Édition 2011-09-01 (PDF document)
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Numéro 67 - septembre - octobre 2011 Les NOUVELLEs ROUMANIE de SOMMAIRE A la Une Lettre d’information bimestrielle Baccalauréat, Nucléaire Transports, Tsiganes Actualité Vie internationale Economie, Politique Social 6 et 7 8 à 11 12 Société Evénements Vie quotidienne Enseignement Santé, Minorités Insolite, Religion Sports 13 et 14 15 à 17 18 à 22 23 à 25 25 à 27 Dossier Moldavie Agriculteurs, Viticulteurs Professeurs de français Langue moldave Carnet de route, Photos 28 à 31 32 à 35 36 et 37 38 à 42 Connaissance et découverte Livres, Littérature Musique, Cinéma Tourisme Francophonie, Echanges Pratique, Humour Coup de cœur Un bac révolutionnaire ! 2 et 3 4 et 5 43 à 45 46 et 47 48 à 51 52 à 55 56 C e n'est pas la crise, mais un autre évènement, passé inaperçu ici, qui a marqué cet été "de tous les dangers" en Roumanie. Moins d'un candidat sur deux au baccalauréat a été admis à la session de juin. Une révolution cette fois sans guillemets - dans un pays où il allait presque de soi qu'il suffisait de se présenter à l'examen pour repartir avec son diplôme en poche, tricheries, bakchichs pourvoyant aux carences des moins doués, avec la complicité de certains enseignants et examinateurs. Voilà que le ministre de l'Education nationale a eu la fâcheuse idée d'introduire des caméras de surveillance dans les salles où les élèves planchaient. Une pratique sans précédent, provoquant un véritable tollé touchant jusqu'aux parents des nombreux recalés qui avaient pris l'habitude de voir revenir leurs rejetons avec des carnets de notes remplis de dix, de la maternelle à la terminale. Quelle mouche avait pu piquer le téméraire ministre ? L'éducation, due à son seul mérite, qu'il a reçue en France au sortir du lycée, poursuivie en tant que chercheur de haut niveau en Californie, au Japon, puis en Allemagne, et qui lui rend insupportable l'idée que la médiocrité aidée par l'argent puisse prévaloir sur la vertu et le talent ? La lucidité qui lui a fait mesurer l'ampleur du désastre à venir pour une Roumanie qui a déjà tant de mal à se reconstruire si elle devait s'appuyer sur des jeunes élevés dans une société sans foi ni loi, bercés depuis leur plus tendre enfance dans une corruption endémique, triste synonyme de réussite ? Il y avait le feu cet été pour Daniel Funeriu, le ministre vilipendé, dont des politiciens démagogues de tous bords ont demandé la tête. Mais surtout le feu pour la Roumanie. Déjà de plus en plus d'universités européennes se montrent réticentes à admettre des étudiants roumains sur la seule foi de leurs diplômes. Les équivalences accordées automatiquement pourraient être remises en cause. Des employeurs rechignent à les embaucher, suspectant qu'on ne leur présente que des chiffons de papier. Du coup, nombre d'étudiants partent tenter leur chance à l'étranger. Le risque est ainsi grand de voir le pays se vider encore plus de ses forces vives. Ramant à contre-courant d'une société où la facilité et les combines tiennent lieu de viatique pour le succès, Daniel Funeriu a eu le courage de dire stop ! Un message envoyé aussi aux enseignants, dont beaucoup souffrent du sort calamiteux réservé à leur profession, pour qu'ils se ressaisissent, retrouvent la dignité d'un métier où ils sont entrés par vocation. Ainsi, près de la moitié des candidats à un poste ou à une titularisation ont aussi été recalés ! Sentant le vent du boulet, les universités à scandales, fabriques de planches à diplômes - leur agrément pourrait leur être retiré - essaient déjà d'organiser des contre-feux. Et si la Roumanie décidait enfin de se ressaisir ? Henri Gillet 1 A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Baccalauréat l l ORADEA CLUJ l BAIA MARE ARAD IASI CHISINAU l l SIBIU FOCSANI l TIMISOARA l l BRASOV PITESTI CRAIOVA l GALATI l l l TULCEA n BUCAREST l CERNAVODA Baisse des inscriptions: les universités inquiètes 22 2 Moins d'un candidat sur deux reçu à la session de juin Triste record pour le baccalauréat 2011 l l l l SUCEAVA TARGU MURES A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Le niveau du baccalauréat des années précédentes est largement remis en doute par les "résultats honteux" (dixit les medias roumains) de la session de juin 2011, surtout quand l'on sait que la Roumanie se classe à la 49ème place du dernier classement Pisa, qui note la compétence des élèves de 65 pays membres et partenaires de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Le système scolaire roumain est pourtant régulièrement soumis à des modifications. La dernière loi en date sur l'éducation est entrée en vigueur en février dernier, alors que depuis 2000, sept ministres différents ont dirigé ce portefeuille. Daniel Funeriu, lui, est en place depuis un an et demi et son siège est déjà en train de tanguer. Les universités cherchent d'ores et déjà des solutions au manque à gagner que va représenter la baisse du nombre d'inscriptions pour la rentrée 2011, avec plus de 50% de recalés au bac en juin, même si la session d'automne apporte un correctif. La baisse considérable du nombre d'inscrits va mettre en péril bon nombre d'entre elles, car c'est là l'une de leurs principales sources de revenus. Beaucoup ont annoncé dans l'urgence qu'elles allaient mettre en place une deuxième session d'examen d'entrée à l'automne. Certaines envisagent de baisser leurs effectifs en conséquence. C'est ce qu'a d'ailleurs annoncé Iosif Urs, recteur de l'université Titu Maiorescu qui envisage "une réduction du nombre d'enseignants à hauteur de 30 à 35%". Alors qu'en France le taux de réussite au Baccalauréat 2011 frise les 90 %, la Roumanie a fait ses comptes et ils ne sont pas brillants: moins d'un élève roumain sur deux a réussi son examen à la session de juin ! c'est le taux de réussite le plus faible enregistré de mémoire d'enseignant et qualifié de "miroir de la société" par le ministre de l'Education, Daniel Funeriu. Une lutte sans merci contre la fraude expliquerait notamment ces chiffres. S ur les quelque 200 000 inscrits, seuls 90 765, soit 44 %, ont obtenu leur diplôme du baccalauréat au mois de juin, 56 % des candidats étant donc obligés de se représenter à la session d'automne. Le taux de réussite est nettement inférieur à celui enregistré l'année dernière, soit 69,3%, et surtout à celui de 2009, 81,4%. Seuls trois lycées peuvent se vanter de réussir un sans faute avec un pourcentage de reçus de 100% des candidats, dont le lycée Spiru Haret, établissement réputé de Bucarest. 65 élèves dans tout le pays ont obtenu la note maximale de 10 sur l'ensemble des épreuves. De véritables "héros" que le ministre de l'Education Daniel Funeriu, lui même autrefois brillant lycéen, étudiant de formation française, puis chercheur de réputation internationale, a souhaité féliciter personnellement. A l'inverse, 23 lycées ont obtenu un taux de réussite nul à l'examen. Les lycéens roumains champions de la triche? Au cœur de la tourmente, le ministre de l'Education a dû faire front aux critiques. Outre la lutte contre la fraude, il a pointé du doigt un niveau général en chute libre, traduisant un désintérêt global pour les études de la part des élèves qui se Dissimulation des "grattes"… Heureusement pour la candidate, demandent à quoi servent les diplômes, ainsi qu'uDSK n’était pas examinateur. ne trop grande rigidité du système d'enseignement. Pourtant, il a décidé de garder le cap en insistant sur le fait que les réformes intervenues dans le système éducatif ces dernières années n'ont d'autre but que de "faire évoluer la Roumanie, tant les mentalités que les comportements en vigueur". En cause, les sempiternelles affaires de fraudes lors des examens. Des caméras de surveillance ont ainsi été disposées dans la plupart des salles d'examen, surprenant les candidats. Un soin tout particulier a également été apporté à la formation des surveillants pour plus de transparence. Interdiction a été faite aux lycéens de se cotiser pour les "amadouer". Ainsi, quelque 650 collégiens ont été éliminés après avoir été surpris en train de copier, deux fois plus que l'année dernière. Dans l'un des cas rendus public, des inspecteurs ont découvert que les résultats des questionnaires avaient été distribués à l'avance à 111 élèves d'un même lycée, sur 159. Une enquête a été ouverte alors que les collégiens pris en faute ont été éliminés. Il est à noter que les judets qui ont obtenu les meilleurs résultats, avec 65 % d'admis, (Suceava et Harghita)… sont ceux où les autorités académiques n'avaient volontairement pas fait installer de caméras de surveillance. Daniel Funeriu a justifié ces mesures spectaculaires dans un pays où la triche les jours d'examens est un sport national en déclarant: "La nation doit choisir entre gens corrects et travailleurs et ceux qui misent sur la malhonnêteté et la supercherie". Aucun établissement roumain dans le "top" des 500 meilleures universités du monde Mécontents, les parents et les élèves n'ont pas manqué de monter au créneau, arguant des difficultés à se concentrer et d'une trop grande pression exercée sur les candidats. Des voix se sont mêmes élevées pour dénoncer "des pratiques policières". Autre argument des recalés: une trop grande difficulté des sujets au vu de la faiblesse du niveau général. Notamment dans les matières scientifiques qui ne font plus recette chez les jeunes. Argument balayé par les professeurs qui sont, dans l'ensemble, d'accord pour affirmer le contraire. "Il est clair que les étudiants qui entrent à la faculté n'ont pas une culture générale suffisante. Pour améliorer cette situation, il faut adapter les méthodes d'enseignement à l'heure de l'Internet, qui change complètement la donne", a estimé Dan Sumalan, président de l'association des professeurs. Reste que pour Daniel Funeriu, les résultats de cette année "montre le véritable niveau des lycéens roumains et plus largement de l'école roumaine". Les professeurs souvent décriés pour leur faible motivation sont eux aussi en première ligne sur le banc des accusés. Malgré ces critiques, le ministre de l'Education a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de revoir à la baisse les critères d'évaluation des cas de contestations et des sessions de rattrapages. De quoi donner de l'eau au moulin des détracteurs d'un système éducatif jugé dans son ensemble trop Nucléaire S L'attente anxieuse des résultats strict et dépassé. Ainsi, malgré des hausses budgétaires très significatives ces dix dernières années, aucune université roumaine ne se classe dans le top 500 des meilleures universités du monde et le niveau des diplômés du supérieur est pour beaucoup d'employeurs roumains jugé très nettement inférieur à la moyenne européenne. Benjamin Ribout (www.lepetitjournal.com/Bucarest) La centrale se trouve près de la zone hautement sismique de Vrancea uite à la destruction dans un incendie de documents officiels concernant la sécurité nucléaire de la Roumanie et, dans le même temps, à un violent typhon qui menaçait de nouveau la centrale de Fukushima au Japon, la presse roumaine s'est interrogée plus que jamais sur les garanties qu'offre le site de la centrale de Cernavoda en Dobroudja. On était au courant depuis quelque temps déjà de la disparition de documents concernant la sécurité nucléaire en Roumanie. Les informations qui filtraient étaient cependant bien maigres. Mais, mijuillet, des déclarations officielles ont commencé à apparaître. Il semblerait que soixante-quinze documents classé secrets touchant à la question du nucléaire roumain aient disparu dans un incendie à l'automne dernier. Ces documents dans leur forme écrite ont été déclarés "perdus de manière irrémédiable" par la direction de la Régie autonome pour les activités nucléaires - Succursale de recherche nucléaire de Pitesti (SCN). Pour expliquer les causes de la disparition des documents, on évoquait au départ un simple vol ou des pertes suite à des déménagements. C'est apparemment Le spectre de Fukushima sur Cernavoda un citoyen qui aurait a posteriori avancé l'hypothèse d'un incendie. Les autorités sont pour le moment toujours très évasives quant à la cause de l'incendie et à la nature des documents. De tels événements invitent à la prudence lorsqu'il s'agit d'évoquer la situation de l'unique centrale nucléaire de Roumanie située à Cernavoda (judet de Constantsa). Celle-ci produit un peu moins de 15% de l'énergie du pays et a été construite dans les années 80 par une société canadienne, en utilisant l'eau du Danube pour refroidir les réacteurs. Aujourd'hui, seuls deux réacteurs sont fonctionnels - le premier ayant été inauguré en 1996 et le deuxième en 2007. Le hic, c'est que les deux réacteurs en fonction ont déjà connu des problèmes de fonctionnement par le passé et que des contrôles se sont parfois faits avec du retard. Alors forcément, on s'inquiète. Trois autres réacteurs prévus De nouvelles normes de sécurité ont été annoncées fin juin par Pompiliu Budulan, directeur général de Nuclearelectrica avec des investissements à hauteur d'environ 50 millions d'euros. "Nous allons procéder à des analyses pour chaque réacteur en fonction, a-t-il déclaré. Nous allons de plus augmenter la quantité de l'eau de refroidissement autour des réacteurs. Ces mesures sont en effet nécessaires pour réussir les "stress tests" (études des procédures de gestion des risques pour les centrales nucléaires décrétées par l'UE après Fukushima) qui vont avoir lieu cette année et l'an prochain", a déclaré Pompiliu Budulan. A contrario des autres pays européens, hormis la France, la Roumanie compte développer son nucléaire dans un futur proche et ouvrir avant 2020 trois autres réacteurs sur le même site. Bucarest invoque des besoins en énergie grandissant et une baisse des émissions en dioxyde de carbone. En Roumanie, le facteur de stress maximal se situe non loin de Cernavoda, à une centaine de kilomètres, à Vrancea, épicentre des tremblements de terre. Car même si la direction actuelle de la centrale affirme qu'elle résisterait à un séisme d'une amplitude de 9,2 sur l'échelle de Richter, la centrale de Cernavoda se trouve bel et bien sur une zone sismique. Benjamin Ribout (lepetitjournal.com/Bucarest) 22 3 A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Transports l l ORADEA CLUJ l BAIA MARE IASI CHISINAU l l l SIBIU l l l TIMISOARA GALATI l BRASOV l PLOIESTI CRAIOVA l l "Si vous voulez visiter la Roumanie… louez un hélicoptère !" l TULCEA n BUCAREST Les profs aussi 4 Tsiganes Les candidats au baccalauréat ne sont pas les seuls sous l'œil des caméras. Alors que les années précédentes, les prétendants à un poste d'enseignant étaient admis dans une proportion dépassant les 90 %, cette année seulement 54,6 % ont obtenu une note supérieur à 5 sur 10, lors de l'examen leur permettant de postuler, qui s'est déroulé début août. Toutes les salles avaient été équipées de caméras de surveillance, ce qui a permis de démasquer 26 fraudeurs. Mais la sélection a été aussi beaucoup plus rigoureuse avec des sujets nationaux et non à l'échelle des judets et la suppression des évaluations basées sur des interviews individuelles des candidats. Seulement deux d'entre eux ont obtenu la note 10 et 39 ont dû se contenter du seul point attribué d'office à leur présence. Le processus avait été appliqué avec la même rigueur pour l'examen de titularisation tant redouté des enseignants, en juin. Tirant un bilan des réformes en cours, le ministre de l'Education, Daniel Funeriu a tenu à mettre les points sur les i : désormais aucun enseignant ne sera recruté s'il n'a pas le niveau. Recalé, il se suicide Un jeune d'Arad âgé de 19 ans a été retrouvé mort chez lui par son père dans la nuit de lundi à mardi. Le lycéen tout juste recalé au baccalauréat s'est tiré une balle dans la tête avec le fusil de chasse de son père. Les proches de la victime ont affirmé que "cet échec cuisant en dépit de bonnes notes obtenues durant tout son parcours scolaire est la seule explication possible à un tel acte". The Economist se demande si le président Roumain plaisantait, lors d'une visite d'investisseurs du Golfe Persique devant lesquels il s’est exclamé, évoquant l'état des routes du pays : "Si vous voulez visiter la Roumanie… louez un hélicoptère !"… E n développant ce thème, l'hebdomadaire britannique ne se trompait pas beaucoup. Un rapport du Forum économique mondial sur la qualité des routes a classé la Roumanie en 134ème position sur 139 pays évalués. Le journal enfonce le clou en soulignant que le pays ne dispose que de 300 km d'autoroutes alors que sa voisine hongroise, plus de deux fois plus petite, en a 1100 km. Et encore, la majorité d'entre elles ont été construites sous Ceausescu et sont aujourd'hui obsolètes. La moyenne horaire des trains ne dépasse pas les 50-60 km… inférieure parfois à celle qui prévalait lorsqu'on a construit les voies ferrées ! Pourtant "la Roumanie a compté plus de 3000 kilomètres d'autoroutes, autrefois" rajoute mi-sérieux The Economist "mais c'était sur le papier, lors des projets mirifiques de Ceausescu et de ses plans". Il ne jette d'ailleurs pas la pierre au "Conducator", rappelant que l'autoroute du Soleil, censée relier la capitale à Constantsa, et qui n'en finit pas depuis vingt ans d'attendre de voir ses travaux achevés, a été lancée dans les années 80 et que les tronçons les plus difficiles de ses 225 km, comprenant la construction de viaducs et ponts, ont été terminés en 1987. 21 km ont été mis en circulation en juillet dernier et la ministre des Transports, Anca Boagiu, a une nouvelle fois claironné que tout sera fin prêt dans un an. Son ministère a réussi la performance de n'utiliser que 2,7 % des fonds européens mis à sa disposition pour moderniser le secteur des transports en Roumanie. Record absolu ! Autre axe qui provoque l'incrédulité de The Economist, l'autoroute "Bechtel". En 2004, le gouvernement Nastase avait accordé, sans appel d'offres, la concession de l'autoroute de Transylvanie au géant américain, aux méthodes particulièrement controversées à travers le monde. Au passage, l'hebdomadaire rappelle que l'ancien Premier ministre, a été poursuivi pour corruption dans différents dossiers… mais jamais condamné. Sur les 415 km reliant Bucarest à la Hongrie, la firme américaine n'en a construit que 54 km pour la somme impressionnante de 1,3 milliard d'euros. Arrivé au pouvoir, quelques semaines après la signature du contrat, Traian Basescu l'avait bloqué. Les choses sont restées en l'état jusqu'à tout dernièrement. Bechtel réalisera encore 60 km d'ici 2013 pour un coût de 3,8 milliards d'euros, ce qui en fera l'autoroute la plus chère du monde. Le gouvernement doit payer des pénalités pour les retards pris, notamment dans le domaine des expropriations des terrains riverains de l'axe. La construction des tronçons manquants sera confiée à d'autres firmes. "Des têtes vont tomber !" The Economist s'interroge sur les raisons de cette déliquescence. Bien sûr figurent la corruption, avec des contrats et des normes qui ne sont pas respectés, des travaux faits à minima, notamment dans le domaine de la sécurité, l'absence de transparence avec à la clé des procédures à la limite de la légalité ou carrément illégales, comme le défaut d'appels d'offres ou concernant les expropriations, les conflits d'intérêts des politiciens… Autant de considérations qui font réfléchir à deux fois les investisseurs, alors que la Roumanie, mise sous surveillance par le FMI, l'UE et la Banque Mondiale, doit veiller à ce que le déficit de son budget ne dépasse pas la limite qui lui a été consentie. En cette période de crise, pratiquement tous les projets sont bloqués. Mais, comme le note The Economist, même ceux qui sont déjà payés n'avancent pas. Ce qui a provoqué une belle colère d'Emil Boc en visite sur le chantier du tronçon Bucarest-Ploiesti (60 km), qui devait être fini à Noël. "Des têtes vont tomber s'il n'est pas terminé à temps!" a-t-il menacé. Nouvelle fanfaronnade ? Mur, système vidéo de surveillance, poste de police… Un ghetto voit le jour à Baia Mare l SUCEAVA TARGU MURES ARAD Le pays en 134ème position dans le monde pour l'état de ses routes A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE La construction à Baia Mare (Maramures) d'un mur pour séparer un quartier à majorité rom d'une route relance le débat de l'intégration de cette communauté en Roumanie. Les riverains sont soulagés par cette initiative, alors que dans la communauté rom, c'est la colère. C atalin Chereches, le maire de Baia Mare, enjambe le coffrage en bois qui marque les fondations du mur qui s'élèvera entre la route, légèrement en contrebas, et les trois "blocs" qui composent le quartier rom de la rue Horea. Il est habillé d'un costume sombre impeccable. Par terre, les ordures se mélangent aux flaques d'eau. Les enfants marchent pieds nus et s'amusent à ramasser de la boue. nantes qui ont décidé Catalin Chereches à prendre une telle mesure. Du pas de la porte de sa maison coquette, à côté du quartier rom, Mariana, retraitée, regarde l'avancée des travaux. "Depuis qu'ils ont commencé, je renais", dit-elle. La vieille dame assure vivre un enfer depuis plusieurs années. "Il me casse les vitres et entrent dans ma maison. Une fois, ils sont repartis avec le tiroir du congélateur plein de viande. Ils m'ont aussi volé mes 49 poules, raconte-t-elle. Je ne suis pas raciste et je ne trouve pas que les conditions dans lesquelles ils vivent sont normales. Mais il faut que l'on puisse vivre en se respectant entre voisins et là, ce n'est plus possible." "Si nous avions un peu d'argent, nous partirions demain en France" Le mur édifié par la mairie de Baia Mare Dans l'un des immeubles, il n'y a ni eau, ni électricité. A six, sept ou huit, des familles s'entassent dans des garçonnières sans sanitaires. A l'extérieur, un cercle d'habitants intrigués se crée rapidement autour du maire. "Quelqu'un est-il contre ce mur?", lance l'élu. "Non, monsieur le maire, c'est très bien d'avoir fait un mur. C'était trop dangereux pour les enfants! Bravo", lui répondent plusieurs voix. Puis on l'applaudit. "Ce qui m'énerve le plus, ce sont les critiques des ONG de Bucarest, qui ne connaissent pas la situation et condamnent cette construction", affirme le maire. Le scandale a éclaté début juillet, lorsque des médias étrangers ont relaté l'affaire. A cela s'est ajoutée la pression des ONG, qui ont critiqué la construction d'un nouveau ghetto. Tout ce tam-tam médiatique n'a pas réussi à faire changer l'avis du maire, convaincu de l'importance d'une telle mesure. Des voisins excédés La raison officielle invoquée pour justifier la construction du mur est d'assurer la sécurité des enfants du quartier d'Horea vu qu'il y a une route qui fait face aux blocs. Officieusement, ce sont les jets de pierre sur les voitures et les maisons avoisi- Le projet du maire pour le quartier d'Horea ne comprend pas seulement un mur. Des lampadaires et des caméras de surveillance vont également être montés sur de grands poteaux en béton, alors qu'un commissariat - "avec des policiers roms" a promis l'élu - va prendre ses quartiers au rez-de-chaussée de l'un des blocs. Dans le rang des habitants roms, des voix s'élèvent pour décrier la création d'un ghetto. "Si l'on construit un mur pour nous empêcher de sortir et qu'on surveille nos allées et venues, alors c'est comme si nous étions dans une prison!", s'exclame Banta, père de huit enfants. "Les gens n'osent pas parler car ils ont peur d'être jetés à la rue par la mairie, car ce sont des logements sociaux", continue-t-il. Dans une petite garçonnière, il vit avec sa femme et ses six enfants. "Si nous avions un peu d'argent, nous partirions demain en France", conclut-il. Quelques jours plus tard, les représentants de plusieurs ONG roms se sont déplacés à Baia Le quartier d'Horea Mare où ils ont renconqui a provoqué la colère des riverains tré le maire. Après les discussions, les deux camps ont gardé les mêmes positions sans trouver de terrain d'entente. Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) 22 5 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie internationale l l SAPANTA SUCEAVA l l l CHISINAU l l M. CIUC SIBIU TIMISOARA l BRASOV l l BRAILA PLOIESTI l l CRAIOVA l n C'est la grande et belle idée de l'UE : s'asseoir autour d'une table et dialoguer, dans la tolérance et avec style. Tant pis si le monde avance plus vite que les discussions. L'historien roumain Mircea Vasilescu s'interroge sur la validité de ce modèle. CONSTANTA BUCAREST l L'incapacité à prendre des décisions 6 peine à devenir un acteur majeur dans la compétition mondiale" des négociations IASI ORADEA ARAD Au paradis BOTOSANI l l BAIA MARE L'historien Mircea Vasilescu : "L'UE Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Il existe le risque que, fascinée par ce paradis des négociations qu'elle a créé, l'UE devienne incapable de prendre des décisions... Il existe le risque que les négociations deviennent une fin en soi, souligne Mircea Vasilescu : "Nous n'avons pas pu aboutir à une solution, nous avons reporté le sujet pour 2013. Mais qu'est-ce que nous avons bien négocié !". L’historien roumain poursuit: l’'UE se retrouve confrontée à des pays où les décisions sont prises rapidement et facilement, "au plus haut niveau", et sont immédiatement appliquées, comme la Chine. Elle est confrontée à des pays où la démocratie présente encore quelques défauts, mais où l'évolution démographique et l'enthousiasme économique se portent bien mieux - comme l'Inde ou le Brésil. Et elle risque, comme le prédisent certains politologues, de perdre "le parapluie protecteur" des Etats-Unis, au nom du "multilatéralisme". Ainsi, l'UE n'est pas encore une grande puissance mondiale et semble incapable d'en devenir une. L'émergence sur la scène d'un président et d'un "ministre des Affaires étrangères" de l'UE (Herman Van Rompuy et Catherine Ashton) est également le résultat de longues négociations. Les personnes désignées pour ces fonctions - absolument respectables et pleines de qualités - essuient les critiques, car elles sont d'un genre "profil bas". Et certaines voix malicieuses ont affirmé que c'était justement le trait recherché, afin de ne pas éclipser les chefs des Etats-nations... A u fil du temps, l'Union Européenne a élaboré un mécanisme de négociation impressionnant. Les vagues successives de l'élargissement - et surtout l'intégration des pays d'Europe centrale et orientale - ont raffiné ce mécanisme à l'extrême. Trouver un dénominateur commun - ou du moins acceptable - aux orgueils politiques, aux frustrations historiques, aux ambitions économiques et aux réelles faiblesses de tant de pays qui ont guerroyé pendant des siècles est une vraie performance. Non seulement politique, mais aussi, et surtout, culturelle et civilisatrice. L'Europe en est arrivée à une subtile stylistique de la négociation. Ce qui, dans notre monde bouillonnant et imprévisible, se doit d'être salué. Rassembler à une même table, faire communiquer des Etats qui traînent encore des querelles du passé et les faire regarder vers l'avant est l'une des grandes victoires du projet européen. Parler d'une seule voix Cependant L'UE est aujourd'hui au cœur d'un dilemme. D'une part, elle doit préserver le mécanisme compliqué des négociations, qui lui a assuré un certain succès. Elle ne doit pas abandonner le principe de la "différence culturelle", l'idée d'harmoniser au sein d'une identité européenne (qui reste encore un rêve) une multitude d'identités nationales et locales. D'autre part, elle doit devenir un acteur majeur dans la compétition mondiale, et donc pouvoir prendre des décisions rapides et "parler d'une seule voix". Comment prendre plus aisément des décisions plus pragmatiques? La crise a montré que c'était possible. La création de l'euro fût une véritable aubaine, et la Banque centrale européenne a fait ce qu'elle devait faire. Bien sûr, quelques voix soulèvent la question de la sortie (ou de l'exclusion) de certains pays de la zone euro, ce qui peut éventuellement se discuter et se négocier. Certes, c'est grave. Mais sans l'euro, la situation aurait été infiniment plus grave: combien parmi les anciennes monnaies nationales auraient pu résister à la crise? La tentation du double langage Comment parler d'une seule voix ? Ici, les choses se compliquent. Les dirigeants politiques nationaux doivent gagner des élections dans leurs pays respectifs et pratiqueront donc toujours un double discours. D'une part, ils parleront de construction européenne, de l'autre ils feront toujours appel aux intérêts nationaux, en particulier pendant les campagnes électorales. Eventuellement, comme cela arrive souvent, quand quelque chose ne va pas bien dans leurs Etats, ils accusent "les bureaucrates de Bruxelles". Non seulement il y aura plusieurs voix (souvent contradictoires), mais elles chanteront parfois à contretemps de ces premiers solistes que devraient être le président du Conseil européen et le Haut représentant pour les Affaires étrangères. En outre, les deux hauts responsables apparus en application du traité de Lisbonne ont, pour l'instant, pour mission de donner une identité à leurs fonctions, de les doter d'un contenu. Seuls leurs successeurs auront une chance de rendre la politique globale de l'UE visible dans le monde et de jouer une partition plus ample. L'UE est une métaphore de la globalisation Il sera peut-être trop tard. D'ici-là, la dynamique de la mondialisation aura peut-être relégué l'Europe au second plan et l'on regrettera peut-être cette incapacité à prendre des décisions rapidement et fermement. Mais tel est le prix à payer pour garder cet élément essentiel pour la substance, l'élégance et la beauté du projet européen: la capacité de négocier, d'harmoniser les différents intérêts, de respecter jusqu'au bout les différences culturelles et identitaires. Peut-être l'UE restera-t-elle toujours dans la catégorie "soft power", mais son pouvoir réside avant tout dans la culture et la civilisation, dans l'atmosphère, dans le style. Il ne s'agit pas seulement du patrimoine culturel en soi, de l' "inventaire" des œuvres d'art, de l'architecture, des compositions musicales ou des écrits littéraires. Il s'agit avant tout des idées qui ont bâti l'espace européen et qui ont ensuite inspiré le reste du monde. Parmi celles-ci, le savoir-vivre ensemble: les citoyens d'un continent avec une histoire pleine de conflits ont appris à vivre dans le dialogue et la tolérance. L'Europe n'est peut-être pas encore une puissance mondiale. Mais, au regard de la diversité ethnique européenne (y compris les immigrants du monde entier), l'Union Européenne est, en soi, une métaphore de la globalisation. Mircea Vasilescu (Presseurop) Cent milliards de mètres cubes de gaz et dix millions de tonnes de pétrole en jeu Delta Bystroe : le canal de la discorde entre l'Ukraine et la Roumanie L e Delta du Danube, qui s'étend sur près de 3500 km2 est le théâtre de constantes rivalités entre les deux pays riverains, la Roumanie et l'Ukraine. Le Danube est en effet un axe très fréquenté de navigation, et les Roumains accusent notamment les Ukrainiens d'avoir percé le canal de Bystroe au mépris des règles environnementales. En 2004, Kiev a entrepris des travaux pour ouvrir à la navigation un bras naturel du delta situé en territoire ukrainien, le canal de Bystroe. Depuis 2007, cargos et porte-conteneurs peuvent rallier le Danube et l'hinterland européen depuis la Mer Noire. Des mois durant, des bulldozers ont dragué les sédiments et une digue maritime de plusieurs kilomètres a été construite dans l'estuaire ukrainien du Danube. Pour Kiev, l'objectif commercial est de permettre à la centaine de navires ukrainiens qui transitaient chaque année par le canal de Sulina, en territoire roumain, de s'affranchir des taxes douanières roumaines, et d'ouvrir une nouvelle voie de navigation internationale susceptible d'apporter quelques devises supplémentaires. "Sans même parler des conséquences environnementales, l'aménagement de ce canal est une idée stupide. Avec l'exploitation intensive des berges du fleuve, le Danube charrie des tonnes de sédiments qui font progresser le Delta d'environ 40 mètres chaque année, ce qui veut dire que maintenir une voie navigable en eau profonde nécessite de draguer continuellement le canal", souligne le professeur Berlinski, spécialiste roumain de l'environnement. Une opération qui a peu de chance de se révéler rentable sur le long terme. Utilisé par la flotte soviétique à partir de 1958, le canal de Bystroe avait été abandonné à son sort en 1992, après l'indépendance de l'Ukraine, et s'est rapidement envasé. Bucarest obtient gain de cause à La Haye "La protection du Delta doit se faire en coopération avec les autorités roumaines, les écosystèmes naturels ne connaissent pas les frontières", ajoute encore Nikolai Berlinski. Les sédiments dragués dans le canal de Bystroe sont rejetés à cinq kilomètres des côtes, puis emportés par le courant littoral qui se dirige du nord vers le sud. Ces derniers viennent donc se déposer à l'embouchure du canal de Sulina, l'autre voie navigable du Delta, située côté roumain, ce qui a le don d'agacer Bucarest, qui cultive déjà des relations pour le moins tendues avec l'Ukraine. Après la chute de l'Union Soviétique, les deux pays se sont en effet disputés la possession de cinq îlots sur le Danube et le contrôle de l'Ile aux Serpents, située en pleine mer, à 45 km du port roumain de Sulina. En 1998, un arbitrage américain avait confirmé l'appartenance de ces îles à l'Ukraine. En échange de son intégration à l'Otan, la Roumanie avait renoncé à ses revendications et signé un traité avec Kiev. Depuis, le conflit s'est déplacé sur la définition du tracé qui délimite la frontière maritime et les eaux territoriales des deux Etats. Une question fondamentale quand on sait que 100 milliards de mètres cubes de gaz et 10 millions de tonnes de pétrole se trouveraient sous le plateau continental disputé. Porté par la Roumanie devant la Cour internationale de justice de La Haye, le différent a trouvé son épilogue en 2009. 