6 aout: Bombe: J`avais 21 ans le jour d`Hiroshima
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6 aout: Bombe: J`avais 21 ans le jour d`Hiroshima
no 1 818 ISSN 1288 - 6939 samedi 6 août 2005 www.lactu.com tous les jours sauf dimanche et lundi AP/US Army via Hiroshima Peace Memorial Museum DÈS 14 ANS L’essentiel de l’actualité en 10 minutes par jour 0,48 € BOMBE > « J’AVAIS 21 ANS LE JOUR D’HIROSHIMA » Il y a 60 ans, l’armée américaine larguait la première bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima. Numéro spécial sur un événement qui a changé la face du monde. p. 2-8 ● Il y a 60 ans, le 6 août 1945, les Américains larguaient la première bombe atomique sur Hiroshima (Japon), tuant sur le coup 80 000 personnes, et plus de 200 000 au total. CONTEXTE ● Les survivants irradiés sont appelés hibakushas. Ils ont tous gardé des séquelles physiques (maladies, déformations…) ou psychologiques (honte…). 60 ans après, ils racontent leur atroce expérience. 60 ans après, des victimes d’Hiroshima témoignent ark, une jeune Coréenne de 12 ans, se trouve dans un train avec son petit frère et sa petite sœur. Le matin du 6 août, elle quitte Hiroshima après une alerte à la bombe. À 8 h 15, le train est sur le point de traverser un pont en métal. « Ma sœur et moi sautons immédiatement du train. Un soldat japonais en fait autant avec mon petit frère dans les bras. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je vois le ciel, rempli de nuages noirs, et je me demande comment c’est possible alors qu’il faisait un temps magnifique. Je saigne car j’ai des bouts de verre plantés dans la tête, mais je ne sens aucune douleur. Je suis trop effrayée pour avoir mal. [Park rentre chez elle avec ses frère et sœur.] Ma mère berce notre petit frère. Elle est complètemet secouée. Son corps est recouvert de coupures. [Puis elle voit des gens qui reviennent de la ville.] Les visages sont brûlés et de la peau pend de leurs bras et de leurs jambes. Un par un, ils s’effrondrent et ne se relèvent pas. Juste pour survivre, je cherche constamment de la nourriture. Je vole des tomates, des concombres… dans les jardins des voisins. Je ne me sens pas coupable. » Park Nam-Joo, 72 ans Akie, 21 ans, se promène avec sa mère dans la banlieue d’Hiroshima, à 4 km de l’épicentre de l’explosion. « Il fait très chaud. Je suis en train d’ouvrir mon ombrelle quand je vois un énorme flash. J’appelle maman et je perds connaissance. Rue des Archives « Les gens n’ont plus rien d’humain, rien » P La bombe a tué sur le coup quelque 80 000 habitants d’Hiroshima et de sa région. En me réveillant, je réalise que nous sommes tombées toutes les deux dans une tranchée d’irrigation. Je sais que quelque chose de vraiment épouvantable est arrivé. En arrivant à l’école, ce que je vois est tout simplement indescriptible. C’est comme si je débarquais au beau milieu de l’enfer. Les gens n’ont plus rien d’humain, rien, avec toute leur peau qui pend des membres et les visages complètement défigurés par les brûlures. J’aide à 2 ● l’actu - Samedi 6 août 2005 - www.lactu.com étendre les blessés sur l’herbe et à leur donner de l’eau. Ils n’arrêtent pas de demander à boire, à boire. Mais je ne peux rien faire. » Akie Yoshikawa, 81 ans Oki, 25 ans, se promène avec son père près du centre-ville. « Soudain, le ciel flashe au-dessus de nous. J’essaie de rentrer à la maison, mais il est impossible de marcher à cause du souffle. Quand finalement, je parviens à regagner la maison, je découvre ma sœur sous des poutres. Elle est déjà morte. […] Je réussis enfin à trouver maman, gisant dans un magasin, couverte d’excréments et de sang. Elle mourra quelques jours plus tard. Mon père est décédé peu après. Je suis toute seule dans la vie. Mon frère, lui, est toujours porté disparu. » Fumiko Oki, 85 ans (Avec AFP) Uniquement par abonnement ● Trois jours plus tard, le 9 août 1945, les