Produits de terroir du Tadla-Azilal
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Produits de terroir du Tadla-Azilal
Actes de la table ronde Produits de terroir du Tadla-Azilal Beni Mellal, 22 Juillet 2008 Dr. Abdeljabbar Bahri Mr. Samir Fakhour Présentation des produits de terroir du Tadla-Azilal, les atouts et les contraintes. Conférence : Présentation des produits de terroir du Tadla-Azilal, les atouts et les contraintes. Animateurs : • Dr. Abdeljabbar Bahri, Directeur de l'Institut National de Recherche Agronomique du Tadla, • Mr. Samir Fakhour, Chercheur au Centre Régional de Recherche Agronomique du Tadla Mesdames et messieurs, Permettez-moi d'abord de rappeler que la mission de notre centre est d'œuvrer pour l'amélioration de la productivité et de la production agricole dans notre zone d'action. Nous avons réussi à définir avec les localités les produits de terroir potentiels, que je vais vous présenter lors de mon intervention. A l'occasion de cette table ronde, il nous a été demandé de faire un recensement des produits de terroir, de présenter leur potentiel mais aussi les atouts et les contraintes des filières liées au terroir de cette région. Comme vous le savez, Tadla-Azilal est une région agricole par excellence. Toute action de développement local passera donc obligatoirement par la valorisation des productions agricoles les plus importants pour l'économie locale et qui sont typiques à la région. Nous avons identifié à ce jour de nombreux produits de terroir propres au Tadla-Azilal. De la grenade Sefri d'Ouled Abdellah, au miel d'euphorbe, au paprika d'Ouled Ali, au pommier des Aït Bouguemmaz, pour ne citer que ceux-là, tous sont des produits typiques de la région, bien connus sur le marché national. La région Tadla-Azilal détient donc un énorme potentiel en produits de terroir, mais rien n'est encore fait pour les reconnaître. Je ne souhaite pas revenir sur les définitions du vocable “produit de terroir”. Cette partie a déjà été traitée lors de l’intervention de Monsieur Barraud. Toutefois, je souhaite parler de l'une des approches utilisées pour la définition d'un produit de terroir. Il s’agit de l'approche territoriale, qui définit un produit de terroir comme un “signe de qualité des produits tirant leur authenticité et leur typicité dans leur terroir”. Le terroir est défini dans ce cadre comme une zone géographique bien circonscrite avec ses composantes géographiques, (cas de l'euphorbe dans le Tadla-Azilal), agronomiques, climatiques (par exemple cas du pommier), culturelles et humaines. Je citerai ici les approches suivantes : • La dénomination « montagne » qui peut être définie comme étant l'ensemble des étapes de production, d'élaboration et de conditionnement qui doivent avoir lieu en zone de montagne. • L'indication géographique protégée (IGP), en relation avec une région, un lieu ou un pays. L'IGP offre la possibilité de différencier entre zone de production et de transformation. • L'Appellation d'Origine Contrôlée correspond au processus de production et de transformation qui se fait dans une seule et même région dont il faut démontrer l'influence sur les caractéristiques du produit. Passons maintenant à la présentation des produits de terroir potentiels du Tadla-Azilal. Je cite en premier les produits de l'apiculture, particulièrement le miel d'euphorbe. Il faut préciser ici que l'Euphorbe fait partie des produits spécifiques à la région Tadla-Azilal, car uniquement identifié entre Ksiba et Demnate. Je cite également les produits de l'élevage, surtout le caprin dans la zone du Dir et les ovins dans la région de montagne. En terme d'arboriculture fruitière, il y a le grenadier d'Ouled Abdellah, le pommier des Ait Bouguemmaz, le caroubier, les cultures oléagineuses, notamment l'olivier qui a des particularités notables, le sésame, la niora, le laurier noble, le thym et l'origan. 