Histoire de l`Orient Antique (pdf 3 Mo)

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Histoire de l`Orient Antique (pdf 3 Mo)
Histoire de l'Orient antique
L’histoire commence il y a quelques milliers d’années dans un ensemble géographique qu’on appelle
aujourd’hui Proche-Orient et qui recouvre pour l’essentiel l’Irak, la Syrie, le Liban, Israël et la Palestine actuels.
Palais, temples, tablettes couvertes d’écritures, statues aux yeux de lapis-lazuli, bijoux et parures d’or, basreliefs, … c’est dans cette vieille terre de Mésopotamie que s’inventent la ville, l’écriture, les mythes, les dieux
et Dieu. C’est là que s’opère un extraordinaire brassage de peuples et de cultures : Sumériens, Akkadiens,
Elamites, Babyloniens, Hittites, Egyptiens, Assyriens, Araméens, Phéniciens, Juifs, Perses, … Tous participent à
ce monde mouvant, où l’on se fait la guerre, mais où les échanges, dans tous les domaines, sont riches et
nombreux. C’est là que va se construire une civilisation très riche qui, à bien des égards, est l’ancêtre de la
nôtre.
Au commencement, les hommes vivaient dans des abris sous roche et tiraient leur subsistance de la chasse,
de la pêche et de la cueillette... Peu nombreux, ils se déplaçaient en petits groupes et jouissaient sans trop de
mal des fruits de la Terre.
- 15.000, avant l’agriculture
Autour de -15.000, avec la fin de la dernière
glaciation, le climat du Proche-Orient devient plus
chaud et plus humide. Cela favorise la prolifération
des céréales sauvages au pied de l’arc montagneux
qui s’étend des chaînes du Levant aux monts du
Taurus et du Zagros, dessinant ainsi la zone connue
sous le nom de « Croissant fertile ». Dans ce
Croissant fertile, de grands fleuves favorisent
l'irrigation des champs et compensent la raréfaction
des pluies : le Nil, qui traverse l'Égypte, le Jourdain,
qui baigne la Palestine et surtout le Tigre et
l'Euphrate dont le bassin forme la Mésopotamie
(aujourd'hui l'Irak).
Ces premiers hommes utilisaient des pierres et des os pour se défendre, découper la viande et déterrer les
racines. Pour rendre ces outils rudimentaires plus coupants et plus pointus, ils les taillaient avec du silex. On a
pu calculer qu'une personne pouvait récolter en deux semaines assez d'engrain sauvage pour nourrir une
famille de quatre personnes pendant un an.
Profitant des nouvelles facilités offertes par la nature, les hommes vont stabiliser leur habitat en abandonnant
les grottes et abris naturels pour aménager des petites constructions circulaires, conçues sur le modèle des
huttes, mais à demi enterrées dans le sol.
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- 12.500, premiers villages
A partir de -12.500, des groupes de 200 à 300 personnes commencent à s’établir collectivement dans de
petites unités d’habitat sédentaire (dans la région de l’actuelle Israël) rassemblant quelques dizaines de
maisons de taille modeste et de forme circulaire (3 à 5 m de diamètre) aux murs de bois. Ils se regroupent
dans des villages pour des raisons sociales, culturelles, rituelles... et aussi parce qu'ils y trouvent plus de
confort. C’est le cas en particulier des femmes enceintes ou en charge de nourrissons, des handicapés et des
personnes âgées.
La sédentarisation ne s’accompagne pas tout de suite du développement de l’agriculture. Les premiers
sédentaires restent pendant plusieurs milliers d’années des chasseurs-cueilleurs, alors qu’en Europe, la
sédentarisation et le développement de l’agriculture et de l’élevage seront simultanés (vers - 5.000).
A partir de -10.000, l’habitat se perfectionne : les maisons, toujours de forme circulaire, sont construites
directement à la surface du sol avec des murs de pierre ou de pisé.
- 9.500, premiers semis
De - 9.500 à - 8.700, les premières expérimentations de mise en culture de céréales sauvages sont réalisées,
principalement l’orge et le blé. A côté des graminées, des légumineuses sont également cultivées : pois, pois
chiches, lentilles, fèves. C’est bien l’agriculture que les hommes inventent alors dans cette aire privilégiée. Les
Natoufiens du Mont Carmel (Israël) domestiquent le chien. Il faudra attendre trois mille ans avant de
domestiquer un nouvel animal : la chèvre. L’économie de prédation fait place à une économie de production :
l’homme prend possession du milieu naturel.
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- 7.500, essor des sociétés agricoles
Quelquefois, de véritables bourgades se constituent, à
l’image de Jéricho, dans la vallée du Jourdain, qui s’entoure
d’un imposant mur de pierres, dominé par une tour haute de
plus de 8 m, considérée comme le vestige d'édifice public le
plus ancien au monde.
De telles réalisations ne peuvent se concevoir sans une
mobilisation
collective
de
la
communauté,
vraisemblablement coordonnée par une autorité reconnue.
Les maisons restent circulaires mais s’agrandissent, des murs
divisent l’espace intérieur.
La population augmente fortement par la combinaison de deux facteurs : une croissance démographique
interne due au développement de l’agriculture, et un afflux de populations jusque-là non sédentaire attirées
par le nouveau mode de vie. Au début du IXe millénaire, les premières constructions rectangulaires
apparaissent et les premières expériences de cuisson de l’argile ont lieu.
A partir de - 7.000, le plan rectangulaire et pluricellulaire des constructions devient la règle. La forme ronde
est dès lors réservée aux maisons communautaires ou aux sanctuaires. Des édifices à vocation collective sont
érigés au centre de certains sites. Lieux de rassemblement de la population à l’occasion de cérémonies
collectives, ils reçoivent également les corps des défunts, maintenant ainsi un lien direct entre les vivants et
les morts, et perpétuant à travers les générations la continuité du groupe.
La maitrise du milieu naturel s’accroit avec la domestication d’espèces animales destinées à l’alimentation :
chèvres et moutons. Tandis que l’élevage se développe, la chasse continue à être pratiquée (gazelle, gros
gibier), mais elle ne fournit plus désormais qu’un complément alimentaire.
La céramique fait son apparition et le travail du métal commence à susciter de
l’intérêt. Les petits objets fabriqués (perles, épingles), le plus souvent en cuivre
(produit à partir de la malachite) ou en plomb, entrent dans les circuits
d’échange. Les hommes apprendront plus tard à produire de l'étain (à partir de
la cassitérite) et du bronze (en mélangeant le cuivre et l'étain), un alliage qui se
prête à la fabrication d'armes et d'outils. L’élevage s’étend à de nouvelles
espèces, bovidés et porcins, plus difficiles à domestiquer.
Entre - 7.500 et - 6.200., c'est l'explosion, le «grand exode» ! Des migrants diffusent l'économie urbaine et
agro-pastorale du néolithique au-delà du Moyen-Orient, vers l'Europe comme vers les monts Zagros (Iran).
En Anatolie (Turquie actuelle), on en
trouve les traces à Cayönu, Portasar et
Nevali ainsi qu'à Catal Hüyük. Cette
grosse bourgade qui s’étend sur 12
hectares, prospère grâce au commerce
de l’obsidienne qui est extraite des
chaînes volcaniques environnantes.
Une population nombreuse y vit dans des maisons en brique crue, serrées les unes contre les autres,
qu’aucune rue ne vient séparer, la circulation se faisant par les toits en terrasses. Certaines de ces maisons
sont décorées de peintures murales et de reliefs en argile moulée où prédominent le motif du taureau et celui
d’une puissante figure féminine, aux formes exagérées et représentée le plus souvent en situation
d’enfantement (déesse de la fécondité).
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L'émergence de la sédentarisation et de l'agriculture a partout des conséquences sur l'organisation sociale.
Les paysans font appel à des artisans spécialisés pour leur fournir les outils et les vêtements dont ils ont besoin.
Ces artisans tissent la laine du mouton ainsi que des fibres végétales comme le lin ou le chanvre, pour en faire
des vêtements. D'autres fabriquent des poteries en terre cuite pour conserver les céréales et l'huile ainsi que
pour cuire les aliments... Chacun essaie de se prémunir contre le risque de se faire dépouiller de ses cultures
et de ses provisions. Ainsi naissent la propriété et le droit qui s'y attache.
