Israël - Consistoire de Paris
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Israël : les nouvelles générations Par Ami Bouganim Culture: Le patrimoine juif européen Diasporas : Les Juifs du roi Albert Mémoire : Les nouveaux marranes N°293 - SEPTEMBRE 2009 - 3€ Israël : Le jour où éclata la guerre de Kippour M 01907 - 293 - F: 3,00 E 3:HIKLTA=\UXUUU:?k@c@j@n@a; N°293 - SEPTEMBRE 2009 AU SOMMAIRE D’ A NOS LECTEURS TICHRI 4- La prière de Hanna par le Grand Rabbin Gilles Bernheim 6- La mémoire du monde par Joël Mergui 8- "Sois très très humble" par le Grand Rabbin David Messas 8- Les jours redoutables 10- "Pour l'amour de la mémoire" par Albert Bensoussan KIPPOUR 1973 12- "Chalom, chalom, veeyn chalom" par Josy Eisenberg ISRAËL 15- "Welcome Sir and good Luck"… par Ami Bouganim ECONOMIE 19- Euphorie à la bourse de Tel-Aviv par Philippe Meyer HUMEUR 20- Interrogations par VM DIASPORA 22- Les Juifs du roi Albert Par Gérard Silvain LA VIE DU CONSISTOIRE -26 BONNES FEUILLES 40- Les nouveaux marranes par Paul Giniewski MÉMOIRE 42- "Il faut laisser du temps au temps" par Paul Shaffer CULTURE 43- Le patrimoine juif européen par Dominique Jarrassé LIVRES 46- Les éditeurs annoncent CINEMA 47- L'éducation carcérale d'un apprenti parrain par Elie Korchia COURRIER -48 CARNET -49 VERBATIM -50 A u-delà du lot de bonnes et de mauvaises nouvelles qui font le quotidien de chacun d'entre-nous et qui finalement rythment nos vies, l'année écoulée a été marquée par une conjonction exceptionnelle d'événements majeurs pour le monde dans son ensemble. Crise économique et financière, élection de Barack Obama à la Maison Blanche, déclenchement de la grippe A, arrivée de Benjamin Netanyahu à la tête du gouvernement en Israël et nouvelle donne au Proche-Orient, réélection très contestée du Président iranien : autant d'événements de premier plan pour lesquels rien n'est joué, dont l'histoire reste à être écrite et dont l'évolution dessinera en grande partie les contours et le contenu de l'année à venir. Rarement dans un passé récent, un début d'année n'aura été dominé par des incertitudes aussi fortes sur un nombre aussi élevé de sujets aussi importants. Rarement leur issue aura été aussi imprévisible. Rarement leurs conséquences à venir auront été aussi fortes et durables. En fonction d'un scénario ou d'un autre pour chacun d'entreeux, le monde en sortira différent. Une telle situation fait naître au niveau individuel et collectif un défi à la fois terrifiant et passionnant, comme le sont ces Dix jours redoutables entre Roch Hachana et Yom Kippour, les yamim noraïm, qui sont comme chaque année sur notre route, pour aussi nous permettre de nous y préparer. Et comment, à l'aube de cette nouvelle année, ne pas penser à notre frère Guilad Shalit qui va passer ses troisièmes fêtes de Tichri consécutives en captivité, loin de sa famille et de ses proches ? Parmi toutes les incertitudes qui sont devant nous, l'attente de son retour sain et sauf parmi les siens occupera encore et toujours une place centrale dans nos esprits. Dans un monde tellement incertain, Information Juive continuera à vous en faire l'écho le plus fidèle et à vous en fournir les analyses les plus pertinentes, pour vous aider à mieux le décrypter et donc à mieux le comprendre. A cet égard, notre constant effort de développement, marqué il y a deux ans exactement par le lancement de cette nouvelle formule qui vise à en améliorer tant la forme que le fond, va se poursuivre. De nouveaux projets vous seront proposés dans les semaines à venir afin d'aller toujours plus loin dans l'essor de votre journal, avec votre soutien et votre aide qui en demeurent les conditions premières. Dans un monde tellement incertain, nous resterons avant tout attaché à mériter la confiance que vous nous accordez depuis si longtemps et à vous fournir cette information juive de qualité que vous êtes en droit d'attendre et qui a toujours été notre unique exigence. Qu'il me soit permis, au nom de l'équipe du journal, de vous souhaiter, ainsi qu'à vos proches, une année 5770 pleine de santé, de bonheur et de prospérité. Que la paix règne enfin sur Israël et accompagne l'ensemble du peuple juif. Chana Tova Oumetouka. Philippe Meyer Directeur de la Publication INFORMATION JUIVE 17, rue Saint-Georges 75009 Paris Editorialiste : Josy Eisenberg Rédaction : 01 48 74 34 17 Administration : 01 48 74 29 87 Fax : 01 48 74 41 97 infoj@consistoire.org Comité de rédaction : Josy Eisenberg, Michel Gurfinkiel, Victor Malka, Joël Mergui, Philippe Meyer Fondateur : Jacques Lazarus Chroniqueur : Guy Konopnicki Collaborateurs : Armand Abécassis, Anne-Julie Bémont, Albert Bensoussan, Paul Giniewski, Hélène Hadas-Lebel, Carol Iancu, Gérard Israël, André Kaspi, Naïm Kattan, Elie Korchia, Odette Lang, Annie Lelièvre, Daniel Sibony. Gérant de la SARL, directeur de la publication : Philippe Meyer Administration : Jessica Toledano Directeur : Victor Malka victor.malka.infoj@consistoire.org Maquette : Information Juive Photographies : Alain Azria Edité par S.a.r.l. 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Pour d'autres, ce sont des problèmes financiers, un mariage en difficulté ou un membre de leur famille qui les irrite profondément. Pour d'autres enfin, c'est une mauvaise habitude, un rêve brisé ou un désir non réalisé qui invite à la prière. Pour Hanna, c'était sa stérilité, considérée comme une disgrâce. Une femme stérile jetait le discrédit sur son mari et sur leurs familles respectives, les exposant à la honte et aux critiques. Pour aggraver encore la profonde amertume due à sa stérilité, Peninna, la deuxième femme d'Elqana, mari de Hanna, était mère de plusieurs enfants et prenait plaisir à le rappeler à cette dernière. Hanna était l'épouse préférée d'Elqana et, bien qu'elle fût tendrement aimée de lui, cela ne suffisait pas à soulager sa souffrance émotionnelle. Elle se sentait impuissante face à cette situation, désespérée et profondément déprimée. Dieu l'avait rendue stérile et Dieu seul était en mesure de l'aider. Des générations auparavant, Sara avait été, elle aussi, stérile. Mais elle avait un plan. Elle élabora un stratagème afin de permettre la conception d'un fils pour son mari, Abraham. Bien qu'ils fussent tous deux avancés en âge, Dieu leur avait fait la promesse d'une descendance et d'un héritage, d'une lignée et d'une famille aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Cependant, après de longues années sans le moindre signe de grossesse, Sara décida d'offrir à Abraham sa servante Agar, afin que celle-ci porte l'enfant de son mari à sa place. Au lieu de venir à Dieu dans son impuissance et d'attendre de Lui 4 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 PAR GILLES BERNHEIM, GRAND RABBIN DE FRANCE l'accomplissement de la promesse, en son temps, Sara préféra apporter sa propre solution au problème. Hanna, quant à elle, n'a pas voulu régler son problème elle-même, comme l'avait fait Sara. Elle s'est rendue au Temple de Silo et a répandu son âme devant Dieu. Consciente de son impuissance à changer sa situation, Hanna connaissait le Dieu qui était capable de l'aider, plein de compassion à l'égard de ceux qui, dans le besoin, se tournent vers Lui. Elle pleurait et Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim s'abandonnait entre les mains de Dieu dans une attitude de totale dépendance à Sa miséricorde. Alors qu'elle priait, Israël et celui que l'Eternel avait choisi pour oindre David comme roi. Qu'est-ce que la prière et quelle est son efficacité? La prière fait partie de ces concepts nébuleux qui défient toute logique. Elle est bien davantage que le faire-part de nos besoins. Les prières de ces femmes de l'histoire biblique ne détiennent ni secret à découvrir ni aucune formule garantissant une réponse divine. Dans la prière nous demandons notre pain quotidien. Nous confessons nos fautes et nous partageons nos rêves, nous supplions Dieu d'obtenir miséricorde et nous rions de joie. Cela ne signifie pas que nous obtenions forcément tout ce que nous réclamons, mais nous sommes invités à demander avec une totale liberté sans crainte de l'opinion des hommes. S'il y a effectivement un secret à propos de la prière, c'est le suivant: nous sommes libres de demander. Pourtant, il arrive que nous ayons besoin d'encouragement pour continuer à demander et à prier. Non pas que nous ne sachions pas comment prier, mais nous nous lassons facilement et, découragés, nous abandonnons. Il n'est pas nécessaire d'assister à une conférence sur les raisons pour lesquelles nous devons prier. Il est en revanche utile d'avoir la présence de quelqu'un auprès de nous pour nous encourager à persévérer. Car le meilleur encouragement réside souvent dans la compagnie de ceux qui prient. S'il y S'il y a effectivement un secret à propos de la prière, c'est le suivant: nous sommes libres de demander. Hanna parlait dans son cœur, sans qu'un son sortît de sa bouche, seules ses lèvres remuaient. Elle lui faisait tellement confiance qu'Il ne pouvait que répondre à son cri et venir à son aide. Peu de temps après, Hanna fut enceinte et donna naissance au grand prophète Samuel. Cet enfant grandit pour devenir un homme béni de Dieu, destiné à devenir le dernier juge en arrive, alors j'y parviendrai aussi! La prière est pour vous et moi. Puissent ces lignes nous encourager, en ce mois de Tichri, alors que nous approchons ensemble du trône de Dieu. Chana Tova Oumetouka. --*La Haftara du 1er jour de Roch Hachana TICHRI La mémoire du monde L e thème de la mémoire est un des plus récurrents dans les textes de la tradition juive. Dans différents versets de la Torah, il nous est fait injonction de nous souvenir et de ne pas oublier. Moïse lui-même, dans les paroles d'adieu qu'il adresse au peuple hébreu, adjure nos ancêtres : "Souviens-toi des jours antiques, médite sur la génération du lointain passé. Interroge ton père, il te l'apprendra ; tes grands parents, ils te l'expliqueront". Mais c'est au mois de Tichri et de ses solennités en particulier, que ce thème revêt pour nous une importance considérable. C'est le mois au cours duquel nous sommes appelés à nous souvenir. De quoi ? D'abord, de la création du monde et du fait qu'elle n'a pas été le fait du hasard. Des finalités de l'homme, de ses devoirs envers le ciel et de ses responsabilités envers les autres. De ce qu'il a fait et de ce qui lui reste à faire. Nous souvenir aussi que nous avons des comptes à rendre au ciel ainsi qu'aux femmes et aux hommes qui nous entourent. Tichri est le mois au cours duquel nous sommes jugés mais c'est aussi celui de la confiance et de l'espérance. Nous souvenir enfin de ce que le repentir est à tout instant à la portée de l'homme. Ce concept de la techouva est sans doute un des plus forts et des plus denses dans les textes de la liturgie de Tichri et singulièrement dans celle de Roch Hachana et de Kippour. Il ne signifie pas seulement retour et réponse. La techouva est également reconstruction, refonda-tion. Elle 6 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 PAR JOËL MERGUI* permet de réparer ce qui a été fautivement ou incomplè-tement accompli ou encore ce qui a été raté. Le repentir a pris dans nos différents textes de référence une importance tourner de temps à autre vers nos racines. Parce qu'elles nous informent et qu'elles nous enrichissent. Comprendre ses racines est une tâche difficile mais indispensable. Un “J'ai toujours considéré les diverses étapes qui ponctuent le mois de Tichri comme l'expression de la nécessité de nous tourner de temps à autre vers nos racines.” telle que nos maîtres disent qu'il a été créé avant le monde lui-même. Un des dictons les plus connus dans la littérature rabbinique est celui qui prétend que " les portes de la prière peuvent parfois être fermées mais celles du repentir sont, elles, toujours ouvertes". C'est ainsi que Maïmonide évoque à propos de la techouva et de Roch Hachana, que la sonnerie du chofar renferme une allusion essentielle au réveil, à l'examen de sa propre conduite et au souvenir de la Création. Personnellement, j'ai toujours considéré les diverses étapes qui ponctuent le mois de Tichri, l'un des plus beau de notre calendrier, comme l'expression de la nécessité de nous éducateur kibboutznik, Moki Tsour, raconte l'exemple d'une personne qui ayant entendu parler de l'importance des racines, déracinait chaque matin le jeune arbre qu'elle venait de planter pour l'examiner. L'arbre ne grandit jamais. On sait que Benjamin Disraéli resta farouchement attaché à ses racines juives. Un jour, il répondit ceci à un opposant politique qui raillait ses origines juives : " Quand les ancêtres de cet honorable monsieur n'étaient que des brutes sauvages habitant dans une île inconnue, les miens étaient prêtres au Temple de Jérusalem". " Yom Hazikarone ", jour du souvenir que nous célébrons avec tant de foi et de ferveur dans toutes nos synagogues : c'est ainsi que la Bible appelle le jour de l'an, Roch Hachana. Evoquer le passé et le comprendre nous aide à regarder les événements sous leur jour véritable. Selon le Nahman de Braslaw, "C'est dans le souvenir que réside le secret de la rédemption". Et il est bon que cette inscription figure à l'entrée du Yad Vashem, le Mémorial de la Shoah. --*Président du Consistoire Central et de Paris TICHRI “Sois très très humble” (Mishna Avoth) PAR DAVID MESSAS, GRAND RABBIN DE PARIS H illel enseigne : " Quiconque se sert de la couronne (de la Torah) se perdra ". La Torah est la carte d'identité d'Israël. Nous n'y lisons pas seulement notre histoire ancienne, nous y découvrons qui nous sommes aujourd'hui. Les rêves de nos illustres ancêtres sont toujours nos rêves, leurs combats sont toujours nos combats. Cette Torah appartient donc à chacun. " La couronne de la Torah est posée devant chaque homme, qui veut la prendre, vienne la prendre. " Hillel pose une condition à cette démocratisation du savoir : Ne pas user de la Torah à des fins personnelles. La Torah ne peut servir que la noble tâche du service divin, non un intérêt privé, fût-ce pour être appelé " Rabbi ". L'homme est toujours prompt à tirer profit de toute situation qui lui offrira un avantage. Le basculement vers l'orgueil demeure alors un piège permanent. Ne pas se servir de la Torah pour briller soimême, mais pour faire briller le nom divin reste un défi. Les fêtes de tichri représentent des rendez-vous exceptionnels pour ne pas basculer dans l'illusoire et découvrir le vrai sens de la vie. Alors que la société moderne nous fait miroiter que plus l'homme possède et plus l'homme est heureux, la Torah nous enseigne au contraire. Que c'est, souvent, dans le dépouillement et la simplicité que l'homme peut trouver la joie authentique, la simha. J'en veux pour preuve cette belle fête de Souccoth nommée " temps de notre joie ". Ici la joie se conjugue avec le fait de quitter sa demeure fixe pour entrer dans une demeure provisoire. Quitter la condition du sédentaire pour redevenir un nomade devant D., c'est affirmer que l'essentiel ne se trouve pas dans l'avoir, mais dans l'être. Nous comprenons pourquoi nous lisons Kohéleth à la fête de Souccoth. Le livre de l'Ecclésiaste commence en effet par : " vanité des vanités " et s'achève par : " crains D. et accomplis Ses commandements, car c'est cela tout l'Homme. " Certes, tel est le sens de notre authentique humanité. Chana tova oumétouka. Les jours redoutables On sait que selon la tradition, c'est à Roch Hachana que chacun est jugé pour l'année à venir et c'est à Yom Kippour qu'est rendu le verdict définitif. Quant aux dix jours qui s'écoulent entre le début du Jour de l'an et la fin du Grand Pardon, ils sont appelés les jours de repentance. Les thèmes de la prière et de la techouva sont omniprésents dans la liturgie de ces journées. Voici, extrait du livre " Ainsi parlait le hassidisme " ( Editions du Cerf ) un bouquet de formules relatives à ces thèmes. Si j'avais à choisir, j'aimerais mieux ne pas mourir. Dans le monde à venir en effet, il n'existe pas de "jours redoutables".Or, que peut faire l'âme humaine sans " les jours redoutables"? Chmelke de Nikolsbourg Puissè-je aimer le plus grand sage d'Israël comme Dieu aime le plus grand pervers Chlomo de Karlin Quand au sein du peuple règnent l'union et l'amour, qui a besoin d'un roi ? Yossef Leiner -Rabbi, apprenez-moi à craindre Dieu ! -Cela, je ne le sais pas mais je peux t'apprendre à aimer Dieu : commence par aimer ton prochain! Mendel de Kotzk La voie du bien est unique. Les chemins du mal sont multiples. Chmouël de Chokhsov Nous ne savons absolument pas de quelle façon nous devons prier. Tout ce que nous savons c'est crier au secours selon le besoin et la détresse du moment. Ouri de Strelisk 8 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 Il vaut mieux encore une ferveur sans prière qu'une prière sans ferveur. Bounam de Pssiskhé Si je savais que j'ai, une seule fois, prononcé un amen comme cela doit être dit réellement, je ne me ferais pas de soucis Moché de Kobryn Peut-être en effet toutes les portes du ciel se sont-elles fermées à nos prières? Mais pas celles du chant et des cantiques. Nahman de Braslaw Le tsar prétend qu'il est le roi ainsi qu'Untel et Untel. Et moi je dis : que le Nomde Dieu soit sanctifié et qu'il soit glorifié ! Lévy Yitzhak de Berditchev Dieu ! Si nous n'avions pas de péchés, que ferais-tu de ton pardon ? Lévy Yitzhak de Berditchev Maître du monde ! Je viens te demander ce qu'Israël représente à tes yeux. Il y a longtemps que tu ne t'occupes plus de ton peuple. Tu comptes beaucoup de peuples dans le monde. Et chacun d'entre eux affirme que son Dieu est le vrai Dieu. Les Russes disent: " Notre Dieu est le roi du monde " ; les Allemands : " Notre royaume est éternel " ; les Anglais : " Notre roi est le seigneur de toute la terre ". Et moi, Lévy Yitzhak, fils de Sara, je dis : " Que ton Nom soit sanctifié ! ". Et je ne bougerai pas d'ici tant que tu ne nous envoies pas le Messie ". Lévy Yitzhak de Berditchev Le pardon ? Pour cela, il y a la journée de Kippour. Mais pour se purifier, l'homme a besoin de lui-même ! Yitzhak de Worke L'âme humaine est comme une bougie : elle est, par moments, allumée et, à d'autres, éteinte ! Baal ChemTov Tout homme peut défoncer les portes du ciel et faire repentance ! Mendel de Kotzk Maître du monde ! J'avoue avoir beaucoup péché contre toi mais toi non plus tu ne m'as pas donné que des joies ! Alors, je te pardonne les peines, les malheurs et les douleurs que tu m'as envoyés. Et, à ton tour, pardonne-moi ! Yossef de Brod Plutôt que de se soucier de ce que l'on va faire demain, mieux vaut réparer ce qu'on a fait hier ! Baal Chem Tov REPÈRES Tapis persan Ramin Parham et Michel Taubmann racontent dans le livre qu'ils publient chez Denoël (L'histoire secrète de la révolution iranienne ) ce que furent ces journées de février 1979 au cours desquelles le régime des ayatollahs a remplacé celui du shah en Iran. Les deux auteurs racontent en particulier la journée du 18 février 1979, une journée au cours de laquelle Arafat fut reçu par Khomeiny. Le leader palestinien se rend ce jour-là à ce que fut la représentation diplomatique d'Israël en Iran : " Une foule compacte et brûlante de haine encercle le bâtiment, situé en plein cœur de la ville, à quelques pas du campus de l'université de Téhéran. Victorieux, son keffieh presque défait (…) Arafat ira saluer la foule depuis le balcon de la mission diplomatique. Sur la façade en crépi jauni, au-dessus d'un drapeau palestinien planté sur le balcon et d'un bouquet d'œillets rouges, deux mots tagués en lettres rouges latines " Viva PLO ".Les Israéliens avaient pris soin de détruire tous les documents sensibles. Une foule déchaînée dévalisera les locaux, emportant en butin un gigantesque tapis persan .Celui-ci avait garni jadis les intérieurs de Son Excellence l'ambassadeur de l'Allemagne nazie. Au lendemain de la guerre, la communauté juive téhéranaise l'avait acheté et en avait fait don, dans les années 60, à la chancellerie israélienne. Il ne servira donc pas à garnir le parterre de la délégation de Palestine à Téhéran". Le bac à Bné Berak Selon une étude rendue publique cet été par des services officiels israéliens, il existe un grand écart dans les résultats du baccalauréat israélien entre d'une part les grandes villes et d'autre part les villages pauvres et les quartiers orthodoxes. Ainsi 82,3 % des élèves de Kokhav Yaïr et 75,6 % de ceux de Ramat Hasharon à Tel Aviv ont réussi l'année dernière leurs examens de " Bagrout ( le bac israélien ) tandis que 14,9 % seulement des élèves étudiant à Bne Berak ont réussi à passer ce cap. Un étudiant orthodoxe de 17 ans de Bné Berak a déclaré au journal Maariv : " Qu'ai-je besoin d'un quelconque bac ? L'étude la Tora aiguise l'esprit plus que tous les bas réunis. Je serai étudiant en Torah et pour ce qui est de la vie quotidienne, il y aura ma femme ". Un autre étudiant ajoute : " Je n'ai pas besoin d'apprendre des métiers qui m'aideront peutêtre à gagner ma vie. Nous avons vécu ainsi durant des millénaires ". Une médaille Rabin Quatorze ans après qu'il ait été assassiné, la Banque d'Israël se prépare à mettre en circulation dans les mois qui viennent des pièces de monnaie portant effigie d'Itzhak Rabin, l'ancien premier ministre et Prix Nobel de la Paix 1994. C'est une tradition de la Banque nationale de frapper des monnaies à la mémoire de Prix Nobel. Ce fut notamment le cas pour Menahem Begin et pour l'écrivain Chaï Agnon, prix Nobel de littérature. La colère du rabbin Un jeune rabbin, député de la Knesset et membre de la formation Chas, Hayim Amsellem, a défrayé la chronique en Israël au mois d'août. Il a accusé les responsables de son parti d'avoir abandonné en vérité les positions modérées des Séfarades dans des questions religieuses. Bien plus, il accusé les responsables de son parti d'être des hypocrites en ce qu'ils annoncent vouloir perpétuer les traditions séfarades alors même qu'ils envoient leurs propres enfants dans des établissements d'éducation ashkénazes. " Notre parti, ajoute-il, fonctionne selon des règles des yéchivot lituaniennes. Nous sommes responsables du sentiment d'infériorité que nous ressentons. C'est nous-mêmes qui entretenons ce sentiment ". Le rabbin Amsellem est âgé de 50 ans. Il est né dans une famille marocaine qui s'est installée en Algérie. Il avait six mois quand il a quitté avec sa famille l'Algérie pour la France et 12 ans quand il a fait son aliya en Israël. Il a été rabbin à Genève et a quitté la Suisse pour devenir, en 2006, député du parlement israélien. Il est aujourd'hui candidat au poste de rabbin de la ville d'Ashdod. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 9 TICHRI “Pour l'amour de la mémoire” T ichri frappe à notre porte comme la main de cet enfant matinal invitant aux selihot, aux prières de repentance, car ce mois qui voit la naissance de l’an neuf est aussi celui des jours redoutables, les yamim noraïm, qui culminent au jeûne de Kippour. Nous savons pleurer ce jourlà, et les motifs de désolation ne manquent pas. Nous pleurons sur les nôtres qui ne sont plus, les parents , frères et soeurs, oncles et tantes, la famille d’année en année rétrécie. Nous pleurons sur nos morts bien plus que sur nos fautes supposées, dont la liste est si longue qu’elle en devient, finalement, irréelle. Au demeurant, nous savons bien tout ce que nous avons à nous reprocher sans qu’on nous en dicte l’énumération confondante, mais saurons-nous échapper à l’automatisme de la prière qui nous fait croire, fallacieusement, qu’à l’issue du viddouï, de cette confession générale des péchés, nous serons “purs” ? Les ennemis d’hier sont tout autant brouillés à l’issue du Kippour, les haines se prolongent, voire se renforcent, les bonnes résolutions ne sont que chiffon de prière, alors à quoi bon ? Qui n’a pas lu Qohèlet et n’en a pas retenu pour lui-même la leçon, n’a rien lu ni su. “L’œil n’est jamais rassasié de voir, ni l’oreille saturée d’entendre”. PAR ALBERT BENSOUSSAN Le livre tout entier, pieuse remémoration, porte le visage du père et se présente comme un émouvant témoignage sur cet amour inouï qui liait l’enfant à son géniteur, et là je me suis reconnu dans ma propre démarche et mon sentiment le plus profond. Alors, comme je le fais toujours, je reprends à mon compte les lectures de l’auteur, et me voilà plongé dans cette poésie d’une des plus grandes voix poétiques d’Israël – prix Bialik, le plus prestigieux du pays. Yehouda Amihaï, qui a connu deux guerres, d’abord dans la brigade juive au temps du mandat britannique, 10 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 Alors il se penche sur son propre fils, et il s’écrie : “Mon enfant sent la paix”. Définitivement le monde à ses yeux se partage entre deux odeurs, celle du vert paradis de l’enfance et celle du carnage des bûchers, dont les flammes s’élèvent en buisson – le buisson ardent de Moïse – consumant le corps de l’homme, de l’humanité Et pour l'amour de la mémoire je porte sur mon visage le visage de mon père. puis dans les rangs de Tsahal pour la guerre d’indépendance d’Israël, a écrit des choses bouleversantes sur le combat et la perte définitive de l’innocence : Dans mon labeur quotidien d’homme d’écriture et de passeur de textes, voilà que je tombe sur le roman de Héctor Abad Faciolince, L’oubli que nous serons (que je traduis pour Gallimard) et voilà que cet écrivain colombien a mis en exergue ces vers fulgurants de Yehouda Amihaï : Et pour l’amour de la mémoire je porte sur mon visage le visage de mon père. En route pour le front nous avons couché dans un jardin d’enfants Un ours en peluche me servait d’oreiller Vers mon visage las descendaient des toupies Des trompettes et des poupées Mais non des anges tout entière. Lui, qui est croyant et fut élevé dans la stricte orthodoxie ashkénaze dans l’Allemagne de son enfance, se déchausse là, devant le supplice des hommes consumés, car cette terre est sacrée, elle est celle où l’homme souffre et se déchire, et parce que, écrit-il lumineusement “les hommes ont tous été des enfants qui sentaient la paix”. Mais Dieu dans cette affaire ? La question, on le sait, depuis l’horreur concentrationnaire est bien : “Où était Dieu à Auschwitz?” mais Yehouda répond : Dieu a pitié des petits enfants, Moins encore des écoliers, Et plus du tout des adultes Qu’ils laissent seuls. Yehouda Amihaï Non, pour lui, Dieu – qui est à l’image de son père définitivement en allé - n’est pas absent, et il a cette image terrifiante – et si juste, ence qu’elle envoie à la kappara de Tichri : TICHRI La main de Dieu est dans le monde Comme la main de ma mère dans les entrailles du coq égorgé. Comment ne pas les entendre clamer et invectiver les pousse-aufeu, les va-t-en-guerre ? Etre pacifiste, est-ce donc un crime ? Surtout quand on a déjà donné son sang pour irriguer cette terre d’Israël. Comment ne pas être choqué des réactions soulevées par l’attitude – certes, pour le moins provocante avec son passeport palestinien en poche - de Daniel Barenboïm, l’un des plus illustres musiciens de notre temps, alors que le chef israélien n’a qu’une ambition, lui qui a déjà tant souffert: l’avènement de la paix sur la terre d’Israël ? Aujourd’hui, quel malheur ! Le mot “paix” pour certains sonne comme une injure, ou une insanité. Sachons écouter un homme de souffrance tel que David Grossman lorsqu’il nous lance, avec les accents de l’Ecclésiaste : “De la même manière qu’il y a des guerres inévitables, il y a aussi des paix inévitables”. Oui, inévitablement il y aura un temps de paix, comme le prédit le Prédicateur (Qohèlet). Alors pour Kippour, que peut-on demander dans notre vœu de Tikkoun olam, cette “ réparation du monde” voulue par les kabbalistes? Que les vases brisés, chers au romancier hiérosolomytain David Shahar, soient recollés, que les mains des ennemis s’étreignent dans une chaleur humaine et un regard retrouvé d’enfance et d’innocence, comme le souhaite aussi, dans toute son œuvre, le cœur immense d’Amihai. Et gardons en mémoire, pour finir, cette si belle métaphore qu’il développe sur Kippour à Jérusalem, cette “ville portuaire sur le rivage de l’éternité”: Le mont du Temple est un vaste et luxueux bateau de plaisance Le chofar retentit : une autre nef lève l’ancre. Les marins de Yom Kippour, en uniforme blanc, grimpent aux cordages des prières les plus hautes… A. B. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 11 KIPPOUR 1973 “Chalom, chalom, veeyn chalom” PAR JOSY EISENBERG En octobre 1973, au lendemain de la guerre de Kippour, notre ami le rabbin Josy Eisenberg avait publié cette tribune dans les colonnes du journal Le Monde. Il nous a paru intéressant de la reproduire ici parce que quelques décennies après, elle n'a pas pris une ride. J e me trouvais dans la synagogue du président, à Jérusalem, lorsque les sirènes ont retenti. Des jeunes gens ont ouvert la porte et fait un signe. D'autres jeunes gens ont, sans un mot, déposé leur châle de prière, et sont sortis. Une jeep a démarré. Personne de songeait à la guerre. La guerre, maintenant, et en plein Kippour ? Impossible. Une alerte. Une alerte assez grave pour que l'on profane l'interdit de voyager à Kippour. Mais pas la guerre. Ceux qui résistaient ont continué d'observer Kippour : le jeûne, la prière, l'immobilité. On n'a pas ouvert la radio. J'avais décidé d'achever la journée devant le Mur. J'y suis allé : la vieille ville était bouclée. On ne m'a pas laissé passer. Un vieux Yéménite invectivait le policier : de quel droit ? Les portes sont fermées, a dit l'agent. Les portes du Ciel sont ouvertes, a répondu le vieillard. " Je suis là pour te protéger. - Sot : c'est moi qui te protège lorsque je prie. " Il n'y a pas eu de profanation du Kippour ce jour-là. Du moins, je ne l'ai pas ressentie. L'angoisse et la vie étaient si évidemment sacrées pour tous ! Abba Eban devait parler, quelques jours après, du Pearl-Harbor moral. Non. Le Pearl-Harbor, c'est la guerre. Il n'y a pas de temps propre ou de temps sale pour faire des choses sales. C'est la guerre qui est profanation. Attaquer le jour du Kippour, interrompre brutalement le dialogue d'Israël et de son Dieu, ce n'est rien d'autre qu'un Symptôme : le sacré s'est éclipsé, les mots et les rites ne sont plus sécurisants, l'état d'alerte est notre lot quotidien. 12 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 Si c'est cela que les Arabes ont voulu montrer : rien n'est stable, rien n'est acquis, même le temps des incantations nous est compté, et les mots prononcés par nos ancêtres peuvent être couverts par le bruit des canons, alors, l'attaque du Kippour était bien pensée, dans la ligne du Chofar, de cette corne de bélier que l'on venait de sonner partout dans le monde, comme chaque année, pour empêcher la conscience d'Israël de s'assoupir. Mais s'il s'agissait d'une opération tactique et s'ils en attendaient un retard dans la mobilisation de l'armée d'Israël, quelle grossière -providentielle, disaient mes amis- erreur d'appréciation ! Immobilisé dans la prière, Israël était plus aisément mobilisable à Kippour que n'importe quel jour de l'année ? Ce jour-là, on ne voyage pas, les cafés sont fermés. Les uns sont à la synagogue, les autres à la maison. A 6 heures, Kippour s'arrête. Avant même de rompre le jeûne, chacun s'est précipité sur sa radio ou sur sa télévision. Dayan apparaît. Il explique qu'Israël n'a pas voulu faire la guerre préventive et que les Egyptiens ont franchi le canal. Il annonce qu'ils seront encore plus nombreux à le faire la nuit suivante. Puis, il tente de nous rassurer et achève son intervention, dans ce qui apparaît déjà comme le délire de la guerre du Kippour, par une sentence empruntée au rite : la guerre, dit-il, s'achèvera par une Hatima Tova, une bonne signature, une conclusion heureuse. C'est le vœu que les juifs adressent traditionnellement, ce jour-là, depuis deux mille ans : obtenir une bonne signature de Dieu dans le livre de la vie, après avoir obtenu son pardon. Et ces hommes, quand commenceront- ils à oublier et à pardonner ? Et Israël, lui pardonnera-t-on d'exister ? Qu'une armée prenne position contre moi… Cinq jours après le Kippour, c'est la fête des Cabanes : sa préparation commence en même temps que la guerre. Le pays n'est plus qu'un immense réseau de communications. Les familles se téléphonent sans cesse pour s'informer de l'état de la mobilisation. Une angoisse indicible s'est abattue sur les cœurs, alors que les esprits fonctionnent avec diligence et rigueur. Quelquefois mes amis utilisent un mot qui me choque : untel a été, disent-ils, " pris ". Ce n'est qu'une façon de parler, mais qui évoque d'autres souvenirs. Et je pense, et je dis : naguère, quand un juif était " pris " c'était par ses bourreaux et non par ses frères, c'était dans la honte et non dans la ferveur. Mais je ne sais plus : être assassiné ou mourir les armes en main, ce n'est pas la même mort, mais c'est bien la même chose. Morts stériles, morts fécondes : les beaux mots ne font pas de belles morts. Au marché, les juifs de Mea Shéarim, et les autres, achètent avec le même zèle les quatre espèces que l'on va agiter à Souccoth. Le temps s'est arrêté : ils examinent soigneusement, quelquefois durant un quart d'heure, l'extrémité des branches de palmier, qu'ils achètent, ces branches qui ressemblent à des épées de verdure, pour s'assurer qu'elles sont belles, entières, impeccables, propres aux exigences du rite. Je sens que je deviens fou ? Dans un ultime éclair de lucidité, je sais que nous sommes fous. KIPPOUR 1973 Fous de croire et de prier et de faire les gestes, tous les gestes, et d'interpeller Dieu avec pudeur et modestie, et de ne pas hurler. Et je sais que nous n'existerions pas si nous n'étions pas naïfs et fous, embrasés et illuminés, et que c'est la même folie qui anime les fous du Retour qui ont ressuscité les steppes et les marécages d'Israël. Et voilà qu'arrive Souccoth, et cette autre folie des mots et des rites. On va manger dans la Souccah, dont le tout est à ciel ouvert, mais sous terre. L'abri est préparé. Dîner aux chandelles à cause du couvre-feu. Le mot Souccah signifie à la fois cabane et abris. Et comme toujours on vient de prononcer dans la prière du soir la phrase traditionnelle : " étends sur nous la Souccah de ta paix ". Et point n'est besoin de créer un rite nouveau. Entre Kippour et Souccoth, chaque année, après chaque office, on récite le psaume 27 de David. Il commence ainsi : " Le Seigneur est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur ? Le Seigneur est le rempart qui protège ma vie : qui redouterais-je ? Quand des malfaiteurs m'approchent pour dévorer ma chair -mes adversaires et mes ennemis qui me guettentsont ceux qui bronchent et tombent. Qu'une armée prenne position contre moi, mon cœur n'éprouve aucune crainte ; que la guerre fasse rage contre moi, même alors je garde ma confiance. " Est-ce que vraiment tout est écrit ? Un temps pour la guerre, un temps pour la paix A Souccoth, un enfant récite aussi, le matin, à la synagogue, la livre de l'Ecclésiaste. Vanité des vanités. Vanité du pouvoir, du plaisir, de l'argent. Vanité de la science. Il est un temps pour tout, un temps pour vivre et un temps pour mourir. Un temps pour la guerre et un temps pour la paix. 14 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 Il faudrait pouvoir tout raconter. Les éboueurs mobilisés, et un général en retraite - la seule retraite en Israël qui ne menace pas son existence ramassant les poubelles dans les rues de Tel-Aviv. Ce permissionnaire de vingt-trois que je prends en auto-stop aux portes de Tel-Aviv et que je conduis à Jérusalem. Il rentre du ne puis expliquer comment, mais je sais pourquoi. Parce qu'Israël a la foi, une foi indéfinissable, frémissante et communicative, qui est quelquefois autre que la mienne. Ne serait-ce que pour cela, ne serait-ce que parce qu'il existe sur un coin de terre des hommes qui croient encore aujourd'hui à quelque chose et Les hommes et le pays qui vendent leurs âmes aux Méphistophélès du pétrole entrent de plain-pied dans la damnation de l'histoire. front. Sa femme est enceinte. Il a quatre heures pour la voir. Demian matin, il sera sur son tank dans le Sinaï. Ce prisonnier égyptien, désarmé, désarmant, qui parle à la télévision Israélienne, sans une pensée pour la guerre. De sa femme Mahsia et de son fils Ahmed, qui a onze ans, et qu'il espère bientôt revoir. De ces chants diffusés par la radio : vieux chants d'il y a quarante ans, refrains de prisonniers qui chantent l'amour de la terre, des vignes et des arbres. C'est une guerre d'amour. Chants des combattants de 1948 : c'est une guerre d'hommes aux yeux froids. Chants empruntés à la Bible, prophétie d'Isaïe sur les épées transformées en socs de charrue, entrecoupés de brefs appels codés militaires, et, incessant, le mot " chalom " qui résonne. Chalom. Bonjour. Chalom, espoir. Chalom partout. Et pensée pour le prophète qui disait : " Chalom, chalom, veeyn chalom " (1). Et il n'y a pas la paix. On ne peut pas tout dire ni tout croire. Le plus poignant, c'est la solitude. Douze pays arabes contre Israël. Et les autres ! Et la France ! Et ce combat inégal que des analystes politiques reprocheraient presque à Israël ne n'avoir pas remporté aussi vite que d'habitude ! Les abonnés du miracle ont déçu. Patience. Et j'allais oublier l'essence qui précède l'existence. Le combat est inégal, aujourd'hui plus qu'hier, mais personne ne doute qu'Israël vivra. Je rendent si dérisoires les gadgets de la logomachie de l'Occident, oui, ne serait-ce que pour cela, Israël doit vivre, et Israël vivra pour que cette foi existe et pour qu'elle atteigne tous les hommes qui ont si soif de croire et sont tant altérés. Sur ce coin de terre, un juif aurait dit un jour : " Que mon sang retombe sur leurs têtes ". Il n'est point un seul historien des religions qui pense aujourd'hui que Jésus aurait réellement pu prononcer une telle phrase : il aimait trop son peuple pour cela. Mais cette petite phrase devrait faire réfléchir tous ceux, hommes d'Etat, marchands de canons, redresseurs de torts et autres beaux esprits, qui jouent avec l'existence d'Israël, dans le jeu subtil et tamisé des idéologies et des escalades calculées. Si personne n'est innocent, ce sont eux les vrais coupables : les hommes et le pays qui vendent leurs âmes aux Méphistophélès du pétrole entrent de plain-pied dans la damnation de l'histoire. Même si la justice n'est pas toujours immanente, ce crime-là ne paiera point. Le jour où nous nous présenterons devant le jugement de Dieu, j'aimerais être Israélien ou Arabe, pas Russe. J'aimerais aussi ne pas trembler d'être français. -(1)" Ils ont guéri la plaie de mon peuple à la légère en disant : " Paix, paix et point de paix " ." (Jérémie, XIV.) ISRAËL Les nouvelles générations : “Welcome Sir and good Luck”… PAR AMI BOUGANIM L a première génération était composée de personnes qui avaient connu la diaspora. En désertant les maisons d’étude, en brisant les lanières des phylactères, en rangeant les châles de prière, ils s’étaient enhardis à braver le ciel et c’était cette hardiesse qui leur imprimait l’énergie requise pour “conquérir la terre” et l’endurance nécessaire pour surmonter pas tant parmi les laïcs que parmi les religieux qui s’étaient arrachés au ghetto et à sa moisissure. C’est cette grande hérésie qui a constitué le terreau où ont prise les racines sionistes et qui a fourni la sève qui les a nourries. Les premiers pionniers ne rompaient pas impunément avec la tradition. Ils conservaient, remisés dans l’arche de leur mémoire, les rouleaux de la Loi. On l’a vu avec Ahahon David Gordon (1856-1922), Berl Katznelson (1887- Parce qu’elle avait grandi dans une ambiance juive, la deuxième génération aussi avait des rudiments de judaïsme. On connaissait encore les paroles du Shéma ; on pouvait encore lire le kaddish ; on était encore assez poli pour accueillir le Shabbat et s’en séparer. Dans l’Antiquité, les Philistins habitaient la bande côtière, les Hébreux les terres intérieures. Ils ne se disputaient pas seulement le sol, ils se disputaient aussi le ciel. Les premiers avaient leurs dieux et leurs cultes, les seconds les leurs. Les mœurs des premiers étaient plus maritimes – nous dirions aujourd’hui méditerranéennes – qu’agrestes ; celles des seconds, héritées d’ancêtres nomades, ignoraient la mer. Les Philistins ont disparu de l’histoire, laissant derrière eux les récits qu’en propose la Bible et un soupçon de mauvais goût, sinon de veulerie, que leur garantit pour l’éternité l’acception moderne du mot philistin chez des auteurs comme Matthew Arnold Frédéric Nietzsche. Le philistinisme israélien est d’autant plus pernicieux qu’il s’insinue partout, dans le monde culturel autant que dans le monde politique, dans la sphère privée autant que dans la sphère publique, philistinisme d’anciens parias devenus des parvenus. Dans tous les domaines. Sans grande classe. Sans grandes politesses. Du bagout. Dans un anglais encore plus mercantile qu’à Londres ou Washington. On a de la beauté à en revendre, du talent à en revendre… des armes à en revendre. La troisième génération se révélait, elle, totalement inculte. En matière de sagesse des nations autant qu’en Torah. Ses membres ne s’en réclamaient pas moins d’une certaine noblesse et se Pendant de longues années, Doudou Topaz était le roi israélien du rating. Il animait des émissions de télé où l’on rivalisait de singeries, de rires et de petits moments d’émotion. Il était si populaire qu’il pouvait se permettre, En définitive, il se suicide dans les douches de la prison pour s'épargner la vision cauchemardesque de sa déchéance. Sa gloire, sa disgrâce et sa mort sont symptomatiques d'une société aux humeurs exacerbées par la violence et l'arrivisme et où l'on ne distingue plus entre sphère privée et sphère publique… les écueils. Les pionniers sionistes du début du XXe siècle ne se recrutaient Doudou Topaz posaient en “sel de la terre”. Or leur pensée et leur voix se contentaient de suivre des comportements et des gestes irrémédiablement grégaires. “Grattez un prince belge”, disait Baudelaire, “vous trouverez un rustre.” On pourrait dire pareillement : “Grattez le vernis sioniste, vous trouverez un philistin.” 1944), voire David Ben Gourion (18861973). Ils connaissaient les textes, les commandements et les rites; ils les ont mobilisés pour donner l’allure d’un culte à leur culture de la terre. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 15 ISRAËL en toute impunité, de briser les lunettes d’un critique qui dénonçait la veulerie de son animation et de mordre une actrice qui lui plaisait ou lui déplaisait. Il n’avait de cesse de montrer à la nation réunie autour du petit écran comment il rajeunissait de semaine en semaine. C’était avant la télé-réalité qui a bouleversé les grilles des programmes. Topaz est tombé en disgrâce. On ne voulait plus de lui, il était trop paternaliste, il se posait en père amuseur de la nation. Il était d’un autre âge. A plus de soixante ans, quel que soit son look, on n’amuse pas des jeunes de quatorze et seize ans. Il aurait pu se résoudre et vivre du trésor de télé qu’il a gagné à orchestrer pendant une décennie le divertissement de masse. Il est tout un art de se retirer de ce monde ; il requiert discrétion et tendresse. Un jour on est sur le devant de la scène ; le lendemain, on doit gagner les coulisses. Topaz aurait pu se convertir dans la littérature et écrire ses mémoires ; dans la politique et représenter le saint peuple à la prestigieuse Knesset. Il aurait pu également retourner aux sources et devenir rabbin. Dans les trois cas, il aurait réussi sa mutation. Or il décida de se reconvertir dans la… pègre. La télévision ne voulait plus de lui, il allait la démolir. Il loue les services de voyous pour briser les os d’un producteur, malmener brutalement une coordinatrice des programmes, intimider nombre d’animateurs de la nouvelle génération. Deux ou trois jours avant son arrestation, il s’écriait indigné devant les caméras : “Vous êtes tombés sur la tête ! Me soupçonner, à moi, Doudou !” Deux ou trois semaines plus tard, il déclarait quelque chose dans le genre : “Après toute la joie que j’ai donnée au peuple, on me traite en vulgaire criminel !” Deux à trois mois plus tard : “Pourquoi s’acharne-t-on contre moi de la sorte ? Je me suis platement excusé. On a pardonné leurs crimes aux nazis et à moi on ne veut pas me pardonner.” En définitive, il se suicide dans les douches de la prison pour s’épargner la vision cauchemardesque 16 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 de sa déchéance. Sa gloire, sa disgrâce et sa mort sont symptomatiques d’une société aux humeurs exacerbées par la violence et l’arrivisme et où l’on ne distingue plus entre sphère privée et sphère publique… Le récit d’Assi Dayan est une autre illustration de mes histoires sur la philistinisation des caractères, des mœurs et de l’ambiance dans le pays. C’est le fils du légendaire Moshé Dayan (1915-1981) qui, son bandeau sur l’œil, convoitait avec la même nonchalance les jeunes jupons et les s’accompagnait de scandales domestiques. Il n’a pas un centime pour se nourrir ; il dépérit dans une misérable chambre ; il menace son énième compagne pour on ne sait quoi. On se montre indulgent à son égard. Les médias ; les autorités ; les tribunaux. Lors du dernier scandale, avant que la plainte ne soit retirée, on l’a assigné en résidence dans la propriété d’un autre aventurier installé dans le désert. Le malheureux cherchait sa noblesse dans le talent, il s’est rabattu sur la drogue. Il ne s’en cache pas, il le clame à longueurs Burg ne se rase plus le matin sans chercher son nombril sur la glace. ruines archéologiques. Lui-même était le fils de Shmuel Dayan (1891-1968), le visionnaire et bâtisseur de Nahalal, le premier moshav du pays. Dans sa jeunesse, Assi Dayan incarnait le bel et Abraham Burg jeune sabra, dénué de tout complexe et de toute inhibition, libre de ses gestes et de ses regards. Il était si magnifique que Romain Gary l’a choisi pour incarner son rôle de pilote de chasse dans La Promesse de l’Aube. Il est réalisateur, scénariste, peintre, écrivain, poète… et tous les autres titres qu’on est en droit de briguer quand on porte un prestigieux nom. Ces dernières années, il ne cessait de se dégrader et chaque phase dans sa dégradation d’interviews, il pose la décadence devant les caméras. La voix ravinée par l’alcool, l’allure négligée et brimée par les ans et les avatars mondains, les ongles désincarnés. Sans plus de noblesse et de distinction. On n’en continue pas moins de le ménager et de le dorloter. Avec lui, même le sel, censé conserver et se conserver, dégage des relents de décadence Chez les deux personnages, la même vulgarité, la même veulerie se cacheraient derrière l’art, bon ou mauvais. L’un donnait sa mégalomanie en spectacle, l’autre sa déchéance. L’un protestait à grands hurlements contre sa disgrâce, l’autre bafouillait de disgrâce universelle. Dans les coulisses, derrière une caméra, sur le devant de la scène. Ils n’auront cessé de défrayer la chronique. De leurs frasques et de leurs turpitudes. On leur passait tout, on leur accordait je ne sais quelles circonstances atténuantes. L’un était un amuseur public se prenant pour une vedette de culture, l’autre était le fils de son père et n’était pas mauvais acteur. De ce côté du monde, le talent excuserait tout, le lignage encore plus. Tous deux refusaient de descendre de scène, ils ne pouvaient renoncer aux caméras. Sinon ils menaçaient, chacun à sa ISRAËL manière, de détruire la scène avec leur vie. Ce n’étaient que deux petits Néron. Plutôt que de jouer de la lyre, ils battaient leurs producteurs ou leurs compagnes. Ni l’un ni l’autre ne voulaient se résoudre à leur décrépitude. Ils ne sont plus ni aussi jeunes ni aussi beaux et les talents – de cabotin dans le premier cas, d’acteur dans le second – changent avec les ans. Cette génération est née et a grandi avec le pays. Elle s’est tant convaincue de ses compétences, de ses habiletés, de ses talents… de sa supériorité qu’elle ne se sait pas vieillir : on ne vieillit pas quand on n’a pas mûri. Le malheur c’est que l’univers de Doudou Topaz et d’Assi Dayan est aussi celui d’hommes politiques de leur génération. Abraham Burg et Binyamin Natanyahou pour ne citer que deux exemples parmi tant d’autres. Burg était l’une des promesses les plus emblématiques de cette deuxième génération. Il était grand, beau, cultivé, intelligent. Il portait une kippa et montrait une telle libéralité religieuse qu’il a été parmi les premiers membres du parti travailliste, à demander la séparation de l’Etat et de la Synagogue. Surtout, il était d’un haut lignage. Ni plus ni moins que le fils du mythique Yossef Burg (1909-1999), dirigeant historique du modéré parti sioniste religieux, un de ces hommes dont la grande culture pourvoit d’une langue acérée sans être vulgaire ou violente. Un monument de sagesse, d’entregent et de cette virtu – sens civique – que Machiavel persiste à réclamer de l’homme politique. De son côté, Burg le fils a été député, président de l’Agence juive, président de la Knesset et il n’a pris ses retraites que pour exploiter le capital social qu’il a accumulé dans sa carrière et se lancer à son tour dans le… commerce. Sans renoncer pour autant aux privilèges matériels que lui garantissent ses mandats de député, de président de l’Agence juive, de président de la Knesset. Il pousse la désintégration du mythe – le beau disciple-de-sage se mobilisant par patriotisme pour promouvoir l’intérêt public – jusqu’à prendre la nationalité française de son épouse et voter aux dernières élections présidentielles. Il publie enfin un ouvrage où il se trahit davantage qu’il ne dénonce le sionisme qui l’a porté aux plus hautes fonctions au sein du Mouvement sioniste et de l’Etat. Burg ne se rase plus le matin sans chercher son nombril sur la glace. Il fait partie revendications sectorielles et de l’incurie administrative. On a vite oublié le mot-clé de Ben Gourion qui préconisait le sens de l’Etat – derrière sa mamlakhtiout ou souveraineté étatique – pour retourner au régime Une nouvelle génération est en train de monter. Moins bornée et dogmatique, moins exhibitionniste et brutale, plus dévouée à la cause juive que ce soit en diaspora ou en Israël. de cette ligue de “fils et filles de…” qu’on a hâtivement intronisés “princes et princesses” et qui se sont révélés, pour certains, de piètres “enfants gâtés” dans une démocratie qui aura manqué de se donner un Messie en guise de monarque. Les structures étatiques, la nature du régime politique et les modes de gouvernance ne cessent, autant le reconnaître, de régresser sous la pression des accords de coalition, des d’un ghetto ou d’un mellah. Le 31 mars 2009, le gouvernement de coalition de Natanyahou, formé de bric et de broc, comptait trente ministres et neuf viceministres pour un parlement de cent vingt membres. Ces derniers prêtaient serment en présence de deux milliardaires non israéliens qui n’avaient rien épargné pour assurer le retour aux affaires de leur poulain. Sheldon Harisson des casinos et Ron Lauder des articles de beauté. Un gouvernement aussi pléthorique INFORMATION JUIVE Septembre 2009 17 ISRAËL réduisait le travail parlementaire à une vaine mascarade. Dans son discours comme chef de l’opposition, Tsipi Livni dénonçait le nombre de ministres sans portefeuille et des vice-ministres de rien. Le niveau des ministres ne cessait de baisser, la démocratie est exacerbée dans ce qu’elle avait de plus vilain. On ne distingue plus entre gauche et droite, entre coalition et opposition. En outre, ce même gouvernement se donnait un rustre, bientôt sous inculpation, comme ministre des Affaires étrangères. Natanyahou aussi ne se résout pas à descendre de la scène et surtout à changer de discours et de dégaine. Pourtant le monde a grandement changé autour de lui. Le président américain lui dit à mots voilés qu’une époque est révolue. Celle où les EtatsUnis se laissaient convaincre qu’Israël servait ses intérêts stratégiques dans la région alors qu’il les desservait. Celle où l’on pouvait mobiliser le Congrès et le Sénat contre l’administration. Celle où l’on pouvait arracher des larmes aux donateurs pour couvrir les frasques d’une classe politique plus véreuse que dévouée à l’intérêt public. Celle où l’on ne s’engageait à arrêter les colonies que pour mieux les étendre. Natanyahou n’en persiste pas moins à miser sur la vulnérabilité du président américain, sur un accroc qui viendrait perturber sa vision stratégique, sur des pressions d’on ne voit plus d’où elles pourraient venir. C’est, pour reprendre les considérations d’un Blanqui, un homme en caoutchouc dans une démocratie en plastique 1. D’un côté, la Shoah ; de l’autre, la Paix. L’une est indélébile ; l’autre inaccessible. Ce n’est pas un hasard si nous avons des silhouettes écorchées et pantelantes qui ne comprennent pas qu’Obama ne partage ni leur vision stratégique ni leur pratique de la politique. C’est peut-être un niais – à l’aune de la politique israélienne ; il n’en incarne par moins une nouvelle sincérité – à l’aune du monde. Quand on est de bons amis, on se dit tout. Or la vérité d’Obama se 18 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 résumerait en une phrase qui dirait : Le soutien inconditionnel à Israël ne sert pas les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Un seul Etat entre la Méditerranée et le Jourdain est condamné à devenir arabe. Dans un siècle sinon une décennie. Seule la solution de deux Etats préserverait l’existence d’Israël. Quand la garde rapprochée de Natanyahou a compris que les règles du dialogue américanoisraélien avaient changé, on s’est mis à incriminer… la haine de soi des conseillers juifs d’Obama. Sous l’administration de Natanyahou, Israël entre dans une phase délicate de son existence. Ce ne sera pas seulement un David Ben Gourion casse-tête pour les Nations, il risque de le devenir pour les Juifs aussi. Pour le dire en termes moins diplomatiques, Israël risque de passer pour un Etat roquet. Un moustique se prenant pour une puissance et se comportant en moustique. Du moins présenterait-il des signes de cette méchanceté dont Baudelaire disait qu’elle était la marque “des petits pays […], des faibles, des roquets et des bossus”. Les Juifs américains ne s’ingèrent plus dans les affaires internes israéliennes. Ils ne se le permettraient pas, ils ne vont pas s’aliéner la classe politique, les médias et l’opinion publique israélienne. En outre, ils ne comprennent pas grand-chose à la chronique domestique de cette contrée levantine, ils ne cherchent plus à comprendre. On les a tant dissuadés de se mêler de ce qui se passe de ce côté du monde et de leur âme – on se souvient des sorties intempestives de l’écrivain A. B. Yehoshoua contre l’écrivain américain Leon Wieseltier – qu’ils ne visitent plus Israël. Ils se sont rabattus sur la politique américanoaméricaine. Ce sont des citoyens américains et ils veillent aux intérêts américains dans la région. Or ils ont l’outrecuidance de croire que ce sont les intérêts des Etats-Unis qui servent ceux d’Israël et non le contraire. C’est Dennis Ross qui voyage à Téhéran, ce sont Daniel Shapiro et Jeffrey Feltman qui se rendent à Damas, c’est Martin Indyc qui conseille John Mitchell, etc. Je m’empresse de rassurer mes lecteurs. Cette génération est en train de disparaître. Bientôt, elle ne sera nulle part. Ni dans la recherche ni dans la culture ; ni aux commandes de l’armée ni à celles des ministères. Une nouvelle génération est en train de monter. Moins bornée et dogmatique, moins exhibitionniste et brutale, plus dévouée à la cause juive que ce soit en diaspora ou en Israël. Elle n’émergera peut-être pas là où on l’attend. Ni dans les comités centraux des partis israéliens ni dans les comités de rédaction des médias israéliens ; ni dans les universités israéliennes ni sur les scènes mondaines israéliennes. Une nouvelle génération, plus prompte, plus conséquente, plus habile, plus déterminée. Celle de Ram Emmanuel. Welcome sir and good luck ! A.B ---1 “Qu’est-ce qu’un démocrate, je vous prie ? demandait ce brave Blanqui. C’est là un mot vague, banal, sans acception précise, un mot en caoutchouc .” A. Blanqui, “Lettre à Maillard”, le 6 juin 1852, dans Instructions pour une prise d’armes, Sens et Tonka, p.380. ECONOMIE Euphorie à la bourse de Tel-Aviv L es marchés financiers sont décidément incorrigibles. Après s'être effondrés, de la fin 2007 au début 2009, les bourses mondiales affichent depuis le mois de mars dernier un rebond tout aussi historique. Sur les six derniers mois, la hausse enregistrée sur les principales places boursières est tout simplement la plus forte jamais observée depuis 50 ans ! Les investisseurs parient sur la fin de la crise, grâce aux mesures fortes prises par les autorités politiques et monétaires à travers le monde pour la combattre. Sur fond d'indicateurs économiques donnant partout des signes de redressement, tous tablent sur un scénario de reprise mondiale qui aurait déjà commencé et qui se renforcera en 2010. Dans ce climat ultra-optimiste, la bourse de Tel-Aviv, qui avait moins baissé que les autres au plus fort de la crise, affiche désormais les meilleures performances parmi les principales places internationales : depuis mars dernier, la hausse y atteint 57%, contre 40% pour New-York, 45% pour Tokyo et 42% pour Paris. La bourse israélienne profite certes de ce climat de confiance global, mais cette performance exceptionnelle et fondamentaux économiques israéliens résistent bien et apparaissent aujourd'hui comme particulièrement solides. D'une part, la croissance économique est redevenue positive au deuxième trimestre 2009 (+1.2%, après -3.2% au premier trimestre), un résultat Grâce notamment à des secteurs bancaire, immobilier et technologique qui n'ont pas été aussi frappés par la crise que dans les principales économies de la planète, les terminée en Israël comme ailleurs ? Loin s'en faut. Sur le plan international, la solidité de la reprise mondiale, dont l'économie israélienne est tellement dépendante, n'est pour l'heure pas acquise. Sur le plan intérieur, malgré des signaux La bourse de Tel-Aviv a rebondi de 57% depuis six mois, du jamais vu, contre 40% à New-York et à Paris qui n'a été observé ni aux Etats-Unis, ni en Europe. D'autre part, les finances publiques ont été davantage sauvegardées qu'ailleurs grâce à une rigueur budgétaire plus marquée et l'absence de nécessité de mettre en place un plan de relance trop gourmand en dépenses publiques comme cela a trop souvent été le cas dans les économies touchées par la crise. Par ailleurs, une certaine phase de stabilité politique et militaire depuis les dernières élections générales est aussi de nature à rassurer les investisseurs. C'est dans ce contexte positif, que l'agence de notation internationale Moody's ainsi que l'OCDE ont récemment émis un jugement très positif sur l'économie israélienne, accompagné de perspectives très Un optimisme excessif et prématuré ? inédite par rapport aux autres principales places dans le monde, tout comme la très bonne tenue du shekel depuis plusieurs mois, reflètent avant tout une très grande confiance des investisseurs dans l'économie israélienne. PAR PHILIPPE MEYER favorables, et que la Banque centrale d'Israël a décidé, le 24 août face aux signes de reprise, de relever son taux directeur (de 0.50% à 0.75%), confirmant ainsi par ce geste symbolique son optimisme pour les perspectives de reprise. Un tel geste n'a, pour l'heure, été décidé par aucune des autres principales banques centrale dans le monde. Ce rebond de la bourse de Tel-Aviv signifie-t-il cependant que la crise est indéniablement encourageants, mais qui demandent à être confirmés, le chômage continue de monter pour atteindre 8% et les problèmes sociaux demeurent largement préoccupants . Quant à la situation politique et militaire, qui peut aujourd'hui garantir une stabilité durable et l'absence de nouvelles tensions dans les mois à venir ? Face aux exagérations coutumières des marchés financiers, la prudence doit donc rester de mise. La récente crise n'était pas celle de 1929 et la reprise qui tente de se dessiner ne sera pas fulgurante. Après une baisse vertigineuse, vient le temps d'un rebond surprenant. Les marchés ne connaissent malheureusement pas le juste milieu. Malgré le débat actuel sur les leçons à tirer de la crise, les marchés financiers restent trop nerveux, aveugles et excessifs. Cette incapacité chronique à refléter fidèlement la situation réelle de l'économie, dans un sens comme dans l'autre, demeure un problème majeur, même si ses conséquences suscitent moins de réactions quand les marchés s'envolent que lorsqu'ils s'effondrent. Et pourtant, la responsabilité des pouvoirs publics est d'éviter aussi bien un pessimisme infondé qu'un optimisme débridé. Dans les deux cas, les risques encourus pour l'économie réelle sont trop importants pour être négligés. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 19 HUMEUR Interrogations Six heures du matin. Les émissions de Kol Israël commencent régulièrement par la récitation par le speaker du Chema Israël. Moment de grâce et d'émotion. Instant privilégié qui éclaire la journée d'une lumière particulière. Que l'on soit pratiquant ou non ! Un juif israélien, Uri Davis, vient d'être élu membre de la direction du Fatah. Ce sabra ayant épousé, en quatrièmes noces, une musulmane, il lui a fallu du même coup se convertir à l'islam. Il dit militer désormais pour la destruction pure et simple de l'Etat sioniste. Nous savons qu'il n'est pas le seul dans ce cas. Avez-vous remarqué que, malgré la Shoah et les plaies creusées au flanc du vingtième siècle, certains des nôtres ont un talent supérieur quand il s'agit d'insulter ce qu'ils appellent encore leur peuple d'origine ? Israël, pays de paradoxes ? Quiconque a pris un jour l'avion pour Tel Aviv ou pour les Etats-Unis sait que, s'il transporte dans ses bagages de cabine, une paire de ciseaux, un dérisoire coupe-ongles ou le moindre flacon d'after shave, il en sera dépossédé sur le champ sans autre forme de procès. On ne plaisante pas, dans les aéroports, avec les dures exigences de la sécurité. Fort bien et nul, en vérité, ne trouve à y redire. Mais comment expliquer alors qu'un soldat ayant tout à la fois un passé de délinquant et un casier judiciaire puisse entrer comme il veut et à l'heure qu'il veut dans le Saint des Saints de Tzahal, l'armée d'Israël : le bureau du chef d'étatmajor lui-même? Comment expliquer que ce soldat ait pu tout à loisir y photocopier la carte bancaire du général en chef et y dérober - entre 20 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 On croyait que les secrets d'Israël étaient mieux gardés. Gaby Ashkénazi autres - un revolver, le tout revendu, le jour même à des délinquants arabes appartenant à la pègre ? On peut sans difficulté imaginer ce qui se serait passé si le soldat en question avait placé une bombe sur le siège du général en chef ou s'il avait " simplement " installé des micros dans le bureau du militaire le plus gradé du pays. On pensait que les secrets d'Israël étaient mieux gardés… Le cours traditionnel du regretté Emmanuel Lévinas avait, ce samedi-là, commencé après l'office, de manière inhabituelle. Le philosophe tenait à avertir les fidèles qui venaient l'écouter qu'il venait de recevoir de l'un d'entre eux une lettre peu sympathique, évidemment anonyme et dans laquelle on mettait en cause le peu de pratique religieuse dont il semblait faire preuve : " On me reproche notamment d'apporter avec moi le jour du shabbat les livres dont j'ai besoin ". Le philosophe semblait quelque peu attristé qu'on puisse ainsi lui reprocher de ne pas se conduire en juif ultraorthodoxe, ce qu'il n'a jamais prétendu être. J'observai alors un à un les auditeurs présents et fis immédiatement part à l'un de mes amis que je croyais savoir qui était l'auteur de la lettre anonyme. Le cours terminé, je me dirigeai donc vers cet auditeur, un juif dont l'ultra- orthodoxie était manifestement équivalente à son ignorance. C'était un de ces juifs dont la tradition dit qu'ils sont " am haaaretz ", peuple de la terre. - Pourquoi as-tu envoyé cette lettre anonyme à M.Lévinas ? - Je l'ai fait parce que vous