4 Miel d'euphorbe Atouts : L'atout de notre région est d’être la seule région marocaine qui produit l'euphorbe, avec une superficie de 8 215 ha rien que dans la province de Beni Mellal. Autre atout de la région, l'absence de risques phytosanitaires sur les essaims. Le miel d'euphorbe produit dans la région peut être considéré comme un miel biologique. Le plus important est la forte demande existante, surtout au niveau du marché local. Contraintes : Comme contraintes de cette filière, on observe que la floraison est échelonnée sur 3 mois (mai, juin et juillet) alternant d'une année sur deux. On déplore également une importante activité de fraude qui touche la commercialisation du miel d'euphorbe dans la région. Il existe également des pathologies qui attaquent les abeilles (variose), des contraintes de technicité et des problèmes organisationnels de la filière ainsi qu’une insuffisance en matière de recherche. Petits ruminants Atouts : Concernant les petits ruminants, notamment le caprin et quelques populations d'ovins, les atouts de la région est d’être une zone à vocation d'élevage, avec 1,15 millions de têtes, dont 50% en montagne. Les caprins représentent 526 000 têtes, toutes localisées en montagne. Cette activité représente la source principale de revenus des agriculteurs. La région présente une flore sylvo-pastorale riche et variée qui donne une excellente qualité de viande. Pour ce marché également, il y a une demande croissante de la viande des caprins issus des élevages extensifs. Cette demande vient surtout des grandes villes du Royaume, en raison du faible taux de cholestérol contenu dans la viande des caprins. Contraintes : Comme contraintes, on observe un faible niveau de technicité chez les éleveurs ainsi que la forte dépendance des productions vis-à-vis des aléas climatiques (fluctuation des prix). Les transactions commerciales sont totalement réalisées dans les souks, d'où la multiplication des intermédiaires. L'infrastructure d'abattage et de stockage est vétuste et il y a également un manque de structures de transformation et de conditionnement. 5 Grenadier Atouts : Pour le grenadier, je rappelle que le Maroc est le 3ème producteur mondial avec 60 000 Tonnes et un rendement de 12,5 T/ha en moyenne. La région produit à elle seule 50% de la production nationale, avec un rendement de 24,80 T/ha, soit le double de la moyenne nationale. Il y a donc un savoir-faire local très important. La production de grenadier dans la région revêt une grande importance dans le tissu économique local, avec 823 vergers, soit 90 000 emplois directs et une valeur de production de 14 Millions de Dh. Je note ici l'existence d'un clone adapté à la région, celui connu sous le nom de Sefri qui est typique à la région et bénéficie d'une large notoriété. Le grenadier permet la valorisation des zones arides et des sols salins et c'est un produit qui bénéficie d'une communication, notamment à travers un festival local des grenades, à Ouled Abdellah. Contraintes : Comme contraintes, je citerai d'abord l'absence de valorisation (transformation et conservation) et d'exportation de la production. 2 400 et 15 000 T sont exportés vers la Turquie et l'Espagne au prix de 6,25 dh/kg et vers l'Union Européenne et les pays du Moyen-Orient. Le prix payé aux producteurs du Tadla-Azilal est de 3,4 dh/kg. La rentabilité est fortement dépendante du mode d'irrigation. Le gravitaire présente des problèmes, avec une rentabilité assez faible, estimée à 14 000 dh/ha, quoiqu'il concerne 98% de la production. Alors que le goutte à goutte, qui ne représente que 2%, a un rendement nettement plus important, de l'ordre de 60 000 dh/ha. La production se caractérise également par l'absence d'organisation professionnelle : 85% de la production est vendue sur pieds, le prix de vente est de 1 à 2,5 dh/kg. Notez que le bénéfice net moyen dégagé par les intermédiaires est de 77 000 dh/campagne, ce qui est équivalent à 5 ha de production. Pour le développement intégré du grenadier dans la région, M. Samir Fakhour, qui est un chercheur à l'INRA a déposé un projet auprès de la DERD (Direction de l'Enseignement, de la Recherche et du Développement). Le projet est en phase finale et porte sur la sélection des clones les plus performants au sein de la variété Sefri, qui ne présente pas d’éclatement. Ce projet porte aussi sur la détermination des besoins en eau (irrigation localisée) et éléments fertilisants, l'identification des problèmes phytosanitaires et l'élaboration d'une stratégie de lutte intégrée ainsi que sur l'étude de la commercialisation des grenades. Il y a également un autre chercheur, M. Boujnah qui a travaillé sur l'identification des caractéristiques technologiques du grenadier pour la production du jus, de la gelée et de l'huile. 