Mango Gadzi
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L61 28/06/06 12:11 Page 1 La lettre d’information du Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes { trimestriel numéro 61 } Mango Gadzi Fièvre métisse page 5 Avril Mai Juin 2006 Photo : Mango Gadzi © Yannick Perrin PêcheursdePerles Djal RuralCafé SalleGenton Raphaël Jeannin InvitationauxVents L’OpéradesAlpages LesEmeudroïdes LesNuitsdelaPierreBleue LesBœufsdeSaint-Georges page 3 page 8 page 4 page 8 page 14 page 5 page 8 page 9 page 12 page 15 L61 28/06/06 12:11 Page 2 infosetannonces D’UN MONDE l’édito.. infos L’éditorial de Jean Blanchard de la précédente lettre concluait, à juste titre, par le risque de disparition de cette lettre d’information comme autre conséquence probable de la restructuration des associations régionales. La richesse et la diversité des informations qui suivent sont le fruit, comme toujours, du travail de collectage et de rédaction de l’équipe encore plus réduite qu’à l’accoutumée. Nous avons rarement l’occasion de la remercier publiquement de leur engagement et la parution de ce nouveau numéro, dans ce contexte, prouve s’il en est encore besoin, la pertinence d’une telle entreprise au service des acteurs de ce secteur musical. Mobilisée pour la survie de cet outil, l’équipe éditoriale a non seulement assuré la continuité, mais elle a également apporté quelques nouveautés : des pages consacrées à la pédagogie, aux réseaux des musiques actuelles en région et à l’échelon national, de nouvelles chroniques notamment celles relatives au chantier de recherche du quartier de la Guillotière à Lyon. Elle met également tout en œuvre pour assurer la programmation cet été des « Jeudis des Musiques du Monde », de la Fête de la musique, du bal du 14 juillet, de la fête des ateliers du CMTRA, de « la Guill’en fête »… Elle continue un travail important en matière de constitution de bases de données, d’un nouveau site Internet, de développement des partenariats en région, du centre de ressources, des fonds documentaires et du traitement des archives sonores. Afin de mieux vous présenter ces actions, elle vous donne rendez-vous au CCO, le mardi11 avril à partir de 18h30 pour une rencontre conviviale autour d’un apéritif musical. VOUS AVEZ DIT BIZARRE ? Ils ont pensé : « Et si la culture réinvestissait les campagnes et s’installait sur les places de villages. Et si cette culture s’ouvrait aux cultures du monde, aux métissages et aux formes contemporaines originales de la création artistique ». Et ils l’ont fait avec Le Cabaret Mobile. Eux, ce sont les plasticiens, les scénographes, les techniciens, les éleveurs de chevaux, les réparateurs de roulottes, les bénévoles de l’association La Bizz’art Nomade, installée entre Montélimar et Dieulefit, en Drôme Provençale. Du 2 juin au 2 juillet, La Bizz’art Nomade présente son 4ème festival d’été avec Le Cabaret Mobile 2006 qui, cette année encore, fera la part belle aux cultures et musiques du monde. Mais pas seulement ! Une certaine richesse culturelle régionale sera aussi mise en avant avec la langue d’Oc qui sera à l’honneur des rencontres du dimanche. Aux rythmes des roulottes tirées par des chevaux, toute l’équipe va donc se remettre sur les chemins de Drôme Provençale, en direction des campagnes. Et quand on sait, en plus, qu’on y croisera sans doute Titi Robin, Taraf de Haïdouk, Urs Karpatz (entre autres et sous réserve), on a bien envie de les suivre… Renseignements auprès de La Bizz’art Nomade au 04 75 90 45 71 www.bizzartnomade.com Après le départ d’Eric Montbel en 2001, c’est Jean Blanchard, l’autre membre fondateur, qui a souhaité « passer la main » après plus de quinze ans de travail. Nous ne parlons ici que de ce qui concerne l’activité au CMTRA, leur engagement artistique et militant étant bien connu par ailleurs. Après avoir tourné de nombreuses pages de son histoire, c’est d’une rupture qu’il s’agit aujourd’hui, dans un environnement fragile et délicat concernant la pérennité du financement des postes et des moyens de fonctionnement du Centre. Nous avons mis en place, pour écrire le nouveau chapitre qui s’ouvre, une procédure de recrutement d’une nouvelle direction dont nous devrions pouvoir vous donner les résultats dans la prochaine lettre. Robert Caro, reportant de quelques mois son départ, assure l’intérim de cette direction jusqu’à l’aboutissement du processus de renouvellement. Soyez sûrs que nous serons attentifs à les remercier dignement, tous les trois, du travail accompli tout au long de ces années. Le conseil d’administration, avec ses trois collèges représentatifs (artistes, associations et adhérents), s’est fortement mobilisé ces derniers mois pour faire face aux difficultés rencontrées, et nous remercions les administrateurs qui ont consacré beaucoup de leur temps à cette tâche. Après avoir réalisé le déménagement de Saint Fons à Villeurbanne, nous avons dû reprendre les négociations avec nos tutelles (Etat et Région) pour répondre à leurs exigences de réorganisation des agences régionales dans le cadre d’une réflexion globale sur l’engagement public dans le domaine culturel. Nous avons tenu, en lien étroit avec la FAMDT, à réaffirmer inlassablement la spécificité de notre secteur d’activité au sein des réseaux de musiques actuelles. Nous avons reçu l’assurance que les missions, constituant le cahier des charges de notre structure, ne seraient pas remises en question. Par contre, le maintien du financement de l’Etat (via la Drac) et le développement de celui du Conseil Régional sont soumis à des conditions qui ne sont que partiellement réunies à ce jour : - Une plus grande visibilité de nos actions, tant sur le plan de la recherche, que celui de l’enseignement, de la mise en réseau ou de l’activité artistique qui en découle. - Une plus grande mutualisation des moyens mis à disposition des structures régionales, particulièrement pour ce qui nous concerne le CMTRA et l’Agence Musique et Danse. Ce travail est déjà engagé depuis de nombreux mois, et nous savons que nous disposons d’une année pour convaincre que ces desideratas ont été efficacement pris en compte, dans la définition d’un nouveau projet, sans sacrifier pour autant ce qui constitue la singularité irréductible du secteur des musiques et danses traditionnelles. Ce seront les tâches prioritaires qui seront confiées à la nouvelle direction, afin de garantir et développer les ressources nécessaires à la poursuite de notre action, dans une autonomie confirmée, dans des locaux adaptés et avec du personnel non soumis à la précarité. Nous vous invitons donc à vous mobiliser, nombreux, à l’occasion de notre prochaine assemblée générale, fixée au lundi 15 Mai à 19 heures, afin que la vigilance et l’engagement des membres élus et des salariés de l’Association sortent renforcés de ce moment important d’expression et d’échange démocratiques, à l’image de la vitalité de nos réseaux. Christian MASSAULT Robert CARO À L’AUTRE… CREATION « Les Blés » de la Duchère Les 9 et 10 juin prochains, la Compagnie de Danse Hallet Eghayan présentera son spectacle «Les Blés», fruit d'une expérience inédite : ce spectacle sera composé à partir de danses et de chants traditionnels récoltés auprès des habitants de la Duchère. Danseurs amateurs et professionnels de tous les âges seront mêlés, évoquant les thèmes du lien et de la transmission entre les cultures et les générations. Heure et lieu à confirmer. Renseignements : Noémie Meylan 04 78 64 84 98 CLIN D’ŒIL C’est pas trop tôt… Antiquarks, le duo de particules les plus insaisissables de la planète vient de sortir son premier album : «Le Moulassa. » Sébastien Tron (vielle à roue et chant) et Richard Monségu (chant et percussions) avaient initialement prévu cette sortie pour l’an passé comme l’indiquait un article de la lettre d’information du CMTRA n°57 que vous pouvez trouver sur le web www.cmtra.org Le temps semble néanmoins bien profitable à la matière et aux particules puisque le duo a remporté le 1er Tremplin des Musiques du Monde en RhônesAlpes organisé par l’Auditorium de Lyon dans le cadre de son festival « D’un Monde à l’Autre. » Pas trop tôt certes mais bravo quand même ! Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA Saluons au passage la 1ère édition du Festival d’Un Monde à l’Autre. Après le succès des Nuits, l’Auditorium nous invite à nous laisser transporter par les rythmes des musiques du monde. Musique, danse, gastronomie sont au rendez-vous de ce nouveau venu au rayon des festivals dédiés à cette esthétique dans la région lyonnaise. Du très métissé Mango Gadzi à l’illustre Titi Robin ou de Musafiri à l’Ensemble Kaboul, nul doute que le pari d’aller « D’un Monde … à l’autre » sera tenu. Souhaitons donc que cette 1ère édition soit le prémice d’une aventure aussi longue que riche… LE TOUR DU MONDE EN 80 DANSES La Maison de la Danse sort un DVD consacré aux danses du monde. Cette petite vidéothèque de poche nous entraîne en 80 séquences dans un tour du monde de la danse à travers l’histoire, les cultures, les techniques. Ce projet pédagogique associe 2DVD admirablement réalisés à un livret de fiches détaillées. Un précieux outil de travail interactif destiné aux professionnels, professeurs, animateurs, aux lieux de diffusion, aux médiathèques … Conception : Charles Picq Infos : www.maisondeladanse.com ou 04 72 78 18 18 A DECOUVRIR « Découvrir des musiques traditionnelles, vivantes, surprenantes, découvrir leur sens, découvrir de nouveaux instruments, s’ouvrir à d’autres modes d’acquisition de la musique, s’initier, écouter, explorer, prendre des risques… Découvrir différentes réalités quotidiennes, d’autres façons de vivre, de faire et de penser les choses, favoriser le dialogue et l’ouverture entre différentes cultures, prendre conscience des grandes diversités des conditions de vie, prendre conscience de se propres réalités et opportunités, Dans le respect mutuel et la valorisation réciproque… » Tel est l’ambitieux projet de Musique et Découverte, association de Cruseilles (74) qui vise à favoriser des rencontres interculturelles par la musique. En vue de mettre en place un stage de découverte des musiques tsiganes en Serbie du Sud, les membres de l’association organisent un voyage de préparation. Amateurs et passionnés de musiques tsiganes, rejoignez Musique et Découverte. Email : musiqueetdecouverte@wanadoo.fr tel : 04 50 32 59 40 LES PHONOTHEQUES A L’ERE DU NET La phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme implantée à Aix en Provence met son catalogue en ligne. Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 2 Aufildesrencontres Allez feuilleter le catalogue, le fonds est intéressant et remarquablement renseigné. Vous cherchez les différentes versions de La Pernette ? Des contes avec des loups ? Des témoignages oraux sur le pays de Forcalquier ? Faites vos recherches à partir du site, il vous reportera sur des notices complètes, avec sur certains fonds, des résumés exhaustifs des propos échangés entre le collecteur et l’informateur. Peut-être aurez-vous ensuite envie d’aller à la phonothèque pour écouter les documents « live » ? Fonds : Histoire orale/ Littérature orale/ Musique/ Aire méditerranéenne/ Culture occitane http://phonotheque.mmsh.univ-aix.fr/. CENTRE EN VOIE DE DEVELOPPEMENT Grâce à l'aide du Centre National du Livre, le centre de documentation du CMTRA poursuit l'enrichissement de son fonds en musiques/danses traditionnelles et populaires du monde. Vous pourrez trouver au centre des ouvrages sur les différents genres musicaux de France et du monde, des travaux d'ethnomusicologie, des répertoires chantés, dansés et joués ou encore des livres musicaux pour le jeune public. Le centre propose des ouvrages plus généraux sur l'ethnologie, l'histoire orale, l'enseignement de la musique ou les pratiques culturelles. Ouvert le mercredi et le jeudi : 14hOO à 18hOO. Appeler pour un rdv en dehors de ces horaires. Conditions de prêt : adhérent au CMTRA Contact : barbet@cmtra.org Date limite de vos envois pour La Lettre d’Infos n° 62 30 mai 2006 Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes Directeur de la publication Christian MASSAULT Rédacteur en chef Robert CARO Rédacteurs Yaël EPSTEIN Jean Sébastien ESNAULT Péroline BARBET Fanny LOGEAY Stéphanie BARRE Olivier DURIF Pierre-Olivier LAULANNE Aurélie DUBOIS Céline DUGNY Yvan TRUNZLER Chargé de production Robert CARO Coordination de la rédaction Jean Sébastien ESNAULT Stratagème visuel François GOYOT Réalisation Mathilde LECA Imprimerie Savoy Offset, Annecy FORMATION Vous souhaitez enseigner les musiques traditionnelles et passer le Diplôme d’Etat de Professeur en Musiques Traditionnelles ? Le CEFEDEM RhôneAlpes propose des études supérieures menant au Diplôme d'État de professeur de musique traditionnelle. Programme d'études, organisation de la formation et conditions d'admission sur le site www.cefedem-rhonealpes.org N° I.S.S.N. : 1166-861 X CMTRA AVIS DE RECHERCHE [ARTISTIQUE] Lettre d’Informations n°61 avril/mai/juin 2006 Le festival Feufliâzhe, musiques de l'Arc Alpin au Brasses, met à disposition une scène ouverte pour les jeunes artistes et groupes musique trad et/ou évolutive. Samedi et Dimanche 11 et 12 aôut 2006. Possibilité de programmation éventuelle dans l'édition 2007. Contact : Sophie Jaunin, 04 50 31 03 25 jauninso@hotmail.com Le festival « Sur la route de Tullins » organise, le 1er juillet 2006, le 8ème tremplin musical «Déjeuner en Herbe.» Créateurs dans les styles bluegrass, blues, country, cajun, celtique, vous êtes invité à participer à cet événement. Renseignements : « Sur la route de Tullins » Stéphane Vincent, place Winston Churchill 2, route de Renage - 38120 Tullins Tél : 04 76 07 92 37 Chanteuse maîtrisant technique, style et répertoire irlandais, danseurdanseuse claquettes irlandaises, … Objectif : projet professionnel, concerts, tournées... Equipe de 4 musiciens. Contacts : 04 78 84 93 26 ou tonyc@free.fr A VENDRE Oud professionel contactez : 06 82 671 339 Tél. : 04 78 70 81 75 Fax : 04 78 70 81 85 cmtra@cmtra.org http://www.cmtra.org 77, rue Magenta 69100 Villeurbanne Je m’abonne à Musiques traditionnelles Rhône-Alpes et j’adhère au CMTRA Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................... Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ci-joint un chèque bancaire de 15 € (adhésion associative : 45 €) à l’ordre du CMTRA. Entretien avec Olivier Milchberg, musicien, « programmateur » et arrangeur dans le groupe Pêcheur de Perles, à l’occasion de la sortie de leur nouvel album : « Wahed »… CMTRA : Un an et demi après Motayem, disque-rencontre avec le chanteur Palestinien Moneim Adwan, Pêcheurs de perles sort son nouvel album, Wahed. Quelles sont les spécificités de ce disque ? Il est d’abord caractérisé par l’arrivé d’un nouveau musicien, Zhubin Kalhor qui est Iranien. Il a donc une culture très proche de celle de Mohamed Alnuma, le fondateur du groupe, qui est Irakien. Ils se sont retrouvés presque comme deux frères qui ne parlent pas la même langue mais qui ont vraiment des racines communes au niveau musical. Ils ont un parcours très ouvert sur d’autres musiques et ils se sont nourris tous les deux de nombreuses influences. Zhubin, qui a passé toute son enfance en Inde, a rencontré beaucoup de musiciens de traditions différentes et Mohamed, qui a quitté l’Irak assez jeune, est passé par différentes étapes musicales avant de retrouver ses racines… et de les réinventer, comme on aime à dire ! Donc Wahed est d’abord marqué par l’arrivée de ce cinquième musicien. Il joue principalement du Kamantché (violon iranien) et il excelle dans les improvisations. Il apporte aussi un enthousiasme énorme, sur scène c’est un régal de jouer avec lui ! Ensuite, ce disque a la particularité d’avoir été créé presque totalement en studio. On a fait beaucoup de maquettes, on a enregistré pendant des mois avant d’aboutir. L’enregistrement a fonctionné comme un miroir grâce auquel on pouvait avancer : on écoutait le résultat et recommençait jusqu’à en être satisfait. D’un point de vue technique, on a trouvé une manière très riche de travailler, avec Mathias Autexier. On travaille la matière sonore chacun de son côté puis on la réunit et on confronte nos idées. On aime travailler à partir de sons naturels et de sons samplés. La technique doit être au service de la musique, nous n’avons donc aucun état d’âme à utiliser des sons préenregistrés, même pour un disque de musique traditionnelle, d’utiliser des logiciels de loops et de samples. On revendique complètement cet aspectlà, qui est très loin des « boum boum » auxquels on s’attend quand on parle de programmation sonore. On s’est amusé dans un des morceaux du disque, construit sur un rythme traditionnel libanais, à le tourner en variété pop turque. Il y a aussi une composition que j’ai faite, Shalom Palestine, qui partait d’une mélodie de type klezmer et qui rejoint un morceau traditionnel arabe, Al haïn. Mohamed n’avait pas envie de le jouer de manière traditionnelle puisque c’est un morceau connu, alors je me suis amusé à le transformer, à le traiter avec un groove plus actuel… et on l’a gardé comme ça, complètement remanié. Ce disque est un projet que l’on a beaucoup investi. On voulait qu’il représente vraiment nos intentions musicales, qu’il soit à l’image de la démarche de Pêcheurs de perles. On s’est donc vraiment donné le temps d’avoir le recul nécessaire pour chacun des morceaux. C’est un disque très personnel. pont entre les cultures, une symbolique à laquelle on tient vraiment, qui a fondé l’esprit Pêcheurs de perles. Le groupe est né de la rencontre entre Catherine Roy, accordéoniste française, qui était plutôt dans les répertoires klezmer et de Mohamed Alnuma, qui est musicien irakien. Chacun a fait un pas vers l’autre. Mohamed a fait un pas en venant vers nous et nous, Catherine, Mathias et moi, en nous passionnant pour les musiques moyen-orientales. On a créé un nouvel espace, qui n’est ni là-bas ni ici, qui est ce pont symbolique. Pour ce morceau, Mathias a composé toute une structure rythmique, sur un rythme à neuf temps et puis on a tous apporté nelles, même si ce ne sont pas les mêmes, puisque je viens plutôt des répertoires sud-américains. Je suis aussi né dans le travail du son et dans les bandes magnétiques. Mon père est le fondateur du groupe Los Incas, groupe de musiques Andines un peu précurseur de la world, déjà très ouvert. Il n’a jamais voulu parler d’authenticité parce qu’il n’est ni péruvien ni bolivien (mais argentin avec des origines européennes)… et il a vraiment été au cœur des débats sur l’authenticité ou la « traditionnalité » de la musique. J’ai baigné là-dedans et c’est vrai qu’aujourd’hui, je ne me pose plus la question. C’est bien qu’il y ait des personnes détentrices de traditions Pêcheurs de Perles « Wahed » veut dire l’un, l’unité, et pourtant, chaque morceau est fondé sur des rencontres, humaines ou symboliques et se nourrit d’influences multiples… Oui. Il y a le morceau Alsama, né d’une rencontre avec un musicien gnawa qui joue des karkaba et du gembri. Mohamed a composé la mélodie pendant cette rencontre et ensuite on l’a retravaillé avec Mathias, sans rien dire à Mohamed et il s’est enrichi d’une autre couleur… Il y a d’autres apports dans le disque comme celui d’un saxophoniste allemand vivant à Istanbul avec qui on a joué plusieurs fois. Un jour, j’étais à Istanbul et je l’ai enregistré sur le morceaux « Abaïda », composition de Mohamed, avec un côté jazz, un peu urbain, qui est assez différent des autres morceaux. Le dernier morceau du disque, Aljisr, qui veut dire le pont est un morceau inspiré d’un texte d’un poète libanais, Khalil Hawi. Il évoque la symbolique d’un pont entre passé et présent, d’un des idées mélodiques et ça a été composé comme ça, en studio. On rajoute une flûte et une mélodie apparaît autour de la base rythmique, on la retravaille et puis le morceau se construit petit à petit, comme ça. Ensuite il y a des morceaux que l’on a pas mal joué sur scène et ça apporte autre chose, notamment pour les improvisations, c’est plus facile devant un public ! On a vraiment passé du temps, au moins quatre ans, par périodes, pour arriver à engendrer ce disque. Ce qui me rend très heureux, c’est qu’il y a à la fois une homogénéité et en même temps chaque morceau a une personnalité différente, dû au temps que nous y avons passé, au recul que nous avons pu prendre et grâce aux rencontres humaines faites en chemin. Tu parles des parcours de Mohamed et de Zhubin, mais tu as toi aussi une histoire musicale particulière… Je suis né dans les musiques tradition- musicales, qui n’en démordent pas et qui soient vigilantes par rapport à la transmission de ce patrimoine. Mais en même temps, c’est bien que d’autres puissent s’exprimer librement, à partir de racines qu’ils trouvent belles et qui valent la peine d’être divulguées et réinterprétées d’une autre manière. Les deux démarches sont tout à fait importantes. Moi je suis complètement dans la deuxième démarche. Je joue toujours aux cotés de mon père du folklore latino-américain, c’est une petite partie de moi. Mais ma véritable passion se tourne vers les musiques du Moyen-Orient et principalement les musiques turques. Je n’ai pas envie de singer des musiques que je n’ai pas dans le sang, par contre je les ai dans le cœur et si je peux amener ma petite contribution, je le fait avec beaucoup de plaisir ! Pourquoi particulièrement les musiques turques ? Je ne sais pas, ça ne s’explique pas… [Artistes... c’est un coup de foudre. Bon, en tout cas j’ai une attirance depuis longtemps pour les musiques asymétriques, je suis très sensible aux rythmiques composées. Je m’ennuie très vite avec du binaire ou du ternaire. Je suis très attiré aussi par les différents modes orientaux… Mohamed Alnuma Tu es poly-instrumentiste… J’ai le vilain défaut d’être touche à tout… J’ai commencé la musique très jeune, avec le piano, puis la guitare. Dans mon parcours avec Los Incas, j’ai joué de la flûte et des percussions. Ensuite je me suis passionné pour le bouzouki. Je joue d’un bouzouki irlandais, parce que je préfère le son, j’en joue aujourd’hui dans Pêcheurs de perles. Après je me suis mis au çümbüs, le banjo turc, qui est beaucoup plus proche du oud, sans frets et qui se joue avec un plectre. Là aussi j’apporte ma touche personnelle, à travers ces différents instruments, j’exprime ma propre sensibilité. En fait j’ai beaucoup de mal à parler des instruments dont je joue parce que je me sens plus proche d’une conception globale de la musique. Je préfère me définir comme arrangeur plutôt que comme instrumentiste, même si au sein de Pêcheurs de perles, nous sommes tous impliqués dans les arrangements. Lorsque j’entends une flûte sur tel morceau, j’ai envie de la jouer, parfois c’est de la contrebasse… Ça m’a poussé à toucher à beaucoup d’instruments, mais dès que je peux laisser la place à un super instrumentiste, évidemment, c’est un plaisir. C’est ça qui m’intéresse : mettre en scène les musiciens, faire que les rencontres débouchent sur de la création… Là on part en Inde avec Mohamed et Zhubin, pour une aventure, rencontrer des musiciens là-bas, jouer et concevoir le prochain album, parce que vu le temps qu’on met, il faut qu’on s’y mette vite ! L’objectif est de trouver la manière de se laisser pénétrer, de laisser l’inspiration jaillir. Une nouvelle période de création commence. Zhubin Kalhor chant et oud Mathias Autexier percussion Catherine Roy accordéon kamanché (violon iranien) Olivier Milchberg bouzouki, ney, flûte Bansouri (Inde), çümbüs (banjo turc), jura (saz turc)… Propos recueillis par Y.E. Contact groupe : Muance Productions, Olivier Milchberg, 04 92 65 14 60 contact.muance@yahoo.fr Contact scène : La Casa Musicale, Lyne Tateossian, 06 62 09 46 29 04 78 83 40 82 - lynecasa@wanadoo.fr Dates, infos, audio et vidéos sur www.pecheursdeperles.com CMTRA 77, rue Magenta 69 100 Villeurbanne Tél. : 04 78 70 81 75 fax : 04 78 70 81 85 cmtra@cmtra.org www.cmtra.org Numéro soixante et un [Printemps 2006] Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 3 L61 28/06/06 12:11 Page 4 [Artistes... MangoGadzi Répliques! 