Qui sème en vacances, récolte la conscience

Transcription

Qui sème en vacances, récolte la conscience
Région
Point de vue sur
>> Le président de
la CMCAS Nord-Pas-deCalais, née de la fusion
des CMCAS de BéthuneArras, Lille et Douai,
est l’un des chaînons
du projet de transformation des organismes
sociaux des IEG.
>> Le président de
Convergence nationale
des collectifs de défense
et de développement
des services publics évoque
la force de ce mouvement.
Philippe Diers
Bernard Defaix
www.ccas.fr
Vu à…
Willer-sur-Thur
Florine Kupper
>>Cette fille d’agent a
offert de son temps avec
plaisir et sans compter
lors de la fête de Noël
intergénérationnelle
organisée par la CMCAS
de Mulhouse.
mensuel
d’information
du personnel
des industries
électrique
et gazière.
1,5 euro
euros
n° 297
292
Juillet-Août
janvier
2009
2008
Qui sème
De la petite enfance
en vacances,
à la prévoyance
récolte
Nouvelle année,
la
conscience
nouveaux droits
2009 : pour de
L’année 2008 a vu l’accélération d’une crise financière sans précédent. Cela a entraîné de nombreux
plans de licenciements, broyant des dizaines de
milliers de vies d’hommes et de femmes.
Mensuel d’information
du ­per­sonnel des Industries
électrique et gazière.
Immeuble René-­Le Guen,
8, rue de Rosny, BP 629,
93104 Montreuil Cedex
Tél. : 01 48 18 64 46
Fax : 01 48 18 66 93.
Directrice de la publication :
Évelyne Valentin.
Rédacteur en chef :
© Élise Rebiffé / CCAS
Photos couverture :
Pierre Michaud,
Julien Millet / CCAS,
Élise Rebiffé / CCAS.
Sous prétexte de cette crise, certains voudraient
réduire à néant les avancées sociales de plusieurs
décennies. La santé est marchandisée, l’école est
amputée de 13 000 emplois, des pans entiers de
l’industrie automobile sont démantelés. Avec le
travail du dimanche et la remise en cause de la
réduction du temps de travail, le droit du travail
est menacé.…
Dans ce grand Monopoly, l’énergie doit
être le moteur du développement de toute
la société et servir l’intérêt général. Actrices de l’économie
sociale et solidaire, les activités sociales des industries électrique et gazière développent des valeurs, à l’opposé du toutmarchand qui conduit aujourd’hui à la faillite.
Évelyne Valentin,
présidente de la CCAS
Ré­dac­tion :
Voilà pourquoi je vous invite à participer nombreux à l’action
portée le 29 janvier par l’ensemble des confédérations syndicales.
Se­cré­­tariat de rédac­­tion :
Voilà pourquoi, en cette période de difficultés accrues pour le
plus grand nombre, les activités sociales et l’ensemble des
organismes sociaux de notre branche cherchent plus que jamais à œuvrer pour que la place de l’homme soit reconnue
dans et hors les entreprises.
Pierre Chaillan.
Assistante :
Carmen Gil.
Samy Archimède,
Pierre Michaud,
Philippe Poupard,
Laïla Saïdi,
Jean Santon,
Marie-Line Vitu. ­
Aude Brédy
Comtown Productions.
Pho­togra­phie :
Carole L’Hermitte,
Christine Lemore.
Chef de fa­bri­cation :
Domi­nique Brégier.
Ont collaboré à ce nu­­­­mé­­ro :
Audrey Bernard,
Nicolas Chevassus,
Sophie Chyrek,
Stéphane Gravier,
Franca Maï.
Con­­ce­p­tion gra­­­­phi­que
et réalisation :
Comtown Productions.
Photo­­gra­vure, im­pres­sion,
ex­pé­­di­­tio­n : ­
Rivet,
24-27, rue Claude-Henri-Gorceix,
BP 1577,
87022 Limoges Cede­x 9.
ISSN 0295-6365.
Commission pa­ri­tai­re :
N° 1111 M 05267.
Voilà pourquoi de nouvelles dispositions ont été prises et entrent en vigueur en cette nouvelle année :
édito
nouvelles conquêtes
En cette période
de crise,
les activités
sociales
et l’ensemble
des organismes
sociaux
cherchent plus
que jamais
à œuvrer pour
que la place
de l’homme
soit reconnue
dans et hors
les entreprises.
• l’aide à la garde d’enfants de 3 mois à 3 ans ;
• un nouvel IDCP permettant de couvrir les conjoints
et les enfants à charge, et de solidariser les actifs et les inactifs ;
• la poursuite de l’élargissement de l’offre de vacances de qualité
pour tous.
Voilà pourquoi les activités sociales poursuivront les transformations
afin d’être, encore plus et mieux, ce qu’elles ont toujours été : solidaires.
Solidaires, pour de nouvelles conquêtes en 2009. La nouvelle année
verra la mise en œuvre de moyens humains et financiers pour que
chaque bénéficiaire ait accès à ses activités sociales en proximité,
et donc au plus près de son lieu de travail et de vie.
2009 sera l’année de la mise en œuvre concrète du projet de pérennisation et de développement des activités sociales pour tous et partout.
Plus qu’un vœu, c’est notre engagement solidaire pour que cette année s’ouvre sur de nouvelles conquêtes. Alors, bonne année 2009 !
Abon­ne­ment : ­
12,20 euros (individuel),
6,10 euros (collectif).
Site internet :
www.ccas.fr
CCASinfos 297 - Janvier 2009
3
Culture
2009 : pour de nouvelles conquêtes
Actualité événement�������������� 6
Garde d’enfants : un sérieux coup de pouce
© Bertrand de Camaret / CCAS
En novembre, les comédiens
Martine et Métélok s’invitaient
dans le salon d’Angel,
agent, et de Solange pour
une pièce célébrant le poète
Jean L’Anselme… Du « spectacle
à domicile » initié par la
CMCAS de Bayonne qui veut
impliquer les bénéficiaires dans
le développement d’activités
sociales en milieu rural.
Lire page 40
Actualité en bref�������������������� 8
IDCP • CCAS Infos • Les Cahiers de l’Iforep •
Élections à gdf Suez • Aneg • Vous écrivez, on vous
lit • Vœux • Solidarité • Culture • La photo du mois •
Assurance dépendance
Vu à… Willer-sur-Thur ������������ 10
Noël : par et pour toutes les générations !
Initiatives ������������������������������� 11
Surendettement : prévenir et rompre l’isolement !
Vos activités
Région Les Flandres �������������� 12
Réfléchir sur les pratiques
touristiques des inactifs,
c’était la mission confiée
en février dernier au
groupe de travail, piloté par
Martial Savel, qui demanda
ensuite qu’une étude
soit réalisée auprès
de 800 ouvrants droit
par l’institut LH2. En voici
les premières conclusions.
Lire page 24
Le bonheur est dans les Flandres…
Portrait Éric Franceschi ��������� 22
Gazier globe-trotter
Point de vue sur �������������������� 23
sommaire
L’Édito d’Évelyne Valentin������� 3
Face au marché, les services publics
vos activités ��������������������������� 24
Inactifs : des vacances à la carte • Alger, capitale
des activités sociales • Un formidable outil
d’émancipation • Une prévoyance obligatoire de
branche efficace • L’IDCP nouveau est arrivé •
Rimes pour Rencontres de l’image et du multimédia
des énergéticiens • « Un événement fédérateur »
Temps libre ����������������������������� 32
© Didier Delaine / CCAS
La cascade de glace
Vers un essor du biogaz ? • Les côtes maritimes,
futures victimes du réchauffement
Cinéma La dernière saison �� 36
Un film de Raphaël Mathié
Histoire Le gaz de ville ��������� 37
Vos activités
L’industrie du gaz fête cette année
ses deux siècles d’existence.
Du 13 au 16 décembre,
lors de la Ve Conférence
internationale des travailleurs
de l’énergie à Alger,
les délégués de 27 pays et
60 organisations ont réaffirmé
la nécessité de dessiner de
nouvelles pistes de solidarité
entre travailleurs de l’énergie,
ainsi que le rôle pacificateur
des activités sociales pour
les peuples.
Lire page 26
Sport événement ������������������ 38
Badminton, fous du volant
Culture ��������������������������������� 39
Festival des 3 continents, clap sur le monde… •
Ce soir, théâtre au salon !
Livres Nina Bouraoui ������������ 42
Par la grâce d’un « je » apaisé
Nouvelle Flash de lucidité ��� 44
Par Franca Maï
© Pierre MicHAud
CCASinfos 297 - Janvier 2009
SCIENCES et environnement�� 34
Jeux et jardin �������������������������� 46
Côté jardin : Au potager
Jeux : mots croisés et échecs
Encart : Protection sociale et prévoyance
5
Bonne nouvelle, en ce début d’année, pour les agents en activité
ayant des enfants en bas âge ou pour
ceux qui sont sur le point d’en avoir :
sept entreprises de la branche (EDF,
ERDF, RTE, GDF Suez, GrDF, GRT Gaz
et Électricité de Strasbourg)1 viennent
de signer avec le Comité de coordination des CMCAS une convention qui
donne de nouveaux droits aux jeunes
parents salariés de ces entreprises.
À partir de fin février (avec effet rétroactif au 1er janvier pour l’ouverture
des droits), ces derniers pourront réaliser des économies substantielles sur
les frais de garde de chaque enfant âgé
de trois mois à trois ans2 en utilisant le
1 Ces entreprises rassemblent plus
de 90 % des salariés de la branche.
Des négociations sont en cours
dans d’autres entreprises (régies,
Compagnie nationale du Rhône, etc.)
pour la signature d’autres conventions.
2L’âge limite est porté à sept ans pour
les enfants handicapés.
Chèque emploi service universel (Cesu)
« petite enfance ». Le montant annuel
maximum des Cesu accordés pour la
garde d’un enfant est fixé à 2 000 euros,
dont 1 432 euros sont pris en charge par
l’employeur et le fonds du 1 %. La part
payée par le salarié n’est donc que de
568 euros.
La participation financière des principaux employeurs de la branche des IEG
au sein de ce dispositif a été obtenue
à l’issue de négociations menées avec
le Comité de coordination des CMCAS
dans la continuité de l’accord du 24 avril
2008 sur l’égalité professionnelle entre
les femmes et les hommes. Le Cesu
constitue l’une des mesures de la loi
relative au développement des services
à la personne. Il vise notamment à
alléger les formalités habituelles liées
à l’emploi d’un salarié (aide ménagère,
assistante maternelle, etc.). Dans les
IEG, la mise en place du Cesu « petite
enfance » concerne potentiellement
quinze mille enfants d’agents.
DR
Les salariés des principales entreprises
des IEG peuvent désormais bénéficier de
Chèques emploi service universels (Cesu) pour
faire garder leurs enfants en bas âge. Cofinancés
par l’employeur, le fonds du 1 % et l’agent,
ces chèques allègent sensiblement la facture
des jeunes parents tout en simplifiant leurs
démarches administratives.
Caroline Chailloux, chargée
de mission à la direction
financière de GDF Suez
(Paris), mère de 4 enfants,
dont une fille âgée d’1 mois
« Je me sers déjà du Cesu pour l’emploi
d’une femme de ménage, que je déclare
par Internet. Ce système présente de
nombreux avantages : des formalités
administratives simplifiées et une déduction fiscale importante en fin d’année. Il permet aussi de choisir son mode
de garde. Habitant dans l’Essonne,
si je devais passer par une crèche
d’entreprise, il faudrait que j’emmène
ma fille avec moi dans le RER et le métro
tous les matins ! Je préfère la confier
à une nourrice agréée dans la ville où
j’habite. Et puis, le Cesu « petite enfance » représente une économie importante : plus de 1 400 euros par an
pour un enfant ! »
DR
événement
Garde d’enfants : un
© Didier Le Scour / CCAS
Romuald Jaguenaud,
conseiller technique à GrDF
(Bourg-en-Bresse), père
de 2 enfants, dont une fille
âgée d’1 an
6
« Je fais garder ma fille toute la journée
par une assistante maternelle agréée.
Cette garde nous coûte 450 euros par
mois. C’est un gros budget. Le Cesu
va changer beaucoup de choses pour
nous, d’autant plus qu’il est cumulable
avec les allocations familiales. Cela va
nous permettre d’avoir un peu plus de
pouvoir d’achat, ce qui n’est pas négligeable quand on a le projet d’avoir un
autre enfant. Faire garder 2 enfants,
c’est environ 800 euros : l’équivalent
d’un loyer ! »
CCASinfos 297 - Janvier 2009
sérieux coup de pouce
Quelles conditions dois-je
remplir pour en bénéficier ?
-- part financée par
l’employeur : 864 e ;
-- part financée par le 1 % :
568 e ;
-- part restant à votre charge :
568 e.
• Pour 2 enfants, le montant
annuel maximum du Cesu est
de 2 557 e.
-- part financée par
l’employeur : 1 103 e ;
-- part financée par le 1 % :
727 e ;
-- part restant à votre charge :
727 e.
• 50 % de la part du Cesu
payée par le bénéficiaire
est déductible de l’impôt
sur le revenu (crédit d’impôt
également possible).
• Le Cesu « petite enfance »
est cumulable avec les aides
versées par la Caisse
d’allocations familiales,
mais pas avec l’indemnité
statutaire de garde versée par
l’entreprise (N92-21).
• être salarié d’une entreprise
qui a signé une convention avec
le Comité de coordination des
CMCAS ;
• avoir la charge effective et
permanente d’un ou plusieurs
enfants âgés de 3 mois à 3 ans
(jusqu’à 7 ans pour les enfants
en situation de handicap). En cas
de garde alternée, le salarié ne
percevra que 50 % du montant
du Cesu.
Dans quelles situations
puis-je l’utiliser ?
• garde d’enfants (occasionnelle,
exclusive, partagée, baby-sitting)
à mon domicile ;
• garde d’enfants hors de mon
domicile : assistante maternelle
agréée, structure d’accueil
collectif, crèche, haltegarderie, jardin d’enfants, garde
périscolaire, centré aéré ou
centre de loisirs du mercredi ;
• accompagnement des enfants
dans leurs déplacements
en dehors de leur domicile
(promenades, transports non
scolaires et actes de la vie
courante).
Et les autres avantages ?
• la mise à disposition d’un
réseau d’assistantes
maternelles intervenant
sur l’ensemble du territoire
français ;
• un espace personnel
sur Internet pour gérer
votre dossier Cesu ;
• des démarches administratives
simplifiées (car prises en
charge par le prestataire) ;
• un numéro vert pour répondre
à toutes vos questions
administratives, juridiques
et fiscales.
Quels sont les avantages
financiers ?
• Pour 1 seul enfant, le montant
annuel maximum du Cesu est
de 2 000 e.
© Élise Rebiffé / CCAS
Quelles démarches faut-il
suivre pour en bénéficier ?
CCASinfos 297 - Janvier 2009
• appeler le numéro vert pour
vérifier votre éligibilité au
Cesu ;
• commander vos Chèques
emploi service universels
et choisir les modalités de
© Élise Rebiffé / CCAS
Le Cesu « petite enfance » en pratique
paiement : cette commande
ainsi que le paiement
et la réception des chèques
peut se faire par Internet ;
• remettre les chèques
à la personne ou la structure
qui garde votre / vos enfant(s).
NB :
• si les deux parents d’un enfant
sont agents, le montant du
Cesu « petite enfance » n’est
pas multiplié par deux. Il est
remis à un seul des parents ;
• si l’enfant ou le parent ne
remplit les critères d’éligibilité
au Cesu qu’une partie de
l’année (exemple : l’enfant
a 3 mois en cours d’année),
le montant annuel maximum
des chèques attribués est
réduit d’autant.
Sites utiles :
www.servicesalapersonne.gouv.fr
www.cesu.urssaf.fr
Textes : Samy Archimède
7
IDCP, un contrat de prévoyance unique pour mieux vous
protéger, vous et ceux que vous aimez
ANEG
Nous fêtons cette année les 60 ans
d’existence d’IDCP avec la confiance de
plus de 120 000 adhérents, tous agents
des IEG. Depuis le 1er janvier 2009,
vous pouvez choisir les nouvelles
garanties du contrat unique IDCP,
complémentaire à la prévoyance
obligatoire pour les actifs et adapté
pour la couverture des inactifs.
Nouveau, et encore plus performant :
la mise en place de rentes (rente
de conjoint, rente d’éducation et rente
de survenance handicap enfant),
IDCP est désormais ouverte aux
proches de l’agent (conjoint, enfants
et ascendants à charge) pour répondre
à l’objectif politique de la CCAS des
activités sociales pour tous. De plus,
la CCAS a obtenu du Gan, nouvel
assureur d’IDCP, une baisse de 10 %
des cotisations décès-invalidité
« causes accidentelles ». Important !
Vous pouvez simuler le coût de la
cotisation correspondant aux options
choisies pour vous ou vos proches,
grâce à un simulateur accessible sur
CCAS INFOS
Pierre Chaillan a été nommé
à la rédaction en chef de
CCAS INFOS. Il succède à
Valère Staraselski, rédacteur
en chef depuis 1997, appelé
à d’autres fonctions à la CCAS.
Courriel : pierre.chaillan@asmeg.org
ou téléphone : 01 48 18 67 40.
« Signe des temps qui changent,
la publication dans sa forme actuelle
va évoluer », écrit Jean-Claude Moreau,
président de l’Iforep, Institut de
formation, de recherche et de promotion,
dans son éditorial. Ce numéro est
consacré aux nouvelles technologies
de l’information et de la communication.
À lire, le dossier intitulé « Une journée
en CMCAS avec… ». Les reportages
et entretiens des bénéficiaires,
des personnels et élus illustrent
l’impact des nouvelles technologies de
communication sur le travail, le lien social
et le rapport aux CMCAS.
© Élise Rebiffé / CCAS
le site ccas.fr dans l’espace Activ :
munissez-vous de votre Numéro
identifiant agent et de votre salaire
brut. Pour vous renseigner sur la
richesse des nouvelles dispositions
IDCP, un numéro vert, 0 800 00 50 45,
(appel gratuit depuis un poste fixe)
est accessible dès à présent du lundi
au vendredi de 8 h 30 à 19 h.
Si vous êtes adhérent, le transfert
de vos garanties actuelles
dans le nouveau contrat se fera
automatiquement sans frais.
Les Cahiers de l’Iforep
8
ÉLECTIONS À GDF SUEZ
Lors des premières élections au
conseil d’administration de GDF Suez,
la CGT arrive en tête avec 49,28 %,
devant la CFDT (17,71), la CFE-CGC
(12,67), FO (12,02) et la CFTC (4,37).
Compte tenu du système de vote
uniquement par correspondance,
la participation ne s’élève qu’à 40 %.
© Olivier Clément / CCAS
en bref
AssuranceS
L’assemblée générale de l’Aéro-club
national des électriciens et gaziers
(Aneg) se déroulera du 20 au
22 mars 2009 au centre de vacances
de Savines-le-Lac (Hautes-Alpes).
Renseignements au secrétariat
des clubs nationaux au 01.49.20.94.09
ou sur le site www.aneg.org
Vous écrivez,
on vous lit
La réhabilitation d’un
fusillé de la Grande Guerre
Une enquête minutieuse et
patiente menée par Gilles Vauclair,
agent EDF, et Didier Callabre.
