le roi arthus chausson
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*CE QUE JE VEUX La Ligne de CHANEL - Tél. 0 800 255 005 (appel gratuit depuis un poste fixe). OPÉRA NATIONAL DE PARIS 2014-2015 N5.CHANEL.COM # THEONETHATIWANT LE ROI ARTHUS CHAUSSON LE ROI ARTHUS CHAUSSON "PLUME DE CHANEL" BAGUE OR BLANC ET DIAMANTS David Uzochukwu, I will always love the skies I’m under, 2014. www.chanel.com Plongez au cœur de la création. Offrez-vous votre premier rôle dans la Damnation de Faust. De façon inédite, l’Opéra national de Paris vous transporte dans l’univers de ses créations. Le Cercle Berlioz vous invite à découvrir les arcanes de la très attendue Damnation de Faust d’Hector Berlioz programmée en décembre 2015. Découverte de la maquette et du projet de mise en scène, confection des costumes, fabrication des décors dans les ateliers, répétitions et récitals privés, conversations avec les artistes de la production, un programme exceptionnel qui sera dévoilé aux membres du cercle. 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Crédit photo : Sarah Le Guern - RCS PARIS 337 816 920 Un établissement du groupe Beaumarly. www.beaumarly.com LA TRAVIATA VERDI PELLÉAS ET MÉLISANDE DEBUSSY LE BARBIER DE SÉVILLE ROSSINI FAUST GOUNOD TOSCA PUCCINI LE CID MASSENET L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL MOZART RUSALKA DVOŘÁK HÄNSEL ET GRETEL HUMPERDINCK LA BOHÈME PUCCINI DON GIOVANNI MOZART ARIANE À NAXOS STRAUSS LA FLÛTE ENCHANTÉE MOZART LE ROI ARTHUS CHAUSSON ALCESTE GLUCK ADRIANA LECOUVREUR CILÈA BALLET SAISON 2014-2015 TANZTHEATER WUPPERTAL PINA BAUSCH COMPAGNIE INVITÉE ÉTUDES WOUNDWORK 1 PAS. ⁄ PARTS HARALD LANDER WILLIAM FORSYTHE RAIN ANNE TERESA DE KEERSMAEKER CASSE-NOISETTE RUDOLF NOUREEV LA SOURCE JEAN-GUILLAUME BART BALLET ROYAL DE SUÈDE COMPAGNIE INVITÉE RÉPLIQUES SALUT ANDRÉAURIA NICOLAS PAUL PIERRE RIGAL ÉDOUARD LOCK LE CHANT DE LA TERRE JOHN NEUMEIER LE LAC DES CYGNES RUDOLF NOUREEV ÉCOLE DE DANSE DÉMONSTRATIONS ⁄ SPECTACLE L’HISTOIRE DE MANON KENNETH MACMILLAN PAQUITA PIERRE LACOTTE LES ENFANTS DU PARADIS JOSÉ MARTINEZ LA FILLE MAL GARDÉE FREDERICK ASHTON L’ANATOMIE DE LA SENSATION WAYNE MCGREGOR CONCERTS CONCERT SAISON DE L’ORCHESTRE 2009-2010 DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS SAISON 2014-2015 PHILIPPE JORDAN Directeur musical PHILIPPE JORDAN INGO METZMACHER LUDWIG VAN BEETHOVEN LES NEUF SYMPHONIES ARNOLD SCHÖNBERG, JOHANNES BRAHMS # OPÉRA BASTILLE Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 36 Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92 @ PALAIS GARNIER 10 septembre - 20h Symphonie n° 1 en ut majeur, op. 21 Symphonie n° 3 en mi bémol majeur « Eroica », op. 55 18 octobre - 20h CORNELIUS MEISTER GUSTAV MAHLER # OPÉRA BASTILLE 4 avril - 20h # OPÉRA BASTILLE 7 novembre - 20h CONCERTS HORS LES MURS Symphonie n° 4 en si bémol majeur, op. 60 Symphonie n° 5 en ut mineur, op. 67 MAURICE RAVEL, RICHARD STRAUSS, MODESTE MOUSSORGSKI # OPÉRA BASTILLE 14 décembre - 20h KKL LUZERN, SALLE DE CONCERT Symphonie n° 8 en fa majeur, op. 93 Symphonie n° 6 en fa majeur « Pastorale », op. 68 # OPÉRA BASTILLE 18 mai - 20h PHILIPPE JORDAN 29 août LUDWIG VAN BEETHOVEN VICTORIA HALL, GENÈVE 20 mai Fantaisie pour piano, chœur et orchestre en ut mineur, op. 80 Symphonie n° 9 en ré mineur, op. 125 # OPÉRA BASTILLE 17 juin - 20h Symphonie n° 9 en ré mineur, op. 125 # OPÉRA BASTILLE 13 juillet - 20h PROGRAMME DÉTAILLÉ SUR OPERADEPARIS.FR LES MÉCÈNES ET PARTENAIRES SAISON 2014-2015 L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS TIENT À REMERCIER L’ENSEMBLE DE SES MÉCÈNES, ENTREPRISES ET PARTICULIERS, POUR LEUR CONFIANCE ET LEUR SOUTIEN GÉNÉREUX ET FIDÈLE. MÉCÈNES PRINCIPAUX MÉCÈNE PRINCIPAL DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS MÉCÈNE PRINCIPAL DU BALLET DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS PARTENAIRE OFFICIEL MONTRE DE L’OPÉRA LE CERCLE DES ENTREPRISES MÉCÈNES DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS ASSOCIATIONS ET FONDATIONS FONDATION ION POUR LE RA RAYONNEMENT DE L'OPÉRA NA NATIONAL DE PARIS sous l’ l’égide égide de la FFondaon ondaon de France BLAVATNIK FAMILY FOUNDATION ELOISE SUSANNA GALE FOUNDATION THE FLORENCE GOULD FOUNDATION LES GRANDS DONATEURS M. et Mme Gregory Annenberg Weingarten M. Pierre Bergé M. et Mme Len Blavatnik M. et Mme Laurent Diot Maître et Mme Bernard Duc M. et Mme Romain Durand-Milanolo M. et Mme Barden N. Gale M. et Mme Henry Hermand M. et Mme Claude Janssen M. et Mme Philippe Journo Mme Yvette Le Coze Mme Sabine Masquelier Docteur Léone-Noëlle Meyer Sir Simon et Lady Robertson M. et Mme Jean-François Théodore M. et Mme William Torchiana Mme Lily Safra M. et Mme Akiko Usui LE ROI ARTHUS CHAUSSON (1903) (1855-1899) Direction musicale Mise en scène PAUL BROWN Décors et costumes ADAM SILVERMAN * Lumières JOSÉ LUIS BASSO Chef des Chœurs DRAME LYRIQUE EN TROIS ACTES ET SIX TABLEAUX PHILIPPE JORDAN MUSIQUE ET LIVRET D’ERNEST CHAUSSON GRAHAM VICK NOUVELLE PRODUCTION SOPHIE KOCH Genièvre Arthus THOMAS HAMPSON ROBERTO ALAGNA / ZORAN TODOROVICH (8, 11, 14 JUIN) Mordred STANISLAS DE BARBEYRAC Lyonnel FRANÇOIS LIS Allan PETER SIDHOM Merlin CYRILLE DUBOIS Le Laboureur TIAGO MATOS Un Chevalier UGO RABEC Un Écuyer Lancelot ALEXANDRE DUHAMEL VINCENT MORELL, NICOLAS MARIE, ANDREA NELLI, FLORENT MBIA Soldats SOPHIE CLAISSE, IRINA KOPYLOVA, LAURE VERGUET, ANNE-SOPHE DUCRET, MARINA HALLER Soprani solistes ORCHESTRE ET CHŒURS DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS * DÉBUTS À L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS MÉCÈNE DES RETRANSMISSIONS AUDIOVISUELLES DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS LE ROI ARTHUS FERA L’OBJET D’UNE CAPTATION AUDIOVISUELLE RÉALISÉE PAR FRANCOIS-RENÉ MARTIN, COPRODUITE PAR L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS, LA CLC ET MEZZO, AVEC LA PARTICIPATION DE FRANCE 2 ET AVEC LE SOUTIEN DU CNC. LE ROI ARTHUS SERA RETRANSMIS EN DIRECT SUR MEZZO ET CULTURE BOX LE 2 JUIN 2015 ET SERA DIFFUSÉ ULTÉRIEUREMENT SUR FRANCE 2 Assistant à la direction musicale Assistant à la mise en scène SANDRA WESTPHAL, DENIS DUBOIS Chefs de chant MARIE-CLÉMENCE PERROT Maître d’armes MARIUS STIEGHORST ALEJANDRO STADLER # OPÉRA BASTILLE LE ROI ARTHUS SERA DIFFUSÉ LE 6 JUIN 2015 SUR FRANCE MUSIQUE ET EN UER 19h30 : 16, 19, 22, 25, 28 mai, 2, 5, 8, 11 juin 2015 14h30 : 14 juin SOMMAIRE 16 À LIRE AVANT LE SPECTACLE 18 TO BE READ BEFORE THE PERFORMANCE 20 EINIGE WORTE VOR DER AUFFÜHRUNG DERRIÈRE CHAQUE GRAND CRU, UN GRAIN DE FOLIE. À LA BASE, CETTE HISTOIRE C O M M E N C E A U S O M M E T. P our préserver toute la qualité des Arabicas de Colombia, Ce Grand Cru exalte alors toute sa richesse : Nespresso observent qu’à plus de 3 600 m une fine acidité et des notes typiques d’altitude, la température reste constante de fruits rouges. Un profil aromatique et le taux d’humidité parfait. Un véritable exceptionnel qui fait de cet Espresso « Pure « réfrigérateur naturel » qui permet de Origine » un sommet dans l’art de la faire patienter ces grains après la récolte dégustation. 59 LA GENÈSE DE L’ŒUVRE À TRAVERS LA CORRESPONDANCE 28 FRAGMENTS D’UNE MYTHOLOGIE GRAHAM VICK 65 QUANT À LA FORÊT, ELLE EST PLUS SYMBOLIQUE ENCORE… ERNEST CHAUSSON 35 ON PEUT ME HARCELER… LOUIS ARAGON 37 L’AUTOMNE DE LA TABLE RONDE ALFRED TENNYSON 40 LES VIES DU ROI ARTHUR MICHEL ZINK Rosabaya 50 ERNEST CHAUSSON EN SON TEMPS JEAN GALLOIS 24 CHERCHER LA CLAIRIÈRE DANS LA FORÊT PROFONDE PHILIPPE JORDAN pour qu’ils conservent toute leur promesse. les Experts café de Rosabaya 49 HERBE REDRESSE-TOI, GRANDIS… JACQUES ROUBAUD ET FLORENCE DELAY 66 CRÉATION SCÉNIQUE ET DEVENIR DE L’ŒUVRE MARIE-HÉLÈNE BENOIT-OTIS 76 LA MORT D’ARTHUR 83 LIVRET 94 LES ARTISTES *Quoi d’autre ? * À LIRE AVANT LE SPECTACLE LE COMPOSITEUR Ernest Chausson naît à Paris le 20 janvier 1855 dans une famille aisée. Très jeune, il fréquente les salons parisiens à la mode à l’époque, où il s’imprègne de la musique de chambre des classiques et des romantiques allemands et côtoie des artistes comme FantinLatour, Odilon Redon, Vincent d’Indy, qui influenceront son esthétique future. Il poursuit des études de droit et devient avocat (métier qu’il n’exercera jamais) tout en composant ses premières mélodies. En 1879, il s’inscrit en auditeur libre dans la classe de composition de Jules Massenet au Conservatoire. Il tente le Prix de Rome en 1880 mais échoue au concours. Il étudie alors avec César Franck. En 1882, il assiste à la création de Parsifal à Bayreuth. En 1886, il devient le secrétaire de la Société Nationale de Musique, fondée par Camille Saint-Saëns en 1870. Il se lie d’amitié avec Duparc, Fauré, Debussy, Mallarmé, Monet, Puvis de Chavannes… De cette époque datent ses œuvres les plus remarquables : le Poème de l’amour et de la mer, la Légende de Sainte-Cécile, la Symphonie en si, le Concerto op.21 pour piano, violon et quatuor à cordes, le Poème op.25 pour violon et orchestre, la Chanson perpétuelle et son unique opéra, Le Roi Arthus, dont il écrit également le livret. Il meurt en 1899, des suites d’une chute de vélo, laissant inachevé son quatuor à cordes qui sera complété par Vincent d’Indy. L’ŒUVRE Chausson travailla sans relâche à son unique opéra pendant près de dix ans, de 1886 à 1895. Comme tous les compositeurs de sa génération, Wagner était pour lui une passion et une terreur. « Il faut nous déwagnériser », ne cessait-il de répéter, tout en composant un drame typiquement post-wagnérien, mais où souffle son âme si individuelle, celle du musicien mélancolique et luxuriant du Poème de l’amour et de la mer. Chausson était conscient de ce paradoxe : « Il y a surtout cet affreux Wagner qui me bouche toutes les voies. Je me fais l’effet d’une fourmi qui rencontre une grosse pierre glissante sur son chemin. Il faut faire mille détours avant de trouver un passage. J’en suis là. Je cherche. J’ai même de la patience et quelque peu d’espérance ». Chausson a 16 LE ROI ARTHUS ARGUMENT trouvé et il donne aux amours funestes de Lancelot et de Genièvre, au désespoir et à la grandeur d’Arthus les couleurs rêvées d’un Moyen Âge hérité du romantisme et revu par le symbolisme. Malgré le parallélisme du sujet – Lancelot et Genièvre semblent de proches parents de Tristan et Isolde et Arthus évoque irrésistiblement la figure du Roi Marke – et même si quelques réminiscences musicales s’y rattachent, Le Roi Arthus est tout sauf une copie de Tristan et Isolde. L’influence wagnérienne est certes présente (par la densité symphonique de la partition et l’emploi des thèmes conducteurs, par exemple) mais Chausson, pour son premier et unique opéra, manifeste une originalité toute personnelle dans la transparence impressionniste de l’orchestration et le raffinement d’un langage harmonique se rapportant davantage à César Franck qu’à Wagner. ACTE I ACTE III Premier tableau En présence de la Cour, le roi Arthus fait l’éloge des Chevaliers de la Table Ronde qui ont mis les Saxons en déroute ; il célèbre surtout les mérites de Lancelot, ce qui attise la jalousie de Mordred, le neveu d’Arthus. Lancelot convient d’un rendez-vous avec Genièvre, l’épouse du roi Arthus, ce qui n’échappe pas à Mordred. Premier tableau Genièvre croit en la victoire de Lancelot, mais celuici refuse de se battre contre Arthus. Le devoir a pris chez lui le pas sur l’amour. Désarmé, il se jette dans la mêlée, au-devant d’une mort certaine. Genièvre se suicide. Deuxième tableau Lyonnel, l’écuyer de Lancelot, veille sur la rencontre des amants, tout en déplorant l’amour de son maître pour Genièvre, qui trahit la confiance du roi. Mais les amants oublient le monde et ses considérations morales. Mordred surprend le couple. Il est terrassé par Lancelot, qui le laisse pour mort. LA CRÉATION Le Roi Arthus ne sera créé que quatre ans après la mort du compositeur, le 30 novembre 1903, au Théâtre Royal de La Monnaie de Bruxelles. L’opéra sera très peu joué par la suite et n’a jamais été représenté intégralement à l’Opéra de Paris. Le troisième acte a été donné en 1916 au Palais Garnier sous la direction de Vincent d’Indy. Il faudra ensuite attendre 1981 pour que le public parisien découvre l’œuvre dans son intégralité en concert à Radio-France. Quelques productions scéniques se sont succédé entre 1996 et 2014 : Opéra de Dortmund / Opéra de Montpellier (mise en scène de John Dew), Festival de Bregenz (Günter Krämer, 1996), La Monnaie de Bruxelles (Matthew Jocelyn, 2003), Opéra du Rhin à Strasbourg (Keith Warner, 2014). Deuxième tableau Découvrant Lancelot mourant, Arthus, malgré son accablement devant la trahison de ceux qu’il aimait, pardonne au couple félon. Lancelot rend l’âme en prédisant à Arthus que sa pensée sera éternelle. Aspirant à la mort, Arthus jette ses armes à la mer et monte dans une nacelle, tandis que le soleil sombre dans la mer. Un cœur céleste l’appelle à accéder à un au-delà mystique où il dormira dans la paix éternelle avant de renaître. ACTE II Premier tableau Le chant d’un laboureur, qui célèbre les exploits du roi Arthus, exacerbe davantage encore les remords de Lancelot. Genièvre, escortée par Lyonnel, lui apprend que Mordred est en vie et les a dénoncés, mais qu’Arthus ne lui prête pas foi et veut entendre Lancelot. Lancelot doit opter entre une vie de mensonge à la cour ou la fuite. Il choisit de s’enfuir avec Genièvre. Deuxième tableau Arthus voit son œuvre menacée de toutes parts. Il refuse de croire à la trahison de Lancelot. Il invoque la mémoire de Merlin, son compagnon des premières heures. Le fantôme de celui-ci lui apparaît entre les branches d’un pommier et lui annonce la fin des Chevaliers de la Table Ronde et sa mort prochaine. Il disparaît lorsqu’Arthus lui demande si Lancelot et Genièvre sont coupables. Arthus appelle ses chevaliers ; ceux-ci lui rapportent que la reine est introuvable. Arthus, qui comprend que Genièvre est partie avec Lancelot, appelle à la poursuite du ravisseur. LE ROI ARTHUS 17 TO BE READ BEFORE THE PERFORMANCE THE COMPOSER Ernest Chausson was born into a well-to-do family in Paris on January 20th 1855. At an early age he frequented the fashionable Parisian salons of the day, immersing himself in classical and romantic German chamber music and fraternizing with artists such as Fantin-Latour, Odilon Redon and Vincent d’Indy, who would influence his future aesthetic sense. Whilst composing his first melodies, he studied law and became a lawyer (although he would never actually practise as one). In 1879, he followed Jules Massenet’s composition class at the Paris Conservatoire as an unregistered student. In 1880, he competed for the Prix de Rome but was unsuccessful. He then studied with César Franck. In 1882, he attended the first performance of Parsifal in Bayreuth. In 1886, he became secretary of the Société Nationale de Musique – an institution founded by Camille Saint-Saëns in 1870. He befriended the likes of Duparc, Fauré, Debussy, Mallarmé, Monet, and Puvis de Chavannes… His most remarkable works date from this period: the Poème de l’amour et de la mer, the Légende de Sainte-Cécile, the Symphony in B-flat major, the Concerto op.21 for piano, violin and string quartet, the Poème op.25 for violin and orchestra, the Chanson perpétuelle, and his sole opera Le Roi Arthus, for which he also wrote the libretto. In 1899, he was killed in a bicycle accident, leaving behind an unfinished string quartet which would be completed by Vincent d’Indy. THE WORK For nearly ten years, from 1886 to 1895, Chausson worked tirelessly on his one and only opera. As for all composers of his generation, Wagner was both a source of passion and dread. “We must ‘de-Wagnerize’ ourselves”, he would often repeat as he composed a typically post-Wagnerian drama infused with his own highly individual soul – that of the melancholic and luxuriant musician of the Poème de l’amour et de la mer. Chausson was conscious of the paradox: “Above all else, that dreadful Wagner blocks every avenue for me. I feel like an ant that has encountered a large stone which has slid into its path and must now make a thousand detours before finding 18 LE ROI ARTHUS SYNOPSIS a way around it. That’s my situation. I am searching. I even have patience and a little hope”. Chausson found what he was seeking and brought to Lancelot and Genièvre’s fateful love and the despairing magnanimity of Arthus the very essence of a medieval world born of romanticism and steeped in symbolism. Despite the parallelism of the subject – Lancelot and Genièvre seem like close relatives of Tristan and Isolde and Arthus inevitably evokes the character of King Marke… – and while there are a few musical echoes in evidence, Le Roi Arthus is anything but a replica of Tristan und Isolde. Wagner’s influence is certainly present (in the symphonic density of the score and the use of recurring musical themes, for example). However, for his one and only opera, Chausson demonstrates his own personal originality in the impressionist clarity of the orchestration and the sophistication of a harmonic language which owes more to César Franck than to Wagner. ACT I ACT III First scene Before the assembled Court, King Arthus praises the knights of the Round Table for having routed the Saxons. Above all, he extols the virtues of Lancelot and, in doing so, fuels the jealousy of Mordred, his own nephew. Lancelot arranges a tryst with Genièvre, Arthus’ wife. This does not go unnoticed by Mordred. First scene Genièvre is convinced that Lancelot will triumph. However, he refuses to fight against Arthus. For him, duty must take precedence over love. Unarmed, he throws himself into the fray, anticipating certain death. Genièvre commits suicide. THE FIRST PERFORMANCE ACT II Le Roi Arthus was first performed on November 30th 1903, four years after the composer’s death, at the Théâtre Royal de La Monnaie in Brussels. In the years that followed, the opera was rarely given and was never shown in its entirety at the Paris Opera. The third act was performed at the Palais Garnier in 1916, under the baton of Vincent d’Indy. However, Paris audiences would have to wait until 1981 to discover the entire work in a concert from Radio France. Several stage productions followed between 1996 and 2014: at the Dortmund Opera/Opéra de Montpellier (directed by John Dew), the Bregenz Festival (Günter Krämer, 1996), La Monnaie in Brussels (Matthew Jocelyn, 2003), and the Opéra du Rhin in Strasbourg (Keith Warner, 2014). Second scene Lyonnel, Lancelot’s equerry, keeps a watchful eye over the lovers’ meeting, even though he regrets his master’s love for Genièvre, since it betrays the king’s trust. However, the lovers have forgotten the world and its moral considerations. Mordred surprises the couple, but he is brought down by Lancelot. The latter believes Mordred is dead. In reality, the blow was not fatal. Second scene Arthus stumbles upon a dying Lancelot. Despite his wretchedness at being betrayed by those he loved, Arthus forgives the faithless couple. Lancelot expires, predicting that Arthus’ thoughts will be eternal. Longing to die himself, Arthus throws his weapons into the sea and climbs into a skiff. As the sun sinks into the ocean, a celestial choir invites him to enter a mystical afterlife where he will sleep in eternal peace before being reborn again. First scene A ploughman’s song celebrating the exploits of King Arthus further exacerbates Lancelot’s remorse. Genièvre, escorted by Lyonnel, informs him that Mordred is still alive and that he has denounced them. But Arthus does not believe Mordred and wishes to hear from Lancelot. Lancelot must choose between a life of lies at Court or taking flight. He chooses to flee with Genièvre. Second scene Arthus sees his life’s endeavours threatened on all sides. He refuses to believe that Lancelot has betrayed him. He invokes the memory of Merlin, his companion of old, and the latter’s ghost appears between the branches of an apple tree. Merlin foretells the downfall of the Knights of the Round Table and tells Arthus of his own impending death. When Arthus asks Merlin if Lancelot and Genièvre are guilty, Merlin disappears. Arthur summons his knights. They tell him that the queen is nowhere to be found. Realising that Genièvre has left with Lancelot, he orders his men to pursue the abductor. LE ROI ARTHUS 19 EINIGE WORTE VOR DER AUFFÜHRUNG DER KOMPONIST Ernest Chausson wurde am 20. Januar 1855 als Sohn einer wohlhabenden Familie geboren. Bereits in jungen Jahren frequentierte er die zur damaligen Zeit beliebten Pariser Salons. Dort lernt er klassische Kammermusik und die Musik der deutschen Romantik kennen und trifft mit bekannten Künstlern zusammen, darunter Fantin-Latour, Odilon Redon und Vincent d’Indy, die sein zukünftiges ästhetisches Stilgefühl beeinflussen sollten. Nach einem Studium der Rechtswissenschaften wird er zunächst Rechtsanwalt. Statt sich seinem Berufsleben zu widmen, komponiert er allerdings lieber seine ersten Melodien. 1879 schreibt er sich in der Kompositionsklasse am Pariser Konservatorium bei Jules Massenet als Gasthörer ein. 1880 bewirbt er sich erfolglos um einen der renommiertesten Kompositionspreise des Pariser Konservatoriums, dem Prix de Rome. Er verlässt das Konservatorium ohne Abschluss und nimmt Unterricht bei César Franck. 1882 wohnt er der Uraufführung von Parsifal in Bayreuth bei. Ab 1886 ist er Sekretär der von Camille Saint-Saëns 1870 gegründeten Société Nationale de Musique. Er pflegt Freundschaften mit Duparc, Fauré, Debussy, Mallarmé, Monet, Puvis de Chavane und vielen anderen. Aus dieser Zeit stammen auch seine bedeutendsten Werke: Poème de l’amour et de la mer, Légende de Sainte-Cécile, Sinfonie Nr. 1 B-Dur op. 20, das Konzert für Violine, Klavier und Streichquartett D-Dur op. 21, Poème op.25 für Violine und Orchester, Chanson perpétuelle und seine einzige Oper, Le Roi Arthus, für die er auch das Libretto geschrieben hat. 1899 stirbt er an den Folgen eines Fahrradunfalls und hinterlässt ein unfertiges Streichquartett, das von Vincent d’Indy vollendet wird. DAS WERK Chausson arbeitet fast zehn Jahre lang, von 1886 bis 1895, ohne Unterlass an seiner einzigen Oper. Wie für alle Komponisten seiner Generation war Wagner für ihn Leidenschaft und Schrecken zugleich. „Wir müssen unsere Bande mit Wagner trennen oder wenigstens auflockern („Il faut dewagneriser!”), sagte er wiederholt und komponierte gleichzeitig ein typisch post-wagnerisches Drama, das allerdings von seinem eigenen Wesen beseelt ist, nämlich dem Wesen des melancholischen 20 LE ROI ARTHUS und ebenso überschwänglichen Musikers, den er im Poème de l’amour et de la mer beschreibt. Chausson war sich dieser paradoxen Situation durchaus bewusst: „Es ist vor allem dieser schreckliche Wagner, der mir jeden Weg versperrt. Ich bin wie die Ameise, der sich ein riesiger rutschiger Stein entgegenstellt. Es bedarf unzähliger Umwege, um den Weg an diesem Stein vorbei zu finden. Das ist meine Situation. Ich bin auf der Suche. Ich habe Geduld und bin nicht ohne Hoffnung”. Chausson hat seinen Weg gefunden und verleiht der unglücklichen Liebe zwischen Lancelot und Genièvre, der Verzweiflung und der Größe Königs Arthus die Farbenpracht eines idealisierten Mittelalters, wie es sich die Romantiker vorgestellt haben und von den Symbolisten neu erdacht wurde. Trotz der Parallelität des Themas erscheinen Lancelot und Genièvre mit Tristan und Isolde eng verwandt zu sein, während Arthus unweigerlich an König Marke erinnert. Doch trotz einiger musikalischer Reminiszenzen ist Le Roi Arthus alles andere als eine Kopie von Tristan et Isolde. Auch wenn der wagnerische Einfluss, u. a. aufgrund der sinfonische Dichte der Partitur und der Verwendung der Leitthemen, kaum zu leugnen ist, zeigt das erste und einzige Opernwerk von Chausson eine ihm eigene Originalität mit einer impressionistischen Transparenz der Orchestrierung und der Feinheit einer harmonischen Sprache, die César Franck näher steht als Wagner. DIE URAUFFÜHRUNG Die Uraufführung von Le Roi Arthus findet erst vier Jahre nach dem Tod des Komponisten am 30. November 1903 im Théâtre Royal de La Monnaie in Brüssel statt. In den darauf folgenden Jahren wird die Oper nur sehr selten gespielt und an der Pariser Oper nie in ihrer Gänze aufgeführt. 1916 wird der dritte Akt im Palais Garnier unter der Leitung von Vincent d’Indy gezeigt. Das Pariser Publikum entdeckt die Konzertfassung des Gesamtwerks erst 1981 im Radiossender RadioFrance. Zwischen 1996 und 2014 folgt die Produktion einzelner Szenen: Theater Dortmund/Opernhaus in Montpellier (in einer Inszenierung von John Dew), Bregenzer Festival (Günter Krämer, 1996), La Monnaie de Bruxelles (Matthew Jocelyn, 2003), Nationale RheinOper in Straßburg (Keith Warner, 2014). HANDLUNG ERSTER AKT DRITTER AKT 1. Bild In Gegenwart des Hofstaats lobt König Arthus die Ritter der Tafelrunde dafür, dass sie die Sachsen in die Flucht geschlagen haben. Vor allem die Verdienste Lancelots hebt er hervor. Von Mordred, dem Neffen des Königs eifersüchtig beobachtet, vereinbart dieser ein Stelldichein mit Arthus‘ Frau Genièvre. 1. Bild Genièvre glaubt an Lancelots Sieg, doch Lancelot erscheint und erklärt, nicht gegen Arthus kämpfen zu wollen. Als er sich waffenlos dem sicheren Tod entgegen ins Kampfgewühl stürzt, begeht Genièvre Selbstmord. 2. Bild Der Knappe Lyonnel wacht über das Treffen der Liebenden und beklagt die Liebe seines Freunds Lancelot zu Genièvre, weil durch sie die Treue zum König verraten wurde. Die Liebenden aber vergessen die Welt und alle moralischen Rücksichten. Mordred, der das Paar überrascht, wird von Lancelot niedergestreckt. Der Schlag ist jedoch nicht tödlich. 2. Bild Als Arthus den sterbenden Lancelot entdeckt, kann er trotz des Verrats nicht umhin, den unglücklich Liebenden zu vergeben. In den letzten Atemzügen liegend prophezeit Lancelot seinem König, dass seine Weisheit auf ewig in Erinnerung bleiben werde. Arthus ist seines Lebens müde, wirft seine Waffen ins Meer und begibt er sich an Bord eines Schiffs, während die Sonne ins Meer sinkt. Ein himmlischer Chor ruft ihn in mystische Gefilde, in denen er friedlich schlafend auf seine Wiedergeburt warten wird. ZWEITER AKT 1. Bild Lancelots Gewissensquallen werden durch das Lied eines Ackermanns, das die Heldentaten des Königs Arthus preist, zusätzlich verstärkt. Durch Genièvre, die von Lyonnel geleitet wird, erfährt er, dass Mordred lebt und alles verraten hat, ohne dass ihm Arthus Glauben schenkt. Lancelot muss sich zwischen einem heuchlerischen Leben am Hof und der Flucht in eine ungewisse Freiheit entscheiden. Er entscheidet sich zur Flucht mit Genièvre. 2. Bild Arthus sieht sein Werk von allen Seiten bedroht. Er weigert sich, an einen Verrat Lancelots zu glauben. Er ruft den Zauberer Merlin an, seinen Gefährten der ersten Stunden, der ihm in einem Apfelbaum erscheint und ihm das Ende der Tafelrunde und seinen baldigen Tod verkündet. Als Arthus ihn fragt, ob Lancelot und Genièvre schuldig seien, verschwindet er. Die herbeibefohlenen Ritter berichten, dass die Königin nicht aufzufinden sei. Arthus, der nun der Wahrheit ins Auge sehen muss, ruft zur Verfolgung des Entführers auf. LE ROI ARTHUS 21 33 Toile réalisée par les ateliers de peinture de l’Opéra pour les décors du Roi Arthus Christophe Pelé/OnP Chercher la clairière dans la forêt profonde PHILIPPE JORDAN J’AI DÉCOUVERT Le Roi Arthus il y a une trentaine d’années, lorsque mon père l’a dirigé. C’était l’époque où l’on redécouvrait sous sa baguette quelques œuvres méconnues du répertoire, dont Le Roi d’Ys de Lalo, ou encore Ariane et Barbe-Bleue de Dukas, et donc le drame lyrique d’Ernest Chausson. Ce dernier avait retenu mon attention. Je m’étais dit que j’aimerais le diriger un jour. C’est une œuvre presque inconnue du public. Chausson lui-même ne l’a jamais entendue puisqu’elle a été créée plus de quinze ans après sa mort. Il en existe peu d’interprétations. Mise à part celle de mon père, je songe à celle de Marcello Viotti avec le Wiener Symphoniker. Cette absence de références est intéressante car elle laisse au public un espace vierge, libre, pour recevoir et accueillir l’œuvre. Elle engendre également chez moi de multiples questions : comment percevoir Le Roi Arthus ? Comment diriger et représenter l’opéra français aujourd’hui ? Si « Arthus » m’avait à ce point marqué à l’époque où je l’ai découvert, c’est sans doute parce que, parmi les œuvres que j’ai citées, c’était la plus proche de Wagner. C’est là tout son paradoxe : comme tous les compositeurs français de l’ère post-wagnérienne – Debussy en tête – Chausson prétend fuir ce qui le fascine. Il a beau clamer de toutes ses forces qu’il faut déwagnériser l’opéra, son « Roi Arthus » n’en est pas moins hanté par le Maître de Bayreuth. On a beaucoup dit que Chausson avait composé un second « Tristan » et, de fait, nombreux sont les passages dans le livret ou dans la partition qui rappellent l’opéra de Wagner : l’amour coupable de Lancelot pour la Reine Genièvre, leur duo d’amour qui évoque fortement celui de Tristan et d’Isolde à l’acte II, la trahison de Mordred, terrassé par Lancelot après avoir surpris les amants… Il serait ainsi commode de situer Le Roi Arthus quelque part entre Wagner et Debussy, entre « Tristan » et « Pelléas ». Et de ce point de vue, l’expérience que j’ai pu développer avec l’Orchestre de l’Opéra en dirigeant le Ring puis ces deux œuvres se révèle précieuse pour aborder la partition de Chausson : le travail sur le son, sur les trémolos, nous semble désormais naturel parce qu’avec l’Orchestre, nous nous sommes forgé cette langue commune. 