Journal 42, hiver 2011 - Association québécoise en Allemagne

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Journal 42, hiver 2011 - Association québécoise en Allemagne
Association québécoise en Allemagne
Freundeskreis Québec-Deutschland
Journal de l’AQA
No. 42 - Hiver 2011
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Joyeux N
Mot de la présidente
page 2
Société
pages 3 - 5
Culture
pages 6 - 13
Sondage éclair
pages 14 - 16
Circuit touristique
pages 17 - 18
Eckkneipe Die Wirtschaftsecke
pages 19 - 23
Activités de l’AQA
pages 24 - 26
À l’agenda
page 27
Nos annonceurs
page 28
Mot de la présidente
à boire pour qu'on puisse se
réchauffer. Par contre, après
quelques vins chauds à la
cannelle, on se demande
pourquoi l'opération Nez
Rouge n'a pas fait son apparition en Allemagne!
Présidente:
Claudie Mahn
Vice-présidente:
Anne-Christine
Loranger
Secrétaire:
Gilles Lamère
Trésorière et site
Web:
Stephanie Weil
Adjointe:
Doris Hippeli
www.aqa-online.de
Mais cette année, ce sera
différent, le 24 décembre
prochain à minuit, le Père
Noël portera des lunettes
fumées... car on partira au
soleil!
Je vous souhaite un beau
réveillon, une BONNE ANNÉE
et, pourquoi pas, de swinguer la bacaisse dans le
fond d'la boîte à bois?
Bienvenue à nos
nouveaux membres
Danielle St-Arneault
(Coburg), France BeaudryWichmann (Baden-Baden),
Marie et Robert Heckhausen (Eislingen / Fils), Irène
Robillard (Rostock)
Richard-WagnerStr. 7
60318 Frankfurt
www.aqa-online.de
Rédaction et
mise en page:
Doris Hippeli et
Stephanie Weil
Heidelberger
Volksbank
Compte: 46 00 35
00
BLZ: 672 900 00
Le montant de la cotisation annuelle est de
20,00 € par personne
et de 30,00 € par
couple / famille.
En soumettant vos
articles, vous reconnaissez que l'AQA a le
droit de les reproduire
en tout ou en partie et
de quelque manière
que ce soit. Veuillez
noter que l'AQA ne
cautionne pas les opinions exprimées.
Journal
Comité exécutif
Bientôt, cela s'enchaînera
avec Noël. Ah ce Noël qui
arrive! C'est un temps
joyeux qui commence parfois par la décoration du
beau sapin mais qui inclut
souvent le stress des
cadeaux à trouver et du
réveillon à préparer. Pourtant, tout est oublié lorsque
l'on visite le marché de
Noël. C'est tellement beau
avec toutes ces petites maisons illuminées nous servant
AQA
C
et automne, l'AQA a
fait vivre à plusieurs
Québécois en terre allemande un petit retour aux célèbres traditions québécoises.
D'abord, l'épluchette de blé
d'Inde, qui nous a mis l'eau
à la bouche et bien rempli la
panse. Ensuite, la fête de
l'Halloween avec ses belles
citrouilles décorées et, plus
récemment, l'activité cinéma
qui a bien réchauffé notre
petit cœur en ce temps grisâtre de novembre.
C'est aussi le moment de
l'année où je me sens le
plus nostalgique du Québec.
Pour moi, il s'agit d'une
période pendant laquelle on
se retrouve en famille, à
célébrer ou non, la naissance d'un enfant, qui
demeure une célébration en
soi. Malheureusement, je
n'ai pas connu le cheval
avec ses grelots qui faisait
partie de l'enfance de ma
mère car, pour ma génération, la voiture rendait le
trajet jusqu'à l'église du village beaucoup moins glacial!
Après le célèbre Minuit chrétien, on quittait l'église pour
se rendre chez mon grandpère et c'était le temps
d'une dinde dinde dinde, de
la tourtière et des atacas
ainsi que de la bûche de
Noël. Suivait enfin la très
brève bénédiction solennelle
de mon grand-père car il fallait se dépêcher pour jouer
aux cartes! C'était tout simplement comme ça que ça
se passait dans ma famille
dans le temps des fêtes.
Bref, des petits moments
inédits qui ont marqué mon
enfance.
Cette année, j'ai fait le
décompte et j'en suis à mon
dixième Noël consécutif hors
Québec! Il faut aussi dire
que fêter Noël dans ma
belle-famille n'a rien à voir
aux réveillons typiques du
Québec. On mange peutêtre froid, mais on essaie
des raretés comme de l'anguille fumée ou des litchis
en décembre! Et vous? Estce que vous célébrez Noël
autrement depuis que vous
êtes en Allemagne?
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 2
Société
Le manque et la gratitude
Par Isabelle Le Gal-Maier
S
i vous suivez les
médias allemands
depuis ces deux dernières
années, le thème le plus
récurrent est le burn-out et
la dépression. Est-ce simplement une mode médiatique
ou bien un symptôme du
mal-être de la société allemande?
Mais non, c'est un sujet
qui préoccupe la majorité
des pays développés (vous
remarquerez que je n'utilise
pas les mots "notre planète"). Il était aussi d'actualité lors de mon voyage à
Montréal en octobre dernier,
avec la sortie du livre de
Maxime-Olivier Moutier:
Délivrez-nous du mal.
Lors de son entrevue avec
La Presse, il mentionne: "On
vit tous comme des millionnaires par rapport à nos
grands-parents. Ce que je
trouve questionnant, c'est
que les gens vont mal et ils
ne savent pas pourquoi. Je
les appelle mes patients
postmodernes. Ils n'arrivent
pas à trouver quelque chose
en quoi croire, quoi désirer.
On n'a jamais eu autant
besoin d'aide pour vivre
notre vie normale. Quelque
chose ne marche pas et personne ne se demande pourquoi."
(www.cyberpresse.ca/arts/li
vres/201110/14/014457123-maxime-oliviermoutier-delivrez-nous-dumal.php)
www.aqa-online.de
Deux thèmes me poussent
à une réflexion profonde
depuis deux semaines: la
frénésie de mon entourage
générée par l'arrivée de
Noël et la perte récente d'un
ami très cher ayant succombé à sa lutte contre sa
dépression profonde.
C'est ce cadeau que
Dietmar m'a laissé avant de
partir. Je lui suis éternellement reconnaissante d'avoir
passé une de ses dernières
journées avec nous et
d'avoir pris le temps de
nous dire au revoir, même si
nous ne le savions pas.
Comme Moutier, j'observe
qu'en Allemagne, comme à
Montréal, les gens semblent
perdus, se laissent souvent
emporter par la surconsommation et sont invariablement noyés par l'information
continue recrachée sur toute
les plateformes possibles.
Quand la tristesse vous
enveloppe et que vous vous
sentez impuissant, essayez
ma recette. Une bonne respiration et faites une liste de
tout ce qu'il y a de positif
autour de vous. Ne passez
pas trop de temps sur le
matériel, mais plutôt sur ce
qui touche votre cœur.
Devenez conscient de votre
quotidien.
Et devant tous les malheurs décrits en détails dans
les médias, ou par mon
entourage, je me sens souvent impuissante. Comme je
suis toujours en recherche
spirituelle, il m'est difficile
de m'appuyer sur tel ou tel
rite religieux pour surmonter
mes épreuves. Mais si c'était
moins compliqué que cela?
S'il s'agissait simplement de
prendre quelques minutes
par jour, faire une pause,
respirer calmement et au
lieu de penser à tout ce qui
me manque, je dresse une
liste de ce que j'ai?
C'est ce que je tente de
communiquer à mon fils, et
autour de moi. Limitons la
valeur des cadeaux de Noël
et passons plus de "vrai"
temps ensemble.
"Quatre-vingt-dix-neuf
pour cent du temps, nous
avons la possibilité d'être
reconnaissants pour quelque
chose. Nous ne le remarquons simplement pas car
nous traversons nos jours
dans un état second."
(David Steindl-Rast)
Pour ceux ayant besoin de
preuves et d'études documentées sur les effets positifs de la gratitude sur la
santé, faites une recherche
Google sur deux psychologues: Dr. Robert A. Emmons
(University of California) et
Dr. Michael E. McCullough
(University of Miami).
Merci d'avoir lu l'article
jusqu'au bout!
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 3
Société
Comment j'ai moi
aussi tué ma mère!
Par Ti-Guy Desjardins
I
l y a bientôt 40 ans que
ma mère a quitté mon
père. À l'époque, ce n'était
pas encore banal, même
que nous étions les seuls
"enfants divorcés" sur notre
rue. Dans la décennie qui
suivit, nous avons été
rejoints par plusieurs de nos
jeunes voisins, à tel point
que nous croyions avoir
lancé une mode.
C'est peut-être parce que
ce n'était pas encore "normal" en 1972 que ma mère
n'a pas su s'y prendre. Elle
est tout simplement partie
dans la nuit, sans dire au
revoir à ses trois enfants,
devenus subitement miorphelins. Moi, l'aîné du
haut des mes 7 ans, mon
frère cadet de 5 ans et ma
sœur d'à peine 3 ans. Les
mères qui liront ces quelques lignes se demanderont
sûrement comment elle a pu
faire une telle chose. Le
mystère persiste à ce jour!
En fait, nous ne l'avons
revue que 10 ans plus tard
et personne n'a osé poser la
question. Depuis, je l'ai croisée quatre ou cinq fois chez
ma grand-mère.
Cette longue introduction
ne se veut pas thérapie littéraire. Chacun a vécu ses
propres histoires d'horreur,
et je n'ai pas l'intention de
lancer un concours au sujet
de la plus traumatisante
blessure d'enfance non plus!
Si j'ai moi aussi tué ma
mère, il s'agit plutôt d'une
fiction. Récemment, lors
d'une session de "clavardage" (ce n'est sûrement
pas la meilleure trouvaille de
l'Office de la langue française du Québec, mais
bon…) avec ma sœur, je me
suis demandé comment on
réagirait si on devait
apprendre le décès de celle
www.aqa-online.de
qui nous a quand même
donné la vie, ce qui,
avouons-le, n'est pas rien.
Pour ma sœur, cette mort
fictive a été consumée de
longue date, son matricide
pleinement assumé.
Voici le scénario imaginé
d'une mort subite, une chronique annoncée en quelque
sorte. Probablement un
courriel de la tante Hélène.
D'abord une pensée pour la
grand-mère, mais celle-ci
pète le feu malgré une
cécité galopante et ses 90
ans bien sonnés. "Je ne sais
pas comment te l'annoncer"
ou "J'ai une bien triste nouvelle" ou encore "Peut-être
que ça t'intéresserait de
savoir que Françoise est
décédée d'une crise cardiaque.”
À la longue, l'obésité ça
finit par peser. Pas très sentimentale comme première
réaction filiale. Il faudrait se
forcer un peu. Difficile sans
nostalgie. Sûrement quelques beaux souvenirs
enfouis dans les entrailles /
fruits de la mémoire / coupe
aux fruits du Dairy Queen.
Les sept premières années
ne sont-elles pas les plus
importantes? Celles qui nous
ont formés ou déformés?
Génétiquement parlant, ce
décès n'est-il pas aussi le
début de ma fin, le terminus
de mon ADN puisque je n'ai
moi-même pas eu d'enfants?