- 6.000, les sociétés se hiérarchisent
Au cours du VIe millénaire, l’âge d’or des sociétés villageoises fondées sur une
organisation égalitaire et coopérative s’estompe au profit de sociétés
hiérarchisées. Cela se manifeste par la construction de grands édifices
communautaires : vaste salle centrale dotée de banquettes qu’entourent de
nombreuses pièces, murs en brique crue renforcés de pilastres et percés
d’accès multiples.
La mise en œuvre d’un tel projet suppose l’existence d’une autorité
collectivement reconnue dont le statut est régulièrement confirmé par l’usage
même de l’édifice. Elle signe l’apparition dans la société de relations de
dépendance, marque d’une inégalité naissante.
Les bâtiments augmentent en taille atteignant 300 m2, les murs sont plus épais,
les accès plus nombreux, le décor plus riche. Les cérémonies collectives
organisées dans ces édifices leurs confèrent sans doute une certaine valeur
sacrée, mais il ne s’agit pas là de sanctuaires.
Les petites communautés paysannes qui, pendant des millénaires, ont constitué l’unique cadre de vie des
hommes, commencent à laisser place à des agglomérations qui prennent de plus en plus d’ampleur. Une classe
de notables s’y constitue, dont les membres s’enrichissent par le contrôle qu’ils exercent sur la circulation des
marchandises et sont investis d’un certain pouvoir.
- 5.000, travail du métal
C’est au Ve millénaire en Mésopotamie que le travail du métal permet
à l'humanité de faire un bond en avant : en perfectionnant les fours,
les artisans parviennent à élaborer des instruments plus grands et
solides (culture d’Obeïd).
Ainsi naît l'araire, qui permet de creuser des sillons dans la terre pour
y jeter les semences. On ne tarde pas à la compléter par un semoir : les
semences sont versées non plus à la volée mais à travers un tube en
roseau fixé au manche de l'araire. Cet outil-verseur va augmenter de
moitié les rendements céréaliers par rapport au semis à la volée.
La découverte de la technique de l'alliage permet de produire des outils en bronze, mélange de cuivre et
d’étain, plus résistants et faciles à travailler (avec l'arrivée du fer vers - 1.500, les moyens de traction et de
défrichement gagneront encore en solidité).
A la même époque : le lac Tchad a une surface d’un million de km2 (440 fois sa surface actuelle), début de
l’utilisation de la voile en Egypte, développement de la culture inondée du riz en Chine, culture du maïs au
Mexique, domestication du cheval en Eurasie
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- 3.400, invention de la roue
Quand, vers - 3.400, un scribe mésopotamien reproduit sur sa tablette un simple rond, il ne sait pas que cette
première représentation de la roue, va marquer une étape majeure dans le progrès technique. Cette création,
issue probablement de l'utilisation de rondins de bois, va susciter l’apparition du tour du potier, de la charrette
et du char de combat.
A la même époque : hybridation des céréales en Amérique du sud, premières techniques de tissage de la soie
en Chine, début de l’Ancien Empire en Egypte qui durera de 3000 à 2100 (Memphis capitale des pharaons),
premiers hiéroglyphes, début d’utilisation de la laine des ovins en Asie Mineure.
Le préhistorien Jacques Cauvin propose une concordance singulière entre les événements immémoriaux
auxquels la Bible des Hébreux fait référence et le déroulement de la révolution néolithique : ainsi la découverte
de la nudité par Adam et Ève serait-elle assimilable à la révélation de la finitude de la vie ; la perte du jardin
d'Eden traduit l'éloignement de la divinité (cet éloignement se retrouve dans l'opposition en architecture entre
le cercle - temple - et le rectangle - maisons ordinaires -) ; Caïn illustre l'avènement de l'agriculture et Abel, son
frère cadet, de l'élevage.
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Les cités-états de Sumer (-2900 à -2300)
La grande plaine alluviale de Mésopotamie méridionale est
dans la seconde moitié du IVe millénaire le théâtre de cette
mutation décisive des sociétés humaines que constitue
l’émergence des villes.
Plusieurs centres urbains s’y développent le long des bras de
l’Euphrate et du Tigre, dans la région de Sumer, à l’image
d’Uruk qui s’étend sur 250 hectares et abrite près de 50.000
habitants.
Vers - 3.000, Uruk dépasse en surface l’Athènes du Ve siècle
et la Rome d’Auguste.
La cité est une cellule économiquement autonome,
regroupant une capitale urbaine, des villages, des terres
arables irriguées, un territoire et une administration complète
pour gérer tout cela.
La majorité de la population est urbaine et ne participe plus à
la production agricole : les villages alentour assurent
désormais l’essentiel de son approvisionnement.
Uruk est à l'origine de la première écriture de l'histoire
humaine. Il s'agit de signes gravés avec la pointe d'un roseau
sur des tablettes d'argile humides qui sont ensuite séchées au
soleil ou cuites au four. Ces signes sont en forme de clous ou
de coins d'où le qualificatif de cunéiforme donné à cette
écriture (du latin cuneus, coin).
C’est grâce à l’écriture qu’Uruk nous a laissé la légende épique
du roi-héros Gilgamesh qui évoque un déluge semblable à
celui de la Bible.
Parmi les quelque 5.000 documents écrits retrouvés à Uruk, la
plupart sont de nature économique.
D’autres documents marquant les débuts d’une mise en
forme théorique du monde, dans laquelle s’inscrit la nouvelle
organisation sociale en cours d’élaboration.
Un document énumère les titres et dénominations des
principales professions selon un ordre hiérarchique. Au
sommet de la pyramide sociale, un personnage dont le titre
prendra ultérieurement la signification de « roi ».
Détail de l’étendard d’Ur
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Dans la première moitié du IIIe millénaire, la BasseMésopotamie est partagée en de nombreux petits Etats à
caractère monarchique, centrés chacun sur une ou plusieurs
villes mais dont le territoire ne s’étend guère au-delà de leur
arrière-pays agricole.
Au sud, les cités-Etats de Sumer : Ur, Eridu, Obeid, Uruk, Larsa,
Lagash, Girsu, Umma, Isin, Nippur.
Au nord, les cités-états d’Akkad : Kish, Assur, Subir.
Cité de Lagash
Un axe majeur de l’activité du commerce mésopotamien est orienté vers l’est et le monde iranien, et vers le
sud-est et la plaine de Susiane que les Sumériens appellent Elam et dont la ville de Suse est la métropole. A
mi-chemin entre la Basse-Mésopotamie et la Syrie, la fondation de Mari répond au développement du
commerce en direction du nord-ouest. Au cœur de la Syrie, la cité d’Ebla connait également un brillant essor
entre la vallée de l’Euphrate à l’est, le plateau anatolien au nord et le littoral méditerranéen au sud-ouest où
s’est développé le port de Byblos qui entretient des relations maritimes régulières avec l’Egypte.
Vers 2500, Ebla est la capitale
d’un Etat puissant qui fait
peser une menace de plus en
plus forte sur le commerce qui
transite vers la Mésopotamie.
La concurrence croissante
d’Ebla sera un facteur décisif
de l’émergence en BasseMésopotamie d’une structure
renforcée et centralisée.
Les nombreuses cités-états du monde mésopotamien semblent avoir été régies par des institutions de même
nature bâties sur une structure pyramidale centralisée. Chaque cité est dirigée par un potentat dont la dynastie
a été désignée par les dieux. Il assure le bon fonctionnement de la cité, se préoccupe de l’acquisition des
richesses manquantes par la diplomatie ou la guerre de razzia ou de conquête, il s’assure que les temples sont
bien entretenus, les dieux bien soignés, et les fêtes en leur honneur bien organisées, il rend la justice selon
son sens personnel et éventuellement fait mettre par écrits ses sentences afin de servir d’exemple. Il est aidé
dans sa tâche par un conseil des ministres et commandent à de nombreux fonctionnaires.
On distingue trois classes : les notables (prêtres, lettrés, riches marchands ou propriétaires, fonctionnaires
importants, chefs de village, officiers, …), les simples citoyens (ouvriers, paysans, petits artisans ou marchands,
chasseurs, …) et les esclaves (citoyens condamnés et prisonniers de guerre).