Les auteurs passionnés d’histoire
reviennent sur les derniers jours
d’un artilleur fusillé « par erreur ».
Au-delà du cas d’Eugène Bouret,
qui fut l’un des premiers réhabilités
de la Première guerre, le livre
met en lumière les méthodes
expéditives de la justice militaire.
Le fusillé innocent, de Gilles Vauclair
et Didier Callabre, aux éditions
Autrement, 20 e.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
VœUX
LA PHOTO DU MOIS
BONNE ANNÉE 2009 !
© Élise Rebiffé / CCAS
© AFP photo / Rémy Gabalda
Toute la rédaction de CCAS INFOS
se joint aux organismes sociaux
des industries électrique et gazière
pour vous souhaiter une année 2009
riche de conquêtes sociales.
Le mois dernier, les importantes chutes de neige ont privé d’électricité plusieurs
milliers d’abonnés EDF, dans les Alpes et le Massif central. Les agents d’ERDF
(Électricité réseau distribution France) n’ont cependant pas ménagé leurs efforts
pour rétablir au plus vite le réseau électrique.
SOLIDARITÉ
TÉLÉTHON
Dans le cadre de la 18e édition
du Téléthon, sous l’égide
du Fil de l’énergie et en relation
avec la CMCAS, le club Gazélec
et Handisport organisaient
le 6 décembre deux parcours adaptés,
de Chalon-sur-Saône à Montceaules-Mines, réunissant cyclistes et
« handbikers » (notre photo),
dont des sportifs de haut niveau.
L’ensemble des initiatives, associant
les activités sociales et en partenariat
avec la Fondation EDF, ont permis
de collecter 802 000 euros en faveur
du Téléthon, avec respectivement
96 000 euros pour Le fil de l’énergie et
ses parcours cyclistes et 10 000 euros
pour le concert au Cirque d’hiver.
Culture
Le lundi 9 mars 2009, au Théâtre
Déjazet à Paris, la CCAS vous invite à
la représentation par la Compagnie
Naje d’une pièce de théâtre,
suivie d’un forum, sur le thème
de la violence faite aux femmes.
Vous trouverez une invitation et des
informations complémentaires dans
le prochain numéro de CCAS INFOS.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Conditions de renouvellement
au 1er janvier 2009
Le contrat groupe
dépendance, souscrit
auprès de la CNP Assurances, a
été reconduit au 1er janvier 2009 avec
une revalorisation des cotisations
et des garanties de 1,5 %. L’assurance
dépendance vous permet de garder
votre indépendance financière
en cas de perte totale ou partielle
d’autonomie. Elle vous garantit
le versement d’une rente exonérée
d’impôt tous les mois, pendant
toute votre vie. Si vous avez atteint
au moins 25 ans de cotisations
en IDCP A et/ou M, la CCAS vous fait
bénéficier d’un complément de rente
mensuel. Vous pouvez y souscrire
de 50 à 74 ans si vous êtes agent,
conjoint (concubin, partenaire
d’un Pacs, veuf ou veuve d’agent)
et ascendants d’agent. Vos cotisations
dépendent de l’âge et des garanties
souscrites. En fonction des garanties
dont vous souhaitez bénéficier, vous
avez le choix entre deux formules
d’assurance dépendance. La garantie
partielle vous assure contre la
dépendance complète.
Pour être protégé, même en cas
de dépendance partielle, souscrivez
à la garantie complète.
Bon à savoir : en vous assurant
en couple, vous bénéficiez d’une
réduction de 20 % sur la cotisation
la plus élevée. Vous pourrez
également souscrire à l’option
d’exonération de 50 ou 100 %
de cotisation du conjoint survivant.
ASSURANCES
Vous avez accès à toute une
gamme de prestations d’assistance
dès l’adhésion, même si vous n’êtes
pas dépendant.
Pour adhérer ou obtenir d’autres
informations sur le contrat
dépendance, vous pouvez contacter
votre CMCAS ou SLV, vous connecter
sur le site www.ccas.fr, ou envoyer un
mail à ccas.dependance@prevere.fr .
© Didier le Scour / CCAS
DR
DéPENDANCE Retrouvez toutes les infos
sur le site internet
de la CCAS : ccas.fr
9
vu à… Willer-sur-Thur
10
Noël : par et pour toutes
les générations
Pour sa troisième édition, la fête
de Noël intergénérationnelle
organisée par la CMCAS de Mulhouse
a réuni mille quatre cents personnes,
le dimanche 7 décembre dernier,
à Willer-sur-Thur (Haut-Rhin).
Un succès pour ce réveillon d’avant l’heure,
où étaient réunies plusieurs générations
de bénéficiaires.
Midi : quelque trois cent cinquante inactifs, habillés sur leur trente
et un, ont pris place autour des immenses tables pour le déjeuner festif.
L’orchestre entonne une valse bien
connue. Georges et Alice ne boudent pas
leur plaisir de faire quelques tours de
piste en attendant l’apéritif. Cinq bus ont
été spécialement affrétés pour transporter les anciens, dépourvus de possibilités
de locomotion. La CMCAS de Mulhouse
n’a pas lésiné sur les moyens afin que
chacun puisse participer à ce moment
chaleureux très attendu. « Cette fête est
l’occasion de sortir du train-train habituel, de revoir les anciens collègues »,
constate Laurent, soixante-trois ans,
accompagné de son épouse. « Cette
fête de Noël intergénérationnelle est
un compromis idéal, celui de concilier
plusieurs générations. C’est primordial
de réunir les actifs et les inactifs autour d’un événement convivial, afin de se
rencontrer, de discuter et de tisser des
liens… et également pour défendre nos
acquis », explique Daniel, soixante ans,
ancien de la centrale de Fessenheim.
À la tribune, François Pottier, tout noumain. « J’aime bien aider les gens. C’est
bien aussi que des jeunes s’investissent
veau président, vient présenter ses vœux.
Il en profite pour souligner « le climat
dans la réalisation de la fête », considèresocial tendu dans nos entreprises et
t-elle. Derrière les fourneaux, trois chefs
les négociations mal engagées avec
CCAS de la région ont cuisiné un délicieux
les directions d’EDF–GDF qui
repas (cuisse de coq et spätzles)
« C’est
veulent systématiquement exque Brigitte, Martine, Annie et bien
primordial
clure les pensionnés, notamd’autres s’empressent de servir.
de réunir
ment concernant la mutuelle
En attendant l’arrivée de l’homme
les actifs et en rouge, divers stands proposent
surcomplémentaire ».
Tandis que la fête bat son plein, de les inactifs de multiples activités qui font le
l’autre côté, au centre de vacances autour d’un bonheur des petits et des plus
jeunes de Willer-sur-Thur, près événement grands : animation musicale vad’un millier de bénéficiaires sont convivial, afin riée, manège, miniquad, trampovenus fêter dignement l’Arbre de de tisser des line, pêche miraculeuse… Clowns,
Noël. Là encore, les nombreux
conteurs et magiciens distribuent
liens
bénévoles de la CMCAS – une et défendre friandises et farces en tout genre…
centaine, et de tous les âges – nos acquis. » Mattéo, quatre ans, visage maquillé en tigre, attend l’arrivée
n’ont pas hésité à prendre sur leur
Daniel,
du bonhomme rouge avec impatemps et leur bonne volonté pour
soixante ans. tience. « Les enfants sont ravis.
concocter un vaste programme et
faire de cette journée particulière un moC’est grâce à leur grand-père, agent, qu’on
ment inoubliable. Florine, dix-sept ans,
est là ! », résume la maman. « On vient
fille d’agent, est de ceux-là. Elle connaît
pour le plaisir de passer un bon après-midi
parfaitement les activités sociales. Depuis
en famille », rajoute Élie, accompagné de
trois ans, elle réserve ce dimanche de
ses trois enfants. Enfin, dix-sept heures !
décembre pour venir donner un coup de
À la tombée de la nuit, dans un froid polaire,
l’homme tant espéré finit par apparaître
sur un chariot traîné par deux rennes…
Les enfants se ruent sur lui car, de source
sûre, – enfantine –, « c’est le vrai Père
Noël » qui est ici ! Qu’on soit enfant ou
retraité, à Willer-sur-Thur, ce dimanche,
on croit à la magie de Noël. On croit surtout
au « par et pour » les agents, dont cette
fête intergénérationnelle aura été une belle
illustration.
Texte : Marie-Line Vitu
Photos : Élise Rebiffé / CCAS
CCASinfos 297 - Janvier 2009
prévenir et rompre l’isolement !
En France,
183 000 dossiers
sont déposés
en moyenne
chaque année devant
les commissions
de surendettement.
Les agents des IEG
ne sont pas en dehors
de cette réalité.
Chômage, divorce,
maladie, les causes
de leurs problèmes
financiers sont
multiples. À Marseille,
la CMCAS se mobilise…
C’est dans les locaux de sa SLV
à Manosque, que Jean-Claude
Ghiradi, vingt-cinq ans, a accepté de
nous rencontrer. À visage découvert, ce
jeune veut témoigner même si « c’est
gênant de parler d’argent. » Après deux
ans d’apprentissage, il intègre EDF en
2005. Trois ans plus tard, son salaire est
de 1 400 € brut. Avec sa copine, ils déci­
dent de fonder un foyer. « Nous n’avions
rien pour nous meubler, explique-t-il.
Les 620 € alloués au titre de l’aide solidarité jeunes agents par la CMCAS,
nous ont permis d’acheter une machine
à laver et un frigo. » Autre témoignage,
le cas de Lili à Reillanne. Atteinte d’une
maladie orpheline, cette femme d’agent
EDF en inactivité doit subir régulièrement
un traitement à Marseille, qui n’est pas
pris en charge par la Sécurité sociale.
À chaque séance, le couple doit débourser 50 € ; une somme qui pèse lourd
sur la petite pension du couple. Aussi,
au titre de la solidarité, la CMCAS prend
en charge cette dépense. Aider, soutenir, prévenir et accompagner les
familles demeurent les maîtres mots
de l’action de la CMCAS de Marseille.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
initiatives
Surendettement :
Car, même si par rapport à leurs voipoussé par cette volonté de rechercher
sins européens, les Français sont en
l’origine du problème ! « Au-delà des
moyenne plutôt faiblement endettés,
1 400 000 € dépensés en 2008 au titre
il est difficile de ne pas succomber
de l’Action sanitaire et sociale par
aux sirènes des organismes
la CMCAS Marseille, l’important
Aider,
financiers et des grandes surest de permettre à la personne
soutenir, de se reconstruire. » Malheu­
faces. Crédit revolving et cartes
de crédit à paiements différés prévenir et reusement, « les gens viennent
alimentent le matraquage publi­ accompagner parfois nous voir lorsque l’huiscitaire permanent. Assistante les familles sier est à la porte », complète
sociale à ERDF-GrDF, Béatrice demeurent Dominique Léonetti, assistante
Gornouvel insiste sur le fait que les maîtres Actions sanitaires et sociales
les agents statutaires « sont
de la CMCAS. Véritables senti­
mots de
des cibles privilégiées pour les
nelles, les collègues de travail
l’action
sociétés de crédit. » Un salaire de la CMCAS et les membres du réseau soli­
fixe et une certaine sécurité de de Marseille. daire sont les plus à même
de tirer la sonnette d’alarme
l’emploi constituent des garanties
et d’accompagner, avec l’ensemble
très prisées. Même si la loi fixe à 30 %
le taux d’endettement maximal, il n’est
des activités sociales des IEG, « les acci­
pas rare de rencontrer des familles
dentés de la vie » vers une reconstruction.
Des solutions existent toujours, car ne rien
surendettées à 35, 40, 100 ou 200 % de
leurs revenus.
faire serait la pire des choses. Face à
Pour Jean-Louis Allo, président de
ce risque social majeur que constitue
la CMCAS Marseille, son rôle « est
l’endettement, le Comité de coordinad’éviter et de sortir la personne de la
tion des CMCAS et la CCAS travaillent
spirale infernale du surendettement. »
à la mise en œuvre pour 2009 d’un
dispositif national, juste et équitable,
Une aide alimentaire, la prise en charge
de prévention des risques.
d’une assurance logement, faciliter
les départs en vacances… « La règle,
c’est qu’il n’y a pas de réponse toute
Texte : Stéphane Gravier
Photo : Bertrand De Camaret / CCAS
faite », précise l’élu phocéen, toujours
11
12
région
est
Le bonheur
dans les Flandres…
Il faut l’écouter battre, le cœur des Flandres !
Entre Lille et Dunkerque, « ce plat pays » en donnerait
presque le tournis. Ses monts et ses beffrois taquinent
les nuages. Dans les usines et les mines, ses femmes
réclamèrent « du pain et du savon », posant le socle
du programme du Conseil national de la résistance.
Terre de contraste, elle est classée au quatrième
rang national du paiement de l’ISF et enregistre
l’un des plus forts taux de chômage.
Textes : Stéphane Gravier
Photos : Julien Millet / CCAS
13
région
Lille au cœur des Flandres
De « dors mon p’tit
quinquin » en passant
par « au Nord
c’étaient les corons »
jusqu’à Bienvenue
chez les Ch’tis,
la région des Flandres
ne cesse d’être
à l’honneur.
C’est qu’elle le mérite.
14
Difficile en effet d’être plus au
nord que dans la région des
Flandres. Passé les dernières dunes
de Zuydcoote, c’est déjà la Belgique.
Mais disons-le tout de go : il faut venir
visiter cette belle contrée de France,
malgré les préjugés qui lui collent à
la peau. Car « faut vous dir’ Monsieur,
que chez ces gens-là », on n’est pas tous
« blondes », on ne parle pas comme
« cha », et on n’est pas forcément alcoolique à Bergues, même si on aime
faire la fête. D’ailleurs, quelles sont les
deux régions de France où les jeunes
de moins de dix-sept ans boivent le
moins d’alcool ? Hein ! L’Île-de-France
et le Nord-Pas-de-Calais, indique la
dernière étude de l’Institut national
de prévention et d’éducation pour la
santé. Certes, le soleil d’Armentières
n’est pas celui de Biarritz, mais lorsqu’à
six heures du matin, vous poussez la
porte d’un bar de Bailleul ou que vous
prenez le métro à Tourcoing, Roubaix
ou Portes-des-Postes à Lille, les gens
disent : « Bonjour ! » Et puis, il y a ces
enfilades de maisons de briques rouges
aux toitures d’ardoise, ces ruelles de
pavés et ce « ciel si bas, qu’un canal
s’est pendu » comme à Saint-Omer ou à
Wambrechies. Alors oui, il faut prendre
de l’altitude pour découvrir celle qui
fut pêle-mêle romaine, mérovingienne,
espagnole, puis devint bourguignonne,
française et européenne.
Terre de passage
et d’immigration
Au cœur des Flandres, le Mont Cassel
culmine à 176 mètres. Une table
d’orientation indique vers l’ouest New
York, et vers l’est, Ryad. Entre les
deux, ce pays s’étale dans une douceur champêtre. Ici, déjà, les Romains
avaient installé un castellum bien avant
CCASinfos 297 - Janvier 2009
qu’un château fort et une collégiale
n’y soient construits et que Philippe,
frère de Louis XIV, ne remporte une
belle victoire. En contrebas, la statue
du Maréchal Foch rappelle que cette
terre paya un lourd tribut lors de la
Grande Guerre. Délimitée par l’Artois,
la Scarpe et la Manche, la Flandre française en constitue la partie la plus au
Sud. Des « sommets » du Mont Noir
(131 m), du Mont des Cats (158 m) et
du Mont du Boescheppe (110 m) s’étendent « les collines de grès sombres »
chères à Théophile Gautier. Terre de
passage et d’immigration, la Flandre
a su intégrer ces populations venues
d’Espagne, de Belgique, de Pologne,
d’Italie, du Maghreb et d’Afrique. Rêvant
à « un impossible rêve », des hommes
venus d’Europe centrale, du Pakistan ou
d’Irak la traversent pour gagner Calais
et tenter une périlleuse traversée vers
l’Angleterre.
Passé minier et conditions
de travail très difficiles
Plus au sud, de drôles de collines rappellent le passé minier de la région.
C’est en 1720 que l’histoire du charbon débute près de Valenciennes.
La dernière gaillette, un grand morceau
de charbon, a été remontée à Oignies,
le 21 décembre 1990. Décrites par Zola
dans Germinal, les conditions de travail de ces hommes, de ces femmes
et de ces enfants étaient parmi les
plus difficiles. Mais n’oublions jamais
qu’ils ont chauffé la France…… Classés
par l’Unesco, les anciens bassins miniers du Nord-Pas-de-Calais sont
aussi les sites industriels d’où émergea une conscience de classe, des
lieux de vie où l’esprit de camaraderie
régnait. Deux siècles d’histoire indélébile qui marquèrent profondément
l’âme des gens du Nord « qui ont
- c’est Enrico Macias qui le chante dans le cœur, le soleil qu’ils n’ont pas
dehors ! »
Région tournée vers
l’avenir et ses luttes
Célèbre dessinateur de BD, François
Boucq ne conçoit pas de vivre loin de
Lille, sa ville natale. Fils d’un plombier
zingueur, il se souvient de son quartier
du Vieux-Lille, avec l’insalubrité des
courées et les difficultés de vie des
ouvriers. « Mais, ajoute-t-il, dans ces
quartiers de vie, j’ai rencontré un panel
de personnages qui a influencé ma manière de voir le monde, qui a contaminé
mon travail. » Résolument tournée vers
l’avenir, la région aux 100 000 étudiants
rayonne. Métamorphosée par l’arrivée
du TGV et les années Mauroy, sacrifiée
par la casse industrielle, Lille revient
sur le devant de la scène internationale. Eurotechnopole à l’urbanisme
futuriste, elle s’offre une cure de
jouvence. Jumelée à Tournai, sa cousine belge, la nouvelle Communauté
urbaine transfrontalière présidée par
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Martine Aubry prend forme… Après
« Lille 2004 », « Bombayser de Lille »
en 2006, la ville mettra le cap sur
l’Europe centrale « en XXL » du 14 mars
au 12 juillet 2009. Cependant, tout n’est
pas rose ! Et déjà, les conséquences
de la crise économique et financière
se font sentir chez les 53 000 salariés
du secteur de l’automobile, ceux des
usines de Cristal d’Arques ou des aciéries
d’Arcelor Mittal. Durement touchée par le
chômage (20 % des 15-24 ans), la région
s’apprête à vivre des jours qui déchantent,
mais aussi de luttes. On n’a pas fini de
parler des Ch’tis !
Morts pour
la France
Membres du réseau « MithridateBressac-Raspail », Michel Stoven
et Charles, son fils âgé
de dix-neuf ans, furent fusillés par
les Allemands le 25 septembre 1944
à la prison de Brandebourg-Havel.
Le 19 mai, à deux semaines du
débarquement, ils furent arrêtés
alors qu’ils émettaient en direction
de Londres. Leur radio, « l’Ayesha »,
garantie indétectable, était réglée
sur la fréquence des chars
allemands. Victimes de la guerre
psychologique menée par les
services secrets des Alliés contre
l’occupant, Michel et Charles Stoven
furent « délibérément sacrifiés »,
note l’écrivain et journaliste
Gilles Perrault. « Il ne faut pas
oublier que le Pas-de-Calais est
plein de gens héros de guerre »,
rappelle Pascale Stoven, la petitefille de Michel. Au village de
Saint-Martin-au-Laërt, près de
Renescure, une rue porte leur nom.