Un mal de mère qui n'arrive pas à me lever le cœur,
la vague s'écrasant contre
de solides brise-larmes. Le
tsunami n'aura pas lieu, le
cordon ombilical tranché
deux fois plutôt qu'une, trop
bien cautérisé. La bellemère tellement contente
quand je l'appelle "Mutti",
maman en allemand, ne
comprend pas que ce mot
m'est complètement étranger. J'en connais qui n'arri-
vent pas à sentir leur mère,
mais que faire quand on ne
peut la ressentir?
Fouiller de nouveau dans
les profondeurs du passé?
Une belle jeune femme en
bikini au bord d'une piscine
en Haïti. Ersatz d'émotion
offert par la compagnie
Kodak. Le premier mot prononcé, précurseur à sa
façon, enseigné par les
Beach Boys: baba (ba ba
barbara ann) et non
maman. Peut-être que, si
elle m'avait allaité, mon
corps se rappellerait de sa
chaleur, de son odeur, de
son goût, mais pas de traces
là non plus. Il faudra revoir
le titre car comment tuer
quelqu'un qui est déjà mort?
Pour les funérailles, j'ai
l'excuse parfaite: 6 000 kilomètres. Même si on vivait
dans le même pays, je
serais ailleurs, plus précisément à 40 années-lumière.
Son silence n'a pas attendu
sa mort pour se faire lourd.
Et puis, la nécrophilie ne
m'a jamais fasciné, Œdipe
n'a qu'à aller se rhabiller. De
son vivant, on n'avait rien à
se dire, alors comment parler à un cadavre refroidi
depuis des lunes? Ces banalités débitées lors de retrouvailles inopportunes comme
à une vieille tante éloignée.
Aucun héritage à espérer
comme si elle m'avait tout
donné à la naissance. Pas
une seule carte d'anniversaire depuis sa fuite nocturne.
Fausse promesse de
l'aube. Certaines femmes ne
devraient pas avoir d'enfants. L'instinct animal n'est
pas donné à toutes les
femelles de notre espèce.
Mourir plutôt que d'abandonner ses petits, se sacrifier pour leur survie. Pour
être une mauvaise mère, il
faut d'abord avoir été mère.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 4
Société
Ist der Staat auf dem rechten Auge blind?
(Sächsische Zeitung 19./20. November 2011)
Von Marc Lalonde
I
ch würde eher fragen:
Hat Europa überhaupt
nichts aus seiner Geschichte
gelernt? Die Nazis haben
schon einmal den ganzen
Kontinent in Schutt und
Asche gelegt, aber heute
sind ihre hässlichen, hassenden Nachfolger überall wieder auf dem Vormarsch. Das
letzte Beispiel: vier Parlamentsabgeordnete der
faschistisch-nationalistischen
Partei Volksorthodoxer
Alarm (LAOS) sitzen als
Minister und Staatsminister
in der griechischen
"Regierung der nationalen
Rettung". Sollen die
Neonazis vielleicht den Euro
und die EU retten?
Sogar in Schweden schafften die extrem rechts eingestellten schwedischen
www.aqa-online.de
"Demokraten" 2010 zum
ersten Mal mit 20 Sitzen den
Sprung ins Parlament. In
Norwegen, wo der Rassist
Breivik 78 Leute ermordete,
hat die Fortschrittspartei
2009 knapp 23% der
Stimmen erhalten und ist
jetzt die zweitgrößte Partei
im Land. In der Schweiz, in
Italien und in Österreich
sind oder waren Rechtsextreme schon Teil der
Regierungen. In den Niederlanden und in Dänemark
unterstützen oder unterstützten sie Minderheitsregierungen. Einige
Umfragen sehen Marine Le
Pen vom Front National als
zweite bei der französischen
Präsidentschaftswahl im Mai
2012, genau wie ihr Vater
schon im Jahr 2002.
Deutschland scheint überrascht vom Zwickauer Trio
und seiner Döner-Mordserie
zu sein, obwohl die NPD
eine etablierte Partei ist,
besonders in Sachsen und
leider auch hier in Dresden.
Wollen wir, dass wieder 60
Millionen Leute sterben? Wie
viele Muslime sollen noch
umgebracht werden? Unsere
Demokratie ist in Gefahr!
Wir müssen sie jetzt verteidigen und nicht auf den
nächsten, schrecklichen
Krieg warten.
Der erste, kleine Schritt
dafür ist selbstverständlich
ein NPD-Verbot. Ansonsten
ist der ständige Kampf
gegen Rassismus und
Diskriminierung überall und
in allen Köpfen zu führen,
nicht nur auf Staatsebene.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 5
Culture
Trou story - Histoires minées
Par Anne-Christine Loranger
N
é dans une ville
minière, Richard
Desjardins avoue en ouverture de Trou story, son nouveau documentaire, être
resté longtemps ignorant de
la réalité des mines. Comme
la plupart des Québécois.
"C'est normal", dit-il, "les
mines, nichées dans les profondeurs de la terre, ne parlent pas beaucoup d'elles. Et
surtout pas de leur histoire."
L'histoire minière au
Canada, c'est une histoire
de profits gigantesques
accumulés sur le dos des
travailleurs, au mépris de
leur santé et sans le moindre souci de l'environnement. Une histoire sombre,
brutale, où, durant la
Première Guerre Mondiale,
le nickel de Sudbury est
vendu à l'armée allemande.
Cette dernière en fabriquera
des balles qui serviront, à la
bataille de Vimy, à tuer des
soldats de Sudbury. Les
affaires sont les affaires.
Une histoire de travailleurs qui, malgré les profits
faramineux des entreprises
minières (sept fois plus d'or
a été extrait de la mine de
Timmins que dans toute
l'histoire du Klondike),
devront s'acharner jusqu'en
1944 pour gagner le droit de
s'associer. À ce moment les
entreprises minières,
secouées par le scandale de
la vente de nickel aux
Allemands, vendent désormais l'entièreté de leur production à l'Angleterre.
Le commentaire de Desjardins, précis et percutant,
accompagne de saisissantes
images d'archives. Ces images laissent lentement place
à des entrevues effectuées
avec les personnes qui se
sont battues pendant les
grèves de 1938, 1948,
1954, et avec celles qui se
battent encore. "Mon travail
est de mendier" révèle le
maire d'une des villes abritant l'un des plus gros gisements au monde. En 1926,
un règlement laxiste faisait
du Québec l'un des meilleurs
endroits au monde pour
creuser des mines. Il l'est
toujours.
Les pouvoirs publics, en
effet, n'obtiennent, encore
aujourd'hui, que des miettes
de l'immense richesse accumulées dans le sous-sol
québécois. Les entreprises
minières, nous apprend le
documentaire, paient des
impôts sur les quelques
bâtiments qui se trouvent à
la surface de la terre (et non
sur les kilomètres qui se
trouvent en-dessous). Elles
paient des impôts pour l'extraction; cette très petite
somme est payée pour chaque tonne de terre extraite
mais non sur la valeur de ce
qui est extrait. Elles ne
déboursent rien pour la destruction de l'environnement
ni pour la revalorisation des
milieux détruits pour des
millénaires, avec leurs cocktails de métaux lourds qui
s'écoulent dans les rivières
jusqu'au Saint-Laurent.
L'arsenic résiduel des mines
d'or de l'Abitibi, nous
apprend Desjardins, passe
devant Montréal.
L'Erreur boréale, paru il y
dix ans, avait secoué le
Québec. Ce documentaire,
ironiquement, n'est plus disponible en DVD. À l'heure du
Plan Nord, alors que le
Québec, avec ses politiques
que beaucoup de spécialistes affirment dépassées,
tente de vendre ses richesses au plus offrant (et
l'Allemagne est de la partie),
le nouveau film de Desjardins a de quoi questionner.
Peu importe ce qu'on en
pense, Trou story est à voir,
ne serait-ce que pour redonner une dignité à ces milliers
de visages enterrés dans le
trou miné de notre Histoire.
Trou story - Histoires
minées (2011)
Richard Desjardins, Robert
Monderie (79 minutes)
www.aqa-online.de
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 6
Culture
Ru de Kim Thuy
Par Martine Lienig
A
ujourd'hui, j'ai envie
de vous parler du livre
Ru, de l'auteure québécoise
d'origine vietnamienne Kim
Thuy. Publié en 2010, ce
livre n'est donc plus une
nouveauté. Mais je vous en
parle quand même pour
vous donner quelques raisons de le lire, si ce n'est
déjà fait.
Tout d'abord, Ru a connu
un immense succès en
librairie et une couverture
médiatique assez exceptionnelle, surtout pour un premier roman. L'histoire de ce
petit livre a donc touché un
grand nombre de lecteurs. Il
a ensuite remporté des prix
littéraires prestigieux
comme le Grand prix LireRTL et le Prix du Gouverneur
général en 2010. Puis finalement, Ru paraîtra en version
scolaire aux Éditions Klett à
la fin de janvier 2012. Cette
dernière nouvelle intéressera
sûrement les professeurs de
français parmi vous puisque,
pour ceux qui ne connaissent pas encore cette collection, les romans sont publiés
en français et le vocabulaire
difficile est expliqué en fran-
çais ou traduit en allemand
au bas de chaque page.
Que raconte cette histoire? Ru est un récit autobiographique dans lequel
l'auteure, Kim Thuy, nous
parle de son enfance au
Vietnam après l'offensive du
Têt, de l'occupation de sa
maison par les soldats, de la
fuite de sa famille en bateau
alors qu'elle a 10 ans, de la
vie dans les camps de réfugiés, de l'arrivée au Québec
à la fin des années soixantedix, de l'installation à
Granby, de l'enfance, de
l'adolescence et de la vie
adulte entre le Québec et le
nouveau Vietnam qui se
transforme, puis finalement,
de la maternité. Un vaste
programme qui ne s'étend
pourtant que sur environ
120 pages, dont certaines
sont même très courtes.
Le récit est construit sur
le principe de l'association
des idées, le dernier mot
d'un chapitre évoquant le
souvenir raconté dans le
chapitre suivant. Les souvenirs se bousculent donc, pas
nécessairement de manière
chronologique, pour former
un récit intense, souvent
très intime, mais en même
temps ouvert sur le monde,
toujours bouleversant. À travers le récit de Kim Thuy,
l'histoire contemporaine du
Vietnam alterne avec les
expériences personnelles
vécues au Québec par l'auteure et sa famille, mais
aussi avec les histoires personnelles d'autres réfugiés
qui ont influencé son propre
parcours. Le récit est en
même temps un aller-retour
entre le Québec et le
Vietnam, à travers les souvenirs d'enfance de l'auteure
et l'histoire des membres de
sa famille qui n'ont pas fui.
C'est par un langage très
poétique et imagé que l'auteure évoque tous ces souvenirs, toutes ces histoires,
même les plus terribles.
Mais la légèreté du ton ne
masque pas les souffrances
vécues par cette diaspora
vietnamienne, ni les horreurs dont Kim Thuy, enfant,
a été témoin. Les images de
la guerre, des camps, des
morts restent en nous, longtemps après avoir refermé le
livre.
www.aqa-online.de
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 7
Culture
La revanche du pâté chinois
Par Anne-Christine Loranger
Petit souper romantique
chez les Schulz-Loranger:
petite robe décolletée,
maquillage, parfum, bougies
sur la table, Diana Krall qui
chante en sourdine et …
pâté chinois! C'est l'élément
québécois le plus gagnant
de ma vie de couple. Déjà,
aux inflexions gourmandes
d'Andreas en rentrant dans
l'appartement, je sentais la
partie à peu près gagnée.