Le rôle du clergé est particulièrement important ; il est chargé de l’entretien des dieux qui résident dans les
temples (repas, toilettes, chants, offrandes, cérémonies, …). Pour ce faire il rassemble les dons, gère les terres
et les troupeaux et emploie de nombreux ouvriers et artisans. Le temple est un véritable palais pour le dieu
de la cité et sa cour. Ville dans la ville, séparée d’elle par une clôture de briques, il loge les dieux, les prêtres
et tous les fonctionnaires et artisans dédiés à son service.
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Les marchands sont missionnés par l’Etat pour échanger les biens produits dans le Pays contre ceux qui y font
défaut. Les principales sources étrangères de matières premières sont l’or et l’étain du Meluhha (l’actuelle
vallée de l’Indus), dattes et céréales de Dilmun (Bahreïn, Koweit), pierres semi-précieuses et argent de l’Elam,
bétail chez les nomades ammorites du nord-ouest (Syrie). Les marchands ont un rôle primordial dans la
diffusion de la civilisation, et notamment de l’écriture. Les échanges sont en effet toujours consignés par écrit
par un scribe ; un acte non écrit n’est officiellement pas reconnu. De véritables notaires enregistrent les
transactions pour le compte des marchands. Ceux-ci signent la tablette d’argile en faisant rouler leur sceaucylindre sur l’agile fraiche, laissant ainsi une marque de propriété incontestable.
L’armée maintient l’ordre, garde les palais, protège des incursions de nomades, réprime les révoltes et opère
des razzias ou effectue des conquêtes pour le roi. L’armée sumérienne repose sur la phalange lourde de
fantassins armés de lances, et couverts d’une cape de cuir. Les officiers supérieurs sont montés sur des chars
à quatre roues tirés par des onagres (genre d’âne) conduits par un aurige. Ces chars servent au transport du
combattant et en aucun cas à la charge. La monte de quadrupèdes est inconnue. Les armées akkadiennes sont
plus légères et emploient plus généralement le javelot et l’arc.
Le Pays entre les fleuves est une
terre alluvionnaire très fertile,
pourvu qu’on y amène l’eau par
des canaux (la pluie est rare). La
richesse du Pays est donc
tributaire de l’irrigation, dont
l’entretien et le développement
est pris en charge par la cité.
La vue artistique ci-contre
montre que la ville de Mari
dépendait
étroitement
de
l'Euphrate pour l'irrigation de
son territoire agricole et sa
défense militaire.
Toute la production est rassemblée par la cité pour être redistribuée. Cette centralisation et mise en commun
des biens nécessite une comptabilité rigoureuse : c’est le rôle des nombreux scribes qui enregistrent sur leurs
tablettes les entrées et sorties, et calculent les quantités à répartir et à distribuer.
A part les palais, temples et murailles, faits de briques séchées ou cuites (plus solides), les constructions sont
en torchis de roseaux et argile. Les cloisons, les toits ou les haies sont faits de roseaux tressés, étanchéifiés au
bitume. Outre l’invention de l’irrigation, de l’araire, de la roue et de l’écriture, les apports des cités
sumériennes s'étendent également à l'astronomie et au calcul. Nous leur devons la division sexagésimale du
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temps et du cercle : 60 minutes dans une heure, 24 heures dans une journée, 360 degrés dans un cercle. À la
lumière de toutes ces avancées civilisatrices, on conçoit que les auteurs de la Bible aient situé le paradis
terrestre en Mésopotamie.
Le rassemblement par le souverain sumérien Lugalzagesi
des grandes cités de Mésopotamie méridionale sous une
même autorité inaugure un procès d’unification devenu
inéluctable en cette fin de XXIVe s.
L’organisation politique traditionnelle, fondée sur le
modèle de la cité-état, est de moins en moins adaptée, en
raison du morcellement qu’elle engendre, à
l’accroissement des besoins en matières premières
suscité par l’essor démographique et économique de la
région.
Un contrôle plus direct des sources d’approvisionnement
s’impose désormais, d’autant que celles-ci sont bien
souvent lointaines. Ainsi des produits comme le bois et
les minerais, dont la Mésopotamie est totalement
dépourvue, doivent-ils être acheminés depuis les
montagnes du Levant et de l’Anatolie, ou bien encore des
rivages méridionaux du Golfe.
A la même époque : construction des premières pyramides (Saqqarah en 2650, Khéops en 2530), début de la
civilisation minoenne en Crète vers 2800, écriture pictographique dans la vallée de l’Indus vers 2500
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L’empire d’Akkad (-2300 à -2100)
L’hégémonie installée par Lugalzagesi est de courte durée : il est vaincu par l’Akkadien Sargon, roi d’Agadé. Ce
transfert de souveraineté, loin d’entamer l’unification en cours, va permettre en contraire de l’inscrire dans
un cadre politique rénové. L’ère des cités-états vient de s’achever. Après la Basse Mésopotamie, Sargon
conquiert la Syrie du Nord, région clé du grand commerce, dont les routes sont de plus en plus menacées par
la puissance grandissante d’Ebla. L’Anatolie, qui est restée au stade préhistorique, entre dans la sphère
d’influence de l’Empire d’Akkad.
Au sud-est, Sargon impose son autorité sur Suse et le pays d’Elam, par où transite l’essentiel du commerce
terrestre en provenance du plateau iranien et de l’Asie centrale.
La vaste étendue de l’empire d’Akkad exige une organisation étatique plus centralisée afin de s’inscrire dans
la durée. Le pouvoir royal est renforcé, et la fidélité de ses représentants assurée par l’attribution de terres
préalablement confisquées ou achetées. Une relation de dépendance personnelle lie désormais les
populations au souverain. L’espace mésopotamien se trouve pour la première fois unifié ; mais cette unité est
fragile car les vieilles cités sumériennes acceptent mal la nouvelle autorité. Des révoltes éclatent dès la fin du
règne de Sargon ; elles vont se multiplier pendant les règnes de ses deux fils, puis de son petit-fils Naram-Sin.
Peu après 2160, Akkad est saccagée et les
Gutis, tribu venue des montagnes de l'Est,
s'installent en Mésopotamie; l'Empire sombre
dans l'anarchie puis disparait vers 2125.
A la même époque : naissance d’Abraham à Ur en 2167, début de la construction des pierres dressées de
Stonehenge vers 2100, débuts de la céramique et culture intensive du maïs dans les Andes péruvienne vers
2000, tissage du coton en Inde.
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La troisième dynastie d’Ur (-2100 à -2000)
Après l’effondrement de l’empire d’Akkad, auquel les Gutis ont porté le coup de grâce, la domination qu’ils
instaurent sur la plaine de Mésopotamie va rapidement se révéler de pure forme. Les grandes cités du sud,
moins touchées que le pays d’Akkad, échappent bientôt à leur contrôle et l’Etat sumérien de Lagash est un
des premiers a retrouvé son indépendance. Une nouvelle dynastie s’y constitue vers -2150, favorisant un
renouveau de la culture sumérienne, dont le premier signe est la restauration des sanctuaires de l’ancienne
tradition.
Ce mouvement s’amplifie sous le règne de Gudea qui accède au pouvoir vers 2125. Il met en place une politique d’alliances et d’influence à l’égard des
autres cités sumériennes, et redonne vie aux voies du commerce à longue
distance, consolidant ainsi une prospérité retrouvée. Par les routes du Golfe au
sud et celles de la Syrie au nord parviennent à nouveau bois et pierres,
matériaux indispensables à la réalisation de la politique de reconstruction
voulue par Gudea. En -2116, c’est le souverain d’Uruk qui triomphe de la
domination Guti et restitue la royauté à Sumer. Il devient le maître de la BasseMésopotamie dès -2112. En se faisant introniser « Roi de Sumer et d’Akkad »,
il reprend à son compte l’héritage de l’empire akkadien, tout en redonnant la
primauté à la langue et à la culture sumériennes.
Le pays retrouve paix et prospérité sous la protection
des divinités de Sumer pour lesquelles ils construisent
de colossales tours à étages, les ziggourats.
La justice, fondée sur le code d’Ur-Nammu est
instaurée dans tout l’empire. Ur retrouve son statut de
grand port commercial, et sa puissance est sans égale.
Sous le règne de Shulgi, qui débute en -2094 les frontières de l’empire sont
repoussées jusqu’à inclure au nord Assur, noyau territorial de la future Assyrie,
ainsi que Suse à l’est. Suse qui retrouve son rôle lucratif de relais dans les
échanges entre la Mésopotamie et le plateau iranien, et, par-delà, jusqu’à la
vallée de l’Indus, où la civilisation harappéenne, qui elle aussi maîtrise l’écrit, est
en plein épanouissement.
