Fatigue neuromusculaire induite par stimulation électrique
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Fatigue neuromusculaire induite par stimulation électrique
UNIVERSITE MONTPELIER 1 Faculté des Sciences du Sport et de l’Education Physique UFR STAPS Ecole Doctorale 463 : Sciences du Mouvement Humain Groupe des disciplines du CNU : section no 74 Fatigue neuromusculaire induite par stimulation électrique chez le sujet valide et le blessé médullaire : de l’identification des processus survenant lors de la fatigue à la modélisation des réponses mécaniques Thèse présentée pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE MONTPELLIER 1 Par Maria PAPAIORDANIDOU Soutenue publiquement le 8 Octobre 2010 Jury Eric BERTON Charles FATTAL David GUIRAUD Nicolas MAFFIULETTI Alain MARTIN Franck MULTON Alain VARRAY Samuel VERGES PR, Université Aix-Marseille II Médecin, CMN Propara DR INRIA, LIRMM, Equipe DEMAR MCU, Université de Bourgogne PR, Université de Bourgogne PR, Université Rennes II PR, Université Montpellier I CR INSERM (HDR), Grenoble Examinateur Invité co-Directeur Examinateur Rapporteur Rapporteur Directeur Examinateur REMERCIEMENTS J’exprime mes plus sincères remerciements à… … Alain Varray, Vous avez toujours été présent pendant ces quatre années et cela malgré votre lourd travail. Vous avez guidé mon travail et moi-même vers la conquête du « fil rouge » parfois difficile à trouver. Vous avez su tempérer les situations sur le plan du travail mais aussi sur le plan des interactions sociales, en m’aidant à avancer sans me disperser vers des choses que je prenais, souvent sans raison, trop à cœur. Votre expérience, vos connaissances et vos conseils m’ont permis d’évoluer au niveau professionnel mais aussi personnel. Pour tout cela je vous remercie infiniment et je vous exprime ma plus profonde reconnaissance. …David Guiraud, Votre disponibilité, votre bonne humeur et votre humanité font de vous une personne exceptionnelle. J’ai eu la chance de faire partie de votre équipe et de profiter de votre encadrement. Vous avez toujours su trouver le mot qui permet de rebondir dans les situations difficiles. Même quand les choses vont au plus mal, vous savez donner de l’espoir et de la confiance. Merci de m’avoir donné la possibilité de partager toutes ces qualités pendant ces dernières années. … Alain Martin et Franck Multon, Merci d’avoir accepté de rapporter ce travail que vos commentaires n’ont pu qu'améliorer. Votre présence au jury de cette thèse est un grand plaisir et un grand honneur pour moi. … Eric Berton, Nicolas Maffiuletti et Samuel Vergès, Merci d’avoir accepté de participer à mon jury de thèse et de me donner ainsi la possibilité d’échanger avec vous et de partager votre savoir. … Charles Fattal, Vous nous avez accueillis de la meilleure façon possible au sein de votre établissement et vous avez su gérer notre collaboration avec professionnalisme et beaucoup d’humanité. Merci à vous et à toute votre équipe pour m'avoir donné la possibilité de partager l’univers des blessés médullaires. …Jean-Paul Micallef, Vous avez été plus qu’un collaborateur. Votre souci pour toutes les facettes de ma vie tout au long de ces années de thèse m’a énormément touché. Par ailleurs, les expériences n’auraient jamais pu avoir lieu sans vous. Votre efficacité et votre volonté de faciliter les choses ont permis l’avancement rapide de ce travail. … tous les sujets qui ont participé aux différentes études, Sans vous ce travail n’aurait pas eu lieu. Un énorme merci pour votre disponibilité, votre bonne humeur et votre volonté. … tous les membres du laboratoire EDM et de l’équipe DEMAR (anciens et présents), et plus particulièrement Mitsu, Mourad, Christine, Qin, Milan, Olivier, Greg. 1 Merci pour votre accueil enthousiaste, dynamique et chaleureux. Notre échange m’a permis d’avancer et améliorer ce travail. Votre présence au quotidien a donné de la vie pendant ces années de thèse. … toutes les personnes qui ont participé à l’aération des neurones pendant ces années de thèse et que j’aime profondément et passionnément. … Nelly, Olivier, Kjerstin, Didier, Elise, Victor, Monia, Je vous remercie tous de partager notre quotidien ensemble. Nous ne nous connaissons que depuis ces quatre dernières années, mais votre soutien aux moments difficiles et le partage des moments faciles me permettent de vous considérer comme de vrais amis. Votre chaleur humaine est indispensable dans ma vie. … toute la bande grecque : Andriana, Gina, Aggeliki, Panagiotis, Mpelka, Semiramis, Vasiliki, Kazou, Dolores, Malgré les années et les kilomètres, vous êtes toujours ici et vous faites partie de ma vie. A écouter tout ce que j’ai à raconter pour mieux imaginer mon quotidien en France… Σα να µην πέρασε µια µέρα. … ma famille : Stavros, Kiki, Sandra, Nikos, Dafni, Aliki, Ευχαριστώ για όλα. Vous avez tous participé, de façon différente, à ce que je puisse considérer ces années comme un vrai régal. Je vous remercie infiniment. 2 Ce travail a fait l’objet des publications suivantes Papaiordanidou M, Guiraud D, Varray A. Kinetics of neuromuscular changes during lowfrequency electrical stimulation. Muscle Nerve 41 (1): 54-62, 2010. Papaiordanidou M, Guiraud D, Varray A. Does central fatigue exist under low-frequency stimulation of a low-fatigue resistant muscle? Eur J Appl Physiol, DOI 10.1007/s00421-0101565-9. Papaiordanidou M, Varray A., Fattal C, Guiraud D. Neuromuscular fatigue development under intermittent electrical stimulation applied on the paralyzed triceps surae muscle. (soumis). Papaiordanidou M, Hayashibe M, Varray A, Fattal C, Guiraud D. Fatigue tracking in spinalcord injury using a physiology-based muscle model. (soumis). Ce travail a fait l’objet des communications suivantes Papaiordanidou M, Guiraud D, Varray A. Time course of neuromuscular changes during lowfrequency electrical stimulation of human triceps surae. Proceedings of the XVII International Symposium of Electrophysiology and Kinesiology, Niagara Falls, Canada, June 2008. Papaiordanidou M, Guiraud D, Varray A. Neuromuscular fatigue during triceps surae lowfrequency electrical stimulation in subjects with different force generating capacity. Proceedings of the XIII Congress of the European College of Sports Science, Estoril, Portugal, July 2008. Campfens FS, Papaiordanidou M, Hayashibe M, Guiraud D, Varray A. An activation model for FES muscle model. Proceedings of the 13th Annual Conference of the International FES Society, Freiburg,Germany, September 2008. Zhang Q, Hayashibe M, Papaiordanidou M, Fraisse P, Fattal C, Guiraud D. Torque assessment based on evoked EMG for FES-induced muscle contractions in SCI patients. 3 Proceedings of the 14th Annual Conference of the International FES Society, Seoul, Korea, September 2009. Papaiordanidou M, Varray A. Organization of the symposium: Neuromuscular Electrical Stimulation: from physiological specificities understanding to application fields. Proceedings of the 13th ACAPS Congress, Lyon, France, October 2009. Papaiordanidou M, Guiraud D, Varray A, Benoit P, Fattal C. Fatigue neuromusculaire au cours d’un protocole d’électromyostimulation chez des sujets blessés médullaires complets. Proceedings du Congrès Handicap 2010, Paris, France, Juin 2010 (communication affichée). Papaiordanidou M, Guiraud D, Varray A. Does central fatigue exist under low-frequency stimulation of a low-fatigue resistant muscle? Proceedings of the XV Congress of the European College of Sports Science, Antalya, Turkey, June 2010 (communication affichée). Zhang Q, Hayashibe M, Papaiordanidou M, Fraisse P, Fattal C, Guiraud D. Torque prediction using stimulus evoked EMG and its identification for different muscle fatigue states in SCI subjects. Accepted for oral presentation in the 32nd Annual International IEEE EMBS Conference, Buenos Aires, Argentina, September 2010. 4 SOMMAIRE I. INTRODUCTION GENERALE 7 II. CADRE THEORIQUE 10 1. L’ELECTROSTIMULATION (ES) : BREF HISTORIQUE 2. BASES PHYSIOLOGIQUES DE L’ES NEUROMUSCULAIRE 2.1. UNE TECHNIQUE APPLIQUEE A LA PERIPHERIE MAIS SOLLICITANT TOUT LE SYSTEME 11 14 NEUROMUSCULAIRE 14 15 17 20 20 21 2.2. RECRUTEMENT DES UNITES MOTRICES 2.3. SOLLICITATION METABOLIQUE 3. LA FATIGUE NEUROMUSCULAIRE 3.1. INTRODUCTION 3.2. CHAINE DE COMMANDE ET SITES POTENTIELS DE LA FATIGUE 3.3. EXPLORATION DE LA FATIGUE ET MECANISMES IMPLIQUES DANS LE DEVELOPPEMENT DE 23 LA FATIGUE 3.3.1. La fatigue centrale 23 3.3.1.1. Exploration de la fatigue centrale 24 3.3.1.2. Mécanismes impliqués dans développement de la fatigue centrale 28 3.3.2. La fatigue périphérique 32 3.3.2.1. Exploration de la fatigue périphérique 33 3.3.2.2. Mécanismes impliqués dans le développement de la fatigue périphérique 34 3.4. ES ET FATIGUE NEUROMUSCULAIRE 37 39 4. LES APPLICATIONS DE L’ES DANS LE CADRE DU TRAUMATISME MEDULLAIRE 4.1. LES USAGES DE L’ES 39 4.2. LE TRAUMATISME MEDULLAIRE 40 4.2.1. Adaptations de l’organisme suite à la lésion de la moelle épinière 41 4.2.1.1. Adaptations neurales 41 4.2.1.2. Adaptations squelettiques 42 4.2.1.3. Adaptations musculaires 43 4.3. ES ET TRAUMATISME MEDULLAIRE 44 5. MODELISATION DU MUSCLE SQUELETTIQUE 48 5.1. INTRODUCTION 48 5.2. MODELE DU MUSCLE COMMANDE 49 5.2.1. Modèle d’activation 50 5.2.1.1. Modèle de recrutement des fibres musculaires 50 5.2.1.2. Modèle d’activation dynamique 51 5.2.2. Modèle mécanique 51 5.4. MODELES DE MUSCLE INTRODUISANT LA NOTION DE LA FATIGUE 58 6. SYNTHESE ET OBJECTIFS 60 III. CONTRIBUTION PERSONNELLE 62 1. ETUDES I ET II 1.1. PRESENTATION 1.2. ETUDE I 1.3. ETUDE II 2. ETUDE III 2.1. PRESENTATION 63 63 65 75 85 85 5 2.2. ETUDE III 3. ETUDE IV 3.1. PRESENTATION 3.2. ETUDE IV 86 106 106 107 IV. SYNTHESE ET PERSPECTIVES 138 V. BIBLIOGRAPHIE 145 6 I. Introduction générale 7 Introduction générale Suite à un traumatisme de la moelle épinière, l’interruption des voies de la commande motrice descendante entraîne une paralysie des muscles dont les motoneurones centraux sont touchés. Malgré les avancées importantes des approches pharmaceutiques et chirurgicales, cette paralysie reste jusqu’à présent irréversible et aucun traitement ne permet la restauration des fonctions motrices. Le seul moyen permettant une contraction des muscles du territoire sous-lésionnel est la Stimulation Electrique (ES). Cette technique consiste à évoquer une contraction musculaire par l’application de courant électrique au niveau de la peau (ES de surface) ou via des dispositifs implantés (ES implantée). Utilisée dans le contexte clinique pour la suppléance des déficiences motrices, elle est appelée Stimulation Electrique Fonctionnelle (SEF). La plupart des cliniciens, pour restaurer des fonctions motrices perdues utilisent actuellement des stratégies de stimulation en boucle ouverte avec des paramètres de stimulation prédéfinis de manière empirique, selon les appréciations du médecin rééducateur. Ainsi, pour l’identification de la séquence de stimulation optimale pour chaque patient, un grand nombre d’essais et de mesures est nécessaire. De l’autre côté, la stimulation en boucle fermée reste encore difficile à mettre en place, en raison de la compréhension imparfaite et limitée de l’ensemble des mécanismes mis en jeu lors de la stimulation. Des modèles mathématiques ont été développés afin de mieux maîtriser la SEF appliquée à la fois en boucle ouverte et fermée. Ces modèles mathématiques permettent la prédiction de la force évoquée par les muscles, ainsi que la commande automatique des membres paralysés. Toutefois, le contrôle de la contraction induite par la SEF est un des problèmes majeurs de cette technique à cause de la complexité et de la variabilité de la réponse mécanique lors de l’application clinique de la SEF. L’état du muscle étant en changement permanent lors de la SEF, la prédiction de son comportement se complique. Cette complexité est encore plus importante lorsque le phénomène de fatigue neuromusculaire s’ajoute. La fatigue neuromusculaire, phénomène complexe et multifactoriel, apparaît dès le début de la contraction musculaire et limite l’application de la SEF chez les sujets blessés médullaires en rendant la contraction inefficace pour l’accomplissement de la tâche désirée. Des modèles de muscle prenant en compte ce phénomène complexe pour le réajustement des paramètres de stimulation pourraient être une solution à l’utilisation efficace de la SEF. Cependant, la considération de la fatigue neuromusculaire dans les modèles mathématiques demande auparavant une meilleure compréhension de ce phénomène en condition d’ES. 8 Les objectifs de ce travail de thèse ont été ainsi développés autour de cette thématique, incluant d’un côté les patients présentant des déficiences motrices et l’ES comme une technique de suppléance fonctionnelle et, de l’autre côté, la fatigue neuromusculaire induite par ce mode de contraction et sa modélisation. Considérant que la fatigue neuromusculaire, même électriquement induite, ne peut pas se limiter seulement à son expression périphérique, mais implique des mécanismes situés aux niveaux spinal et supra-spinal, nous avons voulu identifier les paramètres de fatigue les plus pertinents pour être pris en compte dans le modèle de muscle développé au sein de l’équipe DEMAR (DEambulation et Mouvement ARtificiel), afin de préserver sa capacité de prédire la force musculaire en situation de fatigue. Nous nous sommes intéressés en particulier à mettre en évidence les différentes composantes de la fatigue neuromusculaire sous ES, leurs cinétiques d'apparition et leurs conséquences sur les différents éléments de modélisation de la contraction musculaire. Le sujet valide, préservant l’intégralité du système de commande et de production de la force musculaire, est le modèle idéal pour mettre en évidence les différentes composantes de la fatigue neuromusculaire sous ES. Par conséquent, les premières expériences, incluses dans le projet de cette thèse, ont été effectuées chez une population de sujets valides. Nous nous sommes ainsi d’abord intéressés à la compréhension de la fatigue qui survient sur un muscle non lésé présentant une grande résistance à la fatigue, puis sur un muscle présentant une grande fatigabilité. Cela nous a permis de se rapprocher à la nature des muscles des blessés médullaires. En effet, chez cette population, l’interruption des voies descendantes induite par la lésion de la moelle épinière entraîne une paralysie et des adaptations musculaires délétères, responsables d’une plus grande fatigabilité des muscles sous-lésionnels, tandis que les structures supraspinales ne peuvent plus jouer de rôle dans la régulation de la force évoquée. La première partie de ce manuscrit introduit le cadre théorique du présent travail de thèse s’articulant autour de la physiologie de la contraction électriquement induite et de la fatigue neuromusculaire qu’elle engendre et des applications de l’ES chez le blessé médullaire. A la fin de cette première partie, un état de l’art sur la modélisation du muscle squelettique est présenté, avec une présentation plus détaillée du modèle de l’équipe DEMAR. La deuxième partie du manuscrit s’articule autour de nos quatre études qui nous ont permis d’approfondir les connaissances fondamentales sur la thématique de la fatigue neuromusculaire sous ES et de répondre à un besoin clinique, à savoir la proposition d’un outil permettant la connaissance de l’état du muscle à chaque instant. 9 II. Cadre théorique 10 1. L’Electrostimulation (ES) : Bref Historique Les premiers phénomènes électriques ont été observés dès l’antiquité. Les propriétés de l’ambre jaune, une résine fossilisée qui peut s’électriser par frottement, étaient remarquées par les grecs anciens, qui utilisaient ces propriétés afin de produire des étincelles. Le mot « électricité » provient de l’appellation en grec ancien de l’ambre jaune (ήλεκτρον). De plus, la capacité de certains poissons électriques de produire de l’électricité comme moyen de défense ou de prédation était observée dès cette période et utilisée à des fins thérapeutiques. Déjà dans ses écrits, Hippocrate (460-370 av. J-C) mentionnait sa valeur nutritionnelle et il prescrit un bouillon de ce poisson à des patients asthmatiques. C’est seulement pendant la période romaine que les décharges électriques générées par les poissons torpilles ont été utilisées par les médecins pour traiter certains cas, comme les migraines ou l’arthrite. Jusqu’au 16ième siècle après J-C il n’y a pas eu de découverte majeure et l’usage de l’électricité en médecine restait limité. A partir de 1745 et suite à l’invention de la bouteille de Leyde (Figure 1), précurseur du condensateur, pouvant stocker l’énergie et la restituer pour un usage différé, le champ des applications de l’électricité s’agrandit (épilepsie, angine de poitrine, calculs rénaux). Malgré les fermes convictions sur la valeur thérapeutique des chocs électriques, ce n’est qu’en 1791 que la première contraction musculaire induite p: o : d C P ceo: u 4pu r px ii D par excitation électrique du nerf moteur est mentionnée. Luigi Galvani (1737-1798) observe que l’application de métaux différents sur le nerf de la grenouille entraînait une contraction musculaire (Figure 2). Il pense, à tord, que cette « électricité animale » est générée par le tissu nerveux et stockée dans les muscles et que le métal ne provoquait que le passage de l’énergie intrinsèque. Alessandro Volta (17451827) contredit cette affirmation en montrant que la contraction musculaire n’était pas autogène, mais due à l’électricité produite à la jonction de métaux différents, reliés par un conducteur particulier (la cuisse de grenouille). La polémique entre les deux interprétations s’arrête quand Volta p: WP ceo: u ié u Ep: i E e xx E : ur p ii D p i construit la première pile électrique (pile voltaïque) en remplaçant la cuisse de grenouille par du carton humide, 11 prouvant ainsi la véracité de son interprétation. Au 19ème siècle, Michael Faraday (1791-1867) fait progresser la technologie électrique avec ses travaux sur l’induction électromagnétique, qui ont été à l’origine de l’invention du premier générateur de courant électrique. Duchenne de Boulogne (1806-1875) poursuit les travaux déjà effectués et, considéré comme le père le l’électrothérapie, il a été capable de stimuler avec beaucoup de précision un seul faisceau musculaire et ainsi il a pu décrire différentes affections musculaires et localiser leur origine. Il a été le premier à générer un courant électrique via des électrodes appliquées à la surface de la peau et a pu ainsi individualiser les muscles du visage (Figure 3). Enfin, il a effectuée une cartographie des points moteurs des muscles de tout le corps. Au début du 20ème siècle, Louis Lapicque (1866-1952) introduit le concept de chronaxie et de rhéobase comme paramètres de l’excitabilité nerveuse. Les années qui suivent, avec l’amélioration de la compréhension de la stimulation électrique et le perfectionnement de systèmes comme la batterie et les bobines d’induction, deviennent l’âge d’or de l’électricité médicale. De nouveaux systèmes apparaissent (bain hydroélectrique, ceinture électrique bipolaire, cages d’autoconduction), avec parfois des objectifs peu sérieux (ex. Figure 3 : Planche de Mécanisme de la physionomie humaine de Duchenne de Boulogne montrant différentes expressions faciales déclenchées par des stimulations électriques. exorcisme ou traitement de la débilitation des organes reproducteurs). Malgré cela, des efforts scientifiques sur la compréhension des relations entre les phénomènes électriques et physiologiques continuaient. A partir de 1915, l’ES est largement utilisée pour lutter contre l’atrophie des muscles dénervés, tandis que les premières avancées significatives pour le développement des pacemakers cardiaques et de l’électrodiagnostic apparaissent. Après la première résurrection d’animaux après induction d’arrêt cardiaque par Albert Hyman (1931) utilisant des courants électriques, la première utilisation d’un pacemaker chez l’homme était effectuée en 1952 par Paul Zoll, mais pour une courte période (20 min). L’électrodiagnostic, après les premiers pas de l’électromyographie au début du siècle précédent, s’est développé et s’est étendu après les années 1940 aux mesures de vitesse de conduction nerveuse. Depuis, et 12 grâce aux progrès technologiques, l’ES a pris ainsi une place dans le domaine médical. Aujourd’hui, les applications de l’ES sont multiples, du renforcement musculaire aux applications cliniques et traitement de pathologies variées. Douleurs chroniques, aide à la respiration des blessés médullaires, problèmes de vessie et de sphincter ou encore des insuffisances cardiaques, d’audition ou de vision sont traités par des dispositifs électriques (pacemaker, implant cochléaire, stimulateur visuel, stimulateur de la vessie). La restauration du mouvement des membres paralysés à l’aide de l’ES a été utilisée à partir des années 1970. L’ES est utilisée dans les programmes de rééducation soit pour renforcer les muscles paralysés (fins trophiques) soit pour suppléer l’incapacité à contracter volontairement les muscles (fins fonctionnelles). Enfin, au delà des applications cliniques, l’ES est aussi utilisée comme une méthode de renforcement musculaire, insérée dans les programmes d’entraînement des sportifs ou des populations hypoactives. L’intérêt de l’inclusion de l’ES dans les programmes de renforcement musculaire ordinaires repose sur le mode particulier de sollicitation du système neuromusculaire que cette technique impose qui, ajouté au mode de sollicitation volontaire, peut améliorer la performance. La présentation des bases physiologiques de cette technique permettra de comprendre ses particularités et les réponses qu’elle induit. 13 2. Bases physiologiques de l’ES neuromusculaire 2.1. Une technique appliquée à la périphérie mais sollicitant tout le système neuromusculaire Les muscles squelettiques du corps humain sont sous le contrôle du système nerveux central (SNC). La contraction musculaire prend source au sein du cortex moteur et les axones moteurs cortico-spinaux transmettent la commande motrice jusqu’aux motoneurones de la corne antérieure de la moelle épinière. De là naissent les axones moteurs des nerfs innervant les fibres musculaires. L’ensemble constitué par le motoneurone α, son axone moteur et les fibres musculaires qu’il innerve est appelé unité motrice (UM). Les fibres appartenant à la même UM répondent de façon simultanée à l’excitation du motoneurone α ou de l’axone moteur et la contraction musculaire résulte de l’activation individuelle ou combinée des UM. A la différence de la contraction volontaire, la contraction évoquée par l’ES ne dépend pas de la commande centrale, mais est générée par un stimulus exogène. A cause de cette indépendance du déclenchement de la contraction électriquement évoquée, l’ES a été à tord considérée comme une technique sollicitant seulement les groupes musculaires auxquels elle était appliquée. Cependant, l’application percutanée de l’ES ne sollicite pas directement les fibres musculaires mais les terminaisons axonales intramusculaires (Hultman et al, 1983), plus facilement excitables que les fibres musculaires (Enoka 1988). Ainsi, les potentiels d’action (PA) générés se propagent au niveau des axones moteurs jusqu’à la jonction neuromusculaire et le long des fibres musculaires, arrivant jusqu’aux protéines contractiles et provoquant la contraction musculaire, mais aussi au niveau des fibres sensorielles arrivant jusqu’aux motoneurones, provoquant leur activation reflexe. Cette propagation bidirectionnelle des PA lors de contractions induites par ES met en jeu le SNC. Cette implication du SNC a été mise en évidence par des études de Collins et al. (2001; 2002), qui ont démontré que selon les paramètres de stimulation (fréquence, largeur d’impulsion) une partie de la force évoquée par ES était due à l’activation indirecte des motoneurones α via les afférences sensorielles de gros diamètre (Figure 4A). De plus, la force supplémentaire était atténuée après blocage du nerf moteur, renforçant son origine centrale lors de la stimulation à haute fréquence et grande largeur d’impulsion (Figure 4B). 14 Figure 4 : A. Couple supplémentaire évoqué par WPS (stimulation à haute fréquence et grande largeur d’impulsion), du à l’activation indirecte des motoneurones α par rapport à la NMES (stimulation électrique neuromusuclaire) conventionnelle. B. Atténuation du couple supplémentaire pendant WPS après blocage du nerf périphérique sur le triceps surae. MVC (contraction maximale volontaire)(adapté par Collins, 2007). Un autre argument en faveur du caractère non purement périphérique de l’ES est la démonstration de l’activation des aires spécifiques corticales (aire motrice primaire et sensorielle, cingulaire, cervelet) lors de stimulations électriques appliquées au niveau du muscle quadriceps (Smith et al, 2003). De plus, des études sur la fatigue neuromusculaire induite par ES ont mis en évidence une fatigue supra-spinale après un protocole d’ES à haute fréquence appliqué au triceps surae (Boerio et al, 2005). En dehors de la sollicitation du SNC lors d’une application aiguë de l’ES, des études ont montré des adaptations nerveuses après un entraînement par ES. En effet, Gondin et al. (2005) ont mis en évidence une amélioration du niveau d’activation suite à un entraînement du quadriceps de 4 semaines par ES, tandis que des gains de force controlatéraux (augmentation de la force après un entraînement unilatéral du muscle non entraîné) ont été rapportés dans la littérature (Hortobagyi et al, 1999 ; Maffiuletti et al, 2006). Les arguments mentionnés ci-dessus, nous permettent de conclure que l’ES, en dépit de son application périphérique, est une technique qui sollicite toute la chaîne de commande et de production de la force, après une application aiguë ou chronique. 2.2. Recrutement des unités motrices Lors de contractions volontaires, le recrutement des UM se fait avec un ordre bien précis, selon la loi physiologique du principe de la taille, définie par Henneman et al. (1965). Ainsi, les UM de petit diamètre, avec un seuil de recrutement bas (UM lentes) sont sollicitées en premier, avant la mise en jeu des UM de gros diamètre avec un seuil de recrutement élevé 15 (UM rapides). De plus, le recrutement volontaire est caractérisé par la capacité du SNC de moduler la fréquence de décharge des UM (synchroniser ou désynchroniser leur fréquence de décharge) et d’alterner le pool des UM mises en jeu lors de la contraction volontaire afin d’accroître la force ou de faire face à l’apparition de la fatigue. Ainsi, le recrutement des UM lors de contractions volontaires peut être caractérisé comme sélectif (recrutement selon le principe de la taille), asynchrone (modulation de la fréquence de décharge des UM) et spatialement non fixé (rotation des UM). Le recrutement des UM lors de contractions électriquement évoquées est différent de celui observé et décrit pour les contractions volontaires. En effet, l’ES induit un recrutement des UM synchrone et spatialement fixé, puisque la fréquence imposée par ce type de contraction induit la décharge synchrone des UM, tandis que les électrodes au niveau des surfaces musculaires ne permettent pas la rotation des UM actives (Gegory & Bickel, 2005). L’ordre de recrutement des UM lors d’ES reste toujours débattu dans la littérature. En effet, une grande partie des chercheurs en ES considère que cette technique induirait une inversion de l’ordre volontaire de recrutement, avec les UM rapides préférentiellement recrutées en premier. Cette idée est basée sur la relation inverse entre le diamètre des axones et leur résistance électrique (Eccles et al, 1958), montrant que les UM de gros diamètre sont excitables pour de faibles courants. Cependant, même si cette observation est vraie pendant des stimulations directes des nerfs in vitro ou in situ, l’orientation des nerfs périphériques ne favorise pas l’occurrence de ce phénomène neurophysiologique lors d’ES appliquée au niveau de la peau (Kim et al, 1992 cité dans Gregory & Bickel, 2005). Un autre argument en faveur du recrutement préférentiel des UM rapides repose sur le fait que les axones de gros diamètre sont localisés à la superficie des muscles, plus proche des électrodes de stimulation et ainsi plus facilement excitables (Knight & Kamen, 2005). Néanmoins, des études utilisant l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ont montré que l’ES peut recruter des fibres musculaires en profondeur, même à de bas niveaux de force (Adams et al, 1993, figure 5). Figure 5 : Images IRM du muscle quadriceps femoris d'un sujet au repos (control) et après ES évoquant 25, 50 et 75% de la force maximale. Les parties en noir représentent les régions actives du muscle (d’après Adams et al, 1993). 16 D’autres arguments en faveur d’un recrutement non-sélectif des UM lors d’ES sont avancés par de nombreux auteurs. Par exemple, Knaflitz et al. (1990) ont estimé la vitesse moyenne de conduction des fibres du muscle tibialis anterior lors de contractions volontaires et électriquement induites. Ils ont observé que dans 79% des essais en ES, la vitesse de conduction augmentait avec l’incrémentation de l’intensité de stimulation, indiquant un recrutement similaire du mode volontaire. Dans seulement 21% des essais, la vitesse diminuait, suggérant un recrutement inversé par rapport au volontaire. Les auteurs concluent ainsi que l’ordre de recrutement des UM pendant l’ES ne serait pas préférentiellement celui des UM rapides. Ces résultats ont été confirmés par l’étude de Feiereisen et al. (1997), qui ont mesuré le seuil de recrutement de 302 UM du muscle tibialis anterior et trouvé que dans seulement ∼30% des essais en ES le recrutement était inversé par rapport à celui observé en mode volontaire. Des résultats sur l’analyse de la secousse à différentes intensités de stimulation ne mettant pas en évidence de différence du temps ou de la vitesse de contraction entre les différents niveaux de force évoquée électriquement (Binder-Macleod et al, 1995; Jubeau et al, 2007), sont des arguments supplémentaires en faveur d’un recrutement nonsélectif induit par l’ES. Si les éléments de la littérature ne permettent pas de conclure solidement sur l’ordre de recrutement des UM lors d’ES, il apparaît néanmoins que le mode de recrutement est complètement différent de celui observé lors de contractions volontaires. Ce pattern de recrutement, défini comme préférentiel des UM rapides ou nonsélectif, spatialement fixé, temporellement synchrone (Gregory & Bickel, 2005), implique des réponses physiologiques différentes par rapport au mode volontaire. 2.3. Sollicitation métabolique De nombreuses études se sont intéressées à la réponse métabolique induite par ES utilisant différentes méthodes d’exploration comme des biopsies musculaires (Hultman & Spriet, 1986 ; Sinacore et al, 1990) ou des techniques moins invasives comme la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire (Vanderthommen et al, 2003) ou la spectroscopie dans le proche infrarouge (McNeil et al, 2006). Ces études ont mis en évidence une diminution importante de l’adénosine triphosphate et de la phosphocréatine ainsi qu’une augmentation de la concentration de lactate et du quotient respiratoire après une séance d’ES (Hultman & Spriet, 1986; Hamada et al, 2003). Il semblerait donc que l’ES induise une 17 sollicitation importante du métabolisme anaérobie (hydrolyse de la phosphocréatine et glycolyse anaérobie). Cette donnée a été confirmée par une comparaison directe entre des contractions volontaires et induites par ES. Ainsi, Hamada et al. (2004) observent, pour un exercice réalisé à même consommation d’oxygène, une concentration de lactate et un quotient respiratoire plus élevés lors de la séance d’ES que lors la séance volontaire (Figure 6), mettant en évidence une part anaérobie plus importante et une consommation préférentielle des hydrates de carbone lors de la session en ES. Figure 6 : Evolution de la lactatémie (A) et du quotient respiratoire (B) au cours d'une séance d'ES et d’une séance en mode volontaire (VOL) réalisées à un niveau de consommation d'oxygène identique (d'après Hamada et al, 2004). De plus, les études réalisées sur l’exploration de la demande énergétique par spectroscopie par résonance magnétique nucléaire ont également mis en évidence une diminution du pH intramusculaire, une déplétion en phosphocréatine et un rapport phosphate inorganique/phosphocréatine, plus élevés lors d’ES que pendant le même travail mécanique effectué en mode volontaire (Vanderthommen et al, 2003), montrant ainsi un recours préférentiel au métabolisme anaérobie par rapport au mode volontaire. Pour le même travail mécanique effectué par ES ou par mode volontaire, le flux sanguin et la consommation en oxygène sont plus importants après des contractions évoquées par ES (Vanderthommen et al, 1997; Theurel et al, 2007) mettant en évidence un stress métabolique plus important engendré par cette technique (Figure 7). De plus, ces résultats suggèrent des adaptations aiguës entraînées par l’ES, comparables à celles induites par un exercice cardiovasculaire d’intensité légère à modérée. 18 Figure 7 : Consommation d’oxygène pendant des contractions isométriques du quadriceps effectuées en ES ou en mode volontaire, dans des conditions de travail mécanique identique (d'après Theurel et al, 2007). Il est donc évident que le stress métabolique induit par l’ES est supérieur que celui du mode volontaire. De plus, à niveau métabolique équivalent, le métabolisme anaérobie est fortement impliqué. L’ES se caractérise donc par une sollicitation énergétique accrue, intéressant l’ensemble des métabolismes. Les hypothèses permettant d’expliquer cette sursollicitation métabolique pendant l’ES impliquent généralement le recrutement préférentiel des UM rapides (Sinacore et al, 1990; Hamada et al, 2004; Vanderthommen et al, 2003). Au delà, le mode de recrutement (spatial et temporel) imposé par l’ES (Gregory & Bickel, 2005) pourrait également entraîner cette augmentation de la demande énergétique. Quelles que soient les raisons invoquées, la conséquence logique de cette sur-stimulation métabolique sera d’induire une fatigue neuromusculaire beaucoup plus précoce et importante que celle observée si le même travail était effectué en mode volontaire. 