Mon homme, en m'apercevant, a dit deux choses:
"Pâté chinois?" Et, sur ma
souriante affirmative a
poussé un petit sifflement.
"Hmmm! You look very
nice!"
N'ayant précédemment eu
droit au "Very nice" qu'une
seule fois, le jour de notre
mariage (alors que tout le
monde poussait des oh! et
des ah!), j'ai l'impression
que notre steak-blé d'Indepatates national a joué un
rôle appréciable. C'est plus
que ce que j'obtiens avec
une goulasch-maison ou un
bœuf bourguignon.
Je suis toujours étonnée de
constater à quel point tout
le monde, même ce gourmet
de Danièle, notre ancienne
présidente, aime le pâté chinois. C'est souvent le premier item qui disparaît lors
des rencontres de l'AQA. Le
www.aqa-online.de
phénomène ne s'arrête pas
aux Québécois. Les Allemands, même ceux pour
lesquels les raffinements de
la cuisine française ne sont
plus un secret, se délectent
de pâté chinois. Mes étudiants allemands de l'Institut
français de Dresde, après
une petite assiette d'essai,
étaient prêts à se jeter dans
le plat. Même Ute, la juge à
la retraite avec son tailleur
Chanel, son français raffiné
et ses problèmes de foie, en
a repris deux fois!
Il y a deux semaines, lors
d'une entrevue avec la
Ministre Gagnon-Tremblay,
cette dernière a commenté
(avec une certaine réserve),
que le Chalet du Québec au
Gendarmenmarkt offrirait de
la poutine. La tête de la
ministre et des directeurs de
la Représentation du
Gouvernement du Québec,
lorsque je lui ai répondu que
mon plus gros succès québécois en Allemagne avait
été le pâté chinois, valait
presque les deux heures de
voyage jusqu'à Berlin. Je ne
suis pas certaine qu'ils
m'aient crue. J'annonce,
moi, avoir foi dans le pâté
chinois! (Les professeurs de
français en Allemagne seront
heureux d'observer que ce
texte contient les trois
homonymes de 'foi', tous
insensés. Un joli exemple
pour vos étudiants!)
Le mystère du pâté chinois,
c'est que jamais les trois
humbles ingrédients présentés l'un à côté de l'autre
dans une assiette n'atteignent à la qualité de saveur
qu'on retrouve dans les étages cuits ensemble. Il y a
comme une chimie qui s'installe, une magie des saveurs
qui collaborent, un érotisme
du goût qui flamboie. Les
variations de riz, de carottes
ou de petit pois ne sont ici
pas les bienvenues. C'est un
peu comme Carole Laure filmée par Gilles Carle. Carole
Laure filmée par Spielberg,
ce ne serait juste pas pareil.
C'est donc avec cette expérience en tête que j'ai proposé à Uwe Sochor, un restaurateur de Dresde spécialisé en bouffe française, de
faire une soirée soupercontes célébrant le Québec.
Au menu: soupe à la
citrouille, jambon à la bière,
pouding chômeur et pâté
chinois saupoudrés de
légendes de chez nous. C'est
là que je me suis rendue
compte que Môman avait
raison de préciser à Thérèse
qu'il s'agissait bien de steak
haché-maïs en grain (impossible ici de trouver du maïs
en crème) et de patates
pilées. Uwe était parti pour
acheter du Rinderfilet! La
soirée fut un succès mais je
me doute que ce n'est pas
mon interprétation des
contes amérindiens et de la
Chasse-Galerie qui était en
cause.
Après le dîner romantique
avec mon mari, j'ai eu ce
soir-là droit à un petit tour
de danse, le premier depuis
2008. Ne jamais mésestimer
le pouvoir du pâté chinois!
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 8
Culture
Recette Pâté chinois
Ingrédients
3 pommes de terre
2 c. à soupe lait
1 c. à thé huile
1/2 oignon, haché finement
225 g boeuf haché maigre
Sel, au goût
Poivre, au goût
225 g maïs crémeux
Paprika
terre dans l'eau bouillante
salée et cuire jusqu'à ce
qu'elles soient tendres.
Pendant ce temps, peler et
hacher l'oignon.
Peler les pommes de terre
en enlevant une pelure
très mince.
Rincer et couper en demies
ou en quartiers.
Plonger les pommes de
Étendre le maïs en crème
sur la viande.
Préchauffer le four à 190C.
Bien égoutter les pommes
de terre.
Écraser les pommes de terre
à l'aide d'un pilon.
Ajouter du lait et bien battre
au pilon pour faire une
purée très légère. Vérifier
l'assaisonnement.
Étapes
Dans une petite casserole,
faire bouillir une petite
quantité d'eau salée pour
la cuisson des pommes de
terre.
allant au four.
Dans une poêle, faire revenir l'oignon dans l'huile
jusqu'à ce qu'il soit tendre.
Ajouter le boeuf haché et
cuire jusqu'à ce qu'il n'y ait
plus aucune trace de chair
rose.
Retirer l'excédent de gras.
Saler et poivrer. Mettre la
viande dans un petit plat
Couvrir la viande hachée et
le maïs en crème de purée
de pomme de terre en se
servant d'une spatule de
caoutchouc.
Saupoudrer de paprika,
cuire au four environ 25
minutes jusqu'à ce que le
dessus soit doré.
Folie du Québec à Berlin
Par Anne-Christine Loranger
É
bouriffée, sensuelle,
transcendante, Berlin
semble toujours à l'affut de
nouvelles occasions de
s'exalter. Comme si, à force
d'absorber l'insensé et le
cruel de son morceau d'histoire, la ville en avait développé un goût immodérépour l'inusité, voire le chaotique. Le 18 novembre dernier, les Galeries Lafayette
lui offraient les deux, alors
que l'inauguration de l'événement Noël au Québec
recevait un friand public
berlinois au milieu d'une
tempête de flocons et de
producteurs de chez nous.
En vue de donner toute
son ampleur à l'ouverture
officielle de Noël au Québec,
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événement réunissant des
artistes et des fabricants
québécois qui se déroulera
jusqu'au 31 décembre prochain, les Galeries Lafayette
de Berlin avaient décidé
d'ouvrir leurs 9 000 mètres
carrés jusqu'à minuit. Déjà
sur les vitrines encadrées
pour l'occasion de planches
de bois rustiques, le Québec
déclinait ses teintes d'hiver
sous forme de paysages de
ski agrémentés de mannequins arborant des vêtements bordés de fourrures.
"Noël au Québec", pouvaiton y lire en grosses lettres.
Ces trois mots, la journaliste a calculé les avoir lus
pas moins de mille fois
durant la seule soirée de
vendredi. Sur tous les étages, sur tous les étalages,
en gros, en petits, en moyen
ou en gigantesque, le slogan
de l'événement-région de la
plus prestigieuse galerie
marchande de Berlin se
répétait à la grandeur du
magasin dans un élégant
tourbillon de flocons formés
de fleur-de-lys stylisées.
C'est la première fois que,
durant les lucratives semaines précédant les Fêtes, les
Galeries font la promotion
d'une région située hors de
la France. L'événement permettra aux 20 griffes et produits québécois sélectionnés
par les acheteurs de
Lafayette d'être vus par plus
de 100 000 visiteurs par
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 9
Culture
semaine. "C'est très prestigieux pour le Québec",
confirme Monique GagnonTremblay, ministre des
Affaires Internationales
venue inaugurer l'événement à la fin d'une série de
rencontres avec des ministres des Länder germaniques. "Entendre parler pendant un mois de temps du
Québec, on ne peut pas
imaginer meilleure publicité.
C'est un projet fantastique."
Une occasion aussi de promouvoir le Québec en tant
que région touristique et d'y
faire connaître des artistes.
À l'intérieur des Galeries,
la foule est dense et le restera toute la soirée. Au
milieu des marques de luxe
comme Chanel ou Fendi, on
retrouve des étalages composés de produits québécois
comme les fourrures
Harricana, les soins corporels Body America ou les
bijoux Birks, le tout agrémenté de la musique des DJ
québécois Chris Hreno,
Deadbeat et Mike Shannon.
Au sous-sol, un étalage de
paquets de biscuits de l'Érablière du Moulin de Coaticook est placé en bonne évi-
dence à côté d'autres produits d'érable et de canneberges, juste à côté des
foies gras de chez Fauchon.
En l'honneur du Québec,
les nombreux visiteurs affamés de luxe à l'heure du
lunch pourront déguster et
acheter pendant un mois
des cidres de glace, du
whisky à l'érable et de bons
vieux cheddars, produits
inconnus en Allemagne.
Dégustation d'autant plus
intéressante qu'elle se
déroule autour d'une tempête de flocons: au milieu
de l'immense sphère transparente de cinq étages qui
constitue le centre des galeries, la neige souffle en permanence tandis qu'un écran
géant projette les photos
aériennes de paysages
enneigés du photographe
Pierre Lahoud. Au sommet
de la sphère, “Noël au
Québec” se découpe en
gigantesques lettres bleues
sur des panneaux de bois
d'une taille propre à satisfaire l'orgueil national.
L'événement constitue une
chance unique pour les créateurs de trouver des distributeurs pour leurs produits.
"Le marché allemand ressemble beaucoup au marché
canadien", explique Sarah
Choufani, directrice des ventes pour les manteaux
Mackage. "On voit beaucoup
de similarités avec notre
marché à nous. (…) Il y a de
la demande pour notre produit. Ce n'est pas évident de
trouver un manteau non
seulement qui est chaud
mais aussi taillé près du
corps, très féminin, très
sexy. On voudrait bien avoir
notre propre département
aux Galeries Lafayette."
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Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 10
Culture
Québec: quarante ans en Allemagne
Par Anne-Christine Loranger
A
yant élu domicile
depuis cinquante ans
en France, le Québec célèbre
en 2011 ses quarante ans
de présence en Allemagne.
Si les géants Bombardier,
CAE et Alcan n'ont pas de
mal à y faire leurs frais, il
est beaucoup plus difficile
aux petites et moyennes
entreprises québécoises de
meilleure place pour commencer parce que c'est la
ville la plus avant-gardiste."
s'y implanter, d'autant plus
que le marché y est exigeant. "Les Allemands sont
extrêmement pointilleux sur
la qualité", explique
Mariouche, créatrice des
accessoires de fourrure
recyclée Harricana. "Il faut
être impeccable, il faut être
parfait, à la bonne date, le
poil dans le bon sens. Avec
les Français, on peut discuter. Les Allemands, si on se
plante sur une pièce, c'est
terminé."
Denis Gagnon, accompagnées des accessoires de
fourrures Harricana, des
bottes Pajar et des colliers
de Charlotte Holsten. Si la
styliste berlinoise Kady
Taylor déclare avoir bien
aimé certaines des créations
colorées de Denis Gagnon et
surtout ses chaussures, Iris
Jorde de la boutique de
haute gamme Amorph manifeste fort peu d'enthousiasme, sauf pour les colliers. "Je n'ai rien vu dans
les vêtements qui soit du
goût de mes clientes,"
déclare-t-elle en faisant la
moue.
force est de constater que la
vitrine offerte par les
Galeries donne déjà des
résultats.
L'intérêt pour les créations
québécoises se retrouve
cependant sur les étages.
