dans les rédactions
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Emma Eriksson : « Ce serait amusant s’il y avait plus de filles dans l’industrie du papier. » no3 # 2009 papergram n o i t u l Révo GRAPHIC PAPER dans les rédactions De la composition au plomb à l’impression informatisée À quoi ser vent les blogs ? De l’impact de l’imprimerie sur le climat sca papergram no 3 2009 1 26 Sommaire 4 Naissance d’un magazine : hier et aujourd’hui Le contenu et le rôle de la presse évoluent dans un monde où l’électronique s’impose chaque jour davantage. Ce sujet a été débattu en long, en large et en travers, mais on ne s’est pas tant intéressé au fait que la production graphique a connu, elle aussi, une révolution. Papergram enquête sur la procédure suivie, du choix des articles à l’impression en passant par la mise en page. 22 14TENDANCES 13 Chronique Cathel Olivier sur le débat de la retouche des photos en France. 22 L’impact de l’impression sur le climat 13 Tendances Le lieu où l’on fait imprimer ses travaux a de l’importance. C’est la conclusion d’une étude commandée par l’imprimerie Sörmlands Grafiska sur l’impression sur deux types de papier dans quatre pays européens. L’élément pivot est l’électricité. 14Une jeune fille dans l’industrie du papier Emma Eriksson se plaît beaucoup à la papeterie d’Ortviken. Le métier l’a attirée grâce à une formation sur mesure créée au lycée par SCA et la municipalité de Sundsvall pour inciter les jeunes, et surtout les filles, à venir travailler sur les machines. 25 SCA infos spécial environnement 26 Un musée bien informé 17TENDANCES Le Newseum de Washington est spécialisé dans l’information et ses multiples moyens de diffusion. Papergram l’a visité. 18 L’univers du blogging 28 Stars de cinéma Tout le monde semble tenir un blog. Chaque journal qui se respecte héberge des blocs-notes sur tous les sujets. Une question demeure : pourquoi ? Ce n’est pas tous les jours que la culture s’intéresse à l’industrie papetière. Un nouveau film suédois met en vedette les ouvriers d’une papeterie. Papergram. Magazine international des professionnels de l’industrie graphique et des médias publié par SCA Forest Products AB – Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède. Téléphone : +46 (0)60-19 40 00 Télécopie : +46 (0)60-19 40 90 Rédactrice en chef et directrice de la publication : Anne-Sofie Cadeskog CHEF DE PROJET ET DE LA RÉDACTION : Luise Steinberger (luise.steinberger@bredband.net) Révision : Agnès Carbon/Jean-Paul Pouron Maquette : Mellerstedt Design Reprographie et impression : Tryckeribolaget AB – Sundsvall – Suède PHOTO DE COUVERTURE : Olle Melkerhed. Tous les articles sont commandés, relus et validés par la rédaction, ce qui ne signifie pas nécessairement que les opinions qui y sont exprimées reflètent celles de SCA ou de la rédaction. Toute citation doit faire mention de la source. Pour recevoir Papergram ou l’offrir à un collègue, envoyez ou faxez votre nom, éventuellement celui de votre entreprise, et votre adresse à : Carolina Blomberg – SCA Ortviken – Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède. Téléphone : + 46 (0)60-19 43 92. Télécopie : + 46 (0)60-15 24 50. Courriel : carolina.blomberg@sca.com 2 sca papergram no 3 2009 SCA Forest Products produit du papier d’impression (journal, SC et LWC), de la pâte à papier, des bois sciés et du bois combustible. Elle gère également l’important patrimoine forestier de SCA, approvisionne ses usines suédoises en bois matière première et offre à ses unités des services de transport d’un bon rapport qualité-prix. Avec un effectif d’environ 4 000 personnes, SCA Forest Products réalise un CA d’environ 17 000 M SEK (2 000 M EUR). L’activité forestière de SCA est certifiée FSC (Forest Stewardship Council). Papergram est imprimé sur GraphoCote 90 g/m2, la couverture sur Reprint 150 g/m2. Le papier est certifié FSC. SCA infos : de plus en plus blanc À la demande des clients , SCA Graphic Laakirchen, en Autriche, a modifié son papier SC GraphoNova. La nouvelle qualité, qui sortira à l’automne après six mois de recherche, est plus blanche et a un degré de blancheur plus élevé à l’œil nu. Les paramètres tels que la résistance et la porosité restent les mêmes tandis que ses propriétés optiques ont été retouchées. « Le nouveau papier offre un degré de blancheur ISO supérieur et sa teinte a évolué vers le bleu dans le spectre optique, indique Stefan Eibl-Török, directeur marketing chez SCA Graphic Laakirchen. Grâce à ces modifications, on a l’impression à l’œil nu que le papier est plus blanc. » « Ainsi, nous proposons un papier SC-A++ qui possèdent les mêmes qualités supérieures de machinabilité qu’avant, mais qui a des propriétés optiques qui correspondent davantage aux besoins des clients. » Saviez-vous que… le bilan carbone SCA parraine le pavillon suédois L’Exposition universelle qui aura lieu à Shanghai, en Chine, en 2010 aura pour thème les conditions de vie dans les métropoles depuis l’accélération de l’exode rural. Étant donné que ce sujet correspond bien aux objectifs de SCA en matière d’innovation et de développement durable, le Groupe s’est décidé pour être le partenaire officiel du pavillon suédois « Spirit of Innovation » dont la construction est placée sous le signe du développement durable, fai- sant appel à la technologie environnementale et prenant en compte les aspects sociaux et économiques. Ce bâtiment provisoire de 3 000 m² a été dessiné par les architectes de l’agence conseil Sweco. L’Expo sera ouverte du 1er mai au 31 octobre 2010. Deux cents pays y participeront et les organisateurs attendent 70 millions de visiteurs, la plupart venus de Chine. d’un mètre cube de produits sciés par SCA, à savoir les gaz à effet de serre émis par la production et le transport de la pépinière au déchargement à la scierie, ne dépasse pas celui d’un rosbif cuit pour le déjeuner du dimanche d’une famille normale ? Il est comparable aux 250 kilos de CO2 séquestrés par les forêts de SCA pour chaque mètre cube de produits sciés. sca papergram no 3 2009 3 par Henrik Emilson et Elaine McClarence photos Norrlandsbild, Fredrik Solstad, Örjan Karlsson, Scanpix et Istock Photo Les délais de production de la presse se sont radicalement raccourcis en quelques décennies. Là où un mois était nécessaire dans les années 1970, aujourd’hui une journée suffit pour un magazine. La fabrication n’a pas subi une révolution mais plusieurs en quelques dizaines d’années. À partir des années 1950, plusieurs techniques de photocomposition remplacent successivement la composition manuelle en plomb. Encore plus e c n a s s i a N d’un m révolutionnaire, l’arrivée de l’ordinateur simplifie radicalement le traitement de l’image. Un one man show du mensuel des affaires Global Telecoms Business était composée de journalistes, rédacteurs et graphistes dévoués, vous vous trompez. Le rédacteur Alan Burkitt-Gray est seul aux manettes du magazine. Lorsqu’il s’est lancé dans le secteur interentreprises il y a environ 30 ans, un mensuel comme Global Telecoms Business employait six ou sept collaborateurs pour assurer un grand tirage distribué à la plupart des acteurs de la profession. Si vous pensez que la rédaction 4 sca papergram no 3 2009 Pour réussir dans ce secteur, il faut sacrifier à l’élitisme, estime le rédacteur : « Nous sommes une revue niche destinée à un groupe niche et nous considérons ce groupe cible comme une communauté. » Étant donné que la rédaction connaît son cœur de cible à qui elle apporte ce qu’il recher-che, Global Telecoms Business est l’une des revues les plus rentables de l’éditeur Euromoney. Elle est lue dans le monde entier et compte certains des patrons les plus éminents de l’indus- magazine sca papergram no 3 2009 5 6 sca papergram no 3 2009 » Grâce à l’informatique, les magazines interentreprises sont beaucoup plus colorés. Alan Burkitt-Gray trie des télécoms parmi ses lecteurs. Sa rentabilité est due en partie à sa constante évolution technologique. « Les coûts de fabrication