11982 EE NL Fv1 - The Grand Council of the Crees
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11982 EE NL Fv1 - The Grand Council of the Crees
Eeyou Eenou La voix du peuple PRINTEMPS 2003 On va de l’avant Le Grand Conseil des Cris Entrevue avec Ted Moses Principes et priorités d’investissement Allocation 2003-2004 découlant de l’Entente Cris-Québec Programme Nadoshtin pour le patrimoine archéologique et culturel 1 A N Eeyou Istchee et la foresterie : un an plus tard Le mandat du Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Le Grand Conseil des Cris (GCCEI) est la voix politique du peuple cri qui habite la province de Québec, au Canada. Notre Conseil, établi en 1974, représente les neuf communautés cries dont les terres et le mode de vie traditionnel ont été menacés par le développement hydroélectrique de la Baie-James, au nord-ouest de la province. Aujourd’hui, le Grand Conseil voit toujours à promouvoir et à protéger les droits de la Nation crie. Pour communiquer avec nous : Bill Namagoose, rédacteur en chef Nation Eeyou Eenou Ambassade de la Nation crie 81, rue Metcalfe, bureau 900 Ottawa (Ontario) K1P 6K7 Courriel : billnama@gcc.ca On peut consulter la nouvelle Entente à l'adresse : http://www.gcc.ca Faire parvenir vos commentaires à : cree@gcc.ca Administration régionale crie 2, chemin Lakeshore Nemiscau (Québec) J0Y 3B0 Photos de Fred Cattroll © Le contenu du magazine ne peut être reproduit sans autorisation écrite du rédacteur en chef. Table des matières 5 Conseil d’administration 2003 6-13 Entrevue avec Ted Moses 14 Principes et priorités d’investissement 15-16 Allocation 2003-2004 découlant de l’Entente Cris-Québec 17 Jeter les fondements financiers pour l’avenir 18-19 L’Auberge Mistissini se prépare à recevoir des visiteurs 20-30 Programme Nadoshtin pour le patrimoine archéologique et culturel 31-36 Eeyou Istchee et la foresterie : un an plus tard 37 La visite des Kanak 38 Nouvelles aires protégées sur le territoire de Waskaganish 39-41 Boumhounan – Un an plus tard 42-43 Société Weh-Sees Indohoun et comité spécial 44-45 Nouveau centre de formation professionnelle à Waswanipi 46 L’Entente Troilus 47 Faire de l’exercice et bien manger : deux solutions à l’obésité chez les enfants Message du rédacteur en chef, Bill Namagoose Il était intéressant de voir notre Grand Chef participer à la Commission Crie-Naskapi en février dernier. L’objet principal concernait les commentaires du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC) émis l’an dernier devant la Commission lors de la présentation sur l’état financier des communautés cries et du Grand Conseil-ARC. Non seulement le MAINC a-t-il fait de fausses allégations, mais, comble d’insulte, il ne semblait même pas avoir lu plusieurs rapports financiers que nous lui avions fait parvenir! Le MAINC propose de nouvelles mesures législatives visant à accroître les normes de responsabilisation des Premières Nations partout au Canada, et ce, sans être au courant des dix rapports de vérification que les Cris lui ont transmis. Les amendements proposés à la Loi sur les Indiens ne s’appliquent pas aux Cris parce que nous avons déjà négocié avec le Canada une importante partie touchant la responsabilisation dans la Loi sur les Cris et les Naskapis de 1984. Notre expérience nous démontre toutefois que, comme le Grand Chef Moses l’a noté, ni le MAINC ni le gouvernement du Canada ne sont prêts à faire face à l’autonomie gouvernementale des Premières Nations. Et pourtant, leurs doreurs d’image ont réussi à convaincre le public canadien que ce sont les Nations autochtones qui ne sont pas prêtes. La Loi sur les Cris et les Naskapis a ses défauts. Le Canada a insisté que cette loi stipule, advenant qu’une bande éprouve des difficultés financières, que le ministre du MAINC puisse en prendre le contrôle et nommer une tierce partie provenant d’un cabinet d’expertise comptable pour gérer la communauté entière. Oui, des délais sont prévus pour permettre à la bande d’essayer d’assainir ses finances et il y a des préavis que le MAINC doit donner avant de passer à l’action, mais c’est essentiellement une approche à saveur de « Tasse-toi l’Indien, l’agent des Indiens est de retour » qui est utilisée pour « appuyer » nos gouvernements locaux cris. Je ne l’accepte pas. La Nation crie a évolué. Il est temps de pousser le gouvernement du Canada à amender la Loi sur les Cris et les Naskapis afin d’éliminer certaines dispositions. Depuis des années, le gouvernement du Canada se sert de la Loi sur les Indiens pour contrôler les Premières Nations, dont le nombre excède 600, transigeant avec chacune individuellement et adoptant une conduite autoritaire. Le MAINC distribue un peu d’argent aux bons petits Indiens et punit ce qu’il considère être les mauvais Indiens en leur coupant les fonds et en prenant le contrôle de leurs opérations. Rien ne motive les Premières Nations à travailler ensemble, car elles sont toutes redevables au MAINC. En fait, c’est plus que ça : les Premières Nations protègent jalousement leurs « contacts » avec le ministre pour quémander une plus grande somme d’argent que son voisin concernant un programme quelconque. Elles cherchent toutes à avoir un avantage sur les autres. C’est souvent ainsi qu’elles sont contrôlées : le ministre distribue un peu d’argent ici et là pour 3 4 se sentir mieux, il a quelques amis qui sont chefs, mais on ne discute jamais des vrais problèmes. L’infrastructure communautaire et le logement continuent d’être sous-financés, les Autochtones continuent de chômer tandis que les ressources sont exploitées pour le bénéfice des communautés non autochtones environnantes. On n’aborde jamais la question des normes. En fait, sous ce système, on reproche aux peuples autochtones – qui s’en reprochent parfois eux-mêmes – d’être pauvres. d’avoir déclaré, à Johannesburg, que notre droit à l’autodétermination avait été violé, que nous étions exclus de l’économie de notre territoire et que nous n’avions pas suffisamment de logements pour notre peuple, a capté l’attention du Québec. Les Cris ont des besoins comme tout autre peuple et nous avons besoin de tirer avantage de l’exploitation des ressources de notre territoire traditionnel. Oublions les terres de catégories 1, 2 et 3, elles font toutes partie de l’Eeyou Istchee. La vérité, c’est que le Canada suit une politique visant le statu quo, qui laisse les Autochtones en constant déséquilibre, sans emploi et dans la pauvreté, non reconnus, oubliés et éternellement isolés et dépendants du MAINC. Cette politique est responsable de la disparition de langues et de styles de vie, et semble être conçue pour le moment où la plupart des 600 Premières Nations auront disparu. Par contre, le Canada nie toujours les droits des peuples autochtones, incluant ceux des Cris. Nous avons réussi à nous faire reconnaître comme peuple – la signature de la Convention de la Baie James par le Grand Conseil en témoigne. Pourtant, le Canada refuse toujours de reconnaître tous les aspects du gouvernement de la Nation crie. La solution de rechange, nous, les Cris, l’avons déjà découverte partiellement. En 1975, nous avons signé la Convention de la Baie James, non seulement à titre de bandes individuelles, mais aussi en tant que « Nation crie », réunie au sein du Grand Conseil des Cris. À l’époque, les gouvernements du Canada et du Québec ont refusé de reconnaître dans la Convention le gouvernement de la Nation crie, mais nous avons quand même décidé d’aller de l’avant et de nous faire entendre en tant que Nation par l’entremise du Grand Conseil, protecteur des droits de tous les Cris. La Convention de la Baie James ne réfère au gouvernement cri que comme « l’Administration régionale crie ». Dans les années 70 – quand le Québec a adopté des lois reconnaissant les pouvoirs de l’ARC tels qu’ils sont établis dans la Convention de la Baie James et du Nord québécois – nous avons réussi à y faire inclure les mots cris « Eeyou Tabeytachesiw », qui, nous le savons, signifient « gouvernement cri », notion n’apparaissant pourtant pas dans la version française. Après avoir lutté pendant près de 30 ans pour faire reconnaître nos droits, nous avons signé l’an dernier une entente avec le Québec sur une base de nation à nation. Dans cette entente, nous avons pris en charge plusieurs des obligations au chapitre du développement économique et communautaire que le Québec avait envers les Cris, aux termes de la Convention de la Baie James, mais qu’il n’avait jamais actualisées. Jusqu'à un certain point, le fait Le gouvernement de la Nation crie devrait adopter des normes quant au logement, à l’emploi et aux droits des Cris, afin que l’ensemble des Cris puissent jouir de l’égalité des chances et d’accès aux moyens leur permettant de s’aider eux-mêmes. Chaque famille a besoin d’une maison. Nous avons besoin d’un gouvernement de la Nation qui vient en aide aux administrateurs des bandes, aux trésoriers, aux pompiers, aux policiers, aux responsables du développement économique et aux gestionnaires de l’environnement, afin qu’ils puissent accomplir leur travail et servir leur peuple plus efficacement. Nous devons tous travailler ensemble parce que nous servons tous le peuple cri. Le travail de collaboration à l’échelle nationale permettra à tous ces éléments de donner à l’ensemble des Cris accès aux programmes qui leur fournissent un service équitable. Si nous avons des problèmes, nous devrions les régler nous-mêmes. Si une des communautés a besoin de ressources additionnelles, nous devrions travailler ensemble afin de l’aider. Au fil des ans, nous avons accompli beaucoup en tant que Nation crie. Il est temps de bâtir un gouvernement de la Nation crie afin d’empêcher le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien de se mêler de nos affaires, et de travailler pour améliorer la qualité de vie de notre peuple. Le Canada doit accepter une relation avec les Cris où nous sommes reconnus en tant que Nation crie, en tant que peuple cri, et en tant qu’élément croissant et permanent de la scène politique et sociale. Conseil d’administration 2003 ARC MONTRÉAL Grand Chef Ted Moses OUJÉ-BOUGOUMOU Chef Sam R. Bosom ARC NEMISCAU Eddie Diamond Tél. Téléc. Kenny Mianscum Matthew Swallow Tél. Téléc. Willie Iserhoff (514) 861-5837 (514) 861-0760 ARC NEMISCAU Grand Chef adjoint Paul Gull Tél. Téléc. (819) 673-2600 (819) 673-2606 CHISASIBI Chef Abraham Rupert Steve Bearskin Tél. Téléc. (819) 855-2878 (819) 855-2875 EASTMAIN Chef Edward Gilpin fils Kenneth Gilpin Tél. Téléc. (819) 977-0211 (819) 977-0281 MISTISSINI Chef John Longchap Thomas Neeposh Tél. Téléc. (418) 923-3461 (418) 923-3115 ou 3625 NEMISCAU Chef Josie Jimiken (418) 745-3911 (418) 745-3426 ou 3168 WASKAGANISH Chef Robert Weistche (819) 895-8650 (819) 895-8901 CRI DES RES SOURCES (CHRD) MISTISSINI Henry Mianscum HUMAINES (819) 753-2587 (819) 753-2555 Tél. Téléc. WEMINDJI Chef Reggie Mark (819) 923-2525 (819) 923-2111 Danny Tomatuk MONTRÉAL Norman Gull, CSA Tél. Téléc. Tél. Téléc. (819) 978-0264 (819) 978-0258 (819) 866-1234 (819) 866-1331 WHAPMAGOOSTUI Chef David Masty MONTRÉAL Secrétaire exécutif Losty Mamianskum John Paul Murdoch Tél. Téléc. Tél. Téléc. (819) 929-3384 (819) 929-3203 ou 3969 Thomas Jolly père Tél. Téléc. Tél. Téléc. LA (819) 673-2600 (819) 673-2606 SERVICE Rhonda Oblin GCCEI OTTAWA Bill Namagoose (819) 673-2512 (819) 673-2542 Tél. Téléc. WASWANIPI Chef Robert Kitchen Tél. Téléc. (819) 673-2600 (819) 673-2606 SERVICE DES JEUNES DE NATION CRIE (CNYD) NEMISCAU Andrew Neeposh Billy Diamond Tél. Téléc. Tél. Téléc. (514) 878-9641 (514) 878-1450 (613) 761-1655 (613) 761-1388 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 5 ENTREVUE AVEC TED MOSES les méthodes de coupe utilisées auparavant. Une foresterie bien administrée produira, pour la région, des emplois à long terme et des avantages liés au développement. La Paix des Braves fonctionne. Depuis sa signature, il y a plus d’un an, des centaines d’emplois ont été créés pour les Cris et le développement local est en pleine croissance. De nouveaux projets excitants sont en branle dans plusieurs communautés : la construction de l’hôtel à Mistissini sera bientôt terminée; Oujé-Bougoumou ouvrira bientôt les portes de son nouveau complexe sportif ultramoderne; un centre de formation régional verra le jour à Waswanipi; des plans ont été faits pour un nouveau bureau du conseil de bande de Waskaganish; de nouvelles maisons seront construites à Wemindji et Nemiscau; Chisasibi possède un nouveau centre pour les jeunes et construit présentement un nouveau bureau à l’intention de la bande. Eastmain et Whapmagoostui Même lorsque nous étions huit communautés isolées dont personne n’avait entendu parler, nous avions une vision à long terme de l’avenir. Et maintenant, cette vision joue un rôle dans la détermination de l’avenir de toute la province. Ce sont les Cris qui ont mis la population en garde contre les projets NBR et Grande-Baleine. Et nous avons fait de même au sujet du déboisement. Notre détermination en tant que Nation continue d’influencer la vision à long terme, non seulement en ce qui a trait à l’Eeyou Istchee, mais aussi à la province entière. 