15
région
La CMCAS Nord-Pas-de-Calais
Le 1er octobre 2008, les CMCAS de Lille,
de Béthune-Arras et de Douai ont fusionné
pour former la CMCAS du Nord-Pas-de-Calais.
autour de Lille. « Une population équilibrée, d’un actif pour un inactif », précise
Christophe Vanhoutte, vice-président de
la CMCAS. En revanche, la réalité est différente sur les territoires de Béthune et
de Douai, où le nombre des pensionnés
est supérieur à celui des actifs.
Élu le 13 octobre 2008 président de la
CMCAS Nord-Pas-de-Calais, Philippe
Diers, cinquante-deux ans, demeure serein malgré l’ampleur de la tâche qui l’attend : « 2009 sera une année de transition
et de mise en place des nouvelles structures, des nouveaux territoires et du rapprochement entre la CMCAS et la CCAS. »
Si Rome ne s’est pas faite en un jour,
l’ancien président de la CMCAS de Béthune-Arras sait, qu’en bon syndicaliste,
Ancien correspondant SLV d’Armentières-Nieppe, Jean-Paul Ségard
est l’un des chaînons du projet de transformation des organismes sociaux des
IEG. Le plus souvent par monts et par
vaux, cet amateur de musique brésilienne
sillonne le pays des Flandres pour aller
au contact des bénéficiaires et des pensionnés. À l’origine de Bailleul, où il réside
depuis dix-huit ans, Jean-Paul aime les
Flandres. « Je les aime pour leur qualité
de vie, la possibilité de se promener en
pleine nature et la chaleur de ses habitants. » Au sein du réseau solidaire, sur
les lieux de vie et de travail, Jean-Paul
entretient le lien entre les agents et les
activités sociales des IEG.
Forte de 20 000 bénéficiaires, la jeune
CMCAS Nord-Pas-de-Calais est l’une
des plus importantes de France. Son
territoire, découpé en 6 SLV, représente
la moitié du Nord et les deux tiers du
Pas-de-Calais. Née de la volonté de rationaliser les rapports entre les bénéficiaires et les activités sociales des IEG,
cette alliance tend à respecter les réalités sociologiques régionales. Soucieux de
renforcer les liens de proximité au sein de
la grande famille des énergéticiens, les
élus des trois ex-CMCAS ont également
fait le choix de ce rapprochement pour
répondre aux attentes des familles. Outre
la forte concentration d’ouvrants droit rassemblés autour du CNPE de Gravelines,
qui dépend de la CMCAS de Boulogne,
l’essentiel des bénéficiaires de la CMCAS
Nord-Pas-de-Calais se concentre dans
un rayon de quarente-cinq kilomètres
il peut s’appuyer sur le conseil d’administration de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais,
les élus de proximité et le personnel professionnel, ceci pour la satisfaction des
bénéficiaires et afin de mener à bien les
missions qui sont les siennes. D’autant
qu’il est conscient que les pouvoirs publics veulent reprendre un à un les acquis des agents des IEG. Mais, « même
si les gens sont de plus en plus dans la
galère », Philippe Diers a le sentiment
que « ça commence à bouger ! » Où séjourner avec la CCAS ?
Centre de vacances CCAS de Cappelle-en-Pévèle
© Joseph Marando / CCAS
Centre de vacances CCAS Cappelle-en-Pévèle
16
Philippe Diers,
président de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais
À ce jour, seule la base de loisirs de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais de
Cappelle-en-Pévèle1 accueille des vacanciers. Situé à 23 kilomètres de Lille,
cet espace arboré de 11 hectares est appelé à se développer en 2009-2010,
grâce à l’installation d’habitations légères de loisirs. Centre CCAS pour les
jeunes durant l’été, ce lieu champêtre est utilisé à l’année par les bénéficiaires
de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais et leurs familles ; là, ils peuvent se détendre
autour d’un barbecue, faire un plongeon dans la piscine chauffée ou taquiner
le goujon dans l’étang privé. Avec 4 % d’augmentation, les chiffres du tourisme
régional confirment la tendance à l’issue de l’été 2008 : le Nord-Pas-de-Calais
a la cote. Musées, beffrois, paysages et qualité de vie contribuent à amplifier l’effet
Dany Boon. De plus, Lille jouit de sa situation de carrefour : 1 h 15 en Eurostar de
Londres, 1 h en TGV de Paris Gare du Nord et 30 min grâce au Thalys de Bruxelles,
puis Cologne et Amsterdam. Dans ce contexte favorable, l’attrait pour le pays des
Ch’tis des agents EDF-GDF de France et de Navarre est croissant. « Bien sûr,
ce qui ressort à chaque fois dans les fiches d’appréciations des bénéficiaires,
précise Christophe Vanhoutte, vice-président de la CMCAS du Nord-Pas-de-Calais,
c’est la qualité de l’accueil et la chaleur des gens du Nord. » Un atout que les
élus de la nouvelle CMCAS envisagent de faire fructifier en liaison avec la CCAS :
organisation de séjours Passion en avril autour du traditionnel Paris-Roubaix,
puis, le premier week-end de septembre, du séjour Braderie et, en octobre, la
découverte des Flandres franco-belges avec le séjour « Dans les pas du grand
Jacques ». En attendant, est à l’étude la possibilité de préparer et d’organiser
de courts séjours pour les bénéficiaires qui souhaiteraient se rendre dans les
Flandres. Des week-ends « Par et pour » qui seraient bâtis directement en lien
avec les agents de la région. Enfin, visionnaires, les élus de la CMCAS Nord-Pasde-Calais n’ont pas perdu le nord en notant que les prochains jeux Olympiques
auront lieu en 2012 à Londres… D’ici là, la demande ne peut que croître.
1Située chemin du Thouars - 59242 Cappelle-en-Pévèle.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Portraits
Bienvenue
chez les Ch’tis !
Nés ici ou ailleurs, ils sont du Nord.
Ces hommes et ces femmes ont appris
au fil de l’histoire le sens des mots « solidarité »
et « entraide ».
donnent rendez-vous dans les bistrots
de la cité mérovingienne. Déguisé au
milieu des confréries des Astrales et
des Astreux, des Pires Rates ou des
Flamands Roses, Patrick n’est jamais
le dernier pour « foutre le brin. » Mais,
ici, l’important, c’est de participer…
Pascale Didry, militante
des activités sociales des IEG
Patrick Baudoin « le Belge »
Agent EDF à Lille,
Patrick Baudoin a fait le
choix de vivre en Belgique.
Soir et matin, il passe la frontière
pour se rendre au travail.
Il était une fois l’histoire de Patrick.
Un jeune Vosgien en formation à l’École
des métiers de la Peyrollière qui rencontre Françoise, une jeune Belge,
pendant ses vacances à Narbonne.
Follement amoureux, il suit la belle dans
les brumes du Nord. Aujourd’hui installé
à Tournai, charmante bourgade située
en Belgique, il a fait le choix d’être
un transfrontalier. Quotidiennement,
il parcourt les 30 kilomètres qui le
séparent de Lille, où il occupe un
poste de monteur exploitation à ERDF.
« La Belgique ? C’est un pays où il fait
bon vivre », explique-t-il. Pour rien au
monde, l’homme au nom prédestiné
ne reviendrait vivre dans l’Hexagone.
Syndicaliste, Patrick dégage une force
tranquille rassurante et avoue : « J’aime
défendre les gens ! » Parfaitement intégré, il a su se faire de vrais amis, des
camarades avec qui il aime vivre. Car,
comme les Belges, Patrick aime faire
la fête. Et quand vient le traditionnel
carnaval de Tournai en mars, tous se
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Cette technicienne Accueil
conseil est rattachée à la CMCAS
du Nord-Pas-de-Calais.
Une situation nouvelle,
une source d’inquiétudes.
confirme : « Les gens l’apprécient. »
Coordinatrice du réseau solidaire, elle
va au contact des plus âgés, assure le
suivi administratif de leurs dossiers,
mais surtout « entretient ce lien social
et fraternel indispensable envers les
plus isolés d’entre eux. » Sa colère ? Les
contraintes des bénéficiaires et ayants
droit pour accéder au site de SaintOmer, le cloisonnement et la concurrence entre les deux entreprises EDF et
GDF : « C’est impensable ! » Ancienne correspondante de la SLV de
Saint-Omer et d’Hazebrouck, Pascale
Didry demeure le lien précieux entre les
1 050 bénéficiaires du territoire et l’ensemble des activités sociales des IEG.
« Notre SLV, précise Pascale, est l’une
des plus étendues, mais aussi l’une
de celles où il y a le moins de bénéficiaires. » Inquiète, elle s’interroge sur
les transformations de structures et de
statuts : « J’ai choisi, après avoir été
correspondante de SLV, de postuler sur
le métier de technicien d’accueil et j’ai
été retenue. Est-ce que je serai toujours
aussi disponible pour les bénéficiaires ?
Pour nos anciens ? » Entrée à EDF en
1970, cette fille de syndicaliste apprécie la sagesse et la sérénité des pensionnés. « C’est grâce à eux, que nous
sommes là ! » Native de Saint-Omer,
elle occupait les fonctions de correspondante depuis quinze ans et précise :
« Ça m’a apporté beaucoup, comme
la patience et l’écoute. ça m’a ouvert
l’esprit. » Maman d’un fils ingénieur
de trente-quatre ans et jeune grandmère, Pascale inspire la confiance.
À ses côtés, René Lourdel, président
de la Commission des pensionnés,
17
Culture
région
Le sens de la fête…
Festivals, braderies
et carnavals
ponctuent l’année
dans les Flandres.
Avant de danser, rire,
faire de la musique et
la fête, les Nortiaux se
rassemblent gaiement
autour de leurs géants.
Sur la route de Poperinghe, l’atelier des Gigottos abrite des automates. Dans un coin, une vieille
dame tricote pendant qu’une fanfare
et ses majorettes défilent. Fabricant
de géants, Bruno Dehondt assouvit sa
passion et construit des personnages
animés et autres mannequins. Faits
d’osier, de papier mâché et de tissu,
« les géants peuvent faire jusqu’à
dix mètres de haut et peser plusieurs
centaines de kilos. » Originaires d’Espagne, ils sont la fierté des populations : Reuze Papa à Dunkerque, P’tit
Jehan le Carillonneur à Douai, l’Électeur de Lamartine à Bergues etc.
18
Quand vient le week-end, les Ch’tis sont
de sortie. Alors que les plus anciens se
retrouvent à la Vieille bourse de Lille
pour un tango, un paso doble ou une
valse, les abords de la Grand-Place, les
rues de Béthune et de Masséna s’animent. Ville jeune et universitaire, sa
population se donne rendez-vous dans
un bar branché de la place Rihour, un
café-concert à Wazemmes, une Maison
folie de quartier, ou l’une des grandes
salles de la métropole lilloise. Parmi
ces différents lieux, le Biplan fait office
depuis 1998 de lieu original. « Le projet du Biplan, explique Camille Looten,
membre du conseil d’administration de
la structure, est de permettre à des
groupes peu connus de débuter et
de jouer dans des conditions professionnelles. » Géré par des bénévoles,
ce tremplin artistique attire vingt mille
spectateurs par an. Le concept séduit.
Certainement, l’une des raisons qui a
conduit la Commission musique de la
CMCAS locale à soutenir cette structure
associative. Aussi, en juin prochain, et
ce pour la deuxième année consécutive,
« 100 % live@Lille 2009 » permettra aux
agents EDF-GDF et leurs familles de
monter sur scène comme des pros…
À ne pas rater !
Marguerite
Yourcenar
Née Cleencwerck de Crayencour
le 8 juin 1903 à Bruxelles,
Marguerite Yourcenar vécut son
enfance entre deux villégiatures
familiales : un hôtel particulier
à Lille et le Château du Mont Noir.
Première femme élue
à l’Académie française le 6 mars
1980, l’auteur des Mémoires
d’Hadrien (1951) et de L’œuvre
au noir (1968) conserva, telle
une petite madeleine de Proust,
les jacinthes bleues du Mont Noir.
Dans l’ancienne mairie
de Saint-Jans-Cappel, un musée
retrace le parcours de la romancière. Conseiller municipal et
président de l’Association des amis
du musée Marguerite Yourcenar,
Jean-André Vandelannoote
se souvient de la venue dans
son village, en 1980 et 1987,
de « l’un des plus grands écrivains
du XXe siècle. » De tous
les ouvrages écrits par la grande
dame, Archives du Nord (1977)
demeure son préféré.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
L’estaminet,
un art de vivre
Au détour d’une
ruelle du Vieux-Lille,
au cœur d’un village
des Flandres ou perdus
sur les bords d’un
canal de l’Audomarois,
les estaminets
fleurissent du littoral à
l’Avesnois.
Plus qu’un café ou qu’un restaurant, les estaminets sont de hauts
lieux de la culture flamande où l’on
aime se retrouver en famille et entre
amis. Passez la porte d’un estaminet,
et vous voilà transporté dans un univers nostalgique. Au mur, d’anciens
ustensiles de cuisine en émail et un
bric-à-brac d’objets d’autrefois côtoient
de vieilles affiches publicitaires et des
photos jaunies. Au fond de la salle, un
comptoir en bois, des branches de houblon séché suspendues aux poutres du
plafond et une pompe à bière. Sur des
tables recouvertes de nappes vichy, les
La distillerie
de Wambrechies
Ouverte en 1817, la distillerie
Claeyssens est classée
aux Monuments historiques
de France. L’une des toutes
dernières distilleries de genièvre
de France, elle a su conserver un
processus de fabrication inchangé
depuis le XIXe siècle, du trieur
de grains au broyeur d’orge
malté, du cuiseur en cuivre aux
colonnes de distillations. À la tête
de l’établissement depuis 2005,
son P.-D.G. Daniel Vendramin
conseille d’essayer un alcool de
genièvre sur un poisson fumé…
À consommer avec modération.
Pour plus d’informations :
www.wambrechies.com
CCASinfos 297 - Janvier 2009
clients partagent un bon pojtevleesch,
un poulet au maroilles, un waterzoi ou
une planche de tripailles, autant de
plats de grand-mères accompagnés
des incontournables frites cuites dans
la graisse de bœuf. Étymologiquement,
le mot « estaminet » viendrait du wallon
« staminé », qui désigne une salle aux
plafonds soutenus par des poteaux, ou
du dialecte ostendais « stam » évoquant
la famille. Dans la seconde moitié du
XIXe siècle, les tisserands et les mineurs
s’y retrouvaient pour y fumer la pipe et
y boire une pintje de bière. Siège d’une
société festive, d’un syndicat ou d’un
parti politique, l’estaminet était le lieu
où l’ouvrier venait écouter la lecture du
journal et où se forgea le droit de grève.
Rappelons que L’Internationale a été
écrite dans un estaminet lillois du quartier Saint-Sauveur en juin 1871 ! Lieu
d’échanges, l’estaminet est aussi celui
du jeu ! Membre fondateur de l’Association Wellouëj, Jean-Christophe Thieffry
y partage son plaisir des jeux anciens
comme la grenouille, le billon, le jeu
de quilles ou la toupie hollandaise.
« Avec cette association, expliquet-il, on utilise le jeu comme un outil
culturel, social et éducatif en direction
de tous les publics. » Prochainement,
s’ouvrira un lieu consacré à tous ces
jeux à la ferme Galamé à Loon-Plage,
à deux pas de la cité de Jean Bart.
19
région
Sites remarquables
Les Flandres regorgent de sites à découvrir
au fil du temps. Passionné d’histoire,
Fabien Duel, quarante-huit ans, agent EDF à Lille,
vous emmène en balade.
Les dunes
Située sur le littoral de la mer du
Nord à l’est de Dunkerque, la réserve
naturelle de la Dune Marchand
s’étend sur 83 hectares, entre les
communes de Zuydcoote et de
Bray-Dunes. Préservé du bétonnage,
cet espace sauvage abrite près
de 400 espèces végétales, parmi
lesquelles le botaniste reconnaîtra
l’oyat, l’argousier, le chiendent
et le cakilier maritime. Lorsque
le chant du rossignol Philomène
se fait entendre, le printemps n’est
pas loin. Plus à l’ouest,
Malo-les-Bains, considérée comme
la reine des plages du Nord, reste
le paradis rêvé des fous de glisse,
adeptes du kitesurf.
La Piscine, Musée d’art et d’industrie André Diligent
Cinquième musée de France, la Piscine de Roubaix concilie une architecture hygiéniste aux apports byzantins et mauresques à l’effervescence, des Années folles.
Conçu par l’architecte lillois Albert Baert et destiné à « être la plus belle piscine
de France », l’ancien établissement de bains fut fermé en 1985. Après six ans
de travaux, l’architecte Jean-Paul Philippon imagine « un musée dans le bain. »
Le résultat est magnifique !
Le beffroi de Tournai
Symbole des libertés communales,
l’histoire du plus ancien beffroi de
Belgique débute en 1188. Classé au
Patrimoine mondial de l’Unesco en
1999, il fut construit sur décision du roi
de France Philippe Auguste, qui octroya
aux Tournaisiens le « droit de cloche ».
Dès 1294, le beffroi, dont la hauteur n’excédait pas 30 mètres, est rehaussé pour
permettre au guetteur de voir au-delà de
la cathédrale construite à proximité. Ses
257 marches permettent d’accéder à son
sommet, d’où s’envolent une myriade de
pigeons, oiseaux à la grise robe.
20
CCASinfos 297 - Janvier 2009
La fiche
Au piano du restaurant CCAS de Lille et de L’Arbonnoise,
Bernard Peltier joue une petite musique bien sympathique
pour constituer les cent cinquante repas quotidiens. Poissons
en sauce, tarte Tatin d’endives ou waterzoi de coquilles SaintJacques, ce Lillois de quarante-neuf ans aime son métier !
Cuite à la vapeur, en robe des champs, rissolée ou en frite,
la pomme de terre est avec lui de la fête. « La patate, c’est
la patate ! », dit-il en plaisantant.
Ouvert aux cuisines du monde, Bernard aime découvrir de
nouveaux produits, des épices, des recettes d’ici et d’ailleurs.
Car pour lui, la cuisine, c’est comme les sports mécaniques :
une passion. Maintenant, s’il ne trempe pas son maroilles
dans le café au petit déj’, fine gueule, il aime la cuisine flamande et conseille en dessert une boule de glace de houle
arrosée d’un p’tit peu de genièvre de Loos… Pour vous,
Bernard Peltier a choisi une recette facile et économique :
la Chtiflette.
La ronde des fromages
du Nord
Le maroilles est le plus célèbre des fromages du
Nord-Pas-de-Calais. Mais la région en compte une
quarantaine de variétés, du plus tendre au plus fort.
Fabriqué à partir de lait de vache dans les caves
de la Thiérache, le maroilles fermier AOC appartient à
la catégorie des fromages à pâte molle à croûte lavée.
Considéré comme le roi des fromages du Nord, ses saveurs
en bouche sont simplement exceptionnelles. Pour les
connaisseurs, le vieux-lille, le dauphin ou la boulette
d’Avesnes apportent une touche bien sympathique
sur un plateau. Mais la réputation gustative et fromagère
des Flandres s’enrichit de bien d’autres spécialités, tel le
fromage de l’Abbaye du Mont des Cats, celui de Bergues,
encore ou la boule de Lille, qui n’est autre que la mimolette
de notre enfance. Maître
fromager aux halles
lilloises de Wazemmes,
Lucien Saelens, quatrevingt-un ans, conseille
aux amateurs de garder
un vieux-lille au frais une
bonne quinzaine de jours
avant de le déguster.