sont moins élevés aujourd’hui qu’hier. » Mais la perspective de l’échec est plus grande que jamais puisqu’il est de plus en plus indispensable de définir la cible et de lui proposer un peu plus qu’un mensuel. La rentabilité affichée par Global Telecoms Business dans une branche difficile confirme que les changements introduits continuellement par le rédacteur et l’éditeur ont été les bons. phiques. « Tout ça a disparu », constate Alan Burkitt-Gray. Les illustrations publiées dans Global Telecoms Business arrivent souvent sous forme de présentations PowerPoint. Elles ne sont pas de bonne facture car leur résolution est faible et doivent être retravaillées. Même la publicité a évolué : il y a 20 ans, les annonces étaient des fichiers CMJN qui devaient être vérifiés avant de partir à l’imprimerie. Aujourd’hui, ce sont des fichiers électroniques prêts à l’emploi. La production L’écriture et la révision L’informatique a eu manifestement beaucoup d’influence sur son évolution. Il y a 30 ans, les logiciels de traitement de texte en étaient encore à leurs débuts. Ils étaient cher et leur capacité était limitée. On écrivait les textes à la machine, on les corrigeait à la main et on faxait le tout à des imprimeries à des kilomètres de là. Cette méthode occupait deux ou trois rédacteurs. Aujourd’hui, les articles arrivent par courrier électronique, sont rédigés sur ordinateur et envoyés numériquement pour mise en page. Dans une petite revue comme Global Telecoms Business, les articles sont écrits par Alan Burkitt-Gray et un groupe de journalistes indépendants. Mais il n’y a que lui qui décide lesquels paraîtront. Comme il le constate lui-même, s’il passe sous un bus, c’est la fin du magazine. Les photos et illustrations Il y a encore 20 ans, beaucoup de journaux publiaient peu de photos puisque leur traitement était coûteux. « Grâce à l’informatique, les magazines interentreprises sont beaucoup plus colorés. » Les appareils photos numériques et les logiciels spécialisés permettent d’obtenir des photos couleur de bonne qualité. Pour les autres types d’illustrations, la plupart des éditeurs avaient leur propre atelier chargé d’élaborer, souvent dans un style qui leur était propre, diagrammes et gra- Toute la production de Global Telecoms Business est sous-traitée. Un graphiste fait la mise en page chez lui dans le sud de l’Angleterre. Textes et images sont envoyés par connexion haut débit depuis la rédaction de Londres. Les pages montées sont transmises au rédacteur sous forme de fichiers PDF qui sont imprimés pour relecture avant validation. Les fichiers partent ensuite pour l’imprimerie qui les transforme en plaques et imprime le magazine (voir article suivant). Auparavant, le service maquette devait préparer le « chemin de fer », la mise en page et composer manuellement les textes et illustrations avant d’envoyer l’ensemble par coursier à une imprimerie installée sur la côte sud. Quand le temps n’était pas compté, il arrivait que quelques pages soient réexpédiées pour relecture. Il n’était pas rare que le rédacteur se déplace pour valider les dernières pages sur place avant de lancer la rotative. Bilan Que reste-t-il de la procédure que suivait Alan Burkitt-Gray quand il était plus jeune ? « Le chemin de fer, répond-t-il avec nostalgie. Je m’en sers toujours et j'utilise des marqueurs pour savoir où en est le magazine. Rien n’est plus satisfaisant que de barrer la dernière case et de cocher la dernière page, souvent sur le coup de minuit, en s’exclamant : “Fini !”. » sca papergram no 3 2009 7 Tout arrive sous forme de PDF par courrier électronique ou serveur FTP au service prépresse de VTT qui contrôle à l’aide du logiciel Preflight que tout est bien en place et que les valeurs colorimétriques sont correctes. De A à Z ou CTP (Computer To Plate). La plaque est gravée n o i s s e r p m L’i ne sait pas sur l’art de l’impression ne vaut pas la peine d’être su. Lorsqu’il a commencé son apprentissage au Danemark en 1958, sa première tâche était de polir des pierres et d’imprimer sur une presse lithographique ancienne. Il est arrivé en Suède en 1976 pour travailler chez l’imprimeur VTT Grafiska à Vimmerby. À cette époque, le parc était composé de machines 2 couleurs, de photocomposeuses et de perforatrices. La profession a beaucoup évolué depuis, et VTT aussi. « Le plus grand changement a été l’arrivée de l’informatique, c’est incontestable. Mais il faut toujours posséder de bonnes bases pour être un bon imprimeur. Quand on forme des nouveaux aujourd’hui, ils ne commencent jamais sur les machines les plus récentes. Ils apprennent sur les anciennes », explique John Pedersen, auCe que John Petersen 8 sca papergram no 3 2009 jourd’hui directeur de l’imprimerie et responsable qualité. L’imprimerie du journal Vimmerby Tidning est devenue VTT Grafiska, une société en participation, en 1939. Gérée comme une entreprise familiale, elle imprimait le quotidien mais aussi des catalogues, des cartes de visite, etc. VTT Grafiska AB est née en 2004 lorsque de nouveaux propriétaires ont changé son orientation. « Maintenant, on mise sur un seul produit et on veut être les meilleurs : le magazine. Il arrive que nos clients désirent faire imprimer d’autres produits liés à leur revue. On se met en partie au diapason. » La plupart des quelque 200 titres sont imprimés pour Disney et les marchés suédois, norvégien et danois. En 2007, VTT a emménagé dans de nouveaux locaux après avoir investi dans de une rotative Komori S 38. Une Rapida 106 pour l’impression feuille à feuille vient récemment de compléter le parc. « Quand j’ai commencé, on avait une Frankental de 1927 pour l’impression de journaux et trois machines 2 couleurs pour l’impression feuille à feuille. À l’époque, la phase de réglage pouvait prendre jusqu’à une heure contre quatre à cinq minutes aujourd’hui. » Le prépresse Autrefois, les illustrations étaient livrées par les rédactions sous forme de diapositives. Grâce à un agrandisseur ou un banc de reproduction, on séparait les couleurs pour obtenir un film pour chaque couleur (magenta, cyan, jaune et noir). Les textes étaient encodés par les perforatrices, flashés et introduits dans la photocomposeuse. Avant cette méthode, les textes étaient saisis manuellement et l’opérateur coulait chaque ligne-bloc avec les marges et espaces nécessaires. Le montage était effectué ma- en quatre minutes. Deux opérateurs surveillent les rotatives. Le BAT est archivé dans le système informatique. Le service prépresse a déjà entré les valeurs colorimétriques. Le débit d’encre qui devait être évalué à l’œil nu est déjà calculé. AàZ nuellement et pouvait prendre jusqu’à un mois en incluant la lecture des épreuves envoyées par voie postale. Aujourd’hui, tout arrive sous forme de PDF par courrier électronique ou serveur FTP au service prépresse de VTT qui contrôle à l’aide du logiciel Preflight que tout est bien en place et que les valeurs colorimétriques sont correctes. Le document est ensuite envoyé au client par Internet pour signature du bon à tirer. Ceci fait, le fichier est envoyé via CTP (Computer to Plate) pour gravure automatique des plaques. « On travaille toujours au laser violet, mais d’autres sont déjà passés au laser infrarouge. Les plaques sont traitées (insolation) et calibrées (cintrage) pour la machine. Il faut environ quatre minutes par plaque. » L’impression Le document arrive à la rotative sous forme numérique. Les valeurs colorimétriques du prépresse sont entrées pour que l’imprimeur calcule la quantité d’encre qui sera nécessaire. Toutes les données sur le papier, le débit d’encre et la durée de l’opération sont visibles sur écran et surveillées par deux ou trois opérateurs. « Avant, il fallait évaluer le débit d’encre à l’œil nu. Ensuite est arrivé le densitomètre par réflexion, puis le système numérique qui mesure au centième près. » Même la politique environnementale a évolué au fil des années. « Toute l’eau utilisée lors de l’impression reste en circuit fermé pour ne pas être