Etude sedimentologique des milieux de mangrove du Benin

Transcription

Etude sedimentologique des milieux de mangrove du Benin
A_C_T_A,_1_9_82_,_N_._S_P-1~--------
_____________________________________O_C_E_A_NO
_ L_O_G
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Étude sédimentologique des milieux
de mangrove du Bénin occidental
Afrique de l'Ouest
Bénin
Lagune
M angro\'c
SCdimcnlologie
We st Arrica
Benin
Lagoon
(Afrique de l'Ouest)
Mangrove swamp
Sedirncnto logy
M. Gaillard -, M. Gaillard ", J . Lang b , J. Lucas'
• Ëquipc de Recherche Géologique béninoise . Service de Géologie , BP 526 , Cotonou, Bénin.
b Institut des Sciences de la Terre et Laboratoire Associé au CNRS 0 " 157, 6, Bd Gabriel .
21100 Dijon . France.
~ Centre de Sédimcmologie et de Géochimie de la Surface , CNRS, Laboratoire de Géologie.
l , ru c 81cssig. 67084 Strasbourg cedex , France.
RÉSUMÉ
Le domaine margino-linoral béninois est un modè le d'environnement lagu no-cstuaricn , voire
dchaique . en liaison avec l'Océa n Atlantique, sous faib le amplitude de marée, non carbonaté,
en climat tropical humide avec influence de la néotectonique. Dans le cadre de cct
environneme nt , l'objectif de celle étude est d'apporter des précisions sédimentologiques sur
les milieux de mangrove, aujourd'hui isolés derrière le cordon sableux formant la côte
occidentale du Bénin et pouvant , par compa raison avec les séries anciennes, apporter d' utiles
indications paléogéographiques.
Pauvre en espèces, la mangrove béninoise appartient au type atlantique tropical à tendance
humide - compte tenu du « couloir de sécheresse ,. qui affecte cette régiun, Elle subit lI!..:
profondes modifications hyd rologiques au cours des dirférentes saisons en liaison avec les
fleu ves Mono et courro. Très comparables aux mangroves du Sénégal , leur caractère plus
humide limite cependant le déve loppement des tannes. D'anciens beach·rocks existent
localement sous les sédiments de mangrove.
L'analyse granulométriquc ct l'étude des fa ciès précisent une sédimentation de type
lenticulaire en liaison avec des variatio ns hydrodynamiques nombreuses ct rapides. Le
sédi ment argilo-quartzeux contient également une phase chimique (pyrite sc transformant par
oxydation en jarosite, gypse et halite e n liaison avec des micromilieux d'évaporation) ct une
importante phase organique - avee des pH de 5 à 6.
La kaolinite , en provenance du .. Contine ntal terminal,. proche, se sédimente pendant les
périodes ca lmes; les smectiles semblent liées aux dépôts plus sableux de forte énergie et leur
origine est probablement à rechercher dans un arrière-pays lointain (tocène, socle).
En conclusion, les caractères observés relève nt autant de la sédimentation de mangrove,
localement à tendance tourbeuse (dont l'équivalent en pays tem péré sc retrouve dans les
polders) que de la sédimentation estuarienne.
OceallQI. A cta. 1982. Actes Symposium Internat ional su r les
SCQ R/ IABQ/UNESCQ , Bordeaux, 8- 14 septe mbre 1981, 129-137,
ABSTRACf
lagunes
cÔtiêres.
Sedimentologica l study of mangrove swamp e nvironme nts of the Western Benin
(West Africa) .
The littoral area of Benin is a lagoonal·estuarial , indced eve n deltaic, cnvironmcntal mode!
to uching the Atlantic Ocean, It is under weak tidal am plitude, no n·ca rbonated , and has Il
humid tropical climale with neotecton ic influence . Within the limits of this environment , the
aim of this study ls to suppl y precise sedimcntological detnils on the mangrove milieux , which
loday arc isolaled bchind the sa ndy bars rorming the western coast of Benin and which ca n,
through eomparison with the past series, help in paleogeographie reconstitutions.
Poor in species, the mangrove of Benin belongs to the tropical Atlantic type tending 10 be
humid , eonsidcring the" drought bclt ·, which affects this region. Il undergocs profound
hydrological changes in the course of the different seasons in relation to the Mono and Couffo
RiveTS. Very comparable to the mangroves in Senegal, it 1S however more humid and this
129
M. GAILLARD et 81
limits the devclopment of .. ta nnes ". Older beach-rocks exist locally unde r the mangrove
sediments.
The granulometric analysis and the study of the facies makes clear a lent icular-type
sedimenta tion in relation to nurne ro us and rapid hydrodynamic va riations. The clayish.
quanzose sediment also contains a chernical phase (pyritc is transformcd through oxidat io n
into jarosite. gypsum and halite in relation to the mieromilie ux of evaporation) and an
important organic phase - wilh a pH Icvel ranging from 5 to 6.
Kaolinile, from the nearby " Continental terminal ", is deposited during calm periods ; the
smectites seem linked 10 high e ne rgy sandier deposits and their origin should probably bc
sought in a far away back country (Eocene. basement).
ln conclusion, the observed features are as much due to mangrove sedimentation, locally with
a p:aty te nde ncy (the equivalent of which can bc round in poldcrs in temp:rate cou nt ries). as
to estuarial sedimentation.
Oceanol.
ACla. 1982. Proceedings Interml1ional Symposium on coastal
SCUR/ IABO /UNESCO. Bordeaux. France , 8- 14 Scptcmber. 1981. 129-IJ7.
Tas!.::t, 1975). L'époque récente cst marquée par une
régression ( Paradis. 1977). Ces formation s plia-qua ternaires
littorales dont les re lations avec la .. te rre de barrc >0, ne sont
pas toujours t rès claires, o nt une épaisseur variable, maximale dans le prolongement des cours d 'eau (50 m par
cxemple du sud du lac Ahémé) ; il pourrait s'agir de zone
plus subsidentc en liaison avec la présence de failles ayant
conduit à la naissance du lac Ahémé.
