Journal 42, hiver 2011 - Association québécoise en Allemagne
Transcription
Journal 42, hiver 2011 - Association québécoise en Allemagne
Association québécoise en Allemagne Freundeskreis Québec-Deutschland Journal de l’AQA No. 42 - Hiver 2011 ! 2 1 0 2 e né n A e n n Bo t e l ë o Joyeux N Mot de la présidente page 2 Société pages 3 - 5 Culture pages 6 - 13 Sondage éclair pages 14 - 16 Circuit touristique pages 17 - 18 Eckkneipe Die Wirtschaftsecke pages 19 - 23 Activités de l’AQA pages 24 - 26 À l’agenda page 27 Nos annonceurs page 28 Mot de la présidente à boire pour qu'on puisse se réchauffer. Par contre, après quelques vins chauds à la cannelle, on se demande pourquoi l'opération Nez Rouge n'a pas fait son apparition en Allemagne! Présidente: Claudie Mahn Vice-présidente: Anne-Christine Loranger Secrétaire: Gilles Lamère Trésorière et site Web: Stephanie Weil Adjointe: Doris Hippeli www.aqa-online.de Mais cette année, ce sera différent, le 24 décembre prochain à minuit, le Père Noël portera des lunettes fumées... car on partira au soleil! Je vous souhaite un beau réveillon, une BONNE ANNÉE et, pourquoi pas, de swinguer la bacaisse dans le fond d'la boîte à bois? Bienvenue à nos nouveaux membres Danielle St-Arneault (Coburg), France BeaudryWichmann (Baden-Baden), Marie et Robert Heckhausen (Eislingen / Fils), Irène Robillard (Rostock) Richard-WagnerStr. 7 60318 Frankfurt www.aqa-online.de Rédaction et mise en page: Doris Hippeli et Stephanie Weil Heidelberger Volksbank Compte: 46 00 35 00 BLZ: 672 900 00 Le montant de la cotisation annuelle est de 20,00 € par personne et de 30,00 € par couple / famille. En soumettant vos articles, vous reconnaissez que l'AQA a le droit de les reproduire en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que l'AQA ne cautionne pas les opinions exprimées. Journal Comité exécutif Bientôt, cela s'enchaînera avec Noël. Ah ce Noël qui arrive! C'est un temps joyeux qui commence parfois par la décoration du beau sapin mais qui inclut souvent le stress des cadeaux à trouver et du réveillon à préparer. Pourtant, tout est oublié lorsque l'on visite le marché de Noël. C'est tellement beau avec toutes ces petites maisons illuminées nous servant AQA C et automne, l'AQA a fait vivre à plusieurs Québécois en terre allemande un petit retour aux célèbres traditions québécoises. D'abord, l'épluchette de blé d'Inde, qui nous a mis l'eau à la bouche et bien rempli la panse. Ensuite, la fête de l'Halloween avec ses belles citrouilles décorées et, plus récemment, l'activité cinéma qui a bien réchauffé notre petit cœur en ce temps grisâtre de novembre. C'est aussi le moment de l'année où je me sens le plus nostalgique du Québec. Pour moi, il s'agit d'une période pendant laquelle on se retrouve en famille, à célébrer ou non, la naissance d'un enfant, qui demeure une célébration en soi. Malheureusement, je n'ai pas connu le cheval avec ses grelots qui faisait partie de l'enfance de ma mère car, pour ma génération, la voiture rendait le trajet jusqu'à l'église du village beaucoup moins glacial! Après le célèbre Minuit chrétien, on quittait l'église pour se rendre chez mon grandpère et c'était le temps d'une dinde dinde dinde, de la tourtière et des atacas ainsi que de la bûche de Noël. Suivait enfin la très brève bénédiction solennelle de mon grand-père car il fallait se dépêcher pour jouer aux cartes! C'était tout simplement comme ça que ça se passait dans ma famille dans le temps des fêtes. Bref, des petits moments inédits qui ont marqué mon enfance. Cette année, j'ai fait le décompte et j'en suis à mon dixième Noël consécutif hors Québec! Il faut aussi dire que fêter Noël dans ma belle-famille n'a rien à voir aux réveillons typiques du Québec. On mange peutêtre froid, mais on essaie des raretés comme de l'anguille fumée ou des litchis en décembre! Et vous? Estce que vous célébrez Noël autrement depuis que vous êtes en Allemagne? Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 2 Société Le manque et la gratitude Par Isabelle Le Gal-Maier S i vous suivez les médias allemands depuis ces deux dernières années, le thème le plus récurrent est le burn-out et la dépression. Est-ce simplement une mode médiatique ou bien un symptôme du mal-être de la société allemande? Mais non, c'est un sujet qui préoccupe la majorité des pays développés (vous remarquerez que je n'utilise pas les mots "notre planète"). Il était aussi d'actualité lors de mon voyage à Montréal en octobre dernier, avec la sortie du livre de Maxime-Olivier Moutier: Délivrez-nous du mal. Lors de son entrevue avec La Presse, il mentionne: "On vit tous comme des millionnaires par rapport à nos grands-parents. Ce que je trouve questionnant, c'est que les gens vont mal et ils ne savent pas pourquoi. Je les appelle mes patients postmodernes. Ils n'arrivent pas à trouver quelque chose en quoi croire, quoi désirer. On n'a jamais eu autant besoin d'aide pour vivre notre vie normale. Quelque chose ne marche pas et personne ne se demande pourquoi." (www.cyberpresse.ca/arts/li vres/201110/14/014457123-maxime-oliviermoutier-delivrez-nous-dumal.php) www.aqa-online.de Deux thèmes me poussent à une réflexion profonde depuis deux semaines: la frénésie de mon entourage générée par l'arrivée de Noël et la perte récente d'un ami très cher ayant succombé à sa lutte contre sa dépression profonde. C'est ce cadeau que Dietmar m'a laissé avant de partir. Je lui suis éternellement reconnaissante d'avoir passé une de ses dernières journées avec nous et d'avoir pris le temps de nous dire au revoir, même si nous ne le savions pas. Comme Moutier, j'observe qu'en Allemagne, comme à Montréal, les gens semblent perdus, se laissent souvent emporter par la surconsommation et sont invariablement noyés par l'information continue recrachée sur toute les plateformes possibles. Quand la tristesse vous enveloppe et que vous vous sentez impuissant, essayez ma recette. Une bonne respiration et faites une liste de tout ce qu'il y a de positif autour de vous. Ne passez pas trop de temps sur le matériel, mais plutôt sur ce qui touche votre cœur. Devenez conscient de votre quotidien. Et devant tous les malheurs décrits en détails dans les médias, ou par mon entourage, je me sens souvent impuissante. Comme je suis toujours en recherche spirituelle, il m'est difficile de m'appuyer sur tel ou tel rite religieux pour surmonter mes épreuves. Mais si c'était moins compliqué que cela? S'il s'agissait simplement de prendre quelques minutes par jour, faire une pause, respirer calmement et au lieu de penser à tout ce qui me manque, je dresse une liste de ce que j'ai? C'est ce que je tente de communiquer à mon fils, et autour de moi. Limitons la valeur des cadeaux de Noël et passons plus de "vrai" temps ensemble. "Quatre-vingt-dix-neuf pour cent du temps, nous avons la possibilité d'être reconnaissants pour quelque chose. Nous ne le remarquons simplement pas car nous traversons nos jours dans un état second." (David Steindl-Rast) Pour ceux ayant besoin de preuves et d'études documentées sur les effets positifs de la gratitude sur la santé, faites une recherche Google sur deux psychologues: Dr. Robert A. Emmons (University of California) et Dr. Michael E. McCullough (University of Miami). Merci d'avoir lu l'article jusqu'au bout! Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 3 Société Comment j'ai moi aussi tué ma mère! Par Ti-Guy Desjardins I l y a bientôt 40 ans que ma mère a quitté mon père. À l'époque, ce n'était pas encore banal, même que nous étions les seuls "enfants divorcés" sur notre rue. Dans la décennie qui suivit, nous avons été rejoints par plusieurs de nos jeunes voisins, à tel point que nous croyions avoir lancé une mode. C'est peut-être parce que ce n'était pas encore "normal" en 1972 que ma mère n'a pas su s'y prendre. Elle est tout simplement partie dans la nuit, sans dire au revoir à ses trois enfants, devenus subitement miorphelins. Moi, l'aîné du haut des mes 7 ans, mon frère cadet de 5 ans et ma sœur d'à peine 3 ans. Les mères qui liront ces quelques lignes se demanderont sûrement comment elle a pu faire une telle chose. Le mystère persiste à ce jour! En fait, nous ne l'avons revue que 10 ans plus tard et personne n'a osé poser la question. Depuis, je l'ai croisée quatre ou cinq fois chez ma grand-mère. Cette longue introduction ne se veut pas thérapie littéraire. Chacun a vécu ses propres histoires d'horreur, et je n'ai pas l'intention de lancer un concours au sujet de la plus traumatisante blessure d'enfance non plus! Si j'ai moi aussi tué ma mère, il s'agit plutôt d'une fiction. Récemment, lors d'une session de "clavardage" (ce n'est sûrement pas la meilleure trouvaille de l'Office de la langue française du Québec, mais bon…) avec ma sœur, je me suis demandé comment on réagirait si on devait apprendre le décès de celle www.aqa-online.de qui nous a quand même donné la vie, ce qui, avouons-le, n'est pas rien. Pour ma sœur, cette mort fictive a été consumée de longue date, son matricide pleinement assumé. Voici le scénario imaginé d'une mort subite, une chronique annoncée en quelque sorte. Probablement un courriel de la tante Hélène. D'abord une pensée pour la grand-mère, mais celle-ci pète le feu malgré une cécité galopante et ses 90 ans bien sonnés. "Je ne sais pas comment te l'annoncer" ou "J'ai une bien triste nouvelle" ou encore "Peut-être que ça t'intéresserait de savoir que Françoise est décédée d'une crise cardiaque.” À la longue, l'obésité ça finit par peser. Pas très sentimentale comme première réaction filiale. Il faudrait se forcer un peu. Difficile sans nostalgie. Sûrement quelques beaux souvenirs enfouis dans les entrailles / fruits de la mémoire / coupe aux fruits du Dairy Queen. Les sept premières années ne sont-elles pas les plus importantes? Celles qui nous ont formés ou déformés? Génétiquement parlant, ce décès n'est-il pas aussi le début de ma fin, le terminus de mon ADN puisque je n'ai moi-même pas eu d'enfants? Un mal de mère qui n'arrive pas à me lever le cœur, la vague s'écrasant contre de solides brise-larmes. Le tsunami n'aura pas lieu, le cordon ombilical tranché deux fois plutôt qu'une, trop bien cautérisé. La bellemère tellement contente quand je l'appelle "Mutti", maman en allemand, ne comprend pas que ce mot m'est complètement étranger. J'en connais qui n'arri- vent pas à sentir leur mère, mais que faire quand on ne peut la ressentir? Fouiller de nouveau dans les profondeurs du passé? Une belle jeune femme en bikini au bord d'une piscine en Haïti. Ersatz d'émotion offert par la compagnie Kodak. Le premier mot prononcé, précurseur à sa façon, enseigné par les Beach Boys: baba (ba ba barbara ann) et non maman. Peut-être que, si elle m'avait allaité, mon corps se rappellerait de sa chaleur, de son odeur, de son goût, mais pas de traces là non plus. Il faudra revoir le titre car comment tuer quelqu'un qui est déjà mort? Pour les funérailles, j'ai l'excuse parfaite: 6 000 kilomètres. Même si on vivait dans le même pays, je serais ailleurs, plus précisément à 40 années-lumière. Son silence n'a pas attendu sa mort pour se faire lourd. Et puis, la nécrophilie ne m'a jamais fasciné, Œdipe n'a qu'à aller se rhabiller. De son vivant, on n'avait rien à se dire, alors comment parler à un cadavre refroidi depuis des lunes? Ces banalités débitées lors de retrouvailles inopportunes comme à une vieille tante éloignée. Aucun héritage à espérer comme si elle m'avait tout donné à la naissance. Pas une seule carte d'anniversaire depuis sa fuite nocturne. Fausse promesse de l'aube. Certaines femmes ne devraient pas avoir d'enfants. L'instinct animal n'est pas donné à toutes les femelles de notre espèce. Mourir plutôt que d'abandonner ses petits, se sacrifier pour leur survie. Pour être une mauvaise mère, il faut d'abord avoir été mère. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 4 Société Ist der Staat auf dem rechten Auge blind? (Sächsische Zeitung 19./20. November 2011) Von Marc Lalonde I ch würde eher fragen: Hat Europa überhaupt nichts aus seiner Geschichte gelernt? Die Nazis haben schon einmal den ganzen Kontinent in Schutt und Asche gelegt, aber heute sind ihre hässlichen, hassenden Nachfolger überall wieder auf dem Vormarsch. Das letzte Beispiel: vier Parlamentsabgeordnete der faschistisch-nationalistischen Partei Volksorthodoxer Alarm (LAOS) sitzen als Minister und Staatsminister in der griechischen "Regierung der nationalen Rettung". Sollen die Neonazis vielleicht den Euro und die EU retten? Sogar in Schweden schafften die extrem rechts eingestellten schwedischen www.aqa-online.de "Demokraten" 2010 zum ersten Mal mit 20 Sitzen den Sprung ins Parlament. In Norwegen, wo der Rassist Breivik 78 Leute ermordete, hat die Fortschrittspartei 2009 knapp 23% der Stimmen erhalten und ist jetzt die zweitgrößte Partei im Land. In der Schweiz, in Italien und in Österreich sind oder waren Rechtsextreme schon Teil der Regierungen. In den Niederlanden und in Dänemark unterstützen oder unterstützten sie Minderheitsregierungen. Einige Umfragen sehen Marine Le Pen vom Front National als zweite bei der französischen Präsidentschaftswahl im Mai 2012, genau wie ihr Vater schon im Jahr 2002. Deutschland scheint überrascht vom Zwickauer Trio und seiner Döner-Mordserie zu sein, obwohl die NPD eine etablierte Partei ist, besonders in Sachsen und leider auch hier in Dresden. Wollen wir, dass wieder 60 Millionen Leute sterben? Wie viele Muslime sollen noch umgebracht werden? Unsere Demokratie ist in Gefahr! Wir müssen sie jetzt verteidigen und nicht auf den nächsten, schrecklichen Krieg warten. Der erste, kleine Schritt dafür ist selbstverständlich ein NPD-Verbot. Ansonsten ist der ständige Kampf gegen Rassismus und Diskriminierung überall und in allen Köpfen zu führen, nicht nur auf Staatsebene. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 5 Culture Trou story - Histoires minées Par Anne-Christine Loranger N é dans une ville minière, Richard Desjardins avoue en ouverture de Trou story, son nouveau documentaire, être resté longtemps ignorant de la réalité des mines. Comme la plupart des Québécois. "C'est normal", dit-il, "les mines, nichées dans les profondeurs de la terre, ne parlent pas beaucoup d'elles. Et surtout pas de leur histoire." L'histoire minière au Canada, c'est une histoire de profits gigantesques accumulés sur le dos des travailleurs, au mépris de leur santé et sans le moindre souci de l'environnement. Une histoire sombre, brutale, où, durant la Première Guerre Mondiale, le nickel de Sudbury est vendu à l'armée allemande. Cette dernière en fabriquera des balles qui serviront, à la bataille de Vimy, à tuer des soldats de Sudbury. Les affaires sont les affaires. Une histoire de travailleurs qui, malgré les profits faramineux des entreprises minières (sept fois plus d'or a été extrait de la mine de Timmins que dans toute l'histoire du Klondike), devront s'acharner jusqu'en 1944 pour gagner le droit de s'associer. À ce moment les entreprises minières, secouées par le scandale de la vente de nickel aux Allemands, vendent désormais l'entièreté de leur production à l'Angleterre. Le commentaire de Desjardins, précis et percutant, accompagne de saisissantes images d'archives. Ces images laissent lentement place à des entrevues effectuées avec les personnes qui se sont battues pendant les grèves de 1938, 1948, 1954, et avec celles qui se battent encore. "Mon travail est de mendier" révèle le maire d'une des villes abritant l'un des plus gros gisements au monde. En 1926, un règlement laxiste faisait du Québec l'un des meilleurs endroits au monde pour creuser des mines. Il l'est toujours. Les pouvoirs publics, en effet, n'obtiennent, encore aujourd'hui, que des miettes de l'immense richesse accumulées dans le sous-sol québécois. Les entreprises minières, nous apprend le documentaire, paient des impôts sur les quelques bâtiments qui se trouvent à la surface de la terre (et non sur les kilomètres qui se trouvent en-dessous). Elles paient des impôts pour l'extraction; cette très petite somme est payée pour chaque tonne de terre extraite mais non sur la valeur de ce qui est extrait. Elles ne déboursent rien pour la destruction de l'environnement ni pour la revalorisation des milieux détruits pour des millénaires, avec leurs cocktails de métaux lourds qui s'écoulent dans les rivières jusqu'au Saint-Laurent. L'arsenic résiduel des mines d'or de l'Abitibi, nous apprend Desjardins, passe devant Montréal. L'Erreur boréale, paru il y dix ans, avait secoué le Québec. Ce documentaire, ironiquement, n'est plus disponible en DVD. À l'heure du Plan Nord, alors que le Québec, avec ses politiques que beaucoup de spécialistes affirment dépassées, tente de vendre ses richesses au plus offrant (et l'Allemagne est de la partie), le nouveau film de Desjardins a de quoi questionner. Peu importe ce qu'on en pense, Trou story est à voir, ne serait-ce que pour redonner une dignité à ces milliers de visages enterrés dans le trou miné de notre Histoire. Trou story - Histoires minées (2011) Richard Desjardins, Robert Monderie (79 minutes) www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 6 Culture Ru de Kim Thuy Par Martine Lienig A ujourd'hui, j'ai envie de vous parler du livre Ru, de l'auteure québécoise d'origine vietnamienne Kim Thuy. Publié en 2010, ce livre n'est donc plus une nouveauté. Mais je vous en parle quand même pour vous donner quelques raisons de le lire, si ce n'est déjà fait. Tout d'abord, Ru a connu un immense succès en librairie et une couverture médiatique assez exceptionnelle, surtout pour un premier roman. L'histoire de ce petit livre a donc touché un grand nombre de lecteurs. Il a ensuite remporté des prix littéraires prestigieux comme le Grand prix LireRTL et le Prix du Gouverneur général en 2010. Puis finalement, Ru paraîtra en version scolaire aux Éditions Klett à la fin de janvier 2012. Cette dernière nouvelle intéressera sûrement les professeurs de français parmi vous puisque, pour ceux qui ne connaissent pas encore cette collection, les romans sont publiés en français et le vocabulaire difficile est expliqué en fran- çais ou traduit en allemand au bas de chaque page. Que raconte cette histoire? Ru est un récit autobiographique dans lequel l'auteure, Kim Thuy, nous parle de son enfance au Vietnam après l'offensive du Têt, de l'occupation de sa maison par les soldats, de la fuite de sa famille en bateau alors qu'elle a 10 ans, de la vie dans les camps de réfugiés, de l'arrivée au Québec à la fin des années soixantedix, de l'installation à Granby, de l'enfance, de l'adolescence et de la vie adulte entre le Québec et le nouveau Vietnam qui se transforme, puis finalement, de la maternité. Un vaste programme qui ne s'étend pourtant que sur environ 120 pages, dont certaines sont même très courtes. Le récit est construit sur le principe de l'association des idées, le dernier mot d'un chapitre évoquant le souvenir raconté dans le chapitre suivant. Les souvenirs se bousculent donc, pas nécessairement de manière chronologique, pour former un récit intense, souvent très intime, mais en même temps ouvert sur le monde, toujours bouleversant. À travers le récit de Kim Thuy, l'histoire contemporaine du Vietnam alterne avec les expériences personnelles vécues au Québec par l'auteure et sa famille, mais aussi avec les histoires personnelles d'autres réfugiés qui ont influencé son propre parcours. Le récit est en même temps un aller-retour entre le Québec et le Vietnam, à travers les souvenirs d'enfance de l'auteure et l'histoire des membres de sa famille qui n'ont pas fui. C'est par un langage très poétique et imagé que l'auteure évoque tous ces souvenirs, toutes ces histoires, même les plus terribles. Mais la légèreté du ton ne masque pas les souffrances vécues par cette diaspora vietnamienne, ni les horreurs dont Kim Thuy, enfant, a été témoin. Les images de la guerre, des camps, des morts restent en nous, longtemps après avoir refermé le livre. www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 7 Culture La revanche du pâté chinois Par Anne-Christine Loranger Petit souper romantique chez les Schulz-Loranger: petite robe décolletée, maquillage, parfum, bougies sur la table, Diana Krall qui chante en sourdine et … pâté chinois! C'est l'élément québécois le plus gagnant de ma vie de couple. Déjà, aux inflexions gourmandes d'Andreas en rentrant dans l'appartement, je sentais la partie à peu près gagnée. Mon homme, en m'apercevant, a dit deux choses: "Pâté chinois?" Et, sur ma souriante affirmative a poussé un petit sifflement. "Hmmm! You look very nice!" N'ayant précédemment eu droit au "Very