rejetée dans le système du tout-à-l’égout. Toute la chaleur produite sert à chauffer les locaux – entre autres. » sca papergram no 3 2009 9 » Il faut néanmoins posséder de bonnes connaissances de base pour être un bon imprimeur. John Petersen Sa dextérité influence les photos et les couvertures des plus grands magazines américains, mais son nom n’est jamais publié. Pascal Dangin est le n i m é L’ retoucheur le plus convoité du monde. grise des ph John Petersen, un vétéran de l’imprimerie. La reliure Le magazine est imprimé, puis il est découpé, plié et collé ou agrafé. L’adresse est imprimée sur les exemplaires destinés aux abonnés. Les services postaux passent deux fois par jour, le spécialiste de la logistique Schenker trois fois. Si les postes de travail précédents ont été automatisés, les suivants tels que la mise en boîte ou l’insertion de prospectus ou de cadeau accompagnant une publication avant mise sous plastique sont encore manuels. L’ensemble du processus prenait un mois avant que John Petersen n’arrive en Suède en 1976. Aujourd’hui, une journée suffit. « Mais en réalité, nous prévoyons trois jours de production pour un magazine. » 10 sca papergram no 3 2009 Vincent van Gogh aimait appliquer sur la toile d’épaisses couches de peinture dans lesquelles il quasi-sculptait ses motifs avec son pinceau. Cette technique correspond à la manière de travailler de Pascal Dangin, coups de pinceau exceptés : les traces de ses outils numériques sont invisibles sur les photos retouchées. Alors que ses confrères cherchent à éliminer les traces d’acné, les rides et les kilos superflus, il pro- cède tel un sculpteur. Grâce à ses connaissances en anatomie, il peut réaligner une épaule, une cheville ou un cou pour donner plus d’harmonie à la photo. « Le plus difficile, ce sont les doigts de pied moches », a-t-il déclaré. La réalité mise en question L’ancien coiffeur français possède son propre atelier, Box Studios, à Manhat- tan où il emploie 80 collaborateurs. Ses clients sont les grands mensuels et magazines de mode américains ainsi que les agences de publicité. De nombreux photographes célèbres refusent de travailler avec un autre retoucheur que lui. Malgré son immense influence, son nom n’apparaît jamais dans l’ours des périodiques. La retouche est encore ence otographes » C’était un vrai défi de laisser la peau et le visage témoigner du vieillissement de chacune tout en maintenant leur séduction. Pascal Dangin une intervention qui doit rester la plus imperceptible possible car si elle se remarque, elle fait souvent débat : l’actrice Kate Winslet a protesté contre une couverture de GQ (non retouchée par Pascal Dangin) qui l’avait beaucoup trop amincie ; et le joueur de tennis Andy Roddick a estimé que ses biceps avaient enflé de manière inquiétante sur celle de Men’s Fitness. Un phénomène pas si récent L’une des commandes les plus difficiles réalisées par le Français a été la publicité Dove dans laquelle « d’authentiques » femmes exhibaient leur corps marqués par les années. « C’était un vrai défi de laisser la peau et le visage témoigner du vieillissement de chacune tout en maintenant leur séduction. » L’appareil photo et la chambre noire étaient encore tout nouveaux lorsque les premiers photographes ont commencé à retoucher leurs œuvres au milieu du 19e siècle. Le mythe de l’expression « une photo ne ment jamais » n’est pas un problème pour Pascal Dangin : « Je ne fais que satisfaire une demande. » sca papergram no 3 2009 11 Chronique Un monde trop parfait La photo de Nicolas Sarkozy (presque) sans bourrelets dans son maillot de bain ? Retouchée ! Et celle de Rachida Dati - l’une de ses ex-ministres - le doigt dénudé de sa coûteuse bague ? Retouchée ! Plus un homme politique français ne peut, désormais, se faire retoucher en paix. Le moindre cliché suscite immédiatement un flot de rumeurs dont le Net se fait le facile écho. Quitte à semer un doute généralisé : parce que la belle Carla (Bruni-Sarkozy) y étreignait son président de mari avec pas moins de quatre mains, bien des observateurs ont crié à la photo (mal) truquée. Il s’agissait pourtant d’un simple effet d’optique ! Ces débats pourraient sembler futiles, qu’importent après tout des trucages aussi bénins ? Ils témoignent pourtant d’un vrai problème : à trop faire des retouches « en douce », la presse risque de perdre toute crédibilité. Et de donner l’impression de servir des intérêts qui ne sont guère ceux de ses lecteurs. Retouchée ou pas retouchée ? Les limites du procédé Pas question certes d’interdire les retouches. Gommer des yeux rouges ou recadrer légèrement un décor trop bancal relèvent d’un simple « peignage » technique de l’image, tout comme un rédacteur gomme dans ses interviews écrites les interjections trop symbo- liques du langage parlé. Mais où s’arrête la technique, où s’arrête l’Art, et où commence la manipulation ? Celle qui, en escamotant un personnage, ou un objet, modifie le sens d’un événement ? Biaise les représentations du corps humain et pousse certains dans la voie de l’anorexie ? Ou témoigne d’une complaisance déplacée à l’égard de la personne photographiée ? Celle qui rend notre monde décidément trop parfait ? Autorégulation souhaitée Imposer la mention « photo retouchée », tout comme est obligatoire, en France, celle du photomontage, était la solution proposée lors de l’examen d’un projet de loi sur la lutte contre l’incitation à l’anorexie, en 2008, avant d’être finalement abandonnée. Mais est-elle viable, si toutes les photos, d’une façon ou d’une autre, sont retouchées ? Faut-il carrément publier la nature des retouches effectuées, comme est obligatoire la liste des ingrédients sur les produits alimentaires ? Difficile, il faut l’avouer, de l’envisager ! La presse, en tous cas, a tout intérêt à s’autoréguler. Et les photographes à protéger leurs clichés de toute manipulation qui leur déplairait. Il en va tout simplement de leur crédibilité. Le monde n’est vraiment pas si parfait. données ou de photos. Comment la montrer au mieux ? Par une photo retouchée. Source : followthemedia.com » Cathel Ollivier est journaliste dans un magazine français. Elle estime que l’information est aussi celle que l’on choisit de ne pas publier. Qu’il s’agisse de sca papergram no 3 2009 Les travers de l’abondance Le grand groupe de presse allemand WAZGruppe, qui publie notamment le Westdeutsche Allgemeine Zeitung et de grands quotidiens régionaux tels que le Neue Ruhr/Neue Rheinzeitung et le Westfälische Rundschau, a résilié son abonnement à l’agence de presse allemande DPA. Selon le site Web followthemedia.com, le groupe a décidé de s’abonner au fil du service allemand de l’Agence France Presse. Il suit ainsi une tendance croissante qui pousse les rédactions et les éditeurs à délaisser leur agence de presse nationale, dont les services sont souvent beaucoup plus étoffés, pour des concurrents moins exhaustifs mais moins onéreux. L’argument avancé est que la couverture est certes moins complète, mais qu’elle est amplement suffisante. Philip Stone, ancien directeur général de l’agence de presse Reuters Europe, Moyen-Orient et Afrique, exhorte les agences de presse à changer de méthode : « Les agences doivent-elles produire autant, sachant que cela coûte aussi cher ? DPA a-t-elle besoin de diffuser 800 dépêches par jour sur son fil principal, plus 100 supplémentaires par pays et 700 photos ? Les rédacteurs des agences semblent encore penser que plus on en débite, mieux c’est. » Philip Stone souligne qu’aucun journal ne peut publier tout cela et que beaucoup d’informations sont diffusées inutilement. Les agences feraient mieux d’opérer une sélection plus sérieuse : « Offrez à la majorité de vos clients un simple service de 100 dépêches et 30 photos. La plupart seront très satisfaits. » À trop faire des retouches “en douce”, la presse risque de perdre toute crédibilité. 