jouez tous, ici, à vous présenter en juifs religieux. Vous étudiez les commentaires de Rachi alors que vous n'êtes pas réellement observants. Vous êtes donc des hypocrites et des HUMEUR mécréants. Je suis sûr que, vous autant que lui, irez tous brûler, le moment venu, en enfer! -L'enfer, après la mort, n'est en vérité qu'une vague hypothèse d'école, lui répondis-je. Mais il existe dans la vie de tous les jours un enfer, véritable celui-là, celui dans lequel certains semblent vivre. C'est celui de l'ignorance satisfaite d'elle-même, celui de l'extrémisme agressif et imbécile, de l'irrespect et de l'incompétence arrogante. Depuis ce jour-là, on ne le revit plus jamais au cours du samedi. On me dit qu'il se mit à fréquenter une yechiva dans le neuvième arrondissement de Paris. Cela lui permettra au moins dans l'avenir de signer de son nom son courrier et, à l'occasion, d'y formuler distinctement ses arguments. Ils savent, depuis leur plus tendre enfance, pour l'avoir appris dans le Pirké Avot, que le silence est d'or. Ils ont souvent enseigné à leurs disciples que tel maître du Talmud ne trouvait rien de meilleur pour la vie de l'homme que le silence. Mais eux-mêmes n'en font rien. Ils n'ont de cesse de prendre position, de manière intempestive et brutale, sur des sujets dont ils ignorent tout et se soucient, au fond, comme d'une guigne, du mal que leurs propos imbéciles et parfois irresponsables peuvent faire tout à la fois au judaïsme, à l'Etat d'Israël et d'abord au métier, à la fonction et au sacerdoce qu'ils exercent. L'un d'entre eux - et non des moindres puisqu'il a longtemps occupé les fonctions de grand rabbin d'Israël - annonce, en ce mois d'août, urbi et orbi que les juges d'Israël, parce qu'ils ont condamné un rabbin convaincu de corruption, sont des " mécréants " (Vraiment ? Tous? Mais on y pense, les rabbins euxmêmes ne font-ils pas souvent office de juges?) Le même prélat du judaïsme a redit à haute et intelligible voix à ses fidèles - selon le site Internet du journal Maariv en date du 31 août - L'autre vient de se livrer à l'encontre du président américain à une attaque dont rien n'empêche de penser qu'elle est raciste et d'une lamentable bassesse. que ceux d'entre eux qui, à l'occasion d'une élection israélienne, mettront dans les urnes un bulletin du parti Chas sont assurés de gagner leur place au paradis. On ne savait pas, pour dire le moins, que l'entrée au jardin d'Eden était aussi facile et aussi aisée. On la croyait, au contraire, réservée à des happy few, des hommes d'exigence qui ont des titres plus solides à faire valoir. L'autre, parce qu'il appartient à une famille de rabbins dont le nom fut prestigieux en d'autres temps et sous d'autres cieux, vient tout simplement, en évoquant une référence à un texte du Zohar, de se livrer à l'encontre du président américain, Barack Obama à une attaque dont rien n'empêche de penser qu'elle est raciste et d'une lamentable bassesse : " Comment un tel homme - a dit le lamentable rabbin - qui est noir peut-il donner un ordre quelconque à Israël alors qu'il appartient à une race d'esclaves ?". Faut-il vraiment commenter ? Il ne sert sans doute à rien de rappeler à de tels hommes d'une part que nous fumes nous-mêmes jadis esclaves en Egypte ( nous le crions assez dans nos différentes liturgies ) et, d'autre part, ce que nos maîtres ont de tout temps enseigné : la vie et la mort dépendent de la langue (Mavet vehayim beyad lachone). Mon Dieu, pardonnez-leur d'oublier le soir ce qu'ils enseignent le matin dans leurs académies. Après tout, ils ne savent peut-être pas ce qu'ils disent ! Qui a dit que les paroles s'envolent et que les écrits restent ? Voyez les pages écrites dans notre enfance quand le soleil les a longtemps brûlées. Aucun scribe n'y retrouverait ses petits ! Quant aux paroles, il y a quelques milliers d'années, les Hébreux en ont entendu Dix énoncées dans un désert au haut d'une petite montagne et, depuis lors, ils s'y réfèrent sans se lasser ! Barack Obama V.M INFORMATION JUIVE Septembre 2009 21 DIASPORA Les Juifs du roi Albert PAR GÉRARD SILVAIN Philippe Pierret, docteur en histoire des religions, conservateur au Musée juif de Belgique et Gérard Silvain qui a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire illustrée de la diaspora juive à partir de sa collection de 28.000 cartes postales anciennes ont uni leurs efforts pour présenter au lecteur cet ouvrage " Une mémoire de papier. Images de la vie juive en Belgique " (Luc Pire. Filipson Editions ). Plus de deux cent- soixante petits bristols illustrés sont rassemblés dans ce livre qui constitue un véritable kaléidoscope du judaïsme belge. Nous avons rencontré les auteurs. I.J : Pourquoi l'histoire du judaïsme belge est-elle souvent méconnue ? Dans le sillage des armées romaines, on signale l'arrivée des Juifs dans la région entre les années 50 et 60 de notre ère. Quelques rares vestiges archéologiques attestent la présence juive au moyen âge ; une stèle funéraire de 1255 découverte à Tirlemont ainsi que l'établissement, au même endroit, d'une importante yeshivah. La croisade de 1090, l'expulsion des Juifs du Brabant en 1261, ainsi que les Le général Bernheim 22 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 massacres qui ont accompagné la grande peste de 1380,ont décimé les communautés entre le 11ème et le 14ème siècle. I.J : Serait-ce parce que les juifs belges sont peu nombreux ou bien parce qu'ils ne se sont beaucoup illustrés dans le domaine intellectuel ? La faiblesse numérique de la communauté ainsi que l'absence de personnalités emblématiques au niveau international, peuvent effectivement expliquer le peu d'intérêt des historiens et des chercheurs pour cette histoire. C'est d'autant plus regrettable que des pistes passionnantes restent à explorer. On a recensé, par exemple, de nombreuses " rues aux juifs " sans qu'aucune preuve n'ait été apportée concernant le passage ou l'établis-sement de Juifs à ces endroits ! I.J : Il y a des figures emblématiques du judaïsme belge. Vous évoquez les parcours du grand rabbin Aristide Astruc et du général Louis Bernheim. Qu'ont-ils représenté l'un et l'autre ? Alexandre Astruc, d'origine séfarade, représente une vision moderne de la morale sinaïtique. Concepteur d'une liturgie débarrassée de certains rites et de traditions qu'il jugeait obsolètes, il est fortement controversé .C'est en Belgique que ses idées novatrices ont obtenu la plus large audience .Membre fondateur de l'Alliance Israélite Universelle, ce libéral a contribué, mieux que quiconque,à la compréhension du judaïsme parmi les non juifs. Quant au général Bernheim, le scandale qu'ont provoqué sa mort et ses obsèques ont éclipsé pour un temps sa brillante carrière militaire. I.J : Il y a eu de nombreuses familles juives qui ont contribué grandement à l'essor du royaume et notamment dans le domaine de la politique et de la banque… Dans notre ouvrage nous avons passé en revue l'ensemble des grandes familles de la bourgeoisie juive qui ont " fait " la Belgique sans oublier pour autant les petits qui ont œuvré à leur manière au dévelop-pement du royaume. I.J : Vous rappelez dans votre livre que Ludwig Lazar Zamenhof, l'inventeur de l'espéranto et le grand poète Hayim Nahman Bialik ont séjourné en Belgique. Il nous a semblé intéressant de signaler les visites officielles à Bruxelles de gloires du judaïsme mondial, à l'exemple de Zamenhof, de Marcus Samuel ou de Bialik, car les manifestations qui avaient été organisées à ces occasions avaient attiré des foules considérables dans la capitale. I.J : Aujourd'hui on évalue la population juive du pays entre 40.000 et 45.000 âmes. Qu'est-ce qui caractérise ces communautés ? Les juifs de Belgique ont les mêmes préoccupations que celles des autres communautés à travers le monde : recrudescence de l'antisémitisme, soutien à Israël, confrontations idéologiques entre laïques et religieux. DIASPORA Cependant, les juifs d'Anvers se singularisent. Seuls en Europe, les qu'après une sérieuse étude de marché aucun éditeur n'a jugé utile d'investir Dans l'imaginaire collectif, la carte postale n'a représenté durant des décennies qu'un souvenir de voyage ou la corvée des vœux de nouvel an. 15000 membres de cette communauté parlent encore le yddish et leur vie quotidienne est calquée sur celle des shtetls d'avant la shoah. I.J : La communauté orthodoxe d'Anvers est l'une des plus importantes d'Europe et l'une des rares communautés juives au monde où le yiddish est la première langue. Ainsi sur les 45 synagogues que compte le pays, 30 se trouvent à Anvers. Comment s'est formée cette communauté ? Les crypto juifs s'installent à Anvers à la fin du XVème siècle. Dès le XVIème siècle ,ils achètent et ils vendent des marchandises et des denrées très diverses mais ils s'investissent particulièrement dans le commerce du diamant. A partir de 1713, des ashkénazes rejoignent les séfarades et, à partir de 1832, une vague d'immigration, originaire d'Europe centrale et orientale, va numériquement submerger la communauté des descendants des expulsés d'Espagne. dans un marché déjà envahi par la concurrence agressive des pays limitrophes. I.J : Vous considérez d'ailleurs que l'antisémitisme belge n'a jamais atteint les violences que l'on a connues en France et en Allemagne. Si vous faites allusion à la carte postale on peut considérer que les I.J : A la suite de quoi cette cité est-elle devenue la " ville du commerce du diamant " ? Ces orthodoxes vont finir par imposer leur langue vernaculaire à tous les acteurs participant au commerce et à l'industrie du diamant et ce jusqu'à nos jours . Cependant, depuis quelques années, le diamant est passé insensiblement des mains des Juifs à celui des Indiens. I.J : Vous notez qu'à la différence de la France, de l'Allemagne, de la Russie et de la Pologne, qui ont imprimé et diffusé des centaines de milliers de cartes postales antisémites, la Belgique, elle, n'a pas voulu exploiter ce filon commercial. Pour quelle raison ? Il faut savoir que la production de la carte postale ne répond qu'à des critères de rentabilité. On peut subodorer A l'heure du shofar caricaturistes belges n'ont pas atteint le degré de haine et de furie antisémites que l'on peut observer en Allemagne, en Hongrie ou en Russie, pour ne citer que ces trois pays. I.J : Vous rappelez aussi que le réseau Internet diffuse aujourd'hui à propos du célèbre Mannekenpis une légende de meurtre rituel. Internet ne fait que reprendre une légende récurrente qui s'est transmise de bouche à oreille dans les milieux chrétiens depuis le Moyen Age,en dépit de plusieurs bulles papales mettant en garde les autorités religieuses contre les exactions commises par les foules fanatisées à la suite des accusations de meurtre rituel. I.J : Dans votre travail, la carte postale vient , dites-vous, au secours de la grande histoire, même si elle a été méprisée par les chercheurs et les sociologues. Dans quel sens aide-t-elle à un éclairage de l'histoire d'un pays ? Dans l'imaginaire collectif, la carte postale n'a représenté durant des décennies qu'un souvenir de voyage ou la corvée des vœux de nouvel an. Or depuis sa création en 1869, et particulièrement depuis qu'elle devient illustrée dans les années 1880, le petit bristol a joué un rôle sociologique et mémoriel de première importance. Sait-on par exemple que, grâce aux milliers de cartes postales éditées jusqu'en 1939, le centre historique de Varsovie, rasé par les nazis et les Soviétiques, a pu, en grande partie, être reconstitué. I.J : Comment expliquez-vous qu'il y ait et en Belgique très peu de cartes postales à thème juif ? Parce qu'aucun éditeur belge, fût-il juif, à l'instar d'un Marcovici, d'unVan Dantzig ,d'un Rosenbaum ou d'un Nias, ne s'est intéressé à ce sujet. Toutes les cartes qui illustrent cette problématique entrent dans le cadre d'une production généraliste. Ainsi, les synagogues ont été photographiées comme monuments au même titre que les églises ou les temples protestants. I.J : A quel type de lecteur destinez-vous votre travail ? Nous pensons que cet ouvrage est susceptible de toucher toutes les catégories de lecteurs curieux de s'ouvrir sur un monde méconnu. Les Juifs de Belgique ne sont-ils pas pour d'aucuns, à commencer par les Juifs eux-mêmes, des éléphants roses ? INFORMATION JUIVE Septembre 2009 23 DIASPORA La petite fille de Cappa S ur une photo célèbre de Robert Cappa, prise en 1949, une toute petite fille en haillons pleure devant des tentes dressées en plein désert. Comme ce document fait partie d’une série intitulée Camps de réfugiés en Palestine, la plupart des archivistes pensent aujourd’hui qu’il s’agit d’une réfugiée arabe. En fait, Cappa et la plupart de ses collègues utilisaient encore indifféremment, à cette époque, les termes de Palestine et d’Israël. La scène se déroule en Israël, et non en Cisjordanie ou à Gaza. La fillette est une réfugiée juive. Et elle est originaire d’un pays arabe. A la fin des années 1940, plus d’un million de Juifs vivaient dans les pays d’islam, du Maghreb à l’Afghanistan : plus de six cents mille au Maghreb Juifs au Maroc, quelques centaines en Tunisie, vingt mille, respectivement, en Turquie et en Iran, quelques centaines en Syrie et au Yémen. Soit 3 à 4 % du chiffre originel. Les autres, plus de 95 %, ont été contraints à l’exil, par vagues successives ou simultanées. Les deux tiers d’entre eux se sont réfugiés en Israël. Le troisième tiers s’est installé en Europe, notamment en France, en Italie et en Grande-Bretagne, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique latine, en Afrique subsahélienne ou en Australie. “Retour de balancier” On affirme communément que cet exode est une conséquence malheureuse du conflit israélo-arabe, et que l’expulsion des Juifs aurait fait suite, selon la règle du Talion, à celle des Arabes palestiniens. En réalité, Les réfugiés juifs ont été intégrés, au fil des ans, au sein de la société israélienne, tandis que les réfugiés arabes ont été pérennisés en tant que tels, à des fins politiques ou stratégiques évidentes. et en Libye, près de cent cinquante mille, respectivement, en Turquie, en Iran, cent mille en Egypte et au Yémen, soixante mille en Syrie et au Liban, quarante mille en Afghanistan. Cette population – Edoth ha Mizrah en hébreu, “Communautés de l’Orient”, pratiquant le plus souvent le rite sépharade – a bénéficié d’une très forte croissance démographique jusque dans les années 1960, puis d’une croissance un plus modérée : multipliée par plus de trois en soixante ans, elle compte aujourd’hui plus de quatre millions d’âmes. Mais elle ne réside plus dans ses pays d’origine : il ne reste que 3000 à 4000 24 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 l’éviction des communautés de l’Orient a commencé le plus souvent avant la fondation de l’Etat d’Israël en 1948. Et comme l’ont noté Laurent et Annie Chabry dans Politique et minorités au Proche-Orient (Maisonneuve et Larose, 1984), l’un des livres les plus pénétrants sur la question, elle se déroule dans le cadre d’un “retour de balancier” géopolitique qui permet à la majorité musulmane, portée par un renouveau démographique, de se “venger” de l’émancipation et de l’ascension sociale dont ont bénéficié les minorités non-musulmanes, grâce à la protection occidentale, depuis le PAR MICHEL GURFINKIEL XIXe siècle. Les chrétiens subissent une longue suite de tragédies, du génocide arménien au génocide assyrien, de celui-ci à la persécution des coptes, des atrocités de Dammour au “nettoyage ethnique” des chrétiens de Cisjordanie après la mise en place, en 1994, de l’Autorité palestinienne. Les Juifs ne sont pas en reste. Dans presque tous les pays musulmans, ils fuient à la suite de violences (y compris de pogromes), de harcèlements et de persécutions. Presque partout, le gouvernement prend des mesures législatives ou réglementaires en vue d’accélérer leur exode mais aussi de confisquer leurs biens. Dans certains pays, et non les moindres, les autorités coopèrent après 1948 avec les organisations sionistes ou le gouvernement de Jérusalem en vue de transférer directement la population juive en Israël. “Le Farhoud” Depuis quelques années, certains Juifs originaires de pays d’Orient consacrent la date du 1er juin, selon le calendrier international, ou alternativement celle du 5 sivan, selon le calendrier juif, à la commémoration de leur expulsion. C’est en effet les 1er et 2 juin 1941, au moment de la fête de Shavuoth et sept ans avant la fondation d’Israël, que l’une des communautés les plus anciennes, les plus nombreuses et les plus prospères du monde arabe – la communauté d’Irak - a subi un pogrome sans précédent, le Farhoud, et compris qu’elle n’avait plus d’avenir dans son pays. On compte près de cent cinquante mille Juifs en Irak au début des années 1940, soit 3 % de la population globale, alors estimée à 4,5 millions d’âmes. La moitié d’entre eux vivent à Bagdad, DIASPORA vingt à trente mille au Kurdistan, près de cinquante mille dans le reste du pays. Disposant d’élites anglophones depuis le XIXe siècle, ils ont bénéficié de la confiance du premier souverain, le roi hachémite Fayçal ibn Hussein. De nombreux Juifs sont chefs d’entreprise, ingénieurs, avocats, banquiers, hauts fonctionnaires. Certains sont députés, sénateurs et même ministres. D’autres enfin sont écrivains, journalistes ou musiciens. Mais la situation a commencé à se dégrader dès 1933, quand Ghazi Ier, playboy amateur de beaux uniformes, de voitures rapides et d’aéroplanes, succède à Fayçal. Le nouveau souverain croit consolider son trône en misant sur le nationalisme arabe et l’islamisme, en se rapprochant de l’Allemagne hitlérienne et en multipliant les mesures contre les non-musulmans. Il se tue en 1939 dans un mystérieux accident d’automobile. Mais l’extrémisme et son corollaire l’antisémitisme sont désormais installés au cœur de la vie politique. En mars 1941, un homme politique pro-allemand, Rashid Ali al-Ghaylani, tente d’établir une nouvelle dictature. Quand les Britanniques le renversent, trois mois plus tard, le “Farhoud” (“Grand Brigandage”) secoue Bagdad pendant deux jours, les 1er et 2 juin. Il semble avoir été minutieusement organisé pendant les dernières semaines du régime de Rashid Ali, qui comptait peut-être préparer de cette manière l’entrée en guerre officielle de l’Irak aux côtés de l’Axe : les habitations et les commerces juifs avaient été marqués d’une main rouge, des unités de pogromistes, encadrés par des militaires et des étudiants membre de l’organisation pronazie AlFutuwwa, avaient été affectées à chaque quartier de la capitale. Plusieurs quartiers sont pillés et incendiés. Près de deux cents Juifs sont tués, plus de deux mille sont blessés, estropiés ou mutilés, des centaines de femmes ou de fillettes sont violées. Saul Silas Fathi, un témoin oculaire, raconte : “Le premier soir de la fête, nous n’eûmes qu’un repas léger, contrairement à toutes les habitudes… Nous dormions sur la terrasse, en raison de la chaleur des nuits d’été… Mais cette nuit là, nous ne pouvions nous endormir… Le ciel, au dessus du centreville, avait une étrange couleur orangée… Quand mes parents s’en rendirent compte, ils se levèrent brusquement. Nous fîmes de même, et on ne nous ordonna pas de nous recoucher… Nos parents regardaient fixement l’incendie qui se propageaient Juifs d’Irak dans les quartiers juifs proches des quartiers musulmans… Les flammes étaient visibles. On entendait le bois des charpentes qui craquait… Bientôt, nous perçûmes des hurlements, des imprécations… Notre mère commença à pleurer. Notre père nous serra contre lui et pria à voix basse… Je m’éveillai le lendemain matin en entendant des cris… Sous nos yeux, des gens se battaient à coups de couteau… Dans des maisons voisines, des Juifs sautaient de terrasse en terrasse, jusqu’à ce que des voisins arabes, pris de pitié, les fassent entrer chez eux… L’armée britannique, qui avait désormais pris le contrôle de l’ensemble de l’Irak, restait aux portes de Bagdad et se désin-téressait de ce qui s’y passait… Les atrocités se poursuivirent jusque dans l’après-midi. C’est à ce moment que le Régent Abdul-Ilah, rétabli à la tête de l’Etat, ordonna à la Division Kurde, la seule unité de l’armée royale considérée comme fiable, d’entrer dans la ville, de mettre fin aux désordres et d’arrêter les meneurs. A deux heures de l’après-midi, un soldat kurde fut placé en faction devant notre maison.” En 1947-1948, l’Irak prend part à la première guerre contre Israël, bien qu’il n’ait pas de frontière commune avec ce pays. En mars 1950, une loi spéciale permet aux Juifs d’émigrer, à condition de renoncer à leur nationalité et d’abandonner leurs biens : mieux, les autorités coopèrent à cette fin avec les Israéliens. Près de quatre-vingt dix mille Juifs s’en vont en moins d’un an, à travers plusieurs ponts aériens. En janvier 1951, des attentats provoquent l’exode de trente mille Juifs supplémentaires. Les autres seront contraints à l’exil dans les années 1960, après la chute de la monarchie. Plus de 90 % des Juifs irakiens ont trouvé refuge en Israël. Les autres se sont installés en GrandeBretagne et en Amérique du Nord. La même situation s’est répétée de l’Atlantique au Pamir. L’un dans l’autre, il faudrait donc parler d’un “échange de populations” global entre le monde islamique et Israël. A ceci près que l’initiative est venue du premier, et non du second. Et que les réfugiés juifs ont été intégrés, au