économie - Matin Equatorial

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économie - Matin Equatorial
MAtin
N°71 du 3 juin 2015
500F CFA
EquAtoriAl
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Réforme salariale
Le gouvernement pris
au piège de la PIP
L
e projet consiste à «supprimer» la
PIP dans sa version actuelle, pour
qu’elle réapparaisse «autrement»
dans le bulletin de salaire. Concrètement,
l’agent qui perçoit 350.000 FCFA de solde
mensuelle va, en plus, recevoir dans le
cadre de la réforme salariale imminente
200.000 FCFA à 300.000 FCFA environ
correspondant à la PIP de sa catégorie et
du groupe auquel appartient son administration dans le classement de trois
groupes. A la fin sa rémunération oscillera entre 550.000 FCFA à 650.000 FCFA.
Mais cette vision simpliste de la réforme
salariale ignore plusieurs autres paramètres connexes. D’abord, la grille salariale
est unique pour tous les fonctionnaires
de l’Etat, abstraction faite des corps (statuts particuliers). Donc, l’ouverture des
salaires sur cette base n’intègre pas à pro-
prement parler le relèvement du point
d’indice attendu.
Le projet consiste à «supprimer» la PIP
dans sa version actuelle, pour qu’elle réapparaisse «autrement» dans le bulletin
de salaire. Concrètement, l’agent qui perçoit 350.000 FCFA de solde mensuelle va,
en plus, recevoir dans le cadre de la réforme salariale imminente 200.000 FCFA
à 300.000 FCFA environ correspondant à
la PIP de sa catégorie et du groupe auquel
appartient son administration dans le
classement de trois groupes. A la fin sa rémunération oscillera entre 550.000 FCFA
à 650.000 FCFA.
Mais cette vision simpliste de la réforme
salariale ignore plusieurs autres paramètres connexes. D’abord, la grille salariale
est unique pour tous les fonctionnaires de
l’Etat, abstraction faite des corps (statuts
particuliers). Donc, l’ouverture des salaires sur cette base n’intègre pas à proprement parler le relèvement du point
Lire en pg. 2
d’indice attendu.
Le PDG et la politique dans la Ngounié
La ‘’Ngounié forte’’ met
« Guy Louis Bertrand » aux abois
T
out le monde croyait le débat sur le
dossier clos, et « l’agitateur » de
Fougamou et ses ‘’non-alignés’’ renvoyés à leurs chères études. Voilà que des
journaux, travestissant sans scrupules les
faits, lui attribuent une victoire sur un adversaire évoluant plutôt dans une arène
plus importante. Dans la mare politique
gabonaise, c’est une réalité qui crève désormais les yeux. Elle met en évidence,
preuves à l’appui, et en dépit de sa longévité aux affaires, l’éclatante déculottée de
Guy Louis Bertrand », «Poutine» pour son
fan club, dans les joutes politiques dont la
Ngounié est devenue un terreau fertile. En
témoigne le fiasco populaire de la manifestation organisée par le ministre de l’Intérieur le 10 mai à Mouila, à l’occasion de
la célébration en différé des 47 ans du
PDG.
Lire en pg. 6
2 Economie
MAtin
EquAtoriAl
L’éditorial de Paul Nzogh Bam
D
ans sa pratique, le
football est un sport
collectif par excellence. Le jeu est collectif,
tout comme la victoire ou
la défaite est collective. Un
joueur a beau sortir de la
mêlée en illuminant le jeu,
se montrer décisif dans les
actions de but ou au
contraire s’illustrer par
une piètre performance au
risque d’annihiler les efforts de ses coéquipiers,
au terme du match la victoire ou la défaite ne sera
jamais son héritage. Sans
doute, elle portera son empreinte, mais sera toujours
attribuée à toute l’équipe.
Plus qu’un match, l’organisation du football est une
œuvre collective. Elle requiert davantage une implication collective dès
lors qu’il s’agit d’une compétition, en l’occurrence la
CAN, l’événement footballistique voire sportif africain le plus populaire. Le
plus couru, le plus prestigieux.
Se voir attribuer son organisation constitue déjà
une victoire en soi. Une
victoire qui ne saurait être
sportifs d’envergure, les
nations taisent leurs
égoïsmes, transcendent
leurs divisions ou querelles internes et s’unissent afin de préserver non
pas des honneurs individuels, mais la réputation
ou l’image collective. Celle
de tout un pays.
Comme sous d’autres
cieux, le Gabon doit faire
chorus pour réussir sa
CAN 2017. Comme on ne
change pas l’esprit d’une
équipe qui gagne, le
COCAN qui a réussi le pari
en 2012 a été reconduit.
Bien sûr, le succès ou
l’échec de la CAN 2017
portera l’estampille des
artisans ou des architectes
qui constituent le nouveau
COCAN.
Mais au bout du compte,
les dirigeants du football
africain, les télévisions du
monde et leurs consultants retiendront que c’est
le Gabon qui a raté ou
réussi sa CAN. L’échec ou
le succès sera donc national. Tout comme l’opprobre ou la gloire. Il faut
donc un esprit d’équipe,
une mobilisation collec-
Victoire collective, dividendes collectifs
individuelle, mais collective. Elle peut porter la
marque d’un capitaine ou
d’un dirigeant qui, pour ce
faire, a pu peser de tout
son entregent ou de son
rayonnement. Mais ces apports individuels n’occultent pas la mobilisation
collective. Loin de là.
Mais organiser une CAN
est loin d’être une sinécure. Elle suppose des capacités
d’organisation.
Même des pays développés, donc disposant des infrastructures et surtout
d’une expertise éprouvée,
déploient encore des trésors d’imagination, de
créativité, etc. pour réussir
le pari d’une bonne organisation.
En la matière, le Gabon revendique une expérience.
Le pays a prouvé en 2012
qu’il est capable d’accueillir la plus grande fête du
football africain. Mais l’organisation de chaque compétition est un nouveau
défi. Elle exige donc un esprit d’équipe. Pour accueillir des événements
tive pour accompagner le
COCAN dans sa tâche.
Organiser une compétition
comme la CAN n’est pas
une œuvre caritative ou de
charité. Car elle charrie de
gros enjeux financiers, publicitaires, etc. Grâce à la
CAN, de nouvelles infrastructures voient le jour, les
touristes affluent dans le
pays, les affaires fleurissent, les restaurants et les
hôtels connaissent leur
haute saison, etc. En
somme, elle apporte, à tout
le moins pour un temps,
une bouffée d’air pour
toute l’économie. Il n’est
qu’à voir comment se battent les pays pour décrocher l’organisation des Jeux
olympiques ou de la coupe
du monde de football.
Et à la fin, les dividendes ne
reviennent ni à un parti politique, ni à un individu, ni à
une classe mais à tout le
pays. Autant dire que la victoire du Gabon à la CAN
2017 sera collective, les dividendes aussi. Il en est de
même dans l’autre cas de figure.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
Réforme salariale
Le gouvernement pris au piège de la PIP
Le projet consiste à «supprimer» la PIP dans sa version actuelle, pour qu’elle
réapparaisse «autrement» dans le bulletin de salaire. Concrètement, l’agent
qui perçoit 350.000 FCFA de solde mensuelle va, en plus, recevoir dans le
cadre de la réforme salariale imminente 200.000 FCFA à 300.000 FCFA environ correspondant à la PIP de sa catégorie et du groupe auquel appartient
son administration dans le classement de trois groupes.
M
AGB
ais cette vision simpliste
de la réforme salariale
ignore plusieurs autres
paramètres connexes. D’abord, la
grille salariale est unique pour
tous les fonctionnaires de l’Etat,
abstraction faite des corps (statuts
particuliers). Donc, l’ouverture des
salaires sur cette base n’intègre
pas à proprement parler le relèvement du point d’indice attendu.
Le plus incohérent et par ricochet
improbable, sera la hausse salariale pour les fonctionnaires des
autres groupes, notamment des
régies financières. Car la suppression de la PIP et son intégration
dans leurs salaires constituera une
entorse à l’uniformité de la fonction publique et de sa grille salariale.
Dans cette hypothèse, les fonction-
naires des régies financières auront une autre grille salariale spécifique calquée sur celle du
secteur pétrolier qui octroie des
salaires variant entre 1.500.000 et
10.000.000 FCFA par mois. Ce qui
consacrera alors des inégalités salariales plus fragrantes que celles
décriées jusqu’ici.
La suppression signifie surtout la
mise à mort de la performance recherchée à travers son institution
par le chef de l’Etat. L’inclusion de
la PIP dans la grille salariale rend
impossible l’évaluation de la performance des agents publics. Ce
qui traduirait ni plus ni moins l’inconsistance voire l’amateurisme
de la démarche du gouvernement
qui a imposé une réforme avant de
réaliser par la suite toute la difficulté à la mettre en œuvre.
Les échéances fixées obligent aujourd’hui le gouvernement à décider sans délai du sort de la PIP : sa
suppression ou son maintien. En
optant pour le premier choix, il
devra tenir compte de son impact
au sein de l’opinion (fonctionnaires, forces de défense, syndicats) pour qui la PIP est un «
acquis ». Et mesurer le risque
d’une mesure aussi socialement
salutaire.
Avec la relative reprise du cours
du pétrole et les réformes structurelles sur les dépenses de l’Etat, le
Premier ministre Ona Ondo et ses
deux ministres de l’Economie et
du Budget ont peut-être une plus
grande marge de manœuvre. Surtout qu’ils pourraient aussi se
tourner vers d’autres niches budgétaires à l’instar des comptes
spéciaux du Trésor qui accumulent d’année en année des reports
de crédits qui sont utilisés à d’autres fins. Voilà qui serait plus ambitieux
et
populairement
acceptable.n
PIP/Nouvelle grille salariale
Ona Ondo dans une impasse budgétaire
L’équipe dirigée par Daniel Ona Ondo craint une hausse de la masse salariale qui passerait des 732 milliards actuels par an pour atteindre un pic de
900 à 1000 milliards de FCFA dès cette année.
L
AGB
a réforme de la grille salariale
que mène le gouvernement
depuis janvier 2015, sous la
pression des syndicats, doit être dévoilé le 25 juillet prochain. L’enjeu
est de créer dans le bulletin de salaire un nouvel élément prouvant
cette hausse promise par le chef de
l’Etat le 31 décembre 2014. L’une
des pistes très suivie en ce moment
conduit à la « suppression » de la
PIP.
L’institution de la prime d’incitation
à la performance (PIP) est une initiative volontaire du chef de l’Etat,
Ali Bongo Ondimba, pour améliorer
les conditions de vie des Gabonais.
Elle a été justifiée à trois niveaux :
un objectif de justice sociale, afin
d’étendre le bénéfice de la manne financière de 210 milliards de FCFA
qui était partagée seulement à
9000 fonctionnaires (régies financières) chaque année, la volonté
d’instituer une culture de performance en récompensant les agents
les plus méritants, et obéissait à un
impératif de transparence budgétaire et d’unicité des caisses.
La réforme de la PIP a permis à
l’Etat de réaliser des économies
substantielles pour remédier aux
déficits chroniques observés sur les
comptes des fonds communs et de
limiter ainsi l’impact sur le budget
de l’Etat. Pour réaliser ces économies, il avait été décidé de supprimer les perceptions multiples et
injustifiées et de revoir à la baisse le
niveau des primes des principales
fonctions de gestion dans les régies
financières, de supprimer la perception par des agents qui, soit
n’étaient plus en service, soit
avaient été appelés à d’autres fonctions ou, plus grave encore, avaient
été appelés à faire valoir leurs droits
à la retraite.
Les économies ont également été
réalisées sur les ressources utilisées
en dehors de toutes prescriptions
règlementaires, à des fins d’investissement ou de fonctionnement.
De 210 milliards en 2013, l’enveloppe a réduite en 2014 à 100 milliards, avec un dépassement
budgétaire de 30 % en raison de la
paix sociale (grèves multisectoriels)
qui était devenue nécessaire (extension de la PIP de 30.000 à près
de 90.000 agents publics y compris
la main d’œuvre non permanente.
Cet élargissement a été autorisé en
faveur des secteurs sociaux (santé,
éducation) et des forces de défense
et de sécurité (FDS).
Observé par le FMI, et confronté à
une baisse des revenus pétroliers
(pertes de plus de 450 milliards depuis le début de l’année), le gouvernement Ona Ondo craint une
hausse de la masse salariale qui
passerait des 732 milliards actuels
par an pour atteindre un pic de 900
à 1000 milliards de FCFA dès cette
année.
En repoussant à juillet la réforme
alors que les syndicats avaient immobilisé le pays durant près de
trois (grèves multisectoriels) pour
faire pression afin d’obtenir la
hausse immédiate des salaires, le
gouvernement a gagné du temps…
et surtout de l’argent en ne commençant pas « si tôt » à payer les
fonctionnaires selon la réforme
promise par le président Ali Bongo.