Américains larguent une 2e bombe sur la ville de Nagasaki, sur l’île de Kyushu. Tout aussi violente, l’explosion fait 75 000 morts le jour même et plus de 130 000 au total. ● Ce second drame, aussi meurtrier que le précédent, va accélérer la défaite des Japonais. Six jours plus tard, le 15 août, le Japon capitule. Il signe l’acte de reddition le 2 septembre 1945. RÉCIT 6 août 1945 : les Américains larguent la bombe sur Hiroshima Hiroshima choisie pour être rasée 5 août 1945 : la bombe est prête, cachée sur une île Tous les composants destinés à la fabrication de la « bombe A » sont déjà prêts sur l’île Tinian, dans le Pacifique, à environ 1 500 km à l’est des Philippines. Le président américain Truman a récemment tranché : Kyoto ne sera pas la cible. Pourquoi ? Parce que l’ancienne capitale du Japon, qui compte environ un million d’habitants, est le centre culturel et religieux du pays ; la bombarder choquerait trop l’opinion mondiale et ferait passer les Américains pour des monstres. Le décollage Le matin du 6 août, le personnel sur l’île est chargé d’embarquer une bombe atomique, surnommée Little Boy, sur le bombardier B-29 Enola Gay. L’équipage décolle vers le Japon. Seul le colonel Paul Tibbets connaît précisément la teneur de cette bombe. Ses équipiers, eux, pensent qu’il s’agit seulement d’une arme secrète destinée à mettre fin à la guerre. À bord de l’avion, personne ne sait s’il sera même possible de larguer cette bombe et de s’éloigner assez vite pour que l’équipage du bombardier réchappe à l’explosion. L’Enola Gay vole avec d’autres bombardiers vers le Japon. Des avions, chargés de reconnaissance météo, les devancent pour vérifier si les conditions sont propices à un bombardement. À ce moment précis, la cible exacte n’est toujours pas choisie : Kokura, Nagasaki ou Hiroshima. C’est donc en plein vol que Hiroshima est choisie pour être rasée. L’explosion Il est 8 h 15, passées de 17 secondes. À 9 000 m d’altitude, la soute du Boeing B-29 Enola Gay s’ouvre et libère la bombe atomique à l’uranium. 51 secondes plus tard, à 580 m du sol, la bombe explose, libérant une puissance jamais atteinte. La ville est immédiatement rasée. Un gigantesque champignon Après l’explosion, un gigantesque nuage ressemblant à un champignon se forme audessus de la ville. Dans le même temps, un incendie se propage à la vitesse d’environ Pour vous abonner : 0825 093 393 (0,15 € TTC/min) AP/S. Troutman Le vol et le choix de la cible Cet homme regarde, le 8 septembre 1945, ce qui était un cinéma avant la bombe. 1 200 km/h. Il dure six heures. Sous l’épicentre, la chaleur atteint plusieurs milliers de degrés. Les ondes de choc démolissent la plupart des édifices jusqu’à 10 km alentour. 80 000 morts sur le coup Sur les 280 000 habitants que comptait Hiroshima, environ 80 000 meurent carbonisés le jour-même. Mais, dans les semaines qui suivent, des dizaines de milliers d’autres personnes meurent de leurs brûlures et de l’effet des radiations. Au total, l’explosion fait plus de 200 000 morts. « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? » En s’éloignant d’Hiroshima, un des membres de l’équipage à bord du B-29 se serait écrié « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? » Le lendemain du bombardement, la population américaine découvre dans la presse l’ampleur des dégâts causés par la bombe A, en préparation depuis quatre ans. Satisfaction et malaise Du côté des scientifiques ayant participé au Projet Manhattan, on célèbre la réussite du bombardement. Néanmoins, par la suite, certains déclareront avoir été pris de malaise en apprenant le nombre de victimes de la bombe. Dès que les membres de l’équipage du B-29 reviennent sur l’île de Tinian, ils sont décorés. Quant au président Truman, il déclare que ce bombardement est « le plus grand événement C. Hallé de l’Histoire ». www.lactu.com - Samedi 6 août 2005 - l’actu ● 3 Le Japon dans la guerre Une puissance militaire • Dès la fin du XIXe siècle, le Japon mène une politique d’expansion en Asie. À l’issue d’une première guerre sino-japonaise (1894-1895), la Chine, vaincue, lui cède Taïwan, les îles Pescadores et la presqu’île du Liao-dong. • En 1904, en conflit avec la Russie sur la Mandchourie (une région au nord-est de la Chine) et la Corée, le pays s’attaque à son puissant voisin. La guerre russo-japonaise se solde en 1905 par une victoire nipponne, notamment grâce à la supériorité technologique des cuirassés japonais. À l’issue du conflit, le pays du Soleil levant conserve le Liao-dong, obtient la moitié de l’île de Sakhaline et la Corée (qu’il occupera jusqu’à sa reddition, en août 1945). • En 1914, le Japon rejoint les alliés et déclare la guerre à l’Allemagne. À la fin du conflit, il récupère les possessions allemandes du Pacifique. • En 1931, l’armée nipponne envahit la Mandchourie qui devient, en 1932, le Mandchoukouo, un État indépendant sous protectorat japonais. C’est le début de la seconde guerre sino-japonaise. En 1937, le Japon continue son invasion de la Chine et prend les villes de Pékin, Shangaï et Nankin. Soldat Des centaines de milliers de civils japonais chinois sont massacrés. 1905 • En septembre 1940, le Japon signe le pacte tripartite avec les deux autres puissances de l’Axe (Allemagne et Italie). Objectif : créer un « Ordre Nouveau » en Europe et en Asie. Il décide alors d’éliminer la principale menace qui subsiste encore dans le Pacifique : la flotte navale américaine, basée à Hawaï. La guerre du Pacifique • Le 7 décembre 1941, les avions japonais attaquent par surprise les Américains à Pearl Harbor, dans l’archipel d’Hawaï. Amenés par une flotte de six porte-avions, ils bombardent toutes les bases militaires de l’île et tous les bateaux mouillant dans la baie. Le raid ne dure qu’une heure mais décime la flotte américaine, à l’exception des porte-avions, qui étaient en mer ce jour-là. 3 000 à 4 000 Américains sont tués et près de 3 000 autres blessés. Le 8 décembre, les États-Unis, où l’opinion publique est profondément choquée, entrent en guerre contre le Japon et ses alliés de l’Axe. • Dès la fin 1941, le Japon attaque les bases françaises, britanniques et américaines à Hong Kong, Singapour, en Indonésie, Nouvelle Guinée, Birmanie, aux Philippines… En quelques mois, il occupe l’essentiel des îles du sud-est asiatique ce qui lui permet, dès 1942, de menacer directement les champs pétroliers de Malaisie et même l’Australie. Soldat japonais 1945 • À partir de mai 1942, le Japon perd ses premières batailles majeures : Mer de Corail, Midway, Guadalcanal… Petit à petit, les États-Unis reconquièrent le Pacifique île par île (tactique dite du « saut de mouton »). Mais les Japonais résistent et, dès juin 1944, envoient les premiers kamikazes sur les positions américaines. U.R.S.S Aléoutiennes U.R.S.S Mongolie Mandchoukouo Liao-dong Pékin Nankin Inde Mongolie Sakhaline (Russie avant 1918) Chine Corée JAPON Mandchoukouo Corée Inde Chine ÉtatsUnis JAPON Tokyo Midway Taïwan Guam Wake Tokyo Conquêtes japonaises entre 1895 et 1940 4 ● l’actu - Samedi 6 août 2005 - www.lactu.com Indochine française Indes néerlandaises Océan Indien Pearl Harbor (USA) Océan Pacifique Birmanie Taïwan Iles Pescadores Canada Mer de Corail Australie Bases américaines Japon et territoires sous contrôle japonais en juin 1942 Attaques japonaises 7 déc. 1941- juin 1942 Uniquement par abonnement Bombardier Boeing B-29 «Enola Gay» Les attaques atomiques et la capitulation «Little Boy» • Le 27 juillet 1945, à la fin de la conférence de Potsdam, le président américain Truman somme le Japon de rendre les armes. Selon différents historiens, il avait déjà décidé, plusieurs mois auparavant, de larguer au moins deux bombes atomiques sur le Japon pour montrer la puissance américaine. e rd Mer du