Habilitation à Diriger des Recherches Physique statistique des
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Habilitation à Diriger des Recherches Physique statistique des
Université Aix-Marseille III Faculté des Sciences et Techniques Mémoire présenté pour l’obtention de l’ Habilitation à Diriger des Recherches par Jean-Noël Aqua Physique statistique des systèmes à longue portée et asymétriques : croissance cristalline, fluides chargés et phénomènes critiques J++ Jïï a J+ï Soutenue le 22 juin 2010 devant le jury composé de : Angel Alastuey, Chaouqi Misbah, Pierre Müller, Paolo Politi, Isabelle Berbezier, Françoise Cornu, Thomas Frisch, Vivek Shenoy, CNRS, ENS Lyon rapporteur CNRS, LSP, Grenoble rapporteur Université Aix-Marseille III, CINAM, Marseille rapporteur CNR, ISC, Florence président du jury CNRS, IM2NP, Marseille examinatrice CNRS, LPT, Orsay examinatrice ECM, IM2NP, Marseille examinateur Brown University, USA membre invité A ma petite femme Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier les membres du jury de cette habilitation : Angel Alastuey, Chaouqi Misbah et Pierre Müller qui ont accepté spontanément d’être rapporteurs de ce manuscrit et ont analysé en profondeur les sujets qui y sont exposés ; Paolo Politi, président du jury, ainsi que Françoise Cornu, pour leurs lectures minutieuses de ce manuscrit et leurs compte-rendus ; Isabelle Berbezier, Thomas Frisch et Vivek Shenoy pour leurs intérêt et nombreuses questions. Si la présentation d’une habilitation est un moment scientifique assez unique, sa réalisation suppose aussi des à-cotés non moins importants. Je remercie chaudement mes parents sans qui nos lèvres seraient restées sèches après les débats, Cathy Paithel pour l’immortalisation de ce moment, et toute l’équipe NSCE (Antoine, Guillaume, Isabelle, Luc, etc) pour son aide. Ce mémoire est le fruit de longues années de travail au cours desquelles j’ai eu la chance de partager le plaisir de la recherche avec des collègues motivants. Je pense tout d’abord à Françoise Cornu qui m’a permis d’effectuer mes premiers pas dans le monde de la recherche et que je remercie pour son soutien continu. Je pense ensuite à Michael Fisher qui m’a accueilli en post-doctorat à l’Université du Maryland, et m’a fait partager sa curiosité débordante, rigueur stimulante et franchise constante. Je pense aussi à Thomas Frisch et Alberto Verga avec qui j’ai pu découvrir avec enthousiasme un nouveau sujet de recherche et de nouvelles méthodes d’analyse. Je remercie enfin Isabelle Berbezier et tout son groupe, notamment Antoine Ronda et Adrien Gouyé, qui ont aussi fait croître en moi l’intérêt pour la croissance cristalline et dont les interactions ont constamment enrichi les modélisations que j’ai étudiées. Les individus ne peuvent s’épanouir pleinement que dans dans un cadre collectif qui le leur permet. Je remercie donc les laboratoires de recherche qui m’ont accueilli durant les années décrites dans ce manuscrit : l’Ipst à l’Université du Maryland, le laboratoire de Physique de l’Ens-Lyon, l’Irphé et enfin l’Im2np à Marseille, notamment l’équipe de Jean-Marc Debierre qui m’a accueilli dernièrement. Tout naturellement, je tiens à remercier pour finir celle qui a croisé ma trajectoire et qui n’a pas hésité à la suivre à l’autre bout du monde pour que je puisse la poursuivre. Table des matières A Longue portée et asymétrie 3 Croissance cristalline 5 I Croissance cristalline et longue portée II Principaux résultats II.1 Instabilité d’Asaro-Tiller-Grinfeld . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.2 Agrégation monocouche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 11 16 III Instabilité élastique et mouillage III.1 Diffusion de surface . . . . . . . . . . . . III.2 Problème de l’élasticité . . . . . . . . . . III.2.1 Équations de Lamé . . . . . . . III.2.2 Hypothèse de film mince . . . . III.2.3 Film épais et hypothèse de faible III.3 Dynamique des systèmes isotropes . . . . III.3.1 Équation d’évolution . . . . . . III.3.2 Analyse linéaire . . . . . . . . . III.3.3 Mûrissement ininterrompu . . . III.4 Anisotropie . . . . . . . . . . . . . . . . III.4.1 Modélisation de l’anisotropie . . III.4.2 Analyse linéaire . . . . . . . . . III.4.3 Mûrissement interrompu . . . . III.4.4 Modèle phénoménologique . . . 21 21 22 22 24 28 30 30 30 31 33 33 35 37 39 IV 7 . . . . . . . . . . . . . . . . pente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Articles IV.1 Nonlinear evolution of a morphological instability in a strained epitaxial film . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV.2 Elastic interactions and kinetics during reversible submonolayer growth IV.3 Ordering of strained islands during surface growth . . . . . . . . . . . IV.4 Influence of surface energy anisotropy on the dynamics of quantum dot growth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii 45 45 51 56 64 viii B TABLE DES MATIÈRES Phénomènes critiques et systèmes chargés 79 V Universalité coulombienne 81 VI Principaux résultats VI.1 Modèle sphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI.2 Théorie de Debye-Hückel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 85 89 VII Modèle sphérique ionique VII.1 Modèle sphérique à plusieurs composantes . . VII.1.1 Systèmes à plusieurs composantes . . VII.1.2 Modèle à deux composantes . . . . . . VII.1.3 Interactions coulombiennes et à courte VII.2 Fluide chargé symétrique . . . . . . . . . . . . VII.2.1 Localisation du point critique . . . . . VII.2.2 Voisinage du point critique . . . . . . VII.2.3 Découplage des correlations . . . . . . VII.3 Fluide chargé asymétrique . . . . . . . . . . . VII.3.1 Comportement critique . . . . . . . . VII.3.2 Infection entre corrélations . . . . . . VII.4 Appendice : Règles de somme sur grand écran . . . . . . . . . . . . portée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 93 93 97 98 101 101 103 104 106 106 109 110 VIII Articles VIII.1 Ionic Criticality : An Exactly Soluble Model . . . . . . . . . . . . . . VIII.2 Charge and density fluctuations lock horns : ionic criticality with powerlaw forces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VIII.3 Criticality in charge-asymmetric hard-sphere ionic fluids . . . . . . . 115 115 C 153 Divers 120 129 IX Curriculum Vitae X Vie scientifique 157 X.1 Liste de publications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 X.2 Responsabilités administratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 Bibliographie 155 159 Mise en perspective 1 Chapitre Longue portée et asymétrie « Tous les scientifiques le savaient : la recherche n’était pas illimitée et libre, ne serait-ce que parce qu’elle avait besoin de ressources, qui leur seraient fournies en quantité limitée. La question n’était pas de savoir si quelqu’un devait dire aux chercheurs ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, mais de déterminer qui imposait ces limites et ces orientations, et suivant quels critères.» Eric J. Hobsbawm, L’Âge des extrêmes. Histoire du Court XXe Siècle. 1994 Les travaux de recherche exposés dans ce manuscrit obéissent aux lois du hasard et de la nécessité. Ils sont les fruits des hasards de ma vie scientifique qui m’a donné l’opportunité d’étudier différents domaines de la physique sans rapport a priori. Mais ils se déroulent aussi autour d’un fil directeur, celui de la physique statistique des systèmes à longue portée. Dans les sujets exposés ici, on est frappé de constater qu’à chaque fois l’asymétrie couplée à la longue portée joue un rôle pivot dans la phénoménologie des systèmes étudiés. Le premier exemple concerne la croissance cristalline. J’ai étudié les cristaux obtenues en hétéroépitaxie lorsque l’on dépose de façon cohérente un film solide sur un autre. Les différences de taille atomique sont à l’origine d’une contrainte élastique à longue portée qu’un solide peut libérer en s’organisant sous forme de boîtes quantiques. Il est bien connu que l’anisotropie des énergies de surface pilote les formes des cristaux tant à l’équilibre qu’en croissance. Mais quelle peut être sa conséquence sur la dynamique de la croissance ? En incorporant cette anisotropie dans les équations régissant la diffusion de surface sur un film contraint, on s’aperçoit qu’elle est décisive. Dans un milieu isotrope, la réduction d’énergie élastique se poursuit et le mûrissement des îlots est ininterrompu : le film évolue continûment vers son état d’équilibre caractérisé par un seul îlot relaxant le plus efficacement la contrainte élastique. En revanche, la prise en compte d’une anisotropie même faible change cette image : le mûrissement des îlots s’interrompt lorsque leur densité est assez faible et la surface se fige alors dans une configuration où plusieurs îlots anisotropes, séparés par une couche de mouillage, coexistent. Cette configuration ne correspond pas à un état d’équilibre et l’arrêt de l’évolution morphologique semble correspondre à l’extinc3 4 Longue portée et asymétrie tion de la force motrice de la diffusion dans des configurations permises par le couplage entre l’anisotropie et la longue portée élastique. Un deuxième exemple traite des phénomènes critiques dans les systèmes chargés. Les propriétés des séparations de phases critiques sont bien comprises depuis l’avènement du groupe de renormalisation quand les interactions sont à courte portée ou intégrables. La classe d’universalité et les propriétés critiques sont alors fonctions seulement des dimensions d’espace et du paramètre d’ordre, ainsi que de la portée des interactions. Cependant quand des charges sont présentes, les résultats habituels ne peuvent plus s’appliquer du fait de la longue portée des interactions coulombiennes. Il n’est ainsi même pas établi que l’effet d’écran communément à l’œuvre dans un fluide chargé, le soit encore près d’un point critique. Pour dégager des comportements génériques, on peut étudier un modèle soluble de fluide sur réseau, le modèle sphérique, auquel on peut adjoindre des interactions coulombiennes entre deux espèces de charges. Le premier résultat de ce modèle est que les interactions coulombiennes ne changent pas la classe d’universalité du modèle. Le comportement critique est en effet dicté par une combinaison des densités dont la longue portée coulombienne est exclue par électroneutralité, via un mécanisme qui semble plus général que le modèle sphérique. Cependant, si on s’intéresse au caractère conducteur du fluide, l’asymétrie joue alors un rôle radical. Dans un système parfaitement symétrique de charge (les deux espèces ont les mêmes propriétés à l’exception du signe de leur charge), la règle de somme caractérisant l’effet d’écran externe est toujours vérifiée notamment près et au point critique. En revanche, dès que l’asymétrie est présente, notamment dans les expériences habituelles, l’écran externe est détruit au point critique et les densités de charges exhibent des divergences près du point critique. Le modèle sphérique révèle que ces singularités tirent leur origine du couplage, potentiellement général, entre les fluctuations de charge et de densité induit par l’asymétrie du fluide. On le voit dans ces exemples, l’asymétrie qui est parfois écartée par souci de simplification des modèles physiques, peut jouer un rôle décisif particulièrement quand elle intervient dans des systèmes à longue portée. Le but de ce manuscrit est de donner quelques éléments permettant de comprendre les rouages sous-jacents à ce constat. Première partie Croissance cristalline 5 Chapitre I Croissance cristalline et longue portée « Le maintien de l’organisation dans la nature n’est pas - et ne peut pas être - réalisé par une gestion centralisée, l’ordre ne peut être maintenu que par une auto-organisation. Les systèmes auto-organisateurs permettent l’adaptation aux circonstances environnementales.» I. Prigogine, La fin des certitudes. 1996 Les méandres d’une rivière ou les dunes de sable sont des structures couramment observées aux échelles spatiales géologiques. Avec les technologies actuelles, les échelles nanométriques des surfaces cristallines sont à portée d’observation directe et laissent découvrir des organisations étrangement ressemblantes. Leur compréhension, contrôle et manipulation forment un domaine en pleine expansion où se mêlent recherche fondamentale et applications technologiques [143, 13, 108, 91], et dans lequel s’insère le travail que j’ai effectué à Marseille en interaction avec Thomas Frisch, Alberto Verga et le groupe d’Isabelle Berbezier. Je me suis intéressé à la modélisation de la croissance cristalline aux échelles nanométriques, et plus particulièrement à la croissance par hétéroépitaxie d’îlots quantiques [146]. Ces îlots sont des boîtes de dimension suffisamment petite pour que leurs propriétés électroniques ou électromagnétiques fassent appel aux effets quantiques. L’épitaxie consiste à faire croître par déposition atomique un film cristallin dans des conditions de pureté telles que le film adopte l’ordre (taxis) du substrat sur lequel il est déposé (epi ). Des îlots quantiques peuvent ainsi être obtenus lorsque l’on considère la croissance d’un film d’un élément semi-conducteur sur un autre (hetero) élément semi-conducteur de paramètre de maille voisin, dans la même colonne du tableau périodique comme pour la croissance des IV-IV (le parangon étant le système Si/Ge), ou dans des colonnes différentes, comme pour la croissance des III-V (cf. les systèmes InGaAs ou AlGaN). L’organisation d’une surface en boîtes quantiques peut être le résultat d’une structuration imposée par lithographie, par exemple par un bombardement ionique ou par l’utilisation de masques ou d’une attaque chimique sélective. Elle peut aussi résulter de l’auto-organisation de la surface lors de la croissance par déposition de matière : MBE (molecular beam epitaxy) ou plus traditionnellement dans l’industrie, CVD (chemical 7 8 Croissance cristalline et longue portée vapor deposition) et MOCVD (metalorganic chemical vapor deposition). Il peut en effet être intéressant pour préserver les propriétés du matériau et pour l’étude de la physique de la croissance cristalline d’obtenir ces boîtes par un mécanisme propre au système, qui peut être cinétique ou thermodynamique. Selon les matériaux et les conditions de croissance, les surfaces peuvent en effet s’auto-organiser sous différentes structures. En homoépitaxie, du fait de coefficients cinétiques anisotropes ou d’un champ électrique extérieur biaisant la diffusion atomique en surface, une mise en paquet des marches est observée sur certaines surfaces vicinales tandis que d’autres développent des méandres en croissance [67, 108]. Les boîtes quantiques obtenues en hétéroépitaxie découlent elles de la relaxation de la contrainte élastique générée par la différence de maille entre le film et son substrat, dans le mode de croissance dit de Stransky-Krastanov [108, 145, 21, 29, 127, 96, 15, 20]. En effet, le substrat exerce sur le film une contrainte biaxiale dans le plan de leur interface, qu’une évolution morphologique dans la direction normale à l’interface permet de relaxer. Mais, si le mécanisme sous-jacent est toujours la relaxation élastique, différents modes de croissance caractérisent cette évolution. Quand la contrainte est "assez" faible, l’évolution débute par une instabilité dite d’Asaro-Tiller-Grinfeld (ATG) [10, 62] qui se développe sur toute la surface du film avec sa longueur d’onde caractéristique et dont l’évolution aux temps longs dépend de la surface considérée. En revanche, quand la contrainte est "assez" forte, la dynamique est caractérisée par la nucléation rapide d’îlots tridimensionnels répartis aléatoirement sur une surface plane. Ce sont ces deux régimes que j’ai modélisés par des approches continue et atomistique. L’instabilité ATG résulte de la diffusion atomique de surface induite par la relaxation de la contrainte élastique. Le taux de croissance [10, 62, 126, 125] d’une perturbation de vecteur d’onde surfacique k varie typiquement en |k|3 − k4 où le terme non-analytique en |k| traduit la longue portée des interactions élastiques et entre en compétition avec le coût en énergie de surface. L’instabilité ATG a été mise en évidence expérimentalement [11] pour la première fois par Torii et Balibar sur des films solides d’4 He soumis à une contrainte extérieure [139] suite à l’observation d’une modulation de la surface d’hélium contraint [27, 138]. Elle est aussi à l’origine de l’évolution morphologique du système Si/Ge [45, 107, 68, 103, 19, 58, 56, 133, 140, 134] pour des combinaisons de type Si1−x Gex sur Si avec x de l’ordre de 20 − 30% afin que la contrainte élastique ne soit pas trop importante et pour des hauteurs de films inférieures à la longueur de Matthews afin de conserver une épitaxie cohérente sans défaut [88, 58]. Dans le domaine des polymères, l’instabilité ATG a été observée sur des films de polydiacétylène déposés en épitaxie sur un substrat de monomères exerçant la contrainte élastique nécessaire [24]. Enfin, d’autres systèmes physiques comme des films démouillant ou la solidification dirigée [33, 132] sont aussi potentiellement concernés par cette instabilité. Une fois l’instabilité développée, l’évolution aux temps longs révèle différents scénarios. Dans le cas des films d’hélium comme pour les films semi-conducteurs épais (tout en restant en deçà de la longueur de Matthews), les modulations d’épaisseur continuent à se creuser pour aboutir à un réseau de dislocations [11, 58] résultant de la concentration de la contrainte en des points singuliers [12, 100, 121, 122, 73]. Ainsi, une solution minimisant l’énergie à deux dimensions [37] prévoit une surface en forme de cycloïde où le stress est maximal sur les points de rebroussement tandis que le reste de la surface est relaxé. Cette redistribution optimale est réalisée quand la longueur d’onde des singularités est plus grande qu’une longueur critique [37]. La dynamique non-linéaire des équations de diffusion 9 révèle alors bien l’apparition de singularités en temps fini, en utilisant une résolution des équations non-linéaires par un traitement en éléments finis ou dans l’approximation de faible pente [157, 122, 154] ou encore par une décomposition de la forme de la surface sur différents modes caractérisés par des cycloïdes [76]. À la différence de la dynamique conduisant à l’apparition de dislocation, un autre scénario apparaît dans le cas de films minces épitaxiés. Pour le système Si/Ge, la dynamique conduit au contraire à l’apparition d’un réseau d’îlots résultant du mûrissement des ondulations initiales [56, 133, 140]. Ces îlots s’auto-organisent sans dislocation à la surface du film et sont en conséquence intéressants pour des applications électronique ou optique, pour les matériaux IV/IV (Si/Ge) et aussi pour les matériaux semi-conducteurs de la famille de III/V (GaAs, GaN, InGaN, etc.) à gap direct. Ils questionnent aussi la modélisation de l’instabilité et de son évolution aux temps longs. La différence manifeste avec les films épais est l’interaction entre la surface et le substrat sous-jacent. Celle-ci caractérise les propriétés mouillantes du film solide sur son substrat : pour les systèmes Si1−x Gex sur Si, la différence entre les énergies de surface du film et du substrat est de l’ordre de −30x%, et le film est ainsi dans une situation de mouillage. En outre, les images des îlots formés sur SiGe révèlent aussi l’existence d’un film de mouillage les séparant. Cet ingrédient apparaît donc crucial pour la modélisation des îlots en hétéroépitaxie [38, 123, 135, 105, 59], et nous l’intégrerons en considérant la dépendance de l’énergie de surface par rapport à la hauteur h du film. En considérant un système isotrope et un potentiel de mouillage divergeant (de manière non-physique) en 1/h2 où h est la hauteur du film, un mûrissement en loi de puissance a été prédit [135] tandis qu’un mûrissement interrompu a été obtenu avec un potentiel régulier mais dominant [105]. Quelle incidence peuvent donc avoir les effets de mouillage sur l’instabilité et sur l’apparition de singularités ? Quel type d’auto- organisation peut-on espérer réaliser dans ces systèmes et de quels paramètres dépend-elle ? Un autre ingrédient à incorporer dans la modélisation de ces systèmes est l’anisotropie. En effet, la forme des cristaux est essentiellement dictée par l’anisotropie de leur énergie de surface. Cet effet est manifeste pour les formes d’équilibre que l’on peut mettre en bijection avec la fonction reliant l’énergie de surface à l’orientation de la normale par la construction de Wulff [153, 99, 143]. C’est cette même anisotropie qui favorise certains modes de croissance dans certaines directions et dicte les formes obtenues en croissance pour de nombreux cristaux [143]. Il est donc aussi naturel d’analyser son influence sur l’instabilité ATG [158, 36], sur les formes et propriétés statistiques (comme les distributions de taille) des cristaux obtenus après mûrissement ainsi que sur la dynamique de la croissance. Telles sont les questions que j’ai abordées concernant l’instabilité ATG. Pour les films contraints où l’énergie élastique est "assez" importante, l’instabilité ATG qui ne se développe que progressivement et relativement lentement est masquée par l’apparition brutale d’îlots 3D qui nucléent sur la surface du film après quelques hauteurs atomiques déposées [108, 145, 134, 127]. Ce deuxième régime (dit régime de nucléation) que j’ai étudié fait intervenir les processus atomiques de déposition, diffusion et agrégation. Sans élasticité, les morphologies obtenues lors de la croissance de fractions de monocouches se révèle déjà utiles pour la description et la modélisation de l’agrégation atomique en épitaxie, généralisant ainsi l’agrégation communément observée dans d’autres domaines de la physique, en chimie ou en biologie, et décrite dans le papier original de Smolukowski [120]. Les agrégats résultant de la croissance de fractions de monocouche 10 Croissance cristalline et longue portée peuvent aussi être étudiés pour mesurer les coefficients de diffusion atomique, difficiles à mesurer expérimentalement mais accessibles grâce à la comparaison des tailles mesurées avec celles prédites par la théorie [92, 35]. La propriété distinguant les différents modes de croissance est la distribution de taille des agrégats. Celle-ci est caractérisée par l’absence de longueur caractéristique autre que celle liée à la cinétique. Dans le cas irréversible [143, 13] où les atomes s’étant incorporé à un agrégat restent attachés à cet agrégat, la distribution des tailles [142, 16, 48] est fonction uniquement de la taille moyenne, ellemême dépendant de la quantité de matière déposée. Cette fonction peut être obtenue par les équations cinétiques des taux d’agrégation [141, 131, 26, 144] traitant le système en champ moyen et permettant d’avoir accès aux densités et tailles moyennes des agrégats selon la quantité de matière déposée et le rapport D/F entre le coefficient de diffusion et le flux de déposition. Lorsque l’on considère des surfaces semi-conductrices, l’hypothèse d’agrégation irréversible peut néanmoins être mise en défaut aux températures de travail au regard de la faiblesse des énergies de liaison entre atomes (à la différence des systèmes métalliques). Les propriétés statistiques, et particulièrement la forme de la fonction définissant la loi d’échelle sur la distribution de taille des agrégats, sont alors fonction d’un paramètre supplémentaire qui peut être l’énergie de liaison entre atomes [112] ou la taille d’un noyau critique au-delà duquel l’agrégation peut à nouveau être considérée comme irréversible [26, 3]. Si la connaissance de ces systèmes est plutôt bien établie quand les atomes interagissent à courte portée, la présence d’interactions élastiques dans le problème rend plus parcellaire notre compréhension. Cette situation concerne l’hétéroépitaxie où les atomes peuvent interagir à longue portée grâce à leur interaction cohérente avec le substrat [143]. La modélisation de ces systèmes doit alors incorporer le fait que l’élasticité introduit une dépendance en la taille des agrégats puisque leur effet sera explicitement fonction de leur nombre d’atomes. En premier lieu, les interactions élastiques répulsives repoussent les adatomes entre eux ainsi que loin des agrégats déjà existants [63, 98, 61]. Ensuite, on peut s’attendre à ce que l’élasticité favorise le détachement d’atomes réversiblement incorporés dans des agrégats [110]. Dans ces conditions, les lois d’échelles concernant les distributions de taille des îlots sont-elles toujours vérifiées ? Et si oui, sont-elles modifiées par l’élasticité ? Les propriétés statistiques des agrégats (densité, taille moyenne) dépendent-elles des interactions élastiques ? Les agrégats résultant de la déposition d’une mono-couche sont-ils les précurseurs de la nucléation d’îlots 3D, comme souvent supposé ? De quels paramètres dépend la transition 2D/3D ? Telles sont les questions que j’ai étudiées concernant la nucléation d’îlots contraints en épitaxie. Chapitre II Principaux résultats «Retenons ici que nous pouvons affirmer aujourd’hui que c’est grâce aux processus irréversibles associés à la flèche du temps que la nature réalise ses structures les plus délicates et les plus complexes.» I. Prigogine, La fin des certitudes. 1996 II.1 Instabilité d’Asaro-Tiller-Grinfeld J’ai considéré dans un premier temps une approche continue pour modéliser l’instabilité d’Asaro-Tiller-Grinfeld. Celle-ci est liée à la diffusion de surface qui est la seule à être activée aux températures de travail. Les flux de diffusion peuvent alors être reliés aux gradients de potentiel chimique de surface [10, 62] dans une approche de type Onsager, où le flux de matière sur la surface jS est proportionnel au gradient de surface du potentiel chimique de surface. La conservation de matière implique alors une équation de diffusion de type ∂h/∂t = D∆S µS où D est un coefficient de diffusion reliant l’évolution de la hauteur de la surface h(x, y, t) au laplacien de surface du potentiel chimique de surface µS . Le potentiel chimique comprend un premier terme égal à la densité d’énergie élastique sur la surface, qui favorise le transfert de matière vers les zones relaxées où la concavité de la surface est positive, et qui contribue comme +|k|3 au taux de croissance d’une perturbation de vecteur d’onde k. Cet effet est contrebalancé par un deuxième terme associé au coût en énergie de surface et égal au produit de l’énergie de surface par la courbure locale de la surface, contribuant en −k4 au taux de croissance. Ces deux termes sont classiquement présents dans la description de l’instabilité ATG. Dans le cas d’un film mince, il faut ajouter à cette modélisation les effets d’interaction entre la surface du film et le substrat sur lequel il est déposé de façon cohérente. Cette interaction décrit l’effet de mouillage entre le film et le substrat, cf. e.g. [94, 123], qui est incorporé via la dépendance de l’énergie d’interface en fonction de la hauteur du film, dépendance sensible uniquement sur quelques distances atomiques. Cette dépendance traduit la variation de l’environnement local en fonction de la présence proche ou non d’un substrat sous la surface. On peut alors estimer cette dépendance avec une décroissance exponentielle vers la valeur correspondant au film seul, afin de rendre compte de la variation obtenue dans les 11 12 Principaux résultats simulations ab-initio [17, 84]. Ce terme rajoute un terme en −k 2 exp(−h/δw ) dont l’effet s’atténue au-delà de quelques monocouches δw . La combinaison de ces trois effets permet de donner une première modélisation de base de l’instabilité ATG où le système est isotrope. Le premier résultat concerne le régime linéaire. Du fait de la présence du terme de mouillage, pour des potentiels de mouillage d’ordre de grandeur comparable à celui des études ab-initio, l’instabilité apparaît inhibée pour une hauteur déposée plus petite qu’une certaine hauteur critique de l’ordre de quelques monocouches, alors qu’elle se développe bien pour des films plus épais. Cet effet est conforme aux expériences sur le système SiGe sur Si, où l’instabilité est absente pour une hauteur déposée inférieure à 3-4 monocouches. L’évolution aux temps longs nécessite alors l’estimation des effets non-linéaires. Pour ce faire, on adopte une hypothèse de faible pente qui correspond bien aux expériences sur SiGe/Si où les îlots ont, dans le régime de croissance qui nous intéresse, une pente maximale de 1/5 correspondant aux faces (105). Il est alors possible de résoudre au premier ordre non-linéaire [9] les équations de Lamé de l’élasticité [77] qui expriment l’équilibre mécanique dont la validité est raisonnable vu le temps caractéristique de l’instabilité. La résolution se fait grâce à l’hypothèse de faible pente et les non-linéarités apparaissent du fait de la condition au limite sur la surface précisant une contrainte nulle sur celle-ci (le film est au contact avec le vide). La solution pour le champ de déplacement et pour l’énergie élastique [9] fait apparaître des termes non-linéaires en la hauteur h qui sont aussi non-locaux, et qui reflètent la longue portée des effets élastiques. Ils font intervenir la transformée de Hilbert généralisée définie via la transformée de Fourier F[h] de la hauteur h[x, y] Hij [h] = F −1 {(ki kj /|k|) F[h]} , (II.1) où la longue portée des interactions élastiques se traduit par la non-analyticité en le vecteur d’onde k. En prenant en compte un éventuel flux F de déposition, l’équation d’évolution de la surface est ainsi donnée lorsque l’énergie de surface est isotrope par n ∂h = F + ∆ − γ(h)∆h − γ 0 (h) − Hii (h) + 2h∆h + |∇h|2 ∂t o +2Hij [h θijkl Hkl (h)] + Hij (h)θijkl Hkl (h) , (II.2) où la fonction γ(h) traduit les effets de mouillage. Les coefficients géométriques θijkl sont tels que (pour i 6= j) θijij = 1, θiijj = −θijji = νf , où νf est la module de Poisson du film, et sont nuls autrement. Enfin, l’équation d’évolution (II.2) est écrite en unités de la longueur caractéristique de l’instabilité l0 = γ/[2(1 + ν)E 0 ] et du temps caractéristique t0 = l04 /Dγ où γ est l’énergie de surface du film et E 0 , la densité d’énergie d’un film plan contraint par la différence de maille entre le film af et le substrat as , E 0 = Ef (af − as )2 /a2s (1 − νf ) avec Ef le module d’Young du film. Cette équation peut en fait être écrite comme la variation de l’énergie totale du film selon la dérivée fonctionnelle de sa hauteur et les termes non-linéaires locaux et non-locaux apparaissent couplés deux à deux. Ainsi, le terme h∆h, en général interdit par des considérations de symétrie par invariance selon la direction z perpendiculaire au substrat, est ici autorisé grâce aux termes non-linéaires non-locaux. II.1 Instabilité d’Asaro-Tiller-Grinfeld 13 Instabilité élastique lors d’un recuit : cas isotrope La résolution numérique de cette équation par des méthodes spectrales a permis de montrer que l’évolution d’un film mince isotrope lors d’un recuit (i.e. pour F = 0) ne présente pas de singularité à l’inverse du cas d’un film épais, et ceci, conformément aux résultats expérimentaux. Le potentiel de mouillage qui est l’ingrédient nouveau permet ainsi bien d’obtenir une dynamique continue sans singularité [9]. Fig. II.1 – Évolution d’un film mince soumis à une contrainte élastique, résultant d’un modèle de diffusion de surface comprenant l’élasticité non-linéaire non-locale ainsi que des termes de mouillage. Les îlots, séparés par une couche de mouillage, évoluent selon un mûrissement non-interrompu. Pour un film mince, l’instabilité se développe initialement avec la longueur d’onde caractéristique du système définie comme le rapport entre l’énergie de surface et l’énergie élastique volumique. Cette phase correspond à la phase d’ondulations de surface effectivement observées au début d’un recuit ou d’une croissance [140, 133]. Dans un deuxième temps, le régime non-linéaire s’établit où une couche de mouillage se forme entre des îlots qui croissent grâce à la diffusion de surface sur le film de mouillage permettant le transfert de matière entre îlots. Sans flux de matière incident, la dynamique du système est alors caractérisée par un mûrissement ininterrompu [9], et l’état final du système consiste en un seul îlot relaxant la contrainte élastique. Le mûrissement ininterrompu est lié au fait que le potentiel chimique étant une fonction décroissante de la taille des îlots, un gros îlot relaxe plus efficacement la contrainte élastique et la diffusion de surface permet au système d’évoluer lentement vers l’état minimisant l’énergie totale. L’évolution vers cet état se fait en fait selon des lois de puissance, cf. Tableau II.1, dont nous avons numériquement obtenu les exposants caractéristiques [9]. AFV 07 w(t) ∼ t où β = 0.7 ζ N (t) ∼ t où ζ = 1.3 β LGDV 07 2.9 2.9 PH 06 0 / Tab. II.1 – Lois d’échelle caractérisant le mûrissement de l’instabilité ATG en présence d’effets de mouillage où AFV 07 désigne la référence [9], LGDV 07, [80] et PH 06, [105]. La rugosité de la surface est w = h(h − hhi)2 i1/2 et N est le nombre d’îlots. 14 Principaux résultats Instabilité élastique et croissance Dans le cas d’un système en croissance, i.e. pour F non nul, de nouveaux scénarios apparaissent selon la valeur du flux de déposition. Cet effet est original dans le cadre des instabilités de surface car dans les équations habituelles de la croissance cristalline sans bruit (celui-ci étant bien négligeable sur les échelles caractéristiques de l’instabilité), le terme de flux F disparaît dans la transformation galiléenne h = h0 + F t. En revanche, du fait de la présence des effets de mouillage qui brisent l’invariance par translation dans la direction de croissance, le flux F intervient de façon non triviale dans le problème. Au final, différents régimes non-linéaires apparaissent en fonction de la valeur de F , cf. II.2. Fig. II.2 – Organisation typique des îlots pour trois valeurs de flux augmentant de gauche à droite. Pour F petit, l’évolution du système est similaire au recuit, où on constate un mûrissement non interrompu où les îlots n’ont pas de fortes corrélations spatiales. En augmentant F , apparaît un nouveau régime marqué par des corrélations spatiales entre îlots où ceux-ci se regroupent par paires, cf. figure II.2. Nous avons caractérisé ces corrélations en termes de distance entre plus proches voisins dans la triangulation de Delaunay. L’apparition de paires d’îlots se traduit par l’apparition d’un premier pic aux faibles distances, cf. figure II.2, qui grandit en hauteur lorsque l’appariement se développe. Dans ce régime, l’évolution du nombre d’îlots au cours du temps est naturellement plus lente que pour des valeurs plus faibles du flux, mais cette évolution présente la particularité de s’accélérer au cours du temps pendant un intervalle de temps. Cette accélération est caractéristique d’un mûrissement inhabituel et peut être obtenu dans une description en champ moyen incorporant les effets élastiques en accord avec les expériences de croissance [57]. Enfin, en augmentant encore F , on obtient un régime où l’instabilité est gelée et où le mûrissement des îlots est cinétiquement interrompu. Le nombre d’îlot est alors constant sur une large plage de déposition et les groupes d’îlots contiennent de nombreuses composantes. L’ordre dans le système est alors maximal, caractérisé par une distribution des distances piquée autour des deux maxima précédents, trahissant une organisation sous forme de groupes d’îlots, avec une distance typique entre deux îlots voisins dans un même agrégat, et la distance entre groupes définie comme la distance minimale entre deux îlots de deux groupes voisins. II.1 Instabilité d’Asaro-Tiller-Grinfeld .6 15 HbL 3 HaL HcL .4 .2 Counts H 100L Counts H 100L Counts H 100L 3 2 1 1 0 0 0 20 40 60 d Hl0L 80 2 0 0 20 40 d Hl0L 60 0 20 d Hl0L 40 Fig. II.3 – Distribution des distances entre îlots découlant d’une triangulation des images de la figure II.2. Effet de l’anisotropie L’anisotropie d’énergie de surface est une donnée importante contrôlant la forme des cristaux tant à l’équilibre qu’en croissance [143]. Ainsi, les cristaux généralement observés présentent des facettes correspondant à des orientations particulières où l’énergie de surface γ(n) présente un minimum local et un point de rebroussement en fonction de l’orientation locale de la surface n. Cette anisotropie est effectivement visible à un stade avancé de l’instabilité élastique du système Si/Ge, puisqu’un régime de pyramides à base carrée selon les directions (105) est observé à la fois en croissance et lors des recuits [133, 140]. La facette (105) pour Si/Ge n’est pas une facette habituelle : elle est observée uniquement pour des systèmes peu relaxés et est donc stabilisée par la contrainte. L’orientation (001) semble quant à elle ne pas être une facette et présente toujours une certaine rugosité quand on considère un mélange Si/Ge [137]. Pour décrire le régime de croissance de l’instabilité élastique sur Si/Ge aboutissant à des pyramides, nous avons incorporé une certaine anisotropie dans l’énergie de surface. Pour rendre compte des propriétés précédentes, nous avons considéré une énergie de surface avec un minimum et une faible courbure près de l’orientation (001) et un minimum avec une forte courbure près de l’orientation (105). p dans les directions nα sont paramétrés sous P Ces minimums la forme γ(n) = γf {1 − α Aα exp[−ηα 1 − (n · nα )2 + α ]} avec l’amplitude Aα d’un minimum, ηα son étendue et α , un paramètre de régularisation relié à la courbure au minimum. Cette dernière régularisation, en évitant la singularité d’un point de rebroussement, permet de simuler une équation d’évolution impliquant des dérivées bien définies sur les pyramides. La première conséquence de l’anisotropie est la retardation de l’instabilité liée à la rigidité de l’orientation initiale (001) du film. En effet, même pour une faible valeur de la courbure de l’énergie de surface en fonction de l’orientation, l’analyse linéaire du problème montre que le temps à partir duquel l’instabilité est visible peut augmenter fortement quand la rigidité augmente, cf. figure II.4. Ce résultat est en accord avec le fait qu’expérimentalement, l’instabilité est observée lors du dépôt sur l’orientation (001), connue pour avoir une faible rigidité, mais n’est pas observée sur la facette (111), ayant 16 Principaux résultats 300 250 hS 200 150 100 50 0 1.0 1.2 1.4 Γ" 1.6 1.8 2.0 Fig. II.4 – Évolution de la hauteur hS d’apparition de l’instabilité (définie comme la hauteur à partir de laquelle la rugosité est supérieure à un seuil de 3 monocouches) en fonction de la rigidité γ̃ = γ + γ” [où γ” représente la courbure de γ(n) en fonction de n] de la surface initiale du film (001) pour quatre valeurs du flux de déposition (de bas en haut) F = 0.005, 0.01, 0.05, 0.1. une forte rigidité, [19]. Dans le régime non-linéaire, le minima en (105), même faible (de l’ordre de 1%), induit une croissance en pyramides autosimilaires conformément aux expériences. La dynamique du système est alors profondément affectée par l’anisotropie. L’évolution du système (mûrissement, rugosité, etc.) est nettement ralentie du fait de l’anisotropie. Lors d’un recuit, le système exhibe un mûrissement interrompu lorsque la distance entre îlots est typiquement deux fois plus grande que leur taille caractéristique. Ce résultat semble conforme aux expériences [22], cf. figure II.5 et peut être interprété par une approche en champ moyen montrant que les différences de potentiel chimique, à l’origine du mûrissement, s’amenuisent au cours de ce processus. On peut alors prédire l’évolution du système au cours du temps et notamment en fonction de la quantité de matière déposée. Les simulations montrent que la densité des îlots et leur taille moyenne augmente avec la hauteur déposée. Cette tendance est soumise à vérification expérimentale. Pour des hauteurs déposées suffisamment importante, les simulations révèlent une coexistence entre des pyramides à base carrée et des pyramides rectangulaires, là aussi en accord avec les expériences [22]. II.2 Agrégation monocouche Lorsque la contrainte élastique est plus importante, typiquement pour des différences de paramètre de maille comprises entre 2 et 4% pour Si/Ge, l’instabilité ATG est masquée par la nucléation préalable et brutale d’îlots dans le mode classique de croissance de Stranky-Krastanov [108, 145, 134, 127]. La description de cette transition 2D/3D nécessite celle des processus atomiques, ce qui peut être fait avec un modèle microscopique de type Solid On Solid (SOS). Ce modèle décrit la déposition, la diffusion et l’agrégation d’atomes sur une surface cristalline. J’ai considéré un tel modèle où l’attachement des atomes dans des agrégats se fait de façon réversible (ce qui suppose entre autres que l’énergie de liai- II.2 Agrégation monocouche 17 Fig. II.5 – Régime stationnaire de l’instabilité élastique prenant en compte l’anisotropie de l’énergie de surface et régime stationnaire obtenu expérimentalement pour un film de Ge0.25 Si0.75 sur Si. son entre plus proches voisins n’est pas trop élevée), ce qui est approprié pour les semiconducteurs et les températures étudiés. Beaucoup de résultats existent pour des systèmes avec des interactions à courte portée, donnant notamment les propriétés statistiques (densité d’îlots, évolution temporelle, distribution de tailles des îlots, etc.) en terme de lois d’échelle, en lien avec des équations cinétiques [143, 13, 142, 16, 48, 141, 131, 26, 144, 3]. En revanche, le cas des systèmes avec des interactions élastiques à longue portée est moins connu théoriquement bien que fréquemment considéré expérimentalement. Les surfaces obtenues en épitaxie par jet moléculaire sont le plus souvent le résultat de leurs mécanismes de croissance et non d’une configuration d’équilibre. Pour étudier leurs propriétés dynamiques de façon statistique, l’outil des simulations Monte-Carlo cinétique est approprié et permet de modéliser les processus atomiques. Pour réaliser ces simulations qui décrivent des processus dynamiques, il s’agit d’estimer les barrières énergétiques ∆E pour chaque mouvement atomique. Le poids de Boltzmann de chacun de ces mouvements est alors comparé à un nombre aléatoire afin d’autoriser (ou non) ce mouvement. La contribution élastique à cette barrière de diffusion peut alors être estimée par la différence d’énergie élastique avec et sans l’atome testé, différence calculée grâce à la fonction de Green du système. Pour un atome sur le site i à une hauteur h(ri ) cette barrière peut se mettre sous la forme X ∆Ei = ES + ni EN − E0 h(rj )G(ri − rj ), (II.3) j où E0 est une constante élastique, G, la fonction de Green des interactions élastiques, et ES et EN , les énergies d’adsorption au substrat et d’attachement aux ni plus proches voisins du site i. Cette approche permet de traiter systématiquement les interactions élastiques dans l’étude de la dynamique du système. En considérant des énergies d’attachement de l’ordre typiquement de 0.3 eV, ce qui est adapté au cas des semi-conducteurs de type Si/Ge, on cible une dynamique réversible où les atomes forment préférentiellement des agrégats, mais avec une probabilité non complètement négligeable de détachement. Cette réversibilité favorise la formation d’îlots compacts par opposition aux îlots fractals plus petits obtenus dans le cas irréversible [112] car les atomes ont plus de chance en se détachant, de trouver une configuration avec une forte coordination, minimisant l’énergie 18 Principaux résultats !3 70 3.5 65 3 60 2.5 mean size island density x 10 55 0 0.25 0.5 x 0.75 1 Fig. II.6 – Résultat des simulations Monte-Carlo cinétique avec élasticité. La densité d’îlot (trait plein) diminue alors que la taille moyenne des îlots (trait pointillé) augmente. et retenant l’atome avec une énergie plus forte. Cette modélisation a permis d’obtenir les propriétés statistiques d’une fraction de monocouche sous contrainte élastique. Le premier résultat concerne la densité d’îlots, reliée à la taille des îlots, cf. figure II.6. L’évolution temporelle est marquée initialement par la nucléation rapide d’îlots puis par un régime où la densité d’îlots évolue peu et où les adatomes s’incorporent aux îlots déjà existants. Dans ce régime, l’élasticité augmente la taille des îlots et diminue en conséquence leur densité. Cet effet est contre-intuitif car l’élasticité a plutôt tendance dans un premier temps à repousser les adatomes loin des îlots et à favoriser le détachement des atomes du bord des îlots. En fait, une théorie effective remplaçant les interactions élastiques par un champ moyen, permet de ré-interpréter ce résultat comme un abaissement effectif de l’énergie d’attachement des atomes aux îlots EN du fait de l’élasticité. Cet abaissement permet au système d’explorer une plus grande partie de l’espace des états et de construire ainsi des îlots plus coordonnés, moins fractals et plus gros, cf. figure II.7, qui diminuent notamment l’énergie de lisière des îlots. Cet effet résulte de la combinaison de la cinétique de croissance et de l’élasticité construite progressivement par les îlots en grossissant. La modèle SOS avec élasticité, permettant de calculer rapidement les propriétés élastiques de systèmes relativement grands, donne aussi accès à la distribution de taille des îlots. Sans élasticité, l’analyse habituelle [142, 16] permet de montrer qu’après la phase de nucléation, cette distribution suit une loi d’échelle où la seule longueur caractéristique est la taille moyenne des îlots qui augmente au cours de la déposition. Cette loi d’échelle prévoit ainsi que le nombre d’îlots Ns de taille s est donné par Ns = (Θ/hsi2 ) f (s/hsi), (II.4) où hsi est la taille moyenne des îlots pour une large plage du taux de couverture Θ représentant la quantité de matière déposée. La fonction d’échelle f est alors fonction des caractéristiques de la croissance, notamment de son caractère réversible [111, 113]. Celle-ci pourrait en principe être affectée par l’introduction des effets de taille liés à la longue portée des interactions élastiques. Dans le régime de paramètres étudiés, j’ai vérifié que la loi d’échelle habituelle de cette distribution est tout d’abord bien vérifiée, dans la II.2 Agrégation monocouche 19 Fig. II.7 – Résultat des simulations Monte-Carlo cinétique avec élasticité. Sans élasticité (figure de gauche), les îlots sont relativement fractals du fait de la cinétique de croissance, alors que l’élasticité favorise la formation d’îlot plus compacts et plus gros. gamme de Θ habituels (avant la coalescence). En outre, la loi d’échelle semble ne pas être affectée par l’élasticité, puisque la réduction des points sur une même courbe se fait selon la même loi avec ou sans élasticité, cf. figure II.8. Pour résumer, l’élasticité affecte bien les distributions de taille absolue, puisque la taille moyenne est bien fonction de l’élasticité, mais la loi d’échelle permettant de condenser la distribution des tailles relatives est elle inchangée. 