La suppression de la PIP permettrait des économies budgétaires
importantes et la soutenabilité de la
masse salariale. En convertissant
les 130 milliards de FCFA de PIP annuel en une augmentation salariale,
le gouvernement réaliserait un tour
de passe « subtile ». Il ne créera aucune nouvelle ressource, mais piochera seulement dans l’existant
pour « redistribuer ». Si cette option
était choisie, il faudra s’attendre à
un nouveau bras de fer entre les
syndicats et le gouvernement.n
Politique 3
MAtin
EquAtoriAl
Politique
Le résultat du recensement 2013
suscite la polémique
L’opposition radicale doute que le Gabon compte
aujourd’hui 1,8 million d’habitants et soupçonne une manœuvre devant faciliter la fraude
électorale. Pour prouver sa bonne foi et par
souci d’objectivité, le conseil des ministres du 28
mai a ordonné des contrôles.
Alban Moussavou
L
es résultats préliminaires
présentés par le ministère
de l’Economie et qui seront examinés par la Cour
constitutionnelle estiment la
population gabonaise actuelle
(nationaux et étrangers) à 1
802 728 habitants. Comparé
au dernier recensement de
2003, qui chiffrait la population gabonaise à 1 011 710 habitants, avec environ 419 596
habitants pour la seule ville de
Libreville, l’on constate une
forte augmentation de quasiment 80 % en dix ans seulement.
Où, quand et comment sont
nés autant de Gabonais en l’espace de quelques années seulement? Autant de questions
qui taraudent les esprits des
Gabonais et des observateurs
politiques avisés. Les statistiques sur la population gabonaise ont toujours été l’objet de
controverse politique et sociale.
Pour le premier recensement
organisé 3 ans après la conférence nationale de 1990, le résultat évaluait la population du
pays à un million d’habitants.
Même si d’autres sources tablaient sur un peu moins de
700.000 habitants. En 2003,
alors que le résultat du recensement avançait toujours le
chiffre d’un million, les estimations d’autres sources caracolaient à 2.000.000 habitants.
Alors que l’élection présidentielle se profile à l’horizon, ces
chiffres n’emportent pas l’assentiment de l’opposition radicale. Pour cette dernière, ces
chiffres sont « faux » et viseraient à préparer la « fraude «
électorale » en 2016. Le PDG au
pouvoir et le gouvernement,
dont les membres sont déjà visiblement actifs sur le terrain
politique appelant le chef de
l’Etat Ali Bongo Ondimba à se
présenter pour un second
mandat, sont fortement suspectés.
D’autres mauvaises langues
soutiennent que ce chiffre « inimaginable » ne vise qu’à préparer l’inclusion de la
population étrangère dans le fichier électoral biométrique
testé aux locales de 2013.
Selon elles, le SIDA, la pauvreté,
les maladies tropicales, les
crimes rituels et l’incivisme des
conducteurs de voitures continuent à faire des ravages dans
les familles gabonaises réduisent forcément la population.
Au-delà de ces points de vue
somme toute politiques et partisans, un fait doit être pris en
compte. Le Gabon est petit à
petit
redevenu
depuis
Le PDG et la baronnie locale
Ntoutoume Emane se fait-il désirer?
Plusieurs fois annoncée, puis reportée, la démission de Jean-François Ntoutoume Emane du PDG ne
serait plus à l’ordre du jour, si l’on en croit certaines indiscrétions. Une délégation de haut niveau se
serait récemment rapprochée de celui qu’on appelait encore le « doyen politique » de Lalala pour lui
demander de surseoir à son projet.
J
Vincent Eyi
acky finira-t-il par franchir le
Rubicond? Ou plutôt, comme
il se murmure ici et là, finirat-il par renoncer à sa démission?
L’affaire est dans l’air depuis plusieurs mois : Jean-François Ntoutoume Emane serait sur le point
de quitter le Parti démocratique
gabonais (PDG). Chaque weekend, on attend qu’il passe à l’acte.
En vain. La tension est même
montée d’un cran il y a une semaine. L’entourage de cet idéologue du parti affirme alors que
tout est fin prêt, et qu’il ne reste
plus qu’à choisir le jour.
Puis, subitement, tout s’est dégonflé. Tant et si bien que la démission de Jean-François
Ntoutoume Emane ne serait
même plus à l’ordre du jour. Info
ou intox, toujours est-il qu’on
met sur le compte des émergents
la nouvelle attitude de Jacky. Ces
derniers l’auraient convaincu
d’abandonner son projet. Ce qui
explique la valse-hésitation de
l’homme le plus en vue de Lalala,
qui, jadis, y faisait la pluie et le
beau temps.
Tant, là-bas, rien ne se décidait
son avis. Mais c’est devenu de
moins en moins évident ces
jours-ci. On en veut pour preuve
la récente manifestation organisée en l’honneur de Jean-Jacques
Ndong Ekouaghe pour fêter sa
promotion comme nouveau président de l’Eglise évangélique du
Gabon. En apprenant la nouvelle,
Jacky serait entré dans une colère noire, vilipendant au passage « ces ingrats » de Lalala qui
ont tout reçu de lui.
Et depuis que sa menace de quitter le PDG est devenue un secret
de polichinelle, Jacky est regardé
avec méfiance dans son ancien
fief politique où son nouveau positionnement fait débat. Même
s’il n’a encore rien officialisé,
mais ses intentions sont prises
très au sérieux et l’on ne comprend pas qu’un homme qui a
tout obtenu du pouvoir se laisse
aller à de telles extrémités.
Autre fait notable : la célébration
du 12-Mars dernier au cinquième arrondissement de Libreville où Simon Ntoutoume
Emane a tenu la vedette. Le fils
adoptif de Jacky a même appelé
Ali Bongo Ondimba à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce n’est sûrement pas
tombé dans l’oreille d’un sourd.
Et l’ancien Premier ministre et
ancien maire de Libreville a probablement été très touché, se disant que décidément, bon chien
chasse de race.
C’est lui, Jacky, qui avait tenu le
bras d’Ali Bongo au congrès d’investiture en 2009. La photo avait
fait le tour du Gabon et tout le
long de la route nationale, on ne
voyait que cette affiche géante. À
cette époque, il fallait un sacré
courage pour adouber un candidat dont le père avait dirigé le
pays quarante-deux ans durant.
Jacky, lui, l’a fait et attendait logiquement un retour d’ascenseur. Non seulement Ali Bongo
n’a pas pu le maintenir à la mairie, mais en plus, sa liste aux dernières locales n’a pas été validée
par le PDG.
Ce qui peut expliquer ses menaces de démission, Jacky estimant avoir tout donné au parti.
Pourtant, depuis des mois qu’on
en parle, Ntoutoume Emane hésite, se disant sûrement qu’à son
âge, il vaut mieux encore prendre son temps. Trop sans doute,
disent ses détracteurs, très nombreux à Lalala à penser qu’il est
temps pour lui de passer la
main.
Hélas, Jacky, nommé président
du Comité des sages au dernier
congrès, réfléchit encore et toujours. Aux dernières nouvelles, il
a fait changer tous ses numéros
de téléphone. Il est donc très difficile de le joindre en ce moment.
Un homme prudent ou excédé,
c’est selon. Bientôt, on présume
qu’on saura le fin mot. Pour sûr,
il est peu probable qu’il démissionne de sitôt. Et le suspense
continue…n
quelques années, avec la relance économique impulsée
par le chef de l’Etat, un pays de
forte attraction de l’immigration clandestine dans une
sous-région marquée par le
conflit en Centrafrique, dont
une partie des habitants, transitant par le Cameroun voisin,
a trouvé refuge en territoire gabonais.
Pratiquement, dans toutes les
provinces frontalières (WoleuNtem, Estuaire, OgoouéIvondo, Haut-Ogooué, et
Ngounié), les villages sont écumés par des pêcheurs, planteurs, braconniers et autres
débrouillards (peintre, menuisiers) et même des cadres en
quête de travail (éducation,
santé, affaires). En l’absence de
moyens adéquats de surveillance des frontières, on pourrait approcher cette barre de
1.800.000 âmes.
De plus, avec un taux moyen de
fécondité de 5 enfants par Gabonaise et un taux d’accroissement naturel de 2,5% par an, la
population gabonaise devrait
relativement augmenter.
Mais pour plus d’objectivité et
par souci de démontrer sa
bonne foi, le gouvernement,
sous la houlette du président
Ali Bongo Ondimba, a ordonné,
au terme du conseil des ministres du 28 mai 2015, que des
contrôles soient effectués en
vue d’obtenir des résultats définitifs sincères et plausibles.
Ces contrôles consistent notamment en l’envoi des
équipes sur le terrain, l’exploitation du questionnaire et
l’examen des fiches de synthèse. Les résultats définitifs
permettront de mieux apprécier les grandes tendances de
l’évolution de la population gabonaise depuis 2003. En ligne
de mire, une élection présidentielle apaisée et crédible en
2016.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
4 Politique
MAtin
EquAtoriAl
Chronique politique
Il n’y a pas de quoi ruer Moyen-Ogooué/ Bifoun/Abanga
Quand Davin Akoure chasse sur
dans les brancards
L
e débat à propos de
la dissolution ou non
de l’Assemblée nationale alimente toujours les
conversations dans les milieux politiques du pays. Si
certains prennent fait et
cause pour notre rédaction qui, la première, en a
fait écho et dénoncé le
complot en cours au parlement contre le tenant du
pouvoir, d’autres par
contre estiment, surtout
dans le camp de la majorité, cette simple évocation
suicidaire, voire comme de
la provocation.
Comme argument, ils mettent en exergue l’incapacité du pouvoir actuel à
s’assurer une majorité
confortable en cas de mise
en œuvre de cette éventualité qui ne serait pas
sans conséquence pour
l’actuelle majorité.
À les entendre, et à lire les
supports mis à profit pour
faire passer leur message
qui n’est pas loin du chantage
politique,
cela
condamnerait Ali Bongo à
une cohabitation avec,
cette fois, un Premier ministre issu des rangs de
l’opposition.
N’est-ce pas là un aveu
d’impuissance et une manière de reconnaître, maladroitement, que bon
nombre de nos élus à l’Assemblée, qui affirment
pourtant haut et fort détenir des fiefs électoraux sur
lesquels certains prétendent avoir obtenu jusqu’au
titre foncier, n’ont l’honneur d’y siéger, et par défaut s’il vous plait, qu’en
raison justement de l’absence de cette opposition,
notamment l’Union nationale, à l’époque dissoute?
Faut-il percevoir dans
cette agitation un second
message ? Celui notamment dont le contenu circulerait sous cape dans le
pays et selon lequel les
émergents détiendraient
une liste secrète de candidats déjà investis pour les
prochaines législatives qui
s’annoncent mortelles.
Liste dans laquelle nombreux de nos élus de 2011
n’émargeraient pas?
Sans faire dans la polémique, ou avoir la faiblesse de s’aligner un seul
instant sur cette thèse du
« suicide politique »,
comme certains confrères,
au cas où elle s’avérait fondée, la solution ne peut
que surprendre quand on
sait surtout leur coloration
politique et l’aversion
qu’ils ont pour le régime
qu’ils vouent à chaque parution aux gémonies. Sans
revenir sur l’aspect du
complot ourdi contre Ali
depuis le parlement, on
note simplement des
drôles d’accointance et
d’union contre nature
dans un climat de tension
comme celui que connait
le pays.
Pour notre part, loin de
nous l’idée d’envoyer certains en chômage politique, il s’agit simplement,
comme dans toute démocratie parlementaire, qui a
ses us et coutumes, de recadrer les choses. De rappeler aux « frondeurs » de
l’Assemblée
nationale,
puisqu’il y en a toujours
eu, et à chaque législature,
qu’il existe en leur sein des
tribunes autorisées pour
ce genre de sortie suffisamment osée au sein
d’une majorité, fût-elle
écrasante.
Qu’il revenait, en application de cette discipline de
groupe, que chaque acteur,
notamment les élus qui seraient tentés, par « esprit
de déviation » enfoui
jusque-là dans leur subconscient, et pour des raisons multiples,
de
prendre
effectivement
leurs responsabilités et de
jouer franc jeu afin que
dans la sérénité et l’unité
retrouvées, ils puissent regarder dans une même direction en dépit des aléas
électoraux à venir.
Encore que, malgré cette
levée de boucliers pratiquement inutile dans un
parlement monocolore et
ennuyeux, certains de nos
députés présentés peutêtre abusivement comme
des poids lourds de la
scène politique nationale,
gagneraient à prouver face
justement à cette opposition derrière laquelle ils se
murent pour distiller leur
crainte de la « sanction populaire ».
Il n’y a donc pas de quoi
ruer dans les brancards et
parler de suicide politique.
Le cas de la France de
Jacques Chirac, avec dans
le rôle de Néron un certain
Alain Juppé qui précipita
le régime dans la cohabitation, n’existe pour l’instant
que dans la tête des «
froussards » qui n’ont toujours pas compris que les
choses ont changé.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
les terres de «Pablo Escobar»
Si dans les grosses écuries politiques, la tête est dans la présidentielle, pour les petits
partis l’heure est plutôt au positionnement. Principalement dans la perspective des
prochaines législatives.