Le «marais maritime .. est caractérisé par une végétation
importante de palé tuvie rs, la mangrove présentant des
adaptations remarquables dans cet environnement de transition entre eaux salées et eaux douces. Le terme désigne
par extension l'ense mble du milieu, plus ou moins régulièrement subme rgé. avec :ses caractéristiques sédimentologiques . pédologiques Ct biologiques, La lagune de PortoNovo a fait l'objet de J'étude de Rabier (1978) ; le milieu
actuel de sédimentation relève autant de la tourbe et de la
mangrove aujourd'hui disparue , que de la progradation
dehaique en liaison avec le fleuve Ouémé (Rabier el al.,
1979). Le • lac Nokoué " est en cours d'étude (Texier et al"
1980). L'objectif de l'étude présente est de fournir des
précisions sédimentologiques su r les milieux de mangrove.
aujourd'hui isolés derrièrc le cordon sableux formant la côte
occidentale du Bénin dans le souci d'appone r dcs indications utiles aux reco nstitutions paléogéographiques dans des
sérics anciennes comparablcs ( Plaziat, 1975; Gruas·Cavagnctto ('/ al., 1980 a ct 1980 b). Plus précisément. la lagune
q ui nous intércsse s'étcnd sur 65 km entre Grand Popo à
l'OueSt ct Togbin ft l'Est (fig. 1).
INTRODucn ON
Le B~ nin présentc une façade côtière de 140 km sur le Golfe
du Bénin, du Togo au Nige ria (fig, 1). La bande linorale,
d'Ouest (2 km de Lomé au Togo) en Est (10 km au sud de
Porto Novo). se situe dans la partie méridionale du bassin
sédimc ntaire côticr dont la structure mo noclinale est faiblement inclinée vers l'océan (Slansky, 1962); cette bande cst
limitée au No rd par les fo rmations post-éocènes du .. Continental terminal >0 ( llouessou, Lang. 1978), recouvertes par
la . terre de barre ". sédiment argilo-sableux rouge , proba,
blement plio,quaternaire, pouvant atteindre plusieurs dizai·
nes de mètres d·épaisseur. dont la su rface, apparemment
pénéplanée . se situe à un niveau de 20-30 m au Sud
( Houcssou, Lang. 1979).
Sur ectte bande côt i~re. on rencontre des sédiments sableux
plus ou moins é mergés. des lacs et des lagunes , ce complexe
constituant un bon exemple de ce que Levy (1971) a appelé
un milieu nl1ugillu-littora1. Au Bénin, il :se tradui t par un
environnement laguno-estuarien, voire deltaique, en liaison
avec l'Océan At lantique, sous faibl e amplitude de marée.
non ca rbonaté, e n climat tropica l humide avec influence de
la néo-tcctonique (Lang. Paradis, 1977).
Cc milieu appartient au eycle qui débute vers 6500 ans BP
par la tmnsgressio n dc l' Holocène inférieur; celle-ci
entraîne la créat ion d'un vaste systè me de« rias JO, La dérive
lil10rale Ouest- t-::St aboutit à la formation d'un cordon
sableux qui isole en arrière tOUI un système de lagunes
(Guilcher. 1959: Assemien et al., 1970 ; Germain, 1975;
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Figure 1
Cadre géographique ct géologiquc du
sccteur éludié: 1 a) â l'échelle de
l'Afrique: 1 b) à l'échelle du Bénin,
a\'ce la localisalion Ucs sl8lions de prélê·
\·cmcnt.
La ~one marécageuloC comprend:
u) la baOOc â Rhi;ophorQ sur les ri\'cs
dc la lagune Togbin.Grand Popa CI du
• lac ~ Ahémé (la mangrove s'élend
\'crs le Nord jusqu'au débouché du
Courro) :
b) la zone A l'ÎctmuQ CI les ., prairies ~ à
f'Ul{IQlum ;
c) la zonc à AcrOl{lchum
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SÉDIMENTOLOGtE DES MANGROVES DU BÉNIN
crue, afin d'évi te r lïnondation des villages. L'estuaire du
Mono 5C déplace rapide ment puisqu'un mouvement de
500 m vers l'Est a pu être observé depuis janvier 1979.
Ouand on parle de «cordon sableux .. , il existe en fait un
cordon subaclUel ct une série dc cordons internes plus
anciens résultant de phénomènes très mobiles qui se sont
produits depuis 5000 ans (Lang, Paradis, 1977).
CAD RE PHYSIQ UE
I.e climat
La mangrove béninoise appa rtie nt au type atlantique tropical à te ndance humide, à nuancer cepe ndant compte tenu
du oc couloir de séeheresse » qui aUecte celle région
(Daltzer, Lafo nd, 1971). On relève une grande saison sèche
(avec moins de 40 mm de précipitations en nove mbre,
déce mbre , janvie r ct février) , une grande saison des pluies
(avril, mai. juin, jui llet), une petite saison des pluies e n
octobre et une petÎte saison sèche en août, La température
mensue lle moyenne va rie de 25 b en août à 28" en mars, avec
une moyenne annuelle de 26°C, Signalons l'imiX'rtant eHet
destructeur des ouragans (exemple récent des mangroves de
la lagune de Fresco e n Côte d' Ivoire). O n notera une forte
diminution de la pluviométrie vers l'Ouest: Po rto- Novo
1 420 mm , Cotonou 1 370 mm , O uida h t 150 mm , Grand
POiX' 920 mm. L'humidité reste élevée toute l'année.
