Contribution à l`étude des Chiroptères de la Guadeloupe

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Contribution à l`étude des Chiroptères de la Guadeloupe
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Contribution à l’étude des Chiroptères
de la Guadeloupe
Artibeus jamaicensis
B. Ibéné, F. Leblanc et C. Pentier.
Rapport final - Etude 2006
DIREN
L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
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SOMMAIRE
Remerciements ………………………………………………………………………………… 4
Introduction……………………………………………………………………………………… 5
I. Réalisation de l’Etude 2006 : équipe, matériel, stratégies d’études………………… 6
I.1. Missions d’étude et recherches chiroptérologiques locales…………………………... 6
I.2 Captures au filet……………………………………………………………………………. 7
I.3 Premières recherches bioacoustiques…………………………………………………. 12
II. Analyse des résultats des captures au filet ……………………………………………..13
II. 1
II. 2
II. 3
II. 4
II. 5
Effort de capture………………………………………………………………………….13
Succès de capture selon les sites……………………………………………………...14
Biais de la capture au filet………………………………………………………………15
Fréquence, densité relative et distribution des espèces capturées………………...16
Richesse spécifique et qualitative des sites…………………………………………..21
III. Commentaires par milieux trophiques …………………………………………………... 23
III. 1
III. 2
III. 3
III. 4
III. 5
Forêt hygrophile et lisières………………………………………………………………23
Forêt mésophile et lisières………………………………………………………………26
Forêt xéro-mésophile de la région des Grands Fonds……………………………...27
Forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières……………………….30
Interface forêt xéro-mésophile/forêt marécageuse……………………………………33
IV. Gîtes……………………………………………………………………………………………..36
IV. 1 Gîtes confirmés………………………………………………………………………….. 36
IV. 2 Gîtes découverts………………………………………………………………………….37
V. Commentaires spécifiques ………………………………………………………………… 39
V. 1 Ardops nichollsi annectens ……………………………………………………………..39
V. 2 Artibeus jamaicensis jamaicensis ......................................................................…. 44
V. 3 Brachyphylla cavernarum cavernarum…………………………………………………54
V. 4 Chiroderma improvisum………………………………………………………………… 60
V. 5 Eptesicus guadeloupensis……………………………………………………………… 64
V. 6 Molossus molossus molossus……. …………………………………………………… 68
V. 7 Monophyllus plethodon luciae …………………………………………………………. 73
V. 8 Myotis dominicensis……………………………………………………………………. . 78
V. 9 Natalus stramineus stramineus………………………………………………………… 83
V. 10 Noctilio leporinus mastivus...…………………………………………………………... 88
V. 11 Pteronotus davyi davyi…………………………………………………………………. ..94
V. 12 Sturnira thomasi thomasi……………………………………………………………… …97
V. 13 Tadarida brasiliensis antillularum……………………………………………………….104
VI. Recommandations et perspectives…………………………………………………………110
V. 1 Préservation des milieux trophiques……………………………………………………..110
V. 2 Protection des gîtes……………………………………………………………………….111
V. 3 Protection des espèces ……………………………………………………………..........112
V. 4 Perspectives ……………………………………………………………………………….113
Conclusion……………………………………………………………………………………….. 115
Références bibliographiques ………………………………………………………………… 116
Annexes…………………………………………………………………………………………… 120
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
-3Liste des annexes :
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
Légende et abréviations …………………………………………………………..121
Liste des espèces présentes en Guadeloupe……………………………......... 122
Répartition des espèces présentes en Guadeloupe et richesse spécifique des
îles des Petites Antilles………………………………. ………….. ………... 123
Tableau récapitulatif des captures au filet réalisées en milieu trophique
en 2006…………………………………………………………………………… 127
Espèces enregistrées par Frédéric Leblanc au détecteur D980………….. ... 128
Liste des essences consommées ou consommables par les Phyllostomidés
en Guadeloupe…………………………………………………………………… 130
Crédits photos :
Anne et Michel Breuil : Eptesicus guadeloupensis p 64 ; Myotis dominicensis p 79.
Julien Barataud : brachyphylles au gîte p38, Molossus molossus p 69, p105 Myotis
dominicensis p 81.
Caroline Tarlier : Chiroderma improvisum p 61, Sturnira thomasi p 98, Tadarida brasiliensis
p107.
Béatrice Ibéné : toutes les autres photos. La prise de photos d’Artibeus jamaicensis sur un
Fromager en fleur a été possible grâce à l’aide de Jacques Céleste.
Intitulé du présent rapport :
Ibéné B., Leblanc F. et Pentier C., 2007. Contribution à l’étude des Chiroptères de la
Guadeloupe. Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.134 pp.
Adresse :
L’ASFA
Morne Burat
97180 Sainte-Anne
Email : lasfa@wanadoo.fr
www.faune-guadeloupe.com
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REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier les personnes qui ont contribué à la réalisation de
cette étude :
- Dominique Deviers, Mylène Valentin, Louis Redaud et Luc Legendre de la
DIREN Guadeloupe qui nous ont fait confiance, soutenu financièrement et
appuyé dans notre démarche de création d’un groupe local d’étude des
chauves-souris (Groupe Chiroptères Guadeloupe).
- Mylène Valentin de l’ONF Guadeloupe pour le logement accordé aux
formateurs de la SFEPM.
- Evelyne Picard, Florence Cliquet, Jacques Barrat et Nathalie Stroucken de
L’AFSSA Nancy
- Nadia Roseau (Préfecture Guadeloupe) et Hervé Magnin (Parc National de la
Guadeloupe) pour les autorisations délivrées.
- Michel et Anne Breuil qui nous ont initiés, voila 15 ans, à l’étude sur le terrain
de ces fabuleuses créatures.
- Hugh Genoways et Scott Pedersen, spécialistes américains des chauvessouris des Petites Antilles, qui nous ont fourni de précieuses données.
- Ronan Kirsch, Stéphane Vincent, Michel et Julien Barataud, Pascal et Sylvie
Giosa de la SEFPM qui ont participé à certaines soirées de capture et ont
contribué à la formation du groupe local.
- Michel Barataud qui nous a permis de découvrir l’univers acoustique des
chauves-souris.
- les autres membres du Groupe Chiroptères Guadeloupe : Caroline Tarlier,
Isabelle Houllemare, Antoine Felder de L’ASFA ; Fortuné Guiougou, Josseline
Lepigeon et Thierry Malgouyres de l’association le GAIAC ainsi que Gilles
Leblond, qui ont grandement facilité le travail de terrain. Nous les remercions
chaleureusement pour leur engagement et leur disponibilité. Nous remercions
également Emmanuel Ibéné, Jacques Celeste, Jolt Eva, Catherine Lanthelme,
Laura Dieupart, Jean-Pierre Huveteau et Jean-Luc Felder qui nous ont aidé lors
de certaines sorties de terrain, ainsi que toutes les personnes qui nous ont fait
part de leurs observations relatives aux Chauves-souris de la Guadeloupe et à
leurs gîtes.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
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INTRODUCTION
Les chauves-souris sont les seuls mammifères terrestre indigènes encore présents
en Guadeloupe.
La faune chiroptérologique de la Guadeloupe se caractérise par :
-
-
une grande diversité : 13 espèces réparties en 6 familles (cf. annexe II),
représentant pas moins de 5 types de régimes alimentaires différents (insectivore,
frugivore, omnivore, nectarivore/pollinivore, piscivore).
un endémisme marqué : 8 espèces sont endémiques des Antilles, 7 des Petites
Antilles et 1 espèce est endémique stricte.
son mauvais état de conservation : 7 espèces sont présentes sur la liste rouge
mondiale des espèces menacées de l’UICN.
Les populations de chauves-souris de la Guadeloupe ont été peu étudiées. Aussi,
l’ASFA a souhaité contribuer à améliorer leur connaissance en réalisant des captures
au filet. Fin 2005, L’ASFA a été chargée par la DIREN de réaliser un complément
d’inventaire des Chauves-souris de la Guadeloupe par convention d’étude PNSPN /
2005-010 du 09 septembre 2005.
Le rapport intermédiaire (Ibéné et al., 2006) présentait les premiers résultats du
complément d’inventaire des populations de chauves-souris effectué principalement
par des captures au filet entre février et octobre 2006, par station prospectée et par
gîte.
Ce rapport final est une contribution à l’étude des Chauves-souris de la Guadeloupe.
Il analyse les résultats obtenus et les commente suivant les milieux trophiques et les
gîtes. Les commentaires spécifiques pour chacune des 13 espèces sont une
synthèse de la littérature, de nos observations réalisées depuis une dizaine d’années
et des résultats de nos travaux de 2006. Enfin, il préconise les premières mesures de
sauvegarde des Chiroptères de la Guadeloupe et aborde les perspectives d’étude
pour 2007-2008.
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I. Réalisation de l’Etude 2006 : équipe, matériel, stratégies d’études
I.1. Missions d’étude et recherches chiroptérologiques locales
¾ Historique des missions d’étude précédentes
Les principaux inventaires (captures au filet, recherche de gîtes) des Chiroptères
de la Guadeloupe ont été réalisées par les missions de :
ƒ
ƒ
ƒ
G.Beuneux, R. Kirsch, T. Stoeckle, B. Ibéné, F. Albalat, D. Rist en Avril 2000
D. Masson, M. Breuil A. Breuil, F. Leboulenger, F Leuge, C. Masson en Eté
1992 et Eté 1993 Cette mission a également étudié la dissémination par
endophytosporie des graines des forêts de la Guadeloupe par les
Phyllostomidés.
D. Masson, M. Breuil A. Breuil C. Masson en Eté 1989
Les missions antérieures sont plutôt américaines : De la Torre & Schwartz en
1964 ; Baker & Genoways en 1974 et 1978.
Par ailleurs, on retrouve quelques mentions relatives aux chauves-souris dans les
écrits des premiers chroniqueurs et naturalistes antillais : RP du Tertre (16671671), Julles Ballet (1894), Pinchon (1967). Les collections chiroptérologiques du
Musée Père Pinchon inventoriées par Michel Breuil en 1997 complètent
d’anciennes données.
¾ Recherches réalisées entre 1998 et 2006
Depuis 1998, nous réalisons la collecte de différentes données relatives aux
chauves-souris de l’Archipel guadeloupéen (recherches bibliographiques, gîtes,
observations de terrain, recueil de témoignages,…). Ce travail a d’abord été
effectué dans le cadre de la réalisation d’une thèse de doctorat vétérinaire (Ibéné,
2000) puis dans le cadre des activités d’étude de l’ASFA. Il s’est accompagné de
diverses actions de sensibilisation autour des chauves-souris de la Guadeloupe
(animations pour scolaires, articles de presse, émissions télévisées, ….).
¾ Constitution d’un groupe local : Groupe Chiroptères Guadeloupe.
Début 2006, sous l’impulsion de L’ASFA, s’est créé le Groupe d’Etude des
Chiroptères de la Guadeloupe dénommé Groupe Chiroptères Guadeloupe.
Le groupe est composé de membres de l’ASFA mais aussi d’autres associations
comme le GAIAC ou de naturalistes indépendants. La constitution d’un groupe
local d’étude constitue une première en Guadeloupe. Plusieurs membres du
groupe ont été spécifiquement formés à la capture au filet par des membres du
Groupe Chiroptères d’Outre Mer de la SFEPM (Ronan Kirsch, Frédéric Leblanc
et Stéphane Vincent) lors d’un stage en février 2006 organisé par l’ASFA.
Béatrice Ibéné, Fortuné Guiougou et Gilles Leblond avaient déjà participé
activement à des missions d’étude précédentes avec Masson et Breuil (1992 ;
1994) puis Beuneux et al. (2000). D’autres sensibles à cette action participent
également aux recherches de gîtes et de sites de captures, à la pose et à la
surveillance des filets,… mais aussi aux actions de sensibilisation autour des
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-7chauves-souris. Le Groupe Chiroptères Guadeloupe compte aujourd’hui une
douzaine de membres.
¾ Autorisations
Des autorisations de capture pour les 13 espèces de chauves-souris nous ont été
accordées pour réaliser l’étude en 2006 :
- Autorisation préfectorale N 2006-405 de capture et de relâché à des fins
scientifiques de spécimens d’espèces animales protégées pour l’archipel
Guadeloupe, les Réserves Naturelles et les zones couvertes par arrêté de
protection de biotope.
- Autorisation du Parc National de la Guadeloupe N 2006-03 pour
capture, transport, relâché au sein de la zone centrale.
I.2 Captures au filet
¾ Matériel
Le groupe local a fait l’acquisition de matériel de capture, de prise de données
biométriques et de divers équipements pour mener à bien des captures en
différents milieux.
Matériel de capture. Les filets sont des filets pour chauves-souris (AVINET) en
Nylon de maille 38 mm d’une hauteur de 2m60 et de différentes largeurs : 2 de
2m60, 4 de 6m, 4 de 9m et 2 de 12 mètres. Les mats choisis sont des cannes à
pêche télescopiques (5 paires) et une paire de mats alu (pour piscine). Cette
année n’ont n’avons pu faire l’acquisition que de mats de moyenne hauteur (4 à
6m). Piquets, sardines, ficelles, sécateurs, …complètent ce matériel. Les sacs de
captures sont des pochons en tissus.
Matériel de biométrie : pesons PESOLA : 1 de 10g ; 2 de 30 gr ; 2 de 60 gr ;
1 de 100g ; pieds à coulisse en plastique 150 mm, réglets à butée.
Equipements divers: Gants, lampes frontales, lampes torches MAGLIGHT,
bottes, piles, chargeurs de piles, masques de protection classe 3 (pour visites en
grottes)….
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Mesure de l’avant-bras d’un Ardops nichollsi
¾ Déroulement des captures
Les filets sont placés sur des chemins de passage supposé des chauves-souris
(routes forestières, sentiers, layons,…), autour de points d’eau, ou devant des
essences connues pour être consommées par les Phyllostomidés.
Des prospections diurnes préalables sont nécessaires afin de trouver un site de
capture stratégique. Plusieurs recherches de sites de capture se sont avérées
infructueuses notamment dans les forêts inondées, faute d’emplacements
favorables pour la pose des filets.
Sentier caillebotis traversant la mangrove utilisé pour poser les filets
lors de l’inventaire à Morne Rouge Sainte-Rose.
Pour chaque séance de captures sont notés plusieurs éléments caractérisant la
séance de capture : nom de la station (géoréférencée par la suite suivant les
cartes IGN et le logiciel de BAYO Cartoexplorer3), composition végétale,
conditions climatiques (météo, température, hygrométrie,…) emplacement et
numérotation des filets (schémas), nombre et longueur de filets, heure de mise
en place et de démontage, nom des personnes présentes…
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-9Les chauves-souris prises au filet sont démaillées et placées en pochon individuel
la plupart du temps ou par 2 ou 3 individus de la même espèce. Chaque animal
est ensuite examiné minutieusement et sont notés :
-
l’espèce (clé de détermination de Masson et Breuil),
le sexe,
le stade : adulte ou jeune (cartilages de conjugaison),
l’état reproducteur : femelle gestante, allaitante, post allaitante,
gonades apparentes chez le mâle,…,
l’heure de capture ;
le filet et étage de filet où il a été capturé ;
la longueur de l’avant-bras
poids
éventuellement longueur des 3ième et 5ième doigts et du tibia (en
particulier chez les espèces endémiques des Petites Antilles) ;
présence de parasites externes ;
autres remarques : blessures de patagium, usure des dents, lésions,
dépigmentations, présence de pollen sur le pelage, graines,
comportements (cris),…
Les Phyllostomidés (frugivores et nectarivores) sont abreuvés avec du sirop de
sucre avant le relâcher.
Un Ardops nichollsi remonté avec du sirop avant d’être relâché.
¾ Sites de capture
Pour cette première phase d’étude, les efforts de captures ont porté en priorité
sur la recherche des espèces endémiques à une ou deux îles : la Sérotine de la
Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis), le Sturnire de la Guadeloupe (Sturnira
thomasi), le Myotis ou Murin de la Dominique (Myotis dominicensis) et le
Chiroderme de la Guadeloupe (Chiroderma improvisum). Ainsi, plus d’un tiers des
sites retenus (6 sur 17) ont concerné les forêts inondées (mangrove, forêt
marécageuse, lisières forêt inondée/forêt xéro-mésophile), habitats où sont
connus la Sérotine et le Chiroderme de la Guadeloupe
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- 10 D’autre part nous avons choisi des sites représentant des milieux relativement
peu prospectés par les missions précédentes et en voie de dégradation accélérée
(agriculture, charbonnage, urbanisation, …) : formations marécageuses, ravines
des Grands Fonds, …Les séances de captures dans ces milieux représentent
plus de la moitié des captures (8/17).
Les captures n’ont concerné cette année que la Grande-Terre et la Basse-Terre.
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Géo référencement* des 17 sites de capture
prospectés par captures au filet du 25/02 au 21/10/06
Site
Commune
Date
ALT (m)
Abymes
03/03/06
1
-61,3225
16,1624
Sainte-Rose
1,1
-61,3826
16,1814
Abymes
27/02/06
08/04/06
26/02/06
1,64
-61,3134
16,1728
Gressier Pierrefite
Morne à l’Eau
29/07/06
2,12
-61,3136
16,1924
Rousseau Papin
Morne à l’eau
29/04/06
3,6
-61,2818
16,1959
Grande Ravine
Gosier
30/04/06
5,04
-61,2839
16,1305
Port Blanc
Gosier
21/10/06
31,8
-61,2705
16,1343
Lamentin
27/05/06
57,3
-61,4115
16,1425
Sainte-Anne
01/03/06
74,67
-61,2548
16,1445
Goyave
24/06/06
77,8
-61,3609
16,0641
Capesterre-Belle-Eau
26/08/06
254,5
-61,3613
16,0528
Vernou Merwart
Petit-Bourg
07/05/06
301,4
-61,3950
16,0944
Petit Bras David
Petit-Bourg
25/02/06
310,28
-61,4236
16,1028
Sofaïa
Sainte-Rose
02/03/06
314,44
-61,4336
16,1727
Capesterre–Belle-Eau
28/02/06
402,02
-61,3741
16,0142
Deshaies
23/09/06
458,83
-61,4553
16,1836
Mangrove alliance Jacquot
Morne Rouge Jeannette
Belle Plaine
Boubers Guyonneau
Deshauteurs
Ermitage
Frédy
Grand Etang
Caféière
X
Y
* D’après cartes IGN 1 :25 000 et logiciel Carto Explorer 3 UTM20/WGS84
Sortie de gîte :
Grotte de Courcelles
Saint-François
18/11/06
25 m
-61,1432
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16,1432
- 12 -
1.3 Premières recherches bioacoustiques
Les espèces ont été enregistrées par Frédéric Leblanc du 24/02 au 5/03/06
(résultats présentés en annexe) et par Michel Barataud, Sylvie et Pascal Giosa
durant 2 soirées de terrain (28/02 et 01/03/06). La réception et la transformation
des ultrasons en fréquences audibles ont été réalisées grâce à 3 détecteurs
munis des systèmes hétérodyne et expansion de temps : 1 Pettersson D240 à
1,7 s de mémoire, et 2 D980 à 3 s de mémoire. Les analyses ont été réalisées
par Michel Barataud et Frédéric Leblanc à l’aide du logiciel BatSound (Pettersson
Elektronic ABTM).
Les espèces ayant fourni des séquences sonores d’émissions sonar avaient été
capturées au filet sur leur terrain de recherche alimentaire. Plusieurs individus ont
été équipés de capsules luminescentes (marquage temporaire se détachant au
bout de quelques heures) afin de tenter de suivre leur parcours de recherche
alimentaire et d’enregistrer leurs émissions ultrasonores dans différentes
circonstances de vol tout en notant leur comportement et leurs microhabitats
trophiques. D’autres, non marqués, étaient simplement enregistrés dans les
secondes qui suivaient leur relâcher dans différents milieux (de la prairie au sousbois dense).
Résultat : 7 espèces sur les 13 espèces de l’archipel guadeloupéen ont fourni des
séquences significatives correspondant à un comportement de vol dans des
conditions naturelles ou comparables à ces dernières.
A notre connaissance, il s’agit des premiers enregistrements du sonar des
chauves-souris guadeloupéennes.
Noctilion pêcheur équipé d’une capsule
luminescente
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II. Résultats des captures au filet
II. 1.Effort de capture
Entre le 25 /02 et le 21/10/06 nous avons réalisé 18 séances de captures nocturnes
sur 17 sites différents situés en Basse-Terre et Grande-Terre du niveau de la mer
jusqu’à 458 mètres d’altitude. Ces sites correspondent généralement pour une
chauve-souris, à son milieu trophique où elle recherche ses ressources alimentaires :
proies si elle est insectivore ou fruits, fleurs pour les frugivores et nectarivores ;
poissons pour les piscivores. Il peut s’agir également d’un lieu de passage (ou
transit) entre son gîte diurne et son milieu de recherche alimentaire ou de son gîte
d’alimentation (temporaire).
Une capture supplémentaire a été réalisée en sortie de gîte hypogé : la grotte de
Courcelles à Saint-François située en forêt sèche du littoral.
Les efforts de capture présentés dans le tableau ne concernent que les captures
réalisées en milieu trophique (gîtes diurnes exclus).
Lors de ces 18 séances nous avons déployé près de 600 m de filets soit 1 542,2 m²
de filets (90,71 m² en moyenne par séance) ce qui représente une pression de
capture totale de 5 713 h.m².
II. 2 Succès des captures selon les sites
Nous avons capturé selon les séances entre 0 (une séance) et 43 individus. La
moyenne est de 15,2 individus capturés /séance de capture.
Le succès de capture (nombre d’individus capturés par 100 hm²) varie selon les
séances de 0 à 12,47 /100 h.m². La moyenne de succès de capture pour 2006 est de
4,94 individus par 100hm² ce qui est supérieur à la dernière mission de capture de la
SFEPM menée par Beuneux et al. en 2000 (3,64 individus /100 h.m²).
D’une façon générale les plus forts succès de capture au filet sont obtenus sur les
points d’eau et concernent tant les frugivores omnivores que certains insectivores
(Molossidés).
Toutefois certaines stations apparaissent d’emblée plus riches en nombre individus
capturés que d’autres.
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Nombre d'individus capturés suivant les sites (du 25/02 au 21/10/06)
29 Port Blanc Gosier
18
17
5
16
5
Caféière Deshaies
Forêt de Frédy CapesterreBE
15
Gressier Pierrefitte Morne AE
23
34
14
25
13
12
4
L'Ermitage Goyave
Boubers-Guyonneau Lamentin
Vernou Merwart Pt
11
9
Grande ravine Gosier
10
Rousseau
MorneAE
43
9
0 Morne rougejeannette Ste Rose
mangrove l'alliance Jacquot
Abymes
18
8
7
10 Sofaia Ste -Rose
6
34
2
5
Deshauteurs Ste- Anne
Grand Etang CapesterreBE
4
21
3
Belle Plaine Abymes
7
5
2
Morne rouge Jeannette
Ste- Rose
Petit bras David
1
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
succes des captures au filet (du 25/02 au 21/10/06)
Port Blanc Gosier
Caféière Dehaies
Forêt de Frédy CBE
Gressier Pierrefite MAE
L'Ermitage Goyave
Boubeers Guyonneau
Lamentin
Vernou Pt Bourg
site capture
Grande ravine Gosier
Rousseau MAE
Morne Rouge Ste Rose*
Mangrove de l'alliance
Abymes
Sofaïa Ste Rose
Deshauteurs Ste Anne
Grand Etang CBE
Morne rouge Ste Rose
Belle Plaine Abymes
Petit bras David
0
2
4
6
8
10
12
14
succes ind./100 hm²
Légende couleur :
forêt hygrophile et lisières
forêt mésophile et lisières
forêt xéro-mésophile des grands-fonds et lisières
forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et
lisières
lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse
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- 15 II.3 Biais de la capture au filet
¾ Biais liés aux espèces :
C’est sans doute le biais le plus important des résultats de notre étude par capture
au filet. Certaines espèces se prennent en effet plus facilement au filet que d’autres.
C’est le cas de la plupart des Phyllostomidés.
Brachyphylla cavernarum recherche probablement sa nourriture en canopée et
fréquente peu le sous-bois. De ce fait elle se prend peu au filet. C’est ce que montre
l’inventaire acoustique concomitant qu’a réalisé Fréderic Leblanc pendant 7 de nos
soirées de capture. Il a décelé la présence de l’espèce (détection acoustique) dans 3
stations où nous ne l’avons pas capturé ces mêmes soirs. Ces stations sont situées
en forêt humide, inondée et xéro-mésophile.
Parmi les insectivores les Molossidés (Molossus molossus et Tadarida brasiliensis)
sont plutôt des chasseurs de plein ciel et sont peu capturés au filet par rapport à leur
abondance sur un site.
Natalus stramineus insectivore de milieu forestier encombré au vol lent est réputée
pour détecter aisément les filets (Masson et al, 1990).
De plus, certains individus pris au filet émettent des cris (audibles) qui peuvent
rameuter leurs congénères. Nous l’avons constaté pour de jeunes Artibeus
jamaicensis, des Brachyphylla cavernarum et des Noctilio leporinus.