1 Ns <s>2/! (a) 0.4 0.2 0 0 1 2 3 s/<s> Fig. II.8 – Loi d’échelle pour la distribution de tailles d’agrégats lors de la croissance d’une fraction de monocouche, avec (croix rouges) et sans (cercles noirs) élasticité. 20 Principaux résultats Chapitre III Instabilité élastique et mouillage «Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses ; c’est celui qui pose les vraies questions.» C. Levi-Strauss, Le Cru et le Cuit. 1964 III.1 Diffusion de surface On considère un film déposé de façon cohérente sur un substrat dont la surface libre est repérée par sa hauteur z = h(x, y, t) par rapport à l’interface avec le substrat, cf. figure III.1. Aux températures habituelles de croissance, seule la diffusion de surface est activée et est décrite par un courant surfacique JS . LaRvariation de matière d’un système de surface libre S et de lisière δS est par définition δS −JS · dlR qui, d’après le théorème de la divergence [149], s’exprime sous la forme de l’intégrale − S ∇S · J dS de la divergence de surface du flux de matière. Dans cette intégrale, l’opérateur gradient de surface ∇S est défini par la projection du gradient sur le plan tangent à la surface de normale locale n, ∇S = ∇ − (n · ∇)n. Le flux de matière est dû à des différences de potentiel chimique et suivant Mullins, [97], nous supposons qu’il est linéairement fonction des gradients de potentiel chimique. En conséquence, la conservation de la matière [97] implique alors p (III.1) ∂h/∂t = F + D 1 + |∇h|2 ∆S µ, où F est le flux de déposition atomique, D, un coefficient de diffusion, et ∆S , le laplacien de surface, cf. e.g. [124]. Cette équation de conservation de la matière en surface est à la base de la description de l’instabilité ATG. La difficulté suivante réside dans l’estimation des gradients de potentiel chimique qui en sont le moteur. Le potentiel chimique, défini comme la variation d’énergie libre F par unité de volume de quantité de matière, peut être calculé dans la géométrie qui nous intéresse par la dérivée fonctionnelle µ = δF/δh, de F fonctionnelle de h(x, y). L’énergie libre Z Z p 2 F = γ 1 + |∇h| dxdy + E(x, y, z) dxdydz (III.2) z<h(x,y) incorpore le coût en énergie de surface de densité γ et l’énergie élastique dont la densité volumique est notée E. Dans le cas d’un système isotrope où γ est constante, le potentiel 21 22 Instabilité élastique et mouillage Fig. III.1 – Géométrie d’un film déposé sur un substrat. chimique à la surface z = h(x, y) est alors simplement donné par µ = γ κ + E[x, y, z = h(x, y)], (III.3) où κ est la courbure moyenne κ=− hxx (1 + h2y ) − 2hx hy hxy + hyy (1 + h2x ) , (1 + |∇h|2 )3/2 (III.4) et E[x, y, z = h(x, y)] est la densité d’énergie volumique en surface. Dans le cas qui va nous intéresser d’un film mince, où la hauteur du film peut être de l’ordre de quelques hauteurs atomiques, l’énergie de surface doit être considérée comme étant fonction de la hauteur h traduisant ainsi les effets de mouillage dans le système, cf. e.g. [96]. En effet, γ reflète l’environnement local des particules de surface, qui est différent selon que les particules sont à la surface d’un film épais ou à la surface d’un film en interaction avec un substrat proche. Cet effet peut être quantifié par des simulations ab initio dans le cas de l’interface Ge sur Si [17, 84] où γ varie de 90 à 60 meV/Å2 entre un film d’épaisseur faible et un film épais. En considérant la dépendance γ(h) dans la définition du potentiel chimique comme dérivée fonctionnelle de l’énergie de surface, on obtient alors µ = γ(h) κ + γ 0 (h) nz + E[x, y, h(x, y)], (III.5) où nz est la composante selon z de la normale. Comme le révèlent les variations obtenues des simulations ab initio [17, 84], γ(h) varie typiquement sur quelques hauteurs atomiques δw et nous noterons de façon générique la dépendance h , (III.6) γ(h) = γf 1 + cw f δw où γf est l’énergie de surface du film épais, cw , l’amplitude de variation de γ et f (h), une fonction décroissant de 1 vers zéro quand la hauteur h varie de 0 à l’infini. Dans le cas du système Ge/Si, on peut considérer une décroissance exponentielle f (x) = exp(−x) et une amplitude cw = 0.5 afin de rendre compte des simulations [136, 17, 84]. III.2 III.2.1 Problème de l’élasticité Équations de Lamé Pour le système Ge/Si, la différence de paramètre de maille entre les deux espèces est faible, de l’ordre de 4%, ce qui permet d’obtenir une épitaxie cohérente lors de la croissance III.2 Problème de l’élasticité 23 par déposition atomique. Nous considérons ainsi un film déposé de manière cohérente sur un substrat semi-infini et qui adopte son paramètre de maille as , légèrement différent de celui du film af , générant ainsi la contrainte élastique dans tout le système. La différence relative de paramètre de maille entre le film et le substrat est δ = (af − as )/as et varie comme x pour un mélange Gex Si1−x sur Si. L’élasticité est traitée dans le cadre des équations continues de l’élasticité linéaire où les efforts et les contraintes sont proportionnels, ce qui est une très bonne approximation pour les systèmes semi-conducteurs étudiés. En supposant l’élasticité isotrope, le tenseur des déformations e et le tenseur des contraintes σ sont reliés simplement via Eα να α α α σij = e + e δij , (III.7) 1 + ν α ij 1 − 2ν α ll où E α est le module d’Young du matériau α (film ou substrat), ν α , son coefficient de Poisson et δij est le symbole de Kronecker. Le vecteur déplacement est compté par rapport à un état de référence que nous prenons égal à celui du substrat avec une maille as dans les directions x et y, et une maille as et af dans le substrat et le film dans la direction z. Ainsi, le film dans son état propre de maille af est caractérisé par un déplacement u par rapport à l’état de référence égal à −δ(xx̂ + yŷ) où x̂ et ŷ sont les vecteurs unitaires dans les directions x et y. Le tenseur des déformations est donc donné par eαij = 12 (∂j uαi + ∂i uαj ) − η α δij (δix + δiy ), (III.8) où η s = 0 et η f = af /as −1. Au vu des temps caractéristiques de la croissance par déposition atomique, l’équilibre mécanique peut être supposé achevé à tout instant, de sorte que les équations de Lamé de l’élasticité stipulent ∂j σijα = 0, (III.9) dans le film et le substrat. Ces équations peuvent être résolues avec la précision des conditions aux limites. Le substrat est semi-infini et on fixe l’origine des déplacements en choisissant us → 0 quand z tend vers −∞. L’interface film/substrat étant cohérente, la solution doit vérifier que le déplacement et les efforts sont continus à la traversée de l’interface, de sorte que u(x, y, z = 0− ) = u(x, y, z = 0+ ), σ · ẑ(x, y, z = 0− ) = σ · ẑ(x, y, z = 0+ ), (III.10a) (III.10b) où ẑ est la normale à l’interface film/substrat. Enfin, la surface du film est en contact avec le vide imposé par les conditions expérimentales et ne subit pas d’effort extérieur (le stress de surface dû aux effets de mouillage est négligeable pour les semi-conducteurs étudiés [80]). En conséquence, la solution vérifie σ f · n = 0 en z = h(x, y), (III.10c) p où la normale à la surface est n = (−hx , −hy , 1)/ 1 + |∇h|2 . Les équations de Lamé (III.9) avec les conditions aux limites (III.10) forment un jeu d’équations suffisant pour définir la solution du champ de déplacement u associé à une 24 Instabilité élastique et mouillage forme de surface libre z = h(x, y), dont la densité d’énergie élastique est quadratique E α = 12 eαij σijα . Le cas le plus simple consiste à considérer un film plan z = h0 , pour lequel on peut vérifier que la solution pour le déplacement est us0 = 0 et dans le film, uf0 = (0, 0, Σ z) où Σ = 2δν f /(1 − ν f ). La solution dans le film reflète la dilatation dans la direction verticale due à la compression dans le plan xy, traduisant l’effet de Poisson. La densité élastique dans le cas d’un film plan est alors E 0 = E f δ 2 /(1 − ν f ), (III.11) à partir de laquelle on peut définir les grandeurs caractéristiques de l’instabilité ATG. En effet, la longueur associée au rapport entre l’effet moteur de l’élasticité et l’effet limitant du coût en énergie de surface est la longueur l0 = γf , E0 (III.12) tandis que le temps caractéristique associé est t0 = l04 . Dγf (III.13) Dorénavant, les longueurs et temps seront implicitement donnés en unités de l0 et t0 . III.2.2 Hypothèse de film mince Les équations de l’élasticité se résolvent dans le substrat qui est semi-infini et plan en passant en transformée de Fourier selon x et y. On définit ainsi les transformées bidimensionnelles pour toute fonction h par Z 1 dr eik·r h(r), où r = (x, y). (III.14) F[h](k) ≡ h̃(k) = (2π)2 La solution dans le substrat peut ainsi se mettre dans l’espace de Fourier sous la forme 1 [C s [1] (kx2 z + (3 − 4ν s )|k|) + C s [2]kx ky z + C s [3]|k|ikx z] |k| |k|z 1 1 C s [1]kx ky z + C s [2] ky2 z + (3 − 4ν s )|k| + C s [3]|k|iky z , ũs = 3−4ν se |k| z (ikx C s [1] + iky C s [2]) − C s [3] (|k|z + 3 − 4ν s ) (III.15) et ne dépend que des trois constantes C s [p] pour p = 1, 2, 3 puisque nous avons déjà annulé les trois coefficients de la solution qui diverge en e−|k|z quand z tend vers −∞ (les équations de Lamé étant d’ordre 2, la solution devrait a priori dépendre de 6 constantes). Les équations de l’élasticité dans le film, qui n’a pas une géométrie plane, ne se résolvent exactement qu’au prix d’hypothèses sur la forme de celui-ci. Nous considérons ici l’hypothèse de film mince, où la hauteur du film est petite comparée à sa variation spatiale, cf. figure III.2. Cela revient à supposer qu’on peut définir un petit paramètre rapport de la hauteur typique du film sur l’échelle de variation longitudinale, de telle sorte que l’équation définissant la surface peut se mettre sous la forme z = h1 (x, y), (III.16) III.2 Problème de l’élasticité 25 l0 hHx,yL > Ε l0 film Ε l0 substrat Fig. III.2 – Hypothèse de film mince. (en unités de l0 ). Dans le cas où le film est plan, la solution des équations de Lamé est connue, cf. III.2.1, et nous pouvons chercher une solution sous la forme X3 z , (III.17) uf = uf0 + n ufn x, y, n=1 où nous sommes amenés à travailler à l’ordre 3 pour la détermination de la solution complète à l’ordre 2 après considération des conditions aux limites (faisant intervenir des dérivées premières par rapport à z). La solution au premier ordre est simplement ũf1,m = C1f [2m − 1] + C1f [2m] Z z où Z = , (III.18a) et m = 1, 2, 3 pour les composantes x, y, z. À l’ordre 2, l’intégration des équations est donnée en fonction du premier ordre et ses constantes C1f , ainsi que de nouvelles constantes à l’ordre 2, C2f , et l’on obtient en transformée de Fourier f 1 2 C2f [1] + C2f [2]Z + 2(1−2ν f ) C1 [6]ikx Z f 1 2 C2f [3] + C2f [4]Z + 2(1−2ν ũf2,m = (III.18b) . f ) C1 [6]iky Z f f f f 1 2 C2 [5] + ZC2 [6] + 4(1−ν f ) Z C1 [2]ikx + C1 [4]iky Enfin, l’ordre 3 qui sera utile pour la suite est fonction des constantes précédentes et des constantes C3f , et se met sous la forme f 1 2 C3f [1] + C3f [2]Z + 2(1−2ν f ) ikx C2 [6]Z + . . . [2(1−ν f )kx2 +(1−2ν f )ky2 ](3C1f [1]Z 2 +C1f [2]Z 3 )+kx ky (3C1f [3]Z 2 +C1f [4]Z 3 ) + 6(1−2ν f ) f f f 1 2 C3 [3] + C3 [4]Z + 2(1−2ν f ) iky C2 [6]Z + . . . f (III.18c) ũ3,m = kx ky (3C1f [1]Z 2 +C1f [2]Z 3 )+[(1−2ν f )kx2 +2(1−ν f )ky2 ](3C1f [3]Z 2 +C1f [4]Z 3 ) . + 6(1−2ν f ) C3f [5] + ZC3f [6] + 1 f Z 2 ikx C2f [2] + iky C2f [4] + . . . 4(1−ν ) (1−2ν f ) 2 f f 2 3 k [5]Z + C [6]Z + 12(1−ν 3C f) 1 1 Une fois connue la structure de la solution via (III.15) et (III.18), il suffit d’imposer les conditions aux limites. Nous cherchons la solution à l’ordre 2 inclus en qui donnera les premiers termes non linéaires. Nous développons aussi la solution dans le substrat à l’ordre 2 en X3 C s [m] = n Cns [m] (III.19) n=1 26 Instabilité élastique et mouillage où m désignera dans la suite les trois valeurs possibles m = 1, 2, 3 (à l’ordre 0, la solution correspond à un film plan pour lequel le déplacement dans le substrat est nul). La continuité de u au niveau de l’interface cohérente film/substrat implique alors Cns [m] = Cnf [2m − 1] pour les trois valeurs de m et n = 1, 2. La continuité des efforts sur cette même interface en z = 0 implique alors C1f [2m] = 0 alors qu’aux ordres n = 2 et 3, on trouve f Cn [2] 1 Cnf [4] = × ... E f (3 − 4ν s )(1 + ν s )|k| f Cn [6] f E n(3 − 4ν s )(1 + ν s )ikx |k|C1f [5] + E s (1 + ν f ) × . . . o 4(1 − ν s )kx2 + (3 − 4ν s )ky2 C1f [1] + kx ky C1f [3] − 2i(1 − 2ν s )kx |k|C1f [5] f E (3 − 4ν s )(1 + ν s )iky |k|C1f [5] + E s (1 + ν f ) × . . . o n f f f . s s 2 s 2 C [3] − 2i(1 − 2ν )k |k|C [5] + 4(1 − ν )k k k C [1] + (3 − 4ν )k y x y 1 1 1 y x 1 n f f f f s s s f f 1−ν f E ν (3 − 4ν )(1 + ν )|k| C1 [1]ikx + C1 [3]iky +E (1 − 2ν )(1 + ν )×. . . h io f f s s s 2 f (1 − 2ν )ikx |k|C1 [1] + (1 − 2ν )iky |k|C1 [3] + 2(1 − ν )k C1 [5] (III.20) Après prise en compte des conditions aux limites précédentes, la solution n’est plus que fonction de trois constantes indéterminées C f [2m − 1] qui sont données par les trois conditions aux limites traduisant l’absence d’effort sur la surface libre (III.10c). Au premier ordre en , on obtient ! 2(1 − ν s2 )E f δ ik h̃ ik h̃ 1 − 2ν s x y f f f C1 [1], C1 [3], C1 [5] = , , h̃ . (III.21) E s (1 − ν f ) |k| |k| 2(1 − ν s ) À la différence cependant de l’interface film/substrat dont la normale est l’axe des z, la normale n présente dans (III.10c) est explicitement fonction de la forme de la surface h et donc de x et y. La condition aux limites (III.10c) introduit ainsi le produit de la fonction n avec la solution qui est donnée par (III.18) et (III.20) dans l’espace de Fourier. La transformée de Fourier d’un produit est donnée par le produit de convolution Z f f g = dk1 h̃(k1 )g̃(k − k1 ), (III.22) et nous aurons à considérer le produit de convolution de la solution en Fourier pour u, (III.18) et (III.20), avec n ∝ (i(kx − k1x )h̃(k − k1 ), i(ky − k1y )h̃(k − k1 ), δ(k − k1 )). Cette précision est pertinente dès le premier non-linéaire en 2 qui fait intervenir une partie de solution pour u à l’ordre 3, cf. (III.18), du fait de la présence de fonctions de Z = z/ et de dérivées premières par rapport à z dans la définition de σ, cf. (III.7). On obtient finalement à l’ordre 2, C2f [2m E f (1 + ν s )δ − 1] = s 2 E (1 − ν f )2 (1 + ν f ) Z dk1 1 k2 |k1 | h̃(k1 )h̃(k − k1 )Dm (k, k1 ) (III.23) III.2 Problème de l’élasticité 27 pour m = 1, 2, 3, avec les fonctions 2 D1 (k, k1 ) = E s (1 − ν f )(1 − 2ν s )ikx |k1 |k · k1 1 + 4E f (1 − ν s2 ) ikx ν s (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 |k| −ik2 k12 x kx + k1 x k1 y ky (1 − ν f ) + k12 y kx ν f , (III.24) 2 D2 (k, k1 ) = E s (1 − ν f )(1 − 2ν s )iky |k1 |k · k1 1 iky ν s (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 + 4E f (1 − ν s2 ) |k| −ik2 k12 x ky ν f + k1 x k1 y kx (1 − ν f ) + k12 y ky , (III.25) et 2 D3 (k, k1 ) = 2E s (1 − ν s )(1 − ν f )|k1 ||k|k · k1 − 2E f (1 − ν s2 )(1 − 2ν s ) (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 . (III.26) La solution pour le champ de déplacement ainsi obtenue dans l’espace de Fourier peut alors être utilisée pour calculer la densité d’énergie E = 21 σij eij et sa valeur sur la surface z = h(x, y) qui intervient dans le potentiel chimique contrôlant la diffusion de surface (III.5). À l’ordre non-linéaire, cette énergie fait intervenir des produits de fonctions de (x, y) qui sont associés à des produits de convolution dans l’espace de Fourier. Tous calculs faits, la densité d’énergie élastique à la surface du film est donnée au premier ordre non linéaire par h i E [h(x, y)] = 1 − ω1 F −1 |k| h̃(k) + ω2 2h∆h + |∇h|2 E0 Z (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 ∗ −1 + ω2 F dk1 h̃(k1 )h̃(k − k1 ) 2 |k| |k1 | [k1 · (k − k1 )]2 + ν f (k ∧ k1 )2 (III.27) + |k1 ||k − k1 | où E 0 est la densité d’énergie du film plat, cf. (III.11), et ω1 , ω2 et ω2∗ sont donnés par ω1 = 2E f (1 − ν s2 )/E s (1 − ν f ), (III.28a) ω2 = (1 + ν )/(1 − ν ) + E (1 − 2ν )(1 + ν )/E (1 − ν ), f f 2 f s s s ω2∗ = 2E f (1 − ν s2 )2 /E s2 (1 − ν f )2 (1 + ν f ). f (III.28b) (III.28c) Dans la situation où les constantes élastiques du film et du substrat sont égales, ces trois dernières constantes sont égales et valent simplement 2(1 + ν f ). On peut encore écrire cette dernière énergie de façon compacte grâce aux opérateurs Hij généralisant la transformée de Hilbert à deux dimensions, −1 ki kj Hij [h] = F h̃(k) , (III.29) |k| 28 Instabilité élastique et mouillage sous la forme E [h(x, y)] = 1 − ω1 Hii (h) + ω2 2h∆h + |∇h|2 E0 h i ∗ + ω2 2Hij [h θijkl Hkl (h)] + Hij (h)θijkl Hkl (h). (III.30) où on a adopté la sommation sur les indices répétés i, j, k, l valant x ou y, et défini le paramètre couplant les dimensions θiiii = θijij = 1, θiijj = −θijji = ν f pour j 6= i, et θijkl = 0 sinon. (III.31) Notons que cette densité d’énergie découle par la dérivée fonctionnelle E = ∂Fel /∂h, de l’énergie totale élastique Z el 0 (III.32) F =E drh(r) 1 − 21 ω1 Hii (h) − ω2 |∇h|2 + ω2∗ Hij (h)θijkl Hkl (h) . III.2.3 Film épais et hypothèse de faible pente l0 Ε l0 h0 film substrat Fig. III.3 – Hypothèse de faible pente. L’hypothèse précédente de film mince, d’épaisseur h petite par rapport aux modulations spatiales qui s’avèreront d’ordre l0 , peut être restrictive notamment dans le cas où on considère un film en croissance. Une autre hypothèse consiste à considérer l’approximation de faible pente, cf. figure III.3, où la hauteur moyenne du film peut être quelconque, mais où on suppose seulement que la pente de h(x, y) est petite devant l’unité. Dans ce nouveau jeu d’hypothèse, on suppose que la forme de la surface peut se mettre sous la forme z = h0 + h1 (x, y), (III.33) où est petit et h0 , quelconque, à la différence de (III.16). La résolution des équations de l’élasticité dans ce cas à l’ordre non linéaire est sensiblement plus compliquée et nous adopterons dans ce cas l’hypothèse supplémentaire de constantes élastiques égales entre le film et le substrat. Ceci sera justifié quand on considèrera par exemple un système Ge0.25 Si0.75 sur Si où les différences de constantes élastiques sont de l’ordre de 5%. Cette dernière hypothèse rend le système équivalent à un film semi-infini de surface libre (III.33). La solution dans le film et le substrat avant la condition aux limites (III.33) est en effet III.2 Problème de l’élasticité 29 toujours donnée par (III.15) avec des constantes C s [1, 2, 3] et C f [1, 2, 3] égales. En suivant des étapes similaires au cas du film mince, on obtient les constantes à l’ordre un en , 2(1 − ν f ) − |k|h0 ikx h̃1 f |k| C1 [1] f (1 + ν ) f f −|k|h 0 2(1 − ν ) − |k|h . C1 [2] = δe (III.34) 0 iky h̃1 (1 − ν f ) f |k| C1 [3] (1 − 2ν f + |k|h0 )h̃1 tandis qu’on trouve à l’ordre deux, Z 1 (1 + ν f ) f δ dk1 h̃1 (k1 )h̃1 (k − k1 )e−|k|h0 Di (k, k1 ) C2 [i] = f (1 − ν ) |k1 |k2 (III.35) où D1 (k, k1 ) = ikx |k1 |(1 − 2ν f − |k|h0 )k · k1 1 n + − 4(1 − ν f ) ik1 x k2 k · k1 + ikx ν f (k ∧ k1 )2 |k| o 2 f 2 +2|k|ikx h0 (k · k1 ) + ν (k ∧ k1 ) , (III.36) D2 (k, k1 ) = iky |k1 |(1 − 2ν f − |k|h0 )k · k1 1 n − 4(1 − ν f ) ik1 y k2 k · k1 + iky ν f (k ∧ k1 )2 + |k| o +2|k|iky h0 (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 , (III.37) D3 (k, k1 ) = [2(1 − ν f ) + h0 |k|]|k||k1 |k · k1 n − 2 (1 − 2ν f ) (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 o +|k|h0 (k · k1 )2 + ν f (k ∧ k1 )2 . (III.38) On peut alors vérifier que la densité d’énergie élastique associée à cette solution pour le champ de déplacement u est égale à celle obtenue avec l’hypothèse de film mince, cf. (III.30), avec l’hypothèse supplémentaire de constantes élastiques égales, auquel cas, ω1 = ω2 = ω2∗ = ω = 2(1 + ν f ), E [h(x, y)] = 1 − ωHii (h) + ω 2h∆h + |∇h|2 E0 h i + ω 2Hij [h θijkl Hkl (h)] + Hij (h)θijkl Hkl (h). (III.39) Il est intéressant de noter que cette dernière énergie est indépendante de la référence adoptée pour h, i.e. elle est invariante sous la transformation galiléenne h(x, y) → h̄ + h0 (x, y). 30 Instabilité élastique et mouillage Cette invariance est conforme à l’équivalence entre ce système et un film semi-infini sous contrainte bi-axiale, puisque par unicité de la solution, les conditions aux limites sur l’interface film/substrat sont égales à celles d’un film semi-infini. Le terme h∆h n’est pas invariant sous cette transformation (et n’est en général pas considéré en homoépitaxie pour cette raison), mais sa combinaison avec les transformées de Hilbert généralisées donne bien une contribution globale invariante sous transformation galiléenne. On pourra donc écrire (III.39) en considérant la hauteur réelle h ou sa déviation par rapport à sa moyenne h1 . III.3 III.3.1 Dynamique des systèmes isotropes Équation d’évolution L’équation de conservation de la matière (III.1) en présence d’un flux de particules induit par des gradients de potentiel chimique (III.5) dû à la densité d’énergie élastique (III.30), s’exprime alors, au premier ordre non linéaire en h dans l’approximation de film mince, par h i cw f 0 (h/δw ) −1 p − 1 + cw f ∆h + − ω1 F |k| h̃(k) δw 1 + |∇h|2 n h i + ω2 2h∆h + |∇h|2 + 2 ω2∗ Hxx h Hxx [h] + ν f Hyy [h] h i + 2(1 − ν f )Hxy [hHxy [h]] + Hyy h Hyy [h] + ν f Hxx [h] ! o , (III.40) + 12 Hxx [h]2 + 21 Hyy [h]2 + (1 − ν f )Hxy [h]2 + ν f Hxx [h]Hyy [h] ∂h =F +∆ ∂t h δw en unités de t0 et l0 , où F est un éventuel flux de déposition. Cette équation incorpore les effets de mouillage entre le film et le substrat via la dépendance de l’énergie de surface en la hauteur du film sous la forme (III.6) où nous considérerons désormais une décroissance exponentielle f (x) = exp(−x) (sans incidence qualitative sur les résultats subséquents). III.3.2 Analyse linéaire Pour analyser les premiers stades de développement de l’instabilité dans le cas d’un recuit, on ne considère tout d’abord que la croissance donnée par l’analyse linéaire où h(x, y, t) = h0 + h1 (x, y, t). (III.41) En ne retenant que le premier ordre en , et en passant dans l’espace de Fourier, on trouve une solution sous la forme h1 (x, y, t) = A0 exp(ik · r + σt) où σ(k) = −cew e−h0 /δw k2 + ω1 |k|3 − υk4 , (III.42) avec une constante cew proportionnelle à l’amplitude du potentiel de mouillage cw , et une constante υ de l’ordre de l’unité. Le terme en −k 2 est un terme stabilisant lié au potentiel de mouillage. Le terme en −|k|3 traduit l’effet déstabilisant des interactions III.3 Dynamique des systèmes isotropes 31 élastiques et sa non-analyticité pour k petit est relié à la longue portée de celles-ci. Enfin, la contribution en −k4 traduit le coût (stabilisant) en énergie de surface associé à une instabilité morphologique. Le combinaison de ces différentes contributions dépend alors de la valeur moyenne h0 autour de laquelle l’instabilité se développe. La variation typique du taux de croissance en fonction de h0 est représentée sur la figure III.4 pour des valeurs du potentiel de mouillage de l’ordre de celles obtenues par les simulations [136, 17, 84]. Pour une hauteur moyenne plus petite qu’une valeur critique hc , le taux de croissance est toujours négatif et l’instabilité ne peut pas se développer. En revanche, pour h0 > hc , le taux de croissance est positif dans un certain intervalle des vecteurs d’onde qui ne contient pas l’origine et l’instabilité peut se développer. Ce constat est conforme avec l’observation expérimentale d’un développement de l’instabilité uniquement pour des épaisseurs de film plus grandes typiquement que trois hauteurs atomiques pour SiGe, c.f. e.g. [134], qui est bien l’ordre de grandeur du hc calculé par l’analyse linéaire. Pour h > hc l’instabilité croît exponentiellement et l’hypothèse de faible pente ou de film mince est rapidement dépassée. On est alors amené à considérer les termes non linéaires pour étudier la dynamique aux temps longs de l’évolution morphologique. Σ k h0>hc h0<hc Fig. III.4 – Variation typique du taux de croissance de l’instabilité en fonction de son vecteur d’onde pour différentes hauteurs moyennes du film. III.3.3 Mûrissement ininterrompu Sans potentiel de mouillage, l’évolution non linéaire aboutit à des singularités en temps finis où l’évolution morphologique creuse d’avantage certaines modulations en concentrant le stress élastique en certains points pour relaxer le reste de la surface. Ce résultat peut s’obtenir en utilisant les méthodes décrites ci-après dans le cas cw = 0, une modèlisation à 2 dimensions [157, 122, 154], une résolution de l’élasticité numérique [105] ou un modèle à 3 dimensions incorporant certains termes non-linéaires [59]. En revanche, en introduisant le potentiel de mouillage, l’évolution est continue et des îlots se développent rapidement sur la surface à partir de l’instabilité initiale, séparés par une couche de mouillage qui reste à peu près constante, cf. figure II.1. Ces îlots subissent alors un mûrissement ininterrompu où les plus gros, qui relaxent mieux la contrainte élastique, grossissent au détriment des plus petits. 32 Instabilité élastique et mouillage Ce résultat découle de la résolution numérique de l’équation d’évolution (III.40) par des méthodes pseudo-spectrales. Nous avons utilisé pour intégrer cette équation un schéma de type exponentielle différence temporelle (EDT) Runge-Kutta d’ordre 4, modifiée par Trefethen [72] pour contourner des instabilités numériques associées à la raideur de certaines équations non-linéaires. L’approche pseudo-spectrale est alors adaptée au cas qui nous intéresse où l’équation d’évolution (III.40) fait intervenir des opérateurs facilement calculables dans l’espace de Fourier, cf. (III.29), tandis que des produits dans l’espace direct interviennent aussi dans (III.40). La régularisation de l’instabilité ATG intervient ainsi par la combinaison du potentiel de mouillage et des effets non-linéaires. L’absence de l’un de ces deux ingrédients dans notre modèle conduit à nouveau à l’apparition de singularités en temps fini. En revanche, la forme du potentiel de mouillage n’a que peu d’incidence. Celui-ci régularise donc l’instabilité même avec de relativement faibles variations d’énergie de surface, puisque nous avons considéré les valeurs correspondant au système Ge0.25 Si0.75 sur Si où γ(h) a des variations de l’ordre de 10%. La résolution de l’élasticité pour une forme donnée de h(x, y) présente dans (III.40) permet alors de simuler l’évolution de grands systèmes et d’accéder à leurs statistiques au cours du temps. En lien avec les observations expérimentales, nous pouvons ainsi mesurer la rugosité D 2 E1/2 w(t) = h(r, t) − hh(r, t)i , (III.43) où la valeur moyenne est prise sur l’espace, ainsi que le nombre d’îlot N (t) définis comme le nombre de composantes connexes de l’ensemble des points où h(x, y) est supérieur à un seuil que nous avons fixé à trois hauteurs atomiques (sans influence sur les lois caractérisant l’évolution du système). L’évolution de ces paramètres pour un film isotrope subissant un recuit est présenté sur les figures III.5. On constate que le système connaît un mûrissement ininterrompu qui permet de relaxer l’énergie élastique efficacement avec des îlots dont le rapport d’aspect augmente, l’évolution s’arrêtant lorsqu’un seul gros îlot reste sur la surface. Cette dynamique sera profondément affectée quand les effets de l’anisotropie seront importants (au-delà du régime des prépyramides, cf. e.g. [127]) comme nous le verrons dans la suite. Ce mûrissement ininterrompu peut être caractérisé par des lois d’échelle dynamiques pour w et N . On trouve ainsi dans le régime de mûrissement que w ∼ tβ et N ∼ tζ où β = 0.7 et ζ = 1.3 à trois dimensions, tandis que l’on trouve β = 0.26 et ζ = 0.6 à deux dimensions, soulignant à nouveau l’importance de la dimension sur la dynamique des systèmes. Les exposants résultant de notre modèle sont comparés dans le tableau III.3.3 à ceux donnés dans deux autres modélisations de la dynamique de l’instabilité [80, 105]. L’approche développée par Levine, Golovin, Davis et Voorhees [80] considère une élasticité linéaire et un potentiel de mouillage régularisant l’instabilité avec une divergence en 1/h3 du potentiel de mouillage près du substrat, à la différence de l’approche que nous avons développée où le potentiel de mouillage décroit doucement de façon exponentielle en accord avec les simulations ab-initio du système SiGe [17, 84], et avec la description habituelle des potentiels de mouillage. Enfin, dans l’approche de Pang et Huang [105], le mûrissement est interrompu et finit par des îlots séparés d’une couche de mouillage dans un modèle isotrope où le potentiel de mouillage, s’il ne diverge pas près du substrat, à la différence III.4 Anisotropie 10 33 0 w 10 N ` = 0.7 ï1 3 10 c = 1.3 10 10 ï2 ï3 0 10 t 1 2 10 10 0 10 t 1 10 2 10 Fig. III.5 – Évolution de la rugosité et du nombre d’îlot d’un film obéissant à l’équation d’évolution isotrope (III.40), dans un régime où des îlots, séparés par une couche de mouillage, mûrissent lors d’un recuit. de [80], n’en est pas moins dominant sur les autres termes liés à l’énergie élastique et à l’énergie de surface, ce qui est questionable au vu des simulations ab-initio [17, 84]. Cette comparaison appelle toutefois des tests expérimentaux qui devraient concerner le régime de prépyramides observés au début de l’évolution de l’instabilité ATG, où les effets d’anisotropie peuvent effectivement être dans un premier temps négligés avant l’apparition de boîtes quantiques facettées. AFV 07 w(t) ∼ t où β = 0.7 ζ N (t) ∼ t où ζ = 1.3 β LGDV 07 2.9 2.9 PH 06 0 / Tab. III.1 – Lois d’échelle caractérisant le mûrissement de l’instabilité ATG en présence d’effets de mouillage où AFV 07 désigne la référence [9], LGDV 07, [80] et PH 06, [105]. La rugosité de la surface est w = h(h − hhi)2 i1/2 et N est le nombre d’îlots. III.4 III.4.1 Anisotropie Modélisation de l’anisotropie Au cours de l’évolution aux temps longs de l’instabilité ATG, lorsque les îlots sont suffisamment importants, des facettes orientées selon les directions (105) apparaissent à leur surface, cf. e.g. [133, 140, 21, 127], et on doit incorporer cette anisotropie dans notre modélisation. Il est bien connu que l’anisotropie est un facteur crucial qui détermine la dynamique de croissance des cristaux [143, 116] et fige ceux-ci dans certains configurations. La première cause d’anisotropie concerne l’énergie de surface qui dépend a priori de l’orientation n de celle-ci, γ = γ(n). Cette anisotropie est à l’origine des formes des cristaux après un recuit suffisamment long dans une correspondance bijective qui permet, par la construction de Wulff inverse [153, 143, 116], de mesurer la fonction γ(n) à partir des formes d’équilibre. Cependant, si l’anisotropie du silicium pur est connue, cf. e.g. [95], 34 Instabilité élastique et mouillage celle de la surface de SiGe contraint par Si ne l’est pas expérimentalement, et nous adopterons une modélisation ad-hoc de cette anisotropie pour laquelle nous négligerons en outre toute dépendance de l’énergie de surface par rapport aux contraintes. Si l’énergie de l’interface de SiGe contraint n’est pas connue expérimentalement, nous avons cependant quelques informations partielles liées aux propriétés de ces orientations. Tout d’abord l’orientation (100) semble ne pas être une vraie facette tout en étant une orientation stable (i.e. la courbure du tracé de γ(n) ne présente pas de singularité pour cette orientation). Cette assertion est étayée par la rugosité toujours présente sur cette interface dès que l’on considère le mélange SiGe [137], ainsi que le développement sans barrière de nucléation de l’instabilité ATG dans ces systèmes [137]. En revanche, en présence d’un effort biaxial moyen, le développement d’îlots facettés selon les direction (105) indique au contraire un minimum singulier pour cette orientation. Pour modéliser cette anisotropie, nous avons considéré la dépendance suivante, inspirée de [39], γ(n)/γf = 1 − X α Aα exp[−ηα p 1 − (n · nα )2 + α ], (III.44) où la somme s’effectue sur toutes les orientations nα où l’énergie de surface présente un minimum. Le paramètre α permet de régulariser les singularités sur ces minima. Pour une petite valeur de ce paramètre, typiquement de l’ordre de 10−2 ou moins, le tracé de l’énergie de surface en fonction de l’orientation est proche, cf. figure III.6, du cas avec singularité α = 0 où γ varie typiquement comme | sin θ| en fonction de l’angle θ de la normale avec la direction de la facette. Cette régularisation est nécessaire pour pouvoir manipuler des équations de la dynamique bien définies dans un cadre continu et nous analyserons l’influence de ce paramètre sur l’instabilité élastique. Enfin, les minima de γ sont aussi fonction de leur profondeur Aα et de leur étendue ηα . Des valeurs typiques que nous considèrerons dans la suite pour un décrire un film SiGe sont (pour γ0 = 1), 0 = 10−1 , A0 = 0.025, η0 = 10 pour l’orientation (100) alors que 1 = 10−3 , A1 = 0.035, η1 = 15 pour les orientations (105). Ainsi la petite valeur de 1 permet de considérer que cette orientation est proche d’une facette tandis que 0 plus grand définit un minimum non singulier, la différence relativement faible entre ces deux minima, de l’ordre de 1%, étant suffisante pour introduire une anisotropie qualitativement importante. Notons que le choix de la forme (III.44) permet de calculer l’anisotropie en coordonnées cartésiennes et de s’affranchir de certains pathologie dans le passage des coordonnées cartésiennes (dans lesquelles l’évolution de la surface est naturellement exprimée) aux coordonnées sphériques (dans lesquelles l’anisotropie est plus souvent considérée). L’anisotropie de l’énergie de surface par rapport à l’orientation n introduit, dans la géométrie qui nous p intéresse, une dépendance par rapport aux dérivées hx et hy car n = (−hx , −hy , 1)/ 1 + |∇h|2 . En écrivant la contribution de l’énergie de surface à l’énergie totale Z s F = dr p 1 + |∇h|2 γ(h, hx , hy ), (III.45) III.4 Anisotropie 35 Fig. III.6 – Représentation de la dépendance typiquepde l’énergie de surface par rapport à son orientation paramétrée par n = (−hx , −hy , 1)/ 1 + h2x + h2y , avec un minimum en (100) et des minima proches de la singularité en (105). on peut calculer le potentiel chimique de surface µs = ∂F s /∂h, 1 ∂γ ∂γ 2 ∂γ s p + (hy hyy + hx hxy ) µ = + γκ − p (hx hxx + hy hxy ) ∂h 1 + |∇h|2 ∂hx ∂hy 1 + |∇h|2 2 2 2 2 2 p ∂ γ ∂ γ ∂ γ ∂ γ ∂ γ − 1 + |∇h|2 hxx 2 + 2hxy + hyy 2 + hx + hy , (III.46) ∂hx ∂hx ∂hy ∂hy ∂h ∂hx ∂h ∂hy où le premier terme correspond au potentiel de mouillage déjà considéré, le second fait intervenir la courbure (III.4) et les deux dernières contributions sont purement anisotropes. Dans la suite du calcul, nous négligerons la dépendance croisée de γ en h et hx ou hy qui fait intervenir deux effets faibles et ne considèrerons donc pas les termes en ∂ 2 γ/∂h ∂hx et ∂ 2 γ/∂h ∂hy . Nous considèrerons le cas d’un film et d’un substrat ayant les mêmes constantes élastiques et donc l’énergie élastique (III.39) où nous négligerons l’anisotropie de l’élasticité (qui pourrait être modélisée avec une anisotropie cubique) qui peut néanmoins être estimée dans le silicium [44]. En ne retenant que les premiers termes non-linéaires d’ordre h2 , on obtient l’équation d’évolution anisotrope ∂ 2γ ∂γ cw f 0 (h/δw ) p − hij − 2hi hij 2 δw 1 + |∇h| ∂hi ∂hj ∂hj ! h i 2 − ωHii (h) + ω 2h∆h + |∇h| + ω 2Hij [h θijkl Hkl (h)] + Hij (h)θijkl Hkl (h) , ∂h = F +∆ ∂t γ(hi ) − + cw f γf h δw ∆h + (III.47) où γf intervient dans la longueur caractéristique (III.12), les indices i, j, k, l prennent les valeurs x et y, et F est le flux de déposition. III.4.2 Analyse linéaire Nous allons tout d’abord analyser l’influence de la rigidité d’une orientation sur l’instabilité élastique en regardant son développement linéaire. Dans ce cas, on considère 36 Instabilité élastique et mouillage que h(r, t) = h0 + F t + h1 (r, t), (III.48) où h0 est la valeur moyenne de h à t = 0 et nous ne garderons que les termes au premier ordre en . Si on décompose h dans l’espace de Fourier, l’équation d’évolution (III.47) aboutit à Z t h̃1 (k, t) = h̃1 (k, 0) exp ds σ k, h̄(s) = h0 + F s , (III.49) 0 où le taux de croissance instantané cw σ(k, h̄) = − 2 f 00 (h̄/δw )k2 + |k|3 − γ̃ + cw f (h̄/δw ) k4 , δw (III.50) dépend explicitement de la moyenne spatiale h̄ = h0 + F t et donc indirectement du temps. Dans le cas d’une décroissance exponentielle de γ, conforme aux simulations abpour SiGe [17, 84], f (x) = exp(−x), on peut facilement intégrer (III.50) et obtenir Rinitio s ds σ[k, h̄(s)] = σ̃k t où 0 −F t/δw ) cw 2 −h0 /δw (1 − e−F t/δw ) 3 4 −h0 /δw (1 − e + |k| − k γ̃ + cw e . (III.51) σ̃k = − 2 k e δw F t/δw F t/δw Dans cette analyse linéaire, γ̃ est la rigidité de la surface normalisée γ̃(n) = γ(n) + ∂ 2 γ(n)/∂h2x + ∂ 2 γ(n)/∂h2y /γf , (III.52) prise sur l’orientation de la surface initiale à partir de laquelle l’instabilité se développe, ici, l’orientation (100). Cette rigidité fait intervenir la courbure de γ en fonction de l’orientation, et donc la raideur du minimum de γ autour de l’orientation initiale. Le dernier terme en cw k4 dans σ̃k pourra être négligé dans la suite car cw est petit par rapport à 1 et γ̃ > 1 autour d’un minimum (nous avons vérifié que cette approximation a une incidence relative de l’ordre de 10−4 ). Afin d’estimer le temps d’apparition de l’instabilité, nous considérons qu’elle s’est pleinement développée quand la rugosité de la surface est plus grande qu’un seuil de trois hauteurs atomiques, w > ws = 3 δw où δw est la hauteur atomique qui régule aussi la décroissance du potentiel de mouillage. La rugosité (III.43) peut être reliée d’après le théorème de Parseval aux propriétés spectrales de h, et nous obtenons dans la limite continue 2 Z 2π 2 dk |h̃1 (k, 0)|2 exp(2σ̃k t), (III.53) w = L où L est la taille du système dans les directions x et y. Nous prenons comme condition initiale pour h1 un bruit blanc de rugosité w0 discrétisé sur N modes. La condition d’apparition de l’instabilité se résume ainsi à Z ∞ dk k exp(2σ̃k t) = 2π (N/L)2 (ws /w0 )2 . (III.54) 0 L’intégration de l’intégrale dans (III.54) tout comme la solution de cette équation peuvent s’effectuer numériquement. On obtient alors la figure (II.4) qui exhibe pour différents flux le retard pris par l’instabilité du fait de la rigidité de la surface initiale. Cet III.4 Anisotropie 37 effet est d’autant plus sensible que la valeur de γ̃ augmente assez facilement de quelques unités avec des courbures relativement modestes. Cette retardation est conforme aux expériences exhibant des comportements différents pour des instabilités initiées à partir des surfaces (111) et (100) qui sont connues pour avoir des rigidité différentes : l’instabilité est bien observée sur (100) qui a une faible rigidité tandis que des dislocations ont le temps de se développer avant l’instabilité élastique quand la surface initiale est (111) [19]. La dépendance de ces résultats de façon non triviale en fonction du flux (les hauteurs de dépôt à partir desquels l’instabilité se développent ne sont pas donnés simplement par des lois d’échelle en fonction du flux F), résulte quant à elle de la combinaison du potentiel de mouillage et de l’anisotropie. III.4.3 Mûrissement interrompu La résolution numérique de l’équation d’évolution (III.47) en présence d’une anisotropie décrite par des paramètres simulant les films SiGe, cf. III.4.1, révèle bien une première phase de développement de l’instabilité suivie, dans le régime non-linéaire, de la formation d’îlots séparés par une couche de mouillage de quelques épaisseurs atomiques, comme dans le cas isotrope. Mais, à la différence du cas isotrope, ces îlots adoptent au cours de leur mûrissement une forme pyramidale à base carrée selon les directions (105), cf. Fig. III.7, et croissent alors de manière auto-similaire avec un rapport d’aspect fixé par cette orientation. Comme habituel dans les systèmes cristallins, une faible anisotropie suffit à dicter les formes de croissance (la différence relative d’énergie de surface entre les différentes orientations est dans cet exemple au plus de 2%). Fig. III.7 – Croissance de pyramides à base carrée selon les directions (105) obtenues lors de l’évolution de l’instabilité élastique en présence d’anisotropie. Le film de ces croissances est accessible en ligne. Ce que révèle la résolution de l’équation d’évolution (III.47), c’est que cette faible anisotropie suffit aussi à modifier profondément la dynamique du système. En effet, contrairement au cas isotrope, le mûrissement des îlots est ici interrompu. Une fois que la densité a suffisamment diminué et que les îlots sont suffisamment espacés, la dynamique du mûrissement se fige lors d’un recuit et le système n’évolue pratiquement plus, cf. figure III.8. 