Venue montrer son étalage
de manteaux pour dames,
Mme Choufani constate avec
surprise quelques cintres
déjà vides, tandis qu'à deux
pas de là, une longue adolescente et une petite quarantenaire potelée essaient
avec enthousiasme des
robes de Marie Saint-Pierre
Le mousseux coulait
encore au bar à minuit alors
que les gardiens tentaient
tant bien que mal de vider
les cinq étages. Même la
journaliste n'a pas échappé
à la folie générale et est ressortie lestée d'une redingote
Marie Saint-Pierre. Berlin,
ébouriffée, sensuelle, transcendante, se laissera-t-elle
aussi tenter?
S'il est exigeant, le public
germanique est aussi diversifié: riche et conservateur
dans le sud, il devient plus
ouvert dans le nord, particulièrement à Berlin qui constitue, de l'avis de tous les
créateurs et acheteurs questionnés, le meilleur point
d'entrée pour les nouveaux
produits. "Les Allemands
sont à la fois très conservateurs et très avant-gardistes
du point de vue de la mode”
affirme Sophie Choufani. "Il
faut développer une niche et
partir de là. Berlin est la
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Les produits québécois ne
plaisent cependant pas à
tous. Témoins les réactions
mitigées suite au défilé de
mode présentant les créations de Marie Saint-Pierre,
Dom Rebel, Mackage et
qui leur vont toutes les deux
à ravir. Les 20% de rabais
accordés ce soir-là aux
acheteurs de produits québécois sont sans doute pour
quelque chose dans cet
enthousiasme. Les Laboratoires Delon ayant déjà
signé un contrat pour la
marque Body America avec
un distributeur européen,
Impossible de déterminer
lesquels, parmi le tourbillon
de sacs aux couleurs des
Galeries Lafayette qui émergeront toute la soirée des
magasins, contiennent des
produits québécois. La frénésie était cependant au
rendez-vous avec entre
4 000 et 5 000 visiteurs sur
les 70 000 invitations
envoyées par la Délégation
générale du Québec en
Allemagne.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 11
Culture
Entretien sur le
bilinguisme avec
Christian et Anouk
Alix
Par Claudie Mahn
C
hristian et Anouk Alix,
le père et la fille. Le
père est français, a fait des
études en linguistique, a été
professeur d'allemand en
France, professeur de français en Allemagne. Jusqu'à
sa retraite, il a travaillé
comme chercheur sur l'éducation en Europe, sur les
questions linguistiques dont
le bilinguisme, particulièrement dans le cadre des
échanges franco-allemands.
La fille est franco-allemande,
a grandi dans une famille
bilingue à Francfort et est
devenue orthophoniste. Ce
sont des amis mais aussi
mes interlocuteurs privilégiés (que j'ai sous la main!)
lorsque j'ai de nombreuses
questions sur l'éducation des
enfants bilingues, et pour en
avoir, j'en ai!
Chers parents, j'espère que
cet entretien vous donnera
un petit coup de main dans
vos périodes de doute quant
à la nécessité de transmettre la langue française à vos
enfants dans un environnement allemand.
Claudie: Est-ce qu'il y a une
recette miracle pour transmettre le français à nos
enfants?
Anouk: D'abord, il est
important de décider pour
soi ce qui est important.
Est-ce que vous voulez que
votre enfant parle parfaitement la langue ou bien qu'il
puisse communiquer quand
il en a besoin dans votre
famille d'origine "étrangère"
(québécoise)? Vous pouvez
décider que le plus important pour vous, c'est que
votre enfant comprenne le
français et respecte que
www.aqa-online.de
vous voulez lui parler dans
cette langue, même s'il
parle allemand avec vous et
que vous jugez qu'il aura
acquis passivement les
bases, si un jour le français
l'intéresse.
Chaque parent a sa vision
des choses en ce qui
concerne l'approche du bilinguisme et il faut la respecter. Ensuite, on peut travailler sur une stratégie qui
répondra à nos besoins. Le
plus important, c'est de ne
pas mettre constamment les
enfants sous pression. Tout
doit rester "naturel", un
naturel réfléchi et tolérant.
Christian: Il ne faut pas
oublier que l'on ne transmet
pas seulement la langue, on
transmet aussi une culture,
une histoire individuelle et
collective et pas seulement
du vocabulaire. Pour certains
parents, celle-ci peut jouer
un avant-rôle, pour d'autres,
la langue seule est le plus
important. Mais tout ne se
réduit pas à la transmission
d'une ou de deux langues.
La langue n'est que la partie
visible d'un iceberg qui est
l'histoire de chacun et chacune. Quand on parle de
bilinguisme on parle inévitablement, qu'on le veuille ou
non, de tout cela!
Claudie: Si on dévore les
livres sur l'éducation des
enfants dans un milieu multilingue, on se rend compte
qu'on parle souvent de l'approche une personne, une
langue. Que cela veut-il dire
exactement et à quel point
est-ce qu'il faut respecter ce
principe?
Anouk: Que ce soit la mère
ou le père, chaque parent
doit essayer de s'adresser à
ses enfants dans une seule
langue. Ces derniers comprennent la notion de système et de personne, plutôt
que la distinction avec la
langue seule. C'est-à-dire
qu'un enfant comprend
d'abord qu'avec maman et
ses amies X et Y, on parle
français, mais maman avec
les mamans de l'école ou
mes amis, c'est l'allemand,
avec papa et grand-papa,
que l'allemand ou bien, papa
avec maman, c'est le français, etc. Ce qui est le plus
difficile pour l'enfant, c'est
lorsqu'il n'y a pas de distinction claire du système, par
exemple, maman me parle
parfois en français, parfois
en allemand, sans raison
apparente quand elle
s'adresse à moi. Dans ce
cas, l'enfant a plutôt tendance à ne s'approprier
qu'une langue, sa langue
forte.
Christian: Avec l'arrivée du
deuxième enfant, le système
familial touchant à la langue
risque d'être chamboulé. La
question d'un système familial à base de deux ou plusieurs langues est une
notion très dynamique, en
évolution constante. L'idéal
est ou serait d'avoir un système stabilisé dont chacun
connaît le fonctionnement et
où il se repère et se sent à
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 12
Culture
Claudie: Si l'enfant parle
habituellement en français
mais a recours à l'allemand
pour des mots qu'il ne
connaît pas en français, que
faut-il faire?
l'aise. Mais la pression du
milieu ambiant de la langue
première peut entraîner des
modifications importantes et
même remettre en cause le
système tel qu'il fonctionnait
jusqu'alors.
Exemple: l'aîné et le cadet
peuvent se mettre à se parler allemand entre eux, surtout si les enfants sont scolarisés tous les deux dans le
même établissement allemand. La langue de jeux à
l'extérieur est l'allemand. Ils
vont donc continuer à l'utiliser entre eux dans le milieu
familial pour ce type d'activité. Pourtant, si le parent
qui parle français continue à
le faire en présence de ses
deux enfants, il se peut que
la langue parlée change au
français.
Claudie: En plus de l'approche une personne, une langue, pour qu'un enfant parle
les deux langues et continue
à les parler, que faut-il faire
pour l'encourager?
Anouk: Idéalement, il faudrait que le niveau de vocabulaire progresse au même
rythme dans les deux langues. Sinon, l'enfant aura
plutôt tendance à choisir sa
langue forte au détriment de
sa langue la plus faible. Pour
cela, les livres sont parfaits
dès le plus jeune âge car ils
permettent la conversation.
De plus, il est conseillé de
se développer un réseau
francophone au quotidien
pour que l'enfant puisse
comprendre que cette lan-
www.aqa-online.de
gue n'est pas seulement
parlée par la mère ou le
père et aussi, pour avoir des
amis qui grandissent dans la
même situation. Si l'autre
parent allemand est prêt à
parler français et à l'apprendre, c'est aussi un très fort
avantage d'avoir le français
comme langue familiale,
c'est-à-dire que les conversations à la table sont en
français.
Christian: Les chansons,
comptines et jeux de doigts
permettent aussi de rendre
l'apprentissage de la langue
intéressant. Un contact fréquent avec la famille francophone est aussi idéal, mais
pas toujours évident quand
un océan nous sépare. Le
meilleur encouragement
pour l'enfant, c'est de vivre
le français comme une langue réelle, normale, parlée
par des gens qu'il connaît,
qu'il aime. La langue en tant
que système de signes à
part, abstrait, n'a aucun
sens pour les enfants! La
langue fait partie d'un vécu
global, immédiat, spontané,
très marqué par l'affectivité.
Anouk: Tout simplement
répondre: tu voulais dire (le
mot en français)? C'est certain qu'à un certain âge, on
ne peut pas répéter la
phrase entière, mais on peut
essayer de répondre à la
question ou donner son
commentaire en énonçant
clairement le ou les mots
qui semblaient inconnus.
Une façon indirecte d'enseigner le vocabulaire manquant.
Christian: Surtout, ne pas
paniquer et ne pas se
fâcher. Toujours donner le
sentiment à l'enfant qu'on le
comprend, quelle que soit la
langue qu'il parle ou, tout
du moins, qu'on essaie de le
comprendre s'il dit quelque
chose qu'on ne comprend
pas. Ce n'est pas seulement
un problème de bilinguisme.
Si l'on ne le comprend pas,
ce n'est pas toujours parce
qu'il n'utilise pas ou mal la
langue qu'on voudrait qu'il
parle. Ne pas envoyer des
regards lourds de déception,
car vous voulez que votre
enfant continue à s'exprimer
et vous allez l'aider à le
faire, parce que ça vous
intéresse ce qu'il dit!
Lire la suite dans la prochaine édition du journal!
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 13
Sondage éclair
Pour ce numéro du journal, nous avons voulu savoir si vous vous sentez à l'aise
avec la langue allemande? Si oui, qu'est-ce que vous avez fait pour la maîtriser et
combien de temps vous a-t-il fallu? Voici les réponses que nous avons reçues.
Catherine Bryden
Qui suis-je en français? En
anglais? En allemand?
Je crois qu'une relation
avec nos langues apprises
et acquises après notre
langue maternelle est
quelque chose d'intime et
de personnel. Parler une
autre langue signifie devenir quelqu'un de différent,
explorer différents côtés de
sa personnalité.
Je suis née dans une
famille anglophone à
Montréal. Mes parents
m'ont envoyée à une prématernelle française et
ensuite, toute mon éducation jusqu'à la maîtrise en
traduction, à l'Université
Concordia, s'est passée en
français.
Dès le début, tout mon
être est tombé en amour
avec le français. Il parait
que j'ai commencé à parler
en français dans mes rêves
dès mon premier contact
avec la langue. Dans le
milieu francophone, je me
sentais ouverte et libre de
laisser cours à toutes mes
émotions, ma spontanéité
et ma créativité.
Hélas, ma relation avec
l'allemand fut un peu plus
compliquée. C'est ma 11e
année ici et je n'ai toujours
pas découvert mon
enthousiasme pour la
grammaire allemande.
Savoir quel verbe devrait
venir à la fin d'une phrase
avant que je la commence
semble aller contre ma
nature. Je n'y arrive pas
souvent. Ce que j'apprécie
le plus, ce sont les noms
et les détails.
Côté positif: patience,
ralentissement, thinking
things through - all come
with learning German.
Isabelle McEwen
Oui, je me sens à l'aise
avec la langue allemande
mais ne vous étonnez pas:
je suis arrivée en Allemagne en 1979! C'est avec
le français qu'à une certaine époque je me sentais
moins à l'aise, à l'époque
où le téléphone était
encore cher.