fil des ans, au sein de la société israélienne, tandis que les réfugiés arabes ont été pérennisés en tant que tels, à des fins politiques ou stratégiques évidentes. M.G INFORMATION JUIVE Septembre 2009 25 LA VIE DU CONSISTOIRE Coup d'envoi des dix jours du Consistoire L es Dix jours du Consistoire, crées il y a deux ans par le Président Joël Mergui, se sont tenus pour la troisième année consécutive du 5 au 15 septembre à Paris et dans les grandes villes de province, et ont débuté sur les chapeaux de roue. A l'instar des années précédentes, les événements destinés à mieux faire connaitre les missions, les fonctions et les actions du Consistoire se sont d'emblée succédé partout à un rythme effréné. La rentrée nationale du Talmud Torah à eu lieu le dimanche 6 septembre, avec cette année une innovation de taille à Paris et en Ile de France : l'utilisation de nouveaux manuels pédagogiques (cf. détails les pages suivantes), un nouveau programme de lecture, et des formations à venir destinées au cadre enseignant. Le Président du Consistoire, Joël Mergui, a visité de nombreux centres à Paris et en région parisienne, notamment Vauquelin, Vincennes, Enghien, et les administrateurs du Consistoire ont également montré Le grand rabbin de Paris, le Président du Consistoire, le rabbin de la Victoire, le Président de la Victoire et les deux hazanim à la fin du concert liturgique l'importance que représente pour eux la transmission des valeurs du judaïsme à travers nos talmudei torah, en participant activement sur le terrain à cette rentrée nationale. Le même jour, le Consistoire de Paris et le Consistoire de France ont célébré le dixième anniversaire de la Journée Européenne de la Culture et du La chorale et les instruments de la Victoire lors du concert 26 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 Patrimoine Juifs. Cette journée, organisée depuis dix ans par Madame Michèle Rotman, Vice-Présidente du Consistoire de Paris, a rencontré un grand succès. Elle avait pour thème " Fêtes et Traditions du Judaïsme ", et a été marquée par un programme très dense et varié à travers de très nombreuses communautés de Paris et de Province qui avaient proposé de multiples événements destinés à faire découvrir différentes facettes de la culture juive. A Paris et en Ile de France, plus d'une dizaine de Synagogues ont ouvert leurs portes pour accueillir un public nombreux et intéressé par ce thème. Les rabbins et Présidents de Communautés ont organisé des conférences, des rencontres, ou des expositions qui ont attiré un public très nombreux (notamment dans les communautés de Berith Chalom, de Buffault, d'Ahavat Chalom, de Levallois ou de Chasseloup Laubat). Le concert de liturgie consistoriale organisé à la grande synagogue de la Victoire a constitué un événement majeur. En présence du Grand Rabbin de Paris qui s'est exprimé sur le thème du mariage, du Président du LA VIE DU CONSISTOIRE Consistoire, qui a parlé du thème du Chbbat, et du nouveau Rabbin de la synagogue de la Victoire, ce concert Concordataires (Alsace et Moselle), à l'origine de cette action, et dont le programme était toujours aussi riche. Rentrée du Talmud Torah et Journée européenne de la culture juive organisé par le Président de la communauté Jacques Canet, a comporté de très nombreux airs illustres des deux rites alsacien/allemand et hispano/-portugais, chantés par les deux hazanim de la Victoire, Adolphe Attia, 1er Ministre Officiant et Aaron Hayoun, 2ème officiant, et accompagnés des chœurs et des instruments de la synagogue. Le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim fit une conférence à la Synagogue de Mulhouse et marqua de sa présence la Journée Européenne de la Culture et du Patrimoine en cette région. Il inaugura, en même temps, le Centre Communautaire de Mulhouse. On notera également que la journée du 8 septembre a été consacrée au achevée par une rencontre au centre Fleg avec l'ensemble des composantes de ces actions au cours de laquelle un échange de plus de trois heures a eu lieu avec le Président du Consistoire venu présenter les voeux de Chana Tova aux étudiants juifs de France, sur les grands thèmes de la jeunesse juive et de l'université, en présence notamment du maire du 6ème arrondissement Jean-Pierre Lecoq, du Président du Centre Fleg Daniel Vaniche, de Jack-Yves Bohbot et de Murielle Schor. A l'issue de cette rencontre, les jeunes ont exprimé la demande de création d'un " Consistoire des jeunes ", fédérant toutes les composantes représentant l'action du La rencontre avec les jeunes à Fleg A quelques jours des fêtes de Tichri, et devant une nombreuse assistance, ce concert d'une très grande tenue et empreint de beaucoup d'émotion, a rappelé avec intensité l'importance de la liturgie juive dans nos synagogues, comme composante importante de la culture et de la tradition juive. Dans toute la France, le succès était aussi au rendez-vous. A Angers, à Tours, à Arcachon, à Avignon, à Antibes, à La Rochelle et au Havre, les visiteurs se précipitaient dans les Synagogues. Grand succès aussi à Bordeaux, à Montpellier et à Nîmes. A Bayonne, 400 personnes, avec beaucoup de non-juifs, ainsi qu'à Belfort et à Cavaillon, l'unes des plus vieilles Synagogues de France qui recevait 300 personnes. Nantes et Colmar fêtèrent aussi l'événement. Une mention spéciale pour les Consistoires Kavod aux ainés ainsi qu'au Bikour Holim, la visite aux malades, afin de témoigner notre solidarité envers ceux qui ont besoin de nous. Les 10 Jours du Consistoire ont voulu mettre l'accent sur cet aspect de la générosité envers notre prochain. Par ailleurs, les manifestations en faveur de la jeunesse étaient au cœur de ce début de programme afin de Consistoire pour la jeunesse dans les communautés en France, ce que le Président Mergui a immédiatement accepté. La responsabilité a été confiée par les participants à Shai Dahan. Au cours de la seconde moitié du programme, étaient notamment prévues la cérémonie des Déportés à la synagogue de la Victoire le 13 septembre, la soirée des mariés de Création du “Consistoire des jeunes” sensibiliser le plus grand nombre sur la nécessité de donner aux jeunes une place centrale au sein de notre communauté. En particulier la journée " jeunesse en mouvement " a eu lieu le 8 septembre, destinée à présenter toutes les actions conduites par le Consistoire en faveur des jeunes : Centre Fleg, Team Roquette, Tikvatenou, la 'Hazac, …. Cette journée s'est l'année le 14, la rencontre avec le Beth Din, et la cérémonie des vœux à la communauté juive par le Ministre de l'Intérieur le 15 organisée au Consistoire. A l'heure où nous écrivons ces lignes, les Dix jours n'en sont qu'à leur début et nous reviendrons le mois prochain sur l'ensemble des manifestations qui ont été proposées. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 27 LA VIE DU CONSISTOIRE Rentrée du Talmud Torah : "Une vraie révolution dans l'enseignement" L e Le 6 septembre a eu lieu la rentrée nationale du Talmud Torah. A l'occasion de cette rentrée 2009, le service éducatif du Consistoire de Paris, à l'initiative de son Président David Amar et de son directeur Meir Moaty, et sous l'impulsion du grand rabbin de Paris David Messas et du Président du Consistoire Joël Mergui, innove encore cette année, grâce au soutien de la FMS, avec la sortie de livres pédagogiques à l'attention des Talmud Torah. Depuis un an, en effet, une équipe d'une dizaine de personnes travaille sur des ouvrages à l'attention des élèves fréquentant le Talmud Torah. Cette équipe est composée d'enseignants en activité, de rabbins et grands rabbins, d'universitaires de grande renommée, d'illustrateurs, de gra-phistes, de traducteurs, de relecteurs ... Un travail titanesque a été entrepris pour offrir aux enfants les meilleurs outils pédagogiques possibles. Cette série d'ouvrages est composée de vingt livres (dix livres de l'élève et dix livres du Maître), dans les domaines de la vie juive, des personnages bibliques, des textes bibliques, de l'histoire juive et de l'explication de la prière. Chaque livre comporte environ 120 pages et contient une moyenne de 30 cours. Une grande réflexion a été menée avant d'entreprendre l'écriture de ces ouvrages. Un audit sociologique a même été envoyé aux parents pour prendre en compte leur avis dans ce grand projet. Les livres sont colorés, avec des illustrations pour chaque exercice, des jeux, des évaluations, des travaux manuels inclus dans le livre (pour les petites classes) etc. Mais le plus important, c'est qu'un cours ne se répète pas d'année en année. L'idée de la H'azara à été gardé mais chaque thème transporte l'enfant dans une découverte. Par exemple, les livres "Textes bibliques", qui contiennent des thèmes choisis du Houmach qu'un enfant va 28 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 découvrir en kita guimel (âge durant lequel l'enfant sait lire), sont une vraie découverte de la Bible avec évidement le texte "mékori" du Houmach mais aussi un véritable apprentissage ludique de la façon d'étudier le Houmach. Les thèmes abordés sont variés et très riches. Le livre du Maître a également été innové. Un livre qui est l'identique du livre de l'enfant mais avec des annotations, des idées dans les marges, un timing de cours, des indications etc. Et les réponses aux exercices afin de lui faciliter sa tâche dans l'ensei-gnement. Bien sûr, rien ne remplacera un bon professeur qui suit une formation permanente. Une grande interrogation en fin d'année est aussi très importante. C'est pour cela que sera renouvelée chaque année cette interrogation (qui a réuni 1500 enfants la dernière fois) et qui comportera ces nouveaux apprentissages. A noter que ces livres conviendraient parfaitement à des écoles juives. Les Talmud Torah non-affiliés au Consistoire et les écoles juives peuvent contacter le service éducatif pour une commande ou même, si ils le désirent, travailler ensemble sur un programme annuel de Kodesh incluant ces nouveaux outils. Mais les nouveautés de cette rentrée ne s'arrêtent pas là. Parce que les efforts déployés pour développer de nouveaux outils pédagogiques ont aussi vocation à bénéficier à tous les talmudei Torah en France, à l'initiative de David Amar, une campagne de formation à travers les grandes communautés de province aura lieu très prochainement. La première communauté concernée sera Bordeaux. Cette campagne se déroulera dans le cadre d'ateliers itinérants avec pour support pédagogique des livres d'une qualité et d'un enseignement exceptionnels ayant pour disciplines majeures la lecture, le Tanakh, les dinim et la vie juive. Il est à noter, d'ores et déjà, qu'une Journée Européenne de l'éducation est programmée pour Novembre 2009. LA VIE DU CONSISTOIRE Comme chaque année, sous l'impulsion du Président des services éducatifs David Amar, le Consistoire de Paris a organisé du 12 au 19 juillet un voyage en Israel (avec le soutien de l'agence juive) auquel ont participé 60 enfants de 10 à 14 ans. Ce voyage exceptionnel leur a permis de découvrir Israël comme ils ne l'ont jamais vu ! Kayak sur le jourdain, balade à dos de chameau, croisiere sur la kineret, fouilles archeologiques, visite des lieux saints, la cité de David, repas de chabbat innoubliables... Les reservations sont dèja ouvertes pour juillet 2010. Appelez le 01.40.82.26.61 Calendriers 5770 du Consistoire C omme chaque année, le travail de préparation et de fabrication du nouveau calendrier 5770 de l'ACIP et de celui du Consistoire Central s'est poursuivi tout l'été pour finalement aboutir à une publication comme prévu à l'occasion des fêtes de Tichri. Les nouveaux calendriers comportent notamment comme chaque année toutes les informations nécessaires concernant la vie des différentes communautés à Paris et sa région ou en province, l'organisation et les missions des services du Consistoire, les coordonnées des synagogues, des mikvaot, des écoles ou des commerces cacher, et la liste des produits autorisés, et bien entendu le calendrier complet de l'année avec les horaires des Chabbatot et des fêtes. Ils seront disponibles sur simple demande au Consistoire de Paris et au Consistoire Central rue Saint-Georges à Paris. Réunion avec les présidents de communautés pour la préparation des 10 jours L Président Mergui a réunit le 22 juillet les présidents de communautés pour une réunion de travail destinée à préparer l'organisation des 10 jours du Consistoire. Le grand rabbin de Paris David Messas et les administrateurs en charge de certaines des manifestations prévues étaient présents pour faire état des projets envisagés dans les communautés concernées. Ces échanges ont permis de sensibiliser les Présidents à l'importance de ce rendez-vous de la rentrée, de faire participer les communautés en amont de l'événement, et de recueillir de nombreuses réflexions et suggestions à ce sujet afin de créer ensemble, par la concertation et le dialogue, les conditions pour le succès de ces 10 jours qui sont devenus en peu de temps un classique de la vie du Consistoire. Déplacement du Président du Consistoire Central à Nice L e Président Mergui s'est rendu à Nice le 31 août dernier pour rencontrer les responsables du Consistoire de Nice et de la région Nice - Côte d'Azur ainsi que le Grand Rabbin régional David Shouchana. Au cours des nombreuses réunions de travail organisées dans un climat serein et constructif, il a notamment été analysé la situation financière ainsi que l'organisation de l'institution locale et régionale. Le Président a fortement insisté pour mobiliser sur place toutes les énergies possibles afin de parvenir ensemble à la situation la plus optimale pour tous et dans l'intérêt de la communauté juive de la région. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 29 LA VIE DU CONSISTOIRE Emouvante soirée en l'honneur de Bar Mitzva et Bat Mitzva C omme il est désormais de tradition, l'ACIP, en plus de l'action sociale religieuse de proximité et d'urgence va au-delà. Avec l'aide de généreux mécènes, une cérémonie a été organisée en l'honneur de 10 Bar Mitzva et 1 Bat Mitzva dont les familles n'avaient pas les moyens financiers de leur offrir une fête. Ces enfants étaient pour la plupart présentés par le CASIP et les Communautés Consistoriales qui les avaient préparés à la Bar Mitzva. Madame Michèle Heymann, Chef du Service Familial du CASIP ainsi que Madame Orly Ohayon Knafo, Educatrice avaient convié également les assistantes sociales chargées de suivre les familles concernées. Monsieur le Grand Rabbin de Paris, David Messas, le Président du Consistoire de Paris Joël Mergui et le 1er Vice-Président François Sitruk ont honoré cette soirée de leur présence. 300 personnes composant les familles et amis ont été invités à prendre place dans la magnifique salle de réception des Salons Hoche où l'orchestre et l'animateur ont mis une ambiance extraordinaire au cours d'un somptueux dîner.. Le Grand Rabbin de Paris très ému a béni et embrassé chacun des Bar Mitzva et les Présidents Joël Mergui et François Sitruk ont entamé une danse avec eux. Le message délivré en direction des jeunes Bar et Bat Mitzva a été celui de la solidarité dans les joies comme dans les peines qui caractérise notre Communauté. Avant les bénédictions et encouragements du Rabbin Joseph Touitou de Saint Brice, la soeur d'un Bar Mitzva prend la parole au nom de toutes les familles et plus particulièrement au nom de tous les jeunes qui comme son frère fêtent aujourd'hui leur Bar Mitzva. " Je voudrais tout d'abord vous dire combien nous sommes émus d'être là, tous réunis autour d'une si belle fête. Je m'adresse en particulier à toutes ces personnes anonymes : bénévoles et généreuses qui s'unissent dans un même combat : AIDER, formant ainsi une chaîne de solidarité. Vous avez œuvré, dans l'ombre afin de nous projeter dans la lumière, chacun à votre niveau de compétence, dans la plus grande discrétion, modestie et pudeur afin que cette fête puisse avoir lieu. Aucun détail ne vous a échappé ! Franchement, "c'est d'laballe !" Vous avez fait de nous les stars d'un soir et le souvenir de cette merveilleuse fête restera gravé à jamais dans nos cœurs. Comme nos petits copains, nous pourrons dire " on a fait une méga fête" J'espère qu'un jour, à notre tour, nous pourrons suivre votre exemple, dispensant ainsi cet amour à l'égard des autres et de sa communauté. Je sais que vous n'attendez ni éloges ni remerciements et que votre seule et 30 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 unique récompense c'est l'accomplissement de la mitzva de Tsédaka ainsi que notre satis-faction. Eh bien croyez moi, c'est gagné! il n'y a qu'à regarder toutes ces étincelles qui brillent dans nos yeux… ! Elles témoignent d'un immense bonheur qui profitera je l'espère l'année prochaine à d'autres familles dans les mêmes conditions. " Mais l'émotion n'en est pas restée là. En effet, de somptueux cadeaux compre-nant ordinateurs portables, baladeurs MP3, bracelets montre de qualité, etc.. ont été remis à chacun des Bar Mitzva lesquels, non prévenus, n'en croyaient pas leurs yeux, après avoir déjà bénéficié avant cette soirée de beaux vêtements tant pour eux que pour leur famille. Les larmes des parents, des accompagnateurs et des organisateurs et le visage comblé et émerveillé des enfants constituent le témoignage le plus éloquent de cette soirée qui s'est terminée vers 1 h du matin dans la Simha et par des danses. CHANA TOVA Monsieur le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim et Madame Le Grand Rabbin de France et le Président du Consistoire Central de France adressent à toute la communauté juive leurs meilleurs voeux de Chana Tova à l'occasion de la nouvelle année 5770. Qu'elle soit placée sous le signe de la paix pour Israël et le peuple juif et que chacun soit inscrit dans le livre de la vie. 19, rue Saint-Georges 75009 PARIS HADASSAH FRANCE vous souhaite Shana Tova pour l'année 5770 Le Grand Rabbin de Paris, le Président et les Administrateurs du Consistoire Israélite de Paris Ile de France adressent à la Communauté juive de Paris et sa région ainsi qu’à l’Etat d’Israël leurs vœux les plus chaleureux de Chana Tova que 5770 soit une année de paix et de sérénité Votre soutien nous est précieux. Merci. Hadassah France - 72, bd Haussmann - 75008 Paris Tél. : 01.53.42.67.06 -/ www.hadassah.fr de Chana Tova Oumétouka Que cette année 5770 apporte la Paix pour le peuple d'Israël. Que le Tout Puissant bénisse et protège l'ensemble de la Communauté Juive de France KEREN KAYEMETH LEISRAEL 11, Rue du Quatre Septembre – 75002 PARIS Tél. : 01.42.86.88.88. – Fax : 01.42.60.18.13 Site : www.kkl.fr E.mail : info@kkl.fr le K.K.L. de France “Léchana Tova Tikatévou Vétihatémou” souhaite à toute la Communauté Juive 17, rue Saint-Georges - 75009 PARIS Tél. 01 40 82 26 26 www.consistoire.org CHANA TOVA ! L’œuvre de Protection des Enfants Juifs Le Docteur Sydney Ohana Président Michelle Israël Directrice Béatrice Birnbaum Chargée de Mission - CHU Hadassah Remercient tous les donateurs et amis pour leur générosité en faveur de l'Hôpital Universitaire Hadassah de Jérusalem adressent à l'ensemble de la Communauté Juive de France tous leurs vœux Le K.K.L. soutient par son action la construction d’Eretz Israël Le K.K.L. développe la terre, plante des arbres et aménage les réservoirs d’eau. Le K.K.L., la force tranquille du peuple Juif. AVEC NOUS POUR ISRAËL ! présente ses meilleurs vœux pour l’année 5770 à la communauté juive de France, à Israël et au peuple juif dans le monde. 10, rue Théodule Ribot - 75017 PARIS Jean-François Guthmann, Président, Les membres du Conseil d’administration, Roger Fajnzylberg, Directeur général, Et l’ensemble des équipes de l’OSE vous adressent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle année 5770. Elle sera marquée pour l’OSE par l’ouverture du Centre Georges Lévy, centre de santé pour l’enfant, l’adolescent et la famille à Paris 75012, et d’une “petite maison” consacrée à la prise en charge des enfants en danger ou en difficulté pour le département du Val-de-Marne, à Créteil. Avec vous, l’OSE mettra tout en œuvre pour aboutir à la réalisation des projets qui nous tiennent à cœur. 117 rue du Faubourg du Temple - 75010 Paris Tél. : 01 53 38 20 20 - Fax : 01 53 38 20 12 www.ose-france.org BONNE ANNÉE Le Grand Rabbin de France, Gilles BERNHEIM, le Grand Rabbin de Paris, David MESSAS, le Rabbin Moshe SEBBAG, le Président Jacques CANET et les membres de la commission administrative de la Grande synagogue de la Victoire adressent à toutes les familles de la communauté leurs meilleurs vœux de Chana Tova à l'occasion de la nouvelle année 5770. infos@lavictoire.org - Tél. :01 45 26 95 36 Le President, le Conseil d’Administration, la Direction, les Professeurs, les Educateurs, le Personnel et tous les Enfants de LAVERSINE présentent leurs vœux de Chana Tova à tous les anciens élèves ainsi qu’à la communauté avec le désir fervent que l’année 5770 soit l’année de paix pour Israël et le monde entier. Tél. : 03 44 25 03 29 Le Centre Israélite de Montmartre et les 150 enfants accueillis à : la Crèche Israélite la Crèche Marcel Bleustein-Blanchet au Jardin Maternel Les 75 personnes (25 à 30 familles) bénéficiant de l’hospitalité du Centre d’hébergement et réinsertion sociale. Les 450 à 500 usagers qui prennent leurs repas chaque jour dans sa cantine sociale cachère Forment des voeux pour la paix au Moyen-Orient et dans le monde entier 16, rue Lamarck 75018 PARIS LA FONDATION CASIP-COJASOR adresse à toute la communauté ses meilleurs vœux de bonne et heureuse année 5770 en particulier aux plus démunis. 