L
Jacques Okeng’
’Alliance pour le nouveau
Gabon (ANG) de Davin
Akoure, un parti de la majorité
républicaine pour le social et
l’émergence, qui a pignon sur rue
dans la province du MoyenOgooué, a décidé de se déployer depuis quelques temps dans le
stratégique
district
de
Bifoun/Abanga, dans le département de l’Abanga-Bigne.
Ainsi donc, après avoir croisé le fer
avec le parti présidentiel dans la
commune de Lambaréné, puis celle
de Ndjolé, avec des fortunes diverses lors des locales et des sénatoriales, Akoure s’active désormais
dans les zones frondeuses de Bifoun et d’Ebel Abanga, 2e siège de
député à Ndjolé.
Cela ne poserait peut-être pas de
problème s’il n’y avait pas sur son
passage l’ombre d’un certain Paul
Ndong Nguema. Plus connu
sous son nom de guerre «
Pablo Escobar », acquis au
moment où il trônait comme
ministre de la Communication, l’actuel député du siège
est présenté comme le président du puissant « cartel »
de Bifoun.
Certes, souffle une source
digne de foi, le « vieux lion
» présente des signes de fatigue, comme rongé par un
mystérieux mal qui, lors des
obsèques de Rose Francine
Rogombé en avril dernier à
Lambaréné, avait inquiété
plus d’un observateur. Mais,
au regard de la réputation
de l’homme et surtout de
ses relais sur le terrain, tout
porte à croire que la «
gueule du puissant prédateur, par ailleurs très redouté, ne saurait devenir le
Les législatives en ligne de mire
À
Bifoun comme à Ebel, depuis
le passage de l’Union nationale et de l’Alliance pour le
Gabon, on ne parle plus que de la
prochaine présidentielle et surtout
des législatives à venir. Si personne n’indique la moindre date,
encore moins la période, les supputations par contre vont bon
train concernant les éventuels
candidats, titulaires ou suppléants.
Et c’est à ce niveau que le débat
vire parfois à l’affrontement entre
les deux cantons composant le 2e
siège de l’Abanga-Bigne. Une localité où un candidat a rarement fait
plus d’un mandat, en dehors justement de Ndong Nguema qui appartient au canton cosmopolite de
Bifoun/Weliga, et qui a rompu un
accord non écrit qui imposait la
rotation entre les deux entités.
En toute logique donc, suite à
ce passage en force, c’est du
canton Ebel Abanga que devrait venir le candidat titulaire
pour le prochain scrutin. Mais
sur ce point, personne ne veut
lâcher le morceau.
Les cadres d’Ebel Abanga,
convaincus d’être en droit de
revendiquer le poste de titulaire dans la conception du
prochain ticket, accusent déjà
ouvertement le député en poste
de vouloir s’accrocher une nouvelle fois. Donc, c’est partie
pour une passe de trois, à
moins qu’il ne cherche à positionner un de ses proches fidèles.Ce qui alimente les débats
et ajoute à la confusion déjà
ambiante.n
passage sans risque de
toutes les proies qui s’agitent ou écument désormais
son territoire ».
Et Davin Akoure vient, à son
tour, de se jeter dans la
mêlée des agitateurs en dehors des partisans de
l’Union nationale, parti de
l’opposition radicale, qui ont
décidé de contester sa mainmise sur le fief et qui le mettent dans tous ses états, y
compris l’administration et
ses démembrements, dont
la chefferie accusée d’être
réceptive à leurs messages.
Voilà qui complique la
donne politique pour le pauvre Pablo Escobar qui a déjà
du mal à mobiliser dans son
propre fief où il a maille à
partir avec pratiquement
tous les cadres membres de
sa formation politique.
Homme politique doublé
d’un sens aigu des affaires,
Davin Akoure, partisan de la
lutte contre la pauvreté à
travers son activité agricole
sur la base de coopératives,
a presque fait mouche.
L’homme met en place, depuis lors, des structures à
Ebel Abanga et dernièrement à Bifoun où, malheureusement, il s’est heurté
aux partisans de Ndong
Nguema.
À l’origine de la chamaillerie, le refus de céder la partie du marché que voulait
occuper le leader de l’ANG
pour l’installation de ses cellules. Une opération que les
responsables du parti au
pouvoir n’arrivent plus à
réaliser dans la zone depuis
plus d’un an. C’est donc chez
un habitant qu’Akoure a procédé à la mise en place de sa
machine à Bifoun.n
suppléMEnt éConoMiE
MAtin
N°71 du 3 juin 2015
500F CFA
EquAtoriAl
Journal d’information et d’analyses. nouscontacter@matinequatorial.com / matinequatorial@gmail.com. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
La Ngounié et
l’émergence, 5 ans après
Sommaire
Leader par décret
ou par onction
populaire
Lire en pg. III
Leader par décret
ou par onction
populaire
Lire en pg. III
L’idylle de la
Ngounié avec
Ali Bongo
Lire en pg. IV
A
lors que la fin du mandat du
président de la République
n’interviendra que dans
moins de 20 moins, déjà le pays
semble peu à peu gagné par une
fièvre pré-électorale marquée par
un remue-ménage au sein du PDG
et de l’opposition. Une ambiance
propice à toutes sortes de surenchères politiques et de projections
conjecturales. Surtout dans une
province comme la Ngounié, répu-
Le match du
PDG contre
l’opposition
tée difficile.
Afin d’offrir les clés d’un choix lucide, il importe de revisiter le chemin parcouru entre les attentes
légitimes de départ, à l’arrivée
d’Ali Bongo Ondimba au pouvoir,
et les actions en faveur des populations réalisées depuis lors.
Considérée comme l’une des provinces les moins avancées du pays
avant 2009, la Ngounié est passée,
en quelques années seulement, de
l’« enfant pauvre » du pays à une «
jeune demoiselle parée de colliers ».
Depuis l’élection du président Ali
Bongo Ondimba, la province a bénéficié d’une attention accrue de
l’Etat. En témoignent les multiples
promotions de ses cadres au sein
des institutions républicaines et
dans la haute administration
(Sénat, gouvernement, entreprises et administrations publiques).
Lire en pg. II
Lire en pg. V
En attendant le
boom des banques
et de la microfinance
Lire en pg. VIII
II économie
MAtin
EquAtoriAl
La Ngounié cueille les fruits
de l’émergence
Alors que la fin du mandat du président de la République n’interviendra que dans moins de 20
moins, déjà le pays semble peu à peu gagné par
une fièvre pré-électorale marquée par un remueménage au sein du PDG et de l’opposition. Une ambiance propice à toutes sortes de surenchères
politiques et de projections conjecturales. Surtout
dans une province comme la Ngounié, réputée difficile.
A
P.N
fin d’offrir les clés d’un
choix lucide, il importe
de revisiter le chemin
parcouru entre les attentes
légitimes de départ, à l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba au
pouvoir, et les actions en faveur des populations réalisées depuis lors.
Les principaux acquis
Considérée comme l’une des
provinces les moins avancées
du pays avant 2009, la Ngounié est passée, en quelques
années seulement, de l’« enfant pauvre » du pays à une «
jeune demoiselle parée de
colliers ». Depuis l’élection du
président Ali Bongo Ondimba, la province a bénéficié
d’une attention accrue de
l’Etat. En témoignent les multiples promotions de ses cadres au sein des institutions
républicaines et dans la haute
administration (Sénat, gouvernement, entreprises et administrations publiques).
L’action du chef de l’Etat s’est
aussi et surtout traduite par
la réalisation de nouveaux
projets, la modernisation des
infrastructures (routes, pont)
et l’aménagement urbain,
dans la ville de Mouila notamment. La construction du
pont sur la Banio, inauguré le
20 juin 2014 par le chef de
l’Etat en personne, a ouvert la
voie au désenclavement de
cette partie du pays, au-delà
même de la Ngounié, et par
ricochet à sa vitalité et à sa
compétitivité économiques.
En effet, la lagune qui sépare
le chef-lieu du département
éponyme et les contrées situées sur l’autre rive ne
constitue plus une barrière
aux échanges entre les populations des deux bords. Ce
pont offre de réelles perspectives pour la circulation des
biens et des personnes. Car,
pour la petite histoire, ce
projet, qui constituait l’une
des principales doléances des
populations, est resté à l’état
végétatif depuis le milieu des
années 1970. Avec la mise en
service de cet ouvrage, Ali
Bongo Ondimba marque des
points dans la consolidation
de ses liens avec le «Grand
Sud».
La route Ndendé-Mouila
constitue l’autre projet phare
de la province. Cette infrastructure, longue de 70 km et
réalisée à près de 90 %, per-
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
mettra de partir de Bitam à
Mayumba (Nord-Sud) et de
Libreville à Franceville (EstOuest) sur des axes entièrement bitumés d’ici à 2016.
Dans le cadre de l’intégration
sous-régionale, elle facilite le
raccordement entre le Cameroun, le Gabon et le Congo.
En bonne place dans l’actif
économique de l’émergence
au bénéfice de la Ngounié, figurent les trois plantations
d’Olam, disséminées sur les
sites de Moutassou, Mandji et
Mboukou. Avec une superficie de 26 000 ha à ce jour, les
plantations atteindront 41
000 ha à terme. La pépinière
de Moutassou s’étendra sur
9000 ha et Mandji, avec 10
000 ha plantés et 200 salariés actuellement, aura 16
000ha. La construction d’une
usine sur le site, prévue pour
mai 2015, permettra de
transformer sur place les récoltes et ainsi, à terme, de
créer 5 000 emplois supplémentaires au profit des
jeunes de la contrée et des
provinces voisines.
D’une portée économique locale peu ou mal comprise du
grand public, la construction
de l’École de formation des
officiers de Fougamou est
déjà achevée. Elle sera opérationnelle avec l’envoi, d’ici à
la rentrée, des premiers
élèves officiers des forces armées gabonaises. Non seulement
cette
structure
contribue à la modernisation
de la ville de Fougamou, mais
en plus elle entraîne un regain de la consommation locale et de l’offre (plantations,
chasse, pêche, services,
loyers indirects).
Toutes ces réalisations, prévues par le PSGE, déclinaison
pratique de « L’Avenir en
confiance », le projet de société d’Ali Bongo Ondimba,
s’inscrivent dans le cadre de
la diversification de l’économie et participent au développement de la province de
la Ngounié. C’est dans cette
optique que, en juin 2013, a
été organisé un forum qui a
connu une forte mobilisation
de la population ainsi que la
participation des opérateurs
économiques, cadres et étudiants de la province, et des
partenaires au développement, afin d’élaborer des
plans de développement
communautaire en phase
avec le PSGE.
Il s’agissait finalement d’unir
l’ensemble des fils et des
filles de la localité autour
d’une orientation consensuelle du développement de
la Ngounié, qui prenne en
compte l’essor socioéconomique de tous les départements de la province.
Un nécessaire rattrapage
social
Si les projets économiques et
infrastructurels en cours de
réalisation laissent penser
que la Ngounié est de loin
l’une des provinces qui attirent le plus les investissements de l’Etat depuis 2009,
tout n’est cependant pas rose.
Des défis sociaux qui limitent
encore la qualité de la vie des
110.000 habitants de la province sont indéniables et interpellent
le
pouvoir
émergent et les acteurs politiques de la majorité présidentielle originaires de la
province.
Les préoccupations concernent essentiellement la lutte
contre la pauvreté, les épidémies et certaines maladies
dont le VIH/Sida qui connait
un taux inquiétant dans la
province (populations rurales), la scolarisation et la
formation professionnelle
pour les jeunes, la réduction
du chômage en dépit des efforts actuels déployés par
l’Etat, l’accès à l’eau et à
l’électricité et l’impact des
minimas sociaux prévus dans
le Pacte social pour les compatriotes économiquement
faibles.n
économie III
MAtin
EquAtoriAl
Leader par décret ou par onction populaire ?
Il existe actuellement dans la Ngounié deux tendances politiques qui s’affrontent
au sein du PDG. L’inimitié politique ayant conduit à une déchirure entre camarades d’un même bord alimente articles de presse, débats passionnés parfois
aux relents communautaires, s’invitant jusque dans les salons feutrés et sous
les chaumières de Libreville.
Vincent Eyi
E
t elle s’est publiquement
manifestée lors de la célébration en différé des
47 ans du parti à Mouila.
A cette occasion, le petit ‘’clan’’
régenté par Guy Bertrand Mapangou, ministre de l’Intérieur,
a contre l’avis consensuel organisé sa fête du PDG le « 9 mai »,
comme pour couper l’herbe
sous le pied de son principal
adversaire. Mais mal lui en a
pris, sa manifestation s’étant
soldée par un fiasco de la mobilisation.
Et puis, le 16 mai, les militants
et sympathisants du PDG de la
Ngounié ont eu droit à une
autre célébration du 12-Mars.
Celle-ci, ayant pour chef d’orchestre Yves Fernand Manfoumbi, qui s’est conformée
aux directives de l’administration du parti au pouvoir, aura
manifestement rallié aussi
bien les officiels du parti, dont
la présidente du Sénat, que
plusieurs milliers de Ngounis
venus des quatre coins de la
province.