38 Instabilité élastique et mouillage Cette interruption induite par l’anisotropie semble conforme aux expériences de recuit réalisées sur des films de SiGe qui ont exhibé des systèmes stationnaires caractérisés par des pyramides à base carrée après plus de 18 heures de recuit [22]. Cette interruption est un mécanisme purement cinétique puisque le changement de condition initiale conduit à des états différents : en considérant initialement une même quantité de matière déjà organisée sous une forme pyramidale, on obtient à la fin de l’évolution une seule pyramide, alors qu’une condition initiale plane et bruitée aboutit à plusieurs petits îlots. Nous présentons dans le chapitre suivant un modèle simple rendant compte de cette interruption. Enfin, notons que cette interruption était aussi à l’œuvre dans l’analyse de Chiu [36] de la croissance Stransky-Krastanow dans le cas d’une forte interaction de mouillage. On la retrouve aussi dans le travail de Zhang [158] où l’élasticité est résolue numériquement par une méthode d’éléments finis. La pente des îlots étant fixée par l’anisotropie, la conservation de la matière couplée à l’encombrement stérique des îlots montrent que, pour une épaisseur de la couche de mouillage donnée (ce qui est le cas dans notre modèle puisque celle-ci est fixée par les paramètres du potentiel de mouillage), la quantité de matière du film est bornée supérieurement pour que des pyramides de pente 1/5 puissent coexister. Effectivement, si la hauteur du film est trop importante, l’équation d’évolution du film aboutit à des îlots de pente supérieure qui reprennent leur mûrissement mais une modélisation conforme aux expériences sur SiGe devrait prendre en compte les orientations privilégiées plus inclinées [(113), (15 3 23), etc.]. Nous nous bornerons ici aux systèmes exhibant les premières orientations (105) et donc des hauteurs déposées bornées supérieurement. 14 20 10 w HMLL Ρ H1012 m2 L 12 8 6 15 10 4 5 2 0 10 15 20 25 hd = F t HMLL 30 35 0 10 15 20 25 30 35 hd = F t HMLL Fig. III.8 – Densité d’îlot N et rugosité w d’un film anisotrope pour différentes épaisseurs de film déposées hdep = 9, 10, 12, 15, 20, 22 hauteurs atomiques. Les flèches indiquent pour chaque simulation la fin de la croissance et le début du recuit. L’état final du film est alors fonction de la quantité de matière déposée dans le film, caractérisée par la hauteur totale déposée hf inal . On peut ainsi obtenir, dans l’état stationnaire correspondant au mûrissement interrompu, des densités différentes en fonction de hf inal , cf. figure III.9, ainsi que des volumes moyens évoluant en parallèle. On trouve ainsi que la densité des îlots augmente en même temps que leur volume moyen lorsque hf inal augmente, sans qu’il n’y ait conflit avec la conservation de la matière puisque l’épaisseur du film augmente. Cette tendance non intuitive semble pour le moment confirmée par III.4 Anisotropie 39 2.5 Xv\fin H105 nm3 L Ρfin H1012 m-2 L 10 8 6 4 1.5 1.0 0.5 2 0 2.0 0 5 10 15 20 0.0 0 5 10 hfin 15 20 hfin Fig. III.9 – Évolution de la densité et du volume moyen des îlots correspondant à l’état de mûrissement interrompu en fonction de la hauteur totale hf inal déposée. des premiers tests expérimentaux [18]. III.4.4 Modèle phénoménologique Modèle à un îlot _ h0 h V L 1/ n Fig. III.10 – Géométrie du système Pour tenter d’interpréter le mûrissement interrompu observé dans les expériences et sur les simulations lors d’un recuit, nous développons ici une analyse énergétique [90, 148, 82] rendant compte du profil d’énergie au cours de la transformation des îlots. Si on considère un seul îlot pyramidal à base carrée, de volume V et d’angle α par rapport à se base, cf. figure III.10, la différence d’énergie ∆E entre le film plan et la configuration avec l’îlot sans effet de mouillage est alors simplement [143] ∆E = 4γa V 2/3 tan2/3 α − λe V, (III.55) où γa est l’énergie de surface de la pyramide. Pour des îlots de rapport d’aspect fixé (par l’angle α), la relaxation élastique est simplement proportionnelle au volume de l’îlot [143], avec un facteur de proportionnalité −λe que nous avons calculé numériquement en utilisant (III.32), λe = E0 (1 + ν f )p où p = 0.193. La restriction d’un rapport d’aspect fixé est bien adaptée au cas des îlots à base pyramidale d’orientation (105) que nous devons considérer dans le cas SiGe, et écarte la comparaison avec le cas isotrope. Lorsque le volume de l’îlot augmente, cf. figure III.11, ∆E augmente tout d’abord avant d’atteindre une barrière pour un certain volume critique au-delà duquel la différence d’énergie ne cesse de décroître vers −∞. Cette décroissance traduit le gain en énergie élastique qui favorise 40 Instabilité élastique et mouillage les gros volumes dans la limite de la quantité de matière disponible. Cette première analyse ne permet pas d’interpréter un mûrissement interrompu. DE V Fig. III.11 – Variation typique de l’énergie de l’îlot (III.55) en fonction de son volume. Pour y remédier, nous ajoutons à l’analyse précédente les effets de mouillage que nous savons importants pour la compréhension des formes et tailles des îlots formés [28], suivant dans cette démarche le travail de [148]. Nous considérons donc la dépendance de l’énergie de surface du film plan γ(h) par rapport à la hauteur h du film. En notant h et h0 les hauteurs du film de mouillage avant et après l’apparition de l’îlot, cf. III.10, et L la base carrée des pyramides, la différence d’énergie ∆E se met alors sous la forme ∆E = γa L2 / cos α − L2 γ(h0 ) + (1/n − L2 )[γ(h) − γ(h0 )] − λe V, (III.56) où 1/n est la surface associée à un îlot (n est donc homogène à une densité d’îlot et 1/n représente la surface efficace d’un îlot). Nous considérons ici que les facettes de la pyramide sont associées à une énergie de surface γa que nous supposerons indépendante de h afin de construire un modèle minimal. Comme le volume de l’îlot est V = 61 L3 tan α, on en déduit que la différence d’énergie par unité de volume est ∆E = 6[γa / cos α − γ(h0 )]/L tan α + 6(1/nL2 − 1)[γ(h) − γ0 ]/L tan α − λe . V (III.57) La conservation de la matière dans le système impose ici une relation entre les hauteurs h, h0 et le volume V , qui s’exprime comme h = h0 − nV. (III.58) En considérant une décroissance exponentielle du potentiel de mouillage on obtient au final γ(h) = γw [1 + cw exp(−h/δw )] , (III.59) h i 2/3 ∆E = Es γ̃ v 2/3 + v0 − v 2/3 (ev − 1) − λ̃e v , (III.60) où on a défini le volume réduit v = nV /δw , (III.61) III.4 Anisotropie 41 et v0 , la constante v0 = tan α/6 n1/2 δw . Nous avons aussi défini l’énergie typique Es = 62/3 γw cw δw2/3 e−h0 /δw / tan2/3 α n2/3 , (III.62) le coefficient élastique λ̃e = δw λe /nEs et la différence relative d’énergie de surface γ̃ = γa / cos α − γw (1 + cw e−h0 /δw ) /γw cw e−h0 /δw . (III.63) En notant r le rapport r = γa /γw , on peut estimer γ̃ ' (r/ cos2 α − 1)/cw e−h0 /δw , qui vaut typiquement 2 dans les systèmes correspondant à des facettes (105). Enfin, dans nos simulations, on a typiquement, dans la phase de mûrissement interrompu, une densité d’îlot de l’ordre de n ' 10−6 a−2 f . Avec ces valeurs, le coefficient élastique λ̃e vaut 4 pour h0 = 2δw et 80 pour h0 = 5δw . Enfin, la conservation de la matière (III.58) impose en outre la condition v < h0 /δw . DE Vc V DEc Fig. III.12 – Variation typique de l’énergie de l’îlot en fonction de son volume en présence d’effets de mouillage. L’évolution de l’énergie ∆E en fonction du volume V pour cette modélisation cf. figure III.12 révèle alors [90, 148, 82] qu’après la barrière initiale résultant de la compétition habituelle en nucléation entre les effets de surface et de volume, l’énergie possède un minimum absolu pour un volume Vc , avant d’atteindre la limite imposée par la conservation de la matière. Ce résultat indique que pour une densité d’îlot n donnée, le système aura tendance à favoriser une certaine taille d’îlot de volume Vc [148]. Cet effet est lié au potentiel de mouillage. En effet, la croissance de l’îlot étant due à un transfert de matière en provenance de la couche de mouillage, les forts volumes correspondent à de faibles épaisseurs de la couche de mouillage. La croissance de l’îlot se fait donc au prix de l’exposition d’une couche de mouillage d’énergie plus forte puisque le potentiel de mouillage (III.59) précise justement la croissance de l’énergie de surface quand son épaisseur diminue. Si cet effet est masqué aux faibles volumes lorsque l’épaisseur de la couche de mouillage reste assez forte et où la variation de l’énergie de surface avec la hauteur est faible, il devient prépondérant sur l’énergie élastique aux forts volumes. Le volume optimal résulte alors essentiellement de la compétition entre la relaxation de l’énergie élastique et le coût de l’exposition de la couche de mouillage. L’ordre de grandeur du volume Vc obtenu correspond aux volumes typiques observés dans les simulations quand on considère des paramètres similaires : pour h0 = 10 ML, une densité n = 10−6 a−2 (densité typique dans 42 Instabilité élastique et mouillage les simulations) et r = 0.98 (reliée à l’anisotropie de l’énergie de surface considérée) on obtient que la base des pyramides à base carrée est Lc ' 6 l0 en unités de la longueur caractéristique du problème l0 , cf. (III.12). Cette valeur est bien du bon ordre de grandeur comparé aux tailles des pyramides obtenues dans les simulations. Mais le résultat précédent considère une densité d’îlots fixée. Si on regarde l’évolution du minimum d’énergie ∆Ec quand on diminue la densité d’îlot (simulant en cela un chemin énergétique caractérisé par un mûrissement des îlots), on constate que l’énergie totale diminue de façon continue lorsque la densité des îlots diminue. On pourrait en conclure comme [148] que le système ne semble pas stable par rapport au mûrissement le long de ce chemin de transformation et qu’une assemblée d’îlots devrait subir un mûrissement non-interrompu permettant la diminution de leur densité. Cependant le chemin de mûrissement considéré est caractérisé simplement par une diminution globale de la densité et une augmentation uniforme de la taille des îlots dans tout le système. Ce chemin semble peu adapté pour décrire un mûrissement réel où certains îlots décroissent au profit d’autres, aboutissant à une distribution non uniforme d’îlots de différentes tailles. Pour remédier à cet inconvénient, nous analysons désormais un modèle à deux îlots. Modèle à deux îlots V1 V2 h 1/ n Fig. III.13 – Modèle à deux îlots en mûrissement. Pour analyser le chemin énergétique de deux îlots expérimentant un mûrissement, où l’un des deux îlots perdrait de la matière au profit du second, nous considérons un système de deux îlots de volumes V1 et V2 , de surface propre 1/n, et reposant sur une couche de mouillage d’épaisseur h, cf. III.13. La conservation de la matière implique h = h0 − 21 δw (v1 + v2 ), (III.64) où les volumes réduits vi sont toujours définis par (III.61). La différence d’énergie de la configuration à deux îlots par rapport au cas plan est alors naturellement ∆Etot = ∆E(v1 ) + ∆E(v2 ), (III.65) où l’énergie à un îlot est donnée en (III.60). Nous négligeons ici les interactions élastiques entre îlots, ce qui peut être raisonnablement fait dans un premier temps au vu des distances typiques entre îlots que nous considérons. Le paysage énergétique décrit par (III.65) est alors représenté sur la figure III.14. La combinaison de l’énergie élastique et du potentiel de mouillage aboutit, comme dans le III.4 Anisotropie 43 cas d’un seul îlot, à l’existence d’un volume caractéristique Vc au-delà duquel l’énergie totale augmente sensiblement du fait de l’exposition d’une couche de mouillage d’énergie trop importante (notons que nous avons considéré ici les paramètres utilisés dans nos simulations tirés de la comparaison avec les simulations ab-initio [17, 84], prévoyant une variation de l’énergie de surface de l’ordre de 10%). Le paysage énergétique révèle en même temps l’existence d’une zone au voisinage de V1 + V2 = Vc de points selle pour l’énergie. La variation de l’énergie le long de cette zone d’énergie minimale est alors de l’ordre de 10−5 eV par atome qui est complètement négligeable. On peut en déduire que le système peut alors rester piégé dans cette zone et voir son mûrissement interrompu, puisque la force motrice du mûrissement (le gain en énergie lors de la transformation du système) devient négligeable. Comme pour le cas à un seul îlot, le volume typique Vc des îlots dans ce minimum d’énergie donne bien des pyramides de tailles conformes aux valeurs obtenues dans les simulations avec les mêmes paramètres. Ce résultat sur ce modèle simple à deux îlots suggère que l’observation dans les simulations et les expériences de l’arrêt de l’évolution du film peut s’interpréter comme un ralentissement de la dynamique de la diffusion du fait d’un gain énergétique négligeable lors du transfert de matière d’un îlot vers un autre. Le minimum d’énergie est toujours associé à un mûrissement total, mais, sans qu’il n’y ait de blocage cinétique dû à une barrière énergétique à franchir, le système peut se retrouver figé dans un point selle pour l’énergie. Fig. III.14 – Paysage énergétique d’un système à deux îlots de rapports d’aspect fixés en interaction avec une couche de mouillage. L’énergie est exprimée en énergie par atome (eV/at). La ligne discontinue représente les volumes pour lesquels le volume total est 2Vc où Vc est le volume du minimum d’énergie à un îlot. La surface efficace de chaque îlot est n = 106 a2 et la quantité de matière totale est donnée par h0 = 10 ML. 44 Instabilité élastique et mouillage Chapitre IV Articles IV.1 Nonlinear evolution of a morphological instability in a strained epitaxial film Jean-Noël Aqua, Thomas Frisch et Alberto Verga Physical Review B Vol. 76, 165319 (2007) 45 PHYSICAL REVIEW B 76, 165319 共2007兲 Nonlinear evolution of a morphological instability in a strained epitaxial film Jean-Noël Aqua,* Thomas Frisch,† and Alberto Verga‡ Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Équilibre, UMR 6594, Aix-Marseille Université, Marseille 13384, France 共Received 26 September 2007; published 26 October 2007兲 A strained epitaxial film deposited on a deformable substrate undergoes a morphological instability, relaxing the elastic energy by surface diffusion. The nonlinear dynamical equation of such films with wetting interactions are derived and solved numerically in two and three dimensions. Nonlocal nonlinearities together with wetting effects are crucial to regularize the instability, leading to an island morphology. The island chemical potential decreases with its volume, and the system consistently experiences a noninterrupted coarsening evolution described by power laws with a marked dimension dependence. DOI: 10.1103/PhysRevB.76.165319 PACS number共s兲: 68.55.⫺a, 68.35.Ct, 81.15.Aa I. INTRODUCTION blowup solutions arose again in Ref. 18 unless strong enough anisotropy is accounted for. Finally, island coarsening was shown to terminate in Ref. 6, whereas power-law dynamics was found in Ref. 7. In the present paper, we clarify the debate and show that a consistent description of the morphological instability evolution arises when the nonlinear relaxation of the elastic energy is included together with a regular wetting potential, e.g., exponentially decaying as first introduced in Ref. 16 and consistent19 with ab initio calculations.20 We show that the combination of elastic nonlinearities and even small wetting effects regularizes the ATG singularity and leads to regularly evolving islands. The resulting fully nonlinear film dynamics is then characterized by a noninterrupted coarsening with power-law exponents different from Ref. 7 for the surface roughness and number of islands. The evolution of semiconductor thin films is under active scrutiny due to its importance for both fundamental science and technological applications. Indeed, different instabilities lead to self-organized nanostructures1 potentially useful, e.g., for quantum dots, wires, or specifically confining electronic devices.2 A notorious experimental example is Si/ Ge films on Si substrates, which exhibit a variety of structures such as prepyramids, pyramids, domes, and huts.3,4 However, the basic mechanisms ruling the evolution of heteroepitaxial films are not fully apprehended and are still under debate.5–7 Heteroepitaxial films experience an elastic stress due to the film-substrate misfit, which is relaxed by surface diffusion during annealing. The resulting morphological instability driven by the interplay between elastic and isotropic surface energies8 is similar to the Asaro-Tiller-Grinfel’d 共ATG兲 instability in solid-liquid interfaces,9 observed in helium and various solid interfaces.10,11 Linear analysis leads to exponentially growing long wavelength perturbations either for an infinitely thick film8 or a film on an elastic12 or rigid13 substrate. The late stage evolution given by the first elastic nonlinearities 共arising from geometry within linear elasticity兲 then reveals finite-time singularities13–15 enforced by elastic stress concentration at cusps. The latter account well for experiments in thick films,10 where dislocations can finally occur, but not for thin films in the Stranski-Krastanov mode, where islands separated by a wetting layer coarsen under annealing.3,4 To describe more precisely these systems, the effects of a wetting potential w between the film and the substrate were considered16 and disclose a critical film thickness above which the instability grows.16 Island equilibrium shapes could then be derived thanks to the existence of a wetting layer.17 Thence, the dynamical behavior of thin wetting films was investigated under different frameworks. With a regularizing wetting potential which diverges as 1 / h2 for small film height h and a linear in h elastic energy, steady-state solutions were displayed in Ref. 5, whereas a power-law coarsening evolution was recently obtained using numerical simulations.7 By using a nondiverging wetting potential, which is, however, still leading at small h, it was found in Ref. 6 that elastic nonlinearities enforce noncoarsening islands, whereas finite-time singularities appear when truncating the elastic energy at linear order.6 Moreover, considering a regular w but an infinitely rigid substrate, nonlinear 1098-0121/2007/76共16兲/165319共5兲 II. MODEL We consider specifically a three-dimensional 共3D兲 dislocation-free film deposited on a substrate with slightly different lattice parameters and a priori different isotropic elastic properties. During annealing, the film shape h共x , y , t兲 evolves by surface diffusion 共no external flux nor evaporation兲. The boundary at z = h共x , y , t兲 is free, while the filmsubstrate interface at z = 0 is coherent. In the reference state, the film is flat and the elastic energy density is E0 = E f 共a f − as兲2 / as2共1 − f 兲, where a␣, E␣, and ␣ are the lattice parameter, Young modulus, and Poisson ratio of the solid ␣, with ␣ = f for the film and s for the substrate. The film dynamics is then given by8 h = D冑1 + 兩ⵜh兩2ⵜ2S , t 共1兲 with D a constant related to surface diffusion and ⵜS the surface gradient. Both elastic FEl and surface FS = 兰dr␥共h兲冑1 + 兩ⵜh兩2 free energies contribute to the surface chemical potential = ␦共FEl + FS兲 / ␦h, which reads = E关h兴 + ␥共h兲共h兲 + ␥⬘共h兲/冑1 + 兩ⵜh兩2 , 共2兲 with E关h兴 the elastic energy density computed at z = h共x , y , t兲, ␥ the isotropic surface energy, and the free surface mean curvature, see, e.g., Ref. 5. To account for wetting,16 the surface energy ␥ is supposed to be a function 165319-1 46 ©2007 The American Physical Society PHYSICAL REVIEW B 76, 165319 共2007兲 AQUA, FRISCH, AND VERGA of h 关so that w = ␥⬘共h兲兴, extrapolating from the bulk value ␥ f when h → ⬁ to some upper value when h → 0. We write ␥共h兲 = ␥ f 关1 + cw f共h / ␦兲兴 with the characteristic length ␦, the strength cw ⬎ 0, and some function f going to zero at infinity. In the following, we use f共兲 = exp共−兲 when a specific form is needed in order to mimic ab initio calculations.20 Finally, we set the length unit as l0 = E0 / ␥ f , the characteristic length of the instability with the corresponding time unit t0 = l40 / D␥ f . To compute elastic energies, we use the isotropic continuum framework where stresses ␣pq are proportional to strains e␣pq in the solid ␣, 冋 册 ␣ E␣ ␣ + ␣pq = e e␣ ␦ pq , 1 + ␣ pq 1 − 2␣ nn h(x,t) 0.6 再冋 冉 冊册 ⌬h + cw f ⬘共h/␦兲 ␦ 冑1 + 兩ⵜh兩2 冎 40 20 t 共3兲 0 0 x FIG. 1. Space-time evolution of a 2D film according to Eq. 共7兲 with h0 = 0.1. Surface diffusion induces a noninterrupted coarsening until only one island is left surrounded by a wetting layer with height hwl. FEl = 冕 冋 1 drh共r兲 − 1Hii共h兲 − 2兩ⵜh兩2 2 册 + *2Hij共h兲ijklHkl共h兲 . 共6兲 In two dimensions, Eq. 共4兲 reduces to 再冋 冉 冊册 h 2 h = 2 − 1 + cw f t x ␦ hxx + cw f ⬘共h/␦兲 ␦ 冑1 + h2x − 1H共hx兲 冎 + 2共2hhxx + h2x 兲 + *2共2H兵关hH共hx兲兴2x 其 + 关H共hx兲兴2兲 , 共7兲 where x indices denote x derivatives and H is the Hilbert transform acting in Fourier space as H关hx兴 = F−1兵兩k兩F关h兴其. For equal film and substrate elastic properties and without wetting effects, we retrieve the results of Ref. 15 describing a two-dimensional 共2D兲 semi-infinite film. − 1Hii共h兲 III. RESULTS AND DISCUSSION A. Linear and nonlinear evolutions We now investigate the dynamics predicted by Eqs. 共4兲 and 共7兲. In the linear regime, considering small perturbations of amplitude exp关共k兲t + ik · r兴 around a flat film of height h0, we find 共k兲 = −ak2 + 1k3 − bk4, with a = cw f ⬙共h0 / ␦兲 / ␦2 and b = 1 + cw f共h0 / ␦兲. Hence, when f ⬙共兲 is decreasing and positive, there exists some critical height hc below which 共k兲 ⬍ 0 everywhere so that the film is linearly stable thanks to the wetting interactions. However, for h0 ⬎ hc, 共k兲 ⬎ 0 for kmin ⬍ k ⬍ kmax, with kmin ⬎ 0, so that the film is linearly unstable, consistent with Ref. 16. For small wetting length ␦ and exponential wetting potential, one gets hc ⯝ −2␦ ln共1␦2 / 4cw兲. To analyze the following nonlinear evolution of this instability, we performed numerical simulations using a pseudospectral method in a periodic box of length L. To be spe- 共4兲 with i , j , k , l = x , y. In Eq. 共4兲, we use the notation ijij = 1, xxyy = yyxx = f , xyyx = yxxy = − f , and ijkl = 0 otherwise, and define the functionals Hij关h兴 = F−1兵共kik j/k兲F关h兴其, wl h = 0.02 5 + 2共2h⌬h + 兩ⵜh兩2兲 + *2共2Hij关hijklHkl共h兲兴 + Hij共h兲ijklHkl共h兲兲 , 0.2 0 10 with summation over repeated latin indices, ␦ pq the Kronecker symbol, n , p , q = x , y , z, and e␣pq = 21 共qu␣p + puq␣兲 − ␣␦ pq共␦ p1 + ␦ p2兲, where u is the displacement with respect to the reference state commensurate with the substrate so that f = a f / as − 1 and s = 0. Since the system is supposed to be at mechanical equilibrium, it satisfies q␣pq = 0 with the following boundary conditions: us → 0 when z → −⬁, and is continuous at z = 0; at z = 0, ␣pz is continuous, while at the free f nq = 0 as surface z = h共x , y , t兲 with the outward normal n, pq the wetting surface stress is negligible in usual films.7 Elasticity is solved within the thin film approximation, following Ref. 5, assuming the thickness h to be an order ⑀ smaller than the characteristic length l0. In the film, we consider the rescaled variable Z = z / ⑀ and derive here u as an expansion up 3 ⑀nu共n兲共x , y , Z兲. In the plane substrate, however, to ⑀3, u = 兺n=0 elasticity is solved as usual by using Fourier transforms with respect to r = 兵x , y其, F关h兴 = 共2兲−2 兰 dreik·rh共r兲. After consideration of the boundary conditions, we compute the elastic energy density E关h兴 = 21 e␣pq␣pq up to ⑀2, the first nonlinear term which requires ⑀3 terms in u. Eventually, we obtain the central result of this paper describing the 3D film dynamics, h h = ⌬ − 1 + cw f t ␦ 0.4 共5兲 with k = 兩k兩. The different elastic constants are 1 = 2E f 共1 − s2兲 / Es共1 − f 兲, 2 = 共1 + f 兲 / 共1 − f 兲 + E f 共1 − 2s兲 ⫻共1 + s兲 / Es共1 − f 兲, and *2 = 2E2f 共1 − s2兲2 / Es2共1 − f 兲2共1 + f 兲, which match 2共1 + f 兲 in the case of equal film and substrate elastic properties, s = f and Es = E f . In fact, up to order h2, Eq. 共4兲 corresponds to the elastic free energy 165319-2 47 PHYSICAL REVIEW B 76, 165319 共2007兲 NONLINEAR EVOLUTION OF A MORPHOLOGICAL… 0 µ −0.02 island −0.04 (a) flat film −0.06 0 0.05 0.1 (a) 0.15 V 0.2 0.25 0.3 0 (b) µ −0.25 flat film island −0.5 −0.75 (c) 2 (b) FIG. 2. 共Color online兲 Space-time evolution obtained by Eq. 共4兲 with t = 3.9 共a兲, 8.3 共b兲, and 13.9 共c兲. 3 4 V 5 6 FIG. 3. Equilibrium surface chemical potential 共2兲 as function of the flat film volume V = V f when h ⬍ hc, and of the island volume V when h ⬎ hc in 共a兲 two dimensions and 共b兲 three dimensions. cific, we selected parameters depicting a Si0.8Ge0.2 film on a Si substrate with f = 0.278, 1 = 2.44, 2 = 2.52, and *2 = 2.34, leading to l0 = 200 nm and, with the value of the diffusion parameter D given in Ref. 12, t0 = 8 h at 750 ° C 共see Ref. 4兲. In fact, thanks to space and time rescaling, only f and *2 / 2 are the relevant parameters for characterizing Eqs. 共4兲 and 共7兲. The wetting potential is described in an indicative way by cw = 0.05 and ␦ = 0.005. The initial condition is a flat film perturbed by a small noise with a mean initial height h0. As shown in Figs. 1 and 2, a film with h0 ⬎ hc is first destabilized by the morphological instability, which generates surface undulations according to the linear growth. This stage is then quickly replaced by a nonlinear one, which, in fact, does not display any singularity. Instead, islands emerge and grow without moving and with a decreasing aspect ratio, surrounded by a wetting layer smaller than hc which allows surface transport and the subsequent islands ripening. Studying parity in h of the different terms in Eq. 共6兲, one concludes, following Ref. 15, that the last nonlinear nonlocal term drives the surface toward smooth peaks and deepening and sharpening valleys, which would lead to singularities. However, the wetting effects included in ␥共h兲 enforce here a higher energetic cost for small h and, thus, stabilize the system. In fact, both nonlocal nonlinearity and wetting are crucial for regularizing the dynamics of the instability, which we now characterize by its final state and time dependence. an equilibrium state characterized, when h0 ⬎ hc, by a single stable island in equilibrium with a wetting layer of height hwl 共see, e.g., Fig. 1兲, whereas when h0 ⬍ hc, the final stage is a flat film of height hwl = h0. The equilibrium properties 共hwl, island volume V measured above hwl, etc.兲 depend only on the homogeneous chemical potential 共2兲 and on the sign of h0 − hc for large enough L. Computing and V at equilibrium as parametric functions of the film volume V f , we find that when h ⬍ hc, = ␥⬘共h兲 increases with V f until Vcf = L2hc, whereas when h ⬎ hc, depends only on V and is monotonously decreasing in both two dimensions and three dimensions similar to Ref. 17 共see Fig. 3兲. Hence, in a regime of well-separated islands, bigger ones should always grow by surface diffusion at the expense of smaller ones. We also compute the equilibrium maximum height hmax as function of the initial height h0 共see Fig. 4兲. The system undergoes a discontinuous bifurcation as the difference hmax − h0 jumps at the transition height hc, which agrees within a few percent with the linear estimate hc ⯝ 0.036, corresponding to 7 nm. This first-order-like transition, also shown in the 共V兲 plot of Fig. 3, is at stake in similar instabilities.21 C. Dynamical properties Finally, to describe quantitatively the dynamics of island growth, we compute the surface roughness w共t兲 = 共具h2典 − 具h典2兲1/2, number of islands N共t兲, and the island surface coverage 共t兲.25 Both 2D and 3D simulations reveal a noninterrupted coarsening with power-law behavior w共t兲 ⬃ t, N共t兲 B. Equilibrium properties Within the present model, the system evolves continuously in both two dimensions and three dimensions toward 165319-3 48 PHYSICAL REVIEW B 76, 165319 共2007兲 hmax−h0 AQUA, FRISCH, AND VERGA 10 3 ζ = 0.59 N 0.05 10 2 0.025 0 0.03 0.04 (a) 10 (a) 0.05 h 1 0 10 1 t 10 10 2 3 10 0 −h0 3 10 ζ = 1.3 h max N 0.5 2 10 0.25 0 0.03 0.032 0.034 (b) 0.036 h 0.038 10 1 parting from the 2D values, illustrating the difference between diffusion process over a one- or two-dimensional surface. Significant discrepancies can be noted with the dynamical behavior found in Ref. 6 共coarsening termination兲 and Ref. 7 ⬃ 1 / t, and 共t兲 ⬃ 1 / t␥ 共see Figs. 5–7兲. For 2D systems, we find  = 0.26, = 0.59, and ␥ = 0.43 over nearly three decades. Similarly, over the last time decade of the 3D simulations, we find  = 0.7, = 1.3, and ␥ = 0.8, which are noticeably de- (a) θ 0 w γ = 0.44 β = 0.26 10 10 −1 −2 −1 1 t 10 10 2 10 10 3 −1 10 1 2 t 10 θ 0 10 w 2 FIG. 6. Evolution of the number of islands with the same parameters as in Fig. 5. FIG. 4. Maximal height of an equilibrium island as function of the initial height in 共a兲 two dimensions and 共b兲 three dimensions. 10 0 (a) 10 10 0.04 0 10 t (b) 10 0 10 β = 0.7 3 10 (b) −1 γ = 0.8 −2 10 −3 10 0 (b) 10 t 1 10 10 2 10 −2 10 FIG. 5. Roughness as function of time with 共a兲 L = 6700 in two dimensions and 共b兲 L = 209 in three dimensions. 0 t 10 1 10 2 FIG. 7. Evolution of the surface coverage with the same parameters as in Fig. 5. 165319-4 49 PHYSICAL REVIEW B 76, 165319 共2007兲 NONLINEAR EVOLUTION OF A MORPHOLOGICAL… 共coarsening with different exponents兲. However, both studies regularize the ATG singularity with diverging7 or dominant6 wetting potentials. Moreover, the analysis in Ref. 6 dismisses the film and substrate interface, and applies, in fact, to a semi-infinite elastic film, whereas Ref. 7 did not consider nonlinear elastic effects. Hence, one expects the adequately nonlinear Eq. 共4兲 with regular wetting potential to give a reliable nonlinear behavior. Note that finite-element simulations concerning a similar system were performed in Ref. 22, but did not explore the island coarsening behavior. instability, and numerical simulations reveal a regular evolution toward an equilibrium state. The latter stage consists of a single island with a chemical potential monotonously decreasing with its volume. Consistently, the system undergoes a noninterrupted coarsening in both two and three dimensions characterized by power-law behavior with time, which significantly depends on the system dimensionality. Further experiments on the number of islands of annealing films in the prepyramid regime of the Stranski-Krastanov mode4 would be of great interest. Note that we did not account here for more complex effects regarding surface dynamics such as alloying23 or anisotropy,24 the influence on coarsening of which is left for future work within nonlinear analysis. IV. CONCLUSION In summary, we derived a nonlinear model describing the stress driven morphological instability of a thin film on a deformable substrate with a priori different elastic constants and which accounts for wetting interactions. The combination of both wetting and nonlocal nonlinearities is essential for regularizing the finite-time singularity at stake in the bulk ACKNOWLEDGMENTS The authors thank I. Berbezier, J. Villain, P. Müller, A. Saúl, and L. Raymond for fruitful talks and assistance. Support from the PNANO-Mémoire ANR is gratefully acknowledged. Houghton, Phys. Rev. Lett. 71, 1744 共1993兲. P. Politi, G. Grenet, A. Marty, A. Ponchet, and J. Villain, Phys. Rep. 324, 271 共2000兲. 12 B. J. Spencer, P. W. Voorhees, and S. H. Davis, Phys. Rev. Lett. 67, 3696 共1991兲. 13 B. J. Spencer, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. B 47, 9760 共1993兲. 14 C.-H. Chiu and H. Gao, Int. J. Solids Struct. 30, 2983 共1993兲; W. H. Yang and D. J. Srolovitz, Phys. Rev. Lett. 71, 1593 共1993兲; B. J. Spencer and D. I. Meiron, Acta Metall. Mater. 42, 3629 共1994兲; K. Kassner and C. Misbah, Europhys. Lett. 28, 245 共1994兲. 15 Y. Xiang and W. E., J. Appl. Phys. 91, 9414 共2002兲. 16 C.-H. Chiu and H. Gao, in Thin Films: Stresses and Mechanical Properties V, edited by S. P. Baker et al., MRS Symposia Proceedings No. 356 共Materials Research Society, Pittsburgh, 1995兲, p. 33. 17 B. J. Spencer and J. Tersoff, Phys. Rev. Lett. 79, 4858 共1997兲; B. J. Spencer, Phys. Rev. B 59, 2011 共1999兲. 18 A. A. Golovin, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. E 68, 056203 共2003兲. 19 A. A. Golovin, P. W. Voorhees, and S. H. Davis, Self-Assembly, Pattern Formation and Growth Phenomena in Nano-Systems 共Springer, New York, 2006兲, pp. 123–158. 20 M. J. Beck, A. van de Walle, and M. Asta, Phys. Rev. B 70, 205337 共2004兲; G.-H. Lu and F. Liu, Phys. Rev. Lett. 94, 176103 共2005兲. 21 P. Nozières, J. Phys. I 3, 681 共1993兲. 22 P. Liu, Y. W. Zhang, and C. Lu, Phys. Rev. B 68, 035402 共2003兲. 23 Y. Tu and J. Tersoff, Phys. Rev. Lett. 93, 216101 共2004兲. 24 Y. W. Zhang, Phys. Rev. B 61, 10388 共2000兲. 25 The two latter quantities are defined using a threshold slightly above the wetting layer height. We checked that the choice of the latter threshold do not affect the values of the exponents. *Also at École Centrale Marseille, France; jnaqua@irphe.univ- 11 mrs.fr †frisch@irphe.univ-mrs.fr ‡ verga@irphe.univ-mrs.fr 1 C. Teichert, Phys. Rep. 365, 335 共2002兲; J. Stangl, V. Holy, and G. Bauer, Rev. Mod. Phys. 76, 725 共2004兲; J.-M. Baribeau, X. Wu, N. L. Rowell, and D. J. Lockwood, J. Phys.: Condens. Matter 18, R139 共2006兲. 2 J. H. Davies, The Physics of Low Dimensional Semiconductors 共Cambridge University, Cambridge, 1998兲; V. A. Shchukin and D. Bimberg, Rev. Mod. Phys. 71, 1125 共1999兲; K. Brunner, Rep. Prog. Phys. 65, 27 共2002兲; C. Delerue and M. Lannoo, Nanostructures 共Springer, New York, 2004兲. 3 D. J. Eaglesham and M. Cerullo, Phys. Rev. Lett. 64, 1943 共1990兲; H. Gao and W. Nix, Annu. Rev. Mater. Sci. 29, 173 共1999兲; P. Sutter and M. G. Lagally, Phys. Rev. Lett. 84, 4637 共2000兲; R. M. Tromp, F. M. Ross, and M. C. Reuter, ibid. 84, 4641 共2000兲; J. Tersoff, B. J. Spencer, A. Rastelli, and H. von Känel, ibid. 89, 196104 共2002兲; I. Berbezier, A. Ronda, and A. Portavoce, J. Phys.: Condens. Matter 14, 8283 共2002兲; A. Rastelli, M. Stoffel, J. Tersoff, G. S. Kar, and O. G. Schmidt, Phys. Rev. Lett. 95, 026103 共2005兲. 4 J. A. Floro, M. B. Sinclair, E. Chason, L. B. Freund, R. D. Twesten, R. Q. Hwang, and G. A. Lucadamo, Phys. Rev. Lett. 84, 701 共2000兲. 5 W. T. Tekalign and B. J. Spencer, J. Appl. Phys. 96, 5505 共2004兲. 6 Y. Pang and R. Huang, Phys. Rev. B 74, 075413 共2006兲. 7 M. S. Levine, A. A. Golovin, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. B 75, 205312 共2007兲. 8 D. J. Srolovitz, Acta Metall. 37, 621 共1989兲. 9 R. J. Asaro and W. A. Tiller, Metall. Trans. 3, 1789 共1972兲; M. A. Grinfel’d, Sov. Phys. Dokl. 31, 831 共1986兲. 10 S. Balibar, H. Alles, and A. Y. Parshin, Rev. Mod. Phys. 77, 317 共2005兲; D. E. Jesson, S. J. Pennycook, J.-M. Baribeau, and D. C. 165319-5 50 IV.2 Elastic interactions and kinetics during reversible submonolayer growth IV.2 51 Elastic interactions and kinetics during reversible submonolayer growth J.-N. Aqua, T. Frisch Physical Review B Vol. 78, 121305(R) (2008) RAPID COMMUNICATIONS PHYSICAL REVIEW B 78, 121305共R兲 共2008兲 Elastic interactions and kinetics during reversible submonolayer growth: Monte Carlo simulations Jean-Noël Aqua1,2,* and Thomas Frisch1,* 1 Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence, Aix-Marseille Université, UMR 6242, 13397 Marseille, France 2 Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Équilibre, Aix-Marseille Université, UMR 6594, 13384 Marseille, France 共Received 30 July 2008; published 25 September 2008兲 The reversible submonolayer heteroepitaxial growth is studied by means of kinetic Monte Carlo simulations of a simple model with short- and long-range interactions. The Green function of a film on a deformable substrate allows a fast computation of elastic energy barriers and the investigation of the islands statistical properties as functions of strain and the diffusion to deposition flux ratio. We find an unexpected decrease of the island density due to elastic interactions which can be understood as a decrease of the effective adatom binding energy coupled to kinetic effects. The island size distribution satisfies the usual scaling and does not significantly depend on elasticity. DOI: 10.1103/PhysRevB.78.121305 PACS number共s兲: 68.55.A⫺, 68.65.⫺k, 81.15.Aa scription, islands with more than the critical nucleus i atoms do not loose matter and are characterized by both i and D / F 共see Ref. 13 and 16兲. For strained systems with a misfit between the film and substrate, the extra nonlocal elastic interactions are long range and differ qualitatively from the short-range effects previously described. One may first expect that the weak long-range elastic repulsions favor adatoms to drift away from other adatoms17,18 and existing islands.19 They should also favor atom detachment from islands.20 Most studies of these effects focused on the irreversible growth,17,18,21 but little is known about the statistical properties of submonolayer strained islands during reversible growth. To answer this, we display a simple model devised for studying the interplay between short- and long-range interactions and between kinetics and thermodynamics. This model is studied by means of KMC simulations including the elastic chemical potential in energy barriers. The latter is computed using a discrete form of the continuum Green function of a film on a deformable substrate and includes in a fast computation the aforementioned elastic effects. We find that, contrarily to the irreversible case, the elastic interactions first favor a decrease 共increase兲 in the island density 共mean size兲 for a given D / F ratio. These variations result from the interplay of kinetics and an effective decrease in adatoms binding energy. We did not consider a stress-dependent adatom diffusion, which is a microscopic one-body effect which could be embedded in the diffusion constant. Hence, we characterize the island density as function of D / F and separately. In addition, we find that the scaling law 关Eq. 