8, rue de Pali-Kao 75020 PARIS Joëlle LEZMI, Présidente de WIZO-France, les Membres du Conseil d’Administration, La Directrice, le personnel, toute l’équipe de WIZO-France, vous souhaitent “chana tovatikatevou !” Que vous soyez tous inscrits dans le livre de la vie... Que cette année 5770 voit se réaliser nos communs espoirs de PAIX. A vous donateurs, adhérents, sympathisants, à tous ceux qui partagent cet idéal et cette espérance, nous présentons nos meilleurs voeux pour une année douce et sereine. WIZO - 10 rue Saint-Augustin - 75002 Paris Tél. 01 48 01 97 70 - Fax : 01 48 01 97 77 E-mail : wizo.france@wanadoo.fr - Site internet : wizo.asso.fr Les établissements Marco représentés par M. MIMOUN, spécialistes blindages, volets roulants et rideaux métalliques, ont le plaisir et le bonheur de vous souhaiter à vous-même, à tous les membres et à tous ceux que vous aimez une année 5770 extraordinaire mieux que l'année dernière et moins bonne que l'année prochaine Avec mashiah tsidkenou LE NOUVEAU CENTRE COMMUNAUTAIRE DE PARIS présente à tous ses membres et amis ses meilleurs vœux de santé et bonheur à l’occasion de la nouvelle année, et les informe de la reprise de toutes les activités. 119, rue Lafayette - 75010 PARIS Tél. : 01 53 20 52 52 et le Comité Directeur Le Crif SPORTIVE ET CULTURELLE présente à la communauté juive de France et à Israël ses vœux chaleureux de Chana Tova. adressent à l’ensemble de la Communauté et au Mouvement Sportif Juif Français leurs Meilleurs Vœux pour 5770. Espace Rachi – 39 rue Broca - 75005 PARIS (Bonds d’Israël) « L’Economie au Service de la Paix » vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 5770. A.C.E.F.I. Association de Coopération Economique France Israël 43, rue Le Peletier - 75009 PARIS Tél. : 01 42 85 85 50 Fax : 01 42 80 48 39 Le Président de la FÉDÉRATION FRANCAISE Tél. : 01 42 17 11 11 - Fax : 01 42 17 11 50 email : infocrif @crif.org www.crif.org L’Emprunt de l’Etat d’Israël MACCABI 4, rue de Nice - 75011 PARIS Tél. : 01 43 67 07 62 L’Association visites aux malades “BIKOUR HOLIM” (Fondée en 1956) adresse à tous ses adhérents et amis, ainsi qu’à tous les membres de la communauté ses meilleurs vœux pour une bonne année. Aidez-nous afin qu’elle soit une année heureuse pour les plus démunis de notre communauté. 17, rue d’Enghien - 75010 PARIS Tél. : 01 47 70 28 21 CHANA TOVA LA CENTRE COMMUNAUTAIRE ISRAÉLITE DU VESINET ODASEJ C.C.I.V. L’ Œ U V R E D ’A S S I S TA N C E S O C I A L E A L’ E N FA N C E J U I V E souhaite à la Communauté Juive de France et au peuple d’Israël ses meilleurs vœux de Paix, de Bonheur et de Prospérité pour l’année 5770. est heureuse d’adresser à la Communauté juive de France ses meilleurs vœux à l’occasion de la nouvelle année 5770. vmtctv vbtkt hbve hnwl 39, rue Broca - 75005 PARIS est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919 L'Aide aux aveugles Israéliens Association française agréée auprès du Ministère des Affaires sociales d'Israël adresse à tous ses amis, membres donateurs, légataires, ses vœux les plus sincères. 3, rue de la Cigogne - 68000 COLMAR Fédération des Sociétés Juives de France Son Président Maurice Skornik Tél. : 01 42 17 07 57 – Fax : 01 42 17 07 67 le Comité Féminin de L’ORT présente à tous ses membres et amis ses meilleurs vœux de bonheur pour l’année 5770. vmtctv vbtkt hbve hnwl 10, Villa d’Eylau - 75116 PARIS Tél. : 01 45 00 49 44 5770 Le conseil d’administration et toute son équipe 70, rue Turbigo - 75003 PARIS Chrétiens et Juifs de adressent à toute la communauté de France leurs meilleurs vœux pour la nouvelle année 5770. Tél. 01 44 61 29 15 L’Institut Weizmann des Sciences est un centre multidisciplinaire, un jardin des sciences à la pointe de la recherche scientifique dans le monde. Dans ce Campus, des centaines de chercheurs, de techniciens de laboratoires et d’étudiants s’embarquent chaque jour pour des voyages fascinants vers l’inconnu afin de mieux comprendre la nature et la place de l’homme A tous nos Amis, Heureuse Année. Chana Tova INSTITUT WEIZMANN DES SCIENCES 17, rue Mesnil - 75116 PARIS Tél. : 01.47.04.33.43 - Fax : 01.47.55.10.84 e-mail : roberto@weizmann-france-europe.org www.weizmann-france-europe.org LE COMITE FRANÇAIS POUR YAD-VASHEM présente ses meilleurs voeux de bonne et heureuse année à ses ahérents et à toute la communauté. Et vous rappelle l'importance de remplir la feuille de témoignage (DAF-ED) gratuitement mise à votre disposition. 33, Rue Navier, 75017 PARIS Tél. : 01 47 20 99 57 l’Amitié Judéo-Chrétienne de France présentent à toute la communauté juive leurs vœux les meilleurs à l’occasion de Roch Hachana. 60, rue de Rome, 75008 PARIS Tél. : 01 45 22 12 38 MAGUEN DAVID ADOM FRANCE adresse ses meilleurs voeux de bonheur, de prospérité et de santé à toute la communauté juive à l'occasion de Roch Hachana 5770. Merci de nous aider à sauver des vies en Israël MDA France, 40 rue de Liège - 75008 Paris - 01 43 87 49 02 mda-france@wanadoo.fr - www.mda-france.org En Israël, un seul numéro sauve des vies : le 101 ORT FRANCE EDUCATION ET FORMATION présente ses meilleurs vœux à la communauté à l’occasion de la nouvelle année. ASI – ABSI – KEREN’OR Gil et Karen TAÏEB ainsi que toute leur équipe remercient les généreux donateurs qui soutiennent leurs actions en faveur d’Israël et tout particulièrement de TSAHAL et leur présentent leurs meilleurs vœux à l’occasion des fêtes de ROCH HACHANA 5770. 236, Boulevard Voltaire 75011 Paris Tél. : 01 45 63 55 30 L’Association Culturelle des Sourds Juifs de France présente à la communauté juive de France, à tous ses membres et à tous ses amis, ses vœux de Chana Tova. 73, rue Curial - 75019 PARIS entrée : bât. Tour D Email : maria45@free.fr Fax : 01 42 09 25 93 Jean Paul KLING, Président de la Communauté Israélite de STRASBOURG et les Membres de la Commission Administrative adressent à tous les membres de la Communauté leurs vœux de santé, de bonheur et de paix pour l'année 5770. C.I.S. 1a, rue René Hirschler B.P. 30183 - 67005 Strasbourg Cedex Tél. : 03 88 14 46 50 L’Association Israélite d’Oranie en France “ Synagogue Elie DRAY ” le Président Joseph Georges BENAZERA le Rabbin Shélomo ZINI le Conseil d’Administration adressent à l’ensemble de nos institutions, à notre Communauté et à l’État d’Israël nos vœux les plus sincères de Chana Tova 5770 218-220, rue du Faubourg St-Honoré - 75008 Paris Tél. : 01 45 61 20 25 - Fax : 01 45 61 14 35 e-mail : contact@syna-aio.org www.aio.syna.org BONNE SHANA ANNÉE TOVA 33 A.C.I.P. TOURNELLES Présente à la communauté Juive de France La Commission Administrative adresse ses vœux cordiaux et chaleureux à toute la Communauté. 21 bis rue des Tournelles Tél : 01.42.74.32.80 - Fax : 01.48.04.93.74 Mail : sthm@wanadoo.fr La Coopération Féminine Une bonne et heureuse année, Pleine de santé, de joie et de prospérité. CHANA TOVA 5770 - BANK HAPOALIM FRANCE Bureau de représentation 33 rue Marbeuf - 75008 Paris Tél. : 01 56 88 20 00 - Fax : 01 42 25 15 51 vous souhaite une excellente année 5770 Pour vous, votre famille et vos amis Vœux de paix dans le monde pour Israël 39, rue Broca - 75005 PARIS Tél. : 01 42 17 10 90 – Fax : 01 42 17 10 89 www.cooperation-feminine.fr email : contact@cooperation-feminine.fr Les Fils et Filles des Déportés Juifs de France vous souhaitent une heureuse nouvelle année et rappellent que ce sera celle du 67è anniversaire de la déportation des Juifs de France en 1942. 32, rue La Boétie - 75008 PARIS Tél. : 01 45 61 18 78 Monsieur Eric de Rothschild, Président Les Membres du Conseil d'Administration, La Direction Générale de la Fondation de Rothschild adressent leurs vœux les plus chaleureux aux résidents de leurs établissements, à leurs familles et au personnel en ce début d'année 5770 et leur souhaitent de passer les fêtes de Tichri dans la joie et le bonheur familial. 76, rue de Picpus - 75012 PARIS M. Zvi Ammar Président du Consistoire et l’ensemble de son Conseil d’Administration Rav Reouven Ohana, Grand Rabbin de Marseille Rav Shmouel Melloul, Dayane de Marseille M. Elie Berrebi, Directeur Général et l’ensemble des permanents Rabbiniques et Administratifs vous adressent leurs voeux les plus chaleureux de Chana Tova - Année de Paix - de Santé de Bonheur - pour tout le peuple juif. 117-119, rue Breteuil - 13006 MARSEILLE Tél. : 04 91 37 49 64 - Fax : 04 91 37 83 89 LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE NIMES - L’Acing - Le Centre Communautaire - Wizo - Réseau Ezra de Nimes - BBYO - Cercle A. Cremieux - Association France-Israël vous adressent leurs meilleurs vœux pour la nouvelle année. vmtctv vbtkt hbve hnwl 40, rue Roussy, 30000 NIMES Tél. : 01 44 68 72 98 M. le rabbin Jonathan GUEZ Le président Michel DLUTO La commission administrative de la communauté israélite de la VARENNE-SAINT-HILAIRE souhaitent à tous leurs fidèles et amis leurs meilleurs vœux de bonheur, santé et prospérité pour l’année nouvelle 5770. 10 bis, avenue du Château 94210 LA VARENNE-SAINT-HILAIRE hbve hnw La Solidarité présente ses meilleurs vœux à ses membres et à ses amis ainsi qu'à toute la communauté pour l'année 5770. 14, rue Saint-Lazare - 75009 PARIS Le Rabbin, le Président et les Membres de la Commission administrative de la Communauté Chasseloup-Laubat adressent leurs meilleurs vœux à tous leurs fidèles, à tous leurs amis et aux jeunes couples qu’ils ont eu la joie de marier dans leur synagogue. 14, rue Chasseloup-Laubat, 75015 PARIS CHANA TOVA 5770 A l’occasion de Roch Hachana 5770, Monsieur le Rabbin, le Président et les Membres du Conseil D’Administration ont le plaisir et la joie d’offrir à tous les fidèles et leurs familles et aux sympathisants, leurs meilleurs voeux de santé, de bonheur et de joie. 5, impasse Copernic, 44000 NANTES Tél. : 02 40 73 48 92 - Fax : 02 40 73 96 44 Le Grand Rabbin, Rav Senior Le Dayan, Rav Charbit Le Roch Kollel, Rav Zeev Taperman Chlita Le Rabbin du Habad, Rav Mellul Les Rabbanins de la Communauté de Créteil Le président de la Communauté de Créteil M. Albert Elharrar Les Membres du Conseil d’Administration Les Président(e)(s) d’Association adressent leurs voeux les plus chaleureux de bonheur, de prospérité, de réussite et de santé à tous les membres de leur communauté et souhaitent au pays et à l’Etat d’ISRAËL dont ils sont solidaires une année de paix. Centre Communautaire KYRIAT-EL Rue du 8-mai 1945 - 94000 CRÉTEIL Tél. : 01 43 77 01 70 CHANA TOVA M. René Khalifa, Président M. Abraham Dahan, Ministre-officiant, les Membres de la Commission Administrative ACIP ANTONY Monsieur le Rabbin Raphaël EDERY Et la Commission Administrative d’Antony adressent aux fidèles de la présente à toute la communauté Juive leurs voeux les plus chaleureux de FONDATION FLEISCHMAN et à leurs familles leurs meilleurs vœux pour la nouvelle année 5770. CHANA TOVA Que 5770 soit une année de Paix et Sérénité Communauté d’Antony 18, rue des Ecouffes - 75004 PARIS Tél. : 01 48 87 97 86 M. Jacob DAHAN, Président, Le Rabbin et les membres de la commission administrative CHANA TOVA Le Rabbin, le Président, les Membres de la Commission Administrative de la COMMUNAUTÉ DE CHELLES implorent Le Tout Puissant d’accorder au peuple juif et au monde entier, une paix universelle. SYNAGOGUE ACIP “YISMAN MOCHÉ” 42 Rue des Saules - 75018 Paris LE RABBIN, LE PRESIDENT ET LE COMITÉ PARISIEN DES ISRAÉLITES DE L’ALGÉROIS, LA COMMISSION ADMINISTRATIVE DE LA SYNAGOGUE BERITH CHALOM sont heureux d’adresser au grand rabbin de France, au grand rabbin du Consistoire Central, au grand rabbin de Paris, au président du Consistoire de Paris ainsi qu’à leurs nombreux fidèles leurs vœux de bonne et heureuse année 5770. 18, rue Saint-Lazare, 75009 PARIS berit.chalom@orange.fr Le Rabbin Mikaël JOURNO, Gilles BOUCHARA, Président de la communauté de Fontenay aux Roses, et les membres du Conseil d'Administration adressent leurs vœux de Chana Tova à toute la communauté. 17, avenue Paul Langevin 92260 FONTENAY-AUX-ROSES Tél. / Fax : 01 46 60 75 94 Le Rabbin, le Président, le Comité, Les Membres de la Synagogue BETH DAVID présentent à toute la communauté juive de France ainsi qu'à l'État d'Israël leurs vœux les plus Chaleureux pour cette nouvelle année 5770. vmtctv vbtkt hbve hnwl 25, Avenue du Général de Gaulle 94500 CHAMPIGNY SUR MARNE 5770 présentent leurs meilleurs vœux à l'occasion de cette nouvelle année 5770 à tous ses membres, ainsi qu'à la Communauté Juive de France. 14, rue des Anémones - 77500 CHELLES Tél. : 01 60 20 92 93 LE RABBIN JEAN LEVY, LE RABBIN SIMON AZOULAY, ME JACQUES HUBERT GAHNASSIA, PRÉSIDENT, LA COMMISSION ADMINISTRATIVE de VAUQUELIN et TALLÉ ORA souhaitent à leurs fidèles et à toutes les communautés Chana Tova pour 5770. 9, rue Vauquelin - 75005 PARIS - Tél. : 06 09 21 15 85 www.synagoguevauquelin.com BONNE SHANA ANNÉE TOVA Le Président Isaac Perez, le Rabbin Kotiel Berdugo, les Membres de la A.C.I.P. Commission Administrative VERCINGETORIX souhaitent à tous leurs fidèles, amis et à l'Etat d'Israël, leurs meilleurs vœux de Chana Tova, de paix et de prospérité à l'occasion de cette nouvelle année 5770. vmtctv vbtkt hbve hnwl les offices de Kippour se dérouleront au gymnase Le Rabbin Alain COHEN, le Président Salomon SEBBAG et la Commission Administrative de Courbevoie et La Garenne-Colombes vous souhaitent une bonne et heureuse année. hqvtmv hbve hnw ACIP : 13, rue L. M. Nordmann 92250 LA GARENNE-COLOMBES Tél. : 01 47 88 43 44 31 rue du Commandant Mouchotte - 75014 Paris Le Président Dr David ROUAH, ACIP VITRY le Rabbin et RAMBAM 94 M. David ELFASSI, l’Association Médicale et la Commission Administrative vous adressent tous leurs vœux pour l’année 5770. A.C.I.V. – 127, av. Rouget de L’Isle, 94400 Vitry - Tél. 01 46 80 67 54 223, rue Vercingétorix - 75014 PARIS Tél. : 01 45 45 50 51 CHANA TOVA 5770 Le Rabbin, le Président de la communauté de CHOISY-ORLY-THIAIS adressent leurs meilleurs vœux à toute la communauté juive de France et au peuple d'Israël, particulièrement à la ville d'O3 Yehouda. 28, avenue de Newburn 94600 CHOISY-LE-ROI Tél. : 01 48 53 48 27 Les ETS BERTON-BALLARD A l’occasion de la nouvelle année 5770 Le Rabbin David Benaïm Le Président Robert Attia La Commission Administrative de ROISSY-EN-BRIE souhaitent une bonne et heureuse année, pleine de santé, de joie et de prospérité à toute la Communauté de ROISSY-EN-BRIE et de ses environs. 1 Av Paul Cezanne - 77680 ROISSY-EN-BRIE Tél. 01 60 28 36 38 Dany et Jean Bernard LEMMEL Robin et Silvie, Sonia Ont le plaisir de présenter à leurs famille et amis Leurs meilleurs vœux de CHANA TOVA Thonon les Bains : 1 chemin de Bellevue Lausanne et Jérusalem Le Rabbin et les Presidents des associations de adressent leurs meilleurs vœux de Chana Tova à leurs adhérents et amis. 1, rue Jean-Moulin - 91130 RIS-ORANGIS le Bureau de l’A.C.P. Meudon Le Rabbin A. DAHAN et son aide M. KNAFO, le Président G. SITBON et les membres du Comité et de la Communauté, adressent à tous, ainsi qu’à l’Etat d’Israël leurs voeux sincères de CHANA TOVA 5770 St-Ouen-L’Aumône / Cergy-Pontoise Ets SCHNERF ses Collaborateurs vous présentent leurs vœux les meilleurs pour cette Nouvelle année Tél. 01 42 72 88 21 C.E.D.E.R. et D.P.M. La Commission Administrative de la 114 Av. Marx Dormoy - 92120 MONTROUGE 11 rue Notre Dame de Nazareth 75003 Paris L’ACIP RIS-ORANGIS Communauté de Meudon-Clamart et tous leurs collaborateurs vous présentent leurs bons vœux pour la nouvelle année La Commission Administrative de l’ACIP SEVRAN Présente à ses fidèles et à toute la communauté juive ses meilleurs présentent à toute la communauté et à la ville jumelle Mazkeret Batya leurs voeux de Chana Tova. voeux pour l’année 5770 et souhaite 15, rue Millandy - 92360 MEUDON-LA-FORÊT 25, bis Rue du Docteur Roux BP 111 Tél. : 01 46 32 64 82 93270 SEVRAN Paix et sécurité à l’État d’Israël. CHANA TOVA OHR HANNA SALOMON ROGER WARGA vmtctv vbtkt hbve hnwl Organisation de Justice et de Bonté Toute l’équipe d’OHR HANNA adresse à tous ses amis et à toute la communauté ses meilleurs vœux de Chana Tova. Réfoua chelema à tous nos malades. Etre au service des pauvres et des malades est le combat de OHR HANNA. Ensemble nous continuerons à agir au service des nôtres. 14 villa Bel-Air - 75012 PARIS Tél. : 01 43 43 40 70 et ses collaborateurs Votre concessionnaire NISSAN vous souhaite Chana Tova Oumetouka BONNE ANNÉE À TOUTE LA vous présentent leurs bons vœux pour la nouvelle année. 15, rue Malher - 20, rue Pavée - Paris 4ème 24-26, avenue Cimetière Parisien - 93500 PANTIN COMMUNAUTÉ. JE VOUS AIME Denis Ktorza, Bernard Musicant et toute l’équipe de Connec’ sion vous présentent leurs meilleurs voeux de Chana Tova vmtctv vbtkt hbve hnwl e-mail : president@connec-sion.com www.connec-sion.com Roch Hachana Le SERVICE DE PROTECTION DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE souhaite à toute la communauté juive de France, une année de santé, de bonheur et de paix. SPCJ - 24h/24 - 7jours/7 N°Vert 0 800 18 26 26 Yvon ABISSEROR Président du Conseil de Surveillance CONSORTIUM EUROPEEN D’ECHANGES COMMERCIAUX INTERNATIONAUX Société Anonyme au Capital de 612 850 E IMPORT EXPORT PRODUITS ALIMENTAIRES 12-14, avenue François-Sommer 92167 ANTONY-CEDEX Téléphone : 01 42 37 60 60 Fax : 01 42 37 01 89 e-mail : codipex@free.fr vmtctv vbtkt hbve hnwl Conditions exeptionnelles pour le Nouvel An. Appelez M. Fitoussi au 01 42 43 42 43 S.M.J. 64 bd Marcel Sembat L'ESG-Paris du Groupe Paris Graduate School of Management 93200 SAINT-DENIS Tél. : 01 42 43 31 20 www.smjauto.com souhaite à ses étudiants, diplômés et leurs proches parents une douce et heureuse année 5770 25 rue saint-ambroise - 75011 Paris Tél. : 01 53 36 44 00 - www.esg.fr a Chan Tova Que cette nouvelle année vous apporte joie, bonheur, santé et paix. Que cette année soit remplie d’événéments heureux et festifs. 17-19, Rue Félicien David - 75016 PARIS Tél. : 01 47 20 00 00 BONNE SHANA ANNÉE TOVA MARBRERIE FUNERAIRE - POMPES FUNEBRES ETS L. BARBIER & FILS face au Cimetière Parisien de Bagneux 122, avenue Marx Dormoy - 92120 Montrouge Tél. : 01 46 57 97 77 - Fax : 01 47 46 89 30 Cimetière Parisien de THIAIS 13, Esplanade Auguste Perret - 94320 THIAIS Tél. : 01 46 86 73 80 Roch Hachana 5770 Vous présentent leurs meilleurs vœux Toute l’équipe d’IInformation Juive, souhaite à tous les annonceurs, abonnés et lecteurs, ses meilleurs voeux de Chana Tova pour cette nouvelle année 5770 BONNES FEUILLES Les nouveaux marranes PAR PAUL GINIEWSKI Notre ami Paul Giniewski publie un nouveau livre " Une résistance juive " ( Editions Cheminements. 