui y pourvoicnt. Aujourd’hui, a’il nous cat pci-mis une diversion qui, de toute fa~on, a son importance dana cette etude etant donne que lea “Rites Unia de Miarairn et Memphis continuent It respecter he concept traditionnel et clasaique de souverainete et lea etudes symbohiques accomphica sehon lea donnecs de Louis-Claude de Saint-Martin au sujet de ha triade, aujourd’hui ahors que he trin6mc revohutionnaire et mensonger est entre definitivement dana he symbohiame ma~onniquc nous disona bien dana he symbolisme cchui-ci peut etre interprete de ha inaniere suivante: “La Liberte n’cxiatc que pour cclui dont h’accomplissement l’a mene vera d’autres domainca et qui a au ainsi ac hiberer des scones de ha matiere; h’Egalite ne peut etre que pour lea inities de meme degre et de connaissance egale; ha Fraternite enfin ne doit etre consideree quc comme une fratemite initiatique 17 > Aussi pour montrer ha mauvaise foi de ceux qui avaient enonce he trin6mc et par suite ha fratemite univeracihe mervcihheuaement belle mais acuhement theoriquc et utopiate, il n’cat pas inopportun de rappeher It tous lea Ma~ona et de faire connaitre ~ tous ceux qui ac haissent abuser par ha des information et ha propagande, ha fameuse loi proposee he 14 juin 1791 par Chapehier, It h’Aaacmbhec Conatituante fran~aisc, qui aupprimait (precisement au nom de ha Liberte et de ha Fratemite) toutes lea associations y compria lea assembleca d’Arta et Meticra, et meme l’Academic Fran~aiac. L’hiatoricn Lantoine, rappehant hui aussi cette decision (‘fraternelle de ha Conatituante revolutionnaire ajoute que “ha Franc-Ma~onncric, denoncec par l’abbe Barruch comme un antre de conapirateura, n’cut plus ha poasibihite d’exiater. Lea Frerca n’oaei-cnt plus ac i-ennuiEt Audiger rencherit: “Lea paroles, lea aignes, lea attouchementa paraisaaient aux Jacobina tout autant de — ‘5. 19 17. AR.TUNA S.I. cc Liberte, Egalite, Fraternite Bollettino de septembre-octobre 1972 de l’Ordre Martiniste d’Italic. 18. A. LAnroIn~ Les Soci~t~s secretes, Paris, 1940, pp. 20-21. 19. M. AUDIGER Souvenirs et anecdotes sur les comit~s rdvolutionnaires, Paris, 1836. — — 15. RAGON 1861, p. 307. 16. G. VB1uu1~ Cosmogonie gnostiche, Rome, 1975. — — 37 LES ARCANA ARCANORUM — ~, 38 LE RITE DE MI5RAIM moycna avec leaquela lea Ma~ona conapiraicnt contre ha Republiquc.>) Ensuite lea Jacobina se rendirent maitres des hoges, lea asservirent It leurs principes revolutionnaires, lan~ant ha aemence d’oii naitra cc que l’on appelle ha Ma~onnerie moderne, degeneree et mdconnaiasabhe dana sea atatuts, sea rituela, sea declarations de principe et ha methode d’initiation employee. Il eat clair, avec une telle situation et de teha principes, que lea Ma~ons qui suivaicnt he cc Regime de Naples)) travaillaicnt avec une beaucoup plus grande prudence que lea hoges sympathisan tea de ha nouvelle mode qui eta ient asaureca de ha protection des autorites de police. Aussi, lea acigneura napolitaina prefererent mettre “en sommcih lea loges exiatant dana lea villes, en lea transferant dana leurs fiefa de Sicile, de Basihicate et des Pouillea, ainsi que dana lea ilca de ha mer lonienne aujettes de ha Republiquc de Venise dana leaquelles beaucoup d’entre eux poaaedaicnt des terres. Ii y a une chose certaine, qui co~incide avec ce qu’aff ii-mait Thory: It ha page 125 de l’hiatoirc de MiaraYm de Bedarride (dont nous nous occuperona dana he prochain chapitre) l’on certific qu’cn 1782, “l’initie Parenti de ha loge de Zante se rendit en Belgique ~. A cette epoque, Pile de Zante dependait du gouvemement venitien et lea galerca de Ia ‘Sereniasimc~ en croisiere vera lea ilca loniennes accoataient dana lea ports des Pouihlea api-es avoir parcouru l’Adriatique. Cc qui pourrait expliquer comment Ic cc Regime de Naples)) fut amene It Venise ott, aelon Thory, ih etait “en vigucur avant Ia Revolution fran~aise de 1789 )). CHAPITRE II LES SOURCES HISTORIQUES DE MISRAIM Si h’on examine ha bibliographic conceruant MiaraYm, on a’apcr~oit qu’ih y a tres peu de choaca et quc ha plus grande partic cat de peu de vaheur. Lea auteura ac referent generahement It ceux qui lea ont precedes et a’cn tiennent bien souvent ~ des versions partiahes en fonction de heur appartenance It telle ou telle cc fratcmite~; ou bien iha reprennent lea comptes rendus qu’ila ont It portee de main ou qui leur ont ete indiques par des tiers. Nous ne sommes pas en etat de donner ici une bibliographic complete aur cc aujet, et il acrait abaurde d’y pretendre. Toutefois nous eatimona pouvoir donner un aper~u des ecrita qui sont lea plus proches biatoriquement de l’apparition de Miaraim et qu en consequence, on peut conaiderer comme de premiere main. Lea ecrita poate- ricura, ainsi quc nous h’avona indique, ne peuvent rien apporter de nouveau et ne font que reutiliser lea renacignemcnta precedents en lea modifiant souvent en raison de mauvaisca traductiona des ceuvrea originahes ou d’intereta aectairca. Dana cette investigation, il aera necessaire de tenir pour acquis lea informations qui se repetent et de faire attention, pour chaquc auteur, aux indications nouvelles ou aux evenements dej~ connus qui sont presentes sous un autre aspect ou avec quchques pet its details ignores aupai-avant. Il faudra ac souvenir quc cet examen doit avoir 40 LES SOURCES DE MI5RAIM LE RITE DE MI5RAIM pour but he contr6lc de h’cxactitude des renacignements de caractere hiatoriquc donnes par he propagateur de h’Ordrc en France, Marc Bedarride, dana son ouvi-age De l’Ordre ma~onnique de MisraYm, de son antiquite, de ses luttes et de ses progres (1845). Le premier ecrit consacre It Miaraim tout au moms en h’etat actuch des recherches — aurait ete un in quarto paru It Londres en 1805, qui cat signale dana une brochure d’un certain Bretch, intitulec Reponse ~ un libelle et pubhiec It Bruxelles en aofit 1818. Mallicureusement, h’on n’a aucun autre renseignement concernant cet in quarto. Puis suit h’ouvrage monumental de Thory dejIt cite pluaicura fois, et tout de suite apres — autant quc h’on sache l’Aper~u general et historique des sectes maconniques de J. Ph. Leveaquc (1821) qui, It Ia page 105, ecrivait: ccli y a, je crola, cinq ou six ana que cc Rite cat venu a’etabhir It Paris. 11 venait du midi de h’Itahic et — — joulasait de quclquca considerations dana lea iles loniennes et stir lea borda du golfe Adriatiquc (...) Il a pris naissance en Egyptc.~ L’on arrive ainsi It 1822 avec he livrc de Veruhes, Defense de MisraYm et quelques aper~us sur les divers Rites ma~onniques en France, puis It 1843, quand Clavel, dana son Histoire pittoresque de la Franc-Ma~onnerie, ecrivait It propos de MiaraYm: “C’cst en 1805, quc phuaieura Frerca de mceura decrieca, n’ayant pu etre admia dana ha composition du Supreme Conacil Ecoasais, qui a’etait fonde en cette annec It Milan, imaginerent he regime MiaraYh~iite. Un Frere Lechangetir fut charge d’en recueilhir les elements, de lea classer, de lea coordonner et de rediger tin projet de atatuta generaux. Dans ces commencements, lea poatulanta ne pouvaient arriver quc juaqu’au 87e degre, lea trois autres qui completaient he syateme etaient reserves It des Superieurs inconnus; et hes noma memes de ces degres etaient caches aux Freres des grades infericura. C’eat avec cette organisation que he Rite de MiaraYm ac repandit dana lea royatimes d’Itahie et de Naples. Il fiat adopte notamment par tin chapitre de Rose-Croix, appehe la Concorde, qui avait son siege dana lea Abruzzes. Au baa d’un bref, ou dipl6- 41 dehivre en 1811, par cc chapitre, au Frere B. Chavel, commiasaire des guerres, figure ha signature d’un des chefs actuels du Rite, he Frere Marc Bedarride, qui n’avait alora que he 77e degre.~ Cc passage cat partime, culierement important malgre son ton diffammatoire (Freres de mceurs decriees, etc.), It cause de certaina renscignementa intereasanta et de ha confirmation quc Bedarride poasedait en 1811 he 77’ degre du Rite. Nous arrivona peu apres en 1845 It ha parution du hivrc de Marc Bedarride aur Miaraim et lea originca de ha Ma~onncrie qu’ih fait remonter It Adam, affirmant quc c‘eat Dicti lum-meme qui donna he nom de MisraYm ~ cette institution. Par ha suite, he deuxieme des quatre fiha de Chain fut adopte par l’Ordrc des sa naissance et il fut hui-memc appehe Misraim (p. 40); puis ih a’inatahha en Egypte dont il devint souverain et dont il rcmpla~a derechef l’ancien nom de Semia par MisraYm (p. 41). C’cat cc MiaraYm, roi de MiaraYm’, qui fut adore comme tin dicu sous lea noma d’Oairia, Adonis ou Seraphis et quc h’hiatoire profane designe du nom de Menes (pp. 42-43). Par consequent, c’cat de 1’Egyptc et des Egyptiens que deacendrait ha tradition secrete de I ‘esoteriame. Huit anneca apres l’ouvrage de Bedarride, aurvient ha premiere “rephiquc~ de Ragon avec son Orthodoxie ma~onnique (1853); puis vient ha aeconde en 1861 avec he Tuileur general dejIt cite. Par La suite, ha plupart des ecrivamna ma~onniquea se sont referes It ces ceuvi-es ou a’cn sont inspires; ainsi par exemple, J.-G. Findel affirme dana son Histoire de la Franc-Ma~onnerie (1866): “L’Ordre de MiaraYm, monstruosite ma~onnique de 90 grades, afficha ha pretention de diriger tous lea Rites, ceux-ci n’etant tous, tant en general qu’cn particulier, que des branches eparses dont MiaraYm etait ha souche. Ce Rite cat absolument autocratiquc, ha direction en appartient It tin acul, qui regit toutes lea loges en quahite de Souverain Grand Maitre absohu et consequemment irreaponsable. Le Rite, communement appele egyptien, et qu’avec plus 1. En hebreu, Mitsra7m signifie cc l’Egypte ~. Notons que ce mot a tine forme de pluriel duel qui provient peut-etre de cc qu’il y avait dana la haute Antiquitd, deux royaumes en Egypte. (N.D.T.) 42 43 LE RITE DE MISRAIM LES SOURCES DE MISRAIM de raison he F.~. Ragon a qualifie de Ma~onnerie jtuve, eat divise en quatre series et dix-sept classes (...) Lea chefs et fondateurs de cette Ma~onnerie postiche furent hes freres Michel et Marc Bedarride, negociants d’Avignon, et un homme de hettres nomme A. Meahlet, qui doit etre niquca It Ravenne, Veniac, Trieste, Turin, Vienne et en considere comme l’organisateur de cc systeme, de meme qu’il eat aussi h’auteur des premiers atatuts dates dia 10 mars 1816. Ils erigerent It Paris un Grand Chapitre du Rite.~ (L’auteur resume ensuite cc que Ragon ecrit dana son Orthodoxie et son Tuileur.) Cela dit par souci d’objectivite, il eat particuhierement fructucux de rassembler lea elements concernant Misraim qu’on petit tirer de l’ouvrage de Bedarride De l’Ordre ma~onnique de Misraim. Ii a’agit dana ha partie qui traite de ] ‘hiatoire pretendue de ha Ma~onnerie jusqu’au xviii’ siecle, d’une ceuvre fantaisiate et apologetique qui n’a rien de sericux. Toutefois, dana ha partie qui traite de ha periode historique de ha Ma~onnerie speculative, Bedarride expose certains points fort intdreasants que nous soulignons dana lea notes que nous reproduisons. Bedarride commence pratiquement son” H istoire ‘ avec cette dtonnante introduction: “La Ma~onnerie de Misraim n’est point, comme he pensent beaucoup de personnes, une institution humaine (...) il suffit d’y etre initie et de h’etudier avec quehque attention, pour reconnaitre aussit6t qu’ehle ne peut etre que l’ouvrage du ToutPuissant.)) Dana he premier tome de l’ouvrage h’auteur retrace ha hegende du Rite, dont he premier Grand Conservateur (ou Souverain Grand Maitre general absolu) aurait ete Adam. En 4720 de h’annee de ha Vraie Lumiere (cc qui correspond selon he calendrier de Misraim It 716 de l’ere chretienne mais il y a une imprecision qui peut varier d’un It quatre ans et puis ih faudrait aussi tenir compte des mois egyptiens) un descendant d’Adam que h’auteur identifie comme son ancetre, he patriarche Balaam, occultiste d’une grande vaheur, un des Grands Conservateurs de h’Ordre de ha Vallee de Beheyde, se serait etabhi en Etrurie, dana Ia ville de Florence. Son fiha Samuel, Grand Maitre de ha Puissance Supreme pour l’Etrurie, aurait fonde des ateliers macon— Allemagne II eat fait allusion ensuite It ha participation ~ ha premiere Croisade de quelques Miaraimites et puis au retour de ces croisda. Le deuxieme tome debute en racontant que dana l’an du Monde 5166 (1162), un descendant de Samuel, Majoragio, initie de ha Vallee de Milan, apres ha destruction de cette ville par Frederic i” Barberousse, ac refugia aur lea bords de ha mer Adriatique; hIt, il aurait ete accucilhi It Veniac, rejoignant ensuite Palerme d’o~i il se aerait embarque pour l’Egypte. A cette meme epoque quciquca croises auraient ete inities au Rite Adonhiramite’. Ii eat question ensuite d’une visite effectuec It ha grotte du prophete Ehie sur he mont Camel pres de Jdrusalem, de ha rencontre entre Majoragio et Saladin, et de son retour en Europe, en compagnie d’un croise initie au Rite Adonhiramite que l’on doit pratiquer comme he Tres Sage Salomon l’avait institue. Apres d’autres divertissements du meme genre qui 2 2. L’ingdnuitd des affirmations de B~DARaIDE, demontre quelle dtalt, It cette epoque, l’ignorance de la plus grande partie des gens y compris lea dcrivains. 3. Sur le Rite Adonhiramite, cite plusicurs fois dana l’ouvrage de B~DARRIDE qui le falt remonter It Salomon, nous n’avons que peu de renseignements. Scion RAGON il s’agit d’une invention du baron de TacHouDy, ddcritc dana son livrc Recueil pr&ieux de la Ma~onnerie Adonhiramite, publid en 1787; cc qui laisse supposer qu’il ne s’agit pas de cette Ma~onncric, dtant donnd que Gad Bddarride y aurait dtd initid en 1771. Il cat plus probable, dtant donnd la ressemblance de certains rituels et le falt quc B~DARRIDE indique comme siege du Rite la ville d’Avignon, qu’il avait l’intcntion de ddsigncr la secte des Illuminds d’Avignon du bdnddictin Dom Pcrndty, Ma~onncrie en six grades, aux pratiqucs mysticohcrmdtiqucs selon lea theories theurgiqucs de Swcdcnborg. Ce Rite fut fondd aux alentours de 1765 et modifid ensuite dans l’Academie des Vrais Ma~ons de Montpcllier avec la meme nomenclature: 1)Vral Ma~on; 2) Vral Ma~on dana Ia Voic droite; 3) Chevalier de la Clef d’Or; 4) Chevalier de l’Iris; 5) Chevalier des Argonautes; 6) Chevalier de la Toison d’Or. Tous ces grades provenalent de la Mere Loge de Marseille (1750), ccntre d’un important Rite Philosophique en 18 grades. Une partic du rituel des Elluminds d’Avignon cat rapportee par Robert AMBELA[N dana son Iivre le Martinisme (1946). Voici lea grades de la Ma~onncrie Adonhiramite: 1 It 3) grades universels; 4) Ancien Maitre; 5) Elti des Neuf; 6) Elu de Pdrignan; 7) Elu des Quinze; 8) Petit Architecte; 9) Grand Architecte; 10) Maitre Ecossals; 11) Chevalier d’Oricnt; 12) Rose-Croix; 13) Noachite. (Voir: RAGON 1853 ci 1861; MAnuzzi 1972; SORo 1921; Htrnn — 1961.) — — — — 44 — — — —— — — LE5 SOURCE5 DE MIaRAIM LB RITE DE MISRAIM 45 temoignent en faveur de la fantaisie de Bedarride mais non certes de son aericux (par exemple, ha rencontre It ha loge de Palerme entre he fameux Arnaud de Villeneuve et he Grand Conservateur Giotto), on arrive en 5775 (1771) quand, scion l’auteur, he Duc de Luxembourg crea he Grand Orient de France en remplacement de ha Grande Loge’. A ha page 124, il eat affirme que ha meme annee he Patriarche Gad Bedarride (II a’agit du pere de Marc) cc re~ut ha lumiere It ]a vahhee d’Avignon par l’entremise de 1’initid Israel Cohen aurnomind Caroaae% et It ha page 125 que pendant l’annee 5786 (1782)’ dc savant Patriarche Ananiah, Grand Conservateur Egyptien, vint It ha Vallee de Cavaih1on~ oti il fut accucihli par Gad Bddarride qul fiat initie par lui It certaina hauta-grades de Misraim. “A cette epoque, l’initie Parenti de ha Vallee de Zante, 66’ de h’Ordre, ac rendit en Belgique (...) puis It Lyon o~ il fut re~u dana Ic Rite Martiniate.x’ A ha page 126, il eat dit qu’ cc en cc tempa, he nommd Caghiostro, Sicihien qui avait acquis en Egypte quehquea degres ma~onniquea, lea altera et en forma un aoi-disant Rite Egyptien selon son bon plaisir; ii vint en France ob il cut un grand nombre de disciples, mais en 5790 (1786) il fut oblige de quitter Paris. Ii parcourut diveraca autres Valleca et c’eat It ha grande cite de Rome, qu’en 5793 (1789) il fut arrete et mis au fort de Saint-Ange ob ii auccomba. Nous gardona pouratilt Bedarride — he silence stir tous lea faits de cc magicien; h’histoire profane en dit aaaez ~. A la page 127, l’on apprend que Gad Bedarride fut nomme capitaine d’artihlerie dana l’armee d’Itahie et cc cree’ 87’ degre de MiaraYm. Puis il traversa lea Abruzzes It ha suite du general Championnet et atteignit Naples oti he Patriarche Pahambola Grand Conservateur et Doyen de l’Ordre dana cette region, he re~ut et he prochama Grand Maitre 90’. Mais Gad allait bientOt mourir, de retour cc dana sea foyers ~. Dana lea pages suivantes, il eat raconte ha naissance de Marc Bedarride It Cavaillon en 1776, sa nomination comme officier des troupes republicainca de Naples (1799), son admission au 70’ degre de MiaraYm, sea voyages en Sicile puis It Florence oti il rencontre he Frere Tassoni’ ambassadeur du Royaume d’Italie de Milan aupres de ha cour des Bourbons d’Etrurie (qui ~eta~t un initie parfait, l’un des Grands Maitres de notre Ordre ~), puis son passage ti Livourne oti ii eat l’hbte du Frere Mathieti de Lessepa, consul general de France’. Il prend part ensuite It l’expedi tion de Joachim Murat contre la Sicile, et ~ son retour It Naples ii eat eleve au 90’ degrd. Ii ac rend ensuite It Milan et lIt, il eat decore de ha grande Etoile de Miaraim, nomme Grand Conservateur et membre d’honneur de ha Puissance Supreme de MisraYm de cette capitale par he Patriarche Theodoric Cerbes” Souverain Grand Conservateur Egyptien pour he Royatime d’Italie. En rentrant en France en 1814 des brigands Ic depouillent de sea bagages. Puis suivent des recita concernant Ia constitution It Paris du Supreme Grand Conseil, lea luttes avec le Grand Orient de France, lea tracasserics et pcrquisitiona It cause des ddnonciationa de cclui.ci, et ha victoire finale. Lea biographies des plus ihlustres Misraimites sont 4. Le Grand Orient de France fut fondd en 1773. II ne parait pas effectivement de hautes charges maqonniqucs It Naples. Son neveti, Alessandro Palombo. occupa Iui aussi d’importantcs chargea maqonniqucs ati Supr6mc Conscil 33’ de Naples ati siecle pasad (voir B. BELLOMO — La Massoneria, Milan, 1960). — possible quc B~DARRIDE se soit trompd aur tine date tellement connuc en fixant la constitution du GA 02. en 1771. 11 cat probable quc Ic calendrier misraimite qui devait prdvoir tine difference de 4004 ans avec le calendrier vulgaire ne soit pas exact oti qu’alors ii y ait eti tine er-cur de calcul. 5. Lea archives communales de Cavaillon revelent qu% cette epoque, l’un des principaux dirigeants de la communaute juive locale etait le rabbin Israel Cohen. (N.D.T.) 6. Selon toute probabiite, II y a aussi tine er-cur dana cette date en consdqucncc de la precedente aur la constitution du Grand Orient. ~, aussi presentees. Lea observations que l’on peut tirer des confrontations 7. Il s’agit probablement du Frere Palombo dont B~DARRIDE a dcrit Ic nom d’unc maniere erronec, qul A cette dpoquc occupait 8. Le Baron Tassoni figure stir Ia Hate des Grands Commandeurs de 1’Ordre des Chevaliers ddfcnscurs de la Mavonncric, Ordrc rattachd It celui de Misraim. (Voir Ldo TAJCIL Le Culte du Grand Architecte, 1886, p p. 407408). 9. Le Comtc M~thieu de Lesseps (pere de Ferdinand quf ouvrit le canal de Suez) figure aussi sur la hate des Commandeurs. 10. Le Comtc Thdodoric Cerbes se trouve lui aussi parmi lea Grands Commandeurs (voir note 8). — 46 47 LE RITE DE MISRAIM LES SOURCES DE MISRAIM de cette histoire, touffue et aux trois quarts fantaisiste et constitution du Grand Orient de France), le Comte de ingenue, avec les rares r~cits rapport~s dans les encyclop~dies ma~onniques de cette ~poque qui s’&end de 1805 ~ 1866 (c’est-~-dire sur plus d’un demi-si&le) sont peu Cagliostro (alias Joseph Balsamo, Marquis d’Anna, Marquis Pellegrini, Comte de Ph~nix, Comte Harat, Acharat, etc.) traverse le midi de la France pour s’embarquer, probablement ~ Marseille ou Toulon, en direction de Naples oii ii va rendre visite ~ son bienfaiteur et fraternel ami le Chevalier d’Aquino, gravement malade ~ Mais d’Aquino et Balsamo-Cagliostro-Pellegrini avajent amend de Malte ~ Naples les quatre grades des Arcana Arcano. rum. Et Gad a ~ initi~ a Naples au 900 degr~; auparavant ii n’~tait que 8T. Marc, lui aussi, a ~ initi~ au 900 degr~ a Naples. En outre, Cagliostro est passe plusieurs fois ~ Marseille en 1770 et ii s’y arr~tera aussi en 1783 lors de nombreuses mais extr~mement int&essantes, nous tenons ~ le souligner. D’abord, les rap pels au “Rite Adonhirami te’ dans diff~rentes parties du texte de B~darride ont une grande importance, ce qui d~montre qu’il tient cette initiation peu connue en grande consideration: le Rite Adonhiramite se pratique comme au temps de son institution par le Tr~s Sage Salomon, affirmation qui n’est pas avanc& pour le Rite de Misra~m m~me si l’on d~c1are qu’il descend d ‘Adam; quelques crois~s aurajent ~ initi~s ~ ce Rite mais non au Rite Misraimite; Majoragio rencontre un crois~ religieux adonhiramite. Par ailleurs, le patriarche Gad re~oit la lumi~re ma~onnique ~ Avignon, patrie du Rite des Illumines d’Avignon que Marc &darride a sans aucun doute confondu avec le Rite Adonhiramite du baron de Tschoudy. Donc le Rite Adonhiramite, ou mieux celui des 111umin~s d’Avignon d~riv~ de Ia Mere Loge de Marseille, est important pour le Rite de MisraYm et ii est probable qu’une grande partie des grades, rituels, mots de passe et tuileurs de ce dernier en proviennent. En 1782 (5786) Gad rencont re le savant Patriarche Ananiah, Grand Conservateur Egyptien qui 1’initie ~ Misrafm; ii est dit qu’~ la m~me ~poque, alors que l’initi~ Parenti va en Belgique puis ~ Lyon pour ~tre re~u dans le Martinisme, le Sicilien Cagliostro arrive en France. Marc &darride fait alors un commentaire parfaitement injustifi~ sur les degr~s ma~onniques qu’il aurait acquis en Egypte et qu’il aurait modifies selon sa fantaisie (pro- bablement par 1’introduction de pri&es catholiques) et ii conclut en disant: ~nous gardons le silence sur tous les faits de ce magicien Pourquoi? Apr~s avoir fait cette disgression tout fait inutile dans son histoire, ii aurait ~t6 n~cessaire au contraire que B~darride en explique les motifs. Mais effectivement juste ((en ce temps en “. a “, juin 1783 (ii y a une diff~rence de date, c’est vrai, mais nous avons d~j~ constat~ une erreur dans la date de la son retour de Naples en France. Le Rite Egyptien de Cagliostro a plusieurs choses en commun aussi bien avec le ~R~gime de Naples’> qu’avec les Ellumin~s d’Avignon (oii Gad a re~u la lurni~re ma~onnique) et Ia Mere Loge de Marseille. Et comme par hasard (ii s’agit ~videmment d’un hasard mais pour certaines choses les hasards ont une particularit~ que l’on ne peut ignorer) les “Statuts et r~glements de Ia Loge-rn~re d’adoption de Ia Haute Ma~onnerie Egyptienne fond~e par le Grand Cophte ~ l’Orient de Paris ~ se trouvent d~pos~s a la biblioth~que du mus~e Calvet d’Avignon (manuscrit n0 3067). Autre observation: Thory et Levesque affirment que Misraim vient d’Italie et &ait connu a Venise et le long des c6tes de l’Adriatique. Et B~darride precise qu’en 1782 (5786) l’initi~ Parenti de la loge de Zante se rendit en Belgique puis ~ Lyon oii ii fut re~u dans I’Ordre Martiniste. Cela d~truit les theses de Findel et de Clavel dont le premier affirme que le Rite fut invent~ par &darride et le second par un inconnu appeI~ Lechangeur et autres Fr~res de mceurs d~cri~es D’autre part le secret entourant les trois derniers grades du syst~me misrafmite qui “ n’auraient ~ “. confi~s qu’a des Sup~rieurs inconnus (secret 11. CAGLIOSTRO ~crit dans son Mdmoire: ~Lorsque je re~us une letire du Chevalier d’Aquino par laquelle ii me marquoit qu’il ~toit dangereusement malade. Je partis sur le champ; mais, quelque diligence que je pus faire, je n’arrivai ~ Naples que pour y recevoir les derniers soupirs de mon maiheureux ami. 48 LB RITE DE MISRAIM mentionne par Thory et Clavel puls exploite par Ragon pour calomnier lea Bedarride et faire absorber Ic Rite par he Grand Orient) pourrait aussi etre en relation avec ]c voyage de Parenti de Zante It Lyon pour etre rc~u dana he Martiniame ~,. Stir un cahier de seize pages dactyhographieca, intitule Nomenclature, paroles, signes, decorations (etc.) des Loges, Chapitres, Conseils, Senats (etc.) des Rites de MisraYm et Memphis il cat ecrit apres une courte preface: ~ Le Rite Oriental Ancien et Primitif de MisraYm et Memphis est le resultat de la collaboration intime entre le Rite de MisraYm ou Egyptien, apparu & Venise en 1801 grdce & l’ceuvre du Philalethe Abraham et diffuse immediatement en Italie et en France, et le Rite de Memphis ou Oriental, fonde par Etienne Marconis en 1839 & Paris avec une nomenclature qui transformait l’echelle de grades de MisraYm en y incluant des initiations et des rituels de type oriental. A ha page 4 de cc meme cahier h’on fait “, LES SOURCES DE MISRAIM 49 une comparaison entre Miaraim et he Rite Ecoasais Ancien et Accepte en affirmant quc tous lea deux, apparus apres ha Revolution fran~aiac, curent pour but ha reorganisation et Ia centrahisation en un Rite unique des differenta Rites pratiques dana lea loges fran~aiaca et ahlemandes avant ha Revolution. A ha page 5 l’on soutient quc MiaraiTh cat cc un double systeme ma~onnico-illuministe qui renferme en lui le grand systeme initiatique occidental que le Rite Ecossais Ancien et Accepte, dans sa reelaborat ion en trente-trois degres des principaux Rites professes, n’a pas reussi & rdaliser, car ce dernier a exclu de sa nomenclature les grades cabalistiques, martinistes et martinesistes (raison pour laquelle l’organisation ma~onnique a degenere & un certain moment en association philanthro pique et politique) Par ailleura, un document de 1867 cite l’cxiatcncc de MisraYm dana l’ilc de Zante en 1782 et d’autrca ecrita affirment qu’cn 1796 ddjIt une loge miaraYmite fonctionnait It Vcniac1’ Tandia quc he Frere miaraYmite Giuseppe Darre- de Saint-Martin ou de ccliii de Martin~s de Pasqually (appeld aussi Martindaisme ~). Mals II y a tine chose certaine, c’cst qu’It cette epoquc, en 1782 oii 1783, Ic Martinisme dtait represente It Lyon par Ia loge les Chevaliers bienfaisants dirigec par Jean Baptiste Willcrmoz, tandis quc s’installait lentement tin type d’initiation libre dfi It Louis-Claude de Saint-Martin. 11 est donc probable que le “Mart iniame ~ en question soit le Martindsiamc pratiqud alors par Wilcrmoz, Saint-Martin ne ac trouvant pas It Lyon en cc temps lIt. D’autrc part de nombreux dldments historiqucs et la sio, aignataire avec deux autres de l’actc de misc en sommeil en Italic16 des 16 premieres classes et 86 premiers degres de l’Ordrc, affirmait dana une note quc he Phihahethe Abraham, nom initiatiquc de Supericur Inconnu, n‘aurait ete autre quc he Baron Tassoni” membre de ha noble famille Tassoni de Modene, qui assuma de nombreusca charges dana he royaumc itaho-napoleonien et qui, de passage It Veniac, vera 1801, aurait reconstitue Ia loge de MiaraYm, qui avait ete misc en sommeil loraquc ~ ha ganiade par Ia Rdvolution et lea armdcs de Ia Convention nationale et dii Dn-cctoirc, fut rdorganisdc par lea Martinistes titulaires des suite du traitd de Campo-Formio (1797) lea Autrichiens occuperent ha cc serenissime ~. 12. II cat tin pcu difficile de prdciser s’il s’agissait dii Martinisme “ comparaison de diffdrcnts ritucla nous laissent supposer quc la Ma~onncric de type Ecoasais, en partic d.iasoutc, en partic ddaor- Arcana Arcanorum (cc qui apparaItrait clairement si le syllabus dii 88’ dcgrd n’dtait pas secret) qui avaicnt rasacmbld dana l’Ordrc de Miaralm lea 68 grades lea plus importants cnfantds par lea loges europdenncs, en ajoutant It cetix-ci dcux adrics de grades, l’unc mystique, 1’autrc martiniste. Notona aussi It propos dii Martindaisme quc certaina grades et rituela de l’Ordre des Chevaliers Ehus Cohen de l’Univcrs de Martin~s de Pasqually servirent It la constitution de l’Ordrc des Philal~thcs ou cc Amis de la write ~>, crdd It Paris en 1773 dans le cadre de Ia loge les Amis Reunis. (Voir Axi~ S.I. — Note storiche sul Martinismo, dditd par l’Ordrc Martiniste d’Italic, 1960). 13. Document existant dans lea Archives des Rites Unis de Misraim et Memphis dii Temple Mystique des Patriarches de Venetie et Lombardic. 14. Voir lea divers documents concernant la fondation de l’Ordrc de Misraim en possession des Archives dii Souverain Grand Sanctuairc Adriatique. 15. Acte du Supreme Conseil General des Souverains Grands Maitres Absolus deMisrdim du 20 avril 1867 Archives des Rites Unis de Misraim et Memphis. — 16. Voir p. 45 ci-dessus. 51 MI5RA~M APRES LES StOARRIDE audace et heur tendance It l’aaaaaainat pohitique. Lea Guelfes, au contraire, sont moms nombreux et moms violenta, mais iha sont It c raindre par leur maniere d’agir. Leur but eat l’indepcndancc de h’Itahic et ils visent It h’attcindrc par une propagande adequate et subtile ~.> Moms connuca mais encore plus efficaces furent l’ceuvrc CHAPITRE IV et I ‘action deployeca par lea ccPhihoaophca Inconnus ~, petits groupes dont he but etait ha propagande et qui depcndaicnt d’unc myatericuac “Puissance On a vouhu identifier ces Philosophes Inconnus, qui portaicnt he titre d’unc clasac de ha loge fran~aiac des Phihalethes ~, avec des envoyds des Subhimes Maitres du Grand flEuvrc, (et dana he symbohiame de l’epoquc he ‘Grand ~Euvrc ~ etait l’independance et 1’union de tous lea Etata itahiena dana une nation liberale). Et en effet, aclon cc qui decoule d’un document de 1867, exiatant dana lea archives de h’Ordrc Souverain des Cheval icra du Temple (Supernus Ordo Equester Templi)’ un accord aurait ete passe durant lea guerres d’inddpcndancc entre ces deux groupes, dont he premier, c’eat-It-dirc celui des Subhimes Maitres du Grand fEuvre, aurait ete rattache au Rite de Misraim, Regime de Naples’. Dana Ic parchemin ddjIt cite c,cistant dana lea Archives des Rites Unia de Misraim et Memphis d’Italic, h’on mdiquc qu’il y avait en 1860 une loge de Miaraim ~ Palerme et une autre It Naples. On aurait mnitie dana ha premiere de nombreux officicra garibaldiens appartenant ddjIt l~ Ia Ma~onneric de ha Haute Italic et on leur aurait atti-ibue en majori te le grade de Philosophe Hermetique’; ha >. MISRAIM APRES LES BEDARRIDE EN ITALIE ET EN FRANCE En Italic, avec ha chute de Napoleon et he retour It l’etat ante-revohutionnaire, Ia majorite des associations maconniques organisecs et dependantes d’un pouvoir central avaicnt cease leura activites, sauf quchques-unca qui lea poursuivaicnt dana lea Etats lea plus toleranta sans toutefois se compromettrc par des exces p01 itiqucs. Mais nom- breux etaicnt lea mecontents qui voyaicnt dana ha Sainte Alliance une reaction aux iddaux de hiberte repandus par lea tragiqucs combats de ha Revolution fran~aiac et qui rcjctaient l’abaohutiame paternahiate des petita princes (presquc tous lies It l’Autriche) qui avaicnt recemment pris he pouvoir dana lea differents Etats et principautes d’Italie; ces elements “de pointe avaicnt emigre dana ha “Charbonnerie ~ (Carboneria) ou Rite de Saint Theobald ou dana d’autrca associations secretes et parama~onrnques, telles quc lea ~‘Guclfca ~, lea Elus lea “Addphes ~, lea Subhimes Maitres Parfaita et d’autrcs moms importantes’. Dana un rapport de 1817, Ia police pontificale fixa son attention sur lea Carbonari et lea Guelfes qui auraicnt opere It Rome, Perouse, Fermo, Ferrare et “ ‘>, “ Bologne. Les Carbonari — disait Ic rapport — sont redoutables aussi bien par leur nombre que par leur I. Voir G. VENTURA Venise, 1970. — Le societ& segrete nel Risorgimento, “ 2. Voir Ettore FAHIETTI — I Carbonari, Milan, 1942, p. 91. 3. Le cc Conseil des Philosophes Inconnus dtait Ia neuvieme classe dii Rite des Phi1aI~thcs et sa premiere classe d’ cc Echarpe blanche ~ (voir note 15 ci-dessous). D’autre part, les Philal~thcs avaient hdritd de la plus grande panic des archives des cc Chevahers Elus Cohen de 1’Univera ~ de Martines de Pasqually, Ondre dont Louis-Claude de Saint-Martin avait dtd sccrdtairc. 4. Voir G. VENTURA — Ternplan e Ternplarismo, Venise, 1964. 5. ~Sublime Maitre du Grand ~Euvrc~cat Ic titre du 90’ dcgrd de Memphis-Misraim en France et des Rites Unis en Italic ainsi que Ic 89’ degre des Rites non confondus de Misraim ou de Memphis. 6. 53’ degrd de Misralm, 40’ de Memphis, 17’ des Rites Unis, 27’ de Memphia-Miaraim. 52 53 LB RITE DE MISRAIM MISRAIM APRtS LES BEDARRIDE seconde aurait ~t6 mise en sommeil pour fuir les repr& sailles de La police des Bourbons apr~s La bataille de Calatafimi. A Venise le Rite aurait r6apparu en 1848 avec la proclamation de La R6pubLique Venitienne mais ii se serait presque tout de suite remis en sommeil pour se remanifester en 1865 et demeurer en activit~ jusqu’au 6 avril 1867. Le 20 avriL 1867 La Puissance supreme du Rite se r6unit ~i Venise et promuLgua le document suivant: Gloire & l’Omnipotent EMET Respect & l’Ordre PUISSANCE SUPREME De l’Orient du Supr6me Grand Conseil gdndral des Souverains Grands MaUres absolus de 1’Ordre de Misrdim, de ses quatre sdries et du 90~ et dernier grade, sidgeant dans La Valide de la Lagune Vdnitienne, sous un point jixe de l’Etoile polaire & 26’ 2” N. et 120 20’ 33” E., le 2& jour du we mois de l’annde 5863 V.L. A tous les MaQons rdguliers Salut sur tous les points du triangle.. Nous portons & votre connaissance que le Supr6me Grand Conseil gdn~ral du 9Q0 et dernier grade du Rite de Misroim, Puissance Supreme pour l’Italie, a ddcid~ dans son assembMe gdndrale extraordinaire du 19 jour du IF mois de l’annde 5863 de la Vraie Lumi~re (1867 Ere vulgaire) de mettre en sommeil, en Italie, le Rite dans ses 4 series et uniquement dans ses 16 premi~res classes jusqu’au 860 degrd, et cela jusqu’& ce que le r~veil desdits degrds et classes soit considdrd ndcessaire ou opportun par la Puissance Supreme et son Supr6me Grand Conservateur t Pour cela un triangle a dtd constitud par trois Grands Conservateurs en les personnes des Sublimes Frefres Giuseppe Darresio 9W, Antonio Zecchin 9W et Luigi della Migna 90e, a/in qu’ils se chargent, quand le moment sera opportun, de passer les pouvoirs conservateurs supr6mes de l’Ordre et du Rite au Fr&e qu’ils jugeront le plus digne a/in que Ia continuitd de la transmission des pouvoirs soit maintenue ad aeternum. En vertu de ces ddcisions le Supr6me Grand Conseil des Souverains Grands Maitres absolus du 9O~ et dernier grade du Rite de MisraYm (ou d’Egypte) donne aux susnommds Tr~s Illustres et Tr~s Puissants Fr~res Giuseppe Darresio, Antonio Zecchin et Luigi della Migna les pleins pouvoirs pour la nomination du Supr6me Grand Conservateur de l’Ordre et du Rite. Fait dans la Valide de la Lagune V~nitienne le 20~ jour du I11~ mois de l’Annde 5863 de Misra~m. Le Supreme Grand Conservateur: Giovanni Pallesi d’Altamura 33e 66e 90C Les Grands Conservateurs: Giuseppe Darresio 33e 66~ 90e Antonio Zecchin 33e 66e 9Qe Luigi della Migna M.T. 33e 66e 90e 450 7. Rernarquons que cet acte ne mettait en sommeil que les 86 premiers grades de Misraim et qu’il ne concernait pas les Arcana Arcanorum (87 k 9& degr6). D’autre part dans cc document le ddcalage entre 5863 Vi. et 1867 E.V. est de 3996 anndes et non de 4004 anndes conime II est censd etre k Misraina. De m&me, ci-dessous, 1’ann6e 5941 V.L. correspond k 1945 E.V., avec donc un ddcalage identique de 3996 ann6es. Comine II est dit k Le document porte au verso La signature des Supremes Grands Conservateurs qui se succ6d~rent de L’ann6e 1867 ~i 1966% Par un acte que nous reproduisons ci-apr~s, le premier jour du mois de Phamenot de L’ann6e 5941 de La Vraie Lumi~re (1945 E.V.), Le Supreme Grand Conservateur dii moment, Marco Egidio Allegri 9Q6, proc&Ia au r~veiL dii Rite: cc En l’an 1867 de l’Ere vulgaire l’Ordre du Temple de langue italienne mettant en sommeil la Puissance Supr6me du Rite Egyptien sidgeant & Venise, instituait trois la note 4 du chapitre III, le calendrier misraYnaite ne semble pas tr&s exact. Ii aurait 6td plus simple de s’en tenir au d~ca1age de 4000 ans en usage dans le reste de la Magonnerie. (N.D.T.) 8. Acte original figurant clans les archives des Rites Unis de Misraim et Memphis. Le texte est dcrit de droite a gauche. 54 LE I~ITh DE MISRAIM Grands Conservateurs du Rite en les personnes des Sublimes Fr~res Giuseppe Darresio 900, Antonio Zecchin 900 et Luigi della Migna 9Q0• Leurs pouvoirs furent ensuite transmis au Tr~s Puissant Supreme Grand Conservateur Alberto Francis 90 qui & son tour les transmit au Sublime Fr~re Luigi Bo... 9Q0• Puis les pouvoirs furent confi~s au Tr~s Puissant Marco Egidio Allegri promu Grand Conservateur ~ vie. Conform~ment donc & nos prerogatives, en nous servant des pouvoirs donn~s par les articles 14 et 15 des Statuts (titre Ill, section 1), le premier jour du mois de Phamenot de l’annde 5941 de la Vraie Lumi~re, Nous Marco Egidio Allegri, 330 du Rite Ecossais, 330 du Rite de Memphis, Grand MaUre ~ vie et Supreme GraM Conservateur de l’Ordre de Misra~m, avons d~cid~ le rdveil et l’installation du Souverain Conseil g~n~ral du 900 et dernier degr~, Puissance Supreme de l’Ordre et du Rite de Misrdim, ainsi que l’union de ce Rite et du Rite de Memphis et avons appek ces Tr~s Chers et Distinguds Fr~res & en faire partie: (suivent les noms de onze personnes) s.» Selon Philippe Encausse son p~re, Gerard Encausse (Papus), aura it re~u en 1907 deux dipL6mes ma~onniques ~manant de 1’” Ordre Ma~onnique Oriental de Misraim pour I’Italie le Rite I~gitime de Misra~m ~tant alors en sommeil en Italie; mais L’on ne connait nile contenu, ni L’origine de ces dip]6mes Un Rite R~form~ de Misraim aurait ~ ~r~vei11~ > (on ne sait avec queue autorit~) ~ Naples, aux alentours de 1880, par Giambattista Pessina qui I’aurait ensuite uni ~i 950 10 ~, ~. 9. Voir Livre d’Or du Temple Mystique des Rites Unis de Misraim et Memphis, p. 1. 