¾ Biais liés au site de capture :
La présence de point d’eau augmente sensiblement le succès de capture.
Le succès d’une capture en un lieu donné, un jour donné est également fonction des
ressources alimentaires disponibles à ce moment, particulièrement pour les
Phyllostomidés : fruits mûrs dont ils se nourrissent ou fleurs chargées en nectar.
¾ Autres biais :
Enfin les conditions météorologiques et lunaires peuvent représenter un biais de
cette méthode d’étude par capture au filet.
Par nuit éclairée les chauves-souris repèrent facilement les filets. Ainsi, sur un même
site à Morne rouge Sainte-Rose et avec une surface de filet comparable, nous avons
capturé 21 chauves-souris de 3 espèces différentes par ¼ de lune et aucun individu
5 semaines plus tard quand la nuit était très éclairée (proche de la pleine lune).
Plusieurs chauves-souris évitant les filets ont été observées.
Pour éviter ce biais nous avons par la suite choisi de réaliser les captures
uniquement les nuits noires (peu ou pas de lune).
Deux soirées ont été relativement pluvieuses sans que nous ayons constaté un faible
effectif de capture. Des Molossus molossus, Artibeus jamaicensis et Ardops nichollsi
ont même été capturés dans des filets ceinturant une mare alors que le temps était
pluvieux.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 16 II. 4 Fréquence, densité relative et distribution des espèces capturées
Lors de cette étude, 274 chauves-souris représentant 9 des 13 espèces présentes
en Guadeloupe, ont été capturées au filet en milieu trophique. De plus, une espèce
(Natalus stramineus) n’a été capturée qu’en sortie de gîte.
Les 5 chauves-souris capturées en sortie de gîte hypogé (grotte de Courcelles à
Saint-François) n’ont pas été pris en compte dans les tableaux et graphiques.
Fréquence des espèces capturées au filet du 25/02 au 21/10/06
(4 espèces non contactées : Chi imp ; Ept gua ; Nat str ; Pte dav)
Noc lep 3%
Tad bra 3%
Mol mol 21%
Myo dom 1%
Art jam 52%
Stu tho 4%
Mon ple 2%
Bra cav 8%
Ard nic 7%
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 17 -
Nombre d'individus par espèce
(captures au filet entre le 25/02/06 et le 21/10/06)
7
Noc lep
Tad bra
9
0 Pte dav
0 Nat str
58 Mol mol
2
1
Myo dom
0 Ept gua
Stu tho
10
5
Mon ple
0 Chi imp
21
Bra cav
19 Ard nich
143 Art jam
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Densités relatives des espèces capturées en milieu trophique en 2006
(nombre d'individus capturés pour une pression de capture de 1000hm²)
Noc lep
Tad bra
Mol mol
Myotis dominicensis
Stu tho
Mon ple
Bra cav
Ard nic
Art jam
0
5
10
15
20
25
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
30
- 18 Les deux espèces les plus fréquemment capturées sont Artibeus jamaicensis (52 %
des captures ; 25 individus capturés pour une pression de 1000 h.m²) et Molossus
molossus (21% des captures ; 10,15 individus capturés pour 1000 h.m²).
Distibution des espèces capturées au filet en milieu trophique en 2006
16
nombre de stations
14
Art jam
12
10
8
Ard nic
Mol mol
6
Stu tho
4
Mon ple
2
Bra cav
0
Noc lep
Myo dom
Chi imp
Ept gua
Nat str
Tad bra
Pte dav
L’espèce la plus ubiquiste est Artibeus jamaicensis. Elle est présente dans 14 des 17
stations prospectées. Ardops nichollsi et Molossus molossus ont été capturées dans
8 stations différentes.
La répartition du Molossidé est toutefois beaucoup plus large que ce que le suggère
ses captures au filet. Il en est de même pour Brachyphylla cavernarum comme
l’atteste l’inventaire acoustique de Frédéric Leblanc.
Les frugivores Phyllostomidés :
Ch imp 0
Stu tho (5%)
Mon ple (3%)
Bra cav (11%)
Ard nic (10%)
Art jam (71 %)
Fréquence des Phyllostomidés capturés du 25/02/06 au 21/10/06
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 19 Les Phyllostomidés guadeloupéens représentent le grand groupe des Frugivores au
sens large (fruits, nectar, pollen). Toutefois, Brachyphylla cavernarum consommant
aussi beaucoup d’insectes il est qualifié d’omnivore. Quant à Monophyllus
plethodon elle est principalement nectarivore/pollinivore bien qu’elle se nourrisse
également de petits fruits (Pedersen et al., 2003) et d’insectes (Masson et al., 1990)
Les Phyllostomidés représentent 73 % des captures au filet alors qu’ils comptent
6 espèces parmi les 13 présentes en Guadeloupe.
Au sein de cette famille, Artibeus jamaicensis est majoritaire avec 71 % des captures
et 25 individus capturés pour 1000 h.m² de pression de capture.
Brachyphylla cavernarum et Ardops nichollsi représentent 11 et 10 % des captures
des Phyllostomidés effectuées en 2006. Leur densité relative est de 3,6 et 3,2
individus capturés pour une pression de 1000 h.m².
Brachyphylla cavernarum a été capturé peu souvent (2 stations) mais une fois en
grand nombre (20).
Sturnira thomasi et Monophyllus plethodon représentent respectivement 5 et 3 % des
captures avec une densité relative de 1,7 et 0,8 individus capturés/ 1000 h.m².
Sturnira thomasi est présente dans 5 des 17 stations prospectées au filet.
Le rarissime Chiroderma improvisum (seuls 5 spécimens connus : 2 en Guadeloupe,
3 à Montserrat) n’a pas été capturé en 2006, en dépit d’un effort de recherche accru
dans le type de milieu où il avait été capturé en Guadeloupe : 2 045, 60 h.m² de
pression de capture en forêt marécageuse ou lisières soit près de 36 % de l’effort de
capture en 2006.
Les insectivores :
Fréquence des espèces insectivores capturées du 25/02 au 21/10/06
Ept gua;
Pte dav ;
Nat str
0%
Tad bra 13%
Myo dom 3%
Mol mol 84%
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 20 Il faut différencier plusieurs guildes au sein des insectivores présents en
Guadeloupe.
Les Molossidés représentés par deux espèces Molossus molossus et Tadarida
brasiliensis, sont plutôt des insectivores de plein ciel et de milieux ouverts.
Eptesicus guadeloupensis est une espèce insectivore de canopée et d’espaces
forestiers ouverts.
Myotis dominicensis semble quant à lui être plutôt un insectivore de canopée
(Barataud et al., 2006).
Natalus stramineus est un insectivore de sous-bois chassant en milieu forestier
encombré.
Molossus molossus est sans doute l’espèce la plus commune et répandue en
Guadeloupe. Elle représente 84 % de nos captures d’insectivores avec une densité
de 10,1 individus capturés pour une pression de capture de 1000 h.m².
Tadarida brasiliensis semble beaucoup moins fréquente (13% des captures
d’insectivores ; densité relative de 1,5 individus / 1000 h.m²). Elle n’a été capturée
que dans une seule station mais en grand nombre.
Myotis dominicensis endémique de la Dominique et de la Basse-Terre a une densité
relative faible : 0,3 individu capturé / 1000 h.m².
Natalus stramineus est sans doute plus fréquente que ne le laisse supposer sa
capture au filet (nulle en milieu trophique ; capturée uniquement en sortie de gîte).
Nous n’avons pas capturé d’Eptesicus guadeloupensis dont nous aurons
probablement une meilleure idée de la répartition avec l’aide de la bioacoustique.
Les carnivores
En Guadeloupe (comme dans les reste des
Antilles) la seule espèce carnivore est Noctilio
leporinus, une piscivore qui peut également
se nourrir d’insectes aquatiques.
Elle représente 3 % de l’ensemble de nos
captures au filet.
Noctilio leporinus
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 21 -
II.5 Richesse spécifique et qualitative des sites :
Suivant les sites nous avons capturé entre 0 et 6 espèces différentes. Les résultats
affichés dans le graphique ne prennent pas en compte les espèces observées non
capturées (Noctilio leporinus, Molossidés, Phyllostomidés).
Diversité spécifique suivant les sites
Port Blanc Gosier
Caféière Deshaies
Forêt fredy Capesterre BE
Gressier pierrefite MAE
L'Ermitage Goyave
Boubers Guyonneau Lamentin
sites de captures
Vernou Merwart Petit- Bourg
Grande ravine Gosier
Rousseau Papin MAE
mangrove alliance Jacquot
Abymes
Sofaïa Ste Rose
Deshauteurs Ste- Anne
Grand Etang
Morne rouge Ste- Rose
Belle plaine Abymes
Petit bras David
0
1
2
3
4
5
6
nombre d'espèces capturées du 25/02 au 21/10/06
Légende :
forêt hygrophile et lisières
forêt mésophile et lisières
forêt xéro-mésophile des grands-fonds et lisières
forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières
lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse
Il apparaît que le succès de captures n’est pas lié à la richesse qualitative d’un
site donné. Nous entendons par richesse qualitative : la richesse spécifique du
site (nombre d’espèces différentes) et la proportion d’espèces endémiques des
Petites Antilles qu’il héberge.
Les stations de grande richesse qualitative sont situées dans le massif forestier
de la Basse-Terre (en forêt hygrophile ou mésophile) mais aussi en écotone
forêt marécageuse/ forêt mixte en Grande-Terre.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
7
- 22 -
Pourcentage d'espèces endémiques des petites Antilles capturées du 25/02 au 21/10/06
Port Blanc Gosier ; 33,33 %
Caféière Deshaies ; 50%
forêt Fredy CBE; 50%
Gressier ; 0
l'Ermitage Goyave ; 25%
Guyonneau Lamentin ; 50%
Vernou Pt Brg ; 66,67%
sites
Grande ravine Gosier; 0
Rousseau MAE ; 50 %
% esp
en PA
Morne Rouge Ste Rose; 0
Mangrove alliance Jacquot ; 0
Sofaia Ste Rose; 66,67%
Deshauteurs Ste Anne ; 33%
Grand Etang CBE ; 50 %
Morne rouge Jeannettte
Ste Rose ; 33 %
Belle plaine Abymes ; 0
Petit bras david ; 50 %
0
10
20
30
40
50
60
70
% end PA
forêt hygrophile et lisières
forêt mésophile et lisières
forêt xéro-mésophile des grands-fonds et lisières
forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières
lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse
Parmi les espèces remarquables, Noctilio leporinus inféodée aux zones
humides serait également à prendre en compte dans l’évaluation de la richesse
qualitative d’un site.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
80
- 23 -
III. Commentaires par milieux trophiques
Parmi les différents types forestiers de la Guadeloupe (Grande-Terre et
Basse-Terre) seuls les bois et forêts sèches n’ont pas été prospectés cette
année.
Il convient de noter que le terme « forêt » utilisé dans ce rapport peut désigner
la forêt ou ses stades de dégradation (forêt secondaire, bois)
III.1 Forêt hygrophile et lisières
Ces habitats représentent moins d’un quart (4/17) de nos prospections en
milieu de recherche alimentaire cette année.
Le succès de capture est relativement faible (de 0,67 à 2, 22 ind /100 h.m²
avec une moyenne de 1,425) ainsi que la densité relative moyenne (1,16 ind
capturé/1000 h.m²). Ce qui peut s‘expliquer par la faible hauteur de nos filets
par rapport à la hauteur de canopée de ces forêts et par le fait que nous
n’ayons pas posé de filets ceinturant un point d’eau.
En revanche c’est dans ce type de milieux qu’on note la plus grande
diversité spécifique : 7 espèces toutes stations confondues.
Fréquence des espèces capturées au filet
en forêt hygrophile en 2006
Mol mol ; 9%
Art jam ; 18%
Myo dom ; 9%
Stu tho; 23%
Ard nic ; 32%
Bra cav
5%
Mon ple; 5%
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 24 -
Densité relative des espèces capturées en forêt hygrophile et lisières en 2006
Noc lep; 0
Tad bra; 0
Pte dav ;0
Nat str; 0
espèces
Mol mol; 1,3
Myo dom; 1,3
Ept gua ; 0
Stu tho; 3,4
Mon ple ; 0,7
Chi imp ; 0
Bra cav ; 0,6
Ard nic ; 4,7
Art jam; 2,7
0,00
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
3,50
4,00
4,50
n individus capturés/1000 hm²
Il est à noter que Tadarida brasiliensis, Natalus stramineus et Eptesicus
guadeloupensis ont également été capturées en forêt humide par les missions
précédentes et que Noctilio leporinus a été observée par Masson et Breuil
pêchant sur le Grand Etang (lac d’altitude situé en forêt humide).
Tadarida brasiliensis a d’ailleurs été enregistrée en forêt hygrophile par
Frédéric Leblanc.
La forêt hygrophile abrite donc au moins 11 espèces de chauves-souris.
C’est également dans ce type d’habitat que l’on compte la plus forte
proportion d’endémiques des Petites Antilles (entre 1/2 et 2/3 des espèces
capturées en 2006).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
5,00
- 25 -
Fréquence des Phyllostomidés capturés
en forêt hygrophile en 2006
Stu tho ; 28%
Art jam ; 22%
Mon ple ; 6%
Ard nic ; 38%
Bra cav ; 6%
Parmi les Phyllostomidés, Ardops nichollsi endémique des Petites Antilles est
l’espèce la plus fréquemment capturée en forêt humide suivie de Sturnira
thomasi endémique de Basse-Terre et Montserrat. Cette dernière représente
même près de 1/3 des captures de Phyllostomidés capturés. Nous constatons
qu’Artibeus jamaicensis n’est que la 3ième espèce de Phyllostomidés avec
une densité relative de 2,7 individus /1000 h.m². Certains auteurs pourraient
interpréter la moins forte abondance d’Artibeus jamaicensis comme la
conséquence de la recherche de nourriture en canopée par cette espèce
(Masson et al., 1990), soit une trentaine de mètres en forêt hygrophile. Sur
l’ensemble de nos captures nous constatons cependant que même dans ces
circonstances, l’espèce fréquente volontiers les layons forestiers ou le sousbois et y fait des passages à très faible hauteur et de ce fait, s’y capture
facilement ; ce qui ne semble pas être le cas de Brachyphylla cavernarum.
Les espèces insectivores sont probablement sous-représentées en raison de
la hauteur de canopée dans ce type de milieu qu’il s’agisse de celles chassant
en plein ciel (Molossidés) ou en canopée (Myotis dominicensis, Eptesicus
guadeloupensis).
Myotis dominicensis endémique de Basse-Terre et Dominique représente la
moitié des espèces insectivores que nous avons capturées en forêt humide.
Il faut souligner la remarquable diversité spécifique de la station de Sofaia
(Sainte-Rose) : 6 espèces différentes (sur 10 individus capturés) dont 2/3
d’endémiques des Petites Antilles et près de 85 % d’espèces endémiques des
Antilles. Si nous tenons compte de la présence d’Eptesicus guadeloupensis
capturée par les missions précédentes (Beuneux et al., 2000 ; Masson et al.,
1992), on peut considérer que ce massif forestier abrite au moins 7 espèces
différentes.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 26 -
III.2 Forêt mésophile et lisières
Les plus grands succès de captures concernent les captures effectuées
autour de point d’eau (rivière, bassin à ouassous).
Fréquence des espèces capturées au filet
en forêt mésophile et lisières en 2006
Mol mol; 28%
Tad bra ; 13%
Stu tho; 7%
Mon ple; 3%
Ard nic
; 6%
Art jam
43%
Densité relative des espèces capturées en forêt mésophile et lisières
en 2006
Noc lep ; 0
Tad bra ; 8,9
Pte dav; 0
Nat str ; 0
espèces
Mol mol ; 18,8
Myo dom ; 0
Ept gua ; 0
Stu tho ; 4,9
Mon ple ; 1,9
Chi imp; 0
Bra cav ; 0
Ard nic; 3,9
Art jam ; 28,7
0
5
10
15
20
N individus /1000 hm²
25
30
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
35
- 27 -
La diversité spécifique au sein de ce type forestier est importante : 6 espèces
capturées.
Artibeus jamaicensis est la plus fréquemment capturée (près de ¾ captures ;
une densité relative de 28, 7 individus pour 1000 h.m²). Sturnira thomasi est
bien représenté puisqu’elle constitue 13 % des captures de frugivores et sa
densité relative est proche de 5 individus pour 1000 h.m².
Fréquence des Phyllostomidés capturés
en forêt mésophile et lisières en 2006
Stu tho ; 13%
Mon ple; 5%
Ard nic ; 10%
Art jam ; 72%
Il faudrait sans doute rajouter Brachyphylla cavernarum également capturée
en forêt mésophile par les missions précédentes.
Nous avons de plus observé des noctilions pêcheurs à proximité des anciens
bassins à ouassous en lisière de forêt mésophile.
Les stations choisies en forêt mésophile n’ont pas concerné les plantations de
Mahogany grandes feuilles (Swietenia macrophylla) mais elles sont riches en
Clusiacées,
Pipéracées et Moracées (Ficus), exploités par les
Phyllostomidés.
III.3 Forêt xéro-mésophile et lisières de la région des Grands Fonds
Deux séances de captures ont concerné la forêt xéro-mésophile des ravines
de la région des Grands Fonds (Gosier et Sainte-Anne), d’autres captures ont
été réalisées à l’interface forêt xéro-mésophile/ forêt inondée (III.5).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 28 -
Fréquence des espèces capturées au filet
dans les Grands-Fonds (forêt xéro-mésophile)
en 2006
Art jam ; 65%
Mol mol ; 25%
Ard nic; 10 %
Le grand succès de capture (6,59 ind/100 h.m²) indique que ces ravines
boisées offrent d’importantes ressources à certains Phyllostomidés en
particulier Artibeus jamaicensis et Ardops nichollsi.
Densité relative des espèces capturéées dans les Grands Fonds en 2006
espèces
Mol mol; 16,8
Art jam ; 43,1
Ard nic ; 6,3
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
n individus capturés/ 1000 hm²
Parmi les deux espèces frugivores capturées Artibeus jamaicensis est très
majoritaire (87%) et en forte densité relative (43,3 individus capturés pour une
pression de 1000 h.m²). Toutefois, Ardops nichollsi endémique des Petites
Antilles est bien présent : 10% des captures ; 13 % des Phyllostomidés ; 6,3
individus capturés pour une pression de capture de 1000 h.m².
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 29 -
Fréquence des Phyllostomidés capturés en forêt xéro-mésophile
des Grands-Fonds en 2006
Ard nic ; 13%
Art jam ; 87%
Brachyphylla cavernarum est sans doute également présente au vu des
captures des missions antérieures.
Tadarida brasiliensis a été identifiée acoustiquement dans une de stations
(Deshauteurs, Sainte-Anne) par Fréderic Leblanc.
Les stations ont été choisies en raison de leur relatif bon état de conservation
en dépit de quelques défrichements pour les cultures vivrières et le charbon
de bois. Elles abritent nombre d’espèces indigènes dont les fruits ou fleurs
sont appréciées des Phyllostomidés : Piper spp ; Solanum torvum, Ficus spp,
fromagers (Ceiba pentandra), bois carré (Citharexylum spinosum), galbas
(Calophyllum calaba), sapotilliers (Manilkara zapota), gommiers rouges
(Bursera simaruba)... Sont également présentes des essences importées ou
cultivées exploitées volontiers par Artibeus jamaicensis telles les manguiers
(Mangifera indica) et papayers (Carica papaya).
Cet habitat apparait aussi comme lieu de prédilection pour les molosses qui y
trouvent des gîtes (fissures et cavités d’arbres, abris sous roches), des proies
et des points d’eau pour s’abreuver.
Fréquence guildes dans les Grands Fonds
Insectivores ; 25%
Frugivores ; 75%
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 30 III.4 Forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières
Les captures dans ces milieux ne sont pas aisées : difficultés d’accès, très
peu de sentiers, inondés pour certains, peu de sites favorables à la pose de
filets en lisières…. Aussi, malgré un intense effort de prospection de sites
favorables, nous n’avons pu échantillonner que 3 sites en forêts inondées (4
séances de captures) ; ce qui représente tout de même près de 18 % des
stations inventoriées, sans compter celles situées en habitat « écotone forêt
marécageuse / forêt xéro-mésophile» traité à part (III.5).
Sentier caillebotis en forêt marécageuse à mangles médailles (Pterocarpus officinalis)
Belle Plaine, Abymes
Lisière forêt marécageuse /prairie (Morne-à-L’Eau) difficile à échantillonner
L’utilisation de la détection acoustique nous permettra sans doute de
compléter l’inventaire dans ces milieux.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 31 -
Fréquence des espèces capturées au filet en forêt inondée
(mangrove et/ou forêt marécageuse) en 2006
Noc lep; 9%
Art jam; 43%
Mol mol ; 46%
Ard nic; 2%
Densité relative des espèces capturées en forêts inondées en 2006
Noc lep ; 3,4
espèces
Mol mol; 17,9
Ard nic ; 0,8
0
2
Art jam; 17,0
4
6
8
10
12
14
16
n individus capturés par pression de capture de 1000 hm²
18
20
Il convient de rajouter Brachyphylla cavernarum et Tadarida brasiliensis. Ces 2
espèces ont en effet été identifiées acoustiquement (Frédéric Leblanc) dans
deux stations de ce type d’habitat (Morne Rouge, Sainte-Rose et Belle plaine
Abymes).
Rappelons qu’en Guadeloupe, le rarissime Chiroderma improvisum n’est connu
qu’en forêt marécageuse (Baker et al., 1978 ; Beuneux et al., 2000) et que la
sérotine endémique de la Guadeloupe Eptesicus guadeloupensis a été
découverte en 1974 en lisière de forêt marécageuse (Baker et al.,1978).
Ces forêts inondées abriteraient donc au moins 8 espèces différentes.
Nous pensons que Monophyllus plethodon pourrait également être présente en
forêt marécageuse.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 32 -
Fréquence des Phyllostomidés capturés en forêts inondées
(mangrove et forêt marécageuse) en 2006
Ard nic ; 5%
Art jam ; 95%
Fréquence guildes en forêts inondées et lisières
Piscivores ; 9%
insectivores ; 46%
Frugivores ,
nectarivores; 46%
Molossus molossus et Artibeus jamaicensis sont les espèces les plus
fréquemment capturées (46 et 43 % des captures) et en densité relative
similaire (17,9 et 17 individus/1 000 hm²).
Nous constatons que ces formations inondées constituent l’habitat de
prédilection Noctilio leporinus qui représente 9 % des captures. Sa densité
relative y est de 3,4 individus/1000 hm². Non seulement cette espèce piscivore
y trouve de bonnes conditions de chasse (poissons, insectes aquatiques, eaux
calmes) mais il est en plus probable qu’elle y gîte dans la journée.
Parmi les Phyllostomidés, Artibeus jamaicensis apparaît très majoritaire dans ce
type forestier (86 %).
Si les fruits de palétuviers rouges (Rhizophora mangle) peuvent être
consommés par des Phyllostomidés (Gannon et al., 2005) c’est surtout la forêt
marécageuse qui semble offrir le plus de ressources aux espèces frugivores.
Ce type forestier est principalement constitué pour sa strate arborescente de
mangles médaille (Pterocarpus officinalis), mais il abrite également des Ficus
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 33 spp et Clusia major dont les fruits sont très appréciés de certains
Phyllostomidés, de même que des fromagers (Ceiba pentandra) dont les fleurs
nectarifères sont visitées par Artibeus jamaicensis et Brachyphylla cavernarum.
La forêt marécageuse abrite aussi des Pipéracées et Aracées à infrutescences
chiroptérophiles et des lianes dont les fleurs pourraient être visitées par les
espèces nectarivores (Monophyllus plethodon et Brachyphylla cavernarum).
Cet habitat revêt également une grande importance pour les espèces
insectivores en particulier les molosses et peut-être pour la Sérotine de la
Guadeloupe.
Les mangles médaille (Pterocarpus officinalis) de belle taille (branchages,
cavités, fissures) pourraient servir de gîtes diurnes à plusieurs espèces
(Phyllostomidés, Molossidés, Noctilio leporinus, Eptesicus guadeloupensis …).
Le radiopistage d’espèces présentes dans ce type forestier permettrait sans
doute de préciser ces rôles pressentis de la forêt marécageuse dans l’écologie
des chauves-souris de la Guadeloupe.
III .5 Interface forêt marécageuse / forêt mixte
Ce type de milieu nous a offert
individus/100 h.m² en moyenne).
le plus fort succès de captures (9, 7
Les prospections en ce milieu d’interface entre la forêt marécageuse et la forêt
xéro-mésophile révèlent une forte fréquentation par les chauves-souris en
particulier les deux gros Phyllostomidés : Artibeus jamaicensis et Brachyphylla
cavernarum.
La diversité spécifique est intéressante : 5 espèces. Elle est même sans doute
plus importante si on rajoute les deux espèces de Molossidés. En effet, nous
avons observé des molosses chassant en plein ciel et les données
d’identification acoustique de Frédéric Leblanc indiquent que Molossus
molossus et Tadarida brasiliensis chassent au dessus des forêts inondées et
des forêts xéro-mésophiles.