12 Le bon tendances par Luise Steinberger nheur est dans l’imprimé Pour ce qui est de l’actualité, c’est le numérique qui prime. Mais pour se détendre et bien approfondir un sujet, rien ne vaut l’imprimé. C’est ce que montre une étude menée par l’institut de sondage United Minds à la demande de la fédération suédoise des entreprises de communication graphique. « Les gens, qui vivent à 100 à l’heure, sont en quête de tranquillité et de bonheur, explique Maria Wickström, responsable de la communication à la fédération. Il semble que, pour eux, l’imprimé soit synonyme de détente et de récupération. » Le sentiment de sécurité, la concentration et l’étude sont d’autres notions associées à l’imprimé (livres, journaux, magazines…). Ceux qui pensent que les atouts cités ci-dessus ne concernent que les seniors, qui ne sont pas aussi versés dans Internet, ont tort. Le rapport montre bien que les jeunes aussi veulent lire sur papier : 79 % des sondés entre 18 et 22 ans ont pour ambition de lire plus de livres, de journaux et de magazines qu’à l’heure actuelle. Le sondage a été effectué auprès d’un échantillon de 1 000 personnes âgées de 18 à 80 ans et représentatives de la population suédoise. Source : agi La forêt de demain Future Forests est un projet de recherche interdisciplinaire suédois qui va pendant huit ans évaluer et développer les perspectives et stratégies futures de l’exploitation forestière. Au total, 15 scientifiques (écologues, agroéconomistes, biologistes, politologues et spécialistes de l’histoire des idées) ont reçu pour mission de comprendre et d’expliquer comment les systèmes forestiers pourront continuer de manière durable à fournir produits et services, sachant que le changement climatique et la mondialisation ont un impact sur les humains, mais aussi sur les écosystèmes. Les connaissances rassemblées serviront de références aux générations futures qui décideront de la façon d’exploiter la forêt de manière écologique et socialement responsable. Le projet est financé par la fondation pour la recherche environnementale stratégique Mistra, l’université d’Umeå, l’université des sciences de l’agriculture et plusieurs sociétés forestières, dont SCA. sca papergram no 3 2009 13 Portrait par Elin Mellerstedt photos Olle Melkerhed Un métier évolutif n o s s k i r E Emma Emma Eriksson, 23 ans, qui a grandi à Njurunda, près de Sundsvall, est heureuse d’avoir choisi la filière qui l’a conduite à trouver un poste d’opératrice process à la papeterie SCA d’Ortviken. Elle se plaît énormément mais ne détesterait pas avoir d’autres collègues de sexe féminin. 14 sca papergram no 3 2009 n En temps de crise, les jeunes ont encore plus du mal à s’imposer sur le marché du travail. Pour Emma Eriksson, c’est une collaboration entre SCA et le lycée qui a débouché sur un C.D.I.. Aujourd’hui, elle est opératrice process à la papeterie d’Ortviken, en Suède. uand ils songent à leur futur métier, les jeunes ne rêvent pas forcément d’un travail en usine. Mais Emma Eriksson, 23 ans, se sent tout à fait chez elle à la papeterie d’Orviken et c’est là qu’elle veut construire son avenir. Depuis avril 2008, elle a un C.D.I. d’opératrice process. Tout a commencé par la création d’une filière au lycée quelques années avant qu’elle ne termine le collège en 2003. Une brochure l’a incitée à faire une visite d’études au lycée de Västermalm, à Sundsvall, qui venait d’instituer, en coopération avec SCA, une voie Industrie spécialisée dans le contrôle des process pâte et papier. Cette visite lui a donné envie de poser sa candidature. Elle a été acceptée et est aujourd’hui très satisfaite de sa formation. Plusieurs cours étaient dispensés dans des locaux situés dans les usines de SCA, ce qui, à ses dires, présente un gros avantage : « Lorsqu’un professeur expli- quait quelque chose de compliqué, on pouvait aller voir dans l’usine comment ça marchait. On passait directement de la théorie à la pratique. » Cette filière lui a également permis de travailler à l’usine pendant l’été. Une fois son baccalauréat en poche en 2005, SCA lui a proposé un stage rémunéré d’un an. « C’était un véritable luxe de se voir offrir cette opportunité. » Transfert des connaissances Emma Eriksson parle avec enthousiasme de son travail, qui est surtout concentré sur la pâte à papier. « En fait, pas uniquement, mais beaucoup. On tourne et tout le monde effectue les multiples tâches afférentes à ce poste. Ainsi, on ne s’ennuie jamais. » Elle explique que l’équipe des opérateurs process supervise le bon déroulement des opérations - l’alimentation des machines en pâte et la qualité de celle-ci – depuis une salle de commande. Un autre volet consiste à veiller à ce que personne ne se blesse lors d’une éventuelle intervention. Toutes les machines doivent être arrêtées, rien ne doit tourner et aucune vapeur ne doit entrer dans le circuit. « Cela prend du temps car ce n’est pas uniquement une vanne que l’on doit fermer. » Elle a également participé au projet TMP Plus d’agrandissement de la ligne de production de pâte d’Ortviken qui va permettre à l’usine d’augmenter sa production de papier d’impression tout en lui ouvrant des perspectives relatives à l’amélioration de la qualité produit et de l’utilisation des ressources. « Souvent, ce sont les plus anciens qui travaillent sur les grands projets. Mais, en janvier, la direction a décidé de faire l’inverse. Nous sca papergram no 3 2009 15 Souvent, ce sont » les plus anciens qui travaillent sur les grands projets. Mais, en janvier, la direction a décidé de faire l’inverse. sommes cinq nouveaux à participer. Bon nombre de ceux qui travaillent ici vont bientôt prendre leur retraite et, avec leur départ, on va perdre tout un savoir-faire. L’implication des jeunes dans ce projet permet de conserver les connaissances. » Autre investissement dans la jeunesse, les cours de formation continue qu’elle a suivis avec un collègue pendant six mois parallèlement à son travail. Ils lui ont permis de passer opératrice process qualifiée. Ainsi, elle dispose d’un certificat d’opérateur pour la fabrication de pâte thermomécanique valable à l’étranger. La parité encore loin Il est manifeste que son travail lui plaît beaucoup : « C’est un bon métier avec de bons collègues, de bons horaires et un bon salaire. » La pyramide des âges est étirée, mais les filles brillent par leur absence. Emma Eriksson est la seule représentante de la gent féminine dans la ligne de production de pâte d’Ortviken. « Je ne sais pas pourquoi c’est comme ça. C’est peut-être à cause des vieilles idées reçues sur l’industrie. Beaucoup pensent que c’est un métier difficile et salissant, ce qui n’est pas le cas. » Les visites d’études effectuées par les élèves de quatrième à l’usine sont utiles pour le recrutement de demain, estimet-elle. « Bien sûr que ce serait amusant s’il y avait plus de filles, mais je ne passe pas mon temps à me lamenter que je suis toute seule. Je me plais ici. » 16 sca papergram no 3 2009 Une formation sur mesure pour la main d’œuvre de demain La filière Industrie attirant peu d’élèves en 2000, SCA a initié une collaboration avec les lycées de Sundsvall. Elle ne dispensait pas non plus les connaissances adaptées pour travailler dans l’industrie papetière. « La grande question qui a tout déclenché était celle-ci : que se passera-t-il quand les baby-boomers partiront à la retraite ? On constatait déjà dans l’industrie que les candidats étaient rares et que, bien des fois, ils n’avaient pas la bonne formation de base », explique Carina Johansson, responsable développement RH chez SCA. Elle ajoute que le programme de la section Industrie au lycée de Västermalm a été modifié en coopération avec les industries de Sundsvall, et que l’établissement a été sensible aux exigences de SCA : la filière a été complétée par les options process et technologie. L’une des idées de la formation est de montrer l’ensemble du processus, de la forêt au papier. Environ un tiers des cours ont lieu dans les locaux de la papeterie d’Ortviken, d’autres sont organisés à l’usine de pâte d’Östrand. Les lycéens qui passent leur bac après trois années