Finding solutions against identity populism

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Finding solutions against identity populism
September 2014 – Magazine/ Revue N°1 Finding solutions against identity populism -­‐ Trouver des solutions contre le populisme identitaire
UN MOT DE NOS FONDATEURS Lame de fond.
Non, ceci n'est, définitivement, pas « une crise ». Il s'agit, au contraire, d'une lame de
fond, large, puissante, qui emporte nos repères et ne nous les rendra pas. Non, le
20ème siècle ne reviendra pas après « la crise ». Cette fois nous sommes bien dans le
21ème. Et il a toutes les raisons de nous inquiéter.
Nos conditions de vie sont menacées sur, au moins, quatre fronts. Celui de nos libertés.
Nos démocraties vacillent. Celui de l'égalité. Notre monde évolue chaque jour vers plus
d'injustice. Celui de la fraternité. Notre cohésion sociale et notre capacité à vivre
ensemble chancellent sous les coups de boutoir des replis identitaires et des haines de
l'autre. Enfin que dire du front de notre solidarité avec les générations futures ? Oui,
nous pouvons, collectivement, choisir de regarder de l'autre côté. Nous ne pourrons
cependant pas dire à nos petits-enfants que nous ne savions pas.
PHILIPPE MAYSTADT, Président Ceci n’est pas une crise, Ministre d’Etat et ancien Président de la BEI Alors que faisons-nous ? Que font nos élus, nos syndicats, nos associations ? Que fait
l'Europe bon sang ? Oh ils font énormément. Mais en tombant le plus souvent dans le
piège classique des démocraties affaiblies, cette faiblesse qui les ont si souvent fait
échouer dans le passé : l'urgence (sociale) et le court terme (économique).
L'immédiateté (médiatique), ce talon d'Achille des démocraties, connu et reconnu, est
loin d'être améliorée par nos nouveaux rapports à l'information numérique. Oui, au
moment où tout devrait nous pousser à considérer le temps long et la modération nous
choisissons chacun -- mais chacun plus chacun finit par générer un choix collectif :-( -de nous laisser diriger par la dictature de l'immédiateté.
Ceci n'est pas une crise ne dispose d'aucune baguette magique. Nous sommes même
en mesure, sur base de nos expériences respectives mises en réseau, de vous
confirmer malheureusement qu'aucune baguette magique n'est disponible...
immédiatement.
Nous avons cependant la conviction que le temps long donnera raison aux progressistes
et aux optimistes. Alors pour contribuer à les faire gagner, nous proposons trois axes :
Comprendre. Collaborer. Inventer.
GREGOR CHAPELLE, Membre fondateur Ceci n’est pas une crise, Directeur général d’Actiris Comprendre ce qui empêche aujourd'hui les vrais démocrates -- ceux qui croient en la
liberté, l'égalité, la fraternité et la solidarité avec les générations futures-- de faire
progresser leur projet de société. Collaborer pour identifier les leviers efficaces, pour
nous allier les uns avec les autres au service de nos valeurs démocratiques. Inventer,
aussi, de nouveaux modes d'action, adaptés aux temps difficiles qui viennent.
Si vous vous reconnaissez dans ce projet, joignez-vous à nous. Humblement mais
concrètement, nous vous proposons de rejoindre notre réseau. Ensemble, à défaut de
les voir progresser, nous voulons tenter de sauver nos démocraties.
Allons-y.
Joignez nous et signez notre document d’adhésion :
http://www.cecinestpasunecrise.org/fr/adhesion
2
A WORD FROM OUR FOUNDERS There are many ways to speak about populism; many explanations for its continuing
appeal in the difficult times we are going through. And no miracle solutions are in sight,
which could ban populism to a past of conflicts and divisions, where we would like to see
it buried once and for all. It is the intention of this publication to offer points of view and analysis from authors
active in several sectors as well as some experiences of associations and civil groups
which look for answers to the evolving faces of so-called identity populism, i.e. populisms
in which "identity" represents a key factor of mobilisation. Even if it has to be said that
the defense of the "we" in contraposition to those who are not "we" is a major "raison
d'être" of the populist discourse in general.
Among the strengths and the most difficult challenges of the populist discourse are
certainly the use of simple, direct arguments with which people are able to identify
effortlessly - because they refer to some of their concrete and true worries; as well as
the ability of some leaders to become so credible and convincing not to need to prove
with facts the solidity and the sheer truth of these arguments. It is indeed surprising how
quickly an increasing number of people suddenly consider established and important
cultural, political and socially accepted "values" (solidarity, equality, no to racism, even
democracy) to be meaningless words invoked by an elite perceived as incapable to deal
with the real problems.
On the bright side, we can nevertheless note that in most (if not all) current and past
experiences in which political and cultural forces based on populist messages and
slogans acceded to power, their concrete implementation proved to be a failure and did
not bring convincing solutions to the issues they pretended to address in the first place.
Extreme pressure on migrants, separation and new borders among people and cultures,
discrimination, reduction of civil liberties and the strengthening of the central power or
control on media did not bring prosperity or ended the economic crisis. Showing how
weak the populist argument and how sad and gloomy the model of the society they
propose can be is a key part of any effective and aggressive strategy to deal with this
phenomenon both in politics and in the society.
We therefore need to find and spread the rational arguments, the emotional instruments,
the effective messengers in order to engage in this cultural and political battle: and this
publication is one of the ways we propose to move towards this goal.
MONICA FRASSONI, Co-­‐founder Ceci n’est pas une crise – This is not a crisis, Co-­‐
Chair of the European Green Party Join us and sign our endorsement document:
http://www.cecinestpasunecrise.org/en/endorsement
3
SOMMAIRE Anaïs VOY-GILLIS : De quoi le populisme est-il le nom ?
05
Marely MORRIS : Europe’s new dilemmas
06
Laurent LICATA : L’eau, le feu, l’angoisse et la reconnaissance
08
Populism, speech regime and superdiversity: Interview with Jan Blommaert
09
Péter KREKO : Conspiracy theories: deeply enrooted in identity
12
François DE SMET : Quand l’Enfer est toujours l’Autre
13
How have levels of intolerance changed in Western Europe?
15
Andreea CALBEAZA : On the power of words: the anti-migration
discourse with regard to Romanian and Bulgarian citizens in France and Great Britain
16
En direct du terrain - Applied solutions
Equipes populaires : Etrangers, CPAS, chômeurs - STOP au jeu de massacre !
18
Space for you!
Portrait : Dan Sobovitz
20
Nos fondateurs
22
4
DE QUOI LE POPULISME EST-­‐IL LE NOM ? Il y a depuis une trentaine d'années un usage
extensif du terme « populiste » qui laisse à penser
qu'il peut être employé pour tout dire ou qualifier
des régimes et des hommes politiques très
différents. Il a longtemps été absent du
vocabulaire public où lui étaient préférés des
termes comme « démagogie » ou « poujadisme ».
Il apparaît comme le concept ventre mou des
sciences politiques, un concept passe partout
utilisé plus pour disqualifier celui qui s'en trouve
affublé que pour vraiment caractériser une
position politique. Par conséquent, on peut
s'interroger sur l'emploi qui en est fait et les
réalités qu'il recouvre.
Selon le dictionnaire Larousse, il s'agit d'une « idéologie visant à
libérer le Peuple » et il est généralement employé pour qualifier
des partis à l'extrême gauche ou à l'extrême droite de l'échiquier
politique. A l'origine, il est employé pour résumer les processus
sociaux menés par Juan Domingo Perón en Argentine ou
Guetúlia Vargas au Brésil.
Cette notion a été popularisée en France par Pierre-André
Taguieff 1 dans les années 1980. Il a défini deux types de
populisme : le populisme identitaire et le populisme
protestataire.
Le premier fait appel au Peuple « tout entier, sans distinction de
classes, de tendances idéologiques ou de catégories
culturelles : l'objet de la visée populiste est de réaliser un
rassemblement interclassiste dans le cadre national2. » Il y a
une crainte de la mise en question de l'identité dans le contexte
d'ouverture des frontières qui fait le lit du « national-populisme
européen ». Celui-ci se saisit d'une inquiétude perceptible dans
l'opinion publique à laquelle il souhaite répondre en assurant la
promotion d'une identité nationale qui assimile la communauté
nationale à un « ethnos ». Il écarte de celle-ci, ceux qui
n'appartiennent pas à cette communauté imaginée ou qu'ils
estiment impossible à assimiler en raison de leurs origines
culturelles et religieuses.
Ce populisme a pour caractéristique une opposition entre « ceux
d'ici » et l'Autre, l'affirmation d'un moi collectif national, contre
tout corps qui menace d'en altérer l'identité historique, culturelle
et religieuse, une volonté d'un appel au Peuple à travers un
recours au référendum et un rejet de l'autre sous forme de
xénophobie qui peuvent revêtir des formes différentes selon les
époques et les lieux.
à travers la figure charismatique du leader et un discours
interclassiste. Il souhaite réduire les intermédiaires entre le
Peuple et le pouvoir « central ».
Ces deux formes de populisme peuvent se rencontrer dans un
même mouvement, mais leurs fondements sont différents. Le
premier est issu du boulangisme, quand le second est issu de
penseur comme Henri Drumont et la ligue antisémitique.
Il y a une construction d'un discours négatif autour du
populisme. L'usage du terme populiste est un moyen de
simplifier les choses et de faire écran à ce qui anime les
mobilisations électorales. Il ne sert pas à caractériser une force
politique définie mais simplement à dessiner l'image d'un certain
peuple.
Il est convoqué et invoqué pour disqualifier des électeurs et des
discours. Ce phénomène a été particulièrement flagrant en 2005
au moment du référendum en France sur le projet du traité
constitutionnel européen où le « non » l'a emporté. On estime
cet électorat frappé par une déraison politique et on le pense
perdu. Porté par son ressentiment contre les élites, il serait prêt
à croire toutes les promesses proposées pour résoudre les
problèmes sociaux. Le populisme suffit à discréditer les classes
populaires et ceux qui en parlent.
« Les usages actuels du populisme abusent de la réalité en
prêtant à des partis comme le FN un caractère populiste ou
populaire3 » rappelle Annie Collovald. Il y a une dissimulation de
l'histoire politique de la notion. A force d'être employé pour
qualifier des situations très différentes, il perd toute sa
signification et empêche tout diagnostic pertinent. Il y a une
tentative de décrédibiliser les choix politiques des classes
populaires qui se tourne vers les partis dits populistes alors que
le premier vote des classes populaires est l'abstention. Il y a
toujours des ouvriers qui ont voté à droite, ainsi la thèse du
gaucho-lepénisme 4 tient difficilement. Imaginer les classes
populaires comme un ensemble homogène, de gauche, est un
mythe.
Pour A. Collovald, c'est une notion qui est « sans autre
substance véritable que les usages qu'on en fait5 ». Dans son
emploi
contemporain,
le
populisme
désigne
deux
caractéristiques : l’irresponsabilité des politiques qui font des
promesses qu'ils ne pourront pas tenir immédiatement et la
limitation du politique au champ du possible.
Ainsi, les progrès des partis « nationaux-populistes » sont
souvent résumés à un catalogue des difficultés engendrées par
le chômage, à l'importance numérique de l'immigration, à la
construction européenne qui remet en cause la souveraineté
des États et transcende certaines frontières et interroge l'identité
nationale. Ces partis prospèrent sur les troubles induits par les
changements rapides et perturbateurs de nos sociétés
contemporaines. Face aux difficultés qu'engendre cette période,
le terme populiste est plus utilisé pour décrédibiliser des acteurs
politiques rivaux que pour analyser les mécanismes politiques et
sociaux qui favorisent l'émergence de ces dits partis.
La question de l'immigration et à travers elle celle de l'identité
nationale ainsi que celle de la construction européenne sont le
socle idéologique commun des partis européens présentés
comme « populiste identitaire ».