19 3. La fatigue neuromusculaire 3.1. Introduction Le concept de fatigue est largement étudié depuis plus d’un siècle dans de différents champs scientifiques (physique, psychologie, biomécanique, physiologie). En physiologie de l’exercice, la fatigue est un phénomène complexe, multifactoriel et dynamique qui est classiquement utilisé pour décrire une diminution transitoire et réversible (adaptation aiguë) de la capacité à produire une force ou une puissance donnée (Enoka & Duchateau, 2008). La complexité du phénomène se manifeste d’une part par la difficulté à trouver un consensus quant au sens précis qu’il peut prendre et d’autre part par une impossibilité de définir avec exactitude lequel ou lesquels des mécanismes physiologiques impliqués dans sa genèse sont les plus signifiants. La fatigue a été initialement définie comme « l’incapacité d’un muscle ou d’un groupe musculaire à maintenir la force exigée ou attendue, entraînant une diminution de performance » (Edwards & Lippold, 1956; Asmussen, 1979; Bigland-Ritchie & Woods, 1983). Plus récemment une autre définition de la fatigue a été proposée, correspondant à « une augmentation progressive de l’effort requis pour la production d’une force désirée, suivie d’une incapacité progressive de maintenir cette force de manière continue ou répétée » (Enoka & Stuart, 1992). Bary & Enoka (2007) ont donné une autre définition, considérant la fatigue comme « une réduction, induite par l’exercice, de la capacité du muscle à produire une force ou une puissance, que la tâche puisse être maintenue ou non ». Ces dernières définitions proposent l’apparition de la fatigue dès le début de l’exercice et la distingue de l’épuisement et de l’arrêt de la tâche. La fatigue est ainsi considérée comme une série d’adaptations mises en œuvre dès le début de l’activation du système neuromusculaire ayant comme objectif de maintenir le plus longtemps possible le niveau de performance initial. L’évaluation de la fatigue neuromusculaire dans le domaine de la physiologie de l’exercice se fait généralement par des contractions maximales volontaires (CMV), réalisées avant et après un exercice fatigant (Taylor et al, 1996; Hunter et al, 2004). Dans la mesure où un exercice sous-maximal peut être soutenu pendant un certain temps sans défaillance, ni fatigue apparente, un protocole souvent utilisé est d’interrompre l’exercice fatigant et demander aux sujets d’effectuer de brèves CMV, afin d’évaluer la diminution de la capacité de générer une force maximale (Merton, 1954; Bigland-Ritchie et al, 1986a). L’évaluation de 20 la fatigue neuromusculaire est une procédure délicate, puisque sa dépendance au régime fatigant effectué (« task dependency ») et sa nature multifactorielle complexifient les interprétations. 3.2. Chaîne de commande et sites potentiels de la fatigue La génération volontaire de force est le résultat d’une cascade d’événements initiés par les centres cérébraux supérieurs, relayés par la moelle épinière et les motoneurones, pour se terminer au site de la production de la force, i.e. les ponts d’actine - myosine (Figure 8). Figure 8 : Chaîne de commande conduisant à la production de la force musculaire et mécanismes pouvant être impliqués dans la fatigue (d'après Edwards, 1983). Une défaillance à n’importe quel(s) point(s) de cette chaîne représente un facteur potentiel limitant la production de force. Ainsi, la fatigue ne peut pas être attribuée à un processus physiologique particulier, mais à l’altération simultanée de plusieurs de ces mécanismes. Classiquement, la fatigue neuromusculaire est dissociée en deux composantes : 21 la fatigue centrale et la fatigue périphérique. La distinction entre ces deux types de fatigue se fait en fonction de l’origine de la perte de force, se situant en amont (fatigue centrale ou nerveuse) ou en aval (fatigue périphérique ou musculaire) de la jonction neuromusculaire. Selon cette définition, la fatigue centrale comprend tous les processus qui impliquent la génération de la commande motrice et le recrutement des UM, à la fois au niveau spinal et supraspinal, tandis que la fatigue périphérique inclut les perturbations de la capacité de production de force du muscle. Enoka (2002) a distingué neuf sites potentiels pouvant être à l’origine d’une éventuelle fatigue neuromuscuclaire (Figure 9). A ces sites il a plus récemment (2008) ajouté un dixième paramètre déterminant de la fatigue, le feedback provenant des afférences musculaires. Un mécanisme périphérique qui agit au niveau central sur le recrutement des UM et par conséquent sur la fatigue. Ce sont ces interactions entre le SNC et le muscle qui rendent la dichotomie entre fatigue centrale et périphérique arbitraire et la dissociation des différents étages de la chaîne de commande de la force pas réellement physiologique (Bary & Enoka, 2007). Parmi les éléments potentiels impliqués dans la fatigue périphérique, figurent le flux sanguin et les réserves en substrats énergétiques. Le flux sanguin approvisionne le muscle qui travaille en apport en oxygène (O2), nécessaire pour le métabolisme oxydatif et le prolongement de la tâche. Une limitation du flux sanguin lors de l’exercice aura comme conséquence une diminution de la resynthèse de l’ATP par la voie oxydative et amènera une sollicitation accrue de la glycolyse anaérobie pour répondre à la demande et une accélération de l’apparition de la fatigue. Concernant les réserves en substrats énergétiques, la déplétion des réserves des hydrates de carbone, conditionne l’arrêt de l’exercice, influençant ainsi considérablement la performance en endurance. Toutefois, dans le cas des exercices de courte durée (présent travail), ces considérations sont moins déterminantes. De plus, le domaine du métabolisme lors de l’ES a largement était étudié dans la littérature (cf. chapitre 2.3.: Sollicitation métabolique), tandis que les interactions entre le SNC et le muscle en travail électro-stimulé restent encore à être élucider. Ainsi, dans le cadre de la présente étude, nous nous sommes plus particulièrement focalisés à l’aspect neurophysiologique de la fatigue induite par ES. 22 Figure 9 : Sites potentiels de la fatigue neuromusculaire. La fatigue centrale est associée aux altérations d'un des trois premiers sites (1-3) tandis que la fatigue périphérique (en aval de la jonction neuromusculaire en rouge) est associée à des altérations survenant aux autres sites (4-9). Le feedback sensoriel peut affecter la fatigue centrale au niveau spinal ou supra-spinal (d’après Enoka, 2008). 3.3. Exploration de la fatigue et mécanismes impliqués dans le développement de la fatigue Dans cette partie nous allons nous intéresser aux méthodes d’évaluation de la fatigue neuromusculaire et aux principaux mécanismes associés à cette diminution de la capacité à générer de force. La distinction entre fatigue centrale et fatigue périphérique est retenue, malgré son imperfection, puisqu’elle a largement été utilisée dans les études de physiologie de l’exercice et elle permet une meilleure visualisation et compréhension du phénomène complexe de la fatigue. 3.3.1. La fatigue centrale La fatigue centrale est définie comme une réduction du niveau d’activation pendant l’exercice et les mécanismes responsables de cette réduction peuvent se situer au niveau spinal et/ou supraspinal (Gandevia, 2001). La fatigue centrale peut aussi être considérée comme un mécanisme adaptatif de limitation musculaire qui permet d’économiser le muscle avant que la fatigue périphérique ne se développe et ne conduise à l’arrêt de la tâche. Cette hypothèse suggère que le muscle serait lui-même à l’origine de la limitation de son activité et 23 implique une série de mécanismes adaptatifs au niveau spinal et supraspinal. Avant de présenter ces mécanismes, nous allons d’abord nous intéresser aux méthodes d’exploration de la fatigue centrale. 3.3.1.1. Exploration de la fatigue centrale Plusieurs techniques permettent d’évaluer les altérations d’origine centrale. Le calcul du niveau d’activation volontaire et l’analyse de l’activité électromyographique (EMG) sont deux méthodes d’investigation permettant de caractériser l’activation nerveuse en renseignant sur le nombre d’UM recrutées et/ou sur la fréquence de décharge de ces UM. A ces techniques, il convient d’ajouter d’autres méthodes d’exploration de la fatigue centrale (stimulation magnétique transcrânienne, spectroscopie dans le proche infrarouge) qui ne sont pas utilisées dans ce travail et ne seront donc pas développées. L’activation volontaire, représentant la commande motrice descendante vers les muscles sollicités lors de l’effort, peut être quantifiée par la technique de la secousse surimposée, connue comme « twitch interpolation technique » et mise au point par Merton (1954). Elle consiste à appliquer au niveau du nerf moteur du muscle considéré un ou plusieurs stimuli électriques supramaximaux surimposés à la Contraction Maximale Volontaire (CMV). La stimulation du nerf moteur permet de détecter une éventuelle incapacité à activer maximalement le muscle (Figure 10). Figure 10 : Technique de la secousse surimposée (twitch interpolation) lors d'une CMV et la secousse contrôle évoquée au repos. Si le muscle est activé maximalement, la stimulation exogène n’entraîne pas d’incrément de la force enregistrée. Au contraire, une augmentation de la force suite à la stimulation surimposée 24 indique une activation incomplète des UM, à la fois spatiale et temporelle (Belanger & McComas, 1981). Plus l’amplitude de la réponse mécanique surimposée à la CMV sera grande, plus le niveau d’activation sera incomplet. La capacité du SNC d’activer maximalement le muscle est quantifiée en exprimant l’augmentation de la force induite par la stimulation surimposée en fonction de la secousse évoquée au repos sur le même muscle (Allen et al, 1995). Il faudra souligner qu’une activation incomplète ne doit pas systématiquement être interprétée comme une fatigue centrale, puisque certains groupes musculaires, comme les fléchisseurs du coude (Allen et al, 1998) ou les fléchisseurs plantaires (Belanger & McComas, 1981), sont difficiles à activer maximalement. Par conséquent, le déficit d’activation est évalué par la réduction du niveau d’activation entre avant et après un exercice fatigant. La technique de la « twitch interpolation » est largement utilisée dans les études de la fatigue neuromusculaire afin d’identifier un déficit de la commande centrale lors de l’exercice fatigant. Par contre, de récentes études mettent en évidence une participation des mécanismes cellulaires à l’incrément de la secousse surimposée lors de la fatigue. En effet, Place et al (2008) ont observé, sur des fibres isolées de souris, qu’une partie de l’augmentation de la secousse surimposée à des trains de stimulation pouvait être attribuée à une augmentation de la concentration de calcium intracellulaire ou à une augmentation de la sensibilité des protéines contractiles au Ca2+. Bien que ces expériences soient effectuées sur un modèle de fatigue musculaire in vitro, loin du modèle humain in vivo, ces résultats imposent d’interpréter avec prudence les données issues de la technique d’interpolation pour évaluer la fatigue centrale, ou de lui adjoindre d’autres méthodes en appui. Une autre méthode permettant l’évaluation de la fatigue centrale est l’analyse de l’activité EMG des muscles agonistes. Le signal EMG de surface représente l’état de la commande nerveuse et peut être utilisé comme un indicateur acceptable du recrutement des UM (Moritani & Muro, 1987), à la fois recrutement spatial et temporel, sans pour autant permettre de faire la distinction entre ces deux modalités de recrutement (De Luca, 1997). De ce signal EMG de surface, la valeur efficace peut être extraite (Root Mean Square ou RMS), représentant l’activité musculaire globale. L’intensité de la tâche détermine l’évolution du signal EMG. Ainsi, pendant des contractions isométriques sous-maximales soutenues jusqu’à épuisement, l’activité EMG augmente progressivement, reflétant une augmentation du recrutement et/ou de la fréquence de décharge des UM pour faire face à l’installation de la fatigue (Bigland-Ritchie et al, 1986b). A l’inverse, lors de CMV soutenues jusqu’à épuisement ou effectuées suite à un exercice fatigant, le RMS diminue, mettant en évidence 25 un déficit d’activation (Bigland-Ritchie et al, 1981). Cependant, la chute de l’amplitude du signal EMG peut également être due à une perte de l’excitabilité musculaire (Fitts, 1994). Ainsi, Kent-Braun (1999) a souligné l’importance de normaliser l’activité EMG obtenue pendant une CMV par l’amplitude de l’onde M (voir Figure 16), indicateur de l’excitabilité musculaire (Fuglevand et al, 1993). Cette procédure de normalisation permet d’exclure toutes les modifications pouvant intervenir à la périphérie du système neuromusculaire (ex. altération de la transmission neuromusculaire), pouvant influencer le signal EMG. Une diminution du signal EMG normalisé par l’onde M (RMS/M) peut être interprétée comme signe de fatigue centrale. Un phénomène qui peut compliquer l’interprétation du signal EMG est celui de l’annulation du signal EMG ou « signal EMG amplitude cancellation » (Gandevia, 2001; Dimitrova & Dimitrov, 2003; Keenan et al, 2005). Considérant l’EMG de surface comme la somme algébrique de l’ensemble des PA se propageant sous la surface des électrodes de détection, et que deux PA synchronisés, de même amplitude et ayant l’un une déflection positive et l’autre négative peuvent s’annuler, l’annulation des PA entre eux résulterait en un signal EMG dont l’amplitude serait théoriquement égale à zéro. Lorsque le muscle est proche de son activation maximale, près de 62% des PA seraient annulés par ce phénomène (Keenan et al, 2005). Il est donc évident que le signal EMG ne peut pas être considéré comme le reflet parfait de l’activation centrale, puisqu’il sous-estime l’activation musculaire et cela à cause de la perte d’une partie du signal, d’où l’importance de l’associer à d’autres mesures. Toutefois, ces techniques sont considérées comme suffisamment fiables pour quantifier la fatigue centrale dans des conditions in vivo (Kent-Braun & Le Blanc, 1996; Kent-Braun, 1999; Taylor et al, 2006). Les deux techniques permettant l’évaluation de l’activité volontaire, sont la résultante de l’activation du système nerveux et la conduction de celui-ci dans la moelle épinière et ne permettent donc pas de faire la distinction entre les mécanismes spinaux et supraspinaux de la fatigue. Chez l’homme, afin de dissocier l’origine spinale et supraspinale des altérations survenant lors de la fatigue, il convient de coupler les méthodes globales enregistrant l’activation musculaire (niveau d’activation volontaire, activité EMG) avec des techniques évaluant les structures spinales. L’étude du reflexe de Hoffmann (reflexe H) peut être utilisée pour examiner l’excitabilité spinale, bien qu’il puisse être modulé par des inhibitions présynaptiques (Zehr, 2002; Misiaszek, 2003). 26 La réponse reflexe H est évoquée par l’application d’un simple stimulus sous-maximal au niveau du nerf moteur, afin d’activer sélectivement les afférences Ia, celles dernières provoquant l’activation d’une partie du pool des motoneurones α. La figure 11 présente la méthodologie d’enregistrement du reflexe H. Le reflexe H est largement utilisé dans les études de la physiologie de l’exercice comme un indice de l’excitabilité spinale. Sa réponse maximale (Hmax) est traditionnellement exprimée en fonction de la réponse Mmax (Hmax/Mmax), qui représente l’activation synchrone de toutes les UM. Cette normalisation, tout comme la normalisation du RMS par rapport à la réponse Mmax, permet de s’affranchir des éventuels changements de l’excitabilité membranaire. 27 Figure 11 : Méthodologie d'enregistrement du reflexe H : A) A faible intensité, la stimulation au niveau du nerf moteur évoque un potentiel d’action d’abord dans les fibres nerveuses afférentes Ia (réponse 1). Cela est du à leur plus gros diamètre par rapport aux axones moteurs. L’activation des afférences Ia arrive jusqu’à la moelle épinière et provoque l’activation du motoneurone α. Celui-ci répond par un stimulus efférent qui descend vers le muscle (réponse 2) où il est enregistré comme une réponse H. En augmentant l’intensité de stimulation, l’axone moteur est excité (voie efférente) qui provoque deux réponses : une se propageant au sens orthodromique vers le muscle (réponse 3) et une se propageant dans le sens antidromique vers la moelle épinière (réponse 3’). Celle dernière entre en collision avec la réponse reflexe des motoneurones (d’après Aagard et al, 2002). B) Cette collision entraine une suppression partielle, puis totale du reflexe H avec l’augmentation de l’intensité de stimulation et l’apparition de l’onde M. 3.3.1.2. Mécanismes impliqués dans le développement de la fatigue centrale Les mécanismes explicatifs de la fatigue centrale, restant toujours sujets à discussion, peuvent se situer au niveau supraspinal ou spinal. Une commande descendante sous-optimale du cortex moteur peut être expliquée par des modifications neurochimiques survenant au niveau supraspinal (Guezennec 2000; Meussen, 2007). En effet, des expérimentations pharmacologiques ont permis de démontrer le rôle des neurotransmetteurs dans la fatigue à l’exercice (Bailey et al, 1993; Seguin et al, 1998). Une diminution de la concentration des 28 neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline, sérotonine) pourrait être un facteur responsable de la modulation de la commande supraspinale en situation de fatigue (Seguin et al, 1998; Nybo & Secher, 2004). Toutefois, il semble que ces altérations ne surviennent qu’à la suite d’efforts volontaires prolongés (Davis & Bailey, 1997). La fatigue centrale peut également être due à des altérations survenant au niveau spinal. L’excitabilité reflexe, analysée par l’étude du reflexe H et du rapport Hmax/Mmax, peut être altérée en situation de fatigue. D’après Misiaszek (2003), l’amplitude du reflexe H peut être affectée par trois phénomènes : i) l’excitabilité des motoneurones, ii) la quantité des neurotransmetteurs libérés par les terminaisons afférentes et iii) les propriétés intrinsèques des motoneurones. Il est maintenant évident que le reflexe H n’est pas seulement le résultat de la voie monosynaptique entre les afférences Ia et le motoneurone, mais ce reflexe dépend d’un ensemble d’interactions complexes au niveau des motoneurones. Des mécanismes inhibiteurs ou facilitateurs, provenant des centres supraspinaux ou de la périphérie, peuvent modifier l’excitabilité spinale (Zehr, 2002). Il s’agit des mécanismes d’inhibition présynaptique, de dépression postactivation, d’inhibition réciproque ou encore d’inhibition récurrente. L’inhibition présynaptique est modulée par l’action d’un interneurone inhibiteur agissant sur les terminaisons des afférences Ia en réduisant la quantité des neurotransmetteurs libérés au niveau de la synapse et donc inhibant la dépolarisation du motoneurone (Figure 12). Les mécanismes impliquant interneurones responsables présynaptique, sont encore l’activation de mal des l’inhibition définis. Ils semblent toutefois de nature à la fois centrale et périphérique, Figure 12 : Principe de l'inhibition présynaptique. La transmission entre les afférences Ia et les motoneurones α est inhibée par l’action d’un interneurone inhibiteur, dont les sources d’activation sont toujours discutées dans la littérature (d’après Zehr, 2002) via l’action de récepteurs périphériques (ex. organes tendineux de Golgi, fuseaux neuromusculaires, récepteurs cutanés) et de la commande supraspinale descendante (Burke et al, 1984; Stein, 1995; Zehr, 2002). 29 Le phénomène de dépression postactivation résulte de la sollicitation répétée des afférences Ia, provoquant une diminution des neurotransmetteurs disponibles au niveau de la synapse. Ainsi l’amplitude du reflexe H dépend de la fréquence à laquelle les fibres Ia sont sollicitées (Figure 13). Cela a eu des répercussions méthodologiques directes, en poussant les expérimentateurs à choisir de longs délais d’inter-stimulations (> 5 s) évoquant le reflexe H. L’inhibition réciproque est un autre mécanisme pouvant influencer l’amplitude du reflexe H. Lors d’une contraction volontaire, les fibres Ia du muscle agoniste vont activer d’une part les motoneurones α de ce muscle, mais aussi un interneurone inhibiteur qui se projette sur le pool motoneuronal du muscle antagoniste (Figure 14). Ainsi, lorsque le muscle agoniste est activé, les afférences provenant de ce muscle vont inhiber les motoneurones du muscle antagoniste (Tanino et al, 2004). Considérant que le phénomène de co-contraction (contraction des Figure 13 : Dépression postactivation du reflexe H suite à des changements de la fréquence de stimulation évoquant celui-ci. Avec l’augmentation de la fréquence de stimulation, l’amplitude du reflexe diminue, tandis qu’il n’y a pas de changement de l’onde M (d’après Kimura et al, 1994). muscles antagonistes parallèlement à la contraction des muscles agonistes) est présent dans toute contraction volontaire, l’enregistrement de l’activité EMG du muscle antagoniste lors des mesures du reflexe H est indispensable. Figure 14 : Innervation réciproque du muscle tibialis anterior (JA) par les projections des afférences de son antagoniste (muscle soleus, SOL) et contrôle supraspinal des cellules de Renshaw (d’après Castaigne et al, 1978). L’excitabilité des motoneurones peut également être influencée par une régulation interne nommée inhibition récurrente (Figure 15): les axones des motoneurones α possèdent des collatérales excitatrices se projetant sur des interneurones, nommés cellules de Renshaw (Hultborn et al, 1987). Les cellules de Renshaw sont capables d’inhiber ou d’exciter les voies reflexes par des projections sur le motoneurone lui-même (voie de contrôle des motoneurones 30 activée par les motoneurones eux-mêmes). Elles ont des projections aussi sur les motoneurones des muscles synergistes, sur des interneurones inhibiteurs ou sur autres cellules de Renshaw (Katz et al, 1982). Enfin, leur activité est aussi régulée par des centres supraspinaux. Figure 15 : Inhibition récurrente du muscle agoniste et connections des cellules de Renshaw entre muscles synergistes (d’après Katz & Pierrot- Deseilligny, 1998). Au repos et avec une méthodologie rigoureuse (posture, niveau d’attention, fréquence des stimulations évoquant le reflexe H, contrôle de l’activité des muscles antagonistes), le reflexe H et le ratio Hmax/Mmax peut être considéré comme un indice fiable de l’excitabilité spinale (Zehr, 2002). Les modulations de l’excitabilité reflexe sont maximales lorsque le reflexe est évoqué au cours de contractions volontaires. Ainsi, le reflexe H mesuré en condition de repos ne peut pas refléter les adaptations survenues lors d’un effort volontaire. • Régulation centrale des afférences périphériques Selon la théorie de la « sagesse musculaire », l’idée de l’optimisation de la commande motrice repose sur l’existence d’une boucle de régulation par laquelle s’effectue l’intégration des informations provenant du muscle actif afin que les centres spinaux et supraspinaux puissent adapter la commande efférente en direction de ce même muscle. Le retour d’information sensorielle, permettant l’ajustement du niveau d’activation, se fait par l’intermédiaire des afférences musculaires, qui renseignent le SNC sur les variations de longueur et de tension du muscle ainsi que sur ses changements métaboliques et chimiques. 31 Les informations liées à la longueur et la tension du muscle sont transmises par des afférences de gros diamètre de type Ia et Ib. Les afférences Ia proviennent des fuseaux neuromusculaires et envoient des informations sur la longueur du muscle, tandis que les afférences Ib sont issues des organes tendineux de Golgi et transmettent des informations sur la tension exercée par le muscle sur son insertion tendineuse. Cependant, leur influence sur la fréquence de décharge des motoneurones α est de faible importance comparée à l’effet des afférences métabo-sensibles (type III et IV) lors de l’installation de la fatigue (Hayward et al, 1991). Les afférences de petit diamètre de type III et IV ont reçu une attention particulière au cours des dernières années. Ces afférences, à la fois mécano-sensibles et métabo-sensibles (type III) ou uniquement métabo-sensibles (type IV), peuvent être activées par des agents chimiques associés à la douleur musculaire tels que la bradykinine, ou impliqués dan la fatigue musculaire comme les ions de potassium, le lactate ou le phosphate inorganique (Mense, 1977; Kniffki et al, 1978). Selon certains auteurs, ces afférences auraient des projections au niveau spinal et pourraient ainsi influencer l’excitabilité des motoneurones α (Bigland-Ritchie et al, 1986b; Garland & McComas, 1991), via l’activation des inhibitions présynaptiques des fibres Ia (Duchateau & Hainaut, 1993). D’autres études suggèrent que les afférences musculaires de petit diamètre auraient des projections au niveau des centres supraspinaux et agiraient ainsi en amont du cortex moteur pour altérer la commande nerveuse descendante vers les motoneurones (Gandevia et al, 1996; Taylor et al, 2006). Des études récentes ont mis en évidence un effet différencié de ces afférences au niveau spinal, selon le groupe musculaire étudié. En effet, Martin et al (2006) ont montré que l’activation des afférences de type III et IV aurait un effet facilitateur pour les fléchisseurs du coude, tandis que pour les extenseurs du coude ces afférences auraient un effet inhibiteur lors de contractions fatigantes. Même si leurs actions exactes sur le pool des motoneurones ou sur les centres supraspinaux restent toujours à élucider, leur activation lors des efforts fatigants peut transmettre des informations sensitives du muscle actif au SNC afin que celui-ci puisse réguler la commande motrice. 3.3.2. La fatigue périphérique La fatigue périphérique comprend les mécanismes situés au-delà de la jonction neuromusculaire et inclut ainsi les processus allant de l’excitation musculaire jusqu’à la formation des ponts actine-myosine (Fitts, 1994). 32 3.3.2.1. Exploration de la fatigue périphérique La technique de la neurostimulation, mise au point par Desmedt (1958), permet d’étudier de façon non-invasive les propriétés contractiles du muscle, ainsi que l’excitabilité musculaire. Elle consiste à appliquer, au repos et en conditions isométriques, un stimulus électrique de durée et d’intensité optimales au niveau du nerf moteur, afin de provoquer une réponse maximale du muscle. A cette simple stimulation électrique le muscle va donner une réponse électrique, nommée onde M (Mmax), et une réponse mécanique associée, la secousse mécanique (twitch, cf. Figure 16). Figure 16 : Réponse électrophysiologique M maximale (Mmax, à gauche) et réponse mécanique associée (twitch, à droite), suite à une stimulation électrique du nerf moteur. La Mmax, enregistrée par l’électromyographie de surface, et le twitch, enregistré comme le moment résultant, renseignent sur les mécanismes périphériques (au-delà du point de stimulation) des altérations survenues lors de la fatigue. L’onde Mmax correspond à la somme des PA évoqués par stimulation électrique de toutes les UM du muscle, qui, en intensité maximale de stimulation, sont recrutées de façon synchrone (activation musculaire maximale). L’onde Mmax est un indice de l’excitabilité musculaire, puisqu’elle renseigne sur l’efficacité de la transmission et de la propagation des PA le long des fibres musculaires. Elle est caractérisée par son amplitude et sa durée. La diminution de l’amplitude de l’onde M peut être interprétée comme une altération de la transmission neuromusculaire (Fuglevand et al, 1993). Elle indique également une altération d’un ou plusieurs processus impliqués dans la transformation du PA axonal en un PA musculaire. La durée de l’onde M renseigne sur la vitesse de conduction des PA le long du sarcolemme (Moritani et al, 1985). Même si la secousse musculaire simple n’est pas un événement physiologique dans des situations in vivo, l’étude des secousses isométriques après un exercice fatigant permet 33 d’évaluer les mécanismes cellulaires de la contraction (Fitts, 2008). Les paramètres de la secousse musculaire (amplitude, temps et vitesse de contraction et de relaxation) renseignent sur les propriétés contractiles du muscle. Ainsi le pic de force de la secousse est un indice du nombre de ponts d’actine-myosine formés et de la force qu’ils génèrent, tandis que les paramètres de la contraction et de la relaxation sont plutôt associés aux mouvements calciques dans le muscle (Fitts, 1994). 3.3.2.2. Mécanismes impliqués dans le développement de la fatigue périphérique En situation de fatigue, une défaillance de la propagation neuromusculaire, mise en évidence par la diminution de l’amplitude de l’onde Mmax ou par l’augmentation de sa durée, peut apparaître. Cette éventuelle défaillance inclut des altérations survenant à des sites distaux du point de stimulation (axone moteur, jonction neuromusculaire, sarcolemme). Au niveau de la jonction neuromusculaire, une réduction de la libération de l’acétylcholine (ACh) à la fente synaptique ou une moindre sensibilité des récepteurs de l’ACh au niveau post-synaptique, peuvent induire une altération de la propagation des signaux. Cependant, en conditions physiologiques, la jonction neuromusculaire ne semble pas jouer un rôle limitant la propagation des PA (Gandevia, 2001). La propagation des PA le long de toutes les bifurcations axonales dans le muscle peut également être altérée (Grossman et al, 1979), limitant ainsi le nombre des fibres musculaires dépolarisées et provoquant une diminution de l’amplitude de l’onde Mmax. Une diminution de l’excitabilité sarcolemmale peut aussi être à l’origine des changements de l’amplitude de l’onde Mmax. L’excitabilité sarcolemmale et par conséquent l’amplitude de la Mmax, peuvent diminuer suite à des exercices intenses (Sjoagaard et al, 1985; Hargeaves et al, 1998). Cette diminution est due à des variations de la concentration des électrolytes de chaque côté de la membrane musculaire. Une activité insuffisante des pompes Na+-K+, ne pouvant plus restaurer les gradients électrochimiques à travers la membrane, entraînerait l’augmentation de la concentration de potassium (K+) extracellulaire, parallèlement avec une augmentation de sodium (Na+) intracellulaire (Hicks & McComas, 1989). Le déséquilibre des concentrations ioniques suite à l’activation musculaire fatigante, induit une perte de l’excitabilité musculaire et par conséquent une diminution de la force (Allen et al, 2008). West et al (1996) ont montré que la propagation des PA serait plutôt défaillante au niveau des tubules T, initiateurs de la transmission des PA à l’intérieur de la cellule musculaire. Toutefois, il faut mentionner qu’il existe des processus compensatoires, 34 agissant de manière concomitante, afin d’éviter l’augmentation de la concentration extracellulaire de K+ ou de diminuer ses effets délétères à la fonction musculaire, tels que l’activité des canaux chloriques ou la stabilisation de la libération de Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique (RS) (Allen et al, 2008). Au niveau intracellulaire musculaire, la fatigue peut-être liée à des phénomènes concernant des variations de concentration, de distribution, de liaison et de mouvement du Ca2+. Le processus par lequel l’activité électrique dans les tubules T conduit à la libération du Ca2+ stocké dans le RS, initiant l’interaction entre l’actine et la myosine, et permettant la contraction musculaire, est appelé couplage excitation-contraction (E-C). La membrane des tubules T contient une grande quantité des canaux calciques (récepteurs à la déhydropyridine), qui s’ouvrent lors de l’arrivée d’un PA provoquant l’entrée de Ca2+ dans la cellule. Ce Ca2+ va venir se fixer sur les récepteurs à la ryanodine du RS et provoquer leur ouverture. Il s’en suit une sortie massive de Ca2+ du RS qui sera ensuite à l’origine de la formation des ponts actine-myosine. La mesure des changements électriques survenant dans les tubules T étant difficile (Allen et al, 2008), l’étude du couplage E-C se limite aux changements de la configuration du RS. Bellinger et al (2008) ont montré une fuite de Ca2+ des canaux du RS (récepteurs à la ryanodine) vers le cytosol, due à une hyperphosphorylation de ces derniers, qui altère l’équilibre nécessaire entre la libération et la recapture du Ca2+ par le RS, influençant ainsi la cinétique du Ca2+ lors de l’installation de la fatigue et provoquant une défaillance du couplage E-C. L’altération de la cinétique de Ca2+ comprend la diminution de la libération de Ca2+ par le RS ou encore la diminution de la recapture du Ca2+ par le RS tandis que la diminution de la sensibilité des protéines contractiles au Ca2+ peut être une autre cause de l’altération du couplage E-C (Westerblad & Allen, 1991; Allen & Westerblad, 2001). L’accumulation de certains métabolites peut provoquer une défaillance du couplage EC (Fitts, 1994; 2008; Allen et al, 2008). L’accumulation intracellulaire des ions d’hydrogène (H+) diminuerait la libération du Ca2+ par le RS et l’affinité de la troponine au Ca2+ (Fitts, 1994; Favero et al, 1995). La présence de phosphate inorganique (Pi), métabolite de l’hydrolyse de l’ATP et de la phosphocréatine (PCr), est une autre cause qui pourrait altérer l’efficacité du couplage E-C. En effet, l’augmentation de sa concentration lors de la fatigue entraîne une pénétration du phosphate dans le RS. Le Pi se lie avec le Ca2+ pour former du phosphate de calcium, ce qui a pour effet de réduire la quantité du Ca2+ libre nécessaire pour initier la formation des ponts actine-myosine (Allen et al, 2002; Steele & Duke, 2003). De plus, la présence du Pi peut directement influencer l’activité des ponts actine-myosine, soit en 35 diminuant le nombre des ponts formés soit en agissant sur leur détachement, induisant ainsi une diminution de la force et le ralentissement des propriétés de la secousse (Westerblad et al, 1991). Cependant, le rôle des H+ et du Pi dans le développement de la fatigue périphérique a été mis récemment en cause. En effet, il semblerait qu’à des températures physiologiques, leur effet négatif sur la diminution de la force soit limité (Allen et al, 2008). Le rôle des ROS (« reactive oxygen species » ou espèces oxygénées réactives) dans la fonction musculaire a aussi été étudié. Si leur production dépasse la capacité de leur prise en charge par le système anti-oxydant, la contraction musculaire lors de la fatigue semble être affectée ; toutefois, les mécanismes exacts par lesquels ils contribuent à la fatigue ainsi que le type de ROS impliqués dans ce phénomène ne sont pas totalement élucidés (Allen et al, 2008). Parallèlement à ces divers mécanismes, il est important de citer un phénomène interagissant avec la fatigue périphérique et plus particulièrement sur le couplage E-C. Il s’agit de la potentiation, manifestée par une augmentation de la force développée après une activité musculaire volontaire ou évoquée (Houston & Grange, 1990). Cette augmentation de la force est généralement attribuée à une phosphorylation accrue des chaînes légères régulatrices de myosine qui entraîne une augmentation de la sensibilité des myofilaments au Ca2+ et le déplacement du filament de myosine dans une configuration optimale pour l’attachement avec le filament d’actine (Sweeny et al, 1993). Le cycle d’attachement et de détachement des ponts devient plus efficace, en termes de force développée et de rapidité d’attachement et de détachement (Rassier & McIntosh, 2000). Ainsi, sur une simple secousse, elle induit un effet inverse à celui de la fatigue, voire une augmentation de l’amplitude de la secousse et une amélioration de la contraction et de la relaxation. Tout comme la fatigue, la potentiation apparaît dès le début de l’activité musculaire et elle peut perdurer jusqu’à 10 min après la fin de l’exercice (Baudry & Duchateau, 2004). Ces deux phénomènes alors peuvent coexister (Rassier & McIntosh, 2000) et induire des effets inverses sur la secousse mécanique. Celle dernière doit être considérée comme le résultat des effets combinés de la fatigue et de la potentiation. Récemment des études ont montré que ces deux phénomènes, potentiation et fatigue périphérique pouvaient être différentiés grâce à une méthode d’analyse du signal EMG (RQA ou « recurrence quantification analysis ») mais utilisable seulement lors de contractions volontaires (Morana et al, 2009). La prévalence d’un effet sur l’autre semble dépendre de la nature de la tâche, de la typologie du muscle étudié et de l’entraînement des sujets (Fowles & Green, 2003). Toutefois, la potentiation a un plus grand effet lorsque le niveau de Ca2+ myoplasmique est bas, i.e. lors d’une stimulation unique ou de trains de 36 stimulation à basse fréquence (10 Hz) mais pas lors de stimulations à haute fréquence (100 Hz), où le niveau de Ca2+ est saturé (Vandeboom et al, 1993). 