24 LE ROI ARTHUS Mais Wagner est un piège ! Aborder Le Roi Arthus exclusivement sous cet angle, chercher à souligner, à redoubler par la direction musicale cet aspect de l’œuvre serait une terrible erreur. Il y a dans ce drame une forme de lyrisme absolument français : c’est cette légèreté du son qu’il faut viser. C’est d’ailleurs également le parti pris de Graham Vick, avec qui nous préparons cette production depuis trois ans : il a lui-même été bercé par la légende arthurienne qui fait partie de sa culture. Mais, dans sa mise en scène, il ne cherche jamais à l’alourdir : à l’image de la scénographie qu’il déploie sur le plateau de Bastille, il aborde le mythe avec subtilité, légèreté, parfois avec humour… Cette singularité de Chausson vis-à-vis de son modèle germanique transparaît notamment à travers son usage des leitmotive : il les utilise bien sûr pour structurer son drame. Il y en a ainsi un pour le Roi, un pour Lancelot, pour l’amour de Lancelot et Genièvre, pour la bataille… Mais alors que Wagner nommait ses leitmotive, Chausson, à l’image de Debussy dans « Pelléas », ne leur donne pas de nom. Même si leur signification nous apparaît assez clairement, le compositeur laisse au spectateur une certaine liberté pour interpréter et construire le sens. Par ailleurs, Wagner utilisait plutôt les leitmotive pour façonner la cohérence globale de son opéra. Chez Chausson, ils revêtent davantage une fonction atmosphérique – planter une situation, lui donner une unité à l’aide d’un ou de quelques thèmes qui se combinent et s’entremêlent : il y a dans la musique française de l’époque un art de l’instant. Enfin, Wagner travaillait beaucoup l’inconscient. Un personnage disait quelque chose que contredisait un leitmotiv : d’où le mensonge, la dissimulation, la trahison… Il excellait à accumuler les niveaux de lecture, créant des œuvres d’une rare densité, des œuvres comparables à des forêts profondes. Ce n’est pas le problème de Chausson. Si je voulais filer la métaphore, je dirais que, dans la forêt du Roi Arthus, je cherche plutôt la clairière : la transparence, le phrasé francophone, cette prosodie fluide et lumineuse de la langue… Plus j’avance dans cette œuvre, plus je suis frappé par la parfaite compréhension qu’a eue Chausson de la musique française de son temps : outre Debussy, on perçoit dans Le Roi Arthus un véritable bouquet d’influences : la scène de la mort de Genièvre, au cours de laquelle elle s’étrangle avec ses propres cheveux, par la simplicité de son écriture, par la sobriété de ce cor anglais, rappelle une mélodie de Fauré… Citons aussi Saint-Saëns – Samson et Dalila – Duparc, une pointe de Bizet, une touche de César Franck… mais aussi enfin… beaucoup d’Ernest Chausson ! LE ROI ARTHUS 25 33 L’abbaye de Glastonbury est située dans le comté du Somerset, au sud de l’Angleterre. Au xiie siècle, on entreprit, à la demande du roi Henri II d’Angleterre, des recherches qui aboutirent à la découverte des prétendues tombes d’Arthur et de Guenièvre, assurant à la dynastie des Plantagenêts de prestigieux ancêtres et à l’abbaye une notoriété durable. Ruines de la chapelle Saint Joseph, Abbaye de Glastonbury, 1904, The Francis Frith collection / akg-images Fragments d’une mythologie GRAHAM VICK contenu ne nous est jamais expliqué – le statut d’Arthus n’est pas, non plus, justifié dramaturgiquement. Chausson présuppose que le public connaît tout le contexte des légendes arthuriennes. Pour ma part, je ne crois pas qu’il soit viable, ou même souhaitable, d’exiger du public qu’il connaisse l’histoire et de la considérer comme acquise dès la scène d’exposition. Nous essaierons donc de rendre les enjeux lisibles pour chacun. DEUIL / DÉNI ARTHUS Dans mon enfance, j’étais obsédé par les aventures du Roi Arthur. J’ai lu tout ce que je pouvais sur le sujet. Évidemment, à mes yeux, c’était une histoire éminemment anglaise, une histoire qui raconte mon pays, mon peuple, une histoire centrée sur un héros qui sert de modèle à tout jeune garçon anglais. Depuis, Arthur est resté en moi. Dans l’opéra de Chausson, il n’y a rien d’anglais – il est profondément ancré dans la France fin-de-siècle de son créateur. Les personnages, enferrés dans leur triangle amoureux, n’y sont plus vraiment des archétypes, mais s’avèrent obsédés par la respectabilité, entre autres valeurs essentiellement bourgeoises. Et plus profondément encore, c’est ici la première version que je découvre qui montre ces personnages sous un jour critique. C’est ce qui m’a immédiatement attiré lorsque je me suis penché sur cette œuvre, c’est ce qui m’a donné le désir de la monter. BARDES La légende n’est pas seulement à la source de cet opéra, elle en est également le cœur. Lorsqu’Arthus rentre de la guerre, il est accueilli par le chant de louanges des bardes qui le fait entrer dans l’Histoire. Mais les bardes ne se contentent pas de transcrire le présent, ils sont aussi les gardiens du passé. Dans la première scène, ils ont à la main les lourds livres qui renferment les chants ancestraux et les brandissent comme des étendards : Arthus intègre la culture nationale parce qu’il a précisément sauvé cette culture – il ne se bat pas pour le pouvoir mais pour une utopie, pour un idéal de civilisation. COMMENCEMENT La première scène rassemble Arthus, le triomphateur ès lettres, et les bardes, mais aussi les Chevaliers de la Table Ronde et le peuple qui cultive les terres de Carduel. C’est toute une communauté qui est réunie et qui est le personnage central de l’opéra – je crois que le théâtre parle toujours d’une communauté. Ce qui réunit ces personnages, c’est un leader charismatique, un héros, ainsi que l’idéal qu’il porte : dépasser les égoïsmes de chacun pour vivre en collectivité. Si l’effondrement de cet idéal est le sujet principal de l’œuvre, son 28 LE ROI ARTHUS Le Roi Arthus ne constitue pas un exposé sur la façon de construire une société idéale. L’œuvre se déploie comme un processus de destruction de quelque chose que nous n’avons jamais vu prospérer. Elle présente une communauté qui abandonne peu à peu ses idéaux au contact de la réalité. Cette réalité fait s’effondrer les murs du déni et de l’aveugement volontaires entre lesquels elle s’était elle-même emprisonnée. La légende nous apprend que l’idéal d’Arthur est celui d’un groupe égalitaire, où tout le monde est assis au même niveau autour d’une même Table, mais ce n’est pas l’enjeu ici : nous explorons les dangers d’un idéal, en fait de tout idéal, à travers le deuil collectif de l’idéal d’Arthus. EXCALIBOR Cet idéal civilisé et pacifique est bâti par la force. Son meneur est un guerrier, sa cour une assemblée de chevaliers. Il n’est pas entre les mains des laboureurs, que Chausson a décidé de mettre en scène et qui soignent la terre qu’ils habitent. C’est pourquoi il était décisif que, dans le livret, l’événement fondateur de l’histoire soit une victoire militaire. Quand tous ces hommes entrent en scène, ils brandissent encore leurs épées fédérées par celle, mythique et sanglante, d’Arthus, et nous les rejoignons au moment où il est temps de baisser la garde («… déposons nos épées… »), afin de construire une civilisation et mener une vie domestique… FOYERS … Mais mener une vie domestique, autour du mariage et de la famille, sera précisément ce qui s’avérera impossible, parce qu’un guerrier sans guerre est désœuvré. Dans notre première scène, les chevaliers construisent une maison pour Arthus et Genièvre, mais c’est une maison cerclée d’épées. HÉROS Les légendes arthuriennes sont des récits de héros. Malgré ce que laisse présager le titre de l’opéra, Lancelot est incontestablement le « héros » de cette histoire. Il est celui qui apparaît dans chaque scène, sauf une. Mais rapidement, il se perd dans sa propre notion héroïque de « l’honLE ROI ARTHUS 29 la déception, à la colère et à la haine. Ce qui n’est que logique, puisque la naïveté n’est qu’une forme d’auto-complaisance, pas de générosité. Au fond de nous-mêmes, nous savons tous que la mort de chaque chose est contenue dans sa genèse. neur », dans ses limites et ses hiérarchies, pour justifier sa trahison. Sa vie est un échec, il est une déception pour ceux qui l’admirent et lui font confiance (public compris) et pour lui-même. Nous passons le spectacle à attendre qu’un héros se manifeste, en vain : Lancelot échoue à être noble et flamboyant. Dans cet opéra, lorsque les « héros » chantent ils ne parlent finalement que d’eux-mêmes, même au plus fort d’un duo d’amour. PASSION La passion est, par nature, égoïste. La passion n’a rien de sublime ou de transcendantal dans cet opéra. Or, la passion fait voler en éclats toute forme de hiérarchie des règles et des valeurs : comme on dit en anglais, « if it feels so right, it cannot be wrong »1, et c’est là tout le propos du duo de Lancelot et de Genièvre, le message qu’il martèle vers après vers. L’opéra porte un jugement moral très clair sur le sujet, mais encore une fois, parce qu’il s’agit en réalité d’un opéra sur l’idéalisme, cela ne l’empêche pas de constater lucidement que nous aspirons tous à un abandon de soi aussi total. Et c’est ce qui rend tout idéal dysfonctionnel : toute règle, même celle qui établit une égalité désirable, est sujette à notre pulsion de l’ignorer et de la briser. En définitive, nous choisissons de nous laisser aveugler et nous en jouissons. KALI Kali, la déesse hindoue de la destruction, armée de son épée, est le modèle de Genièvre. Chausson en a fait une tentatrice décadente, une fille d’Ève, vue à travers l’archétype de la « belle dame sans merci ». Étant à la fois le poison et l’empoisonneuse, elle met l’opéra en mouvement à son entrée en scène, et elle en mène la course. Nous devons la regarder avec beaucoup d’acuité pour voir en elle ce qu’il y a d’humain : elle est l’épouse d’un homme amoureux d’un idéal et donc privée d’objet d’amour, elle est une femme active prisonnière d’une situation de passivité. Elle ne peut manquer de nous rappeler la femme de Léon Tolstoï à la fin de sa vie. Sa volonté ne peut plus prendre qu’une seule forme : courtiser l’ami le plus proche de son mari, opposer à la raison la passion, à l’esprit la chair, et entraîner l’ensemble du système de valeurs existant, fondé sur l’héroïsme militaire et le mariage traditionnel, à son point d’implosion. QUÊTE Une histoire d’idéalisme est nécessairement une histoire d’épopées et de légendes, parce qu’une telle histoire est la quête d’un récit qui donne du sens au monde. C’est le danger des épopées. Les jeunes gens qui sont attirés par le djihad sont hypnotisés, avant tout, non par des discours politiques, mais par un verbe poétique et épique, c’est-à-dire par une matière en tous points semblable à celle que Chausson manie et met en critique. MORDRED Avec un trio de protagonistes aussi égoïstes et autodestructeurs, on pourrait croire inutile d’y adjoindre un « méchant » de plus. Et pourtant, Chausson ajoute Mordred à son récit. Mais il ne faut pas considérer Mordred comme une force négative supplémentaire. Mordred n’est pas une menace extérieure. La légende – encore elle – nous révèle que Mordred est en fait le fils illégitime d’Arthur, né de Morgane, avant son mariage avec Genièvre. C’est pourquoi le roi le garde près de lui, alors même qu’il est notoirement plein de ressentiment et dangereux : il est son passé et son destin, une présence condamnée à peser sur lui et à l’empoisonner. ROMAN (DE CHEVALERIE) NAÏVETÉ Comment Arthus peut-il être cet homme expérimenté, qui a tué et aimé, et vouloir encore croire à l’innocence, au prix d’un aveuglement et d’un déni destructeurs ? C’est le prix de son idéalisme. On a beau aspirer à l’innocence, ce n’est pas quelque chose qui s’acquiert, et tout ce qu’on obtient en retour, c’est la naïveté. Chausson était un lecteur de Tolstoï – nous admirons tous l’idéalisme de Tolstoï, sa foi dans l’édification d’une société saine, proche de la terre, qui est aussi celle d’Arthus. Mais la vie même de Tolstoï nous montre que, tôt ou tard, la naïveté cède la place à 30 LE ROI ARTHUS 1. Si ça semble si juste, ça ne peut pas être faux. Le roman est bien sûr la forme première des légendes arthuriennes, et une narration de type romanesque est aussi la forme classique de l’opéra. Mais Chausson a choisi de ne pas composer un « roman ». Son opéra est un « essai ». Construire un drame avec les outils d’un musicien est fascinant, parce que cela amène cette œuvre, qui a aujourd’hui plus d’un siècle, au plus près du théâtre musical le plus récent, que j’aime monter (et après tout, mettre en scène Le Roi Arthus, c’est un peu comme mettre en scène une création mondiale !). On ne peut donc pas mettre en œuvre cet opéra comme une fresque d’aventures épiques, il faut trouver d’autres moyens de raconter cette histoire. Il ne peut s’agir d’« actualiser » l’action, de la transposer dans l’Europe contemporaine, parce que l’action n’est pas ici la clef du contenu. Avec Paul Brown, qui a conçu le décor, les costumes et les accessoires, nous avons créé un ensemble de signes qui, nous l’espérons, permettront de traduire l’essai de Chausson. Et même si nous n’écrivons pas le roman d’un Camelot d’aujourd’hui, ce qui est au cœur du propos, c’est bien sûr la LE ROI ARTHUS 31 quête contemporaine de l’innocence. Cependant, puisqu’il s’agit d’un essai, nous devons rester dans l’investigation et le questionnement et ne pas basculer dans le didactisme. ZÉNITH Tout s’achève dans l’apothéose et la rédemption. C’est ce que dit le texte et ce que dit la musique. Arthus s’élève dans les cieux. Ce n’est pas ma mission que d’interpréter cette ascension à la place du public et je pense qu’elle doit rester ouverte, même si nous avons de toute évidence affaire à un cycle, et la fin rejoint toujours le commencement. De toute façon, quand nous entrons dans le domaine du mystique – ce qui est le cas quand un homme détruit par son idéal est lui-même transfiguré en idéal à l’usage des autres hommes –, il revient à chacun de projeter sa propre réponse. Mais encore une fois, il faut se souvenir que c’est un opéra sur l’idéalisme. La terre sera donc séparée des cieux. Ainsi naissent les légendes. SORCIER Dans une scène pivot, placée exactement au milieu de l’œuvre, Merlin apparaît à Arthus. Cet opéra ne parle pas de magie, ces personnages n’ont rien de surnaturel. Peut-être la figure du sorcier n’est-elle qu’une énième ombre wagnérienne, un souvenir d’Erda qui avertit Wotan d’événements qui le dépassent. Mais ce qui est en train de se produire, la chute de la communauté idéale d’Arthus, semble cette fois dépasser Merlin lui-même. Merlin n’incarne pas un ordre cosmique universel : alors qu’il avait déjà abandonné Arthus, il est déjà obsolète, parce qu’il représente l’ancien monde païen. Or, un monde nouveau s’apprête à naître. VERDURE La vision utopique d’Arthus est, littéralement, verte dans sa naïveté. Elle plonge ses racines dans les plaines d’Angleterre. Il ne s’agit pas, en réalité, des plaines elles-mêmes, mais d’une image de carte postale de ce paysage, que nous avons décidé de porter sur scène. Vous reconnaîtrez peut-être la colline de Glastonbury Tor, un site quintessentiellement lié à l’histoire et à l’atmosphère des légendes arthuriennes – et qui accueille maintenant de nouveau des idéaux de communautés alternatives, catalysées par le festival de musique rock et pop qui s’y installe tous les étés. Cette image du décor est bien sûr, comme toute image et comme tout décor, une illusion. Au cours de l’opéra, elle sera détruite et nous découvrirons le néant qu’elle couvre et cache. WAGNER Cet opéra est constamment présenté comme « post-wagnérien ». Chausson lui-même était obsédé par l’idée de se « déwagnériser ». Cependant, mon constat à ce stade de mon travail sur la partition, en tant que metteur en scène qui a beaucoup monté Wagner, est le suivant : Wagner n’est d’aucune aide pour se frayer un chemin dans cette œuvre. Bien sûr, on peut analyser l’influence de Wagner sur elle et dans le contexte de l’histoire de l’opéra – et bien sûr, ce triangle amoureux et ce très long duo d’amour viennent de Tristan et l’écriture musicale est marquée par Wagner. Mais en ce qui concerne le reste, cette approche n’est éclairante ni pour le public ni pour nous en répétitions. Je recommanderais plutôt de prendre Le Roi Arthus pour ce qu’il est, en s’ouvrant à son point de vue et à ses choix particuliers. Après tout, il s’agit d’une œuvre française, qui revient à un public français, et elle devrait donc lui être assez proche. 32 LE ROI ARTHUS PROPOS RECUEILLIS PAR ALEKSI BARRIÈRE 33 Pages suivantes : Julia Margaret Cameron (1815-1879) est une photographe et portraitiste anglaise. Dans une époque victorienne où la photographie, encore à ses balbutiements, est davantage reconnue pour sa valeur documentaire, Cameron poursuit un but éminemment esthétique. Ainsi écrit-elle : « J’aspirais à capter toute la beauté qui se présentait devant moi. » Les sujets de ses portraits sont les artistes et intellectuels de son temps. Elle développe son style dans l’illustration photographique d’œuvres littéraires : ainsi, en 1874, Les Idylles du Roi de son ami poète Alfred Tennyson. Les clichés mettent en scène des personnages de la légende dans des poses languides, nimbés d’une lumière envoutante, évoquant la peinture préraphaélite. LE ROI ARTHUS 33 « LANCELOT », LOUIS ARAGON, LES YEUX D’ELSA (1942) 33 La séparation de Lancelot et Genièvre, Illustration de Julia Margaret Cameron (1815-1879) pour Les Idylles du Roi de Lord Alfred Tennyson, the On peut me harceler que suis-je qu’ai-je été Je me souviens d’un ciel d’un seul et d’une reine Et pauvre qu’elle soit je porterai sa traîne Je n’ai pas d’autre azur que ma fidélité Je suis ce chevalier qu’on dit de la charrette Qui si l’amour le mène ignore ce qu’il craint Et devant tous s’assit parmi les malandrins Comme choisit mourir Jésus de Nazareth Ma Dame veut savoir que rien ne m’humilie Par elle demandé tout s’en métamorphose Elle exige de moi de si terribles choses Qu’il faut que mon cœur saigne et que mon genou plie On me verra trembler mais non pas lui faillir Toujours placer amour plus haut qu’honneur Certain Que la nuit n’est pas longue à cause du matin Et je saurai baisser le front pour obéir Sortir nu dans la pluie et craindre le beau temps Si je suis le plus fort le plus faible paraître Me tenir à côté de l’étrier du traître Et feindre la folie ainsi que fit Tristan Royal Photographic Society collection, SSPL / NMeM / Royal Photographic Society / Leemage LE ROI ARTHUS 35 L’automne de la Table Ronde LORD ALFRED TENNYSON Comme en un rêve à une oreille à peine réveillée, L’appel des trompes résonna, puis un sourd grondement De tonnerre automnal et ce fut le début des joutes. Le vent soufflait sans cesse, emportant la feuille flétrie, Le clair-obscur et l’éclaircie, l’averse et le panache Aux plumes arrachées. Soupirant d’un air las, Tel celui qui regarde un feu mourir dans l’âtre Lorsque les hôtes les plus beaux ont tous quitté la fête, Ainsi leur grand arbitre, assis à contempler la lice. Il vit que l’on violait les règles du tournoi Mais ne dit mot. Un chevalier, jeté à terre Devant le trône où siégeait Lancelot, Maudit cette enfant morte et la folie du Roi. Une autre fois, les lanières d’un casque se rompirent, Lui découvrant, comme vermine dans son trou, Mordred, face de rat. Bientôt il entendit La voix qui s’élevait à l’entour des barrières Rugir comme la mer pour accueillir un chevalier Nouvellement entré, plus grand que tous les autres. 33 The passing of King Arthur, Illustration de Julia Margaret Cameron (1815-1879) pour Les Idylles du Roi de Lord Alfred Tennyson, Musée d’Orsay, Dist. RMNGrand Palais / Patrice Schmidt Son armure d’un vert de sous-bois, sur laquelle Gambadait un troupeau de minuscules cerfs d’argent, Ne portait pour cimier qu’une branche de houx Dont s’éparpillaient les baies en tous sens et sur l’écu, Une lance, une harpe, un cor : Tristan – retour LE ROI ARTHUS 37 De Petite Bretagne où il venait de célébrer Son mariage avec une princesse du royaume, Iseult-aux-blanches-mains –, Tristan de la forêt, Connu de Lancelot qui jadis avait eu du mal À se maintenir contre lui et cherchait depuis lors À secouer ce joug en un suprême corps à corps Contre Tristan, jusqu’à la mort. Ses fortes mains Empoignèrent les bras du trône aux dragons d’or, Dans sa rage impuissante : ils étaient tant, Sur leur casque portant les couleurs de leur dame, Qui, en voyant Tristan, regagnaient les abords de la lice Où, sous les quolibets et les huées intermittentes, Ils demeuraient tandis qu’il murmurait : « Quels couards ! Ô honte ! Où est leur foi en celle qu’ils ont fait serment d’aimer ? Elle a vécu, la gloire de la Table Ronde. » 38 LE ROI ARTHUS LES IDYLLES DU ROI (1885) TRADUCTION CLAUDE DANDRÉA 33 Lord Alfred Tennyson (18091892) est l’un des poètes majeurs de l’époque victorienne. Lauréat de la cour d’Angleterre, son œuvre s’inspire aussi bien des mythes antiques que des légendes du Moyen Âge. Prenant source dans les romans en vers médiévaux, il publie entre 1859 et 1885 une série de poèmes narratifs formant un cycle autour de la légende du Roi Arthur et de la Table Ronde : Les Idylles du Roi. Prenant ses distances avec l’épopée, le cycle se concentre sur les figures féminines de la légende, l’époque connaissant un regain d’intérêt pour l’amour courtois. Les Idylles mettent également en exergue les idéaux chevaleresques du Roi Arthur et la difficulté de la réalisation de ceuxci au contact de la réalité. 33 So like a shatter’d Column lay the King, Illustration de Julia Margaret Cameron (1815-1879) pour Les Idylles du Roi de Lord Alfred Tennyson, Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt Les vies du roi Arthur MICHEL ZINK pas lui-même roi mais un personnage de rang inférieur, un guerrier professionnel placé à la tête des troupes. Arthur était-il le Roi suprême, commandant des armées, ou un chef guerrier parmi les autres ? ARTHUR ET LA CHEVALERIE SPIRITUELLE LE ROI DES OURS Arthur est probablement un nom d’origine celtique dérivé d’artos, l’ours (gallois arth, breton arzh). La forme latine Artorius a peut-être pour suffixe le mot germanique rix, « puissant », « qui exerce le pouvoir » (allemand Reich, anglais rich, français riche), présent dans tous les noms propres se terminant par – ric. Sa signification serait donc « roi des ours ». Au Moyen Âge, l’ours est considéré comme un animal à la fois particulièrement redoutable et noble. Réputé, à la suite de Pline l’Ancien, le seul animal avec l’homme à faire l’amour face à face, il est à la fois sauvage et presque humain. Des récits font état de métamorphoses d’hommes en ours – des ours garous, en somme. D’autre part, et parfois en liaison avec l’ours, la mythologie germanique connaît la transe du guerrier que le combat transforme en bête furieuse (berserk – d’où l’expression anglaise to go berserk, devenir fou furieux). ARTHUR, DUX BELLORUM C’est d’abord en tant que figure guerrière qu’Arthur, dont l’existence reste douteuse, apparaît. Dès le début du viie siècle, on peut trouver dans une élégie galloise, Goddodin, un passage évoquant un guerrier « le plus vaillant après Arthur ». Son nom émerge peu à peu dans des chroniques, associé à la bataille du Mont Badon qui voit au début du vie siècle (516, selon les Annales Cambriae) les Bretons repousser l’envahisseur saxon. Toutefois, les plus anciens textes ne le nomment pas : c’est le cas de Gildas dans son De excidio et conquestu Britanniae et de Bède le Vénérable qui, dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais achevée en 731, reprend presque mot pour mot le récit de Gildas en attribuant la victoire au noble romain Aurelius Ambrosianus. Il faut attendre le ixe siècle pour que l’Historia Brittonum du pseudo-Nennius le désigne comme le vainqueur de cette bataille, au cours de laquelle il aurait tué 960 Saxons en une seule charge. Cependant, le texte le désigne de façon ambiguë comme un chef de guerre (dux bellorum) distinct des rois aux côtés desquels il combat : « À cette époque, Arthur se battait contre eux avec les rois bretons, mais lui-même était un chef de guerre » (Tunc Arthur pugnabat contra illos cum regibus Britonum). Soit le sed (« mais ») entend préciser que ses pairs lui avaient confié le commandement militaire, soit il a une valeur restrictive et il faut entendre qu’Arthur n’était 40 LE ROI ARTHUS Selon les Annales Cambriae, chroniques galloises en latin du xe siècle, Arthur, lors de la bataille du Mont Badon, aurait porté « la croix de notre Seigneur Jésus-Christ pendant trois jours et trois nuits et les Bretons ont été vainqueurs ». Arthur est donc dans ce récit comme un champion du christianisme. La christianisation du monde arthurien. Il apparaît donc dès l’origine comme un roi chrétien. Ce caractère est naturellement accentué chez le véritable roi Arthur, qui n’est pas le personnage historique évanescent du début du vie siècle, mais le personnage littéraire né au xiie siècle dans des romans, d’abord français, puis dans toutes les langues de l’Europe. Leur source première est l’Historia regum Britanniae de l’évêque gallois Geoffroy de Monmouth (vers 1135), bientôt traduite à de multiples reprises en français et dans d’autres langues sous le titre de Brut (Brutus, arrière-petit-fils d’Enée qui aurait conquis l’Angleterre). Sur Arthur et sur sa Table Ronde s’étend bientôt l’aura chrétienne de la légende du Graal, sans qu’il soit luimême au cœur de cette légende : la quête du Saint Graal lui semble une menace pour les Chevaliers de la Table Ronde et il fait tout pour l’empêcher. Le Graal lui-même est sans doute un vase de fécondité comme il en existe dans tant de mythologies (corne d’abondance antique, sampo finnois, etc.). Mais dès sa première apparition vers 1185 dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, cet objet, qui est en principe un plat creux où l’on sert le poisson en sauce, contient l’hostie dont le vieux roi, père du Riche Pêcheur, fait sa seule nourriture. La christianisation de la légende est accentuée par Robert de Boron, un clerc franc-comtois qui, s’inspirant de Chrétien de Troyes et Wace, écrit vers 1200 un Joseph d’Arimathie qui, prenant pour base l’évangile apocryphe de Nicodème, y introduit le Graal, présenté comme le calice de la Cène, où Joseph d’Arimathie aurait recueilli le sang du Christ sur la croix. Son lignage s’en voit confier la garde et l’apporte en Angleterre. Au xiiie siècle, apparaissent des romans en prose qui s’organisent en vastes ensembles centrés sur la légende du Graal, dont le héros principal est soit Perceval, comme chez Chrétien de Troyes et l’allemand Wolfram von Eschenbach, dont s’inspirera Wagner, soit Galaad, le fils de Lancelot. À la fin du Moyen Âge, Arthur est considéré comme l’un des Neuf Preux, trois appartenant à l’Antiquité classique, trois à la Bible, trois au monde moderne, ces derniers étant Arthur, Charlemagne et Godefroi de Bouillon. UNE NAISSANCE TÉNÉBREUSE Dans son Historia regum Britanniae, qui fait à Arthur une place disproportionnée au regard des autres rois de Grande-Bretagne, Geoffroy de Monmouth est le premier à raconter sa naissance. Le roi Uther Pendragon tombe amoureux d’Igerne, la vertueuse épouse du duc de LE ROI ARTHUS 41 Cornouailles, qui entre en guerre contre lui. Grâce à la magie de l’enchanteur Merlin, il prend l’apparence de son rival, comme Zeus celle d’Amphitryon, se fait ainsi ouvrir les portes du château de Tintagel, qu’il assiège, et passe la nuit avec Igerne. Le lendemain, on apprend que le duc de Cornouailles est mort la veille au combat. Igerne se rend ainsi compte de l’imposture. C’est pourquoi Arthur, né de cette union et fils illégitime, passe une enfance cachée et devra établir son droit au trône en arrachant l’épée Excalibur de la pierre où elle est fichée. Ce récit est amplifié par le clerc normand Wace dans son adaptation en vers français de l’Historia regum Britanniae, le Roman de Brut (1555). Il est ensuite repris dans les romans de Merlin, en vers (Robert de Boron), puis en prose, bientôt intégrés au vaste cycle dit du Lancelot – Graal, composé vers 1225. UNE MORT INCERTAINE Les Annales Cambriae racontent la mort d’Arthur en 537 à la bataille de Camlann (Salisbury), de la main de son neveu Mordred. Cette tradition est constante. Dans toutes les versions de sa légende, Arthur est victime d’une trahison de Mordred, son neveu, qui est souvent, comme chez Geoffroy de Monmouth, son fils incestueux, né de son union avec sa demi-sœur Morgane. Selon Geoffroy, Arthur, qui mène une guerre en Gaule, est trahi par sa femme Guenièvre qui soutient l’usurpateur Mordred. Les deux hommes et leurs alliés respectifs s’affrontent à Camlann, où le roi Arthur est mortellement blessé. Il est alors conduit à Avalon par la fée Morgane et ses huit sœurs. Le même auteur, dans sa Vita Merlini (1150), évoque à nouveau la mort d’Arthur mais cette fois c’est Merlin lui-même qui mène Arthur, grièvement blessé mais toujours vivant, sur l’île d’Avalon. Au xiiie siècle, dans le Lancelot – Graal, cette trahison, qui provoque, avec la mort du roi Arthur, l’écroulement du monde arthurien, est liée aux amours de Guenièvre et de Lancelot, qui, présentes pour la première fois vers 1176 dans le Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes, sont au cœur de ce cycle romanesque. Dans l’esprit de l’amour courtois, l’amour de Lancelot pour Guenièvre fait de lui le meilleur chevalier du monde. Mais dans l’avant-dernière partie du cycle, la Quête du Saint Graal, dont l’auteur est marqué par l’esprit