Maintenant que ma sœur
et moi nous téléphonons
tous les midis (moi je lunche, elle déjeune), j'ai
repris l'habitude du français. Mais bon, je vis en
allemand: je travaille en
allemand et parle l'allewww.aqa-online.de
mand à la maison (mon
partenaire est iranien et ne
parle pas français). Je ne
saurais pas dire dans
quelle langue je rêve mais
je me parle souvent en
allemand et mes listes
d'achats sont bilingues. Je
fais des fautes dans les
quatre langues que je
parle, ça, c'est important
de le dire.
En tant que metteur en
scène je dois sans cesse
écrire des textes
(concepts, propositions,
etc.). Cette année j'ai fini
une thèse de doctorat à
l'université de Hambourg,
j'ai un merveilleux lecteur
et je lui fais tout corriger.
Encore aujourd'hui. Entretemps j'aurais besoin de
quelqu'un pour corriger
mes textes en français.
Vous connaissez certainement l'histoire du hongrois
qui va aux E.-U. et qui
après un certain temps a
oublié le hongrois et n'a
jamais appris l'anglais. Ça
fait rire mais c'est plus ou
moins l'histoire de tous
ceux qui vont vivre à
l'étranger et y restent suffisamment longtemps.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 14
Sondage éclair
Paul Lamer
Maryse Bouchard
Après 10 années passées
en Allemagne, j'ai toujours
eu quelque chose à
apprendre sur cette belle
langue.
Oui, je me sens à l'aise
avec la langue allemande.
Ce que j'ai fait pour la
maîtriser: j'avais déjà
appris l'allemand à
l'Université à Montréal
avant de connaître mon
conjoint et avant de venir
en Allemagne. Mon
conjoint et moi parlons
français et allemand
ensemble.
Encore aujourd'hui, il y a
toujours un petit mot que
je ne connais pas, mais en
général ça va.
Doris Hippeli
À l'origine, quand je suis
venue en Allemagne avec
mon copain, c'était pour
un projet de trois ans.
Nous parlions français à la
maison. Rapidement, j'ai
trouvé un emploi dans
l'enseignement du français
et, durant les premières
années, je me suis surtout
fait des amis francophones. Il s'agissait d'expatriés qui avaient des
besoins et des problèmes
qui ressemblaient aux
miens.
J'ai pris plusieurs cours
d'allemand intensifs puis
j'ai fait un certificat en
informatique. Le cours se
donnait en allemand. Ce
fut une école dure et
implacable mais c'est à ce
moment que j'ai fait de
réels progrès.
Néanmoins, je dois dire
qu'il m'a fallu presque sept
ans pour que je me sente
vraiment à l'aise dans la
langue et puisse enfin
prendre plaisir à lire dans
cette langue.
Marc Lalonde
Malheureusement à cause
de mon boulot de prof
d'anglais, je n'ai pas à utiliser l'allemand au travail,
ce qui m'a sûrement
ralenti au début et, puis, le
français est demeuré la
langue de notre couple.
J'avais parfois l'impression
de m'en tenir à "Eine
Bartwurst mit Senf bitte"
par semaine.
Au Québec, j'avais eu deux
cours d'allemand à l'université en 1986 sans
savoir que je m'installerais
au pays un jour. Avant de
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déménager à Dresde, j'ai
aussi pris un cours à
l'Institut Goethe de
Montréal en 1996.
Sinon, la télé m'a beaucoup aidé, surtout les infos
et Tatort. Avec ma bellefamille, je n'ai pas le choix
non plus. Aujourd'hui, je
dirais que je me débrouille
très bien et j'adore écrire
en allemand!
Finalement, mon engagement politique se passe
entièrement dans la langue
de Goethe, ce qui m'a fait
faire d'énormes progrès.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 15
Sondage éclair
Catherine Gagnon
Je dirais qu'aujourd'hui,
après 19 ans en Allemagne, je me sens plutôt
à l'aise avec la langue de
Goethe. Il faut dire que j'ai
commencé à prendre des
cours au CEGEP de SainteFoy il y a ... belle lurette!
Puis, j'ai fait deux fois la
Sommerschule à l'Université Laval avant de me
décider à faire des études
d'allemand. Ce qui m'a à
l'époque beaucoup aidé,
c'est le Cercle Goethe de
Québec. On y présentait
Claudie Mahn
des conférences et des
films en allemand tous les
vendredis soirs. J'étais
presque toujours au rendez-vous!
Ce qui me fait vraiment
dire toutefois que je me
sens à l'aise, c'est que
j'arrive assez bien à comprendre les dialectes du
coin. Je me surprends
même à utiliser des
expressions régionales
quand je parle à ma bellefamille ou avec les commerçants de mon village.
Mon apprentissage de la
langue allemande s'est fait
d'une façon un peu saccadée. J'ai pris des cours
d'allemand à plusieurs
reprises, entrecoupés de
longues pauses pour assimiler les notions apprises
j'imagine. Donc, à l'oral, je
me sens bien, mais à
l'écrit, je peux toujours
m'améliorer!
David St-Onge
Je ne sais plus exactement
combien de cours d'allemand, combien d'heures
passées devant la télévision, ni combien de lecture
je me suis tapé pour que
l'allemand me rentre dans
la tête. En fait, le véritable
point tournant, c'est quand
un prof d'allemand m'a
franchement dit qu'il serait
temps que j'arrête de parler français avec ma
femme (qui est allemande). À la naissance de
notre premier enfant, nous
avons réintroduit le français à la maison.
Aujourd'hui, nous sommes
une véritable famille bilingue!
Je travaille à Munich pour
une multinationale ontarienne et je dois constamment changer entre l'allemand et l'anglais. Là aussi,
j'ai dû m'habituer, malgré
que les deux langues, prises à part, soient bien
ancrées dans ma caboche.
Il y a bientôt trois ans, j'ai
développé une véritable
passion pour l'italien. Je
progresse rapidement et,
ça, je le dois non seule-
ment à la parenté de la
langue de Dante avec le
français, mais aussi aux
années de mutations cérébrales causées par la torture de l'apprentissage de
l'anglais et de l'allemand.
Par contre, un cours d'italien à la VHS m'a remis les
deux pieds sur terre. Le
prof parlait beaucoup allemand et nous demandait
souvent de traduire à l'oral
de l'allemand à l'italien pour moi, une contorsion
presqu'impossible. Mais
comme on dit ici:
"Passtscho!"
Anne-Christine Loranger
Après sept ans à apprendre l'allemand sur le tas,
je commence à pouvoir lire
des textes. Cela va généralement bien pour m'exprimer, sauf lorsque que je
suis énervée ou sous pression (après un accident,
genre).
Les subtilités du
“Sächsisch”, le dialecte de
Saxe, continuent de me
www.aqa-online.de
désorienter. Je suis bien
dans les conversations en
général, mais si je m'éloigne une minute, je suis
perdue. Le plus difficile
c'est de ne pas pouvoir
comprendre les conversations autour de moi dans
les restos ou durant les
excursions. Mais, comme
me dit mon mari: “Tu ne
manques pas grand'chose!”
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 16
Circuit touristique
Dans cette rubrique, nous aimerions vous présenter les plus beaux coins de notre
pays d’accueil. Outre les monuments historiques, il y a beaucoup d’endroits à
explorer et à recommander! Envoyez vos suggestions à dhippeli@aqa-online.de.
Heidelberg et les environs
Par Stephanie Weil
À
quoi peut-on s'attendre quand on visite
Heidelberg?
Bien sûr, plusieurs ont
entendu parler de la vieille
ville romantique, de son
château en ruine qui trône
sur la ville, du Neckar, ce
long fleuve qui prend sa
source en Forêt Noire, et
peut-être même du Chemin
des Philosophes, chemin qui
offre de magnifiques panoramas sur la vieille ville, le
Neckar et le château. Mais
peu de gens savent qu'il y a
beaucoup plus à découvrir
dans la ville elle-même et
ses environs.
Le Chemin des Philosophes est le point de départ de plusieurs belles promenades au pied de l'Odenwald. L'une d'entre elles
mène à l'amphithéâtre
Thingsstätte. La route
grimpe au-dessus du Neckar
pendant 30 minutes et
donne au spectateur des
vues de plus en plus impressionnantes sur le fleuve, la
ville et toute la région RhinNeckar. La Thingsstätte est
un amphithéâtre qui fut
construit lors du régime
Nazi. C'est la raison pour
laquelle il n'est pas aimé et
Michaelskloster
Thingsstätte Heidelberg
guère utilisé par les habitants d'Heidelberg. C'est
dommage parce que c'est un
endroit extraordinaire dont
son stade ouvert peut
accueillir plus de 8 000
spectateurs.
En continuant son chemin,
on peut atteindre les ruines
du monastère Saint-Michel,
Michaelskloster, qui date du
9e siècle. La structure des
salles, de la chapelle et des
dortoirs est toujours visible,
les murs ayant une hauteur
d'environ un mètre. Deux
tours peuvent être escaladées. Elles offrent une vue
impressionnante sur la vallée du Rhin. C'est un endroit
idéal à explorer avec des
enfants.
En prenant la route qui
longe le Neckar, on pénètre
dans la vallée du fleuve qu'il
est possible de visiter en
bateau, en vélo ou en voiture. La petite ville de
Neckargemünd se trouve à
environ 10 km à l'est de
Heidelberg. Il s'agit d'un lieu
médiéval qu'il est agréable
de découvrir en longeant ses
ruelles étroites et ses belles
maisons à colombage.
Neckargemünd est la
porte d'entrée de Dilsberg,
un village qui trône sur le
haut d'une colline formée
par une boucle du Neckar.
Entouré de remparts, le village fait croire vraiment à
un conte de fées. On y entre
par une porte centrale qui
donne sur une petite place.
L'atmosphère est celle d'un
autre temps - feutrée. Il n'y
a guère de voitures ici et les
ruelles et maisons à colombage sont magnifiques.
Dilsberg n'est pas vraiment
long à explorer, et on termine habituellement la visite
par la ruine de la forteresse
qui se trouve à la pointe de
la colline. De plus, il y a une
très bonne chocolaterie!
De l'autre côté du Neckar,
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Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 17
Circuit touristique
Kekse ou Plätzchen?
Vue aériale de Dilsberg
on aperçoit le village de
Neckarsteinach. C'est ici que
l'exploration du Neckar en
bateau, en partance de
Heidelberg, se termine. Ce
village pittoresque comprend
de nombreux restaurants et
cafés au bord du fleuve. La
présence de quatre châteaux
le rend particulièrement singulier. Un sentier permet de
s'y rendre mais seulement
deux des châteaux peuvent
être visités. Les deux autres
se trouvent toujours en possession privée. Le dernier
samedi de juillet, il y a un
feu d'artifice à Neckarsteinach. Les quatre châteaux
sont alors illuminés et c'est
un spectacle à ne pas manquer!
Quand on retourne à
Heidelberg en cotoyant la
rive du côté de Neckarsteinach, on se trouve à longer
le couvent Stift Neuburg.
Contrairement au couvent
Saint-Michel, c'est un cloître
qui est toujours utilisé. Il
Ladenburg
www.aqa-online.de
comprend un petit restaurant qui offre des produits
locaux et, dans le magasin
(Hofladen), les moines vendent les produits qu'ils produisent eux-mêmes.