3.4. ES et fatigue neuromusculaire Comme nous avons vu dans le chapitre précédent (2.3. Sollicitation métabolique), les données de la littérature montrent que la fatigue neuromusculaire est supérieure suite à un protocole d’ES comparé à un protocole volontaire de même intensité (Sinacore et al, 1990; Ratkevicius et al, 1998; McNeil et al, 2006; Theurel et al, 2007). Cette fatigue supérieure induite par ES est attribuée au pattern de recrutement des UM imposé par cette technique, qui a pour conséquence une sollicitation métabolique plus importante et ainsi une fatigue neuromusculaire plus prononcée. Cependant, la plupart des travaux cités précédemment ne se sont pas intéressés à distinguer précisément les mécanismes de la fatigue, qui comme nous venons de voir, sont multiples et peuvent survenir à tous les étages de la chaîne de la commande de la force (niveau central et périphérique), au moins pour la fatigue induite en mode volontaire. Etant donné que l’ES sollicite l’ensemble du système neuromusculaire, nous pouvons nous attendre à des altérations survenant à un endroit quelconque de la chaîne de commande et de production de la force. Suite à un protocole d’ES intermittent à 15 Hz sous ischémie, Garland & McComas (1990) ont observé une diminution de 38% de la CMV du triceps surae, attribuée au développement d’une fatigue au niveau central. En effet, ils ont observé une diminution du RMS sans altération concomitante de l’onde M ainsi qu’une diminution du reflexe H, suggérant des altérations survenant au niveau spinal, suite à l’activation des afférences musculaires. De même, Duchateau & Hainaut (1993) ont rapporté une dépression du reflexe H après un protocole d’ES à 30 Hz, appliqué au muscle abductor pollicis brevis (APB), attribuée aux changements métaboliques et chimiques du muscle stimulé. Un protocole d’ES utilisant des fréquences de stimulation plus élevées (75 Hz) appliqué au triceps surae a entraîné une diminution du niveau d’activation et du ratio RMS/Mmax sans modification survenant au niveau spinal, ainsi qu’une altération des paramètres au niveau périphérique (Boerio et al, 2005), suggérant le développement d’une fatigue d’origine supraspinale et périphérique. Le même protocole d’ES appliqué au muscle quadriceps n’a entraîné que des modifications au niveau périphérique, excitabilité musculaire et propriétés contractiles, mises en évidence par une diminution de l’amplitude de l’onde M et de la 37 secousse mécanique (Zory et al, 2005). Le fait que ces deux groupes musculaires (triceps surae et quadriceps) soient de nature et de fonction différentes permet d’envisager l’hypothèse d’une modulation des sites de la fatigue neuromusculaire en fonction des muscles électro-stimulés. Il est maintenant communément admis qu’indépendamment du groupe musculaire étudié, la fréquence de stimulation détermine la nature de la fatigue induite par ES. En effet, la diminution de l’amplitude de l’onde M, indice de l’excitabilité musculaire, est considérée comme le principal mécanisme responsable de la fatigue neuromusculaire suite à des contractions électriquement induites à hautes fréquences (80 et 100 Hz, Badier et al, 1999; Darques et al, 2003; Zory et al, 2005), tandis que la même énergie délivrée avec des stimulations à 10 Hz induit une altération des propriétés contractiles du muscle, sans altération de la propagation des signaux (Badier et al, 1999; Darques et al, 2003). L’altération des propriétés contractiles est mise en évidence par une diminution de l’amplitude de la secousse mécanique et l’allongement des temps de contraction et de relaxation (Hainaut & Duchateau, 1989; Thompson et al, 1992). Comme nous venons de voir, la fatigue neuromusculaire induite par ES peut être attribuée à la fois à des facteurs centraux et périphériques. Le groupe musculaire étudié et les paramètres de stimulation (fréquence de stimulation) jouent un rôle important sur la nature de la fatigue développée. Par contre, toutes les études se sont intéressées à évaluer la fatigue après un protocole d’ES, sans regarder l’évolution de différentes composantes de la fatigue au cours du protocole. Considérant la fatigue comme un phénomène adaptatif qui se met en place dès le début de l’activité musculaire, nous pouvons nous attendre à l’apparition puis à la disparition des mécanismes compensatoires mis en place par le SNC pour faire face à la diminution de la capacité de générer une force. Effectuer des mesures seulement après un protocole d’ES ne donne pas la possibilité d’étudier ces phénomènes transitoires. Il est donc important de regarder la cinétique d’apparition et disparition de ces phénomènes, afin de mieux comprendre les stratégies compensatoires du SNC. 38 4. Les applications de l’ES dans le cadre du traumatisme médullaire 4.1. Les usages de l’ES L’ES a de nombreuses applications dans le domaine médical mais aussi dans les programmes de renforcement musculaire inclus dans l’entraînement des sportifs. L’utilisation de l’ES dans ce dernier contexte a débuté dans les années 1970, suite aux travaux de Yakov Kots (1971, cité dans Ward & Shkuratova 2002), qui a été le premier à montrer l’intérêt de l’ES dans l’amélioration de la performance des athlètes. Depuis, des effets bénéfiques de l’ES ont été rapportés dans différentes activités physiques, comme la natation (Pichon et al, 1995), le basket-ball (Maffiuletti et al, 2000) ou le volley-ball (Maffiuletti et al, 2002a). De plus, l’ES semble être un stimulus efficace pour augmenter la capacité de production de force volontaire, de différents groupes musculaires, comme le triceps surae (Martin et al, 1993; Maffiuletti et al, 2002b), le quadriceps (Parker et al, 2003), le biceps brachii (Colson et al, 2000). Comparés à l’entraînement volontaire, les gains de force induits par l’ES ne semblent par être plus importants que ceux obtenus après un entraînement en mode volontaire (Bax et al, 2005). L’ES serait donc plutôt une méthode complémentaire au renforcement musculaire volontaire chez les sujets sains et son plus grand intérêt résiderait dans son utilisation à la suite d’un traumatisme entraînant une période d’immobilisation. Des programmes de renforcement musculaire ont été aussi mis en place pour des populations ayant une tolérance réduite à l’exercice, telles que les insuffisants cardiaques (Deley et al, 2005), les malades respiratoires (Neder et al, 2002; Vivotzev, 2006) ou les personnes âgées (Amiridis et al, 2005). Cette technique a aussi été utilisée chez des sujets immobilisés (Arvidsson et al, 1986) dans le but de limiter les effets néfastes de l’immobilisation sur le système neuromusculaire, ou encore chez des personnes atteintes des lésions de la moelle épinière (Gerrits et al, 2002; Shields & Dudley-Javorofski, 2006). C’est cette dernière population que nous allons étudier plus particulièrement. Pour les blessés médullaires, l’ES constitue une méthode unique de suppléance fonctionnelle. Les adaptations que cette technique induit suite à une application aiguë ou chronique vont être présentées par la suite. 39 4.2. Le traumatisme médullaire Suite à un traumatisme médullaire, la destruction d’une portion du circuit sophistiqué qui unit le cerveau et les organes des sens ou les muscles entraîne des troubles moteurs, sensitifs et des troubles des fonctions neurovégétatives. Selon le caractère et le niveau neurologique de la lésion ceux-ci sont plus ou moins importants. Selon le caractère, les lésions médullaires se distinguent en lésions complètes ou incomplètes. Une lésion complète implique l’absence totale de sensibilité et de motricité tandis que dans le cas d’une lésion incomplète une persistance de sensibilité et de contrôle volontaire est observée. Selon le niveau neurologique de la lésion (cervical, thoracique, lombaire) parties corps du différentes humain sont touchées (Figure 17). Ainsi, une atteinte au niveau cervical amène une tétraplégie partielle ou complète (paralysie des membres supérieurs et inférieurs), tandis que la lésion au niveau thoracique préserve le contrôle des membres supérieurs et de la respiration. Toutefois, le tronc et les membres Figure 17 : Carte de la colonne vertébrale illustrant les parties du corps contrôlées par les nerfs issus de chaque niveau de la moelle épinière. inférieurs sont affectés et nous parlons d’une paraplégie. Si l’atteinte de la moelle épinière survient à un niveau supérieur à T8 les muscles abdominaux sont affectés et le contrôle du tronc est difficile, parfois impossible. Un niveau de blessure en dessous de T8 préserve le contrôle du tronc et des muscles abdominaux, permettant une meilleure qualité de vie concernant nombre de gestes, postures et fonctions impliqués dans la vie quotidienne (toux, position assise équilibrée, transferts, vie intime). La blessure lombaire ou sacrale de la moelle épinière affecte le contrôle des membres inférieurs. L’Association Américaine du Traumatisme Médullaire (American Spinal Cord Injury Association, ASIA) a défini une classification internationale basée sur des scores sensitif 40 (sensations ressenties au toucher et au pincement à chaque dermatome) et moteur [force de 10 muscles clés avec une échelle (échelle MRC) allant de 0 (absence de contraction musculaire) à 5 (contraction entraînant un mouvement dans toute l’amplitude articulaire contre une résistance complète)]. Ainsi, le traumatisme médullaire est classé en 5 catégories: - ASIA A: lésion de la moelle épinière complète, pas de contrôle moteur ni de retour sensoriel au niveau sacral S4-S5. - ASIA B: lésion de la moelle épinière incomplète, pas de contrôle moteur mais retour sensoriel préservé au niveau sacral S4-S5. - ASIA C: lésion de la moelle épinière incomplète, avec un contrôle moteur préservé au-dessous du niveau neurologique de la lésion et plus de la moitié des muscles clés ont un score < 3. - ASIA D: lésion de la moelle épinière incomplète, avec un contrôle moteur préservé au-dessous du niveau neurologique de la lésion et plus de la moitié des muscles clés ont un score > 3. - ASIA E: les scores moteurs et sensitifs sont normaux. En dehors de l’atteinte du contrôle sensoriel et moteur, le traumatisme de la moelle épinière entraîne de nombreux troubles physiologiques, tels que des troubles respiratoires, génito-sexuels, rénaux et sphinctériens, ostéo-articulaires (arthrose, ostéoporose), cutanés (escarres), spasticité… Ce traumatisme est irréversible et aucun traitement pour l’instant ne permet de restaurer les fonctions déficientes. La lésion de la moelle épinière induit des adaptations neurales, squelettiques et musculaires du territoire sous-lésionnel, qui dans le cas des lésions complètes prennent une ampleur beaucoup plus importante que celles observées chez des blessés médullaires incomplets. 4.2.1. Adaptations de l’organisme suite à la lésion de la moelle épinière 4.2.1.1. Adaptations neurales Suite à un traumatisme de la moelle épinière, il y a mort de neurones et de cellules gliales au niveau de la lésion, ainsi qu’un endommagement complet ou partiel des axones conduisant normalement l’influx nerveux vers le muscle. L’interruption des voies de contrôle supraspinales descendantes entraîne une réorganisation de la circuiterie spinale. Même si les motoneurones périphériques restent intacts suite à un traumatisme médullaire, juste après le 41 traumatisme, les motoneurones α présentent une hypoexcitabilité à cause de la perte brutale des entrées excitatrices supraspinales, interrompues par le traumatisme (Hiersemenzel et al, 2000). Cette absence de contrôle supraspinal n’affecte pas seulement les motoneurones mais aussi les interneurones et les terminaisons présynaptiques. Ainsi, l’hypoexcitabilité donne place à une hyperexcitabilité des motoneurones due à une dépression de l’inhibition présynaptique des afférences Ia (Leis et al, 1996). L’innervation éventuelle des motoneurones par des axones sains avoisinants est une autre explication de l’hyperexcitabilité motoneuronale observée chez des sujets présentant un traumatisme médullaire (Deumens et al, 2005). 4.2.1.2. Adaptations squelettiques Une des adaptations extrêmement délétère de l’organisme après une lésion de la moelle épinière est la diminution de la densité minérale osseuse induisant un risque important de fracture chez cette population (Dudley-Javoroski & Shields, 2008). Les raisons de cette fragilité osseuse sont variées et elles incluent des déficiences hormonales ou des anormalités de la circulation sanguine (Frotzler et al, 2008), mais le plus important facteur de la déminéralisation osseuse est l’absence de charge mécanique sur les os des membres paralysés (Dudley-Javoroski & Shields, 2008). La diminution de la densité minérale osseuse est plus prononcée pendant les premières années après le traumatisme (Clasey et al, 2004) et les os longs (fémur, tibia) sont généralement les plus touchés. En effet, ils représentent les sites primaires de fracture les plus fréquents, même en l’absence de stress mécanique important au cours des activités de la vie quotidienne (Frotzler et al, 2008). 42 4.2.1.3. Adaptations musculaires Le traumatisme médullaire provoque des modifications importantes des muscles du territoire sous-lésionnel. Un des phénomènes les plus apparents est l’atrophie musculaire induite par l’interruption des voies motrices descendantes. L’atrophie musculaire s’exprime par une diminution significative de la section de surface des muscles paralysés (Figure 18) couplée avec une augmentation du tissu adipeux (Figure 19) en comparaison avec des sujets valides. L’atrophie musculaire est observée dès les premières semaines après le traumatisme mais diffère selon Figure 18 : Diminution de la surface de section des muscles gastrocnemius (G), soleus (S) et tibialis anterior (TA) à des différentes périodes après le traumatisme. Les symboles ouverts présentent les valeurs des sujets valides (d'après Castro et al, 1999a). le groupe musculaire (Castro et al, 1999a). L’atrophie a été attibuée à la fois à la diminution de la synthèse des proteines contractiles et à l’augmentation de leur dégradation (Urso et al, 2007). L’atrophie musculaire précède la transformation typologique des muscles paralysés (Biering-Sorensen, 2009). En effet cette dernière survient de 4 à 7 mois après le traumatisme. Elle est caractérisée par une transformation des fibres oxydatives (fibres de type I, présentant une grande capacité oxydative et résistantes à la fatigue) vers des fibres glycolytiques (fibres de type II, présentant une grande fatigabilité). Le changement de la typologie musculaire a été étudié sur divers muscles humains (quadriceps, soleus, tibialis anterior, gastrocnemii) par des techniques de marquage de l’adénosine triphosphatase myofibrillaire (mATPase) ou des isoformes des chaînes lourdes de myosine (MHC). Toutes les études mettent en évidence une diminution Figure 19 : Image IRM de la cuisse d'un sujet valide (a) et d'un patient blessé médullaire incomplet (b) 6 semaines après le traumatisme. La couleur blanche représente la graisse intramusculaire (d'après Gorgey & Dudley, 2007). de la proportion des fibres exprimant les isoformes lentes de MHC et une prédominence de fibres co-exprimant les isoformes lentes et rapides 43 chez les muscles des blessés médullaires (Martin et al, 1992; Burnham et al, 1997; Castro et al, 1999b). Cette transformation de la typologie musculaire s’accompagne d’une modification des protéines responsables de la libération et du re-captage du Ca2+ par le RS. En conséquence, les muscles paralysés se contractent et se relaxent plus rapidement que les muscles des sujets valides (Gerrits et al, 1999; Scott et al, 2006). De plus, l’activité des enzymes clés du métabolisme oxydatif, comme la succinate déhydrogénase, est diminuée (Martin et al, 1992). Il est évident que toutes les adaptations musculaires survenues après un traumatisme médullaire (conversion de la myo-typologie, diminution de l’activité des enzymes oxydatifs) reflètent l’acquisition d’un profil glycolytique des muscles de ces sujets (Biering-Sorensen, 2009), caractérisé par une grande fatigabilité (Gerrits et al, 1999). 4.3. ES et traumatisme médullaire Nous venons de décrire les adaptations délétères consécutives à un traumatisme médullaire. Même si la paralysie des membres et la perte des fonctions du territoire souslésionnel est pour l’instant irréversible, la plasticité dont bénéficie le corps humain, en fonction des stimuli qu’il reçoit, permet la minimisation des effets de l’immobilisation. L’ES est un moyen permettant d’évoquer la contraction des muscles paralysés dont le motoneurone périphérique reste intact. Elle est utilisée tant à des fins trophiques qu’à des fins fonctionnelles dans cette population. Dans le premier cas, cette méthode permet de diminuer les effets délètères de l’immobilisation sur la musculature. Une hypertophie des muscles paralysés est possible après entraînement par ES, ainsi qu’une conversion des fibres glycolytiques, facilement fatigables (IIx) en fibres mixtes (IIa), présentant des caractéristiques glycolytiques et oxydatives (Mohr et a, 1997; Crameri et al, 2000). De plus, la force générée par le muscle paralysé est plus importante après entraînement par ES en comparaison avec le muscle controlatéral non stimulé (Shields & Dudley-Javoroski, 2006). La préservation de la trophicité et le maintien d’une typologie musculaire plus résistante à la fatigue est accompagnée par une amélioration des capacités oxydatives (augmentation de l’activité de la succinate déhydrogénase) des muscles électrostimulés (Martin et al, 1992). Ceci entraîne une amélioration de la résistance à la fatigue des muscles paralysés (Gerrits et al, 2000). Il est donc évident que l’entraînement par ES induit des adaptations au niveau musculaire qui pondèrent les adaptations délétères entraînées par la blessure médullaire. 44 Au-delà des effets bénéfiques sur la préservation de la qualité de la musculature souslésionnelle, l’ES permet aussi de suppléer des fonctions motrices simples mais perdues suite à la lésion de la moelle épinière, comme par exemple la station debout équilibrée chez le paraplégique ou l’ouverture du poignet et le lever de bras chez le tétraplégique. Cependant, l’apparition d’une fatigue précoce limite l’application de l’ES à des fins fonctionnelles. • ES à des fins fonctionnelles : La Stimulation Electrique Fonctionnelle (SEF) La SEF couvre toute utilisation de la stimulation électrique pour l’activation des muscles paralysés avec des séquences qui permettent l’accomplissement direct des tâches fonctionnelles (Moe & Prost, 1962 cité dans Sheffler & Chae, 2007). L’objectif souhaité est qu’un muscle électriquement stimulé puisse se comporter comme s’il était activé par le SNC. Les tâches fonctionnelles incluent la station debout ou des activités ambulatoires, l’activation des membres supérieurs pour l’exécution des activités de la vie quotidienne, le contrôle de la respiration ou des fonctions du système urinaire. Le courant électrique appliqué par la SEF est caractérisé par son amplitude (intensité), la fréquence de stimulation et la largeur d’impulsion. L’amplitude du courant et la largeur d’impulsion déterminent le nombre d’UM qui vont être activées, tandis que la sommation temporelle est déterminée par la fréquence d’application des stimuli électriques. La fréquence minimale qui génère une force tétanique est 12,5 Hz (Sheffler & Chae, 2007). Les fréquences de stimulation plus élevées évoqueront des forces plus importantes, mais induiront aussi une plus grande fatigue musculaire et par conséquent une diminution de la force produite. Les fréquences de stimulation optimales pour le membre supérieur sont comprises entre 12 et 16 Hz tandis que pour les applications concernant les membres inférieurs, celles-ci varient entre Figure 20 : Radiographie montrant un système de SEF implanté. Les fils partent de l'unité centrale pour stimuler les nerfs moteurs des muscles cibles. Le système est piloté par un contrôleur externe via une antenne placée au voisinage de l’implant. 18 et 25 Hz (Sheffler & Chae, 2007). Ainsi, la modulation de la force musculaire est gérée par l’incrémentation de l’intensité ou de la largeur d’impulsion. L’application de la SEF se fait principalement par 2 catégories de systèmes : transcutanés (stimulation de surface) ou implantés (stimulation épimysiale ou neurale). La 45 stimulation de surface est utilisée dans le contexte de la rééducation clinique et elle est caractérisée par sa simplicité d’application, tandis qu’elle ne permet pas de sélectivité fine des muscles stimulés. Les dispositifs implantés (figure 20) permettent une grande sélectivité, mais sont associés à des problèmes de sécurité et de biocompatibilité, tout en impliquant une procédure invasive (chirurgie nécessaire). Pour des applications cliniques à long terme, les systèmes implantés présentent des avantages incontournables, puisqu’ils sont plus pratiques à utiliser et plus fiables que les systèmes de surface, tout en demandant des intensités de stimulation plus basses (Popovic & Keller, 2002). Les recherches actuelles portent sur la modélisation, l’identification et la commande de ces systèmes. Le caractère non linéaire et complexe du système musculo-squelettique et la grande variabilité temporelle de la force contractile du muscle sont des paramètres qui compliquent l’application clinique de la SEF (Riener & Quintern, 1997). En effet, lors de l’application de la SEF, l’état du muscle change constamment (installation de la fatigue). Les interactions entre la SEF, la fatigue neuromusculaire, ses voies de régulation et les caractéristiques des muscles des blessés médullaires sont des paramètres importants qui doivent être pris en considération dans les efforts d’amélioration de l’application clinique de la SEF. • Contrôle du mouvement La restauration du mouvement, contrôlée par la SEF, peut se faire selon 2 modes : en boucle ouverte ou en boucle fermée. La stimulation en boucle ouverte est basée sur l’application d’une commande définie a priori. Cette commande peut être par exemple la stimulation concomitante d’un ensemble de muscles des membres inférieurs, afin de produire le lever de la chaise. Pour produire la tâche à accomplir, il convient de prédéfinir la séquence de stimulation optimale, qui préserve la force musculaire nécessaire pour le maintien de la tâche le plus longtemps possible. Les séquences de stimulation sont établies à partir d’enregistrements de différents paramètres physiologiques, comme la force du muscle, l’activité EMG, les angles articulaires ou encore les forces de contact avec le sol. L’inconvénient principal de la boucle ouverte est qu’elle ne peut pas tenir compte des changements de l’état et du comportement du muscle qui peuvent survenir pendant le mouvement, comme l’apparition de contractures, de spasticité ou encore de fatigue musculaire. Dans le cas du traumatisme médullaire, le comportement du muscle est conditionné par ce dernier phénomène, puisque le mode de recrutement des UM imposé par la 46 SEF et la grande fatigabilité que présentent les muscles sous-lésionnels conduisent au développement d’une fatigue précoce et exagérée. Le contrôle par boucle fermée permet l’ajustement de la performance du système par l’intermédiaire d’un retour d’informations. Dans le cas du lever de chaise et du maintien d’une station debout équilibrée, la boucle fermée implique la régulation de la séquence de stimulation délivrée aux muscles cibles selon l’état du muscle. Les informations concernant l’état du muscle peuvent provenir des capteurs de la force musculaire, des angles articulaires, des capteurs EMG. Quand la performance du système se détériore, les informations transmises par les capteurs externes concernant les paramètres physiologiques reflétant l’état du système, seront prises en compte pour l’ajustement des paramètres de stimulation afin de prolonger le maintien de la tâche requise. La plupart des applications de la SEF se font en boucle ouverte. Même si l’identification de la séquence optimale de stimulation, qui minimiserait la fatigue tout en maximisant la force produite par le système musculaire, est compliquée d’un point de vue des calculs nécessaires et demande un nombre considérable d’essais (Ding et al, 2003), elle est la plus simple à mettre en place. Cela est dû à la difficulté de maîtriser en temps réel toutes les composantes d’un système, en tenant compte à la fois des aspects techniques (électronique, microélectronique, informatique) et biologiques (biomécanique, physiologie de la contraction musculaire) nécessaires pour la stimulation en boucle fermée. L’identification du bon algorithme de commande et le réglage de ses paramètres constituent les obstacles principaux pour la stimulation en boucle fermée. Pour diminuer, d’un côté, le nombre important d’expériences nécessaires pour l’identification du protocole optimal de stimulation et pour mieux maîtriser et contrôler, de l’autre côté, le comportement du système musculosquelettique, l’intérêt des modèles mathématiques du comportement musculaire est évident. La modélisation du muscle devient ainsi nécessaire pour les systèmes de restauration et de contrôle du mouvement des membres paralysés. 47 5. Modélisation du muscle squelettique 5.1. Introduction Un modèle est une représentation, habituellement mathématique, réduite de la réalité. Cette réduction se traduit par la simplification de certaines propriétés de l’objet ou du processus représenté. La modélisation est toujours un compromis entre la complexité mathématique et la véracité physique (Zahalak, 1990). Son objectif est de décrire le système et de prédire le comportement de ce système. Afin de pouvoir décrire et prédire le comportement d’un objet ou d’un système, l’étape préalable et indispensable est la connaissance et la compréhension précise des mécanismes responsables du comportement du système. La complexité de ces mécanismes et les approximations lors de la modélisation peuvent rendre la prédiction du modèle incorrecte dans certains cas. Il est généralement accepté que la bonne modélisation implique le plus simple modèle qui prenne en compte les caractéristiques essentielles de l’objet représenté (Hatze, 1980). La modélisation mathématique du muscle squelettique répond à plusieurs objectifs qui incluent la compréhension des mécanismes physiologiques de l’effecteur, la simulation, l’analyse du mouvement, la synthèse du mouvement et enfin la commande des membres paralysés par stimulation électrique. Le but de tous les modèles de muscle proposés dans la littérature est la prédiction de la force de la contraction musculaire dans des conditions physiologiques opérationnelles. La plupart de ces modèles physiologiques sont basés sur deux modèles essentiels de la contraction musculaire : le modèle macroscopique de l’élément contractile du muscle, proposé par Hill (1938) et le modèle microscopique de la contraction musculaire, basé sur la théorie des filaments glissants, proposé par Huxley (1957). Les modèles basés sur le modèle phénoménologique de Hill représentent le muscle comme la combinaison de 3 éléments, un ressort, un moteur et un amortisseur pour tenir compte des composantes respectivement élastique, contractile et visqueuse du muscle (Ding et al, 1998). En effet, selon le modèle initialement proposé par Hill, le muscle peut être représenté comme un élément contractile qui est le générateur de la force lié en série avec un élément élastique, représentant le tendon et considéré comme un ressort qui exprime l’élasticité du muscle pour une génération de force en isométrie. Un troisième élément est un élément élastique non linéaire en parallèle qui représente l’élasticité du muscle au repos. Ce dernier n’a un effet significatif sur la force générée par le muscle que dans le cas de 48 l’hyperextension et ainsi, il est souvent ignoré dans les simulations (Zahalac, 1990). Les modèles basés sur le modèle microscopique initialement proposé par Huxley sont établis sur des principes biophysiques et moléculaires de la contraction musculaire (Bobet & Stein, 1998). Huxley a proposé une explication pour l’interaction des filaments d’actine et de myosine et la formation des ponts d’attachement et il l’a par la suite formulée mathématiquement. Il existe toutefois des modèles qui sont basés sur la combinaison des modèles macroscopique et microscopique (Dorgan & O’Malley, 1997). Dans ces modèles, le passage de l’échelle microscopique à l’échelle macroscopique se fait par intégration du modèle de Huxley de sorte qu’il tienne en compte de la structure macroscopique de la dynamique de contraction du muscle squelettique. Le modèle de distribution des moments de Zahalac (1981) permet ce passage de l’échelle des ponts actine-myosine à l’échelle du sarcomère, puis à l’échelle de la fibre musculaire pour arriver au muscle entier. L’équipe DEMAR (DEambulation et Mouvement ARtificiel) s’est intéressée à la modélisation et l’identification des muscles squelettiques sous SEF dans le but de faire de la simulation numérique afin d’arriver à la prédiction de la réponse musculaire. Au sein de cette équipe un modèle de muscle commandé a été développé. L’objectif de la partie suivante est de présenter ce nouveau modèle mathématique de muscle et de montrer son domaine de validité mais aussi ses limites. Il a été développé pour une utilisation dans des conditions physiologiques de contraction diverses (contraction isométrique et dynamique, maximale et sous maximale). 5.2. Modèle du muscle commandé Le modèle du muscle commandé est basé sur les modèles déjà rencontrés dans la littérature, notamment sur les modèles de Hill, Huxley, Zahalac et sur le modèle de fibre musculaire proposé par Bestel & Sorine (2000). Il s’agit d’un modèle physiologique, puisque tous les paramètres le constituant ont un sens physiologique, dont le but n’est pas d’effectuer seulement des simulations numériques pour la synthèse et le contrôle du mouvement mais aussi des estimations quantitatives des paramètres signifiants qui pourraient être utilisés par exemple par les cliniciens afin d’évaluer l’état du muscle. L’entrée de commande du modèle est le stimulus induit par la SEF. Ce stimulus est caractérisé par son amplitude (I), sa fréquence (f) et sa largeur d’impulsion (PW). Ces 49 paramètres peuvent être modulés indépendamment l’un de l’autre. Le modèle est composé de deux parties (Figure 21) : - Un modèle d’activation qui représente l’interaction entre le stimulus électrique et le muscle. Ce dernier est sous divisé en deux parties : un modèle statique de recrutement qui exprime le pourcentage α d’UM recrutées et un modèle d’activation dynamique qui décrit la cinétique du cycle de contraction-relaxation d’une fibre musculaire et génère la commande chimique u. Les entrées de ces deux modèles sont les paramètres du stimulus électrique (PW, I et f). - Un modèle mécanique qui exprime les phénomènes liés à la contraction musculaire, basé sur la théorie des filaments glissants. Les entrées de ce modèle sont les commandes α et u issues du modèle d’activation. p: WC P r bi p g pE i E1p i xx 1p rg g u o f i FEEr p x i3WAA( qD 5.2.1. Modèle d’activation 5.2.1.1. Modèle de recrutement des fibres musculaires Dans le cas d’un recrutement artificiel par SEF, le recrutement est non linéaire et fonction de l’amplitude I et de la largeur d’impulsion PW du signal de stimulation (El Makssoud, 2005). Le plus souvent, ce modèle est exprimé en fonction d’un des deux paramètres ou de leur produit, car la plupart des stimulateurs ne permettent pas le contrôle simultané des deux paramètres. Des modèles dans la littérature, représentant la fonction de recrutement des fibres musculaires par une tangente hyperbolique (Levy et al, 1990) ou avec une fonction d’arc tangente (Riener et al, 1996), ont été proposés. Dans le cadre du projet DEMAR, un recrutement de fibres musculaires à deux dimensions, dépendant à la fois de l’amplitude du courant et de la largeur d’impulsion, a été proposé. La surface de recrutement 50 proposée est basée sur une combinaison de fonctions tangentes hyperboliques. Dans le cas de la contraction isométrique maximale α est considéré comme égal à 1. 5.2.1.2. Modèle d’activation dynamique Le modèle d’activation dynamique est la partie du modèle la plus perfectible. Ce modèle a comme entrée le signal de stimulation et comme sortie la commande chimique u. Un modèle possible d’activation est décrit par Hatze (1978) et est représenté à la Figure 22. Figure 22 : Modèle d'activation dynamique. ua, ub, uca sont les commandes intermédiaires avant la commande finale u qui sert comme entrée au modèle mécanique du muscle. Bestel (2000) a introduit la notion de la commande chimique u dans le modèle de fibre musculaire, en faisant le lien entre la concentration en Ca2+ et l’attachement des ponts actinemyosine. Dans le modèle DEMAR, la commande chimique u est introduite dans le modèle d’activation dynamique et s’inspire de Bestel. Elle est générée dans le bloc « générateur de commande chimique » et elle dépend directement de la concentration de Ca2+. Si la concentration est suffisamment élevée, supérieure à une concentration seuil, la phase de contraction est activée. Les ponts actine-myosine s’attachent et le muscle génère de la force. Dans le cas contraire, la concentration est inférieure du seuil, la phase de relaxation est activée (cf. eq. 8). Il y a détachement des ponts et la force générée redevient nulle. 