C’est alors qu’il dégagera
toutes ses saveurs et ses
fragrances du terroir.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Illustration Jean-Luc Boiré
BERNARD PELTIER,
Épicurien…
recette
LA CHTIFLETTE
Dans une grande poêle, faire revenir les oignons et les lardons. Dans une casserole, faire cuire à la pelure, c’est-à-dire
dans une grande quantité d’eau salée, les pommes de terre
coupées en cubes.
Dans un plat à gratin, déposer sur un lit les oignons et les
lardons, puis déglacer avec 30 cl de vin blanc. Y ajouter les
morceaux de maroilles émincés, ainsi que la crème fraîche,
puis les pommes de terre. Bien mélanger !
Dans un four à 180 °C, enfourner 10 minutes pour gratiner.
Servir la Chtiflette avec une salade d’endives. À déguster bin
kiaud et eine beonne bière du Nord !
INGRÉDIENTS POUR HUIT
PERSONNES
1,6 kg de pommes de terre ;
650 g de lardons ;
600 g d’oignons émincés ;
1 pointe de margarine ;
30 cl de vin blanc ;
0,30 cl de crème fraîche ;
500 g de maroilles.
21
portrait
Gazier globe-trotter
Agent de Gaz de France, Éric Franceschi est
aussi commissaire de bord de La Boudeuse.
Il a notamment encadré le programme jeunesse,
destiné à des jeunes en difficulté, partis
à la découverte de peuples méconnus.
Tout en travaillant à Gaz de France
Patrice Franceschi était déjà parti à
l’aventure, mais La Boudeuse, une
à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis),
jonque chinoise, avait sombré au large
Éric Franceschi pense souvent aux vide Malte.
rées de son frère aîné Patrice, adepte
En 2003 donc, l’association fait
de l’aventure et de l’écriture1.
Dès 1990, il va d’ailleurs le re- « Plutôt que alors l’acquisition d’un bateau,
joindre pour partir sur les traces de mettre rebaptisé La Boudeuse, comme
du tigre de Tasmanie. Il adhère des enfants celui de Bougainville. Il s’agit
et milite au sein de l’association
de douze ans d’un navire, fabriqué aux PaysLa Boudeuse autour du monde,
Bas en 1916. Neuf mois de traen prison,
vaux ont été nécessaires pour
du nom de ce navire2 qui fait rêver
tous les amoureux de l’aventure. il vaudrait mettre le vaisseau en conformité
mieux
« J’avais accumulé des jours de
avec les règlements de la maaffréter
des rine marchande. « Je suis donc
vacances et, en 2003, je prends
un congé sans solde de trois ans. Boudeuses ! » devenu chef de chantier, dans
En tout, j’ai participé durant près
le port de Camaret, pour le suivi
de trois ans et demi à cette magistrale
des travaux. J’ai reçu les candidats
matelots, venus de tous les coins de
aventure humaine, quand nous sommes
partis à la rencontre des peuples de la
France. Bénévoles durant cette période,
mer », raconte le gazier. Auparavant,
ils sont embauchés à bord après une
période de trois mois. Chaque membre
1 La grande aventure de La Boudeuse,
de l’équipage, commandant compris,
par Patrice Franceschi, aux éditions
reçoit le même salaire, calculé en foncPlon.
tion du contenu de la caisse », précise
2 Plus d’informations sur
Éric, la cheville ouvrière de l’opération.
www.la-boudeuse.org et aussi sur
En effet, une fois en mer, notre colwww.amisdesgrandsvoiliers.org
22
lègue tient le rôle de commissaire de
bord. Il assure l’avitaillement du bateau, les relations entre les hommes
et les femmes de l’équipage, la sécurité, la communication. Au cours de
ces expéditions, La Boudeuse reçoit
à bord des invités, qui s’adonnent aux
différentes tâches du bord : faire la
vaisselle, cirer la cloche… Parmi eux
des députés, des écrivains, comme
Jean-Marie Gustave Le Clézio, écrivain de bord.
Mais les séjours en mer dont Éric est le
plus fier, ce sont ceux du programme
jeunesse. « Le programme de l’expédition que j’ai vécue avait pour thème “les
peuples de l’eau”, il y eut une rencontre
avec eux depuis un bateau. Nous avons
tissé des liens très riches avec les
Yuhup en Amazonie, les Rapa Nui sur
l’île de Pâques, les Polynésiens… Mais
surtout, nous avons embarqué plus de
quatre-vingt-dix jeunes, venus de tous
les coins de France, pour lesquels nous
avons mis au point un programme pédagogique », explique le commissaire
de bord. Et d’ajouter : « Plutôt que de
mettre des enfants de douze ans en
prison, il vaudrait mieux affréter des
Boudeuses ! Le programme jeunesse
permet à ces jeunes, un peu en difficulté, en manque de confiance en eux,
de faire connaissance avec la mer,
de se rencontrer. J’ai demandé à un
groupe de tenir un journal de bord.
Ils m’ont avoué ne pas savoir écrire.
J’ai désigné deux matelots comme
“instituteurs”, qui leur ont donné des
cours du soir. Depuis, ils nous écrivent
et leurs tuteurs nous disent qu’ils ont
été transformés par ce voyage. » Texte et photo : Pierre Michaud
1964 Naissance à Dakar
1988 Embauche à Gaz de France
1990-1991 Expédition en Tasmanie
2004 Expédition dans l’Atlantique,
le Pacifique et l’Océan indien
2007 Retour à Gaz de France
à Saint-Ouen
(Seine-Saint-Denis)
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Face au marché,
les services publics
manière symbolique, la manifestation de
Guéret était précédée d’une banderole
de la Seine-Saint-Denis, département
qui avait créé aussi un Observatoire des
services publics. Il s’agit d’un problème
national, mais aussi européen et même
mondial. La question des services publics (l’eau, l’énergie) est une actualité
forte en Amérique du Sud.
Aujourd’hui, peut-on encore
défendre et développer les
services publics ?
Comment expliquez-vous
que le mouvement de défense
des services publics soit parti
de Guéret ?
Il s’agit d’un territoire rural parmi d’autres,
qui a vécu des fermetures d’écoles, de
gares, de trésoreries, d’agences EDF…
Les Creusois menaient des luttes sur les
services publics depuis longtemps, avec
des habitudes militantes et une fraternité
de combat qui ont facilité l’éclosion du
mouvement social. Une relative construction unitaire et la culture de la Creuse,
vieille terre républicaine, ont précédé
la naissance de Convergence1. En 2004,
la fermeture de bureaux du Trésor public
a provoqué un coup de colère. Auparavant,
le conseil général de la Creuse avait mis
en place des Assises départementales
du service public. Avec d’autres syndicalistes, nous avions en tête de créer un
collectif ayant comme idée générale :
« Face au marché, le service public ».
À l’automne 2004, un clash s’est produit :
1 www.v-s-p.org : on peut y consulter
et télécharger le « manifeste pour
les services publics ».
CCASinfos 297 - Janvier 2009
263 élus ont remis leur démission au préfet. Après cet acte fort, une large union
du monde politique et syndical a abouti à
une manifestation et, à partir de ce jour,
nous nous sommes posé la question de
la dimension nationale du mouvement.
Cela s’est concrétisé par la manifestation du 5 mars 2005 et la création d’une
fédération en juin.
Pour la Convergence,
qu’y a-t-il de nouveau
depuis 2005 ?
Dès le départ, nous avons voulu une
globalisation du mouvement, à partir du
« trépied » usagers-salariés-élus dans
la participation aux luttes pour le service
public. Début 2005, le gouvernement
avait mis en place une Commission
nationale de présence des services publics dans les territoires ruraux. Certes,
c’était une façon de prendre en compte
l’émotion des élus et des citoyens, mais
elle faisait la différence entre le rural et
l’urbain. Dès le départ, cette commission
a voulu cantonner le problème au milieu
rural. Nous avons aussitôt dénoncé
ce procédé et, pour marquer cela de
La grande mobilisation pour défendre la
Poste et l’Éducation nationale est un signe
encourageant. La défense des services
publics s’inscrit dans la lutte pour la démocratie. Les citoyens doivent s’en mêler,
pas seulement pour les défendre, mais
pour les faire fonctionner avec des droits
démocratiques plus importants. Dans le
privé, ces notions d’intérêt général et de
service public doivent être présentes au
sein des entreprises par l’intermédiaire
des salariés et des consommateurs.
C’est le service public qui peut le mieux
permettre l’exercice des droits fondamentaux, pour les citoyens mais aussi
pour les collectivités territoriales. Le rassemblement doit se faire sur un choix de
société, où le social n’est pas complètement soumis à la logique de rentabilité.
Texte et photo : Pierre Michaud
point de vue sur
Entretien avec Bernard Defaix, président de
Convergence nationale des collectifs de défense
et de développement des services publics.
BERNARD DEFAIX
Président et porte-parole
de Convergence pour la défense
et le développement des services
publics, Bernard Defaix est né en
1944 dans la Chartreuse. Il suit
les cours de l’École normale
d’Aix-en-Provence avant d’enseigner à Guéret (Creuse) de 1972 à
2002, année où il prend sa retraite.
« Praticien » des services publics,
comme il se qualifie, il milite
à la FSU (Fédération syndicale
unitaire) au sein du Snes (Syndicat
des enseignements du second
degré). Il sera l’un des fondateurs
de la Convergence en 2005.
23
des vacances à la carte
Quels enseignements
tirez-vous de l’étude réalisée
auprès des pensionnés ?
Je tiens d’abord à remercier nos collègues qui ont bien voulu répondre au
questionnaire. Visiblement, il y avait une
forte attente, de la part de cette catégorie de bénéficiaires, à être écoutés
et entendus. Je rappelle que l’enquête
a été effectuée auprès de 800 ayants
droit âgés de 55 à 75 ans. Le résultat
de l’étude fait apparaître que les inactifs sont très attachés aux activités
sociales, qu’ils ont plutôt une bonne
image de la CCAS et en connaissent
parfaitement l’offre. Lorsqu’ils séjournent dans nos centres, ils en apprécient
la qualité. Néanmoins, il n’y a pas forcément corrélation entre leurs envies
et les vacances auxquelles ils ont droit.
Les périodes ne sont pas non plus forcément adaptées. Même constat pour les
contenus. Notons que les appréciations
divergent selon l’âge des pensionnés.
En outre, la composition du foyer (personne seule ou en couple) ou le niveau
de revenu conditionnent également leur
volonté de voyager. La question des revenus est fondamentale ! Il existe un
seuil sous lequel les retraités déclarent ne plus pouvoir partir. Donc, si nos
Martial Savel,
administrateur de la CCAS
© Didier Delaine / CCAS
En février dernier, la CCAS confiait à
un groupe de travail, piloté par l’administrateur
Martial Savel, le soin de réfléchir
sur les pratiques touristiques des inactifs
(voir CCAS INFOS n° 288). À la demande
de ce groupe de travail, une étude a été réalisée
du 27 au 30 mai 2008 par l’institut LH2 auprès
de 800 ouvrants droit. Martial Savel en livre
les premières conclusions.
seniors partent peu avec nous, bien qu’ils
constituent la moitié des ouvrants droit,
il ne s’agit nullement d’un problème
d’information. Ce sont bien les choix de
séjours qu’il nous faut revoir, améliorer,
inventer en fonction de leurs aspirations
ainsi que de leurs besoins spécifiques.
© Charles Crié / CCAS
vos activités
Inactifs :
24
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Deux attentes majeures ressortent de
l’étude : un accompagnement, voire une
prise en charge, du bénéficiaire depuis
la gare ou l’aéroport d’arrivée jusqu’au
lieu de villégiature, et un panel de destinations plus étoffé en dehors des périodes scolaires (mai-juin et septembre).
Le tourisme s’avère être la première
motivation de départ en vacances pour
79 % des interrogés. Cependant, les évaluations s’affinent selon l’âge. Les plus
jeunes d’entre eux aspirent à la découverte d’une ville, d’une région, voire des
capitales européennes ou encore des
activités. Tandis que les aînés sont très
enclins à des séjours visant la rencontre
et la convivialité. Par ailleurs, d’autres
attentes ont été exprimées : celle de
partir avec ses petits-enfants ou, pour
les personnes seules, celle d’être accompagnées. L’éventualité d’emmener
son animal de compagnie est également
soulevée. Les questions liées à la dépendance sont peu présentes dans l’enquête, du fait de l’âge des personnes
interrogées. Pour autant, nous avons
pris en compte cette problématique à
partir des sollicitations des CMCAS
qui, avec leurs réseaux de lien social et
solidaire, souhaitent apporter à leurs
anciens des moments d’évasion. Les
responsables des séjours bleus nous
ont également alertés sur les besoins
en ce domaine.
Maintenant que vous
connaissez mieux leurs
habitudes, que vous avez
identifié leurs attentes,
quelles sont les prérogatives
de votre groupe de travail ?
Le groupe de travail était chargé de réfléchir sur de nouveaux types de séjours
destinés à toutes les populations d’inactifs. Notre démarche consiste à formuler
des axes d’évolution visant à améliorer les offres de vacances dédiées aux
pensionnés, sur la base des conclusions de l’enquête et de l’examen des
diverses formules présentées par les
CMCAS et la CCAS. Et ce, tout en prenant en compte leur singularité et leurs
CCASinfos 297 - Janvier 2009
© Élise Rebiffé / CCAS
Quels sont les souhaits
exprimés par nos seniors qui
favoriseraient leur départ ?
requêtes. Nous avons émis des suggestions dans plusieurs directions : élargir l’éventail des destinations en mai,
juin et septembre ; développer les séjours
pour découvrir les régions en collaboration avec les CMCAS locales ; et enfin en construire d’autres sur la base
d’activités adaptées aux retraités qui
favorisent la convivialité et la découverte afin de rompre leur isolement.
Aujourd’hui, les personnes seules qui
ont réservé un gîte, en période verte,
peuvent être accompagnées. Cette
mesure doit être étendue à d’autres
types de séjours. Concernant les personnes dépendantes et éventuellement
de leurs aidants, il s’agit de leur proposer une prise en charge pour rompre
le quotidien et s’autoriser un moment
de répit. Un accompagnement en gare
ou à l’aéroport doit également être à
l’étude. Le groupe de travail va rendre
ses conclusions au conseil d’administration de la CCAS. Ce sont désormais
les Commissions nationales Adultes et
familles et Activités sanitaires sociales
et santé, qui auront la responsabilité
d’évaluer les suggestions que notre
groupe de travail leur a soumises,
de définir les priorités et élaborer les
contenus des nouvelles offres. Elles
auront beaucoup de travail ! Rappelons
qu’Évelyne Valentin s’est engagée à faire
de la construction et de l’amélioration
des vacances pour les inactifs une priorité pour l’exercice 2009.
Propos recueillis
par Marie-Line Vitu
Qui sont-ils ?
800 ouvrants droit âgés entre
55 et 75 ans ont été interrogés.
Ils sont en majorité des hommes
(68 %), - composition sociale
conforme aux entreprises EDF
GDF et issus essentiellement du
collège maîtrise (53 %). La moitié
d’entre eux ont accès à Internet
et affirment l’utiliser souvent.
Enfin, 70 % des exprimés ne sont
pas partis en vacances avec la
CCAS ces deux dernières années.
25
vos activités
Alger, capitale
des activités sociales
La Ve Conférence internationale des activités
sociales des travailleurs de l’énergie s’est
tenue à Alger du 13 au 16 décembre dernier.
Les délégués de 27 pays et 60 organisations ont
débattu sur le thème général : « Les activités
sociales, vecteur de paix pour les travailleurs
de l’énergie et des peuples ».
C’est à Athènes, en février 2006,
que la décision avait été prise
-à l’unanimité- de confier l’organisation de la Ve Conférence internationale
des activités sociales des travailleurs
de l’énergie au Fosc de la Sonelgaz1.
« La grave crise financière qui touche le
cœur du système financier international
est la conséquence directe de choix délibérés présentés comme incontournables
de la part de ceux qui n’ont pour seule
logique que le profit pour le profit et la
défense des intérêts d’une poignée de
privilégiés. Tous les secteurs de la vie ont
été touchés : l’économie, le social, l’environnement. Les travailleurs de l’énergie
contribuent à la mobilisation de toutes
les énergies pour la défense des intérêts
des salariés et des peuples de manière
générale », devait rappeler en préambule
Achour Telli, président du Fosc.
1 Fosc : Fonds des œuvres sociales
et culturelles.
Sonelgaz : Société nationale
de l’électricité et du gaz.
26
‫ﺍﳌﻮﲤﺮ ﺍﻟﺪﻭﻟﻲ ﻟﻠﺨﺪﻣﺎﺕ ﺍﻹﺟﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﻟﻌﻤﺎﻝ ﻗﻄﺎﻉ ﺍﻟﻄﺎﻗﺔ‬
Conférence Internationale des Activités Sociales des Travailleurs de l'Energie
International Energy Workers’ Social Activities Conference
Conferencia internacional de Actividades Sociales para Trabajadores del sector Energético
‫ﺍﳋﺪﻣﺎﺕ ﺍﻹﺟﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﻋﺎﻣﻞ ﻟﻠﺴﻼﻡ ﻟﻌﻤﺎﻝ ﻗﻄﺎﻉ ﺍﻟﻄﺎﻗﺔ ﻭ ﺍﻟﺸﻌﻮﺏ‬
Les Activité Sociales vecteur de paix pour les travailleurs de l’énergie
et les peuples
Social Activities as a vehicle for peace for energy workers and peoples
Las Actividades Sociales vector de paz para los trabajadores del sector energético
y sus pueblos
Les délégués des 27 pays et 60 organisations représentés à Alger se sont
répartis en 3 ateliers, dont les thèmes
étaient respectivement : « Légitimer
EDM (Électricité de Mayotte) ont fait le
et développer les activités sociales
voyage depuis l’archipel des Comores.
dans la culture de la paix » ; « Tracer
EDM est une compagnie d’économie
de nouvelles perspectives : des
mixte, dans laquelle EDF et SAUR
« Les
activités sociales émancipatrices travailleurs détiennent 25 % chacun et les
et solidaires » ; « S’organiser et de l’énergie collectivités territoriales 50 %.
financer les activités sociales ». contribuent « La société compte 165 salariés
Ces réunions et débats ont été
et le CE gère les activités sociales
à la
préparés de longue date par les mobilisation pour 700 bénéficiaires », précise
membres du comité de liaison, de toutes Salim Nahouda.
qui ont fourni un énorme tra- les énergies Au cours de la conférence, après
pour la
vail pour mettre au point cette
avoir souhaité la bienvenue à tous
conférence. Un comité composé défense des les participants, Chakib Khelil,
de représentants des activités so- intérêts des ministre de l’Énergie et des Mines,
ciales d’Algérie, Belgique, France, salariés a souligné le rôle des « activités
et des
Grèce, Italie, Maroc, Québec,
sociales dans la cohésion sociale
Russie et Tunisie. À Alger, les peuples. » et le renforcement et le dévelopdélégués venaient principalement Achour Telli, pement des relations d’amitié
d’Afrique et d’Europe, ainsi que du président et de coopération entre les traQuébec, du Pakistan et de Russie. du Fosc. vailleurs des entreprises ». Le film
Parmi eux, Maziza Madi, responsable des
réalisé lors des Rencontres solidaires
activités culturelles, et Salim Nahouda,
au Maroc a été particulièrement apprésecrétaire du comité d’entreprise de
cié lors d’une projection présentée par
Évelyne Valentin, présidente de la CCAS.