LAg/me (fig. 1 b)
Elle a un tracé extrêmement sinueux ct comiX'ne de
nombreu5Cs îles. On y observe des chenaux, des levées
sableuses sur les rives, etc. De nombreux chenaux de
marées, plus ou moins perpendic ulaires à la lagune, permette nt une extension de la mangrove vers le continent, car la
partie septen trionale corresiX'nd à une plaine littorale très
platc. Au Sud , le développement de la mangrove est limité
par un cordon sableux que l'on peut considé rer comme sut>-actuel du fait de son relief. Par contre, les anciens estuaires
corresiX'ndant à des zoncs basses (érosio n du cordon
sable ux) sont des zones bien abritées où pro lifè rent les
palétuviers.
Du iX'int de vue bathymétrique, on peut distinguer deux
domaines:
- il l'ouest de l'embouchure du Mo no, la profondeur
atteint 4 à 5 m (0.5 m sur les bancs de sable) - si on prend
le niveau de saison sèche comme référence (2 à 3 m de plus
e n période de crue) ;
- ft l'est des Bouches·du· Roi , la profondeur est souvent
inférieure au mètre en saison sèche.
l.es apports nu vlatiles
La lagu ne côtière entre Grand Popo ct Togbin est alime ntée
par trois fleuve s venant du Nord: le Mono ct son affl uem la
Sazué , ainsi que Je cou no qui se jette dans le lac Ahémé,
celui·ci communiquant avec la lagune pa r l'intermédiaire de
l'Aho. La communication avec la mer est unique au lieu·dit
oc les Bouches--du- Roi ». Ces ncuves 001 un régime e n
relation avec le climat du cent re du pays- saison des plu ies
cem rée su r août (alors que, sur la côte, cette pé riode
correspond ft unc petite saison sèche) ct grande saison sèche
de novembre à mars. En conséquence, les hautes caux, dans
la lagu ne côtière, se situe nt de mai il octobre avec un
maximum en septe mbre (basses eaux de novembre à avril).
Si on se rHère aux travaux de Colombani et al. (1972) sur le
fle uve Ouémé, à l'cst du Bénin, les suspe nsions sont en
q uantité relativcme nt faib le, avec une forte proiX'rtion
d'éléments argilo-silteux. Mais il ne faut pas négliger
l'importance sédi memologique des « phé nomènes acciden·
tels ». tels que la crue du Mono et du Couffo e n octobre
1979 par exemple (caux marron·ocre, très chargées e n
argiles ct en silts tandis que sur le fond, compte tenu du fort
courant, transiX'rt probable de sable par ro ulement ou par
sallation).
lAc Ahlmé
D'orientation subméridienne, long de 25 km , large de 3 à
5 km, en relation avec l'océan par le bras de l'Aho ct les
Bouches·du·Roi (fig. 1 b), il apparait très encaissé; on
observe localement sur ses rives le développeme nt de la
mangrove. Le Continental termi nal le do mine parfois de
plusieurs dizaines de mèt res, cc qui est exceptionne l dans le
domaine margino·liuornl béninois où la topograp hie est
extrême ment plate. Le lac Ahémé a été e ngendré très
vraisemblable ment par un jeu de failles normales résultant
d'une néotectonique active. Les sources d'cau chaude
(4S b Q, à rouest du lac (Possotomé), sont certainement en
re lation étroite avec ces accidents.
lI ydrologie de la lagune
ËTUDE StDIM ENTOLOG IOUE DES MILIEU X DE
MANGROVE
Salinité
Des prélèvements me nsuels sur dix stations régulièrement
réparties tout au long de la lagune permettent d'étudie r la
décroissance de sa linité de part et d'autre des Bouches-duRoi (communication avec la mer) en fonction des saisQlls
. 2) : elle est
inférieure à celle de l'cau de mer.
(septembre à novem·
1
(en
moye nne ,
Cmê me à proximité de l'embouchure
en octobre, alors qu'c lle est voisine de
(24 000
49000
da ns l'cau de mer). Elle est minimale à
Grand Popo
douces en prove nance du Mono) ct à
Djondji. lieu de connuc nce de la lagu ne ct de l'Aho
(débouché du lac Ahémé).
Avec la saison sèche, la salinité augme nte rapide ment (en
moyenne C 22500 jl.mhos en décembre, 31500 en ja n·
vie r, 34 500 en février, 38000 en mars). A partir des
Bouches·du-Roi, la mer pénètre profondé ment dans la
lagune ct e ngendre de fort s courants; le « front salé» d·u ne
part remonte à l'Ouest le Mono vers Grand POiX' surtout à
partir de janvier-février, et d'a utre part progresse vers l'Est
da ns hl lagune iX'u r attei ndre Hakoué en décembre,
Djond ji en janvier ct Ouidah e n février.
Dès fi n avril, débu t de la saison des pluies dans le Sud , la
baisse de sa linité est sensible. En mai et surtout en juin , elle
s'accent ue avec les apiX' rts d'caux douces e n provenance du
Mono ct de l'Aho.
Géomorphologie
Côt~
Son tracé apparaît très mobile au cours de temps très brefs
(Lang, Paradis, 1977). Guilcher ( 1959) avait remarqué que
le Mono forma it des méand res dans le cordon. L'observa·
tion des photographies aériennes entre I-Iakoué Ct Togbin
mo ntre que la lagune côtiè re form e d'ancic ns méa ndres
entailla nt la ba nde sableuse qui la sé pare de la mer. Les
anciens estuaires de Djegbadji (2511:!: 120 BP ; Diop,
Dakar) Ct de Méko plage démontrent la mobilité de
l'embouchure du Mono qui se jetait plus il l'EsI, il Y a
2000 ans ; des anciennes embouchu res, reconnaissables par
leur morphologie en dépression, sont visibles près de
Djondji (Paradis, 1976 ct lm). Des changements très
rapides se produisent à l'embouchure ; ils sont dus aux
mMécs ct à la forte dé rive littorale est·ouest. A marée
haute, de fo n es vagues pénètrent dans I"estuaire ct érodent
ra pidement les iles de la lagune se situant dans l'axe ou il
proximité de l'estuaire . Il y a mème forma tiOn de fa laises
imiX'rtll rltes en que lques mois (3 ft 4 m iX'ur l"île de Kouela,
constituée d'u n matériel argi lo-s.1bleux). L' imiX'rt3nt trans-port de sable par la dérive littorale tend à obstruer