Ces types forestiers abriteraient donc pas moins de 7 espèces différentes.
Ils semblent offrir une diversité de ressources alimentaires telle que les
chauves-souris frugivores, omnivores, nectarivores, insectivores (au moins de
plein ciel) et piscivores y trouvent leur place.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 34 -
Fréquence des espèces capturées au filet
en lisière de forêt mixte et marécageuse en 2006
Noc lep; 4%
Mon ple; 3%
Bra cav ; 27%
Art jam ; 65%
Ard nic; 1%
Densité relative des espèces capturées en écotone forêt
marécageuse/forêt xéro-mésophile en 2006
espèces
Noc lep; 3,4
Mon ple; 2,2
Bra cav ;22,9
Ard nic ; 1,1
0
10
20
30
Art jam ; 56,3
40
50
n individus capturés/ 1000 hm²
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
60
- 35 -
Fréquence des Phyllostomidés capturés
en lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse en 2006
Ard nic ; 3%
Bra cav ; 28%
Art jam ; 68%
Mon ple; 1%
Cet habitat apparaît donc très intéressant pour les peuplements de chauvessouris de la Guadeloupe : grand nombre d’individus et richesse spécifique
dont deux espèces endémiques des Petites Antilles (Ardops nichollsi et
Monophyllus plethodon) et une espèce remarquable, Noctilio leporinus, qui
semble y utiliser la lisière et les sentiers pour se rendre sur ses lieux de pêche.
Sa densité relative est égale à celle calculée en forêts inondées ; signe de
l’importance de cette interface pour l’espèce.
Fréquence guildes en interface
forêt marécageuse/ forêt xéro-mésophile
piscivore ; 4%
frugivores; 96%
NB : Cette fréqunce de guildes ne concerne que les espèces capturées au filet. Il
faudrait y rajouter les insectivores Molossus molossus et Tadarida brasiliensis.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 36 -
IV. Gîtes
IV. 1 Gîtes confirmés
-
Grotte de « la Falaise », Sainte-Anne :
Ce gîte est contrôlé depuis plusieurs années. Nous constatons le maintien de
la petite colonie d’Artibeus jamaicensis (70 à 90 individus).
Ce gîte mérite d’être protégé par Arrêté Préfectoral de Protection de
Biotope. Il pourrait être menacé par le projet de démolition de l’ancienne
caserne des pompiers. Un porté à connaissance de la municipalité devrait être
rappelé (espèce protégée). Une restauration de la grotte est également
souhaitable (divers détritus à enlever).
Plusieurs témoignages relatent l’existence d’une autre cavité au niveau de
l’église du bourg qui était en relation par « un tunnel » karstique de
quelques centaines de mètres avec la grotte de falaise. Il semble que ce
tunnel abritait plusieurs centaines de chauves-souris « plus petites que les
guimbos ». L’entrée de la cavité a été fermée. Une réouverture serait
judicieuse pour offrir un gîte potentiel à d’autres espèces de chauves-souris
cavernicoles (Molossidés, Natalus stramineus …).
Entrée de la grotte de la Falaise Ste Anne
-
Groupe de Fers de lance communs
Grotte de Courcelles, Saint-François
Une capture en sortie de grotte a été réalisée grâce
à un filet mobile de 2m60 durant 1heure. 4 Natalus
stramineus (4 mâles adultes) et 1 Artibeus
jamaicensis (mâle adulte) ont été capturés.
La grotte a subi un effondrement partiel suite au
passage de bulldozers en 2003.
Entrée de la grotte de Courcelles
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 37 -
Le dernier comptage effectué par Breuil et Masson avant la mise sous Arrêté
Préfectoral de Protection de Biotope en 1992 indique une colonie d’un millier
de Natalus stramineus et d’une centaine d’Artibeus jamaicensis (Reygrobellet
& Redaud, 1993). Un nouveau comptage de la colonie est nécessaire.
Une vigilance particulière doit être portée au respect de l’intégrité de cette
grotte. Ce n’est pas seulement l’entrée mais tout le périmètre de la grotte qui
devrait être matérialisé. Il serait judicieux que soit posé un panneau indiquant
l’APPB, le risque d’histoplasmose et l’interdiction d’y pénétrer.
IV. 2 Gîtes découverts
-
Grotte de Rousseau ou Papin Morne-à- l’Eau :
Découverte d’un gîte à chiroptères abritant des Monophylles des Petites
Antilles (Monophyllus plethodon) ; ce qui constitue la première mention de
l’espèce en Grande-Terre.
Un témoignage assure que la grotte abritait plusieurs centaines de chauvesouris il y a quelques années. Ce qui est attesté par la présence de guano
ancien au sol.
Ce gîte potentiel pour d’autres espèces de Chiroptères mérite une
protection sous forme d’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB),
éventuellement renforcée par une mise en sécurité (ouverture grillagée),
compte tenu la fréquentation qu’il semble subir. Quelques détritus sont à
enlever.
Entrée de la grotte de Papin Rousseau Morne-à- l’Eau
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 38 -
Ancienne Usine Grosse Montagne Lamentin :
Découvert Caroline Tarlier et visité à plusieurs reprises (Béatrice Ibéné) ce
gîte abrite des milliers de Brachyphylles des Antilles (Brachyphylla
cavernarum). L’effectif de la colonie est à déterminer plus précisément.
La colonie doit être préservée et prise en compte dans les projets de
réhabilitation de l’ancienne usine. Un porté à connaissance de la municipalité
s’impose.
Salle ouverte de l’usine jouxtant le bâtiment en dur où se trouve la colonie de
Brachyphylles des Antilles.
-
1er pont de la route de la traversée Petit-Bourg
Gîte découvert par Michel et Julien Barataud, Sylvie et Pascal Giosa. Il abrite
une petite colonie de Brachyphylla cavernarum estimée à 100 -120 individus
(Fréderic Leblanc).
Nous voyons peu de risques d’atteinte de la colonie. Une surveillance
régulière est tout de même souhaitable.
Petite colonie de brachyphylles sous un pont de la rivière Bras David
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 39 -
V. Commentaires spécifiques
Pour chaque espèce, nous synthétisons et commentons les données
disponibles dans la littérature et celles issues de nos travaux de 2006. Les
ratios présentés sont ceux obtenus lors des captures au filet en milieu trophique
en 2006.
V.1 Ardops nichollsi annectens
¾ Synonymie :
L’Ardops des Petites Antilles ; chauve-souris arboricole des Petites Antilles ;
Antillean Tree Bat
¾ Systématique :
Famille: Phyllostomidae
Cette famille compte près de 150 espèces d’Amérique tropicale.
Sous-famille : Stenodermatinae
Genre : Ardops. Ce genre endémique des Petites Antilles ne compte
qu’une seule espèce.
Espèce : Ardops nichollsi (Thomas, 1891)
On distingue 5 sous-espèces dont Ardops nichollsi annectens présente
en Guadeloupe (Jones & Schwartz, 1967).
Ardops nichollsi. Remarquez la feuille nasale développée.
¾ Description :
C’est un Phyllostomidé caractérisé par :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une taille moyenne (35cm d’envergure) ;
un pelage marron clair avec deux hauteurs de poils sur la tête et le
corps ;
une touffe de poils blancs au niveau des épaules (moins marquée
chez certains individus) ;
une feuille nasale assez développée (> 5mm ; autour de 10 mm) ;
l’absence de queue ;
un uropatagium étroit ;
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 40 ƒ un poids de 20 à 31 grammes ;
ƒ une longueur d’avant bras comprise entre 45,1 et 52,1 mm ;
ƒ des iris souvent de couleur vert olive.
Les femelles sont généralement plus grandes que les mâles.
Ardops nichollsi. Remarquez la touffe de poils blancs sur l’épaule.
Certains individus présentent une coloration jaune de la peau, bien visible à
l’intérieur du pavillon auriculaire et sur la peau recouvrant les bras.
¾ Répartition géographique
L’espèce est endémique des Petites Antilles où elle est assez bien
répandue de St Eustache à St Vincent mais elle est inconnue à Barbade,
Antigua, Barbuda et à Saint-Barthélemy.
La sous-espèce Ardops nichollsi annectens est endémique de la
Guadeloupe.
Elle est présente en Basse-Terre et Grande-Terre ainsi qu’à Marie-Galante et
à Terre-de-Bas (les Saintes).
¾ Ecologie
Milieux trophiques. L’Ardops des Petites Antilles est présent dans tous les
types forestiers de la Guadeloupe : bois et forêts humides, mésophiles, xéromésophiles, marécageuses, formations forestières sèches. Il a été capturé du
niveau de la mer jusqu’à 960 mètres d’altitude (Masson et al., 1992).
Il fréquente également
les milieux forestiers dégradés et les jardins
botaniques (Masson et al., 1990 ; Pedersen & Morton, 2006).
La densité relative de l’espèce obtenue par les captures au filet est
comparable en forêt hygrophile, mésophile et xéro-mésophile mais plus faible
dans les forêts inondées et en écotone forêt mixte/ marécageuse.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 41 Il est important de noter qu’en forêt hygrophile cette densité est 5 fois plus
importante que celle de la moyenne de toutes les espèces capturées.
D’ailleurs, dans cet habitat, Ardops nichollsi est le frugivore majoritaire (38 %),
alors qu’il ne représente que 10 % des Phyllostomidés capturés en forêt
mésophile et lisières.
Ardops nichollsi a donc une nette préférence pour les forêts denses
humides.
Gîtes. L’espèce est strictement arboricole. Elle n’a jamais été observée en
gîte en Guadeloupe mais d‘après la littérature elle ne gîte que dans les
arbres : dans les branchages et feuillages, mais pas dans les cavités.
L’espèce a donc besoin pour gîter d’un habitat constitué de bois ou forêt
relativement dense et d’arbres d’une certaine taille (meilleure dissimulation
dans le feuillage).
Le radiopistage d’individus de cette espèce devrait nous permettre de préciser
ces exigences et la corrélation entre le choix du gîte et les sites de recherche
alimentaire.
¾ Alimentation
L’Ardops des Petites Antilles est une espèce frugivore.
Dans l’étude menée par Masson et al. (1992 ;1994) sur la place des
Chiroptères dans la dissémination par endophytosporie des plantes forestières
de la Guadeloupe, Ardops nichollsi a très rarement fourni des graines. Les
auteurs supposent qu’il recrache les graines après avoir ingéré le suc et la
pulpe du fruit. Néanmoins plusieurs individus que nous avons capturés ont
fourni des graines dont certaines reconnues comme étant des graines de
Ficus et nous avons capturé un individu dans un filet placé devant un buisson
de Piper spp. (Grands Fonds, Sainte-Anne).
Infrutescences de Piper
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 42 A Nevis, Pedersen et al. (2006) ont vu des Ardops se nourrir de fruits de
Ficus spp (petites et grosses figues), de Clusia major et de prunes mombins
(Spondias mombin).
Il semblerait que l’espèce puisse être occasionnellement insectivore.
Pedersen et al. (1996) ont en effet observé plusieurs individus chassant
autour de lampadaires en pleine ville à Montserrat.
Reste que la connaissance du régime alimentaire de cette espèce endémique
des Petites Antilles est fragmentaire et demande un important effort de
recherche (bioacoustique, analyse des fèces, radiopistage).
¾ Vie sociale et reproduction
Ardops nichollsi gîterait en couple ou par très petits groupes.
Peu de données sont disponibles sur la reproduction de l’espèce en
Guadeloupe. Une femelle gestante a été capturée en avril par Beuneux et al.
(2000). Nous avons capturé une femelle allaitante fin octobre dans les Grands
Fonds (Gosier).
Ardops nichollsi ne ferait qu’un petit par an (Carstens et al., 2004).
Les ratios :
Ratio Ardops nichollsi
(individus capturés au filet entre le 25/02/06 et le 21/10/06)
4,5
4
3,5
nombre
3
2,5
Ard nic femelle
Ard nic mâle
2
1,5
1
0,5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 43 -
Ratio global Ard nic
14
mâles
12
10
8
femelles
6
4
2
0
¾ Conservation
Statut UICN :
L’UICN classe Ardops nichollsi dans la catégorie des espèces « quasi
menacées » (NT) au niveau mondial.
Bien qu’il ait déjà été capturé dans les forêts secondaires et les bois dégradés
Ardops nichollsi est une espèce très vulnérable à la déforestation puisqu’il
gîte dans les feuillages.
Une réduction sensible de la densité d’arbres et particulièrement d’arbres de
grande taille dans une localité aura un impact négatif sur la disponibilité en
gîtes favorables à l’espèce.
Ce type de gîte arboricole rend l’espèce également très vulnérable aux
cyclones : faible protection contre les vents et fortes pluies pendant le
passage du cyclone, défoliation persistante après le passage du cyclone
(Ibéné, 2000 ; Pedersen, 2003). D’autant plus que les Phyllostomidés
frugivores sont très sensibles au manque de ressources alimentaires et voient
leur effectif lourdement chuter même plusieurs années après le passage de
telles intempéries (Pedersen et al., 1996). On imagine que les jeunes individus
sont les plus touchés.
Pour les même raisons, il est probable qu’Ardops nichollsi soit également
vulnérable aux fortes sécheresses (carêmes prolongés).
Compte tenu de sa présence dans tous les types forestiers et de ses
fréquences et densités relatives suivant les types forestiers, l’espèce nous
apparaît être le meilleur bio indicateur de l’état des bois et forêts en
Guadeloupe parmi les Phyllostomidés.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 44 -
V.2 Artibeus jamaicensis jamaicensis
¾ Synonymie :
Fer de lance commun, Artibée de la Jamaïque ; Jamaican fruit-eating Bat ;
jamaican fruit bat
¾ Systématique :
Famille : Phyllostomidae
Sous-famille : Stenodermatinae
Le genre Artibeus est complexe il comprend selon les auteurs entre 10 et
20 espèces différentes (Gannon et al., 2005).
Espèce : Artibeus jamaicensis (Leach, 1821). On reconnaît jusqu’à 12
sous-espèces dont Artibeus jamaicensis jamaicensis (Leach, 1821)
présente dans les Petites Antilles et la plupart des Grandes Antilles.
Fer de lance commun (Artibeus jamaicensis)
¾ Description :
Le fer de lance commun est un Phyllostomidé caractérisé par :
ƒ
ƒ
une grande taille (45 cm d’envergure) ;
une couleur de pelage allant du gris (chez les jeunes) au marron
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 45 ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
2 lignes faciales claires plus ou moins marquées. C’est la seule
espèce guadeloupéenne qui présente ce critère.
une feuille nasale de grande taille (>5 mm ; 12 mm) ;
l’absence de queue ;
la présence d’un uropatagium ;
un poids compris entre 27 et 63 grammes (jeune -femelle gestante) ;
une longueur d’avant-bras compris entre 55,1 et 65,3 mm ;
des incisives supérieures médianes bilobées.
Artibeus jamaicensis en gîte (grotte de la Falaise, Sainte-Anne)
¾ Répartition géographique
Le Fer de lance commun est une espèce à large répartition. Il est présent
au nord de l’Amérique du Sud, en Amérique Centrale, sur toutes les îles de
la Caraïbe et sur les îles Keys de Floride.
En Guadeloupe sa répartition est tout aussi large : Basse-Terre, GrandeTerre et toutes les dépendances (Masson et al.,1990 ; 1992 ; Beuneux et
al., 2000). Il a été capturé du niveau de la mer jusqu’aux pieds de la
Soufrière à 960 mètres d’altitude. Il est présent dans toutes les stations
prospectées par les deux précédentes missions (hormis celles ou aucune
chauve-souris n’a été capturée). Notre inventaire confirme cette
omniprésence : Artibeus jamaicensis n’est absent que dans 2 des 17
stations échantillonnées cette année. Il avait d’ailleurs été capturé dans
ces 2 stations (Petit-bras David, Petit-Bourg et Morne Rouge, Sainte-Rose)
par les missions précédentes (Masson et al.,1992 ; Beuneux et al., 2000).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 46 -
¾ Ecologie :
Milieux trophiques. Le fer de lance commun est une espèce ubiquiste. Il
est présent dans tous les milieux forestiers mais aussi dans les jardins et
zones anthropiques.
D’après les résultats de nos captures au filet c’est la chauve-souris
frugivore la plus commune en Guadeloupe (71 % des Phyllostomidés
capturés au filet en milieu trophique). C’est celle qui est présente en plus
forte densité dans tous les milieux forestiers prospectés cette année,
excepté en forêt hygrophile.
Nous l’avons capturé en forte densité dans les ravines des Grands-fonds
(43 ind /1000 h.m²), en écotone forêts mixte/marécageuse (56 ind /1000
h.m²) et en forêt mésophile et lisières (28,7 ind. /1000 h.m²). En revanche,
en forêt hygrophile il ne représente que 22 % des Phyllostomidés capturés
et sa densité relative n’est que de 2,7 /1000 h.m² soit près de deux fois
plus faible de celle d’Ardops nichollsi.
En habitat forestier, Artibeus jamaicensis fréquente la canopée, le sousbois, les chablis et les lisières. En forêt humide, bien qu’il exploite plutôt la
canopée il fréquente le sous-bois pour ses gîtes d’alimentation comme en
Guyane (Charles-Dominique et al., 2001).
De nombreuses observations montrent que le fer de lance commun
fréquente volontiers les zones cultivées (bananeraies, jardins créoles,…)
les jardins et même les bourgs ou villes, dès qu’il peut exploiter des
essences qu’il apprécie. Il ne craint pas de s’approcher très près des
maisons et même d’en traverser les terrasses.
Gîtes. Les gîtes diurnes utilisés par Artibeus jamaicensis sont très variés :
grottes, abris sous roche, arbres (cavités, feuillage) et occasionnellement
les constructions humaines. Masson et al. (1990) en ont vus, gîtant dans
un puits de l’habitation Néron à Morne-à -l’Eau.
Plusieurs gîtes cavernicoles sont connus en Guadeloupe : le Grand Trou à
Diable à Capesterre de Marie-Galante, le Petit Trou à Diable à Saint-Louis,
la cavité du Galion entre Bassin Bleu et la cascade Parabole à Gourbeyre,
la Grotte Mastong de l’Anse Pistolet à Anse-Bertrand, …
Nous confirmons la présence de l’espèce cette année dans la Grotte de la
Falaise (ou des pompiers) à Sainte-Anne et dans celle de Courcelles à
Saint-François.
Nous avons observé à plusieurs reprises des fers de lance communs
gîtant de jour en très petit groupe dans les branchages de gros manguiers
(Mangifera indica).
Ailleurs, l’espèce confectionne des tentes pour y gîter de jour
temporairement (Ortega & Castro-Arellano, 2001).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 47 -
¾ Alimentation
Le radiopistage d’individus dans des îles des Petites Antilles (Antigua,
Montserrat) a montré que des individus peuvent s’éloigner jusqu’à 10-12
km de leur gîte diurne pour rechercher leur nourriture (Pedersen et
al., 2006 ; Carstens, 2004).
Nous constatons une émergence précoce pour cette espèce, les premiers
individus sortent au crépuscule. Par exemple, en avril les premiers fers de
lance sont sur leur arbre nourricier dès 18H20.
Nous avons listé en annexe V la liste des essences dont les fruits ou
fleurs (nectar) sont consommées ou consommables par nos
Phyllostomidés. Sont jugés « consommables », les espèces végétales
présentes en Guadeloupe (d’après la Flore de Fournet) et connues pour
être consommées ailleurs (Antilles, Amérique du Sud, Amérique Centrale,
Mexique) par des Artibeus jamaicensis ou d’autres Phyllostomidés.
Le régime alimentaire du Fer de lance commun est à dominante
frugivore mais éclectique. Comme dans d’autres régions de son aire de
répartition, Artibeus jamaicensis consomme une grande variété de fruits en
Guadeloupe : indigènes, introduits anciennement par les Amérindiens ou
introduits plus récemment voire cultivés. Il s’agit de fruits de petite ou
grande taille ; à très petites, petites ou grosses graines. Ils peuvent être
insipides, sucrés ou amers. Même les fruits ornithophiles (colorés) sont
appréciés.
Nous avons également observé la consommation de fruits de Bois carré
(Citharexylum spinosum). Alors que l’infrutescence orange attire le jour des
oiseaux (Sporophile rouge-gorge Loxigilla noctis, Elénie siffleuse Elaenia
martinica, Moqueur grivotte Margarops fuscus), le soir seuls les fruits
arrivés à forte maturité (couleur brune) étaient prélevés par des Fers de
lance communs.
Infrutescence de Bois carré (Citharexylum spinosum)
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 48 Les fruits chiroptérochores ou « fruits à chauves-souris » sont plutôt
cryptiques, de couleur terne (verdâtres, brunâtres, ou beige) ne changeant
pas de couleur lors de leur maturation et en position dégagée du feuillage
plus accessible aux Chiroptères (Charles-Dominique et al., 2001 ; Blanc,
2002). Toutefois, c’est essentiellement grâce à l’odorat que les fruits sont
repérés (forte odeur). A l’approche finale, il est possible que la chauvesouris s’aide de son sonar pour repérer le fruit ou l’infrutescence parmi le
feuillage (Nill & Siemers, 2003).
Dans leur étude sur la place des Chiroptères dans la dissémination par
endophytosporie des plantes forestières de la Guadeloupe, Masson et al.
(1992 ; 1994) ont démontré la dissémination par Artibeus jamaicensis de
plusieurs essences guadeloupéennes. En forêt humide : Bélangère
batarde (Solanum torvum) et Ficus (F. insipida et 2 Ficus spp
indéterminés) ; en bois et forêts xérophiles ou xéro-mésophiles : Ficus spp,
Piper sp, Solanum torvum, et Cecropia schreberiana.
Fruit de Figuier grandes feuilles
Fruits de Bois canon ou bois trompette
Charles-Dominique a calculé qu’un Artibeus en Guyane pouvait disséminer
entre 5 et 25 000 graines de Bois canon (Cecropia) chaque nuit (CharlesDominique et al., 2001). Les quelles pourront germer après plusieurs
années de dormance à la faveur d’une ouverture dans la forêt (chablis,
déforestation).
Il apparaît donc qu’Artibeus jamaicensis participe activement à la
première étape de la régénération forestière en disséminant les graines
d’espèces héliophiles pionnières.
Généralement, les fruits sont cueillis en vol et transportés en bouche
jusqu’au gîte diurne ou plus souvent au gîte nocturne d’alimentation. Il
s’agit d’un arbre (branchage/feuillage) voisin ou situé à plusieurs mètres
voire centaines de mètres de l’arbre porteur.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 49 -
Fers de lance dégustant une figue (Ficus nymphaeifolia) sur un Poirier pays situé à
quelques mètres de l’arbre porteur (Gosier).
Ce mode de cueillette est régulièrement observé pour les grosses figues
(Ficus nymphaeifolia), les fruits de galba (Calophyllum calaba) et les
pommes framboisier (Syzygium samarangens). Nous avons également
observé des fers de lance consommant leur figue cueillie, en restant
suspendus sur l’arbre porteur même.
2 fers de lance consommant leur figue sur l’arbre porteur (Ficus nymphaeifolia)
Les fruits à petites ou très petites graines (Piper, Cecropia, Ficus) sont
avalés en entier (pulpe avec les graines rejetées intactes dans les fientes).
Les fruits à grosse(s) graine(s) ou noyaux comme les pommes cannelle
(Annona squamosa) sont décortiqués et la pulpe est extraite sans les
noyaux. Ceux-ci peuvent être retrouvés sous le gîte d’alimentation ou dans
le gîte diurne. C’est le cas des amandes d’Amandiers pays (Terminalia
catappa) par exemple dont les noyaux recouvrent le sol d’un gîte connu
d’Artibeus jamaicensis (Masson et al., 1992 ; obs. pers) et des fruits de
palmiers (Jacques Celeste comm. pers).
Nous avons capturé deux Fers de lance communs transportant des
sapotilles (Manilkara zapota) dans la région des Grands Fonds (SainteAnne). Une femelle adulte de 47,5 grammes tenait en bouche (mâchoires
puissantes) une sapotille entière de 34 grammes soit 71,5 % de son poids
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 50 corporel ; ce qui est nettement supérieur à ce que notent CharlesDominique et al. (2001) en Guyane : 30 à 50 %.
D’autres observations nous montrent que les gros fruits peuvent être
consommés directement sur l’arbre porteur, ce qui nécessite des
temps de pose plus longs sur le fruit. La consommation de fruit de Clusia
(Clusia major), de pomme cannelle (Annona squamosa), de sapotilles
(Manilkara zapota), de papayes (Carica papaya) ou de mangues
(Mangifera indica) s’effectue ainsi. Les chauves-souris alternent le vol
quasi-stationnaire et le temps de pose sur le fruit même pour en extraire la
pulpe.
Les parties non digestes (fibres) des fruits consommés sont recrachées
après mastication.
Le régime alimentaire d’Artibeus jamaicensis
exclusivement frugivore mais aussi nectarivore.
n’est
toutefois
pas
En Guadeloupe c’est sur les grand spécimens de Figuiers grande feuilles
(Ficus nymphaeifolia) en fructification et sur les Fromagers (Ceiba
pentandra) en floraison que nous avons observé les plus gros effectifs de
fer de lance communs (centaine d’individus).