3ème album de Djal CD Répliques Production : MusTraDem Distribution : l'Autre Distribution L’album “Répliques” a été produit avec le soutient de l’ADAMI de la Région Rhône-Alpes et de la Ville de Grenoble. Le groupe sera en tournée de mars novembre. Toutes les dates et informations sur www.mustradem.com CMTRA : Après deux albums live, Djal sort un nouveau CD, entièrement enregistré en studio. Qu’estce qui a motivé ce choix ? J.M. : Les deux premiers albums de Djal, enregistrés en public, correspondaient bien à la dynamique du groupe, à sa démarche artistique dans sa première période. On est avant tout un groupe de scène, mais pour le troisième disque, on a eu envie de travailler en studio, et cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que le groupe ne se voyait pas enregistrer un troisième live de suite ! On a eu de saines envies de changement de méthodes d’enregistrement, et aussi de son bien sûr. Ensuite parce que Djal n’avait jamais eu cette expérience-là et qu’on sait tous, pour l’avoir éprouvé individuellement par ailleurs, que c’est un travail qui fait progresser un groupe collectivement et qui permet d’en consolider les acquis. Enfin, il y a aussi une raison majeure liée à l’évolution de notre répertoire qui se prête beaucoup plus, à mon sens, à ce type de travail. Le premier album était essentiellement composé de morceaux qui ont été rodés sur scène pendant près de dix ans. C’était une mise à plat de nos tubes de cette période, aux structures relativement simples, voire « djaliennes » : tous ensemble, tout le temps, et à fond ! (une belle époque aussi !). Le second disque correspond à une deuxième génération de morceaux, toujours dans la même lignée, mais déjà légèrement plus arrangés et avec des compositeurs plus variés. Dans ce troisième album, le répertoire est différent dans la mesure où il est extrêmement polyphonique, c’est-àdire que la plupart des morceaux sont très écrits, à plusieurs voix, ce qui n’est pas du tout le cas des deux premiers. Donc en ce sens ça change beaucoup, et le travail en studio nous permet de mieux traiter toutes les voix, de prendre le temps d’enregistrer au propre chaque partie et d’être beaucoup plus précis et exigeants avec nous-mêmes, ce qui n’est pas peu dire dans le groupe ! Comment et avec qui avez-vous travaillé ? Concrètement, avec Daniel Saulnier aux manettes pendant les enregistrements, on a fait plusieurs prises de chaque morceau, beaucoup réécouté, choisi une version de base, enregistré par-dessus les parties qui nous semblaient importantes à refaire où à rajouter, et le soir on procédait déjà aux montages. Tout a donc été fait dans la foulée, morceau par morceau, à raison d’un morceau par jour en moyenne. Au niveau du mixage final, on a voulu que le disque sonne assez large. Il y a beaucoup de voix - on est sept et des fois il y a sept voix ! - et pour que tout ça sonne bien dans une paire d’enceintes stéréo, il a fallu pas mal travailler sur la largeur du spectre et la spatialisation, ce qui n’était pas rien vu fièvre métisse accueillent sont très souvent des festivals ou des associations qui organisent une soirée événementielle. De plus, Djal peut très bien se produire dans un Centre culturel, devant un public assis, dans une forme plus concertante. On a un répertoire suffisamment riche pour cela maintenant. Mais on a toujours un côté un peu rock qui nous permet également de jouer dans des salles de musiques actuelles. Alors on va continuer à essayer de pénétrer ces milieux-là parce qu’on est certains d’y avoir notre place, mais la réalité du terrain est complexe. Entretien avec Jérémie Mignotte, flutiste du groupe Djal, à l’occasion de la sortie de leur 3ème album. Djal photo : DR la richesse des arrangements. Ce travail d’orfèvre a été réalisé par les oreilles magiques de Pascal Cacouault et des pénibles djaleux qui le guidaient en cabine ! Comment composez-vous ? Qu’est ce qui différencie cet album des deux premiers au-delà des polyphonies ? Nous avons deux grandes lignes d’approche. Dans la première, les compositeurs apportent un morceau finalisé, avec l’arrangement, toutes les voix écrites précisément pour chaque instrument, et la structure plus ou moins définitive. C’est le cas des compositions de Stéphane Milleret et de Jean Banwarth notamment. D’autres compositeurs, comme Daniel Gourdon, amènent la ligne mélodique seule et on trouve l’harmonie, la structure et les arrangements tous ensemble en répétition. Il n’y a pas une méthode mieux que l’autre, simplement un travail différent et par-là même complémentaire. Il y a donc deux types de morceaux et je pense qu’au final, ça s’entend. Ce qui tranche aussi par rapport aux disques précédents, c’est l’arrivée d’un nouveau musicien, Sébastien Tron, qui a remplacé Yann Gourdon à la vielle, il y a deux ans. Il a apporté plein de choses, un autre son, une autre manière d’utiliser l’instrument, dans une direction tout aussi moderne, mais différente. Ça a un peu changé la couleur. Il joue aussi du dounounba, une percussion africaine traditionnelle sur un rondeau. Il y a d’ailleurs plusieurs instruments nouveaux sur ce disque : Christophe Sachettinni joue beaucoup Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA de cajón , Stéphane improvise à l’accordina, Jean a sorti sa guitare open tuning et une douze cordes, Daniel utilise aussi le violon électrique et Claude Schirrer joue même un peu de guitare ! D’autres au contraire ont disparu, comme l’épinette, la bombarde ou encore le djembé. Est-ce que ces changements sont liés à une évolution de votre démarche artistique, des orientations générales du groupe ? Globalement, la ligne de base reste la même, c’est de la musique à danser, du bal folk. Maintenant Djal ne joue pas de la « musique traditionnelle» au sens où il ne s’agit pas de reprises de morceaux du « répertoire » mais exclusivement ses propres compositions. C’est un groupe de création. Notre démarche c’est toujours le bal folk en perpétuelle réinvention, c’est l’invention de notre propre folklore. Pour ce troisième album, le groupe a franchi un pas du fait de la place donnée à l’écriture, aux arrangements qui sont d’une grande densité, et au final, ça s’écoute comme du concert. Par rapport au premier disque où c’est pratiquement de l’unisson tout le temps, avec des thèmes tout droits, là il se passe constamment quelque chose, une ligne mélodique nouvelle, une partie en plus ou encore un contrechant. Mais évidemment, c’est toujours joué avec la même énergie « Djalienne » ! Dans le cadre du bal folk, quel type de danses abordez vous et où pensez vous vous situer dans les musiques traditionnelles et par rapport au public ? On a continué plus ou moins consciemment à puiser dans les différents rythmes des danses traditionnelles françaises. Il y a une part de répertoire « breton-rhônalpin » avec notamment un pilé menu, sinon c’est assez standard : chapeloise, valse, bourrées, mazurkas etc… On a aussi une scottish marathon de huit minutes, une polka funky truffée de riffs subliminaux et un rond de Saint-Vincent qui vire en « farelquesh », une danse Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 4 mystérieuse colportée par Yves Perrin et dont les origines restent encore à découvrir ! Et puis il y a toujours une part d’improvisation relativement importante. Pour ce qui est de se situer dans les musiques traditionnelles, on est toujours confronté aux mêmes problèmes et ça dépend aussi des publics justement. Pour le « grand public », si on fait un morceau qui sonne un peu irlandais on va nous dire « c’est celtique ! ». Une autre fois on m’a dit que ça faisait penser à du Yann Tiersen ! Les références du grand public sont vraiment très variables et très différentes... Pour les « connaisseurs », on est catalogué ni celtique ni occitan, ni rien. On ne sait pas où on se catalogue nous-même d’ailleurs… Si par exemple on va jouer notre plinn en Bretagne, on court le risque de se faire lapider à coups de bombarde, alors que si on le joue sur une scène de musique actuelle, ça va sonner trop trad. Dans le Centre, nos bourrées trois temps risquent de ressembler à des valses, et si on joue un rondeau dans le Sud Ouest… que sais-je encore ?! Ça n’empêche pas pour autant qu’à l’intérieur de Djal, on soit bien calés sur toutes ces traditions musicales. Mais on n’a pas l’impression de les dévergonder, on ne fait que les emmener un peu ailleurs, avec notre culture de l’oral et de l’écrit, de l’harmonie, de l’arrangement et de toutes les musiques que l’on écoute individuellement… Comme beaucoup de groupes aujourd’hui d’ailleurs ! Qu’en est-il de vos espaces de diffusion ? Dans le contexte économique et politique actuel, le marché de la culture s’est terriblement réduit. C’est d’autant plus vrai que nous sommes un groupe nombreux, qui a une démarche professionnelle, et donc qui coûte cher. On est sept musiciens, on travaille avec deux ingénieurs du son (Daniel Saulnier et Thierry Ronget) et un régisseur de tournée. Tout ça fait un paquet de monde à salarier et au final, ça représente un certain budget. Aussi, les lieux de diffusion qui nous [Artistes... Quelles sont donc les perspectives du groupe à court terme ? Il y a donc déjà une dynamique autour de la sortie du disque et on va pas mal jouer à partir du mois de mars. Nous serons notamment dans plusieurs festivals importants cette année : Bruxelles, St Chartier, Rodez…. On sort aussi un second recueil de partitions pour ce troisième album, disponible en même temps que le CD, et contenant également quelques titres d’ « Extra Bal », notre deuxième live. A se procurer d’urgence ! Enfin, nous avons un gros projet avec le chanteur Gérard Pierron, ses propres musiciens et le groupe Kordévan. C’est un travail autour de chansons choisies par Gérard, à lui ou d’autres auteurs, réarrangés par les deux groupes. Un double album devrait être prochainement enregistré et sortir chez Harmonia Mundi. Une tournée régionale pour cet automne devrait également se mettre en place… Entretien avec Philippe Danet (percussions), Jorge Diaz-Rodriguez (Oud, Cümbüs, danse flamenca, percussions), Patryk Rogala (attaché de presse) CMTRA : Depuis le premier album, sorti en 2003, qu'est ce qui a changé dans le groupe, mais aussi dans votre style de musique? M.G. : Nos instruments sont toujours traditionnels. Nous avons toujours du mal, aujourd'hui, à définir ce qu'est Mango Gadzi. Ce ne sont pas des musiques figées, avec un style à propremement parlé, mais plutôt des musiques métissées qui sont en constantes évolutions. Nous sommes en perpétuelle recherche et peut être même qu'un jour nous arriverons à inventer un style! Mais ce n'est pas encore le cas pour l'instant. C'est plutôt une demande du public, qui aimerait pouvoir classer le groupe dans une colonne de tableau, dans telle catégorie ou tel style. Il y a eu cependant des changements, par rapport au premier album. Nous avons introduit de la danse flamenca, ainsi que d'autres percussions et un oud. Nous nous sommes aussi ouverts à d'autres instruments, par exemple des cuivres, en dehors de notre instrument respectif. Ils ne sont pas encore exploités sur scène mais ça ne va pas tarder. Nous avons envie d'explorer au maximum les possibilités qu'offre la musique acoustique. Avec ces instruments, nous aimerions nous réapproprier ces musiques traditionnelles mais de manière différente. Vous qualifiiez votre premier album de présentation, d'avant goût de ce que pourrait être le prochain. A la veille de la sortie du second, correspond t-il a ce que vous vouliez ? Avec cet album, nous espérons aller plus loin. C'est notre première expérience studio. Le premier album était parti d'une musique traditionnelle : flamenco, orientale et tsigane. Il était d'ailleurs qualifié de « musique du monde ». Or, ce deuxième album est catalogué, au niveau des points de vente, dans le rayon « rock français ». « Musique du monde », c'est, pour nous, quelque chose de plus pointu, réservé à des gens qui vont chercher des choses très précises, par exemple des musiques orientales, africaines. Nous, nous avons choisi l'appelation « rock » pour rester ouvert au plus grand nombre. Dans cet album, il y a principalement des compositions. Il faut souligner que le groupe évolue à chaque concert, chaque répét, et que nous jouons, à l'heure actuelle, les morceaux de cet album mais aussi d'autres morceaux qui seront dans le prochain. En dehors de l'aspect artistique, nous avons aussi franchi une étape commerciale, puisque cet album sort en distribution nationale. Alors qu'avant, les CD étaient uniquement disponibles durant les concerts. C'est important, car cela nous apporte une dimension nationale. Nous étions, jusqu'à présent, considéré comme un groupe régional, voir local. Au niveau de l'équipe, le groupe s'est entouré d'un tourneur, d'un producteur et d'un attaché presse qui nous donne une grande motivation. Musicalement, nous sommes beaucoup plus investis, stimulés. Les paroles des chansons sont complètement inventées, alors que précédement nous gardions des éléments réels. Nous essayons par là d'ouvrir une porte vers un monde imaginaire, de laisser la possibilité aux gens de faire leur propre voyage à travers diverses sonorités musicales. Nos concerts sont des spectacles vivants, où le spectateur est invité dans un monde qu'il a envie de voir. La particularité de cet album, c'est Dates de concerts aussi la présence d'invités. Nous reprenons un morceau avec le groupe No-Mad. Il fait partie d'une trame, que l'on appelle « Tzigarol », et qui est décliné trois fois sur l'album, dans des styles différents. La chanteuse de NoMad apparait aussi sur un autre morceau, appelé « le 15 tonnes ». C'est l'un des premiers morceaux qui concrétise l'identité « mango gadzienne ». Il exploite toutes les facettes du groupe et tous les membres peuvent s'y retrouver. Pour la composition, chacun amène un thème et il est travaillé en commun. Nous avons d'ailleurs toujours l'impression que les morceaux sont inachevés, c'est pour cela que d'anciens morceaux sont repris, modifiés, retravaillés. Quels sont vos projets pour les mois qui viennent? Nous pensons enregistrer un DVD, dans un château près de Grenoble. Nous avons aussi l'envie de faire un double album qui montrerait les deux aspects de Mango Gadzi, un CD, enregistré en studio, sur une base beaucoup plus calme et le deuxième qui serait un live. Nous aimerions, d'ici quelques temps, partir en résidence à Séville pour quelques mois, travailler la musique flamenco, la danse. Séville, c'est une ville qui, musicalement, Mango Gadzi 1er avril : Au Château rose à Annemase, dans le cadre du festival « dansez ». 6 avril : Au conservatoire de Grenoble 15 avril : A la Maroquinerie à Paris 27 avril : Mango Gadzi photo : Yannick Perrin A St Cheppy brasse beaucoup de styles. Nous avons envie de partir pour voir et apprendre d'autres choses, de se défaire de la vie grenobloise, qui est notre quotidien. De travailler ensemble mais d'une autre manière. Nous sommes aussi en recherche de concerts dans l'international et même dans le cadre de création avec d'autres formations locales étrangères. Propos recueillis par S.B. 5/6 mai : A Sion, en Suisse 6 mai : A Geneve 10 mai : Au Sattelite Café, à Lausanne 20 mai : St Jean de Bournay (38) 13 juin : Au Sattelite Café, à Paris 1er juillet : Au col des 1000 (38) RuralCafé Propos recueillis par J.M. en suivant la draille... Contact scène MusTraDem +33 (0)4 38 12 09 93 A l’occasion du nouvel album du Rural Café, En suivant la draille, entretien avec le musicien-collecteurcompositeur-arrangeurinterprète-ethnomusicologue (…) Patrick Mazellier. Détours en mondes occitanoardécho-dauphinois. Rural Café photo : Jean-Luc Joseph CMTRA : Après un premier album aux couleurs d’Ardèche et du Dauphiné mais aussi un peu d’Irlande et du Canada, quelles sont les couleurs du nouvel album du Rural Café ? Patrick Mazellier : En suivant la draille… c’est le titre de notre nouvel album et cela me paraît assez explicite : la draille est ce petit chemin qui nous emmène dans la montagne et qui peut aller très loin, jusqu’à Compostelle par exemple. C’est aussi symboliquement ce qui relie les hommes entre eux et donc les musiques. Il y a dans cet album, en plus de notre dimension occito-ardécho-dauphinoise (!) des influences plus affirmées, dans le choix des répertoires, les arrangements, mes compositions. Elles viennent principalement de l’apport de chacun, musiques orientales pour Karim Ben Salah le percussionniste, musiques celtes et orientales pour le bouzouki de Patrick Chanal, musiques anciennes pour les flûtes de Nicolas Zorzin, jazz moderne pour la contrebasse de Christian Devaux et le clavier de Stéphane Vettraino… J’essaie de coordonner un peu tout cela, avec des choses plus ou moins écrites mais RURAL CAFÉ c’est avant tout un espace de rencontres où l’on essaie de garder intacte l’envie de jouer, l’énergie, un certain esprit et je crois que cela transparaît dans ce CD. Mais il y a aussi d’autres intervenants, dans cet album ?... Nous avons, en plus des 6 musiciens qui constituent la formation habituelle, invité deux chanteuses de langue occitane : Huguette Betton et Pascale Aymes. L’aspect vocal est donc plus développé que dans le premier album avec, entre autres, une adaptation d’un chant de mai, d’une chanson de carna- val, du chant à danser… En fait, le sixtet a beaucoup de possibilités d’alliages de timbres, il permet d’utiliser des rythmiques d’esprit très différents avec le bouzouki, le piano, la contrebasse. Les percussions peuvent être mélodiques, pour renforcer le violon et la flûte, ou plus dans les basses, comme dans certaines bourrées où nous avons emprunté des « plans de tourne » à notre folkloriste ardéchois préféré, Vincent d’Indy. En rajoutant des vocaux à 3 ou 4 voix, on obtient une palette sonore qui permet d’aborder des répertoires qui me tenaient à cœur, et que j’avais envie de chanter depuis longtemps. Et d’où viennent tous ces morceaux ? Il y a un fond traditionnel assez important qui provient de collectes anciennes d’A.et D. Laperche, S.Beraud, J.Dufaud ou de moi-même. Il y a quelques pièces rares, chant à danser, bourrées « boiteuses », mélodies du Vercors, une mélodie turque… et même un très beau cantique à la Vierge. En plus du travail d’arrangement, il y a beaucoup d’adaptations, réélaborations de mélodies traditionnelles et bien sûr des compositions, rigodons, bourrées, rondes. Et quelle est la part des mélodies à danser ? Mis à part deux chansons, tout est dansable : rondes, bourrées, rigodons… et nous avons même indiqué la chorégraphie de la Vire du Coiron. Bien sûr, il y a des parties improvisées, mais dans ce cas la rythmique reste très fidèle au rythme moteur de la danse. Il y a aussi des danses peu connues que nous enseignons en stage : Al grand prat, Los Escarpis… Nous nous orientons de plus en plus vers un genre de bal « concertant », avec du chant à danser, des pauses d’écoute pour reposer les danseurs et sortir de cette dichotomie entre une partie concert et une partie bal. Est-ce que le travail créatif, la recherche des répertoires, permettent d’entrevoir des connexions musicales avec des cultures éloignées ? Nous avons pris le parti instrumental d’interpréter les mélodies avec le violon et la flûte, ce qui nous rapproche beaucoup des musiques celtes, orientales dans la souplesse du phrasé, les timbres. Nous pratiquons tous à des degrés divers, en plus des musiques régionales du Vivarais et du Dauphiné, la musique irlandaise, la musique orientale, les musiques transalpines… RURAL CAFÉ est donc transculturel depuis le début, tout naturellement, ce qui ne nous empêche pas de cultiver des styles de jeu très traditionnels, de les confronter et de constater que cela marche plutôt bien, sans pour autant tomber dans une normalisation musicale qui nous limiterait à des « collages Numéro soixante et un [Printemps 2006] » folk-jazz ou des ambiances uniformes et répétitives. L’utilisation des percussions orientales convient parfaitement à notre démarche musicale, comme pour le bouzouki et ses accords particuliers, le clavier avec un jeu mélodico-harmonique et un son un peu « raï »… Mis à part cela, il est clair que les échelles mélodiques de certaines bourrées, plus rarement de certains rigodons, sont proches de certaines échelles orientales, voire araboandalouses, que le rythme de la bourrée, qui a pu être décliné de multiples façons, contient des éléments de rythme complexes, irréguliers, que l’on retrouve, entre autres, dans les Balkans. Au-delà de l’ethnomusicologie, ce qui me paraît important c’est d’arrêter de définir les individus uniquement par leur appartenance à des groupes ethniques ou religieux mais aussi par leur capacité à créer, à partager, à transcender leur condition, et la musique, quand elle est belle, bonne et sincère, sert aussi à cela. CD Rural Café En suivant la draille, EDG Mustradem L’autre Distribution VPC : 16 euros TTC p. 17 Concerts et bals promo CD 15 avril à Romans (26) 22 avril à Vesseaux (07) 12 mai à Saint-Fons (69) 13 mai à Annonay (07) 27 mai à Ste-Eulalie (07) (Rencontres d’Ardèche) Propos recueillis par F.L. Contact Rural.cafe@free.fr Tel / fax : 04 75 45 03 65 Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 5 L61 28/06/06 12:11 Page 6 [Lieux... MJCLaënnecMermoz Cornemusesducentre Maison des Musiques du Monde formes culturelles de valeur, sans exclusives ni sociales, ni historiques, ni géographiques. La Grosse Couture Entretien avec Michel Blavit CMTRA : Peux-tu nous présenter la MJC Laënnec Mermoz et son projet ? Equipement de proximité qui trouve ses origines dès 1958, la mission de la MJC s’inscrit dans un tissu complexe de réalités, de relations et de circonstances. Aujourd’hui, le projet est construit autour de 4 axes : la MJC comme une maison ouverte à tous, comme un lieu créatif et éducatif, comme une maison pour les jeunes et enfin, comme un espace de culture. Pour nous, la culture constitue une ouverture aux diverses formes, avec la préoccupation de prouver qu’elle est source de plaisir, qu’elle n’est pas l’apanage de classes sociales prédéfinies, ou de groupes restreints. Ni élitiste, ni populiste, la culture véritable est celle qui ménage le parcours de chacun pour lui permettre l’accès aux Sur le volet culturel, en plus du Jazz et des Musiques Improvisées, la MJC se tourne désormais vers les musiques du monde. Pourquoi ce choix ? Incorporant des éléments rythmiques ou mélodiques africains à des mélodies occidentales, l’histoire du jazz se confond depuis toujours avec celle du métissage. Quoi de plus naturel que d’élargir le champ de la découverte avec les musiques du monde qui regroupent toutes les musiques traditionnelles extra européennes, souvent métissées ou de fusion et qui contiennent des composantes « ethniques ». Autant il existe des temps forts mais ponctuels autour des musiques du monde, autant il manque des lieux réguliers proposant ce genre musical. D’où la volonté de rendre accessible ce dernier au plus grand nombre et de facilité l’approche de formes d’expressions qui ne nous sont pas familières, mais qui traduisent des regards, des émotions, tout en aidant à une compréhension du monde. C’est aussi, vouloir partager le plaisir en favorisant les rencontres entre des traditions, des patrimoines, des formes d’expressions et des créations contemporaines voire innovantes. Enfin, c’est assurer aux musiques du monde une meilleure audience auprès du public, de soutenir la diffusion dans un lieu repéré, de favoriser le partage d’expériences tout en soutenant les pratiques culturelles émergentes. Est-ce le fruit d’une volonté particulière par rapport au quartier ? En matière développement global, la MJC Laënnec construit son identité sur une triple volonté : proposer des activités dites traditionnelles (basées sur la culture et le sport), accompagner des jeunes dans une démarche de projet, et devenir un pôle ressources culturelles local. Concernant les enjeux de développement territorial, la MJC Laënnec doit donc poursuivre une ambitieuse péréquation entre le fait de maintenir et de développer un lien de proximité avec le public jeune d’une part, et le fait de soutenir les pratiques culturelles émergentes en lien avec le territoire en contrat de ville d’autre part. C’est dans cet esprit que la MJC ne souhaite plus dissocier la salle Genton du reste de ses activités ; celle-ci étant intégrée de fait dans l’espace culturel global de la MJC. Comment comptes-tu développer ce nouvel axe de programmation ? La programmation « Musiques Actuelles, Improvisées et du Monde », repose sur des convergences d’idées et sur un partenariat avec l’association AGAPES depuis 2ans déjà. La convention qu'elle vient de signer avec la Ville et la DRAC donne à sa collaboration avec la MJC une dimension qui va dans le sens d'un vrai partenariat avec comme objectif le travail sur l'émergence et l'accompagnement des jeunes talents. Du coup la salle Genton est labellisée "Scène Découverte". Pour nous, découverte et émergence sont à la fois une politique et une esthétique. Politique dans la mesure où il s'agit d'aider la professionnalisation de jeunes artistes et de les faire découvrir par le public, esthétique dans la mesure où nous favorisons l'innovation. Comment souhaites-tu inscrire les artistes de musiques traditionnelles et du monde dans le travail sur le quartier ? C'est ici que se situe la problématique du jazz. Comment faire en sorte que la création contemporaine soit portée à la connaissance du plus grand nombre ? Le fait qu'Agapes fasse partie de l'action culturelle globale de la MJC est à la fois risqué et passionnant. Comment changer l'image d'une musique jugée "élitiste", et qui, en fait ne peut renier ses origines populaires ? C'est là que l'interaction musique traditionnelle et du monde avec la musique improvisée est essentielle. Il ne s'agit pas seulement de métissage, mais de création et de rencontres. Cela fait longtemps qu'un joueur de oud aime à rencontrer les musiciens de jazz, il en va de même avec les Bagad, les vielleux,... L'accroche dans le quartier dépendra de la cohérence de la programmation, de l’action des musiciens invités et du rayonnement de la MJC dans la ville et au delà, ce qui suppose une lisibilité de l'action et le renforcement de l'image de la Salle Genton. Cette démarche reste une aventure que nous souhaitons développer tout au long des saisons et, que les rencontres, créations passées soient le point de départ de nouvelles initiatives. C’est à cela que nous convions tous les acteurs culturels et socio culturels des « plus prestigieux » aux « plus modestes », tous les acteurs locaux et le public car nous avons besoin de toutes les énergies fédératrices de créations et de solidarité au service du territoire et de la population. Propos recueillis par J.S.E. Contact MJC Laënnec Mermoz, Salle Genton tel : 04 37 90 55 90 ème 6 Continent ça bouillonne ! Entretien avec Mohamed Sidrine et