Mais la bataille fait tellement
rage que chaque faction du
parti au pouvoir revendique le
succès de sa manifestation.
D’aucuns vont même jusqu’à
travestir la réalité, alors que les
faits sont têtus.
La question de fond qui taraude dès lors tous les esprits
est celle de savoir pourquoi
une lutte de leadership politique peut conduire à une telle
déchirure, si tant est que la finalité demeure la mobilisation
et le vote massif de la Ngounié
pour Ali Bongo Ondimba en
2016.
C’est que, aussi bien dans la
Ngounié et qu’au sein du PDG
en général, l’acte de nomination à une haute fonction publique a souvent été interprété
comme une onction au leadership politique local. Or, les «
mesures individuelles » ne suf-
fisent pas à combler le déficit
de connaissance du terrain politique de son bénéficiaire.
Tout comme elles ne rehaussent pas par la seule magie du
décret la cote d’amour ou de
popularité de l’heureux élu.
‘’La Ngounié forte’’, artifice politique ou
réalité fédératrice?
De tout temps, la politique a toujours cherché à mobiliser, à fédérer, à unir autour d’un idéal ou d’un objectif
spécifique. Mais à une échelle plus grande, d’un pays par exemple, la politique est rendue complexe par la
diversité ethnique ou culturelle, les particularismes, les différences, les ambitions, etc.
T
P.N
out le défi consiste alors
à trouver des hommes à
la hauteur de l’idéal,
aptes à tenir des discours fédérateurs qui nourrissent le rêve,
à poser des actes ou des actions qui stimulent l’enthousiasme,
confortent
les
convictions et emportent finalement l’adhésion. Or l’adhésion butte souvent sur des
écueils, à l’instar des divisions,
des égoïsmes, des inégalités,
des incompréhensions, etc.
D’où la pertinence d’un
concept comme la « Ngounié
forte », qui a vocation à être le
ciment de l’unité des fils et
filles de la province de la Ngounié. D’après son initiateur, Yves
Fernand Manfoumbi, la ‘’Ngounié forte’’ constitue un appel
aux populations de la province
du même nom afin de regarder
ensemble dans la même direction.
Une manière de constituer une
force par l’union afin de prendre le relais de l’Etat pour impulser le développement non
seulement de Mouila, le cheflieu de la province, mais aussi
de l’ensemble des neuf départements (Tsamba Magotsi,
Douya-Onoye, Dola, Mougalaba, Boumi-Louetsti, LouetsiWano,
Louetsi-Bibaka,
Mandji-Dolou, Ogoulou) qui
forment la province de la
Ngounié.
Or, pour ses détracteurs, la «
Ngounié forte » n’est qu’un artifice destiné à la mobilisation
des populations du Sud au profit du pouvoir. En d’autres
termes, elle tient d’une stratégie de soutien à Ali Bongo Ondimba en dehors des canaux
classiques du PDG (UFPDG,
UJPDG). Ces mauvaises langues
réduisent davantage la « Ngounié forte » à une pure manœuvre politicienne qu’à une réelle
volonté d’unité des filles et des
fils de la Ngounié.
Pour autant, ces critiques n’entament pas l’engouement de
ceux et de celles qui se recon-
naissent dans ce concept. La
dynamique unitaire qu’il prône
se veut elle-même critique de
l’héritage politique, partisan et
militant de la province au
cours des vingt dernières années. En effet, ‘’la Ngounié
forte’’ naît du constat que la
province a longtemps pâti
d’une option trop marquée par
la radicalité à l’égard du pouvoir, le refus de concession et
du dialogue. Pour cette raison,
la province ne s’est véritablement jamais mise sur la voie
du développement (infrastructures, économie, emplois, urbanisation).
Pour confondre ses contemp-
teurs, l’on souligne que la
conversion au PDG n’a jamais
constitué un critère d’adhésion
à la ‘’Ngounié forte’’, qui se veut
une plateforme de discussions
sans exclusive pour que la
Ngounié occupe la place qui lui
convient et joue son rôle dans
le processus d’émergence du
pays.
Une mission qui passe notamment par la valorisation de son
potentiel économique (mines,
énergie, forêt-bois…) et la captation des projets structurants
porteurs d’opportunités de
nouveaux emplois qui redistribuent les revenus et améliorent les conditions de vie des
populations
(alimentation,
construction, mariage, santé,
éducation, aides familiales).
Dans cette optique, la « Ngounié forte » a organisé en juillet
2013 un forum visant à définir
un plan local de développement sur la base du PSGE. Il
s’agissait d’apporter des réponses appropriées aux difficultés socio-économiques des
communes et villages à partir
d’un ensemble de projets communautaires.
Car, tout compte fait, le développement de la province n’est
pas incompatible avec l’engagement des populations de la
Ngounié à soutenir la vision
stratégique d’émergence du
Gabon prônée par le chef de
l’Etat.n
Mais elles permettent d’entretenir une illusion de supériorité.
Or tout le monde convient que
le leadership ne se décrète pas.
Il se construit, patiemment,
par la force de l’engagement et
l’investissement pour une «
cause », en l’occurrence le projet politique d’Ali Bongo Ondimba pour le Gabon. Le leader
ne s’improvise pas, mais s’impose par la force de ses actes et
de sa capacité de mobilisation
en faveur de la vision commune. On reconnait l’arbre à
ses fruits.
Si les réalisations d’un acteur
politique s’expriment pour lui,
les meetings constituent le baromètre de l’adhésion à ses
discours. La Ngounié, depuis
des lustres, a vu des générations d’acteurs politiques défiler. Et ce qu’elle a retenu de
chaque génération ou de
chaque leader de ces différentes générations, ce sont évidemment les « actes » ou les «
réalisations » en faveur de son
envol socioéconomique.
A la lumière de ces considérations, pourquoi continuer de
se demander s’il existe encore
aujourd’hui dans la Ngounié
des militants du PDG fidèles à
la politique du distingué camarade Ali Bongo. L’objectif «
zéro opposition » dans la
Ngounié commande que tout
le peuple des militants du parti
de mases, sans exclusive, fasse
bloc autour des cadres qui
maîtrisent et contrôlent la
base militante. Une base qui
aura répondu massivement
présente à l’«appel» du «16
mai 2015» à Mouila. Car, de la
qualité des hommes parlant au
nom du parti et du chef de
l’Etat va dépendre la victoire
ou l’échec lors des échéances
à venir. Et toute posture dissidente est de nature à ouvrir
une brèche à une opposition
en perte de vitesse.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
IV économie
MAtin
EquAtoriAl
L’idylle de la Ngounié avec Ali Bongo
Certains observateurs parlent d’une idylle entre la
Ngounié et le chef de l’Etat depuis le début de son septennat. Et la sollicitude du président de la République
pour cette partie du pays semble se confirmer avec les
différents déplacements qu’il y a effectués depuis
2010.
Pierre Ndoumou
L
a première visite présidentielle s’effectue dans
le cadre du conseil des
ministres délocalisé tenu le 6
octobre 2011 à Mouila. Ce
conseil des ministres, intervenant après ceux de Port-Gentil,
d’Oyem, de Tchibanga, de Makokou, de Koula-Moutou, de
Lambaréné et de Franceville,
permet à Ali Bongo Ondimba
de toucher du doigt les réalités
profondes de la province.
Comme réponse aux préoccupations de la Ngounié, le
conseil des ministres entérine
des mesures à forte tonalité administrative, sociale et économique, destinées à insuffler
une nouvelle dynamique au développement de cette partie du
pays. Il s’agit, entre autres, du
lancement des travaux d’adduction d’eau potable à
Ngouassa (Fougamou) et de
Massika, de la construction
d’une microcentrale de 8 MW
à Dibwangui pour renforcer la
capacité de production de la
vallée de la Louetsi et remédier à la faible capacité de la
centrale de Bongolo.
À Malinga, la construction
d’une microcentrale hydroélectrique de 450 KW sur la rivière Bibaka et d’une ligne de
transport d’énergie électrique
associée va assurer l’alimentation sécurisée en électricité de
cette localité et des villages environnants. La réhabilitation
de la microcentrale de Mbigou
permettra en outre de porter
la puissance installée de 340 à
500 KW.
Pour connecter davantage la
Ngounié aux autres provinces
du Gabon, notamment à
l’Ogooué Lolo et la Nyanga, le
conseil des ministres décide de
la réhabilitation du réseau routier, carrossable en toute saison, et d’une connexion vers le
Congo dans le cadre de la route
transafricaine (Route NdendéMouila,
Ndendé-Doussala,
Ndendé-Tchibanga, MbigouPopa).
La dernière mesure porte sur
la création d’une palmeraie
dans la Ngounié, sur la base
d’un partenariat entre l’Etat
gabonais et Olam (emploi des
jeunes en milieu rural), qui
s’étend sur un corridor partant de Mayumba et devant rejoindre la voie du chemin de
fer Transgabonais.
À ces mesures, le chef de l’Etat
ajoute la réouverture de
l’Ecole nationale vétérinaire
de Ndendé, le lancement des
études pour la création d’un
port sec à Ndendé et la réouverture du Bureau des
Douanes de Doussala. Une pléthore de projets visant le désenclavement infrastructurel
de la province en vue de son
décollage économique.
Les visites spéciales
Le président Ali Bongo On-
Renaissance comme relais de l’émergence dans la Ngounié
En écho à l’engagement du président Ali Bongo Ondimba sur les valeurs du travail, du partage et du
développement, l’association Renaissance a été créée par Yves Fernand Manfoumbi afin de mobiliser
autour du chef de l’Etat et de réaliser des actions concrètes visant à promouvoir la solidarité et le développement local sur l’ensemble du pays.
D
A.M
e plus, l’association a
pour mission l’éducation des populations
gabonaises dans l’optique
d’une meilleure perception
de leur environnement social, économique et politique.
En d’autres termes, il s’agit
de promouvoir des valeurs
morales sûres au sein de la
société dans le but d’assurer
la « renaissance » des Gabonais, aux prises avec les préjugés, le repli identitaire,
l’oisiveté, le découragement,
etc.
Groupement politique d’envergure nationale et internationale, Renaissance se
déploie à travers le Gabon et
auprès de la diaspora. La
province de la Ngounié, principalement, a déjà bénéficié,
depuis la création de cette
association, d’actions fédératrices et solidaires.
Un engagement derrière
le chef de l’Etat
Résolument engagée derrière le chef de l’Etat, Renaissance
a
pour
crédo
l’accompagnement de ce
dernier dans l’autonomisation des populations à travers le changement des
mentalités. Parmi ses faits
d’armes, figurent sa participation à la marche de soutien au président Ali Bongo
Ondimba en novembre
2014, l’initiation en juin
2013 d’un «forum sur le développement local de la
Ngounié» ayant débouché
sur la mise sur pied de la dynamique «Ngounié forte», la
sensibilisation des femmes
et des jeunes de la province
sur la nécessité de rompre
avec la politique des clans,
des départements et des
personnalités pour rallier
celle du développement,
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
gage d’une Ngounié forte et
pleinement intégrée dans le
processus de l’émergence du
Gabon prônée par le président de la République.
Cependant, le combat de
cette structure associative
n’est pas un long fleuve tranquille. Notamment au regard
de ses détracteurs tapis dans
l’ombre. Pour lever toute
équivoque, Alban M., membre de la section locale de
Renaissance, explique que l’«
objectif n’est pas de faire
ombrage à qui que ce soit.
Mais, par notre discours,
notre approche solidaire,
nous voulons tisser des réseaux dans tous les départements de la province pour
fédérer les personnes de
bonne volonté autour d’une
Ngounié qui ouvre les yeux
pour saisir les opportunités
de l’émergence ». Lors de la
récente célébration en différé du « 12-Mars 2015 » le
16 mai à Mouila, puisant
dans tous les recoins de la
province, l’association a démontré sa force de mobilisation sur le terrain.
Le soutien aux activités génératrices de revenus
A côté de ce volet politique,
Renaissance dans la Ngounié
s’affirme aussi comme un
maillon de la chaîne de solidarité et de développement.
Refusant l’« assistanat» en ce
qu’elle ne permet pas aux
personnes démunies de sortir définitivement de la pauvreté, l’association œuvre
particulièrement dans la
création d’activités génératrices de revenus. Son appui
est matérialisé par le financement de microprojets porteurs en milieu rural et le
don de matériel agricole
(tracteurs…) auprès des
femmes et des jeunes principalement.n
dimba qui a fait de l’action sur
le terrain son cheval de bataille
a effectué depuis 2011 des visites spéciales dans la province
de la Ngounié. Entre sa tournée de 2011 et la visite du 10
septembre 2012, il a pu s’enquérir de l’effectivité et de la
qualité des travaux de modernisation de la voirie de Mouila,
ainsi que de l’avancement des
projets de palmeraie de la société Olam. Ces descentes sur
le terrain ont également permis au chef de l’Etat d’évaluer
les problèmes de santé des populations.