6 étudient présentement comment utiliser les fonds reçus cette année. Dans chaque communauté crie, des projets sont planifiés ou sont en cours. « La foresterie demeure un sujet sensible, même sous le nouveau régime. Par contre, nous pouvons maintenant, et ce, pour la première fois, tenir des discussions franches et ouvertes avec Québec et les sociétés, afin de protéger certaines parties de la forêt... » Le logement local a été stimulé dans toutes les communautés cries. Les problèmes de longue date concernant les logements surpeuplés et en mauvais état commencent finalement à être résolus. En fait, l’infrastructure et le logement sont des priorités pour l’administration. L’Association des trappeurs cris commence finalement à toucher des fonds qui leur avaient été promis en 1975. C’est maintenant aux Cris de décider combien d’argent devrait être versé à l’ATC quant aux obligations antérieures du Québec qui découlent de la Convention de la Baie James. La bonne nouvelle, c’est donc que La Paix des Braves profite à la Nation crie et aux communautés cries, et ce, par des mesures évidentes et importantes. On commence à sentir les effets des nouveaux régimes forestier et minier. Le Conseil cri sur l’exploration minérale a été établi et commence à fonctionner. Des sociétés minières cries – déjà établies ou en voie de développement – ont désormais accès à de l’expertise ainsi qu’à des ressources financières afin de les aider à profiter des possibilités minières à l’Eeyou Istchee. « Nous devons rappeler à ces personnes – ainsi qu’à n’importe quel politicien qui pense que les Cris ont perdu leurs droits – que La Paix des Braves est une entente de Nation La foresterie demeure un sujet sensible, même sous le nouveau régime. Par contre, nous pouvons maintenant, et ce, pour la première fois, tenir des discussions franches et ouvertes avec Québec et les sociétés, afin de protéger certaines parties de la forêt et s’assurer que les Cris peuvent continuer d’y chasser. Certaines sociétés forestières se plaignent de la baisse du volume de bois et de la menace que représente La Paix des Braves quant aux emplois dans l’industrie forestière. Des Cris sont insatisfaits parce que les changements sur le territoire tardent à se faire sentir. D’autres ont exprimé leur frustration parce que les discussions vont trop lentement et que le Conseil Cris-Québec sur la foresterie ne fonctionne toujours pas comme il se doit. à Nation, fondée Ce sont des motifs d’inquiétude valables. Nous devons adopter une position ferme concernant la foresterie et ne pas laisser ceux qui nous blâment pour les pertes d’emplois nous faire oublier le progrès que nous avons accompli. Nous ne devons pas accepter d’être tenus responsables pour des années de mauvaise gestion et de surexploitation de la part de l’industrie forestière. Les dispositions sur la foresterie incluses dans La Paix des Braves ont rendu viable une industrie qui risquait se retrouver avec un problème désastreux d’approvisionnement en bois. Nous devons rester fermes et utiliser le nouveau régime pour améliorer le Québec basés sur non pas sur la renonciation à nos droits, mais bien sur nos droits et sur nos rapports avec la collaboration et le respect mutuel. » Il est triste de voir que, malgré tous nos efforts au cours des années, certaines personnes nous critiquent d’avoir eu le courage de signer La Paix des Braves – le courage d’accepter EM 1-A au lieu de NBR, d’accepter de voir inonder 350 km2 au lieu de 6 500 km2. La décision a été la nôtre et La Paix des Braves repose sur le fait que le développement futur nécessite notre consentement. Ces mêmes personnes déclarent faussement que ce n’est pas le cas. Quand ces Cris ont entendu des politiciens québécois parler du projet Grande- Baleine pendant la période électorale, ils ont critiqué leur propre peuple au lieu de s’en prendre aux politiciens qui avaient rouvert la discussion à ce sujet. Je me suis opposé au projet et j’ai exprimé cette position publiquement, reflétant ainsi la position de notre peuple. Nous devons rappeler à ces personnes – ainsi qu’à n’importe quel politicien qui pense que les Cris ont perdu leurs droits – que La Paix des Braves est une entente de Nation à Nation, fondée non pas sur la renonciation à nos droits, mais bien sur nos droits et sur nos rapports avec le Québec basés sur la collaboration et le respect mutuel. C’est-à-dire, la collaboration et le respect du Québec à l’égard des Cris et des Cris à l’égard du Québec. Notre position sur le dossier Grande-Baleine demeure aussi claire aujourd’hui qu’elle l’était lors de l’historique session extraordinaire de l’Assemblée générale de 1989. Nous ne donnerons pas notre consentement à un projet qui inonde 3 000 km2 et détruit quatre rivières importantes. Ceux qui pensent autrement risquent de voir le passé se répéter. Ceux qui se préoccupent vraiment de l’environnement sont surpris d’apprendre tout ce que nous avons accompli à ce sujet et pour l’Eeyou Istchee en seulement un an, grâce à La Paix des Braves. Influencés par des idées fausses qui ont cours, ils sont surpris d’apprendre que le nouveau régime forestier a fait cesser l’exploitation forestière sur plusieurs territoires de chasse cris. Ils sont aussi surpris d’apprendre que, grâce à notre nouveau partenariat avec le Québec, l’Eeyou Istchee comprend 6 nouvelles aires protégées. Ils se demandent pourquoi les politiciens de l’opposition au Québec et les défenseurs de l’environnement dans le camp cri n’en parlent pas davantage, tout comme les médias. Je crois que c’est parce qu’il est difficile d’accepter que les Cris puissent avoir le beurre et l’argent du beurre. Ce développement – qui profite aux Cris et aux Québécois – peut être empreint d’une vision durable à long terme. Pour connaître la vérité, posez la question aux trappeurs et aux personnes qui gagnent leur vie grâce aux activités et aux emplois qui découlent de La Paix des Braves. Demandez à l’Association des trappeurs cris, à ceux qui La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 7 8 maintiennent un mode de vie traditionnel, à ceux qui ont de nouveaux emplois, aux personnes en formation. Demandez à la majorité des Cris qui a voté en faveur de l’Entente. Le débat entourant La Paix des Braves est terminé. Conformément à la Convention de la Baie James et du Nord québécois, il y aura d’autres discussions et des audiences sur l’impact environnemental et social. Ces règlements s’appliquent toujours et ils détermineront si le projet EM 1A-Rupert est susceptible d’obtenir le feu vert ou pas. Mais n’ignorons pas l’amélioration marquée des relations entre la Nation crie et le gouvernement du Québec. N’ignorons pas toutes les ententes, la facilité de nos rapports, les nombreuses possibilités de développement économique qui surgissent et le plaisir de travailler avec un gouvernement qui écoute et entend les Cris. La Paix des Braves cause également un grand impact sur le plan international, car il s’agit du premier accord qui reconnaît vraiment le droit des peuples autochtones de bénéficier de leurs propres ressources. C’est également le premier accord qui actualise une recommandation importante de la Commission royale du Canada sur les peuples autochtones, soit que nous puissions profiter davantage de l’exploitation de nos ressources. C’est le premier accord qui vise à inclure les peuples autochtones dans l’économie du pays. C’est le premier accord qui établit une fondation économique pour le développement de l’économie d’une nation autochtone. C’est le premier accord qui jette les jalons d’une base économique pour le développement économique d’une nation autochtone. J’encourage les questions sur La Paix des Braves, mais n’oublions pas les faits. Reconnaissons ce que nous avons accompli en acceptant la nouvelle Entente. Admettons que nous avons obtenu des choses pour lesquelles nous luttons depuis des années : l’annulation du projet NBR et ses 6 500 km2 de réservoirs; les changements au régime forestier qui protègent une plus grande partie de la forêt; le fait que, maintenant, nous faisons partie intégrale de l’administration des ressources du territoire et que nous ne sommes plus marginalisés et exclus de la prise de décisions; le fait que nos droits sont respectés. Reconnaissons notre victoire pour la Nation crie, pour l’environnement et pour le mode de vie cri. Voilà ce que nous avons entrepris avec le Québec. Nous avons accompli ce que nous croyions avoir accompli en 1975, mais nous avons maintenant des engagements quant aux détails et notre participation, et nous avons les moyens de faire respecter nos droits s’ils sont ignorés. Il y a ceux qui veulent prendre le territoire, exclure les autres et arrêter le développement. Mais leur opposition vive, qu’ils en soient conscients ou non, permet à leurs opposants de justifier le recours à la violence. Il y a un temps pour s’opposer et un temps pour s’entendre. Ceux qui cherchent des solutions extrêmes risquent de passer toute leur vie à monter des barrages routiers. Il nous revient de choisir un avenir pour notre peuple, un avenir fondé sur la paix. Nous avons besoin d’éducation, d’emplois, de logements, d’équipements communautaires et de nouvelles sociétés cries. Tout cela fait partie du développement de notre Nation crie. – Meegwetch!! 9 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 10 11 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 12 13 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 Principes et priorités d’investissement des fonds provenant de La Paix des Braves 14 1. Générations futures 5. Emprunts et dettes Cet investissement a été réglé lorsque le partenariat conjoint des différents organismes officiels cris (Cree Boards) et le Grand Conseil ont adopté un règlement selon lequel 15 % des fonds provenant du Québec doivent être mis de côté et investis à partir de l’an 3. Il faut de la discipline pour respecter la mission que nous nous sommes donnés de créer et de gérer le fonds dont le rendement à la dernière année de La Paix des Braves devra être égal ou supérieur aux paiements du Québec. Au cours des ans, les Cris ont fait des emprunts et contracté des dettes afin de forcer le gouvernement du Québec à respecter ses obligations et à imposer des mesures transitoires dans des secteurs forestiers. Ces dettes et emprunts doivent être repayés au Bureau d’indemnité et à James Bay Eeyou. 2. Développement économique Cet investissement viserait la création d’emplois. La formule d’allocation pourrait être identique à la formule par habitant utilisée pour le fonds communautaire du Bureau de l’indemnité. Les quatre petites communautés obtiendraient les premiers 5 %, le restant devant être divisé par habitant. 