Mise en page 1 - Matin Equatorial

Transcription

Mise en page 1 - Matin Equatorial
MAtin
Ona Ondo échappe
à
un
guet-apens
S
N°70 du 27 Mai 2015
500F CFA
EquAtoriAl
Journal d’information et d’analyses. www.matinequatorial.com / matinequatorial@gmail.com. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
Les dessous d’un 12 mars à Oyem
ans doute, Daniel Ona Ondo
ne sait pas à quoi il a
échappé, lors de sa dernière
tournée à Oyem. Les jeunes de la
ville, très remontés contre le
Premier ministre qui a eu la
mauvaise inspiration de venir
organiser des réjouissances
alors que le Woleu-Ntem portait
encore le deuil d’André Mba
Obame, l’attendaient de pied
ferme pour lui administrer une
correction mémorable. Informées de l’arrivée du chef du gouvernement pour la célébration
de l’anniversaire en différé du
PDG, des hordes de jeunes se
sont organisées en conséquence.
Une véritable mobilisation
comme sait le faire Nkum’Ekiègn
en pareille circonstance. Difficile
de savoir si ces jeunes devaient
passer à l’action dès la descente
d’avion d’Ona Ondo, à EwotMekok, ou s’ils attendaient sa
présence à la Maison du parti
pour agir. Toujours est-il que,
Ngounié/An 47 du PDG
sur les conseils des sages de la leur idole, venait tout juste d’être
ville, les jeunes ont été amenés à mis en terre et le PDG était déjà
surseoir à l’opération.
en fête.
Lire en pg.2
Leur colère tenait au fait qu’Amo,
Présidentielle 2016
Les associations sonnentelles le glas pour le PDG ?
Comptes et mécomptes d’un 12-Mars tumultueux
A
près deux mois de manifestations marquant la célébration en différé du 47ème
anniversaire du Parti démocratique gabonais dans la province de la Ngounié, l’heure du
bilan a sonné pour les bons et les mauvais semeurs. Lancée le 28 mars à Fougamou, la célébration en différé du 47ème anniversaire du
Parti démocratique gabonais (PDG) dans la
Ngounié, au sud du Gabon, a connu son apoLire en pg.5
théose dimanche 24 mai à Ndendé.
A
deux ans de l’élection présidentielle,
l’on assiste à une
floraison des mouvements associatifs dédiés
au soutien d’Ali Bongo
Ondimba, le candidat
naturel du parti au pouvoir depuis sa création il
y a 47 ans. Ces associations portées par des
proches et fidèles du
président de la République ont vu le jour
pour constituer une alternative au plus vieux
parti gabonais. Mais l’expérience du passé commande une certaine
réserve. La sortie ce
week-end dans la zone
sud de Libreville, après
avoir écumé celle de Bikélé juste une semaine
avant, du Mouvement
gabonais pour Ali Bongo
(Mogabo), avec à la manœuvre des proches du
chef de l’Etat et des
membres du gouvernement Ona Ondo, n’a sans
doute laissé personne
indifférent, du moins les
politiques de tous bords,
et particulièrement ceux
du parti au pouvoir.
Cette montée en première ligne de l’entourage du président de la
République, et surtout
de quelques membres
du gouvernement qu’on
attendait certainement
ailleurs qu’à pareil endroit et à pareille fête
pour expliquer et défendre la politique de
l’émergence, loin de
nous déplaire ou de
nous contrarier, nous
conforte plutôt dans
cette position. Lire en pg.3
2 Politique
MAtin
EquAtoriAl
12-Mars en différé à Oyem
Daniel Ona Ondo l’a échappé belle!
Alors que tout le monde
préconisait le report,
voire l’annulation des
festivités en différé des
47 ans PDG à Oyem, le
Premier ministre s’est
entêté et a été à deux
doigts d’être molesté
par les jeunes de la ville.
S
Vincent Eyi
ans doute, Daniel Ona
Ondo ne sait pas à quoi
il a échappé, lors de sa
dernière tournée à Oyem. Les
jeunes de la ville, très remontés contre le Premier ministre qui a eu la mauvaise
inspiration de venir organiser des réjouissances alors
que le Woleu-Ntem portait
encore le deuil d’André Mba
Obame, l’attendaient de pied
ferme pour lui administrer
une correction mémorable.
Informées de l’arrivée du
chef du gouvernement pour
la célébration de l’anniversaire en différé du PDG, des
hordes de jeunes se sont organisées en conséquence.
Une véritable mobilisation
comme
sait
le
faire
Nkum’Ekiègn en pareille circonstance. Difficile de savoir
si ces jeunes devaient passer
à l’action dès la descente
d’avion d’Ona Ondo, à EwotMekok, ou s’ils attendaient sa
présence à la Maison du parti
pour agir. Toujours est-il que,
sur les conseils des sages de
la ville, les jeunes ont été
amenés à surseoir à l’opération.
Leur colère tenait au fait
qu’Amo, leur idole, venait
tout juste d’être mis en terre
et le PDG était déjà en fête. A
Oyem, il se chuchotait que les
populations exigeaient de
Daniel Ondo Ondo qu’il annule tout simplement ces festivités par décence. La
douleur était encore trop vive
pour se permettre ce qui
s’apparentait à de la provocation.
Lors des concertations à Libreville, par deux fois, certains caciques du PDG de la
province, à l’instar de Christiane Bitougat, Eboué ou
Owono Nguéma, avaient
conseillé prudence, préconisé au pire une annulation et
au mieux un report de ces
festivités en différé. Pour eux,
la tension suscitée par les obsèques d’AMO était encore
vive pour que se tienne une
célébration.
N’écoutant que la voix de ses
motivations personnelles, le
Premier ministre a décidé,
quel que soit le prix à payer,
d’organiser ces réjouissances. Si les jeunes en colère
n’avaient été contenus, Bill
Dany aurait sans doute accusé l’opposition de les avoir
intrumentalisés. A bien y regarder, le comportement de
Bill Dany s’apparente à celui
d’un opposant viscéral à l’action d’Ali Bongo. L’autre jour,
pour justifier la célébration
en différé des quarante-sept
ans du PDG, il a mis en avant
le fait que « les autres nous
observaient ». Et donc, qu’il
ne redoutait que les qu’endira-t-on, et rien d’autre. Une
attitude à la Ponce Pilate. Histoire de dire : « J’ai fait ma
part de travail ».
Mais Oyem a toujours été un
fief difficile pour le pouvoir.