5.2.2. Modèle mécanique La modélisation mécanique du muscle squelettique décrit la contraction des fibres musculaires et des tendons qui y sont attachés. Le modèle mécanique adopte le schéma initialement proposé par Hill et comprend un élément contractile (EC), un élément élastique en série (ES) et un élément passif parallèle (EP). L’originalité du modèle DEMAR réside dans la possibilité de contrôler son élément contractile via une entrée de commande (stimulus électrique). 51 Figure 23 : Modèle mécanique (macroscopique) du muscle squelettique. EC, l’élément contractile de longueur LC exerçant une force FC. ES, l’élément en série de longueur LS, exerçant une force FS égale à FC. EP, l’élément en parallèle, exerçant une force FP, signifiante seulement dans le cas de l’hyperextension. La forme macroscopique du modèle mécanique est illustrée à la Figure 23. Soit Lc, Ls et L les longueurs de l’élément contractile, de l’élément en série et de la fibre entière respectivement et Lc0, Ls0 et L0 leurs longueurs respectives au repos. Les valeurs de εc, εs et ε (déformations associées à Lc, Ls et L respectivement) sont calculées ainsi : εc = € Lc − Lc 0 , Lc 0 εs = Ls − Ls0 , Ls0 ε= L − L0 L0 (1) Soient FC, FS, FP et F la force dans les EC, ES, EP et de la fibre musculaire entière. Le montage € € en série et en parallèle implique : Fc = Fs F = Fc + Fp (2) Le montage en série impose une relation entre la longueur des différents éléments : L = Lc + Ls ⇒ εL0 = εcLc0 + εsLs0 (3) L’élément série (ES) explique la déformation interne du système muscle-tendon en contraction isométrique. Dans le cas du modèle de muscle DEMAR, ES est considéré comme un ressort linéaire de raideur ks. Fs = ksΔLs = ksLs0εs (4) 52 L’élément parallèle (EP) qui représente la résistance passive du muscle génère une force uniquement pour les grandes déformations. D’après les équations (2), (3) et (4), nous déduisons la déformation de l’élément contractile εc en fonction de la déformation totale ε et de la force générée par l’élément contractile Fc, ainsi que la vitesse relative de raccourcissement de l’élément contractile ε˙c . εc = L0 Fc L0 F˙ c ⇒ ε˙c = ε− ε˙ − Lc 0 ksLc 0 Lc 0 ksLc 0 € (5) La modélisation microscopique de l’élément contractile est basée sur la théorie des € € filaments glissants. L’intégration de la commande chimique dans les fonctions d’attachement et de détachement est inspirée de la méthode de Bestel & Sorine (2000). L’intégration du taux de recrutement dans la commande de l’élément contractile constitue l’originalité de ce modèle. Figure 24 : Modèle de liaison actine-myosine défini par Huxley (1957). Selon le modèle original de Huxley, les ponts formés par les filaments d’actine et de myosine ne peuvent exister que dans deux états biochimiques, attachés ou détachés et chaque tête de myosine ne peut former un pont qu’avec un seul site d’attachement d’actine. Sur la Figure 24, M et A désignent respectivement la tête de myosine et le site d’attachement d’actine. Huxley propose que la tête de myosine soit liée de part et d’autre à des ressorts élastiques qui oscillent autour de la position d’équilibre O. Soit x la distance entre le point d’équilibre O et le site d’attachement A. Un pont actine-myosine se forme quand la tête de myosine se déplace jusqu’au point A. Il faudra noter ici qu’un pont ne peut pas se former si la distance x est supérieure à un certain seuil h. Si S est la longueur de l’élément contractile (EC), sa déformation peut être écrite : 53 εc = Lc − Lc 0 S − S 0 = Lc 0 S0 (6) où S0 est la longueur du sarcomère à l’état de repos. € Pour chaque cycle de contraction, le sarcomère se raccourcit de x (distance entre le site d’attachement d’actine et le point d’équilibre O). La formulation mathématique à l’échelle du sarcomère de la proportion des ponts actine-myosine n(x,t) formés à l’instant t et liés à la distance x du point d’équilibre, est donnée selon : ∂n S 0 ∂ n + ε˙c = f (y,t)[1 − n(y,t)] − g(y,t)n(y,t) ∂t h ∂ y (7) où, y est la distance x entre la tête de myosine et le site d’attachement d’actine normalisée par € rapport à l’élongation h de x au delà de laquelle aucun attachement ne peut se produire, S 0ε˙c est la vitesse du filament d’actine par rapport à celui de myosine et f et g représentent respectivement la fréquence d’attachement et de détachement des ponts actine-myosine. € L’existence d’un cycle attachement-détachement dépend de la concentration de Ca2+ dans le sarcolemme qui varie en fonction du temps. Le lien entre la concentration de Ca2+ et le cycle de contraction se traduit par une commande chimique u (Uc pour la phase de contraction et Ur pour la phase de relaxation) qui modifie la capacité des ponts de s’attacher ou pas (Bestel & Sorine, 2000). De plus, ces auteurs ont proposé que la fonction de détachement g dépende de la vitesse relative entre les filaments d’actine et de myosine. En effet, plus cette vitesse est importante, plus la probabilité de détachement des ponts est importante. Le cycle de contraction-relaxation est considéré en deux phases : à chaque PA arrivant à la fibre musculaire, la contraction a lieu avec une cinétique Uc et pour une durée τc. La relaxation par la suite a lieu avec une cinétique Ur. Ainsi, Uc est lié à la formation des ponts actine-myosine, alors que Ur est lié au détachement des ponts. Le relâchement de Ca2+ par le RS est considéré instantané tandis que son re-captage est plus lent, ainsi une transition linéaire entre les deux phases est introduite de durée τr. Ainsi, la commande chimique u(t) peut être écrite de la façon suivante : 54 ⎧1 ⎪⎪ τr − tr Πc (t) = ⎨ ⎪ τr ⎪⎩0 pendant la contraction τc, pendant la phase de transition (tr étant la position relative pendant cette phase) sinon u(t)= Πc(t)Uc+(1-Πc(t))Ur € (8) Ainsi, les fonctions f et g sont définies en fonction de la commande chimique u(t) de la façon suivante : f(y,t) =Πc(t)Uc quand y ∈ [0,1], 0 sinon g(y,t) = u(t) + ε˙c(t) − f (y,t) (9) Ainsi, les fonctions d’attachement f et de détachement g dépendent de la commande chimique € u et de la vitesse de contraction ε˙c . Pour passer de l’échelle microscopique de l’équation de Huxley, la méthode de distribution des moments est utilisée. Les équations de l’état du muscle sont obtenues en € intégrant l’équation dynamique à l’échelle du sarcomère, puis à l’échelle d’une fibre formée d’une série de sarcomères puis au muscle entier. Considérant que chaque pont actine-myosine se comporte comme un ressort linéaire de raideur k et que les ressorts sont montés en parallèle, la force produite par un sarcomère entier est la somme de toutes les forces élémentaires produites par chaque pont actine-myosine. De même, si nous considérons que les sarcomères sont identiques et s’enchaînent en série pour former la fibre musculaire, le comportement du sarcomère peut s’étendre à l’échelle de la fibre entière. Si N est le nombre de toutes les fibres musculaires constituant le muscle, alors le pourcentage α de fibres musculaires recrutées à chaque instant donné peut être écrit : α = 100(Nrecruté/Ntotal)% (10) Le taux de recrutement varie en fonction des grandeurs du signal de stimulation, amplitude et largeur d’impulsion. Soit kc la raideur et Fc la force générée par l’élément contractile. Les équations du modèle de l’élément contractile à l’échelle du muscle entier peuvent être formulées comme suit : 55 k˙c = −(u + ε˙c )kc + akmΠc(t)Uc F˙ c = −(u + ε˙c )Fc + aFmΠc(t)Uc + kcLc 0ε˙c (11) € où km et Fm représentent respectivement la raideur maximale et la force maximale quand tous € les ponts potentiels d’actine-myosine sont attachés. Pour les détails du calcul voir El Makssoud, 2005. 5.3. Limites du modèle de muscle de l’équipe DEMAR Nous venons de décrire le modèle de muscle commandé proposé au sein de l’équipe DEMAR. Il s’agit d’un modèle physiologique qui permet le passage du niveau du sarcomère à celui du muscle entier. Cette approche multi-échelle donne un modèle macroscopique basé sur des phénomènes microscopiques physiologiques et par conséquent il peut être lié de façon pertinente à des mesures physiologiques. Il permet l’étude du comportement musculaire à différents niveaux, de la simple réponse impulsionnelle jusqu’au tétanos complet. Ce modèle a été validé sur le muscle gastrocnemius du lapin. Les résultats de sa validation présentés à la Figure 25 sont satisfaisants. Figure 25 : Validation du modèle DEMAR par simulation sur un train de 3 impulsions. La validation croisée du modèle sur un train de 6 impulsions ou sur un tétanos est aussi satisfaisante. Il se passe tout autrement lors de sa validation sur un muscle fatigué. Tandis que sur un muscle non fatigué les valeurs de la simulation sont proches des valeurs de force vraiment mesurées, en condition de fatigue le modèle ne suit pas de façon satisfaisante 56 l’évolution du comportement musculaire réel (Figure 26). Cela est dû aux changements des propriétés contractiles du muscle qui surviennent en condition de fatigue et qui ne sont pas pris en compte dans le modèle du muscle. En effet, en condition de fatigue la force maximale que le muscle peut développer est diminuée et les vitesses de contraction et de relaxation sont diminuées dans des proportions variables (Thompson et al, 1992; Fitts, 1994). Figure 26 : Validation du modèle par simulation sur un train de 6 impulsions (muscle fatigué). Le modèle ne prend pas en compte les changements physiologiques du muscle, modifiant son comportement. De plus, comme nous avons rapporté dans la partie traitant la fatigue, ce phénomène est complexe et ne peut pas se résumer seulement à son expression périphérique, mais implique des structures centrales (spinales et supraspinales). Pour pouvoir apporter des modifications au modèle, une compréhension en profondeur de la fatigue neuromusculaire induite par ES est indispensable. Pour une utilisation optimale du modèle, soit en boucle ouverte (identification de la séquence optimale de stimulation) soit en boucle fermée (réajustement des paramètres de stimulation selon l’état du muscle) le phénomène de fatigue et son influence sur le comportement du muscle doivent être considérés et si possible inclus dans les modèles mathématiques. 57 5.4. Modèles de muscle introduisant la notion de la fatigue Pendant les dernières 20 années, l’art de la modélisation du muscle s’est orienté vers la prise en compte de l’état de la fatigue neuromusculaire. A la complexité du système musculosquelettique vient s’ajouter un phénomène complexe et multifactoriel qui complique le contrôle du mouvement humain et rend sa modélisation encore très imparfaite. Différentes approches de la prise en compte de fatigue ont été proposées, l’ajustement analytique (curve fitting) étant une des plus simples (Rabischong & Guiraud, 1993; Rabischong & Chavet, 1997). Il s’agit de trouver l’équation mathématique qui suit le mieux la diminution de la force produite par stimulation en condition de fatigue. L’inconvénient de ces approches analytiques est que leurs paramètres (et donc leurs changements) ne sont pas rattachés à des événements ayant un sens physiologique. Elles se limitent donc simplement à caractériser l’évolution de la fatigue et ne permettent pas des estimations quantitatives des paramètres utilisés par exemple pour l’évaluation de l’état du muscle. D’autres modèles ont essayé de prendre en compte la fatigue en se basant sur les changements myoélectriques (Chesler & Durfee, 1997; Mizrahi et al, 1997a) survenant lors de la fatigue. Même si les études utilisant des paramètres EMG ont montré une bonne corrélation entre l’amplitude de la réponse électromyographique (onde M pendant la stimulation) et la force pendant la fatigue, la capacité prédictive de ces modèles n’a jamais été démontrée. Une des limitations des modèles se basant sur la réponse EMG comme indice de fatigue est la difficulté de dissocier la réponse musculaire de l’artefact de la stimulation électrique (Chesler & Durfee, 1997). De plus, la relation force-EMG diffère selon la typologie musculaire, l’activité musculaire et l’état du muscle, rendant la prédiction de force difficile (Mizrahi et al, 1997a). Les modifications métaboliques survenant lors de la fatigue ont aussi été prises en compte dans des modèles essayant de prédire l’évolution de la force (Giat et al, 1993; Mizrahi et al, 1997b). L’état métabolique du muscle lors de l’application d’ES continue a été étudié à l’aide de la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire, en s’intéressant plus particulièrement au pH intracellulaire, comme indicateur de la fatigue. Ces modèles donnent des résultats satisfaisants en terme de prédiction de la force, mais ils n’incluent pas de commande d’entrée. Cela ne permet donc pas de prédire la réponse mécanique du muscle à une variété de motifs de stimulation. Un travail important sur la modélisation du muscle squelettique et l’introduction de la notion de la fatigue dans ces modèles mathématiques a été réalisé par l’équipe de Delaware aux Etats-Unis (Wexler et al, 1997; Ding et al, 1998; Ding et al, 2000). Cette équipe a réussi à 58 prédire la force musculaire induite par différents protocoles d’ES, incluant des fréquences et des cycles de travail différents. Basés sur leur modèle de muscle initial, ils ont modélisé les changements de ces paramètres en situation de fatigue (Ding et al, 2000). L’identification des paramètres du modèle en condition de fatigue était faite sur les forces prédites par le modèle initial dont les paramètres étaient identifiés sur des données expérimentales. Cependant, la prédiction de la force musculaire était faite sur des séquences de stimulation prédéfinies, ce qui n’est pas compatible avec l’application de la SEF en boucle fermée. En effet, lorsque la SEF est appliquée sur les muscles paralysés, dans le but de contrôler le mouvement, les temps de stimulation et de repos ne sont pas connus en avance et ainsi la prédiction de la force développée par le muscle devient impossible. Notre approche de ce problème est différente. Même si la modélisation du comportement du muscle en condition de fatigue est l’objectif final de notre problématique, cela reste un objectif à long terme, compte tenu des moyens dont nous disposons actuellement. Ainsi, une étape intermédiaire consiste à être capable de suivre le comportement du muscle (force générée) en situation de fatigue (« traquer le phénomène de fatigue »), pour avoir la possibilité de connaître l’état musculaire indépendamment des conditions de stimulation. Connaître l’état du muscle tout le long de l’application de la SEF est indispensable pour une sollicitation optimale du système musculaire dans un contexte clinique. Pour ce faire, un modèle de muscle physiologique est nécessaire. Si les paramètres du modèle ont un sens physiologique et sont liés à des événements survenant lors de la contraction musculaire, ils peuvent être utilisés pour « traquer » le comportement du muscle en réponse à diverses séquences de stimulation à la place des données expérimentales, dont l’obtention est très aléatoire en raison de la difficulté de recueil et du caractère chronophage des procédures. Dans ce contexte, la détection des paramètres du modèle qui sont « sensibles » à la fatigue, est une étape indispensable. Le tableau suivant présente les paramètres du modèle et les phénomènes physiologiques avec lesquels ils sont liés. Paramètres du modèle Sens physiologique Fm Force maximale que le muscle peut générer km Raideur maximale du muscle Fc Force de l’élément contractile kc Raideur de l’élément contractile Lc0 Longueur de l’élément contractile au repos εc Elongation de l’élément contractile Uc Dynamique de Ca2+ pendant la phase de contraction Ur Dynamique de Ca2+ pendant la phase de relaxation Paramètres du modèle et lien avec la physiologie de la contraction musculaire. 59 6. Synthèse et objectifs Nous avons vu que l’ES, en raison de son pattern spécifique de recrutement des UM, induit une fatigue neuromusculaire plus importante que le mode de contraction volontaire. La fatigue peut apparaître à des différents sites tout le long de la chaîne de la production de la force (Gandevia, 2000; Allen et al, 2008). En condition de fatigue induite par un protocole d’ES à haute fréquence de stimulation (75 Hz), des altérations au niveau supraspinal ont été rapportées (Boerio et al, 2005), apportant des arguments en faveur de l’implication du SNC à la fatigue induite électriquement. Toutefois, les hautes fréquences de stimulation, utilisées dans les programmes d’entraînement des sportifs, permettent l’augmentation des gains de force tout en induisant une plus grande fatigue (Binder-Macleod & Snyder-Mackler, 1993). Dans le cadre de l’application clinique de l’ES, les fréquences de stimulation utilisées sont plus faibles (20-50 Hz) afin de retarder la fatigue (Scott et al, 2005). L’implication des centres supraspinaux dans la fatigue électriquement induite par un protocole d’ES délivré à basse fréquence reste donc à confirmer. Nous avons aussi rapporté les adaptations musculaires survenues après un traumatisme de la moelle épinière. La conversion de la typologie musculaire amène à un profil glycolytique de la musculature sous-lésionnelle, caractérisé par une grande fatigabilité (Gerrits et al, 1999; Scott et al, 2006) qui limite l’application de l’ES. Ainsi la fatigue induite par ES est plus importante que celle observée chez des muscles des sujets valides (Gerrits et al, 1999; Olive et al, 2003). Chez cette population, dépourvue de la commande du SNC, les sites potentiels d’apparition de la fatigue se limitent au niveau spinal (excitabilité spinale) et périphérique (excitabilité musculaire, propriétés contractiles). Dans le modèle de muscle squelettique proposé par l’équipe DEMAR, permettant d’automatiser la stimulation en boucle ouverte et en boucle fermée, la fatigue est considérée comme un phénomène s’exprimant seulement à la périphérie. La prise en compte d’autres éléments que la simple altération de la dynamique du couplage excitation-contraction pourrait améliorer la force de prédiction de ce modèle. Pour cela, l’étude de la cinétique d’installation des composantes de la fatigue chez les blessés médullaires est nécessaire. La partie suivante présente les études menées au cours de cette thèse. Les objectifs de notre travail étaient de connaître les différentes composantes de la fatigue neuromusculaire sous ES, leurs cinétiques d’apparition et ses facteurs de variation en fonction des muscles 60 concernés, pour ensuite identifier les paramètres les plus pertinents de la fatigue neuromusculaire. Leur prise en compte donnerait la possibilité au modèle DEMAR de rester fonctionnel et prédictif de la force évoquée par le muscle en condition de fatigue. Ainsi, l’objectif des deux premières études était d’examiner la cinétique d’apparition des différentes composantes de la fatigue neuromusculaire induite par un protocole d’ES à 30 Hz chez le sujet valide. Nous nous sommes initialement intéressés à un groupe musculaire connu pour présenter une grande résistance à la fatigue, le triceps surae (Etude I). Lors de l’étude II, le muscle abductor pollicis brevis, connu pour présenter une grande fatigabilité (Barandum et al, 2009), a été étudié. Ce deuxième muscle, de par sa fatigabilité, s’approche d’avantage aux muscles déconditionnés des sujets blessés médullaires. La troisième étude avait comme objectif de caractériser la fatigue induite par ES chez les blessés médullaires et nous a permis d’identifier les paramètres susceptibles d’être pris en compte au sein du modèle du muscle pour suivre la fatigue induite par ES. La quatrième étude consistait à utiliser les paramètres de la fatigue distingués lors de la précédente étude afin d’identifier les paramètres du modèle de muscle et pouvoir « traquer » le phénomène de fatigue. 61 III. Contribution personnelle 62 1. Etudes I et II 1.1. Présentation L’apparition d’une fatigue supraspinale, mise en évidence par la diminution du niveau d’activation et du RMS/Mmax sans altération de l’excitabilité spinale, a été rapportée après un protocole d’ES à haute fréquence, utilisé dans les programmes d’entraînement des sportifs (Boerio et al, 2005). Dans le contexte clinique, ce régime de stimulation (i.e. les hautes fréquences) est évité, afin de préserver le muscle de l’apparition précoce de la fatigue. Ainsi, des fréquences de stimulation basses sont utilisées. Dans nos études nous avons choisi d’utiliser la fréquence de 30 Hz, parce qu’elle est le plus souvent utilisée dans les programmes de rééducation chez les sujets blessés médullaires (Scott et al, 2005). Les différentes composantes de la fatigue ont ainsi été étudiées au cours d’un protocole d’ES à 30 Hz chez le sujet valide. Lors de ces deux premières études nous nous sommes plus particulièrement intéressés à la cinétique d’apparition des composantes de la fatigue neuromusculaire au cours d’un protocole intermittent d’ES. La cinétique d’évolution de la fatigue neuromusculaire est importante dans la mesure où la fatigue est considérée comme un phénomène adaptatif. Ainsi, nous nous sommes intéressés au comportement musculaire tout le long de l’application de l’ES pour identifier des phénomènes transitoires éventuellement mis en place par le SNC pour faire face à la diminution de la capacité de production de force. Lors de l’étude I nous avons étudié la cinétique de la fatigue neuromusculaire sur un groupe musculaire des membres inférieurs présentant une grande résistance à la fatigue, le triceps surae. Ce groupe musculaire, a été choisi parce que sa neuro-anatomie donne la possibilité d’étudier facilement, d’un point de vue méthodologique, les différents étages du système neuromusculaire impliqués dans la fatigue. En effet, l’indice de l’excitabilité spinale (reflexe H) est facilement obtenu au repos chez ce groupe musculaire pour deux raisons : tout d’abord le diamètre des afférences Ia du nerf tibial étant beaucoup plus gros que les axones moteurs de ce nerf, leur dépolarisation demande de bas niveaux d’intensité de stimulation et ainsi peut être évoqué avant le seuil moteur induisant une réponse M. De plus, la distance entre le point d’enregistrement et les motoneurones α étant importante, le reflexe enregistré un niveau du mollet peut clairement être distingué de l’onde M. 63 Pour notre deuxième étude, nous avons effectué le même protocole d’ES mais cette fois sur un muscle des membres supérieurs présentant une grande fatigabilité, le abductor pollicis brevis. Nous avons voulu étudier les différences éventuelles entre des groupes musculaires de nature différente (résistant ou pas à la fatigue), pour se rapprocher des caractéristiques des muscles des sujets blessés médullaires. De plus, puisque le modèle du muscle DEMAR peut être utilisé pour la restauration des fonctions autres que le lever de chaise chez le paraplégique (par exemple le lever du bras ou la préhension d’un objet chez le sujet tétraplégique), nous avons voulu étudier la fatigue sur un muscle du membre supérieur. Des contraintes méthodologiques ont également orienté notre choix. Seuls deux muscles de l’avant bras et de la main permettent un enregistrement facile de la réponse reflexe : le flexor carpi radialis et le abductor pollicis brevis. La conception et la construction d’un ergomètre permettant la mesure de la force du muscle étant plus efficace pour le abductor pollicis brevis, ce dernier a été choisi. 64 1.2. Etude I Cinétique des changements neuromusculaires lors de stimulation électrique à basse fréquence Kinetics of neuromuscular changes during low-frequency electrical stimulation Maria Papaiordanidou, David Guiraud, Alain Varray Article publié dans Muscle & Nerve 41 (1) : 54-62, 2010 65 ABSTRACT: The purpose of the study was to examine the time course of neuromuscular fatigue components during a low-frequency electrostimulation (ES) session. Three bouts of 17 trains of stimulation at 30 HZ (4 s on, 6 s off) were used to electrically induce fatigue in the plantar flexor muscles. Before and after every 17-train bout, torque, electromyographic activity [expressed as root mean square (RMS) and median frequency (MF) values], evoked potentials (M-wave and H-reflex), and the level of voluntary activation (LOA, using twitch interpolation technique) were assessed. Torque during maximal voluntary contraction decreased significantly from the very first stimulation bout (6.6 1.11%, P < 0.001) and throughout the session (10.32 1.68% and 11.53 1.27%, for the second and third bouts, respectively). The LOA and RMS/Mmax values were significantly decreased during the ES session (2.9 1.07% and 17.5 6.14%, P < 0.01 and P < 0.001, respectively, at the end of the protocol), while MF showed no changes. The Hmax/Mmax ratio and Mmax were not significantly modified during the session. All twitch parameters were significantly potentiated after the first bout and throughout the session (P < 0.001). The maximal torque decrease was evident from the early phase of a low-frequency ES protocol, with no concomitant inhibition of motoneuron excitability or depression of muscle contractile properties. These results are consistent with an early failure of the central drive to the muscle. Muscle Nerve 41: 54–62, 2010 KINETICS OF NEUROMUSCULAR CHANGES DURING LOW-FREQUENCY ELECTRICAL STIMULATION MARIA PAPAIORDANIDOU, MSc,1 DAVID GUIRAUD, PhD,2 and ALAIN VARRAY, PhD1 1 EA 2991 Motor Efficiency and Deficiency Laboratory, University of Montpellier 1, Faculty of Sports Sciences, 700 avenue du Pic Saint Loup, 34090 Montpellier, France 2 LIRMM, DEMAR Team, INRIA, CNRS, University of Montpellier 2, France Accepted 21 April 2009 In recent years a large body of research has focused on the benefits of electrical stimulation (ES) for muscle strengthening and functional rehabilitation programs.1 The contraction evoked by ES differs from voluntary contraction in the pattern of motor unit recruitment. ES alters the recruitment order to either a preferential recruit- Abbreviations: ANOVA, analysis of variance; Ca2þ, calcium ions; CT, contraction time; EMG, electromyographic; ES, electrostimulation; Hmax, maximal Hoffmann reflex; HRT, half relaxation time; Hþ hydrogen ions; IHmax intensity where Hmax was obtained; ISM supramaximal intensity, i.e., 10% above the intensity where Mmax was obtained; LOA, level of activation; MF, median frequency; Mmax, maximal M-wave; MRFD, maximum rate of force development; MRFR, maximum rate of force relaxation; MVC, maximal voluntary contraction; Pi, inorganic phosphate; Pt, peak twitch; RMS, root mean square; SEM, standard error of the mean Key words: triceps surae; H-reflex; potentiation; muscle afferents; central command; motoneuron excitability Correspondence to: M. Papaiordanidou; e-mail: maria.papaiordanidou@ univ-montp1.fr C 2009 Wiley Periodicals, Inc. V Published online 30 October 2009 in Wiley InterScience (www. interscience.wiley.com). DOI 10.1002/mus.21427 54 Neuromuscular Fatigue During ES ment of fast motor units2 or a nonselective recruitment,3 although consensus on this point is lacking.4 Whatever the recruitment order, this technique imposes a spatially fixed and temporally synchronous pattern of activation that leads to a higher metabolic load.5,6 These phenomena give rise to earlier and more severe fatigue than voluntary contractions. An important concern in the research on electrical stimulation is how to avoid this rapid fatigue onset. Some results showed that lower stimulation frequencies led to less fatigue development.7 Consequently, instead of using high stimulation frequencies (up to 120 HZ) to maximize the force gains, as done in athletic training sessions,8 rehabilitation programs use lower frequencies (<50 HZ)9 to delay fatigue. Not only do high and low frequencies influence the time course of fatigue differently, but they also induce different physiological events implicated in neuromuscular fatigue. In in vitro or in situ preparations, high-frequency MUSCLE & NERVE January 2010 66 stimulation provoked force decline due to failure of muscle excitability,10,11 while the decline in force after low-frequency stimulation was attributed to metabolic changes influencing the contractile apparatus.11 This means that the physiological events that occur during high-frequency stimulation cannot be extended to protocols that use lowfrequency stimulation. In addition, these results cannot be directly extrapolated to human fatigue studies, since central command regulation was not taken into consideration. Neuromuscular fatigue is well known to be complex and multifactorial, involving several mechanisms and processes along the pathway from brain to muscle.12–14 These include insufficient neural drive to the muscle due to changes in the motor cortex command, the descending pathway or motoneuron excitability,15 and/or alterations at a peripheral level, involving sarcolemmal excitability and muscle contractile properties.16 A better understanding of human fatigue components under ES is thus called for, and an integrated approach, i.e., from motor command to muscle response, allows study of all the implicated structures. Unfortunately, such investigations remain rare, because it is generally assumed that electrically evoked contractions do not involve the central nervous system. However, several lines of evidence suggest that central mechanisms are implicated during ES. Activation of specific brain areas (primary motor cortex, cerebellum, thalamus) when ES is applied over the limbs17 increase in the voluntary activation level and muscle electromyographic (EMG) activity after a 4-week ES training program8 and contralateral force gains in the nontrained muscle after ES.18,19 Additional support for neural mechanism involvement during ES is provided by research that shows that the change in stimulation parameters (greater pulse width and higher frequency) induces increased afferent feedback, leading to enhanced spinal motor neuron excitability.20 Furthermore, a recent study on electrically induced fatigue21 observed a central fatigue component after an ES protocol, providing evidence that ES is not purely peripheral. However, these results cannot be extrapolated to fatigue induced by low-frequency stimulation, as used in rehabilitation programs, because, as seen previously, the physiological events clearly differ with the stimulation frequency. The fatigue induced by low-frequency stimulation therefore needs to be characterized and should be coupled with information on the time course of the neuromuscular changes. Having only Neuromuscular Fatigue During ES pre- and postsession information on fatigue development precludes the identification of acute and potentially transitory physiological phenomena associated with ES-induced fatigue. Moreover, information on the time course of muscle fatigability during low-frequency ES might help clinicians to develop rehabilitation methods for optimal stress of the neuromuscular system in patients with neurological disorders. The aim of this study was to identify the different fatigue components raised by 30-HZ electrical stimulation, a frequency more suitable to functional rehabilitation programs. We particularly focused on the time course of the neuromuscular changes associated with this stimulation pattern. MATERIALS AND METHODS Twenty healthy males (mean age 25.47 3.47 years) volunteered to participate in this study. After being informed of the study purpose and the risks associated with participation, they gave written consent. None of the subjects suffered from ankle injuries or had recently undergone an operation of the lower limb. All were asked to maintain normal daily activity during the study period. The study was conducted in accordance with the principles of the Declaration of Helsinki. Subjects. Subjects visited the laboratory on two occasions separated by 3 days. During an initial session they were introduced to and familiarized with the experimental procedure and the apparatus. They became accustomed to tibial nerve electrical stimulation, as well as to performing maximal voluntary contraction (MVC) of the plantar flexor muscles. Maximal tolerated intensity for the ES protocol was determined during this familiarization session. The experimental session began with a standard warm-up consisting of 5 min of walking at 5 km.h1 on a treadmill (S2500, HEF Techmachine, Andrézieux-Bouthéon, France), and continued with neuromuscular tests taking place after every 17 stimulation trains (Fig. 1). Experimental Design. Neuromuscular tests were performed before (pre) and after every 17 stimulation trains of an ES protocol of the triceps surae muscle (gastrocnemius medialis and lateralis, soleus muscle), i.e., post17 (at the end of 1st to 17th train), post34 (at the end of the 18th to 34th train), and post51 (at the end of 35th to 51st Neuromuscular Tests. MUSCLE & NERVE January 2010 55 67 FIGURE 1. Schematic representation of the experimental session. On the top of the figure the experimental set-up is indicated. (A) The neuromuscular tests performed before the ES protocol. (B) The neuromuscular tests performed at post17, post34, and post51. Before (A), an M-wave and H-reflex recruitment curve was obtained, whereas H-reflex intensity was readjusted after every 17 stimulation trains in order to obtain the maximal reflex amplitude. train). The tests consisted of MVCs and electrically evoked contractions, and torque and EMG activity were recorded throughout testing. The procedure lasted 90–120 s. Torque measurement: Torque of the right plantar flexor muscles was recorded by means of a calibrated dynamometric pedal (Captels, StMathieu de Treviers, France), interfaced with an acquisition system (Biopac MP100, Biopac Systems, Santa Barbara, California). Subjects were seated on a chair with their ankle at 90 , while the foot was immobilized and securely strapped on the pedal. EMG measurement: EMG activity of the gastrocnemius medialis and tibialis anterior was recorded using bipolar silver chloride circular surface electrodes with a diameter of 9 mm (Contrôle Graphique Medical, Brie-Comte-Robert, France). In order to minimize impedance (<5 kX), the skin was shaved, abraded, and cleaned with alcohol. After verification of an appropriate M-wave acquisition (single response and highest amplitude), electrodes were placed over the middle of the muscle belly, in the muscle fiber direction, with an interelectrode distance of 20 mm. The reference electrode was placed on the left wrist. The EMG signal was amplified (gain ¼ 1,000) and recorded