3. Développement communautaire Cet investissement serait fondé sur les besoins. L’allocation serait versée au prorata pour régler le problème de la pénurie de logements. Les projets toucheront l’hébergement et d’autres infrastructures et aménagements communautaires. 4. Obligations légales selon la CBJNQ et La Paix des Braves Cet investissement couvrirait les dépenses découlant de la mise en œuvre des obligations définies au chapitre 28 de la CBJNQ et transférées à la Nation crie aux termes de La Paix des Braves. Ces obligations touchent : la SODAB, l’Association des trappeurs cris, l’Association crie de pourvoirie et de tourisme, l’Association crie d’artisanat autochtone, les cours de formation et le placement, les centres communautaires, les services essentiels d’hygiène, la protection contre les incendies et l’aide aux entrepreneurs cris. 6. Frais généraux pour la mise en œuvre de La Paix des Braves-CBJNA Les frais sont ceux reliés à la mise en œuvre de La Paix des Braves, par exemple au comité permanent de liaison, à un partenariat limité, aux divers comités, au Conseil cri sur l’exploration minérale et au régime forestier. 7. Protection des droits cris Les dépenses du Bureau d’indemnité pour mettre en lumière et protéger les droits cris à plusieurs chapitres ont été des plus profitables à la Nation crie. La Nation crie doit encore faire pression auprès du gouvernement fédéral pour qu’il respecte ses obligations découlant de la CBJNQ. 8. Possibilités de revenus additionnels du Québec et du fédéral ou autres sources de revenus Dans le but d’accroître le financement fédéral disponible, il faut investir dans les domaines où on retrouve des obligations conjointes du Québec et du Canada, en vertu de la CBJNQ. La priorité sera donnée à d’autres investissements susceptibles de rapporter davantage à la Nation crie – tels les programmes fédéraux ou québécois qui exigent une contribution financière du demandeur. Allocation 2003-2004 découlant de l’Entente Cris-Québec Allocation pour l’année 2003-2004 conformément à l’Entente concernant la nouvelle relation Cris-Québec – La Paix des Braves. Lors de sa réunion du 26 mars 2003, la société en commandite s’est prononcée quant à l’allocation du paiement pour l’année 2003-2004 découlant de La Paix des Braves. L’allocation de 36 500 000 $ aux communautés reflète un compromis des dirigeants locaux cris. Ces fonds serviront aux programmes d’hébergement et de développement économique. L’allocation de 9 500 000 $ – qui vise à couvrir les éléments sur la liste – n’est pas réglée. Le GCCEI-ARC verra à allouer ce montant. La société en commandite est le récipiendaire du financement découlant de l’Entente concernant la nouvelle relation Cris-Québec, connue sous le nom de « La Paix des Braves ». Allocation aux communautés cries Allocation finale approuvée par la société en commandite pop. % pop. 3 302 24 % Chisasibi 7 300 000 20 % 580 4% Eastmain 2 350 000 6% 2 951 21 % Mistissini 8 000 000 22 % 617 4% Nemiscau 2 000 000 5% 628 5% Oujé-Bougoumou 2 000 000 5% 2 127 15 % Waskaganish 4 000 000 11 % 1 590 12 % Waswanipi 5 000 000 14 % 1 183 9% Wemindji 3 500 000 10 % 755 5% Whapmagoostui 2 350 000 6% 13 733 36 500 000 15 Communautés cries Alloués à d’autres obligations Allocation totale pour 2003-2004 36 500 000 80 % 9 500 000 20 % 46 000 000 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 La Paix des Braves Emprunts et dettes Allocation finale GCC (EI) – Dépenses de négociation (déficit courant non financé, 31 mars 2002 GCC (EI) – Solde du besoin de financement pour 2002-2003 (estimation actuelle) 600 000 1 000 000 Bureau de l’indemnité – Emprunt forestier (solde à être remboursé) 300 000 SEBJ – Emprunt pour le programme d’aide aux trappeurs – Portion du capital 910 000 SEBJ – Emprunt pour le programme d’aide aux trappeurs – Coûts projetés des intérêts courus – SEBJ – Négociations et procédures judiciaires relatives à EM 1 (1996) – Sous-total Engagements reliés à l’Entente 1 000 000 Autres dépenses reliées à la foresterie 500 000 Évaluation des répercussions sur l’environnement – Rupert 350 000 Dépenses reliées à la société en commandite 200 000 Dépenses reliées au Comité de liaison 200 000 Frais de mise en œuvre de l’Entente 1 000 000 Frais et dépenses de représentation de divers comités 150 000 Soutien environnemental local – Fonction de soutien de Rouyn En décidant de verser au nouveau Fonds Waayapisinigan une partie du financement annuel découlant de l’Entente concernant la nouvelle relation Cris-Québec, la Nation crie a franchi une étape importante pour établir les fondements financiers pour l’avenir. Ainsi, à partir du 1er avril 2004, une contribution annuelle égale à 15 % du paiement du Québec à la Nation crie sera mise de côté dans le Fonds Waayapisinigan. 2 810 000 16 Conseil Cris-Québec sur la foresterie Jeter les fondements financiers pour l’avenir – Contribution du Conseil cri sur l’exploration minérale aux activités – Approuvé par les Conseils 400 000 Société de développement crie 300 000 Les contributions annuelles et l’ensemble des revenus provenant du fonds ne pouvant être distribués pendant les premiers 50 ans, le Fonds Waayapisinigan augmentera au cours de la durée de l’Entente avec Québec. Le fonds, géré professionnellement comme s’il s’agissait en quelque sorte d’un fonds de retraite, sera soumis à des règles strictes d’investissement et d’administration. Le taux de 15 % a été retenu afin d’assurer, à partir d’avril 2052, un revenu durable – provenant des investissements – égal ou supérieur aux paiements du Québec. Au fil du temps, le taux de contribution sera réévalué pour s’assurer que cet objectif est atteint. Évolution du Fonds Waayapisinigan (avec une contribution de 15 % au Fonds pour le patrimoine) Association des trappeurs cris1 000 000 Association crie de pourvoirie et de tourisme (fonctionnement seulement) 300 000 Association crie d’artisanat autochtone (financement paritaire) 200 000 Comité consultation et d’évaluation de la Baie-James 80 000 Services de protection contre les incendies (services communautaires) – Sous-total Allocation au GCC (EI) pour la protection et l’avancement des droits des Cris Sous-total 5 680 000 585 000 100 000 Conseil des jeunes 100 000 Conseil des aînés 100 000 Société des communications cries de la Baie James 50 000 Association Washaw Sibi 75 000 Total Croissance avec les années Changement prévu aux paiements du Québec aux Cris 585 000 Centre Anischaaukamikw Allocation totale de financement proposée pour soutenir les engagements et autres Actifs accumulés dans le Fonds Waayapisinigan en dollars de 2002 9 500 000 Paiements du Québec en dollars de 2002 Paiements du Québec ajustés pour tenir compte de l’inflation 9 500 000 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 17 L’Auberge Mistissini se prépare à recevoir des visiteurs Située sur les rives du lac Mistissini – le plus grand lac au Québec – l’Auberge Mistissini devrait attirer davantage de pêcheurs et d’écotouristes dans la région, selon Don McLeod, responsable du service de développement économique de la communauté. « Avec cette nouvelle auberge, dit-il, Mistissini envisage aussi de promouvoir les activités récréatives régionales d’hiver, telles que la raquette et le ski de fond. » « Initialement, nous prévoyons que 25 % de notre clientèle seront des touristes, ajoute M. McLeod. Les conférences et les délégations d’affaires devraient représenter environ 50 % de notre clientèle, les résidents locaux constituant le dernier 25 %. » Le gouvernement du Québec a financé la construction de l’Auberge dans le cadre du protocole d’entente signé avec l’ensemble des communautés cries en 1995. L’Auberge, qui appartient à la communauté, profitera des services d’une entreprise mise sur pied par le service de développement économique, afin d’assumer le fonctionnement quotidien de l’Auberge. L’ensemble des fonds engendrés par l’Auberge seront réinvestis dans la communauté. 18 Bien qu’elle se classe deuxième au chapitre de la population par rapport aux neuf communautés cries à l’Eeyou Istchee, la communauté de Mistissini n’avait jamais érigé de complexe officiel pour accueillir les groupes d’affaires et les touristes. Les visiteurs à la recherche d’une chambre pour la nuit ou encore d’une salle de conférence devaient se rendre à la communauté voisine d’Oujé-Bougoumou. Mais cela va bientôt changer. En effet, un complexe polyvalent ultramoderne, conçu pour les touristes, les groupes d’affaires et les résidents locaux, ouvrira ses portes à Mistissini en juin. L’Auberge Mistissini offrira 20 chambres d’invités, une salle à manger capable d’accueillir entre 60 et 80 personnes, et des salles de réunion et de conférence adaptables pouvant accommoder jusqu’à 50 personnes. De plus, le complexe comportera une terrasse extérieure, un patio, une boutique d’artisanat et un petit musée culturel. L’Auberge abritera aussi les bureaux de tourisme de Mistissini. « ... Initialement, nous prévoyons que 25 % de notre clientèle seront des touristes, ajoute M. McLeod. Les conférences et Non seulement les résidants locaux aident-ils à construire l’Auberge, une fois la construction terminée, ils combleront également les quelque 20 postes à temps complet, note le directeur par intérim Angus Donnelly. « Nous avons déjà commencé quelques programmes de formation, dit-il, et nous en ajouterons d’autres dans les mois à venir. » Certains cours – comme les cours de cuisine et de service aux tables – sont accrédités par le MEQ. M. Donnelly précise qu’on a prévu accueillir quelques groupes expérimentaux à l’Auberge, dès la fin du mois de mai. L’Auberge ouvrira ensuite ses portes aux clients réguliers en juin, mais la construction ne devrait être terminée qu’à la fin de l’été. « La nouvelle Auberge fait déjà sensation à Mistissini, ajoute Angus Donnelly. Je suis certain qu’elle fera des merveilles pour l’avenir de notre communauté. » les délégations d’affaires devraient représenter environ 50 % de notre 19 clientèle, les résidents locaux constituant le dernier 25 %... » La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 Programme Nadoshtin pour le patrimoine archéologique et culturel David Denton Kreg Ettenger et Donovan Moses 20 On raconte qu’il y a longtemps, un chasseur, voyageant sur les rives de Mishiipaaushtikuu [les grands rapides], a aperçu une loutre assise sur une grosse roche. Il la tua aussitôt. Alors que le sang s’écoulait, quelques gouttes sont tombées dans l’eau et, soudainement, le niveau de l’eau est monté et les rapides se sont élevées, submergeant la roche sur laquelle est conçu pour documenter et protéger divers la loutre s’était assise, créant un énorme tourbillon. Apeuré, le aspects du chasseur a rapidement donné en offrande du tabac à la région patrimoine culturel qu’il avait perturbée. Quelques instants plus tard, les eaux de la région se sont apaisées, tout comme le bruit. Le peuple ancien savait affectée par le que quelque chose existait sous les eaux de Mishiipaaushtikuu projet EM-1. Cela et avait causé une grande perturbation. [raconté par Hattie comprend les sites Moses, traduit en anglais par Donovan Moses] L’an dernier, des archéologues d’Hydro-Québec ont trouvé cette hache de pierre près du site EM-1. Selon la loi provinciale, elle est maintenant la propriété du Québec. Toutefois, plusieurs Cris sont d’avis que les objets faits par leurs ancêtres leur reviennent de droit. … le programme Mishiipaaushtikuu est une longue série de rapides situés au-dessus du réservoir Eastmain-Opinaka, dans le grand coude de la rivière Eastmain. À l’endroit traditionnellement évité, ou traité avec grand respect et prudence, on construira bientôt le barrage sur la rivière Eastmain. Le barrage permettra la création du réservoir EM-1, s’étendant sur 100 kilomètres vers l’amont et inondant quelque 600 km2 de terres et de cours d’eau de l’Iyiyuu. Le réservoir inondera partiellement cinq terrains de trappage associés aux communautés d’Eastmain (RE-1 et VC-37), Nemiscau (R-19) et Mistissini (M-18 et M-14A). La Convention Nadoshtin – signée en février 