20% de la zone contestée, soit 2500 km2, a été accordé par la Cour à l'Ukraine et les 80% restant, soit 9700 km2, à la Roumanie, laquelle a proposé à l'Ukraine d'utiliser gratuitement le bras de Chilia dans le Delta qui est entièrement en territoire roumain, pour le trafic de ses bateaux. Mais Kiev entend persévérer dans son intention de s'affranchir de la tutelle de son voisin sur ce secteur. J-A Dérens et Laurent Geslin (Le Courrier des Balkans) 7 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE L'échec révélateur de la vente de 9,84% des actions de Petrom Economie SUCEAVA l l SATU MARE l BAIA MARE CHISINAU l IASI l TARGU MURES ORADEA l l l l ARAD SIBIU BRASOV l l VASLUI l TIMISOARA BRAILA l PITESTI CRAIOVA l n BUCAREST l l TULCEA l CALARASI l T. MAGURELE UE : financement à la Roumanie facilité 8 La Commission européenne a proposé lundi 1er août d'accroître les financements de l'Union européenne aux projets de six pays dont la Roumanie mais aussi la Grèce, l'Irlande, le Portugal, la Lettonie et la Hongrie afin d'y soutenir la croissance. La Commission souhaite porter le taux de cofinancement de l'UE de 85% à 95%. Le montant prélevé sur les fonds structurels de l'UE resterait le même, mais les Etats concernés auraient à verser une somme moins élevée qu'auparavant pour obtenir le solde du financement d'un projet. L'idée doit encore être approuvée par les ministres de l'UE ainsi que par le Parlement européen afin d'entrer en vigueur, ce que la Commission espère obtenir avant la fin de l'année. Chisinau : pas d'histoire… avec l'histoire roumaine Le ministre de l'Education nationale de Moldavie a décidé que l'histoire des Roumains, enseignée comme matière à part entière dans les lycées depuis deux ans, reformerait un tronc unique et commun avec l'histoire universelle, dès cette rentrée, afin d'alléger les programmes. La décision a provoqué des réactions diverses au sein de l'actuelle coalition gouvernementale moldave, les libéraux la dénonçant alors que leurs partenaires démocrates restaient silencieux. Le Président Basescu a déclaré qu'il n'y voyait pas là motif à s'indigner, même si c'était son gouvernement qui avait financé l'édition des 450 000 manuels d'histoire roumaine remis aux élèves moldaves. L 'Etat roumain n'a pas réussi à vendre en bourse 9,84% des actions de la compagnie pétrolière et gazière Petrom, qu'il codétient avec le groupe autrichien OMV, et lancera une nouvelle offre au moment opportun, a annoncé vendredi 22 juillet le ministère de l'Economie. Lors de l'expiration du délai prévu, vendredi à midi, moins de 80% des actions avaient été souscrites et le plafond minimum pour clore l'offre n'avait pas été atteint. Bucarest espérait obtenir 610 millions d'euros de la vente de ces actions, considérées comme les bijoux de la couronne. Pourtant peu avant l'annonce officielle de cet échec, le Premier ministre Emil Boc avait déclaré que la Roumanie ne se trouve pas dans une situation désespérée pour vendre à n'importe quel prix. Les premiers signes d'un désintérêt des investisseurs étaient apparus en début de semaine, lorsque le gouvernement s'était réuni en urgence pour décider d'un prix minimum de l'action, légèrement en-dessous du cours en bourse de la veille. Premier producteur de pétrole et de gaz d'Europe centrale et de l'est, Petrom détient d'importants gisements en Roumanie ainsi que 540 pompes à essence dans ce pays et 270 autres en Moldavie, Bulgarie et Serbie. La mise en bourse de ces actions devait être la première d'une série d'opérations similaires visant des paquets de 10% à 15% de plusieurs sociétés énergétiques, dont la compagnie nucléaire Nuclearelectrica, le producteur de gaz Romgaz, les transporteurs d'électricité Transelectrica et de gaz Transgaz. Le gouvernement va poursuivre son programme de privatisations convenu avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'UE, a souligné le ministère. Au total ces transactions devraient rapporter à la Roumanie environ 4 milliards d'euros, selon les analystes. Mais l'échec de la vente de Petrom, survenant après d'autres opérations avortées du même genre, illustre le manque de confiance des investisseurs étrangers dans l'avenir de la Roumanie, dont l'état de corruption endémique a même été dénoncé publiquement dernièrement par l'ambassadeur de France, Henri Paul, emboîtant le pas à ses collègues américain et britannique. A savoir 1,5 % de croissance Le FMI a maintenu sa prévision de croissance pour la Roumanie à 1,5 % en 2011 et a révisé légèrement à la baisse celle de 2012 qu'il estime à 3,7 %, au lieu de 3,9 %. Centrales communes entre la Roumanie et la Bulgarie La Roumanie et la Bulgarie ont affirmé leur intention de construire deux grands complexes hydroélectriques sur le Danube, entre Nikiopol et Turnu Magurele et entre Silistra et Calarasi. La production annoncée est de 3800 GWh d'électricité par an. Ce projet s'intègre dans une volonté de plus grande coopération entre les deux pays au niveau énergétique avec à terme la possibilité de la mise en commun de la gestion de l'énergie électrique. Un mémorandum devrait être signé en septembre entre les deux pays. On ne connaît pas encore le coût du projet. La France et les noix moldaves Selon Fruit Inform Project, l'augmentation de la production de fruits frais et de noix permettrait à la Moldavie de voir progresser ses exportations dans le secteur. Elles atteindraient désormais 160 millions de dollars. Les échanges commerciaux du secteur enregistreraient ainsi un solde positif de 100 à 110 millions de dollars. La Russie est le premier client de la Moldavie pour les fruits frais et les noix. En valeur, les exportations vers ce pays représenteraient la moitié des recettes du secteur. La France serait le deuxième client grâce notamment aux volumes importants de noix qu'elle importe. Le Belarus qui importe des pêches, des pommes, des raisins, des abricots et des prunes serait le 3ème client de la Moldavie. La Grèce arriverait en 4ème position avec d'importants volumes de noix importés. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie EADS ouvre sa première usine en Roumanie E tape majeure dans sa stratégie européenne de dévedent d'EADS, lors de la cérémonie d'inauguration qui a annonloppement, Aerotec, filiale du groupe européen cé que cette coopération, remontant aux années 70, se poursuid'aéronautique et de défense EADS, a inauguré vra. "Nous sommes déterminés à créer un centre d'excellence mardi 12 juillet à Ghimbav (près de Brasov) une usine de comglobal de maintenance et réparations pour des appareils civils posants aéronautiques. La Roumanie est l'un des rares pays et militaires et à intégrer Eurocopter Roumanie dans la chaîd'Europe centrale et de l'Est à avoir une industrie aérospatiale ne globale d'approvisionnement", a-t-il précisé. "Mais nous et de défense importante. pouvons faire encore plus, soit Fruit d'un investissement de conclure un accord sur l'action40 millions d'euros, l'usine consnariat d'Eurocopter Roumanie, truite à proximité d'un site qui pourrait ouvrir la voie à une Eurocopter (également filiale nouvelle ligne d'assemblage" à d'EADS) produit et assemble des Ghimbav, a-t-il ajouté. composants métalliques pour Eurocopter coopère depuis toute la série Airbus (A320, 1973 avec l'IAR de Ghimbav, le A330, A380). Elle emploie enviplus ancien avionneur roumain, ron 300 personnes et ce chiffre créé en 1925. Cette coopération a devrait monter à 500 fin 2012. été renouvelée en 2004, lorsque Avantage pour l'avionneur, qui a Eurocopter a inauguré une chaîne bénéficié d'une aide d'Etat rouLe Premier ministre Emil Boc et Louis Gallois, Pdg d'EADS. de production destinée à la main de 19 millions d'euros, la modernisation des hélicoptères Roumanie a encore un coût du travail très inférieur à l'Europe Puma. Mais plusieurs tentatives du groupe de racheter l'IAR de l'Ouest avec un salaire moyen de 350 euros. ont échoué ces dernières années. "La Roumanie est le pays européen où EADS a investi le EADS a par ailleurs fourni un complexe système de sécuplus, mis à part les pays d'origine du groupe (France, risation des frontières roumaines pour des centaines de Allemagne et Royaume-Uni)”, a souligné Louis Gallois, présimillions d'euros. Lactalis prêt à aider les éleveurs moldaves à produire plus de lait L e groupe français Lactalis, qui dispose d'une unité de production en République de Moldavie, s'est déclaré prêt à fournir une aide aux éleveurs moldaves pour la création de petites exploitations, l'achat de machines à traire et la formation professionnelle en France. C'est ce qu'il resort d'un entretien entre le Directeur général industriel du Groupe Lactalis, Daniel Pineau, et le Premier ministre moldave, Vlad Filat, qui a eu lieu le lundi 18 juillet. Cet entretien intervient après une première rencontre entre les dirigeants du Groupe français avec le Premier ministre moldave lors de sa visite en France au 1er semestre. Lactalis s'était alors engagé à équiper un laboratoire d'analyses afin de permettre aux autorités moldaves de tester la teneur en matières animales et végétales des productions laitières dans le pays et mettre un terme à la mise sur le marché local de productions dont la composition n'est pas conforme à l'affichage des produits. Cet équipement est désormais opérationnel et n'attend plus que des évolutions de la législation locale et l'autorisation des autorités pour sa mise en service. Lactalis souhaite aller aujourd'hui encore plus loin. En effet, le groupe Lactalis qui dispose en Moldavie d'une importante capacité de production grâce à son usine de Soroca, est néanmoins confronté à une pénurie de lait frais et est prêt à conclure des contrats à long terme avec les agriculteurs. Le groupe Lactalis est le leader mondial de la production de produits laitiers. Il dispose d'une unité de production à Soroca qui a bénéficié de plus de 17 millions d'euros d'investissements et qui emploie 220 personnes. En Moldavie, Lactalis (Alba Président) emploie au total 500 personnes en intégrant la force de vente. 80 tonnes de produits laitiers et 7 tonnes de fromage peuvent être produits quotidiennement par l'unité de Soroca. Dans le monde, le groupe Lactalis dispose de 196 usines. Les investisseurs américains se plaignent de la corruption à leur ambassade L 'ambassadeur américain a avoué recevoir de nombreuses plaintes de la part des sociétés américaines qui ont investi ou souhaitent investir en Roumanie, dans un entretien publié hier dans le journal Adevarul. Certains investisseurs auraient même confié s'être heurtés au problème des pots-de-vin avec des "officiels roumains". "Il existe des compagnies américaines qui souhaitent investir en Roumanie et qui soit n'ont pas encore pris leur décision, soit ont peur d'investir du fait des accusations et problèmes significatifs de corruption et de transparence", a déclaré Mark Gitenstein. Selon lui, le principal problème est celui des appels d'offre truqués. Le diplomate explique qu'il a pu, dans certains cas, s'adresser directement au gouvernement ou aux agences gouvernementales. "Dans d'autres cas, les problèmes ont été inscrits sur une liste que je soumets de temps en temps à l'attention du Premier ministre, du Président ou du ministre de la Justice", a-t-il ajouté. 9 Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité Economie SUCEAVA l l SATU MARE CHISINAU l IASI l l l l ARAD SIBIU BRASOV l l VASLUI l TIMISOARA BRAILA l PITESTI CRAIOVA l TÂRGOVISTE l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Un Sénat compréhensif pour les candidats malhonnêtes 10 Actualité investisseurs parmi les PME intéresse les Chinois… TARGU MURES ORADEA l Pourquoi la Roumanie l BAIA MARE Ils sont déjà les quatrièmes Les NOUVELLES de ROUMANIE Le Sénat roumain a voté (104 voix pour, deux contre et deux abstentions) la réduction des sanctions qu'encourt un candidat qui a offert lors de sa campagne électorale de l'argent ou d'autres biens pour influencer les électeurs. Pour ce genre de délit, l'actuelle loi prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans, alors que le nouveau texte, qui doit encore être approuvé par la Chambre des députés, réduit ce maximum à trois ans. Les sénateurs ont par ailleurs supprimé du projet de loi qui leur avait été soumis la disposition prévoyant que seuls les bannières, les affiches et les documents imprimés étaient autorisés durant une campagne électorale. Les candidats pourront donc continuer à L a Roumanie, avec ses usines à la dérive et son savoir-faire industriel, attire les investisseurs chinois. Une implantation discrète mais efficace. Rasnov, en Transylvanie, au cœur des Carpates: sa citadelle, ses 15 000 habitants et... ses trois Chinois. Bercée par le rythme des vagues de touristes venus visiter le château voisin de Dracula, Rasnov (à 15 kilomètres de Brasov) n'a longtemps été qu'un lieu de passage. Depuis 2008, le destin de la bourgade a basculé, pour la seconde fois de son histoire après l'occupation par les chevaliers teutoniques, en 1215. Cette fois-ci, ce sont les Chinois qui ont débarqué. L'usine de tracteurs qu'ils ont inaugurée, en 2009, se dresse au pied de la citadelle. Un investissement de 50 millions d'euros, financé à 80 % par Hoyo-SHK Modern Agricultural Equipment Co. Ltd. China. Pour figurer parmi les 500 futurs employés du site, les habitants de Rasnov ont même remis des listes d'inscription à la direction ! Car Tractoare Hoyo représente ici l'avenir: l'usine devrait assembler d'ici à 2012 plus de 20 000 unités à destination de toute l'Europe. A terme, les composants seront aussi produits sur place. Le 5 janvier, il martelait qu'il n'était pas question, pour son pays, de succomber aux sirènes de l'argent chinois, à l'instar de ses voisins, la Grèce et la Moldavie. Même si "la Chine est notre amie", concluait-il, un brin embarrassé. Iulia Badea Guéritée (L'Express) 8 000 Chinois vivent en Roumanie, selon l'Office roumain des migrations, dont 6 000 à Bucarest. Ils sont investisseurs, entrepreneurs, mais aussi ouvriers dans des entreprises du secteur textile. 385 millions de dollars : tel est le montant des investissements A Bucarest, le marché du Dragon rouge abrite plus d'un millier de commerces chinois. chinois en 2010 en Roumanie, selon le ministère de l'Economie. “Chinezii din Romania”: c'est le journal de la communauté chinoise expatriée en Roumanie. Les roseaux du Danube recouvrent les toits des villas huppées d'Europe Un océan de roseaux ondule dans le vent jusqu'au bleu de la Mer Noire. Ici, dans le delta du Danube, sont récoltés chaque hiver des roseaux utilisés pour les toits de chaume de luxueuses villas d'Europe du nord, comme le rapporte Isabelle Wesselingh, correspondante de l'AFP à Bucarest. Un institut roumano-chinois Confucius à Brasov Une belle revanche pour les gens du cru : c'est dans leur région que se trouvait la plus grande usine de tracteurs du pays à l'époque de Ceausescu. Malins, les Chinois sont venus y chercher un savoir-faire. Loin d'être une curiosité, leur percée, discrète mais efficace, a commencé en 1993 lorsque le département de Brasov a amorcé sa collaboration avec la province de Liaoning. Des commerces ont peu à peu fleuri autour du seul restaurant chinois de la région. Aujourd'hui, l'université Transilvania Brasov accueille en son sein, depuis septembre 2010, un institut roumano-chinois Confucius. Les édiles de Brasov ne sont pas les seuls à recevoir à bras ouverts les investisseurs chinois. A Timisoara, ces derniers ont racheté une fabrique de vélos; à Somes Dej, Avic International a promis 350 millions d'euros pour redresser une usine de cellulose et papier. La seule raison qui empêche une implantation plus rapide des entreprises de l'empire du Milieu en Roumanie semble être la lourdeur bureaucratique - un comble ! La plus grande China Town d'Europe près de Bucarest En revanche, les Chinois se hissent déjà au quatrième rang parmi les petits entrepreneurs étrangers : commerces, restaurants, à Bucarest, leurs affaires prospèrent. A tel point qu'aujourd'hui un vaste complexe de 13 hectares, le Dragon rouge, abrite plus d'un millier de commerces chinois dans la capitale. Et ce n'est pas fini: un groupe de promoteurs roumains et chinois vient de construire sur 50 hectares, une China Town, inaugurée à la mi-juillet dans la commune de Afumati (15 km au nord-est de Bucarest) un complexe commercial comprenant - Je vous interdis catégoriquement de penser que 1240 magasins. Il s'agit du plus grand complexe de type China Town d'Europe. vous avez voté pour Basescu ! (Vali, J. National) D'autres projets vont suivre sur le même site avec la construction d'immeubles offrir aux électeurs des affiches, des de bureaux, d'écoles, de banques, de zones résidentielles pour 15 000 familles et aussi dépliants, des cartes postales, des bride 300 maisons chinoises inspirées de la période médiévale, les investisseurs misant quets, des allumettes, des calendriers, sur l'exotisme et le potentiel touristique du lieu. des stylos, des casquettes, des maillots La porte d'entrée du complexe China Town, assemblage de plusieurs types de de corps, des foulards, des écussons, bois, est la deuxième plus grande au monde. Les investissements s'élèvent à plus de des fanions, des petits drapeaux ou des 100 millions d'euros pour l'ensemble du projet. ballons imprimés aux couleurs de leur Même si la ligne aérienne directe Bucarest-Pékin est suspendue depuis 2003, l'ofparti, et même des bicyclettes comme le fensive chinoise a donc bel et bien traversé le Danube. Pour le plus grand bonheur prévoit le PDL. La participation obligatoides hommes d'affaires, qui rêvent de voir un jour le port de Constanta briller de mille re au vote a été également rayée du lampions rouges. Mais au grand dam du président: Traian Basescu ne partage pas leur texte initial voté par les sénateurs. enthousiasme. L es roseaux de Roumanie ont aussi servi dans des lieux reculés, les ouvriers dorment sur des hôtels flottants. décors de films, notamment pour reconstituer un théâtre dans un film sur Shakespeare tourné aux 500 personnes travaillent studios Babelsberg, près de Berlin. Ce matériau autrefois utilipendant la récolte et 200 toute l'année sé pour les maisons des paysans pauvres, les chaumières, est aujourd'hui prisé dans les demeures cossues en quête d'authen"Les techniques ont beaucoup évolué pour protéger l'enviticité. "Le roseau est un matériau naturel qui est aussi un très ronnement", rapporte Dan Baltaneanu qui a connu les ravages bon isolant thermique et phonique. Avec l'intérêt croissant de la récolte intensive quand, sous Ceausescu, des machines pour les constructions écologiques, beaucoup de gens veulent montées sur des chenilles en fer détruisaient les rhizomes. aujourd'hui des toits en chaume", explique Octavian Popa, 300.000 tonnes étaient alors extraites du delta. directeur de Delta Stuf Production. Près du lac Sinoe, la récolte se fait Cette société privée est l'une des manuellement, à la serpe. "C'est un deux seules autorisées à récolter les métier difficile car les gens récoltent tiges dorées dans le delta du Danube, parfois les jambes plongées dans l'eau plus grande roselière compacte au glacée", reconnaît Octavian Popa. "Sans monde. La quasi-totalité de la récolte de le roseau, on n'aurait pas de quoi manla société, 20 000 tonnes, est exportée, ger. Il n'y a pas d'autre activité dans la principalement vers l'Allemagne et les zone", explique Maria Scarlat, qui Pays-Bas mais aussi au Danemark, en extrait des bottes les mauvaises herbes et Grande-Bretagne et en France. Le les roseaux de l'année dernière, "plus roseau du delta est connu pour sa solidigris et moins solides". té même s'il fait face depuis quelques 500 personnes travaillent à la récolannées à la concurrence chinoise. te, 200 toute l'année. "Cette récolte est Avant d'arriver sur le toit des villas, bénéfique pour l'environnement. Le fermes ou moulins d'Europe du Nord, le roseau a besoin d'être coupé pour croîtChaque famille du Delta a le droit roseau est cueilli dans des conditions de couper deux tonnes de roseaux re à nouveau sainement", commente chaque année pour son propre usage. Silviu Covaliov, biologiste à l'institut climatiques difficiles, dans des marécages coincés entre mer et fleuve et que l'on atteint parfois uninational du Delta du Danube, rappelant que les habitants quement en bateau. "Ici, nous récoltons sur une île flottante", cueillent le roseau depuis des siècles. Chaque famille du delta indique Dan Baltaneanu, 77 ans, dont 52 dédiés à la récolte des à le droit de récolter jusqu'à deux tonnes pour se chauffer, roseaux. Le sol de l'île n'est profond que de quelques dizaines construire étables et granges, donner à manger aux animaux ou de centimètres. Quand le tracteur aux larges roues avance, la refaire son toit. L'activité requiert 500 personnes au moment terre ondule comme un matelas rempli d'eau. de la récolte et 200 qui travaillent toute l'année. Mais curieuA une demi-heure en bateau, le long de la mer Noire, la sement, les toits de chaume prisés des familles fortunées en récolte se fait aussi mécaniquement. A l'avant de la machine, Europe du nord sont signe de pauvreté dans le Delta, les habides mâchoires en fer coupent les tiges. Des hommes saisissent tants préférant souvent des matériaux jugés plus modernes. les fagots ainsi formés et les empilent à l'arrière. Dans ces Isabelle Wesselingh 11 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Restriction de l'accès des travailleurs roumains en Espagne Social BAIA MARE SUCEAVA l l IASI TARGU MURES l ORADEA l M. CIUC l l ARAD BRASOV l l SIBIU TIMISOARA l PITESTI CRAIOVA l GALATI l BRAN BRAILA n l l CONSTANTA BUCAREST GIURGIU l TULCEA l l l Les chiffres 12 Evénements CHISINAU l l Population : 21 542 000 habitants Superficie: 238 391 km 2 PIB: 119,7 milliards d'euros. Croissance en % du PIB: - 1,2 % Croissance estimée en 2009: - 7,1 % (UE: 0,2 %) PIB/habitant : 3806 € Déficit public en % du PIB en 2009: 7,8 % (UE: 0,9 %) Dette publique en % du PIB en 2007: 12,9 % (UE: 58,7 %) Taux d'inflation en 2010: + 7,96 % Chômage en % de la population active en janvier 2010: 7,3 % (UE: 7 %) Salaire moyen : 462 € -Le plus élevé (finances): 966 € -Le plus faible (bois) : 181 € Salaire minimum net : 164 € (employés), 300 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne: 150 € Minimum vieillesse : 75 € Espérance de vie (hommes/femmes): 69,5-77 ans C 'est un nouveau coup de canif à la libre circulation en Europe: au nom du marasme économique, Bruxelles a autorisé jeudi 11 août l'Espagne à restreindre l'accès des Roumains à son marché du travail jusqu'à la fin 2012. En clair, Madrid peut désormais imposer des permis de travail aux Roumains, en faisant jouer une "clause de sauvegarde" de son marché de l'emploi. C'est la première fois que cette clause est invoquée en Europe. Pour l'Espagne, le virage est net: en 2009, deux ans après l'élargissement de l'UE à la Roumanie et à la Bulgarie, elle avait fait le pari de lever toutes les restrictions à l'arrivée de travailleurs de ces deux pays. À l'inverse, dix États membres - dont la France et l'Allemagne avaient préféré une ouverture progressive de leur marché du travail, maintenant un régime de permis jusqu'à 2013. 30% de Roumains sans emploi Mais la crise est passée par là, la croissance espagnole a reculé de 3,9% entre 2008 et 2010, et le taux de chômage dépasse 20% depuis mai 2010. "La hausse continue du nombre de résidents roumains en Espagne et leur niveau de chômage élevé ont eu une incidence sur la capacité du pays à absorber de nouveaux flux de travailleurs", note la Commission. Le pays comptait plus de 800 000 Roumains au 1er janvier 2010 (soit plus du double qu'en 2006), dont 30% sans emploi. Ceux qui se trouvent déjà sur place ne sont pas concernés pas la mesure annoncée mi-août. Bruxelles voit dans cette décision un cas de figure unique. Nous n'avons pas reçu d'autres demandes, nous ne nous attendons pas à en avoir d'autres", a affirmé une porte-parole de la Commission, en promettant de "continuer à défendre la libre circulation partout en Europe". Bruxelles, tout en déplorant une entorse à "l'esprit" de Schengen, se prépare à en ajuster les règles. Les États membres ont chargé la Commission d'élaborer des critères permettant de déroger au principe de libre circulation en cas de pression migratoire "forte et inattendue". Les conclusions sont attendues en ce mois de septembre. Claire Gallen (Le Figaro) -Eh oui… Nous aussi on a nos assiettes vides, comme les Grecs… -Peut-être… Mais eux, au moins, ils les cassent ! Gazdaru U ne enquête du bureau d'études GFK révèle que deux tiers des Roumains s'estiment plus pauvres en 2011 que l'année précédente. Toutefois, ils ne sont plus que 43 % à penser que leur situation va encore empirer, contre 50 % en 2010. 15 % pensent qu'elle va s'améliorer et 36 % qu'elle restera identique. Plus de la moitié des Roumains affirment qu'ils ont beaucoup de mal à boucler leur fin de mois et un quart qu'ils ont été obligés de s'endetter. Moldavie*: Population : 4 350 000 habitants Habitants sur place : 3,56 millions Superficie: 33 700 km2 PIB: 4,4 milliards d'euros Croissance en 2010: 6,9 % PIB/habitant : 1010 € Inflation : 10 % Salaire minimum : 36 € Salaire moyen : 180 € à Chisinau, 80 € dans le reste du pays Chômage (chiffre officiel) : 8 % Espérance de vie (hommes/femmes): 62-70 ans *Chiffres donnés sous réserves Deux Roumains sur trois plus pauvres qu'en 2010 Taxe auto illégale L a Cour de justice de l'UE (CJUE) vient de donner raison à un citoyen roumain en prise avec l'Etat roumain. Celui-ci remettait en cause le paiement de la dernière taxe auto en vigueur depuis décembre 2009 alors qu'il avait immatriculé en Roumanie un véhicule acheté en Allemagne. Il a ainsi payé en vertu de la loi roumaine une taxe de pollution de 4431 lei (plus de 1000 €). En Roumanie, celle-ci ne s'adresse qu'aux véhicules étrangers dans le but de décourager l'importation de véhicules d'occasion d'autres Etats-membres, soi-disant plus polluants. La CJUE vient de donner tort à l'Etat roumain et propose la création d'une taxe de pollution annuelle pour tout type de véhicule. Suite à cette décision, l'Etat roumain va par ailleurs devoir dédommager tous ceux qui ont payé cette taxe. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L'immigration principal moteur de la croissance démographique en Europe L a population de l'UE totalisait 502,5 millions d'habitants au 1er janvier, selon les chiffres publiés, jeudi 28 juillet, par Eurostat. Les Vingt-Sept se sont peuplés de 1,4 million d'habitants supplémentaires en 2010; 5,4 millions d'enfants sont nés dans l'Union en un an, soit un taux de natalité stable, de 10,7 ‰. Mais plus que l'accroissement naturel, qui se solde par une hausse de 514 000 habitants (+ 1 ‰), c'est l'immigration qui a contribué à grossir les rangs des Européens: le solde migratoire affiche 854 000 personnes (+ 1,7 ‰). Les dix-sept pays de la zone euro, avec 332 millions d'habitants, accueillent à eux seuls 1 million d'habitants en plus et, signe de leur attrait, bénéficient de l'essentiel du solde migratoire (700 000 personnes). La Roumanie parmi les 8 pays qui se dépeuplent Ces totaux recouvrent de fortes disparités. Certains pays conservent un taux de natalité élevé, comme l'Irlande (16,5 ‰), le Royaume-Uni (13 ‰) ou la France (12,8 ‰), soutenant l'accroissement naturel de leur population. L'Irlande a ainsi gagné 46 000 habitants par croissance naturelle, quand le solde migratoire lui en a fait perdre près de 34 000. Le Royaume-Uni ajoute à un solde naturel de 245 000 habitants un bilan migratoire de 163 000 personnes. La France a vu sa population augmenter de 284 000 habitants par accroissement naturel et de 75 000 habitants par le solde migratoire. Huit pays, parmi lesquels la Lettonie, la Bulgarie, la Hongrie, l'Allemagne et la Roumanie, enregistrent une croissance naturelle négative, leur taux de natalité restant inférieur au taux de mortalité. L'Allemagne a ainsi perdu 50 000 habitants en 2010 mais elle demeure le pays le plus peuplé de l'UE avec 81,7 millions d'habitants devant la France (65 millions) et le Royaume-Uni (62,4 millions). Grégoire Allix (Le Monde) De son dernier combat en Roumanie, Laurence Demairé veut faire une loi 13 "Deux heures dans les bras de sa maman à la naissance" Laurence Demairé se bat depuis plus de dix ans pour le droit des femmes roumaines à mettre au monde leur enfant dans les meilleures conditions possibles. Elle a introduit en Roumanie la maternologie, discipline entre science et psychologie, qui met en lumière l'importance du lien mère-enfant lors de la naissance. A 82 ans, la Lilloise vient de remettre son tablier à ses condisciples et a rejoint définitivement la France. L aurence Demairé est fatiguée mais heureuse. Confortable-ment installée dans sa chaise, au beau milieu du parc Cismigiu, au centre de Bucarest, elle regarde passer les amoureux. Les membres de son association, "Bébé bienvenu", s'activent autour d'elle. Ils doivent recueillir un maximum de signatures pour que leur pétition puisse être envoyée au Parlement. "Nous voulons qu'une loi oblige toutes les maternités du pays à respecter le droit des parents à avoir au moins deux heures d'intimité avec leur enfant dès la naissance", dit-elle calmement. Le premier contact de Laurence Demairé avec la Roumanie a été une photo d'enfants abandonnés dans un mouroir. C'était en 1996. "Je serais partie le soir même, mais il m'a fallu trois ans pour prendre cette décision", raconte-t-elle. Quand elle arrive en Roumanie en 1999, elle travaille pour une ONG et s'occupe des orphelins. Mais au fil de ses rencontres, elle s'aperçoit que le problème des abandons est directement lié à la façon dont est abordée la naissance. "J'ai eu une révélation et j'ai décidé de me battre pour changer cela", lâche-t-elle. Elle se met alors à visiter des maternités dans tout le pays et observe. Quasiment partout, les nourrissons sont placés dans des nurseries communes dès leur naissance et sont rendus à leur mère quelques heures plus tard. "Pour des questions d'hygiène", lui explique-t-on. "Mais ce sont ces premières heures qui comptent le plus. Le bébé ressent une angoisse quand on vient le retirer des bras de sa mère et il s'en souviendra toute sa vie!", s'emporte la Lilloise. "En Roumanie, les médecins apprennent à la faculté qu'il est plus important d'enlever l'enfant des bras de sa mère le plus rapidement possible pour vérifier s'il est en bonne santé", explique Danut Ciolompea, un médecin généraliste. Laurence Demairé décida alors de créer une association pour sensibiliser les médecins et les former à la maternologie, cette discipline qui part du principe que les premières heures de vie d'un être humain sont très importantes. Quatre praticiens ont été formés en France grâce ses efforts. Ce n'est qu'un début. Mais Laurence Demairé est sereine. Fatiguée par l'âge, elle a décidé de rentrer définitivement en France en juin dernier, assurée d'avoir rempli sa mission et de laisser derrière elle la relève nécessaire pour que son combat continue. Jonas Mercier (La Croix) Société Les NOUVELLES de ROUMANIE La Roumanie condamnée par la CEDH de Strasbourg Evénements BAIA MARE Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie quotidienne La lutte contre la "malbouffe" marque le pas Alors que la Hongrie vient d'officialiser sa "taxe sur le hamburger", en Roumanie l'initiative pourtant pionnière en Europe n'est plus au goût du jour. Que s'est-il passé ? SUCEAVA IASI TARGU MURES l ORADEA Trop de chiens errants l l CHISINAU l l l M. CIUC l l ARAD BEZID l l l l SIBIU TIMISOARA BRASOV GALATI l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l TULCEA l n BUCAREST GIURGIU l CONSTANTA l l Des bus de nuit dans la capitale 14 La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné le 26 juillet la Roumanie pour n'avoir pas maîtrisé le problème récurrent des chiens errants dans la capitale, donnant droit à la plainte d'une septuagénaire attaquée par une meute. Depuis la mi-juillet, des bus de nuit circulent dans Bucarest entre 23 h et 6 h du matin. La RATB (Régie autonome des transports de Bucarest) a mis en place 23 lignes qui relient le centre-ville aux zones périphériques de la ville. Le point de départ des autobus se trouve Piata Unirii. Entre 23 h et une heure du matin, et entre cinq et six heures du matin, les autobus partiront toutes les 30 minutes, alors qu'entre une heure et cinq heures du matin ils partiront toutes les heures. Le prix du ticket sera le même que pour un trajet normal en plein jour, soit 1,3 leu. Les nouvelles lignes nocturnes vont relier au centre-ville les quartiers Colentina, Pantelimon, Titan, Berceni, Rahova, Dristor, Giulesti, Cotroceni et Grivita. Aménagement des secteurs de Bucarest Les maires des six secteurs de la capitale seraient tombés d'accord sur une nouvelle délimitation cadastrale. Certains Bucarestois qui possèdent leur chambre à coucher dans un secteur se retrouvent dans un autre secteur lorsqu'ils se déplacent dans leur salon. C'est notamment le cas sur le boulevard Unirii. Un constat qui date de la période communiste lorsque de nombreux immeubles et boulevards ont été construits à la place de maisons. Cela pose le problème de savoir où voter et où payer ses impôts, par exemple. Une fois entrée en vigueur, cette mesure obligera les Bucarestois qui "déménagent" dans un autre secteur à changer leurs pièces d'identité. E n octobre 2000, Georgeta Stoicescu, 71 ans, avait été attaquée, mordue et jetée à terre par une meute d'environ sept chiens errants devant sa maison de Bucarest. Elle avait été blessée à la tête et s'était cassé un fémur, et en avait gardé des difficultés à marcher, jusqu'à son décès sept ans plus tard. A l'époque de cette attaque, le grand nombre de chiens errants dans les villes roumaines était déjà un problème de santé et de sécurité publiques puisqu'on en dénombrait quelque 200 000 dans la capitale. Le 19 juin 2001, le tribunal départemental de Bucarest estima que l'administration pour la surveillance des animaux (ASA), une institution publique, n'avait pas pris toutes les mesures pour protéger la population et que l'attaque dont Mme Stoicescu avait été victime avait mis sa vie et sa santé en péril, lui causant des souffrances physiques et mentales. Il ordonna à la mairie de Bucarest de lui verser une somme équivalent à 400 euros, mais la mairie forma un recours. Dans son arrêt rendu à Strasbourg, la CEDH a estimé que "l'insuffisance des mesures prises pour traiter le problème des chiens errants, combinée au manquement à fournir un redressement adéquat pour les dommages subis, a violé le droit de la plaignante au respect de la vie privée". Les juges européens ont alloué 9000 euros pour préjudice moral à son mari qui avait poursuivi son action après son décès. Le problème des chiens errants n'est toujours pas résolu puisque selon une statistique de la préfecture de Bucarest - mentionnée dans le jugement - 9178 personnes, dont 1678 enfants, ont été mordues par des chiens errants au cours des six premiers mois de 2009. 38% des chiens alors capturés étaient infectés par la leptospirose. De même source on évaluait en avril 2010 entre 40 000 et 100 000, le nombre de chiens errants à Bucarest. 