Adultes Personnes Âgées

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Adultes Personnes Âgées
groupe
groupe
Photos
Témoignages
Revue de Presse
Articles scientifiques
Adultes
et
Personnes Âgées
Stimulation et Rééducation Cognitives
Quelques Photos :
Un grand merci à Madame Grost (cadre santé), à son équipe et aux résidents de la maison de
retraite du CH de Guise (02) que nous avons eu le plaisir d’équiper de 6 ordinateurs tactiles et de
tous nos logiciels.
Sommaire
ACTIvital en maison de retraite
Saint Joseph de Vernaison (69)
Source : “Le Progrès Article “L’informatique adaptée aux
personnes âges”
ACTIvital en résidence pour personnes âgées
Résidence Jean Fourcassa (78)
Source : “Le Petit Quentin” (Saint Quentin en Yvelines)
Article : “L’informatique : contre la mémoire qui flanche”
ACTIvital en résidence pour personnes âgées
Le Jardins des Loges (17)
Source “Sud Ouest” Article : “Avancer ensemble sur le chemin de la vie”
ACTIvital en accueil de jour Alzheimer
CCAS Nice
Source : “Le Cannois” Article : “ACTIvital lutte contre l’Alzheimer”
TVneurones en résidence pour personnes âgées
Résidence du Parc et du château d’Abondant (28)
Source J-P Tibet-Zanini (cadre rééducateur)
Utilisation de PRESCO en accueil de jour Alzheimer
Jardins de Sophia (34)
Source Dr Michel, C. Foare (neuropsychologue)- Jardins de Sophia
“Mémoire : la maladie d’Alzheimer”
Vidéo Dr Croisile, Président du Conseil Scientifique
des Editions Créasoft.
Source : www.omegatv.tv
“La stimulation de mémoire. Quel rationel ? Quels exercices ?”
Dr Croisile, Président du Conseil Scientifique des
Editions Créasoft.
Source : “La Revue de Gériatrie, Tome 31”
Sport
Économie
Dossier
Saint-Quentin,
l’aire numérique
p. 24
Véronique Cochereau,
marcheuse d’enfer
p. 35
Anne Cam et
Graines de beauté
p. 23
o
1,07  - Janvier 2009 - n
in-en-Yvelin es
L’actualité de Saint-Quent
238
social
velines.fr
www.saint-quentin-en-y
Le chorégraphe
Bonne année 2009
François Verret
p. 7
à Bel-Ébat
Les Vilains
présente son
Cabaret autour
d’Heiner Müller
p. 4 Magnifiques
ordinaires
à La Meriset
6 Wayne McGregor
au Prisme
au Théâtre p.
6
p. 12 souad
Massi
à La Merise
2009
en-Yvelines
#
60
Janvier 2009
CLAIRE DITERZI
Chansons
visuelles
et inclassables
Legrand
sUPPLÉMENT
GRaTUIT dU
PeTiT QuenTin
n° 238 - JaNVIER
Saint-Quentin-
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pages centrales
JEUNE PUBLIC
Petits Canards
THÉÂTRE
Singularités
daNsE p.
fait escale
MUsIQUE
en concert
Théâtre, concerts,
danse, expositions,
toutes vos
sorties à
Le 17 janvier
au Prisme
© J.J. Kraemer
détachable en
SEniOrS
L’idée a germé dans la tête de la directrice de la résidence des personnes âgées
Jean-Fourcassa. Désormais, les résidents se remuent les méninges dans une salle
informatique toute neuve, sur un logiciel spécialement conçu pour eux. Reportage.
La mémoire qui planche
I
l est 14 h, au 7e étage de la résidence
pour personnes âgées (RPA) Jean-Fourcassa, maison gérée par la communauté
d’agglomération (CA) de Saint-Quentinen-Yvelines. Antoinette, 90 ans, Marie-Bernadette, 60 ans, et Janine, 80 ans, touchent
leur écran d’ordinateur pour répondre à un
jeu de questions. « C’est vraiment très bien,
lance Marie-Bernadette. C’est une très bonne
idée, ça aide pour la mémoire. » « C’est l’idéal,
renchérit Antoinette. L’informatique, mes
enfants m’en parlent, c’est très nouveau pour
moi, mais ça m’intéresse. »
écran tactile
Dans la salle informatique ont été installés
six ordinateurs, dont trois à écran tactile
dotés du logiciel Activital. « À la demande de
la directrice de la résidence, nous avons étudié
le projet et nous avons créé un espace informatique au sein de l’établissement. Nous avons
amené une liaison internet, acheté des ordinateurs et installé le logiciel en réseau », explique
Florian Charlemaine, technicien informatique à la communauté d’agglomération
(CA) de Saint-Quentin-en-Yvelines. Coût
total de l’opération : 6 000 €. « Le logiciel
acheté par la CA a été développé par des neurologues et des psychologues. Il présente des jeux
basés sur le cognitif. C’est un excellent moyen
de faire travailler les réflexes et la mémoire.
Il est également préventif contre la maladie
d’Alzheimer », précise Patricia Gau, la directrice de la RPA.
Jeux évolutifs
« Ces jeux sont évolutifs et les écrans tactiles
permettent une approche plus facile pour les
personnes qui ne maîtrisent pas l’informatique. En plus du logiciel, nous allons également initier les résidents à l’ordinateur et à
Internet. » Ainsi, deux fois par mois, une
animatrice viendra accompagner les résidents selon leurs besoins et leurs demandes. « À terme, nous voulons rendre les personnes âgées autonomes. Elles pourront avoir un
accès libre à la salle pour jouer avec le logiciel
ou pour communiquer avec leurs enfants par
Internet », précise Patricia Gau. L’ensemble
des résidents de la RPA Jean-Fourcassa sont
ravis et tous sont partants pour tenter l’expérience des nouvelles technologies. ■
Stimulation
intellectuelle
Créer son propre journal, développer
des jeux en réseau, accéder à une
messagerie personnelle simplifiée :
les maisons de retraite disposent
d’un nouvel outil informatique qui
offre des activités ludiques à leurs
résidents tout en les stimulant
intellectuellement. Activital,
le logiciel mis au point pour les
personnes âgées, a pour mission
de renforcer la mémoire,
l’attention, la logique, le langage
et les fonctions visuo-spatiales.
Plusieurs études scientifiques ont
démontré que l’entretien régulier
des fonctions cognitives permettait
d’améliorer le confort quotidien
et de reculer la venue de
la maladie d’Alzheimer. ■
Activital, logiciel diffusé
par les éditions Créasoft
www.editions-creasoft.com
Catherine Cappelaere
LE PETIT QUENTIN - n 238 - jaNvIEr 2009
o
I39
N°0423 Jeudi 12 Avril 2007
"Activital"luttecontrel'Alzheimer Un logiciel de programme d'activités de stimulation cognitive pour personnes âgées a été remis par l'Association le Lien Social Niçois et le Crédit Agricole. Notre espérance de vie augmente et avec elle le risque de
développerlamaladied'Alzheimer,quitoucheaujourd'hui
800000Français.Unsiècleaprèsladescriptiondupremier
cas,lamaladieestdevenueuneprioritédesantépublique.
600 000 personnes de plus de 75 ans sont atteintes et l'on
dénombreprèsde200000nouveauxcasparan.La
médecinedisposeactuellementdeplusieurstraitements,qui
permettent une amélioration des fonctions intellectuelles du patient mais ne guérissent pas la
maladie.Parallèlement,différentesstratégiesde stimulation des capacités cognitives retardent
laperted'autonomie.
Un logiciel face à la maladie
Le Centre Communal d'Action Sociale de la Ville de Nice gère depuis décembre 2005 un Accueil
deJourAlzheimer.Cedernierprendenchargelespersonnesatteintesdecettemaladieavec
pourobjectifslemaintienàdomicile.
Des activités stimulant le malade sont proposésàtraversdesateliersludiques,manuels,
créatifs,depleinairainsiquedessortiesetdesrencontres.Pourcomplétercesactivités,un
logiciel de programme d'activités de stimulation cognitive "Activital" a été offert par l'Association
leLienSocialNiçois,présidéeparMonsieurJeanGuillonavecleconcoursduCréditAgricole.