共1兲兴 is still fulfilled even with elasticity with f not depending significantly on strain. We consider a SOS model on a cubic lattice where the surface is characterized by its height h共r兲 on a square of sites r in unit of the substrate lattice parameter a. Atoms can diffuse to the four in-plane nearest-neighbors 共nn兲 sites with possible jumps on the upper or lower terraces. This diffusion is described by an activation barrier ES with the underneath layer while atoms interact with a binding energy EN with their in-plane nn.15 In order to disentangle different mechanisms, we do not consider wetting nor Erlich-Schwoebel effects. To study the system dynamics with KMC simulations, Aggregation phenomena are ubiquitous in physics, chemistry, or biology. A paradigm arising in surface science deals with island formation during molecular beam epitaxy, which involves adatom deposition and diffusion, island nucleation, growth, and coalescence. In heteroepitaxial systems, elasticity is an extra crucial effect which can lead to a transition between two- 共2D兲 and three- 共3D兲 dimensional islands and quantum dot formation.1 The progress in experimental techniques for surface scanning, together with application for electronic devices fabrication has shed some new light on this field.2–4 The understanding of the density, mean size, and size dispersion of submonolayer strained islands is then of significant importance as they are templates for the subsequent surface evolution. Moreover, beyond aggregation mechanisms, the submonolayer regime may be used to measure adatom diffusion coefficients otherwise hard to measure.5,6 To tackle this far-from-equilibrium many-body problem, different approaches are available without elasticity in the irreversible case where adatoms never detach from islands.7,8 Scaling analysis9,10 first predict that the number Ns of islands with s atoms is merely Ns = 共⌰/具s典2兲f共s/具s典兲, 共1兲 given by the scaling function f and the only characteristic island size 具s典. They depend solely on the ratio of the adatom diffusion constant D to the deposition flux F, and 具s典 = ⌰z共D / F兲, where ⌰ is the deposited coverage ⌰ = Ft, and z and —two scaling exponents. More detailed information are then found from rate equations which treat the system in a mean-field way11–14 and compare favorably with kinetic Monte Carlo 共KMC兲 simulations. However, even if the irreversible hypothesis is well suited for metallic materials at low temperatures, it fails for semiconductors or at high temperatures when EN, the atom binding energy to islands, is no longer large compared to the thermal energy kBT. A simple solid-on-solid 共SOS兲 model accounting for reversible aggregation15 reveals that the system depends both on D / F and EN, and exhibits a different regime where the island density saturates before coalescence occurs. In another de1098-0121/2008/78共12兲/121305共4兲 121305-1 52 ©2008 The American Physical Society RAPID COMMUNICATIONS PHYSICAL REVIEW B 78, 121305共R兲 共2008兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH the energy barrier ⌬Ei for the move of an atom at site i with ni in-plane nn reads ⌬Ei = ES + niEN − ⌬Eel i . The long-range 3 el = a 共r 兲 is the elastic energy difference contribution ⌬Eel i i between the configurations with and without the atom at ri el el 共see Ref. 22兲: ⌬Eel i = F 关h共ri兲 , h共r⬘兲兴 − F 关h共ri兲 − 1 , h共r⬘兲兴, with r⬘ the positions different from ri. The elastic contribution ⌬Eel i is usually positive and thence lowers the activation barrier ⌬Ei. Different computations of elasticity are available for KMC simulations, considering either spring models,22–25 Lennard-Jones interactions26,27 or 1 / r3 elastic 17,18,21 28 effective barrier reduction, or Green funcrepulsions, tion with edge relaxation.29 Here, we consider the total energy of a thin film with lattice parameter a共1 + 兲 in coherent epitaxy with a substrate with a priori different elastic properties, computed from the continuum linear elasticity and discretized on the SOS lattice, N−1 1,r2=0 h共r兲e−2ik.r/N . island and monomer density 共2兲 共3兲 共4兲 N/2 共5兲 In Eq. 共4兲, we drop the constant contribution E0a3, which is a one-body effect linked to the diffusion of a single adatom on a plane substrate.26 The latter could be better estimated by microscopic studies such as ab-initio calculations, which reveal a complex strain dependence of the adatom surface diffusion depending on the material under scrutiny.31 In a continuum description,30 the barrier ⌬Eel i is linked to the usual surface chemical potential, el = ␦Fel / ␦h共r兲. For infinite systems, using the distribution identity, 兰dk兩k兩eik.r = −2 / 兩r兩3, one would get 1E 0 2 冕 dr⬘ h共r⬘兲 − 具h典 . 兩r − r⬘兩3 x 10 island density el共r兲 = 1 0.1 0.2 Θ 0.3 semiconductors, EN = 0.3 eV and ES = 0.8 eV. Once a KMC move is succeeded, an atom can go equally to its four nn sites but we forbid all jumps greater than one layer in the vertical direction. The working temperature is T = 500 K if not explicitly mentioned. At this temperature, we checked that KMC moves of atoms with three or four nn have a negligible acceptance rate even with elasticity and consequently forbid them. The diffusion constant is D = 41 a20 exp共−ES / kBT兲 with the bare KMC attempt frequency 0 = kBT / h = 1013 s−1. The substrate and film elastic properties are chosen to describe Si and Si1−xGex materials. Hence, a = 0.27 nm of an equivalent cubic lattice, the misfit = 0.04x so that Uel = 5 meV and Uel / kBT = 0.1 for x = 1. The statistical properties are obtained for each parameters with 100 different runs of systems with N = 128. The typical time evolution of the monomer 共s = 1兲 and island 共s ⱖ 2兲 density per lattice site is then depicted in Fig. 1 with and without elasticity for F = 0.1 monolayer per second 共ML/s兲. After a short nucleation regime, the island density saturates and slightly decreases as usual in reversible growth15 due mainly to dimer breaking into monomers and some coalescence. However, for the same D / F ratio, we find that elasticity decreases while it increases the mean island size 具s典 共see Fig. 2兲. The difference in island density is more important for large D / F 共see Fig. 3兲, and was also checked at higher temperatures, T = 600 K and 700 K but with smaller amplitudes. with the 共2N − 1兲2 Green function matrix computed once 2 G共r兲 = 3 兺 兩k兩cos共2k . r/N兲. N k1,k2=−N/2+1 2 FIG. 1. 共Color online兲 Time evolution of the total island density 共full line兲 and monomer density 共dashed兲 for F = 0.1 ML/ s with vs without elasticity, red 共dark gray兲 vs black line. This method allows a fast computation of the elastic problem at each KMC test. Indeed, the elastic contribution is merely the convolution el共r兲 = − 1E0 兺 r⬘ h共r⬘兲G共r − r⬘兲, 3 0 0 The parameters E0 and 1 depend on the isotropic film 共f兲 and substrate 共s兲 Poisson ratios and Young modulus E via E0 = E f 2 / 共1 − f 兲 and 1 = 2E f 共1 − s2兲 / Es共1 − f 兲, see Ref. 30. The nonlocal operator Hii is given in Fourier space by Hii关h兴 = F−1兵兩k兩F关h兴其. We consider periodic boundary conditions with r␣ 共␣ = 1 , 2兲 integers between 0 and N − 1, and Fourier series given by F关h兴共k兲 = 共1/N2兲 兺 r −3 共6兲 This result corresponds to the argument of Ref. 7 stating that elasticity could be described in heteroepitaxy by dipolar interactions with dipoles proportional to h共r兲 − 具h典. Consistently, we checked numerically that in our description, two adatoms have a repulsive Uel / 兩r − r⬘兩3 interaction at large separations, where Uel = 1E0a3 / 2 is proportional to 2. The simulation parameters are aimed to mimic typical −3 70 3.5 65 3 60 mean size Fel = E0a3 兺 r h共r兲关1 − 共1/2兲Hii共h兲兴. x 10 2.5 55 0 0.25 0.5 x 0.75 1 FIG. 2. Island density 共full兲 and mean size 共dashed兲 at ⌰ = 0.2 as function of elasticity parametrized by x for F = 0.1 ML/ s. 121305-2 53 RAPID COMMUNICATIONS PHYSICAL REVIEW B 78, 121305共R兲 共2008兲 ELASTIC INTERACTIONS AND KINETICS DURING… −2 0.04 10 ∆ ENel (eV) island density 10 −3 3 10 10 4 10 5 D/F 6 10 10 0.03 0.02 0 7 50 100 150 200 FIG. 5. Elastic reduction barrier near an island of size s. FIG. 3. Island density as function of the diffusion to deposition flux ratio with 共without兲 x = 1 elasticity, full 共dashed兲 line at ⌰ = 0.2. denser islands because adatoms drift away from islands due to the elastic chemical potential gradient.19 In the irreversible case, the island density was found to increase with elasticity because the adatom repulsion effect is alone at stake.17,18 We note also here that the reversible study of the 2D/3D transition of Ref. 20, where elasticity was treated by effective reductions in binding energies, lead to denser islands. However we checked here that the concentration of atoms on the second layer is negligible for the parameters investigated, ⱕ 0.04. Finally, another quantity relevant for both experiments and theories is the island size distribution Ns. Scaling arguments predict form 共1兲 which is parametrized by D / F and EN / kBT in the reversible case.15,28 We find that Eq. 共1兲 is indeed valid with 共and without兲 elasticity on the whole range of the saturation regime 0.1ⱕ ⌰ ⱕ 0.25. This validity is not a priori evident as elasticity introduces a length scale, l0 To explain these tendencies, we find that the repulsive elastic interactions favor atom detachment from islands and thence induce an increase in 具s典. This puzzling effect is analogous to the results of Ref. 32 in which the authors investigated reversible growth without elasticity and found that the island density decreases when EN decreases. Indeed atom detachment favors the exploration of a larger phase space and therefore more stable, larger, thence less dense, islands. Hence, KMC simulations without elasticity but with a decreasing binding energy EN 共however not too small兲 lead to an increase in 具s典 and a consistent decrease in at a given coverage ⌰ 共see Fig. 4兲. To estimate semiquantitatively the influence of elasticity in the reversible case, we consider a model without elasticity but where the binding energy EN is decreased by an effective elastic barrier reduction ⌬ENel共s兲. The latter is computed using Eq. 共4兲 at the border of a square island of size s 共see Fig. 5兲. The saturation of ⌬ENel for large s is to be expected for 1 / r3 interactions integrated on a surface.7 Considering the typical island size s ⯝ 60 for F = 0.1 ML/ s at ⌰ = 0.2, one gets a 20% decrease in for x = 1 relative to x = 0, which compares favorably with the KMC 10% diminution for the same values. This comparison is all the more instructive as the elastic reduction −⌬ENel, valid for n = 1, overestimates an effective decrease in the binding energy EN. Moreover, this estimate does not account for the adatom repulsion from islands which favor smaller and 1 s N <s>2/Θ (a) 0.4 0.2 0 0 1 2 3 1 2 island density 4 3.5 0.4 3 0.2 2.5 0 0 0.3 E N 0.4 s/<s> (b) Ns <s> /Θ −3 x 10 2 0.2 s 1 2 3 s/<s> FIG. 6. 共Color online兲 Rescaled probability distribution function with 共x = 1, red/dark gray crosses兲 and without 共black circles兲 elasticity for 共a兲 F = 0.1 ML/ s 共D / F = 2 105兲, and 共b兲 F = 10 ML/ s 共D / F = 2 103兲, and ⌰ between 0.1 and 0.24. FIG. 4. Dependence of the island density on binding energy EN without elasticity for F = 0.1 ML/ s and ⌰ = 0.2. 121305-3 54 RAPID COMMUNICATIONS PHYSICAL REVIEW B 78, 121305共R兲 共2008兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH = EN / E0a2, the Asaro-Tiller-Grinfel’d length. However, one gets here l0 / a ⯝ 103 for x = 1, which is too large to be significant for the systems under scrutiny. Consistently, we did not find any relevant dependence of the scaling function f on elasticity for both D / F = 2 ⫻ 103 and 2 ⫻ 105 共see Fig. 6兲. Nevertheless, elasticity has an influence on 具s典 and therefore leads to different nonrescaled Ns distributions. Finally, note that the size distribution depends on the ratio D / F and is less dispersed in the low flux regime. The results of KMC simulations can be used to estimate diffusion barriers otherwise hard to measure.5,6 Indeed, when the dependence between island densities and adatom diffusion is known from KMC simulations, the measure of the former indirectly reveals the surface diffusion activation barriers. The decrease of the island density with elasticity here is obtained at D / F and EN fixed. However, it is well known that strain also influences adatoms surface diffusion so that ES also varies with , as shown by first-principles calculations.31 Hence, a measure of the island density variation with and without elasticity, together with the island density as function of D / F as in Fig. 3, should display the variation in ES due to strain. These measures should be done and all the other parameters kept fixed 共flux, temperature, composition, surface reconstruction, etc.兲.6 Note that we find here a scaling exponent = 0.51 for large D / F, very slightly decreasing with elasticity. For a given material, a strain dependent diffusion could also be introduced prior to simulations with given energies ES共兲 and EN共兲. Other effects such as surface stress, elastic anisotropy, and diffusion anisotropy were not considered but could also be implemented within the present framework. As a conclusion, we studied island aggregation during the reversible submonolayer growth of a strained film by means of KMC simulations. Thanks to a fast calculation based on elastic interactions between every lattice sites computed via a Green function, we compute the island statistical properties and find that they crucially depend on strain. The island density 共mean size兲 decreases 共increases兲 with the misfit for fixed D / F, binding energy EN, and temperature T. This effect is rationalized as a decrease in the effective binding energy leading to a kinetically allowed increase of the island size. In addition, the island size distribution still fulfills the usual scaling form and is not affected by elasticity for the values of the misfit that we studied. This model is well suited for the analysis of the subsequent surface evolution beyond the submonolayer regime where the 2D/3D transition should occur1 and which will be presented in a forthcoming work. ACKNOWLEDGMENTS The authors thank I. Berbezier, L. Raymond, A. Verga, and D. Vvedensky for fruitful discussions and assistance. Support from ANR PNANO-Mémoire is gratefully acknowledged. 17 F. *École Centrale Marseille Gutheim, H. Müller-Krumbhaar, and E. Brener, Phys. Rev. E 63, 041603 共2001兲. 18 G. Nandipati and J. G. Amar, Phys. Rev. B 73, 045409 共2006兲. 19 R. Grima, J. DeGraffenreid, and J. A. Venables, Phys. Rev. B 76, 233405 共2007兲. 20 C. Ratsch, P. Smilauer, D. D. Vvedensky, and A. Zangwill, J. Phys. I 6, 575 共1996兲. 21 J. Steinbrecher, H. Müller-Krumbhaar, E. Brener, C. Misbah, and P. Peyla, Phys. Rev. E 59, 5600 共1999兲. 22 C.-H. Lam, C.-K. Lee, and L. M. Sander, Phys. Rev. Lett. 89, 216102 共2002兲. 23 B. G. Orr et al., Europhys. Lett. 19, 33 共1992兲. 24 A.-L. Barabasi, Appl. Phys. Lett. 70, 2565 共1997兲. 25 G. Russo and P. Smereka, J. Comput. Phys. 214, 809 共2006兲. 26 S. Tan and P.-M. Lam, Phys. Rev. B 59, 5871 共1999兲. 27 F. Much and M. Biehl, Europhys. Lett. 63, 14 共2003兲. 28 C. Ratsch, A. Zangwill, and P. Smilauer, Surf. Sci. Lett. 314, L937 共1994兲. 29 M. Meixner, E. Schöll, V. A. Shchukin, and D. Bimberg, Phys. Rev. Lett. 87, 236101 共2001兲. 30 J.-N. Aqua, T. Frisch, and A. Verga, Phys. Rev. B 76, 165319 共2007兲. 31 L. Huang, F. Liu, G. H. Lu, and X. G. Gong, Phys. Rev. Lett. 96, 016103 共2006兲. 32 C. Ratsch et al., Surf. Sci. Lett. 329, L599 共1995兲. 1 P. Politi, G. Grenet, A. Marty, A. Ponchet, and J. Villain, Phys. Rep. 324, 271 共2000兲. 2 I. Berbezier, A. Ronda, and A. Portavoce, J. Phys.: Condens. Matter 14, 8283 共2002兲. 3 J. Stangl et al., Rev. Mod. Phys. 76, 725 共2004兲. 4 J. W. Evans et al., Surf. Sci. Rep. 61, 1 共2006兲. 5 Y. W. Mo, J. Kleiner, M. B. Webb, and M. G. Lagally, Phys. Rev. Lett. 66, 1998 共1991兲. 6 V. Cherepanov and B. Voigtländer, Phys. Rev. B 69, 125331 共2004兲. 7 A. Pimpinelli and J. Villain, Physics of Crystal Growth 共Cambridge University Press, Cambridge, England, 1998兲. 8 A.-L. Barabasi and H. E. Stanley, Fractal Concepts in Surface Growth 共Cambridge University Press, Cambridge, England, 1995兲. 9 T. Vicsek and F. Family, Phys. Rev. Lett. 52, 1669 共1984兲. 10 M. C. Bartelt and J. W. Evans, Phys. Rev. B 46, 12675 共1992兲. 11 J. A. Venables et al., Rep. Prog. Phys. 47, 399 共1984兲. 12 S. Stoyanov and D. Kashchiev, Current Topics in Materials Science 共North-Holland, Amsterdam, 1981兲, Vol. 7. 13 J. A. Blackman et al., Europhys. Lett. 16, 115 共1991兲. 14 J. Villain et al., J. Phys. I 2, 2107 共1992兲. 15 C. Ratsch, A. Zangwill, P. Smilauer, and D. D. Vvedensky, Phys. Rev. Lett. 72, 3194 共1994兲. 16 J. G. Amar and F. Family, Phys. Rev. Lett. 74, 2066 共1995兲. 121305-4 55 56 IV.3 Articles Ordering of strained islands during surface growth Jean-Noël Aqua, Thomas Frisch et Alberto Verga Physical Review E Vol. 81, 021605 (2010) Ordering of strained islands during surface growth Jean-Noël Aqua,∗ Thomas Frisch,∗ and Alberto Verga Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence, Aix-Marseille Université, UMR 6242, 13397 Marseille, France (Dated: January 13, 2010) We study the morphological evolution of strained islands in growing crystal films by use of a continuum description including wetting, elasticity and deposition. We report different nonlinear regimes following the elastic instability and tuned by the flux. Increasing the flux, we first find an annealing-like dynamics, then a slower but non-conventional ripening followed by a steady regime, while the island density continuously increases. The islands develop spatial correlations and ordering with a narrow two-peaked distance distribution and ridge-like clusters of islands at high flux. PACS numbers: 68.55.-a, 81.15.Aa, 68.35.Ct, 81.16.Rf I. INTRODUCTION Non-equilibrium crystal growth is questioning many fundamental and experimental issues in particular in the domain of self-organization of nanostructures [1–7]. For example, quantum dots has lead to numerous applications [8] such as photovoltaic cells, memory storage or light emission. However, the different scenario governing island formation are still challenged as regards their density, size distribution and spatial ordering [9–11]. We focus here on the properties of islands produced in heteroepitaxy. When a film is coherently deposited on a substrate with a lattice mismatch, it experiences an elastic stress that can be relieved by a morphological evolution. For strong enough mismatch, islands are nucleated in an abrupt two to three dimensions transition. However, for intermediate mismatch, the evolution begins by surface diffusion with a nucleationless ripple formation [12–15] which results from an elastic instability reminiscent of the AsaroTiller-Grinfel’d (ATG) instability [16, 17]. Contrarily to the evolution in thick films [16], no dislocations are generated in thin films where instead the ripples transform smoothly into islands separated by a wetting layer [14]. In order to go beyond the simple exponential growth description, one needs to take into account the nonlinear terms which allow to simulate island coarsening quantitatively [18–22]. The question we address in this article is the influence of the growth dynamics on the spatial organization of the islands due to the elastic instability. To tackle this problem, we use a continuum modelization of the crystal accounting both for wetting and elastic interactions. Wetting, which breaks the translational invariance in the growth direction, introduces a significant flux dependence. Consequently, once diffusion proceeded and led to islands, we find different nonlinear regimes as the flux F increases. Departing from the near annealing case, island ordering arises first as clusters form. Then, for high enough fluxes, the island density is frozen and ∗ École Centrale Marseille 57 the dot density and ordering are maximum. To the best of our knowledge, this work tackles for the first time the influence of the growth dynamics (and thence of the deposition flux) on the islands produced during the ATG instability as nonlinear effects due to the boundary condition at the surface together with the wetting potential come into play. II. CONTINUUM MODEL OF THE MORPHOLOGICAL EVOLUTION The dynamics of a surface during crystal growth involves different mechanisms such as diffusion, attachment or relaxation. The evolution of its surface z = H(r, t) at position r = (x, y), see Fig. 1, with time t can be written as ∂H = V[H] + af F, ∂t (1) where V[H] is dictated by the predominant mechanisms at stake while af is the film lattice parameter. In homoepitaxy, symmetry constraints enforce V to depend only on the slope of H [7] so that F disappears in the Galilean transformation H(r, t) = F t + h(r, t). This invariance is violated in heteroepitaxy when a film is coherently deposited on a substrate. We consider a film evolving in the Stransky-Krastanov mode, with a dynamics due to surface diffusion induced by chemical potential gradients. Hence, p V[H] = D 1 + |∇H|2 ∇2S µ, (2) where D is a diffusion coefficient, ∇S , the surface gradient, and µ, the surface chemical potential given by the El S S functional pderivative µ = δ(FEl + F )/δH, where F = R 2 drγ(H) 1 + |∇H| and F is the elastic free energy. Wetting is embedded in the H-dependence of the surface energy γ, which describes the change with H of the local environment of a particle when the film/substrate interface is present [23], and which precisely breaks translational invariance in the z direction. Note that neither alloying nor anisotropy are considered here, which 2 we consider isotropic elasticity, where strains and stresses are related through Ef νf σij = eij + ell δij . (5) 1 + νf 1 − 2νf FIG. 1: Sketch of the film/substrate geometry. can prove significant in some experimental regimes, see e.g. [2, 4, 24–27]. To set scales, we choose to depict a Ge0.25 Si0.75 like film deposited on a Si substrate with a reference lattice with a substrate (film) lattice parameter as = 0.27 nm (af = 1.01 as ). Surface diffusion is given by D = Ds exp[−∆Ed /kB T ]a4f /kB T with ∆Ed = 0.83 eV and Ds = 8.45 10−10 m2 /s, see e.g. [17], and the working temperature is 700 o C. The film surface energy is γf = 1.3 J/m2 and we extrapolate ab-initio calculations for Si/Ge systems [28] by considering γ(h) = γf [1 + cw exp(−h/δ)] where δ = af and cw = 0.09. The characteristic length and time scales that will be used below are then l0 = γf /2(1 + νf )E 0 and t0 = l04 /Dγf , where E 0 = Ef η 2 /(1 − νf ) is an elastic energy density involving the film Poisson ratio νf and film Young modulus Ef together with the film/substrate mismatch η = (af −as )/as . The numerical values concerning a Ge0.25 Si0.75 -like film are then l0 = 27 nm and t0 = 25 s. On these time and length scales, the deposition and diffusion noise [7, 29] which can be implemented in Eq. (1), are in fact not relevant and were not considered. Mechanical equilibrium is supposed to be achieved on time scales faster than the system evolution, which enforce the Lamé equations ∂q σpq = 0 to be valid in the film and substrate. The stress tensor σpq is a linear function of the strain tensor 1 epq = (∂q up + ∂p uq ) − erpq , 2 (3) where u is the displacement with respect to the substrate reference state. The reference strain is erpq = (1 − af /as ) δpq (δpx + δqy ) (4) in the film and 0 otherwise, where δpq is the Kronecker symbol with p, q = x, y, z. Although anisotropy is certainly relevant, our first concern here is on the influence of a deposition flux on the dynamics of stressed films. Different sources of anisotropy are revealed by experiments, which appeal for specific examination out of the scope of the present paper. Hence, to simplify the model, 58 Furthermore, we consider identical film and substrate elastic constants as experiments usually involve materials with similar constants. Different elastic constants could only change significantly the second order in the asymptotic expansion that we develop below, but by an extra small factor proportional to the difference in these constants. The Lamé equations are then solved using Fourier transforms with respect to the two-dimensional position R r, F[h] = (2π)−2 dreik·r h(r), where k = (kx , ky ) , with the following boundary conditions : the film/substrate interface is coherent with continuous stresses, and the film/vacuum surface is free, with a negligible surface stress. Hence, we impose u(r, z = 0− ) = u(r, z = 0+ ), − + σ · z(r, z = 0 ) = σ · z(r, z = 0 ), σ · n(r, z = H(r)) = 0, (6) (7) (8) where z is the normal to the film/substrate interface, while n is the normal to the film surface. To solve the last boundary condition, we use here the small-slope approximation amenable for arbitrary deposited thicknesses, which is not the same set of approximation as the thin film approximation used in Ref. [21]. The present small-slope approximation is relevant for the growth case where the mean film height is arbitrarily thick. Defining h̄ as the spatial average of H, see Fig. 1, we suppose that the film surface is characterized by a shallow modulation where H − h̄ is small compared to the instability wavelength computed below which is of order of the characteristic length l0 , ratio of the surface energy to the misfit elastic energy density; hence, we decompose H using a small parameter ε as H(r, t) = h̄(t) + ε h(r, t). (9) We thus obtain the P2displacements u as series of ε up to second order, u = n=0 εn u(n) , where u(0) = (0, 0, 2ηνf z/(1 − νf )). (10) At first order, one gets η(1 + νf )e|k|(z−h̄) 1 − νf × ikx |k|(z − h̄) + 2(1 − νf ) h(k)/|k|, (11) u(1) x (k, z) = and with a similar expression for the y component after x and y exchange, while the z component is given by u(1) z (k, z) = η(1 + νf )e|k|(z−h̄) 1 − νf × 1 − 2νf − |k|(z − h̄) h(k), (12) 3 see e.g. [30] in the case of identical film and substrate elastic constants. As a consequence of the nonlinearity en- Z h(k1 )h(k − k1 ) iη(1 + νf )e|k|(z−h̄) dk1 (1 − νf )|k|3 |k1 | n × kx (z − h̄)|k| |k||k1 |k · k1 − 2(k · k1 )2 − 2νf (k ∧ k1 )2 o +(1 − 2νf )kx |k||k1 |k · k1 − 4(1 − νf ) k1,x |k|2 k · k1 + νf kx (k ∧ k1 )2 , (13) (2) with a similar expression for uy u(2) z (k, z) = η(1 + νf )e|k|(z−h̄) (1 − νf )|k|3 (2) after the exchange of x and y. Finally, the last component uz is given by Z h(k1 )h(k − k1 ) |k1 | n 2 × (z − h̄)|k| 2(k · k1 )2 + 2νf (k ∧ k1 )2 − |k||k1 |k · k1 o (14) + 2(1 − νf )k2 |k1 |k · k1 − 2(1 − 2νf )|k| (k · k1 )2 + νf (k ∧ k1 )2 dk1 Given the expression of u up to second order in ε, we are then in a position to compute at order ε2 the elastic contribution µEl which is the elastic energy density evaluated at the film surface, 1 µEl (r, t) = σpq epq |z=H(r,t) , (15) 2 which after some calculation reduces to 300 w (ML) u(2) x (k, z) = forced by the boundary condition (8), the displacements involve convolutions of the film height h(k). We find 200 100 µEl 2 = 1 − Hxx [h] − Hyy [h] + 2h∆h + |∇h| E0 0 + Hxx [h (Hxx [h] + νf Hyy [h])] + 2(1 − νf )Hxy [hHxy [h]] 250 50 150 100 200 + Hyy [h (Hyy [h] + νf Hxx [h])] hd = F t (ML) 1 1 + Hxx [h]2 + Hyy [h]2 +(1−νf )Hxy [h]2 +νf Hxx [h]Hyy [h], 2 2 (16) FIG. 2: Simulation of the roughness evolution resulting from Eq. (18) with the deposited height for, from left to right, F = 10−4 , 5 10−4 , 10−3 , 5 10−3 , 10−2 , 2 10−2 , 5 10−2 , 10−1 ML/s. where we define the generalized Hilbert transform Hij [h] = F −1 {(ki kj /|k|) F[h]}. (17) with indices running over x and y. Eventually, considering h̄ = af F t which cancels out the second term of the r.h.s. of Eq. (1), we find the dynamical equation ∂h cw e−(h+F̃ t)/δ p = ∆ − 1 + cw e−(h+F̃ t)/δ ∆h − ∂t δ 1 + |∇h|2 − Hii (h) + 2h∆h + |∇h| 2 +2Hij [h θijkl Hkl (h)] + Hij (h)θijkl Hkl (h) , (18) where ε is set to 1, F̃ = af F t0 /l0 and summation over repeated indices. The long-range elastic interactions enforce the non-analyticity in the operator Hij [h] and introduce nonlocal effects in the dynamical equation (18). The 59 nonlinear terms are given with θijij = 1, θiijj = −θijji = νf when i 6= j and 0 otherwise. It is worthwhile to realize that a lone term h∆h in the r.h.s. of (18) would be ruled out by symmetry considerations [7] but is allowed here when put in balance with the nonlocal nonlinear terms. Indeed, taking into account both local and nonlocal terms ensure the invariance of the elastic energy under the Galilean transformation h → h + h̄(t) for arbitrary h̄(t), which is a consequence of the hypothesis of equal film and substrate elastic constants. Accordingly, the dependence on h̄(t) will appear in the following exclusively as a consequence of the dependence of γ(h) on h which breaks translational invariance. 4 III. NUMERICAL RESULTS: ISLAND FORMATION, COARSENING AND ORDERING A. Instability and roughening We performed numerical simulations of Eq. (18) using a pseudo-spectral method. We consider an initial roughness of amplitude 1 monolayer (ML) given by a random profile. The initial film height is h̄0 (t = 0) = 7 ML just below the elastic instability threshold hc ' 8.2 ML defined below. Similarly to the annealing case [21], the simulations reveal that the combination of wetting and nonlinear nonlocal elastic terms prevents the finite-time singularities, which in thick films, lead to dislocations [16]. In addition, we find that the system evolution depends strongly on the deposition flux. Different curves 2 of the roughness w = [ h2 − hhi ]1/2 as function of the deposited height hd = F t are depicted in Fig. 2 for different fluxes. The roughness first increases exponentially in a linear-like dynamics. After a first inflexion point, the system enters a first nonlinear stage where w ∼ t, and after a second one, displays a faster than linear roughness increase. The deposited heights corresponding to these inflexions increase linearly with the flux, though the different curves cannot be rescaled on a single one, signaling different ripening mechanisms depending on the flux. To evaluate the time of emergence of the islands, we define a dynamical critical height hs (F ) after which w is greater than ws = 3 ML. It is well fitted by an affine law hs = 10+1200F (ML) with a limit at low flux greater than hc due to the threshold present in the definition of hs . The values of hs obtained here for T = 700o C differ from the smaller values of the apparent critical thickness derived with the analysis of Ref. [17]. The latter is defined via a comparison of relative growth rates, whereas hs is defined here directly from the roughness which is independent of the reference frame. The dynamical critical height hs is related to the growth in the linear regime and can be roughly estimated. In the linear approximation, h small, the evolution of (18) can be reformulated in Fourier space as Z t h(k; t) = h(k; t0 ) exp (19) ds σ k; h̄0 + F̃ s , t0 where σ(k; h̄) = −k 2 cw e−h̄/δ /δ 2 + |k|3 − k 4 (1 + cw e−h̄/δ ). (20) By definition of hc , σ is negative for h̄ < hc and otherwise positive in a h̄-dependent k-interval. To estimate hs , we consider an initial undulation with wavevector k∗ and an initial amplitude h1,0 = 1 ML. We can solve exactly for h∗1 (r; t) and the critical deposited height and find h∗s (F ) = ξ +δ W (−3cw (1+k∗2 δ 2 ) exp(−ξ/δ)/k∗2 δ 2 ), (21) with the product-log function W and the length ξ = h̄0 + 4cw (1 + k∗2 δ 2 )e−h̄0 /δ /k∗ δ + F log(ws /h1,0 )/k∗4 . 60 (a) (b) (c) FIG. 3: Typical island configurations in the nonlinear regime for F = (a) 10−4 , (b) 10−2 , (c) 10−1 ML/s in a 128 l0 ×128 l0 system (the snapshots correspond respectively to hd = 13, 105 and 283 ML). Considering k∗ = 0.35, the solution is well fitted by h∗s (F ) = 10 + 1300F (ML) which is a rough estimate of hs for the full equation at low flux. Similarly to the numerical results, h∗s increases nearly linearly with F in the regime of parameters studied here. Also, the limit at low fluxes is greater than the instability critical height hc due to the threshold in the definition of hs . These results could be compared to experiments investigating the appearance of islands as function of the ratio D/F . B. Nonlinear regimes Above the critical height, the system enters the nonlinear stage where islands, surrounded by a wetting layer, grow both by deposition and coarsening, see Fig. 3. Then, depending on the flux, we find different nonlinear regimes that we will described below. Hence, the island density ρ is plotted in Fig. 4 for different fluxes. Islands appear all the later that the flux is high, as a result of the competition between diffusion and deposition. In addition, the dynamics depends strongly on the flux. At low flux, the island density is convex, similarly to the annealing case, when the system has time to coarsen by surface diffusion. However, in the intermediate regime for F in between F1 and F2 with F1 ' 10−2 ML/s and F2 ' 5 10−2 ML/s, the density evolution becomes concave, whereas in the steady regime, F > F2 , the island density is constant in a large time interval. The values of F1 and F2 depend on the temperature and the details of the wetting that are set here with typical coefficients. In all regimes, the island density at a given coverage is an increasing function of the flux and saturates at a value limited by the instability wavelength, which indicates a route for controlling island densities experimentally. At this point, we stress the difference between the flux dependence that we report here for the elastic instability with the one already observed during experiments investigating island nucleation [31, 32]. The different nonlinear regimes occur on time scales much larger than the diffusion time scale t0 so that the flux dependence in the present work is not similar to the competition between diffusion and deposition at stake for island nucleation. In the island nucleation regime, this competition leads to 2D island precursors which sizes and densities depend on the time to form new nuclei compared to the time 5 0.4 15 Θ ρ (1012 m−2 ) 0.3 10 0.2 5 0.1 0 100 150 200 250 0.0 50 hd = F t (ML) 100 150 200 250 hd = Ft HMLL 61 5 4 <v> H106 nm3 L 3 2 1 0 50 100 150 200 250 hd = Ft HMLL FIG. 6: Mean island volume, defined above the wetting layer, as function of the deposition height with the same convention as in Fig. 2. at constant island density, see Fig. 4, signals a narrowing of the island base as elastic relaxation in an isotropic film is more efficient for high aspect ratio islands. On the other hand, the faster than linear increase of the mean island volume seems associated to island decimation and is indeed correlated to the decrease of the island density. 6 HaL HbL 3 HcL 3 Counts H 102L of arrival of new material, see e.g. Ref. [33]. Hence, the very early stages of island nucleation depend crucially on the deposition flux. On the contrary, the elastic instability always begins with the same stage characterized by an undulation with a wavelength maximizing the growth rate. The flux dependence occurs only after this undulation transformed into well-defined island which then coarsen differently depending on the flux. Hence, the stricking similarity between Fig. 1 of Ref. [32] and the different morphologies that we display in Fig. 3 is not to be overestimated. The change of dynamics from a convex island density evolution in the annealing-like case to a concave one for growing films is similar to the results of the experiments by Floro and co-workers [15] where the negativeness of d2 ρ/dt2 is signaling a non standard ripening. Indeed, a typical coarsening dynamics tends to decrease its driving force resulting in a damped evolution. A faster dynamics can nevertheless be apprehended within a mean-field approach describing the island size distribution evolution due to chemical potentials accounting for elastic interactions [15]. These long range interactions are precisely the central ingredient of (18) which can lead to such a dynamics when coupled with deposition growth and our simulations exhibit a regime where this concave evolution is to be expected. Moreover, in all regimes, the dot density evolution is slowed down even when it is given as a function of the instability time scale instead of the deposited height. Hence, even if a wetting layer has developed and allows surface diffusion, the stabilization of the islands results from an effective weakening of surface diffusion currents when deposition is present. To give more quantitative information on the coarsening in this system, we computed the island coverage θ together with the mean island volume, see Figs. 5 and 6. Similarly to the experiments of [15], we find that the mean island volume increases faster than the linear growth characteristic of deposition, and that the island coverage increases with a concave evolution. In the steady regime F > F2 , the decrease of the island coverage FIG. 5: Island coverage as function of the deposition height with the same convention as in Fig. 2. Counts H 10L FIG. 4: Island density as function of the deposited height with, from left to right, the fluxes of Fig. 2. 4 2 0 Counts H 102L 50 2 1 1 0 0 20 40 60 d Hl0L 80 2 0 0 20 40 d Hl0L 60 0 20 d Hl0L 40 FIG. 7: Island distance distribution corresponding to Fig. 3. 6 200 hd 150 100 layer by layer 50 0 F1 0 0.02 F2 0.04 0.06 0.08 0.1 F FIG. 8: Kinetic phase diagram as function of the deposited height hd = F t and the flux. For a given flux, growth proceeds mainly layer by layer up to the dynamical critical height hs (solid line). Above, for F < F1 , surface diffusion is efficient and leads to an annealing-like ripening. For F1 < F < F2 , a non-conventional coarsening occurs, where the island density decreases faster than linearly. Finally, for F > F2 , ripening is frozen by the deposition growth, the island density is constant and highly correlated islands form ridge-like structures. The three insets correspond to the last time points of the roughness as function of time as displayed in Fig. 2 for flux values F = 10−4 , 10−2 , 10−1 ML/s. other peaks which position increase slightly with time as island decimation occurs. The first small peak around d = 15 arises at a distance smaller than λ and reveals the appearance of island pairing. In the steady high flux regime, Fig. 7c), ordering is maximal and is described by a narrow distance distribution with two peaks related to the typical distance between two islands in a cluster and between clusters. The first peak already observed at intermediate flux arises at a position significantly lower than the instability wavelength λ, signaling a narrowing of the distance between mass centers during clustering at high flux, while the second peak sticks at λ. In this case, a particular ordering is observed in Fig. 3c) as islands selforganize in ridge-like patterns which result from elastic interactions and stabilization of the nonlinear regime by the flux. This square-like organization leads to a ratio √of the positions of the two peaks in Fig. 7c) of order 2. Finally, note that the histograms of the Voronoi tessellation do not give relevant information here, contrarily to systems with island nucleation. These results are summarized by the kinetic phase diagram in Fig. 8. IV. CONCLUSION The different nonlinear regimes are moreover characterized by different spatial organization, see Fig. 3. At low flux, the islands do not exhibit strong spatial correlations, similarly to the annealing case [21], while for higher flux, island decimation, driven by surface diffusion, leads to the emergence of island clusters. These clusters, absent in the annealing case, involve more and more islands as F increases (Fig. 3). To quantify these correlations, we first assign an area mass center to each island and construct a Delaunay triangulation for this set of points. The typical nearest neighbor distance histograms in the nonlinear regimes are then plotted in Fig. 7. At low flux in Fig. 7a), the histogram displays a broad bell shape with a modulation reminiscent of the instability initial stages, where, beside the first peak near the initial wavelength λ ' 20 l0 , the other peaks arise as coarsening is fully developed. For intermediate flux in Fig. 7b), the histogram is significantly narrowed with a main peak near λ, and As a conclusion, we studied the influence of a deposition flux on the growth dynamics of the elastic instability in strained crystal films. We used a continuum description accounting for wetting and elasticity where the flux arises in a nontrivial way. Once diffusion proceeded and led to island formation, we report three different nonlinear regimes, depending on the flux and characterized by different spatial ordering. At low flux, an annealing-like dynamics is at stake. Increasing the flux, we find spatial correlations where dots gather in clusters, together with a non-conventional ripening. For high flux, ripening is frozen as surface diffusion effects are inhibited by deposition growth and the dot density is maximum. The nearest neighbor distance distribution exhibits a first peak linked to the distance between two islands in a cluster which decreases, and a second one related to the cluster distance. These results indicate a way to tune different spatial ordering and are calling for experimental examination of the elastic instability. Moreover, as an extension of the present analysis, the influence of the surface energy anisotropy on the coarsening dynamics is under current investigation. [1] V. Shchukin, N. Ledentsov, and D. Bimberg, Epitaxy of Nanostructures (Springer, 2003); V. A. Shchukin and D. Bimberg, Rev. Mod. Phys., 71, 1125 (1999). [2] J. Stangl, V. Holý, and G. Bauer, Rev. Mod. Phys. 76, 725 (2004). [3] C. Teichert, Physics Report 365, 335 (2002). [4] B. Voigtänder, Surf. Sci. Rep. 43, 127 (2001). [5] P. Politi, G. Grenet, A. Marty, A. Ponchet, and J. Villain, Phys. Rep. 324, 271 (2000). [6] A. Pimpinelli and J. Villain, Physics of Crystal Growth (Cambdrige University Press, 1998). [7] A.