3700 bucarestois mordus en six mois P lus de 3700 Bucarestois, dont 1300 enfants, ont été mordus par des chiens errants au cours des six premiers mois de cette année. Chaque semaine, des dizaines de plaintes sont déposées, mais très peu aboutissent. Deux procès ont seulement eu lieu en 2008 et sur les 5-6 affaires jugées jusqu'à maintenant, au terme d'une longue procédure, les plaignants ont obtenu au mieux 200 € de dommages et intérêts, correspondant au coût du traitement médical qu'ils ont dû subir. De quoi décourager toutes les victimes… A Craiova, autre grande ville touchée par le phénomène des maidanezi (chiens errants), dont le nombre est passé, selon les estimations, de 5000 à 8000 en un an, ce sont 859 personnes qui ont été mordues au cours du premier semestre. A Constantsa, la situation étant encore pire: fin juillet 1275 personnes mordues par des chiens avaient été enregistrées, dont 200 pour ce seul mois. A Giurgiu (frontière avec la Bulgarie), un sexagénaire a obtenu une indemnisation de 1000 € de la mairie, une première. Il avait été attaqué et mordu férocement par une meute d'une quarantaine de chiens, alors qu'il rentrait chez lui à la tombée de la nuit. Tentant vainement de s'enfuir, il n'a dû son salut qu'à l'intervention d'un couple de voisins qui s'était précipité à son secours en entendant ses cris et en jetant de la nourriture aux animaux affamés. I l y a un an et demi la Roumanie faisait la une de la presse étrangère. Et pour une fois en bien. "La Roumanie veut imposer la malbouffe en introduisant une taxe sur les produits fast-food, sucreries et boissons gazeuses afin de soutenir des programmes nationaux de santé", titrait Le Figaro en janvier 2010. L'Alliance européenne pour la santé publique transmettait même son soutien officiel au Premier ministre Emil Boc et au ministre de la Santé roumain, Czeke Attila, pour ce qui relève "d'une initiative courageuse dans le but de décourager la consommation d'aliments mauvais pour la santé". Il est vrai qu'à l'instar de beaucoup de pays européens, la Roumanie est touchée par le fléau que représente l'obésité. Les rapports officiels attestent qu'une personne sur quatre souffre d'obésité, tandis qu'une sur deux serait en surcharge pondérale. A Bucarest, toujours selon ces mêmes rapports, le nombre de cas d'obésité à l'école primaire a doublé au cours des huit dernières années... D'où la recrudescence des maladies cardiovasculaires et autres diabète et hypertension. Les coûts liés à ces maladies sont importants, plusieurs milliards d'euros au niveau européen. Lobbying des groupes alimentaires En proie à de sérieux problèmes budgétaires, le ministère de la Santé décidait donc de prendre le taureau par les cornes et d'introduire cette taxe sur la "malbouffe" en Roumanie, mesure inexistante dans les autres pays européens. Mais ce sont désormais les Hongrois qui font la Une de la presse européenne avec la mise en place d'une taxe à partir de septembre qu'ils ont judicieusement nommé "taxe hamburger". L'opinion publique roumaine s'interroge. En effet, à l'époque du buzz médiatique, beaucoup louaient une taxe qui allait en théorie permettre de limiter les effets néfastes sur la santé de la nourriture de type fast-food et donc permettre à terme des économies considérables. L'argent de la taxe devait strictement être utilisé par le ministère de la Santé. Une aubaine lorsque les besoins dans le domaine sont énormes. Malheureusement, en Roumanie, le projet est tombé aux oubliettes. Principal argument des "anti-loi": l'augmentation des prix des aliments. Car comme le rappelle Calin Ionescu, directeur de la chaîne de fast-food KFC Roumanie, "outre le côté pratique qu'ils représentent, les fast-food ont du succès en Roumanie en premier lieu car ils permettent de se nourrir à moindre frais. La mise en place d'une telle taxe va contraindre les gens à revenir au pain et à la pomme de terre !". Rappelons que pour la perception de la taxe, l'Etat roumain prévoyait de négocier avec tous ceux qui produisent, importent ou préparent des aliments contenant des quantités importantes de sel, graisse animale, sucre et autres additifs alimentaires. C'est-à-dire avec des lobbys très puissants et évidemment réticents à l'idée d'une telle loi. Certains professionnels de la santé ont même retourné leur veste et qualifié cette loi de chasse aux sorcières injustifiée à l'égard des fast-food. Ainsi, à défaut de loi, on a annoncé qu'il était préférable d'investir dans des campagnes éducatives et de lutter pour une baisse des prix des aliments à base de produits sains. Si quelques campagnes sont en effet apparues, pour ce qui est d'une baisse des prix des produits dits sains, il y a encore des progrès à faire puisque l'indice des prix à la consommation, malgré une faible baisse en juillet, a augmenté de plus de 2% depuis le début de l'année. Benjamin Ribout (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Pompiers : on se retrousse les manches partout ! N otre dossier consacré aux pompiers roumains et l'aide apportée notamment par OVR Suisse, paru dans le dernier numéro des Nouvelles de Roumanie, a provoqué plusieurs réactions de lecteurs, montrant que ceux-ci avaient bien conscience du problème de sous équipement des centres de secours de ce pays, mais aussi que plusieurs comités de jumelage ou communes avaient d'ores et déjà décidé de prendre les choses en mains. C'est le cas du comité de Varades, en Loire-Atlantique, dont le président, Joseph Auray, nous a envoyé le petit mot suivant: "Une cinquantaine d'amis de Sângeorgiu-Bezid, sont venus récemment fêter le 10ème anniversaire du jumelage avec notre canton de Varades. Je vous écris à propos de votre article sur les échanges entre pompiers français et roumains et l'aide que nous pouvons apporter. Je confirme donc vos propos: les Français aussi participent! En 2006, nous avons conduit à Sângeorgiu 3 véhicules de pompiers offerts par le SDISS 44 (groupement départemental des centres de secours). Nous n'avons eu à l'époque, aucune difficulté de la part des autorités roumaines, dans la mesure où toute la "paperasserie" était en ordre avant le départ! En fait, le plus difficile fut sans doute de trouver le financement pour acheminer ces véhicules! Ce n'était pas si simple pour notre petite association aux moyens très limités! Mais nous avons réussi et ces contacts se poursuivent. Ainsi, nos amis de Bezid viennent de nous quitter avec 3 mètres cubes de tenues de pompiers flambant neuves, d'une valeur...je vous laisse imaginer! Toujours don du SDISS 44. Des rencontres sont à l'ordre du jour entre pompiers et nous en sommes très heureux". 15 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie quotidienne BAIA MARE Y-a-t-il une zone non fumeur?... demande un client dans un restaurant de Bucarest. Le serveur sourit puis le rassure: ne vous inquiétez pas, vous pouvez fumer partout. Pourtant, même si les bars de Roumanie sont encore enfumés, l'idée d'y interdire le tabac fait son chemin, comme dans d'autres pays des Balkans. SUCEAVA l l IASI TARGU MURES l ORADEA CHISINAU l l l M. CIUC l l ARAD BRASOV l l l PITESTI CRAIOVA l GALATI l SIBIU TIMISOARA BRAN BRAILA l TULCEA l n BUCAREST GIURGIU l l CONSTANTA U l l Bucarest "la laide" 16 Bucarest est la plus moche des capitales européennes… C'est le titre, peu glorieux, que vient de se voir décerner la ville, élue plus laide des capitales d'Europe par le site Tourism-review. com. Pour justifier ce vote, le site a mis en avant les rues pleines de trous, voire non asphaltées, les ordures empilées au milieu des avenues, le manque d'eau chaude, l'absence de canalisations dans certains quartiers, les chiens errant… autant d'éléments qui font, selon ce site, "se sentir au Moyen Age" dans certains coins de la ville. L La cigarette e milliardaire Remus Truica défraie la chronique roumaine à la suite de ses démêlés conjugaux. Sa femme, Ioana, arguant de ses infidélités, a quitté le domicile du lac de Snagov, dans la banlieue bucarestoise, avec ses deux filles, pour s'installer sur l'ile de Saint Martin, dans les Caraïbes, occupant une luxueuse villa appartenant au couple. Son mari lui a intenté un procès pour récupérer ses enfants dont elle a pourtant obtenu la garde à la suite d'une décision d'un tribunal français lui octroyant également une pension mensuelle de 3000 €. Parmi les reproches de la belle Ioana à son mari figure sa liaison avec Patricia ne députée de l'opposition sociale-démocrate (PSD), Manuela Mitrea, a proposé en février une interdiction totale de fumer dans tous les lieux publics fermés comme les restaurants, bars et discothèques. La proposition est en discussion au Parlement. 46% des Roumains sont favorables à une interdiction de fumer dans tous les lieux publics fermés y compris clubs et bars (43% contre) et 57% dans les restaurants, selon une enquête du ministère de la Santé de 2009. "La perception générale est de dire que les Roumains s'opposent à l'interdiction de fumer dans les lieux publics, mais les études montrent qu'une majorité veut une interdiction", a indiqué à l'AFP Magda Ciobanu, pneumologue à l'Institut Marius Nasta. D'autant que le nombre de fumeurs recule: 28% des Roumains de plus de 15 ans fumaient quotidiennement en 2009, contre 36% en 2003. Il me semble impératif que nous suivions en Roumanie l'exemple d'autres pays d'Europe, a expliqué Manuela Mitrea: "Ma proposition de loi n'interdit pas de fumer en général. Chacun a le droit de faire ce qu'il veut de sa vie. Mais il n'est pas normal qu'une personne qui fume rende malade les non fumeurs autour de lui". sur la sellette en Roumanie Dans les bars et discothèques de Roumanie, on boit, danse et devise dans une fumée à couper au couteau. Certes, les restaurants ont l'obligation de proposer des espaces non fumeurs mais tous ne le font pas. Certains patrons de bars ne sont pourtant pas opposés à une interdiction du tabac. Travailler tout le temps dans une ambiance enfumée n'est pas facile et dangereux pour la santé. Et en raison du goudron qui se dépose, les équipements sonores se dégradent beaucoup plus vite. Mais, dans un pays aussi corrompu que la Roumanie, un danger existe: il ne faudrait pas que certains échappent aux contrôles grâce à des bakchichs. La bataille promet d'être longue. Le 8 juin dernier, les sénateurs ont adopté la proposition de loi, mais en y intégrant un amendement qui permet de fumer dans les bars et restaurants de moins de 100 m2. Un amendement que Manuela Mitrea espérait faire supprimer à la Chambre des députés où le texte pourrait être examiné cet automne. "Mon mec à moi"…c'est un milliardaire roumain Kaas, que la chanteuse raconte elle-même dans son livre biographique. Remus Truica était un de ses admirateurs passionnés et l'avait conviée à venir chanter au cours d'une fête privée, lors de son anniversaire. Il avait mis à sa disposition son propre avion et versé un cachet de 80 000 euros. "Au cours de mon séjour, il m'envoyait des bouquets de fleurs extravagants, trois fois par jour" confie la jeune femme, "il était le premier à me saluer le matin, me tenait compagnie toute la journée, m'envoyait des messages". L'inévitable se produisit alors: la chanteuse termina dans le lit de l'oligarque. "Je trouvais délicieuse cette image de notre relation : moi, une artiste célèbre, lui, un milliardaire". Patricia Kaas ne cache pas qu'elle était tombée sous son charme: "Je pensais à lui sans arrêt, il faisait toutes mes volontés… et l'amour merveilleusement. C'était un amant parfait"… bref "Mon mec à moi". Elle ne précise pas toutefois la durée de leur relation. Remus Truica, ancien chef de cabinet d'Adrian Nastase au début des années 2000, a débuté dans les affaires alors qu'il avait 26 ans, créant sa propre firme. Sa proximité avec le Premier ministre lui a permis de signer de nombreux contrats avec des sociétés publiques et de bâtir une fortune colossale. Aujourd'hui, il possède de nombreuses propriétés dont un palais à Snagov, une villa à Saint Martin, un appartement à Monte Carlo, de nombreuses voitures de luxe, et un yacht d'une valeur de 7 M€… qui porte le nom de sa femme. "Dans tous les pays, ce fut difficile et ce n'est pas arrivé en l'espace d'une nuit, ce fut l'aboutissement d'un long travail de préparation, puis d'application" relève Kristina MauerStender. "En l'absence de préparation adéquate, une telle mesure peut échouer, comme en Bulgarie", note-t-elle. En Albanie et en Grèce, c'est l'application de la loi qui fait défaut. Mais même dans les Balkans, où le taux de tabagisme est un des plus élevés d'Europe après la Russie ou l'Ukraine, selon l'OMS, la lutte contre le tabac progresse. La Croatie a drastiquement réduit les espaces fumeurs, la Macédoine a banni la cigarette des cafés et restaurants, emboîtant le pas à la Turquie, pourtant connue pour l'expression "fumer comme un Turc". "L'implication de dirigeants politiques de haut niveau comme le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été très importante" souligne Kristina Mauer-Stender. Interrogé par l'AFP, le ministère de la Santé roumain n'a pas souhaité commenter la proposition de loi de Manuela Mitrea. Une campagne publicitaire provocatrice fait sortir les Roumains de leurs gonds Ne touche pas à mon chocolat ! Le remplacement du drapeau roumain par le drapeau américain sur l'emballage de la barre de chocolat Rom, considérée comme un symbole national, avait enflammé les esprits l'automne dernier. La campagne publicitaire à la base de cette controverse vient d'être récompensée dans l'un des plus grands festivals du secteur Le lobby du tabac espère se refaire une santé à l'Est Comme les lois sont bien appliquées dans les pays de la vieille Europe, le lobby du tabac se tourne vers les pays où leur application est plus faible. On voit un déplacement vers l'Est selon Kristina Mauer-Stender, directrice de programme pour le contrôle du tabac à l'OMS. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE C 'est l'histoire d'une barre de chocolat typiquement roumaine. Non seulement par son nom, Rom, qui rappelle aussi le goût de la crème au rhum dont elle est fourrée, mais aussi par son emballage. Depuis sa création en 1964, il se compose des trois couleurs du drapeau national: bleu, jaune, rouge. Symbole de l'"epoca de aur" (l'époque d'or) du communisme, le chocolat Rom a survécu à la chute du dictateur Nicolae Ceausescu. "Notre client nous a demandé une campagne de fierté nationale, ce qui était impossible à réaliser dans le contexte actuel où la jeune génération vote avec ses pieds en Roumanie", a expliqué dans les colonnes du quotidien “Gândul”, Adrian Botan, directeur de création à l'agence de publicité McCann Erickson Roumanie, en charge de la campagne de communication. Pour relancer les ventes, l'agence a alors pris la décision de choquer les esprits en attaquant de façon frontale ce symbole national. Au lieu du traditionnel drapeau roumain, les étoiles sur fond bleu et les lignes rouge et blanche du drapeau américain ont été imprimées sur l'emballage. Du jour au lendemain les étagères des supermarchés se sont remplies de ces "Rom américains" et l'effet escompté s'est immédiatement produit. En moins d'une semaine, le site Internet de la marque a reçu la visite de 75 000 internautes. De nombreux débats ont été lancés sur la toile. Une émission de télévision a même traité de la question. Du changement d'emballage, les internautes et téléspectateurs en sont arrivés à parler de l'identité nationale roumaine, alors que des groupes se sont formés pour demander le retour de l'emballage initial. Primé à Cannes Six jours plus tard, les Rom authentiques sont réapparus dans les magasins et la campagne publicitaire a été conclue par ce message: "Quoi qu'il arrive, Rom restera toujours Rom, avec le tricolore (drapeau roumain, ndlr) et tout le reste". Et le 19 juin dernier, à Cannes, le festival international du film publicitaire (festival international de la créativité Lions) a récompensé par deux fois cette campagne de communication. Une première pour la Roumanie, dans un rendez-vous considéré comme le plus important du secteur. Le premier prix a été remporté dans la catégorie "meilleur lancement ou relancement de produit" et le deuxième dans la catégorie "construction d'une marque". "C'est la confirmation d'un standard retrouvé. Les deux années de crise ont mis un frein au développement de la créativité dans le domaine publicitaire, mais j'espère que ces récompenses vont marquer la fin de cette période", a affirmé Mugur Patrascu, du département Internet de l'agence de publicité Leo Burnett Roumanie. "Il est très risqué de faire des changements dans l'image d'une marque comme Rom, a estimé pour sa part Madalina Diaconescu, de Brandient. Mais c'est encourageant de voir qu'on a osé repousser les limites dans un domaine qui est habituellement très conservateur". Et Adrian Botan de conclure: "Nous avons retrouvé notre inspiration dans l'adversité". Jonas Mercier (lepetitjournal.com/Bucarest) 17 Les NOUVELLES de ROUMANIE Enseignement l BAIA MARE l ARAD l ZALAU l TARGU MURES l IASI CHISINAU HUNEDOARA BACAU BRASOV l l GALATI l TIMISOARA l PITESTI CRAIOVA l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l'argent, les livres, la vie... Plus de 600 000 jeunes roumains étudient dans les universités du pays, dont le fonctionnement et le niveau sont sans cesse critiqués. Comment vivent ces étudiants, et à quoi aspirent-ils ? Pour Regard, Marion Guyonvarch a suivi les pas d'Ana Maria Cretu, 21 ans, étudiante à Bucarest. l Discrimination : un test éloquent à l'entrée des discothèques 18 Courir après le temps, Société d'une génération née après 1989 l l l Les NOUVELLES de ROUMANIE Etudiants : les envies d'ailleurs l SUCEAVA ORADEA Société Un Rom ne rentrera pas - ou presque pas - dans les clubs de Roumanie. Tel est le résultat d'un test sur les pratiques discriminatoires à l'entrée des discothèques réalisé par l'ONG Romani Criss, dans le cadre d'une étude plus large, à l'échelle européenne. Samedi 11 juin, deux groupes de jeunes ont décidé de sortir dans plusieurs clubs de la capitale roumaine. Chacun est composé de jeunes étudiants, les filles portent un chemisier, des talons, un pantalon ou une jupe. Les garçons, eux, ont revêtu des jeans et des chaussures classiques. Seule différence notable, mais décisive, entre les deux "équipes": la couleur de peau. Le premier groupe est composé de "personnes au teint clair", tandis que le second est formé de jeunes d'origine rom. Un détail qui fait la différence puisque les deux groupes n'ont pas reçu le même accueil. Alors que le premier a pu entrer sans encombre dans les quatre clubs où il a tenté sa chance, le second s'est vu refuser l'accès à trois reprises: au Player, au Bellagio et à Kulturhaus. Dans ces deux derniers établissements, les videurs ont invoqué l'organisation d'une fête privée et d'une fête étudiante pour refuser l'accès aux jeunes roms. Alors que leurs alter ego au teint clair ont pu entrer sans problème et n'ont jamais eu vent de l'existence de telles soirées privées. (Lire la suite page 20) L es yeux encore pleins de sommeil, Ana Maria se prépare rapidement un café sur une petite plaque électrique, avale un bol de céréales. Elle s'est couchée à l'aube, pour finir un essai, et s'apprête à affronter un séminaire de trois heures sur la philosophie mathématique. Une nouvelle journée commence pour cette pétillante étudiante en troisième année de philosophie, une journée à courir après le temps, l'argent, les livres, la vie. Il est huit heures et demie, elle verse son café dans un thermos, attrape un classeur, enfile sa veste et file en cours, à la faculté de philosophie, située à une centaine de mètres de la cité universitaire de Grozavesti de Bucarest où elle loge cette année. Jusqu'à l'an dernier la jolie rousse, inscrite en parallèle à la fac de droit, jonglait entre les cours et les campus. "C'est très fréquent", sourit-elle en fumant son indispensable cigarette d'avantcours, "une pour l'avenir, l'autre pour le plaisir! Après le bac, j'ai été prise en droit, dans le cursus payant, et accepté en philo, sur dossier, gratuitement. A la rentrée, j'ai décidé de me consacrer entièrement à la philo, pour bien faire les choses". Même si ses parents n'approuvent qu'à moitié son choix, car "la philo, ça ne mène à rien". Agriculteurs à Radu Voda, dans le département de Calarasi, ils auraient préféré que la petite troisième de la famille "fasse ASE (économie, ndlr) et travaille dans une banque". Issue d'un milieu modeste et rural, Ana Maria n'a pas le profil typique des étudiants, dont la majorité sont "fils de fonctionnaires ou d'intellectuels", comme le constate le sociologue Mircea Kivu. "La mobilité verticale et l'ascension sociale entre les générations est finalement assez réduite", soutient-il. Vivre avec moins de 150 euros par mois Certes, trois bacheliers sur quatre rejoignent les rangs de la fac. Mais c'est avant que s'opère la sélection, surtout en milieu rural où seuls 10% des élèves rentrent à la fac. Avec ses bulletins émaillés de "nota 10" (10/10) et sa passion des lettres - qu'elle doit "à Mircea Eliade" - Ana Maria a fait partie des "heureux" élus. Bonne élève, elle a une bourse et une place en cité U. Mais galère quand même pour joindre les deux bouts. Chaque mois, elle doit se débrouiller avec sa bourse de 350 lei (75 €) et l'argent que lui envoie son père, qui finance aussi son frère. "250 ou 300 lei (60-70 €), obtenus à l'issue d'âpres négociations", raconte-elle en riant. Pas de quoi jouer les étudiantes insouciantes. "Chaque mois, je paie 220 lei pour la chambre, 150 lei de frais fixes, et puis il y a les photocopies, les livres, Internet... Je sors peu, je ne peux plus m'acheter de livres chez les antiquaires comme avant, je m'habille dans les second hand (boutiques de vêtements d'occasion). Mais dès que j'ai des frais imprévus, ça devient compliqué". Ce mois-ci, les visites chez le dentiste et le médecin ont fait exploser son budget, de plus de 900 lei. "Et je dois trouver 600 lei pour passer le TOEFL (certificat de maîtrise de la langue anglaise). Une de mes copines peut me prêter de l'argent, je la rembourserai avec mes deux prochaines bourses", explique Ana. "L'argent, c'est un problème permanent mis à part pour ceux qui ont des parents aisés. Mais ils ne sont pas si nombreux. Les autres essaient de trouver un job, ou se débrouillent comme ils peuvent". Ana, elle, refuse pour le moment de chercher un boulot, "j'ai été barmaid, la nuit, en première année. Je ne veux plus faire ça, je veux avoir du temps pour mes études". Un discours pas si répandu dans le milieu étudiant. Plus d'un tiers des 637 000 étudiants roumains travaillent en plus de leurs études, affichant des emplois du temps de ministre, qui empiètent forcément sur leurs études. Passage obligé par la BRD pour toucher sa bourse C'est le cas de Cristina Bobe. Inscrite en licence avec Ana, elle ne hante que très rarement les couloirs de la fac. Il faut dire que cette "ancienne élève modèle" travaille le jour dans une ONG et la nuit pour le site d'informations Internet Hotnews.ro. "Pour l'expérience et pour le salaire (1500 lei au total)", explique la jeune brunette, de passage sur le campus. "Le journalisme m'attire et ce job à Hotnews, c'est une opportunité pour l'avenir, autant commencer maintenant. Et puis, je mets aussi cet argent de côté pour partir en France, faire un master". L'étranger; Ana y a déjà goûté, l'an dernier; à Cracovie, où elle a passé six mois grâce à un programme Erasmus. "C'était incroyablement enrichissant", se souvient la jeune fille, les yeux brillants. "J'ai découvert une autre façon d'enseigner, des philosophes dont on ne nous parle jamais ici ; là-bas l'université est bien plus ouverte, plus avancée. Les seuls problèmes que j'ai eus pendant ce séjour, c'est avec le secrétariat roumain qui devait valider à distance nos équivalences !". Si les voyages forment la jeunesse, ils permettent aussi aux étudiants roumains de s'évader du système universitaire sclérosé auquel ils sont habitués. Rien que d'y penser; Ana soupire, ses grands yeux clairs perdus dans le vague. "Ici, c'est toujours tellement procédurier, bureaucratique... Tiens, par exemple, je suis obligée de me faire une carte bancaire à la BRD-Société Générale car depuis cette année, la fac a un contrat avec eux et c'est le seul moyen d'obtenir ma bourse". Son séminaire terminé, elle doit faire un crochet par le secrétariat pour déposer une demande de soutenance de sa licence. "Comme si le fait d'être inscrite ne suffisait pas... Parfois j'ai l'impression d'être dans un théâtre de l'absurde...". En verve, elle se lance dans une description par le menu de tous les nœuds du système et des scènes parfois grotesques qui émaillent son quotidien d'étudiante. "La corruption n'est plus perçue que comme un moyen parmi d'autres de paiement" Instantanés croustillants; un amphithéâtre, en septembre, où s'effectue la répartition des chambres dans les cités universitaires, en fonction de critères pas forcément logiques. L'administrateur de la cité U qui joue les tyrans dans son petit royaume. Les colocataires que le hasard lui a attribué et avec qui elle doit cohabiter dans 10 m2 - la maniaque compulsive, la traumatisée des courants d'air; la briseuse d'affaires personnelles. Les petits arrangements entre professeurs et étudiants... Là, Ana Maria nuance. "En philosophie, nous sommes plutôtbien lotis. Les bonnes notes ne s'achètent pas, mais ailleurs ça existe, bien sûr. Les diplômes qui s'achètent, les mémoires de licence...". A l'image de la société dans son ensemble, le système universitaire roumain reste en effet gangrené par la “spaga” (bakchich). Une situation qui contribue à dévaluer un peu plus la qualité de l'enseignement. Les universités privées sont, pour certaines, une manifestation exacerbée de la déviance du système, puisque l'étudiant qui y entre est assuré d'obtenir son diplôme, du moment qu'il paie. Le scandale de l'université Spiru Haret avait révélé ce problème au grand jour l'an passé. "La qualité de l'enseignement a baissé", admet Mircea Kivu, "à cause de l'explosion du nombre d'universités alors que le nombre de professeurs compétents n'a pas augmenté, de la baisse du niveau des étudiants due à la sélection plus faible à l'entrée. La multiplication des places payantes dans le public accrédite l'idée qu'il suffit de payer pour être diplômé. Au final, la corruption n'est plus perçue que comme un moyen parmi d'autres de paiement". C'est le système et les étudiants dans leur ensemble qui s'en trouvent affectés. Non seulement car la valeur des diplômes ne signifie plus grand-chose, mais aussi car les notes obtenues sont déterminantes pour l'attribution des bourses ou des places en cité U. "Nous, en philo, on est noté plus sévèrement, on a des moyennes plus faibles et donc moins de bourses ou moins de places en cité U", témoigne Ana Maria. (Lire la suite page 20) 19 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE (Suite de la page 19) l SATU MARE l TARGU MURES l SUCEAVA l IASI BACAU l BRASOV PITESTI l TULCEA l l CRAIOVA n BUCAREST GIURGIU l l CONSTANTA (Suite de la page 18) Des pratiques répandues 20 L'"hôpital des fous" de Câmpulung Moldovenesc n'a ni gardien ni barreaux aux fenêtres, ni portes fermées avec des cadenas VASLUI BRAILA l l TIMISOARA Société Un autre avenir pour les malades mentaux l l ARAD l Santé "Dans ma chambre, les fenêtres ne ferment pas les murs sont pourris, les meubles aussi" l CPL. MOLD. ORADEA l Les NOUVELLES de ROUMANIE Les résultats de ce test de discrimination grandeur nature sont éloquents selon Romani Criss. En province, où cette simulation a été aussi menée, même constat. Tous les clubs testés (deux à Cluj, trois à Craiova et un à Dorohoi) ont systématiquement refusé l'entrée au groupe de Roms. "Ce n'est pas la première fois que nous faisons ce genre de tests", explique Marian Mandrache, coordonnateur du département des droits de l'homme à Romani Criss. "Cette étude a été réalisée en parallèle en Serbie, France, Italie, Norvège et Allemagne. Et dans chaque pays, des pratiques discriminatoires contre les minorités ont également été enregistrées", regrette Marian Mandrache. Pour ce qui concerne la Roumanie, où neuf clubs sur dix ont refusé l'entrée au groupe de Roms, "les résultats ne sont pas surprenants, malheureusement", poursuit-il. "On n'a pas à faire à un cas isolé, mais clairement à des pratiques répandues, persistantes, qui n'ont pas évolué depuis des années. Nous espérons que cette fois-ci, vu l'ampleur de l'étude et des résultats, les autorités vont se rendre compte de la nécessité de prendre des mesures pour arrêter ces pratiques, pourtant interdites par la loi". A l'heure actuelle, aucune plainte n'a été déposée contre les clubs qui ont interdit aux Roms d'entrer dans leurs établissements. De même, la publication de ces résultats n'a suscité aucune réaction de la part des autorités roumaines. M. G. Ana Maria, cette année, a réussi à décrocher une chambre dans le très convoité camin (cité universitaire) de Grozavesti, grâce à sa moyenne de 9,46. Propre, idéalement placé à quelques pas de sa fac. Au bout d'un immense couloir éclairé par la lumière froide des néons, l'on pénètre dans son repère. Un évier, un bureau, un lit, des citations philosophiques qui ornent les murs, une mini plaque électrique en guise de cuisine. Comme sa colocataire passe le plus clair de son temps chez son amoureux, elle a le privilège de vivre seule dans 8 mètres carrés. "On n'a pas de cuisine commune, pas de machine à laver, mais c'est bien mieux que tous les camin où j'ai été avant". Cristina n'a pas eu cette chance. L'an dernier, prise par ses jobs, elle a moyennement réussi ses examens. Résultat, elle s'est vue attribuer une place à Leu, près de Polytechnique. "Quand je suis entrée dans ma chambre, je n'en ai pas cru mes yeux, les fenêtres ne ferment pas, les murs sont pourris, les meubles aussi, j'ai passé une journée, avec Ana et ma colocataire, à tout lessiver, repeindre. Les étudiants en droit qui atterrissent là reçoivent 1000 lei de leur fac pour refaire leur chambre, car tout le monde sait dans quel état est le bâtiment. Et je vous passe les problèmes de chauffage, d'eau chaude...". Pour contourner (ou profiter) ce système d'attribution hasardeux, beaucoup n'hésitent pas à échanger leur place, parfois contre rémunération. D'autres vendent carrément leur place pour quelques centaines d'euros l'année. Ou quand le système universitaire s'avère n'être qu'une version en miniature de la société. Où blocages, mentalités passéistes, manque de fonds, corruption laissent la part belle au système D, aux inégalités, au nivellement par le bas. Des syndicats étudiants existent pourtant, qui essaient régulièrement de défendre les droits et les conditions des étudiants, mais ils peinent à faire évoluer un système sclérosé. La réforme de l'éducation voulue par le gouvernement Boc ne parviendra sans doute pas à révolutionner l'université roumaine, dont le principal problème reste le sous financement. "Le problème, c'est que ce sont les meilleurs qui partent" Et l'avenir; comment l'imaginent les étudiants d'aujourd'hui, qui sont le futur de la Roumanie ? Ces problèmes endémiques de l'enseignement, la crise qui touche le pays, les débouchés qui rétrécissent comme peau de chagrin pour les diplômés - un diplômé sur deux seulement a trouvé un emploi l'an dernier - tout cela a ravivé les envies d'ailleurs de cette génération née après 89. Partir La majorité des étudiants en rêvent, pour un semestre, un second cycle voire pour toute la vie, "Le problème, c'est que ce sont les meilleurs étudiants qui partent - et qui parfois ne reviennent pas. Quant à ceux qui restent, ils ont des perspectives peu réjouissantes sur le marché de l'emploi, à cause de l'inflation du nombre de diplômes", analyse Mircea Kivu. Assise à son bureau, Ana Maria avale rapidement une omelette, avant de s'atteler à une dissertation. Loin de la majorité de ses camarades, qui espèrent décrocher un emploi stable et un bon salaire, elle fréquente des cercles bohèmes et intellos, veut apprendre, voyager; s'ouvrir, lire. Et repartir; c'est certain. "L'an prochain, je veux postuler à une bourse pour un master à Amsterdam, les conditions sont incomparables avec ce que je peux avoir ici. Je ne sais pas bien ce que je ferai plus tard, je sais juste que je veux une vie où aucun jour ne ressemble au suivant", lâche-t-elle dans un sourire. Sans savoir encore si elle choisira de la vivre ici. Marion Guyonvarch (Regard) Un hôpital psychiatrique roumain a créé une petite entreprise qui aide les patients à reprendre confiance en eux et tente de changer l'image de la maladie mentale dans la société, comme le rpporte le “Monitorul de Suceava”. N ouveau! Visitez la collection printemps", annonce va créer environ trente emplois et, sur un poste, on peut le site de l'hôpital psychiatrique de Câmpulung employer deux à trois personnes, car, étant sous traitement, Moldovenesc (Suceava). D'un simple clic apparaît nombre d'entre elles ne travailleront que deux à trois heures une fenêtre dans laquelle sont proposés quantité d'articles : par jour", explique le psychiatre. Cette démarche consistant à icônes, poterie, vêtements, produits artisanaux… "Nous penintégrer le patient dans la vie professionnelle et à lui donner sons même créer prochainement des robes de soirée…", confie des responsabilités va même plus loin. Ainsi, à Câmpulung l'administrateur de la "fabrique", le Dr Alexandru Paziuc. Ce Moldovenesc, un ancien patient a longtemps fait partie du site est l'un des maillons d'un projet - la création d'ateliers d'erconseil d'administration. "J'ai toujours dit que, lorsqu'on veut gothérapie - qui a pour vocation de faire quelque chose pour le patient, il changer l'image de l'opinion à l'égard faut d'abord s'adresser aux intéressés des malades mentaux et de conduire eux-mêmes", argumente le Dr Paziuc. ces derniers à se sentir utiles. Aujourd'hui, l'hôpital encaisse chaque Dépasser les mentalités locales mois plusieurs dizaines de milliers de lei (quelques milliers d'euros) grâce à L'unité médicale de Câmpulung la vente des produits, et ces fonds sont Moldovenesc peut traiter environ utilisés pour financer de nouvelles 1 200 patients par mois. Présent à l'hôinstallations de l'unité médicale. pital, le Dr Silberberger, médecin à Cet "hôpital des fous" n'a ni garKaufbeuren en Allemagne, est l'un des dien, ni barreaux aux fenêtres, ni porL'équipe de soignants de l'hôpital professionnels qui ont initié un systèpsychiatrique de Câmpulung Moldovenesc tes fermées avec des cadenas. Parmi