10. Ph. ENCAUSSE 1949, p. 129. 11. En fait, d’apr~s 1’un des dipl6mes de Papus reproduit dans les Archives secretes du Monde inconnu (1980), cet Ordre Ma~onnique Oriental de MisraYm ~tait dirig~ par Pietro Amoroso, Souverain Grand Maitre, et Attilio de Amicis, Grand Secr~taire, avec siege ~ Ban delle Puglie. Cet Ordre de Misraim ~tait present au Convent ma~onnique spiritualiste de juin 1908 ~ Paris, oZi ii semble avoir ~ repr~sen1~ par Frosini (cr~ateur du Rite Philosophique Italien) et ii est probable qu’il soit issu du Rite R~forrn~ de MisraYm de Pessina. (N.D.T.) — 55 MISRAIM APRtS LES B1~DARRIDE son Rite R~[orm~ de Memphis. Nous aurons L’occasion d’en reparler plus loin. En ce qui concerne la France, apr~s la mort des &darride, Misra~m a v~g~t~ toujours combattu par le Grand Orient et Le Supreme Conseil du Rite Ecossais jusqu’au moment ou ii a dCi pratiquement rendre les armes. Apr~s La scission qui se produisit ~ la fin du si~c1e dernier dans le Rite de Misraim entre les partisans du docteur ChailLoux, auteur du fameux discours qui renjait Le Grand Architecte de L’Univers, et les ~ spiritualistes» guides par le Fr~re Osselin, ce dernier groupe a r~sist~ sans cesse aux pressions du Grand Orient et bien que peu nombreux (et cela est naturel car Les hommes de d~sir sont rares) ii a poursuivi L’antique tradition ma~onnique et donc ~La recherche des Lois de la Nature et de ses rapports avec Les Hommes et Le Plan divin Les successeurs d’OsseLin pratiquajent encore leur Rite avant la derni~re Guerre dans La Loge-mere Arc-en-Ciel, nom glorieux du premier Chapitre fond~ en France par Les fr~res B~darride. Que]ques hauts dignitaires de cette Loge, dissaute pendant La guerre et L’occupation allemande, auraient appuy~ L’initiative du professeur Jean Henry ProbstBiraben ‘~, Ma~on orthodoxe et traditionaliste tr~s ~rudit, qui r~veiI1a Le Rite le 31 d~cembre 1956 en s’attachant ~ la revalorisation du Regime de Naples ou Scala di Napoli — — ~. “. 12. La Chcdne d’union, juin 1958, p. 541, cite par NAUDON 1960, p. 104. 13. Dans le d~cret de r~veil de Misrai:m en 1956 II se qualifie comme: ~Jean Henry Probst dit Probst-Biraben, docteur en lettres, professeur honoraire de philosophie; membre du Supreme Conseil international des Rites ma~onniques orientaux unis de Memphis-Misra~m, 33~, 66~, 9O~ et 97~ de ces Rites.)> II avait collabore en 1929 ~ Ia revue le Voile d’Isis et en 1936 ~i Ia Revue du Folklore ainsi qu’au Mercure de France en 1939-1940. IJ semble avoir ~ Sup~rieur Inconnu dans 1’Ordre Martiniste et membre d’autres groupes ~sot&iques secrets. II publia, aux Editions des Cahiers AstroJogiques de Nice les deux ouvrages suivants: les Myst~res des Ternpliers (1947) et Rabelais et les secrets de — Pantagruel (1949). II faut aussi noter que Probst-Biraben fut un des signataires, en 1934, ~i Bruxelles, de 1’acte de constitution de la FUDOSI (voir chap. VII, notes 16 et 17). 14. Voir Paul NAUDON La Franc-Ma~onnerie et le divin, Paris, 1960, p. 100. — 57 LB RITE DE MISRAIM MISRAIM APRE5 LES BEDARRIDE Dans Ia revue la Chaine d’union de janvier 1959, page 236, on pouvait lire: cc l’Ordre de MisraYm a sa place dans La lignde de La Ma~onnerie initiatique et traditionnelle (...) Son existence suffit ~i assurer dans le Monde La permanence d’un message antique de fol, de confiance et d’esp~rance dans les destins posthumes de l’Homme. ~ les Arcana Arcanorum dii Regime de Naples), l’on doit specifier que l’Ordre r~veill~ en 1956 par Probst-Biraben est encore actif maintenant d’une mani~re autonome en tant que Rite de MisraYm ou d’Egypte particuli~rement en Belgique, m~me si son actuel Grand Hidrophante g~n6ral est un Italien. Ce dernier, ii La mort du successeur de Probst, fut nomm~ ~i 1’unanimit~ pour le remplacer, par le Supreme Grand Conseil de Misraim, ~i cause de son age ma~onnique et profane, de sa sagesse, et de ce qu’iI ~tait le plus ancien et le plus dev~ en grade parmi les membres de ce Supreme Grand Conseil. 56 Ii faut ajouter que Probst-Biraben avait aussi r~veilk en 1947 le Rite de Memphis dont nous parlons dans La seconde partie Ce dernier Rite hit r~uni en 1959 ~ celui de MisraYm (Regime de Naples), on ne sait pas exactement par qui ~, ~tant donn~ que Probst-Biraberi qui avait r~veill~ les deux Rites ~tait d~jii mort ~ 1’4e v~n~rable de 92 ans ~ Ia fin de 1957 Pour conclure sur cette initiative decisive des derniers repr~sentants de cette branche orthodoxe de Misraim (ii est juste de qualifier ainsi n’importe quel groupe qui suit ~. ~‘. 15. Selon NAUDON (1960, p. 103), le Rite de Memphis reconstitu~ par Probsi-Biraben pla~ait son origine dans le Rite Primitif des Philalathes r~nov~ en 1779 ~ Narbonne dans Ia loge des Philadelphes. A ce propos, en liaison avec nos pr~c~dentes notes sur les Philal~thes, ii nous paraft opportun de rappeler ici les douze degr~s qu’on pouvait gravir dans leur loge, les Amis R~unis, dont furent membres Savalette de Lange, Court de G~belin, le cabaliste Duchanteau, von Gleichen, le Prince d’Assia, de Beverley et d’autres Ma~ons fameux: 1” a grades norinaux d’apprenli, compagnon et maitre; du au 120 degr~, les grades s’appelaient des classes)); 40, classe des Elus; 50, des Ecossais; 60, des Chevaliers d’Orient; 70, des Rose-Croix; 80, des Chevaliers du Temple; des Philosophes Inconnus; 100, des Sublimes Philosophes; 110 des 1niti~s; 120, des Philal~lhes ou Maitres de tous les grades. 30, 40 90 Les quatre derni~res classes formajent le Conseil de 1’Echarpe blanche. Coinme le sait la plus grande partie des Ma~ons instruits, les Philal~thes organis~rent a Paris en 1784 le fameux Convent qui porte leur nom et auquel furent invites les plus hautes autorites ma~onniques de 1’~poque. Le Convent devait discuter de dix probl~mes jug~s fondamentaux pour la Ma~onnerie, qui aujourd’hui encore attendent une r~ponse exhaustive et digne de fol. Les travaux se d~roularent du 13 novembre 1784 au 26 mai 1785, et n’eurent pratiquement aucune conclusion du fait de l’invitation faite a Cagliostro et des polamiques qui s’en suivirent. Recommences deux ann~es apr~s avec d’autres th~mes, les travaux s’achev~rent sans grands r~sultats le 26 mai 1787, deux mois plus tard. 16. Voir NAUDON 1960, pp. 104-105. 17. Ce fut Henri Dubois, successeur de Probst-Biraben, qui cr~a un c Supreme Canseil des Ordres Ma~onniques de Memphis et de Misraim r~unis oZi les rituels et les grades de Memphis et de Misraim restaient cependant distincts. (N.D.T.) — — — DEUXIEME PARTIE LE RITE ORIENTAL ANCIEN ET PRIMITIF DE MEMPHIS CHAPITRE V ETIENNE MARCONIS ET MEMPHIS Ragon, chez lequel tous ont ensuite puis~ sans chercher plus loin, liquide le Rite de Memphis aux pages 309-315 de son Tuileur gdndral maintes fois cite avec vingt lignes de presentation, La liste de ses 7 classes et 92 grades, trente lignes r~serv&s aux decorations et autres bagatelles, Ia reproduction d’un mod~le de dipl6me et le commentaire suivant: cc Comment peut-on trouver, au milieu du xix’ si~cle, des mains assez courageuses pour signer s~rieusement de pareilles choses?)> Sans vouloir faire de pol~mique sur le fondateur de La loge des Trinosophes qui, comme nous l’avons vii, a signs pas mal de choses aussi peu sdrieuses, ii est ndcessaire de dire tout de suite que le Rite de Memphis eut d~s son apparition un succ~s notable, m~me s’il n’a pas ~ durable, et qu’aujourd’hui encore il a ses partisans, peu nombreux mais cboisis de qualitd en somme comme, du reste, I’avait pr~vu son fondateur, Etienne Marconis de N~gre, quand il ~non~a les principes suivants: cc Le Rite ma~onnique de Memphis a pour origine les myst~res de l’antiquit~; ii apprit aux hommes ~ rendre hommage i~ La divinit~. Ses dogmes reposent sur les principes de l’Humanit~; sa mission est l’~tude de La sagesse qui sert ~ discerner Ia v~rit~; c’est 1’ceuvre bienfaisante du diveloppement de La raison et de l’intelligence; c’est le culte des qualit~s dii cceur humain, et La rdpression de ses — — 1 63 ETIENNE MARCONIs ET MEMPHIS 62 vices LE RITE DE MEMPHI5 Cette Ma~onnerie est enfin 1’~cole de La tolerance religieuse, l’union de toutes les croyances, le lien entre tous les hommes, le symbole des suaves illusions de 1’esp~rance pr~chant La foi en Dieu qui sauve et La charit~ qui fait b~nir .» Mais Marconis de N~gre, fils d’un Italien officier de l’arm~e napoldonienne d’Egypte, au lieu de s’en tenir a La le~on de modestie et de vdrit~ donn~e par Savalette de Lange2 ~ tous les inventeurs de Rites plus ou moms importants d’Europe et d’Am~rique, croit bon de donner une origine solennelle ~ ce Rite qu’il avait cr~ en multipliant les grades de La loge fond~e par sort p~re i~ son retour d’Egypte. Selon ses affirmations le Rite proviendrait directement de La Palestine et aurait ~ fond~ par les Templiers. Mais les origines seraient encore plus nobles. L’ap6tre Saint Marc ~vang~liste aurait converti au Christianisme ~ Alexandrie d’Egypte’ in pr~tre du culte de S~raphis nommd Ormus. Celui-ci, apr~s avoir converti six de ses anus, aurait cr~ en Egypte Ia soci~t~ initiatique des Sages de la Lumi~re et initie ~ ses myst~res quelques p~lerins ess~niens dont les descendants auraient ~ leur tour transmis une partie de leurs secrets aux Chevaliers de Palestine. Par ces derniers La tradition serait arriv~e en Europe ~ Upsal, puis en Ecosse oii elle aurait ~ transmise par l’institution d’un Ordre des Ma~ons d’Orient. De tout cela serait d~riv~ Memphis, ainsi que son grade de Sublime Mai~tre de La Lumi~re qui est aussi le titre du Prince Patriarche qui preside le Temple Mystique du Rite’. (...) 1. Etienne MAI~coNIs DE Nf~G1~n Le Ram eau d’or d’Eleusis, Paris, 1861, p. 400. 2. Vo~r l’introduction du present ouvrage. 3. Vo~r MARcONIs DE NtG1~n & MourmT L’Hi~rophante, Paris, 1839, et MARcoNI5 DE NtGas Le Sanctuaire de Memphis, Paris, 1849. 4. Cette histoire est racont~e de fa~on plus ou moms idenlique dans: Jean BRICAUD Notes historiques sur le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraim, Paris, 1933; G. MAc Bnu~ Notes on the A.~. and p~ Oriental Rite of Memphis, Madras, 1927; Arthur WAITE A New Encyclopaedia of Freemasonry, tome II, Londres, 1921. Notons que MAncoNI5 DE N~GRE a dil s’inspirer d’un r~cit sinai- Soro, dans son Gran libro della Natura (p. 173) affirme au contraire tout bonnement que Memphis-Misraim cc fut crd~ par les Rose-Croix de La branche italienne ~% Mais il est evident que cette irnportante conclusion ei d’autres de nombreux auteurs n’ont aucun fondement, pas plus qu’il n’y a de fondement dans ce qu’affirme le cr~ateur dii Rite pour lui donner du lustre avec Ia patine d’une pr~tendue antiquit~. En effet, le Rite de Memphis, apparu en France en 1839, est d&iv~ en grande partie dii Rite Ecossais et de cehui de MisraYm, et d’une maniere moindre de Ia loge des Disciples de Memphis de Montauban qui en fut cependant La base. Certains auteurs estiment que cette derni~re loge ~tait l’h~riti~re des Philadelphes de Narbonne’ ~ travers une Grande Loge des Philadelphes d’Egype, appanue en 1798, ii l’existence obscure et certainement tr~s breve. Mais on sait seulement avec certitude que Ia Loge de Montauban hit fond~e par le p~re de Marconis ~ Ia fin de 1814. Compose ii l’origine de 91 degr~s, puis porte ii 92 et plus tard ~ 95, Memphis est divis~ en trois sdries de grades. La premiere sdrie qui va du 1” au degr~ est d~diee ~ l’enseignement de Ia morale; la seconde, dii 35 au 68’ degr& ~tudie les sciences naturelles et la philosophie de l’histoire; Ia troisieme, du 69’ au 95’ degr~, s’occupe de haute philosophie, de l’~tude des mythes religieux de diverses ~poques et admet les etudes th~osophiques les plus hardies’. En se fiant toujours ~ Marconis, unique source de toute premiere main en tant que cr~ateur dii Rite de Memphis, ou tout au moms modificateur de in s~rie des hauts-grades 340 — — — — — — CA. THORY (1815), a son chapitre sur Ia RoseCroix. (N.D.T.) 5. Peut-~tre SORO a-I-il extrapola a partir de ce passage de MARCONI5 DE N~GRn: c Le Rite de Memphis reconnait pour fondalaire rapport~ par teurs imm~diats les Chevaliers de Ia Palestine ou Fr~res Rose- Croix d’Orient. ~ 6. Syst~me ma~onnique apparu en 1779, subdivis~ en trois classes dont les deux premi~res englobaient dix-sept grades et la troisi~me trois chapitres et dans lequel l’on ~tudiait les diff~rentes branches des sciences occultes. 7. Voir MARCONIs 1849, pp. 19-22. — 7 ET]ENNE MARCONIS ET MEMPHIS 64 LE RITE DE MEMPHIS de la loge des Disciples de Memphis de Montauban, les 92 grades originaux, ainsi qu’ils apparaissent dans son ouvrage le Sanctuaire de Memphis, sont les suivants: 1. Apprenti 2 Compagnon 3. Maitre Chevalier de Saint Andre Chevalier Kadosch, Grand Inspecteur Grand Inquisiteur Comrnandeur Souverain Prince du Royal Myst~re Chevalier Grand Inspecteur Grand Commandeur du Temple 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 2’ sdrie 4’ classe Chevalier Pbi1al~the Docteur des Planisph~res Sage SivaYste Prince dii Zodiaque Sublime Philosophe hermdtique Chevalier des sept Etoiles Chevalier de l’Arc aux sept couleurs Chevalier Supreme Commandeur des Astres Sublime Pontife d’Isis Roi Pasteur des lutz Prince de La Colline sacr~e Sage des Pyramides - 1” 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 30. 31. 32. 33. 34. 35. s~rie - 1’, cla.sse Maitre discret Maitre Architecte Sublime Maitre Juste et parfait Maitre Chevalier des Elus Chevalier dlu des Neuf Chevalier ~Iu des Quinze Sublime Chevalier ~lu Chevalier Grand Maitre Architecte Chevalier Royale Arche classe 14. Chevalier de La VoCite sacr~e 15. Chevalier de 1’Ep~e 16. Chevalier de J~nusalem 17. Chevalier d’Orient 18. Chevalier Prince de Rose-Croix d’Hdr~dom 19. Chevalier Prince d’Occident 20. Chevalier Grand Pontife de J6nusalem 21. Chevalier Grand Maitre du Temple de Ia Sagesse 22. Chevalier Noachite, ou de Ia Tour 23. Chevalier dii Liban 24. Chevalier dii Tabernacle 25. Chevalier de l’Aigle rouge 26. Chevalier du Serpent d’Airain 27. Chevalier de La Cite Sainte 2’ 3’ classe 28. Chevalier dii Temple 29. Chevalier de Johan, ou du Soleil 50 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. classe Philosophe de Samothrace Titan dii Caucase Enfant de La Lyre Chevalier du Ph~nix Sublime Scalde Chevalier dii Sphinx Chevalier dii P~lican Sublime Sage dii Labyrinthe Ponlife de Ia Cadm~e Sublime Mage Prince Brahmane Pontife de l’Ogygie Chevalier Scandinave Chevalier dii Temple de Ia Writ6 65 66 LE RITE DE ~AEMPHI5 6’ classe 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. Sage d’H6liopolis Pontife de Mithra Gardien du Sanctuaire Prince de la V~rit~ Sublime Kavi Mouni tr~s Sage Grand Architecte de La Cite myst~rieuse 67 ETIENNE MARCONIs ET MEMPHI5 92. Sou ierain Prince des Mages du Sanctuaire de Memphis Cette nomenclature a subi dans le temps de tr~s nombreuses variations. L’Ordre ~tait r~gi par le Grand Hidrophante et par cinq Conseils supr~mes: 10 le Sanctuaire; 20 ]e Temple Mystique, Grand Empire des Souverains Princes de Memphis; 30 le College Liturgique; le Souverain Grand Conseil gdn~ral des Sublimes Princes de Ia Ma~onnerie; le Supreme Grand Tribunal des Grands Ddfenseurs de 1’Ordre. Le Rite poss~dait trois grandes decorations c legionnaires et me (<synubolique ~: la Grande EtoLle de Sirius, Ia Legion des Chevaliers d’Eleusis, La Logion des Chevaliers dii Sadah redoutable et la Toison d’Or (symbolique). La tentative des fondateurs dii Rite de Memphis de mettre le Rite Ecossais en difficiilt~ apparait ~vidente, de m~me que celle d’enlever toute autoritd au Rite de Misraim : ils avaient rassembl~ dans leur syst~me presque tous les hauts-grades apparus en France et ailleurs avant et apr~s La Revolution et us avaient inclus de nouveaux grades aux titres impressionnants (par exemple, Sage Sivaiste, Prince Brahmane, Pontife de Ia Cadm~e, jamais appanus auparavant et a peu pr~s inconnus de La nomenclature ma~onnique) et particuli~rement in groupe de sept grades se rapportant a l’Egypte (Pontife d’Isis, Sage des Pyramides, Chevalier dii Sphinx, Sage d’H~liopolis, Interpr~te des Hi~roglyphes, Chevalier dii Knef et Souverain Prince de Memphis). Ces derniers grades provenaient de La loge des Disciples de Memphis de Montauban oii certains membres, anciens militaires de l’arm~e de Bonaparte, avaient pu amener des connaissances acquises lors de leu r s~jour en Egypte et us ~taient les h~ritiers des trois grades c~ ~gyptiensx~ de l’Ordre des Architectes Africains organist en Allemagne vers 1767 ou 1768 (4’: Apprenti des secrets ~gyptiens; I niti~ aux secrets ~gyp1iens; 8’: Maitre des secrets ~gyptiens) qui n’avait connu qu’une existence ~ph~m~re. 40 50 s~rie Sublime Prince de La Courtine sacr~e Interpr~te des Hidroglyphes Docteur Orphique Gardien des trois Feux Gardien dii Nom incommunicable Supreme Maitre de La Sagesse Souverain Prince des S~nats de 1’Ordre 3’ 69. 70. 71. 72. 73. 74. 75. classe 76. Souverain Grand Maitre des Myst~res 77. Supreme Maitre dii Sloka 78. Docteur dii Feu sacr~ 79. Docteur des V~das sacr~s 80. Sublime Chevalier de La Toison d’Or 81. Sublime Chevalier dii Triangle humineux 82. Sublime Chevalier dii Sadah redoutable 83. Sublime Chevalier Th~osophe 84. Souverain Grand Inspecteur de l’Ordre 85. Grand D~fenseur de l’Ordre 86. Sublime Maitre de l’Anneau lumineux (ou de Ia Lumi~re) 87. Grand R~gulateur g~n~ral de l’Ordre 88. Sublime Prince de La [VIa~onnerie 89. Sublime Maitre dii Grand ~Euvre 90. Sublime Chevalier dii Knef 91. Souverain Prince de Memphis, chef dii Gouvernement de 1’Ordre 70 50: ________~1 LE RITE in MEMPHIS ETIENNE MARCONIS ET MEMPH[5 IL suffit en fait de jeter in coup d’eil ~ La nomenclature dii Rite de Memphis pour s’apercevoir que les 34 premiers degr~s correspondent exactement, avec quelques variantes minimes dans les litres et dans La position des grades, aux 33 degrds dii Rite Ecossais Ancien et Acceptd, ddj~ en vigueur en France en 1804. Rappelons que ce fut sur La base des vingt-cinq grades dii Rite de Perfection ou d7leredom dii Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident, issu en France di fameix Chapitre de Clermont, que Italie, particuli~rement dans le royaume des Deux Siciles, et dans le Bassin M~diterran~en 6• IL semble aussi, qu’i~ l’exception des degr~s originaires de Misra~fm ou dii Rite Ecossais, Marconis et Mouttet n ‘avaient pas ~labor~ tous ]es rituels des nouveaux grades, tels ceux de Sage Sivaiste, Roi Pasteur, Titan du Caicase, Prince Brahmane, etc. Et cela devait, sinon priver compl& tement le Rite de son autoritd, du moms compromettre son d~veloppement; en effet il allait sibir par La siite de nombreuses modifications dues aix siccesseurs r~guhers de Marconis et surtout aux divers cc Grands Hi~rophantes g~n~raux ~ qui oni essay~ de combiner Memphis avec tel ou tel autre Rite, dans certains cas particuli~rement n~gatifs avec le Rite Ecossais Ancien et Accept~, dans d’autres cas avec le Rite de MisraYm pour aboutir i~ divers Rites de Memphis-MisraYm et me seule fois ~ in Rite de Misra~im et Memphis ainsi que nous l’exphiquons plus loin. Toutefois me caract~ristique dii Rite permet de le qualifier d’orthodoxe et li~ ~ La tradition ma~onnique pr~-r~vohutionnaire: c’est l’obligation de la pri~re au Grand Architecte de l’Univers au debut et ~ La fin des travaux y compris dans les trois grades de La Ma~onnerie iniverselle. De telles pri~res, dont nous rapportons ci-dessois celle de l’oiverture des travaix pour le grade d’apprenti, se r~citent encore aujourd’hui dans le Rite de Misraim et Memphis, et d’apr~s ce qu’il nous semble elles se r~citaient aissi dans le Rite de Memphis d~pendant dii Grand Orient d’Egypte qui poss~dait des loges au Caire et ~ Alexandrie et qui d~livra me charte en 1876 pour Le r~veil ~ Palerme dii Grand Sanctuaire d’Italie, ainsi que nous le verrons plus loin. Voici cette tr~s belle pri~re qu’on trouve aix pages 62 et 63 dii Sanctuaire de Memphis d’Etienne Marconis, hivre d~j~ cite. 68 St~phane Morin et ses successeurs cr~rent en Am~rique, ~ Charlestown, le premier Supreme Conseil du degr~. Un autre regard sur La s~rie des grades permet de constater qu’on a ins~r~, dans la quatri~me classe (360 ~ degr~), des grades cc astrologiques dd~a connus dans les 330 470 loges fran§aises avant La R~vohution (Docteur des Planispheres, Prince du Zodiaque, Chevalier des sept Etoiles, Chevalier de l’Arc aix sept couleurs, Supreme Comma”deur des Astres) et dans La cinqiii~me classe (48’ ~ 61’ degr~), en alternance avec des grades d’in nouveau style, ceux provenant de La M~re Loge de Marseille (Chevalier du Ph~nix, du Sphinx, du P6lican, Scandinave) et deux grades cc de V~rit~ (Chevalier et Prince) provenant du 29’ degr~ dii Rite Primitif de Namur cr~ en 1770. Ensuite, ~ La place des hut grades israelites des fr~res B~darride (dii 69’, Chevalier de La Kanuka, ai 76’, Grand Prince Hassid) d’aitres degr~s ont dtd ~tablis, certains d~j~ connus (Gardien des trois Feux, Gardien di Nom incommunicable et Maitre de La Sagesse) et les autres nouvellement institi~s. Enfin, du 78’ au 89’ degr~, mis ~ part l’introduction di cc Docteur des V~das sacr~s~ et dii cc Chevalier de La Toison d’Or ~, le Rite de Memphis r~p~te presque ~ La lettre La nomenclature de Misraim dans sa troisi~me sdrie (trois derni~res classes). IL est evident qu’un Rite d’une telle sorte, apr~s in succ~s initial dei plus ~ La curiosit~ qi’l~ me r~elle volont~ d’apprendre, allait avoir me vie difficile, sp~cialement dans le pays oji ii avait pris naissance. En fait, il semble que Memphis ait ~ absorb~ en France en 1862 par le Grand Orient, m~me si cela ne peut ~tre confirms par des documents, tandis qi’il aurait eu in sort meilleur en 69 8. Apr~s 1862 Memphis disparait de France oZi il r~apparattra en tant que Memphis-Misraim tandis qu’il s’installe en Angleterre grAce ~ Yarker et qu’il se consolide en Italie, ~ Palerme. Des Etats-Unis II semble que grace ~ tine patente donn~e par le Grand Orient de France (?) le Rite se serait propag~ en Am&ique du Sud. 70 LE RITE DE MEMPHIS c~ Dieu Souverain qu’on invoque sous des noms divers et qui r~gne seul, Tout Puissant, iminuable Jehovah, Pere de La Nature, Source de Ia Lumi~re, Loi supreme de l’Univers, nous te saluons. Re~ois, 6 mon Dieu, [‘hommage de notre amour, de notre admiration et de notre cute. Nous nous proste mons devant les Lois dternelles de ta Sagesse. Daigne diriger nos travaux, ~claire-les de tes humi~res; dissipe les t~n~bres qui voilent la V~ritd et laisse nous entrevoir quelques-uns des plans parfaits de cette Sagesse dont tu gouvernes le Monde, afin que, devenus de plus en plus dignes de toi, nous puissions cdlebrer en des hymnes sans fin l’universelle Harmonie que ta presence imprime a Ia Nature. Cette tr~s belle invocation, bien que sous me forme plus personneUe, se rapproche de celle que les Misraimites orthodoxes r~citaient a Ia fin de leurs travaux: cc Supreme Architecte des Mondes, source de toutes les perfections et de toutes les vertus, Ame de l’Univers que tu remplis de ta gloire et de tes bienfaits; nous adorons ta Majest~ supreme et nous nous humihons devant ta Sagesse infinie qui cr~a tout et qui conserve tout. Daigne, Etre des ~tres, recevoir nos pri&es et l’hoxnmage de notre amour. Bdnis nos travaux et rends-les conformes a ta Loi. Eclaire-les de ta Lumi~re divine. Qu’ils n’aient d’autre but que La gloire de ton Nom’, La prosp~rit~ de l’Ordre et le bien de L’Fhumanit& linis les hommes que l’int~r~t et les pr~jug~s divisent. Ecarte le bandeau de l’erreur, qui couvre leurs yeux. Et que, ramene a Ia Vdritd par La Philosophie, le genre humain ne pr~sente plus qu’un peuple de fr~res, qui t’offre de toutes parts in encens pur et digne de toi ~o. CHAP ITRE VI LES PYRAMIDES DE MEMPHIS M~me si jusqu’a present on a Pu d~crire assez pr~ci- s~ment les grades et l’~chelle hi~rarchique dii Rite propagd par Marconis, en fait Ia distinction entre son Ordre de Memphis et l’Ordre de Misraim se fait de plus en plus difficile. Les deux Rites furent entrain~s vers me certaine forme de d~g~n~rescence, imputable particiiui~rement aux conflits entre les dignitaires des formations ma~onniques Les plus importantes, et us se mirent a imiter le Rite Ecossais, sans aucun doute base des hauts-grades de tous les autres Ordres ma~onniques. Ils ont eu tendance alors a se confondre de plus en plus jusqu’a ce qu’iLs se trouvent mis on ne r~ussira jamais ~i savoir avec precision par qui’ dans in Rite hyb ride qui, m~1ang~ avec in pr~tendu cc Rite Primitif et Originel de Swedenborg > 2 — — 1. Sauf en Italie en 1945, quand celui qui avait les patentes r6guli~res pour La constitution et le r6veil de chacun des deux Rites Jes unit, tine fois r~veill~s s6par6ment, sous le titre de Rite Oriental Ancien et Primitif de MisraYrn et Memphis. 2. Selon PApus (Martin~sisme, Willermosisme, Martinisme et Franc-Ma9onnerie, Paris, 1899, pp. 5-6) Swedenborg aurait cr66 tin syst~me de dix grades divis6 en trois sections: premi~re section (ma~onnique), apprenti, compagnon, maitre, maitre 61u; seconde c 9. L’allusion ~ La devise de l’Ordre du Temple est 6vidente: Non Nobis Domine, Non Nobis, Sed Nomini Tuo Da Gloriam. ~ 10. Marc B~DARRIDE De l’Ordre ma9onnique de Misrdim, Paris, — 1845, tome II, p. 419. section (illuministe) appel6e aussi section des Cohen, apprenti Cohen, compagnon Cohen, mafire Cohen; troisi~me section (active) ou section des Rose-Croi,~, apprenti Rose-Croix, chevalier Rose-Croix commandeur, Rose-Croix illumin6 ou Kadosch. Cette affirmation est controvers~e; toutefois dans Je monceau de suppositions sur les origines de La Ma~onnerie et des Ordres illumi- 72 LES PYRAMIDES DE MEMPHIS LE RITE DE MEMPHIS fit connu pendant queLques ddcennies sous le nom de cc Rite Ancien et Primitif CeLui-ci ensuite, en d6Livrant des chartes de reprdsentation, provoqua La reconnaissance ou Le surgissement de nouvelles organisations ma~onmques ccAnciennes et Primitives Ainsi que nous L’avons d6j~ indiqud, Le Rite de Memphis hit absorbd en France en 1862 par Le Grand Orient, ce qui ddtermina pratiquement sa disparition de La tribune ma9onnique officielle fran~aise. QueLques groupes isolds semblent avoir continud ~ effectuer des travaux surtout pour assurer La continuitd du Rite m~me si les participants de ces groupes n’avaient pas Les grades n~cessaires pour me telle tache. En Italie am contraire une rdeLLe continuitd aurait dtd assurde, car en 1860, ~t La suite de La prise de Palerme par Les volontaires de Garibaldi, nombre de ses officiers auraient particip6 aux travaux d’une Loge de Memphis ainsi qu’~ ceux d’mn atelier de MisraYm. Quant ~t Garibaldi qui avait re~u Le trente-troisi~me degrd du Rite Ecossais Ancien et Accept6 avant son ddpart de Quarto pour Marsala, ii ft~t proclaim, une fois arrivd ~ Palerme, Grand Maitre ad honorem dii Grand Orient de Palerme dont faisaient partie, outre Le Rite Ecossais, Les deux Rites de Memphis et de MisraYm. Certains auteurs soutiennent que le Grand Sanctuaire de Memphis pour La France aurait concddd en 1856 une charte pour Ia constitution d’mn Sanctuaire aux EtatsUnis. Ce Sanctuaire n’aurait ddbut~ ses travaux que quelques anndes plus tard, sons La direction du Fr~re Harry J. Seymour, apr~s que La charte eO~t dtd visde par Le Grand Orient de France. Mais ii semble que toutes les informations concernant cette charte, qui sont rappeLdes d’aiLLeurs dans une note rdcente du Grand Secrdtariat ~. ~. nistes, personne n’a rien ~ envier ~ l’autre. Le syst~me aurait ~ ensuite remani~ et r~duit k trois degr~s (tin pour chaque section) par le Marquis de Thon, en 1783, et intituI~ pr6cis~ment c Rite de Swedenborg (Voir aussi Pericles MARUZZI II Vangelo di Cagliostro, Rome, 1972, p. 54, qui pour sa part fail descendre ce Rite des Illumines d’Avignon comme c’est probable). ~. — 73 des Rites Unis de Misraim et Memphis O~ proviennent de John Yarker, c6I~bre propagateur de diffdrents Rites et associations ma~ormiques et parama9onniques’. C’est sur cette charte qu’iL aurait base La rdgularitd de son Sovereign Sanctuary of the Ancient and Primitive Rite of Masonry, in and for the United Kingdom of Great Britain and ireland and its Dependencies, dont La Constitution et Les cdrdmonies ainsi qu’une ~bauche historique furent publides en 1875. En fait, Le seul diplOme envoyd par les Etats-Unis ~ Yarker (qui avait ddj~t constitud pour son propre compte ~ La fin de 1872 Le Souverain Sanctuaire dont il est question ci-dessus) dont nous avons connaissance, porte La date dii 1” octobre 1875 et est signs par W.J.B. Mac Leod Moore 33’ 90’ 97’. Mais il s’agit dii Rite de Swedenborg, sur Lequel tons Les Amdricains, Anglais et Allemands ont sp6cuI~ en crdant l’dquivoque du cc Souverain Sanctuaire~ et des “Rites Unis~ et en se proclamant 900 et 97’. Frosini dont nous nous occuperons par La suite dcrit: cc Le Rite de Swedenborg fut r~organis6 auic EtatsUnis et au Canada par le Fr~re Samuel Beswick. Les Chartes constitutives pour I’AngLeterre furent remises le 1” octobre 1875 (...) La Grande Loge Supreme et le Temple — — 0 5, janvier3, Bollettino1973, ufficiale f~vrier-mars p. 16.de L’Ordre Martinis Ic d’Italie, n 4. John YARKER, pilier de l’establishment occultiste de son gpoque et c grand initi~ occidental tr~s appr~ci~ par la Soci~t~ th6osophique (qui fut cr~e non en hide mais en Am~rique, New York, par les soins de M” H.P. Blavatsky et de son ami le colonel Olcott), fut l’auteur d’une dizaine d’ouvrages sur Ia Ma~onnerie et l’occultisme, parnii lesquels the Ritual of the Arabic Order of Ishmael et tin cdi~bre pot-pourri de 568 pages, the Arcane Schools (a Review of their origin and antiquity with a general History of Freemasonry, and its relation to the theosophic, scientific and philosophic Mysteries). Yarker se declarait Grand Maitre honoraire ad vitam du Rite Philosophique Italien, Premier Grand Surveillant de Gr&e, Grand Maitre honoraire de la Grande Loge de Cuba, Grand Conn~table et Mar~chal du Temple d’Angleterre, 33o du Rite Ancien et Accepts dans de nombretix pays, Grand Maitre du Rite Ancien et Primitif de la Ma~onnerie, Grand Hi~rophante (97’) des Nations conf~d6r~es, Grand Maitre du Rite de Swedenborg, 9 degr~ honoraire de La Soci~t~ Rosicrucienne, etc. ~. 74 de Grande Bretagne et d’Irlande di Rite de Swedenborg furent alors rdguui~rement reconnus Par qui Leod Moore avait-il dtd procLamd 97’? Comment se faisait-il que Yarker signait aussi avec les m~mes grades? Que se cachait-il sous l’dtiquette dii Rite Ancien et Primitif? De quel rituel se servaient ces Ma9ons? La documentation ~ ce sujet doit ~tre recherch6e dans leurs publications. Frosini qui d6diait ~t Yarker qu’il appelait cc son grand fr~re et v~n~re maitre bien 61 pages de son ouvrage ~crivait (~p. 218): “Le Rite Ancien et Primitif (...) comprend deux branches: La branche Orientale oi de Memphis et Misraim et La branche Occidentale ou de Swedenborg0 IL s’agit donc d’un rite hybride qui d’apr~s ce que L’on comprend de L’indication suivante de Frosini (p. 218) cc Supreme Grand Conseil pour La Grande Bretagne et l’IrLande de L’Ordre Ancien et Primitif de Memphis et Misraim (Souverain Sanctuaire) et du Rite de Swede nborg (Grande Loge) suivait dans Les trois premiers grades Le Rite de Swedenborg (Grande Loge) et dans Les hautsgrades le Rite de Memphis (om de Misraim ?). Om bien le contraire, ~tant donnd que l’on ne pent comprendre comment Memphis et Misraim (deuK Rites distincts) dtaient devenus un seul Ordre et comment une Grande Loge dtait devenue un Rite. Mais, ~t La page 219 de son Livre, Frosini clarifie La situation en dcrivant: cc Ce fut Le Tr~s Puissant et Tr~s Illustre Fr~re Harry J. Seymour, Souverain Grand Commandeur du Supreme Conseil (Cerneam) de New York qui confdra en 1872 Le degrd Ecossais ~t John Yarker, Lequel fut ensuite, Le 15 novembre 1872, nommd membre d’honneur du m~me Supreme Conseil et garant d’amiti~.; ces pouvoirs et cette dignitd 330 9Q0 — — — — 330 5. Edoardo FROSINI Massoneria italiana e tradizione iniziatica, Pescara, 1911, p. 220. Notons qu’il 6crit ccreconnus’ et non constitu6s ~tant donn~ que pendant trois ans le Rile de Swedenborg n’avait pas 6t~ reconnu et qu’on ne sait pas avec queUes chartes II avait ~ fonde. 6. Il aurait 6t6 plus exacl de dire cc trois branches ~, ~tant donn6 que Memphis el Misra~m 6taient detix Rites distincts quo]que en grande partie semblables. — 75 LES PYRAMIDES DE MEMPHI5 LE RITE DE MEMPHI5 furent confirm~s en 1880 par Le successeur de Seymour, le Tr~s Illustre Fr~re W.H. Peklam, Souverain Grand Commandeur 33’. En 1882 Yarker est nommd membre ad honorem du Sup r~me Conseil des 33 degr~s du Canada, Sipr~me Conseil qui en 1884 conclut un traitd avec L’Ordre de Memphis et MisraYm.~ De ces prdcisions L’on peut ddduire que Yarker n’~tait pas du Rite Ecossais Ancien et Accept~ de Charlestown, mais de celmi dit de c Cerneau ~, tenn en haute consideration par La Socidtd Thdosophique, et que Les cc33 90’, 97’ dont il se parait n’~taient pas comparables aix ~33’, 66’, 900~ de Misraim’ mais bien in hybride de trois grades d’aitres Rites unis ensemble, hybride qui devait forcdment d~boicher sir La siprdmatie d’un des Rites sir les autres, comme cela allait se verifier. En effet, en 1882, Yarker reprit les modifications antiritud330 Liques et antitraditionnelles effectimes par Pessina dans son Rite R6form~ de Memphis en 33 degr~s et Les codifia dans ses Rituals of the Ancient and Primitive Rite (the 0 Rite of Memphis) 0 series, Chapter 4 to 11; 2nd series, Senate 12 to 20; 3rd series, Council 21 to 30. IL compldta cette codification en 1903 avec the Laws and Regulations of the Grand Mystic Temple Council general 32nd 94th JSt — under the Constitutions of the Sove?eign Sanctuary Supreme Grand Council of Rites 33rd 95th (Scottish, Mizraim and Memphis); with a brief history of the origin — and progress of high-grade Masonry. De ces expdrimentations 10 cela ne mdrite pas d’autre — 7. A Misr&im Ia qualification de 33’ 66’ 90’ d6signe le grade de Souverain Grand Maitre absolu ~ vie et est formul~e ainsi car il est ~ Ia t&e de la premiere s~rie (1’ ~ 33’), de la seconde s~rie (34’ ~ 66e) et des troisi~me et quatri~me s6ries (67’ ~ 90’). 8. Le Rite R6form6 de Memphis en 33 degr~s fut constitu6, ainsi qu’on le verra plus loin, ~Catane en 1876 par Giambattista Pessina. (Voir aussi Ia note 10 ci-dessous — N.D.T.) 9. Dans cette s~rie de rituels le Rite de Misraim est compl~- tement ignore. 10. En fait, dans sa Constitution de 1875 et ses Rituals de 1882, John YAnxmi prdsente Ia mime organisation du Rite Ancien et Primitif (Memphis en 33 grades). Notons que le Rite de Memphis avait ~ r~duit une premiere fois de 95 ~ 33 degrds par JeanPhiliberi Berjeau des 1860 ~ Londres, mais cette tentative n’eut 76 LE RITE DE MEMPHIS nom il rdsilta que le Rite de Memphis pus celmi appeL~ Memphis-Misraim se rddiisirent ~t L’observation de quelqies rituels di Rite Ecossais auxquels avaient ~td apportdes de Ldg~res modifications. Ce fut lit La gen~se de 1’Ordre om Rite de Memphis-Misraim qui, dans La reaLit~, it J’exception des titres et des numdros qii Les accompagnent, est une copie des grades suivants du Rite Ecossais Ancien et Accept~’: 4’, Maitre secret (Memphis: Maitre discret); 15’, Chevalier d’Orient om de L’Epde (Memphis: 8’ 15’, ChevaLier de l’Epde om d’Orient); 18’, Prince RoseCroix (Memphis : 11’ 18’, Chevalier Rose-Croix) ; 30’, Grand Elm Chevalier Kadosch (Memphis: 18’ 30’, Illustre et Terrible Chevalier Kadosch); 32’, Prince du Royal Secret (32’ 940, Patriarche Prince de Memphis) ; 33o, Somverain Grand Inspecteur gdndral (33’ 95’, Sublime Patriarche, Grand Conservateur it vie) Dans Ia rdaIit~, donc, Le Souverain Sanctuaire cc Smpr~me Grand Conseil des Rites ~ de Yarker gouvernait en 1903 un cc Chapitre~ qui travaillait ai 11’ 18’ degrd (Rose-Croix) et in cc S~nat~ qui travaillait ai 18’ 30’ degr~ (Kadosch), tous deux selon Le rituel Ecossais Ancien et Acceptd; il y avait aussi un cc Temple (32’ 94’) dans Lequel on se servait du rituel de Prince du Royal Secret, — ~. pas de prolongemeni direct; et 1’on salt que Marconis de N~gre 1ui-m~me avait effectu6 la m~me op6ration ~ Paris en 1862 pour permettre l’~quivalence avec le Rite Ecossais. En 1865, le Souverain Sanctuaire am6ricain de Harry J. Seymour accepta aussi une r6duction it 33 grades. Cependant ces trois Rites de Memphis, r~duits ~ 33 degr~s s6par6ment et sans coordination, ne possedaient pas Ia m~me nomenclature et Ia m~me hi6rarchie de grades. II semble que ce soit le Rite de Memphis de Seymour en 33 degr~s qui fut introduit en Grande-Bretagne en 1872 sous le nom de cc Rite Ancien et Primitif de Memphis ~ et en Italie entre 1866 et 1876 (?) sous le nom de cc Rite R6form6 de Memphis ‘~. Par Ia suite, en Grande-Bretagne, John Yarker en fusionnant ce Rite de Memphis de 33 grades avec d’autres Rites (Misraim, Cerneau, etc.) cr~a le Rite de Memphis-Misraim en 97 grades. Un exemple permettra de comprendre les diff6rences entre les hidrarchies de ces divers Rites: le grade de Rose-Croix est au 11’ degr~ dans le Rite Ancien et Primitif (ou Memphis R~forrn6), au 46’ degr~ dans le Rite de MisraYm et au 18’ degr~ dans les Rites Ecossais, de Memphis (premiere mani~re) et de Memphis-Misraim. (N.D.T.) 11. Dans la num6rotation des degr~s de Memphis indiqu6e cidessus, le premier nombre correspond it la hi6rarchie de Memphis R~form~ et le second it celle de Memphis-Misraim. (N.D.T.) LES PYRAM]DES DE MEMPHIs 77 et irn ccSanctuaire~ (33’ 95’) qui pratiquait celmi des Souverains Grands Inspecteurs gdndraux, ces deux derniers rituels ayant dtd utilisds dans L’Ordre de Memphis originel et authentique respectivement aux 33’ et degrds. Et puis l’on ignorait La plupart des grades caract& ristiques soit de Memphis soit de Misraim (et, pour ce dernier Rite, Les quatre degrds fondamentaux dn Rdgime de Naples, probablement tout it fait inconnus de Yarker, ses coLL~gues et ses partisans), sauf peut-~tre dans le cc Conseih oii L’on confdrait le grade de Sublime Maitre du Grand ~Euvre (30’ 90’). 