"Nous faisons des partenariats et nous donnons del'argentquandnouslepouvonsbiensûr,
pourmeneràbiencertainsprojetscommecelui-ci"expliqueMmeLamiporte-paroledela
banque."L'argentquevousnousdonnéestbientombé,grâceàvousc'estlapremière
réalisationd'importancequenousavonspuconcrétiser"répliqueJeanGuillon.Cematériel
informatiqueetpédagogique,al'avantagededisposerd'unécrantactilepermettantuneplus
grandeaccessibilitéauxpersonnesàmobilitéréduite.Ilproposeunensemblede10exercices
stimulantainsicinqgrandesfonctionscognitives:lamémoire,l'attention,lalogique,lelangage
etlesfonctionsvisuo-spatiales.Unevéritablegymnastiquecérébrale!
Nassera Sfendla
Résidence du Parc et du château d’Abondant
Etablissement d’Accueil pour Personnes Âgées
Jean-Paul TIBET-ZANINI
Responsables des rééducations neuro sensorielles
Témoignages
Nous utilisons Tvneurones depuis pratiquement 1 an. Nous avons découvert un logiciel facile
d’utilisation et qui s’est adapté très vite aux soignants non expérimentés en informatique que
nous sommes.
Sa présentation et son aspect ludique en ont fait un formidable outil de stimulation cognitive,
mnésique, d’analyse , d’orientation visuo spatiale et de concentration.
Nous utilisons ce logiciel avec les personnes atteintes de troubles cognitifs à différents stades,
liés ou non au syndrome d’Alzheimer, ainsi qu’avec les personnes fréquentant l’ accueil de jour.
La fréquence d’ utilisation est de 2 à 3 fois par semaine et les séances sont proposées par les
animatrices, aides médico psychologiques et rééducateurs. L’intérêt porté par les utilisateurs
ainsi que la variété et le nombre des jeux proposés permet de les organiser régulièrement dans
une ambiance extrêmement conviviale et joyeuse pendant 45 mn environ. L’utilisation en
groupe avec un grand écran et un vidéo projecteur minimise la situation d’échec en renforçant
l’esprit de solidarité.
Nous sommes très satisfait de notre choix, car c’est un outil qui nous permet de proposer une
stimulation thérapeutique et ludique tout en adaptant les difficultés au niveau des personnes
participantes grâce au 3 niveaux de difficulté.
Nous pensons que Tvneurones est un excellent compromis pour débuter des ateliers cognitifs,
et pouvoir ensuite s’orienter vers des logiciels plus spécifiques.
Nous tenions également à joindre à notre témoignage quelques phrases choisies parmi les
réactions des utilisateurs :
• Je n’aurais pas cru que cela me fatiguerais autant de jouer avec la télé.
• On est bien à jouer tous ensemble et on rigole bien , c’ est bon.
• Quand retourne t’on jouer avec la grande télé qui rend intelligent
• Ce qu’ il y a de bien ici c’est que l’ on a plus l’ impression d’être à un jeu TV qu’a l’école.
Mais aussi les réflexions des intervenants :
• Je n’ aurais jamais cru que ce soit si facile à utiliser.
• Vite mis en place et vite rangé ..., super!!!!!
• Cela m’a mis en confiance pour animer un groupe.
• La stimulation cognitive vu sous cet angle me donne autant de plaisir qu’aux utilisateurs.
• Enfin un outil créé par des gens qui ont compris nos attentes.
• J’ai presque l’impression d’être doué en informatique!
En conclusion , nous sommes très contents de notre choix et ne nous privons pas de conseiller
les structures en recherche de produits de stimulation cognitive de faire un essai avec
Tvneurones.
Jean-Paul TIBET-ZANINI
PRESCO Adultes en Accueil de Jour Alzheimer
Ce mois-ci, Céline Foare, neuropsychologue, nous fait part de ses
constatations quant à l’utilisation de l’informatique et précisément du
logiciel Presco en Accueil de Jour Alzheimer.
PRESCO aux Jardins de Sophia
La clinique Alzheimer « les Jardins de Sophia »,
située à Castelnau-le-Lez (Hérault), comprend :
• Un service d’Hospitalisation de Jour (Carpe Diem) pour les personnes
aux premiers stades de la maladie qui vivent à leur domicile (24 places)
• Un service de Long Séjour pour la prise en charge complète des personnes au stade sévère de la maladie d’Alzheimer (80 lits)
L’activité de soins des Jardins de Sophia se développe depuis les 2 extrêmes de la chaîne de la
prise en charge de la maladie d’Alzheimer, du stade précoce dès le diagnostic, aux formes très
sévères.
Notre propos s’intéresse plus particulièrement au service d’hospitalisation de jour, ouvert en 1995,
pour les patients présentant une maladie neurodégénératives (DTA, Parkinson, démence vasculaire…). Ce service propose des solutions alternatives permettant le maintien à domicile des patients
atteints de maladie d’Alzheimer, en début d’évolution, c’est-à-dire, à un stade où l’on peut associer prévention et soins (MMS>20).
Ce service d’hospitalisation de jour accueille des patients « jeunes », c’est-à-dire de moins de 65
ans, qui n’ont aucune autre possibilité d’accès à une structure sanitaire spécialisée. Sa vocation est la prise en charge des personnes souffrant d’un déficit cognitif débutant en associant
aux thérapeutiques médicamenteuses, les thérapeutiques non médicamenteuses (réadaptation,
réhabilitation cognitive...) après évaluation médicale spécialisée, de leur déficit cognitif dans un
environnement sanitaire « de leur âge » et non en milieu gérontologique.
Les prises en charge sont réalisées par une équipe pluridisciplinaire : neuropsychiatre, neuropsychologues, psychologue clinicienne, psychomotricien, ergothérapeutes, orthophoniste, musicothérapeute, art-thérapeute, kinésithérapeute, animateurs et coordonnées par le médecin directeur
et la responsable du service.
Pourquoi PRESCO et la réhabilitation cognitive informatisée ?
L’approche thérapeutique préconisée en cas de troubles cognitifs consiste à maintenir les capacités cognitives préservées et/ou rééduquer les fonctions cognitives déficitaires. Dans le cadre des
pathologies neurodégénératives nous nous intéressons plus particulièrement au 1er point afin de
stabiliser les performances cognitives et par conséquent de ralentir l’évolution de la maladie. Les
moyens d’interventions sont divers (support visuel, auditif, souvent sur support papier…), ils souvent non standardisées, difficilement évaluable, et ne reposent pas forcément sur des concepts
théoriques maîtrisés par les personnes en charge de l’animation des ateliers.
Aussi, l’outil informatique nous est apparu intéressant, le logiciel PRESCO permet :
- un travail spécifique de l’ensemble des fonctions cognitives (mémoire, fonctions exécutives, langagières, attentionnelles, visuo-spatiales) élaboré par des professionnels spécialisés
- un suivi de l’évolution du patient (enregistrement des performances lors de chaque séance
- d’adapter le niveau de difficulté aux performances du patient et de prendre en charge un
public hétérogène avec des déficits cognitifs variés.
Comment ?
Suite au bilan cognitif, un projet thérapeutique spécifique est mis en place pour chaque patient et
des indications sont portées pour les différents modules du logiciel (Mémoire, Langage, Visuo-spatial, Attention, Fonctions exécutives). Les activités de remédiation cognitive informatisée sont alors
proposées : en individuel et/ou en groupe.
Nous avons plus particulièrement développé, aux Jardins de Sophia, l’utilisation du logiciel PRESCO
sur une prise en charge en groupe homogène de patients présentant des déficits cognitifs légers.
Les séances, d’une durée moyenne de 45 minutes permettent un entraînement :
- de la mémoire épisodique antérograde (dimension verbale, visuo-spatiale),
- des fonctions attentionnelles (MdT, exploration visuelle…),
- des fonctions langagières (stock lexico-sémantique….)
- des fonctions visuospatiale (discrimination visuelle, rotation mentale…)
- des fonctions éxécutives (organisation, planification…)
Résultats
→ Au niveau cognitif
Nos résultats suggèrent l’intérêt thérapeutique de la remédiation cognitive assistée par ordinateur,
ce bénéfice s’intégrant dans la prise en charge globale proposée dans le service d’hospitalisation
de jour. Les patients hospitalisés bénéficiant d’un panel diversifié d’activités de stimulation cognitive, l’apport spécifique de ce type de prise en charge n’est pas quantifiable.
