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PROJET DE 4e DIRECTIVE LAB/FT 48 Évolution ou révolution ? Valérie Hauser et Laurent Renaudot, Audisoft Oxea 53 Quels impacts possibles ? Aurélie Banck, Cabinet Cilex N° 762 juillet-août 2013 40 euros - ISSN 1772-6638 Revue Banque n° 762 juillet-août 2013 revue-banque.fr 22 DOSSIER L’INNOVATION ● FOCUS DROIT DES FAILLITES Pour pouvoir faire une bonne restructuration… 60 Xavier Hubert, ministère du Redressement productif EST UN MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT ● Une définition pour cerner un concept large ● Quelle organisation dans la banque ? Jacques Delpla, Toulouse School of Economics, ● Les banques en route pour l’open innovation 66 Défaillance bancaire : ● Innovation et réglementation 63 Dettes souveraines : vers une zone euro de restructuration continue ? Droit & Croissance priorité à l’efficacité et à la rapidité Arnaud Pérès, Cabinet Davis Polk ÉDITORIAL revue-banque.fr 18, rue La Fayette, 75 009 Paris Élisabeth Coulomb Directeur de la publication Valérie Ohannessian Secrétaire général Pierre Coustols RÉDACTION Rédacteur en chef Élisabeth Coulomb 01 48 00 54 11 Rédacteurs Sophie Gauvent 01 48 00 54 02 gauvent@revue-banque.fr Séverine Leboucher 01 48 00 54 15 leboucher@revue-banque.fr Samorya Wilson 01 48 00 54 14 wilson@revue-banque.fr Annick Masounave masounave@revue-banque.fr Secrétariat de rédaction Alain de Seze (1er SR) 01 48 00 54 17 Christine Hauvette 01 48 00 54 10 Maquette Emmanuel Gonzalez 01 48 00 54 12 Alexandra Démétriadis 01 48 00 54 18 Directrice marketing et commercial Valérie Dumas-Paoli 01 48 00 54 19 Responsable activités Internet Paul-Emmanuel Géry 01 48 00 54 16 gery@revue-banque.fr Webdesigner Julliette Blouin 01 48 00 54 21 blouin@revue-banque.fr Chargée de promotion Virginie Baillard 01 48 00 54 54 Séminaires Responsable département : Carole Trambouze 01 48 00 54 03 trambouze@revue-banque.fr Responsable promotion et organisation : Magali Marchal 01 48 00 54 04 Émilie Dolo 01 48 00 54 13 PUBLICITÉ Isabelle Conroux 01 48 00 54 20 conroux@revue-banque.fr ÉDITION Marie-Hélène Bourg 01 48 00 54 05 Mauricette Delbos 01 48 00 54 08 Diffusion-distribution Éric Meslier 01 48 00 54 09 Gestion Patrick Moisset 01 48 00 54 07 Librairie de la banque et de la finance Du lundi au jeudi 9h-18h et vendredi 9h-17h Tél. : 01 48 00 54 09 ; Fax : 01 47 70 31 67 revuebanquelibrairie.fr ISSN 1772-6638 CPPAP Certificat d’inscription n° 0217 T 86446 Imprimé par SPEI, Pulnoy (54) Dépôt légal 2e trimestre 2013 La reproduction totale ou partielle des articles publiés dans Revue Banque, sans accord écrit de la société Revue Banque Sarl, est interdite conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Rédactrice en chef De la nécessité d’innover… L es évolutions technologiques, notamment autour du web, mais aussi réglementaires (dans le but d’assurer une saine concurrence) ont suscité ces dernières années d’innombrables initiatives, plus décoiffantes les unes que les autres, une des dernières en date étant un compte bancaire ouvert dans les bureaux de tabac (lire Le Mois en Revue, p. 6). Pour certains toutefois, l’innovation débridée peut être dangereuse : elle serait ainsi l’une des causes à l’origine de la crise financière. Mais elle reste un puissant moteur de l’activité économique : « il existe un large consensus parmi les économistes pour reconnaître les bienfaits de l’innovation financière [...]. Ces dernières permettent, en effet, une baisse des coûts de transaction et une plus grande souplesse dans les opérations financières », écrivaient en 2008 les auteurs[1] du rapport du Conseil d’analyse économique sur la crise des subprime. Le dossier de Revue Banque se penche sur la façon dont les banques captent et exploitent ce phénomène. Le gouvernement prépare une nouvelle réforme du droit des entreprises en difficulté et de la justice consulaire. Revue Banque a organisé une conférence sur ce sujet en partenariat avec le think tank Droit & Croissance. Ce numéro en reprend trois interventions : Xavier Hubert (ministère du Redressement productif ) détaille les pistes de réflexion du gouvernement, qui pourraient faire de cette réforme une véritable refonte du droit des entreprises en difficulté ; Arnaud Pérès (Davis Polk) s’in[1] Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze, Christian de Boissieu et Gunther Capelle-Blanchard. téresse aux projets de résolution bancaire, français et européen, pour en tirer quelques bonnes pratiques pour les défaillances d’entreprises ; enfin, le professeur Jacques Delpla (TSE) expose ses propositions en matière de défauts souverains, qui s’inspirent des règles appliquées aux corporates… L’Union européenne a adopté en février 2013 une 4e directive et un règlement relatifs à la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Évolution ou révolution ? s’interrogent Valérie Hauser et Laurent Renaudot (Audisoft Oxea), qui notent que cette révision renforce l’approche par les risques, mais qu’elle accroît les possibilités d’interprétation entre les pays membres. Aurélie Banck (Cilex), quant à elle, analyse les conséquences des nouvelles dispositions sur la protection des données et leur cohérence avec les réglementations de la CNIL et du Code monétaire et financier. Les contre-performances récentes des portefeuilles en actions ont inquiété les investisseurs. Guy Marty (IEIF) se veut pourtant rassurant : sur les quarante dernières années, qui ont vu les chocs pétroliers, la fin de la Guerre froide, la mondialisation, la démocratisation des technologies de la communication, les crises immobilière, boursière, des subprime, le surendettement souverain… les actions affichent de meilleures performances que d’autres formes de placement. Une bonne nouvelle pour l’épargne longue et pour le financement de l’économie… SERVICE ABONNEMENTS 18 rue La Fayette 75009 Paris Tél. : 33(0)1 48 00 54 26 Fax : 33(0)1 48 00 54 25 E-mail : service.abonnement@revue-banque.fr Courriel des lecteurs : redaction@revue-banque.fr. Pour avis et commentaires, retrouvez-nous sur Facebook et Twitter. Abonnez-vous sur revue-banque.fr juillet-août 2013 no 762 Revue Banque 3 sommaire LE MOIS EN REVUE 22 DOSSIER À suivre L’INNOVATION EST UN MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT 6 FISCALITÉ CICE : un crédit d’impôt qui avance pas à pas Les chroniques 8 Patrick Artus La politique monétaire va être partout très expansionniste 8 Florence Pisani L’exit strategy de la Réserve fédérale : un débat qui ne fait que commencer… 9 Guy Marty Placements : le monde a-t-il vraiment changé ? 