cistercien, c’est ce même amour, adultère et donc coupable, qui l’empêche d’être le meilleur chevalier du monde, titre réservé à son fils Galaad, chevalier chaste et vierge, à qui est réservé le succès dans la quête du Graal, alors que Lancelot connaît un échec humiliant. Dans le dernier roman du cycle, la Mort du roi Arthur, Lancelot et Guenièvre retombent dans leur péché et finissent par être pris sur le fait par Mordret et Agravain, l’un des frères de Gauvain, le neveu du roi Arthur. En délivrant la reine conduite au bûcher, Lancelot tue Agravain, s’attirant la haine inexpiable de son ami Gauvain. Arthur assiège les amants fugitifs dans le château de la Joyeuse Garde, dont la prise avait été le premier exploit du jeune 42 LE ROI ARTHUS 33 Également peintre et sculpteur, c’est grâce à son talent d’illustrateur que Gustave Doré connaîtra un succès public et critique. Il choisit la technique de la gravure sur bois de teinte, qui permet une finesse du trait ainsi qu’une infinie palette de tons. Déployant son talent dans l’illustration des grandes œuvres de la littérature de la Bible aux Fables de la Fontaine en passant par la Divine Comédie de Dante il met en images en 1859 la traduction française des Idylles du Roi d’Alfred Tennyson à travers la réalisation de huit gravures. Ci-contre et pages suivantes : Illustrations de Gustave Doré (1832-1883) pour Les Idylles du Roi de Lord Alfred Tennyson, 1867, Collection particulière, Jean-Paul Dumontier / La Collection Lancelot. Lancelot rend Guenièvre à Arthur, mais la guerre se poursuit en Gaule, d’où il est originaire et où l’empereur de Rome menace Arthur. Avant son départ, celui-ci confie à Mordret son royaume et la reine. On connaît la suite. Lors de la bataille finale de Salesbieres (Salisbury), Arthur tue Mordret qui lui inflige de son côté une blessure en principe mortelle. Après que, sur son ordre, son écuyer Girflet a jeté son épée dans un lac d’où une main est sortie et s’en est emparée avant qu’elle ait touché l’eau, une nef conduite par sa sœur, la fée Morgane, arrive sur la mer et l’emporte vers l’île d’Avalon, où elle l’aurait guéri et d’où les Bretons attendent son retour. Le chroniqueur Hermann de Tournai rapporte à ce sujet une anecdote survenue en 1113 : « Selon cette coutume des Bretons de se disputer avec les Français au sujet du roi Arthur, cet homme se prit de querelle avec un des nôtre en prétendant qu’Arthur était encore en vie. » Mais en 1191, les moines de Glastonbury, dans le sud-ouest de l’Angleterre, découvrent une tombe dans leur abbaye, dont ils affirment qu’elle est celle du roi Arthur, en jouant sur le nom de leur abbaye et sur celui d’Avalon, qui signifie l’île des pommes ou l’île de verre (glass) ; le mot île, en ancien français, désigne une terre entourée par l’eau, mais parfois aussi par la forêt. L’abbaye se posait ainsi en berceau de la monarchie anglaise. Le roi Arthur est donc mort pour l’Histoire, mais sa légende est loin d’être enterrée. ARTHUR, ROI PASSÉ, ROI FUTUR PROPOS RECUEILLIS PAR MILENA MC CLOSKEY MICHEL ZINK est professeur au Collège de France (chaire de Littératures de la France médiévale) depuis 1994, membre de l’Institut depuis 2000, secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 2011. Il a été professeur invité dans de nombreuses universités européennes, américaines et japonaises. Derniers ouvrages parus : Les Troubadours. Une histoire poétique (2013), D’autres langues que la mienne, dir. (2014), Bienvenue au Moyen Âge (2015). Le roi Arthur et les aventures de Bretagne fascinent encore de nos jours. Écrivains et cinéastes, auteurs de science-fiction, jeux vidéo et jeux de rôles s’en emparent. Ils habitent l’imagination de chacun. En Allemagne, Wagner a assuré leur popularité avec son Parsifal, inspiré du roman de Wolfram von Eschenbach. Mais c’est en Angleterre que ces récits sont restés les plus vivants grâce à Mallory qui les a compilés et réécrits au xve siècle. Les prénoms de Lancelot ou de Perceval se sont toujours donnés en Angleterre, alors qu’en France seul celui d’Arthur s’emploie couramment ; encore sa vogue actuelle est-elle très récente. C’est que l’univers arthurien tel qu’il nous est aujourd’hui familier nous est revenu importé du monde anglophone, bien qu’il ait véritablement pris corps à l’origine dans des romans français. On peut expliquer ainsi que le roi Arthur qui séduit aujourd’hui ne soit pas le personnage littéraire né au xiie siècle, mais le personnage historique insaisissable qui a peut-être vécu au vie siècle. C’est à cette époque que les romanciers qui s’inspirent de ces légendes situent presque toujours leur récit, dans une Bretagne celtique et païenne soumise à une christianisation brutale, nous faisant revenir au point de départ de l’énigme qu’est la légende arthurienne. Mais enfin, chaque époque a le droit d’accommoder le passé à sa propre sauce. Et chez un grand écrivain, tout résonne avec profondeur, comme le montre le dernier roman de Kazuo Ishiguro, Le Géant enfoui, où l’on rencontre un Gauvain âgé qui a survécu au roi Arthur. LE ROI ARTHUS 47 « Herbe redresse-toi, grandis, Que les chevaux s’égarent. Vous rivières sortez du lit Toutes ensemble, tranchez la plaine d’un flot Torrent intraversable entre les deux armées Et vous, énormes pierres couleur de tombeaux, Posez-vous en rempart de silence et de paix. Horreur ! horreur ! horreur ! Arrêtez ! arrêtez ! Hé, terre, réponds-moi ! Ciel, parle aux insensés ! Hélas la terre est sourde et le ciel est muet. » 33 GRAAL THÉÂTRE, JACQUES ROUBAUD ET FLORENCE DELAY (1978) 33 La Légende de Saint-Hubert : Le Miracle, Maurice Denis (1870-1943), musée Maurice Denis - Le Prieuré, SaintGermain-en-Laye, RMNGrand Palais / Benoît Touchard LE ROI ARTHUS 49 Ernest Chausson en son temps JEAN GALLOIS LA VIE DE CHAUSSON couvre toute la seconde moitié du xixe siècle. Né en 1855, à la veille de la première Exposition universelle de Paris, il meurt en 1899, à l’orée du siècle nouveau. Pendant quarante-quatre ans, le voici donc témoin et acteur de son époque. Une époque particulièrement riche, mouvementée, soumise à de multiples mutations et courants que le musicien va devoir affronter avant soit de les rejeter parce que ne correspondant ni à son tempérament ni à son esthétique (le réalisme et le naturalisme, par exemple), soit de s’en inspirer jusqu’à les faire « siens » (le franckisme et le symbolisme notamment). Singulière destinée d’ailleurs, marquée dès l’adolescence par la prescience d’une mort précoce. Ce qui conduit le musicien, pour conjurer ce sort, à travailler d’arrache-pied, à se renouveler d’une œuvre à l’autre, à se ressourcer sans cesse, pour qu’il puisse écrire « avant de [s’] abîmer, ne serait-ce qu’une page qui entre dans le cœur 1 ». Singulière destinée, tout entière tendue vers un idéal éthique, esthétique – entrevu dès la vingtième année –, qu’il savait atteignable difficilement, sinon douloureusement, mais dont l’enjeu lui sert de caution comme de critique : « Je ne comprends que l’effort ; l’effort constant en toutes choses et toujours dirigé vers le même but. » 2 Chausson : le contraire même d’un amateur… Un homme qui, non sans difficultés, interrogations, abattements passagers évidemment, n’a cessé de lutter pour réaliser ce qu’il portait en lui, pour se réaliser. D’où cet acharnement dans le travail, ce regard critique qui le poussent à sans cesse reprendre et polir ce qu’il vient d’écrire et le laissent toujours insatisfait. D’où cette curiosité intellectuelle, appliquée sans relâche à tous les domaines de la pensée. D’où cette propension à se lier d’amitié avec ceux qui, comme lui, cherchent à se définir dans leur art, à « devenir ce qu’ils sont » à travers leur œuvre. Un homme de son siècle, donc, engagé pleinement, volontairement dans son époque, avide de connaître ce qui a marqué le passé comme ce qui construit le présent ; un homme s’entourant d’artistes, d’esprits éclairés qu’il reçoit avec chaleur, amitié, auxquels il se confie, notamment au travers d’une correspondance volumineuse, dense, admirablement écrite, assurément l’une des plus importantes et riches d’enseignements que l’on puisse trouver en ce dernier tiers du xixe siècle. Un homme, un artiste qui a voulu s’assumer librement, dans toute la pléni50 LE ROI ARTHUS 1. Lettre à Paul Poujaud, 16 juillet 1886. 2. Lettre à Raymond Bonheur, non datée [1888]. 3. Le terme est consacré par Littré qui, dès 1875, l’inscrit dans le Supplément de son célèbre Dictionnaire. tude de son être, tout en s’intégrant à ce que son temps présentait de meilleur, de plus constructif, d’innovateur : tel apparaît bien finalement Ernest Chausson. […] Par sa formation – familiale, religieuse –, par ses études de droit, son milieu social, notre musicien appartient, « naturellement » pourrait-on dire, à cette bourgeoisie à la fois « bien-pensante » et « affairiste », qui se reconnaît assez dans cette « République modérée » qui, commencée en 1879, s’achèvera vingt ans plus tard, en 1899 : au moment même où Chausson quitte le théâtre du monde, à la suite d’un fatal accident de bicyclette. Ce n’est pourtant pas vers ce « Monde où l’on [où il] s’ennuie », porté précisément à la scène (1881) par Edouard Pailleron, que nous entraîne l’auteur du Poème. Même si pouvaient l’y prédisposer son serment d’avocat (prononcé le 7 mai 1877), son aisance financière et ses relations au sein du barreau, de l’Université, de la presse ou de la haute administration : les Bonnières, du Figaro, la famille Cochin, le général Lallemand ou Arthur Fontaine, directeur au ministère du Travail. Non : son monde à lui, c’est celui de la pensée, de l’art, sous toutes ses formes : on le verra à l’étude de sa bibliothèque et de sa collection de tableaux. Car Chausson fut, comme son ami Emmanuel Chabrier, un passionné d’art graphique, de dessin et de peinture, maniant lui-même le crayon ou l’aquarelle avec une réelle et poétique maîtrise. Or, quelle chance, lorsqu’on a vingt ans, un peu d’enthousiasme au cœur et de curiosité à l’esprit, que de pouvoir assister à la naissance d’une nouvelle forme de peinture, promise à la plus belle fortune ! Le 15 avril 1874 s’ouvre en effet, dans les ateliers du photographe Nadar, 35 boulevard des Capucines, la première exposition d’un groupe d’artistes-peintres que le critique du Charivari, Louis Leroy, allait baptiser dix jours plus tard du nom d’impressionnistes 3, faisant ainsi référence à la 98e toile exposée et titrée Impression, soleil levant, d’un certain Claude Monet… […] Tandis que les « nus académiques » de Bouguereau, les peintures militaires de Meissonier ou d’Yvon, les évocations bibliques d’un Tissot ou d’un Cazin, tiennent le devant de la scène, les vraies valeurs – celles du moins que l’avenir retiendra comme telles – continuent d’être discutées par le public bourgeois, même si des amateurs éclairés commencent à les distinguer. Il y a tout d’abord la moderne « pléiade » des Manet, Monet, Pissarro, Renoir, Sisley, Guillaumin et Berthe Morisot. À côté, s’affirment de géniaux « Indépendants », tels que Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh ou Cézanne, alors brocardé sans ménagement à l’exposition de 1877, admis par raccroc à celle de 1892, exposé sans succès par Vollard en 1895 et qui ne devait connaître la gloire – posthume – qu’en 1907… À côté de lui, comment oublier l’influence d’un Gauguin sur son temps (l’école de Pont-Aven) et sur l’art moderne ? Tandis que chez eux tous, la sensation prime, Seurat et Signac, en dignes représentants de leur époque scientiste, demandent à la physique de guider leurs émotions et leur pinceau et, s’appuyant sur les études de Rood relatives à la décomLE ROI ARTHUS 51 position de la lumière (1875), entendent allier la sensibilité des ombres à la force des lignes, appliquer à la peinture la technique de la « division » fondée sur l’emploi de couleurs juxtaposées selon les lois des contrastes et des contraires. Et puis, tout comme la poésie, la peinture deviendra « symboliste » : aux côtés d’un Gustave Moreau dont les couleurs rares et incandescentes matérialisent les rêveries ambiguës, voici Odilon Redon, rencontré par Chausson dès sa vingtième année et qui, en maints domaines, aura beaucoup d’influence sur lui, étant de grande culture et de quinze ans son aîné ; voici encore Eugène Carrière, délicat portraitiste du musicien en un superbe camaïeu de 1895 ; Fantin-Latour, habitué lui aussi du salon de Mme de Rayssac et qui, wagnérien fervent, retrouve ses amis musiciens « sur la colline inspirée », à Bayreuth. Enfin voici le groupe des « Nabis » animé par Maurice Denis, autre familier des Chausson, dont il laissera d’ailleurs un émouvant tableau peint auprès d’eux à Fiesole (1897) et qui, dans Art et critique d’août 1890, définit le mouvement « néo-traditionniste » où il énonce notamment cette formule demeurée célèbre et féconde pour le devenir de la peinture moderne : « se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Théorie – et vérité d’évidence ! – qui conduira le « Nabi aux belles icônes » comme l’appelaient ses amis, à donner au dessin une allure simplifiée légèrement archaïsante, et à gratifier ses toiles de beaux à-plats sans modelé, aux rythmes onduleux, annonçant les arabesques de l’Art nouveau… Si la peinture offre pareille abondance, pareille variété de talents et de chefs-d’œuvre, on en peut dire autant de l’activité littéraire. Un domaine de la création auquel Ernest Chausson se trouvera d’ailleurs intimement rattaché et mêlé, soit comme lecteur attentif à tous les mouvements de pensée ou d’expression, soit comme ami des poètes qu’il reçoit en ses fameux dîners, soit enfin personnellement, comme artisan de l’écriture – depuis ses sonnets de jeunesse jusqu’au livret du Roi Arthus, depuis son triple Journal intime (de 1875, 1892 et 1896) jusqu’à certains textes de combat en faveur du Fervaal de Vincent d’Indy par exemple. Ici, l’impression qui domine est bien celle de fourmillement, d’exubérance, de renouveau continu. À cet égard, le milieu des années quatrevingt semble dessiner une ligne de crête : au réalisme, au naturalisme qui s’étiolent et se meurent, viennent s’opposer les rêves bleus du symbolisme et les élans du roman psychologique qui s’imposent dès 1892 / 1893 et vont renouveler en profondeur la perception du monde et sa traduction poétique. Prises au niveau du quotidien, les choses sont évidemment moins simples. Comment apparier en effet des œuvres strictement contemporaines mais si différentes de ton ou d’esthétique telles que Jack de Daudet, Marthe de Huysmans ou Michel Strogoff de Jules Verne, parus 52 LE ROI ARTHUS en 1876 ; que Pêcheur d’Islande de Loti, L’Imitation de Notre-Dame de la lune de Jules Laforgue ou L’Eve future de Villiers de L’Isle-Adam publiés dix ans plus tard ? Et quel lien secret pourrait bien relier Les Quatrains d’Al-Ghazali de Jean Lahor, les Histoires naturelles de Jules Renard et La Soirée avec M. Teste de Valéry, qui marquent l’année 1896 – celle des Serres chaudes de Chausson sur des poèmes de Maeterlinck ? […] Pourtant, ce qu’aiment encore davantage « les bourgeois de la Troisième », c’est le théâtre : la respectable Comédie-Française par exemple, qui montre les sûres valeurs classiques (mais fait souvent attendre les « modernes » : quatre ans avant de montrer Les Corbeaux d’Henry Becque…) et surtout – avant tout –, le théâtre de Boulevard où règnent Ludovic Halévy (L’A bbé Constantin, 1882), Victorien Sardou (La Tosca, 1887, Madame Sans-gêne, 1893), Pailleron ou Courteline dont Les Gaietés de l’escadron font les beaux jours de l’Ambigu (1895) tout comme le Cyrano de Rostand fait ceux de la Porte Saint-Martin (1897). Aucun auteur cependant ne semble recueillir autant de suffrages que l’infatigable Feydeau qui, de Tailleur pour dames en 1886 à la Renaissance jusqu’à La Dame de chez Maxim en 1899, en passant par Le Fil à la patte de 1894 ou Le Dindon créé deux ans plus tard, multiplie ce qu’il faut bien appeler des chefsd’œuvre de la scène… C’est que le théâtre est une tranche de vie et que la vie, c’est le « réalisme » qui, selon ses thuriféraires, doit célébrer le monde moderne : la photo, le gaz d’éclairage, la locomotive. […] Cependant, la première génération des réalistes s’essouffle ou meurt : Fromentin, ce précurseur de Proust, en 1876 ; Flaubert, cet ancêtre du « Nouveau Roman », en 1880. Et des deux frères Goncourt, seul reste après 1870 Edmond qui appâte les lecteurs en livrant progressivement son « Journal » dans Le Figaro illustré de Noël 1885 à juillet 1886, avant de publier les quatre premiers volumes chez Charpentier… En marge de ce mouvement, de l’œuvre rageur et flamboyant d’un Barbey d’Aurevilly ou de l’idéalisme hautain d’un Villiers de L’Isle-Adam, l’un et l’autre disparus en 1888, voici Jules Vallès dont Le Bachelier (1881) et plus encore L’Insurgé (1886, posthume) auront une influence déterminante sur Huysmans. Voici également les « régionalistes » – courant assez neuf –, trouvant dans leur petite patrie natale un ferment pour leurs contes : au Quercy d’Emile Pouvillon (Césette, que l’Académie française couronne en 1881) répondent les peintures du Barrois André Theuriet (La Sauvageonne, 1880) ou du Périgourdin Eugène Le Roy dont Jaquou le croquant (1890) demeure aujourd’hui encore d’un saisissant relief. À cette époque, d’ailleurs, la seconde génération du réalisme – le naturalisme – semble à son apogée. Après les derniers romans de Daudet, après les incontestables chefs-d’œuvre d’un Maupassant : Une Vie en 1883, Bel Ami en 1885, Fort comme la mort en 1889, quatre ans plus tard, leur auteur s’éteint, au moment même où Zola met un terme à son grand ouvrage commencé dès 1871, Les Rougon-Macquart, véritable « His toire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire », et qui LE ROI ARTHUS 53 est autant une peinture sociologique qu’une fresque analysant « les réactions de l’homme physiologique déterminé par le milieu agissant sur ses organes ». C’est bien, appliquée à la littérature, une manifestation de cet esprit scientifique – sinon scientiste – qui s’empare de l’époque et la fait vibrer aux noms de positivisme, science, progrès – de Claude Bernard à Renan, publiant en 1890 L’Avenir de la science, et à Taine, appliquant au temps et à l’histoire un raisonnement de biologiste. Or c’est précisément ce que la nouvelle génération refuse et récuse. En publiant Le Disciple en 1889, Paul Bourget condamne bien le scientisme, les excès du positivisme, l’intellectualisme sceptique et, du même coup, réhabilite la vie de l’âme. Revirement psychologique indéniable, fondamental, que viennent souligner à partir de 1886 les romanciers russes nouvellement traduits ou les grands scandinaves, tels Ibsen ou Strindberg, qu’Antoine révélera bientôt en son Théâtre libre et que Chausson lira avec ferveur. Voilà bien les sentiers qu’empruntent poètes et romanciers après les années 1884-1886 qui voient, d’une part, la publication du recueil Poètes maudits de Verlaine et celle d’À rebours de Huysmans, d’autre part « le Manifeste symboliste » de Jean Moréas dans les colonnes du Figaro (18 septembre 1886). Au langage d’airain des parnassiens qui avait nourri les premières années de Chausson et suscité ses premières mélodies – de Leconte de Lisle à Louise Ackerman lui fournissant le thème d’Hébé, l’une de ses plus belles créations –, succède une seconde génération, beaucoup plus proche des nouvelles tendances poétiques (d’Armand Silvestre à François Coppée, de Jean Richepin à Maurice Bouchor, tous amis, remarquons-le, de notre musicien), mais qu’éclipsent évidemment les pures musiques intérieures de Verlaine, Rimbaud et Laforgue ou les exquises obscurités d’un Mallarmé dont l’ambition est de « tourner l’épaule à la vie » et qui s’applique à donner un sens nouveau aux « mots de la tribu ». « Suggérer » : tel est désormais le but et la voie de la poésie. L’on comprend dès lors que les symbolistes – notamment Charles Cros, Tristan Corbière, Jules Laforgue, Moréas et Maeterlinck (dont le Pélléas emballe Debussy qui s’en empare aussitôt) – soient devenus de si proches amis des musiciens. Mieux même : leurs pourvoyeurs de rêves et d’harmonie. […] L’on assiste donc bien à un total revirement de la sensibilité, que sous-tend le retour à l’idéalisme et au spiritisme. […] Le xixe siècle qui, selon la remarque d’Albert Thibaudet, avait débuté avec Chateaubriand par la poésie de la religion allait donc se clore, avec Mallarmé et ses disciples, par une religion de la poésie. Par une « religion de la musique » aussi – ce sera d’ailleurs le titre d’un bel essai de Camille Mauclair, familier des poètes et des compositeurs. Lesquels, on l’a peut-être insuffisamment souligné, se retrouvent souvent ensemble en de mêmes lieux privilégiés : les cafés et les salons. […] En un temps qui ne connaît ni la radio ni le disque, la musique de chambre pratiquée entre amis reste évidemment la meilleure façon d’étudier 54 LE ROI ARTHUS Historien, JEAN GALLOIS, s’est tourné très tôt vers la musicologie, publiant de nombreux ouvrages sur le baroque (Vivaldi, Haendel), sur le romantisme (Bruckner, Schumann) et la musique française des XIXe et XXe siècles. La biographie qu’il a consacrée à Ernest Chausson (Éditions Fayard, collection Bibliothèque des grands musiciens, 1994) a été récompensée par l’Institut de France et par le Grand Prix Bernier de l’Académie des Beaux-Arts. les grands maîtres, grâce à l’industrie florissante des « transcripteurs » : Liszt en fut un, qui permit à des publics variés d’approcher plus de deux cents partitions écrites par quelque cinquante musiciens de l’époque ! Si Wagner en vécut durant ses impécunieuses années parisiennes, maints compositeurs s’y adonnèrent également par la suite, afin de mieux propager leurs œuvres à important effectif orchestral, voire celles de leurs pairs, pour les mêmes raisons de commodité. Ainsi verra-t-on Vincent d’Indy réaliser pour piano à quatre mains une (excellente) transcription de Viviane, un des poèmes symphoniques de Chausson, lequel découvrit ainsi maintes grandes symphonies de Mozart, Haydn, Beethoven ou Schumann en les déchiffrant au piano avec ses amis chez Mme de Rayssac. Dans d’autres salons s’organisent de véritables concerts : chez les Vaudoyer, la princesse de Polignac ou Mme de Saint-Marceaux entre cent autres ; chez les Fontaine ou le peintre Henry Lerolle qui accueillera le jeune Debussy en organisant des soirées consacrées à la Tétralogie ! Enfin, comment oublier celles que Chausson tiendra lui-même boulevard de Courcelles. Les associations symphoniques, elles aussi, se multiplient, élargissant leur répertoire que découvre un nombre croissant d’auditeurs. Aux côtés de la vieille Société des Concerts du Conservatoire, fondée dès 1828 par Habeneck, Jules Pasdeloup avait créé, en 1851, la Société des jeunes artistes du Conservatoire avant d’intensifier son action, dix ans plus tard, au Cirque d’hiver, en faveur de concerts « populaires » à prix modique. En 1873, appuyé par l’éditeur Hartmann, Edouard Colonne fonde le « Concert national » à l’Odéon avant de se transporter l’année suivante au Châtelet, défendant avec courage les compositions françaises contemporaines, de Berlioz à Bizet, de Saint-Saëns à Lalo et… Chausson. La capitale ne possède d’ailleurs pas l’exclusivité de ces associations symphoniques. Un peu partout en province (à Lyon, Strasbourg, Bordeaux) fonctionnent des orchestres de grande valeur qui, par leurs programmes souvent courageux – Angers, Nancy où sera créé le Poème de Chausson –, font largement appel à la musique « vivante », réveillée par la création, en 1871, de la fameuse SNM. Celle-ci était née à l’initiative de Saint-Saëns, Castillon, Bussine et Franck, son but était de permettre aux jeunes musiciens français (d’où la devise « Ars gallica ») d’être joués, et tout autant de former le public appelé à les entendre. Rapidement rejointe par d’Indy, Duparc, Fauré et vingt autres compositeurs, la SNM fut, incontestablement, un ferment de création : cette pléiade de musiciens qui allaient former, selon la juste expression de Norbert Dufourcq, le « troisième âge d’or de la musique française » et dont Chausson lui-même apparaît comme l’un des plus attachants. LE ROI ARTHUS 55 33 Paysage à la colline, c.1890, Eugène Carrière (1849–1906) Musée national de Belgrade, akg-images La genèse de l’œuvre à travers la correspondance Lettre à Paul Poujaud, Crémault, juin 1888. Arthus avance lentement et je ne sais pas trop qu’en penser. Il y a des endroits où je vois clairement que c’est mauvais. Il y en a d’autres où je ne sais plus que dire. C’est même pour cela que je vous écris en attendant l’heure du déjeuner. Je venais de relire ce que j’avais fait ce matin et j’en suis resté si surpris que j’ai mieux aimé ne pas continuer tout de suite. Est-ce bon ? Est-ce mauvais ? Je commence à avoir un peu de confiance, non dans ce que j’ai fait, mais dans ce que je ferai de ce drame. Je me reproche même de trop aimer mon sujet. […] Comment comprendre Montaigne et son oreiller de doute commode pour les gens d’esprit ? Je n’ai donc aucun esprit car je donnerais tout pour une certitude. C’est dans ce genre là que j’avais commencé à vous écrire, il y a un mois. J’en voulais retarder Arthus ; il a été le plus fort, sans pour cela me délivrer, comme vous le voyez, de ce chaos intellectuel. C’est Arthus, toujours, qui en est la cause. Lettre à Paul Poujaud, Crémault, juin 1889. 33 Ernest Amedée Chausson, portrait photographique colorisé (P. Frois, Biarritz), akg-images Je vous écris parce que cela me fait plaisir de penser à vous. Je serais content de vous voir. Mais, pour vous, il vaut mieux que vous ne me voyiez pas en ce moment. Je suis détestable. Je suis exclusivement soumis à l’influence Arthusienne ou Arthusielle. Ces jours-ci, le niveau est très bas. J’ai beaucoup changé à mon livret ; je n’ai pas fini encore. Il me semble qu’il faudrait changer tout. Et pourtant non. Faut-il ? Ne fautil pas ? Ce que je viens de changer est-il bien ? Ne pourrais-je pas trouver mieux ? De là des tiraillements incessants, des hésitations qui m’enragent. Je vois déjà que mon prochain drame sera fait d’une manière tout aussi différente. Je change d’avis sur l’emploi de la prose et des rimes. J’ai trop négligé le rythme. Je sens ce que je chercherai à faire. Mais pour le moment, c’est d’Arthus qu’il s’agit. Après, je verrai. La visite de Bouchor, très agréable, a été mauvaise pour lui. Bouchor m’a troublé avec son classicisme, son goût pour les airs, son éternel refrain que ce que nous cherchons est mauvais et impossible. Je ne suis nullement converti, mais il m’a troublé. (Naturellement, gardez cela pour vous.) Je m’en tiens à ce que j’ai voulu faire. Je cherche seulement à rendre mes personnages plus vivants, à les faire mieux parler et plus clairement, tout en les maintenant dans cette vérité spéciale de la vérité artistique, qui n’a aucun rapport LE ROI ARTHUS 59 avec la vérité naturaliste. Je patauge, je grinche, je crois trouver, j’efface, je travaille comme un malheureux et je n’avance guère, je me couche avec désespoir et je me lève avec terreur ; je voudrais causer avec des amis et j’ai peur de ce qu’ils pourraient me dire ; le temps passe ; l’affreux temps ; voilà comment je vis. […] Mais un ouf ! héroïque, plein de joie et de sanglots, une mort très vivante. J’ai peut-être tort de te raconter tout cela, car il ne suffit pas de te raconter les sentiments qu’on a l’intention d’exprimer, il faut les exprimer, et y arriverai-je ? […] Lettre à Raymond Bonheur, Luzancy, mardi 4 juillet 1893. Voulez-vous que je vous parle du Roi Arthus ? Eh bien, il est à peu près dans l’état où vous l’avez connu. Tous les changements que je trouve pour le troisième acte ne me contentent pas. Genièvre doit faire quelque chose, sûrement ; mais quoi ? Pour sa mort je pense la faire s’étrangler avec ses cheveux 2. J’aime mieux cela que le poignard. Et puis ça prouve au moins qu’elle avait une belle chevelure ; vous savez que j’y suis fort sensible. Mais Genièvre, Lancelot, Arthus, mourant tous les uns après les autres, cela me fait un acte bigrement difficile à ordonner. Je n’en sors pas. J’en suis même tellement fatigué que j’ai résolu de n’y plus penser quelques temps. Lettre à Henry Lerolle, Civray, juin 1891. […] J’ai relu le Roi Arthus et me voilà réemballé. C’est le pauvre Lancelot qui écope dans le remaniement du 3e acte. Il meurt dans la coulisse pendant que Genièvre a une conversation bigrement difficile à faire avec le Roi son époux. C’est égal. Je crois cela beaucoup mieux. Et puis après, on me laissera tranquille, j’espère, avec Tristan et Yseult. Embrasse ta famille de la part de la mienne et de la mienne personnelle. Ton ami. Lettre à Henry Lerolle, Luzancy, mai 1893. Cher ami, Me voici replongé dans le Roi Arthus. J’en suis avec lui, depuis quinze jours, à une troisième phase. D’abord, une indifférence inquiétante. Puis, quand j’ai commencé à m’y mettre, l’emballement est revenu. Enfin, depuis aujourd’hui, les idées noires reparaissent ; pas de grincherie ni de désespoir parce que je n’ai pas écrit un acte dans ma semaine. C’est quelque chose de plus sérieux. Wagner me hante maintenant terriblement. Je le fuis tant que je peux, mais j’ai beau fuir, il est toujours là, près de moi, me guettant très méchamment et me faisant écrire des tas de choses que j’efface. J’en suis sérieusement ennuyé. Il faut pourtant y échapper, à ce diable d’homme. C’est une question de vie ou de mort. Mais dans un drame lyrique comme le Roi Arthus, vraiment, trop de choses tentent à le rappeler. Et, d’un autre côté, il y a trop longtemps que j’y pense ; il faut absolument m’en débarrasser la cervelle. […] Affectueusement à vous. Lettre à Raymond Bonheur, Arcachon, novembre 1893. Cher ami, Depuis mon retour à Arcachon, je suis resté silencieux, pour cause Arthusienne. Contre toute prévision, je me suis trouvé au retour absolument tel qu’au départ ; et Arthus continue sa marche modérée vers un achèvement que je commence à sentir prochain, à ma grande joie. S’il n’y a pas d’accroc et si je restais ici trois mois encore, je crois bien que je reviendrais à Paris, comme dit d’Indy, avec un « opéra en portefeuille »… […] Ce qui me donne le plus de mal ce sont les paroles, que je change sans cesse, sans arriver à me contenter. Si le texte de la scène entre Genièvre et Lancelot était absolument fixé, je considérerais presque la scène comme faite. Le début de l’acte, je crois, n’est pas mauvais ; un peu différent de la musique des autres actes, pas trop pourtant ; juste assez pour m’indiquer qu’il est grand temps de clore ce drame. […] Lettre à Henry Lerolle, Luzancy, mai 1893. Cher ami, Nous débutons demain la série des réceptions à Luzancy. Et vous, quand ? Pour peu que tu tardes, c’est le troisième acte entier du Roi Arthus que j’aurai à te montrer. Je finirai peut-être la seconde scène aujourd’hui et, je ne sais pas pourquoi, j’imagine que la troisième va être écrite en clin d’œil. La mort de Lancelot m’apparaît d’une façon nouvelle. Je n’y comptais pas beaucoup ; il se trouve que ça va être très empoignant ; du moins je l’espère. Je change pas mal de paroles ; Lancelot réapparait peu à peu ce qu’il aurait dû être ; pas l’ombre d’un remords. Le temps des remords et le temps des roses Est passé. 