Japon JAPON Hiroshima Tokyo OCÉAN PA C I F I Q U E Nagasaki • Le 6 août 1945, le bombardier B-29 Enola Gay largue sur Hiroshima une bombe atomique à l’uranium, surnommée “Little Boy”. À 8 h 15, elle explose à 580 mètres du sol. La ville est immédiatement rasée. Au moins 80 000 personnes sont tuées sur le coup. Dans les semaines qui suivent, des dizaines de milliers d’habitants d’Hiroshima et de ses environs succombent aux radiations. Fin décembre, le nombre de morts est de 140 000. On estime le nombre total de morts à 200 000. • Le 9 août au matin, la superforteresse américaine B-29 Bock’s Car survole Kokura, où elle doit larguer une bombe au plutonium, baptisée “Fat Man”. Mais la météo est mauvaise au-dessus de la ville et, malgré trois survols, le pilote se rabat sur la troisième cible potentielle : Nagasaki. À 11 h, elle explose à 580 m d’altitude. Environ 35 000 habitants sont tués instantanément et au moins autant décèdent des suites de leurs blessures. On estime à plus de 130 000 le nombre total de victimes. • Le 15 août 1945, le Japon capitule. Il signe l’acte de reddition le 2 septembre. Sous le point d’impact, au sol, la température a atteint 3 000 à 4 000° C. L’empereur Hiro-Hito Pour vous abonner : 0825 093 393 (0,15 € TTC/min) Dans un rayon de 1 kilomètre, tout a été immédiatement vaporisé et réduit en cendres. Jusqu’à 4 kilomètres de l’épicentre, humains et bâtiments ont pris feu instantanément. Dans un rayon de 8 kilomètres, les habitants ont été brûlés au troisième degré. ART PRESSE Différents degrés d’impact www.lactu.com - Samedi 6 août 2005 - l’actu ● 5 Comment la bombe atomique a été créée Le fonctionnement Toute matière est composée d’atomes. Un atome contient des neutrons et des protons dans son noyau, ainsi que des électrons qui gravitent autour de celui-ci. Quand un noyau se casse et se reforme, des particules s’en échappent à la vitesse de la lumière et produisent une grande quantité d’énergie. Certains éléments instables perdent constamment de l’énergie. Ils sont dits radioactifs et émettent des radiations nucléaires. Les scientifiques ont constaté que l’uranium 235 pouvait facilement subir une fission si on projetait un flux de neutrons sur son noyau. Le noyau se divise alors en deux et des neutrons s’échappent. Ce processus est appelé fission nucléaire. Ces neutrons entrent en collision avec d’autres noyaux qu’ils divisent, créant une réaction en chaîne et libérant ainsi une énergie colossale. gnon. Ces poussières et débris devenus radioactifs retombent ensuite. Ce sont les retombées radioactives ou « cendres mortelles ». Elles peuvent se propager très loin. Les personnes directe- ment exposées meurent rapidement. Au fil des années, de nombreuses victimes développent des malformations, des leucémies… C. Pidou Les effets Quand une bombe atomique explose, elle dégage une boule de feu. Cette boule rayonne et détruit tout. L’explosion crée également une onde de choc. Les énormes souffles de celle-ci dévastent tout sur leur passage. La chaleur produite par l’explosion brûle l’oxygène et crée un vide. Les débris du sol sont alors aspirés en altitude. Il se forme un nuage caractéristique en forme de champi- AP E n 1905, le scientifique Albert Einstein dévoile la théorie de la relativité. L’équation E = mc2 permet d’affirmer qu’une petite quantité de matière peut devenir une énorme quantité d’énergie. Mise en pratique, cette théorie est à l’origine de la première bombe atomique. Réfugié aux États-Unis de peur du régime nazi, Albert Einstein incite le président Franklin D. Roosevelt à lancer les recherches pour battre les Allemands dans la course à l’armement. Entre décembre 1941 et août 1945, les Américains entreprennent le Projet Manhattan au laboratoire de Los Alamos, au Nouveau Mexique. La première bombe atomique est testée le 16 juillet 1945 (voir l’actu n° 1 805). Les radiations émises par