Le populisme protestataire présentent plusieurs traits de
caractère : rejet des élites (ceux d'en haut contre ceux d'en bas),
méfiance à l'encontre des régimes représentatifs, appel par
référendum au Peuple et hyper personnalisation du mouvement
1
2
Taguieff P.A., La rhétorique du national-populisme, Mots, 1984
Ibid
ANAÏS VOY-GILLIS – Étudiante à l'Institut
Française de Géopolitique (IFG), France,
Membre de l'Observatoire européen des
extrêmes (OEE)
3
4
5
Collovald A., Le « populisme du FN ». Un dangereux contresens, Paris, Éditions du
Croquant, 2004
Notion développée par Pascal Perrineau,à ce sujet voir Le symptome Le pen.
Radiograhie des électeurs du Front National, Paris, Fayard, 1997
A. Collovald, Le « populisme du FN ». Un dangereux contresens, Paris, Éditions du
Croquant, 2004
5
EUROPE’S NEW DILEMMAS
Renzi, but it still won over 20 per cent of the vote and formed a
new coalition with UKIP in the European Parliament.
Was it a “peasants’ revolt” or a perfunctory protest? An earthquake or a mild tremor? A cry of despair or a grumble of indifference? The European election results were expected for some time – but that didn’t stop competing interpretations from flooding the airways as the final figures came in. But populists come in very different shapes and sizes. The antiSemitic, fiercely nationalist Jobbik in Hungary is markedly
different from the soft centrist populism of Timo Soini’s Finns
Party. In the aftermath of the elections, the different populist
parties struggled to form coalitions. The anticipated alliance
between the Front National’s Marine Le Pen and the Dutch
PVV’s Geert Wilders failed to get off the ground when they
belatedly realised they did not have enough like-minded partners
in EU member states to create a formal political group.
Moreover, what was remarkable as the election results came
through was the sheer variety of different political movements
surging across Europe, far beyond the usual populist suspects.
Established parties were faced with surges in support for the
anti-austerity Podemos and Syriza in Spain and Greece; the
liberal NEOS in Austria; the Feminist Initiative in Sweden. It
takes a stretch of the imagination to describe all these parties as
having the three features of populism outlined above. As a result
of this frenetic activity on the fringes of European politics, the
share of the vote for the two main political groups in the
European Parliament fell. The most prominent feature of the
elections was not the rise of populism per se, but the more
gradual trend of electoral fragmentation – combined with
stagnating voter turnout.
What to do?
One thing can be agreed on: in France, Denmark and the UK,
among others, anti-establishment parties have done remarkably
well. With the rise of the Spitzenkandidaten and the onset of
economic recovery, this is now a new stage in Europe’s political
development. And in this new stage a long-standing problem is
again sinking its teeth into Europe’s nebulous mainstream with a
ferocious intensity: the problem of populism.
Populism in perspective
The scale of populist success is still a matter for debate. To find
the truth, it’s worth asking what populism is – and what it is not.
Our work at Counterpoint, a research consultancy, has led us to
identify three key traits of populist politics. First, populism
presents itself as the defender of the pure 'ordinary people' from
a distant, corrupt elite. Second, it considers the 'ordinary people'
to hold all the answers to political problems. And third, populism
privileges a kind of visceral, “common sense” approach to policymaking – it’s a master of the politics of the gut. These features
can often lead to a corrosive form of xenophobia, pitting insiders
against outsiders, professionals against politicians, true
believers against turncoats. Populism is dangerous because it is
inherently opposed to pluralist politics: difference is disliked. And
while it may uncover deep, culturally infused grievances that
deserve answering, too often its purveyors are more interested
in exploiting fears, fomenting tensions and encouraging paralysis
than looking for viable solutions.
In this light, the election results do not simply tell a story of
populist victory. True, a number of parties that clearly fit this
characterisation of populism scored remarkably well – the UK
Independence Party (UKIP) and the Front National in France
being the most notable examples. And the Five Star Movement
– led by former comedian Beppe Grillo, who advocates internetbased direct democracy and displays clear populist tendencies –
might have been soundly beaten by new Italian premier Matteo
Still, many populist parties pose a threat to liberal democracy by
adopting an exclusionary form of politics, othering groups seen
as not part of the people. Others block constructive policymaking by hindering reform efforts and showing an unwillingness
to engage with legislative details. At Counterpoint we have
conducted a range of research projects on populism and its
impact on European politics. Our advice for mainstream
politicians spans three levels of action.
First, certain policy tools can be used to address the rise of
populism in the long term. These need to be targeted at the
deeper social forces fuelling populist politics. One of the key
findings from our 2012 report on populism, Recapturing the
Reluctant Radical, was the educational cleavage that populism
exposes. Educational background is one of the strongest and
most consistent predictors of populist voting in Western Europe
(all else being equal, the higher one’s level of education, the less
likely one is to support populist parties). Targeting policy to
address this educational inequality should be a priority for
policymakers.
Second is the question of strategy. Political parties have
traditionally struggled to respond effectively to populists, often
trying to both ostracise them and adopt a watered-down version
of their policy proposals. This simultaneously legitimises their
ideas and reinforces the populist narrative that they are
“outsiders” persecuted by political elites. The mainstream parties
should take the opposite approach. They should engage with
populists, particularly more moderate parties such as the AfD,
the Five Star Movement, and (parts of) the Finns Party. But at
the same time they should avoid mimicking parts of their
programmes in what can come across as cynical ploys to win
over voters.
Third, one of the most powerful tricks up the populist sleeve is to
take the grievances of the many and translate them into a
compelling narrative, with a political vision, a call to arms, and a
cast of scoundrels, traitors, and saviours. The challenge for the
mainstream is to find a counter-narrative that is just as
persuasive and well-founded. Emotions are sometimes
6
perceived to be the prerogative of the populist. This is nonsense:
emotions run through all of politics, and their absence makes the
political realm cold and aimless. A counter-narrative to populism
needs to embrace emotion too.
Parties with an identity populist approach in Europe and
voter turnout6
Election results
Of course, there is no one catch-all answer: the right narrative
depends on both cultural context and political preference.
Neither is this just a question of rhetoric. A counter-narrative
needs to shape all levels of political thinking. The work of the
American cognitive scientist George Lakoff on “reframing” is
useful here: as he notes in his classic handbook Don’t think of
an elephant!, the process of reframing is in itself a form of social
change.
30 Penul,mate na,onal elec,ons 25 20 The populists hogged the limelight at the elections in May. But
the ball is now firmly in the court of the political mainstream. The
months ahead will present tough dilemmas for national leaders.
The danger is that political and national divisions and the fear of
populist reprisal will result in inaction. But with innovation, grit
and a smidgen of luck, they should be able to forge a different
path.
Last na,onal elec,ons 15 European elec,ons 2009 10 5 European elec,ons 2014 0 MARLEY MORRIS – Senior Researcher and
Consultant at Counterpoint, UK
Voter turnout
100 90 Penul,mate na,onal elec,ons 80 70 Last na,onal elec,ons 60 50 40 European elec,ons 2009 30 20 European elec,ons 2014 10 0 6
Abbreviations: FPÖ = Austrian Freedom Party; VB = Flemish Interest, Belgium; DF =
Danish People’s Party; PS = True Finns; FN = National Front, France; AfD =
Alternative for Germany; XA = Golden Dawn, Greece; Jobbik, Hungary; LN = Northern
Ligue, Italy; NA = National Alliance, Latvia; TT = Order and Justice, Lithuania; PVV =
Party for Freedom, Netherlands; FrP = Progress Party, Norway; KNP = Congress of
the New Right, Poland; SD = Sweden Democrats; SVP = Swiss People’s Party, UKIP
=
United
Kingdom
Independence
Party.
Sources:
http://www.results-
elections2014.eu/en/country-introduction-2014.html
http://www.ukpolitical.info/Turnout45.htm
http://www.idea.int/vt/countryview.cfm?country=SE
http://www.valasztas.hu/hu/ogyv2014/858/858_0_index.html
http://elections2014.belgium.be
7
L’EAU, LE FEU, L’ANGOISSE ET LA RECONNAISSANCE « Certaines choses sont miscibles entre-elles, l'eau
et la grenadine par exemple. Au-delà de cette
image, c'est ce que l'on appelle l'enrichissement
culturel. Mais l'eau et le feu, ça ne marche pas.
(…) j'ai la conviction d'après ce que je vois, dans
nos villes, nos quartiers, nos rues, que la coupe est
pleine; si on continue à inverser la tendance
démographique qui se creuse inexorablement,
insidieusement, notre culture dans peu de temps
aura vécu. »
Message posté sur le forum Internet de La Libre Belgique, dans
le cadre d’une discussion sur le vote des immigrés extraeuropéens en 2002
Comme Maslow l’a décrit il y a déjà longtemps, les êtres
humains ont à peu près tous les mêmes besoins. Ceux-ci vont
des besoins physiologiques et de sécurité aux besoins
d’appartenance, d’estime, et d’accomplissement. Cette
recherche de satisfaction des mêmes besoins physiologiques et
psychologiques mène paradoxalement à des conflits entre
groupes au sein de nos sociétés, lorsque les membres d’une
communauté ont le sentiment que des « autres » font obstacle à
la satisfaction de leurs propres besoins.
Je propose d’appliquer cette base de raisonnement à la situation
des relations entre majorités et minorités culturelles issues de
l’immigration dans les sociétés occidentales. On se rend alors
rapidement compte qu’interpréter ces relations à travers le
prisme de la différence culturelle (ou religieuse), comme le
faisait l’internaute cité en exergue, est au mieux insuffisant, au
pire carrément erroné. Mais, tout erronée qu’elle soit, son
intervention révèle un réel sentiment de menace : sa culture (au
demeurant, probablement très difficile à définir) serait sur le
point de disparaître suite à l’afflux des immigrés et de leur
croissance démographique. Je laisse au lecteur le soin de
deviner quelles cultures s’apparentent à la grenadine, et quelles
sont celles qui sont semblables au feu.
était associé à davantage de préjugés contre les immigrés, et ce
d’autant plus lorsque la cause de la crise leur était attribuée. De
manière intéressante, ce sentiment menait plutôt à davantage
d’antisémitisme lorsque la crise était attribuée aux banquiers, et
il n’était associé à aucun préjugé lorsque des causes
systémiques étaient évoquées. Une autre étude réalisée aux
9
Etats-Unis a quant à elle révélé que la perception d’une
menace économique conduisait à une augmentation des
préjugés à l’égard de minorités ethniques perçues comme des
rivales économiques (les Asiatiques), mais pas à l’égard
d’autres minorités (les Afro-Américains).
En bref, le sentiment de menace – qu’elle soit symbolique ou
matérielle – peut mener les majoritaires à se replier sur leur
identité et leur culture, voire à exprimer et mettre en acte des
préjugés à l’égard des minoritaires, en particulier lorsque la
menace leur est attribuée.
Si les majoritaires peuvent se sentir menacés par la présence de
minorités culturelles, que dire alors du sentiment ressenti par les
membres de ces minorités ? Objectivement, le risque de perte
de distinction de l’identité culturelle apparaît bien plus forte pour
10
ces groupes. Les théoriciens des processus d’acculturation
décrivent un double choix auxquels ces personnes sont
inévitablement confrontées : maintenir ou pas leur culture
d’origine, et participer ou pas à la société majoritaire. Si ce choix
est parfois présenté comme individuel, il faut reconnaître que les
positions prises par les autres membres du groupe minoritaire,
ainsi que les attitudes et les politiques adoptées par la majorité
entrent fortement en ligne de compte. En effet, on ne maintient
pas une culture tout seul ! Cela nécessite la coopération d’autres
membres de la communauté, ainsi que des opportunités offertes
par la société d’accueil, comme les infrastructures permettant de
transmettre la langue du pays d’origine, la culture, la religion,
etc. Il en va de même pour la participation à la société. Vous
avez beau vouloir y participer, encore faut-il que l’on vous en
donne l’occasion. Les situations les plus difficiles se rencontrent
lorsque la société d’accueil fait pression pour que les immigrés
abandonnent leur culture d’origine, tout en ne leur permettant
pas de participer pleinement à la société.