Intitulé Au-delà des frontières, les activités sociales, vecteur de solidarité et de
paix, ce document de quarante minutes
illustre parfaitement la conception que
la CCAS se fait d’un voyage solidaire,
et permet de constater de visu la réalité de la solidarité. 14 jeunes de 6 pays
différents sont allés à la découverte du
Maroc et ont dialogué avec des membres
d’associations et de coopératives, tissant
des liens très forts. Au nom du Fosc,
Achour Telli a remis une récompense
à Évelyne Valentin, pour « les efforts
énormes accomplis dans le domaine
de la solidarité internationale ».
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Un formidable
outil d’émancipation
La conférence
d’Alger a permis
de tracer de nouvelles
pistes de solidarité
entre travailleurs
de l’énergie.
Les activités sociales
constituent un outil
efficace de lutte contre
le modèle dominant
des multinationales.
À la question « les activités sociales sont-elles légitimes ? »,
les représentants des activités sociales
des différents pays ont répondu comme
un seul homme qu’elles sont un facteur
de cohésion et d’amélioration des conditions sociales et qu’elles permettent de
faciliter les relations dans la diversité
des peuples. Au cours des débats, les
échanges entre délégués ont mis en
lumière les expériences de chaque pays.
La conférence a ainsi permis à ceux qui
ne possèdent pas d’activités sociales
de s’inspirer utilement des réalisations
effectuées dans d’autres entreprises.
La conférence internationale a malheu-
Salim Nahouda et Maziza Madi,
du CE d’Électricité de Mayotte
CCASinfos 297 - Janvier 2009
reusement constaté les effets désastreux engendrés par la mondialisation.
De nombreuses populations d’Afrique
n’ont pas accès à l’énergie, un million
et demi d’habitants en Palestine sont
privés d’électricité par la politique d’Israël. Aussi bien dans les pays occidentaux que dans ceux du Maghreb et en
Russie, les services publics ne cessent
de reculer tandis que les privatisations
et les déréglementations se poursuivent. Les échanges entre les travailleurs
favorisés par leurs activités sociales
constituent un facteur de paix, d’émancipation et aussi de lutte contre le modèle dominant des multinationales.
Les luttes des syndicalistes pour faire
reconnaître la responsabilité sociale et
environnementale des entreprises de
chaque pays sont convergentes.
Les participants à la Ve Conférence ont
souligné l’importance de développer les
activités sociales par le renforcement
des liens internationaux. Face aux effets
néfastes du système néolibéral, les activités sociales, soutenues par les organisations syndicales et les associations,
constituent un outil efficace de lutte.
La conférence a lancé un appel dénonçant « la situation inacceptable du
peuple palestinien et lui apporte son
soutien dans la lutte pour la reconnaissance de ses droits. Elle demande
l’ouverture de passages pour la bande
de Gaza afin que ses habitants retrouvent une vie digne ». La proposition de
Nicolae Rosu, pour la Roumanie, d’organiser la VIe Conférence dans son pays
en 2001 a été adoptée à l’unanimité.
Repères
Algérie : 2,4 millions de km²
(85 % de désert) ;
35 millions d’habitants (dont
65 % ont moins de 30 ans).
Alger : population de
3 millions d’habitants,
4,4 dans le Grand Alger.
Sonelgaz : créée en 1969,
l’entreprise algérienne
de l’électricité et du gaz
constitue l’opérateur historique,
dont les missions principales
sont la production, le transport et
la distribution de l’électricité ainsi
que le transport et la distribution
du gaz. Sonelgaz emploie
plus de 59 000 agents (dont
33 000 statutaires).
Le Fosc : les œuvres sociales sont
créées en même temps qu’EGA
(Électricité Gaz d’Algérie) en
1947. À partir de 1978, la politique
des œuvres sociales est définie
par les travailleurs. Les secteurs
d’activités du Fosc sont la santé,
l’action sociale, les sorties
aérées, les écoles d’activités,
les excursions, les associations
et les vacances d’enfants.
Le budget d’exploitation est fourni
par la contribution de Sonelgaz
et ses filiales à hauteur de 2 %
de la masse salariale. Les frais
et charges du personnel sont
assurés par le groupe Sonelgaz.
Textes et photos : Pierre Michaud
27
vos activités
Une prévoyance
obligatoire de branche efficace
L’assemblée du comité consultatif
des adhérents IDCP du 2 décembre
Au prix de longues
négociations,
les cinq fédérations
syndicales ont
obtenu la signature
d’un accord permettant
la mise en place
d’une couverture
obligatoire décès
et invalidité permanente
pour les salariés actifs
de la branche.
Après de longues négociations
avec les employeurs de la branche
énergie, un accord portant sur la prévoyance obligatoire a été conclu par
les cinq fédérations syndicales. Grâce
au front uni de ces dernières, d’importantes concessions ont été obtenues au
bénéfice des salariés des IEG. Parmi les
principaux changements concernant la
prévoyance (couverture des risques décès, incapacité, invalidité et dépendance),
la fin de la clause des 15 ans. Ce qui
signifie que, depuis le 1er janvier 2009,
28
tous les salariés actifs sont garantis
contre les risques de décès et d’invalidité totale. Autre acquis : la participation financière des entreprises, portée
à 80 %. Cette couverture obligatoire est
donc financée par les employeurs et les
salariés, ce qui est totalement nouveau.
La contribution s’établira ainsi : 0,78 %
de part « employeur » et 0,2 % pour la
part « salarié ».
Concrètement, cette prévoyance prend
en compte les risques décès et invalidité totale pour tous les salariés actifs,
et elle assure également un capital décès,
une rente éducation, une indemnité de
secours immédiat et une participation aux
frais d’obsèques en cas de décès d’un
membre du foyer. Cette couverture est réservée aux agents actifs, elle ne concerne
pas de fait les retraités. Précisons que les
risques de dépendance ne sont pas pris
en compte et que la couverture s’éteint
au départ en retraite du salarié.
Parmi les éléments importants
qui figurent dans cette disposition
nouvelle : le salarié peut désigner
le bénéficiaire (conjoint, pacsé,
concubin, ascendant etc.) de
son choix pour le versement
des capitaux après son décès
ou suite à une invalidité permanente. De même, les prestations servies ne remplacent
pas celles existantes (pensions de réversion, pensions d’orphelin, indemnité
de secours immédiat au titre des frais
d’obsèques versée par l’employeur,
et participation aux frais d’obsèques
allouée par la Camieg en cas de décès
d’un membre de la famille) mais les
complètent.
Pour vous
informer
Une plate-forme téléphonique
a été mise en place pour
répondre à toutes les questions
qui pourraient se poser à propos
des nouvelles dispositions. Il s’agit
d’un numéro vert : 0800 00 50 45.
Un outil de simulation tarifaire
de l’IDCP est également en ligne
sur le site Internet ccas.fr.
Avec ce numéro de CCAS Infos
est joint un supplément
de 16 pages « Protection
sociale et prévoyance »
qui consacre un chapitre
à la prévoyance obligatoire
et complémentaire.
Un document de référence
à conserver précieusement.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
L’IDCP nouveau
est arrivé
Les administrateurs et responsables
des organismes sociaux
Pour accompagner la prévoyance obligatoire,
un contrat IDCP unique est mis en place pour
les agents actifs depuis le 1er janvier 2009.
Il devient le complément prévoyance de toute
la famille.
Créés voilà soixante ans pour
pallier le manque de prévoyance
obligatoire du statut, notamment pour
les jeunes durant les quinze premières
années de service, les contrats IDCP évoluent. Ils deviennent complémentaires
de la couverture obligatoire, avec des
garanties spécifiques. À titre d’exemples,
mentionnons la prise en compte des
risques non couverts par la prévoyance de
branche, le maintien -en l’améliorant- de
la couverture des salariés en inactivité de
service (qui sont exclus de la prévoyance
obligatoire), et également des garanties
pour les conjoints. Des passerelles seront
aussi mises en place entre la prévoyance
de branche et les contrats IDCP lors du
passage en inactivité. Par ailleurs, la
nouvelle offre s’accompagne de baisses
tarifaires, ou encore d’un élargissement
de la couverture selon les besoins des
salariés. Lors de leur 7e comité consultatif, le 2 décembre dernier, les adhérents IDCP ont validé à une très large
CCASinfos 297 - Janvier 2009
majorité ces nouvelles dispositions.
Auparavant, l’IDCP A (Invalidité décès
complément prestations) était un contrat
de type assurance individuelle accident
et couvrait également le décès et les
cas de mise en situation d’invalidité
statutaire. L’IDCP M était de type prévoyance, garantissant le versement d’un
capital si une invalidité totale ou un décès
frappait l’assuré. Et l’IDCP F permettait
de couvrir les risques d’invalidité et de
décès, en cas d’accident du conjoint
ou assimilé. Désormais, la nouvelle
offre de prévoyance complémentaire
consiste en un contrat unique regroupant les garanties A, M et F. La solidarité du contrat est élargie par des
garanties destinées aux conjoints et
aux personnes à charge (ascendants
ou descendants). Ce contrat comporte
des options qui permettent de choisir en
fonction de ses besoins. Les garanties
« toutes causes » concernent le décès,
l’invalidité suite à un accident ou à une
maladie entraînant un congé longue maladie, une invalidité absolue et définitive,
et une invalidité permanente handicapé.
Parmi les nouvelles garanties, il convient
d’ajouter la rente de conjoint, la rente éducation (temporaire ou viagère), la rente
survenance handicap enfant (viagère)
et aussi les garanties « accidentelles » :
le décès accidentel, l’infirmité partielle ou
totale (IPP ou IPT). Il est prévu aussi une
garantie hospitalisation en cas d’accident,
soit : 31 e par jour à partir de 48 heures
d’hospitalisation et dans la limite de
15 jours consécutifs ou non. La garantie assistance famille consiste d’abord
en une assistance aux personnes : elle
autorise le rapatriement médical de tous
les assurés, le retour des autres bénéficiaires (conjoints, enfants à charge), ainsi
que l’avance ou le remboursement des
frais médicaux à l’étranger. L’assistance
à domicile permet une aide ménagère
pour une durée de 30 heures sur 15 jours
et aussi la garde ou l’accompagnement
des enfants de moins de 16 ans. À noter que le contrat IDCP permet d’être
assuré à tout âge grâce à une solidarité
intergénérationnelle.
Textes : Pierre Michaud
Photos : Christine Lemore
29
vos activités
Rimes pour Rencontres
de l’image et du multimédia
des énergéticiens
Lieu d’échange entre amateurs d’images et
de multimédia sur leurs pratiques, les Rimes
accueillent aussi des professionnels.
Le massif de fleurs de Mathilde a
personnages », détaille Gérard Diebold,
une curieuse forme… Depuis que
le responsable de la section vidéo
son petit-neveu sait ce qu’elle a fait de
de la CMCAS de Clermont-Ferrand.
son mari, Mathilde n’a plus qu’une seule
Cet agent en inactivité, passionné par
chose en tête : se débarrasser de
la vidéo, a participé au groupe
ce témoin gênant. Un verre d’apé- En attendant de projet des Rimes. Fidèle à ce
ritif au goût étrange. Et tiens, la le festival que furent les Rencontres audioqui se
caméra s’arrête sur le massif de
visuelles des activités sociales
tiendra
fleurs. On devine la suite… le ne(Raas), Gérard Diebold a déposé
du 27 au
veu, le massif entouré d’une terre
sur le site Internet la création de
29 mars
fraîchement retournée.
prochain à son équipe afin de « montrer ce
Le jardin de Mathilde, c’est le Merlimont qu’une CMCAS peut faire à travers
film réalisé par des amateurs de
le travail en commun ». Sur la
(Pas-de
même lancée, sa femme, éprise
la CMCAS de Clermont-Ferrand
Calais),
et de l’association CLIM@ 63. les amateurs de photos, s’est elle aussi appliPas moins de vingt cinéastes et sont invités quée à « faire coller » son œuvre
vidéotistes amateurs ont donné à déposer à la thématique des Rimes :
leurs
« Génér@tions solidaires ».
de leur temps, de leur motivation et un peu de leur matériel. créations Ursula Diebold ira au festival. Elle
via le site
À l’un on doit « une caméra
Internet des souhaite y « rencontrer d’autres
semi-professionnelle », à l’autre
créateurs et progresser peut-être
Rimes.
« un micro », et à tous les « éclaià leur contact ». Là aussi, la démarche d’Ursula correspond à l’ambirages, les accessoires… Bref, c’est le rétion des Rimes. « Un thème prétexte
sultat de la volonté des bénévoles. Sans
compter que les uns et les autres ont
dont l’objet est de réunir les amateurs
proposé leur talent pour incarner les
pour exposer leurs œuvres, échanger
entre eux et rencontrer des professionnels pendant le festival », précise Fiore d’Ascoli, administrateur de la CCAS,
chargé de l’action culturelle.
Lorsqu’il a réalisé son documentaire,
René Corbez, quatre-vingt-quatre ans,
n’a pas envisagé qu’un jour il serait
visionné dans un festival. Pensez !
C’était en 1950 et avec une caméra de
9,5 mm. Moniteur dans une colonie de
vacances CAS, il a capturé des scènes
sur le vif. Sans le son et la couleur.
Pendant dix minutes, nous voilà avec
des mômes en culottes courtes dans
une forêt de la région du Massif central,
ou en train de jouer avec la tête d’un
serpent, semble-t-il encore vivant.
Le jardin de Mathilde,
Agathe est, elle, de la génération MySpace.
une des œuvres déposées sur le site des Rimes
À quinze ans, cette fille d’agent a conçu
30
son site qui entre dans la catégorie multimédia. Si vous cherchez bien, vous trouverez
le blog de son père , Vincent Vandekerkove,
un poète à ses heures.
Agathe, René, Ursula et les autres, tous
ont déposé leurs œuvres sur le site.
La récompense ? Toutes les productions
seront présentées durant le festival, qui,
rappelons-le, se tiendra du 27 au 29 mars
prochain. Vous avez dit génér@tions solidaires ?
Texte : Laïla Saïdi
Attention
Dépôt des œuvres sur le site
Internet www.rimesccas.org ;
clôture le 30 janvier 2009.
Pour le séjour Rimes, s’inscrire
par téléphone auprès de
Julien Breuil au 01 56 93 29 35.
Inscriptions jusqu’au
12 mars 2009.
Tarif « festivalier dépositaire
d’une œuvre » : 34 e ;
Tarif « simple festivalier »,
hébergement 2 nuitées en pension
complète : 90 e.
Séjour gratuit pour les moins 10 ans.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
« Un événement fédérateur »
Les Rimes prennent le relais des Rencontres
audiovisuelles des activités sociales (Raas).
Entretien avec Fiore d’Ascoli, administrateur
de la CCAS et président de la Commission
activités culturelles.
© Didier Delaine / CCAS
Pouvez-vous
présenter
les Rimes ?
L’objectif des Rimes
est de poursuivre l’esprit qui a prévalu aux
Rencontres audiovisuelles des activités
sociales (Les Raas) :
c’est-à-dire favoriser la rencontre des
pratiques entre amateurs, valoriser
leurs créations artistiques, montrer et
échanger leurs œuvres. Notre ambition
est de créer également les conditions d’un
événement fédérateur. Les amateurs et
les professionnels pourront aborder
CCASinfos 297 - Janvier 2009
les questions techniques, mais aussi le
sens que revêtent aujourd’hui toutes les
questions liées à l’image. L’originalité des
Rimes se caractérise par la réunion des
disciplines artistiques diverses : la photographie, la vidéo, la création d’images
à partir du numérique, notamment du
téléphone et de l’Internet.
Les Rimes ont été conçues comme un
grand événement de la CCAS, dont l’intérêt est d’amener ces publics vers la découverte des professionnels. C’est pour
cela que les Rimes sont adossées au
Figra (Festival international du grand
reportage d’actualité). Nous espérons
ainsi que le public qui viendra aux Rimes
ira également au Figra, festival de professionnels, et donc de croiser toutes les
expériences.
Avec les Rimes, quelles sont
les évolutions ?
Le festival va devenir un événement
biennal qui s’installera à chaque fois dans
une région différente, et sera toujours
concomitant à d’autres festivals dont nous
sommes partenaires. L’ancrage pour cette
année dans la région Nord-Pas-de-Calais
donne l’opportunité de voir les créations
abouties des personnes originaires de
cette région. Les Rimes s’ouvrent avec
la projection du film Jean Catelas réalisé par un agent de la CMCAS d’Amiens
(voir CCAS INFOS n°296).
La qualité de la diffusion des œuvres va
être optimale, cela veut concrètement
dire qu’il y a un dispositif technologique
et scénique de grande qualité. La Maison
familiale CCAS de Merlimont sera transformée en un lieu de diffusion artistique.
Textes : Laïla Saïdi
31
temps libre
La cascade de glace
Sous des apparences
extrêmes, la cascade
de glace peut être
pratiquée par tous.
À condition d’être
un peu sportif
et pas trop frileux.
Elles se nomment « La Marguerite
effleurée », « Les larmes du DalaïLama », « La colère du ciel », « Défonce
du consommateur », « Chacal bondissant », « Les formes du chaos »,
« Terminator », « Capitaine courageux », « Nuits blanches », « Baiser de
lune », « Black Ice », « Repentance »,
« Rémission », « Oussama Palersolid »,
« Érection », « Croupe de la poufiasse »… et n’existent que quelques
mois par an. Ce sont les cascades de
glace, terrain de jeu privilégié des
« glaciairistes ». « Escalader la glace,
c’est découvrir le plaisir d’évoluer sur
une matière magique et éphémère,
explique Philippe Deslandes, guide
de haute montagne à Bourg-SaintMaurice-Les-Arcs. Avec ses dégradés
de bleu, son aspect translucide, chargée de bulles d’air, la glace est une
structure qui étonne et fascine. » Dérivée de l’escalade, la discipline consiste
à grimper le long de formations glaciaires : cela va du ruisseau gelé à la
cascade en passant par les couloirs et
les goulottes. La cascade se pratique
généralement en vallée entre 1 200 et
2 200 mètres. Leur hauteur varie de 15
à plus de 800 mètres. Après quelques
tentatives isolées dans les années 70,
c’est au milieu des années 80 que des
alpinistes chevronnés se mettent à
pratiquer régulièrement la cascade
de glace en hiver. Pour la beauté du
geste ou pour développer leur technique. Au tout début des années 90,
l’apparition d’un matériel toujours plus
perfectionné permet d’aborder des ascensions impossibles jusqu’alors. Il en
résulte un engouement grandissant
pour cette pratique qui se popularise
depuis quelques années.
La condition physique
Comme l’alpinisme hivernal, la cascade de glace de haut niveau nécessite expérience et excellente condition
physique. « Toutefois, en initiation, les
cascades ni très hautes ni trop raides
permettent une évolution en toute sécurité. Une bonne condition physique
suffit », assure Philippe Deslandes.