Ona Ondo, qui le sait pourtant, refuse de marcher sur
les œufs et fait tout pour braquer les populations qu’il
s’est pourtant juré de ramener à Ali en 2016. Et plus il
reste à la Primature, plus cet
objectif s’éloigne par sa faute.
Il avait si bien bluffé le chef
de l’Etat que celui-ci en avait
fait « sa perle rare ».
Dans le Grand-Nord, on riait
sous cape, persuadé qu’Ali
Bongo Ondimba n’avait pas
forcément misé sur le bon
cheval. Etant donné que Bill
Dany ne ménage même plus
ses critiques vis-à-vis de son
chef, le ménage a de fortes
chances de voler en éclats.
Avec Ona Ondo, on ne se rend
compte du danger que le nez
dessus. Après l’euphorie de la miliation à laquelle il vient
nomination, voici venue d’échapper n’aurait été que la
l’heure de la désillusion. L’hu- suite logique d’une série de
maladresses auxquelles aura
du mal à survivre son gouvernement.n
Ogooué-Ivindo/Présidentielle 2016
La Lopé va voter Ali Bongo Ondimba
Lors de cette échéance, ce département entend manifester plus qu’en 2009 son soutien au candidat du parti
au pouvoir.
S
Alberic Ngombet
auf coup de théâtre, les
jeux semblent faits
pour l’élection présidentielle de 2016. Le défi
consisterait seulement pour
le département de la Lopé à
confirmer ou plutôt à améliorer sa performance de
2009 en faveur du candidat
du PDG. D’ailleurs tous les
quatre sénateurs et députés
sont issus du parti au pouvoir. De plus, en dépit d’une
certaine agitation observée
lors des locales de 2013,
c’est l’un des rares départe-
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
ments de l’Ogooué-Ivindo à
avoir obtenu 100% d’élus
pour le compte du PDG dans
une liste conduite par Rigobert Ikambouayat-Ndéka.
L’on se plaint à souligner
que les querelles interpersonnelles observées ici ou là
ne sont pas de nature à fragiliser la santé du parti dans
le département. Qui tire sa
force de la capacité de ses
élites à trouver des compromis lorsqu’il s’agit de préserver l’essentiel.
Ainsi, le partage des postes
politico-administratifs apparait comme une règle
bien respectée. Le général
Raphael Mamiaka, lors de
son règne, a réussi à fédérer
tous les cadres qu’il plaçait
à des postes de responsabilité. ‘’ Nous avons réussi à
faire appliquer la politique
du partage zonal et ethnolinguistique des postes politiques’’, corrobore un cadre
qui précise que toutes les
communautés sont représentées dans les sphères de
décision. Autre atout, la nomination d’un jeune ministre, Guy Maixant Mamiaka,
qui suscite déjà l’admiration
de la jeunesse boouesienne.
Mais n’est pas rose dans ce
département où certains
élus nationaux s’illustrent
très souvent par leur absence lors des manifestations, comme la célébration
en différé du 12-Mars. Hormis la menace que font planer des fauves sur l’homme
dans le district de Mokeko,
les problèmes d’eau, d’électricité, de santé et d’éducation constituent
une
préoccupation
majeure
pour les autorités de Booué
et du district de Mokeko. Ce
qui, pour autant, de douche
pas l’ardeur militante en faveur du PDG.n
Politique 3
MAtin
EquAtoriAl
Présidentielle 2016
Les associations sonnent-elles
le glas pour le PDG ?
A deux ans de l’élection présidentielle, l’on assiste à une floraison des mouvements
associatifs dédiés au soutien d’Ali Bongo Ondimba, le candidat naturel du parti
au pouvoir depuis sa création il y a 47 ans. Ces associations portées par des
proches et fidèles du président de la République ont vu le jour pour constituer une
alternative au plus vieux parti gabonais. Mais l’expérience du passé commande
une certaine réserve.
Jacques Okeng’
L
a sortie ce week-end
dans la zone sud de Libreville, après avoir
écumé celle de Bikélé juste
une semaine avant, du Mouvement gabonais pour Ali
Bongo (Mogabo), avec à la
manœuvre des proches du
chef de l’Etat et des membres
du gouvernement Ona Ondo,
n’a sans doute laissé personne indifférent, du moins
les politiques de tous bords,
et particulièrement ceux du
parti au pouvoir.
Cette montée en première
ligne de l’entourage du président de la République, et surtout de quelques membres du
gouvernement qu’on attendait certainement ailleurs
qu’à pareil endroit et à pareille fête pour expliquer et
défendre la politique de
l’émergence, loin de nous déplaire ou de nous contrarier,
nous conforte plutôt dans
cette position.
Tout comme nous n’osons
croire, au regard de la mobilisation et du renfort financier et médiatique déployés
à chaque sortie, que le pays
est déjà en campagne, même
si cela en donne l’air. Ce serait
mettre la charrue avant les
bœufs. Il faut encore du
temps, tout comme il importe
au préalable de lever bien des
obstacles qui jonchent le chemin menant vers des élections apaisées, malgré la
contestation qui les a toujours émaillées depuis le retour du Gabon au pluralisme
politique. Heureusement que
de ce point de vue, notre pays
est logé à meilleure enseigne
que d’autres pays africains.
Depuis l’ère du parti unique
triomphant, le mouvement
associatif est resté l’apanage
de quelques hommes politiques ayant décidé d’en faire
des tribunes privées. Une manière pour eux d’échapper à
un certain encadrement des
partis politiques, aussi bien
Dissolution à hauts risques
Alberic Ngombet
A
moins de deux ans de
la
présidentielle,
alors que certains
souhaitent le report de cette
échéance pour une meilleure préparation et que
d’autres occupent déjà le
terrain comme si la campagne avait commencé, s’il
est une réalité qui saute aux
yeux de nombre d’observateurs et analystes politiques, c’est que le Parti
démocratique
gabonais
dans sa configuration nationale reste et restera le
meilleur atout de tout candidat du pouvoir.
Le dissoudre actuellement
serait donc courir le risque
de se déconnecter d’une
machine conçue pour gagner les élections, quels que
soient la forme et les
moyens. Un atout dont ne
peut disposer en moins de
deux ans une structure associative, voire une nouvelle
formation politique, même
née sur les cendres du PDG.
D’après certains milieux
bien informés, les vieux dignitaires qui estiment que
le PDG est leur « affaire »,
ne se sont jamais privés
d’inviter les « émergents » à
construire leur propre chapelle et de laisser leur « machin ». « On va voir ce qu’on
va voir », fulminent-ils.