Juan David. Contact 6e Continent 51, rue Saint Michel 69007 Lyon M° Saxe-Gambetta 04 37 28 98 71 www.sixiemecontinent.net CMTRA : Le 1er trimestre 2006 au 6ème Continent ne rime-t-il pas avec vitalité ? MS : Oui, c’est certain mais le dynamisme actuel du 6ème continent s’inscrit dans la suite logique de ce qui s’y est passé depuis 2 ans et du travail de fond réalisé par l’association depuis 10 ans. La salle s’installe petit à petit, s’encre dans son territoire et acquiert une visibilité à Lyon, dans l’agglomération et même au-delà. Certains signes ne trompent pas : refuser des gens à l’entrée des concerts –même si ce n’est pas le but- en constitue un fort. De même, depuis le lancement de la nouvelle saison il y a 4 mois, le nombre d’adhérents a atteint près de 1500, c’est énormissime ! Que vient spécifiquement chercher le public au 6ème continent ? MS : Je doute qu’il existe autant de lieux où il soit possible d’appréhender la diversité telle qu’on la propose ici : assister à un concert africain (togolais, congolais, sénégalais, …), rencontrer un écrivain écossais, visiter une exposition d’un japonais, participer à un stage de danse du sud de l’Inde, ... Notre projet et notre lieu répondent à une attente de diversité et de découverte. La pluridisciplinarité ajoutée à la dimension conviviale du lieu font la différence. Le 6ème Continent grouille, bouillonne, il est « lieu de vie » dans lequel chacun vient chercher réponse à un besoin de proximité. Prenons l’exemple des cours de danses africaines, il y en a partout à Lyon ! Or chez nous, à partir d’octobre, tous sont complets. Ce qui fait la différence, c’est le lieu, un espace centré sur l’échange. Trois axes fondent les piliers du projet associatif : la dimension scientifique, la diffusion et l’aide à la création. Sur ce dernier aspect, un collectif vient de se former : « La grande Métisse. » Quelle idée a précédé le début de cette aventure ? MS : Là aussi, on comble un vide. A l’ouverture de ce lieu, de nombreux musiciens de tous horizons sont venus jouer spontanément. Un constat a émergé : une multitude d’individus gravitent autour de l’association et ne cherchent qu’à se rencontrer. Comprenant que ce lieu prenait des allures de « vivier d’artistes, » la question s’est posée : pourquoi ne pas construire un collectif autour d’un projet de mise en réseau des différents acteurs ? JD : Deux niveaux d’enjeux se distinguent : les bœufs et le collectif. Au début, Mohamed organisait des bœufs informels tous les jeudis. Sans enjeu, nombre d’amateurs y prenaient part, l’idée consistait à favoriser la ren- Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA contre et l’échange de musiciens amateurs autour de leur pratique. Concernant la Grande Métisse, le projet rassemble des musiciens professionnels ou en voie de professionnalisation qu’on tente de faire se rencontrer dans une perspective d’aide à la création. MS : Les professionnels du collectif seront bientôt liés par une charte signée par tous, il y a donc bien acte d’adhérer, de s’inscrire dans un projet et de s’y engager. En terme administratif, le 6ème Continent accompagnera les artistes du collectif via la mise à disposition des locaux de répétition entièrement équipés, de répétitions montées, de mise en réseau, la mise à disposition d’agents, l’aide à la signature de contrat, de formation, de conseils juridiques, d’un dispositif de déclarations… Beaucoup de musiciens débarquent ici et sont un peu « largués. » Le lieu leur permet d’en connaître davantage sur leurs droits et devoirs, les déclarations administratives, et contribue ainsi à leur intégration au sein de paysage culturel lyonnais. Vers quoi tend ce collectif ? MS : Deux espérances guident l’avenir du collectif. D’un côté, nous souhaitons que des petites formations naissent de ce collectif. De l’autre, nous souhaitons que « la Grande Métisse » soit diffusée largement, avec l’espoir d’en faire une formation de renommée nationale, voire internationale qui Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 6 fonctionnerait un peu sur le modèle de l’ONB mais plus ouvert sur le monde. Le 6ème Continent dispose d’un comité scientifique, comment fonctionne-t-il ? Parmi les gens qui nous entourent et qui étaient intéressés par ces questions, certains ont constitué un conseil scientifique. Ce dernier nous aide à réfléchir sur les grandes orientations de l’association et à organiser des débats sur les questions de métissages, de brassages culturels. Des rencontres ont déjà eu lieu dont une autour de l’interculturalité et une autre intitulée « La créolisation » avec le concours de Françoise Verges. On tente de redonner un peu de visibilité à cet aspect, ce travail souterrain mais ô combien fondamental mérite de « (re-)faire surface. » La prochaine rencontre devrait avoir pour objet la rencontre entre traditions et nouvelles technologies : thème de la 8e édition du festival 6e Continent. Le festival 2006 va avoir lieu en juin, quelles pistes y explorerezvous ? MS : Exposition d’arts visuels, contes, projection de films accompagnés de créations sonores sont quelques-uns des rendez-vous à ne pas rater. Musicalement, les concerts se dérouleront au parc de Gerland et au cœur du 7ème arrondissement. Nous souhaitons ainsi inscrire le festival dans l’espace urbain, au coeur de la ville et au plus près des gens, c’est la particularité de 2006. Le 9 juin, les concerts se passeront places Raspail et Saint Louis ; le 10, soirée de clôture, les concerts auront lieu dans dix lieux différents une vingtaine de bars. La programmation n’est pas encore tout à fait bouclée mais à priori, on retrouvera (sous réserve de modifications : Alpha Blondy (invité de cette édition), Orange Blossom, Massaladossa, Electro Gnawa Project, Desert Rebel, Dj Awal, Papa Diabaté & Morgan Electro Project, DjemDi... La création reste au centre du festival également, car les rencontres entre les Gnawa de Marrakech et Dj Fred, Dj Spider et Stani (Peuple de l’Herbe); Papa Diabaté (Guinée) et Morgan (Bretagne), le conteur Patrice Kala et le vidéaste Gregory Lassère... sont distinguées et accompagnées par le 6e Continent. Propos recueillis par J.S.E. 6ème Continent [Facteur... peaux de bêtes et ivoires incrustés Raphaël Jeannin, jeune facteur de cornemuses, vient d’installer son atelier à quelques 50 km au nord de Lyon à Quincié-en-Beaujolais. Rencontre avec un artisan du son et ses instruments … Atelier à Quincié-en-Beaujolais photo : Raphaël Jeannin CMTRA : Quelle formation as-tu suivi dans ce métier ? Qui sont tes initiateurs ? R.J : C’est avec les cours du CMTRA en 1998, que je me suis initié à la cornemuse. J’ai aussi suivi des études de Musicologie à Lyon. Petit à petit l’idée de devenir facteur a fait son chemin, j’ai ensuite passé un CAP d’ébéniste, puis un CAP de tourneur sur bois. J’ai une formation autodidacte, pendant cinq ans j’ai bricolé tout seul avec une perceuse, puis progressivement je me suis doté d’outils. Dès le début, j’ai été intrigué par la fabrication et j’ai commencé à expérimenter sur l’instrument. Quels ont été les apports du festival Saint-Chartier , ce grand rendez-vous annuel des luthiers et musiciens du trad dans le Berry? L’apport a été très important, j’y vais depuis que j’ai commencé la cornemuse, c’est là-bas que j’ai appris beaucoup de choses auprès des luthiers, d’abord en observant les instruments puis en discutant. On est immergé dans un monde de musique, on découvre tellement d’instruments, c’est quasiment devenu un lieu de formation … même si je n’ai jamais tourné un bout de bois avec un luthier. Le dialogue avec chacun d’entre eux a été important, Bernard Blanc, JeanSylvain Maître avec qui j’ai fait des stages d’anches, Bernard Jacquemin aussi, qui n’est pas avare en conseil. Qu’est ce que c’est être un jeune facteur de cornemuse au 21ème siècle ? Pour moi, il s’agit tout simplement de fabriquer des cornemuses qui répondent à la demande des musiciens d’aujourd’hui. À la base, la cornemuse était un instrument de soliste, on en jouait seul dans un tempérament particulier. Aujourd’hui, les gens veulent jouer avec un accordéon par exemple, donc ils veulent un instrument juste, à tempérament égal. La cornemuse est devenu un instrument d’ensemble et doit s’accorder avec les autres instruments. L’enjeu est d’assurer une certaine constance à l’instrument ? Oui, il faut que la cornemuse soit stable, qu’elle soit fiable dans l’accord, suivant l’endroit où l’on joue et cela, on y parvient grâce aux matières synthétiques. Les anches* peuvent être aujourd’hui en plastique ce qui les rend stables, qu’il fasse chaud ou froid, ça tient le choc. Les musettes anciennes possédaient des anches en roseau très sensibles aux changements de température ou d’hygrométrie. Est-ce que tu mènes une recherche particulière sur la cornemuse, quel type de son essaies-tu de fabriquer ? J’ai adopté une perce* qui me convenait et j’ai travaillé la qualité de l’état de surface intérieur de ce tuyau sonore. Cet aspect de la fabrication est extrêmement important pour le son. Ensuite, il y a un travail sur les anches, le grattage, l’épaisseur des lamelles vibrantes. C’est en les faisant que je vois ce qui me plait ou pas. Mais c’est surtout avec les années 70 que l’évolution de l’instrument a véritablement fait un bond à ce niveau-là, Bernard Blanc notamment a été un pionnier, il a inventé avec d’autres facteurs un son qui n’était pas le même que celui qu’il y avait à l’époque … Ça vient encore des anches. À l’époque elles étaient trapézoïdales, lui il a fait des anches plus étroites. Le son que les cornemuseux ont aujourd’hui est clair, précis dans les attaques, avec un timbre riche en harmoniques. Ensuite, cela dépend aussi du bois que l’on utilise, c’est lui aussi qui donne un son particulier, si on utilise de l’ébène du Mozambique, le son va être claquant et percutant, si on utilise du cormier, le son sera rond et chaleureux. Cet instrument aux origines lointaines se perpétue encore … la demande est-elle toujours importante ? Oui, la demande est continue et importante. Les luthiers déjà installés ont beaucoup de demandes, ils ont deux, trois ans de délais de commande. Pour ma part, les clients se présentent spontanément grâce au bouche-à-oreille. La demande est là. La cornemuse est inséparable de sa mythologie, une mythologie dense qui fascine beaucoup de musiciens, mais cette fascination est aussi deux versants, c’est un instrument qu’on adore ou qu’on déteste, jusqu’au rejet parfois ... Oui, c’est sans conteste un instrument atypique ... Il y a cet aspect sensuel avec cette poche que l’on gonfle d’air et que l’on serre contre soi. Il y a aussi un rapport avec la bestialité, c’est une peau de bête, quand on en joue, on peut parfois se dire que c’est l’animal que l’on a tué qui renaît. Il y a plein d’histoires et de mythes autour de la cornemuse. C’est aussi un instrument diabolique … il y a les meneurs de loups, ces joueurs de cornemuses qui envoûtaient les loups et pouvaient les mener à travers la campagne. C’est tout un monde un peu mythique qui fait que la cornemuse fascine et effectivement soit on adore, soit on déteste. La particularité aussi de cet instrument réside dans le fait de jouer sur des bourdons, ce n’est pas comme le saxophone où l’on peut jouer dans n’importe quelle tonalité ; la cornemuse impose une tonalité ou un mode, une Raphaël Jeanin et Robert Amyot photo : Raphaël Jeannin bulle sonore est créée par les bourdons et ça pose d’emblée une atmosphère particulière. Il y a aussi le fait que l’on joue en plein jeu en permanence, on ne peut ni atténuer ni augmenter le volume sonore. Donc musicalement c’est assez fort. imposent un style de jeu précis et l’on a pu se réapproprier cet instrument sans vraiment être obligé d’adopter un style particulier. En revanche avec la cabrette (Haute-Auvergne), quand tu fais telle note, tu dois faire tel ornement, c’est presqu’un passage obligé. Y a-t’il toujours l’adéquation d’un type de cornemuse avec un certain type de répertoire ? Il y a un type de cornemuse propre à chaque région, donc il y a souvent un répertoire qui leur correspond. Mais aujourd’hui, il y a une grande ouverture musicale, surtout avec les musettes du centre qui permettent de jouer un grand nombre de répertoires. Avec ces dernières, on peut jouer des répertoires de Haute et Basse Auvergne et de tout le centre de la France, on peut jouer des répertoires du Sud-Ouest (des rondeaux par exemple), on peut aussi explorer beaucoup d’autres répertoires européens. Techniquement, on peut aussi faire du Breton même si je trouve que la cornemuse du centre ne se prête pas à ce répertoire dans la mesure où elle n’a pas le timbre qu’il faut, ni l’attaque et la percussion d’un couple biniou/bombarde. Il y a deux attitudes ; il y a ceux qui continuent à avoir un style propre à l’instrument et puis ceux qui explorent de nouveaux répertoires ou qui font des compositions, beaucoup de groupes de jeunes musiciens par exemple se moquent du répertoiretype de l’instrument. À côté de cela d’autres conservent le jeu typique de chaque cornemuse. Certains comme les Brayauds en Auvergne cultivent un jeu typique à la musette Béchonnet. Es-tu intéressé par l’archéologie musicale ? Ça m’aurait passionné, mais tout a été fait durant les trente dernières années, avec ces campagnes de collectages aussi bien musicales qu’instrumentales. C’est pendant cette période qu’ont été exhumés les Béchonnets et les musettes du centre. Quant à moi, pour l’instant, je ne cherche pas à innover dans ces instruments, je veux faire des instruments fiables qui durent dans le temps, je n’ai pas pensé à de grandes innovations pour le moment. Par contre je suis très intéressé par l’esthétique des cornemuses anciennes. J’ai passé deux jours dans les réserves du musée de Montluçon qui a une énorme collection de musettes et de vielles à roue. J’ai trouvé là-bas des Béchonnets d’époque et des cornemuses incrustées qui m'interressent beaucoup. symboles ; on aime bien avoir de beaux instruments. Les cornemuses peuvent êtres incrustées sur tous les bois, les bourdons, le boîtier, on peut faire des motifs comme les résilles, les fleurs de lys, les trèfles, des ostensoirs, il y a un grand nombre de symboles. Le bois est sculpté, puis l’alliage étain/plomb est coulé dedans. Ces techniques sont longues et difficiles à exécuter, c’est un travail de joaillier et ce type de cornemuses est très recherché. Sur les Béchonnets, on peut faire des médaillons et des boîtiers très personnalisés. Sur les bois, on met des bagues en ivoirines ou en cornes blondes ou noires. Sinon, il y a aussi le décor Sautivet, gravure sur bois noircie avec de la cire ou encore de simples anneaux de couleurs réalisés à l’aide de teintes. Sinon, ni franges ni pompons, parfois des rubans dans certaines occasions… As-tu un rêve de facteur ? Ce que j’aimerais par-dessus tout refaire, c’est une cornemuse à dentsde-scie. C’est un décor que fabriquait Béchonnet (fabriquant du Puy de Dôme, né en 1820) qui a inventé ce type de cornemuse. Chaque bague est découpée comme des dents de crocodile, c’est une prouesse technique que j’aimerais faire. Je suis fasciné par ce type de cornemuse. La fabrication de cornemuse, un bon créneau alors? Dans ma région, je crois que je suis le seul … et la cornemuse du centre, beaucoup de gens en jouent, il y n’a pas que de la clientèle dans le centre de la France. Je m’installe à Quincié-enBeaujolais à 50 km au nord de Lyon dans une maison que je retape. Comme l’an dernier, j’aurais un stand à Saint-Chartier cette année … Rendez-vous là bas avec les amateurs. Propos recueillis par P.B. Instruments : de 800 Euros (cornemuse d’étude) à 1500 Euros Stand Saint Chartier : du 13 au 16 juillet 2006 Définitions : * Perce : Canal intérieur du hautbois, qui est coiffé d’une anche double. * Anches : Lamelles simples ou doubles qui produisent le son au Par rapport aux boudègues du Sud-Ouest, ce type de cornemuses paraît pourtant moins beaucoup moins exubérant dans leur décoration … Les cornemuses du centre peuvent pourtant être très riches en décors et en passage de l’air. Contact JEANNIN Raphaël le bourg 69430 Quincié-en-Beaujolais jeanninraphael@yahoo.fr / Tel : 06 16 80 59 72 La cornemuse du centre est elle une cornemuse plus « malléable » que d’autres ? Cette cornemuse est une des plus jouées par les folkeux, par ceux qui jouent du trad « bal folk » et qui mélangent plusieurs répertoires. Avec la cornemuse du centre, on peut jouer dans beaucoup de styles et faire des choses nouvelles, car contrairement au biniou breton et à la cabrette auvergnate, il n’y a pas de témoignages de jeux précis. Pour la cabrette par exemple on possède des enregistrements du début du siècle, ce qui a engendré un jeu précis, très technique, très codifié, comme avec la cornemuse bretonne ou la cornemuse écossaise. Alors qu’avec la cornemuse du centre, on n’a pas de témoignages sonores qui Numéro soixante et un [Printemps 2006] Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 7 L61 28/06/06 12:12 Page 8 [Création... Invitationauvent [Artistes... L’Opéradesalpages Echologie sonore des pâturages exprime les émotions, les sentiments. Les compositions du duo de Lionel et Cédric et celles de Valentin prennent naturellement place de divertimenti dans le récital. Si notre création est conçue sur cette base et créé donc un lien entre les différentes cultures, musicalement il a fallu adapter et trouver une place "juste" dans cet environnement. Ainsi, par exemple, les chants sont en français et s'appuient sur la tradition populaire occidentale. Il n'y a donc pas un son "indien", même si la percussion avec les tablas de Cédric Germain est indienne avons perdu ce type de rapport à la musique. Finalement on peut dire que l'individu d'aujourd'hui consomme plus de produits qu'il ne participe lui même à un processus de re-création. Enfin, la tradition sous-tend une dimension sociale où la relation, entendue comme un espace d’apprentissage et de transmission, occupe une place primordiale. En créant ce spectacle nous créons un lieu de tradition. Amateurs et professionnels sont réunis dans ce spectacle. Quelle volonté a précédé l’association de ces différents protagonistes ? Hervé Baron Rencontre avec Hervé Baron, porteur et instigateur du projet Invitation au Vent. CMTRA : Vous avez intitulé votre spectacle « Invitation au vent », est-ce là une invitation pour nous, publics, à se laisser porter par Eole ? Hervé Baron : Pas exactement, dans ce titre l'invitation s'adresse au vent en tant que symbole de l'énergie. On pourrait parler d'invocation, "que vienne la bonne énergie!" . Sans s'attacher à une signification culturelle précise, il y a la volonté de donner à l'acte artistique un sens sacré, comme on le trouve à l'origine du Bharata Natyam (danse du sud de l’Inde). Et où les vents emportent-ils ce spectacle alors ? Il s'agit d'un spectacle pluridisciplinaire faisant se rencontrer la danse, un ensemble de musiciens et un collectif constitué de collégiens, de lycéens, d'enfants et d’adultes. Le spectacle réunit donc des pratiques, des traditions et des cultures différentes. Les influences sur le plan musical sont pour une grande part indiennes, avec le répertoire d'Annie Torre, mais pas seulement puisque l’identité de chacun reste bien définie. Lionel Rolland, guitariste et joueur de luth, crée un environnement issu de son parcours entre le blues, le flamenco et les musiques du Maghreb. Et dans mon travail je m'appuie sur les éléments de langage propres à notre culture occidentale. L'aspect esthétique ou visuel est, pour une grande part, influencé par mon parcours dans les arts martiaux et les cultures du zen. Le vielleux Valentin Clastrier a accepté votre invitation en s’intégrant à votre spectacle. Pourquoi avoir choisi ce musicien ? Quelle place a-t-il ? Ce souhait naît d’une rencontre en 2002 au festival de l’Ephémère à Hauteville. Des questionnements et des recherches communes nous ont rapprochés et notamment les problématiques liées à la notion de tradition : comment s’approprier la tradition ? Et l’échange entre les différentes cultures, les différents courants peut participer des processus d’appropriation. Valentin Clastrier joue de la vielle à roue, instrument traditionnel par excellence. Pour autant, il a posé la question de cette relation puisqu’il a transformé son instrument en le faisant passer de 6 à 27 cordes. Il a recréé l’instrument et par là même, le jeu sur et avec l’instrument, le répertoire et la technique. Ce qui nous intéresse dans la personnalité de Valentin, c’est qu’il est un musicien en recherche au niveau d’une tradition, il fait partie de ce que j’appellerais « l’avant-garde de la tradition. » Cédric Germain Comment avez-vous construit ce spectacle ? Nous nous sommes appuyés sur le récital de Bharata Natyam. Cette danse sacrée a une logique interne que je compare à la liturgie de la messe. On peut effectivement faire un parallèle entre les différentes pièces de ces deux formes musicales. Le Pushpanjali et l'Introït sont les pièces d’entrée, d'ouverture, dans un style posé sans recherche de virtuosité. L'Offertoire et le Varnam ou le Tillana sont des pièces virtuoses, sortes d'offrandes musicales ou corporelles. Ou encore le Mangalam et le Bénédictus qui dans les deux cas ont fonction de bénédiction. Dans le spectacle, la danse Bharata Natyam est présentée sous ses deux aspects. La danse pure, danse rythmique et puissante qui met en jeu le corps dans sa globalité. La danse narrative qui … ?! Comment penses-tu la notion de tradition ? Ce qui importe est bien ce qui se passe avant le spectacle et plus particulièrement la relation à l’enseignement. Tradition signifie transmettre mais la question est la façon dont la transmission se fait. Et il est évident que l'apprentissage d'un langage implique une imprégnation de toute la personne. Et cela n'est possible qu'à travers une pratique où le corps est engagé complètement. Cette question de la tradition est donc étroitement corrélée à celle de l’expérience quotidienne de la musique. Pour l’artiste confirmé, jouer de la musique chaque jour consiste à exercer son métier. Pour les amateurs, il n’y a que peu d'espaces, de lieux pour la musique dans le quotidien. Nous Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA Lionel Rolland Invitation au Vent célèbre et ne se pose donc pas la question de la virtuosité. L’idée consiste à rassembler et lier les gens à travers une pratique. Un des enjeux de ce spectacle est bien de donner une place à chacun, et je dis souvent qu'il n'y a pas de prolétariat de la musique. On se trouve contraint à communiquer et à échanger si l'on veut qu'arrive le vent. L’échange entre l’élève et le virtuose consiste pour le premier à entrer dans les compositions de l'autre en utilisant des techniques très simples. Pour le professionnel il y a la nécessité de ne pas s'enfermer dans la virtuosité, la technique. Il faut de toute façon communiquer. Il n’y a pas de séparation hiérarchique entre les individus mais reconnaissance mutuelle de l’expérience de chacun. Par exemple, on reconnaît la pratique d’Annie qui a travaillé des années pour devenir dépositaire d’une telle tradition. Alors que le réacteur médiasphère de génération star’ac’ opère un perpétuel matraquage binaire de nos oreilles et de nos esprits, comment les amateurs que vous accompagnez se sont imprégnés de structures rythmiques complexes, de boucles qui tournent en 9 ou 11 temps ? La question est bonne. Dans ma façon d’enseigner, très influencée par les arts martiaux, l’enseignement s’adresse essentiellement au corps. Il s’agit de transmettre par la pratique des archétypes de rythmes et de forme. Ainsi se mettent en place un vrai sens rythmique et une mémoire corporelle. Et certains de mes élèves me suivent depuis dix ans et plus. Certains ont commencé à l’âge de 2-3ans. On peut vraiment dire qu’il y a imprégnation, qu’un travail de fond a été fait, corporellement. Alors dans ces conditions il peut y avoir, naturellement, une place pour l’amateur dans des musiques qui restent, elles, à leur niveau de virtuosité. Et il est vrai que les structures rythmiques des compositions de danse dans le Bharata Natyam sont complexes. Les cycles à 7 ou 9 temps sont Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 8 très courants et la forme rythmique (phrases, thèmes, mouvements) des pièces est très développée. Il en est de même pour l’aspect mélodique, Lionel joue sur des modes on l’on trouve souvent le degré inférieur à la tonique en position naturelle, le second degré mineur ou bien le quatrième degré augmenté... Mais là encore on peut relier les cultures, ne trouve-t-on pas tout cela dans notre modalité grégorienne? Tu sembles accorder beaucoup d’importance à la place du corps dans votre création… Comme je l’ai dit, le corps constitue le lieu d’intériorisation et de mémorisation des archétypes rythmiques et mélodiques. On tente donc de s’imprégner à travers les frappés de mains, les pas, ... D’autre part pour pratiquer le rythme, le chant, il faut une posture. Ce sont donc tous ces gestes simples que l’on mène sur la scène. Vous consacrez une large place à la dimension rituelle dans votre spectacle, comment les protagonistes combinent-ils avec cet aspect ? Le rituel ne fait ici référence à aucune religion mais s’inscrit plus dans le quotidien, au cœur de l’humain, un “rituel néopaïen” d’une certaine façon. Je l’explicite souvent en le comparant au rituel de la table au moment du repas, situation tout à la fois simple et