d’enseignement ont la possibilité d’effectuer un stage d’un an. Pour être admis, ils doivent être reçus dans toutes les matières étudiées et répondre au profil recherché par SCA. Selon Carina Johansson, la base de recrutement de SCA s’est élargie grâce à la filière. SCA infos Nouvelle ligne de pâte à Ortviken Le goulet d’étranglement a disparu, la nouvelle ligne de production de pâte à la papeterie d’Ortviken a été inaugurée le 23 juin. Le site fabrique désormais de la pâte sur mesure. photos Per-Anders Sjöquist Le jour tant attendu par les respon- Kristina Enander, directrice de SCA Ortviken. Jan Johansson, PDG de SCA, inaugure la nouvelle ligne de production de pâte mécanique en transformant un seau rempli de copeaux en pâte à papier. sables de la production de SCA Ortviken à Sundsvall, en Suède, est enfin arrivé. L’inauguration de la ligne de production de pâte mécanique TMP ouvre la voie à une nouvelle amélioration de la qualité des produits tout en permettant d’économiser les ressources. En outre, les volumes peuvent augmenter à la demande. Grâce à cet investissement de 79 millions d’euros, on peut adapter la pâte au produit final dès sa production. « Nos quatre machines à papier étaient approvisionnées par une usine de pâte, indique Kristina Enander, directrice de l’usine d’Ortviken. Il fallait ensuite préparer la pâte en fonction des qualités de papier fabriquées. Désormais, on peut le faire dès le départ. Cette méthode économise de l’argent et des ressources, et donne un meilleur papier. » Ces dix dernières années, la production de la papeterie a augmenté d’environ 50 % sans investissement conséquent préalable. Aujourd’hui, elle fabrique 375 000 tonnes de papier journal et 480 000 tonnes de papier magazine. Cette nouvelle ligne va lui permettre d’accroître sa capacité. Lors de l’inauguration, le préfet du Västernorrland, Bo Källstrand, a souligné l’importance de ce type d’initiative à long terme. Le PDG du Groupe, Jan Johansson, a estimé que la papeterie d’Ortviken illustrait parfaitement la stratégie de SCA visant à augmenter le niveau de transformation et la valeur des produits fabriqués : « SCA va persister dans cette voie en accroissant la proportion de papiers d’impression à haute valeur ajoutée. » tendances par Luise Steinberger Record livresque Envie d’un polar ? Que diriez-vous de Miss Marple d’Agatha Christie ? L’éditeur Cromwell Press a rassemblé dans un seul volume les 12 romans et 20 nouvelles dont l’héroïne est la reine des détectives amateurs. Le livre qui compte 4 032 pages pèse plus de huit kilos. Son dos atteint une largeur record de 32,2 cm. Étant donné qu’aucune machine n’était capable de relier cet ouvrage de luxe, les 252 cahiers de 16 pages des 500 exemplaires du tirage ont été cousus à la main. Naturellement, l’ouvrage est recouvert de cuir et protégé par un étui en bois doublé de tissu façon daim. Attendez-vous à devoir débourser 1 000 livres sterling (1 160 euros) pour le mettre dans votre bibliothèque. L’Ifra et la WAN ne font plus qu’un Les conseils d’administration des deux principales organisations professionnelles du secteur de la presse, l’Ifra et la World Association of Newspapers (WAN), ont donné leur accord à leur fusion en juin. Les deux institutions poursuivaient des objectifs similaires : promouvoir les intérêts commerciaux des journaux et soutenir leur activité. Tandis que l’action de l’Ifra portait davantage sur le développement et l’assistance techniques, la WAN s’intéressait plutôt aux aspects commerciaux. C’est la raison pour laquelle les experts estiment qu’elles se complètent et approuvent leur union. La WAN, qui regroupe 71 organisations d’éditeurs de presse, représente 18 000 titres (dont plusieurs sont publiés par le même éditeur) ; l’Ifra compte 3 000 membres dans 80 pays. La nouvelle organisation prendra le nom de WAN-Ifra. Source : guardian.co.uk, WAN-Ifra e y b By e Bruxelles La capitale de l’Union européenne semble perdre de son importance en cette période d’agitation financière. Après de nombreux démentis, le quotidien financier américain Wall Street Journal a finalement annoncé que son bureau européen quittait Bruxelles pour Londres. C’est l’argent qui mène la danse, et il se trouve à la Bourse. Source : followthemedia.com sca papergram no 3 2009 17 par Henrik Emilson photos Scanpix et Istock Beaucoup d’appelés, Internet a mis un peu de temps avant de trouver sa forme et son rôle par rapport à la presse. C’est la même chose avec les blogs. On peut se demander qui a le temps de les lire, ce qui n’empêche pas certains journaux de leur consacrer leurs colonnes. e quotidien suédois Dagens Nyheter le fait, Le Monde également, le britannique The Guardian y consacre une rubrique et chez l’allemand Die Welt, c’est le rédacteur en chef Thomas Schmid luimême qui s’y colle. Aujourd’hui, un quotidien n’en est plus un s’il ne recourt pas aux services de blogueurs qui commentent ce qui se passe autour d’eux. Ceci n’est pas sans rappeler l’évolution d’Internet dans les années 1990. Lorsque les rédactions ont réalisé qu’il 18 sca papergram no 3 2009 ne s’agissait pas d’une mode passagère, elles ont en grande hâte créé un site Web même si elle ne savaient pas toujours très bien quoi en faire. Même phénomène aujourd’hui avec les blogs. Dans le monde entier, les journaux en publient sur leur site Web, un canal de communication qu’ils ont appris à exploiter pour compléter leur version papier. On peut diviser ces blogs en deux catégories : ceux des membres de la rédaction et ceux des tiers. The Guardian, par exemple, compte 45 blogs qui couvrent en gros toutes les rubriques du journal : politique, cinéma, voyages, sports, médias, jardinage… Ceux-ci sont rédigés par les journalistes du quotidien qui sortent de la rigueur que leur impose leur métier et écrivent de manière un peu plus personnelle. Les abonnés laissent leurs contributions dans le blog Joe Public, qui n’est pas sans rappeler le traditionnel courrier des lecteurs. Trop-plein d’opinions Distribué dans 21 pays, le quotidien gra- , peu de lus médias sociaux. La plupart des blogs ne sont pour ainsi dire pas lus, mais ça ne fait rien puisque le blogueur s’exprime pour se faire connaître mais aussi pour d’autres raisons. » L’expert se réfère à la conclusion d’une étude menée par le Center for the Digital Future, aux USA, qui mesure l’activité sur le Net depuis 1999. Certes, l’enquête remonte à 2007, alors que le phénomène du blog était relativement récent et avant que Barack Obama commence à laisser des messages sur Twitter. Risque de manipulation Mais d’autres travaux sont arrivés à des résultats semblables. Un sondage réalisé par l’université de Göteborg au printemps dernier a conclu qu’un Suédois sur 20 seulement lit des blogs. « Les médias traditionnels parlent beaucoup des blogs parce qu’ils veulent suivre les nouvelles tendances », estime Annika Bergström, chercheuse dans le domaine des médias à l’université. Autre raison expliquant la désaffection des internautes, une certaine forme de méfiance. Les faux blogs (fake blogs ou flogs) les incitent à croire que tout ce que l’on y écrit n’est pas forcément vrai, le blogueur pouvant être rémunéré pour son travail. Walmarting Across America » tuit Metro s’est mis très vite au blogging. Son site Web diffuse le bloc-notes de ses collaborateurs sur plusieurs thèmes. Récemment, son édition suédoise sur papier a publié une grande photo d’un gâteau pour fêter les deux ans de Metrobloggen, un site sur lequel on peut créer son blog avec l’adresse metro.se. Ce service est financé par la publicité. Les blogueurs gagnent 0,03 euro chaque fois qu’un internaute visite leur page. Le problème, c’est que le site héberge 12 000 blogs en quête de lecteurs. Tout comme tout un chacun peut créer un site Web, tout un chacun peut démarrer un blog. Ce déluge d’opinions personnelles engendre toutefois une certaine saturation. Qui, en effet, a le temps de lire les centaines de milliers de blogs actuellement en ligne ? « Quasiment