L’effet du sentiment de menace ressenti par les majoritaires sur
leurs attitudes envers les immigrés est bien connu. Le sentiment
d’angoisse collective peut porter sur la perspective d’une
disparition prochaine du groupe (menace d’extinction) ou sur
celle d’une perte progressive de distinction (effacement des
limites entre groupes). Ce sentiment peut mener à des
comportements visant à renforcer le groupe d’appartenance
(s’investir dans le groupe, soutenir des mesures visant à
renforcer l’identité collective, etc.), mais il peut également mener
à des actions à l’encontre des groupes perçus comme
menaçants (justifier des agressions envers les immigrés,
7
soutenir des politiques d’immigration restrictives, etc.) .
Ce phénomène est amplifié en période de crise. Par exemple,
8
une étude menée récemment en Allemagne a montré que le
sentiment de menace généré par la crise économique de 2008
7
8
Wohl, M. J., Squires, E. C., & Caouette, J. (2012). We were, we are, will we be? The
social psychology of collective angst. Social and Personality Psychology Compass,
6(5), 379–391.
Becker, J. C., Wagner, U., & Christ, O. (2011). Consequences of the 2008 financial crisis
for intergroup relations The role of perceived threat and causal attributions. Group
Processes & Intergroup Relations, 14(6), 871–885.
Que font les minoritaires lorsqu’ils se sentent menacés ? La
même chose que les majoritaires, pardi : se replier sur leur
identité culturelle, et parfois aussi ressentir des préjugés envers
la culture majoritaire (voire également envers les autres groupes
culturels présents).
On sait ainsi que la perception de
9
Butz, D. A., & Yogeeswaran, K. (2011). A new threat in the air: Macroeconomic threat
increases prejudice against Asian Americans. Journal of Experimental Social
Psychology, 47(1), 22–27.
10
Voir Licata, L., & Heine, A. (2012). Introduction à la psychologie interculturelle. Bruxelles:
De Boeck.
8
discrimination tend à accroître l’identification des minoritaires à
leur groupe culturel au détriment de la société d’accueil, et
favorise des attitudes plus négatives à son égard. En d’autres
termes, la discrimination favorise le repli communautaire.
As a consequence of the crisis, you feel closer to the
citizens in other European countries (EB autumn 2013)12
80 Etablir et maintenir une identité collective positive n’est guère
aisé lorsque l’on fait partie d’une minorité culturelle, souvent
stigmatisée. En effet, ses membres ont sans doute peu de choix
quant à la dimension de comparaison avec le groupe majoritaire
qu’ils peuvent mobiliser. Se trouvant souvent au bas de l’échelle
sociale, la plupart ne peuvent pas se prévaloir de hautes
performances dans le domaine économique ou d’autres
réalisations prestigieuses. Ne pouvant mettre en avant leur
compétence, ils peuvent alors faire valoir leur sociabilité – « Ils
sont riches et compétents alors que nous sommes pauvres mais
chaleureux » – ou encore leur moralité – « Ils sont riches et
corrompus alors que nous sommes pauvres mais purs ». Il n’est
dès lors guère surprenant que certains investissent la religion,
domaine par excellence de la moralité.
Donc, en cherchant à satisfaire les mêmes besoins matériels et
psychologiques, les membres de groupes culturels majoritaire et
minoritaires peuvent, dans certaines circonstances, en venir à
s’opposer. C’est le cas lorsque la simple présence, ou les
actions de l’autre groupe sont perçues comme une menace et
génèrent de l’angoisse. Bien qu’il serait angélique de nier qu’un
groupe puisse dans certains cas constituer une menace
objective à l’égard d’un autre groupe, c’est la perception de
menace, et non l’existence objective de cette menace, qui
déclenche cette angoisse. Or, les représentations de la réalité
sont plus faciles à changer que la réalité elle-même. La diffusion
de représentations sociales décrivant la situation comme très
menaçante et attribuant la responsabilité à une minorité peut
donc contribuer à enclencher les réactions de repli et de
méfiance décrits plus haut. C’est la vieille recette que tentent de
remettre au goût du jour, avec hélas un certain succès, les partis
d’extrême droite européens.
Les majoritaires cherchent avant tout à être rassurés, les
minoritaires ont de plus besoin d’être reconnus. Mais lorsqu’ils
demandent la reconnaissance – de leurs droits, de leur valeur
sociale, de leur voix –, les majoritaires ont souvent tendance à
11
leur dénier . La lutte pour la reconnaissance qu’entreprennent
alors certains d’entre eux est souvent perçue comme une
menace par les majoritaires, qui ont alors tendance à se replier
sur leur propre identité et à refuser d’autant plus la
reconnaissance demandée par les minoritaires, et ainsi de suite.
La « crise économique » ne fait qu’aggraver le phénomène, en
rendant plus tangible la menace.
Il n’y a pourtant pas de fatalité : les groupes culturels ne sont
pas des entités aussi distinctes que les éléments fondamentaux
des philosophes présocratiques – eau, air, feu, terre –, comme
le suggérait l’extrait présenté en exergue. Ils sont constitués de
personnes qui cherchent à satisfaire les mêmes besoins
matériels et psychologiques. La solution se trouve sans doute en
partie dans la conscience de cette humanité commune qui nous
fait désirer les mêmes choses, tout en nous offrant la possibilité
de dialoguer afin d’y parvenir.
LAURENT
LICATA
–
Professeur
de
psychologie sociale et interculturelle à
l’Université libre de Bruxelles (ULB), Belgique
11
Sanchez-Mazas, M. (2004). Racisme et xénophobie. Paris: Presses Universitaires de
France.
70 60 Totally agree 50 40 30 20 Totally disagree 10 0 POPULISM, SPEECH REGIME AND SUPER-­‐
DIVERSITY. AN INTERVIEW WITH PROFESSOR JAN BLOMMAERT Professor Jan Blommaert is a leading Belgian
sociolinguist and linguistic anthropologist with a
special research focus on the culture of discourse,
nationalism and democracy. His publications
marked a substantial contribution to globalisation
theory. As the Director of the Babylon Center in
Tilburg he examines the meaning of
superdiversity in our society. We caught him
shortly before his summer holiday in July to
interview him about his perspective on populism,
identity and the future of Europe.
Mr Blommaert, in one of your publications you drew a link
between language and populism, when you defined
populism as a “speech regime”. Could you explain what
you mean by that?
It refers to a specific form of new populism, which is very
strongly influenced by new media. Since the 1990’s all over
Europe and indeed all over the world we have a new media
culture, largely commercialised. We have seen all over the world
the collapse of the state broadcasting systems and even those
that still exist, for instance in Belgium but also the BBC, are now
compelled to follow an entirely different logic. And if you add to
12
Eurobarometer http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb_arch_en.htm
9
that the internet, the blog culture, the debate fora etc. – it has
basically changed the conditions for political discourse in such a
way that, in order to be successful these days, you have to keep
it short, you have to heavily simplify issues, cut corners when it
comes to analysis, because there is no space for analysis
anymore – in other words you need to be a populist. Therefore,
the typification of new populism I was trying to outline at that
moment shows its face by means of resistance against an
intellectual voice. There is no space for intellectual voices
anymore. There is a heavy emphasis on aesthetics in political
communications, through the use of images and heavily stylised
figures like Tony Blair and others who have become new political
heroes. And in that sense it is a discursive regime in our political
culture that has deeply changed in such a way that there is
hardly anything left apart from gross populism.
diacritics have now become vastly more frequent, vastly more
profound. At the moment it actually has very little impact
politically. Amazingly, the more diversity we get, the less
diversity is recognised as a social given, as a simple sociological
fact. But it should impact our thinking about identity. The old
diacritics, which are very strongly focussed on factors like
nationality, ethnicity etc. are no longer sufficient to speak about
the world in which we live. Yet, politically, the more reality is
questioning these old categories, the more governments do to
enforce these old categories of nationality, of ethnicity and so
on. That is a paradox. We now live in a society for which these
old administrative notions of identity are no longer appropriate at
all. And even in our own lives they are hardly relevant. Yet, what
we see is that at the moment we start moving around the world,
that exactly these old diacritics, these old criteria, these old
“boxes” are more powerful than ever.
Just to explain where this insight comes from: For the past 20
years I have been working deeply on asylum issues, specifically
analysing the stories of asylum seekers and giving witness and
expert testimony in all sorts of procedures in Europe.
People who come from a place like Somalia where there is really
no state, i.e. non-existing states. For them, nationality is
basically irrelevant, until they move to a place like the EU and
then all of a sudden their non-existing state begins to dominate
everything they are and everything that happens to them,
because the nation-state logic is now stronger than ever, while in
the face of so many realities in the world there are no nationstates anymore.
How would you describe the characteristics of the use of
language by populist groups – do they use a particular
terminology or vocabulary?
There are changes, in the sense that you see an increasing
“irrationalisation”, such as for instance a marked resurgence of
moral discourses. Tony Blair at the end of his career as Prime
Minister used the expression “passionate”. So rather than
rational arguments or political consistency or historical
arguments, we get moral arguments.
Secondly, discourse is never just words. It is also the scenery in
which the words are being produced. And there as well, you see
an enormous resurgence of aesthetics: the staging of words is
very important, the scenery that people have chosen to produce
their words, the specific events, occasions etc. At the moment,
political discourse or communication in the more general sense
has been very strongly influenced by marketing and advertising
modes that share this focus on aesthetics.
And then of course identity is the ideal sort of irrational, moral
appeal that can be voiced in a very short 16 seconds way and
sound compelling.
One of your main research fields is the concept of so-called
“superdiversity”. What is superdiversity and in what way is
it different from common diversity?
Superdiversity is a dimension of diversity. It doesn’t replace
diversity; it simply adds a little adjective to diversity. There is
now a level of diversity in most places in the world that have not
yet captured mentally, ideologically, politically, culturally and so
on. Just imagine that statistically, for instance in a place like
Antwerp the presence of nationalities has tripled over the last
decade. You are looking at a new environment in terms of ethnic
difference but also gender, social class, religion. All sorts of
A Malaysian airliner was shot down probably by a rebel
movement occupying or liberating – depending on how you see
it – an important part of a European republic. So, where is the
nation-state here and who are these actors? This is the huge
paradox of superdiversity. It rationally ought to direct us in a
completely different direction than the way by which we now
respond to it, on all levels, in education, in research, in
administration, police affairs, immigration etc.
What impact does superdiversity have on identity and on
the way people perceive themselves and their
communities?
You cannot specify the notion of superdiversity anymore. For us
analytically it is a sort of intersection between two big historical
forces of the past decades. The first one is the end of the Cold
War and the lifting of the barriers on mobility not only in Europe
and basically all over the world. Borders are open and as a
consequence, people are moving into different directions. That is
a demographic aspect of superdiversity.
A second aspect is that exactly at that moment, at the end of the
Cold War, the internet and all sorts of new developments in
online and mobile communications came into being. That is
enabling everyone who has access to these facilities to create all
sorts of new social networks, new communities, which also
seriously complicates our lives. For instance Facebook has over
1 billion subscribers, which makes it the fourth biggest “nation”
so to speak, in the world and this in turn has created all sorts of
new complexities.
When we investigate the way in which real people in real
circumstance really live real identities, we see that these
identities have nothing to do with the old diacritics and have
everything to do with aspiration very often driven by
commodities, so by consumption. We have identities for almost
every micro-niche in society and effectively, we move from one
identity into another into yet another within the space of an hour.
When I leave this interview, my identity will change, I will
10
become a father and a husband here in this room and I will have
to behave entirely differently than with you. And so the
observable way in which we lead identity these days is
completely not covered by anything we thought was identity
before.