10 Georges Pujals Santander partage sa gestion d’actifs Le secteur 12 INTERNATIONAL 13 EUROPE 14 FRANCE CAHIER NOUVELLES TECHNOLOGIES Stéphanie Chaptal 44 CYBERCRIMINALITÉ ET FRAUDE Les nouvelles muses culturelles Les entreprises 15 VIE DES ENTREPRISES 16 SOCIAL Jean-Claude Guéry Les services sont l’avenir de l’emploi SUR REVUE-BANQUE.FR REVUE BANQUE EST AU CŒUR DES RÉSEAUX SOCIAUX Découvrez, communiquez, partagez toute l’information de la banque et de la finance 18 L A RÉGLEMENTATION FINANCIÈRE DÉCRYPTÉE PAR LABEX-RÉFI Pierre-Charles Pradier La régulation des paris sportifs Les acteurs 20 NOMINATIONS ET AUSSI… CARRIÈRE ET EMPLOI International, régions, stages… chaque jour, de nouvelles opportunités. DIAPORAMAS Dans les coulisses de la personnalisation des cartes bancaires. 4 Revue Banque n° 762 juillet-août 2013 RISQUES & RÉGLEMENTATION MANAGEMENT & SI 48 LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT Projet de 4e directive : évolution ou révolution ? 74 MANAGEMENT Valérie Hauser et Laurent Renaudot, Audisoft Oxea 53 HARMONISATION 4e directive Antiblanchiment et protection des données : quels impacts possibles ? Former à la conformité : un exercice difficile Béatrice Bon-Michel, CNAM 77 POINT DE VUE Plaidoyer contre la limitation des systèmes de rémunération du secteur bancaire Éric Singer, Singer & Hamilton Executive Search Aurélie Banck, Cabinet Cilex 56 ÉTABLISSEMENT DE MONNAIE ÉLECTRONIQUE Un agrément pas toujours nécessaire Bruno Joanides, Syrtals VEILLE TECHNIQUE 79 MONNAIE VIRTUELLE Bitcoin : monnaie de singe ou monnaie légale ? Hubert de Vauplane, Kramer Levin Naftalis & Frankel LLP ACTIVITÉS & SERVICES l FOCUS DROIT DES FAILLITES 60 Pour pouvoir faire une bonne restructuration… Xavier Hubert, ministère du Redressement productif 63 Dettes souveraines : vers une zone euro de restructuration continue ? Jacques Delpla, Toulouse School of Economics, Droit & Croissance 66 Défaillance bancaire : priorité à l’efficacité et à la rapidité Arnaud Pérès, Cabinet Davis Polk 68 STRATÉGIE La banque de détail française doit faire sa révolution Jean-Louis Dalbera, cadre bancaire 71 MARCHÉ SECONDAIRE Rachat de créances et contrat de liquidité : les impacts comptables en IFRS 84 JURISPRUDENCE BANCAIRE Sort de la délégation de paiement en l’absence d’autorisation du Conseil d’administration (Ch. Com. 15 janvier 2013, n° 11-28.173, 28) Jean-Louis Guillot et Martine Boccara, Groupe BNP Paribas 87 DROIT DE LA RÉGULATION BANCAIRE La dispense d’agrément d’établissement de paiement (CE 24 avril 2013, n° 354957) Jean-Philippe Kovar, Université Paris 8, et Jérôme Lasserre Capdeville, Université de Strasbourg 89 DROIT DES MOYENS ET SERVICES DE PAIEMENT Actualités mai-début juin 2013 Pierre Storrer, Feral-Schuhl/Sainte-Marie 94 COMPTABILITÉ Impôts différés et CRR/CRD 4 : les enjeux d’un nouveau triptyque comptable, réglementaire et fiscal (2/2) Laure Guégan, Ernst & Young, Loubna Lemaire, Ernst & Young Société d’Avocats, et Marie-Hélène Fortésa, Ernst & Young, ADICECEI 99 GESTION DES RISQUES ET DES ORGANISATIONS EMIR : de nouvelles infrastructures de marchés, mais des conséquences opérationnelles Anthony Ribot, Investance Carole d’Armaillé, Aurel BGC, et Philippe Kubisa, PwC 101 BIBLIOGRAPHIE Numéro mis sous presse le mardi 25 juin 2013. Index des annonceurs : Elcimaï, 4e de couverture. Ce numéro comporte un encart jeté « Revue-banque.fr ». juillet-août 2013 n° 762 Revue Banque 5 le mois en revue Pages réalisées par Samorya Wilson À suivre FISCALITÉ CICE : un crédit d’impôt qui avance pas à pas Le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) serait « la mesure emblématique du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et pour l’emploi » affirme en préambule l’accord de Place sur le préfinancement du CICE signé le 24 mai dernier par les plus grandes organisations professionnelles. Mais il semblerait le CICE peine à convaincre les principaux intéressés, soit les PME-TPE. « Les entreprises hésitent à faire une demande de CICE, car les déclarations préalables auprès de l’URSSAF et de l’administration fiscale nécessitent des calculs et des paramétrages difficiles à établir. La mise en œuvre du dispositif entraîne ainsi des charges supplémentaires » explique Julien Plessis, directeur Groupe social chez Lowendalmasaï, qui estime qu’une « réduction des cotisations sociales aurait été plus efficace ». Une autre source d’hésitation à l’égard du CICE provient de la récente loi sur la sécurisation de l’emploi qui oblige les employeurs à informer les institutions représentatives du personnel sur l’utilisation du CICE. « C’est une contrepartie qui peut susciter des inquiétudes sur les relations sociales dans l’entreprise » commente Julien Plessis. Cependant, tous les acteurs du CICE multiplient les efforts pour que ce nouveau crédit d’impôt et les employeurs se rencontrent. Ainsi, l’Ordre des experts-comptables a lancé un site d’information sur le CICE, avec une hotline gratuite. S’agissant du préfinancement, la Fédération bancaire française (FBF) s’est engagée à mobiliser ses adhérents pour qu’ils déploient, dans leurs réseaux, une offre de préfinancement du CICE par cession de créance ou une offre de crédits moyen terme garantis. « Tous les grands réseaux bancaires proposent aujourd’hui une offre de préfinancement du CICE. La balle est dans le camp des entreprises, encore faut-il qu’elles aient un besoin urgent de financement » indique Pierre Bocquet, directeur du département Banque de détail à la FBF. L’actrice principale du dispositif, Bpifrance, vient quant à elle de supprimer les frais de dossier pour les demandes de préfinancement du CICE de moins de 25 000 euros. Au 18 juin, la banque publique enregistrait 5 000 préfinancements, pour un montant de 700 millions d’euros. COMPTE BANCAIRE Un compte en banque en 5 minutes Tous les recalés de la banque vont pouvoir bientôt ouvrir un compte avec une carte de paiement Mastercard en se rendant chez leur buraliste : c’est le compte Nickel ! Lancée par la Financière des paiements électroniques (FPE), une SAS cofondée par Hugues Le Bret, ancien P-DG de Boursorama Banque, puis agréée par l’ACP, ce nouveau service financier devrait être disponible dans des centaines de points de vente début 2014. Selon la société FPE, le compte Nickel s’ouvre en 5 minutes en toute sécurité chez les détaillants Tabac-Presse, avec seulement une pièce d’identité et un numéro de téléphone mobile. On peut difficilement faire plus simple… mais un buraliste peut-il s’improviser banquier ? « Le buraliste n'est pas banquier, 6 Revue Banque no 762 juillet-août 2013 il a un statut d'agent agréé par l'ACP. Ce statut lui permet d'activer la Mastercard, d'imprimer le RiB et d'effectuer des opérations de dépôt ou de retrait de cash. En aucun cas il n'a accès aux données ou aux comptes des clients, il ne fait pas de conseil » assure Hugues Le Bret. Le compte Nickel fonctionne comme un compte à vue, mais sans chéquier ni possibilité de découvert. Les risques de fraude sont-ils gommés pour autant ? « À l'ouverture du compte, la vérification des documents d'identité est électronique (authentification