me de soins psychiatriques commules patients, on croise des ingénieurs, des enseignants, des nautaires. Il explique qu'outre les problèmes financiers, le plus médecins ou des étudiants qui ont craqué à un moment donné. gros problème dans les hôpitaux psychiatriques en Roumanie "Nous avons aussi des journalistes, la maladie ne fait pas de est lié aux mentalités locales. A Kaufbeuren (50 000 habidifférence", plaisante Alexandru Paziuc. tants), le nombre de lits en hôpital psychiatrique a été réduit, mais, en contrepartie, des services externalisés ont été déveDes idées importées d'Allemagne loppés. La grande majorité des malades n'ont pas besoin d'aller jusqu'à l'hôpital: ils disposent de centres où ils se rencont"Malheureusement, nous avons encore cette idée ancrée rent et passent leur temps libre, bénéficient de logements produ malade mental irrécupérable et dangereux. C'est complètetégés et travaillent dans des entreprises sociales. "Cela compment faux", poursuit le psychiatre. Le projet des ateliers d'erte beaucoup, car ils surmontent leur solitude, rencontrent gothérapie a été lancé en 2002-2003 sur le modèle d'un autre d'autres personnes et accroissent leur estime de soi. Ce genre établissement du pays, ainsi qu'avec des idées "importées" de prise en charge peut sembler cher, mais nous avons démond'hôpitaux en Allemagne. Le problème majeur, continue le tré que la réduction de la durée d'hospitalisation allège les médecin, reste que ces services ne se retrouvent plus à la sorcoûts par ailleurs. Il est important que ces personnes soient tie de l'hôpital. "Dans l'idéal, ce genre de structures devraient traitées au sein même de la société, où elles doivent apprendêtre financées par les services sociaux et mises en place en re à mieux gérer la maladie", ajoute Klaus Silberberger. ville… Malheureusement, notre travail s'arrête aux portes de L'horizon semble donc s'éclaircir pour les hôpitaux psyl'hôpital. Nous ne pouvons pas construire un autre monde chiatriques roumains. Pendant l'époque communiste, ils pour malades mentaux ; notre devoir se limite à les comprenavaient retenu prisonniers des dissidents ou autres personnes dre et à trouver les meilleures solutions pour les intégrer". internées pour motifs politiques. Après la chute du communisToutefois, pour démontrer la faisabilité de son propos aux me, en 1990, un scandale avait éclaté à la suite de la découverautorités et montrer que l'initiative est rentable tant pour la te par une commission d'enquête mandatée par la Commission communauté que pour les patients, le Dr Alexandru Paziuc européenne que des dizaines de patients étaient morts de faim met en place la première entreprise sociale de Câmpulung et de froid dans l'hôpital spécialisé de Poiana Mare (Craiova). Moldovenesc. Avec l'appui d'une fondation, Horizons, et du Aujourd'hui, certains "hôpitaux des fous", comme on les Dr Klaus Silberberger, un psychiatre allemand, ce projet appelle encore en Roumanie, ont eux aussi intégré à leur emploie des personnes qui souffrent ou ont souffert d'un hanconseil d'administration des malades en voie de récupération, dicap mental. L'entreprise a loué les serres de la ville et compà l'image de celui de Câmpulung Moldovenesc. te produire des fleurs et des légumes, qui sont vendus. "Cela Sergiu Rusu (Monitorul de Suceava) 21 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société En 2010, 9500 citoyens roumains et bulgares ont été renvoyés dans leur pays… pour revenir Minorités SUCEAVA l ORADEA BAIA MARE l ALBA IULIA ARAD l SIBIU IASI TARGU MURES l BACAU l l l l l l BRASOV GALATI l TIMISOARA l HOBITA PITESTI l TULCEA l l CRAIOVA l n BUCAREST l Tsiganes : un an après le discours de Grenoble, "rien n'a changé" SLOBOZIA l CONSTANTA Près d'un an après le tour de vis sécuritaire lancé par le gouvernement français, sur le terrain la situation demeure la même, constate le collectif Romeurope. Pourtant, le 30 juillet 2010, Nicolas Sarkozy déclarait ouverte, dans son discours de Grenoble, l'offensive sécuritaire contre les Roms, qu'il amalgamait au passage aux gens du voyage. A 22 l'époque, en bon soldat, Brice Hortefeux, alors ministre de l'Intérieur, annonçait le démantèlement en trois mois des 600 "camps ou squats" illicites recensés et "la reconduite quasi-immédiate des Roms qui auraient commis des atteintes à l'ordre public" vers la Bulgarie ou la Roumanie. Depuis, que s'est-il passé ? Rien, ni dans un sens ni dans l'autre, répond un brin fataliste le collectif Romeurope, qui dressait fin juillet son bilan de l'année. "Il y a bien eu une accélération des expulsions en août et septembre 2010", mais au final, sur l'année, il n'y en a eu Une famille dans un camp "ni plus ni moins qu'avant", a constaté ce groupement d'associations. de Roms à Moulin-Galant dans l'Essonne Romeurope estime toujours à 15 000 le nombre de Roms migrants présents en France, dont la moitié d'enfants, "un chiffre stable depuis huit-dix ans". Vol d'ogives Pourtant, en 2010, comme d'ailleurs en 2009, environ 9500 citoyens roumains et bulgares ont été renvoyés dans leur pays d'origine, selon le ministère de l'Intérieur. à destination Autrement dit, le jeu des allers-retours se poursuit de plus belle. Les Roms, de la Bulgarie citoyens européens, ont un droit de séjour de trois mois en France, avant d'être expulLe Parquet militaire de Bucarest a sables. Reconduits le plus souvent par le biais du "rapatriement humanitaire", qui perannoncé, mi-juillet, l'ouverture d'une met de renvoyer chez eux avec 300 euros en poche les étrangers ayant la nationalité enquête sur le vol de quatre caisses d'un Etat membre de l'Union européenne en situation de dénuement (7000 Roumains scellées contenant des ogives de et Bulgares en 2010, sur les 9500 reconduits), rien ne les empêche de revenir illico. missiles dans un train à destination de la Bulgarie et dont la disparition a été constatée à la suite d'un contrôle de routine avant le passage de la frontière en gare de Giurgiu. Jusqu'à maintenant, plus de cinquante personnes ont déjà été interrogées dans le cadre de cette affaire. Les représentants de la gendarmerie roumaine chargée de surveiller la cargaison militaire ont déclaré que les pièces volées ne constituaient "aucun danger", car elles ne contenaient pas d'explosifs. Selon des sources judiciaires citées par la presse locale, la marchandise provenait d'une usine d'armement privée de Brasov. Le destinataire reste en revanche inconnu. Pour la petite histoire le vol a eu lieu en rase campagne quand le chauffeur du train s'est arrêté pour vendre a la sauvette 70 litres de gazole dérobés a la CFR (SNCF roumaine) ... Où un terrain disparaît, un autre renaît un peu plus loin Résultat, "il y a toujours autant de terrains occupés, de situations insalubres, de difficultés", résume Laurent El Ghozi, président de la Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les gens du voyage (Fnasat). Seule note positive pour lui, "la mobilisation citoyenne née en réaction au discours stigmatisant du gouvernement", qui se manifeste localement par la création de collectifs de soutien. Mais les évacuations de terrain se poursuivent, comme le mercredi 20 juillet encore à Bobigny (Seine-Saint-Denis), mais "ni plus ni moins qu'avant". "75% des campements illicites ont été demantelés", chiffre l'Intérieur. Sauf que là où un terrain disparaît, un autre renaît un peu plus loin. Une politique "absurde, imbécile et inefficace" martèle Alexandre Le Clève, de la Cimade. "Inhumaine" aussi : harcèlement policier, peur, rupture de la scolarisation des enfants et du suivi des soins à chaque évacuation. Et à la clé, une précarisation accrue. Surtout, rien n'a changé dans l'accès à l'emploi, frein majeur pour les Roms qui, en tant que ressortissants roumains et bulgares, restent soumis aux mesures transitoires d'adhésion à l'UE. Pas de travail possible pour eux sans autorisation préalable, promesse d'embauche au sein d'une liste de 150 métiers, qui vient d'ailleurs d'être diminuée de moitié, paiement d'une taxe par l'employeur, et carte de séjour. Bref, mission quasi-impossible, surtout s'il s'agit de contrats courts. Or, la France, qui pourrait en théorie lever ces mesures à tout moment, ne devrait pas, sauf surprise, s'y plier avant fin 2013, l'échéance maximale. Cordelia Bonal (Libération) Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Insolite Seule Geisha étrangère du Japon Isabella est devenue Fukutaro he Japon Times a révélé avec surprise à ses lecteurs qu'une Roumaine était accréditée officiellement comme Geisha à Nagaoka. La seule geisha étrangère de tout le pays. Isabella Onou, de Bucarest, 30 ans, a fait ses débuts le 30 juin sur la scène du festival Genji Ayame d'Izu-Nagoaka. Un évènement sur place… Une trentaine d'hommes de Hamamatsu, à trois heures de là, avaient fait spécialement le déplacement pour y assister. "Ils ont été vraiment gentils, surtout quand je faisais de fautes… et j'en fais!" a confessé la jeune femme qui n'en menait pas large, mais savait dissimuler ses émotions, une qualité essentielle des geishas. "Ce n'est pas facile pour une Européenne" a-t-elle reconnu. La Roumaine avait commencé son apprentissage quinze mois auparavant dans une T maison de geishas, tenue par la mère d'une amie japonaise, apprenant à jouer des instruments traditionnels et les pas et gestes des danses populaires. Elle réalisait là un rêve d'adolescente, né de la lecture du roman de James Clavell, Shogun. En 1999, la jeune fille avait eu l'occasion de visiter le Japon dont elle était tombée tout de suite amoureuse. Elle y est retournée quatre ans plus tard, trouvant un emploi de serveuse dans un restaurant de sushis d'une amie, puis devenant cuisinière. De fil en aiguille, une cliente l'avait persuadée d'embrasser la carrière de geisha, "très loin des stéréotypes ayant à voir avec l'industrie sexuelle" précise-t-elle. La mère d'Isabella est venue la voir, toujours pas très convaincue par son nouveau métier, tout comme ses quatre frères, amusés cependant. La famille a dû toutefois se faire à son nom japonais: Fukutaro. Sur les pas de Brancusi U n poète roumain, Laurian Stanchescu, a entrepris lundi 4 juillet une marche depuis la Roumanie jusqu'à Paris pour demander à Nicolas Sarkozy le retour des restes de Brancusi dans son village natal. Le sculpteur, mort en 1957, est enterré au cimetière de Montparnasse. Cette marche d'environ 2000 kilomètres a commencé symboliquement le 21 mai dans ce même village, à Hobita dans le sud-ouest de la Roumanie. "Nous prions à genoux le peuple français de remettre à la Roumanie les restes de Constantin Brancusi" a-t-il déclaré alors qu'il se dirigeait vers la Hongrie. Le poète est aussi le messager d'une centaine de descendants de l'artiste qui demandent le retour de ses restes et leur ré-inhumation à Hobita. Stanchescu espèrait arriver à Paris en septembre au plus tard. Brancusi, dont l'atelier a été reconstitué en face du Centre Pompidou est le créateur de la "Colonne sans fin", de "La Porte du baiser" et de la "Table du silence". Né en 1876, il avait émigré en France en 1904 et y était mort le 16 mars 1957. A plusieurs reprises il avait tenté de revenir dans son pays natal mais les autorités communistes l'en avaient empêché. Profits collatéraux U ne prostituée roumaine exerçant à Madrid a rapporté sur You Tube que la visite du Pape et les Journées Mondiales de la Jeunesse, miaoût, lui ont permis de tripler "son chiffre d'affaires". "J'ai gagné trois à quatre fois plus que d'habitude, me faisant 1500 à 2000 € en quelques jours" a-t-elle rapporté, ravie, rajoutant qu'elle n'avait pas eu de problèmes: "Les jeunes pèlerins étaient gentils, sages, bien élevés et payaient sans faire d'histoires". 23 A vendre ! L Divorce à la Roumaine e New York Times a publié récemment un article où il signale que de plus en plus de couples italiens se rendent en Roumanie pour divorcer. Devant les difficultés rencontrées dans leur pays, où la procédure exige trois ans de vie séparée, une agence italienne leur propose, à partir de 5000 dollars de s'occuper de tout, en six mois, y compris le prix d'un billet allerretour en avion pour un voyage éclair d'une journée à Bucarest afin d'y signer un acte de résidence, légalisant la démarche. Lorsque la sentence de divorce est prononcée, elle est transmise ensuite au registre public italien. Avec la législation européenne, cette pratique est possible dans tous les pays de l'UE, la France, la Grande Bretagne et l'Espagne, étant les autres destinations favorites des couples italiens se séparant. 8000 d'entre eux au moins l'ont choisie ces cinq dernières années, même si on ne peut pas encore parler de "tourisme du divorce", comme du "tourisme médical" ou "dentaire", en vogue. La préférence va toutefois à la Roumanie où les délais sont moins longs et les frais moins élevés, le coût d'un divorce étant d'environ 500 €. L'agence organisatrice opère sous le nom de "Divorzio Comodo", "Divorce commode". Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Religion l ORADEA SATU MARE l CLUJ l ARAD IASI l CHISINAU l SF. GHEORGHE l BRASOV l l TIMISOARA SIBIU l GALATI BRAILA l l l TULCEA CRAIOVA l "Cherche l BOTOSANI TARGU MURES l l Un site internet vient en aide aux n BUCAREST GIURGIU CONSTANTA l l Mgr János Scheffler a été béatifié L'évêque catholique roumain János Scheffler a été proclamé bienheureux dimanche 3 juillet à Satu Mare (nord de la Roumanie), ville dont il avait été évêque de 1942 jusqu'à sa mort comme martyr en 1952 à Bucarest. Plusieurs milliers de fidèles ont participé à la messe. Les futurs prêtres orthodoxes sont obligés de se marier avant d'obtenir une chaire de curé, afin de ne pas succomber à la tentation d'une paroissienne entreprenante ou bien d'entreprendre de séduire une de ses jolies ouailles. Mais il n'est guère facile de rencontrer des jeunes filles qui répondent aux critères. D'où l'idée d'un site de rencontres, écrit la quotidien Gândul. S i vous rêvez d'épouser un prêtre (orthodoxe), vous n'aurez plus à déambuler dans les couloirs de la faculté de théologie en arborant une mine vertueuse. Votre destin de femme de prêtre est désormais accessible en un clic. Il vous suffit désormais d'aller sur le site matrimonial Cité chrétienne. Vous devrez vous inscrire et faire de vous une présentation pieusement détaillée, appuyer sur le bouton "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié !" et puis attendre d'être courtisée par les serviteurs du Seigneur. Sur le site matrimonial orthodoxe, créé voici un peu plus d'un mois, quelque 2 200 chrétiens orthodoxes se sont déjà mis en réseau. Bon nombre d'entre eux sont des étudiants* ou des diplômés en théologie qui ont besoin d'une épouse pour entrer dans les ordres. Les administrateurs du site se présentent comme "un petit groupe de chrétiens orthodoxes qui souhaitent soutenir la création de familles chrétiennes". Ces cupidons ont cependant édicté des règles strictes concernant les conditions d'acceptation de membres dans la communauté virtuelle. Il ne suffit pas d'être "une bonne fille, honnête, craignant le Seigneur" 24 Né en 1887 dans ce qui est alors la Hongrie, entré en 1905 au séminaire de Satu Mare, János Scheffler a effectué des études de théologie à Budapest avant d'être ordonné prêtre en 1910 puis d'effectuer ses études de droit canonique à Rome. Après la Première guerre mondiale, la Transylvanie étant intégrée à la Roumanie, il apprend le roumain pour pouvoir prêcher et confesser et fait preuve d'une intense activité apostolique. Évêque de Satu Mare en 1942, il dut faire face ensuite aux persécutions communistes contre l'Église. Emprisonné à Jilava et soumis aux travaux forcés, à toutes sortes d'humiliations, à des tortures (des douches bouillantes Le régime lui proposa de devenir "patriarche de Roumanie" s'il acceptait de passer à l'Église orthodoxe: il tint bon et mourut le 6 décembre 1952, en priant et en pardonnant à ses assassins. De fait, pour être activé, votre compte ne se contente pas de vos assurances selon lesquelles vous êtes "une bonne fille, honnête, craignant le Seigneur" et qui "respecte les quatre jeûnes de l'année". Si vous êtes à la recherche d'un partenaire de vie, vous devrez préciser combien de fois vous assistez à la messe, si vous avez un confesseur et si vous jeûnez véritablement. La pratique régulière de la confession est aussi une obligation à laquelle vous devez vous conformer afin de vous rapprocher au plus près, même virtuellement, du cœur du futur élu. Lorsque ces étapes sont franchies, la recherche d'un partenaire devient une procédure profane: les candidats, hommes et femmes, passeront des heures à sonder et à évaluer les offres, à s'adresser des messages aux relents de péché, certains prenant même la tournure d'invitations fort peu orthodoxes, pour le coup, au domicile du futur prêtre. En clair: des invitations tarifées… Les lettres d'amour désespérées, parfois longues comme un jour sans pain, sont essentiellement l'œuvre d'étudiants en dernière année de théologie qui ont besoin d'une conjointe pour pourvoir un poste de curé, mis à disposition par les archidiocèses ou réservé par les parents en fonction. Evidemment, les futurs prêtres recherchent une femme qui n'ait pas goûté aux plaisirs charnels. Mais il y a aussi bon nombre de prétentieux qui désirent une partenaire indépendante, avec des études supérieures et vierge de surcroît. Les administrateurs du site prennent soin d'avertir les aspirantes que, parmi les chrétiens inscrits, pourraient se glisser des escrocs qui cherchent seulement à profiter de la naïveté ou de la bonne foi de ces demoiselles. "C'est comparable à un mariage par entremetteuse!" Florin, un étudiant en quatrième année à la faculté de théologie, se représente ainsi le profil de sa promise: "Une fille sociable qui aime lire la Bible." Pour entrer dans les grâces des candidates, il reprend à son compte une des citations du Cantique des Cantiques [XVIIe livre de la Bible dans l'Ancien Testament]: "A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon je te compare, ô mon amie. Il souhaite aussi que sa "prêtresse" ne soit adepte ni du maquillage, ni des tenues extravagantes. Le jeûne, même pendant la grossesse, fait aussi partie de sa liste de prétentions. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE futurs popes obligés de se marier pour obtenir une paroisse fiancée vertueuse" Même s'il rêve d'amour, le garçon s'avoue disposé à un mariage d'affaires. Il a trop peur de se voir refuser, faute d'être marié, un poste de prêtre après l'obtention de son diplôme. "Dès lors que nous avons choisi la section théologie pastorale, nous commençons à chercher une épouse", explique-t-il. Les canons, textes régissant le culte de l'Eglise orthodoxe roumaine, exigent en effet que le candidat en théologie pastorale connaisse à l'avance la voie qu'il empruntera: prêtre en charge d'une paroisse ou prêtre célibataire, ce qui le conduit à devenir moine. "S'il choisit d'être curé, il doit prendre femme", explique le père Vasian Racaru, qui vit au monastère de Poienari (à l'est du pays). Ce moine ne voit guère d'un bon œil le site Cité chrétienne. Pour lui, une bonne "prêtresse" ne saurait être dénichée sur un site de rencontres, fût-il chrétien. Trouver une femme sur Internet n'est pas "viril", ajoute-t-il, "c'est comparable à un mariage par entremetteuse!". Le père Racaru pense qu'on ne peut pas connaître vraiment une personne dans l'environnement virtuel et que les risques sont assez élevés, surtout pour les futurs prêtres : "Le mariage signifie communion, compréhension et cohabitation dans l'harmonie. Si vous vous séparez de votre prêtresse, vous ne pourrez plus être curé et vous devrez vous faire moine", prévient-il. Aurel Stan (Gândul-Le Courrier International) *L'Eglise orthodoxe roumaine comptait 17 000 prêtres en 2009. Le nombre des étudiants en théologie était en augmentation: on en comptait 10 000, soit dix fois plus qu'en 1989. L'Eglise orthodoxe roumaine dispose d'un arsenal multimédia considérable. Elle possède son propre quotidien, Lumina (La lumière), une agence de presse, une radio, une chaîne de télévision… Sports L Roumanie-France pour l'inauguration du National Arena 'Argentine devait inaugurer le "National Arena" de Bucarest, équivalent du Stade de France, le 10 août dernier, mais l'équipe de Mesi a fait faux bond 3 semaines avant la date retenue, provoquant la colère des nombreux supporters roumains qui avaient déjà acheté leurs places et devraient être remboursées. Motif de l'annulation: le fiasco de l'Argentine dans la coupe de l'Amérique du sud, entraînant le limogeage de son sélectionneur Sergio Batista, et la démotivation des joueurs argentins. Le contrat prévoyait que la Fédération roumaine versait 1,5 millions de dollars à son homologue sud-américaine. Elle envisageait à contrario d'en réclamer 2 millions de dommages et intérêts à son adversaire, mais finalement la rencontre sera reprogrammée ultérieurement. Il s'est agi aussi d'un coup dur pour l'entraîneur roumain Victor Piturca, qui comptait faire de ce Roumanie-Argentine un galop d'essai important à ses joueurs avant la rencontre décisive contre la France du 6 septembre, dans le cadre de la phase qualificative du championnat d'Europe des nations. Le match a été rem- Un Roumanie-Hongrie qui promet pour le Mondial 2014 L a Roumanie n'a pas été vernie lors du tirage au sort des groupes de qualification de la zone Europe pour le Mondial de football de 2014, au Brésil, même si, pour une fois, elle évite la France comme cela était devenu une habitude ces dernières années. La formation roumaine a hérité du groupe D où elle rencontrera les Pays-Bas, la Turquie, la Hongrie, l'Estonie et Andorre. D'ores et déjà son entraîneur a annoncé qu'il visait la seconde place qui permet de disputer des barrages ou d'être qualifié directement. Cela risque d'être difficile, car si les Pays Bas semblent inaccessibles, la Turquie est un autre "gros morceau", surtout à domicile. Reste l'affrontement plus équilibré avec la Hongrie qui prend une dimension passionnelle et promet de remplir les stades dans les deux pays. placé par une rencontre contre… San Marino, à Rimini (victoire 1-0), dernière du classement mondial de la FIFA, seul sparring-partner disponible ! Le match contre l'Argentine devait aussi permettre à la sélection roumaine de se familiariser avec la pelouse du National Arena. Finalement, le nouveau stade destiné aux rencontres internationales et qui a posé sa candidature pour accueillir la finale de la coupe d'Europe des clubs champions de 2012, sera inauguré en situation réelle et non pas en match amical, lors de ce Roumanie-France. Mutu et Tamas exclus à vie O n ne verra plus Adrian Mutu et Gabriel Tamas sous le maillot de la Roumanie. Victor Piturca, le sélectionneur national, a annoncé que les deux joueurs étaient exclus de l'équipe à vie. L'attaquant de Cesena et le défenseur de West Bromwich avaient fait la fête et étaient rentrés en retard deux jours avant le match amical de la Roumanie contre Saint-Marin. Les deux joueurs seront donc absents face à la France le 6 septembre prochain à Bucarest. On ne reverra pas non plus Cristian Chivu (30 ans) sous le maillot de la sélection roumaine. Le capitaine de la Roumanie a en effet décidé de mettre un terme à sa carrière internationale. Le défenseur de l'Inter Milan l'a annoncé via une lettre envoyée à la Fédération roumaine de football. "L'âge, les blessures, les interventions chirurgicales subies ces dernières années m'empêchent de lutter sur plusieurs fronts", a-t-il expliqué. 25 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Sports l l SATU MARE ORADEA ARAD l HUNEDOARA l l SUCEAVA TARGU MURES l BACAU l l l l VASLUI SIBIU TIMISOARA GALATI R. VÂLCEA CRAIOVA l l L l IASI l l TULCEA l PLOIESTI n BUCAREST Un Roumanie-France CERNAVODA l La France mène 7 victoires à 3 La Roumanie et la France se rencontreront pour la quinzième fois. Le bilan est le suivant : Roumanie : 3 victoires (2 à domicile), 4 nuls (2) et sept défaites (2) France : 7 victoires (5 à domicile), 4 nuls (2) et 3 défaites (1). Victor Piturca, sélectionneur roumain pour la deuxième fois a e vendredi 2 septembre, quatre jours avant la rencontre Roumanie-France du mardi 6 septembre au National Arena de Bucarest, la France ira affronter l'Albanie, et la Roumanie, le Luxembourg, toujours dans le cadre de la phase qualificative de l'Euro 2012, Groupe D. Dans ce groupe, la situation est la suivante, après 6 rencontres : 1er France, 13 pts, 2. Belarus (12 pts, 7 matchs), 3. Bosnie (10 pts), 4. Albanie (8 pts), 5. Roumanie (8 pts), 6. Luxembourg (1 pt, 7 matchs). Déjà en 1995, pour le compte de Accordez L'amalgame chronique avec les Tziganes dans nos médias finit par exaspérer les Roumains et il n'est pas recommandé d'en rajouter, comme le rapporte ci-dessous Vincent Lefeuvre. Le Rennais, passionné de football, marié à une Roumaine, a assisté à la mémorable rencontre opposant la France à la Roumanie, en 1995 à Constantsa, déjà dans le cadre du groupe qualificatif à l'Euro qui allait se dérouler en 1996, en Angleterre. L 26 été nommé en juillet. Il a déjà rencontré à 3 reprises la France, de 2004 à 2009, obtenant 3 matchs nuls. L'ancien attaquant a terminé sa carrière en France, au RC Lens en 1989/90. Sous la direction de Razvan Lucescu, son prédécesseur… et son successeur en 2009, la Roumanie s'est inclinée 2-0 en France, lors du match aller à Paris du Groupe D le 9 octobre dernier. La Roumanie n'a plus gagné face à la France depuis neuf matches, et depuis près de 40 ans, (2-0 en match amical à Bucarest, le 8 avril 1972), mais c'est elle qui a remporté les deux premières rencontres entre les deux pays: victoire 6-3 en match amical à Bucarest le 12 juin 1932 et succès 2-1 à Paris le 22 mars 1967. ors de la Coupe du Monde de Football aux Etats-Unis en 1994, l'envoyé spécial de l'Agence France Presse titre "Que la musique tsigane est belle !" pour marquer la qualification roumaine en quart de finale, concluant son article par "les Tziganes roumains sont capables de jouer la même musique aux Suédois…". Toute la presse nationale et régionale française reprend en cœur ce titre que les Roumains considèrent comme une provocation sous forme d'injure… et les Français comme un compliment dans lequel ils vont s'enferrer (1). La presse roumaine fait ses choux gras de cette affaire qui restera jusqu'à l'expulsion des Roms en 2010, la cause de la principale tension entre nos deux pays depuis les évènements de 1989. L'Ambassade de France est contrainte de couper son téléphone pendant près d'une semaine. L'opinion publique a du mal à digérer cet incident. La perspective d'une confrontation avec la France en éliminatoire de l'Euro 96 anglais fait monter la pression. Le choc aura lieu à Bucarest le 11 octobre 95. La Roumanie possède quatre points d'avance sur la France avant de la recevoir. Lors des neuf années précédentes, elle n'a concédé à domicile qu'un nul et une défaite pour dix-sept victoires. Les Bleus d'Aimé Jacquet sont contraints d'aller gagner pour espérer se qualifier mais le contexte conflictuel ne rend pas la tâche facile. A l'approche du match, la presse fait prendre conscience de l'enjeu pour ceux qui en douteraient. L'Equipe titre "Tout oser à Bucarest". "Fotbal plus" avec un article intitulé (en français) "Allons enfants !" rappelle l'incident de l'AFP et ironise sur les explications françaises (hommage aux virtuoses). De la presse roumaine en général ressort un fort relent nationaliste. La France s'attend à vivre l'enfer à Ghencea Les médias français enchérissent dans la polémique en rapportant les propos d'un joueur du Steaua, Anton Dobos, affirmant que l'absence de bananes avant 1989 pouvait expliquer une certaine infériorité physique par rapport aux joueurs occidentaux. Nouvelle polémique sur la suspicion de vouloir faire passer la Roumanie pour un pays arriéré. Un débat est même organisé sur Pro TV pour savoir s'il fallait reproduire ces déclarations. Me trouvant à Bucarest à cette époque, j'assiste à ce "match de l'année" en compagnie de mon père et de mon beau-père. D'anciens bus vert bouteille de la RATP (désormais marqués du sigle RATB) déversent plusieurs heures avant le match, leur cargaison humaine au pied du stade utilisé habituellement par le Steaua. Les billets se négocient au marché noir à 80 000 lei soit environ 200 F, correspondant Société Les NOUVELLES de ROUMANIE sans merci Si la France est en bonne voie pour la qualification, elle doit engranger cependant un maximum de points pour terminer en tête du groupe et obtenir directement son billet pour la phase finale qui se déroulera en juin prochain, en Pologne et Ukraine. La Roumanie, elle, est quasiment éliminée mais n'a pas perdu mathématiquement espoir de décrocher la deuxième place qui lui permettrait de disputer un match de barrage et accéder aussi à la phase finale. C'est donc à un RoumanieFrance sans merci qu'il faut s'attendre au National Arena. Jusqu'ici dans le groupe D, la Roumanie a obtenu 2 victoires (Bosnie 3-0, Luxembourg 3-1), concédé 2 nuls (Albanie 1-1, Belarus 0-0), et deux défaites (Bosnie 1-2, France 0-2). La France a obtenu 4 victoires (Bosnie 2-0, Roumanie 2-0, Luxembourg 2-0 et 2-0), concédé un nul (Belarus 1-1), et une défaite (Belarus 0-1). Les deux équipes ont encore deux rencontres à disputer, les 8 et 11 octobre prochains. La Roumanie recevra le Belarus et se déplacera en Albanie. La France recevra l'Albanie et la Bosnie. l'Euro 96 une rencontre passionnelle vos violons ! au quart du salaire mensuel moyen d'un ouvrier. Entraîneur à Nancy, Laszlo Bölöni prévient : "Ghencea est un stade intimidant. Les spectateurs sont très proches du terrain. Ils portent l'équipe et ils mettent une grosse pression sur l'adversaire. Tu as parfois l'impression d'étouffer". Lorsqu'on demande à Hagi (le dieu du stade roumain): "Croyez vous que la France va vivre l'enfer à Ghencea?", il confirme que cela sera très chaud et qu'il s'est arrangé pour qu'il en soit ainsi". La délégation de supporters français s'aperçoit dans un coin de tribune derrière les buts. Ils sont les seuls à agiter du bleu dans un stade en ébullition. On aperçoit même un drapeau breton Dans une telle ambiance, il est cependant recommandé de se faire discret et d'éviter tout signe distinctif. Six ans après la révolution, les supporters roumains n'ont pas encore renouvelé tout leur stock de drapeaux. On peut ainsi encore apercevoir quelques étendards arborant un gros trou en leur milieu, à l'endroit des armoiries communistes. Marseillaise huée au rythme des "Tsigani, Tsigani" Dès l'arrivée au stade, Aimé Jacquet demande à ses joueurs d'aller sur la pelouse défier en quelque sorte ce public hostile. Avant le coup d'envoi, la Marseillaise est huée au rythme des "Tsigani, Tsigani". Aucune explication n'est donnée par les compères Roland - Larqué qui commentent pour TF1 ce (1) (NDLR : L'image des Tziganes avec un z à l'époque - est tout autre dans l'Hexagone, entre merveilleux violonistes, comme Django Reinhard, ou voleurs de chevaux de l'époque romantique du XIXème siècle et des soulèvements contre l'empire austro-hongrois) (2) Les deux équipes se qualifieront finalement pour l'euro 1996 (la Roumanie avec 21 pts et la France avec 20 pts). Lors du premier tour, les roumains seront éliminés (0-1 contre la France, 0-1 contre la Bulgarie, 1-2 contre l'Espagne) alors que les Français se qualifieront pour les Aimé Jacquet jubile après la victoire à Contantsa : "Tout est parti de là" confiera-t-il après avoir remporté la coupe du monde de 1998. match. La presse écrite française, directement impliquée dans l'incident de l'AFP, n'en dira pas plus, laissant ternir un peu plus l'image des Roumains. Bien défendue par un Barthez qui fêtait pour l'occasion sa première sélection, l'équipe de France, sous la baguette d'un excellent Zidane, éteindra par sa maîtrise collective le Ghencea en fusion. Le 3-1 infligé aux hommes de Iordanescu leur ouvrira les portes de l'Euro (2). De retour au foyer, mon beau-père présentera ses excuses solennelles à mon père pour le traitement infligé à l'hymne français. Cela aura pour effet de le faire sourire et d'accepter une réconciliation à l'amiable autour d'un verre de tsuica. Vincent Lefeuvre quarts de finale (1-0 contre la Roumanie, 1-1 contre l'Espagne, 3-1 contre la Bulgarie). En quarts de finale, les Bleus élimineront les Pays-Bas (0-0, 5-4 aux tirs aux buts) mais seront éliminés en demi-finales par la République Tchèque (0-0, 5-6 aux tirs aux buts). Les deux équipes participeront au mondial 1998 (la Roumanie avec 28 points lors des qualifications, la France étant qualifiée comme pays organisateur). Elles passeront le premier tour, la France avec 3 victoires (3-0 contre l'Afrique du Sud, 4-0 contre l'Arabie Saoudite, 2-1 contre le Danemark) et la Roumanie avec 2 victoires (1-0 contre la Colombie, 2-1 contre l'Angleterre) et 1 match nul (1-1 contre la Tunisie). En huitièmes de finale, les français s'imposeront grâce au but en or (1-0 aux prolongations contre le Paraguay) alors que la Roumanie perdra 1-0 contre la Croatie. Elle sera donc éliminée lors des huitièmes de finale, la France éliminera l'Italie (0-0, 4-3 aux tirs aux buts) avant de venger les Roumains en éliminant la Croatie (2-1 en demi-finale) et de remporter le trophée en finale face au Brésil (3-0). 