Des séquences filmées montrent que les individus exploitent les fleurs de
Fromager en vol stationnaire ou se posent sur l’inflorescence pour prélever
le nectar mais aussi les étamines. Ce faisant, les chauves-souris se
couvrent de pollen.
Fers de lance communs sur un Fromager en fleurs, couverts de pollen.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 51 -
Nous avons capturé des femelles gestantes couvertes de pollen de même
type que celui des fromagers (Ceiba pentandra) en février 06 en lisière de
foret marécageuse aux Abymes. Un fer de lance a été observé visitant une
fleur de bananier à Gosier (Béatrice Ibéné).
Ailleurs, l’exploitation de fleurs par Artibeus jamaicensis est rapportée pour
plusieurs autres essences présentes en Guadeloupe : Courbaril (Hymenea
courbaril), Sablier (Hura crepitans), Bois canon (Cecropia spp.) et Bombax
spp (Ortega & Castro-Arellano, 2001).
Il semble qu’Artibeus jamaicensis se nourrisse également de feuilles de
Galba (Calophyllum calaba), d’Immortelle (Erythrina poepigiana) et de
Ficus spp, afin de compléter ses apports protidiques.
En revanche, malgré plusieurs observations nocturnes de baobabs
(Adansonia spp.) en fleurs (Gosier), nous n’avons pas surpris de
Phyllostomidés venant les exploiter. Ces arbres arrivent pourtant
régulièrement à fructification. En Afrique et à Madagascar les fleurs de
baobabs ne sont pollinisées que par les Ptéropodidés (Puig, 2001).
Ce caractère généraliste du régime alimentaire d’Artibeus jamaicensis est
sans doute un facteur de réussite de l’espèce qui trouve ses ressources
alimentaires en milieu naturel ou anthropique (jardins, cultures, ..).
¾ Vie sociale et reproduction
Artibeus jamaicensis vit en colonie de taille moyenne (quelques individus à
une centaine).
Au sein de la colonie on observe des petits groupes dont certains
constituent des harems composés d’un mâle avec quelques femelles.
Groupe de Fers de lance communs
au sein de la colonie de la grotte de la falaise (Sainte-Anne)
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 52 -
Les données disponibles dans la littérature (Ortega et Castro-Arellano,
2001 ; Pedersen et al., 2003 ; Carstens, 2004 ; Gannon et al., 2005)
indiquent pour l’espèce :
o une durée de gestation est de 3 mois ½ à 4 mois qui pourrait s’étendre
à 6 mois (possibilité d’une « pause » de 2 mois dans le développement
embryonnaire).
o La possibilité de deux œstrus post-partum par an donc deux gestations
par an ; mais une seule les années de sécheresse.
o Une mise-bas d’un seul petit (rarement des jumeaux) à chaque
gestation.
o Une durée de lactation de 2 mois.
Les jeunes sont volants un peu avant l’âge de 2 mois (taille définitive des
avant-bras à 50j) ; la fusion des épiphyses se produit vers l’âge de 4 mois.
La maturité sexuelle serait atteinte à 8 mois pour les femelles contre 12
pour les mâles.
L’espérance de vie en milieu naturel serait de 9 ans.
Jeune Artibeus volant capturé au filet. Remarquez son pelage gris-souris.
En Guadeloupe, nous avons capturé des femelles gestantes dès le 01
mars (et en avons observé se nourrissant de nectar de Fromager le 20
février) et des post-allaitantes jusqu’à la fin octobre. Les premiers jeunes
volants ont été capturés fin mai.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 53 -
Les ratios obtenus en 2006:
Ratio Artibeus jamaicensis
(individus capturés au filet entre 25/02 et 21/10/06)
25
20
séances
15
Art jam femelle
Art jam mâle
10
5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
nombre
Ratio global Art jam
90
Mâles ; 83
80
70
Femelles ; 60
60
50
40
30
20
10
0
¾ Conservation
Artibeus jamaicensis est une espèce commune et bien répandue en
Guadeloupe qui ne nous semble pas menacée.
Son régime alimentaire généraliste ce qui lui permet de supporter une
certaine fragmentation de son territoire forestier.
Soulignons cependant sa grande vulnérabilité aux cyclones (Pedersen
et al., 1996).
Artibeus jamaicensis est victime de destruction directe par quelques
« mangeurs de guimbos » qui sévissent encore mais surtout en raison des
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 54 dégâts qu’il est censé causer dans les jardins fruitiers (sapotilles,
papayes,…) et des salissures de ses fientes sur les murs des maisons ou
sur les voitures, ou encore du bruit des fruits tombés sur les toitures en
tôle.
Traces de déjections d’Artibeus jamaicensis. Elles sont émises obliquement lors des virages.
V.3 Brachyphylla cavernarum cavernarum
¾ Synonymie
Brachyphylle des Antilles, Brachyphylle des cavernes, Chauve-souris à
tête de cochon, Antillean Fruit-eating Bat.
¾ Systématique
Famille : Phyllostomidae
Sous-famille : Brachyphyllinae
Genre : Brachyphylla est endémique des Antilles. Il compte 2 espèces :
Brachyphylla cavernarum et Brachyphylla nana.
On reconnaît 3 sous-espèces au sein de l’espèce Brachyphylla
cavernarum :
- B.c. cavernarum (Gray, 1834) : Petites Antilles de St Croix (Iles
Vierges) à St Vincent (inconnu à Barbade)
- B.c. intermedia : Puerto Rico (Genoways & Swanepoel, 1978) et les
îles Vierges (sauf St. Croix)
- B.c. minor : Barbade (Miller, 1913)
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 55 -
¾ Description
Ce robuste Phyllostomidé se
reconnaît facilement suivant ces
critères :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
grande taille : 45-50 cm
d’envergure ;
feuille nasale très réduite
donnant au museau un
aspect de groin ;
absence de queue ;
uropatagium développé ;
poids entre 40 et 69 gr ;
longueur d’avant-bras
comprise entre 63 et 69 mm.
Brachyphylle des Antilles ou
chauve-souris à tête de cochon
¾ Répartition géographique
Brachyphylla cavernarum est une espèce endémique des Antilles. Elle
n’est présente qu’à Puerto Rico et aux Iles Vierges dans les Grandes
Antilles ; mais elle est bien répandue dans les Petites Antilles (Montserrat,
Nevis, Antigua, Barbade, Guadeloupe, Dominique, Martinique, …).
En Guadeloupe elle est connue en Basse- Terre, Grande-Terre, à MarieGalante, à la Désirade et aux Saintes.
¾ Ecologie
Milieux trophiques. Le Brachyphylle des Antilles fréquente tous les types
forestiers de la Guadeloupe : bois et taillis xérophiles, forêts mixtes et
humides, mangroves, forêts marécageuses et les lisères. Il a été capturé
du niveau de la mer jusqu’à 960 m d’altitude (Masson et al. 1992 ;
Beuneux et al., 2000 ; Ibéné et al., 2006).
Il nous semble qu’il est plus commun et répandu que ne le suggère les
résultats de nos captures au filet : 21 captures sur 2 stations différentes ;
8% des captures totales, 11 % des captures de Phyllostomidés, densité
relative de 3,6 individus /1000 h.m².
D’ailleurs, Frédéric Leblanc l’a identifié au détecteur d’ultrasons à Belle
Plaine Abymes et à Morne Rouge Sainte-Rose alors qu’il était absent de
nos captures les mêmes soirs.
Le Brachyphylle des Antilles se nourrit plutôt en canopée et la faible
hauteur des filets peut expliquer les taux de capture relativement faibles.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 56 Notons toutefois la capture de 20 individus lors d’une seule soirée en
écotone forêt xéro-mésophile/ forêt marécageuse dans un filet posé
devant un point d’eau ; soit 28 % des Phyllostomidés capturés sur ce site.
Les missions précédentes l’ont capturé d’ailleurs plus facilement en taillis
et bois xérophiles dans des filets situés également autour de points d’eau
(Masson et al.,1990 ; 1992 ; Beuneux et al., 2000).
L’identification acoustique de Brachyphylla cavernarum étant aisée,
l’utilisation d’un détecteur d’ultrasons nous permettra sans doute
d’apprécier plus précisément la répartition de l’espèce en Guadeloupe.
Gîtes. L’espèce gîte uniquement dans les cavités souterraines ou les
constructions humaines (anciens bâtiments, ponts).
Les gîtes connus de l’espèce en Guadeloupe sont la Grotte de Terre-deBas (les Saintes) où il cohabite avec des Tadarida brasiliensis et le Grand
Trou à Diable à Marie-Galante.
Des grottes des îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy)
abriteraient aussi des populations de Brachyphylles des Antilles (Pedersen
& Genoways, com. pers.).
Nous avons découvert une colonie de milliers d’individus dans un bâtiment
abandonné de l’ancienne usine de Grosse Montagne (Lamentin).
Une « petite » colonie d’une centaine d’individus a également été
découverte sous un pont de la rivière Bras David en février 2006 par des
chiroptérologues de la SFEPM (M. et J. Barataud ; S. et P. Giosa).
¾ Alimentation
Le Brachyphylle des Antilles est une espèce omnivore qui se nourrit de
nectar, pollen, d’insectes mais surtout de fruits.
Le radiopistage d’un mâle à Antigua a montré que le Brachyphylle des
Antilles est capable d’effectuer une quarantaine de kilomètres une seule
nuit pour rechercher sa nourriture (Pedersen et al., 2006).
Les brachyphylles ont tendance à rechercher les fruits en groupe et dans
les parties supérieures des arbres. Ils sortent à la tombée de la nuit plus
tard que les fers de lance communs.
Son régime alimentaire semble recouvrir en partie celui d’Artibeus
jamaicensis concernant les fruits : papayes (Carica papaya), galba
(Calophyllum calaba), mangues (Mangifera indica), sapotilles (Manilkara
sapota), Figues (Ficus sp), fruit d’Angelin (Andira inermis) (Masson et al.,
1992 ; Gannon et al., 2005 ; obs. pers).
Les fleurs exploitées sont notamment celles de Catalpa (Thespesia
populnea) et de Fromager (Ceiba pentandra) (Gannon et al., 2005).
D’ailleurs, nous avons capturé une femelle Brachyphylle couverte de
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 57 pollen type Fromager à Sofaia (Sainte-Rose) le 02 mars 2006. Un de nous
(Frédéric Leblanc) a observé l’exploitation de fleurs de galba (Calophyllum
calaba) par des brachyphylles en Martinique en novembre 2006.
Pedersen et al. (2003) notent aussi la consommation de fleurs, feuilles et
jeunes pieds de tamarin bâtard (Leucaena leucocefala) et même d’oranges
amères (Citrus orantitum) pendant un carême très sec à Nevis.
Brachyphylle des Antilles couvert de pollen
¾ Vie sociale et reproduction
Brachyphylla cavernarum est une espèce très grégaire. Les colonies
rassemblent souvent des milliers d’individus. Issartel et Leblanc (2004)
ont estimé la colonie de Balata à Fort de France - Martinique à 50 000
individus.
Plusieurs visites du gîte de Grosse Montagne (Lamentin) montrent que la
colonie est très active de jour. Ce qui est également noté dans le reste des
Antilles.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 58 Différents auteurs (Pedersen, Gannon, Nowak) indiquent comme
caractéristiques de la reproduction pour l’espèce :
o Une reproduction probablement synchronisée avec une naissance
autour de juin.
o Une gestation de 4 mois.
o La naissance d’un seul petit par an avec une éventuelle seconde
gestation « les bonnes années » dans les Petite Antilles, alors que
l’œstrus post-partum semble fréquent à Puerto Rico (femelles
capturées gestantes et allaitantes à la fois)
o Des jeunes volants dès l’âge de 2 mois.
En Guadeloupe peu de données sont disponibles. Le 29 Avril 2006 nous
avons capturé 15 femelles dont 13 étaient gestantes (non allaitantes).
Les ratios obtenus :
Ratio Brachyphylla cavernarum
(individus capturés au filet entre le 25/02 et le 21/10/06)
25
20
nombre
15
Bra cav femelle
Bra cav mâle
10
5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 59 Ratio global Bra cav
18
Femelles
16
14
12
10
8
6
Mâles
4
2
0
¾ Conservation
Brachyphylla cavernarum ne nous apparaît pas aujourd’hui menacée en
Guadeloupe.
Cette espèce omnivore et généraliste semble tolérer une certaine
dégradation des habitats forestiers. Elle constituait d’ailleurs 4% des
Phyllostomidés capturés avant Hugo à Montserrat mais 45 % après le
passage dévastateur de ce cyclone (Pedersen et al., 1996).
Toutefois, son caractère cavernicole et grégaire
particulièrement vulnérable à la destruction des gîtes.
rend
l’espèce
La vie en colonie de milliers d’individus prédispose également les
brachyphylles aux infestations massives par les parasites externes ; ce
qui peut conduire une colonie à changer de gîtes.
La recherche et la protection des gîtes nous apparaissent prioritaires pour
assurer la conservation de cette espèce endémique des Antilles en
Guadeloupe.
Les brachyphylles subissent sans doute comme les fers de lance des
destructions directes (salissures et bruits lors de l’exploitation d’arbres
fruitiers à proximité des maisons) et sont encore victimes de quelques
« mangeurs de guimbos ».
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 60 V. 4 Chiroderma improvisum
¾ Synonymie
Le Chiroderme de la Guadeloupe; Guadeloupe Big-eyed Bat; Guadeloupe
White-lined Bat ; Antillean White-lined Bat, Antillean big-eyed bat.
¾ Systématique
Famille : Phyllostomidae
Sous-famille : Stenodermatinae
Genre : Chiroderma . Le genre
comprend 5 espèces.
Espèce : Chiroderma improvisum
(Baker & Genoways, 1976)
Chiroderma improvisum est le seul
Chiroderme des Antilles ; il est
endémique de Guadeloupe et
Montserrat (Jones & Baker, 1980).
Chiroderme de la Guadeloupe
¾ Description
Le Chiroderme de la Guadeloupe est une chauve-souris qui se reconnaît
suivant les caractéristiques suivantes :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une grande taille (40 cm d’envergure) ;
pelage gris-brun ;
de gros yeux ;
une feuille nasale de grande taille (plus de 4 mm) ;
une ligne blanche médiodorsale de 4 cm ;
l’absence de queue
la présence d’un uropatagium développé
un poids entre 35 et 50 gr ;
une longueur d’avant-bras entre 57 et 59 mm ;
des incisives supérieures médianes à une pointe.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 61 -
Chiroderma improvisum. Remarquez la ligne blanche médiodorsale.
Incisives supérieures en pointe (critère distinctif d’Artibeus jamaicensis)
¾ Répartition géographique
Chiroderma improvisum est endémique de la Guadeloupe (connu qu’en
Basse-Terre) et de Montserrat.
L’espèce est extrêmement rare. Seuls 5 individus ont été capturés (sur
sans doute plus de 4 000 captures) : 3 à Montserrat, 2 en Guadeloupe.
En Guadeloupe elle n’est connue qu‘en Nord Basse-Terre : la Jaille BaieMahault où elle a été découverte en 1974 (Baker & Genoways, 1976) et à
Morne Rouge Sainte-Rose où une femelle a été capturée dans les filets
ceinturant « l’Etang jeannette » (Beuneux et al., 2000).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 62 -
Historique des captures de l’espèce :
Date
1974
1978
1984
(14/01/84)
2000
(07/04/00)
2005
(12/07/05)
Lieu de capture
La Jaille Bon Goût
Baie-Mahault
Guadeloupe
Belham Valley River
Montserrat
Paradise Estate
Montserrat
Morne Rouge « étang Jeannette »
Sainte-Rose
Guadeloupe
Corbett spring
Montserrat
habitat
individu
Forêt marécageuse
mâle
Ravine forêt mixte
Femelle jeune
Forêt sèche
Mâle non
reproducteur
Femelle
gestante
Forêt
marécageuse/
mangrove/champs
Bois forêt
sèche/mixte
Femelle
allaitante
¾ Ecologie
Milieux trophiques. Les deux fois où l’espèce a été capturée en
Guadeloupe elle était en lisière de forêt marécageuse à Mangles médaille
(Pterocarpus officinalis). Elle semble donc avoir un lien avec ce type
forestier.
A Montserrat, elle à été capturée en bois ou forêt xéro-mésophile et en
lisière de bois xérophile.
Nous n’avons pas capturé de Chiroderme cette année en dépit de
recherches accrues dans les sites ou habitats similaires des stations où il
avait été capturé en Guadeloupe : 2 séances de capture à l’étang
jeannette ; 4 en nord Basse-Terre ; 5 captures en forêt marécageuse et
lisières (Sainte-Rose, Abymes, Morne à l’eau).
Gîtes. Inconnus. Aucun Chiroderme n’a été identifié dans les gîtes
cavernicoles connus en Guadeloupe ou à Montserrat.
La ligne blanche dorsale (cryptique), la toison épaisse et les gros yeux de
cette espèce peuvent nous laisser penser que le Chiroderme de la
Guadeloupe gîte dans les feuillages comme on le présume pour les
Chirodermes guyanais Chiroderma villosum et Chiroderma trinitatum
(Charles-Dominique et al, 2001).
¾ Alimentation
Présumé frugivore. Le Chiroderme de la Guadeloupe pourrait être
inféodé à la canopée comme les autres espèces de Chiroderme.
Il est possible que sont régime alimentaire soit hyperspécialisé comme
celui de Chiroderma doriae (Nogueira & Peracchi ; 2002), espèce qui
serait la plus proche de C. improvisum d’après Baker (1978).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 63 Le radiopistage de Chirodermes en Guyane a été infructueux ce qui fait
dire à Charles-Dominique et al. (2001) que les Chirodermes guyanais sont
« erratiques ».
¾ Vie sociale et reproduction
La seule donnée disponible en Guadeloupe est la capture d’une femelle
gestante le 07 avril 2000 (Beuneux et al., 2000). Notons également la
capture d’une femelle allaitante à Montserrat le 12 juillet 2005.
A chaque fois un seul individu de l’espèce a été capturé ce qui peut
suggérer que le chiroderme ne rechercherait pas sa nourriture en groupe
important comme les autres grands Phyllostomidés (Artibeus jamaicensis,
Brachyphylla cavernarum). Il se pourrait qu’il vive en très petites colonies
arboricoles.
¾ Conservation
L’espèce ferait partie des 10 espèces de Chiroptères les plus rares au
Monde (5 individus connus au Monde).
Statut UICN :
L’UICN classe le Chiroderme de la Guadeloupe dans la catégorie « En
danger » c'est-à-dire qu’il encourt un haut risque d’extinction dans un futur
proche d’après les critères EN A2c et B1+2c qui prennent en compte son
extrême rareté, sa distribution très limitée (Montserrat et Nord BasseTerre) et les menaces qui pèsent sur son habitat. En réalité, en l’état actuel
des connaissances et en tenant compte de la destruction des habitats
forestiers de Montserrat suite aux éruptions volcaniques Chiroderma
improvisum a les critères de la catégorie UICN « CR » : En danger
critique d’extinction.
La Guadeloupe a donc une responsabilité primordiale dans la sauvegarde
de cette espèce qui subsiste à Montserrat mais dont l’habitat forestier est
fort menacé par les éruptions volcaniques passées et probablement
futures.
L’espèce semble avoir un lien avec les forêts littorales inondées (milieu
trophique ? gîte ?). Ces milieux ont connu une très forte dégradation, par
l’extension de l’agriculture puis, ces 20 dernières années, par l’urbanisation
croissante du littoral de Baie-Mahault, Lamentin et Sainte-Rose. Seules les
parties situées au sein de la réserve du Grand Cul-de-Sac Marin
bénéficient d’une protection durable. Aussi, il apparaît crucial et urgent
pour la conservation du chiroderme de la Guadeloupe de mettre en œuvre
une protection forte de tous les reliquats de forêts inondées de cette
région ainsi que des connections qui les relient au massif forestier de la
Basse-Terre, en particulier le long des rivières.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 64 -
Empiètement des zones agricoles et urbanisées
sur les forêts inondées du Grand cul de sac marin (partie ouest)
Compte tenu de son statut, le Chiroderme de la Guadeloupe doit bénéficier
d’un programme de recherche approfondi comprenant l’identification
acoustique et radiopistage afin d’obtenir une meilleure connaissance des
habitats trophiques (surface, composition, attractivité,…) et des gîtes
(nocturnes et temporaires) exploités par l’espèce en vue de leur protection
intégrale.
V.5 Eptesicus guadeloupensis
¾ Synonymie
La Sérotine de la Guadeloupe ; Guadeloupe big brown Bat
¾ Systématique
Famille : Vespertilionidae
C’est une grande famille qui comprend plus de 300 espèces.
Genre : Eptesicus
Le genre Eptesicus compte 23 espèces dont E. fuscus largement répandu
(Amérique du Nord Centrale et nord de l’Amérique du Sud) qui est
présente dans les Grandes Antilles, à la Dominique et peut-être à Barbade
(Genoways et al., 2001)
Espèce: Eptesicus guadeloupensis (Genoways & Baker, 1975). Elle est
endémique de la Guadeloupe.
¾ Description
La Sérotine de la Guadeloupe se reconnaît à :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
sa taille moyenne ;
un pelage brun dessus, clair dessous ;
un nez renflé ;
sa queue dépasse légèrement de l’uropatagium ;
son poids : 19-22 gr ;
sa longueur d’avant-bras comprise entre 49,6 - 53,6 mm.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 65 -
Sérotine de la Guadeloupe
¾ Répartition géographique
La Sérotine de la Guadeloupe est endémique de la Guadeloupe. Elle
n’est connue qu’en Basse-Terre.
Découverte en lisière de forêt marécageuse à Baie-Mahault en 1974
(Genoways & Baker, 1975 ; Baker et al ; 1978). Elle est également connue
dans les stations de Sofaia Sainte-Rose, Sarcelles Goyaves, et Neuf
Château Capesterre Belle Eau (Masson et al., 1990 ;1992 ; Beuneux et al.
2000).
Historique des captures :
Auteurs,
date publication
1989
Baker & Genoways,
1975
Masson et al., 1990
1992
Masson et al., 1992
2000
Beuneux et al., 2000
2000
Beuneux et al., 2000
1974
Habitat
Forêt marécageuse
Forêt humide
Lisière forêt mésophile/
bananeraie
Forêt humide
Lisière forêt
mésophile/bananeraie
Localité
commune
La Jaille
Baie-Mahault
Sofaia
Sainte-Rose
Sarcelles
Goyave
Sofaia
Sainte-Rose
Neuf châteaux
Capesterre BE
n
3
3
1
2
1
10
n : nombre d’individus capturés
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 66 ¾ Ecologie
Milieux trophiques. La Sérotine de la Guadeloupe apparaît comme une
espèce forestière. Il faut noter qu’elle n’a pas été capturée à nouveau en
forêt marécageuse depuis sa découverte en 1974. Elle a depuis été
capturée en forêt humide et en forêt mésophile, ainsi qu’en lisière de ces
types forestiers avec les bananeraies.
Site de Sofaia où Eptesicus guadeloupensis a été systématiquement capturée
lors des misions précédentes mais pas en 2006
En 2006, elle est absente de nos captures même dans les stations et
habitats où elle avait été préalablement capturée (au moins 4 séances de
captures).
L’identification acoustique de cette espèce endémique de la Guadeloupe
permettrait de mieux appréhender sa répartition réelle et les milieux qu’elle
fréquente.
Gîtes. Inconnus.
¾ Alimentation
La sérotine de la Guadeloupe semble chasser en canopée et dans les
espaces forestiers ouverts.
Masson et al. (1990) ont trouvé dans les fèces de 2 individus des restes de
termites imagos et coléoptères.
¾ Reproduction
Compte tenu du faible nombre de spécimens connus (10) très peu de
données sont disponibles.
Masson et al. ont capturé en février 1989 une femelle post-allaitante et une
femelle subadulte.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 67 Les 2 mâles capturés par Beuneux et al en avril 2000 semblaient en
activité sexuelle (gonades apparentes).
¾ Conservation
La Sérotine de la Guadeloupe est une espèce rare d’après les inventaires
par captures aux filets en Guadeloupe continentale : 3/331 captures en
1989 ; 1/ 329 en 1992 ; 3/243 en 2000 ; 0/274 en 2006.
Du fait de sa très faible répartition mondiale (Basse-Terre), de sa faible
fréquence de capture et de son écologie (milieux forestiers dont certains
non protégés), L’UICN place cette espèce parmi les espèces En Danger
EN B1+2C.
La Sérotine de la Guadeloupe est menacée par la déforestation et la
fragmentation des habitats forestiers (bois et forêt mésophiles et
inondées).
Cette grosse insectivore est sans doute aussi menacée par l’usage
excessif des pesticides notamment des organochlorés (dieldrin,
chlordécone) en milieux forestiers et lisières qui peuvent non seulement
diminuer la quantité des proies mais également contaminer la chaine
alimentaire et se concentrer à chaque niveau trophique (bioamplification).