renforcée et croisement avec 250 listes de sanction par simple scan) et physique (l'agent vérifie visuellement la pièce d'identité). Les dépôts de cash sont limités à 250 euros par jour et 750 euros par mois (30 jours glissants). Les mouvements électroniques sont suivis de la même manière que dans les banques et le service de contrôle permanent effectue les déclarations adéquates à Tracfin et, le cas échéant, clôture les comptes. FPE a choisi d'être régulée en France pour la rigueur des procédures, elle aurait pu l'être à Gibraltar ou au Luxembourg… » répond Hugues Le Bret. Vu le nombre de personnes en marge du système, gageons que le compte Nickel rencontrera un grand succès, à l’instar des transferts d’argent vers le Sud… SÉMINAIRES Atelier Lundi 9 septembre 2013 ue - b an q u Lieu Salons Hoche 9 avenue Hoche 75008 Paris 8h30 Accueil des participants et petit-déjeuner 9h00 Introduction de la séance Pierre-Yves THORAVAL, directeur général, Promontory France La mise en œuvre du mécanisme de Superviseur Unique Danièle NOUY, secrétaire général, Autorité de Contrôle Prudentiel * La nouvelle architecture de supervision européenne : quel rôle pour l’Autorité Bancaire Européenne? Andréa ENRIA, président, Autorité Bancaire Européenne Tarif 10h15 Pause Pour plus d’infos revue-banque.fr 10h30 Quelles implications opérationnelles et stratégiques pour les banques françaises ? Edouard FERNANDEZ-BOLLO, secrétaire général adjoint, Autorité de Contrôle Prudentiel Pierre DE LAUZUN, directeur général délégué, Fédération Bancaire Française Carol SIROU, président, Standard & Poor’s France Nicolas VERON, senior fellow, Institut Bruegel Animé par Pierre-Yves THORAVAL, directeur général, Promontory France 12h00 e.f r ur iption s scr re v SUPERVISION BANCAIRE EUROPÉENNE : QUELLES IMPLICATIONS STRATÉGIQUES ET OPÉRATIONNELLES POUR LES BANQUES FRANÇAISES ? In 9h00 - 12h00 Tarif : 478,40 euros TTC (400 euros HT) Contact Magali Marchal Tél.: 01 48 00 54 04 marchal@revue-banque.fr DIF Clôture de la séance * sous réserve de confirmation En partenariat avec le mois en revue france INTERVIEW Sophie Vermeille, Directrice de Droit et Croissance FINANCEMENT DES RETRAITES La capitalisation sera-t-elle à l’ordre du jour ? La réforme des retraites est à l’ordre du jour de la Conférence sociale lancée le 20 juin dernier. Sur la base du rapport Moreau, l’ensemble des paramètres qui pourraient être activés pour tenter de rééquilibrer le système par répartition sont sur la table. Quid en revanche d’une éventuelle relance de la retraite par capitalisation ? Selon l’AMAFI, la solution passe par un complément de la répartition sous forme de fonds de pension, c’est-à-dire des placements sur 30 à 40 ans, avec des actifs largen ment investis en actions, ce qui a aussi pour vertu d’assurer le financement de l’économie. L’AMAFI propose en outre de réactiver le Fonds de réserves des retraites, pour gérer cette possibilité d’investissement à long terme dans une gouvernance publique propre à sécuriser les Français[1]. Elle rappelle enfin que le financement par capitalisation est la solution dominante aujourd’hui dans le monde en matière de retraite. E. C. [1] Lire aussi, sur ce sujet, le supplément du Revue Banque n° 761, « Financement des retraites : sommes-nous prêts pour les fonds de pension à la française ? ». 14 Revue Banque no 762 juillet-août 2013 DROIT DES FAILLITES Un nouvel esprit des lois ? Le Conseil d’analyse économique (CAE) vient de publier un rapport présentant ses préconisations pour un nouveau projet de loi sur les entreprises en difficulté et la justice consulaire. Quels en sont les principaux enseignements ?[1] Le CAE propose une véritable refonte du droit des faillites. Comme nous le revendiquons depuis longtemps au sein de Droit & Croissance, le CAE propose de changer la finalité de notre droit des faillites, car de là viennent tous les problèmes que nous observons dans la pratique. Au lieu de poser comme objectif de préserver l’emploi, cet objectif étant jugé par le CAE contre-productif, la procédure collective devrait permettre de maximiser la valeur des actifs de l’entreprise défaillante. En raisonnant de cette matière, on autoriserait en amont de la cessation des paiements le transfert de force, s’il le faut, du contrôle de la société dans d’autres mains que celles des actionnaires. Ceci permettrait d’accélérer le désendettement des sociétés, afin d’éviter des destructions de valeur inutiles. Cet impératif justifie, du point de vue du CAE, un rééquilibrage du droit en faveur des créanciers. En outre, le CAE invite à penser à un droit des faillites européen. n n Le droit français des faillites n’a-t-il pour- tant pas déjà fait l’objet de nombreuses réformes ? En effet, elles sont nombreuses et leur rythme s’accélère. Grâce aux dernières réformes, la France défend l’idée d’avoir une « boîte à outils » avec de nombreuses procédures à la main des parties pour traiter la défaillance d’entreprise, en fonction du stade d’avancement des difficultés. En réalité, cette boîte à outils répond à un besoin qui est essentiel[1] Lire à ce sujet le focus, pp. 60-67. lement lié au fait que notre droit des faillites « moderne » (c'est-à-dire depuis la loi de 85) repose sur de mauvaises bases. Si notre droit des faillites tenait davantage compte des recommandations des économistes, nous n’aurions pas eu besoin d’inventer une procédure de conciliation, de formaliser le principe du mandat ad hoc dans la loi ou encore la procédure de sauvegarde accélérée. En outre, le redressement judiciaire aurait été refondu en 2005, de manière à éviter que coexistent inutilement une procédure de sauvegarde et une procédure de redressement judiciaire. La complexité de notre droit naît avant tout du fait que le législateur a défini dans de mauvais termes la finalité de la procédure collective. Les effets pervers de la procédure collective observés en amont sur les parties sont à l’origine de ce besoin de judiciariser la phase amiable des négociations. n Quelle est la probabilité de voir les propo- sitions du CAE reprises dans le projet de loi ? L’idée de rétablir l’équilibre en faveur des créanciers se traduisait déjà dans la consultation du ministère de la Justice lancée en décembre 2012. Nous gagnerions à avoir le courage d’aller plus loin et de réfléchir également à la question européenne, jusqu’à présent mise de côté parce que l’Allemagne, la France et l’Angleterre avaient des droits vraiment trop différents. Si un consensus commence à émerger sur ce que doit être la règle et que tout le monde raisonne en termes d’efficacité économique, l’écart entre les pays peut se réduire ; l’Allemagne a évolué dans ce sens, le Royaume-Uni aussi et ce serait étrange que la France reste isolée. On envisage bien de faire un droit européen des faillites bancaires, pourquoi pas celui des faillites normales… n