Les données actuelles de la littérature
considèrent que la perte de points
moyenne par an à l’échelle MMSE
(Mini Mental State Examination) est
de 3 points. L’étude réalisée à Carpe
Diem au cours de l’année 2007, concernant 47 patients présentant une
maladie neurodégénérative et bénéficiant des activités thérapeutiques de
l’hospitalisation de jour depuis plus d’un
an montre que le gain de points moyen
de nos patients est de 0.12 points par
an. La prise en charge semble efficace
dans le cadre du maintien des capacités préservées et de la stabilisation des
performances cognitives.
→ Au niveau psychocomportemental
Concernant la dimension psycho-affective, parmi les changements observés, nous constatons une
amélioration de l’humeur, un renforcement de la confiance en soi et de l’estime de soi ainsi qu’une
baisse des niveaux d’anxiété.
Concernant la socialisation, il existe un effet très positif du groupe : l’activité génère des échanges,
facilite la communication entre les personnes (l’écoute notamment). La participation à un groupe
permet également d’éprouver un sentiment d’appartenance, de partager des expériences de vie,
d’améliorer les habiletés sociales, de résoudre parfois les situations avec un autre patient (soutien
social).
En individuel, le patient trouve dans ce type de prise en charge une revalorisation personnelle, il
est très motivé pour atteindre l’objectif proposé par son programme d’entraînement, le résultat de
chaque séance étant visualisé sur l’écran.
Mémoire : la maladie d'Alzheimer !
Dr Bernard Croisile
A l’occasion de la Journée Mondiale de la Maladie d’Alzheimer qui s’est déroulée le lundi 21
septembre, le Dr Bernard Croisile était présent lors d’un forum sur la maladie d’Alzheimer à
Lagnieu (01) ce vendredi 25 septembre pour donner une conférence ainsi qu’animer des débats sur le thème de “La maladie d’Alzheimer : Conséquences au quotidien pour le malade
et son entourage”.
Par ailleurs, lors d’une récente interview accordée à Carine Fillion, il propose un exposé clair
et complet, assorti de nombreux conseils, illustré par toutes sortes d’histoires et d’anecdotes
dans lequel il répond à un grand nombre de questions sur la mémoire dont voici quelques
extraits vidéos :
- Mémoire : comment l’améliorer ?
- Mémoire sélective : pourquoi elle inquiète ?
- Mémoire : comment fonctionne-t-elle ?
- Mémoire : chez l’enfant ?
- Mémoire : la maladie d’Alzheimer !
- Mémoire : comment stocke-t-elle les infos ?
- Mémoire : le bachotage efficace ?
- Télé et jeux: l’impact sur l’enfant !
Pour visionner ces vidéos : www.omegatv.tv
Bernard Croisile, neurologue, est chef du service de neuropsychologie à l’Hôpital de Lyon où
il assure une consultation “ mémoire “ dédiée à l’évaluation des plaintes et des troubles de
mémoire, ainsi qu’au diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer.
Bernard Croisile préside et coordonne aussi le conseil scientifique et le comité éditorial des
Editions Créasoft.
PRÉVENTION
La stimulation de mémoire.
Quel rationnel ? Quels exercices ?
Memory stimulation.
What rational ? What exercises ?
Bernard CROISILE
RÉSUMÉ _______________________________________________
SUMMARY _____________________________________________
L’avancée en âge s’accompagne d’une fragilité
progressive des fonctions cognitives contre laquelle
chacun désire se prémunir. De nombreux travaux
ont démontré l’impact significatif de la stimulation
de mémoire (loisirs cognitifs, entraînement structuré) aussi bien sur le confort cognitif personnel que
contre la survenue d’une maladie d’Alzheimer. En
complément d’activités de loisirs classiques, la
stimulation cognitive permet à la personne âgée de
mieux comprendre ses difficultés et d’y remédier de
façon ludique. L’entraînement cognitif peut se faire
sous des formes papier-crayon ou informatique.
Nous rapportons notre expérience d’un site internet
d’entraînement cognitif personnalisé sous la direction d’un superviseur informatique. L’objectif de
l’entraînement cognitif est triple : montrer la possibilité d’une amélioration de ses performances, transfert des performances dans les activités de la vie
quotidienne, renforcer l’estime de soi. Son action
passe par le développement d’une plasticité neuronale reposant sur une réserve cérébrale et cognitive.
Aging is responsible for a progressive decline of
cognitive functions. A number of scientific works
found that cognitive stimulation had a significant
positive impact as well for maintaining a highquality cognitive competence as for delaying the
onset of Alzheimer’s disease. Beside more classical
leisure, cognitive stimulation can help seniors to
understand their memory decline and to improve
their abilities. Cognitive training can be done
through paper exercises or e-training sessions. We
report our experience of a personalized interactive
cognitive e-service which proposes various games to
train cognitive functions. The objective of cognitive
training is threefold: improve cognitive performances, transferring the abilities to everyday activities, improve self-esteem. Its biological effect is
mediated through cerebral reserve and cognitive
reserve.
Mots clés : Mémoire - Stimulation - Entraînement Ordinateur - Internet.
Key words : Memory - Stimulation - Training Computer - Internet.
Article reçu le 17.01.2006 - Accepté le 14.06.2006.
Auteur correspondant : Docteur Bernard Croisile, Centre Mémoire de Recherche
et de Ressources de Lyon, Laboratoire de Neuropsychologie, Fonctions cognitives,
Langage et Mémoire - Hôpital Neurologique, 59 boulevard Pinel, 69677 Bron
cedex, France. E-mail : bernard.croisile@wanadoo.fr
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
Revue de Gériatrie 2006;31:421-433
421
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
D
epuis des temps immémoriaux l’homme
éprouve le besoin de renforcer sa mémoire par
des moyens de type mnémotechnique (1). Pour
n’en citer que deux, la méthode des loci inventée par
Simonide de Céos (env. 556-468 av. J.-C.) facilitait
chez les orateurs l’apprentissage de leurs discours alors
que Giulio Camillo (1480-1544) a tenté de réunir de
façon logique l’ensemble des connaissances de l’univers
dans un amphithéâtre de la mémoire. A l’exigence
scolaire et professionnelle de bien apprendre, s’ajoute
actuellement chez les seniors le souhait d’entretenir sa
mémoire dans le cadre du maintien d’une “bonne
santé”. L’avancée en âge s’accompagne en effet d’une
fragilisation progressive mais inégale de certaines
composantes de nos fonctions cognitives. Parmi elles,
la mémoire est celle dont les faiblesses sont les plus
apparentes aux seniors qui sont très désireux de se
prémunir contre ses défaillances. Parmi les actions
proposées, la stimulation de mémoire (que l’on ne peut
bien sûr dissocier de la stimulation cognitive) occupe
une place de choix, malheureusement encore trop
sous-estimée voire diabolisée.
Le terme de stimulation cognitive a été largement
promu par Jocelyne de Rotrou dans une approche de
sollicitation globale, aussi bien cognitive que psychologique et sociale, en référence à des concepts théoriques
cadrés (2). Précisons rapidement une terminologie
parfois confuse (figure 1). La stimulation se démarque
de la rééducation et de la réhabilitation qui s’appliquent
à des patients présentant un déficit cognitif objectif,
secondaire à des lésions cérébrales localisées, en
général vasculaires ou traumatiques. Il s’agit dans ces
cas-là de techniques visant à restaurer, compenser ou
adapter des processus cognitifs dégradés à la suite d’un
processus pathologique. Le cadre est par conséquent
thérapeutique, il s’opère donc obligatoirement sous le
contrôle effectif d’un thérapeute orthophoniste (pour le
langage) ou neuropsychologue (pour la mémoire et les
autres fonctions cognitives). Bien que le terme de stimulation soit également employé pour la prise en charge
des patients présentant une pathologie cognitive dégénérative, la tendance actuelle est de préférer dans ce
cadre-là le terme de revalidation. L’objectif de la revalidation est de réacquérir, restaurer, renforcer ou développer des stratégies cognitives en intervenant, selon le
cas, sur des composantes cognitives altérées ou préservées. Pour être complet, le concept d’éducation cognitive regroupe les approches pédagogiques de transmission des outils intellectuels.