Il est probable que la sérotine concentre ainsi les insecticides contenus
dans ses proies. Phénomène de bioaccumulation démontré chez d’autres
espèces de la famille, en particulier chez une espèce proche et de même
poids qu’Eptesicus guadeloupensis : E. fuscus. O’Sheat et al. (2000) ont
trouvé dans certains organes de cette sérotine dont le cerveau des taux
élevés de métaux lourds et d’organochlorés (DDT, Dieldrin). Or, certains
de ces produits ont été largement employés en Guadeloupe (DDT, HCH,
Lindane, …) et se retrouvent en grande quantité dans les eaux de source
(Bonan & Prime., 2001) et dans certains organismes (Bouchon & Lemoine,
2003). Des pesticides organochlorés et pyréthrinoïdes, rémanents et
bioaccumulables sont encore trop volontiers utilisés notamment par la
l’agriculture, la spéculation bananière et l’élevage.
L’accumulation de tels polluants chimiques dans l’organisme des
mammifères (cerveau, gonades, foie, pancréas,…) peut entraîner une
mortalité directe ou d’importantes perturbations des fonctions
endocriniennes avec des répercussions entre autres, sur la reproduction,
et l’immunité.
L’absence de capture d’Eptesicus guadeloupensis en 2006 dans les
milieux où elle avait été capturée des années auparavant à la même
période nous apparaît très préoccupante d’autant qu’elle est présente dans
le sud Basse-Terre région fortement touchée par la pollution aux
organochlorés comme en témoigne le rapport de Bonan et Prime (2001).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 68 Cette espèce prioritaire doit bénéficier dans les années à venir d’études
spécifiques :
•
•
•
•
•
•
•
identification acoustique
prospection acoustique dans les stations où elle avait été
capturée afin d’objectiver son apparente raréfaction
prospection acoustique dans les forêts littorales
inondées.
prospection acoustique générale à la Basse-Terre puis
plus largement
effort de capture ciblé suivant les résultats de la
prospection acoustique
radiopistage (milieux trophiques et gîtes diurnes)
recherche de polluants (pesticides en particulier) dans les
fèces d’individus capturés en lisière de bananeraies.
V.6 Molossus molossus
¾ Synonymie
Molosse commun; Velvety free-tailed Bat, Pallas’s mastiff bat
¾ Systématique
Famille : Molossidae. C’est une grande famille
composée de 16 genres et plus de 100 espèces
différentes dont 2 sont présentes dans les
Antilles : Molossus molossus et Tadarida
brasiliensis appelées sont la dénomination
commune molosse.
Genre : le genre Molossus comprend au moins
5 espèces, peut-être 8 (Gannon et al., 2005).
Espèce : au sein de l’espèce on reconnaît
jusqu’à 9 sous-espèces dont Molossus molossus
molossus (Pallas, 1766) présente dans les Petites Antilles.
Molossus molossus
¾ Description
Le Molosse commun est caractérisé par :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une petite taille (25 cm d’envergure) ;
un pelage allant du brun foncé presque noir au rouille ;
un museau court à évoquant celui des chiens molosses ;
des oreilles soudées sur le front donnant l’impression qu’il porte une
visière ;
une lèvre supérieure lisse ;
une queue mobile dépassant nettement de l’uropatagium ;
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 69 ƒ
ƒ
un poids entre 11 et 19 gr.
une longueur d’avant bras entre 35,3 et 40,7 mm
Molosse commun pelage rouille (Sainte-Anne)
Certains mâles ont une glande gulaire développée.
Des individus capturés dans la région de Baie-Mahault/Sainte-Rose
présentaient des zones cutanées dépigmentées type vitiligo (Masson et al.
1990 ; Ibéné et al, 2006).
Molosse commun avec lésions de dépigmentation cutanée (Sainte-Rose)
Les longs poils présents sur les pieds auraient pour rôle d’informer l’animal
sur les turbulences pendant le vol (Pedersen & Morton, 2006).
Pied de Molossus molossus munis de longs poils
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 70 -
¾ Répartition géographique
Le Molosse commun a une large répartition. Il est présent en Amérique du
Sud et Centrale ainsi que sur toutes les îles de la Caraïbe.
En Guadeloupe cette espèce très commune est connue sur toutes les îles
de l’Archipel.
¾ Ecologie
Milieux trophiques. C’est un insectivore de plein ciel et d’espaces
ouverts. Les observations montrent que les molosses chassent en plein
ciel tant au dessus d’espaces naturels (forêts, bois, zones humides,…)
qu’en milieux anthropiques (champs, zones pâturées, villes) et même sur
la côte au dessus de la mer.
Nous avons capturé Molossus molossus dans 8 stations sur les 17
prospectées mais elle était sans doute présente dans toutes les autres
comme le suggèrent l’inventaire acoustique de Frédéric Leblanc et nos
observations de molosses chassant en plein ciel.
La prospection acoustique devrait confirmer cette omniprésence et la
diversité des habitats exploités par cette espèce.
Gîtes. Molossus molossus est une espèce de fissures.
Elle utilise sa queue mobile pour tâter son
environnement à reculons.
Elle gîte en milieu naturel dans les arbres - écorces
soulevées, fissures, creux, cavités, loges de Pic de la
Guadeloupe (Melanerpes lherminieri) – mais aussi dans
les fissures, anfractuosités des falaises et des cavités
souterraines.
Le Molosse commun affectionne particulièrement les
constructions humaines gîtant volontiers sous les toitures
de tôle ondulée.
Molossus molossus
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 71 -
¾ Alimentation et activité de chasse
Les Molosses communs sortent généralement au crépuscule, une demiheure avant le coucher du soleil et chassent durant les 2 premières heures
après. Une seconde période de chasse plus brève se produit juste avant le
lever du soleil. Entre les deux séances de chasse ils rentrent dans une
sorte de torpeur. Des molosses ont été observés (Christian Pentier)
rentrant à leur gîte sous toiture vers 23H00 au mois de mai.
Le Molosse commun est plutôt un insectivore de plein ciel chassant au
dessus de la canopée ou d’espaces ouverts. Il a les caractéristiques
des chauves-souris agiles et rapides capables d’effectuer des brusques
piqués et crochets : ailes longues, étroites, charge alaire élevée autour de
4 kg/m².
Il peut également adopter le comportement des insectivores de canopée
poursuivant ses proies entre les couronnes d’arbres jusque dans les
layons forestiers. Nous avons d’ailleurs capturé des molosses communs
en sentier forestier bien après l’heure supposée de sortie de gîte,
probablement en chasse. Ce qui laisse à penser qu’ils alternent chasse en
canopée et en sous-bois le long des layons forestiers. Plusieurs
observations de molosses, montrent des individus chassant au dessus des
routes traversant des massifs forestiers avec des piqués à plus basse
altitude.
En milieu ouvert et par temps couvert, les molosses semblent chasser plus
près du sol, même en milieu ouvert. Nous en avons ainsi observé chassant
à moins de d’un mètre du sol au dessus de champs pâturés.
La littérature indique que Molossus molossus chasse une très grande
diversité de petits insectes volants : moustiques, papillons, punaises,
fourmis volantes, coléoptères, guêpes, …- (Gannon et al., 2005)
Pedersen et Morton estiment qu’un molosse consomme chaque nuit entre
100 et 600 insectes de la taille de moustiques.
¾ Vie sociale et reproduction
Le Molosse commun vit en colonie de quelques individus à une trentaine.
On peut entendre des cris sociaux (sons basse fréquence audibles à
l’oreille humaine) au crépuscule pendant les séances de chasse
crépusculaires ou nocturnes (en particulier quand 2 individus se croisent)
ou encore, au gîte durant la nuit voire la journée en période de
reproduction.
En Guadeloupe, nous avons capturé des femelles gestantes de fin février
à fin mai.
Les femelles donnent naissance à deux petits par an.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 72 -
Les ratios obtenus en 2006 :
Ratio Molossus molossus
(individus capturés entre le 25/02 et le 21/10/06)
20
18
16
14
nombre
12
Mol mol femelle
Mol mol mâle
10
8
6
4
2
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
ratio global Mol mol
50
Femelles
45
40
35
30
25
20
15
Mâles
10
5
0
¾ Conservation
Molossus molossus est sans doute l’espèce la plus répandue et la plus
commune de la Guadeloupe. Elle a pu s’adapter aux modifications des
habitats naturels opérés par l’Homme. On peut considérer que l’espèce
est même favorisée par l’homme bâtisseur qui lui offre nombre de gîtes
potentiels sous les toitures.
Cette proximité peut engendrer des dérangements aux habitants (odeur,
crottes, bruits,…). Nous avons eu connaissance de multiples destructions
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 73 volontaires : aspersions toxiques, à base par exemple d’endosulfan –un
organochloré -, empoisonnement d’individus ou de colonies entières par
les occupants ou par des sociétés. Nous avons d’ailleurs saisi les
autorités à plusieurs reprises à ce sujet.
Plusieurs cas de prédation par des chats et même par des chiens nous été
rapportés et nous en avons reçus ainsi blessées (Béatrice Ibéné). Nous
avons observé plusieurs attaques de Crécerelles d’Amérique (Falco
sparverius) et de Faucons pèlerins (Falco peregrinus) sur des molosses
(Molossus molossus ou Tadarida brasiliensis) au crépuscule ; notamment
à la sortie de gîtes (falaises de la Pointe des Châteaux).
V.7 Monophyllus plethodon luciae
¾ Synonymie
Monophylle des Petites Antilles, Fer de lance de la Barbade, Antillean
long-tongued Bat ; Insular single leaf bat
¾ Systématique
Famille : Phyllostomidae
Sous-famille : Glossophaginae (13 genres)
Genre Monophyllus endémique des Antilles (Baker & Genoways, 1978). Il
comprend 2 espèces : Monophyllus redmani (Leach, 1821) présente dans
les Grandes Antilles et Monophyllus plethodon (Miller, 1900) présente dans
les Petites Antilles
Espèce : Monophyllus plethodon.
On reconnaît 3 sous-espèces (Schwartz
& Jones, 1967 ; Homan & Knox, 1975) :
M. p. plethodon (Miller, 1900) restreinte
à la Barbade
M. p. luciae (Miller, 1902) présente en
Guadeloupe et dans les autres Petites
Antilles
M. p. frater (Anthony, 1917) connue que
sous forme de fossile à Puerto Rico
Monophyllus plethodon – Remarquez le museau allongé
adapté au régime alimentaire (nectarivore/pollinivore)
¾ Description
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 74 Ce petit Phyllostomidé se reconnaît facilement à différents critères :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une taille moyenne, environ 30 cm d’envergure ;
un pelage brun dessus, clair dessous ;
un museau allongé ;
une feuille nasale de petite taille (< 5 mm) ;
une langue longue et extensible ;
la présence d’un uropatagium peu développé ;
une queue de petite taille (moins de 20 mm) ;
une longueur d’avant-bras de 40 à 44,9 mm ;
un poids entre 12 et 21 grammes
¾ Répartition géographique
L’espèce est endémique des Petites Antilles au sein desquelles sa
distribution est large. Elle est connue au Nord, à Saba, Saint-Barthélemy,
Saint-Martin, Antigua, Barbuda, Nevis, St Kitts, Montserrat ; et au Sud, en
Guadeloupe, Dominique, Martinique, Sainte Lucie, Saint Vincent et à la
Barbade. Elle n’est connue à Puerto Rico que sous forme de fossile.
En Guadeloupe, elle n’était connue jusqu’alors qu’en Basse-Terre et à
Marie-Galante. En 2006, nous l’avons découverte en Grande-Terre où
sa présence était soupçonnée puisque l’espèce fréquente d’autres îles
sèches des Petites Antilles.
¾ Ecologie
Milieux trophiques. En Guadeloupe, Monophyllus plethodon a été capturé
du niveau de la mer (Rousseau, Morne à l’eau) jusqu’à 960 m d’altitude
(Bains jaunes, Saint-Claude). Nous avons capturé des monophylles en
forêt humide, mésophile et lisières ainsi qu’en interface de forêt mixte et
marécageuse où elle représente respectivement 6%, 5% et 3 % des
Phyllostomidés capturés avec une densité relative respectivement de 0,7 ;
1,9 et 2,2 individus /1000 h.m².
Il faut remarquer que les captures au filet de Monophyllus plethodon
semblent aléatoires. Ainsi, elle figurait parmi les espèces les plus rarement
capturées par Baker et al. (1970) puis par Masson et al en 1989 et en 1992
(3% des Phyllostomidés) ; alors qu’elle représente 12,8 % des
Phyllostomidés capturés par Beuneux et al. en 2000. En 2006, elle ne
constitue que 3 % de nos captures de Phyllostomidés.
Dans certaines stations elle peut représenter prés de 31 % des
Phyllostomidés capturés (Neuf château Capesterre, lisière de forêt
mésophile/bananeraies - Beuneux et al., 2000) et même 50 % en forêt
hygrophile (Bains jaunes – Beuneux et al., 2000).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 75 Monophyllus plethodon fréquente également forêt, bois et taillis xérophiles
des régions calcaires puisqu’elle est bien présente sur des îles
sèches comme Marie-Galante, Antigua et même St Barthélémy.
Ces résultats nous laissent à penser que pour obtenir une meilleure idée
de la répartition de l’espèce en Guadeloupe et rechercher sa présence
dans les forêts sèches, xéro-mésophiles et marécageuses, il vaudrait
mieux cibler les prospections (captures et détection acoustique) sur les
arbres en floraison susceptibles d’êtres exploités.
Gîtes. L’espèce gîte dans les cavités d’arbres et dans les cavités
souterraines. Les seuls gîtes connus en Guadeloupe sont le Grand Trou à
Diable à Marie-Galante et la grotte de Papin à Morne-A-L’eau.
Monophylle des Petites Antilles, pelage recouvert de pollen fin (Sofaia)
Le radiopistage d’individus permettrait peut-être de déterminer qu’elle type
d’arbre est recherché par Monophyllus plethodon comme gîte.
¾ Alimentation
Le Monophylle des Petites Antilles est typiquement une espèce
nectarivore/pollinivore. Elle possède les caractéristiques des
Glossophaginés dont l’anatomie est adaptée à ce régime
alimentaire (Charles-Dominique et al., 2003) : allongement du museau,
allongement de la langue qui est extensible dont les papilles à l’extrémité
forment une « brosse » facilitant la récolte du pollen et du nectar,
raccourcissement de la feuille nasale, réduction de la taille des dents par
rapport aux autres Phyllostomidés, lèvre inférieure fendue formant une
gouttière pour le passage de la langue…
Toutefois, le Monophylle consomme également des petits fruits et chasse
des insectes (Pedersen & Morton, 2006).
Masson et al. (1992) n’ont eu aucune graine dans les fèces de 8 individus
capturés mais y ont trouvé des grains de pollen et des écailles de
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 76 lépidoptères (Masson et al., 1990). Pedersen et al. (2003) en ont observé
mangeant des Piper spp.
Parmi les 5 individus capturés cette année une femelle (non reproductrice)
avait la tête couverte de pollen.
La plupart des essences exploitées par cette espèce en Guadeloupe est
pour l’instant inconnue. La recherche devrait s’effectuer en premier lieu sur
les essences de lianes, arbustes et arbres de sous-bois et de canopée
dont les fleurs ont le « syndrome de chiroptérophilie » (Puig, 2001 ;
Charles-Dominique et al, 2001), ou sont connues ailleurs pour attirer les
Phyllostomidés nectarivores (cf. liste en Annexe). C’est par exemple le cas
des fleurs du Palétuvier jaune (Symphonia globulifera) et des lianes
Marcgravia umbellata et Mucuna spp .
Les fleurs ou inflorescences chiroptérophiles sont généralement
pendantes, notamment à l’extrémité de longs pédicelles. D’autres sont
dressées ou se trouvent sur les troncs ou rameaux en dehors du feuillage
(cauliflorie),
toujours facilement accessibles par les chauves-souris
comme celles du calebassier (Crescentia cujete). Les fleurs
chiroptérogames sont odorantes, souvent de couleur claire. Elles
possèdent de longues étamines et produisent un nectar abondant. Leur
anthèse est plutôt nocturne.
La fréquence de capture de Monophyllus plethodon à proximité des
bananeraies suggère qu’elle visite les fleurs de bananiers (Musa spp).
Un groupe de Monophylles a été observé se nourrissant sur des fleurs de
Poix doux blanc (Inga laurina) (Isabelle Houllemare & Michel Barataud).
Des Phyllostomidés de petite taille ont été observés (Isabelle Houllemare)
exploitant des fleurs de Courbaril (Hymenea courbaril) sans diagnose
d’espèce. Cette essence est par ailleurs connue pour sa chiroptérophilie
(Cf. Annexe IV).
Sur les îles sèches, le Monophylle pourrait se nourrir également de nectar
et pollen des fleurs de Bois couleuvre (Capparis spp), Cactus (Hylocereus
spp) et d’Agaves (Agave spp).
A Puerto Rico, une espèce proche, Monophyllus redmani visite les fleurs
de Bananiers (Musa spp), Goyaviers (Psidium guajava), langues de vieilles
femmes (Albizia lebbek), Tamarins bâtards (leucaena leucocephala),
Cactus cierge (Pilocereus) et palmiers (Gannon et al., 2005).
Fleur de Cactus cierge
Fleur d’Agave sp
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 77 -
¾ Vie sociale et reproduction
Il semble que les Monophylles des Petites Antilles vivent en petites
colonies.
Nous avons capturé des femelles gestantes fin avril et fin juin ; et une
allaitante fin juin.
Dans les îles du Nord des Petites Antilles, des femelles gestantes ont été
capturées de janvier à juillet et des allaitantes de mai à août (Pedersen &
Morton, 2006).
Ratios :
Curieusement nous n’avons capturé que des femelles en 2006.
Ratio Monophyllus plethodon
(individus capturés au filet entre le 25/02 et le 21/10/06)
2,5
2
nombre
1,5
Mon ple femelle
Mon ple mâle
1
0,5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Ratio global Mon ple
6
Femelles
5
4
3
2
1
0
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 78 ¾ Conservation
Statut UICN :
L’UICN classe Monophyllus plethodon
menacées » au niveau mondial (NT).
Déboisements et
l’espèce.
parmi les espèces « Quasi
déforestation sont néfastes au maintien de
Cette petite espèce nectarivore/pollinivore semble très vulnérable aux
cyclones (Pedersen et al., 1996) et aux carêmes sévères qui la
privent de ses principales ressources alimentaires à l’instar des autres
espèces nectarivores comme les colibris (Ibéné, 2000).
Le seul gîte connu en Guadeloupe continentale est celui que nous
avons découvert en 2006. L’espèce apparaît donc particulièrement
vulnérable aux extractions de matériaux (carrières), constructions ou
aménagements susceptibles de détruire des gîtes inconnus (littoral,
Grands Fonds, ….). L’effort de recherche sur les gîtes doit être
poursuivi (recherche de cavités souterraines et radiopistage).
La chiroptérogamie des essences guadeloupéennes en particulier
indigènes est méconnue. Des recherches complémentaires sont donc
nécessaires. Elles passent par une focalisation des observations et de
la détection acoustique sur les essences susceptibles d’êtres exploitées
dans les différents milieux forestiers (forêts humide, mixte, sèche, forêts
inondées). Ces prospections permettront de préciser les préférences
alimentaires de l’espèce, de déterminer les essences à préserver et à
favoriser lors de restauration de milieux, pour le maintien de l’espèce
dans un habitat donné.
Elles pourraient également permettre de déterminer le rôle écologique
de cette espèce pollinisatrice dans l’écologie forestière des milieux,
en particulier de savoir dans quelle mesure des essences indigènes
voire endémiques, dépendent elles du Monophylle des Petites Antilles
pour leur reproduction sexuée.
V.8 Myotis dominicensis
¾ Synonymie
Myotis de la Dominique ou Murin de la Dominique ; Dominican myotis
¾ Systématique
Famille : Vespertilionidae
Genre : Myotis
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 79 Espèce : Myotis dominicensis (Miller, 1902). Elle est endémique de la
Dominique et de la Guadeloupe (Basse-Terre). L’espèce proche, Myotis
martiniquensis est endémique de la Martinique et de la Barbade.
¾ Description
Le Myotis de la Dominique est un des plus petits
mammifères au Monde reconnaissable
à différents critères:
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
sa très petite taille ;
sa couleur brune ;
son uropatagium développé ;
sa queue incluse dans l’uropatagium ;
ses pattes postérieures courtes ;
son poids : de 3,8 à 5,5 grammes ;
une longueur d’avant bras comprise entre
34,4 et 36,4 mm.
Myotis de la Dominique
¾
Répartition géographique
Myotis dominicensis est présent en Dominique et en Guadeloupe où il
n’est connu qu’en Basse-Terre.
Découvert par Masson et Breuil en 1989 dans le sud de la Basse-Terre
(Grand Etang Capesterre Belle Eau), il a depuis été capturé également à
Petit-Bourg. Nous l’avons découvert en 2006 dans le nord de la BasseTerre (Sofaia, Sainte-Rose).
Des prospections au détecteur à ultrasons permettraient d’avoir une
meilleure idée de la distribution cette espèce facile à identifier
acoustiquement (Barataud et al., 2006 ; Issartel & Leblanc, 2004).
¾ Ecologie
Milieux trophiques. Le Myotis de la Guadeloupe fréquente la forêt
humide. Il est connu dans les stations de Grand Etang, Petit Bras David
et Sofaia (Masson et al. 1990, 1992 ; Ibéné et al. 2006).
En 2006, il représente 9 % des espèces capturées en forêt humide
avec une densité relative de 1,30 individu /1000hm². Comme Masson et
Breuil (1992), nous l’avons capturé à Grand Etang et à Sofaia, dans
des filets situés en sous-bois à travers une piste forestière. Les deux
individus ont été capturés à environ 1 m 50 du sol, mais d’après Michel
Barataud, le Myotis de la Dominique chasse plutôt en canopée (voir
plus loin).
Le Myotis de la Dominique fréquente également les bananeraies en
lisière des formations mésophiles. Il a même représenté jusqu’à 13,6
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 80 % des captures réalisées par Beuneux et al. dans la station de Neuf
château Capesterre Belle Eau, en 2000.
A la Dominique, le Myotis semble plus abondant et est plus largement
répandu, il est considéré comme commun sur cette île (Genoways et
al., 2001). Il est connu non seulement en forêt humide, le long de
rivières mais aussi aux abords des bananeraies et au dessus de
champs pâturés…
Gîtes. Inconnus en Guadeloupe. Masson et Breuil soupçonnent qu’il
gîte dans les anfractuosités des rochers.
A la Dominique, ses gîtes sont cavernicoles mais une colonie d’une
centaine d’individus a également été découverte dans le clocher d’une
église (Genoways et al., 2001).
¾ Alimentation et comportement de chasse
Le Murin de la Dominique est un insectivore forestier de canopée
d’après Michel Barataud qui chasserait ses proies entre les couronnes
d’arbres et dans les espaces où elles circulent comme les layons, d’où
sa capture possible dans les filets traversant les sentiers forestiers.
Masson et al. (1992) ont trouvé des restes de Coléoptères, Diptères
Nématocères et écailles de Lépidoptères dans les fèces des 2 Myotis
dominicensis découverts à Grand Etang en 1989.
Sa présence aux abords des bananeraies laisse à penser qu’il pourrait
se nourrir aussi d’insectes attirés par les bananeraies.
Michel Barataud a pu suivre à vue et acoustiquement, pendant 50
minutes, un Myotis capturé à Grand Etang le 28 février 2006 et équipé
d’une gélule luminescente. Il a constaté que l’individu a chassé en
permanence dans le feuillage de la canopée le plus souvent entre 15 et
20 m de hauteur. Son vol est rapide et plutôt linéaire, avec quelques
crochets correspondant à des tentatives de capture de proies. Ce
comportement est typique des insectivores pratiquant la chasse en
poursuite de petits insectes actifs (autrement dit dont l’activité est
nocturne et implique des déplacements en vol au sein du feuillage) :
diptères nématocères, lépidoptères, hyménoptères.
Barataud a noté que durant le suivi l’individu s’est cantonné sur un
territoire forestier restreint, d’environ 2 ha ce qui peut laisser à penser
qu’il exploite de petits territoires de chasse avec peut-être une bonne
fidélité intra saisonnière et inter annuelle.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 81 -
Un Myotis capturé le 28 février au bord de Grand Etang, et relâché avec une capsule
luminescente qui a permis son suivi continu pendant 50 min.
¾
Vie sociale et reproduction
A la Dominique, des colonies de plusieurs centaines d’individus ont été
observées en gîte. Elles sont organisées en groupe comprenant chacun une
centaine d’individus.
Sur cette île des mâles reproducteurs ont été capturés en avril et des
femelles allaitantes en juillet (Genoways et al., 2001).
En Guadeloupe peu de données sont disponibles. Masson et al. ont capturé
2 mâles en 1989 et 1 mâle/4 femelles en 1992.
Les 3 mâles sur les 4 capturés par Beuneux et al. en avril 2000 semblaient
en activité sexuelle (gonades apparentes).