Propos recueillis par Elisabeth Coulomb Vie des entreprises ORIGINATE TO DISTRIBUTE AXA et Commerzbank nouent un partenariat CONSOMMATEUR À l'heure où de nombreux assureurs souhaitent s'inscrire dans la tendance actuelle à la désintermédiation, le groupe AXA investit dans des prêts bancaires octroyés à des entreprises de taille intermédiaires (ETI). Il a été novateur en nouant dès 2012 des partenariats avec des banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole CIB. Un nouvel accord a été dévoilé le 6 juin, cette fois avec une banque allemande, Commerzbank. Le principe demeure le même : après un examen des dossiers par les deux partenaires, la banque origine le prêt, et en cède la plus grande part à AXA. Avec cette nouvelle alliance, les entreprises visées sont des ETI situées en Allemagne, en Suisse et en Autriche. n UNE RÉGLEMENTATION ENCORE INADAPTÉE Les assureurs composent avec une réglementation peu adaptée à ces investissements sous forme de prêts. Certes le Code des assurances évolue en France pour faciliter cette forme de désintermédiation, mais la situation est très contrastée à l'échelle européenne. Par exemple, « en Belgique, les contraintes fiscales sont très fortes, en particulier pour les investisseurs situés en dehors de ce pays, explique Laurent Clamagirand, directeur des investissements du Groupe AXA. Nous parvenons à mettre en œuvre notre volonté d'investir dans des prêts bancaires mais cela n'est pas facile. Dans certains pays il est même totalement interdit aux assureurs de porter des prêts à leur bilan. » DES RÉGULATEURS INTRIGUÉS Le modèle originate to distribute intrigue les régulateurs européens qui ont demandé à AXA de décrire le fonctionnement de ces partenariats de co-investissement avec des banques. « Je suis allé à Francfort [où siège l'EIOPA[1], NDLR] [1] En charge du secteur de l’assurance, l’EIOPA (European Insurance and Occupational Pensions Authority) est l’une des pour expliquer ce que nous faisions », relate Laurent Clamagirand, qui fait valoir la technicité des équipes d'AXA, leur capacité à travailler avec les banques et leur prudence. LA DÉSINTERMÉDIATION SOUS L'ŒIL DE LA BANQUE DE FRANCE Lors d'une conférence organisée par l'EIFR, le second sous-gouverneur de la Banque de France, Robert Ophèle, a fait part de son point de vue sur ces investissements sous forme de prêts : « Nous souhaitons que les assureurs sachent mesurer les risques de cette nouvelle classe d'actifs. D'autre part, s'agissant des titrisations[2], ces prêts doivent être accordés par le système bancaire et les banques doivent conserver une partie de chacun des prêts, au minimum 5 %. » Cette part qui demeure dans le bilan de la banque (the skin in the game) permet d'obtenir un alignement d'intérêts entre banquiers et investisseurs ; ce mécanisme est indispensable, aux yeux de Robert Ophèle, qui souligne l'existence d'une asymétrie d'information entre les deux types d'acteurs : « La banque connaît les comptes de l'entreprise ; elle en perçoit mieux les risques. » De nombreux facteurs poussent au développement de ce modèle originate to distribute : l'environnement de taux bas encourage les assureurs à rechercher des classes d'actifs alternatifs, la réglementation incite les banques à alléger leurs bilans, le financement de l'économie ne doit pas faiblir… la tendance à la désintermédiation bancaire pourrait bien devenir un mouvement de fond. S. G. trois autorités européennes de surveillance du Système européen de supervision financière (les autres sont l’EBA pour la banque et l’ESMA pour les marchés financiers). [2] Le plus souvent, les prêts sont logés dans des fonds, par exemple des FCT (Fonds communs de titrisation) avant d’être cédés aux assureurs. UFC-Que Choisir dénonce les abus des assurances moyens de paiement Dans une étude en date de juin 2013, UFC-Que Choisir affirme que, malgré la directive sur les moyens de paiement qui oblige les banques à prendre en charge la majorité des sommes fraudées, ces dernières continuent à proposer des assurances accessoires de moyens de paiement. Les banques auraient eu comme stratégie d’ajouter des services inefficaces comme, par exemple, les remboursements des coûts de réfection des clefs ou des papiers d’identité volés en même temps que le moyen de paiement assuré. Ces assurances accessoires seraient comprises dans des packages alors même que les banques s’étaient engagées en 2010 à mettre en place une nouvelle génération de packages bancaires « évolutifs », composés d’un socle de produits utiles à tous auquel chaque consommateur pourrait ajouter des « options » payantes. Selon UFC-Que Choisir, exceptés la Banque Postale, la LCL et le Crédit Agricole, la plupart des grands réseaux bancaires continuent à inclure l’assurance moyens de paiement dans leurs packages. L’association demande la mention explicite des exclusions de garanties, le droit de rétraction ou encore l’obligation pour le vendeur d’indiquer son niveau de commissionnement au client. n juillet-août 2013 no 762 Revue Banque 15 le mois en revue de nominations sur revue-banque.fr Nominations CAISSE D’ÉPARGNE Christine Fabresse, 48 ans, prend la présidence du directoire de la Caisse d’Épargne Languedoc-Roussillon. Diplômée de l’ESC de Montpellier, elle fait ses débuts au Crédit Lyonnais en 1987, puis rejoint le Crédit Agricole. En 2006, elle devient responsable du réseau de proximité, membre du comité de direction générale de LCL. En 2008, elle intègre la Caisse nationale des Caisses d’Épargne, comme directeur de l’animation commerciale du pôle développement. À la création de BPCE en 2009, elle est directeur de la banque de proximité au sein du pôle Développement Caisses d’Épargne, pôle dont elle prend la responsabilité en 2011. Elle était membre du comité exécutif de BPCE. l BANQUE POPULAIRE RIVES DE PARIS Jean-Paul Dumortier, 64 ans, est élu président du Conseil d’administration de la Banque Populaire Rives de Paris. Il succède à Marc Jardin qui, après quinze ans de présidence, est arrivé à la fin de son mandat. Diplômé de l’IEP de Paris et de l’ENA, il assure successivement les fonctions de chargé de mission, de directeur régional et d’administrateur au sein de divers établissements financiers. Aujourd’hui dirigeant d’entreprise dans le secteur immobilier, il est également président de la Fédération des sociétés immobilières et foncières. l CRÉDIT AGRICOLE ÎLE-DE-FRANCE Stéphane Sajous, 46 ans, rejoint le Crédit Agricole d’Île-de-France comme directeur du développement des services bancaires. Titulaire d’un DESS en ingénierie financière et d’une maîtrise de monnaiebanque-finance, il entre en 1994 en qualité de chargé de clientèle financier à la Caisse centrale des Banques Populaires. En 1995, il devient auditeur chez KPMG Audit, puis consultant banque chez KPMG l 20 Revue Banque no 762 juillet-août 2013 Peat Marwick, dont