Afin d’assurer la stabilité d’un Etat désormais presque aussi étendu que celui des
rois d’Akkad, Shulgi bâtit une administration centralisée, multipliant les bureaux
d’enregistrement qui exercent un contrôle étroit de l’activité économique. De
grands centres de collecte et de redistribution sont créés. Un système de
communications remarquablement sophistiqué est mis en place, avec
l’équipement de nombreux relais destinés aux messagers royaux. Tout comme
l’avait fait Naram-Sin avant lui, Shulgi, qui est lui-même un grand lettré, finit par
s’attribuer cette marque du pouvoir suprême qu’est la divinisation de son vivant.
Au terme de son règne de quarante-huit années, il laisse un empire dont
l’organisation est en bien des points exemplaire, et dont la stabilité apparait
pour longtemps assurée.
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La prospérité des cités sumériennes attire la convoitise des peuples vivant à la périphérie : Elamites à l‘est,
Hourrites au nord et Amorrites à l’ouest. D’autant que le reste du Proche-Orient vit en cette fin du IIIe
millénaire une situation de crise généralisée. La pression, qui s’exerce ainsi aux marges steppiques et
montagneuses de la Mésopotamie, ne va pas cesser de croître jusqu’à l’invasion et le pillage de la vieille cité
sumérienne d’Ur par les Elamites en -2004.
Assur et les royaumes amorrites (-2000 à -1800)
Alors qu’en Mésopotamie la société urbaine avait évolué au fil du IIIe millénaire vers un ordre étatique unifié
de nature impériale, les régions du Levant à la Syrie du nord sont encore au stade des cités-états. Des sites
comme Megiddo, Tell el Farah (l’ancienne Samarie) ou Tell Yarmout sont implantés sur des hauteurs naturelles
et entourés de remparts. Des groupes de langue sémitique s'établissent dans les plaines littorales : les
Cananéens dans l'actuel Liban et les Hébreux dans l'actuelle Palestine. Les Cananéens (Phéniciens) vivent de
l'agriculture et de l'exploitation des forêts de cèdres du mont Liban et produisent une teinture rouge, très
prisée dans le bassin méditerranéen, en faisant bouillir un coquillage, le murex. Ils fondent des cités portuaires
le long de la côte, en particulier Byblos, Sidon et Tyr, et se font marins et commerçants. L’horizon économique
de ces cités est pour l’essentiel tourné vers l’Egypte, puissance impériale qui exploite les mines du Sinaï tout
proche et qui a installé des postes avancés jusqu’à Canaan. Ainsi, le grand port de Byblos y exporte bois de
cèdre, produits résineux destinés à la momification, huile d’olive et vin. Des relations commerciales existent
également avec la Syrie, notamment Ebla, et sans doute au-delà, vers la Mésopotamie. Toutefois, malgré
l’importance des échanges, l’écriture demeure étrangère aux pouvoirs locaux.
Après 2.300, l’ensemble du Levant est gagné par un déclin dont les causes, mal connues, combinent
vraisemblablement facteurs écologiques et économiques, avec notamment un ralentissement considérable
de l’activité commerciale, qui est en partie lié à la disparition de l’Ancien Empire égyptien. La région va subir
jusqu’à la fin du millénaire un recul important de la civilisation urbaine. Les cités sont pour la plupart
abandonnées, et certaines détruites. Ces destructions, que l’on retrouve depuis la Palestine jusqu’à la Syrie,
sont généralement associées à des mouvements de population amorrites. Ces mouvements accéléreront la
désagrégation de l’empire d’Ur.
Dans le nord de la Mésopotamie, la cité d’Assur qui est depuis le IIIe millénaire un important relais entre
Mésopotamie, Syrie et Anatolie, voit émerger une dynastie d’origine locale qui donnera naissance à l’Assyrie.
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Au IIIe millénaire, des cités-états se sont constituées sur le haut plateau anatolien, comme dans l’ensemble du
Proche-Orient. Elles fondent l’essentiel de leur prospérité sur l’extraction des différents minerais dont
regorgent les montagnes environnantes. Le travail des métaux y atteint une maîtrise exceptionnelle, comme
en témoigne le matériel funéraire des nécropoles princières, telle celle d’Alaca Hüyük. En raison de
l’abondance du cuivre en Anatolie, la production du bronze y tient une grande place. Elle devint vite cependant
dépendante de l’importation d’étain, minerai rare à cette époque et dont les principales sources se trouvaient
à l’autre extrémité du monde oriental, des confins montagneux du plateau iranien. Du fait de sa position
centrale, la Mésopotamie constitua un intermédiaire naturel dans son acheminement, et des marchands
mésopotamiens vinrent s’établir au cœur de l’Anatolie dès l’époque de Sargon. L’ensemble du haut plateau
d’Anatolie centrale, habité par des populations connues sous le nom de Hatti, bénéficia de ces échanges : des
cités comme Kanish (Kültepe) ou leur capitale Hattusa (Bogazkale) connaissent alors une grande prospérité.
Des caravanes d’ânes quittent Assur deux fois l’an, chargées de l’étain venu de l’est, ainsi que d’étoffes tissées
en Basse-Mésopotamie. Elles repartent d’Anatolie avec de l’argent et de l’or, métaux qui font déjà office de
monnaie d’échange universelle.
En ce début de IIe millénaire, c’est un monde unifié qui s’organise : l’usage de l’écriture cunéiforme est
désormais répandu partout, et l’akkadien acquiert un statut universellement reconnu de langue diplomatique.
Les Babyloniens imaginent des problèmes mathématiques afin de s'instruire et s'amuser : c'est le début de
l'algèbre.
Dans ce Proche-Orient rénové, le Levant va jouer un rôle accru, car il bénéficie d’une position de carrefour au
cœur des réseaux d’échanges, qui se trouve confortée par le redressement de l’Egypte sous les pharaons du
Moyen Empire. Les villes du littoral méditerranéen profitent tout particulièrement du rétablissement des
relations avec l’Egypte, à l’image de Byblos qui renoue avec son ancienne prospérité.
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Plus au nord, la cité d’Ugarit, édifiée à
proximité de la côte, à l’entrée d’une plaine
fertile, est elle aussi en plein essor.
Sur ses marchés se croisent des négociants
venus de tous les horizons, certains même
depuis le Crète minoenne où d’épanouit
alors une civilisation palatiale florissante,
par certains traits comparables à celle du
Proche-Orient.
Ces contacts lointains sont également le
signe des progrès accomplis dans la
navigation de haute mer.
L’avènement de dynasties amorrites dans la plupart des grandes cités du Levant (Ugarit, Qatna, Alep, Mari,
…), comme dans nombre de villes mésopotamiennes, favorise l’intensification des échanges. Tandis que les
Amorrites prennent le contrôle des principales cités de Mésopotamie et de Syrie, d’autres mouvements de
peuples ont lieu dans les régions septentrionales. Les Hurrites étaient installés de longue date dans les confins
montagneux du nord de la Mésopotamie. Ils y fondent, autour de 2100, de petits Etats indépendants dont le
principal est celui d’Urkish (actuel Tell Mozan), le centre religieux de leur grand dieu Kumarbi. Ces Hurrites,
dont la langue diffère de toutes celles qui sont parlées à cette époque, vont progressivement s’implanter au
cours des siècles suivants dans de nombreuses cités de Mésopotamie et de Syrie du nord.
L’Anatolie, elle, a vu l’arrivée, sans doute vers 2000, de plusieurs ethnies de langue indo-européenne, parlant
des dialectes voisins les uns des autres : les Hittites s’établissent sur le haut plateau d’Anatolie centrale, tandis
que les Louvites occupent le sud de la péninsule (Cilicie, Lycie), et les Palaïtes le nord-ouest (sur les bords de
la Mer Noire). Après une première tentative d’unification politique de l’Anatolie centrale menée au XVIIIe par
des rois de Kussara, c’est un souverain hittite qui va la réaliser vers 1650. Il établit sa capitale dans la ville
d’Hattusa, dont le site constitue une sorte de citadelle naturelle au cœur du haut plateau, et prend le nom
d’Hattushili 1er (1625-1600), « l’homme d’Hattusa ». Cherchant à se rendre maître de la route du sud qui lui
ouvrira les portes du commerce international, il conquiert la plaine de Cilicie, puis pénètre en Syrie où il
s’empare de plusieurs villes. C’est son successeur Murshili 1er (1620-1590) qui achève la conquête de la Syrie
par la prise d’Alep, la métropole régionale. La dynastie va dominer de façon ininterrompue la majeure partie
de l'Anatolie pendant plus de quatre siècles.