Les 2 mâles que nous avons capturés en 2006 (28 février et 02 mars) ne
présentaient aucun signe d’activité sexuelle.
Ratios obtenus en 2006 :
Ratio Myotis dominicensis
individus capturés au filet les 28/02 et 03/03/06
1,2
1
nombre
0,8
Myo dom femelle
Myo dom mâle
0,6
0,4
0,2
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 82 Ratio global Myo dom
2,5
Mâles
2
1,5
1
0,5
0
¾ Conservation
La fragmentation des habitats forestiers et la pollution par les pesticides
(baisse du nombre de proies, bioamplification) nous apparaissent comme
les principaux facteurs de déclin de l’espèce.
Statut UICN :
L’UICN classe Myotis dominicensis parmi les espèces Vulnérables (VU
A2c, D2) c'est-à-dire confronté à un haut risque d’extinction à moyen terme
en raison de sa distribution restreinte et des menaces pesant sur ses
habitats.
Murin de la Dominique
Cette espèce mérite de bénéficier de recherche complémentaire
(identification et prospection acoustique, radiopistage) afin de préciser ses
habitats et de tenter de trouver ses gîtes.
Le Myotis de la Dominique est à rechercher en Grande-Terre et à MarieGalante (ravines xéro-mésophiles ??)
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 83 -
V.9 Natalus stramineus stramineus
¾ Synonymie
Natalide isabelle, Natalide paillé ; Funnel-eared bat ; chauve-souris à
oreille entonnoir du Mexique
¾ Systématique
Famille : Natalidae
La famille comprend un seul genre : Natalus
Espèce : Natalus stramineus (Gray, 1834)
Les derniers travaux d’Adrian Tejedor (Tejedor et al., 2005 ; Tejedor, 2006)
tendent à reconnaître 8 espèces de Natalus dont N. tumidirostris au nord
de l’Amérique du Sud, N.espiritosantensis en Amérique du Sud (Brésil,
Bolivie, Paraguay), N. mexicanus en Amérique Centrale, N. major dans
les Grandes Antilles et N. stramineus qui occupe les Petites Antilles.
Ce taxon est donc une nouvelle espèce endémique des Petites
Antilles.
Tejedor sépare les populations de la
Dominique - N. s. dominicensis - de
celles du nord des Petites Antilles - N.s.
stramineus - mais il semble qu’il n’ait
pas examiné de spécimens de la
Guadeloupe ni de Marie-Galante
(Genoways comm. pers.).
Sous-espèce : a priori Natalus
stramineus stramineus
Natalus stramineus
¾ Description
Natalus stramineus est une petite et légère chauve-souris qui se
reconnaît à plusieurs critères :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
Une très petite taille ;
un pelage beige pâle à roux ;
son museau dénudé ;
oreilles aux pavillons pointus et bien développés en entonnoir
(« funnel ») ;
de très petits yeux ;
des jambes très longues, environ égales à la longueur tête-corps
un uropatagium très développé englobant la queue ;
une longueur d’avant-bras comprise entre 35 et 48 mm ;
un poids de 4 à 7 grammes.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 84 -
Cette délicate chauve-souris possède un
patagium et uropatagium très développés.
La surface alaire est donc importante
autour de 4700 mm² et la charge alaire
très
faible
autour
de
1
kg/m².
Caractéristiques qui lui permettent un vol
lent papillonnant et une grande
manœuvrabilité.
Ce qui fait dire à Pedersen & Morton
(2006) qu’on peut la confondre avec un
gros papillon de nuit !
Natalide paillé
¾ Répartition géographique
Jusqu’aux récents travaux de Tejedor, il était admis que Natalus
stramineus était présent essentiellement au nord de l’Amérique du Sud,
sur la côte atlantique d’Amérique Centrale (jusqu’au Mexique) ainsi que
dans les Petites Antilles. Mais, Tejedor restreint l’espèce désormais aux
Petites Antilles, de la Dominique à Anguilla.
Dans les Petites Antilles le Natalide paillé est connu à la Dominique, en
Guadeloupe, à Antigua et Barbuda, à Montserrat, Nevis, Saint-Martin, à
Saba et Anguilla (Pedersen & Morton, 2006 ; Tejedor, 2006). Issartel et
Leblanc (2004) le citent également en Martinique.
En Guadeloupe, le Natalide paillé est connu en Grande-Terre (Moule,
Sainte-Anne), à Marie-Galante et à Terre-de-Bas aux Saintes (Masson et
al., 1990 ;1992). Il a été découvert en Basse-Terre en 2000 par Beuneux et
al.
Il faut souligner que l’espèce se prend rarement au filet probablement
grâce à son vol lent et papillonnant. Aussi, la plupart des données relèvent
d’individus vus ou capturés en gîte ou non loin du gîte. (Masson et al.,
1990 ; 1992 ; Breuil, 1997). Il en est d’ailleurs de même dans les îles
avoisinantes (Pedersen et al, 2003 ; 2006).
Il n’est pas évident que la bioacoustique permettra de mieux connaître la
répartition de l’espèce en Guadeloupe. En effet, les signaux émis étant
faibles et de très haute fréquence (Issartel & Leblanc, 2004 ; Barataud
comm. pers.), ils risquent d’être difficiles à percevoir sur le terrain, ou alors
ils le seront si l’animal est très proche du détecteur (moins d’1 m).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 85 -
¾ Ecologie
Milieux trophiques. Natalus stramineus est un insectivore forestier de
sous-bois. En Guadeloupe, comme dans le reste des Petites Antilles il a
été capturé principalement dans les forêts, bois ou taillis xérophiles. Sa
capture en forêt humide à Morne Mazeau Deshaies (Beuneux et al., 2000)
montre qu’il fréquente également d’autres types forestiers mais il est
probable qu’il n’y soit pas capturé par les filets de sentier. Reste que les
milieux forestiers xérophiles notamment à proximité des gîtes,
apparaissent comme les habitats de chasse de prédilection de Natalus
stramineus.
Gîtes. Natalus stramineus est une espèce strictement cavernicole.
Pedersen et al. (2003) soulignent l’exigence pour l’espèce de grotte
humide, sans doute en relation avec le risque de déshydratation de cette
petite espèce à grande surface alaire.
Issartel et Leblanc (2004) ont découvert une toute petite colonie dans un
tunnel du canal de Beauséjour en Martinique.
Seuls deux gîtes d’importance sont connus en Guadeloupe : le Grand
Trou à Diable à Marie-Galante (plusieurs centaines d’individus d’après
Masson et Breuil, 1990) et la « grotte de Courcelles » ou de l’Anse à la
Barque à Saint-François. Masson et al. ont estimé la colonie présente dans
ce dernier gîte entre 700 et 1000 individus en 1992. Nous avons confirmé
la présence de Natalus stramineus dans cette grotte fin 2006, mais l’effectif
de la colonie est à réévaluer depuis le passage de bulldozers sur la grotte
et le défrichement de la forêt littorale alentour (voir plus loin).
Les autres gîtes signalés sont la « Petite Voûte Valras » à Sainte-Anne par
Pinchon en 1964 (Breuil, 1997) et une grotte du Moule utilisée comme
décharge sauvage et désertée depuis (Masson et al, 1992).
Il existe sans doute d’autres cavités notamment dans les îles calcaires
(Grande-Terre, Marie-Galante,…) et aux Saintes abritant des colonies de
Natalides paillés à découvrir ; d’ailleurs 4 Natalus stramineus ont été
capturés en forêt xérophile de Terre-de-Bas sans que l’on connaisse leur
gîte (Masson et al., 1992).
Pedersen et al (2003 ; 2006) notent que l’occupation des gîtes peut être
intermittente dans l’année et d’une année à l’autre.
¾ Alimentation
Son régime alimentaire est peu connu. Pour Pedersen & Morton le
Natalide paillé chasse de très petits insectes volants mais il possède
surtout les caractéristiques d’un glaneur qui prospecte les feuillages en
quête d’insectes posés.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 86 Son vol lent et sa grande manœuvrabilité conférés par sa très faible
charge alaire, lui permettent de circuler dans le sous-bois.
¾ Vie sociale et reproduction
Très peu données sont disponibles.
A l’intérieur de leur gîte les natalides paillés se tiennent plutôt à distance
les uns des autres.
Une femelle gestante a été capturée en août 64 (Baker, 1978) et des
femelles en activité sexuelle ont été capturées à la Dominique en avril
(Pedersen et al., 2001).
Nous avons capturé 4 mâles adultes le 18 novembre 2006 sans activité
sexuelle apparente.
La dynamique de reproduction est faible, les femelles ne faisant qu’un petit
par an (Nowak, 1997).
¾ Conservation
Statut UICN :
Le statut actuel de Natalus stramineus LC (Least Concern) concerne
l’espèce que l’on considérait à large répartition. La prise en compte des
nouvelles données restreignant la distribution de l’espèce à quelques îles
de Petites Antilles, le faible nombre de colonies connues, la fragmentation
de ses habitats forestiers (déboisements, urbanisation..) et l’exigence
comme gîtes pour l’espèce de cavités souterraines humides, font que
Natalus stramineus a tous les critères pour faire partie de la catégorie
Vulnérable de L’UICN (Tejedor, 2006).
En Guadeloupe, nous considérons que Natalus stramineus est
menacée. La principale menace qui pèse sur la survie de cette espèce
strictement forestière est la déforestation qui touche singulièrement ses
habitats de prédilection à savoir les forêts et bois xérophiles du littoral.
Ces milieux peu protégés ont subi une très forte dégradation par
l’extension galopante des structures hôtelières, résidences et
aménagements côtiers, mais aussi par l’agriculture. Actuellement c’est
surtout la culture melonnière qui fait reculer les bois xérophiles du nord
Grande-Terre. Les natalides ne semblent pas capables d’effectuer de
longs trajets pour chercher leur nourriture (Tejedo et al., 2005). Aussi, les
individus vont plutôt chasser dans les milieux boisés situés autour
de leur gîte.
Le cas du défrichement de la forêt de Daube à Courcelles Saint-François
est symptomatique du danger qui pèse sur l’espèce en Guadeloupe. En
2003, une bonne partie des 18 hectares d’une forêt littorale - au sein de la
quelle se trouve la grotte de Courcelles - a été rasée par un promoteur
pour un projet de construction d’un haras. Cette parcelle (propriété du
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 87 Conseil Général) était pourtant reconnue comme site remarquable du
littoral au titre de la loi « littoral » (Loi N°86-2 du 03/01/1986) et repris à ce
titre dans le Schéma d’Aménagement Régional de la Guadeloupe comme
« espace naturel à protection forte ». Depuis ce défrichement illégal mais
autorisé en un premier temps par le Préfet, aucune mesure de restauration
n’a été prise et le terrain est aujourd’hui colonisé par des taillis d’acacias.
Les bulldozers en action de défrichement sont même passés sur la grotte
pourtant protégée par Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope depuis
1994 (N°94-1162) alors qu’elle était menacée par des projets de
constructions touristiques (Reygrobellet & Redaud, 1993). La grotte a subi
un effondrement partiel. Les conséquences sur les populations de
chauves-souris n’ont pas été expertisés mais les natalides sont connus
pour être très sensibles aux vibrations (chute mortelle au sol alors que les
individus sont en torpeur).
Un procès verbal a été dressé pour infraction à l’APPB.
Entrée de la « grotte
de Courcelles »
Défrichement de la forêt littorale sèche de Daube Saint-François : disparition de
l’habitat trophique de Natalus stramineus et atteinte de la grotte de Courcelles, seul
gîte connu de l’espèce en « Guadeloupe continentale ».
Dans ces habitats xérophiles les gîtes humides sont absolument cruciaux
pour cette espèce sujette à la déshydratation (Pedersen et al., 2006).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 88 Il apparaît primordial pour la sauvegarde de cette espèce en Guadeloupe
d’instaurer une protection légale forte des bois et forêts xérophiles du
littoral encore préservés. Les ravines boisées du littoral abritent
potentiellement des gîtes qu’il conviendrait de rechercher. Il faudrait
également envisager une restauration de ces habitats fragmentés et
dégradés (reboisement, corridors, …).
Les études ou notices d’impact préalables aux défrichements,
constructions ou aménagements dans ces milieux doivent donc rechercher
et prendre en compte la présence de Natalus stramineus et de gîtes
cavernicoles potentiels.
Une meilleure connaissance éco-éthologique de l’espèce passe par le
radiopistage d’individus (structure du territoire, surface, …) et la recherche
de gîtes. Le Natalide paillé pourrait également bénéficier d’une étude sur la
recherche de pesticides dans les fèces.
V.10 Noctilio leporinus mastivus
¾ systématique
Famille : Noctilionidae
Un genre Noctilio inféodé à l’Amérique tropicale
qui ne comprend que 2 espèces : Noctilio
leporinus et Noctilio albiventris
Espèce type : Noctilio leporinus (Linnaeus,
1758)
Noctilio leporinus vue de face
On reconnaît 3 sous-espèces :
- Noctilio leporinus leporinus,
- Noctilio leporinus rufescens
- Noctilio leporinus mastivus (Vahl, 1977) présente
dans les Antilles, en Amérique Centrale et au nord
de l’Amérique du Sud (Hood & Jones, 1984).
¾ Synonymie
Noctilion pêcheur, Noctilion bec de lièvre, chauvesouris bouledogue, Greater Bulldog bat, Greater
Fishing bat, Big fishing bat, Fisherman bat.
¾ Description
C’est la plus grande chauve-souris des Antilles
facilement reconnaissable à différents critères :
Noctilion pêcheur
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 89 -
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une grande taille : envergure spectaculaire de 60- 70 cm ; longueur
totale du corps de 112-130 mm ;
un museau tronqué de chien « bouledogue » conféré par ses lèvres
pendantes ;
des lèvres supérieures fendues en « bec de lièvre »
de longues oreilles ;
une coloration du pelage variable du chamois au brun souvent
rousse, en Guadeloupe ;
une ligne médiodorsale claire ;
le patagium des ailes part du dessus du dos lui donnant un aspect
nu sur ses 1/3 latéraux ;
de longues pattes et de grands pieds griffus ;
un uropatagium très développé ;
une queue dont l’extrémité dépasse d’1 cm au milieu de la partie
dorsale de l’uropatagium ;
un poids de 40 à 80 grammes ;
de très longs avant-bras : 81-88 mm.
Notons aussi la dépigmentation plus ou moins importante du patagium au
niveau de son raccord à la peau du dos.
Profil du Noctilion pêcheur
Vue dessus du Noctilion pêcheur.
Remarquez l’uropatagium très développé
Une autre particularité de cette espèce est son odeur rance conférée par la
sécrétion d’une substance huileuse jaunâtre qui enduit son pelage et sa
peau, principalement au niveau du patagium (protection contre la
salinité ?).
¾ Répartition géographique
Le Noctilion pêcheur est présent en Amérique tropicale, du Mexique au
nord de l’Argentine et dans plusieurs îles des Grandes et des Petites
Antilles (Hood & Jones, 1984).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 90 -
En Guadeloupe, elle est connue en Basse-Terre, Grande-Terre ainsi qu’à
Marie-Galante.
¾ Ecologie
Milieux trophiques. Les milieux de prédilection de cette chauve-souris
pêcheuse sont les forêts inondées et les autres zones humides :
rivières, estuaires, lagunes, marais, étangs, rivages…
Noctilio leporinus est absente de l’inventaire réalisé en 2000 par Beuneux
et al, sans doute en raison de l‘absence de capture en forêt inondée.
En 2006, elle représente 9 % de nos captures en mangrove ou forêt
marécageuse et leurs lisières et 4 % de celles réalisées en interface forêt
inondée/forêt mixte. Dans ces deux types forestiers sa densité relative est
identique : 3,4 individus / 1000 hm².
Nous ne l’avons pas capturé dans d’autres habitats. Les captures (7
individus) ont concerné des individus venus pêcher (étang jeannette) ou
empruntant les sentiers. En effet, Noctilio leporinus semble volontiers
utiliser les sentiers forestiers traversant les forêts de palétuviers ou de
mangles médailles ainsi que ceux séparant les massifs de forêt
marécageuse de la forêt xéro-mésophile. Dans ces sentiers, elle vole à
très faible hauteur (captures à moins d’1 m). Nous avons même observé
des individus rasant le sol et passant sous les filets !
D’après Frédéric Leblanc, elle doit également utiliser les lisières pour se
repérer.
Plusieurs observations directes complètent ces données de capture. Des
noctilions pêcheurs ont ainsi été observés en action de chasse dans
plusieurs stations de formations inondées : la Grande Rivière à Goyaves,
le canal de Belle Plaine (Abymes), le Grand Cul-de-Sac Marin, les lagunes
de Grande Anse à Deshaies, des Salines et de l‘Anse Dumont à Gosier et
celles d’un des îlets du Petit Cul-de-Sac Marin (Masson et al., 1990 ;1992 ;
Béatrice Ibéné obs. pers. ; J. Celeste, comm. pers. ; F. Leblanc, détection
acoustique).
Noctilio leporinus a également été observé au dessus de mares de
Grande-Terre situées en lisière de forêt sèche du littoral (Sainte-Anne,
Saint-François, Anse-Bertrand), d’anciens bassins à ouassous en lisière de
forêt mésophile (Lamentin) et sur le lac d’altitude Grand Etang en forêt
hygrophile (obs. pers ; Masson et al., 1990 ; 1992)
Les observations en bord de mer sont plus rares. Johan Chevalier en
aurait observé au dessus de la mer sur la plage de Folle Anse à SaintLouis, Marie-Galante (comm. pers.).
Des prospections acoustiques compléteront sans doute les données
relatives aux habitats utilisés par Noctilio leporinus en Guadeloupe.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 91 -
Gîtes. Les gîtes diurnes du Noctilion pêcheur demeurent inconnus en
Guadeloupe.
Ailleurs dans les Petites Antilles, il gîte dans les grottes, crevasses et dans
les grands arbres creux (cavités), par exemple les Fromagers Ceiba
pentandra (Hood & Jones, 1984 ; Pedersen et al., 2006).
Les gîtes cavernicoles peuvent être partagés avec d’autres espèces de
Chiroptères (Hood & Knox, 1984).
Un de nous (Frédéric Leblanc) a découvert une colonie de 80 individus
dans un ancien four à chaux en Martinique en novembre 2006.
Il est possible que le Noctilion pêcheur utilise les arbres des formations
inondées comme gîte nocturne d’alimentation ou comme gîte diurne
(notamment les cavités de Pterocarpus officinalis).
Des prospections du littoral (côte nord orientale, côte sous le vent),
permettront peut-être de trouver ses gîtes cavernicoles diurnes en
Guadeloupe, à l’instar des recherches d’Issartel et Leblanc en Martinique
(2004).
¾ Alimentation et comportement de chasse
Noctilio leporinus est une espèce essentiellement piscivore mais elle
chasse également de gros insectes aquatiques. Elle chasse dans les eaux
calmes.
Des études menées à Puerto Rico ont montré qu’un noctilion pêcheur
consomme chaque nuit 30 à 40 poissons de 25 à 76 mm long. Les tilapias
(Oreochromis mossambicus) figurent parmi ses proies préférées (Gannon
et al., 2005).
La technique de chasse de cette chauve-souris est maintenant bien
connue (Wenstrup & Suthers, 1984). Seuls les poissons de surface sont
repérés par le sonar du Noctilion grâce aux remous crées par leur nageoire
dorsale. Comme dans la technique de pêche du Balbuzard pêcheur
(Pandion haliaetus), le poisson (ou l’insecte aquatique) est capturé par les
longs pieds munis de longues griffes acérées. Au contact de l’eau,
l’uropatagium de la chauve-souris se rétracte alors par le repli de la queue
et des calcars. La proie est ensuite ramenée à la bouche avant d’être
dégustée le plus souvent au gîte d’alimentation (un arbre, une cavité ou
un abri sous roche).
Dans les eaux très poissonneuses les Noctilions patrouillent « en
aveugle » à la surface de l’eau, les pattes postérieures tendues (CharlesDominique et al., 2005). Cette technique de chasse à été observée en
Guadeloupe dans les eaux calmes du Grand Cul-de-Sac Marin (J. Céleste,
comm. pers.).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 92 -
Noctilion pêcheur ailes déployées de face et de dos. Remarquez la rétraction des calcars le longs des
cuisses et la longueur des pattes postérieures (pieds en particulier)
D’après Gannon et al (2005) les noctilions sont actifs tout au long de la nuit
chassant durant plusieurs heures. Les auteurs ont constaté une grande
fidélité des individus à leurs sites de chasse et leurs gîtes nocturnes qui
peuvent rassembler des individus de colonies différentes (de gîtes diurnes
différents). Les femelles chasseraient en groupe.
Nous avons effectivement capturé des individus qui semblaient se
déplacer en petit groupe et une femelle adulte capturée (Abymes) a émis
des cris sociaux.
Le radiopistage d’individus pourrait nous amener des informations
complémentaires sur les habitats de chasse de l’espèce, les gîtes
nocturnes d’alimentation et les gîtes diurnes (sélection des gîtes et
territoires, fidélité, comportement de chasse, …).
¾ Vie sociale et reproduction
En gîte cavernicole les colonies seraient constituées de moins d’une
centaine d’individus (souvent une trentaine) formant des petits groupes.
D’après Gannon et al. (2005), les harems comprennent un mâle avec de 2
à 9 femelles.
Généralement les femelles ne font qu’un seul petit par an (Hood & Jones,
1984).
Il existe très peu de données disponibles concernant la reproduction de
cette espèce dans les Petites Antilles. Pedersen et Morton (2006)
indiquent que les naissances se situent entre avril et mai (accouplement
probablement en décembre).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 93 -
Nous avons capturé un mâle reproducteur (testicules apparents) fin juillet
2006.
Ratio Noctilio leporinus
(individus capturés au filet entre 25/02 et 21/10/06)
3,5
3
2,5
nombre
2
Noc lep femelle
Noc lep mâle
1,5
1
0,5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Ratio global Noc lep
4,5
Mâles
4
3,5
Femelles
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
¾ Conservation
L’espèce n’a pas de statut UICN, toutefois les populations mondiales
sont considérées en déclin (Hutson et al., 2001).. La dégradation des
zones humides est sans doute un des principaux facteurs de déclin.
Rappelons que la dynamique de reproduction de l’espèce est faible (un
seul petit par an).
Noctilio leporinus est quasi-inféodée aux zones humides qui sont des
habitats menacés en Guadeloupe par les remblais, l’urbanisation, les
aménagements côtiers et les pollutions.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 94 Noctilio leporinus est connue pour être sensible à la bioamplification des
pesticides et autres polluants (métaux lourds, hydrocarbures, …). Dans
les réseaux trophiques complexes comme c’est le cas dans l’écosystème
des mangroves, l’espèce peut donc concentrer ces substances jusqu’à
une dose toxique.
La
sauvegarde de cette espèce en Guadeloupe passe par la
préservation de ses habitats de chasse : les zones humides ;
particulièrement les plans d’eau calme (lagunes, embouchures de
rivières, étangs,…).
L’urbanisation croissante du littoral risque de détruire des gîtes
cavernicoles.
L’étude prioritaire pour cette espèce nous apparaît être la recherche de
ses gîtes diurnes et sites de reproduction (recherche de grottes littorales,
radiopistage) en vue de leur protection et de leur suivi à long terme,
comme le préconise l’UICN (Hutson et al., 2001).
Elle devrait également être l’objet d’une étude visant à préciser son
régime alimentaire en Guadeloupe et à rechercher la présence de
polluants, par exemple dans les fèces.
V.11 Pteronotus davyi davyi
¾ Synonymie
Ptéronote de Davy, Chauve-souris à dos nu, Lesser
Naked-backed Bat
¾ Systématique
Famille : Mormoopidae.
Genre : Pteronotus compte 6 espèces.
Espèce : Pteronotus davyi (Gray, 1838) au sein de
laquelle on reconnaît 3 sous-espèces :
- P. d. davyi présente dans les Petites Antilles
- P. d. fulvus
- P. d. incae
¾ Description
Le Ptéronote de Davy se reconnaît facilement à différents
critères :
ƒ
ƒ
ƒ
Pteronotus davyi
sa petite taille (autour de 80 mm de long) ;
son pelage sombre ;
son aspect caractéristique « à dos nu » conféré par le patagium
qui se prolonge jusque sur le dos au niveau de la ligne
médiodorsale ;
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 95 ƒ
son uropatagium développé, relié aux tibias par de longs calcars qui
replient complètement l’uropatagium en face ventrale ;
sa queue développée (22mm) est incluse dans l’uropatagium dans
2/3 de sa longueur puis passe au travers de celui-ci (10-15 mm de
queue « libre ») ;
son poids entre 7 et 10,3 grammes (d’après la clé de Masson &
Breuil - individus de Marie-Galante) ;
sa longueur d’avant-bras : entre 44,9 et 46,8 mm.