l'embouchure en saison sèche. Certaines années, elle se
ferme dès février ct doit être ouve rte par l' homme , lors de la
131
M. GAILLARD e r al.
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Figure 2
Varia lions mensuelles de la
oond uct i~ité dans la lagune,
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Re marque : lac Ahémé, Après la période des hautes caux
du Courro, pendant laquelle les caux du lac sont douces, le
front salé de la lagune re monte par rAho, andm le sud du
lac débu t janvier (C : 43000 l1mllo/em) ct remonte vers le
Nord pendant la saison sèche (moitié inférieure du lac en
.1979, 1980). Dès les pluies. en mai. se produit le mouveme nt
mversc,
Ces variatio ns de salinité dues aux saisons ct à la position
géographique se compliquem de variations journalières
ducs aux marées. A marée haute. les caux salées progressem de pan Ct d'autre de l'estuaire; au reflux , ces caux sont
chassées vers la mer ct la salinité diminue. Ces phé nomènes
s'a morti~se nt quand on s'é loigne des Bouches-du-Roi,
grove - d'e xtension asscz limitée au Bénin où le marnage
est faible (lIMVE : 1.501; HMM E: 1,3 m ; BMME :
0.4 m, BMVE : 0.2 ml. L'alternance des basses ct hautes
eaux entraîne des émersions ct des submersions des rives
qui influent sur le déveloplX!mcnt de la faune ct de la flore .
Pellplemems I-égétm/J(
Dans ces mangro~ cs, 1c~ palélUviers vivelll SUI lk~ ~ulJ~lnlts
vaseux à sableux . aussi bien da ns des caux il salinité marine
qu 'en eau lTès des.s.1 lée (moins de 1 ~~), ct pouvant supporter les sursalures des caux interstit ielles du sol (Rhizophora
racemoStl. AI'icenl1ia alricO/m) ; signalons égale ment A croslie/Will aurel/m , fo ugère de mangrove indiquant des sols en
voie de dess.1Iure.
Les mangroves at lantiques sont plus pauvres en espèces que
les mang.roves indo-paei fiqu es. Au Bénin, il s'agit d'une
mangrove secondaire (Paradis, Adjanohoun , 1974; Paradis. 1978) et les zones défri chées sont enva hies par des
graminées (Pospa(tlffr vaginalllm) .
Malgré l'in fl uence de l'homme . on peut distinguer la
zonation suivante du ce ntre de la lagu ne ,,'crs la terre fe rme:
1) étroite bande de Rhi7.0phora: les palétuviers frontaux
SOnt souvent installés sur les faciès grossiers de la levée
sableuse de bordure: localement des chenaux la traversent
ct pénètrent da ns des zones plus internes où l'on re trou\"e
les Rhizophora le long du marigot , sur des substrats trè~
vaseux: 2) une zone ii ALliunnia où la surface du sol est
tapissée de pneumatophores; après dé frichement , des
.. prairies JO à Paspa/llm succèdc nt souvent il celle mangrove; 3) une zone à AcrQstichum, souvent fortemen t
dégrad~e. qui fai t la transition avec les cocotiers.
Les principaux stades d'évolution de la mangrove béninoise
semblent très si milaires à ceux décrits par Vieillcfon (1974)
ct Kalc\... (1978) au Sé n~gal: les Avicelll1iu, plus tolérants
vis-à-vis des vagues, forment la végétation pionnière ct
créent. danS la zone interne , un abri relatif permettant
ensuite le dévelo plX!ment des Rhi:opllOra ; ceux-ci progres·
sent ve r) la lone externe en repoussant les Al'Îce!lIIia_ A la
différence du Sénégal. il n'y a pas au l3énin de développeme nt imponant de tan ne , peut-êtTC en liaison avec une
pluviométrie plus impon<'lntc - mais ce lle-ci n'est pas seule
en cause. car des tannes associés à des mangroves existent
au Gabon dans le contexte d'un climat éq uatorial de
TempéraI/Ires
Les caux sont toujours chaudes - moye nne annuelle
30 YC au cours de 1979·1980. avec de faibles écan s
température (moins de 1°). les températures minimales
situant près des Bouehes·du-Roi (29"3 en moyenne. avec
minimum de 28"),
de
de
se
un
pU
Dcs mesures systématiques mens uelles du pH des caux dans
les différentes stations donnent des "aleurs s'élalam entre
7,1 et 8.2. Les \aleurs les plus basscs sc situent dans la panie
orientale de la lagu ne et, vers l'embouchure, on nOie des pH
nettement basiques correspondant au pH de l'cau de mer
(8-8,2). D'une manière générale, les pH som plus faib les en
septembre-octobre, quand il y a appon d'eaux douces
continentales,
Caractérlstiqucs biologiques (biofllciès)
Généralités
s'~ tend sur les deux rives de la lagune avec de
interruptions ducs il l'homme (extraction an isanale du se l : Paradh. Adjanohoun , 1974 ; Paradis, 1980),
ainsi que sur les ile~_ JI n'y a pas de mangrove il J'embouchure en raison de la force des courants. Elle existe aussi sur
les bords du lac Ahémé. le long du Mono et de la Sazué.