personne, répond Mark Evans, conseil canadien en communication et La plupart des blogs ne sont pour ainsi dire pas lus, mais ça ne fait rien, le blogueur s'exprimant pour se faire connaître mais aussi pour d’autres raisons. MARK EVANS sca papergram no 3 2009 19 est l’un de ces flogs : l’auteur semblait se rendre spontanément dans les grandes surfaces Walmart aux USA alors qu’il était, en réalité, parrainé par le distributeur dans une optique publicitaire. À son avènement, on avait prédit qu’Internet enterrerait les médias sur papier, mais le temps a montré que cette prédiction était exagérée. Aujourd’hui, on publie des magazines consacrés au » Même si les blogueurs existent dans l’univers numérique, la reconnaissance ne s'impose que lorsqu’on en parle sur le papier. JENNY DOH blogging. Le premier numéro du trimestriel américain Artful Blogging est sorti en 2008. Il regroupe les idées et les conseils exprimés sur des blogs dans lesquels des amateurs de travaux manuels publient des photos et des commentaires sur leurs réalisations. « Nous avions publié dans notre magazine Somerset Studio un article sur un blog dédié à ce sujet. Nous avons sans doute été les premiers à parler de ce phénomène. Les lecteurs ont tellement apprécié que nous avons conclu qu’il existait le potentiel de faire tout un magazine sur ce type de blogs », explique Jenny Doh, rédactrice en chef du magazine. Reconnaissance sur le papier Elle ajoute que les blogueurs sont fous de joie quand la rédaction les contacte pour leur demander de contribuer à la revue. « Ils se sentent reconnus. C’est intéressant, car même si leur blog existe dans l’univers numérique, la reconnaissance ne s'impose que lorsqu’on en parle sur le papier. » En Suède, on trouve dans les kiosques, Blogguiden, un numéro spécial publié par le magazine informatique Allt om PC. « J’ai esquissé le numéro suivant. Cela semble prometteur. On note un grand intérêt pour le blogging », souligne le rédacteur en chef Tommy K. Johansson. Blog, microblog et nanoblog On peut faire connaître son point de vue de plusieurs manières. 20 Blog Microblog Nanoblog Le médium d’origine sur lequel on peut écrire un commentaire aussi long qu’on le souhaite. Blog limité à 140 caractères maximum (comme un SMS). La plate-forme la plus connue est Twitter utilisée par Barack Obama au cours de sa campagne. Blog limité à un seul mot. sca papergram no 3 2009 tendances par Luise Steinberger Le FSC fait de l’effet La certification des produits forestiers selon les principes du FSC (Forest Stewardship Council) a des bienfaits tant écologiques que sociaux. Telle est la conclusion d’une étude brésilienne effectuée à la demande de l’organisme de certification Imaflora. L’université de São Paulo a comparé les conditions sociales et environnementales dans les zones forestières certifiées FSC et celles non certifiées des États de Rio Grande do Sul et Santa Catarina. Les résultats indiquent clairement de meilleures conditions sur le plan environnemental (pesticides, superficies non exploitées pour raisons écologiques, méthodes de foresterie) et sur le plan social (salaires et privilèges des autochtones, état de santé des travailleurs forestiers, sécurité et relations dans les villages) dans les zones FSC. Selon l’étude, la raison principale pour laquelle les entreprises adoptent la certification FSC est que celle-ci accroît l’accessibilité au marché. Source : fsc. Pour lire le rapport : www.imaflora.org/arquivos/Does_ certification_make_a_difference.pdf Thriller dans l’univers de la presse Photoreporters citoyens Pour la première fois, le « journalisme citoyen » et surtout les photos et films fournis par des personnes privées ont été indispensables aux médias lors des manifestations en Iran en juin dernier. Comme le régime en place a empêché la plupart des journalistes étrangers de faire leur travail, la seule information disponible utilisable était celle rassemblée par les reporters amateurs sur place. Grâce à des sites Web tels que YouTube, les images n’ont pas été diffusées qu’aux internautes intéressés. Pour la première fois de son histoire, une photo d’amateur a fait la une du célèbre New York Times. Des sites tels que Demotix, qui se dit être une « communauté dédiée à la photo », sont un lien capital entre les journalistes citoyens et les professionnels. Ils représentent les intérêts des néophytes face aux acheteurs professionnels et fournissent les clichés dans un état technique exploitable sur le plan professionnel. Faire passer un quotidien régional au format tabloïd peut être une corvée. Mais un péril ? C’est le cas, tout du moins dans le monde de la fiction. Le polar publié par le graphiste John Bark se déroule dans le monde de la presse, à Sundsvall, la ville de SCA, de surcroît. Le graphiste Rickard s’y rend pour transformer le journal local en tabloïd et pour s’éloigner de ses problèmes domestiques. Jamais il n’aurait cru qu’il allait plonger dans un enfer peuplé de journalistes névrotiques et de psychopathes. Lorsque, en outre, un patron de presse britannique, peu emballé par le papier, débarque, sa mission pourtant bien définie dès le départ devient soudain dangereuse, politiquement et concrètement. « Un roman sur les médias à un tournant, la persistance de l’héritage des traditions journalistiques et la difficulté d’accepter le changement tant sur le plan professionnel que personnel », indique l’éditeur dans le communiqué de presse. Tout à fait dans l’air du temps. Pappersvargen (le loup de papier) devrait être publié en anglais et en allemand l’année prochaine. Source : guardian.co.uk sca papergram no 3 2009 21 par Luise Steinberger photos Istock et Sörmlands Grafiska L'énergie laiss En matière d’impression, c’est l’électricité qui a le plus d’effet climatique, a conclu une étude commandée par l’imprimerie Sörmlands Grafiska. Faire imprimer ses travaux en Suède plutôt que dans d’autres pays européens a moins d’impact sur le climat car la production d’électricité suédoise fait peu appel aux combustibles fossiles. es résultats de l’étude ont créé la surprise. Peter Söderstam, directeur commercial de Sörmlands Grafiska, s’attendait à une toute autre conclusion de l’enquête qu’il avait fait réaliser. « On a beaucoup planché sur la question des transports et j’étais plutôt persuadé que c’était eux qui avaient le plus gros impact sur le climat. » Mais personne ne savait avec exactitude. Voilà plusieurs dizaines d’années que Sörmlands Grafiska, premier site d’impression offset sur rotative de Suède, mène une action environnementale intensive, des certifications et écolabels ISO 14001, FSC et Cygne nordique aux solutions de transports économes en ressources. Néanmoins, l’imprimerie ne savait pas vraiment où elle en était sur le plan de son impact sur le climat et l’environnement, surtout par rapport à ses concurrentes. Peter Söderstam était en quête de réponses claires et nettes. « Je ne voyais pas et ne vois pas d’un bon œil s’installer un débat sur la nocivité des imprimés 22 sca papergram no 3 2009 sur l’environnement, en particulier sur Internet où tout se propage très vite. » « Parallèlement, on sentait que nos clients avaient de plus en plus envie d’aborder les questions liées à l’environnement. Il en est pour qui ce sujet est le critère décisif lorsqu’ils passent commande. » Bilan écologique fictif Afin de disposer de données concrètes, Peter Söderstam a demandé à la chercheuse Maria Enroth de procéder à une étude comparative portant sur l’impact climatique d’un magazine de 100 pages de format 230 x 298 mm tiré à 75 000 exemplaires pour le marché suédois. Ses calculs se sont basés sur un tirage réalisé sur deux types de papier (le GraphoCote de SCA et un papier finlandais de 70 g/m² tous les deux) dans quatre pays (Suède, Danemark, Finlande et Pologne). Consultante chez MSG Management System Group, Maria Enroth travaille depuis plusieurs années sur les questions relatives au management environnemental et au développement durable dans l’industrie des