complexe. Qu’est ce que la table sinon un lieu du rituel, un lieu de rites? La position assise à table constitue un premier code. La séparation choisie entre le bas du corps, lieu de nos pulsions d’une part, et le haut du corps, siège du spirituel d’autre part, est porteuse de sens. De même, nous faisons le choix de se mettre autour de la table, en situation de regards croisés, nous prêtons attention à celui ou à celle que nous allons servir en premier, … Le moment de la table fonctionne parfaitement parce qu’on a mis en place cette relation très codifiée. Se serrer la main, chanter une berceuse pour endormir les enfants sont autant de moments qui peuvent s’envisager comme du rituel. Et bien de la même façon, l’espace scénique constitue un lieu d’attention particulière : on ne marche plus, on ne se tient plus comme dans le quotidien. Il y a lieu d’être vigilant, bien attentif. La scène, la table sont des lieux où peut s’exprimer la dimension humaine de l’individu. On peut ne plus passer à table pour seulement se nourrir. N’existe-t-il pas un danger de produire de l’artificiel dans l’acte de déplacer ou de recréer du sacré ou du rituel ? Effectivement, le risque existe et notamment celui du collage. Seule la pratique intense et historique, personnelle et collective de chacun des protagonistes garantie l’intégrité de la démarche et la pertinence du rituel. Ce spectacle est étroitement lié au travail fait au quotidien. Chaque semaine, l’enfant, l’adolescent ou l’adulte vient pratiquer et depuis un certain nombre d’années. D’autre part le projet existe depuis 3 ans. C’est donc autant d’heures et de jours qui sont visibles lors de ce spectacle. Et finalement avec le temps ne reste que ce qui est vraiment naturel. Sensiblement, comment le spectateur fait l’expérience de cette dimension rituelle ? Si le rituel a sa place, s’il sonne juste, c’est aussi parce que le choix et la conception des gestes reposent sur la simplicité. Comment s’asseoir ? Comment prendre la paire de bâtons ? Quelle posture choisir pour chanter ? Dans le Théâtre japonais le chanteur, quand il chante, tient son éventail en faisant attention qu’une partie reste en contact avec le sol. A l’instar de ce chanteur, les gestes de chacun sont très simples en même temps qu’ils produisent du sens. Notre esthétique du geste vise justement à lui porter soin et attention, à adopter une tenue et des postures qui véhiculent une énergie. Spectacle musical réalisé par Nicolas PERRILLAT, avec la participation de Ceux d’en Haut (Polyphonies des Alpes du nord), Les Trouveurs valdoten (Musiques des Alpes et du Val d’Aoste), Natalie Texier (Recitante), Emmanuel Muget (soliste flûte) et Nicolas Perrillat (Direction artistique ). Jeudi 6 juillet 2006 à St Gervais (74) / Salle ESPACE MontBlanc CMTRA : L’Opéra des Alpages est qualifié de « Musiques du pastoralisme », qu’est ce que cela signifie ? N.P. : L’alpage, c’est un lieu de conquête humaine : l’œuvre des communautés montagnardes. C’est le bilan humain d’une civilisation agro-pastorale. Pendant des siècles les pâturages de la « pelouse alpine » ont attiré pasteurs et troupeaux, et la vie pastorale ne cessera de s’y maintenir. Ceux qui vivent dans cet entourage ont conscience de cet héritage culturel. La montagne et son environnement ont façonné des moyens d’expressions musicales multiples et variés… Il y a donc tout un répertoire musical et vocal lié au pastoralisme dans les Alpes du nord. Jadis, les armaillis des vallées fribourgeoises et valaisannes appelaient le bétail au son d’un cor des Alpes…la vallée de Thônes nous donne à entendre des carillons de sonnailles…le chant, dans le Val d’Aoste, est l’expression d’une mémoire vivante et renouvelée… le bruit du torrent nous parle d’ “ échologie ” sonore… Le fléau, outil de travail utilisé pour la moisson s’est transformé en instrument de musique… C’est vrai que pour quelqu’un qui n’aurait pas vécu une expérience de transhumance, il est difficile de se représenter l’effet sonore que cela représente… Toutes ces musiques, ces sons, ces chants, sont les empreintes culturelles du pastoralisme, que “ L’OPÉRA DES ALPAGES ” propose de mettre en valeur dans une expression artistique et une forme contemporaine. Comment vous est venu l’idée de mettre plusieurs ensembles, plusieurs formations différentes tel qu’une récitante, une flûte solo et des chants polyphoniques dans un spectacle musical ? Le point de départ, c’est la volonté de mêler et juxtaposer des expressions différentes : musiques, chants, textes et images… et des territoires complémentaires. « Les Trouveurs Valdoten » Pour ceux qui avaient pu assister aux spectacles précédents : « Veilla d’Hivé », 1998 / « La Tige et la Corolle », 1999 / « Le Chant des Ceux d’en Haut photo : Robert Jeantet Montagnes », 2002 / « Le Pacte des Alpages », 2003 , y a t il un travail de continuité dans ce nouveau spectacle ? La continuité, c’est d’abord de donner au public une vision à chaque fois renouvelée des empreintes culturelles des Alpes. Mais pour chaque spectacle, j’intègre des ingrédients différents. Pour chaque nouvelle réalisation, je m’inspire des travaux précédents, avec une volonté de renouvellement. C’est pour cette raison que sur chaque projet, je mets en place des nouvelles collaborations. C’est pour permettre à des artistes ou des ensembles musicaux de porter un nouveau regard sur leur travail, et de créer par ce biais des rencontres qui en inspirent d’autres… L’idée constante est de proposer des « regards » sur la culture des Alpes avec une vision contemporaine et une grande rigueur sur le plan de la qualité artistique. Ce spectacle a été crée en 2005 à Mor- zine. Il sera rejoué le 6 juillet à SaintGervais (74), et plusieurs dates sont prévues en Haute-Savoie ( Le Grand Bornand, Cran-Gevrier). Nous sommes d’ailleurs à la recherche de lieux capables d’accueillir cette réalisation, en Rhône-Alpes ou ailleurs… Propos recueillis par S.B. Contact VOX ALPINA - Nicolas Perrillat 74450 Le Grand Bornand Tél. ( 00 33 ) 04 50 63 27 40 http://www.voxalpina.com Nicolas Perrillat est animateur de la structure Vox Alpina qu’il a monté en 2003, et qui a vocation à développer des actions pédagogiques et des prestations artistiques liées au patrimoine et aux musiques des Alpes UnventdePerse tar et sétar à la Guillotière Enfants de l’école du langage musical Pour finir, quel bon vent peut-t-on vous souhaiter ? Le défi de nous réunir et d’aboutir cette création est déjà relevé puisque le spectacle a aujourd’hui une existence bien réelle. Souhaitons-lui bon vent. Propos recueillis par J.S.E. Contact C’est en poussant la porte « D’un vent de Perse », petite épicerie iranienne du quartier de la Guillotière que nous avons rencontré Daniel Reza Machkouri. Entretien avec ce singulier personnage, poète et musicien, ancien champion de lutte, adepte soufi et commerçant du quartier ... Hervé BARON Mail : herve-baron@wanadoo.fr Tél : 04 72 48 27 12 iranienne et le pays lui-même. J’ai surtout eu l’honneur de suivre une formation soufie et j’ai été comme absorbé par le soufisme, le maître qui m’a initié est un très grand maître actuel, Dr Javad Nurbakhsh, c’est lui qui m’a permis de pénétrer à l’intérieur d’une grande confrérie. C’est par ce cercle que j’ai pu côtoyer les maîtres de la musique iranienne, entendre leur musique perpétuellement et avoir un apprentissage musical. Ce n’est pas venu du jour au lendemain, c’est une formation qui a pris vingt ans, vingt années de travail, d’écoute et d’apprentissage. Une partie de ma formation s’est faite en France et une partie a eu lieu en Iran. Mon maître de musique s’appelle Maître Peymani, il a été mon professeur mais il est aussi luthier, c’est lui qui a fabriqué le sétar* sur lequel je joue. Invitation au Vent Samedi 20 Mai, Meyzieux Tarifs : Daniel Machkouri, daf 10 Euros adultes, photo : Yaël Epstein 5 Euros enfants Annie Torre ont une pratique musicale qui s’inscrit complètement dans le contexte actuel des musiques traditionnelles, avec un répertoire lié au Val d’Aoste. « Ceux d’en Haut » ont une pratique vocale polyphonique inspirée du chant classique, mais abordent des répertoires qui englobent tout l’espace des Alpes du nord. L’intervention de la comédienne donne à entendre au public des textes poétiques, rugueux ou même futiles sur le thème du pastoralisme. Elle ponctue le discours scénique et musical. Les textes choisis sont puisés dans la littérature orale ou dans les œuvres des nombreux écrivains de littérature de montagne. Il y a aussi un enfant qui chante une chanson que nous a composé Etienne Perruchon (C’est le compositeur choisi par Patrice Leconte pour ses films « Dogora » et «Les bronzés 3» !). On a également quatre minutes trente d’images insolites sur le thème de l’alpage, diffusées sur un design sonore préparé par les enfants d’une école de Haute Savoie. On essaye de mêler les genres et les styles. Je suis donc allé chercher des savoir-faire et des compétences différentes, ce qui justifie le fait d’intégrer plusieurs expressions artistiques à cette réalisation. photos : Francis Mainard CMTRA : Quel est votre parcours et votre histoire musicale ? D.M. : Je suis arrivé en France à treize ans et c’est ici qu’une grande partie de ma formation a eu lieu. Je n’ai jamais rompu les liens avec ma culture Quelles sont les particularités de votre instrument? Outre les particularités de fabrication liées à la forme, la particularité des instruments fabriqués par mon maître se situe dans la sonorité. Dans un sétar classique, lorsque l’on touche à la corde, le son a un début et une fin. Avec ces sétars précisement, le son se déplace mais il ne se finit pas, il s’éloigne, sans jamais se terminer. Ma spécialité c’est le sétar, mais je joue également du tar*, du zarb* et du daf*. Dans quel contexte est jouée cette musique ? Les contextes pour jouer la musique traditionnelle iranienne sont différents. Dans certaines anciennes cultures en Iran, on emmenait les morts avec le daf et on en jouait jusqu’à ce que la peau de l’instrument se déchire. C’est une fois que le daf était mort et anéanti qu’on pouvait estimer que le mort était bien parti. On peut en jouer à l’occasion de deuils, ou dans des moments de gaité, comme les mariages. Mais il ne faut pas oublier que cette musique, la musique iranienne, est une des plus ancienne musique thérapeutique du monde. Pendant des millénaires, elle a servi de thérapie pour évoluer d’un état maladif à un état normal, et d’un état normal à un état supérieur. Le sétar, le ney et le daf sont les principaux instruments traditionnels thérapeutiques soufis. Lors des réunions organisées dans les cercles soufis, on s’accorde le cœur avec amitié et sincérité et on récite des poèmes qui correspondent à l’état spirituel de l’ensemble des gens présents. Petit à petit, on arrive à un état de joie intérieure extraordinaire, un rayon de lumière passe sur l’esprit et l’enchante. Ces maisons soufies sont culturellement fondées pour cela. Quelqu’un qui est en douleur, qui se pose des questions très douloureuses sur l’existence, « d’où je viens ? où je vais ? » peut avoir à faire au soufisme. La langue expressive du soufisme passe à travers la musique et la poésie. Elles permettent d’accéder au sens spirituel. Vous avez fait une adaptation du répertoire soufi iranien. Où se sont jouées ces transformations? J’ai la chance d’avoir la double nationalité. Je suis fier de ces deux origines qui m’ont formées, je suis franco-iranien avec honneur. Ma formation a été faite en partie en France, notamment à travers la langue française. Cette langue m’a absorbé tout de suite, elle m’a attiré par sa forme et sa beauté. J’ai senti la nécessité d’exprimer cette culture ancestrale, le soufisme, dans cette si belle langue qu’est le français. D’où ce livre de poésie soufie française que j’ai écrit, le « Recueil de Reza / Lyrique, épopée, Quatrains du 21ème siècle. » Ces poèmes que j’ai composés, je les chante accompagné d’un instrument, parfois avec un daf ou un sétar. Lorsque je les joue, je les déclame car le chant efface parfois les mots, je cherche au contraire à les mettre en avant et à les faire sonner comme une note. « Un des plus vieux instruments du monde est SETAR Un bras bien long, une caisse bien ronde est SETAR Luthier qui envoie au cœur des ondes est SETAR Numéro soixante et un [Printemps 2006] Pour connaître mer de sagesse, la sonde est SETAR » Comment articulez-vous vos pratiques musicales et votre activité professionnelle ? J’enseigne le tar, le sétar et le daf dans le cadre associatif de « la Maison des cultures persannes ». J’y accueille des élèves plusieurs fois par semaine. Je travaille aussi dans une épicerie. Je souhaite transmettre cet héritage que m’a confié Dr Javad Nurbakhsh et le perpétuer aux générations futures. Sinon, je suis éducateur sportif de formation et j’ai fait beaucoup de lutte. J’écris beaucoup, j’ai publié plusieurs ouvrages de poésie et je fais de la traduction. C’est un moyen pour moi de tenir dans ce monde souvent désagréable, parfois très sauvage, ça me permet de faire face à certaines difficultés de la vie quotidienne. C’est un enchantement et un plaisir et c’est avec joie que je fais de la musique seul ou en représentation. Seul ou en groupe, l’essentiel pour moi est de transmettre ces idées à d’autres et de faire ce lien fondamental, culturel en dehors de toute sorte de politique. Je cherche ces points culturels communs qui lient la culture occidentale et la culture persanne. Contact : Daniel Machkouri 6 rue Jean Voillot 69500 Bron Pour des infos sur les cours de Sétar/ Tar/ Daf, tel : 06 14 33 78 49 Lexique : * Sétar : luth à long manche, avec 4 cordes de métal * Tar : Dérivé du sétar * Zarb : Tambour à peau, en forme de calice avec un pied élancé * Daf : Tambourin circulaire, dont le bord est cerclé de chaînes métalliques Propos recueillis par Y.E et P.B. Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 9 L61 28/06/06 12:12 Page 10 [CMTRA ChroniquesdecollectesàlaGuille(1) Recherche... Del’IndeduNordàl’Occident [CMTRA Formation... pédagogie et transmission Depuis 2003, le CMTRA explore et recueille des témoignages musicaux dans le quartier de la Guillotière, à Lyon. Ce vaste quartier, longtemps situé aux portes de la ville, a toujours été un espace privilégié d’accueil des voyageurs, puis d’installation des populations migrantes. À deux pas du centre de la ville classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité pour son bâti historique, la rive gauche du Rhône est le creuset d’une grande diversité culturelle presque inconnue. Au fil de nos rendez-vous et de nos pérégrinations, nous avons eu l’occasion de rencontrer des groupes, des musiciens et des chanteurs issus de dizaines d’origines culturelles différentes. Certains sont porteurs d’un projet artistique, d’une volonté de création et de mise en représentation de leur savoir. D’autres se retrouvent au sein de groupes associatifs, d’ateliers ou de chœurs, pour pratiquer collectivement des répertoires de leur pays d’origine. D’autres encore chantent parfois dans l’intimité de leur cuisine, lors des fêtes de famille ou des événements qui rythment la vie des communautés. Depuis l’automne 2005 nous sillonnons le quartier dans une nouvelle perspective : recueillir des chansons auprès des commerçants, habitants et passants du quartier. Nous arpentons les rues de la Guillotière, micro à la main, pour débusquer les chanteurs anonymes de la ville. Ballade accompagnée… Me Barsoumian photos : Yaël Epstein * traduction Toi l’émigré, tu t’en vas et tu reviendras fatigué Ceux qui nous ont précédés ont eu des remords. Combien j’ai vu de pays peuplés et de contrées désertées, Combien de temps tu as perdu et combien tu en perdras encore, Toi l’absent dans ces pays lointains, tu vas encore devoir courir, On ne peut pas forcer le destin… Armés d’un enregistreur et d’un couple de micros perchés sur un tuyau de douche, mixette, casque et fils en tous sens reliés les uns aux autres, nous partons en promenade dans le quartier. Nous entrons dans les commerces et les cafés, pénétrons l’arrièresalle des épiceries et la cuisine des restaurants, déambulons sur les places publiques et les marchés pour rencontrer des « porteurs de chansons ». La démarche surprend et interroge. La plupart du temps, elle provoque un mouvement d’inhibition. Mais quand les barrières tombent et qu’une voix s’élève, c’est tout un monde qui nous apparaît. Cet après-midi-là, en passant une devanture sans prétention, un appel se fait sentir : derrière cette porte se cache sûrement quelque trésor. Nous entrons. Effectivement, le Madras Bazar n’est pas un boui-boui quelconque mais une épicerie indienne de référence, toute en boyaux, regorgeante d’épices odorantes, de fruits mûrs et de conserves au contenu indéniablement exotique. Nous cherchons une chanson, cherchons un chanteur… Le patron hésite. Non, il n’a pas de chanson tamoule à interpréter de vive voix. Par contre il a téléchargé sur son portable de la masala : directement venue d’Inde, cette musique mélange variétés indiennes et d’ailleurs, évoque aussi le cinéma bollywoodien. Il nous raconte l’Inde, nous parle des régions si différentes, du foisonnement des langues. Et ici, parmi ses employés des quatre coins du monde, sûrement il en est un qui aime chanter ! Mais nous sommes vendredi, les clients font leurs provisions et les queues s’allongent aux caisses. Mieux vaudra repasser à un autre moment de la semaine. Nous repartons alors pour un lieu déjà repéré et visité :le bar de L’Angle d’Or, rue de Marseille. Poignée de main du patron au milieu des nuées de cigarettes ; il alpague des clients auprès desquels nous tentons de négocier une chanson. Oui, certains chantent, mais du karaoké – difficile de chanter sans sous-titre ni accompagnement ! Finalement le patron se décide, s’accoude au bar et se penche vers le micro. Au milieu des claquements du billard, des exclamations et des rires, le temps se suspend au vol des alouettes... Apprise au cœur des prairies du Cambodge il y a quelques dizaines d’années, cette chanson augure des tourments humains, allégorie des injustices de la vie. La voix douce et légère développe la mélopée, s’évade quelque part au loin dans la campagne cambodgienne… Au coucher du soleil, le couple d’alouettes rentre chez lui, amoureux, le bonheur dans les nuages. Mais un chasseur surgit et tue la femelle. Resté seul, le mâle se lamente : « pourquoi ne pas nous avoir tué tous les deux ? J’aurais préféré mourir avec elle ! Quelle tristesse que de rester seul ! » Le patron de l’Angle d’Or photos : Fanny Logeay Dehors, la brise hivernale de la nuit tombante nous assaille. Nous allons au rendez-vous fixé la semaine précédente pour enregistrer un Chtimi, un gars du Nord qui nous avait promis de réviser ses classiques carnavalesques. Mais point d’Hugues, il a déserté la place… Changement de cap. Sur les conseils d’une habitante du quartier, nous poussons la porte d’un salon de coiffure pour hommes : Sam’Coiffe, en plein cœur du « quartier chinois ». Les patrons sont Algériens, la clientèle essentiellement maghrébine. L’ambiance humide et chaude est agrémentée par la bonne humeur des coiffeurs qui se prennent rapidement au jeu. Par pudeur, l’un d’eux s’isole dans le placard à balai pour chanter l’amour et la jeunesse d’une voix juste et assurée aux mélismes frissonnants. L’attention se fait silence. Au centre du salon, solidement campé sur ses deux pieds et les mains dans les poches, un ancien fraîchement rasé lance son appel, sa souffrance de la séparation et de l’exil. À travers sa voix grave et rauque percent le temps et la sérénité, la quiétude gagnée d’une vie menée au gré des jours : Ya rayah win msafar trouh taâya wa twali Ch’hal nadmou laâbad el ghaflin qablak ou qabli Ch’hal cheft al bouldan lâamrine wa lber al khali Ch’hal dhiyaât wqat ch’hal tzid mazal ou t’khali Ya lghayeb fi bled ennas ch’hal taâya ma tadjri Tzid waâd el qoudra wala zmane wenta ma tedri… * Encore imprégnés des odeurs de gel et d’after-shave, nous déambulons, cotonneux, dans les rues de la Guillotière. À l’affût, observant les magasins et les travaux, les affiches et les anciennes enseignes s’effaçant, nous remontons sur quelques mètres la Grande Rue de la Guillotière. Spécialiste lyonnaise de la morue, la Friterie Marti est depuis de longues années un lieu de restauration mais surtout de retrouvailles et de festivités pour la clientèle, portugaise ou non. Emeri nous accueille à bras ouverts et ses réponses, entrecoupées de grands éclats de rire, sont franches et espiègles. Oui, elle chante, elle connaît beaucoup de vieilles chansons de Porto, sa ville natale. D’ailleurs dans sa famille tout le monde chantait. Son père disposait les frères et sœurs en rang d’oignon pour leur enseigner les chants des fêtes religieuses et des veillées villageoises qu’ils partaient animer. Entre deux récits, elle entonne à pleine voix un chant d’alors, délice évocateur de ces ailleurs lusophones. Les mélodies montent, se perchent avec nonchalance, redescendent - se suspendent le temps d’une respiration - et repartent de plus belle, remplissant l’espace et le temps d’une joie toute nostalgique… « Mémoires musicales de la Guillotière » est le dix-neuvième chantier de recherches mené par le CMTRA. Il s’inscrit dans le cadre des projets culturels du Contrat de ville de Lyon et à pour objectif de valoriser la diversité des expressions musicales migrantes en milieu Emeri photos : Me Vouillarmet Dehors la neige s’est mise à tomber. Sur la place Bahadourian, le calme règne. Seules quelques personnes se hâtent vers la grande épicerie orientale de renom, habituellement très fréquentée. Nous pénétrons dans cette caverne d’Ali Baba : chant et cuisine ont toujours fait bon ménage. Au milieu du magasin, entourée d’olives de toutes les couleurs, une vendeuse arménienne accepte d’entonner une chanson d’amour malheureux. Couvrant le ronronnement des frigidaires, elle narre d’une voix fluette le printemps enivrant de jeunes amants. Au fil de subtiles modulations, la jeune femme discourt : « Printemps, ô printemps. Ne me laisse pas seule, si j’attends dans la rue sans toi, les gens vont croire que je suis folle. Ha, printemps, printemps ! Ne crois pas les mauvaises langues, mon aimé. Ô printemps ! Tes yeux noirs brûlent mon cœur… » Après nous avoir charmés de son aubade, la dame nous envoie dans les coulisses du magasin : en cuisine, Georges chante bien souvent. Au milieu des casseroles et des plats qui mijotent en fumant, il se lance et nous enveloppe d’une mélodie orientale, profonde et grave. Georges vient d’Irak. Il appartient à la minorité assyro-chaldéenne. Dans sa ville natale, il était chanteur… urbain. Ce projet compte différents volets : des Une certaine intensification d’initiatives pédagogiques et de projets de création autour des musiques indiennes et orientales s’opère depuis quelques années dans le champ culturel rhonâlpin. Alter-effet de l’intensification des échanges internationaux de tous types (échanges d’artistes, diffusion électronique, développement du disque, formation des musiciens européens chez les maîtres indiens, …), il est désormais possible à chacun de faire l’expérience sensible et intime de ces cultures. « Si l’on a pris l'habitude de s'exclamer devant la virtuosité de telle violoniste soliste asiatique ou de tel pianiste oriental, lorsqu'un musicien occidental parvient a se faire accepter, non seulement on s'en étonne mais on a tendance a être méfiant... les adoptions culturelles sont loin d'être évidentes et ces artistes n'en ont que plus de mérite lorsqu'ils parviennent à émouvoir un public très divers et à transmettre un savoir acquis au prix d'un long travail d'assimilation et d'approfondissement personnel qu'ils défendent aussi bien par le concert que par l'enseignement. »(Vincent Zanetti, espace2, radio suisse romande) Musicien et enseignant au CMTRA, Yvan Trunzler est l’un de ces passeurs d’une tradition exigeante : le chant classique de l’Inde du Nord. Accompagné des élèves de l’atelier de chant Dhrupad organisé par le CMTRA, il accepte aujourd’hui de témoigner de son expérience de la pédagogie indienne et tente d’en dégager les spécificités et les intérêts. De la Musique populaire à la musique Classique Savante La musique « indienne » comme la plupart a de nombreux compartiments : classique, semi-classique (light music, dont dévotionnel, folk, ghazal, Qawwali), musique de film et chansons populaire Bollywood et bien entendu de nos jours Fuzion, Electro et Remix. Le propos ici concerne le genre musical Dhrupad ou la voix, comme dans tous les styles en Inde, est l’élément de base. Le Dhrupad est la forme la plus ancienne, la plus rigoureuse et la plus savante de tous les grands genres classiques auxquelles elle a donné naissance. Dans la pure tradition indienne les quelques centaines de Ragas (modes) répertoriés (desquels sont issus des milliers de compositions) existent naturellement depuis des temps très anciens. recherches de terrain et de collectes musicales, des recherches historiques et De la répétition systématique à créativité spontanée Cet enseignement traditionnel basé sur Numéro soixante et un [Printemps 2006] lités du moment pour chaque élève, dans le respect de son temps naturel de maturation. Comme dans la musique certaines personnes(rares…) ont un don naturel pour la pédagogie et la transmission, auquel il faut accorder L’installation d’un Climat de Confiance Ce type d’enseignement exige une présence importante de l’enseignant. Au delà de la simple imitation-reproduction doit s’installer un climat de confiance ou l’expression des erreurs(par exemple dans les essais d’improvisation) est considérée comme un processus de développement de la créativité et non comme une « faute » honteuse et humiliante (la pratique en groupe est d’ailleurs très révélatrice). Les corrections et les interventions doivent être dosées en fonction de la nature, de la motivation et des possibi- de découverte musicale et la publication d’un DVD et d’un CD rendant compte du travail mené. Swami Parvatikar photos : D.R. Sam’ Coiffe photos : Fanny Logeay Y. T. Stage de Chant Dhrupad Lyon photos : Pascale Bornibus Témoignagesdesélèves de concerts et d’événements Y.E. et F.L. autant de temps d’apprentissage que pour le reste en collaboration avec son guide. POUR ALLER PLUS LOIN « La pratique collective favorise l’assimilation et apporte une dynamique rare. » Cette pratique m’a permis de consolider certains acquis (justesse, oreille, nuances…) tout en en développant d’autres : la mémorisation instinctive par la répétition et l’improvisation comme une conséquence naturelle induite par celle-ci. J’y ai trouvé aussi une liberté qui me manquait… L’apprentissage du tempo et ensuite du rythme cyclique (Tala) permet d’accéder au langage des percussions qui vient enrichir les possibilités d’improvisation mélodiques déjà acquises. Elodie P. En derniere annee de l’E.NM. de Villeurbanne. Cursus classique en violoncelle et musique orientale, musique classique de l’inde, genre : dhrupad, instrument : Dilruba – viole a frettes. « La pratique indienne classique est liée à un état d’esprit qui contribue à une détente physique et mentale. » Cette pratique m’a permis une approche nouvelle de la pédagogie : la transmission orale par imitation, appuyée par la page 10 tés, lui offrent une aisance, un ancrage à partir duquel les mouvements se dessinent d’eux mêmes. L’accord subtil du tanpura (luth à quatre cordes) qui fixe la base du développement général et la note de référence personnelle, installe un climat très riche en harmoniques et représente une partie importante de l’apprentissage. documentaires, l’organisation Une collecte de chanson peut faire penser à une quête un peu mystique de petits trésors que les gens portent en eux. Les chansons sont des fils ténus qui relient les gens à leur passé, à leurs ailleurs et à leur entourage. Ce sont autant de petits bouts de mémoire fragile, en constante recomposition dans de nouveaux environnements et de nouvelles ritualités. Une grande partie de ces chansons ne trouve plus de place dans ces nouveaux contextes et tombent dans l’oubli. L’acte de collecte est un prétexte pour aller à la rencontre des gens et partager avec eux un moment de poésie. C’est aussi prendre la mesure de l’environnement sonore et musical que l’on peut découvrir derrière les murs d’immeubles et le bruit des moteurs. Une collecte de chansons demande de la patience. La plupart du temps, elle n’aboutit pas. Lorsqu’elle aboutit, l’émotion cède parfois la place à une sensation de vertige : la prise de conscience de l’incroyable diversité des histoires que l’on côtoie sans s’en apercevoir, la richesse des mondes que nos voisins portent avec eux. Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA la transmission orale de personne à personne, et l’imprégnation progressive s’adresse aussi bien aux chanteurs qu’aux instrumentistes. Il s’agit de développer une visualisation naturelle du solfège chanté, de la structure du raga (mode musical), du tempo et du cycle rythmique. L’étirement (glissando) des intervalles conduit à la perception (au fil des années) des micro-tonalités caractéristiques des musiques savantes. L’étude de chaque raga laisse une empreinte émotionnelle dans l’esprit du musicien, une couleur, une atmosphère particulière qui installe à la fois un cadre rigoureux et une liberté individuelle dans l’expression. L’apprentissage du premier raga prend en général plusieurs mois et permet la compréhension générale du système avant de passer au second choisi quand c’est possible en fonction de la nature de l’élève et de ce qui est susceptible de l’émouvoir et donc de le motiver. Dans l’improvisation, les thèmes mélodiques ou rythmiques, tant répé- répétition dans l’esprit de mémoriser les morceaux et d’installer naturellement le climat propice à l’improvisation. La pratique indienne classique est liée à un état d’esprit qui contribue à une détente physique et mentale. L’élève est ici invité à une expérience plus personnalisée du temps, il en ressent un effet bénéfique qui le conduit à une interprétation plus proche de sa nature profonde. Cette appropriation du répertoire par l’élève et l’encouragement, à un stade plus avancé, à créer ses propres phrases, en le laissant volontairement se perdre et se retrouver, créer ses propres repères (émotionnels et autres…), installe peu à peu la faculté d’improviser. La pratique de groupe, plus valorisée que dans d’autres apprentissages, permet un enrichissement mutuel entre les élèves, et encourage une dynamique qui les incite à répéter plus souvent. Nathalie Y. (enseignante) Formation classique en flûte traversière à l’E.N.M. d’Oyonnax, C.N.R. de Lyon, licenciée en musicologie. En dernière année de C.E.F.E.D.E.M. « La pédagogie indienne est une méthode vivante pour apprendre la musique. » L’enseignement développe une logique intuitive dans l’appréhension du raga, et de l’écoute en général. Au fur et à mesure, cette répétition imprime au corps un mouvement naturel. Que l’élève en soit conscient ou non l’étude l’amène dès le début à concevoir un schéma progressif d’improvisation dans le mode. Le travail sur l’introduction (Alap) s’est avéré une aide précieuse dans ma pratique de jazz modal. Il m’a permis d’accepter le temps du silence, celui qu’il faut à l’exposition pour atteindre le climax avec la tension suffisante et de comprendre comment la méthode de travail peut être identique à l’improvisation elle même. La créativité y étant ainsi encouragée par un plan rigoureux qui la soutient sans la brider. Arnaud D. Ancien élève de l’E.N.M. de Chambéry Dpt. Jazz en Piano Chanteur au sein du groupe Phenomenon Ce qui me passionne dans cette manière d’enseigner , c’est cette grande patience dans le travail d’imprégnation, de répétition, d’ancrage. Cette expérience a donné aux élèves des repères précieux, des sensations précises, physiques et sensorielles : - recherche d’une respiration naturelle, d’une détente corporelle et mentale - travail patient de répétition, de mémorisation, d’écoute des autres et de soimême au sein du groupe : grâce à cet apprentissage oral totalement nouveau pour eux, les élèves ont pu laisser de côté leurs complexes, l’idée qu’ils peuvent avoir de leur « niveau » musical, de leurs capacités vocales, une habitude pour certains d’intellectualiser trop vite ce qu’ils découvrent. - la sensation renforcée d’un travail collectif leur a permis d’oser s’exprimer vocalement seuls, de s’intéresser à la proposition du voisin. Certains ont pu développer leur ambitus de façon considérable grâce à cette confiance qui émanait de tout le groupe, cette qualité d’écoute. Par rapport à ma pratique d’enseignante Discographie sélective Ce qui me passionne dans cette manière d’enseigner , c’est cette grande patience dans le travail d’imprégnation, de répétition, d’ancrage - il me semble que souvent dans notre enseignement, nous avons peur de répéter, de refaire, comme si nous risquions l’ennui. Là au contraire, le travail de répétition permet de goûter les variations les plus minimes, permet une réelle acquisition sensorielle, physique de l’intervalle ou de la phrase rythmique. Véronique B. Conseillère aux études et en pédagogie au C.N.R. de Lyon. Témoignage concernant des interventions d’Yvan Trunzler auprès d’élèves de 4ème en formation musicale, d’élèves avancés, et d’enseignants intéressés. YVAN TRUNZLER Apprentissage en inde de 12 ans sous l’égide de Sri Sanyal et de Ustad Z.M. Dagar et Z. F. Dagar Enseignant au conservatoire de Rotterdam et ENM d’Amsterdam (1988-1990). Interventions dans différentes écoles de musique et conservatoires depuis 1995. Stages réguliers aux Ateliers d’Ethnomusicologie de Genève depuis 2002, interventions ponctuelles au C.N.R. de Lyon depuis 2005 et à Lyon depuis 2002 (C.M.T.R.A.) Nombreux concerts en Inde et en Europe depuis 1988. Travail de création : Juin 2005 : TUKKAM Chorégraphie inspirée du théatre dansé du sud de l’inde (kathakali) de Michel Lestrehan, musique d’Yvan Trunzler. Festival Montpellier Danse de juin 2005. En Cours : KALPA Chorégraphie contemporaine inspirée de la mythologie indienne, D’annie Rumani, Yvan Trunzler (voix et tampura) et Alain Chaléard (percussions) Numéro soixante et un [Printemps 2006] Vocal et instrumental « Anthologie de la musique classique de l’inde du nord » Publiée sous la direction d’Alain Danièlou Santoor - Shiv Kumar Sharma Shennaï - Bismillah Khan Bansuri (Flute Bambou) - Chaurasia Hariprasad Sitar - Vilayat Khan Vocal féminin - Kishori Amonkar Gangubai Hangal Vocal Masculin - Amir Khan - Dagar Brothers Rudra veena - Zia Mohiuddin Dagar Sarangi - Sultan Khan Sarod - Ali Akbar Khan Pour une séléction plus détaillée consulter le livre de ‘L’art du raga’ de Francois Auboux (voir bibliographie ci dessous) et les sites cités plus bas. Filmographie « Le salon de musique » de Satyajit Ray « Dhrupad » réalisé par Mani Kaul Film division Government of Indian 24, Dr. G. Deshmukh Marg Bombay 400026 Inde Bibliographie « L’art du raga » Francois Auboux Musique ouverte - Ed. Minerve « The Raga Guide » Bor Joep Nimbus records, Rotterdam Conservatory.(avec 4 cds) « Bharata la poésie et la musique en inde » par René Daumal - Paris Gallimard 1970 « Hindusthani raga Sangita » Patrick Moutal Centre de musique oriental 1987 Paris Pour apprendre à Lyon Chant Dhrupad (tous niveaux) Cours Hebdomadaires réguliers Stages à Lyon Prochains Week-Ends : 29, 30 Avril / 20, 21 Mai / 17, 18 Juin Stage D’été (région Roannaise) : Découverte (débutant) : du 6 au 8 Juillet Niveau Moyen Avancé : du 10 au 15 Juillet Renseignements : CMTRA, www.cmtra.org Yvan.trunzler@club-internet.fr Tel : 04.78.39.84.27. ou 06.76.85.24.81. Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 11 L61 28/06/06 12:12 Page 12 [Réseaux... TagadaTsoin-Tsoin Suivez’’LeJazz [Réseaux... Antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges De Zakhir Hussein qui s’associe avec John McLaughlin à Benat Achiary qui chante avec le très improvisé Circum de Vincent Mascart, les musiciens aiment à croiser leurs univers musicaux respectifs. C’est ainsi que jazz, musiques du monde et musiques traditionnelles s’arrangent et se dérangent autant qu’ils se fondent et se confondent dans des univers particulièrement singuliers auxquels la nécessité (maladive ?) d’étiqueter n’apporte guère de vocables satisfaisants. Rendre compte de la richesse des musiques traditionnelles du monde en Rhône-Alpes, c’est aussi donner la place aux hybridations, associations et métissages les plus divers et qui, bien loin des collages simplistes et bricolés, contribuent largement à l’évolution de ce secteur. C’est dans cette optique que le CMTRA a ouvert ses pages à Suivez’Le Jazz, réseau régional tourné vers le jazz et les musiques improvisées à la rédaction de cette 61ème lettre. Avant de faire connaissance avec les Emeudroïdes, Aurélie Dubois, directrice de Suivez’Le Jazz, nous explique en quelques mots le projet de ce réseau. Entretien avec Suivez’Le Jazz Contact : Aurélie Dubois 04 72 73 77 61 suivezlejazz@tiscali.fr www.suivezlejazz.com CMTRA : Explique-nous ce qu’est le réseau Suivez’Le Jazz ? A.D. : Suivez’Le Jazz existe depuis 16 ans et compte à ce jour 11 membres en Région Rhône-Alpes. Sa création a été impulsée par 5 membres de théâtres de villes de la périphérie lyonnaise. Son projet initial visait à favoriser la libre circulation des publics entre les différentes structures. Peu à peu, le réseau s’est développé jusqu’à réunir 11 structures. Cet élargissement a permis d’enrichir le projet en développant l’accompagnement des artistes dans leur projet artistique. Aujourd’hui, le projet et l’action du réseau sont essentiellement constitués sur ces bases historiques : favoriser l’élargissement du public et sa libre circulation dans l’agglomération lyonnaise et en Rhône-Alpes d’une part, et repérer, accompagner et diffuser les artistes régionaux d’autre part. La saison 2005-2006 de Suivez’Le Jazz est ainsi riche de plus de 50 concerts dont trois festivals et le réseau accompagne 2 à 4 formations par an selon des modalités diverses. Tu es directrice de Suivez’le Jazz, en quoi consiste ton travail ? L’animation du réseau constitue une partie primordiale de mon travail. Il s’agit de faire circuler les informations et de mettre en œuvre une communication interne entre les différents membres. Diriger un réseau consiste également à l’administrer et donc à gérer les différents aspects financiers, juridiques et administratifs. Une autre partie de mon travail consiste à accompagner les formations dans la conception de leurs projets artistiques et à les aider dans leurs démarches de diffusion, de promotion mais aussi de professionnalisation. Enfin, je travaille à faire connaître le plus largement possible le projet et les opérations développés par Suivez’Le Jazz. Selon toi, quelle est la raison d’être d’un réseau comme Suivez’Le Jazz dans le champ culturel rhônalpin ? Selon la définition qu’on s’en fait à Suivez’Le Jazz, un réseau rassemble des structures qui, tout en conservant leur indépendance et leur autonomie, se réunissent autour d’une idéologie et d’une thématique. Le réseau consti- tue donc avant tout un espace d’échanges de compétences, de pratiques et de savoirs entre ses différents acteurs. Auprès des institutions comme auprès des différents partenaires, l’avantage du réseau est de porter une voix collective et donc plus forte. Cette force est d’autant plus manifeste qu’elle représente également celle de chaque membre du réseau, tous reconnus personnellement tant pour leur compétence que pour leur expérience. Plusieurs réseaux existent dans chacune des esthétiques, comment envisages-tu la coopération interréseaux ? Chaque réseau est et doit rester compétent dans son domaine, c’est à dire dans son esthétique. Mais avec les croisements esthétiques de plus en plus nombreux sur le plan artistique, la rencontre des réseaux est une expérience fondamentale et souhaitable. Elle se matérialise concrètement par la conduite d’opérations communes telles que des rencontres professionnelles, des festivals, des soirées un peu originales... Propos recueillis par J.S. E. Les Musiques du Monde et Suivez’Le Jazz Depuis sa création, Suivez’Le Jazz organise tous les deux ans un tremplin régional autour du jazz et des musiques improvisées. Récompensant deux lauréats sur la base de la qualité artistique et du projet de chaque formation, les membres du réseau manifestent une ouverture évidente sur la question de l’esthétique « jazz » reconnaissant implicitement cette musique dans la multiplicité de ses formes. Du New Orleans au Be-Bop, de l’électrojazz au free, le réseau sélectionne ainsi des formations aux styles et aux courants différents. Soucieux d'une mise en valeur de l'esthétique Jazz la plus large possible, acteurs de la promotion des artistes de tous les jazz, porteurs d'une programmation diversifiée, les membres du réseau font ainsi sa richesse et sa force. Et si on dit parfois que le jazz est une musique du monde à lui tout seul, le repérage spécifique "Jazz du monde" n'échappe pas aux membres de Suivez'Le Jazz, ni dans leur programmation, ni dans leur sélection des formations pour le tremplin. C’est ainsi que Kerkennah, trio présenté dans la précédente lettre du CMTRA, était finaliste du tremplin Suivez’Le Jazz 2005. Par le passé, c’est Mad NoMad Quartet, Prix du Public en 2003, qui a témoigné de cet intérêt de Suivez’Le Jazz pour les musiques mêlant jazz et musiques du monde. LesEmeudroïdes,MadhuraSopnam Lauréats du Tremplin Suivez’Le Jazz 2005, les Emeudroïdes forment depuis 3 ans un quartet de joyeux drilles, porteurs d’une musique de fusion, au carrefour des musiques classiques contemporaines, du jazz et des musiques traditionnelles. Toujours à l’affût de nouvelles expériences, les Emeudroïdes questionnent aujourd’hui leur rapport aux musiques traditionnelles et à leur(s) conception(s) de l’improvisation. Pour y apporter une première réponse, ils nous présentent le projet « Madhura Sopnam ». Les Emeudroïdes photos : D.R. Rencontre avec Clément Canonne, pianiste, Nicolas Nageotte, saxophoniste et Joris Rülh, clarinettiste. Suivez’Le Jazz : Quelle est le point de départ de Madhura Sopnam ? C.C. : Ce projet est né du voyage d'études en Inde du Sud effectué par Roméo Monteiro (batteur du groupe), de Septembre 2004 à Février 2005 (étude des percussions traditionnelles d'Inde du Sud, notamment le Mridangam). Ce séjour lui a permis de prendre les contacts nécessaires à l'élaboration d'une rencontre entre la musique traditionnelle indienne et celle d'obédience "contemporaine" des Emeudroïdes. Surtout, ce projet s’inscrit dans notre volonté d’être porteur d’une musique de fusion, à la rencontre d’autres esthétiques. Rencontres, partages, échanges : voilà bien l’ambition première de notre projet. Qu’entendez-vous par rencontres et partages ? J.R. : Dans tous les sens du terme ! Sur le plan esthétique d’une part, avec la confrontation de la musique traditionnelle d’Inde du Sud et du jazz contemporain des Emeudroïdes. Sur le plan artistique et humain d’autre part, puisque nous avons prévu que Madhura Sopnam soit un travail de création en commun, prévu en deux temps, en septembre en Inde et en octobre à Lyon, avec des artistes de grande Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA renommée en Inde, à savoir O.K. Subramaniam, A. Balakrishnan, Kalamandalam Vijaya, Sreekumar Kalamandalam et Sucheendran Kalamandalam. Dans la manière d’aborder cette aventure également, entre la démarche ludique et volontaire de l’expérience musicale et l’approche documentaire et pédagogique de la photographie. Comment imaginez-vous Madhura Sopnam ? J.R. : Il s’agira de construire une musique mixte, à la rencontre de la tradition indienne. Pour éviter tout effet de collage malheureux, les Emeudroïdes envisagent de s’adapter aux contraintes de la musique indienne. Ceci requiert un important travail en amont (étude des constructions rythmiques, des échelles modales, des principes formels…). Mais le but n’est pas d’aplanir les différences en proposant une musique de fusion qui serait construite sur un terrain d’entente entre des conceptions hétérogènes de l’improvisation, nous n’hésiterons pas à confronter les deux conceptions, à faire saillir les éléments identitaires irréductibles. L’idée est également d’intégrer à cette musique acoustique des éléments électroacoustiques dont le matériau proviendra de Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 12 notre séjour en Inde. Le groupe sera accompagné d’une photographe, Françoise Saur, qui réalisera d’une part une série sur les musiciens indiens, leur environnement, leur vie (thèmes récurrents de son travail) et d’autre part, sur le travail en commun des musiciens français et indiens. On est avide de nouveautés et de découvertes, et ce projet nous occupe l’esprit depuis longtemps, du coup, nous sommes très enthousiastes du fait qu’il se concrétise un peu plus chaque jour. C’est aussi un projet ambitieux qui mobilise dix personnes, françaises et indiennes, pour deux résidences d’un mois chacune, dont l’enjeu consiste autant en une commune appropriation d’esthétiques multiculturelles, que dans la rencontre avec le public. La musique des Emeudroïdes est une musique de spectacle, et trouve sa pleine dé-mesure sur scène. Madhura Sopnam ne dérogera pas à cette règle ! Concrètement ? N.N. : Début septembre 2006, nous nous rendrons à Cochin, lieu de Résidence pour un travail de création et de répétitions par l’intermédiaire du Kerala Kathakali Center, avec l’ensemble des musiciens sollicités. Après une approche concrète de la musique traditionnelle, un approfondissement des liens avec les musiciens locaux et la constitution d’un matériel électroacoustique, une série de concerts est prévue entre Cochin, Trivandrum, Bangalore, Goa et Bombay. Début octobre, l’ensemble des musiciens (français et indiens) et F. Saur se rendront à Lyon pour une résidence à l’Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines. Une période de répétitions et création sera consacrée à l’incorporation des parties électroacoustiques à la musique. Nous comptons sur le soutien de Suivez’Le Jazz pour nous aider à la diffusion en Rhône-Alpes de ce travail dont le témoignage et l’aboutissement se concrétiseront dans la production d’un CD, d’un DVD, d’une exposition photo, d’interventions pédagogiques sous forme de master-class, et bien sûr, de concerts. Propos recueillis par Aurélie Dubois Vous souhaitez en savoir davantage sur le projet Madhura Sopnam, téléchargez le dossier sur www.emeudroides.com Les Emeudroïdes E-mail : lesemeus@gmail.com Contact : Maïte Cano Si métissage, fusion et hybridation d’univers musicaux apparemment inconciliables ne constituent pas des concepts nouveaux, il semble que le nombre d’expériences nouvelles en la matière augmente lui de façon considérable. L’accès sans cesse élargi à des univers sonores ignorés, le développement du numérique -pour ne citer qu’eux- semblent autoriser les croisements esthétiques les plus inattendus voire les plus osés, et malgré des fortunes diverses, la création artistique n’en sort que plus riche. Ces métissages mettent à mal bon nombre d’étiquettes et nourrissent allègrement les débats et autres dilemmes de fin de concerts. Parmi les plus fameux : « Est-ce « trad ’ » ce qu’on vient d’écouter ? Ha, non, c’est « world. » » Si la question fait et mérite débat, c’est sans doute parce qu’elle témoigne de démarches, d’aspirations et de sensibilités différentes que chacun doit reconnaître afin de s’emparer au mieux du matériel musical dont il fait l’expérience sensible. Pour autant, le fait d’apprécier une musique, un concert ou un CD n’est à priori pas conditionné à la résolution impérative de ce dilemme. Aussi, dans la même démarche d’ouverture que celle opérée avec Suivez’Le Jazz (voir page 12) et avec la même volonté de découvrir des projets musicaux ayant trait aux musiques du monde, le CMTRA fait le choix pour cette édition de donner la parole à Tagada Tsoin Tsoin. En tant qu’Antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges et dans le cadre de ses missions régionales, ce réseau repère et accompagne des formations intégrant des influences des musiques traditionnelles et du monde. Avant de nous présenter Ketsa, Céline Dugny, coordinatrice de Tagada, nous dresse les contours de ce réseau. CMTRA : Peux-tu nous présenter le réseau Tagada Tsoin Tsoin ? C.D. : Tagada est tout d’abord une association créée en 1999 pour entourer l’Antenne régionale du Printemps de Bourges. A l’origine (en 1985), l’Antenne était juste représentée par une personne désignée par le réseau Printemps au niveau national qui s’entourait ensuite d’une équipe de professionnels pour mener à bien les missions définies par le réseau Printemps pour le repérage et l’accompagnement des artistes au niveau régional. En 1999 s’est créée l’association Tagada Tsoin Tsoin, Antenne RhôneAlpes du Printemps de Bourges, qui regroupe différents acteurs issus du territoire régional. Comme à l’origine, elle mène un travail de repérage pour le Printemps mais aussi à créer une dynamique régionale et à regrouper des acteurs autour de la mise en place d’opérations communes. Quelles sont ses missions ? La première consiste à repérer, à sélectionner et à accompagner les groupes Découvertes du Printemps de Bourges. Ce travail s’inscrit dans un dispositif et un calendrier national. Cette mission initiale est relayée sur le territoire rhônalpin via notamment le maillage territorial des acteurs des musiques actuelles. Concernant l’animation du réseau, l’Antenne met en place les rencontres de Tagada qui consistent en des temps de travail consacrés à l’analyse et à l’approfondissement de nos pratiques. On travaille sur différents aspects de nos métiers : participer à un jury d’écoute ou à un jury scénique par exemple. Cette dimension « accompagnement des pratiques » trouve son prolongement dans la mise à disposition d’outils pour les professionnels ou les artistes. Concernant ces derniers, le réseau a également vocation à les accompagner dans leurs projets artistiques et à les orienter vers les acteurs compétents en fonction de leurs besoins et de leurs démarches. Enfin, le réseau remplit une mission d’information auprès des professionnels du secteur en publiant la lettre de l’antenne et en diffusant les informations afférant aux musiques actuelles par le biais de son site internet. Comment positionnes-tu le réseau dans le paysage culturel rhônalpin ? Sa pertinence au niveau régional évolue. Historiquement, le réseau était constitué de SMAC et de grosses salles. Aujourd’hui, s’il reste quelques équipements importants, le réseau fédère essentiellement des acteurs d’accompagnement, des petites structures ou associations à niveau intermédiaire. L’idée consiste bien à assurer un maillage territorial aussi dense qu’équilibré, de prendre appui sur des acteurs disponibles, très impliqués et militants, et donc de fonder notre projet sur un travail de terrain et de