il sort Manager en 2002. Il rejoint alors le Crédit Agricole de Franche-Comté comme directeur du développement assurances, bancaire, marketing et technologies. Entré en 2009 au GIE Synergie avec les fonctions de directeur risques, sécurité et qualité, il était depuis début 2010 adjoint au directeur général chez Crédit Agricole Technologies. DEUTSCHE BANK Emmanuel Hasbanian et Julien Fabre sont nommés coresponsables de l’activité de banque d’affaires en France de Deutsche Bank. l Julien Fabre, 38 ans, diplômé de l’Essec, rejoint Merrill Lynch en 1998, où il devient Managing Director. C’est en 2009 qu’il intègre l’équipe corporate finance de Deutsche Bank à Paris en tant que Senior Banker, en charge notamment de la couverture des clients de l’industrie et de la distribution. l Emmanuel Hasbanian, 39 ans, diplômé d’HEC, titulaire d’un master CEMS de l’Université de Cologne, intègre l’équipe de corporate finance de Paribas à Londres en 1997, avant de rejoindre Merrill Lynch à Londres en 2000, puis à Paris en 2003. Promu responsable des fusions-acquisitions France en 2005 et Managing Director en 2008, il était, depuis 2009, responsable M&A France chez Deutsche Bank. FFSA Matthieu Bébéar, 44 ans, prend la présidence de la Commission de la distribution de la FFSA. Diplômé de l’ISG, il rejoint en 2004 le groupe Ucar, réseau de location automobile, en tant que directeur général en charge du développement commercial. De 2007 à 2010, il exerce différentes fonctions au sein d’Axa France, notamment celle de directeur commercial et directeur de la distribution et du développement d’Axa Entreprises. Nommé, en 2010, directeur général de la région Nord-Est d’Axa Particuliers Professionnels, il devient, en 2012, directeur général adjoint d’Axa Particuliers Professionnels. l HSBC Philippe Cieutat, 36 ans, devient directeur de la stratégie et de l’organisation de HSBC France, et rejoint le comité exécutif de la banque. Diplômé de l’IEP de Paris et de l’Essec, il entre en 2002 chez Mazars comme responsable de mission, avant d’intégrer la direction de l’inspection chez HSBC France en 2005, pour suivre notamment les métiers de banque privée, de gestion d’actifs et de global banking. En 2009, il est nommé directeur financier du métier gestion d’actifs, où il est chargé des opérations de fusions menées entre 2011 et 2012 au sein de HSBC Global Asset Management en France. l Jean-Manuel Richier, 48 ans, est recruté par la banque d’investissement l NATIXIS l Patrick Artus, 61 ans, est promu chef économiste et de HSBC France en tant que managing director, Vice Chairman Global Banking France. Diplômé de l’ESCP, il débute en 1990 au sein de la banque d’affaires chez JP Morgan. Entré en 1998 chez Goldman Sachs, il devient, en 2002, responsable des activités de financement actions et dette pour la France et la Belgique. En 2005, il intègre Citigroup en qualité de coresponsable de la banque d’investissement en France. Il a rejoint Blackstone en 2009, pour ouvrir le bureau en France, en tant que Senior Managing Director. JP MORGAN Xavier Bindel, 38 ans, prend la responsabilité de l’activité fusionsacquisitions de JP Morgan en France. Diplômé de l’École Polytechnique et de l’École des Mines, il commence son parcours en 2000 dans l’équipe fusions-acquisitions technologie, média et télécom (TMT) de JP Morgan à San Francisco. De 2005 à 2008, il rejoint, toujours pour y faire des fusions-acquisitions, le bureau de Paris, avant de passer trois ans à Londres, où il est en charge de la couverture d’entreprises du secteur des TMT. Depuis 2011, il était au bureau de Paris, banquier conseil et membre de l’équipe fusions-acquisitions, toutes industries confondues. l Laure Delabeye, 44 ans, accède au poste de directrice des ressources humaines de JP Morgan en France. Diplômée de l’Efap (École française d’attaché de presse) et titulaire d’un master en ressources humaines de l’IGS l (Institut de gestion sociale), elle occupe pendant dix ans des fonctions dans le domaine de la communication, avant de devenir, en 2002, responsable de la communication et des ressources humaines de la Mutuelle Saint Christophe, filiale du groupe AXA. Elle rejoint ensuite AXA Liabilities Managers, où elle était depuis 2010, directrice des ressources humaines. LA BANQUE POSTALE Serge Bayard, 48 ans, devient directeur des entreprises et du développement des territoires de La Banque Postale. Inspecteur des finances et diplômé de l’École nationale du Trésor, titulaire d’un DUT gestion des entreprises et d’une licence de gestion des administrations, il débute sa carrière à la Direction générale de la fonction publique, en région. En 1999, il intègre l’Inspection des finances, puis en 2002, la Caisse des Dépôts et Consignation en qualité de directeur de la stratégie et des finances de C3D. En 2004, il rejoint le Groupe Caisse d’Épargne, dont il dirige notamment le pôle immobilier. Nommé, en 2008, directeur de la stratégie de La Banque Postale, il est promu, en 2011, directeur de l’économie sociale et locale, membre du comité exécutif. l UFF l José Fernandez, 40 ans, est recruté par l’UFF en tant que directeur de l’offre financière. Il fait partie du comité de direction. Titulaire d’un DESS en banque-financeassurance et d’un diplôme universitaire de gestion de patrimoine, il débute au Crédit Immobilier de France, avant de devenir chef de membre du comité exécutif de Natixis. Ancien élève de l’École polytechnique, de l’Ensae et de l’IEP de Paris, il commence sa carrière en 1975 à l’Insee avant de travailler au département d’économie de l’OCDE. Conseiller scientifique à la direction générale des études de la Banque de France à partir de 1985, il devient, en 1988, chef du service des études économiques et financières à la CDC, puis responsable de la gestion actif-passif. Nommé, en 1993, directeur des études économiques, responsable de la recherche de marchés de CDC-IXIS, il était depuis 1998, directeur de la recherche et des études de Natixis. Il est par ailleurs professeur d’économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. l Nelly Desbarrières, 51 ans, est nommée secrétaire général de la direction finances et risques, ainsi que directeur des filiales et participations de Natixis. Diplômée de l’Essec et de l’IEP de Paris, titulaire du DESCF, elle débute en 1986 comme auditeur chez Arthur Andersen. En 1993, elle rejoint la Banque Française du Commerce Extérieur comme responsable du contrôle interne comptable. Elle prend, en 1996, la responsabilité de la comptabilité sociale de Natexis Banque, devenu Natexis Banques Populaires, puis rejoint, en 2002, les services financiers comme directeur de l’Agence financière. Nommée, en 2005, directeur clientèle pour les établissements bancaires, elle occupait depuis 2008 la fonction de secrétaire général de Natixis Factor, dont elle était membre du Comex. produit