In view of the low turnout of the recent European elections
and the obvious success of Euro-sceptic and nationalistic
populist parties, do you feel confirmed in your slightly
pessimistic analysis in your publication “Decline of
democracy” where you stated: “Democracy is one of the
main victims of the financial crisis which started in 2008.
The crisis has, in particular, revealed the limits of the power
of democracy and has aggravated public distrust in it. “
We have seen an increasing radicalization all over Europe. The
Euro-sceptics are amongst the big winners, and the eurosceptics often overlap with the nationalists and the right-wing
populist organisations. But on the other side of the spectrum, the
radical left has also won significantly and not just in places such
as Spain and Greece but basically all over Europe. This
demonstrates that the crisis triggers an increasing radicalization
of the political spectra. However, we need to be very clear with
regard to what we mean by that political spectra because here
we are only talking about electoral politics. There is a long-term
problem within the EU with regard to electoral democratic
processes. Whenever the EU offered democratic forms of
political participation such as a referendum about the European
constitution, we that first of all, there is very little enthusiasm and
very little recognition of membership of that democratic
community and secondly, there is massive rejection. So I see
the results of May in Europe essentially as an extension of a
very long tradition in which the EU has hardly any legitimacy
within the field of electoral politics.
At the same time, we should not reduce politics to what happens
electorally. I believe that over the last 3 or 4 years there has
been a growing awareness of the European community of
interests. There is great solidarity for instance between all sorts
of action groups – and they are not small. A solidarity between
the North-Western European countries and places such as
Greece and Spain and Italy etc. that are heavily hit by the crisis.
This solidarity is new and it basically runs absolutely against the
idea that there is no Europe and that there is no space for
political action as read off the electoral results. Electorally, yes
there is no Europe but politically and socially and socio-culturally
there is a growing Europe.
One of the core focus points of Fondation Ceci n’est pas
une crise is the link between identity and populism. In one
of your articles published on Kif Kif13 , you stated that an
understanding of identity, which is too narrowly defined by
the nation-state as a “moral entity” is outdated and would
fail to grasp the diversity of today’s perception of identity,
as today identity is dynamic and flexible and incorporates a
lot more criteria than the nationality. Please explain to us
what you mean.
It is the way we live our lives. If you want to do the exercise
yourself, just try to follow yourself during one day, an ordinary
day in your life, from the morning when you get up until the
evening. You will have discovered that you have moved between
7 or 8 deeply different social niches each of which prescribes
certain social behaviours that are not interchangeable. It sounds
very trivial but it is fundamental, because what is identity?
Identity is the order that we create in order to lead very complex
lives. And so identity is never one thing of course. It is a very
broad range of normative ideas we have about being normal in
very different circumstances. And each circumstance requires a
13
script and the script is cultural and socio-cultural. As a
consequence it is an identity script - I have to become that
normative complex.
I am of course speaking as a scientist and this is how we see
identity at the lowest behavioural level. But we can see that
there is is no aggregate, no sort of “higher level” or “lower level”.
Let me give you an example: We just had the Football World
Cup and one of the really interesting things was the number of
Belgian flags here in this country, which was absolutely
unprecedented. I grew up in a society where maybe one out of
20 families would have a Belgian flag as an object at home,
whereas now in my own house there are four or five! And in my
street, which is a « superdiverse » area I counted 80 Belgian
flags in approximately 500-600 meters. It is unbelievable.
Do you agree that the diversification of identity triggers
certain societal insecurities and fears, which can easily be
exploited by populists? Do you not think that people seek
for a simple and safe definition of their identity, such as
nationality?
There is a clear reduction of the identity discourses not of
identity. We only see complications in the field of real lived
identity but in the field of discourses you see enormous
simplifications. And just to refer back to the example of the
Belgian flags: in our media there was the question “oh gosh, we
just had the elections where the nationalists had such a massive
victory and now they are loosing again due to the Red Devils”.
But this is nonsense because those things occupy entirely
different niches in our lives. So when it comes to football, beer or
French fries we are very Belgian but when it comes to electoral
dynamics, we are Flemish. And there is no contradiction
whatsoever, there is only a contradiction for those who indeed
organize the issues as mutually exclusive: either you are this or
you are that. And that is the main simplification we see – a
perpetual reduction of the complexity of identity to one level in
which you can only be one thing and you have to choose and
you have to have a ranking and choose the most important
aspect of your identity - while there is not a moment in life where
you can say that one identity overwhelms the other. There are
identities that you cannot change, such as your age, but that
does not always play an overwhelming role in the things I do.
For instance when I take a bus or train, my age or gender does
not count for much as I’m just a public transport user and that’s
it.
What would be the right answer to these simplified identity
discourses which exploit people’s insecurities? How can we
counter them?
I think that the most important answer is that there is nothing
wrong with being “inconsistent” and that what looks like
paradoxes – Flemish nationalists who cheer for the Red Devils –
there is not really a paradox there, and it is very ok not to be
consistent when it comes to identity because you cannot live
with only one identity. If you live with just one identity, there is a
word for it, its called autism. If you can only be one thing in any
social circumstance, you’re in trouble! You’re not “normal” so to
speak. So that is the message that needs to be brought across:
you can never be just one thing, and don’t worry, that’s great!
That is how we live our lives.
So I think even politically this is a very important message
because what really needs to be achieved I think is a relaxed
attitude vis-à-vis something about which in real life we are very
relaxed: identity.
http://www.kifkif.be
11
Where do you see the future of European national populist
parties and how can we counter the recent worrying trends
in Europe?
I think something fundamental needs to be done on the level of
democratic representation. The institutions are not in order and
that is a job that the EU needs to do for itself. We have just
witnessed another very disconcerting show in Brussels the other
day, trying to appoint a new president and a new Mrs Ashton by
political appointment. But this way the EU keeps giving people
like Mr Farage all the ammunition to wage the campaign that he
his waging. So something serious needs to be done on the level
of political representation and the democratic structure.
People need to feel that there are real interests. And there are
real interests! Most of the economic and environmental policy is
for instance determined by Europe. And the people need to feel
that their real interests are really represented by institutions,
which are responsive to what happens on the ground. I think that
is inevitable.
At the same time the hearts and the minds need to be won and I
would absolutely not continue as it has been done for a couple
of decades now in trying to develop this notion of European
identity. We don’t need it! I think it is a lot more important to say
that we need to think of European interests and European world
power. So what is the role of Europe in the world? How can we
contribute to making that role real? For instance by improving
the environment all over the world, by supporting peace all over
the world, democracy, social rights etc. I think that would be the
main issue in political education in the future.
Just to summarize: We need really profound and honest
institutional reform at a serious level and secondly in terms of
the creation of an ideological culture, it needs to be a culture of
interests and influence in the world. We need to start thinking of
ourselves as important world players who don’t do a job of being
important.
JAN BLOMMAERT – Professor of Language,
Culture and Globalization, Director of Babylon
Center for the Study of Superdiversity Tilburg
University, TSH-DCU
CONSPIRACY THEORIES: DEEPLY ENROOTED IN IDENTITY Conspiracy theories are mirrors of a community.
Everywhere in Europe – and even beyond – we
can find some popular conspiracy theories that
help communities to interpret the world, drawing
the borders of their in-group and defend the
identity of their own communities. Almost
nothing expresses better a group’s identity than
the conspiracy theories that they cultivate. And conspiracy theories, in very different forms, are abundant in
Europe nowadays. It seems that nowadays, In France, Hungary
and Slovakia, as we found in a joint report with Counterpoint
UK 14 , very significant numbers agree that it is not the
government that governs, but that someone else is pulling the
strings. Respondents indicated that international finance, other
countries and, especially in France, large media empires were
the major conspirators. Some other studies from Poland,
Greece, Hungary obviously prove that anti-Semitic conspiracy
theories (beliefs on that Jews want to get control the world from
the background) are notably popular. While conspiracy theories
can vary considerably among communities, it seems that postcrisis Europe is a fertile ground for such theories.
While conspiracy theories often seem innocently ridiculous at
first sight, they pose a threat to democratic and social peace in
different parts of Europe (and even elsewhere). The 20th century
clearly proved that conspiracy theories are capable of shaping
history in evil directions - it is enough to refer to the career of the
Protocols of Elders of Zion as the “institutionalized” World
Jewish Conspiracy theory which played a crucially important role
in legitimizing the Holocaust. Many conspiracy theories are
relentless in their targeting of minority groups – take for instance
the “Eurabia” conspiracy theory, which asserts that European
governments are deliberately and covertly encouraging the
growth of Muslims and Islamize Europe, or the conspiracy
theory, popular in the Eastern European radical right, that
powerful Jews are secretly orchestrating crimes committed by
Roma in order to provoke a civil war Hungary. These conspiracy
theories, among many others that are spread by nationalist and
populist politicians, spread fear and suspicion towards targeted
minorities that can undermine the democratic and peaceful
fundamentals of a society. It is hard to treat someone with equal
concern and respect if you suspect them of secretly holding
enormous power, particularly if you believe they are using that
power malevolently. “Outgroup-paranoia” rarely helps in building
trust. And as we could see several times in history, some
conspiracy theories can serve as the catalisators of violence –
that’s why the British Demos calls them, for example,
“radicalization multipliers”. The following quote by Anders
Behring Breivik sadly illustrates this principle: “Multiculturalism
(cultural Marxism/political correctness), as you might know, is
the root cause of the ongoing Islamisation of Europe which has
resulted in the ongoing Islamic colonisation of Europe through
demographic warfare (facilitated by our own leaders)”. Of
course, not all of conspiracy theories are leading directly to
violence, but most of the intergroup violence (especially the ones
14
http://deconspirator.com/wpcontent/uploads/2013/12/The_Conspiratorial_Mindset_in_an_Age_of_Transition.p
df
12
in the name of extremist ideologies) is breed by conspiracy
theories.
If some conspiracy theories are so dangerous, what to do with
them? Anti-Semitic or xenophobic conspiracy theories (for instance,
the “Eurabia” conspiracy theory that contends that European
governments are encouraging the spread of Islam to undermine
European values and traditions) are notoriously hard to tackle. The
results from our study suggest that the traditional strategy of
“debunking” theories is unlikely to work on its own. If conspiratorial
thinking is rooted in institutional distrust, then discrediting the
conspiracy theory will not address the underlying problem.
Instead, we argue that to address these conspiracy theories
campaigners need to engage with their roots: phenomena like
political transitions, perceived loss of control, and institutional
distrust. This of course will differ depending on the particular cultural
context. But combining an appreciation of the roots of the
conspiratorial mindset with an active debunking (even ridiculing)
strategy is likely to be the best way of undermining the most
dangerous and most catchy conspiracy theories.
Legal actions against advocates of conspiratorial hate speech are in
themselves unlikely to solve the overall problem. If the demand for
such theories prevails, they will re-emerge and feed populist and
extremist forces again and again.
PETER KREKO – Director of the Political
Capital Institute (PCI), co-chair at the EU
Radicalisation Awareness Network RANPrevent Working Group, Assistant Professor
of social psychology at Eötvös Loránd
University
QUAND L’ENFER EST TOUJOURS L’AUTRE Les récits de guerre rappellent aisément que,
malgré nombre d’envolées de propagande
idéologiquement teintées laissant penser l’inverse,
les soldats des 19ème et 20ème siècle ne partent
plus la fleur au fusil, et que l’absurdité des conflits
plombe leur moral au creux des tranchées.
attributs mystiques, qui sont aussi les outils des religions, aident
à ancrer un message de substance à assumer les pertes de la
diversité que le nationalisme a pour vocation de dépasser au
nom de l’Un.