ƒ
ƒ
ƒ
Nous pouvons également noter plusieurs critères caractéristiques de la
tête du Ptéronote de Davy :
-
oreilles lancéolées
narines incorporées à la lèvre
supérieure
moustache sur le museau
Lèvre inférieure munie d’un
« menton en plateau extensible »
Les lèvres donnent ainsi à la
bouche un aspect en entonnoir (rôle
dans la focalisation des émissions
sonar)
Ptéronote de Davy – profil de la tête
¾ Répartition géographique
La distribution de Pteronotus davyi est discontinue de l’Amérique du Sud
jusqu’au nord de l’Amérique Centrale (Mexique). Elle est absente en
Guyane et dans les Grandes Antilles (Adams, 1989).
La sous-espèce Pteronotus davyi davyi est présente en Amérique Centrale
(Nicaragua, Costa Rica), dans le nord de l’Amérique du Sud (Colombie,
Venezuela, Trinidad) et au sud des Petites Antilles (Grenade, Saint
Vincent, Martinique, Dominique et Marie-Galante).
En l’état actuel des connaissances, Marie-Galante est l’île la plus au
nord de sa répartition antillaise et la seule de l’Archipel guadeloupéen
où l’espèce est présente.
Faute de séance de capture à Marie Galante nous n’avons pas examiné
de Ptéronote de Davy en 2006. Fréderic Leblanc n’a d’ailleurs eu aucun
contact de cette espèce durant ses prospections au détecteur à ultrasons
en diverses localités de Grande-Terre et de Basse-Terre. Le sonar de cette
espèce est pourtant très caractéristique et facile à reconnaître (Issartel &
Leblanc, 2004).
¾ Ecologie
Milieux trophiques. L’espèce semble préférer les habitats mésophiles et
xérophiles (Adams, 1989).
A la Dominique, Pteronotus davyi est connu du niveau de la mer jusqu’à
400 m d’altitude (Genoways et al., 2001).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 96 A Marie-Galante, Masson et al. (1992) l’ont capturé dans les filets bordant
un étang situé en lisière de champs de canne à sucre et de bois de
manguiers.
Des prospections acoustiques permettraient sans doute de mieux
connaître les habitats et stratégies de chasse de l’espèce à Marie-Galante.
Gîtes. L’espèce est cavernicole. Elle semble préférer les grottes sombres,
chaudes et humides. Elle gîte également dans les mines.
Les colonies sont généralement très importantes et peuvent compter
jusqu’à des centaines de milliers d’individus (Adams, 1989).
Issartel et Leblanc (2004) estiment à au moins 10 000 individus la colonie
de Pteronotus davyi de la Grotte de Bellefontaine en Martinique (1 des 2
seuls gîtes connus sur cette île).
Le seul gîte connu pour cette espèce en Guadeloupe est le Grand Trou à
Diable à Marie-Galante qu’elle partage avec 4 autres espèces. Masson et
al. (1990) estiment que la colonie de Pteronotus davyi comporte plusieurs
centaines d’individus.
La dernière capture réalisée au Grand Trou à Diable (2000) a montré que
les Ptéronotes sont les premiers à sortir du gîte au crépuscule. Des
observations réalisées en sortie de gîte nous laissent à penser que la
colonie est plus nombreuse. Une estimation plus précise est donc à
réaliser.
¾ Alimentation
Le régime alimentaire de cette espèce insectivore
principalement des Lépidoptères et des Diptères.
comprendrait
¾ Reproduction
Les femelles n’ont qu’un œstrus annuel.
Très peu de données disponibles pour les populations des Petites Antilles.
A la Dominique, des femelles gestantes ont été capturées en mars et une
allaitante fin juillet (Genoways et al., 2001).
¾ Conservation
L’espèce n’est pas considérée comme menacée au niveau mondial.
La connaissance plus précise des habitats et comportements de chasse
de l’espèce (milieux boisés ? milieux ouverts ? zones humides ? chasse en
lisière forestière ? diversité des habitats trophiques, …) permettra de mieux
évaluer les risques qui pèsent sur l’espèce à Marie-Galante.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 97 -
V.12 Sturnira thomasi thomasi
¾ Synonymie
Sturnire de la Guadeloupe; Guadeloupe yellow-shouldered Bat; Thoma’s
yellow-shouldered bat; Guadeloupe epauleted bat
¾ Systématique
Famille : Phyllostomidae
Sous-famille Stenoderminae
Genre : Sturnira comprend 13 espèces dont
Sturnira lilium présente à Trinidad et dans 4 îles
des Petites Antilles.
Espèce : Sturnira thomasi (de la Torre et
Schwartz, 1966)
Sturnira thomasi thomasi
Genoways (1998) différencie nettement deux sous-espèces :
-
Sturnira thomasi thomasi endémique de la Guadeloupe
Sturnira thomasi vulcanensis endémique de Montserrat.
¾ Description
Sturnira thomasi est un Phyllostomidé caractérisé
par :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une taille moyenne (35cm d’envergure) ;
un pelage brun foncé, brun roux ou brun grisâtre
dessus, plus clair dessous
une feuille nasale assez développée (> 5mm ;
autour de 10 mm) ;
des yeux grands
l’absence de queue ;
un uropatagium atrophié ;
un poids entre 24,5 et 38 grammes (chez une
femelle gestante);
une longueur d’avant bras comprise entre 45,9 et
49,2 mm ;
une zone de pelage jaunâtre au niveau des
épaules (toutefois absent chez certains individus
capturés en Guadeloupe comme chez les
spécimens connus à Montserrat) ;
Le Sturnire de la
Guadeloupe
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 98 -
Portrait de 3 Sturnira thomasi capturés en 2006 en 3 localités différentes.
¾ Répartition géographique
Sturnira thomasi a été découverte en Guadeloupe (Sofaia, Sainte-Rose)
par de la Torre et Schwartz en 1966 et à Montserrat par Pedersen et al. en
1994 (1996). Sur cette île, elle est extrêmement rare puisque seuls 3
spécimens sont connus : 1 individu capturé en 2005 et 1 en 2006 depuis
sa découverte en 1994.
En Guadeloupe, elle n’est connue qu’en Basse-Terre. Elle a été
capturée dans plusieurs localités du Nord au Sud du massif forestier de la
Basse-Terre. Sa fréquence de capture est cependant globalement faible :
1,2 % des captures (4/331) en 1989, 7,3 % (26/352) en 1992, 2% en 2000
(5/ 243) et 3,65 % (10/274) en 2006 (Masson et al.1990, 1992 ; Beuneux
et al., 2000 ; Ibéné et al., 2006).
En 2006, nous l’avons capturé en 5 localités différentes de 60 à 460
mètres d’altitude. Nos captures ont confirmé sa présence à Sofaia, SainteRose et Vernou, Petit-Bourg. Nous l’avons de plus trouvé dans 3 nouvelles
localités : Caféière Deshaies, Boubers Lamentin et Forêt de Frédy à
Capesterre-Belle-Eau.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 100 avons capturés en forêt hygrophile et 13 % de ceux capturés en forêt
mésophile.
Tous les Sturnires de la Guadeloupe capturés en 2006 l’ont été entre 0 et
4 mètres de hauteur de filet, comme ceux capturés par Masson et al.
(1992). En forêt mésophile nous en avons capturé uniquement dans les
filets situés sur les sentiers forestiers ; alors que dans les mêmes stations
des fers de lance communs ont également été capturés dans les filets
placés en lisière de bananeraie ou d’un autre milieu ouvert ou dans les
filets situés devant un point d’eau.
Sturnira thomasi préfère donc exploiter le sous-bois comme Sturnira
lilium et Sturnira tildae en Guyane (Charles-Dominique et al., 2001).
A Montserrat, l’écologie de l’espèce semble différente puisqu’elle n’a été
capturée qu’en forêt humide au fond des ravines (Pedersen, comm. pers.)
Gîtes. Inconnus en Guadeloupe comme à Montserrat
¾ Alimentation
Des observations réalisées le soir de capture nous font penser que les
Sturnires de la Guadeloupe recherchent leur nourriture en petits groupes.
Grâce à la remarquable étude réalisée par Masson et al. (1992 ;1994) sur
la dissémination par endophytosporie des plantes forestières de la
Guadeloupe par les Phyllostomidés, nous avons une bonne connaissance
de son régime alimentaire.
Ces travaux ont montré que Sturnira thomasi dissémine activement les
graines d’au moins 10 espèces des forêts hygro-mésophiles.
Elle consomme les infrutescences d’épiphytes telles les Ailes à mouche
(Asplundia rigida) et les siguines (Philodendron scandens, P. lingatulum).
Infrutescences d’Asplundia rigida, épiphyte endémique des Petites Antilles. La
position érigée des infrutescences facilite leur repérage par les chauvessouris.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 101 Le rôle essentiel que jouent les Chauve-souris dans la dissémination
des lianes et épiphytes du sous-bois est bien connu en Amérique
tropicale. Comme le fait remarquer Blanc (2002), les graines germées des
épiphytes n’ont que très peu de chance au sol alors que dans les fientes
liquides des chauves-souris émises obliquement lors des virages de
l’animal, elles ont toutes les chances d’atterrir sur un support vertical
(tronc) et de pouvoir ainsi s’y installer.
Sturnira thomasi consomme également les fruits d’arbustes de sous-bois
de la famille des Piperacae, « bois cierge » ou « queue à rat « (Piper
dilatum ; Piper aequale, Piper spp) et d’arbres « bois canon » ou « bois
trompette » (Cecropia schreberiana), espèces pionnières. Elle participe
donc activement à la régénération forestière.
L’étude de Masson et al. (1992) révèle que Sturnira thomasi est un agent
disséminateur par endophytosporie particulièrement efficace puisque 88 %
des individus capturés ont fourni des graines.
Soulignons que cette espèce endémique des Petites Antilles dissémine au
moins une espèce végétale elle aussi endémique des Petites Antilles
(Asplundia rigida).
Le régime alimentaire de Sturnira thomasi semble recouvrir en partie celui
d’Ardops nichollsi (consommateur de fruits de Piper spp) et celui d’Artibeus
jamaicensis qui recherche également les fruits de Bois canon (Cecropia
schreberiana).
¾ Reproduction
Nous avons capturé des femelles gestantes au mois de mai, des postallaitantes fin septembre et des mâles reproducteurs (testicules apparents)
fin août ; ce qui suggère que la période de reproduction s’étendrait d’avril à
septembre, coïncidant avec un envol des jeunes en période ou les
ressources alimentaires sont les plus importantes (juillet-novembre).
Stade reproducteur des 10 Sturnira thomasi capturés en 2006 :
Stade reproducteur
MNR
FNR
FG
FG
FNR
MR
MR
FPL
FPL
FPL
date
02/03/2006
02/03/2006
07/05/2006
07/05/2006
27/05/2006
26/08/2006
26/08/2006
23/09/2006
23/09/2006
23/09/2006
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 102 -
Les ratios obtenus en 2006 :
Ratio Sturnira thomasi
(individus capturés au filet entre le 25/02 et le 21/10/06)
3,5
3
2,5
nombre
2
Stu tho femelle
Stu tho mâle
1,5
1
0,5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Ratio global Stu tho
8
Femelles
7
6
5
4
Mâles
3
2
1
0
Nos données de 2006 sont en accord avec celles publiées. En juillet 1974,
Jones et Genoways ont capturé en Guadeloupe 2 femelles allaitantes, une
subadulte et une juvénile (Jones & Genoways, 1975). A Montserrat en
1994, Pedersen et al. (1996) ont découvert une femelle gestante en mai.
¾ Conservation
Statut UICN :
L’UICN classe Sturnira thomasi dans la catégorie des espèces
mondialement En Danger suivant les critères B1+2c (faible répartition,
habitats menacés,…).
Sturnira thomasi est menacée par la disparition et la fragmentation de ses
habitats forestiers hygrophiles et mésophiles. Espèce de sous-bois, elle
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 103 apparaît très sensible à la coupe forestière. La menace est d’autant
plus importante dans les formations forestières mésophiles non protégées
et où s’opèrent des coupes à blanc.
Sturnira thomasi est très rare à Montserrat et les éruptions volcaniques
ont détruit son habitat forestier (Pedersen, 2001).
La présence de cette espèce est à prendre en compte lors d’interventions
en forêt mésophile et hygrophile. Le maintien de corridors boisés entre les
massifs forestiers est très important pour cette espèce qui ne semble pas
aimer voler « à découvert ».
Défrichement étendu en forêt mésophile à Ziotte Deshaies
(station qui abritait Sturnira thomasi d’après Masson et al., 1990)
Sturnira thomasi est à rechercher en Côte sous le vent (du nord au sud) et
dans les formations forestières de basse altitude.
L’obtention de données éco-éthologiques (gîtes, surface du territoire
trophique, fidélité spatio-temporelle, …) par du radiopistage est nécessaire
pour établir un plan de restauration de cette espèce menacée.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 104 -
V.13 Tadarida brasiliensis antillularum
¾ Synonymie : Tadaride du Brésil, Brazilian free-tailed Bat
¾ Systématique
Famille : Molossidae.
Genre : Tadarida compte 10 espèces.
Espèce : Tadarida brasiliensis (Miller, 1902).
On reconnaît 9 sous-espèces dont Tadarida brasiliensis antillularum
présente dans les Petites Antilles et à Puerto Rico (Wilkins, 1989).
¾ Description
Le Tadaride du Brésil est un Molossidé reconnaissable à plusieurs
critères :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
une petite taille : 28 cm d’envergure ;
des oreilles arrondies très larges et
courtes (qui ne se rejoignent pas
complètement sur le front comme chez
Molossus molossus) ;
la lèvre supérieure plissée (critère
qui le distingue de Molossus
molossus, chez lequel la lèvre
supérieure est lisse) ;
le pelage est brun à roux dense et
court dessus, plus clair et plus long
Tadaride du Brésil
dessous ;
l’uropatagium est développé ;
sa queue dépasse de moitié de l’uropatagium ;
un poids de 8,8 à 12 grammes ;
une longueur d’avant-bras comprise entre 37 et 39,7 mm.
Comme chez Molossus molossus les pieds possèdent de longs poils et
il existe une glande gulaire chez les femelles et les mâles (plus
développée chez les mâles reproducteurs).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 105 -
Lèvre supérieure lisse
Molossus molossus
Lèvre supérieure plissée
de Tadarida brasiliensis
Uropatagium arrondi au
niveau de la queue chez
Molossus molossus
Uropatagium
remonte plus haut
sur le dos et est
rectiligne au niveau
de la queue chez
Tadarida brasiliensis
Critères distinctifs des 2 espèces de molosses présentes en
Guadeloupe au niveau de la tête et de l’uropatagium
¾ Répartition géographique
Tadarida brasiliensis a une très large distribution. Elle est connue de
l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Chili) jusqu'aux Etats Unis (au sud
d’une ligne Oregon - Caroline du Nord) ainsi que dans les Petites et
Grandes Antilles (Wilkins, 1989).
La sous-espèce T.b. antillularum est présente de St Vincent à Puerto Rico
(Gannon et al., 2005).
En Guadeloupe Tadarida brasiliensis, est présente en Grande-Terre, à
Basse-Terre et aux Saintes (Terre-de-Bas).
¾ Ecologie
Milieux trophiques. Insectivore de plein ciel, elle chasse dans les milieux
ouverts et au dessus de la canopée.
Elle a été capturée par les différentes missions en forêt humide (Grand
Etang, Petit Bras David…), mésophile, marécageuse (La Jaille), xéromésophile (Grands Fonds) et en forêt sèche. Masson et al. (1990) l’ont
même capturé dans un filet situé au bord d’une falaise à Terre-de-Bas.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 106 Nous l’avons capturé cette année dans une seule localité en lisière de forêt
mésophile (L’Ermitage Goyave). Les 9 individus ont tous été capturés dans
un filet installé devant un point d’eau. La densité relative apparaît faible
(1,57 individu/ 1000hm²) mais rappelons que les molosses se prennent
difficilement au filet. Les captures antérieures ont d’ailleurs concerné pour
la plupart, des individus en sortie de gîtes (carbet) ou venus s’abreuver.
L’identification acoustique de Tadarida brasiliensis - si elle diffère de
Molossus molossus - permettra sans doute d’avoir une meilleure
connaissance de la répartition de l’espèce en Guadeloupe.
Le Tadaride du Brésil apparaît toutefois moins fréquent et répandu que
l’autre Molossidé, le Molosse commun.
Gîtes. Le Tadaride du Brésil est typiquement une espèce de fissure mais
elle peut également exploiter les façades. Elle utilise une grande
diversité de gîtes : cavités souterraines, arbres (fissures et cavités),
constructions humaines (ponts, toitures d’habitation, ….).
Le plus seul gîte cavernicole connu pour cette espèce en Guadeloupe,
sont les grottes de Terre-de-Bas aux Saintes qui abriterait de milliers
d’individus (Reygrobelellet & Redaud, 1993). Nous ne connaissons
cependant pas l’état de la colonie depuis les tremblements de terre qui ont
touché l’île en 2005.
Nous avons trouvé des Tadarida brasiliensis gîtant sous les toitures
d’habitation, mais aussi de différents carbets en forêt humide au sein du
Parc National (aires de pique-nique de Corossol, Bras David, …).
D’ailleurs, le carbet de Grand Etang qui abritait une colonie, signalée dans
les rapports de Masson et al. (1990) et de Beuneux et al. (2000), a
pourtant été détruit !
Beuneux et al. (2000) ont découvert une colonie dans une des grottes
Caraïbes des falaises de la Grande Vigie à Anse-Bertrand. Ils ont
également découvert une colonie d’au moins 600 individus dans l’ancien
logement du personnel du CIRAD à Neuf Château Capesterre Belle Eau
(sous les tôles ondulées et sur les façades béton).
Une petite colonie loge au niveau du phare de Petite Terre. Nous avons
identifié l’espèce d’après les diapositives transmises par un agent de la
Réserve Naturelle (Anthony Levesque).
Un Tadaride du Brésil sous la toiture d’un carbet (Parc National)
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 107 -
¾ Alimentation
A l’instar du Molosse commun, le Tadaride du Brésil a les caractéristiques
d’une espèce agile et rapide, taillée pour chasser les insectes en vol : ailes
longues et étroites ; charge alaire élevée autour de 4 kg/m².
Elle chasse plutôt en plein ciel, en milieux ouverts ou à plusieurs mètres
au-dessus de la canopée.
Son régime alimentaire serait essentiellement constitué de petits papillons
et de Coléoptères (Wilkins, 1989 ; Pedersen & Morton, 2006).
¾ Vie sociale et reproduction
Tadarida brasiliensis est une des espèces de chauves-souris les plus
grégaires au Monde. Des colonies d’Amérique du Nord peuvent
rassembler des millions d’individus comme celle d’une célèbre grotte du
Texas.
Dans les Petites Antilles, les colonies sont plus petites, elles rassemblent
une dizaine à un millier d’individus (Pedersen & Morton, 2006).
Les femelles gestantes forment des nurseries (sans mâles).
Nous avons capturé des femelles gestantes fin février. Pedersen et al.,
(2006) ont capturé une femelle gestante et une allaitante début juin à
Antigua.
Les femelles ne font qu’un seul petit par an.
La gestation dure 3 mois et le petit qui naît nu est
semaines d’âge (Wilkins, 1989).
volant dès 5 à 6
Tadaride du Brésil
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 108 -
Les ratios obtenus en 2006 :
Ratio Tadarida brasiliensis
(individus capturés au filet le 24/06/06)
10
9
8
7
nombre
6
Tad bra femelle
Tad bra mâle
5
4
3
2
1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
séances
Ratio global Tad bra
6
Femelles
5
Mâles
4
3
2
1
0
¾ Conservation
Statut UICN :
Malgré la très large distribution du Tadaride du Brésil, L’UICN la classe
parmi les espèces « Quasi menacées » NT.
Les populations d’Amérique du Nord sont en fort déclin depuis 100 ans.
Déclin également constaté à Puerto Rico (Gannon et al., 2005). La raison
principale de ce déclin est le dérangement et de la destruction des gîtes
en particulier des colonies de mise bas.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 109 Les pesticides sont également fortement incriminés. En effet, des
organochlorés ont été retrouvés dans les tissus de tadarides (muscles,
tissus adipeux, cerveau), de même que des métaux lourds comme le
plomb ou le mercure (Wilkins, 1989).
En Guadeloupe, les principales menaces que nous voyons peser sur
l’espèce sont la destruction des gîtes cavernicoles (la plupart étant
inconnus) et la pollution par les pesticides. Bien qu’elle préfère les
bâtiments abandonnés cette espèce peut également être victime de
destruction volontaire quand elle gîte sous les toits d’habitation.
La prospection acoustique semble la technique la plus appropriée pour
connaître la répartition géographique et les habitats de chasse de Tadarida
brasiliensis en Guadeloupe.
Le radiopistage pourrait également fournir de précieuses données sur les
caractéristiques éco-éthologiques de l’espèce (gîtes cavernicoles, choix
des essences d’arbres comme gîtes, distance entre terrains de chasse et
gîtes, utilisation de l’espace aérien, …).
Une analyse des fèces afin de préciser le régime alimentaire et de
rechercher d’éventuels polluants serait souhaitable.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 110 -
VI. Recommandations et perspectives
VI.1. Protection des milieux trophiques
La richesse spécifique en peuplement chiroptérologique des îles est fonction de
leur taille mais aussi de la diversité des habitats qu’elles abritent (Pedersen et
al. 2003).
Avec ses 13 espèces, la Guadeloupe – avec Grenade -, abrite la plus grande
richesse spécifique des Petites Antilles. Elle possède même autant d’espèces
que l’île de Puerto Rico.
Le maintien de cette richesse passe par le maintien de la diversité et de la
bonne santé des habitats de recherche alimentaire (tous les types forestiers,
zones humides).
Certains milieux importants pour les communautés de chauves-souris méritent
une attention particulière. Ils devraient bénéficier d’une protection forte qui les
préserve des déboisements étendus et de la pollution :
o
o
o
o
o
o
les mangroves et forêts marécageuses
les bois et forêts xéro-mésophiles (Grands Fonds)
les forêts sèches littorales
les forêts rivulaires
les forêts mésophiles et humides non protégées
le massif forestier du Nord Basse-Terre
Quand les coupes forestières sont inévitables elles doivent ménager des
corridors bien boisés. Par exemple, entre formations forestières inondées et
mésophiles en Basse-Terre ou formations inondées et xéro-mésophiles en
Grande-Terre.
Les espèces les plus sensibles à la déforestation sont : Sturnira thomasi
(sous-bois), Natalus stramineus (forêt sèche littorale), Monophyllus plethodon,
Ardops nichollsi (bon bio indicateur de la santé des forêts), Noctilio leporinus et
sans doute Chiroderma improvisum. Toutefois les espèces forestières de
lisières Myotis dominicensis et Eptesicus guadeloupensis sont également très
dépendantes du couvert forestier.
Rappelons la sensibilité particulière de Noctilio leporinus et Tadarida brasiliensis
à la pollution. Il en est probablement de même pour Eptesicus guadeloupensis,
Natalus stramineus et Myotis dominicensis. La réduction drastique de l’usage
des pesticides en milieu naturel apparaît donc nécessaire à la préservation
durable de ces espèces.
La restauration des milieux boisés dégradés et la gestion forestière devraient
prendre en compte le régime alimentaire de nos espèces frugivores, omnivores
et pollinivores (essences indigènes disséminées et/ou pollinisées par les
Phyllostomidés).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 111 -
Tableau récapitulatif des milieux trophiques utilisés par les 13 espèces de
Chauves-souris de la Guadeloupe :
Molossus
molossus
Artibeus
jamaicensis
Brachyphylla
cavernarum
Noctilio
leporinus
Monophyllus
plethodon
Tadarida
brasiliensis
Ardops
nichollsi
Natalus
stramineus
Pteronotus
davyi
Chiroderma
improvisum
Myotis
dominicensis
Sturnira
thomasi
Eptesicus
guadeloupensis
NB :
Forêt
hygrophile
Forêt
mésophile
Forêt
xéromésophile
Forêt
sèche
Forêts
inondées
Autres
Zones
humides
Milieux
anthropiques
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+++
+
+
+
(+)
?
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+/-
+
+
(+)
+
+
+
+
+
+
(+)
+
(+)
(+)
+
+
+
+
Forêt : hors point d’eau
Autres zones humides =individus capturés sur plans d’eau : étangs, mares, lagunes,
rivières… (Abreuvoirs ou zones de chasse)
Milieux anthropiques : jardins, zones urbanisées.
( ) : Donnée non vérifiée en Guadeloupe mais connue ailleurs dans les Antilles.
VI.2 Protection des gîtes
Nous préconisons de faire protéger les gîtes confirmés et découverts par des
Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope et pour certains leur mise en
sécurité. Il importe que des panneaux informatifs accompagnent cette
protection.
Ces arrêtés devraient stipuler clairement l’interdiction du passage d’engins sur
les cavités.
Il nous apparaît crucial pour le maintien des chauves-souris cavernicoles de la
Guadeloupe, que toute intervention sur les falaises et littoral rocheux ou dans
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 112 les mornes et ravines des Grands Fonds soit précédée d’une recherche de gîte
karstique potentiel.
La gestion forestière doit préserver les arbres creux de belle taille et âgés
(cavités, fissures) ainsi que les arbres morts de grande taille ne présentant pas
de dangers pour les visiteurs (hors sentiers et aires aménagée).