Près de deux ans après sa visite de 2012, Ali Bongo Ondimba revient encore dans la
province s’assurer lui-même
de l’effectivité des projets initiés depuis 2010 pour favoriser l’essor du Grand Sud afin
de permettre aux populations
d’envisager l’avenir en toute
confiance.
Justement, ces visites présidentielles ont toujours été porteuses d’espoir pour les
populations du Sud, dans la
mesure où elles ont chaque
fois offert une opportunité
pour donner un coup d’accélérateur aux projets en cours de
réalisation dans la région.
Et comme preuve d’une réconciliation après l’épisode de
l’élection présidentielle de
2009 au terme de laquelle la
Ngounié s’est offerte à l’opposition, lors de ces visites Ali
Bongo Ondimba a toujours été
accueilli dans la ferveur populaire. Ce qui, pour d’aucuns, représente les prémices d’une
alliance gagnante pour 2016.
Normal dès lors que les uns et
les autres s’accordent que le
président de la République a,
depuis son arrivée au pouvoir,
établi une relation privilégiée
avec la Ngounié.n
économie V
MAtin
EquAtoriAl
Le match du PDG contre l’opposition
Pour les connaisseurs du Gabon profond et les observateurs avertis de la vie politique gabonaise, la province de la Ngounié est aussi frondeuse que le
Woleu-Ntem. Avec ses 110.000 habitants et sa mosaïque ethnique (Eshira, Apindji, Punu, Mitsogo, Nzebi,
Massango, Vungu et Éviya), elle est l’une des provinces
les plus « compliquées » politiquement à gérer.
C
Pierre Ndoumou
e « front » du Grand Sud
apparait donc comme
une équation électorale à
plusieurs inconnues pour le
pouvoir dans la perspective de
2016.
Et pour cause : de 1993 à
2009, le vote de la province
aux élections présidentielles
n’a pas souvent été totalement
acquis au PDG. Lors de l’élection présidentielle de 2009
par exemple, le « Grand Sud »
a jeté son dévolu sur l’enfant
du pays Pierre Mamboundou.
Autant dire que la province a
toujours constitué un vivier de
candidats de l’opposition à
l’élection présidentielle, à
l’image aussi de Didjob ou de
Maganga.
De plus, la Ngounié est aujourd’hui l’épicentre des ten-
sions
politiques
(PDGPDG/PDG-Opposition/Opposition-Opposition). D’après un
politologue, cette province est
l’une des plus politisées du
pays. Elle a donné naissance à
plusieurs formations de l’opposition: l’ADERE de Didjob Divungi Di Dingue (ancien
vice-président de la République et membre du Front radical/UN), le PSD de Maganga
Moussavou, l’UPNR de Mayila,
le PGP de Mouity Nzamba,
l’UPG de MoukagniIwangou
(front radical/UN), le MORENA de Kombila Koumba,
etc.
Cette ferveur politique trahit
une tradition de la contestation quasi historique et culturelle des populations du Grand
Sud. Difficile, dans un tel environnement, pour le PDG de
mobiliser tout le monde au-
tour de son candidat naturel
Ali Bongo Ondimba. D’autant
que le jeu des alliances se révèle pratiquement impossible.
L’UPNR apparait, pour certains, comme le seul parti avec
lequel le PDG peut éventuellement faire route.
Autre obstacle pour le PDG
dans la province, le parti des
abstentionnistes ou encore
des « mécontents ». Sociologiquement, il regroupe les frustrés du PDG, c’est-à-dire ceux
que l’émergence (hauts cadres ou élus) a laissé sur le
côté et qui ruminent leur rancœur en attendant le jour-j
pour ne pas se mobiliser. De
jour, ils apparaissent comme
des militants encore estampillés officiellement PDG, mais
de nuit appellent leurs
proches et réseaux locaux à la
démobilisation, sinon au vote
sanction.
Mais depuis quatre ans, la
Ngounié sort progressivement la tête de l’eau. Elle a
pratiquement fait le plein des
voix en faveur du PDG lors des
législatives de 2011 et des locales de 2013 boycottées par
l’opposition. Petite ombre sur
le tableau, Mouila est tombée
dans l’escarcelle du PSD. Un
signal fort qui prouve qu’aujourd’hui la Ngounié, à une exception près, est loin d’être
une citadelle de l’opposition
imprenable par le PDG.
Le pari n’est cependant pas
gagné à l’avance pour les têtes
d’affiche du PDG de la province que sont Manfoumbi,
Nzoumba, Nyonda, Milébu,
Manpangou, etc. Même si certains, à travers des instruments comme Renaissance ou
‘’La Ngounié forte’’, font montre d’un engagement à toute
épreuve afin d’améliorer les
performances des dernières
consultations électorales et
faire triompher Ali Bongo Ondimba en 2016.
Pour ce faire, l’on met en
avant les réalisations du PSGE
en faveur de la province. De ce
point de vue, elle peut même
s’estimer la fille bien aimée du
nouveau pouvoir. Qui bénéficie aussi des multiples actions
de certains de ses fils en faveur de son développement.
Cette sollicitude mérite bien
un retour d’ascenseur.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
VI économie
MAtin
EquAtoriAl
Niche d’opportunités d’investissements
La Ngounié regorge plusieurs atouts dont la forêt, des sites touristiques et
un écosystème favorable à l’agriculture et à l’élevage. En outre, elle abonde
de richesses minières exploitables (or, diamant, pierre de Mbigou, etc.), d’une
hydrographie exceptionnelle et… du pétrole. Elle dispose donc de nombreux
avantages pouvant contribuer à dynamiser son économie et participer activement à l’essor économique du Gabon.
S.M.E.
P
ourtant, au cours des
dernières décennies,
ces atouts n’ont pas
été suffisamment exploités.
Mieux, la province a souvent
été présentée comme l’une
des moins avancées du
pays, particulièrement au
plan économique et infrastructurel. Mais dès l’élection d’Ali Bongo Ondimba
en 2009, elle a bénéficié
d’une certaine attention. Résultat, sous le haut patronage du président de la
République, des forums
économiques dédiés au désenclavement de la province
et à l’amélioration de son
réseau routier se sont tenus
afin de renforcer l’attrait de
la Ngounié auprès des investisseurs et capter des
projets structurants.
La Ngounié, terre d’opportunités d’investissements
Ses principaux secteurs
d’activités à fort potentiel
de rentabilité sont l’agriculture, le bois, le tissu foncier
urbain, les secteurs marchand et touristique qui demeurent
sous-exploités.
L’analyse économique par
secteur démontre que la
province a fortement besoin
d’investissements privés et
publics.
Dans le secteur forestier, la
Ngounié tire faiblement
profit de l’exploitation des
grumes. Et depuis quelques
années, l’on observe un
recul de la production (49% en 2012) cantonnée à
Mouila, Ndendé et Yetsu,
avec seulement sept opérateurs.
L’agriculture, elle, enregistre une quarantaine de coopératives
agricoles
spécialisées dans les cultures vivrières et maraîchères,
localisées
essentiellement dans les départements de la Louetsi
Wano et la Boumi Louétsi.
Le secteur agro-industriel,
tirée par la Société des brasseries de la Ngounié (SBN),
est pour sa part en forte
croissance (+4) ces dernières années. La province
développe également d’autres filières (tourisme,
banque, pêche, aquaculture,
cultures vivrières et de
rente) qui nécessitent des
partenariats pour générer
davantage d’emplois locaux
et de recettes fiscales pour
l’Etat et les conseils élus de
la région (municipaux et départementaux).
S’agissant de la fourniture
de services de première nécessité comme l’eau et
l’électricité, la SEEG a réalisé, sous l’impulsion de la
politique du chef de l’Etat,
des efforts d’extension dans
la desserte de certains départements. Le fait que les
populations rurales utilisent de l’eau des pompes
hydrauliques et des puits
est une opportunité d’affaires pour les établisse-
ments des secteurs eau et
énergie (énergie solaire).
A côté de ses acquis, on peut
ajouter d’autres facteurs de
compétitivité: une population (60%) qui affectionne
l’activité agricole, une
bonne couverture en structures scolaires avec des cycles professionnels et
techniques, l’existence de
grands espaces pouvant favoriser l’extension ou la diversification
d’activités
industrielles et commerciales.
Les défis à relever
La route passe…le développement suit
La Ngounié dispose d’immenses superficies agricoles, d’importants gisements miniers, des réserves naturelles forestières ainsi qu’un fort potentiel touristique jusque-là sous-exploités à cause,
principalement, du mauvais état des routes dans cette partie du pays.
lancé, dès 2011, la densifi- banga, Mbigou-Popa).
cation du réseau routier Ces nouvelles infrastruc’amélioration de la dans la province de la Ngou- tures routières contribuent
qualité des infrastruc- nié, afin de connecter da- à hauteur de 80 % au moutures routières et la ré- vantage cette région aux vement des biens et des
duction des coûts de autres provinces du Gabon, personnes, et soutiennent
transport visent, à terme, à notamment l’Ogooué-Lolo ainsi les échanges commercréer les conditions favora- et la Nyanga. Ce réseau vise ciaux et le tourisme au
bles à la commercialisation également à établir une Gabon. De 1995 à 2009, le
de ces ressources dont l’ex- connexion avec le Congo Gabon comptait 817 km de
ploitation induira une diver- dans le cadre de la route routes asphaltées. Entre
sification de l’économie et transafricaine
(routes 2009 et 2014, sous le présiune croissance verte et in- Ndendé-Mouila, Ndendé- dent Ali Bongo Ondimba,
clusive au profit des popula- Doussala,
Ndendé-Tchi- 634 km de routes ont été
tions, non seulement du «
Grand Sud », mais égaleTronçons
Km
ment du reste du pays. L’axe
Libreville-Mouila et le corri- Route Fougamou-Mouila
85 Km
dor Libreville-Pointe NoireBrazzaville se trouve au Route Mouila-Ndendé, 71 km
71 km
centre d’enjeux politiques,
sociaux, économiques et in- Route Ndendé-Doussala
46 km
tégrateurs au niveau de
l’Afrique centrale et même (connexion à la route NgongoDolisie (Congo))
sur l’échelle continentale.
Dans cette optique, le prési- Route Fougamou-Mouila
111 km
dent de la République a
Vincent Eyi
L
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
goudronnés et 771 km sont
en cours de bitumage.
Et le rythme de bitumage de
ces routes connait une accélération sensible. L’année
2014 aura été la plus riche
en termes de réalisations
avec 208 km bitumés. Un
bilan routier largement positif qui constitue une
preuve tangible de la volonté d’apporter des solutions concrètes aux attentes
des populations.n
Etat
Livrée en 2012
Achevé à 90%
Financement acquis
53 milliards
Livrée en 2012
Déjà identifiés au terme de
multiples journées économiques sur la Ngounié tenues ces dernières années,
plusieurs facteurs limitent
encore le décollage économique de cette province. Les
économistes relèvent que
l’extraordinaire potentiel
économique de la Ngounié a
jusqu’alors été handicapé
par l’insuffisance des techniques agricoles (la production étant encore largement
archaïque ou traditionnelle), un circuit de commercialisation
encore
inexistant, une population
vieillissante en milieu rural
(exode des jeunes vers les
centres urbains) et le déclin
des cultures de rente
comme le café, cacao et le
palmier à huile.
De même, le transport routier intra et interurbain est
encore faiblement organisé,
même si la tendance est à sa
modernisation grâce aux
agences de voyage en pleine
expansion, encouragées par
l’amélioration du réseau
routier (Mouila-Libreville).
L’absence de vols aériens
systématiques desservant la
province et le manque de
stations-services dans plusieurs départements freinent également l’essor de
cette localité.
D’un point de vue économique, il existe aujourd’hui
des «niches» d’activités, des
secteurs dans lesquels les
investisseurs gabonais et
étrangers peuvent s’engager
dans la région avec un retour sur investissement garanti. La Ngounié, au regard
de la planification du PSGE,
pourrait à terme devenir un
puissant levier économique
dans le « Grand Sud ».n
économie VII
MAtin
EquAtoriAl
La ‘’GRAINE’’ de la relance agricole
Dans son projet de société, le président Ali Bongo Ondimba accorde une place de choix au développement
de l’agriculture. Le Programme agricole de sécurité
alimentaire et de croissance (PASAC), mis en place en
novembre 2010, vise à accroître considérablement la
contribution de l’agriculture dans l’économie gabonaise. Estimée aujourd’hui à 5 % du PIB, le gouvernement espère, à l’avenir, la porter à 20 %. Des
perspectives heureuses pour des provinces à vocation
agricole comme la Ngounié.
D
V.E
e par son histoire économique et le mode de vie
de ses habitants, la province de la Ngounié est souvent
présentée comme un bassin
agricole. Avec une terre fertile et
une excellente pluviométrie, les
populations s’appuient essentiellement sur une agriculture
de subsistance basée sur des
cultures vivrières (manioc, banane plantain, arachide, taro,
igname, patate douce, maïs, etc.)
qu’elles vendent également au
niveau local ou dans la capitale
par le biais des coopératives.