340 Sans aller jusqu’au fond d’une quelconque critique qui dclaircirait beancoup de choses, mais qui nous emm~nerait trop loin et nous ferait sortir de La voie que nous nous sommes proposes de suivre, ii nous faint remarquer en substance, qu’aussi bien pour Misraim que pour Memphis L’on ne se servait des numdros ronflants 900 et que pour d~signer le Grand Hidrophante et que pour Memphis Les 94’ et 95’ dtaient utilisds seulement comme attributs des 32’ et 33’ degr~s Ecossais. En definitive ce qui intdressait Yarker c’~tait 1’ cc ~quivaLence~ avec Les Souverains Grands Inspecteurs gdndraux du et dernier degrd de La hierarchie de Charlestown, et obtenir sinon vraiment Le 33’ degrd de Charlestown, et des Conseils assimilds, au moms celmi dii cc Souverain Grand Conseil de Cerneau~ de New York ddpendant alors de Harry J. Seymour. Et de fait, une Fois qu’iL fit en possession des Rites de Cerneam et de Memphis, Yarker rdussit it dtre 970 330 nommd, dans quelques Supr~mes Conseils dtrangers, 33’ din Rite Ecossais Ancien et Acceptd, en cc garant d’amitid ~, et cela, ainsi que tous les dirigeants ma~onniques le savent bien, sans initiation mais par ~change de dipl6mes. Ce genre d’ cc dquivalence », comme nous Le verrons, fut it La base d’aintres affaires semblables ~. 12. Il n’est pas inutile de se rappeler que m~me Ragon — avant de mfuir sa tentative de prise de possession de Misraim pour 1’asservir au Grand Orient de France — s’6tait rendu compte que le Fr~re de Henkelbein, qui poss~dait dejit le 330 degr6 Ecossais, ne pouvait pr6tendre qu’it 1’6quivalence avec le 770 degr~ de Misraim et n’avait droit au 87’ qu’en tant que responsable d’tin groupe de cr6ation nouvelle. (Voir chap. I, n. 9.) 79 LE RITE DE MEMPI-LIS LES PYRAMIDES DE MEMPHIS IL est maintenant n~cessaire de retourner it Palerme pour se rendre compte de La succession des ~v~nements. Mais tout d’abord, il est utile de mentionner, pour la bonne marche de cette explication embroiilke, Ia charte que Theodor Reuss, Grand Maitre de l’Ordo Templi Orientis fond~ en Allemagne an debit de ce si~cLe re~it sembLe-t-iL en 1902 aFin de constituer it Berlin in Souve- les ndgociations en vine de leur unification en inn unique 78 00 rdnen Sanctuariums der Scottische, Memphis und Mis- raim Ritus der Freimaurerei. C’est de cette charte, probablement c ~chang~e que jaillira, ainsi que nous le verrons, le Souverain Sanctuaire de France de Memphis~, Misraim. Comme nous L’avons d~jit indiqu~ dans la premiere partie de cette etude ainsi qie dans le chapitre pr~cddent, le Rite de Misraim, pr~sent it Palerme et it Naples en 1860, avait ~ mis en somineil it Venise en 1867. A son tour le Rite de Memphis, en honneur dans le Royaume des Deux Siciles, fit mis en sommeil quand, apr~s La prise de Rome, en 1870, Les Grands Orients et les Supr~mes Conseils ma~onniques existant en [talie commenc~rent 13. L’Ordo Templi Orientis, qui compte encore aujourd’hui quelques disciples en Suisse, avait ~t6 fonde par Franz Hartmann, Heinrich Klein et Karl Keliner, apr~s le retour de ce demier de son long voyage en Orient durant lequel — du moms d’apr~s ses dires — ii avait ~ initi6 ~ d’antiques myst~res par le moine arabe Soliman ben Aufa et par les gourous indiens de yoga tantrique Bhime Sen Pratap et Sri Amagya Paraniahansa. A la mort de Karl Keliner, survenue myst6rieusement en 1905, Karl Theodor Reuss lui succ~da comme Grand Maitre. Homme 6trange et tr~s discut~, Reuss, chanteur de profession (ce qui 6tait en r~alit~ une couverture, ~tant donn~ qu’il faisait partie des services secrets allemands), avait milit~ dans Ia Ligue socialiste comme membre du bureau ex6cutif et ii en avait ~t6 expuls6 en 1884, justement parce qu’on le soup~onnait d’&re agent secret (voir John SYMoNDs — The Great Beast). John SYMONDS affirme aussi dans son ouvrage qu’Aleister Crowley, apr~s avoir 6t6 initi~ en 1912 par Reuss & l’O.T.O., devint chef de la section britannique du m~me Ordre et qu’un an plus tard c au cours d’une convocation sp~ciale, tenue dans son bureau personnel de Fuiham Road it Londres, par le Souverain Sanctuaire du Rite Ancien et Primitif de la Ma~onnerie, ii Eut ~lu Patriarche Grand Adininistrateur g~n6ral 33’ 90’ 96’ de ce dernier Ordre “. Yarker 6tait mort quelques mois auparavant et Reuss s’6tait auto-proc1am~ son successeur. Par Ia suite, pour diff6rentes raisons que John SYMONDS explique, Reuss essaya en 1914 d’expulser Crowley de l’O.T.O., mais Ia declaration de In Guerre mondiale l’en emp&ha. Grand Orient si~geant it Rome. IL se posait le probL~me de 1’existence de plusieurs Rites, mais ii y avait pr~dominance din Rite Ecossais Ancien et Accept~ qini poss~dait tin Sipr~me Conseil it Turin, inn autre it Palerme et inn Ar~opage ind~pendant it Florence Aussi, en 1874, aLors que Le processus d’unification n’~tait pas compl~tement achevd, Le Grand Orient de Palerme voulut assurer La continnitd din Rite de Memphis, qui avait ~ absorb~ en France en 1862 par le Grand Orient de ce pays, qui risquait de disparaitre aussi d’Italie et qui ~tait priv~ de Grand Hidrophante depuis la mort de Marconis en 1868. Ce Grand Orient de Palerme octroya donc am Souverain Sanctinaire de Memphis it Alexandrie d’Egypte inc charte reconfirmant les patentes accordc~es par Marconis de N~gre, qui avaient ~tab1i ce Souverain Sanctuaire sous le titre de c Grand Orient d’Egypte > Deux ans plus tard, en 1876, Le m~me Grand Orient d’Egypte r~veil1ait it Palerme ]e Rite de Memphis en d~livrant it son tour La 14 ‘~. 14. Voir Bollettino ufficiale de l’Ordre Martiniste d’Italie, n’ 5, 15. Voir Rivista Massoneria 0 17, p. 14;della n’ 21, pp. 11-13; Italiana, n’ 23, pp.annie 6-12; 1874; no 24, n’ p. 14, 14. pp. 15-16. p. n BRICAUD Et 11; aussi: — 1933. Les loges italiennes d’Egypte d6pendant du Grand Orient de Rome n’accept~rent pas facilement cette nouvel[e cons~cration du Grand Orient d’Egypte comme en t~moignent les passages suivants de la Rtvtsta della Massoneria Italiana: no 14 du 16-7-1874, cc Les loges italiennes d’Alexandrie d’Egypte ont convoqu~ une assemb1~e g6n~rale des repr~sentants de toutes les loges reguli~res de Ia vall~e du Nil pour d~lib~rer sur les moyens les plus opportuns et les actions les plus efficaces it opposer aux agissements dangereux et envahissants du soi-disant Grand Orient d’Egypte ~; n0 21 du 1-11-1874, cc Avec les quelques rescap~s us se sont unis, ont r~ussi, qui sait par quels moyens, it obtenir des protections profanes, et de leur propre initiative ou gritce a l’aide irr~guli~re d’un groupe irregulier, ils Se sont proclam~s Grand Orient d’Egypte professant le Rite de Memphis. Ii n’a pas manqu6 de centres ma~onniques r~guliers, connaissant mal la r~alit~ de l’affaire, pour les reconnaitre officiellernent»; n0 23 du 1-12-1874, la revue rapporte les accusations des trois loges italiennes d’Egypte associ~es au Grand Orient d’Italie, la r~ponse tr~s nioder6e du Grand Orient d’Egypte, les contre-accusations cabinnieuses et injurieuses des trois ateliers et Ia r~ponse finale du Grand Orient d’Egypte, sans ~mettre aucun jugement. 80 LE RITE DE MEMPHI5 charte suivante (r~digde en italien avec titre bilingue talien-arabe): A la Gloire du Sublime Architecte des Mondes GRAND ORIENT D’EGYPTE A tous les Ma~ons r~partis sur les deux h~misph&es Au nom du Grand Hi~rophante, Grand Maitre, Chef Supreme des Ill.~. P.. P.~. 95.~. Gr.~. C.~. ad vitam de l’Ordre Ma~onnique de Memphis, Rite Oriental. Nous, Grand Hi~rophante, Sublime Maitre de la Lumi~re, en vertu des Statuts de l’Ordre Ma~onnique de Memphis, d&larons avoir cons titus et cons tituons par les prdsentes patentes le Souverain Conseil administratif g~n~ral de l’Ordre pour l’Italie dans la ValMe de Palerme en lui accordant pleine facult~ pour constituer des Loges, Chapitres, Argopages, S~nats, Consistoires et Conseils dans les Vall~es d’ltalie et correspondre avec elles, a pour pourvoir & toutes les demandes qui lui seront adressees par le Sanctuaire de Memphis et cela pour la dude de cinq ann~es selon les Statuts de l’Ordre Ma~onnique de Memphis pour ce qui concerne chaque membre, avec l’ordre de s’en tenir quant au reste aux prescriptions des Stat uts cites, en en approuvant tous les actes jusqu’iz ce jour. Donna & la ValMe d’Alexandrie d’Egypte le vingt-six du mois d’Epaphi, annie 000 000 000 V.~. L.~. Pour le Grand Hi&ophante S.A. Zola: Le Grand Hi~rophante adjoint, Grand Maitre du Sanctuaire J. de Beauregard 96.~. 33.. Le Grand Chancelier F.F. degli Oddi 95.X 33.~. Vu pour le Royaume d’ltalie dans la Vall~e de Palerme Le Grand Maitre du Supdme Conseil du Rite de Memphis Salvatore Sottile 96.~. 33.. Le Grand Secdtaire Edo uard Roux 95.~. 33A 16. Cette patente est depos~e en reproduction photographique ~ in taille de l’original (35 x 45 cm) dans les Archives des Rites Unis de Misraim et Memphis. Bile aurait ~ officiellement d~livr~e le 15 novembre 1876. Notons en outre que quelques jours aupara- LES PYRAMIDE5 DE MEMPHIS 81 A pem pr~s it La m~me ~poqine que La ddLivrance de cette charte, le Fr~re Giambattista Pessina cc rdveilla de son propre chef Le m~me Rite it Catane, en lui assignant alors le titre de cc Rite R~formd de Memphis)) (en 33 grades) et il commen~a La publication d’une revue intitulde le Piramidi di Menfi. La nouvelle fut annoncde aux pages 13 et 14 du ninmdro 10/11 (12 juilLet 1876) de La Rivista della Massoneria Italiana, organe din Grand Orient unifid d’Italie, dirig~e par Ulisse Bacci, oii ~tait publid ce petit article maLicieux et ironique sous Le titre cc Les Pyramides de Memphis»: “A Catane surgissent miracinleinsement de terre, peint-~tre en se ddpLoyant par l’action de queLque mouvement souterrain invisible, Les Pyramides de Memphis; Le maitre ma~on d’apr~s ce que l’on peut supposer en serait le Fr~re Pessina. Pour ceux qui ne Le saurnient pas, nous dirons que sous Le titre le Piramidi di Menfi est appari dans Ia vallde din Simeto un pdriodique ma~onnique dont L’aspect ressemble beaucoup it notre Rivista et dont Les premiers vagissements se sont prodi its le 21 juin passd. D’apr~s ce que l’on pent lire en t~te de La premi~re colonne, il semble que ce soit un accouchement prdmaturd (...) IL se ddclare l’organe din Supdme Conseil des Tr~s Puissants Grands Conservateurs ad vitam, Puissance Supdme de l’Ordre Ma9onnique Egyptien du Rite de Memphis pour le Royaume d’Italie, c’est-itdire d’in Rite qini n’a pas in seul membre it Catane et qini n’a qin’nne seule Loge en Italie: la Riforma ~ l’Orient de Genes. Cet important atelier connait-il cette revue? Le Grand Orient d’Egypte est-il am courant ? Nois serions vraiment curietix de connaitre Les actes of Ficiels qui donnent aux Piramidi di Menfi Le droit de se proclamer organe du Rite de Memphis (...) Quant aux grades dii Fr~re G.B.P., nous avions ti par d~Licatesse envers lini qin’il avait Fait des ddmarches en vine d’obtenir 1’homologation d’un grade dLevd dans La Ma~onnerie de Rite Ecossais. Mais, piisqin’iL le ddsire, parlons! Eh bien, mi, Le — — vant, Le 25 octobre 1876, le Grand Hi~rophante Sa]vatore Avventore Zola avait conf6r~ it Joseph Garibaldi le titre de Grand Maitre honoraire ad vitam dii Grand Orient d’Egypte. 83 LE RITE DE’ MEMPHIS LES PYRAMIDES DE 1~AEMPHI5 Fr~re G.B.P., n’a jamais pm acqi~rir La reconnaissance Ma~onnerie, traitant de fautes grammaticales et stylistiques qnl, m~me Si elles mettalent en relief la painvretd culturelle des r~dacteinrs des Piramidi, aurdolaient ceux de La Rivista della Massoneria Italiana d’ine linmi~re pen ma~onniqine et professionnellement pem charitable, pour se servir d’un einphdmisme. Ce n’est pas la peine d’~piLoguer sur la “rdguLaritd 82 qin’il demandait pour ce grade, et nous pensons ne pas ~tre tr~s dLoignd de La vdritd en affirmant qi’iL n’a pas obteni satisfaction pour deux raisons: 1) parce qu’iL n’a produit aucun document officiel prouvant qi’iL 1’avait d~jit re~in; 2) parce que, am moment de faire sa demande, il avait de fait abandonnd Le Rite Ecossais pour se mettre it Ia t~te d’une loge de Rite Symbolique. Donc, d’abord Le Frere G.B.P. appartint au Rite Ecossais, puis il passa am Symbolique, pus de nouveau au Rite Ecossais; aujourd’hui il semble qin’iL soit pass~ it celni de Memphis. Aussi nous pr~fdrons Laisser Les commentaires aux lecteurs. Nous pensons aussi deviner d’apr~s L’esprit gdn~raL des inFormations din p~riodiqie de Pessina que ceux qui ont troinvd les portes ferm~es cherchent aijoird’hii it rentrer par La fen~tre. IL semble que Les Piramidi di Menfi ripost~rent, car dans Le ninmdro 13/14 din 4 aoi~it 1876 de La Rivista della Massoneria Italiana, it La page 5, sous Le titre cc Le Grand Hi~rophante », le Frere Bacci dcrivait: “Voilit, nons Le savons finalement avec certitude. Le Grand Hi~rophante din Snpr~me Conseil de Memphis rdsidant it Catane, est inn certain G.B. Pessina qul di Rite Ecossais passa am Symbolique puis de nouveau it L’Ecossais et finalement au Rite de Memphis. Le plus beau est que celni-ci ~crit des Lettres aux Puissances ma~onniques rdginli~res d’Einrope et d’Amdriqne pour faire reconnaitre sa qialit~ de Grand Hi~rophante, et ce qini est encore mieux est que ces Puissances ma~onniqines renvolent [es Lettres de Pessina an Grand Orient d’ItaLie, Lequel naturellement Les jette am panier (...) Nous nous trompons, le Grand Orient les conserve, en tdmoignage perpdtineL des ambitions humaines impuissantes, et il r~pond comme il convient aix Grandes Loges ~trang~res qini l’interrogent en Leur expliquant ce qu’iL faut penser des actes din Fr~re G.B. Pessina. La Revue di Grand Orient continnait par ailleurs sir trois colonnes en rdfutant certaines affirmations des Piramidi di Menfi et elle s’attardait sir des faits qul n’ont rien it voir avec cette dtide et encore moms avec La et encore moms sur l’aithenticitd ritindliqie et traditionnelle de L’autoproclamation de Pessina comme Grand Hidrophante de ce Rite Rdformd de Memphis. Et l’on pent vraiment dire que ce fit senlement Pessina qini fut rdformd lini qul dtait si avide de grades Ecossais mal s dans Le sens di terme cc reformd >~ appliqid aux jeunes gens excLus din service militaire, c’est-it-dire inapte. C’est aussi de Pessina, que provient, ainsi que L’affirme justement Mallinger La rddiction des 90 grades de MisraYm it 33 degrds, qu’il adoptera ensnite dans son MisraYm Rdformd de Naples. Et on ne salt pas prdcisdment, it moms que L’on venille ajouter foi a ce qu’dcrit Domenico — — ‘~, Margiotta “, comment Pessina abandonna ses Pyramides de Memphis it Catane pour se rendre it Naples oCt iL crda ce nouveau Rite “Rdformd» de MisraYm qini eut queLque sicc~s. 17. J. MALLINGER (1956, p. 17) dcrit au sujet de Misraim: Les hauts-grades du Rite n’ont jamais approuvd (...) la rdduction de I’dchelle dgyptienne aux trente-trois degrds de l’Ecossisme, ordonnde par l’Hidrophante Pessina et mise en pratique en certains pays. 18. MARGIOTTA, ancien 330 de plusieurs Supr~mes Conseils, transfuge et libelliste, auteur d’ouvrages anti-ma~onniques, explique dans le Palladisme (Grenoble, 1895) comment aprits la formation it Catane du Rite Reformd de Memphis, Pessina, ddnoncd pour faute ma~onnique, Se rdfugia it Naples oii, toujours au dire de MARGIOTTA, ii se serait auto-proclamd premier Grand Maitre du Rite Rdformd de Misraim, puis Grand Hidrophante de Memphis et Misraim. Dans les Ricordi di un trentatre (Paris et Lyon, 1895, p. XVI), MARGIOTTA publie une lettre adressde par lui it Pessina le 6 septembre 1894 de Bruxelles, dans laquelle il l’insulte, le traitant, entre autres, de soi-disant Grand Maitre de Memphis et Misraim et d’imposteur pour s’~tre faiL passer pour le fritre du sdnateur et illustre jurisconsulte Enrico Pessina. Nous devons toutefois mettre en dvidence que ces deux ouvrages de MARGIOTTA ont dtd dcrits pour attaquer l’ensemble des Ma~ons et de la Ma~onnerie sans aucune distinction. -a- ~- 84 LE RITE DE MEMPHIS LES PYRAMIDES DE MEMPHIS C’dtaient des temps propices pour cette race de MaQons, gu~re scrinpuleux et assez pem respectineux des rituels et afin qu’eLles soient ddclar6es membres de La Communaint6 italienne. Et il reste encore une autre chose it faire: inn concordat entre le Grand Orient et Le Sinpr~me Conseil din Rite Ecossais afin que selon Le droit public magonniqine sanctionne par notre assembLde, ils vivent en bonne harmonie et concourent sans se heirter au developpement et an triomphe de L’Ordre.~ Les difficinLtds provenaient aussi de La diversitd des Rites pratiquds par Les diffdrentes Loges, qui n’etaient pas inniqinement Le Rite Symbolique et le Rite Ecossais comme Le Grand Orient d’Italie nouvelLement ne semblait Le penser. Et des scissions, des d6clarations d’ind6pendance, des cc r6veiLs’> de Rites oublids se man ifestitrent an Congrits maqonniqine de Milan (28 septembre/3 octobre 1881). Pour contribuer it L’organisation de ce congits, La Rivista della Massoneria italiana, dans son editorial din n0 3/4 de fdvrier 1881 mit Les pieds dans Le plat si L’on pent dire en 6crivant it La page 34 ces paroles que nous considdrons comme trAs it propos et dignes d’~tre rappel6es it ceux qni, maLheureusement encore aujonrd’hui, par esprit sectaire semblent Les avoir oublides: cc Quel que soit Le Rite qu’i] suit om La famille maqonniqine qu’iL a cm bon d’adopter, un Magon est toujours le fThre Win autre Magon; et que 1’un appartienne au Rite Ecossais, L’aintre am Rite Symbolique, l’inn am Rite de Memphis, L’autre ~t celini di Temple, celui d’York, om celui de Misraim, Le caract&e magonniqie est toujours le meme et Les droits maQonniqines toujours identiques pour tous ]es Fkres.> Mais, di Congr~s de Milan, [‘union espdree ne sortit pas et Les Sinpremes Conseils de Turin et de Rome co ntinin~rent it se combattre jusqu’it 1887 quand Le Souverain Grand Commandeur du Supreme Conseil et Grand Maitre din Grand Orient de Turin, Timoteo Riboli, se mit d’accord avec Le Souverain Grand Commandeur de Rome, Giorgio Tamajo, et qi’ensemble ils deldgu&ent Le Grand Maitre du Grand Orient de Rome Adriano Lemmi, afin qin’il gomverne en leur nom pendant neuf ans Le Rite Ecossais, tout en ignorant les autres Rites et par suite Le magni- des traditions, qini spdculent sur Les grades de Rose-Croix et de Templier ou qini Laissent croire qu’iLs ddtiennent des pouvoirs occultes et qin’ils entretiennent des relations trits importantes. En fait Les difficiles tentatives d’unification des Grands Orients et des Sinpr~mes Conseils et La confusion cr~6e, Je plus souvent expks, entre Le Grand Orient et Le Sinpr~me ConseiL 19 avaient crde inn climat d’intoL6rance que L’inion des loges, proclamde en 1874 sous L’~gide din Grand Orient d’Italie siegeant it Rome, n’avait pas apaisd. Ii s’avdrait difficile de rdinnir des Mayons de grades dlevds qini ne vou[aient pas renoncer it Leurs charges et privikges, et de plus de Rites divers, dont certains dtaient paganisants, d’aintres mystiques et d’aintres athdes. Sans parler des tendances politiques des groupes din Nord et des groupes di Sud et din Centre, divisds par leur sympathie dvidente pour La Maqonnerie frangaise om allemande. Notons qu’en 1876, sous le titre cc Nouvelles maqonniques de La Communaintd La Rivista della Massoneria Italiana dcrivait: cc Au Grand Orient, Le Fr~re Tamajo rapporta aussi ce qini avait dtd fait pour La fusion en un seul corps de tons Les Sipr~mes Conseils qini se dispitaient auparavant Le grand empire di Rite Ecossais. Le ~, Conseil de L’Ordre ne pouvait accineillir cette communi- cation officielle qi’avec des applaudissements. Maintenant ii ne nous reste plus qin’it savoir quelles Loges appartiennent aux Sipr~mes Conseils de Turin et de Palerme 19. Aujourd’hui encore de nombreux Magons patent6s ne savent pas faire la distinction entre Grand Orient et Supreme Conseil. A cette ~poque lit la confusion dtait encore plus grande. Le Grand Orient pretend avoir juridiction sur les loges (et aussi sur les Rites it travers le Collitge des Rites) tandis que le Supr&ne Conseil ou les assembL~es similaires pr6tendent gouverner le Rite qu’eiles coiffent (dans le cas du Rite Ecossais, de Misraim ou d’autres Rites) ainsi que les loges qui le pratiquent par l’interm6diaire d’une Grande Loge. En r6alitd le Grand Orient repr6sentant Ia Mavonnerie universelle dans ses trois premiers grades, rassemble it ce niveau toutes les loges de tous les Rites et a juridiction sur elles. D’oii les tentatives d’absorption et les guerres mendes en France par le Grand Orient en direction des Rites qui gouvernaient leurs loges directement. 20. No 8/9 du P’ juin 1876, p. 26. — 85 — fique discours dcrit par La Revue maqonnique sept mois avant Le Congres de Milan dans inn but propitiatoire. Cela LE RITE DE MEMPHiS 86 provoqua la rebellion de nombreuses loges, rebellion qui, sur 1’ initiative de la Loge-m~re ArchimMe de Palerme, aboutit ~i un Congres dans cette yule, ati cours duquel on d~cida, le 29 mai 1888, la constitution d’une F~d~ration ma~onnique des loges ind~pendantes d’Italie De cette initiative surgirent successivement trois nouveaux Supr& mes Conseils, respectivement ~t Palerme, Naples et Livourne, ayant pour chefs Paolo Figlia, Antonio Marando et Fortunato Savi Dans ce climat et apr~s La fugue » de Pessina ~t Naples, le Rite Rdorme de Memphis de Catane avait pris consistance et son ~Supr~me Conseil selon une publication ~dit~e en 1887 par 1’Ordre des J~suites, ~tait compose du Grand Maitre Gaetano Mondino et des dignitaires Paolo Conti, Eugenio Longo, Pietro Russo, Raffaele Parano, Gaspare Floritta, Giuseppe Noto, Francesco Monterosso et Gaetano Agnini Les d~positaires de la patente 1~gitime deilivr~e en 1876 par le Grand Orient d’Egypte ~taient rest~s dans 1’ombre en se contentant en bons Ma~ons de frequenter leur loge, tout en attendant que les diff~rentes ~‘. ~. ‘>, ~. Ma~onneries italiennes puissent se mettre d’accord; mais vu la tournure que les ~v~nements ~taient en train de prendre, us comprirent tr~s justement que le moment ~tait venu de se pr~va1oir de ladite patente, non seulement pour ~tab1ir la v~rit~ mais aussi parce que La F~d~ration 21. Dino BELLOMO 22. D. MARGIOTTA — — La Massoneria, Milan, 1960, pp. 278-279. Ricordi di un trentatre, p. 322. Ensuite ~ la page 330 est reproduite Ia tota1it~ d’ime lettre d’Antonio Marando, Souverain Grand Commandeur pour Naples, dat6e du 3 f~vrier 1894 et adress6e ~ Margiotta, qui affirme que le nom de Pessina a 6t~ ~briM6 le 4 janvier 1877 par jugement dii Supreme Conseil du Rite R6form~ de Memphis de Catane (c’est-~-dire par le Rite qu’il avait 1ui-m~me r6veilI6) et qu’iI a 6t~ expuJs~ le 10 mars 1878 du Rite Ecossais Ancien et Accepts. Toujours selon cette m~me Iettre: L’Espagne Iui a aussi fait un proc~s et I’a condamn6 en 1879.> Mais le transfuge MARGIOTTA est rarement digne de fol, particu1i~rement quand ii porte des accusations de satanisme contre la Ma~onnerie et qu’il raconte des fables stir le Palladisme et Ia Sceur Vaugham. 23. On trouve une description identique de Ce Supreme Conseil clans I’~dition italienne (1888) des Myst~res de Ia Franc-Ma~onnerie d~voil~s de L~o TAXIL. L’Ordre de Memphis R~form~ de Catane fit son entree dans la F6d6ration italierme des Supr~mes Conseils de Palerme le 7-2-1894. 87 LES PYRAMIDES DE MEMPHIS g~n~ra1e ma~onnique italienne de Paler me avait redor~ le blason des Piramidi di Menfi et pubijait un petit bulletin sous le titre de Piramidi d’Egitto. Aussi en 1890, alors que le Fr~re Ferdinando Francesco degli Oddi ~tait Grand Hi~rophante en Egypte, apparut le Sanctuaire d’Italie du Rite de Memphis dont ]e si~ge ~tait ~t Palerme et dont le Grand Maitre ~tait 1’avocat Salvatore Sottile. Certains tent~rent alors d’invalider La patente parce qu’elle avait ~ d~Iivr~e avec la seule date des neuf z~ros et sans 1’indication correspondante de 1’ann~e profane. Mats la patente avait ~ d~[ivr~e de cette mani~re justement afin de pouvoir faire surgir le Rite a n’importe quel moment, c’est-~i-dire quand ses titulaires le jugeraient opportun et n~cessaire. Et, de toute fa~on, la constitution du Supreme Conseil administratif ~tait chose faite au moment de 1’acceptation de la charge par les signataires pour 1’Italie m~me si la constitution de ce Conseil n’avait pas ~ rendue pub[ique. Ecossais et Memphisiens “ R~form~s s’attach~rent alors au fait que la patente aurait ~ d~1ivr~e seulement pour cinq ans et ii ~tait evident du moms d’apr~s eux que du fait que Zola ~tait mort en 1883, Von ne pouvait plus consid~rer comme valide en 1890 une patente qu’il avait d~1ivr~e, ~tant donn~ que les cinq ans ~taient pass~s depuis novembre 1888 et cela dans la meilleure des hypotheses. A part le Fait qu’une patente d~1ivr~e pour cinq ans a partir de 1’ann~e 000 000 000 est toujours valide et jamais p~rim~e, si le Grand Orient d’Egypte (qui poss~dait des chartes constitutives de Marconis de N~gre et de 1’ancien Grand Orient de Palerme) avait bien les pouvoirs d’accorder cette patente ce qul est indubitab[e les cinq ans dont on parlait ne se r~f~raient pas ~t la dur~e de la patente e11e-m~me (ce qui aura it ~ absurde), mais bie n ~ celle des charges des membres du Souverain Conseil administratif g~n~ra1 pour 1’Italie. Le texte disait en fait et ainsi que nous 1’avons d~j~ vii, que le Souverain Conseil — — — — 24. Degli Oddi avait signs la patente de 1876 en tant que Grand Chancelier du Grand Orient d’Egypte. II avait succ6d6 ~ Zola en 1883. II flit reconnu Grand Hi~rophante g~n~ra1 par les Etats-Unis, 1’Angleterre, La Rouxnanie, 1’Espagne et 1’Italie, le 30 mars 1900. F 88 LE RITE DE MEMPHIS administratif g~nera1 avait pleine faculte cc pour constituer des Loges, Chapitres, Ardopages, Sdnats, Consistoires et Conseils dans Les Valldes d’Italie et correspondre avec elles, et pour pourvoir it toutes les demandes qui Lini seraient adressdes par le Sanctinaire de Memphis et cela pour la dur~e de cinq ann~es selon les Statuts de l’Ordre ma~onnique de Memphis pour ce qui concerne chaque membre D~ Toutefois, en 1905, avec Le retour it La normale en Italie, c’est-it-dire it La paix ma~onnique, Le Rite de Memphis se retira une fois de plus dans La clandestinitd. Et il est opportun de rappeler ici pour ceux qini ne sont pas am courant (qini sont probablement les plus nombreux) ce qu’ecrivait en 1946 Le Grand Hidrophante gdndral des Rites Unis de Misraim et Memphis S: cc Le Rite Oriental Ancien et Primitif de Misraim et Memphis ent en Italie me de ses branches, Le Rite Philosophique de Florence, qini fusionna en 1921 avec le Rite Ecossais Ancien et Acceptd, tandis que Les deux autres branches, L’Ordre de Memphis de Palerme et Le Rite Egyptien de Venise hdritier du Rite Primitif de Misraim fondd en 1801 par Abraham, continu~rent de fa9on inddpendante Leur mission rosicrucienne et illuministe an sein des Ma9onneries infdrieures, de La Charbonnerie et de L’Ordre du Temple en constituant une esp~ce de Ma~onnerie dans la Maconnerie. IL nous semble que ces paroles n’ont pas besoin de commentaires, la tache des deux Rites apparaissant tr~s clairement. CHAPITRE VII DES PYRAMIDES A L’EGLISE GNOSTIQIIE En septembre 1881, Ia plupart des branches de Memphis ainsi que le Rite de MisraYm de Pessina proclamaient comme Grand Hidrophante g~ndraL, Joseph Garibaldi1 Les Etats-Unis, La Grande Bretagne, 1’Argentine, La Rommanie et L’Italie participaient it cette importante investiture, mais cette charge de Grand Hidrophante fiit surtout in poinvoir honorifique tout it Fait symbolique qni servit it continuer aussi bien qin’it confirmer La confusion ~tabLie entre Le Rite oriental de Memphis et le Rite dgyptien de Misraim, si bien que beaucoup de gens eurent La conviction que Les deux Rites etaient unis. Dans La r~aLitd MisraYm ainsi que nous L’avons dit dtait en sommeil en Italie d~s 1867, et it cette dpoqine Le Supreme Grand Conservateur ~tait Alberto Francis2; en Irlande oii Les fr~res Bddarride L’avaient introdinit, il existait encore queLques groupes en 1862 sous Le contr6Le d’un Supreme Conseil des Rites pour L’Irlande aucune admission it Misraim n’est enregistrde en Ecosse apr~s — — 1; 1. Cependant en Egypte, SA. Zola, qui avait des 1876 nomm~ Garibaldi Grand Maitre honoraire ad vitam, consid6rait qu’il dtait lui-m~me le Grand Hi~rophante l6gitime de Memphis. Quant ~ 1’Ordre fran~ais de Misraim, il ne poss~dait pas in digmt~ de Grand Hi~rophante et n’avait aucun lien avec em his. 2. Archives des Rites Unis de Misraim et Memphis — Actes de succession de 1867 & 1969. 3. Voir R.S. LINDSAY Le Rite Ecossais pour !‘Ecosse, Laval, 1961, pp. 101-102. — 25. M.E. AI.Ln~EI 1946, pp. 24-25. — Jntroduzione a! segreto massonico, Vemse, 90 LE RITE DE MEMPHIS DES PYRAMIDES A L’~GLI5E GNOSTIOUE 1846 et probablement aucune non plus en Angleterre ou le Rite n’avait jamais em aincun sinc&s’. En France Les successeurs des B~darride, malgr~ La guerre qin’iLs subissajent de La part din Grand Orient, avaient r~issi a maintenir en activite quelques Loges Au d~bit de novembre 1885, les dignitaires de la Grande Loge fran~aise de Misraim ~taient : Osselin p~re, Supreme Grand Conservateur; Couly, Grand Chancelier; Picard, Grand Orateur; Rode, Grand Examinateur; Studer, Grand Capitaine des Gardes; Henri Burck, Grand Maitre des Cer~monies; Osselin fils, Grand Secr~taire gen~raL’. Les ateliers faisaient d’excellents travaux ~ La Gloire di Grand Architecte de ~. .1’Univers ~. Garibaldi mourut Le 2 jun 1882 et Giambattista Pessina s’aito-proclama Grand Hidrophante sans etre cependant reconnin par les Souverains Sanctinaires etrangers. L’exdirecteur des Piramidi di Menfi et fondateur din Rite Reforme de Memphis de Catane avait parfaitement rdissi it s’infiltrer dans L’ensemble ma~onniqie de ces annees lit: gritce it un echange de reconnaissances, il avait obtenin, Le 13 septembre 1880, La representation en Italie di Rite Ancien et Primitif pour La Grande Bretagne et L’IrLande de Yarker’ et en se servant de cette charte, il avait transforme le Rite Reforme de Misraim, ~reveille’> par Lii a Naples, en inn ~c Rite Ancien et Oriental de MemphisMisraYm». De cette epoqie lit date l’extraordinaire mystification mise en place par le joirnaliste 4. Idem, p. 122: Toutefois les membres de 1’Ordre de Mis raYxn se r6servaient ~ tout moment la facult6 d’agir tout it fait ind6pendamment du Rite Ancien, s’ils en voyaient une raison, sp6cialement si ce dernier Rite faisait, soit par imposition de droits 6lev~s, soit par refus d’6lections, obstacle ~ Ia promotion ~usqu’au 31~ inclusivement de tous les Fr~res respectables, quoique ne poss~dant pas de distinctions profanes. En cons&juence de ce qui pr6c~de, le vceu g6n~ral ~tant de laisser s’~teindre l’Ordre de MisraYm, sauf dans Je cas de 1’admission d’un Fr~re illustre qui prendrait en charge I’administration de l’Ordre, aucune reunion n’a eu lieu dejpuis plusieurs ann~es (...) Aucune admission dans I’Ordre de Misraim n’est connu en Ecosse apr~s 1846.» 5. L’Arc en Ciel et le Buisson Ardent ~ Paris; PEspdrance MisraYmite it La Ciotat; l’Avenir ~ Marseille; VEtoile du Sud ~ Martigues; Zes Enfants de la Vdrit~ ~ Tours (d’apr~s une liste de 1886 figurant dans les archives d6j~ plusieurs fois citees des Rites Unis de M.~. & M. ~.). 6. LAo TAXIL — Le Culte du Grand Architecte, Paris, 1886, p. 153. 7. Le Grand Orient de France avait suspendu l’invocation au Grand Architecte de 1’Univers depuis longtemps dej~ et le Grand Orient d’Italie, n6 ~ Rome en 1872, avait ouvert la Porte aux ath6es; le Rite Ecossais Ancien et Accepte, dans ses declarations de Lausanne de 1875 avait ~ son tour modifie Ia r~gle de l’obligalion de l’invocation au Grand Architecte comme Dieu cr6ateur de l’Univers en faisant Ia recommandation suivante: ((La Ma~o1nerie proclame, comme elle l’a toujours proclam6 depuis son origine, l’existence d’un principe cr6ateur, sous le nom deGrand Architecte de l’Univers.» Plus loin, d’ailleurs, i[ 6tait affirm6 que la Ma~onnerie ccaccueille n’importe quel profane sans discrimination pourvu qu’il soit libre et de bonnes mceurs». Dans toute Ia communaute ma~onnique fran~aise, seul l’Ordre de Misraim du Fr~re Osselin continuait it d~fendre le credo ma~o~ique concernant Ia divinite et I’immortalit6 de 1’~me. (Voir G. VENTURA — II Rito Scozzese Antico & Accettato, Venise, 1971, p. 12.) 91 et ecrivain fran~ais Gabriel Antoine Jogand-Pages, conni sous Le nom de Leo Taxil (inventeur din Palladisme, luciferien sinon carrement satanique, et des maitresses templieres en relation avec le diable Asphodee, dont la premiere entre toutes 6tait La tres fameuse Diana Vaugham) qini commen~a sa supercherie en 1885 en publiant les rituels de l’Ecossisme, di Grand Orient de France et d’anires organisations ma~onniques pus passa a l’attaqie directe avec des publications attribuees it Diana Vaugham elle-meme et it in docteur Bataille difficile it identifier0 Taxil, Bataille et Diana 8. Archives personnelles du Grand Hierophante de l’Ordre de Lettre du Grand Hierophante general du Rite de MisraYm, Regime de Naples, du 10 mars 1966, oi~ ii 6crit: ~ En 1887 it Catane le Rite Rdjorme de Memphis, et Misraim et Memphis d’Italie — it Naples le Rite de M.. et M.~.. Le Grand Maitre G.B. Pessina le reduisit it 33 degr6s. Depuis le 13 septembre 1880, la represen. tation du Rite Ancien et Primitif avait ete accord6e it Pessina par le Souverain Sanctinaire pour la Grande Bretagne et I’Irlande preside par John Yarker qui avait ete nomme en 1872 it la suite d’un decret des Etats-Unis d’Amerique. En 1880 Pessina etait G. .M.~. du Rite Reformd de Misraim.» 9. Voilit comment, apr~s avoir conduit sa mystification pendant bien douze annees, le m~me Taxil, au cours d’une conference prononcee le 19 avril 1897 dans Ia salle de la Societe de geographie it Paris (oCt ii aurait d~1 presenter Diana Vaugham, mais ofi, au contraire, il retracta tout ce qu’il avait soutenu pendant douze ans), e~cpllqua la lactique qu’il avait adoptee pour convaincre le clerge qu’il fallait le prendre au serieux: ((Mon but etant de creer de toutes pieces la diablerie contemporaine, ii fallait proceder par ordre, ii fallait poser des jalons; il fallait pondre et couver l’ceuf d’oii naftrait le Palladisme. Une fumisterie de cette taille ne se 92 LE RITE D~ MEMPHIS Vaugham racontaient qn’ALbert Pike etait le Souverain Pontife de La Ma~onnerie universelle, qu’iI avait rendezvons avec Satan en personne chaque vendredi, et qu’Adriano Lemmi, Grand Maitre du Grand Orient d’Italie, puis Souverain Grand Commandeur du Rite Ecossais sous mandat de Riboli et Tamajo, etait le chef supreme de l’action politique et qu’il avait succ~de it Pike it La mort de ce dernier. Nous rappelons cette mystification parce qu’elle jeta une ombre plut6t obscure sur La Ma~onnerie internatio- nale, en particulier sur La Ma~onnerie Ecossaise, et qu’eLLe alimenta les rivalitds, les haines et le sectarisme entre les differentes fraternites ma~onniques italiennes qui, it Ia fin de 1867 apres l~annexion de Venise au jeune Royaume d’Italie, etaient sur Le chemin plein d~obstacles de l’unification Ceux qui profiterent de ce climat, furent ceux ~ fabrique pas en tin jour (...) Mes premiers livres sur Ia FrancMa~onnerie furent donc un meli-melo de rituels, avec de petits ajouts qul n’avaient l~air de rien, avec des interpretations en apparence anodines; chaque fois qu’un passage etait obscur, je l’eclairais dans le sens agreable aux catholiques, qui voient en Messire Lucifer le Supreme Grand Maitre des Francs-Ma~ons.» Ensuite Taxil continuait: ~Un auxiliaire inattendu, chest M. Margiotta, Franc-Ma~on de Palmi en Calabre. Il s~enr6le en mystifie, le fut plus que tous les autres; et, ce qui est amusant au possible, c’est quail nous raconta qu’il avait connu la Grande Maitresse palladiste, lors d’un de ses voyages en Italie. Il est vrai que je l’avais amene doucement it me faire cette confidence. Je lui avais mis dans La tete que ce voyage avait eu lieu; je l’avais fait se rencontrer it Rome avec un chambellan de Leon XIII que j’avais fait diner avec Miss Vaugham lors de son pretendu voyage en Europe de 1889 lorsqu’el]e apporta Ia soi-disant circulaire dogmatique d’Albert Pike (...) J’avais eu soin de dire que les FrancsMa~ons presentes it Miss Diana en 1889 l’avaient ete par Bovio et par Cosma Panunzi, et M. Margiotta qui avait dedie it Bovio un volume de vers, risque timidement d~abord quelque allusion it cette ancienne rencontre, puis, constatant que Diana ne le dementait pas ii y alla carrement. Plus tard, quand je jugeai qu’il fallait emp&cher La mystification C...) quand Bataille et moi nous fimes mine de tirer it boulets rouges Fun contre l’autre, Margiotta, ayant ouvert enfin les yeux, craignit le ridicule et prefera se declarer complice plut6t qu’aveugle, engage volontaire dans notre flotte.» (Voir Satan Franc-Macon, Paris, 1964, pp. 165-166 et 175.) 10. II suffit de penser que dans ce climat de lutte entre les diverses tendances de la Ma~onnerie italienne, quand la pretendue Diana Vaugham prit position contre Adriano Lemmi, le Supreme Conseil general de la F&leration ma~onnique italienne du Rite Ecossais A.~ .A.~. siegeant it Palerme, se couvrit de ridicule en DES PYRAMIDES A L’~GLISE GNOSTIOUE 93 dont les papiers n’etaient pas en regle. Apres La decomverte de La mystification, le retour am calme et le proselytisme qui s’en suivit, La Ma~onnerie poussa un soupir de soulagement, perdit sa mefiance et distribua des patentes de legitimite, y conipris it ceux qui n’y avaient aucun droit. Pendant qu’en Italie La Ma~onnerie se d&hirait en des polemiques et des accusations r6ciproques, en Espagne le 18 fevrier 1887, Manuel Gimeno y Catalan fonda avec une charte de Pessina le Supreme Conseil din Rite National Espagnol en sept degres qui ~synthetisaient it 1’extr~me les grades de Memphis et de MisraYm En 1889, Fernando Lozano lui succeda et obtint une nouvelle charte de Pessina, puis en 1894 Villarino del Villar devint le nouveau Grand Maitre din Rite National Espagnol. En Roumanie, le Frere Constantin Moroiu, 330 qui avait dejit re~u en 1881 une charte de Pessina, semble avoir obtenu d’une autre source en 1892 une nouvelle patente qui le confir‘~. ~2 970 delivrant it cette dame invisible et inconnue le dipl6me suivant: ((Nous President de Ia Federation ma~onnique italienne, Gr.