La nation est un narcissisme collectif par lequel l’individu se sent
échapper à sa destinée individuelle, pesante, et se laisse
volontairement engloutit par le confort de la meute. Le
géopolitologue François Thual se réfère lui aussi à cette idée de
narcissisme. Il définit le conflit identitaire comme véhément par
nature, car « c’est un conflit qui touche au fondement des
sociétés, là où l’imaginaire collectif et celui de chacun des
membres de la société se retrouvent de façon fusionnelle (...) En
fait, les conflits identitaires sont des conflits où s’affrontent des
narcissismes collectifs en ce sens qu’ils touchent à la fois à
l’individu et au groupe auquel l’individu appartient et par lequel il
existe » 16 . Alors, le nationalisme est-il finalement la forme
concrète prise par une projection psychique sous forme de
besoin narcissique ? Comme le montre Samir Amin dans son
ouvrage L’ethnie à l’assaut des nations, ce qu’on appelle une
nation floue « repose sur des définitions irrationnelles, sur un
narcissisme de groupe, et aussi sur la certitude de la supériorité
du groupe et la quasi-incommunicabilité de ses particularités à
tout élément extérieur. C’est bien ce qu’il y a de terrifiant dans
l’identitaire. La peur de disparaître le conduit à faire disparaître
les autres » 17 . Car le problème du narcissisme, qu’il soit
individuel ou collectif, c’est qu’il repose toujours sur une blessure
– une blessure difficilement soignable et qui pousse à la
perpétuelle recherche de confirmations. Tel Narcisse incapable
de détacher ses yeux de son reflet pour vérifier qu’il est toujours
beau, la nation est, par son narcissisme, prisonnière de sa
propre image et va rechercher en permanence des preuves de
cet amour qu’elle se porte, des preuves d’existence et de
légitimité. Et, surtout, ce narcissisme va se nourrir des peurs que
peuvent provoquer les autres nations, le monde extérieur,
auquel on prête naturellement les mêmes mouvements
potentiellement expansionnistes. Car tel est le drame : pour se
légitimer s’ancrer solidement dans les méandres du temps, une
nation est obligée d’être en mouvement, de valoriser et de
propager son identité. Inévitablement, elle se heurte à l’identité
des autres. Inévitablement elle prête aux autres les mêmes
velléités que celles qu’elle nourrit, et puise dans ces supposées
velléités adverses le fruit d’une légitimité de défense, une peur
qui renfloue le sentiment identitaire avec un drapeau rouge tout
simple à agiter devant les yeux de sa population : « on veut
notre disparition ». Et c’est alors que le narcissisme de la nation
devient le véhicule des peurs identitaires.
Le culte rendu à la nation est plus subtil qu’un modèle mettant
aux prises une idole et des paroissiens. Dans la nation,
l’enthousiasme et l’égrégore sont collectifs. Ernest Gellner, dans
son ouvrage classique Nations et nationalismes, rappelle, en
écho à Emile Durkheim, que la nation est le nom du culte qu’une
société se rend à elle-même : « A l’âge nationaliste, les sociétés
se vouent un culte à elles-mêmes, de manière tout-à-fait ouverte
et impudente, au mépris de toute pudeur. A Nuremberg,
l’Allemagne nazie ne s’est pas vénérée en prétendant adorer
Dieu ou même Wotan ; elle s’est adorée elle-même
ouvertement » 15 . La nation ne serait, ainsi, finalement, qu’un
gigantesque narcissisme collectif : les patriotes adhèrent au
projet national pour s’aimer eux-mêmes au travers de cet
amour ; c’est à cela que servent les rituels de la nation :
drapeaux,
discours,
fanions,
hymnes,
symboles,
rassemblements de foule, chants, préceptes : l’ensemble de ces
La meilleure preuve que la nation est le produit d’un processus
narcissique est la tendance propre au processus identitaire à se
15
16
GELLNER, Ernest, Nations and Nationalism, Basil Blackwell, Oxford, 1983, trad. par
Bénédicte Pineau, Nations et nationalismes, Payot, 1989, p. 87.
17
THUAL, François, Les conflits identitaires, Paris, Ellipses, 1998, p. 4.
THUAL, François, op. cit., p. 172.
13
considérer de prime abord toujours en tant que victime, tant est
profonde la cécité entretenue par un groupe sur les effets que
propre identité peut imposer à autrui. Prisonnier dans un
égocentrisme qui identifie l’extérieur à une menace
permanente, le groupe identitaire perçoit avec grande sensibilité
et hyperréactivité la moindre imposition qui est faite à sa propre
identité, voire le moindre geste qui pourrait être interprété
comme tel. Nous l’avons vu ; les discours nationalistes sont
systématiquement victimaires. Dans l’ère moderne, nul pays ne
peut ouvertement assumer qu’il agresse ou envahit un autre par
impérialisme ou parce qu’on a les moyens de le faire, ni même
par justification d’agrandissement de son espace vital. Même
Hitler a justifié chacune de ses annexions engrangées entre
1933 et 1939 par une préoccupation présentée comme légitime,
puisant ses racines dans les blessures infligées à l’Allemagne
par le traité de Versailles : le souci de réunir au Reich tout ce qui
parlait allemand, pour ramener au bercail les malheureux
germanophones des Sudètes et d’ailleurs, dont on postulait la
nécessaire souffrance comme levier de réparation d’une
injustice. La revendication nationaliste se doit de mettre en
avant, si besoin en dépit de la réalité, une double antériorité :
une antériorité chronologique exprimant la possession première
du territoire (« nous étions là avant ») et une antériorité morale
exprimant une faute commise par une identité autre et justifiant
une action prétendument proportionnée (« ce n’est pas nous qui
avons commencé »). Les futurs bourreaux se doivent
d’incriminer leurs futures victimes. Les nazis vis-à-vis des Juifs,
les hutus face aux tutsi ont toujours dû se présenter comme les
victimes passées… ou futures de leurs propres victimes ; le
processus victimaire est redoutable, en effet, par son pouvoir de
mobiliser non seulement au départ de faits historiques ou de
situations passées, mais également en vertu au titre de
prévention de menaces à venir. Par ce biais, une fois la
mécanique identitaire mise en route, l’invocation de la menace
peut s’alimenter de tout ce que l’imagination humaine peut
permettre de faire craindre ou de représenter. Même contre
l’évidence du présent : le ressort psychologique de la blessure
narcissique permet d’aller rechercher dans un passé, réel ou
mythique, les arguments permettant de mobiliser les peurs
envers son propre groupe pour justifier la guerre ou les
exactions contre un autre groupe, qui soit se serait révélé
coupable d’exactions semblables par le passé, soit pourrait
raisonnablement constituer une menace à l’avenir. Et lorsqu’on
touche à la question de la survie, toutes les balises, toutes les
frontières morales peuvent sauter. « C’est eux ou nous ». La
nation se veut ainsi refoulement du présent, et donc de la réalité,
sur la base d’une mobilisation du passé et de l’avenir lui
permettant de se maintenir en suspension comme promesse,
imaginaire, mouvement. Car dès qu’il n’y a plus de mouvement,
dès que la réalité rattrape la promesse de totalité incarnée par la
nation, se forme un décalage potentiellement destructeur pour
l’identité qui la porte.
« Il y a conflit identitaire, indique François Thual, lorsque la
survie réelle ou fantasmatique du groupe est en jeu, quand
celui-ci se sent dépossédé non seulement d’un territoire ou de
son territoire, mais plus gravement lorsqu’il se sent dépossédé
de son droit de vivre, de son identité et de sa spécificité »18 . La
nation se révèle, ainsi, être par essence le produit d’une peur
profonde,
existentielle,
et
irrépressible :
celle
de
l’anéantissement. « Le cœur nucléaire des conflits identitaires, si
on voulait emprunter des expressions à la psychanalyse, n’est
pas loin de ressembler au complexe de castration »19 suggère
François Thual. C’est cela qu’il faut comprendre, en particulier,
dans un 21ème siècle où la peur de la disparition physique n’est
plus à la racine de la plupart des revendications identitaires – en
Europe en tout cas – mais où la crainte de disparition culturelle,
symbolique est, elle, toujours bel et bien présente, peut-être
18
19
THUAL, François, op. cit., p.6.
THUAL, François, op. cit., p. 5.
même avec une acuité d’autant plus importante que le monde
est devenu celui de la communication, de la culture, de la
parole, bref de l’existence et de la preuve de l’existence par des
ressorts identitaires puissants. C’est non seulement la survie
matérielle, mais surtout la survie culturelle et psychologique qui
est en jeu dans la nation. Or – et telle est la réalité dans laquelle
nous devons évoluer – le caractère non-violent de la menace
identitaire culturelle n’empêche pas l’angoisse existentielle de se
manifester avec ferveur ; car alors que la menace physique de
disparition diminue, la prise de conscience de la contingence
des identités augmente.
Ce qui est investi dans la nation explique la ferveur avec laquelle
on défend ce qu’elle représente, car en elle réside un point ou
l’ego individuel se fond dans l’entreprise collective. Le constat
n’est certes pas nouveau et peut être posé depuis l’émergence
des Etats-nations ; mais la postmodernité a offert à cette liaison
entre narcissismes individuel et collectif un viatique nouveau,
viral et percutant : les médias de masse. Ce qui a changé avec
la société post-industrielle d’après-guerre est le rôle catalyseur
pris par les médias dans l’attisement du sentiment national :
« l’exposition des médias télévisuels et visuels, écrit François
Thual, permet encore plus que par le passé de densifier la
revendication, d’exaspérer les hantises et d’intensifier les
menaces. La conductibilité interne et externe des thèmes
identitaires a été accélérée par le progrès des techniques de
communication (…) Les médias transforment l’identitaire en un
torrent émotionnel de sons et d’images » 20 . Dans l’univers
médiatique post-industriel, il suffit de montrer le chaos de
l’extérieur pour revigorer le sentiment identitaire, dont le principal
carburant est la peur de l’autre. Les médias jouent donc un rôle
décisif ; c’est par eux que se transmettent les idées et, plus
largement, que peut se forger le sentiment identitaire en basant
des messages sur les émotions du public. « En cette fin de
20ème siècle, écrit Thual, les moyens médiatiques, télévision,
radio, cassette et bientôt multimédia interviennent comme un
surgénérateur de l’identitaire. En relayant l’angoisse collective
tous azimuts, le médiatique durcit les positions ». Le radicalisme
des points de vue et les crispations de valeurs et d’identités,
ainsi, se trouvent échauffées, renforcées et cristallisées par des
médias qui non seulement permettent la diffusion d’une
information, mais aussi agrègent un sentiment partagé collectif,
par lequel chacun se sait récepteur parmi d’autres d’un message
et d’une émotion et se sent donc, en puissance, partie à un
processus qui le dépasse. Le salut ne peut donc venir que par
une prise de conscience qui, elle, ne peut être qu’individuelle :
ce n’est que par l’intelligence de chacun à résister au
conformisme ambiant, tel que produit par le narcissisme
identitaire, que peut se construire une citoyenneté libre, critique
et susceptible de résister aux raccourcis inhérents à tous les
populismes.
FRANCOIS DE SMET – Docteur en
philosophie, Université Libre de Bruxelles,
Chroniqueur pour La Libre Belgique,
Collaborateur scientifique au Centre
interdisciplinaire d’étude des religions et de
la laicité CIERL (ULB) 20
Ibid.
14
HOW HAVE LEVELS OF INTOLERANCE CHANGED IN WESTERN EUROPE ? This infographic reflects the key findings of a study conducted by
Rand Europe and supported by the Open Society Foundations,
aiming to situate the widely-shared perception of rising
intolerance in Western Europe in the context of empirical
evidence on high-level trends in intolerant attitudes in Western
Europe. Through analysis of European datasets, a review of
empirical literature, and assessments of trends in selected
individual countries, the study explores whether intolerance has
risen more in some countries than others, whether it has risen
more against particular groups, if such attitudes are particularly
prevalent among subgroups of the population and if there are
clear patterns of association with trends in wider political, social,
economic and cultural factors.