A la même époque : en Grèce, des populations indo-européennes (Ioniens, Éoliens connus comme Achéens),
venues du Nord se mélangent avec les populations indigènes ; en Armorique, des tumulus funéraires de 6 à 8
mètres de haut et 30 de diamètre sont érigés ; diffusion de l’ambre de la mer Baltique en Europe du Nord.
Dans la première partie du IIe millénaire, un premier groupe de populations sémites, ancêtre des peuples juifs,
originaires de Mésopotamie, s’installent en Palestine et en Égypte, s’emparant du pouvoir dans la partie
orientale du delta du Nil. Des tablettes égyptiennes les mentionnent comme des groupes de nomades pillards.
Aux XIVe et XIIIe., ce premier groupe s’exile vers l’Égypte, où va naître le judaïsme, révélé par Moïse, en tant
que première religion monothéiste
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Hammurabi et l’essor de Babylone (-1800 à -1600)
Pendant ce temps, plus au sud, une nouvelle puissance est née avec la cité de Babylone, dans la région
charnière de Mésopotamie centrale dont l’importance stratégique a déjà favorisé, au millénaire précédent,
l’essor des cités de Kish puis d’Akkad. C’est d’ailleurs dans des documents de l’empire akkadien qu’apparaît
pour la première fois le nom de Babylone, qui n’est alors qu’une ville de petite envergure, édifiée sur la rive
orientale de l’Euphrate. Au XXIe s. elle acquiert le statut de capitale provinciale lorsqu’un gouverneur s’y
installe au nom des souverains de la troisième dynastie d’Ur. En -1894, elle tombe comme bien d’autres cités
sous l’autorité d’un chef amorrite qui y fonde une dynastie indépendante. Pendant son règne et celui de ses
successeurs, les dimensions du nouveau royaume ne dépassent pas les limites de l’ancien pays d’Akkad.
L’arrivée en -1792, sur le trône
babylonien, du cinquième roi de la
dynastie, Hammurabi, ouvre la voie de
toutes les ambitions. En quelques
années, il conquiert la Mésopotamie
méridionale, le royaume de Mari au
nord, la rive orientale du Tigre. Dès lors,
il est le maître incontesté d’un nouvel
empire mésopotamien et reprend le
titre de « Roi de Sumer et d’Akkad, Roi
des quatre régions ».
Le pouvoir royal, qui continue d’ancrer sa légitimité dans la volonté divine, étend son autorité sur l’ensemble
de la société au moyen d’une administration hiérarchisée qui ne dépend que de lui. Le palais en est la première
puissance économique, suscitant autour de lui le développement d’un secteur privé, implanté aussi bien dans
le domaine agricole que dans l’artisanat et le commerce. Afin de réguler le fonctionnement d’une société de
plus en plus complexe, Hammurabi fait rédiger un nouveau code de justice en langue babylonienne, version
locale de l’akkadien. Ce grand royaume, dont l‘organisation administrative unifiée ne s’imposa qu’avec peine
aux divers pouvoirs locaux, est avant tout l’œuvre d’un homme. Il ne survivra pas à la mort de son fondateur.
Dès le règne de son fils, qui monte sur le trône en -1749, une forte crise économique accompagne la révolte
des cités. Le sud de la Mésopotamie échappe au contrôle de Babylone, et les villes s’y vident de leur
population. L’effondrement de la région correspond à l’arrêt des échanges commerciaux dans le Golfe, qui est
consécutif à la disparition de la civilisation de l’Indus. L’autorité des rois de Babylone est désormais limitée à
la Mésopotamie centrale, ainsi qu’à la vallée du moyen Euphrate. Dans le royaume affaibli viennent s’installer
des populations originaires des montagnes du Zagros, les Kassites. Et lorsqu’en -1595 le roi hittite Murshili,
descendu plateau anatolien pour conquérir Alep, mène un raid le long de l’Euphrate jusqu’à Babylone et
provoque la chute d’Hammurabi et de la dynastie amorrite qui y règne depuis trois siècles, c’est un chef kassite
qui s’y installe, ouvrant une ère nouvelle pour la cité.
A la même époque : début de la construction des nuraghes en Sardaigne et en Corse, après 1660
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L’avènement de peuples nouveaux (-1600 à -1000)
La seconde moitié du IIe millénaire voit l’intervention durable sur la scène politique du Proche-Orient ancien
de grandes puissances extérieures au monde mésopotamien (Egyptiens, Hittites), qui transforment en vassaux
les Etats du Levant.
Au début du XVe, le pharaon Thoutmosis 1er lance des expéditions au Proche-Orient. La puissance égyptienne
s’implante en Syrie et en Palestine et les pharaons font passer sous leur autorité les petits Etats de cette région.
A Babylone, les kassites, rapidement assimilés par la culture babylonienne, restaurent les sanctuaires anciens,
et en construisent de nouveaux. Au XIVe, ils fondent la nouvelle cité royale de Dur-Kurigalzu près de la
frontière septentrionale du royaume. C’est sous leur autorité que les textes majeurs de la tradition
mésopotamienne sont rassemblés et fixés dans leur version canonique comme l’Epopée babylonienne de la
Création et le Poème du Juste souffrant.
Le nord de la Mésopotamie, où des populations
hourrites ont afflué massivement, voit l’apogée de
l’Etat du Mitanni, qui étend son influence de la
Méditerranée au Zagros.
Les Hittites, qui s’étaient repliés sur l’Anatolie après le
raid sans lendemain sur Babylone en -1595, tentent
une nouvelle percée et s’efforcent de s’implanter en
Syrie du nord. Vers 1370, le roi Shuppililiuma profite de
l’affaiblissement de l’Egypte, alors gouvernée par le
pharaon réformateur Akhénaton, pour enlever la Syrie
du nord au mitannien Tushratta.
Au XIIe, le Mitanni, miné par des conflits dynastiques, est conquis par l’Assyrie qui prend ainsi le contrôle des
routes commerciales vers la Syrie et l’Anatolie. Une organisation impériale se met en place sous la bannière
du dieu Assur.
Situation du Moyen-Orient après les conquêtes hittites de Suppiluliuma Ier, Mursili II et Muwatalli II, vers 1275
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Vers 1300, les Phéniciens se mettent en tête de simplifier les deux écritures dont ils disposent : l'écriture
cunéiforme en usage en Mésopotamie et les hiéroglyphes en usage sur les bords du Nil. Ces écritures, dérivées
d'idéogrammes (un dessin = un mot), sont essentiellement syllabiques : à chaque syllabe correspond plus ou
moins un signe, ce qui fait un total de quelques milliers de signes. Pas facile à apprendre ni à manier ! Par
approches successives, les Phéniciens ramènent les caractères aux sons et non plus aux syllabes. Au final, ils
arrivent à transcrire tous les mots de leur langue avec 22 caractères seulement, correspondant à autant de
consonnes. L'alphabet est né. Les Grecs l'emprunteront aux Phéniciens et y ajouteront les voyelles. Ils nous le
lègueront presque sans changement par l'intermédiaire des Romains.
A la même époque, les rivalités entre Hittites et Egyptiens pour l’hégémonie au Levant reprennent pour
aboutir en 1284 à la bataille de Kadesh. Une génération plus tard, les relations entre ces deux royaumes sont
normalisées par un traité conclu entre Hattousili III et Ramsès II. La capitale hittite, Hattousa, est l’objet d’une
rénovation de grande ampleur ; les décors monumentaux des portes ou de la citadelle manifestent de fortes
influences syriennes, hourrites en particulier. Les forgerons hittites découvrent le secret de la métallurgie du
fer.
Bloquée vers l’ouest par la mainmise hittite sur la Syrie, l’expansion assyrienne se développe au sud, en
direction de Babylone qui est pillée et incendiée par les armées de Tukulti-Ninurta (1244-1208). La dynastie
kassite ne se remettra pas du désastre. Le coup de grâce est donné par le roi d’Elam en 1158. La Babylonie est
ravagée et ses glorieuses cités sont pillées.