chez GMF Vie de 1998 à 2001. Il rejoint ensuite Erisa-HSBC Assurances pour y élaborer de nouveaux produits et services. De 2003 à 2006, il est en charge du développement et du marketing banqueépargne-placement d’Entenial-Crédit Foncier. Depuis près de 7 ans, il était directeur marketing ingénierie produits et mise en marché chez Barclays Bank. Erratum Une erreur s’est glissée dans le carnet du mois dernier (Revue Banque n° 761, page 20) concernant la nomination d’Alain Gourio, qui a rejoint la Fédération Bancaire Française en qualité de directeur du département expertise juridique et conformité. Réalisé par Christine Hauvette hauvette@revue-banque.fr juillet-août 2013 no 762 Revue Banque 21 dossier L’INNOVATION EST UN MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT Dossier réalisé par Anne Béchet A ujourd’hui plus qu’hier, les banques doivent innover : la mondialisation, les avancées technologiques de même que des évolutions réglementaires visant à assurer une saine concurrence ont ouvert bon nombre d’activités bancaires à de nouveaux intervenants. Face à cette concurrence élargie, qui chamboule souvent sans état d’âme les processus bancaires – comme le montre la dislocation de la chaîne des paiements, autrefois monopole bancaire –, les banques doivent faire preuve d’imagination pour maintenir leur position ou en gagner de nouvelles. Ainsi, constate Philippe Desmaret (EFMA), « elles font de l’innovation l’une de leurs priorités stratégiques, s’organisent en conséquence et consentent les budgets adéquats ». INNOVER OU « FAIRE DU BUZZ » ? Encore faut-il s’entendre sur la définition donnée au terme d’innovation : jusqu’où va l’approche marketing destinée à « faire du buzz » ? où commence la véritable innovation, c’est-à-dire un nouveau produit ou service créateur de valeur ? Comme le montre l’analyse de Jean-Luc Strauss (Altran), la réponse est loin d’être évidente. Une fois l’innovation définie, comment les banques doivent-elles s’organiser pour dénicher et faire remonter les idées, puis industrialiser les processus ? Elles se sont pour la plupart dotées de départements dédiés, conçus comme des laboratoires ou des incubateurs qui devront définir et animer le processus qui transforme une idée en un business model rentable, explique Philippe Honoré (consultant). En outre, elles tentent de « diffuser une culture de l’innovation au sein de leur structure par des actions de sensibilisation du personnel, des sites Intra- 22 Revue Banque n° 762 juillet-août 2013 R est l’exécution de nouvelles combinaisons. Ce concept englobe les CINQ CAS suivants : la fabrication d’un bien nouveau, l’introduction d’UNE MÉTHODE DE PRODUCTION nouvelle, l’ouverture d’un débouché nouveau ; la conquête d’une SOURCE NOUVELLE de matières premières ou de produits semi-ouvrés ; la réalisation d’une nouvelle ORGANISATION. L’INNOVATION D’après Joseph Schumpeter (1883-1950), Théorie de l’évolution économique net dédiés, des concours d’idées, l’association des clients au travers des réseaux sociaux… ». Faut-il aller jusqu’à l’open innovation qui met à contribution la totalité de l’écosystème des banques : développeurs externes, clients, start-up, universités et grandes écoles, secteur public, acteurs issus d’autres industries, voire ses propres concurrents… ? La méthode permet de multiplier les expériences et d’élargir la veille, mais Thierry Dinard et Mélanie Ingouf (Inovenaltenor) montrent que cette démarche soulève des points sensibles liés à la sécurité des données et des infrastructures bancaires, lorsqu’elles sont ainsi ouvertes vers l’extérieur, ainsi qu’à la complexité accrue du dispositif. ÉVITER LES DÉBORDEMENTS Enfin, dans la chaîne de l’innovation, reste à mesurer les risques. À cet égard, la crise des subprime a soulevé « de redoutables interrogations […] sur le rôle des innovations financières dans le transfert des risques », comme le notait Christian de Boissieu en 2008 dans l’introduction du rapport sur la crise des subprime publié par le Conseil d’analyse économique, dont il était alors le président délégué. Certes, la réglementation est une réponse pour éviter tout débordement, mais d’usage délicat : comme le rappelle Georges Pauget (Économie Finance et Stratégie), trop contraignante, elle peut inciter à contourner les barrières… pour concevoir de nouveaux produits innovants qui, une fois diffusés, montreront leurs défauts… qu’une réglementation nouvelle tentera de circonscrire. Pour éviter ce phénomène de balancier entre réglementation et innovation, l’équilibre réglementaire reste à trouver. Intégrer une exigence de responsabilité à tous les stades de développement des nouveaux produits ou services est une autre solution : pour Xavier Pavie (ESSEC), « c’est à ce prix que l’innovation portera ses fruits à long terme… » n SOMMAIRE DU DOSSIER ➔➔ Qu’est-ce que l’innovation dans la banque ? Jean-Luc Strauss, Division Altran Research, Altran - Région Ile-de-France ➔➔ Pourquoi les banques de détail innovent-elles ? Patrick Desmarès, EFMA ➔➔ Quelle organisation pour l’innovation dans la banque ? Philippe Honoré, Groupe HEC ➔➔ Les banques en route vers l’open innovation 28 31 34 Thierry Dinard et Mélanie Ingouf, Inovenaltenor ➔➔ Innovation et réglementation : une union contre-nature ? Georges Pauget, Économie Finance & Stratégie ➔➔ 24 38 Le principe d’innovation responsable, fondement de l’innovation bancaire ? Xavier Pavie, ESSEC-ISIS, ESSEC Business school juillet-août 2013 n° 762 40 Revue Banque 23 BiBliograPhie DYNAMIQUE DES MARCHÉS DE TAUX TOUT VA BIEN (OU PRESQUE) La preuve en 18 leçons Éric Bourguignon Préface Patrick Frost et Jean-Pierre Grimaud 200 p., 29 € Economica Contrairement aux marchés d’actions, les marchés de taux d’intérêt sont mal connus du grand public, et même des professionnels de la gestion de patrimoine, pourtant censés orienter une partie importante de notre épargne. Cet ouvrage analyse les interactions qui peuvent exister entre les marchés de taux d’intérêt et leur environnement. Il montre que le choix d’un produit de taux ne peut être dissocié du contexte économique dans lequel il est proposé et analyse pourquoi l’économie est elle-même influencée par les chocs qui affectent ces marchés, comme la crise des subprime et celle des dettes souveraines en zone euro l’ont douloureusement rappelé. ❚ Éric Bourguignon est directeur général délégué de Swiss Life Asset Management (France) et directeur de la gestion taux et de crédit de Swiss Life Asset Managers. n LE RISK MANAGEMENT EN GESTION POUR COMPTE DE TIERS Gilles Dunand-Roux et Bertrand Desportes Préface de Gérard Rameix Avant-propos de Patrick de Cambourg 208 p., 25 €, Economica Commandez ces ouvrages sur revuebanquelibrairie.com Olivier Pastré et Jean-Marc Sylvestre 192 p., 16 €, Fayard n Les auteurs s’attachent dans ce nouvel essai à n La responsabilité du gestionnaire pour