Ce discours, qui sonne
comme une rébellion ouverte, est-il celui en cours à
l’Assemblée nationale où Ali
Bongo Ondimba est aujourd’hui dans le viseur de
nombre de députés victimes
de cette rupture depuis octobre 2009, qui ont décidé
de se faire entendre et de se
faire respecter?n
de la majorité que de l’opposition. Jamais le mouvement
associatif n’aura été au cœur
du débat politique que depuis l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba au pouvoir.
Le phénomène tend même à
prendre de l’ampleur, depuis
que des chuchotements sur
une éventuelle dissolution du
Parti démocratique gabonais,
la plus vieille formation politique du pays créée par Omar
Bongo Ondimba il y a aujourd’hui 47ans, et toujours
au pouvoir, se font entendre
jusque dans les cercles les
plus proches du pouvoir.
Selon certaines indiscrétions,
une fois Ali Bongo Ondimba
élu en 2009 au terme d’une
élection présidentielle anticipée et certainement la plus
mouvementée qu’ait connue
le pays depuis les indépendances, et au regard du
schisme qui va secouer le
parti au pouvoir suite à l’investiture d’Ali Bongo Ondimba, nombreux sont des
spécialistes et observateurs
de la vie politique du Gabon
qui vont appeler le nouvel
homme fort du pays à dissoudre dans la foulée le PDG.
Et pour cause : non seulement Ali Bongo Ondimba qui
nourrit une nouvelle vision
pour le Gabon dispose d’un
agenda qui ne cadre pas forcément avec la ligne du parti
qui l’a porté au pinacle, mais
en plus la politique de rupture prônée par la nouvelle
équipe ayant pris les rênes du
pays risque de ne pas emporter l’adhésion de la vieille
garde. Celle-ci, constituée
d’hommes ayant fait main
basse sur le pays pendant des
décennies, n’est restée dans
Les limites de la nouvelle
trouvaille
Alberic Ngombet
L
’Histoire, qui ne se répètera peut-être pas
en 2016, voudrait que
malgré l’engouement actuel, qu’on se souvienne de
l’expérience vécue par le
comité national de campagne d’Ali Bongo Ondimba
en 2009, à propos justement de l’apport réel des associations en période
électorale.
De sources concordantes, si
le candidat Ali Bongo ne
s’était appuyé uniquement
que sur les associations pilotées au sein de la coordination par un certain
Maechel Moussa Adamou
Ngarba, il ne serait pas aujourd’hui locataire du pa-
lais du Bord de mer. On en
dénombrait pourtant plus
de deux cent, et leur QG
basé à Glass à Libreville
avec des démembrements
au niveau de certaines provinces ressemblait à une véritable ruche de jour
comme de nuit. Résultat des
courses : le jour du vote, on
les comptait sur les doigts
d’une main.
Les proches du chef de l’Etat
ont certainement tiré toutes
les leçons de cette expérience dans la perspective
de 2016. Non seulement en
structurant leurs associations, mais aussi en assurant la formation et
l’éducation
nécessaires
pour éviter pareille déconvenue.n
les rangs que pour préserver
ses positions et ses acquis.
En effet, ces tout puissants
«roitelets » et leurs démembrements, en dehors des institutions placées sous leur
contrôle, étendent leur hégémonie sur chaque gouvernement mis en place par Omar
Bongo Ondimba, ainsi que
dans la haute administration,
voire dans les rouages du
parti au pouvoir, qu’ils dirigent par personnes interposées.
Le pays est alors mis en
coupes réglées, le débat interne est plombé, les frustrations s’accumulent. Le rejet
de l’autre et le repli identitaire, modes d’expression
jusque-là latents, se cristallisent pendant la présidentielle
de 2009. Un héritage qu’Ali
Bongo Ondimba, candidat du
PDG, aura non seulement la
charge d’assumer, mais surtout de défendre dans un
contexte pratiquement de
guerre civile qui ne dit pas
encore son nom.
Six ans après, Ali Bongo Ondimba n’a toujours pas dissout le Parti démocratique
gabonais, qui va connaître en
2013 un autre schisme, celui
du congrès d’avril de cette
année qui voit les émergents
se lancer à l’assaut de la citadelle, pourtant prenable,
mais qui ne cède pas. Les dignitaires de l’ancien régime
ont décidé de résister, et de
rendre coup pour coup en regagnant les rangs de l’opposition pour les plus courageux
ou alors de pourrir le pouvoir
de l’intérieur pour d’autres.
Pour contourner l’obstacle,
certains proches du chef de
l’Etat ont-ils finalement décidé de mobiliser autrement
en passant par le mouvement
associatif? Il semble que c’est
le cas.n
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
4 Politique
MAtin
EquAtoriAl
Chronique politique
Rien de nouveau !
L
’information, est de manière caricaturale définie
comme ce qui est nouveau.
Donc pas connu ou partagé par
le commun des mortels. Les plus
vicieux des enseignants du journalisme vous diront que c’est qui
« dérange », tout en présentant
un journal, en ce qui concerne la
presse écrite, comme « un tissu
de mauvaises nouvelles ». D’où
certainement la dangerosité de
la profession de « journaliste »,
dans le monde et la méfiance observée à l’endroit des hommes
et des femmes qui l’exercent,
perçu dans certains milieux
comme des « espions ».
Dans cette optique, nous
sommes toujours à rechercher
dans les dernières révélations de
notre confrère « Mediapart », à
propos des écoutes téléphoniques dont seraient victimes les
chefs d’Etat africains de la part
des services de renseignements
de l’ancienne puissance colonisatrice- la France pour ne pas la
citer- où est en réalité l’information, même si à la lecture de la
charge, des zones troubles demeurent quant à l’objectif de
cette nouvelle torpille.
Loin de nous la volonté de défendre ou de prendre fait et cause
pour les deux chefs d’Etat épinglés, qui disposent de suffisamment d’argument et d’atouts
pour le faire. Nous notons plutôt
le coté mesquin d’une pratique
en cours et de longue date, qui a
toujours fait hérisser la crinière
de bien des dirigeants occidentaux, spécialistes en la matière,
quand ils en sont eux-mêmes
victimes.
Nous n’entendons non plus cautionner les agissements et autres comportements blâmables
de certains de nos dirigeants qui
en font régulièrement les frais, ce
qui n’est pas nouveau, mais soulignons qu’en Afrique, et en la
matière, notamment de somptueux cadeaux en reconnaissance ou en échange de services
rendus, c’est plutôt du déjà vu et
entendu. C’est pratiquement inscrit dans les us et coutumes de
notre éducation.