Mais la superficie des plantations reste faible, variant entre 1
et 5 hectares en moyenne.
Le café et le cacao constituent
les cultures de rente de la pro-
vince. Depuis les années 19601970, ces cultures se pratiquent
notamment dans les départements de la Boumi-Louétsi, de
l’Ogoulou et de la Louétsi-Wano.
Comme dans le reste du pays,
l’activité a connu un déclin dû à
plusieurs facteurs endogènes et
exogènes.
La Caisse de stabilisation et de
péréquation a reçu du gouvernement le mandat de réhabiliter
les vieilles exploitations grâce à
un appui technique aux populations, d’inciter les nouvelles générations à s’intéresser à ce
secteur à travers la mise en
place de nouvelles plantations
et l’achat des produits nécessaires aux paysans.
Mais dans les faits, les rares
planteurs de cacao et de café attendent toujours les retombées
de ces réformes de la CAISTAB.
Résultat, les productions et les
achats ont chuté de 40,4 % au
cours des dernières années
dans la province. Aussi, afin de
redynamiser le secteur, le président Ali Bongo Ondimba s’est
rendu à Mouila en septembre
2012 pour s’enquérir de l’état
des besoins et lancer des projets
concrets visant à promouvoir et
à soutenir les initiatives agri-
coles en observation dans la région.
Lors de sa dernière visite d’inspection, en avril dernier, le président Ali Bongo Ondimba a
décliné sa vision du Gabon de
demain, qui veut « que les Gabonais soient eux-mêmes producteurs des produits alimentaires,
de manière pérenne. Ainsi, on
réduirait l’importation des denrées».
Tourisme, secteur de l’avenir
Désormais, avec le projet
Graine, dans la Ngounié les
femmes qui exploitaient seules
leurs plantations s’associent
pour former des coopératives
dans les villages. Dans le même
temps, les associations déjà
existantes bénéficient d’un renforcement des capacités. Avec
des formations sur place ou
hors du pays et des dotations financières (5millions de FCFA),
la relance agricole est résolument en marche dans la Ngounié. Surtout que la construction
de la route et du pont facilite
désormais l’écoulement à Libreville du surplus des récoltes que
la consommation locale n’absorbe pas. L’économie rurale a
pour ainsi dire de beaux jours
devant elle.
Située au sud du Gabon, à près de 450 km de Libreville, la Ngounié, qui a pour chef-lieu Mouila,
est l’une des provinces les plus étendues du pays, avec une superficie de 37 750 km², soit près de
15% du territoire national. Elle est limitée au nord par la province du Moyen-Ogooué, au sud par
la province de la Nyanga, à l’ouest par l’Ogooué-Maritime, à l’est par l’Ogooué-loloet au sud-est
par la République du Congo.
En outre, le projet d’exploitation
Vincent Eyi
S
es populations accueillantes,
les Ngounis, à l’instar des autres peuplades du Gabon, ont
une légendaire culture de l’hospitalité et de la paix que les conjonctures économiques et sociales
n’ont pas réussi à entacher au
cours des dernières décennies.
La beauté des paysages de la
Ngounié et l’immense patrimoine
culturel de ses peuples n’ont pas
encore été totalement dévoilés.
Région en plein essor économique, la province possède l’un
des fonds touristiques les plus importants du Gabon. Aujourd’hui,
elle tend à s’ouvrir à ce secteur
d’activité, spécialement avec l’implantation progressive de structures privées d’accueils comme
les hôtels, les restaurants, les bars
et autres sites touristiques.
L’activité touristique dans la
Ngounié est exercée par des opérateurs économiques spécialisés
soit dans l’hébergement (hôtels,
motels, auberges), soit dans la restauration (restaurants, snackbars, cafétérias), soit dans le
tourisme et les loisirs (agences de
voyage, sites, parcs nationaux, réserves, centres de loisirs).
Du point de vue hôtelier, la province dispose d’une vingtaine de
structures. La majorité d’entre
elles, de moyenne dimension,
sont gérées par des nationaux et
offrent un menu riche et varié,
constitué de principaux mets du
terroir. Seulement, le personnel
est souvent sans qualification.
Après avoir connu son essor dans
les années 1980, l’activité hôte-
lière a connu une baisse de régime due à l’absence de liaisons
aériennes, le mauvais état du réseau routier interdépartemental,
la non revalorisation des sites
touristiques et le manque d’entreprises à grande intensité de maind’œuvre.
Mais
certaines
manifestations, notamment politiques (périodes de campagne
électorale par exemple), contribuent encore à stimuler le secteur.
La Ngounié regorge de sites touristiques intégrés dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Sur
les 13 parcs nationaux répertoriés
sur l’ensemble du territoire gabonais, trois se trouvent dans cette
province : le parc national des
Monts Birougou localisé entre
Mbigou et Pana sur 69 021 hectares, le parc national de la Waka,
accessible par piste routière à partir du débarcadère du bac de Sindara, puis par voie pédestre (106
000 hectares), et le parc national
de la Lopé qui couvre une superficie de 491 291 hectares et s’étend,
au-delà de la Ngounié, dans
l’Ogooué-Ivindo, l’Ogooué-Lolo et
le Moyen-Ogooué.
Ce dernier a pour spécificité d’être
l’une des plus grandes concentrations de mandrills en Afrique et
des traces de la présence de
l’homme sur ces lieux datant de
plus de 400 000 ans. En plus de
ces parcs, la région héberge des
sites tels que l’hôpital de Bongolo
et les majestueuses grottes de Lébamba, ou encore les Chutes de
l’Impératrice à Fougamou. Les investisseurs privés pourront ainsi
y promouvoir l’écotourisme.n
de 50 000 hectares de palmeraies pour une production annuelle de 280 000 tonnes
d’huile de palme se poursuit. Il
doit générer 700 emplois directs et 21 000 emplois indirects
à
terme.
Le
développement de la culture de
l’huile de palme dans le cadre
du partenariat passé entre l’Etat
gabonais et la multinationale
Olam s’accompagne d’un ensemble de programmes d’industrialisation de l’ensemble de
la filière.
L’élevage dans cette partie du
pays devrait aussi embrasser
son second volet d’industrialisation, principalement en ce qui
concerne les fermes agropastorales. Dans la province, six sites
ont été retenus dont la ferme
agropastorale de Lebamba, spécialisée dans la production de
volailles et de légumes au
Gabon. Ces fermes assurent la
production d’aliments de base à
bas prix sur le territoire gabonais et permettent une plus
grande disponibilité des produits sur le marché à moindre
coût.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
VIII Politique
MAtin
EquAtoriAl
En attendant le boom des banques et de la microfinance
Si la région est un peu éloignée des zones les plus peuplées et les plus économiquement actives du Gabon (Libreville, Port-Gentil,
Franceville/Moanda), elle partage en revanche sa frontière avec le Congo. Ce qui en fait l’une des régions gabonaises les plus ouvertes
à l’exportation sous-régionale des produits « made in Gabon » (matériaux de construction, énergie, produits agricoles, huile, etc.).
L
Aristide Bidza
es investisseurs pourront
réellement tirer profit de
cette localisation lors de
l’ouverture de la route régionale
en cours d’érection, qui va du Cameroun (Woleu-Ntem) au Congo
(Ngounié). La proximité de la région portuaire de Mayumba
(Nyanga) et le corridor prévu d’ici
2017 sur le réseau ferroviaire en
font également une alternative
crédible pour l’accès aux marché
national de Libreville, voire l’importation (évacuation des minerais, café-cacao, huile, bois
transformé, cultures de rente,
produits agricoles y compris élevage, etc.).
Par ailleurs, le développement
des infrastructures routières reliant la Ngounié au reste du
Gabon (notamment vers Libreville et le Woleu-Ntem) permet de
relativiser de plus en plus l’isolement dans lequel était confinée la
région.
De plus, les investisseurs pourront tirer avantages d’une région
que l’on décrit en plein essor (immobilier, services, tourisme), avec
un potentiel important et une
main d’œuvre compétitive bon
marché. Ils pourront de ce fait
mesurer les efforts réalisés par le
gouvernement pour développer
les infrastructures économiques
(transformation industrielle du
bois, agropole, etc.). Toute chose
qui facilite la création des parcs
d’affaires adaptés et la mise en
œuvre des projets écotouristiques. Surtout que la région est
réputée pour sa sécurité et la
convivialité des populations.
Les services financiers jouent un
rôle majeur dans le développement économique. Dans un
contexte politique où l’autonomisation des couches sensibles, des
femmes et des jeunes constitue la
priorité de l’émergence, la province de la Ngounié représente
une opportunité économique
pour les banques et les établissements de microfinance.
En effet, le potentiel économique
de la Ngounié est multisectoriel.
Dans le cadre du Gabon industriel, il y a les hydrocarbures
(champ pétrolifère de Koula), les
mines et les matériaux de
construction (gisement de manganèse de Mbigou, orpaillage, calcaire).
Dans le cadre du Gabon vert, il y
a les grands projets d’agro-industrie et d’agriculture (agropole de
Ndende, projet agricole de
cacao/café) et l’industrie forêtbois (domaine industriel du bois
de Mouila, exploitations forestières).
En ce qui concerne le Gabon des
services, il y a le tourisme (aménagement des sites, ouvertures
des hôtels, motels, restaurants) et
bien d’autres activités artisanales
pour des jeunes moins qualifiés
(boulangeries, carrières de sable,
pressing, cybercafés, laveries de
voiture, couture, quincailleries,
scieries, menuiseries, ébénisteries, etc.).
Le développement de toutes ces
activités nécessite des financements. Les banques et établissements de microfinance, souvent «
comprimés» à Libreville, pourraient donc trouver ici des projets
à financer garantissant une rentabilité à court, moyen et long
termes. Pour preuve de ce dynamisme économique, l’agence provinciale de la BGD, après avoir
développé une politique de proximité, a pu atteindre un chiffre
d’affaires de 1,5 milliard de FCFA
en 2012.
C’est dire si les établissements de
microfinance et des banques
comme LoxiaEmf (BGFI), Ecobank, Finam, UBA, etc. qui ont des
critères d’éligibilité au crédit
assez souples pour des populations jugées peu « sûres », trouvent dans la Ngounié un terrain
plein d’opportunités susceptibles
de booster le développement de
la province. A côté des opérateurs
historiques comme BGD ou BICIG
qui ont des représentations dans
la province (salaires des fonctionnaires), le secteur financier structuré reste un marché encore
largement non couvert.
Par ailleurs, le commerce charrie
des intérêts pour les banques dans
la localité. L’activité commerciale
est très développée dans la province. Si les magasins du groupe
CécaGadis (Intergros, Gaboprix, et
Cécado) y sont bien présents, il
existe des centaines d’opérateurs
privés à Mouila (plus de 300), formels et informels, dont majoritairement des étrangers, et une
bonne partie de Gabonais. En de-
hors de Mougalaba qui est encore
en net décrochage, le reste des départements de la province (Fougamou, Ndende, Lembamba, Mandji,
Mbigou et Mimongo) sont plutôt
commercialement très animés.n
Les infrastructures sanitaires : une cure de jouvence s’impose
La Ngounié, région sanitaire par excellence du sud du Gabon, comprend des centres médicaux, des dispensaires, des centres de santé de district ou urbains et des cases de santé.
A.B.
Le Centre médical implanté
dans le chef-lieu, Mouila,
tient lieu de référence. Les
cases de santé ont été mises
en place dans les villages à la
demande des populations et
sont tenues par des agents de
santé locaux dont la formation est assurée par l’équipe
médicale du département. Le
dispensaire est l’unité de base
du service public. Il couvre
plusieurs villages et est, lui
aussi, souvent tenu par un
agent de santé.
L’amélioration de la qualité
des soins dispensés aux populations dépend de la qualité
du personnel et des équipements roulants et biomédicaux dans les structures
d’accueil (service et conditions d’hospitalisation). Ainsi,
pour 9 départements et 173
structures,
la
province
compte 477 lits. Avec un ratio
d’un lit pour 10000 habitants,
la province se situe largement
en deçà de la moyenne nationale qui est de 21.
À cela s’ajoute une offre de
soins limitée, des équipements et infrastructures vétustes et l’absence de
maintenance du matériel
existant. Lorsque les médicaments sont disponibles, il se
pose le problème de la gestion rationnelle des stocks. Le
coût élevé des ordonnances et
la faible utilisation des géné-
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
riques constituent autant de
facteurs qui inhibent l’accès
aux soins de santé des populations.
Outre l’équipement des formations sanitaires, le grand
défi concerne le renforcement du nombre d’établissements sanitaires existants,
notamment dans les départements qui ne disposent pas
Structures
de véritables structures médicales, et pire encore, d’un
personnel soignant qualifié.
Du coup, certains malades,
surtout en milieu rural, renoncent à se tourner vers la
médecine moderne.