1 60 LE ROI ARTHUS Lettre à Henry Lerolle, Arcachon, 13 janvier 1894. 1. Chausson renvoie à son poème « La mort de l’amour » extrait du Poème de l’amour et de la mer composé entre 1882 et 1892. 2. Chausson confessera plus tard que cette idée lui était venue en jouant avec les nattes de sa fille aînée, trouvant ainsi un dénouement qu’il cherchait en vain depuis des mois. Cher ami, Encore un changement ! Qu’en dis-tu de celui-là ? Voici longtemps que je tire la ficelle pour terminer cette malheureuse scène de Lancelot et de Genièvre. Impossible de trouver le joint. Ça s’allongeait et c’est tout ce que j’y gagnais, ou plutôt, perdais. Le diable, toujours, c’est de faire partir Lancelot, sans quelque événement extérieur qui le force à prendre une résolution. Alors on risque de tomber dans les adieux, et l’on est fichu. Enfin, hier, j’espère avoir trouvé une solution que je ne crois pas mauvaise. Ça consiste, vers la fin de la scène, à déplacer l’intérêt. La bataille se rapproche et c’est elle qui devient le personnage principal. Lancelot LE ROI ARTHUS 61 mité. On sent si bien qu’on n’en sortira jamais. On entend la mer au loin ; je monte sur chaque colline, espérant au moins l’apercevoir. Les collines se succèdent et la mer n’apparaît pas. est bien forcé de se décider, car cette bataille ne peut toujours durer, et sa sortie devient plus facile et plus rapide. Je ne sais si tu as connu la version où Genièvre, au moment où il va sortir, se jette dans ses bras, en faisant un suprême effort pour le retenir. J’avais toujours eu l’intention de réserver pour ce moment-là une reprise ff de la phrase d’amour, assaisonnée de tout ce que Arcachon peut inspirer de plus fiévreux et de plus passionné. Maintenant, la phrase d’amour va bien reparaître, mais comme étouffée et assourdie dans les bruits de bataille. Et cela durera encore pendant une partie de la scène de Genièvre seule. Je crois que cela aidera à faire comprendre la défaite définitive de l’amour égoïste de Lancelot et de Genièvre. Il n’y a plus de lutte possible. Peutêtre à ce moment ne parlera-t-elle pas, parce qu’il lui serait matériellement impossible de se faire entendre. Au lieu de donner beaucoup d’importance aux gestes de Genièvre, abandonnée, c’est toujours la bataille dans la coulisse qui tiendra le premier plan, jusqu’au moment où elle s’éteindra assez subitement, ce qui donne à penser à Genièvre que quelque chose d’imprévu vient de se produire, et la hâte à la mort. Musicalement, je crois que cette nouvelle version va me donner quelque chose de bien meilleur. Je serai forcé, par exemple, de remanier un peu le commencement de l’acte, et d’atténuer tous les bruits de bataille qui y figurent déjà. Il faudra n’y laisser que le juste nécessaire pour faire pressentir ce qui n’éclatera que plus tard. Après tout ce tapage, les deux dernières scènes, calmes, feront une impression reposante et c’est là-dessus que je veux terminer. Cet écrasement de l’individu par le fait matériel est d’une compréhension un peu genre Maeterlinck. Mais Genièvre a si peu de rapport avec la Princesse Maleine ou la pauvre petite Mélisande… Je te quitte pour reprendre ma bataille. Lettre à Henry Lerolle, Bürgenstock, 25 septembre 1894. Lundi, 7 heures. Depuis que j’ai commencé cette lettre, mon pauvre Arthus est mort ! C’était attendu, et espéré. Et pourtant, vrai, ça m’a fait quelque chose. Je riais d’un œil et de l’autre j’étais comme près de pleurer. J’aurais été encore plus content si j’étais peut-être persuadé qu’il est mort une bonne fois pour toutes. Et, de cela, je n’en suis pas persuadé du tout. Tu sais que mes personnages ont une fâcheuse habitude à la résurrection ; ils feraient bien mieux de me la passer. Quand je te dis qu’Arthus est mort, c’est un peu anticipé ; mais enfin il ne parlera plus ; il ne lui reste qu’à jeter Escalibor dans la mer et à descendre le petit chemin qui mène à la plage. Et puis le chœur final. Et l’éteignement de tout. Ça n’est pas très long, mais tout de même il y a encore à faire. Plus j’y pense et plus je trouve que j’aurais besoin de reprendre tout ce troisième acte. Enfin, terminer la première version, c’est toujours ça. Je te quitte pour aller dîner, cher ami. Lettre à Henry Lerolle, 30 septembre 1894. Cher ami, Je viens de terminer mon Arthus !!! Dimanche matin. Quand je dis terminer, ce n’est pas tout à fait vrai. Mais enfin j’ai esquissé toute la fin, mais il reste à l’écrire et ce sera encore assez long. Comme je ne suis pas sûr du tout de ne pas la changer beaucoup, il n’y a pas de mal à la laisser provisoirement dans cet état. Pour la juger il faudra la voir d’ensemble, et je n’ai pas le temps de jouer mes trois actes. Nous venons de décider avec Jeanne de partir demain. Nous re-sommes dans les nuages, mais nuages de neige cette fois. Il fait 2° et demi !!! Lettre à Henry Lerolle, Arcachon, 26 janvier 1894. Cher ami, Une lettre de toi, arrivant ces jours-ci, m’aurait fait bien du bien. Tu ne pouvais pas le prévoir. Naturellement, la scène en question n’est pas achevée. Ce qui en a [sic] de fait ne me semble pas définitif et m’a coûté des journées épouvantables. Je suis en plein noir, dans l’état d’Arthus au troisième acte. Je ne crois plus à l’espérance, à la volonté ni à l’effort. Et pourtant, avec un entêtement d’âne, je ne lâche pas prise. Et voilà plus de dix ans que je mène cette vie-là. En dix ans, ai-je eu plus de dix jours de travail facile ? Pas plus, en tout cas. Il y a des moments où je me sens las et désespéré jusqu’au fond de moi-même. L’entière solitude où je vis, délicieuse quand je travaille avec une difficulté modérée, n’est pas réconfortante dans les jours de découragement. Je me promène dans cette forêt interminable, très belle, mais accablante par son énor62 LE ROI ARTHUS EXTRAITS D’ERNEST CHAUSSON : ÉCRITS INÉDITS, JOURNAUX INTIMES, ROMAN DE JEUNESSE, CORRESPONDANCE CHOIX ET PRÉSENTATION DE JEAN GALLOIS ET ISABELLE BRETAUDEAU, ÉDITIONS DU ROCHER (1999) LE ROI ARTHUS 63 LETTRE D’ERNEST CHAUSSON À HENRY LEROLLE ARCACHON, LE 26 JANVIER 1894 « Quant à la forêt, elle est plus symbolique encore ; ce n’est pas qu’on n’y puisse parvenir ; au contraire, c’est qu’on ne peut en sortir. Pendant des jours et des jours, des semaines de marche, tu la parcourrais en tous sens sans pourvoir trouver un endroit qui ne ressemble pas à l’endroit que tu viens de quitter. Toujours du sable qui fuit sous les pieds, toujours des troncs droits, à fabriquer des cercueils pour toutes les générations futures. » 33 La Barque, c. 1900, Odilon Redon (1840–1916), Kunsthalle, Hambourg, akg-images LE ROI ARTHUS 65 Création scénique et devenir de l’œuvre MARIE-HÉLÈNE BENOIT-OTIS que Le Roi Arthus, unique opéra d’Ernest Chausson (1855-1899), ne parvienne jamais à la scène. Après une genèse particulièrement longue et difficile, étalée sur près de dix ans (du début de l’année 1886 aux derniers mois de 1895), l’œuvre a en effet posé à son compositeur des difficultés plus grandes encore lorsqu’est venu le moment de la faire représenter. De 1895 à sa mort accidentelle quatre ans plus tard, Chausson a frappé en vain aux portes de toutes les maisons d’opéra avec lesquelles il est parvenu à entrer en contact. PEU S’EN FALLUT L’idéal, bien sûr, aurait été d’assurer la création du Roi Arthus sur une scène parisienne – d’autant plus que la maison d’édition Choudens avait, dès l’été 1895, promis de publier la partition de Chausson au moment des premières représentations, à la condition expresse que celles-ci aient lieu dans une grande ville d’Europe francophone. Mais les vagues promesses de Paul Choudens, qui avait fait miroiter à Chausson la possibilité d’une création à Paris, devaient rester lettre morte. De son côté, Chausson espérait obtenir une audition d’Albert Carré, le directeur de l’Opéra-Comique, en passant par l’intermédiaire du compositeur André Messager. Ce dernier, qui avait aidé Chausson à établir le contact avec Choudens pour assurer la publication du Roi Arthus, se montra cependant réticent à utiliser ses fonctions de directeur musical pour faire entrer l’œuvre au répertoire de l’Opéra-Comique. Prétextant des difficultés matérielles relatives à la mise en scène, il refusa même de faire entendre à Carré l’opéra de Chausson – auquel il trouvait « bien des inégalités », comme il devait l’écrire dans La Grande Revue quelques années après la mort de Chausson. 33 La salle de La Monnaie de Bruxelles, le jour de la création du Roi Arthus (?), Dessin de Fernand Khnopff, La Monnaie, Bruxelles Impossible, donc, de représenter Le Roi Arthus à Paris. Qu’à cela ne tienne : dès le début de l’année 1895, Chausson avait pris contact avec le Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, maison particulièrement favorable à l’opéra français contemporain (c’est là qu’ont été créés Sigurd et Salammbô d’Ernest Reyer, Gwendoline d’Emmanuel Chabrier et Fervaal de Vincent d’Indy, pour ne mentionner que quelques-unes des représentations importantes des années 1880 et 1890). En visite à Bruxelles en mars 1895, Chausson fit entendre son opéra à la soprano Georgette LE ROI ARTHUS 67 Leblanc, à qui il aurait souhaité confier le rôle de Genièvre, ainsi qu’au baryton-basse Henri Seguin, qui, à son avis, aurait « fait un bon Arthus ». Surtout, il communiqua avec les directeurs du Théâtre de La Monnaie, Oscar Stoumon et Édouard-Fortuné Calabrési, et leur proposa une audition de son opéra ; Stoumon accepta, et il fut convenu que Chausson lui jouerait Le Roi Arthus à Paris, mais rien de concluant ne sortit de cette démarche. Il ne sera plus question d’Arthus à la Monnaie jusqu’à la fin du mandat de Stoumon et Calabrési, en 1900. Là où une porte se ferme, s’ouvre une fenêtre ; à la fin de l’année 1895, Maurice Kufferath proposa à Chausson de faire exécuter en concert à Bruxelles quelques extraits du Roi Arthus pour soprano et orchestre, sous la direction du violoniste et chef d’orchestre belge Eugène Ysaÿe. Chausson hésita : il souhaitait certes que son opéra soit présenté au public le plus tôt possible, mais dans sa totalité, et non sous la forme d’extraits présentés hors contexte. Après mûre réflexion, il déclina donc l’offre de Kufferath. À partir de ce moment, Chausson fit flèche de tout bois et poursuivit de nombreuses pistes qui, toutes, devaient tourner court. Ysaÿe proposa de diriger l’opéra à Genève pendant l’Exposition nationale suisse, à l’été 1896, mais le projet ne se réalisa pas. En février 1896, le ténor Ernest Van Dyck offrit à Chausson de lui faire rencontrer Wilhelm Jahn, le directeur du Staatsoper de Vienne ; Chausson se prépara à se rendre en Autriche au cours de l’été 1896, puis pendant l’hiver 1896-1897, mais l’entrevue escomptée n’eut jamais lieu. Début juin 1897, il réussit à se faire présenter au chef d’orchestre Hans Richter, mais l’entretien n’eut aucune conséquence sur le sort d’Arthus à Vienne. Toujours en juin 1897, Chausson se rendit à Dresde pour y rencontrer les directeurs du Hofoper, muni d’une lettre de recommandation du chef d’orchestre allemand Arthur Nikisch, mais ce sésame ne suffit pas à lui ouvrir les portes du théâtre de Dresde. L’audition découragea profondément Chausson, qui la relata en ces termes dans une lettre à son ami le peintre Henry Lerolle : « Dès le début, j’ai vu qu’il n’y avait rien à faire et qu’il ne s’agissait que d’une audition de politesse. [...] La cause du malheur est la parenté avec Tristan. Je ne le nie pas. Il me semble pourtant qu’il y a des différences capitales. On n’a pas voulu les voir. Dans ces conditions ce n’est que pour la forme qu’on m’a demandé de montrer un peu ma musique. » Désabusé, Chausson conclut : « Ce qui m’ennuie surtout, c’est qu’il y a une part de vérité dans ces critiques. Et la similitude sera d’autant plus sensible dans une traduction allemande. » Cette crainte n’empêcha cependant pas Chausson de se rendre à Prague lorsqu’Isaac Albéniz lui proposa de l’aider à y organiser une création du 68 LE ROI ARTHUS 33 Ci-contre et pages suivantes : maquettes des costumes pour la création du Roi Arthus, le 30 novembre 1903, à La Monnaie de Bruxelles, dessins de Fernand Khnopff, Archives de la Monnaie Roi Arthus en version allemande. Cette fois, le succès semblait être au rendez-vous : en juillet 1897, la direction du Deutsches Theater de Prague s’engagea à représenter l’opéra au cours de l’hiver suivant. Mais d’insurmontables difficultés se posèrent aussitôt : le traducteur allemand ne réagissait pas aux nombreuses lettres de Chausson et, surtout, Choudens menaça de résilier le contrat de publication si Le Roi Arthus était créé ailleurs qu’à Paris, Bruxelles, Vienne ou Berlin. Pour couronner le tout, le chef d’orchestre Angelo Neumann revint sur son engagement ferme de jouer l’opéra de Chausson et devint à son tour évasif. Le projet tomba donc à l’eau, tout comme, un peu plus tard, celui d’une représentation à Karlsruhe sous la direction de Felix Mottl. Paris, Bruxelles, Genève, Vienne, Dresde, Prague, Karlsruhe – sans compter Barcelone, première ville considérée par Chausson sur les conseils d’Albéniz, mais rapidement laissée de côté à cause du refus de Choudens de voir Le Roi Arthus créé en Espagne : en l’espace de quelques années, Chausson avait traversé toute l’Europe pour tenter de faire monter son opéra. Peine perdue : au moment de sa mort, le 10 juin 1899, Le Roi Arthus n’était toujours ni publié, ni représenté. C’est alors que Vincent d’Indy prit les choses en main. En juillet 1901, il entama les négociations avec les nouveaux directeurs du Théâtre de La Monnaie, Maurice Kufferath et Guillaume Guidé, accomplissant ainsi une démarche que Chausson s’était promis de mener lui-même. Malgré l’avis favorable des deux directeurs (qui, déjà du vivant de Chausson, lui avaient promis de monter son opéra le jour où ils seraient amenés à diriger le Théâtre de La Monnaie), ces négociations furent longues et ardues, en plus d’être onéreuses pour Jeanne Chausson, la veuve du compositeur, qui se vit obligée d’assumer les frais de copie de la partition, s’élevant à une quinzaine de milliers de francs. Mais après de nombreux reports dus à des considérations organisationnelles et budgétaires, Le Roi Arthus fut finalement mis en répétition en avril 1903, et la première eut lieu le 30 novembre de la même année, devant une salle comble réunissant « une foule de notabilités parisiennes et l’élite de la société bruxelloise », comme on put le lire le lendemain dans Le Matin. Aucun des chanteurs pressentis par Chausson ne faisait partie de la distribution : le rôle d’Arthus fut créé par le baryton hollandais Henri Albers, celui de Genièvre par la soprano Jeanne Paquot d’Assy et celui de Lancelot par le ténor français Charles Dalmorès. Sylvain Dupuis dirigeait l’orchestre, dans une mise en scène réalisée par Charles De Beer. Tous les interprètes furent chaleureusement acclamés et la série de dix représentations (terminée en janvier 1904) remporta un grand succès aussi bien auprès du public que de la critique. 70 LE ROI ARTHUS LE ROI ARTHUS 71 La réception de cette création posthume permet de prendre la mesure de l’ampleur du débat qui, vingt ans après la mort de Wagner, régnait encore dans le milieu musical français autour de la question du wagnérisme. Exception faite de très courts entrefilets et de quelques articles au caractère ouvertement publicitaire, la totalité des textes publiés dans la presse avant et après la première représentation accorde une place centrale à la question de savoir si, oui ou non, Le Roi Arthus est inspiré de Tristan und Isolde de Wagner, et si, le cas échéant, il convient de s’en réjouir ou de s’en affliger. Sur ces questions, les avis sont partagés : d’un côté, des compositeurs-critiques comme André Messager (mais aussi Gabriel Fauré et Paul Dukas) tendent à souligner, preuves à l’appui, le caractère wagnérien du Roi Arthus (qui leur semble assez problématique), alors qu’à l’opposé, les critiques musicaux de formation plus littéraire cherchent au contraire à minimiser ce qu’ils voient comme de simples « rapprochements de détails », pour reprendre les termes du critique français Michel-Dimitri Calvocoressi. Un tel débat a fatalement eu pour effet de reléguer au second plan l’originalité, pourtant profonde, de l’opéra de Chausson ; c’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles Le Roi Arthus a été aussi rarement représenté en version scénique depuis 1903. Mis en scène à Dortmund et Bregenz en 1996, puis à Montpellier et Cologne en 1997, l’opéra a de nouveau disparu des théâtres jusqu’au centenaire de sa création, en 2003, événement que le Théâtre de La Monnaie a souligné par une nouvelle mise en scène signée Matthew Jocelyn. Tout récemment, Le Roi Arthus opère un retour en force : après les représentations du printemps 2014 à Strasbourg, l’entrée de l’œuvre au répertoire de l’Opéra de Paris permet enfin de boucler la boucle amorcée par Chausson en 1895. Cent vingt ans plus tard, Arthus est finalement parvenu à la scène sur laquelle le compositeur espérait tant faire représenter son opéra. MARIE-HÉLÈNE BENOIT-OTIS est musicologue et germaniste. Professeur de musicologie à l’université de Montréal, elle a publié plusieurs articles sur Wagner, la mise en scène lyrique et les opéras de Mozart, ainsi qu’une monographie sur le wagnérisme (Ernest Chausson, Le Roi Arthus et l’opéra wagnérien en France, Francfort, Peter Lang, 2012). 72 LE ROI ARTHUS LE ROI ARTHUS 73 33 Le Dernier sommeil d’Arthur à Avalon (détail), 1898, Sir Edward Coley Burne-Jones (1833-1898), Musée d’art de Ponce, Porto Rico, The Luis A. Ferré Foundation, Inc Peintre anglais, figure majeure du préraphaélisme tardif, Sir Edward Burne-Jones (1833-1898) puise les sujets de ses premiers dessins et aquarelles dans la littérature romantique. De nombreux voyages en Italie vont forger son style, empruntant autant au classicisme qu’aux primitifs italiens. Recentrant son travail sur la peinture à l’huile, Burne-Jones devient un artiste renommé, ses toiles étant même exposées lors de l’Exposition Universelle de 1878 à Paris. L’influence du peintre, anobli en 1894, est considérable. Le maître symboliste belge Fernand Khnopff, qui réalise les costumes et décors pour la création du Roi Arthus à la Monnaie en 1903, lui voue ainsi un véritable culte. La mort d’Arthur LORSQU’IL SE FUT AVÉRÉ qu’en dehors de ces deux-là il ne restait plus per- sonne en selle sur le champ de bataille, mais que les uns étaient étendus morts et les autres mortellement blessés, ils se mirent à fondre en pleurs, puis enlevèrent leur heaumes et s’exclamèrent : « Ah, Dieu ! Y a-til jamais eu un être humain qui ait à aucun moment vu une perte aussi catastrophique que celle-ci, étant donné que de tous les bons chevaliers du monde et du royaume de Logres, il n’en est resté aucun qui ne soit mort durant cette bataille cruelle ? Ah, bataille, que de pauvres orphelins et de veuves vous aurez faits dans ce pays et dans d’autres ! Et nombre de belles demoiselles resteront sans appui et exposées aux affronts pour toujours. Ah, jour ! Pourquoi t’es-tu jamais levé, si c’était pour réduire à une si grande pauvreté le royaume de Grande-Bretagne, dont les héritiers, renommés pour leur prouesse et redoutés plus que tous les chevaliers du monde, sont à présent étendus ici, tués et taillés en pièces dans de si atroces tortures ? Ah, Dieu ! Que pouvez-vous nous ravir d’autre, quand nous voyons ici nos pères, nos frères, nos cousins et nos neveux, massacrés outre mesure, à tel point qu’il ne nous est resté au monde rien qui vaille ? » Après avoir manifesté leur tourment, ils s’approchèrent du roi Arthur ; arrivés là, ils trouvèrent le roi assis et lui demandèrent : « Sire, dans quel état êtes-vous ? – Il n’y a plus qu’à nous éloigner de ce lieu, réponditil, car ma fin approche, et je ne veux pas finir ma vie au milieu de mes ennemis. » Il se mit alors en selle et les autres en firent autant après lui. Le roi quitta le champ de bataille gravement blessé et tous les trois s’acheminèrent vers la mer, jusqu’à la nuit tombante. Alors ils arrivèrent à une chapelle qui se trouvait au milieu d’une lande et qui s’appelait La Chapelle Radieuse ; un ermite, homme de bien et de sainte vie, qui avait un logement dans un bosquet près de là, s’y rendait tous les jours pour célébrer la messe. Le roi s’approcha de la chapelle et mit pied à terre ; les deux autres firent de même et ôtèrent aux chevaux les mors et les selles. Puis le roi Arthur entra là, se mit à genoux devant l’autel et commença à dire les prières qu’il connaissait. Il y demeura de cette façon jusqu’au matin, toujours à genoux, immobile, et sans cesser de prier Notre Seigneur d’avoir pitié de lui et de ses hommes qui ce jourlà avaient été tués et taillés en pièces dans la plaine de Salesbières. Mais 76 LE ROI ARTHUS pendant qu’il faisait cette prière, il pleurait si âprement et si inten sément que ceux qui étaient avec lui dans la chapelle entendaient clairement ses sanglots. Le roi Arthur passa toute la nuit en prières et en oraisons, comme je vous l’ai dit. Le lendemain, exactement à l’heure de prime, il se trouva que Lucan le Bouteiller se tenait derrière le roi Arthur, son seigneur, ayant passé un fort long moment à l’observer, lui qui était toujours à genoux sans bouger. Alors Lucan le Bouteiller, tout en pleurs, s’exclama, si bien que le roi Arthur son seigneur l’entendit distinctement : « Ah ! Roi Arthur, quelle douleur et quelle perte que votre décès ! » Quand le roi Arthur entendit ces paroles, il se dressa et, une fois debout – grand, puissant, et alourdi par les armes dont il était tout revêtu –, heurta Lucan le Bouteiller, qui était désarmé, et le renversa au sol, l’étreignant très fort quand il le trouva sous lui : ce ne fut pourtant nullement parce qu’il était fâché contre lui mais à cause du tourment qui lui fendait le cœur que le roi Arthur l’étreignit à l’en étouffer, de telle sorte que Lucan n’eut pas la possibilité de prononcer un mot, son âme ayant aussitôt quitté son corps. Après être demeuré un long moment sur lui, le roi Arthur se releva, toujours sans se rendre compte qu’il était mort. Après l’avoir regardé un bon moment, Girflet vit qu’il ne bougeait pas et comprit fort bien que Lucan le Bouteiller était mort et que c’était le roi Arthur qui l’avait tué. Il recommença à se lamenter et dit au roi : « Ah ! Sire, comme vous avez mal agi en tuant Lucan ! Pourtant, il vous avait servi sa vie durant aussi loyalement que possible. » Lorsque le roi Arthur eut réfléchi et constaté la mort de son chevalier, son chagrin augmenta et n’en fut que plus cuisant ; il répondit à Girflet, en proie au désespoir : « Girflet, Fortune, qui a été pour moi jusqu’ici une mère et une compagne, s’est maintenant transformée en marâtre et en ennemie : et tout cela, elle le fait pour que je passe le reste de ma vie péniblement, dans la douleur et la tristesse ; et je le ferai ainsi, j’en suis tout à fait certain. » Il dit alors à Girflet de mettre les mors et les selles aux chevaux ; ce qu’il fit. Le roi se mit promptement en selle et quitta la chapelle ; ils chevauchèrent directement vers la mer aussi rapidement que possible. Lorsque le roi Arthur y fut arrivé à midi, il descendit de cheval sur le rivage et s’y assit ; il détacha son épée de sa ceinture et la tira du fourreau, et là il vit qu’elle était tachée, toute vermeille du sang de ceux qu’il avait tués. Après l’avoir contemplée un long moment, il dit : « Ah ! Escalibur, bonne et précieuse épée, la meilleure que l’on ait jamais vue au royaume de Logres, excepté l’Épée aux Attaches Étranges, maintenant tu vas perdre ton maître. Où trouveras-tu jamais un homme qui t’emploie aussi bien que je l’ai fait, à moins de venir entre les mains de Lancelot du Lac ? Hé ! Lancelot, le plus valeureux des hommes et le meilleur chevalier que j’aie jamais vu, plût à Jésus-Christ que tu puisses maintenant la tenir et que je le sache ! Assurément, mon âme s’en trouverait à tout jamais plus soulagée. » LE ROI ARTHUS 77 Alors il appela Girflet et lui dit : « Girflet, montez là-haut sur ce tertre, où vous trouverez un lac ; une fois que vous l’aurez trouvé, jetez-y l’épée et ainsi ne la laissez plus demeurer dans ce royaume, afin que les héritiers méprisables qui vont rester dans cette contrée ne prennent pas possession d’une épée aussi remarquable et aussi magnifique que celle-ci. – Sire, répondit Girflet, à vos ordres !... encore que je préférerais, si vous le vouliez, que vous me la donniez. – Cela, je ne le ferai pas, riposta le roi, car vous n’en feriez pas un bon emploi selon mon désir et, en plus, vous n’avez pas longtemps à vivre. » Alors Girflet prit l’épée et, étant monté sur le tertre, il trouva le lac, exactement comme le roi le lui avait dit. Au bord du lac, il tira l’épée du fourreau et se mit à la regarder ; il la trouva d’une telle qualité, d’une telle beauté et d’une telle magnificence, qu’il lui sembla que ce serait trop dommage de la jeter dans le lac, car elle serait ainsi perdue. Il valait mieux y jeter la sienne et affirmer au roi qu’il avait jeté l’autre. Il détacha donc son épée de sa ceinture et la jeta dans le lac ; puis il cacha l’autre dans l’herbe. Alors il vint retrouver le roi et lui dit : « Sire, j’ai fait ce que vous m’avez commandé : j’ai jeté votre épée dans le lac. – Et qu’as-tu vu ? demanda le roi. – Sire, je n’ai rien vu d’anormal. – Ah ! dit le roi, tu me tourmentes. Retourne en arrière et jette‑la, car tu ne l’as pas encore jetée. » L’autre retourna aussitôt au lac et tira l’épée du fourreau, mais il se mit à se lamenter douloureusement sur elle, disant que ce serait trop dommage si elle était ainsi perdue. Alors il se dit qu’il jetterait le fourreau et garderait l’épée, car elle pourrait encore rendre service à lui ou à un autre ; il prit donc le fourreau et le jeta tout de suite dans le lac. Puis il cacha l’épée au pied d’un arbre et revint aussitôt vers le roi : « Sire, dit-il, j’ai exécuté votre ordre. – Et qu’as-tu vu ? demanda le roi. – Sire, répondit-il, je n’ai rien vu que je n’aurais dû voir. – Ah ! cria le roi, tu ne l’as pas encore jetée. Pourquoi me tourmentes-tu ainsi ? Va et jette-la, et alors tu verras ce qui se passera, car elle ne disparaîtra pas sans quelque grand prodige. » Lorsque Girflet comprit qu’il fallait accomplir cette tâche, il revint directement là où se trouvait l’épée ; il la prit et se mit à la contempler et à se lamenter désespérément : « Bonne et belle épée, quel dommage que vous ne tombiez pas entre les mains de quelque homme de valeur ! » Alors il lança l’épée au plus profond du lac, aussi loin de lui que possible ; or, dès qu’elle approcha de l’eau, il vit une main qui sortit du lac et qui apparaissait jusqu’au coude, mais il ne voyait rien du corps auquel appartenait la main. La main se saisit de l’épée par la poignée et puis se mit à la brandir trois ou quatre fois vers le ciel. Lorsque Girflet eut clairement vu cette apparition, la main replongea tout de suite dans l’eau avec l’épée, et le chevalier attendit là un long moment pour savoir si elle réapparaîtrait ; mais quand il vit qu’il perdait son temps, il quitta le lac et alla retrouver le roi pour lui dire qu’il avait jeté l’épée dans le lac et lui raconter ce qu’il 78 LE ROI ARTHUS 33 La Mort d’Arthur ou La Mort Artus en ancien français, est un roman du xiiie siècle dont l’auteur demeure anonyme. Il vient conclure le cycle du Lancelot-Graal, série de romans qui viendra forger l’imaginaire médiéval autour de la légende arthurienne. avait vu. « Je m’en doutais bien, dit le roi, je sais bien maintenant que ma fin est vraiment proche. » Il se mit alors à méditer assez longtemps et, absorbé dans ses pensées, les larmes lui vinrent aux yeux ; après avoir sombré longuement dans de telles réflexions, il dit à Girflet : « Il vous faut partir