De leur côté, la stimulation ou l’entraînement s’adressent à des sujets âgés mais sains, subissant les défaillances fonctionnelles du vieillissement physiologique.
On peut parler également d’optimisation cognitive. Les
techniques de stimulation s’adressent à des sujets individuellement ou en groupe, seuls ou encadrés par des
animateurs. L’objectif, ou du moins le rationnel de la
stimulation de mémoire (et de la stimulation cognitive
au sens large), est de solliciter certaines composantes
des systèmes cognitifs chez des sujets âgés normaux
afin de les aider à être plus efficaces dans leur quotidien
et de rendre possible un bien-être psychologique et
social sans lesquels on ne peut concevoir de progrès
cognitif pertinent (2). Le souhait voire l’exigence des
seniors est souvent plus immédiat : améliorer leurs
performances psychométriques, ce qui ne peut pas être
un objectif en soi car toute stimulation cognitive doit
s’accompagner d’une dimension psycho-sociale.
Dans le présent papier nous ne restreignons pas la
Figure 1 : Terminologie des différentes situations d’intervention
cognitive.
Figure 1 : The different types of cognitive interventions.
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
422
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
stimulation de mémoire à une technique mais à l’ensemble des moyens, naturels ou spécifiquement structurés (exercices), aboutissant à une stimulation des fonctions cognitives. De nombreux travaux épidémiologiques ont montré que l’éducation et les activités cognitivement stimulantes entretenaient à tout âge le potentiel
cognitif et s’associaient également à un moindre risque
de démence. Le terme actuellement employé dans la
littérature scientifique pour qualifier l’ensemble des
activités stimulantes, aussi bien cognitives que sociales
ou physiques, est celui de lifestyle (style de vie).
Comment définir la stimulation de mémoire ? Quels
sont l’intérêt et la validité réelle de l’entraînement
cognitif ? Quels types d’exercices proposer ? Toutes ces
réponses s’articulent autour des notions de neuroplasticité et de réserve cognitive, définissant la capacité du
cerveau à se modifier, tout au long de la vie, aussi bien
dans ses structures que dans son fonctionnement, en
cas de lésions ou sous l’effet de stimulations adaptées. Il
est maintenant reconnu qu’à tout âge, le développement d’une neuroplasticité cognitive est possible (3, 4).
moindres performances lors de la récupération spontanée des informations alors qu’ils sont plus efficaces
lors d’un rappel indicé.
Le vieillissement a également des effets néfastes sur la
mémoire prospective et la métamémoire. La mémoire
prospective permet de se rappeler l’intention de faire
quelque chose, elle devient moins efficace ce qui oblige
les seniors à avoir recours à un agenda par exemple. La
métamémoire assure le contrôle des activités de mémorisation, l’évaluation de l’étendue des connaissances, et
l’estimation des capacités d’évocation : les seniors
déprécient progressivement l’image de leur mémoire
car ils sous-estiment leurs compétences mnésiques
réelles et exagèrent systématiquement leurs échecs.
En revanche, l’âge affecte moins les capacités d’organisation des connaissances, les processus mnésiques
automatiques ainsi que les domaines d’expertise
personnelle. Pour peu qu’elles soient explicitement
sollicitées et qu’on leur conseille des stratégies cognitives adaptées et personnalisées, les personnes âgées
conservent de bonnes capacités d’encodage et de récupération des informations.
Pourquoi stimuler sa mémoire et ses fonctions
cognitives?
POURQUOI STIMULER SA MÉMOIRE ? _______
Que se passe-t-il au plan cognitif lors du vieillissement ?
L’éducation, la pratique d’une activité professionnelle,
l’engagement dans des loisirs démontrent tout au long
de la vie la possibilité d’acquérir des connaissances et
de maîtriser des savoir-faire. L’intérêt biologique de la
stimulation cognitive apparaît double : conserver un
confort cognitif personnel lors du vieillissement naturel
et retarder l’apparition d’une maladie d’Alzheimer.
Physiologiquement, l’avancée en âge s’accompagne
d’une diminution de la vitesse de traitement des informations cognitives, d’une réduction des ressources
attentionnelles, et d’une baisse des performances de la
mémoire de travail. Les personnes âgées subissent en
outre des stéréotypes négatifs, elles sont aussi moins
aventureuses et plus isolées aux plans social et affectif.
A l’inverse, elles sont plus curieuses, tout autant créatives voire plus, et elles démontrent davantage de
sagesse, de jugement et d’expérience. Verdi a composé
Falstaff à 80 ans et Winston Churchill est devenu
Premier ministre à 65 ans !
En dépit de grandes différences individuelles liées au
niveau socio-éducatif et aux domaines personnels d’expertise, tous les travaux sur le vieillissement de la
mémoire des personnes âgées montrent une fragilisation des capacités de mémorisation explicite, principalement si le matériel est complexe et très exigeant en
ressources attentionnelles. Etant plus sensibles aux
interférences, les seniors ont plus de difficultés à appliquer des traitements élaborés ou simultanés sur le matériel à mémoriser. L’oubli est nettement influencé par la
procédure de rappel et la nature sérielle ou logique du
matériel à mémoriser. Enfin, les sujets âgés ont de
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
Pour un meilleur confort cognitif personnel :
“Use it or lose it !”
Des études longitudinales ont montré l’intérêt cognitif
de la pratique régulière de loisirs intellectuellement
stimulants. C’est ce qu’a révélé par exemple l’étude de
Victoria au Canada : sur une période de 6 ans, un style
de vie actif ainsi que l’engagement dans de nouvelles
activités intellectuellement stimulantes s’associaient à un
moindre déclin cognitif par le biais d’un impact positif
sur la mémoire de travail, celle-ci favorisant le maintien
global des performances cognitives (4). Selon la règle du
cercle vertueux, il est vraisemblable que ce maintien
cognitif facilite en retour l’engagement personnel dans
des activités de vie plus efficientes. Chez des centenaires, l’influence du niveau scolaire sur le vieillissement
cognitif a été positivement modulée par la conservation
d’activités cognitivement stimulantes tout au long de
leur vie (5). Enfin, des études transversales ont révélé que
les activités intellectuellement stimulantes pratiquées en
423
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
vieillissant contribueraient, et cela de façon indépendante du niveau de scolarité ou du type de profession, à
maintenir un bon niveau de performance dans certains
domaines cognitifs tels que la mémoire verbale et la
vitesse cognitivo-perceptive (6). Il n’est toutefois pas
complètement établi si ces activités préviennent le
déclin cognitif ou si ceux qui développent un déclin
cognitif sont moins susceptibles de s’engager dans des
activités cognitivement stimulantes.
Pour ce qui est de la stimulation au moyen d’exercices
cognitifs d'entraînement, Verhaeghen, Marcoen et
Goossens (7) ont rapporté dans une méta-analyse d’une
trentaine d’expérimentations que la mémoire des adultes
âgés pouvait être améliorée grâce à l’entraînement.
Cependant, la nature de l’entraînement qui mène à la
meilleure amélioration et les caractéristiques des
personnes âgées qui bénéficient le plus de cet entraînement, restent peu comprises. Les programmes impliquant l’entraînement de plusieurs fonctions liées à la
mémoire telles que l’attention, l’organisation, l’imagerie
et la relaxation, autant que l’éducation des participants
(fonctionnement de la mémoire, influence de l’âge…) et
les groupes de discussions, favorisent les gains de performance cognitive. De nombreux travaux cités par Lemaire
et Bherer (8) ont révélé en outre que les performances des
personnes âgées bénéficiaient significativement d’une
stimulation de mémoire assistée par des stratégies d'organisation ou des techniques d’imagerie mentale.
L’équipe de Karen Ball a démontré l'efficacité d’un
entraînement cognitif sur certaines capacités de la vie
courante (étude ACTIVE) (9) . Cette équipe a suivi
pendant 2 ans 2 832 sujets normaux, âgés de 65 à 94
ans, au MMS moyen de 27,3 (de 23 à 30). Les sujets
étaient répartis en quatre groupes : un groupe contrôle
et trois groupes suivant chacun des sessions d’entraînement dans un des trois domaines cognitifs de mémoire,
de raisonnement ou de rapidité attentionnelle. Les
sessions utilisaient aussi bien du matériel purement
théorique que des exercices appliqués au quotidien.