2002 – fournit du financement pour les mesures de correction environnementale rattachées au projet EM-1, ainsi que pour d’autres éléments, par exemple la formation professionnelle et les contrats de travail. S’il est juste d’affirmer que cela atténuera les répercussions négatives du projet, il est aussi juste de se demander ce qui restera des connaissances, récits et souvenirs de la région dans 10, 20, 30 ans. Quelle valeur accordaient à ce lieu les Cris qui y ont habité pendant des milliers d’années et comment pourrons-nous transmettre son histoire lorsque les terres auront disparu? archéologiques et de sépulture ainsi que les connaissances et les récits des familles vivant au sein des trois communautés touchées … La Convention Nadoshtin permet aussi aux Cris de se pencher sur ces questions et sur d’autres grâce au Fonds pour l’archéologie et le patrimoine culturel – utilisé pour la mise en œuvre du Programme sur l’archéologie et le patrimoine culturel, ou PAPC. Le programme est conçu pour documenter et protéger divers aspects du patrimoine culturel de la région affectée par le projet EM-1. Cela comprend les sites archéologiques et de sépulture ainsi que les connaissances et les récits des familles vivant au sein des trois communautés touchées. Cette information sera recueillie au cours des prochaines années par une équipe associée au projet, laquelle comprendra des résidants locaux ainsi que d’autres membres du personnel cris et non cris. La « Nadoshtin Companee » est une nouvelle société, sous contrôle cri, créée aux termes de la Convention Nadoshtin. Le conseil d’administration de la société – sous la présidence de Rusty Cheezo – comprend des représentants d’Eastmain, Nemiscau, Mistissini, de l’ARC et d’Hydro-Québec. Son conseil veille aux activités découlant de la Convention, y compris le PAPC. Au mois d’août 2002, la société a chargé l’ARC de mettre en œuvre le PAPC, notamment par l’embauche d’un coordonnateur, la mise sur pied d’un comité consultatif sur le patrimoine culturel, la réalisation d’une étude historique sur des sites archéologiques potentiels et l’organisation d’un atelier. Le Service des activités traditionnelles de l’ARC – dont le personnel a acquis une grande expérience en matière d’archéologie et de patrimoine culturel – s’occupe de ces travaux. Même si le contrat actuel se termine à la fin du mois de mars 2003, il pourra être renouvelé si ce modèle de collaboration et de soutien est une réussite. L’équipe du projet PAPC 21 À l’heure actuelle, les trois coauteurs constituent le personnel principal du PAPC Nadoshtin. Nous avons travaillé en étroite collaboration afin de développer les objectifs et les méthodes du projet pendant cette première année du financement. Nous travaillons présentement à un plan de travail pour les prochains 5 à 6 ans. Dans les années à venir, l’équipe comprendra un plus grand nombre de Cris et s’occupera de tous les aspects du projet, de la recherche archéologique et ethnographique à la communication des résultats à l’aide d’outils éducatifs et des médias. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 Outre sa participation aux séances régulières lors de l’atelier, le Comité consultatif sur le patrimoine culturel s’est réuni à deux reprises pendant celui-ci. 22 Le coordonnateur du programme, Donovan Moses, gère divers volets du projet et développe des habiletés et de l’expertise dans d’autres. M. Moses est lié de près au secteur EM-1, car son territoire de chasse familial sera le territoire le plus touché par le réservoir. Son travail de coordonnateur – qui l’amène à faire des entrevues avec des résidants locaux – lui donne l’occasion de travailler directement avec sa famille, notamment sa grand- mère Hattie et son père, le Grand Chef Ted Moses. Au contact d’autres familles d’Eastmain, de Nemiscau et de Mistissini, il pourra aussi apprendre l’histoire et les usages traditionnels qui ont cours dans la région Nadoshtin. cries, notamment des études archéologiques à Wemindji, à Mistissini et ailleurs dans le territoire. Il travaille aussi avec les coordonnateurs culturels locaux à divers projets et programmes. Les bureaux de David Denton et de Donovan Moses sont situés à Val- d’Or. Kreg Ettenger, anthropologue consultant de Montréal, travaille sous contrat avec l’ARC. Depuis 10 ans, il a collaboré à plusieurs projets dans les communautés cries, plus récemment sur la revendication de zones extracôtières et pour la protection de Muskuuchii (Bear Mountain). Il aide à documenter les connaissances et les valeurs culturelles associées à la zone EM-1 et il aidera aussi à développer les produits de communication qui seront éventuellement créés grâce au projet. cries. Ses conseils seront essentiels à la réussite du projet, en plus d’assurer que l’ensemble des activités et des produits du PAPC respectent les préoccupations et les intérêts locaux, et reflètent les connaissances et la sagesse des résidants. Le comité se réunira plusieurs fois l’an et communiquera régulièrement avec l’équipe associée au projet. Par ailleurs, les membres du comité seront des liens importants avec les autres résidants des communautés, surtout avec les familles dont les territoires seront les plus touchés par les inondations et autres modifications aux territoires. David Denton, archéologue de l’ARC, fournit de l’expertise au projet ainsi que des conseils et du soutien à Donovan Moses pendant sa période de formation initiale. Au fil des ans, M. Denton a géré de nombreux projets dans des communautés Eastmain Sally Gilpin* Florrie Mark-Stewart Harry Moses Hattie Moses (remplaçante) Nemiscau Isaac Meskino* Peter Wapachee John Tent Noah Wapachee (remplaçant) Mistissini Tony Neeposh* Johnny Neeposh George Cannashish * Coordonnateur culturel Le PAPC en un mot Le comité consultatif du PAPC est composé de 10 membres choisis par leurs communautés respectives. La Nadoshtin Companee en a déterminé la structure. Eastmain, Nemiscau et Mistissini ont chacun trois représentants, y compris les coordonnateurs culturels locaux, tandis que Waskaganish – dont le territoire n’est pas affecté directement par le projet EM-1 – a un représentant. Le rôle du comité est de fournir des conseils et de communiquer les commentaires des communautés à l’égard de tous les aspects du projet, notamment les activités de recherche et de communication, les questions d’ordre éthique et les méthodes. Le comité aidera à déterminer, par exemple, comment exposer les artéfacts culturels, traiter les connaissances ou récits sacrés, rassembler et communiquer les divers types de connaissances Comité consultatif sur le patrimoine culturel Waskaganish Water Hester fils Alec Weistche (remplaçant) Appartenance et contrôle communautaire Robert Jimiken, maître de trappe de Mistissini, agit comme interprète lors de la deuxième journée de l’atelier, tandis que David Denton prend des notes. PAPC Nadoshtin Johnny Neeposh, résidant de Mistissini et membre du comité consultatif du PAPC, écoute l’exposé. Le PAPC est conçu pour rassembler l’information à l’égard du patrimoine culturel de l’aire du projet EM-1, la préserver pour les générations futures, en plus de créer et de distribuer les produits éducatifs à l’intention des publics cris et non cris. Trois types de renseignements seront rassemblés : (1) sites et artéfacts archéologiques, (2) connaissances et valeurs culturelles et (3) sites de sépulture. Ces renseignements seront recueillis à l’aide de recherches communautaires, de travaux archéologiques sur le terrain et autres techniques qui seront déterminées par l’équipe affectée au projet et les communautés locales. (Suite à la page 26) La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 23 (Suite de la page 23) Un des objectifs principaux du Programme sur l’archéologie et le patrimoine culturel est la transmission des connaissances relatives aux aires touchées par le projet EM-1 aux générations cries à venir ainsi qu’aux personnes non cries intéressées à mieux connaître la culture et l’histoire locales. Plusieurs moyens seront utilisés pour communiquer les résultats de l’étude : exposition d’artéfacts culturels; livres, cartes et autres documents imprimés; médias électroniques tels que films, vidéos et bandes audio; possiblement des produits de multimédia interactif tels que CD-ROM ou DVD. Ce faisant, non seulement le patrimoine culturel de Nadoshtin sera-t-il préservé, mais il sera aussi transmis aux jeunes sous des formats avec lesquels ils sont le plus familiers. Le PAPC peut donc jouer un rôle important pour préserver la langue et la culture cries, et ce, même si le territoire est changé à tout jamais. 26 Le PAPC vise aussi à fournir emplois et formation aux personnes cries intéressées au patrimoine culturel et aux sujets connexes. Certaines – surtout des jeunes démontrant de l’intérêt envers ce domaine – seront formées relativement aux méthodes utilisées par les archéologues, les anthropologues et autres spécialistes en matière de patrimoine culturel. Une formation pourra donc être offerte et des emplois pourraient être créés en production sonore et vidéo, ou dans d’autres secteurs du domaine des communications reliés au projet. En matière de sépulture, à la demande du plus proche parent, la Convention Nadoshtin oblige la Nadoshtin Companee à repérer les lieux de sépulture dans les zones touchées par le projet et de faire tout son possible pour déménager les sépultures ou trouver des solutions de rechange appropriées en souvenir des personnes cries enterrées dans ces lieux. Dans le passé, les Cris ont choisi diverses formes de commémoration et ont évité de déplacer les lieux de sépulture – ce qui sera sans doute le cas avec le projet EM-1. Les premiers mois d’existence du PAPC ont été consacrés surtout à expliquer le projet aux familles locales, ainsi qu’à la planification et la préparation en vue kakdes années à venir. En plus de la recherche préliminaire et des autres activités décrites ci-après, une stratégie est développée pour entreprendre diverses études, en communiquer les résultats et créer les habiletés au plan local. Beaucoup de temps a été consacré à rassembler les outils et les ressources pour le projet, et à former le personnel à cet effet. L’attention portée à la planification et au développement aura des effets positifs sur la recherche, l’éducation ainsi que sur le sentiment de participation et d’appartenance de la communauté vis-à-vis du projet. Plusieurs légendes et récits locaux mentionnent les séries de rapides en amont de Nadoshtin, certains évoquant le pouvoir et le danger. Il est admis que des chasseurs sont tombés mortellement malades, par exemple, après avoir visité la région entourant les chutes. Rassembler de tels récits avant la construction d’un barrage et l’inondation de cette partie de la rivière en raison du réservoir EM-1 est une partie importante du travail du PAPC. Entrevues et rencontres communautaires La recherche documentaire pour mieux connaître les différents types d’usages auxquels les Cris ont recours dans cette région se trouve parmi les activités initiales du PAPC. Le travail a été axé sur le repérage d’aires ayant – selon la population locale – un potentiel archéologique. En septembre et octobre, une quinzaine d’entrevues ont été faites à Eastmain et à Nemiscau, auprès de groupes de familles provenant des trois communautés touchées, afin de mieux expliquer le projet et de recueillir des renseignements préliminaires. Les études sur le terrain devant débuter en 2003, ces entrevues préliminaires visaient surtout à constater les connaissances locales pouvant aider à repérer les aires ayant un potentiel archéologique. Parmi les renseignements recueillis, on retrouve l’emplacement et la description d’anciens campements, de voies utilisées pour le transport, de lieux de récolte des ressources, de lieux de sépulture, ainsi que des noms de lieux. Les données ont été notées sur des cartes et guideront, dans les mois à venir, les archéologues du PAPC dans leurs études sur le terrain. L’information servira aussi à identifier les sites pouvant servir à des reconstitutions historiques, à des démonstrations d’activités traditionnelles, etc. Par ailleurs, les entrevues ont permis aux familles de partager connaissances, récits et souvenirs de la terre, afin que nous puissions mieux saisir l’occupation crie du territoire. Parmi les sujets couverts pendant les entrevues, on retrouve les habitudes historiques d’utilisation des terres, l’écologie locale, les récits et légendes, et l’histoire des familles. L’information servira aussi aux enquêtes archéologiques prévues et aux recherches et communications futures en matière de connaissances et de valeurs culturelles relatives à la région. Les entrevues ont été enregistrées sur bandes audio et vidéo. Elles pourront donc servir à la production d’outils éducatifs et culturels. Nous réalisons que nous n’avons qu’effleuré le sujet et que plusieurs années seront requises avant d’obtenir un portrait complet de l’aire EM-1, de son histoire et de son importance. Et même s’il est vrai que le PAPC assure le financement pendant cette période, il ne faut pas oublier que le territoire sera inondé d’ici trois ou quatre ans, et que des changements se font déjà sentir. Le personnel affecté au projet et les résidants locaux devront donc redoubler d’efforts pour documenter le patrimoine culturel de cette partie importante de l’Eeyou Istchee avant qu’elle ne disparaisse à jamais. Ci-dessus, Donovan Moses fait la démonstration des caractéristiques de production de cartes du logiciel MapInfo ™ utilisé pour le projet. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 27 Comprendre la terre : visites des sites et études sur les incendies Voulant recueillir plus d’information sur les sites archéologiques et autres aspects de l’histoire locale, Donovan Moses et David Denton ont visité le campement de Matthew Wapachee, maître de trappe du terrain de trappage R-19, pendant une semaine à la fin du mois de septembre. Accompagnés de M. Wapachee, ils ont visité plusieurs anciennes aires de campement et beaucoup appris sur l’utilisation récente et historique de cette partie du terrain de trappage touché par le réservoir EM-1. personnelles ou familiales relatives à la région touchée par le projet. Elles voudraient aussi que les résultats du programme soient d’intérêt plus général aux communautés cries. Il a aussi été question du droit de propriété à l’égard d’artéfacts découverts dans la région du projet. Selon la loi québécoise, tout artéfact culturel découvert dans la province devient la propriété du Québec, peu importe l’origine ou l’endroit où il a été trouvé – sauf certaines exceptions limitées, par exemple, sur des terres de catégorie IB sur le territoire de la Baie-James. Plusieurs participants à l’atelier se sont élevés contre cette pratique à l’égard d’artéfacts provenant de la région EM-1, étant d’avis que les communautés cries devraient avoir droit à ces objets faisant partie de leur patrimoine culturel. Les commentaires émis lors de l’atelier ainsi que d’autres discussions avec le comité consultatif et les familles locales aideront le PAPC à formuler une position officielle sur ce sujet important avant de l’aborder avec la province. 28 Seuls les endroits incendiés dans les années 90 et à nouveau en 2002 étaient sensiblement exposés au niveau du sol. Il s’agit surtout de sites non touchés par le réservoir EM-1, tels que Nadoshtin. Pow-wow du PAPC : atelier de janvier La documentation des activités du PAPC au moyen de photos, de vidéos et de bandes sonores représente une partie importante de l’objectif du projet. Ci-dessus, Donovan Moses enregistre Matthew Wapachee, alors qu’il décrit l’utilisation d’un canot à lisses. Les renseignements obtenus de première main aideront à choisir les endroits ayant un potentiel archéologique élevé dans la région. Par ailleurs, la visite du site a permis de déterminer les sites qui revêtent une grande importance sur le plan de l’histoire récente de la région, et qui pourraient servir à des fins éducatives et commémoratives. Enfin, la visite a été l’occasion idéale d’entendre récits et témoignages personnels sur la région, racontés souvent sur des lieux de campement, de portage ou autres emplacements importants. En octobre, un relevé aérien a été fait de plusieurs aires détruites l’an dernier par des incendies de forêt. Le relevé visait à déterminer si ces incendies – et d’autres relativement récents – avaient créé des conditions rendant les sites archéologiques plus facilement visibles à la surface du sol. Nous avons conclu que le couvert végétal avait été régénéré dans la plupart des aires incendiées dans les années 90 et qu’il était aussi difficile de trouver les sites archéologiques à ces endroits qu’ailleurs. À la mi-janvier 2003, des familles d’Eastmain, de Nemiscau et de Mistissini, ainsi que d’autres représentants locaux et régionaux, se sont rassemblés à Eastmain pour entendre parler du programme et en discuter. L’atelier visait à fournir des renseignements détaillés sur le PAPC et à obtenir des suggestions sur les buts, méthodes et orientations générales du programme. L’atelier a de plus permis au personnel du PAPC de montrer des cartes et de présenter les premiers résultats du travail relié aux entrevues et aux visites de sites faites à l’automne, afin de recueillir les impressions à ce sujet. Enfin, l’atelier a fourni une bonne occasion de faire connaître les membres du comité consultatif sur le patrimoine culturel et de leur permettre de mieux saisir les intérêts et les préoccupations des communautés au sujet du PAPC. L’atelier a permis de soulever certaines questions qu’il faut régler prochainement et a suscité des discussions sur le grand nombre de sujets, de valeurs et de récits devant être considérés. Plusieurs participants ont parlé de l’importance de consigner le savoir traditionnel et les récits des aînés des trois communautés. On a cité le genre d’information qui devrait être documenté, par exemple en ce qui a trait à la médecine traditionnelle, à la récolte faunique et aux méthodes de transformation des aliments. Règle générale, les familles locales veulent consigner et transmettre l’information à l’intention des générations à venir, de même que leurs histoires Beaucoup de temps a été consacré aux sites de sépulture et à leur importance dans la culture crie. Les participants ont déclaré ne pas vouloir déménager les sites de sépulture situés dans la région du projet, même ceux dans une aire qui sera éventuellement inondée. Selon ces personnes, déplacer ou manipuler les sépultures est un manque de respect, tandis que les laisser là où ils sont ne pose aucun problème sérieux d’ordre spirituel ou éthique. En revanche, le risque que les sépultures ne soient pas simplement submergées en raison des inondations, mais perturbées de surcroît par l’érosion ou les activités de construction suscite des inquiétudes. Des participants ont invoqué le nombre d’anciennes sépultures qui ne pourront jamais être identifiées; tout service ou monument commémoratif devrait tenir compte de ces ancêtres « inconnus ». Le comité consultatif sur le patrimoine culturel jouera un rôle décisif quant à l’élaboration d’une politique du PAPC sur les sites de sépulture et les moyens commémoratifs appropriés à adopter. Assemblées du comité consultatif L’atelier de janvier a permis d’encadrer les premières réunions du comité consultatif sur le patrimoine culturel. Beaucoup de sujets ont été couverts lors des réunions : de la propriété intellectuelle à l’échéancier et aux buts du projet. Le comité a vite saisi l’importance de prendre des groupes de jeunes et de leur faire visiter le territoire en compagnie d’aînés qui souligneront certains sites, raconteront des récits et feront la démonstration d’activités traditionnelles. Si ces séances sur le terrain peuvent être bien consignées, l’enseignement sera préservé et accessible à plus de gens. Le comité aimerait que ces activités soient menées, si possible, de concert avec les études archéologiques. Il a aussi été suggéré de tenir d’autres ateliers pour obtenir de l’information sur des sujets particuliers, par saison ou type d’activités. Ces ateliers pourraient aborder divers sujets : médecine traditionnelle, préparation des aliments, techniques de récolte faunique, mythes et légendes, enfance dans le bois, etc. La suggestion sera étudiée davantage dans le cadre du plan de travail du PAPC, actuellement en cours de développement. 29 Les participants à l’atelier provenaient de quatre communautés (Eastmain, Nemiscau, Mistissini et Waskaganish), de deux entités cries (de la Commission scolaire crie et du Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James) et d’Hydro-Québec. 1 L’année a été chargée et remplie de changements et de défis pour les personnes qui œuvrent dans la foresterie à l’Eeyou Istchee. Le ministère des Ressources naturelles (MRN) a dû apprendre à s’adapter aux besoins des Cris. L’industrie forestière a dû réviser ses plans afin de se conformer aux nouveaux règlements découlant du « régime forestier adapté ». Les membres cris des groupes de travail conjoints locaux ont dû mettre sur pied des bureaux, développer des bases de données et se familiariser avec les récentes technologies de cartographie. Quant aux chasseurs et aux maîtres de trappe cris, l’année a été une suite de réunions! Conclusion 30 En ce qui concerne les familles, il est évident que le PAPC, ou tout produit ou programme éducatif qui en découle, ne pourra compenser l’inondation des terres et des eaux dans la zone du projet EM-1. Malgré un contexte éprouvant, le PAPC représente, pour les familles, les particuliers et les communautés touchées, une belle occasion de documenter et d’explorer de manière exhaustive l’importance de ces terres; de commémorer et de témoigner de respect envers les ancêtres enterrés dans ces lieux; de célébrer leur savoir, leurs valeurs et leurs traditions; de partager ces choses avec les autres. Pour de plus amples renseignements, prière de communiquer avec le coordonnateur du programme, Donovan Moses, au bureau du PAPC à Val-d’Or, au (819) 825-9603, ou avec le directeur général de la Nadoshtin Companee, Rusty Cheezo, au bureau de la société à Eastmain, au (819) 977-2110. N A Eeyou Istchee et la foresterie : un an plus tard Ci-dessus, le coordonnateur du PAPC, Donovan Moses (à droite), écoute les propos d’Abel Moses, trappeur d’Eastmain, au sujet de l’utilisation faite de la région Nadoshtin. Contrairement à la plupart des entrevues, celle avec Abel Moses a eu lieu à son campement près de l’autoroute Matagami-LG2. Le plan de la foresterie à l’Eeyou Istchee – qui en est à sa première année d’un stade transitoire de trois ans – montre déjà des signes de changements favorables. D’abord et avant tout, les Cris détiennent maintenant une voix quant au processus de planification. Chacune des cinq communautés cries affectées par les opérations forestières a réussi à établir un groupe de travail conjoint local et a commencé le processus de consultation, une tâche ardue. Depuis le mois de février dernier, les groupes de travail conjoints rencontrent des maîtres de trappe afin d’identifier les aires de leurs terrains de trappage devant être préservées indéfiniment. Les maîtres de trappe ont aussi déterminé des « zones fauniques » spéciales où le déboisement devra se faire soigneusement, suivant la coupe en mosaïque. Grâce aux membres des groupes de travail conjoints du MRN, cette information a été transmise aux diverses sociétés forestières qui œuvrent dans la région. Ces sociétés ont révisé leurs plans forestiers pour tenir compte des commentaires des maîtres de trappe cris. Dans certains cas, elles ont dû transférer des activités prévues vers d’autres parties des terrains de trappage ou modifier une route, afin d’éviter des secteurs fragiles des terrains de trappage. Malgré les investissements supplémentaires en temps et parfois en argent, les sociétés