-L. Barabasi and H. E. Stanley, Fractal concepts in surface growth (Cambridge University Press, 1995). [8] D. D. Vvedensky, Frontiers in Nanoscience and Nan- C. Island ordering 62 7 [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] otechnology (ed. A. V. Narlikar and Y. Y. Fu, Oxford University Press, Oxford, England, 2008), chap. Quantum Dots: Self-organized and self-limiting structures. J. L. Gray, R. Hull, P. Lam, C.-H. Sutter, J. Means, and J. A. Floro, Phys. Rev. B 72, 155323 (2005). A. Rastelli, M. Stoffel, J. Tersoff, G. S. Kar, and O. G. Schmidt, Phys. Rev. Lett. 95, 026103 (2005). I. Berbezier and A. Ronda, Surf. Sci. Rep. 64, 47 (2009). P. Sutter and M. G. Lagally, Phys. Rev. Lett. 84, 4637 (2000). R. M. Tromp, F. M. Ross, and M. C. Reuter, Phys. Rev. Lett. 84, 4641 (2000). I. Berbezier, A. Ronda, and A. Portavoce, J. Phys. : Condens. Matter 14, 8283 (2002). J. A. Floro, M. B. Sinclair, E. Chason, L. B. Freund, R. D. Twesten, R. Q. Hwang, and G. A. Lucadamo, Phys. Rev. Lett. 84, 701 (2000). H. Gao and W. Nix, Annu. Rev. Mater. Sci 29, 173 (1999). B. J. Spencer, P. W. Voorhees, and S. H. Davis, Phys. Rev. Lett. 67, 3696 (1991). B. J. Spencer, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. B 47, 9760 (1993). Y. Xiang and W. E, J. Appl. Phys. 91, 9414 (2002). A. A. Golovin, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. E 68, 056203 (2003). J.-N. Aqua, T. Frisch, and A. Verga, Phys. Rev. B 76, 63 165319 (2007). [22] M. S. Levine, A. A. Golovin, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phy. Rev. B 75, 205312 (2007). [23] B. J. Spencer, Phys. Rev. B 59, 2011 (1999). [24] M. S. Leite, A. Malachias, S. W. Kycia, T. I. Kamins, R. Stanley Williams, and G. Medeiros-Ribeiro, Phys. Rev. Lett. 100, 226101 (2008). [25] M. Stoffel, A. Rastelli, J. Stangl, T. Merdzhanova, G. Bauer, and O. G. Schmidt, Phys. Rev. B 75, 113307 (2007). [26] Y. Tu and J. Tersoff, Phys. Rev. Lett. 93, 216101 (2004). [27] J. Tersoff, B. J. Spencer, A. Rastelli, and H. von Känel, Phys. Rev. Lett. 89, 196104 (2002). [28] M. J. Beck, A. van de Walle, and M. Asta, Phys. Rev. B 70, 205337 (2004); G.-H. Lu and F. Liu, Phys. Rev. Lett. 94, 176103 (2005). [29] C. A. Haselwandter and D. D. Vvedensky, Physical Review B 74, 121408 (2006). [30] B. J. Spencer, P. W. Voorhees, and S. H. Davies, J. Appl. Phys. 73, 4955 (1993). [31] B. Damilano, N. Grandjean, F. Semond, J. Massies, and M. Leroux, Appl. Phys. Lett. 75, 962 (1999). [32] B. Cho, T. Schwarz-Selinger, K. Ohmori, D. G. Cahill, and J. E. Greene, Phys. Rev. B 66, 195407 (2002). [33] J. Villain, A. Pimpinelli, L. Tang, and D. Wolf, J. Phys. I France 2, 2107 (1992). 64 IV.4 Articles Influence of surface energy anisotropy on the dynamics of quantum dot growth Jean-Noël Aqua, Thomas Frisch Physical Review B Vol. 82, 085322 (2010) PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 Influence of surface energy anisotropy on the dynamics of quantum dot growth Jean-Noël Aqua*,† and Thomas Frisch*,‡ Institut Matériaux Microélectronique Nanoscience de Provence, Aix-Marseille Université, UMR CNRS 6242, 13997 Marseille, France 共Received 11 May 2010; revised manuscript received 14 July 2010; published 20 August 2010兲 We investigate the influence of surface energy anisotropy on the dynamics of quantum dot growth by looking at the long-time dynamics of the morphological 共Asaro-Tiller-Grinfeld兲 instability of a strained thin film driven by surface diffusion during growth and annealing. We derive a continuum model accounting for anisotropic surface energy, wetting, and elastic energies. We obtain a nonlinear nonlocal evolution equation for the film height in the small-slope approximation which we solve numerically given a gamma plot of the surface energy based on experimental properties of silicon-germanium films. A small anisotropy induces a complete change in the coarsening dynamics. The noninterrupted coarsening 共Ostwald ripening兲 at stake for isotropic strained films is destroyed by anisotropy and the system is glued in metastable states. We characterize the statistical properties of the resulting pyramids and show that both their density and mean volume can increase with the total amount of matter. We find an optimal mean film height at which the island size distribution is peaked. These results indicate that different island density or volume may be obtained by varying solely the quantity of matter. Finally, we present an energetic model which describes energetic pathways along which ripening can indeed be suppressed. DOI: 10.1103/PhysRevB.82.085322 PACS number共s兲: 81.15.Hi, 68.35.Ct, 81.10.Aj, 47.20.Hw gradients. This scenario leads to modulated patterns 共ripples兲 characterized by a wavelength ranging from 10 to 100 nm depending on the misfit value.17,18,27–29 We focus in the present article on the long-time dynamics of this elastic instability and notably on its dependence on anisotropy. Indeed, after the initial stages of the instability characterized by a typical wavelength, islands separated by a wetting layer arise and may coarsen. After some time for coarsening where small prepyramidal islands grow with an increasing aspect ratio and thence increasing slopes, the islands exhibit strong anisotropy as they first display squarebase pyramidal shapes27,28 before evolving into more complex geometries, see, e.g., Ref. 7. Even though kinetic differences between the nucleation and instability regimes exist, the presence of strain-induced 共105兲 facets17,18,27,28 in Si/Ge systems is accountable30,31 in both cases for the pyramidal shapes. Hence, we aim at depicting the development of anisotropic islands and their subsequent evolution. Experiments on Si/Ge by Berbezier et al.28,29 revealed that annealing of thin films lead to an evolution frozen in a dense array of pyramids. The resulting islands display a noticeable size dispersion and their positions are not organized on a regular array. As regards the long-time dynamics of the ATG instability in isotropic systems, one may recall that the competition between surface and elastic energy leads to finite-time singularities which eventually lead to fracture generation in thick films.23,32–38 In thin films, however, wetting interactions between the film and the substrate may impact the long-time dynamics.39–42 The nonlinear analysis of the instability in presence of smooth wetting interactions was hence studied in Ref. 41, where the elastic problem was solved under the thin-film hypothesis. It was shown that the nonlocal nonlinear effects are necessary to prevent the finite-time singularity of the instability. The initial instability then lead to a surface where isotropic islands separated by a wetting layer undergo Ostwald ripening, where large islands grow at the expense of small ones due to mass transfer via the wetting layer. The I. INTRODUCTION Self-organization of elastically strained nanostructures in the Stranski-Krastanow 共SK兲 growth mode has attracted much attention both as a fundamental research issue but also due to its potential applications for electronic and optoelectronic devices.1–10 For example, high efficiency quantum dots are under active consideration for laser applications.11 In the SK mode where a film is coherently deposited on a substrate, islands lying on a wetting layer arise, once the film exceeds a critical thickness above which the flat geometry becomes unstable and relax the elastic stress. This mode is observed in many semiconductors and metallic systems and may be used to grow dislocation free self-organized nanostructures as long as the misfit between the film and substrate is low enough. The silicon/germanium films serve as a paradigm for the SK growth mode. The balance between anisotropy, wetting, elastic relaxation, alloying and kinetics has revealed a variety of shapes which are still under investigation.7,9,12–16 It is now well established that there exists two growth regimes for Si1−xGex films deposited on Si共001兲 depending on the intensity of stresses tuned by x. For x larger than 0.5, the usual nucleation regime is operating and small three-dimensional islands suddenly nucleate at spatially disordered positions after deposition of a critical height. In this regime, the emergence of islands is strongly influenced by microscopic effects 共adatom diffusion, attachment/detachment to steps or nuclei, intermixing兲 and an atomistic view is required to describe the growth or annealing dynamics.14 On the other hand, for smaller stresses, a nucleationless evolution is observed.17,18 Above a given critical height, the film becomes unstable and develops undulations17–24 with a well-defined horizontal wavelength. This elastic instability is the variation in the Asaro-Tiller-Grinfeld 共ATG兲 instability25,26 which depends on the competition between surface and elastic energies and results from surface diffusion induced by chemical-potential 1098-0121/2010/82共8兲/085322共13兲 085322-1 65 ©2010 The American Physical Society PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH numerical analysis of the long-time dynamics then reveals41 a noninterrupted coarsening characterized by an algebraic decay of the number of islands, which exponent depends markedly on the system dimensionality. However, the latter isotropic dynamics is driven by an elastic relaxation which driving force is mainly the increase in the island aspect ratio which relaxes the elastic stress more efficiently. This scenario may hence apply to the first stages of the experimental instability, where the initial corrugation transforms into isotropic prepyramids but not to subsequent stages characterized by anisotropic islands. One may indeed question the influence of the surface energy anisotropy on the driving force of the dynamics. Moreover, the morphology resulting from the different growth modes is of crucial interest and we also aim at characterizing the surface statistical properties, island density, mean island volume, and island size distribution. It was shown in Ref. 43 on the basis of an energetic model describing an array of pyramidal islands of volume V and density n that an optimum island size exists for a given deposited height and given island density. In particular, the optimal island size increases when the island density diminishes.43 However, the energy of the optimal configuration keeps on decreasing as the island density diminishes at constant amount of matter so that Ostwald ripening is expected in this description. Simulations of the dynamical evolution of these systems then revealed helpful. Large scale numerical simulations of island growth suffers from the inherent difficulty of treating the long-range elastic forces and the geometrical nonlinearity of the stress-free boundary conditions. Despite intrinsic limitations, finite elements 共FE兲 simulations of continuum mechanics models44–49 have been used to study both growth and annealing in the SK mode and revealed new features. A large mismatch and large wetting potential were shown to lead to islands stable against coarsening in anisotropic films.44,46 On the other hand, a very small anisotropy 共described by variations in the surface energy of relative order 10−4兲 revealed also a possible interrupted coarsening.45 In the finite element methods, the strain energy density at the film free surface has to be, in principle, calculated at each time steps and this may impose some limitations on the scale on the system. Despite this difficulty the FE simulations are extendable to large slopes which are commonly found in domes and barn shape and also in prepatterned strained geometries.50 Here, we choose to work with an alternative method allowing for large-scale simulations by using the small-slope approximation in which an explicit nonlinear integrodifferential equation for the film height is derived. This framework was introduced in Ref. 35 in order to treat the case of an isotropic film lying on a nondeformable substrate and where the evolution equation leads to finite-time singularities characterized by a slope divergence due to nonlinear local terms. This phenomena can be rationalized in terms of elastic stress concentration and is reminiscent of the ATG finite-time singularities.25,36,51 An extension of the latter work was done in order to include the deformability of the substrate together with wetting interactions between the film and substrate.39–41 The combination of both wetting and nonlinear nonlocal elasticity then regularizes the dynamical singularity and leads to a long-time dynamics characterized by islands separated by a wetting layer. During annealing, the film undergoes Ostwald ripening where large islands grow at the expense of smaller ones due to mass transfer through the wetting layer. In isotropic systems, the latter coarsening is noninterrupted40,41 and the surface tends to its absolute minimum of energy, as corroborated by FE simulations.52 However, after some time for coarsening, islands display slopes comparable with the first facet angle 共which corresponds to the 共105兲 facet in Si/Ge兲 and anisotropy is crucial for a proper analysis of the subsequent evolution. The small-slope approximation will be all the more justified as pyramids develop angles at most corresponding to the 共105兲 facets, see, e.g., Ref. 17. In the present Article, we derive a continuum model accounting for anisotropic surface energy, wetting, and elastic interactions and derive the nonlinear evolution equation necessary to investigate the long-time dynamics of the instability. We solve numerically the latter equation using largescale simulations and discuss the effects of the surface energy anisotropy on ripening during growth and annealing. We show that an interrupted coarsening happens when a plausible surface energy anisotropy and wetting potential are considered. The system is then characterized by a disordered array of islands whose density and volume are functions of the total amount of matter. We find that the island density in the stationary regime increases as function of the deposited height until it reaches a plateau where elastic interactions, steric effects, and shape evolution occur. We find an optimal amount of matter for which the island size distribution is narrow and accordingly, the island size dispersion reduced. In order to understand the origin of the interrupted coarsening of pyramids, we present an energetic model which describes energetic pathways relevant for describing Ostwald ripening where fixed islands exchange matter via surface diffusion. The combination of anisotropy, wetting, and elasticity, enforces the model to display a valley of states with an energy difference, which is the driving force for coarsening, that is vanishingly small. In Sec. II we present in a self-contained presentation, the ingredients of our continuum model including surface effects 共anisotropy and wetting兲 and elasticity. In Sec. III, we discuss the results of the numerical resolution of the evolution equation derived in Sec. II. In Sec. IV, we generalize the energetic model of Ref. 43 in order to compute energetic pathways relevant for the Ostwald ripening. II. CONTINUUM MODEL A. Surface diffusion We aim at modelizing the elastic instability at stake in semiconductor films5,17–24,53 when the temperature is high enough to allow surface diffusion but low enough so that volume diffusion together with evaporation can be neglected. Following Mullins,54 we write mass conservation during surface diffusion induced by surface currents proportional to gradients of the surface chemical potential . It enforces the conservation equation55 085322-2 66 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 INFLUENCE OF SURFACE ENERGY ANISOTROPY ON THE… ␥共h,n兲 = ␥ f 关1 + ␥n共n兲 + ␥h共h兲兴, FIG. 1. system. where ␥ f = ␥共h → ⬁ , n = ẑ兲 is the surface energy of a thick film with a 共001兲 surface. With this assumption, the cross derivatives present in the last term of Eq. 共5兲 vanish. Wetting effects are characterized by the function ␥h, see, e.g., Refs. 23 and 56, which we choose, given ab initio calculations on Si/Ge systems31,57 as 共Color online兲 Geometry of the film/substrate h/ t = F + D冑1 + 兩h兩2⌬S , ␥h共h兲 = cw exp共− h/␦w兲, 共1兲 共2兲 ␥a共n兲 = − 兺 ␣ A␣ exp关− ␣冑1 − 共n · n␣兲2 + ⑀␣兴, of the free energy of the system which encompasses surface and elastic contributions F = Fs + Fel so that = s + el. The surface energy Fs = 冕 ␥共h,n兲冑1 + 兩h兩2dr 冕 共3兲 Eel共r,z兲drdz. 共4兲 z⬍h共r兲 B. Anisotropic surface energy The contribution s of the surface energy Fs to the chemical potential follows merely from Eqs. 共2兲 and 共3兲 and reads s = ␥ + 1 ␥ 2 ␥ h jhij − hi h 冑1 + 兩h兩2 冑1 + 兩h兩2 冋 − 冑1 + 兩h兩2 hij 册 2␥ 2␥ + hi , hi h j h hi 共5兲 with summation over repeated indices i , j = x , y and where is the mean curvature =− hii + ijhiⴱh jⴱhij 共1 + 兩h兩2兲3/2 , 共9兲 where A␣ characterizes the depth of the minimum for n␣ and ␣, its extent over n. If ⑀␣ were zero, the argument of the exponential would reduce to 兩sin ⌰兩 where ⌰ is the angle between n and n␣, and would stand for the step creation energy2 which introduces singularities when ⌰ = 0. We regularize this singularity with the parameter ⑀␣, see, e.g., Ref. 59, which beside technical benefit, can be linked to thermal rounding of the cusp of the facet orientation, see, e.g., Ref. 62. As regards Si/Ge films deposited on a nominal 共001兲 surface, one must regard minima corresponding to the 共001兲 and 共105兲 orientations. The 共001兲 orientation is expected to be stable but not a facet. Indeed, the development of the elastic instability with a nucleationless scenario17,18 can be rationalized with this nonfacet hypothesis.45,63 Hence, we specify a shallow minimum of the surface energy near hx = hy = 0. On the other hand, the appearance of square-base pyramids with the 共105兲 facets in strained films17,18,27 indicates that this orientation is another minimum for the surface energy. This minimum is in fact induced by strain,30 yet we will not include at first order its dependence on the local strain and will consider that the mean strain induces a minimum for 共105兲. As seen in scanning tunnel microscope images,63 the 共105兲 facets for pyramids as opposed to the roughness of the prepyramids near 共001兲, indicate that the minima for 共105兲 is stiffer than the one for 共001兲. Hence, we will assign ⑀0 = 10−1 and 0 = 10 for n0 = 共0 , 0 , 1兲 corresponding to the 共001兲 orientation, and ⑀1 = 10−3, 1 = 15 for the four 共105兲 and minima, at n1 , . . . , n4 = 共⫾sin 1 , 0 , cos 1兲 共0 , ⫾ sin 1 , cos 1兲 where tan 1 = 1 / 5, see Figs. 2 and 3. As found by ab initio calculations,30 one can expect this minimum to be on the order of 1% below the minimum at 共001兲. We will take in the following ␥n共n␣兲 = −0.7% for the 共105兲 minima as compared to the 共001兲 one. The dynamics found below is in fact not sensitive to this precise choice as long as it remains on the order of a few percent. Finally, the limit at large slope is taken as +2.6% larger than the value for 共001兲, includes both for wetting effects and surface energy anisotropy via, respectively, the dependence of the local surface energy ␥ on the film height and on the local orientation of the surface described by its normal n = 共−hx , −hy , 1兲 / 冑1 + 兩h兩2. The elastic energy is given by the integral over both the film and the substrate of the elastic energy density Eel共r , z兲 Fel = 共8兲 where cw and ␦w are the amplitude and the depth of the energy variation with the film height. For a GexSi1−x film, we fit atomistic results by setting cw = 0.09 for x = 0.25 and ␦w given by the lattice parameter. The anisotropic term is rewritten as ␥n共n兲 = ␥a共n兲 − ␥a共ẑ兲 where the anisotropic function ␥a describes different minima of the surface energy at preferential orientations n␣. Different parametrizations of minima in the gamma plot are available, see, e.g., Refs. 45, 49, and 58–61. We choose here to depict them as where h共r , t兲 is the free surface of the film with r = 共x , y兲, see Fig. 1, F is the deposition flux, D a diffusion coefficient, ⌬S, the surface Laplacian, and is homogeneous to an energy density. The chemical potential at the surface is defined by the energy difference due to mass variation, which can be computed by functional derivatives51 = ␦F/␦h 共7兲 共6兲 with xx = yy = −xy = −yx = 1 and with xⴱ = y and y ⴱ = x. As a first approximation, we examine a decomposition of the surface energy where wetting and anisotropy are disentangled such as 085322-3 67 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH Γ scales much shorter than the diffusion and growth time scales so that the displacement u satisfies the Lamé equations jij ⬅ L共u兲 = 0, 1.02 共11兲 where i , j = x , y , z. We consider here linear isotropic elasticity, where 1.01 ij = 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 册 共12兲 with the Young modulus E and Poisson ratio . Elastic anisotropy could be included at that stage but we aim primarily at exhibiting the role of the dominant surface energy anisotropy and will therefore discard it. Moreover, in order to simplify calculations, the film and substrate elastic constants are supposed to be equal unlike the case treated in Ref. 41 where different elastic coefficients were considered. This hypothesis greatly simplifies the analysis as shown below. Small differences in the final result may arise when considering different elastic constants, as the comparison with Ref. 41 shows. The film with a native lattice parameter a f is coherently deposited on the substrate with lattice parameter as. Displacements are computed with respect to the substrate reference state in the x and y directions, hx FIG. 2. Dependence of the surface energy 共in units of ␥ f 兲 on the local slope hx = tan for hy = 0, where is the angle between the normal n and the z axis. The first shallow minimum at hx = 0 corresponds to the 共001兲 orientation while the other minimum at hx = tan 1 = 1 / 5 describes the 共105兲 orientation. Other minima are present for 共hx = −tan 1 , hy = 0兲 and 共hx = 0 , hy = ⫾ tan 1兲. with again little consequence on the physical properties. Other orientations, such as 共113兲 and 共15 3 23兲 could be also included as other minima and could be relevant for domes and hut islands7,15 but we will restrict our study to thin enough films with only small pyramids with 共105兲 facets. 1 eij = 共 jui + iu j兲 − ¯␦␦ij共␦ix + ␦ jy兲共z兲 2 C. Elastic contribution The elastic contribution to the chemical potential, Eq. 共2兲, is merely the elastic energy density at the free surface el = Eel关r , z = h共r兲兴, which is given by 1 el = ijeij关z = h共r兲兴, 2 冋 E eij + e jj␦ij 1+ 1 − 2 共13兲 with the misfit ¯␦ = 共1 − a f / as兲 and 共z兲, the Heaviside function equal to 1 for z ⬎ 0 and 0 otherwize. The coherence between the film and substrate enforces the continuity of displacements and stresses at the film/substrate interface, and implies 共10兲 where and e stand for the stress and strain tensors. Mechanical equilibrium is supposed to be achieved on time u兩z=0− = u兩z=0+ , 共14兲 关u兴 · z兩z=0− = 关u兴 · z兩z=0+ . 共15兲 Finally, the free surface is supposed to be in contact with a vanishing vapor pressure and is characterized by a negligible surface stress,40 so that the stress-free surface satisfies 关u兴 · n兩z=h共r兲 = 0 共16兲 and we fix the origin of displacements with the condition u 兩z=−⬁ = 0. The Lamé equations can be conveniently handled using Fourier transforms with respect to r, F关h兴共k兲 ⬅ ĥ共k兲 = 1 共2兲2 冕 dreik·rh共r兲. 共17兲 The solution of Eq. 共11兲 can then be written as u = u0 + u1 , 共18兲 with the flat film solution FIG. 3. 共Color online兲 Dependence of the surface energy 共in units of ␥ f 兲 on the local slopes hx and hy with one minimum for the 共001兲 orientation and four minima corresponding to the 共105兲 orientation. u0 = 关0,0, ␣z共z兲兴, where ␣ = 2¯␦ / 共1 − 兲 and with 085322-4 68 共19兲 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 INFLUENCE OF SURFACE ENERGY ANISOTROPY ON THE… û1共k,z兲 = 1 兩k兩z 3−4 e 冢 1 兵Cx关k2x z + 共3 − 4兲兩k兩兴 + Cykxkyz + Cz兩k兩ikxz其 兩k兩 1 兵Cxkxkyz + Cy关k2y z + 共3 − 4兲兩k兩兴 + Cz兩k兩ikyz其 兩k兩 z共ikxCx + ikyCy兲 − Cz共兩k兩z + 3 − 4兲 − 2兵共1 − 2 + 兩k兩h0兲关共k · k1兲2 + 共k ∧ k1兲2兴其. 共26兲 The full form of the solution for the displacement u is displayed in Appendix B. From this solution, we compute the elastic chemical potential 关Eq. 共10兲兴 which reads el/E0 = 1 − Hii共h兲 + 共2h⌬h + 兩h兩2兲 + 关2Hij关hijklHkl共h兲兴 + Hij共h兲ijklHkl共h兲兴, 共27兲 共21兲 where = 2共1 + 兲, E0 = E¯␦2 / 共1 − 兲 is the elastic energy density of a flat film while the nonlocal operator H, linked to the long-range elastic interactions, is given by where h0 is the mean film height and ⑀, a small parameter. The boundary condition 关Eq. 共16兲兴 can then be solved using expansions in power series of ⑀ ⬁ Ci = 兺 ⑀ n C共n兲 i , Hij关h兴 = F−1关共kik j/兩k兩兲ĥ共k兲兴. 共22兲 n=1 冤冥 C共1兲 y Cz共1兲 共1 + 兲 e = ¯␦ 共1 − 兲 兩k兩 −兩k兩h0 冤 关2共1 − 兲 − 兩k兩h0兴ikxĥ1 关2共1 − 兲 − 兩k兩h0兴ikyĥ1 共1 − 2 + 兩k兩h0兲兩k兩ĥ1 冥 共23兲 at first order while the second order is given by convolutions ¯ C共2兲 i =␦ 共1 + 兲 共1 − 兲 冕 dk1 e−兩k兩h0 ĥ1共k1兲ĥ1共k − k1兲Di共k,k1兲, 兩k1兩k2 共24兲 where Fel/E0 = Dx共k,k1兲 = ikx兩k1兩共1 − 2 − 兩k兩h0兲k · k1 + 1 兵− 4共1 − 兲关ik1xk2k · k1 + ikx共k ∧ k1兲2兴 兩k兩 + 2兩k兩ikxh0关共k · k1兲2 + 共k ∧ k1兲2兴其 共28兲 The dimension index ijkl is ijij = 1 for any i , j = x , y whereas iijj = −ijji = for i ⫽ j while it vanishes otherwise. Note that the chemical potential 关Eq. 共27兲兴 has to be invariant under the transformation h0 → h0 + ␦h0. Indeed, the flat film solution u0, cf. Eq. 共18兲, is independent of the arbitrary free surface level beside the trivial localization of the film while the shape induced displacement u1, equal to the solution for a single film subject to a biaxial stress, is also independent of the reference for film heights. In the solution for the elastic chemical potential 关Eq. 共27兲兴, the term h⌬h seems to violate this invariance but the latter is restored when this term is combined with Hij关hHkl关h兴兴. As Hij关h兴 is also invariant under the Galilean transformation, the solution 共27兲 as a whole satisfies this property. Finally, we also find the total elastic energy 关Eq. 共4兲兴, which follows directly from integration of the elastic energy density and reads at first orders where the sum starts with n = 1 as u0 is already the solution for a plane film. Finally, one finds C共1兲 x 共20兲 Dz共k,k1兲 = 关2共1 − 兲 + h0兩k兩兴兩k兩兩k1兩k · k1 where the three constants Ci are to be determined given the boundary conditions 关Eq. 共16兲兴. The general solution for u should a priori involve both e兩k兩z and e−兩k兩z contributions in the film and the substrate. The e−兩k兩z terms trivially vanish in the substrate but they also vanish in the film as shown in Appendix A. Hence, the solution for u1 involves only three constants instead of the a priori six constants involved in the second-order three-dimensional Lamé equations. To solve the surface free boundary condition, we use the small-slope approximation where the surface slopes are supposed smaller than unity so that one can decompose h共r兲 according to h共r兲 = h0 + ⑀h1共r兲, 冣 , 冕 dr兵h共r兲 − 共1 + 兲⑀h1共r兲Hii关⑀h1共r兲兴其. 共29兲 D. Evolution equation 共25兲 Given the solution for the surface and elastic chemical potential 关Eqs. 共5兲 and 共27兲兴, the evolution equation follows merely from mass conservation 关Eq. 共1兲兴. We consider the space scale with a symmetric relation for Dy where x and y are exchanged while the last constant is given by 085322-5 69 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH l0 = ␥ f /关2共1 + 兲E0兴 共30兲 22 20 resulting from the competition between the typical surface energy ␥ f and the elastic energy E0, which can be associated with the time scale hd ML t0 = l40/共D␥ f 兲 18 共31兲 with diffusion coefficient D. Eventually, in units of l0 and t0, the evolution equation reads up to second order 再 冋 − hxx 册 10 8 0 6 8 10 12 14 FIG. 4. Sketch of the numerical procedure for growth and deposition. The deposited height hdep characterizing the amount deposited at time t for different values of the final deposited height h fin. The six values h fin = 共9.0, 9.2, 10.2, 12.2, 15.2, 20.2兲 ML are labeled as 共a , b , c , d , e , f兲 from bottom to top. The arrows mark the deposition flux interruption time where the deposition flux is turned off and where annealing begins. A double-longer arrow is shown for visual clarity for the two slightly different values of h fin in the two first a and b cases. ␥n ␥n − 2共hxhxx + hyhxy兲 − 2共hxhxy + hyhyy兲 − Hxx共h兲 hx hy − Hyy共h兲 + 2h⌬h + 兩h兩2 + 2Hxx关h共Hxx关h兴 + Hyy关h兴兲兴 + 4共1 − 兲Hxy关hHxy关h兴兴 + 2Hyy关h共Hyy关h兴 + Hxx关h兴兲兴 + Hxx关h兴2 + Hyy关h兴2 + 2共1 − 兲Hxy关h兴2 冎 4 t 10 s 2 + 2Hxx关h兴Hyy关h兴 . 2 3 ␥n ␥n ␥n − hyy 2 2 − 2hxy hx h y hx hy 2 14 12 1 h d␥h = F + ⌬ − 关1 + ␥n共n兲 + ␥h共h兲兴⌬h + 1 − 兩h兩2 2 t dh 2 16 共32兲 V = L2h fin. We vary h fin between a value close to the instability threshold 共below which no instability occurs as defined in the following兲 to a value less than the transition to large islands 共see below兲, the study of which being beyond the scope of the present analysis. For the sake of clarity, we mark with arrows in our numerical results the different times at which the deposition flux is stopped for the different simulations with different h fin. The flux was chosen neither too low so that different evolutions occur, nor too strong so that some evolution may happen during growth and we therefore scanned different growth modes by varying h fin. The growth rate of a perturbation h1共r兲 = eik·r+t with a wave vector k behaves typically as41 共k , h0兲 ⬀ −c共h0兲k2 + 兩k兩3 − k4, where c depends on the mean film height h0. For h0 below the instability threshold hc ⯝ 8 ML,65 is always negative for all k and the evolution leads to a flat stable film. We are interested by the regime above hc where displays a maximum with a positive value. The instability leads first to a surface characterized by the wavelength corresponding to the maximum of 共k兲 and the evolution of h1 governed by the linear contributions is mainly exponential in time. This stage is promptly followed by coarsening with well-defined islands surrounded by a wetting layer, where nonlinear and wetting effects fully come into play.41 During this stage, large islands grow at the expense of smaller ones due to mass transfer via the wetting layer similarly to isotropic systems.41 These prepyramidal islands grow with an increasing aspect ratio and thence with increasing slopes until they reach the slopes corresponding to the 共105兲 facets, see Fig. 5. After this stage, square- or pyramid-base pyramids arise and evolve with a constant aspect ratio. Ultimately, the film reaches a stationary regime where the roughness w, island density and coverage 共defined by the projected area of the islands above the wetting layer兲 remain constant, see Figs. 6–8, as discussed in Sec. III B. This equation is parameterized by the dimensionless deposition flux F in units of t0 and by the parameters of the wetting potential ␥h and of the anisotropy ␥n. III. NUMERICAL RESULTS The evolution equation displayed in Eq. 共32兲 was solved numerically using a pseudospectral algorithm in a L ⫻ L system with length L = 128 using N2 modes with N = 256. For the numerical implementation we used a pseudospectral method using a fourth-order time stepping exposed in details in Ref. 64. We choose to depict a Ge0.25Si0.75 film deposited on a Si substrate, with the lattice parameters as = 0.27 nm and a f = 1.01as, with the elastic parameters f = 0.28 and E f = 1.231011 kg m−1 s−2 and with a surface energy ␥ f = 1.3 J / m2. The diffusion coefficient is associated with a typical Arrhenius law D = Ds exp关−Ed / kBT兴a4f / kBT with Ed = 0.83 eV, and Ds = 8.4510−10 m2 / s, see, e.g., Ref. 55. The growth temperature is 700 ° C. The intrinsic deposition noise, together with the natural roughness of the SiGe interfaces, are replaced here by a noisy initial condition which corresponds to a roughness of amplitude 1 monolayer 共ML兲. A. First stages Our goal is to study the long-time dynamics of strained films evolving via surface diffusion. In order to be closer to the experimental procedure, we first grow h fin monolayers until a finite time at which the growth flux is interrupted and annealing begins, see Fig. 4. The simulations are thence parametrized by the height of the deposited film h fin which characterizes the volume of matter at the end of deposition before annealing begins. Hence, for a projected surface L2, the volume of matter in the film at the end of deposition is 085322-6 70 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 INFLUENCE OF SURFACE ENERGY ANISOTROPY ON THE… 0.4 Θ 0.3 0.2 0.1 0.0 10 15 20 25 30 35 hd F t ML FIG. 7. Numerical simulations of Eq. 共32兲. Evolution of the surface coverage versus time for, from bottom to top, the cases 共a , b , c , d , e , f兲. in k as h0 increases. The latter dependence is a consequence of the wetting potential.41 On the other hand, in the cases 共e兲 and 共f兲, the islands 共which already entered their nonlinear stage兲 arise during growth. This is notably visible for the case 共f兲 in the roughness and coverage plots in Figs. 6 and 7. After the initial exponential increase, the roughness and coverage time evolution is linear when fully facetted pyramids are present. These islands evolve in a self-similar manner as their aspect ratio is kept fixed by the preferential orientations and their height increases linearly with time during growth due to mass conservation. Consequently, their coverage and roughness increase merely linearly while their density is roughly constant, see Fig. 8. However, a careful study of Figs. 7 and 8 reveals that the island density and 共less pronouced兲 island coverage slightly decrease after reaching their maximal value, as some coarsening occurs where small isotropic prepyramids disappear to the benefit of large pyramids. Finally, we note that the morphology of the growing islands is also modified by the amount of matter. For low h fin, the pyramids are always square base while for higher h fin, i.e., in the cases 共e兲 and 共f兲, the islands adopt mainly a square-base shape but some of them are rectangular pyramids, see Fig. 9. This observation can be rationalized by the FIG. 5. 共Color online兲 Stationary regime of the numerical simulations of Eq. 共32兲. The box of size is L = 128l0 with l0 = 27 nm while the total amount of matter is h fin = 9.0 ML 共top兲 and 20.2 ML 共bottom兲. The anneal time is 300 min 共top兲 and 250 min 共bottom兲. The movie of the time evolution is available online 共Ref. 66兲. We have chosen six different values for h fin = 共9.0, 9.2, 10.2, 12.2, 15.2, 20.2兲 ML labeled 共a , b , c , d , e , f兲. These values are chosen above hc but not too large in order to avoid the appearance of large isotropic islands which relax more efficiently the stress but would, in connection with Si/Ge films, require additional preferential directions, see, e.g., Ref. 45. For the 共a , b , c , d兲 cases, the roughness, surface coverage and island density barely increase before annealing so that most of the dynamical evolution takes place during annealing. These doglegged curves display inflection points which are shifted to the left when h fin increases, indicating that the evolution occurs sooner for thicker films as a result of the dependence of the growth rate 共k兲 on h0 which is characterized by larger positive regions 14 12 Ρ 1012 m2 w ML 20 15 10 10 8 6 4 5 2 0 10 15 20 25 30 0 35 10 15 20 25 30 35 hd F t ML hd F t ML FIG. 6. Numerical simulations of Eq. 共32兲. Evolution of the surface roughness versus time for, from bottom to top, the six cases 共a , b , c , d , e , f兲. FIG. 8. Numerical results of Eq. 共32兲. Evolution of the island density versus time for, from bottom to top, the cases 共a , b , c , d , e , f兲. 085322-7 71 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH FIG. 9. 共Color online兲 Stationary regime of the numerical simulation of Eq. 共32兲 for h fin = 15.2 ML and anneal time of 500 min. elastic energetic calculations by Tersoff and Tromp,67 which shows that small islands adopt a compact symmetric shape while larger ones minimize their energy with an elongated shape. B. Interrupted coarsening In all the cases under investigation, island coarsening stops after some time during annealing and the surface properties display plateaux, see Figs. 6–8. The surface is then characterized by an assembly of square- or 共less frequent兲 rectangular-base pyramids, see Fig. 5. Contrarily to the isotropic case,40,41 the coarsening is interrupted due to the additional ingredient of the surface energy anisotropy. The anisotropy amplitude is a natural parameter for the interrupted coarsening to happen, and we checked by lowering the magnitude of the variation in ␥n that isotropic islands continuously coarsen when anisotropy is too low. This is the case for example when ␥n is −0.3% lower than its value for the 共001兲 direction which is −0.7% lower than the value for large slopes. Eventhough, a small anisotropy as the one considered in Sec. II B is sufficient to originate a complete change in Ostwald ripening. This scenario is in accord with the experimental findings by Berbezier et al.29 showing that a 18 h anneal of Si/Ge islands grown after the elastic instability leads to an assembly of pyramidal islands which do not evolve. The comparison is also interesting as regards the surface morphology. The simulations together with the experiments reveal an assembly of islands with a noticeable size inhomogeneity and spatial disorder, see Fig. 10 eventhough the first stages of the instability were rather regular. This interrupted coarsening is intrinsically kinetic as we checked that for a given quantity of matter, starting with a noisy flat film or with a pyramidal shape drives the film in the first case to an assembly of dense islands and in the second case to a single island with a large exclusion zone. The resolution of the elastic problem available through Eq. 共32兲, allows to perform large-scale simulations of the surface properties and compute the statistical properties of the islands resulting from the interrupted coarsening. An experimentally relevant parameter that we can vary here is the total amount of matter given by h fin. As shown in Fig. 11, FIG. 10. 共Color online兲 共top兲 Courtesy of Berbezier 共Ref. 29兲. AFM image. 18 h anneal of a Si0.75Ge0.25 50 Å thick film during an annealing at 550 ° C. The 关110兴 direction is horizontal. 共bottom兲 Stationary regime resulting from the numerical simulations after annealing during 30 min. the island density first increases strongly when h fin ⬎ hc ⯝ 8 ML and then saturates 共and slightly diminishes兲 after h fin ⯝ 12 ML. It is worth noting that the saturation occurs concomitantly with the introduction of rectangular-base pyramids supported by energetic considerations.67 This saturation is not due to steric effects as it happens for a density lower than the upper bound resulting from steric arguments. Indeed, when one considers square-base pyramids with a base B and mean distance d, writing B ⬍ d and assuming that all matter is collected by islands, leads to the upper bound h fin ⬍ d / 30 which is 30 ML given the typical mean distance d ⯝ 10 in units of l0 as revealed by the simulations. On the other hand, as shown on Fig. 12, the island mean volume is a nonmonotonous function of the quantity of matter, as it first decreases with h fin before rising. The first decrease can be understood if one considers the initial stronger than linear increase in the island density with h fin, see Fig. 11, in conjunction with mass conservation which relates linearly the total amount of matter with h fin. The following increase is merely linear and is related to the density saturation while h fin increases. Hence, varying solely the quantity of matter results in a change in both the mean island volume or island density in a coupled evolution. 085322-8 72 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 INFLUENCE OF SURFACE ENERGY ANISOTROPY ON THE… 2.5 10 vfin 105 nm3 Ρfin 1012 m2 12 8 6 4 2.0 1.5 1.0 0.5 2 0 0.0 0 5 10 15 20 0 5 10 hfin ML h = h0 − nV. ⌬E = ␥ f L2/cos ␣ − L2␥共h0兲 + 共1/n − L2兲关␥共h兲 − ␥共h0兲兴 − eV. 共34兲 The first term stands for the cost in surface energy of the islands where ␥ f is the facet surface energy of the islands. The second and third terms are associated with wetting which manifests itself through the h dependence of the flat film surface energy that we characterize similarly to Eq. 共8兲, ␥共h兲 = ␥w关1 + cw exp共− h/␦w兲兴. To obtain insight in the origin of the observed interrupted coarsening, we examine an energetic model in the spirit of Ref. 43 that we extend to describe energetic pathways. We first recall the basic ingredients of a monodisperse island model and then extend it to encompass island mutual transformation. A. Uniform model 2/3 v ˜ ⌬E共v,n,h0兲/Es = ˜␥共h0兲v2/3 + 关v2/3 0 共n兲 − v 兴共e − 1兲 − e共n兲v Counts Let us first consider a uniform array of pyramids with volume V, width L, and fixed aspect ratio characterized by the angle ␣ enforced by the film anisotropy, see Fig. 15. Each island occupies a capture zone of surface 1 / n and lies on a wetting layer of height h. The system corresponds via mass conservation to a flat film 共referred to as the reference system兲 of height h0 given by 5 10 15 20 25 v 0 0 共36兲 with the dimensionless volume v = nV/␦w 5 10 15 20 25 f 100 v 0 0 共37兲 and the parameters 50 50 50 0 0 e 共35兲 共We checked that a wetting dependence of the facet surface energy would not change the results given below.