L'amplitude des marées Ct la morphologie des zones inondables conditionne nt les possibilités d'existence de la man·
La mangrove
nombre u :.c~
132
SÉDIMENTOLOGIE DES MANGROVES DU BÉNIN
mées pullulent dans l'cau et à l'interface sédiment - eau ou
air, où elles formc nt des films qui peuvent évcntuellement
souligner le litage du sédiment au cou rs de son évolution
dans le temps.
transition. Ils ont été décrits par Lebigre ct Marius ( 1981) ,
qui font intervenir en plus du facteur climatique (existence
d'une saison sèche bien marq uée de 3 mois), un facteur
hydrologique probablement impon ant (réception d'cau
douce à panir des bassins versants), un facteur granulométrique (substrat sableux) ct un facteur géologique qui
semblerait secondaire (existence de salines).
Dans les argiles noires, il est possible d'observer souvent des
racines de Rhizophora épigénisées en oxydes et hydroxydes
de fe r (<< iron pipe » sur le pounour de l'île d' Houeta près de
l'embouchure du Mono ct sur les rives à l'ouest de Djondji).
La morphologie originelle est très bie n conservée, avec une
partie externe de cou leur rouille ct une partie centrale
creuse. La densité peut être très forte (une tous les quelques
centi mètres) ct lors de l'érosion de ces faciès, les vestiges
des racines sont facilement extraits; l'argile restante prend
l'aspect d'un vé ritable gruyère ct donne naissance à des
galets de bouc fi angles plus ou moins vifs.
Conditions de sédimentation
Principaw:: Iirhofaciès
La carte des lithofaeiès sera précisée ultérieurement
(Oyede). Brièvc ment on reconnaît:
Aréno-Iutites
Les variations latérales de faciès, avec structures lenticulaires ct terminaisons en biseau , sont très no mbreuses. On
observe des microstratifications obliques; il s'agit le plus
souvent de petites lentilles sableuses centimétriques noyées
dans une matrice argileuse, vraisemblablement en liaison
avec des microchenaux. Il en résulte une vé ritable imbrication des sables blonds ct des argiles noires (" naser bedding " ).
Gravie rs (inférieurs au centimètre)
Ils forment des niveaux d'extension très limitée, probablement en liaison avec de fortes crues dans des chenaux
anciens.
Remarque : beach-rocks. Ils s'étendent sur plusieurs kilomètres de long da ns le cours inférieur du Mono depuis
Allongo à l'Ouest jusqu'à Hakoué vers l' Est avec quelques
interruptions. Il en existerait également vers Grand Popo
(témoignages oraux). Il s'agit dc grès indurés de faib le
épaisseur à stratifications obliques, visibles exceptionnelleme nt aux très basses marées. Les bancs ont une di rection
constante (Nord 75 à 80", ct un pendage d'enviro n 50 vers le
Sud). Il s'agit d'une ancienne plage , parallèle à l'actuelle ,
maintenant en re trait, correspondant au schéma de Oalongeville et Salanvillc ( 1981 ). Leur cimentation semble liée à
des variat ions dc salinité_ En ce milieu tropical hu mide, il
semble difficile d'évoquer une formation uniq uement à
partir de l'cau de mer sous conditions évaporitiques comme
c'est le cas da ns des zones plus arides (purser , 1980).
D'autre part , ces bancs sont traversés par des fracture s
longitudinales, nomb reuses, de direction N8O", et des fractures transversales de direction N170", plus rares. Elles sont
peut-être dues au taSS(."I1le nt ou à l'affo uillement du soubasseme nt meuble, mais nous n'excluons pas l' influence possible d'une néotectonique active avam le dépôt dcs sédime nts
de mangro\'e, celle dernière se développant ensuite à la
fa ve ur d'une période tectonique plus calme.
Pt!l4plemefl/s animaux
La faune de la mangrove présente un caractère lagunaire petit nombre d'espèces ct grand nombre d'individus.
Mollu~u es
LamclÎbranches (Aloidis, DO/lUX, Ostrea) ct gastéropodes
(Tympanotolllls, Pachymelania, Natica, NeririTUl) représentent l'esscntiel des populations actuelles ct fossiles à la
surfaec du sédiment , voi re dans des carOlles (NozcranPasquier, 1976 ; Paradis, 1976). Les débris sont localement
si abondants qu'i ls forment une lumachelle avec très peu de
sédiment entre les tests. Les deux valves des Aloidis sont
fréquemment accolées ct bien conservées, car elles se
situent dans les parties argileuses de l'imbricat ion sableargile. Il ex iste des niveaux parfois ce ntimétriques
d'accumulations de coquilles, ct en particulier d' huitres. Ces
lamellibranches, installés sur substrat grossier ct surmontés
par du matériel plus fin , soulignent la limite de deux faciès
différents ct témoignenl peut-être d'un petit arrêt de
sédimentation. Les di vers types d' huitres se flXent également sur les beach-rocks, les tronc~ d'arbres Cl surtout sur
les racines aériennes où elles acquièrent une adaptation
morphologique caractéristique (Plaziat , 1970).
Nous noterons que dans certains niveaux , les coquilles sont
très fragiles , se détruisant au premier contact en raison
d' une corrosion à la foi s chimique ct biologique. Des
anal yses d'ca ux inte rstitielles cn fin de saison sèche (avril
1979 et 1980) onl donné des pH de 5 à 6, alors que les caux
de la lagune avaicnt un pH de 7,7 à 8 ct une salini té de
60 000 "",roho/cm. Les phénomènes d'évaporation-oxygé nation ct acidification du sol, bien que beaucoup moins
sensibles que dans les tannes de la mangrove de Casamance
( Kalck, 1978), agissent néanmoins sur la géochimie des
séd iments malgré la fort e pluviosité dans celte région. Celle
corrosion chimique qui joue le rôle principal est préparée ct
favorisée , avec l'c nfouissement, par l'action des microorganismes: bactéries délruisant le périostracum et cryptogames
perforantes altaquant le test ca lcaire ( Phi lippon , Plaziat,
1975). Il est vraise mblable que dans des milieux foss iles
comparables, l'absence tota le de coq uilles puissc s'expliquer
par une dissolut ion acti ve ct précoce; signalons cependant
que certaines coq uilles de 3 000 ans peuvent encore dans
certaines conditions être peu affectées (Vieillcfon , 1974).