Récapitulatif des types de gîtes utilisés par les espèces Chauves-souris
présentes en Guadeloupe :
Cavités
souterraines
Arbres
Habitations
Molossus molossus
+
+
+
Artibeus jamaicensis
+
+
(+)
Brachyphylla cavernarum
Noctilio leporinus
Monophyllus plethodon
Tadarida brasiliensis
+
(+)
+
+
Ardops nichollsi
Natalus stramineus
Pteronotus davyi
Chiroderma improvisum
Myotis dominicensis
Sturnira thomasi
Eptesicus guadeloupensis
NB : (
+
(+)
(+)
(+)
(+)
(+)
Ponts
+
+
+
+
?
?
?
?
?
?
?
?
) : Donnée non encore vérifiée en Guadeloupe
? : Inconnu
VI.3 Protection des espèces
Toutes les chauves-souris présentes sur le territoire national bénéficient d’une
protection légale intégrale. Toutefois, c’est l’arrêté ministériel du 17 février 1989
qui fixe les mesures de protection des mammifères, oiseaux, reptiles et
amphibiens de la Guadeloupe. Or, 4 espèces de Chiroptères manquent à la liste :
Sturnira thomasi, Natalus stramineus, Monophyllus plethodon et Myotis
dominicensis.
Il apparaît urgent que cet arrêté soit corrigé. Il pourrait stipuler que « toutes les
espèces de Chauves-souris indigènes » présentes en Guadeloupe sont protégées.
Nos préconisations pour chaque espèce ont été mentionnées dans les
commentaires spécifiques (Chap. V).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 113 VII. 4 Perspectives
Complément d’inventaire par captures au filet :
Durant la seconde phase d’étude, des stations de la Côte sous le vent, du Nord
Grande-Terre et des dépendances seront échantillonnées par capture au filet.
Bien que nous ayons progressé dans la connaissance de l’écologie, la biologie de
la plupart des espèces de la Guadeloupe, la technique d’étude par capture au filet
nous a montré ses limites. Aussi, nous projetons de poursuivre l’étude des
populations de chauves-souris guadeloupéennes en complétant les captures au
filet par la bioacoustique et le radiopistage.
Bioacoustique :
Une première phase de recherche visera à établir une clé d’identification
acoustique des 13 espèces présentes en Guadeloupe. Ce qui signifie qu’il faudra
recueillir et comparer, pour chaque espèce, un nombre important de séquences
sonores dans toutes les circonstances de vol pour évaluer les variations
intraspécifiques et les risques de recouvrement interspécifiques.
Si l’on se réfère aux premiers résultats présentés par Barataud et al. (2006) suite
aux 5 soirées de terrain réalisés durant la formation de février 2006, nous devrions
avoir de bonnes chances de diagnose, y compris au sein de la famille la mieux
représentée des Phyllostomidés puisqu’aucune des 7 espèces étudiées ne semble
présenter de recouvrement acoustique lorsqu’on considère l’ensemble des
paramètres d’analyse auditive et informatique.
L’identification acoustique des 2 espèces de Molossidés (Molossus molossus et
Tadarida brasiliensis), difficiles à capturer au filet nous permettra de préciser leur
réelle répartition. Il en est de même pour toutes les espèces dont le sonar
s’avérera facile à détecter et à identifier sur terrain. Par la suite, les prospections
acoustiques constitueront une aide précieuse à leur inventaire et à la
connaissance de leurs exigences écologiques en matière d’habitat de recherche
alimentaire.
Ainsi, s’il s’avérait possible d’identifier au détecteur d’ultrasons le Chiroderme de la
Guadeloupe et la Sérotine de la Guadeloupe, il deviendrait plus aisé et rapide (par
rapport à la capture au filet) d’obtenir une bonne idée de leur répartition et de
prévoir rapidement des mesures de conservation en conséquence.
Les recherches acoustiques permettront également de connaître la richesse
spécifique d’un lieu sans nécessairement réaliser de capture. Ce qui peut s’avérer
très utile dans certains milieux comme les forêts et formations inondées où la
pose des filets posent bien des difficultés.
Radiopistage
Cette technique devrait nous permettre de mieux appréhender les habitats
fréquentés par les espèces en particulier les espèces endémiques des Petites
Antilles. Grâce au radiopistage nous pourrons tenter de trouver les gîtes diurnes
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 114 d’Ardops nichollsi, de Sturnira thomasi, de Myotis dominicensis, d’Eptesicus
guadeloupensis, de Noctilio leporinus, voire de Chiroderma improvisum.
L’obtention de toutes ces données éco-éthologiques complémentaires (gîtes,
choix des essences utilisées comme ressources alimentaires ou comme gîtes,
structure et exploitation de territoires,….) sont nécessaires pour mettre en œuvre
un plan de restauration des espèces les plus menacées.
.
Prospection de gîtes cavernicoles :
Un effort de recherche conséquent concernant les gîtes cavernicoles pourrait être
mené en 2008. Il devrait comprendre des prospections par la mer le long des
côtes.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 115 -
CONCLUSION
Nous avons capturé et examiné 279 individus entre le 25/02 et le 18/11/06
représentant 10 des 13 espèces de chauves-souris de la Guadeloupe. Les individus
capturés sont apparus en bonne santé (bon état d’embonpoint, peu de parasites
externes, …). Nos prospections confirment cependant la fragilité du statut de
conservation de la plupart des espèces dont 4 sont considérées menacées par
L’UICN et 3 autres quasi-menacées. Malgré des efforts de capture ciblés, deux
espèces classées en danger par l’UICN Eptesicus guadeloupensis et Chiroderma
improvisum n’ont pas été contactées.
Les résultats de ce travail qui comprend l’étude par captures au filet mais aussi la
synthèse de plusieurs années d’observations et de recueil de données, attestent de
la grande dépendance de la majorité des espèces au maintien des milieux forestiers.
Il apparaît clair que la sauvegarde de la diversité des peuplements de chauves-souris
de la Guadeloupe dépend de la préservation des différents milieux forestiers de
l’Archipel et des sites abritant des gîtes cavernicoles. La responsabilité de la
Guadeloupe est grande dans la conservation des espèces antillaises puisque qu’elle
abrite 7 espèces endémiques des Petites Antilles dont 4 sont endémiques à une ou
deux îles.
Nos prospections ont permis d’améliorer la connaissance de la répartition, de
l’écologie et de la biologie de plusieurs espèces notamment des espèces
remarquables : Sturnira thomasi, Ardops nichollsi, Monophyllus plethodon, Myotis
dominicensis, et Noctilio leporinus.
La technique de capture aux filets a néanmoins montré ses limites. Pour la seconde
phase du projet d’étude (2007-2008), les résultats très prometteurs des premières
tentatives d’identification acoustique de nos espèces, nous incitent à prévoir de
compléter les captures au filet avec cette technique d‘inventaire. De même, un
radiopistage ciblé pourrait nous aider à préciser les caractéristiques écoéthologiques des espèces remarquables, en particulier leurs gîtes (les gîtes de 6
espèces demeurent totalement inconnus à ce jour en Guadeloupe). Par la suite, il
faudra également tenter de caractériser les besoins des colonies en terme de
territoires (surface, structure, composition, attractivité, nombre de sites favorables et
connections entre sites, …) afin d’établir un plan de restauration des espèces
menacées.
L’avenir des Chiroptères de la Guadeloupe dépend également de l’adhésion de la
société guadeloupéenne (scolaires, grand public, politiques, gestionnaires, …) à leur
sauvegarde. C’est pourquoi il importe de valoriser le travail de recherche accompli,
par des actions de sensibilisation qui insistent sur les enjeux de la conservation
de ces animaux extraordinaires et tout à fait dignes de sympathie (valeur
patrimoniale, rôles écologiques cruciaux, …). Une prochaine note récapitulera les
diverses actions de sensibilisation menées autour des chauves-souris de la
Guadeloupe depuis 2003 et celles qu’il convient de réaliser.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
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Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 120 -
ANNEXES
I. Légende et abréviations …………………………………………………… 121
II. Liste des espèces présentes en Guadeloupe………………………….. 122
III. Répartition des espèces présentes en Guadeloupe et richesse
spécifique des îles des Petites Antilles…………………………………. 123
IV. Tableau récapitulatif des captures au filet réalisées en milieu
trophique en 2006…………………………………………………………… 126
V. Espèces enregistrées par Frédéric Leblanc au détecteur D 980…… 127
VI. Liste des essences consommées ou consommables par les
Phyllostomidés……………………………………………………………… 129
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 121 -
ANNEXE I. Légende et abréviations
L’ASFA : l’Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la faune des Antilles
DIREN : Direction Régionale de l’Environnement
UICN : Union Mondiale pour la Nature
SFEPM : Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères
Art jam : Artibeus jamaicensis
Ard nic : Ardops nichollsi
Bra cav : Brachyphylla cavernarum
Chi imp : Chiroderma improvisum
Mon ple : Monophyllus plethodon
Stu tho : Sturnira thomasi
Noc lep : Noctilio leporinus
Mol mol : Molossus molossus
Tad bra : Tadarida brasiliensis
Pte dav : Pteronotus davyi
Ept gua : Eptesicus guadeloupensis
Nat str : Natalus stramineus
Myo dom : Myotis dominicensis
DS : diversité spécifique
n : nombre d’individu
N : nombre total d’individus par séance
M : mâle
F : femelle
FG : femelle gestante
FL : femelle allaitante
FPL : femelle post-allaitante
FNR : femelle non reproductrice
MNR : mâle non reproducteur
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 122 -
ANNEXE II. Liste des espèces présentes en Guadeloupe
Les 13 espèces de Chauves-souris présentes en Guadeloupe
famille
sous-famille
espèce
sous-espèce
abrév
Nom vernaculaire
Sturnira thomasi thomasi
Brachyphylla cavernarum cavernarum
Monophyllus plethodon luciae
Ard nic
Art jam
Chi imp
Stu tho
Bra cav
Mon ple
Ardops des Petites Antilles
Fer de lance commun
Chiroderme de la Guadeloupe
Sturnire de la Guadeloupe
Brachyphylle des Antilles
Monophylle des Petites Antilles
Molossus molossus
Tadarida brasiliensis
Molossus molossus molossus
Tadarida brasiliensis antillularum
Mol mol
Tad bra
Molosse commun
Tadaride du Brésil
Natalus stramineus
Natalus stramineus stramineus
Nat str
Natalide paillée ou
Natalide isabelle
Noctilionidae
bulldog bats
Noctilio leporinus
Noctilio leporinus mastivus
Noc lep
Noctilion pêcheur
Mormoopidae
mustached bats
Pteronotus davyi
Pteronotus davyi davyi
Pte dav
Ptéronote de Davy
Myo dom
Ept gua
Myotis ou Murin de la Dominique
Sérotine de la Guadeloupe
Phyllostomidae
leaf-nosed bats
Molossidae
free-tailed bats
Natalidae
Funnel-eared bat
Vespertilionidae
plain-nose bats
Ardops nichollsi
Artibeus jamaicensis
Stenoderminae
Chiroderma improvisum
Sturnira thomasi
Brachyphyllinae Brachyphylla cavernarum
Glossophaginae Monophyllus plethodon
Myotis dominicensis
Eptesicus guadeloupensis
Ardops nichollsi annectens
Artibeus jamaicensis jamaicensis
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 123 -
ANNEXE III.
Nombre d’espèces de Chiroptères présentes dans les îles de l’Archipel guadeloupéen
Source Carte : IGN / DIREN (Espaces naturels protégés de la Guadeloupe- DIREN 2001)
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 124 -
Répartition des espèces présentes dans l’archipel Guadeloupéen
Espèces
B. T
G. T
M.G
S.
St M.
St B.
P. A
+
D.
(PT)
+
Molossus molossus
+
+
+
+
+
15
Artibeus jamaicensis
+
+
+
+
+
+
+
15
Brachyphylla cavernarum
+
+
+
+
+
+
+
14
Noctilio leporinus
+
+
+
+
* Monophyllus plethodon
+
+
+
Tadarida brasiliensis
+
+
?
* Ardops nichollsi
+
+
Natalus stramineus
+
+
+
13
+
+
11
+
+
+
10
+
+
+
8
+
+
+
6
+
(+)
+
Pteronotus davyi
4
* Chiroderma improvisum
+
2
* Myotis dominicensis
+
2
* Sturnira thomasi
+
2
* Eptesicus guadeloupensis
+
1 e.
Total
13
12
8
8
5
6
8
5
17
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 125 Légende :
B. T : Basse-Terre ; G. T : Grande-Terre ; D. : Désirade ; PT : Petite Terre ; M.G : Marie-Galante ; S : Les Saintes (Terre-de-Bas) ;
St M. : Saint-Martin ; St. B. : Saint-Barthélemy ; P. A : Petites Antilles : nombre d’îles des Petites Antilles où l’espèce est présente
(sur 17 îles).
e. : espèce endémique stricte de la Guadeloupe.
* espèces endémiques des Petites Antilles.
Remarques :
ƒ
La sous-espèce A.nichollsi annectens est endémique de la Guadeloupe.
ƒ
La sous-espèce Sturnira thomasi thomasi est endémique de la Guadeloupe.
ƒ
S. thomasi vulcannensis a été redécouverte en 2006 à Montserrat où elle est extrêmement rare (Pedersen, comm. pers.).
ƒ
Un Chiroderma improvisum a été capturé à Montserrat en 2005 (depuis 1989)
ƒ
Natalus stramineus est maintenant considérée comme une espèce endémique des Petites Antilles d‘après les travaux de
Tejedor, 2006.
ƒ
Brachyphylla cavernarum est endémique des Antilles (présente dans les Petites Antilles et à Puerto Rico).
ƒ
Monophyllus plethodon a disparu de Puerto Rico (traces fossiles).
ƒ
Les 3 genres : Ardops, Brachyphylla et Monophyllus sont endémiques des Antilles.
ƒ
La donnée d’un Myotis nigricans à Saint-Martin n’est plus validée (Pedersen & Morton, 2006).
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 126 -
Richesse spécifique en Chiroptères des îles des Petites Antilles
14
Grenade
12
Guadeloupe
St Vincent &
Grenadines
Dominique
Martinique
nombre d'espèces
10
8
Montserrat
Nevis
Ste Lucie
Antigua
St Kitts
St Martin
Saba
Barbuda
6
Barbade
St Barthélemy
4
Anguilla
St Eustache
2
0
Sources : Bibliographie, http://biomicro.sdstate.edu/pederses/guide.html et données ASFA.
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 130 -
ANNEXE IV. Liste des essences consommées ou consommables par les Phyllostomidés en Guadeloupe
Essences consommées* ou consommables** par les Phyllostomidés en Guadeloupe
essence
Nom scientifique
statut
partie consommée
espèce
sources
nom vernaculaire
Acacia farnesiana
acacia odorant
ind
ind end
PA
int Am
int As
fruit
Agave spp
agaves
Albizia lebbek
tcha-tcha, lang a vyé fanm
Anacardium occidental
pomme cajou
Andira inermis
angelin
ind
fruit
Annona muricata
corossol
ind
fruit
Annona squamosa
Anthurium spp
Asplundia rigida
Bauhinia guianensis
Bellucia grossularioides
Bombax sp
pomme canelle
anthurium
aile à mouche
liane, lyann bouden todi
néflier du Mexique
ind
ind
ind
ind
int
int As
fruit
fruit
fruit
fleurs,nectar pollen
fruits
fleurs, pollen, nectar
Brachyphylla cavernarum
Artibeus jamaicensis
Artibeus jamaicensis
Artibeus jamaicensis
Phyll
Artibeus jamaicensis
Sturnira thomasi
Phyll
Phll
Artibeus jamaicensis
Bursera simaruba
gommier rouge
ind
fruit
Phyll
fruits, feuilles
fruit, feuilles
fruit
fleurs
nectar pollen
Brachyphylla cavernarum
Artibeus jamaicensis
Phyll
Brachyphylla cavernarum
Phyll
galba
ind
Capparis spp
bois couleuvre, bois puant
ind
1
nectar
nectar, pollen
nectar, pollen
int Am Am
fruit
Calophyllum calaba
Phyll
Phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
1
4;7
3
1
4
4;10
3;4
1
4;10
2
7
10
4
3
1;3
1
11
7
- 131 -
Artibeus jamaicensis
Brachyphylla cavernarum
Phyll
Phyll
3;4 ;11
1
1
7
Carica papaya
papaye
int
fruit
Cayaponia spp
lianes
ind
fleurs nectar
Cecropia schreberiana
bois canon, bois trompette
ind
fruit
Ceiba pentandra
fromager
ind
nectar, pollen,
étamines
Cereus hexagonus
Citrus aurantitum
cactus cierge
orange amère
int
int
Citharexylum spinosum
bois carré
ind
fruits
Artibeus jamaicensis
3
Chrysalidocarpus lutescens multipliant
int
fruit
Phyll
1
fruit (pulpe)
fleur
Artibeus jamaicensis
Sturnira thomasi
Phyll
Artibeus jamaicensis
Brachyphylla cavernarum
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Brachyphylla cavernarum
3
2
1
3
1
1;4
4
5
Chrisobalanus icaco
icaque, zikak
ind
fruit
Phyll
Artibeus jamaicensis
1
3
Chrisophyllum cainito
Caïmite
int GA
fruit
Artibeus jamaicensis
Phyll
1; 4
Clusia major
figyé modi
ind end
PA
fruit
Coccoloba uvifera
Colubrina arborescens
Cordia sp
raisinier bord de mer
mabi
"maho, mapou"
ind
ind
Crescentia cujete
Cyathula prostata
Cydista aequinoctialis
calebassier
int Am Am nectar, pollen
ind
fruit
ind
nectar, pollen
Ardops nichollsi
Phyll
Artibeus jamaicenis
Phyll
Phyll
phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Phyll
5
3
1; 3
1.4
1
10
6
4
10
7
liane à crabes
fruit
fruit
fruit
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
- 132 Erythrina poeppigiana
Epiphyllum phyllantus
Epiphyllum oxypetalum
immortelle rouge et noire
berceau de moise, belle de
nuit
berceau de moise, belle de
nuit
int Am
feuilles
Artibeus jamaicensis
1;4
int
nectar, pollen
Phyll
6
int
nectar
Phyll
6
fruit
Ficus spp
figuiers
Ardops nichollsi (5)
Artibeus jamaicensis
Brachyphylla cavernarum
ind
1; 5
2;3
2;3
feuilles
Artibeus jamaicensis
1
1;2
3
3;1
4
1
7
4
Ficus citrifolia
figuier maudit, figyé modi
ind
fruit
Ficus nymphaeifolia
Ficus trigonata
Genipa americana
Hibiscus elatus
Hillia
Hura crepitens
figyé grand fèy
figyé
Génipa
mahot bois bleu
"jasmen bwa"
sablier
ind
ind
ind
int
ind
fruit
fruit
fruit
fruit
nectar
feuilles
Artibeus jamaicensis
Artibeus jamaicensis
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
Hylocereus trigonus
cactus cierge-lézard
ind
nectar
Phyll
Hylocereus undatus
Hymenea courbaril
Inga laurina
Inga sp
Licania sp
cactus
courbaril
pois doux blanc
int
ind
ind
ind
ind
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Monophyllus plethodon
Phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
Leucaena leucocephala
monval, tamarin bâtard,
zagadi
ind?
Marcgravia umbellata
liane jozé, bois couilles
ind
nectar
fruit (nectar)
nectar pollen
fleurs nectar
fleurs nectar
fruit
feuilles,fleurs,
jeunes pieds
nectar
fruit
Mammea americana
abricot pays
ind
fruit
Brachyphylla cavernarum
Phyll
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
1
6
4
7,10, 3
3
7
4;10
5
7
10
4
- 133 nectar
fleurs nectar, fruits
fruits
Phyll
Artibeus jamaincensis
Phyll
7
1;4
1
Manilkara bidentata
balata
ind
Manilkara zapota
sapotillier
ind
fruits
fruits
fleurs, nectar
Artibeus jamaicensis,
Brachyphylla cavernarum
Phyll
2;3 ;4
3
1; 7
Mangifera indica
manguier
int As
fruit
Artibeus jamaicensis
Brachyphylla cavernarum
3
3
Melicoccus bijugatus
quenettier
ind?
fruit
Phyll
1
ind
fruit
fleurs nectar
Phyll
Phyll
8
6;7
Monstera spp
Mucuca urens
liane, kanikroc
Mucuna sp
lianes
Musa sp
pripri, fromager mapou
Pachira aquatica
Pachira insignis
chataigne ou cacao marron
chataigne ou cacao sauvage
Passiflora spp
Passiflora edulis
Passiflora laurifolia
Passiflora quadrangularis
maracudja
pomme liane
grosse siguine, siguine
blanche
siguine rouge
siguine
liane brulante
cactus cierge
ké a rat
9
int As
ind
fruit
nectar, pollen
Artibeus jamaicensis
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
int Am
int Am
ind
int Am
int Am
ind
nectar, pollen
nectar, pollen
Phyll
Phyll
7
6;7
nectar, pollen
nectar, pollen
nectar, pollen
fruit (pulpe)
Phyll
Phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
1;7
fruit
fruit
fruit
fruit
fleur
fruit
Phyll
Sturnira thomasi
bananier
Ochroma pyramidale
Philidendron giganteum
Philodendron lingulatum
Philodendron sp
Philodendron scandens
Pilocereus royeni
Piper aequale
nectar
nectar, pollen
ind
ind
ind
ind
ind
ind
Sturnira thomasi
Phyll
Sturnira thomasi
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
1; 3
3
6
4
8
2
9;10
2
1
2
- 134 Monophyllus plethodon
Ardops nichollsi
Sturnira thomasi
Artibeus jamaicensis
Ardops nichollsi
Artibeus jamaicensis
Artibeus jamaicensis
5
5
2
2;4
3
1
1;4
Piper dilatum
ké a rat
ind
fruit
Piper sp
Persea americana
bois cièrge , ké a rat
avocatier
fruit
fruit
Protium sp
Pouteria campechiana
Pouteria multiflora
Pouteria sapota
"bwa lansan"
canistel
pendépis, pom pen
sapote
ind
int Am
ind end
PA
int Am
ind
int Am
Psidium guajava
Rollinia sp
Roystonea sp
Schlegelia axillaris
Senna sp
Solandra maxima (nitida)
Solanum americanum
goyavier
cachiman morveux
palmier royal
zyé a crab
soumaké, dartrier
liane trompette jaune
zèb a kalalou
fuit
fruit
fruit
fruit
fruit
int Am Am nectar, pollen
ind
fruit
int
nectar, pollen
ind
fruit
ind
fruit
ind
nectar
ind
fruit
Solanum torvum
Spondias cytherea (dulcis)
bélangère batarde
prune cythère
ind
int As
fruit
fruit
Spondias mombin
Spondias purpurea
Symphonia globulifera
prunes mombins
int Am
prunes d'Espagne, prune chili int Am
palétuvier jaune
ind
fruit
fruit
nectar, pollen
Terminalia catappa
amandier pays
int As
fruit
Phyll
Artibeus jamaicensis
Artibeus jamaicensis
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Phyll
Phyll
Phyll
Phyll
Phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Artibeus jamaicensis
Ardops nichollsi
Artibeus jamaicensis
Phyll
Phyll
Artibeus jamaicensis
Phyll
Thespesia populnea
Syzygium jambos
Syzygium malaccense
Syzygium samarangense
catalpa
pomme rose
pomme malacca
ind
int As
int As
fleur
fruit
fruit
Brachyphylla cavernarum
Phyll
Phyll
1
1
3
pomme framboisier
int As
fruit
Phyll
3
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.
10
4
4
1
3
1
10
1
8 ; 10
10
6
10
1;2
1;4
1
5
1;4;10
1;10
7;10
2;3
- 135 -
Phyll : Phyllostomidé
ind : indigène
int : introduit
Am : Amérique Centrale ou du Sud
Abréviations
As: Asie
end PA : endémique Petites Antilles
int Am Am : introduction ancienne par les Amérindiens
GA : Grandes Antilles
* essences connues pour être consommées par des Phyllostomidés en Guadeloupe
** essences présentes en Guadeloupe et connues pour être consommées dans d'autres îles des Petites Antilles, de
la Caraibe ou pays d'Amérique Centrale ou du Sud ou Genre quand l'espèce n'existe pas en Guadeloupe mais le
genre existe.
Sources
1- Gannon et al. 2005
2- Masson, Breuil et al 1992,1994 Guadeloupe
3- Obervations et données collectées par l'ASFA en Guadeloupe
observateurs ASFA : I. Houllemare, B. Ibéné, E Ibéné, C .Pentier
4-Ortega & Castro-Arellano, 2001
5-Pedersen et al., 2003
6 -Puig, 2001
7- Hequet, V ,2007
8- Blanc, 2002
9 -Siemers & Nill, 2003
10- Lobova & Mori, 2005
11- Observations Frédéric Leblanc en Martinique
Flore : présence des espèces en Guadeloupe d'après :
Fournet J., 2002 : Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique 2002 Tome 1 et 2
Le Bellec V. & F., 2004 - Fruits des Antilles - PLB éditions 2004
Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.