27 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie A l'initiative des retraités d'Agir, A la découverte Un demi-hectare pour vivre 28 Agir Anjour-Maine avait préparé la venue de la délégation de douze agriculteurs-viticulteurs moldaves sur les bords de la Loire, en mars dernier, par l'envoi d'une mission en septembre-octobre précédent, dont certains membres sont restés trois semaines sur place. Voici un extrait du compterendu fait à leur retour. "La Moldavie se trouve dans une situation difficile de part sa position géographique entraînant sa dépendance vis à vis de la Russie pour ses approvisionnements énergétiques et ses débouchés commerciaux. On assiste de ce fait à une dramatique hémorragie de la population. L'absence d'emploi et de perspectives entraîne ce flux migratoire. Dans un passé récent la dissolution d'un grand nombre de kolkhozes et de sovkhozes (fermes d'Etat) a déstructuré l'agriculture. Les plus riches ou mieux placés ont pu récupérer de grandes surfaces. La masse des petits paysans se retrouve dans des situations difficiles, avec de très petites fermes (1/2 ha ou plus) et peu de moyens financiers, ceci ne permettant pas une amélioration de leur revenu, ni une mécanisation. Le regroupement de leurs biens en coopérative est une solution utilisée permettant un regroupement de ces terres. Mais se posent des problèmes de fonctionnement de ces organisations. Ce morcellement à l'extrême des surfaces rend difficile une modernisation de l'agriculture (beaucoup de travaux sont manuels), mais il est vrai qu'elle assure en contre partie la subsistance alimentaire de très nombreuses familles par l'auto consommation. (Suite page 30) Des initiatives de coopération et d'échanges commencent à voir le jour entre Français et Moldaves, témoignant d'une timide prise de conscience. Peut-on laisser seule et oubliée encore longtemps la petite République face à l'envahissante sollicitude de son ancien protecteur soviétique, alors qu'elle tourne de plus en plus son regard vers l'Ouest, espérant y trouver une main tendue ? A Angers, l'association AGIR Anjou-Maine, animée par Jacques Ecuyer, a visiblement compris le message, y répondant de manière plutôt inédite et riche de promesses, pour des Moldaves qui découvraient une agriculture de "troisième type". E n mars dernier, une délégation de douze Moldaves, de la région de Ialoveni, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, Chisinau, prenait la direction de la région angevine pour un stage de découverte d'une semaine. Ces agriculteurs et viticulteurs répondaient à l'invitation de la délégation Anjou-Maine de l'association des retraités AGIR. Ils lui rendaient la visite effectuée au mois d'octobre précédent par un groupe de ses adhérents mais aussi de spécialistes de l'agriculture, venus sur place défricher le terrain d'un projet de coopération entre les deux pays qu'elle pilote. Les Moldaves ont été répartis en trois groupes, chargés chacun d'étudier un secteur d'économie, essentiel pour leur pays comme la viticulture, ignoré comme les relations entre producteurs et consommateurs, ou prometteur comme le tourisme rural. Visites d'exploitations, de fabricants de matériels, de fermes-auberges, se sont succédées, avec la perspective d'intensifier les échanges dans les mois qui viennent. Cette initiative n'est pas passée inaperçue en Moldavie. Au retour, des journaux titraient, avec fierté ou surprise, "Les nôtres en France", "Des fermiers moldaves en France !", "Invités par les Français !"… donnant des compte-rendus du périple effectué, illustrant les attentes de ceux qui veulent moderniser leur pays et leurs activités Ion Bîrsa, responsable de la fédération des fermiers et avaient entrepris ce long moldaves de la région de Chisinau (à gauche), dans la vigne de Mihai Sava, lui aussi du voyage à Angers. voyage en terre inconnue. "Là-bas, l'étiquette de la bouteille porte même le nom du viticulteur" "La technologie de vinification est beaucoup plus développée et simple que chez nous" a confié, impressionné, Ion Bîrsa aux journalistes. Le responsable de la Fédération des fermiers moldaves pour la région de Chisinau a particulièrement insisté sur le contrôle entier de la chaîne de fabrication revenant au viticulteur français… de l'entretien de sa vigne jusqu'à la commercialisation de ses bouteilles, n'en revenant pas qu'il vende 80 % de sa production dans sa cave, 20 % seulement partant vers des circuits extérieurs. Et de s'exclamer, admiratif mais aussi un peu envieux: "le paysan de là-bas peut vendre son vin sous sa propre marque, l'étiquette porte même son nom ! C'est lui le maître de sa production ! Dès que la qualité de son vin est certifiée par un groupe d'experts dans le cadre d'une association regroupant les fermiers, il peut en faire ce qu'il en veut!". Ce n'est pas le seul enseignement que Ion Bîrsa a ramené de l'Anjou, espérant bien en faire profiter les membres de sa fédération. "Les viticulteurs disposent d'outillage et de techniques agricoles performants. Si un matériel leur manque, leur coopérative leur fournit. Et puis, rien ne se perd… même les déchets accumulés au cours de la vinification sont réutilisés. Ils en font de la peau de saucisson, de l'huile de pépins ou des engrais !". Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE l'Anjou-Maine tend la main aux viticulteurs et fermiers moldaves d'une agriculture de troisième type Séduits par les chambres d'hôtes Mihai Voloh, un ancien journaliste de la télévision moldave, mis longtemps à l'index par le pouvoir communiste pour ses penchants démocratiques et obligé de s'exiler de longues années à Bucarest, était chargée avec sa femme, Stela - tous les deux parfaits francophones - de faire le compte-rendu du voyage. Le journaliste a observé le volet "tourisme rural". "Notre délégation était hébergée dans le gîte rural de Jean-Claude et Martine Colibet. Un véritable mini-hôtel qui peut accueillir jusqu'à quinze personnes. Mais c'était beaucoup mieux parce qu'on était accueilli par des gens du crû, on mangeait et passait les soirées ensemble. L'endroit était beau, calme. Il en existe 70 de la sorte rien que dans la région et 80 000 dans toute les France. S'il n'y a plus de place, on vous donne une adresse pour vous loger. Et ils vous y emmènent!". Mihai Voloh a surtout noté que le tourisme rural est un complément qui permet aux agriculteurs de rester sur place et continuer leur activité, ces derniers ayant beaucoup d'autres idées: "Jean-Claude et Martine cultivent des semences de fleurs. Quant vient la saison des boutons, ils reçoivent beaucoup de visiteurs qui viennent en acheter". Les Moldaves ont bien compris tout l'intérêt de l'agro-tourisme. "Vous avez un pays pittoresque, un accueil de qualité, tout comme vos vins et votre cuisine… Ce serait bien dommage de ne pas en profiter" les ont encouragés les Angevins, leur promettant le support de leur expertise. "On a besoin de met tre au point une carte avec un tracé touristique, de disposer d'une base de données avec toutes les adresses sur un site Internet, d'une brochure qui serve de guide, d'entrer dans les circuits touristiques européens" analyse Mihai Voloh, ajoutant "mais pour cela, il faut qu'on se structure". gues, des voisins, et s'engage à leur fournir différentes denrées et Gheorghe et Maria Malcoci sont déjà eux à les rompus aux techniques modernes. a c h e t e r. Comme çà, Alain Guiffes a 220 familles à nourrir chaque semaine. Elles viennent par groupe de 60, à une heure dite, chercher leur sac rempli, soit directement à la ferme ou à l'école d'agriculture d'à côté qui a prêté ses locaux" raconte l'ancien kolkhozien qui conclut : "En France, ils appellent çà l'agriculture à visage humain". Et de commenter les avantages de cette solution directe. "Les paysans n'ont pas besoin d'aller vendre au marché. Il n'y a plus d'intermédiaires, de magasins à approvisionner, et le producteur gagne trois fois plus". Autre atout souligné: "Comme çà, les Français savent ce qu'ils mangent. Ils veulent de plus en plus de produits biologiques dans leurs assiettes". Belles cylindrées de l'Anjou contre vieilles charrettes moldaves? Les Moldaves ont ainsi touché du doigt l'importance donnée à l'écologie en France. "De plus en plus de viticulteurs français abandonnent les fongicides et herbicides et choisissent des pratiques plus naturelles pour soigner leurs vignes" rapporte Gheorghe Malcoci, "çà leur permet d'obtenir des vins de meilleure qualité qui sont, certes, plus cher, mais ne restent pas sur les rayons des magasins". A Saumur, l'ancien maire vert de la "En France, on appelle çà ville, Jean-Michel Marchand, également l'agriculture à visage humain" conseiller général, leur a expliqué que Mihai et Stela Voloh, chargés de rapporter dans un groupe de villages de son canton, Gheorghe Malcoci et sa femme Maria en Moldavie le compte rendu du voyage en terre angevine. les agriculteurs, avaient décidé de remiser faisaient partie du troisième groupe, chargé de se pencher sur les relations producteurs-consommateurs. leurs voitures au garage pour leurs activités professionnelles. L'ancien directeur de kolkhoze, aujourd'hui à la tête de l'orgaN'en croyant pas leurs oreilles - chaque Moldave rêve d'avoir nisation des agriculteurs de sa région, n'était pas au bout de ses une voiture - ils l'ont entendu expliquer que, désireux de retrosurprises. AGIR-Anjou-Maine a fait rencontrer aux Moldaves uver un cadre de vie plus respectueux de la nature et moins Alain Guiffes qui élève des vaches, des porcs, produit son lait, stressant, ils souhaitaient ne voir plus circuler que des chardu fromage, du beurre, de la crème, des yaourts, ainsi que de riots sur leurs chemins de campagne. la farine grâce à son moulin. Cet échange n'allait pas sans la Alors à quand un nouvel échange où les Angevins troqueprésence de Francine Freulon, animatrice locale de raient leurs belles cylindrées contre de vieilles charrettes moll'Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne daves? Gheorghe Malcoci, lui, envisage plutôt d'envoyer 60 (AMAP), à laquelle l'agriculteur appartient aussi, puisque son nouveaux "stagiaires" dans cette région de la "Douce France" objet est la vente directe entre producteur et consommateur. que lui-même et ses compatriotes ont tant appréciée, pour "Au début de la saison, le fermier signe un contrat avec un essayer d'enraciner dans son pays cette agriculture de "troisiègroupe de clients, souvent des parents, des amis, des collème type" qu'il y a découverte. 29 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie C'est le combat de David contre Goliath, Le vin peut La Moldavie est l'un des principaux producteurs de vin d'Europe. Considéré comme la "cave de l'ex URSS", avec la Géorgie et les républiques du Caucase, sa production était entièrement tournée vers les pays de l'Est. Les relations avec Moscou n'étant plus au beau fixe, ce secteur essentiel de l'économie moldave est menacé. Voilà comment naît le combat de David contre Goliath, des petits propriétaires indépendants contre les grosses coopératives parrainées par Moscou. (Suite de la page 28) Difficulté à travailler ensemble 30 M ihai Sava et son ami Constantin Plamadeala sont voisins. Tous deux exploitent une parcelle de vigne. Et tous deux suivent avec attention les péripéties électorales de leur pays. Après une longue nuit de près de 70 ans à l'ombre du "protecteur" soviétique, guère interrompue par l'intermède de l'indépendance, obtenue en 1991, la Moldavie hésite depuis deux ans entre le retour dans le giron moscovite et l'appel du grand large européen. Les urnes n'arrivent pas à trancher de manière claire. Pour les deux viticulteurs, la question est vitale. Ils ont eu le culot de se lancer dans la production indépendante, défiant le monopole des mastodontes d'état qui ont la main mise sur la quasi-totalité du vignoble moldave, aux premiers rangs desquels les caves coopératives de Cricova, la plus grande d'Europe, et celle de Milestii Mici, qui dispose de la plus grande vinothèque au monde. Avec elles, la Moldavie a été la plus grande cave de l'URSS, comme ses fruits et légumes en faisaient le plus grand jardin. La petite république avait été réduite à l'état de satellite agricole, chargé d'approvisionner l'empire qui commençait derrière les barbelés, à l'est de la ligne Oder-Neise. Une véritable rente de situation dont d'ailleurs elle ne se plaignait pas, sa population ayant un niveau de vie enviable par rapport à ses voisins, surtout celui du sud, la Roumanie de Ceausescu. Un exemple type de ferme dans la région de Ialoveni: parfois une vache ou deux, quelques chèvres, quelques moutons (dont une partie du lait de ces animaux est transformée en fromage), troupeaux d'oies et de canards. Tous ces animaux vont en pacage collectif dans les bas fonds (avec bergers); des poules, un grand jardin, des vergers et de la vigne (généralement quelques rangs de vigne à l'intérieur de très grandes parcelToujours le chantage du Kremlin les, le travail du sol est souvent Mais la Moldavie paie aujourd'hui le prix de cette mis en prestation dépendance. Dès que le nouveau pouvoir, ouvert sur à des gens équil'Europe, semble désireux de voler de ses propres ailes, pés). Les parcelMoscou menace de cesser son approvisionnement, les de grandes comme ce fut le cas voici deux ans. .. Et la Moldavie n'a cultures (blé, Constantin Plamadeala lie le développement guère que ses ressources agricoles pour subsister. de la Moldavie à celui de sa démocratie. maïs, tournesol, Cricova et Milestii Mici, dans lesquels les hiérarques colza, luzernes) sont la plupart du communistes d'aujourd'hui, dont la famille de l'ex-président et général du KGB Voronine, temps mis en coopératives de seront d'importants intérêts, se font volontiers l'auxiliaire de ce chantage. Persistance de leurs vices, qui se chargent de l'ensemanciennes amitiés… Brejnev a été gouverneur de la République moldave avant de faire son ble des travaux. La récolte (maïs chemin au Kremlin. Il revenait d'ailleurs de temps en temps soigner sa cirrhose à Cricova. notamment) est parfois assurée Isolés, les petits exploitants indépendants sont à la merci des coopératives, chargées manuellement par les familles. de par la loi de commercialiser toute la production. Et cette législation ne leur permet pas Un début de mécanisation pour non plus de se constituer en groupement pour défendre leurs intérêts. Alors, tant bien que un certain nombre de travaux mal, ils tentent de s'organiser, profitant du vent favorable qui souffle dans les allées du serait possible (par exemple pouvoir à Chisinau. Une quinzaine d'entre eux se sont regroupés dans le vignoble de trayeuse, préparation des sols des Ialoveni et essaient tout de même de mettre sur pied une fédération nationale de viticuljardins), mais pas individuelleteurs indépendants, comme cela est aussi entrepris dans d'autres régions. Une initiative ment. Cela se heurte à leur grande courageuse car Milestii Mici et Cricova, dans le secteur, veillent… au grain. méfiance et difficulté à travailler ensemble". Plaire au goût slave… Extrait du rapport fait par Jean mais aussi aux palais occidentaux Claude Colibet pour la délégation d'Anjou-Maine d'AGIR abcd, à la Comme leurs confrères, Mihai Sava et Constantin Plamadeala savent qu'ils doivent suite de son séjour en Moldavie à diversifier la commercialisation de leur vin, se tourner vers l'Occident, s'ils veulent desserl'automne 2010. rer l'emprise de Moscou... tout en étant conscient que la Russie, la Pologne, la République Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE des petits propriétaires indépendants contre les coopératives à la solde de Moscou avoir un goût de liberté Tchèque et autres anciens pays de l'Est, resteront longtemps encore leurs principaux clients. Mais ce virage n'est pas seulement une question de marketing. Les vins moldaves ont été fabriqués depuis des décennies pour plaire au goût des slaves. Surtout les rouges, lourds, sucrés. Rien à voir avec l'exigence des palais occidentaux, même si on trouve quelques bons vins secs. D'où une diversification à entreprendre, qu'il faut doubler en travaillant la qualité et la constance, lesquelles font souvent malheureusement défaut. Une véritable révolution à venir. Du voyage en Anjou, Mihai Sava et Constantin Plamadeala ont retenu qu'ils avaient besoin de coopérer avec les viticulteurs français pour la réussir. Ils ont été impressionnés par leur savoir-faire. Les deux amis ne veulent pas se cacher derrière leur petit doigt, comme trop de leurs collègues, qui mettent sur le compte du raisin ou du mauvais temps la mauvaise qualité de leurs produits. Ils savent que la technique et un bon matériel sont indispensables. Chacun de leur côté, ils s'y mettent, même si la vigne ne suffit pas à les faire vivre. Ils cultivent aussi des fruits et légumes, et un ravissant potager entoure leur coquette maison, assurant avec la basse-cour et quelques animaux le quotidien de la subsistance de leurs familles. Bière et cognac ont détrôné le vin Maire démocrate de sa petite commune, Vasieni, Constantin Plamadea sait qu'il s'agit d'un vrai défi. Il y est habitué. Pendant cinq ans, il s'était exilé en Israël. Une expérience dure, qui ne lui laisse pas que de bons souvenirs, notamment sur la manière dont les Roumains et les Moldaves étaient considérés. Comme tous les villageois moldaves que l'on voit travailler le dos courbé à longueur de journée dans les champs, il paie de sa personne. Ce qui ne l'empêche pas de déborder de projets. Dernièrement, il a récupéré une ancienne cave de kolkhoze où il compte stocker ses cuves et du vieux matériel et, collectionnant les objets ayant trait à son métier, il envisage de constituer un musée consacré à la viticulture. Le pari de ces viticulteurs indépendants est d'autant plus compliqué qu'il s'inscrit dans une période où le vin est passé de mode. Consommé par l'ensemble des Moldaves jusqu'à l'indépendance de 1991, on ne le voit pratiquement plus sur les tables des noces, banquets ou autres fêtes où il est remplacé par la bière et le rachiu, cognac local. Il faut donc convaincre la population de revenir à cette tradition, en jouant en outre sur deux tableaux: le goût d'autrefois… et celui de demain. Toutes ces difficultés dictent une politique de prudence aux producteurs indépendants. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. C'est ce que fait Ana Turcanu, elle aussi du voyage en Anjou et qui ne veut pas s'en laisser compter par les anciens communistes quand ils essaient de dorer la pilule de leurs compatriotes en leur susurrant "que c'était mieux autrefois". A ses yeux, la liberté et la liberté d'entreprendre sont des biens trop précieux et trop chèrement acquis pour y renoncer. Courageusement, avec son mari, elle développe leur Ana Turcanu et son mari ont choisi la niche de l'apiculture. petite exploitation agricole familiale, près du village d'Horesti. On sent bien que les temps sont durs. Le couple a trouvé cependant un créneau complémentaire, l'apiculture. Il a installé des ruches dans la forêt et va y récupérer le miel, dont les produits dérivés, comme le propolis, aux vertus médicales appréciées, est très utilisé dans la région. Entre la Russie qui menace de couper le gaz... et l'Occident, les vivres Gheorghe Malcoci, personnage imposant et également important, a su se reconvertir vers l'économie de marché. Ancien directeur de Kolkhoze, il est devenu naturellement président de la coopérative des agriculteurs du secteur, laquelle regroupe environ un millier de familles de paysans. "En Moldavie, la notion de coopérative n'a pas provoqué le même rejet qu'en Roumanie après la Révolution… car chez nous, elles n'existaient pas et elle ne présente pas le même caractère obligatoire", explique-t-il. Grâce à ses fonctions, Gheorghe Malcoci a pu voyager à travers le monde et observer : USA, Europe occidentale, dont Angers en mars dernier, etc. Tout naturellement, son attention a été attirée par les marchés porteurs, encore absents de Moldavie. Se retroussant les manches, il a décidé d'installer des serres et de se lancer avec sa femme, Maria, dans la commercialisation des plants de légumes, concombres, poivrons, tomates, etc., qu'il vend sur les marchés. En 2010, les résultats avaient été moyens, le pépiniériste a donc revu ses prévisions à la baisse pour cette année. Mal lui en a pris, car ses stocks ont été dévalisés au printemps. Pour que son activité se développe sur une plus grande partie de l'année, ses serres abritent aussi quantités de fleurs que l'on peut offrir en plein hiver, notamment au moment des fêtes, et aussi des espèces rares, plantes exotiques, tropicales, méditerranéennes, océaniques… de plus en plus prisées par ceux qui en ont les moyens, car les conserver revient cher en chauffage. Fort de son expérience, Gheorghe Malcoci n'est pas loin de penser, comme nombre de ses compatriotes que, pour réussir, la Moldavie doit se prêter à un délicat exercice de funambulisme. Si elle tourne le dos à la Russie, celle-ci lui coupe le gaz et n'achète plus ses produits… si elle tourne le dos à l'Occident, ce sont l'UE, le FMI, la Banque Mondiale qui lui coupent les vivres ! 31 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Seulement 10 % des professeurs de français sont venus en France 32 La viticulture en Moldavie bénéficie à la fois d'un climat continental, d'un sol fertile et d'une topographie des collines très favorables. Elle est à la même latitude que la Bourgogne (45 - 48° Nord) avec les influences de la mer Noire. La superficie du vignoble moldave était de 147 000 hectares en 2007, soit une diminution de 25 % par rapport à 1995. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse : - la faiblesse des investissements: un hectare de vigne supplémentaire demande un investissement de 8000 euros environ, ce que la plupart des agriculteurs ne peuvent se permettre. De plus, les vignerons n'ont pas les moyens de traiter chimiquement les plants pour les protéger, ce qui a conduit à la disparition de plusieurs vignes. On estime que 70% des vignes ne reçoivent pas tous les traitements chimiques nécessaires. - les vignobles ont été fragmentés durant le programme de privatisation, ce qui a nui à la productivité. Des plants ont été déracinés et beaucoup d'agriculteurs ont préféré ne rien replanter . - la baisse de la consommation moldave, conjuguée à la baisse des exportations (due à la politique antialcool menée par Gorbatchev dans les années 90), n'a pas contribué à relancer les ventes de vin. La superficie totale des vignobles en Moldavie représente 1,9% de la superficie du vignoble mondial total. La Moldavie fait partie des états membres de l'organisation internationale de la vigne et du vin. Vera, 65 ans, ment à ses élèves pour ne pas les décevoir La Roumanie compte 9300 professeurs de français… la Moldavie 2300, soit quasiment le double, avec une population sept fois inférieure. Une statistique qui fait de la République moldave le pays le plus francophone d'Europe, ce qui ne saurait cacher le fait qu'il est aussi le plus oublié des Français. Q uasiment tous les professeurs de français roumains ont eu l'occasion de venir, ne serait-ce qu'une fois, découvrir la France, la Belgique ou la Suisse. Depuis 1989, de nombreux programmes ont vu le jour, permettant l'intensification de ces visites. Ils sont financés directement par les états, divers organismes, l'Union Européenne ou s'appuient sur des échanges entre départements, communes, associations et comités de jumelage. Sans oublier les invitations individuelles, concrétisant des relations personnelles. Il en va tout autrement pour la Moldavie. Au mieux, 10 % de ses professeurs - une trentaine chaque année - ont eu l'occasion de voir ce pays dont ils s'efforcent de faire aimer la langue à des centaines de milliers de leurs élèves, dont un sur deux fait encore du français sa Remise de prix à l'Alliance française de Chisinau langue principale. Depuis 2003, seulement 135 enseignants moldaves ont bénéficié d'une bourse ou d'une aide leur permettant de venir en France, pour une période de trois-quatre semaines pendant l'été. Ils y suivent un stage de formateurs pour leurs collègues restés sur place, au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon. En 2010, seulement 12 bourses de perfectionnement de professeurs d'un mois ont été attribuées. Des associations, comme Solidarité Laïque, se sont engagées dans ce genre d'initiatives, multipliant aussi leurs actions pédagogiques en Moldavie, le plus souvent avec le concours actif de l'Alliance française de Chisinau qui s'implique fortement. Certes, en Moldavie même, quasiment tous les professeurs de français ont eu la possibilité de recevoir une formation… au chef-lieu de leur judet. Cela remplace-t-il, la charge émotionnelle d'un voyage en France? Cela renforce-t-il le lien sentimental, le pacte serait-on tenté de dire, noué avec elle quand, dès la fin de l'adolescence, on a pris l'engagement de consacrer toute sa carrière à enseigner sa langue, à faire apprécier sa culture ? Apprendre à conjuguer “Aimer la France” Si les jeunes professeurs peuvent espérer, même plus tard, avoir l'occasion de se promener sur les Champs Elysées… il y a quelque chose de pathétique à voir leurs collègues plus anciens ou à la retraite, renoncer au rêve de toute une vie : un jour flâner sur les quais de la Seine ou sur les grands boulevards. Pour beaucoup, des décennies passées au milieu de ses élèves, sans jamais avoir eu l'occasion, ne serait-ce qu'une fois, de parler français, de voir un seul français ou Francophone dans son village ! …Comme cette professeur de Chirileni qui a entrepris d’apprendre à ses élèves la conjugaison des verbes du premier groupe en écrivant au tableau "Aimer la France"… A décliner tout au long de l'année, à tous les temps et à toutes les personnes ! N'est-il pas possible de se mobiliser pour accueillir tous ses amis, avec lesquels on a tant à échanger ? "Oui, j'ai vu la France ! "… mais la professeur de 65 ans parle de celle entrevue dans ses rêves Moldavie Le pays le plus francophone …est le plus oublié des Français Comme deux gouttes… de vin avec la Bourgogne Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE P our Vera Damaschin, c'est la seconde fois de sa vie qu'elle rencontre un Français et, en conséquence, qu'elle pratique notre langue. Avec appréhension… alors que son expression est parfaite. Pourtant la professeur de français a 65 ans. Bien qu'en retraite, elle continue à donner des cours. Ses jeunes collègues ont déserté un pays qui ne leur assure qu'un maigre salaire, 140 € en moyenne, pour s'exiler dans les pays occidentaux ou à Moscou. Il faut bien que l'école continue à fonctionner. Zimbreni, le village de Vera vote communiste. Après la victoire de l'opposition démocratique, voici deux ans, sa remplaçante a choisi de s'envoler pour l'Angleterre. Drôle de choix pour une supportrice de Voronine, mais l'idéologie ne rentre plus en compte quand il s'agit de survivre. La retraitée a donc repris du service. Huit heures de cours par jour à l'école et huit heures à travailler dur dans le jardin et la maison avec son mari, Ion, profes- seur de roumain, également à la retraite. Des "travaux des champs" qui leur permettent de subvenir à leurs besoins. A eux deux, pensions et heures supplémentaires réunies, ils gagnent 160 € par mois. Leurs mains calleuses ressemblent plus à celles des paysans du coin qu'à celles des fins intellectuels prenant plaisir à lire Alexandre Dumas et Victor Hugo dans le texte. Les travaux domestiques ne leur laissent guère le loisir de se cultiver, comme ils leur désireraient. "J'aimerais encore écouter Jo Dassin, Dalida, Aznavour, revoir des films avec Catherine Deneuve, Jean Gabin" soupire Vera. Mais le soir, les yeux se ferment devant le vieil écran de télévision et le couple n'a plus la force de surfer sur internet. Il se tient juste au courant de l'actualité. Une quarantaine de ses élèves sont devenus profs de français Dans un sourire contrit, Vera avoue qu'elle ment à ses élèves quand ils lui réclament: "Madame, Madame, vous avez vu la France ?". "Je ne veux pas les décevoir et puis çà me ferait perdre de mon autorité… Alors je leur raconte celle de mes rêves, de mes lectures, ou celle que j'ai vue à la télé". Car la professeur n'a jamais visité le pays auquel elle a consacré toute sa vie. Sans illusion, elle confie qu'elle ne le verra jamais. Sans illusion? Vite dit… car une flamme s'allume dans son regard lorsqu'elle évoque Notre Dame de Paris, Esmeralda. L'espoir ne renonce jamais. Au cours de ses plus de quarante années d'enseignement, Vera a transmis le virus de la langue française à une quarantaine de ses élèves qui sont devenus par la suite professeurs de français. Beaucoup ont quitté le métier pour devenir interprètes ou traducteurs auprès de firmes étrangères. L'aspect économique est d'ailleurs la principale motivation qui conduit à opter pour le Français, avec les facilités offertes à l'émigration par le Canada. Mais certains de ses élèves choisissent le français par amour de la langue. A Zimbreni, il était obligatoire à partir de 78 ans, mais ce n'est plus le cas. Il le redevient au lycée à partir de 14 ans, comme deuxième langue, la seule d'ailleurs au programme. Pour l'enseigner, Vera doit faire avec le pauvre matériel pédagogique dont elle dispose. Heureusement, l'école a été dotée de seize ordinateurs dernièrement, et puis une habitante de Pau est passée dans le village, voici deux ans. La première Française qu'elle rencontrait! De quoi remonter le moral! Par la suite, elle a fait parvenir des livres et toute une collection de "J'aime lire" qui a eu un véritable succès auprès des élèves. "Et de moi aussi", rajoute Vera qui y appris plein de choses. Elle contemple la vieille carte physique de la France, accrochée au mur et repart dans se rêves: les Alpes, la Bretagne, la Provence, la Loire. Oh oui… surtout les châteaux de la Loire ! Paris Dieu a sacrifié à la Terre un coin de paradis. Il a donné vie à la beauté, puis l'a appelée Paris. Oui, Paris, symbole de la Terre, Chez toi se trouve l'idéal éphémère. Paris a bouleversé mes croyances. Paris a ressuscité toutes mes espérances. Paris a ébloui tout mon être, Et a fait naître en moi le désir de le connaître. Je voudrais vivre à Paris, Embrasser son image pour toute la vie. Je voudrais tant humer l'arôme des Champs Elysées, Entrer dans la vieille église de Saint Germain des Prés. Je voudrais tant voir Notre Dame de Paris, Me promener dans le jardin des Tuileries. Mais plus encore, je voudrais conquérir la Tour Eiffel, Et me sentir tout près de l'azur du ciel. Au Louvre, je pourrais découvrir ton histoire, Et à l'opéra Bastille chanter tout un soir. Au Palais Royal, à la Géode, découvrir la cité, Et aussi me promener dans tes vieux quartiers. Je désirerais tant admirer les Invalides, le Panthéon, Flâner sur les quais de la Seine, à l'Odéon. Je désirerais baiser la terre de ce coin de paradis, De cette merveille que Dieu a appelé Paris. Lucia Popescu, 15 ans, lycée de Molesti, Moldavie 33 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Dès son retour de France Tatiana Cojocaru était bombardée de questions par ses élèves "Non, je n'ai pas mangé de grenouilles !" E Quatre régions viticoles 34 Les principales régions viticoles moldaves sont : - Balti (au Nord): cette zone manque de très grands vignobles permettant une production industrielle. Ici sont produits essentiellement des matériaux pour le "divin" (le "cognac" local) et les vins fortifiés. Il y a très peu de vins de table. - Codru (au Centre): c'est la zone viticole la mieux développée de la Moldavie. Elle possède 60% de tous les vignobles du pays et la plupart des entreprises vinicoles, y compris la célèbre "Romanesti" S.A. Les collines boisées de la zone centrale protègent les vignes des gels hivernaux et de la sécheresse estivale, caractéristiques du climat continental. - Nistreana ou Purcari (au Sud-Est). - Cahul (au Sud) : le climat se caractérise par des sécheresses fréquentes, favorisant la culture des cépages destinés à la production de vins rouges et liquoreux. Les vins Chaque année, la Moldavie produit plusieurs centaines de vins différents. Vins mousseux moldaves : extrabrut et rouge doux Lion Gri,brut Symposium. Vins blancs: le vin blanc est majoritairement cultivé, avec près de 70% des surfaces. Parmi les cépages blancs les plus cultivés, on compte le Chardonnay, l'Aligoté, le Sauvignon blanc, cépages d'origine française et parmi les variétés locales la Feteasca alba, l'Oliver Irsay et le Rkatsiteli. Vin rouge: les variétés rouges principalement cultivées sont le Cabernet Sauvignon, le Negru de Purcari, le Rosu de Purcari, le Merlot et le Pinot noir. lle-même professeur, Tatiana Cojocaru assure la formation de ses collègues qui enseignent le français dans la région de Stefan Voda, au sud de la Moldavie. Elle s'efforce de les convaincre de faire travailler leurs élèves sur un mode ludique pour les intéresser que ce soit à l'écrit ou à l'oral en utilisant les méthodes qu'elle a ramenées de France ou que lui fournit l'Alliance Française. "Les enfants doivent apprendre avec plaisir. Nos méthodes sont trop classiques, littéraires" plaidet-elle. Et d'appuyer sa démonstration en ouvrant les sites internet consacrés à l'apprentissage du français: "On trouve des leçons toutes prêtes, des fiches pédagogiques, on peut utiliser des chansons, des reportages. On peut même s'entraîner à corriger son accent!" s'enthousiasme-t-elle. Le français occupe une place centrale dans la vie familiale de Tatiana. Au mois d'août, elle est venue rendre visite à sa fille, étudiante à Poitiers, et qui, ayant trouvé un boulot d'été, ne pouvait pas revenir au pays. "Quand elle nous a quittés, elle venait juste de passer son Tatiana Cojocaru parmi les ordinateurs bac. Elle n'avait que 18 ans. Les qu'elle vient de récupérer auprès des médecins français de l'AAMM. cœurs étaient gros de chagrin et d'angoisse quand avec mon mari on l'a vue monter dans le bus d'Eurolines, à Chisinau". L'enseignante a suivi à deux reprises les stages d'été de Besançon pour professeurs moldaves. Cela lui a permis aussi de découvrir Paris, Strasbourg et même, suite à une invitation, de pousser jusqu'à Bordeaux et Agen. A ses retours, chaque fois ses élèves se montraient de plus en plus curieux. Elle prenait les devants, en leur lançant d'emblée: "Non, je n'ai pas mangé de grenouilles !". "Quand le prof se débrouille… les élèves aussi !" L'expérience a conduit Tatiana à une conclusion simple: "Quand le prof se débrouille… les élèves aussi!". Alors… elle se débrouille. Avec Solidarité Laïque, Gérard Broussaud et ses amis, qui lui ont fourni des cartons de livres, des BD très appréciées, permettant de constituer l'embryon d'une bibliothèque, avec les médecins français de l'AAMM (Association Aide Médicale Moldavie) auxquels elle a servi d'interprète. Ceux-ci lui ont rendu la pareille, en venant animer des tables rondes avec ses élèves, en apportant des affiches publicitaires, puis en récupérant dernièrement quinze ordinateurs, destinés à la classe de français. "En Moldavie, on n'a pratiquement rien. Surtout dans les villages" constate-t-elle, "alors, on récupère à droite ou à gauche. Un magnétophone par ci, un magnétoscope par là. C'est comme çà que les élèves du lycée ont pu voir le film "Tanguy". Ils ont bien ri, mais çà les a aussi fait réfléchir". Avec les moyens du bord ses classes ont monté en français, dans une version raccourcie, "Le médecin malgré lui" de Molière. Tatiana a bien du mérite à garder le moral. Ces quatre dernières années, seulement cinq nouveaux professeurs de français sortis de l'université de Chisinau sont revenus s'installer dans la région. Bien sûr, il faut compter avec le problème démographique : les parents partent, moins d'enfants… moins de professeurs. C'est valable aussi pour l'anglais. Mais elle a du mal à cacher un mouvement d'humeur: "En fait, dans les villages, les élèves apprennent ce qu'on leur donne. A Stefan Voda (8000 habitants), maintenant c'est l'anglais le premier. Normal, les Anglais, les Américains se sont occupés des écoles primaires et les Français ont laissé faire depuis vingt ans. De toutes façons, on n'en voit jamais !". Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Dossier Natalia et Larisa : six heures de cours par jour et huit heures dans les champs, à ramasser poireaux et choux "Nous, on garde la foi, notre premier métier, c'est le français" N atalia Cujba a eu de la chance. Elle fait partie de Dans le rayon (judet) de Ialoveni, l'anglais a pris le dessus ces professeurs de français invités à suivre un sur le français, à la demande des parents, mais celui-ci reste stage de trois semaines à Besançon. Près d'un tiers bien présent. Et, phénomène impensable, on a vu dernièrement de siècle après s'être mise à l'apprentissage de la des villages revenir langue. La Moldave, 43 ans, mariée, deux au français intégral. enfants, en a profité pour en garder le maximum Des parents, qui d'images : Paris bien sûr et Strasbourg. Heureuse avaient appris le idée, car la première chose que lui demandent français et en garses élèves, c'est: "Madame, vous êtes allée en daient la nostalFrance ?". Alors, ils se pressent tous derrière son gie… ne compredos et elle tourne les pages de son album photos. naient rien aux Son emploi du temps est partagé entre les devoirs en anglais champs - 8 heures chaque jour à ramasser les de leurs rejetons et poireaux, pommes de terre, choux, concombres enrageaient de ne et ses six heures de cours. L'hiver, quand la campas pouvoir les pagne est gelée, elle souffle un peu. "Ici, dès que aider ou les surLarisa Munteanu (à gauche) et Natalia Cujba (au centre), veiller ! la classe est finie, tout le monde court vers son avec une jeune collègue: dès l'école finie, les travaux des champs prennent le relais. bout de terrain, parfois deux-trois hectares. Même les enfants ! Il suffit de regarder leurs mains…". Sa colUne leçon de démocratie lègue, Larisa Munteanu, 54 ans, quatre enfants, 32 ans d'enseiet un chèque de 150 000 € gnement et qui n'est jamais venue en France, paraît épuisée. Toutes les deux relèvent la tête avec un même mouvement de Natalia et Larisa aimeraient bien donner un coup de pouce fierté: "Mais on garde la foi. Notre premier métier, c'est le supplémentaire à leurs ouailles. Elles rêvent de pouvoir leur français!". distribuer des bons points pour les récompenser : des photos de Jo Dassin, Laura Fabian, Patricia Kass, venue à Chisinau où elle a fait un malheur, de footballeurs, des casquettes, des "Madame, pourquoi vous faites ce métier… t-shirts avec des inscriptions en français. Surtout, elles vouavec tous les diplômes que vous avez ?" draient pouvoir correspondre avec des écoles de France. Les Les deux professeurs dissertent entre elles sur la meilleupetits Moldaves ne tiennent pas en place à cette idée… mais, re façon de motiver leurs élèves. "Pour les petits, c'est assez là-bas, où on a tout, c'est autre chose. Bien sûr, elles aimeraient simple. Il faut leur donner des notes encourageantes. On leur aussi que des Francophones de passage fassent une petite halte met 7-8 (sur dix), puis dans leur classe. Jusqu'ici, elles n'en ont vu que 9… et ils veulent 10 ! deux: l'un de Bourges, l'autres de Rennes. Avec les grands, çà ne Molesti est pourtant une petite bourgade de marche plus. Mais ils 4000 habitants qui ne reste pas les deux pieds dans sont poussés par leur le même sabot. Voici trois ans, l'UNICEF a lancé proche avenir, l'envie de un concours primé par Veolia, visant à promouvoir réussir et beaucoup veul'exercice de la démocratie en Moldavie, invitant lent partir au Canada". les communes à déposer un projet qu'elles souhaiAu point parfois d'en taient réaliser. être cruels: "Madame, Molesti s'est portée candidate ainsi qu'une pourquoi vous faites ce vingtaine d'autres concurrents. Ses habitants se métier… avec tous les sont réunis, ont longuement discuté pour finalediplômes que vous Natalia, Larisa, des collègues et le maire de Molesti. ment tomber d'accord: la priorité, c'était de rénoavez?". ver le lycée, parce que cela concernait l'ensemble Pourtant, les enfants se révèlent parfois les meilleurs des familles et représentait l'avenir des générations futures. aiguillons. Fatiguée, Natalia voulait faire le minimum lors de Pour bien montrer leur détermination, les habitants se sont la dernière fête de la Francophonie. Ce fut une véritable révolengagés à faire eux-mêmes les travaux et ont versé 12 € d'ente dans la troupe. "Pas question! Nous, on veut nos jeux, nos gagement - une somme en Moldavie - par foyer. C'était suffipoèmes, nos chansons, nos films!". Mai 68 à Molesti! sant pour emporter la conviction du jury. Molesti a été désigné Requinquée, Natalia leur a passé "Les Choristes" de Gérard comme l'un des deux gagnants au niveau national et a reçu un Jugnot. Un triomphe! La journée a pris fin avec un pot pourri chèque de 150 000 € pour son lycée qu'on n'appelle plus que de chansons françaises que toute l'école a repris en chœur… le "lycée Unicef", servant aussi à embellir la classe de français. 35 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Ballotés entre deux cultures Parlez-vous Les hommes politiques moldaves - proroumains contre prorusses - se déchirent depuis des années et le pays est privé de président depuis deux ans. Pendant ce temps, la société évolue... Pour en savoir plus, le Courrier International a envoyé deux reporters roumains sur place. Impressions de leur court séjour à Chisinau, la capitale, où la population russophone se concentre et la nostalgie de l'époque soviétique, où elle bénéficiait de privilèges, est encore bien présente. Six frontières avec la Roumanie 36 La Moldavie compte seulement six frontières routières avec la Roumanie, du nord au sud : RadautiPrut -Lipcani, Stânca Vama, Sculeni, Râsesti-Leuceni, Oancea-Cahul, Giurgiulesti-Galati, deux frontières ferroviaires : Ungheni, BogdanestiCantemir. Des vols quotidiens, pas très chers, relient Bucarest à Chisinau en une heure et on peut louer dès l'aéroport un véhicule (25-30 €/jour). Un passeport dont la durée de validité doit être supérieure de plus de 6 mois à la date d'entrée sur le territoire moldave est exigé. Les Français, comme l'ensemble des ressortissants des pays de l'Union Européenne, des Etats-Unis, du Canada, de Suisse et du Japon, peuvent entrer sans visa. La période de séjour ne peut excéder 90 jours par semestre. Il faut vérifier avant son départ que l'assurance verte étend bien ses garanties à ce pays, ce qui n'est pas toujours le cas, à cause du conflit larvé avec la Transnistrie. Sinon, il faut prendre une assurance (pas très chère) à la frontière. Si vous louez une voiture à Bucarest, demandez l'extension de l'assurance à la Moldavie avec les attestations spécifiant bien la durée de la garantie. A la frontière, demandez à acquitter la taxe d'environnement (1 €/jour) obligatoire et qui peut être un prétexte pour être rançonné par la police si vous ne la possédez pas. Quand on quitte la Moldavie, une taxe de sortie est exigée pour les véhicules autres que les voitures de tourisme (pas chère, mais pensez à conserver des lei). (Suite page 38) C rise d'identité" est une expression souvent utilisée par les analystes roumains lorsqu'ils évoquent la République de Moldavie. Ils dépeignent une société tiraillée entre deux mondes. Une visite à Chisinau, la capitale, dévoile cependant une autre facette du problème. Souvent, les identités semblent plutôt s'épanouir dans la diversité, se mélanger et interagir. De même que les cultures. Les chaînes de télévision russes sont plus regardées que les roumaines. La presse russe est plus présente dans les kiosques que celle venue de Roumanie. Dans les librairies, la production russe - éditions exceptionnelles d'auteurs classiques ou modernes, mais aussi de nombreuses traductions - submerge l'offre roumaine. Il arrive même que la bière soit servie "à la russe", avec du poisson salé et séché. Sur les étalages s'empilent, aux côtés des célèbres vins moldaves, des eaux de vie de la Transnistrie séparatiste et des bouteilles de vodka russe, du plus bas de gamme à la plus luxueuse. Au Muz Cafe de Chisinau, un club très populaire, les jeunes mangent des blinis, boivent de la vodka et dansent sur des chansons romantiques russes ou sur la musique du célèbre groupe moldave O-zone. Dans la rue, il ne De culture russe, Natalia Morari travaille comme journaliste de langue roumaine et faut pas s'étonner qu'on vous est devenue une figure de proue des jeunes Moldaves engagés contre la nomenklatura communiste. réponde en russe quand vous demandez votre chemin en roumain ! Les dialogues bilingues sont monnaie courante. Dans les talk-shows politiques, à Chisinau, il arrive qu'on donne des répliques tantôt en roumain, tantôt en russe. L'ancien président Vladimir Voronine, le nouveau stratège des communistes Mark Tkachuk ou le bachkhan (chef, président - contraction de bach, tête et khan, roi) de la région autonome de Gagaouzie, Mihail Formuzal, répondent en russe lorsqu'on leur pose une question en roumain. Personne ne se considère offensé et personne ne prend la peine de traduire. Doiton y voir les signes d'une occupation culturelle? Ou, plutôt, les premiers éléments d'une identité différente? La Moldavie est un Etat jeune.Elle a fêté le vingtième anniversaire de sa déclaration d'indépendance le 27 juin. Comment sera-t-elle dans deux décennies? Anti-communiste… formée à Moscou Près de l'ancien parc du Komsomol vient d'être inauguré le siège de Publika TV, la plus récente station de télévision sur le marché des médias en Moldavie. C'est une chaîne d'information créé par Realitatea TV de Bucarest. Les journalistes et les animateurs sont tous des citoyens moldaves. Un cinquième des émissions est diffusé en russe, le reste en roumain ou dans les deux langues, en fonction des invités. Natalia Morari, une journaliste de la nouvelle génération, anime un talk-show du soir. "J'ai commencé ma carrière à Moscou, en tant que journaliste de langue russe. J'avais fait une demande de nationalité russe et j'étais très proche de son Je n'aurais jamais pensé retourner un jour à Chisinau et travailler comme journaliste de langue roumaine. Avant, j'écrivais uniquement en russe." confie-t-elle, enchaînant "J'ai été Les NOUVELLES de ROUMANIE Dossier les Moldaves font leur propre synthèse le roumano-russe ? expulsée de Russie, sans soute pour avoir écrit des articles sur les ravages de la corruption au sommet de l'Etat, c'est pourquoi je suis rentrée en Roumanie. Je m'étais bien intégrée, à Moscou, et je travaillais sur une publication importante, mais je sentais toujours que je n'étais pas de là-bas. Pourtant, j'ai grandi à Chisinau dans un milieu russe, et je suis allé à l'école russe. Je ne parlais roumain qu'avec ma grand-mère". Rentrée à Chisinau, Natalia a été l'une des jeunes qui ont servi de catalyseur aux manifestations anticommunistes d'il y a deux ans, par leurs notes postées sur Internet. Une évolution que les autorités russes ne pouvaient pas prévoir. Voronine, l'ancien président, correspondant du KGB, lui-même n'aurait pu s'attendre à ce que l'un des membres les plus actifs de la révolution anticommuniste de 2009 vienne de Moscou ! "Quand le problème de la réunification se posera, les Roumains trouveront la recette" Nous passons en vitesse à travers les salles du musée, pressés par les gardiens. L'heure de la fermeture approche et personne n'imagine rester ne serait-ce qu'une seule minute supplémentaire - c'est la coutume à Chisinau. Nous avons toutefois encore deux minutes à accorder à la pièce de résistance du musée : un diaporama présentant l'offensive Iasi-Chisinau d'avril à juin 1944. Sur fond de crépitement de mitrailleuses et grondement d'avions, l'Armée rouge passe comme un rouleau compresseur sur les troupes roumaines et allemandes en fuite. Mais la lumière s'éteint rapidement, le musée ferme. Nous sortons et allons dîner dans un restaurant proche, fréquenté par quelques expatriés et hommes d'affaires locaux. Jeux vidéos dans les deux langues En guise d'apéritif, vodka Ruski Standard avec pain noir et poisson fumé. Ensuite, zama de Au centre de la capitale, aupui cu tocmagi, c'est-à-dire dessus du McDonald's, les adobouillon de poule aux vermicellescents et les jeunes se renconles, et enfin lapin rôti accompatrent au cybercafé. Sièges gné d'un vin rouge moldave de confortables, équipements de Purcari. Une petite merveille. dernière génération. Il faut juste Alors, la Moldavie est-elle s'adapter aux claviers, certains plutôt roumaine ou plutôt russe? étant en russe. Mais cela ne En tout cas, elle est différente de dérange personne. Les gamins la Roumanie. Qu'en pensent engagés dans des affrontements donc les partisans de la réunifimortels contre les monstres des cation? Nous avons demandé à jeux vidéo se débrouillent facil'ancien président par interim du lement dans les deux langues. pays, Mihai Ghimpu, partisan Le Théâtre national joue des déclaré de la réunification avec pièces classiques, mais aussi de la Roumanie."Quand le problèMatei Visniec, dramaturge rouDifficile parfois de trouver des journaux en roumain à Chisinau. me se posera, les Roumains mano-français vivant à Paris. Le trouveront la recette", a été sa divertissement est hétéroclite: on peut entendre la chanteuse réponse. Peut-être, mais cette recette devra inclure l'acceptaroumaine Mirabela Dauer; sur une autre affiche présentant une tion de la diversité. photo vieille de trente ans sourit le comédien Mihai Ovidiu Nahoi et Ion Ionita (Le Courrier international) Constantinescu. L'offre est complétée par un ensemble folklorique d'Arménie et un récital de Sergueï Trofimov, chanteur et Bonnes adresses en Moldavie poète russe très populaire. Quant au musée national d'Histoire, il passe pour l'instant Restaurants à Chisinau : très vite sur les périodes qui pourraient poser des problèmes. Symposium, strada 31 Decembrie, en plein centre, derrièLa "grande union" de 1918 avec la Roumanie est traitée rapire le Parlement. Cher, mais c'est vraiment bien. Descendre dement en quelques photos. Il y en a encore moins pour juin dans la cave voutée. 1941 (libération de la Bessarabie, occupée par les Russes à la Délice d'ange, strada 31 Decembrie, de l'autre côté de la suite du pacte Ribbentrop-Molotov), et le rétablissement de rue, pâtisserie française extra ou on peut manger aussi des quil'administration roumaine jusqu'en 1944, date à laquelle le ches et tartes à l'oignon. pays revient de nouveau à l'URSS. Résider Par contre, une grande attention est accordée à Dimitrie Complexe turistic Purcari, au cœur même du célèbre Cantemir, le prince moldave ami du tsar réformateur Pierre le vignoble, près de Stefan Voda, dans le sud est du pays (00 373) Grand. Une gardienne, remarquant que nous nous attardons 22 59 50 50, turism@purcari.md, www.purcari.md. Cher: sur la carte de l'Europe et du Levant du début du XVIIIe siè90 € une chambre double (mais il existe des promotions pour cle, et nous entendant parler roumain, s'approche et explique : 2 nuits à 50 € chacune; repas dégustation à 30 €. Classe, "Ieta Moldova. Rumania niet". calme et beauté du site, de l'établissement, garantis. 37 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Carnet de route Le soleil commence Après avoir arpenté d'est en ouest et du nord au sud la Roumanie (voir le n° 66), Henri Gillet a franchi une nouvelle fois la frontière moldave. Il nous livre son carnet de route sur ce petit pays mystérieux et singulier qui séduit immanquablement ses visiteurs et regarde de plus en plus vers l'Ouest. endredi 27 mai.-L'appréhension grandit au fur et à mesure que je me rapproche de la Moldavie. C'est chaque fois la même chose, aggravée par toutes les mises en garde que l'on peut entendre. D'autant plus que cette fois, j'ai choisi de passer par le nord et Vama Stanca. En effet, je suis pratiquement la seule voiture à emprunter ce passage. Superbe douane, côté roumain, Versailles financé par l'UE pour le contrôle Schengen… Désormais remisé, l'ancien poste, à cent mètres, plongé dans un profond sommeil, me ramène à mes lectures des romans de la comtesse de Ségur et du Général Dourakine… à cette époque où l'Europe n'avait pas institué de contrôles aussi tatillons et parfois humiliants à ces frontières. Je passe sans encombre, côté roumain. Côté moldave, c'est une autre paire de manches. Casquette soviétique, arrogance soviétique, ordres donnés en russe… Le décor a changé du tout au tout. Un occidental circulant dans une voiture immatriculée à Bucarest ne peut qu'être suspect. J'ai l'impression qu'ici on n'a jamais vu un passeport français car on me réclame avec insistance ma carte d'identité. D'emblée on me conduit au guichet de la banque, où je suis contraint de changer une certaine somme par jour je n'ai pas compris laquelle… Sans importance car le cours, d'Etat, est correct et, de toutes façons, je comptais changer davantage. Vérification interminable sur internet du numéro de la voiture et de celui du moteur qui se trouve caché dans une trappe sous le tapis de sol du siège du passager avant. On en apprend des choses en passant les frontières et Fernand Reynaud avait bien raison de proclamer avec fierté "J'suis douanier… J'suis pas un idiot… puisque j'suis douanier". J'en déduis qu'un trafic de voitures volées est surveillé. V (Suite de la page 36) Police intraitable 38 Vous êtes obligé de changer une somme minimum de 250 dollars à la frontière. Ne pas s'inquiéter car le cours est pratiquement toujours le même dans tout le pays (entre 16 et 17 lei pour un euro). Ne pas oublier de reconvertir vos lei moldaves en repartant, car vous ne pourrez plus les changer ailleurs. L'essence est un peu moins chère qu'en Roumanie, mais frise l'euro par litre. Sur la route, la police est intraitable. Il faut donc respecter les limitations de vitesse au km près, surtout à proximité des postes frontières, où L'œil de Moscou elle se cache, sachant y trouver de J'avais oublié que le maître, ici, était Moscou, bons clients. En voici encore peu… et que le pays n'avait vraiment général, les Moldaves tourné son regard vers l'Europe que depuis la révols'arrangent de la te de la jeunesse de Chisinau, en avril 2009, les commain à la main, pour munistes restant toujours tapis dans l'ombre. la moitié du montant Dans la capitale, et plus on monte vers le nord du PV dont ils sont de la Moldavie, cette prégnance soviétique se fait de redevables. Sinon, il plus en plus pesante. Fonctionnaires condescendants faut aller payer l'aqui ignorent les demandes formulées en roumain, mende à la mairie Russes prétentieux qui vous toisent et dont on deviprincipale du secteur. ne la colère rentrée de ne plus disposer du statut qui La tolérance à l'al- Vitalie et Lucia Guzun: un couple moldave plein d'entrain leur assurait une supériorité sur leurs compatriotes qui a ouvert une des premières pensions de la région. cool est de zéro. Les roumains, pourtant entre trois et quatre fois plus policiers n'ont pas d'alcooltest et vérinombreux. Tout cela me donne froid dans le dos et je dois réfréner une irrésistible envie fient à l'haleine ( ne pas se priver de de faire demi-tour. manger de l'ail… il n'y a pas de petiToutefois les contrôles terminés, un semblant de sourire renaît sur les visages des te vengeance !). En cas de doute, ils douaniers et je suis même gratifié d'un "Bon voyage!" en français. Finalement, çà m'a vous emmènent à l'hôpital pour un pris 35 minutes et j'en avais pronostiqué 30. Mais pourquoi, vingt ans après, quand on prélèvement sanguin immédiat. rentre dans ces pays, on a toujours l'impression de pousser une porte de prison ? Les taxis à Chisinau ne sont pas chers, 3 à 5 € la course et les miniPlaines et vallées qui embaument l'acacia bus ou maxi taxis encore meilleurs marchés (un demi-euro pour 20 km La route, sur laquelle je circule pratiquement seul, me déstresse un peu. J'aime ces dans la campagne, 0,2 € dans paysages déserts, ces longues plaines bordées de collines lointaines où on aperçoit une Chisinau) et efficaces (ils roulent à charrette rentrant le foin, deux-trois bœufs se vautrant dans une mare, un berger poustombeau ouvert). sant son troupeau, et de loin en loin, un couple de paysans retournant la terre à la bêche. Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE à se lever… à l'Ouest Le paysage s'éclaircit régulièrement de lacs et retenues d'eau, devient de plus en en plus vallonné au fur et à mesure qu'on se rapproche de Chisinau. Je circule toutes vitres ouvertes, car, en cette saison, les vallées embaument l'acacia, dont elles sont recouvertes. Samedi 28 mai. -J'ai trouvé à loger dans une adorable fermette, à Milestii Mici, un petit village au cœur d'un des plus importants vignobles du pays, à une trentaine de kilomètres au sud de Chisinau. C'est Ion Bîrsa qui me l'a dénichée. Directeur de la Fédération des fermiers du centre de la Moldavie, il faisait partie de cette délégation de paysans-viticulteurs venus dans la région angevine en mars, à l'invitation des retraités d'AGIR-Anjou, pour découvrir ce qu'est le développement rural en France. Une initiative envers les Moldaves encore peu courante chez nous et au cours de la laquelle je l'avais rencontré. Les stagiaires moldaves ont été particulièrement impressionnés par l'inventivité des paysans français soucieux de rentabiliser et pérenniser leurs exploitations : chambres d'hôtes, vente directe aux consommateurs, accueil des classes de découverte, préparation de plats cuisinés, etc. Le tourisme rural semble être devenu le maître-mot de leur avenir. "Maison de poupée" Ion Bîrsa est donc tout fier de me conduire chez Vitalie et Lucia Guzun, un couple d'une quarantaine d'années qui a ouvert une des premières chambres d'accueil du pays, voici tout juste trois ans. Je dispose à moi tout seul d'une "maison de poupée", typiquement moldave, restaurée, aménagée avec amour, entourée d'un jardin potager et fleuri, débordant de pivoines, dahlias, œillets d'Inde, où l'on peut rêvasser sous un kiosque en bois. Bricoleur dans l'âme, Vitalie y a apporté tout le confort moderne. C'est vraiment touchant de voir combien il devance les désidératas des futurs hôtes qu'il voit déjà débarquer chez lui… venus de cet Occident lointain et indifférent. Lucia a brodé coussins, oreillers et dessus de lit, disposé sur la table des napperons faits au crochet, des tapis dans la chambre et sur les murs. Dans cette ambiance nostalgique et apaisante, fleurant bon la Moldavie d'antan, je m'étonne cependant à peine de faire connaissance avec la fillette de la maison, Doina, 14 ans, affairée à pianoter sur Internet à haute vitesse, tant cette famille modeste respire le dynamisme. D'ailleurs tout le pays paraît être passé à Internet. Ne serait-ce cette dernière percée foudroyante du progrès dans la campagne moldave, je me retrouve propulsé vingt ans en arrière, dans les campagnes roumaines, quand nous autres Occidentaux, à bord de nos camions humanitaires, découvrions, étonnés et ravis, ce que voulait encore dire convivialité, accueil, temps de vivre. Dallas à la moldave Dimanche 29 mai.- Quel plaisir de retrouver Chisinau, ses rues ombragées, ses parcs, ses terrasses. Le calme et le charme d'une capitale de province qui font souvent défaut dans nos grandes villes. Bien sûr, je ne manque pas de faire une longue pause à la pâtisserie française "Délices d'ange", certainement l'une des meilleures des ex-pays de l'Est. Les démêlés judiciaires de sa belle propriétaire, Ina Vieru, avec son exmari, Calin, fils du grand poète national Grigore Vieru, décédé dans un accident de voiture voici dixhuit mois, alimentent toutes les conversations et sont devenus un véritable feuilleton "Dallas" à la Moldave. Femme d'affaires avisée, Ina a récupéré trois restaurants, appartenant Les démêlés de la belle Ina Vieru, avec son mari, fils du grand poète national auparavant à la Grigore Vieru… ont donné naissance à un véritable Dallas à la sauce moldave. famille du poète. Calin, auquel il reste cinq night-clubs, se bat pour qu'ils rentrent dans son giron. Député, de l'actuelle majorité, il espère bien obtenir gain de cause, grâce à ses appuis politiques. Ina ne l'entend pas de cette oreille et s'apprête à saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg. Certes, ce n'est pas l'affaire Dreyfus… mais la Moldavie se partage en deux, les motivations étant bien différentes, mélangeant politique, guerre des sexes et mauvaise foi. Les hommes voient dans Ina Vieru, une nomenklaturiste liée aux communistes… les femmes, considèrent son ex-mari comme un coureur de jupons invétéré, qui l'a trompée à de nombreuses reprises et récolte ce qu'il mérite. Un goût étrange, venu d'ailleurs Je suis venu aussi en Moldavie avec l'idée bien arrêtée de savourer ma bière préférée, la Baltika, supérieure encore à l'Ursus. Le garçon auquel je la commande prend un air désolé: il n'a à sa carte que la bière d'or de Chisinau dont il me vante, avec raison, la douceur, rajoutant dans un élan patriotique… "Et elle est moldave !". C'est vrai, mais la Baltika c'est autre chose. Un goût étrange, venu d'ailleurs. Je déguste d'abord des yeux sa belle robe dorée, la finesse de son design. Et j'y vois danser dans ses bulles de sveltes espionnes blondes venues du froid. Je revis les échanges d'agents secrets sur le pont de Glienicke à Berlin. Toute la guerre froide, l'inconnu, le mystère d'un autre monde... La Baltika, c'est la nostalgie de cette époque, ses peurs, l'ours soviétique enfermé dans une bouteille à 50 kopeks - même si le leu l'a remplacé aujourd'hui. C'est une page de ma jeunesse qui s'éloigne… c'est çà la magie de la Baltika !... Du moins c'était çà, car les Russes ont décidé d'arrêter sa production sur place et de la rapatrier chez eux. (A suivre page 40) 39 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Carnet de route "C'est toujours la fête, ici" ardi 31 mai.- Ici, dans les villages, un mois après Pâques, nombre de Moldaves se saluent encore par le traditionnel "Hristos a inviat" ("Le Christ est ressuscité"). La religion a fait un retour en force, comme en Roumanie. Ce ne sont toutefois pas des églises qui poussent dans les communes, mais des calvaires, à de nombreux croisements. La forte présence de l'église orthodoxe a limité la percée des églises protestantes américaines. Depuis deux ans, la Moldavie vit dans une crise politique permanente, le pays, installé dans le provisoire, les coalitions gouvernementales, ne réussissant pas à élire un président. Peu à peu, l'influence des communistes recule, mais avec encore environ 40 % des voix, leur parti conserve un fort pouvoir de nuisance et de blocage. Dimanche, c'est la quatrième ou cinquième élection depuis avril 2009. Il s'agit des municipales. Cortèges de voitures, musique à tue-tête, meetings se succèdent. "C'est toujours la fête, ici", rient jaune les Moldaves qui ont pourtant tant de mal à survivre. La politique les enflamme. Il est vrai que la perspective de voir revenir à la tête du pays les anciens maîtres ne peut laisser indifférent. Pour beaucoup, cela signifierait la fin de tout espoir et l'émigration accélérée des enfants, dont un sur quatre est déjà parti. Quelques uns conservent cependant la nostalgie de l'ancien régime, aux repères bien établis. A la question "Comment trouvez-vous la Moldavie?", j'ai la maladresse de répondre qu'elle me semble sortie d'un roman de Tolstoï, m'apparaissant comme suspendue dans le temps. Plusieurs de mes hôtes hochent la tête, déplorent que le pays en soit resté là… ce qui provoque l'ire de l'un d'entre eux "Comment çà… ? Qui a distribué la terre aux paysans ? Qui leur a donné des écoles, des dispensaires ?". Sans citer le mot "communiste" une seule fois, on s'empoigne autour de la table, le ton monte. Je me sens dans mes petits souliers. Mais heureusement, tout le monde semble m'avoir oublié, emporté par la passion des élections touVive la mariée… et son papa qui a les moyens tes proches. Les NOUVELLES de ROUMANIE Dossier Au détour des routes M L'homme qui parle aux chèvres 40 Lundi 30 mai.- Déjeuner chez Anca Turcanu, à Horesti. Du voyage à Angers, cette fermière vit d'apiculture et de l'élevage de ses chèvres, dont elle fait un savoureux fromage qu'elle recouvre de crème. Son mari regrette que je ne sois pas venu l'accompagner la veille dans sa collecte de miel au cœur de la forêt. Je l'ai échappé belle… Il a les bras couverts d'une teinture de sa confection censée adoucir les multiples piqûres dont il a été victime. Il m'explique qu'il ne dispose pas d'une protection intégrale, comme en France. Autour de la table, tous les convives ont effectué le stage de mars en Anjou. Mihai Volos, 69 ans, ancien journaliste de la télévision, chassé de son poste sous le communiste Voronine pour "idées non conformes" et exilé douze ans à Bucarest, est le seul avec Stela, sa femme, a parlé français. La douceur de son regard témoigne des épreuves endurées et de la philosophie de la vie qu'il en tire. Une sérénité qu'il a transmise à sa chèvre, avec laquelle il parle. Tous les neuf jours, il part dans les champs pour la journée afin de surveiller le petit troupeau qu'il a regroupé avec quatre voisines. Un tour de garde au prorata du nombre d’animaux confiés et qui s'avère bien plus calme quand Mihai les a en charge. Comme dans de nombreux autres villages moldaves, les propriétaires de bétail se partagent la garde de leurs animaux à tour de rôle ou les font garder, et il n'est pas rare de croiser des troupeaux de 80 ou 100 vaches qui, le soir, retrouvent seules le chemin de l'étable. dans une Moldavie où le salaire minimum est de 50 € ! Sapins de Noël sur talons aiguilles Mercredi 1er juin. -Au moins, le régime soviétique - la Moldavie était une des quinze République de l'URSS - aura eu un avantage sur celui de Ceausescu. On n'y voit pas de chiens errants. La raison est simple. Ces derniers sont apparus et se sont multipliés sans contrôle après la décision de "systématiser" la Roumanie, en regroupant les populations rurales et urbaines dans des blocs, conduisant les propriétaires de chiens à les abandonner. Autre différence avec le pays voisin : les filles. Les Roumaines sont belles, mais naturelles. Dans les rues de Chisinau, on circule dans un concours perpétuel de beauté. C'est un défilé de top-modèles, blondes effilées, maquillées, ongles faits et surfaits, démesurés… figées dans les mêmes canons, stéréotypes de la féminité, glamour à la façon d'Elle ou Marie-Claire. De véritables sapins de Noël, juchés sur des talons aiguilles de 20 centimètres. Il leur manque juste une étoile. Des filles de décor, artificielles… on se retourne à peine sur leur passage. Même dans les villages, on les voit, monter sur leurs échasses, appliquées à éviter de se tordre les pieds sur les chemins défoncés. Ah, vive les petites brunes… qui ne comptent pas pour des prunes ! Sont-elles préoccupées à trouver un mari ? Le mariage a perdu bien de sa valeur… Du temps de l'URSS, un jeune couple pouvait espérer collecter jusqu'à 20 000 roubles auprès des invités de la noce. De quoi se payer presque une maison. Aujourd'hui, il devra se contenter de 3-4000 euros. (Suite page 42) 41 Dossier Les NOUVELLES de ROUMANIE Carnet de route "C'est illégal? Tant mieux!" endredi 3 juin.- Je ne regrette pas de m'être équipé de mocassins plutôt que de chaussures à lacets. Les planchers des maisons moldaves sont recouverts de tapis… Il faut se déchausser sans arrêts. Je reviens du magasin central d'Orange de Chisinau où j'ai acheté un portable. Quelle différence avec Bucarest, où les visages sont fermés, les vendeurs répondant à peine, à la limite de la politesse. Ici, on prend le temps de m'expliquer, avec sourire, n'hésitant pas à recommencer. Pourtant un Moldave a dix fois plus de raisons de se montrer renfrogné qu'un Roumain. Mon vendeur m'explique que je peux changer la carte Sim de mon nouveau téléphone pour pouvoir l'utiliser non seulement en Moldavie, mais dans le monde entier. Je n'en reviens pas… çà fait des sous en moins pour Orange, pourtant sa compagnie! Il hausse les épaules: elle fait assez de profits comme çà sur le dos des usagers, régulièrement dénoncés d'ailleurs par les associations de consommateurs et les instances européennes. Il ne peut pas trafiquer lui-même mon portable, mais m'indique l'adresse toute proche d'un bricoleur qui se chargera du travail. Je lui demande: "C'est illégal?". "Oui" me répond-il sans barguigner, avec un large sourire entendu… Aussitôt dit, aussitôt fait, à l'aide de scanners… çà m'a coûté deux euros et surtout procuré le sentiment de faire un joli pied de nez aux symboles de notre société ultra-libérale, et de ses profiteurs patentés. Renseignement pris, l'opération est tout aussi facile en Roumanie… sourire en moins. Je l'ai vérifié à Vaslui où le vendeur Orange m'a envoyé également dans une petite boutique, à proximité, cette fois-ci pour débrider ma carte 3 G me permettant de capter Internet partout. Toujours pour 2 €. V Barrique à vins de l'URSS 42 Jeudi 2 juin .- La Moldavie est un grand pays de vins. J'en profite pour visiter la cave de Milestii mici. Sa vinothèque, de deux millions de bouteilles est la plus grande du monde. Les vins y sont conservés 25 ans pour les blancs et 50 ans pour les rouges. Elle occupe tout le sous-sol du village et on y circule en voiture. Un véritable labyrinthe de 60 km de routes souterVoir Balti… et mourir d'ennui raines. Les coffres sont Samedi 4 juin.