~. Maitre et Gr.~. Commandeur ad vitam du Supreme Conseil general du Rite Ecossais Anc.~. et Acc.~. siegeant en la Vallee de ]~Oreto, Gr.~. Orient de Palerme, (...), avons decrete et decretons: art. 1” Voulant recompenser par inn temoignage d’affectueuse sympathie et de haute estime notre Tr~s Illustre, Tr~s Puissante et Tr~s Eclairee Seur Diana Vaugham, Souveraine Maitresse du Temple, Grande Maitresse du Parfait Triangle Ph~b~ la Rose, Delegnee de la Province triangulaire de New York et Brooklyn, pour les eminents services qu’elle a rendus ~ la Haute Ma~onnerie (etc., etc.) Nous lui avons dans notre solennelle assemblee de ce jour decerne le titre de Membre d’Honneur, Protecteur de Notre Supreme Conseil du Rite, etc., etc.» Le decret etait signe par Paolo Figlia, A. Battaglia, F. Giliberto et Giuseppe Miitello et portait Ia date du 8 avril 1894. (Satan Franc-Macon, 1964, pp. 174- 175.) 11. Ii est probable que les degres du Rite fonde par Gimeno aient ete analogues aix sept grades du futur Rite Philosophique Italien de Frosini (trois grades universels; Chevalier Rose-Croix; Chevalier Kadosch; Sublime Maitre du Grand 4Euvre; Souverain Grand Conservateur). (N.D.T.) 12. Ce fut Villarino del Villar qui delivra plus tard, en 1906, it Papus Ia patente de Ia loge symbolique Humanidad. 1 DES PYRAMIDES LE RITE DE !VIEMPHIS 94 mait comme Grand Maitre du Sanctuaire roumain de 10 Memphis Ainsi que nous 1’avons dejit mentionne it La note 24 din chapitre VI, le 30 mars 1900, tous ces Rites plus om moms derives de Memphis, it commencer par celmi de Yarker, reconnurent comme Grand Hierophante universel Ferdinando Francesco degli Oddi, Grand Maitre du Souverain Sanctinaire d’Egypte. De cette maniere, ii semblait que tout etait regle et regularise une bonne fois grace it Ia reconnaissance d’une puissance ma~onnique (le Grand Orient dgyptien pour le Rite de Memphis) qini, depuis sa fondation par Marconis et sa consolidation par le Grand Orient de Palerme, s’etait toujours maintenue etrangere aux querelles. Mais cette demonstration d’unanimite allait favoriser l’epanouissement din Rite hybride de MemphisMisraim de Yarker qini, ainsi qu’il ressort de ce que nous dejit dit, est organise d’apr~s Le modele des statuts de Memphis, en garde sa nomenclature theorique de grades, mais suit le rituel Ecossais. Ii semblerait aussi que Pessina ait initie le Fr~re Guarino Troilo de Rosario (Argentine) qini en 1934 aurait ete Grand Hierophante general de Memphis-Misraim quand au premier Congres de La FUDOSI (Federation universelle des Ordres et Societes initiatiques) it Bruxelles ml fit decide l’adjonction de deux grades aux quatre‘~ A 95 L’~GLISE GNOSTIQUE vingt-dix-sept d~jit existant de fa~on it ce que La supreme hierarchie soit La suivante: 96’ degre reserve aux Grands Maitres nationaux, degre aux membres din Conseil international, 98’ degre au Grand Hierophante general, degre au Sublime Maitre invisible. Heureusement pour le serieux des deux Rites o rientaux, le Grand Hierophante Troilo Guarino n’accepta pas La presence au-dessus de lini d’un Sublime Maitre invisible, et le projet echoua, bien que dans Les annees suivantes L’on tenta par des initiatives variees d’arriver it une nou970 990 velle entente et it une reelle federation internationale A Ia mort din Frere degli Oddi, il semble que La charge de Grand Hierophante general fit reprise par Yarker et “. qu‘il aurait concede une charte it Theodor Reuss, Grand Maitre de ]‘Ordo Temp/i Orientis, pour La constitution it Berlin d~un Gross Orient und Souverdnen Sanctuariums fur Deutsche Reich. En 1905 le Grand Sanctinaire de Palerme, reste fidele ainsi que nous l~avons dit am titre de Memphis, se mit en sommeil Nous arrivons ainsi en 1908 am Convent ma~onnique — — “. spiritualiste de Paris auquel particip~rent des delegues representant des societes plus om moms spiritualistes om plut6t ~ spiritistes~ et certaines branches ma~onniques. ~, 13. ~Fonds Rite de Memphis de Palerme» — Archives des Rites Unis de M.~. & M:. — Lettre du 31 mars 1924, d’Adelchi Borzi, alors Grand Expert di Grand Sanctuaire de Palerme, au Sublime Frere T. Ulic, ancien 330 970 du Sanctuaire roumain de Memphis, membre du Supreme Conseil des 330 pour la Roumanie. 14. Lettre du Grand Hierophante general de Misrdim, Regime de Naples, du 10 mars 1966, deja citee. 15. Voir Proc~s-verbal de l’ouverture solennelle du Convent de 1966 de la Grande Loge symbolique de Memphis-MisraYm de Paris (Ambelain), p. 2. 16. A ce Congr~s de 1934 particip~rent, entre autres, les repre- sentants sitivants d’Ordres ma~onniques et spiritualistes: G. Boge de Lagr~ze, J.H. Probst-Biraben, A. Rombauts, L. Martin, J. Mainger, R. Fnuctus, A. Reichel, H. Gniiter. On nomma trois ((Imperators» ~ in tate de Ia FUDOSI: le Fran~ais Victor Blanchard, le Belge Emile Dantinne et l’Americain Spencer Lewis, createiir de I’AMORC. Ii semble qu’il n~y eut aucun Italien membre de cette Federation. 17. Voir secr~te d~une Federation Incon12,~ Histoire Lausanne, octobre 1956. On peut initiatique», lire en conclusion nues, n0 ((Un (p. 84): fosse devait en cette matiere Se creuser entre les mentalites continentales et celles des Anglo-Saxons, ces demiers sacrifiant trop d~usages venerables au demon de Ia publicite exterieure. Aussi le 14 aoiIt 1951 les trois Imperators des trois Ordres les plus importants decidrrent-ils, par une declaration solennelle, de mettre volontairement fin it leur vieille et fidrle collaboration.» Et d’apres Ia Declaration de dissolution de la FUDOSI. ils prevurent notamment qu’ aucun Ordre anciennement affilie a la FUDOSI ne pourrait s’en prevaloir it l’avenir». Toutefois ii semble par Ia propagande faite par les successeurs de Spencer Lewis que l’on n’ait pas tenu compte de cette solennelle declaration. 18. Ce meme Grand Sanctuaire devait ~tre reveille, toujours sous le titre de Memphis comme nous le verrons a Palerme en 1921, par in groupe de Ma9ons membres du Grand Orient du ~ Palazzo Giustiniani» decides it demeurer etrangers aux querelles entre les deux Supr~mes Conseils Ecossais diriges l’un par ce m6me Grand Orient, l’autre par Ia ~Piazza del Gesfi>’. — — 1 96 LE RITE DE’ MEMPHIS DES PYRAMIDES Y participerent les puissances et societes suivantes: le Grand Orient et Souverain Sanctuaire 33 de l’Ernpire d’ALLemagne; La Ma~onnerie Arabe les Fils d’1sma~L>; Ia Grande Loge Symbolique du Rite National Espagnol; le Souverain Grand Conseil national ibdrique de ce nine Rite; le Rite Ancien et Primitif de La Ma~onnerie pour la Grande Bretagne et 1’Irlande; la Grande Loge d’AngLeterre du Rite de Swedenborg; le Rite Blem d’Argentine; les Delegations din Rite National Espagnol pour l’Italie et le Portugal; Ia Grande Loge des iles din Cap Vert; les Grandes Loges des Francs-Ma~ons Anciens et Acceptds des Etats de L’Ohio et din Massachusetts; la Grande Loge Swedenborgienne d’AlLemagne; La Grande Loge Swedenborgienne de France; le Supreme Conseil du Mexiqine; le Supreme Conseil de l’Ordre Ma~onnique Oriental de Misraim et d’Egypte pour L’ItaLie; l’Ordre des Illuminds d’Allemagne; l’Ordo Templi Orientis; I ‘Ordre Esotdrique de La Rose-Croix; l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix; l’Ordre Martiniste; Le Supreme Conseil Universel de la Ma~onnerie Mixte (qui accineillit Le Congres it son siege). Ainsi qu’il est facile de Le constater, Les Ordres citds etaient une vingtaine, mais chaque delegue en representait trois on quatre: par exemple, Yarker etait Le chef de La Grande Loge de Swedenborg, din Rite Ancien et Primitif pour la Grande Bretagne ainsi que de La Ma~onnerie Arabe”; la Grande Loge et les Supremes Conseils din Rite National Espagnol etaient representes par La Loge Humanidad dont Le chef etait Papus lequel representait aussi l’Ordre Martiniste et l’Ordre Kabbalistique de La Rose-Croix; le docteur italien Hermes (E. Frosini, dont nous nous occuperons plus tard) representait le Rite Espagnol pour L’Italie, le Rite Bleu, Le Supreme conseil de M..M.~. pour l’Italie (qu’il avait fait absorber par son Rite Philosophique Italien gritce auquel il distribuait des ham tsgrades en echange d’autant de reconnaissances ») ; Reuss enfin, outre l’Ordo Templi Orientis, representait les autres Ordres allemands. Ceci etabli, il apparait evident que 330 19. En realite, Yarker n’assista pas au Cangres, mais il etait represente par le Fr~re Cli. H. Detre, dit Teder. (N.D.T.) A 97 L’~GLISE GNOSTIOUE L’importance de ce Congres, place sous la presidence d’honneur din Tres lustre Grand Maitre d’Angleterre et La presidence effective din docteur Gerard Encausse (Papus), Grand Maitre de L’Ordre Martiniste et de la RoseCroix Kabbalistique, fut beaucoup moms retentissante qi on voulut le faire croire. Du Congres sortit une ~ Federation Ma~onnique Universelle > se reclamant des ~ Anciennes Constitutions» qui reconnaissaient le Grand Architecte de l’Univers, et un statut comprenant sept articles fut etabli. Le secretariat general fit confie am frere Teder (pseindonyme anagramme de Ddtre~ alors Secretaire de l’Ordre Martiniste La constitution de La Federation et l’articLe 7 de ses statuts prevoyait son etablissement dans tous Les pays et, en consequence, l’expansion des Rites ma~onniqines qui en faisaient partie. Ce mouvement de croissance commen~a immediatement, sur Le Lieu meme din Congres ou Les dignitaires s’echangerent dipl6mes, chartes et patentes, en creant une confusion que Ia tentative de La FUDOSI it Bruxelles en 1934 (avortee definitivement en 1951) et d’autres semblables sont Loin d’avoir dissipee. Quoi qu’il en soit, it I’occasion de ce Congres eut lieu, selon Jean Bricaud La constitution it Paris d’un Grand Conseil general du Rite de Memphis-MisraYm pour la France et ses dependances. La patente constitutive tomjours selon Bricaud fut delivree par le Souverain Sanctuaire d’Allemagne, signee et scellee Le 24 juin it Berlin, par le Grand Maitre Theodor Reuss (Peregrinos) qui avait assiste au Congres de Paris. Le Grand Maitre et le Grand Maitre adjoint etaient le docteur Gerard Encausse (Papus) et Charles Detre (Teder). La loge Humanidad, precedemment rattachee au Rite National Espa“. “, — — 20. Pour des renseignements plus irnportants, voir le Compte rendu complet des travaux du Congras et du Corn’ent ma~onnique spiritualiste de juin 1908, Paris, 1910. 21. Jean BlUcAuD Notes historiques sur le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraim, Lyon, 1933. — 98 DES PYRANIIDES A L’~GLISE GNOSTIOUE LE RITE DE MEMPHIS gnol, devint Loge-mere pour le Rite de Memphis-Misraim en France Toutefois cette patente n’apparait pas dans La liste des dipL6mes et chartes plus ou moms honorifiqines concedes it Papus Mais il en apparait une, de mars 1908, avec L’en-tete du Gross-Orient des Alien und Angenommenen schottischen Ritus der Freimaurer, Supreme Grand Lodge des Swedenborg Ritus in Paris, signee precisement par Theodor Reuss Papus avait aussi re~u en 1906 tine patente de L’Antiguo y Primitivo Rito Oriental de Memphis y Migraim (Madrid) probablement delivree par le Rite National Espagnol dont le chef etait Villarino del Villar, qui, ainsi que nous l’avons yin, s’dtait servi des patentes accordees par Pessina ~ ses predecesseurs D’autre part, Le meme Papus ecrivant an sujet de ses chartes et de ses relations avec des dignitaires ma~onniques etrangers, affirmait au sujet de John Yarker: ~ Dans mes conversations avec le Tres Illustre Frere John Yarker, Chef supreme du Rite Primitif et Originel, avec le docteur Westcott de la Societe Rosicri‘~. ~‘. “. ~. 22. Toujours selon les affirmations de BRICAUD. Toutefois. dapres ce qu’il ressort de l’article Ordre Martiniste et Grande Loge Symbolique Espagnole», dans l’Initiation de jun 1909, et des mentions officielles qui apparaissent it partir du numero d’aofit 1909 de cette revue, il semble que Humanidad etait tine simple loge et non loge-mere et ~u~eUene pratiqua jamais que les trots degres symboliques du Rite National Espagnol. Si on travailla reellement a cette epoque aux hauts-grades de Memphis-Misraim, ce ne peut avoir etele cas que dans l’autre loge de Papus, appelee INRI. 23. Voir Ph. ENcAUSSE Sciences Occultes, Paris, 1949, pp. 128— 129. 24. Ibidem. 25. Par devoir d’objectivite nous rappelons que Papus avait re~u le 25 mars 1907, une charte de l’Ordre Ma~onnique Oriental de MisraYm pour l~Italie, et le 18 avril suivant, tine autre charte de Ia Puissance Supreme pour l~Ita1ie de ce meme Ordre. On ne salt pas ~ quel titre et on n’en connait point le texte. Toutefois, en supposant que la derniere fit delivree par le Supreme Grand Conservateur du Rite pour l’Italie, nous avons fait des recijerches dans les archives mises ~ notre disposition, mais nous n’avons trouve aucune trace de Ia delivrance de cette charte. II serait necessaire de pouvoir etablir qul a signe la charte et cela peut etre fait par le fils de Papus qui l~aurait en sa possession. El peut se faire aussi qu’il s’agisse de quelque groupe isole, en toute bonne foi. (A ce sujet, voir Ia note 11 du chapitre IV N.D.T.) — 99 cienne d~AngLeterre, avec Villarino del Villar, l~iLlustre Macon espagnol (...) Beaucoup de Supremes Conseils etrangers m’ont Fait Le grand honneur de m’inscrire parmi Leurs membres honoraires on au nombre de leurs representants en France. J’en ai ete d’autant plus touche que j‘eta~s violemment attaque par certains Ma~ons fran~ais Donc, selon Papus, qui ecrivait ce qui precede en 1910 (deux ans apres avoir obtenin, selon Bricaud, Ia patente de Reuss) Yarker, qini avait nomme Reuss Grand Maitre pour L’ALLemagne, etait Chef supreme du Rite Primitif et Originel, et Villarino etait un illustre Ma~on espagnol. L’on ne voit pas pourquoi Papus ignorait que Yarker etait son Grand Hierophante general ni pourquoi il n’indiquait pas que Villarino etait le Grand-Maitre de Memphis-Misraim en Espagne et qu’il lini avait donne des patentes pour Ia Loge Humanidad. D’aiLleurs, dans ce texte, ii se presentait comme membre honoraire om representant en France de ces Ordres. Ni plus ni moms. Nous ne sommes pas ici pour indiquer ce que signifient membre honoraire ou representant, mais il est certain que ni l’un ni L’autre titre, pas plus que leurs diplOmes respectifs, n’autorisent La fondation de Grands Sanctinaires om de SuprCmes Conseils. Cela n’empeche pas que Papus, meme s’il s’averait exact qu’il n’avait jamais ete re~u reginlierement et traditionnellement dans Ia Ma~onnerie etait a de toute fa~on plus . ~ 26. Gerard Paris, 1910. ENCAUSSE — Ce que doit savoir un Maitre Macon, 27. Le fils de Papus, dans son ouvrage (ENcAUSsE — 1949, p. 124) admet que son pere n’a jamais appartenu administrativement» au Grand Orient ou ~ la Grande Loge de France. Toutefois, ici, il ne s’agit pas d~avoir appartenu ou non ~ ces formations ma~onniques appelees regulieres ‘, c’est-~-dire ~ celles qul se sont autoproclamees telles parce qu’elles etaient plus nombreuses, politisees et munies de fonds provenant souvent des subventions d~Etat, ainsi que ceta s’est vu en Italie au temps de Zanardelli et de Nathan, maire de Rome. Tl s’agit d’avoir re~u une initiation reguliere aix trois premiers grades ma~onniqLies (apprenti, compagnon, maitre). Si l’on ne possede aucune de ces trois initiations regulieres, tous les certificats de grades meme tres eleves, re~us de qui que ce soit, n’ont aucune valeur. Lit est le probleme, et d’apres ce qu’il semblerait Papus n’aurait jamais re~u ces initiations. A ce 1 100 DES PYRAMIDES LE RITE D~ MEMPHIS que digne d’exercer La Grande Maitrise qini, selon Bricaind, mi aurait ete ‘concedee par Theodor Reuss pour La France A la mort de Papus survenine en 1916, Teder Lini ainrait succede et apres La mort de celmi-ci en 1918, Bricaud affirma avoir obtenin La succession grace am consensus ~ des survivants de l’Ordre. En 1933 iL fit publier le petit fascicule sur 1’histoire de Memphis-MisraYm qini fut it nouveau publie en 1938 par son successeur Constant Chevillon. Robert Ainbelain (dont nous reparlerons plus loin), qini actinellement en France semble posseder inne reconnaissance ou tout ain moms un droit de visite du Grand-Orient et s’est fait nommer Grand Hierophante general, affirme qu’en 1909 John Yarker deLivra a inne charte de GrandMaitre pour La France et ses dependances » ~ un a Supesujet, toujours en se referant ~ l’ouvrage de son fils, nous citerons deux temoignages, I’m d’une loge dite reguli~re», l’autre de l’Ecole hermetique de Paris qui abritait la Loge de Perfection INRI du Rile ~ Primitif et Originel» de la Ma~onnene. A la page 125, Philippe ENcAussE, rapporte le paragraphe sulvant d~un article publl6 en fevrier 1907 par le Ma~on Ch. M. LmiousIN dans Ia revue Acacia: a Je mets Papus au d~fi de faire admettre ~ titre de visiteur un seul des pseudo-Ma~ons fran~ais de son Rite (ii s’agis- sait du Rite Primitif, Originel et Swedenborgien) dans tine loge dependant de la Grande Loge Unie d’Angleterre, des Grandes Loges d’Ecosse, d’Irlande et des Etats-Unis, in des Grandes Loges reguli~res d~Allemagne dont la liste a ete donnee dans le demier nuinero de l’Acacia». Au bas de Ia page Ph. ENCAUSSE rapporte tin document de Ia Loge de Perfection INRI sur lequel ii est dit entre autres: a Ce Temple, ~lace sous l~obedience de la ~Grande Loge Swedenborgienne du Rite Primitif et Originel de la Franc- Ma~onnerie, sera heureux de voins compter, soit parini ses visiteurs, soil parmi ses membres (...) Queues que sojent vos opinions, vous ~tes assure, T C..F.., de rencontrer parmi nous la plus .~. grande tolerance et la plus sinc~re fraternit~.» La question, ici, repose entierement sur le problemes des initiations reguli~res aux trois premiers grades (~ ne pas confondre avec la regularite de ce qini est mentionne ci-dessus). Papus, les a-t-il re~ines, ou non? Des loges a regulieres», non, au moms d~apr&s ce qu’il semble. Les a-t-il re~ues de sept Ma~ons, dont trois Maitres, constitues en loge sous Ia vofite etoilee? Mais, pour les hauts-grades, ensuite, comme cela va de soi, tout depend du type de succession fixe par les statuts du Rite et du respect des ceremonies prevues pour la collation de ces grades. 28. ~ Mise au point stir les Rites de Misraim et Memphis» dans le Bollettino Ufficiale deli’ Ordine Martinista, deja cite, p. 18. 29. Robert AxvlsnLAn4 — Le Martinisme, Paris, 1946, p. 164. 101 A L’~GL[SE GNOSTIQUE rieur Inconnin» de l’Ordre Martiniste dont le nom initiatique etait Mika~L. Le meme toujours selon Ainbelain outre la charte de Yarker en possedait aussi inne signee de Jean Bricaud et deLivree en 1921. Cela voudrait dire alors, que Chevillon, successeur de Bricaud, etait irreguher, ou alors que La charte dehivree par Reuss it Papus en 1908 it Paris etait irreguliere (it moms qin’il ne s’agissat d’une charte qini ne prevoyait pas de Grand Sanctinaire pour ha France) bien qin~eLLe fiat consideree comme tout it fait valide par Bricaud Et, finalement, qini etait Mika~L? Si comme on peut le penser ii s’agit de Georges Boge de Lagreze, alors il faudrait aussi discuter de La regularite de certains autres groupes etant donne qu~it partir de sa meme charte pour Ia France, dejit incertame pinisqin’iL en aurait existe une precedente deLivree it Papus, on aurait cree plusieurs Grands Sanctinaires — — “. — — etrangers. Mais I ~affaire de Bricaud, Mika~L, Chevillon, Dupont, Constantin de Lyon et consorts tous par ailleurs membres de l’Eghise Gnostique (et spirite) de Doinel ne s’arrete pas au probleme de savoir si c’est La charte de 1909 de Yarker qui est valide ou celle de 1908 de Reuss ou toutes Les dem Elle a aussi cree La Legende du Rite de Memphis-Misraim des Ma~ons chretiens qui permet de justifier La reginlarite de certaines descendances il existerait deux ou trois Rites de Memphis-Mis raim; d’abord celui de L’EgLise Gnostique des Martinistes m; puis celini — — ,~. 30. Si Bricaud, grfce a ]‘autorite de la patente de Reuss de delivre une patente ~ Mika~l en 1921, Chevillon me pouvait succeder a Bricaud tant que Mikael etait encore en vie. Mais Si Yarker avait delivre a Mika~l tine patente pour la France en 1909, alors Reuss n~en avait delivre auctine en 1908 ou alors il l~aurait delivree sans en avertir Yarker qui etait le Grand Hierophante general, raison pour laquelle ii y avait deux Grandes Maitrises du m&me Rite en France. En tout cas, tine belle embrouille. 31. Cela fut aussi tine invention de Bricaud, car le Martinisme, ouvert a toutes les religions, ne pouvait etre rattache et n’est rattache ~ aucune eglise particuli~re. Ceci est facilement demontrable par les declarations de principe de l’Ordre Martiniste 1908, avait (voir ENcAussE — 1949, pp. 89-90, particuli~rement le passage oii II est affirme que l’Ordre Martiniste ne s~occupe jamais de politique non plus que de questions de cuite religieux»). 102 LE RITE D~ MEMPEIIS des Franc-Macons chr~tiens; enfin celui d’on ne sait qui, en somme celui qui n’est ni gnostique ni chr~tien et qui, ne d~pendant pas des Fran~ais, serait irr~gulier. Ivan Drouet de la Thibauderie, docteur en th~ologie et ~s lettres, d6j~ regent et ~v~que de 1’Eglise Catholique Fran~aise (gallicane), auteur qui en la mati~re devrait &re document~, s’est-il 1aiss~ lui aussi induire en erreur par les rumeurs insistantes lanc~es en France et ailleurs au sujet du Memphis-MisraYm de 1’Eglise Gnostique? Cela semblerait le cas ~tant donn~ ce qu’il ~crivait ~: Le premier patriarche de l’Eglise Gnostique Universelle, Jules Doinel, a-t-il poss~d~ une filiation ~piscopa1e apostolique? On salt qu’il se r~c1amait d’une double cons~cration spirituelle; ii aurait ~ sacr~, au cours d’une apparition, par Jesus lui-m~me; puis pendant une seance de spiritisme, par trois ~veques bogomiles. Nous ne retiendrons pas ces pr~tentions inadmissibles. Mais ii pourrait par contre y avoir une filiation m~connue, et dont le silence s’expliquerait en raison du secret initiatique, provenant des interferences entre l’Ordre des Templiers d’une part et le Rite de Memphis-MisraYrn d’autre part. Il est ~ remarquer que l’Eglise Gnostique se fait connaitre et que le Martinisme prend un relief nouveau aux environs de 1860-1880, ~ cette ~poque pr~cis~ment oii 1’Ordre du Temple et l’Eglise Johannite des Chr~tiens Primitifs tombent en sommeil. Or ce Rite de Memphis-Misra~m traditionaliste et chr~tien, qui groupe Martinistes et Gnostiques, comprend un grade, le 66e, Patriarche Cons~crateur, dont l’insigne distinctif est un sautoir violet. 11 serait tr~s int~ressant de verifier dans les anciennes archives de ces divers groupements si les personnes que nous savons poss~der l’~piscopat templier, validement catholique p~r 1’h~ritage de l’Eglise constitutionnelle, ne se sont pas retrouv~es dans la relance gnostique, lui assurant ainsi une caution ~ventuelle. La validit~ ~piscopale ne fait pas de doute pour les ~v~ques templiers. Si donc on reconnaft dans cette resurgence [les noms de certains de ces ~v& DES PYRAMIDES DROtJET flE LA THIBAUDERIE — Eglises et Ev~ques caiho- liques non romains, Pads, 1962, chapitre sur d’Eglise Gnostique des Martinistes et du Rite de Memphis-Misraim D. L’~GLISE GNOSTIQUE 103 ques], poser la question d’une filiation apostolique dans ces Ordres et leurs Eglises ne sera pas chim~rique et pourra ~tre ~tudi~ s~rieusement. Ii sera alors n~cessaire d’~tablir avec certitude et precision le rite de collation du grade de 66~ de Memphis-MisraYm, celui des cons~crations (~piscopales) de l’Eglise Gnostique; et si ces c~r& monies respectent les formes et formules traditionnelles du pontificat, ii y aura une pr~somption raisonnable de succession catholique dans la Ma~onnerie de MemphisMisraYrn.~ Mise ~ part la question des seances de spiritisme de Jules Doinel et des autres spirites pour laquelle nous renvoyons nos lecteurs au livre instructif de Rena Gu~non, l’Erreur spirite il est n~cessaire cependant de dire que beaucoup de gens ~crivent sous l’influence unique des arguments qui, d’une certaine mani~re, apportent de l’eau ~ leur moulin, sans se rendre compte que la r~alit~, facilement identifiable, est bien diff~rente de ce qu’ils affirment et soutiennent, m~me comme simples hypotheses. L’on peut tout de suite affirmer que dans les Rites de Misraim et de Memphis le grade de Patriarche Cons~crateur n’existe pas, et encore moms au 660 degr~ de la hi~rarchie. Dans Memphis le 660 degr~ est celui de Sublime Kavi 84; c’est aussi le cinqui~me de la sixi~me classe et l’ant~p~nulti~me de la seconde s~ ne qui selon Marconis enseigne les sciences naturelles, la philosophie et l’histoire et explique le mythe p&tique de l’antiquit~; son but est de provoquer la recherche des causes et des origines, et de d~velopper les sentiments human itaires et la sympathie Dans MisraYm, le 66~ degr~ est celui de Commandeur Grand Inquisiteur, chef de la deuxi~me s~rie, grade qui correspond au 3 t~ degr~ du Rite Ecossais A..A.’. ¶ Ses membres composent le Souverain Tribunal. Dans Memphis R~form~, le 66~ degr~ n’existe pas puisqu’il atteint seulement le 30~ puis saute au 910 (Grand D~fenseur du Rite) qui correspond au 31~ degr~ Ecossais; les posses~, I ~. 33. Rent GtJ~NON L’Erreur spirite, Paris, 1~ ~d. Rivi~re, 1923, nile ~d. Chacornac, 1952. 34. deli’ Ordine Martinista, n0 4, d~cembre 1972, p. 26. 35. Bollettino RAGON 1861, pp. 283-284. — 32. Ivan A — 104 DES PYRAMIDES LB RITE DE MEMPHIS seurs de ce grade composent le Grand Tribunal des D~fenseurs du Rite Dans les Rites de Yarker et de Pessina les grades de Memphis Rdform~ furent adopt~s. On ne retrouve donc pas un 660 degr~ qui corresponde ~ ce qu’~crit probablement par ccoui-dire Ivan de Ia Thibauderie Et en outre m~me Si l’on ~pluche les grades dits de Patriarches, emp1oy~sM dans Memphis R~form6, l’on n’y trouve pas de Patriarche Cons~crateur. Ces grades sont en fait: 2V, Patriarche Grand Installateur; 220, Patriarche Grand Conservateur; 23, Patriarche Grand Th~ologiste; 24~, Patriarche de la Write; 25, Patriarche des Planisph~res; 260, Patriarche des V~das sacr~s; 270, Patriarche d’Isis; 28, Patriarche de Memphis; 29, Patriarche de la Citd mystique; 30~, Pontife Parfait du Grand EEuvre Ces Patriarches n’apparaissent pas dans le Rite originel de Memphis, mais trouvent leur correspondance dans d’autres Litres et degr~s: le 21 degr~ correspond ~ Chevalier Grand Inspecteur (340), le 22 ~ R~gulateur g~n~ral de l’Ordre (87’). le 23 ~ Grand Maitre des Myst~res (760), le 240 ~ Prince de la V~rit~ (65), le 25~ ~ Docteur des Planisph~res (37), le 260 ~ Docteur des V~das sacrds (79), le 27~ ~ Sublime Pontife d’Isis (44), le 28 ~ Souverain Prince de Memphis (91), le 29 ~ Chevalier de la Cite Sainte (27), le 30~ ~ Sublime Maitre du Grand ~Euvre (890). De par l’intitul~ de ces grades de Patfiarches~ ii apparait evident qu’il ne peut s’agir d’un Ordre de Ma~on~. — — ‘~. ~. 36. Statt~ts du Rite Or.. A.. & P.. de Memphis, Palerme, 1922, art. 82, 83, 116 et suiv. 37. En r~aIit~, ii semble que le grade de Patriarche Cons~crateur (66), qul existe dans tous les Ordres de Memphis et MisraYm de France et Belgique, a ~ introduit dans Memphis-Misraim par Yarker qui a iui-m~me remani~ plusieurs fois son ~che11ede grades. Dans la Constitution de 1875 du Rite Ancien et Primitif de Yarker (Memphis en 33 degr~s), le grade de Patriarche Grand Cons~crateur figure d~j~ au 22 degr~, alors que Patriarche Grand Conservateur correspond au 33. degr~. Ii est probable que la version italienne du Rite (Memphis R~form~) ait ~ I~g~rement diff~rente. (N.D.T.) 38. on n’a jamais pubJi~ les rituels de ces grades qui ont toujours ~ d~livr~s (sans doute en bloc) avec la formule 18~, 30. Voir les Statuts du Rite... de Memphis, art. 130, 146, 160. 39. Idem, art. 83. A LThLISE GNOSTIQUE 105 nerie chr~tienne. Gnostique, peut ~tre oui, mais non dans le sens que le voudrait Ivan de la Thibauderie et ceux qui lui ont fait connaitre une semblable hypoth~se; guostique en effet dans le sens d’~tre ouvert ~ la recherche de la Gnose c’est-~-dire de la Connaissance, dans la certitude de l’existence d’une ame imrnorte lie et d’un Etre supreme auquel nous devons amour, respect et devotion. Mais nos affirmations peuvent ne pas valoir plus que celles d’Ivan de la Thibauderie ou de qui que ce soit d’autre. Ecoutons donc alors ce que dit le Bolleuino deli’ Ordine Martinista (n0 4, nov. dec. 1972, p. 26, n. 4) dans l’article ~Du nouveau sur le Martinisme et l’Eglise Gnostique)): A ce sujet nous avons entendu l’avis d’un haut dignitaire du Rite de Misra~rn et Memphis qui fait partie du Grand Colk~ge Liturgique du Souverain Grand Sanctuaire pour l’Italie et ses d~pendances. Celui-ci a exclu de la mani~re la plus cat~gorique qu’il y ait jamais eu un lien entre le Rite Oriental Antique et Primitif de MisraYm et Memphis et l’Eglise Gnostique. Les Statuts du Rite de Misraim nous a-t-il pr~cis~ disent ~ 1’article 2: Le Rite de MisraYm admet dans son sein tous les hommes, quels que soient leur pays, leur culte et leur condition, pourvu qu’ils soient libres et que leurs mceurs soient pures et leur conduite sans reproche (Statuts du Rite de Misraim publi6s en fran~ais en 1867). Les Statuts du Rite de Memphis disent ~ l’article 4: Le Macon tol~re toutes les religions et ne s’occupe pas de politique. Etant donna la sph~re ~lev~e dans laquelle elle est plac~e, la Ma~onnerie respecte la foi religieuse de ses membres, queue qu’eIle soil. Les Statuts des Rites Unis ~ l’article 2 expliquent Le Rite admet dans son sein tous les hommes, de n’importe quel pays et de n’importe quel culte, & condition qu’ils soient libres, purs et de bonnes mceurs, qu’ils n ‘exercent pas une profession servile ou d~gradante, qu‘us sachent lire et dcrire correctement et que leurs revenus soient suffisants pour subvenir & leurs besoins el ~ ceux de leur famille. Ii nous semble poursuit la note qu ‘un rattachement ~ l’Eglise Gnostique est exclu. De toute fa~on, ~tant donn~ que l’Eglise Gnostique apparat (ou r~apparat) en 1890 grace ~ Ia vision de Doinel alors — — — — 106 DES PYRAMIDES A L’EGLISE GNOSTIOUE LE RITE DE MEMPhIS 107 que les Rites de MisraYm et de Memphis existaient bien avant, on ne voit pas quels liens il pourrait y avoir entre eux.)) Cela pourrait suffire mais Ivan de la Thibauderie invoque aussi les Templiers qui se seraient allies ~ 1’Eg]ise Constitutionnelle Fran~aise (et qui pourrajent ~tre gnostiques s’ils avaient transmis le 660 degr~ de Memphis-Misraim). On pourrait faire ici un long discours sur les Templiers, le templarisme, 1’~sot~risme, mais cela n’est pas dans nos intentions. Toutefois il suffira d’indiquer le fait que toute 1’affaire des pseudo ~glises templi~res (ou mieux n~o-templi~res) trouva son origine dans l’Ordre d’Orient, chaine ext~rieure des n~o-Templiers fran~ais, d‘oii d~riv~rent aussi la Stricte Observance Temp1i~re~ de von Hund le ‘C1~ricat~ de Johann-August Starck et les Templiers su~dois. Ii s’agissait essentiellement d’une devotion particu1i~re des n~o-Templiers pour l’ap6tre Saint Jean que leur Grand Maitre pendant et apr~s la p~riode napol~onienne, Bernard-Raymond Fabr~Palaprat (connu aussi comme ~v~que johannite ~),et les Templiers de Lyon transform~rent en ~sot~risme en se fondant sur deux manuscrits ~crits en grec et apparemment anciens: le Levitikon et un Evangile de Saint Jean apocryphe contenant plusieurs variantes par rapport ~ l’~vangile canonique dont la suppression des deux derniers chapitres. D’apr~s ce qu’~crit Norberto de Castro y Tosi en 1832 un certain J.C. Thilo, personnage d’une certaine notori~t6 pour son &udition, ~tablit que cet (‘Evangile)) datait seulement du debut du xviii’ si&le. Un examen pakographique de l’original, conserve encore aujourd’hui dans le fonds de l’Ordre du Temple aux Archives Nationales de France”, a confirm~ ce jugement. L’on attribue aussi la m~me date au Levitikon transcrit, semble-t-il, de la m~me main avec une ~criture identique. Maintenant la sympathie que Fabr&Palaprat t~moignait au clerg~ constitutionnel est archi-connue et c’est de son sein que jaillirent l’Eglise Templi~re et ses ((eveques Pour conclure sur ce point (que nous reprendrons plus loin) nous devons contester 1’afEirmation selon laquelle l’Eglise Gnostique se fit connaitre aux environs de 18601880 ~ l’~poque pr~cis6ment oji l’Ordre du Temple et l’Eglise Johannite se mirent en sommeil et oil l’Ordre Martiniste prit une nouvelle vigueur. Il est trop facile d’indiquer une date comprise dans un intervalle de vingt ans... Cela peut satisfaire les nigauds et ceux qui se suffisent d’~ peu pr~s, mais non celui qui veut faire de l’histoire et qui, en consequence, avant de se prononcer, s’assure des faits et des dates r~elles. Aujourd’hui tous ceux qui s’occupent d’occultisme savent qu’entre 1860 et 1880 le Martinisme dtait presque compl~tement oubIi~. Et si l’on examine aussi les affirmations de Robert Ambelain sur les Chevaliers Bienfaisants de la Cite Sainte vu qu’il reconnait lui-m~me que tout ~tait ~ peu pr~s en sommeil jusqu’a leur r~veil de 1950, l’on ne peut qu’en ti rer une nouvelle confirmation La reprise du Martinisme se produisit apr~s 1887, ainsi que l’indiquent tous les ouvrages sur ce sujet, grace aux eFforts de Papus, Guaita, Augustin Chaboseau, Pdladan et Chamuel. Quant ~ l’Eglise Johannite elle tomba en sommeil pratiquement ~ la mort de Fabr&Palaprat et continua pendant quelques ann~es ~ &re cit~e de temps en temps par les Templiers de Lyon. Mais l’Ordre du Temple ne disparut pas, m~me si d’autres Ordres ont soutenu cette th~se par int~r~t en ne tenant compte 40. Voir G. VENTURA Ternplan e Templarismo, Venise, 3’ ~dition, 1974, pp. 10-11. 41. CASTRO Y Tosi Anecdotes ternpli~res, n’ 2, d~cembre 1963, Paris. 42. Groupe n~o-templier ma~onnico-chevaIeresque affi1i~ aux Johannites. 43. CASTRO Y Tosi 1963. 44. Fonds de l’Ordre du Temple 3 AS., p~riode 1804-1857. 46. Selon la these de Ia Grande Loge de France (Rite Ecossais A..A. les n~o-Templiers fran~ais dont ii s’agit seralent passes en Ma~onnerie en 1840 en se faisant initier et en constituant une loge dite des Crois~s. Mais si cela peut correspondre ~ la v~rit~, cela l’est seulement en partie, parce que l’Ordre du Temple ne se mit pas en sommeil. Grace ~ la m6diation du Corate de Saint C~ran, les chevaliers catholiques s’unirent aux Johannites fran~ais rest~s fid~les h l’Ordre et ii fut d~cid~ que tous les Chr~tiens, de “, ~‘ ~2 ~‘, — — — D, ‘~, - ~, ‘~, 45. Robert AMBELAIM Le Martinisme contemporain et ses vdnitables origines (Les Cahiers du Deslin, mars 1948) et l’Ordre des Elus Cohen et sa filiation (poIycopi~, 2 octobre 1958). — ~.) - 108 LB RITE DE MEMPHIS naturellement comme le font touj ours les Fran~ajs que de ce qui se produit en France Mais (et cela devrait trancher le nceud du probl~me), quand l’Eglise Gnostique s’est-elle fait connaitre? Drouet de la Thibauderie le dit lui-m~me: en 1890 apr~s la vision de Doinel et la seance de spiritisme avec les ~v~ques bogomiles... — — “. CHAPITRE VIII LE RITE PHILOSOPHIQUE ITALIEN ET LE RITE DE MEMPHIS DE PALERME ~ En 1906 mourait Adriano Lemini qui s’~tait d~mis de la charge de Grand Maitre du Grand Orient d’Italie en 1895 mais avait conserve celle de Souverain Grand Commandeur du Rite Ecossais. Dans cette derni~re fonction lui succ~da Achille Ballori qui ~tait seconds par Saverio Fera. La Grande Maitrise du Grand Orient avait ~ confide, fin 1904, ~ Ettore Ferrari. Dans le livre la Massoneria rivelata agli Italiani (Milan, 1946) on peut lire: “Dans la m~me annie (1906) 1’Assemb1~e nationale des loges italiennes votait la declaration suivante destin~e ~ modifier le premier et le second article des Statuts g~n~raux: La Ma~onnerie suit en Italie la voie d~mocratique dans l’ordre politique et social Cela ~tait la premi~re sonnerie de trompette contre 1’orthodoxie ma~onnique qui veut la to1~rance envers toutes les opinions politiques Naturellement une telle declaration provoqua des conflits et des luttes internes jusqu’~ ce qu’il devienne impossible d’~viter que la bombe ~c1ate. Sans entrer dans ce sujet, qui nous int~resse seulement “. ~. n’importe queue confession, pouvajent &re re~us mais que la religion officielle demeurait la fol catholique romaine (Voir G. VENTURA Ternplan e Ternplarismo, p. 14). 47. Pour une plus importante documentation sur la mati~re, voir Ternplan e Ternplanismo et G. VENTURA La Rosa-Croce del Tempio e del Graal e ii S~.r Merodack P~Jadan Vie della Tradizione, n 13, Palerme, janvier-mars 1974, pp. 11-34. — — D, 1. Ce n’~tait pas en fait la premiere attaque contre l’orthodoxie. Elle avait ~ jet~e ~i la mer depuis des d~cennies. C’~tait, pour etre exact, l’assaut final de la gauche politique ~ la conqu~te du Grand Orient. 2. Franco MAssn~o Verso la Luce, Bologne, 1968 (&lition hors commerce, r~serv~e aux Francs-Ma~ons de la Piazza del GeslO. — 110 LE RITE DE’ MEMPHIS LE RITE PHILOSOPHIQUE ITALIEN Frosini se pr~senta ~ Paris comme le l~gat en Italie du Rite National Espagnol, et il obtint de Yarker une patente de correspondant et de reprdsentant de sa Grande Loge aupr~s du Supreme Conseil (~appointement of a proxy to represent a Grand Lodge in the Supreme Council ~)‘ et, d’apr~s ce quil affirme, la representation aussi des Rites plus ou moms unis d’Allemagne dont le chef ~tait Reuss En substance, les signataires de la constitution de la Fdd6ration Ma~onnique Universelle avaient tout de suite mis en pratique les articles 6 et 7 des Statuts votds par eux, qui disaient: Article 6 Quand aucun Rite f~d~r~ n’existe dans une contrde, la F~d~ration Ma~onnique Universelle se reserve le droit d’diablir des formations rattach~es & l’un des Rites f~d~r~s, sans avoir & tenir compte des protestations des Rites non f~der~s ~tablis dans ladite contr~e. Article 7 Quand un Rite Ma~onnique ~tabli dans une contr~e quelconque refuse dentrer en relations avec la F~ddration Ma~onnique Universelle, ladite F~d~ration se rdserve le droit d~tablir dans ladite contr~e des formations d’un Rite fdd&~ parce que ce fut la gen~se du Rite Philosophique It alien, nous rappelons sans commentaire les tr~s brefs aper~us qu’en donne 1’auteur anonyme cite par Massimo: “On ne reprochait pas ~t Ferrari le fait en soi, mais linopportunit~ de son intervention et son abus de pouvoir sur la conscience des Ma~ons, concernant des questions qui ne touchaient pas directement la vie de I’Ordre. Pour cela le Supreme Conseil, tuteur de la r6gularit~ du Rite Ecossais, mena~a le Grand Orient de dissolution; le Souverain Grand Commandeur Ballori prit dabord position contre Ferrari, mais par la suite ii se laissa persuader par celui-ci et, ayant contre lui tout le Supreme Conseil, ddmissionna, en laissant sa charge ~t son adjoint Fera. Le Grand Orient enfanta alors d’un nouveau Supreme Conseil dont le demissionnaire Ballori fut nomm~ Souverain, tandis que Fera cr~ait selon les statuts Ecossais une Grande Loge d’Italie dont il fut nomm~ Grand Maitre. Ii y eut ainsi deux Ma~onneries, celle de Fera et celle de Ballori, qui, d’apr~s leur localisation respective, se donn~rent les noms de Piazza del Gesr’,i et de Palazzo Giustiniani.