médias. Elle est biologiste de formation et a passé son doctorat à l’École royale polytechnique de Stockholm. Elle souligne que l’étude a été simplifiée sur plusieurs points : elle s’est souvent servie d’estimations pour effectuer ses calculs ; en ce qui concerne le papier, elle s’est basée sur le bilan carbone fourni par les fabricants ; sur le plan des transports, elle n’a pas pris en compte le recours, par exemple, à des navires aux émissions réduites ; au niveau de l’impact de l’impression, elle a inclus la consommation d’énergie et les chutes de papier ; elle a exclu les données concernant les effets de certains consommables (plaques, encres, etc.) et est partie du point de vue que les imprimeries travaillent dans les mêmes conditions. Le poids de l’électricité Une fois tous ces éléments pris en considération, il est vite apparu que ce n’était se des traces sca papergram no 3 | 2009 23 » Des études montrent que la lecture d'un journal en ligne pendant une demi-heure a autant d'impact qu’un quotidien Peter Söderstam pas, contrairement à toute attente, les transports qui faisaient la différence entre une impression « respectueuse du climat » ou non. C’est plus souvent la nature de l’électricité dans le pays où est installée l’imprimerie. Le résultat varie selon le pourcentage d’énergies fossiles intervenant dans la production d’électricité et en fonction du papier choisi étant donné que l’impact de sa fabrication sur le climat n’est pas le même selon le pays d’origine. Dans les cas retenus, on aboutit à une émission de 460 g de CO2 par exemplaire pour l’impression sur le papier finlandais en Pologne. En cas d’impression en Suède sur le papier suédois, on obtient moins d’un dixième de ce résultat, soit 43 g, car l’électricité suédoise 35 000 Transport 30 000 Impression 25 000 Papier 20 000 15 000 10 000 5 000 1a 1b 2a 2b 3a 3b 4a 4b Effet des options étudiées sur le climat sous forme d’émissions de CO2 (en kg) d’origine fossile pour la production d’un magazine de 100 pages tiré à 75 000 exemplaires. L’impression a lieu en Suède (1a et b), en Finlande (2a et b), au Danemark (3a et b) ou en Pologne (4a et b). a = papier suédois et b = papier finlandais. L’impact du papier, de l’impression et du transport est comptabilisé et illustré. 24 sca papergram no 3 2009 Action environnementale Celui qui veut produire en respectant l’environnement doit-il s’engager en politique pour faire changer la nature de l’électricité de son pays ? En quelque sorte, estime Maria Enroth : « L’étude montre combien il est essentiel de réfléchir à la question énergétique. Bien sûr qu’une entreprise peut faire beaucoup en réduisant sa consommation d’électricité ou, par exemple, en achetant ou adoptant l’énergie “verte”, elle peut alléger considérablement son bilan “climatique”. » En d’autres termes : on peut améliorer l’effet climatique de son entreprise même si on est imprimeur en Pologne ou dans l’un des pays où la production d’électricité a un impact sur l’environnement (voir graphique). Et le client a toujours intérêt à examiner en détail l’action environnementale des différents fournisseurs, estime la chercheuse : « On a beaucoup eu recours aux estimations dans nos calculs, mais les professionnels, qui savent comment lire les données du profil environnemental d’un papier ou autres, peuvent et doivent les interpréter dans tous les cas. » Papier contre ordinateur CO2 d’origine fossile 0 est d’origine nucléaire ou hydraulique, sources plus respectueuses de l’environnement d’un point de vue climatique. En Pologne, l’électricité est en grande partie d’origine thermique (charbon). Peter Söderstam de Sörmlands Grafiska a réfléchi après avoir lu le rapport et une autre idée a germé : les imprimés sont des concurrents potentiels aux ordinateurs et à Internet. « Si la production d’électricité et sa consommation ont de tels effets sur le climat, les médias électroniques ne sont soudain plus aussi respectueux de l’environnement que ce que l’on dit. Des études montrent que la lecture d’un journal en ligne pendant une demi-heure a autant d’impact qu’un quotidien imprimé. » Il n’y a pas que l’usage d’Internet qui fait consommer de l’électricité, il y a aussi la production et l’utilisation des ordinateurs. Les chercheurs ont encore du pain sur la planche. Torbjörn Bergkvist SCA ÉCO-INFOS Pour la première fois, les rapports environnement montrent l’impact de la division pâte et papier impression-écriture de SCA sur le climat. Le résultat est très satisfaisant. SCA Ortviken, à Sundsvall, est vraisem- blablement la papeterie dont le bilan carbone par tonne de papier fabriqué est le plus faible du monde. C’est ce qui ressort du rapport environnement 2008 des sites de SCA : l’usine de pâte d’Östrand, la papeterie d’Ortviken, celle de Laakirchen, en Autriche, et celle d’Aylesford Newsprint, en Grande-Bretagne, dont le Groupe est co-propriétaire. C’est la première fois que les usines de SCA présentent leur bilan carbone, soit le volume de gaz à effet de serre émis par les produits. Le rapport couvre l’ensemble de la chaîne, de l’exploitation forestière et la sylviculture à la livraison des produits finis au client. Il inclut également l’immense volume de CO2 séquestré dans les forêts de SCA au nord de la Suède. Le bilan carbone d’Östrand et d’Ortviken Finalistes des PPI awards Les papeteries de SCA d’Ortviken et de SCA Graphic Laakirchen ont été nominées à l’un des prix les plus prestigieux de l’industrie, les PPI Awards du magazine professionnel Pulp & Industries. SCA Graphic Laakirchen et SCA Ortviken concourront respectivement dans les catégories « produit le plus novateur » et « stratégie environnementale de l’année ». « Nous sommes ravis de la qualité et du nombre des candidatures que nous avons reçues à l’occasion de ce premier concours, affirme Marc Rushton, rédacteur en chef de PPI. Les finalistes ont toutes les raisons d’être fiers d’être arrivés à ce stade. » Selon lui, les PPI Awards sont un moyen de distinguer les meilleurs élèves de l’industrie mais aussi de nouer de nouveaux contacts. Les prix seront annoncés lors d’une cérémonie qui aura lieu le 28 octobre à Munich, en Allemagne. Des cendres utiles Les cendres des boues incinérées à l’installation de recyclage du papier de la papeterie SCA de Lilla Edet étaient auparavant mises en décharge, mais on vient de mettre au point des méthodes permettant de les recycler, par exemple, comme matériau de construction ou ingrédient de l’asphalte. Ainsi, on réduit la consommation d’énergie et, par conséquent, les émissions polluantes. photo Faible bilan carbone est très faible car ces deux sites consomment principalement du biocarburant. SCA Laakirchen a également publié son propre rapport environnement. Celui-ci décrit en détail les efforts consentis pour remplacer les fibres vierges par des fibres recyclées afin d’adapter le plus écologiquement possible l’approvisionnement en ressources à la situation géographique de l’usine au cœur de l’Europe. Il est possible de commander ces rapports en anglais et en allemand auprès des sites ou de les télécharger sur www.publicationpapers.sca.com Celui de la division pâte et papier d’impression-écriture est également disponible en suédois. La vérité sur l’industrie du papier Par l’intermédiaire de la brochure collective The facts of our value chain, l’organisation professionnelle European Mail Industry Platform (EMIP) souhaite démythifier plusieurs idées reçues qui portent préjudice à la réputation de l’industrie postale, surtout auprès des consommateurs. Cette brochure peut servir dans l’enseignement, par exemple, ou comme argumentaire. Parmi les informations avancées : • La production de papier ne détruit par la forêt : celle-ci couvre aujourd’hui 44 % de la superficie de l’Europe et 805 000 hectares viennent la compléter chaque année ; depuis 1950, sa surface a augmenté de 30 %. • La production de papier consomme, certes, beaucoup d’énergie, mais 54,5 % est « verte » car tirée de la biomasse ; c’est le pourcentage le plus élevé de tous les secteurs industriels européens. • En 2007, on a recyclé 64 % du papier et des emballages en Europe ; ce pourcentage progresse régulièrement ; on recycle plus le papier que tout autre matériau. • Les médias électroniques ne sont pas plus respectueux de l’environnement que le papier : les ordinateurs repré- sentent plus de 2 % des émissions de CO2 des ménages. La brochure peut être téléchargée sur www.emip.eu. sca papergram no 3 2009 25 Texte et photos Alexander Farnsworth L’info a son musée : Le Newseum Dernière minute ! Nouveau monument à la gloire de la liberté de la presse. Qu’on dise musée de l’information et on pense tout de suite à un cimetière de vieux journaux. C’est un peu le cas du Newseum de Washington, mais on y montre aussi la révolution que vit actuellement l’industrie de l’information. 