nice" qu'une seule fois, le jour de notre mariage (alors que tout le monde poussait des oh! et des ah!), j'ai l'impression que notre steak-blé d'Indepatates national a joué un rôle appréciable. C'est plus que ce que j'obtiens avec une goulasch-maison ou un bœuf bourguignon. Je suis toujours étonnée de constater à quel point tout le monde, même ce gourmet de Danièle, notre ancienne présidente, aime le pâté chinois. C'est souvent le premier item qui disparaît lors des rencontres de l'AQA. Le www.aqa-online.de phénomène ne s'arrête pas aux Québécois. Les Allemands, même ceux pour lesquels les raffinements de la cuisine française ne sont plus un secret, se délectent de pâté chinois. Mes étudiants allemands de l'Institut français de Dresde, après une petite assiette d'essai, étaient prêts à se jeter dans le plat. Même Ute, la juge à la retraite avec son tailleur Chanel, son français raffiné et ses problèmes de foie, en a repris deux fois! Il y a deux semaines, lors d'une entrevue avec la Ministre Gagnon-Tremblay, cette dernière a commenté (avec une certaine réserve), que le Chalet du Québec au Gendarmenmarkt offrirait de la poutine. La tête de la ministre et des directeurs de la Représentation du Gouvernement du Québec, lorsque je lui ai répondu que mon plus gros succès québécois en Allemagne avait été le pâté chinois, valait presque les deux heures de voyage jusqu'à Berlin. Je ne suis pas certaine qu'ils m'aient crue. J'annonce, moi, avoir foi dans le pâté chinois! (Les professeurs de français en Allemagne seront heureux d'observer que ce texte contient les trois homonymes de 'foi', tous insensés. Un joli exemple pour vos étudiants!) Le mystère du pâté chinois, c'est que jamais les trois humbles ingrédients présentés l'un à côté de l'autre dans une assiette n'atteignent à la qualité de saveur qu'on retrouve dans les étages cuits ensemble. Il y a comme une chimie qui s'installe, une magie des saveurs qui collaborent, un érotisme du goût qui flamboie. Les variations de riz, de carottes ou de petit pois ne sont ici pas les bienvenues. C'est un peu comme Carole Laure filmée par Gilles Carle. Carole Laure filmée par Spielberg, ce ne serait juste pas pareil. C'est donc avec cette expérience en tête que j'ai proposé à Uwe Sochor, un restaurateur de Dresde spécialisé en bouffe française, de faire une soirée soupercontes célébrant le Québec. Au menu: soupe à la citrouille, jambon à la bière, pouding chômeur et pâté chinois saupoudrés de légendes de chez nous. C'est là que je me suis rendue compte que Môman avait raison de préciser à Thérèse qu'il s'agissait bien de steak haché-maïs en grain (impossible ici de trouver du maïs en crème) et de patates pilées. Uwe était parti pour acheter du Rinderfilet! La soirée fut un succès mais je me doute que ce n'est pas mon interprétation des contes amérindiens et de la Chasse-Galerie qui était en cause. Après le dîner romantique avec mon mari, j'ai eu ce soir-là droit à un petit tour de danse, le premier depuis 2008. Ne jamais mésestimer le pouvoir du pâté chinois! Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 8 Culture Recette Pâté chinois Ingrédients 3 pommes de terre 2 c. à soupe lait 1 c. à thé huile 1/2 oignon, haché finement 225 g boeuf haché maigre Sel, au goût Poivre, au goût 225 g maïs crémeux Paprika terre dans l'eau bouillante salée et cuire jusqu'à ce qu'elles soient tendres. Pendant ce temps, peler et hacher l'oignon. Peler les pommes de terre en enlevant une pelure très mince. Rincer et couper en demies ou en quartiers. Plonger les pommes de Étendre le maïs en crème sur la viande. Préchauffer le four à 190C. Bien égoutter les pommes de terre. Écraser les pommes de terre à l'aide d'un pilon. Ajouter du lait et bien battre au pilon pour faire une purée très légère. Vérifier l'assaisonnement. Étapes Dans une petite casserole, faire bouillir une petite quantité d'eau salée pour la cuisson des pommes de terre. allant au four. Dans une poêle, faire revenir l'oignon dans l'huile jusqu'à ce qu'il soit tendre. Ajouter le boeuf haché et cuire jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune trace de chair rose. Retirer l'excédent de gras. Saler et poivrer. Mettre la viande dans un petit plat Couvrir la viande hachée et le maïs en crème de purée de pomme de terre en se servant d'une spatule de caoutchouc. Saupoudrer de paprika, cuire au four environ 25 minutes jusqu'à ce que le dessus soit doré. Folie du Québec à Berlin Par Anne-Christine Loranger É bouriffée, sensuelle, transcendante, Berlin semble toujours à l'affut de nouvelles occasions de s'exalter. Comme si, à force d'absorber l'insensé et le cruel de son morceau d'histoire, la ville en avait développé un goût immodérépour l'inusité, voire le chaotique. Le 18 novembre dernier, les Galeries Lafayette lui offraient les deux, alors que l'inauguration de l'événement Noël au Québec recevait un friand public berlinois au milieu d'une tempête de flocons et de producteurs de chez nous. En vue de donner toute son ampleur à l'ouverture officielle de Noël au Québec, www.aqa-online.de événement réunissant des artistes et des fabricants québécois qui se déroulera jusqu'au 31 décembre prochain, les Galeries Lafayette de Berlin avaient décidé d'ouvrir leurs 9 000 mètres carrés jusqu'à minuit. Déjà sur les vitrines encadrées pour l'occasion de planches de bois rustiques, le Québec déclinait ses teintes d'hiver sous forme de paysages de ski agrémentés de mannequins arborant des vêtements bordés de fourrures. "Noël au Québec", pouvaiton y lire en grosses lettres. Ces trois mots, la journaliste a calculé les avoir lus pas moins de mille fois durant la seule soirée de vendredi. Sur tous les étages, sur tous les étalages, en gros, en petits, en moyen ou en gigantesque, le slogan de l'événement-région de la plus prestigieuse galerie marchande de Berlin se répétait à la grandeur du magasin dans un élégant tourbillon de flocons formés de fleur-de-lys stylisées. C'est la première fois que, durant les lucratives semaines précédant les Fêtes, les Galeries font la promotion d'une région située hors de la France. L'événement permettra aux 20 griffes et produits québécois sélectionnés par les acheteurs de Lafayette d'être vus par plus de 100 000 visiteurs par Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 9 Culture semaine. "C'est très prestigieux pour le Québec", confirme Monique GagnonTremblay, ministre des Affaires Internationales venue inaugurer l'événement à la fin d'une série de rencontres avec des ministres des Länder germaniques. "Entendre parler pendant un mois de temps du Québec, on ne peut pas imaginer meilleure publicité. C'est un projet fantastique." Une occasion aussi de promouvoir le Québec en tant que région touristique et d'y faire connaître des artistes. À l'intérieur des Galeries, la foule est dense et le restera toute la soirée. Au milieu des marques de luxe comme Chanel ou Fendi, on retrouve des étalages composés de produits québécois comme les fourrures Harricana, les soins corporels Body America ou les bijoux Birks, le tout agrémenté de la musique des DJ québécois Chris Hreno, Deadbeat et Mike Shannon. Au sous-sol, un étalage de paquets de biscuits de l'Érablière du Moulin de Coaticook est placé en bonne évi- dence à côté d'autres produits d'érable et de canneberges, juste à côté des foies gras de chez Fauchon. En l'honneur du Québec, les nombreux visiteurs affamés de luxe à l'heure du lunch pourront déguster et acheter pendant un mois des cidres de glace, du whisky à l'érable et de bons vieux cheddars, produits inconnus en Allemagne. Dégustation d'autant plus intéressante qu'elle se déroule autour d'une tempête de flocons: au milieu de l'immense sphère transparente de cinq étages qui constitue le centre des galeries, la neige souffle en permanence tandis qu'un écran géant projette les photos aériennes de paysages enneigés du photographe Pierre Lahoud. Au sommet de la sphère, “Noël au Québec” se découpe en gigantesques lettres bleues sur des panneaux de bois d'une taille propre à satisfaire l'orgueil national. L'événement constitue une chance unique pour les créateurs de trouver des distributeurs pour leurs produits. "Le marché allemand ressemble beaucoup au marché canadien", explique Sarah Choufani, directrice des ventes pour les manteaux Mackage. "On voit beaucoup de similarités avec notre marché à nous. (…) Il y a de la demande pour notre produit. Ce n'est pas évident de trouver un manteau non seulement qui est chaud mais aussi taillé près du corps, très féminin, très sexy. On voudrait bien avoir notre propre département aux Galeries Lafayette." www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 10 Culture Québec: quarante ans en Allemagne Par Anne-Christine Loranger A yant élu domicile depuis cinquante ans en France, le Québec célèbre en 2011 ses quarante ans de présence en Allemagne. Si les géants Bombardier, CAE et Alcan n'ont pas de mal à y faire leurs frais, il est beaucoup plus difficile aux petites et moyennes entreprises québécoises de meilleure place pour commencer parce que c'est la ville la plus avant-gardiste." s'y implanter, d'autant plus que le marché y est exigeant. "Les Allemands sont extrêmement pointilleux sur la qualité", explique Mariouche, créatrice des accessoires de fourrure recyclée Harricana. "Il faut être impeccable, il faut être parfait, à la bonne date, le poil dans le bon sens. Avec les Français, on peut discuter. Les Allemands, si on se plante sur une pièce, c'est terminé." Denis Gagnon, accompagnées des accessoires de fourrures Harricana, des bottes Pajar et des colliers de Charlotte Holsten. Si la styliste berlinoise Kady Taylor déclare avoir bien aimé certaines des créations colorées de Denis Gagnon et surtout ses chaussures, Iris Jorde de la boutique de haute gamme Amorph manifeste fort peu d'enthousiasme, sauf pour les colliers. "Je n'ai rien vu dans les vêtements qui soit du goût de mes clientes," déclare-t-elle en faisant la moue. force est de constater que la vitrine offerte par les Galeries donne déjà des résultats. L'intérêt pour les créations québécoises se retrouve cependant sur les étages. Venue montrer son étalage de manteaux pour dames, Mme Choufani constate avec surprise quelques cintres déjà vides, tandis qu'à deux pas de là, une longue adolescente et une petite quarantenaire