Cra bes
Ils creusent des terriers dans les sédiments. Sur la levée
sableuse, de part ct d'autre de la lagune , il est fréqu ent de
re ncontrer à la surface du sol de très no mbreuses pelotes de
nourrissage formant un tapissage continu: quelques millimètres de diamètre , meubles, souvent e mpilées les unes sur
les au tres, mais gardant leur individualité en l"absencc de
tout choc mécanique. Cc biofaciès est détruit à chaque
marée haute lorsq ue tes vagues atteignent cette zone .
Aut res organismes
Des balanes colonise nt tous les supports, ct sont ainsi
mainte nus au-dessus' des fonds vaseux. Signalons les
Periophtalmes, poissons adaptés à l'émersion. Les diato-
En lame mince, les grains de quartz s'ordonnent en mieroséquences (toujours plus ou moins obliques); le cime nt
intergranulaire. siliceu;t{, n'occupe pas tous les vides, préservant ainsi partielle ment une porosité primaire. Ces beachroc ks sont très différents de ce ux décri ts par Lang ct Paradis
( 1977) sur une plage près de Cotonou (ciment ferrugi neu;t{
avec précipitation de quelques gerbes aragonitiques).
Allalyses minéralogiques, graml/omélriqlles et géochimiques
Miné ra l~ie
Lësdiments de mangrove sont relativement homogènes ct présentent une grande constance minéralogique; les
feld spaths, ct surlout les quartz, représentent la fraction
détritique la plus grossière. Associés à la muscovite, (réque nie , ils sont issus du socle béninois qui affle ure à 70 km
plus au No rd ct du Cont inental terminal (quartz tapissés par
un enduit rouge caracté ristique). De cc dernie r, proviennent égaleme nt des petits fragme nts millimétriques plus ou
moins roulés de grès (petits quartz emballés dans une
matrice rouge argileuse). On observe quelquefois la magnétite qui fait partie du cortège des minéraux lourds, abondants da ns les fractions grossières.
- A côté de ces minérau;t{ détritiques, les plus abondants, il
existe des minéraux de néogcnèse . La halite se rencontre
tout au long des profils ct fai l l'objet, localement, d'industrie artisanale (Paradis, Adjanohoun, 1974). Le gypse , assez
133
M. GAILLARD et al.
...
1 .......,.
Figurc 3
Analyse granulomctrique
ct
mierogranulométrique: 3 u) courbes de fréqucnce dcs aréniles;
3 b) courbes cumulatives
scmi-logarilhmiques des
aréno-Iutilcs.
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Granulome/ric
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fréquent , se trouve gé néraleme nt en faible quantité , principalement dans la p..1rtie sommitale des carottes, da ns les
faciè s argileux. Ce gypse se fo rme probablement en saison
sèche grâce aux phénomènes d'évaporat ion-concentration
et à l'oxydation du soufre. L1 présence de mieromilieux
peut également favoriser sa précipitation , même dans des
caux peu salées.
La pyrite est un miné ral très répandu dans la mangrove. Les
vases noires ric hes en matière organique sont un milieu
réducte ur favorable au développement de bactérics sulfalOréductrices qui réduisent le soufre des sul fates de l'eau de
me r et provoquent la formation de pyrite (Vieillefon, 1974).
En saison sèche, il appa ra ît partout , â la surface du sol , de
nombreuses fente s de dessiccation, profondes, d'où unc
oxygénation du milieu entraînant l'oxydation de la pyrite.
La jarosite, provenant de la réoxydation plus ou moins
complète de la pyrite en sulfate de fer , auquel s'ajoute du
potassium - KFeJ(S04h(O H)s - est un minéral secondaire au Bénin. Cette transformation s'accompagne d'une
acidification du milieu ( Kalck , 1978). Quand il existe, ce
minéral se localise principaleme nt en surface, à moins d'un
mètre de pro fondeur. Nous n'avons observé aucune répanition géographique significative.
L1 polyhalite - K2Ca2Mg(S04)4, 2Up - se rencontre à
des profondeurs variables (de 20 à 90 cm, parfois en
surface) ct toujours sur une très petite épaisseur (10-15 cm).
La caleitc est très rare (fins débris de coquilles).
- L'analyse des argiles a porté sur 65 échantillons.
Kaolinite et smeclites formen t 85 % de la fraction inférieure
à 2 1-.1. , le reliquat élant représenté par des îIlites ct quelques
interstratifiés de type ittite-smeclite.
l.cs kaolini tes sont de type fire-cl ay. et présentent donc
systématique ment un désordre sur l'axe b ( Range I!f al. ,
1969) : ces kaolinites désordonnées réagissent mal au traitement fi l'hydrazine (l'épaisseur des feuille ts ne passe que
partielle ment de 7, 15 â 10 Â après traite ment). La
constance de ces kaolinitcs de type fire-clay pe rmet de
penser à une o rigine unique à panir du Continental terminal
proche ; elles se décanteraient pendant les périodes calmes
de sédimentation fine. Par contre, les smectites seraient
apportées avec les détri tiques grossiers amenés vraisembla-
blement par les crues (sa ns exclure un ap]Xln éventuel par la
mer lors des grandes marées ou des tempêtes). On peut en
dédu ire une origine plus lointaine que celle de la kaolinite.
Ce sont probablement des be ide tlites (Kalek, 1978) qui
peuvent proveni r du socle altéré (100 km environ au Nord)
et également de J'Ëocène (fig. 1) qui en est riche (Slansky ,
1959).
Dans les carottes , malgré l'homogénéité assez grande des
sédiments quant à leur composition argileuse . on peut
néanmoins déceler quelques variations significatives. Nous
obse rvons globaleme nt un enrichissement en kaolinitc de la
base au sommet. e nrichissement qui peut être continu ou
discontinu suivant les profils.