compte de tiers est d’apporter une réponse structurée à l’exigence de maîtrise des risques des investisseurs privés et institutionnels. Le risque est en effet au centre de toutes les préoccupations et conditionne très étroitement l’allocation des ressources financières. Construit comme un instrument de travail, ce livre a pour vocation d’encourager les bonnes pratiques et de proposer des éléments de réflexion utiles à la mise en place et au maintien d’un dispositif de gestion des risques robuste chez les prestataires de services d’investissement, et tout particulièrement au sein des sociétés de gestion. ❚ Gilles Dunand-Roux et Bertrand Desportes sont respectivement associé et manager au sein du cabinet Mazars. LA BOÎTE À OUTILS DU RESPONSABLE FINANCIER (2e édition) Caroline Selmer 192 p., 26,50 € Dunod apporter la preuve que la situation économique et sociale nationale est certes inquiétante, mais n’est en aucun cas désespérée. Un constat qui s’accompagne néanmoins d’une mise en évidence de nombre de contradictions : dans ce monde qui se refonde, la France dispose d’atouts exclusifs, sa démographie, son attractivité, de grands champions (entreprises et banques). Aussi, « les Français qui en veulent » peuvent faire de la réforme de l’État, de l’innovation, de leurs banques qui ne sont en rien des adversaires, les instruments d’une France qui gagne et exploite ses gisements d’emplois… Reste que ce sursaut français repose pour l’essentiel sur le retour de la confiance pour tous les acteurs de la société civile. La confiance se mérite et aucun chef ne peut la décréter : il peut la susciter par la clarté de ses choix, la conviction dans son action et sa lucidité dans ses diagnostics, mais son pire ennemi, comme le soulignait Jean-Jacques Rousseau, reste « le flou ». On veut croire avec les auteurs que le bon sens a encore des beaux jours devant lui. Jean-Louis Chambon, président du Prix Turgot ❚ Professeur d’économie à l’université Paris VIII, Olivier Pastré est chroniqueur sur France Culture et Arte, membre du conseil scientifique de l’Autorité des marchés financiers et administrateur de plusieurs banques. ❚ Jean-Marc Sylvestre, journaliste économique, aide quotidiennement les téléspectateurs d’i>Télé à comprendre les mécanismes et les enjeux de l’économie. Il est docteur en sciences économiques (université Paris-Dauphine). Les enjeux de la finance ont changé : les responsables financiers doivent faire face à de nouvelles normes comptables, une sophistication des montages et des produits financiers ainsi qu’à l’obligation d’obtenir des résultats à court terme. Cet ouvrage se concentre sur trois axes majeurs : la mise sous contrôle des activités, l’anticipation et la prospective et la gestion des risques. Il propose 62 outils et méthodes indispensables à la pratique de la finance au quotidien. Cette 2e édition est à jour des dernières normes et comprend de nouveaux outils plus précisément dédiés au responsable financier. ❚ Caroline Selmer est manager des offres en contrôle de gestion à la Cegos. n LE PLACEMENT EN ASSURANCE-VIE Épargne – Revenus futurs – Transmission – Avantages fiscaux Michel Leroy 144 p., 14 € Gualino Éditions « 100 pages » n L’assurance-vie est le principal placement financier des Français. Elle représente 35 % de leur patrimoine financier et 15 % du patrimoine des ménages. Au total, elle s’élève juillet-août 2013 n° 762 Revue Banque 101 mB ai Bnlai g r m a tcesi ouvrages o n sur oegmr eanP th i& e s y s t è m e s d ’ i n f oCommandez revuebanquelibrairie.com et fiscalité à Novancia Business School Paris (école de la CCI Paris Île-de-France). DROIT DE LA DISTRIBUTION BANCAIRE Manuel des distributeurs en opérations de banque et services de paiement (IOBSP – Courtiers en crédits) Laurent Denis Préface de Me Stéphane Choisez, avocat à la Cour Rondaies Finances SAS n Les intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement figurent parmi les trois catégories d’intermédiaires financiers prévus par le Code monétaire et financier. Ils sont connus du grand public, puisqu’ils se composent des courtiers en crédits, auxquels ces emprunteurs s’adressent pour sélectionner un crédit immobilier au taux le plus compétitif. Cet ouvrage offre un panorama complet des aspects du droit bancaire intéressant directement la vente des services bancaires, principalement, des crédits (immobiliers, à la consommation, regroupements de crédits). Il souligne l’émergence d’un tout nouveau champ du droit bancaire : celui encadrant la vente, donc, le droit de la distribution des services bancaires, dont la protection des consommateurs est l’objectif. ❚ Laurent Denis, ancien auditeur du Cycle des hautes études européennes de l’ENA, est directeur d’agence dans un établissement spécialisé dans le crédit à la consommation. SCALPING DE L’ACTION DES PRIX SUR LE FOREX à plus de 1 400 milliards d’euros. C’est que la souscription d’un contrat d’assurance-vie permet à l’épargnant de réaliser plusieurs objectifs tout en bénéficiant d’avantages fiscaux. Mais il faut veiller à respecter un ensemble de règles juridiques et fiscales particulières, sachant qu’il n’y a pas un contrat d’assurance-vie, mais une pluralité de formules différentes. C’est l’objet de ce livre de les expliquer et de les rendre accessibles. ❚ Michel Leroy est maître de conférences à l’Université de Toulouse I Capitole, responsable du Master ingénierie du patrimoine en formation initiale et en formation continue. Retrouvez tous les ouvrages RB Édition et bien d’autres dans La bibliothèque numérique de la banque et de la finance Plus de 2 000 titres en français et en anglais • un accès illimité aux ouvrages clés de la profession • une utilisation simple et directe • un service conçu pour toutes les familles d’utilisateurs A B O N N E Z -V O U S • E-mail : bibliotheque@revue-banque.fr • Tél. : 01 48 00 54 54 • www.revue-banque.fr/bibliotheque 102 Revue Banque no 762 juillet-août 2013 L’ANALYSE FINANCIÈRE Marie-Laure Ruhemann 214 p., 22 € Eyrolles n Ce livre destiné au lecteur non spécialiste est le résultat d’une stratégie pédagogique qui a fait ses preuves en formation continue. L’objectif est de faire saisir l’analyse financière autrement, à ceux qui travaillent dans une petite structure ou dans une grande entreprise ou à ceux qui sont désireux de lire les comptes d’une entreprise. En s’appuyant sur de nombreux exemples, l’auteur s’est attaché à ce que chacun puisse réaliser une analyse financière sans difficulté. ❚ Marie-Laure Ruhemann est professeur de finance, comptabilité Bob Volman Traduit de l’américain par Antoine Dublanc 332 p., 64 € Valor Éditions n Cet ouvrage étudie dans le détail le trading professionnel sur le marché des changes. Illustré de graphiques tirés de situations réelles, essentiellement sur l’EUR/USD, il approfondit les tactiques abordables de trading intraday au