The full report can be found here:
http://www.rand.org/pubs/research_reports/RR334.html%20
15
ON THE POWER OF WORDS : THE ANTI-­‐
MIGRATION DISCOURSE WITH REGARD TO ROMANIAN AND BULGARIAN CITIZENS IN France AND GREAT BRITAIN
Since the first of January 2014, Romanians and
Bulgarians have acquired the right to work in all
the EU member states: they are therefore no
longer required to obtain prior authorization, they
no more need an accession worker card or a
registration certificate, as evidence of permission
to work or of their right to reside as a worker.
Freedom of movement and immigration policies: let’s make
the correct distinction
The entire debate around the opening of the labour market was
driven in a nebulous context that led implicitly to
misunderstandings and misinterpretations. Willingly or not, some
of the political actors of the two countries mixed in the same
discussions two fundamentally different principles. The
discourse targeting Romanians and Bulgarians was based on a
combination of notions such as “immigration”, “work mobility”
and “freedom of movement”, resulting in a misapprehension of
the legal regimes behind. Whereas the immigration policies
(Article 79 of the Lisbon Treaty) look into the movement of third
country nationals to the EU, the freedom of movement is a policy
chapter of the Acquis communautaire and a fundamental right
guaranteed to EU citizens by the Treaties (Directive 2004/38/EC
on the right of citizens of the Union and their family members to
move and reside freely within the territory of the EU and EEA
member states). A discussion and a fair debate on this topic
should maybe focus on another question, that is: “should we still
call a “migrant” an EU citizen who enjoys his fundamental right
of free movement?”. Nevertheless, there are aspects that remain
to be cleared up, before taking this yet another sensitive step.
Instead of being a moment of fulfilling, which encompasses the
liberalization of the labour market and the principle of freedom of
movement, putting an equal between all the citizens of the
European Union, 1st of January 2014 turned into an endless
fierce debate about the European Union and its capacity of
being politically sustainable, while united in diversity, a debate
topped with questions that undoubtedly dig up its own roots and
foundation stones. This debate, fuelled by the extremist parties
and held by the media and particularly by the tabloid journalism,
has brought continuously to the attention of the public the good,
the bad and the ugly parts of European integration. Maybe less
the good and definitely more the bad and the ugly.
The stories predicting invasions of Romanians and Bulgarians
hit the headlines of the main journals in several European
countries, and in two of them in particular: France and United
Kingdom. A very important subject such as migration was little
explained, blunted and set in a context that completely left aside
the real advantages and benefits of work migration. The
chronicles about the masses of Romanians and Bulgarians
ready to raid into Great Britain and France became popular in
the tabloid media (but not only), bringing to the fore reactions
that eventually boosted the electoral support for the far-right
parties in the two countries.
The electoral share of the far-right parties in France and UK, the
main suppliers of radical reactions with regards to the two
communities, has grown considerably during the past elections:
both Front National and United Kingdom Independence Party
ended the European election race on the first place, enjoying the
support of a quarter of the electorate: 24.95% (FN) and 27.5%
(UKIP). The migration debates subsequent to January 1 have
brought to the fore side reactions of centrist parties that in some
sort legitimized the radical positions. In UK, for instance, the
debate on the Immigration Bill put together “foreign criminals”,
“illegal immigrants”, “suspected terrorists” and... Romanian and
Bulgarian workers! The unfortunate juxtaposition, supported by a
firm position assumed by the Conservative Prime Minister to
reduce the number of migrants, placed the citizens of the two
member states in a grey area.
For some, the migration debate is old story (for instance, at the
time of UK’s accession to the EU, the French media was voicing
against the “uncivil Brits”), but the economic crisis and the
austerity measures that came along lead people in actively
searching for scapegoats, assuming that the few resources left
must be spent on the own citizens, at the expense of migrants.
The crisis functioned as a catalyst, taking an important debate
such as migration to primetime, where a balanced and reasoned
approach does not always sell. Assuredly, the widespread of the
anti-migration discourse was energized by the economic
difficulties, but it was also influenced by people priorities and
concerns over the economy shifting and by a growing frustration
towards the rapidly changing society. The radical rhetoric,
simplistic and with immediate responses, was the only one
concretely addressing people’s fears and therefore very catchy.
Browsing the French and British media for the end of 2013 and
the beginning of 2014 brought up over 200 articles dealing with
the subject of liberalization of the labour markets and the
hypothetical invasion. Even though the media offered also space
for pro-migrant arguments, the news explaining rationally and on
a moderate tone the phenomena had less appeal in comparison
to the shocking headlines of the tabloids (“Waves of migrants
from the eastern countries” (Derby Telegraph, UK), “Swarm of
migrants” coming to “steal jobs and live on social benefits” (Daily
Star, UK), “High costs of migrants” (The Telegraph, UK),
“Aggressive beggars” (Mail Online, UK), “penniless immigrants”
(London Evening Standard, UK), “Measures against migrants”,
the beneficiaries of an “irresponsible” open-door immigration
policy “dictated by Brussels” (Daily Mail, UK), “Aberration en
16
période de crise (Le Parisien, FR), "C’est une menace, et j’y suis
opposé"(Libération, citing a UMP mayor), “Comme les oiseaux,
les Roms volent naturellement” (le Point, citing Jean-Marie Le
Pen), “La délinquance roumaine se fait plus agressive ” (Le
Figaro)). The image of the Romanian and Bulgarian citizens was
built out of negative adjectives and stereotypes, the vocabulary
associated to them (as threat, security issue and invader,
unemployed, beggar, fraudster or criminal), determining the
prevalent portrait of the citizen resident in another European
country. The media had a critical and very powerful contribution
in the debate on the migration of EU-2 nationals, playing the
fourth power in the state. What is more, it had the ability to carve
public opinion, by raising awareness and by exacerbating
feelings.
Being the “new kids on the block”, Romanian and Bulgarian
mobile citizens were easy targets and perfect scapegoats, as the
most recent significant wave of migrants that got access on the
western labour markets. Some experts argue that it was by
misleading discourse and by easy quid-pro-quo that the
Romanian and Bulgarian communities were targeted in a
situation that goes beyond their direct influence: hard economic
times have always been fertile field for the rise of the extreme
parties and the lack of leadership at EU level diminished the
trust in EU and made Member States think narrow-mindedly in
purely national terms.
The EU2 nationals were caught between sentiments of EUphoria
and EUphobia: whereas for the two countries 1st of January
2014 meant a moment of accomplishment, for the countries
opening their labour markets constituted the rise of the far right
and the very beginning of deliberations with regard to their EU
membership. The EU was expected to perform on the question
of freedom of movement, but has proved once again the
incapacity to sell its products, this time one of the fundamental
pillars of the European construction: the principle of freedom of
movement. However, the challenge of the EU today does not
just simply stand in explaining how it works or in pointing out its
advantages, but in telling a different story and using a narrative
that could undermine the one told until now. Just as the
European migrants, the EU was used as convenient scapegoat
and the so-called invasion was perceived as the result of politics
“dictated by Brussels”. The position of the EU appeared as very
weak and it was foreseen to remain weak, in the absence of a
leader strong enough to have authority over the Member States,
popular and charismatic enough to attract audience and to win
back the distrustful citizens and with clear vision, in order to
restore the shallow identity of the EU.
Confessedly, the good news don’t seem to spread as fast as the
bad news and dispelling the myths will take longer and appear to
be more problematic than building one’s image with negative
adjectives and stereotypes. As the far right and its rhetoric
breaths with the help of instigant allegations and shocking
headlines, a transversal strategy towards them is advisable. As
proved in some cases (Front National in France, for instance),
driving them into a corner might result in a counteroffensive,
reaching even more scope and approval. Their success,
confirmed at the past elections, is based on the core spirit of
populist rhetoric and their ability to appeal to people’s feelings
and worries, simultaneously supported by the 24 hour news
cycle and the need for a strong, controversial and debatable
subject. Certainly, there is no all-in-one-solution, so much the
more as the radical rhetoric is so different and dissimilar across
the countries, but humour and satire can be useful tools against.
Mocking their narrative in trying to counterbalance their simplistic
and short-sighted positions proves to be the most reasonable
approach and several social media campaigns functioned to that
effect (“Why don’t you come over” campaign, realized by the
Romanian journal Gândul, or the backfiring twitter hash tag
campaign by a large number of non-Ukip supporters #WhyImVotingUKIP, intentionally created to promote the party).
The real danger that remains the day after a shocking headline
is replaced by another sensational story consists in
mainstreaming these positions, once stances of the far-right.
Both UK and France have seen a rise of the far right parties
during the last national and European elections, but also a
tendency of the mainstream actors towards the adoption of
some of these attitudes, giving them oxygen and credibility in the
public debate. Having to deal with a deceived public, with people
feeling disconnected from the state and finding out that the
promises by the political class have been broken constantly, the
centrist parties face the risk of “sliding into sin”, if not careful with
how they articulate and decide to deal with these matters.
Over the time, the rhetoric of the far-right and the anti-migration
discourse had its ups and downs, gaining success mainly in
difficult economic times. Notwithstanding, the consequences of
their wide spreading can hardly and only to a certain point be
measured. With regard to Romanian and Bulgarian mobile
citizens, facts flat out denied the existing apprehensions and
ridicule political exaggerations, but the circumstance that these
were extensively spread and accepted influenced decisively the
public debate and offered a framework for xenophobic
messages and discriminatory attitudes towards the two
communities.
Some say that any other country in the role of Romania and
Bulgaria would have faced the same aggressive and harsh
rhetoric and it was hence bad luck and bad timing, but clearing
their image and overcoming prejudice will definitely ask for more
than just good luck.
The full report “The anti-migration discourse with regard to
Romanian and Bulgarian citizens in France and Great Britain:
between blame culture, negative stereotypes and prejudice” can
be downloaded here: http://www.crpe.ro/en/anti-migrationdiscourse-regard-romanian-bulgarian-citizens-france-uk/
ANDREEA CALBEAZA – Policy Research
Fellow Open Society Foundations within the
Romanian Centre for European Policies
Main concerns of European citizens at national level21
Immigration as one of the 2 main concerns
50 UK 40 30 France 20 10 0 21
EU 25/27/2
8 Eurobarometer http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb_arch_en.htm
17
Main concerns EU wide
Terrorism Environment, climate Housing Educa,on system Pensions Taxa,on Crime Health and social Immigra,on Rising prices/ Na,onal economic Unemployment du CPAS, les demandeurs d’emploi et les étrangers. Il nous
paraissait important de remettre de l’ordre dans les informations
qui circulaient, entre autres, sur internet.
EB 66 autumn 2006 EB 80 autumn 2013 0 10 20 30 40 50 60 En direct du terrain –
Applied solutions
ETRANGERS, CPAS, CHOMEURS, STOP AU JEU DE MASSACRE ! « On ne peut pas accueillir toute la misère du
monde » « Nous n’avons pas le choix, il faut les
expulser ! » « L’immigration nous appauvrit ! »
« Les chômeurs doivent se rendre utiles » « Ils ne
cherchent pas assez ! » « Ils profitent du
système ! » « On est trop laxistes en Belgique. »
« Ils sont beaucoup trop nombreux à recevoir des
aides » « Ils fraudent énormément »…
Toutes ces idées reçues polluent les réseaux sociaux, les
forums ou même quelques fois les articles de presse. Ras le bol
de voir avec quelle facilité ces messages circulent dans les
forums et sont alimentés par d’autres, plus durs encore sans
mise en contexte, sans arguments contraires pour équilibrer les
propos. Ras- le- bol de voir avec quelle rapidité ces sentiments
subjectifs peuvent « contaminer » l’opinion et faire de
perceptions, des faits objectifs.