Granulométrie ct microgranulométrie (120 échantillons ;
fig. 3)
La mise en place des séd iments de mangrove est complexe.
On peut cependant noter l'influence de l"installation des
palétu viers sur la sédimentation : les plus fa ibles valeurs de
médianes s'observent au sommet des profils; la présence
d'un très dense réseau de racines en surface er.ee un ab ri très
efficace contre les courants et des particules ultra-fines
peuvent se sédimente r (faciès hyperbolique) - SOuvent 35 à
40 %, voi re 60 %, des argiles sont inférieures à 0,1 Il. La
structure lenticulaire des sédiments complique l'analyse
granulométrique puisque la médiane et l'indice de Trask,
qui n'a guère d'intérê t dans cet environnement, peuvent
va rier rapide ment d'une zone à l'aulre: les nombreux
microchena ux qui se recoupent entraîne nt des distributions
plurimodales ( l3altzer, 1980).
L'origine multiple du matériel dé tritique (Mono , Continental te rminal. Océan Atlantique) et la présence de courants
font que les sédiments de la mangrove sont très mal classés
(plusieurs stocks granulométriques) et immatures (pas de
courbes plurimoda les).
Cependant . on peut essayer de décrire un .. faciès gran ulométrique ,. dans ces sédimenls de mangrove; similitude
parfois assez grande de cour bes granulométriques; forte
proportion des particules ul tra-fines; distributions plu ri modales assez voisines les unes des aUlres pour les sables avec
toujours un maxi mum de fréquence des grains autour de
300 1-.1. ; courbes montrant toujours un meilleur classement
134
SÉOIMENTOlOGIE DES MANGROVES OU BÉNIN
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Figu re 4
Ana lyscs de quelques carolles caractéristiques :
- G ranu lomét rie : 1. Fraction inférieure l 80 .... ; 2. Fraction supérieure à 80 .....
- Argiles : J. Kaolinilc ; 4. llIite ; S. Inte rstratif!ts illite·smectites ; 6. Srnectite5.
- Mi néralogie : H. Halite ; Po. Po lyhalitc; P. Py rite; J. JlI.rosile ; G. Gypse.
AtUl(ysis of SOrM /ypkll( drifkd rom :
- Gruin siu lltUl(ysis : 1. Frac/ion filU!' tMn lJ(J Il .. 2. Fraction coarH r dJon 8(} j.I..
- CÛlys ; J. Kaofîni~ .. 4. (((i~ .. 5. Intt fstrutiMd minu afs if(itt-sm«li~s .. 6. Sm«tita.
- M ilU!fa(ogy ; H. HII (j~ : Po. Polyhafitt .. P. Pyri/ .. 1. Jaros;~; G. Gypsum.
du côté des pan icules les plus grossières, peut-être en
relation avec I"existence de courants qui entraîneraient le
va nnage des pan icules fines.
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CONCLUS IO NS
Les caractères sédimentologiques ct paléogéogra phiques
observés relèvent autant de la sédi mentatio n de mangrove ,
Carbone Organ i ~UC
Lës tene urs osclicnt entre 0 ,1 ct 5 %. On obsc rve systéma tiquement un très net e nrichissement dans les niveaux
supérieurs des pro fils, parallèle me nt à l' insta llation d' une
sédimentation de plus e n plus fi ne ct à la présence de
racines, radicelles ct feuilles.
Nous n'avons obse rvé aucune corré lation évidente de ces
te ne urs avec les médianes granulo métriques o u avec la
nature des argiles.
Cependant , les faibles tene urs e n earbo ne ( moins de 1 %)
co rrespondent toujours aux faciès les plus grossiers. Comme
da ns les sédime nts lagunaires méditerranéens (Gadel,
1976) , il est fort probable que les panicules organiques
subissent le mème tri que les particules minéra les. Par e ffet
de tri , se uls se dé posent les dé bris organiques do nt la
dimensio n co mpense la faib le densité.
tfUde
~.
localement à tendance tourbeuse - dont l'équiva lent e n
pays tempéré se re trouve dans les polders (par exemple baie
du Mont-Saint-Michel ; Lang el a!. , 1973) que de la sédimentation estuarie nne. Plusie urs de ces caractè res sont
fossilisables ct susceptibles d 'être reconnus da ns les séries
anciennes ( Plaziat, 1975; Lang, Paradis, 1977) telles qu 'on
en conna ît da ns l' e:oœ ne inférieur des Corbières ( Plaziat,
1970) ct dans les lignites yprésiens du Soissonnais (G ruas
Cavagnetto el al. , 1980 a et 198O b ) en France , dans le
Crétacé supérie ur ct l' J::ocè ne inférie ur de la bordure
occidenta le ct mé ridio na le du bassin des lullemmeden au
Niger ( Boudouresq ue el of. , 1982) , etc.
& hellt de l'k ha ntillon
a) Malgré d' importantes variations de détail, les sédi ments
de mangrove mont rent dans le ur ensemble une assez grande
homogénéité minéralogique. On assiste à une sédime ntatio n détritique terrigène , avec pré pondérance d'aré nites
qua rt zeuses , localeme nt cimentées par la silice , ct localeme nt de rudites. L'agressivité climatique, parallè lement à
une néotectonique fai ble , est favorable pour faire disparaître e n majeure pa rt ie élé ments lithiques et feldspaths. La
kao lini te, de type fire -clay, provient probablement du
Contine ntal terminal ct e lle se sédi mente pendant les
pé riodes calmes. Les smectites semblent liées aux dé pôts
plus sable ux de forte éne rgie et leur origine est probableme nt plus lointai ne (&,cè ne , socle). De plus, l'alte rnance
des sa isons sèches et hu mides favorisent les circulations
d'cau dans les sols de mangrove; silice et fer peuvent alors
alime nte r la néofo rmation des smectites.