-Dernière nuit en vérifiés à la Moldavie. J'ai poussé jusqu'à Balti, sortie. Il suffit capitale du nord. Cette ville de 140 000 de cacher la habitants, plutôt russophone respire bouteille subl'ancienne URSS. D'ailleurs, les figures tilisée dans la de Marx, Engels et Lénine ornent encovoiture même. re les frontispices de certaines adminisOn ne précise trations. pas si celui Autre signe des temps immuables: qui est pris les hôtels de l'époque soviétiques, somdoit recompmairement rénovés, pratiquent le double ter la totalité tarif, 30 € pour les Européens, 20 € pour savoir pour les autres clients. C'est la règle en combien ont Moldavie, comme en Roumanie après la disparu… “Révolution”. Si on veut un peu plus de Milestii Mici, 60 km de caves souterraines et la plus grande confort, il faut compter débourser Ici, celui vinothèque du monde avec deux millions de bouteilles classées. qui possède 100 €. Il n'y a pas trop le choix, Balti un lopin de terre fait son propre vin, compte seulement trois hôtels. Se loger est un véritable problème en Moldavie quand une "piquette" de 8-9°. La Moldavie on veut voyager à un coût raisonnable. a été la barrique à vins de l'URSS, Sur place, il n'y a vraiment pas grand-chose à voir. Je fais un tour au marché qui jusqu'à ce que Gorbatchev entreregorge de stands de vêtements "second hand" (d'occasion) et de quelques rayons de prenne sa lutte contre l'alcoolisme, vieux livres. Mon accompagnatrice, une professeur de l'université locale, m'indique en 1989. Le traumatisme y est encoqu'il y a de bonnes chances qu'il s'agisse de dons humanitaires détournés, revendus à re vivace. Les milices traquaient les bas prix à une population particulièrement démunie. pieds de vignes jusque dans les jarElle n'a qu'une envie… partir. Depuis dix ans ! Elle en a trente-deux et je crois que dins, les arrachant ou les sciant. le climat de découragement qui pèse sur la ville l'a fortement imprégnée. Voir Balti… Pour autant, l'ancien Secrétaire et mourir d'ennui. général du PCUS ne provoque pas Je retrouve la frontière roumaine. Je me rends compte que j'ai eu le plus grand mal le rejet qu'il suscite en Russie pour à trouver ma bière préférée. La Baltika a repris le chemin de Moscou, où elle sera désavoir fait chuter de son piédestal ormais produite. Peut-être le signe du long cheminement que la Moldavie entreprend, l'ancienne URSS, mais seulement se tournant pas à pas vers l'Ouest. l'indifférence. Henri Gillet Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte Catherine Cusset : Un brillant avenir Livres Elena… forte femme qui refoule ses origines Au cœur de ce roman qui a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2008 se trouve le parcours d'une femme née en Bessarabie, qui a épousé un juif roumain et qui émigre en Israël, puis aux États-Unis, au milieu des années 70. C'est une page d'histoire du XXème siècle qui se déroule ainsi au travers d'une vie particulière. E lena ne garde que de vagues souvenirs de sa Bessarabie natale: "...des animaux de la ferme... une église en bois blanc avec sa longue flèche... les koltunach, des raviolis au fromage que Bunica préparait...". Une grand-mère donc, qui survivra à son enfance, mais pas de mère. Tout au plus "une image de mère qu'elle a dû voir, plus tard, dans un livre pour enfant". Pas de père, non plus, bien qu'il existe et qu'elle retrouvera bien plus tard avec ses deux frères. Ce ne seront alors, pour elle, que des étrangers. Cette enfant orpheline quitte la Bessarabie dans les bagages de la grand-mère, d'un oncle et d'une tante; oncle et tante qui l'adopteront d'ailleurs quelque temps plus tard. On est dans les années 43-44. L'Armée Rouge avance en territoire roumain. L'installation de la famille se fait finalement à Bucarest après des étapes par maintes villes: Aiud, Turda, Craiova, Braïla... L'appartement habité est partagé avec Madame Weinberg, seule membre d'une famille juive à avoir survécu pendant la guerre "en se cachant dans un sous-sol avec son fils Rubin, sa fille mariée, Doïna, et son mari". "Tous les gouvernements tyranniques sont corrompus" Le communisme s'abat sur la Roumanie d'après-guerre. Elena grandit sagement et mène une scolarité studieuse. En 1958, elle fait la connaissance de Jacob qui lui fait partager ses lectures d'Eminescu: "A lui je dois ces yeux qui regardent l'aurore, A lui je dois ce cœur où est née la pitié; Quand souffle la tempête, résonne sa voix d'or parmi toutes les voix qui chantent l'hymne sacré (une prière dace) ". Jacob lui parle aussi de sa mère et de son enfance "dans une petite ville près de Iasi peuplée de Juifs et décimée par la guerre". Il lui explique que ses parents ont émigré en Palestine en 1948 mais que lui est resté à Bucarest pour y faire ses études d'ingénieur. Elena aime Jacob mais ses parents ne l'entendent pas de cette oreille. Il est juif et, un jour, il partira en Israël. Ils ne veulent pas faire le malheur de leur fille: "Qu'irait-elle faire dans un désert?". Elena renonce donc à Jacob mais le destin les réunit une nouvelle fois dans le parc Cismigiu de Bucarest et, cette fois, Elena ne renonce plus à Jacob. Le mariage a lieu "dans l'intimité" en 1960. Un enfant naît en 1962. En 1973, le frère de Jacob, Doru, vient leur rendre visite en provenance d'Israël. Son verdict est implacable et Elena l'entend dire ce qu'elle souhaitait entendre: "Il faut qu'on vous sorte d'ici. On ne va pas vous laisser moisir dans cette prison! Tous les gouvernements tyranniques sont corrompus. Il doit y avoir une faille. On va la trouver. ". La faille sera l'argent. Une forte somme versée cash par la famille de Jacob "à un général roumain rencontré à l 'ambassade de Roumanie à Vienne". Et l'appartement en sus, "donné à un membre du parti, officiellement vendu, s'ils voulaient être autorisés à partir". La procédure prendra un an et, en 1974, Elena, Jacob et leur fils s'installent à Haïfa, sur la colline du Carmel. Devenue Helen, l'Américaine Mais Israël et son état de guerre permanent ne conviennent pas à Elena: "il faut être juif pour comprendre ce pays", lui dit sa belle-mère canadienne. Jacob se résout à faire les démarches pour émigrer vers les États-Unis "en dépit de leur âge (38 et 43 ans)". La tâche n'est pas aisée auprès des services en charge de l'émigration juive car Elena n'est pas juive. Ce n'est qu'à Rome, en 1975, après un contact avec une association américaine, qu'ils reçoivent l'acceptation de leur prise en charge à New-York. Leur émigration vers les ÉtatsUnis va donc bien avoir lieu. Elena va devenir Helen et la Roumanie un pays lointain dont seule la télé lui rappellera l'existence lors de la chute du régime communiste. Elle tiendra à distance ses propres parents "pour qu'ils ne menacent pas l'équilibre qu'elle avait construit avec Jacob" et envisagera un brillant avenir pour son fils dont la femme sera longtemps considérée par elle comme une rivale dangereuse. Avec ce portrait d'une femme forte et déterminée jusqu'aux confins de l'autoritarisme et de la névrose, Catherine Cusset souligne le trait spécifique de certains migrants, notamment roumains, qui visent plus l'assimilation que l'intégration dans leur pays d'accueil. En refoulant de manière quasi maladive tout ce qui a trait à son pays d'origine, Elena/Helen ne se prive-t-elle pas ainsi de cette richesse qui fait l'épaisseur et la beauté d'une personnalité? N'est-ce pas plutôt en assumant pleinement ses origines, et en les transmettant sans rien omettre de leur complexité, que peut s'assurer pour la génération suivante la certitude d'un brillant avenir ? Bernard Camboulives Un brillant avenir, Catherine Cusset, Éditions Gallimard 2008. Prix Goncourt des lycéens 2008. Folio N°5023 43 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Littérature SAPÂNTA l l l BAIA MARE l CHISINAU IASI ORADEA BACAU l l l TIMISOARA TÂRGOVISTE GALATI BRAILA l PITESTI CRAIOVA l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Les "Dada's girls" 44 et du surréalisme étaient issues de familles juives roumaines artistes dans le danger l BRASOV l Connaissance et découverte l TARGU MURES ARAD Dada et ses SUCEAVA l Les grandes figures du dadaïsme Les NOUVELLES de ROUMANIE En 1920, Le Roumain Tristan Tzara nomme des "présidentes dada", les plus anticonformistes possibles et à l'originalité débridée. Les "jeunes filles dada", les "Dada's girls" dansent en solo avec ou sans masque, comme Sophie Taeuber. Elles font tourner les têtes et suscitent l'enthousiasme, mais aussi les huées. Une "Dada dance" bien connue consiste à mettre ses bras en l'air (épaule perpendiculaire au tronc et avant-bras perpendiculaire au corps) et à sauter en même temps. Emmy Hennings, compagne de Hugo Ball, fonda avec lui, le cabaret Voltaire à Zurich, dont elle devint l'âme en animant ses soirées, par la danse, le chant et la poésie. L'américaine Clara Tice, peintre caricaturiste et poète, horrifie la prude société américaine avec ses dessins de femmes nues accompagnées d'animaux, illustrant de manière érotique les Fables de La Fontaine. Ses œuvres seront confisquées par la police. Une autre américaine, Beatrice Wood réalise aussi des œuvres à forte connotation érotique. Valeska Gert crée ses "danses" lors de certaines soirées berlinoises. Bien loin du classique Lac des cygnes, elles ouvrent la voie à la libération du corps des femmes et au nudisme. Renée Dunan, élevée au couvent, mais grande admiratrice du marquis de Sade, se libère, se proclame "dadaïste de la première heure", et défraie la chronique, sous divers pseudonymes, dont "Marcelle La Pompe" et "M. de Steinthal", en hommage à Stendhal et à l'écrivain aventurier Casanova de Seingalt. Le Joods Historisch Museum d'Amsterdam propose jusqu'au 2 octobre une exposition sur les racines roumaines du dadaïsme et du surrealisme, baptisée "Van dada tot surrealisme", montrant l'influence décisive que les intellectueles juifs originaires de ce pays ont exercé sur ce mouvement artistique, considéré comme une dégénérescence de la civilisation occidentale par les états totalitaires de l'Entre Deux Guerres et les mouvements fascisants de l'époque, qui ont donné libre cours à leur antisémistisme. L e 5 février 1916, au Cabaret Voltaire, à Zurich, a lieu la première manifestation de Dada. Parmi les protagonistes majeurs de l'événement, il y a le poète Tristan Tzara, né Samuel Rosenstock en 1895 à Moinesti, en Roumanie, et l'artiste Marcel Janco, né en 1895 à Bucarest. Parmi les proches de Dada, se trouve Arthur Segal, né en 1875 à Iasi, qui, quelques années plus tard, aura pour élève à Berlin Maximilian Herman, dit Maxy, né en 1895 à Braila. Un peu plus tard encore, tous rencontrent Victor Brauner, né à Pietra-Neamt en 1903, grande figure du surréalisme, puis Jules Perahim, né à Bucarest en 1914, surréaliste de la deuxième génération. Tous sont issus de familles juives roumaines. Le catalogue de l'exposition "De Dada au surréalisme" au Joods Historisch Museum d'Amsterdam s'est donc ouverte sur un texte du commissaire, Radu Stern, intitulé "Pourquoi tant de juifs ?". Le sous-titre de l'exposition est aussi explicite: "Les avant-gardes artisTristan Tzara tiques juives de Roumanie, 1918-1938". La façon dont elle pose des questions généralement esquivées est exemplaire. On ne peut qu'espérer la voir reprise en France, car elle marque une date dans l'étude de l'antisémitisme artistique et dans celle de Dada. Avant-garde et judaïsme liés dans les discours antisémites Dans l'entre-deux-guerres, l'association des notions, avant-garde et judaïsme, est immédiate dans les écrits et les discours antisémites. Il est entendu pour leurs auteurs que les mouvements modernes ont pour but de détruire les principes de la beauté classique, qu'ils ruinent toute tradition nationale et expriment l'"esprit nihiliste juif" - expression d'époque -, à moins qu'ils ne relèvent de l'asile. Radu Stern cite les théoriciens du nationalisme artistique roumain d'alors, animés par la haine du juif comme le fut à ses débuts Cioran, né en Roumanie lui aussi. Des textes similaires ont été largement publiés dans l'Allemagne prénazie puis nazie, celle de la proscription de l'art "dégénéré". Ceux du critique français Camille Mauclair vitupérant les "métèques" étaient du même ordre. Cela, on le sait depuis longtemps. Mais, jusqu'ici, il a été plus rarement rappelé combien Dada fut la cible préférée de ces discours et combien ce sont les artistes venus de Roumanie qui ont été systématiquement visés. L'exposition d'Amsterdam a pour mérite de revenir sur ces faits avec toute la clarté nécessaire, à travers citations et photographies. En une centaine d'œuvres, elle donne de ces artistes la vision la plus complète que l'on ait vue. Les prêts des musées roumains, israéliens et français, mais aussi d'une collection privée de Bucarest, qui a traversé sans dommages la guerre et le communisme, sont soit des confirmations, soit des révélations. Les toiles de Janco à Zurich au temps de Dada, d'un cubofuturisme dansant, et les masques grotesques qu'il réalise pour les spectacles du Cabaret Voltaire, ont été souvent montrés. Mais pas la suite: ses reliefs polychromes rehaussés de collages entre cubisme et abstraction et ses toiles inspirées de Beckmann méritent autant l'attention. Même remarque pour Brauner, mais pour ses débuts cette fois. Ses œuvres surréalistes, très présentes en France, puisqu'il y a vécu la deuxième moitié de sa vie, ne surprennent pas. Mais observer ses essais des années 1920, entre cézannisme et symbolisme, aide à comprendre son œuvre ultérieure, son dessin découpé, son fantastique menaçant, sa dureté froide. Vilipendés par la critique roumaine Pour Segal et Maxy, c'est plus simple: ils sortent de la pénombre. Le premier a ici son chef-d'œuvre, la Femme qui lit de 1920, cubiste et pointilliste à la fois. Le deuxième est un virtuose du syncrétisme moderniste. Cubisme encore, futuris- me, primitivisme et suprématisme sont par ses soins fusionnés. Vilipendés par la critique roumaine tout au long de l'entredeux-guerres, tous ont subi l'antisémitisme Gellu Naun et Victor Brauner du régime roumain à partir de 1938. Tzara et Brauner se sont cachés dans le sud de la France. Segal, réfugié en Grande-Bretagne, est mort dans un bombardement. Maxy passa dans la clandestinité et Perahim en URSS. Janco réussit à gagner la Palestine. Le premier tableau de lui, sur lequel s'ouvre l'exposition, a pour sujet deux funambules au-dessus de la foule. Difficile de ne pas y voir l'allégorie de ces artistes en danger. Philippe Dagen (Le Monde) Van dada tot surrealisme, Joods Historisch Museum, Nieuwe Amstelstraat 1, Amsterdam. Jusqu'au 2 octobre. Dada… ou oui-oui en roumain Dada, dit aussi dadaïsme, est un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, entre 1916 et 1925, se caractérisa par une remise en cause, à la manière de la table rase, de toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques et politiques. Malgré la Première Guerre mondiale, Dada connut une rapide propagation internationale. C e mouvement a mis en avant l'esprit d'enfance, le jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, l'extravagance, la dérision et l'humour. Ses artistes se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les "vieilleries" du passé comme celles du présent qui perduraient. Ils recherchaient la plus grande liberté de créativité, pour laquelle ils utilisèrent tous les matériaux et formes disponibles. Ils recherchaient également cette liberté dans le langage, qu'ils aimaient lyrique et hétéroclite. Le terme Dada est né en mai 1916 à Zurich (Suisse) par la grâce des poètes Hugo Ball, Tristan Tzara et des peintres Jean Arp, Marcel Janco, Sophie TaeuberArp. Ils investissent une grande taverne, celle de la Spiegelgasse 1 dans le quartier du Niederdorf, la transforment en café littéraire et artistique et la rebaptisent "Cabaret Voltaire". La version la plus courante quant à l'origine du mot est celle du hasard ludique: un dictionnaire ouvert au hasard et un coupe-papier qui tombe sur le mot "dada". En réaction à l'absurdité et à la Selon Giovanni Lista, il s'agirait plutôt d'une volonté délibérée d'ancrer le mouvement dans un retour aux valeurs de l'enfance. Hugo Ball déclara, avant guerre, qu'il devait "sauver le petit cheval de bois". Ce qui l'incitera à donner ce nom au mouvement. Il note dans son journal à la date du 18 avril 1916: "Dada signifie "oui, oui" en roumain, "cheval à bascule" et "marotte" en français. Pour les Allemands, c'est un signe de naïveté un peu folle, de lien très étroit entre la joie de la procréation et la préoccupation pour la voiture d'enfant". Le cabaret Voltaire à Zurich est devenu le "temple" de la mémoire du dadaisme et du surréalisme. tragédie de la Première Guerre mondiale, ils baptisent le mouvement qu'ils viennent de créer en ce nom et aussi en opposition avec tous les mouvements se finissant en -isme. Dada n'est "ni un dogme, ni une école, mais plutôt une constellation d'individus et de facettes libres", précisait à l'époque Tristan Tzara. Hétéroclite et spontané, Dada s'est aussi imposé comme un mouvement sans véritable chef de file. Tous les dadaïstes étaient présidents. "Une douleur d’adolescents née pendant la guerre de 1914" En 1963, Tzara a dit: "Dada n'était pas seulement l'absurde, pas seulement une blague, Dada était avant tout l'expression d'une très forte douleur des adolescents, née pendant la guerre de 1914. Ce que nous voulions c'était faire table rase des valeurs en cours, mais, au profit, justement des valeurs humaines les plus hautes". 45 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Musique En Transylvanie, des SUCEAVA l l l l ORADEA CHISINAU IASI TARGU MURES l l TIMISOARA SIBIU BACAU l l BRASOV GALATI l CRAIOVA l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Versions sous-titrées ... de préférence 46 dizaines de Bach et Corelli méconnus l l PITESTI composaient et jouaient de la musique baroque à la lumière des bougies l CAMPULUNG M. ARAD l l BAIA MARE Les maîtres d'école des petits villages Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Une proposition de loi visant à imposer le doublage en roumain des films étrangers pour leur diffusion en Roumanie a suscité une levée de bouclier dans un pays qui a toujours promu la diffusion en langue originale sous-titrée. "Même si le grand public se réjouit d'entendre les films dans sa propre langue (...), le doublage des films mène à l'isolement et à l'intolérance", s'est insurgé dans le quotidien Adevarul le cinéaste roumain Cristi Puiu, primé à Cannes. Autre figure de la nouvelle vague du cinéma roumain, Corneliu Porumboiu, estime qu'il serait "dommage de ne plus entendre la voix originale des acteurs. J'ai grandi avec des films sous-titrés et ils m'ont énormément aidé notamment à apprendre des langues étrangères". Le député social-démocrate Victor Socaciu a mis le feu aux poudres en déposant une proposition de loi qui veut imposer "que les oeuvres cinématographiques en langue étrangère soient traduites par le procédé de doublage". Il estime que cette mesure "protègera l'identité nationale". Une pétition lancée contre cette proposition a recueilli plus de 400 signatures en quelques heures. Elle met en garde contre "les effets toxiques à long terme" de cette mesure, outre son coût financier dans un pays qui a subi une sévère crise économique. Un des acteurs roumains les plus célèbres, Victor Rebengiuc, a estimé qu'il s'agissait d'"une grande bêtise", des acteurs comme Robert de Niro ou Al Pacino ne pouvant jamais être doublés de manière satisfaisante. Plusieurs milliers de partitions de musique baroque récemment découvertes se trouvent aux Archives nationales de Sibiu. Kurt Philippi, conseiller musical de l'Eglise évangélique et chef de la chorale Bach de cette cité, s'est donné pour mission de sauver le patrimoine encore méconnu de cet art raffiné qui a fleuri en Transylvanie, il y a trois siècles. D ans une pièce de 16 m2, Kurt Philippi, penché sur une petite table, fredonne, tout en griffonnant les notes sur une portée. Il semble assis là depuis la nuit des temps, hypnotisé par les partitions baroques qu'il s'applique à déchiffrer. "Il y en a que j'arrive à transcrire en une semaine, mais d'autres peuvent prendre trois mois, explique-t-il. Ce travail ne demande pas beaucoup de savoir, mais il faut s'armer de patience pour dénicher les partitions qui ont de la valeur". Ces dernières années, Kurt Philippi en a transcrit une vingtaine. "Regardez les boîtes sur ces étagères, dit-il en montrant du doigt les murs couverts de manuscrits. Rien que dans ce bureau, il y en a un millier". "Après la chute de la dictature communiste, une grande partie de la communauté allemande de Roumanie a émigré en Allemagne, et les villages ont été désertés, continue-t-il. Nous avons décidé de réunir tout ce qu'on pouvait trouver dans les archives de nos églises. Je n'imaginais pas les trésors qui se cachaient dans ces feuillets". Une adaptation méconnue Kurt Philippi s'est donné pour mission de sauver le patrimoine encore méconnu de cet art raffiné du fameux Stabat Mater de Pergolèse, qui a fleuri en Transylvanie, voici trois siècles. une Cantate de Bach arrangée par ce dernier pour les églises luthériennes de Transylvanie, des œuvres de Johann Sartorius, Knall, Correlli, et une panoplie de compositeurs transylvains. "On découvre, même dans de simples hameaux, des orgues magnifiques" Cette musique a déjà été exécutée sur les grandes scènes par l'ensemble Ausonia, qui réunit des musiciens français, belges et roumains sous la baguette du claveciniste français Frédérick Haas, professeur au Conservatoire royal de Bruxelles. En mai, le groupe Ausonia s'est produit sur les scènes de Bucarest et de Cluj, chef-lieu de la Transylvanie, et fait découvrir aux Roumains un patrimoine qu'ils avaient oublié. "La Transylvanie est une région très riche, on y voit partout des églises splendides, témoigne Frédérick Haas. Lorsqu'on pénètre à l'intérieur, on découvre, même dans les petits villages, des orgues magnifiques. Qui dit orgue dit musique, et s'il y a de la musique, il y a forcément quelque part des partitions qui nous feront rêver. Une partie des œuvres contenues dans notre programme n'a pas été jouée depuis deux à trois cents ans". Cette richesse découverte depuis peu était celle de la communauté allemande. Installée en Transylvanie au XIIIe siècle, elle s'est épanouie à l'époque de l'Empire austro-hongrois. Le régime communiste, qui a pris le pouvoir après la seconde guerre mondiale, a stoppé l'effervescence musicale de cette région. Fuyant une administration hostile, les Allemands sont repartis dans leurs pays d'origine. Après la chute de la dictature de Nicolae Ceausescu, en 1989, la Roumanie a connu à nouveau une véritable hémorragie, avec le départ massif des Allemands. Dans les villages transylvains désertés, les belles maisons allemandes furent occupées par la minorité rom en manque de logements. Les églises évangéliques avec leurs trésors furent abandonnées et tombèrent en ruine. Au début des années 1990, la ville de Sibiu s'est vidée de 90 % de ses Allemands. Aujourd'hui, leur communauté ne compte plus que 1 400 habitants. Avec Kurt, son époux, Ursula Philippi, organiste, tente de redonner vie à la musique qui fit jadis la fierté des Transylvains. "Les partitions que nous avons découvertes nous permettent de comprendre les pratiques musicales de l'époque, dit-elle. La musique était écrite par les maîtres d'école dans les petits villages. Ils composaient et jouaient cette musique très raffinée à la lumière des bougies. Ils n'ont pas fait une révolution, mais les partitions qu'on a retrouvées montrent qu'elles n'avaient rien à envier à la musique savante que l'on jouait en Europe occidentale. J'ai l'impression d'avoir découvert un trésor". Entouré de manuscrits, dans sa petite pièce, Kurt Philippi continue à transcrire les notes en remontant les siècles. C'est un travail de longue haleine, car à l'époque chaque instrument Un "circuit Rouge" sur la trace des Ceausescu Tourisme E lena Udrea, la ministre du tourisme a annoncé son intention de créer un "circuit Rouge" qui emmènerait les visiteurs sur les traces de Ceausescu et du communisme en Roumanie. Au programme: les lieux où a vécu le "Conducator": sa maison natale de Scornicesti, la prison de Doftana (judet de Prahova, près de Ploiesti) où furent détenus les futurs dirigeants communistes, dans les années 30 - Gheorghiu Dej, Ceausescu, etc. ainsi que la leader fasciste Codreanu- , la maison du Peuple (palais de Ceausescu), le quartier Primaverii où vivait la nomenklatura d'hier… et d'aujourd'hui, le balcon du avait son cahier et il n'y avait pas de partition d'ensemble. Quand des notes manquent, Kurt doit consulter des compositeurs pour les réinventer en restant au plus près de l'esprit de l'œuvre. "Aujourd'hui, c'est le moment de comprendre qu'une nation peut retrouver son histoire à travers la musique. Bien sûr, nous n'allons pas changer le monde avec ces partitions, mais quand on voit quelle belle musique on faisait dans ces villages il y a trois cents ans, cela te donne l'énergie de continuer". Et Kurt a bien l'intention de continuer. Un millier de manuscrits l'attendent. Mirel Bran (Le Monde) Comité central du Parti d'où Ceausescu a prononcé son dernier discours avant de s'envoler en hélicoptère, la salle de la caserne de Târgoviste où le couple a été jugé et le mur devant lequel il a été fusillé (inaccessibles actuellement et qui doivent être rénovés), leurs tombes, le Mémorial sur les victimes du communisme de Sighetu-Marmatiei, dans le Maramures… Conçu sur le même modèle que le "circuit Dracula" existant déjà, le "circuit Rouge" sera confié à des agences privées. D'après la ministre, il devrait intéresser les touristes Chinois. Un problème toutefois : ceux-ci ne viennent pas en Europe pour visiter la seule Roumanie mais tout le Vieux Continent et Bucarest ne fait toujours pas partie de l'Espace Schengen. Toutefois une disposition du visa Schengen permet de transiter pendant cinq jours sur le sol roumain. Par ailleurs, Le PDL (parti de Basescu et d'Elena Udrea) a décidé de soutenir l'initiative gouvernementale d'ouvrir un musée national consacré à l'époque communiste. Il devrait accueillir des objets de l'époque, des photos, des documents et présenter des scènes comme l'exécution des époux Ceausescu, reproduite ci-dessus par l'artiste plasticien Mircea Suciu. Bucarest en autobus à impériale D epuis la fin juillet, quatre autobus à impériale, d'une capacité chacun de 77 places, permettent désormais aux touristes de découvrir Bucarest. Circulant tous les quarts d'heure, de 10 h à 22 h, chaque jour, ils partent de la Piata Presei Libere (maison de la Presse) et effectuent un circuit de 15 km, jalonné de 14 stations où les usagers peuvent le prendre à tout moment et descendre à leur guise pour le reprendre plus tard. Le trajet emprunté est le suivant: Piata Presei Libere-Bulevardul Kiseleff - Piata Victoriei - Bulevardul Libertatii - Piata Unirii - Universitate - Piata Romana - Bulevardul Lascar Catargiu - Bulevardul Aviatorilor, avec retour Piata Presei Libere. Les principaux points d'intérêt qu'ils permettent de découvrir sont: la maison de la Presse, l eparc Herastrau, le musée des villages, l'Arc de Triomphe, le musée Antipa, de Géologie, du Paysan, d'Art, l'église Cretulescu, l'immeuble des télécommunications, le palais de la Caisse d'épargne, le musée national de l'Histoire, le palais de Ceausescu, le palais du Patriarcat orthodoxe, l'ancien caravansérail Hanul luii Maniuc, Curtea Veche, l'Université, l'hôpital Coltea, le musée de la ville de Bucarest, le Théâtre national, le musée de la Littérature, le Palais royal, l'Athénée roumain, l'Académie des Sciences économiques. Le billet, valable 24 heures après sa première validation, que l'on se procure à bord des bus, coûte 25 lei (6 €) pour les adultes, 10 lei (2,3 €) pour les 7-14 ans et est gratuit en dessous de 7 ans. 47 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Francophonie l l l l SUCEAVA SAPÂNTA l l BAIA MARE IASI ORADEA l TARGU MURES ARAD BACAU l TIMISOARA l SIBIU PITESTI CRAIOVA l l l BRASOV GALATI BRAILA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l 220 millions de Francophones 48 La Roumanie compte 9300 professeurs de français, la Moldavie 2300 OIF : défendre et promouvoir la Francophonie l CHISINAU -220 millions de Francophones dans le monde, dont 70 millions de locuteurs partiels -Le français, 9ème langue la plus parlée et la seule, avec l'anglais, à l'être sur les cinq continents -900 000 professeurs de français dans le monde (dont plus de la moitié en France, Belgique, Suisse, Canada) -100 millions de Francophones dans les pays africains membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). En 2050, l'Afrique représentera le tiers de l'Humanité (3,5 milliards d'hommes). -L'OIF regroupe 70 états et gouvernements (dont 14 pays observateurs), répartis sur les cinq continents, soit plus du tiers des pays membres de l'ONU, et qui regroupent 900 millions d'habitants, représentant 13,8 % de la population mondiale - Le français est langue officielle dans 32 états membres ou observateurs de l'OIF, seul ou avec d'autres langues. Il est la deuxième langue maternelle de l'UE -L'espace francophone représente 19 % du commerce mondial des marchandises -31 organisations internationales et régionales sont partenaires de l'OIF, 77 parlements ou organisations interparlementaires francophones sont membres de l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), 184 villes et 19 associations de villes de 37 pays adhèrent à l'Association des Maires Francophones, 710 établissements francophones d'enseignement supérieur et de recherche de 85 pays sont membres de l'Agence Universitaire de la Francophonie. Les NOUVELLES de ROUMANIE "Nous courons le risque de voir s'instaurer, à l'échelle mondiale, une partition hiérarchisée des rôles et des fonctions des langues. D'un côté une hyper langue, imposée par une hyper puissance, à laquelle il reviendrait de concevoir et de diffuser les transformations, les innovations, les normes et les valeurs du monde. De l'autre des langues indigènes, figées, ghetthoïsées, vouées à ne plus exprimer que la réalité environnante, la mémoire, les traditions locales, le folklore"… Ainsi s'exprimait en 2007 l'ancien président sénégalais Abdou Diouf, actuel secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie, qui a assuré en 2002 la succession de l'Egyptien Boutros-Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU. E n 2010, la Francophonie fêtait ses quarante années d'existence. Elle avait pris son essor le 20 mars 1970 avec la signature par 21 Pays, à Niamey, du traité instituant l'Agence de Coopération Culturelle et Technique, à l'initiative de quatre chefs d'Etat : le Sénégalais Léopold Senghor, le Tunisien Habib Bourguiba, le Cambodgien Norodom Sihanouk, le Nigérien Hamani Dori. La Francophonie revendique aujourd'hui 220 millions de locuteurs, présents dans 70 pays des cinq continents, 56 états membres (mais pas l'Algérie), et 14 pays observateurs (Autriche, Croatie, Géorgie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Mozambique, Pologne, République tchèque, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Thaïlande, Ukraine). A eux tous, ils représentent plus du tiers des membres des Nations Unies. Environ 150 millions d'entre eux (dont 85 millions en France, Belgique, Suisse et Canada) sont capables de s'exprimer en français dans les situations les plus courantes, un chiffre qui est en constante progression, et 70 millions, chiffre qui a tendance à diminuer, de façon partielle. Avec l'explosion démographique en Afrique, on estime que le Français comptera 500 millions de locuteurs en 2040-2050. Une diffusion de la langue qui s'explique par l'histoire coloniale et les flux migratoires. Faisant partie des cinq langues Basé à Bucarest, le Suisse David Bongard représente la Francophonie pour le sud-est de l'Europe. internationales utilisée dans les instances mondiales (anglais, français, espagnol, portugais, russe), le français est la langue officielle, seul ou avec une autre langue, dans 32 pays et est la seule langue, avec l'anglais, a être parlée sur les cinq continents. On pourrait rajouter et même les six…si on compte le continent antarctique, avec la Terre Adélie. (Merci Dumond d'Urville ! Adélie, du nom de sa femme Adèle. L'explorateur avait aussi auparavant découvert la Vénus de Milo qu'il fit envoyer en France). Le français est aussi la 3ème langue sur internet, avec 5 % des pages, après l'anglais (45 %) et l'allemand (7 %), devant l'espagnol (4,5 %) et l'espace francophone représente 19 % du commerce mondial des marchandises. Onzième sommet à Bucarest en 2006 Instance politique internationale, à travers l'Organisation Internationale de la Francophonie, la Francophonie exerce son action dans des domaines aussi divers que la culture, le sport (les jeux de la Francophonie ont eu lieu successivement au Maroc, 1988, en France, 1994, Madagascar, 1997, Québec, 2001, Niger, 2005, Liban, 2009, les prochains sont prévus à Nice, en 2013), l'éducation, la solidarité ou le développement durable. Cependant, si tous ses membres ont signé la chartre des droits des Enfants, il n'en est pas de même pour les Droits de l'Homme, qui ne sont toujours pas respectés par plusieurs d'entre eux. Ainsi, lors du sommet de la Francophonie de Bucarest, en 2006, la presse roumaine se gaussait de n'avoir jamais vu autant de dictateurs ou de représentants de régimes autoritaires déambuler dans les rues de la capitale. Depuis 1986, à Versailles, des sommets réunissent en effet, en principe tous les deux ans, les chefs d'état membres de l'OIF. Ils ont eu lieu successivement à Québec (1987), Dakar (1989), Paris (1991), GrandBaie, Ile Maurice (1993), Cotonou, Bénin (1995), Hanoï (1997), Moncton, Canada-Nouveau Brunswick (1999), Beyrouth (2002), Ouagadougou, Burkina Faso (2004), Bucarest (2006), Québec (2008), Montreux, Suisse (2010). Le quatorzième est prévu à Kinshasa en 2012. L'équivalent de l'ambassade de France à Washington L'OIF est représentée par 330 fonctionnaires dans le monde, soit l'équivalent de l'effectif de la seule ambassade de France à Washington. Elle fonctionne avec un budget annuel de 90 M , financé à 60 % par la France. Le Canada-Québec, dont l'ambassadeur auprès de l'OIF est le représentant personnel du Premier ministre canadien, la Belgique, avec sa délégation de Wallonie très présente, et la Suisse, sont les principaux autres pourvoyeurs de fonds. La France essaie tant bien que mal de faire oublier sa prééminence dont ses partenaires estiment qu'elle lui permet de récupérer beaucoup plus que sa mise, que ce soit sur un plan financier, commercial ou d'influence par la représentation de la Francophonie dans les instances internationales. Dix délégations représentent l'OIF dans le monde: -quatre représentations permanentes, à Bruxelles pour l'UE, à New York et Genève auprès des instances mondiales (ONU, OMC, Unesco, etc.) et à Addis-Abeba, Ethiopie, auprès de l'OUA (Organisation de l'Union Africaine). -Trois bureaux régionaux, dotés d'un directeur (Hanoï pour l'Asie-Pacifique, Lomé-Togo pour l'Afrique de l'Ouest et Libreville-Gabon pour l'Afrique Centrale et l'Océan indien). -Deux antennes : dans les Caraïbes à Port au Prince-Haïti, et l'APECO (Antenne Régionale pour les Pays de l'Europe Centrale et Orientale) à Bucarest. Le Suisse David Bongard a en charge l'APECO et les six pays qui en sont membres à part entière: outre la Roumanie, la Moldavie, la Bulgarie, l'Albanie, la Macédoine et l'Arménie. Connaissance et découverte Véritable mosaïque de peuples, cet ensemble regroupe 38 langues ou dialectes, utilisant trois alphabets différents. A l'antenne