potelée essaient avec enthousiasme des robes de Marie Saint-Pierre Le mousseux coulait encore au bar à minuit alors que les gardiens tentaient tant bien que mal de vider les cinq étages. Même la journaliste n'a pas échappé à la folie générale et est ressortie lestée d'une redingote Marie Saint-Pierre. Berlin, ébouriffée, sensuelle, transcendante, se laissera-t-elle aussi tenter? S'il est exigeant, le public germanique est aussi diversifié: riche et conservateur dans le sud, il devient plus ouvert dans le nord, particulièrement à Berlin qui constitue, de l'avis de tous les créateurs et acheteurs questionnés, le meilleur point d'entrée pour les nouveaux produits. "Les Allemands sont à la fois très conservateurs et très avant-gardistes du point de vue de la mode” affirme Sophie Choufani. "Il faut développer une niche et partir de là. Berlin est la www.aqa-online.de Les produits québécois ne plaisent cependant pas à tous. Témoins les réactions mitigées suite au défilé de mode présentant les créations de Marie Saint-Pierre, Dom Rebel, Mackage et qui leur vont toutes les deux à ravir. Les 20% de rabais accordés ce soir-là aux acheteurs de produits québécois sont sans doute pour quelque chose dans cet enthousiasme. Les Laboratoires Delon ayant déjà signé un contrat pour la marque Body America avec un distributeur européen, Impossible de déterminer lesquels, parmi le tourbillon de sacs aux couleurs des Galeries Lafayette qui émergeront toute la soirée des magasins, contiennent des produits québécois. La frénésie était cependant au rendez-vous avec entre 4 000 et 5 000 visiteurs sur les 70 000 invitations envoyées par la Délégation générale du Québec en Allemagne. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 11 Culture Entretien sur le bilinguisme avec Christian et Anouk Alix Par Claudie Mahn C hristian et Anouk Alix, le père et la fille. Le père est français, a fait des études en linguistique, a été professeur d'allemand en France, professeur de français en Allemagne. Jusqu'à sa retraite, il a travaillé comme chercheur sur l'éducation en Europe, sur les questions linguistiques dont le bilinguisme, particulièrement dans le cadre des échanges franco-allemands. La fille est franco-allemande, a grandi dans une famille bilingue à Francfort et est devenue orthophoniste. Ce sont des amis mais aussi mes interlocuteurs privilégiés (que j'ai sous la main!) lorsque j'ai de nombreuses questions sur l'éducation des enfants bilingues, et pour en avoir, j'en ai! Chers parents, j'espère que cet entretien vous donnera un petit coup de main dans vos périodes de doute quant à la nécessité de transmettre la langue française à vos enfants dans un environnement allemand. Claudie: Est-ce qu'il y a une recette miracle pour transmettre le français à nos enfants? Anouk: D'abord, il est important de décider pour soi ce qui est important. Est-ce que vous voulez que votre enfant parle parfaitement la langue ou bien qu'il puisse communiquer quand il en a besoin dans votre famille d'origine "étrangère" (québécoise)? Vous pouvez décider que le plus important pour vous, c'est que votre enfant comprenne le français et respecte que www.aqa-online.de vous voulez lui parler dans cette langue, même s'il parle allemand avec vous et que vous jugez qu'il aura acquis passivement les bases, si un jour le français l'intéresse. Chaque parent a sa vision des choses en ce qui concerne l'approche du bilinguisme et il faut la respecter. Ensuite, on peut travailler sur une stratégie qui répondra à nos besoins. Le plus important, c'est de ne pas mettre constamment les enfants sous pression. Tout doit rester "naturel", un naturel réfléchi et tolérant. Christian: Il ne faut pas oublier que l'on ne transmet pas seulement la langue, on transmet aussi une culture, une histoire individuelle et collective et pas seulement du vocabulaire. Pour certains parents, celle-ci peut jouer un avant-rôle, pour d'autres, la langue seule est le plus important. Mais tout ne se réduit pas à la transmission d'une ou de deux langues. La langue n'est que la partie visible d'un iceberg qui est l'histoire de chacun et chacune. Quand on parle de bilinguisme on parle inévitablement, qu'on le veuille ou non, de tout cela! Claudie: Si on dévore les livres sur l'éducation des enfants dans un milieu multilingue, on se rend compte qu'on parle souvent de l'approche une personne, une langue. Que cela veut-il dire exactement et à quel point est-ce qu'il faut respecter ce principe? Anouk: Que ce soit la mère ou le père, chaque parent doit essayer de s'adresser à ses enfants dans une seule langue. Ces derniers comprennent la notion de système et de personne, plutôt que la distinction avec la langue seule. C'est-à-dire qu'un enfant comprend d'abord qu'avec maman et ses amies X et Y, on parle français, mais maman avec les mamans de l'école ou mes amis, c'est l'allemand, avec papa et grand-papa, que l'allemand ou bien, papa avec maman, c'est le français, etc. Ce qui est le plus difficile pour l'enfant, c'est lorsqu'il n'y a pas de distinction claire du système, par exemple, maman me parle parfois en français, parfois en allemand, sans raison apparente quand elle s'adresse à moi. Dans ce cas, l'enfant a plutôt tendance à ne s'approprier qu'une langue, sa langue forte. Christian: Avec l'arrivée du deuxième enfant, le système familial touchant à la langue risque d'être chamboulé. La question d'un système familial à base de deux ou plusieurs langues est une notion très dynamique, en évolution constante. L'idéal est ou serait d'avoir un système stabilisé dont chacun connaît le fonctionnement et où il se repère et se sent à Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 12 Culture Claudie: Si l'enfant parle habituellement en français mais a recours à l'allemand pour des mots qu'il ne connaît pas en français, que faut-il faire? l'aise. Mais la pression du milieu ambiant de la langue première peut entraîner des modifications importantes et même remettre en cause le système tel qu'il fonctionnait jusqu'alors. Exemple: l'aîné et le cadet peuvent se mettre à se parler allemand entre eux, surtout si les enfants sont scolarisés tous les deux dans le même établissement allemand. La langue de jeux à l'extérieur est l'allemand. Ils vont donc continuer à l'utiliser entre eux dans le milieu familial pour ce type d'activité. Pourtant, si le parent qui parle français continue à le faire en présence de ses deux enfants, il se peut que la langue parlée change au français. Claudie: En plus de l'approche une personne, une langue, pour qu'un enfant parle les deux langues et continue à les parler, que faut-il faire pour l'encourager? Anouk: Idéalement, il faudrait que le niveau de vocabulaire progresse au même rythme dans les deux langues. Sinon, l'enfant aura plutôt tendance à choisir sa langue forte au détriment de sa langue la plus faible. Pour cela, les livres sont parfaits dès le plus jeune âge car ils permettent la conversation. De plus, il est conseillé de se développer un réseau francophone au quotidien pour que l'enfant puisse comprendre que cette lan- www.aqa-online.de gue n'est pas seulement parlée par la mère ou le père et aussi, pour avoir des amis qui grandissent dans la même situation. Si l'autre parent allemand est prêt à parler français et à l'apprendre, c'est aussi un très fort avantage d'avoir le français comme langue familiale, c'est-à-dire que les conversations à la table sont en français. Christian: Les chansons, comptines et jeux de doigts permettent aussi de rendre l'apprentissage de la langue intéressant. Un contact fréquent avec la famille francophone est aussi idéal, mais pas toujours évident quand un océan nous sépare. Le meilleur encouragement pour l'enfant, c'est de vivre le français comme une langue réelle, normale, parlée par des gens qu'il connaît, qu'il aime. La langue en tant que système de signes à part, abstrait, n'a aucun sens pour les enfants! La langue fait partie d'un vécu global, immédiat, spontané, très marqué par l'affectivité. Anouk: Tout simplement répondre: tu voulais dire (le mot en français)? C'est certain qu'à un certain âge, on ne peut pas répéter la phrase entière, mais on peut essayer de répondre à la question ou donner son commentaire en énonçant clairement le ou les mots qui semblaient inconnus. Une façon indirecte d'enseigner le vocabulaire manquant. Christian: Surtout, ne pas paniquer et ne pas se fâcher. Toujours donner le sentiment à l'enfant qu'on le comprend, quelle que soit la langue qu'il parle ou, tout du moins, qu'on essaie de le comprendre s'il dit quelque chose qu'on ne comprend pas. Ce n'est pas seulement un problème de bilinguisme. Si l'on ne le comprend pas, ce n'est pas toujours parce qu'il n'utilise pas ou mal la langue qu'on voudrait qu'il parle. Ne pas envoyer des regards lourds de déception, car vous voulez que votre enfant continue à s'exprimer et vous allez l'aider à le faire, parce que ça vous intéresse ce qu'il dit! Lire la suite dans la prochaine édition du journal! Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 13 Sondage éclair Pour ce numéro du journal, nous avons voulu savoir si vous vous sentez à l'aise avec la langue allemande? Si oui, qu'est-ce que vous avez fait pour la maîtriser et combien de temps vous a-t-il fallu? Voici les réponses que nous avons reçues. Catherine Bryden Qui suis-je en français? En anglais? En allemand? Je crois qu'une relation avec nos langues apprises et acquises après notre langue maternelle est quelque chose d'intime et de personnel. Parler une autre langue signifie devenir quelqu'un de différent, explorer différents côtés de sa personnalité. Je suis née dans une famille anglophone à Montréal. Mes parents m'ont envoyée à une prématernelle française et ensuite, toute mon éducation jusqu'à la maîtrise en traduction, à l'Université Concordia, s'est passée en français. Dès le début, tout mon être est tombé en amour avec le français. Il parait que j'ai commencé à parler en français dans mes rêves dès mon premier contact avec la langue. Dans le milieu francophone, je me sentais ouverte et libre de laisser cours à toutes mes émotions, ma spontanéité et ma créativité. Hélas, ma relation avec l'allemand fut un peu plus compliquée. C'est ma 11e année ici et je n'ai toujours pas découvert mon enthousiasme pour la grammaire allemande. Savoir quel verbe devrait venir à la fin d'une phrase avant que je la commence semble aller contre ma nature. Je n'y arrive pas souvent. Ce que j'apprécie le plus, ce sont les noms et les détails. Côté positif: patience, ralentissement, thinking things through - all come with learning German. Isabelle McEwen Oui, je me sens à l'aise avec la langue allemande mais ne vous étonnez pas: je suis arrivée en Allemagne en 1979! C'est avec le français qu'à une certaine époque je me sentais moins à l'aise, à l'époque où le téléphone était encore cher. Maintenant que ma sœur et moi nous téléphonons tous les midis (moi je lunche, elle déjeune), j'ai repris l'habitude du français. Mais bon, je vis en allemand: je travaille en allemand et parle l'allewww.aqa-online.de mand à la maison (mon partenaire est iranien et ne parle pas français). Je ne saurais pas dire dans quelle langue je rêve mais je me parle souvent en allemand et mes listes d'achats sont bilingues. Je fais des fautes dans les quatre langues que je parle, ça, c'est important de le dire. En tant que metteur en scène je dois sans cesse écrire des textes (concepts, propositions, etc.). Cette année j'ai fini une thèse de doctorat à l'université de Hambourg, j'ai un merveilleux lecteur et je lui fais tout corriger. Encore aujourd'hui. Entretemps j'aurais besoin de quelqu'un pour corriger mes textes en français. Vous connaissez certainement l'histoire du hongrois qui va aux E.-U. et qui après un certain temps a oublié le hongrois et n'a jamais appris l'anglais. Ça fait rire mais c'est plus ou moins l'histoire de tous ceux qui vont vivre à l'étranger et y restent suffisamment longtemps. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 14 Sondage éclair Paul Lamer Maryse Bouchard Après 10 années passées en Allemagne, j'ai toujours eu quelque chose à apprendre sur cette belle langue. Oui, je me sens à l'aise avec la langue allemande. Ce que j'ai fait pour la maîtriser: j'avais déjà appris l'allemand à l'Université à Montréal avant de connaître mon conjoint et avant de venir en Allemagne. Mon conjoint et moi parlons français et allemand ensemble. Encore aujourd'hui, il y a toujours un petit mot que je ne connais pas, mais en général ça va. Doris Hippeli À l'origine, quand je suis venue en Allemagne avec mon copain, c'était pour un projet de trois ans. Nous parlions français à la maison. Rapidement, j'ai trouvé un emploi dans l'enseignement du français et, durant les premières années, je me suis surtout fait des amis francophones. Il s'agissait d'expatriés qui avaient des besoins et des problèmes qui ressemblaient aux miens. J'ai pris plusieurs cours d'allemand intensifs puis j'ai fait un certificat en informatique. Le cours se donnait en allemand. Ce fut une école dure et implacable mais c'est à ce moment que j'ai fait de réels progrès. Néanmoins, je dois dire qu'il m'a fallu presque sept ans pour que je me sente vraiment à l'aise dans la langue et puisse enfin prendre plaisir à lire dans cette langue. Marc Lalonde Malheureusement à cause de mon boulot de prof d'anglais, je n'ai pas à utiliser l'allemand au travail, ce qui m'a sûrement ralenti au début et, puis, le français est demeuré la langue de notre couple. J'avais parfois l'impression de m'en tenir à "Eine Bartwurst mit Senf bitte" par semaine. Au Québec, j'avais eu deux cours d'allemand à l'université en 1986 sans savoir que je m'installerais au pays un jour. Avant de www.aqa-online.de déménager à Dresde, j'ai aussi pris un cours à l'Institut Goethe de Montréal en 1996. Sinon, la télé m'a beaucoup aidé, surtout les infos et Tatort. Avec ma bellefamille, je n'ai pas le choix non plus. Aujourd'hui, je dirais que je me débrouille très bien et j'adore écrire en allemand! Finalement, mon engagement politique se passe entièrement dans la langue de Goethe, ce qui m'a fait faire d'énormes progrès. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 15 Sondage éclair Catherine Gagnon Je dirais qu'aujourd'hui, après 19 ans en Allemagne, je me sens plutôt à l'aise avec la langue de Goethe. Il faut dire que j'ai commencé à prendre des cours au CEGEP de SainteFoy il y a ... belle lurette! Puis, j'ai fait deux fois la Sommerschule à l'Université Laval avant de me décider à faire des études d'allemand. Ce qui m'a à l'époque beaucoup aidé, c'est le Cercle Goethe de Québec. On y présentait Claudie Mahn des conférences et des films en allemand tous les vendredis soirs. J'étais presque toujours au rendez-vous! Ce qui me fait vraiment dire toutefois que je me sens à l'aise, c'est que j'arrive assez bien à comprendre les dialectes du coin. Je me surprends même à utiliser des expressions régionales quand je parle à ma bellefamille ou avec les commerçants de mon village. Mon apprentissage de la langue allemande s'est fait d'une façon un peu saccadée. J'ai pris des cours d'allemand à plusieurs reprises, entrecoupés de longues pauses pour assimiler les notions apprises j'imagine. Donc, à l'oral, je me sens bien, mais à l'écrit, je peux toujours m'améliorer! David St-Onge Je ne sais plus exactement combien de cours d'allemand, combien d'heures passées devant la télévision, ni combien de lecture je me suis tapé pour que l'allemand me rentre dans la tête. En fait, le véritable point tournant, c'est quand un prof d'allemand m'a franchement dit qu'il serait temps que j'arrête de parler français avec ma femme (qui est allemande). À la naissance de notre premier enfant, nous avons réintroduit le français à la maison. Aujourd'hui, nous sommes une véritable famille bilingue! Je travaille à Munich pour une multinationale ontarienne et je dois constamment changer entre l'allemand et l'anglais. Là aussi, j'ai dû m'habituer, malgré que les deux langues, prises à part, soient bien ancrées dans ma caboche. Il y a bientôt trois ans, j'ai développé une véritable passion pour l'italien. Je progresse rapidement et, ça, je le dois non seule- ment à la parenté de la langue de Dante avec le français, mais aussi aux années de mutations cérébrales causées par la torture de l'apprentissage de l'anglais et de l'allemand. Par contre, un cours d'italien à la VHS m'a remis les deux pieds sur terre. Le prof parlait beaucoup allemand et nous demandait souvent de traduire à l'oral de l'allemand à l'italien pour moi, une contorsion presqu'impossible. Mais comme on dit ici: "Passtscho!" Anne-Christine Loranger Après sept ans à apprendre l'allemand sur le tas, je commence à pouvoir lire des textes. Cela va généralement bien pour m'exprimer, sauf lorsque que je suis énervée ou sous pression (après un accident, genre). Les subtilités du “Sächsisch”, le dialecte de Saxe, continuent de me www.aqa-online.de désorienter. Je suis bien dans les conversations en général, mais si je m'éloigne une minute, je suis perdue. Le plus difficile c'est de ne pas pouvoir comprendre les conversations autour de moi dans les restos ou durant les excursions. Mais, comme me dit mon mari: “Tu ne manques pas grand'chose!” Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 16 Circuit touristique Dans cette rubrique, nous aimerions vous présenter les plus beaux coins de notre pays d’accueil. Outre les monuments historiques, il y a beaucoup d’endroits à explorer et à recommander! Envoyez vos suggestions à dhippeli@aqa-online.de. Heidelberg et les environs Par Stephanie Weil À quoi peut-on s'attendre quand on visite Heidelberg? Bien sûr, plusieurs ont entendu parler de la vieille ville romantique, de son château en ruine qui trône sur la ville, du Neckar, ce long fleuve qui prend sa source en Forêt Noire, et peut-être même du Chemin des Philosophes, chemin qui offre de magnifiques panoramas sur la vieille ville, le Neckar et le château. Mais peu de gens savent qu'il y a beaucoup plus à découvrir dans la ville elle-même et ses environs. Le Chemin des Philosophes est le point de départ de plusieurs belles promenades au pied de l'Odenwald. L'une d'entre elles mène à l'amphithéâtre Thingsstätte. La route grimpe au-dessus du Neckar pendant 30 minutes et donne au spectateur des vues de plus en plus impressionnantes sur le fleuve, la ville et toute la région RhinNeckar. La Thingsstätte est un amphithéâtre qui fut construit lors du régime Nazi. C'est la raison pour laquelle il n'est pas aimé et Michaelskloster Thingsstätte Heidelberg guère utilisé par les habitants d'Heidelberg. C'est dommage parce que c'est un endroit extraordinaire dont son stade ouvert peut accueillir plus de 8 000 spectateurs. En continuant son chemin, on peut atteindre les ruines du monastère Saint-Michel, Michaelskloster, qui date du 9e siècle. La structure des salles, de la chapelle et des dortoirs est toujours visible, les murs ayant une hauteur d'environ un mètre. Deux tours peuvent être escaladées. Elles offrent une vue impressionnante sur la vallée du Rhin. C'est un endroit idéal à explorer avec des enfants. En prenant la route qui longe le Neckar, on pénètre dans la vallée du fleuve qu'il est possible de visiter en bateau, en vélo ou en voiture. La petite ville de Neckargemünd se trouve à environ 10 km à l'est de Heidelberg. Il s'agit d'un lieu médiéval qu'il est agréable de découvrir en longeant ses ruelles étroites et ses belles maisons à colombage. Neckargemünd est la porte d'entrée de Dilsberg, un village qui trône sur le haut d'une colline formée par une boucle du Neckar. Entouré de remparts, le village fait croire vraiment à un conte de fées. On y entre par une porte centrale qui donne sur une petite place. L'atmosphère est celle d'un autre temps - feutrée. Il n'y a guère de voitures ici et les ruelles et maisons à colombage sont magnifiques. Dilsberg n'est pas vraiment long à explorer, et on termine habituellement la visite par la ruine de la forteresse qui se trouve à la pointe de la colline. De plus, il y a une très bonne chocolaterie! De l'autre côté du Neckar, www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 17 Circuit touristique Kekse ou Plätzchen? Vue aériale de Dilsberg on aperçoit le village de Neckarsteinach. C'est ici que l'exploration du Neckar en bateau, en partance de Heidelberg, se termine. Ce village pittoresque comprend de nombreux restaurants et cafés au bord du fleuve. La présence de quatre châteaux le rend particulièrement singulier. Un sentier permet de s'y rendre mais seulement deux des châteaux peuvent