Chaque groupe a suivi 10 sessions de 60 à 75 minutes
réparties sur 5 à 6 semaines. Ces entraînements ont
très significativement amélioré les secteurs entraînés
mais sans généralisation, ni aux autres domaines, ni au
quotidien, tout en renversant significativement le déclin
cognitif habituellement observé en 7 ans de vieillissement. Onze mois plus tard, 60% des participants ont
bénéficié d’une nouvelle série de stimulations sous la
forme de 4 nouvelles séances de 75 minutes sur 2 à 3
semaines. Une amélioration supplémentaire des performances psychométriques fut observée dans les groupes
raisonnement et attention. Cette fois-ci, le groupe
raisonnement a réalisé un transfert aux mesures écologiques quotidiennes. Ce travail démontre donc, chez
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
des sujets âgés, la persistance d’un potentiel cognitif
d’apprentissage qui ne demande qu’à être exploité.
Retarder l’apparition d’une maladie d’Alzheimer
Lors de travaux prospectifs et rétrospectifs, plusieurs
équipes ont démontré que l’éducation et l’entretien
cognitif par des activités sociales et de loisirs s’associaient significativement à un moindre risque de développer une maladie d’Alzheimer (10-15). La démence incidente était diminuée chez les seniors réalisant des
tâches nécessitant des initiatives ou une planification
(jardiner, voyager, bricoler, lire, sortir au restaurant ou
au cinéma, faire de la musique, des puzzles ou du
sport). Des activités passives telles que regarder la télévision ou assister à des réunions ne réduisaient pas le
risque. Il semble que ces activités doivent être développées et entretenues dès 20-39 ans (11), c’est ce que
démontre aussi un travail chez 576 seniors âgés de 80
ans en moyenne et dont les activités cognitives passées
contribuaient significativement à leur fonctionnement
intellectuel en lien avec leurs activités cognitives de
retraité (16). Assez logiquement, les loisirs intellectuels
diminuent davantage le risque que les loisirs sociaux ou
physiques (12).
La question qui vient naturellement à l’esprit est celle
de la signification exacte de la constatation d’un faible
taux de loisirs chez une personne âgée : est-il réellement responsable d’une absence de protection cognitive ou reflète-t-il déjà la présence d’une démence débutante ? Il est en effet toujours possible que la participation à certaines activités de loisirs cognitivement stimulantes soit le résultat, plutôt que la cause, de la préservation des activités cognitives. Pour tenter de répondre
à cette question, l’équipe de Wilson (2002) a réalisé un
travail prospectif dans un groupe de 801 prêtres et religieux américains chez lesquels une évaluation neuropsychologique très complète avait préalablement vérifié
l’absence d’anomalies cognitives (17). Les heures passées
à différentes activités de loisirs ont été systématiquement comptabilisées : journaux, magazines, livres, télévision, radio, visites de musées et spectacles, jeux
(cartes, mots-croisés, échecs, puzzles). Au début de
l’étude, le score composite d’activités cognitives variait
de 1,57 à 4,71, un score élevé reflétant la réalisation
d’activités cognitives fréquentes, variées et intenses.
Après 4,5 ans de suivi, il est apparu qu’une augmentation d’un point du score réduisait de 47% le déclin
cognitif psychométrique, la réduction du déclin variant
de 60% pour la mémoire de travail à 30% pour la
vitesse de traitement de l’information. Parallèlement,
une augmentation d’un point du score était associée à
une réduction de 33% du risque de maladie
d’Alzheimer.
424
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
Réserve cérébrale et réserve cognitive : la plasticité cérébrale
initiatives. Les preuves biologiques de la neuroplasticité
ont été apportées par des travaux d’imagerie fonctionnelle cérébrale démontrant, qu’à efficacité mnésique
comparable, les sujets âgés activent un réseau neuronal
plus étendu que celui observé chez les sujets jeunes, en
particulier au niveau frontal et encore plus lorsqu’on
leur donne des instructions stratégiques spécifiques (20-22).
Dans ce cadre, l’apparition d’une maladie d’Alzheimer
n’est bien sûr pas empêchée mais retardée car l’enrichissement des connexions synaptiques accroît la tolérance aux lésions dégénératives en reculant le seuil du
déficit cognitif cliniquement perceptible. Ayant des
réserves plus faibles que les sujets au niveau socioéducatif élevé, les sujets de plus petit niveau franchiront
plus rapidement le seuil de la démence clinique.
Paradoxalement, si les sujets de niveau socio-éducatif
élevé développent plus tardivement une maladie
d’Alzheimer (car ils tolèrent plus longtemps l’installation
des lésions dégénératives), ils évoluent plus rapidement
(déclin plus rapide de leur mémoire et décès plus rapide
après le diagnostic) car l’expression clinique de la
maladie résulte d’un plus grand nombre de lésions ce
qui accélère ensuite son développement (13-15).
La synthèse générale réalisée par Fratiglioni, PaillardBorg et Winblad (18) de toutes les études longitudinales
ayant exploré les effets du réseau social, de l’activité
physique et des loisirs cognitifs a démontré qu’elles
suggéraient un rôle bénéfique sur la cognition et un
effet protecteur sur le risque de démence et de maladie
d’Alzheimer. Au total, si 14 études ne rapportaient
aucune association, 43 publications relevaient une association positive. Ces auteurs évoquent trois mécanismes
d’intervention, la réserve cognitive, le stress et les
lésions vasculaires. Les concepts de réserve cérébrale et
de réserve cognitive sont au c?ur de la notion de plasticité cérébrale (13). Encore peu connus des médecins, ces
concepts très séduisants sont promis à un avenir majeur
dans les prochaines années. Ils permettent en effet de
comprendre le rôle préventif de la stimulation cognitive,
aussi bien sur le vieillissement naturel des fonctions
cognitives que sur le risque de survenue d’une maladie
d’Alzheimer. La plasticité cérébrale correspond à la
capacité du cerveau à se modifier, tout au long de la
vie, dans ses structures (développement synaptique,
neurogénèse) ou dans son adaptation fonctionnelle
(développement de nouvelles stratégies), tant lors de
lésions cérébrales que sous l’effet de stimulations cognitives.
La réserve cérébrale est liée aux éléments structuraux
du cerveau tels que sa taille, son poids, le nombre de
neurones et de connexions synaptiques. En dépit de la
diminution progressive du nombre de cellules
nerveuses, le vieillissement naturel s’accompagne d’une
augmentation des connexions synaptiques, ce qui
suggère une plasticité neuronale structurelle et donc des
possibilités de régénération ou d’adaptation, et cela
même à un âge avancé (19).
La réserve cognitive est un processus actif de neuroplasticité adaptative facilitant l’optimisation des performances cognitives, soit par le recrutement d’autres
régions cérébrales, soit grâce à l’utilisation de stratégies
cognitives nouvelles ou alternatives. C’est ce que le Pr
Christian Derouesné appelle le “coup de fouet
cognitif”, impulsion supplémentaire développée à partir
des ressources cognitives habituellement utilisées. La
conséquence structurelle de ce potentiel d’apprentissage est l’augmentation de la densité de l’arborisation
dendritique et synaptique des systèmes neuronaux
impliqués dans les fonctions cognitives stimulées par les
expériences nouvelles. Les loisirs et les occupations
développés tout au long de la vie renforcent ainsi
certaines capacités cognitives (mémoire de travail, rapidité…) et stimulent en retour la planification et les
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
QUELS TYPES D’EXERCICES PROPOSER ? ____
L’entraînement cognitif peut se faire, nous l’avons vu,
soit de façon naturelle grâce à un style de vie fait de
loisirs cognitivement stimulants, soit de façon structurée
au moyen d’exercices spécifiques (figure 2). Le style de
vie est associé à une réduction du risque de démence
incidente chez des seniors, de son côté l'entraînement
structuré a un effet psychométrique bénéfique parfois
durable dans les domaines entraînés. Bien que l’étude
ACTIVE (9) ait démontré que l’entraînement par des
exercices de raisonnement réalisait un transfert aux
mesures écologiques quotidiennes correspondantes, la
vaste majorité des études montre pour l’instant une
absence de transfert écologique. Les conséquences
psycho-sociales de la stimulation structurée sont toutefois importantes en termes de pédagogie, de remise en
confiance et de renforcement des liens sociaux (2).