~ Et aussi, ajouterons-nous, la naissance de plusieurs groupes fond~s ~. — — 0 par ceux qui ne voulaient pas prendre position en faveur de l’une ou de l’autre. Parmi ceux-ci et c’est cela qui nous int~resse — — figurait le Fr~re Edoardo Frosini, connu aussi sous le nom de ~docteur Herm~s 11 avait d~j~ appartenu au Rite r~gulier de Memphis de Palerme (loge Rigeneratori de Palerme) avec semble-t-il un haut-grade honorifique. Puis il avait fond6 ~ Florence la loge Lucifero au Rite Symbolique (d~pendant du Grand Orient d’Italie) dont il d~missionna le 25 d~cembre 1907, et ii devait d~missionner aussi du Grand Orient le 8 f~vrier 1909 apr~s ~une inutile ann~e d’attente bienveillante mais cependant apr~s avoir particip6, en juin 1908, au Congr~s spiritualiste de Paris “. ~, 0 3. Dans sa Massoneria italiana, d’oii sont tirds tous les renseignements le concernant, FROsINI ~crit (pp. 175-177) que le Grand Maitre Ferrari r~pondit ainsi ~ sa lettre du 27 janvier 1908 dans laquelle ii se lamentait que le Grand Orient subordonn~t tout aux intdr~ts profanes, oubliant I’enseignement philosophique et ethico- 111 moral prodigud par le symbolisme ma~onnique: “Nous ne croyons pas que dans les loges l’on ndglige les devoirs ma~ormiques qui s’imposent ~ idducation de ihomme pour autant quen conformitd avec les ddlibdrations de la derni~re assembide, elles s’emploient ii rassembler et discipliner les forces lib~rales pour les opposer aux forces cidricales et r~actionnaires. A cela Frosini aurait r~pondu: (Bien qu’il me peine que ma voix se perde aupr~s de vous sans aucun dcho, je vous remercie de votre lettre et vous assure que, suivant pour mon propre compte ces dtudes ma~onniques que les loges ditalie maiheureusement ignorent, D 4 je ne serai certainement pas un des plus timides ddmolisseurs de ces forces de privilege et d’obscurantisme que vous vous proposez de combattre. 4. Idern, p. 183. 5. Notons que dans la revue Oriflamme, organe de lOrdo Templi Orientis de Reuss, ii fut publid en 1912 ce qui suit: ((Notre Ordre poss~de la clef qui ouvre tous les myst~res ma~onniques et herm& tiques: cest la doctrine de la Magie sexuelle, et cette doctrine explique, sans nen laisser d’obscur, toutes les ~nigmes de la nature, toute Ia symbolique ma~ormique, tous les syst~mes religieux.)) (Voir Rend GU~NON VErreur spirite, chapitre sur le Satanisme). 6. De cette mani~re Ia F~ddration Ma~onnique Universelle se donnait le droit de ddcider et ordonner tout ce qu’elle voulait et il liii dtait tr~s facile de fonder des Ordres de toutes sortes. — 112 LE RITE D~ MEMPHIS LE RITE PHILOsOPHIQUE Peu de jours apr~s sa d~mission definitive du Grand Orient dItalie, Frosini, mettant en pratique les dispositions de 1’article 7 des Statuts ci-dessus, fondait le 10 mars 1909 la Loge centrale Ausonia dont ii devint president, qui regroupait “un noyau de Francs-Ma~ons studieux et de bonne foi~ et “de nombreux Fr~res adh~rant aux m~mes id~aux, r~partis dans diff~rentes villes d’Italie Ii ~crivait lui-m~me ~ la page 180 de son livre d~j~ cite: “La Loge centrale Ausonia, parrain~e par la D~l~gation g~n~rale pour l’Italie du Rite National Espagnol, prit autorit~ d’organisme r~gulier sous les auspices du Souverain Grand Conseil g~n~ral ib~rique de la Souveraine Grande Loge Symbolique du Rite Ancien et Primitif de Memphis et MisraYm si~geant ~ Madrid et de la F~ddration Ma~onnique Universelle ddfinitivement constitude ~ Paris. Plus tard devait sortir de cette organisation un Supr~me Conseil italien pour r~gulariser le travail des ateliers et chambres sup~rieurs de l’Ordre Ancien et Primitif de Memphis-MisraYm, mais avec ses caractdris tiques propres et sous Ia denomination de Rite Philosophique Italien D’apr~s une note de bas de page, il apparaissait que ce Rite ~tait d~j~ un fait accompli en ddcembre 1910 et que “cette haute institution qui travaille au nom de l’Ordre Oriental Ancien et Primitif de Memphis et MisraYm administre et dirige le Rite Philosophique Italien (en sept grades synthatisant les traditionnels 90’, 950, avec en outre un caract~re pythagoricien) et les Rites Unis qui suivent l’orthodoxie mac~onnique Au pr~c~dent mois de mai, sur la revue d’~tudes ~sot~riques Herm~s, avait para une longue declaration d’intention dont nous reproduisons seulement la partie qui a trait ~ notre etude: c La glorieuse famille des FrancsMa~ons ne pouvait permettre longtemps encore que la Ma~onnerie Universelle fftt en Italie sans representation r~guli~re et l~gitime; aussi lorsque les puissances ext~~. ~. ~ 330, ~. 7. Fiiosn.u 1911, p. 179. 8. En tant que membre honoraire du Memphis de Palerme en sommeil, Frosini, pour contourner 1’obstacle que repr~sentaient les possesseurs de patentes et de pouvoirs r~guliers, changea le nom de son Rite. — 113 ITALIEN rieures surent que la Grande D~l~gation du Supreme Conseil ib~rique, constitu~e en une Loge centrale Ausonia qui suivait le programme ~sot~rique des Philal~thes, avait encourage Ia fondation d’un Supreme Conseil italien dans le but d’unir en une solide chaine magn~tique et spirituelle les Fr~res qui suivent en Italie l’Art Royal ma~onnique, elles firent parvenir de toutes parts leurs vceux fervents et leurs esp&ances fraternelles pour que la Ma~onnerie Ancienne et Primitive soit restaur~e selon une forme plus moderne et une ~chel1e hi&archique r~duite. Les “sept grades synth~tis~s x. et le “programme ~sot& rique des Philal~thes ~ (avec son caract~re pythagoricien) se manifest~rent de la mani~re suivante: du V au degr~, comme pour toutes les autres Ma~onneries; Rose-Croix (40~180 du Rite Ecossais) ; 5~, Chevalier Kadosch (190~300); 60, Sublime Maitre du Grand EEuvre (310, 320, du Rite Ecossais, 900~95e de Memphis-Misraim); grade administratif r~serv~ au Grand Maitre g~n~ral et au Souverain Grand Conseil Universel (seulement neuf Fr~res, outre le Grand Maitre, dont sept seulement ~taient connus, les deux autres restant toujours dans 1’ombre, v~ritables “Sup~rieurs Inconnus pr~ts ~ lever l’~tendard du Rite toutes les fois oii pour un quelconque motif il puisse sembler d~trait). Le Souverain Grand Maitre absolu ~tait l’Autorit~ supreme, assists dans sa tache par le Souverain Grand Conseil des Neuf, compte tenu qu’il les nommait lui-m~me, cinq ~ vie et quatre pour sept ans Qu’il soit possible d’affirmer que les grades de RoseCroix et de Kadosch du Rite Ecossais synthatisent (avec un caract~re pythagoricien) les traditionnels 330, 90~, 95~ degrds de Memphis et de MisraYm et le programme ~sot& rique des Philali~thes, ceci est une affaire qui ne nous regarde pas et sur laquelle nous ne sommes pas en mesure d‘~mettre un jugement, ~t moms que tout l’~sotdrisme, le pythagorisme et les synthases ne se soient manifestds dans 30 40, 330 70, ~, 9. Vincenzo SoRo 174-175. — Ii Gran Libro della Natura, Rome, 1921, pp. 114 115 LE RITE PHILOSOPHIQUE ITALIEN LE RITE DE MEMPHIS le rituel de Sublime Maitre du Grand EEuvre. Mais si ce grade correspondait, au moms selon Soro, au 31’, au 32’ et au de l’Ecossisme, outre d’~tre un beau mdlange, il ne pouvait sfirement pas s’acquitter de sa t~che. Et nous ne croyons pas que ion ait utilis~ le rituel adapte a ce grade, ~tant donn~ que nous en avons consult~ un et qu’en le confrontant avec les rituels Ecossais publins par Salvatore Farina dans son Libro dei Rituali del Rito Scozzese A..A.~. (Rome, 1946) nous n’avons notd aucune correspondance. Quoi quil en soit, le Rite Philosophique I talien eut son temps de notoridni, et dune certaine mani~re il assuma La uiche de dresser l’un contre l’autre les Supr~mes Conseils de Ballori et de Fera ou peut-~tre mieux d’~tre leur bouc-dmissaire. Puis la Grande Guerre eclata et les Ma~ons eurent d’autres chats ~ fouetter. Avec la victoire et le retour dans les loges le Rite Philo• sophique estima avoir accompli son mandat et ddcida de se dissoudre. Soro affirme avec grandiloquence “Ses membres rejoignirent le Supreme Conseil du Rite Ecossais A. .A-~. pour lItalie et ses colonies (47, Piazza del Gesii, Rome) en affirmant publiquement qu’on pouvail considerer que La mission rosicrucienne confide par les Maitres inconnus de lEcole italique sacrde au Rite Philosophique Italien dtait ddsormais arriv~e ~ son plein ~panouissement dans le sein de cette Sublime Institulion 330 li: 12 10. En 1973 ou 1974, une tentative de rdveil tout ~ fait ilidgitime de cette formation ma~onnique a dtd effectude, en se rdclamant de Memphis-Misraim avec lequel elle n’a plus rien de commun, par un ddnommd Savona qui exhibait des patentes qui ne furent pas considdrdes rdgulidres par le Grand Orient d’Italie. Un opuscule, publid sous l’dgide d’un tout aussi inconnu Userdad et prdsentd par G. de Novio, portait en titre linscription Bdt-Ldhdrn. A la page 43, le nouveau Rite Philosophique ~sOU5 les auspices de Memphis et Misralm fournissait les nom, prdnom et grade de Savona et la date de sa patente (19 juin 1973)qui d’aprds une poidmique parue sur Pianeta (no 59, juillet-aofit 1974) aurait dtd ddlivrde par tin certain Gedeone Gandolfo, soi-disant 97 de M:. M.f~. SoRo 1921, p. 175. 12. D’aprds les ddclarations du fils de Frosini qui vivrait actuellement a Palerme il paraitrait que tout naurait pas dtd rernis ~ — Ia Piazza del Gesti comme l’affirmait SoRo. En outre, le fils de Frosini qui nie avoir concddd la moindre patente ~ Savona (voir Selon Reghini, qui avait contribud par sa prdsence ~ renforcer le Rite Philosophique I talien, Frosini aurait fondd en 1924 une Ma~onnerie nationaliste En 1921 la Ma~onnerie avait repris ses travaux avec une vigueur nouvelle et, ~ Palerme, le Rite de Memphis fut rdveilld par trois Grands Patriarches Conservateurs, successeurs des adeptes de 1890: l’avocat Giuseppe SulliRao (propridtaire de La maison d’ddition Ars Regia de Milan, qui rdsidait ndanmoins ~ Palerme), l’avocat Gio12• vanni Sottile, fils du ddfunt Hidrophante Salvatore Sottile et le consul gdndral de Grande Bretagne ~t Palerme Gainbier Mac Bean (qui dtait nd en Italie ~t Bagno di Lucca) dont le p~re avait fait partie de la loge de Memphis de Milan en 1905 peu avant la paix dtablie entre le Grand Orient de cette ville et celui de Rome et la mise en sommeil du Rite Mac Bean fut dlu Hidrophante, mais le ~ Fr~re Adeichi Borzi, alors major d’artillerie, qui s’intdressait ~ l’organisation, rdcupdra Ia charge de Grand Expert du Grand Sanctuaire Tr~s vite adhdr~rent au Rite un certain nombre de Ma~ons du Palazzo Giustiniani “. qui voulaient demeurer dtrangers aux querelles qui avaient reprises apr~s la Guerre entre les deux Suprdmes Conseils du Rite Ecossais. Les ddbuts furent difficiles: un groupe de Palermitains avait tentd de rdveiller 1’Ordre de Memphis Rdformd fondd par Pessina en 1876 h Catane mais ils s’dtaient tout de suite trouvds dans l’impossibilitd de poursuivre leur objectif et l’on n’eut plus de nouvelles ni de ce Rite ni de ceux qui y avaient adhdrd; et de ce fait les Ma~ons dtaient plut6t circonspects. Dautres, qui dtaient fatiguds des luttes qui avaient ddchird La Ma~onnote 10) soutient tenir de son pdre la succession rdgulidre du Rite et pouvoir le ddmontrer. Pour le moment toutefois, d’aprds ce qu’affirment des personnes qul lont rencontrd, il n’auraft aucune intention de le rdveiller. 13. Revue Athanor dirigde par Arturo REGHma, n’ 10-11, octobrenovembre 1924, p. 347. 14. A Ia Fdddration ma~onnique italienne fondde ~ Palerme en 1889 avait succddd le Grand Orient de Milan (1899) auquel Le Sanc. tuaire de Memphis de Palerme avait doand son adhesion. 15. Le major Borzi fut aussi 1’auteur du dip1~me que le Rite ddlivrait ~ ses adhdrents. II atteignit le grade de gdndral et mourut en 1945 ou 1946 dans un accident d’automobile. 116 117 LB RITE DE MEMPHIS LB RITE PHILOSOPHIQUE ITALIEN nerie italienne depuis bient6t cinquante ann~es, voyaient dans le Grand Orient 1’unique solution possible ~ une crise qui continuait ~ frapper l’Ecossisme; its craignaient que la renaissance d’un Rite qui avait eu ses moments de splendeur, qui ~tait li~ au nom prestigieux de Garibaldi et qui se qualifiait d’orthodoxe ne f(it un motif de nouvelles scissions et de luttes stdriles. Les sceptiques, d~j~ ~chaud~s par les experiences qu’ils avajent eues avec les diffdrents Rites unis ~ d’Angleterre, d’A]lemagne et d’Espagne ainsi qu’avec Jean Bricaud (qui pratiqualt en France un syncr~tisme de Memphis-MisraYm, du Martinisme et de l’Eglise Gnostique), ne manquaient pas, particu1i~rement chez les vieux Ma~ons. On doit principalement ~ l’ceuvre infatigable d’Adelchi Borzi, qui trouva de puissants al1i~s dans diff~rentes villes italiennes en les personnes d’Adolfo Banti, Alessandro Sacchi, Tom Virzi, Riccardo Debenedetti, Amedeo La Porta, Oliviero Boggiani, Giuseppe Chiaramonte, Angelo Musso, F. Zavoli, Costantino de Simone Minaci et Marco Egidio Allegri la fondation de chapitres du Rite vers La moi ti~ et la fin de 1923, ~ Turin, Naples, Rome, Anc6ne, Milan, Genes, Pise, Florence et dans quelques autres centres mineurs. En m~me temps un Temple Mystique pour Ia ~langue~ de Wn~tie et Lombardie fiat constitu~ au milieu de 1924 apr~s que dans sa seance de d~cembre 1923 le Supreme Conseil du Rite Ecossais du Palazzo Giustiniani eeit repouss~ par 15 voix contre 14 la proposition d’admettre le Rite de Memphis dans le Grand Coll~ge des Rites La Rite, qui devait ensuite retomber en sommeil en 1925 ~ cause des positions antima~onniques prises par le gouvernement d’alors en prdude aux accords du Latran, avait ~ reconnu par la Roumanie, la Suisse et la France (ses adhdrents comme nous l’avons dit participaient aux loges du Grand Orient) et dans un premier temps (vers 1921-22), il avait demands des informations ~ Jean Bricaud, qui d~clarait avoir obtenu une nouvelle patente de Reuss le 10 septembre 1919, ainsi que la reconnaissance des ~ Rites conf~d~r~s~ des Etats-Unis le 30 du m~me mois. Mais la question de l’Eglise Gnostique et les modiFications apportdes par Bricaud aux rituels martinistes ne tard~rent pas ~ provoquer l’abandon par les Martinistes italiens de la direction francaise de Bricaud et en cons& quence la rapture des rapports entre les deux Rites ma~onniques: Borzi, Banti, Allegri, de Simone Minaci et d’autres ~taient martinistes et I’avocat Alessandro Sacchi ~tait alors Grand Maitre sous le nom mystique de Sine— sius — ~‘. ~, ~ 16. Les noms proviennent de la correspondance &hang~e en 1923-1924 entre Borzi, Grand Expert du Rite, et les Fr~res cites (Archives de 1’Ordre de MisraYm et Memphis ((Fonds Palerme, — 1921-1925 17. Archives de 1’Ordre Martiniste d’Italie ~). {‘Fonds Commencement et d~veloppement en Italie (1898-1925) chemise annde 1923 Lettre originale d’Adolfo Banti ~ M.E. Allegri du 16 d~cern— ~, — bre 1923 sur papier & en-idte de l’Ordre du Ternple, Grand Prieur~ des Marches et Abruzzes, oti ii est dit: ~L’Ordre de Memphis est magnifique. Nous le propagerons. Ii est orthodoxe, ~sot&ique, sdrieux, rdgulier (cc qui n’est pas le cas du Supreme Conseil 33 du Palazzo Giustiniani). Le Grand Maitre Torrigiani et Bacci sont avec nous; du reste La r~so1ution a ~ prise par 15 voix contre 14 et les dignitaires qui ont ruins le Rite ont aussi vote. L’infor- mation sur la d&ision du Supreme Conseil &re (janvier-f6vrier 1924) deEcossais la revuepeut Athanor v&ifi~e sur Arturo le n0 1/2 dirig~e par REGHiNI (p. 59) oii le m~me REGHINI, sous le pseudonyme de MAXIMUs, attaque violemment le Martinisme mais donne aussi la nouvelle que le Grand Conseil martiniste italien s’~tait ddtachd de l’Ordre fran~ais dhig~ par Jean Bricaud. 18. A la ddclaration de la Grande Guerre, en 1914, Papus (Dr Gerard Encausse) ~tait encore le Grand Maitre du Martinisme international. Papus mourut en 1916 sans avoir nomm~ de successeur et tin groupe de trois personnes proclama Grand Maitre Charles D~trd (Tdder), alors Grand Secnitaire de 1’Ordre. Notons ~ue cest sous 1’influence de Tdder qu’un traits d’alllance avait td signs en 1911 entre lEglise Griostique Universelle dont Bricaud ~tait Primat et l’Ordre Martiniste. En 1918, T~der mourut dans un h6pital militaire dans lequel Bricaud travaillait, parait-il, comme infirmier, et ce dernier assura avoir re~u verbalement la succession. D~s qu’il se fut proclamd Grand Maitre (malgrd les scissions) Bricaud mit au point de nouveaux rituels et proclama 1’Eglise Gnostique, ~glise officielle du Martinisme. C’est de ce temps que datent les premi~res po1~miques sur tin pr~tendu Rite de Memphis-Misraim de 1’Eglise Gnostique (voir ALDEBARAN Note storiche sul Martinisrno, ~dit~ par 1’Ordre Martiniste d’Italie, 1962, et Ph. ENCAUSSE 1949). 19. En 1925 le Martinisme cessa lui aussi de travailler librement. Pour en garantir 1’existence le Grand Maitre Sacchi nomma des Grands Maitres r~gionaux avec juridiction stir un territoire determine qui devaient agir s~pardment en s’ignorant Pun 1’autre. Void 9 — — 118 LE RITE DE MEMPHI5 LE RITE PHILOsOPHIQUE ITALIEN Malbeureusement le Rite de Memphis ne poss~dait pas les rituels originels de nombreux grades, particulii~rement des plus dlevds et, selon une lettre du Grand Expert Borzi ~, il se r~fdrait ~ ceux publids par Yarker: “A une certaine ~poque ~crivait Borzi le Rite ~tait constitue~ de 95 grades qui ~taient l’expression de toutes les tradi- Dans une autre lettre du 10 avril 1923, Borzi d~clarait: Le Souverain Sanctuaire du Rite Oriental Ancien et Primitif de Memphis pour l’Italie et ses d~pendances, qui suit la ligne orthodoxe, s’est r~veilM ~ Palerme. Ii ne doit pas dtre confondu avec d’autres organisations qui ont surgi d Palerme avec des programmes exclusivement politiques et sp&ialement autonomistes En ce qui le concerne, le Souverain Sanctua ire d’Italie, qui fonde ses droits sur une bulle originelle d~livr~e en 1876 par le Grand Hi~rophante d’Egypte, revendique pour lui tous les principes spirituels et culturels qui sont rassembles dans la tradition et que le mat~rialisme des temps modernes tend & enfouir d~finitivement dans l’oubli Ainsi que nous lavons indiqud et malgr~ l’obstruction des deux Supr~mes Conseils Ecossais du Palazzo Giustiniani et de Ia Piazza del Gesiui qui voyaient dans Memphis un redoutable concurrent, le Rite b6ndiciait d’apprdciations flatteuses alors que la prudence commandait d’~tre — — tions initiatiques, ~gyptiennes, indiennes, persanes, scan- dinaves, etc., des temps anciens. Puis il fut synthatisd en 33 grades par le Grand Hi~rophante Marconis, sans toutefois que ceux-ci aient une relation avec les degr~s Ecossais (le 20’ de Memphis correspond en fait au Ecossais). Les vingt premiers grades repr~sentent la tradition Ecossaise, les dix derniers sont des grades culturels de profonde philosophie ~volutive, les trois derniers sont administratifs. Le Souverain Sanctuaire poss~de les rituels publi~s par les soins du Grand Hi~rophante John Yarker et leur traduction est en cours: nous poss~dons en italien les rituels de Chapitres et nous avons commence d imprimer ceux du quatri~me degr~ (...) cest un travail qui demande de grandes ressources financi~res ~‘X~ 330 la liste de ceux qui furent nommds: Sacchi (pour le Lazio). Chiarappa (ti la disposition de Sacchi), Moresco (Abruzzes), Bianchini (Toscane), Banti (Marches), Mod (Enijile), Boggiani (Pid- mont), Caracausa (Ligurie), A11e~ri (Vdn~tie), Caracciolo (~ la disposition d’AJlegri), Borzi (Sicile). (Archives M.~. & M.~. ~Fonds Allegri chemise correspondance 1945 Lettre du 8 octobre 1945, rdf. Ur 0351, rdponse 1037, adressde au Lieutenant Sou— D, — verain Grand Commandeur du Rite Ecossais A.-.A.~. Tito Signorelli par le Grand Hidrophante M.E. Allegri au sujet d’une fdd7dration des Rites.) 20. Archives citdes Fonds PalermeD Lettre non datde dii major Borzi en rdponse ~ une lettre du chevalier Chiaramonte, datde du 16 avril ~ Tripoli. 21. Le major Borzi, indubitablernent de bonne foi, avait pris pour r6elles les sornettes sur les rdductions synthdtisdes que Marconis aurait apportdes ~ sa propre crdation! Aussi avait-on commencd l~ Palerme la traduction des rituels de Yarker. Et de ce fait, pendant cette pdriode de rdveil, d’apr~s ce qu’il ressort de ce qui a ~ imprimd en 1922 et 1924, on perdit l’occasion (peut~tre par paresse, peut-~tre par difficultd r~elle dans les recherches, peut-6tre parce que Mac Bean qui ~tait anglais considdra comme valides les choix de son compatriote) de faire travailler le Rite avec ses rituels dorigine, et sinon avec tous (qui certainement n’existent nulle part), du moms avec ceux que Marconis, Mouttet — et — leurs successem-s directs avaient dlabor~s ou recueillis dans 119 ~. ~‘. circonspect. Ddj~ en 1923 le Souverain Sanctuaire, par le canal des Fr~res Borzi et Banti, avait verbalement conf16 ~ Marco Egidio Allegri, du Rite Ecossais du Palazzo Giustiniani 330 diffdrentes traditions. La, on se contenta de ddcalquer les rituels Ecossais, en adoptant cependant ainsi une mdthode de travail orthodoxe sur le plan de linstruction symbolique et dsotdrique. Le Rite en outre (lettre citde) ddclarait que ses buts et mdthodes d’~tudes dtaient de maintenir int~gres tous les principes philosophiques et mystiques et la foi indbranlable dans les Grands Maltres de l’Humanit6, d’intdgrer Je symbolisme ma~onnique et les apports des sciences spirituelles et des traditions initiatiques des anciens myst~res, d’harmoniser les connaissances dsotdriques de maniere ~ dtablir une harmonie fraternelle dans l’intdr6t de l’Humanitd, de maintenir ferme et toujours prdsente lidde que les Francs-Ma~ons ~ n’importe quel Rite quils appartiennent doivent se considdrer comme membres d’une seule grande famille, et de considdrer comme une caracteristique fondamentale du Rite le fait de respecter toutes les religions et de ne pas soccuper de politique. 22. Probablement Borzi entendait parler d’un soi-disant Sublime Sanctuaire dItalie des 9Tr~s Illustres Inspecteurs 33’ et Princes Patriarches 99% du Rite de Memphis, sidgeant en Side dans la vailde de lOreto, apparu a Palerme ~ cette dpoque et auquel nous avons ddj~ fait allusion. 23. ~ Fonds Palerme Lettre du Grand Expert Adelchi Borzi au Fr~re Angelo Musso ~ Tripoli. — 121 LE RITE DE MEMPHIS LE RITE PHILOSOPHIQUE ITALIEN et Grand Maitre de l’Ordre du Temple, la charge d’insti- troom et Wodgerrood (si toutefois nous ne nous trompons pas dans leur orthographe) avec l’autorisation de faire revivre le Sanctuaire de Palerme ~ l’endroit oii ils le j ugeraient opportun Puis tout fut arr~t~ et les documents r~partis parmi les plus importants et les plus fid~les Fr~res de mani~re ~ ~viter leur ~ventuel1e destruction ou confiscation. Ainsi fut sauvde la patente de 1876 du Grand Orient ~gyptien qui ful. photographide et reproduite ~ la taille de l’original et distribu~e ~ ceux parmi les dignitaires et grands conservateurs qui avaient les patentes ou le titre leur permettant Ia constitution d’organismes ma~onniques de Memphis et son r~veil selon les termes des statuts. L’original se trouverait (~ moms qu’il ne s’agisse d’une autre patente dont il existe dans les archives de MisraYm et Memphis, Fonds Palerme et Fonds Patentes, une copie signde par le Grand Secrdtaire adjoint Raffaele Scarrozza et le Grand Secrdtaire Edouard Roux) entre les mains d’une personne chargde de le conserver jusqu’~ la mort de celui qui le lui aurait confid, et dont nous n’avons pas rdussi ~ connaitre le nom Quant ~ la Fdddration Ma~onnique Universelle, crdde en 1908 ~ Paris, la Guerre l’avait aussi ddtruite et pour ce qui concerne les Rites de Memphis-MisraYm des autres nations (il est pdnible de l’admettre) un tdmoignage en 120 tuer en Wn~tie des organismes ma~onniques du Rite et le 23 novembre de cette m~me ann& ii confirmait cette mission avec la patente suivante: Nous avons charg~ les Tr~s Puissants Fr~res Adolfo Banti 33’, 95’ et Adeichi Borzi 33 95e Princes Patriarches, Grands Conservateurs ad vitam et Gardiens du Souverain Sanctuaire, d’investir le Tr~s Puissant Fr~re Marco Egidio Allegri 33’, 95’, Prince Patriarche, Grand Conservateur ad vitam, des pouvoirs les plus ampies pour l’instauration actuelle et dans les temps & venir des organismes maconniques que les difficiles contingences permettront sur les terres de Wndtie et Lombardie. Nous confirmons cette charge aujourd’hui avec la pr~sente patente, ce 23 novembre 1923 de l’~re vulgaire. Fait, & cette m~me date en trois exemplaires et une copie pour les Archives de notre r~sidence dans la Vall~e de l’Oreto au Zdnith de Palerme. Le Souverain Grand Maitre gdn&al Rg. Mac Bean 33’ 96’ Le Grand Secr~taire gdn&al Tom Virzi 950 Le Grand Chancelier g~n&al F. Benintende 33 330 950 34 La patente atteignit Venise, par l’interm~diaire de Banti, en f~vrier ou mars 1924, en m~me temps que le brevet de 95 attribu6 ~ Marco Egidio Allegri. Il semble aussi, du moms d’apr~s ce qu’aurait affirm~ en son temps le Fr~re Janarajadasa, Grand Maitre et Souverain Grand Commandeur du Rite mixte ~le Droit I{umain ~ pour 1’Inde et tr~s important repr~sentant de la Soci6t~ Th~osophique, qu’en 1925, quand le Rite se mit en sommeil ~ cause de Ia situation italienne qui laissait pr~voir que la Ma~onnerie pourrait ~tre pers&ut~e pendant un certain temps, le Grand Maitre Mac Bean et d’autres dignitaires aient ddivr~ une patente ~tce m~me th~osophe indien et ~ deux Anglais, 950, d~nomm~s Kolles- ~. est donnd dans ce qu’dcrivait Borzi au Grand Maitre gdnd- ral de Memphis-MisraYm pour la Suisse (selon le Rite de 330, 330 24. Archives de M.’. & M.-. tes >‘. — ~Fonds Allegi-i et Fonds Paten- 25. En 1945, ces trois personnages, avertis que le Souverain Sanctuaire s’~tait r~veilJ~ ~ Palerme, 1’auraient r~vei1~ ~ leur tour ~ Londres avec juridiction sur I’Italie. Probablement les trois sujets de Sa Majest~ Britannique oubliant les motifs pr~cis et contingents pour lesquels la paterite leur avait ~ conc~d~e (c’esta-dire pour recr~er le ~ d’Italie hors dii territoire itallen pendant la p~riode oti la Ma~onnerie y ~tait hors la loi, afin de donner les moyens aux Ma~ons italiens qui se trouvaient ou passalent par La vile oti le S.~ .S.. avait son si~ge de se rencontrer entre compatriotes dans le cadre d’une Puissance ma~onnique de leur pays) ddcidarent d’appliquer ~ la Magonnerie italienne les clauses de l’armistice et les droits qui, durant l’occupation de l’Italie, ~taient exerc~s par le Gouvernement militaire am. 26. L’hypoth~se n’est pas ~ ~carter, ~tant donn~ que dans sa Storia della Massoneria AMBESI cite me ~(Euvre gnostique non identifi~e comme d6positaire de tous les documents du Rite. D 122 LE RITE DE MEMPHIS Bricaud) en rdponse aux informations que celui-ci lui avait fournies sur la situation du Rite en Europe et en Amdrique. Il est dommage que la lettre du Suisse, le Fr~re Hilfiker-Dunn, ait dtd perdue (nous ne 1’avons pas trouvde dans les archives mises i* notre disposition, ~ moms que l’on n’ait pas voulu que nous en prenions connaissance). Mais la rdponse de Borzi est plus que suffisante pour s’dclaircir les iddes. Ii me d~plait d’apprendre ce que vous me dites, ecrivait Borzi, au sujet des autres groupes de Memphis. Je pense que quelque chose devrait ~tre fait pour ame4iorer la destin~e de ce Rite glorieux, et je suis sar qu’un travail constant et intelligent peut r~ussir & mettre les choses en place. Quand la F~d~ration Ma~onnique Internationale sera r~organis~e elle pourra faire beaucoup pour emp&her que le Rite de Memphis ne redevienne l’objet d’un ignoble commerce 27. Archives et Fonds cit~s Lettre du 9 mars 1923. Malheureusement le commerce des grades n’a pas cess~ et ii y a encore des Ma~ons soi-disant tels ou indignes de Ce nom qul, sans aucun droit, rdveillent non seulement de nouveaux Memphis-Misraim mais encore d’autres Rites enfouls depuis des si~cles et qul yendent de faux grades ~ des gens boruds ou cr&lules, mais plus particuui~rement l~ des ambitieux atteints de cordonite c’esta-dire avides d’~charpes broddes et de titres ronflants; et ces derniers pour sauver Ia face soutiennent ceux qul les ont bem~s et contribuent l~ crder des situations dashonorantes pour euxm&mes et pour la Ma~onnerie. Cependant le plus grave est que les assembl~es supr~xnes dont dapendent ces authentiques filous, tout Li fait au courant de Ce qui se passe, ne prennent pas les mesures qui s’imposent pour prot~ger Ia respectabilit~ des autres Ma~ons, mais souhaiteraient, m~me en face de faits absolument certains, qu’ils soient d~nonc~s dii dehors ou par quelque Fr~re, et en attendant la d&ronciation feignent de ne rien voir et de ne rien entendre en se r~ffigiant derri~re Ia ~ Toldrance~ et la ~ Fmtemit~ — ‘>, )~. TROISIEME PARTIE MEMPHIS ET MISRAIM APRES LA SECONDE GUERRE MONDIALE CI{APITRE IX L’ORDRE DE MEMPHIS-MISRAIM Notre exposd des faits historiques concernant les deux Rites doit maintenant se s~rier en diff6rents secteurs, et il nous semble opportun de commencer par celui qui a trait ~ l’unique branche qui ait survdcu en Europe, apr~s la mort de Reuss en 1924 et la mise en sommeil du Sanctuaire de Memphis de Palerme en 1925, c’est-~*-dire La branche fran9aise qul, idgitime ou non, avait pour chef Jean Bricaud. Toutefois, pour clarifier ce que fut l’union entre l’Eglise Gnostique, le Martinisme et Memphis-MisraYm, quelques aper~us sur le traitd de 1911 entre Papus et Bricaud sont ndcessaires. Nous avons ddj~ fait mention des origines spirites de l’Eglise Gnostique et il ne nous semble pas ndcessaire d’y revenir dtant donnd que celui qui veut approfondir la question peut le faire en lisant le livre de Drouet de la Thibauderie. Nous dirons, par contre, que Jean Bricaud, initid au Martinisme en 1903, fut ensuite d’une certaine mani~re “consacrd dv~que gnostique par l’un des descendants du groupe spirite. 11 doit en &re ainsi, autrement le Fameux traitd d’alliance ne serait pas valide; car si Bricaud, qui le signa en qualitd de ddldgud du Haut Synode de l’Eglise Gnostique Universelle de Lyon, n’avait pas dtd consacrd, il n’aurait Pu reprdsenter quoi que ce soit. Mais procddons par ordre. Selon l’unique source fiable ~* notre connaissance, c’est- - —I- - ---- - —-—— - -- - L’ORDRE DE MEMPH15-MI5RAIM 126 127 APRES LA SECONDE GLJERRE MONDIALE it-dire l’dtude sur les Eglises catholiques non romaines de Drouet de la Thibauderie, Bricaud fut consacrd dveque (peut-etre sans avoir d’abord dtd ordonnd prdtre) par Monseigneur Giraud, le 21 juillet 1913 dans l’Eglise Gallicane de la Mine Saint-Amand Roche-Savine’. Ces informations sont prdcises et sans dquivoque et personne ne les a, tout au moms jusqu’ici, contredites. Elles devraient donc faire autoritd. Pourtant en 1911, Bricaud avait signd le traitd avec l’Ordre Martiiste, en qua]itd de ddldgud du Haut Synode de Lyon2 Traitd qui lui servit ensuite, en l’interprdtant it sa mani&e, it proclamer l’Eglise Gnostique dglise officielle dii Martinisme et par consdquent it inventer avec cette affirmation la fable de la Magonnerie chrdtienne de Memphis-Misrairn. Maintenant, cela ne nous intdresse pas de savoir si Bricaud en 1911 6tait 1. DROUET DE LA THIBAUDERIE — 1962, chapitre sur l’Eglise Gnostique des Martinistes et des Francs-Mavons chr6tiens de MemphisMisrahn. 2. Voici le texte dii traitd: Entre les pouvoirs soussignes, 1’ le Supr&me Conseil de l’Ordre Martiniste sidgeant Li Paris, 2’ le Supr&ne Conseil dii Haut Synode de l’Eglise Gnostique Universelle si6geant Li Lyon, repr6sentds par leurs dd]~gu6s minis des pouvoirs n6cessaires, il a dtd convenu ce qui suit: 1” Un traitd d’alliance est signd entre les deux Puissances. 20 L’Ordre Martiniste ne reconnait cornme Patriarche rdgulier de l’Eglise Gnostique que Jean II, qui a dtd rdguli~rement consacrd, muni de tous les pouvoirs de consdcration et reconnu comme seul Patriarche. 3’ Les 4veques gnostiques consacrds par JeanII seront admis & titre de membres honoraires du Supr6me Conseil Martiniste. Les membres titulaires du Supreme Conseil Martiniste seront admis & titre de membres honoraires du Supreme Conseil du Haut Synode de 1’Eglise Gnostique Universelle. 4 Un Centre de l’Eglise Gnostique Universelle sera organisd & Paris sous l’obddience du Patriarche Jean 11, de Lyon. La revue l’Initiation devient l’organe officiel de l’Eglise Gnostique Universelle. Le prdsent traitd a dt6 ratifi6 par les deux Puissances ci-dessus enoncdes. A la suite de cette alliance fraternelle, tous les d6[dguds martinistes qui voudraient faire partie de l’Eglise Gnostique Universelle sont pri6s de s’adresser au Supr~ine Conseil Martiniste. Signds Papus et Jean II Bricaud. Voir aussi: ALDEBARAN — Note storiche sul Martinismo,- EnCAUSSE — 1949, pp. 60-61; revue l’Initiation n’ 3-4, juillet-ddcembre 1967; Archives de l’Ordre Martiniste d’Italie — ddcret 08/67 du Grand Maitre. 3. Pour des informations plus importantes sur ce sujet, voir: Bollettino ufficiale deli’ Ordine Martinista, n’ 3, sept. oct. 1972, article cc Martinisme et Eglise Gnostique’. effectivement dv~que gnostique ou non, mais bien s’il avait la qualitd pour signer un traitd de cette sorte. Il est dvident que s’il n’avait pas cette qualitd, le traitd est nul et de cc fait, tout cc qui fut fait en vertu de cc traitd en subit le sort, c’est-it-dire est dgalement nul, pour ne pas emp]oyer de termes plus forts. Et cependant, dans le texte m~me du traitd (voir note 2) Bricaud dtait qualifid de cc Patriarche de [‘Eglise Gnostique Universelle, rdguli&rement consacrd et mini de tous les pouvoirs de consdcration Dc plus, quand il mourut en 1934, le faire-part publid par les Annales initiatiques affirmait: “II fut patriarche gnostique universel de 1908 it l934.~ Comment donc a-t-il Pu alors ~tre consacrd eveque seulement en 1913 et peut-Stre irrdguli~rement n ayant jamais re~u l’ordination sacerdotale? Nous laissons rdsoudre cc myst&e it d’autres, quoiquc it notre modeste avis le traitd soit nul avec tout cc qui en ddcoule, it moms que la consdcration de Bricaud n’ait dtd semblable it celle de Doinel. Mais meme si cc document dtait valide, ii suffit de le lire pour se rendre compte qu’il n’y a aucun article, paragraphe, phrase ou mot qui puisse d’une quelconque mani&e justifier la prdtcntion qu’avec cc traitd l’Eglise Gnostique Universelle de Bricaud, ou quelque autre dglise gnostique de n’importe quel style, soit devenue l’eglise officielle du Martinisme puis des cc Ma§ons chrdtiens de Memphis-Misraim En consdquence ii s’agit seulement d’une “interprdtation” que Bricaud adopta manifestement quand ii parvint it Ia tete du Martinisme et de Memphis-MisraYm et qui provoqia des scissions en France et en Italic. Et il s’agit encore aujourd’bui, pour ceux qui continuent encore it affirmer ou it pratiquer des choses de cc genre au scm du Martinisme ou de la Magonnerie, d’interprdtations sur lesquelles nous dvitons d’exprimer des juge‘. ‘. ments. 4. Maiheureusement, malgr6 la rectification que I’Ordre Martiniste italien rdussit Li faire publier par l’Ordre Martiniste de Papus en France (Plnitiation, 1968, n’ 1, p. 1), certaines choses continuent Li &tre enseignees aux ignorants par un groupe de “Martinistes sans doute mal informds. 128 APRES LA SE~ZONDE GUERRE MONDIALE L’ORDRE DE MEMPHIS-MISRAIM Les choses ~tant ainsi et ainsi sont-elles pour celui qui sail lire chacun peut facilement comprendre que 1’Eglise Gnostique des Martinistes et des Francs-Ma§Ons chr~tiens de Memphis-MisraYm n’est que 1’invention d’un Patriarche prechant pour sa chapelle et qu’en consequence toute descendance ou fiiation “gnostique~ qui se rd~re au Martinisme et, pour ce qul concerne cette 6tude, aux Ordres de MisraYin ci de Memphis ne peut etre rien d’autre qu’une plaisanterie ¶ Maiheureusement, ii y a eu des gens et ii y en a encore aujourd’hui qui, atteints de ocordonite incapables de distinguer le s6rieux du fac6tieux ou obs&ks par tout cc qui a un air ~6sot&ique (tt moms qu’ils n’aient ~t6 ou ne sojent m&me inconsciemment au service de ces forces obscures dont pane Gu6non clans plusieurs de ses ceuvres), ont va1oris~ ou valorisent ]a ~filiation gnostique En outre, ?t la mofl de Bricaud liii succdda Constant Chevillon qul, comme s’il avait dout~ de la r6gu1arit~ de son pr&JAcesseur, se fit reconsacrer par Monseigneur Giraud le 5 juin 1936, environ deux ans apr~s avoir pris en charge la p residence clii Synode et la Grande Maitrise de tous les Ordres que Bricaud avait re1i~ tt son Eglise Gnostique. Quoi qu’il en soit, tt la mort de Chevillon, tu6 en mars 1944 cc par des miliciens tt Ia solde des envahisseurs germaniques le successeur hit Henry Charles Dupont. — — ~, ~. 6 5. Mais ~ ces observations II faut joindre, en ce qui conceme Memphis-MisraYm, la question des charles de Reuss et de Yarker que nous avons rappelee dans le chapitre des Pyramides ii 1’Eglise Onostique Qul 6tait en realite et de droit le Grand Maitre pour la France? Bricaud ou Mika~I? Ou tous les deux? Ou aucun des deux? La charte de Reuss de 1908 6tait-elle valide ou s’agissait-il d’un autre Ordre ainsi que nous en avons dmis I’hypoth~se? Et Si elle etait valide pourquoi Bricaud se retournat-il vers Reuss en 1919 et s’en fit-il delivrer une autre? Mats si Mika~1 detenait une charte de Yarker de 1909 ott I’inserons-nous? Et pourquoi en re~ut-il une de Bricaud en 1921 ? Voil~ des c arcanes qui ~ notre avis pourraient &tre fadilement resolus. Mais au point oh nous en sommes, c’est-~-dire avec la confusion cr66e par les scissions de Mernphis-MisraYm, mais aussi celles du Martinisme et de 1’Eglise Onostique, tine analyse de la question n’est plus tits interessaflte. D. 6. ENCAUSSE — 1949, p. 93. 