兲 Finally, the last term stands for the elastic energy difference. The latter is given by Eq. 共29兲 where one can check that for pyramids with a given aspect ratio, Fel is proportional to the volume defined above the pyramid base. This property follows merely when one looks at two similar pyramids linked by the relation h2共r兲 = h1共−1r兲, where hi is the film height with respect to the pyramid base, and then realizes that both Fel and the volume scale as 3. Computing numerically Fel given by Eq. 共29兲 for a pyramidal shape using discrete Fourier transforms, we find e = E0共1 + 兲p with p = 0.193. The energy difference 关Eq. 共34兲兴 can be rewritten as IV. PATHWAY MODEL 100 共33兲 The energy difference ⌬E between the island array and the reference state is given per unit cell by43 Finally, we also characterize the island size distribution which is a crucial characteristic in the self-organization of crystal growth. The typical plots of these distributions for the cases 共a兲, 共e兲, and 共f兲 are displayed in Fig. 13, after averaging over four simulations. Surprisingly, these distributions depend nonmonotonically on the amount of matter. The island size distribution is rather wide for low and high h fin, while it is more peaked for intermediate values. We quantify the island size dispersion with the standard deviation ⌬v of these distributions. It is depicted in Fig. 14 and do reveal a minimum for h fin ⯝ 12 ML 关case 共d兲兴. Hence, the intrinsic dispersion of the island sizes, even though unavoidable, may be optimized by choosing a particular value of h fin. a 20 FIG. 12. Mean island volume 具v典 in the stationary state as function of the amount of matter. FIG. 11. Pyramide density 共solid line兲 in the stationary state as function of the total amount of matter characterized by the final deposited mean film height h fin. The dashed line results from the energetic pathway model discussed in Sec. IV with a fixed wetting layer h = 5.1 ML. 100 15 hfin 5 10 15 20 25 v 085322-9 73 FIG. 13. Island volume distributions from the numerical simulations for the cases 共a兲, 共e兲, and 共f兲, where v is given in units of l0. PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH E 12 10 0.6 0.4 v 8 0.2 0 6 Vc 0 10 V 20 Ec 4 2 0 0 5 10 15 FIG. 16. Typical evolution of the energy difference 关Eq. 共36兲兴 as function of the uniform island volume V. 20 hfin first associated with a decrease in small islands for the benefit of bigger ones. In order to describe this evolution, we revisit the previous model by looking at two islands that can transfer matter to one another by surface diffusion. They are characterized by two volumes V1 and V2 above a wetting layer of height h, a capture zone of size 1 / n, and a fixed inclination ␣, see Fig. 17. Mass conservation now enforces the condition FIG. 14. Standard deviation ⌬v of the island size distribution as function of the amount of matter and 共inset兲 relative width ⌬v / 具v典. ˜␥共h0兲 = 关␥ f /cos ␣ − ␥共h0兲兴/␥wcwe−h0/␦w , 共38兲 ˜ 共n兲 = ␦ /nE , e w e s 共39兲 v0共n兲 = tan ␣/6n1/2␦w , 共40兲 1 h = h0 − ␦w共v1 + v2兲, 2 and Es = ␥wcwe−h0/␦w共6␦w / n tan ␣兲2/3. We consider in the following the parameters used in the simulations of Sec. III where ␥ f is given by 1 + ␥n, cf. Eq. 共7兲, at the minimum for the 共105兲 orientation characterized by tan ␣ = 1 / 5. Simulations reveal stationary states with a typical density of order n ⯝ 10−6a−2 f . Moreover, mass conservation 关Eq. 共33兲兴 enforces the bound v ⬍ h0 / ␦w. As shown in Ref. 43, the typical variation in ⌬E as function of the uniform island volume V for a fixed island density and a given amount of matter h0, displays a minimum for a characteristic volume Vc. The latter results from the competition between the elastic energy which decreases as −eV for islands with a fixed aspect ratio 共given by the surface energy anisotropy兲 and the wetting energy characterizing peeling of the film for low wetting-layer heights which correspond, see Eq. 共33兲, to large volumes V. A typical plot of this variation is shown in Fig. 16 where the first local maxima is due to the initial surface energy barrier. However, as discussed in Ref. 43, the minimum ⌬Ec decreases monotonously by decreasing the island density n so that a noninterrupted coarsening is expected. Hence, this description cannot shed light on the interrupted coarsening observed in experiments and simulations. where vi is defined in Eq. 共37兲. Neglecting elastic interactions between islands, the total energy is ⌬Etot共v1, v2兲 = ⌬E共v1兲 + ⌬E共v2兲. The pathway for the island coarsening in the previous model is associated with a uniform decrease in the density n. However, coarsening in both experiments and simulations is V1 α h V L α 共42兲 Choosing the parameters that were used in the simulations and a typical density n ⯝ 10−6as−2 as an order of magnitude, we plot in Fig. 18 the energy per atom as function of V1 and V2 for a given amount of matter h0 = 10 ML. This energetic pathways indicates that the system can exhibit a valley of states with similar energy. This valley is roughly located along the dashed line defined as V1 + V2 = 2Vc, where Vc is the characteristic volume of the uniform model at the same density as defined in A. The point in the middle at V1 = V2 = Vc is in fact a saddle point with a curvature in the valley direction 共along V1 = 2Vc − V2兲 much larger than the curvature in the other principal direction 共along V1 = V2兲. Quantitatively, the energy difference along the valley is negligible as the energy varies only about 10−5 eV between its extreme values. The latter variation being the driving force for coarsening, this energetic landscape can be interpreted as leading to a kinetically interrupted coarsening. The islands can be glued in a configuration where the energy variation during coarsening is negligible. This construction exhibits a characteristic volume Vc which, for h0 = 10 ML and n = 10−6as−2, leads to Lc ⯝ 6l0 which is the correct order of magnitude of the islands produced by the interrupted coarsening in simulations. B. Two islands model h0 共41兲 V V2 h L 1/ n 1/ n FIG. 15. Uniform island model FIG. 17. Two islands exchanging mass via surface diffusion. 085322-10 74 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 INFLUENCE OF SURFACE ENERGY ANISOTROPY ON THE… sufficiently steep islands had grown. The long-range elastic interactions are computed in the small-slope approximation where the film free boundary introduces nonlinear geometrical contributions that we calculate explicitly in three dimensions obtaining nonlinear nonlocal energies. We solved numerically the evolution equation describing surface currents due to chemical-potential gradients and chose parameters suited for silicon-germanium films. A rather small anisotropy originates a complete change in the coarsening dynamics. In isotropic systems, large islands grow at the expense of smaller ones during an Ostwald coarsening which driving force is the efficient elastic relaxation allowed by an increase in the aspect ratio. The latter coarsening allows energy minimization and explains the first stage of ripening of the ATG instability where mainly isotropic prepyramids grow with an increasing aspect ratio thence with increasing slopes. However, once the islands grew enough, anisotropy becomes important as islands adopt pyramidal shapes with orientations corresponding to the facet minima. We find in this regime that island coarsening is suppressed by anisotropy and the system is glued in a metastable state characterized by squareor rectangular-base pyramids in accordance with experiments. We characterize the statistical properties of the resulting pyramids using large-scale simulations. We show that the island density first increases as function of the total amount of matter when mainly square-base pyramids are present while it saturates when rectangular-base pyramids start to appear. After an initial small decrease, the mean island volume mainly increases with the amount of matter indicating a way of tuning the island characteristics with a simple parameter. Moreover, we find that the island size distribution is more peaked for an optimal quantity of matter. Hence, we note that by varying the total amount of matter, different islands can be obtained with different density and volume. Finally, in order to give an explanation for the experimentally and numerically observed interrupted coarsening, we generalize an energetic model including anisotropy, elasticity and wetting, in order to describe energetic pathways relevant for the modeling Ostwald ripening. The latter pathways exhibit valleys of states with energy difference, which is the driving force for coarsening, which is vanishingly small and consequently suitable for explaining the interrupted coarsening. The predicted island density using this energetic picture augmented with an extra condition on the wetting-layer height compares favorably with the numerical results. A more detailed comparison between experiments and theory regarding the islands statistical properties is under current progress. We note that the transition from pyramids with 共105兲 facets to domes with extra facets, such as 共113兲 or 共15 3 23兲, see e.g., Ref. 7, may be studied using the present framework by adding other facets associated with additional minima in the surface energy as done in Ref. 45. The presence of facets and surface anisotropy are ubiquitous in many crystalline films so that the tools presented here may also be generalized to other materials provided proper modifications. Finally, the consideration of alloying of Si/Ge which may lead to spatial composition inhomogeneities due to intermixing and segregation is under current scrutiny. FIG. 18. 共Color online兲 Energetic pathway for the coarsening of two shape-fix pyramids of volume V1 and V2. The energy is given in electron volt per atom. The dashed line indicates volume such as V1 + V2 = 2Vc, where Vc is the critical volume defined in Sec. IV A. Volumes should satisfy the mass conservation constraint v1 + v2 ⬍ 2h0 / ␦w. The density is n = 10−6a−2 f , as typical in simulations and the total amount of matter, h0 = 10 ML. Note that, if one would not allow for variations in the wetting-layer height, one would not get such a flat valley in the energy landscape. Hence the interrupted coarsening is allowed by possible 共small兲 wetting-layer height variations.68 However, for a given h0, the previous description does not allow for a determination of the mean island density. We try to give such an estimate by considering that the system is glued at the characteristic volume Vc as seen in Fig. 18. The condition E共v , n , h0兲 / V = 0 imposes an implicit relation among 共v , n , h0兲. A free fitting parameter is still left and we impose an extra constraint by fixing the wetting-layer height. Indeed, the different simulations for the cases 共a兲–共f兲 are characterized by a wetting layer roughly constant around h ⯝ 5 ML. By setting h = 5.1 ML, we get the best estimate for the expected island density. The result for this approximation is compared to the simulation results in Fig. 11. The agreement is rather good for low amounts of matter while it is significantly altered for thicker films. For the latter case, elastic interactions intra and inter pyramids show up. Indeed, rectangular shaped islands start to appear precisely when the island density as function of h fin saturates, in accordance with elasticity theory.67 The latter shape transition is not accounted for in our model and thus discrepancies are expected in this regime. However, the good order of magnitude for thin films indicates that the scenario of a valley with low varying energy states is suitable for understanding the observed interrupted coarsening. V. CONCLUSION We have studied the long-time dynamics of a thin-film subject to the morphological elastic instability, known as the Asaro-Tiller-Grinfeld instability, in a regime where anisotropy becomes prominent. We derive a continuum description accounting for surface effects 共wetting and surface energy anisotropy兲 and linear elasticity. We considered a basic anisotropy with minima in the surface energy as function of the orientation describing a facet orientation relevant when 085322-11 75 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 JEAN-NOËL AQUA AND THOMAS FRISCH ACKNOWLEDGMENTS 关u0 + u1,¯␦兴兩z=h共r兲 = 0. We thank Thomas Auphan, Isabelle Berbezier, Jean-Marc Debierre, Laurent Raymond, and Alberto Verga, for fruitful discussions and assistance. The displacement continuity at the film/substrate interface 关Eq. 共14兲兴 and the stress continuity 关Eq. 共15兲兴 which reduces to Eq. 共A4兲 are automatically satisfied by uⴱ1 for which no discontinuity can happen for the arbitrary level z = 0. Note that the hypothesis of equal film and substrate elastic constants turns out to be crucial at that stage as it allows the continuity relation 共A4兲 to be the same in the film/substrate and single film configurations. Satisfying the same differential equation together with the same boundary conditions, the displacements u1 and uⴱ1 coincide due to the uniqueness of the solution. APPENDIX A: SINGLE FILM AND FILM/SUBSTRATE GEOMETRIES In order to justify the absence of e−兩k兩z terms in the film in the solution 共20兲, we show the equivalence between the film and substrate geometry and a strained semi-infinite solid which is valid when the film and substrate display equal elastic constants. We first turn to the film/substrate case. We rewrite the boundary condition 关Eq. 共15兲兴 making explicit reference to the misfit as 关u,¯␦ = 0兴 · z兩z=0− = 关u,¯␦兴 · z兩z=0+ , APPENDIX B: SOLUTION FOR THE DISPLACEMENTS Equations 共20兲 and 共22兲–共26兲 define the solution for the displacement u which can be expanded as 共A1兲 where the ¯␦ dependence of the stress tensor originates from the reference state, cf. Eqs. 共12兲 and 共13兲. The decomposition 关Eq. 共18兲兴 introduces in fact an external stress which can be deducted according to 关u0 + u1,¯␦兴 · z = 关u1,¯␦ = 0兴 · z. ⬁ u1 = 兺 ⑀nu共n兲 1 . The solution at first order reads 共A2兲 u共1兲 1 关u,¯␦兴 · z − 关u,¯␦ = 0兴 · z = 关0,0,2E¯␦/共22 + − 1兲兴, 共A3兲 is constant in the film and in the substrate in the case of equal elastic properties, one can check that the continuity relation 共A1兲 reduces to u = uⴱ0 + uⴱ1 , 兩k兩共z−h0兲 1+e = ¯␦ 1 − 兩k兩 冢 关2共1 − 兲 + 兩k兩共z − h0兲兴ikxĥ1 关1 − 2 − 兩k兩共z − h0兲兴兩k兩ĥ1 兩k兩共z−h0兲 ¯1 + e u共2兲 x 共k,z兲 = ␦ 1 − 兩k兩3 共A4兲 冕 dk1 ĥ1共k1兲ĥ1共k − k1兲 兩k1兩 − 2共k ∧ k1兲2兴 + 共1 − 2兲kx兩k兩兩k1兩k · k1 − 4共1 − 兲关k1,x兩k兩2k · k1 + kx共k ∧ k1兲2兴其 共B3兲 with a similar expression for u共2兲 y after the exchange of x and y while uz共2兲 is given by 共A5兲 兩k兩共z−h0兲 = 共0,0, ␣z兲. 共B2兲 ⫻i兵kx共z − h0兲兩k兩关兩k兩兩k1兩k · k1 − 2共k · k1兲2 where uⴱ0 冣 关2共1 − 兲 + 兩k兩共z − h0兲兴ikyĥ1 . At second order, one gets One can then consider the semi-infinite configuration made of a solid subject to a global biaxial stress in the x and y directions 共referred to with superscripts ⴱ兲 and with the same free surface. In the latter geometry, we decompose displacements according to ⴱ 共B1兲 n=1 Moreover, as 关u1,¯␦兴 · z兩z=0− = 关u1,¯␦兴 · z兩z=0+ . 共A7兲 1+e uz共2兲共k,z兲 = ¯␦ 1 − 兩k兩3 共A6兲 As shown in the following, u1 and uⴱ1 coincide. Indeed, one can first realize that u1 and uⴱ1 satisfy the same equation L共u1兲 = 0 共independently of ¯␦兲, with the same boundary condition 冕 dk1 ĥ1共k1兲ĥ1共k − k1兲 兩k1兩 ⫻兵共z − h0兲兩k兩2关2共k · k1兲2 + 2共k ∧ k1兲2 − 兩k兩 ⫻兩k1兩k · k1兴 + 2共1 − 兲k2兩k1兩k · k1 − 2共1 − 2兲兩k兩 ⫻关共k · k1兲2 + 共k ∧ k1兲2兴其. 共B4兲 Abh. Math. Naturwiss. Kl. 146, 797 共1939兲. Pimpinelli and J. Villain, Physics of Crystal Growth 共Cambdrige University Press, Cambridge, 1998兲. 3 V. A. Shchukin and D. Bimberg, Rev. Mod. Phys. 71, 1125 *Also at Ecole Centrale Marseille. †jnaqua@ec-marseille.fr 2 A. ‡ thomas.frisch@im2np.fr 1 I. N. Stranski and L. von Krastanow, Akad. Wiss. Lit. Mainz 085322-12 76 PHYSICAL REVIEW B 82, 085322 共2010兲 INFLUENCE OF SURFACE ENERGY ANISOTROPY ON THE… 共1999兲. Politi, G. Grenet, A. Marty, A. Ponchet, and J. Villain, Phys. Rep. 324, 271 共2000兲. 5 C. Teichert, Phys. Rep. 365, 335 共2002兲. 6 V. Shchukin, N. Ledentsov, and D. Bimberg, Epitaxy of Nanostructures 共Springer, New York, 2003兲. 7 J. Stangl, V. Holý, and G. Bauer, Rev. Mod. Phys. 76, 725 共2004兲. 8 I. V. Markov, Crystal Growth for Beginners 共World Scientific, Singapore, 2004兲. 9 J. Baribeau, X. Wu, N. Rowell, and D. Lockwood, J. Phys.: Condens. Matter 18, R139 共2006兲. 10 C. Misbah, O. Pierre-Louis, and Y. Saito, Rev. Mod. Phys. 82, 981 共2010兲. 11 M.-I. Richard, M. J. Highland, T. T. Fister, A. Munkholm, J. Mei, S. K. Streiffer, C. Thompson, P. H. Fuoss, and G. B. Stephenson, Appl. Phys. Lett. 96, 051911 共2010兲. 12 J. L. Gray, R. Hull, C.-H. Lam, P. Sutter, J. Means, and J. A. Floro, Phys. Rev. B 72, 155323 共2005兲. 13 Y. Tu and J. Tersoff, Phys. Rev. Lett. 98, 096103 共2007兲. 14 M. R. McKay, J. A. Venables, and J. Drucker, Solid State Commun. 149, 1403 共2009兲. 15 I. Berbezier and A. Ronda, Surf. Sci. Rep. 64, 47 共2009兲. 16 M. Brehm et al., Phys. Rev. B 80, 205321 共2009兲. 17 P. Sutter and M. G. Lagally, Phys. Rev. Lett. 84, 4637 共2000兲. 18 R. M. Tromp, F. M. Ross, and M. C. Reuter, Phys. Rev. Lett. 84, 4641 共2000兲. 19 A. G. Cullis, D. J. Robbins, A. J. Pidduck, and P. W. Smith, J. Cryst. Growth 123, 333 共1992兲. 20 D. E. Jesson, S. J. Pennycook, J.-M. Baribeau, and D. C. Houghton, Phys. Rev. Lett. 71, 1744 共1993兲. 21 C. S. Ozkan, W. D. Nix, and H. Gao, Appl. Phys. Lett. 70, 2247 共1997兲. 22 I. Berbezier, B. Gallas, A. Ronda, and J. Derrien, Surf. Sci. 412-413, 415 共1998兲. 23 H. Gao and W. Nix, Annu. Rev. Mater. Sci. 29, 173 共1999兲. 24 J. A. Floro, E. Chason, L. B. Freund, R. D. Twesten, R. Q. Hwang, and G. A. Lucadamo, Phys. Rev. B 59, 1990 共1999兲. 25 R. J. Asaro and W. A. Tiller, Metall. Trans. 3, 1789 共1972兲. 26 M. A. Grinfel’d, Sov. Phys. Dokl. 31, 831 共1986兲. 27 J. A. Floro, M. B. Sinclair, E. Chason, L. B. Freund, R. D. Twesten, R. Q. Hwang, and G. A. Lucadamo, Phys. Rev. Lett. 84, 701 共2000兲. 28 I. Berbezier, A. Ronda, and A. Portavoce, J. Phys.: Condens. Matter 14, 8283 共2002兲. 29 I. Berbezier, A. Ronda, F. Volpi, and A. Portavoce, Surf. Sci. 531, 231 共2003兲. 30 D. B. Migas, S. Cereda, F. Montalenti, and L. Miglio, Surf. Sci. 556, 121 共2004兲. 31 G.-H. Lu and F. Liu, Phys. Rev. Lett. 94, 176103 共2005兲. 32 S. Balibar, H. Alles, and A. Y. Parshin, Rev. Mod. Phys. 77, 317 共2005兲. 33 S. Balibar, D. O. Edwards, and W. F. Saam, J. Low Temp. Phys. 82, 119 共1991兲. 34 P. Nozières, J. Phys. I 3, 681 共1993兲. 35 B. J. Spencer, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. B 47, 9760 共1993兲. 36 W. H. Yang and D. J. Srolovitz, Phys. Rev. Lett. 71, 1593 共1993兲. 37 B. J. Spencer and D. I. Meiron, Acta Metall. Mater. 42, 3629 共1994兲. 38 K. Kassner and C. Misbah, Europhys. Lett. 28, 245 共1994兲. 39 Y. Pang and R. Huang, Phys. Rev. B 74, 075413 共2006兲. 40 M. S. Levine, A. A. Golovin, S. H. Davis, and P. W. Voorhees, Phys. Rev. B 75, 205312 共2007兲. 41 J.-N. Aqua, T. Frisch, and A. Verga, Phys. Rev. B 76, 165319 共2007兲. 42 J.-N. Aqua, T. Frisch, and A. Verga, Phys. Rev. E 81, 021605 共2010兲. 43 L. G. Wang, P. Kratzer, M. Scheffler, and N. Moll, Phys. Rev. Lett. 82, 4042 共1999兲. 44 C.-H. Chiu, Appl. Phys. Lett. 75, 3473 共1999兲. 45 Y. W. Zhang, Phys. Rev. B 61, 10388 共2000兲. 46 C.-H. Chiu, Phys. Rev. B 69, 165413 共2004兲. 47 P. Liu, Y. W. Zhang, and C. Lu, Appl. Phys. Lett. 88, 041922 共2006兲. 48 C.-H. Chiu and Z. Huang, Appl. Phys. Lett. 89, 171904 共2006兲. 49 C.-H. Chiu and Z. Huang, J. Appl. Phys. 101, 113540 共2007兲. 50 Z. Zhong, W. Schwinger, F. Schäffler, G. Bauer, G. Vastola, F. Montalenti, and L. Miglio, Phys. Rev. Lett. 98, 176102 共2007兲. 51 Y. Xiang and W. E, J. Appl. Phys. 91, 9414 共2002兲. 52 P. Liu, Y. W. Zhang, and C. Lu, Phys. Rev. B 68, 035402 共2003兲. 53 A. J. Pidduck, D. J. Robbins, A. G. Cullis, W. Y. Leong, and A. M. Pitt, Thin Solid Films 222, 78 共1992兲. 54 W. W. Mullins, J. Appl. Phys. 28, 333 共1957兲. 55 B. J. Spencer, P. W. Voorhees, and S. H. Davis, Phys. Rev. Lett. 67, 3696 共1991兲. 56 P. Müller and R. Kern, Appl. Surf. Sci. 102, 6 共1996兲. 57 M. J. Beck, A. van de Walle, and M. Asta, Phys. Rev. B 70, 205337 共2004兲. 58 A. A. Golovin, S. H. Davis, and A. A. Nepomnyashchy, Phys. Rev. E 59, 803 共1999兲. 59 H. R. Eisenberg and D. Kandel, Phys. Rev. Lett. 85, 1286 共2000兲. 60 Y. W. Zhang and A. F. Bower, Appl. Phys. Lett. 78, 2706 共2001兲. 61 A. Ramasubramaniam and V. B. Shenoy, J. Appl. Phys. 95, 7813 共2004兲. 62 Y. W. Zhang, Phys. Rev. B 60, 13325 共1999兲. 63 J. Tersoff, B. J. Spencer, A. Rastelli, and H. von Känel, Phys. Rev. Lett. 89, 196104 共2002兲. 64 A.-K. Kassam and L. N. Trefethen, SIAM J. Sci. Comput. 共USA兲 26, 1214 共2005兲. 65 The value of 8 ML layers is obtained using the method of stability analysis at zero flux and takes into account the surface rigidity for the 共001兲 orientation. 66 www.im2np.fr/pperso/aqua/films.html 67 J. Tersoff and R. M. Tromp, Phys. Rev. Lett. 70, 2782 共1993兲. 68 We checked, by analyzing a model of two islands on a fixed wetting layer, that the surface energy difference between the 共001兲 and 共105兲 orientations is not too large so that there is no energy minimum which would correspond to two identical islands. 4 P. 085322-13 77 78 Articles Deuxième partie Phénomènes critiques et systèmes chargés 79 Chapitre V Universalité coulombienne «Le premier système de brevets destinés à protéger la propriété des inventions fut créé voilà près de quatre siècles par Sir Francis Bacon. "Le savoir, c’est le pouvoir", se plaisait-il à répéter, et on a constaté depuis qu’il n’avait pas tord. La science universelle a peu d’universalité : elle est retranchée derrière les frontières des nations avancées.» E. Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine. 1971 Une des avancées majeures de la physique statistique est relative à l’universalité des phénomènes critiques. Ces phénomènes concernent entre autres les transitions de phase dites du second ordre que l’on constate dans aux points critiques de la séparation liquide/gaz, ordre/désordre, paramagnétique/ferromagnétique, ou dans l’hélium superfluide et qui sont caractérisées par la divergence de certaines propriétés thermodynamiques comme la susceptibilité, compressibilité ou les longueurs de corrélation. Si la modélisation de ces systèmes date du modèle d’Ising [64] à une dimension, il faudra attendre la solution exacte d’Onsager [101] à deux dimensions en champ nul pour avoir une première démonstration des singularités présentes dans ces systèmes thermodynamiques. Celles-ci sont caractérisées par des lois d’échelle présentant des divergences caractérisées par des exposants critiques qui diffèrent des prédictions du champ moyen et dont les valeurs sont universelles, ne dépendant que de la dimension d’espace, du paramètre d’ordre et éventuellement de la portée des interactions [51]. La compréhension théorique de ces phénomènes est alors permise par le groupe de renormalisation [151, 152, 49, 70, 71] qui a trouvé sa généralisation au-delà de la physique statistique. En post-doctorat avec Michael E. Fisher, je me suis intéressé à la question suivante : qu’arrive-t-il lorsque l’on considère le comportement critique d’un fluide chargé et donc lorsque des interactions coulombiennes sont couplées aux fluctuations critiques à longue portée (même si ces dernières peuvent rester intégrables) ? En effet, une classe d’universalité est fonction de la portée des interactions. Pour des interactions à longue portée décroissant en 1/rd+σ où d est la dimension d’espace et σ > 0, cette classe est différente de celle correspondant à des interactions à courte portée [55]. Mais les interactions entre charges présentent une longue portée non intégrable en σ = −2 < 0 pour laquelle aucune 81 82 Universalité coulombienne approche théorique ne permet de déterminer avec certitude à quelle classe d’universalité le système doit appartenir [50, 129, 93, 40]. En effet, si les systèmes avec des interactions intégrables peuvent passer le filtre du groupe de renormalisation, les systèmes coulombiens, avec la singularité en 1/k 2 dans l’espace de Fourier, ne permettent pas d’utiliser les techniques habituelles. La longue portée des interactions coulombiennes pourrait-elle imposer la classe du champ moyen ? Mais, dans la famille des interactions non intégrables, les interactions coulombiennes, du fait précisément qu’elles sont solutions de l’équation de Poisson, peuvent construire l’effet d’écran [46] à la différence des autres potentiels [1]. Cet effet débouche sur des interactions effectives entre charges exponentiellement écrantées dans les systèmes classiques [46]. Peut-il alors forcer les fluides de charges à appartenir à la classe d’universalité des systèmes à courte portée, dit d’Ising ? Mais est-il seulement présent près d’un point critique ? En effet, si l’effet d’écran est bien démontré loin du point critique, notamment à basse densité ou haute température [30] et est à l’origine de l’existence de la limite thermodynamique des fluides coulombiens [83], rien ne permet d’affirmer qu’il sera effectif près et au point critique. Pour répondre à ces questions, des expériences ont été réalisées récemment sur des électrolytes permettant une observation précise des propriétés critiques [118, 66]. Dans un premier temps, les deux comportements d’Ising et de champ moyen ont semblé être observés. Même si ce dernier s’est relevé non fiable [150], cette polémique a révélé la nécessité d’une meilleure compréhension du phénomène. Plus récemment, les simulations de Monte-Carlo ont indiqué que la classe du modèle le plus simple de fluide chargé, le RPM (Restricted Primitive Model) décrivant des sphères dures de même diamètre portant des charges +e et −e, était bien celle d’Ising [86]. Mais, aucun cadre théorique satisfaisant ne permet d’expliquer ce résultat, et notamment le caractère conducteur ou non du fluide de charges près et au point critique [50, 129, 40, 106, 41]. Dans cette situation, les modèles exacts sont utiles pour dégager des comportements génériques. C’est la motivation de la première étude que j’ai abordée concernant ces systèmes, en considérant un modèle sphérique de fluide chargé pour mettre à nu les mécanismes à l’œuvre. Dans un fluide classique avec des interactions coulombiennes et des interactions à courte portée entre différentes espèces de charges qτ et de densité ρτ , l’effet d’écran prévoit que les interactions effectives sont exponentiellement écrantées sur la longueur d’écran ξZ,∞ qui tend à faible couplage vers la longueur d’écran de Debye-Hückel, ξD = 4πβ X τ qτ2 ρτ −1/2 , (V.1) où β = 1/kB T est la température inverse. Mais cet effet n’est pas nécessairement satisfait au voisinage d’un point critique où une longueur caractéristique du problème, la longueur de corrélation de densité ξN,∞ diverge. Le couplage entre la longueur d’écran et ξN,∞ , toutes deux reliées aux densités du système, pourrait entrainer la destruction de l’effet d’écran par les fluctuations critiques de densité. Il est donc intéressant d’étudier le comportement de la longueur de corrélation de densité de charge près de la transition critique. L’effet d’écran se manifeste aussi sur les fonctions de corrélation de charge et sur le facteur de structure SZZ . En effet, la règle de somme de Stillinger-Lovett [130] traduit l’effet d’écran d’une charge extérieure en termes de satisfaction d’une règle de somme [87]. Celle-ci 83 implique que le comportement aux petits k de la transformée de Fourier du facteur de structure SZZ se comporte comme SZZ (k) = 0 + ξD2 k 2 + · · · , (V.2) où le premier 0 traduit l’écran des charges internes du fluide et ξD est exactement la longueur d’écran de Debye-Hückel donnée en (V.1), quels que soient les couplage, densité et température. Une façon de tester l’effet d’écran au point critique consistera donc à vérifier la validité de cette règle de somme. Enfin, on peut aussi considérer des effets semi-quantiques en introduisant aussi des interactions à longue portée de type LennardJones qui décroissent en 1/rd+σ avec σ > 0 qui sont algébriques et intégrables. Quel type d’écran peut-on espérer quand se couplent les longues portées de ces interactions traduisant les fluctuations quantiques de position, celle de l’interaction coulombienne et celle des fluctuations critiques de densité ? Dans la famille des modèles solubles, le modèle sphérique [23, 81] qui correspond à la limite n → ∞ d’un modèle de spins n dimensionnels, s’est révélé être adaptable pour décrire de nombreuses situations physiques [52]. Même si certaines précautions doivent être prises concernant certaines pathologies du modèle sphérique au regard de son application aux transitions de phase du premier ordre [8], ce modèle peut être généralisé à la description d’un système chargé. Une première approche a été développée par Smith [119] qui a construit un modèle sphérique à une variable correspondant à la densité de charge. Les interactions coulombiennes conduisaient alors à la destruction de la séparation liquide/gas et à la cristallisation du système. En fait, cette propriété non désirable est liée à la considération de la seule densité de charge, ne permettant pas de décrire les fluctuations de densité qui sont pourtant cruciales pour les aspects critiques. Le travail que j’ai effectué a donc consisté à généraliser tout d’abord le modèle sphérique pour prendre en compte plusieurs espèces de particules et décrire ainsi à la fois les fluctuations de charge et de densité entre autres. Ensuite, en considérant des interactions coulombiennes, j’ai pu analyser la classe d’universalité du modèle en fonction des interactions présentes, ainsi que la validité de l’effet d’écran près du point critique. Une deuxième étude que j’ai entreprise concerne la localisation des transitions critiques. La connaissance des températures et densités critiques est elle aussi importante et révélatrice de la cohérence d’un modèle par rapport aux expériences et simulations. Là encore, les systèmes chargés se révèlent capricieux même pour le modèle le plus simple qu’est le modèle primitif, constitué de deux espèces de sphères dures de rayons a portant des charges q+ = +ze et q− = −e, avec des densités N+ = N− /z. Quand on considère un modèle à deux composantes symétriques de charge avec z = 1, l’analyse de type Debye-Hückel [46, 89] permet d’obtenir une première estimation champ moyen des paramètres critiques normalisés par leurs valeurs caractéristiques, T ∗ = T a/ze2 et ρ∗ = ρa3 . La valeur de la température critique est du bon ordre de grandeur puisque la théorie prédit Tc,∗DH = 0.0625 qui est proche de la valeur désormais obtenue par les simulations Monte-Carlo [31, 102, 155, 85, 75, 74] Tc∗ ' 0.05. En revanche, la valeur de la densité critique est sous estimée d’un ordre de grandeur puisque ρ∗c ' 0.07 tandis que l’approche de Debye-Hückel prévoit une valeur de 0.005. Ce constat a amené Fisher et Levin [54, 79] à développer un formalisme prenant en compte l’appariement entre charges de signes opposés qui génère des agrégats en forte proportion, ainsi que la solvatation par les charges libres des agrégats formés. Cette approche permet de donner une estimation raisonnable 84 Universalité coulombienne de la température critique et surtout de la densité critique puisqu’elle prédit une densité critique réduite valant 0.028. Une deuxième propriété permettant de tester la validité des différentes approches théoriques concerne l’évolution des paramètres critiques en fonction de l’asymétrie de charge. En effet, cette asymétrie de charge augmente sensiblement la tendance des charges à former des agrégats et on peut s’attendre en conséquence à une certaine influence de z sur les valeurs réduites de la température et densité. Effectivement, les simulations Monte-Carlo [32, 156, 104] révèlent que la température critique diminue tandis que la densité critique augmente quand z augmente, avec des variations de l’ordre 50% entre z = 1 et z = 4. L’approche de type Debye-Hückel, tout comme celle habituelle de type MSA [147, 60] (mean spherical approximation) prédisent des paramètres critiques indépendants de z, tandis que les approches de type Poisson-Boltzmann [115] prédisent des variations de ces paramètres mais avec une amplitude beaucoup trop faible comparée aux simulations Monte Carlo. Plus significatif de la particularité des fluides coulombiens, la théorie des champs prédit elle une évolution de la température critique en sens inverse des simulations avec des valeurs de surcroit un ordre de grandeur trop grandes. Face à ces désaccords, j’ai généralisé l’approche de type Fisher-Levin au cas d’un système asymétrique de charge, pour tester la validité des hypothèses sous-jacentes aux différentes approches théoriques et révéler les mécanismes importants à l’œuvre dans les fluides chargés. Chapitre VI Principaux résultats «Nous vivons dans un moment très singulier de l’histoire. C’est un moment de crise, au sens littéral de ce mot. Dans chaque branche de notre civilisation matérielle et spirituelle, nous en sommes arrivés à un tournant critique. Cet esprit se manifeste dans l’état des affaires publiques, mais aussi dans l’attitude générale envers les valeurs fondamentales dans la vie individuelle et sociale. [...] L’iconoclaste est entré dans le temple de la science. Il n’est guère un axiome scientifique qui ne trouve aujourd’hui son détracteur. Et, dans le même temps, n’importe quelle théorie absurde ou presque est pratiquement assurée de trouver des sectateurs et des adeptes.» M. Planck, Where is Science Going ? 1933 VI.1 Modèle sphérique Modèle sphérique à plusieurs composantes Le modèle sphérique, originellement introduit par Berlin et Kac [23] pour un système de spins en interaction à courte portée est exactement soluble avec une condition sur la valeur moyenne du carré de N spins X s2i = N/4 (VI.1) i en lieu et place de la condition du modèle d’Ising s2i = 1/4 pour chaque spin i. Pour l’adapter à l’étude d’un fluide chargé, nous devons considérer les densités de charge et de particule, et donc, M espèces de particules τ de potentiels chimiques hτ , que nous localisons sur différents réseaux géométriquement équivalents mais décalés. Cette géométrie introduit ipso facto les effets de cœurs durs essentiels pour un fluide de charges classiques afin d’éviter l’annihilation des charges de signes opposés. Ce problème peut être formellement résolu en imposant les contraintes sphériques sur chacune des espèces 85 86 Principaux résultats via des multiplicateurs de Lagrange λν [81]. L’énergie libre du modèle prend alors une forme générale [8], qui, fait notable, est en partie présente dans la solution exacte du modèle d’Ising à 2D obtenue par Onsager. Elle est ainsi donnée par [7] Z 1 −βF = − 2 dk ln{β M Det[Λ(k)]} − βFh , (VI.2) B où β est la température inverse, et l’intégration se fait sur les vecteurs k de la zone de Brillouin B associée à un réseau. La matrice M ×M des interactions Λ(k) est associée aux transformées de Fourier Jbµν des interactions entre les différentes espèces Λµν = λν δµ,ν − Jbµν (k). (VI.3) Enfin, le vecteur h, à M composantes, est linéairement relié aux potentiels chimiques des différentes espèces. La contribution induite par les champs extérieurs est simplement donnée par Fh = 41 hh|Λ−1 (0)|hi. Le comportement critique, relié aux singularités du modèle, se manifeste alors à la première annulation du déterminant. Quand le système étudié comporte plusieurs espèces de particules, il s’agit de trouver la bonne combinaison des paramètres et caractéristiques qui donne accès au comportement critique. Lorsque l’on considère uniquement des interactions à courte portée, on peut toujours trouver [8] une certaine combinaison des potentiels chimiques ou du champ magnétique sur chaque réseau tels que la classe d’universalité habituelle des systèmes à courte portée est bien obtenue dans le modèle. Le comportement critique est alors localisé sur une surface de l’espace des phases paramétrée par exemple par la différence de densité ou de magnétisation entre deux espèces. Mais un effet subtil peut apparaître dans certaines conditions : la divergence habituelle de la compressibilité au point critique, caractéristique des fluctuations critiques de densité dans un fluide, peut être supprimée. Cette propriété est en fait reliée au caractère vectoriel du paramètre d’ordre du modèle sphérique et peut donner naissance à un effet s’interprétant comme un champ démagnétisant [8] qui peut être compris simplement dans une description de type champ moyen de l’interaction entre deux spins vectoriels. Notons que les combinaisons spéciales imposées par l’électroneutralité (et donc par les conditions de stabilité d’un fluide chargé) sont telles que cet effet n’est pas à l’œuvre quand on étudie un modèle sphérique de charges. Modèle sphérique de charges Les résultats précédents sur les modèles sphériques à plusieurs composantes peuvent être utilisés pour décrire un fluide de charges. On considère alors un modèle sphérique à deux espèces qui interagissent selon une première interaction à courte portée conduisant la transition critique, ainsi que selon l’interaction coulombienne entre des charges symétriques ±q0 . Le positionnement de chacune des deux espèces sur deux réseaux imbriqués assure les cœurs durs nécessaires pour décrire un fluide de charges classiques, cf. Fig. VI.1. Le premier résultat significatif est que l’interaction coulombienne ne modifie pas la classe d’universalité du modèle : avec ou sans les interactions coulombiennes, cette classe reste celle du modèle sphérique avec des interactions à courte portée. L’origine de ce résultat est que la longue portée des interactions entre charges est exactement annulée VI.1 Modèle sphérique 87 J++ J!! a J+! Fig. VI.1 – Gaz de particules sur réseau, avec des interactions à la fois coulombiennes et à courte portée. dans les propriétés critiques par un mécanisme qui pourrait bien être plus général que le modèle sphérique, mais différent du phénomène d’écran. En effet, les facteurs de structures de densité SN N et de charge SZZ , reliés aux fonctions de corrélations, se décomposent selon SN N (k) = 1 − A(k) A(k) + ΛN (k) ΛZ (k) et SZZ (k) = A(k) 1 − A(k) + ΛN (k) ΛZ (k) (VI.4) où A(k) est une fonction simple de k tandis que ΛN et ΛZ sont les deux valeurs propres de la matrice des interactions Λ(k) présente dans l’énergie libre (VI.2). On trouve ainsi ¯ ΛN (Z ) = λ̄ + ∆J(k) − (+)D(k; λ) (VI.5) † ¯ où λ̄(λ† ) = 12 (λ− + (−)λ+ ), ∆J(∆J ) = 21 Jb++ (0) + (−)Jb−− (0) − Jb++ (k) − (+)Jb−− (k) et 2 2 D2 (k; λ) = λ† + ∆J † (k) + 41 Jb+− (k), (VI.6) où le choix de la racine est dicté par la condition que D soit analytique. Enfin, l’amplitude A se met sous la forme A(k; λ) = 21 − 14 Jb+− (k)/D(k; λ). (VI.7) Le comportement critique est lié aux singularités dans le modèle et ici à l’annulation d’une des deux valeurs propres ΛN et ΛZ . Or, dans ΛN , la longue portée des interactions coulombiennes est exactement annulée grâce à l’électroneutralité. Ceci peut se voir car ∆J¯ ainsi que Jb+− , intervenant chacun dans les deux modes propres (VI.5), présentent tous deux la divergence en q 2 /k 2 du potentiel coulombien (et sont les seuls à le faire), mais se compensent exactement dans la combinaison ΛN du fait du signe − présent dans la définition de ΛN , cf. Eq. (VI.5). Au final, la singularité du potentiel coulombien est complètement absente de la valeur propre ΛN . Dans ces conditions, les interactions à courte portée induisent la séparation de phase et forcent le système à obéir à la classe d’universalité des modèles sphériques à courte portée. Ce mécanisme paraît générique et a été effectivement généralisé dans une approche de type Random Phase Approximation dans [106]. Le deuxième effet contenu dans la décomposition (VI.4) est le couplage entre les fluctuations de densité et de charge et la destruction possible de l’effet d’écran habituel. 