Finalement, quand on
quitte Heidelberg en prenant
l'autoroute A5 en direction
du nord, on passe par deux
petites villes pittoresques.
Ladenburg, ville romaine,
surprend par sa structure
médiévale, ses petites ruelles, ses maisons à colombage et son pavé inégal.
Weinheim, un peu plus au
nord, dispose d'une villehaute où se trouve la place
centrale. On y voit des restaurants et des cafés entourés de vieux arbres ainsi que
la zone piétonnière. Dans la
ville-basse, l'atmosphère est
plus sereine et médiévale.
Le grand parc du château,
au centre-ville, ainsi que les
deux châteaux qui trônent
sur la ville valent la peine
d'être explorés.
Tout Allemand traditionnel
se met dès le début de
novembre devant ses fourneaux pour réaliser les
fameux biscuits de Noël qui
exhalent des parfums de
cannelle, d'anis, de cardamome, de clous de girofle
ou de vanille. Mais ces
fameux biscuits, doit-on les
appeler Plätzchen ou Kekse?
Vous ne vous en doutiez
peut-être pas mais il y a
vraiment une différence.
Plätzchen
Autrefois, les gens de la
noblesse agrémentaient
volontiers leur thé ou café
d'une pâtisserie peu nourrissante mais très sucrée. À
l'époque de Noël, on les rendaient plus festifs en leur
ajoutant de la confiture, du
chocolat, de la pâte d'amandes ou des noix. On appelait
ces délices Plätzchen, terme
qui se réfère au mot latin
placenta qui signifie
“gâteau”. Encore aujourd
'hui, on appelle le pain à la
levure sucré Platz. C'est
pourquoi on a donné le nom
de Plätzchen à ces petites
pâtisseries cuites. À l'époque
de Noël, on parle aussi de
Weihnachtsplätzchen.
Kekse
Au contraire, les Kekse sont
venus des navires britanniques: à l'époque, les Anglais
qui entreprenaient de longs
voyages mangeaient une
sorte de galette cuite.
Particulièrement nourrissante, elle se conservait
aussi très longtemps. Cette
galette était connue sous le
nom de English cake. Or
voilà qu'au 19e siècle un
commerçant allemand entreprit de produire lui-même
ces petites galettes. Et c'est
ainsi que cakes est devenu
Keks, une friandise beaucoup moins riche que les
fameux Plätzchen.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 18
Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke
Ratingagenturen - Geißel der Moderne oder willkommener
Sündenbock - Teil 2
Von Kaus Grewer
Teil 1 dieses Artikels wurde
in der September-ausgabe
2011 veröffentlicht.
Was wird den
Ratingagenturen vorgeworfen?
Schon seit Jahren wird
Kritik an den Ratingagenturen geübt. Primär handelt
es sich um fünf Hauptkritikpunkte:
- falsche Bewertungsmethoden und mangelnde Transparenz der Bewertungen
- Versagen in der Vergangenheit
- Interessenkonflikte auf
Grund der Beauftragung
durch den zu Bewertenden
- Absichtliches Verstärken
von bestehenden Krisen
- Möglicher Einfluss der
Besitzer der Ratingagenturen auf die Beurteilungen
Bereits 2003 übten deutsche Unternehmen Kritik am
Verhalten der Agenturen und
bezweifelten ihre Bewertungsmethoden. Die Bewertungskriterien sind nicht
transparent und gelten vielen Kritikern - wie z. B.
Professor Thomas Straubhaar vom Hamburger
Weltwirtschaftsinstitut - insbesondere gegenüber
Europa als nicht objektiv.
Dennis Snower, Präsident
des Instituts für Weltwirtschaft in Kiel, forderte, dass
die Rechenmodelle offengelegt werden, damit die
Grundlagen der RatingEntscheidungen transparent
werden. Die mangelnde
Transparenz führt auch
dazu, dass in der Vergangenheit Ratingexperten von
www.aqa-online.de
interessierten Investmentbanken abgeworben wurden,
die dadurch in der Lage
waren, ihre Produkte im
Sinne der Prüfungskriterien
weitaus besser aussehen zu
lassen, als es tatsächlich der
Fall war.
Die Liste der gravierenden
Fehleinschätzungen der
Ratingagenturen ist lang und
beginnt früh. Bereits beim
Börsencrash am 24. Oktober
1929 versagten die Bewertungen der Ratingagenturen:
von 264 Anleihen, deren
Emittenten während der
Great Depression in Zahlungsverzug gerieten, waren
78 Prozent noch im Jahre
1929 mit mindestens "AA" die unmittelbar auf die
Bestnote folgende Bewertungsstufe - bewertet worden.
Als 2002 der amerikanische Großkonzern Enron
zusammenbrach, hatten
Ratingagenturen trotz der
desolaten Finanzsituation
des Unternehmens noch bis
kurz vor dem Zusammenbruch gute Bewertungen
vergeben. Ein Untersuchungsausschuss des USSenats bewertete die Arbeit
der Ratingagenturen denk-
bar schlecht und stellte
deren Effektivität, Unternehmen kritisch zu überwachen, generell in Frage:
"[The rating agencies']
monitoring and review of the
company's finances fell far
below the careful efforts one
would have expected from
organizations whose ratings
hold so much importance.
Instead (…) the credit raters
took Enron at their word and
failed to probe more deeply.
(…) It is difficult not to wonder whether lack of accountability - the agencies' practical immunity to lawsuits
and non-existent regulatory
oversight - is a major problem."
Die amerikanische
Immobilienkrise von 2008
gilt als ein weiteres Beispiel
für das Versagen der Ratingagenturen. Die Bewertungen
der US-Hypothekenanleihen
hatten keine Hinweise auf
den nahenden Zusammenbruch des Immobilienmarktes gegeben. In der folgenden Finanzkrise wurde nicht
nur ein weiteres Versagen
der Ratingagenturen sichtbar, sondern es deutete sich
ein Zusammenhang zwischen wirtschaftlichen
Interessen der Ratingagen-
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 19
Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke
turen und den vergebenen
Bewertungen an. Während
von den Ratingagenturen
weltweit nur zwölf Privatunternehmen mit der
Bestnote "AAA" ausgezeichnet wurden, bewerteten sie
zwischen 2000 und 2007
60 000 Anlagepapiere mit
eben dieser Bestnote. In
Summe handelte es sich um
Papiere im Wert von vier
Billionen Dollar, wobei die
Einnahmen aus diesen
Bewertungen einen erheblichen Teil des Gesamtumsatzes der Ratingagenturen
dargestellt haben dürften.
Nur wenig später - als die
Finanzkrise ihren Höhepunkt
erreichte - wurde ein
Großteil dieser Papiere von
den gleichen Agenturen auf
die schlechteste Note herabgestuft.
Auch im Fall des
Vorwurfes des Wertpapierbetrugs gegen Goldman
Sachs wurde die Aussagekraft der vergebenen
Ratings in Frage gestellt, da
die fraglichen Wertpapiere
mit dem besten Rating versehen waren.
Ebenso zeigte auch die
Beurteilung von Ländern
deutliche Fehler: 2008 stand
Island infolge des Kollapses
seines Bankensektors kurz
vor dem Bankrott. Noch
wenige Monate zuvor war es
jedoch von Moody's mit der
Höchstnote bewertet worden, obwohl es bereits 2006
Gerüchte um mögliche
Probleme der Banken des
Landes gegeben hatte. Dies
war damals von den Ratinganalysten als übertrieben
bezeichneten worden.
Im Zuge der Euro-Krise
erfolgt häufig der Vorwurf,
Ratingagenturen hätten die
Noten für Länder wie
Griechenland, Portugal oder
Irland immer dann gesenkt,
wenn die Finanzmärkte
ohnehin schon nervös
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waren, um so die Krise weiter anzuheizen. Gleichzeitig
würden die USA bevorzugt
bewertet, obwohl deren
Defizit in den vergangenen
Jahren drastisch gestiegen
ist und die USA nun mit
rund hundert Prozent der
jährlichen Wirtschaftsleistung deutlich höher verschuldet sind als zum
Beispiel das vielgescholtene
Euro-Mitglied Spanien.
Die jüngsten Vorwürfe
zweifeln die Unabhängigkeit
der Ratingagenturen an und
implizieren einen starken
Einfluss der Anteilseigner.
Das Managermagazin veröffentlichte unlängst
Ergebnisse einer vertraulichen Studie der Unternehmensberatung Roland
Berger über die beiden führenden Ratingagenturen
Standard & Poor's und
Moody's, die zusammen
einen Marktanteil von rund
80 Prozent ausmachen. Die
Studie kommt zu dem
Ergebnis, dass rund ein
Dutzend großer USFondsfirmen und Finanzkonzerne sowohl knapp 49
Prozent der Moody's-Aktien
als auch 38 Prozent der
McGraw-Hill-Aktien (dem
Mutterkonzern von Standard
& Poor's) besitzen und somit
signifikanten Einfluss nehmen könnten.
In diesem Zusammenhang
ist jedoch auch zu erwähnen, dass die Unternehmensberatung Roland
Berger sich derzeit stark für
die Gründung einer europäi-
schen Ratingagentur einsetzt
und um Investoren und politische Unterstützer wirbt.
Ist die Kritik an den
Ratingagenturen berechtigt?
Die mangelnde
Transparenz der Bewertungsverfahren ist zu einem
Teil durch die Verarbeitung
streng vertraulicher Informationen bedingt, kann aber
in Anbetracht der enormen
Auswirkungen der Ratings
nicht akzeptiert werden. Die
Nachvollziehbarkeit und
Überprüfbarkeit von
Ratingentscheidungen ist
eine fundamentale
Voraussetzung für ihren
Einsatz als zentrales
Bewertungskriteriumfür die
Kreditwürdigkeit von
Unternehmen oder ganzen
Nationen. Hier besteht dringender Handlungsbedarf.
Das Versagen der
Ratingagenturen in den gravierenden Krisen der Vergangenheit ist unbestreitbar.
Ohne dieses Versagen wäre
das Ausmaß dieser Krisen
sicherlich nicht so drastisch
geworden. Dies bestätigt die
Notwendigkeit einer kritischen Überprüfung der
Bewertungsverfahren der
Ratingagenturen.
Potentielle Interessenkonflikte auf Grund der
Beauftragung durch den zu
Bewertenden gehören zu
den systemimmanenten
Schwachstellen und haben in
der Vergangenheit auch
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 20
Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke
schon zum Versagen der
Ratingagenturen geführt.
Eine unabhängige Kontrolle
der Agenturen wäre in diesem Zusammenhang dringend erforderlich.
Betrachtet man den
Vorwurf an Ratingagenturen,
bestehende Krisen absichtlich zu verstärken, der vor
allem im Zusammenhang
mit der aktuellen Lage in
Europa ausgesprochen wird,
so sollte man die finanziellen
Fakten nicht außer Acht lassen. Als Kennziffern für eine
akzeptable Haushaltsführung
gelten allgemein ein Haushaltsdefizit von weniger als
3% des Bruttoinlandsproduktes und eine
Gesamtverschuldung unterhalb
von 60% des
Bruttoinlandsproduktes. Diese
Werte wurden als
Grenzwerte im
Maastrichter
Vertrag festgelegt
und ihre Überschreitung sollte
zur Einleitung von
Strafverfahren führen. Legt
man diese Messlatte an die
27 Staaten der Europäischen
Union, so zeigt sich ein
erschreckendes Bild: im
Jahre 2009 erfüllten lediglich
sieben der 27 Länder die
Grenzkriterien hinsichtlich
des Haushaltsdefizits, wobei
kein Land ohne die Aufnahme neuer Schulden auskam.