Les révélations de « Mediapart»,
au centre du « Kongossa » dans
les chaumières de Libreville et
certainement de Bamako, ne
sont donc pas à notre connaissance un scoop, et ne devraient
donc surprendre personne. Du
moins les plus avertis. L’histoire,
nous enseigne en effet que nos
dirigeants, même régulièrement
élus, ont toujours besoin, une fois
installés, de l’onction et du soutien multiforme des anciens
«maîtres », parfois des « esclavagistes », qui jettent leur dévolu
sur leur personne. Ils sont par la
suite tenus en laisse, sous bonne
escorte, bonne garde et en surveillance permanente.
En un mot, leurs fait et gestes
sont analysés par de multiples et
complexes réseaux tissés à l’extérieur comme à l’intérieur des
palais, et les « déchets», entendez
par là, leurs bouffonneries et autres comportements de «nègres», livrés aux réseaux,
notamment les médias occidentaux, à l’exemple de Mediapart,
qui se chargent du sale boulot
:leur diffusion pour amplification
maximale si possible.
Nous en aurions fait un drame au
Gabon, si Ibrahim Boubacar
Keita le président malien, ami de
la France, comme Ali Bongo du
Gabon, dans le viseur des services spéciaux français à travers
ces écoutes, en étaient les premières, ou les dernières victimes.
Encore que les faits rapportés relèvent du genre bon pour les romans du type «Le vieux nègre et
la médaille», de Ferdinand
Oyono. Donc des breloques, juste
pour distraire les non-initiés.
C’est dommage. Voire dégoûtant
d’en parler, et surtout d’en noircir
des pages, pour rien, comme on
dirait au quartier. Surtout qu’en
matière de ballade en « Yacht »,
et des costumes chez « Cifonelli »,
tout comme des « lunettes » au
frais du prince, nous n’avons de
leçon à ne recevoir de personne.
Tout comme des balades nocturnes en scooter.
Pour faire plus sérieux et déplorer ce manque de considération,
de courtoisie et de respect mutuel, en direction de nos chefs
d’Etat, on se souviendra simplement qu’il y a quelques mois, et
pas curieusement sous les tropiques, une sombre histoire analogue, donc d’espionnage et
d’écoute téléphonique de la part
des Etats-Unis, et touchant
jusqu’à la toute-puissante chancelière allemande, Angela
Meckel, défraya la chronique en
Europe.
On n’en parle peut-être plus,
mais les faits sont toujours là, et
toujours têtus. Et là, nous faisions
face à une information qui a mis
le monde en ébullition et mis à
mal les relations entre, l’Europe,
la victime, et les Etats-Unis l’accusé, pour ne pas dire le coupable du délit.
L’affaire, une fois mise à nue, et
l’étendue d’un scandale aussi
ignominieux et d’un banditisme
aussi primaire mesurée, en matière de relations diplomatiques
et de tout ce que cela entoure,
elle choqua plus d’un dirigeant
des pays pourtant dit développés, des dirigeants civilisés et
modèles. Des gens fréquentables.
La crainte de la divulgation du
contenu des conversations, parfois explosives entre « grands »,
entraîna une vague de protestations quasi unanime, et les Etats
Unis furent placés au banc des
accusés pour banditisme « sauvage» « inacceptable». De chercher par «voyeurisme» primaire,
à surveiller jusqu’aux vieilles
dames sous leur moustiquaire.
Mais ce qui fâcha le plus et inquiéta tout le monde civilisé,
c’était surtout de« savoir » les
américains en possession du
contenu de leurs conversations
de toute nature à travers le
monde en fouillant par exemple
leur téléphone portable.
Barak Obama, pris en étau et
pour se dédouaner, fit alors profil bas. Il s’ excusa, tout en se réfugiant derrière une prétendue
méprise des services spéciaux de
son puissant système d’espionnage, qui s’est toujours « tout
permis » dans le monde en dépit
de la fin de la guerre froide.
Que pouvons-nous attendre de
la France après cette nouvelle
méprise de ses services spéciaux
? Rien, et rien du tout. Alors circulez, il n’y a rien de nouveau à
voir à lire ou à entendre.n
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
12-Mars en différé à Makokou et Ntang-Louli
La subvention du PDG
divise les militants
La célébration du 47ème anniversaire du PDG à Makokou le 9 mai a étalé les ratés de
l’organisation, la démobilisation des femmes et une mauvaise gestion de l’argent débloqué par le parti.
Alberic Ngombet
C
’était prévisible. Comme
d’aucuns le craignaient,
la bouderie des femmes
du PDG a donné lieu à une
faible mobilisation lors de la
célébration en différé des 47
ans du parti au pouvoir à Makokou. Conséquence : la visite
des
fédérations
communales prévue par Emmanuel
Issoze-Ngondet,
membre du comité permanent du bureau politique, afin
de mieux appréhender les
difficultés qu’éprouvent les
représentants locaux du
parti, n’a plus eu lieu. D’après
des indiscrétions, par cette
démobilisation ces militantes
voulaient exprimer leur refus
de servir de moutons de panurge.
Le canton Ntang-Louli, plus
précisément le village Tsibelong, situé à 11 Km de Makokou, a vécu une réalité
similaire. La manifestation
aurait connu un succès populaire si Marthe Nkemeyong,
membre du bureau politique
ironiquement appelée ‘’Mme
malaise’’, n’avait tenté de faire
main basse sur l’argent débloqué par le parti pour organiser ces réjouissances entre
camarades.
D’après des témoignages,
l’utilisation de la subvention
du parti a privilégié la location de son véhicule, le paiement de ses frais d’hôtel ainsi
que ses virées durant son sé-
jour à Makokou. Alors que les
membres du Conseil national,
du Comité central, les militants
et sympathisants des fédérations A et B du canton NtangLouli avaient choisi de se
retrouver massivement à Tsibelong, le membre du bureau politique a plutôt trouvé le moyen
de se mettre à dos tous ceux qui
croient encore au PDG dans ce
canton réputé frondeur.
En cause, une mauvaise gestion
des fonds. L’argent aurait été
distribué aux seuls responsables
des sections tandis que de nombreux militants, arrivés sur les
lieux de la manifestation dès les
premières heures de la journée,
n’ont même pas eu droit à une
simple collation. Du coup, d’aucuns s’étonnent de l’obstination
du parti à imposer des per-
sonnes ne jouissant pas d’une
moralité au-dessus de tout soupçon.