at a sampling frequency of 4096 HZ (Biopac MP100, Biopac Systems). Electrically Evoked Contractions. Electrical stimulations were delivered to the tibial nerve by a highvoltage, constant current stimulator (DS7AH, Digitimer, Hertfordshire, UK). The cathode (a silver 56 Neuromuscular Fatigue During ES chloride surface electrode) was fixed on the popliteal fossa and the anode (a rectangular 50-cm2 surface electrode, Medicompex, Ecublens, Switzerland) was placed beneath the patella. Rectangular, monophasic pulses of 200-ls were used. For M-wave and H-reflex recruitment curves the individual stimulation intensity was identified at rest by progressively increasing the amperage (10mA increment, every 5 s) from 10 mA until no further increase in twitch mechanical response (peak value) and M-wave amplitude (Mmax) was noted. This intensity was further increased by 10% to obtain supramaximal intensity (ISM), which was used during the entire testing procedure. At this intensity, synchronous recruitment of all muscle fibers was ensured. Parallel to the M-wave recruitment curve the Hreflex response was observed. Subsequently, for more precise identification of the intensity at which Hmax was obtained (IHmax), 2-mA increments (every 10 s) were used. After each 17-train bout, IHmax was further adjusted (2-mA increments) to obtain Hmax (IHmax adjusted). Three twitches at ISM (interspaced by 5 s) and three twitches at IHmax (interspaced by 10 s) were delivered at rest (before the MVC), while subjects maintained the same posture and a motionless head.22 The mechanical responses associated with the three twitches at ISM were recorded and averaged for further analysis. The following contractile parameters were calculated: peak twitch (Pt), defined as the maximum value of torque production to a twitch; contraction time (CT), the time needed from the beginning of the contraction to Pt; the maximum rate of force development (MRFD), the peak value of the derivative calculated in the ascending part of the torque curve; the half-relaxation time (HRT), the time required for the torque to decrease by 50%; and the maximum rate of force relaxation (MRFR), the peak value of the derivative calculated in the descending part of the torque curve. The EMG activity associated with the twitches that elicited Mmax and Hmax was also recorded and averaged for the analysis. The peak-to-peak amplitude and duration of Mmax were calculated as well as the latency from the stimulus artifact to the first deflection of the M-wave. The amplitude of Hmax was also calculated and normalized with respect to Mmax (i.e., Hmax/Mmax ratio) to avoid any implication of changes in neuromuscular transmission or membrane excitability. In the present work we studied Hmax at rest to avoid any involvement of the oligosynaptic pathways observed MUSCLE & NERVE January 2010 68 during a weak voluntary contraction.23 Moreover, since the H-reflex amplitude is subject to modulations that occur at a presynaptic level,22 a rigorous methodology was followed: subjects were seated in a fixed position, there was an appropriate interval between stimulations that evoked the H-reflex, and we verified that there was no antagonist EMG activity. Maximal Voluntary Contractions. Before the ES protocol, all subjects performed three MVCs of the plantar flexors, interspaced by 1 min. After every 17-train bout they performed two MVCs, interspaced by 30 s. They were asked to maintain a maximal force plateau for 4 s. According to the twitch interpolation technique,24 a doublet (10-ms interval) at ISM was delivered when the plateau was reached (superimposed doublet), as well as 2 s after the MVC (control doublet). All subjects were encouraged verbally to perform maximally, and the best trial was used for subsequent analysis. Maximal torque (mean value of 500 ms on the plateau) and the amplitudes of the superimposed and control doublets were studied. The level of voluntary activation (LOA) was calculated as follows: Evoked torque by stimulation trains was recorded and averaged for the first five and last five trains of each stimulation bout to obtain muscle responses to the stimulation trains. Statistical Analysis. All variables recorded before, during, and after the ES protocol were tested using a one-factor (time) analysis of variance (ANOVA) test for repeated measures (pre, post17, post34, post51). In the case of a significant effect of time on the variables (P < 0.05), the LSD Fisher posthoc test was used. Data are reported as means standard error of the mean (SEM), and the statistical significance was set at P < 0.05. All statistical analyses were performed with Statistica 7.1 (StatSoft, Tulsa, Oklahoma). RESULTS During MVC the EMG activity of the gastrocnemius medialis was quantified by the RMS value of the filtered signal (10–500 HZ) at a 500-ms interval corresponding to the maximal torque. In order to reduce the influence of peripheral factors13 the RMS value was subsequently normalized to Mmax (RMS/Mmax). A spectral analysis was also performed during the MVC to calculate the MF of the EMG activity. The MVC torque decreased significantly (F3 ¼ 32.26, P < 0.001) from 79.91 2.67 Nm at pre- to 70.65 2.58 Nm at post51 (Fig. 2). The decrease was significant from the first exercise bout (74.48 2.41 Nm, P < 0.001). At post34, torque was further decreased (71.56 2.67 Nm, P < 0.001), reaching the minimal value at post51 (70.65 2.58 Nm). Compared with the initial values, this represented a decrease of 6.6 1.11%, 10.32 1.68%, and 11.53 1.27% at post17, post34, and post51, respectively. The level of voluntary activation significantly decreased throughout the ES protocol from 97.92 0.91% at pre- to 96.52 1.27%, 96.2 1.1%, and 95.2 1.66% at post17, post34, and post51, respectively (F3 ¼ 3.89, P < 0.05) (Fig. 3). The fatiguing exercise was composed of three bouts of 17 stimulation trains. Two rectangular electrodes (10 5 cm) were placed over the subject’s triceps surae, one 5 cm beneath the popliteal cavity and the other beneath the insertion point of the medial and lateral heads of the gastrocnemius muscle on the Achilles tendon. A portable stimulator was used (Cefar Physio 4, Cefar Medical, Lund, Sweden) to deliver constant current, rectangular, symmetric, biphasic pulses. Train characteristics were the following: frequency 30 HZ, pulse duration 450 ls, and duty cycle 40% (4 s on, 6 s off). Trains were delivered at the maximal tolerated intensity (mean intensity used was 29.9 1.54 mA). FIGURE 2. Maximal voluntary contraction torque at pre, post17, post34, and post51, ***P < 0.001 significantly different from rest value; ††P < 0.01 and †††P < 0.001 significantly different from post17 values. LOA ð%Þ ¼ ½1 ðsuperimposed doublet=control doubletÞ 100:25 Torque and Muscle Activation during MVC. ES Fatiguing Protocol. Neuromuscular Fatigue During ES MUSCLE & NERVE January 2010 57 69 FIGURE 3. Level of voluntary activation at pre, post17, post34, and post51, *P < 0.5 significantly different from rest value. FIGURE 4. Peak twitch torque at pre, post17, post34, and post51, ***P < 0.001 significantly different from rest value. Both raw RMS values and normalized to the Mwave amplitude (RMS/Mmax) of the gastrocnemius medialis muscle declined significantly during the exercise protocol (F3 ¼ 17.44, P < 0.001, and F3 ¼ 6.32, P < 0.001, respectively). The significant decrease in the RMS and RMS/Mmax values was observed from post17 and persisted throughout the ES protocol. The MF did not significantly change (F3 ¼ 1.04, P ¼ 0.38), as indicated in Table 1. Pt increased significantly during the exercise (F3 ¼ 31.87, P < 0.001). A significant increase was observed from post17 and was maintained throughout the entire protocol (Fig. 4). All twitch parameters improved significantly at post17, and the improvement persisted until the end of the ES session (Table 2). Figure 5 shows a typical twitch response after each 17-train series. Muscle response to stimulation trains was preserved at post17 and post34 and was only significantly decreased at post51 (F3 ¼ 4.35; P ¼ 0.01). The torque evoked by stimulation was 30.94 2.37 Nm, 30.77 2.35 Nm, 30.62 2.12 Nm, and 28.89 2.38 Nm at pre, post17, post34, and post51, respectively. H-reflex. The ES protocol induced no changes in H-reflex amplitude or the Hmax/Mmax ratio (F3 ¼ 0.79, P ¼ 0.5, and F3 ¼ 0.61, P ¼ 0.6, respectively) (Table 1). M-wave, Contractile Properties, and Muscle Response DISCUSSION Neither the amplitude nor the duration of the M-wave was significantly modified by the ES session (F3 ¼ 1.42, P ¼ 0.24, and F3 ¼ 2, P ¼ 0.12, respectively). The M-wave latency was decreased significantly from the first exercise bout (F3 ¼ 10.08, P < 0.001). to Stimulation Trains. The aim of this study was to characterize ESinduced fatigue by examining the time course of neuromuscular fatigue components during a low-frequency ES protocol. The main results indicated significant impairment in voluntary torque Table 1. EMG activity, median frequency, M-wave and H-reflex characteristics pre-exercise and after each of the three exercise bouts. RMS (mV) RMS/Mmax Median Frequency (Hz) M-wave amplitude (mV) M-wave duration (ms) M-wave latency (ms) H reflex (mV) H/M pre post17 0.26 0.034 172.57 8.24 3.03 11.17 3.06 0.44 0.02 0.003 10.6 0.84 0.35 0.56 0.37 0.06 0.23 0.031 172.27 8.46 2.57 10.89 3.16 0.43 0.02** 0.004* 10.39 0.83 0.17 0.58*** 0.41 0.06 post34 0.21 0.028 170.27 8.19 2.73 10.84 3.07 0.43 Values are means SEM; *P < 0.05, **P < 0.01, ***P < 0.001 significantly different from rest values; from post17 values. 58 Neuromuscular Fatigue During ES 0.02*** 0.004*** 10.61 0.73 0.21 0.58*** 0.4 0.06 P < 0.01 and †† post51 ,†† 0.20 0.028 170.27 7.97 2.59 10.83 3.13 0.45 0.02***,††† 0.004*** 10.48 0.68 0.18 0.57*** 0.41 0.06 P < 0.001 significantly different ††† MUSCLE & NERVE January 2010 70 Table 2. Contractile properties before, during, and after the exercise protocol. pre CT (ms) MRFD (Nm/ms) HRT (ms) MRFR (Nm/ms) 118 0.34 96 0.18 7.1 0.01 4.7 0.009 post17 95 0.49 86 0.22 4.3*** 0.02*** 4.6* 0.01*** post34 95 0.47 84 0.21 3.7*** 0.02*** 4.53** 0.01*** post51 100 0.47 82 0.22 4.2** 0.02*** 4.55*** 0.01*** F P 7.23 43.53 5.06 9.58 0.001 0.001 0.01 0.001 Values are means SEM. CT contraction time, MRFD maximum rate of force development, HRT half-relaxation time, MRFR maximum rate of force relaxation. *P < 0.05, **P < 0.01, ***P < 0.001 significantly different from rest values. production from the first stimulation bout (first 17 stimulation trains). This impairment, which persisted throughout the experimental session, could be attributed to changes that occur at a supraspinal level, since muscle excitability and contractile properties, as well as spinal excitability, were preserved. The ES session caused a significant decrease in voluntary torque production from the very first stimulation bout that persisted over the course of the protocol and reached a maximal decrease at post51. This result is in accordance with other studies that induced fatigue by electrical stimulation; for example, a 20% decline in MVC torque was reported by Zory et al.26 after ES of the knee extensor muscles. The difference in the amplitude of the torque loss can be attributed partly to the muscle group that was targeted but mainly to the fatiguing protocol used. In our study, low-frequency (30 HZ) stimulation was chosen, whereas high-frequency stimulation (75 HZ) was used in the previous work. Greater fatigue development after high-frequency stimulation has been FIGURE 5. Typical mechanical response of one subject obtained before trains and immediately after the 17th, 34th, and 51st train. Neuromuscular Fatigue During ES reported,27 and these data are consistent with the interest in using low-frequency stimulation to minimize fatigue. Only Boerio et al.21 reported comparable MVC loss (9%) after high-frequency electrical stimulation (75 HZ) of the plantar flexor muscles. This could be explained by the longer resting periods between contractions (smaller duty cycle) used in their protocol. Longer resting periods between electrically induced contractions allow partial recovery from fatigue and provoke smaller torque decreases than smaller inter-contraction intervals.7,28 The decrease in the voluntary torque production of the plantar flexor muscles was accompanied by a significant reduction in the level of voluntary activation, which was evidenced at post34 and persisted for the rest of the protocol. Moreover, EMG activity, expressed both in absolute units and normalized to the M-wave amplitude (RMS and RMS/Mmax), was significantly diminished from the first stimulation bout. These decreases were evidence of the incapacity of the central nervous system to appropriately drive the muscle. A reduced neural command arriving at the muscle is the result of a reduction in the corticospinal influx arriving at the motoneurons (supraspinal factors) and/or an inhibition of motoneuron excitability (spinal factors).29 In our study, the hypothesis of reduced excitability of alphamotoneurons can be excluded, since our results clearly indicate that no change occurs at the spinal level (no decrease in the Hmax/Mmax ratio). The preservation of spinal excitability associated with reduced LOA and RMS/Mmax during maximal voluntary contraction is thus highly consistent with a reduced cortical influx reaching the motoneurons. The reduction in corticospinal impulses engenders changes in motor unit recruitment expressed by a decreased number of recruited motor units and/or an altered firing rate of these motor MUSCLE & NERVE January 2010 59 71 units.30 Although the precise mechanisms responsible for the diminished EMG activity cannot be determined, the lack of any change in MF is not consistent with the hypothesis of a reduction in the motor unit firing rate. It is thus likely that their spatial recruitment was altered, leading to decreased RMS and RMS/Mmax values. Failure of the motor cortex to efficiently activate the muscle has been reported after different types of prolonged exercise.12,13 The exact mechanisms that cause reduced efferent signals from the motor cortex have not yet been elucidated, but changes in neurotransmitter concentrations (e.g., dopamine, noradrenaline) seem to be at the origin of this dysfacilitation.29 It is worth noting that cortical modifications are usually reported during prolonged exercise. To our knowledge, only Boerio et al.21 described this phenomenon after a short ES session, where high-frequency stimulation was applied. Our results are consistent with and complete their findings. This means that, despite the different physiological events induced by high- and low-frequency stimulation,10,11 the occurrence of fatigue components is quite comparable, whatever the frequency stimulation. In addition, this is the first time that a study has demonstrated the precocious character of supraspinal fatigue under lowfrequency stimulation. The supraspinal component of fatigue observed in this study could have resulted from activation of small-diameter thinly myelinated (group III) and unmyelinated (group IV) afferent fibers. These afferents have their free-ending receptors in skin or muscle and tendon and are activated during fatiguing contractions by mechanical, chemical and thermal stimuli that may or may not be noxious.31 The exact mechanism by which group III and IV fibers influence the voluntary activation of muscle is still controversial. Some authors have suggested that these afferents project to interneurons that mediate presynaptic inhibition and thus act directly on the motoneuron pool,14,32 while others have advanced the hypothesis of possible supraspinal projections of group III and IV fibers.33 Our results provide evidence of preserved motoneuron excitability and thus support the second theory, according to which group III and IV afferents act upstream of the motor cortex to impair circuits that generate motor cortical output descending to the motor neurons. MVC torque loss was not accompanied by an alteration in M-wave characteristics. M-wave amplitude and duration give information on the efficacy of signal transmission in the neuromuscular junc- 60 Neuromuscular Fatigue During ES tion and its propagation to the sarcolemma, thus providing an index of sarcolemmal excitability.34 Our results showed that this efficacy was not modified by the ES session. Furthermore, the decreased M-wave latency implied better signal conduction velocity through the motor pathway (including conduction through the motor axon, neuromuscular transmission and signal propagation along the muscle fibers). It is commonly observed that, contrary to high-frequency electrical stimulation, lowfrequency stimulation induces fatigue that does not elicit changes in M-wave characteristics.10,11,32 The present ES protocol did not engender any failure in the action potential propagation. In contrast to the parameters that demonstrate impaired central activation, it is particularly striking that the muscle contractile properties, which are an index of excitation–contraction coupling at the peripheral level, were significantly improved from the first minutes of the ES protocol and remained so throughout the entire session. Pt and the parameters related to contraction (CT, MRFD) and relaxation (HRT, MRFR) were enhanced by the exercise protocol. This implies more effective excitation–contraction coupling. MVC torque loss thus cannot be attributed to factors distal to the neuromuscular junction, since our results give evidence of a transitory muscle resistance to peripheral alterations. This means that ES evoked central dysfacilitation prior to the impairment of contractile properties. The low-frequency stimulation used in the present study could lead to metabolic changes that would influence the mechanical response. Increases in myoplasmic (Pi) and intracellular levels of Hþ, provoking intramuscular acidosis and subsequent alterations in the Ca2þ cycle, are usually evoked as sources of impairment in the contractile apparatus,11,35 although the role of the latter is still equivocal.35 Contrary to the expected peripheral failure caused by the present stimulation pattern, a potentiation of muscle contractile properties was observed. Potentiation can be attributed to increased regulatory myosin light chain phosphorylation, which reinforces the myofilament sensitivity to Ca2þ.37 Thus, a greater number of actin-myosin cross bridges is formed, and their attachment speed is increased.38 These events result in greater Pt and shorter CT, as observed in our work. Furthermore, the increased MRFR and shorter HRT indicate enhanced functioning of the sarcoplasmic reticulum, which pumps Ca2þ and provokes the relaxation of muscle cells. Fatigue and potentiation can coexist and make it difficult to quantify the respective contributions of these MUSCLE & NERVE January 2010 72 two phenomena in a simple twitch.38 The Pt values at post34 and post51 showed the transient character of potentiation and the beginning of contractile impairment, which was confirmed by the significant decrease in muscle response to stimulation trains only after the end of the protocol. In conclusion, this study provides evidence of a central fatigue component that is responsible for the decrease in voluntary torque production during a low-frequency ES protocol. This was attested by the decrease in maximal muscle voluntary activity (decreased LOA and RMS and RMS/Mmax). Given the absence of dysfacilitation at the spinal level, this central activation failure is attributed to changes that occur at a supraspinal level. Failure of the central command arriving at the alphamotoneurons seems the most probable explanation. In the periphery, excitation–contraction processes were enhanced, while transmission–propagation of the signals at the neuromuscular junction and to the sarcolemma was not affected. These results indicate that the central nervous system is implicated in electrically induced fatigue, further substantiating the nonpurely peripheral character of this technique even under low-frequency stimulation. The authors thank O. Girard and J.P. Micallef for their contribution to the study and M. Djilas for help in data analysis. Supported by the French Superior Education and Research Ministry. REFERENCES 1. Vanderthommen M, Duchateau J. Electrical stimulation as a modality to improve performance of the neuromuscular system. Exerc Sports Sci Rev 2007;35:180–185. 2. Feiereisen P, Duchateau J, Hainaut K. Motor unit recruitment order during voluntary and electrically induced contractions in the tibialis anterior. Exp Brain Res 1997;114: 117–123. 3. Jubeau M, Gondin G, Martin A, Sartorio A, Maffiuletti NA. Random motor unit activation by electrostimulation. Int J Sports Med 2007;28:901–904. 4. Gregory CM, Bickel CS. Recruitment patterns in human skeletal muscle during electrical stimulation. Phys Ther 2005;85:358–364. 5. Hamada T, Hayashi T, Kimura T, Nakao K, Moritani T. Electrical stimulation of human lower extremities enhances energy consumption, carbohydrate oxidation and whole body glucose uptake. 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Maria Papaiordanidou • David Guiraud Alain Varray • Accepted: 24 June 2010 Ó Springer-Verlag 2010 Abstract The aim of the present study was to determine whether central fatigue occurs when fatigue is electrically induced in the abductor pollicis brevis muscle. Three series of 17 trains (30 Hz, 450 ls, 4 s on/6 s off, at the maximal tolerated intensity) were used to fatigue the muscle. Neuromuscular tests consisting of electrically evoked and voluntary contractions were performed before and after every 17-train series. Both the force induced by the stimulation trains and maximal voluntary force generation capacity significantly decreased throughout the protocol (-27 and -20%, respectively, at the end of the protocol, P \ 0.001). These decreases were accompanied by failure in muscle excitability (P \ 0.01), as assessed by the muscle compound action potential (M-wave or Mmax), leading to significant impairment in the muscle contractile properties (P \ 0.05), as assessed by the muscle mechanical response (Pt). Central fatigue indices (level of activation, RMS/ Mmax and H reflex) were not significantly changed at any point in the protocol. This gives evidence of preserved motor command reaching the motor neurons and preserved spinal excitability. The results indicate that this low-frequency stimulation protocol entails purely peripheral fatigue development when applied to a low fatigue-resistant muscle. Communicated by Alain Martin. M. Papaiordanidou (&) A. Varray Motor Efficiency and Deficiency Laboratory/Movement to Health, Faculty of Sports Sciences, University Montpellier 1, 700 Avenue du Pic Saint Loup, 34090 Montpellier, France e-mail: mariapapaiordanidou@gmail.com D. Guiraud LIRMM, DEMAR Team, INRIA, CNRS, University Montpellier 2, Montpellier, France Keywords Muscle excitability H reflex Peripheral fatigue Muscle afferents Introduction Neuromuscular fatigue can be attributed to the physiological changes occurring at different sites, along the pathway of muscle activity, which have been traditionally classified as central or peripheral fatigue components. Central fatigue involves processes taking place before the neuromuscular junction (Gandevia 2001), while peripheral fatigue comprises those occurring distally to the neuromuscular junction (Allen et al. 2008). The dichotomy may appear confusing since there is no clear boundary between the nervous system and muscle, and the interactions between the various structures are complicated (Bary and Enoka 2008). Nevertheless, studies on human muscle fatigue have often used this distinction. Since the early work of Merton (1954) on muscle fatigue, various studies have examined the nature of fatigue induced by different types of exercise, including voluntary exercise like long-distance running (Millet et al. 2002; Racinais et al. 2007) and cycling (Lepers et al. 2002) and sustained or repeated voluntary contractions (Duchateau et al. 2002; Gandevia et al. 1998). These studies have shown that the nature of fatigue development is highly dependent on the task being performed, and that impairment in muscle capability to generate force is caused by failure of the mechanisms (one or more) that are being stressed during the task. Interest has also focused on electrically induced fatigue, under both high-frequency (Boerio et al. 2005) and low-frequency stimulation (Papaiordanidou et al. 2010). The results have demonstrated that, following electrical stimulation (ES), the impairment in muscle capacity to generate force during 123 76 Eur J Appl Physiol voluntary contractions is due to diminished neural drive to the muscle, independently of the stimulation frequency. Since failure of the central nervous system (CNS) to optimally drive the muscle can result from changes occurring at or above the spinal level, and given that spinal excitability was preserved in the aforementioned studies, it can be concluded that mainly supraspinal structures were implicated in the neuromuscular fatigue developed under ES. The results showing evidence of supraspinal fatigue development imply that central structures are involved in electrically induced fatigue, further reinforcing the literature on the non-purely peripheral character of ES (Gondin et al. 2005; Smith et al. 2003). Supraspinal fatigue, a component of central fatigue, can be attributed to suboptimal output from the motor cortex (Gandevia 2001), which has several possible causes. Increased afferent feedback from groups III and IV muscle afferents is a possible mechanism of this dysfacilitation. The input of these mechano- and metabo-sensitive afferents can act at the level of motor neurons or higher in the motor pathway, at supraspinal centers, and can modulate voluntary activation during fatiguing contractions (Gandevia et al. 1998; Taylor et al. 2006). Their central actions are poorly understood but appear to depend on the muscle group performing the task. Martin et al. (2006) gave evidence of a differential effect of their activation on the motor neuron pools of the elbow flexor and extensor muscles. Indeed, their increased activation had a facilitatory effect on the flexor but not the extensor muscles. In addition to these results, the study of Bigland-Ritchie et al. (1986) demonstrated that muscle function (flexor or extensor muscles) is not the only parameter influencing the appearance of central fatigue. In their study, central fatigue was apparent after fatiguing voluntary contractions in the soleus but not in the quadriceps muscle. Time to task failure for the soleus was *35 min, while for the quadriceps this time was much shorter, *4.5 min. The higher fatigue resistance observed for the soleus muscle than for the low fatigue-resistant quadriceps might be another variable that determines the susceptibility to central fatigue. Peripheral fatigue in muscles presenting great fatigability may occur earlier than in fatigue-resistant muscles, thus leaving no time for central fatigue to develop. These results indicate a relationship between the physiological mechanisms involved during the task and the nature of the studied muscle (high or low fatigue resistant), at least under voluntary contractions. We sought to determine whether the hypothesis that central fatigue development during voluntary fatiguing contractions depends on the muscle group being studied would be verified under electrically induced fatigue. We took into consideration the results of a previous study, which showed that intermittent low-frequency stimulation of the triceps surae provoked early central command failure without any impairment at the spinal or peripheral level (Papaiordanidou et al. 2010), and examined the physiological alterations, both qualitative and temporal, obtained when the same ES protocol was applied to a low fatigueresistant muscle. The abductor pollicis brevis (APB) muscle was chosen because it is known to be highly fatigable (Barandun et al. 2009). Independently of its reported fiber typology (60% of type I fibers; Johnson et al. 1973), the APB is a small, weak muscle with low resistance to fatigue (time to exhaustion at 50% of maximal force *3 min; Duchateau et al. 2002). The aim of the present study was to determine whether central fatigue occurs when a low-frequency ES is applied to the APB. Stimulation frequencies\30 Hz are commonly used in the clinical context to minimize the rapid onset of fatigue (Scott et al. 2005). We particularly focused on the kinetics of the fatigue components implicated by this stimulation protocol, which is more suitable to rehabilitation programs. Materials and methods Subjects Thirteen healthy subjects [2 females and 11 males, mean age 28.5 (5.03) years] participated in the study. They were all physically active, with no history of wrist injury or recent operation of the upper limb. After being informed about the objectives and the eventual risks of participation in the study, all gave written consent. They were asked to maintain their usual daily activity throughout the experimentation period. The study was conducted in accordance with the principles of the Declaration of Helsinki and was approved by the local Ethics Committee. Experimental design Subjects participated in two different sessions separated by 2 days. After an initial session of familiarization with the experimental procedure and the apparatus, an experimental session took place. During their first visit, they became accustomed to median nerve electrical stimulation, as well as to performing maximal voluntary contraction (MVC) of the APB. A recruitment curve was drawn in order to precisely identify the intensity at which the maximal M-wave and H reflex were obtained (see electrically evoked contractions). Maximal tolerated intensity for the ES protocol was also determined during this first visit. The experimental session began with a standard warmup consisting of ten light, submaximal isometric contractions of the APB, and it continued with the neuromuscular 123 77 Eur J Appl Physiol tests taking place every 17 stimulation trains [before (pre), during (post17 and post34) and immediately after the ES fatiguing protocol (post51)]. The neuromuscular tests duration was 90–120 s. Data collection Mechanical recording Abduction force of the right APB muscle was recorded with a custom-made calibrated rigid ergometer (Fig. 1), interfaced with an acquisition system (Biopac MP100, Biopac Systems Inc., Santa Barbara, CA, USA). Subjects were comfortably seated on a chair and had their right upper limb positioned on a horizontal board in a semi-supine position. The fingers and the forearm were securely attached to the ergometer with straps in order to minimize the contribution of adjacent muscles. Only the thumb was free to move and have contact with the recording part of the ergometer. Subjects were asked to push with the middle of the thumb against the strain gauge transducer (Captels, St-Mathieu de Treviers, France), which was aligned with the perpendicular axis of the produced force. EMG recording The surface EMG signals from the right APB and the extensor pollicis longus (EPL) muscles were recorded using bipolar, silver chloride, square surface electrodes with a 9-mm diameter (Swaromed, NesslerMedizintechnik, Austria). After verification of an appropriate M-wave acquisition (single response and highest amplitude), ensuring that the response was registered from a single muscle, electrodes were placed over the muscle Fig. 1 Illustration of the experimental set-up. Neurostimulation was applied to the median nerve, while myostimulation was applied to the abductor pollicis brevis muscle (APB). EMG activity was recorded from the APB through the myostimulation electrodes and from the extensor pollicis longus (EPL). The ground electrode was placed in the wrist, between the neural stimulating electrodes and the EMG recording electrodes. Force was recorded by the force transducer, which was in contact with the middle of the thumb belly, with an interelectrode distance of 30 mm. The reference electrode was attached on the right wrist (between the stimulating and recording electrodes). Low impedance between acquisition electrodes was controlled (\5 kX) and obtained by abrading and cleaning the skin. The EMG signal was amplified (gain = 500) and recorded at a sampling frequency of 4,096 Hz (Biopac MP100, Biopac Systems Inc., Santa Barbara, CA, USA). Neuromuscular tests The neuromuscular tests consisted of electrically evoked contractions and MVC. Electrically evoked contractions The median nerve was stimulated by means of a high-voltage, constant-current stimulator (DS7AH, Digitimer Ltd., Hertfordshire, UK), delivering rectangular, monophasic pulses of 500-ls duration. The cathode and the anode (silver chloride surface electrodes, Swaromed, NesslerMedizintechnik, Austria) were placed one near the other over the pathway of the median nerve in the forearm, 8 cm from the EMG electrodes. The current intensity was progressively increased (10-mA increments, every 5 s) in order to identify the individual stimulation intensity at which no further increase in the amplitude of the compound muscle potential (M-wave) was observed. The stimulation intensity was then increased by 10% (supramaximal stimulation) to ensure synchronous recruitment of all muscle fibers. This supramaximal intensity (ISM) was used for the entire experimental session. Afterward, subjects were asked to perform a voluntary contraction at 10% of their MVC, during which weak single stimuli (every 10 s) eliciting the H reflex were delivered. Visual feedback of the generated force was provided, helping the subjects to perfectly match their force at 10% of their MVC. Intensity was increased by 2-mA increments, until the maximum H reflex was obtained (IHmax). When ISM and IHmax were determined, three single stimuli at ISM separated by 5-s intervals were delivered, and the Mmax and associated mechanical response were recorded at rest. Furthermore, three single stimuli at IHmax separated by 10-s intervals were delivered during the weak voluntary contraction in order to obtain the maximum H reflex. Maximal voluntary contractions Before the fatiguing protocol, all subjects performed three MVCs of the APB, interspaced by 1 min. During the protocol, they performed two MVCs, interspaced by 30 s. They were asked to maintain a maximal force plateau for 4 s. According to the twitch interpolation technique (Merton 1954), a twitch at ISM was delivered when the plateau was reached (superimposed twitch), as well as 2 s after relaxation (control twitch). All subjects were verbally encouraged to perform 123 78 Eur J Appl Physiol maximally, and the best trial was used for subsequent analysis. LOAð%Þ ES fatiguing protocol Electrophysiological response The EMG activity of the APB was quantified by the root mean square (RMS) value of the filtered signal (10–500 Hz) at a 500-ms interval corresponding to the maximal force. In order to reduce the influence of peripheral factors (Lepers et al. 2002), the RMS value was subsequently normalized to Mmax (RMS/Mmax). The fatiguing exercise was composed of three bouts of 17 stimulation trains. The APB was stimulated through the EMG recording electrodes. A portable stimulator was used (CefarPhysio 4, Cefar Medical AB, Lund, Sweden) to deliver constant-current, rectangular, symmetric biphasic pulses. Train characteristics were the following: frequency 30 Hz, pulse duration 450 ls, duty cycle 40% (4 s on, 6 s off), delivered at the maximal tolerated intensity. For the subjects participating in the study, this intensity varied from 11 to 40 mA [16.5 (8.46) mA]. Data analysis ¼ ½1 ðsuperimposed twitch=control twitchÞ 100: ES fatiguing protocol The mechanical response of the APB was studied during the ES protocol. The force evoked by the stimulation trains was recorded and averaged for the first five and last five trains of each stimulation bout in order to obtain muscle response to the trains. Twitches and evoked potentials Statistical analysis Mechanical response The following contractile parameters were calculated for the twitches eliciting Mmax (i.e., the average of the three responses evoked at rest): peak twitch (Pt), defined as the maximum value of force production to a twitch; contraction time (CT), the time needed from the beginning of the contraction to Pt; the maximum rate of force development (MRFD), the peak value of the derivative calculated in the ascending part of the force curve; the half-relaxation time (HRT), the time required for the force to decrease by 50% and the maximum rate of force relaxation (MRFR), the peak value of the derivative calculated in the descending part of the force curve. Electrophysiological response The EMG activity associated with the three twitches eliciting Mmax and Hmax was averaged for the analysis. The peak-to-peak amplitude and duration of Mmax were calculated. Its latency was also calculated as the time from the beginning of the stimulus artifact until the first peak of the M-wave. The amplitude of Hmax was also calculated and then normalized with respect to Mmax (i.e., Hmax/Mmax ratio) to avoid any impact of changes in membrane excitability. Moreover, the RMS value of the EMG signal during the 10% voluntary contraction was calculated on the 500-ms period preceding the stimuli eliciting the H reflex. Maximal voluntary contraction Mechanical response During MVC, the maximal force (mean value of 500 ms on the plateau) and the amplitudes of the superimposed and control twitches were studied. The level of voluntary activation (LOA) was calculated as follows (Allen et al. 1995): All variables recorded before, during and after the ES protocol were tested using a one-way (time) repeated measures ANOVA [before ES (pre), after 17 trains (post17), after 34 trains (post34) and after 51 trains (post51)]. In the case of a significant effect of time on the variables (P \ 0.05), the LSD Fisher post-hoc test was used. The normality of the distributions was verified with the Shapiro–Wilk test. Variables having a non-normal distribution were tested using a non-parametric Friedman ANOVA. Data are reported as means and standard deviation (SD), and the statistical significance was set at P \ 0.05. All statistical analyses were performed using Statistica software (StatSoft, Inc., version 7.1, Tulsa, OK, USA). Results Force during the stimulation trains and the maximal voluntary contractions The force evoked by the trains of stimulation decreased during the ES protocol (Fr = 29.03, P \ 0.001). The decrease was significant at post34 and continued until the end of the fatiguing protocol (Fig. 2). From the value of 12.7 (6.7) N at the beginning of the protocol, the force decreased to 10 (4.5) N at post17, to 9.3 (4.6) at post34, and to 9.1 (4.6) at post51 (-27% compared with the initial value). The force evoked during MVC decreased throughout the ES protocol (F3 = 12.96, P \ 0.001). Figure 3 shows the percentage decline of force compared with the pre-value. 