Im Jahre 2010 waren es
sogar nur fünf Länder, die
die Grenzkriterien erfüllen.
Bei den Gesamtschulden
sieht es nur wenig besser
aus: während 2009 noch 15
Länder unterhalb der 60%
Grenze blieben, waren es
2010 nur noch 13. Besonders kritisch ist die Lage der
Krisenländer Griechenland,
Irland und Portugal. Beispielsweise wurden in
Griechenland die geforderten
Grenzwerte um ein mehrfaches überschritten. Irland
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erzielte 2010 den Negativrekord mit einem Haushaltsdefizit von 32,4%.
inakzeptabel. Auch hier ist
eine Kontrolle dringend
erforderlich.
Bisher liegen keine
Dokumente vor, die eine
absichtliche Verstärkung der
Krise durch die Ratingagenturen belegen würden. Die
finanziellen Eckdaten der
bewerteten Länder lassen
die vergebenen Bewertungen nicht als ungerechtfertigt
erscheinen (Beispiel Griechenland: Bewertungen im
untersten Bereich knapp
oberhalb der schlechtesten
Note; Irland: Bewertungen
im mittleren Bereich an der
Grenze der Investmentempfehlung). Kritisiert wird
Wie ist die aktuelle
öffentliche Diskussion zu
bewerten?
auch weniger die eigentliche
Bewertung, sondern die
Veröffentlichung zu einem
Zeitpunkt, an dem die
Finanzmärkte schon sehr
nervös sind. Die Alternative
wäre, die notwendigen
Abstufungen nicht zu veröffentlichen oder auf einen
Zeitpunkt zu verschieben, an
dem sich die Märkte beruhigt haben. Die Historie
zeigt jedoch, dass zu positive Bewertungen, wie sie zu
Beginn der vergangenen
großen Krisen vorlagen, die
Krisensituation nicht entschärften sondern deutlich
verstärkten.
Über den Einfluss der
Besitzer auf die Beurteilungen der Ratingagenturen
lässt sich nur spekulieren,
dennoch erscheint überhaupt die reine Möglichkeit
einer solchen Einflussnahme
Es ist offensichtlich: der
Wachhund Ratingagenturen,
der den Kapitalanleger vor
Gefahren rechtzeitig warnen
sollte, hat in entscheidenden
Momenten versagt, was zu
dramatischen Weltwirtschaftskrisen geführt hat.
Teilweise wurden die Krisen
durch sein Handeln noch
verschärft, aber ursächlich
verantwortlich für die Krisen
war er nicht.
Die Krisen der
Vergangenheit
haben aber deutlich bewiesen,
dass eine objektive Einschätzung
der Kreditwürdigkeit von Kreditnehmern seien es Staaten,
Unternehmen
oder Banken, die
Möglichkeiten zur
Kapitalanlage anbieten durch eine neutrale Organisation, die um die geheimen Interna der Kreditnehmer weiß und auf Basis dieses Wissens ihre Bewertung
vornimmt, unverzichtbar ist.
Es ist nun die Aufgabe, die
Leistungsfähigkeit dieser
Organisationen sicherzustellen.
Aktuell beobachten wir
jedoch eine andere Diskussion. Ratingagenturen werden zur Ursache der Krise
ausgerufen. Betrachtet man
die öffentliche Darstellung
der Agenturen, so stellen sie
einen geradezu idealen
Sündenbock dar: sie schwingen sich zum Richter über
ganze Nationen auf; sie treten das nationale Ehrgefühl
mit Füßen, indem sie ganze
Nationen als "Ramsch" oder
"Junk" bezeichnen; sie
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 21
Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke
beanspruchen noch immer,
absolute Urteile sprechen zu
können trotz ihres offensichtlichen Versagens in der
Vergangenheit; sie unterliegen keiner Kontrolle und
versuchen mit einer kleinen
Gruppe von drei amerikanischen Unternehmen, systematisch ganze Länder in den
Ruin zu treiben. Wahrlich
schlimme Bösewichte.
In der öffentlichen
Diskussion spielen derzeit
nur zwei Lösungsmodelle
eine Rolle: die Schaffung
einer europäischen Ratingagentur, um das Monopol
der Amerikaner zu brechen,
und die Einführung der
Eurobonds, um die angegriffenen europäischen Partnerstaaten zu unterstützen.
Meine persönliche Sicht:
Alles Unsinn! Momentan
wird ein ganzes Arsenal von
Nebelbomben gezündet, um
von den eigentlichen Problemen abzulenken: völlige
Konzeptlosigkeit gepaart mit
mangelnder Handlungsfähigkeit.
Nebelbombe 1: Zynische
Ratingagenturen verursachen die Krise
Wie bereits diskutiert,
beschreiben und beschleunigen Ratingagenturen Krisen,
sie verursachen sie nicht.
Schuld an der aktuellen
Krise sind nicht die schlechten Bewertungen durch die
Ratingagenturen, sondern
die desolate Haushaltlage
der einzelnen Staaten. Bei
den meisten Ländern droht
die Verschuldung bald die
Gesamtjahresproduktion des
Landes zu übersteigen, bei
einigen ist dies schon lange
der Fall. Kaum ein Land ist
wirklich in der Lage, Schulden abzubauen. Dies sind
nicht die Auswirkungen der
Bewertungen von Ratingagenturen, sondern resultieren aus fehlerhaften politischen Entscheidungen.
Die Begriffe "Ramschniveau" und "Junk" für die
Bewertung von Nationen,
deren emotionale Wirkung
nicht hoch genug eingeschätzt werden kann, sind
von Politikern und Medien
verbreitet worden. Fakt ist,
dass auch zum jetzigen
Stand (10.8.2011) kein
europäisches Land mit der
schlechtesten Note bewertet
wurde. Selbst das am
schlechtesten bewertete
Griechenland steht immer
noch mindestens zwei
Stufen oberhalb. Warum
also diese drastische
Wortwahl? Sie schafft
Emotionen und Aufmerksamkeit, was für eine gute
Nebelbombe unbedingt notwendig ist.
Nebelbombe 2: Lösungsmodell europäische
Ratingagentur
Bei der öffentlichen
Diskussion zur Schaffung
einer europäischen Ratingagentur wird leider völlig
unterschlagen, dass solche
Agenturen bereits existieren.
Sie sind nur noch nicht in
der Lage, mit den etablierten Platzhirschen zu konkurrieren. Warum einer neuen
Agentur dies auf Anhieb
gelingen sollte, ist nicht
erkennbar - gemäß der
Logik der Befürworter ist der
Einfluss der amerikanischen
Agenturen eine der zentralen Ursachen der Krise und
muss zur Beendung der
Krise schnellstmöglich
durchbrochen werden.
Wie glaubwürdig wäre
eine europäische Ratingagentur, die offensichtlich
kurz vor der Pleite stehenden europäischen Staaten
positive Ratings ausstellt?
Welchen Einfluss hätten
diese Bewertungen auf die
weitere Vergabe von Krediten an diese Staaten?
Seit 1988 wurden immer
wieder Initiativen zur
Gründung einer einflussreichen europäischen Ratingagentur gestartet. Große
Namen wie die Deutsche
Bank (1988) oder Bertelsmann (1990) haben die
Führung von entsprechenden Konsortien übernommen. Alle bisherigen Versuche sind gescheitert.
Aktuell versucht es die
Unternehmensberatung
Roland Berger. Parallel dazu
verlangt die EU-Justizkommissarin Viviane Reding, das
Kartell der drei US-Ratingagenturen zu zerschlagen,
notfalls durch Schaffung
unabhängiger europäischer
und asiatischer Ratingagenturen. Die Mehrheit der EUParlamentarier will die
Gründung einer solchen
Agentur mit Steuergeldern
unterstützen, was jedoch die
Glaubwürdigkeit der Agentur
in Bezug auf die Bewertung
der Bonität europäischer
Staaten schwächen würde.
Das Thema europäische
Ratingagentur beherrscht
einen Großteil der Diskus-
www.aqa-online.de
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 22
Eckkneipe - Die Wirtschaftsecke
sion um die europäische
Finanzkrise, es bietet aber
sicherlich keine Lösung.
Bemerkenswert ist aber die
Tatsache, dass Frau Reding
für das Ressort Justiz und
Grundrechte zuständig ist.
Der Aufbau einer europäischen Ratingagentur sollte
aber eher in das Ressort
Wirtschaft und Währung des
Finnen Olli Rehn fallen, von
dem man solch markige
Worte wie "Zerschlagung"
oder "Kaputtmachen des
Euro durch die amerikanischen Agenturen" jedoch
nicht vernimmt.
Nebelbombe 3:
Eurobonds
Bei den Eurobonds handelt es sich um eine gemeinsame Kreditaufnahme der
Euro-Länder, wobei alle
Staaten für die aufgenommenen Schulden haftbar
sind. Bisher gibt jeder Staat
seine eigenen Anleihen aus
und zahlt dafür höchst
unterschiedliche Zinsen.
Während Deutschland
2,73% zahlt, müssen Griechenland 16,98%, Irland
14,23% und Portugal
12,82% zahlen (Stand:
13.07.2011). Mit der
Einführung von Euro-bonds
würde ein einheitlicher
Zinssatz gelten. So müssten
die Länder mit aktuell niedrigen Zinssätzen wie
Deutschland und Frankreich
für die Eurobonds höhere
Zinsen zahlen, während
Griechenland, Irland und
Portugal in ihren Zinszahlungen entlastet würden.
Haftbar für die Staatsschulden wären alle gemeinsam.
Normalerweise kann dies
nur unter Zwang geschehen.
Bedeutet dies, dass
Deutschland zwangsweise
einen gewissen Anteil seiner
Neuverschuldung über
Eurobonds abwickeln muss?
Falls ja, wäre ein Anstieg
des deutschen Schuldenberges die unmittelbare
Folge. Im Gegensatz zur
aktuellen Situation, in der
Deutschland noch entscheiden kann, ob und wie viel
Geld es zur Rettung anderer
Staaten einsetzen will, stellen Eurobonds einen Automatismus dar, der keine
Wahlmöglichkeit mehr lässt.
Die zweite offene Frage
betrifft die langfristigen
Erfolgsaussichten einer solchen Maßnahme. Mit der
Einführung des Euro wurden
verbindliche Kriterien für alle
Teilnehmerstaaten festgelegt, von denen wir heute
wissen, dass einige Staaten
sich den Zutritt durch falsche Angaben schlichtweg
erschwindelt haben. Die
schlechte finanzielle Lage
dieser Staaten führt nun in
Folge der engen Bindung der
Staaten über die gemeinsame Währung zu einer
europaweiten Krise bisher
nicht gekannten Ausmaßes.
Wie ein noch engeres
Zusammenbinden der
Staaten durch eine gemeinsame Kreditaufnahme ohne dass die finanzpolitischen Entscheidungen einer
wirkungsvollen gemeinsamen Kontrolle unterliegen das Problem lösen soll, ist
nicht wirklich einsichtig.
Wie lautet das Fazit?
Abseits der in der Öffentlichkeit diskutierten Nebelbomben bleiben die eigentlichen Probleme ungelöst: die
Verschuldung der Staaten
steigt weiter, in den meisten
Ländern deutlich schneller
als die Wirtschaftsleistung.