être visités. Les deux autres se trouvent toujours en possession privée. Le dernier samedi de juillet, il y a un feu d'artifice à Neckarsteinach. Les quatre châteaux sont alors illuminés et c'est un spectacle à ne pas manquer! Quand on retourne à Heidelberg en cotoyant la rive du côté de Neckarsteinach, on se trouve à longer le couvent Stift Neuburg. Contrairement au couvent Saint-Michel, c'est un cloître qui est toujours utilisé. Il Ladenburg www.aqa-online.de comprend un petit restaurant qui offre des produits locaux et, dans le magasin (Hofladen), les moines vendent les produits qu'ils produisent eux-mêmes. Finalement, quand on quitte Heidelberg en prenant l'autoroute A5 en direction du nord, on passe par deux petites villes pittoresques. Ladenburg, ville romaine, surprend par sa structure médiévale, ses petites ruelles, ses maisons à colombage et son pavé inégal. Weinheim, un peu plus au nord, dispose d'une villehaute où se trouve la place centrale. On y voit des restaurants et des cafés entourés de vieux arbres ainsi que la zone piétonnière. Dans la ville-basse, l'atmosphère est plus sereine et médiévale. Le grand parc du château, au centre-ville, ainsi que les deux châteaux qui trônent sur la ville valent la peine d'être explorés. Tout Allemand traditionnel se met dès le début de novembre devant ses fourneaux pour réaliser les fameux biscuits de Noël qui exhalent des parfums de cannelle, d'anis, de cardamome, de clous de girofle ou de vanille. Mais ces fameux biscuits, doit-on les appeler Plätzchen ou Kekse? Vous ne vous en doutiez peut-être pas mais il y a vraiment une différence. Plätzchen Autrefois, les gens de la noblesse agrémentaient volontiers leur thé ou café d'une pâtisserie peu nourrissante mais très sucrée. À l'époque de Noël, on les rendaient plus festifs en leur ajoutant de la confiture, du chocolat, de la pâte d'amandes ou des noix. On appelait ces délices Plätzchen, terme qui se réfère au mot latin placenta qui signifie “gâteau”. Encore aujourd 'hui, on appelle le pain à la levure sucré Platz. C'est pourquoi on a donné le nom de Plätzchen à ces petites pâtisseries cuites. À l'époque de Noël, on parle aussi de Weihnachtsplätzchen. Kekse Au contraire, les Kekse sont venus des navires britanniques: à l'époque, les Anglais qui entreprenaient de longs voyages mangeaient une sorte de galette cuite. Particulièrement nourrissante, elle se conservait aussi très longtemps. Cette galette était connue sous le nom de English cake. Or voilà qu'au 19e siècle un commerçant allemand entreprit de produire lui-même ces petites galettes. Et c'est ainsi que cakes est devenu Keks, une friandise beaucoup moins riche que les fameux Plätzchen. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 18 Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke Ratingagenturen - Geißel der Moderne oder willkommener Sündenbock - Teil 2 Von Kaus Grewer Teil 1 dieses Artikels wurde in der September-ausgabe 2011 veröffentlicht. Was wird den Ratingagenturen vorgeworfen? Schon seit Jahren wird Kritik an den Ratingagenturen geübt. Primär handelt es sich um fünf Hauptkritikpunkte: - falsche Bewertungsmethoden und mangelnde Transparenz der Bewertungen - Versagen in der Vergangenheit - Interessenkonflikte auf Grund der Beauftragung durch den zu Bewertenden - Absichtliches Verstärken von bestehenden Krisen - Möglicher Einfluss der Besitzer der Ratingagenturen auf die Beurteilungen Bereits 2003 übten deutsche Unternehmen Kritik am Verhalten der Agenturen und bezweifelten ihre Bewertungsmethoden. Die Bewertungskriterien sind nicht transparent und gelten vielen Kritikern - wie z. B. Professor Thomas Straubhaar vom Hamburger Weltwirtschaftsinstitut - insbesondere gegenüber Europa als nicht objektiv. Dennis Snower, Präsident des Instituts für Weltwirtschaft in Kiel, forderte, dass die Rechenmodelle offengelegt werden, damit die Grundlagen der RatingEntscheidungen transparent werden. Die mangelnde Transparenz führt auch dazu, dass in der Vergangenheit Ratingexperten von www.aqa-online.de interessierten Investmentbanken abgeworben wurden, die dadurch in der Lage waren, ihre Produkte im Sinne der Prüfungskriterien weitaus besser aussehen zu lassen, als es tatsächlich der Fall war. Die Liste der gravierenden Fehleinschätzungen der Ratingagenturen ist lang und beginnt früh. Bereits beim Börsencrash am 24. Oktober 1929 versagten die Bewertungen der Ratingagenturen: von 264 Anleihen, deren Emittenten während der Great Depression in Zahlungsverzug gerieten, waren 78 Prozent noch im Jahre 1929 mit mindestens "AA" die unmittelbar auf die Bestnote folgende Bewertungsstufe - bewertet worden. Als 2002 der amerikanische Großkonzern Enron zusammenbrach, hatten Ratingagenturen trotz der desolaten Finanzsituation des Unternehmens noch bis kurz vor dem Zusammenbruch gute Bewertungen vergeben. Ein Untersuchungsausschuss des USSenats bewertete die Arbeit der Ratingagenturen denk- bar schlecht und stellte deren Effektivität, Unternehmen kritisch zu überwachen, generell in Frage: "[The rating agencies'] monitoring and review of the company's finances fell far below the careful efforts one would have expected from organizations whose ratings hold so much importance. Instead (…) the credit raters took Enron at their word and failed to probe more deeply. (…) It is difficult not to wonder whether lack of accountability - the agencies' practical immunity to lawsuits and non-existent regulatory oversight - is a major problem." Die amerikanische Immobilienkrise von 2008 gilt als ein weiteres Beispiel für das Versagen der Ratingagenturen. Die Bewertungen der US-Hypothekenanleihen hatten keine Hinweise auf den nahenden Zusammenbruch des Immobilienmarktes gegeben. In der folgenden Finanzkrise wurde nicht nur ein weiteres Versagen der Ratingagenturen sichtbar, sondern es deutete sich ein Zusammenhang zwischen wirtschaftlichen Interessen der Ratingagen- Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 19 Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke turen und den vergebenen Bewertungen an. Während von den Ratingagenturen weltweit nur zwölf Privatunternehmen mit der Bestnote "AAA" ausgezeichnet wurden, bewerteten sie zwischen 2000 und 2007 60 000 Anlagepapiere mit eben dieser Bestnote. In Summe handelte es sich um Papiere im Wert von vier Billionen Dollar, wobei die Einnahmen aus diesen Bewertungen einen erheblichen Teil des Gesamtumsatzes der Ratingagenturen dargestellt haben dürften. Nur wenig später - als die Finanzkrise ihren Höhepunkt erreichte - wurde ein Großteil dieser Papiere von den gleichen Agenturen auf die schlechteste Note herabgestuft. Auch im Fall des Vorwurfes des Wertpapierbetrugs gegen Goldman Sachs wurde die Aussagekraft der vergebenen Ratings in Frage gestellt, da die fraglichen Wertpapiere mit dem besten Rating versehen waren. Ebenso zeigte auch die Beurteilung von Ländern deutliche Fehler: 2008 stand Island infolge des Kollapses seines Bankensektors kurz vor dem Bankrott. Noch wenige Monate zuvor war es jedoch von Moody's mit der Höchstnote bewertet worden, obwohl es bereits 2006 Gerüchte um mögliche Probleme der Banken des Landes gegeben hatte. Dies war damals von den Ratinganalysten als übertrieben bezeichneten worden. Im Zuge der Euro-Krise erfolgt häufig der Vorwurf, Ratingagenturen hätten die Noten für Länder wie Griechenland, Portugal oder Irland immer dann gesenkt, wenn die Finanzmärkte ohnehin schon nervös www.aqa-online.de waren, um so die Krise weiter anzuheizen. Gleichzeitig würden die USA bevorzugt bewertet, obwohl deren Defizit in den vergangenen Jahren drastisch gestiegen ist und die USA nun mit rund hundert Prozent der jährlichen Wirtschaftsleistung deutlich höher verschuldet sind als zum Beispiel das vielgescholtene Euro-Mitglied Spanien. Die jüngsten Vorwürfe zweifeln die Unabhängigkeit der Ratingagenturen an und implizieren einen starken Einfluss der Anteilseigner. Das Managermagazin veröffentlichte unlängst Ergebnisse einer vertraulichen Studie der Unternehmensberatung Roland Berger über die beiden führenden Ratingagenturen Standard & Poor's und Moody's, die zusammen einen Marktanteil von rund 80 Prozent ausmachen. Die Studie kommt zu dem Ergebnis, dass rund ein Dutzend großer USFondsfirmen und Finanzkonzerne sowohl knapp 49 Prozent der Moody's-Aktien als auch 38 Prozent der McGraw-Hill-Aktien (dem Mutterkonzern von Standard & Poor's) besitzen und somit signifikanten Einfluss nehmen könnten. In diesem Zusammenhang ist jedoch auch zu erwähnen, dass die Unternehmensberatung Roland Berger sich derzeit stark für die Gründung einer europäi- schen Ratingagentur einsetzt und um Investoren und politische Unterstützer wirbt. Ist die Kritik an den Ratingagenturen berechtigt? Die mangelnde Transparenz der Bewertungsverfahren ist zu einem Teil durch die Verarbeitung streng vertraulicher Informationen bedingt, kann aber in Anbetracht der enormen Auswirkungen der Ratings nicht akzeptiert werden. Die Nachvollziehbarkeit und Überprüfbarkeit von Ratingentscheidungen ist eine fundamentale Voraussetzung für ihren Einsatz als zentrales Bewertungskriteriumfür die Kreditwürdigkeit von Unternehmen oder ganzen Nationen. Hier besteht dringender Handlungsbedarf. Das Versagen der Ratingagenturen in den gravierenden Krisen der Vergangenheit ist unbestreitbar. Ohne dieses Versagen wäre das Ausmaß dieser Krisen sicherlich nicht so drastisch geworden. Dies bestätigt die Notwendigkeit einer kritischen Überprüfung der Bewertungsverfahren der Ratingagenturen. Potentielle Interessenkonflikte auf Grund der Beauftragung durch den zu Bewertenden gehören zu den systemimmanenten Schwachstellen und haben in der Vergangenheit auch Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 20 Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke schon zum Versagen der Ratingagenturen geführt. Eine unabhängige Kontrolle der Agenturen wäre in diesem Zusammenhang dringend erforderlich. Betrachtet man den Vorwurf an Ratingagenturen, bestehende Krisen absichtlich zu verstärken, der vor allem im Zusammenhang mit der aktuellen Lage in Europa ausgesprochen wird, so sollte man die finanziellen Fakten nicht außer Acht lassen. Als Kennziffern für eine akzeptable Haushaltsführung gelten allgemein ein Haushaltsdefizit von weniger als 3% des Bruttoinlandsproduktes und eine Gesamtverschuldung