Les objectifs et les contraintes de la stimulation
de mémoire
Il n'existe pas de “gonflette” cognitive miracle qui
permettrait d’améliorer globalement la mémoire ! Il est
dangereux de faire croire aux seniors qu’il est possible,
nécessaire et souhaitable d’accroître leur capacité à
apprendre par cœur. Ce serait les vouer à l’échec car la
425
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
Figure 2 : Les différentes situations naturelles ou structurées
d’entraînement cognitif.
Figure 2 : Different situations of cognitive training.
mémoire n’est pas un muscle que l’on sur-entraîne de
manière mécanique ! En outre, le transfert des acquis
d’un domaine à un autre n’est pas possible : apprendre
des poésies ne permet pas de mieux retrouver sa
voiture ou un nom propre. Enfin, l’amélioration d’un
secteur psychométrique n’aboutit pas automatiquement
à une plus grande efficacité au quotidien : améliorer sa
mémoire des chiffres ne signifie pas que l’on retiendra
mieux les numéros de téléphone. Le transfert n’est
possible et efficace que si l’entraînement s’accompagne
d’une démarche individuelle active, volontaire et structurée d’utiliser au quotidien les stratégies utilisées lors
de l’entraînement.
est toujours pédagogique : le point important n’est pas
de réussir mais de comprendre pourquoi et comment
on réussit ainsi que pourquoi et comment on échoue.
Paradoxalement, réussir du premier coup un exercice
n’est pas l’objectif idéal, car nous faisons toujours peu
de cas de ce qui est facilement réussi ! Les défis doivent
être cependant raisonnables afin de ne pas décourager
la personne âgée (2).
Quelles stratégies privilégier ?
Si l’auto-répétition mentale d’une liste de mots en
renforce significativement la mémorisation, l’efficacité
de cette procédure décroît avec l’âge. La littérature a
amplement démontré chez les personnes âgées l’efficacité spontanée ou entraînée d’autres techniques reposant sur la catégorisation, la hiérarchisation sémantique,
l’imagerie mentale (8). Lors d’une étude réalisée par
Dunlosky et Hertzog en 2001 (23), des sujets âgés de
70 ans et des jeunes de 20 ans ont dû indiquer leurs
Etre très attentif et très motivé sont deux conditions
préalables fondamentales à tout entraînement. La
stimulation de mémoire doit être ludique et les sujets
doivent être intéressés par les exercices. Un cadre
convivial, source de plaisir et de stimulation, crée un
renforcement positif. Enfin, l’objectif d’un entraînement
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
426
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
LES DIFFÉRENTES FORMES D’EXERCICES
D’ENTRAÎNEMENT COGNITIF __________________
procédures d’encodage pour mémoriser des paires de
mots : les seniors ont plus naturellement fabriqué une
phrase à partir des deux mots cibles (38% contre 29%
chez les jeunes) alors que les sujets jeunes ont privilégié
l’auto-répétition (20% contre 15% pour les seniors) ou
l’imagerie mentale (38% contre 34% chez les seniors).
Les exercices papier-crayon
Les premiers exercices ont été très logiquement des
exercices dits papier-crayon réalisés individuellement.
Les ouvrages abondent dans le commerce : les
promesses éloquentes de leurs titres (“Dopez votre
intelligence”, “Développer sa mémoire”) et leur naïveté
conceptuelle les ont vite déconsidérés. Les inconvénients de ces exercices sont nombreux : approche
mécaniciste, absence de contrôle des niveaux de difficulté, focalisation sur la réussite, absence de feed-back
explicatif en cas d’échec… ou de réussite, impossibilité
du moindre transfert en situation quotidienne.
On note que chez les seniors, la stratégie de fabrication
d’une phrase est presque autant employée que celle
d’imagerie mentale (respectivement, 38% et 34%) alors
que l’auto-répétition n’est utilisée que par 15% des
seniors. Dans une étude personnelle réalisée cette
année et non encore publiée, nous avons demandé à
290 seniors volontaires (âge moyen = 64,2 ± 9,9 ;
76% de femmes ; 58% de sujets au niveau socioéducatif inférieur au baccalauréat) d’indiquer quelle était
leur technique pour mémoriser simultanément les mots
cerise et voiture. Les résultats ont été les suivants :
auto-répétition (14,4%), imagerie mentale (34,9%),
création d’une phrase (8,6%), utilisation combinée des
techniques précédentes (19,4%), autres techniques
(22,7%). L’imagerie mentale prédomine nettement
comme technique de mémorisation. Ni l’âge, ni le
genre, ni le niveau socio-éducatif n’influençaient les
réponses. Dans notre étude, nous retrouvons des chiffres comparables à ceux de Dunlosky et Hertzog pour
l’auto-répétition (respectivement, 14,4% contre 15%) et
l’imagerie mentale (34,9% contre 34%) alors que la
fabrication d’une phrase est beaucoup moins utilisée
par nos sujets (8,6% contre 38%).
“Animations mémoire” et “Ateliers mémoire”
Lorsqu’ils sont construits par des professionnels ayant
une formation adéquate, des exercices papier-crayon se
révèlent néanmoins d’une haute pertinence. Ils sont
cependant plus efficaces lorsqu’ils sont réalisés en
groupe, sous la conduite d’une psychologue qui module
la difficulté des exercices, contrôle la dynamique du
groupe et facilite chez les participants l’appropriation
des stratégies (2). L’impact psycho-social de ces groupes
est indéniable. Le risque est que les participants les plus
doués inhibent les sujets moins actifs et soient donc les
seuls à en tirer bénéfice.
La leçon à tirer est qu’il faut éviter chez les seniors les
apprentissages par cœur, par auto-répétitions mécaniques. Les exercices de stimulation de mémoire doivent
d’une part, renforcer les stratégies cognitives naturelles
déjà existantes et, d’autre part, améliorer l’apprentissage, le développement et le maintien de nouvelles stratégies reposant sur la logique et le raisonnement.
Celles-ci doivent faciliter l’acquisition et la récupération
des informations à mémoriser car, quitte à apprendre
par cœur, autant mémoriser des procédures que des
listes de mots ! Pour ce faire, il faut analyser les informations à mémoriser pour : (1) établir des liens grâce
aux connaissances préalables, (2) mieux ranger les
informations par des techniques de catégorisation ou
d’arborisation, (3) créer des images mentales, (4) enfin,
inventer éventuellement des astuces par des moyens
mnémotechniques. Tous ces procédés favorisent un
encodage pertinent du matériel à mémoriser et établissent des indices efficaces pour sa récupération. Enfin, la
répétition des tâches permet au sujet de s’approprier
progressivement une procédure cognitive, à charge
pour lui de l’appliquer explicitement au quotidien.
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
Exercices sur ordinateur
L’ordinateur, ce n’est pas le diable !
Personnellement, nous privilégions très nettement l’approche novatrice d’un entraînement sur ordinateur.
Contrairement à l’idée répandue, l’ordinateur ne terrorise pas les personnes âgées. Le taux d’équipement en
ordinateur est élevé chez les seniors. Les informaticiens
vieillissent aussi et il est clair que dans quelques années,
de nombreux résidants seront d’anciens utilisateurs de
l’ordinateur qu’ils emporteront avec eux au même titre
que leur poste de télévision. Les personnes âgées sont
également curieuses de découvrir ce nouveau monde
qu’elles entrevoient largement à la télévision (publicités,
journaux télévisés, fictions cinématographiques…).
Nous avons ainsi eu l’expérience des religieuses d’une
résidence ravies de rencontrer enfin la fameuse “souris”
et devenues quasiment “accro” après quelques séances.
Enfin, il est toujours possible d’adapter les matériels aux
handicaps des personnes âgées par l’emploi d’écrans
tactiles ou de trackballs.