129 Et itt recommencent de nouvelles dilEicu1t~s pour ckm& ler 1’dcheveau. Jean Chaboseau (fils d’Augustin Chaboseau qui, avec Papus, Pdladan, Gualta et Chamuel, avait fonck le premier noyau martiniste moderne en 1887) 6crivait en 1947: “Bricaud eut pour successeur Chevillon. Celui-ci assassind, 1’Ordre Martiniste nouvelle rnankre (car les tendances ma~onnques s’~taient accus6es a uric fusion hybride s’etait constitude avec diverses organisations) ½-ut pour continuateurs les Fr&es Dupont et Debeauvais. Aujourd’hui on ne sait exactement pas de qul us sont les successeurs Toutefois, pour rester dans le jeu de la cc succession gnostique D, Dupont (consacr6 par Fayolle, 1ui-in~me consacr6 par Chevillon) consacra en 1950 Constantin de Lyon qui tt son tour consacra la m~me ann6e De Conca de Milan. Mais ii semble que Dupont ait renonc6 en faveur de Robert Ambelain (de Ia filiation Bricaud Blanchard M6nard), raison pour laquelle le Rite de Memphis-Misra~m de 1’Eglise Gnostique aurait ~chu h cc dernier. Constantin de Lyon d’ailJeurs 1’a revendique pour lui et de ce fait en France ii y a eu deux pr6tendants au titre de Patriarche de 1’Eglise Gnostique ainsi que deux Grands Maitres g~n6mux de Memphis-Misraim. A son tour en Italic, Dc Conca aurait revendiqu~ le Memphis-Misraim gnostique ainsi que Ic Martinisme de la branche gnostique de Lyon, en qualit6 de repr~sentant de Constantin. Puis de son c6t& Tau Francesco, nomm6 Primat d’Etrurie par Ambelain, aurait ~t6 proclam6 Patriarche d’Italie, titre auquel ii aurait ensuite renonc~ en faveur d’Imm.... Apits le renoncement de ce dernier pour divergence de ~rueinitiatique le titre serait d’abord passe & Aloysio de Rome et tt la mon de celui-ci ?t 1’expert comptable Carlesi de Florence - 7. Dans le faire-part publie par les Annales initiatiques k Ia mon de Bricaud Von cite toutes les charges occupdes par 1i4 pendant sa vie en tant que patriarche gnostique: Recteur de k RoseCroix; Grand Maitre de I’Ordre Martiniste, Grand Hidrophante pour la France du Rite de Memphis-Misrabn. ~ En outre il avait dorm6 aux rituels, aux initiations et aux cdr6monies inartinistes tin ton ma~onnxque accentue en y ajoutant aussi des Evocations et souvent des exorcismes. 8. ENCAUSSE 1949, pp. 70-79. Lettre de d6mission du Grand Maitre de I’Ordre Martmiste Traditionnel, Jean Chaboseau. — 130 au nom episcopal de Tau Johann~s ~. Ces quatre personnages n ont jamais revendiqu~ Memphis-MisraYm, mais ii n’est pas dit que cela ne puisse se faire, m&me si depuis 1966 Ambelain Lui a donn~ une orientation qui n’est pas du tout gnostique. Au con~raire, ii 1’a pratiquement r~uni au Grand Orient de France apr~s avoir abdiqu~ de 1’Eglise Gnostique en faveur de T. Andreas (Andre Mauer) c1~j~ primat de Franche-Comt~ Actuellement 1~Ordre de Memphis-MisraYm ne se r~c1ame pas seukment de Ia filiation gnostique par [‘interm~diaire de Dupont, mais aussi cle la faineuse charte d~1ivr~e par Yarker ~ Mika~1 en 1909. Ambelain ~crit en effet: Aurifer ~tait d~j~ Ma~on du Rite initiatique Ancien et Primitif de Memphis-MisraYm; le Tr~s Illustre Fr~re Mika~1 lui transmit donc les 4C, 12~, 14e, 18~, 32C et 33~ degr~s de Mernphis-Misra~m puis les 660, et 950 du m~me Rite, liii remettant les pouvoirs de Substitut Grand Maitre, en vertLi de la Charte de Constitution d’un Souverain Sanctuaire reque jadis en 1909 de John Yarker >~ Nous ne faisons pas de commentaires, mais nous pouvons observer qu’en ce temps 1~ en France aurajent exist~ deux Souverains Sanctuaires pour la France avec des chartes diff~rentes provenant toutes deux de La 1ign~e de Yarker, ~tant donn~ que Reuss ~tait Grand Maitre pour 1’Allemagne en vertLi d’une charte de Yarker. Ainsi qu’il le d~sirait, Ambelain r~unit en 1964 un Convent de la ~Grande Loge Symbolique ~ de Memphis~ 9Q0 ~. 9.Les~v&1ues de L’Eglise Gnostique reVoivent un nouveau nom~ pr~c&1~ du titre Tau, abr~g~ en T. (N.D.T.) 10. L’abdication de Robert Ambelain (T. Jean III) advint en juin 1967, semble-t-il apr~s ujie crise de conscience qui aurait rernis en question ses vues sur le Christianisnie et sur ses pr~c~dentes theories de caract~re ~sot~riqtie et m~taphysiqUe. 11. Aurifer 6tait le nom mystique de Robert Ambelain en Martinisme, comme T. Jean III ~tait celui qu’il portait en tant que Patriarche de 1’Eglise Gnostique ApostoliqUe. 12. II serait tr~s int6reSsaflt de connaitre les rituels des 32 et 330 degr~s de ce Memphis.Misrahfl. 13. Robert AIVIBELAIN — Le Martinisme, 1946, p. 165. Les deux lignes suivantes de la page 166 sont aussi tr~s int~ressa1fleS: ~ Or, Mikagi et Aurifer ~taient tous deux possesseurs de 1’~piscopat cathare selon Ia fihiation de 3. Doinel. (La fihiation spirite — M.D A.) 131 L’ORDRE DE MEMPHIS-MISRAIM APRtS LA SECONDE GUERRE MONDIALE MisraYm, puis en 1965 un autre, et en 1966 un troisi~me durant lequel il fut ‘nomm~ Grand Hi~rophante g~n~ra1 33~ 90 9T ~ Pendant ce Convent fut d~cid~e la constitution ((dune Grande Loge feminine de Memphis-MisraYm, la Grande Maitresse ~tant ]a Tr~s Respectable Sceur Verrneleun-Kool et la Grande Maitresse adjointe la Tr~s Respectable Sceur L. L... Puis 1’on vint ~ d~couvrir que la Grancle Maitresse, r~sidant semble-t-il aux Pays Bas, se parait des grades de 33e 66e 97~. Ambelain mis au courant de cette affaire aurait sugg&~ de se taire car ii ne savait pas de qui elle avait re~u ces degr~s et car de toute fa~on ii aurait pu ~‘. les avoir fournis 1ui-rn~me 16 Ii serait int~ressant de publier certaines informations envoy~es en Italie de mani~re ~*cornrnenter La scission qui s’est produite par Ia suite dans la Grande Loge f~minine fran~aise de M. .M.. du Fr~re Ambelain, par ailleurs compos~e d’un seul atelier de peu de membres Mais ces d~ments pokmiques n’ont, ~ notre avis, aucun rapport avec notre etude. Cependant ii nous parait opportun de signaler un fragment d’une lettre officielle, qui a quel-. que caract~re historique, adress~e par le Grand Maitre g~n~ra1 de la ‘Grande Loge Symbolique du Rite A.. et P.. de Memphis-MisraYm, Souverain Sanctuaire pour la France et ses d~pendances ~ ~ la Tr~s Respectable Scour L. L... et, ((pour la bonne r~g1e, copie aux ob~diences sceurs: le Grand Orient de France, la Grande Loge de France, le Droit Humain, la Grande Loge feminine de France, la Grande Loge Nationale Fran~aise, la Grande Loge Opera, les Sceurs de 1’ancienne loge Hator, les Sceurs de la loge le Delta ~> Cette lettre concerne la scission de La Grande Loge feminine de Memphis-MisraYm: ~J’attire ton attention ~. 14. Archives de M.. & M.. — ~Fonds fran~ais > — Copies sign~es par Aurifer des Protocoles des convents de 1965 et 1966. 15. Idem — Protocole du convent de 1966, p. 3, § 3. 16. Idem — Lettre de Ia Grande Ma~tresse adjointe & Ambelain, dat~e du 12 janvier 1971, p. 2. 17. Ibidem. 18. idem — Balustre d~2ivr~ au Z~nit1-z de Paris le 16 d&embre 1970, signs du Gr.X M Gin:. R. Ambelain. L’ORDRE DE MEMPHIs-MISRAIM APR~S LA SEcoNDE GUERRE MONDIALE 132 toutefois sur divers points dcrivait Ambelain dans cette lettre — 1) Ii ne vous est pas possible d’utiliser les noms de Memphis el de Misraim, car cette ddnomination est propri~t~ de notre ob~dience depuis la ddclaration en date du 20 janvier 1969 (J.O. du 20-2-1969), ce en fonction de la Loi du 16-8-1901 sur les Associations. Et nous ne manquerons pas de faire respecter Wgalement nos droits. 2) Le Grand Orient de France, en sa circulaire du 17 novembre 1970 (n’ 8) adress~e par le Conseil de l’Ordre aux V~n~rables de ses Ateliers, a cru bon de rappeler qu’il n’entretenait de relations qu’avec les ob~diences ci-aprds: La Grande Loge de France, la Grande Loge Fran~aise Opdra, le Droit Humain, le Rite Primitif de Memphis— Misraim 19 Nous estimons quant it nous que les probl~mes de caract~re initiatique doivent se rdsoudre initiatiquement ou bien au si~ge des Ordres initiatiques et que les tribunaux profanes ne sont point habilitds it juger des faits de cc genre, et s’ils le sont nous pensons qu’ils feraient micux de s’en abstenir. Un autre courant qui a seulement fait parler de lui incidemment est celui auquel nous avons fait a]lusion it la conclusion de Ia partie de cette diude concernant Misraim: il s’agit de 1’Ordre de Memphis cc rdveilld en 1947 d’unc mani~re isolde par le professeur Probst-Biraben sur des bases sensiblemen t diffdrentes dc celles dtablies par le fondateur Marconis de Nitgre. En effet cc Rite de Memphis affirme dans sa constitution cc sa croyance en un Esprit dternel, vivant de sa vie propre et incommunicable par son essence, dont Ia rdvdlation a dtd transmise it l’homme par la Parole sacrde Il s’agissait, en substance, d’un Rite de conception nouvelle (qui ne conservait de l’ancien Memphis que ic nom) qui tirait son origine du Rite Primitif des Philal~thes, rdnovd en 1779 par les Philadelphes de Narbonne. 20. P. NAuDON Les principes de cc Rite de Memphis sont: ((Enseigner l’existence d’une Tradition dsotdrique universelle, latente et perpdtuelle sous toutes les formes d’enseignement, toutes les sciences et derridre toutes les religions et les mdtaphysiques. Montrer cc qu’est vdritablement l’homme dans son essence et ses principes. Proposer l’dtude des lois cycliques qui rdgissent les races, les civilisations et les continents. Enposer par une symbolique prdcise dont la clef est transmisc depuis les origines de l’homme le chemin que tout ~tre doit suivre s’il veut participer et aider it la libdration spirituelle. Enseigner cc qu ‘est la Rdintdgration de l’Humanitd D’autres indications sur la doctrine ct les buts du Rite furent publides dans la Chaine d’union (que cite Naudon dans son ouvrage) aux numdros de fdvrier et juillet 1957 et de juin 1958. Le Rite de Memphis, ainsi rdnovd, fut remand en 1959 au Rite de Misraim, Rdgime de Naples, rdveilld quant it Iui en 1956 par le mdme Probst-Biraben qui avait alors re~u la dignitd de c Grand Hidrophante mondial ~. Ajoutons que le Rdgime de Naples de Misraim a dtd aussi d’une certaine manidre repensd par le tr~s drudit et tr~s savant Probst-Biraben qui voulait lui donner une signification philosophique plus dlevde, du moms it son avis. Son organisation se proclarne traditionnelle et il faut admettre en effet qu’elle l’est. La ddclaration de principe de 1959 des deuK Rites unis reprenait celles de l’un et de l’autre, qui sans dtre identiques se ressemblaient et visaient le mdme but. En voici les deux premiers paragraphes: cc Cette haute Puissance est la rdunion des obddiences connues sous les noms de Rite de Memphis et Rite de Misraim selon l’acte solennel datd de l’dquinoxe du printemps 1959. Ses buts sont ceux de la Ma~onnerie hermdtique, initiatique et traditionnelle: dans l’immddiat, la spiritualisation des individus et des socidtds; dans le temps, la Rdintdgration de l’Etre dans son dtat primordial ~ 21>) Idem — p. 102 et sulv. 22. Idem — p. 101. 21. 19. Ibidem. — La Franc-Ma~’onnerie et le Divin, p. 102. 133 134 APR1~S LA SECONDE GUERRE MONDIALE Probst-Biraben dtait mort depuis la fin de 1957 ct les deux Rites furent unis seulement en France. Ailleurs le Rdgime de Naples de MisraYm continua de fa9on inddpendante ~. En conclusion de cette incursion dans la France d’apr~sguerre, nous croyons intdressant de signaler l’existence d’une Loge-mere de Bretagne du Rite de Memphis et Misraim qui, d’apr~s l’Almanach ma~onnique de l’Europe de 1966, aurait donnd naissancc it trois loges: Robert Bruce it Chateaubriant, le Droit international it Dinard, Garibaldi it Quimper. Notons toutcfois que la loge Robert Bruce serait passde it l’obddience d’Ambelain CHAPITRE X PALERME ET MILAN “. 23. Probst-Biraben ~tant mort en 1957, c’est Henri Dubois qui des Ce Supr&me Conseil n’est cependant pas un nouveau Memphis-Misa r~alis~ l’union de 1959 sous le nom de cc Supreme Conseil Ordres Mac;onniques de Memphis et de MisraYm rdunis “. raYm dans la mesure oii les ~chelles de grades des deux Rites restent distinctes. (N.D.T.) 24. Ainsi qu’il ressort du Protocole du 22 octobre 1966, d~j~ cite, selon lequel, outre Robert Bruce, les loges fran~aises de la Grande Loge d’Ambelain ~taient Hermes (Paris), Sophia (Nantes), Lucidit~ (Marseille) et en cours de fondation Humanidad (Lyon). En ddcembre 1944, les choses s’dtant un peu arrangdes en Sicile et la vie ayant rep ris presque normalement it Palerme, le Fr~re Ribolla (vicil adepte de Memphis depuis 1897) rassembla autour de lui le Frdre Arcara et le Fr~re Mistretta; et ensemble, appliquant les statuts, ils rdveill~rent le Rite dgyptien de Memphis. Les temps dtaient durs et le rdveil ne fut pas facilitd par la prdsence des troupes allides et de leur gouvernement qui voulaient tout savoir et se faufiler partout. Quoi qu’il en soit, dans le fonds c~ Palerme~ des Archives plusicurs fois citdes des Rites Unis de MisraYm et Memphis, nous avons ddcouvert deux lettres en date du 27’ jour du mois de Payrni de l’annde de la Vraie Lumi~rc 000 000 000, correspondant au 27 ddcembre 1944, adressdcs au Trds Puissant Fr~re Salvatore Mistretta et signdes, Ia premiere par Arcara faisant fonction de Souverain Grand Maitre gdndral, Ja seconde par ce dernier et aussi par Ic Grand Secrdtairc Prospero Castiglioni. Dans La premiere Ic Fr~re Arcara dcrivait: cc Aux termes de l’article 361 des Statuts de notre Rite Ancien et Pri1. cc Le Grand Maitre g~n~ral a aussi le droit de dormer Ia lumi~re ~ tout profane qu’il juge digne, et de conf&er tous les grades du Rite ~ n’importe quel Ma~on dont ii appr~cie le z~le. la capacit~ et l’instruction ma~onnique. (Statuts et r~glements du Rite Oriental Ancien et Primitif de Memphis pour l’Italie promulgu~s ~ Palerme le 23-9-1921). 136 APRE5 LA SECONDE GUERRE MONDIALE PALERME ET MILAN mitif de Memphis, nous vous confdrons le grade 330 de notre hidrarchie et vous nommons Prince Patriarche Grand Conservateur ad vitam du Rite et Membre du Souverain Sanctuaire. Dans la seconde: cc Aux termes de l’article 26 des Statuts, nous vous nommons Prince Patriarche Grand Administrateur gdn~ral 33 95 du Souverain Sanctuaire.~ Ii est hors de doute que les Fr~res de Palerme dtaient de toute bonne foi, que la charte d’Alexandrie d’Egypte de 1876 dtait toujours valide et que la filiation qu’ils ddtenaient depuis la mise en sornmeil (pour raison de force majeure) du Sanctuaire de Palerme dtait authentique. Toutefois quelqu’un faisant fonction de Grand Maitre, autorisd on ne salt par qui it assumer cette charge, pouvait-il utiliser l’article 36 des Statuts et r~glements du Rite? Ii est certain que trois Grands Conservateurs pouvalent rdveiller le Rite, mais ii semble qu’il y ait seulement eu au ddbut les Fr~res Ribolla et Arcara, qui, pour former le trio ndcessaire, auraient appeld le Fr~re Mistretta. De toute fa~on, le Rite hit rdveilld et la nouvelle de ce rdveil, arriva ainsi que cela a dtd dit — it Londres au Fr~re Janadarajasa qul provoqua la constitution imniddiate d’un autre Souverain Sanctuaire pour l’Italie et ses ddpendances, ce qul naturellement resta seulement sur le papier, pendant que les Palermitains, dans 1’attente de dispositions plus claires et plus prdcises, continuaient it faire des adeptes et it travailler ma9onniquement. La rdalitd de ce rdveil est ddmontrde par les contacts pris d~s que les premi~res communications se rdtablirent entre le Nord et le Sud. Ainsi au ddbut de 1946, le Fr~re Leoluca Bellomo envoya une lettre it Turin it Riccardo Debenedetti, vicil adepte de Memphis de l’dpoque de Mac Bean, oii il lul demandait de s’occuper du Rite: cc Certainement apr~s tant d’anndes, tu pourras difficilement te souvenir de moi — dcrivait Bellomo — nous nous sommes renconirds & Gdnes au mois de mars 1922 & l’occasion d’un congr~s prdsidd par le docteur Valentino di Fabio. J’dtais en cornpagnie de l’avocat Sottile. Et 11 continuait: cc Le Souverain Sanctuaire qui, comme tu le sais, a son si~ge & Palerme, ddsire que le Rite de Memphis se deve950 — 137 loppe dans d’auires centres et dans ce but cherche des Frdres honndtes et d’une foi indiscutde’ L’histoire du rdveil du gloricux Ordre de Memphis de Palerme est plut6t br&ve, nidme si avec diffdrentes vicissitudes ii dura plus d’une ddcennie, avant de s’dteindre silencicusement parmi les clarneurs du reste de Ia Ma9onnerie qui avait continud it se ddchirer apr~s l’dchec de la tentative d’union des quatre obddiences (dont nous nous occuperons bridvement dans le prochain chapitre). Au Fr~re Arcara succdda l’avocat Sanalitro qui dirigea le Rite jusqu’en 1954 quand ii en laissa la conduite au docteur Pasquale Ragusa. Il est it noter que presque tous les grands officiers du Rite, scion Ia tradition de 1924, dtaient Martinistes: une lettre du 10 fdvrier 1947 du Fr~re Bellomo ddjit citd, adressde au Tr~s Puissant Fr~re Ottavio Zasio 33e 9()e 95e parle d’une remise d’argent it l’dditeur de l’Introduzione al segreto massonico de Marco Egidio Allegri. 4ci & Palerme dcrit ensuite Bellomo qui signait Supdrieur Inconnu et 33’ 90’ un premier noyau martiniste s’est crdd et l’on esp~re pouvoir l’accroitre et constituer rapidement une Grande Maitrise rdgionale de Sicile. Nous ddsirerions cependant avoir d’autres rituels et je vous prie de m’en envoyer quelques copies si vous en avez de disponibles a~ Une autre lettre en provenance de Castronovo (Palerme) signee par le Philal~the Jatricus, ddldgud spdcial pour la Sicile, adressde le 12 mai 1947 au Grand Secrdtaire de la Loge administrative d’Italie de L’Ordre Martiniste Fr~re Manas, dit: cc Je t’envoie contre remboursement de 500 lires par numdro dix rituels de groupe destinds aux Frdres suivants: Francesco Landolina, Pietro Landolina, Gaetano Amato, Gaetano Sanalitro, Leoluca Bellomo, Pasquale Ragusa, Vincenzo Ingargiola, plus trois rituels pour la loge en constitution’. — 950 — 2. Archives cit~es — cc Fonds Palerme ~ — Dossier Debenedetti de Turin. 3. Archives de 1’Ordre Martiniste cc Fonds Ripresa et maitrise Allegri ~, groupe C, carton 2 Dossier correspondance avec Men— dione. 4. Ibidem. I 138 L’on ne connait pas les motifs pour lesquels en 1956 le Rite se mit en sommeil; probablement le ddsintdr~t pour un Rite qui n’offrait pas (comme il n’en a jamais offert) de possibilitds de cc contacts ~ profanes en vue d’affaires ou de carri~res; peut-~tre des diffdrends avec la loge d’une autre obddience qui donnait I’hospitalitd au Rite dans son temple; peut-~tre le manque d’argent. Le fait est que Ics Fr~res se divis~rent: quelques-uns pass~rent chez les Ecossais du Palazzo Giustiniani, d’autres chez les Symbolistes, d’autres au Droit Humain et d’autres enfin prdfdr~rent s’endormir avec le Rite. Les archives furent partagdes entre ceux qui avaient rdvei]ld le Rite et quclques autres Fr~res. Un d’entre eux se serait ddplacd it Milan et aurait pris des contacts avec le docteur Dc Conca qui, en 1945, tenait le rang de Garde des Sceaux du Suprdme Conseil du Rite Ecossais’ et 11 y aurait eu une tentative de rdveil du Rite, mais plus it titre de revendication de Dc Conca envers le groupe gnostique de Constantin de Lyon qu’it cause d’un ddsir vdritable d’en reprendre les travaux. A ce sujet, l’on doit d’ailleurs observer que, mdme si le Fr~re de Palerme et Dc Conca ne ddtenaient pas uric succession ldgitime, il dtait en tout cas vrai et certain que Dc Conca avait dtd re~u it la fin de 1945 dans Misraim et Memphis et dans le Mar tinisme par Marco Egidio Allegri: cc Grand Maitre d’alors (qui eKer9ait aussi dans le Rite Ecossais, oii 11 dtait 33’, la charge de Commissaire Commandant de J’ardopage vdnitien), sur la recommandation du Lieutenant Souverain Grand Commandeur Tito Signorelli, avait envoyd deux Fr~res it Milan. Voilit prdcisdment cc qu’dcrivait Allegri it Signorelli le 24 Phamenot 1945: cc Obdissant & ton conseil j’ai envoyd & ton Grand Garde des Sceaux le Trds Puissant Fr~re Mario de Conca, deux Sup~irieurs Inconnus pour lui remettre la charge de la Maitrise lombarde de l’Ordre Martiniste. La visite a dt~ particuli~rement fructueuse et les deux Fr~res sont convaincus d’avoir rencontr~ un homme dont la cons- cience initiatique est unie & une fois profonde, une grande culture et des aptitudes pratiques; aussi ce serait tr~s bien situ voulais aussi donner ton consentement pour sa nomination dans le Rite de Memphis au grade 33’ 95’¶ ~> De son c6td Dc Conca dcrivait it Al]egri ~: cc Ne possddant pas une dquivalence dans les Rites orientaux, j’aimerais la rdgularisation n&essaire aupr~s du Souverain Grand Sanctuaire Adriatique’. ~ cc dquivalence fut accordde en se fondant sur uric dbauche d’accord que Marco E. Allegri avait proposde pour unifier les principales familles ma9onniques italiennes et que, dans un premier temps, accept~rent Tito Signorelli pour Ic Rite Ecossais et Valentino di Fabblo pour le Droit Humain, tandis que La Grande Maitrise du Martinisme, alors vacante, dtait offerte au Fr~re Dunstano Cancellieri ~. Cette tentative d’accord dchoua ensuite, comme toujours malheureusement ont dchoud toutes les propositions d’unifier La Ma9onnerie, et cela it cause de La vanitd des petits hommes qui ainsi que l’dcrivait Artephius en 1946 cc ne poss~dent de ma9onnique que la panoplie que chacun peut se faire confectionner chez une couturi~re L’Ordre de MisraYm et Memphis scion cc qu’il ressort de La considdrable correspondance dchangde entre le Souverain Grand Sanctuaire Adriatique et les principaux Ordres ma9onniques italiens de ce temps lit se prdvalant du fait que son Grand Hidrophante dtait prdt it faire de grands sacrifices pour se joindre it cet accord, avait commencd it recucillir une documentation ddtaillde sur le rdveil des loges et des Rites, et avait pris des contacts avec les Puissances les plus en vue. Une note, en bas d’un rapport sur Ia situation ma9onnique et illuministe — — ~‘ — — 6. Idem 7. Idem 330 — — Dossier correspondance Signorelli. Dossier correspondance De Conca. 8. On peut lire dans le Livre d’Or du Temple de MisraYm, it Ia page ccDipl6mes ‘: cc En septembre. 1945 des brevets semblables de 33’ 90’ 95’ ont dtd ddlivrds it .. Mario de Conca... respectivement sous les numdros... 772. ~ 9. Archives citdes — cc Fonds Allegri ~. 10. Ce titre est indiqu~ sous La signature de De Conca dans une Iettre du 21 septembre 1945 adress~e au Tr~s Puissant Allegri (Archives cit des Dossier De Conca). 5. — 139 PALERME ET MILAN APRt5 LA SECONDE GUERRE MONDIALE cc Lettre d’Artephius it 1’dditeur dans Introduzione al segreto massonico de M.E. Martiniste). ALLEGRI (Venise, 1946, publid par 1’Ordre 7 140 141 APRtS LA SECONDE GUERRE MONDIALE PALERME ET MILAN des Trois Vdndties, diabord dans le courant de 1945 ‘~ et transcrit sur papier it en-tdte de J’ cc Ordre Martiniste ou des Elus Cohen sous les auspices du Supreme Conseil de la Vraie Rose Croix d’Or disait: cc Demander au Trds Puissant Tito Signorelli ses conseils au sujet des bases d’un concordat entre Ecossais, Symbolistes, Memphisiens, etc. Nos suggestions ~ventuelles: la Sdr~nissime Grande Loge nationale devrait associer, dans une Chambre des Rites, trois Maitres pour chaque Loge affilide de Rite non Ecossais. Les vceux de cette Chambre devraient dtre examin~s avec toute l’attention ndcessaire par le Grand Orient, particulidrement en ce qui concerne les probldmes rituels et pratiques; par exemple la discipline, l’usage des locaux, les activitds initiatiques, d’~dition, la coordination des dventuelles interventions dans le domaine profane (...) L’important est que tous les Ma~ons italiens d~pendent d’un seul Centre. Nous soutenons la possibilitd, sinon tout ‘uimplement l’opportunitd que les charges rituelles soient distinctes des charges administratives.~ Dans la lettre du 24 Phamenot 1945, ddjit citde, M.E. Allegri, agissant au titre du Rite de Memphis, rappelait au cc Tr~s Puissant Fr~re Tito Signorelli 33’, Lieutenant Souverain Commandeur et Grand Maitre, it Rome que: cc ii existe & Venise, depuis la pdriode fasciste, une tr~s grande union entre le Rite Ecossais et le Rite de Memphis. Les dirigeants sont d’accord et unis dans leurs efforts pour aboutir & ce que les grades soient distribu~s selon le veritable mdrite personnel et la culture ma~onnique et non en prenant pour base des considdrations profanes (...) Nous avons des Frdres qui, depuis vingt-cinq ans, n’ont d’autre but dans leur vie que les etudes initiatiques, et sont, en tant qu ‘Ecossais, au neuvidme et au mieux, au dix-huith~me degrd (...) et us n’osent pas esp~rer plus. Nous avons pensd qu’il dtait opportun de rapporter ces fragments de documents qui datent du temps du rdveil, les pensant importants pour prdciser la situation rdelle de 1945 en Italie et faire comprendre oi~ existaient Ja bonne foi et l’honndtetd, dldments fondamentaux de 1’esprit ma~onnique, entendons-nous bien 1’esprit orthodoxe, dtant donnd qu’aujourd’hul un tel esprit s’est adaptd cc au temps ou bien pour dtre prdcis et ne pas jouer avec les mots aux directives de ceux qui sont responsables des mceurs actuelles, provoquant 1’amdlioralion, ou alors, ainsi que c’est le cas actuellement — la ddcadence. ~, 11. Archives de 1’Ordre Martiniste d’Italie chemise 1, groupe C. — ~Fonds Allegri ~, — ~, — — 143 LE 5OUVERAIN 5ANCTUAIRE ADRIATIQUE apprentis, compagnons et maitres selon les Statuts de notre Ordre et de la Franc-Ma~onnerie’ Le 17 septembre 1945 suivant, accueillant les demandes de seize Fr~res munis des grades ndcessaires, le Grand Hidrophante installait sous le titre distinctif des Adeptes d’Orphde un cc Souverain Chapitre de Ia Vallde du P6, divisd en cinq Colldges ainsi constituds: 1” au Zdnith de Belluno, 2’ au Zdnith de Padoue, 3’ au Zenith de Trdvise, au Zdnith d’Adria, 5’ au Zdnith de Venise’ Vu l’dlargissement du cercle des adhdrents et la ndcessitd d ‘effectuer des travaux au niveau du 90’ degrd, le Temple Mystique donna naissance, le 29 juillet, dans la VaIlde du Piave, it un Sublime Consistoire des Princes de la Ma~onnerie du 90’ degrd, sous le titre et le numdro distinctif de Nefertum 200. Le Sanctuaire Adriatique avait ainsi constitud les corps ‘. CHAPITRE XI LE SOIJVERAIN GRAND SANCTUATRE ADRIATIQUE Ainsi que nous ]‘avons ddjit expliqud, le 16 mai 1945, Marco Egidio Allegri rdtablissait it Venise le Souverain Conseil gdndral du 90’ et dernier degrd du Rite de Mis- raYm, et le rdunissait le lendemain au Temple Mystique des Princes Patriarches de Memphis qui, par une ddrogation it l’article 86 des Statuts et rbglements gdndraux de l’Ordre de Memphis (motivde par Ia situation particuli~re de ce Rite et les pouvoirs discrdtionnaires d’Allegri concernant la patente de novembre 1923 du Souverain Sanctuaire de Palerme)’ assumait provisoirement les pouvoirs de Souverain Sanctuaire pour l’Italie. Le 18 mai, accueillant la requdte et cc l’ardent ddsir manifestd par de nombreux Fr~res, Vdndrables Maitres & l’Orient de Venise, de former un Atelier ma~onnique dans lequel on mettrait particulidrement & l’~tude les plus hauts probl~mes de l’Art ma~onnique et dans lequel les Fr~res qui se sont placds volontairement sous notre direction pourraient avoir les moyens ndcessaires pour connaitre et propager la Ma~onnerie selon notre authentique Rite Primitif ‘, jJ dtablissait it perpdtuitd it l’Orient de Venise la Loge-mere Osiride et nommait les officiers, leur accordant cc & perp~tuit~ le droit et le pouvoir d’initier des 2 40 “. ma~onniques ndcessaires pour le fonctionnement complet du Rite dont les statuts et les r~glements avaient dtd rddlabords de manidre synthdtique pendant une rdunion du Grand Colldge Liturgique du 92’ degrd. A cette mdme dpoque, il dtait question de la tentative de fusion des forces ma~onniques italiennes dont nous avons parld, mais le Rite Ecossais, qui avait dtd le premier it la soutenir’, en arriva, comme cela s’dtait ddjit passd 3. Idem, p. 3. 4. Idem, p. 5. Dans les Archives de l’Ordre au Fonds cc Ncrets existe le P,oc~s-verbal original de la premiere sdance du Chapitre des Adeptes d’Orph~e qui dit: cc Incipit librum et Proc~s-verbaux ‘, aureum Sancti Capituli Orpheorum sub umbra alarum famae Fraternitate Rosae Crucis Riti Misraim Memphisque in Venetiis A..G.. D..G..A..D..U.. — A La premiere heure du 18’ jour de Phamenot 000 000 000 au 45’ 26’ de latitude nord et 12’ 20’ de longitude est, dans La Vall~e du P6 et sous les auspices des Sublimes Patriarches de Memphis du Temple Mystique de Vdndtie et Lombardie se sont r~unis les Chevaliers Rose-CroiK suivants... 5. Par La lettre officielle n’ 1037 du 1” octobre 1945, le Fr~re — Signorelli, Lieutenant Souverain Grand Commandeur du Rite Ecossais, avait en fait donn~ son adhesion au projet et sollicit~ sa mise en action. cc A ta table du 24 Phamenot ~crivait Signo— 1. Voir chapitre VIII ci-dessus. 2. Voir Livre d’Or du Temple Mystique des Princes Patriarches de Vdndtie et Lombardie, pp. 1-3. relli — ii m’est agr~able de tracer le plan architectural suivant. Je trouve qu’il est utile que le Tr~s Puissant Fr~re Mario de Conca 33’ re~oive le grade de 33e 95’ du Rite de Memphis; je donne donc mon entier accord k ce projet parce qu’il y a dans 144 AL-RES LA 5ECONDE GUERRE MONDIALE LE SOUVERAIN SANCTUAIRE ADRIATIQUE en 1923’, it refuser l’union, d’abord en interrompant les pourparlers, puis en provoquant un incident, qui ne pouvait avoir d’autre conclusion que Ia sdparation nette et ddfinitive entre les deux Rites. Ce n’est pas le lieu ici d’illustrer l’action peu ma~onnique ressortant d’un faisceau de documents conservds dans un fonds tr~s rdservd des Archives des Rites Unis (dont on nous a fait jurer de ne rien publier cc par charitd orthodoxie et leurs iddaux traditionnels, commenc~rent it faire craquer l’ddifice construit avec tant d’amour et de sacrifices par le Grand Hidrophante M.E. Allegri, qui en 1923 pour Memphis et en 1925 pour MisraYm s’dtait chargd de Ia difficile et pdrilleuse tache de cc gardien des deux Ordres orthodoxes (ce qui l’amena en prison en 1929 sous I’accusation cle propagande ma~onnique)’. L’aclion destructrice fut facilitde par une trahison perpdtrde it l’intdrieur de I’Ordre Martiniste ainsi que par une grave maladie d’Allegri, contraint it deux reprises it de longs sdjours it I ‘hOpital et ~ d’accablantes convalescences, et par l’impossibilitd pour son adjoint, Artephius (Ottavio U. Zasio), d’assurer ses fonctions comme il l’aurait souhaitd par suite de son absence de Venise it cause de son travail de journaliste. En octobre 1949, enfin, la mort du Grand Hidrophante, survenue it Crespano del Grappa ma~onnique ~)qui met en dvidence la mauvaise foi et le sectarisme avec leque] on monta un proc~s d’intention qui fit dchouer l’opdration. Le Souverain Sanctuaire Adriatique essaya en revanche de promouvoir une alliance avec le Droit Humain (de rituel Ecossais) de sorte qu’apr~s l’dchange des lettres de crdance et des garants d’amitid il fut ddcidd que les ateliers de Memphis des premiers degrds ddpendraient de Ia Fdddration italienne du Droit Humain avec l’autorisation de dispenser tous les grades Ecossais tandis que les Chambres supdrieures de Misraim et de Memphis continueraient leur ~uvre d’instruction illuministe et rosicrucienne. La ddcision, contresignde par huit Princes Patriar- 145 (Trdvise) apr~s une grave opdration chirurgicale, rdduisit encore plus l’activitd du Rite, qui it partir du 21 mars 1953 se limita aux chambres du 90’ degrd et au-dessus, le reste du travail ma~onnique dtant confid aux loges et ateliers supdrieurs du Droit Humain. L’on arrive ainsi en 1955 quand apparait it l’horizon des Rites Unis le Fr~re Philalettes (Alfredo V...), membre du Droit Humain oii il avait obtenu le 18’ degrd Ecossais. Ii semble qu’iI avait entendu parler it Rome, par quelques anciens membres du Droit Humain, d’un traitd d’amitid qu en son temps le ddfunt Souverain Grand Commandeur Valentino di Fabio ava it conclu avec l’Ordre Martiniste et l’Ordre de Memphis, it Venise. De sa rdsidence d’Udine it la cc Reine de Ia lagune~ la route dtait courte et Phila- ches et par ddldgation par cinq autres hauts dignitaires, fut promulgude par le Prince Patriarche Grand Inspecteur du Sanctuaire Gastone Bolpin 33’ 90’ 95’ ~.Mais l’ignorance initiatique, la convoitise pour les hauts-grades, la promesse de carri~res faciles et d’aides profanes, et la lutte ddployde par les formations les plus importantes pour dliminer celles qui n’avaient d’autres forces que leur ce Rite beaucoup de Fr~res du Rite Ecossais et que les deux Rites doivent mettre k profit la vdritd et la puissance initiatique lettes, fonctionnaire des Chemins de fer, n’avait aucun probl~me pour ses ddplacements. qu’lls poss~dent. Je n’ai rien contre, bien plus je souhaite un rapide accord en bonne et due forme parce qu’il existe ddjk en essence un concordat pour her les deux Rites dans une Fdddration Nous tenons it nous arrdter sur ces ddtails parce que ce Philalettes essaya et rdessaya d’arracher la succession de MisraYm et de Memphis (ainsi que du Martinisme) pen- Ma~onnique. En fait, moi aussi, je reconnais l’opportunitd de confdddrer les diffdrents Rites en garantissant Jeur inddpendance et leurs objectifs propres. A toi Tr~s Puissant Fr~re de tracer sur un tableau architectural les points essentiels et fondamentaux ~ soumettre ensuite aux Supr~mes Hidrarchies des Rites qui soutiennent la Fdd6ration (Lettre adressde au Tr~s Puissant M.E. Allegri 33’ Archives de MisraYm et Memphis, Venise). 6. Voir chapitre VIII ci-dessus. — 7. Voir Livre d’Or du Temple Mystique, p. 31, et Archives de ha Loge.m~re Concordia Veneta du Droit Humam. 8. Voir Lettre d’Artephius ~ l’dditeur ddjk citde et U.G. PORCIATTI et son essence Quaderni dell’Ardenza, Naples, 1946, p. 17. — cc Le Martinisme a ~, N 146 APR~5 LA 5ECONDE GUERRE MONDIALE LE 5OUVERAIN SANCTUAIRE ADRIATIQUE dant la vie de son Maitre Artephius’ ainsi qu’it sa mort, et qu’ensuite il continua ~ se faire passer pour quelqu’un de tr~s important aux Rites Unis, inventant des histoires ridicules qui ne tiennent pas it l’examen. A propos de cet dpisode de prdvarication — commencd en 1958 et qui semble encore continuer pendant que nous dcrivons nous nous contenterons de rapporter une par tie de quel— ques documents qui dclairciront les iddes de tous ceux qui tomb~rent dans le pibge d’un si grand cc initid En ce qui le concerne, l’on se doit de dire, avec l’objectivitd que nous avons choisie pour guide, qu’il s’agit d’une personne intelligente, tout it fait formde dans le secteur de l’occultisme, et qui dans la vie profane est un fonctionnaire apprdcid et tr~s int~gre. Cela a crdd une certaine perplexitd dans la mesure oii ii semble dtrange qu’un homme de talent et it la vie extdrieure irrdprochable puisse arriver dans sa vie initiatique (?) it des aberrations comme celles qu’il a accomplies contre son Maitre et somme toute contre lui-mdme. Apr~s Ia mort d’Artephius (Comte Ottavio U. Zasio), qui avait en 1959 chargd son rempla~ant Aldebaran d’dtudier un plan pour un rdveil total des Rites Unis” avec fonctionnement complet de toutes les chambres rituelles et des ateliers initiaux, arrivdrent de France des demandes d’dclaircissements sur Ia situation de Misraim et de Mem- 9. Artephius avait succ&16 k M.E. Ahlegri par h’acte manuscrit suivant promuhgu~ le 10 mars 1949: cc Ii demeure con!irm~ que, ayant en son temps dt~ l’objet de ddlibdrations officielles, le Fr~re Ottavio U. Zasio 33’ 90’ 96’, c’est-&-dire le Grand Hi~rophante et Grand Maitre ad joint, a tous les pouvoirs de l’Ordre et du Rite pendant nos p~riodes de soins & l’hdpital et dans le cas d’un passage & l’Orient ~ternelles pouvoirs de notre succession. Signd: le Grand Hidrophante gdndral M.E. Allegri 33’ 90’ 97’. cc L’originah, de Ia main d’Allegri, est conservd dans he coffre du Souveram Grand Sanctuaire Adriatique. 10. Archives de Misraim et Memphis — Lettre d’Artephius ~ Aldebaran: cc Ainsi que tu h’observes tr~s justement, Ia reconstitution formelle de h’administration des Rites et des Ordres, dont on nous a demands de prendre soin, est devenue ndcessaire pour de multiples raisons. Je te prie, par consdquenl, d’inscrire dans hes Actes de h’Ordre tout ce qui a d~jk dtd I’objet de tesprdc& dentes ddcisions et dslibdrations, et pleinement ratifid par Nous. 147 phis en Italie oit Philalettes se faisait passer pour le chef de nombreuses organisations pseudo-initiatiques. Deux lettres furent envoydes en Italie les 20 septembre et 6 novembre 1971 au Grand Maitre du Martinisme, respectivement l’une par le fils de Papus et 1’autre par Robert Ambelain. Dans la premiere l’on demandait: cc Pourraistu me donner le nom et l’adresse du Grand Maitre de Memphis-MisraYm en Italie? Ce renseignement m’est demand~. T’occupes-tu toi-mdme de cette obddience & laquelle Papus appartenait ? Est-ce ddveloppd d’une fa~on s~rieuse en Italie?” cc Dans la seconde: cc Dans un autre domaine qu’est-ce que ce Souverain Sanctuaire de Venise de Memphis-Misraim ? Est-ce encore l’in~narrable Alfredo Les rdponses furent les suivantes. Au fils de Papus Pour ta demande sur Memphis-Misra~m, j’ai la succession de mon Maitre Zasio qui l’a eue & son tour de mon 12: cc (et son) Maitre Allegri. La ligne vient du Memphis de Palerme (Giuseppe Garibaldi - Degli Oddi - Sottile - Mac Bean) et du Alisraim d’Italie (1867). La fa~on est trds s~rieuse et j’ai envoy~ en son temps une prdcisation (sic) & l’ami Robert qui m’avait promis de me rdpondre. Je suis encore dans l’attente. Maintenant, nous suivons des travaux tr~s r~servds dans les hauts-grades. cc A Ambelain ~: cc Sur le Misra~m-Memphis de Venise, vous savez bien que j’ai toujours ddclar~ avoir re~u Ia transmission de ses pouvoirs de la part de mon Maitre Artephius qui, & son tour, l’avait de son (et mon) Maitre Flamelicus (M.E. Allegri) et, de suite, par le Memphis de Palerme (filiation Giuseppe Garibaldi Degli Oddi - Grand Maitre Mac Bean) et par le Misrdim d’Italie (Puissance Suprdme, endormie & Venise en 1867). Je vous ai envoyd dans son temps une prdcisation (sic) que vous devez avoir dans - 11. Archives de h’Ordre Martiniste 1’ partie. — cc Fonds Scission de 71 cc, 12. Archives de Misraim et Memphis — cc Fonds France cc — Brouillon datd du 5 octobre. 