proximité. Les grands équipements de la région restent bien entendu toujours des partenaires essentiels de Tagada. Tagada reçoit 400 dossiers par an en vue des sélections du Printemps de Bourges. Mis à part 50 hors-sujets, la candidature des 350 autres est pertinente et à eux tous, les acteurs de Tagada connaissent tous les dossiers, toutes les formations y compris les petits groupes en émergence. Ceci témoigne bien, je pense, du travail de proximité effectué par le réseau. Concernant le positionnement par rapport aux autres réseaux régionaux, il me semble essentiel de travailler ensemble, de conduire en « interréseaux » des actions croisées, ce qui existe d’ailleurs de plus en plus. La soirée (Carrefour des) Inclassables en est une illustration puisqu’elle fait travailler ensemble Suivez’Le Jazz et Tagada Tsoin Tsoin à l’occasion d’un évènement qui fait la place à des formations aux esthétiques hybrides : jazz-rap, jazz-musique du monde, ... Propos recueillis par J.S. E. Ketsa,Mozikamalagasy Entretien avec Marojaona Rasolofo, chanteur dans le groupe Ketsa. CMTRA : Quelle est l’histoire de Ketsa ? M.R. : Ketsa est avant tout une histoire de rencontres autour d’Yvon Rakotonanahary, originaire de Madagascar et musicien du célèbre groupe malgache Senge. Yvon a toujours souhaité créer sa propre formation, et c’est lui qui a rassemblé tous les musiciens du groupe au gré des concerts, des répétitions ou de soirées musicales dans la région lyonnaise. Finalement, il a fondé Ketsa en 2003. Ketsa signifie à la fois « pousse du riz » et « humble et précieux » en langue malgache. Certaines chansons sont tournées vers la protection de l’environnement, l’amour, la politique, (…) tout ce qui fait notre culture en fait. Le riz est le plat de base à Madagascar, c’est ce qui nous fait grandir, qui nous donne la force d’aller travailler. Pour moi, le riz c’est notre arme pour aller de l’avant, en toute simplicité et avec dignité. Quel est votre répertoire ? Yvon a créé ce groupe pour pouvoir s’exprimer en tant qu’auteurcompositeur. Nous jouons donc ses compositions originales, qui sont bien sûr inspirées des musiques tradition- nelles malgaches. A travers nos concerts, nous transmettons une partie de cette culture, même si nous ne sommes que quatre Malgaches sur huit musiciens. Les autres sont français, réunionnais ou camerounais, c’est un groupe international ! Il y a de nombreux groupes de musique malgache en France qui tournent beaucoup au sein de leur communauté pour des soirées festives et des bals traditionnels. En ce qui nous concerne, en plus de toucher le public malgache, nous voulons faire découvrir notre musique à un public extra-communautaire. Nous cherchons à partager ce que l'on sait faire : de la musique. Et après, tant mieux si les gens se mettent à danser… Notre musique peut vraiment surprendre avec des morceaux a capella, faire découvrir les instruments traditionnels (kabosy, valiha, sodina) et dépayser le public en un instant. La musique malgache est multiple et variée, teintée de diverses influences : africaines, indiennes, latines... Elle reflète le métissage de notre communauté. Quelle place occupe Ketsa aujourd’hui dans le paysage musical régional et national ? Le groupe a surtout une implantation locale. Il est bien repéré sur Lyon puisque la plupart des musiciens y habitent. On y répète et on y joue plus souvent que dans la Loire finalement. Ketsa photos : D.R. Ceci dit, notre public s’élargit progressivement. On a participé l’année dernière aux Coups de Pouce du festival Paroles et Musiques et on a reçu le 2ème prix du jury alors que le groupe était presque inconnu. Pour nous, c’était une reconnaissance de notre musique par des gens qui ne connaissent pas forcément la culture malgache. C’est exactement ce qu’on cherche. Quels sont vos projets pour cette année ? Déjà, on va vraiment se préoccuper du disque. Jusqu’à présent, on fonctionnait avec des maquettes qu’on envoyait aux programmateurs comme aux maisons de disques. Aujourd’hui, on souhaite vraiment travailler sur un album. On devrait entrer en studio d’enregistrement courant avril, nos morceaux sont prêts. Du coup, on est en train de démarcher activement les labels de world music. En parallèle, Ketsa doit continuer à tourner. Il nous faut trouver des dates pour nous faire connaître, en RhôneAlpes comme ailleurs. Et comme nous sommes nombreux sur scène, les programmateurs sont parfois frileux. Heureusement, l’accueil du public est à chaque fois au rendez-vous, la prise de risque en vaut la peine ! On vous dit Mandrampihaona A bientôt. Propos recueillis par Céline Dugny Numéro soixante et un [Printemps 2006] Les Musiques du Monde, le Printemps de Bourges et Tagada Tsoin Tsoin Contact Céline Dugny 04 72 00 95 21 L’association Tagada Tsoin Tsoin est régulièrement interpellée sur la question de la représentation des musiques du monde parmi les Découvertes du Printemps de Bourges et de la Fnac. Le dispositif des Découvertes du Printemps de Bourges s’appuie sur un processus de sélection nationale, qui s’applique à proposer une programmation diversifiée tout en tenant compte des spécificités territoriales de certaines Antennes (Iles et francophonie). Dans ce contexte, le Printemps de Bourges présente chaque année six à huit artistes sur la thématique chanson/world, dont généralement deux pour les musiques du monde. Le jury national s’est particulièrement intéressé ces dernières années aux projets électros ou hip-hop présentés par l’Antenne Rhône-Alpes. Cette tendance s’est encore confirmée pour l’édition 2006 avec la sélection de Broad Way (électro), The Marcel Bellucci Quartet (électro) et Grosso Gadgetto (hip-hop). Au-delà de sa relation avec le Printemps de Bourges, Tagada Tsoin Tsoin reste très attentive à la création musicale régionale, toutes esthétiques confondues. Les professionnels de l’association se retrouvent pour repérer et promouvoir les artistes rhônalpins émergents. Notre collaboration à la lettre d’information du CMTRA se fait dans cet objectif, en permettant la mise en lumière auprès de son réseau des artistes world repérés par le jury régional des Découvertes. Plusieurs projets ont notamment retenu notre attention lors des dernières sélections sur écoute : Les Doigts de l’Homme, Woz Kaly, Iznayen ou encore Mango Gadzi. www.tagadatsointsoin .net antenne.rhonalp@free.fr Contact Maro 06 13 04 18 63 ketsa@free.fr / avotsa@hotmail.com http://ketsa.free.fr Prochainement sur scène : 31 mars 2006 Veauches (42) - avec Michael Jones Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 13 L61 28/06/06 12:12 Page 14 [Evénements... Nuitdescultures [Evénements... LesbœufsdeSaint-Georges L’Irlande au comptoir … Le 12 mai prochain aura lieu la Nuit des cultures, organisé par l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne au TNP. Entretien avec Martial Pardo… Date Nuit des cultures 12 mai 2006 au TNP de Villeurbanne Festival du 27 juin au 8 Juillet Gratuit dans les fermes, spectacle à CMTRA : Martial Pardo, vous êtes à l’initiative de la Nuit des cultures, soirée musicale qui aura lieu le 12 mai prochain au Théâtre National Populaire de Villeurbanne. Comment est né cet événement et comment s’inscrit-il dans le projet de la structure que vous dirigez, l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne ? L'idée est de valoriser les artistes des différentes cultures qui se côtoient dans la cité (et notamment celles de l'immigration), et de montrer ainsi que cette cité est déjà par son histoire un conservatoire, de par les trésors qu'elle accueille, génère, retransmet, risque de perdre parfois et tente sans cesse de restaurer et d'inventer. Le lien avec l'Ecole Nationale de musique est simple : si la cité est en elle-même un conservatoire multiculturel, l'école de musique doit être à l'image de cette diversité, et faciliter les échanges, les rencontres. Elle est à la fois segment de cette diversité et catalyseur potentiel vers un interculturel plus conscient, mieux assumé. Lors de la Nuit des cultures, c'est tout naturellement que des artistes / enseignants de l'école de musique côtoient les artistes professionnels ou amateurs rencontrés "hors ses murs". Quelle orientation donnez-vous à cette édition ? Depuis deux ans, nous construisons les Nuits des cultures sur un thème : "les rythmes du monde" l'an dernier, "la voix dans les répertoires populaires du monde" cette année. Jusqu'ici, les Nuits se consacraient presque exclusivement aux musiques et danses des cultures issues de l'immigration. Cette dimension est toujours présente mais le fil conducteur du thème permet désormais d'ouvrir la scène à des esthétiques plus variées allant des musiques anciennes jusqu'aux cultures urbaines d'aujourd'hui : tous ces moments de l'expression humaine puisent dans le substrat des traditions et des frottements interculturels entre savant et populaire, entre l'identitaire et l'altérité. Pouvez-vous nous parler des chanteurs et des cultures qui seront représentés ? Le hasard des rencontres donnera une couleur assez européenne à cette Nuit consacrée à la voix : une Europe à la fois taraudée par ses mémoires et ses fractures et ouverte au-delà de ses détroits. Ainsi se succéderont le flamenco avec Miguel della Torre, le rebetiko du groupe To Gledi, chavirement musical entre les deux rives grecque et turque, le chant Yiddish du groupe Dibouk, narration musicale d'un monde enfoui mais toujours vibrant, les chansons de Pierre Mac Orlan et de Kurt Weil (interprétées par Aurélie Négrier et Anne Fromm), revisitant la même sève populaire par-delà les frontières et les mers, les mélopées berbères, soyeuses et ciselées, remémorées par les femmes de l'association Awal, ou encore (des femmes toujours) Evelyne Girardon et le groupe "Embarquons-nous" témoignant de la vitalité du chant traditionnel français. Le rap de FRVsens pulsera ses dires sur les violoncelles de la musique ancienne et quelques surprises viendront, je l'espère "gromeler" et "slamer" le déroulement de la soirée ! Je remercie le CMTRA (et plus spécialement Yaël Epstein) pour les belles rencontres avec Emeri dans son restaurant de la Guillotière et avec l'association Awal. C’est un vrai défi que de demander à des musiciens amateurs qui ne se sont parfois jamais produits sur scène de se présenter dans une salle de 700 places… Quel accompa- gnement et quel dispositif avezvous mis en place pour rendre cela possible ? Tout d'abord, de nombreux artistes invités lors des Nuits des cultures sont de brillants professionnels. D'autres se situent "socialement" comme amateurs car ne vivant pas de la musique, mais témoignent d'une ferveur et d'une présence en public dignes de professionnels. Ceci dit, passer sur une scène telle que le TNP est à la fois valorisant et…impressionnant ! A nous de les accueillir le mieux possible, sur le plan technique bien sûr mais surtout sur le plan humain. Cela commence bien en amont par des rencontres au cours desquelles nous pénétrons dans l'univers de chaque groupe et nous expliquons le sens de l'événement. Cette familiarisation mutuelle permet aux groupes de faire les bons choix pour préparer leur passage et à nous, de mieux les présenter au public qui, l'expérience le montre, sait alors réserver un accueil fin et chaleureux à tous, du plus "fragile" au plus confirmé. D'ailleurs, pourquoi le TNP pour la Nuit des cultures ? Il y a "populaire" et "national" dans "TNP", il y a ce geste fondateur qui voulait une culture de qualité offerte au plus grand nombre : autant de signes dans lesquels une école nationale de musique, engagée passionné- ment dans ses missions de qualité, d'ouverture et de démocratisation, ne peut que se reconnaître ! C'est pourquoi nous avions proposé il y a 6 ans d'y situer la Nuit des cultures, qui a justement pour but d'éclairer, dans la proximité d'une ville, la diversité française où les notions de peuple et de nation sont des enjeux toujours en question. Je remercie particulièrement le TNP pour son aide. C'est tout à l'honneur de son équipe que d'accueillir et de soutenir une telle manifestation, rendant accessible un lieu prestigieux à des talents si proches et souvent si méconnus, ainsi qu'à un vaste public villeurbannais et bien au-delà. Propos recueillis par Y.E. Awal photo : Evelyne Girardon LesNuitsdelaPierreBleue Entretien avec John Delorme, violoniste, luthier, professeur et pilier de boeuf CMTRA : Vos bœufs existent depuis six ans à Lyon et drainent toute une flopée de passionnés de musique irlandaise, quelle est l’origine de ces bœufs, comment fonctionnent-ils ? J.D. : En Irlande, ça se passe comme ça. Avant les gens jouaient chez eux dans les cuisines, puis dans les années 70, ils se sont mis à jouer dans les pubs. On appelle ça une session ; on se donne rendez-vous au pub et les musiciens qui ont envie se retrouvent là pour jouer. Nous, à Lyon en ce moment, on se retrouve environ trois fois par semaine autour du répertoire traditionnel irlandais. Comment expliques-tu cet engouement ? Quel type de public et de musiciens touchez-vous ? Je crois que les musiciens apprécient de pouvoir exercer leurs talents dans un lieu de vie, en buvant une bière avec les copains, sans contrainte ni obligation … Ce n’est pas un concert, c’est la vie. Au delà de la musique celtique, les gens viennent voir des musiciens qui jouent des instruments « live » devant eux. C’est aussi simple que ça, il y a des gens qui n’ont jamais vu ça, et ça les surprend beaucoup. Et puis enfin il y a l’attrait pour la musique irlandaise proprement dite. Il y a aussi l’idée d’improvisation qui est spécifique aux bœufs … Ce n’est pas totalement vrai pour l’irlandais. On joue un répertoire de plusieurs centaines d’airs traditionnels qu’on associe en suites. La suite de morceaux peut être improvisée ou prévue d’avance. Sur ces morceaux-là on fait des variations ou on improvise sur l’accompagnement. C’est un répertoire très codifié, avec des morceaux qui viennent du nord et du sud de l’Irlande, c’est une véritable culture dont il faut bien connaître chaque élément … Qu’est-ce qui pour toi relève d’une façon de vivre la musique propre aux musiques traditionnelles ? On joue sans organisation précise … Aujourd’hui, on est toute une bande à connaître ce répertoire, c’est devenu naturel de le jouer, c’est devenu notre vie. Ça n’a rien d’exceptionnel, c’est du quotidien. Pour moi ça a beaucoup de valeur, ce côté pas organisé. Ça se fait presque tout seul sans qu’on ait besoin d’appeler tout le monde, de trouver des lieux ou de l’argent pour le faire. Est-ce que ces sessions constituent une forme d’apprentissage en tant que telle ? On peut venir en session pour apprendre. Mais la musique irlandaise demande une technicité importante, il y a une connaissance de la musique, un savoir-faire qui ne s’invente pas. Le rythme de la musique irlandaise est sensiblement différent de celui que l’on connaît culturellement, il y a un rapport au temps, au swing qu’on n’a pas tellement en France (sauf peut-être dans la musique manouche). Du coup je pense qu’une session, c’est un bon lieu pour se perfectionner, mais ça ne peut pas constituer un lieu d’apprentissage. Quels instruments peut-on croiser dans vos sessions? Violons, bouzouki, mandole, mandoline… le chant c’est plus rare, ça manque un peu … banjo. Il y a aussi les flûtes (twin whistle, low whistle). Il y a pas mal de cornemuses irlandaises (uilleann pipes), accordéon diatonique et parfois chromatique, concertina, le bodhran pour les percussions. Moi, je délaisse parfois mon violon pour la guitare, car je trouve que ça manquait aux sessions.. A ton avis, pourquoi un tel répertoire dans une ville comme Lyon ? Ca vient beaucoup des musiciens qui sont là depuis longtemps, je joue beaucoup avec Guy Vevre, qui fait de la musique irlandaise depuis vingt ans, qui amène un certain répertoire, John Dohorty ou Charlie Skutt qui vient du Pays de Galles. On a tous appris les morceaux les uns les autres, donc on partage tout un corpus commun. Souvent dans d’autres villes, les musiciens apprennent leur répertoire à partir des disques, à Lyon on a beaucoup de répertoires transmis par les musiciens eux-mêmes. Il s’agit d’une transmission directe de personne à personne, c’est très important ... Qu’est ce que ça change dans le rapport à la musique ? J’ai appris mon répertoire avec John Doherty qui m’a appris le violon et pour chaque morceau il avait une petite histoire à me raconter. C’est assez exceptionnel pour moi d’avoir eu cette chance là. Ce répertoire je le tiens de quelqu’un, c’est comme un flambeau que l’on te transmet, c’est pas quelque chose d’anonyme, le morceau prend une histoire en plus et tu ressens autre chose quand tu le joues. Je trouve nécessaire qu’il y ait une transmission des répertoires, si tu veux développer quelque chose, si tu veux rendre accessible une culture, il faut qu’il y ait un apprentissage, c’est fondamental. Cela peut se faire par les cours et s’appuyer sur les sessions. John Delorme, tu fais aussi partie d’un groupe de musique … irlandaise .. Notre groupe s’appelle Shelta, il s’est formé avec des musiciens qui sont tous issus de la session. Nous formons un petit groupe de gens passionnés par la musique irlandaise qui s’est réuni pour faire quelque chose d’un peu plus arrangé. Nous sortons un disque que nous avons pu enregistrer et produire grâce à un partenariat avec Métive. Il a été enregistré par Laurent Baraton, un très bon ingénieur du son. Nous serons programmé dans le cadre du festival Bouches à Oreilles, le festival organisé par Métive à Parthenay Rendez-vous de bœufs: le dimanche à 20h30 au Wallace, 2 rue Octavio Mey le jeudi à 21h au Flemings, 2 rue des loges 5ème le lundi Propos recueillis par P.B. à 21h au Pepe le mokko, rue du doyenne Contact : John Delorme : 06 03 43 18 02 CD Swinging on the gate Date Bouches à Oreilles à Parthenay le 19 août à 19h apéro concert Les bœufs de St-Georges photo : D.R. LevillageassociatifdesinvitesdeVilleurbanne Brullioles : 10/12 € Programmation en cours ... La Compagnie des musiques à Ouir, Babajaga (folk suédois), Alfred Spilrli (jazz bruitiste), Bistanclaque (chansons), I Musicanti di strada (musique du sud de l'Italie), ALS (danse contemporaine), Madreselva (chansons d'argentine), bals folks, projections de films documentaires… (programmation en cours) Renseignements : 04 78 29 43 87 http://bistanclaque.free.fr Bistanclaque CD « Longtemps nous nous sommes couchés tard » en VPC, 16 Euros Un festival champêtrogastronomico-musical dans les Monts du lyonnais, entre ville et campagne, fromage et théâtre, militantisme et plaisir de la table … Entretien avec Renaud Pierre, chanteur du groupe Bistanclaque et membre de l’association La Voisine. CMTRA : Au tout début était la Maison de Noémi ... Le festival est né à la Maison de Noémi, une ancienne ferme située dans les Monts du Lyonnais. L’an dernier, contrairement aux éditions précédentes, le festival a été itinérant, il s’est déplacé de ferme en ferme au gré des soirées organisées chez les habitants, des petits producteurs locaux. Le festival est né autour de réflexions sur la place de la culture en milieu rural et sur les liens qu’on pouvait avoir avec le monde paysan. D’après nous, un parallèle peut être fait entre la manière d’exercer nos arts et la pratique de l’agriculture. On a formalisé ça l’an dernier par des petites soirée avec repas, discussions et des spectacles Nous sommes des musiciens qui organisons un festival, donc on apparaît en filigrane, on retrouve notre pâte, c’est aussi ce qui donne l’identité du festival. Les Nuits de la Pierre Bleue dans les fermes. Cette année la formule combine les deux, ça va donc être un peu plus ambitieux dans la mesure où une dizaine de fermes en activité vont nous accueillir dans tous les Monts du Lyonnais pendant une dizaine de jours, puis le festival se finira à Brullioles, sur des formes plus importantes, entre la maison de Noémi et le village même. Comment se construit votre festival ? La programmation s'articule autour de trois axes entre lesquels on jette des passerelles. Il y a la programmation proprement dite de compagnies ou groupes professionnels, la mise en valeur de formes artistiques locales, souvent amateurs, … Et puis enfin, on mène nous-mêmes un travail de création sur l’ensemble du festival. Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA Le festival mise beaucoup sur l’implication des gens, des habitants et des associations, comment mobilisez vous tous le monde ? On veut lancer une dynamique d’échanges avec des associations sur des sujets qui nous tiennent à cœur, avec par exemple, Contresens, de L’autre côté du pont, pour la préparation des repas, une asso du coin pour un espace-enfant pendant le festival, une association lyonnaise pour imaginer des liaisons vélos de Lyon au Monts du Lyonnais. On veut monter une radio et initier des jeunes à la création radiophonique. On va aussi organiser un marché paysan dans le village où les gens peuvent acheter des trucs à manger et s’installer directement autour de grandes tablées. L’idée que l’on défend, c’est que la plupart des choses qu’on peut manger, on peut les trouver à un niveau local, en s’intéressant un peu à ce qui se fait autour de chez soi. C'est aussi créer un lien entre une ville et sa campagne proche puisqu'en ce qui nous concerne, nous avons un pied à Lyon et un autre dans les Monts. Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 14 Comment se déroule une soirée à la ferme ? On est accueillis chez l’habitant, les spectacles sont gratuits, il faut juste réserver un peu avant. On attaque la soirée par une discussion sur des thèmes à consonances écolos et sociales en compagnie d'un intervenant qui connaît un peu le sujet, on enchaîne en guise d'apéro en invitant des musiciens amateurs ou en nous invitant nous mêmes à jouer quelques morceaux. Ensuite le repas qui permet à tous, hôtes, organisateurs, artistes et public de se rencontrer, puis vient le spectacle à proprement parler, dans les fermes, en petites jauges, avec chaque soir un spectacle différent. Les trois derniers jours à Brullioles, la formule change avec plus de monde, dans des formes éclatées sur tout le village. A quoi va ressembler votre programmation dans cette grande hybridation de genres et de formes ? Elle est très ouverte ! Du conte, du théâtre, de la musique, des projections de films documentaires. Il y aura sans doute, maître Madjoub et les Gnawas de Marrakech, Babajaga (de la musique suédoise), un projet avec Eric Ksouri, Yaël Epstein, moi même et des musiciens napolitains pour une création à partir de chansons de France et d’Italie. Il y aura aussi Alfred Spirli, batteur bruitiste, qui fait partie de l’ARFI et la compagnie des musique à Ouir mais aussi de la danse contemporaine avec la compagnie ALS … et une création de Bistanclaque autour de nos chansons avec des musiciens invités. Entretien avec Patrice Papelard, concepteur, réalisateur, directeur artistique des Invites, à Villeurbanne. Quel lien y a t’il selon vous entre votre manière de faire de la musique et le monde paysan ? On peut faire une analogie entre une certaine production musicale et l’élevage en batterie. Tout se fait selon la même norme dans le conformisme. Dans un sens comme dans l’autre, on n'est jamais surpris, ni en mal ni en bien. Face à cet éloignement de la production et cette massification, qui empêche toute les variétés, les intensités du goût et le panel des sensibilités, on essaye de se réapproprier les pratiques et de créer une confrontation réelle. En culture agricole ou en culture artistique, face à des produits sous cellophanes, livrés tout fait, qui sont similaires de Dunkerke à Marseille, nous opposons la diversité des goûts et une prise en main des choses dans la production comme dans la diffusion. Les 15,16 et 17 juin 2006, se déroulera le festival des Invites à Villeurbanne. Ce festival « pas pareil » organise, cette année, sa cinquième édition. Né en 2002 à la demande de la municipalité, il s’inscrit dans une tradition de fêtes associatives. Ce sont trois jours de fêtes où la ville de Villeurbanne va se transformer en véritable théâtre à ciel ouvert, avec ce mot d’ordre « sortez vos tables et vos chaises et payez l’apéro aux voisins ». Mais les Invites ne se limitent pas qu’à cela. Les Invites, c’est aussi cette rencontre entre artistes et associations qui, chaque année, prennent part, au côté des villeurbannais, à la construction des projets du festival. Propos recueillis par P.B. CMTRA : Patrice Papelard, pouvez vous nous expliquer comment a été créé le village associatif des Invites ? P.P. : Le concept des Invites, c’est de faire de la ville un lieu de création et de diffusion, accessible à tous. L’idée était de travailler avec la population autour de projets communs. Il y a, à mardi » ont été créés, en 2002, afin de discuter avec les habitants, les médiateurs, le service culturel de la ville, autour d'un verre. Tout ceci fait partie du projet global des Invites. Ce que nous avons proposé, aussi, c'était de développer cette idée de village associatif, en travaillant sur l'objet et la plastique même de chaque stand, en utilisant des matériaux, de la couleur, des tissus, tout en gardant son caractère convivial : un endroit où l'on peut venir boire et manger. Dès la deuxième année, nous avons eu une grande demande des associations à cause justement de cette convivialité. Les Invites photo : Gilles Michallet Villeurbanne, et ce depuis quelques années, une mixité de population, un esprit de quartier et une ambiance qu'il fallait mettre en