427
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
Un travail a déjà été publié en 1996 par l’équipe de
Rebok sur l’entraînement informatisé (24). Douze seniors
normaux (moyenne d’âge = 76,3 ans) se sont entraînés
sur une batterie de mémoire informatisée (Colorado
Neuropsychology Tests). Assistés par une psychologue,
les participants ont travaillé 90 minutes par semaine
pendant 9 semaines, la moitié d’entre eux ont pratiqué
des exercices de mémoire explicite et l’autre moitié des
exercices de mémoire implicite. Les deux groupes ont
significativement amélioré leurs performances aux tests,
celui d’entraînement aux tâches de mémoire implicite
démontrant la progression maximale. Il est important
de souligner que les seniors n’ont manifesté aucune
opposition à cette technologie informatisée et ont
démontré – il y a 10 ans – leur capacité à manipuler
efficacement l’ordinateur.
cice, l’informatique permet la constitution d’une riche
base de données proposées de façon aléatoire en fonction des variantes choisies : un exercice repose par
exemple sur près de 800 phrases, un autre sur près
d’un millier de photographies. Les exercices peuvent
être ainsi refaits avec un design ou des données de difficulté moindre, comparable ou supérieure, afin de faciliter l’acquisition puis la maîtrise d’une procédure stratégique. Pour garantir cependant la validité scientifique de
la démarche, le site propose également des exercices
de contrôle qui respectent les contraintes scientifiques
d’un protocole expérimental et qui permettent au
superviseur de travailler sur des données normalisées
exemptes de biais liés au senior et à ses préférences.
Les résultats prennent en compte l’exactitude et le
temps de réalisation. L’ordinateur autorise une interactivité à trois niveaux : (1) un étalonnage en percentiles
tient compte des trois variables démographiques classiques d’âge, de genre et de niveau socio-éducatif, (2) les
résultats du sujet sont comparés à ceux de l’étalonnage
correspondant, ils sont en outre modulés par des
commentaires, (3) enfin, un superviseur informatique
s’adapte à chaque utilisateur.
Le superviseur est construit sur l’exploitation de techniques adaptatives reposant sur un modèle utilisateur
combinant quatre types d’information : données démographiques, goûts thématiques, indicateurs cognitifs des
exercices, données comportementales d’utilisation (26).
Lorsque des tests sont réalisés sous le contrôle effectif
d’un spécialiste en psychologie cognitive ou en neuropsychologie, ce dernier prend en compte la fatigabilité
du sujet testé, ainsi que son stress et les interférences
éventuelles entre les tests. Dans le cas d’exercices informatiques, le senior est libre d’organiser son programme
et il lui est donc impossible de répartir judicieusement
son investissement attentionnel, de juger des interférences entre les exercices, ou d’apprécier sa fatigabilité.
C’est donc au superviseur de veiller à empêcher la réalisation consécutive d’exercices trop exigeants qui parasiteraient les résultats : il est en effet évident que s’entraîner dans la même session sur plusieurs exercices de
mémoire entraîne non seulement une interférence
entre les matériels utilisés mais aussi une surcharge
attentionnelle qui générera une anxiété liée aux résultats obtenus. Le superviseur repère aussi les échecs et
les comportements répétitifs des seniors auxquels il
proposera, soit d’effectuer des exercices dans les
domaines qu’ils négligent, soit de tenter les variantes
plus faciles des exercices qu’ils échouent. La durée de
l’ensemble des quatre exercices proposés par le superviseur ne dépasse pas 20 à 30 minutes car il s’agit de
limiter la fatigue et le stress induits par l’entraînement.
Une version CD-rom d’entraînement interactif super-
Entraînement cognitif sur un site Internet
Nous avons participé en 2001 à la création du site
www.happyneuron.com (société Scientific Brain
Training) afin de proposer aux seniors des exercices
cognitifs d’entraînement informatisé et supervisé.
L’objectif est de les aider à mieux comprendre leur
fonctionnement cognitif et de leur permettre de
renforcer leurs ressources cognitives déclinantes, tout
en espérant favoriser le maintien de compétences
psychosociales. Les exercices du site (également disponibles sur CD-roms) ont été conçus par une équipe
composée d’un docteur en neuropsychologie, de deux
docteurs en psychologie cognitive, d’un docteur en
sciences de l’éducation, et d’un docteur en informatique
spécialiste de l’interaction Homme/machine. Les
programmes de stimulation et d’entraînement sont
régulièrement testés, validés, évalués et enrichis par
deux groupes de recherche d’étudiants de l’Université
Tous Ages (Université Lumière L yon 2). Le site
comporte actuellement une cinquantaine d’exercices
répartis en cinq domaines cognitifs : mémoire, attention, langage, fonctions exécutives, visuo-spatial.
Contrairement aux exercices de laboratoire destinés à
l’entraînement d’un sous-système cognitif ultra-spécifique (25), nos exercices sont ludiques et pédagogiques, et
bien que chacun d’entre eux soit caractérisé par une
dominante cognitive, plusieurs secteurs cognitifs sont
en fait entraînés de façon simultanée.
Les exercices sont tous organisés de la même manière :
un écran d’accueil fournit des informations générales
sur l’exercice, une partie Pour en savoir plus explique le
fonctionnement cognitif et les objectifs de l’exercice,
une partie Exemple explique de manière pédagogique
le déroulement de l’exercice. Avant l’exercice lui-même,
un écran propose différentes variantes de difficultés et
parfois des variantes thématiques. Pour chaque exerLa Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
430
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
visé a été développée pour le Laboratoire BeaufourIPSEN-Pharma sous le nom de “GYM-CO : Parcours
d’entraînement de mémoire”, elle a remportée le Prix
spécial du Jury du Festival du film, du Cd-rom et du site
internet des 58èmes Entretiens de Bichat (2004).
Étude des abonnés du site
Les exercices du site sont destinés à des seniors en
bonne santé, exempts de pathologies cognitives, et
vivant chez eux. L’analyse de 628 abonnés révèle que
les femmes sont majoritaires (64%) et que le niveau
universitaire prédomine (56%). Fort logiquement, le
niveau universitaire est plus marqué chez les hommes
(63% contre 52% chez les femmes). Si l’âge moyen est
de 41,8 ans, on note 3 pics d’âges, autour de 22 ans,
44 ans et 57 ans, et cela quel que soit le sexe, même si
ces pics sont toutefois plus accentués chez les femmes.
Les sujets de plus de 70 ans représentent 9% des
abonnés, ce qui indique que les exercices sont bien
adaptés aux personnes de plus de 70 ans. Le nombre
moyen d’exercices réalisés par connexion est de 6.
Nous avons également analysé la progression des
performances de 39 abonnés particulièrement assidus
ayant réalisé 1 099 exercices en moyenne, avec un
nombre moyen de 3 à 4 exercices par jour de
connexion. Il s’agissait de 27 femmes et 12 hommes, de
niveaux universitaires pour 29 d’entre eux (74%). Le
comportement d’entraînement de ces 39 abonnés
assidus révèle trois profils : un groupe de 16 personnes
réalisait de façon équilibrée l’ensemble des exercices, un
groupe de 14 personnes effectuait essentiellement les
exercices de la dominante mémoire, enfin, le troisième
groupe de 9 personnes accomplissait principalement les
exercices de la dominante fonctions exécutives. Le seuil
significatif de progression était à 376 exercices. Ces
abonnés assidus ont progressé en moyenne de +12% en
18 semaines. Entre le 75ème et le 500ème exercice réalisé,
la progression était significative pour le score cognitif
global (p = 0,014), le score de mémoire (p = 0,04), le
score de langage (p = 0,05), le score d’attention (p =
0,011), le score de raisonnement (p = 0,024) mais pas
pour le score visuo-spatial (p = 0,12) (figure 3).
Figure 3 : Résultats de l’entraînement cognitif sur les scores
des cinq domaines entraînés chez 39 abonnés assidus du site
www.happyneuron.com. La progression est significative pour
tous les scores sauf le score visuo-spatial.
Figure 3 : Results of the cognitive training on the five trained cognitive
domains in 39 subscribers of the site www.happyneuron.com . The
improvement is significant on four domains (memory, language, attention, reasoning), the improvement is not significant on the visuo-spatial
domain.
Internet comme moyen d’intégration sociale et de
stimulation cognitive dans une résidence de personnes
âgées” a réuni la société Scientific Brain Training, le
Laboratoire d’Interaction Collaborative, Téléformation,
Téléactivités (Ecole Centrale de Lyon et INSA de Lyon),
le Laboratoire d'Etude des Mécanismes Cognitifs
(Université Lumière Lyon 2), le groupe des résidences
de la société Médica-France et enfin notre Laboratoire
de Neuropsychologie (Hospices Civils de Lyon).