Il faut simplement en avoir envie. C’est
notamment bien plus facile que le ski,
sport où les mouvements sont très
techniques. Les stages d’initiation sont
accessibles à toute personne « motivée, sportive et tonique » ajoute-t-il.
Une expérience de l’escalade ou de la
montagne est souhaitable, mais non
indispensable. Les progrès sont rapides et le plaisir envoûtant. En initiation, les marches d’approche sont
souvent courtes, les descentes généralement peu problématiques. « Peutêtre parce qu’elles ont une meilleure
connaissance de leurs possibilités corporelles, les femmes qui débutent sont
souvent plus à l’aise que les hommes.
Et lorsqu’elles s’investissent dans
cette discipline, elles deviennent vraiment passionnées », affirme Philippe Deslandes. Les stages d’initiation acceptent généralement les enfants à
partir de dix ans.
La technique
L’escalade en glace s’apparente à
l’escalade sur rocher. La progression
s’effectue à l’aide des pointes frontales
de crampons rigides et de piolets tractions dont la forme est conçue pour
aider le grimpeur à évoluer sur des
parois de glace verticales – voire surplombantes (le manche est courbé afin
d’éviter de se taper les doigts contre
la glace). Les points d’ancrage utilisés
sont des broches à glace tubulaires qui
se vissent directement dans la glace,
leur longueur variant en fonction de
l’épaisseur de la glace. L’équipement
comprend casque, gants, baudrier et
cordes. On débute sur des murs peu
32
CCASinfos 297 - Janvier 2009
inclinés, de grosses cascades sur lesquelles on peut taper avec les piolets,
où l’eau qui ruisselle forme des reliefs
et donc des prises plus aisées pour les
pieds et les mains. « Bien sûr, poursuit
Philippe Deslandes, comme on évolue
dans un milieu froid, au début on se
sent un peu engoncé dans ses vêtements, et mal à l’aise avec ses mains à
cause des gants. Lorsqu’on acquiert un
peu de dextérité, on passe à l’attaque
des cascades verticales, plus difficiles :
l’eau tombe à l’aplomb, il faut se tenir
davantage avec les bras. Avoir une vision globale de sa progression devient
plus dur…»
Le lieu
Selon les régions, les pratiquants bénéficient parfois de cascades artificielles.
C’est le cas de Lans-en-Vercors, qui
a aménagé une cascade gelée sur le
domaine de l’Aigle, à 10 minutes à pied
du centre du village. C’est un cirque
rocheux de 60 mètres de large et de
30 mètres de haut englacé grâce à l’eau
de la Bourne toute proche. Huit lignes
peuvent être escaladées en toute sécurité grâce à des points d’assurages
sur lesquels est fixée une corde. Très
peu raides au début, les cascades se redressent à mesure que l’on grimpe, avec
parfois de petits passages verticaux.
De quoi apprivoiser progressivement le
vide et la technique. En milieu naturel,
l’apparition des cascades est conditionnée par les températures. L’idéal
se situe entre 0 °C et moins 15 °C.
Les cascades sont pratiquement toutes
situées au nord. En France, suivant les
régions, on peut « taper » la glace de
début décembre à fin mars. Même si
certaines ne se forment que tous les
dix ans. « La cascade de glace est un
sport éphémère, c’est aussi ce qui fait
son charme », reconnaît Jean-François
Clignions, guide et directeur de la
Compagnie des guides de Chamonix,
qui travaille régulièrement avec la
CCAS. Certains sites, comme celui de la
Crémerie (1 300 m) près de Chamonix,
proposent des alignements de cascades, situées dans l’ancienne gorge
de sortie d’un glacier. « Un terrain de
jeu idéal pour l’initiation », ajoute ce
spécialiste qui qualifie cette pratique
de « ludique » avant tout. Dans les
Pyrénées, le site le plus prisé est celui
du cirque de Gavarnie. Il fut le théâtre
dans les années 80 d’une des plus
belles réalisations par Rainer Munsch
et Dominique Julien : « Overdose ».
Il reste aujourd’hui un spot de référence pour son engagement et son
niveau de difficulté.
Les risques
Pratiquer la cascade nécessite une expérience approfondie du milieu naturel,
notamment pour savoir évaluer l’état de
la glace : des températures très froides
la rendent dure et cassante alors que
des températures plus douces offrent
une glace plus humide et plus souple.
Des variations qui peuvent rendre dangereuses les cascades, avec un risque
d’effondrement. En initiation, la prise
en compte du milieu naturel est le fait
du guide accompagnateur. Mais en
montagne, le risque, « c’est souvent
les autres », rappelle Jean-François Collignon. Pour se protéger d’éventuelles chutes de glaçons et blocs de
glace, plus ou moins gros, les cascadeurs portent un casque et évitent
d’être à l’aplomb d’un autre cascadeur.
Les risques de chutes sont quant à eux
très réduits du fait de l’encordement.
Texte : Sophie Chyrek
Photos : Bruno Le Bivic
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Où pratiquer :
• De nombreuses stations
proposent des stages
d’initiation encadrés par
des guides professionnels.
Se renseigner auprès
des bureaux des guides
des stations.
Avec la CCAS :
• À Aussois, séjour Cascade
de glace en janvier.
• À Argentière, journéedécouverte Cascade de glace
dans le cadre du séjour Fous
de glisse en février et mars.
Pour plus d’infos, consulter
le catalogue ou le site www.ccas.fr.
Pour plus de
renseignements :
• Fédération française de la
montagne et de l’escalade :
www.ffme.fr
• Club alpin français :
www.ffcam.fr
33
© Biosphoto / Weimann Peter
sciences &
environnement
Vers un essor
du biogaz ?
La fermentation de
la partie organique
des déchets permet
de produire un biogaz
utilisable pour
la production d’énergie
ou d’électricité. Sera-t-il
bientôt distribué avec
le gaz de ville ?
34
Très technique, la décision est
d’eau actionnant une turbine, ou revendu
passée inaperçue. Pourtant, en
à un industriel proche de l’usine.
Mais jusqu’à ce jour, il ne pouvait pas
concluant fin octobre à l’innocuité pour
être injecté dans le réseau du gaz
la santé du biogaz produit par fermen­
de ville qui lui permettrait d’atteindre
tation de déchets, l’Agence française
les consommateurs. C’est là une des
de sécurité sanitaire de l’environnement
et du travail (Afsset), a mis
raisons qui freinait l’essor
fin à dix ans de polémiques
du procédé. Les exploi­tants de
La
qui freinaient l’essor en France
méthanisation, réseaux gaziers craignaient
en effet que, ajoutées à celles
de cette énergie renouvelable
économiquement
encore peu développée.
du méthane (le composant
avantageuse
principal du gaz de ville),
Pour comprendre l’enjeu de cet
pour des
du gaz carbonique et de la
avis, il faut rappeler un chiffre
volumes de
vapeur d’eau, les traces
peu ragoûtant : chaque habi­
l’ordre de la
de sulfure d’hydrogène que
tant produit par an quelque
dizaine de
l’on trouve dans le biogaz,
360 kilogrammes de déchets
ménagers. Sur cette quantité,
ne soient à la fois corrosives
milliers de
38 % sont entreposés en détonnes, est un pour les canalisations et
charge, et le reste est valori- procédé propre. toxiques pour les utilisateurs.
sé sous l’une des trois formes
C’est cette dernière inquié­
tude qui vient d’être levée par le récent
suivantes : l’incinération (31 %) qui
rapport de l’Afsset. Ce feu vert sanitaire
permet de produire de la chaleur et de
suffira-t-il à lancer la production
l’électricité ; le recyclage des matériaux
française de biogaz à partir de déchets
(verre, papier, etc.) pour 19 % ; et enfin
ménagers et agricoles ? C’est ce qu’esla valorisation de la partie organique
pèrent les professionnels du secteur,
(déchets alimentaires, épluchures, etc.)
qui réclament déjà un tarif d’achat prépar production de biogaz (ou méthani­
férentiel du biogaz injecté dans le résation) par fermentation en absence
seau, comparable à celui qu’accorde
d’oxygène ou fabrication de compost,
EDF aux producteurs de KwH d’origine
pour 12 %. Mais comme le relevait
renouvelable.
un rapport du Conseil économique et
social paru en avril, « force est de
constater que la part réservée à ce traiBrèves
tement biologique demeure congrue.
Elle n’a que très peu progressé en
Les emballages sont responsables
tonnage et diminué en pourcentage ».
de 30 % de la masse et de 50 %
du volume des déchets ménagers.
L’exploitation du biogaz n’a ainsi permis
Avec 374 millions de tonnes par an,
en 2007 en France que la production de
les déchets de l’agriculture et de
541 GWh d’électricité, soit 8 fois moins
la sylviculture sont le premier
que l’éolien, et de 53 ktep1 de chaleur,
poste de production de déchets.
soit 6 fois moins que l’incinération.
Une bonne partie pourrait être
La méthanisation a pourtant bien
valorisée en biogaz. L’incinération
des atouts pour elle. C’est un procédé
permet de réduire de deux tiers le
propre, qui ne dégage pas de compovolume des déchets. Le reste est
sants polluants. Contrairement à l’inci­
constitué de mâchefer2, souvent utilisé
nération qui n’est rentable qu’avec
pour le remblai en travaux publics,
malgré les critiques écologistes sur
de grosses usines, elle est économile fait qu’ils contiennent parfois des
quement avantageuse pour des volumes
métaux lourds polluants.
de l’ordre de la dizaine de milliers de
tonnes (soit grosso modo ce que produit
l’agglomération d’une préfecture
1Tep : tonne équivalent pétrole.
moyenne). Le biogaz peut être brûlé
2 Mâchefer : issu de la combustion
localement pour produire de la vapeur
de la houille.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Les côtes maritimes,
Le niveau moyen
des océans va s’élever
dans les décennies
à venir en raison
du réchauffement
climatique. Pourtant,
aucun géographe ne
se hasarde à dessiner
le contour des côtes sur
une mappemonde
de l’an 2100.
© Julien Millet / CCAS
futures victimes du réchauffement
niveau de la mer frappera particulièredeltas (le Mékong au Vietnam, le Gange
et l’Indus dans la péninsule indienne, le
ment les régions les moins développées
fleuve Rouge et le Yangtze
économiquement… et qui
en Chine…) et ses mégaauront donc le plus de diffi­
L’élévation du
poles bâties à fleur d’eau
cultés à s’adapter. Ouvrages
niveau de la
(Bangkok, Tainjin, Jakarta,
lourds (brise-vagues, dimer frappera
Shanghai…) ; les petites particulièrement gues…) ou méthodes douces
îles de l’océan Indien,
(réensablements réguliers
les régions les
du Pacifique sud et des moins développées des plages, entre­tien des
Caraïbes ; enfin les del- économiquement dunes et des marais salés)
tas de la Méditerranée
ont en effet un coût souet qui auront
(Danube, Ebre, Rhône, Nil)
vent exorbitant. Le jeu en
donc le plus
vaut-il la chandelle ? Non,
et de l’Afrique de l’Ouest. Le
de difficultés
répondent les partisans du
littoral du continent améà s’adapter.
ricain, à l’exception de sa
« réalignement contrôlé »
zone tropicale, et celui de l’Europe dedu littoral, qui proposent de laisser à la
vraient surtout être exposés à l’érosion
mer les régions à faible occupation humaine pour mieux défendre les régions
des côtes, en particulier si les tempêtes
plus peuplées contre le risque d’inons’y multiplient.
dation. Ces politiques de retraite tacSchématique, ce tour du monde a le
tique ne sont pourtant pas applicables
mérite de montrer que l’élévation du
partout. La « dépoldérisation » peut
être une solution en Europe, où la poPourquoi est-il difficile de prédire
pulation progresse lentement et où les
l’élévation locale de la mer ?
terres arables ne manquent pas. Elle
Observée par satellite, la surface des océans présente des creux et des bosses,
est
plus difficilement envisageable dans
pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur. C’est la première source de diffi­
nombre de pays du Sud, où l’explosion
cultés à prédire les conséquences locales d’une élévation globale du niveau de
démographique est parti­culièrement
la mer. La seconde provient de la complexité des facteurs qui influencent
marquée dans les régions côtières exle tracé du contour des côtes. Ce dernier dépend en effet des phénomènes météoposées à l’élévation du niveau de la
rologiques extrêmes (tempêtes, inondations, etc.), des vagues et des courants.
Or, leurs effets varient en fonction du volume de matériaux, galets, sables ou
mer. Comme d’autres conséquences du
limons, disponible en un point donné. L’action humaine (pompage des eaux souchangement climatique, l’élévation du
terraines, extraction d’hydrocarbures en bordure marine, ou, à l’inverse, construcniveau de la mer aggrave les problèmes
tion de polders) joue ainsi un rôle crucial dans le modelage des côtes. Enfin, il existe
de sous-développement actuels.
des phénomènes naturels de compensation : les récifs coralliens peuvent aussi
réagir à une élévation du niveau marin par une croissance accélérée.
Textes : Nicolas Chevassus
Tous les scientifiques estiment
que le réchauffement climatique
entraîne, et va continuer à entraîner,
une élévation du niveau de la mer par
un double phénomène : d’une part,
la fonte des glaciers et des calottes
glaciaires qui recouvrent le Groenland
et l’Antarctique ; d’autre part, la dila­
tation de l’eau de mer, dont le volume
s’accroît avec la température. En revanche, il est très difficile de quantifier l’ampleur de cette élévation
attendue. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se contente ainsi d’avancer
une fourchette : entre + 18 et + 59 centimètres d’ici la fin du siècle.
En dépit de cette prudence des scientifiques, on peut lister les régions les plus
exposées au risque de submersion :
l’Asie du Sud-Est, avec ses gigantesques
CCASinfos 297 - Janvier 2009
35
UN FILM DE RAPHAËL MATHIÉ
AFF DERNIERE SAISON
C’est un instant cinématographique épuré
qui, avec rigueur et constance, accompagne
le cheminement intérieur d’un fermier vieux,
seul et amer. Pour passer le relais, il lui faudra
réapprendre la confiance.
Le marchandage entre l’acheteur et le
La première séquence du film
montre, en quelques plans d’une
vendeur devient donc une sorte de joute
belle justesse, un homme qui prend le
oratoire où les chiffres ressemblent
plus à des salves poétiques qu’à
temps d’attendre l’accomplisDifficile un réel désir du gain. L’homme
sement d’une naissance. C’est
pour lui assume ce paradoxe, mais doul’annonce d’un film façonné par
l’espace et les êtres qui l’em- d’imaginer loureusement. Il lui faut aussi du
plissent.
temps, une saison, et la volonté
qu’une
Le cinéaste ne va pas faillir à nouvelle d’une jeune femme, pour l’amecet engagement. Les mots, les jeunesse ner à douter de ses certitudes.
gestes et les regards rythment
puisse avoir Le cinéaste, avec rigueur et
des pensées prosaïques, dures
constance, renvoie notre écoute
le courage
et sans complaisance. Le quovers notre pensée et notre retidien est une épure qui décèle de sa propre gard vers nos sensations sans
les faiblesses ou les forces qui jeunesse. jamais nous priver de notre luciDifficile de dité sur les êtres qu’il filme.
animent tout être humain.
L’amertume d’être seul comme croire en
l’autre.
le devoir de rester accompagnent
Dominique Boccarossa,
réalisateur, membre de l’Acid
cet homme dans son long cheminement intérieur, discret, presque secret. Difficile alors pour lui d’imaginer
qu’une nouvelle jeunesse puisse avoir le
courage de sa propre jeunesse. Difficile
de croire en l’autre. Difficile de vendre
et de donner une valeur chiffrée aux
choses que l’on aime, car céder sur un
prix, c’est surtout se plier à une
valeur trop abstraite.
12/12/08
15:45
Page 1
Eurozoom et La Luna présentent
un film de
Sélection
acid
Cannes
conception graphique pierre lefèvre VISA D’EXPLOITATION 118 483
cinéma
36
La dernière saison
RAPHAËL MATHIÉ
Festival du film
documentaire
Amsterdam
Festival
Entrevue
Belfort
Prix Spécial
du jury
Seattle
Combalimon
DERNIÈRE
SAISON
AVEC JEAN BARRÈS CÉCILE GENESTIER SÉBASTIEN PAGÈS CHRISTIAN PERET PIERRE PERET ANDRÉ VALETTE RÉALISATION RAPHAËL MATHIÉ IMAGE ET SON RAPHAËL MATHIÉ MONTAGE
BENOÎT ALAVOINE VÉRONIQUE BRUQUE MONTAGE SON THOMAS ROBERT MIXAGE OLIVIER DÔ HÙU ÉTALONNAGE NUMÉRIQUE JULIEN BODART UN FILM PRODUIT PAR
SÉBASTIEN HUSSENOT RAPHAËL GIRARDOT UNE PRODUCTION LA LUNA PRODUCTIONS AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION AUVERGNE DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE ET DU CENTRE NATIONAL
DE LA CINÉMATOGRAPHIE DISTRIBUTION EUROZOOM VENTES INTERNATIONALES INSOMNIA WORLD SALES
L’HISTOIRE
Jean est au crépuscule de sa vie.
Fatigué, seul et sans descendance,
il doit se résoudre à vendre
ses quelques vaches et songer
à la transmission pour sauver sa
ferme Combalimon. Une étape délicate, une perspective vertigineuse…
CCASinfos 297 - Janvier 2009
L’industrie du gaz fête cette année ses
deux siècles d’existence. Le produit de
la distillation de la houille qui a permis le fameux
« Gaz à tous les étages » a été supplanté par
le gaz naturel et surtout l’électricité.
« Se déplacer le soir sans avoir
à se préoccuper de la clarté de
la lune », ainsi était libellé l’avis des
villes qui avaient décidé de prolonger
l’éclairage par candélabres à gaz jusque
tard dans la nuit. Voilà deux siècles, en
Europe, on ne connaissait que le gaz
manufacturé qui servait à éclairer les
villes. C’est pourquoi les appellations
de « gaz d’éclairage » et « gaz de ville »
ont perduré si longtemps.
En distillant du charbon, le Français
Philippe Lebon et l’Anglais William Murdoch
Des outils
pour conserver
le patrimoine
Copagaz : l’Association pour
la conservation du patrimoine
gazier a pour objectif de faciliter
et de valoriser la prise en charge,
par les collectionneurs et leurs
organisations, de la conservation
des objets et documents relatifs à
l’histoire de l’industrie gazière.
Afegaz : l’Association de
la Flamme européenne du gaz
fédère au plan européen les
collectionneurs ; elle regroupe
et conserve les témoignages
du gaz dans la vie quotidienne
depuis le début du XIXe siècle.
Mege : l’association Mémoire
de l’électricité, du gaz et de
l’éclairage public à Paris, régie
par la loi de 1901, a été créée pour
préserver la mémoire du passé
des réseaux de distribution de
l’électricité du gaz et de l’éclairage public sur le territoire de
la ville de Paris.
Contacts :
Copagaz : 01 44 01 87 58
www.copagaz.asso.fr
Afegaz : 01 44 01 87 59
afegaz.asso@yahoo.fr
Mege : 0
1 53 04 75 43
http://mege-paris.metawiki.com/
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obtiennent un gaz qui permet d’éclairer
les villes et les usines. Ces dernières
peuvent ainsi fonctionner jour et nuit.