123 79 Eur J Appl Physiol Mmax (RMS/Mmax), there was no significant change at any point in the protocol compared with the pre-values (Fr = 0.41, P = 0.93). Table 1 shows the values of the electromyographic parameters throughout the testing procedure. LOA showed no significant change throughout the experiment (Fr = 1.71, P = 0.63; Table 1). Evoked potentials Maximum M-wave amplitude decreased during the experimental session (F3 = 5.71, P \ 0.01). After staying constant at post17, it started decreasing at post34 (-7%) and the decrease became significant at post51 (-11%, P \ 0.01), while its duration showed no significant modifications (F3 = 1.7, P = 0.18). M-wave latency also decreased during the ES protocol (Fr = 9.55, P \ 0.05). The decrease was significant from the first 17-train series (P \ 0.05) and continued for the entire protocol (P \ 0.05 for post34 and P \ 0.01 for post51). Details of the studied parameters are shown in Table 1. The H reflex amplitude was not significantly affected by the stimulation trains (Fr = 1.33, P = 0.72) even when H reflex was normalized to Mmax (Hmax/Mmax, Fr = 1.98, P = 0.57; Table 1). The RMS value preceding the stimulation evoking the H reflex remained constant throughout the experimental session (F3 = 0.66, P = 0.58). Fig. 2 Force evoked by the trains of stimulation during the three series of the ES protocol. ***P \ 0.001 significantly different from pre-values Fig. 3 Percentage of force decrease during maximal voluntary contraction after every 17-train series. ***P \ 0.001, significantly different from pre-values Twitch contractile properties This decrease was 6, 15 and 20% at post17, post34 and post51, respectively. The Pt decreased throughout the ES protocol (Fr = 7.43, P \ 0.05). The constant state at post17 was followed by a decrease of 5% at post34 that became significant only at post51 (-11%, P \ 0.05). CT and MRFD also showed a significant decrease at the end of the ES session (Fr = 10.86, P \ 0.05 and Fr = 10.11, P \ 0.05 respectively). Relaxation parameters (HRT and MRFR) showed no significant changes throughout the protocol. Details of the twitch contractile properties are presented in Table 2. EMG activity and LOA during maximal voluntary contractions The raw RMS values of the APB muscle significantly declined throughout the protocol (F3 = 5.47, P \ 0.01). The decrease became significant at post34 (-10%, P \ 0.01) and post51 (-14%, P \ 0.01). When RMS was normalized to Table 1 EMG activity, activation level, M-wave and H-reflex characteristics before the ES session and after each of the three ES bouts pre Values are mean ± SEM post34 0.51 (0.14)** post51 RMS (mV) 0.58 (0.15) 0.56 (0.16) RMS/Mmax 0.069 (0.013) 0.067 (0.015) 0.065 (0.011) 0.068 (0.018) LOA (%) 79.31 (16.52) 79.68 (18.04) 79.57 (23.52) 77.08 (15.33) 8.5 (2.49) 8.56 (2.61) 8.09 (2.93) 7.64 (2.75)* M-wave amplitude (mV) * P \ 0.05, ** P \ 0.01, significantly different from rest of the values post17 0.49 (0.13)** M-wave duration (ms) 5.3 (1.6) 5.3 (1.5) 5.2 (1.5) M-wave latency (ms) H reflex (mV) 6.53 (0.67) 0.8 (0.83) 6.44 (0.67)* 0.86 (0.73) 6.44 (0.6)* 0.9 (0.56) 5.1 (1.4) Hmax/Mmax 0.08 (0.06) 0.09 (0.06) 0.1 (0.04) 0.096 (0.06) RMSatH 0.14 (0.07) 0.13 (0.06) 0.13 (0.05) 0.13 (0.05) 6.38 (0.63)** 0.78 (0.66) 123 80 Eur J Appl Physiol Table 2 Contractile properties before, during and after the ES protocol pre post17 post34 post51 F P Pt (N) 2.94 (2.08) 2.94 (2.03) 2.66 (1.85) 2.48 (1.59)* 7.43 0.05 CT (s) 0.087 (0.037) 0.085 (0.039) 0.081 (0.034) 0.078 (0.036)* 10.86 0.05 105.53 (62.23) 106.24 (62.67) 96.29 (55.69) 87.96 (45.08)* 10.11 0.05 CT/Pt 0.041 (0.027) 0.038 (0.025) 0.038 (0.021) 0.039 (0.023) 0.33 0.79 HRT (s) 0.064 (0.011) 0.060 (0.016) 0.057 (0.018) 0.058 (0.019) 1.24 0.31 MRFR (N/s) 42.99 (23.96) 44.58 (23.33) 46.2 (27.23) 44.15 (22.86) 0.63 0.88 0.36 (0.26) 0.35 (0.21) 0.34 (0.18) 0.36 (0.24) 0.34 0.79 MRFD (N/s) Pt/Mmax Pt peak twitch, CT contraction time, MRFD maximum rate of force development, CT/Pt CT was normalized with respect to Pt to take into account the mechanical dependency of these two variables, HRT half-relaxation time, MRFR maximum rate of force relaxation, Pt/Mmax electromechanical index * P \ 0.05 significantly different from rest values Discussion The results of the present study demonstrated that intermittent low-frequency electrical stimulation of the APB muscle provoked neuromuscular fatigue that could be attributed to peripheral fatigue development, without any implication of central factors. Neuromuscular fatigue was evident from the beginning of the ES protocol and was accompanied by failure in muscle excitability, as attested by the significant decreases in M-wave amplitude. The time course of central fatigue indices (no change in LOA, RMS/Mmax or H reflex) indicated that central drive and motor neuron excitability were preserved throughout the ES protocol. Muscle excitability was evaluated by eliciting the compound muscle action potential (M-wave) before, during and immediately after the ES fatiguing protocol, and the results indicated its impairment at the end of the protocol. Failure of action potential (AP) transmission at sites distal to the point of stimulation (nerve axon, neuromuscular junction, muscle membrane) can entail the decline of M-wave amplitude. At the neuromuscular junction, pre-synaptic (reduction in acetylcholine release) and post-synaptic (desensitization of acetylcholine receptors) processes are involved. However, under physiological conditions, the neuromuscular junction is known to remain unaffected (i.e., it provides 1:1 action potential transmission; Gandevia 2001). On the other hand, APs may fail to propagate either along each axonal bifurcation into the muscle (Grossman et al. 1979), thereby limiting the number of depolarized muscle fibers, or along the muscle membrane, due to decreased sarcolemmal excitability. Our results showing decreases in M-wave latency are consistent with preserved nerve conductivity compared to pre-values, leaving a failure of sarcolemmal excitability as the sole explanatory mechanism for the decrease in M-wave amplitude. Classically, failure of sarcolemmal excitability is attributed to changes in electrochemical gradients that prove impairment in the sodium–potassium pumps (Na?–K? pumps). This dysfunction causes high K? efflux from the myocytes to the extracellular spaces. The increased extracellular [K?] (and increased intracellular [Na?]) has been associated with a failure of excitation and a reduction in force (Allen et al. 2008). Failure of muscle excitability after high-frequency stimulation has been well documented in the literature (Badier et al. 1999; Darques et al. 2003; Zory et al. 2005). In the present study, low-frequency ES also provoked this alteration. This observation can be explained by the nature of the studied muscle. The APB muscle is a low fatigueresistant muscle (Barandun et al. 2009), and these muscles are known to be more sensitive to failure of muscle excitability (Pagala et al. 1984). Our results indicate that changes in sarcolemmal excitability are not only dependent on the stimulation frequency, as previously suggested (Badier et al. 1999; Zory et al. 2005), but are also influenced by other factors, like muscle fatigability. The force evoked by the stimulation trains during the ES protocol and the muscle capacity to generate voluntary force significantly declined throughout the ES protocol. These declines were accompanied by a significant decrease in the muscle mechanical response, but only after the third ES bout. The lack of early impairment of muscle contractile properties may be explained by potentiation, a phenomenon that can mask the effects of fatigue on muscle contractile properties by its opposite effects. While fatigue decreases the force evoked by a simple twitch, potentiation enhances the mechanical response. Since potentiation and fatigue arise from the beginning of exercise and appear following previous activation, these two phenomena can coexist (Rassier and MacIntosh 2000), making it difficult to distinguish their relative contributions to the simple twitch. The twitch should thus be considered as the result of forcepotentiating and force-diminishing effects. Kufel et al. (2002) observed that potentiated mechanical response is more sensitive to detect early fatigue than non-potentiated 123 81 Eur J Appl Physiol twitch, and as a consequence, the twitch evoked after the MVC is considered a better indicator of peripheral fatigue. However, the preservation of muscle contractile properties at post17 and post34 for the potentiated twitch is consistent with the transient preservation of parameters of the nonpotentiated mechanical response, further reinforcing the concept that fatigue and potentiation coexist. Muscle contractile properties are tightly controlled by intracellular calcium (Ca2?) movements, involving Ca2? release and re-pump from the sarcoplasmatic reticulum (SR) and contractile protein sensitivity to Ca2? (Allen and Westerblad 2001). It has been well documented in the literature that low-frequency ES entails intramuscular metabolic changes that influence muscle contractility (Darques et al. 2003). Increased myoplasmic inorganic phosphate (Pi) is a potential cause of contractile dysfunction by acting directly on the cross-bridge function or by reducing myofibrillar Ca2? sensitivity (Dahlstedt et al. 2001). Although Pi seems to be the most prominent cause of contractile impairment, there are other processes that can influence the Ca2? cycle, such as limited ATP availability or increased magnesium concentration, while the impact of elevated intracellular H? remains equivocal (Allen et al. 2008). Our results show altered Pt and MRFD and support the effect of these metabolites on the number of formed cross bridges and their attachment rate. However, the unchanged ratio Pt/Mmax (index of electromechanical coupling) indicates that most of the impairment was due to neuromuscular transmission failure, which consequently led to decreased contractile protein binding. Although muscle characteristics (excitability and consequently contractility) were impaired by the ES protocol, thus proving alterations occurring at the periphery, there was no central fatigue development at any point in the experimental session. Spinal excitability, as assessed by the H reflex during weak voluntary contraction and the Hmax/ Mmax ratio, remained unchanged. The decrease in force generating capacity could have entailed an increase in the neural drive arriving to motoneurons (to maintain the 10% MVC contraction) and hence would have affected the reflex gain. Similar RMS values, calculated during the weak sustained contraction, gave evidence of constant central input, further corroborating preserved spinal excitability. Raw RMS values significantly decreased during the protocol but, when normalized to Mmax, the time course of the ratio showed no changes over the session. A decrease in RMS values can be considered as an index of impaired neural drive to the muscle only in the case of no M-wave alterations (Lepers et al. 2002) because the EMG signal is inevitably influenced by processes occurring at the periphery (changes in impedance or neuromuscular propagation). When the M-wave amplitude is affected by the task, the decline in RMS is assumed to occur due to changes taking place at the muscle level. Given these findings and in addition to the results demonstrating no change in the LOA at any point in the protocol (b risk \ 10% throughout the protocol), we can assume that the central mechanisms implicated in force generating capacity were not affected by the ES session. Recent findings showed that the assessment of central fatigue by LOA or RMS/Mmax could present some limitations. First, LOA can overestimate central fatigue due to cellular contributions to the increment of the superimposed twitch under fatigue (Place et al. 2008). However, our results showed no change in LOA during the ES session, which is in agreement with no central fatigue overestimation bias. Second, RMS was described to present non-negligible intraday variations (Place et al. 2007). However, this bias can be reasonably excluded since the RMS values displayed a very regular decrease throughout the ES session. We assessed motor neuron excitability in the present study using the H reflex as a tool. An earlier study of electrically induced fatigue in the APB showed a failure in spinal excitability after a 30-Hz ES protocol (Duchateau and Hainaut 1993). Methodological considerations may explain the different results obtained in the present study. While in the aforementioned study the stimulation intensity used to fatigue the muscle was supramaximal, we delivered the ES protocol at the maximal tolerated intensity. Higher evoked force levels induce higher fatigue levels (BinderMacleod and Snyder-Mackler 1993) and can affect spinal excitability. Moreover, in the present study, fatigue was examined during and after a fixed duration of stimulation, while in the above-mentioned study the ES protocol continued until MVC force had decreased by 50%. These considerations, in addition to the fact that H reflexes were elicited during a sustained contraction corresponding to different percentages of the subject’s maximal force, can explain the discrepancies between results. Our observation that a fatiguing ES protocol carried out on the APB did not provoke any central alterations in the force generating pathway offers new insight into the electrically induced fatigue. Although a previous study (Papaiordanidou et al. 2010) demonstrated an early failure of central drive to the exercising muscle (triceps surae) under the same ES protocol, the present results on APB muscle show that peripheral fatigue components were at the origin of the subjects’ diminished capacity to generate voluntary force. Task dependency is a major principle in muscle fatigue research, the assumption being that the dominant cause of muscle fatigue is specific to the processes stressed during the fatiguing exercise (Enoka and Duchateau 2008). However, these results demonstrate that the nature of fatigue is not only task-dependent but also muscle-dependent. Indeed, under the same ES protocol, central fatigue was developed in the plantar flexors but not 123 82 Eur J Appl Physiol in the APB muscle. However, comparison between the two studies should be made with caution since central fatigue indices were not obtained with the same methodology. While LOA was assessed by doublet interpolation in the previous study, a simple twitch was used in the present study. A single stimulus superimposed on a MVC may not be sufficient to elicit enough extra force (Duchateau 2009), and this could have led to underestimation of LOA. However, the absence of modification in other indices of central fatigue (RMS/Mmax and H reflex) is in accordance with preserved central command during electrically induced fatigue on the APB muscle. The appearance of central fatigue for the ankle flexors but not for the APB under the same ES protocol can be explained by a differential effect of type III and IV muscle afferent activation. These afferents are sensitive to the muscle’s mechanical state and chemical milieu (Mense and Meyer 1985) and have projections to spinal (Garland and McComas 1990; Racinais et al. 2007) or supraspinal centers (Taylor et al. 2006). At the supraspinal level, they may inhibit cortical excitability (direct action at the motor cortex) or reorganize the circuits generating motor command (action above the level of motor cortical output), leading to progressive failure of voluntary activation. Concerning at least their spinal connections, Martin et al. (2006) observed a facilitatory effect of group III and IV muscle afferents on the elbow flexor but not extensor muscles during voluntary fatiguing contractions of these two muscle groups. These results suggest that the contribution of afferent feedback to the force decline is dependent on the muscle group. Thus, it could be hypothesized that differences in the projections of these afferents for the triceps surae and APB would explain the finding of supraspinal fatigue development for the former but not the latter muscle under the same ES protocol. Another explanation for the differences in central fatigue development between the two muscles could be the stimulation intensity used in the two studies. Indeed, the stimulation intensity was set to the pain threshold. As a consequence, the percentage of MVC evoked during stimulation was different in the studies (*40% for triceps surae vs. *20% for APB). It has been suggested that the higher intramuscular pressure in stronger muscles may lead to greater discharge of group III and IV muscle afferents (Hunter et al. 2006). As a consequence, central fatigue was clearly observed for the triceps surae only, despite greater fatigue obtained with the APB. In conclusion, this study presents evidence of peripheral fatigue development (failure in muscle excitability and consequently contractility) during low-frequency electrical stimulation of the abductor pollicis brevis, whereas central motor command and spinal excitability were preserved throughout the protocol. The results demonstrate that the nature of the stimulated muscle is a key factor in determining not only the extent of the fatigue, as proposed in the literature, but also the nature of the fatigue. The evidence that the nature of the muscle implies different central contribution to neuromuscular fatigue induced by lowfrequency stimulation may help clinicians to optimize stimulation strategies according to the muscle being studied. Acknowledgments The study was supported by the French Higher Education and Research Ministry. The authors would like to thank J.-P. Micallef for his help on the ergometer design. All experiments presented in the present study comply with the French laws for human experimentation. Conflict of interest statement no conflict of interest. The authors declare that they have References Allen DG, Westerblad H (2001) Role of phosphate and calcium stores in muscle fatigue. J Physiol 56(3):657–665 Allen GM, Gandevia SC, McKenzie DK (1995) Reliability of measurements of muscle strength and voluntary activation using twitch interpolation. Muscle Nerve 18:593–600 Allen DG, Lamb GD, Westerblad H (2008) Skeletal muscle fatigue: cellular mechanisms. 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Présentation Les deux précédentes études nous ont permis de caractériser la fatigue neuromusculaire induite par un protocole d’ES à basse fréquence. Les résultats ont mis en évidence le développement d’une fatigue supraspinale dès le début du protocole sur un groupe musculaire résistant à la fatigue, tandis que les indices de la fatigue à l’étage spinal et périphérique étaient préservés. A l’inverse, le même protocole d’ES effectué sur un muscle connu pour présenter une grande fatigabilité, a induit le développement d’une fatigue purement périphérique (altération de l’excitabilité musculaire et par conséquent de la contractilité). Ayant mis en évidence les différences des sites où la fatigue peut apparaître selon la nature du muscle étudié, nous avons voulu caractériser la fatigue induite par ES chez le sujet blessé médullaire. Dans le cadre de cette population dépourvue de la commande centrale, le concept de fatigue supraspinale n’est pas pertinent, mais, dans le cas de motoneurone périphérique intact, les boucles spinales sont toujours présentes et ainsi l’excitabilité spinale peut influencer la réponse musculaire à l’ES. Ainsi, la connaissance des différentes composantes impliquées dans la fatigue induite par ES (pour les blessés médullaires niveaux spinal et périphérique) revêt une importance indéniable, notamment pour identifier des paramètres supplémentaires pouvant être pris en compte dans les efforts de modélisation du muscle en condition de fatigue. L’objectif de cette troisième étude était de caractériser la fatigue induite par un protocole intermittent d’ES chez des sujets blessés médullaires complets. La cinétique d’installation nous a également intéressés lors de cette étude pour mettre en évidence les changements de l’état du muscle au cours de l’application de l’ES. 85 2.2. Etude III Fatigue neuromusculaire au cours d’un protocole intermittent d’électrostimulation sur le triceps surae des patients blessés médullaires Neuromuscular fatigue development during intermittent electrical stimulation of the triceps surae in spinal cord injured patients. Maria Papaiordanidou, Alain Varray, Charles Fattal, David Guiraud Article soumis dans Clinical Neurophysiology 86 Neuromuscular fatigue development during intermittent electrical stimulation of the triceps surae in spinal cord-injured patients. 1 MARIA PAPAIORDANIDOU, 1ALAIN VARRAY, 3CHARLES FATTAL and 2DAVID GUIRAUD 1 EA 2991 Motor Efficiency and Deficiency Laboratory/Movement to Health, University Montpellier 1 2 LIRMM, DEMAR team, INRIA, CNRS, University Montpellier 2 3 Centre Mutualiste Neurologique Propara, Montpellier Corresponding author: Maria Papaiordanidou UFR-STAPS, Motor Efficiency and Deficiency Laboratory 700, avenue du Pic Saint Loup 34090, Montpellier, FRANCE tel: +33 4674157 35 e-mail: mariapapaiordanidou@gmail.com Acknowledgments: The authors would like to thank Patrick Benoit, Mitsuhiro Hayashibe and Mourad Benoussaad for their help during the experiments. The study was supported in part by the French Ministry of Higher Education and Research. 87 ABSTRACT Objective: The aim of the present study was to examine neuromuscular fatigue development under intermittent electrical stimulation (ES) applied to complete spinal cordinjured subjects. Methods: The triceps surae was fatigued using a 30-Hz ES protocol (50% duty cycle) composed of three series of five trains. Spinal excitability (assessed by the H reflex), muscle excitability (assessed by the M-wave) and muscle contractile properties (assessed by mechanical response parameters) were tested before and after every five-train series. Results: Torque evoked by ES significantly decreased throughout the protocol (P < 0.001). This decrease was accompanied by a significant increase in M-wave amplitude (P < 0.001), while H reflex and the Hmax/Mmax ratio were not significantly modified by the protocol. The contraction properties (contraction time and rate) of the mechanical response were improved (P < 0.05), while the amplitude of the mechanical response was significantly altered during the ES protocol (P < 0.05). Conclusions: The results indicated high fatigue development that could be attributed to alterations taking place only distally to the muscle membrane. Significance: These results may help clinicians to develop stimulation strategies for optimal stress of the patients’ musculoskeletal system, by designing strengthening programs aiming at enhancing muscle contractile properties. Keywords: muscle excitability, spinal excitability, contractile properties 88 INTRODUCTION Spinal cord injury (SCI) entails marked muscle adaptations below the lesion level. The interrupted descending motor pathways lead to immobilization and disuse that result in muscle atrophy, one of the most prominent changes occurring after SCI. This muscle atrophy is expressed by a decrease in the muscle cross-sectional area (Castro et al, 1999) and is associated with increased intramuscular fat (Gorgey and Dudley, 2007). In addition, SCI muscles are known to undergo dramatic changes in fiber composition, expressed by a conversion of slow oxidative fibers to fast glycolytic fibers (Burnham et al, 1997). The conversion of muscle fibers toward a more glycolytic profile is associated with the decreased oxidative capacity and increased fatigability of SCI patients (Martin et al, 1992; Gerrits et al, 1999). Electrical stimulation (ES) is the only technique to contract a paralyzed muscle. ES is used in the rehabilitation context as a technique to supplement for lost functions and it partially counteracts the deleterious adaptations that skeletal muscle undergoes after SCI (Martin et al, 1992; Gerrits et al, 2002; Shields and Dudley-Javorofski, 2006). The motor unit recruitment order under ES is different from that observed for voluntary contractions (Gregory and Bickel, 2005; Jubeau et al, 2007) and metabolic stress is sharply increased (Vanderthommen et al, 2003), leading to marked and early fatigue development. It is widely acknowledged that neuromuscular fatigue can develop at many sites along the pathway from brain to muscle. In the periphery, muscle excitability and altered contractile properties explain the muscle’s decreased capacity to generate force (Allen et al, 2008), while at the central level, spinal excitability and supraspinal factors (cortical excitability, descending drive) are implicated in the development of neuromuscular fatigue (Gandevia, 2001). The multi-factorial character of fatigue has been observed even under ES applied in healthy subjects. Recent studies showed evidence of central structure involvement in electrically induced fatigue, under both high (Boerio et al, 2005) and low (Papaiordanidou et al, 2010) frequency stimulation. Rapid fatigue development is a limiting factor of ES and one of the major reasons why this technique has not yet gained widespread acceptance by clinicians. Dealing with neuromuscular fatigue is thus important for an efficient clinical application of ES. Mathematical muscle models designed for automation of clinical ES programs can predict muscle mechanical response to ES. However, their predictive capability deteriorates under fatigue conditions. Models that introduce the notion of fatigue are much more empirical because fatigue remains inadequately understood and the mechanisms implicated in its 89 development under ES are relatively unknown (Ding et al, 2003). Moreover, these models consider muscle fatigue as a purely peripheral phenomenon, although central structures have been shown to be important factors of fatigue development in able-bodied subjects. The elucidation of these complex physiological mechanisms is of crucial importance for muscle modeling and the predictive capability of mathematical models might be greatly improved if factors other than those occurring at the periphery were taken into account. The studies on fatigue development under ES applied to SCI patients have until now examined peripheral factors. Changes in muscle excitability, as assessed by the muscle compound action potential (M-wave), and contractile properties, as assessed by the muscle’s mechanical response, have been evaluated (Shields, 1995; Thomas et al, 2003; Klein et al, 2006, Pelletier and Hicks, 2010). The contributions from central fatigue (spinal excitability in the case of SCI) to electrically induced fatigue have not been studied. Although inputs from descending supraspinal pathways are interrupted, reorganization of spinal circuitry and increased segmental reflexes are observed after SCI (Ollivier-Lanvin et al, 2009). To our knowledge, only the study of Butler and Thomas (2003) examined motoneuron excitability under electrically induced fatigue in SCI and able-bodied subjects. They observed reductions in motoneuron excitability during the fatiguing protocol, as assessed by F-waves, giving evidence of modulated spinal excitability. It is thus evident that spinal activity can be modified under fatigue conditions and this may affect muscle response to ES. Spinal activity under fatigue conditions may therefore be a valuable parameter for muscle modeling research to increase model accuracy. The aim of the present study was to examine the time courses of neuromuscular fatigue components, both at the peripheral and spinal levels, under low frequency intermittent ES in persons with complete SCI. The stimulation frequency of 30 Hz was chosen, as it is commonly used in SCI rehabilitation programs (Scott et al, 2005). 90 METHODOLOGY SUBJECTS Thirteen SCI patients volunteered to participate in the present study. They were all recruited from the previously screened pool of subjects who have agreed to participate in research studies conducted in the Propara Center, Montpellier, France. Their characteristics are shown in Table 1. The study was approved by the Nîmes, France, ethics committee for human protection (2008-A00068-47/1) and was conducted in accordance with the principles of the Declaration of Helsinki. All subjects were informed of the study objectives and risks and all signed the written consent form. Criteria for inclusion in the study were: 1) age between 18 and 65 years, 2) complete motor lesion at the cervical or thoracic level (ASIA A), 3) neurologic stability >6 months, 4) complete range of motion for the hip and knee joints without any associated pathology, 5) stimulation thresholds for the studied muscles <150 mA, 6) no cardiovascular or respiratory problems, 7) no bedsores, and 8) no pregnancy. DATA COLLECTION Torque measurement: Torque evoked by ES was measured with an isokinetic dynamometer (Biodex 3, Shirley Corporation, NY, USA). Subjects were comfortably seated on the dynamometer chair with their right foot strapped to a pedal, while straps were also applied to the chest, pelvis and the right midthigh to secure positioning. The ankle joint was at 90° and the knee joint was at 120° for the entire experiment. The dynamometer axis was aligned with the anatomical ankle plantar- and dorsi-flexion axis. EMG measurement: EMG activity of the soleus muscle was recorded by means of bipolar, silver chloride, square surface electrodes (Contrôle Graphique Medical, Brie-ComteRobert, France). The skin was shaved and after verification of an appropriate M-wave acquisition (single response and highest amplitude), electrodes were placed on the muscle surface with an inter-electrode distance of 2 cm. The reference electrode was attached on the left patella. The EMG signal was amplified (gain = 500) and recorded at a sampling frequency of 4096 Hz (Biopac MP100, Biopac Systems Inc, Santa Barbara, CA, coupled with the isolation unit INISO, Biopac). 