l’explosion de la bombe ont brûlé cette femme. Les dessins de son kimono ont ainsi marqué son dos. Après Hiroshima, l’ère de la dissuasion nucléaire D epuis Hiroshima et Nagasaki, l’arme nucléaire n’a plus été utilisée. Mais sa menace n’a pas disparu. Elle est même demeurée une des préoccupations majeures dans le concert des nations. Après la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide (1945-1991) a été caractérisée par des affrontements indirects entre l’Union soviétique et les États-Unis. Pendant la Guerre froide, le déclenchement d’une troisième guerre mondiale constituait une peur très intense dans les populations des deux camps. Mais les deux belligérants sont toujours parvenus à éviter un conflit direct. Notamment car, possédant tous les deux l’arme atomique, l’affrontement aurait mené à l’anéantissement des deux camps ou à des dégâts considérables. La bombe nucléaire sert à faire peur Après 1945, plusieurs pays ont cherché à obtenir l’arme nucléaire (l’Union soviétique, la GrandeBretagne, la France, la Chine 6 ● l’actu - Samedi 6 août 2005 - www.lactu.com puis l’Inde), davantage pour dissuader un ennemi éventuel de l’attaquer que pour l’utiliser réellement. C’est le concept même de la dissuasion nucléaire. Corée du Nord, Iran… le danger n’est pas écarté Aujourd’hui, 15 ans après la fin de la Guerre froide, les armes nucléaires menacent toujours la sécurité internationale. Au moins huit pays possèdent la bombe : les six pré-cités plus Israël et le Pakistan, qui entretient des rela- tions tendues avec son voisin indien. Le régime totalitaire de la Corée du Nord s’est targué au début de l’année de posséder l’arme nucléaire. Les États-Unis et plusieurs pays voisins ont entamé des négociations pour le convaincre de l’abandonner. Quant à l’Iran, il vient d’annoncer la reprise de son programme de transformation de l’uranium, entraînant les soupçons de la communauté internationale sur sa volonté de se procurer la bombe. R. Vedrenne Uniquement par abonnement En juillet 1945, deux bombes sont prêtes : l’une à l’uranium (Little Boy), l’autre au plutonium (Fat Man). Les quantités de plutonium étant plus abondantes, les chercheurs du Projet Manhattan font un essai. Le 16 juillet, à 5 h du matin, le ciel est illuminé par la première explosion nucléaire de l’histoire. AP Pourquoi les ÉtatsUnis ont-ils utilisé la bombe atomique ? « Le Japon se présente comme une victime » G uillaume Carré est historien et enseigne les civilisations de l’Asie. Il explique les conséquences d’Hiroshima sur la société japonaise actuelle. Un pays victimisé « Chaque année, les survivants témoignent de l’horreur, mais cette mémoire vive tend à disparaître. Ce qui prend le relais, c’est ce que l’on entretient. Dans les cérémonies, les discours politiques, le drame d’Hiroshima symbolise la barbarie militaire occidentale. Il apparaît comme un crime indépassable qui efface tous les autres. On ne transmet plus aux jeunes générations que ce moment traumatisant de la guerre. Cela peut être dangereux car, dans l’inconscient collectif japonais, le bombardement d’Hiroshima est assimilé à un crime contre l’humanité. Le Japon se présente comme une victime, entraîné malgré lui dans la guerre. Cette position met en avant la souffrance du peuple et tend à dédouaner le Japon des actes qu’il a commis pendant la Seconde Guerre mondiale. » École traditionnelle « Le gouvernement est plutôt conservateur et contrôle tout le contenu des manuels scolaires. Le programme d’histoire est, par exemple, très strict. L’enseignement ne pousse pas à la réflexion. Il a pour but d’apporter un maximum de connaissances aux élèves pour les préparer aux concours. » Les malades mis à l’écart « Après la guerre, il y avait beaucoup de drames humains. Les personnes contaminées, appelées les hibakushas (« irradiés »), étaient mises à l’écart. Les gens avaient peur car les