Les municipalités encouragent ce type
d’éclairage tout en faisant preuve de
prudence, conscientes des risques encourus par la proximité des usines de
production de gaz. À Paris, un contrôle
strict est effectué par la préfecture
de police. Souvent pour échapper aux
contraintes légales, et aussi à la suite
de plusieurs accidents spectaculaires,
des compagnies installent leurs usines
en banlieue, alors peu peuplée. À cette
époque, le gaz est obtenu à partir de
la distil­lation de la houille, qui produit
aussi du goudron et des eaux ammoniacales, lesquels ne seront traités qu’à la
fin du XIXe siècle. Des gazomètres stockent le gaz qui est acheminé par des
tuyaux, d’abord en bois puis en cuivre
ou en fonte. Peu à peu, des réseaux de
distribution sont organisés, souvent simultanément avec les conduites d’eau.
À partir de 1850, le gaz manufacturé est
utilisé pour l’éclairage, la cuisine et le
chauffage de l’eau.
L’exposition organisée en octobre dernier
par Afegaz et Copagaz (voir encadré) à
Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) a retracé
les divers usages de ce produit. L’exploi­
tation industrielle du gaz naturel a
1791 Découverte par Philippe Lebon
du principe d’éclairage par le gaz
hydrogène (hydrogène carboné).
1829 Premiers essais officiels
d’éclairage public à Paris, où
sont installées de petites usines
de production.
À partir de 1830 L’huile pour
l’éclairage est peu à peu
remplacée par le gaz.
1846 Une ordonnance définit des
situations de monopole pour
6 sociétés.
histoire
Le gaz de ville a deux cents ans
commencé au début du XIXe siècle
aux États-Unis, où est construit le
premier gazoduc en 1870. En Europe,
les premiers gisements de gaz naturel
et l’invention de la lampe à incandescence marquent un coup d’arrêt à l’usage domestique du gaz manufacturé.
En France, en 1939, le premier gisement est découvert à Saint-Marcet dans
les Pyrénées et celui de Lacq en 1951,
date à laquelle le gaz naturel se généralise. En 1946, sous la direction de
Marcel Paul, ministre de la Production
industrielle, la production électrique et
gazière, le transport et la distribution
sont nationalisés. Le gaz devient alors
un service public jusqu’au vote d’une
majorité de députés, le 3 octobre 2006,
et celui des sénateurs, qui conduisent à
la privatisation de Gaz de France.
Texte : Pierre Michaud
Photo : Christine Lemore
1855 Fusion des 6 sociétés gazières
en concession unique
à la Compagnie parisienne
d’éclairage et de chauffage
par le gaz.
À partir de 1889… et avec l’invention
d’Edison de la lampe à
incandescence, l’éclairage
électrique commence à entamer
le monopole du gaz et son
utilisation devient systématique
à partir de 1914.
1946 Loi de nationalisation de l’énergie.
1962 Les dernières lanternes à gaz
sont converties à l’électricité.
37
sport événement
Rencontre sportive nationale de badminton
38
Fous du volant
Les 5 et 6 décembre,
à Nouan-le-Fuzelier
(Loir-et-Cher),
plus de 130 joueurs
représentant quelque
30 CMCAS ont
disputé 300 matchs.
Parmi eux, beaucoup
de débutants.
Le choc des volants contre les
cordes des raquettes. Le crissement des semelles sur le sol. La voix
amplifiée au micro annonce joueurs et
terrains. Les joueurs « du dimanche »
prennent place face ou aux côtés de
badistes plus aguerris, voire classés.
Les amateurs et les « fous du volant »,
dont certains ont fait les tournois de
Chambéry et d’Agen, ont avalé des kilomètres « pour jouer, se rencontrer ou
se revoir », confirme le jeune et dynamique Sylvain Beauger, responsable
de l’événement à la CMCAS d’Orléans.
Fabienne s’est déplacée de Gap, où elle
travaille à la CMCAS. Cette fille d’agent
Soirée festive en présence de Pascal Louis, président de la CMCAS d’Orléans,
Christophe Gaston, administrateur et membre de la Commission
activités physiques et sportives, et de l’ensemble des bénévoles.
est moins attachée à la compétition qu’à
l’ambiance. Le badminton, elle le pratique « comme loisir, avec les enfants ».
Mais, en ce vendredi matin, elle profite
de la présence de Fabien, un jeune agent
classé en national, pour prendre conseil.
L’intérêt de ce tournoi, « c’est que les
débutants côtoient des pratiquants plus
aiguisés », observe Francis, un bénévole perché sur le balcon de la salle
où se vendent crêpes, gaufres et boissons, dont les bénéfices profiteront au
Téléthon. C’est vrai que le tournoi révèle
parfois des « unions contre nature », tel
ce double hommes, composé de Rémi,
carrure à la Chabal, jeu hésitant, et de
Fabien, petit gabarit, petites lunettes
rondes, aux gestes économiques et
stratégiques. « Allez champion ! Tout
est dans le mental, lui est en national…
et toi… en cantonal ! », hurlent les copains girondins en direction du rugbyman converti au badminton. Rémi sort
du terrain et fait mine d’accorder du
temps à la presse : « On a fait rêver du
monde quand même ! On se complète
bien, je me suis retrouvé avec le plus
fort, la foule nous a acclamés. » D’autres
duos de jeu se sont formés, à l’exemple
de ce double mixte, chacun venu avec
conjoint et enfant, qui se partage la
garde des petits pendant les matchs.
Samedi soir, sur le terrain numéro 3,
un cercle d’admirateurs se forme autour
d’Arnaud et de Fabien, le prodige que tout
le monde surveillait. Applaudissements,
onomatopées… Les participants sont là
aussi pour le show. Un spectacle que
Fabienne, notre joueuse débutante, décortique clouée à sa chaise, un pied douloureux, « certainement une entorse », dit-elle
grimaçante, déçue d’avoir été stoppée sur
sa lancée, mais contente d’avoir « touché
à un nouveau sport ».
Texte : Laïla Saïdi
Photos : Christian Petit / CCAS
Bilan souriant
et avenir
Un bravo aux organisateurs de
la CMCAS d’Orléans et à la jeune
équipe des vingt bénévoles dont
les responsables, Sylvain et
Séverine Beauger, travaillent
depuis un an sur le projet.
Les organisateurs de la rencontre ont répondu à l’annonce
de la CCAS cherchant des agents
pour reprendre le flambeau
après le tournoi d’Agen en 2005.
Leur vœu : pérenniser le tournoi
et donner envie à d’autres clubs
de relever le défi. À qui le tour ?
CCASinfos 297 - Janvier 2009
clap sur le monde…
Du 25 novembre au 2 décembre, Nantes a vibré
au rythme de la 30e édition du Festival des
3 continents organisée avec le soutien de la CCAS.…
Dans les allées de l’espace Cosmopolis, cœur battant du Festival des
3 continents, le public côtoie les réalisateurs, les acteurs et les producteurs
venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique
du Sud. Sans fioritures, ni tapis rouge,
Palmarès 2008 :
Montgolfière d’or : Parque Via
d’Enrique Rivero (Mexique) ;
Prix du public : Chant des mers du
Sud de Marat Sarulu (Kirghizistan)
Pour plus d’informations :
www.3continents.com
CCASinfos 297 - Janvier 2009
le F3c est un lieu d’échanges et de rencontres pour les cinéphiles. Voyages et
découvertes : il y a du Jules Verne dans
cette manifestation, qui donne à voir une
centaine de films inédits. Ici, des lycéens
discutent avec Reza Hosseini Yemak, réalisateur afghan de Bulbul, l’oiseau des
villes. Là, aux côtés de Philippe Reilhac,
directeur général de l’événement,
le Brésilien Julio Bressane défend sur
un plateau radio son film The Rat Herb
présenté en Sélection officielle.
Si les relations entre ce festival et la CCAS
sont anciennes, 2008 constitue un cap
franchi. Dans le cadre de Visions sociales,
le F3c avait présenté en mai dernier au
Philippe Reilhac
Château des mineurs de MandelieuLa Napoule Bunny Cho Know Thyself du
Sud-Africain John Barker, décoré de la
Montgolfière d’argent 2007. Avec ce nouveau partenariat, « il s’agit d’amplifier les
relations avec le Festival des 3 continents
en facilitant son accès aux ouvrants droit
et ayants droit des organismes sociaux »,
explique Fiore d’Ascoli, président de la
Commission culture de la CCAS. Aussi,
après Angers et La Rochelle, le festival
nantais vient enrichir la liste des manifestations cinématographiques soutenues par la CCAS.
Texte : Stéphane Gravier
Photo : Jean-Gabriel Aubert
culture
Festival des 3 continents,
39
culture
Ce soir, théâtre
au salon !
Depuis la fin novembre, la CMCAS de Bayonne
expérimente une nouvelle formule, le spectacle
à domicile. Objectif : impliquer les bénéficiaires
dans le développement d’activités sociales de
proximité en milieu rural.
Au bord de la départementale, dans
les faubourgs de Saint-Jean-Piedde-Port, la lumière est restée allumée
devant la façade de la grande bâtisse.
À l’intérieur, sous les magnifiques poutres soutenant la charpente, le décor
est posé. Canapé relégué au fond de la
pièce, chaises alignées le long du couloir. Ce soir, dans le salon d’Angel Diarte
(agent EDF) et de son épouse Solange,
c’est « soirée théâtre » ! Tandis que les
enfants multiplient les allers-retours
d’une pièce à l’autre, Martine et Métélok
n’ont qu’une idée en tête : conserver leur
concentration et tenir en haleine leur
auditoire constitué d’une vingtaine de
bénéficiaires. Qu’importent les bruits
parasites et l’étroitesse des lieux !
En acceptant d’inaugurer chez un couple
de retraités la formule du spectacle à
domicile imaginée par la Commission
arts et culture de la CMCAS de Bayonne,
notre duo de comédiens originaire du
Pays basque n’a certes pas choisi la
facilité. Mais le message qu’il souhaite
faire passer méritait bien une petite prise
de risque. Pour cette première, Martine
et Métélok ont décidé de faire découvrir
à un public peu sensibilisé aux performances théâtrales leur création intitulée L’Anselme à tous vents. Une pièce
qui rend hommage à Jean L’Anselme,
ce virtuose du verbe, âgé aujourd’hui
de quatre-vingt-neuf ans, qui a toujours
cherché à « désacraliser l’art, à remettre
en cause ses principes et ses lois » pour
« s’opposer à l’art bourgeois ». Une heure
et quart d’un dialogue enlevé, à la fois
drôle et émouvant, truffé de calembours et de jeux de mots, retraçant le
parcours de ce poète anticonformiste
issu du monde ouvrier, qui soutient que
« c’est dans le fumier qu’on trouve les
plus beaux vers ».
Présence des activités
sociales en milieu rural
Mettre un peu de piment dans un
rapport acteurs-spectateurs souvent
figé, voilà qui n’est pas pour déplaire
à Métélok, « comédien-militant » qui
avait déjà eu l’occasion, dans un autre
Solange et Angel Diarte, hôtes d’une soirée réussie
40
contexte, de se frotter à l’ambiance si
particulière du spectacle à domicile.
« C’est une formule qui fonctionne bien,
plaide-t-il. En entrant dans l’intimité de
la personne qui nous reçoit, il y a un vrai
lien qui se crée. » Animateur d’ateliers
théâtre dans des centres de vacances et
spécialiste de « l’intervention culturelle
dans le monde du travail », Métélok a
commencé à collaborer avec la CCAS
il y a plus de vingt-cinq ans et participe
aux travaux de la Commission arts et
culture, aux côtés du président de la
CMCAS de Bayonne Eddy Combret.
« Nous avons des difficultés à faire vivre
les activités sociales dans les zones
rurales », affirme celui-ci. « Afin de
réorienter ces activités vers plus de
proximité, nous avons constitué dixneuf bassins de vie, sortes de sousterritoires de SLV. Notre objectif est
de créer une dynamique de présence
régulière en milieu rural. » Cette initiative de spectacles à domicile entre
dans le cadre du « droit à la culture pour
tous », l’une des grandes orientations
décidées cette année par la CMCAS.
« Nous couvrons un territoire très vaste,
qui s’étend de Biscarosse à Hendaye et
jusqu’au Béarn », rappelle son président. Or, l’action culturelle est l’un des
outils, au même titre que les réseaux
CCASinfos 297 - Janvier 2009
solidaires, susceptibles de renforcer
un lien social distendu. « Au départ,
c’est à travers le réseau solidaire que
je suis venu voir Angel et Solange »,
raconte Gilbert Dupuy, administrateur
de la CMCAS et principal relais du projet
« spectacles à domicile » dans la zone
de Saint-Jean-Pied-de-Port. « Au fil de
la discussion, je me suis dit : “Pourquoi
ne pas leur proposer de faire venir des
comédiens chez eux ? » Angel a tout
de suite accepté, lui qui évoque avec un
brin de nostalgie ses premiers jours à
EDF, en décembre 1953 : « À l’époque,
quand on entrait à EDF, on était accueilli
comme si on était de la maison ! »
« Nous allons rarement voir des spectacles, car Bayonne est à une heure d’ici
et le soir il faut revenir en voiture », explique Jean-Pierre. « Ce type de soirées
nous permet aussi de faire connaissance
avec les jeunes », ajoute-t-il. Eñaut,
vingt-cinq ans, technicien réseau à
Saint-Jean-Pied-de-Port, bien que peu
habitué aux sorties théâtre, partage
le même enthousiasme. « Nous nous
connaissons tous plus ou moins, c’est
une bonne occasion de nous retrouver. »
Pour Eddy Combret, cette première expérience est une vraie réussite, même
s’il a fallu déployer beaucoup d’énergie pour que les gens viennent voir ce
spectacle, pourtant gratuit. Il souhaite
désormais « s’appuyer sur ce lien qui
est en train de se tisser et l’élargir à
d’autres », faisant en sorte que les bénéficiaires deviennent acteurs de leurs
propres activités. Trois spectacles supplémentaires sont d’ores et déjà prévus
d’ici l’été prochain dans les PyrénéesAtlantiques et dans les Landes. Enfin,
une autre idée est en train de germer :
celle d’un spectacle à domicile organisé
à l’occasion des cent ans d’une bénéficiaire. Une manière de donner au réseau
solidaire une « dimension plus festive »,
selon le président de la CMCAS. Quant
aux portes d’Angel et Solange Diarte,
elles restent plus que jamais ouvertes.
« Vous revenez quand vous voulez »,
lance cette dernière, un franc sourire
éclairant son visage.
Texte : Samy Archimède
Photos : Bertrand De Camaret / CCAS
Martine et Métélok, comédiens
Des bénéficiaires acteurs
de leurs propres activités
Aujourd’hui, Angel a ouvert sa porte à
tout le monde à l’occasion de ce spectacle et ses convives ne sont pas venus
les mains vides… Dans la cuisine, après
la représentation, on déguste les petits
plats apportés par chacun. Jean-Pierre,
agent en inactivité, et Jacqueline, son
épouse, qui habitent à sept kilomètres
de là, ont manqué la répétition de la
chorale de leur village pour pouvoir
assister à cette soirée. Sans aucun
regret. « Ils ont du talent, ces comédiens ! », lance Jacqueline, admiratrice.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
41
par la grâce d’un « je » apaisé
Après avoir exploré ses séismes intimes,
nés de l’écartèlement entre deux cultures,
deux identités - française et algérienne - la
romancière, prix Renaudot 2005, conçoit
l’écriture comme un rendez-vous amoureux.
© John FOLEY / Opale
Après l’ascension des cinq étages
d’une famille aimante et la dureté de
l’extérieur. Là, aussi, où se fondent ce
d’un vieil immeuble du Marais à Paris,
c’est dans un vaste salon blanc et dé« silence algérien » qui traverse une
pouillé, entre ombre et lumière d’une
partie de son œuvre, mais également
fin d’après-midi, que Nina
ses peurs, ses blessures,
C’est en
Bouraoui reçoit. Un privilège
Algérie que ses déchirures entre deux
pour le visiteur. Car rares sont
Nina Bouraoui cultures, deux identités. Là,
les personnes qu’elle invite à
enfin, que le « petit garçon
grandit. C’est là
pénétrer chez elle. Un reste
manqué » qu’elle fut alors,
de son enfance sauvageonne ? que se fondent va se nourrir de la beauté
« Sans doute », dit cette jeune ce « silence sauvage des montagnes
femme au visage doux et aux algérien » qui du Tassili, du Hoggar, du
yeux rieurs. Une enfance algé- traverse une désert qui irriguera son
rienne sur laquelle elle revient partie de son écriture abrupte, syncopée,
sans déplaisir même si elle œuvre, mais sensuelle et poétique.
concède en avoir fini avec cette également ses À quatorze ans, cette jeune
fille mutique et dévoreuse
période depuis Mes mauvaises
peurs,
pensées (Stock, 2005).
ses blessures, de livres connaît un véritaAlgérienne par son père et
ses déchirures ble « séisme » intime lorsfrançaise par sa mère (elle a
que ses parents quittent
entre deux
l’Algérie pour la France .
conservé la double nationalité),
Yasmina Bouraoui est née à cultures, deux « Ce fut une sorte d’enlèidentités.
vement à l’Algérie. J’ai tout
Rennes, ville natale de sa mère
laissé là-bas : mes affaires, les preoù ses parents se sont connus en
mières personnes que j’ai aimées. »
pleine guerre d’Algérie. C’est du reste
Et aussi un double fantasmé qui ne
dans ce jeune pays qu’elle résidera
cessera de grandir en elle et de la
une partie de sa jeunesse. Là, qu’elle
hanter, comme elle le dépeint si bien
grandit, entre la douceur et la chaleur
dans Mes mauvaises pensées . Au
gré des migrations de ses parents,
Nina Bouraoui découvre Paris, Zurich (Suisse), puis les Émirats arabes
unis où elle obtient son bac. À dixhuit ans, la jeune femme regagne la
France pour y poursuivre des études
de droit puis de philosophie. De cette
période, elle a gardé le souvenir de
Cioran (l’un de ses premiers chocs
avec la lecture d’Henry Miller), et de
La vie heureuse de Sénèque, qu’elle
relit fréquemment et dont elle a repris le titre pour l’un de ses romans.
Mais surtout de ce moment fondateur
entre tous où, sortant du silence, elle
va « naître au langage » par l’écriture.
42
© Cedric MARTIGNY / Opale
livres
Nina Bouraoui,
Grâce au succès de son premier roman, La voyeuse interdite (Gallimard,
Le Livre de Poche, prix du Livre Inter),
Nina Bouraoui décide d’arrêter ses
études pour se plonger dans cette
« forêt de mots et de sensations »
qu’elle ne va plus cesser d’arpenter.
Pour mettre à jour, dans une langue
sensuelle et poétique, ses peurs (notamment celle de la mort qui hante
ses premiers livres), ses failles intimes (Le jour du séisme, Fayard, Le
Livre de Poche), ses déchirements
identitaires et sexuels (Garçon manqué, Stock, Le Livre de Poche), avant
de les rassembler, de « se rassembler » dans Mes mauvaises pensées ;
sans doute l’un de ses plus beaux
livres avec Appelez-moi par mon prénom, son nouveau roman où après
La vie heureuse, Nina Bouraoui s’autorise à parler d’amour, à s’ouvrir et
à évoquer, enfin apaisée, ce rendezvous amoureux que constitue pour
elle l’écriture.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
« Il y a de moins en
moins de filtres entre ce
que je peux apprendre
et ce que je peux
rétablir par les mots. »
Née le 31 juillet 1967, Nina
Bouraoui a grandi à Alger dans
le quartier résidentiel d’Hydra.