26 sca papergram no 3 2009 • photos ayant reçu le prix Pulitzer ; • débris du mur de Berlin ; • une tour de télécommunication du World Trade Center ; • ordinateurs portables et appareils photos ayant appartenu à de célèbres journalistes et photographes ; • une camionnette criblée de balles qui transportaient les photographes de Time Magazine en Bosnie. Les piliers de la démocratie L’emplacement géographique du musée a une grande portée symbolique. Situé sur Pennsylvania Avenue à Washington D.C, entre le Capitole et la Maison-Blanche, c’est un monument à la gloire du premier amendement de la constitution américaine, qui garantit la liberté de religion et d’expression, celle de la presse et de réunion. Ainsi, à côté de la grande galerie sur le mur de Berlin et des unes des journaux américains au lendemain du 11 septembre, les expos présentent l’évolution de l’information, de l’imprimerie au numérique en passant par les réseaux communautaires. « Les musées ont tendance à regarder en arrière mais nous voulons essayer d’expliquer aux visiteurs ce qui se passe aujourd’hui dans l’industrie de l’information. » Évolution des médias Parmi les collections, on peut découvrir le téléphone portable avec lequel un étudiant de Virginia Tech a filmé le massacre qui s’est produit à son université et certains des premiers messages envoyés via Twitter sur les révoltes de Birmanie et de Mumbai, l’amerrissage de l’Airbus sur l’Hudson et le tremblement de terre du Sichuan. Même candidats et blogueurs ont exploité les réseaux sociaux Ce que l’on peut apprendre au Newseum ron : Dans le monde, on dénombre envi • 25 000 chaînes de télévision • 65 000 stations de radio • 8 000 quotidiens où la liberté de La Finlande et l’Islande sont les pays s par le Dasuivie , ectée resp x mieu la la presse est 3 journalistes 1 91 , 1837 is nemark et la Suède. Depu fonction. leur de rcice l’exe dans mort la é ont trouv La liberté d’expression et de la presse est l’un des piliers de la démocratie. C’est ce que rappelle le musée au visiteur. L’établissement a coûté 450 millions de dollars US et a été inauguré en avril 2008. « Le journalisme est la première ébauche de l’histoire » a déclaré Philip Graham, ex-patron du Washington Post. « Comme l’information ne cesse d’évoluer, le Newseum doit être une expérience nouvelle à chaque visite, indique Cathy Trost, ex-journaliste au Wall Street Journal et actuelle commissaire des expositions. Nous mettons actuellement l’accent sur la mutation de l’industrie de l’information. » » montrent les choses telles qu’elles étaient autrefois. La collection du Newseum compte 35 000 unes historiques couvrant cinq siècles. Elle inclut également plus de 6 000 objets relatifs à l’information : La plupart des musées pour propager l’information pendant la dernière campagne présidentielle américaine. « De tous temps, l’humanité a toujours été intéressée par les mêmes sujets d’actualité : la guerre, la paix, l’amour, la haine, la météo, explique Cathy Trost. Ce qui a changé, c’est la vitesse de transmission. Auparavant, la presse, la radio et la télé étaient les transmetteurs exclusifs de l’information. Aujourd’hui, ce sont des journalistes citoyens armés de téléphones portables qui, de plus en plus souvent, donnent l’alerte. Cette nouvelle forme de journalisme a beaucoup d’avenir mais on peut aussi s’interroger sur son impartialité, son exactitude et sa qualité. Ensuite, eu égard à la numérisation de la presse, comment faire payer l’information qu’elle diffuse. » « C’est un vrai sujet d’actualité et personne ne sait comment ça va se terminer », conclut-elle. Comme l’information ne cesse d’évoluer, le Newseum doit être une expérience nouvelle à chaque visite. Cathy Trost Le musée en bref Le Newseum a une superficie de 60 000 m². Il compte sept étages, 14 galeries, 15 scènes et des milliers d’objets exposés. Nombre d’entre eux ont été donnés par des familles et des groupes de presse américains comme les et le New York Times. Chaque jour, on peut découvrir la une de 80 quotidiens. Le premier amendement de la constitution (1791) des États-Unis d’Amérique, qui régit notamment la liberté d’expression, est gravé dans un bloc de marbre de 50 tonnes sur la façade du musée. Il interdit au Congrès de faire une loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse, ou touchant au droit des citoyens de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de leurs griefs. sca papergram no 3 2009 27 PAR Henrik Emilson photoS Nils Bergendal/Nordisk Film et Anna Simonsson Les papetiers font leur cinéma Si les cinéastes ont jusqu’ici largement ignoré la profession des ouvriers papetiers, ceux-ci tiennent enfin leur revanche grâce à une comédie noire. O n a vu des ouvriers sidérur- gistes dans Voyage au bout de l ’Enfer, des pompiers dans Backdraft, des chauffeurs de taxi dans Taxi Driver. Quant aux policiers, le septième art les adore. Le long métrage de Jörgen Bergmark, Det enda rationella, met enfin en vedette des ouvriers papetiers, deux amis, Erland et Sven-Erik, qui travaillent à la papeterie d’une ville, dont le nom n’est pas précisé (qui pourrait être Sundsvall ou Obbola), au nord de la Suède. En plus de son boulot de chef d’équipe, Erland s’investit dans des cours de préparation au mariage à l’église en compagnie de sa femme Siv. Quand il tombe brusquement amoureux de la femme de Sven-Erik, et elle de lui, ils proposent la solution la plus rationnelle qu’ils trouvent : vivre tous ensemble en attendant le passage de cette tocade et le retour à la normale. Mais rien ne redevient comme avant. La situation dégénère et, à un moment, un homme désespéré se couche sous le système de coupe de l’usine pour être débité tel une bobine de papier. 28 sca papergram no 3 2009 » Le ménage à trois n’est pas toujours la meilleure solution. Il s'agit d’hommes mûrs sur le plan affectif qui sont amis. Jens Jonsson Cette scène semble horrible mais Det enda rationella est une comédie, quand bien même noire. Nouvelle image de la classe ouvrière Le scénario a été commis par le metteur en scène Jens Jonsson (Réparation) et le film sera distribué dans le monde entier : « Je trouvais que le cinéma donnait de la classe ouvrière une image à la fois romantique et un peu condescendante : des gens authentiques qui picolent un peu trop. On trouve la même image en Angleterre chez des cinéastes tels que Ken Loach et Mike Leigh. Je voulais parler des ouvriers papetiers, de leur vie, pas d’ou- vriers papetiers qui se soûlent le samedi soir. D’hommes mûrs sur le plan affectif qui sont amis. Ils ne vont peut-être pas à l’opéra, mais ils sont capables d’évoquer leurs sentiments. » Mais pourquoi des ouvriers papetiers et pas des mineurs, par exemple ? C’est simple, répond Jörgen Bergmark : « Jens et moi avons grandi dans le même milieu. Mon père était agent administratif chez SCA à Sundsvall et celui de Jens exerçait le même métier chez Obbola Liner Board. On a vécu tous les deux à proximité d’une papeterie. » Et qu'arrive-t-il à l’homme couché sous le système de coupe ? Pour le savoir, Det enda rationella sort à l’automne 2009 en Suède.
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