13. Archives de h’Orclre Martiniste — ~ Fonds Scission de 71 cc, 1” partie. 148 LE 5OTJVERAIN SANCTUAIRE ADRIATIQUE APRES LA SE~ONDE GUERRE MONDIALE vos archives et & laquelle vous n’avez point rdpondu Alfredo V... maintenant; ii est je crois encore pour un bref temps & la Ma~onnerie dite de Place de Jdsus (Rome) aprds avoir dtd mis & la porte par mon Maitre Artephius et apr~s, par vous, le Droit Humain, le MemL4• — — phis-Misraim, le CBCS, l’Eglise Gnostique, (‘Eglise Mariavite, l’Ordre du Temple, la Ma~onnerie italienne du Grand Orient, celle-l& du Centro Sociologico italiano; il continue encore se ddclarer Grand Maitre du M.XM.., du Temple, du Martinisme, de la Rose-Croix, de plusieurs Eglises, etc. Mais, il fait seulement du bruit et rien d’autre.>’ En substance, il rdsulte en particulier de cette derni~re lettre que la Grande Maitrise italienne, tr~s au courant des manceuvres de Philalettes, le considdrait comme tout it fait ridicule et n’avait aucune intention de prendre position contre une personne qui se ddtruisait elIe-m~me. Mais de France arrivaient toujours de nouvelles missives contenant des photocopies de rituels inventds, de brevets mal contrefaits, d’une Iettre adressde it un certain Monsieur Branchu it Nantes (lettre n’ 0272 it en-tate d’une soi-disant cc Sdrdnissime Grande Loge Souveraine des Francs-Ma~ons Orientaux, Anciens et Primitifs du Grand et Sublime Souverain Sanctuaire Supreme de l’Ordre Oriental Ancien et 149 Primitif de Misraim et Memphis ~) et on apprit le passage d’Alfredo V... de l’obddience de Piazza del Gesii it ~, celle du Palazzo Giustiniani, et ses tentatives pour relancer son cc Grand et Sublime Sanctuaire >. Aussi, la Maitrise ldgitime hit appelde it prendre position apr~s une lettre privde adressde au Grand Hidrophante, dans laquelle il dtait notamment dcrit: cc Ii m’est tombd entre les mains les dtranges documents suivants: 1) Le 6 janvier 1949 le Souverain Grand Hi~rophante gdne~ral M.E. Allegri expulse Ottavio U. Zasio de tout ce qui concerne les Rites Unis de M.%M.- pour des motifs tr~s sdrieux et d’une extrdme gravit~. Le documeni serait signd par M.E. Allegri, Gastone M..., Janarajadasa, Pericle Maruzzi, Umberto Gorel Porciatti, Dario Galimberti, Mario Alimena, Severino Zavagno. 2) Le 24 juin 1954, Gastone M... succ~de & M.E. Allegri et aprds cc consultation suprdme rdint~gre Zasio dans les fonctions de Hidrophante rdgent pour une pdriode de trois ann~es avec possibilitd de prorogation. Les grades de 330 90 96’ lui sont octroyds. Ce document est signd de Gastone M..., Severino Zavagno, Pericle Paruzzi, Aldo Lavagnino, Ottavo U. Zasio, D. Galimberti et deux autres illisibles. 3) Le 27 d~cembre 1958, apr~s cc consultation suprdme M... rdvoque Zasio de tout poste de confiance et le rdduit au titre de membre d’honneur sans aucune charge ni fonction, et Ia dignitd de Grand Hidrophante r&gent est attribu~e & Gedeone Gandolfo. Suivent les signatures de M..., Mario M..., Alimena, Zavagno, Maruzzi, illisible, Gandolfo et Alfredo V... Par ce dernier document Aifredo V... est nommd Grand Conservateur gdndral & vie. Puisqu’il s’agit dvidemment de faux et de calomnies et puisque tu possddes la documentaiion propre & ddmentir ces trois prdtendus documents, je te prierais de bien vouloir me rassurer sur tout cela, afin aussi de pouvoir sauvegarder la m~moire de >‘, 14. En 1966 en rdponse it l’envoi d’Ambehain de la copie du Proc~s-verbal de la Tenue solennelle du Convent de 1966 de La Grande Loge symbolique de Memphis-Misraim avec ha dddicace cc Au Tr~s Illustre Fr~re... en marque de ma fraternelle affection Ct avec tous mes vceux, R. Ambelain le Grand Hidrophante de Misraim et Memphis, par h’entremise du Fr~re Ivan Mosca (Hermete Sup. Inc.) envoya une Proposition & R. Ambelain confide d I. Mosca dans laquelle il protestait contre plusieurs articles du ~, proc~s•verbah et contre d’autres affirmations, rectifiait de multipies erreurs de forme et de tradition et revendiquait J’inddpendance absohue et La hdgitimitd des Rites itahiens, en rappehant qu’ih avait encore en avrih 1964, fait savoir que Misraim et Memphis dtaient en Itahie sous ha Grande Maitrise d’Artephius. Ambelain rdpondit avec he billet suivant: ccTr~s cher Fr~re, Le Fr~re Ivan Mosca m’a remis ce jour (29-2-1967), traduite, votre 6tude sur M:.M:. - Apr~s heclure, je vous rdpondrai prochainement. Affectueusement it vous. Robert Ambehain. ~ Tout he dossier de l’affaire est conservd mais on nous a refusd h’autorisation d’en pubhier plus. Ambehain n’envoya jamais Ia rdponse promise. 15. Archives de l’Ordre Martiniste Philalettes 1955-61 ~. — ~Fond Maitrise Artephius, 150 APR~S LA SECONDE GUERRE MONDIALE Zasio. En outre Maruzzi est un de mes bons amis et j’ai d’excellents motifs pour le garder dtranger & toute cette affaire Etant donnd que dans la lettre adressde it M. Branchu en France la mdmoire de Zasio dtait diffamde et qu’il y dtait affirmd qu’en 1958 ~ il dtait retombd dans les memes fautes qui avaient provoqud en 1948 son expulsion de l’Ordre et des Rites la rdponse ne se fit pas attendre. Dans le Bollettino ufficiale dell’ Ordine Martinista n’ 11 de juillet-aofit-septembre 1974, dans la rubrique c Archives de I’Ordre et Documents)) on publiait Ia fiche compl~te du dossier cc Philalettes~ et un mdmoire documentd sur les mdfaits d’Alfredo V... Dans ce mdmoire qui examinait Ia lettre adressde it M. Branchu, I’on apprenait que ses signataires dcrivalent au nom de Monsieur V..., alias Philalettes, alias Aleph-R~, alias T. Aifredo, alias Hansa-Brahmana le Moine Bleu, alias Alifridus Johannis, alias Alfredo Maria Bertrando, alias une dizaine au moms de surnoms ridicules. L’on y soulignait sarcastiquement l’impossibilitd pour MisraYm de s’etre uni avec Memphis en 1804 it Venise, dtant donnd que le second dtait apparu seulement en 1839; 1’on y trouvait aussi une autre cc gaffe d’AIfredo V... et de ses amis qui affirmaient qu’Allegri avait succddd it Frosini en 1921, et que Frosini avait it son tour succddd it Yarker en 1909. Pauvres de nous I — dcrivait le rddacteur du mdmoire Si cela est l’histoire de M.XM.~., il est ndcessaire de dire aux signataires de la Iettre, qu’au lieu de s’occuper de Ma~onnerie, us feraient mieux de s’occuper d’dquitation, it condition toutefois qu’i]s sachent monter it cheval dtant donnd que Yarker dtait mort en 1913 (et que Reuss s’dtait alors proclamd son successeur) et qu’Allegri avait re~u Ia charte de Memphis en 1923 de Mac Bean et La succession de MisraYm en 1925 de Luigi Bo... quand Ia Ma~onnerie avait dtd bannie. Aprbs avoir examind La position de M..., le document affirmait que cc les rddacteurs de La Iettre et Monsieur V... qul leur a fait la le~on ne se contentent plus de raconter des ~, — ~, 16. Idem — Lettre du 2 fdvrier 1974 de F.B. it Aldebaran. LE 5OUVERAIN 5ANCTUAIRE ADRIATIQUE 151 mensonges mais se mettent it diffamer un mort, et la litchetd de ce geste est sans mesure dtant donnd qu’on accuse quelqu’un qui eut toujours dans sa vie profane une scrupuleuse honndtetd et un noble comportement ainsi qu’un respect absolu de la tradition et des Rites, un ~tre qui dtait it la fois gentilhomme et initid. Apr~s d’autres considdrations et informations, toujours au sujet de la lettre, le document poursuivait: cc Laissons tomber les injures lancdes contre Messieurs R.A., I.S., P.E., I.M., F.B. qui ne nous intdressent pas (us sont vivants, ils peuvent bien se ddfendre et en ont les moyens); cependant cela vaut La peine de supposer que ces injures viennent de ce que Philalettes, par ddcision du Tribunal de l’Ordre Martiniste des Elus Cohen, rduni le 18 octobre 1961 it Paris, fut condamnd au ban d’infamie (...) I] est dtrange que ce monsieur, tr~s bon fonctionnaire, qui dans la vie profane se comporte tout it fait nomialement, d~s qu’il se trouve en contact avec des Ordres et Rites ma~onniques ou diffdrentes Eglises, perde son contr6le et se permette des choses de ce genre, blitmables en tant que tentatives d’usurpation mais qui deviennent inqualifiables quand elles frappent des personnes qul furent ses maitres, et de plus des morts qui ne peuvent rdagir. Le mdmoire ddclarait ensuite: cc Nous ne pouvons plus permettre it Monsieur V... de continuer ses usurpations qu’iI juge opportun d’appuyer par des calomnies contre notre Maitre commun en offensant sa mdmoire avec des accusations inventdes de toutes pieces. Nous disons tout cela car nous sommes en possession de la photocopie de Ia lettre adressde it Monsieur Branchu, nous sommes aussi en possession de la copie de la correspondance adressde par Alfredo V... it Monsieur Prdvost de Nantes et au Primat de I‘Eglise Mariavite, de la copie de Ia sentence du tribunal des Elus Cohen, de ]‘original de son expulsion du Droit Humain, de Ia copie du ddcret 117/Gb du Grand Maitre du Grand Orient d’Italie, d’une copie dactylographide de l’enregistrement effectud au prdtendu Convent de Pdrouse de ddcembre 1958, d’un rapport sur son comportement aupr~s des Ordres fran~ais d’Aurifer, T. 152 APR~S LA SECONDE GUERRE MONDIALE Jean IlL et Ph. Encausse ainsi que de bien quarante-cinq lettres originales dcrites par Aifredo V... ~ son MaUre Zasic de 1955 ~ 1958 (dans lesquelles ii s’en tient ~ la r~a1it~). Nous n’avons pas encore vu les actes d’expulsion de Zasio ni les autres que le Grand et Sublime Souverain Sanctuaire aurait promu1gu~s apr~s, toutefois nous en sommes inform~s.~ Le m~moire contestait que le 6 janvier 1949 Allegri efit expu1s~ Zasio ~tant donn~ qu’~ cette date ii se trouvait ~ 1’h6pital gravement malade et qu’il ne pouvait avoir particip~ ~ la reunion dii ~ Grand et Sublime Souverain Sanctuaire’ qui aurait dfi ~tre convoqu~e par Zasio en tant que remp1a~ant d’Allegri et possesseur de Ia d~1& gation r~gu1i~re confirm~e par La succession manuscrite du 10 mars 1949 (voir note 9). Ii r~futait aussi Ia signature et la presence de Porciatti ~tant donn~ que ce flambeau de la Ma~onnerie italienne ~tait mort ~ Rome le 7 d&embre 1948 et ne pouvait donc avoir particip~ ~ La pr~tendue expulsion de Zasio et encore moms l’avoir 5 ign~e. Avec tout ce que nous venons de dire ii semble clair que les ~documents)) d’Alfredo V... dont F.B. pane dans sa lettre ~ Aldebaran du 2 f~vrier 1974, sont de vulgaires faux et cela nous dispense de continuer ~ reproduire d’autres fragments du m~moire ou sont contest~es, les lettres manuscrites de Philalettes et les affirmations attn-. bu~es ~ Monsieur M.. et oi’ui sont rapport~s des ~1~ments de 1’enregistrement du ~ Convent de P~rouse ~et le d~cret authentique du 8 f&vrier 1958. Notons cependant que dans ce dernier d~cret Artephius (Ott avio U. Zasio) r~voquait ~ toutes les d~Mgations possibles conf~r~es en leur temps par notre autorit~ et nos pouvoirs au Fr~re Aifredo V... et ordonnait Ia restitution de ses dipl6mes et patentes ~ la Grande Montagne de l’Ordre Martiniste, au Grand Sanctuaire Adriatique et ~ Ia Tour Int~rieure du Temple et d~cr~tait nulles, sans valeur et hors de La chaine mystique toutes les initiatives qu’Alfredo V... voudrait ou avait ~ 17. Ii semble, sous toutes reserves, que ce Monsieur M... dont ii est plusieurs fois question repr~sente Aldebaran. (N.D.T.) LE SOUVERAIN SANCTUAIRE ADRIATIQUE 153 voulu prendre au nom de l’Ordre. Remarquons que Philalettes avait alors ob~i ~ Artephius et qu’il ~crivait le 24 du mois des Poissons de 1958, en remettant tout dans les mains du Grand Maitre: ~ Je remets dans tes mains, comme formellement je le fais par ces lignes, la d~h~gahon g~n~rale. Suivajent des paroles d’affection, de b~n~diction et de loyaut~ qui ont finalement d~bouch~ sur La suite que l’on connait. CONCLUSION Notre etude est maintenant termin~e. II manquerait encore quelques pr~cisions sun d’autres vicissitudes du Grand Sanctuaire Adriatique concernant une tentative, encore actuelle, de la part d’un groupe qui apr~s de vaines requ~tes pour une ~ijeutenance ~ se serait accroch~ ~ la descendance gnostique fran~aise de Robert Ambelain et effectuerait des travaux pr~tendument selon le Rite de Memphis mais en r~a1it~ selon le Rite Ecossais du G. .0.. d’Italie; cependant cela nous ferait entrer dans un particularisme qui, du moms pour le moment, ne fait pas partie de l’histoire, mais dans le meilleur des cas seulement de Ia chronique. Et, si peut-~tre ces vicissitudes, au moment oci elles se sont produites, pouvajent paraitre importantes, avec le temps elles se sont r~v~1~es de plus en plus comme de petites choses mis~rables, des ambitions tromp~es de petits hommes qui, en cachette du Rite auquel us appartenaient (et auquel, estimons-nous, us appartiennent encore), voulajent constituer, et peut~tre ont constitu6, leurs propres ateliers initlaux. Une autre importance a, en revanche, la survivance des deux Rites ~ de bien plus grandes vicissitudes les attaques et persecutions subies pendant deux si&les par Misraim et un si&Ie et demi par Memphis. Ii nous reste seulement ~i faire un timide bilan; nous disons timide parce que nous ne sommes absolument pas 157 LE5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 CONCLU5ION en mesure et peut-&ne pensonne ne l’est d’&valuen le nombre de loges des deux Rites, aussi bien unis que s~pan~s, qui agissent dans les deux h~misph~nes aujourd’hui, en 1’an de gn~ce 1975, alons qu’il semble que d~sonmais l’Eglise Catholique a 1ev~ ou tout au moms oubli~ les excommunications vari~es lanc~es en leun temps contre 1’institution ma~onnique Ii n’est pas p05sible d’ajouten foi ~ ceux qui indiquent (comme pan exemple Bellomo ~ la page 193 de son ouvrage) que le Rite de Misnaim n’existe plus (en le confondant avec celui de Memphis), ni m~me aux listes de loges publines pan certains groupes qui exag~nent pour se donner de l’importance en oubliant que ce n’est pas le nombre qui est important mais les travaux ma~onniques qul s’accomplissent, lesquels doivent se d~noulen dans le respect le plus absolu des rituels traditionnels (et non selon des nituels modifies pour des naisons d’opportunit~) et des statuts fondamentaux. Nous le n~p~tons, ce n’est pas le nombre qui est important, mais la qualit6. Et ~ ce propos, en ces temps d’empire de la collectivit~, qu’il nous soit penmis de citer pour ceux qui ont des oneilles pour entendre et une intelligence pour comprendre, le premier verset de Ia peu connue et tout ~ fait n~glig~e Table de Rubis: ~Ce que la Cn~atune peut concevoin n’est ni certain ni v~ridique, mais incompn~hensiblement vrai est le Cn~ateur. Ce qui est en haut n’est pas comme ce qui est en bas. En haut la magnificence de l’Unit~, en bas la mis~ne de La multiplicit~ qui semble ~tne tout et qui n’est rien. ‘ Selon une statistique optimiste ii existerait aujound’hui sun tout le Globe tenrestre environ 500 loges et chambres sup6rieunes des Rites de MisnaYm et de Memphis (tant6t unis, tant6t s~par~s) avec environ 10 000 inscrits. Un autne son de cloche, ceIui-k~ pessimiste, annonce 2 500 personnes y compris celles qui appantiennent ~ d’autres Rites mineuns. A notre avis, La moitin du nombre indiqu~ pan les optimistes nous semble juste. En calculant que sun ces 5 000 Ma~ons au moms 3 000 cotisent dans les R~publiques d’Am~rique Latine, il en nestenait 2 000 pour le reste du Globe, dont ~ peu pn~s un millien ou un millien et demi en Europe, pn~cis~ment dans les Pays latins. On pounna dine qu’il s’agit d’un calcul sans int~r&, ~tant donna que les membres de Misnaim ou de Memphis sont me minorit~ n~gligeable. Mais nous dinons aussi que, selon toute pnobabiLit~, sun ces 1 000 ou 1 500 Ma~ons une bonne moiti~ est vnaiment n~gligeab Le ~tant donna qu’ii peut s’agir de curieux ou d’ignonants ou, encore plus grave, d’<( envoy~s sp~ciaux des autres obediences avec le but pn~cis d’~pien ce qui ne va pas pour cn~er de la zizanie. Mais les autnes, m~me en minorit~, sont tout autre chose que ~ n~gligeables Les fn~nes B~danride furent-ils n~gligeables? Qu’ils ne le funent pas, cela est d~montn~ par toutes les calomnies lanc~es contre eux ~ commencer pan celles qui les accusaient d’~tre des Juifs portugais 2 alons qu’ils ~taient Fran~ais et officiens de La R~publique puis de l’Empire, bien que Juifs. Leuns successeuns en France furent-ils n6gligeables ? Yarken non plus ne fut pas n~gligeable avec tous les Rites qu’il avait nefong~s; ni Pessina qui se d6menait comme il pouvait ~ Naples; en Espagne Manuel Gimeno y Catalan, Fernando Lozano et Villarino del Villan 156 — — ~. 1. Le P~re Caprile, j~suite connu appr~ci~ personnellement par le Pape Paul VI, et l’ancien Grand Maitre de la Ma~onnerie du Palazzo Giustiniani (Grand Orient d’Italie) se seraient embrass~s ~ la conclusion d’un d~bat public qul eut lieu ~ Rome ~ la ~Maison du Dialogue aux Parioli. En outre, selon ii Settimanale (no S du 22 f~vrier 1975) qui dome cette information, un document du 19 juillel 1974 portant la signature du cardinal Francesco Seper, Pr~fet de Vex-Saint-Office, publin sur Civilte~ Cattolica, autonise le catholique qui le d6sire ~ s’inscnire ~ une loge ma~onnique pourvu qu’il lui apparaisse que cet te loge n’est pas oppos~e ~ 1 Eglise et pourvu que son ~v~que ne le lui interdise pas (de son propre jugement personnel ou sur avis de sa conference ~piscopale). oCette lettre du cardinal Seper ~cnit ii Settimanale qui laisse les ~v~ques seals arbitres pour juger les cas particuliers et qui admet l’id6~e que l’on peut ~tre ban Ma~on et ban catholique, d~samorce en pratique l’arme de l’excommunication. — — ~. 2. Il semble que la qualification de Juif portugais~ ait ~ choisie par les ~cnivainsma~onniques comme une marque d’infamie ou quelque chose de semblable. Les ennemis de Martin~s de Pasqually l’ont toujours d6fini comme Juif portugais Peut~tre que d’~tre juif ou portugais est un d~shonneur? Et nous avons encore l~ un exemple de la fraternit6 qul remplissait tant la bouche des divers ~cnivains sacr~s de la Ma~onnenie~ tels que RAGON et ses 6pigones. ~. 158 LE5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 ne furent pas n~gIigeables, ni non plus Frosini avec son Rite Philosophique Italien. Aucun de ceux-ci, meme s’ils se n~clamaient de successions contest~es qui du point de vue historique laissaient beaucoup ~ d~siner, ne fut n~gligeable. Et pounquoi? Parce que, qu’ils fussent n~guliens ou irr~guliens et tout extravagantes que se r~v~laient leuns filiations, denri~re eux se dressajent les constitutions orthodoxes d’une Ma~onnerie qui se r~clamait des origines et qui nappelait au~ manchands qui avaient envahi et pnofan~ le temple avec leuns doctrines populistes, nadicalisantes, pseudod~mocnatiques et ath~es, leuns m~faits, les senments trahis, les rituels artificiels ou oubli~s, les statuts alt&~s. M~me dans leur inn~gulanit~ sur laquelle toutefois l’on pounnait discuter si l’on faisait un discouns initiatique plut6t qu’historique ils nappelaient donc que ce qui se faisait chez les diff~nents Grands Orients n’~tait plus de la formation ma~onnique mais bien de 1’enseignement politique sinon la defense d’int~r~ts panticuliens. Que dine, enfin, de ces groupes qui ~ l’onthodoxie et ~ Ia tradition unissent La n~gularit~ de La filiation et de Ia constitution? Comme, par exemple, les antiques Arcana Arcanorum de Naples, Misnaim qui les incorpora pour mieux les occulter ou Memphis pnemi~ne mani~ne dont Joseph Garibaldi fut le Grand Maitre ~ Palenme et en Egypte. Cet Ondre de Memphis qui, apr~s une fuite en Egypte ~ en 1874 pour se soustraine ~ l~ ~ exclusion» d~cid~e dans les n~unions romaines pn~panant La proclamation du nouveau Grand Orient d’Italie, netounna ~ Palerme en 1876 et avec des bauts et des bas v~cut jusqu’en 1956. Cet Ondre qui nevit aujound’hui, uni ~ Misnaim, avec une succession l~gitime et n~guli~ne fond~e sun La chante ~gyptienne de 1876. Des groupes chez qui, malgr~ les anath~mes du Grand Orient ou du Supreme Conseil Ecossais d’Italie, les m~mes Fn~nes Ecossais, les Symbolistes et les autnes (pas tous ~videmment) vont apprendre ce que dans les loges soidisant n~guli~nes et neconnues» (pan qui?) 1‘on n‘enseigne plus depuis que (il y a des d~cennies et des d~cennies) y sont entn~s les demagogues et les ath6es. — — 159 CONCLU5ION Des groupes qui laissent La politique aux politiciens, la ddmagogie aux demagogues, les affaires au~c affairistes et aux manchands, et les questions de religion ~ La conscience et Ii La foi de chacun des membres. Des groupes qui se contentent d’enseignen le symbolisme et aussi quelque chose de plus: d’inculquer l’amour et La compr~hension, au sens oii il ne peut y avoir d’amour quand La justice est remplac~e par La conspination ou le sectarisme, et oft il ne peut y avoin de justice quand il n’y a pas de discipline et d’~chelIe hi~narchique sous La direction supn~me de l’Eternel. Pance que I‘ancienne Ma~onnerie a toujouns enseign~ cela, sans se gonflen d’un inutile vent de libent~ et d’~galit~, et sans pendre son temps ~i creusen de profonds tombeaux au Vice et ~ batin de splendides temples ~ La Vertul Des groupes qui, sun Ia base des Statuts du Regime de Naples de Misraim, jamais changes, neconnaissent et admettent tous les Ma~ons des autnes Rites, ainsi que cela doit ~tre. Parce qu’il est juste que chacun puisse apprendre dans une autne loge ou un autne chapitre ce qui dans sa loge ou son chapitne n’est pas enseign~ can cela ne fait pas pantie de La mati~re pn~vue dans le Rite. Pan exemple dans le Rite Ecossais I’on n’enseigne gu~re le contenu du grade de Chevalier du Soleil et ce tn~s important degr~, qui est le 280 de l’Ecossisme et le 510 de Misnaim, est tombs dans un oubli total, alors qu’il est neconnu comme un des sommets du savoin ma~onn1que. Mais le comble est le manque absolu de connaissance du grade Ecossais de Vofite Sacnie de Perfection dont le tuileun est nequis pour toutes les chambres sup~rieunes au 140 degn~. Pour les adeptes de Misraim ou de Memphis tous les Ma~ons sont fn~nes ainsi que le proclamait de toute bonne foi, dans l’ann~e lointaine de 1881, La Rivista de la Massoneria italiana, organe du Grand Orient avec ces paroles que nous voulons r~p~ten ici pour qu’elles sonnent comme un rappel aux oreilles de ceux qui continuent sun le ~, 3. Voir am chapitre VI les citations du Congr~s ma~onnique de Milan. V 160 LE5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 chemin de la discorde et de La diffamation: Quel que soit le Rite qu’il suit ou Ia fainille ma~onnique qu’il a cm bon d’adopter, in Ma~on est toujours le fr~re d’un autre Ma~on; et que l’un appartienne au Rite Ecossais, l’autre au Rite Symbolique, I’un au Rite de Memphis, l’autre ~ celui du Temple, celui d’York ou celui de MisnaYm, le caract~re ma~onnique est toujours le m&me et les droits ma~onniques toujours identiques pour tous les Fr~res. ~ ADDENDA A LA DEUXIE1WE I~DITION ITALIENNE A La fin de cet essai, je faisais allusion ~ une tentative effectu~e en 1973 en vue d’installer en Italie quelques loges de Memphis-MisnaYm de Ia lign~e de Reuss et je remarquais que les promoteurs de cet te initiative qui en 1971 avaient pnovoqu~ une “scission» dans le Martinisme italien 1 d~pendaient du Grand Orient d’Italie (Palazzo Giustiniani) et faisaient ~ga1ement pantie di Rite Ecossais Ancien et Accept& Je soutenais aussi que cette tentative de leur part, m~me si elle n’avait pas veritablement avont~, ~tait sir le point d’~chouer. J’apprends maintenant, par un Notiziario del Rito di Memphis-MisraYm italiano (n0 1 de 1979) qu’apr~s cet ~chec on a entrepris une r~g~n~ration de ce Rite, ~tabli en Italie gn&ce ~ une charte fran~aise de Robert Ambelain, et que, ainsi qu’il ressont d’un appel adress~ au 43nand Orient d’Italie, des pressions sont exenc~es afin qu’il soit admis dans le Grand Coll~ge des Rites, ~ ~galit~ avec le Rite Syrnbolique, le Rite Ecossais et le Rite d’York. Le Grand Orient d’Italie reste maitre de decider ce qu’il estime pr~f~rable et les Rites Ecossais, Symbolique et d’Yonk sont libres d’accepten parmi eux ce MemphisMisnaim gnostique» (ainsi que j’ai eu ~ le d~finin), vu qu’il s’agit l~ de faits qui ne me negardent pas. — — 1. Voir G. Rome, 1978. VENTURA — Tutti gli uomini del Martinismo, Atanor, 162 LE5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 Par contre, je suis concerns par ce qui a ~ dit au sujet de ce livne qui, bien qu’on en ait fait l’~loge pour La somme de nechenches historiques qu’il repr~sente, a ~ d~clar~ sujet ~ caution en ce qui concerne La succession fran~aise. En outne on m’accuse ~gaIement de porter des jugements et des critiques contre cette m~me succession et enfin on affirme faire ~place nette» des contestations et des pol~miques en citant certaines dates prises dans La ~Chronologie du Rite» publi~e en 1933 pan Jean Bricaud et nepubli~e assurdment de bonne foi en 1938 pan Constant Chevillon, dans 1’opuscule Notes historiques sur le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraim. Cette brochure, que je cite du reste dans mon ouvrage, a ~ ~labor~e par Bricaud en reprenant pour son propre compte les Notes on the Ancient and Primitive Oriental Rite of Memphis rassembl~es pan Reginald Gambier Mac Bean (qui fut Grand Maitre du Rite de Memphis de Palerme de 1921 jusqu’~ 1925 lorsque le Rite se mit officiellement en sommeil bien qu’il continuAt ses activit~s clandestinement ~ Venise). Mais Mac Bean, contrainement ~ Bricaud qui pr~sente sa chronologie comme une v~nit~ incontestable, pn~vient tr~s honn~tement ses lecteurs, dans le pn~ambule ~ ses Notes, que: “les indications sommaires qui suivent sun La Mgende, les traditions et l’histoire ~sot~rique de notne Rite ne pn~tendent aucunement &re completes ou ~tne le fruit de necherches originales. Elles pr~sentent m~me des lacunes et ont pour but simplement de r~pondre, provisoirement et dans les grandes lignes, ~ beaucoup de demandes qui, tout naturellement, nous sont adness6es, concennant l’origine et l’histoire de notne Rite qui s‘est n~vei1l~ r~cemment en Italie2 Pour ces motifs et pour d’autnes d’ondne ~ditohal, bien que j’eusse cite les deux opuscules et nepris ce qu’il ~tait indispensable d’en netenir, compte tenu de I ‘~conomie g~n~nale d’une etude historique (et ~galement afin de ne pas ~tne trop s~v~ne ~ l’~gard de qui n’est plus de ce monde depuis longtemps), je ne m’~tais pas appesanti ~* — 2. G. MAc BEAN — 1923, p. 1, § I. 163 ADDENDA — les confronter et ~ en tirer des conclusions, car j’estimais avoin suffisamment indiqu~ quelle ~tait la r~gularit~» du Memphis-MisnaYm de Yanker et Reuss avec les cons~ quences logiques qui en d~couIent pour ceux qui de bonne foi ou non mais ce n’est pas du ressort de cette note ont re~u d’eux des chartes, en France ou ailleurs. — — — Mais ceux qui font ~ place nette» en pn~sentant une partie de la chronologie de Bnicaud et en d~clarant de mani~re simpliste qu’en France on n’a affaine qu’~ deux chartes ~l’une de 1908 de Yarker et 1’autne de 1919 de Reuss et que tout le reste est pn~texte» n’ont probablement pas confronts les deux opuscules et sans s’~tre nenseign~s eux-m~mes alignent des phrases qui ne renseignent en hen. Ou sont ces chantes ? Moi, je soutiens qu’il y en a eu trois, m~me quatne, si jamais elles existent ou ont exist~. Et j’en appelle au t~moignage de Robert Ambelain lui-m~me qui en cite deax l’une de Yanken ~ Mika~l (de son vrai nom, Georges Bogs de Lagn~ze) en 1909 et l’autne de Bricaud en 1921 au m~me Lagn~ze; et vu qu’Ambelain a re~u, le 13 aofit 1960, de Henry Charles Dupont, le titre de Grand Administrateun du Rite pour La France et ses d~pendances ainsi que La designation pour lui succ~der’, il reconnait ~galement La validit~ des deux chartes que Reuss aunait remises ~ Papus en 1908 et ~ Bricaud en 1919 Mais il y a plus. Ambelain, en acceptant La succession de Dupont, a ~videmment nenonc~ ~ celle qu’iI soutient avoir revue de Mika~l, ou bien il l’a estim~e insuffisante ». En laissant de c6t~ les affirmations erron~es du Notiziario del Rito de Memphis-Mis raYm italiano dont me attnbue ~ Yanken La patente d~livn~e en 1908 pan Reuss 6et une autre nomme Jean Bricaud ~ La plus haute charge en 1924 sans compten celles relatives ~ Joseph Garibaldi, je pnendnai la peine d’examinen les documents d’apr~s ~. ~, 3. R. AMBELAIN Le Martinisme, Paris, 1946, p. 164. 4. Le document a ~ r~dig~ ~ Coutances et est signs de Dupont — en tant que 330, 900, 960, non en tant que 97,. Les t~moins furent Ph. Encausse et I. S~gure1. 5. J. Biuc~ua 1933. 6. Notiziario, n0 1, p. 5. 7. Ibidem. — — —L LE5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 164 ADDENDA lesquels Mac Bean selon ses honn~tes d6cLarations red igea ses Notes, utilis6es par La suite pan Bricaud pour sa Chronologie ». Mac Bean, aux pages 4 et S de I ‘opuscule en question, precise: “Ces notes sont tin6es des sources suivantes, qui nous sont accessibLes: 10 un manuscrit anonyme, datant appanemment de 1864, qui narre l’histoire du Rite jusqu’h cette ann6e-la, de fa~on mntenessante et avec une evidente sincenite; 20 une histoine du Rite Ancien et Primitif de La MaQonnerie publiee probablement en 1880 pan Le regrette John Yanken; 30 certains num6nos 6pans de the Kneph, bulletin du Rite anglais mentionn6 ci-dessus, qui commen~a ~ panaitre en 1881, et precisement Les numeros de fevrier, mai, novembre 1884 et fevrier 1885; centains numenos epars de l’Egitto massonico, organe du Grand Orient national d’Egypte, et specialement les numenos du 31 mai et 25 octobre 1900; certains proc~s-venbaux des archives de PaLenme; 60 le livne Massoneria italiana e tradizione iniziatica d’Edoardo FrosinP publie en 1911; la New Encyclopaedia of Freemasonry de l’historien Arthur E. Waite, publiee en 1921.» — — 40 50 70 Le manuscrit anonyme, apr~s La Legende et L’histoine du Rite qu’il consid&e comme un syst~me ma~onnique rn6diocne », affirme que, “recemment », il a ~-.t6ajout6 au nombre des syst~mes neconnus pan Le Grand Orient de France, et soutient qu’il s’en tient ~ ce qui a ete dit dans le rapport etabLi precisement par le College des Rites du Grand Orient de France, Le 12 novembre 1862 Le 29 juiLlet 1862 6crit l’auteur anonyme La loge les Sectateurs de Mdn~s, alons neactivee, s’adnessa au Grand Orient, presenta La liste de ses noms, et sollicita sa reconnaissance, par 1’intermediaire du tits Fameux Grand JAierophante Manconis. La Loge subsista telle quelle et la demande de reconnaissance fut presentee au Grand CoLL~ge des Rites qui, au couns de La seance du 10 — — 8. Publi~e en r~alit~ en 1875. 9. Pour le livre de FRoSDU, nous renvoyans au chapitre VIII du present ouvrage. 10. Bulletin du Grand Orient de France, novembre 1862, pp. 418419. ~.J • —u%~a S 165 12 novembre de la meme annee, pnit sa decision. La Commission susnommee considera qu’~ La suite de cette petition Manconis avait renonce ~ tous les droits et honneuns qui lui etaient neconnus dans le Rite de Memphis et que ce Rite avait pour objet La diffusion des principes moraux et scientifiques des verites ma9onniques, qui etaient enseignes depuis longtemps par le Grand Orient. Aussi La Commission conclut qu’en pnincipe le Rite de Memphis etait mis sous l’obedience du Grand Orient, et qu ‘il etait penmis h ses loges de travailler dans les trois grades symboliques suivant leun propre Rite. La demande sun L’admission aix plus hauts grades du Rite, qui selon Les statuts du Grand Orient ne pouvaient depassen le tnenti~me degre, fut laissee hors discussion et il fut seulement fait cas de ce qu’une permission de travaux dans les hauts-grades ne pouvait &ne accordee que dans Ia stricte observation des n~gLes de La constitution du Grand Orient. Mais il y eut ~ nouveau en fevrier 1864 une demande concernant les hauts-grades emanant de Ia Loge les Disciples de Memphis de Paris qui s’6tait entre temps neactivee, et Le Grand CoLL~ge des Rites montra jusqu’ofl il etait pret Ii allen en autorisant La formation d’un chapitne en relation avec cette Loge En consequence, Le Rite de Memphis (aoflt 1864) eat en activite en France et poss~de les deux loges nominees ci-dessus en meme ternps qu’un chapitne ~ Paris et une autne Loge les Chevaliers de Palestine ~ Manseille. IL semblenait d’apn~s ce manuscrit que Manconis ne fit pas admis au Grand ColL~ge des Rites et qu’iL s’agissait, par consequent, d’une scission concernant seulement trois loges et de l’autorisation de former un chapitre (seulement en 1864, apr~s de nombreuses hesitations) rattache ~ 1’une de ces loges; chapitre dont on ne connait pas le nom, mais qui en tant que tel ne pouvait pas depasser le grade de Chevalier Rose-Croix. IL appanait d’autne pant evident que Le Grand ColLege des Rites ne considena pas qu ‘il eta it dans son droit de fonder un Temple Mystique ~. 11. Idem, mars 1864. 166 ADDENDA LES RITES DE MISRAIM ET MEMPHIS et encore moms un Sanctuaire et que donc ii ne pouvait pas d~1ivrer (et le Grand Orient encore bien mom s) Ia charte n~ 28911 ~ laquelle fait allusion Bricaud ~ la page 8 de ses Notes. Ii ne pouvait pas non plus autoriser Ia constitution d’un Souverain Sanctuaire aux Etats-Unis par le Fr~re Seymour, et ceci encore moms le 3 septembre 1862w c’est-~-dire avant que la demande de reconnaissance pr~sent~e par Ia loge les Sectateurs de M~n~s eCit ~ prise en consid&ation. Comme 1’on voit, ce n’est pas moi qui me sert de ~faux pr~textes Ii est evident que la charte n0 28911 dii Grand Orient ne pouvait se r~f&er qu’~i des loges qui passaient sous son obedience, et on dolt consid~rer qu’il s’agissait de loges Ecossaises, ainsi qu’il ressort de toute 1’histoire de Seymour et de son successeur, et de 1’incident de Louisiane arrive en 1869, dont Bricaud se fait 1’~cho Le Fr~re Ellic lowe de la loge Quatuor Coronati de Londres et le professeur Helmut M~11er de 1’Universit~ de G6ttingen ont donc parfaitement raison lorsqu’i]s affirment, d’accord avec moi, que ~Yarker acquit le Rite de Memphis et MisraYm d’une source am~ricaine douteuse en 1872 ~ Le second document indiqu~ par Mac Bean est le livre pubIi~ par Yarker en 1875, dans lequel ii est question de ce Rite Ancien et Primitif de La Ma~onnerie qui m~1angeait les Rites Ecossais, de Swedenborg, et de Memphis. Sur tous ces Rites, Howe et Mbller ~crivent: On a ~. ~. 12. En r~a1it~, comme le montre la correspondance conserv~e la Biblioth~que Nationale, Harry J. Seymour ~tait d~j~ ~ la tate du Sanctuaire ani~ricain de Memphis avant m~me 1862, et c’est avec 1’accord de Marconis que les loges parisiennes de Memphis furent incorpor~es au Grand Orient. Comme prix de la reconnaissance de Memphis par le Grand Orient, Marconis dut abandonner ses prerogatives de Grand Hi&ophante et r&Iuire son ~che11ede grades ~ 33 degr~s, mais ii n’en retfra aucun avantage. Puis, jusqu’~ sa mort en 1868, Marconis se consacra essentiellement ~ la redaction d’ouvrages ma~onniques. La loge marseillaise les Chevaliers de la Palestine semble avoir refuse 1’incorporation au Grand Orient et continue d’une mani~re autonome, pendant quelque temps, le Rite de Memphis en 95 degr~s. (N.D.T.) 13. Ellic HOWE et Helmut M6LLER ~Theodor Reuss ‘, Transactions of the Quatuor Coronati Lodge, vol. 91, Londres, 1978. ~i — 167 g~n~ra1ement suppose que Yarker conduisait ses diverses entreprises ma~onniques ~ seule fin d’en tirer des avantages financiers personnels. La documentation disponible laisse entendre que cette th~orie est erron~e: Yarker ~tait seulement un irascible excentrique, prenant plaisir ~ r~a1iser ses fantaisies Ii ne semble donc pas qu’il faille prendre ce second document en consideration. Ici, je dois faire une d~c1aration: j’avais ~crit ce livre en esp~rant apporter une documentation sur deux Rites qui eurent leurs moments de prestige et qui donn~rent alors, et aussi plus tard, en des temps de ca1amit~, Ia preuve de leur orthodoxie. Et je m’~tais efforc~ d’avoir La main la plus 1~g~re possible, ma1gr~ que j’eusse ~ ma disposition des documents beaucoup plus accusateurs que ceux qui ont ~ pub1i~s, r~sum~s ou cites. Par cons~quent, cela m’affecte aujourd’hui d’entrer dans des d~taiIs qu’il efit ~ pr~f~rab1e de laisser dans 1’oubli. Mais on 1’a voulu ainsi, en m’accusarit comme on Va fait: et alors que soit dit, sinon tout, au moms ce qui est suffisant pour que certaines fables puissent n’apparaitre r~e11es qu’aux ing~nus ou aux malades atteints de cordonite. Cela dit, poursuivons. Le troisi~me document est repr~sent~ par certains extraits du bulletin the Kneph dirig~ et r~dig~ par Yarker, et ii est extr~mement mt~ressant de 1’examiner pour les contradictions et les inventions manifestes qu’il contient. Ii s’agit d’abord du num~ro de novenibre 1884 qui reproduit, imprim~e, la lettre suivante du grand Hi~rophante Marconis, dat~e du 5 juin 1866 et adress~e au Fr~re Harry Seymour, sans aucun doute apocryphe mais qui, en admettant qu’elle feat m~me en partie recopi~e d’un original, d~montre la fausset~ et le manque de toute garantie de s~rieux de la filiation Yarker: Vall~e de Paris, le 5 juin 1866. Au trois fois illustre et trois fois illumine Fr~re Harry J. Seymour 960, Patriarche Grand Commandeur du Rite ~ 14. Ibidem. 