296 pages, 22 euros) dans lequel l'auteur relate ses souvenirs de jeune militant d'un réseau de la Résistance juive de France, le MJS ( Mouvement de la jeunesse sioniste) . Cependant, la préoccupation centrale de l'œuvre de Paul Giniewski, le conflit israélo-arabe, n'est pas absente de ses souvenirs de jeunesse : le peuple juif en lutte pour sa survie en Europe, se battait alors déjà sur un deuxième front, en Erets Israël. Nous publions ci-dessous un extrait du livre. N ous sommes comme une petite république, une communauté, une confrérie religieuse laïque, avec ses moeurs dictées par la prudence et la clandestinité et par le réconfort que nous trouvons dans notre fraternité. Nous sommes une famille, un ghetto. Les solutions que nous avons trouvées à nos problèmes sont bien adaptées à ces problèmes, et dans les autres villes, les Juifs les imitent ou les ont trouvées eux-mêmes. Un jour, le rabbin Kapel nous a parlé des Marranes, ces Juifs d’Espagne qui, pour se soustraire à l’Inquisition, adoptaient un masque chrétien, il y a près de cinq cents ans. Kapel n’a pas songé à nous expliquer qu’ils ont fait comme nous. Ou plutôt, nous faisons comme eux. Nous sommes le gibier traqué et nous vivons comme le gibier adapté efficacement à ses conditions de vie par les milliers de générations qui l’ont précédé. Nous ne communiquons que de vive voix. On ne s’envoie pas de lettres. On ne téléphone pas. On n’inscrit aucune adresse dans nos calepins et le mieux, c’est de ne pas connaître celles des camarades. On les appelle par leur prénom. Je ne connais presque aucun de leur nom de famille véritable, ou même de leurs noms de guerre. Les réunions ne sont pas annoncées. On sait que chez Marie-du-beurre et chez madame Jeanne on apprendra l’heure de la prochaine conférence et l’information est répercutée, on ne sait pas exactement comment. De toute façon, au chalet, on saura tout sur les exposés et les débats que préparent tels camarades, ou mieux encore, on aura la surprise d’entendre l’écrivain Henri Hertz parler de littérature, de faire la connaissance du poète Joseph Milbauer. Surtout, nous retrouverons 40 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 ceux que nous connaissons bien, et que nous aimons bien et leurs thèmes habituels dont la répétition nous rassure. Le rabbin Kapel expliquera les liens de l’idée sioniste avec la religion et le pays d’Israël, Elek exposera une nouvelle fois la pensée des grands penseurs sionistes-socialistes, Berl Borochov ou Haïm Brenner. Notre usage prudent de la parole, notre réticence à nous confier à l’écrit ne veulent pas dire que nous avons pour règle absolue de nous passer de la poste. Ma soeur Klara nous a écrit plusieurs fois de Chapareillan. Ses lettres n’ont pas été censurées. Toto nous écrivait quand nous étions encore en Belgique. Les enveloppes ouvertes par la censure étaient surchargées de tampons allemands, des mots, des phrases entières étaient barrés de grands traits noirs opaques. Pour déjouer la censure, des mots codés sont nés spontanément, qui puisent dans la logique, dans la langue Amalec, l’ennemi héréditaire, ou Aman, le sanguinaire ministre du roi Assuérus qui voulait exterminer les Juifs de Perse, et dont on célèbre la déconfiture lors de la fête de Pourim. Quel Juif ne déchiffrerait pas ces transpositions transparentes ? Hitler, c’est évidemment pharaon. Les travestissements linguistiques varient à l’infini. Tout Juif comprendra que lorsqu’on lui donne des nouvelles de M. le curé, qui a célébré la première communion du fils, on lui parle de M. le rabbin qui a célébré sa bar-mitsva. L’UGIF est la famille Brith (qui veut dire alliance), Xavier Vallat devient quinze, entrer à l’hôpital peut signifier être arrêté ; devoir se suralimenter, avoir besoin d’une carte d’alimentation ; avoir la jaunisse, porter l’étoile jaune, donc, ne pas encore être planqué. C’est rudimentaire, approximatif, et cela fonctionne. Un Juif est un Breton. Le maquis de l’Armée juive est l’auberge. Et ainsi, indéfiniment. Tout Juif comprendra que lorsqu'on lui donne des nouvelles de M. le curé, qui a célébré la première communion du fils, on lui parle de M. le rabbin qui a célébré sa bar-mitsva. hébraïque, dans le trésor culturel juif. Quand on ne comprend pas, un autre Juif, plus imaginatif, plus instruit dépannera. Aller chez Nyster veut dire se planquer, du verbe hébreu. Chez Halevi signifie en Espagne, du nom du grand poète juif hispanique Jehouda Halevi. Chez l’oncle Mayer, c’est en Suisse, du nom du dirigeant communautaire bien connu de Genève. Les Talkim sont les Italiens (d’italkim), et les Allemands naturellement Notre étrange vocabulaire, nos allusions à notre histoire et à la langue sacrée et renaissante en Palestine, dictés par la nécessité, expriment aussi notre jubilation intérieure de réussir à exprimer notre judaïsme, à faire étalage de notre richesse culturelle et historique devant les Allemands et impunément. Même si nous nous attachons peu à peu à notre nom d’emprunt, notre spécificité, notre authenticité rejaillissent. Quand la troupe Rashi des EIF devenait la troupe Pasteur des Éclaireurs BONNES FEUILLES unionistes, elle afficha le portrait de Pasteur dans son local, mais n’avait nullement renoncé à parler de Rashi à ses louveteaux. L’occultation de Rashi renforçait sa présence réelle. Notre groupe MJS ne porte pas de nom d’emprunt. C’est le gdoud, simplement. Venir au gdoud est une expression d’une infinie richesse. C’est revenir à nous, au foyer, à la maison. En plein coeur de Grenoble occupée et sous la férule de Vichy, c’est se débarrasser pour un moment de son métier de placeur de contrats d’assurance, d’étudiant, de contremaître en maroquinerie que nous sommes devenus, reprendre conscience que c’est pour la durée d’un interlude. C’est entrer, comme un plongeur, dans sa cloche de plongée qui lui permettra de respirer dans un milieu qui n’est pas le sien. Le scaphandrier se déplace sous l’eau, mais il n’est pas un poisson. La comparaison n’est pas aventurée. Je ressemble à ceux que je côtoie dans la rue, dans les trains, dans les autocars, je parle leur langue sans doute mieux qu’eux, et je les sens étrangers. Ils ne sont pas comme moi, comme nous, en permanent danger de mort. Le Maréchal, qu’ils l’aiment ou non, a mis fin à leur guerre, ils sont démobilisés. Nous, les résistants juifs et tous les autres Juifs, sommes des mobilisés forcés permanents. S’il y avait une rafle, cette paysanne transportant des poulets dans un panier s’en tirerait sans problème. Ma mère, certainement pas. Si les Allemands ou les chasseurs de Juifs déshabillaient le paysan, il ne risquerait rien. Moi, je serais pris. Audelà d’une adaptation parfaite, il reste cette irréductible différence. Il faut en permanence ne pas l’oublier, se fondre encore mieux dans la masse, s’adapter, mais tout peut s’effondrer en un instant. On ne trouve de véritable détente que sur notre île déserte, entre nous. Véritable ? Illusoire ? Je sais bien que nos “bifs” et nos “synthés” et nos codes de langage sont des succédanés d’armures, peut-être seulement des armures de théâtre en carton-pâte. Efficaces ? Les coquilles des escargots, les carapaces des tortues le sont contre certaines pressions. Pas contre des marteaux-pilons. Je sais bien que nous ne vivons pas en autarcie. Nous n’avons pas sécrété tout seul notre carapace. Nous recevons beaucoup du milieu. Je suis bien placé, comme tous mes camarades de “l’éducation physique”, pour savoir ce que nous devons à nos sympathisants et alliés, les mairies, statut des Juifs. Je les juge peut-être trop sévèrement ? Moi aussi, après tout, si je m’examinais avec probité, je me découvrirais bien des points communs avec eux. Suis-je réellement préoccupé des jeunes du STO dont je fais état ? Même si nous nous attachons peu à peu à notre nom d'emprunt, notre spécificité, notre authenticité rejaillissent. les curés, les secrétaires de mairies qui nous aident, à tous ceux qui donnent abri aux Juifs cachés. Que ferions-nous sans eux ? Je sais bien, aussi, qu’ils sont peutêtre les arbres qui cachent la forêt touffue. Les autres sont également présents. Les vichyssois, les miliciens, les dénonciateurs. Et après ceux qui sont activement hostiles, la grande masse des indifférents, tels ces enseignants et fonctionnaires qui n’ont pas protesté quand Pétain a institué le Par le sort des prisonniers de guerre français ? Et je trouve mon plaisir avec les comédies de Plaute et les rigueurs des Parnassiens, tandis que ma soeur Rosa et Lily Abelew sont dans les camps. Et chacun de nous, Georges, Toto, même le sévère Simon, et tous les autres, ont sûrement leurs plaisirs secrets, leurs équivalents de Plaute. Je pense à mon oncle Benno, le frère de ma mère. Il aimait les dictons, comme mon père. Quand j’étais enfant, il répétait souvent : “Jedes Tierchen hat sein laisirchen” (Chaque petite bestiole a ses petites joies). ODASEJ L’ Œ U V R E D ’A S S I S TA N C E S O C I A L E A L’ E N FA N C E J U I V E est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919 Pa r c e q u ’ u n e n f a n t h e u r e u x devient un adulte qui a de meilleures chances de construire son avenir et celui de la communauté L’ODASEJ a pour mission d’aider les enfants et les adolescents défavorisés ou en difficulté sur le territoire national Leur avenir est entre vos Transmettez mains votre nom à un programme de solidarité… Perpétuez la mémoire de vos parents … … Faites un legs ou une donation à l’ODASEJ Que vous ayez des héritiers ou non, vous pouvez faire un legs ou une donation en faveur de l’ODASEJ en exonération des droits de succession ou de mutation Pour un rendez-vous confidentiel Appelez Tony SULTAN Tél. : 01 42 17 07 57 • Fax : 01 42 17 07 67 ODASEJ ESPACE RACHI, 39, RUE BROCA, 75005 PARIS INFORMATION JUIVE Septembre 2009 41 MÉMOIRE “Il faut laisser du temps au temps” J amais je n’ai pensé que cette maxime pourrait trouver sa justification dans une décision que j’ai prise il y a 60 ans ! Lors de ma déportation en septembre 1942, mon père, reconnu intransportable, avait été autorisé à rester dans le camp de Noé, en Haute Garonne. Il avait alors 46 ans. Puis ce furent trois années à Auschwitz. Evadé après la “marche de la mort”, rapatrié via Odessa, débarqué à Marseille, j’avais pris le train me ramenant à Revel, l’endroit où mes parents, ma sœur et moi avions été arrêtés. Durant ce voyage je m’étais mis à rêver que je retrouverais mon père, certes pas en parfaite santé, mais vivant et heureux de m’entourer de son affection, après ces années de souffrances. De retour enfin dans cette petite ville du Sud-Ouest, grande a été ma déception de ne pas être attendu à la gare. Je me suis précipité chez une amie de mes parents car j’avais gardé le souvenir du chaleureux accueil qu’elle nous avait réservé lors de notre arrivée de Bruxelles, au début de la guerre, en mai 1940. Après d’affectueuses retrouvailles, je demandai aussitôt quel avait été le sort de mon père. La nouvelle qu’il était mort un an après notre déportation vint s’ajouter au deuil de tous les miens. J’allais donc devoir seul affronter l’avenir et me frayer un chemin dans la vie ! Accompagné par cette amie qui m’est depuis devenue très chère, je me suis rendu au cimetière de Revel : là, au milieu de toutes les tombes, sur une planchette noire, étaient inscrits le nom de mon père et la date de son décès. Il me fallait très rapidement acheter une concession afin que sa dépouille puisse reposer en paix et n’aille pas rejoindre la fosse commune. 42 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 Puis a commencé pour moi l’effort de la réintégration dans la vie normale. J’ai repris des études au terme desquelles j’ai trouvé un emploi à Paris et dès que mes moyens financiers me l’ont permis, j’ai décidé d’ériger une sépulture digne de mon père. Afin de respecter nos traditions, il m’aurait fallu transférer son corps dans un carré juif de l’un des cimetières parisiens. J’ai hésité à le faire; pensant à tort ou à raison que mon père, durant sa dernière année de vie, avait été entouré par les gens du pays lesquels lui avaient apporté aide et consolation. En outre ils auraient pu considérer mon geste comme une marque d’ingratitude ou encore imaginer que j’estimais leur cimetière indigne de la dépouille de mon père. Ma décision fut alors, bien que conscient d’enfreindre nos usages, de laisser mon père reposer à l’endroit où il avait été enterré. Je faisais graver sur la pierre tombale un Maguen David ainsi que les noms de ma mère et de ma sœur, avec la mention “Déportées en 1942 mortes à Auschwitz”. Guidé par l’idée que cette seule tombe juive inciterait le passant à s’y arrêter, à se poser des questions sur cette présence insolite et à vouloir connaître l’histoire de ma famille et plus particulièrement celle de la déportation. Quelques années plus tard, nommé citoyen d’honneur de la petite ville de Revel, j’ai constaté à cette occasion à quel point cette tombe était ignorée et j’ai pensé que mon choix, il y a soixante ans, avait été erroné. Je fis part de ma frustration à mon ami Jules Soletchnik qui avait été élève au Collège durant les années noires. Sa réponse m’a rasséréné. Il ne manquait jamais, me confia-t-il, en se rendant à Revel de déposer une petite pierre sur la tombe qu’il considérait un peu comme la sépulture de son père, Résistant, déporté en juillet 1944 et PAR PAUL SHAFFER * mort à Bergen-Belsen. Son propos a suffi pour réduire un peu mon regret quant à ma décision d’autrefois. Des années se sont écoulées depuis sans qu’aucun autre événement ne vienne me consoler de la décision que j’avais prise, avec l’espoir de maintenir à cet endroit la mémoire de la Shoah. Mais voilà qu’invité il y a quelques mois à témoigner de mon histoire et de celle de ma famille, dans une classe terminale du lycée professionnel de Revel, le professeur, Mme Christelle Febvre, me fit part du souhait des élèves de se rendre sur la tombe de mon père et me demanda donc son emplacement. Ces élèves avaient l’âge que j’avais lors de mon arrestation. Ils avaient déjà, avant ma venue, travaillé sur mon livre autobiographique “Le Soleil voilé” où je mentionnais l’existence de cette tombe. Par ailleurs ils s’étaient rendus au camp d’Auschwitz-Birkenau. De retour, l’un d’eux, âgé de 18 ans, a écrit une lettre admirable. Cette lettre comportait quelques phrases simples m’assurant combien les élèves avaient été heureux de se recueillir sur la tombe de mon père, de la fleurir et de parler encore une fois de la déportation et se termine ainsi: “ Nous tâcherons dans le futur d’être les porteurs des graines plantées par vous et vos mots.” Et c’est alors qu’ayant témoigné à Mme Christelle Febvre, non seulement de ma reconnaissance mais aussi de ma profonde émotion, j’ai reçu de sa part un message très court… : “Mon cher Paul, dorénavant, chaque année, j’irai sur la tombe de votre père” ! — (*) Président du Comité francais pour Yad Vashem ; auteur du livre : “Le Soleil voilé” Auschwitz 1942-45, préface de Simone Veil. CULTURE Le patrimoine juif européen PAR DOMINIQUE JARRASSÉ * Le 6 septembre dernier a été célébrée dans un grand nombre de pays du continent européen la Journée européenne de la culture juive. La journée a été placée cette année sous le signe du patrimoine et des traditions juives, et a également constitué en France un des coups d'envoi des "Dix jours du Consistoire". Notre ami Dominique Jarrassé tente de définir ci-dessous les contours et le contenu de cette culture juive. E xiste-t-il un patrimoine juif européen ? Evoquer le “patrimoine juif ” nécessite d’emblée de se placer à l’échelle européenne, non seulement parce que les Juifs ont connu dès l’antiquité, par leurs incessants déplacements, un destin européen, mais aussi parce qu’ils ont indéniablement contribué à l’élaboration des fondements de la culture européenne, parallèlement aux legs grec, romain et chrétien. Or, il n’est pas de meilleur témoin (et acteur) de ce processus que le patrimoine juif. Il résulte d’une symbiose identitaire et symbolique qui transparaît dans les coutumes religieuses et sociales, dans les objets, les monuments et les textes, dans les échanges aussi bien commerciaux qu’intellectuels dont les Juifs furent le moteur. Non porteurs d’une tradition esthétique, les Juifs ont pu en tout lieu adapter leurs aspirations aux formes locales et même les transporter. Produit de synthèses multiculturelles, le patrimoine juif est ancré dans la réalité historique de chaque pays et transcende les particularismes par la multiplicité des identités à partir desquelles il se constitue. Le judaïsme est lui-même riche de plusieurs traditions qui ont essaimé à travers l’Europe : ainsi les séfarades ont diffusé leur langue et certains éléments de culture espagnole à Venise, Thessalonique, Istanbul, Bordeaux, Amsterdam… La yiddishkeit du monde achkenaze constitue aussi une riche culture transnationale de la Russie à l’Alsace. Les monuments reflètent cette diversité, tels les précieux témoignages de l’art mudéjar que sont les synagogues d’Espagne, les oratoires italiens qui entremêlent les motifs juifs aux fastes de la Renaissance et du baroque, les synagogues-forteresses et les chefs-d’œuvre en bois de Galicie, de Lituanie, de Pologne et d’Ukraine, les stèles baroques des cimetières d’Europe centrale… Même après l’émancipation qui accélère le processus de nationalisation des Juifs, les édifices juifs attestent ces échanges artistiques : l’orientalisme, par exemple, se déploie de SaintPétersbourg à Florence en passant par Budapest et Liverpool. Une saveur à peu près homogène Les historiens ont souligné le rôle d’intermédiaires joué par les Juifs, surtout depuis le Xe siècle qui les voit se déplacer le long des vallées du Rhône, du Rhin, du Danube… Leur diaspora suit les axes majeurs Dominique Jarrassé d’échanges : ils ne sont pas seulement actifs dans le commerce et la banque – des prêteurs du Moyen Age aux Rothschild – ils sont médecins, diplomates, traducteurs… Ils transmettent une part de l’héritage grec recueilli par le monde arabe avec lequel ils sont en contact. Quand les royaumes chrétiens d’Occident les expulsent, ils se réfugient en Europe centrale et dans l’empire ottoman ; ces migrations sont encore l’occasion de transferts de connaissances et d’idées. Tirer un sens européen de cette histoire inscrite dans le patrimoine, c’est, d’une part, mesurer la contribution des Juifs à une culture européenne qui ne peut exister que dans l’ouverture à l’altérité (tous les totalitarismes s’en prennent à eux, non sans raison, puisque leur existence est la garantie du pluralisme), d’autre part, comprendre leur rôle de “liant”. Nous aurions envie de reprendre cette étrange métaphore du défenseur de la modernité que fut le critique allemand Wilhelm Uhde dans son Picasso et la tradition française (1928) : selon lui, les Juifs, promoteurs d’une “peinture européenne” face aux replis nationaux, amenaient la diversité de l’Europe à son accomplissement. Il écrivait : “Sans eux, entre ses différentes races, se creuseraient d’infranchissables abîmes. Les Juifs sont le condiment qui procure au ragoût des peuples une saveur à peu près homogène.” Souvent les Juifs ont été de vrais Européens, car d’emblée capables de transcender l’attachement, certes légitime, aux patries étroites pour participer d’identités plurielles. Combien de penseurs polyglottes de INFORMATION JUIVE Septembre 2009 43 CULTURE Synagogue de la Paix à Strasbourg stature européenne, tel Rachi, Champenois formé dans la vallée du Rhin, dont le commentaire talmudique est si essentiel qu’il est lu dans toute l’Europe, puis dans le monde entier, tel Kafka, Juif de langue allemande vivant à Prague, tel Elias Canetti… Qui réduirait Freud à Vienne ? La judéité de Stefan Zweig n’est pas étrangère à son sentiment d’européen effaré par la disparition d’un monde, mais animé de l’espoir d’une renaissance par delà les nationalismes meurtriers. Les Juifs furent très tôt européens, parce que dans ces guerres fratricides qui ont ensanglanté l’Europe depuis le XIXe siècle, ils se sont fait tuer dans chaque camp ; et cela parut absurde à ceux qui ne faisaient qu’anticiper ce qui devrait aussi apparaître inconcevable à tout Européen. Dans une Europe multiculturelle, l’expérience juive est primordiale : combien de fois n’a-t-on pas invoqué leur exemple dans les débats sur l’intégration des étrangers extraeuropéens ! Evidemment, il n’est pas jusqu’à la Shoah qui n’ait, dans l’ampleur de sa monstruosité, une 44 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 dimension européenne : ce sont tous les Juifs d’Europe qu’ont rêvé d’exterminer les nazis et leurs complices de toutes nationalités. Les traces omniprésentes de ce crime rappellent la facilité avec laquelle spécialistes aient voulu dresser l’inventaire du Legs d’Israël. Or, un des contributeurs, Claude G. Montefiore, inconsciemment prophétique, dénonçait cette vision d’un judaïsme momifié : “Si en 1900, écrivait-il, tous Les communautés juives demeurant en Europe assurent la continuité entre un passé deux fois millénaire et un avenir qu'elles veulent justement européen. l’homme cède à l’immonde. Tout lieu juif européen, même s’il n’est pas un camp ou un mémorial, en porte inévitablement la marque. Mais il convient de ne pas limiter le patrimoine juif à sa dimension testamentaire (voire vétérotestamentaire !), mémorielle et victimaire. Il est vivant et sa fonction dans la construction de la culture européenne tient à la transmission de valeurs positives et actuelles. Il est significatif qu’en pleine montée des périls, à Londres en 1931, d’éminents les Israélites avaient subi une complète extermination, les essais ci-dessus auraient pu être écrits exactement comme ils l’ont été.” En matière de patrimoine juif européen, il convient donc d’éviter l’écueil d’une vision passéiste en valorisant un héritage vivant. Les communautés juives demeurant en Europe assurent la continuité entre un passé deux fois millénaire et un avenir qu’elles veulent justement européen. Une expérience intéressante a été lancée par le Conseil de l’Europe qui, CULTURE en mai 2004, a labellisé un “Itinéraire européen du patrimoine juif ” offrant plusieurs facettes. Au premier titre, parce qu’il n’est pas d’itinéraire sans ancrage dans l’espace, il s’agit évidemment du patrimoine immobilier, quartiers de ville à Amsterdam, Cracovie ou Paris, juderias ou ghettos extraordinairement conservés comme à Venise, Gérone ou T?ebíc (République tchèque), milliers de cimetières – de l’humble carré perdu dans la campagne aux amoncellements de Prague et aux nécropoles monumentales, mikvaot (bains rituels) de Spire, Montpellier ou Besalú… Quant aux synagogues, symboles même de la présence juive, l’Europe en conserve d’innombrables depuis l’antiquité (Délos, Stobi en Macédoine, Ostie…) et le Moyen Age (Rouen, Prague, Sopron en Hongrie, Tomar au Portugal, Cracovie…) Ce sont des milliers de synagogues, malgré les destructions massives (près de 2000 en Allemagne, 2000 sur 8000 en Pologne), qui attestent aujourd’hui la dispersion des Juifs dans les métropoles, mais aussi en zone rurale : combien symbolique est toujours leur implantation dans une cité, à l’image du statut des Juifs dans la société ! Certaines sont des chefs-d’œuvre artistiques, de tous les styles possibles, alors que d’autres, humbles, offrent des témoignages vernaculaires non moins précieux. Car, évidemment, il serait réducteur de ne voir le patrimoine juif que sous son aspect monumental ; de plus, par delà les beautés architecturales, il est porteur de sens. Toutefois ce n’est pas tant dans la pierre que dans le texte, le rite et la spiritualité que résident les valeurs patrimoniales du judaïsme. Le plus souvent d’essence religieuse, ce patrimoine est aussi culturel, artistique, musical, littéraire, mais il conserve toujours une dimension morale : visiter le patrimoine juif revient à recevoir l’enseignement de valeurs fondamentales, à comprendre l’autre. Les droits de l’Homme ne sont-ils pas d’abord inscrits dans la Tora et aux pignons des synagogues ? Support essentiel de la préservation et de la diffusion de ce patrimoine juif européen, un réseau de musées s’est créé, à la fois parce qu’ils sont des cadres pédagogiques d’interprétation et parce