forestières se sont ajustées à ce nouvel aspect de la planification. Les photos-satellites, telles que l’image LandSat 7 ci-dessus, aident à repérer les sites potentiels d’enquêtes archéologiques. Cette image de la rivière Eastmain, près de Nadoshtin, permet de voir clairement les régions où des incendies de forêt ont récemment fait des ravages (taches brunâtres). Ayant déjà perdu une partie importante de leur couvert végétal, les aires incendiées sont plus faciles à étudier à des fins archéologiques. Comme il a été mentionné au cours de l’atelier, le personnel du PAPC a effectué un relevé aérien de certaines de ces aires à l’automne 2002. Un autre changement important, depuis la signature de l’Entente, est l’application des restrictions sur le déboisement d’un terrain de trappage. Avant, les sociétés forestières avaient le droit d’y couper 100 % des arbres. Les nouvelles dispositions du « régime forestier adapté » limitent à 40 % le déboisement d’un terrain de trappage sur une période de 20 ans. Ce chiffre comprend aussi les perturbations naturelles telles que les incendies de forêt et la défoliation due aux insectes. La carte des perturbations forestières à la page suivante illustre l’impact de ces dispositions. Comme on peut le voir, les terrains de trappage de couleur rouge sont actuellement protégés contre tout déboisement. Ceux de couleur orange ont subi une perturbation sur 30 à 39 % de leur territoire et seront protégés prochainement contre tout déboisement. Ceux en jaune ont été affectés de 15 à 29 %, ceux en vert, de 0 à 14 %. Nous devons souligner que cette carte est appelée à changer avec le temps. Les terrains de trappage présentement fermés au déboisement seront rouverts lorsque les arbres auront repoussé. Il est assuré toutefois qu’en aucun cas il ne sera possible de déboiser plus de 40 % d’un terrain de trappage. Un défi que nous avons été en mesure de relever récemment est celui de délimiter clairement les frontières des terrains de trappage pour faciliter la gestion forestière. Dans la nouvelle Entente, les terrains de trappage sont l’unité clé en ce qui touche la planification forestière. Conséquemment, il était important que les maîtres de trappe cris se rencontrent afin de définir clairement les frontières en question, mission accomplie localement au cours de l’année. En mars dernier, les maîtres de trappe des cinq communautés du sud affectées par la foresterie se sont rencontrés à Waswanipi, afin de fixer ces frontières intercommunautaires. Cet exercice a été un succès grâce aux efforts de l’ATC, des membres des différents groupes de travail conjoints, de l’ARC et des représentants de La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 31 « Le plan de la foresterie à l’Eeyou Istchee – qui en est à sa première année d’un stade transitoire de trois ans – montre déjà des signes de changements favorables. » Waswanipi qui ont généreusement accueilli les délégués dans leur communauté. Maintenant que les frontières des terrains de trappage ont été clairement établies, la planification forestière future peut procéder plus efficacement. 32 Pourcentage de perturbations forestières par terrain de trappage (40 % - 20 ans, valeur QCNRA 3.11) Rapport préliminaire « Les nouvelles dispositions du “ régime forestier adapté ” limitent à 40 % le déboisement d’un terrain de trappage sur une période de 20 ans. Ce chiffre comprend aussi Perturbations forestières par terrain de trappage 0-14,99 15-29,99 30-39,99 40-100 (fermé) Aucune donnée Communautés cries Trap_mod.shp Lignes de transmission Routes d’accès Chemins forestiers les perturbations naturelles telles que les incendies de forêt et la défoliation due aux insectes. » Source : Données sur le niveau de perturbations forestières fournies par le MRN région 8 Version du 21 mars 2003 BDGA 1M (MRN Tous droits réservés Québec) Terrain de trappage ARC 2002 Préparé par l’ARC, le 16 janvier 2003 Modifié le 12 février 2003 Modifié le 13 février 2003 Réf. : f:\mature\trap_per_jan...apr f:\mature\for_dist_feb_13.jpeg Une conséquence importante de l’Entente est l’augmentation marquée des perspectives d’emploi, résultat de l’environnement positif qui règne sur le territoire. De plus en plus, les maîtres de trappe cris se font offrir directement des contrats individuels de sylviculture pour des aires sur leurs terrains de trappage. À Waswanipi, par exemple, deux maîtres de trappe ont obtenu des contrats et embauché des gens de la région pour planter des arbres. À Oujé-Bougoumou, le nombre de contrats que des sociétés forestières ont offert à la communauté a augmenté considérablement. Un membre de la communauté rapporte : « Avant, nous devions les appeler et presque les supplier pour des contrats. Maintenant, c’est eux qui nous appellent pour nous fournir leur liste et nous demander de choisir les contrats que nous voulons. » À Mistissini, l’incendie de forêt imprévu a créé plusieurs emplois reliés au déblayage et au maintien des routes pour les familles affectées par l’incendie. À l’interne, on évalue qu’entre dix et douze nouveaux emplois ont déjà été créés, ou le seront bientôt, dans les communautés afin de gérer les dispositions de l’Entente relatives à la foresterie. Ces emplois touchent les domaines de la cartographie, de la surveillance et du travail de consultation, dont la responsabilité incombe aux groupes de travail conjoints locaux. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 33 34 Ces nouvelles possibilités s’ajoutent aux emplois déjà créés à Waswanipi par les sociétés Mistuk et Nabakatuk, grâce à leurs nouvelles réserves d’approvisionnement en bois de 70 000 m3. Cette quantité représente la première part des 350 000 m3 de bois alloués aux Cris au cours des deux prochaines années. Une revue de l’an dernier révèle que la mise en œuvre du chapitre 3 a été une réussite, même s’il reste encore quelques éléments clés à résoudre, notamment la création du Conseil Cris-Québec sur la foresterie, qui tarde à se réaliser. Au printemps 2002, le conseil d’administration du GCC a nommé ses représentants au Conseil sur la foresterie. C’est au tour de Québec de faire de même. Toutefois, le Québec a indiqué qu’il ne nommerait pas de membre au Comité avant que la présidence ne soit comblée. Trouver un candidat pour la présidence n’est certes pas une mince tâche. À un moment donné, le Québec et les Cris s’étaient entendus sur le choix d’un candidat, mais ce dernier a retiré sa candidature après avoir reçu une offre d’une université. Le Québec et les Cris sont toujours à la recherche d’une personne qualifiée. Les membres cris du Comité de liaison permanent ont suggéré que le Conseil commence à fonctionner sans président ou avec un membre du Comité agissant en tant que président par intérim. Québec étudie présentement cette proposition. Les incendies de forêt de l’été 2002 Le premier vrai test pour le nouveau « régime forestier adapté » est survenu cet été lorsque plusieurs incendies de forêt importants se sont déclarés dans les régions de Nemiscau et de Mistissini. Les négociateurs n’ayant pas prévu de tels événements catastrophiques quand ils ont convenu des dispositions forestières, les Cris et le MRN se sont retrouvés en terrain inconnu lorsqu’ils ont dû déterminer la manière de combattre ces incendies. Les Cris et le MRN ont dû avoir recours à la consultation pour régler cette situation, le « régime forestier adapté » ne prévoyant pas de mesures spécifiques pour ce genre d’événement catastrophique. Dans le cas de l’incendie au nord de la limite commerciale, comme suite à la décision des maîtres de trappe affectés, il a été décidé de ne pas entreprendre d’opération de sauvetage. Quant aux maîtres de trappe affectés par l’incendie à l’est du lac Mistissini, ils ont accepté qu’une opération de sauvetage ait lieu, pourvu qu’on applique des mesures de protection particulières et qu’on entreprenne un processus de consultation approfondi. Les maîtres de trappe ont donc survolé les zones brûlées des terrains de trappage et apporté des changements quant à l’emplacement des routes d’accès. Une décision a aussi été prise pour limiter la récolte à des blocs mesurant un maximum de Le MRN – intéressé à sauvegarder les emplois et le bois – a mis sur pied un programme incitatif généreux afin d’encourager les sociétés forestières à faire la coupe forestière dans les régions brûlées. Par contre, une des deux grandes régions touchées se situait au nord de la limite forestière commerciale et les maîtres de trappe affectés étaient soucieux de l’impact que pourrait avoir une opération de déboisement de sauvetage effectuée si au nord. Pour eux, les incendies étaient une bénédiction, car ils occasionneraient un renouvellement rapide de l’habitat animal sur leurs terrains de trappage. Ils craignaient que le déboisement dans ces régions ralentisse le renouvellement de la forêt pendant plusieurs années, comme ce fut le cas pour d’autres opérations de sauvetage dans des régions brûlées. L’autre grand incendie à l’est du lac Mistissini a touché surtout un seul terrain de trappage et a causé des perturbations sur 60 % de la forêt exploitable. Techniquement, les nouvelles dispositions limitent à 40 % ce genre de perturbation et ce terrain de trappage aurait pu être fermé à toute exploitation forestière. 35 La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 400 ha. De plus, un résiduel de 20 % des parties brûlées à l’intérieur de ces blocs devait demeurer intact, afin d’assurer le renouvellement rapide du site. D’autres mesures de protection concernaient une entente à l’effet que seuls les arbres brûlés seraient récoltés et qu’il n’y aurait pas d’exploitation forestière dans toute la région pour une période d’au moins 20 ans après la fin de l’opération de sauvetage. 36 mesures et qu’ils auraient la chance de les étudier avant que ne débutent les opérations de sauvetage. Malheureusement, rien de ceci n’est survenu. Pour des raisons qui, même aujourd’hui, ne sont pas claires, le MRN a autorisé les opérations de sauvetage sans avoir de plans spécifiques de déboisement. Les Cris sont très déçus du résultat. Il semble maintenant que ni le MRN ni les sociétés n’auraient interprété les mesures particulières de la même façon que les Cris, même s’ils étaient tous à la réunion lorsqu’elles ont été déterminées. Ce qui est plus inquiétant encore est que les deux sociétés associées aux opérations de sauvetage ont chacune interprété les mesures de façon différente. Selon une étude préliminaire des opérations de sauvetage, il semble que Chantier Chibougamau Ltée aurait traité la forêt brûlée comme s’il s’agissait d’un bloc continu. Autrement dit, leur déboisement a été fait dans un seul bloc, dépassant largement le maximum de 400 ha auquel les Cris s’attendaient. Même si les sociétés semblent avoir laissé la superficie appropriée de forêt résiduelle (20 %), ceci a été fait dans un seul bloc. Et même s’il semble qu’Abitibi-Consolidated ait fait de la coupe en blocs plus petits, comme s’y attendaient les Cris, il appert que les 20 % de forêt résiduelle que les Cris avaient prévus n’ont pas été respectés. Ces mesures spéciales ont été élaborées au cours de réunions consultatives tenues à la fin du mois de novembre 2002 avec les maîtres de trappe affectés directement, le MRN, les sociétés forestières concernées, ainsi qu’avec des représentants de Mistissini et du GCCEI. Les intervenants cris concernés avaient compris que les plans de sauvetage seraient développés en fonction de ces La visite des Kanak Quant au MRN, il n’a pu offrir de réponse satisfaisante pour expliquer la différence entre les interprétations des mesures spéciales des deux sociétés. De plus, le ministère n’a pas été capable de démontrer qu’une interprétation officielle des dispositions particulières avait été transmise aux deux sociétés forestières. Des représentants du GCCEI ont indiqué qu’une telle différence d’interprétation aurait été dévoilée dans les plans de déboisement et que c’est pour