L’objectif du progiciel ActiVital™ n’est pas seulement de
stimuler les performances cognitives des résidants mais
aussi de susciter leur créativité et de favoriser l’établissement de liens sociaux dans la résidence et avec l’extérieur. Pour ce faire, le logiciel est divisé en trois parties
spécifiquement adaptées à des résidants âgés : (1) 10
exercices simplifiés d’entraînement cognitif, (2) un outil
de rédaction d’un Journal de la résidence, et (3) une
messagerie électronique simplifiée permettant aux résidants d’envoyer ou de recevoir des mails. Le progiciel
peut être utilisé avec un écran tactile. Les animatrices
psychologues sont chargées de contrôler au début la
prise en charge de l’ordinateur et du progiciel.
L’impact des nouvelles technologies dans les
EHPAD : le progiciel ActiVital™
Un progiciel multi-fonction : entraînement, créativité, communication
Dans le cadre d’un appel d’offre du Ministère délégué à
la Recherche et aux Nouvelles Technologies sur le
programme “Usages des nouvelles technologies pour la
société”, nous développons depuis 2004 le projet de
recherche MNESIS. Ce projet sur les “usages de l’outil
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
Premiers résultats
Une analyse préliminaire de l’aspect sociologique
permet déjà de distinguer les avantages et les inconvénients de l’introduction d’ActiVital ™ dans quelques
EHPAD (27). Les seniors (85% de femmes) avaient en
moyenne 84 ans, leurs MMS étaient entre 25 et 30, ils
431
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
n’étaient pas dépressifs. Parmi les aspects négatifs,
nous avons remarqué que les résidants qui ne pouvaient
manipuler l’ordinateur prenaient davantage conscience
de leurs déficits sensori-moteurs. Il est également
apparu que des résidants rejetaient ceux d’entre eux qui
manipulaient facilement cette nouvelle technologie. En
revanche, certains résidants initialement réticents ont
désiré travailler sur l’ordinateur dès qu’ils ont vu leurs
voisins l’utiliser. Quelques patients atteints de maladie
d’Alzheimer et refusant jusqu’à présent de s’intégrer
aux animations classiques de la résidence ont même
demandé à participer aux sessions d’entraînement.
Comme autre aspect positif, il est apparu que les résidants augmentaient leur estime d’eux-mêmes grâce à
leur capacité à manipuler l’ordinateur et à leur réussite
aux exercices. Ils ont développé des liens avec les
autres résidants (entraide pour s’expliquer le fonctionnement) et avec leur famille (échanges de mails, petitfils venant épauler sa grand-mère…). La rédaction du
journal de la résidence a été l’occasion de beaucoup de
rencontres et de collaboration entre résidants qui ont
particulièrement apprécié cette activité de rédaction
commune. A ce titre, ActiVital™ remplit les conditions
pédagogiques et psycho-sociales requises pour la stimulation cognitive (2). Ce programme a en effet permis
chez ces personnes âgées en EHPAD, la ré-acquisition
d’une certaine curiosité intellectuelle, une remise en
confiance et le retour d’une estime d’elles-mêmes.
à un essor considérable, d’autant plus qu’arriveront en
EHPAD des résidants qui auront vécu professionnellement avec l’ordinateur. Notre expérience d’un site
internet ouvert à tous et d’un progiciel simplifié dédié
aux résidants d’EHPAD, nous incite à recommander
non seulement des exercices informatiques directement
destinés à stimuler les performances cognitives des résidants mais aussi des programmes ayant pour objectifs
d’encourager leur créativité et de favoriser l’établissement ou le rétablissement de liens sociaux entre eux ou
avec leur famille. A côté d’aspects biologiques non
directement perceptibles par le senior, la stimulation
cognitive a un triple objectif : lui montrer qu’il a la
possibilité d’améliorer ses performances, l’aider à transférer les effets positifs de l’entraînement à des situations
de vie quotidienne, enfin, renforcer son estime individuelle à un moment de sa vie où les rebuffades en tout
genre ne manquent pas. C’est à nous de trouver les
meilleures techniques cognitives de stimulation et
d’adapter les technologies modernes aux personnes
âgées. Si on ne connaît pas encore tout l’impact potentiel de la stimulation de mémoire, nous pouvons être
sûr d’une chose, ne pas faire travailler sa mémoire est
encore le plus sûr moyen de ne pas l’améliorer !
n
RÉFÉRENCES __________________________________
Frances Yates. L’Art de la mémoire. Gallimard, Paris, 1975.
de Rotrou J. Stimulation cognitive et Vieillissement. In Trivalle C. « Gérontologie
préventive», collection « Abrégés de Médecine », Masson, 2002 : 395-408.
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de Gériatrie, 2003, 28, n° 5, mai : 395-402.
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Acad Sci USA 2001; 98 : 3440-3445.
1.
2.
CONCLUSION _________________________________
De nombreux travaux ont démontré l’impact bénéfique
de la réalisation d’activités naturelles cognitivement
stimulantes (rentrant dans le cadre du style de vie) à la
fois sur le confort cognitif des personnes âgées et sur le
retard au développement d’une maladie d’Alzheimer.
Les résultats de l’étude ACTIVE montreraient même
qu’un entraînement cognitif “intensif” permettrait, dans
les domaines entraînés, de reculer de plusieurs années
le déclin cognitif psychométrique lié au vieillissement (9).
Le concept de réserve cognitive offre un cadre neurobiologique explicatif de tous ces aspects, la plasticité
neuronale pouvant s’exercer malgré l’avancée en âge.
Si les stratégies utilisées permettent d’optimiser l’efficacité des processus mnésiques, la problématique n’est
toutefois pas celle du seul impact sur les performances
cognitives mais également d’un bénéfice significatif sur
les activités de la vie quotidienne et les attitudes personnelles sociales, psychologiques, cognitives et comportementales.
Les exercices sur ordinateur sont certainement appelés
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
432
La stimulation de mémoire. Quel rationnel ? Quels exercices ?
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Les Ateliers
Les Lutins de
La Revue de Gériatrie, Tome 31, N°6 JUIN 2006
Mémoire
Christian
Atelier
Atelier
mémoire
langage
C
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Mots de
TVneurones
naire adéquat.
Ellestête
avaient alors entre 55 et
69 ans etC ont
Rééducation
été suivies
jusqu’en 2002. Au cours de cetteStimulation
période, 1 112
femmes ont
développé un cancer colorectal. Après ajustelangage
cognitive
ment sur l’âge, la prise calorique et les nutriments autres que
le magnésium, ainsi que les facteurs de risque de cancer
colorectal, il apparaît que les femmes qui avaient l’alimentation la plus riche en magnésium avaient une diminution du
risque de cancer du côlon de 23% par rapport à celles qui
en absorbaient le moins, avec une relation effet-dose significative. Ces conclusions, basées sur les réponses à un
questionnaire obtenues en début d’étude mériteraient d’être
confirmées. Néanmoins, ce travail met une fois de plus l’accent sur le rôle déterminant d’une alimentation équilibrée
dans la prévention de nombreuses pathologies.
Folsom AR, Hong C-P. Am J Epidemiol. 2006;163:232-235
C
thèse du rôle délétère du stress oxydant dans diverses
pathologies. D’autres observations ont par ailleurs montré
que le contenu de notre alimentation en minéraux tels que le
calcium ou le magnésium pouvait être inversement associé
au risque de cancer colorectal. Cette association vient d’être
confirmée en ce qui concerne le magnésium par les résultats d’une étude épidémiologique réalisée chez plus de 35
000 femmes américaines indemnes de cancer lors de leur
inclusion dans l’essai en 1986. Leurs habitudes alimentaires
ont été analysées en début d’étude à l’aide d’un question-
éRO
- MA
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C
C
C
C
C
C
C
ACTIvital
PRESCO
Les résultats de l’étude française SU.VI.MAX
qui ont mis en
Stimulation
évidence les effets bénéfiques d’unEvaluation
apport suffisant en vitamines et minéraux antioxydants sur
le risque de cancers et
cognitive
Rééducation
de maladies cardiovasculaires ont été largement commenAtelier
journal
tés dans la presse. Ces données cognitives
venaient étayer l’hypo-
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Une alimentation
suffisamment riche en magnésium diminuerait
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l’incidence
du cancer
du côlon
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