88 Principaux résultats En effet, dans un modèle académique où les deux espèces sont symétriques, i.e. à la fois symétrique de charge et de composition (la seule différence entre elles étant le signe de leur charge), les deux facteurs de structure SN N et SZZ sont découplés puisque dans la décomposition (VI.4) l’amplitude A s’annule exactement par symétrie. Les corrélations de charge restent alors exponentiellement écrantées sur une longueur d’écran qui reste finie près du point critique, ainsi qu’au point critique. La règle de somme de StillingerLovett, caractéristique des fluides conducteurs, est alors toujours vérifiée par le fluide. À l’inverse, dans un modèle plus réaliste où le système est asymétrique dans sa composition (les charges restant symétriques, cette asymétrie provient de différences dans les propriétés à courte portée, comme par exemple dans la taille des cœurs durs, etc.), les corrélations de densité “infectent” les corrélations de charge. En effet, dans le cas asymétrique, A(k) 6= 0 et le comportement critique contenu dans ΛN intervient dans les corrélations de charge SZZ . Comme première conséquence, la longueur caractéristique des corrélations de charge varie près du point critique comme la longueur de corrélation de densité, i.e. diverge comme 1/|T − Tc |ν . Deuxième conséquence de cette infection des corrélations de charge par celles de densité, au point critique, la règle de Stillinger-Lovett n’est plus vérifiée, indiquant que le fluide n’est plus conducteur et que l’effet d’écran n’est plus assuré. Un fluide réel présente nécessairement cette asymétrie, et celle-ci est donc un ingrédient fondamental à prendre en compte pour comprendre le comportement critique d’un fluide chargé. Modèle sphérique de charges et interactions de van der Waals Le modèle sphérique précédant peut aussi être utilisé pour décrire certains effets quantiques liés à la dynamique en incorporant de manière semi-classique des interactions de type van der Waals [6] en plus des interactions coulombiennes et des interactions à courte portée. Dans ces systèmes, trois longues portées entrent ainsi en compétition : les fluctuations critiques de densité, en 1/rd+2−η (avec l’exposant critique η), l’interaction coulombienne et les interactions de van der Waals décroissant en 1/rd+σ avec σ > 0. Un premier résultat indépendant des phénomènes critiques et valable dans tout l’espace des phases, est que le couplage entre la longue portée des interactions quantiques de van der Waals et l’interaction coulombienne induit un effet d’écran non plus à décroissance exponentielle comme dans l’image classique de Debye, mais seulement algébrique. Dans tout le diagramme des phases en dehors du point critique, les corrélations de charge ne décroissent qu’en 1/rd+σ+4 . Ce résultat dans le cadre particulier d’un modèle sphérique semi-classique est à rapprocher de la démonstration générale d’un écran algébrique dans un fluide coulombien du fait de la dynamique quantique des particules [2, 43]. En ce qui concerne le comportement critique du modèle, comme précédemment et en suivant le même mécanisme, les interactions coulombiennes sont évacuées de la valeur propre ΛN et en conséquence ne modifient pas la classe d’universalité déterminée par les interactions algébriques. Dans un système asymétrique, près du point critique, le couplage entre les corrélations de densité et de charge est tel que la queue algébrique des corrélations de charge, décrivant l’écran algébrique, dépend de la longueur de corrélation de densité. Au point critique, on trouve ainsi que la violation de la règle de StillingerLovett caractérisant les fluides conducteurs est liée à la propriété η = 0 [6]. Là encore, c’est bien l’asymétrie du système qui se révèle un ingrédient déterminant couplé à la longue VI.2 Théorie de Debye-Hückel 89 portée des interactions coulombiennes. VI.2 Théorie de Debye-Hückel Le modèle sphérique précédent met en évidence certains mécanismes régissant le comportement critique des fluides chargés. En ce qui concerne les aspects quantitatifs de certains modèles comme les température et densité critiques, nous pouvons avoir recours à des théories approximatives incorporant les mécanismes essentiels de ces systèmes (déterminés entre autres par les modèles solubles et les simulations). C’est l’objet de la deuxième partie du travail que j’ai abordé sur les fluides chargés critiques. Plus précisément, je me suis intéressé à l’évolution avec l’asymétrie de charge z des paramètres critiques du modèle primitif d’un électrolyte z : 1, de charges zq0 et −q0 . L’étude a porté sur une théorie de type Debye-Hückel incorporant l’association des ions en molécules, la solvatation des molécules ainsi que les cœurs durs, généralisant une approche développée par Fisher et Levin [79] au cas des électrolytes avec z = 2 et 3. Dans un tel système à deux composantes de charges zq0 et −q0 , l’énergie d’attraction maximale est ε = zq02 /a. Les températures critiques du modèle obtenues par les simulations Monte Carlo sont en fait assez basses, et le système est donc dans un régime de fort couplage où, comme les instantanés des simulations le montrent, les ions s’associent fortement en molécules. Pour décrire ce processus, il faut considérer l’existence de plusieurs espèces [dimères, trimères et tétramères formés d’une charge zq0 et jusqu’à z charges −q0 ] en équilibre chimique. Les constantes de réactions, décrivant l’association des différents ions en ces différentes espèces, peuvent alors être déterminées en première approximation grâce aux fonctions de partition des particules s’associant suivant une procédure introduite par Bjerrum [25]. Ces molécules, pouvant porter à la fois une charge nette et des multipôles, sont alors solvatées par le fluide de charges, et cet effet peut être décrit selon une procédure de type Debye et Hückel, en calculant le champ moyen induit par une molécule dans le fluide puis en effectuant un processus de charge sur l’énergie d’interaction obtenue. Une contribution purement de cœurs durs peut aussi être ajoutée dans l’énergie libre. Le résultat de cette théorie [53, 5] est que les températures critiques du modèle diminuent quand z augmente, cf. Fig. VI.2, tandis que la densité critique augmente, cf. Fig. VI.3. Ces tendances sont conformes aux résultats des simulations Monte-Carlo. En outre, l’accord quantitatif avec les simulations est satisfaisant puisque les températures critiques sont prédites avec un excès d’au plus 15% pour z = 2 et 3 par rapport aux simulations. Compte tenu des approximations faites pour obtenir cette théorie, ces résultats confortent le fait que les principaux mécanismes de ces fluides ont probablement été capturés dans cette théorie. L’association des ions pour former des agrégats presque neutre, apparaît ainsi comme un facteur crucial qui peut permettre avec des arguments simples de retrouver l’ordre de grandeur de l’évolution des paramètres critiques avec l’asymétrie de charge [53]. Ainsi, une analyse précise des caractéristiques du modèle révèle que quand z augmente, la population des ions zq0 diminue dramatiquement alors que les espèces les moins chargées augmentent sensiblement en proportion. Mais, si l’attraction maximale dans le système est toujours 90 Principaux résultats 1:4 1:3 1:2 1:1 2:1 3:1 4:1 0.090 MSA SPB 0.070 MPB DH T* DHBjCI 0.050 DHBjCIHC MC 0.030 NO 0.010 −1.0 −0.5 0.0 x 0.5 1.0 Fig. VI.2 – Températures critiques en fonction du paramètre d’asymétrie de charge x = (z − 1)/(z + 1). Les simulations Monte-Carlo (MC) sont représentées par des étoiles, la théorie de type Debye-Hückel (DHBjCI) proposée par Aqua, Banerjee et Fisher, avec ou sans cœurs durs (HC), par des symboles pleins. Les théories approximatives de type Debye-Hückel (DH), phase aléatoire (MSA), ou Poisson-Boltzmann (SPB et MPB) sont indiquées par leurs acronymes. Les résultats de la théorie des champs proposée par Netz et Orland (NO) sont divisés par 10 pour figurer sur le graphique. ε = zq02 /a, l’attraction entre les espèces les moins chargées est moins importante (par exemple, pour z = 2, l’attraction entre un dimère et un ion négatif est ' 21 ε). Cet argument simple explique que, relativement à ε, le système devient moins couplé quand z augmente, aboutissant à la diminution des températures critiques normalisées par ε. Par sa généralité et sa souplesse d’adaptation, ce type d’approche semble donc propice à d’autres généralisations dans le domaine des fluides chargés. VI.2 Théorie de Debye-Hückel 91 1:4 1:3 1:2 2:1 3:1 4:1 1:1 l c DHBjCIHC 0.10 DHBjCI MC 0.08 0.06 NO 0.04 NMF 0.02 SPB MSA MPB DH 0 -1 - 0.5 0 0.5 ( z -1)/(z +1) 1 Fig. VI.3 – Densités critiques en fonction du paramètre d’asymétrie de charge x = (z − 1)/(z + 1) avec les mêmes notations que pour la figure VI.2 92 Principaux résultats Chapitre VII Modèle sphérique ionique «- Est-ce qu’à vos yeux la philosophie garde une place dans le monde d’aujourd’hui ? - Bien sûr, mais à la condition de fonder sa réflexion sur la connaissance scientifique en cours et sur ses acquis. [...] Les philosophes ne peuvent s’isoler d’une science qui a non seulement élargi immensément et transformé notre vision de la vie et du monde, mais qui a bouleversé les règles de fonctionnement de la pensée.» C. Lévi-Strauss, De près et de loin. 1990 VII.1 Modèle sphérique à plusieurs composantes VII.1.1 Systèmes à plusieurs composantes Correspondance gaz sur réseau vs ensemble de spins Nous généralisons tout d’abord le modèle sphérique à un système à plusieurs composantes afin de pouvoir ensuite décrire à la fois les fluctuations de charge et de densité. Pour ce faire, considérons un fluide sur réseau en dimension d composé d’espèces σ = 1, · · · , S qui sont chacune localisées sur un sous-réseau propre. Un sous-réseau est obtenu après translation par le vecteur δ σ du réseau de référence R0 de telle sorte qu’un site i du réseau σ est localisé en Riσ = Ri0 + δ σ . Le réseauPde référence est généré par les vecteurs de 0 0 base aα et est décrit par les positions Ri0 = Q α R̃i,α aα où R̃i,α = 1, 2, · · · , Nα . Le nombre de sites du réseau de référence est donc N = α Nα et nous notons v0 , le volume de la cellule unité. Le fluide est supposé être en contact avec un thermostat et un réservoir de particules. Un fluide sur réseau dans l’ensemble grand-canonique peut alors être mis en correspondance [78] avec un ensemble de spins dans l’ensemble canonique. En effet, la grande 93 94 Modèle sphérique ionique fonction de partition du fluide s’écrit h i Y X 1 X X exp −β(Hgas − Ξ(T, µ) = µσ Nσ ) , σ Nσ ! rσ σ N σ (VII.1) i où β est la température inverse tandis que Nσ et µσ sont les nombres de particules et potentiels chimiques des différentes espèces. L’ hamiltonien du fluide est X (VII.2) Hgas = 21 ϕτ υ (rkσ − rlτ ) , (σ,k)6=(τ,l) où rkσ est la position de la k-ième particule de l’espèce σ, qui est astreinte à occuper un site du sous-réseau Riσ . La somme dans (VII.1) s’effectue sur toutes les configurations du fluide et donc sur toutes les positions permises aux particules. Si on incorpore la présence de cœurs durs entre particules, i.e. ϕσσ (0) = +∞, les configurations P locales autorisées dans la somme (VII.1) sont telles que la densité locale nσ (Riσ ) = k δ(Riσ − rkσ ) ne peut valoir que 0 ou 1. On peut ainsi définir une variable de spin sσ (Riσ ) = 2 nσ (Riσ ) − 1 , (VII.3) qui ne prend que les valeurs ±1 comme dans un modèle d’Ising [64]. Ainsi la fonction de partition (VII.1) peut se réécrire comme celle d’un ensemble de spins Y X Ξ(T, µ) = exp −β Hspin , (VII.4) σ,i sσ (Riσ )=±1 où l’hamiltonien de spin est X X X hσ sσ (Riσ ) + Ho (µ). (VII.5) Jτ υ (Riσ − Rjτ )sσ (Riσ )sτ (Rjτ ) − Hspin = − 12 (σ,i),(τ,j) σ i L’interaction entre sites différents est simplement Jτ υ (Riσ − Rjτ ) = − 41 ϕτ υ (Riσ − Rjτ ), tandis que Jσσ (0) extérieurs sont donnés par hσ = 21 µσ − 14 φσ avec la P= 0, et les champs constante φσ = (τ,j)6=(σ,i0 ) ϕστ (Rσi0 − Rjτ ) , où i0 est une position donnée du site σ. Enfin, Ho est une énergie de référence qui n’interviendra pas dans la suite. La correspondance entre les deux systèmes est alors immédiate pour toutes les quantités thermodynamiques. La densité locale de particules ρσ (r) = nσ (r)/v0 est donnée en fonction de la variable de spin local par v0 ρσ (Riσ ) = 12 [sσ (Riσ ) + 1]. Les fonctions de corrélation Gτ υ (Riσ − Rjτ ; T, µ) = hρσ (Riσ )ρτ (Rjτ )i − hρσ (Riσ )ihρτ (Rjτ )i, sont reliées aux fonctions de corrélations des spins via v02 Gτ υ (Riσ − Rjτ ; T, µ) = 14 hsσ (Riσ )sτ (Rjτ )i − hsσ (Riσ )ihsτ (Rjτ )i . (VII.6) Modèle sphérique La fonction de partition du modèle d’Ising n’est pas connue de façon générale et notamment à trois dimensions. Pour pouvoir obtenir un modèle soluble nous devons donc modifier ses ingrédients. La condition d’Ising sσ = ±1 implique la condition globale X s2σ (Riσ ) = N . (VII.7) i VII.1 Modèle sphérique à plusieurs composantes 95 Le modèle sphérique proposé par Berlin et Kac [23] consiste à considérer des spins continus ne satisfaisant que cette dernière contrainte globale. Le vecteur représentant l’ensemble des spins vit donc sur l’hyper-sphère à N dimensions définie par (VII.7). En n’imposant cette contrainte qu’en moyenne, on obtient le modèle sphérique moyen introduit par Lewis et Wannier [81], qui se résout grâce à un multiplicateur de Lagrange. Le modèle sphérique moyen consiste donc à considérer la fonction de partition de spins continus Z Y 0 0 dsσ e−β H , (VII.8) Ξ (T, h) = σ P P multiplicateurs de Lagrange qui peroù H0 = Hspin + σ λ̃σ i s2σ (Riσ ) incorpore P les 2 σ mettent d’imposer la contrainte sphérique i sσ (Ri ) = N sur chacun des sous-réseaux. En introduisant la densité d’énergie libre −βf T, h, λ(T, h) = ln Ξ0 (T, h)/N , (VII.9) les conditions sphériques moyennes pour chaque espèce σ = 1, · · · , S s’expriment comme ∂f 2 hsσ i = = 1, (VII.10) ∂ λ̃σ T,h,λ̃τ pour τ 6= σ, qui constituent S relations définissant de façon implicite les multiplicateurs de Lagrange λ̃σ en fonction de T et de l’ensemble des champs hσ noté h. Le modèle ainsi obtenu est un modèle soluble qui incorpore exactement les corrélations entre particules, sans faire d’approximation de champ moyen. Son intérêt a été renforcé par le constat de son appartenance à la grande famille des modèles de spins de dimension n et longueur fixée dans la limite où la dimension du paramètre d’ordre n tend vers l’infini [128]. Il satisfait ainsi aux lois d’échelle standard au voisinage du point critique [117]. La nouveauté introduite par (VII.10) consiste à considérer plusieurs espèces sur plusieurs réseaux et donc plusieurs conditions sphériques. La combinaison de ces conditions peut donner naissance à des champs de démagnétisation dans certaines conditions [8]. Le calcul de la fonction de partition (VII.8) s’effectue alors dans l’espace de Fourier. En considérant des conditions aux limites périodiques, P nousσ introduisant la transformée de Fourier relative au réseau de référence sbσ (k) = i e−ik·Ri sσ (Riσ ), tandis que Jbστ (k) = X σ j τ e−ik·(Ri0 −Rj ) Jστ (Rσi0 − Rjτ ) (VII.11) avec une position quelconque i0 quand le potentiel d’interaction est lui aussi périodique. P Les vecteurs d’onde se décomposent sur les vecteurs bα du réseau réciproque, k = α k̃α bα où k̃α = 0, ±1/Nα , ±2/Nα , · · · . Le calcul de la fonction de partition suit alors les étapes classiques du modèle sphérique à une composante avec la condition de symétrie Jτ υ (Riσ − Rjτ ) = Jτ υ −(Riσ − Rjτ ) . Nous trouvons alors que l’énergie libre peut se décomposer en trois parties f = fs + fh + fo . Dans la limite thermodynamique, la partie singulière est donnée par Z 1 (VII.12) −βfs (T, h) = − 2 ln β S Det [Λ(k; λ)] , k 96 Modèle sphérique ionique R R où k représente l’intégration k∈B v0 dd k/(2π)d sur la première zone de Brillouin B du réseau de référence. La structure du calcul fait apparaître la matrice S ×S des interactions Λ(k; λ) dont les éléments de matrice sont (VII.13) Λστ (k; λ) = δστ λσ + ∆Jbσσ (k) − 21 (1 − δστ )Jbστ (k) , où pour toute fonction gb(k), nous définissons g (0) − gb(k)] , ∆b g (k) = 21 [b (VII.14) et où les multiplicateurs de Lagrange ont été décalés selon λσ = λ̃σ − 21 Jbσσ (0). En raison du logarithme présent dans (VII.12), ce résultat n’est valable que tant que les valeurs propres de la matrice Λ(k; λ) sont positives pour tout k, l’annulation de l’une d’elles traduisant une singularité qui sera liée à une transition de phase. Il est intéressant de noter que la structure (VII.12) comme une intégrale dans l’espace de Fourier du logarithme des interactions est similaire à la solution exacte du modèle d’Ising à deux dimensions d’Onsager [101]. C’est cette structure qui sera à l’origine des propriétés du modèle sphérique chargé et du couplage ou non des corrélations de charge et de densité pour des systèmes symétriques ou non [7, 6] comme nous le verrons dans la suite. Enfin, la contribution directement liée aux potentiels extérieurs est simplement donnée par l’élément de matrice (VII.15) −βfh (T, h) = 41 βhh|Λ−1 (0, λ)|hi , tandis que l’énergie constante fo n’interviendra pas dans les propriétés critiques. Une fois la fonction de partition calculée, les propriétés thermodynamiques découlent naturellement par dérivation de l’énergie libre. Ainsi la magnétisation moyenne mσ = hsσ i, reliée à la densité moyenne ρσ = hρσ (Riσ )i via 2ρσ v0 − 1 = mσ , est simplement donnée par ∂fh mσ = − . (VII.16) ∂hσ T,hτ 6=σ ,λ Dans la suite nous notons sous forme vectorielle l’ensemble des variables pour les différentes espèces. Ainsi le vecteur m à S dimensions a pour coordonnées l’ensemble des aimantations mσ . L’énergie libre fh peut alors se mettre sous la forme fh = − 12 m · h, grâce à quoi le lien entre h = 12 µ − 41 φ et m se résume à h = 2Λ(0)m. (VII.17) De façon similaire, les corrélations entre spins s’obtiennent par hsσ (Riσ )sτ (Rjτ )i 1 ∂(f − fo ) =− , 2 − δστ ∂Jτ υ (Riσ − Rjτ ) T,h,λ (VII.18) où 2 − δστ est un facteur de symétrie. On peut alors définir des corrélations associées aux densités de présence charge GZZ , et croisées GN Z , que l’on écrit sous la forme P GNϑXN , ϑde Y générique GXY = σ,τ qσ qτ Gστ où X et Y représentent N ou Z, avec ϑN = 0 et ϑZ = 1. On peut alors définir les facteurs de structure dans l’espace de Fourier v0 bXY (k; T, ρ) , G (VII.19) SXY (k; T, ρ) = ρ q ϑX +ϑY P où q est la charge élémentaire et ρ la densité totale ρ = σhρσ i. VII.1 Modèle sphérique à plusieurs composantes VII.1.2 97 Modèle à deux composantes Les résultats précédents concernaient un nombre arbitraire d’espèces. Dans la suite, nous ne considèrerons que des systèmes à deux composantes avec des labels 1 et 2. Nous définissons pour chaque grandeur g, sa valeur moyenne et différence ḡ = 12 (g1 + g2 ) , g † = 21 (g1 − g2 ) . (VII.20) De plus, pour simplifier les calculs, nous supposons que les coordonnées δ̃α du vecteur translation valent 0 ou 1/2. Propriétés génériques Dans le cas S = 2, le calcul des valeurs propres de la matrice des interactions est immédiat, et nous trouvons où ¯ Λ± (k; λ) = λ̄ + ∆J(k) ± D(k; λ) , (VII.21) q D(k; λ) = [λ† + ∆J † (k)]2 + 14 [Jb+− (k)]2 . (VII.22) L’intégrand de l’énergie libre fait intervenir le logarithme de Λ− Λ+ qui vaut ici ¯ Λ− Λ+ (k; λ) = u + 2λ̄∆J(k) − 2λ† ∆J † (k) + ∆J 2 (k). (VII.23) Dans cette expression, nous avons posé 2 2 (k) + ∆Jb++ (k)∆Jb−− (k), ∆J 2 (k) = j00 − 41 Jb+− (VII.24) et introduit le paramètre u dont l’annulation déterminera les transitions de phase, 2 2 u(λ) ≡ Λ− Λ+ (0; λ) = λ̄2 − λ† − j00 , (VII.25) où l’énergie caractéristique des interactions est j00 = 21 Jb+− (0). En termes de Λ− et Λ+ , les deux conditions sphériques à imposer pour chaque espèce peuvent s’exprimer simplement en fonction de leur moyenne et différence, Z ¯ λ̄ + ∆J(k) 2 1 1 = 2 kB T + m̄2 + m† , (VII.26) k Λ− Λ+ (k; λ) et Z λ† + ∆J † (k) . (VII.27) 2m̄m = k Λ− Λ+ (k; λ) Les conditions d’existence de la solution étant que les valeurs propres Λ− et Λ+ soient positives, la condition (VII.26) implique que |m̄| ≤ 1 et |m† | ≤ 1, comme attendu par définition des aimantations. Enfin fh fait intervenir l’inverse 1 λ2 j00 −1 Λ (0; λ) = , (VII.28) u j00 λ1 † 1 k T 2 B et le lien entre l’aimantation et le champ extérieur peut se mettre sous la forme (VII.29a) h̄ =2 m̄(λ̄ − j00 ) + m† λ† , † † † 0 h =2 m̄λ + m (λ̄ + j0 ) . (VII.29b) 98 Modèle sphérique ionique Propriétés statistiques Avec l’expression (VII.18), les corrélations de particules se calculent elles aussi aisément en fonction de Λ− et Λ+ . Les facteurs de structure de densité et de charge se −1 décomposent alors en fonction de Λ−1 − et Λ+ selon SN N (k; T, ρ) B(k; λ) 1 − B(k; λ) = + , kB T /4ρv0 Λ− (k; λ) Λ+ (k; λ) (VII.30a) et pour des systèmes où les charges sont symétriques q+ = −q− = q, on a SZZ (k; T, ρ) B(k; λ) 1 − B(k; λ) = + , kB T /4ρv0 Λ+ (k; λ) Λ− (k; λ) (VII.30b) avec l’amplitude de mélange B(k; λ) = 1 2 + 14 Jb+− (k)/D(k; λ) . (VII.31) Comme nous le verrons dans la suite, la décomposition (VII.30a) et (VII.30b) aura des conséquences cruciales sur le comportement du fluide au voisinage du point critique et sur le couplage des corrélations de densité et de charge. VII.1.3 Interactions coulombiennes et à courte portée Interactions coulombiennes Nous sommes tout d’abord amenés à définir l’interaction coulombienne appropriée à la géométrie du système. D’après les travaux de Lieb et Lebowitz [83], nous savons que dans la limite thermodynamique, un fluide de charges dans l’ensemble grand-canonique vérifie l’électroneutralité en volume, tandis qu’un éventuel excès de charge ne peut être que surfacique. Si nous voulions considérer les effets de surface, nous serions alors amenés à spécifier la nature des conditions aux limites, de type Dirichlet ou Neumann, mais ces dernières n’auront pas de conséquence sur les propriétés en volume du fluide. Pour éliminer ces effets par construction, nous considérons qu’un fond continu assure la neutralité du système. A l’équilibre, celui-ci affecte en fait les propriétés du fluide de charges seulement au voisinage immédiat de ses frontières que nous ne considérerons pas. Quelques propriétés de surface d’un modèle sphérique charge sont exposées dans [119]. Par souci de simplicité, nous considérons un réseau de référence cubique de maille a et deux sous-réseaux pour les espèces chargées + et − décalés par les vecteurs δ+ = 0 et δ− = (a/2, · · · , a/2). Le potentiel coulombien est alors défini comme solution de l’équation de Poisson discrétisée en fonction des réseaux sous-jacents. Afin d’avoir un potentiel qui vive effectivement sur les deux sous-réseaux, nous considérons pour la discrétisation du potentiel coulombien le réseau global cubique, de pas a/2 et incluant les deux sous-réseaux + et −. Ainsi le potentiel coulombien ϕC (r) est solution de 1 ∆r,r0 C 0 − , (VII.32) Dr ϕ (r − r ) = −Sd (a/2)d Ld avec des conditions aux limites périodiques, où le terme −1/Ld décrit le fond neutralisant permettant de s’affranchir des onditions aux limites. Le laplacien discret est associé au VII.1 Modèle sphérique à plusieurs composantes 99 réseau de pas a/2 d i 1 Xh 1 1 Dr F = F (r + ae ) − 2F(r) + F(r − ae ) . α α 2 2 (a/2)2 α=1 (VII.33) La surface de sphère unité est Sd = 2π d/2 /Γ(d/2) (où S3 = 4π) et ∆r,r0 est le symbole de Kroenecker discret. La solution de (VII.32) s’exprime alors simplement dans l’espace de Fourier associé au réseau global par ϕC (r − r 0 ) = Sd a2 4Ld X∗ 0 k0 =(2π/L)p0 avec d X K (k ) = 2 1 − cos 2 0 1 0 eik .(r−r ) 1 0 k a 2 α K 2 (k0 ) , , (VII.34) (VII.35) α=1 où p0α = 0, ±1, ±2, . . . [2L/a], alors que la sommation dans (VII.34) s’effectue sur les vecteurs non nuls. Les transformées de Fourier sur le réseau de référence (VII.11) en découlent P α bα X† Θ S στ d C , (VII.36) ϕ bστ = d−2 4a b =0,1 K 2 (k − 2πb/a) α P† où Θσσ = −Θ+− = 1 et où la somme exclut les vecteurs b nuls pour et seulement pour k = 0. Le comportement aux petits k de cette solution est lié à la portée du potentiel. Celui-ci présente la singularité habituelle du potentiel coulombien en 1/k 2 que nous retrouvons bien, h i ϕ bτCυ (0) 1 C 2 2 2 ϕ bτ υ (k) = vd + a Σ4 (k̂) + + O(k a ) , (VII.37) k2 Sd a2−d pour k non nul, où vd = Sd /ad et où le facteur d’anisotropie, lié à la discrétisation du système, vérifie Xd 1 1 0 ≤ Σ4 (k̂) = 48 kα4 /k 4 ≤ 48 . (VII.38) α=1 Du fait du fond neutralisant, ϕ bτ υ en k = 0 est fini et vaut pour d = 3, ϕ bτCτ (0) = 29π/24a C et ϕ b+− (0) = −11π/24a. Enfin, à l’ordre 2, la différence entre les deux potentiels vaut en dimension 3 C C 1 a ϕ b+− (0) − ϕ bτCτ (0) − [ϕ b+− (k) − ϕ bτCτ (k)] = − 36 πk 2 a2 + O(k 4 a4 ). (VII.39) C C Pour la recherche des singularités du système, notons que ϕ b+− (k) > 0 quand |kα | < π/a C tandis que ϕ b+− (k) = 0 quand une coordonnée de k vérifie |kα | = π/a. Enfin, ϕC (R) défini par (VII.34) est une fonction décroissante de |Rα |. Grâce à la finitude de ϕ bτCυ en k = 0, les sommations impliquées dans la correspondance entre un fluide sur réseau et un ensemble de spins restent finies dans la limite thermodynamique même quand les interactions coulombiennes sont présentes. Ainsi, cette limite est bien définie quelle que soit la charge totale du fluide de charges : le système ne construit 100 Modèle sphérique ionique pas de lui-même l’électroneutralité pour assurer sa stabilité puisque celle-ci est assurée par le fond neutralisant que nous avons incorporé au modèle. Nous savons toutefois qu’un fluide de charges doit vérifier l’électroneutralité en volume à l’équilibre thermodynamique. En conséquence, nous décidons de forcer la condition d’électroneutralité en l’imposant au système comme condition supplémentaire. Par souci de simplification, nous ne considérerons que des systèmes où les charges sont égales en amplitude, i.e., q+ = −q− = q. Ainsi, l’électroneutralité impose de ne considérer que les états tels que ρ+ = ρ− , ce qui se traduit dans le langage des spins par m† = 21 (m+ −m− ) = 0. Le système peut donc être paramétré par la donnée de deux variables comme T et l’aimantation moyenne m̄. Interactions à courte portée Nous considérons un système où les interactions coulombiennes viennent se rajouter à des interactions à courte portée qui commandent la transition de phase. Sans charge, le système obéit à la classe d’universalité du modèle sphérique avec des interactions à courte portée [8]. Nous voulons comparer alors le modèle avec et sans charge. Nous étudions donc un système où le potentiel d’interaction se décompose selon Jτ υ = Jτ0υ + JτCυ , (VII.40) où JτCυ décrit les interactions coulombiennes JτCυ (Riσ , Rjτ ) = −qτ qυ ϕC (Riσ − Rjτ )/4, et Jτ0υ (Riσ − Rjτ ), des interactions supposées à courte portée (cette étude se généralise au cas d’interaction non coulombienne Jτ0υ à longue portée et intégrable [6]). Nous supposons que les interactions à courte portée sont suffisamment attractives pour que 0 j0 ≡ 12 kB T0 ≡ 12 Jb+− (0) > 0, (VII.41) 0 0 (k)| sur la zone de Brillouin. Nous (0) soit le seul maximum de |Jb+− et pour que Jb+− imposons en outre une condition faible 0 0 0 0 0 0 2Jb+− (0) + Jb++ (0) + Jb−− (0) > 2|Jb+− (k)| + Jb++ (k) + Jb−− (k), (VII.42) pour tout k 6= 0, qui est satisfaite par exemple quand ∆J¯0 (k) ≥ 0 dans B, entre autres, 0 0 sont toutes deux attractives. et J−− quand J++ Les propriétés critiques sont reliées aux propriétés aux grandes échelles, et donc aux comportements aux petits k. Nous aurons donc besoin dans la suite du développement aux petits vecteurs d’onde Jbτ0υ (k) = Jbτ0υ (0)[1 − k 2 Rτ2υ + O(k 4 )], (VII.43) où Rτ υ est l’échelle de variation typique de l’interaction Jτ0υ . Enfin, notons que même si les charges des deux espèces ont la même amplitude, le système pourra être asymétrique dans sa composition en fonction de potentielles différences dans les interactions à courte portée qui induiront une valeur non nulle de J † ∝ J++ −J−− . Ionicité Afin de localiser les points critiques, nous aurons besoin de quantifier l’importance relative des interactions coulombiennes par rapport aux interactions à courte portée. Nous VII.2 Fluide chargé symétrique 101 introduisons ainsi l’ionicité [93] comme le rapport de l’ordre de grandeur de l’énergie coulombienne au contact entre deux particules sur l’énergie typique des interactions à courte portée qui entre dans les propriétés critiques (VII.41) q2 1 I0 = d−2 . a kB T0 VII.2 (VII.44) Fluide chargé symétrique Dans ce chapitre, nous analysons les propriétés des fluides de charges parfaitement symétriques. Les charges vérifient déjà q+ = −q− et cette condition impose en outre 0 0 que les interactions à courte portée sont elles aussi symétriques, i.e. que J++ = J−− . Cette simplification importante fait rentrer le modèle dans le cadre du RPM, Restricted Primitive Model, qui est un modèle extensivement étudié de fluides coulombiens. Nous verrons dans le chapitre suivant, que cette hypothèse a des conséquences dramatiques sur le comportement du fluide, dont nous devons avoir conscience pour appréhender des modèles réalistes. VII.2.1 Localisation du point critique L’électroneutralité impose m† = 0. Combinée avec la condition sphérique sur les différences (VII.27) dans ce cas symétrique où ∆J † = 0, on obtient l’équivalence m† = 0 ⇔ λ† = 0, (VII.45) comme Λ− et Λ+ sont positives. Nous n’aurons donc à considérer qu’un seul multiplicateur de Lagrange λ̄ qui est déterminé par la condition sphérique 1 = kB T Jd (λ) + h̄2 , 4λ2 (VII.46) où nous avons introduit λ ≡ λ̄ − j00 . La moyenne spatiale j00 = 12 Jb+− (0) prend en compte à la fois les interactions coulombiennes et à courte portée et on obtient en dimension trois, j00 = j0 (1 − 11πI0 /96). Enfin, l’intégrale déterminante dans (VII.46) se décompose dans ce cas symétrique selon Jd = (J+ + J− )(λ) où Z 1 (VII.47) J± (λ) ≡ 4 1/Λ± (k; λ), k qui ne dépend en fait ici que de λ̄. En outre, la relation (VII.29b) entre les champs extérieurs et la réponse du système se simplifie puisque λ† = m† = 0 et devient h̄ = 2m̄λ. Dans ce cas symétrique, les valeurs propres des interactions se simplifient de la matrice 1 b ¯ encore et valent Λ± (k; λ) = λ̄ + ∆J(k) ± 2 J+− (k) . Par construction, la valeur propre ΛN , cf. (VI.5), ne diffère de Λ− que par le choix d’une racine D analytique, contrairement potentiellement à D. Aux petits k, cette potentielle différence n’intervient pas et ΛN se comporte comme ΛN (k; λ) = λ + j0 RN2 k 2 + O(k 4 ), (VII.48) 102 Modèle sphérique ionique 1 où nous avons introduit la longueur caractéristique RN2 = R02 − 576 Sd a2 I0 qui fait interP venir la longueur R0 associée aux interactions à courte portée j0 R02 = 41 τ Rτ2τ Jbτ0τ (0) + 1 2 R Jb0 (0), qui est bien positive grâce à VII.42. Le point crucial du développement 2 +− +− (VII.48) est que la singularité en 1/k 2 du potentiel coulombien, cf. (VII.37), est to¯ talement absente. Ceci vient de l’exacte compensation entre 2∆J(k) ≈ −vd q 2 /k 2 et Jb+− (k) ≈ vd q 2 /k 2 , dont l’origine réside en fait dans l’électroneutralité du système. À l’inverse, ces deux singularités s’additionnent dans ΛZ et son comportement aux petits k est i Sd q 2 1 h 2 4 2 (VII.49) 1 + RZ (λ, k̂) k + O(k ) , ΛZ (k; λ) = 4ad k 2 où RZ2 (λ; k̂) = 2a2 (λ + 2j00 )/Sd I0 j0 + a2 Σ4 (k̂). Le comportement critique est lié aux singularités dans l’énergie libre. Nous allons montrer que lorsque les conditions (VII.41) et (VII.42) sont satisfaites et que l’ionicite I0 n’est pas trop grande, celles-ci apparaissent bien comme dans les systèmes à courte portée lorsque (a) λ = 0 et (b) pour k → 0. Tout d’abord, nous voulons que j00 soit positif, ce qui impose que I0 < Ii (d) où Ii (3) = 96/11π ' 2.78. Ensuite, nous voulons aussi que les interactions coulombiennes ne changent pas la convexité de Λ− à l’origine, cf. (VII.48), ce qui se traduit pas RN2 > 0 et implique I0 < Iii (d) où Iii (3) = 144R02 /πa2 . Quand cette dernière condition est remplie k = 0 est le seul minimum de Λ− dans le domaine B1 où le développement (VII.48) est valide. Notons alors B 0 le domaine fermé complémentaire de B1 . Pour une ionicité pas trop forte, aucun autre minimum local de Λ− ne peut rentrer en compétition avec le minimum en k = 0. En effet, en notant avec un indice 0 les valeurs correspondant au système où q = 0, on peut tout d’abord noter que la fonction continue Λ0− (k; λ) atteint forcément son minimum dans B 0 qui est donc, d’après la condition (VII.42), tel que δΛ0− ≡ min0 Λ0− (k; λ) − (λ̄ − j0 ) > 0, k∈B (VII.50) où la constante δΛ0− est par construction indépendante de q. Comme le potentiel coulombien est continu et borné dans l’intervalle fermé B 0 ne contenant pas l’origine, on en déduit que JbτCυ (k) = O(I0 ) et par voie de conséquence j00 = j0 + O(I0 ) et Λ− (k; λ) = Λ0− (k; λ) + O(I0 ). Ainsi, dans l’intervalle B 0 , nous pouvons vérifier que Λ− (k; λ) − λ > δΛ0− +O(I0 ) de telle sorte que pour une ionicité pas trop forte, que nous noterons I0 ≤ Iiii , la condition Λ− (k; λ) − λ > 0 est vérifiée dans le domaine B 0 . En conclusion, dès que I0 < Imax = inf(Ii , Iii , Iiii ), le minimum de Λ− (k; λ) est λ et est atteint seulement en k → 0. Ainsi, les singularités du problème, liée à l’annulation de Λ− puisque Λ− ≤ Λ+ , se manifesteront quand λ = 0. Cette conclusion signifie que le comportement critique est gouverné principalement par les interactions non-coulombiennes. En effet, les conditions (a) et (b) sont similaires à celles décrivant classiquement les modèles sphériques à courte portée, cf. e.g. [8]. Les interactions coulombiennes viennent juste renormaliser la condition localisant le point critique λ̄ = j00 = j0 + O(I0 ), et, comme noté précédemment, la singularité en 1/k 2 disparaît exactement du comportement critique. Ce résultat est différent des conclusions de l’approche de Smith [119]. Comme déjà remarqué, la principale différence est que dans cette dernière approche, la seule variable considérée est la densité de charge associée ici à la VII.2 Fluide chargé symétrique 103 valeur propre ΛZ . Dans ce dernier mode, la singularité en 1/k 2 est au contraire dominante et ne peut construire le comportement critique conformément au résultat de [119]. La condition sphérique (VII.46) peut alors se mettre sous la forme compacte 1 = kB T Jd (λ) + m̄2 avec m̄2 = h̄2 /4λ2 , (VII.51) où, quand I0 < Imax , la fonction Jd (λ) ≡ Jd (λ, λ† = 0) décroit de façon monotone avec λ et est bien définie pour λ ≥ 0. Quand h̄ 6= 0, le membre de droite de (VII.51) est donc continu pour λ > 0, décroissante avec λ et tendant vers +∞ et 0 en 0 et +∞. En conséquence, pour T ≥ 0, il existe toujours une et une seule solution de (VII.51) et le système ne présente pas de singularité. En revanche, quand h̄ = 0, la situation est plus complexe et dépend de la dimension d’espace. Si d < 2, l’intégrand de J− , cf. (VII.47), se comporte comme k d−1 dk/ (λ + j0 RN2 k 2 ), et l’intégrale diverge donc quand λ tend vers 0. Dans ce cas, la condition sphérique (VII.51) est à nouveau toujours vérifiée pour une valeur de λ non-nulle, et le système ne présente pas de singularité critique. En revanche, pour d > 2, Jd (λ = 0) est finie, et comme Jd est décroissante, on en déduit que la condition sphérique (VII.51) ne peut être satisfaite que pour T ≥ Tc où kB Tc = 1/Jd (0). (VII.52) Quand T = Tc , la solution de (VII.51) est λ = 0, tandis que pour T < Tc , λ reste identiquement à zéro mais la condition (VII.51) doit être modifiée. Au final, le point critique est donc localisé en (Tc , h̄ = 0) ou, de façon équivalente, en (Tc , m̄ = 0), ce qui correspond à des densités critiques ad ρ±,c = 1/2 VII.2.2 Voisinage du point critique Le voisinage du point critique est donc caractérisé par deux petits paramètres, h̄ (ou alternativement m̄) et la température réduite t ≡ (T − Tc )/Tc . (VII.53) Dans ce voisinage, le multiplicateur λ est aussi proche de zéro et, comme l’intégrand de J+ est bien défini et est une fonction continue de λ, J+ suit le développement de Taylor J+ (λ) = J+ (0) + O(λ). En revanche, l’intégrand de Λ− se comportant comme k d−1 dk/(λ + j0 RN2 k 2 ), son comportement pour λ faible exhibe la singularité habituelle du modèle sphérique, cf. [69], J− (λ) = J− (0)[1 − p̃λ1/γ + O(λ)], où γ est l’exposant critique quand d > 2 γ = max{2/(d − 2); 1} (VII.54) 1+1/γ et où l’amplitude p̃ est donnée par la relation universelle [14] p̃J− (0) (j0 RN2 /a2 ) = d d/2−1 1/2 π Γ(d/2) sin(π/γ). Au final, l’intégrale Jd intervenant dans la condition sphérique (VII.46) se développe selon Jd (λ) = Jd (0) 1 − pλ1/γ + O(λ) , (VII.55) avec un coefficient p positif. Le type de singularité en λ1/γ est indépendant du potentiel coulombien qui n’intervient à l’ordre λ que pour renormaliser les amplitudes Jd (0) et p. Les propriétés critiques habituelles des systèmes à courte portée que nous allons obtenir 104 Modèle sphérique ionique dans la suite découleront de la structure de ce développement. L’équation d’état est ainsi obtenue implicitement avec la condition sphérique (VII.51) couplée au lien h̄ = 2m̄λ. En faisant la différence entre (VII.51) prise pour λ petit et son expression au point critique, γ on obtient ainsi la valeur du multiplicateur λ = 12 A (t + m̄2 ) , avec des corrections d’ordre O [(t + m̄2 )γ−1 ], où A = 2p−γ (1 + t)−γ . On obtient ainsi l’équation d’état (VII.56) h̄ = A m̄ (t + m̄2 )γ 1 + O (t + m̄2 )γ−1 , qui est bien celle des modèles sphériques avec des interactions à courte portée [69] ! Ainsi, la classe d’universalité du modèle sphérique ionique est bien celle des systèmes à courte portée. Cette conclusion dans le cas d’un système symétrique avec été conjecturée par Stell [129], mais à la différence de ce travail, nous verrons que ce mécanisme est robuste et valide aussi dans le cas d’un système asymétrique. Il découle alors aussi naturellement de l’équation d’état précédente que les propriétés statistiques du fluide sont celles des fluides à courte portée. La susceptibilité, liée dans le langage diverge ainsi près du point critique comme des fluides à laγ compressibilité, + ∂ m̄/∂ h̄ T (T, h̄ = 0) ∼ 1/t quand t → 0 . La discontinuité du paramètre d’ordre m± = limh̄→0± m̄(h̄, T ) varie quant à elle selon m± ∼ ±tβ , avec l’exposant habituel du modèle sphérique β = 1/2. VII.2.3 Découplage des correlations Corrélation de densité Dans un système symétrique, où par définition λ† = ∆J † = 0, la décomposition (VII.30) est associée à un coefficient de couplage B = 1, d’après (VII.31). Ainsi, les corrélations de charge et de densité sont régies dans ce cas symétrique par deux modes propres ΛN et ΛZ aux comportements critiques différents, cf. (VII.48) et (VII.49). Ainsi, le mode associé aux corrélations de densité se comporte près du point critique comme 1/ΛN ≈ 1/(λ+j0 RN2 k 2 ). Au point critique où λ = 0, nous avons donc GN N (k; Tc , ρc ) ∼ 1/k 2 , (VII.57) qui est associé dans l’espace réel à une décroissance des corrélations de densité qui se comportent comme GN N (r)c ∼ 1/rd−2 quand |r| → ∞ caractérisant un exposant critique η = 0 comme dans le modèle sphérique à courte portée [69]. En dehors du point critique, pour λ 6= 0, le facteur de structure se comporte comme SN N (k; T, ρ)/SN N (0; T, ρ) = 1/[1 + k 2 ξN2 (T, ρ) + O(k 4 )], (VII.58) où la moyenne des fluctuations estp donnée par SN N (0; T, ρ) = kB T /4ad ρλ, et la longueur de corrélation, par ξN (T, ρ) = RN j0 /λ(T, ρ). Près du point critique, sur l’axe h̄ = 0 (i.e. pour ρ = ρc ), ces deux quantités divergent comme il se doit selon SN N (0; T, ρc ) ∼ 1/tγ et ξN (T, ρc ) ∼ 1/tν , (VII.59) où ν = γ/2. Il peut aussi être utile pour la comparaison avec les simulations, de définir les différents longueurs ξN,p du développement de Taylor X∞ SN N (k; T, ρ)/SN N (0; T, ρ) = 1 + (−1)p ξN2p,p (T, ρ)k 2p , (VII.60) p=1 VII.2 Fluide chargé symétrique 105 qui se comportent identiquement près du point critique comme ξN,p (T, ρ) ≈ lim ξN,p (T, ρ) ≈ ξN (T, ρ). p→∞ (VII.61) Enfin, nous pouvons aussi calculer ξN,∞ , la "vraie" longueur décrivant la décroissance exponentielle des corrélations de densité. Celle-ci est reliée à la singularité la plus proche de l’axe réel dans le plan complexe pour k, et on peut alors vérifier qu’elle se comporte elle aussi selon ξN,∞ ≈ ξN près du point critique. Corrélation de charge À l’inverse, les corrélations de charge sont uniquement déterminées dans un système symétrique par le mode 1/ΛZ . Son comportement aux petits k est alors exempt des singularités critiques, et d’après (VII.49), il est donné par SZZ (k; T, ρ) = kB T k2 , Sd q 2 ρ 1 + k 2 RZ2 (T, ρ, k̂) + O(k 4 ) (VII.62) où le terme O(k 4 ) ne contient que des puissances paires de k 2 . La première conséquence de ce résultat est que le fluide satisfait la règle de somme associée à l’électroneutralité et l’écran interne [87], SZZ (k = 0; T, ρ) = 0, (VII.63) dans tout l’espace des phases. En outre, la structure de (VII.62) implique que SZZ (r) est une fonction à courte portée variant sur la longueur d’écran RZ , cf. (VII.49). Cette longueur est en fait comparable en ordre de grandeur avec la longueur d’écran de Debye ξD , cf. (V.1), avec notamment, au point critique, RZ2 (Tc , ρc ; k̂) ≈ 8j0 Jd (0)ξD2 . De même, dans la limite de faible densité où λ est grand et Jd ≈ 1/2λ, la contrainte sphérique (VII.51) implique λ ≈ kB T /4ρad , de telle sorte que l’on a exactement RZ (T, ρ, k̂) ≈ ξD (T, ρ) dans cette limite, en accord avec le résultat de Brydges et Federbush à faible couplage [30]. Enfin, il est aussi possible de montrer que le comportement aux grandes distances de SZZ est fonction de la longueur caractéristique ξZ,∞ dont le comportement est ξZ,∞ (T, ρ, k̂) = RZ (T, ρ, k̂) [1 + O(I02 )], et qui reste donc finie près et au point critique. L’information sur les corrélations de charge est aussi contenue dans le développement de Taylor près de l’origine X∞ SZZ (k; T, ρ) = (−1)p−1 ξZ2p,p (T, ρ, k̂)k 2p . (VII.64) p=1 Au premier ordre, (VII.62) implique aussi bien près que au point critique, que ξZ,1 (T, ρ) = ξD (T, ρ), (VII.65) ce qui n’est rien d’autre que la règle de somme de Stillinger-Lovett [130]. Cette règle conditionne l’effet d’écran externe [87] et caractérise le côté conducteur du fluide. Une généralisation de cette règle pour un fluide sur réseau est présentée dans l’appendice VII.4. La validité de cette condition est ici une conséquence importante de la symétrie particulière du modèle et du découplage qui en découle entre les corrélations de charge et de densité. Nous verrons dans la suite qu’elle n’est effectivement plus vérifiée dès que 106 Modèle sphérique ionique l’asymétrie parfaite du système est brisée. Pour conclure, les moments d’ordre supérieurs 2(p−1) 1/2 1/2 [1 + O(I0 )], de telle sorte que lim ξZ,p est encore vérifient ξZ,2 = ξD RZ , et ξZ2p,p = ξD2 RZ p→∞ RZ [1 + O(I0 )]. Tous les moments du facteur de structure de charge restent donc bien finis près du point critique quand le système est symétrique et sont caractérisés par la longueur RZ qui est du même ordre de grandeur que la longueur d’écran de Debye. Nous verrons dans la suite les changements significatifs qu’introduit l’asymétrie. VII.3 Fluide chargé asymétrique Nous allons nous intéresser dans ce chapitre au cas des systèmes asymétriques. Nous allons voir que si la symétrie est un outil puissant de simplification, elle peut se révéler être une chimère séduisante qui cache certaines réalités. En effet, si la symétrie nous a permis dans le chapitre précédent de grandement simplifier nos