De plus, on note l’insuffisance
du personnel médical dans la
région, avec 16 médecins
pour plus de 100.000 habi2010
2011
2012
Hôpitaux
2
2
2
Centres médicaux
8
8
8
Dispensaires
98
98
99
Infirmeries/Cases de
santé
29
29
29
Centre de santé
4
4
4
Pharmacie
1
1
1
Dépôts de pharmacie
28
28
30
Total
170
170
173
tants, un pourcentage élevé
de la main-d’œuvre non permanente locale faisant office
d’ « infirmiers assistants » et
14 sages-femmes seulement.
Dans certains départements,
on retrouve uniquement des
sages-femmes et quelques infirmiers d’Etat. S’agissant des
thérapeutes, les généralistes
sont plus représentés que les
spécialistes, même si certaines spécialités de la médecine sont inexistantes dans
toute la province. D’où le recours aux évacuations sanitaires vers Libreville, avec des
coûts supplémentaires « hors
CNAMGS » (alimentation,
transport,
médicaments)
pour des populations le plus
souvent économiquement faibles.
À la faveur de la visite d’Ali
Bongo Ondimba dans les provinces du Moyen-Ogooué et
de la Ngounié en septembre
2012, le diagnostic des problèmes de santé dans la région a établi la nécessité
d’améliorer les pratiques de
soins et de développer les
nouvelles technologies pouvant bénéficier aux populations, ainsi que la formation
d’un personnel médical compétent et qualifié.
Si des actions ont bel et bien
été initiées dans ce sens, il importe, au regard de la situation, de donner un coup
d’accélérateur au rythme de
leur mise en œuvre.n
Politique 5
MAtin
EquAtoriAl
Politique/Présidentielle
Le Gabon sera-t-il prêt pour 2016 ?
On observe un remueménage chez les potentiels candidats. Pour
préparer la voie à son
candidat, du côté du
PDG ou de la majorité
présidentielle on s’active depuis plus d’un an
à mobiliser les électeurs, à s’assurer de
leur inscription sur les
listes électorales. Dans
le camp de l’opposition,
l’heure est plutôt à l’organisation des marches
de protestation ou à la
guerre de positionnement.
Pendant
ce
temps, les acteurs chargés de l’organisation du
scrutin donnent l’impression d’être préoccupés
par
d’autres
priorités.
N’Dende A’Ndzik
L
e principe d’une élection présidentielle est
de départager deux ou
plusieurs candidats porteurs de projets de société
reflétant une idéologie, une
vision et des priorités économiques, sociales, culturelles,
sécuritaires
et
environnementales différentes. Le festival des candidats en liste dans les
quartiers, les villes et les villages, les piques envoyées
entre camps, les slogans, les
spots publicitaires, l’emballement des médias positionnés derrière les candidats,
etc. participent de l’animation du pays durant des semaines, voire quelques mois
avant le jour où l’électeur,
seul face à sa conscience, élit
le candidat qui l’aura le plus
marqué par ses propositions, son style et sa vision
du pays pour les années à
venir.
Si l’ambiance a souvent été
bonne enfant lors des présidentielles de 1993, 2005 et
2009, le seul bémol a
presque toujours été mis
sur l’ «organisation ». Les
deux camps en lice se sont
très souvent réciproquement accusés de « tricherie
», de bourrage des urnes
dans des bastions souvent
pas ou peu accessibles à
l’autre camp, d’achat des
consciences, de violence,
etc.
Mais contrairement aux
échéances antérieures, la
présidentielle
anticipée
d’août 2009, a, de l’avis de
nombreux observateurs,
laissé de nombreux stigmates. Elle a même conduit
à une « rupture » de l’équilibre ethnique, régional, politique et idéologique. Six ans
plus tard, les forces en lice
en 2009 continuent de se
regarder en chiens de
faïence.
Le contexte pré-électoral actuel semble conduire vers le
même scénario de 2009.
L’impréparation d’un camp
et l’anticipation de l’autre
pour verrouiller le «vote
utile» des Gabonais sont
source de polémique.
Pour ne rien apaiser, la publication récente du résultat
du recensement de 2013 (1.
800.000 habitants), dévoilé
par le gouvernement et les
réactions qui s’ensuivent
dans les états-majors des
différents partis politiques,
notamment de l’opposition
radicale, indiquent que l’on
va vers la contestation du
processus avant même
l’élection.
Lassés par ces sempiternels
débats parfois sans objet,
d’aucuns pensent qu’il
convient plutôt de se poser
la question fondamentale :
le Gabon sera-t-il prêt pour
la présidentielle en 2016?
Cette question pose avant
tout le problème de la mise
en place d’un cadre électoral
relativement accepté.
Or, pour l’heure, rien, ou
presque, n’indique que les
acteurs concernés par son
organisation s’attèlent à la
préparation
de
cette
échéance. Pourtant les
chantiers à ouvrir sont
nombreux : la liste électorale biométrique, la modernisation du processus
électoral (ministère Intérieur, CENAP, Cour constitutionnelle), la préparation du
budget de l’élection, le code
électoral et le CND, etc.
Le seul remue-ménage s‘observe chez les potentiels
candidats. Dans le camp du
pouvoir, depuis un voire
deux ans déjà l’on s’active
dans les circonscriptions à
toiletter les fichiers électoraux, veille à l’inscription de
nouveaux électeurs, ou à la
radiation des décédés,
sonne la mobilisation des
militants, etc.
Dans le même temps, l’opposition a élu domicile à Rio
et à Cocotiers pour organiser des marches de protestation conduisant à la
violence ou provoquant une
mort d’homme. Elle se
contente d’enflammer les
réseaux sociaux et la diaspora par l’annonce des forums, ou se déchire entre le
bloc pro Sud et le bloc pro
Nord. Et ses leaders, divisés
entre anciens et nouveaux
opposants, se regardent en
chiens de faïence. Pire avec
la disparition d’André Mba
Obame, l’heure est davantage à la guerre de positionnement ou à la course au
leadership.
Mais moins que ces errements des potentiels candidats,
c’est
surtout
l’impréparation des organisateurs du scrutin qui
préoccupe. Ce qui amène
certains observateurs avertis à envisager déjà un report
de
l’élection
présidentielle
prévue
2016.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
6 Economie
MAtin
EquAtoriAl
Le PDG et la politique dans la Ngounié
La ‘’Ngounié forte’’ met « Guy Louis Bertrand » aux abois
Tout le monde croyait le débat sur le dossier clos, et « l’agitateur » de Fougamou
et ses ‘’non-alignés’’ renvoyés à leurs chères études. Voilà que des journaux, travestissant sans scrupules les faits, lui attribuent une victoire sur un adversaire
évoluant plutôt dans une arène plus importante.
Constantin Toukoule-Mè
D
ans la mare politique gabonaise, c’est une réalité
qui crève désormais les
yeux. Elle met en évidence,
preuves à l’appui, et en dépit de
sa longévité aux affaires, l’éclatante déculottée de Guy Louis
Bertrand », «Poutine» pour son
fan club, dans les joutes politiques dont la Ngounié est devenue un terreau fertile. En
témoigne le fiasco populaire de
la manifestation organisée par le
ministre de l’Intérieur le 10 mai
à Mouila, à l’occasion de la célébration en différé des 47 ans du
PDG.
« Guy Louis Bertrand », en bon
bwitiste chevronné, a cherché, la
torche indigène à la main et le
bois sacré (iboga) dans la
bouche. Et il a trouvé. Il a rencontré « garçon », comme disent les
Ivoiriens. Le voici donc confiné à
organiser des procès en sorcellerie, à tenir des conseils de guerre
dans son bureau de l’Avenue de
Cointe, à battre en permanence
le rappel de ses réseaux dans la
presse pour inonder le paysage
médiatique d’une prose qui dénature les faits pour entretenir
l’illusion de la gloire de «Poutine». Ce faisant, il reconnait im-
plicitement avoir effectivement
perdu non pas une simple bataille, mais la guerre sur le théâtre des opérations dans la
Ngounié.
Mais l’adepte de la politique de
l’autruche poursuit sans scrupule sa campagne médiatique
relatant ses exploits professionnels et politiques, tout en entretenant le mystère sur ses
ignobles faits d’arme, notamment les trahisons et autres retournements de veste qui ont
contribué à construire sa trajectoire.
C’est oublier un peu qu’un
homme politique, de surcroît autoproclamé leader politique in-
contesté d’une province de la dimension de la Ngounié, ne fait
pas sa démonstration de force
dans la presse. Le leadership se
démontre sur le terrain, à travers par exemple sa capacité de
mobilisation de Fougamou à
Mandilou, en passant par Ikobey
et Sindara.
En vérité, Il est difficile à « Guy
Louis Bertrand » de se conduire
en général, parce que justement
«Poutine» ne dispose pas de
troupes. Sinon d’un groupuscule
d’affidés constitué davantage
d’«aigris» nostalgiques mus par
la haine, qui ont décidé de faire
du «chantage politique» l’arme
fatale pour se remettre en selle.
Autant dire que « Guy Louis Bertrand » n’existe pas au sein du
Parti démocratique gabonais,
mais certainement au niveau du
Parti de l’unité du peuple (PUP)
de Louis Gaston Mayila, dont il
fut le porte-étendard et candidat
Mort à la sortie de Lambaréné
Dimanche dernier, au moment où nous quittions Lambaréné, la capitale provinciale du Moyen-Ogooué, personne ne savait exactement le nombre de morts enregistrés dans l’accident de circulation intervenu la veille,
juste à la sortie de la ville, en direction de Libreville.
O
Jacques Okeng’
fficiellement, on avance
le chiffre de trois morts
: le chauffeur, son aide
et une commerçante. Sur
place, les populations qui
n’ont pas hésité à se servir
malgré le drame, parlent d’un
seul corps retiré de la ferraille
du MAN immatriculé dans la
province de la Nyanga, et qui
transportait une cargaison de
manioc devant servir à la production de ce complément
alimentaire très prisé à Libreville, le célèbre « manioc
Obamba ».
A Moussamoukougou, voire à
Mitonet, zone mitoyenne où a
eu lieu le choc, on en était encore dimanche dans la journée à s’interroger non
seulement sur le nombre de
morts, mais surtout sur les
causes de ce malheur qui
s’est produit curieusement
en plein jour, et sans qu’un
obstacle visuel ne soit à si-
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
gnaler.
Et à première vue, la thèse du
« sommeil au volant » ne
semble pas tenir la route. Ce
comportement étant enregistré le plus souvent de nuit.
Aussi, penche-t-on davantage
sur une défaillance mécanique au regard de l’état et
surtout de la marque du camion. Car les MAN au Gabon,
on en trouve plus roulant
entre l’intérieur du pays et Libreville. Et le plus souvent, «
lourdement » chargés de
produits divers.
Sur les lieux mêmes de l’accident, on n’hésite pas non plus
à pointer du doigt la présence
d’un porte-charge, chargé
d’un bulldozer, qui campe depuis des mois à un virage
situé à une descente de la
voie empruntée par le véhicule. Le conducteur du mastodonte aurait-il perdu le
contrôle de son engin juste
après avoir franchi l’obstacle
en question qui se trouvait à
sa droite ?n
malheureux à plusieurs reprises.
Une poisse qui semble malheureusement lui coller à la peau
bien qu’ayant changé de bord.
A Fougamou, où il ne représente
que lui-même, il se raconte que
lors des législatives de 2011,
Marcel Doupamby Matoka, le
vrai patron de la localité, voulant
passer la main, a jeté son dévolu
sur « Louis Guy Bertrand ».
Pressé de montrer que Doupamby a fait son temps et que le
nouveau roi des Gisir c’était désormais lui, « Guy Louis Bertrand
» lâche alors dans la ville rénovée
par le doyen des hordes de
jeunes annoncer la «bonne nouvelle».
Et de bonne nouvelle, «Guy Louis
Bertrand » en prend à la fin pour
sa roublardise. Doupamby Matoka « Ka Dikake » décide de garder son bien en attendant un
enfant du village plus poli et respectueux des us et coutumes en
pays Gisir. Conséquence : l’actuel
ministre de l’Intérieur, qui caresse bien le rêve, n’ira pas à l’Assemblée nationale comme
député.
Le leader autoproclamé de la
Ngounié n’est donc qu’un tigre
en papier à Fougamou. Ici, le maître du jeu n’est autre que Marcel
Doupamby Matoka, secondé par
Yolande Nyonda qui lui a toujours fait voir des vertes et des
pas mûres. Le terrain est quadrillé par le couple Mboussou et
des jeunes cadres se réclamant
de ‘’la Ngounié forte’’. Une véritable machine politique qui a toujours fait les beaux jours du parti
au pouvoir dans le département
de Tsamba Magotsi.
Comment, dans un tel environnement, nourrir le rêve de vaincre
son frère ennemi Yves Fernand
Manfoumbi, dont la dimension et
l’envergure politiques dépassent
largement le cadre de la Dola à
Ndendé, voire dans la Douya
Onoye à Mouila et bien d’autres
localité de la province où se signale, sans faire ombrage au
PDG, la « Ngounié forte »?n
MAtin
Société 7
EquAtoriAl
Sport/Can 2017
Le Gabon désigne le comité d’organisation
Le compte à rebours a commencé pour l’équipe en charge de l’organisation de l’événement sportif africain le plus populaire. En moins
de 20 mois, elle doit relever de nombreux défis, dont la construction de deux nouveaux stades. Mais en la matière, le Gabon revendique
une expérience.