cette raison qu’ils avaient insisté pour que ces plans soient déposés auprès des Cris aux fins de révision. Le GCCEI étudie actuellement tout ce dossier. De plus, les dirigeants de Mistissini et des représentants du MRN ont déclaré qu’ils appuieront une évaluation des opérations de sauvetage et qu’ils tenteront de travailler avec les Cris afin de s’assurer que l’affaire est résolue à leur satisfaction. Ce travail est toujours en cours. INCO, géant canadien de l’industrie minière, essaie présentement d’obtenir l’autorisation d'exploiter plusieurs grandes mines à ciel ouvert sur l’île Kanaky. Chacune de ces Les membres du personnel d’Ottawa ont été honorés de recevoir la visite d’une délégation de représentants indigènes, en provenance de l’île Kanaky du Pacifique Sud, en Nouvelle- Calédonie. Les huit représentants étaient en mission pour recueillir des données sur les stratégies politiques des peuples autochtones du Canada. Ils ont voulu rencontrer le Grand Conseil afin de discuter de différentes stratégies et de partager leurs expériences en matière de promotion et de protection de leurs droits en tant que peuples autochtones. INCO, géant canadien de l’industrie minière, essaie présentement d’obtenir l’autorisation d'exploiter plusieurs grandes mines à ciel ouvert sur l’île Kanaky. Chacune de ces mines se trouve dans des régions écologiquement vulnérables, juste à côté du deuxième plus grand récif corallien au monde. Ces régions revêtent la plus haute importance en ce qui a trait à l’économie et à la culture du peuple Kanak. Philip Awashish a tracé, pour le bénéfice de la délégation Kanak, l’histoire de la Nation crie et des activités politiques du Grand Conseil. Romeo Saganash lui a aussi fourni de l’information quant aux activités internationales du Grand Conseil, ainsi qu’un compte-rendu des aspects importants de l’Entente relative à la nouvelle relation Cris-Québec. mines se retrouve dans des régions 37 écologiquement vulnérables, juste à côté du deuxième plus grand récif corallien au monde. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 Nouvelles aires protégées sur le territoire de Waskaganish Au début de mars, les ministres québécois de l’Environnement et des Ressources naturelles ont annoncé que le gouvernement assurerait la protection de cinq nouvelles aires sur le territoire de Waskaganish. Parmi les nouvelles aires protégées, on retrouve : la péninsule de Ministikawatin, la baie de Boastwain, la plaine de la Missisicabi, la partie inférieure de la rivière Harricana et Muskuuchii. Boumhounan – Un an plus tard L’Entente concernant une nouvelle relation avec le Québec vise à encourager une approche globale face au développement,tout en favorisant une plus grande autonomie et responsabilité de la part des Cris. De plus, elle engage les parties à développer un modèle de développement fondé sur le développement durable, le partenariat et le respect du mode de vie traditionnel des Cris. Un an après la signature de cet accord historique, il est trop tôt pour affirmer si l’initiative a été une réussite. Par contre, nous avons entamé des échanges avec les représentants du Québec et nous avons toutes les raisons de croire que les échanges et les efforts continus entre les Cris, Hydro-Québec et le gouvernement du Québec nous permettront de voir des résultats tangibles. 38 On remarque que le territoire des Collines de Muskuchii a été déterminé dans La Paix des Braves comme faisant l’objet d’un projet conjoint Cris-Québec. Les deux gouvernements ont convenu, dans l’Entente, de travailler pour assurer la protection de ce site vulnérable sur le plan environnemental et culturel. Après plusieurs mois de collaboration entre divers ministères du Gouvernement du Québec, le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) et le Conseil de Waskaganish, les intervenants se sont entendus sur l’étendue du territoire visé afin de préserver l’importance naturelle et historique unique de Muskuuchii. Aires protégées établies : réserves de biodiversité et réserves aquatiques À l’heure actuelle, le projet Eastmain 1-A/Rupert est rendu à l’étape de l’étude de faisabilité et de conception. Des À l’heure actuelle, le projet Eastmain 1-A/Rupert est rendu à l’étape de l’étude de faisabilité et de conception. Des travaux intenses sur le terrain pour recueillir des données ont eu lieu de mai à octobre 2002. Hydro- Québec a l’intention de soumettre une étude d’impact sur l’environnement au début de 2004 en vue de l’obtention des autorisations gouvernementales. Si la société d’État obtient les autorisations requises, les travaux de construction pourraient débuter en 2005. À l’heure actuelle, il est prévu que les travaux de dérivation seraient complétés en 2007 et que la centrale Eastmain 1-A serait mise en service en 2010. Le groupe d’étude de faisabilité Cris/Hydro-Québec – mis sur pied aux termes de la Convention Boumhounan – s’est réuni à sept reprises. Sa dernière réunion remonte aux 30 et 31 janvier 2003, à Waskaganish, les autres réunions ayant eu lieu à Mistissini, à Nemiscau et à Montréal. travaux intenses sur le terrain pour La réserve de biodiversité de la baie de Boastwain recueillir des Provinces naturelles et régions administratives La réserve de biodiversité de la péninsule de Ministikawatin données ont eu lieu de mai à octobre 2002. Hydro-Québec 39 a l’intention de soumettre une La réserve aquatique de la rivière Harricana Nord La réserve de biodiversité de la plaine de la Missisicabi La réserve de biodiversité des collines de Muskuchii étude d’impact sur l’environnement au début de 2004 en vue de l’obtention des autorisations Le Chef John Longchap gouvernementales. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 Le groupe est composé de six membres représentant les entités cries et de six membres représentant Hydro- Québec/SEBJ. Les représentants des communautés et des entités cries sont : • Paul Gull, vice-président de l’Administration régionale crie • Donald Gilpin, de l’Association des trappeurs cris • Stanley Gilpin, d’Eastmain • Lawrence Jimiken, de Nemiscau • Wilbert Shecapio, de Mistissini • Simeon Trapper, de Waskaganish 40 Dans chacune des quatre communautés ainsi qu'à Chisasibi et Wemindji, on trouve aussi des coordonnateurs. Il s’agit de : Des études ont été entreprises – avec la collaboration et la participation des communautés et des chasseurs cris concernés – sur les sujets qui suivent : • Robbie Tapiatic, de Chisasibi • géomorphologie • Roderick Mayappo, d’Eastmain • poissons • Johnny Jolly, de Mistissini • esturgeons • Steven Neeposh, de Nemiscau • végétation et espèces rares • Jeffrey Salt, de Waskaganish • grande et petite faune • David Visitor, de Wemindji • avifaune Périodiquement, la SEBJ informe et consulte les représentants cris auprès du groupe d’étude sur les sujets suivants : • utilisation du territoire, chasse, pêche et trappage par les Cris • aspects sociaux • programmes d’études (techniques et environnementales) • économie régionale et répercussions économiques • résultats d’inventaires (techniques et environnementaux) • utilisation du territoire et des voies d’accès par les non-Cris • conception et développement du projet, impacts et mesures d’atténuation • archéologie • programmes de surveillance et de suivi • foresterie Au cours de l’été, plusieurs Cris ont travaillé à ces études avec des spécialistes et des techniciens. Le nombre total d’heures travaillées par des Cris – selon divers contrats de service – dans le cadre de ces études de faisabilité s’élève à 60 000. Hélène Leduc Des comités et des groupes d’étude ont été mis sur pied aux termes de la Convention Boumhounan pour traiter de questions « techniques » et contribuer à diverses études pour l’obtention de permis environnementaux visant à permettre à Hydro-Québec d’aller de l’avant avec le projet EM 1A- Rupert. Les travaux des comités en sont toujours au stade préliminaire, et ce, malgré des réunions régulières. Plus de commentaires sont nécessaires dans le but d’informer les représentants Le Grand Chef adjoint Paul Gull communautaires des mesures adoptées pour répondre à leurs préoccupations sur le fond et la forme des études en voie de réalisation. s’entendent pour dire que les études se déroulent trop rapidement et qu’il n’y a pas suffisamment de temps pour réagir. En janvier 2002, le Grand Chef adjoint Paul Gull a rencontré les représentants communautaires auprès du groupe d’étude de faisabilité Cris/Hydro- Québec, afin d’obtenir leurs impressions sur une série de sujets. Même si les représentants n’ont pas hésité à déclarer que les communautés n’avaient pas de préférence marquée pour ou contre le projet EM 1A-Rupert, ni la SEBJ ni Hydro-Québec n’ont fourni suffisamment d’information sur l’étendue et les impacts du projet ni sur les bénéfices potentiels pour l’ensemble de la communauté. Les points que les représentants communautaires ont soulevés se résument comme suit : En particulier, on s’inquiète de voir les programmes de formation mis sur pied à temps pour permettre aux Cris de tirer avantage des possibilités d’emploi découlant du projet. Peut-être n’auront-ils pas eu le temps de compléter leur formation. Les représentants communautaires auprès du groupe d’étude de faisabilité Cris/Hydro-Québec se sentent un peu isolés, car ils ne savent pas à qui s’adresser, soit auprès de l’ARC, soit des conseils de bande, pour obtenir de l’aide. Les études d’Hydro-Québec ainsi que les consultations locales ont porté surtout sur les familles potentiellement touchées par le projet et non sur la communauté en général. Par ailleurs, de plus en plus de gens veulent connaître le statut du projet EM 1A-Rupert. Les communautés touchées • En raison des limites de temps et des restrictions imposées aux mandats d’Hydro- Québec, les chercheurs mettent l’accent sur l’information relative aux familles touchées et non sur la communauté en général. • Des préoccupations ont été émises au sujet des programmes de formation, particulièrement à savoir s’ils pourront être complétés à temps pour permettre aux jeunes de décrocher des emplois. • Les études avancent rapidement, et les gens commencent seulement à en comprendre l’enjeu. On craint surtout de voir un projet de cette envergure aller de l’avant sur la base d’études qui se limitent à une seule année. • On se préoccupe grandement du débit résiduel et de l’emplacement des barrages en aval de la zone de dérivation. Les communautés aimeraient avoir un outil qui leur permettrait de visualiser ce que représente un débit résiduel de 20 à 50 %, c’est-à-dire de voir ce qui se produit jusqu’à l’embouchure de la rivière lorsque son volume d’eau augmente graduellement. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 41 Société Weh-Sees Indohoun et comité spécial Leur création aux termes de la Convention Nadoshtin répond aux besoins du projet Eastmain 1. – contrôler l’accès au poisson et à la faune et en gérer la récolte au cours de l’étape de la construction du projet; – fournir des occasions pour en promouvoir le développement et la diversification au cours de l’étape de la construction du projet. Jean Paul Murdoch 42 • Le comité spécial au ministre Administration régionale crie Les discussions ont débuté en janvier 2002. Le Chef John Longchap Nation crie de Mistissini • Le comité a été conçu pour aider la Société Weh-Sees Indohoun. Les Cris de la Première • Le comité est mandaté pour rédiger une proposition qui définit : Hugo Hester Nation de Waskaganish Lloyd Mayappo Nation crie d’Eastmain Matthew Wapachee Nation crie de Nemiscau Richard Laforest Hydro-Québec Les règlements Réjean Gagnon Hydro-Québec s’appliquent à Richard Verdon Hydro-Québec la chasse au petit Hélène Leduc Hydro-Québec – l’aire de gestion de la faune; – les conditions de récolte dans cette aire; – un plan qui respecte la CBJNQ; – les ressources humaines, financières et matérielles requises; – une méthodologie pour évaluer la récolte et les résultats de l’application des règlements. le comité a proposition Le Grand Chef adjoint Paul Gull • En mars 2002, présenté sa Les membres sont : • En mars 2002, le comité a présenté sa proposition au ministre responsable de la FAPAQ, qui a donné son approbation. • Le comité est formé de représentants des parties cries, d’Hydro-Québec et de la Société de la faune et des parcs du Québec. • Les membres du comité : • La zone particulière pour la chasse et la pêche (zone 22) est en vigueur depuis le 1er juin, 2002. ainsi qu’à la chasse • L’aire totale couvre environ 9 000 km2. sportive à l’orignal, • On retrouve, à l’intérieur de la zone, un secteur où la chasse à l’orignal est interdite et un autre secteur où la pêche est interdite. • Les règlements s’appliquent à la chasse au petit gibier et à la pêche ainsi qu’à la chasse sportive à l’orignal, à l’exception des secteurs où la pêche et la chasse à l’orignal sont interdites. gibier et à la pêche responsable – parties cries : René Dion à l’exception des de la FAPAQ, – Hydro-Québec : Réjean Gagnon secteurs où la Richard Laforest pêche et la chasse qui a donné son – approbation. Société de la faune et des parcs du Québec : David Erdely Denis Vandal Weh-SeesIndohoun • Nombre de réunions : 2 • La réunion inaugurale a eu lieu le 26 novembre 2002 à Nemiscau. La deuxième réunion a eu lieu le 13 février 2003 à Montréal. • Société mandatée pour : – à l’orignal sont interdites. • Les frontières de la zone établie comprennent : – l’ensemble des terres et des étendues d’eau touchées par le projet futur du réservoir Eastmain-1 et de la dérivation Rupert; – l’ensemble des infrastructures d’accès et des installations de réception, permanentes ou temporaires, associées aux deux projets; – les terres de catégories I et II de Nemiscau; – l’habitat de la faune considérée comme étant vulnérable à court terme. promouvoir la conservation du poisson, de la faune et des écosystèmes conformément à la définition donnée au mot conservation dans la CBJNQ; La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 43 Nouveau centre de formation professionnelle à Waswanipi La Commission scolaire crie construira, avec l’assistance financière du gouvernement du Québec, un centre de formation professionnelle dans la communauté de Waswanipi. En plus des installations requises pour la formation, le centre comprendra des résidences pour les étudiants, le personnel enseignant et le personnel de soutien. Le ministère de l’Éducation du Québec fournira les 18,3 millions de dollars requis pour la construction du centre. Les fonds couvriront le coût du centre, des résidences et de tout l’équipement requis par les programmes d’études. Selon Sylvain Simard, ministre d'État à l'Éducation et à l'Emploi, le centre de formation professionnelle : « Permettra aux jeunes et aux adultes de la Nation crie d’accroître leurs compétences et de recevoir la formation dont ils ont besoin sur leur propre territoire. » Sentiment que partage Gordon Blackned de la Commission scolaire crie. Selon lui, l’adaptabilité du centre – les programmes de formation pouvant varier en fonction des besoins des entreprises de la région – contribuera grandement au développement continu de la Nation crie. Le partenariat qui a mené à la création du centre de formation professionnelle est le résultat de la nouvelle relation entre le Gouvernement du Québec et la Nation crie. 44 « Le nouveau centre offrira un éventail de programmes d’études. Parmi les programmes proposés, on retrouve : cuisine, charpenteriemenuiserie, ébénisterie, mécanique En raison de plusieurs questions devant être réglées, le centre de formation n’a pu ouvrir au mois de décembre 2002 tel qu’il était prévu à l’origine. En conséquence, l’échéancier de construction a dû être reporté. Selon le directeur général de la Commission scolaire crie, Gordon Blackned : « Il est fort probable que la construction débute à l’automne ou au début de l’année 2003 ». Le centre devrait ouvrir en décembre 2004 ou en janvier 2005. À l’heure actuelle, la Commission scolaire crie offre des ateliers de formation professionnelle, mais ceux-ci ont lieu dans plusieurs communautés de la région. M. Blackned est d’avis que : « Le nouveau centre devrait permettre plus facilement aux élèves aux quatre coins du Nord québécois de recevoir la formation dont ils ont besoin ». Le nouveau centre offrira un éventail de programmes d’études. Parmi les programmes proposés, on retrouve : cuisine, charpenterie-menuiserie, ébénisterie, mécanique d’engins de chantier, réalisation d’aménagements paysagers, soudage- montage, entretien des bâtiments nordiques, secrétariat, comptabilité et lancement d’une entreprise. Par ailleurs, l’approche sectorielle étant adopté, les programmes pourront être offerts en alternance. d’engins de chantier, réalisation d’aménagements paysagers, 45 soudage-montage, entretien des bâtiments nordiques, secrétariat, comptabilité, et lancement d’une entreprise. » La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 L’Entente Troilus La Nation crie de Mistissini et la Corporation minière Inmet (anciennement METALL) ont conclu une entente en 1995 relative à la Mine Troilus, avant le début du projet en 1996. Les négociations ont été ardues entre la communauté de Mistissini, qui voulait avoir accès à une part équitable des bienfaits économiques, et l'entreprise, devant la perspective d'effets accessoires du projet sur le plan économique. À l’époque, les interprétations restrictives du gouvernement du Québec limitaient la participation des Cris au développement. 46 L’entente établit une relation de travail entre la communauté et l'entreprise en matière d’emploi pour les Cris, de formation, de contrats, de possibilités commerciales et autres sujets tels que l’environnement et certains travaux remédiateurs. Un comité de mise en oeuvre a été créé pour permettre aux représentants de la communauté et de la société d’entreprendre des discussions sur des sujets relatifs à l’Entente. Le comité a joué un rôle clé pendant le développement et la planification – révisant le processus d’embauche, les conditions de travail, les descriptions de tâches et la formation – pour assurer l'accès des Cris aux emplois à la mine. L’embauche d’un Cri comme coordonnateur des emplois a été garant de cette réussite, tant à la mine qu’au cours du projet. Les emplois à la mine ont atteint, voire dépassé, le niveau ciblé de 25 p. cent des emplois directs, soit quelque 75 postes. Quelque 15 emplois additionnels à temps complet ont aussi été créés pour des Cris, par le biais de la sous-traitance à des entreprises liées aux Cris, auxquels s'ajoute l'équivalent de plus de 10 emplois découlant d'autres dispositions contractuelles. La communauté accorde une grande importance à l’Entente et le Chef assiste régulièrement aux réunions du comité. Le Conseil local visite la mine en signe d’appréciation des efforts de l’employeur. L'entreprise a aussi nommé un haut représentant de son siège social pour siéger comme membre régulier du comité. La partie crie a dû travailler en étroite collaboration avec l’employeur pour relever les défis en raison du prix du métal en baisse et des effets relativement accessoires du projet sur le plan économique. En même temps, Inmet a toujours reconnu l’importance de la main-d’oeuvre crie et a investi temps et argent pour s’assurer que les Cris jouent un rôle important à la mine. L’entente Troilus illustre bien comment un promoteur et les Cris des alentours peuvent travailler ensemble, et ce, dans leur intérêt commun. Faire de l’exercice et bien manger : deux solutions à l’obésité chez les enfants Des problèmes de poids, incluant l’obésité, commencent à menacer sérieusement la santé des enfants et des adolescents cris de l’Eeyou Istchee. Une étude récente révèle la gravité du problème. L’étude a été menée auprès de trois communautés par des services de santé publique, des écoles et des cliniques, en collaboration avec le Service de santé publique du Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James. Elle comparait le poids et la taille de jeunes cris de 6 à 10 ans dans les écoles aujourd’hui avec des jeunes cris d’il y a 50 ans. Deux responsables de l’étude faite à Chisasibi – Rose Iserhoff, représentante en santé communautaire, et Violet Bates, agente en santé publique – parlent de résultats alarmants. Selon le rapport : « Entre 1930 et 1950, seulement 2 enfants cris sur 100 (6 à 10 ans) étaient considérés obèses. Aujourd’hui, on parle plutôt de 35 enfants sur 100. » À titre de comparaison, au Québec dans son entier, seulement 17 enfants sur 100 sont considérés obèses. L’étude, effectuée à Nemiscau, Wemindji et Chisasibi, révèle un nombre égal d’enfants souffrant d’embonpoint. Cela veut dire qu’à l’Eeyou Istchee, environ 6 enfants cris sur 10 sont obèses ou souffrent d’embonpoint. Selon Solomon Awashish, du Service de santé publique régional, il faut retrouver un mode de vie sain, mieux manger et faire plus d’activités physiques. « Dans le passé, soutient-il, la société crie était active physiquement. Les enfants jouaient toujours dehors. Comme parents, nous devons être mieux informés sur la nutrition et nous devons commencer à faire plus d’activités physiques avec nos enfants, comme le faisaient nos ancêtres. À l’ère des ordinateurs, d’Internet, de la télévision et des jeux vidéo, nous devons trouver des façons plus saines de nous divertir. Nous devrions rechercher les conseils de nos aînés cris. » Le Dr David Dannenbaum prévient que l’obésité infantile peut provoquer de nombreux problèmes de santé, dont le diabète. En effet, le taux de diabète a augmenté radicalement au cours des dernières années chez les enfants et les jeunes autochtones, le résultat d’un embonpoint, de malnutrition et d’un manque d’activités physiques. Au Manitoba, par exemple, des jeunes atteints du diabète ont des crises cardiaques, des problèmes d’insuffisance rénale, certains mourant même avant l’âge de 25 ans. Le Conseil cri de la santé appuie aussi le travail de Noreen Willows, professeure de nutrition à l’Université de l’Alberta, qui étudie la hausse du taux d’obésité chez les enfants cris. Selon Pre Willows, une baisse importante de l’activité physique et un changement majeur au régime alimentaire – dû aux produits d’épicerie – ont contribué à l’augmentation de l’obésité. Elle mentionne aussi qu’aux yeux de plusieurs Cris, le gras est un élément nourrissant et l’excès de poids, signe de robustesse et de puissance. Dans le passé, la plupart des Cris associaient la minceur à la faiblesse, aux maladies infectieuses ou même à la tuberculose. Face à l’ampleur du problème, le Service de santé publique a commencé à travailler avec les responsables cris, à l’échelle locale et régionale, afin de développer des stratégies efficaces et culturellement adaptées visant à prévenir les problèmes d’embonpoint chez les jeunes Cris. Voici quelques façons qui peuvent aider votre enfant à surmonter des problèmes d’embonpoint : • Limitez à 30 minutes par jour ou à certains jours de la semaine le temps que votre enfant consacre à la télévision, aux jeux vidéo, et à l’ordinateur. • Encouragez la consommation d’aliments santé dans votre maison; s’il n’y a pas de croustilles, de boissons gazeuses ou autres aliments sans valeur nutritive, vos enfants ne pourront en manger. • Encouragez vos enfants à marcher jusqu’à l’école et à jouer dehors. Servez d’exemple à vos enfants; choisissez des aliments santé, éliminez les « cochonneries », limitez le temps que vous passez à regarder la télévision et marchez au travail quand c’est possible. Pour plus de renseignements, communiquez avec votre clinique locale ou Service de santé publique régional. La Nation Eeyou Eenou : printemps 2003 47 Nous ne sommes pas seulement des communautés isolées. Nous avons accès au monde entier et sommes connus et reconnus partout dans le monde. Nous comptons parmi les plus fortes Nations autochtones – les gens connaissent les Cris. Et ce, grâce à la sensibilisation du public. Ted Moses