6 Pommes Atouts : Concernant le pommier, le premier atout de la région est la superficie cultivée de 1 800 ha, dont 62% de rosacées fruitière dans les DPA d'Azilal et de Beni Mellal, les amplitudes thermiques, notamment un arôme particulier, les besoins en froid satisfaisants (intensification), et aussi les activités touristiques qui se développent et qui représentent un marché potentiel. Contraintes : Les contraintes sont d'ordre structurel et sont liées à l'exiguïté des exploitations (fortes densités, absence de mécanisation appropriée, etc.). Il y a également des contraintes relatives à la valorisation, notamment l'absence d’unités de conservation et de transformation sur place, ainsi qu'une faible organisation (vente sur pieds). Caroubier Atouts : Concernant le caroubier, je voudrai dire que le Maroc est le premier exportateur mondial de caroube et deuxième producteur mondial après l'Espagne, mais premier producteur de graines, tel qu'illustré dans le tableau ci-après : Production mondiale de gousses et de graines de caroube (en tonnes) Pays Espagne Maroc Italie Portugal Grèce Turquie Chypre Algérie Liban Tunisie Autres pays Total 1997 Production 300 000 24 000 19 000 15 000 20 000 14 000 7 000 4 500 3 000 1 000 1 000 408 500 % 73 6 5 4 5 4 2 1 <1 <1 <1 100 Gousses 2007 % Graines 90 000 36 60 000 24 25 000 10 25 000 10 19 000 8 14 000 6 7 000 3 10 000 4 1 000 <1 3 000 1 1 000 <1 255 000 100 % 9 000 28 12 000 38 2 500 8 2 500 8 1 900 6 1 400 4 700 2 1 000 3 100 <1 300 1 100 <1 31 500 100 Les atouts de la production de carroube sont nombreux, notamment une superficie de 15 000 ha dont 30% relèvent du domaine privé, et l'existence d'une étude socio-économique réalisée par l’INRA et qui a couvert 14 communes rurales et 72 producteurs. Cette étude révèle qu'il y a un nombre important d'arbres plantés par les producteurs (184 arbres), une pratique de surgreffage par 13% des agriculteurs, une marge moyenne dégagée par producteur de l'ordre de 7 360 dh soit 260 dh/arbre. 7 Contraintes : Les contraintes sont d'ordre techniques (plantations, greffage et phytosanitaire), commerciales et juridiques. Je souligne l'absence de concurrence qui se traduit par des prix faibles payés aux agriculteurs. On observe également la problématique que pose la prédominance d'arbres mâles dans l'opération de greffage, ces derniers représentant 52% et 70% respectivement du domaine privé et du domaine forestier. Autre contrainte majeure : le faible taux de reprise (26%) dû à la sécheresse et au manque de valorisation du produit. Noyer de montagne Atouts : Concernant le noyer de montagne, on en recense à Azilal 730 ha, soit 16% de la superficie nationale. Les plants issus de semis transmettent une diversité génétique importante. On a étudié la performance des clones caractérisés dans le cadre du projet DRI-PMH et ils s'avèrent comparables à certaines variétés étrangères d'intérêt commercial (franquette et lara). Contraintes : La principale contrainte de cette filière reste le manque de valorisation, en raison de l'absence de structures industrielles de transformation sur place. Dans ce cadre, je rappelle le projet de recherche-développement élaboré par l'INRA et déposé cette année auprès de la DERD, pour le développement de ce secteur, en partenariat avec la région de l'Isère. Ce projet porte sur la conservation in situ du matériel phytogénétique identifié dans le cadre du DRI-PMH, l'élaboration d'une stratégie de lutte intégrée contre les principaux ravageurs et maladies du noyer, et la valorisation de la production : extraction de l'huile de noix, conditionnement des cerneaux et des noix entières. Olivier Atouts : L'olivier est l'un des produits phares de la région, qui présente de nombreux atouts notamment une superficie cultivée très importante (48 000 ha soit 8% de la superficie nationale), une production importante estimée à 80 000 tonnes d'olives et 10 000 tonnes d’huile (soit 13% de la production nationale). 