91 EXPERIMENTAL DESIGN Subjects visited the research laboratory of the Propara Center on two occasions, separated by 2-3 days. During their first visit, the stimulation intensities were identified. A recruitment curve was drawn in order to identify the intensities at which the maximum Mwave (ISM) and H reflex (IHmax) were obtained (see neuromuscular tests). We also determined the intensity (ITmax) at which maximum torque was evoked by myostimulation (Tmax). On their second visit, the experimental session started with verification of the aforementioned stimulation intensities. Then, the fatiguing intermittent ES protocol was performed with neuromuscular tests taking place before (pre) and after every five trains of stimulation (post5, post10, post15). Torque and electromyographic activity (EMG) of the triceps surae muscle were continuously recorded during the two sessions. EXPERIMENTAL PROCEDURES Neuromuscular tests Train at ITmax: The neuromuscular tests consisted of one train at ITmax. Two rectangular electrodes (10 x 5 cm) were placed over the triceps surae muscle, one 3 cm beneath the popliteal fossa and the other 2-3 cm beneath the insertion point of the two gastrocnemii to the Achilles tendon. The procedure for Tmax was described by Gerrits et al. (1999). During the first session, the muscle was stimulated with one train (30 Hz, 450 µs, 1 s duration) delivered every 10 s. The current amplitude was increased progressively (10-mA increments) until torque evoked by stimulation reached a plateau. This intensity was confirmed in the second session and was used during the experiment. A portable stimulator (Cefar Physio 4, Cefar Medical AB, Lund, Sweden) was used to deliver constant-current, rectangular, symmetric biphasic pulses. Twitches at ISM and IHmax: The neuromuscular tests also included three twitches delivered at the intensity of the maximal M-wave (Mmax) and three twitches at the intensity of the maximal H reflex (Hmax). During the first session, a recruitment curve was performed. The tibial nerve was stimulated by means of a high-voltage, constant-current stimulator (DS7AH, Digitimer Ltd., Hertfordshire, UK) delivering rectangular, monophasic pulses of 500-µs duration. The cathode (a silver chloride square electrode, Contrôle Graphique Medical, Brie-Comte-Robert, France) was fixed on the popliteal fossa and the anode (a rectangular electrode) was placed beneath the patella. Intensity was progressively increased (10-mA increments) until there was no further increase in the M-wave amplitude. The intensity at which Mmax was observed was further increased by 10% in order to obtain 92 supramaximal intensity (ISM), which was used during the entire testing procedure. Parallel to the M-wave recruitment curve, the H reflex was also observed. Subsequently, for more precise identification of the Hmax intensity (IHmax) 2-mA increments were used. Intermittent ES protocol The triceps surea muscle was fatigued by means of an intermittent ES protocol with the following characteristics: 30 Hz, 450µs, 2 s on-2 s off, at an intensity evoking 50% of Tmax. Three series of five trains were used to induce fatigue. Current was delivered through the electrodes used to evoke Tmax and with the same portable stimulator. DATA ANALYSIS Electrophysiological response: The EMG activity associated with the three twitches eliciting Mmax and Hmax were averaged for the analysis. Mmax was analyzed for peak-to-peak amplitude and duration. The peak-to-peak amplitude of Hmax was also calculated and then normalized with respect to the Mmax amplitude (Hmax/Mmax ratio). Mechanical response: The mechanical response associated with the three twitches eliciting the Mmax at rest were recorded and averaged for the analysis. The following parameters were calculated: peak twitch (Pt), defined as the maximum value of torque production to a twitch; contraction time (CT), the time needed from the beginning of the contraction to Pt; the maximum rate of torque development (MRTD), the peak value of the derivative calculated in the ascending part of the torque curve; the half-relaxation time (HRT), the time required for the torque to decrease by 50%; and the maximum rate of torque relaxation (MRTR), the peak value of the derivative calculated in the descending part of the torque curve. The torque recorded during the train eliciting Tmax was analyzed for its maximum value. The torque elicited during the three series of five trains used to electrically induce fatigue was also analyzed for its maximum value. For each series, the mean of the five trains was calculated and compared with the torque value of the first train of the first series (pre value). STATISTICAL ANALYSIS All variables recorded before, during and after the ES protocol were tested using a one-way (time) repeated measures ANOVA [before ES (pre), after five trains (post5), after 10 trains (post10), and after 15 trains (post15)]. In the case of a significant effect of time on the variables (P<0.05), the LSD Fisher post-hoc test was used. The normality of the distributions 93 was verified with the Shapiro-Wilk test. For parameters without normal distribution, a nonparametric Friedman ANOVA was performed. Data are reported as means and standard deviation (SD) and the statistical significance was set at P ≤ 0.05. All statistical analyses were performed using Statistica software (StatSoft, Inc., version 7.1, Tulsa, OK). 94 RESULTS Torque during the trains of stimulation and Tmax Torque developed during the stimulation trains significantly decreased throughout the protocol (F3 = 23.96, P < 0.001). This decrease was significant from post5 (P < 0.05) and continued for the entire ES session. From the initial value of 11.1 (6.18) Nm, observed at the first train of the first of the three five-train series, torque declined to 10.18 (5.52) Nm at post5 and to 9.08 (5.18) Nm and 8.31 (4.89) Nm at post10 and post15, respectively. This represented a decrease of 28% at post15 compared with the initial values. Figure 1 shows the changes in torque during the stimulation trains. Tmaxalso decreased throughout the experimental session (F3 = 25.04, P < 0.001). The decrease was evident from the first train bout (P < 0.001) and persisted for the entire ES protocol. From the pre value of 20.56 (10.57) Nm, Tmax declined to 19.15 (10.01) Nm, to 18.24 (9.64) Nm, and to 17.62 (9.31) Nm at post5, post10, and post15, respectively. At post15, Tmax had decreased by 16% compared with the pre value. The Tmax changes are presented in Figure 2. Electrophysiological parameters Mmax amplitude increased significantly during the protocol compared with the initial values (F3 = 20.54, P < 0.001). At pre, Mmax amplitude was 2.52 (1.55) mV and after the last five-train series its amplitude had increased to 2.67 (1.58) mV. On the contrary, the duration of Mmax showed no significant changes throughout the session (F3 = 0.74, P = 0.53). Figure 3 presents the M-wave changes during the experimental protocol. We managed to obtain an H reflex response in eight of the 13 subjects in the study. The amplitude of Hmax was not significantly modified by the intermittent ES protocol (F3 = 0.26, P = 0.84). In tandem, Hmax normalized to Mmax (Hmax/Mmax ratio) was not affected throughout the session (F3 = 1.64, P = 0.2). Table 2 shows the H reflex and Hmax/Mmax values collected during the experimental session. Muscle contractile properties Pt significantly decreased during the protocol (Fr = 10.7, P < 0.05). The decrease was evident from post5, but became significant at post15. CT significantly decreased from pre values (P < 0.05), while MRTD was significantly increased (P < 0.05). These changes were significant from post10 until the end of the protocol. Variables of muscle relaxation (HRT and 95 MRTR) were not significantly modified by the ES protocol. Table 3 presents the mechanical response parameters during the ES protocol. 96 DISCUSSION The aim of the present work was to examine the development of neuromuscular fatigue during intermittent low frequency ES applied to muscles paralyzed by SCI. Main results showed rapid development of neuromuscular fatigue, evident from the first ES bout, which was accompanied by significant alterations in muscle contractile properties, despite enhanced muscle excitability. In addition, spinal excitability was preserved throughout the protocol. The decreases in Tmax and the torque evoked during the trains of the fatiguing protocol gave evidence of early neuromuscular fatigue development, since by the first five-train bout the decrease was ∼10% for these two parameters. At the end of the protocol, torque continued to decrease, reaching 70% of pre values. The 30% torque loss at the end of the stimulation protocol was consistent with previously presented results (Shields, 1995; Hillegass and Dudley, 1999) in subjects paralyzed by SCI. This substantial fatigue was accompanied by an increase in Mmax amplitude, which is an index of the effectiveness of neuromuscular transmission and impulse propagation in muscle fibers (Hicks and McComas, 1989), proving enhanced muscle excitability. The better propagation along the muscle fibers was most probably related to the enhanced activity of sodium-potassium pumps (Hicks et al, 1989). These pumps help to restore sodium and potassium concentrations on either side of the muscle fiber membrane, ensuring the electrochemical gradient, and enable fibers to maintain their excitability during repetitive contractile activity (Hicks and McComas, 1989). Moreover, there seem to be several compensatory processes (role of chloride channels, alterations in leak conductance) acting together to prevent or minimize the effects of failure in muscle excitability (for a review see Allen, Lamb and Westerblad, 2008). The potentiation of Mmax agreed with previous observations in SCI subjects (Shields, 1995), which reported M-wave potentiation at the initial phase of a 4-min ES protocol. Pelletier and Hicks (2010) reported unchanged M-wave amplitudes during a 2-minute fatiguing protocol applied to paralyzed tibialis anterior muscle and concluded that fatigue development in SCI subjects could be attributed to mechanisms distal to the muscle membrane. Our results corroborate this conclusion, since the enhanced muscle excitability observed during the experimental session could not have been at the origin of the torque decrease. This enhancement may have led to the improvement in muscle contraction characteristics. Although the contraction parameters of the mechanical response (CT and MRTD) were enhanced, Pt was decreased, giving evidence of impaired cross-bridge force97 generating capacity. The Pt decrease was evident from the beginning of the protocol, but it became significant only after the third train bout. The effects of fatigue on a simple twitch can be masked by potentiation (Rassier and MacIntosh, 2000). Potentiation and fatigue appear concomitantly (Behm and St Pierre, 1997) and their opposing effects on muscle mechanical response make it difficult to interpret the results obtained on a simple twitch. Therefore, the transient preservation of contractile properties can be attributed to the combined effect of potentiation and fatigue, despite electrically evoked torque reduction from the beginning of the protocol. Given the phenomenon of potentiation, isometric twitches have been widely used in studies to identify the cellular mechanisms of muscle fatigue (Fitts, 1994). Muscle mechanical response is associated with molecular events of the cross-bridge cycle and particularly with Ca2+ dynamics (Allen, Lamb and Westerblad, 2008). Increased inorganic phosphate (Pi) is thought to be one of the major causes of peripheral muscle fatigue (Westerblad, Allen and Lännergren, 2002). Although its direct effect on cross-bridge function is probably rather small in mammalian muscle at physiological temperatures (Allen, Lamb and Westerblad, 2008), increased Pi can reduce filament sensitivity to Ca2+ and hence impact force production (Millar and Homsher, 1990). The decrease in Pt was consistent with reduced myofibrillar Ca2+ sensitivity, but the enhanced muscle contraction indicated preserved sarcoplasmatic reticulum function. Indeed, the enhanced muscle excitability may have entailed enhanced muscle contraction, which, due to decreased myofilament sensitivity to Ca2+, would not be as effective as in the pre state. The preserved Hmax and Hmax/Mmax ratio throughout the experimental session showed that spinal factors were not implicated in the development of neuromuscular fatigue under this specific intermittent ES protocol. H reflex has been widely used as an index of spinal excitability. It is often considered to represent the motoneuron response to activation of Iα afferents, but caution should be used when interpreting H reflex results, since its amplitude is influenced by supraspinal, homonymous and heteronymous modulations, as well as intrinsic motoneuronal properties (Misiaszek, 2003). Spinal excitability is preserved after SCI and electrophysiological outcomes after acute and chronic paralysis have shown either preserved or even increased H reflex amplitude (Leis et al, 1996). This has been attributed to decreased pre-synaptic inhibition, which is mediated by descending tracts that, after spinal cord lesion, cannot control neurotransmitter release of Iα afferents or spinal interneurons (Leis et al, 1996; Ollivier-Lanvin et al, 2010). Despite the wide use of the H reflex as a tool to monitor spinal excitability and spasticity after SCI, it has not been used in fatigue studies of electrically 98 induced fatigue in this population. We demonstrated that when the triceps surae muscle was fatigued by intermittent ES, the fatigue could not be attributed to changes occurring at the spinal level since there was no modification in the H reflex amplitude or the Hmax/Mmax ratio. Spinal excitability was preserved throughout the experimental session, proving unmodified spinal connections induced by the ES protocol. A study using F-waves to assess spinal excitability demonstrated a reduction in their persistence and amplitude during continuous ES of the median nerve, suggesting alterations in spinal excitability for thenar muscles (Butler et al, 2003). The supramaximal intensity used to fatigue the thenar muscles and to elicit Fwaves, the frequency (18 Hz), and the muscle group studied may explain the discrepancies between these results and ours. However, F-waves present some limitations when used to assess motoneuron excitability. The antidromic reactivation of the motoneurons giving the F response is thought to provide little insight into how motoneurons behave normally (absence of a synaptic event) and, furthermore, the sensitivity of F-waves to changes in motoneuron excitability is much less than that of the H reflex (Pierrot-Deseilligny and Burke, 2005). In conclusion, ES delivered to a muscle paralyzed by SCI induced rapid and substantial muscle fatigue despite improved muscle excitability. This involved only alterations in contractile properties, which were transiently preserved due to potentiation, but became evident at the end of the protocol. The characterization of neuromuscular fatigue in SCI patients and information on the changes in fatigue components under ES have different applications. First, these results provide valuable information for researchers modeling the musculoskeletal system. The identification of model parameters from experimental data that accurately describe muscle behavior under fatigue conditions would increase the predictive capability of mathematical models by taking into account neuromuscular fatigue development. Moreover, establishing the time course of fatigue components can help clinicians to develop rehabilitation strategies that optimally stress the SCI musculoskeletal system. Bearing in mind that contractile properties are the most affected fatigue component under intermittent ES, future strengthening programs should be designed to enhance muscle contractile quality. To our knowledge, this is the first information about the time course of several fatigue components under intermittent ES applied to SCI subjects. The purely peripheral character of fatigue under the present ES protocol should be examined in further studies of acute and chronic patients in order to identify the impact of deleterious adaptations to chronic SCI on fatigability and on the nature of developed fatigue. 99 REFERENCES Allen DG, Lamb GD, Westerblad H. Skeletal muscle fatigue: Cellular mechanisms. Physiol Rev 2008; 88: 287-332. Behm DG, St-Pierre DMM. Effects of fatigue duration and muscle type on voluntary and evoked contractile properties. J Appl Physiol 1997; 82: 1654-1661. Boerio D, Jubeau M, Zory R, Maffiuletti NA. 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News Phusiol Sci 2002; 17: 17-21. 102 TABLES Table 1: Characteristics of the subjects participating in the study Subject Sex Age (years) S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12 S13 M M M M F M M M M M M M F 39 46 22 21 25 26 45 37 32 45 48 53 60 Years after injury 3 14 2.5 1.5 1 3 14 12 0.6 1.5 1.5 4 37 Lesion level T6 T10 C7 C5 C7 T6 T6 T6 C5 C5 T6 T6 T10 ASIA classification A A A A A A A A A B A A A Sex: M (male), F (female), Lesion level: T (thoracic), C (cervical), ASIA: American Spinal Injury Association, A (complete motor and sensory injury), B (complete motor and incomplete sensory injury). 103 Table 2: H reflex and Hmax/Mmax ratio during the experimental session pre post5 post10 post15 H reflex (mV) 1.59 (1.06) 1.57 (1.08) 1.62 (0.99) 1.61 (0.99) Hmax/Mmax 0.63 (0.34) 0.56 (0.23) 0.56 (0.20) 0.56 (0.20) 104 Table 3: Contractile properties during the experimental session pre post5 post10 post15 Pt (Nm) 9.57 (3.8) 9.54 (4.1) 9.45 (4.1) 9.33 (4.1)* CT (ms) 89 (16) 87 (16) 85 (15)* 85 (14)* MRTD (Nm/ms) 0.226 (0.10) 0.227 (0.11) 0.229 (0.11)* 0.231 (0.12)* HRT (ms) 78 (19) 80 (22) 81 (23) 78 (25) MRTR (Nm/ms) 0.14 (0.05) 0.14 (0.06) 0.14 (0.06) 0.14 (0.06) CT: contraction time, MRTD: maximum rate of torque development, HRT: half-relaxation time, MRTR: maximum rate of torque relaxation. * P < 0.05, significantly different from pre values. FIGURE LEGENDS Figure 1: Torque evoked by the stimulation trains. The decrease was significant from post5 and continued throughout the protocol. Figure 2: Decrease in the maximal torque evoked by ES during the fatiguing protocol. Figure 3: M-wave potentiation throughout the ES protocol. 105 3. Etude IV 3.1. Présentation La troisième étude a mis en évidence une fatigue purement périphérique quand un protocole d’ES était appliqué sur le muscle triceps surae des sujets blessés médullaires complets. Cette fatigue purement périphérique était mise en évidence par l’altération seulement des propriétés contractiles, tandis que l’excitabilité musculaire était préservée, voire améliorée. L’évolution des propriétés contractiles au cours du temps a été considérée comme le groupe de paramètres le plus pertinent à introduire dans le modèle. Ainsi, lors de notre quatrième étude l’évolution de ce paramètre a été prise en compte. En conditions réelles d’application de l’ES, où la séquence de stimulation n’est pas prédéfinie, la prédiction du comportement du muscle reste impossible. Ainsi, nous nous sommes intéressés à trouver un élément qui pourrait donner l’état du muscle à chaque instant et cela indépendamment du protocole d’ES. Les paramètres du modèle ont été identifiés à l’aide des données expérimentales des propriétés contractiles, issues de l’étude III, pour suivre le phénomène de fatigue, ce dernier point constituant l’objectif de cette quatrième étude. 106 3.2. Etude IV Identification de la fatigue chez les sujets blessés médullaires avec un modèle physiologique de muscle Fatigue tracking in spinal-cord injury using a physiology-based muscle model Maria Papaiordanidou, Mitsuhiro Hayashibe, Alain Varray, Charles Fattal, David Guiraud Article soumis dans IEEE Transactions on Neural Systems and Rehabilitation Engineering 107 1 Fatigue tracking in spinal-cord injury using a physiology-based muscle model Maria Papaiordanidou1, Mitsuhiro Hayashibe2, Member, IEEE EMBS, Alain Varray1, Charles Fattal3, David Guiraud2, Member, IEEE EMBS. 1 Motor Efficiency and Deficiency Laboratory/Movement to Health, University Montpellier 1, 700 avenue du Pic Saint-Loup, 34090, Montpellier, France. 2 DEMAR team, University Montpellier 2, INRIA, LIRMM, 161 rue Ada, 34095, Montpellier, France. 3 CMN Propara, 263 rue du Caducée, 34000, Montpellier, France. Corresponding author Maria Papaiordanidou Motor Efficiency and Deficiency Laboratory/ Movement to Health 700, avenue du Pic Saint-Loup 34090, Montpellier, France tel: +33467415735 fax: +33467415704 e-mail: mariapapaiordanidou@gmail.com 108 2 ABSTRACT Muscle fatigue is a complex phenomenon that limits the application of Functional Electrical Stimulation (FES), used to activate skeletal muscle in order to perform functional movements. The purpose of the present study was to track the development of neuromuscular fatigue under intermittent FES applied to the triceps surae muscle of 5 subjects paralyzed by Spinal Cord Injury (SCI). Experimental results gave evidence of neuromuscular fatigue development attributed to muscle contractile properties impairment. Classical parameters representing muscle contractile properties (peak twitch, Pt and twitch contraction and relaxation parameters) significantly decreased at the end of the protocol. These experimental data were used to identify the parameters of a previously developed physiological mathematical model describing all possible contractive states occurring in a stimulated muscle. The sigma-point Kalman filter was used for the identification of the model’s parameters and simulation results prove that the model was capable to track fatigue and under the present stimulation conditions even predict muscle contractile behavior. This work reinforces clinical research with a tool allowing clinicians to monitor the current state of the stimulated muscle for its optimal solicitation. Index Terms: muscle fatigue, contractile apparatus, identification method, Sigma-Point Kalman Filter, paraplegia, muscle model 109 3 INTRODUCTION Over the past years, electrical stimulation has been used to artificially activate skeletal muscles, either as a part of a strengthening training program either in the clinical context to partially restore muscle function in patients with upper motor neuron lesions. In this latter context, the commonly used term is Functional Electrical Stimulation (FES). A fundamental problem in FES research is to control the electrically induced movement of a highly complex, nonlinear and time-varying system, as the neuro-musculoskeletal system [1]. Development of mathematical models describing this complex system can assist in the design of efficient FES control strategies, either in the development of neuroprostheses [1] or in the research focused on defining the optimal activation patterns during FES [2]. In both cases, the aim is to analytically describe and further predict the behavior of stimulated muscles. In addition to the already existing complexity of the system, muscle fatigue, one of the major limitations in the clinical application of FES, further complicates the control task. Indeed, due to the completely different motor unit recruitment pattern observed under FES compared to voluntary contractions [3], [4], the metabolic solicitation is greater under FES [5], [6] and this leads to important neuromuscular fatigue development [7]. Fatigue is a complex and multifactorial physiological phenomenon that can appear at different sites along the pathway from brain to the muscle [8], [9]. When applied to able-bodied subjects, electrical stimulation solicits the whole generation pathway and developed fatigue is attributed both to central and peripheral impairments [10], [11]. In spinal cord injured subjects (SCI), supraspinal descending pathways are missing, but spinal reflexes are still functional and hence spinal excitability may change and thus explain force decline under FES. However, studies on electrically induced fatigue in paralyzed muscles give evidence of contractile impairment as sole explanatory mechanism for the important force decline [12]. Moreover, we carried out a preliminary study and observed no modification of spinal excitability or alteration of muscle excitability under electrically induced fatigue in SCI subjects (unpublished data). Thus we focused on the study of muscle contractile properties, in order to examine fatigue and track its evolution. 110 4 Previous studies have been interested in the phenomenon of muscle fatigue. Non-physiological analytic models, trying to curve-fit the forces produced during fatigue tests [13], [14] or models based on metabolic and electromyographic data [15], [16] have been developed. The research team of the university of Delaware has done since the last 15 years, considerable work on muscle modeling. They managed to accurately predict muscle force under different fatigue conditions induced by a wide range of stimulation patterns [17]. Identification of the model’s parameters under fatigue condition was done based on the forces predicted by their initial force model, the latter being parameterized using experimental data. However, the predifined stimulation parameter setting over time used in the aforementioned study, although allowing force prediction, does not respond to practical FES problems. Indeed, when FES is applied to paralyzed muscles stimulation condition is not constant. The stimulation sequence is not predefined and stimulation and rest durations are not known in advance. Therefore prediction becomes difficult, even impossible when the stimulation pattern is changed. Our approach to the problem is to find muscle’s current state with the least laps of time, independently of the stimulation pattern. Fatigue studies classically use muscle contractile properties as index of peripheral fatigue development. This classical evaluation is pertinent for off-line analysis of muscle fatigue, but cannot be used for FES parameters modulation. Indeed, when FES is applied to paralyzed muscles stimulation parameters should change according to muscle’s current state, in order to optimally control the system. For this, mathematical models that are based on physiological parameters are necessary. A previously developed physiological muscle model that accurately predicts muscle response to different stimulation patterns [18] was used in the present study. The model’s parameters were identified using experimental force data. The muscle mechanical response on a simple twitch was studied and its timecourse under a pre-selected FES protocol was used to identify the model’s parameters and to track fatigue. We consider that this work can provide clinicians with a tool allowing them to monitor the muscle condition under FES application and to change stimulation patterns for optimal stress of the patients’ musculo-skeletal system. 111 5 In this paper, after the description of experiments performed to SCI patients and a brief presentation of the physiological muscle model, we present and discuss the experimental results and the results of related model force estimations. 112 6 METHODS Experimental design Five motor complete SCI subjects volunteered to participate in the present study. Their characteristics are shown in Table 1. They were all recruited from the pool of previously screened subjects who have agreed to participate in research studies at the CMN Propara (Montpellier, France). The study was approved by the ethical committee for persons’ protection of Nîmes (2008-A00068-47/1). After being informed about the objectives of the study and the eventual risks associated with their participation, all subjects signed the consent form. Subjects came to the laboratory on two sessions separated by 2-3 days. On their first visit the intensities where the maximal torque (Tmax), the maximal compound muscle action potential (M-wave or Mmax) and the associated mechanical response peak twitch (Pt) are obtained, were defined (recruitment curve). Tmax was obtained through myostimulation of the triceps surae muscle (train at 30 Hz, 450 µs, 1 s on – 10 s off), while Mmax and the associated Pt were obtained through neural stimulation (single twitch of 500-µs-duration) of the tibial nerve at the popliteal fossa. After this first visit, subjects returned for a second session during which the aforementioned intensities were just re-adjusted and the intermittent fatiguing ES protocol was performed. Figure 1 presents the experimental set-up used in the present study. Experimental protocol The subjects’ right triceps surae muscle was fatigued with 5 series of 5 trains (30 Hz, 450 µs, 2 s on – 2 s off, at intensity evoking 50% Tmax). Electrical stimulation was delivered through surface electrodes (10 cm x 5 cm) placed one 5 cm beneath the popliteal cavity and the other beneath the insertion point of the medial and lateral gastrocnemii on the Achilles tendon. A portable stimulator was used (Cefar Physio 4, Cefar Medical, Lund, Sweden) to deliver constant current, rectangular, symmetric, biphasic pulses. Three twitches at +10% of Mmax intensity were delivered before and after every 5-train-series. The tibial nerve was stimulated by a constant current stimulator (DS7AH, Digitimer, Hertfordshire, UK). The 113 7 cathode (a silver chloride surface electrode) was fixed in the popliteal fossa and the anode (10 cm x 5 cm) was placed beneath the patella. Rectangular, monophasic pulses of 500-µs were used. Torque and electromyographic activity (EMG) of the soleus muscle were synchronously recorded by means of an acquisition system (Biopac MP100, Biopac Systems, acquisition frequency 4096 Hz) coupled with the isolation units (INISO-Biopac). Subjects sat on a dynamometric chair (Biodex 3, Shirley Corporation, NY, USA). The right foot was attached to the dynamometer (90° for ankle joint and 110° for the knee joint), while straps were used on the pelvis and shoulders to secure subjects’ position on the chair. The axis of the dynamometer was aligned with the ankle’s rotation axis. Surface EMG electrodes (Contrôle Graphique, Brie-Compte, France) were placed on the soleus muscle with an interelectrode distance of 2 cm. The reference electrode was placed on the left patella. Presentation of the multi-scale physiological muscle model The physiological muscle model used for identification and simulation of the muscle mechanical response is based on a multi-scale approach, from the sarcomere scale to the muscle scale. It includes the macroscopic structure proposed by Hill [19], while its microscopic theory is based on the two-state crossbridge model of Huxley [20]. Here it is summarized briefly. The Hill-type model proposes that force is generated by a contractile element (muscle) in series with an elastic element (tendon); the parallel element is not included in the model because of isometric conditions use (figure 2). The active part of the muscle, the contractile element (Ec), is modeled using the Huxley model, integrated from the microscopic to the macroscopic level through the computation of the two first moment of the distribution of the formed crossbridges. All sarcomeres are assumed to be identical and the deformation at the sarcomere and the muscle scale is proportional. If S is the sarcomere length, its deformation εc can be written: 114 8 S - S0 Lc - Lc0 = = εc S0 Lc0 € F0 and Lc0 denote their natural length. According to Huxley, a cross-bridge between actin and myosin filaments can exist in two biochemical states, either attached or detached state. It is accepted that one myosin head can attach only to one actin site. Then the dynamics of the fraction n(y,t) of the attached cross-bridges is given by: ∂n S 0 ∂n + ε˙c (t) = f (y,t)[1 − (n(y,t)] − g(y,t)n(y,t) ∂t h ∂y € (1) where, h is the maximum elongation of the myosin spring, y is the normalized distance between the actin filament and the myosin head, n(y,t) is a distribution function representing the fraction of attached crossbridges relative to the normalized position y, S0 ε˙c represents the velocity of the actin filament relative to the myosin one. Finally, f and g are the rate functions of attachment and detachment respectively. € Stiffness and force generated by a muscle sarcomere can be thus obtained by computing the first and second moments of the distribution n(y,t). Considering that each muscle fiber is composed of perfectly identical sarcomeres in series, the sarcomere dynamics can be extended to a whole muscle fiber. If N is the number of all muscle fibers, using the recruitment ratio α, the number of recruited muscle fibers can be written as αN. The existence of an attachment-detachment cycle is dependent on calcium concentration [Ca2+] in the sarcomere as well as on the relative velocity between actin and myosin. According to our previous work [18] and to [21], we designed f and g functions that allow the computations of the dynamics of the computed moments, and that take into account both the chemical input u(t) and the relative velocity. Indeed, the relative movement increases the probability for a bridge to break. Finally, we get: 115 9 u(t) = Πc(t)Uc + (1 − Πc(t))Ur € € ⎧1 ⎪⎪ τr − tr Πc (t) = ⎨ ⎪ τr ⎪⎩0 during contraction phase τc during transition phase else ( f + g)(y,t) = u(t) + ε˙c (2) the necessary property on f and g to compute directly the first and second moment dynamics. € Uc and Ur are the level of chemical kinetics under contraction and relaxation phases respectively, τc is the duration of the contraction phase, τr is the duration of the relaxation phase and tr the relative position pendant this phase. If kc is the contractile element’s stiffness and Fc its produced force, the desired model of contractile element can be expressed by the set of differential equations (see [18] for details): k˙c = −(u + ε˙c )kc + αkmΠc (t)Uc F˙ c = −(u + ε˙c )Fc + αFmΠc (t)Uc + kcLc 0ε˙c (3) € € where, km and Fm, represent the maximum stiffness and maximum force when all potential cross-bridges are attached. In the macroscopic scale, tendon parameters should be considered. They were adopted from Delp [22]. Since stimulation of the motor nerve, synchronously activates muscle fibers of the triceps surae group (two gastrocnemii and soleus muscles), this muscle group was considered on his totality, without distinguishing the muscle composing it. The two gastrocnemii covering the major posterior part, their geometrical value was used. The moment arm was a fixed value taken from the literature [23]. 