Les argiles noires piégées par les palétuviers mo ntrent des
néoge nèses de pyrite e n milieu réducteur. Par oxydation ,
cette de rniè re se transforme en jarosite. Le gy pse, en faible
quant ité , est assez fréquent , surtout dans les zones fines
sommitales des carottes. Co mme la ha lite, locale ment
li /age
II a été étudié à partir d'une quinzaine de carottes (pré levées à l'aide de tu bes plastiques, munis d'un pisto n)
dé passant parfois 2 m de longueur (fig. 4). Nous avo ns vu
que les réseaux complexes de racines fon ctionne nt comme
un vé ritable piège pour les argiles d 'où une base sable use à
8Q.90 % , alors que le sommet, sun out dans les trente
de rniers centimètres, est le plus souve nt argîlo-silteux, voire
argileux , A 50-60 % . La limite est e n général assez nette.
Signalons égale ment, notamment a près une plu ie - indépe ndamme nt des dé pressions vaseuses, plus ou mo ins
sable uses - le colluvio nnement de sédi ments argilo-silte ux
sur de grandes surfaces monotones éme rgées ; mais ces
sédiments souligneraie nt un litage ap proxi mativement
ann uel, plus ou moins visible Il l'éche lle de l'échantillon
d'auta nt plus qu'il est généralement souligné par le dé veloppement de voiles il cyano phycées (faciès détri tiques terrigènes .. stromatol itiqucs ,.). Nous ne connaissons pas le taux
de sédimentation.
135
M. GAILLARD el al.
exploitée. il résulte de phénomènes d·évaporalion·eoncen·
tralion en saison sèehe dans des micromilieux. Les pH, le
plus souvent bas dans les sédiments, expliquent la dispari·
tion des organismes à test caleaire dans les carOllages alors
qu'i ls abondent e n surface (Tympof/OIOf/US, Pachymelonia).
Signalo ns e nfin une phase organique importantc due à
l'accumulation des débris de palétuviers, pouvant même
abou tir localcment à la fo rmation de to urbe.
b) Si . dans leur e nsemble. ees sédiments sont très hétérogèncs du point de vue granu lo métrique. ils présentent cependant quelqucs constantes: distrib ution polymodale des
sables; remaniements fréquent s; meilleur classement des
panicules grossières en liaison avec des courants fons ayant
ehassé les panicules fines; proportion imponante d'argiles
ultra-fines déposées dans des lOnes très calmes à l'abri des
mangroves.
Malgré les différents facteurs intervenant dans la genèse de
la mangrove (appons fluviatiles. marnage. précipitation .
évaporation). il se mble qu' il se produise une cenaine
homogénéisai ion. minéralogique , granulométrique ct
hyd ro logique (progression du fron t salé, à panir d e
l'embouchure. ve rs l'Est c t vers l'Ouest , sunout rapide de
décembre à févrie r).
c) Au plan paléontologique . on pourra faire référence aux
pollens des végétaux de mangrove , aux associations de
gastéropodes ct de lamellibranches (éventucllement de
foraminifères), pauvres en espèces et riches en individus
dans les eaux saumâtres. aux variations des épines dcs
o rganismes, a u mode de fixation des huîtres , aux terriers ct
éve ntuellement aux peloles de nourrissage des crabes ...
ultrafines piégées par les racines). En relation avec des
va riations hydrodynamlques nombreuses et rapides, les
structures lemiculaires som fréquentes.
&helle géodynamique
La mangrove bénino ise appanient au type atlantique tropi·
cal à tendance humide ; clic est très comparable à celle du
Sénégal (Ka1ck, 1978; Lucas el al., 1980 ; Marius. Lucas.
1982); mais dans celle dernière , on observe un grand
d é ....eloppement des tannes. différence probablement impu.
table à des facteurs climatiques (plus grande séchercsse) et
sunout hydrologiques (influence de la nappe phréatique).
Le climat agit no tamment sur la végétation et la salinité
(Bailler, Lafond . 1971 ; Levy, 1971) sans oublier l'influence
des ouragans, .. phénomènes accidentcJs ,. qui ont une
grande imponance sédimentologique. La géomorphologie
(pluies. vents, e tc.) est principalement induite par la géodynamique interne, soit en liaison avec l'eustal isme, soit en
liaison avec l' instabilité du continent. A celte dernière , est
peut-être liée la fracturation d'u n bcachrock. vestige d'une
ancienne plage parallèle à l'acluelle, mais en retrait ct sc
situant actuellement sous les sédiments de mangrove ; ce lle·
ci se développerait ensuite à la faveur d ' une tectonique plus
stable d'une part c t du maintien du niveau de la mer d 'a utre
pan, Son recul rêcent peut êt re dû à des faCleurs climatiques, à une légère régression du niveau marin ct sunout aux
faCleurs anthropiques, b rutaux e t irréversibles.
Remerciements
Nous sommes reconnaissa nts au Doyen S, Alidou , Secré·
taire du Comité National béninois du P.LC.G.-UNESCQ ,
d 'avoir favorisé nos rec herches. Les analyses d'argiles Ont
é té efreclUées à Strasbourg, les mic rogranulométries à
Perpigna n (J , p, Barusscau ct C. Duboul-Razavet). ai nsi
que les analyses de carbone organique (F. Gadel).
R. Meyer a acceph! de relire notre texte. Nous remercions
bien \'ivement toutes les personnes qui nous Ont ainsi aidés.
€chelle des cond itions de sédimentation
Sans insister sur les caractérist iques de la sédimentation
houillère (Lang. Pa radis. 1977) o u deltaïque (Rabier el al.,
1979), localement préscmes dans ce cadre margino-lilloral ,
relevons dans ces milieux de mangrove des séquences,
sableuses à la base ct argileuses au sommet (pa rt icules
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