Bucarestoise - trois personnes - de veiller sur eux ainsi que sur le centre de formation en français basé à Sofia, qui en dépend. Deux tiers de l'activité consiste en représentation politique et diplomatique, le reste en coordination des initiatives très diverses : manifestations, mise sur pied du prix des journalistes francophones, aide au théâtre d'Arad pour ses pièces en français, envoi d'observateurs au récent référendum en Moldavie, ouverture d'une maison du savoir francophone à Chisinau, aide à la formation de fonctionnaires internationaux, à l'accueil de volontaires internationaux… TV5 Monde : 55 millions de téléspectateurs hebdomadaires L'OIF n'est pas le seul organisme au service de la Francophonie. Il faut compter aussi avec : -l'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) -l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie qui regroupe des députés et sénateurs des 70 pays membres et se réunit régulièrement sur des thèmes définis -l'Association Internationale des Maires Francophones, dont le président est Bertrand Delanoë, le maire de Paris, assisté des maires de Montréal, Dakar, Phnom Penh, Genève, Tunis, Beyrouth, Casablanca, Liège, etc. -La Conférence des ministres de l'Education des Pays francophones -l'Université Senghor d'Alexandrie, en Egypte, chargée de former les hauts fonctionnaires des pays francophones… sans oublier, bien sûr, TV5 Monde, née en 1984, réunissant des opérateurs de France, Suisse, Belgique, Canada, deuxième réseau international de télévision, diffusé auprès de plus de 200 millions de foyers dans 200 pays et territoires, avec une audience hebdomadaire cumulée de 55 millions de téléspectateurs et un site internet devenu un outil de choix pour l'apprentissage du français et la découverte de la culture francophone. Douze millions d'Européens de l'Est apprennent ou pratiquent le français actuellement. Plus de la moitié se trouvent en Roumanie, Moldavie et Bulgarie. Autant de pain sur la planche pour David Bongard et sa modeste équipe. Il peut compter sur les 9300 professeurs de français que compte la Roumanie, où notre langue a rétrogradé à la seconde place depuis la "Révolution", et les 2300 de sa voisine moldave où elle demeure toujours en tête, épaulés par le site internet vizaFLE (français langue étrangère) et ses fiches pédagogiques. (Suite page 50) 49 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Francophonie l l BAIA MARE l IASI ORADEA TARGU MURES l l ARAD l l BRASOV TIMISOARA CRAIOVA l l M. CIUC SIGHISOARA l GALATI BRAILA l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 49) Voltaire battu par Mac'Do 50 Toutefois, les enseignants pointent du doigt un obstacle à l'apprentissage du français. Bien que l'apprenant, beaucoup de jeunes hésitent à l'employer, intimidés à l'idée de trahir la langue de Voltaire et Victor Hugo. Trop élitiste ! Ils n'ont pas les mêmes états d'âme devant l'anglais, langue de Mac'Do. Le français connaît cependant un regain d'intérêt… qui n'a cependant rien à voir avec son pays d'origine. Sa connaissance est un atout supplémentaire pour les jeunes qui veulent émigrer vers le Canada, aux bras grand ouverts. En haut fonctionnaire expérimenté, David Bongard a un autre argument à avancer - certes pas glorieux - pour justifier l'usage et l'utilité du français. Les conflits dans le monde exigeant des interventions pour rétablir la paix se déroulent à 55 % dans des pays francophones. Seulement 17 % des intervenants (armée, humanitaires, organisations internationales) sont francophones… O E n ce mois de septembre 2011, l'AUF, Agence Universitaire de la Francophonie, fête le cinquantième anniversaire de sa naissance. Apparue en pleine période de décolonisation - 17 pays africains accèdent à l'indépendance au cours de l'année 1960 - et après le retour du général De Gaulle au pouvoir, elle apparaît aujourd'hui comme le fleuron de la Francophonie. Si l'invention du terme Francophonie revient au géographe français Onésime Reclus, qui l'utilise dès 1880, la naissance de la première association francophone remonte à 1926. Il s'agit de l'Association des Ecrivains de Langue française (Adelf). Dans la même veine apparaîtront en 1950, l'Union Internationale des Journalistes et de la Presse de langue française puis, en 1955, la Communauté des radios publiques de langue française (CRPLF). Après le lancement, en 1960, de la Conférence des ministres de l'Education des pays francophones (Confémen), nait en 1961 à Montréal, l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française, qui se transformera en AUF, Agence Universitaire de la Francophonie. Elle a pour principale mission le soutien de l'enseignement supérieur et de la recherche en français. L'AUF jouit d'un double statut : -elle est une association universitaire et un "réseau de réseaux" regroupant près de 780 universités et établissements de recherche, répartis dans 90 pays sur les cinq continents, à travers 65 bureaux régionaux, délégations, antennes, instituts, campus numériques -elle est l'opérateur de la Francophonie pour l'enseignement supérieur et la recherche. Son bureau régional pour l'Europe centrale et orientale a été ouvert en 1994, après la chute du communisme. Il comprend 8 implantations, son siège se situant à Bucarest. Chisinau, en Moldavie accueille une antenne de l'AUF et aussi un campus numérique que l'on retrouve également à Tirana (Albanie), Erevan (Arménie) et Tbilissi (Géorgie), tout comme à Sofia. La capitale bulgare abrite aussi l'Institut de la Francophonie pour l'administration et la gestion, formant les futurs cadres supérieurs et haut fonctionnaires francophones de la région. Le siège de Bucarest est chargé de coordonner les activités de plus de 85 universités membres de l'AUF, réparties dans 30 pays, couvrant une vaste aire géographique : Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Estonie, Géorgie, Hongrie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Mongolie, Monténégro, Ouzbékistan, Pologne, Roumanie, Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Tadjikistan, République Tchèque, Turkménistan, Turquie, Ukraine. La Francophonie doit tout à Onésime Reclus nésime Reclus est connu pour être l'inventeur du mot "francophonie". Né à Orthez en 1837 et mort à Sainte-Foy-la-Grande en 1916, il est issu d'une famille protestante du Béarn, d'un père pasteur. Après de brève études en Allemagne, il rejoint l'université de Poitiers, étudiant le droit et les lettres. Renonçant ensuite à la carrière universitaire, il s'engage à vingt ans dans le 1er Zouaves en Algérie. Toutefois, sa santé l'oblige à renoncer au métier des armes, et il entre en 1860 à la maison Hachette. Pendant dix ans, il mène une existence laborieuse, entrecoupée de voyages à travers la France pour les Guides Joanne. En 1869, il fait paraître une Géographie, qui connaît le succès, grâce à son style, à la formule nouvelle de la présentation, à ses qualités scientifiques et descriptives. Durant la guerre franco-allemande de 1870, il sert au corps des francs-tireurs béarnais. Engagé dans la Commune de Paris, il s'expatrie après son écrasement. En 1872, il épouse Marie-Louise Schmahl (1850-1915),et a huit enfants. Ce géographe est le premier à employer le mot "francophone" dans son ouvrage France, Algérie et colonies paru en 1886 chez Hachette. Représentant de la littérature coloniale, il croit à l'excellence de la France et de sa langue et définit les francophones comme "tous ceux qui sont ou semblent être destinés à rester ou à devenir participants de notre langue". Le choix du critère linguistique, de préférence aux critères ethnique et économique, pour classer les populations, représente alors une innovation. Des Bretons introduisent l'herbe d'éléphant au pied des Carpates Fin avril, une délégation bretonne a pris le chemin d'Avrig, près de Sibiu avec 250 kg de semences de pommes de terre dans les coffres des voitures. Une nouvelle étape dans une coopération particulièrement originale entre les deux régions, commencées voici dix ans. l TÂRGOVISTE PITESTI Echanges Bucarest veille sur plus de 85 universités et 30 pays SUCEAVA l Les 50 ans de l'Agence Universitaire de la Francophonie Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Au printemps, 25 bénévoles de la Belle du Lié se sont retrouvés près de Saint Brieuc pour préparer la prochaine livraison de plants de pommes de terre à Avrig. L es pommes de terre bretonnes primeur sont savoureuses. Les Briochins en avaient emmené huit espèces différentes, 25 kg de chaque, pour justement permettre à leurs amis roumains de choisir celles qui conviendraient le mieux à leur goût, mais aussi qui s'acclimateraient le plus facilement. Les relations entre les deux régions remontaient à plus de dix ans, quand la commune de Plerin, dans les environs de Saint Brieuc, avait entrepris d'établir des relations suivies avec Tara Oltului, un regroupement de dix communes autour de la petite cité d'Avrig, à une trentaine de kilomètres de Sibiu. Echanges de pompiers, enseignement, culture… une coopération fructueuse s'était établie dans divers domaines, mais c'est dans l'agriculture qu'elle a véritablement pris son essor. Les Bretons avaient noté que les agriculteurs roumains utilisaient des semences hollandaises, avec des rendements faibles et des problèmes de commercialisation, la collecte des récoltes n'étant pas assurée, faute de la présence de coopératives. La pomme de terre étant une des spécialités de l'agriculture bretonne, une voie semblait toute dessinée pour un échange économique où chaque partenaire trouverait son intérêt. Pourquoi ne pas implanter au cœur des Carpates son joyau, la Belle du Lié, à laquelle la commune bretonne de Ploeuc Sur Lié, 3 200 habitants, doit une grande partie de sa prospérité ? C'est l'initiative qui se concrétise aujourd'hui, au niveau de tout le Pays sud de Saint Brieuc, dans les Cotes d'Armor. Dans le cadre du programme Leader, une coopération a donc été lancée entre plusieurs communes du pays de Saint Brieuc (SIVOM "Bréhand-Gouëssant", Communauté de communes du Pays de Moncontour, Centre Armor Puissance 4 et Quintin Communauté), sur le thème des "Cultures alimentaires et énergétiques", initiative soutenue par le Conseil Régional de Bretagne à l'aide d'un contrat de pays. Ici Parmentier s'appelle Bruckenthal Des analyses de terre ont été faites avant l'expédition des semences en avril… et, une nouvelle fois, on a eu recours à la stratégie de Parmentier : quatre agriculteurs roumains se sont déclarés intéressés par l'expérience et les ont plantées. A eux de convaincre leurs voisins. Mais 2011 est une année particu- lièrement symbolique : voici 225 ans que le baron Samuel von Bruckenthal (1721-1803), gouverneur de la Transylvanie et amant de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, dont le château se trouve à Avrig, introduisait la pomme de terre en Roumanie. En 1786, un an avant que sa culture ne commence réellement en France. En ce mois de septembre 2001, une fête de la pomme de terre marquera l'évènement à Avrig et aussi à Ploeuc Sur Lié. Les Bretons entendent bien aller plus loin. Ils veulent encourager la création d'une bourse des semences de pommes de terre, sorte de coopérative permettant leur commercialisation au-delà des judets que la réglementation roumaine entrave jusqu'ici. Ils ont également entrepris de créer à Porumbacu, dans les environs même d'Avrig, un centre pilote destiné à pratiquer des tests de génétique afin d'adapter localement, ultérieurement, des vaches à viande de race normande, limousine, montagnarde, et aussi des chèvres. Un parc d'outillage agricole devrait également voir le jour. Des briquettes qui brûlent mieux que le bois L'initiative la plus originale revient cependant sans conteste à l'aspect du programme Leader consacré au développement des cultures énergétiques. Parmi elles, le miscanthus, plus connu sous le nom d'herbe d'éléphant, plante régénérable qui atteint deux mètres de haut et peut être conditionné sous forme de briquettes, brûlant mieux que le bois, sans odeur, et servant au chauffage. Une forme de bio-énergie que les bretons ont déjà expérimenté chez eux avec succès, et a l'avantage d'éviter les déforestations, de pouvoir pousser sur les terrains en friche, d'économiser gaz et pétrole. 250 m2 suffisent à chauffer une maison pendant un an. Plusieurs espèces existent, polonaise qui n'a pas résisté aux tests, anglaise, autrichienne, française. Il semble que ce soit la variété allemande qui donne les meilleurs résultats. La mairie d'Avrig en a donc passé commande de 20 000 plants, livrés aussi en avril par les Briochins, réservant un hectare pour créer et chauffer une pépinière. Il faudra trois ans avant de juger les premiers résultats et les récoltes se feront ensuite chaque année pendant 20 ans. A Avrig, les élus étaient si impatients de se lancer dans l'aventure, une première en Roumanie, qu'ils ont décidé de se passer du financement européen sollicité qui tardait à venir. Dans la commune et ses environs, 3000 hectares pourraient être utilisés à cette fin. Bruckenthal n'aurait certes pas désavoué cet esprit inventif et audacieux. Le baron n'avait-il pas aussi introduit en son temps des plantes exotiques dans cette partie de l'Europe, dont le tulipier que les Russes appelaient les fruits du diable ! 51 Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE A savoir Plusieurs possibilités de communiquer à pas cher depuis la Roumanie vers le reste de l'Europe, voire le monde entier, existent, tout comme on peut regarder nombre de chaînes de télévisions françaises depuis son fauteuil quand on a quitté l'Hexagone. Voici quelques pistes, qui demandent cependant à être travaillées. SUCEAVA l l l BAIA MARE l IASI ORADEA TARGU MURES l l ARAD l l BRASOV TIMISOARA CRAIOVA l l M. CIUC SIGHISOARA l TÂRGOVISTE PITESTI l GALATI BRAILA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Le programme Leader à Saint Brieuc 52 Téléphoner à pas cher Leader est un programme européen destiné aux zones rurales qui permet en France de soutenir 203 territoires porteurs d'une stratégie de développement. L'Europe confie aux acteurs locaux une enveloppe financière (1,6 M€ pour la région de saint Brieuc, sur cinq ans). Cette manne est ensuite distribuée sur le territoire pour des projets de développements rural. Pour la distribution des fonds, l'association respecte les règles des financements européens ainsi que les priorités qu'elle s'est fixée pour les cinq ans du programme. Ces fonds constituent un levier important pour le financement et la mise en place de projets innovants sur le territoire. Le précédent programme a par exemple vu 160 projets se concrétiser. Autant d'initiatives permettant de maintenir la qualité de vie en milieu rural. La stratégie retenue pour le nouveau Leader s'articule autour de trois axes : Eco-innovation, maintien de la qualité de vie et exploration de nouvelles voies agricoles. Concrètement, les crédits ont été affectés à 25% pour l'agriculture (économies d'énergie, diversification des sources…), 25% pour le patrimoine naturel et culturel (préservation des ressources naturelles, restauration du patrimoine bâti…) et 50% pour les services à la personne en milieu rural (petite enfance, vieillesse, transport...). L'originalité de l'initiative briochine réside dans la volonté de la faire fructifier en la partageant avec Tara Oltului, en Roumanie. P our téléphoner, l'une consiste à utiliser Skype depuis son ordinateur ou son e-phone et d'obtenir une communication encore meilleure que celle du téléphone. On peut mémoriser les numéros qu'on appelle souvent, en les classant en favoris, et les obtenir d'un seul click. Les utilisateurs francophones installés en Roumanie prennent un crédit sur Internet de 10 € (le maximum qu'on peut souscrire), payable par carte bancaire - et non pas un abonnement - qui leur dure souvent plus de trois mois et permet de téléphoner à peu près partout dans le monde, à des prix évidemment différents. Le site de Skype indique qu'il en coûte 0,116 € la minute (TVA incluse) vers le reste de l'Europe, ce qui assure près de 15 heures de conversation pour 10 €, 0,092 € même, si on téléphone depuis Bucarest, et 0,271 € vers un mobile. Une communication de 10 mn avec la France revient à environ 0,1 €. En outre les conversations entre usagers de Skype sont gratuites. Pour pouvoir bénéficier des services de Skype, il faut créer un compte. La démarche est simple : taper Skype sur Google, puis, une fois entré dans le site, cliquer sur téléchargement. Le logiciel s'installe tout seul et offre même au départ quelques communications gratuites. Ensuite on créée son compte en choisissant une adresse internet et on achète un crédit de 10 € avec sa carte. Skype est aussi utilisable dans le sens France vers le reste du monde. Cela mérite de voir de plus près les tarifs, avec quelqu'un qui s'y connaît pour savoir si cela en vaut la peine et notamment de se faire expliquer la différence entre Skype et Skype out, beaucoup moins cher. C'est à l'usage qu'on peut se rendre compte de son intérêt… Le risque, si on ne prend pas d'abonnement est tout de même limité: une mise de 10 €. Autre préoccupation, exprimant une frustration souvent exprimée par les Francophones installés en Roumanie ou les Roumains francophones: capter les chaînes de télévision française. Un souci d'autant plus compréhensible qu'il faut bien reconnaître que les chaines roumaines sont d'un intérêt limité et ont pris le mauvais pli américain avec des coupures publicitaires intempestives. Certains ont donc décidé de s'équiper pour pouvoir capter le réseau de Canal satellite. Ils ont chargé un technicien d'acheter une parabole de 90 cm et de la régler, pour un coût global d'environ 350 €. Proverbes de crise E n ces temps de crise, la seule chose que les Roumains ne perdent pas, c'est bien leur sens de l'humour, comme le montrent les proverbes suivants qu'ils ont dénaturés (en caractère gras, le proverbe original): -Fie pâinea cât de rea, tot mai bine-n tara mea. -Même si le pain de chez moi est mauvais, c'est encore celui que je préfère -Fie painea cit de rea, tot ti-o fura cineva. -Même si le pain de chez moi est mauvais, il y a toujours quelqu'un pour te le voler. depuis la Roumanie et regarder les chaines françaises Ils ont pris un abonnement à Canal Satellite (125 € la première année, 95 € les années suivantes, 30 € de plus si on veut les quatre chaînes cinéma du bouquet proposé). Ils ne captent pas toutes les chaînes du réseau mais suffisamment pour replonger dans l'atmosphère hexagonale. D'ailleurs, en consultant le site www. Bis.TV, on peut choisir un programme Canal satellite allégé proposant jusqu'à 30 chaînes, pour un abonnement mensuel allant de 5 à 15 €. Le mieux est d'avoir recours à un installateur (dans la région de Bucarest, on peut s'adresser à Stefan Balanica, habitué de ce genre d'opération et parlant en outre très bien français, tel: 0744 83 69 75), mais les bricoleurs pourront se débrouiller par eux-mêmes. Les plus exigeants pourront capter toutes les chaînes de Canal Satellite. Mais il leur faudra amener un décodeur de France, l'y faire initialiser, installer une antenne de 2 m de haut et procéder à un câblage, et bien sûr prendre un abonnement. Dans ce cas, l'installation peut revenir à 2-3000 €. Autre solution, beaucoup moins onéreuse, voire gratuite: capter sur Internet les chaînes désirées (TF1, Antenne 2, la 3, LCP, BFM TV, etc.) et les chaînes de la TNT, et les transférer -Omul intelept isi face vara sanie si iarna caruta. -Le sage fabrique son traineau l'été et sa charrette l'hiver. -Omul intelept isi face vara sanie si iarna o pune pe foc. -Le sage fabrique son traineau l'été et se chauffe avec lui l'hiver. -Cum iti asterni, asa dormi. -Comme tu fais ton lit, tu te couches. -Cum iti asterni, cum vine altul si se culca in locul tau. -Comme tu fais ton lit, y'a tout de suite quelqu'un d'autre qui s'y couche. sur son écran de télévision en se procurant un transmetteur ordinateur-TV (de 30 à 50 €) ou, tout simplement, en reliant les deux appareils par un câble auxiliaire (HDMI, le mieux pour la qualité, ou VGA ou Componant, compter 40 € pour 20 mètres), l'ordinateur ayant une sortie adaptée (HDMI, etc.). On a finalement son ordinateur sur son écran de télé et on procède également avec la souris. L'image est quasi-parfaite si on a une bonne connexion internet. On peut consulter la liste des chaînes disponibles sur adsl.tv.org (plus de 9000 chaînes accessibles d'un clic, voir le site pour le mode d'emploi), mais aussi sur d'autres sites (playtv.fr*) et obtenir également des chaînes étrangères et roumaines, ce qui est valable pour les Roumanophiles de France !Autant de pistes à explorer et expérimenter. Il en existe certainement beaucoup d'autres ! *Pour regarder la télévision sur Play TV, vous devez disposer des logiciels Adobe Flash Media Player et Windows Media Player. Si vous disposez d'une Freebox ou d'une Neufbox, vous avez accès à plusieurs chaînes supplémentaires. Afin de pouvoir profiter de ces chaînes, vous devez installer le plugin du logiciel VLC.) Résidence des ressortissants de l'UE en Roumanie Publiée au Journal officiel roumain du 24 juin dernier, une nouvelle ordonnance établit et complète les conditions de libre circulation, ainsi que du droit de résidence temporaire et permanente sur le territoire roumain des citoyens de l'Union Européenne et de l'Espace Economique Européen. D Capter Canal satellite ou bien brancher son ordinateur sur son écran TV Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE roit de libre circulation sur le territoire roumain: les citoyens de l'UE et de l'Espace Economique Européen peuvent entrer librement en Roumanie depuis tous les postes frontières munis d'un document d'identité valable: carte nationale d'identité ou passeport. Droit de résidence sur le territoire roumain: par rapport à la réglementation antérieure, obsolète, le délai de 15 jours pendant lequel un citoyen européen arrivé en Roumanie devait se présenter aux autorités roumaines pour déclarer sa présence en Roumanie a été supprimé. Selon les nouvelles dispositions, les citoyens de l'UE qui entrent sur le territoire roumain bénéficient d'un droit de résidence pour une période de maximum 6 mois (par rapport au délai antérieur de 3 mois), sans devoir accomplir d'autres formalités. Par contre, pendant leur séjour en Roumanie, ces citoyens de l'UE doivent informer l'Office roumain de l'immigration, sous 30 jours, de toute modification concernant leur état civil: nom, prénom ou citoyenneté. Au-delà de 3 mois, les citoyens de l'UE peuvent bénéficier d'un droit de résidence au cas où ils se trouvent dans l'une des situations suivantes : - S'ils travaillent en Roumanie (activités dépendantes ou indépendantes); - S'ils ont suffisamment de ressources pour y vivre, au moins par rapport au revenu minimum garanti en Roumanie, et une assurance santé reconnue par le système des assurances sociales de santé de Roumanie. Dans un délai de 3 mois à partir de la date de l'entrée sur le territoire roumain, les citoyens de l'UE qui souhaitent obtenir une carte de séjour roumaine doivent déposer auprès l'Office roumain de l'immigration un dossier attestant qu'ils remplissent les conditions requises pour séjourner en Roumanie. Le certificat d'enregistrement est désormais valable pour minimum 1 an et maximum 5 ans. Rubrique juridique du Petitjournal (réalisée par le cabinet Gruia Dufaut, Avocats - Paris & Bucarest) Les Nouvelles de Roumanie sur Internet ! Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous pouvez consulter sans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins d'un an, réservés aux abonnés, dont les internautes peuvent cependant retrouver la présentation. Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un sens partisan ou à des fins commerciales, et en précisant leur source. Nous voulons ainsi répondre aux sollicitations de lecteurs, d'associations, de comités de jumelage, de chercheurs, d'étudiants, etc., qui souhaitent se servir de cette base de données pour leurs travaux, leurs bulletins, et que nous mettons volontiers à leur disposition. www.lesnouvellesderoumanie.eu 53 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Blagues à la roumaine Humour Promesses Basescu se rend chez le médecin : -Docteur, j'ai un mal de dos qui m'ennuie beaucoup. -Vous avez fait des efforts dernièrement, augmenté votre activité. -Ben oui, j'ai augmenté les prix. -Quoi encore ? -Les taxes aussi. -Il faut arrêter immédiatement ! -Ah ben çà tombe bien… moi qui avait promis d'augmenter les salaires ! Pro Gheorghe entre dans un magasin d'articles de chasse: -Bonjour, vous avez des tenues de camouflage ? -Oui… mais on ne les retrouve plus. se, dit à son amant : -Oh, mon amour, comme j'aimerais que tu me présentes à ta famille. -C'est impossible ma chérie; mes enfants sont à la campagne avec leur grand-mère et ma femme partie faire un stage à l'étranger. Expéditif Le pope se presse de terminer la messe d'enterrement d'un Tsigane pour ne pas rater une minute de Steaua-Dinamo, télévisé en direct. Sur le chemin du cimetière, il accélère de plus en plus, laissant loin derière lui le cortége essouflé. Un proche du défunt le rattrape au pas de course et le supplie humblement: -Mon Père, ce n'est pas la peine d'aller aussi vite... On ne l'a pas volé. Confraternité Vertus 54 Après un terrible accident d'autocar qui envoie toute l'équipe de football roumaine au paradis, son capitaine frappe à la porte de Saint Pierre pour demander la permission d'entrer : -Oh là, pas si vite… je vous ai entendu tous jurer sur les terrains ! -Bon, c'est vrai… Mais au moins, on n'a jamais battu personne ! Apparences trompeuses Un homme entre dans le cabinet d'un psychiatre, avec un câble de l'épaisseur d'une laisse entre les dents et tout un fourbi sous les bras. -Oh, regardez le petit chaton qui vient chez nous, entre mon mignon… L'homme ne bronche pas, inspecte la pièce et se dirige vers un coin. -Non, je vois que tu es un petit chienchien à sa maman qui veut faire ses besoins. Attends je vais te chercher une caisse. L'homme pose son fourbi et son câble: -T'arrête tes conneries et tu me dis où je t'installe internet ? Bonnes raisons Après une aventure de deux mois, une jeune maîtresse, dans un élan de tendres- Maria vient à la confesse : -Mon Père, j'ai pêché avec le pope de la paroisse voisine… -Ah ben çà, ce n'est pas bien. Pour ta punition, tu réciteras 30 pater noster… et la prochaine fois, n'oublies pas que ta paroisse, c'est ici ! Robinson Naufragé depuis des années sur une île déserte, un marin roumain voit s'approcher un bateau arborant les couleurs de son pays. Il saute de joie, fait des grands signes et une barque vient le sauver. A bord, il demande au capitaine de lui communiquer les derniers journaux roumains en sa possession. Après une lecture rapide, il soupire: "Je vous en prie… ramenez moi sur mon ilot ". Monnaie d'échange Parti travailler à l'étranger, Ion écrit à sa femme: "Ma chérie, ce mois-ci je ne peux pas t'envoyer d'argent, mais je t'envoie cent baisers. Tu es mon grand amour! Ton mari". Quelques jours plus tard, il reçoit la réponse: "Tu trouveras ci-dessous les comptes du mois: Le laitier a bien voulu me faire crédit pour deux baisers, l'électricien en a récla- mé 7, le propriétaire est passé tous les jours pour encaisser le loyer et çà m'a coûté chaque fois 2 à 3 baisers. Pour les dépenses courantes, il m'a fallu encore 40 baisers…si bien qu'il ne me restait pratiquement plus rien pour faire les courses au supermarché et que j'ai dû donner autre chose, mais le directeur est très gentil et il remplit mon caddy chaque fois que j'y retourne. Est-ce que tu peux me dire ce que tu veux manger quand tu vas revenir? Ta petite femme qui t'adore et te couvre de baisers". Elle est bien bonne ! Faisant la queue depuis des heures, sous Ceausescu, un plaisantin blague: -Quelle est la différence entre un cochon et une charcuterie ? C'est simple, le cochon il a une petite queue et beaucoup de viande, tandis qu'à la charcuterie… Un “camarade" dans la queue enchaîne: -Et qu'elle est la différence entre une montre et toi ? -Alors là, je cale… Je ne sais pas ! -C'est simple… Une montre, elle marche toute seule, tandis que toi, tu marches avec moi jusqu'au commissariat. Suis-moi ! Pas de doute Bula chez le médecin : -Docteur, je me sens mal à l'aise, je ne suis jamais sûr de moi… -Ne t'en fais pas mon garçon, il n'y a que les imbéciles qui sont sûrs d'euxmêmes ! -Vous êtes sûr docteur ? -Absolument ! ABONNEMENT CHANGE* (en nouveaux lei, RON**) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois = 4,24 RON (1 RON = 0,24 €) = 3,70 RON = 2,94 RON = 0,02 RON (1 € = 272 forints) *Au 27 août 2011 ** 1 RON = 10 000 anciens lei Les NOUVELLES de ROUMANIE Numéro 67, sept.-Oct. 2011 Permis de tuer Maria vient de passer son permis et conduit pour la première fois en compagnie de son mari. Au bout d'un moment, celui-ci explose : -Tu ne peux pas aller moins vite! C'est la troisième fois que tu manques de me tuer ! -Je t'en supplie mon chéri… Donnemoi encore une chance ! Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : adica@wanadoo.fr Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Laurent Courderc, Jonas Mercier, Marion Guyonvarch, Claire Gallen, Benjamin Ribout, Mircea Vasilescu, Jean-Arnault Dérens, Laurent Geslin, Iulia Badea Guéritée, Sergiu Rusu, Isabelle Wesselingh, Grégoire Allix, Cordelia Bonal, Vincent Lefeuvre, Ovidiu Nahoi, Ion Ionita, Mirel Bran, Bernard Camboulives, Gazdaru, Rif, Philippe Dagen, Vali. Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet. Impression: Helio Graphic 2 rue Gutenberg 44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: nov. 2011 Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie 44 300NANTES - France. 55 Les NOUVELLES de ROUMANIE J'ai même rencontré des Moldaves heureux V italie court. Il n'arrête d'ailleurs pas de la journée. Distiller sa tsuica, arroser le potager, répondre au téléphone, filer donner un coup de main à un collègue, laver les tonneaux où il stockera sa piquette, soigner ses arbres fruitiers, tondre la pelouse, enfourcher sa motocyclette pour aller récupérer Lucia, sa femme, à la sortie du travail, terminer le kiosque installé dans le jardin. Le Moldave apparaît par une porte pour disparaître ranger la cave et ressortir au milieu de son carré de pommes de terre. Vitalie donne le tournis. Impossible de lui mettre la main dessus… si sa forte voix ne lui servait de bracelet électronique, à moins que ce ne soit les airs qu'il entonne avec entrain. D'ailleurs peut-être s'entraîne-t-il ainsi pour la noce du samedi suivant qu'il animera jusqu'à six heures du matin, à la tête de son petit orchestre de copains, ramenant un cachet d'environ 80 € à la maison. Vitalie le Moldave, 43 ans, est un phénomène. Toujours joyeux, gai comme un pinson. Difficile d'imaginer plus Roumain dans cette petite Moldavie, où les Russes frappent par leur réserve. D'ailleurs il a obtenu la double nationalité, après 4 à 5 aller-retours à Bucarest. Vitalie est curieux de tout, sautant d'une idée à l'autre, ouvert à tous avec son large sourire engageant qu'on trouverait un peu roublard si on ne comprenait vite qu'il n'est que l'expression d'un cœur "gros comme çà". Vitalie est cuisinier à la coopérative vinicole d'état de Milestii Mici - le petit Milestii. Pas si petit que çà ! Sa commune natale est célèbre à travers toute la Moldavie et connue des œnologues de la planète entière. Sous le village courent 60 km de galeries. Autant de caves que l'on sillonne en camions ou voitures, qui abritent la plus grande vinothèque du monde. Deux millions de bouteilles des meilleurs crûs, conservées au minimum 25 ans pour le blanc et 50 ans pour le rouge. Vitalie est très fier de la faire découvrir. Il s'arrange pour faire passer la voiture de ses hôtes en tête de la colonne de visiteurs, les faisant profiter des passe-droits des cortèges officiels, "confisquant" leur guide et ses explications pour l'installer à ses côtés. Qu'y a-t-il de mieux que de cultiver son jardin ? 56 Voici 3-4 ans, un Allemand a eu le coup de foudre pour le village et a proposé d'y lancer le tourisme rural. Une nouveauté, un mot presque inconnu ici. Il promettait de fournir les matériaux pour transformer une vingtaine d'habitations en gîte rural… Aux propriétaires d'entreprendre les travaux. Le nombre a été ramené à dix, puis à cinq... avant que le "mécène" ne disparaisse. Aujourd'hui, seules deux pensions subsistent réellement à Milestii Mici dont, bien sûr, celle de Vitalie, immédiatement partant. Le Moldave ne s'est pas découragé. Son énergie et son imagination ont fait merveille. Le cuisinier s'est fait plombier, électricien, menuisier, décorateur, pour aménager une partie de sa maison en chambre d'hôte indépendante, engageant les économies du couple ou empruntant à hauteur de 3000 €. L'endroit est devenu un petit paradis, immergeant le touriste dans la Moldavie traditionnelle. Un adorable jardin lui permet de se reposer sur une balancelle à l'ombre des arbres fruitiers et d'un puits artésien. Lucia, 38 ans, technicienne à la coopérative, le principal employeur de la commune, a brodé napperons, tapis, en dentelle et macramé, apportant une chaleur intérieure à la maisonnette. La petite pension, portant le nom des deux enfants, Ioan 17 ans et Doina 14 ans, a ouvert en 2009, une bonne année. Mais déjà la crise pointait son nez et 2010 s'est révélée franchement médiocre, 2011 ne promettant pas d'amélioration. Pourtant Vitalie ne ménage pas sa peine pour faire connaître l'adresse: publicité à la coopérative, CD de promotion fourni aux agences tourisme. Qu'importe ! Le regard de Vitalie se met à pétiller lorsqu'il évoque les quelques Français, Allemands, Belges ou Suisses hébergés, devenus souvent des amis. Le couple vit avec 220 euros de revenus mensuels. Vitalie, comme nombre de Moldaves aurait pu quitter son pays considéré comme le plus pauvre du continent, et aller monnayer ses nombreux talents à l'étranger ? Apprendre de nouvelles techniques pour trouver de nouvelles idées n'aurait d'ailleurs pas été pour lui déplaire. Mais un simple coup d'œil suffit à le convaincre… Lucia s'affaire à remplir les pots de confitures maison, les conserves de fruits et légumes qu'elle fera goûter à ses hôtes. Il doit terminer la charrette qu'il a entrepris de garnir de pétunias, giroflées, pots de géranium. Ioan s'apprête à disputer un match de foot. Doina, papote sur son mobile avec ses copines ou leur envoie des messages sur Face book … Alors, pourquoi aller cultiver le jardin des autres ? J'ai même rencontré des Moldaves heureux ! Henri Gillet