80% de la superficie est irriguée. Nous disposons sur place d’une infrastructure de transformation composée de 12 unités de trituration modernes, 88 unités de trituration semi-modernes, 1 826 unités de 8 trituration traditionnelles et 2 conserveries. En matière de création d'emploi, la filière est très importante avec 2 millions de journées de travail (soit l'équivalent de 100 millions de Dh). Enfin, la filière se caractérise par la présence d'un savoir faire local en matière de trituration. Contraintes : Les contraintes sont surtout relatives au faible niveau technique (irrigation, protection, récolte, etc.), à la prédominance de la Picholine Marocaine qui représente 95% de la production et à une forte pression des intermédiaires sur les circuits commerciaux. Sésame Atouts : Le sésame, autre produit porteur de la région, se caractérise par l'importance de la superficie de production, estimée à 1 800 ha. L'huile de sésame compte parmi les huiles végétales les plus riches en acides gras insaturés. Par ailleurs, les plantes bien installées peuvent supporter un fort stress hydrique. Contraintes : Comme contraintes, je citerai l'absence d'étude de la filière à l'échelle nationale et l'absence de dotations en eau allouées à la culture. Niora Atouts : La niora est un produit typique de la région, avec 6 788 ha (estimation 1990/1991) et un rendement de 19,4 T/ha soit 33 770 tonnes de matière fraîche. On recense dans la région 36 unités de mouture traditionnelles, 1 unité moderne pour le séchage et le conditionnement. Le seuil de rentabilité est très important, de l'ordre de 30 000 dh/ha comme marge nette moyenne. Contraintes : Comme contraintes au développement de cette filière, je citerai la suppression des dotations en eau allouées à la culture, le faible niveau technique (irrigation et protection contre le phytophtora) et la faible organisation professionnelle. 9 Plantes aromatiques et médicinales Atouts & contraintes Il existe dans la région de nombreuses variétés de plantes aromatiques et médicinales. Je peux citer par exemple le laurier noble, dont l'espèce est disséminée sur une superficie d'environ 50 000 ha, rien que dans la Province de Beni Mellal. Comme contraintes, on note surtout la dégradation et la surexploitation, l'absence d’unités de distillation et l'absence d'études. Pour terminer, vous savez tous que la région est riche en thym et origan, mais nous ne disposons pas d'informations précises sur ces deux plantes, car elles sont souvent issues de peuplements spontanés en forêt. Amandier Atouts : La production d'amandes dans la région Tadla-Azilal s'étale sur une superficie de 11 200 ha, soit 804 tonnes d'amandes chaque année, d'une valeur de 40 millions de Dhs. Contraintes : Comme contraintes, on note le faible niveau technique des producteurs et l'absence de techniques de valorisation. Vigne - Variété Abouhou de Demnate Atouts : La culture de vigne est répandue dans toute la vallée de Demnate et est considérée comme un patrimoine régional. Le matériel végétal en culture comprend plusieurs variétés locales dont la plus importante est "Abouhou" qui représente plus de 50% du vignoble. Ses performances sont comparables, en ce qui concerne certains critères, à celles des variétés étrangères (Alphonse Lavallée, Muscat de Hambourg et Prima). Contraintes : Les principales contraintes au développement de cette filière sont la sécheresse, le faible niveau technique des producteurs, le manque d'organisation professionnelle et l'absence de valorisation de la production. 10 Centre Régional d'Investissement Tadla-Azilal Bd Beyrouth, Beni Mellal 23 000, Maroc Tél.: 212 (0) 23 48 20 72 Fax : 212 (0) 23 48 23 13 E-mail : contact@coeurdumaroc.ma Site web : www.coeurdumaroc.ma