Alban Moussavou
D
ésigné le 08 avril 2015 au
Caire en Egypte, par la CAF
pour accueillir la 31e édition de la CAN, le Gabon n’aura pas
attendu longtemps pour se mettre
à l’ouvrage. C’est ainsi que le
conseil des ministres du 28 mai a
entériné la désignation de l’équipe
du Haut-commissariat à l’organisation de la CAN (COCAN). Objectif, assurer la tenue et le succès de
ce challenge international, mieux
que l’édition de 2012 co-organisée
avec la Guinée équatoriale, qui est
désormais une des références sur
le continent.
Le décret pris en conseil des ministres précise que le COCAN a notamment pour mission d’arrêter
les projets de budgets nécessaires
à l’organisation de la Coupe
d’Afrique des Nations de football,
d’assurer l’exécution des budgets
arrêtés, de proposer la liste des
projets d’infrastructures à
construire ou à réhabiliter ou de
pourvoir à la réalisation des infrastructures retenues. L’élaboration
du chronogramme de réalisation
de ces investissements et le suivi
de leur exécution, ainsi que le respect des statuts et du cahier des
charges de la Confédération africaine de football lui incombent
également.
Le même conseil des ministres a
procédé à la nomination du nouveau staff, qui a pour têtes d’affiche
Christian Kerangall (Haut-Commissaire), François Joseph Sickout
(Haut-Commissaire adjoint 1),
Yves Fernand Manfoumbi (HautCommissaire adjoint 2), Pierre
Alain Mounguengui (Haut-Commissaire adjoint 3), Joseph Marie
Mounguengui (Secrétaire général), comme Coordinateur général
Frédéric Le Corre et pour agent
comptable Pacôme Marie Thierry
Itsana.
Le COCAN se retrouve désormais
devant plusieurs défis à tenir en
vingt (20) mois. Au plan infrastructurel, il doit mener à bien
l’achèvement du stade omnisport
Omar Bongo (41.000 places), la
réfection des stades utilisés en
2012, Angondjé (40.000 places) et
Franceville (22.000 places). Mais,
le plus difficile pour le COCAN
semble être la construction de
deux nouveaux stades à Oyem et à
Port-Gentil, auxquels il faut ajouter
les infrastructures touristiques ou
l’aménagement des voiries.
Au plan organisationnel, il s’agit de
concevoir une véritable stratégie
de promotion de l’évènement susceptible d’attirer les touristes durant toute la durée de la
compétition. Objectif : booster la
consommation intérieure (hébergement, artisanat, restauration,
transport, télécommunications)
et avoir des stades pleins à tout
moment (succès des matchs et recettes sur la billetterie).
Le COCAN doit aussi relever le défi
de la sécurité des installations
sportives, des visiteurs et des délégations internationales. Comme
par exemple en 2012 avec le slo-
gan « 3-0 » pour une CAN sans
sida. Pour cette édition, le COCAN
pourrait ajouter deux autres zéro
à ce compteur : un pour le terrorisme et l’autre pour Ebola.
Le premier défi est de trouver aussi
bien dans les ressources propres
(loi de finance rectificative 2015)
qu’auprès des sponsors et bail-
leurs de fonds, des sources de financements pour les stades,
conformément aux engagements
du Gabon dans le dossier de candidature qui aura séduit le secrétariat exécutif de la CAF.
Sur la maîtrise d’ouvrage publique
(construction ou réhabilitation des
stades, des hôtels, des voiries des
villes hôtes, etc.), le COCAN peut
compter sur l’ANGTI (Agence nationale des grands travaux et infrastructures). Ce qui est loin d’être
une sinécure surtout pour les nouveaux stades qui doivent être livrés
à temps pour permettre aux populations d’Oyem et de Port-Gentil de
vivre en direct la CAN.n
Société/ Justice
L’offre juridictionnelle s’étoffe
Le conseil des ministres du 28 mai 2015 a entériné la création de trois juridictions spécialisées dans la répression de la délinquance financière et économique, le travail et le commerce.
A
M.M
la faveur du conseil des
ministres du 28 mai
2015, le Gabon vient de
se doter de trois nouvelles juridictions spécialisées. Les décisions de cette instance créent
un tribunal chargé de la répression de la délinquance financière et économique, un autre
en charge du travail et le troisième dédié au commerce.
Découlant du plan de modernisation de l’appareil judiciaire
prévu dans le PSGE, ces trois
nouvelles juridictions abrogent
la loi no 7/94 du 16 septembre
1994 portant organisation de la
Justice. Ce texte structurait en
effet les différentes juridictions
des cours judiciaires, administratives et des comptes, mais
non la Cour constitutionnelle, la
Haute cour de justice et les tribunaux d'exception.
Elle consacrait aussi l’existence,
au niveau du tribunal de première instance, d’une chambre
sociale ou tribunal du travail.
Un texte rendu caduc par l’évolution politique, économique et
sociale du pays du fait de la
mise en œuvre du PSGE qui
exige des réformes structurelles pour se mettre dans les
standards (spécialisation des
juridictions, célérité du service
public de la justice, protection
des investissements étrangers
et des intérêts commerciaux légitimes des acteurs économiques).
S’agissant de la juridiction
chargée de la répression de la
délinquance financière et économique, elle témoigne, après
les audits de la fonction publique (2010) et du trésor public (2014), de l’engagement
du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba à lutter vigoureusement
contre l’impunité (détournement, corruption, surfacturation,
blanchiment
des
capitaux) qui créé des « éléphants blancs » (routes, écoles,
hôpitaux) et entretient la pauvreté dans le pays.
Cette juridiction va recevoir ou
s’autosaisir pour enquêter et
punir, conformément à la loi,
les déclarations de soupçon
transmises de manière anonyme ou pas par des tiers, la
Commission nationale de la
lutte contre la corruption et
l’enrichissement
illicite,
l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) ou la
Brigade des recherches.
Elle permettra également de
mieux coordonner l'action des
services spéciaux, de la police
et de la gendarmerie en matière de lutte conte le grand
banditisme financier (escroquerie, fausse monnaie). Il n’est
pas exclu que cette nouvelle juridiction ait une coopération
plus poussée avec Interpol.
C’est une véritable guerre
contre les atteintes à la fortune
publique qui s’annonce.
L’annonce de cette juridiction
suscite déjà des vagues au sein
des leaders de l’opposition
cités dans des « affaires », mais
aussi au sein du camp politique
du président Ali Bongo luimême, qui ne compte pas que
des saints.
Du coup, cette réforme intervenant à moins de 20 mois de
l’élection présidentielle pourrait être interprétée comme
une arme dissuasive contre
ceux qui dans un camp comme
dans l’autre voudraient trop
gesticuler.
Quoi qu’il en soit, le développement économique et le bienêtre des gabonais exigent,
au-delà de la recherche de la
création d’emplois (projets et
chantiers structurants) et des
mesures sociales (Pacte social,
GRAINE, CNAMGS), un attelage
judiciaire opérationnel et performant.
Le tribunal du travail constitue
une évolution exigée par le secteur économique, et son absence dans notre système
judiciaire valait au Gabon des
points en moins dans les classements évaluant l’environnement des affaires (Doing
Business, COFACE, Forum économique mondial). C’est une
bonne nouvelle donc pour ceux
dont les dossiers étaient déjà
entassés dans les tribunaux.
Enfin, l’avènement du tribunal
de commerce va impacter les
procédures en les allégeant, en
facilitant l’exécution rapide des
décisions conservatoires et
l’épuisement plus intelligent
des affaires au fond.
En revanche, pour l’ensemble
des trois nouvelles juridictions
spécialisées, il se pose, d’une
part le problème de l’urgence
de la formation ou du recyclage
des magistrats dans ces domaines pour sortir des approches anciennes dans le
traitement des requêtes (introduction d’instance, appel, administration de la preuve, etc.),
et d’autre part celui de la mise
à disposition, dans les délais
requis, des vrais moyens de
travail et de l’indépendance
des magistrats.n
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
8 Société
MAtin
EquAtoriAl
Route de la Sga dans les PK
Les bulldozers du Génie militaire font des malheurs
L’opération « Libérez les trottoirs » a encore fait des victimes dans les PK de
Libreville. Une zone largement touchée par la construction de la route nationale reliant la capitale à l’agglomération de Ntoum, dans la province de l’Estuaire.
C
J.O
ette fois, ce sont les
échoppes des commerçants, sur l’axe reliant
l’artère principale à celle menant à Sibang, qui ont reçu la
visite des pelleteuses et autres
engins des services du Génie
militaire, finalement retenu
pour cette besogne dont l’objectif, à en croire les autorités
municipales de Libreville, est
de rendre la cité propre et la
circulation fluide.
Cependant, le problème pour
Rose Christiane Ossouka,
l’édile de Libreville, pratiquement sur tous les fronts depuis
le démarrage de cette opération, c’est qu’on est toujours
sans bilan de ce tsunami qui
vise essentiellement les quartiers sous intégrés de Libreville.
Outre le manque de lisibilité
des objectifs de Mme le maire,
on note également l’absence de
suivi sur le terrain. Une situation qui a pour conséquence
des épreuves de force et de défiance vis-à-vis de l’autorité
municipale, les déguerpis revenant le plus souvent sur les
lieux pour ériger pratiquement
les mêmes baraques.
Ce qui fait dire au quartier
qu’Ossouka «perd son temps »
et qu’avec l’élection présidentielle qui approche, elle ne pourtant l’inscription « à démopourra plus toucher à une seule lir ». En attendant, du côté de la
planche des huttes portant Sga, on espère qu’elle ne s’ar-
rête pas en si bon chemin pour
éviter de donner l’impression
d’un « déguerpissement ciblé».n
Commune de Libreville
Socofi remue la voie de Mindoubé 1
Les cris et lamentations des habitants du quartier Mindoubé1, dans le 5ème arrondissement de la commune de Libreville, surtout
ceux jouxtant le périmètre de la décharge publique éponyme, ont semble-t-il été entendus par les autorités municipales de la capitale gabonaise. Qui ont commis depuis la semaine dernière la société Socofi pour l’aménagement de la voie conduisant à la décharge qui était devenue un casse-tête public.
Hortense De Méka
H
abituées au bruit de
moteur des camions
de la société Averda,
en charge de la collecte et du
ramassage des ordures ménagères et solides dans la
commune de Libreville et
ses environs, les populations
du quartier Mindoubé1 ont
été surprises d’être réveillées mercredi dernier par
d’autres bruits. Ceux des engins de la société Socofi,
commise pour l’aménage-
ment, en matériaux durables, de la voie qui mène à
l’unique décharge municipale de la capitale gabonaise.
Plusieurs tentatives d’aménagement de cette voie, devenue par l’effet de l’usure
un parcours du combattant,
n’ont jamais amélioré le
quotidien des riverains de
cette partie de la commune
de Libreville qui, ces derniers temps, à l’orée de la
saison sèche et comme
MAtin
équAtoriAl
JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES
nouscontacter@matinequatorial.com
matinequatorrial@gmail.com
Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
N° 71 du mercredi 3 juin 2015
d’habitude, inhalent la
poussière, confondue à la
fumée émanant du brûlage
à ciel ouvert des pneus, câbles et autres objets plastiques.
Selon M. Hassan, maître
d’œuvre de ce chantier, dont
le coût et la durée n’ont pas
été révélés, ces travaux
d’aménagement concernent
un linéaire de près de 1500
mètres, partant du domicile
de l’ancien chef du quartier
au carrefour de la décharge.
Directeur de la Publication:
Madre NGUIMBY
Directeur de la Rédaction:
Paul NZOGHBAM
Rédacteur en Chef:
Roger OKILI
Secrétaire de Rédaction:
Les travaux actuels portent
sur l’aménagement de la
plateforme routière devant
accueillir et supporter la
charge du béton constituant
la couche de roulement de
cette voie à grande densité
de circulation. En effet, l’on
estime, de nuit surtout,
qu’environ deux camions
défilent toutes les deux minutes, sans compter les autres usagers et les autres
gros porteurs, allant ou revenant des multiples ga-
Arthur MBADINGA
Comité de Rédaction :
Vincent Eyi
Roger Okili, Alban Moussavou
Jacques Okeng
Constantin Toukoule-Mè
Jacqueline Mubokianu
rages qui encombrent cette
zone, située entre les quartiers IAI, Akournam1, les
PK8, PK9 et la SNI dans la
commune
voisine
d’Owendo.
Les riverains de cette partie
de Libreville, qui entendaient poser leur problème
à la plus haute autorité du
pays, restent tout de même
dubitatifs dans la mesure où
toutes les mesures prises
n’ont jusque-là pas rassuré
et amélioré leur quotidien.n
Infographes:
Marcel OLENDEY
Zambo Linus
Impression: MULTIPRESS:
TIRAGE:
5.000 exemplaires
Distribution : SOGAPRESS