A la fin du IIe millénaire, de nouveaux mouvements de populations nomades transforment la carte politique
du Proche-Orient : Araméens venus du désert syrien qui s’installent en Haute-Mésopotamie et en Syrie,
Chaldéens venus de l’ouest qui s’établissent en Babylonie.
C’est l’époque où les Peuples de la Mer arrivent en Anatolie et au Levant depuis les régions méditerranéennes.
Ces migrations d’accompagnent de troubles qui entraînent l’effondrement d’Etats prestigieux, au premier
desquels l’empire hittite.
Le vide politique que laissent au Levant la chute de l’empire hittite et le repli de l’Egypte après le passage des
Peuples de la Mer ne sera que partiellement comblé par la création de toute une série de petits royaumes.
Certains sont l’œuvre de peuples nouveaux dans la région, tels les Phrygiens en Anatolie ou les Philistins en
Canaan, alors que d’autres prolongent les traditions culturelles antérieures, comme les cités phéniciennes du
littoral méditerranéen. C’est à peu près à cette époque que les Hébreux s’installent en Canaan et constituent
une monarchie israélite à la fin du XIe dans la cité de Jérusalem, dont l’existence remonte au IIIe millénaire.
Ce royaume unifié sera à son apogée sous le règne de Salomon (970-931), avant de se scinder en deux Etats,
le royaume d’Israël autour de Samarie et celui de Juda autour de Jérusalem.
Tout comme les Amorrites un millénaire plus tôt, les Araméens, peuple de langue sémitique, connaissent une
importante expansion et envahissent les plaines de Syrie et de Mésopotamie.
A Babylone, un nouveau souverain venu de la ville d’Isin et nommé Nabuchodonosor Ier (1124-1103) redonne
un peu de lustre à la vieille cité. Mais son règne glorieux n’aura pas de prolongement, et la Babylonie va
sombrer pour de longs siècles dans un déclin inexorable.
L’Assyrie elle-même, qui voit ses relations commerciales interrompues par l’expansion des tribus araméennes,
se trouve peu à peu confinée dans son espace originel des piémonts du Zagros.
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Entre 1100 et 900, de petits groupes de Grecs s’installent sur la côte anatolienne. Les cités qu’ils fondent
deviendront, pour certaines d'entre elles, des villes majeures, comme Smyrne, Éphèse, Milet... La fertilité
légendaire de la côte de l'Asie Mineure fut la base du développement spectaculaire des villes, qui prit un tour
particulier en raison de la situation particulière de la région : terre d'Asie, elle était adossée aux civilisations
indigènes de l'intérieur, les Lydiens, plus loin les Phrygiens, et à travers eux se trouvait en contact indirect avec
les territoires du Moyen-Orient.
C'est là, et non dans la « vieille Grèce » que naitra l'architecture ionique, beaucoup plus somptueusement
décorée que le style dorique de Grèce ; c'est là que les Grecs se lanceront dans la construction de temples
immenses, tels ceux d'Éphèse ou Samos, plus proches du gigantisme asiatique ou égyptien que de la sage
mesure propre à la civilisation grecque.
A la même époque : entre 1650 et 1450, apogée de la Crète sous la prépondérance de Cnossos. Entre 1550 et
1100, civilisation mycénienne en mer Égée. Crétois et Grecs visitent l’Apulie, la Sicile et les îles Lipari. Les
vaisseaux crétois dominent toute la Méditerranée orientale, exportant des produits de luxe en Syrie et en
Égypte. Vers 1550, fin du règne des Hyksos en Egypte. Invention du verre en Syrie (soufflage et moulage
apparaissent à la fin du 1er millénaire). En Inde, les peuples aryens envahissent le nord de l’Inde et repoussent
les Dravidiens vers le Sud. En Chine, épanouissement de la civilisation des Shang. Entre 1200 et 1000, des
peuples de langue indo-européenne pénètrent en Iran en deux vagues successives : les Madai (Mèdes) et les
Parsua (Perses). Au Xe, Règnes de David et Salomon en Judée. Entre 1200 et 1000, émergence de la civilisation
phénicienne qui s’épanouira jusqu’en 300. Au Mexique, la civilisation olmèque s’épanoui de 1200 à 500.
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Le triomphe de l’Assyrie (-1000 à -600)
Ce n’est qu’au début du 1er millénaire, alors que les Araméens se sont aventurés jusque sous les murs de
Ninive, que l’Assyrie entame son redressement. La puissance économique et militaire du royaume est
restaurée, et les souverains assyriens peuvent reprendre l’initiative contre les Araméens, contraignant
plusieurs de leurs chefs à verser tribut. La montée sur le trône d’Assurnazirpal II (883-859) marque un tournant
dans l’évolution impériale de l’Assyrie. En -877, il parvient à atteindre la Méditerranée et prélève sur les cités
du littoral un lourd tribut. Il reconquiert le nord de la Mésopotamie, puis lance des expéditions au-delà de
l’Euphrate, soumettant les petits Etats araméens qui s’étaient formés dans ces régions et les transforme en
provinces de son empire ; la Babylonie, une nouvelle fois soumise, y est intégrée. Les tributs et les taxes
prélevées apportent à l’Assyrie une richesse considérable. Une nouvelle capitale est édifiée à Kalkhu
(aujourd’hui Nimroud), alors que la ville d’Assour demeure un centre religieux.
A partir de 745, les principaux Etats syriens tombent les uns après les autres : Arpad, Unqi, Damas. Il ne s’agit
plus désormais de simple assujettissement à un tribut annuel, mais de véritable annexion. Les territoires
conquis deviennent des provinces de l’empire et leur pacification est assurée par le déplacement d’une grande
part de leur population. Afin de contrôler les pouvoirs locaux et d’éviter leur transformation en féodalités
familiales, le souverain choisit ses gouverneurs parmi les eunuques. En 725, le royaume d’Israël est conquis.
Sous Sargon II (721-705) et ses descendants (les Sargonides), l’empire atteint son apogée. En Anatolie centrale,
le royaume du roi phrygien Mita (dans doute le Midas des textes grecs) est défait. En Anatolie orientale, le
royaume d’Ourartou est conquis en 714.
Les rois se font bâtir des villes nouvelles : Dur-Sharu-kin (Khorsabad), Ninive++ (Kuyunjik), dernière capitale
ornée de palais et de jardins somptueux. Les fouilles y ont exhumé des milliers de tablettes cunéiformes,
ensemble appelé « bibliothèque d’Assurbanipal » (668-627), qui comprenant des œuvres littéraires et
scientifiques, et surtout une grande quantité de textes divinatoires et magiques, destinés à protéger la
personne du roi, et à travers lui l’Etat.
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L’Egypte du pharaon Taharqa est conquise en 671. En 667, l’armée assyrienne remonte le Nil jusqu’à Thèbes.
Profitant de l’engagement de l’armée assyrienne en Elam, le pharaon Psammétique 1er libère l’Egypte de la
domination étrangère et fonde la dynastie saïte.
Peu après le règne d’Assurbanipal, l’empire assyrien s’effondre, sous les coups des Mèdes de Cyaxare (625585) et des Chaldéens de Nabopolasssar (626-605). Assur tombe en 614, Cyaxare et Nabopolasssar s’y
retrouvent pour sceller leur alliance, et viennent mettre le siège devant Ninive en 612. La cité qui faisait
trembler le monde est conquise en trois mois. Le désastre est total et l’empire ne s’en relèvera jamais. Ses
vainqueurs se partagent les dépouilles : la Mésopotamie revient au babylonien Nabopolasssar, l’Elam au mède
Cyaxare, alors que l’Egypte saïte recouvre le contrôle de la Palestine et de la Syrie.
En Anatolie, le royaume phrygien, apparu après la fragmentation de l'Empire hittite, domine la péninsule
autour de leur capitale Gordion (actuellement Yazılıkaya). Midas (715-676) est le dernier roi du royaume
phrygien. Vers 700, les Cimmériens, venus de l'actuelle Crimée, anéantissent l'Urartu, puis repoussés vers
l'ouest, battent les Lydiens et les Phrygiens. Ils sont chassés d’Asie mineure par les Lydiens qui dominent
l’Anatolie occidentale jusqu’à la domination perse en 546. Crésus (596-547) est le roi lydien le plus connu.