cœur même de la spéculation à court terme. Il a été écrit pour répondre aux besoins des traders débutants qui veulent se professionnaliser et désirent se préparer à la tâche de façon aussi complète que possible. ❚ Bob Volman est un trader indépendant pour compte propre. Tous ces ouvrages sont disponibles à La librairie de la Banque et de la Finance, 18 rue La Fayette 75009 Paris Réalisé par Christine Hauvette hauvette@revue-banque.fr Les bases de données Revue Banque & BASE DE SANCTIONS NOUVE AU COMMENTAIRES OPÉRATIONNELS 10 ans de décisions 300 sanctions ACP/AMF et transactions homologuées regroupées, synthétisées et commentées FO RM ATI O N A SSO C I É E 9 juillet 2013 de 8 h 30 à 10 h 30 ACTUALITÉ DES SANCTIONS ACP/AMF Cartographie des risques et conformité Une base actualisée à chaque sanction 8 h 30 – 9 h 30 Sanctions ACP • Pistes d’audit et organisation comptable Une base unique • Procédures crédit et consolidation des risques • Détail des dispositifs attendus en matière de prévention du blanchiment • Intermédiation en assurance Dirigeants, responsables de la conformité, des risques, fonctions de contrôle : comment améliorer la prévention du risque de non-conformité ? La base SANCO (Base de sanctions & commentaires opérationnels) vous donne accès à l’ensemble exhaustif des sanctions (et transactions homologuées) de l’ACP et de l’AMF, enrichies d’une synthèse et d’un commentaire pratique à visée opérationnelle incluant des points d’attention. 9 h 30 – 10 h 30 Sanctions AMF • La réception-transmission d’ordres (RTO) et la politique d’éxécution • L’exercice du contrôle dépositaire • La gestion des fonds de private equity • La prévention des manquements d’initié Formation animée par : • Un support unique La totalité des sanctions AMF et ACP depuis 10 ans. Marie-Agnès NICOLET, présidente, Regulation Partners Henri CALVET, gérant, H2C Conseil Fabrice BOURDONNAY, Associé, Regulation Partners • Une synthèse Le texte complet de la sanction est également disponible. Lieu : ESPACE HAMELIN – 17, rue de l’Amiral Hamelin – Paris 16 • Un commentaire opérationnel et points d’attention Pour compléter les cartographies de risques de non-conformité ou concevoir et mettre en œuvre des contrôles adaptés. ➜ CONTACTEZ-NOUS La base est actualisée lors du prononcé de toute nouvelle sanction ou transaction dans un délai maximum d’un mois. pour en savoir plus, avoir une démonstration, obtenir un rendez-vous, souscrire un abonnement, s’inscrire à l’une des formations… L ES AVANTAGES L ES U TI L I S ATEU RS • Compléter les cartographies de risques de non-conformité • Compléter et adapter les plans de contrôle • Adapter les procédures opérationnelles • Préparer des actions d’information et/ou de formation des collaborateurs • Établissements bancaires et financiers • Entreprises d’investissement et sociétés de gestion • Entreprises du secteur de l’assurance • Associations professionnelles du secteur bancaire et financier • Le monde académique • par email : rbline@revue-banque.fr • par téléphone : 01 48 00 54 19 • sur notre site : revue-banque.fr/rbline • pour vous abonner : service.abonnement@revue-banque.fr Le contenu de la base est réalisé et mis à jour par : Revue Banque ABONNEMENTS 2013 Je choisis l’abonnement à REVUE BANQUE coché ci-dessous : France (TTC) Étranger ■ Nouveaux abonnés (offre réservée non renouvenable) 40,00 € 45,00 € 1 AN : 12 n + 2 suppléments + accès on line os Quantité Total ......... ......... France (TTC) Étranger ■ Institutionnel (adresse professionnelle) 415,00 € 435,00 € ......... ......... ■ Individuel (adresse personnelle) 190,00 € 220,00 € ......... ......... 99,00 € 130,00 € ......... ......... France (TTC) Étranger ■ Institutionnel (adresse professionnelle) 630,00 € 660,00 € ......... ......... ■ Individuel (adresse personnelle) 325,00 € 365,00 € ......... ......... ■ Étudiant (1) 185,00 € 225,00 € ......... ......... ■ Étudiant (1) 2 ANS : 24 nos + 4 suppléments + accès on line Quantité Quantité Total N° 760 mai 2013 40 euros - ISSN 1772-6638 revue-banque.fr NYSE EURONEXT 52 Quand Atlanta prend Revue Banque n° 760 mai 2013 1 MOIS DÉCOUVERTE : 1 no + accès on line Total le dessus sur Wall Street Catherine Karyotis Reims Management School RÉGULATION EUROPÉENNE 18 Attraits et limites de la coopération renforcée Christian de Boissieu, Labex Réfi, Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) BANQUE PRIVÉE 66 « Nous sortons renforcés de tous ces chocs » INTERVIEW Jean-Frédéric de Leusse, Président d’UBS en France GESTION D’ACTIFS LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE France (TTC) Quantité 72 « Les fonds ISR Total ■ Abonnement annuel – 1 compte (2) 165,00 € ......... ■ Abonnement annuel – 5 comptes (3) 625,00 € ......... ......... doivent se donner un objectif d’impact » INTERVIEW Philippe Zaouati, Natixis Asset Management Vers un nouveau pouvoir au Sud • Stratégies internationales • Les principaux acteurs • Analyse des secteurs bancaires chinois, brésilien et turc Vos abonnements se poursuivent on line sur ……… € TOTAL (TVA : 2,10 % incluse sur le tarif France) 22 DOSSIER BANQUES ÉMERGENTES (1) Y compris CFPB, CESB, ITB. Joindre un justificatif. (2) Réservé aux abonnés à une des revues du groupe. (3) Au-delà de 5 comptes, nous consulter (bibliotheque@revue-banque.fr). revue-banque.fr Feuilletage dès parution, newsletters, accès illimité aux archives de Revue Banque… Société .............................................................................................................................................................................. Nom ....................................................................................... Prénom ............................................................................ Fonction........................................................................................................................................................................... Service ............................................................................................................................................................................. Adresse ............................................................................................................................................................................ Code postal/ville.....................................................................Pays ................................................................................. Code TVA (pour les pays de la CEE) ................................................................................................................................... Téléphone ..............................................................................Télécopie .......................................................................... 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