La campagne « Le jeu de massacre, ça fait mal ! » lancée en
mai par les Equipes Populaires a pour objectif de rétablir une
certaine vérité, démonter les idées reçues par l’utilisation
d’arguments objectifs sans porter de jugement de valeur. L’enjeu
est important, celui d’arriver à toucher un public qui
généralement ne veut lire que ce qu’il veut entendre où qui est
persuadé d’avoir raison, aveuglé par sa situation de vie
généralement difficile. Et ce, dans un contexte de crise
économique qui produit une division, une concurrence, même au
sein des publics fragilisés.
Remettre de l’ordre dans les idées
Pour ce faire, nous avons décortiqué les commentaires qui
foisonnent sur les forums des médias en ligne et nous avons
identifié des messages récurrents, aussi bien au niveau du fond
que du destinataire (étranger, bénéficiaire du CPAS,
chômeur…). Nous avons opté pour un argumentaire objectif
sans partir du principe que les opinions recueillies sur les forums
étaient inexactes : Maggie de Block nous sauve-t-elle de
“l’invasion” des migrants ? Les immigrés nous volent-ils notre
travail ? Les immigrés coûtent-ils cher à l’Etat ? La dégressivité
des allocations de chômage poussera-t-elle les chômeurs à
travailler ? Gagnent-ils vraiment plus que moi qui travaille ? Eston vraiment trop laxistes en Belgique ? Lutter contre la fraude
sociale va-t-il équilibrer les dépenses de l’Etat ? Les minimexés
devraient-ils faire des travaux d’intérêt général gratuits pour
mériter leurs allocations ? A l’aide de chiffres, de témoignages
mais aussi d’analyses scientifiques nous avons démontré
l’incohérence de ce type de raisonnement. (Voir encadré 1)
Mais il ne suffit pas de dénoncer, il faut aussi proposer des
solutions (Voir encadré 2). Celles-ci sont brièvement décrites
dans le magazine de campagne. Ce dernier est largement
diffusé via notre réseau associatif, dans les lieux d’animations
mais aussi au sein de nos groupes de citoyens qui utilisent l’outil
pour se faire leur propre idée. Il est téléchargeable gratuitement
sur notre site web.
Mais les écrits ne suffisent pas : Comment associer les gens à
notre ras-le-bol ? Par une action concrète, qui leur permettrait
d’influer directement sur ces idées reçues. Nous avons proposé
à tout un chacun de riposter sur les forums des médias en ligne.
Ensemble sur la toile
« Dans les situations de tensions, de récessions
économiques, d’épidémie, les sentiments de frustrations et
de peur sont très forts. Il se crée une forte tension, un désir
de supprimer ces frustrations » René Girard
Beaucoup de commentaires postés sur les forums sont pris pour
vrai par une partie de la population, au même titre qu’une
information vérifiée. C’est pourquoi il était important pour nous
d’impulser une action auprès des citoyens.
Nous avons édité un magazine qui reprend les principales
fausses idées nourries à l’égard de trois profils : les bénéficiaires
Des groupes de vigilance citoyenne se sont constitués en
Wallonie et à Bruxelles. Nous leur avons proposé des
18
arguments « clefs sur porte » mais aussi de rédiger leur propre
argumentaire sur base du magazine et d’autres documents que
nous leur avons fournis. Les participants ont choisi ensemble
des articles sujets à polémique et ont semé leurs « vraies
bonnes idées ».
estime que l’immigration coûte entre 4 et 8 milliards par an au
budget de l’Etat. Etant donné que la situation du chômage est
comparable avec la Belgique, on peut dire que l’immigration
coûterait approximativement 1 à 2 milliards par an au budget de
l’Etat belge. C’est un coût relativement faible.
Cette action collective a fait prendre conscience que la
démarche est à la portée de tous et leur a permis de dépasser le
sentiment d’impuissance.
Pourquoi alors ramener systématiquement cet argument sur la table
? Nous bénéficions tous d’une manière ou d’une autre, de l’aide ou
de la protection sociale. L’immigration a un coût dans certains pays
mais elle rapporte également ! Le bénéfice tiré de l’immigration dans
certains pays comme le Canada par exemple s’explique aussi par le
fait qu’ils pratiquent l’immigration choisie mais ce n’est pas vrai pour
tous les pays. En France, une équipe de chercheurs de l’université
de Lille a réalisé une étude en 2009. Celle-ci mettait en évidence le
gain de l’immigration pour l’Etat français : plus de 12 milliards
d’euros par an. En Belgique, en 2013, chaque immigré a rapporté
3500 euros aux caisses de l’État, selon un récent rapport de
l’OCDE.
Au-delà de nos groupes, nous avons axé notre communication
sur les réseaux sociaux en invitant les internautes à envahir la
toile de messages à contre-courant. Cette « veille » appartient à
tous, tout le monde peut facilement se saisir de la responsabilité
de répliquer lorsqu’un commentaire est faux et qu’il peut
influencer, altérer notre conception du monde.
Nous avons également développé un « jeu de massacre » pour
animer les débats pré-electoraux auxquels nos militants se sont
invités. Ce jeu consiste à lancer des balles sur des pyramides de
conserves. Le participant aura le choix de tirer sur des visages
ou de pulvériser la pyramide des fausses bonnes idées. Il pourra
en fin de parcours proposer de vraies bonnes idées et proposer
ainsi une réelle alternative aux solutions simplistes souvent
évoquées pour atténuer les dégâts de la crise économique.
La crise fabrique des boucs émissaires. Ce n’est pas un hasard
si les messages de rancœur et de haine gagnent du terrain en
période de crise. Les discours sur l’austérité (“Tout le monde
doit faire des efforts”) véhiculent des messages stigmatisant les
personnes déjà vulnérables. Elles sont une première fois
victimes de la crise, et une seconde fois victimes des préjugés !
Le jeu de massacre, ça fait très mal. Et ça ne résout en rien les
problèmes de fond : le manque d’emplois, les inégalités
croissantes de revenus, une politique d’immigration
désastreuse, une fiscalité inéquitable…
Il va de soi que combattre les injustices et les inégalités ne se
fera pas en un jour. Cela dit, il est important de se mobiliser pour
ce qui pose réellement problème dans la société : la répartition
inégale des ressources et des revenus. Ne cédons pas à la
facilité… Ne nous trompons pas de cible.
Encadré 1 : « On ne peut pas accueillir tous ces immigrés parce
qu’ils coûtent cher à l’Etat et qu’en temps de crise économique,
on ne peut pas se le permettre. » Mais combien coûtent-ils au
juste ? Selon François Gemenne, chercheur à l’Université de Liège,
la Belgique est un des seuls pays industrialisés avec la France dans
lequel l’immigration coûte un peu d’argent. Parce que chez nous, le
taux de chômage de la population immigrée est plus important par
rapport aux autres pays européens. En effet, Il y a trois fois plus de
demandeurs d’emploi auprès des immigrés qu’au sein des belges.
Donc, cela prouverait qu’ils viennent chez nous pour profiter des
aides sociales ? Là encore, il faut chercher plus loin que les idées
simplistes, se documenter, croiser les différentes informations et on
en arrive à la conclusion que l’importance du taux de chômage chez
les immigrés est essentiellement dû à la discrimination existante sur
le marché de l’emploi. Plusieurs études récentes dont le monitoring
socio-économique élaboré par le SPF Emploi et le Centre pour
l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR) l’ont
d’ailleurs démontré. Lutter contre cette discrimination à l’embauche,
ramener le taux de chômage des immigrés à celui de la population
belge, rapporterait 1% du PIB selon l’OCDE.
Extrait « Le jeu de massacre, ça fait mal », dossier Contrastes
spécial campagne. Téléchargeable sur www.equipespopulaires.be rubrique supports de campagne.
Encadré 2 : LA RE-POLITISATION DES ENJEUX DE SOCIÉTÉ,
FACE À LA SUPRÉMATIE ARROGANTE DU MONDE
ÉCONOMICO-FINANCIER :
Par exemple :
• Préserver de la marchandisation et de la concurrence les secteurs
d’activités qui rencontrent des besoins fondamentaux, comme
l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, les services postaux,
l’énergie…
• Instaurer une vraie gouvernance économique au sein de la zone
euro. Pour coordonner des politiques économiques, fiscales et de
régulation indispensables.
• Soutenir pleinement la dynamique associative. Car c’est par
l’articulation bien comprise entre les
mouvements collectifs et l’action politique que l’on fait vivre la
démocratie et que l’on produit du droit.
Extrait « Le jeu de massacre, ça fait mal », dossier Contrastes
spécial campagne. Téléchargeable sur www.equipespopulaires.be rubrique supports de campagne.
CLAUDIA BENEDETTO – Collaboratrice au
magazine
Contrastes,
Chargée
de
communication aux Equipes Populaires
De plus, selon le bulletin statistique du SPP Intégration sociale, les
bénéficiaires d’un revenu d’intégration sociale sont principalement
de nationalité belge. En 2012, moins d’un bénéficiaire sur 10 était
ressortissant d’un pays de l’Union européenne et environ un sur cinq
avait une nationalité extra-européenne. Oui… même considérant
ces éléments, l’immigration a un coût me direz-vous ! En France, on
19
Openness to other EU countries: In the past 12 months
have you… (EB autumn 2013)22
Read a book, newspaper or magazine in a Watched TV programmes in a language other than Identity populism No What does identity populism mean to you?
Yes, once or twice Visited another EU country The political attempt to construct a national ethos around ethnic,
religious, and/or linguistic origins causes exclusion by seeing
outsiders of the pre-defined group as a threat to society's
"purity". It is often accompanied by an alleged metaphysical
national fate or a historic mission which is endangered by
"others" who don't belong to the "real" demos.
Yes, on several occasions Socialised with people from another EU country 0 20 40 60 80 Space for you!
PORTRAIT: DAN SOBOVITZ In the section « Space for you » one individual
will answer questions about him/herself, identity
populism, European identity and living together.
In this edition Dan Sobovitz speaks about his own
particular background and explains how this has
shaped his views about populism, identity,
diversity and community.
Yourself What are your origins?
I spent my childhood between a Jewish settlement of the West
Bank and the US, and my adulthood years in Israel, France,
Germany, the US, and Belgium. Further back, my father's
parents were Holocaust survivors who migrated to Israel after
the war from Hungary and Czechoslovakia. On my mother's
side, I have a Swiss grandmother and a (rare) grandfather who
is the 9th generation to be born in Israel/Palestine.
What is your current occupation?
I advise the European Commission on its online communication
and public campaigns. Recently, I've joined the communication
team of the Humanitarian Aid and Civil Protection department,
also known as DG ECHO. We try to make EU citizens more
aware of the life-savings actions, being done on their behalf
around the world.
Why did you join Ceci n’est pas une crise?
The danger of populist political parties which base their
ideologies on hate and scapegoating is not unique to any
specific country or a political context; nor is it necessarily related
to ethnic or religious conflicts.
It is a rising phenomenon which is currently gaining momentum
in many countries, even rich, peaceful ones, ones with long
histories of democratic values. It is therefore imperative to
22
understand the origins of identity populism on a global scale,
and find the most appropriate response to defending democratic
values – wherever they are being threatened.
Eurobarometer http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb_arch_en.htm
What are its main causes and challenges according to you?
The democratic model is expecting a great deal of responsibility
from its citizens in making their civic choices. In the (original)
ancient Greek democracy, free men had the time and resources
to engage in public debates.
Modern citizens, however, who are often busy with their own
survival, are seeking quick and simple answers to their problems
in a fast-changing society. Technology has taken the process of
simplification even a step further when a political message is
often limited to a 140-character tweet.
This is a very fertile ground for opportunistic politicians who
recognise the political gain of treating genuine problems with
unsounded over-simplified solutions, which are often based on
hate and scapegoating.
Who are the three most common scapegoats used by
identity populists?
Historically, it has been easier to build purist identities around
ethno-religious lines. However, populists are opportunistic in
essence, and will choose their victims strategically based on preexisting or potential tensions which can be magnified for gaining
political capital. Scapegoating has therefore no rules and can
also target groups based on their linguistic origins, sexual
orientation, political affiliation, or even gender.