Das System steuert auf den
Kollaps zu. Klare politische
Konzepte sind nicht erkennbar, und die Handlungsfähigkeit der Politiker zeigt sich
auf einem historischen
Tiefpunkt. Das Versprechen
einer Regulierung der
Finanzmärkte, das in der
Krise 2008 breiter Konsens
der Politiker aller Länder
war, konnte nicht umgesetzt
werden. Den USA ist es nur
in allerletzter Sekunde
gelungen, die größte wirtschaftliche Bedrohung des
Landes, die Zahlungsunfähigkeit (Insolvenz) abzuwenden. Die gemeinsamen
Beschlüsse der Führer der
größten Länder der europäischen Union zeigen keinerlei
Auswirkungen auf die weitere Entwicklung der Krise.
Dies sind die Probleme,
denen wir uns stellen müssen, aber keiner scheint
dazu in der Lage. Ist dies
die wirkliche Geißel der
Moderne?
In der öffentlichen
Diskussion werden leider
einige Punkte ausgeblendet:
Erstens: warum sollte ein
wirtschaftlich erfolgreiches
Land, das sich Gelder zu
niedrigen Zinsen verschaffen
kann, freiwillig den teureren
Weg der Eurobonds gehen?
www.aqa-online.de
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 23
Activités de l’AQA
Épluchette
Par Doris Hippeli
C
ette année, c'est à
Winzeln, en Forêt
Noire, que l'épluchette s'est
déroulée. Il faisait magnifiquement beau ce week-endlà. Les vallées luisaient de
soleil sous un ciel d'un bleu
pur. Nombreux étaient les
nouveaux visages et tout
aussi variés étaient les différents parcours de chacun.
www.aqa-online.de
Certains parents sont arrivés plus tôt afin de découvrir le Tiergehege Waldmössingen avec ses petits animaux de ferme. Et puis,
c'est à chaque fois un plaisir
renouvelé que de se retrouver, le temps d'une soirée,
avec des gens qui partagent
un goût commun du Québec
et, parfois, d'avoir l'occasion
de créer de nouvelles amitiés.
Merci à nos hôtes Isabelle
et Markus pour l'organisation et l'accueil chaleureux
ainsi qu'aux beaux-parents
d'Isabelle qui se sont entre
autres dévoués pour nous
préparer d'excellentes grillades.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 24
Activités de l’AQA
En novembre dernier, l'événement Cinéma québécois s'est tenu à Dresde, Francfort
et Munich. Un ou les deux films suivants ont été présentés: Incendies (Wajdi
Mouawad) et Une vie qui commence (Michel Monty).
Avis aux membres de la région de Berlin, Hambourg, Nuremberg, Stuttgart ou ailleurs: N'hésitez surtout pas à nous faire signe si vous voulez organiser une telle
activité dans votre région!
Soirée cinéma de la cellule munichoise
Par Doris Hippeli
C
omme les membres
de Dresde et, en primeur cette année, de Francfort qui s'est joint à l'événement, nous nous sommes
retrouvés à Munich en
novembre dernier pour
regarder Incendies et Une
vie qui commence.
Sans aucun doute, c'est
Incendies qui nous a mar-
qué le plus. Dur et troublant, Denis Villeneuve a
signé ici un film d'une
grande intensité qu'il faut
voir absolument. Avis donc à
ceux qui ont raté l'occasion.
Quant à Une vie qui commence, il s'agit du premier
long métrage de Michel
Monty, un drame intimiste
qui traite de la mort d'un
parent aimé à travers les
yeux d'un enfant. Il faut
mentionner que tout au long
du visionnement, les questions, les commentaires et
les observations de chacun
ont permis tour à tour
d'éclaircir la compréhension
de certaines scènes et de
faire le point sur une situation politique parfois complexe.
Entre les deux présentations, nous nous sommes
retrouvés autour de la table
pour remplir nos estomacs
de fromages fins et de pâtés
ainsi que pour discuter de ce
qui se passe dans nos vies
respectives tout en dégustant un bon vin. Merci à
notre hôte André Pratte!
Soirée cinéma à Dresde, le 12
novembre dernier
Soirée cinéma à
Francfort, le 20
novembre dernier
Soirée cinéma à Munich, le 27
novembre dernier
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Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 25
AQA
Monique Sauter n'est plus. Elle nous a quittés le 30 septembre dernier, emportée par une
embolie pulmonaire. Plusieurs d'entre nous la connaissions car elle a longtemps fait partie
de l'Association Québécoise. Nous offrons nos plus sincères condoléances à ses proches et
amis et souhaitons publier un texte qu'elle avait écrit en décembre 2007 et qui relatait
bien son parcours.
Chiemsee
Par Monique Sauter
N
ous sommes arrivés à
Munich le 26 mars
1964, mon mari bavarois et
moi avec notre fille Christine
âgée d’un peu plus de deux
ans. C'était un Jeudi Saint et
il pleuvait une pluie fine qui
donnait l'impression d'être
dans un pays gris et froid.
Les préparatifs du voyage et
les soirées d'adieu avaient
été tellement intenses que
c'est dans l'avion seulement
que je commençai à réaliser
qu'il n'y aurait pas de retour.
Dans le temps, les gens
riches surtout partaient pour
l'Europe et allaient plutôt en
France, en Italie ou en
Espagne. Avant de partir,
j'avais fait teindre mon
manteau en noir parce qu'au
village de mon mari, les
gens portaient du noir le
Vendredi Saint. Un village de
400 habitants. Nous arrivions de Verdun près de
Montréal. On pourrait vraiment parler d'un choc culturel. Nous avions alors
10 000 marks en poche. Ça
nous semblait beaucoup!
Après trois semaines à la
ferme, sans téléphone, télévision ou lecture, avec un
bébé trop tranquille - l'air
étant si frais, elle dormait
dix heures par nuit - nous
voici en route vers Munich.
Je me sentais enfin libre
malgré un appartement
d'une pièce. Christine couchait dans le vestibule. En
octobre, nous déménagions
à Munich, Schwabing. Je
suis enceinte et il nous faut
vraiment un appartement
plus grand. Très difficile à
trouver sans compter que
mon mari gagnait très peu.
www.aqa-online.de
Nous obtenons une
conciergerie dans un bloc de
50 chambres louées surtout
à des étudiants. Beaucoup
de ménages à faire pendant
que les filles dorment. À
Montréal, j'étais infirmière.
Mais, je suis décidée à tout
faire pour que ça marche.
C'est là que ma vie en
Bavière commence vraiment
et l'allemand, je l'apprends
vite. De mes 50 pensionnaires, il y a chaque matin
quelqu'un qui a quelque
chose à me demander. Ce
qui m'a frappée dans ce
pays si différent: le manque
Monique et Doris lors de l’épluchette 2009
d'espace et en même temps
combien tout était réglé et
propre! Les gens se contentaient de peu. Ils faisaient
attention à leurs biens. On
lavait sa voiture chaque
samedi et comment! Les
enfants portaient un tablier
pour protéger leurs vêtements. Impensable
aujourd'hui!
Ce que j'aimais beaucoup:
les promenades sur les
grandes rues de Munich le
dimanche après-midi qui
finissaient par un café. Je ne
pouvais croire que j'étais
vraiment en Europe.
L'Autriche, l'Italie si près et
la France peut-être un jour!
Tout devait être en ordre et
ça, toujours. Mon passeport
et mon permis de séjour
avaient pour moi quelque
chose de menaçant. J'avais
toujours un peu peur malgré
la présence de mon mari. La
raison primordiale était
sûrement le manque de
gentillesse et de compréhension. Ayant les cheveux et
les yeux noirs, combien de
fois suis-je ressortie d'un
magasin les mains vides et
les yeux pleins de larmes?
On ne connaissait pas la
"Selbstbedienung".
C'est tellement plus facile
aujourd'hui. Chacun avait
son métier et il n'y avait pas
de chômage. Ça m'a impressionnée. J'aime le café et les
gâteaux l'après-midi encore
aujourd'hui. Un jour, en faisant une promenade avec
mes deux filles assises dans
la poussette, je vois près du
restaurant Mathäser un gars
qui vend des patates frites.
Mes premières patates, ça
faisait deux ans que je
vivais à Munich! Ce qui me
troubla: le jour de Noël, on
n'invitait personne. Pendant
l'Avent, c'était merveilleux.
À Noël, c'était chacun pour
soi, en famille. Encore
aujourd'hui, ça ne me plaît
pas. En 1964, j'étais amoureuse, jeune et combien
naïve.
J'aime toujours la Bavière
et l'Europe, j'ai quand même
gardé mon passeport canadien. Pour moi, c'est important.
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 26
A l’agenda
Activités régulières - Activités régulières - Activités régulières
Table ronde de
Francfort
Table ronde de Munich
Tous les derniers mercredis du mois
Info: Claudie Mahn
claudie.mahn@aqaonline.de
Tél: 069 / 2001 4131
1er et 3e vendredis
Simplicissimus
Balanstr. 12
Info: Michaël Constantin
Tél: 0172/894 18 41
Activités de l’AQA - Activités de l’AQA - Activités de l’AQA
Cabane à sucre
Soirée cinéma
St-Jean 2012
3 - 5 février 2012
Thalkirchdorf (Allgäu)
Contact: Doris Hippeli
dhippeli@aqa-online.de
Mars 2012
Date à déterminer
Munich et Francfort
Date et lieu à déterminer
Faits saillants - Faits saillants - Faits saillants
Les 7 doigts de la
main - La Vie
Jusqu'au 22 décembre
2011
Salzbourg, Festival
Winterfest
Spectacle de cirque
Fondée en 2002 par des
finissants de L'École nationale de cirque de Montréal,
la compagnie de cirque Les
7 doigts de la main présente une création qui
oscille entre la douleur et la
joie.
www.aqa-online.de
Noël au Québec
La fille de Montréal
Jusqu'au 31 décembre
2011
Galeries Lafayette de
Berlin
Événement promotionnel
réunissant des créateurs,
des artistes et des fabricants québécois.
12 janvier 2012, 16h
Institut français, Brême
Film québécois
Réalisatrice: Jeanne
Crépeau
Canada 2010, 92 Min.
Ariane vit à Montréal. Elle
approche la cinquantaine
mais garde une allure
d'éternelle adolescente. Elle
loue le même petit appartement depuis le temps où
elle était étudiante. Un
jour, elle reçoit un avis
d'expulsion. Elle a six mois
pour vider la place et trouver un autre logement.
Saura-t-elle relever le défi?
Polytechnique
26 janvier 2012, 16h
Institut français, Brême
Documentaire québécois
Réalisateur: Denis
Villeneuve
Canada 2009, 77 Min.
Basé sur les témoignages
des survivants du drame
survenu à l'Ecole Polytechnique de Montréal, le
6 décembre 1989, le film
raconte l'événement à travers les yeux de Valérie et
Jean-François, deux étudiants qui ont vu leur vie
basculer lorsqu'un jeune
homme s'est introduit dans
l'école afin d'amener avec
lui dans la mort le plus de
femmes possibles.
Festival Pully-Québec
1er au 9 juin 2012
Pully (Suisse)
Festival de musique organisé en Suisse avec des
artistes québécois.
www.pully-quebec.ch
Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 27
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Journal de l'AQA | Édition no. 42 | Hiver 2011 | page 28