168 ADDENDA LES RITE5 DE MIsRAIM ET MEMPHI5 Ma~onnique de Memphis, membre de l’Alidde, decord de l’Etoile de Sirius, de La Chaine libyque, Grand Commandeur des trois series de l’Ordre, Grand Maitre du Souverain Sanctuaire et Reprdsentant de l’Ordre aux EtatsUnis d’Amdrique. Trois fois illustre Fr~re, j’ai plaisir ~& vous informer que nous avons recemment retabli en Egypte, sur une base solide, l’antique et venere Rite de Memphis. L’dtendard est eleve par des bras vigoureux qui regagneront le temps perdu. Nous esperons que bient6t leurs actes prouveront que l’origine de notre Ma~onnerie a donne naissance & tous les autres Rites. Je vous prie donc, trois fois illustre Fr~re, d’entrer en rapport fraternel avec cette Puissance ma~onnique maintenant installee qui, nous l’esperons, sera heureuse de cultiver votre amitie. Aujourd’hui vous serez en mesure d’obtenir tous les documents ma~onniques necessaires & La propagation des principes de notre sublime institution. Rien de ce qui pourrait vous etre utile ne vous sera refuse. Ci-dessous est l’adresse du Grand Chancelier de l’Ordre auquel vous devrez vous adresser: Monsieur Felix Helonis, negociant, Alexandrie, Egypte. ~ Je desire egalement vous informer que le Fr~re Lucca, Grand Maitre de l’Orient d’Italie, et le Fr~re Frapolli, Grand Maitre adjoint, auxquels vous avez fait parvenir des chartes, qui m’ont ete soumises, ont l’intention d’etablir un Souverain Sanctuaire 95 dans La Vallee de Florence. Je leur enverrai les documents que je leur ai promis. Ceci pour votre information personnelle. Je dois egalement vous dire, trois fois illustre Fr~re, que je suis sur le point de publier deux nouveaux livres ma~onnzques: La Tribune ma~onnique et les Sublimes Maitres du Grand ~Euvre (rituel complet des 90 grades). Le premier est un recueil de conferences qui a ete recommande et approuve par le Grand Maitre du Grand Orient de France, le Fr~re general Mellinet; le second est un rituel complet et contient tous les secrets du Rite tel qu’on le pratique universellement. e Je termine cette lettre, trois fois illustre Fr~re, en vous priant d’accueillir favorablement le Fr~re... 169 En vous assurant, trois fois illustre Fr~=re,de mes sentiments fraternels, je reste votre tr~=sdevoue J. Et. Marconis de N~gre Grand Hierophante.» Cette etrange lettre, dont on ne sait pas oft se trouve L’originaL ni comment elle est parvenue entre les mains de Yarker seulement en 1884, n’a pas foumi d’autnes preuves de son existence. On ne comprend pas, non plus, pounquoi ii n’y a jamais ete fait allusion ni de La part de Seymour en 1866 ou apr~s, ni de Ia part de Yanken depuis 1872, et que l’on ait attendu bien dix-sept ans apr~s La mont de Marconis pour La publier en tant qu’unique preuve de L’existence d’un Sanctuaire negulien aux EtatsUnis et aussi donc apn~s la mont du Marquis Joseph de Beauregard qui aunait continue le Rite en Egypte ~ par tin de 1867. IL est egalement etrange que, tandis qu’en Egypte, on continuait le seul rite de Memphis, Yarken ait publie cette lettne en 1884 apn~s les accords avec Giambattista Pessina datant de 1881 ; comme est egalement etnange L’auto-procLamation de Yarken comme Grand Hienophante general en reaction ~ celle de Pessina, tandis que Le chef Legitime du Rite de Marconis se trouvait en Egypte en La personne du Fn~ne degli Oddi et qu’une chante avait ete concedee ~ Palerme depuis 1876 pour constituen quand et comme vous le jugerez bon» un Souverain Sanctuaine d’Italie Mais sun un autre extrait de the Kneph, les choses vont apparaitne plus clairement. II est egalement tr~s clam si tant est que La lettne ait ete ecrite par Manconis qu ‘il s’agissait du seul Rite de Memphis et que Ledit Rite, du vivant de Marconis en 1866 et apn~s sa mont, avait son gouvernement en Egypte oft r6sidait le Grand Chancelier, Monsieur Helonis, auquel Seymour devait s’adresser et pan consequent aussi Yanken que Seymour avait nomme Grand Maitre d’Angletenne. Mais Lisons ce qu’ecrit Yarken lui-meme dans le numeno de fevrien 1886 de the 970 >~. — — 15. Dans la lettre d’accompagnement de la patente, on lit: ~Un tel pnivil~ge pour le Royaume d‘Italie est accorde seulement ~ la Vallee de Palerme. 170 LE5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 Kneph et que rapporte Mac Bean ~ la page 32 de son opuscule: ~ L’illustre Grand Hierophante J.E. Marconis etant mont en 1868 ~‘, l’Egypte assuma pleinement possession de La direction du Rite. La Grande Loge Symbolique [pour les trois degres initiaux], notre Rite Ancien et Primitif et le Rite Ecossais Ancien et Accepte sign~rent un traite triparti d’aide reciproque et ranim~rent le Souverain Grand Temple Mystique, Conseil General Imperial 960, preside par un Grand Hierophante 97’ (...) En 1872, divers Illustres Fr~res qui avaient precedemment re~u les 33’ et 95’ degres obtenaient une charte pour L’etablissement d’un Souverain Sanctuaire de Grande Bretagne et d’Irlande avec l’Illustre Fr~re John Yarker en tant que Grand Maitre general 33’ 96’ (...) Le Grand Maitre etant membre 96’ du Sanctuaire d’Egypte, Le syst~me s’assimiLe au Rite de Memphis d’Egypte.’> Que peuvent bien signifier de semblables melanges publies en 1886 apr~s Ia fameuse edition de 1882 des Rituals of the Ancient and Primitive Rite of Memphis (faisant suite ~ l’aLliance avec Pessina pour lesquels Yarker n’avait demande d’autorisation ~ personne en depit de Ia Lettre (?) de Marconis, telle est La question que doit resoudre celui qui veut faire ~ place nette », vu que sa filiation remonte justement ~ Yarker. Mais mieux vaut Laisser parler le Fr~re Ellic Howe qui, etant anglais et donc au courant de ce qui se passe en Angleterre, a pu davantage que moi consulter les archives, les documents et les textes bnitanniques. A propos de La Grande Loge d ‘Angleterre (au siege de laquelle selon les Notes his toriques de Bricaud, Yarker aurait ete nomme en 1872 Grand Maitre general de Memphis) il ecrit: La Grande Loge d’AngLeterre pouvait difficilement protester si Yarker choisissait de s’appeLer Grand Maitre de ceci ou de cela parce quail veillait ~ ne jamais empieter sun son contr6Le excLusif des ateliers initiaux et des grades du Royal Arch’8 17) 16. Mac Bean ~cnit que Marconis mourut en 1867. 17. Voir p. 91. 18. E. HOWE et H. MbLLER 1978. — ADDENDA 171 Ii est ici plus que jamais opportun de preciser, en ce qui concerne les propos de Yarker sun La reunion en Egypte des Rites Symbolique, Ecossais et de Memphis, que celle-ci ne dependait en rien d’un accord tniparti mais bien de La constitution reguli~re d’un Grand Orient compose d~une Grande Loge nationale (trois premiers grades symboliques) et d’un Grand Co1L~ge des Rites comprenant in Grand Sanctuaire du Rite de Memphis 95’ et un Supreme Conseil du Rite Ecossais Ancien et Accepte 33’, dont la meme personne etait Grand Maitre, Grand Hierophante et Souverain Grand Commandeur. Ce Grand Orient d’Egypte avait ete fonde en 1874 par un groupe de loges italiennes et fran~aises travaillant deja aux Rites Ecossais et de Memphis qui avaient obtenu une charte de constitution du Grand Orient de Palerme et de son College des Rites. Ledit Grand Orient, une fois que sa Grande Loge nationale d’Egypte fit rituellement etablie ~ Alexandrie le 8 mai 1876 avec ses propres Freres, obtint le 18 juiLiet suivant La reconnaissance de Ia Grande Loge d‘Angleterre ~ La condition qu’iI reconnaisse ~ son tour les droits et privileges des loges travaillant deja en Egypte sous L’obedience des constitutions anglaises. 11 est bon de preciser aussi que l’unique descendance reguliere du Souverain Sanctuaire d’Egypte fut le Sanctuaire de Palerme pour L’Italie et ses dependances, constitue ~ La demande des Freres Gaetano La Loggia, Giuseppe Colosi et Pietro Tondft en 1876 et erige ~ Palerme Le 15 juin 1890, avec comme Grand Maitre le Frere Salvatore Sottile, 33’ du Rite Ecossais et 96’ du Rite de Memphis. Le quatnieme document consiste en deux numeros d’Egitto massonico, organe officiel du Grand Orient d’Egypte, et concerne La nomination de Joseph Garibaldi au titre de Grand Maitre honoraire ad vitam et La constitution de La Ligue mondiale du Rite de Memphis (et non de Memphis et MisraYm) avec reconnaissance unanime du Grand Hierophante d’Egypte comme Chef supr&me du Rite oriental de Memphis (et non de Memphis et MisraYm). J’ai d’ailleurs mentionne cela ~ La page 94 de ce hvre. 172 ADDENDA U3S RITES DE MISRAIM ET MEMPHIS 173 —I Le cinquieme document est constitu6 par divers procesverbaux des Archives de Palerme dont ii est seulement fait mention, mais il est manifeste qu’ils ne sont pas tres retentissants et qu’ils ne peuvent pas aider ~ faire c4 place nette ». Et ceux-ci ne concernent encore que le seul Rite de Memphis. Du sixieme et dernier document (vu que 1’on ne cite aucun extrait du septieme) j’ai deja mentionne des pages entieres et ii m’apparait qu’elles vont absolument ~ l’encontre des fins que son auteur (Frosini) s’etait assignees, non seulement en sa propre faveur mais aussi en faveur de John Yarker qui s’etait autoproclame Grand Hierophante en concurrence avec Pessina et avec le colonel roumain I.T. Ulic (dont figurent dans les archives que j ‘ai consultees, deux lettres adressees ~ Palerme et signees 33’ 97’). Bricaud declare qu’en 1902 ~le Frere J. Yarker succede au Frere degli Oddi comme Grand Hierophante Mais qui l’a nomme alors qu’en Italie fonctionnait regulierement le Rite de Memphis, avec comme Grands Maitres Salvatore Martorana 33’, 96’ jusqu’en 1903, puis Benedetto Tnigona? Et nous voici arrives ~ Reuss qui, toujours selon Bnicaud et ses epigones, aurait ete reconnu legitimement>~ Grand Hierophante, ~ La mont de Yarker en 1913. Je me pose La question: reconnu par qui? Probablement par Bricaud et me autre personne, le bien connu et tristement fameux Aleister Crowley lequel, apres avoir ete initie» au grade d’Administrateur general 33’ 90’ 96’ par Reuss avant m~me que mourftt Yarker, etait mentionne par le meme Reuss dans le numero de ~Jubile>’ d’Oriflamme (1912) sous le nom de Tres Saint, Tres Illustre, Tres Illumine et Tres Puissant Baphomet X’, Rex Summus Sanctissimus 33’, 90’, 96’, Grand Maitre des Etats-Unis d’Amerique, d’Irlande, d’ [onie (etc.), pouvant etre contacte au 33, avenue Studios, 76 Fulham road, Kensington, London S.W. ». Ce Crowley (auquel il plaisait d’etre contacte), ~ peine obtenue sa nomination au grade de ~Baphomet X’ », >~. I imprima un Manifesto of the M.. M.~. M.~. dans lequel ii expliquait que M.~. M-~. M-~. (Mysteria Mystica Maxima) etait le nom de La section britannique de l’Ordo Templi Orientis (O.T.O.) et qu’il s’agissait d’un rassemblement d’inities dans les mains desquels etaient concentrees La sagesse et La connaissance des organismes suivants: L’Eglise Gnostique Catholique, I’Ordre des Chevaliers du Saint Esprit, l’Ordre des Chevaliers de Saint Jean, l’Ordre des Illumines, l’Ordre du Temple, l’Ordre des Chevaliers de Malte, l’Ordre du Saint Sepulcre, I’Eglise du Saint Graal, l’Ordre Rosicrucien, le Saint Ordre de La Rose-Croix de Heredom, l’Ordre de l’Arche Royal d’Enoch, le Rite Ancien et Pnimitif de la Ma~onnerie en 33 degres >‘, le Rite ma~onnique de Swedenbong, l’Ordre Martiniste, le Rite de Memphis en 97 degres, le rite de Misraim en 90 degres, le Rite Ecossais Ancien et Accepte en 33 degres, l’Ordre des Sat Bhai, La Fraternite Hermetique de La Lumiere, l’Ordre Hermdtique de La Golden Dawn et beaucoup d’autres Ordres de moindre renommee mais d’dgal menite Mais revenons ~ Reuss et ~ Ia charte qui lui avait ~ delivree par Yarker. Je tenterai d’~tre succinct, meme s ‘ii est difficile de resumer bnievement une histoire qul preterait entierement ~ rire si, derriere elle, ne se cachait quelque chose qui a egalement it faire avec les services secrets allemands de La Premiere Guerre mondiale, ainsi que nous le verrons plus loin. En 1901, Theodor Reuss, apres avoir echoue dans une tentative de reveil de l’Ordre des Illumines de Baviere, eut l’occasion de lire que le docteur Gerard Encausse (Papus), occultiste fran~ais extr~mement connu et cultive, avait obtenu de l’Angleterre l’autonisation de faire en France des travaux ma~onniques selon le Rite de Swedenborg dans La Loge (ou Chapitre) I.N.R.I. n0 14. Reuss ecnivit it Encausse pour avoir des informations et Papus .>~ 19. Cette indication de 33 degr~s dans le Rite Ancien et Pnimitif est symptomatique. 20. E. HOWE et H. M~5LLER 1978. Pour Aleister Crowley voir aussi 3. SYMONDS the Great Beast, Londres, 1956. — — 174 LES RITES DE MI5RAIM ET MEMPHIS repondit par me lettre non datee lui suggdrant d’6crire it Londres en anglais am docteur William Wynn Westcott qui etait alors le secr6taire du Rite de Swedenbong. Reuss ne perdit pas de temps. La possibilite de conferer de hauts-grades en Allemagne pouvait lui etre utile et Westcott servit d’intermediaire avec Yarker qui, en 1875, avait re~i tine charte pour ce Rite di Frere canadien W.J.B. Mac Leod Moore 90’, ~ Westcott Jul repondit le 31 janvier 1902: ~Je suis en relation epistolaire avec le Fr~re Yarker, Grand Maitre, ~ votre sujet, et je vous obtiendrai ce que vous voulez de lui bient6t si possible (...) Certains de vos Ma~ons allemands sont hostiles: un certain journaliste macon d’Allemagne essaye de vous attaquer et pretend que vous voulez initier des Ma~ons clandestinement. Il a ecrit une demande d’information ~ un officiel de La Grande Loge d’Angleterre.» Puis, comme Reuss insistait, Westcott lii reecrit le 14 fevnier pour I’autoriser it fonder Ia loge Saint Graal n’ 15 it Berlin: Le Frere Yarker a enti~rement le droit de vous donner ~ vous, qui etes un Maitre Macon connu d’Angleterre ~, une charte pour une loge, mais il hesite & vous donner l’autorisation necessaire pour ouvrir six loges que votre Latomia [revue ma~onnique] consid~re comme irregulieres. J’ai obtenu sa permission pour creer une Grande Loge provinciale d’Allemagne pour vous; mais main tenant il hesite, car il ne veut pas voir La moitie des MaQons allemands le condamner, comme La moitie des MaQons anglais le feraient pour le Rite Ancien et Primitif.>~ Finalement, Yarker count le risque d’accorder Ia charte de Maitre provincial par correspondance it quelqu’un qu’il ne connaissait pas personnellement, mais sir recommandat ion de Westcott qui ~ etait en correspondance avec lii ». Chacun est maitre de faire comme il l’entend, mais ~‘ 330, 970 21. La lettre de Papus est reproduite en fac-simil~, de m~me que celles de Westcott, dans le livre Occult Theocrasy de Lady QUHENBOROUGH. 22. Voila oii apparaissent les 33’, 90’, 97 de Memphis-MisraYm. 23. Reuss avait ~t6 initi6 en Ma~onnerie dans la loge Pilgrim 238 de Londres, r6serv6e aux Ma~ons allemands, en 1876, a 21 ans, et en avait ete exclu en 1882. 175 ADDENDA ceci demontre de quels pouvoirs, initiations et autorites ii s’agissait. Cependant le Rite de Swedenborg n’eut pas de chance en Allemagne. Aussi Reuss considera qu’il fallait trouver de nouveaux appats pour les Ma9ons allemands et il recount encore it Westcott pour obtenir de Yarker une charte pour La constitution en Allemagne d’un Sanctuaire du Rite Ancien et Primitif de Ia Ma~onnerie, ce qu’il obtint le 24 septembre 1902 par correspondance. Reuss fit nomme Souverain Grand Maitre pour l’Empire allemand, Franz Hartmann, Grand Administrateur general, et Heinrich Klein, Grand Gardien du Livre d’Or. En echange, Yarker fit associe am periodique Onflamme de Reuss, pus re~ut Ia representation de l’O.T.o. Dans le nimero de decembre 1902 d’Oriflamme panut I’annonce suivante: ‘Le Souverain Sanctuaire pour l’Empine allemand et le Grand Orient d’Allemagne sont autorises it fonder, accepter et consacrer des loges ma~onniques dans toute 1’Allemagne, it travailler ~ tous les grades, di premier am dernier (Grand Inspecteur General 330, 95’) et it accepter des candidats. » II s’agissait donc de Grands inspecteurs et non de Princes Patriarches. Mais le Sanctuaire de Reuss s’ecroula encore en 1905 et prit alors le titre de Souverain Sanctuaire de l’Ordre des Anciens Francs-Ma~ons Templiers des Rites Ecossais, de Memphis et de Misraim pour l’Empire allemand On en etait arrive it Ia fondation de l’Ordo Ternph Orientis et, en effet, alors que son ((Empire ma~onniqie» etait pratiqiement dissous, Reuss, plit6t que de tout hitcher, se presentait dans le nimero de juillet-decembre d’Oriflamme comme 45 ouverain Grand Maitre general it vie des Ordres ma~onniques Ecossais, de Memphis et de Misraim dans et pour l’Empire allemand, Souverain Grand Commandeur, Grand Souverain absoli, Souverain Pontife, Souverain Grand Maitre de l’Ordo Temphi Orientis, Supreme Mage de Ia Fraternite Rose-Croix, Siperieur Inconni 33’, Termaximis Rdgent 1.0., etc. En realite, semi Aleister Crowley ainsi que nous l’avons vi he depassa en matiere de ~soiverainete de ce genre, et ih n’y a eu jusqu’it prdsent qu’un seul Franc-Macon modenne qui l’a, sinon depasse, di moms “. >. — — 176 LE5 RITES DE MISRAIM ET MEMPH]5 egale et il s’agit di fameux Philalettes d’Udine Mais il parait qu’il y a, en ce moment, quehque autre imitateur qui veuille suivre cet exemple. Il est difficile de comprendre comment, en 1908, en face de semblables precedents, Reuss ait Pu ~tre accueihhi it bras ouverts it Paris au Congres ma~onnique spiritialiste, et que l’on ait Pu accepter, en provenance d’ine telle source, me charte pour La constitution d’un Sanctiaire pour la France dont il n’y avait aucun besoin etant donne que Papus en possedait me de l’Antiguo y Primitivo Rito Oriental de Memphis y Mizraim delivree he 15 novembre 1906 par Villarino del Vi]1ar25 En verite, Papus se limite it dire it ce propos 26 ce que j’ai rapponte it ‘[a page 99 de ce hivre. De meme Philippe Encausse dans son ouvrage sir la vie de son pere, se refere it Ia plaquette de Bricaud pour declarer: ~de 1908 it 1916, Papus fut donc le Grand Maitre du Souverain Grand Conseil general di Rite de Memphis-Misraim pour La France ~ Il semble egalement que cette fameuse charte de Reuss ait disparm. Toutefois dans Oriflamme de juillet 1908, rapportant les resultats di Congres de Paris, Reuss ecrivail: .Papus et ses compagnons deciderent de constituer un Supreme Grand Conseil et Grand Orient du Rite Ancien et Primitif de Memphis et Misraim en France et furent heureux de recevoir une charte de Reuss ». Cette affirmation de Theodor Reuss (alias Mage Merlin, Pendragon, Wilsson, etc.), en accord avec celle de Bricaud, est l’uniqie preuve de 1’ heureise» delivrance de cette charte. Dans les archives de Papus, on trouve seulement un diplOme signe par Reuss, de mars 1908, au titre du Gross-Orient des Alten und Angenommenen Schottischen Ritus der >‘. 27 24. Voir G. VENTURA 1978, p. 97, note 24. 25. En fait Ia patente de la loge Humanidad, d~livr~e par Villa— rino del Villar, ne permettait d’initier qu’aux trois premiers degr~s symboliques. (N.D.T.) 26. G. ENcAussE Ce que doit savoir un Maitre Macon, Paris, 1910. 27. Ph. ENcAUSSE 1949, p. 127; mais ii est inl~ressant de lire tout le chapitre. — — 177 ADDENDA Freimaurer Supreme Grand Lodge des Swedenborg Ritus in Paris Ici, avant d’aller plus avant et de conclure, il est interessant de rapporter ce qi’un ecrivain de qualite et connaisseir incontestable di monde occultiste fran~ais qui dans cette affaire de La succession fran~aise de Memphis-Misraim est un des principaux temoins et protagonistes dit de la succession Teder-Bricaud et de Ia credibilite de ce qu’a affirme ce meme Bricaud. II s agit de Robert Ambelain, c’est-it-dire de celui qui, en se rechamant de la filiation Bricaud Chevillon Dupont, aurait delivre la charte pour ha constitution en Italie d’in Sanctuaire di Rite de Memphis-Misraim ~italien ». Nous suggerons de lire ce qu’il ecrit, it propos de l’objectivite de Bricaud, dans son ouvrage le Martinisme oii ii le considere comme insuffisamment documente ». En plus, dans une lettre di 21 fevrier 1960, adressee en Italie et pour information it Dupont et Encausse, Ambehain dit que selon Charles Detre (Teder) ~B ricaud etait un disciple de Vintras et jouait au cure~ et que sehon d’autres temoignages il n’avait re~u aucune succession de Teder, et ii conchut en affirmant que cette pretendue succession etait pour lii 4(un reve intdresse2~ Donc, selon Ambelain, Ia charte de Reuss de 1908 tant est qu’ehle ait jamais existd qui avait legitime, de ha maniere que nous avons vie, hes droits fran~ais sir Memphis-Mis raim, etait perimee depuis La mort de Teder, successeur de Papus, et elle ne peut pas non plus etre associee it celle de Villarino del Villar pour hes memes raisons. Mais Bricaud n’etait pas si stupide. Dans son opiscuhe, — >~. — — - - ~. — — 28. Idem, p. 129. Cependant il faut signaler que Philippe ENcAUSSE d6c]are (p. 128) qu’il n’a pas retrouve deux dipl6mes allemands, lorsqu’il a pu recuperer les archives de son p~re derobees par la Gestapo en 1942. D’autre part, on peut trouver dans l’Acacia n0 74 de fevrier 1909 (pp. 135-137) le ~exte de la patente d~livr6e par Reuss it Papus, qui n’est pas un mythe, meme si l’on peut discuter de la moralite de Reuss ou de la validit6 de cette palente. (N.D.T.) 29. Voir G. VENTURA 1978, pp. 51-52, note 1; et du meme auteur le num~ro 33 de Vie della Tradizione (Palerme), pp. 47-51. — 178 La page 12, annee 1919, il dcrivait: ((Un groupe de Ma9ons appartenant soit au Rite Fnan~ais (G.O.), soit au Rite Ecossais (G.L. et S.C.) et possedant egalement les hauts-grades du Rite de Memphis-Misraim, desireux, tout en nestant fideles it leur obedience (Grand Orient, Grande Loge ou Supreme Conseil) de travailler La Ma~onnerie au point de vie purement initiatique, prend la resolution de retablir he Rite de Memphis-Misraim en France. Ils reveihlent, it l’Orient de Lyon, la Mere-loge Humanidad” d’accord avec ha Puissance Ma9onniqie qui dehivra ha Charte de Constitution, en 1908, du Rite de Memphis Misraim pour La France. Cette meme Puissance dehivre au Frere Bricaud, le 10 septembre 1919, me Charte pour la constitution en France d’un Souverain Sanctuaire de Memphis-Misraim, et le 30 septembre, he Supreme Conseil des Rites Confederes des Etats-Unis lii delivre egalement une Charte pour l’etabhissement en France d’un Supreme Grand Conseil des Rites Confederes (Early Grand Scottish Rite, Memphis & Misraim, Royal Order of Scotland, etc.). Quelle etait La ((Puissance ~ qui avait donne La charte en 1908? Le fameux professeur Theodor Reuss, lequel, en conclusion de ses precedentes activites (membre de Ia Ligue Socialiste en Angleterre pour he compte de La police allemande sous le nom de Karl Theodor; journaliste it Siiddeutsche Presse de Munich, Berliner Zeitung de Berlin et Central News de Londres; auteur en 1887 de l’opuscule La Question matrimoniale d’un point de vue anarchiste, selon lequel ~avec La reorganisation de la Societe, la Revolution sociale et l’etabhissement di Coinmunisme, que nous proposons, la femme sera reellement libre et socialement egale it l’homme > ; agent provocateur des Services Secrets allemands, expulse en 1884 de La Ligue Socialiste), retourna en Allemagne au debut de ha Grande Guerre et travailla pendant une courte periode pour le contre-espionnage allemand it La frontiere hollan, daise, pus fut envoye en territoire neutre it Bitle, oii il 30. La loge Humanidad avait ~ constitu~e sur patente de 1’Espagne et, par consequent, Reuss n’etait pas concerne. 179 ADDENDA LBS RITES DE MISRAIM ET MEMPHI5 I travailla comme journaliste conrespondant et enseigna [‘anglais it l’Ecole Berlitz locale sous he nom de A.C. Theodor Reuss, Professeur honoraire de la Faculte des Sciences medicales appliquees de l’Universite de France. En 1917, il organisa, sous les auspices de l’O.T.O. ~ Ascona, sun le Lac Majeur, clans les hocaux de La Fondation Monte Verit&, un congres theosophiste qui dura une dizaine de jours et sir lequel, outre un compte rendi de Roberto Landmann, dans lequel on affirme que Reuss ~encaissa de l’argent en echange de l’octroi d’initiations it des hauts-grades », ii existe une lettre de lii, envoyee en Allemagne it un destinataire inconnu (pubhiee dans les fameux Protocoles des Sages de Sion, edition de 1919, Charlottenburg, p. 167) qui, entre autre, dit: ~Mon but secret, en organisant ce congres, est de rassembler les utopistes agraires, les vegetari ens, les theosophes, les pacifistes d’Espagne, d’Italie, de Hollande, de Russie, de France (etc.) et de changer leurs sentiments empoisonnes anti-allernands en quelque chose de plus favorable & l’Allemagne (...) Le drapeau du Congres cooperatif antinationahiste et l’ebauche de programme sont naturellement de purs camouflages (...) L’Allemagne devrait envoyer deux representants ma~onniques qui soient de vrais hommes du Monde et qui connaissent la veritable (et non off icielle) histoire de la Ma~onnerie et ses travaux politiques secrets. Tel etait Reuss auquel Bricaud s’adressa deux ans apres pour he renouvellement de Ia charte. IL apparait evident, en fait, it Ia lecture de cette lettre, qu’elle avait ete envoyee en Allemagne it tine autorite qui “noyautait» le Congres et avait interet it faire de ha propagande en faveur de l’Allemagne. Mais ce qui est plus etrange, c’est l’allusion claire faite au ((camouflage ~ et aux representants de ha Ma~onnerie non officielle. Mais cela ne s’arrete pas la. En 1918, Reuss pubhia ha traduction de ha messe ma~onnico-gnostique de Crowley, en annon~ant qi’on pouvait Ia recevoir en ecrivant au ((Professeir Theodor Reuss-Wihsson Boite postale 15268 B&Ie ». Le Professeur se presentait comme ((he Chef des Neo-Chretiens Gnostiques et Temphiers Orien— — 180 ADDENDA LB5 RITE5 DE MI5RAIM ET MEMPHI5 taux, Carolus Albertus Theodorus Peregrinus, Souverain Patriarche et Pnimat de l’Eglise Gnostique Cathohique ~, Vicaire de Salomon et Grand Maitre de l’O.T.O. Le 25 mai 1919, iL fondait it Zurich Le Grand Orient suisse di Rite Ecossais Ancien et Accepte (Cerneau) en 33 degres et, en juillet 1920, il prit part dans ha meme ville au Congres de ha Federation Ma~onnique Internationale, diigee par Le bien conni Matthew Mac Blain Thomson, de Salt Lake City (Etats-Unis), lequel, deux ans plus tard, fut condanine it une peine de prison, pour utilisation illegale des postes americaines en vie de vendre de faux grades ma~onniques. Ce que publia Thomson, en septembre 1920, dans son pdriodique the Universel Freemason, ne manque pas d’in tenet: ~J ‘ai egalement rencontre le Frere Reuss. IL est typiqiement allemand, youlant arriver it ses fins, sinon preferant tout demolir. J’ai decouvert qu’il avait re~u me charte du Frere Yarker, lui donnant le pouvoir d’etabhir le Rite en Allemagne, et que, grace it ~a, il prelevait une commission sur chaque candidat re~i. IL voulait que je suive le meme processus, et, sur mon refus, est deveni furieux et a dit qu’il ne permettrait it aucun Anglais ou Ecossais de se meler de ses affaires privees. Puis ii a demande qi’il y ait en Suisse deux organismes separes reconnus comme membres de la Federation, c’est-it-dire le Grand Orient (sur lequel il percevait des commissions) et ce qi’il se plaisait it appeler le Souverain Sanctuaire du Rite de Memphis. Et, comme ce denier n’abritait que sa propre personne, je Lui ai dit que nous ne pouvons pas reconnaitre in organisme qui ne possede pas d’administration reguliere ~ Comme on le voit, tout n’ahlait pas panfaitement bien, meme entre (( comperes ~, et ceci semble justifier La lettre d’Adelchi Borzi, que j’ai reproduite en partie it la page 122 de ce Iivre. Au sujet de la charte dii 30 septembre 1919 delivree it Bricaud par he Supreme Grand Conseil des Rites Confe~. 31. Cette Eglise soi-disant ~Gnostique Catholique fut peut-etre un cadeau de Bricaud qui selon Tt~der et Ambelain jouait au cur6? 32. E. HowE et H. M&LER 1978. — — — 181 deres des Etats-Unis, ne s’agit-il pas, par hasard, di meme Thomson ? J’ai entre les mains un imprime de ha Spiritual Grand Lodge and Universal Orient (S.OM.A.) de 1948 qui me fait supposer qu’il s’agit de quelque chose de semblable. Ces notes complementaires sont terminees, tout au moms pour cette edition. Je souhaite que l’on ne me mette pas it nouveau en cause, car j’ai ha possibilite, pour me defendre d’autres eventuelles accusations, d’apporter de nouveaux elements dans la troisieme edition de ce Iivre. Et je serai egalement pret, ainsi que j’en ai l’habitide, it reconnaitre les erreurs que je pourrais avoir commises. De meme, je confirme que je n’ai 6mis aucun jugement ni aucune critique sinon dans L’interpretation logique de documents qui sont arrives dans mes mains, ainsi que doit le faire toute personne qui essaye avec honnetete et objectivite d’ecrire h’histoire. Manifestement comme je l’ai dejit ecrit dans ha preface de janvier 1975 il serait absurde de pretendre avoir ((tout ~ rassemble et examine. Mais il me semble avoir rassemble et examine beaucoup plus que mes accusateurs. Je comprends que consulter des livres, aller fouihler dans les archives et les bibhiotheques, examiner des documents, des lettres, clans des langues diverses, constitue in tres gros effort. Mais Ia verite, om au moms me partie de cette verite, ne peut pas resulter de l’6nonc6 d’ine dizaine de faits chronohogiques sans autre preuve que leur transcription sir me liste, ni de l’affirmation que ces faits sont la verite seulement parce qu’un tel les a dictes ou ecnits it tel ou tel autre. II faut aller chercher he document qui prouve le fait et, tine fois qu’on l’a trouv6, chercher egalement pourquoi, comment et par qui il fut redige. — I — Je laisse it qui me hira le soin de juger s’il fallait aussi balayer devant ma porte et je ne fais aucun autre commentaire. ANNEXE A L’1~DITION FRAN~AISE Grades des Rites de MisraYm, Ecossais Ancien et Accepte, Ancien et Primitif, de Memphis-Misraim’ I I’ ~ 1. Pour Ics Rites des Illumines d’Avignon, Adonhiramite, des Philalethes, de Memphis, de Swedenborg, National Espagnol et Philosophique Italien, voir ci-dessus respectivement aux pages 43, 56, 64, 71, 93 et 113. GRADES DU RITE DE MISRAIM Selon les Statuts de 1816 PREMIERE SERIE (SYMBOLIQUE) J~ classe 1. Apprenti 2. Compagnon 3. Maitre 20 classe 4. Maitre Secret 5. Maitre Parfait 6. Maitre par Cuniosit~, ou Secr6taire Intime 7. Maitre en Israel, ou Prdv6t et Juge 8. Maitre Anglais 30 classe 9. Elu des IX 10. Elu de l’Inconnu 11. Elu des XV 12. EIu Parfait 13. Jilustre 40 classe 14. Ecossais Trinitaire 15. Ecossais Compagnon 16. Ecossais Maitre I 17. Ecossais Panissiere 18. 19. 20. 21. 50 Maitre Ecossais Ecossais des JJJ (ou des Trois J) Ecossais de la Voitte sacr6e de Jacques VI Ecossais de Saint-Andr6 classe 22. Petit Architecte 23. Grand Architecte 24. Architecte 25. Apprenti Parfait Architecte 186 LBS RITE5 DE MISRAIM ET MEMPHIS 26. Compagnon Parfait Architecte 27. Maitre Parfait Architecte 28. Parfait Architecte 29. Sublime Ecossais 30. Sublime Ecossais d’Heredom 6 classe 31. Royal Arche 32. Grand Hache (ou Grand Arche) 33. Sublime Chevalier du Choix, Chef de la Premiere S~rie DEUXIEME SERIE (PHILOSOPHIQUE) 7 elasse 34. Chevalier du Sublime Choix 35. Chevalier Prussien 36. Chevalier du Temple GRADE5 DU RITE DE MI5RA1M 60. 61. 62. 63. 64. Souverain des Souverains Maitre des Loges Tres Haut et Tres Puissant Chevalier de la Palestine Chevalier de l’Aigle Blanc 65. Grand Elu Chevalier Kadosch, Grand Inspecteur 66. Grand Inquisiteur Commandeur, Chef de la Deuxieme S~rie TROISIEME SERIE (MYSTIQUE) iP classe 67. Chevalier Bienfaisant 68. Chevalier de l’Arc en Ciel 69. Chevalier du Banuka ou de in Kanuka, dit Hinaroth 70. Tres Sage Isra6lite Prince 12’ classe 71. Souverain Prince Talmudim 37. Chevalier de l’Aigle 72. Souverain Prince Zadikun 73. Grand Haram 130 elasse 74. Souverain Grand Prince Haram 75. Souverain Prince Hassid & elasse 42. Commandeur d’Orient 43. Grand Commandeur d’Orient 44. Architecte des Souverains Cominandeurs du Temple 45. Prince de Jerusalem 14’ classe 9 classe 46. Souverain Prince Rose-Croix de Kilwinning et d’Heredom 47. Chevalier d’Occident 15 classe Souverains Princes des 78’, 79,, 80’ et 81 degres 38. 39. 40. 41. Chevalier de l’Aigle Noir Chevalier de l’Aigle Rouge Chevalier d’Orient Blanc Chevalier d’Orient 48. Sublime Philosophe 49. Chaos 1’, Discret 50. Chaos 2, Sage 51. Chevalier du Soleil 10 elasse 52. Supreme Commandeur des Astres 53. Philosophe Sublime 54. Clavi-Ma~onnique P’, Mineur 55. Clavi-Ma~onnique 2, Laveur 56. Clavi-Ma~onnique 3’, Souffleur 57. Clavi-Ma~onnique 4, Fondeur 58. Vrai Macon Adepte 59. Elu Souverain 187 76. Souverain Grand Prince Hassid 77. Grand Inspecteur, Intendant Regulateur general de l’Ordre QUATRIEME SERIE (HERMETICO-CABALISTIQUE) 16 classe Souverains Princes des 82’, 83’, 84’, 85’ et 86’ degres 17’ classe administrative 87. Souverain Grand Prince, Grand Ministre, Representant de l’Ordre pour la Premiere S6rie 88. Souverain Grand Prince, Grand Ministre, Representant de l’Ordre pour la Deuxieme Serie 89. Souverain Grand Prince, Grand Ministre, Representant de l’Ordre pour Ia Troisieme Serie 90. Souverain Grand Maitre absolu, Puissance Supreme de l’Ordre 17 classe du Regime de Naples Arcana Arcanorum (87’, 88’, 89’ et 90’ degres) GRADES DU RITE ~COS5AI5 189 21. Chevalier Prussien ou Patriarche Noachite 22. Chevalier Royal Hache ou Prince du Liban 23. Chef du Tabernacle 24. Prince du Tabernacle 25. Chevalier du Serpent d’Airain 26. Ecossais Trinitaire ou Prince de Mercy 27. Grand Commandeur du Temple ou Souverain Commandeur du Temple de Jerusalem 28. Chevalier du Soleil GRADES DU RITE 1~COSSMS ANCIEN ET ACCEPTI~ 29. Grand Ecossais de Saini-Andr~ d’Ecosse 30. Grand Elu Chevalier Kadosch ou Chevalier de l’Aigle Blanc et Noir TRIBUNAL 31. Grand Inspecteur Inquisiteur Commandeur LOGE BLEUE OU ATELIER SYMBOLIQUE 1. Apprenti 2. Compagnon 3. Maitre LOGE DE PERFECTION MaItre Secret Maitre Parfait 6. Secr~taire Intime 7. Pr~v8t et Juge 4. 5. 8. 9. 10. 11. Intendant des BAtiments Maitre Elu des Neuf Illuslre Elu des Quinze Sublime Chevalier Elu 12. Grand Maitre Architecte 13. Chevalier de Royal Arch 14. Grand Elu de la Vo~te Sacr6e ou Sublime Ma~on CHAPITRE 15. Chevalier d’Orient ou de l’Ep~e 16. Prince de Jerusalem 17. Chevalier d’Orient et d’Occident 18. Souverain Prince Rose-Croix AREOPAGE 19. Grand Pontife ou Sublime Ecossals de la J6rusalem Cdleste 20. V6n~rable Grand Maltre de toutes les Loges r~gulieres ou Maitre ad Vitam CONSISTOIRE 32. Sublime Prince du Royal Secret CONSEIL SUPREME 33. Souverain Grand Inspecteur g&i~ral GRADES DU RITE ANCIEN ET PRIMITIF 5 elasse ‘ 18. Chevalier Kadosch 19. Chevalier du Royal Mystere 20. Grand [nspecteur SERIE III GRADES DU RITE ANCIEN ET PRIMITIF (Memphis en 33 degr~s) Selon la Constitution de John Yarker de 1875 MA~ONNERIE SYMBOLIQUE 1” I. 2. 3. classe Apprenti Compagnon Maitre SERIE] CHAPITRE DE ROSE-CROIX - 2’ classe 4. Maitre Discret 5. Maitre Sublime 6. Chevalier de l’Arche Sacr~e 7. Chevalier de la Voitte Secrete 3’ elasse 8. Chevalier de PEp~e 9. Chevalier de 3~rusalem 10. Chevalier d’Orient 11. Chevalier Rose-Croix SERIE II 4’ classe - SENAT DE PHILOSOPHES HERMETIQUES 12. Chevalier de l’Aigle Rouge 13. Chevalier du Temple 14. Chevalier du Tabernacle 15. Chevalier du Serpent 16. Sage de la Write 17. Philosophe Herm~tique - GRAND CONSEIL elasse 21. Patriarche Grand Ins tallateur 22. Patriarche Grand Cons~crateur 23. Patriarche Grand Eulogiste 6’ 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. Patriarche de la V~rit~ Patriarche des Planispheres Patriarche des Wdas Sacres Patriarche d’Isis Patriarche de Memphis Patniarche de la Cite Mystique Sublime Maitre du Grand CEuvre Classe officielle 31. Grand Nfenseur du Rite 32. Prince de Memphis 33. Patriarche Grand Conservateur 191 GRADES DU RITE DE MEMPHIS-MISRAIM SENATS GRADES DU RITE DE MEMPIIIS-MISRAIM2 19. Chevalier de l’Aig]e Rouge 20. Chevalier du Temple 21. Sublime Alesophilote 22. Chevalier du Liban 23. Chevalier de Heredom 24. Chevalier du Tabernacle 25. Chevalier du Serpent 26. Chevalier Sage de Ia Verite 27. Chevalier Philosophe Hermetique 28. Chevalier de la Clef 29. Chevalier de l’Aigle Blanc LOGES 1. Apprenti 2. Compagnon 3. Maitre COLLEGES 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. Maitre Discret Maitre Parfait Maitre Sublime Sublime Epopte Chevalier de l’Iris Sublime Minerval Chevalier de la Toison d’Or Grand Elu Mysophilote Chevalier du Triangle Chevalier de l’Arche Sacree Chevalier de la Voiite Sacree CI-LAPITRES 15. Chevalier de l’Epee 16. Chevalier de Jerusalem 17. Chevalier d’Orient 18. Chevalier Rose-Croix 2. Ce Rite fut fonde par John Yarker ~ partir du Rite de Memphis auquel il amalgama certains grades d’autres Rites. Apres John Yarker, la Grande Maitnise generale de ce Rite a ete exercee successivement par Theodor Reuss, Jean Bricaud, Constant Chevillon, Henry Charles Dupont et Robert Ambelain. Ce Rite est distinct du Souverain Sanctuaire des Rites Unis de Misraim et Memphis fonde ~ Venise en 1945 par M.E. Allegri. (N.D.T.) AREOPAGES 30. Chevalier Kadosch 31. Chevalier de l’Aigle Noir 32. Chevalier du Royal Secret 33. Chevalier Grand Inspecteur CONSISTOIRES 34. Chevalier de Scandinavie 35. Sublime Commandeur du Temple 36. Sublime Negociate 37. Chevalier de Shota (Adepte de la Venite) 38. Sublime Elu de la Verite 39. Grand Elu des Eons 40. Sage Sivaiste (Sage Parfait) 41. Chevalier de l’Arc en Ciel 42. Prince de la Lumi~re 43. Sublime Sage Hermetique 44. Prince du Zodiaque 45. Sublime Sage des Myst~res 46. Sublime Pasteur des Huts 47. Chevalier des Sept Etoiles 48. Sublime Gardien du Mont Sacre 49. Sublime Sage des Pyramides 50. Sublime Philosophe de Sainothrace 51. Sublime Titan du Caucase 52. Sage du Labyrinthe 53. Chevalier du Phenix 54. Sublime Scalde 55. Sublime Docteur Orphique 56. Pontife de la Cadmee 57. Sublime Mage 58. Prince Brahmine 59. Grand Pontife de l’Ogygie 193 194 LES RITES DE MISRAIM F~ MEMPHIS 60. Sublime Gardien des Trois Feux 61. Sublime Phiosophe Inconni 62. Sublime Sage d’Eleusis 63. Sublime Kawi 64. Sage de Mithra 65. Patriarche Grand ]nstallateur 66. Patriarche Grand Cons~crateur 67. Patriarche Grand Eulogiste 68. Patriarche de la V~rit~ 69. Chevalier du Rameau d’Or d’Eleusis 70. Patnarche des Planispheres 71. Patriarche des Vedas Sacres GRANDS CONSEILS 72. Sublime Maitre de la Sagesse 73. Docteur du Feu Sacr~ 74. Sublime Maitre du Sloka 75. Chevalier de la Chaine Libyque 76. Patriarche d’Isis 77. Sublime Chevalier Theosophe 78. Grand Pontife de la ThebaYde 79. Chevalier du Sadah Redoutable 80. Sublime Elu du Sanctuaire 81. Patniarche de Memphis 82. Grand Elu du Temple de Midgard 83. Sublime Chevalier de la Vall~e d’Addy 84. Docteur des Izeds 85. Sublime Maitre de l’Anneau Lumineux 86. Pontife de S~rapis 87. Sublime Prince de la Ma~onnerie 88. Grand Elu de Ia Cour Sacr~e 89. 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