effets de la Pour vous abonner : 0 803 09 33 93 (0,15 € TTC/min) bombe atomique sur le corps humain étaient mal connus. Ces personnes ne trouvaient pas d’emploi, pas de conjoint. Le gouvernement leur a versé des pensions. Mais l’administration est très tatillonne, et il est difficile d’établir des critères de reconnaissance des maladies ou des décès causés par les radiations. À l’heure actuelle, un certain nombre d’affaires concernant des victimes sont encore en cours. » Évolution des mentalités « Le pays reste toujours méfiant face au nucléaire, mais, avec les nouvelles générations, des barrières commencent à tomber. La ville d’Hiroshima n’est plus une ville maudite : elle est désormais une ville moderne comme les autres. » Dans ses mémoires, le président américain Truman affirme qu’il a hésité entre deux plans pour mettre fin à la guerre du Pacifique : soit envahir le Japon, ce qui aurait coûté la vie à 500 000 GI’s, soit larguer des bombes atomiques sur l’archipel. À contrecœur, il aurait choisi la deuxième solution pour épargner ses soldats. Selon de nombreux historiens, la vérité est tout autre : Truman a décidé d’utiliser la bombe pour prendre de vitesse Staline, qui voulait déclarer la guerre au Japon. L’Américain redoutait que les Soviétiques, et donc le communisme, soient couverts de lauriers en cas de victoire. Et qu’ils en profitent pour demander une zone d’occupation au Japon, comme en Allemagne. l’actu Play Bac Presse SARL*, 33, rue du Petit-Musc, Paris IV . e RÉDACTION : 21, rue du Petit-Musc, 75004 Paris. ABONNEMENTS : l’actu - B462 - 60732 Sainte-Geneviève Cedex Tél. : 0825 093 393 (0,15 € TTC/min) - Fax : 03 44 12 57 55. – Directeur de la publication : Jérôme Saltet – Directrice adj. de la publication : Martine Dyrszka – Rédacteur en chef : François Dufour – Rédacteur en chef adjoint : Bruno Quattrone – Rédacteur en chef technique : Vincent Gerbet – Responsable fabrication : Micheline Letellier – Secrétaire de rédaction : Nathalie Perrigot – Rédaction : C. Hallé, J. Larrivoire, C. Pidou, R. 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Akira, de Katsuhiro Otomo 30 ans après la Troisième Guerre mondiale, pendant laquelle Tokyo a été dévastée, un enfant aux pouvoirs immenses sort de son sommeil. Akira, c’est son nom, a été l’objet d’expériences scientifiques. Il veut se venger. Film d’animation, DVD (Fox Pathé Europa), 26 €. Le Tombeau des lucioles, d’Isao Takahata Japon, 1945. Deux orphelins, Seita, 14 ans, et sa sœur Setsuko, 4 ans, se réfugient dans un bunker désaffecté au milieu de milliers de lucioles. Film d’animation, DVD (Arte vidéo), 30 €. Gen d’Hiroshima, de Nakazawa La tragédie d’Hiroshima, vécue de l’intérieur par une famille japonaise dont seul le fils, Gen, et sa mère survivent. L’œuvre comprend une grande part autobiographique : l’auteur, originaire de la ville, avait 6 ans lors de l’explosion de la bombe atomique. BD, 10 volumes, (Vertige graphique), 14 € le volume. Les films sur Godzilla Personnage récurrent au Japon, Godzilla est un lézard géant préhistorique qui est réveillé par les explosions atomiques. De nombreux films ont été réalisés sur cette créature. Le dernier en date, Godzilla Final Wars, de Ryuhei Kitamura, sortira en France le 31 août prochain. Les Fleurs d’Hiroshima, d’Edita Morris En 1960, un jeune Américain entame un séjour dans la ville martyre. Il loue une chambre dans la maison d’une famille japonaise. Il découvre peu à peu les secrets des survivants de la bombe, qui sont exclus de la société. Roman (J’ai lu), 1,90 €. Neon Genesis Evangelion, d’Hideaki Anno En 2000, un cataclysme fait des millions de victimes à travers le monde… 15 ans plus tard, la Terre est attaquée par d’étranges créatures. Son sort dépend d’adolescents qui pilotent des robots géants, les Evangelions. Série d’animation, 26 épisodes (en 7 DVD), 29 € le volume. Les prix sont indicatifs.