En effet, il se raconte que le
membre du bureau politique,
ignorant le pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, a promis
un poste de ministre délégué à
certains cadres du canton. De
plus, rappelle-t-on, originaire du
quartier Ekowong et n’ayant pas
d’assise dans le canton NtangLouli, Marthe Nkemeyong continue de se comporter comme à
l’époque de l’ancien PDG. Toute
chose qui pourrait davantage
jeter les populations dans les
bras de l’opposition, surtout que
les cadres de Biameme et du
canton Ntang-Louli se plaignent
de ne pas bénéficier de promotions dans la haute administration.n
Politique 5
MAtin
EquAtoriAl
Ngounié/An 47 du PDG
Comptes et mécomptes d’un
12-Mars tumultueux
Après deux mois de manifestations marquant la
célébration en différé du 47ème anniversaire du
Parti démocratique gabonais dans la province
de la Ngounié, l’heure du bilan a sonné pour les
bons et les mauvais semeurs.
Mo’Mabike
L
ancée le 28 mars à Fougamou, la célébration
en différé du 47ème anniversaire du Parti démocratique gabonais (PDG) dans
la Ngounié, au sud du
Gabon, a connu son apothéose dimanche 24 mai à
Ndendé. Ces deux mois ont
donné l’occasion à la base
du PDG de communier avec
ses hiérarques originaires
de cette province. Mais ces
deux mois de festivités ont
davantage permis de jauger
la capacité de mobilisation
des porte-étendards de la
politique offensive d’Ali
Bongo Ondimba dans cette
partie du Grand Sud du
pays.
Si les directives du parti et
ses valeurs ont été appliquées et portées plus haut
par le membre du Comité
permanent du bureau politique Yves Fernand Manfoumbi à chaque étape de la
caravane de la «Ngounié
forte», on ne peut pas en
dire autant de Guy Bertrand
Mapangou, l’autre membre
du Comité permanent du
bureau politique pour le
compte de la Ngounié.
En effet, alors que les appels
à l’unité, au rassemblement
et au respect des valeurs du
parti imposés par le climat
politique fusent de partout,
Guy Bertrand Mapangou n’a
pas trouvé meilleure occasion pour semer la division
au sein du parti des masses
dans la Ngounié. Drôle de
retour d’’ascenseur à Ali
Bongo Ondimba qui l’a propulsé au stratégique ministère de l’Intérieur.
Pour ce faire, celui qu’on
surnomme «Poutine» à Fougamou, soutenu par un vieil
ami du PUP, à l’époque où
Mayila avait enrôlé «Petit
Léon Mba», faisait la pluie et
le beau temps à Mouila, Hilaire Machima à Lébamba, et
depuis peu par Senturel
Ngoma Madoungou à Mimongo et Philippe Nzengue
Mayila à Malinga, tous des
vieux briscards qui tentent
de rebondir au gouvernement, a bâti une colonne
frondeuse n’hésitant pas à
torpiller les idéaux du parti.
Profitant de l’absence de son
«camarade» membre du Comité permanent, Yves Fernand Manfoumbi, le 28 mars
à Fougamou, «Poutine» s’est
empressé de voler sur les
plumes de ce dernier en se
fendant d’une virulente diatribe contre l’association
‘’Renaissance’’ qui soutient
et fait la promotion de la politique sociale d’Ali Bongo
Ondimba. Il voit d’un mauvais œil que «ses camarades» appartiennent à la
fois au parti et à cette association.
L’homme qui espère, par
cette diatribe, une déchéance non seulement
d’Yves Fernand Manfoumbi,
mais aussi des jeunes
pousses de Tsamba-Magotsi
qui lui font ombrage, à
l’exemple du membre du bureau
politique
Serge
Mboula, ne s’arrête pas en si
bon chemin. Décidé à faire
boire le calice de la division
Non à la stigmatisation
de Tsamba-Magotsi
I
M.M.
l n’y a plus l’ombre d’un
doute. A Tsamba-Magotsi, Guy Bertrand Mapangou est un homme seul,
qui peut néanmoins compter sur le soutien inconditionnel de politiques du
passé comme Joseph Moutandou Mboumba. Le chef
de file de la «colonne», qui,
de par son statut de membre du Comité permanent
du bureau politique, devrait
cultiver l’unité des filles et
fils de Tsamba-Magotsi,
préfère au contraire semer
les germes de la division de
ses camarades. «Poutine»
est allé même jusqu’à diviser le Groupe Dimossi en
créant
«Dimossighitu»,
pour se distinguer du
groupe soutenu par la présidente du Sénat, Lucie Milebou Aubusson.
Ainsi, à Tsamba-Magosti, il
y a désormais le PDG de
«Poutine» et celui de Michel
Mboussou, Lucie Milebou
Aubusson, Serge Mboula,
Dieudonné Mondjo, Yolande
Nyonda et même Frédéric
Massavala qui s’activent au
quotidien pour mettre en
musique la politique de leur
«champion» Ali Bongo Ondimba.
Toutefois, à Tsamba-Magotsi, il existe des cadres politiques n’ayant aucune
ramification avec «la colonne de Tsamba-Magotsi»
de Guy Bertrand Mapangou, sur qui Ali Bongo Ondimba peut s’appuyer pour
ratisser large dans la perspective d’une victoire à la
prochaine élection présidentielle.n
jusqu’à la lie au PDG, il organise son 12-Mars dans le
deuxième siège de TsambaMagosti, en violation des directives du parti. Sauf que la
manifestation à Sindara a
tout l’air d’un «pique-nique»
entre ‘’bwitistes’’.
Après ce énième acte d’indiscipline perpétré avec le
soutien de ses sbires, Guy
Bertrand Mapangou va propager son virus à Mouila en
organisant de manière ino-
pinée un semblant de 12Mars. Ce faisant, il sème la
confusion dans les esprits
des militants et sympathisants du PDG à Mouila. Un
trouble heureusement évacué une semaine plus tard
par la dynamique unitaire
impulsée par la «Ngounié
forte», au cours d’une célébration du 12-Mars qui restera gravée dans les esprits
comme un modèle de mobilisation populaire.n
La colère des populations
de Mbigou
S
M.M.
amedi dernier, le
47ème anniversaire du
PDG à Mbigou a été
l’occasion pour les populations, reconnues comme
frondeuses, de montrer leur
mécontentement aux hiérarques du parti originaires
de cette province. Elles
n’ont pas hésité, pour ce
faire, de huer certaines
hautes personnalités.
Les populations de Mbigou
en général dénoncent les
discours et promesses non
suivis d’actes. La principale
revendication de ces populations concerne l’état de la
route qui s’apparente depuis belle lurette à un véritable
parcours
du
combattant.