d’ici et vous séparer de moi, de telle sorte que jamais plus vous ne me verrez de votre vivant. – Je ne consentirai jamais à vous quitter, répondit Girflet, dans de telles conditions. – Si, vous le ferez, affirma le roi, car sinon je vous vouerais une haine mortelle. – Sire, dit Girflet, comment serait-il possible que je vous laisse ici tout seul pour m’en aller ? Et surtout quand vous dites que je ne vous verrai jamais plus ! – Il faut que vous le fassiez, répondit le roi. Partez d’ici au plus vite, car il n’est nullement question que vous restiez ; et je vous en prie au nom de cette affection que nous avons longtemps éprouvée l’un pour l’autre. » Lorsque Girflet entendit le roi l’en prier avec tant de douceur, il répondit : « Sire, j’obéirai à vos ordres, mais dites-moi seulement si vous pensez que je vous reverrai un jour. – Non, dit le roi, soyez-en sûr. – Et de quel côté pensez-vous aller, cher sire ? – Cela, je ne vous le dirai jamais, répondit le roi. » Quand Girflet se rendit compte qu’il n’en obtiendrait pas davantage, il enfourcha sa monture et quitta le roi. Dès qu’il fut parti, une pluie torrentielle se mit à tomber, qui persista jusqu’à ce qu’il eut atteint un tertre qui se trouvait à une demi-lieue du roi ; une fois arrivé au tertre, il s’arrêta sous un arbre pour attendre la fin de la pluie et, tout en pleurs, il se mit à regarder du côté où il avait laissé le roi. Il vit venir au milieu de la mer un navire tout rempli de dames ; le navire aborda juste devant le roi Arthur, qui était encore assis sur le rivage. Les dames s’approchèrent du bord du navire et leur maîtresse, qui tenait par la main Morgain, la sœur du roi Arthur, se mit à appeler le roi Arthur pour qu’il entre dans le navire. Le roi y consentit dès qu’il vit sa sœur Morgain et se leva aussitôt du sol où il était assis ; puis il entra dans le navire, tirant après lui son cheval et prenant ses armes. Lorsque Girflet, qui était sur le tertre, eut observé comment le roi Arthur était entré dans le navire avec les dames, il rebroussa chemin de toute la vitesse dont son cheval était capable, et regagna le rivage. Une fois là, il vit le roi Arthur au milieu des dames et reconnut bien Morgain la fée, pour l’avoir vue plusieurs fois ; en peu de temps, le navire s’était éloigné du port à une distance de plus de sept portées d’arbalète. Voyant qu’il avait ainsi perdu le roi Arthur, Girflet mit pied à terre sur le rivage et commença à manifester le plus grand chagrin du monde ; il resta sur place toute la journée et toute la nuit, sans jamais manger ni boire, pas plus qu’il ne l’avait fait la veille. LA MORT DU ROI ARTHUR LE LIVRE DE POCHE, COLLECTION LETTRES GOTHIQUES, 2009 LE ROI ARTHUS 79 33 Toile réalisée par les ateliers de peinture de l’Opéra pour les décors du Roi Arthus, Christophe Pelé/OnP LE ROI ARTHUS CHAUSSON DRAME LYRIQUE EN TROIS ACTES ET SIX TABLEAUX (1903) MUSIQUE ET LIVRET D’ERNEST CHAUSSON (1855-1899) PERSONNAGES GENIÈVRE Soprano ARTHUS Baryton LANCELOT Ténor MORDRED Baryton LYONNEL Ténor ALLAN Basse MERLIN Baryton UN LABOUREUR Ténor UN CAVALIER Basse UN ÉCUYER Basse QUATRE CHEVALIERS Ténors et basses CAVALIERS, PALEFRENIERS, PAGES, BARDES, DAMES DE LA SUITE DE GENIÈVRE Créé au Théâtre Royal de La Monnaie de Bruxelles le 30 novembre 1903. LE ROI ARTHUS 83 ACTE I PREMIER TABLEAU Une grande salle dans le palais d’Arthus à Carduel. Architecture massive. Sur les murs en briques rouges, des tapisseries. Le sol est jonché de roseaux coupés. À gauche, surélevé de quelques marches, le trône du Roi. Quand la toile se lève, Arthus, debout, semble achever un discours. Près de lui, Genièvre assise. La scène est remplie de chevaliers, d’écuyers et de pages. Au premier rang Mordred et Lancelot. Les femmes sont réunies au bas du trône, du côté de Genièvre. Les bardes, en longs ornements blancs, occupent l’autre côté. ARTHUS Gloire à vous tous qui m’avez secondé ! Il est vaincu le destructeur de villes. Le dur Saxon, dépossédé, À pleines voiles cingle à présent vers ses îles. Devant l’éclair du glaive bleu Il fuit sur la vague profonde. Gloire à vous, chevaliers, gloire à la Table ronde Et surtout gloire à Dieu. Que n’es-tu là, Merlin, le jour où la victoire Couronne nos communs efforts ! Où donc es-tu ? Me faut-il croire Que le puissant Merlin est au nombre des morts ? Où que tu sois, du moins, ton âme vibre Au cri de guerre des Bretons. Vois, Arthus est vainqueur et la Bretagne est libre ; Nous avons chassé les Saxons. (Grande animation parmi la foule. Les chevaliers frappent leurs boucliers du pommeau des épées. Des écuyers dans le fond du théâtre agitent des branches de chêne.) CHŒURS Hourrah ! Hourrah ! Gloire au chef invincible. Hourrah ! Quand tu brandis Escalibor ! Arthus, ta colère est terrible ! De ton glaive jaillit la mort. (Arthus les arrête d’un geste.) ARTHUS Puisqu’enfin la tourmente, amis, est dissipée Oublions les jours mauvais Et déposant notre épée Goûtons sans nul souci les charmes de la paix. Que l’on verse le vin, le cidre, la cervoise, L’hydromel doré, boisson des héros. Que la vieille cité galloise Se pavoise De fougères, d’iris et de fleurs de sureaux. Et vous, Bardes, chantez sur vos harpes d’ivoire L’invincible, le preux, le loyal chevalier, Car c’est lui le vainqueur, je vous le dis très haut. Tous ont bien combattu, certes, Mais la victoire qui met en fuite les Saxons, C’est à lui que nous la devons. MORDRED Lui ! Toujours ! LANCELOT (faisant quelques pas vers Arthus) Je ne mérite pas, Sire, une telle gloire. Il n’est pas un de nous qui, comme moi, Ne soit prêt à verser tout son sang pour son Roi. LES BARDES Il brandit sa lance de frêne Lancelot le preux chevalier, Galopant à travers la plaine Il était léger son coursier Impétueux comme les aigles noirs. MORDRED Attendez ; bientôt je vous vengerai tous. LES CHEVALIERS Oui, oui, vengeons-nous. CHŒUR (chevaliers, écuyers, pages) Honneur à Lancelot, hourrah ! LES BARDES Que de morts couchés sur la lande ! Les guerriers fauchent les guerriers. C’est Lancelot qui les commande. Comme ils sont légers Les coursiers impétueux comme les aigles noirs ! (Arthus descend de son trône et s’approche des Chevaliers.) ARTHUS (à Lancelot) Pourquoi, cher Lancelot, parmi les chants de fête Seul baisses-tu la tête ? Quel nuage assombrit ton front ? MORDRED (avec ironie, et sans laisser à Lancelot le temps de répondre) Le vaillant Lancelot, sans doute, a le cœur tendre Ou ce chagrin profond Vient de ce qu’il ne peut à son aise pourfendre Quelques Saxons chaque matin. ARTHUS (sévère) Mordred, mon beau neveu, ne soyez pas hautain Ni railleur, je vous prie, Envers l’insigne fleur de la Chevalerie. (Dès les premiers mots de Mordred, Genièvre est descendue de son trône. Elle prend une coupe des mains d’un écuyer et s’avance vers Lancelot.) GENIÈVRE (à Lancelot) Messire Lancelot, le glaive n’est plus roi Quand le chant des harpes s’éveille Recevez de mes mains cette coupe vermeille ; Oubliez les cris de rage et d’effroi, Le tumulte des mêlées, Et ne dédaignez pas Les paroles ailées Des Bardes chantant vos combats. Leurs hymnes légers comme les nuages Mènent à l’immortalité Et votre nom au plus lointain des âges Ne survivra que si les Bardes l’ont chanté. (Elle lui présente la coupe et lui dit à voix basse très vite) Cette nuit… le signal… viens. (Puis elle s’éloigne, passant entre les rangs des Chevaliers et s’entretenant avec quelques-uns d’entre eux.) MORDRED (qui l’a observée, à part) Ils se parlent bas… Il tressaille… Ah ! Genièvre, Mon amour tu l’as repoussé et tu l’aimes lui, ce Lancelot… Malheur ! Malheur à vous deux. (Genièvre, suivie de toutes les femmes sort lentement ; Arthus l’accompagne jusqu’au fond du théâtre. Quand il revient sur le devant de la scène, des tables ont été avancées. Il fait signe aux autres chevaliers de s’asseoir. Le banquet commence. Le rideau tombe.) LES BARDES Elle brille comme l’aurore L’armure blanche des guerriers. Excités par leur voix sonore Ils étaient légers les coursiers Impétueux comme les aigles rouges. MORDRED (à voix basse, s’adressant aux chevaliers) C’en est trop. LES CHEVALIERS (entre eux, à voix basse) Toujours Lancelot ! Toujours lui ! Pour le Roi nous ne sommes plus rien. À la guerre ne le valons-nous pas ? Vois, Mordred, on t’oublie, toi, le neveu d’Arthus ! 84 LE ROI ARTHUS DEUXIÈME TABLEAU Une terrasse du château. À droite, galerie extérieure, couverte ; au premier plan un porche ; derrière, la porte des appartements de la Reine. À gauche le parc. Au fond, balustrade derrière laquelle on aperçoit des cimes d’arbres et des sommets de tours. Il fait nuit. Ciel couvert. Parfois, entre les nuages la lune apparaît. Au lever du rideau, Lyonnel, seul, est assis sur les marches du porche. On entend dans le lointain les appels des veilleurs de nuits. LES VEILLEURS (dans les coulisses) Ohé ! Ohé ! Ho ! D’AUTRES VEILLEURS (plus loin) Ohé ! Ohé ! Ho ! LYONNEL Seul, le cri des veilleurs dans le silence de la nuit ! Tout repose. (Court silence.) Lancelot qu’as-tu fait ? Ô maître bien aimé, Tu m’as enseigné l’honneur et la loyauté. J’espérais un jour recevoir de ta main Les armes de chevalier. Hélas ! Faut-il que mon cœur malgré moi te condamne ? Amour fatal, amour sacrilège et maudit… Lancelot, toi l’ami d’Arthus, Son frère d’armes et de gloire, parjure ! Déshonoré ! Félon ! (Court silence.) Comment cela peut-il être ? Son amour l’a pris tout entier. Il vit comme en un rêve sans comprendre son crime. Plus même de prudence. Il laisse éclater son amour dans ses yeux. Et Mordred qui toujours les épie !... Mordred ! Jaloux de Lancelot, lui qui jadis Aima Genièvre et dont l’amour fut repoussé. Dieu, s’il allait les surprendre. Seul pour les défendre je veille dans la nuit. (Il se lève et se dirige vers le fond. Il semble regarder si personne ne vient. Genièvre et Lancelot étroitement enlacés, apparaissent sous le porche. Ils descendent lentement les marches. Lyonnel, dès qu’il les voit, disparaît sous les arbres. Pendant la scène qui suit, il repasse une fois ou deux, au dernier plan.) LANCELOT ET GENIÈVRE Délicieux oubli des choses De la terre. Rêve enchanté. Rêve d’amour et de clarté Parfumé de suaves roses. Profond et doux enivrement Où nos deux âmes confondues, Muettes d’extase, éperdues, S’étreignent amoureusement. (Ils ont atteint le fond du porche.) LANCELOT (attirant Genièvre près de lui) Oh ! Serre-toi plus près de ma poitrine, Plus près. Plus près encore. Incline Comme une fleur Ta tête jeune et fière Sur mon cœur. GENIÈVRE Oui, je t’appartiens tout entière Mon doux Lancelot. Prends ma bouche, prends mes yeux, Je suis à toi, Je suis ta servante et ta femme. LANCELOT Ma Genièvre ! Comme un oiseau joyeux Ta voix chante dans mon âme. À tes côtés, oh ! garde-moi toujours. Là seulement, ma Genièvre, j’oublie ce que fut autrefois ma vie Et ce qu’en a fait notre amour. GENIÈVRE Doux ami que veux-tu dire ? À quel passé songes-tu ? Quelle inflexible vertu Vaudra jamais le délire Dont s’embrasent nos deux cœurs ? Les amants sont d’éternels vainqueurs L’amour est le seul maître, le maître suprême. Mon bien-aimé, sois joyeux comme moi. Je t’aime éperdument, sans remords, sans effroi. Je ne sais rien de plus que je t’aime. LANCELOT (avec élan) Ô bien-aimée, ô mon unique amour ! Comme les songes funèbres Enfantés par les ténèbres Disparaissent quand vient le jour, Toute la mélancolie S’enfuit au son de ta voix. Je ne me souviens plus quand je te vois Que de ta beauté seule, étoile de ma vie. ENSEMBLE Paisiblement entre tes bras s’endort mon cœur. Et ma pensée chancelante, épuisée S’incline sous le poids de ce trop grand bonheur. Je ne vois plus que toi seul(e) au monde. Le reste n’est plus qu’un rêve confus. Tant notre extase est divine et profonde. (Ils restent silencieux, immobiles, amoureusement enlacés et comme ayant perdu le sentiment de ce qui les entoure. Lyonnel paraît tout à coup. En hésitant, il s’avance à quelque distance de Lancelot et l’appelle à voix basse.) VEILLEURS (dans la coulisse) Ohé ! Ohé ! VEILLEURS (répondant) Ohé ! Ohé ! LYONNEL Le jour, maître ! Le jour ! LANCELOT (comme revenant à lui) Ah ! qui m’appelle ? LYONNEL Le jour ! Le jour est proche. Maître, tu dois partir. GENIÈVRE Partir ? Quoi ? déjà le jour ? LES VEILLEURS Ohé ! Ohé ! Le jour est proche. LYONNEL Maître, ne tarde pas. Écoute le cri des veilleurs. Bientôt le soleil va paraître. LES VEILLEURS Voici le jour. LYONNEL Ne tente pas le sort. GENIÈVRE (se levant) Hélas ! Mon bien-aimé ! Il faut nous séparer ! Va ! (Lyonnel entre dans l’intérieur et reparaît quelques instants après, portant les armes de Lancelot.) LANCELOT Les heures sont lentes loin de toi. Quand nous reverrons-nous ? GENIÈVRE Ce soir, ce soir peut-être. Je t’enverrai… MORDRED Alerte, Chevaliers, trahison ! Félonie ! LYONNEL Grand Dieu ! GENIÈVRE Ciel ! MORDRED Venez, accourez tous. LYONNEL (revenant précipitamment) Maître, c’est Mordred. MORDRED Alerte, Chevaliers. LANCELOT (s’avançant vers Mordred) Lâche, prends ton épée. (Ils se battent. Mordred tombe, frappé d’un coup en pleine poitrine. Genièvre qui, de loin, a suivi le combat anxieusement des yeux, accourt précipitamment.) GENIÈVRE (regardant Mordred à terre) Mort ? Muette sa bouche, muette pour toujours. LYONNEL Le jour grandit, Maître, il faut partir. GENIÈVRE Oui, le temps presse. LE ROI ARTHUS 85 Pars, mon bien-aimé, pars sans tarder. Ses cris peut-être ont été entendus. Si l’on venait… Pars, mon bien-aimé. LANCELOT T’abandonner en un pareil moment ! GENIÈVRE Je suis perdue si l’on te trouve ici. Tu ne peux rien pour moi. Pars, les instants sont comptés. LANCELOT Ah ! Genièvre, te reverrai-je jamais ? GENIÈVRE Dans la forêt voisine, attends-moi. Conduite par Lyonnel, Bientôt j’irai te retrouver. Puisque nous nous aimons Nous n’avons rien à craindre. LANCELOT (sombre) Chevalier déloyal. J’ai tiré mon épée pour soutenir mon mensonge. LYONNEL Maître, au nom du ciel… GENIÈVRE Adieu, adieu ! (Lancelot entraîné par Lyonnel sort par la gauche ; Genièvre, penchée sur la balustrade, le suit quelque temps des yeux, puis elle se dirige vers le palais. Au moment où elle arrive à la porte de ses appartements, Mordred se relève à demi et, sans la voir, appelle d’une voix faible.) MORDRED À moi ! à moi ! GENIÈVRE (se retournant avec épouvante) Lui ! Lui ! Vivant ! (Des soldats descendant des remparts débouchent au dernier plan. Ils aperçoivent Mordred et s’empressent autour de lui. Grand jour. Le rideau tombe lentement.) 86 LE ROI ARTHUS ACTE II PREMIER TABLEAU La lisière d’une forêt de pins. Les troncs, droits et réguliers, font l’effet d’une multitude de colonnes. À droite, un rocher recouvert de mousse et formant près de terre un emplacement où l’on peut s’asseoir. Au fond vaste étendue de champs. Plein jour. Le soleil filtrant à travers les branches fait des taches claires sur le sol. Quelques instants après le lever du rideau, un laboureur traverse le fond du théâtre, jetant la semence dans les sillons. LE LABOUREUR Rion, le Roi des Îles, Avait huit pieds de haut, Ohé ! Sur ses chevaux à voiles Il traverse la mer Pour prendre dans nos villes Nos femmes et nos filles. Les aigles de Lomond Veillaient sur la montagne, Ohé ! Ils virent dans la nuit S’avancer les pirates. « Merlin, éveille-toi, Éveille aussi le Roi. » (Lancelot s’avance lentement, agité, inquiet. Il dépose son épée et son manteau au pied d’un arbre, au dernier plan.) LANCELOT Lyonnel a-t-il pu la voir ? Ô rage ! Attendre ! Et ne pouvoir rien faire, Rien… qu’attendre… Le jour allait bientôt paraître, Les veilleurs des remparts m’auraient-ils reconnu ? Mordred est-il bien mort ? Si d’une main mal assurée je l’avais seulement… Dieu ! S’il vivait encor… Dans sa fureur s’il m’avait accusé… LA VOIX DU LABOUREUR (dans la coulisse) De mon manteau royal Vois la riche doublure Ohé ! C’est le poil de menton Des rois tués en guerre. Arthus, ta barbe d’or Il me la faut encor. (Le laboureur entre en scène et traverse le fond du théâtre de droite à gauche. Lancelot écoute la chanson avec une attention croissante.) Est menteuse. Mon honneur est souillé. Et mon nom, autrefois symbole De loyauté, sera bientôt craché Comme une sanglante injure. Suis-je tombé si bas ? Infidèle et parjure ! Oui, parjure. À jamais je resterai lié, Je le sens bien, à celle qui m’enfièvre. Tout, loyauté, serment, honneur est oublié Dès que mes bras étreignent ma Genièvre. GENIÈVRE (appelant dans la coulisse) Lancelot ! Lancelot ! LANCELOT (apercevant Genièvre de loin) C’est elle ! GENIÈVRE Sauve-moi ! (Genièvre entre en scène impétueusement, hors d’haleine. Elle est conduite par Lyonnel qui se retire aussitôt.) LANCELOT Que faire ? N’est-il pas Un moyen de salut moins perfide et moins bas ? GENIÈVRE C’est odieux, je le sais ; c’est infâme, Mais il le faut. Mon honneur le réclame ; Le tien aussi. C’est toi, mon Lancelot, par ton amour, C’est toi qui m’as perdue. Ne me refuse pas cette grâce ; il le faut. Dans mon angoisse, affolée, éperdue, Je viens à toi. Cet horrible serment, Je comprends combien il te coûte. Hélas ! Tu ne peux me sauver autrement. Le Roi te croit fidèle encore, mais il doute. Chaque instant de retard Aggrave ses soupçons. Bien-aimé, le temps presse. LANCELOT Mordred est vivant ; il t’accuse. De nombreux chevaliers s’unissent contre toi. Seul Arthus te défend. Il hésite. Il refuse encore De le croire. Ah ! C’est trop de bassesse. Jamais je ne pourrai soutenir son regard. Je n’aurai point la triste audace, Vois-tu, de lui mentir en face. Mon trouble avouera tout… Non. Non. Je ne peux pas. LANCELOT GENIÈVRE Ciel ! Puis-je encore te sauver ? Que faut-il que je fasse ? Ah ! Lâche ! Lâche ! Ainsi, tu dis que tu m’aimes Et c’est toi qui me perds. Un inepte scrupule T’interdit aujourd’hui de sauver mon honneur. Déjà parjure et suborneur, Le loyal Lancelot pour cette fois recule. Eh bien, soit. Abandonne-moi. Seule, j’irai trouver le Roi ; J’avouerai tout. Après… que mon destin s’achève. Que m’importe à, présent. Mais toi, pars à l’instant. Notre amour fut un mauvais rêve. Je ne veux plus te voir. Je te chasse. Va-t’en. (Genièvre, à bout de forces, se laisse tomber sur un banc de gazon et se cache la tête entre ses mains. Lancelot, interdit, reste immobile au milieu de la scène.) GENIÈVRE GENIÈVRE Un moyen te reste, l’audace. Hardiment, le front haut, retourne à Carduel Arthus ne peut te croire criminel, Toi, son ami. Seul tu peux me défendre. J’ai nié, mais c’est toi, Toi seul qu’il veut entendre. LANCELOT Me présenter devant le Roi ! Protester de mon innocence ! Que dirai-je pour ma défense ? Tu le sais, je rougis de moi. GENIÈVRE Dis ce que tu voudras mais sauve ta Genièvre. LANCELOT Faut-il que le mensonge aux lèvres, Moi, Chevalier, moi, Lancelot J’aille me disculper devant tous ? GENIÈVRE Il le faut. LANCELOT LE LABOUREUR Mentirai-je à mon noble maître ? Arthus, blanc de colère Brandit Escalibor, Ohé ! Sur le Géant farouche Il s’élance en criant Et bientôt la prairie De sang rouge est fleurie. Jésus défend les siens Au jour de la bataille Ohé ! Et bientôt le Géant Roule dans la poussière. Arthus, cœur de faucon A terrassé Rion. (Il s’éloigne. On entend encore sa voix après qu’il a disparu.) LANCELOT (comme revenant à lui) Arthus ! Arthus ! Le plus grand, le plus saint des rois. Lui ! Le chevalier du Christ ! Le vainqueur des Saxons ! (Avec une explosion subite de douleur) Ah ! Je suis un infâme. J’ai commis Le plus exécrable forfait. J’ai trahi l’amitié d’un homme qui m’aime… De mon Roi. Ma parole GENIÈVRE Un mensonge de plus, qu’importe ? N’es-tu pas déloyal et traître en m’aimant ? LANCELOT Hélas ! GENIÈVRE Et crains-tu donc un mensonge suprême Qui doit sauver, ingrat, celle qui t’aime ? LANCELOT Oui, c’est vrai, mon amour m’a tout fait oublier. J’ai pu trahir l’homme que je vénère, Arthus le preux ! Lui mon Roi ! Lui, mon frère ! Lui, qui me sacra Chevalier ! Mais froidement tromper sa noble confiance Quand malgré l’évidence Il me veut innocent, Genièvre, est-ce possible ? N’exige pas de moi ce sacrilège horrible. Je suis prêt à verser mon sang Pour te sauver. Ordonne que je meure ; Prends ma vie. GENIÈVRE Ah ! mourir ! C’est me perdre sur l’heure. LANCELOT Qu’ai-je dit ? Faut-il donc que j’abandonne celle Par qui mon suppliant appel fut écouté ? À mon coupable amour tant que je fus fidèle J’eus un semblant de loyauté. Maintenant, c’est fini. Plus rien… Ah ! que m’importe déshonneur, mensonges, dégoût ! Je la vois défaillir, pâle comme une morte… Il faut la sauver avant tout. Puis… (Il reste un moment immobile, accablé, les yeux fixés à terre. Puis, lentement, il remonte et prend son manteau et son épée. Genièvre, toujours silencieuse, le suit des yeux. Lancelot, hésitant, s’arrête plusieurs fois. Il semble attendre que d’un mot Genièvre le rappelle. Mais elle se tait. Il se dirige lentement vers la gauche, pour sortir. Au moment où il va disparaître, Genièvre, sans bouger, l’appelle d’une voix presque éteinte.) GENIÈVRE Lancelot ! Mon Lancelot, arrête. Parle. Où vas-tu ? LANCELOT (redescendant en scène) Devant le Roi. Je m’en vais jurer, sans baisser la tête Que pas un n’est plus fidèle que moi. Genièvre, voici l’épreuve suprême, Mais il me croira, dis-tu, car il m’aime. Soit. Je saurai mentir. Pour te sauver Je subirai la honte. Après, dans les combats je saurai bien trouver Une mort noble et prompte. GENIÈVRE (vivement) Toi ! Mourir ! LE ROI ARTHUS 87 (Elle se lève vivement et se rapproche de Lancelot.) Ah ! Ne parle pas ainsi. Oublie une injuste parole. Hélas ! Lancelot, j’étais folle. Je suis à toi, ma place est sur ton cœur, ici. (Elle se presse tendrement sur sa poitrine.) Qu’ai-je donc pu te dire ? Tourne vers moi tes yeux. Pardonne-moi. Je ne sais quel délire M’a fait prononcer des mots odieux. Ô bien-aimé, sans toi pourrais-je vivre ? Sans ton amour, sans tes ardents baisers ? Au destin, quel qu’il soit, avec toi je me livre. Nous ne craignons plus rien, l’un à l’autre enlacés. LANCELOT Ton amour, ta colère, hélas ! tout me torture. Tu l’as dit toi-même, il faut nous quitter ; Si par un dernier parjure J’abuse encor le Roi, pouvons-nous éviter Que nos yeux devant tous se recherchent sans cesse ? La haine de Mordred ne désarmera pas Nous serons épiés, surpris. Par ta tendresse adorable tu te perdras. GENIÈVRE Eh bien ! Fuyons. LANCELOT Fuir ! Nul amour n’est semblable au nôtre. Ô délices d’aimer ! Ô transports infinis ! MERLIN LANCELOT ARTHUS Genièvre, ma Genièvre, âme fière et divine, Je t’aime, à jamais je t’appartiens. GENIÈVRE (très doucement) Je t’aime, Lancelot. Presse Sur ta poitrine ton amante fidèle et bienheureuse. LANCELOT (l’entraîne) Viens. (Le rideau tombe très vite.) Merlin ! ami fidèle et bien aimé, mes plaintes sont donc parvenues jusqu’à toi ? (Arthus pénètre dans le jardin.) DEUXIÈME TABLEAU Le théâtre représente une cour intérieure du château d’Arthus, à Carduel. La cour en forme de cloître, est environnée de galeries dont les colonnes, hautes et espacées, laissent voir le jardin qui occupe le centre de la cour et, tout au fond, les toits du château. Le jardin est presque inculte ; grands arbres, bosquets très touffus ; plantes grimpantes. L’angle formé par la jonction des deux galeries se trouve presque au milieu de la scène. Au fond de la galerie de droite, porte élevée de quelques marches, donnant accès dans les appartements intérieurs. Au lever du rideau, quelques chevaliers causent entre eux à voix basse. Arthus entre par la gauche et s’adresse à un des chevaliers. Arthus. MERLIN immobile puis, tout à coup, s’élance dans la galerie en criant.) Genièvre, Genièvre, Genièvre. À moi ! (Il traverse toute la scène et disparaît.) LES CHEVALIERS (accourant) On appelle. Qu’y a-t-il ? Le Roi ! D’AUTRES CHEVALIERS (accourant) Qu’y a-t-il ? Il paraît hors de lui. Pommiers verts, pommiers prophétiques Qui révélez les mots magiques, Sur votre feuillage profond Combien de siècles s’écoulèrent ! Ô pommiers verts, pommiers fleuris ! Les jours marqués sont accomplis. Malheur ! Les aigles centenaires Cette nuit ont quitté Lomond Et crié les mots symboliques. Ô pommiers verts, pommiers antiques. DES CHEVALIERS ARTHUS LE CHEVALIER Ta parole est sombre comme le rire de la mer. Merlin, je n’ose te comprendre. La Reine a disparu. MERLIN La Reine, disparue ? N’espère rien de l’avenir. Notre œuvre commune est brisée, Dégénérée et méprisée. La Table ronde va périr. DES CHEVALIERS Pourquoi ces cris ? Qu’y a-t-il ? DES CHEVALIERS Le Roi furieux était là, criant. DES CHEVALIERS Le Roi ? UN CHEVALIER Ne savez-vous pas ? TOUS Quoi ? Parle. TOUS Avec Lancelot sans doute. LE CHEVALIER Dans la forêt voisine on les a vus tous deux. Puis à cheval, ils ont fui du côté de la mer. GENIÈVRE ARTHUS ARTHUS Mon amour l’emporte. Genièvre vivante ou morte De toi jamais ne doit se séparer. Qu’un même sort nous enchaîne. Je ne veux plus être reine Pour mieux t’adorer. Mon cœur tressaille de joie. Je suis ton butin, ta proie. Emporte-moi, fuyons. Ton château nous attend ; Qu’il soit notre refuge. Viens, viens, fuyons. Aimons-nous librement Ô bien-aimé, l’amour est notre unique juge. Arthus nous poursuivra. Mais s’il est le plus fort Nous nous serons aimés, du moins jusqu’à la mort. Lancelot n’a pas encore paru ? Ainsi tout est consommé. Nul espoir ne nous reste ? (Court silence. Il continue d’une voix tremblante.) Quelle est donc la cause de cet effondrement ? Autrefois tu disais notre œuvre impérissable. Tu lisais dans l’avenir. Quel mystère t’entoure ? Pourquoi te vois-je immobile, enchaîné par des fleurs ? Suis-je le jouet d’un rêve ? Oh ! Parle, parle-moi ! SECOND CHŒUR MERLIN SECOND CHŒUR Aveugles que nous sommes, Nous avons trop compté sur la vertu des hommes. Si l’emplacement consacré Est envahi par les orties C’est qu’un crime encore ignoré, L’orgueil, les basses jalousies Ont fait mentir les prophéties. Ne m’interroge plus, ô Roi. Ma langue doit rester muette. J’ai quitté ma prison secrète Pour te dire : résigne-toi. Tu vas bientôt quitter la terre. Le glauque murmure de l’eau Comme autrefois dans ton berceau T’environnera de mystère. Mais quand viendra le jour du glorieux Réveil Ô Fils de Pendragon ! Ô guerrier sans pareil ! Alors, les chênes dans leur joie De rouges fleurs se couvriront, Vêtus d’argent, d’or et de soie, Les guerriers morts s’élanceront, Et le clair soleil qui flamboie De son disque éclatant couronnera ton front. Oubliez-vous le Roi Et l’honneur de la Table ronde ? LANCELOT Genièvre… GENIÈVRE Lancelot, mon Lancelot, je t’aime. Où tu voudras, bien loin, emporte-moi. Ma royauté, mon honneur même, Je ne regrette rien si je perds tout pour toi. LANCELOT À jamais unis ! Vivre ensemble ! GENIÈVRE Et ne plus nous quitter jamais. LANCELOT Dis-tu vrai Genièvre ? Il me semble Que c’est un rêve que je fais. Ah ! Pouvoir t’aimer sans mensonge. GENIÈVRE Aimer librement au grand jour. LANCELOT Ne vivre que pour notre amour. GENIÈVRE Joie à peine espérée en songe ! LANCELOT Être libres ! Enfin ! GENIÈVRE Libres ! Bonheur certain, bonheur divin ! (Ils tombent dans les bras l’un de l’autre et se tiennent passionnément enlacés.) GENIÈVRE ET LANCELOT Nos corps sont à jamais enchaînés l’un à l’autre Comme nos deux cœurs sont unis. 88 LE ROI ARTHUS UN CHEVALIER Pas encore, Sire. (Arthus fait signe aux chevaliers de s’éloigner. Il se promène à pas lents dans la galerie.) ARTHUS Toujours, toujours cette pensée. Je la repousse loin de moi, Mais c’est en vain. La paix fuit mon âme angoissée. Je ne puis retrouver ma foi. Comment mettre fin à ce doute horrible ? Genièvre ! Lancelot ! Non, non ; c’est impossible. Mais pourquoi ne vient-il pas ? Lancelot, vois, je t’appelle ; Je t’ouvre les bras. Dis-moi qu’il a menti. Mon cœur te croit fidèle. (Il continue sa lente marche puis s’arrête de nouveau.) J’ai renversé les autels des faux dieux ; J’ai chassé du pays les Saxons odieux. Pour faire triompher la justice en ce monde J’ai fondé la Table ronde. Et je croyais mon œuvre immortelle et féconde. Hélas ! J’y découvre un germe de mort. Les chevaliers entre eux luttent de jalousie. Ils ne supportent plus sans un pénible effort La règle austère qui les lie. Ils écoutent Mordred qui les pousse en secret À la révolte ; ma couronne A fasciné ses yeux, et je sens qu’il me hait. La trahison m’environne. Ils ont formé peut-être un ténébreux complot Contre mon loyal Lancelot… Ou faut-il aussi que je le soupçonne ? Ah ! Pourquoi donc, pourquoi m’as-tu quitté, Merlin ? Toi qui m’aidas aux premiers jours de lutte, Vois, notre œuvre s’écroule et je résiste en vain. Je n’en puis arrêter la chute. Merlin, ô doux ami des grands jours d’autrefois, Quel charme te retient loin d’Arthus qui supplie ? Vois, sous un poids trop lourd je chancelle, je plie. Viens, viens ! Où donc es-tu ? Merlin, entends ma voix. (Les arbres s’entrouvrent. On aperçoit, dans une clarté verdâtre, Merlin à moitié couché sur des branches de pommier. Il a l’apparence d’un vieillard. Il porte un long vêtement blanc, flottant sa barbe, blanche descend jusqu’à sa ceinture. Pendant toute la scène, il parle sans faire de gestes. Au moment de l’apparition de Merlin, Arthus fait face aux spectateurs et ne s’aperçoit de sa présence que lorsque celui-ci l’appelle.) Ah ! Le malheur est tombé sur nous. PREMIER CHŒUR Comment ? Que dites-vous ? SECOND CHŒUR Pourquoi Mordred a-t-il parlé ? PREMIER CHŒUR Oui ! Devait-il se taire ? Confondre Lancelot ! Quelle joie ! PREMIER CHŒUR Mort à la Table ronde ! SECOND CHŒUR Traîtres, taisez-vous. Taisez-vous ! (Arthus paraît sur scène, brandissant son épée. Affolé, furieux, il se précipite vers les chevaliers et hurle d’une voix tonnante.) ARTHUS En