A l’ouest de l’Anatolie, l'Ionie est la première région de Grèce où la philosophie, l'art et les sciences se sont
développés, bénéficiant des richesses intellectuelles du Proche-Orient et de l'Égypte. Les cités ioniennes ont
donné de nombreux grands penseurs présocratiques, des grands artistes et de grands architectes, comme
Thalès, Anaximandre, Anaximène, Héraclite, Anaxagore et Pythagore.
A la même époque : du IXe au VIIe, royaume d’Urartu autour du lac de Van (Arménie) ; sa puissance et sa force
militaire lui permettent de résister au pouvoir assyrien. Au IXe, premiers temples en Grèce. Première rédaction
de la Torah en Israël (IXe-VIIe) ; il s’agit d’annales royales, relatant les actions des rois de Juda et d’Israël. Selon
Hérodote, Homère aurait vécu et écrit l'Iliade et l'Odyssée vers 850. A partir de 775, début de la colonisation
de la Sicile et de l’Italie du sud par les Grecs qui fondent des premières jusqu'aux côtes orientales de la Mer
Noire. En 753, fondation de Rome selon la tradition. Essor des cités étrusques en Italie centrale. Au VIIe, les
Carthaginois s’installent en Espagne et aux Baléares. A partir du VIIe, l’araméen s’impose comme la langue des
échanges internationaux en prenant la place occupée par l’akkadien. Vers 675, création et diffusion en Grèce
de la tactique de la phalange composée d’hoplites. Vers 670, invention de la monnaie en Lydie et en Grèce
d’Asie Vers 660, première rédaction des textes bibliques.
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La renaissance de Babylone (-600 à -539)
Après l’anéantissement de l’Assyrie, le souverain chaldéen de Babylone se pose en héritier du vaste empire
qu’il a contribué à abattre et envoie son fils, le futur Nabuchodonosor II (604-562), reprendre aux Egyptiens
les riches provinces du Levant. II ravage par deux fois le royaume de Juda en 597 puis en 587 où il détruit le
Premier Temple, construit d'après la Bible par le roi Salomon au Xe siècle ; l’événement est rapporté dans la
Bible et marque le début de l’Exil, c’est-à-dire de la déportation en Babylonie de la population de Jérusalem.
Le Second Temple sera construit au retour de la captivité des Juifs à Babylone vers 536 et terminé en 515.
A son couronnement il exerce son autorité sur un territoire considérablement plus grand que ceux contrôlés
par les pouvoirs babyloniens antérieurs. Sous son règne, Babylone est à l’apogée de sa splendeur. La cité,
implantée sur les deux rives de l’Euphrate, est agrandie et rénovée (jardins suspendus). Un double rempart
l’entoure, surmonté de hautes tours et percé de huit portes monumentales, chacune sous la protection d’une
divinité, à l’exception de la Porte du Roi. L’immense palais royal est isolé du reste de la ville par une enceinte
propre. La grande ziggourat de sept étages n’est autre que la tour de Babel de la Bible.
Le dernier roi de la dynastie, Nabonide (556-539) est un usurpateur. Auteur d’une réforme religieuse qui met
à la tête du panthéon babylonien le dieu-lune Sin, il s’aliène les milieux cléricaux attachés au culte traditionnel
de Marduk.
A la même époque : vers 600, fondation de Massilia (Marseille) par les Grecs de Phocée. Vers 590, destruction
complète et définitive du royaume d'Urartu par les armées Mèdes de Cyaxare. Entre 594 et 593, naissance de
la démocratie en Grèce, grâce à Solon, qui écrit la première constitution d'Athènes (sous forme de poème),
première constitution écrite au monde. En Italie, les Etrusques dominent Rome et le Latium. En Inde, Siddhartha
Gautama (624-544) reste dans les mémoires sous le nom de Bouddha. En Chine, Confucius et Lao Tseu
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L’empire perse (-539 à -330)
Pendant ce temps, une nouvelle puissance est en train de naître à l’est, dans l’ancien pays d’Elam occupé
désormais par les Perses. Gouverné par une dynastie dite achéménide, du nom d’Achéménès, qui l’a fondée
au début du VIIe, le nouveau pays de Parsa est définitivement unifié par Cyrus le Grand (559-530) qui en
devient le roi. Ce sera le début d’une expansion fulgurante. En 550, il triomphe de son suzerain, le roi mède
Astyage et étend d’un seul coup ses possessions jusqu’au cœur de l’Anatolie. Trois ans plus tard, l’Anatolie
toute entière est soumise. Se tournant alors vers l’est, Cyrus impose son autorité à l’ensemble du plateau
iranien, et jusqu’en Asie centrale. En 539, il conquiert la Babylonie.
La période perse est souvent présentée comme une rupture, dans la mesure où il n’y a plus en Mésopotamie
d’état indépendant ; la région devient alors une province d’un empire dont les capitales ne se trouvent plus
sur son territoire, administrée par des gouverneurs.
Darius 1er (521-486) fait édifier sa propre capitale à Persépolis, à 40 km au sud de celle de Cyrus, tout en
installant le siège de l’administration impériale dans l’antique ville de Suse. Un art syncrétique voit le jour, où
se mêlent des influences mésopotamiennes, égyptiennes et grecques. L’écriture cunéiforme subsiste, et le
babylonien est l’une des langues utilisées par les souverains perses dans leurs inscriptions ; mais son emploi
dans les archives privées est de plus en plus concurrencé par l’araméen.
Du Ve au IVe, grâce aux libertés qui règnent dans l'empire Perse, la Judée et la Samarie deviennent plus
florissantes. Les Juifs, de retour d’exil à Babylone, restaurent Jérusalem et son Temple (516). Le grand prêtre
de Jérusalem est nommé administrateur de la province perse de Judée, ce qui fait d’elle une théocratie. A
partir du IVe, la communauté juive devient minoritaire en Palestine, d'autant plus que de nombreux juifs
partent s'installer dans les nombreuses cités de l'empire mais surtout dans la nouvelle capitale d'Alexandrie.
Ces migrations prennent une telle importance qu’on les désigne sous le nom collectif de diaspora.
L’échec de l’invasion de la Grèce lors des guerres médiques marque les limites de l’expansion perse. D’autant
qu’après le règne de Xersès (486-465) la monarchie sombre dans les intrigues de cour. Le géant continental
amorce alors un lent déclin. A partir de 334, l’armée perse de Darius III subit plusieurs défaites face aux soldats
d’Alexandre Le Grand.
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A la même époque : les Gaulois s’installent en Gaule. Siècle de Périclès à Athènes. Première inscription
hiéroglyphique à Monte Albán, au Mexique. Culture inondée du riz au Japon. Les Perses acclimatent de
nouvelles espèces alimentaires (riz, pêche, abricot...) en Asie occidentale. Apogée de la ville de Saba,
l’actuelle Mareb, dans l’Hadramaout (Yémen), entre 400 et 200. Extension des Celtes : prise de Rome en 390
et pillage de Delphes. Invention des aqueducs dans le monde romain. En Grèce, développement de la
rhétorique et de la sophistique.
L’Empire d’Alexandre (-330 à -323)
Héritier d'un petit royaume que les Grecs cultivés regardaient avec mépris, la Macédoine, Alexandre le
Grand s'est taillé un empire en dix ans, de l'Égypte aux portes de la Chine...
En -334, il traverse le détroit du Bosphore avec 40.000 hommes, bat les Perses au Granique et conquiert
l’Anatolie. L’année suivante, il bat le puissant «Roi des Rois», Darius III, dans la plaine d'Issos, en Cilicie, au
nord d'Antioche et de la Syrie. En 332, la Phénicie puis l’Egypte sont conquises. En 331, Alexandre reprend la
poursuite de Darius. Il franchit l'Euphrate et, dans la plaine de Gaugamèles, à l'est du Tigre, bat l'armée perse
définitivement. Désireux de poursuivre sa route jusqu'aux extrémités du monde, Alexandre atteint les rives de
l'Indus, fondant de nouvelles Alexandrie au passage (aujourd'hui Samarcande, Kaboul, Kandahar, Hérat...). Il
traverse l'Indus et entre en Inde où il découvre l'hindouisme et le bouddhisme auprès du roi de Taxila. En 326,
à Aornos, il affronte un autre roi local, le roi Pauros.