Prenant la parole en sa
qualité de membre du bureau politique, Yves Fernand Manfoumbi s’est
attelé à ramener la sérénité
dans les rangs en rassurant
les uns et les autres de ce
que la route est un chantier
primordial pour Ali Bongo
Ondimba. Au gouvernement
de Daniel Ona Ondo dès lors
de faire revivre l’espoir chez
ces populations convaincues d’être abandonnées à
elles-mêmes.n
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
6 Société
MAtin
EquAtoriAl
Soutien au chef de l’Etat
Le MOGABO en campagne de séduction
Après Bikele pour son lancement officiel, la caravane
du Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba
s’est ébranlée samedi 23 mai dans la commune
d’Owendo.
Bound Moussavou
«
Causerie politique républicaine et citoyenne ».
C’est le thème choisi
par les organisateurs de la
rencontre organisée dans la
salle des fêtes « Celine Bitsaka » le 23 mai 2015. La
forte mobilisation observée
à cette occasion pouvait se
justifier aussi en partie par
l’implication de Jeanne Mbagou, la maire de la commune
d’Owendo, et du sénateur
Augustin
Roger
Brice
Adande, qui ont battu le rappel des populations.
D’après ses organisateurs,
cette rencontre visait plusieurs objectifs. Il s’agissait
avant tout de présenter le
nouveau mouvement aux
militants et sympathisants
du Parti démocratique gabonais et à tous les électeurs
de la commune. Dans cette
optique, le Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba
se
veut
un
porte-parole du gouvernement gabonais, et surtout
des actions du président Ali
Bongo Ondimba. Sa mission
consiste alors à expliquer
les tenants et les aboutissants du PSGE initié par le
chef de l’Etat.
Il était question aussi, au
cours de cette rencontre qui
donnait l’impression d’une
précampagne, d’échanger
avec les populations de la
commune sur les préoccupations de leur quotidien et
du parti. Des échanges pas
toujours très cordiaux, meublés par des questions qui
fâchent comme le délabrement de la voirie urbaine,
l’épineux problème des salaires et pensions retraites,
la fourniture approximative
en eau et électricité, etc.
Parmi les panelistes qui apportent les réponses à la
multitude de questions, il y
a non seulement les membres fondateurs du MOGABO et non moins
membres du bureau politique du PDG : Alain Claude
Billy bi-Nze, le porte-parole
du président de la République, Blaise Louembé, le
ministre de la Jeunesse et
des Sports, Denise Mekamne, ministre de la Communication porte-parole du
gouvernement, mais aussi le
sénateur Augustin Roger
Brice Adande et la maire de
la commune d’Owendo.
Un PDG bis?
Visiblement, la question
présente dans tous les esprits et sur toutes les lèvres
est celle de savoir si le MOGABO ne constitue pas un
PDG bis. Dans son discours
de circonstance, le ministre
Louembé précise que ce
mouvement n’est qu’une
une association d’appui au
président de la République
et au PDG, pour « accompagner et expliquer les actions
du chef de l’Etat de façon
unie mais diverse ».
Malgré cette mise au point,
des participants à la rencontre continuent de s’interroger sur l’opportunité de la
création d’une structure ex-
terne mais devant œuvrer
en intelligence avec le parti
pour soutenir le chef de
l’Etat. Du coup, d’aucuns
n’ont pas hésité à établir un
lien entre la création du
MOGABO et la dernière sor-
tie controversée du député
Idriss Ngari à l’Assemblée
nationale sur le projet de
société d’Ali Bongo Ondimba.n
EDUCATION NATIONALE
Les tribulations des enseignants sans bons de caisse
Alors que les salaires de
mai sont déjà payés par
les banques, des centaines
d’enseignants
grévistes sont toujours
sans nouvelle de leur
titre de paiement du
mois de mars.
Banass
rise en mars par le gouvernement, la décision de
faire payer les agents publics du secteur de l’éducation
par bons de caisse cause moult
désagréments. Les fonctionnaires jusque-là habitués au
paiement de leurs salaires par
virement bancaire vivent un
calvaire. Alors que les salaires
de mai sont déjà virés dans les
banques, des centaines d’enseignants sont encore sans nouvelle de leurs bons de caisse du
mois de mars.
Et pour ne pas apaiser leur désarroi, les administrations se
P
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
rejettent la responsabilité.
Alors que la Solde soutient que
les bons ont bel et bien été édités depuis le mois de mars, au
ministère de l’Education nationale, ces bons sont introuvables.
Le chargé de la
communication de ce département ministériel, Edgard
Ndjembi Dou, confirme que ces
bons sont effectivement édités,
en rajoutant ainsi à la confusion.
« Nos bons de caisse sont purement et simplement séquestrés et en souffrance dans des
bureaux feutrés », s’indigne
Martin O, enseignant d’histoire
géographie. Les enseignants,
ne sachant plus à quel saint se
vouer, crient au chantage, à la
répression des grévistes, etc.
Convaincus qu’en prenant la
décision de les faire payer par
bon de caisse les pouvoirs publics ont voulu ainsi punir les
grévistes, certains envisagent
même de saisir le Conseil
d’Etat. Cette situation intervient au moment où la coalition
des syndicats de la Dynamique
unitaire a décrété une pause
d’un mois.n
MAtin
Economie 7
EquAtoriAl
Ogooué-Lolo/Lastourville/Insalubrité
Régis Immongault tance le maire
de Lastourville
Le ministre de l’Economie, élite du coin, n’a pas
supporté l’immobilisme
de Yola Lipangou face à
l’insalubrité qui a acquis
un droit de cité dans cette
commune.
I
Hortense De Méka
l n’y a pas longtemps, au
cours d’une réunion inopinée tenue à la mairie
de Mulundu, Régis Immongault Tatangani, en sa qualité de première autorité
politique du département,
n’a pas fait dans la dentelle.
Il ne s’est pas retenu face à
l’immobilisme des responsables communaux de Lastourville, Yola Lipangou en
tête, qui ne semblent pas se
préoccuper de l’insalubrité
et de l’insécurité qui ont acquis un droit de cité dans la
commune de Lastourville,
sinon dans tout le département de Mulundu.
En présence notamment de
Jean Mabika, le nouveau
préfet du département, du
président du conseil départemental et de quelques autorités
politiques
et
militaires de Lastourville,
Régis Immongault Tatangani
a tancé le maire et
condamné l’attitude des responsables communaux et
départementaux plus enclins à déployer des stratégies d’extorsion de fonds
aux petits opérateurs économiques.