116 10 Then, the dynamics of the contractile element coupled with the tendon in series in isometric conditions should also meet the equation: F˙ c = ksLs0ε˙s = −ksLc 0ε˙c € From (3) and (4) we can compute the differential equation of elongation εc: ε˙c = € (4) Fcu − αFmΠc(t)Uc ksLc 0 + kcLc 0 − Sε˙cFc (5) Sε˙c is the sign of ε˙c . From the condition ksLc0+kcLc0-Fc > 0, Sε˙c can be obtained from the sign of these terms Fcu-aFmΠc(t)Uc. Then we can compute k˙c and F˙ c with (3). € € Identification method € € € The differential equations of the muscle dynamics are given in (3) and (5). The input controls of the mechanical model are the recruitment rate α and the chemical input u. Under the present experimental conditions, α is considered to be 1, since the neural stimulation permitting to evoke the muscle mechanical response was delivered at supramaximal intensity, ensuring synchronous recruitment of all muscle fibers. The chemical input u, according to (2) is defined by 2 parameters Uc and Ur. The switching time from relaxation state to cotraction state can be obtained by the twitch stimulation timing. The electromechanical delay can directly be measured as the time laps between stimulation and torque production. kc, Fc and εc are time-varying states and only Fc is accessible from experimentation. Lc0, ks, km, Fm, Uc and Ur are unknown parameters. In the present experiment we identified the time-varying parameters under isometric conditions and were interested in their fatigue-induced changes. Lc0 and ks are obtained from the literature [22]. Under isometric conditions km is not a sensitive parameter, while Uc (linked to the Maximum Rate of Torque Development MRTD) is not significantly affected by fatigue. On 117 11 the contrary, Fm and Ur (linked to the Pt and the Half Relaxation Time HRT), known to undergo the most prominent alterations under fatigue conditions [9], are the parameters to be identified by the muscle model in the present fatigue protocol. Finally, τc and τr are adjusted evaluating directly the Contraction Time (CT) with which they are directly linked. The identification procedure of Fm and Ur was based on an efficient recursive filter. The Sigma-Point Kalman Filter (SPKF) was used, known to give approximations that are accurate [24]. This non-linear identification method consists of estimating the values of the parameters by predicting a value, estimating the uncertainty of the predicted value and computing a weighted average of the predicted and the measured value. After identification, Fm and Ur values were put in the muscle model in order to simulate muscle mechanical response during the fatiguing ES protocol. The time window used both for identification and simulation assessment is determined by the beginning of the twitch response up to roughly the time when 50% of the Pt is obtained to be consistent with the comparison with classical HRT measurements. Data analysis Torque during stimulation trains evoking 50% of Tmax was continuously recorded. Maximum torque was calculated and averaged for the 5 trains of each series of myostimulation. The three twitches eliciting the maximal mechanical response via neural stimulation where registered and averaged for further analysis. The following contractile parameters were calculated: Pt, defined as the maximal value of torque evoked on a twitch, CT, defined as the time elapsed from the beginning of the contraction until Pt, MRTD, defined as the maximum derivative calculated on the ascending part of the torque curve, HRT, defined as the time necessary for torque to decrease to 50% of maximum and maximum rate of torque relaxation (MRTR), defined as the maximum derivative calculated on the descending part of the torque curve. All parameters were statistically analyzed using a Friedman ANOVA test for repeated measures. Values after each stimulation series (post5, post10, post15, post20, post25) were compared to baseline values 118 12 (pre). In the case of a significant effect of time over the variables, a post-hoc test was performed. Data are presented as means and standard deviations (±SD). Significance level was set at P < 0.05, and all statistical analysis were made with Statistica 7.1 software (StatSoft, Tulsa, Oklahoma). 119 13 RESULTS Torque and evolution of the contractile properties during the intermittent ES protocol Torque evoked during the stimulation trains was considered in the present protocol as index of muscle fatigue. It significantly decreased throughout the protocol (P < 0.001), proving that muscles were fatigued compared to pre-protocol condition. From the initial value of 10.62 ± 2.76 Nm before the ES session, torque decreased to 9.01± 2.47 Nm at post5, to 8.3 ± 2.32 Nm at post10, 7.79 ± 2.19 Nm at post15, to 7.03 ± 2.1 Nm at post20 and to 6.7 ± 1.96 at post25. This represented a 40% decrease compared to baseline values (figure 3). This fatigue development during the ES protocol was accompanied by Pt significant decrease throughout the ES protocol (P < 0.001). Pt is classically used as index of peripheral fatigue development and is closely associated with cross-bridge binding events. Its decrease was evident from post5 and became significant at post10 (figure 4). At the end of the protocol (after 25 stimulation trains) Pt has decreased by 13%. Parameters of the mechanical response (CT, MRTD, HRT and MRTR) did not significantly change throughout the intermittent ES protocol. Identification and correlations with classical parameters Identification of the muscle parameters was performed as explained in a previous section. Results of the identification procedure are shown in figure 5. Fm values were highly correlated with Pt values during the ES protocol. Evolution of this parameter is presented in figure 6; it shows the robustness of the algorithm versus initial value misevaluation. In tandem with this correlation, Ur had a high negative correlation with HRT. It shows that even if HRT evolves slightly, Ur is able to track these changes. Moreover, the negative correlation was expected because HRT is a time (s) and Ur a rate (Hz). These correlations were 0.98 and -0.95 for Fm-Pt and for Ur-HRT respectively. Estimation results 120 14 Identification quality was evaluated by means of the normalized root mean square error (NRMSE). The RMSE is frequently used as a measure of the differences between values estimated by the model and the values actually observed. We normalized this RMSE by the range of the observed values in order to obtain the NRMSE. Error values for all subjects at the different stages of the protocol are presented in Table 2. Figure 7 shows an example of model estimation for different fatigue states. 121 15 DISCUSSION The present study aimed at tracking the phenomenon of neuromuscular fatigue under FES. For this, experimental data collected on SCI subjects were used to identify the two free parameters of the previously developed muscle model [18]. We hypothesized that these two parameters would be the most sensible to the fatigue phenomenon and hence we chose to identify them based on the experimental data. The triceps surae muscle was fatigued with an intermittent ES protocol and response to maximal neural stimulation was collected and analyzed for various mechanical parameters. When the model’s free parameters (Fm and Ur) were identified using the collected experimental data, it gave the possibility to track the evolution of muscle’s mechanical response throughout the protocol. Although it is commonly admitted that fatigue can develop at different sites along the force generation pathway, experiments on SCI subjects gave evidence of altered contractile properties as the only fatigue component responsible for the decreased force under ES (unpublished data). For this reason, we chose to use the muscle mechanical response as basis for identification of the free model’s parameters. Even if a simple twitch is not observed in in vivo muscle contraction, the evaluation of isometric twitches has been widely used in muscle fatigue studies and proved useful for identification of cellular mechanisms of muscle fatigue [25]. They are associated with molecular events of the cross-bridge cycle and particularly with the ATP hydrolysis and Ca2+ dynamics [9]. Accumulation of hydrogen ions (H+) and inorganic phosphate (Pi) has a direct effect on the force output of each cross-bridge bound [26] and can hence explain the decrease in Pt observed in the present study. Although prolongation of HRT is one of the prominent changes occurring under fatigue conditions, we did not observe significant modifications of this parameter. HRT is associated with impairment in the Ca2+ reuptake by the sarcoplasmic reticulum’s pumps, which, taking under consideration the present results must have been preserved. There were however, small variations in this parameter that due to inter-subject variability did not reach statistical significance. These two parameters, expressing as mentioned above the cellular mechanisms of muscle fatigue, were used to identify the model’s free parameters (Fm and Ur). Fm represents the maximal force evoked by the 122 16 muscle in tetanic contraction and Pt is considered as the maximal force on a simple neural twitch, assuming that all muscle fibers are recruited simultaneously. Ur expresses the chemical kinetics during the relaxation phase of muscle contraction and HRT is the time needed for torque to reach 50% of its peak value on a simple twitch. The strong correlations between Fm and Pt and Ur and HRT (0.98 and -0.95 respectively) further reinforce the relationship between the model’s parameters and experimental data. To our knowledge this is the first time a muscle model was identified using torque obtained from experimental data having a physiological meaning and being strongly implicated in the development of muscle fatigue. Previous work has used metabolic or electromyographic data [15] and curve-fitted fairly well the isometric forces evoked during a fatigue test, but did not include as inputs of the model the stimulation signal, leaving no possibility for predicting the force response to various activation patterns. Moreover, the model consisted of various parameters either identified by the literature or measured directly on the subjects or obtained by fitting the fatigue equations to metabolic data. We only had 2 free parameters, simplifying in that way the computation procedure (∼ 20 s). Having in mind that a good modeling approach is a compromise between the model’s complexity and its physiological veracity [27], high complexity levels should be avoided. Model estimation results of the force evoked by neural stimulation under fatigue conditions were rather satisfactory (NRMSE varied from 0.024 to 0.052). We can thus accept that the model is able to track the fatigue developed by an intermittent ES protocol. The linear reduction of Fm after each stimulation bout permits us to say that, for the specific intermittent stimulation protocol, the model is even capable to predict the evolution of muscle’s mechanical response. Pt and Fm were strongly correlated, however, although Pt only expresses one point in the torque curve (the peak), Fm expresses the whole muscle behavior, from a simple twitch to the fused tetanus. Besides, during the identification procedure, the whole twitch response (until 50%torque decline) is used to estimate Fm instead of one extremum estimation of Pt. The estimation is thus more robust to noise and it will be a critical issue considering embedded sensors to achieve real time fatigue tracking. Taking under consideration that the safety and robustness of future FES systems will rely, among others, upon their ability to monitor the fatigue state of 123 17 the stimulated muscles [28], we can understand the importance of having a tool permitting clinicians to test the active state of the muscle and accordingly modify stimulation parameters. Instead of developing a predictive model of fatigue and recovery, we consider more pertinent for the practical use of FES the development of automatic identification method to extract the current muscle state instantaneously, and this due to the SPKF method. Indeed, except for the first guess, the following of muscle state could be achieved online. Under these conditions, we can use any combination of stimulation duration and rest time and any modulation of pulse width and intensity of stimulation. In the present study we studied the behavior of fatigued muscle under isometric conditions and assumed that muscle length was constant. Under this simplification, position and velocity dependant parameters, such as the force-length and force-velocity relationships were not accounted for, since their influence to force generation under isometric conditions is negligible [1]. Moreover, the capacity of tracking muscle fatigue under isometric conditions is important for the development of stimulation strategies aiming at reinforcing patients’ muscles but not for designing control strategies, where limb movements are essential. For this to happen, the extension of the present work to include dynamic muscle contraction and multi-segmental dynamics is imposed. Nevertheless, the combination of instantaneous identification and muscle model prediction may allow the optimization of stimulation patterns, considering the current muscle state. Moreover, present results are an intermediate but important step to more complex control strategies of the human musculo-skeletal system, since the accuracy of the model to track fatigue of a single muscle group under isometric contraction, gives the possibility for qualitative conclusions to be made about the movement to be generated. 124 18 ACKNOWLEDGMENT The authors would like to thank Patrick Benoît, Qin Zhang, Mourad Benoussaad and Christine Azevedo for their help during the experimental sessions. 125 19 REFERENCES [1] R. Riener and J. Quintern, “A physiologically based model of muscle activation verified by electrical stimulation.” Bioelectr. Bioenerg. vol. 43, pp. 257-264, 1997. [2] A.S. Wexler, J. Ding and S.A. Binder-Macleod, “A mathematical model that predicts skeletal muscle force.” IEEE Trans. Biomed. Eng. vol. 40, pp. 337-348, 1997. [3] C.M. Gregory and C.S. Bickel, “Recruitment patterns in human skeletal muscle during electrical stimulation.” Phys. 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Eng. vol. 8, pp. 286-296, 2000. 128 22 TABLES Table 1: Subject’s characteristics Subjec t Ag e Years after injury Lesion level S1 S2 S3 S4 S5 32 45 48 53 60 0.6 1.5 1.5 4 37 C5 C5 T6 T6 T10 ASIA classificatio n A B A A A Table 2: NRMSE values between the model estimation and experimental data for the 5 subjects in different fatigue states. Subject S1 S2 S3 S4 S5 pre 0,045 0,030 0,026 0,033 0,052 post5 0,038 0,029 0,028 0,035 0,025 NRMSE post10 post15 0,033 0,034 0,031 0,029 0,022 0,025 0,032 0,030 0,034 0,036 post20 0,038 0,028 0,024 0,028 0,031 post25 0,035 0,028 0,025 0,028 0,032 129 23 FIGURE LEGENDS Figure 1: Experimental set-up. Torque of the right plantar flexors, evoked by myostimulation (fatigue protocol) or by neural stimulation (twitches) was measured synchronously with EMG activity of the right soleus muscle. Figure 2: Typical muscle-tendon model presentation. Fc, Lc and Fs, Ls, the force and length of the contractile element and the tendon respectively. L is the length of these two parts. Figure 3: Evolution of torque evoked by stimulation trains during the fatiguing protocol. Pre values present the torque of the first trains of the first series, while post5, post10, post15, post20 and post25 present mean values of the 5 trains of each series. *** P < 0.001, significantly different from pre values. Figure 4: Evolution of the amplitude of the mechanical response (Pt) during the experimental protocol. *** P < 0.001, significant different from pre values. Figure 5: Identification results of the parameter Fm for one subject with 5 different initial values (upper panel) and error covariance for this parameter on a representative subject (lower panel). Figure 6: Fm evolution at different fatigue stages. Fm was identified with experimental data of muscle mechanical response. Figure 7: Estimation results on a representative subject. The second half of the descending part of the torque curve was not used for identification. Red line represents estimation values while the blue line shows measured values. 130 24 Figure 1 131 25 Figure 2 132 26 Figure 3 133 27 Figure 4 134 28 Figure 5 135 29 Figure 6 136 30 Figure 7 137 IV. Synthèse et perspectives 138 Synthèse et perspectives L’objectif de ce travail de thèse était d’étudier les mécanismes de la fatigue neuromusculaire électriquement induite, leur cinétique d’apparition et les facteurs de sa variation selon la nature du muscle étudié pour identifier les paramètres les plus pertinents de la fatigue à prendre en compte dans le modèle de muscle physiologique de l’équipe DEMAR, afin de préserver sa validité en condition de fatigue. Ce modèle a été développé pour faciliter et automatiser l’usage clinique de l’ES chez des sujets blessés médullaires. La compréhension approfondie du phénomène de la fatigue neuromusculaire électriquement induite est une étape indispensable de tout effort de modélisation de celle-ci. Ainsi, lors de nos deux premières études (Etude I et II) nous avons examiné l’apparition de la fatigue au cours d’un protocole d’ES à basse fréquence chez le sujet valide. Le développement d’une fatigue d’origine supraspinale avait déjà été rapporté dans la littérature (Boerio et al, 2005), mais après un protocole d’ES délivré à haute fréquence, destiné au renforcement musculaire des sportifs. Dans le contexte clinique, des basses fréquences de stimulation sont utilisées afin d’éviter le développement rapide de la fatigue (Binder-Macleod & Snyder-Mackler, 1993). Dans nos études la fréquence de 30 Hz a été choisie, puisqu’elle est souvent utilisée dans les programmes de rééducation des sujets présentant des déficiences motrices (Scott et al, 2005). De plus, considérant la fatigue comme un phénomène dynamique, nous nous sommes aussi intéressés à la cinétique d’apparition des ses composantes, afin d’étudier de potentiels paramètres transitoires. Les résultats de notre première étude ont mis en évidence l’apparition d’une fatigue supraspinale au cours du protocole d’ES appliqué sur le muscle triceps surae. L’excitabilité spinale et l’excitabilité musculaire étaient préservées tout le long du protocole, tandis que les propriétés contractiles du muscle étaient potentiées. Ces résultats confirment et élargissent ceux rapportés par Boerio et al (2005) après un protocole à haute fréquence. En effet, le développement de la fatigue supraspinale a été observé même au cours d’un protocole d’ES à plus basse fréquence et son caractère précoce a été mis en évidence, puisqu’elle était évidente dès la première série des trains de stimulation. Ces résultats renforcent les arguments, maintenant nombreux dans la littérature, sur la sollicitation du SNC lors de l’application de l’ES. Le même protocole d’ES appliqué sur un muscle de nature différente que le triceps surae, a entraîné des adaptations différentes. En effet, pour se rapprocher du muscle du sujet 139 blessé médullaire, nous nous sommes intéressés à la nature de la fatigue neuromusculaire d’un muscle connu pour présenter une grande fatigabilité, l’abductor pollicis brevis (Barandum et al, 2009). Les résultats montrent que la fatigue développée au cours du même protocole d’ES avait des origines purement périphériques, sans altération au niveau central. Une défaillance du couplage E-C a été mise en évidence, due à l’altération de l’excitabilité musculaire. La commande centrale arrivant au muscle était préservée tant au niveau spinal qu’au niveau supraspinal. Les résultats de cette étude en comparaison avec ceux de la première étude montrent que la nature de la fatigue, à la fois quantitativement et qualitativement, dépend du groupe musculaire étudié. Le muscle abductor pollicis brevis a présenté une plus grande fatigabilité en comparaison avec le triceps surae (20% de diminution de CMV à la fin du protocole vs. 11% pour le triceps surae). De plus, cette fatigue plus importante était attribuée uniquement à des facteurs périphériques. Ainsi, l’apparition d’une composante centrale de la fatigue induite par un protocole d’ES à basse fréquence n’était pas validée lors de l’application sur un muscle présentant une petite résistance à la fatigue. Basés sur des travaux de Martin et al (2006) mettant en évidence le rôle différencié des afférences musculaires qui permettent le retour d’informations du muscle actif, selon le groupe musculaire étudié (fléchisseurs ou extenseurs du coude), nous avons émis l’hypothèse que des différences des projections centrales (spinales et / ou supraspinales) de ces afférences peuvent être à l’origine de l’apparition de la fatigue centrale au triceps surae, contrairement à l’ abductor pollicis brevis. Les résultats de ces deux études sur le sujet valide apportent des connaissances additionnelles sur la fatigue induite par ES. Ils permettent de conclure sur le caractère non purement périphérique de cette technique mais aussi sur le fait que le développement de la fatigue neuromusculaire ne dépend pas seulement de la tâche à accomplir mais aussi de la nature du muscle étudié, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. L’étude III avait pour objectif d’examiner la cinétique d’apparition des composantes de la fatigue (spinale et périphérique) chez des sujets blessés médullaires complets. Le modèle du muscle DEMAR étant développé en particulier pour utilisation chez cette population, nous avons voulu identifier chez un muscle paralysé les paramètres physiologiques influencés par le développement de la fatigue neuromusculaire. Les études sur la fatigue du blessé médullaire se sont intéressées seulement à son expression périphérique (excitabilité musculaire et contractilité) (Shields, 1995; Klein et al, 2006), tandis que l’excitabilité spinale a seulement été étudiée dans le cadre du diagnostic médical. Les résultats de cette étude ont 140 mis en évidence une fatigue contractile, sans altération de l’excitabilité spinale ni musculaire. Les muscles des sujets blessés médullaires ayant une typologie particulière, avec une prédominance de fibres de type II associée à une fatigabilité importante (Gerrits et al, 1999), ont développé une fatigue contractile pendant le protocole d’ES. L’évolution des propriétés contractiles au cours de ce protocole d’ES a été utilisée par la suite lors de notre dernière étude comme indice de la fatigue neuromusculaire. L’objectif de l’étude IV était de « traquer » le phénomène de la fatigue avec le modèle du muscle développé au sein de l’équipe DEMAR. Nous avons utilisé les données expérimentales recueillies lors de la troisième étude (sujets qui ont effectué la totalité du protocole) pour identifier les paramètres du modèle afin de suivre l’évolution de la réponse mécanique du muscle. Les paramètres Fm et Ur du modèle (représentant la force maximale que le muscle peut évoquer et la dynamique de calcium pendant la phase de relaxation respectivement) ont été identifiés sur les données de la secousse mécanique obtenue lors du protocole d’ES. Ces paramètres ont évolué de façon identique avec les paramètres de la secousse musculaire expérimentalement obtenus et ont permis ainsi de suivre le phénomène de fatigue, voire de prédire la force évoquée par le muscle dans ces conditions expérimentales précises. Cela conforte le caractère physiologique de ce modèle de muscle dont chaque paramètre est cohérent avec des événements survenant lors de la contraction musculaire. Les résultats de cette étude nous ont permis de trouver un outil qui donne la possibilité de connaître l’état du muscle à chaque instant et en réponse à des différentes séquences de stimulation. Même si la validation croisée du modèle (utilisation d’un protocole de stimulation différent de celui qui a permis l’identification de ses paramètres) n’a pas été effectuée au cours de cette étude, l’intérêt d’avoir un modèle de muscle physiologique réside dans sa capacité à être cohérent avec de diverses séquences de stimulation comme entrée du modèle. Les travaux menés au cours de cette thèse ont apporté des connaissances fondamentales sur la fatigue induite par ES chez le sujet valide et chez le sujet blessé médullaire mais aussi ont permis le franchissement des étapes intermédiaires mais indispensables pour la prise en compte du phénomène de la fatigue dans les modèles de muscle et améliorer ainsi l’usage clinique de l’ES. Ces travaux ont permis d’améliorer la compréhension de la technique de l’ES et des adaptations aiguës qu’elle induit lorsqu’elle est appliquée chez des sujets valides et blessés médullaires. Jusqu’à présent, l’ES est inégalement 141 acceptée par les cliniciens, en raison d’une mauvaise connaissance des adaptations qu’elle induit et des mécanismes par lesquels elle agit sur le système neuromusculaire. L’empirisme quant au choix des séquences de stimulation utilisées à des fins trophiques ou fonctionnelles n’a pas permis l’utilisation universelle de cette technique dans la rééducation des patients présentant des déficiences motrices. Néanmoins, les bénéfices à long terme (Shields & Dudley-Javorofski, 2006) ne peuvent pas être ignorés. Son utilisation dans le but de préserver le muscle des blessés médullaires des adaptations délétères associées à l’immobilisation est indispensable pour l’amélioration de la qualité de la vie quotidienne de cette population. En effet, la diminution des risques de fracture, l’amélioration du retour veineux ou encore l’amélioration des transferts sont des bénéfices de l’utilisation de l’ES qui doivent être considérés pour la plus large utilisation de cette technique dans le contexte clinique. Une meilleure compréhension de cette technique et une amélioration de son application clinique sont des facteurs qui permettront son développement comme une réelle technique palliative. Les travaux de cette thèse, tout en amenant des connaissances nouvelles sur l’ES, peuvent participer à la plus large acceptation de cette technique dans le domaine clinique. Basés sur les résultats de nos études, nous pouvons réfléchir à de nombreuses pistes de recherche à la fois fondamentales et appliquées. Concernant les perspectives fondamentales, les interactions entre le système nerveux central et le muscle électro-stimulé à la périphérie restent à approfondir. Le développement de la fatigue supraspinale observé lors de notre première étude montre bien que lors de l’ES la commande centrale a été sous-optimale, sans pour autant pouvoir exactement localiser le point de défaillance. Certains auteurs ont souligné l’importance du cortex préfrontal dans la motricité en mettant en évidence qu’une diminution de l’oxygénation de cette aire était associée à une diminution de la capacité à générer une force (Rasmussen et al, 2007). Les techniques utilisées lors de nos expériences couplées avec d’autres techniques non invasives, comme la spectroscopie dans le proche infrarouge, pourraient donner des explications plus précises sur l’aire corticale impliquée dans le développement de la fatigue supraspinale. La différence de la nature de la fatigue observée après application du même protocole d’ES sur des muscles présentant ou pas une grande résistance à la fatigue peut être la base de futures expérimentations. Même si les deux groupes musculaires étudiés sont de nature différente, leur myo-typologie n’est pas radicalement différente. Considérant que la plupart des muscles du corps humain sont mixtes (Johnson et al. 1973), le rôle de la typologie musculaire dans la nature de fatigue obtenue par ES pourrait être étudié en utilisant des 142 personnes spécialistes d’endurance (prédominance de fibres de type I) ou d’effort explosif (prédominance de fibres de type II). Des études sur la fatigue neuromusculaire ont en effet mis en évidence l’apparition d’une fatigue périphérique et centrale pour des sujets entrainés en explosivité, tandis que les sujets endurants ont présenté une fatigue d’origine seulement centrale (Morana & Perrey, 2009). Ces résultats obtenus lors des contractions volontaires sous-maximales restent à être vérifiés lors d’un protocole de fatigue induite par ES. Concernant les perspectives de recherche d’un point de vue plus appliqué, les recherches dans le domaine de la fatigue neuromusculaire chez le sujet blessé médullaire, qui pourraient amener des informations supplémentaires sur ce phénomène complexe et finalement aider à sa modélisation, sont nombreuses. Dans un premier temps, la validation croisée de la capacité du modèle à « traquer » la fatigue doit s’effectuer sur un protocole de fatigue différent de celui utilisé dans notre étude. Considérant que les paramètres de stimulation (fréquence, largeur d’impulsion, cycle de travail) jouent un rôle important sur le développement de la fatigue (Binder-Macleod & Snyder-Mackler, 1993), nous pouvons les modifier afin d’augmenter ou de diminuer la quantité de fatigue induite et tester ainsi la capacité du modèle à suivre l’évolution de la fatigue. Par la suite, d’autres éléments que les facteurs étudiés dans les présentes études, méritent d’être examinés. Considérant que la fatigue chez les blessés médullaires induite par un protocole intermittent d’ES se limitait à l’altération des propriétés contractiles (Etude III), des informations supplémentaires sur l’état du muscle lui-même peuvent être étudiées. Il s’agirait des éléments sur le métabolisme musculaire obtenus par des techniques non invasives (spectroscopie par résonance magnétique nucléaire), dont l’étude pourrait apporter des éléments complémentaires à prendre en compte dans le modèle du muscle. En effet, il a été montré que l’accumulation des métabolites pendant la contraction musculaire, comme le Pi, pouvait influencer la force développée par le muscle. Toutefois, les données les plus récentes montrent qu’à des températures physiologiques son action directe sur les ponts actine-myosine pendant l’installation de la fatigue est faible, tandis que son rôle inhibiteur sur la sensibilité des myofilaments au Ca2+ apparaît plus significatif (Allen et al, 2008). Ce phénomène explique donc le développement d’une fatigue périphérique par l’altération des propriétés contractiles du muscle. Des études couplant les méthodes d’exploration neurophysiologique et du métabolisme musculaire amélioreront la compréhension du rôle de l’accumulation des métabolites sur la force générée par le muscle en situation de fatigue et permettront de définir la pertinence de ces paramètres dans le modèle du muscle. Toutefois, pour arriver à la modélisation complète de la fatigue, des données sur la cinétique de 143 récupération des différents paramètres de la fatigue sont indispensables. A notre connaissance aucun des modèles de muscle présents dans la littérature ne prend pas en compte la récupération des paramètres de la fatigue d’où l’incapacité de faire une modélisation correcte de ce phénomène. En espérant que les recherches dans ce domaine continueront de façon dynamique et auront comme centre d’intérêt les besoins des patients. 144 V. 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Résumé : L’objectif de ce travail de thèse était d’étudier les mécanismes de la fatigue neuromusculaire électriquement induite, leur cinétique d’apparition et leur facteurs de variation selon la nature du muscle étudié, pour identifier les paramètres les plus pertinents de la fatigue devant être pris en compte dans le modèle de muscle physiologique de l’équipe DEMAR. L’enjeu sous jacent était d’améliorer sa validité en condition de fatigue. Basés sur l’assomption que l’ES, en dépit de son application à la périphérie, sollicite toute la chaine de la génération de la force, nous avons mis en évidence l’implication des structures supraspinales au développement de la fatigue neuromusculaire, quand cette technique était appliquée chez le sujet valide. Nous avons de plus montré que cette sollicitation du système nerveux central intervenait au début d’un protocole d’ES et qu’elle dépendait du groupe musculaire étudié. En effet, la fatigue centrale était évidente après stimulation à basse fréquence d’un groupe musculaire présentant une grande résistance à la fatigue, tandis que la fatigue induite sur un muscle présentant une grande fatigabilité pouvait être attribuée seulement à des facteurs périphériques (excitabilité musculaire, propriétés contractiles). L’apparition d’une fatigue importante chez le sujet blessé médullaire complet était principalement due à l’altération des propriétés contractiles du muscle, sans modifications au niveau spinal, toujours présent et fonctionnel même suite à une lésion complète de la moelle épinière. Par conséquent, l’évolution de la réponse mécanique du muscle en condition de fatigue électriquement induite était utilisée pour identifier les paramètres du modèle du muscle, nous permettant ainsi de suivre l’évolution du comportement du muscle en situation de fatigue et en réponse à de différents paramètres de stimulation. Mots clés : fatigue centrale, fatigue périphérique, excitabilité spinale, afférences musculaires paraplégie, estimation du modèle. Neuromuscular fatigue induced by electrical stimulation in able-bodied and spinal-cord-injured subjects: from fatigue components identification to mechanical response modeling. Abstract: The aim of this thesis project was to study the time-course of electrically induced fatigue components in order to find the most pertinent fatigue parameters to implement DEMAR physiological muscle model, designed to simulate and command human paralysed skeletal muscle. The underlying need is the improvement of its prediction capability under fatigue conditions. Based on the assumption that ES is a technique that, although applied in the periphery, solicits the whole force generation pathway (from brain to muscle), we demonstrated that when applied to healthy subjects, supraspinal structures are implicated in the development of neuromuscular fatigue. We further showed that this central nervous system solicitation appears at the early phase of an ES protocol and that its development depends on the muscle group studied. Indeed, central fatigue was evident after lowfrequency stimulation of a muscle group presenting high fatigue resistance, while fatigue induced to a low-fatigue resistant muscle group could only be attributed to changes occurring in the periphery (muscle excitability, contractile properties). When electrically induced fatigue was studied in complete spinal cord injured subjects, the important fatigue development was essentially due to alterations of muscle contractile properties, without any impairments occurring at the spinal level, still present and functional even under complete spinal cord lesion. Therefore, the evolution of muscle mechanical response under electrically induced fatigue was used to identify the model parameters, giving us the possibility to track the muscle behaviour under fatigue conditions and in response to different stimulation parameters. Key words: central fatigue, peripheral fatigue, spinal excitability, muscle afferents, paraplegia, model estimation.