que peuvent y être proposées des expériences et des structures originales, que l’on songe au Musée qu’un peu de musique folklorique. De plus, il faut avoir conscience des dangers qui guettent encore le patrimoine juif et des actions immenses à engager, car il est clair que ce patrimoine n’était pas uniquement celui Le plus souvent d'essence religieuse, ce patrimoine est aussi culturel, artistique, musical, littéraire, mais il conserve toujours une dimension morale : visiter le patrimoine juif revient à recevoir l'enseignement de valeurs fondamentales, à comprendre l'autre. juif de Berlin. C’est là que sont rassemblées des collections d’objets rituels, de manuscrits, d’œuvres d’art, les archives et les documentations irremplaçables que complètent les bibliothèques juives, comme celle, exceptionnelle, de l’Alliance Israélite Universelle à Paris. Cependant il reste une autre dimension du patrimoine juif difficile à mettre en valeur lorsqu’il n’y a pas de support “monumental”. Comment évoquer Rachi à Troyes, où certains visiteurs prennent la synagogue, toute récente, pour celle du grand maître ? Peut-on présenter Rabenou Tam à Ramerupt ? Comment situer Maïmonide à Cordoue autrement que par une statue ? Un dernier exemple peut révéler une dimension qu’un itinéraire culturel a du mal à restituer : où ancrer une figure aussi fondamentale que le Baal Chem Tov, fondateur du hassidisme au XVIIIe siècle ? Parfois, des lieux existent où souffle seulement l’esprit : ainsi à Ouman (Ukraine), quel rayonnement vivant a gardé la tombe de rabbi Nachman de Breslev ! Car mettre en lumière le patrimoine juif ne consiste pas seulement à retenir les éléments intégrés à la culture européenne, c’est aussi découvrir les composantes les plus spécifiques et authentiques de la culture juive elle-même. Des journées européennes de la culture juive s’y efforcent, mais il faut parfois réussir un tour de force pour partager une culture et accéder à des strates plus profondes des Juifs, mais celui de chaque nation et de toute l’Europe. D’ailleurs, la dimension européenne de la culture juive semble naturelle : quand, en 1996, sur une initiative née à Strasbourg, la ville de la synagogue de la Paix1, est lancée l’idée d’une Journée Portes ouvertes dans les synagogues d’Alsace, trois ans après elle devient les Journées Européennes de la Culture Juive, à laquelle participent aujourd’hui 30 pays ! C’est donc un patrimoine, également en devenir, qui peut aider même à la construction européenne, puisque pas un seul pays européen n’en est dépourvu. Certes le “condiment” a été durement éprouvé par la saignée de la Shoah, mais il a également été revivifié par les Juifs chassés des pays musulmans qui sont venus ajouter leur histoire et leur culture à celles des Juifs d’Europe, en renouveler l’identité. Or c’est là la fonction première du patrimoine, fonder l’identité et la mettre en dialogue. Le patrimoine juif européen est ainsi découverte d’une part de la culture européenne, donc de l’autre et de soi-même. — *Dominique Jarrassé est professeur d'histoire et d'art contemporain à l'université de Bordeaux et àl'Ecole du Louvre. Il est par ailleurs spécialiste de l'histoire des synagogues en Europe, une histoire à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages. Il travaille actuellement sur un livre consacré à l'histoire des synagogues en Tunisie. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 45 LIVRES Les éditeurs annoncent Une heure avant la fin du monde de Joseph Roth. Les textes choisis pour ce recueil, dans l'œuvre journalistique de Roth, dénoncent le développement en Allemagne d'un nationalisme agressif dès les années vingt. Joseph Roth est né en Autriche en 1894 et il est mort à Paris en 1939. ( Editions Liana Lévi ) A lire dans la prochaine livraison de l'excellente revue Le Meilleur des mondes (que publient les éditions Denoel) une étude sur "la fascination totalitaire" chez Besancenot et Badiou. Bob Maloubier publie chez Calmann-Lévy, en collaboration avec Brigitte Rossigneux, un livre de souvenirs " Les coups tordus de Winston Churchill". La face cachée de celui qu'on a appelé "le vieux lion". Historien, directeur de recherche au CNRS, Michel Dreyfus publie aux éditions de La Découverte "L'antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours". Voici comment l'éditeur présente ce travail : "C'est une plongée historique passionnante que propose ce livre, en espérant aider la gauche à se confronter à cette question délicate et douloureuse, non pour battre sa coulpe dans une autoflagellation masochiste, mais pour rester vigilante contre un danger toujours possible". Nous reviendrons prochainement sur ce livre. Yuri Slezkine est professeur d'histoire et directeur de l'Institut d'études slaves, est-européennes et eurasiennes à l'université de Californie à Berkeley. Son livre " Le siècle juif " publié aux Etats-Unis a été couronné par plusieurs prix et a été reconnu comme un véritable chef d'œuvre. Voici ce que dit de ce livre l'historien Walter Laqueur, spécialiste du sionisme : 46 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 "Tomber sur une œuvre aussi audacieuse, originale et panoramique en cet âge de spécialisation étroite n'est pas seulement un heureux événement ; c'est presque une sensation ". Traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry. Les éditions du Seuil annoncent la publication du livre posthume d'André Schwarz Bart, l'auteur du Dernier des Justes. Ce livre " L'étoile du matin " est le dernier texte sur lequel ait travaillé l'un des plus célèbres Prix Goncourt. A noter enfin la parution aux Editions de l'Atelier une étude que Séverine Mathieu consacre à la "transmission du judaïsme dans les couples mixtes".Mme Mathieu est agrégée de sciences sociales et docteur en sociologie. CINEMA L'éducation carcérale d'un apprenti parrain O n nous avait bien prédit qu'Un pro-phète (Grand Prix du festival de Cannes cette année) serait le filmchoc de cette rentrée 2009, mais il n'en demeure pas moins que l'effet de surprise reste entier au sortir de la projection de ce longmétrage magistralement maîtrisé, au scénario foisonnant et à l'interprétation impeccable. Un stupéfiant film de genre (à déconseiller toutefois aux âmes sensibles) qui ne ressemble à aucun autre, parvient à créer ses propres codes et son propre univers, et qui permet à Jacques Audiard de sublimer encore une fois son cinéma dans une de ces oeuvres noires dont il a le secret. PAR ELIE KORCHIA tomber, sombre road-mavie entre deux hommes que tout sépare, brillamment interprétés par Mathieu Kassovitz (une belle trouvaille à l'époque, César du meilleur espoir) et Jean-Louis Trintignant, deux comédiens que l'on retrouvait deux ans plus tard dans le non moins réussi Un héros très discret, excellente adaptation du roman éponyme de Jean-François Deniau. millions et demi auront servi à construire une véritable enceinte carcérale, dans laquelle se déroule la quasi-intégralité de ce long métrage, qui retrace à la perfection l'incarcération de Malik et son impitoyable apprentissage de la vie en prison, lui qui pénètre en Centrale à 19 ans, analphabète, sans famille et sans soutien. Enfin, après une magnifique histoire d'amour sur fond de splendide film noir, Sur mes lèvres, (César du meilleur scénario en 2002) viendra l'année de la En effet, afin de pouvoir survivre dans l'enceinte de cette Centrale, et bien avant de pouvoir songer à vivre de nouveau à l'extérieur, Malik (qui vient d'être condamné à six ans de réclusion pour s'en être pris à des policiers) va devoir naviguer de son mieux entre les deux clans qui font régner leur loi dans la prison, les Corses (regroupés autour de leur chef, César Luciani) qui semblent représenter l'ordre ancien, et les “Barbus”, musulmans, qui représentent en quelque sorte la génération montante. Le réalisateur parvient en effet à nous scotcher à notre fauteuil durant près de deux heures et demie au travers du parcours initiatique et hors du commun de son anti-héros, le jeune Malik El Djebena, incarné à l'écran par un acteur débutant impressionnant dénommé Tahar Rahim. Un jeune acteur français de 27 ans que l'on avait pu apercevoir dans la série La Commune sur Canal plus et qui parvient, ni plus ni moins, à tenir aujourd'hui la dragée haute à l'un des monstres sacrés du théâtre contemporain (et désormais du 7ème art hexagonal), Niels Arestrup, que l'on avait quitté il y a quatre ans en père de Romain Duris dans le remarquable De battre mon coeur s'est arrêté. Et même s'il n'est plus question d'un rapport père-fils au sens strict du terme, Jacques Audiard revient à nouveau à son thème de prédilection, celui qui transcende son oeuvre quelque soit le sujet choisi : le récit de la formation (pour ne pas dire la transformation) d'un jeune homme qui se cherche au travers de sa relation contrariée à l'image paternelle. Un thème qui était déjà à l'origine de sa toute première réalisation en 1994 (à l'âge de 42 ans), Regarde les hommes consécration en 2006 avec les huit Césars remportés par De battre mon coeur s'est arrêté, dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur second rôle masculin (avec déjà un grand Niels Arestrup) pour ce remake très personnel de Mélodie pour un tueur. Habitué à mettre la barre toujours plus haut, Audiard s’est ici attaqué à un script d’Abdel Raouf Dafri (à qui l'on devait déjà le scénario de Mesrine l'an passé) et Nicolas Peufaillit, autour de l'implacable ascension d'un détenu très discret... Un projet ambitieux et terriblement difficile à mener puisque sur les 11 millions d'euros de budget du film, deux Un Malik particulièrement vif et lucide, qui ne roule que “pour sa gueule” alors même qu'il se retrouve rapidement pris sous la coupe de César Luciani (campé par un phénoménal Arestrup), qu'il fait l'objet de l'hostilité de sa propre communauté et qu'il est victime de multiples humiliations, le clan corse allant même jusqu'à l'obliger de tuer un autre détenu, « frère » maghrébin, qui doit témoigner dans un procès à hauts risques, et ce au cours d'une séquence à couper le souffle. Autant vous dire que vous ne sortirez donc pas tout à fait indemne de ce long-métrage aux incessants rebondissements, à la limite du thriller, du polar et du documentaire, où la violence n'est jamais gratuite mais toujours présente, et que vous garderez sûrement longtemps en vous le visage de ce jeune Machiavel de banlieue qui a bien appris les leçons d'une prison qui fait ici office d'école de vie, où la loi du plus malin est parfois la plus forte et où il faut savoir in fine tuer le père pour survivre au meurtre d'un frère. INFORMATION JUIVE Septembre 2009 47 COURRIER Mort d'un ami Thierry Jonquet est parti un soir du mois d'août sans faire de bruit. Il était sans conteste, avec Didier Daenincks, le meilleur auteur français de roman noir. C'était également quelqu'un pour qui les mots justice et dignité de l'homme signifiaient quelque chose. Curieusement, nous avons suivi des chemins (presque) parallèles et, bien plus tard, je me suis retrouvé dans ses personnages (autobiographiques) de "Rouge c'est la vie" ; peut-être ai je même rencontré fortuitement sa future compagne qui militait alors au mouvement Dror. J'ai exercé dans l'hôpital où il avait travaillé en tant qu'ergothérapeute à une époque où commençaient à naître ses talents d'écrivain ; on se prêtait alors son livre "Le bal des débris" (à l'époque épuisé et introuvable) inspiré de personnages bien réels de cet hôpital. Il aimait les "petites gens" de Paris, de la banlieue mais il avait également saisi le risque de dérives antisémites de certains groupes activistes ou de délinquants : bien avant le meurtre d'Ilan Halimi, il avait écrit un livre (hélas) prémonitoire "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte" qui n'a pas forcément été bien apprécié dans les milieux bien pensants. C'est à l'occasion de la signature de ce livre que je l'ai enfin rencontré au cercle Bernard Lazare où il dédicaçait ses romans. Dr Guy CZERTOK Simon Konianski de Micha Wald C'est un road movie juif assez mal fichu mais diantrement attachant, notamment pour les enfants de parents persécutés pendant la guerre et parlant avec un accent à couper au couteau un français mélangé de yiddish. On y découvre un acteur de génie Abraham Leber plus vrai que nature et s'il faut ne retenir qu'une scène on gardera en mémoire celle où il envoie " caquen " des policiers allemands qui l'ont arrêté pour excès de vitesse. Mais ce film n'est pas seulement drôle, il est également tendre et il montre les difficultés relationnelles entre les enfants de survivants et leurs parents malgré l'amour éprouvé mais jamais exprimé. Ce n'est certes pas un grand film et je doute que le critique cinématographique d'InfoJ s'y intéresse. C'est à eux que s'adresse ce film sorti à la sauvette en août à Paris. de l'histoire tourmentée mais très affirmée de leur communauté. découvrir Fès dont leurs parents ou grands-parents leur ont parlé si souvent. Guy CZERTOK COMMUNAUTÉS Une rencontre internationale des juifs de Fès Plus que tous les autres originaires du Maroc, les juifs fassis, qu'ils soient installés en Europe, en Israël, au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud ou en Australie et la poignée d'entre eux qui sont restés dans leur ville origine ont conservé intact le sentiment d'appartenance à une communauté. Les liens sont restés très forts et la nostalgie atteint même ceux qui étaient trop jeunes ou ceux qui, nés ailleurs, ne connaissent de leur identité de fassis que les récits de leurs parents ou grands parents, comme s'ils étaient imprégnés du destin impérial et 48 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 "La rencontre internationale des juifs de Fès à Fès" organisée du 26 octobre au 1er novembre prochains à l'initiative du Centre communautaire de Paris, n'aura donc "rien d'habituel et d'impersonnel", comme l'indique Edmond Elalouf, le président du Centre, dans l'éditorial de la très belle brochure réalisée à l'occasion de ce voyage. Six jours d'une rencontre interfamiliale, intergénérationnelle mais aussi de personnes de la même génération qui ont partagé des tranches de vie et se sont perdues de vue. Des retrouvailles, donc mais aussi l'occasion unique de redécouvrir Fès après tant d'années ; pour d'autres, celui de Et quel programme ! Découverte des lieux de la mémoire collective des juifs fassis, le très ancien Mellah et le cimetière juif, ainsi que la Médina, un "Chabbat plein" célébré en commun , un grand concert de musique andalouse, un colloque sur "la contribution de la communauté juive de Fès à l'histoire de la ville et à celle du judaïsme marocain." -Programme sur demande au Centre communautaire de Paris : 119, rue Lafayette 75010 Paris ou sur www.centrecomparis.com Places limitées ! CARNET Naissance Lucie Esther est née le 4 août au foyer de nos amis Dan et Vanessa Oiknine. Nous présentons aux parents et aux grands parents nos meilleurs vœux et un sincère mazal tov. Mariages Mlle Sandra Berdugo, la fille de notre ami David Berdugo et M. Gilles Cohen ont célébré leur mariage à Jérusalem. La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune couple le 13 août par le grand rabbin d'Israël M.Shlomo Amar et par le grand rabbin de Paris M.David Messas. Nous présentons aux deux familles nos vœux et un très sincère Mazal tov. Nathan Bouskila, le fils de nos bons amis Huguette et Simon Bouskila (directeur de l'Ecole Akiva à Strasbourg) a célébré son mariage avec Mlle Solika Benitah, la fille de Virginie et Yaacov Benitah. La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune couple le mardi 18 août à l'hôtel Ramat Rahel à Jérusalem. Nous présentons aux jeunes mariés nos très sincères félicitations et un très sincère mazal tov aux familles. Nécrologie Moshe Marciano La grandeur d'un homme se mesure très souvent au vide qu'il laisse derrière lui... Monsieur Adolphe Isaac EL-BAZE ZL, Président de l’oratoire du Foyer Israélite de Neuilly sur seine 19631985 est décédé le 7 aout 2009 dans sa 96eme année. Il a été le fondateur des éclaireurs israélites du département de Constantine, Officier de l'ordre national du Mérite, pupille de la nation, ancien combattant, inspecteur central honoraire auprès du Ministère des finances. Il repose désormais selon son vœu à Jérusalem au cimetière de Givat Shaul où le Président du Consistoire Central lui a rendu un chaleureux hommage. Le mois a été célébré le 7 septembre 2009 à la synagogue de la rue Ancelle à Neuilly et le Chabbat suivant à la synagogue de Puteaux. La rédaction présente ses sincères condoléances à Mme Georgette EL-BAZE son épouse, ses enfants, ses petits enfants et arrières petits enfants. Tous ceux qui l’ont connu se rappelleront d’un homme juste et droit. Allègre Pinto Nous avons appris avec peine le décès de Mme Allègre Pinto, la veuve de Jean Pinto. Elle était la sœur de notre excellent confrère et ami André Benezra. A ses enfants et à sa famille, Information juive présente ses sincères condoléances. C'est en effet avec une infinie tristesse que nous avons appris la disparition de Moshe Marciano, le 5 août dernier à Jérusalem. Moshe Marciano aura marqué son époque très tôt à Casablanca. Il remplit, dans la discrétion, le rôle de leader dans sa communauté, notamment dans la restructuration des activités sociales et éducatives au profit des personnes défavorisées. Il a su être un remarquable organisateur et c'est dans les années 50 qu'il contribua à l'organisation de la Alya des Juifs du Maroc par des activités de l'ombre. Ses qualités de militant dévoué et audacieux auront fait de lui une des personnalités les plus attachantes. Il réalisa son grand rêve en s'installant avec sa famille en 1968 à Jérusalem, où il poursuivra son œuvre sociale au profit des plus démunis, ainsi que son action éducative, en direction de nombreuse Yechivot. Moshe Marciano est le père de notre ami Raphy Marciano, directeur du Centre communautaire juif de Paris. Il a, jusqu'à son dernier souffle, inculqué à ses enfants l'idéal de dévouement au service des autres, le goût de l'étude, l'importance d'une vie consacrée aux mitsvoth, la passion de l'engagement et l'amour d'Eretz Israël. Il laissera le souvenir d'un homme marqué par la droiture. Edmond ELALOUF INFORMATION JUIVE Septembre 2009 49 VERBATIM ALAIN FINKIELKRAUT. Philosophe : " La France n'est pas seulement la patrie des droits de l'homme, c'est une terre de vieille civilisation. Au cœur de cette civilisation, il y a la mixité, une visibilité heureuse des femmes qui remonte à l'amour courtois et que nous devons absolument maintenir. Cessons de tout formuler dans l'idiome des droits de l'homme ". BRUNO PATINO. Directeur de France Culture : " J'en reste à ce que disait Lévinas : Croire, célébrer, transmettre " imprègne tant d'intellectuels, c'est de mêler les langues et de se frotter aux autres " BARACK OBAMA. IVAN RIOUFOL. Président des Etats-Unis : Chroniqueur : " Où sont les manifestations et les boycotts du monde islamique face au sort brutal que réserve la Chine aux Ouïgours musulmans du Kinjiang ? Apparemment seuls les Palestiniens méritent la mobilisation arabomusulmane " " Michelle a un look fabuleux, moi, je suis plutôt mal fagoté. Il y a encore quelques années, je n'avais que quatre costumes. Elle me taquinait parce qu'on commençait à voir au travers " PATRICK LOZÈS. Théologien : Président du Conseil représentatif des associations noires de France : " Dans quinze ans, la France aura un président noir. Serai-je candidat ? Il ne faut jurer de rien ! " " Ahmadinejad n'a cessé de dire qu'il allait détruire Israël et on ne voit vraiment pas pourquoi Israël ne prendrait pas cette menace au sérieux ". MARCEL GAUCHET. Philosophe : " Nous vivons un déplacement radical des repères intellectuels " RÉGIS DEBRAY. JEAN-FRANÇOIS COLOSSIMO. OLIVIER POIVRE D'ARVOR. Coordinateur de la diffusion de la culture française : " Les vrais clivages sont entre immobilisme et mouvement " Philosophe : " Seuls les exilés comprennent vraiment à quelle nation ils prennent part. Le meilleur vaccin contre la dénégation du particulier qui 50 INFORMATION JUIVE Septembre 2009 ALAIN MINC. Essayiste : " Le PS n'aura un leader que quand il aura changé de constitution. Il reste parlementaire dans ses gènes et sa vie intérieure dans un environnement totalement présidentiel. Toutsepasse à la proportionnelle, comme au Parlement israélien… " ALEXANDRE ADLER. Historien ( à propos de ce que révèle l'affaire Fofana) : " Après l'antisémitisme violent comme un vomissement des Proudhon, des Drumont et des Bernanos, voici venu l'antisémitisme insinuant et presque invisible des Badiou ". DOUGLAS KENNEDY. Ecrivain américain : " Les gens qui prétendent que l'écriture est une souffrance permanente m'énervent.. Oui, c'est dur, oui, on est seul. Mais c'est plus agréable que de travailler en usine ". JULIA KRISTEVA. Psychanalyste et écrivain : " Après deux guerres mondiales et quelques guerres froides, devant le spectre lancinant des heurts des religions, le début du troisième millénaire paraît tenté par un dirigisme soft qui se croit capable de résorber conflits et divergences ".
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Mme Marguerite, qui plus est de tempérament autoritaire, enseigne sous forme de monologue, ce qui signifie : vous élèves, vous n’avez pas le droit à la parole. Enfin, Mme Marguerite est tout autant...
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