Alexandre veut poursuivre jusqu'au Gange d'où, croit-il, il lui sera possible de redescendre jusqu'en Égypte !
Mais ses hommes refusent de le suivre plus loin et Alexandre accepte à contrecœur de revenir sur ses pas
jusqu'à Babylone, sa nouvelle capitale, pour se consacrer à l'organisation de ses conquêtes. C’est là qu’il meurt
en 323 après avoir conquis tout l’empire perse.
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L’époque hellénistique (-323 à -30)
La victoire des Grecs et des Macédoniens sur l'empire achéménide entraîne une expansion sans précédent
de la culture hellénique. Cette culture est l'héritière de la culture grecque de l'époque classique (Ve av. J.-C.).
Grâce aux conquêtes d'Alexandre, le grec devient pour deux mille ans la langue des échanges dans la
Méditerranée orientale et le Moyen-Orient. L'influence hellénique atteint le royaume du Gandhara, au nord
de l'Inde. Dans cette région de grande culture, les sculpteurs bouddhistes prêtent à Bouddha les traits
d'Apollon. Et les effigies que nous voyons aujourd'hui dans les pays bouddhistes, jusqu'au Japon, dérivent de
cette représentation.
A la mort d’Alexandre, l’Empire est partagé entre ses généraux (les Diadoques). Parmi eux, trois se feront
proclamés rois : Antigone, Séleucos et Ptolémée.
Les royaumes des diadoques avant -301
La guerre entre les Diadoques pour prendre possession de l’empire d’Alexandre aboutit à un nouveau
partage : Ptolémée obtient les territoires situés au sud de l’Anatolie, la plus grande partie de l’Égypte et du
Levant pour former l'Empire ptolémaïque ; Lysimaque contrôle l’Anatolie occidentale et la Thrace, alors que
Séleucos s’attribue le reste de l’Anatolie pour former l’empire Séleucide.
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Ptolémée (367-283) devient pharaon à partir de -305 et fonde une dynastie qui s'éteint en -30 avec le suicide
de Cléopâtre et l'avènement de la domination romaine. Il ouvre dans une aile de son palais, à Alexandrie-duNil, le Muséion (en grec, le temple des Muses). Cette institution sans égale, inspirée par Aristote, reste la
plus belle illustration de l'hellénisme. Elle réunit les savants de toutes les disciplines. Parmi eux le
mathématicien Euclide, le poète Théocrite, les mathématiciens Ératosthène et Hipparque, le géographe
Strabon, l'astronome Ptolémée, l'ingénieur Archimède... Démétrios de Phalère, le constructeur du Musée,
inclut aussi dans l'enceinte de l'établissement une immense bibliothèque. Au fil des siècles, elle allait
recueillir jusqu'à 700.000 manuscrits, soit l'essentiel du savoir antique.
Séleucos (358-281) fonde ca capitale Antioche le long de l'Oronte, le principal fleuve de la Syrie antique, ainsi
que son port Séleucie de Piérie (actuellement en Turquie), dans l'objectif de concurrencer l'hégémonie
d'Alexandrie dans la Méditerranée orientale. Antioche connaît alors un essor démographique rapide pour
devenir l'une des grandes villes de l'époque hellénistique. Avec les villes de Laodicée et d'Apamée
(actuellement en Syrie), que Séleucos a refondées, Antioche et Séleucie de Piérie forment la Tetrapolis.
L'Empire séleucide, fusion de l'Orient et du monde grec, comprend une multiplicité de groupes ethniques, de
langues (grec, persan, araméen, dialectes indo-iraniens), de religions (polythéisme grec, zoroastrisme,
judaïsme, cultes indigènes). Cette diversité et l’immensité de l’Empire sont la cause de sa fragilité ; autre
cause de fragilité, les souverains séleucides, qui s’avéreront médiocres dans la conduite des affaires à
l'exception notable d'Antiochos III (223-187).
Aux côtés de ces monarchies principales, existent des royaumes plus petits tels ceux de Pergame, du Pont et
de Bithynie.
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A la même époque : Au IIIe siècle : essor de la civilisation maya ; l’Arabie heureuse est formée de quatre
royaumes sémitiques indépendants (Minéens, Sabéens, Cattabaniens et Chatramotites) qui commercent
avec le monde grec (encens, myrrhe, cannelle, ...) ; Carthage est défait par les Romains en -202. Au IIe siècle :
développement de Teotihuacan et Monte Alban au Mexique, civilisation Nazca au Pérou.
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Ce n’est qu’à partir du IIe siècle que Rome va intervenir en Orient. Dans un lent et complexe processus de
grignotage qui s'étale sur près de deux siècles, avec la complicité de cités et du royaume de Pergame, elle va
s'assurer la domination complète de la Méditerranée orientale.
La Macédoine et la Grèce sont conquises en 148/146, transformés en provinces romaines, le processus
impérialiste est enclenché. En 133 le royaume de Pergame devient romain et forme la province d'Asie. En
102 c'est la Cilicie qui passe sous le contrôle de Rome puis en 96 la Cyrénaïque.
La pénétration romaine dans l’Orient hellénistique ne va pas sans résistance et il ne faut pas moins de trois
guerres aux Romains pour abattre le roi du Pont Mithridate au 1er siècle av JC. Pompée réorganise alors
l’Orient sous l’ordre romain. Le dernier acte de cette conquête est la lutte qui oppose Octave à Marc
Antoine, allié de la dernière souveraine d’Égypte, Cléopâtre, qui s'achève par la défaite puis le suicide de
cette dernière en 30 av JC.
Parallèlement, l’influence politique des Séleucides s'effondre brutalement en Asie centrale, en Perse puis en
Mésopotamie après le règne d’Antiochos III (223-187). L’irruption des Parthes à partir du milieu du IIIe siècle
accélère cette décomposition politique. En Judée, la Révolte des Maccabées (175-140) est à la fois une
révolte des Juifs pieux contre les Séleucides, et un conflit interne au peuple juif opposant des traditionalistes
hostiles à l'évolution de la tradition juive au contact de la culture grecque (Onias, Jason …) et des Juifs
hellénisants, plus favorables à l'adoption de comportements grecs compatibles selon eux avec la Torah
(Judas, Jonathan…). Ils fondent la dynastie des Hasmonéens qui règne jusqu’en 37.
Aux débuts du 1er siècle av. JC, les souverains séleucides ne gouvernent plus que la Syrie. Celle-ci est
annexée par Pompée en 64/63.
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ROYAUME DE PERGAME (280-133). La dynastie hellénistique des Attalides, fondée par un des généraux de
Lysimaque, est à son apogée sous Eumène qui règne de 197 à 159. Avec l’aide des Romains, il bat les armées
séleucides d’Antiochos III et annexe en 189, par le traité d’Apamée, une grande partie de l’Asie mineure. À
cette époque, Pergame est à la fois l'alliée de Rome et l'un des grands centres de la culture hellénistique,
avec Athènes et Alexandrie. Elle possède une agriculture et une industrie prospères : tissus, céramique et
surtout parchemins (du grec pergamênế, ‘peau de Pergame’, devenu en français ‘parchemin’). Eumène fait
construire une bibliothèque digne de rivaliser avec celle d’Alexandrie. Le dernier souverain attalide, sans
héritier, lègue le royaume à Rome qui en fait la province d’Asie en -133.
La Méditerranée en 188 après la Paix d’Apamée signée entre Rome et les Séleucides
ROYAUME DE BITHYNIE (278-74). Nicomède est le premier roi de Bithynie. Durant son règne (278-243), le
royaume connaît la prospérité. En -74, le dernier souverain lègue le royaume à Rome qui en fait la province
romaine de Bithynie. Le Bithynien le plus célèbre est Antinoüs, l'amant de l'empereur romain Hadrien.
ROYAUME DU PONT (301-63). Fondé en 301 par
Mithridate 1er, un perse hellénisé, le royaume est
agrandi par Mithridate VI Le Grand (132-63) qui
entre en conflit avec Rome. Il est vaincu une
première fois par Pompée puis par César qui
rattache définitivement le royaume à la province
de Galatie-Cappadoce en -63.
L’Arménie voisine devient un protectorat romain
en -65. L’Anatolie est alors en totalité entre les
mains de Rome.
Le Pont avant le règne de Mithridate (violet foncé),
avec ses conquêtes avant (violet) et pendant la
guerre contre Rome (rose).
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