European identity What are the 5 most important words that define European
identity for you?
Diversity,
human
multilingualism
rights,
solidarity,
environmentalism,
How can a European identity be fostered? What will make
people feel European?
The EU is lacking sex-appeal. It has revolutionised the lives of
millions by creating a sustainable peace, removing borders and
creating endless opportunities, yet, it is still an amorphic creature
which is difficult to grasp, let alone to identify with.
It is not enough to create a political framework and expect
citizens to gradually identify with it (as can be attested by the
reality in the Middle East where pre-state identities are rising
back, challenging the post-colonial borders). An identity is a
dynamic and fluid construction which the EU will need to
constantly invest in and sustain by building a stronger "brand".
We need to bring EU politics closer to the people by further
democratising it and simplifying its political processes. The
20
introduction of a quasi-direct vote for the European
Commission's president was a powerful move in that direction.
one that Europe is trying to create which is much and more fluid
and broad.
It is also about imminent symbols such as building a true
European capital, which citizens from across Europe can visit.
Rather than mere glass buildings with endless (grey) offices of
EU institutions, it should offer visitors uplifting museums about
the European accomplishments, statues of European heroes, a
place of which Europeans can take true pride.
DAN SOBOVITZ – Co-founder Ceci n’est pas
une crise – This is not a crisis, Strategic
Consultant at the European Commission
What is your vision for Europe (not the EU)?
I believe a society is not measured by its innovative economy,
military power, or even scientific accomplishments but rather by
the well-being of its margins; the way it treats its ethnic,
religious, and sexual minorities, its old, poor, and sick.
Values representing best the EU (EB autumn 2013)23
Self-­‐fulfilment Religion Tolerance Equality Solidarity, support for Respect for human life Respect for other Rule of Law Individual freedom Democracy Human rights Peace I reclaimed my grandparents' nationalities and moved to Europe
out of conviction that the horrors of its past engraved a solid
lesson and fundamental values of democracy, human rights,
tolerance and pluralism. I still consider Europe to be more
progressive than any other part of the world. However, I also see
some widening cracks in the wide consensus which was built
around these post-war fundamental values. My vision for Europe
is for it to be a mosaic of cultures where minorities have a strong
sense of belonging and identification with their compatriots.
Living together 0 10 20 30 40 What are the three most important entities that define you
(eg family, city, country)?
Israeli author David Grossman says that a homeland is (any)
country that could make you feel ashamed of its policies.
According to this definition, I'm definitely both Israeli and
European… Hannah Arendt found it irrational to identify herself
with any 'nation' and I can relate to that as well. I'd still say that I
share common grounds with humanists and democrats wherever
they are. My Jewish cultural background and being a part of the
LGBT community also play a role in my self-perception and my
identification with minority groups in general.
What are the first three words that come to your mind when
you think of community?
Culture, solidarity, exclusion
How can a better understanding between communities be
reached in order to facilitate the living together?
We need to break the vicious cycle, in which minority groups feel
unwelcome within their wide societies and in return reject their
European/national identities in favour of sectarian communities,
ending up even more alienated than they started off. For
example, for a young Frenchman of North-African descent who
cannot find a job because of his Arab name, there's little reason
to feel French or European. Instead, he is likely to turn to his
own, say Algerian community, where he feels respected and
equal. In some cases, that leads to failed integration and even
religious fanaticism, which in turn aggravate the problem of
discrimination and racism by the host societies.
An inclusive national identity, based on ideas and values that
new members can adopt, rather than on pseudo-physical traits,
is therefore in the interest of both the host-societies and its
minority groups. That is for me one of the main differences
between the politically imposed ethnic identity of Israeli citizens
(who need to choose between being Jewish or Arab) and the
23
Eurobarometer http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb_arch_en.htm
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NOS FONDATEURS Qui sont les gens derrière la création de Ceci n’est pas une crise ? Philippe Busquin
Philippe Busquin a occupé plusieurs postes de
Ministre (Ministre de l'Intérieur, Ministre de
l'Éducation et Ministre des Affaires sociales),
avant de devenir Commissaire européen à la recherche au sein
de la Commission Prodi. En outre, il a également été Membre du
Parlement européen (Parti socialiste belge). Philippe Busquin a
consacré beaucoup de temps et d'efforts à améliorer la
coopération entre la recherche et l'industrie et est Docteur
Honoris Causa de nombreuses universités.
Grégor Chapelle
Grégor Chapelle a été actif dans la politique et des
projets de la société civile depuis le début de sa
carrière. Il est actuellement Directeur général
d'Actiris, l'Office Régional Bruxellois de l'Emploi. Diplômé de
Harvard, il a travaillé des nombreuses années pour des sociétés
de conseils renommées au niveau international et a été actif
dans la politique régionale et nationale belge. Il est le cofondateur de Oxyjeunes / Hydrojeunes, une organisation d’aide
aux jeunes en difficulté, et du Cabinet d'Avocats du Quartier des
Libertés, qui se bat pour le droit universel d'accès à la justice.
Monica Frassoni
Monica Frassoni est active dans la politique
européenne depuis plus de deux décennies. Elle
est Présidente du Parti vert européen depuis
2009 et a été la première députée italienne élue à l'étranger en
1999 sur les listes d’Ecolo, le parti vert belge. De 2002 à 2009,
elle a été Présidente du Groupe des Verts au Parlement
européen. Elle se consacre notamment aux thèmes de
l'environnement et de l'immigration. Elle est également un des
fondateurs et Présidente de ECES - The European Centre for
Electoral Support - qui soutient le développement démocratique
durable par l'appui aux processus électoraux.
Pierre Kroll
D'abord architecte et licencié en sciences de
l'environnement, Pierre Kroll est l'un des
caricaturistes
politiques
belges
les
plus
importants. Il est le dessinateur attitré du quotidien belge Le Soir
et des hebdomadaires Ciné-Télé-Revue et Télémoustique. Ses
œuvres ont été présentées dans de nombreuses autres
publications et au sein d’institutions comme le Parlement
européen. Pierre Kroll dessine en direct chaque semaine en
télévision pendant le débat politique Mise au Point. Il a remporté
plusieurs prix tels que L'humour Vache et Press Cartoon of
Belgium. Il est membre de "Cartooning for Peace", un projet
initié par Jean Plantu et l'ONU qui rassemble des caricaturistes
politiques pour «désapprendre l'intolérance», et Docteur Honoris
Causa de l'Université de Liège.
Jean-Pascal Labille
Didier De Jaeger
Didier De Jaeger est spécialisé en psychologie
sociale, communication et marketing. Il a été
Président de Troy Agency jusqu'à leur fusion avec
Emakina Group, une des principales agences de communication
digitale européenne, dont il est devenu Partenaire exécutif
jusqu'en 2013. Auparavant, il a été Maître de conférence invité à
l'Université de Louvain pendant 15 ans, tout en travaillant
comme Managing Partner de l’agence de publicité Kadratura de
1993 à 2007. Depuis la fin des années 1980 jusqu'au milieu des
années 1990, il a été Managing Partner de la société d’études
de marché Censydiam.
Jean-Pascal Labille est Ministre fédéral des
Entreprises Publiques et de la Coopération au
Développement depuis janvier 2013. Il a été
également Professeur invité à l'École de gestion HEC de
l'Université de Liège pendant plusieurs années. Après une
activité de réviseur d’entreprises, il est devenu Secrétaire
général des Mutualités Socialistes/ Solidaris de la Province de
Liège, puis de l'Union nationale des mutualités socialistes. Il a
fortement dynamisé cette mutualité qui est la plus importante de
Wallonie et qui regroupe des dizaines d’organisations de la
société civile. Il en a aussi modifié le nom, désormais Solidaris.
Philippe Maystadt
Eric Domb
Eric Domb est le fondateur et Président de Pairi
Daiza, un zoo, jardin botanique et parc à thème
belge, qui vise également à protéger les espèces
menacées. Après des études en droit et commerce et une
carrière dans le monde de l'entreprise, il a lancé le projet Pairi
Daiza en 1992. En surmontant les difficultés des premières
années, il a réussi à construire une destination touristique très
populaire. Eric Domb a également été Président de l'Union
wallonne des entreprises et a reçu le titre Manager de l'Année
2007.
Plusieurs fois Ministre et Vice-Premier Ministre,
Philippe Maystadt est resté dix ans à la tête du
Ministère des Finances de 1988 à 1998. Il a
présidé le Conseil Ecofin, le Comité intérimaire du
Fonds monétaire international et le Conseil des gouverneurs de
la BERD. Pendant douze ans, de 2000 à 2011, il a dirigé la
Banque européenne d'investissement. Depuis 2012, il est
professeur aux universités de Louvain-la-Neuve et de
Luxembourg. Il a aussi succédé à Peter Sutherland à la
présidence de l'"European Policy Center". En 2013, il a été
nommé Conseiller spécial auprès de la Commission
européenne.
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Benoît Scheuer
Benoît Scheuer est sociologue. Après plusieurs
années de travail comme enseignant et
comme chercheur dans diverses universités, dont
l'Université de Louvain, en 1986, il a fondé le centre de
recherche en sociologie « Survey & Action » qu'il dirige toujours
actuellement. Cet institut de recherche est spécialisé dans les
analyses sociétales. Ce centre a compté plus de 20 chercheurs.
Depuis près de 30 ans, des centaines de rapports ont été
produits dont une partie publiée dans la presse. En 1999, après
les errements et la faillite de la « Communauté internationale »
qui a été totalement passive à Sarajevo, à Srebrenica et durant
le génocide rwandais, Benoît Scheuer, spécialisé en sociologie
des problématiques identitaires, a rassemblé plusieurs
professeurs d’universités, des écrivains et des responsables de
grandes ONGs humanitaires, pour fonder un institut :
« Prévention Génocides » devenu Verbatims. Cette organisation
s’occupe principalement de formation des opinion makers à la
gestion des risques de conflits identitaires en Afrique et
spécialement dans l'Est du Congo. Actuellement, il a laissé la
direction de cette organisation à de jeunes chercheurs africains
et européens. En 2001, Benoît Scheuer a réalisé et produit un
film documentaire « Côte d’Ivoire, poudrière identitaire » qui a
joué un rôle dans la dynamique de la société ivoirienne.
Dan Sobovitz
Dan Sobovitz est politologue et spécialiste de
communication des affaires publiques en Europe
et au Moyen-Orient. Ayant grandi dans une
colonie de Cisjordanie (qu’il a quitté pour des raisons
idéologiques), Dan Sobovitz s’est impliqué dans de nombreuses
initiatives de la société civile pour la paix et le dialogue
intercommunautaire à travers le monde. Il a obtenu des
diplômes de Columbia University (NY), Sciences Po Paris,
Hertie School (Berlin), et Tel Aviv University. Ces dernières
années, il consacre son temps aux campagnes de
communication publique des institutions européennes. Il est
citoyen d'Israël, de Hongrie et de Suisse, et réside actuellement
en Belgique.
Eric Winnen
Eric Winnen est un expert en communication et
actuellement Directeur général de Dialectiq, une
agence de communication axée sur le monde
économique. Il est également l’animateur d'une série
d'émissions sur Canal Z qui abordent des sujets tels que le
développement durable, la mobilité, la compétitivité et la gestion
de l'information. Après sa nomination en tant que porte-parole
du Ministère des petites et moyennes entreprises du
Gouvernement fédéral Belge, il a également travaillé dans
plusieurs établissements d'enseignement supérieur.
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CECI N ’EST PAS UNE CRISE Public Utility Foundation Square de Meeûs, 22 1050 Brussels, Belgium TEL/ FAX: +32 (0)2 325 5558 E : info@cnepuc.org W : www.cecinestpasunecrise.org F : www.facebook.com/cecinestpasunecrise Editors: Sophia Kabir, Programme Manager Esther Bohé, Programme M anager
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