Une colère qui se justifie par
une réalité guère reluisante,
qui montre par exemple les
tout petits de la garderie récemment mise en service se
frayer, chaque jour, un passage dans la rosée matinale
et au milieu des hautes
herbes, pour regagner leurs
salles de classe. Au risque
quotidien de se faire mordre
par de nombreux reptiles,
très venimeux, comme des
vipères qui pullulent dans la
ville de Riguel Delastours.
La ruelle qui va de la place
dite Tsamba au centre médical est parsemée de nid-depoule,
un
véritable
‘’casse-tête’’ pour les automobilistes, surtout les ‘’clandos’’ pourtant astreints par
les services municipaux au
paiement des taxes. L’axe
carrefour Libongui-Mouanandzokou-petit marché
présente vit la même réalité,
plus triste pour le chantier
de la route de la gare, aban-
donné depuis plusieurs
mois par Mika Service.
Le ministre de l’Economie a
alors appelé tous les responsables concernés à plus
de dynamisme, afin de ne
pas donner aux conseillers
municipaux de l’opposition
et à ceux qui entretiennent
la fronde dans le département des occasions d’initier
des actions de destitution
des bureaux des deux
conseils, pour incapacité de
gestion de la cité. La dernière session budgétaire du
conseil municipal tenue en
avril a voté un budget de 17
millions de FCFA destiné à
l’entretien de la voirie de
cette localité.n
Des escadrons sèment la mort à Lastourville
Naguère considérée comme une destination de rêves, surtout pour les férus des week-ends endiablés, Lastourville ou Lozo pour ses fans, inspire ces derniers temps l’horreur et la peur, même pour les originaires
de cette bourgade du bord du fleuve Ogooué.
A
H.D.M
près la vague de
crimes crapuleux enregistrés dans le département de Mulundu en
2014, la série noire continue
ces derniers temps avec des
empoisonnements et des assassinats des paisibles citoyens qui n’auront commis
comme faute que de se retrouver aux ‘’mauvais endroits au mauvais moment’’.
Après l’assassinat à l’aide
d’un fusil de chasse d’une
jeune dame dans un bosquet, à proximité d’un camp
du personnel de la société
Sino Hydro à Ndambo, par
son ex-concubin, Antoine
Moudiki, alias Sabadou, qui
croupit actuellement dans
les geôles de la prison centrale de Libreville, il se passe
des choses peu coutumières
dans le département de Mulundu et ses environs.
Des personnes errent quotidiennement dans les bistrots et endroits publics,
munies des potions empoisonnantes, à la recherche de
leurs victimes, qu’elles traquent à longueur de journées et sans raison évidente.
Une fois une cible identifiée,
de préférence dans un bistrot, les bourreaux l’approchent de très près, trouvent
le moyen de la distraire
pour introduire dans son
verre et à son insu, soit un
morceau d’écorce d’arbre
nocive, soit de la poudre obtenue généralement du foie
de panthère grillé et
émietté. Après absorption
du contenu du verre empoi-
sonné, la mort survient parfois dans les cinq minutes
qui suivent. D’où le qualificatif de ‘’cinq minutes’’ attribué à cette potion mortelle.
La dernière trouvaille de ces
criminels porterait sur la
mort par étreinte, à l’aide
d’une ficelle accrochée autour du coup de la victime.
Comme un félin derrière sa
proie, le malfaiteur avance à
pas feutrés et lui passe subi-
tement la ficelle au coup,
avant de l’étouffer jusqu’à
ce que mort s’ensuive.
Plusieurs familles à Lastourville déploraient, il n’y a
pas longtemps encore, les
disparitions de leurs membres au cours d’une partie
de pêche ou de chasse, et
qui n’ont plus jamais regagné leurs domiciles. Les recherches sont presque
toujours vaines.n
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
8 Société
MAtin
EquAtoriAl
Mouvement d’humeur à SDV
Les «dockers» du port d’Owendo en grève
Depuis le 25 mai, ces manutentionnaires réclament
la prise en compte du nombre d’années passées au
sein de SDV du groupe Bolloré Africa Logistics comme
‘’journaliers permanents’’ en violation du code du travail.
L
Mo’Mabike
e ministère des Transports entretient la réputation de produire des
textes de loi généralement
controversés. Ce qui justifie le
flou entretenu dans les métiers portuaires au Gabon.
Cette situation empêche
d’établir la différence entre un
docker, un manutentionnaire
et ce qu’il est convenu d’appeler «journalier permanent». La
preuve : Rigobert Ikamboya
Ndeka, directeur général de
l’Oprag, vient d’adresser une
correspondance aux aconiers
sollicitant plus de précisions
sur le travail d’un docker.
Cette confusion serait à l’origine de la colère de ceux
qu’on appelle abusivement
dockers au Gabon. Qui ont décidé depuis lundi 25 mai d’arrêter le travail et d’organiser
un sit-in devant le siège de
SDV à Owendo. Par cette démarche, ces travailleurs journaliers entendent obtenir de
leur employeur le paiement
en régularisation de plusieurs
années de salaires. La plupart
d’entre eux cumulent entre 10
et 15 ans d’ancienneté dans
l’entreprise, en qualité de
‘’journaliers permanents’’. En
d’autres termes, l’entreprise
les a toujours employés
comme des temporaires.
Cette revendication naît au
terme d’une prise de
conscience. Ces travailleurs
n’ont jamais été édifiés sur
cette disposition de l’article
26 du code du travail : «est
considéré comme travail journalier ou hebdomadaire l’engagement écrit contracté pour
une journée ou une semaine.
Le salaire est payé à la fin de
cette période. Le contrat peut
être renouvelé le lendemain ou
la semaine suivante. Au-delà
de la période d’un mois, si l’engagement se poursuit par la
volonté, même tacite des parties, cette prolongation confère
au contrat le caractère de
contrat à durée indéterminée
(…)».
Informé de ce que les
«dockers» de SDV observent
un mouvement de grève, le
tout-puissant maître des
lieux, Rigobert Ikamboya
Ndeka, aurait dépêché Otogo
Be, qui dirige le syndicat des
«dockers», pour les persuader
de mettre un terme à leur
mouvement
d’humeur.
L’émissaire est rabroué par
les grévistes, qui ne le reconnaissent pas comme le défenseur des causes des dockers,
mais plutôt comme «un machin» à la solde de l’autorité l’autorité portuaire envisageportuaire.D’après certaines rait désormais de se débarsources, face à cet imbroglio rasser
de
tous
ses
«journaliers permanents» en
les reversant au fameux Bureau d’embauche créé par
l’Etat, alors qu’ailleurs il est
une émanation du secteur
privé.n
Hôpital psychiatrique de Melen
Le parent pauvre du système sanitaire gabonais
Les capacités d’accueil et les moyens financiers mis à disposition ne permettent pas à l’unique structure hospitalière du pays dédiée aux personnes atteintes de troubles mentaux de faire face aux sollicitations.