guerre, en guerre contre le ravisseur. TOUS En guerre ! (Le rideau tombe rapidement.) ARTHUS Vienne donc la mort. Je l’attends sans crainte. Merlin, encore un mot. Quel est ce crime obscur Dont tu parles en tremblant ? (Avec hésitation) Genièvre, N’est-ce pas, Genièvre et Lancelot sont innocents ? Merlin, vois mon angoisse : réponds-moi ! Songe que ton silence les accuse Merlin, je suis ton Roi, Parle, parle, je te l’ordonne. (Les arbres se referment. La vision disparaît. Arthus reste un instant LE ROI ARTHUS 89 ACTE III PREMIER TABLEAU Le sommet d’une éminence qui domine le champ de bataille. À droite, quelques pins. À l’horizon, la mer. Dès que la toile se lève, Genièvre entre précipitamment en scène. Un vieil écuyer la suit. ALLAN De grâce arrêtez-vous, maîtresse. Le champ de bataille est proche ; prenez garde. GENIÈVRE Va, je ne crains rien. (Elle s’avance à l’extrémité de la scène à droite et regarde anxieusement au loin.) Le sort en est jeté. Enfin. Jusqu’au dernier moment J’ai cru que Lancelot reculerait encor. Arrière toutes mes craintes. Lancelot a livré le combat. Lancelot sera vainqueur. ALLAN Oui, sans doute, il vaincra. Tout fait prévoir sa prochaine victoire. Mordred, resté là-bas pour soigner sa blessure, disait-il, S’est proclamé roi. Ses nombreux partisans, Las de la Table ronde, Ont déserté la cause d’Arthus. GENIÈVRE (l’interrompant) Tais-toi, tais-toi, vieillard. (Allan s’éloigne, hochant la tête tristement. Genièvre continue à regarder la plaine. Tout à coup elle se détourne comme secouée par une pensée subite. Elle revient vers le milieu du théâtre et s’assoit sur une pierre.) Ah ! par moment mon angoisse est profonde. Un doute affreux me déchire le cœur. Lancelot, mon Lancelot m’aime-t-il toujours ? Pour lui j’ai tout quitté sans effort, sans regrets. Mais, lui, comme il est changé ! ALLAN (accoté à un arbre et regardant au loin) Ces cavaliers là-bas, courant à perdre haleine… On dirait… Mais non. C’est impossible. GENIÈVRE (sans l’entendre, assise les coudes sur les genoux) Parfois son regard semble éviter le mien. ALLAN Ah ! un cheval s’abat… En tumulte, à pied, ils poursuivent leur route. GENIÈVRE Ah ! s’il était vrai ! Si le remords qui dompte son âme Avait tué son amour ? ALLAN (redescendant vers Genièvre) Maîtresse, regardez, c’est lui ! Monseigneur Lancelot. GENIÈVRE Allan, es-tu fou ? Lancelot, abandonner… ALLAN (l’interrompant) C’est lui, c’est lui. Il vient de ce côté. GENIÈVRE (se levant) Blessé, alors. (Elle remonte et recommence à regarder vers la plaine. Bientôt arrive Lancelot, l’air égaré, sans armes, il est suivi de Lyonnel et de quelques écuyers. Dès qu’il aperçoit Genièvre il s’arrête brusquement.) LANCELOT Dieu ! Genièvre ! GENIÈVRE (allant au-devant de lui, précipitamment) Blessé ! blessé ! Non ! Alors… Que veut dire ?... parle, parle. LANCELOT (presque parlé) J’ai fui. LANCELOT Ah ! Genièvre, c’est toi qui l’as voulu. Malgré mon horreur pour ce combat sacrilège, Vaincu par tes prières, j’ai livré bataille. L’ivresse de la mêlée m’a d’abord étourdi. J’oubliais contre qui j’osais tourner mes armes. Mais tout à coup, au milieu de ses chevaliers, Les dépassant tous de sa grande taille, Brandissant dans sa main Escalibor rouge de sang, Je l’ai vu… lui ! Arthus ! Alors une soudaine Et terrible clarté envahit mon âme. Une indicible honte me saisit. J’ai jeté mes armes, j’ai fui. GENIÈVRE (à part) Ah ! tout est perdu. Jusqu’au dernier moment il m’échappera donc. LANCELOT Qu’ai-je fait ? Ce combat fratricide Pourquoi ? Pourquoi l’ai-je livré ? GENIÈVRE Ingrat ! l’oublies-tu ? Notre amour l’exigeait. Ta fidèle Genièvre n’est donc plus rien pour toi ! Au seul aspect d’Arthus ton amour Est-il mort ainsi que ton courage ? Au moment décisif tu désertes la lutte, tu fuis. Inutile lâcheté d’un cœur pusillanime, malgré toi L’inéluctable enchaînement des choses T’étreint dans un cercle de fer. LANCELOT (à mi-voix, et comme se parlant à lui-même) Oui, la fuite est stérile et vaine. Le passé ne s’efface pas. GENIÈVRE (vivement) Qu’importe le passé ? Un indomptable amour nous enchaîne À jamais l’un à l’autre. À jamais, à jamais. C’est notre bien suprême, le seul qui nous reste au monde. Le défendre jusqu’à la mort, Voilà ton seul devoir. (Lancelot reste immobile, Genièvre l’observe avec anxiété.) GENIÈVRE Lancelot ! que veux-tu faire ? Ton regard m’épouvante. Ah ! (Se rapprochant de lui et avec une grande tendresse.) Va combattre ; sois vainqueur. Cher bien-aimé, voici la dernière épreuve, Et je suis à toi pour toujours. LANCELOT (prenant sa résolution. Il se lève très calme.) J’ai jeté mes armes. Je ne les reprendrai plus pour combattre en rebelle. GENIÈVRE Dieu ! LANCELOT Je vais arrêter la bataille. GENIÈVRE Insensé ! C’est impossible. LANCELOT Eh bien, fût-ce au prix de la vie Je saurai parvenir jusqu’au Roi ; j’irai. GENIÈVRE Ainsi, tu préfères la mort à l’amour de ta Genièvre. LANCELOT Je t’aime de toute mon âme. GENIÈVRE Tais-toi, tais-toi ! LANCELOT À ce moment suprême j’arrache de mon cœur Tout ce qui fut ma vie et mon coupable bonheur. GENIÈVRE Ah ! si tu m’aimais comme je t’aime Serait-il rien au monde de plus cher Pour toi que notre amour ? GENIÈVRE LANCELOT Que dis-tu ? Tu as fui, tu as fui ! Le plus saint de tous les devoirs l’ordonne. 90 LE ROI ARTHUS Un voile tombe de mes yeux. Je vois, je comprends enfin Et j’obéis à la voix qui parle dans mon cœur. Genièvre, accepteras-tu de partager mon sort ? GENIÈVRE Que veux-tu dire ? LANCELOT Unis dans l’amour, unis dans le péché, Le serons-nous aussi dans l’expiation ? GENIÈVRE À quoi donc songes-tu ? Revoir Arthus ! Subir sa pitié ! Sa clémence peut-être. Jamais. Jamais. (Des bruits de bataille commencent à se faire entendre.) LANCELOT Genièvre, écoute… Ces appels… Là-bas, la bataille continue. Le sang coule pour une cause criminelle… Que fais-je ici ? Le temps presse… Si le Roi vaincu, blessé peut-être… Genièvre, c’en est donc fait… Je ne te verrai plus ! (Il la regarde dans une angoisse passionnée. Puis, tout à coup, après un violent effort) Adieu ! Adieu ! (Il remonte vers le fond du théâtre et s’adresse aux écuyers) Je vous confie l’honneur de veiller sur la Reine. À bord de mon vaisseau Conduisez-la vers un port de la Gaule. Là, pour elle il n’est plus rien à craindre. Toi Lyonnel, viens avec moi. LYONNEL Mon maître ! GENIÈVRE (se précipitant dans les bras de Lancelot) Lancelot ! Ne m’abandonne pas. La vie nous sépare. Eh bien que la mort nous rassemble Unis dans l’amour, unis dans le péché, Unis, éternellement unis dans la mort. LANCELOT Genièvre, Genièvre ! Ma vie désormais n’appartient qu’à mon Roi. GENIÈVRE (dans un cri de colère) Ah ! (Elle le repousse violemment et se dirige du côté opposé de la scène. Lancelot, entraîné par Lyonnel, sort presque aussitôt, en faisant un geste de désespoir. Les trompettes, dans la coulisse, continuent à se faire entendre de plus en plus rapprochées. Après un moment d’attente, les écuyers descendent en silence et s’approchent de la Reine.) GENIÈVRE (les apercevant, d’une voix rauque, très vite) Que faites-vous là ? Au vaisseau ! Au vaisseau ! Préparez le départ. Allez. Laissez-moi. (Les écuyers sortent par la gauche, Allan hésite à les suivre.) ALLAN (timidement) Maîtresse, pardonnez… GENIÈVRE Va-t’en ; va-t’en ! (Allan se retire lentement ; Genièvre, restée seule, parcourt la scène à grands pas, en poussant des cris inarticulés.) GENIÈVRE Trahie ! Abandonnée ! Méprisée ! J’ai pu le supplier en vain, lui, mon Lancelot ! J’implorais comme une grâce Le bonheur de mourir dans ses bras. Et lui, sans pitié… Si pourtant, le souvenir de sa Genièvre Au dernier moment l’arrêtait… Si… Lâcheté d’un cœur tout éperdu d’amour. Il me fuit ! Il me fuit ! Et je sens que je l’aime toujours. (Les bruits de la bataille ont complètement cessé.) Dieu ! ce calme soudain… ce silence… Se pourrait-il ?... (Elle s’avance vers la droite et regarde vers la plaine. Avec déchirement) Oui, c’en est fait. La bataille a cessé. Il a pu l’accomplir, le suprême abandon ! (Elle se laisse tomber sur une roche et reste un moment silencieuse, la tête cachée entre ses mains.) Lui survivre ! Comment l’a-t-il pu croire ? Pourquoi poursuivre Une inutile vie, sans gloire, Sans amour. Délaissée ! Abandonnée ! Voici la fin du jour. La nuit tombe Sur ma destinée. Sans te plaindre, sans murmurer, entre, Genièvre, Entre dans l’ombre pour toujours. (Elle se lève, semble chercher une arme, puis ayant porté la main à son front, elle s’arrête comme frappée d’une idée subite.) Ornement d’une vaine beauté, Cheveux sombres et bleus comme la nuit, Vous qui n’avez pas su retenir Lancelot Dans vos filets soyeux, Prêtez-moi votre secours ami. Vous fûtes mon orgueil dans des jours heureux ; Maintenant aidez-moi, aidez-moi à mourir. (Elle dénoue les nattes de ses cheveux, les roule autour de son cou et s’étrangle.) Le rideau tombe lentement. DEUXIÈME TABLEAU La plaine au bord de la mer. Au premier plan, à gauche, groupe d’arbres peu élevés et quelques rochers bas. Ajoncs, asphodèles, immortelles. Au second plan, en contrebas, la courbe du rivage forme une sorte de baie entourée de rochers. Une falaise plonge à pic dans la mer. Vaste horizon. C’est la fin du jour. Au lever du rideau, Lancelot est étendu inanimé, au milieu de la scène. Quelques soldats l’entourent. D’autres sont occupés à relever des morts et des blessés étendus à l’arrière-plan. UN SOLDAT Son corps est couvert de blessures. UN AUTRE SOLDAT Ici, aux bras. UN AUTRE SOLDAT À la tête aussi. PREMIER SOLDAT Dix à la poitrine. UN ÉCUYER Pourtant il vit encor ? UN SOLDAT (plaçant le plat de son épée devant la bouche de Lancelot) Aucun souffle sur ses lèvres. (Il se penche sur sa poitrine.) Son cœur bat… si faiblement qu’à peine on peut l’entendre. TROISIÈME SOLDAT Les rayons du soleil peut-être le ranimeraient-ils ? L’ÉCUYER Transportez-le auprès de ce rocher. (Les soldats prennent Lancelot dans leurs bras et l’étendent près d’un rocher à gauche, éclairé par les rayons du soleil.) PREMIER SOLDAT Comme il est grand et fort. TROISIÈME SOLDAT Comme il est beau. Sur son visage pâle quelle mâle fierté. DEUXIÈME SOLDAT Qui donc pourra jamais égaler Lancelot ? L’ÉCUYER Hélas ! Le plus noble, le plus vaillant des chevaliers ! Et cependant il meurt en rebelle. (D’autres soldats se sont approchés.) LES SOLDATS Oui. Rebelle. Traître à son Roi. Si la Table ronde périt qui donc sinon lui en est la cause ? L’ÉCUYER (les arrêtant) Est-ce à nous à le juger ? Va prévenir le Roi. PREMIER SOLDAT Déjà Lyonnel… LE ROI ARTHUS 91 TROISIÈME SOLDAT(regardant vers la droite) Le Roi lui-même vient ici. (Arthus entre en scène, accompagné de Lyonnel qui achève de lui raconter la mort de Lancelot.) LYONNEL (tout en marchant) Ils n’obéirent pas. Alors, sans armes, il se jeta entre les combattants. (Arthus l’arrête d’un geste en lui montrant Lancelot étendu à terre, entouré par les soldats. Arthus s’avance vers lui et le considère longuement en silence. Les soldats se retirent.) ARTHUS Genièvre ! Lancelot ! Et morts tous les deux ! Ceux que j’aimais le plus au monde Impitoyablement ont déchiré mon cœur. Mais la blessure est trop profonde ; Je n’ai plus rien d’humain que ma douleur. Tout, tout s’écroule à la fois, tout s’effondre. L’œuvre de ma vie est brisée. Au cri de mon cœur blessé Nul cœur ne peut plus répondre. LYONNEL( agenouillé près de Lancelot) Sire, voyez. Il entrouvre les yeux ; ses lèvres s’agitent. Il vit. LANCELOT (revenant à lui. Il est tourné du côté des spectateurs et ne voit pas Arthus, derrière lui) Arrêtez, arrêtez le combat. LYONNEL Maître, le combat a cessé. Tu souffres. Parle ! Que veux-tu ? LANCELOT (toujours sans voir Arthus) Arthus, me voici… Je me livre à toi. Tiens, prends mon épée… Oh ! frappe, frappe-moi. (En se retournant, il aperçoit Arthus.) Arthus ! (Il veut se lever, soutenu par Lyonnel, mais il retombe lourdement.) Je ne peux pas… mes forces m’abandonnent… Fais-toi justice. Tue-moi… et venge ton honneur. ARTHUS (très calmement) Mon honneur ! Crois-tu donc qu’il dépende D’un autre que moi-même ? Sans doute l’heure est venue Où je vais quitter ce monde. Hélas sans regrets. À peine suis-je un homme encore. Le souffle de la mort A déjà pâli mon visage. Les choses de la terre Comme à travers un suaire Apparaissent à mes yeux. Au seuil de l’insondable nuit, Mon regard s’arrête sans colère, Résigné et douloureux Sur ce qui fut notre vie. LANCELOT Ah ! regard plein d’amertume ! Que n’ai-je été celui que j’aurais pu être ? Vie stérile ! Vie flétrie ! ARTHUS Poignante étreinte De la fatalité ! Ah ! j’ai cru à la puissance de l’effort, À l’énergie de la volonté ; Sans relâche j’ai lutté Et maintenant que reste-t-il De toute ma vie ? Espérances déçues ! Inutiles, inutiles efforts. LANCELOT Qui peut connaître La force des pensées et la durée des choses ? À travers les âges Ton nom peut-être périra. 92 LE ROI ARTHUS Mais, plus durable que son éclat sonore, Ta pensée, Arthus, est immortelle. L’amour dont ton cœur s’enivra Jaillit de la flamme éternelle. Tu vivras ! Tu vivras ! Pour d’autres la mort est l’éternel oubli. Ils disparaissent pour jamais. Hélas ! Hélas ! Comme moi. (Il meurt.) LYONNEL Sire, il meurt. Ah ! mon maître ! ARTHUS (s’approchant de Lancelot et le considérant avec tristesse) Repose en paix, pauvre âme. (Arthus fait un signe. Des soldats paraissent et emportent le corps de Lancelot. Lyonnel les suit.) ARTHUS Seigneur, Seigneur, je suis sans force entre vos mains. Mon courage est vaincu ; je n’ai plus d’espérance. Dans un sommeil sans lendemain Endormez, s’il se peut, endormez ma souffrance. (Un chœur invisible, pur, clair, s’élève. Il s’amplifie. Les mots deviennent distincts.) CHŒURS Viens par-delà les flots bleus Et par-delà les étoiles Dans un monde où se dévoilent Les secrets mystérieux. Par-delà toutes les choses Qui doivent un jour périr Viens Arthus, viens t’endormir Dans les cieux calmes et roses. ARTHUS Esprits mystérieux, Je n’ose comprendre. Venez-vous, venez-vous répandre L’éternel oubli sur mes yeux ? lentement le chemin qui y conduit. Un rocher empêche de voir Arthus monter dans la nacelle. Quelques instants plus tard la nacelle reparaît et se dirige vers le fond du théâtre. Arthus, couché sur une sorte de lit de repos, semble dormir. Durant toute cette scène, les chants n’ont cessé.) CHŒURS Arthus, ô noble victime ! Jouet d’un rêve éternel Viens. Le monde fut cruel Pour ton âme trop sublime. Le sort trompa les desseins. Ton œuvre chancelle et croule Dans l’inévitable houle Qui roule tous les humains. Ton œuvre écroulée est belle. Ceux-là seuls sont des héros Qui luttèrent sans repos Pour la Justice éternelle. Mais quand viendra le réveil Tu déchireras tes voiles, Et le front mitré d’étoiles Tu descendras du soleil. Comme un sublime manœuvre, Sur terre tu reviendras Pour reprendre ta grande œuvre Et livrer de fiers combats. Arthus ! Sur ton front royal Qu’a dédaigné la victoire, Plane la suprême gloire D’avoir cru dans l’Idéal. (Le soleil plonge dans la mer. Son éclat aveuglant empêche de distinguer pendant un instant la nacelle qui se dirige vers lui. Quand le soleil a disparu, la scène est absolument vide. L’incendie du ciel s’atténue et la toile tombe très lentement.) CHŒURS Viens ! Celui qui nous envoie T’assigne un sublime sort Le sommeil et non la mort Bercera ton cœur sans joie. Viens ! Oublie un monde impur. Viens ! ô grande âme blessée Dans une île caressée Par des flots d’or et d’azur. Des brises fraîches et calmes Font chanter les bois épais. Dans une éternelle paix Tu dormiras sous des palmes. L’œillet, la rose et le lys Se pencheront sur ta bouche, Et pour embaumer ta couche S’ouvrira la fleur d’Iris. (Au fond du théâtre, au milieu des lueurs roses et dorées qui entourent le soleil couchant, on voit apparaître et s’avancer sur la mer une nacelle remplie de femmes. L’une d’elles, debout à l’arrière de la nef, étend de grandes ailes en guise de voiles.) ARTHUS Ô Terre que j’aimais, ô Bretagne, ô Patrie, Sol sacré que baigna le sang de mes aïeux ; Sauvage Carmélide et toi, verte Cambrie, Recevez mes derniers adieux. Les temps sont accomplis des grandes aventures, Des chevaliers vaillants bardés d’or et de fer, Doux pour les malheureux, terribles aux parjures ; Rochers debout contre la mer (Il détache lentement son bouclier et son épée.) Vous, fidèles amis dans les jours de bataille, Pridwann, Escalibor, adieu ; je vous quitte à jamais ; Dormez dans l’Océan qui baigne Cornouailles : Nul ne vous prendra désormais. (Arthus s’avance sur le bord de la falaise et jette ses armes dans la mer. À ce moment la nacelle est arrivée jusqu’au rivage. Arthus descend LE ROI ARTHUS 93 HUGO GLENDINNING JOHANNES IFKOVITS PHILIPPE JORDAN GRAHAM VICK PAUL BROWN ADAM SILVERMAN DIRECTION MUSICALE MISE EN SCÈNE DÉCORS ET COSTUMES LUMIÈRES Directeur Musical de l’Opéra national de Paris et Directeur Musical des Wiener Symphoniker, Philippe Jordan a commencé sa carrière comme Kapellmeister au Stadttheater d’Ulm. Il est ensuite assistant de Daniel Barenboim au Deutsche Staatsoper de Berlin et, de 2001 à 2004, il est Directeur musical de l’Opéra de Graz. Il dirige au Semperoper de Dresde, au Royal Opera House, Covent Garden de Londres, à l’Opéra de Zurich, au Wiener Staatsoper, au Metropolitan Opera de New York, au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, au Teatro alla Scala de Milan, au Bayerische Staatsoper de Munich, au Festival de Bayreuth, au Festival de Glyndebourne, au Festival de Salzbourg et au Festival d’Aix-en-Provence. En concert, Philippe Jordan a dirigé, entre autres, les Berliner Philharmoniker, le Philharmonia Orchestra de Londres, l’Orchestre de Chicago, l’Orchestre de Cleveland, l’Orchestre de Philadelphie, le National Symphony de Washington, l’Orchestre Philharmonique de New York, les Wiener Philharmoniker, la Staatskapelle de Berlin, le NDR Hamburg, le DSO Berlin, l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre Gustav Mahler des Jeunes, le Tonhalle de Zurich. Cette saison, il dirige les nouvelles productions de L’Enlèvement au sérail et du Roi Arthus, la reprise de Pelléas et Mélisande ainsi que l’intégrale des symphonies de Beethoven à l’Opéra national de Paris. Il sera présent au Bayerische Staatsoper de Munich avec une nouvelle production d’Arabella et une reprise de Tristan et Isolde. Philippe Jordan a enregistré en DVD Werther (Wiener Staatsoper), Doktor Faust (Opernhaus Zurich), Salomé (Covent Garden), Les Noces de Figaro (Opéra national de Paris). Avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, il a également enregistré Pelléas et Mélisande (DVD Naïve), le Requiem de Verdi, des extraits symphoniques du Ring des Nibelungen, un CD Debussy / Stravinsky / Ravel et, tout récemment, Daphnis et Chloé et La Valse de Ravel (Erato / Warner Classics). Il été nommé « Artiste de l’année 2013 » par le magazine Classica pour ses enregistrements à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Graham Vick est Directeur Artistique de la Birmingham Opera Company, où il a mis en scène Wozzeck, Fidelio, Candide, Ariane à Naxos, Idomeneo, Otello, La Traviata, La Khovantchina, The Ice Break de Sir Michael Tippett, les créations de Life is a Dream de Jonathan Dove et de Mittwoch de Stockhausen. Il travaille dans les plus importants opéras du monde, avec des chefs d’orchestre tels que Riccardo Muti, James Levine, Bernard Haitink, Zubin Mehta, James Conlon, Andrew Davis, Valery Gergiev. Ses mises en scène ont été couronnées par de nombreux prix, dont le prestigieux Premi Abbiati de la Critique italienne qui lui a été décerné à quatre reprises, la plus récente étant pour Moïse en Egypte au Festival Rossini de Pesaro en 2001. Sa production de Falstaff était à l’affiche de la soirée de réouverture du Covent Garden de Londres en 1999 et sa mise en scène d’Otello a ouvert la saison 2001 / 2002 de la Scala de Milan. Citons parmi ses autres productions : Macbeth, Eugène Onéguine (Scala de Milan), Moïse et Aaron, Le Trouvère (Metropolitan Opera de New York), La Dame de pique (Opéra de Chicago), Tannhäuser, Lucia di Lammermoor (Opéra de San Francisco), Les Contes d’Hoffmann (English National Opera), Così fan tutte, Les Noces de Figaro, Don Giovanni, Pelléas et Mélisande, Eugène Onéguine (Festival de Glyndebourne, où il a été directeur de production de 1994 à 2000), Don Carlo, Parsifal, Peter Grimes (Opéra national de Paris), La Rondine (La Fenice de Venise), Ernani (Staatsoper de Vienne), Tamerlano, Idomeneo, Macbeth (Maggio Musicale Fiorentino), Mefistofele (Teatro Real de Madrid), Les Troyens (Bayerische Staatsoper de Munich), Tristan et Isolde (Deutsche Oper de Berlin), Otello (Opéra de Zurich), Lady Macbeth de Mzensk (Opéra de Göteborg), Boris Godounov, Guerre et paix (Théâtre Mariinski), Guillaume Tell (Festival de Pesaro), Werther (San Carlos de Lisbonne), Falstaff (Opéra de Bucarest)… Projets : Siegfried et le Crépuscule des Dieux au Teatro Massimo de Palerme, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny à l’Opéra de Rome, la création mondiale de Morgen und Abend de Georg Friedrich Haas au Covent Garden de Londres, La Fanciulla del West à la Scala de Milan. Né au Pays de Galles, Paul Brown a fait ses études auprès de Margaret Harris aux Riverside Studios. Dans le domaine théâtral, il a signé les décors et costumes de nombreuses productions de l’Almeida Theatre, parmi lesquelles The Showman, Naked, Richard II, Coriolan, Le Roi Lear, Platonov, La Tempête (Critic Circle Award 2000). Il a également réalisé les décors de L’Homme de la Mancha à Broadway et les costumes des films Des anges et des insectes (nomination aux Oscars 1997) et Up at the Villa. Dans le domaine lyrique, il a travaillé au Festival de Glyndebourne (Lulu, Pelléas et Mélisande, Le Tour d’écrou, The Fairy Queen, Don Giovanni, Hippolyte et Aricie), au Covent Garden de Londres (Mitridate Re di Ponto, King Arthur, The Midsummer Marriage, Falstaff avec Graham Vick, I Masnadieri avec Elijah Moshinsky, Tosca et Manon Lescaut avec Jonathan Kent), à l’English National Opera (Le Vaisseau fantôme), à la Birmingham Opera Company (Mittwoch aus Licht, He Had It Coming, Fidelio), au Teatro Real de Madrid (Rigoletto), à l’Opéra national de Paris (Peter Grimes, Parsifal), au Teatro Massimo de Palerme (Die Gezeichneten), au Festival Rossini de Pesaro (Guillaume Tell), aux Arènes de Vérone (Anna Bolena), au Festival de Salzbourg (La Flûte enchantée), au Festival de Bregenz (Aida), à l’Opéra d’Amsterdam (Mefistofele), au Deutsche Oper de Berlin (Tristan et Isolde), au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg (Elektra, La Femme sans ombre, Guerre et paix), au Théâtre Bolchoï de Moscou (La Flûte enchantée), au Metropolitan Opera de New York (Lady Macbeth de Mzensk, Moise et Aaron), l’Opéra de Santa Fe (Kátia Kabanová, Lucio Silla, Les Noces de Figaro, The Tempest de Thomas Adès), à l’Opéra de Sydney (Peter Grimes, Don Carlo), à l’Opéra de Chicago (Thais)… Il a signé les décors et les costumes du ballet Giselle donné à la Scala de Milan et au Covent Garden de Londres dans une chorégraphie de Sylvie Guillem. Adam Silverman travaille pour le théâtre, l’opéra et la danse. Citons parmi les plus récentes productions auxquelles il a participé : Le Sacre du printemps à l’English National Opera (Fabulous Beast Dance Theatre), Didon, Reine de Carthage au Royal National Theatre à Londres, la création de Five Gold Rings à l’Almeida Theatre, les comédies musicales La Belle et la Bête à la Royal Shakespeare Company et A Day in the Death of Joe Egg à Broadway, Deidamia et Ercole amante à l’Opéra d’Amsterdam (David Alden), Partenope, Le Songe d’une nuit d’été (Christopher Alden), Peter Grimes, Lucia di Lammermoor, Billy Budd (David Alden), Giulio Cesare (Michael KeeganDolan) et Powder Her Face (Joe Hill-Gibbins) à l’English National Opera, Le Tour d’écrou au Théâtre Mariinski et à l’English National Opera (David McVicar), Jenůfa à l’Opéra de Washington et à l’English National Opera (David Alden), Aida au Deutsche Oper de Berlin (Christopher Alden), James Son of James, The Bull et Giselle pour le Fabulous Beast Dance Theatre, Tannhäuser à l’Opéra de San Francisco et L’Affaire Makropoulos à l’Opéra de Copenhague (Graham Vick), Prélude à l’après-midi d’un faune, Jeux et La Chute de la maison Usher au Festival de Bregenz (Kim Brandstrup / Phyllida Lloyd), Das Schatzgraber de Schreker à l’Opéra de Francfort (David Alden), La Dame de pique au Bayerische Staatsoper de Munich (David Alden), Orfeo, One Touch of Venus et Eight Little Greats (David Pountney et Christopher Alden) à Opera North, My Fair Lady au Théâtre du Châtelet (Robert Carsen), Un bal masqué au Metropolitan Opera de New York (David Alden), Otello à l’Opéra Royal de Stockholm (David Alden), Adriana Lecouvreur et Andrea Chénier au Covent Garden de Londres (David McVicar), Le Turc en Italie au Festival d’Aix-en-Provence 2014 (Christopher Alden), Norma à l’Opéra national de Bordeaux (Christopher Alden). Projets : Adriana Lecouvreur à l’Opéra national de Paris, la création mondiale de l’opéra de Donnacha Dennehy The Last Hotel au Festival d’Edimbourg (août 2015). 94 LE ROI ARTHUS LE ROI ARTHUS 95 KRISTIN HOEBERMANN VINCENT PONTET JOSÉ LUIS BASSO SOPHIE KOCH MEZZO-SOPRANO Genièvre THOMAS HAMPSON ROBERTO ALAGNA CHEF DES CHŒURS Né à Buenos Aires, de nationalité italo-argentine, José Luis Basso étudie le piano et la direction d’orchestre à l’Université de sa ville natale. Il est nommé Chef des Chœurs du Teatro Argentino de La Plata, où il prépare durant quatre ans les opéras et les œuvres chorales. En 1987, une bourse lui permet d’intégrer l’Université de Temple à Philadelphie. En 1989, il devient Chef des Chœurs du Teatro Colón de Buenos Aires. La même année, il dirige les Chœurs de l’Association Wagner de Buenos Aires. À partir de 1994, il est l’assistant de Romano Gandolfi, le célèbre Chef des Chœurs de la Scala de Milan, puis il est nommé Chef des Chœurs du Teatro San Carlo de Naples, auxquels il donne un véritable essor et où sa direction de Lohengrin et de la Neuvième Symphonie de Beethoven est particulièrement remarquée. En 1996, il devient Chef des Chœurs du Maggio Musicale Fiorentino ; il prépare le chœur pour Parsifal (dirigé par Semyon Bychkov), Turandot (avec Zubin Mehta), Lady Macbeth de Mzensk (pour lequel il reçoit le Prix INA-Assitalia Galileo 2000 « Giovane direttore »). En avril 2001, il accompagne l’Orchestre et les Chœurs à Tokyo pour l’inauguration de la manifestation « Italie au Japon 2001 ». Il enregistre plusieurs albums pour Decca (Turandot, La Bohème, Tosca, Aroldo). En tant que Chef des Chœurs, il est invité à l’Opéra de Shanghai, au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg et à l’Opéra national de Lyon (Aïda, Carmina Burana). En 2003, il remporte un Grammy Award avec les Chœurs du Maggio Musicale Fiorentino et la soprano Renée Fleming pour l’album Bel Canto. Au cours des deux dernières décennies, il a collaboré avec les plus grands chefs d’orchestre : Zubin Mehta, Giuseppe Sinopoli, Claudio Abbado, Riccardo Muti, Georges Prêtre, Antonio Pappano, Seiji Ozawa, Wolfgang Sawallisch, Carlo Maria Giulini, Myung-Whun Chung, Peter Schreier, Bruno Bartoletti, Rafael Frühbeck De Burgos, Semyon Bychkov, Daniel Oren, Valery Gergiev, Stéphane Denève, Jordi Savall, Fabio Luisi, Marc Piollet, Pinchas Steinberg, Michael Boder, Sebastian Weigle, Gerd Albrecht, Josep Pons. De 2004 à 2014, il a été Chef des Chœurs et Consultant artistique du Gran Teatre del Liceu de Barcelone. Il est depuis septembre 2014 Chef des Chœurs de l’Opéra national de Paris. Premier Prix à l’unanimité au CNSMDP dans la classe de Jane Berbié, Sophie Koch fait ses débuts en France, mais sa carrière prend un essor international lorsqu’elle interprète Rosina du Barbier de Séville et Dorabella de Così fan tutte au Covent Garden de Londres et le Compositeur d’Ariane à Naxos au Semperoper de Dresde. Après s’être imposée dans les rôles mozartiens, elle a ajouté à son répertoire l’opéra français, l’opéra italien et l’opéra allemand : Octavian (Le Chevalier à la rose), Charlotte (Werther), Adalgisa (Norma), Brangäne (Tristan et Isolde), Concepcion (L’Heure espagnole), Mère Marie de l’Incarnation (Dialogues des carmélites), qu’elle a récemment chanté au Théâtre des Champs-Elysées et au Covent Garden de Londres, Fricka (L’Or du Rhin et La Walkyrie), les rôles-titres de Mignon d’Ambroise Thomas et de Cléopâtre de Massenet, Margared (Le Roi d’Ys), Adriano (Rienzi). Elle se produit sur les plus grandes scènes lyriques (Staatsoper de Vienne, La Monnaie de Bruxelles, Teatro Real de Madrid, Capitole de Toulouse, Opéras de Zurich, Genève, Berlin, Dresde, Chicago, Festival de Salzbourg). Elle interprète le cycle complet du Ring à l’Opéra national de Paris et au Bayerische Staatsoper de Munich et elle fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York en 2014 dans le rôle de Charlotte. On peut également l’entendre à l’Opéra national de Paris dans les rôles du Compositeur, de Vénus (Tannhäuser) et d’Alceste. Elle a donné de nombreux récitals (Salzbourg, Musikverein de Vienne, Paris, Londres, Francfort, Berlin, Luxembourg, Bruxelles, Madrid). Elle a enregistré des Lieder de Wolf, Schubert, Strauss, Wellesz et Bloch, Peer Gynt, Manon et l’opéra de Laurent Petitgirard Elephant Man, des extraits d’Ariane à Naxos sous la direction d’Antonio Pappano, la Huitième Symphonie de Mahler avec Kent Nagano, un récital Schumann (Myrten), Le Poème de l’amour et de la mer de Chausson, Shéhérazade de Ravel, la cantate de Berlioz Herminie ainsi que les DVD du Chevalier à la rose (Decca), d’Ariane à Naxos (Festival de Baden-Baden, DGG) et Werther (Opéra national de Paris, Decca). Elle a reçu le prix Christel Goltz, décerné par le Semperoper de Dresde. Projets : Octavian au Festival de Salzbourg et à l’Opéra de Chicago, Selica (L’Africaine) au Deutsche Oper de Berlin, Marguerite (La Damnation de Faust) à l’Opéra national de Paris. Considéré comme l’un des interprètes les plus remarquables de sa génération, le baryton américain Thomas Hampson est également actif dans le domaine de l’opéra, du concert, du récital, de la musicologie, la recherche et la pédagogie. Sa discographie comprend plus de 150 titres, couronnés par un Grammy Award, cinq Edison Awards et le Grand Prix du disque. Kammersänger du Staatsoper de Vienne et Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, il a été désigné à quatre reprises « Singer of the Year » par le Echo Klassik-Preis. Interprète majeur du répertoire du Lied, il est, avec son projet « Song of America », devenu l’ambassadeur de la mélodie américaine. Il a été nommé « Met Mastersinger » par la Metropolitan Opera Guild et est membre de l’Académie américaine des arts et des sciences. Il a récemment été nommé au Gramophone’s 2013 « Hall of Fame ». Thomas Hampson est le fondateur et directeur artistique de la Fondation Hampsong, qui soutient le dialogue international, la connaissance du chant classique et le goût pour celui-ci à travers des collaborations interdisciplinaires et l’enseignement. Au cours de la saison 2014 / 15, il aborde le rôle-titre des Quatre Vilains des Contes d’Hoffmann au Metropolitan Opera et interprète Scarpia (Tosca) au Staatsoper de Vienne et de Munich, Renato (Un bal masqué) à l’Opéra de San Francisco et Mandryka (Arabella) au Semperoper de Dresde. Il participe à des concerts sous la direction de Mariss Jansons, Philippe Jordan, Michael Tilson Thomas, Daniel Barenboim et Christoph von Dohnányi. Il est docteur honoris causa de la Manhattan School of Music, du New England Conservatory, du Whitworth College et du Conservatoire de San Francisco, membre d’honneur de la Royal Academy of Music de Londres et professeur honoraire à la faculté de philosophie de l’Université de Heidelberg. Il a été le premier artiste à être nommé « artiste en résidence » du New York Philharmonic Orchestra, et, en 2011, il a reçu le fameux Prix du Concertgebouw d’Amsterdam. Conseiller spécial de la Bibliothèque du Congrès pour la musique en Amérique, il a également reçu la Médaille d’honneur autrichienne des Arts et des Sciences. Projets : concerts avec l’Israel Philharmonic Orchestra et Gianandrea Noseda, Les Noces de Figaro avec Yannick Nézet-Séguin à Baden-Baden. En trente ans de carrière, Roberto Alagna a inscrit à son répertoire plus d’une soixantaine de rôles (Alfredo, Manrico, Nemorino, Calaf, Radamès, Rodolfo, Don José, Cavaradossi, Werther, Otello – abordé en août 2014 aux Chorégies d’Orange –, etc.). Il aime aussi explorer des ouvrages moins connus, à travers des productions, concerts ou enregistrements tels que Le Jongleur de Notre-Dame, Le Cid ou La Navarraise de Massenet, Fiesque de Lalo, Cyrano de Bergerac d’Alfano, Francesca da Rimini de Zandonai, Gianni Schicchi de Puccini, Le Roi Arthus de Chausson… Deux opéras ont même été composés pour lui, Marius et Fanny par Vladimir Cosma et Le dernier jour d’un condamné par David Alagna, mis en scène pour la première fois en France en 2014. Son tour de chant Little Italy, hommage à ses origines et à la culture musicale italienne dans toute sa variété, l’a conduit dans plus d’une quinzaine de villes françaises. En juin 2014, il se produit à Fès (Maroc) avec un spectacle inédit, Mediterraneo, mêlant des titres des répertoires lyrique, sacré et traditionnel. Il participe à des événements comme La Marseillaise interprétée le 14 juillet 2005 au pied de la tribune présidentielle sur les Champs-Elysées ou un concert donné dans les jardins du Château de Versailles en 2009 sous la direction de Michel Plasson. Le cinéma l’appelle également avec Tosca de Benoît Jacquot en 2001, puis Roméo et Juliette de Barbara Willis Sweete en 2007. Sa discographie, chez Erato, Sony, EMI, puis Deutsche Grammophon, couvre un large éventail d’enregistrements : intégrales, duos, oratorios, recueils de grandes œuvres lyriques, opéras, airs sacrés, chansons. Credo, Viva Opéra, Airs de Berlioz, Bel canto, Robertissimo, Luis Mariano, Sicilien, Pasión sont quelques-uns des nombreux albums qui composent son catalogue, témoignage de l’éclectisme musical de sa carrière. Il reçoit un bel accueil pour son nouveau récital sorti fin 2014, Ma vie est un opéra, qui illustre sa vie et sa carrière à travers 15 airs et duos inédits. Projets : Nemorino (L’Elixir d’amour) à l’Opéra national de Paris, Vasco de Gama (L’Africaine) au Deutsche Oper de Berlin, Canio (Pagliacci) et Pinkerton (Madama Butterfly) au Metropolitan Opera de New York. 96 LE ROI ARTHUS BARYTON Arthus TÉNOR Lancelot LE ROI ARTHUS 97 RAPHAËL LUGASSY ZORAN TODOROVICH ALEXANDRE DUHAMEL STANISLAS DE BARBEYRAC FRANÇOIS LIS Né à Belgrade, Zoran Todorovich étudie le chant à Francfort et Munich avant de rejoindre la troupe de l’Opéra de Hanovre pour la saison 1994 / 1995. Sa carrière internationale débute en 1996 lorsqu’il interprète le Duc de Mantoue de Rigoletto à La Maestranza de Séville. Il est rapidement invité sur les grandes scènes européennes : Teatro Real de Madrid (le rôle-titre de La Clémence de Titus), Staatsoper de Vienne, Deutsche Oper et Staatsoper de Berlin (Pinkerton de Madame Butterfly), Staatsoper de Hambourg (Alfredo de La Traviata), La Monnaie de Bruxelles, Opéra de Francfort, Opéra de Nice (Lenski d’Eugène Onéguine), Opéra de Zurich (La Damnation de Faust)… Il fait ses débuts américains à l’Opéra de San Francisco dans La Bohème. En 2004, il aborde le rôle de Cavaradossi de Tosca à l’Opéra d’Austin, en 2005, il chante son premier Manrico (Le Trouvère) à Thessalonique et, en 2006, débute dans Pollione de Norma au Bayerische Staatsoper de Munich. Ce rôle marque une étape déterminante dans sa carrière et il l’interprète à l’Opéra de San Francisco, au Staatsoper de Berlin, à l’Opéra de Marseille, au Semperoper de Dresde, à Anvers, Düsseldorf, Varsovie… Il ajoute ensuite à son répertoire les rôles de Turiddu de Cavalleria rusticana (Opéra d’Amsterdam), Don José de Carmen (Opéra de Montpellier), Dick Johnson de La Fanciulla del West (Amsterdam), le rôle-titre de Don Carlo (Semperoper de Dresde), Don Alvaro de La Force du destin (La Monnaie de Bruxelles), Jason de Medea (Theater an der Wien), Calaf de Turandot (Opéra des Flandres), le rôle-titre de Lohengrin (Teatro Massimo de Palerme). En 2007, il fait ses débuts au Covent Garden de Londres dans Le Trouvère. Au cours de la saison 2010 / 2011, il aborde le rôle-titre d’Andrea Chénier à l’Opéra de Marseille. Il fait ses débuts à l’Opéra national de Paris et au Liceu de Barcelone en 2012 dans La Force du destin. En 2013, il chante son premier Parsifal à l’Opéra d’Anvers et Radamès (Aida) à l’Opéra de Marseille. En 2014, il interprète La Force du destin à Munich, Florestan de Fidelio à Liège, Une tragédie florentine à Turin, La Fanciulla del West à Zurich. En 2015, il chante dans La Rondine (Ruggiero) à Tel-Aviv, Une tragédie florentine à Monte-Carlo, La Force du destin à Tokyo. Nommé dans la catégorie Révélation Lyrique des Victoires de la Musique 2011, Alexandre Duhamel a suivi l’enseignement d’Yves Sotin, Malcolm Walker, Anne Le Bozec, Susan Mc Culloch, Alain Fondary et les master classes de Margreet Honig, Malcolm King et Tom Krause. De 2009 à 2011, il se perfectionne à l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris. Il participe à plusieurs productions de l’Opéra national de Paris sous la direction de Philippe Jordan (Gianni Schicchi), Michel Plasson (Werther), Daniel Oren (Francesca da Rimini, La Fanciulla del West), Marc Minkowski (Mireille), Carlo Rizzi (Don Carlo), Alain Altinoglu (Faust, L’Amour des trois oranges). Il est rapidement engagé sur les scènes françaises et européennes : Mercutio (Roméo et Juliette) à l’Opéra d’Avignon, Panthée (Les Troyens) à l’Opéra de Marseille et à la Scala de Milan, Valentin (Faust) à l’Opéra de Metz, Leporello (Don Giovanni) à l’Opéra de Besançon, La Balafre (La Vivandière de Godard) au Festival Radio France de Montpellier, le Garde-Chasse (La Petite Renarde rusée) à l’Opéra de Rouen et à l’Opéra de Reims, Ramiro (L’Heure espagnole) à la Maison de la Musique de Nanterre, Belcore (L’Elixir d’amour) aux Nuits de la Sainte Victoire, Zurga (Les Pêcheurs de perles) en concert Salle Pleyel et à l’Opéra de Massy, Moralès (Carmen) au Grand Théâtre du Luxembourg, Clavaroche (Fortunio de Messager) à l’Opéra de Limoges… En concert et récital, il chante au Festival d’Aix-en-Provence, au Théâtre Antique d’Orange, à l’Amphithéâtre Bastille et au Corum de Montpellier pour le Festival Radio France. Il reçoit les Prix Lyriques de l’AROP et du Cercle Carpeaux en 2011. Son répertoire s’étend également à l’oratorio et à la musique sacrée : Messa di gloria de Puccini, Petite Messe solennelle de Rossini, Requiem de Fauré (Festival de Saint-Denis 2013). Au cours de la saison 2014 / 2015, il interprète Guglielmo (Così fan tutte) à Tours, Ping (Turandot) à Nice, Ramiro (L’Heure espagnole) en concert à Stuttgart, Masetto (Don Giovanni) à l’Opéra national de Paris. Projets : Guglielmo à Toulon, Harasta (La Petite Renarde rusée) au Festival de Glyndebourne, Cithéron (Platée) à l’Opéra national de Paris, le Grand-prêtre (Samson et Dalila) en concert à Bordeaux, Paolo (Simon Boccanegra) à Marseille. Stanislas de Barbeyrac intègre en 2004 le Conservatoire de Bordeaux dans la classe de Lionel Sarrazin, avant de rejoindre l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris de 2008 à 2010. Il remporte de nombreux concours de chant, entre autres le Prix du Cercle Carpeaux et le Prix Lyrique de l’AROP, et en 2011 il est lauréat du Concours International Reine Elisabeth à Bruxelles. Il fait ses débuts scéniques sur les scènes lyriques françaises (Nice, Tours, Metz, Marseille, Avignon), interprète le rôle de Lenski d’Eugène Onéguine au Théâtre du Châtelet au sein de la Leçon de Musique de J.F. Zygel et avec Opéra-Eclaté, La Traviata (Gastone) et Rigoletto (Borsa) aux Chorégies d’Orange. Il se produit en concert dans Les Illuminations de Britten à Lille, Aucassin et Nicolette (Aucassin) avec l’Orchestre des Pays de Savoie (enregistrement chez Timpani), Elias de Mendelssohn à Paris et au Festival de La Chaise-Dieu, ainsi qu’en récital à Marseille et Tours. Plus récemment, il interprète Narraboth (Salomé), Walter von der Vogelweide (Tannhäuser) et Evandre (Alceste) à l’Opéra national de Paris, Cassio (Otello) à Toulon, le Chevalier et l’Individu suspect (Der Ferne Klang de Schreker) à l’Opéra du Rhin à Strasbourg, Alfredo (La Traviata, prise de rôle) à l’Esplanade de Saint-Etienne, le Chevalier de La Force (Dialogues des carmélites) à Toulon et Nantes, Tamino (La Flûte enchantée) au Festival d’Aix-en-Provence 2014. Cette saison, il fait ses débuts au Covent Garden de Londres dans Idomeneo (Arbace), interprète Narraboth à São Paulo, Paris (La Belle Hélène) à Avignon, Davide Penitente sous la direction de Marc Minkowski à Salzbourg, Tamino avec l’Orchestre du Festival de Budapest dirigé par Ivan Fischer. Stanislas de Barbeyrac a été nommé aux Victoires de la Musique Classique 2014 dans la catégorie « Révélation Lyrique ». Projets : Admète (Alceste) à l’Opéra national de Paris, le Chevalier de La Force à l’Opéra d’Amsterdam et au Bayerische Staatsoper de Munich, Tamino au Grand Théâtre de Genève, L’Enfant prodigue de Debussy en concert à l’Auditorium de Radio-France avec l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, Macduff (Macbeth) à l’Opéra de Marseille, son premier Don Ottavio (Don Giovanni) au Festival de Drottningholm sous la direction de Marc Minkowski. Licencié en musicologie à la Sorbonne, François Lis a étudié au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et perfectionné sa technique au Mozarteum de Salzbourg et au Merola Programme à l’Opéra de San Francisco. En 2005, il est nommé dans la catégorie Révélations aux Victoires de la Musique Classique. Après plusieurs rôles dans des productions du Conservatoire (Seneca, Sarastro), il commence sa carrière dans le répertoire baroque et il est vite invité sur les scènes lyriques internationales. Avec le temps, son répertoire s’élargit et il interprète des rôles tels qu’Alidoro de La Cenerentola à La Monnaie, Narbal des Troyens à l’Opéra du Rhin, Zuniga de Carmen au Théâtre du Capitole de Toulouse et au Théâtre du Châtelet à Paris, Escamillo au Festival de Skopje, Asdrubale de La Pietra del Paragone au Théâtre du Châtelet, le rôle-titre de Don Giovanni avec Opera Fuoco, Figaro des Noces de Figaro avec William Christie à l’Opéra de Lyon, puis à l’Opéra de Dublin, Pluton et Jupiter d’Hippolyte et Aricie au Capitole de Toulouse, Jupiter de Platée à l’Opéra national du Rhin et à l’Opéra national de Paris, Teucer de Dardanus à Lille, le Commendatore de Don Giovanni au Théâtre des Champs-Elysées, Marcel des Huguenots à La Monnaie. Lors de la saison 2012 / 2013, il prend part à la création de Philippe Fénelon JJR Citoyen de Genève au Grand Théâtre de Genève et fait ses débuts au Festival de Glyndebourne dans Hippolyte et Aricie. Il s’est produit dans plusieurs productions de l’Opéra national de Paris, dont La Cenerentola (Alidoro) et Carmen (Zuniga, sous la direction de Philippe Jordan). Au cours de l’été 2012, il fait ses débuts au Hollywood Bowl de Los Angeles dans Carmen sous la direction de Gustavo Dudamel ; c’est dans le rôle de Zuniga et avec ce chef qu’il fait ensuite ses débuts à Caracas et à la Scala de Milan. François Lis se produit aussi en concert. En 2013, il a chanté L’Enfance du Christ au Festival de Saint-Denis sous la direction de James Conlon. Projets : l’Oracle (Alceste) et Jupiter (Platée) à l’Opéra national de Paris, Don Alvaro et Huascar (Les Indes galantes) au Festival de Munich. TÉNOR Lancelot 98 LE ROI ARTHUS BARYTON Mordred TÉNOR Lyonnel BASSE Allan LE ROI ARTHUS 99 ERIC MAHOUDEAU ANGELA AZEVEDO MIRCO MAGLIOCCA MALCOLM CROWTHERS PETER SIDHOM CYRILLE DUBOIS TIAGO MATOS UGO RABEC Né en Égypte, de père copte et de mère maltaiseitalienne, Peter Sidhom s’installe en Angleterre à l’âge de dix ans. Après des études de lettres modernes à l’Université de Londres, il étudie le chant avec le baryton Hervey Alan et la mezzo-soprano Josephine Veasey. Il fait ses débuts en 1977 à Londres (Figaro des Noces de Figaro) et, dans les premières années de sa carrière, il aborde principalement le répertoire italien (surtout Verdi et, plus tard, Puccini). Il interprète son premier Alberich en 1995 à Sydney, en concert, avec Edo de Waart. Depuis, il a repris ce rôle à l’Opéra de San Francisco (Runnicles / Lehnhoff), au Capitole de Toulouse (Steinberg / Joel), à Glasgow (Armstrong / Albery), en concert à Cleveland (Christoph von Dohnányi), Lucerne (Jonathan Nott) et Hong-Kong (Jaap van Zweden), au Covent Garden de Londres (Pappano / Warner), à l’Opéra national de Paris (Jordan / Krämer), à l’Opéra de Monte-Carlo (Gelmetti / Grinda) et à la Maestranza de Séville (Halffter / Padrissa). Également à son répertoire wagnérien : Telramund de Lohengrin (Toulouse, Bâle), Klingsor de Parsifal (Londres, Nice, Montpellier) et Orsini de Rienzi (Radio France). Parmi une centaine d’autres rôles, citons Scarpia de Tosca (plus de 150 représentations à Athènes, Bordeaux, Bregenz, Cardiff, Düsseldorf, Francfort, Helsinki, Londres, Stuttgart, Tel-Aviv, Tours…) ; Faninal du Chevalier à la rose (70 spectacles, à Cardiff, Chicago, Glasgow, Londres, Madrid, Paris, San Francisco…) ; Balstrode de Peter Grimes (Anvers, Gand, Genève, Londres, Oviedo et Paris) ; le Voyageur de Mort à Venise (Aldeburgh, Bregenz et Lyon), Général Groves de Doctor Atomic (Strasbourg et Séville). Citons parmi ses enregistrements en DVD : Capulet de Roméo et Juliette (Covent Garden, mise en scène de Nicolas Joel), Paolo de Simon Boccanegra (Glyndebourne, mise en scène de Peter Hall), le Comte des Noces de Figaro (BBC-TV), plusieurs rôles dans La Vie de Verdi (Mark Elder, BBC-TV), Alberich (Covent Garden et Scottish Opera) ; et en CD : Scarpia de Tosca et Cim-Fen de L’Oracolo (à Francfort), Carmina Burana. Projets : Scarpia à Saint-Etienne, Balstrode à Monte-Carlo. Cyrille Dubois découvre le chant à la Maîtrise de Caen à sept ans. Il entre au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris dans la classe d’Alain Buet. Il y suit l’enseignement d’Anne Le Bozec et Jeff Cohen pour le Lied et la mélodie et se perfectionne auprès d’Helmut Deutsch, François Le Roux, Janine Reiss, Ann Murray, Natalie Dessay. En 2010, il intègre l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris, avec lequel on peut l’entendre dans Street Scene de Kurt Weill, L’Heure espagnole, La Resurrezione, La Finta Giardiniera, etc. Il interprète le rôle de Nathanaël (Les Contes d’Hoffmann) pour ses débuts à la Scala de Milan et à l’Opéra national de Paris, Azor (La Dispute de Benoît Mernier) à La Monnaie de Bruxelles, son premier Ferrando (Così fan tutte) avec Opera Fuoco, Brighella (Ariane à Naxos) à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et à l’Opéra de Toulon, Almaviva (Le Barbier de Séville) au Théâtre des Champs-Elysées, Saint-Phar (La Caravane du Caire de Grétry) à l’Opéra Royal de Versailles (CD Ricercar), Gérald (Lakmé) à l’Opéra de Saint-Etienne, les quatre serviteurs des Contes d’Hoffmann à l’Opéra national de Lyon et au Japon, Oronte (Alcina) et Brighella (Ariane à Naxos) à l’Opéra national de Paris, Castor et Pollux en tournée avec l’Ensemble Pygmalion, Le Saphir de Félicien David avec le Cercle de l’Harmonie au Palazetto Bru Zane de Venise et au Théâtre des Bouffes du Nord, Le Désert de Félicien David à la Cité de la Musique, Tybalt (Roméo et Juliette) à l’Opéra de Massy, Pâris (La Belle Hélène) à l’Opéra de Toulon, Coelio (Les Caprices de Marianne de Sauguet) en tournée française. Cyrille Dubois se produit également en récital avec Tristan Raës, son partenaire du Duo Contraste. Ensemble, ils sont les lauréats du Concours Lili et Nadia Boulanger et triples lauréats du Concours de Musique de Chambre de Lyon 2013. En 2015, il est nommé aux 22e Victoires de la Musique dans la catégorie « Révélation Artiste Lyrique ». Projets : Gonzalve (L’Heure espagnole) pour ses débuts au Festival de Glyndebourne, Belmonte (L’Enlèvement au sérail) à l’Opéra national de Lyon, Marzio (Mitridate) au Théâtre des Champs-Elysées. Né au Portugal, Tiago Matos obtient son diplôme de chant à l’Université d’Aveiro au Portugal où il étudie avec Isabel Alcobia. En 2011, il est admis à l’Opéra Studio du Teatro Nacional de São Carlos. Il participe au programme de la Fondation VOICExperience en Floride et à New York où il se perfectionne notamment avec Sherrill Milnes et Joan Dornemann. Il travaille actuellement avec João Lourenço. Il obtient en 2012 le premier prix et le prix de la meilleure interprétation Lied / Mélodie lors du VIe Concours de Chant Lyrique de la Fondation portugaise Rotary. Il interprète les rôles du Comte (Les Noces de Figaro), Jupiter (Orphée aux enfers), le Père (Hänsel et Gretel) et Janino (O Basculho da Chaminé de Marcos Portugal au Teatro Nacional de São Carlos, Portugal). En concert, il chante le Messie de Haendel, la Neuvième Symphonie de Beethoven, le Requiem de Fauré et les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler. Avec l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris, il participe à plusieurs concerts à l’Amphithéâtre Bastille, à l’Auditorium du Louvre et au Palais Garnier avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris. Il chante les rôles d’Enrico (L’Isola disabitata) à Noisiel et à Châtenay-Malabry, Buonafede (Il Mondo della luna) à la MC93 de Bobigny, le rôle-titre de Don Giovanni à Bobigny et Châtenay-Malabry, le Chanteur de Sérénade (Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet) pour une tournée du Centre de promotion lyrique associant une quinzaine de maisons d’opéra françaises. Il se produit avec l’Orchestre Symphonique d’Orléans (Don Quichotte à Dulcinée de Ravel et des extraits de Carmen de Bizet). Il sera en résidence cet été à l’Académie européenne de musique d’Aix-en-Provence. Projets : le Comte Ceprano (Rigoletto) à l’Opéra national de Paris, Les Caprices de Marianne en tournée en France. Ugo Rabec commence sa formation musicale par l’étude du violon et de la contrebasse. Parallèlement à sa formation vocale, il poursuit des études de musicologie à l’Université de Nancy. Membre de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris de 2005 à 2008, il a participé à la création mondiale des Aveugles de Xavier Dayer (Théâtre Gérard Philippe, Opéra Bastille, Théâtre de l’Almeida à Londres) et aux spectacles Madrigaux de Monteverdi (Opéra Bastille), Atelier Massenet-Gounod (Opéra Comique), Le Viol de Lucrèce (Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Théâtre d’Hérouville). En 2007, il reçoit les Prix Lyriques du Cercle Carpeaux et de l’AROP (Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris). Il a suivi les master classes de François Le Roux, Claudio Desderi, Barbara Bonney, Angelika Kirchschlager, Guillemette Laurens, Raul Gimenez et chanté sous la direction de Daniel Oren, Valery Gergiev, Antonio Fogliani, Antony Hermus, Guillaume Tourniaire. Au cours des dernières saisons, il a notamment interprété le Gardien de l’Asile (The Rake’s Progress), Billy Jackrabbit (La Fanciulla del West), Don Alonzo (Le Cid) à l’Opéra national de Paris, Reinmar von Zweter (Tannhäuser) et Ceprano (Rigoletto) à l’Opéra du Rhin, Barlow (Un vaisseau fantôme ou le maudit des mers de P.L. Dietsch) sous la direction de Marc Minkowski à Grenoble, à l’Opéra Royal de Versailles et à Vienne, le Précepteur d’Oreste et le Vieux serviteur (Elektra) à l’Opéra de Montpellier et à l’Opéra du Rhin, le Commandeur (Don Giovanni) à la MC93 de Bobigny avec l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris, Monterone (Rigoletto) à l’Opéra de Rennes. Ugo Rabec a aussi chanté dans Lulu (ein Diener), Salomé (deuxième Soldat), Manon (un Garde) et Ariane à Naxos (un Laquais) à l’Opéra national de Paris. Il a interprété le Requiem de Fauré à la Salle Pleyel à Paris, sous la direction de Paavo Järvi. En 2009, il interprète Geronimo dans Le Mariage secret de Cimarosa à la MC93 de Bobigny avec l’Atelier Lyrique et en 2010, il est Alidoro dans La Cenerentola au Festival Rossini de Wildbad. BARYTON Merlin 100 LE ROI ARTHUS TÉNOR Le Laboureur BARYTON Un Chevalier BASSE Un Écuyer LE ROI ARTHUS 101 VINCENT MORELL NICOLAS MARIE ANDREA NELLI FLORENT MBIA Vincent Morell commence ses études musicales au Conservatoire national de Nîmes et suit les cours de Mario Capri, Léopold Bellan et Roger Soyer. Il interprète le rôle d’Hoffmann à la Cité des Arts de Paris (2000), Rodolfo de La Bohème et Roméo de Roméo et Juliette au Conservatoire international italien de Paris (2001 et 2002), la Messa di Gloria de Puccini Salle Pleyel à l’occasion d’un gala de bienfaisance. Il remporte en 2002 le premier prix du Concours de chant de Montpellier et participe l’année suivante à l’inauguration du Grand Hôtel à Paris, accompagné au piano par Jacques Pailhès. À partir de la saison 2004-2005, il participe en tant que supplémentaire aux spectacles de l’Opéra national de Paris et il est engagé dans les Chœurs en 2006. Il a également été artiste des chœurs au Théâtre du Châtelet (Le Crépuscule des dieux) et au Théâtre des Champs-Elysées (Semiramide et Don Giovanni). Nicolas Marie est titulaire des Chœurs de l’Opéra national de Paris depuis 1997. Il lui a été confié des rôles dans Turandot, L’Amour des trois oranges, Un bal masqué, Le Trouvère, Louise, La Petite Renarde rusée. Il continue en tant que soliste à donner régulièrement des récitals de mélodies et à participer à de nombreux concerts, tels que le Requiem de Mozart, la Petite Messe Solennelle de Rossini dirigée par Michel Piquemal, le Stabat Mater de Rossini, le Magnificat de Bach, les Nuits d’été de Berlioz avec l’Ensemble Philharmonique de Paris, le Chant de la terre de Gustav Mahler sous la direction de Joël Houssard, la Messa di Gloria de Puccini, le Messie de Haendel. Au théâtre de Brest, il interprète le rôle de Turridu dans Cavalleria rusticana. Il fait également partie du groupe vocal Canto Allegre dont le répertoire est consacré aux cantates de Bach. Né à Tavarnelle du Val di Pesa, Italie, Andrea Nelli commence ses études de chant au conservatoire Luigi Cherubini à Florence, en se perfectionnant avec le baryton Gino Bechi. Il est finaliste des concours de Parme, Casciana, Terme et Rhieumes et participe en tant qu’artiste des chœurs aux spectacles des Arènes de Vérone, du Maggio Musicale Fiorentino, de la Scala de Milan, du Teatro Comunale de Bologne et du Teatro Bellini de Catane. Ultérieurement, il devient membre titulaire du Chœur du Teatro Carlo Felice de Gênes. Il se produit comme soliste au Théâtre Social de Côme, au Festival de Sirmione, à Brescia dans Le Trouvère de Verdi (rôle de Ferrando) et il interprète le Commandeur de Don Giovanni de Mozart aux Nuits musicales de Bazoches. Depuis 1995, il est basse titulaire des Chœurs de l’Opéra national de Paris. Autodidacte au départ, Florent Mbia entre en 2002 dans la classe de chant de Françoise Petro à l’E.N.M.D de Montreuil et obtient le Premier Prix avec félicitations du jury en juin 2008. Il participe à des master class de personnalités musicales comme José Cura, Thomas Moser et Teresa Berganza. Premier prix du Forum lyrique Européen d’Arles en 2009, il a aussi remporté trois prix au Concours international de chant de Clermont-Ferrand (février 2009). Finaliste du concours International de chant de Strasbourg en 2008, il obtient également le Prix E.J Marshall (Meilleur Baryton) au Concours international de Paris (UFAM) degré « Honneur ». Il interprète des rôles comme Orphée (Orphée et Eurydice de Gluck), l’Instituteur (Der Jasager de Kurt Weill), Papageno (La Flûte enchantée), Renato (Un bal masqué), Montano (Otello), Don Giovanni et se produit en tant que soliste dans divers concerts et oratorios comme le Requiem de Duruflé, le Requiem de Fauré, la Symphonie n°9 de Beethoven, Le Messie de Haendel, la Petite Messe solennelle de Rossini. En 2009, il intègre les Choeurs de l’Opéra national de Paris. TÉNOR Un soldat 102 LE ROI ARTHUS TÉNOR Un soldat BASSE Un soldat BASSE Un soldat LE ROI ARTHUS 103 SOPHIE CLAISSE IRINA KOPYLOVA LAURE VERGUET ANNE-SOPHIE DUCRET Après avoir suivi des études classiques d’histoiregéographie, d’histoire de l’art à l’Université de Nancy et obtenu sa maîtrise d’histoire avec félicitations du jury, Sophie Claisse se passionne pour le chant. Elle entre alors au Conservatoire national supérieur de Nancy dans la classe de chant de Jacqueline Brumaire et en classe de scène avec Christiane Stutzmann. Elle obtient deux médailles d’or en 1984 et 1986. En 1989, elle entre comme artiste des chœurs titulaire à l’Opéra de Nantes, où on lui demande également d’interpréter des rôles de solistes tels que Annina (La Traviata), la Voix du ciel (Mireille), etc. En 1995, elle intègre les Chœurs de l’Opéra national de Paris. À ce titre, elle participe à toutes les productions, sous la direction des plus grands chefs français et étrangers : Sir Georg Solti, Georges Prêtre, Seiji Ozawa, Kent Nagano, etc. Elle est régulièrement distribuée dans des petits rôles : l’apparition (Macbeth), une servante (La Femme sans ombre), une religieuse (Dialogues des carmélites), etc. En 2000, elle interprète la voix solo de Pomp and Circumstance d’Elgar pour la présentation en « live » du dessin animé Fantasia 2000 au Théâtre des Champs-Elysées, sous la direction de James Levine. Lauréate du concours d’opérette de Cesson-Cevigné et finaliste au concours de l’UFAM en 1997, elle s’oriente aussi vers ce répertoire et a notamment joué les rôles d’Aspasie (Phiphi de Christiné) et de Mi (Le Pays du sourire) et participe depuis 2010 aux concerts donnés à l’Opéra national de Paris dans le cadre des « jeudis de Bastille ». Après un diplôme en pédagogie musicale, Irina Kopylova suit une formation lyrique et scénique avec les maîtres du Théâtre Mariinski, puis elle donne de nombreux concerts et récitals en Russie, Finlande et Italie. Elle poursuit ses études du chant en Italie et obtient son diplôme au Conservatoire Cimarosa avec le rôle de Norina de Don Pasquale de Donizetti. Après avoir suivi des classes de perfectionnement avec Raina Kabaivanska, Sergio Segalini, Enza Ferrari a l’Académie Lyrique d’Osimo, Irina Kopylova incarne les rôles d’Adina (L’Elixir d’amour), Gilda (Rigoletto), Sophie (Werther), Susanna et Barbarina (Les Noces de Figaro) au Théâtre « La nuova Fenice » d’Osimo. Elle donne un concert au Théâtre de la Ville Royale de Monza sur l’invitation de Raina Kabaivanska, puis participe à un grand gala humanitaire au Théâtre Fraschini de Pavie. Son Saint-Pétersbourg natal l’accueille peu après pour un récital au Palais de Kikine. Elle rejoint la troupe du Théâtre « SaintPétersbourg Opéra », où elle chante le rôle de Gilda et participe aux nombreux concerts organisés par le Théâtre dans les salles et théâtres de SaintPétersbourg. Depuis 2003, elle est membre titulaire des Chœurs de l’Opéra national de Paris et poursuit sa participation en tant que soliste dans différents festivals et concerts. Habitée par la passion du chant depuis son plus jeune âge, Laure Verguet commence ses