unterhalb von 60% des Bruttoinlandsproduktes. Diese Werte wurden als Grenzwerte im Maastrichter Vertrag festgelegt und ihre Überschreitung sollte zur Einleitung von Strafverfahren führen. Legt man diese Messlatte an die 27 Staaten der Europäischen Union, so zeigt sich ein erschreckendes Bild: im Jahre 2009 erfüllten lediglich sieben der 27 Länder die Grenzkriterien hinsichtlich des Haushaltsdefizits, wobei kein Land ohne die Aufnahme neuer Schulden auskam. Im Jahre 2010 waren es sogar nur fünf Länder, die die Grenzkriterien erfüllen. Bei den Gesamtschulden sieht es nur wenig besser aus: während 2009 noch 15 Länder unterhalb der 60% Grenze blieben, waren es 2010 nur noch 13. Besonders kritisch ist die Lage der Krisenländer Griechenland, Irland und Portugal. Beispielsweise wurden in Griechenland die geforderten Grenzwerte um ein mehrfaches überschritten. Irland www.aqa-online.de erzielte 2010 den Negativrekord mit einem Haushaltsdefizit von 32,4%. inakzeptabel. Auch hier ist eine Kontrolle dringend erforderlich. Bisher liegen keine Dokumente vor, die eine absichtliche Verstärkung der Krise durch die Ratingagenturen belegen würden. Die finanziellen Eckdaten der bewerteten Länder lassen die vergebenen Bewertungen nicht als ungerechtfertigt erscheinen (Beispiel Griechenland: Bewertungen im untersten Bereich knapp oberhalb der schlechtesten Note; Irland: Bewertungen im mittleren Bereich an der Grenze der Investmentempfehlung). Kritisiert wird Wie ist die aktuelle öffentliche Diskussion zu bewerten? auch weniger die eigentliche Bewertung, sondern die Veröffentlichung zu einem Zeitpunkt, an dem die Finanzmärkte schon sehr nervös sind. Die Alternative wäre, die notwendigen Abstufungen nicht zu veröffentlichen oder auf einen Zeitpunkt zu verschieben, an dem sich die Märkte beruhigt haben. Die Historie zeigt jedoch, dass zu positive Bewertungen, wie sie zu Beginn der vergangenen großen Krisen vorlagen, die Krisensituation nicht entschärften sondern deutlich verstärkten. Über den Einfluss der Besitzer auf die Beurteilungen der Ratingagenturen lässt sich nur spekulieren, dennoch erscheint überhaupt die reine Möglichkeit einer solchen Einflussnahme Es ist offensichtlich: der Wachhund Ratingagenturen, der den Kapitalanleger vor Gefahren rechtzeitig warnen sollte, hat in entscheidenden Momenten versagt, was zu dramatischen Weltwirtschaftskrisen geführt hat. Teilweise wurden die Krisen durch sein Handeln noch verschärft, aber ursächlich verantwortlich für die Krisen war er nicht. Die Krisen der Vergangenheit haben aber deutlich bewiesen, dass eine objektive Einschätzung der Kreditwürdigkeit von Kreditnehmern seien es Staaten, Unternehmen oder Banken, die Möglichkeiten zur Kapitalanlage anbieten durch eine neutrale Organisation, die um die geheimen Interna der Kreditnehmer weiß und auf Basis dieses Wissens ihre Bewertung vornimmt, unverzichtbar ist. Es ist nun die Aufgabe, die Leistungsfähigkeit dieser Organisationen sicherzustellen. Aktuell beobachten wir jedoch eine andere Diskussion. Ratingagenturen werden zur Ursache der Krise ausgerufen. Betrachtet man die öffentliche Darstellung der Agenturen, so stellen sie einen geradezu idealen Sündenbock dar: sie schwingen sich zum Richter über ganze Nationen auf; sie treten das nationale Ehrgefühl mit Füßen, indem sie ganze Nationen als "Ramsch" oder "Junk" bezeichnen; sie Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 21 Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke beanspruchen noch immer, absolute Urteile sprechen zu können trotz ihres offensichtlichen Versagens in der Vergangenheit; sie unterliegen keiner Kontrolle und versuchen mit einer kleinen Gruppe von drei amerikanischen Unternehmen, systematisch ganze Länder in den Ruin zu treiben. Wahrlich schlimme Bösewichte. In der öffentlichen Diskussion spielen derzeit nur zwei Lösungsmodelle eine Rolle: die Schaffung einer europäischen Ratingagentur, um das Monopol der Amerikaner zu brechen, und die Einführung der Eurobonds, um die angegriffenen europäischen Partnerstaaten zu unterstützen. Meine persönliche Sicht: Alles Unsinn! Momentan wird ein ganzes Arsenal von Nebelbomben gezündet, um von den eigentlichen Problemen abzulenken: völlige Konzeptlosigkeit gepaart mit mangelnder Handlungsfähigkeit. Nebelbombe 1: Zynische Ratingagenturen verursachen die Krise Wie bereits diskutiert, beschreiben und beschleunigen Ratingagenturen Krisen, sie verursachen sie nicht. Schuld an der aktuellen Krise sind nicht die schlechten Bewertungen durch die Ratingagenturen, sondern die desolate Haushaltlage der einzelnen Staaten. Bei den meisten Ländern droht die Verschuldung bald die Gesamtjahresproduktion des Landes zu übersteigen, bei einigen ist dies schon lange der Fall. Kaum ein Land ist wirklich in der Lage, Schulden abzubauen. Dies sind nicht die Auswirkungen der Bewertungen von Ratingagenturen, sondern resultieren aus fehlerhaften politischen Entscheidungen. Die Begriffe "Ramschniveau" und "Junk" für die Bewertung von Nationen, deren emotionale Wirkung nicht hoch genug eingeschätzt werden kann, sind von Politikern und Medien verbreitet worden. Fakt ist, dass auch zum jetzigen Stand (10.8.2011) kein europäisches Land mit der schlechtesten Note bewertet wurde. Selbst das am schlechtesten bewertete Griechenland steht immer noch mindestens zwei Stufen oberhalb. Warum also diese drastische Wortwahl? Sie schafft Emotionen und Aufmerksamkeit, was für eine gute Nebelbombe unbedingt notwendig ist. Nebelbombe 2: Lösungsmodell europäische Ratingagentur Bei der öffentlichen Diskussion zur Schaffung einer europäischen Ratingagentur wird leider völlig unterschlagen, dass solche Agenturen bereits existieren. Sie sind nur noch nicht in der Lage, mit den etablierten Platzhirschen zu konkurrieren. Warum einer neuen Agentur dies auf Anhieb gelingen sollte, ist nicht erkennbar - gemäß der Logik der Befürworter ist der Einfluss der amerikanischen Agenturen eine der zentralen Ursachen der Krise und muss zur Beendung der Krise schnellstmöglich durchbrochen werden. Wie glaubwürdig wäre eine europäische Ratingagentur, die offensichtlich kurz vor der Pleite stehenden europäischen Staaten positive Ratings ausstellt? Welchen Einfluss hätten diese Bewertungen auf die weitere Vergabe von Krediten an diese Staaten? Seit 1988 wurden immer wieder Initiativen zur Gründung einer einflussreichen europäischen Ratingagentur gestartet. Große Namen wie die Deutsche Bank (1988) oder Bertelsmann (1990) haben die Führung von entsprechenden Konsortien übernommen. Alle bisherigen Versuche sind gescheitert. Aktuell versucht es die Unternehmensberatung Roland Berger. Parallel dazu verlangt die EU-Justizkommissarin Viviane Reding, das Kartell der drei US-Ratingagenturen zu zerschlagen, notfalls durch Schaffung unabhängiger europäischer und asiatischer Ratingagenturen. Die Mehrheit der EUParlamentarier will die Gründung einer solchen Agentur mit Steuergeldern unterstützen, was jedoch die Glaubwürdigkeit der Agentur in Bezug auf die Bewertung der Bonität europäischer Staaten schwächen würde. Das Thema europäische Ratingagentur beherrscht einen Großteil der Diskus- www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 22 Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke sion um die europäische Finanzkrise, es bietet aber sicherlich keine Lösung. Bemerkenswert ist aber die Tatsache, dass Frau Reding für das Ressort Justiz und Grundrechte zuständig ist. Der Aufbau einer europäischen Ratingagentur sollte aber eher in das Ressort Wirtschaft und Währung des Finnen Olli Rehn fallen, von dem man solch markige Worte wie "Zerschlagung" oder "Kaputtmachen des Euro durch die amerikanischen Agenturen" jedoch nicht vernimmt. Nebelbombe 3: Eurobonds Bei den Eurobonds handelt es sich um eine gemeinsame Kreditaufnahme der Euro-Länder, wobei alle Staaten für die aufgenommenen Schulden haftbar sind. Bisher gibt jeder Staat seine eigenen Anleihen aus und zahlt dafür höchst unterschiedliche Zinsen. Während Deutschland 2,73% zahlt, müssen Griechenland 16,98%, Irland 14,23% und Portugal 12,82% zahlen (Stand: 13.07.2011). Mit der Einführung von Euro-bonds würde ein einheitlicher Zinssatz gelten. So müssten die Länder mit aktuell niedrigen Zinssätzen wie Deutschland und Frankreich für die Eurobonds höhere Zinsen zahlen, während Griechenland, Irland und Portugal in ihren Zinszahlungen entlastet würden. Haftbar für die Staatsschulden wären alle gemeinsam. Normalerweise kann dies nur unter Zwang geschehen. Bedeutet dies, dass Deutschland zwangsweise einen gewissen Anteil seiner Neuverschuldung über Eurobonds abwickeln muss? Falls ja, wäre ein Anstieg des deutschen Schuldenberges die unmittelbare Folge. Im Gegensatz zur aktuellen Situation, in der Deutschland noch entscheiden kann, ob und wie viel Geld es zur Rettung anderer Staaten einsetzen will, stellen Eurobonds einen Automatismus dar, der keine Wahlmöglichkeit mehr lässt. Die zweite offene Frage betrifft die langfristigen Erfolgsaussichten einer solchen Maßnahme. Mit der Einführung des Euro wurden verbindliche Kriterien für alle Teilnehmerstaaten festgelegt, von denen wir heute wissen, dass einige Staaten sich den Zutritt durch falsche Angaben schlichtweg erschwindelt haben. Die schlechte finanzielle Lage dieser Staaten führt nun in Folge der engen Bindung der Staaten über die gemeinsame Währung zu einer europaweiten Krise bisher nicht gekannten Ausmaßes. Wie ein noch engeres Zusammenbinden der Staaten durch eine gemeinsame Kreditaufnahme ohne dass die finanzpolitischen Entscheidungen einer wirkungsvollen gemeinsamen Kontrolle unterliegen das Problem lösen soll, ist nicht wirklich einsichtig. Wie lautet das Fazit? Abseits der in der Öffentlichkeit diskutierten Nebelbomben bleiben die eigentlichen Probleme ungelöst: die Verschuldung der Staaten steigt weiter, in den meisten Ländern deutlich schneller als die Wirtschaftsleistung. Das System steuert auf den Kollaps zu. Klare politische Konzepte sind nicht erkennbar, und die Handlungsfähigkeit der Politiker zeigt sich auf einem historischen Tiefpunkt. Das Versprechen einer Regulierung der Finanzmärkte, das in der Krise 2008 breiter Konsens der Politiker aller Länder war, konnte nicht umgesetzt werden. Den USA ist es nur in allerletzter Sekunde gelungen, die größte wirtschaftliche Bedrohung des Landes, die Zahlungsunfähigkeit (Insolvenz) abzuwenden. Die gemeinsamen Beschlüsse der Führer der größten Länder der europäischen Union zeigen keinerlei Auswirkungen auf die weitere Entwicklung der Krise. Dies sind die Probleme, denen wir uns stellen müssen, aber keiner scheint dazu in der Lage. Ist dies die wirkliche Geißel der Moderne? In der öffentlichen Diskussion werden leider einige Punkte ausgeblendet: Erstens: warum sollte ein wirtschaftlich erfolgreiches Land, das sich Gelder zu niedrigen Zinsen verschaffen kann, freiwillig den teureren Weg der Eurobonds gehen? www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 23 Activités de l’AQA Épluchette Par Doris Hippeli C ette année, c'est à Winzeln, en Forêt Noire, que l'épluchette s'est déroulée. Il faisait magnifiquement beau ce week-endlà. Les vallées luisaient de soleil sous un ciel d'un bleu pur. Nombreux étaient les nouveaux visages et tout aussi variés étaient les différents parcours de chacun. www.aqa-online.de Certains parents sont arrivés plus tôt afin de découvrir le Tiergehege Waldmössingen avec ses petits animaux de ferme. Et puis, c'est à chaque fois un plaisir renouvelé que de se retrouver, le temps d'une soirée, avec des gens qui partagent un goût commun du Québec et, parfois, d'avoir l'occasion de créer de nouvelles amitiés. Merci à nos hôtes Isabelle et Markus pour l'organisation et l'accueil chaleureux ainsi qu'aux beaux-parents d'Isabelle qui se sont entre autres dévoués pour nous préparer d'excellentes grillades. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 24 Activités de l’AQA En novembre dernier, l'événement Cinéma québécois s'est tenu à Dresde, Francfort et Munich. Un ou les deux films suivants ont été présentés: Incendies (Wajdi Mouawad) et Une vie qui commence (Michel Monty). Avis aux membres de la région de Berlin, Hambourg, Nuremberg, Stuttgart ou ailleurs: N'hésitez surtout pas à nous faire signe si vous voulez organiser une telle activité dans votre région! Soirée cinéma de la cellule munichoise Par Doris Hippeli C omme les membres de Dresde et, en primeur cette année, de Francfort qui s'est joint à l'événement, nous nous sommes retrouvés à Munich en novembre dernier pour regarder Incendies et Une vie qui commence. Sans aucun doute, c'est Incendies qui nous a mar- qué le plus. Dur et troublant, Denis Villeneuve a signé ici un film d'une grande intensité qu'il faut voir absolument. Avis donc à ceux qui ont raté l'occasion. Quant à Une vie qui commence, il s'agit du premier long métrage de Michel Monty, un drame intimiste qui traite de la mort d'un parent aimé à travers les yeux d'un enfant. Il faut mentionner que tout au long du visionnement, les questions, les commentaires et les observations de chacun ont permis tour à tour d'éclaircir la compréhension de certaines scènes et de faire le point sur une situation politique parfois complexe. Entre les deux présentations, nous nous sommes retrouvés autour de la table pour remplir nos estomacs de fromages fins et de pâtés ainsi que pour discuter de ce qui se passe dans nos vies respectives tout en dégustant un bon vin. Merci à notre hôte André Pratte! Soirée cinéma à Dresde, le 12 novembre dernier Soirée cinéma à Francfort, le 20 novembre dernier Soirée cinéma à Munich, le 27 novembre dernier www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 25 AQA Monique Sauter n'est plus. Elle nous a quittés le 30 septembre dernier, emportée par une embolie pulmonaire. Plusieurs d'entre nous la connaissions car elle a longtemps fait partie de l'Association Québécoise. Nous offrons nos plus sincères condoléances à ses proches et amis et souhaitons publier un texte qu'elle avait écrit en décembre 2007 et qui relatait bien son parcours. Chiemsee Par Monique Sauter N ous sommes arrivés à Munich le 26 mars 1964, mon mari bavarois et moi avec notre fille Christine âgée d’un peu plus de deux ans. C'était un Jeudi Saint et il pleuvait une pluie fine qui donnait l'impression d'être dans un pays gris et froid. Les préparatifs du voyage et les soirées d'adieu avaient été tellement intenses que c'est dans l'avion seulement que je commençai à réaliser qu'il n'y aurait pas de retour. Dans le temps, les gens riches surtout partaient pour l'Europe et allaient plutôt en France, en Italie ou en Espagne. Avant de partir, j'avais fait teindre mon manteau en noir parce qu'au village de mon mari, les gens portaient du noir le Vendredi Saint. Un village de 400 habitants. Nous arrivions de Verdun près de Montréal. On pourrait vraiment parler d'un choc culturel. Nous avions alors 10 000 marks en poche. Ça nous semblait beaucoup! Après trois semaines à la ferme, sans téléphone, télévision ou lecture, avec un bébé trop tranquille - l'air étant si frais, elle dormait dix heures par nuit - nous voici en route vers Munich. Je me sentais enfin libre malgré un appartement d'une pièce. Christine couchait dans le vestibule. En octobre, nous déménagions à Munich, Schwabing. Je suis enceinte et il nous faut vraiment un appartement plus grand. Très difficile à trouver sans compter que mon mari gagnait très peu. www.aqa-online.de Nous obtenons une conciergerie dans un bloc de 50 chambres louées surtout à des étudiants. Beaucoup de ménages à faire pendant que les filles dorment. À Montréal, j'étais infirmière. Mais, je suis décidée à tout faire pour que ça marche. C'est là que ma vie en Bavière commence vraiment et l'allemand, je l'apprends vite. De mes 50 pensionnaires, il y a chaque matin quelqu'un qui a quelque chose à me demander. Ce qui m'a frappée dans ce pays si différent: le manque Monique et Doris lors de l’épluchette 2009 d'espace et en même temps combien tout était réglé et propre! Les gens se contentaient de peu. Ils faisaient attention à leurs biens. On lavait sa voiture chaque samedi et comment! Les enfants portaient un tablier pour protéger leurs vêtements. Impensable aujourd'hui! Ce que j'aimais beaucoup: les promenades sur les grandes rues de Munich le dimanche après-midi qui finissaient par un café. Je ne pouvais croire que j'étais vraiment en Europe. L'Autriche, l'Italie si près et la France peut-être un jour! Tout devait être en ordre et ça, toujours. Mon passeport et mon permis de séjour avaient pour moi quelque chose de menaçant. J'avais toujours un peu peur malgré la présence de mon mari. La raison primordiale était sûrement le manque de gentillesse et de compréhension. Ayant les cheveux et les yeux noirs, combien de fois suis-je ressortie d'un magasin les mains vides et les yeux pleins de larmes? On ne connaissait pas la "Selbstbedienung". C'est tellement plus facile aujourd'hui. Chacun avait son métier et il n'y avait pas de chômage. Ça m'a impressionnée. J'aime le café et les gâteaux l'après-midi encore aujourd'hui. Un jour, en faisant une promenade avec mes deux filles assises dans la poussette, je vois près du restaurant Mathäser un gars qui vend des patates frites. Mes premières patates, ça faisait deux ans que je vivais à Munich! Ce qui me troubla: le jour de Noël, on n'invitait personne. Pendant l'Avent, c'était merveilleux. À Noël, c'était chacun pour soi, en famille. Encore aujourd'hui, ça ne me plaît pas. En 1964, j'étais amoureuse, jeune et combien naïve. J'aime toujours la Bavière et l'Europe, j'ai quand même gardé mon passeport canadien. Pour moi, c'est important. Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 26 A l’agenda Activités régulières - Activités régulières - Activités régulières Table ronde de Francfort Table ronde de Munich Tous les derniers mercredis du mois Info: Claudie Mahn claudie.mahn@aqaonline.de Tél: 069 / 2001 4131 1er et 3e vendredis Simplicissimus Balanstr. 12 Info: Michaël Constantin Tél: 0172/894 18 41 Activités de l’AQA - Activités de l’AQA - Activités de l’AQA Cabane à sucre Soirée cinéma St-Jean 2012 3 - 5 février 2012 Thalkirchdorf (Allgäu) Contact: Doris Hippeli dhippeli@aqa-online.de Mars 2012 Date à déterminer Munich et Francfort Date et lieu à déterminer Faits saillants - Faits saillants - Faits saillants Les 7 doigts de la main - La Vie Jusqu'au 22 décembre 2011 Salzbourg, Festival Winterfest Spectacle de cirque Fondée en 2002 par des finissants de L'École nationale de cirque de Montréal, la compagnie de cirque Les 7 doigts de la main présente une création qui oscille entre la douleur et la joie. www.aqa-online.de Noël au Québec La fille de Montréal Jusqu'au 31 décembre 2011 Galeries Lafayette de Berlin Événement promotionnel réunissant des créateurs, des artistes et des fabricants québécois. 12 janvier 2012, 16h Institut français, Brême Film québécois Réalisatrice: Jeanne Crépeau Canada 2010, 92 Min. Ariane vit à Montréal. Elle approche la cinquantaine mais garde une allure d'éternelle adolescente. Elle loue le même petit appartement depuis le temps où elle était étudiante. Un jour, elle reçoit un avis d'expulsion. Elle a six mois pour vider la place et trouver un autre logement. Saura-t-elle relever le défi? Polytechnique 26 janvier 2012, 16h Institut français, Brême Documentaire québécois Réalisateur: Denis Villeneuve Canada 2009, 77 Min. Basé sur les témoignages des survivants du drame survenu à l'Ecole Polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989, le film raconte l'événement à travers les yeux de Valérie et Jean-François, deux étudiants qui ont vu leur vie basculer lorsqu'un jeune homme s'est introduit dans l'école afin d'amener avec lui dans la mort le plus de femmes possibles. Festival Pully-Québec 1er au 9 juin 2012 Pully (Suisse) Festival de musique organisé en Suisse avec des artistes québécois. www.pully-quebec.ch Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 27 Nos annonceurs Marie Schmalhofer Chanteuse d’opéra et de concert Pose de voix, correction de la dysphasie Technique de respiration et de soutien de la voix Sessions pratiques intensives en groupes pour choristes et enseignants Dietrich-Bonhoeffer-Str. 49, 86399 Bobingen Tel: 08234 / 90 41 55 marie.schmalhofer@gmx.de Envoyez-n nous vos annonces à stephanie.weil@aqa -o online.de Encart publicitaire L'AQA offre cet espace à tous ceux qui sont intéressés à faire connaître leurs services et leurs produits dans nos pages. Profitez-en! C'est gratuit pour les membres. Envoyer les informations à dhippeli@aqa-online.de. www.aqa-online.de Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 28