évidence. Nous avons alors contacté un grand nombre d'associations et cent cinquante d’entre elles ont répondu favorablement. Nous avons demandé à la mairie un lieu neutre spécialement pour ce projet, qui allait devenir le lieu des Invites : les ateliers Frappaz. C'est à cette occasion que les « apéros du Comment s'organise le travail avec les associations autour du festival des Invites ? Avant même le festival, il y a un travail de quatre mois, où nous allons travailler avec les associations et les habitants, autour d’un projet artistique commun. Par exemple, en 2002, nous avons collaboré avec un plasticien, nommé Jean Pierre Duhamel (Collectif Sud Side), sur une transformation éphémère urbaine, à base de constructions monumentales de carton dans le quartier des Gratte-Ciel. En 2004, rencontre avec Carabosse et Bambuco, l'idée nous est venue de construire un village Indonésien, uniquement en bambou, en reprenant les techniques traditionnelles. L'année dernière, sur le projet des « mille chaises », chacun a repris cet objet d'une façon personnelle, en le transformant. Toutes ces chaises ont pu être exposées, ensuite, partout dans la ville. L’intérêt même de ce festival, c'est justement tout ce travail fait en amont avec les associations : les discussions, les débats, les ateliers de constructions, aux ateliers Frappaz. Ce qui faut comprendre, c'est que le village ne se limite pas qu'au festival mais s’intègre dans un ensemble, grâce notamment au lieu dont nous disposons, où nous pouvons accueillir des résidences de compagnie à l'année, avec toujours cette notion d’échange et d’accueil. Cette notion, on la retrouve justement pendant la soirée de présentation des Invites, qui se déroule dans ce même lieu. Il y a à ce moment là cinq cents personnes environ, nous allons sortir les grandes tables, les chaises, les gens vont discuter, chanter à certains endroits. Il y a à Villeurbanne une véritable dynamique associative, une envie d’échanger et d’arriver à trouver un sens dans un évènement. une aventure, dont les trois gros pôles d'installation des Invites sont : le centre ville autour des arts de la rue, le parc de la commune de Paris sur le grand village associatif, et le parc de la Doua qui accueille aussi les associations. Nous allons essayer de travailler tous ensembles sur la thématique du cercle, en modifiant, transformant des objets d'usage courant ou de récupération. Il y a, actuellement, environ soixante dix associations qui répartissent leur temps sur différents projets dont celui du village. Par la suite, le projet 2007/2008 est de faire, des ateliers Frappaz, un pôle de création artistique dans l'espace public, d’accueil de compagnies en résidences, d’accueil de créations qui vont se bâtir ici, avec toujours une relation avec les habitants. Nous allons continuer le travail de construction, de transformation urbaine avec les gens, mais en essayant d'amplifier la résonance de création sur les lieux. Après tous ces projets que vous avez pu développer, quelles vont être les orientations pour les prochaines éditions du festival ? Aujourd'hui, nous allons repartir dans Contact : Numéro soixante et un [Printemps 2006] Propos recueillis par S.B. www.mairie-villeurbanne.fr Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 15 L61 28/06/06 12:12 Page 16 [Parutions... vpc j’aimelagalette TONY WEISS une figure du jazz manouche en Auvergne Ce dernier né des atlas sonores édité par l’AMTA est une petite merveille. Musique et témoignages s’allient pour tracer en quelques esquisses bien placées le portrait sonore de cette grande figure du jazz-manouche, habitant anonyme de l’agglomération clermontoise. Il y a tout d’abord le talent musical de ce guitariste violoniste, de son jeu roots et consistant empreint d’une grande sensibilité. Il y aussi ces bribes de vies, celles de ce manouche chtimi d’Auvergne à la vie fleuve, la vie roman, la vie nomade transfigurée par la musique. Il y aussi l’histoire du jazz et des musiques d’Auvergne, leurs évolutions et leurs antagonismes. Un disque fortement recommandé pour swinguer avec classe et rêver en mesure. AMTA 71330 En vente dans les pages VPC, p.17 Danses de bergers, danse des loups Musiques traditionnelles du cœur de la France Les musiciens de Saint-Julien, François Lazarevitch C’est sous un nom délicieusement évocateur que se place ce disque ouvert à la rêverie musicale et aux longues évocations soufflées. Danse des bergers, danse des loups, nous plonge dans les répertoires traditionnels de Centre France et de l’Auvergne en faisant la part belle à la danse. Et d’abord à celle la plus anciennement enracinée localement, la bourrée. Sous les auspices des musettes, cabrettes et chabrettes s’installent comme sous un chêne solide et ombragé, la vielle à roue d’Anne-Lise Foy, le violon de Basile Brémaud, le diatonique de Gilles Poutoux et les infatigables martèlements de pieds des cornemuseux. De l’instrumental pur et dur. Une perle de plus à la collection « Les chants de la terre ». Cf : Inclu dans le livret, un texte salutaire sur l’histoire de la bourrée rédigé par Naïk Raviart. Collection « Les chants de la terre », Alpha 516 CONTES DE LA MONTAGNE Noël en Savoie Editions de l’Astronome Conjuguant contes et musiques, construits au fil de la voix de Pierre Chaix, ces deux CD associent, l’un la mythique Kinkerne, l’autre les talentueux Trouveur Valdoten, pour donner vie à quelques traditions contées, légendes, récits et poésies de l’arc Alpin. Connaissez-vous l’histoire du petit Paul qui ne grandit ni ne forcit de corps et d’esprit et part sous les éclats de rire du village avec la plus grosse vache de l’étable pour la vendre à une statut de plâtre? Des disques sont conçus comme des supports pédagogiques et d’animation pour propager ces répertoires un peu plus loin. BIRAME N’DIAYE le griot peul Sénégal La collection dirigée par Laurent Aubert est décidément productive, voilà que sortent simultanément un disque consacré aux musiques tsiganes de Serbie, un sur le dotar iranien, ce disque est consacré à l’art chanté de Nalanké Pular. La vie de ce griot peul semble jalonnée d’embuches ; très célèbre dans les années 60-70, il a composé des chansons qui font désormais parties de l’héritage culturel anonyme des sénégalais. Aveugle, sombrant ensuite dans l’oubli, il est victime du désintérêt grandissant pour les traditions orales qu’accompagne souvent les avancées du modernisme. Ce disque donne un infime aperçu de l’immensité de son répertoire. Loin des productions world music, il offre une musique hypnotique et répétitive aux polyphonies rythmiques entêtantes. Les chants soudés aux crissements de la vielle riti, aux secousses hoquetantes du tambour tama et aux clappements de mains des femmes vous fera découvrir un versan inestimable de la culture peule. AIMP&VDE-Gallo SERBIE Mémoire tsigane Avis aux amateurs de violon qui grince, de langues qui claquent et de voix rauques ! Issu de collectes de Dimitrije Golemovic, ethnomusicologue serbe, ce CD est un vaste panorama des répertoires tsiganes en Serbie, Ils viennent de sortir, nous les aimons, Vous les trouverez au CMTRA … Rapide récapitulatif des nouveautés 2005/2006 en Rhône-Alpes, reflet de la vitalité de la création et de la production dans notre région ... haut en couleurs. En serbe, romani et roumain, parfois purement instrumentaux, les enregistrements dévoilent une étendue des possibles des différentes région ce pays interprétés par les Tsiganes. Chant d’amour, musique de danse, musique à pleurer, musique à faire pleuvoir, en fanfare ou par un ensemble de cordes, un violon seul, avec accordéon, un chanteur, une chanteuse et le voisin… MONEIM ADWAN Il était une fois en PALESTINE Accords-Croisés Savant mélange entre une musique traditionnelle palestinienne et une musique orientale classique, cet album dresse un tableau intemporel d'un pays en souffrance. Les poèmes mis en musique sont autant d'images du passé, du présent et du futur. Ils traduisent des instants de vie, de bonheur, lorsque le pain chaud sort du four, lorsque la noce célèbre les amoureux, ils chantent des instants loin de la guerre et la destruction. Sa voix suave et chaleureuse, accompagnée du ney et du oud, par des musiciens palestiniens, israéliens et égyptiens, brise les clichés conventionnels et nous rappelle que la plus belle des musiques est celle qui se partage. Contact : www.accords-croises.com Disques ITINÉRANCE D’un monde à l’autre Entre Méditerranée, Europe de l’Est et Amérique du Sud, les mélodies se balancent en cadence, se perdent dans un recoin de la planète et y font leur nid, continuent d’avancer pour nous amener à bon port… Les quatre interprètes voyagent, découvrent et s’amusent en musique, revisitant avec humour certains classiques, traditionnels (yiddish) ou de maîtres (Piazzola), alternant avec leurs propres compositions (Guerre & Garnier). À fleur de peau, les notes font vibrer cordes et lamelles, bois et anches pour pénétrer nos successives épaisseurs intérieures. www.itinerance.org 06 62 58 10 66 Livres ANTI QUARKS Ou l’invention du trad progressif. L’album tant attendu du groupe lyonnais … 19 € Répertoire EVELYNE GIRARDON Un double cd finement ciselé, fruit d’une longue exploration à travers le répertoire des chansons traditionnelles de langue française 21 € L’orthophone PAIN D’ÉPICES Un disque aux influences multiples, pour une réinterprétation des musiques à danser 18 € Mapou RENÉ L ACAILLE GAGA DILO Prends en 5 Avec ce premier album, les huit musiciens de Gaga Dilo, en hommage au film Gadjo Dilo de Tony Gatlif, nous embarquent dans une frénésie de rythmes énergiques et chaleureux. A l'image de l'atmosphère des films du réalisateur, leurs compositions instrumentales sont le résultat d'un métissage culturel qui nous invite à un voyage éclectique sur les routes d'Europe. Les cinq titres de l'album sont tantôt pénétrés d'une influence andalouse, tantôt d'un rythme swing, où viendrait se glisser des battements reggae entre un jazz manouche et une fanfare tsigane. Etonnant! Contact : http://www.gagadilo.org Une gloire de la musique réunionnaise en Rhône-Alpes au commande d’un disque chaloupé, enjoué et généreux 17 € MADRESELVA Un premier disque épuré et gracieux, à l’écoute des deux voix féminines et des textes du répertoire argentin (chacareras, milongas, zambas ..). 13 € Afrah OUTAT EL HAJ (MAROC ORIENTAL) Musiques profanes et festives marocaines enregistrées à la maison. Un beau disque, une démarche novatrice à soutenir. 19 € Kerkennah Jazz et musiques orientales pour un disque aux ambiances feutrées qui laisse libre cours à l’improvisation et à la confidence. 18 € Publications Portrait de musicien : TONY WEISS, JAZZ MANOUCHE Atlas sonore de l’AMTA Une figure du jazz manouche en Auvergne 17 € ACHILLE MILLIEN Nivernais passeur de mémoire Musiques migrantes sous la direction de Laurent AUBERT Collection Tabou, Editions du musée d’Ethnographie, Genève, 2005 ISBN 2-88474-227-1 Daniel Hénard, Jacques Tréfouël Éditions Les films du Lieux-Dit, 35 Euros En vente au CMTRA, VPC, p17 Suivant de près le DVD du même nom voici paraître le livre autobiographique de ce folkloriste de la fin du 19ème siècle à l’œuvre imposante, qui récolta près de 2600 chansons, soit près de 90% des répertoires connus en langues d’oïl. On découvre au fil des pages un personnage attachant et frénétique, dont la vie fut consacrée à courir la campagne, en quête de chansons qu’il griffonnait sur des petits bouts de papiers. Millien arpente le nivernais, le Morvan, les route, les hameaux, les villages ne transigeant jamais avec cette posture de rigueur intellectuelle qui l’amène à référencer le morceaux collecté, à recueillir la palette des versions sur un même thème et à engager un musicien pour noter les mélodies. Passionnés, sacrifiant tout à sa passion, finissant sa vie dans la solitude et la maladie, il fut dépassé par l’ampleur même de sa tâche et laissa son œuvre inachevée. Son travail fut exhumé par Georges et Paul Delarue qui l’ordonnèrent, l’analysèrent et le publièrent dans son intégralité aux éditions de la FAMDT. Ce livre d’une grande qualité, bien illustré, mêlant de nombreux documents d’archives et de magnifiques photos d’époque est ce qu’on appelle un bel objet, il invite à la découverte de l’œuvre de ce précurseur de l’ethnologie contemporaine, de cet éternel chercheur « On the road »… Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA Comprendre l’humain dans toute sa diversité et dans son unité, tel est le but avoué des ouvrages de la nouvelle collection d’information scientifique pluridisciplinaire autour de l’anthropologie aujourd’hui. Ce premier livre est une réflexion collective sur la mondialisation des pratiques musicales, notamment sur les enjeux actuels de la diversité culturelle. Des auteurs de différents horizons (musiciens migrants ou non, producteurs, diffuseurs, journalistes, ethnomusicologues) proposent leurs expériences, des terminologies, des angles d’analyses. Soumise à des choix esthétiques, artistiques, économiques, identitaires, politiques…, la musique est ici sondée comme marqueur socio-culturel mais aussi comme moyen de communication puissant entre les individus et les communautés. Evitant le relativisme culturel outrancier, les questionnements sont universaux, soulevant les problèmes de l’authenticité (les musiques traditionnelles décontextualisées gardent-elles leur raison d’être ?), de l’identité, des définitions (musique traditionnelle, world music, musique du monde…), et bien sûr, de l’éthique. Très enrichissant ! Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 16 Culture et Musique populaires en Gascogne Eric Roulet, Nathalie Roulet-Casaucau Editions PyréMonde : 22,95 Euros Isbn : 2.84618.226.4 Rares sont les livres d’ethnomusicologie qui font l’effort de s’adresser à un large public sans transiger sur le contenu. Définitions, histoire du collectage, origines, évolutions et métissages des musiques populaires … Tout en restant centré sur la culture gasconne, l’ouvrage reste généraliste et embrasse en quelques 150 pages les contours des problématiques que l’on retrouve dans le domaine des cultures populaires européennes (« Vivre les traditions populaires », « La musique, un outil de la vie sociale » « La langue orale »). Dommage qu’une illustration sonore ne viennent pas également chanter l’histoire de ces musiques et le rythme de sa langue. Le catalogue complet de la VPC www.cmtra.org rubrique « la boutique ». Catalogue papier sur simple demande, tel : 04 78 70 81 75 La collection des Atlas sonore du CMTRA Nivernais passeur de mémoire ACHILLE MILLIEN Disques de collectages réalisés dans la région Rhône-Alpes 35 € Daniel Hénard/ Jacques Tréfouël Editions les films du Lieu-Dit Un élégante biographie d’un collecteur hors du commun, qui a recensé une grande partie des répertoire chanté en français. Ieu savo una chançon Chanteurs de langue occitane, Haut-Vivarais cmt001 : 15 € Les disques de collectage forment Musiciens du Maghreb à Lyon un tissu sonore bigarré faits d’éléments bruts recueillis « à la des voix aux intonations Saint-Fons, Villeurbanne, Vénissieux, Saint-Étienne, Grenoble inhabituelles, contes, récits cmt011 : 15 € source » : chansons fredonnées par Les renveillés d’Orcières ; une tradition de chant dans les Hautes-Alpes PATRICK MAZELLIER 22,90 € Une étude sur une tradition vocale d’aubades dans les Alpes de Hautes-Provence accompagnés d’un disque de collectage fantastiques, airs instrumentaux, « photographies » sonores, écoute Tignes Val d’Isère des dialectes ... Ils sont Haute-Tarentaise, Savoie accompagnés de livrets de cmt012 : 15 € présentation détaillés. Cévennes Pays de Cèze Chansons traditionnelles et populaires de la Drôme Ardèche, Gard, Lozère cmt013 : 15 € 18 € Un fourmillant ouvrage, un authentique document de travail pour tous ceux qui aiment chanter et pour ceux qui s’intéressent aux traditions orales. Offert : un CD de 44 chansons Flamenco à Lyon Saint-Priest, Saint-Fons, Vénissieux, Grenoble, Villeurbanne Les promos cmt014 : 15 € Le Monde alpin et Rhodanien 22 € Un numéro de mélange pour cette illustre revue qui présente neuf articles de fonds sur l’ethnologie du Sud-Est de la France. "Le récit Cévenol" (Jean-Noël Pelen) "le juif errant" (Alice Joisten), "Folkloristes et chansons en Dauphinés et Vivarais" (Patrice Mazellier) … Pack promotionnel L’ensemble de la collection “Atlas sonore Rhône-Alpes” sur support K7 audio (8 K7) pour 15 € : Le Vercors Les Joutes sur le Rhône cmt015 : 15 € Chansons traditionnelles, paysages sonores et musiques du Vercors Les conscrits en Bresse Le Haut Vivarais Les Pentes de la Croix-Rousse Rive de Gier L’Ara REVUE DE L’ASSOCIATION RHÔNE-ALPES D’ANTHROPOLOGIE Des mondes de musique dans un quartier de Lyon Les chants de la Soie Les Baronnies en Drôme Provençale cmt017 : 15 € Le pays entre Loire et Rhône 5€ Format insolite pour cette lettre de l'ARA qui illustre la richesse et l'actualité des travaux menés en ethnomusicologie en Rhône-Alpes. Une affaire : 30 articles + 1 CD ! les Brayauds (Auvergne) FAÏ PETA(R), Pays de Samoëns Chansons populaires recueillies dans les Alpes françaises Promotion K7 Savoie et Dauphiné, d’après le livre de Julien Tiersot A l’unité les atlas sonores sur support K7 sont vendus au prix de 5 €. Production AMTA Trois belle jeunes énergies au service du répertoire auvergnat. Violon, accordéon et clarinette. Musique à danser. cmt018 : 15 € 17 € Bon de commande à adresser à Péroline Barbet Titre (+références) Commande inférieure à 76,00 € (501,81 F) : + 3,00 € de port et emballage Commande égale ou supérieure à 76,00 € (501,81 F) : port et emballage gratuits | | | | Prix unitaire | | | | Quantité | | | | Total ........................................................................................................... ..................................... ..................................... ..................................... ........................................................................................................... ..................................... ..................................... ..................................... ........................................................................................................... ..................................... ..................................... ..................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ci-joint un chèque bancaire de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . €, à l’ordre du CMTRA à envoyer au : CMTRA - 77 rue Magenta 69100 Villeurbanne - Tél. : 04 78 70 81 75 – Fax : 04 78 70 8185 Numéro soixante et un [Printemps 2006] Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 17 L61 28/06/06 12:12 Page 18 Plus de dates et plus d’informations sur les concerts, les ateliers et les stages en vous connectant sur www.cmtra.org calendrier Ce calendrier prend en compte, sur la foi des informations qui nous parviennent, les événements concernant les musiques et danses traditionnelles qui se déroulent en région Rhône-Alpes, dans les départements et pays limitrophes. Nous apportons le plus grand soin à la transcription de vos informations, mais nul n’est à l’abri de l’erreur et de l’omission. Samedi 29 Mardi 23 Préaux (07) Les drôles dames (avec des musiciens du Peuple de l’Herbe),Le Clan (musique folk).Organisé par le Grenier à Paille. Tarifs : 8 euros, réduit pour les chômeurs… Rens : 06 66 74 57 82 G r e n o b l e ( 3 8 ) Café des Arts, concert avec Tzigane (musique du monde). Rens : 04 76 54 65 31 Lyon (69) Salle Genton. Le Bus Rouge, fanfare occitane en peau de bête, en concert et enregistrement d'album live. Rens : www.busrouge.com http://fedezik.org L y o n 8 é m e ( 6 9 ) Espace 101, Découverte & musiques du monde méditerranéen :Le Mâalouf de Constantine. Projet initié par l’association « Elfergania ». Rens : 04 37 90 27 75 & 06 65 33 89 25 Mail : malouf_fergani@hotmail.com S t M a r t i n D ’ H è r e s ( 3 8 ) 21h, Salle G.Peri, bal folk de fin d’année. Rens 04.76.96.14.40 folkatp@wanadoo.fr http://perso.wanadoo.fr/folkatp Vous voudrez bien nous faire parvenir vos informations uniquement par courrier, par fax ou par e-mail sur document séparé, avec la mention : Calendrier Lettre d’Information avant le 30 mai 2006 Vendredi 21 L e P u y e n V e l a y ( 4 3 ) centre Pierre Cardinal. Stages des 22 et 23 avril (accueil des participants le 21) : Stage de conte, stage de réglage et anchage des cabrettes (samedi A-M et dimanche), Stage de bourée à trois temps. Inscriptions avant le 1er avril 2006. Rens : Patrice Sauret, 04 71 02 24 18 patrice.sauret@acda43.com Samedi 22 Plus de dates et plus d’informations sur les concerts, les ateliers et les stages en vous connectant sur www.cmtra.org concerts, bals Avril Samedi 1 Nandax (42) 21h,salle polyvalente Don Bosco (lycée agricole de Ressins), concert avec Pure Malt ; initiation aux danses traditionnelles d'Irlande et du Québec.Organisé par Chrétiens en Monde Rural. G r e n o b l e ( 3 8 ) 21h30, Café des Arts, concert avec Trio Grazzia Giu (Jazz Intimiste). Rens : 04 76 54 65 31 P o n t c h a r r a ( 3 8 ) 16h, Centre culturel Le Coléo, Soirée Celtique : Bal avec Rural Café (16h) et concert avec Vishten (20h30). Rens : 04 76 97 11 65 P é l u s s i n ( 4 2 ) Bal folk avec les duos Godon- Thézé et Corinne/Gérard. Rens : 04 74 87 42 57 Dimanche 2 La Rochette (73) de 7 à 22h,Centre d'Animations :"La Milonga sous le Château", rendez-vous des danseurs de Tango Argentin. Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93 tangoneon@wanadoo.fr Mardi 4 Romans (26) 20h45, Salle des Cordeliers, création musicale "Chants pour l'Ararat" Festival Musiques et Voix du Monde. Rens : 04 93 79 31 13 / 06 11 13 49 37 S t P r i e s t ( 6 9 ) 119h30 Centre Théo Argence, Salangane en concert. Rens : 04 78 20 02 50 Jeudi 6 Grenoble (38) 1Café des Arts, Sing Sing et Grégoire Gigl (jazz, blues…) Rens : 04 76 54 65 31 Vendredi 7 S t F o n s ( 6 9 ) 20h30, Théâtre Jean Marais, spectacle, « Petits imprévus » de et avec Christian Oller Rens : 04 76 54 65 31 Samedi 8 P r i v a s ( 0 7 ) 20h30, espace Ouvèze, 6ème Nuit du Folk , avec Gasconha Plus , Aqui ôc, Rue de la soif, les Souffles douleurs. Rens : 04 75 64 63 52 M i r i b e l ( 0 1 ) à partir de 18h00, complexe « ALLEGRO » (salle sydnet Bechet), soirée Celtique avec « La légende du roi Arthur », assiette celtique, Bal animé par Véronique Ellouard avec les ensembles celtiques de l’Académie de musique de Miribel et de l’école de musique de Oyonnax. Entrée libre. Rens, réservations : 04 78 55 62 45 G r e n o b l e ( 3 8 ) Café des Arts, Deraisonnance, Musique du monde Rens : 04 76 54 65 31 S t E g r è v e ( 3 8 ) 20h30, Salle de quartier de la Gare, Bal. F r a n s ( 0 1 ) 20h30, salle des fêtes, concert de Garlic bread. Entrée : 12 euros. Rens : AICAR au 04 74 00 01 70 M a r c y l ’ E t o i l e ( 6 9 ) Salle des fêtes, grand spectacle de danses folkloriques : « Que dansent les saisons » : (Finlande, Italie, France, Russie, Slovaquie, Grèce, Crète et Thrace.) Organisé par le groupe folklorique « La Tourbillante » et l’Association Pour l’Animation de Marcy (APAM) Dimanche 9 M a r c y l ’ E t o i l e ( 6 9 ) Salle des fêtes, grand spectacle de danses folkloriques : « Que dansent les saisons » : (Finlande, Italie, France, Russie, Slovaquie, Grèce, Crète et Thrace.) Organisé par le groupe folklorique « La Tourbillante » et l’Association Pour l’Animation de Marcy (APAM) S t e F o y L e s L y o n ( 6 9 ) Sconcert avec Toss. Ojal, Surprise anniversaire des 10 ans, Bal Folk animé par les “Ephémères”. Rens : 04 75 28 02 09 ou lezard.soleil@free.fr Samedi 15 Les Chapelles (73) 20h30, Grand Bal Folk du Printemps avec Kernoz’Trio et Folk Machine. Tarifs :8 euros sur place,7 euros sur réservation, 5 euros 12/18 ans. Rens : 04 79 07 32 96 R o m a n s ( 2 6 ) café le Van Gogh, Présentation du CD Rural Café. Rens : 04 75 45 03 65 / rural.cafe@free.fr Dimanche 16 La côte st André (38) bistrot d’Ornacieux, scènes ouvertes danse folk. Rens : 04 74 20 53 43 Mardi 18 St Martin D’Hères (38) 21h,Salle G.Peri,bal animé par Ark En Che Rens 04 76 96 14 40 ; folkatp@wanadoo.fr http://perso.wanadoo.fr/folkatp Mercredi 19 Lyon 1er (69) Bar La belle Equipe, La Cabana’son Jeudi 20 Annonay (07) La Presqu‚ile.Concert de Lungo Drom,chants tziganes. Grenoble (38) Café des Arts,Concert avec La Rue (chanson française). Rens : 04 76 54 65 31 Roanne (42) centre P.Beregovoy,La Cabana’son Seynod (74) 20h30,Auditorium Comédie musicale « A Day Off ». Rens : 04 50 520 520 http://www.auditoriumseynod.com Vendredi 21 Grenoble (38) Aremdat, Atelier 163 + Bois Sec. Rens: AREMDAT 04 76 96 55 88 adaep@wanadoo.fr Grenoble (38) Café des Arts,concert avec 90C (chanson française). Rens : 04 76 54 65 31 Lyon 2ème (69) Le Bastringue, concert avec Toad (trad saturé). Le Puy en Velay (43) Centre Pierre Cardinal, Soirée chants + bals traditionnels Rens : Patrice Sauret 04 71 02 24 18 Samedi 22 Annonay (07) De 9h à 18h,MJC,stage d'accordéon diatonique animé par Christian OLLER. De 14h à 18h :stage de guitare animé par Michel BOUDET Rens: 04 75 32 40 80 Désaignes (07) Salle des fêtes.Bal Folk animé par RUE de la SOIF Rens : 04 75 07 63 43 Vesseaux (07) L21h,salle des fêtes,concert et présentation du CD de Rural Café. Rens : 04 75 45 03 65 / rural.cafe@free.fr Le Puy en Velay (43) Centre Pierre Cardinal, bal traditionnel avec duo BROTTO LOPEZ Rens : Patrice Sauret 04 71 02 24 18 Lyon (69) Salle Genton, 20h30, concert avec Salangane. 