D
Doud De Muss
omicilié au sein de l’hôpital
régional de Melen, au Sud de
Libreville, entre l’Eglise
évangélique du Gabon et l’Ecole nationale des arts et manufactures
(ENAM), l’hôpital psychiatrique de
Melen est spécialisé dans la prise
en charge des personnes atteintes
de troubles mentaux. Son enceinte,
attenante au service de gynécologie
de l’hôpital régional, reconnaissable au loin par sa clôture non peinte
et les manguiers meublant décor,
est constituée entre autres d’un bâtiment administratif, une salle d’accueil, des pavillons dames A et B,
des pavillons hommes E, F et G,
d’un pavillon VIP et d’une salle
d’isolement pour les patients violents.
La vocation de cet hôpital est d’accueillir tout individu qui présente
des pathologies mentales. Celles-ci
peuvent être « mineures [comme]
les insomnies et les oublis ou majeures [comme] la schizophrénie et
la toxicomanie ». Une vingtaine de
patients y sont reçus chaque jour.
Certains viennent pour la première
fois, d’autres pour le renouvellement de leurs ordonnances ou
pour des contrôles.
Seuls les cas les plus extrêmes sont
internés. La demande d’internement peut émaner d’un tiers, c’està-dire un membre de la famille.
Selon une source médicale, cette
demande est conditionnée par l’in-
MAtin
équAtoriAl
JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES
www.matinequatorial.com
matinequatorrial@gmail.com
Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
N° 70 du mercredi 27 Mai 2015
tervention d’un médecin qui doit «
constater l’importance des troubles
mentaux rendant le malade incapable de discernement ». Cet hôpital
est d’autant plus sollicité que c’est
la seule structure du genre sur l’ensemble du territoire national. Sauf
que l’hôpital ne dispose pas d’assez
de places pour interner tous les
malades.
En effet, malgré la présence des différents pavillons, la capacité d’accueil reste très réduite. Une
situation déplorable, surtout pour
les populations qui viennent de l’intérieur du pays. « Récemment, les
autorité administratives de Lambaréné ont fait un ramassage de malades mentaux dans la ville pour les
déporter à Libreville. Malheureusement, aucune communication préalable n’a été faite à l’endroit de la
structure qui devait les accueillir.
Compte tenu de l’insuffisance des
moyens, tous n’ont pas pu être
admis. Il y a eu des fugues, et des
casses ».
De plus, l’hôpital dispose d’un personnel soignant limité. On compte
«deux psychiatres, cinq psychologues, seize techniciens supérieurs
en santé mentale, des infirmiers
d’Etat spécialisés ou pas en santé
mentale ». A ces spécialistes, s’ajoutent le personnel administratif et
les assistants sociaux.
Pour son fonctionnement, l’Etat alloue un budget. Mais celui-ci n’est
pas suffisant pour satisfaire les besoins. Selon le personnel, « l’Etat est
Directeur de la Publication:
Madre NGUIMBY
Directeur de la Rédaction:
Paul NZOGHBAM
Rédacteur en Chef:
Roger OKILI
Secrétaire de Rédaction:
un parent pauvre. S’il y avait des
moyens assez conséquent, les gens
ne se plaindraient pas ». Autrement
dit, le budget que l’Etat débloque ne
permet pas de combler les besoins
de fonctionnement de l’hôpital psychiatrique de Melen.
Heureusement que l’hôpital reçoit,
par moments, des aides de
quelques âmes charitables. Parmi
elles, « les églises avec des dons tels
que les habits et la nourriture pour
les malades. Mais aussi, des structures comme le Rotary Club avec ses
œuvres caritatives ». A côté d’elles,
œuvre AJK, un partenaire social du
service de coopération de l’ambassade du Japon. « L’AJK a mis en place
un système de partenariat qui
consiste à affecter un coopérant au
Centre. Celui-ci apporte un plus au
travail abattu par les services sociaux. Il intervient précisément dans
le cadre de la réinsertion sociale des
patients ».
Afin de permettre aux patients non
immatriculés de bénéficier de la
couverture de la Caisse nationale
d’assurance maladie et de garantie
sociale (CNAMGS), le centre a « sollicité une collaboration avec la
CNAMGS pour une meilleure prise
en charge des patients, compte tenu
des coûts élevés des traitements.
Celle-ci concerne les patients gabonais, qui n’ont pas pu se faire immatriculer avant leurs troubles. Ou qui,
lors des troubles, ont égaré ou détruit leurs documents ».
La prise en charge de ces malades
Arthur MBADINGA
Comité de Rédaction :
Vincent Eyi
Roger Okili, Alban Moussavou
Jacques Okeng
Constantin Toukoule-Mè
Jacqueline Mubokianu
pose un problème de santé publique qui mérite une attention particulière
du
gouvernement,
précisément du ministère de la
Santé qui est chargé de mettre en
œuvre la politique de l’Etat en la
matière. Par exemple, en prenant
seulement le cas des malades des
chefs-lieux de chaque province du
pays, on constatera que l’hôpital est
incapable de tous les venir en aide.
Alors les « fous » sont parfois obligés
de traîner dans les rues. Alors que
certains paraissent inoffensifs, d’autres sont agités et violents. L’on se
souvient encore de cette « folle » qui
a jeté un enfant à l’échangeur de
l’ancienne RTG, et qui a perdu la vie.
Pour éviter une telle situation, il est
souhaitable que l’hôpital ait une capacité d’accueil compatible avec la
demande. Ce qui suppose un nombre suffisant de personnel : psychiatres, psychologues, techniciens
supérieurs en santé mentale, infirmiers. Mais aussi une allocation
budgétaire conséquente.
A l’heure où des centres hospitaliers
ultramodernes voient le jour un peu
partout, où d’autres subissent une
cure de jouvence, l’Etat devrait aussi
penser à construire un hôpital de la
même facture pour les malades
mentaux qui ne devraient plus paraître comme des laissés-pourcompte. Le Pacte social prévoie bien
la prise en charge de chaque Gabonais, afin de lui permettre d’accéder
aux soins de qualité.n
Infographes:
Marcel OLENDEY
Zambo Linus
Impression: MULTIPRESS:
TIRAGE:
5.000 exemplaires
Distribution : SOGAPRESS