études musicales avec le piano et la harpe. La rencontre avec O. Pietti, professeur de chant au CNR de Dijon, sera déterminante pour son avenir. Elle obtient son prix de chant en juin 2004. En 2008, elle obtient son DEMS à l’unanimité au Jeune chœur de Paris, sous la direction de Laurence Equilbey (département jeune chanteur du CRR de Paris avec Florence Guignolet). En mai 2010, elle est entrée à l’Opéra national de Paris en tant qu’artiste des Chœurs. De plus, elle aime s’investir dans divers projets musicaux : Wesendonck Lieder de Wagner (février 2012), Messe de Bruckner (mars 2012). Diplômée en violon et en chant au conservatoire d’Annecy, Anne-Sophie Ducret obtient le premier prix de chant au CNSM de Lyon. Titulaire d’une licence en Musicologie et lauréate de nombreux concours (Prix de l’AROP, 1er prix d’opéra et de mélodie à Macon, 1er prix d’oratorio à Clermont Ferrand, Prix d’opéra, de mélodie et du public aux Voix d’Or de Metz, Prix d’opéra au Concours International de Verviers, Prix d’interprétation, de mélodie française et Prix Schola Cantorum au Concours International de l’UPMC…), elle intègre en septembre 2000 l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris. Elle fait ses débuts sur la scène de l’Opéra national de Paris dans le rôle de la Comtesse Ceprano (Rigoletto). Elle interprète les Liebeslieder de Brahms au Palais Garnier dans le cadre d’un ballet de George Balanchine et participe en soliste à plusieurs productions (La Femme sans ombre, La Petite Renarde rusée, Le Triptyque, Tannhäuser, L’Enfant et les sortilèges). Elle chante le rôle de Fiordiligi (Così fan tutte) au Château de Malijay, dans le cadre des Chorégies d’Orange et Blanche (Dialogues des carmélites) à Saint-Jean-de-Luz. Anne-Sophie Ducret s’illustre aussi dans de nombreux concerts d’oratorio et des récitals de mélodies françaises. Elle intègre les Chœurs de l’Opéra national de Paris en 2005. SOPRANO Soprano solo 104 LE ROI ARTHUS SOPRANO Soprano solo SOPRANO Soprano solo SOPRANO Soprano solo LE ROI ARTHUS 105 Directeur musical PHILIPPE JORDAN MARINA HALLER SOPRANO Soprano solo Née en Géorgie, Marina Zviadadzé-Haller étudie le chant et le piano au Conservatoire national de Tbilissi où elle commence sa carrière scénique avec le rôle de Cherubino. Entre 1993 et 2001, elle est soliste de l’Opéra national de Batoumi. En 1993 / 1994, elle est nommée meilleure interprète de la saison musicale en Géorgie. Depuis 2003, elle poursuit sa carrière en France où elle se perfectionne à l’Ecole Normale de Musique de Paris auprès d’Isabelle Garcisanz. En avril 2008, elle y a obtenu le premier prix et le diplôme de concertiste à l’unanimité et avec les félicitations du jury. En 2007, elle chante le Requiem de Verdi à Paris sous la direction de Jean-Philippe Sarcos. Elle chante Amneris à Nantes et à Bayonne et la Troisième Dame de La Flûte enchantée au Festival de Lamalou-lesBains, Fenena de Nabucco à Nantes et à Béziers, le rôle-titre de Carmen en version de concert à l’UNESCO, sous la direction d’Amine Kouider. En 2009, elle interprète à Lille le Requiem de Verdi et, en clôture du Festival de Strasbourg, la Nelson-Messe de Haydn. En 2010, elle est soliste dans le programme Schumann-Mendelssohn et interprète Una conversa dans le Tryptique de Puccini (Suor Angelica) à l’Opéra national de Paris. Elle se produit en concert dans la série « Les jeudis musicaux de Bastille » ainsi qu’au Centre culturel allemand-Goethe-Institut Paris avec des Lieder de Schumann (Maria Stuart) et de Mahler (Kindertotenlieder et Rückert-Lieder). Elle fait partie des Chœurs de l’Opéra national de Paris. ORCHESTRE DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS Premiers violons FRÉDÉRIC LAROQUE KARIN ATO AGNÈS CREPEL LUDOVIC BALLA MARIE-HÉLÈNE CLAUSSE MICHÈLE DESCHAMPS GLORIA GASHI PALERMO VINCENT LAURENT LISA OSHIMA HÉLÈNE PERRAT-LAROQUE VÉRONIQUE GUAY MARIE NONON DAVID GABEL JEAN CLAUDE TCHEUREKDJIAN Seconds violons VANESSA JEAN MARIANNE LAGARDE THIERRY HUCHIN JEANNE LANCIEN-MONDON CÉDRIC LAROQUE THIERRY POULET KLODIANA SKENDERI CÉCILE TÊTE GHISLAINE BENABDALLAH ELODIE DÉNARIÉ SAYAKA OHIRA AYA SABOURET Altos LAURENT VERNEY DIEDERIK SUYS ANNE-AURORE ANSTETT FANNY BARADEAU JACQUES CHIRINIAN HELGA GUDMUNDSOTTIR JONATHAN NAZET MICHEL NGUYEN ADRIEN BRACONNIER CYNTHIA PERRIN Violoncelles AURÉLIEN SABOURET GIORGI KHARADZÉ JEAN FERRY ALEXIS DESCHARMES 106 LE ROI ARTHUS JÉRÔME LEFRANC CLARA STRAUSS ERIC WATELLE ARIANE LALLEMAND Tuba LAURENT PÉZIÈRE Timbales Contrebasses THIERRY BARBÉ CATHERINE LEROY AXEL SALLES DOMINIQUE GUEROUET STÉPHANE GARAFFI HERVÉ MOREAU Flûtes CATHERINE CANTIN CÉLINE NESSI PIERRE DUMAIL Hautbois PHILIPPE PONCET Percussions DIDIER VÉRITÉ JEAN-BAPTISTE LECLERE NICOLAS LETHUILLIER Claviers/Percussions JEAN-YVES SÉBILLOTTE Harpe EMMANUEL CEYSSON SYLVIE PERRET JACQUES TYS KEIKO INOUÉ CHRISTOPHE GRINDEL Musique de scène Clarinettes PHILIPPE CUPER ALEXANDRE CHABOD PASCAL MONTBESSOUX BRUNO MARTINEZ Bassons Trompettes FRÉDÉRIC FOUCHER CHRISTOPHE GRIVEAU PAUL LEPICARD EMMANUELLE PROUX FRANÇOIS PETITPREZ GILBERT AUDIN LUDOVIC TISSUS MARIE GONDOT Cors VLADIMIR DUBOIS PIERRE MORAGUES PHILIPPE BRÉAS GREGORY SARRAZIN MARION SOUCHARD Trompettes MARC GEUJON PIERRE GILLET LUC ROUSSELLE CLÉMENT GARREC Trombones JEAN RAFFARD BRUNO FLAHOU FRÉDÉRIC POTIER LE ROI ARTHUS 107 CHŒURS DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS Chef des Chœurs JOSÉ LUIS BASSO Chef adjoint ALESSANDRO DI STEFANO Premiers sopranos YNIGBIN XIE JIAN ZHAO Altos BARBARA COTTI DANIELA ENTCHEVA LILLA FARKAS MARINA HALLER SVETLANA KURTZ OLGA OUSSOVA CAROLINE PETIT MYRIAM PIGUET ISABELLE ZOCCOLA CONSTANCE BRADBURN SOPHIE CLAISSE CAROLE COLINEAU SYLVIE DELAUNAY ISABELLE ESCALIER CATHERINE HIRT-ANDRÉ IRINA KOPYLOVA MURIEL LANGER SO-HEE LEE PRANVERA LEHNERT LAURE MAILFERT BÉATRICE MALLERET CLAIRE SERVIAN ADRIANA SIMON CORINNE TALIBART Premiers ténors Seconds sopranos Seconds ténors VANIA BONEVA LAURENCE COLLAT CAROLINE DE VRIES ANNE-SOPHIE DUCRET ESTHEL DURAND LINA FAESCH ALICIA GARCIA-MUNOZ CLAUDIA PALLINI RUFENG XING OLIVIER BERG JOHN BERNARD ROBERT CATANIA PASCAL CHOURAQUI OLIVIER FILLON EMANUEL MENDES VINCENT MORELL GÉRARD NOIZET FRANÇOIS NOSNY HYOUNG MIN OH HYUN-JONG ROH LUCA SANNAI FRANCISCO SIMONET FERNANDO VELASQUEZ GILLES ANDRÉ CHAE HOON BAEK PAOLO BONDI OOK CHUNG SE JIN HWANG MYOUNG-CHANG KWON EMILE LABINY CYRILLE LOVIGHI NICOLAS MARIE PASCAL MESLÉ DANS SPEERSCHNEIDER Mezzos LAURA AGNOLONI CAROLINE BIBAS MARIE-CÉCILE CHEVASSUS PATRICIA GUIGUI LAETITIA JEANSON VIRGINIA LEVA-PONCET CAROLINE MENARD GHISLAINE ROUX CAROLINE VERDIER LAURE VERGUET ISABELLE WNOROWSKAPLUCHART 108 LE ROI ARTHUS GUILLAUME PETITOTBELLAVÈNE LUCIO PRETE SLAWOMIR SZYCHOWIAK JIAN-HONG ZHAO Basses VADIM ARTAMONOV FABIO BELLENGHI MARC CHAPRON ENZO CORO ALEXANDRE EKATERININSKI CONSTANTIN GHIRCAU JULIEN JOGUET SHIN JAE KIM PHILIPPE MADRANGE ANDREA NELLI KIM TA ÉQUIPE DE PRODUCTION OPÉRA NATIONAL DE PARIS BERNARD ARRIETA OLIVIER AYAULT DAEJIN BANG JEAN-MICHEL DUCOMBS FRÉDÉRIC GUIEU LAURENT LABERDESQUE CHAE WOOK LIM FLORENT MBIA CHRISTIAN-RODRIGUE MOUNGOUNGOU CAROLINE MERTZ Régisseur figuration MARIE-FRANÇOISE SOMBART Direction de la scène NICOLAS MARTY Responsable machinerie DIDIER COIGNARD Adjointe à la direction de la scène MOÏRA DELATTRE Responsable lumières Régisseur général de production Responsable accessoires ELSA GRIMA FABRICE VRIGNON Régisseur technique de production Responsable production costumes RONAN GAC CHRISTINE CAFFIAUX Casting Responsable habillement MADELEINE DUPUIS NATHALIE ESTEVES Responsable administratif de production Responsable perruques/maquillages ANNE SOPHIE GORON FABIENNE CHICHE Régisseurs de scène Responsable vidéo CAROLINE ESSERS HELÈNE MAYZOU LYDIE BÉCUE Figurants AMAR ATTIA FITZGERALD BERTHON ALEXANDRE CERTAIN DAMIEN DOS SANTOS MATTHIAS DROULERS DAVID ELOFER PATRICE GALLET BENOÎT GAUDRIOT IVAN HERBEZ JEAN-FRANÇOIS MARTIN BRUNO PAILHORIES NICOLAS VICQDAMBRE CHRISTOPHE DESELLIGNY SYLVAIN LEVACHER Responsable son STÉPHANE BRICE Intendant de l’orchestre GUILLAUME HEBERT Régisseurs d’orchestre Barytons Régisseur général des chœurs LUCIEN MONKOTOWICZ CHARLES ZALEMAN Responsables dispositifs scéniques ARNAUD SERVIN Responsable des surtitrages RICHARD NEEL Chargé de production copie FABRICE LARRÈRE Responsables dispositifs musicaux STÉPHANE ALBINI FABRICE YONET Service contrôle-accueil YANNICK HEURTAULT LES DÉCORS ET LES COSTUMES ONT ÉTÉ RÉALISÉS PAR LES ATELIERS DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS LE ROI ARTHUS 109 LE CERCLE DES ENTREPRISES MÉCÈNES DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS DEVENIR MEMBRE DU CERCLE DES ENTREPRISES MÉCÈNES DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS, C’EST CONTRIBUER AU RAYONNEMENT DE L’UNE DES TOUTES PREMIÈRES INSTITUTIONS CULTURELLES FRANÇAISES. DES PROJETS RICHES ET VARIÉS Vous pouvez choisir de vous associer, de manière spécifique, à un ou plusieurs projets attachés aux missions de l’Opéra : Faire connaître et enrichir son répertoire lyrique et chorégraphique : soutenez une production lyrique ou chorégraphique, une création, des cycles de concerts… Favoriser l’accès de tous aux théâtres et au spectacle vivant : associez-vous à la création d’une offre destinée aux familles, aux actions favorisant l’accueil des personnes en situation de handicap… Sensibiliser le jeune public et former les talents de demain : soutenez le programme pédagogique « Dix mois d’École et d’Opéra », la programmation « Jeune public », les activités de l’École de Danse ou de l’Atelier Lyrique… Promouvoir son rayonnement en France et à l’étranger : contribuez au financement des tournées du Ballet ou de l’Orchestre de l’Opéra, soutenez la politique audiovisuelle et les retransmissions dans les salles de cinéma… Préserver et transmettre son patrimoine, moderniser ses théâtres : participez à la restauration d’éléments architecturaux du Palais Garnier classé monument historique… LES DIFFÉRENTES MANIÈRES DE SOUTENIR L’OPÉRA Chaque entreprise choisit d’affecter librement son soutien, qui peut prendre différentes formes : LE MÉCÉNAT EN NUMÉRAIRE , en versant un don au bénéfice d’un projet. LE MÉCÉNAT EN NATURE , en faisant un don de produits. LE MÉCÉNAT DE COMPÉTENCES, en mettant votre savoir-faire à la disposition de l’Opéra. DE NOMBREUX AVANTAGES EXCLUSIFS En contrepartie de votre soutien, vous bénéficiez de nombreux avantages au rang desquels : Une relation privilégiée avec l’Opéra, en participant aux rencontres régulières du Cercle. Une visibilité importante sur les supports de communication de l’Opéra. Un accès privilégié aux deux théâtres, avec notamment la possibilité d’organiser des opérations de relations publiques de prestige, des visites privées des coulisses… Des moments d’exception proposés aux salariés, qui peuvent assister à des séances de travail, des conférences au sein de l’entreprise avec des intervenants de l’Opéra. Enfin, la loi en faveur du mécénat permet à votre société de bénéficier d’une réduction d’impôt de 60 % du montant de son don, dans la limite de 0,5 % de son chiffre d’affaires. INFORMATIONS JEAN-YVES KACED Directeur commercial et du développement email : jykaced@operadeparis.fr LES ENTREPRISES À L’OPÉRA L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS ET L’AROP PROPOSENT AUX ENTREPRISES DIVERSES FORMULES QUI LEUR PERMETTENT D’ASSOCIER LEUR IMAGE À CELLE DE L’OPÉRA, ET DE MENER LEURS OPÉRATIONS DE RELATIONS PUBLIQUES DANS LE CADRE PRESTIGIEUX DU PALAIS GARNIER OU DE L’OPÉRA BASTILLE. LE CLUB ENTREPRISES DE L’AROP L’Opéra national de Paris invite les entreprises à rejoindre le Club entreprises de l’Arop qui offre de nombreux avantages, parmi lesquels la possibilité de réserver parmi 26 opéras, ballets ou concerts, des soirées qui comportent un cocktail d’entracte et un souper à l’issue de chaque représentation dans les foyers des théâtres tout au long de la saison. INFORMATIONS : LES MEMBRES DU CLUB ENTREPRISES DE L’AROP SOIRÉE PRESTIGE La « Soirée Prestige » offre aux entreprises la possibilité d’organiser une réception pour des groupes de 6 à 80 personnes sur la représentation de leur choix. De l’accueil personnalisé au cocktail d’entracte et au souper dans le théâtre, tout est prévu pour faciliter l’organisation de leur soirée et recevoir leurs invités dans les meilleures conditions. LOCATION DES ESPACES PUBLICS Indépendamment des spectacles, le Palais Garnier et l’Opéra Bastille louent leurs espaces, salles de spectacles et salons de réception, pour permettre aux entreprises d’organiser des soirées privées, des galas, des assemblées générales, des séminaires, des conférences ou toute autre activité liée à la vie de l’entreprise. INFORMATIONS : PALAIS GARNIER⁄OPÉRA BASTILLE Tel : 01 40 01 18 11 ietcheverry@operadeparis.fr MÉCÈNE PRINCIPAL DU BALLET DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS MEMBRES PARTENAIRES SOIRÉE PRIVILÈGE RÉSERVER EN TOUTE LIBERTÉ Véritable coupe-file, la « Soirée Privilège » est une voie d’accès prioritaire à des places de 1ère catégorie parmi les mieux situées dans les deux théâtres, dans la limite de 6 places par représentation. INFORMATIONS : C-100 M-80 Y-0 B-15 PALAIS GARNIER⁄OPÉRA BASTILLE Tel : 01 40 01 24 60 entreprises@arop-opera.com PALAIS GARNIER⁄OPÉRA BASTILLE Tel : 01 58 18 35 40 / asbach@arop-opera.com mfrancioli@arop-opera.com www.arop-opera.com MÉCÈNE PRINCIPAL DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS VISITES PRIVÉES DES COULISSES L’ENVERS DU DÉCOR L’Arop organise des visites privées des coulisses, par groupe de 30 personnes au plus. Les ateliers de création des costumes de danse du Palais Garnier sont désormais accessibles. Ces visites sont proposées en complément des représentations, ou indépendamment des spectacles. INFORMATIONS : PALAIS GARNIER⁄OPÉRA BASTILLE Tel : 01 40 01 24 60 coulisses@arop-opera.com Renseignements : www.arop-opera.com www.operadeparis.fr MEMBRES ASSOCIÉS ADHRENA AG2R LA MONDIALE AIRBUS DEFENCE AND SPACE ALIX PARTNERS ALLEN & OVERY ALLIANZ ALTAVIA ALTIS AON FRANCE BANQUE NOMURA FRANCE BOTTIN MONDAIN BOUYGUES CÉRÉLIA CNP ASSURANCES COMPAGNIE DE SAINT-GOBAIN CPR ASSET MANAGEMENT DCNS DNCA FINANCE EURAZEO EUROTUNNEL GDF SUEZ ENERGIE SERVICES GECINA GROUPAMA GROUPE CASINO GROUPE MONNOYEUR GROUPE SAFRAN GSEF GTM BÂTIMENT HUAWEI TECHNOLOGIES FRANCE IBM LA FINANCIÈRE RIVE GAUCHE L’ORÉAL NUMERICABLE SFR ORANGE RATP RUNGIS MARCHÉ INTERNATIONAL SCHLUMBERGER BUSINESS CONSULTING SIEMENS STRATEGIES AND CORP TDF TOTAL UNIBAIL-RODAMCO VALEO VINCI WHO’S WHO JEAN LEFEBVRE JEAN SOLANET FIBELAAGE LA CORBEILLE BLEUE LAFARGE LINKLATERS L’OLIVIER TRAITEUR LVMH⁄MOET HENNESSY. 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Chaque nouvelle production, inscrite parmi les soirées de l’Arop, est précédée d’une conférence de présentation. Des conférences thématiques, en lien avec la programmation, vous sont proposées. Des séances de travail, des répétitions d’opéra ou de ballet, des visites privées des coulisses vous sont accessibles. Le journal de l’Opéra national de Paris, En Scène !, dont une page est réservée à l’association, vous est adressé. Vous avez accès librement, chaque jour d’ouverture des visites, aux espaces publics du Palais Garnier et aux expositions de la Bibliothèque-Musée de l’Opéra. Des réceptions annuelles gratuites vous sont proposées exclusivement (Prix lyriques et Prix de la danse). Des rencontres avec les artistes des productions sont organisées à l’occasion de déjeuners et dîners. Tout don versé à l’Arop en faveur de l’Opéra national de Paris ouvre droit à une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 % de son montant, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Si ce plafond est dépassé, l’excédent peut être reporté sur les cinq années suivant le versement. L’Arop, reconnue d’utilité publique, est éligible au dispositif de la loi relative au mécénat, aux legs ou à la transmission temporaire d’usufruit. KRISTEN VAN RIEL, MARIE-THÉRÈSE ROSE, DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS FINANCE DES PROJETS PROPOSÉS PAR L’OPÉRA EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER. L’AROP EST UNE ASSOCIATION À BUT NON LUCRATIF, CRÉÉE EN 1980, RECONNUE D’UTILITÉ PUBLIQUE MEMBRE DE FEDORA LA MISSION DE L’AROP L’Arop rassemble près de 3000 passionnés d’art lyrique et chorégraphique, particuliers et entreprises, qui souhaitent soutenir l’Opéra national de Paris et être associés étroitement à ses activités. Elle organise des manifestations exceptionnelles qui contribuent au prestige de l’Opéra et dont les bénéfices sont destinés à financer les productions, les tournées, les expositions, les publications… En 5 ans, plus de 17 millions d’euros ont été versés par l’Arop à l’Opéra. DE NOMBREUX AVANTAGES UN ACCÈS PRIVILÉGIÉ AUX SPECTACLES L’adhésion à l’Arop permet de profiter des abonnements Arop à composer librement parmi plus de 40 opéras, ballets ou concerts, dans les deux théâtres. Les galas de l’Arop – quatre pour la saison 2014-2015 –, vous sont prioritairement proposés. Pour chaque représentation, vous pouvez profiter des meilleures places facilement et dès le début de la saison, grâce à un service de billetterie personnalisé. Les soirs de spectacle*, vous disposez d’un salon qui vous est réservé, où un bar est à votre disposition à l’entracte. * HORS SOIRÉES D’ABONNEMENT ET DE GALA GRANDS DONATEURS Certains projets de l’Opéra national de Paris nécessitent des financements complémentaires. Pour que ces projets puissent voir le jour, l’Opéra national de Paris souhaite s’attacher le concours de grands donateurs soucieux d’être étroitement associés à la vie des deux théâtres. L’Arop et l’Opéra national de Paris vous permettront de suivre le développement de chaque projet. La mention de votre nom sur différents supports de communication vous sera proposée. PHILIPPINE DE ROTHSCHILD †, JEAN SOLANET, SYLVIE WINCKLER THE AMERICAN FRIENDS OF THE PARIS OPERA & BALLET Organisme créé en 1984 aux États-Unis, ayant pour objectif de réunir des fonds afin de permettre aux artistes américains de venir à l’Opéra national de Paris et aux artistes de l’Opéra de se produire sur AVANTAGE ISF les plus grandes scènes américaines. Si vous souhaitez bénéficier des dispositions fiscales applicables à l’ISF – soit une réduction OLIVIA T. FLATTO Chairman LAURE VIENOT-TRONCHE Executive Director de 75 % du montant du don, dans la limite American Friends of the Paris Opera & Ballet de 50 000 euros par an – vous pouvez adresser 972 Fifth Avenue, New York, NY 10075 vos dons à la Fondation pour le Rayonnement de l’Opéra national de Paris, tel : + 1 212 439 14 26 – fax : + 1 212 439 14 55 www.afpob.org placée sous l’égide de la Fondation de France. Il est aussi possible de bénéficier d’avantages fiscaux à l’étranger, notamment grâce au réseau Transnational Giving Europe. L’Opéra national de Paris et les American Friends of the Paris Opera & Ballet remercient tout particulièrement pour leur soutien : INFORMATION AROP ANNENBERG FOUNDATION, ANNE H. BASS, ASSOCIATION POUR LE RAYONNEMENT LISA AND FRANCISCO BAYOT, MARINA DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS COULOUCOUNDIS, MARY SHARP CRONSON, 8, rue Scribe, 75009 Paris tel : 01 58 18 35 35 / fax : 01 58 18 35 50 arop@arop-opera.com / www.arop-opera.com JEAN-LOUIS BEFFA Président JEAN-YVES KACED Directeur RICHARD CHEVALLIER Directeur Adjoint MARINA DE BRANTES, ELISABETH DE KERGORLAY, OLIVIA AND ADAM FLATTO, GALE FAMILY FOUNDATION, FLORENCE GOULD FOUNDATION, JON AND MINDY GRAY, JEROME ROBBINS FOUNDATION, PHYLLIS JOHNSON, JUDITH HOFFMAN, KINGA AND EDWARD LAMPERT, GRETCHEN AND HOWARD LEACH, ALMUNDENA AND PABLO LEGORRETA, CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’AROP JEAN-LOUIS BEFFA Président AGNES SCHWEITZER Vice-Présidente PHILIPPE PONTET Trésorier JEAN-FRANÇOIS THÉODORE Trésorier Adjoint MARIE-LAURE MINE Secrétaire Générale NOËLIE SCHOENLAUB Secrétaire Générale Adjointe VALÉRIE BERNIS, JACQUES BOUHET, MICHEL DALBERTO, JEAN-FRANÇOIS DUBOS, OLIVIA FLATTO, MARCELINE GANS, ROMAIN GILBERT, CLAUDE JANSSEN, PHILIPPE JOURNO, JEAN-PIERRE LETARTRE, SERENA AND WILLIAM LESE, ROBERT AND MARTHA LIPP, MR. AND MRS. JAMES C. MARLAS, CHARLENE AND TOM MARSH, MICHELE AND STEVE PESNER, EDWARD REILLY, PRICE FOUNDATION, LIONEL AND ARIANE SAUVAGE, PETER JAY SHARP FOUNDATION, DENISE SOBEL, RESA AND HEINRICH SUSSNER, LAURA AND WILLIAM ZECKENDORF LES MEMBRES MÉCÈNES* DE L’AROP Mme Tomoko Abe • M. et Mme Talal Abu-Ghazaleh • Prince Amyn Aga Khan • Dr Georges Alcaraz • Mme Joëlle Allouche • M. et Mme Bruno Angelici • MM. Jérôme et Pascal Ardin-Bonnefille • Mme Eriko Arima • M. Jad Ariss • M. et Mme Pierre Aussure • M. et Mme Gérald Azancot • M. David Azéma • Melle Marie-Noëlle Baccarat • Melle Alina Baikova • Mme Michèle Bailey • M. et Mme Francis Bailly • M. et Mme François Baudu • M. et Mme Ludovic Baumgartner • M. et Mme Jean-Louis Beffa • M. Franck Benel • M. et Mme Farid Bennis • M. Henri Berdin • M. Alain Bergeaud • M. Laurent Bernard • M. et Mme Pierre de Bernardi • Mme Françoise Bessout • Mme Christine Binant • M. Etienne Binant • Mme Karolina Blaberg • M. et Mme François Blanchet • M. Gilbert Bléas • M. Radu Blidar • M. Thierry Bodin • Mme Laurewnce Bodnia-Borot • M. Jean Bonna • Mademoiselle Anouk Botbol• M. et Mme Jacques Bouhet • M. Jean-Noël Bouillon • M. Fabien Boulakia • M. Pierre Boulet • M. et Mme Jean Bouquot • M. et Mme Bernard Bourdier • Mme Jeanine Boureau • M. Jean-Pierre de Boutselis • Mme Henri Bouvatier • M. et Mme Miguel de Bragança • Comtesse Cristiana Brandolini d’Adda • M. et Mme Leonello Brandolini d’Adda • Comte et Comtesse Guy de Brantes • M. Alain Bréau • M. Sébastien Breteau • M. Olivier Bricard • M. Arnaud Brillois • M. et Mme Eric Brindejont • M. et Mme William G. Brown • Mme Isabelle Bugat • M. et Mme Jean Burelle • M. Jacques Cagna • M. et Mme Harold Campbell-Pretty • M. et Mme Cyril Capliez • M. Emmanuel Caquet • Mme Florence Carlac • M. Peter Carman • M. Serge Carreira • M. et Mme Robert Carroll • M. et Mme Alexandre Catoire • M. et Mme François Cézard • M. François-Xavier Chauchat • M. et Mme David Chijner • Monsieur Philippe de Cholet • M. et Mme Claude Chouraqui • M. Philippe-Marie Christophe • M. Jaromir Cisar • M. et Mme François-Xavier Clédat • M. et Mme Jean-Claude Clément • M. et Mme Léon Cligman • M. Alexandre Col • Mme Jehanne Collard • M. et Mme Conseiller • Melle Cristina Constandache • M. Jérôme Cosif • M. Guillaume Cuby • M. Lazaro Cuervo Costa • M. Jean-Marc Daillance • M. Claude Dauby • M. et Mme Edward Daughney • M. Ian Davis • M. et Mme Matthieu Debost • Mme Maha Safadi Debs • M. Xavier Delabranche • Mme Élisabeth Delacarte • M. Marc Deren • M. Philippe Derouin • M. Ange Diaz • M. et Mme Laurent Diot • M. et Mme Etienne Dreyfous • Monsieur et Madame Stéphane Droulers • M. Jean-François Dubos • Mme Sirane Ducasse • M. Xavier Dulin • M. et Mme Jean-Pierre Duprieu • M. et Mme Philippe-Henri Dutheil • M. et Mme Bechara El Khoury • Mme Valérie Esnault • Mme Evelyne Estienne • M. et Mme Jean-Marie Eveillard • M. et Mme Laurent Faugérolas • M. et Mme Karolos Fix • M. Frédéric Fontan • M. et Mme Charles Foussard • M. et Mme Patrick Fréchet • M. Pierre Gadonneix • M. et Mme Barden N. Gale • Mme Huguette Galland • M. Philippe Galland • M. Jacques Garaïalde • M. et Mme Bernard Gault • M. et Mme Olivier Gayno • M. et Mme Armando Geday • M. Thomas Gelber • Mme Anne de Geoffroy • M. et Mme Jean-Claude Georges François • M. Fabien Gerbron • M. Cyril Germain • M. Michel Germain • M. Arnaud de Giovanni • M. Jean-Jacques Giraud Derouet • M. et Mme Jean-François Giroudon • Mme Amélie Glissant • Mme Jill Gomme • M. Sébastien Grandin • M. et Mme Serge Gravel • Mme Sophie Grusq-Chouraqui • M. et Mme Daniel Guerlain • M. Hubert Guerrand-Hermès • Baron et Baronne Jean de Gunzburg • M. Georges Harang • Mme Simone Harari • M. Martin Hauser • M. et Mme François Hazart-Ferté • M. et Mme Marc Henry • M. et Mme Pierre Henry • M. et Mme Henry Hermand • Mme Isabelle Hérouard • M. André Hoffmann • M. Francis Holder et Mme Pia de Brantes • M. et Mme Alain Honnart • M. François Jacquemard • M. et Mme Claude Janssen • M. Daniel Jarmai • M. Vincent Jarrige • M. et Mme Pierre-Antoine Joly • M. et Mme Philippe Journo • M. William Kadouch-Chassaing • M. et Mme Raphaël Kanza • M. Noel J. Kavanagh • Mme Choghakate Kazarian • M. et Mme Pascal Koerfer • M. Francis Kurkdjian • M. et Mme Vincent de La Bachelerie • M. et Mme Jean-Louis Laflute • M. Jean-Claude Langain • M. Alain Languillon • M. Francis Laudette • M. le Préfet et Mme Raymond-François Le Bris • Mme Marguerite Lebuchoux-Sagot • M. et Mme Alexandre Le Fur • Mme Brigitte Lemercier • Madame Marion Lesage • M. Didier Lestienne • M. et Mme Chahine Letayf • M. Jean-Claude Lévèque • M. Michel Levy • M. et Mme André Levy-Lang • Mme Nadia Machaira • M. Philippe Maffre • M. Stéphane Magnan • Dr David Maladry • M. William J. Mansfield • Mme Irène Marce • M. Jean-Pierre Marcie-Rivière • M. Jean-Baptiste Massignon • M. et Mme Ivan Maymard • Melle Lizy Maymard • M. et Mme Jean-Yves Mazon • Mme Valérie Meeus • M. et Mme Christian Mégrelis • M. Jacques Merceron-Vicat • Dr Léone Noëlle Meyer • Mme Nada Mikati • M. et Mme Dominique Mine • M. et Mme Bernard Monassier • M. et Mme Gianmarco Monsellato • M. Bertrand Montembault • M. et Mme Pierre-André Morand • M. Emmanuel Moret • M. et Mme Michel Moscovici • M. Raphaël Mucci • M. et Mme Didier Negiar • Duc et Duchesse de Noailles • M. et Mme Claude Nordman • M. et Mme Pierre Nussbaumer • M. Gen Oba • M. et Mme Bernard Oppetit • M. et Mme Jean-Marc Oury • Mme Annick Paget • M. Joel Palix • M. et Mme Guillaume di Paolantonio • Mme Jacques Parisot • Mme Chantal Peraudeau • M. Alain-Charles Perrot • M. et Mme André Petitcol • M. Guillaume Petitot-Bellavene • M. et Mme Bernard Pierrelle • M. Antoine Piot • Mme Dominique Plassart • M. Richard Plaza • M. Éric Poiret • M. et Mme Philippe Pontet • M. et Mme Michel Pradel • M. Yvan Pringuet • M. Olivier Purcell • Mme Vanessa Quang • Dr Hervé Raspaldo • M. et Mme Jean-Pierre Raynal • Mme Laurence Reboul • M. Nicolas Ricat • M. Bruno Richard • M. Olivier Richard • M. Kristen van Riel • M. Jean-Charles Riffaud • M. et Mme Charles Burt Riley • M. Georges Rocchietta • M. et Mme Florentin Roche • M. Bruno Roger • Marquis et Marquise de Rosanbo • Mme Lydie Roudil • M. Pierre Rouy • M. et Mme Charles Ruggieri • M. et Mme Bernard Ruiz-Picasso • M. Amaury Saint Olive • M. et Mme Raoul Salomon • M. Bruno Sanchez-Dumont • M. Julien Schoenlaub • Mme Noëlie Schoenlaub • M. et Mme Louis Schweitzer • M. Jacques Sereys • M. et Mme Philippe Sereys de Rothschild • M. Léon Seroussi •Dr. et Mme Jean-Philippe Seta • M. Guillaume de Seynes • M. et Mme Carl Siebel • M. et Mme Peter Silverman • M. Pavel Smutny • M. Dustin Sobie • M. et Mme Jean Solanet • M. Thierry Sueur et Mme Béatrice Thomas • M. et Mme Marc Sulitzer • M. Yassin Talhouni • M. Pascal Tallon • M. et Mme Vincent Tanneur • Melle Caroline Templeton • M. et Mme Jean-François Théodore • M. Eric Thiébaut • M. et Mme Xavier Thieblin • M. Jean Topin • M. et Mme William Torchiana • Mme Anne Troalen • Mme Melissa Ulfane • M. et Mme Christian Val • M. Jean-Pierre Valeriola • M. et Mme Renaud Vanuxem • M. et Mme Jean-Pierre Varon • M. Vincent Verjus • M. François-Xavier Villemin • M. Philippe Villin • M. Thomas Voisin • M. et Mme Hervé de Vriendt • M. Scott Weldon • Mme Karin Wiig • Melle Caroline Willemetz • M. Christopher Wiltberger • Tom Wiltberger • Baron Guy de Wouters • M. et Mme Tayeb Zahzah • M. et Mme Jean-Marc Zampa *UN CERTAIN NOMBRE DE NOS MEMBRES DEMANDENT À RESTER ANONYMES. LISTE À JOUR AU 7 NOVEMBRE 2014 Équilibre * www.ey.com/fr LES AVANT-PREMIÈRES Le privilège de la jeunesse a un prix auprès de l’Opéra de Paris en qualité de Mécène principal. S’engager dans la Cité, c’est une des contributions d’EY pour participer à l’équilibre de la société dans son ensemble. Que ce soit en favorisant l’accès à la culture, en préservant le savoir-faire des « métiers de la main», mais aussi en favorisant le développement économique et l’emploi en France. Ainsi, EY agit avec toutes ses parties prenantes pour construire un monde plus équilibré. Les AvAnt-premières bénéficient du soutien exceptionneL de LA fondAtion bnp pAribAs Photo Lucie & Simon SAISON 15 / 16 : 13 SPECTACLES EN AVANT-PREMIÈRE À 10 € POUR LES MOINS DE 28 ANS Marie-Agnès Gillot, Danseuse Etoile du Ballet de l’Opéra national de Paris © 2014 Ernst & Young et Associés - Tous droits réservés - Crédit photo : Sébastien Mathé - Création : aropetvous.com - 1407SG015 *Depuis 2002, EY est engagé Publication de l’Opéra national de Paris STÉPHANE LISSNER, directeur Direction de la dramaturgie, des éditions et de la communication CHRISTIAN LONGCHAMP, directeur Chef du service des éditions INÈS PIOVESAN Rédaction et réalisation SIMON HATAB assisté de FABIENNE RENAUD et de CATHERINE PLICHON (iconographie) COUVERTURE : VUE PARTIELLE DE L’ABBAYE DE GLASTONBURY DANS LA BRUME © AKG-IMAGES / ERICH LESSING L’abbaye de Glastonbury (fondée au 7e siècle ; agrandie au 10e siècle ; en grande partie détruite par un incendie en 1184 ; dit être l’île légendaire d’Avalon, lieu du dernier repos du roi Arthur). Conception et réalisation graphique ATALANTE, PARIS Traductions : THOMAS AND NEEL P. 18 À 21 Impression STIPA, MONTREUIL Régie publicitaire MAZARINE CULTURE 2, SQUARE VILLARET DE JOYEUSE, 75017 PARIS TÉL. 01 58 05 49 00 – FAX 01 58 05 49 37 WWW.MAZARINE.COM Licence E.S. : 1- 1075037, 1- 1075038, 2- 1075039, 3- 1075040 © Opéra national de Paris 2015