À quatorze ans, en raison de l’état
de santé de sa mère, ses parents
décident de s’installer en France,
puis à Zurich et Ferney-Voltaire
en Suisse, avant de gagner les
Émirats arabes unis. En 1985,
Nina Bouraoui revient à Paris
pour y débuter des études qu’elle
écourte afin de se consacrer à
l’écriture. Après un début remarqué
avec La voyeuse interdite (prix du
Livre Inter) chez Gallimard sous
les auspices de Pascal Quignard,
Nina Bouraoui rejoint en 1996
Jean-Marc Roberts chez Fayard
puis Stock où elle obtiendra en 2005
le prix Renaudot. Avec Appelez-moi
par mon prénom, elle signe son
onzième livre.
Quel regard portez-vous
aujourd’hui sur votre parcours
d’écrivain ?
Je me dis qu’il ne fait que commencer
finalement, puisque je regarde toujours loin devant moi, je suis quelqu’un
du projet et non du passé. En dépit de
mes onze livres et de mes deux prix,
je pense que mon édifice est en train
de se construire. J’aime l’idée d’être
perfectible. Je ne veux pas réécrire le
même livre toute ma vie. L’invention
au sein même de la narration « autobiographique » est une aventure fascinante. Écrire reviendrait à vivre sa vie
deux fois.
L’art, le cinéma et la musique
semblent prendre une part de
plus en plus importante dans
votre œuvre ?
J’ai une culture plutôt sensuelle de
l’Art en général. Je suis assez traversée parce que je vois, ce que j’entends.
L’écriture est la restitution plus ou moins
fidèle de ce qui peut me toucher. Il y a de
moins en moins de filtres entre ce que
je peux apprendre et ce que je peux rétablir par les mots. Je me suis toujours
considérée comme une artiste, et il me
semble que les sons et les images sont
indissociables du travail des mots. Mon
dernier livre rend aussi hommage aux
Roman courtois moderne
C’est dans une librairie de Lausanne qu’ils se sont rencontrés. Lui est étudiant aux Beaux-Arts, elle, une romancière
dont il connaît toute l’œuvre. Alors qu’elle présente son dernier livre, P. lui remet une lettre et un film inspirés du Journal
qu’elle a composé. Charmée par la beauté de ce jeune homme de seize ans son cadet et par ses mots, qui disent combien ses livres l’ « ont aidé », la romancière, de retour à Paris,
se laisse peu à peu gagner par le désir, par une image rêvée
et fantasmée qui la hante nuit et jour. Une relation épistolaire
s’engage alors, où chacun s’ouvre peu à peu à l’autre… Puis,
viendra le temps de la rencontre pour valider tous ces mots
de la passion. Dans une langue classique, empreinte d’une douce mélancolie,
Nina Bouraoui dépeint avec une grande minutie le surgissement d’un amour.
D’une intimité à une autre, ainsi se déploie avec grâce ce qui se lit aussi comme
une réflexion profonde sur les relations entre l’art, la création et la vie.
Appelez-moi par mon prénom, Stock, 14,50 e.
CCASinfos 297 - Janvier 2009
© Anne FERRIER / STOCK.
Trois questions à l’auteur
photographes et aux vidéastes que j’ai
pu croiser sur ma route. Écrire, c’est
aussi partager ses passions, donner
envie…
Que vous a apporté le prix
Renaudot ?
Un prix a une signification. Il donne de
la valeur à ce que vous faites. Il rend
plus fort aussi. J’ai une réelle vigilance
face à mon travail, mais je suis moins
sévère aujourd’hui. Le prix Renaudot
m’a rassurée. C’est un beau prix dont
j’ai toujours rêvé. Il ne m’a pas écrasée, parce que j’ai appris avec le temps
à accepter les récompenses.…
LE CHOIX DE
NINA BOURAOUI
MILLE MORCEAUX
et MON AMI LÉONARD
James Frey
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Laurence Viallet, 10/18,
21,30 e et 21 e.
J’ai choisi d’évoquer deux livres
dont l’un serait la suite de
l’autre, d’un auteur américain
dont j’ai découvert le travail il y a
trois ans.
Il s’agit de Mille morceaux et
de Mon ami Léonard, de James
Frey. C’est l’histoire d’un jeune
fumeur de crack qui subit une
cure de désintoxication. En dépit
de la gravité du sujet, il y a chez
James Frey une poésie frénétique qui
emporte. L’écriture est singulière.
Les dialogues sont insérés dans le
texte comme des pensées secrètes.
On plonge avec l’auteur dans les
abîmes de son héros. Aucune économie de style. James Frey est un
ogre qui prend la main. Impossible
de résister. Il faut le suivre, c’est
beau, c’est fort, cela ressemble à
une aventure. Toutes nos fragilités et
nos démons se tiennent là, au centre
d’un champ de mots, secs et emplis
Textes : Christine Rousseau
43
PAR FRANCA MAÏ
du quartier pour déguster un café
Pourquoi devrais-je ouvrir un
bien noir. En bas de l’immeuble,
œil ?... Terré sous les couvertures,
je croise la concierge.
je perçois les bruits ambiants et leur
sonorité me berce. Des gazouillis
« Bonjour monsieur Basté... Ces oiseaux...
d’oiseaux, bavards, entêtants. Ils sont
Quelle plaie ! »
chanceux les moineaux !... ils volent,
Elle n’entend plus leur chant. Elle balaie
se posent et se nourrissent de miettes
juste leurs fientes.
Je m’attarde au café, j’entrevois mon
et de vers. Libres comme l’air. Sans
rendre de comptes. Bien entendu,
reflet dans la glace et ce qu’il me renvoie
ils sont toujours à la merci d’un demeuré
ne me séduit pas. Un jeune vieux, voilà
qui peut les massacrer au lance-pierre.
à quoi je ressemble ! Déjà, des cheveux
Encore faut-il que celui-ci vise juste !...
parsemés anticipant une calvitie future,
Ce n’est pas donné à tout le monde
un teint gris et une silhouette guindée
d’atteindre la cible. D’autant que
m’indiquent les sillons implacables de
ces malins déguerpissent au moindre
ma décrépitude. Autour de moi, les types
craquement. Mon plancher n’est pas
de ma génération sont décontra­ctés,
rient, blaguent, absorbent des bièdiscret. Et ils sont rapides. Là, ils ont déres et ont les yeux brillants.
cidé de parasiter mon balcon.
Ils m’empêchent de réfléchir
Les miens sont ternes, ils ne
Bien sûr, j’ai
mais leurs pépiements
s’allument que dans l’adrédes actions
me rendent presque joyeux.
naline des résultats et des
bien cadrées
Presque. De toute façon, à quoi
chiffres. Des années que cela
à la banque,
bon ressasser. Il fait chaud
dure. Je croise à nouveau
je touche
dans mon lit, il me reste
mon visage et je réalise
encore une heure avant que des dividendes, que mes trente-trois ans se
le réveil ne sonne. Peut-être
sont mués en « un monsieur
je voyage
que le sommeil va m’emporter
Jacques Basté sans âge ».
au travers
Bien sûr, je suis l’heureux
dans son tourbillon chiméle monde,
rique. Qui sait ?... Pouvoir à je copule grâce propriétaire d’un apparte2
nouveau rêver, est le seul
aux annonces ment de 190 m avec balcons,
remède qui calmerait mes
j’ai des actions bien cadrées
d’Internet,
nerfs. Mais les songes ont
à la banque, je touche des divi­
mais je suis
déserté ma boîte crânienne
dendes, je voyage au travers
pour laisser place aux chiffres désespérément le monde, je copule grâce aux
seul.
bigarrés d’une multitude de
annonces d’Internet, j’ai des
zéros. Mon supérieur me l’a
orgasmes parfois mais je suis
bien précisé, nous ne pouvons pas nous
désespérément seul. Pas de femme
permettre de franchir la ligne rouge.
à la maison. Dans cet emploi du temps
Nous sommes au sommet. Aucune
surchargé, comment trouver l’épouse
société rivale ne doit nous déloger.
idéale ?...
Je capte des bribes de conversation
C’est son credo et c’est devenu le mien.
et mes oreilles bourdonnent de sons
J’avale un Xanax et file sous la douche,
divers, joyeux et frivoles qui forment
espérant que l’eau calme les démanune nappe musicale. Je crois que je
geaisons qui parcourent mes jambes.
vais m’évanouir, mais je me ressaisis
Je m’habille du costume trois pièces
préparé la veille par la femme de
à temps et commande un irish-coffee.
ménage, suspendu à la tringle de mon
Deux voix féminines jacassent et je me
armoire, impeccablement rangée.
concentre sur leurs propos.
Un coup de peigne et trois gouttes
« Tu te rends compte, le type m’a demandé
d’un parfum capiteux. Me voilà prêt.
si cela ne me gênait pas de le servir
J’ai le temps de me poser au bistrot
en tenue de soubrette et a exigé que
© Manuji
nouvelle
44
Flash
de lucidité
la porte des toilettes reste ouverte
lors de mes besoins !... L’annonce sur
le journal stipulait : “ Repassage, ménage
et plus si affinités en contrepartie d’un
hébergement gratuit. “
- Aucun bail, aucun contrat. Il y a vraiment
des ordures qui profitent de la misère
humaine !
- Tu aurais vu la file d’attente dans
le couloir !... des étudiantes stressées
et… quelques femmes plus mûres
qui poireautaient depuis l’aube, espé­
rant enfin trouver un logement. La précarité entremêlée visible à l’œil nu !...
Un jacuzzi trônait dans l’immense salle
de bains. C’est là, qu’il m’a chuchoté
à l’oreille : “ Pour mes besoins physiques, je ne suis pas très exigeant, je me
contenterai de trois fois par semaine. “
Il a rajouté : “ On peut négocier, bien entendu. “ Là, j’ai vu rouge. J’ai vociféré :
“ Pauvre type. “ Il a souri : “ D’autres
demoiselles attendent leur tour et sont
beaucoup moins revêches. Je n’ai pas
de temps à perdre avec vous. Vous
n’êtes pas nécessiteuse, vous êtes
encore trop gâtée. “ J’ai fui et lorsque
j’ai descendu les escaliers, j’ai hurlé :
“ Ce sagouin nous prend pour des péri­
patéticiennes au rabais !... “ Tu me
CCASinfos 297 - Janvier 2009
croiras si tu veux, mais une seule fille
a quitté le rang et a emboîté ses pas
aux miens. Les autres ont détourné
leur regard. C’est ce qui m’a le plus
blessée. De constater l’ampleur de
la soumission devant l’abattoir !...
Ces annonces glauques fleurissent
à foison !... La crise engendre de curieux
samaritains !... C’est à gerber !...
- Il opère où, le bouffon ?
- Dans le XVIIe arrondissement, rue
des Dames. Et ce n’est pas une plaisanterie ! Ca n’arrange pas mes affaires.
Je squatte toujours chez Kirna.
Elle craque !... Je dois absolument rédiger
un curriculum vitae et je ne sais pas
comment m’y prendre. J’ai l’impression que toute cette énergie ne sert
qu’à remplir les poubelles !
- Ne te fais pas de mouron, on va s’y
atteler ! »
Je me suis levé et me suis tourné vers les
deux banlieusardes qui détonaient parmi
la faune coutumière de cet endroit.
« Excusez-moi de m’immiscer, mais si
vous le souhaitez je peux vous aider.
Elles m’ont jaugé des pieds à la tête
et ont jugé que je ne présentais aucun
danger.
- Oh, merci monsieur, c’est très gentil !
CCASinfos 297 - Janvier 2009
Le « monsieur » a sonné telle une claque,
car en y regardant de plus près, nous
n’avions que très peu d’années d’écart.
Voilà, j’avais fait ma B.A. et les filles
étaient reparties remplies de bonnes
énergies. Je leur avais expliqué les pièges à éviter et donné quelques conseils
astucieux. Au fond de moi-même,
j’avais conscience qu’elles ne seraient
jamais convoquées à une entrevue.
Leur banlieue en elle-même était déjà
un obstacle. Elle les reléguait en zone
proscrite et leur langage fleuri s’avérait
un handicap face à des interlocuteurs
dénués de poésie. Elles allongeraient
la liste du chômage. Les requins de
la finance et les actionnaires ne s’encom­braient aucunement de cette réalité. Ils reluquaient vers des contrées
exotiques à la main-d’œuvre attractive
en clamant haut et fort que, dans notre vieux continent, les fainéants majoritaires entravaient le marché juteux
de la compétition. Je me suis dit qu’à
ma manière, je contribuais également
à ce jeu sordide. Jusqu’ici, j’en avais
accepté toutes les règles, je les avais
même appliquées avec un zèle cynique,
n’hésitant pas à faire virer de mon entre­
prise les « éléments » malades, faibles
ou insoumis. J’alimentais et collaborais
à l’aliénation collective. Après tout
qu’est-ce qui me différenciait du bouffon
du XVIIe arrondissement ?...
J’étais également un maquignon de
la douleur, un faiseur de souffrances.
Mon regard a croisé une nouvelle fois
ce pitoyable reflet gris peau de souris et
je me suis trouvé d’une laideur absolue.
Comme ce monde truqué que j’aidais
à construire et que nous ne contrôlions
plus, tellement la vitesse et l’appât du
gain nous happaient.
En composant le numéro privé de mon
patron, je me suis senti soudain apaisé.
« Où êtes-vous Basté, j’essaie de vous
joindre depuis ce matin ?... »
Je le connaissais assez pour savoir qu’il
se retenait d’exploser, mais mes compétences réputées mettaient d’office un
bémol à sa colère.
« Je ne viendrai plus au bureau
monsieur Guermond, je vous quitte. »
Il a réagi au quart de tour.
« Si vous avez reçu une offre de la concur­
rence, je double la mise.
- Vous faites fausse route. »
Déstabilisé, il m’a demandé :
« Vous êtes malade ?... peut-être
la pression a-t-elle été trop forte
ces derniers temps, je vous accorde
quarante-huit heures de réflexion…
J’oublie cette discussion. Vous êtes
fatigué, vous avez besoin de repos.
Vous devez vous reprendre.
- Je vous quitte définitivement. »
J’ai raccroché de façon un peu cavalière.
La puce de mon portable a terminé dans
le caniveau. J’allais m’évertuer à redonner à l’existence, des couleurs humaines
et chaleureuses. Je me suis senti pousser
des ailes. Un rire a alors chatouillé ma
gorge pour se transformer en éclats
de joie. Vivre… enfin vivre !...
Franca Maï est l’auteur
des romans Momo qui kills,
Jean-Pôl & la môme caoutchouc,
Speedy Mata, L’ultime tabou,
Pedro, L’amour carnassier,
tous parus au Cherche-midi
éditeur (également chez Pocket
Nouvelles Voix pour les deux
premiers). Son septième roman,
Crescendo, paraît en ce mois
de janvier 2009, toujours
au Cherche-midi.
45
Jeux
AU POTAGER
© Didier Delaine / CCAS
Le mois de janvier est idéal pour
commencer à préparer votre jardin
d’herbes aromatiques. Attention :
persil, basilic et ciboulette aiment
le soleil mais pas le vent !
Alors que Dame Nature semble plongée dans un profond sommeil, ne vous laissez pas gagner par la torpeur hivernale ! Pensez à préparer ou compléter votre
jardin d’herbes. Une petite parcelle de 2 m² suffit à
créer un joli massif. Commandez chez un grainetier ou
un pépiniériste les plantes dont vous aurez besoin au
printemps. Persil, basilic, ciboulette, sauge, estragon…
La plupart des herbes aromatiques doivent être plantées dans un endroit ensoleillé, exposé au sud, afin de
stimuler la production des huiles essentielles. Un petit
talus bien protégé des vents d’est et du nord constitue
un nid idéal. La séparation entre les variétés peut être
marquée par des pavés, des dalles, des galets ou encore des bordures de violettes.
AU BALCON
Placez les pots à l’abri et protégez ceux qu’on ne peut
pas déplacer. S’il ne gèle pas, continuez à planter les
arbres et arbustes en bacs. Vous pouvez également
garnir vos jardinières de pensées et de primevères.
Si la neige fait son apparition, secouez les rameaux
des plantes à feuilles persistantes, comme les camélias, les rhododendrons ou les conifères.
LE JOLI MOT
Côtière : plate-bande inclinée le long d’un mur ou
d’une haie, exposée au midi.
LE DICTON
S’il gèle à la Saint-Sulpice, le printemps sera propice.
Sources : www.gerbeaud.com et Sélection du Reader’s Digest.
Samy Archimède
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MOTS CROISÉS
Horizontalement :
I. Renvoi d’ascenseur. II. Des bretelles pour joindre les
ceintures. III. Changea de ton. Pâtée prussienne. IV. Telle
une lune, ou presque. Vient d’avoir. V. Grand violon. Ils sont
marqués au fer. VI. Terre. Domaine des dieux. VII. Vieux
loup. Rentrée. VIII. Fin de journée. C’est un pléonasme de
le qualifier de sélectif. IX. Couvre-lit. Débutantes. X. Placée.
Panier de crabes.
Verticalement :
1. Raccommodas. 2. Gamelle, mais pas chute. Mis en plis.
3. Femmes des airs. 4. Plia à la fin. Direction. Se lance. 5. Tour
de roue. S’exclame. 6. En rang. Guetter. 7. Fleur de poète.
Symbole. 8. Tête à queue. Esclaves des Spartiates. 9. Boîtes
à voix. Aurochs. 10. Il troqua son droit d’aînesse. Coulis d’air.
I
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10
II
III
Proposé par Luc Malher
jeux et jardin
Côté jardin
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
Échecs
L’Indien Viswanathan Anand remporte le titre mondial
Aujourd’hui, près de deux décennies après la chute du système
communiste soviétique, « le réservoir » continue de produire la
crème des joueurs d’échecs mondiaux. Sur les dix meilleurs,
six sont Russes ou nés dans un des pays satellites qui composaient l’URSS. Viswanathan Anand devient le premier champion
du monde non russe ou non soviétique depuis l’Américain Bobby
Fischer en 1972. Le match pour le titre mondial, ou plutôt le
match de « réunification » entre Viswanathan Anand, champion
indien de 39 ans, et Vladimir Kramnik, 33 ans, Russe considéré
comme le plus solide Grand Maître de la planète, était attendu
et espéré depuis longtemps. La confrontation en cadence lente
(2 heures pour 40 coups, puis environ 20 coups à l’heure) s’est
déroulée à Bonn, en Allemagne, pour une bourse de 1,5 million
d’euros. Anand s’impose sur le score de 6,5 à 4,5 points, totalisant
3 victoires, 1 défaite et 7 nulles.
Les Noirs jouent et gagnent
Solution : 34… Ce 3 ! (le terrible
coup raté par Kramnik lorsqu’il a
pris un pion au 29e) ; 35.fxe3 (après :
35.h3 Txf1+ 36.Rh2 Txf2–+) ; 35...
fxe3 (Kramnik abandonne, il ne
peut empêcher... e2–+ suivi de la
promotion du pion en Dame.) 0–1.
Position issue de la 5e partie Proposé par Éric Birmingham,
du match, remportée par
maître de la FIDE
Viswanathan Anand avec les
Noirs.
CCASinfos 297 - Janvier 2009