1ère partie Phenomenom Rens : 04 37 90 55 90 Chabeuil (26) 20h30,Centre Culturel,Spectacle Folklorique "Là où commence le mystère" : Danses,Chants,Musique du Dauphiné... Rens : 04 75 59 20 34 Grenoble (38) SalleAmbroise Croizat,Fest Noz animé par Kraon Koko, Torkad, Duo Simone Alvares / Katell Kloareg Rens : 04 37 90 55 90 Dimanche 23 Lyon 1er (69) La Fourmi Rouge,Assauts de chants. Rens : 06 09 20 36 26 le.trad.des.rades@free.fr Le Puy en Velay (43) Centre Pierre Cardinal,bal traditionnel Rens : Patrice Sauret 04 71 02 24 18 Chabeuil (26) L15h00,Centre Culturel Spectacle Folklorique "Là où commence le mystère" Danses,Chants,Musique du Dauphiné Rens : 04 75 59 20 34 Mercredi 12 Mercredi 26 L y o n 1 e r ( 6 9 ) l’Atmosphère, 21h, bœuf trad. Rens : 06 09 20 36 26 / le.trad.des.rades@free.fr Couzon au Mont d’Or (69) Le Bec à Sons, "Embarquons nous" groupe vocal de chansons traditionnelles. Vendredi 14 G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Sakoum (bal initiation) + Frères de Sac. Rens : AREMDAT 04 76 96 55 88 adaep@wanadoo.fr S a l e s ( 7 4 ) 21h, salle des fêtes, bal avec La Gigouillette Rens : 04 50 64 02 99 B u i s - L e s - B a r o n n i e s ( 2 6 ) 20h30, Salle des fêtes, Soirée 10°anniversaire de l’association Les Arts de la Scène au Soleil : Concert Du lundi 24au vendredi 28 La Duchère (69) groupe Salangane. MJC. Résidence du Vendredi 28 Annonay (07) 15h, Cour des Cordeliers, Bal pour enfants animé par Les Zinzins. Rens : 04 75 32 40 80 Lyon 1er (69) Arrêt public des Platanes,concert avec Toad (trad saturé). Grenoble (38) Café des Arts,concert avec Tzigane (musique du monde). Rens : 04 76 54 65 31 Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA Mai Vendredi 26 G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Vachington.g. Rens: AREMDAT 04 76 96 55 88 adaep@wanadoo.fr Samedi 27 S t e E u l a l i e ( 0 7 ) salle des fêtes, Rencontres Musik Trad d’Ardèche, concert et bal avec C. Oller, P.Boissière, Rural Café et invités… Rens : 04 75 45 03 65 Dimanche 28 Lyon 1er (69) La Fourmi Rouge, Assauts de chants. Rens : 06 09 20 36 26 le.trad.des.rades@free.fr Dimanche 7 L a R o c h e t t e ( 7 3 ) de 17 à 22h, Centre d'Animations : "La Milonga sous le Château", rendez-vous des danseurs de Tango Argentin. Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93 tangoneon@wanadoo.fr St Jean de Bournai (38) 20h, Mini bal. PAF 5 euros (8 avec le stage à 14h). Rens : 06 12 26 82 60 charamelle.assoc.free.fr Mercredi 10 L y o n 1 e r ( 6 9 ) l’Atmosphère, 21h, bœuf trad. Rens : 06 09 20 36 26 le.trad.des.rades@free.fr Jeudi 11 L y o n 1 e r ( 6 9 ) Bar Le Bistroy, La Cabana’son Vendredi 12 G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Atelier 163. contact : AREMDAT 04 76 96 55 88 adaep@wanadoo.fr S a l e s ( 7 4 ) 21h, salle des fêtes, bal avec La Gigouillette Rens : 04 50 64 02 99 S t F o n s ( 6 9 ) Hall fêtes, bal avec Christian Oller et Roger Lassale et Rural Café Samedi 13 S t B a r t h é l é m y d e B e a u r e p a i r e ( 3 8 ) Bal Folk avec Cire tes Souliers Rens : 04 74 20 53 43 Marchampt (69) dès 18h30, Musique Américaine en Beaujolais avec Crystal Rags (cocktail de musiques acoustiques) et Tante Agathe’s (newgrass). M o n t S a x o n n e x ( 7 4 ) Bal avec J’attendsveille Rens : 04 50 93 95 88 ou jattendsveille@libertysurf.fr A n n o n a y ( 0 7 ) MJC, Bal Folk animé par Rural Café Rens : 04 75 32 40 80 M o n t é l i m a r ( 2 6 ) 15 h, concert de Lungo Drom, chants tziganes Rens : 04 75 92 22 62 V e r r i e r e e n F o r e z ( 4 2 ) Festival des Monts de la Balle, avec La Cabana’son samedi 3 R u m i l l y ( 7 4 ) 21h, salle des fêtes, Nuit du Folk avec 3 groupes invités + La Gigouillette. Soupe à l'oignon, café croissants, photo des survivants à l'aube... Rens : 04 50 64 02 99 V o g u ë ( 0 7 ) 21h, salle Aristobulle, concert création Musiques et Mémoire avec Rural Café, rencontres autour de la musique, des moulinages… Rens : 04 75 45 03 65 L a c ô t e s t A n d r é ( 3 8 ) bistrot d’Ornacieux, scènes ouvertes danse folk. Rens : 04 74 20 53 43 Juin Samedi 10 L y o n ( 6 9 ) 20h30, La casa Musicale, concert avec Salangane. Rens : 06 14 02 81 40 Mercredi 14 Lyon 1er (69) l’Atmosphère, 21h, bœuf trad Rens : 06 09 20 36 26 le.trad.des.rades@free.fr Samedi 17 V i l l e f o n t a i n e ( 3 8 ) bal de musiques traditionnelles avec Aksac, les Costauds de la Lune, et Bois Sec. Rens : 04 74 43 52 61 Dimanche 18 Du 22 au 28 G r e n o b l e ( 3 8 ) stages Orféo Musiques du Monde Rens : 04 38 49 23 87 Du 24 au 29 L e s D e s e r t s ( 7 3 ) centre d’accueil L’Oryx, stages d’expression orientale, symbolique des fleurs… prix : 300 euros. Rens : 04 79 70 67 27 Du 22 juin au 2 juillet Jeudi 27 C h a t i l l o n s u r C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stages de Tabla avec Pandit Shankar Ghosh Rens : Anagath: 06 72 17 83 60 ou anagath@libertysurf.fr Mai Dimanche 7 S t J e a n d e B o u r n a i ( 3 8 ) 14h, stage de danses (basques, bretonnes, dauphinoises, collectives, country) pour tout public. PAF 5, 8 avec le bal (20h) Rens : 06 12 26 82 60 ou http://charamelle.assoc.free.fr Samedi 6 et dimanche 7 C h a m b é r y ( 7 3 ) Tango Argentin Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93 tangoneon@wanadoo.fr 6, 7 et 8 mai C h o n a s l ’ A m b a l l a n ( 3 8 ) La Note Bleue, Stage de Sanza et de petites percussions. Rens : 04 74 15 96 90 / 06 79 85 46 97 www.cooperation.net/jacques .mayoud Vendredi 12 Lundi 5 S t A l b a n A u r i o l l e s ( 0 7 ) musée de la Vignasse, bal folk en matinée avec Rural Café (sous réserve). L a c h a m p R a p h e l ( 0 7 ) 14h, ferme de Bourlatier, concert avec Rural Café avec les enfants des écoles du plateau Ardéchois (sous reserve) C h a t i l l o n s u r C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stages de Tabla avec Pandit Shankar Ghosh Rens : Anagath 06 72 17 83 60 ou anagath@libertysurf.fr Vizille (38) festival D’ici Danse et d’Ailleurs Spectacles, bals, initiation danse africaine, hip hop, danse contemporaine, orientale… Rens : Office de Tourisme Sud grenoblois 04 76 68 15 16 www.ot-vizille.com Dimanche 4 D o m a n c y ( 7 4 ) La Tour Carrée : Bal avec J’attendsveille. Rens : 04 50 93 95 88 ou jattendsveille@libertysurf.fr Dimanche 21 Dimanche 23 L a R e p a r a A u r i p l e s ( 2 6 ) Fête des Caprines. Danse, expos, spectacles, interventions musicales, randonnée… L a R o c h e t t e ( 7 3 ) de 17 à 22h, Centre d'Animations : "La Milonga sous le Château", rendez-vous des danseurs de Tango Argentin. Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93 - tangoneon@wanadoo.fr G r e n o b l e ( 3 8 ) 20h30, La Bobine, KAL en concert (musique tsigane de serbie). Rens : http://www.projetbob.com S t E g r è v e ( 3 8 ) 20h30, Salle Robert Fiat, Bal Inter folk avec Ensemaille, Rigaudon et Tradition, La Pastourelle de la Vence. C o u z o n a u M o n t d ’ O r ( 6 9 ) Salle des Fêtes, grand bal folk avec Valsepareille, Bois Sec ! et le Duo Lenormand-Brémeaud. Ars (01) 20h30, Salle des fêtes. Soirée country avec Midway station. Démonstrations de line-dances et initiation par les Funny Boots. Entrée : 8 euros Rens : AICAR au 04 74 00 01 70 S e y n o d ( 7 4 ) 20h30, Auditorium : Taxi Mauve (Folk irlandais) Rens : 04 50 520 520 http://www.auditoriumseynod.com L a C h a p e l l e d e G u i n c h a y ( 7 1 ) Salle du pressoir, 2ème festival de Harpe celtique Rens : 06 87 50 09 17 Vendredi 2 Mercredi 21 Samedi 20 Samedi 1er et dimanche 2 Du 27 juin au 1er juillet Jeudi 18 Vendredi 19 Du 14 au 25 Tullins (38) Festival « Sur la route de Tullins… » Concerts,expos, tables rondes, spectacles enfants, tremplin chanson rock country, cajun, blues, bluegrass… Rens : 04 76 07 92 37 stephanie@tullinsfestival.com G r e n o b l e ( 3 8 ) 21h30 La Soupe aux Choux, Trio Grazzia Giu(Jazz intimiste). G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Les Patates Sound System. Rens : AREMDAT 04 76 96 55 88 adaep@wanadoo.fr Avril Juin L a c ô t e s t A n d r é ( 3 8 ) bistrot d’Ornacieux, scènes ouvertes danse folk. Rens : 04 74 20 53 43 Mercredi 17 Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 18 Mercredi 24 C o u z o n a u M o n t d ’ O r ( 6 9 ) Le bec à Sons, Folka Orange festivals Romans (26) 10h-18h, MJC Robert Martin, Stage d’accordéon diatonique. Cout : 30/36 euros, inscriptions avant le 8 avril Rens : 04 76 36 42 20 stages Avril Samedi 1er L e s S a u v a g e s ( 6 9 ) de 14h30 à à 18h30, au Mille Club, Stages de danse de Vendée et du Poitou. Rens : 04 74 89 01 43 A n n o n a y ( 0 7 ) MJC, stage de danses du Dauphiné et Bal Folk animés par la Cie Recourdas Rens: 04 75 32 40 80 Dimanche 2 C h a m b é r y ( 7 3 ) Tango Argentin Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93 tangoneon@wanadoo.fr Vendredi 7 P e l u s s i n ( 4 2 ) 20h15 école maternelle, Stage Bourrées. Rens: 04 74 87 23 63 S t B e r n a r d ( 0 1 ) de 20h à 22h, Salle du Mille Club, Stage de danse country niveau débutant. Nombre de places limité. PAF 10 euros. Rens : 04 74 00 01 70 P e l u s s i n ( 4 2 ) 20h15 école maternelle thème à confirmer. Rens : 04 74 87 23 63 Samedi 13 C r e s t ( 2 6 ) 14 à 18h, Stage SquaresDanses ( Bal en soirée) Rens : Sylvie 04 75 40 63 28 L y o n 9 è m e ( 6 9 ) 14h-18h, Espace culturel rue Mouillard, stage de danse Russie Ukraine, niveau facile. S’inscrire avant le 15 avril. Rens : 04 78 94 15 63 Samedi 13 et Dimanche 14 M o n t l u e l ( 0 1 ) Stage de flute avec Pandit Hariprasad Chaurasia Rens : Anagath 06 72 17 83 60 ou anagath@libertysurf.fr V i l l e u r b a n n e ( 6 9 ) campus de la Doua, salle de danse UFR STAPS, stage de danse et expression africaine. Rens : 04 78 48 66 79 Dimanche 14 L y o n 9 è m e ( 6 9 ) 9h-12h et 14h-17h30, Espace culturel Rue Mouillard, stage de danses des Balkans, niveau moyen ou diffcile. S’inscrire avant le 15 avril Rens : 04 78 94 15 63 Lundi 15 ateliers • V i l l e u r b a n n e ( 6 9 ) le lundi de 19h à 22h, Ecole de Musique, ateliers du CMTRA •Le Cheylard (07) le vendredi de 18 à 20h, Ateliers danse. Rens : 04 75 29 08 23 • O u l l i n s ( 6 9 ) La Fraternelle, Atelier Danses du monde, le mardi de 20h à 21h pour les débutants et de 20h30 à 22h pour les expérimentés. Rens : 04 18 51 90 00 Avril Samedi 1er Pélussin (42) Atelier danse mazurka, scottish, valses asymétriques, chant à danser Rens : 04 74 87 42 57 Samedi 1er Pélussin (42) Atelier danse mazurka, scottish, valses asymétriques, chant à danser Rens : 04 74 87 42 57 1er et 2 avril S t E t i e n n e ( 4 2 ) Gymnase, Danses de Roumanie, le samedi de 14h30 à 18 h30 et en soirée, et le dimanche de 9h30 à 12h30. Rens : 04 77 80 65 14 Lundi 3 R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de l’Inde. Rens : 04 75 02 00 13 Lundi 10 E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec l'association Tradivarius, animés par J-L Sacchettini Rens : 04 75 48 11 28 / sakra@wanadoo.fr Lundi 10 R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de l’Inde. Rens : 04 75 02 00 13 Mai R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de l’Inde. Rens : 04 75 02 00 13 Mercredi 17 G r e n o b l e ( 3 8 ) 10-12h et 14h30-17e La Bobine,Ateliers de musique Serbe et Rom Avec les musiciens du groupe Kal (Belgrade). Participation : 25 euros. A 19h, apéro concert et bœuf trad des Balkans. Rens : assoc' Torivaki 04 76 78 60 48 http://torivaki.free.fr Vendredi 19 B o u r g e n B r e s s e ( 0 1 ) Maison de la vie associative, Ateliers Irlandais avec Declan Jones et Rory Delany, organisés par Vielle Danse. Rens : 04 74 30 62 89 Lundi 22 R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de l’Inde. Rens : 04 75 02 00 13 Lundi 29 E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec l'association Tradivarius, animés par J-L Sacchettini. Rens : 04 75 48 11 28 / sakra@wanadoo.fr Lundi 29 R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de l’Inde. Rens : 04 75 02 00 13 Juin Lundi 12 E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec l'association Tradivarius, animés par J-L Sacchettini. Rens : 04 75 48 11 28 sakra@wanadoo.fr Lundi 12 R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de l’Inde. Rens : 04 75 02 00 13 Lundi 26 Lundi 15 E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec l'association Tradivarius, animés par J-L Sacchettini Rens : 04 75 48 11 28 / sakra@wanadoo.fr E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec l'association Tradivarius, animés par J-L Sacchettini. Rens : 04 75 48 11 28 sakra@wanadoo.fr Conservatoire Hector Berlioz Nuit du folk en Nord Isère Samedi 17 juin - 21h Les Grands Ateliers Villefontaine (38) Akask Les Costauds de la Lune Bois Sec + dès 15h, stage de danse gratuit + dès 19h, apéro musical Renseignements : 04 74 43 52 61 Vendredi 23 V i l l e f r a n c h e S u r S a ô n e ( 6 9 ) Concert et bal avec « Lardons et p’tit salé ». Samedi 24 L y o n 4 è m e ( 6 9 ) Croix Rousse : Bal de Quadrille brésilien, organisé par l’association fête Junine 14. Rens : fetejunine@free.fr A n n o n a y ( 0 7 ) hameau de Chatinais : Bal Folk animé par Rue de la Soif. Rens : 06 89 58 10 69 C h a t i l l o n s u r C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Rural Café avec le bal des Montagnes Rens : 04 75 45 03 65 Mercredi 28 C o u z o n a u M o n t d ’ O r ( 6 9 ) Le Bec à Sons, Duo Beltene. Jeudi 29 A u b e n a s ( 0 7 ) Pub La Taverne du Dragon, concert avec Toad (trad saturé). Vendredi 30 L a V a l l a e n G i e r ( 4 2 ) Bal avec « Lardons et p’tit salé », festival La Pampille. Numéro soixante et un [Printemps 2006] Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA page 19 L61 28/06/06 12:12 [Point de vue... Page 20 ConseilSupérieurMusiquesActuelles un présidium suprême, un hochet ou une instance de réelle concertation ? L’actualité de ces dernières semaines montre que les problématiques liées au régime spécifique de l’intermittence ou encore au financement et à la reconnaissance des « musiques actuelles » occupent une place toujours aussi primordiale dans l’espace de réflexion des acteurs de la vie culturelle et artistique, tant au niveau régional qu’au niveau national. Suivent dans cette page, trois participations subjectives* à ce débat, celui relatif à l’instauration du Conseil Supérieur des Musiques Actuelles signé par Pierre-Olivier Laulanné, celui de Jean-François Vrod posant la question de la démocratie culturelle soulevée par la crise de l’intermittence et enfin, la contribution d’humeur d’Olivier Durif concernant le «FORUMA».** *Ces contributions restent sous la responsabilité de leurs signataires et ne sauraient engager la direction éditoriale de la lettre du CMTRA. Par un arrêté du 4 janvier 2006, il a été institué auprès du ministre de la culture, un Conseil Supérieur des Musiques Actuelles. (CSMA) Suit ensuite une liste des personnes et structures représentées : 6 membres de droit (représentant le Ministère de la culture), 6 représentants des collectivités territoriales, et 18 représentants d’organisations professionnelles, proposés par leurs organisations et nommés pour 3 ans. Ce conseil doit faire des propositions dans le domaine des politiques en faveur des musiques actuelles. Nous avons été nombreux à nous étonner de cette annonce faite par le Ministre au Foruma* à Nancy, en octobre 2005, annonce censée répondre à notre demande de pérennisation de la Concertation Nationale Musiques actuelles. **sur le site http://www.foruma.fr, vous trouverez les compte rendus des 19 ateliers, et toutes les contributions ante et acteurs, d’une façon souple avec pour objectif de définir une méthode et un plan pour une politique nationale et territoriale des musiques actuelles. Il était évident dans le champs des Musiques actuelles, de la nécessaire triangulation, Etat / Collectivités / Acteurs pour mettre en place des politiques publiques sur le secteur. Comment en effet imaginer faire en oubliant les acteurs ? On pourrait même s’étonner que ce soit si innovant d’associer les acteurs et les citoyens aux politiques publiques qui les concernent. Il était aussi évident qu’une politique publique cohérente sur le secteur, ne pouvait également pas intervenir que sur le secteur de la diffusion (réforme du financement des SMAC) mais sur l’ensemble de la chaîne, de la pratique amateur, en passant par la formation, la professionnalisation, le concert, la médiatisation ou le disque.... Signalons à ce stade, le travail du GEMAP, une plate forme de discussion et de travail que nous avons mise en place à partir des BIS de Nantes en 2004, et qui a permis en même temps d’harmoniser et de faire évoluer ensemble les acteurs et de dynamiser la Concertation nationale avec des propositions étayées et construites. post Foruma, des ressources, et plein d’autres dessins comme ceux ci, ... bref une mine ! Cette concertation réunissait, depuis 18 mois, des représentants du MCC, des Collectivités territoriales et les Bref, notre objectif actuellement est de garder autant que possible, le fonctionnement souple qui prévalait au sein de la Concertation. Pour cela, le GEMAP, qui devra étendre la concertation aux autres acteurs du collège professionnel du CSMA, a proposé lors de la première réunion, un règlement intérieur et un texte fondateur Politique de la Musique en France : Pour un autre partage ! (voir sur www.famdt.com) qui ont été adoptés dans leur principe. Le CSMA a devant lui 2 enjeux : le premier est de réussir la transposition de la méthode de concertation et de coélaboration des politiques publiques concernant les musiques actuelles, en région. Le second est d’obtenir les moyens minimum pour assurer une coordination à minima des travaux du CSMA et des différentes commissions. Cette coordination passe par des moyens de communication souples et interactifs qui permettent des contributions publiques des uns et des autres à l’instar de ce que nous avons fait fonctionner pour le FORUMA. Pierre-Olivier Laulanné Directeur de la FAMDT illustrations : Rémi MALIN GRËY « Dix pour cent du budget de la Musique en France sont aujourd’hui consacrés au développement des musiques actuelles » s’est écrié victorieusement à Nancy cet automne un des participants du Foruma, résumant, à juste titre de ce fait, prés de dix années d’effort de l’Interfédération et des acteurs des musiques actuelles, sollicitant dès 1997 la Ministre de l’époque Catherine Trautmann pour qu’un plan de financement du secteur soit mis en route. Aujourd’hui les musiques actuelles représentant, autant qu’on puisse le savoir, probablement quatre vingt pour cent des pratiques musicales en France, on est en droit de se poser la question suivante, toute simple : A quoi et à qui sont consacrés les quatre vingt dix autres pour cent des budgets musicaux ? Il faut le dire sans haine mais également sans détours : A la pérennisation du seul genre musical de la musique académique, que la République continue d’entretenir, sans aucune transparence, comme une religion officielle, avec ses lieux de cultes, les écoles dédiées à son enseignement, ses festivals et lieux de réjouissances sur-financés par l’impôt du contribuable. Cet ordre symbolique, largement soutenu par le poids des institutions et des corporations professorales et artistiques qui en vivent mais également par le laxisme suranné de la sphère politique à son sujet, n’est pas juste. Et il n’est pas seulement injuste pour les autres genres musicaux qui continuent à danser devant le buffet… Il l’est également par la sur-représentation d’un art incapable, et pour cause (c’est pas son problème !), d’affronter un univers sonore contemporain dont pourtant toute musique devrait être le principal cadre d’expression. La simple démocratie mérite que tout un chacun ait droit au choix de l’universalité de la musique aujourd’hui sans être obligé de se frayer un passage (quand il y parvient) au travers d’une institution qui continue principalement à professer “ les musiques du répertoire” et les techniques qui leur sont liées, en une société hors du temps. Et si l’on peut convenir que, dans la mosaïque sonore des musiques qu’elles rassemblent, les musiques actuelles ne sont pas un concept artistique aujourd’hui, elles sont avant tout un espace de démocratie musicale, nécessaire pour sortir la musique en France du cadre antédiluvien dans lequel on continue de l’entretenir et qui formate de façon massive et durable tous les accès du public et des praticiens à la Musique. Olivier Durif Musicien, Directeur du CMTL, Président de la FAMDT Crisedel’intermittence,crisedeladémocratie Président du Collectif des Professionnels en Musiques et Danses Traditionnelles, JeanFrançois Vrod nous présente cette organisation, évoque les problématiques du secteur et pointe l’urgence de débattre autour de la notion de culture dans notre pays. CMTRA : Le CPMDT a été créé suite aux événements de 2003 qui ont gravement secoué le milieu de la culture. Quelle idée a précédé la création de ce collectif ? J.F.V. : Pour la première fois à ma connaissance, à l’occasion des actions à propos de l’intermittence du spectacle, des musiciens professionnels du secteur des musiques traditionnelles se sont réunis à une même table pour réfléchir à des actions communes et ceci, en dehors des questions artistiques, historiques ou géographiques qui avaient plutôt contribué à les éloigner qu’à les rapprocher jusqu’à présent. Nous avons constaté que nous avions beaucoup de choses à nous raconter, au-delà des seules questions relatives au statut. L’été fini, nous avons continué à échanger et à réfléchir à travers ce collectif. Quels acteurs ce collectif fédère-til ? Autour de quel projet ? Suite à notre rencontre nationale de 2004, un manifeste a été rédigé puis signé par 70 personnes (musiciens, structures, associations, diffuseurs ou journalistes). Ce document dresse un état des lieux critique du secteur des musiques et danses traditionnelles et à travers cela, de la place qu’y occupent les artistes professionnels. Le CPMDT réfléchit sur la spécificité et les fondamentaux de nos pratiques artistiques ainsi que sur les formes de diffusion de ce travail. Ainsi, pour 2006, le collectif a programmé des réunions thématiques autour de plusieurs sujets : repérage des lieux de diffusion, rédaction d’une charte du diffuseur, partenariat, aide au projet, formation professionnelle, production. La rencontre 2006 abordera le rapport musique-danse ainsi que les relations entre musiques du monde et musiques traditionnelles françaises. Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les problématiques des carrières d’artiste, de la professionnalisation et de l’aide à la création dans notre secteur ? L’idée qu’il y ait des musiciens professionnels dans les musiques traditionnelles ne va pas de soi pour tout le monde ! C’est d’ailleurs une raison qui a contribué à l’émergence du collectif. Sans en re-débattre ici, l’histoire a parlé : que seraient aujourd’hui les musiques traditionnelles sans le travail du secteur professionnel en étroite relation avec celui de la pratique amateur ? Par ailleurs, personne ne peut dire aujourd’hui ce qui restera du paysage culturel de ce pays ne serait-ce que dans les 5 ans à venir. Les mutations sont bien plus rapides que tout ce que l’on avait pu imaginer. Chacun d’entre nous a acheté une petite pelle et creuse sa tranchée aussi vaste et confortable que possible ! Nous pensons l’avenir plutôt en termes de survie qu’en termes de développement. Mais s’il faut parler de création, nous sommes prêts, alors parlons-en. Il suffit pour cela de poser quelques questions simples : Où va l’argent Numéro soixante et un [Printemps 2006] page 20 public ? Qui est aidé ? Dans quelles proportions ? Pourquoi ? Le pouvoir politique a répondu à ces questions, mais comme nos petits camarades, nous allons poursuivre la lutte pour pouvoir continuer à exercer nos métiers dans les meilleures conditions de création et de diffusion. Qu’est-ce qui vous semble aujourd’hui le plus urgent à défendre ? Le laxisme avec lequel l’Etat traite depuis 3 ans la question de l’intermittence confirme la nécessité de redonner sens au mot culture dans le débat public. Peut-on cesser de parler du coût de la culture pour évoquer aussi ce qu’elle (r-)apporte ? Depuis longtemps, elle génère du lien social, de l’activité économique, des représentations du monde contemporain, des repères identitaires... Peut-on décemment accepter comme seuls projets culturels diffusés, ceux de la culture commerciale ? C’est bien l’absence totale de projet politique pour la culture qui pose question. Alors soit la gravité de la situation arrive à déclencher un réel débat auquel s’associent tous les maillons de la chaîne, soit... Dans ce travail, nous pouvons apporter notre réflexion sur les questions qui agitent le monde contemporain : quelles relations existent entre un individu, son espace de vie, son histoire, sa culture et le reste du monde ? Comment font-elles sens dans le développement de chacun et dans sa compréhension du monde ? Et cela, nous pouvons le faire sans exclusion, ostracisme ou dérive folklorisante identitaire, notre pratique artistique nous ayant conduit depuis bien longtemps, à comprendre l’impasse de telles postures. On peut aussi s’interroger sur les modes opératoires les plus efficaces pour être entendu. Sur la gestion de la crise de l’intermittence, aux solutions proposées nous a répondu un grand silence. Il ne s’agit plus seulement de proposer, il faut savoir maintenant comment se faire entendre. C’est la question du fonctionnement de notre démocratie qui est posée, ni plus, ni moins. J.S. E. d’après les propos recueillis auprès de Jean-François VROD Site internet : cpmdt.free.fr
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