calculs, sa brisure va non seulement compliquer certaines formules mais va surtout qualitativement changer les propriétés du système. VII.3.1 Comportement critique Nous considérons un système où les interactions à courte portée ne sont pas symé0 0 , tandis que les charges vérifient toujours q+ = −q− . Si l’électroneu6= J−− trique, i.e. J++ tralité impose toujours m† = 0, le multiplicateur λ† ne s’annule plus a priori d’après la condition (VII.27) qui se réduit ici à Z Z ∆J † (k) 1 † λ =− . (VII.66) k Λ− Λ+ (k; λ) k Λ− Λ+ (k; λ) L’équation d’état est alors toujours définie implicitement par les liens h̄ = 2m̄λ et h† = 2m̄λ† . Aux petits k, les modes propres ont des comportements qualitativement équivalents au cas symétrique du fait de l’annulation de la singularité coulombienne en 1/k 2 pour ΛN et, à l’inverse, de son côté dominant pour ΛZ . On trouve ainsi que ΛN et ΛZ suivent les mêmes comportements qu’en (VII.48) et (VII.49), mais où RN dépend maintenant 2 explicitement de λ comme RN2 (λ) = R02 − Sd a2 I0 /576 − 2a2 λ† /j02 Sd I0 , avec la longueur associée aux interactions à courte portée R02 définie comme pour (VII.48). Pour quantifier l’asymétrie, nous introduisons le paramètre δJ donné par δJ = max |∆J † (k)|/j0 , k∈B (VII.67) qui est aussi une mesure du multiplicateur λ† puisque, Λ− Λ+ étant positif, la condition (VII.66) assure la borne |λ† | ≤ j0 δJ . Il est alors possible de montrer que pour des asymétries et ionicités bornées, les singularités du modèle se manifestent à nouveau (a) quand λ = 0 et (b) en k = 0. Tout d’abord, nous imposons le fait que les interactions sont suffisamment attractives pour que j00 > 0, ce qui impose I0 < Ii (d), comme dans le cas symétrique. Ensuite, nous voulons que le développement aux petits k de ΛN soit effectivement minimum en 0, ce qui se traduit par RN2 > 0 et réduit l’espace des paramètres à l’intérieur de l’ellipsoïde défini par 1 2 2 2 1 2 πI − R /a + 72 δJ < R04 /a4 . (VII.68) 0 0 72 VII.3 Fluide chargé asymétrique 107 Enfin, pour le domaine fermé complémentaire du domaine de validité du développement, nous supposons tout d’abord que l’ionicité vérifie les conditions du paragraphe VII.2.1, qui se résument par I0 < Imax . Nous comparons donc le système asymétrique au système symétrique associé, désigné par l’exposant SY M , qui a la même interaction moyenne ∆J¯ et J+− , mais telle que ∆J † = 0. La satisfaction de la condition I0 < Imax nous assure que le minimum de ΛSYM B est bien 0 et n’est atteint qu’en k = 0. − (k; λ) − λ dans SYM 0 (k; λ) − λ est bien atteint en un certain vecteur de B 0 et en = min Λ Ainsi, δΛSYM k∈B − − conséquence, est strictement positif et indépendant de l’asymétrie par construction. On peut alors décomposer Λ− selon h i 1 b Λ− (k; λ) − λ = ΛSYM (k; λ) − λ − D(k; λ) − | J (k)| , +− − 2 (VII.69) p où D est défini en (VII.22). Grâce à l’inégalité x2 + y 2 ≤ |x| + |y|, le second terme de cette décomposition est plus petit que 2j0 δJ , de telle sorte que, pour δJ < δΛSYM − /2j0 , on ait bien Λ− (k; λ) − λ strictement positif dans B 0 . Au final, les singularités du système apparaissent bien selon les conditions (a) et (b) qui sont bien vérifiées pour I0 < Imax , δJ < δΛSYM − /2j0 et avec (VII.68). Pour aller plus loin dans l’analyse λ† R des propriétés critiques, nous devons destimer donné en (VII.66). L’intégrand de k 1/Λ− Λ+ (k; λ) se comporte comme d k k 2 /[λ + O(k 2 )], de telle sorte que cette intégrale est bien définie quand λ s’annule, ainsi que ses dérivées par rapport à λ et λ† . Les mêmes conclusions s’imposent à l’intégrale R ∆J † (k)/Λ− Λ+ (k; λ). Notons λ†c la valeur critique de λ† et J†d (λ, λ† ) le second membre k de (VII.66). Les dérivées de J†d par rapport à λ et λ† sont continues pour λ ≥ 0. En outre, pour δJ borné, ∂(λ† − J†d )/∂λ† |λ 6= 0 quand λ = 0 et λ† = λ†c . Grâce au théorème des fonctions implicites, on en déduit que pour δJ borné, la solution λ† de (VII.66) est une fonction C 1 de λ, i.e. λ† = λ†c + O(λ). Dans la suite, nous n’étudierons que les systèmes "totalement" asymétriques dans le sens où λ†c 6= 0. Cette condition est vérifiée quand par exemple les interactions entre espèces ont des amplitudes différentes, ou encore quand † ∆J a un signe constant dans toute la zone de Brillouin. L’annulation de l’intégrale R † ∆J (k)/Λ− Λ+ (k; λ) ne peut être qu’accidentelle et invalidée par des perturbations k même minimes des potentiels, et nous ne nous intéresserons qu’au cas général ou celle-ci ne s’annule pas. Si les considérations précédentes assurent que la solution λ† de (VII.66), bien que non nulle, ait un comportement régulier en fonction de λ, le comportement de λ reste donné par la condition (VII.51), avec l’intégrale singulière Jd (λ) défini en (VII.47). Notons Jd (λ) la fonction Jd [λ, λ† (λ)] où λ† est la solution implicite de (VII.66) fonction de λ. Comme le comportement de Λ− et Λ+ aux petits k est similaire entre les cas asymétrique et symétrique, on peut conclure que Jd suit aussi le développement (VII.55) dans le cas asymétrique. On peut aussi montrer que Jd (λ) est une fonction continue pour λ ≥ 0, finie en λ = 0. Enfin, sa décroissance nécessite une borne supplémentaire sur l’anisotropie. Notons λm la borne qui assure la validité de (VII.55) pour 0 ≤ λ ≤ λm , et donc la décroissance de Jd (λ) dans cet intervalle. Pour λ ≥ λm , notons Λm le minimum de Λ− (k; λ) qui est strictement positif d’après les hypothèses faites. Comme λ† est une 108 Modèle sphérique ionique fonction C 1 de λ, que dλ† /dλ est une fonction bornée pour λ ≥ λm > 0, et que Z − † ¯ 1 1 4[λ̄ + ∆J(k)][λ + ∆J † (k)] dλ† /dλ , − + Λ+ (k; λ)2 Λ− (k; λ)2 [Λ− Λ+ (k; λ)]2 k (VII.70) on peut alors montrer que pour une asymétrie bornée, i.e. pour une asymétrie vérifiant δJ ≤ Λm /8j0 maxλ≥λm {|dλ† /dλ|}, la fonction Jd (λ) décroit aussi pour λ ≥ λm . Avec ces ingrédients, nous pouvons établir que le système obéit à la classe d’universalité habituelle du modèle sphérique. En effet, la condition sphérique (VII.51) et la décroissance de Jd (λ), assurent que pour d< < d < d> avec d< = 12 d> = 2 : (i) le modèle ne présente pas de singularité pour h̄ 6= 0 et T > 0, et (ii) le modèle est bien singulier sur l’axe h̄ = 0 associé à m̄c = 0, quand T ≤ Tc où Tc est donnée par (VII.52). Il est intéressant d’estimer la dépendance de la température critique en l’asymétrie. En comparant le ¯ on peut modèle au modèle symétrique équivalent avec la même interaction moyenne ∆J, déjà noter que Tc ≤ TcSYM . Plus précisément, quand ∆J † (k; δJ ) = δJ ∆J˜† (k), on obtient alors que la température critique est une fonction décroissante de l’asymétrie dont le développement à petits δJ est dJd (λ) = dλ 1 4 Tc = TcSYM 1 − sδJ2 + o(δJ2 ) , (VII.71) avec s une constante positive. Cette décroissance avec l’asymétrie est conforme avec des simulations récentes sur des modèles d’électrolytes avec cœurs durs [114], mais contredit les résultats de certaines approches théoriques [60, 109]. L’équation d’état du système est contenue dans les conditions sphériques (VII.51) et (VII.66), et par le lien entre les champs h et leurs variables conjuguées m. La condition (VII.66) peut être résolue implicitement, donnant λ† comme une fonction de λ de telle sorte que la condition restante (VII.51) a la même structure que dans le cas symétrique si l’on considère Jd (λ) comme une fonction de λ, Jd (λ) = Jd [λ, λ† (λ)]. Avec toutes les conditions précédentes, cette dernière fonction présente alors le même comportement pour les petits λ que dans le cas symétrique, et le fluide obéit en conséquence à la même équation d’état (VII.56) que dans le cas symétrique, elle-même similaire au cas des systèmes à courte portée. Notons que pour définir totalement les paramètres du système, cette équation doit être complétée par celle concernant la différence des champs h† = 2m̄λ†c . La transition de phase pour T < Tc est donc localisée en m̄2 = −t et m† = 0, ou 2 2 alternativement sur la parabole (h̄ = 0, h† = 4λ†c |t|, t). La validité de l’équation d’état (VII.56) par un fluide chargé asymétrique, montre que le système suit les mêmes exposants critiques β, γ, etc., que ceux d’un fluide à courte portée. La classe d’universalité du système n’est donc pas affectée par la présence des interactions coulombiennes et reste déterminée par les interactions à courte portée. L’origine de cette propriété réside dans l’annulation de la singularité coulombienne en 1/k 2 de la valeur propre ΛN du fait de l’électroneutralité que le système soit symétrique ou non. Néanmoins, la transition de phase concerne essentiellement la variable densité de matière et le comportement critique, les fluctuations de densité. Nous allons voir dans le chapitre suivant les différences qui apparaissent quand on s’intéresse à la densité de charge. VII.3 Fluide chargé asymétrique VII.3.2 109 Infection entre corrélations La décomposition des corrélations sur les deux modes propres ΛN et ΛZ (VII.30a) et (VII.30b) implique dans le cas asymétrique un couplage entre les corrélations de charge et de densité. En effet, l’amplitude de mélange B se comporte aux petits k comme 2 B(k; λ) = 1 − (16λ† /vd2 q 4 ) k 4 + O(k 6 ), (VII.72) de telle sorte que 1 − B est a priori non nul et couple SN N et SZZ . En ce qui concerne les corrélations de densité, c’est toujours le terme B/ΛN qui présente une singularité près du point critique et on obtient quand λ 6= 0, un développement similaire à (VII.58) avec des termes correctifs supplémentaires d’ordre O(k 4 ) en plus de la fraction présente dans le second membre de (VII.58). On vérifie aussi que SN N (0; T, ρ) = kB T /4ρad λ diverge p bien comme 1/tγ près du point critique, tandis que la longueur de corrélation ξN = RN j0 /λ diverge en 1/tν où ν = γ/2 est l’exposant habituel du modèle sphérique. Comme la structure de cette corrélation est similaire au cas symétrique, avec des corrections d’ordre k4 dues à l’asymétrie mais qui ne sont pas dominantes, on peut aussi montrer que ξN,1 = ξN , et que ξN,p , limp→∞ ξN,p ainsi que ξN,∞ se comportent près du point critique comme ξN , cf. Tableau VII.1. Les corrélations de densité sont donc essentiellement similaires au cas symétrique. En ce qui concerne les corrélations de charge, le développement de Taylor de SZZ en puissances de k 2 (VII.64) est toujours à l’œuvre, mais le premier moment ξZ,1 marque une différence de taille. Il vérifie la règle de somme de Stillinger-Lovett ξZ,1 = ξD , seulement en dehors du point critique. Comme 1−B ∼ k 4 , mais que 1/ΛN ∼ 1/k 2 du fait des fluctuations de densité au point critique, la contribution (1 − B)/ΛN dans SZZ contribue à l’ordre k 2 au point critique et vient polluer le premier moment comme h i 2 1/2 ξZ,1 (Tc , ρc ) = ξD,c 1 + wc2 λ†c , où w2 = 2a2 /Sd I0 j02 RN2 , (VII.73) de telle sorte que ξZ ,1,c 6= ξD,c . Ainsi, la règle de somme de Stillinger-Lovett, caractéristique de l’effet d’écran du fluide, est-elle brisée au point critique du fait du couplage dans un système asymétrique entre les fluctuations de charge et les fluctuations critiques de densité, indiquant que le fluide n’est plus dans un état conducteur. Les singularités présentes dans les corrélations de densité viennent donc infecter celles de charge. D’autres singularités apparaissent ainsi sur les moment d’ordre supérieur. Le moment d’ordre deux 2 qui est donné en dehors du point critique par ξZ4,2 = −ξD2 (w2 λ† ξN2 − RZ2 ), diverge près du point critique sur l’axe h̄ = h† = 0 selon ξZ,2 (T, ρc ) ∼ 1/tν/2 , (VII.74) et constitue donc une nouvelle longueur dans le problème qui diverge moins rapidement que ξN , tout en restant bien définie précisément au point critique. Notons aussi le changement de signe de ξZ4,2 qui tend vers −∞ près de la singularité critique, mais qui est positif dans la limite de faible densité. Tout comme ξZ,2 , les autres moments divergent aussi près du point critique selon 2 2(p−1) ξZ2p,p (T, ρ) ≈ −w2 λ† ξD2 ξN (T, ρ), (VII.75) 110 Modèle sphérique ionique Tab. VII.1 – Longueurs caractéristiques des corrélations près du point critique. Le symbole ≈ désigne la limite (T, ρ) → (Tc , ρc ). La longueur de corrélation de densité ξN diverge comme 1/tν , tandis que RZ reste fini et de l’ordre de la longueur d’écran de Debye. SZZ Fluide symétrique ξZ,1 ξD ξZ4,2 ξD2 RZ2 ξZ2p,p ξD2 RZ ξZ,∞ RZ [1 + O(I02 )] 2(p−1) Fluide asymétrique • ξD en dehors de (Tc , ρc ) • > ξD,c en (Tc , ρc ) 2 −ξD2 w2 λ† ξN2 − RZ2 2 2(p−1) [1 + O(I0 )] ≈ −w2 λ† ξD2 ξN ≈ ξN 2p b et, en redéfinissant ξbZ2p ,p = −ξZ,p , on a aussi lim ξZ ,p ≈ ξN . Enfin, la "vraie" longueur p→∞ de décroissance des corrélations de charge, caractérisant la décroissance exponentielle et donnée par la singularité la plus proche de l’axe réel dans le plan k complexe, est donnée par la même singularité que celle des corrélations de densité, et on obtient ainsi le même comportement ξZ,∞ (T, ρ) ≈ ξN (T, ρ) près du point critique. En plus de la violation de la règle de somme de l’effet d’écran, ceci est une manifestation cruciale de l’asymétrie : elle force les corrélations de charge à contenir les mêmes sources de singularité que celles des corrélations de densité et à manifester la même divergence de leur longueur caractéristique près du point critique. Les fluctuations critiques de densité viennent donc infecter les corrélations de charges et les nuages d’écran sont amenés à fluctuer en partie sur la longueur caractéristique des corrélations de densité, qui diverge, cf. VII.1. Précisément au point critique, les corrélations de charge restent néanmoins toujours à décroissance exponentielle, du fait d’un effet d’écran partiel, même si la règle de Stillinger-Lovett n’est pas satisfaite. La structure des corrélations de charge peut au final se mettre en dehors du point critique sous la forme GZZ (r) ≈ c ξD2 e−r/ξZ ξD4 e−r/ξN − , RN2 ξN4 r RZ4 r (VII.76) en dimensions trois avec une constante c, tandis que seul le second terme survit au point critique. Le premier terme qui varie sur la longueur ξN a néanmoins une amplitude qui s’amenuise comme ξN−4 ∼ t4ν de telle sorte que la règle de Stillinger-Lovett reste vérifiée en dehors du point critique. VII.4 Appendice : Règles de somme sur grand écran L’appellation de fluide coulombien désigne les fluides de charges comme des ions en solutions, les particules chargées d’un plasma, les électrons et les trous dans un semiconducteur, et concerne donc des domaines aussi variés que l’électronique, la physique des systèmes biologiques ou l’astrophysique. L’interaction qui régit ces systèmes est l’interaction électromagnétique à l’origine des caractéristiques si particulières de ces fluides comparées à celles des fluides non chargés. VII.4 Appendice : Règles de somme sur grand écran 111 En premier lieu, la stabilité d’un fluide coulombien est une question épineuse. L’interaction entre deux charges étant en e e0 /r avec e e0 le produit des charges et r leur distance, la fusion des charges de signe opposé présente un premier problème. La dynamique quantique des particules prévient l’effondrement du système hydrogénoïde, mais pour un fluide de charges, la stabilité de la matière relativement à son effondrement a été prouvée rigoureusement quand au moins toutes les espèces d’un même signe de charge donné sont fermioniques par Dyson et Lenard [47]. La deuxième difficulté réside dans la longue portée de l’interaction coulombienne qui repousse les particules de même charge et questionne donc l’existence de la limite thermodynamique. Celle-ci a néanmoins été prouvée par Lieb et Lebowitz [83] dans une démonstration où la cheville ouvrière est en fait l’effet d’écran qui pousse les systèmes coulombiens à se comporter comme s’ils étaient régis par une interaction à courte portée. L’effet d’écran se manifeste macroscopiquement par la condition d’un champ électrique nul dans un fluide de charge à l’équilibre, en dehors potentiellement du voisinage des frontières du système. Microscopiquement, la description en champ moyen de type Debye-Hückel [46] montre qu’une charge donnée s’entoure d’un nuage de polarisation de charge globalement opposée qui réduit le potentiel effectif créé par la charge initiale. Dans le cas classique, cette réduction se révèle être exponentielle, introduisant la longueur d’écran comme longueur caractéristique, ce qui a été démontré dans la limite de faible densité ou de haute température [30]. L’écran quantique se révèle être moins puissant et l’écran exponentiel détruit par les fluctuations quantiques de position. Dans un système de charges quantiques en volume, les corrélations entre particules ne décroissent alors qu’algébraïquement, en 1/r6 [2, 42]. Mais dans le cas classique comme dans le cas quantique, à l’origine de cet effet se trouvent les interactions coulombiennes en tant que solutions de l’équation de Poisson, tandis que les autres potentiels à longue portée non intégrables, en 1/rσ avec 0 < σ < d et d la dimension du système, ne construisent qu’un écran algébrique dans le cas classique [1]. Cette propriété est ainsi à la source de règles de somme que vérifient généralement les propriétés statistiques des systèmes coulombiens et dont nous verrons quelles informations on peut en tirer. Si l’effet d’écran atténue la portée effective des interactions, l’existence de la limite thermodynamique et l’équivalence entre les ensembles statistiques supposent que le fluide rejette un éventuel excès de charge aux frontières du système, réalisant la condition d’électroneutralité en volume [83]. Ainsi, l’équilibre suppose que seules peuvent exister des densités de charge non nulles au voisinage immédiat des frontières d’un fluide coulombien, dans ce que l’on dénomme les "doubles couches" sans présupposition sur la structure effective de la densité de charge. Électroneutralité La condition de stabilité d’un fluide coulombien suppose que l’électroneutralité en volume soit satisfaite X eα ρBα = 0, (VII.77) α où eα désigne la charge de l’espèce α et ρBα sa densité en volume. Néanmoins une densité de charge non-nulle peut apparaître à la frontière du système. Notons D le domaine qui contient les charges, δD sa frontière et QδD la charge extérieure qui peut être présente sur la frontière du système (densité de charge imposée sur la paroi ou charge imposée par une 112 Modèle sphérique ionique différence de potentiel par un générateur extérieur). Dans l’ensemble grand-canonique, où l’on est amené à sommer sur toutes les configurations possibles, certaines non-neutres sont à considérer. Néanmoins, dans la limite thermodynamique, celles qui ne vérifieront pas l’électroneutralité globale auront un poids qui sera minime par rapport aux configurations neutres [65]. On s’attend donc à ce que le fluide vérifie l’électroneutralité globale [87], Z X QδD + dr eα ρα (r) = 0, (VII.78) D α où ρα (r) est la densité locale. Dans le cas où la paroi est diélectrique et non chargée, QδD = 0 et disparaît dans (VII.78). Dans le cas inverse où la paroi est conductrice, aucune conclusion ne peut être tirée quant à la charge QδD . En effet, un fluide non symétrique (pour lequel il n’y a pas de symétrie de charge e → −e) peut induire des charges à la surface du conducteur et charger celui-ci par influence. Un exemple d’un tel chargement est donné dans [4]. La composition du fluide et sa symétrie de charge joue donc un rôle non trivial sur la charge totale du fluide. Écran interne Nous distinguons dans l’effet d’écran, celui concernant les charges du fluide de celui concernant des charges extérieures. Le premier effet concerne une charge eα du fluide que l’on situe à l’origine. Cette charge s’entoure d’un nuage de charges et l’effet d’écran interne précise que ce nuage porte une charge exactement opposée à la charge qui l’enR gendre, ce qui se traduit par dr cnuage (r; 0) = −eα . Dans cette formule, cnuage représente la densité de charge induite par la présence de la particule en r = 0, cnuage (r; 0) = P (2) T (2) T où ρα γ est la fonction de corrélation tronquée α eγ ρα γ (r, 0)/ρα , P (2) T 0 ρα γ (r, r ) = h i6=j δαi ,α δαj ,γ δ(ri −r)δ(rj −r 0 )i−ρα (r)ργ (r 0 ). En définissant le facteur de structure de charge ScP (r, r 0 ) = hĈ(r)Ĉ(r 0 )i − hĈ(r)ihĈ(r 0 )i, où la densité microscopique de charges est Ĉ(r) = i eαi δ(r − ri ), la condition d’écran interne s’écrit alors comme Z dr 0 Sc (r, r 0 ) = 0. (VII.79) Écran externe et règle de Stillinger-Lovett La règle de somme de Stillinger-Lovett [130] distingue les fluides chargés conducteurs selon leur capacité à opposer un effet d’écran à une charge extérieure. On peut se reporter à la revue de Martin [87] pour une présentation de cette règle basée sur le formalisme de la hiérarchie BGY. Nous présentons dans cet appendice une extension de cette règle au cas d’un fluide sur réseau, que nous dériverons dans le cadre de la réponse linéaire. Tout d’abord, donnons sa formulation dans le cas d’un fluide dans un espace continu. La règle d’écran externe concerne une situation où l’on place une charge extérieure e0 en r0 dans le fluide et où l’on regarde la réponse de ce dernier à la charge extérieure. L’écran externe sera satisfait si la charge dans le fluide par la charge externe R induite compense exactement la charge source, dr hĈ(r)ie0 − hĈ(r)i = −e0 , où Ĉ(r)e0 et Ĉ(r) représentent la densité de charge en présence ou non de la charge externe. L’énergie potentielle du fluide en présence de la charge externe représente la somme des potentiels VII.4 Appendice : Règles de somme sur grand écran 113 R coulombiens e0 dr Ĉ(r)/|r −r0 |. La réponse linéaire à cette énergie nous permet d’écrire R 1 la différence hĈ(r)ie0 −hĈ(r)i sous la forme −βe0 dr 0 |r0 −r hĈ(r)Ĉ(r 0 )iT avec le produit 0| tronqué hABiT = hABi − hAihBi, ce qui nous permet de réécrire la condition d’écran externe sous la forme de la règle de somme de Carnie et Chan [34] pour un système inhomogène Z Z 1 0 β dr dr Sc (r, r 0 ) = 1, (VII.80) |r − r0 | qui est la généralisation au cas inhomogène de la règle de somme de Stillinger-Lovett traduisant l’écran externe [130]. Considérons désormais un fluide sur réseau comme celui que nous avons considéré dans notre modèle sphérique. Nous introduisons une densité de charge extérieure δρext sur un sous-réseau, par exemple +, que nous décomposons en Z ext (VII.81) δρ (R+ ) = eik.R+ δρext (k), k où la transformée de Fourier est associé au réseau de référence, équivalent à chacun des sous-réseaux associés à chacune des espèces. Le potentiel électrostatique créé par cette charge extérieure sur un réseau τ est obtenu par l’équation de Poisson ext C δφext (k) ϕ b+τ (k), τ (k) = δρ (VII.82) où le potentiel coulombien est donné par (VII.36). D’après la réponse linéaire, cette charge externe induit une densité de charge sur le réseau τ X qυ δφext (VII.83) ∆ρτ (k) = −β υ (k)Gτ υ (k; λ), υ de telle sorte que la densité de charge induite est X ∆ρZ (k) = −β qτ qυ δφext υ (k) Gτ υ (k; λ). (VII.84) τ,υ Dans un fluide conducteur, cette charge induite doit exactement compenser la charge extérieure, et la condition traduisant l’écran extérieur est donc lim ∆ρZ (k) + δρext (k) = 0. (VII.85) k→0 En combinant (VII.82), (VII.84) et (VII.85), on obtient la règle de Stillinger-Lovett sur le second moment des corrélations de charge X vd (VII.86) lim β qτ qυ Gτ υ (k; λ) 2 = 1, τ,υ k→0 k où vd /k 2 est la singularité du potentiel coulombien à l’origine. Cette condition implique donc que le moment ξZ,1 de SZZ (k), cf. (VII.64), doit être exactement égal à la longueur d’écran de Debye ξD donnée en (V.1), pour que l’effet d’écran soit parfait et que le fluide soit conducteur. 114 Modèle sphérique ionique Chapitre VIII Articles VIII.1 Ionic Criticality : An Exactly Soluble Model Jean-Noël Aqua et Michael E. Fisher, Physical Review Letters Vol. 92, 135702 (2004) 115 week ending 2 APRIL 2004 PHYSICA L R EVIEW LET T ERS VOLUME 92, N UMBER 13 Ionic Criticality: An Exactly Soluble Model Jean-Noël Aqua and Michael E. Fisher Institute for Physical Science and Technology, University of Maryland, College Park, Maryland 20742, USA (Received 20 November 2003; published 2 April 2004) Gas-liquid criticality in ionic fluids is studied in exactly soluble spherical models that use interlaced sublattices to represent hard-core multicomponent systems. Short-range attractions in the uncharged fluid drive criticality, but charged ions do not alter the universality class. Debye screening remains exponential at criticality in fully ion-symmetric 1:1 models. However, ionic asymmetry couples charge and density fluctuations in a direct manner: The charge correlation length then diverges precisely as the density correlation length and the Stillinger-Lovett rule is violated at criticality. DOI: 10.1103/PhysRevLett.92.135702 PACS numbers: 64.70.Fx, 05.50.+q, 61.20.Qg, 64.60.Fr The nature of gas-liquid (or, more generally, fluid-fluid) criticality in systems in which long-range ionic interactions play a significant role has been a focus of attention since still-puzzling experiments questioned the appropriate universality class [1]. Beyond further experiments [1], numerous theoretical [2 –5] and computational [6] studies have been reported; however, basic questions remain open. Certainly, the character of criticality depends on the range of the interactions: One expects an Ising critical point in a fluid with short-range couplings but mean-field behavior for interactions of sufficiently long range. So, might the introduction of ions interacting via long-range Coulomb forces destroy an Ising-type critical point? Coulomb interactions are exponentially screened in a conducting classical fluid, as proved rigorously at low densities [7]. Charge fluctuations in a fluid of S species of charges q and valences z q =q (where q is an elementary charge) thus decay over a few Debye screening lengths D , where X 2 z22 q2 =kB T; z22 z2 x ; (1) D T; 4 P in which is the overall density while the mole fractions are x =. But does exponential screening on this scale hold near and at criticality? Indeed, a major open issue is the behavior of the pair charge correlations near the critical point, where the density fluctuations diverge strongly. With G r h 0 ri ; (2) the correlation functions, GNN , GZZ , and GNZ for the density, charge, and charge-density, are [4] X GXY r; T; q#X q# Y G r; T; ; (3) ; where X and Y may be N or Z while #N 0 and #Z 1. Except at the critical point Tc ; c itself, we may suppose that the corresponding structure factor SNN has the small k jkj expansion X 2p SNN k=SNN 0 1 p 2p (4) N;p T; k : p1 135702-1 0031-9007=04=92(13)=135702(4)$22.50 Near criticality, SNN 0; T; c diverges as 1=t when t T Tc =Tc ! 0 , while the length N;1 characterizing the exponential decay of GNN r; T; c diverges as 0N =t (where short-range forces have been assumed). At criticality, density fluctuations are long ranged and SNN k; Tc ; c 1=k2 . By contrast, the charge structure factor should obey " # X 2p SZZ k z22 0 2Z;1 k2 p Z;p k2p ; (5) p2 where the first vanishing term results from electroneutrality reflecting the internal screening in an ionic fluid, while the Stillinger-Lovett (SL) sum rule [4,8,9] Z;1 T; D T; (6) characterizes the screening of external charges. Does this hold near and at criticality? Finally, we focus also on the charge correlation length Z;1 T; that specifies the exponential decay of GZZ r when r ! 1. How does Z;1 vary when N;1 diverges near criticality? To obtain insight into these questions, we study multicomponent lattice gas generalizations of the spherical model [10 –12] specifically designed to represent hardcore interactions and thus avoid the mutual ‘‘annihilation’’ of oppositely charged ions on the same site. This crucial feature, which (in contrast to [11]) allows gasliquid criticality to survive in the presence of Coulomb interactions, is accomplished by using a set of equivalent interlacing sublattices (with sites i at Ri with spacing a), one for each of the 1; 2; . . . ; S distinct particle species [13]. Thereby unlike charges cannot approach closer than an effective hard-core diameter a0 ; see, e.g., Fig. 1. To specify the models more fully, consider a multicomponent grand canonical lattice gas with site occupancy variables ni 0; 1; this is equivalent to an Ising magnet with spins si 2ni 1 1, subject to fields h (linearly related to the chemical potentials # ). For attractive interparticle potentials, the corresponding spin-spin couplings J R, at lattice separations R, are positive. We decompose these couplings as 2004 The American Physical Society 116 135702-1 VOLUME 92, N UMBER 13 week ending 2 APRIL 2004 PHYSICA L R EVIEW LET T ERS the spins si as unbounded continuous variables subject only to S spherical constraints, hs2 i 1, enforced with the aid of S Lagrange multipliers which, for later convenience, we write as , 12 J^ 0. In full generality, the singular part of the total free energy fT; h; T; h in the thermodynamic limit is then [14] Z fs T; 12kB T lnfDetk; =kB TS g; (13) J++ J− − a J+− R k R where k a=2 k2B dd k, h h , and , , while the S S matrix has elements FIG. 1.pInterlaced and simple cubic sublattices with a0 12 3a. d , J k+ 121 + J^ k: (14) The field-dependent contribution to the free energy is 0 J R J R 14q q ’C R; 0 R represents short-range or, more generally, where J integrable interparticle interactions which we suppose suffice to drive gas-liquid criticality (even if the charges q vanish). We take the d-dimensional Coulomb potential ’C R 1=Rd2 (d > 2) as the solution of an appropriate discrete Laplace equation [14] (with, for convenience, a uniform P neutralizing background so that electroneutrality, x q 0, must be imposed). Fourier transforms J^ k are defined by summing over one sublattice, with Brillouin zone B, and it is useful to introduce J k 12J^ 0 J^ k: (8) To model a simple 1:1 electrolyte one needs only S 2 components, say, and with q q. We may then identify basic energy and range scales, j0 and R0 , via J^ 0 0 kB T0 2j0 > 0; (10) as k ! 0. Now, if J R J R, the model is fully ion symmetric [as is the well known continuum restricted primitive model (RPM) [1–3,6]]. A suitable ionic asymmetry parameter is then [14] +J maxjJ k J kj=kB T0 ; k2B I 0 q2 =ad2 kB T0 : (12) Of course, even this basic ionic model is insoluble for d 2. Accordingly, in the standard way [10 –12], we ‘‘sphericalize’’ these multicomponent models by taking X k; , Jk #X Dk; ; (16) D 2 k; ,y Jy k2 14J^2 k; (17) with where, for each variable g , g , g , etc., we have introduced the mean g 12 g g and difference gy 12 g g , while the square root is chosen so that D0; > 0 and X k is analytic. A pivotal result now transpires [14], namely, the linear decomposition of the structure factors via SXY k; BN BZXY k; XY k; ; N k; Z k; kB T=4ad (11) which might, e.g., be used to represent distinct ionic sizes, a and a [6(a)]. As the simplest ‘‘basic ionic model’’ it 0 suffices to take only nearest-neighbor couplings, J >0 0 0 d1 0 and J J ; then one has j0 2 J and +J 0 0 djJ j=2d2 jJ j. Finally, as a dimensionless measure of the relative strength of the Coulomb interactions, it is helpful to introduce the ionicity [15] with h 20; m; (15) where m m and m hs i 2hn i 1 so that 12 max 1 m . Finally, the Lagrange multipliers T; h are determined implicitly via the S spherical constraints hs2 i @f=@, 1. These results are valid while the eigenvalues of remain positive; the vanishing of any one of them signals a thermodynamic singularity. For brevity hereon we focus on the two-species, 1:1 case (with q q), the and ions residing on one of two hypercubic sublattices displaced by 1 2 a; a; ; a; see Fig. 1 for d 3. The eigenvalues of , to be called Z and N for reasons soon to be evident, are then simply the and roots of the quadratic equation j xIj 0, (9) and, assuming short-range isotropic nonionic couplings, 0 0 0 J 2J J 2j0 R20 k2 > 0; fh 14hhj1 0; jhi (7) (18) N Z Z in which BN NN BZZ 1 BNN 1 BZZ , while 1 1^ BN NN k; 2 4J k=Dk; ; (19) Z and BN NZ BNZ 0. In the ion-symmetric cases, all the y Z g variables vanish by definition, so BN NN 1 and BNN N BZZ 0; this implies that SNN is entirely governed by N and, likewise, SZZ by Z , so justifying the notation. Conversely, in nonsymmetric models, both N and Z contribute to all the structure functions. Finally, the spherical constraints reduce, first, to 135702-2 kB TJ d h2 =4,2 1 with , , j00 ; (20) 135702-2 117 where j00 12 J^ 0 [14], while the basic integral Z 1 Jd 14 1 N k; Z k; ; (21) k becomes singular, typically as J d ,1= , when , t vanishes, where is the appropriate critical exponent [10,12,14]; last, ,y is given (implicitly) by Z Z ,y 1=jk; j Jy k=jk; j: (22) k k ,y Recall, however, that vanishes identically in ion-symmetric cases; more generally, this result relates ,y to the ionic asymmetry parameter +J [see Eq. (11)] via ,yc week ending 2 APRIL 2004 PHYSICA L R EVIEW LET T ERS VOLUME 92, N UMBER 13 c+ J +J ; (23) where, however, c+ J might vanish ‘‘accidentally.’’ We are now in a position to answer, with explanations, the questions posed after Eqs. (1) –(6). For specific numerical results we invoke the basic ionic spherical model (BISM), i.e., the sphericalized version of the d 3, S 2, 1:1 model with 12 and nearest-neighbor interactions as set out in Eqs. (9) –(12). When +J I 0 0 one readily finds from the vanishing of N 0 when , ! 0 [10 –12,14] that standard spherical-model criticality and scaling are realized, with exponents 1 12 and 1 2 2 , where short-range (non-Coulomb) interactions [16] lead to 0 and maxf2=d 2; 1g (for d 2). For I 0 and +J not too large, the same situation prevails — contrary to speculations (for hard-core continuum ionic models) that lack of ionic symmetry might lead to mean-field criticality [3]. This follows most directly from the small k behavior of the eigenvalues, namely, N k; , j0 R2N k2 Ok4 ; Z k; Sd q2 =4ad 1=k2 R2Z Ok2 ; (24) where Sd is the area of a unit d sphere, while [14] 2 R2N R20 S0d a2 I 0 2a2 ,y =Sd I 0 j20 ; (25) R2Z ; k^ 2a2 , 2j00 =Sd I 0 j0 a2 4 k^ ; P 4 4 1 in which S03 =144 and 4 48 2 k2 =k . The crucial feature, following directly from (16), is that the Coulomb singularity, characterized by ’^ C k 1=k2 , cancels out of N exactly thanks to electroneutrality. (The absence of this possibility for S 1 results in the destruction of gasliquid criticality by Coulomb interactions [11(b)].) To ensure the stability of the critical point, one also max needs [14]: (i) I 0 < I max 96=11 ’ 2:78; d , with I 3 2 (ii) RN > 0, which restricts I 0 and +J to the interior of an ellipsoid with a vertex at +J I 0 0, which, for d 3, 1 2 1 is 72 +J 72 I 0 R20 =a2 2 < R40 =a4 ; and (iii) the absence of competing minima in N k, which is satisfied for sufficiently small +J and I 0 , specifically in the BISM, 1 by +J 12 I 0 < 1. The solution ,y , of (22) then varies smoothly when , ! 0 and (23) applies. By (20) criticality is restricted to h 0 and occurs at kB Tc 1=J d 0; ,yc and c ad 12 max . For the BISM, we find Tc T0 =Kbcc , to lowest order in +J and I 0 , with Kbcc ’ 1:39 [10]. It transpires [14] that Tc +J is a decreasing function of the ionic asymmetry in accord with recent simulations of hard-core continuum electrolyte models [6(a)] that, however, contradict various approximate theories. Furthermore, a term varying as I 3=2 0 (in d 3) appears [14], in accord with [15] and in analogy with [17]. As regards the density correlation lengths, (18) yields N;1 T; RN T; j0 =,T; 1=2 ; (26) for all acceptable I 0 and +J ; when c , this diverges as 0N =t . Furthermore, all higher moments [see (4)], including the ‘‘true’’ correlation length N;1 [18], satisfy N;p =N;1 ! 1 when T; ! Tc ; c . For the BISM, with small I 0 and +J we have 0N a= Kbcc ’ 0:229a, close to the d 3, nearest-neighbor Ising model value [18]. By contrast, the near-critical charge correlation lengths depend radically on symmetry. In ion-symmetric models, which are analogs of the RPM, one has BZZZ 1, and it follows from (18) and (24) that the StillingerLovett sum rule (6) is valid for all fluid regimes including the critical point. However, the true charge screening length is given by Z;1 T; RZ T; 1 OI 20 ; (27) 0 whereas where, from (25) we find RZ =D ! 1 as p! near criticality one has RZ;c =D;c 2 T0 =Tc ; that yields RZ;c =D;c ’ 2:36 for the BISM (for I 0 and +J not too large). Furthermore, when t ! 0, the screening length, Z;1 c ; T gains, in general, a singular correction factor 1 c12 t12 [14]. Up to OI 0 , the higher moments of SZZ satisfy Z;p p D Rp1 Z . On the other hand, in more realistic nonsymmetric cases BN ZZ in (18) does not vanish; rather, one has 2 y 4 4 2 2 2 2 BN ZZ k; 4, k a =Sd I 0 j0 1 Ok > 0: (28) Consequently, all charge correlations become infected by the divergent density fluctuations controlled by N k. Nevertheless, because of the factor k4 , the StillingerLovett relation (6) remains valid in the fluid regime except at criticality where it fails and we find [14,16] 2 Z;1 =D 2c 1 w2c ,yc 1 w2c c2+ +2J . . . ; (29) where w2 2a2 =Sd I 0 R2N j20 and, recalling (23), we note that c+ J 0 for the BISM. This critical point failure implies a breakdown of full screening that is necessarily associated with slow decay of certain ionic correlations [9]. Indeed, when T; ! Tc ; c the charge decay length Z;1 asymptotically approaches the 135702-3 135702-3 118 VOLUME 92, N UMBER 13 PHYSICA L R EVIEW LET T ERS week ending 2 APRIL 2004 TABLE I. Charge correlation lengths near criticality where N diverges, while RZ =D O1. The ionicity I 0 / q2 and asymmetry factor wc c+ +J are defined in (12), (23), and (29). Ion Symmetric Nonsymmetric 4 q2 =kB T1=2 , 4Z;2 D the Debye length, 2D R2Z T; O4D , D for T; Tc ; c , > D;c at Tc ; c , 2D wc c+ +J 2 2N R2Z , 2p Z;p Z;1 2D R2p1 1 OI 0 , Z RZ 1 OI 20 OD , wc c+ +J 2 2D 2p1 , N N 1=t . Z;1 density correlation length N;1 and thus diverges as 0N =t (for c ). However, the fourth charge correlation moment is given (except at criticality) by 2 4Z;2 T; 2D R2Z 2N;1 w2 ,y ; (30) so that jZ;2 c ; Tj diverges more weakly as 1=t=2 . Note also that on approaching criticality, 4Z;2 changes sign (with respect to the ion-symmetric case); for small +J this crossover occurs in the BISM at t t 0:265+J . More generally the higher moments in 2nonsymmetric 2p1 2 2 y systems satisfy 2p Z;p N;1 D;c wc ,c leading to a hierarchy of critical exponents jZ;p j 1=t11=p . Notwithstanding the divergence of the charge correlation length, Z;1 N ! 1, the charge-charge pair correlation function, GZZ r, decays exponentially at Tc ; c . Indeed, on approach to criticality we obtain GZZ r / 2+2J T0 c2+ 4D er=N 2 er=RZ D4 ; 2 2 4 Tc j0 RN N T; r RZ r range and obey SL near and at criticality; but in more realistic nonsymmetric systems the density fluctuations ‘‘infect’’ the charge correlations, which hence exhibit the same diverging correlation length. Moreover, the SL rule is then violated at criticality [14,16] indicating an anomalous conducting state [9]. The authors are grateful to F. Cornu, B. Jancovici, E. R. Smith, and G. Stell for correspondence and to Y. C. Kim for his interest. Support from the NSF (under Grants No. CHE 99-81772 and No. CHE 03-01101) and assistance to J.-N. A. from the French Ministry of Foreign Affairs under the Lavoisier postdoctoral program is gratefully acknowledged. (31) to leading orders for d 3. At Tc only the second term survives since the first vanishes as t4 . Finally, as regards the cross correlations embodied in the charge-density structure factor SNZ , we find SNZ k 0; T; 0 except at Tc ; c where the value ,y 2D =j0 R2N c is realized. Moreover, on defining moments in analogy to (5), one obtains 2p y 2 2 2p NZ;p T; , D =j0 RN N;1 T; ; (32) near criticality; of course, all these moments vanish identically in ion-symmetric models since ,y 0. In summary, we have analyzed a class of exactly soluble spherical models for 1:1 ionic systems and shown that the Coulomb interactions do not change the gas-liquid critical universality class — contrary to some suggestions [1,3]. The couplings between the charge correlations and the divergent critical density fluctuations [14,16] follow mainly from a remarkable structurefunction decomposition, Eq. (18), that respects the Stillinger-Lovett sum rule (unlike [5]). Our principal results are collected in Table I: they are broadly consistent with Ornstein-Zernike-based arguments advanced for hard-core continuum electrolytes [3]. In ion-symmetric models density fluctuations are not directly coupled to two-point charge correlations which remain of short 135702-4 [1] See H. Weingärtner and W. Schröer, Adv. Chem. Phys. 116, 1 (2001), and references therein. [2] M. E. Fisher, J. Stat. Phys. 75, 1 (1994). [3] G. Stell, J. Stat. Phys. 78, 197 (1995). [4] B. P. Lee and M. E. Fisher, Phys. Rev. Lett. 76, 2906 (1996); S. Bekiranov and M. E. Fisher, ibid. 81, 5836 (1998). [5] A. Muratov, Sov. Phys. JETP 93, 89 (2000). [6] See, e.g., (a) J. M. Romero-Enrique et al., Phys. Rev. Lett. 85, 4558 (2000); (b) E. Luijten et al., ibid. 88, 185701 (2002); (c) Y. C. Kim et al., ibid. 91, 065701 (2003). [7] D. C. Brydges and P. Federbush, Commun. Math. Phys. 73, 197 (1980). [8] F. Stillinger and R. Lovett, J. Chem. Phys. 48, 3858 (1968). [9] P.-A. Martin, Rev. Mod. 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Fisher, Journal of Physics A : Mathematics and General Vol. 37, L241 (2004) INSTITUTE OF PHYSICS PUBLISHING JOURNAL OF PHYSICS A: MATHEMATICAL AND GENERAL J. Phys. A: Math. Gen. 37 (2004) L241–L248 PII: S0305-4470(04)80377-9 LETTER TO THE EDITOR Charge and density fluctuations lock horns: ionic criticality with power-law forces Jean-Noël Aqua and Michael E Fisher Institute for Physical Science and Technology, University of Maryland, College Park, MD 20742, USA E-mail: jnaqua@glue.umd.edu and xpectnil@ipst.umd.edu Received 6 May 2004 Published 2 June 2004 Online at stacks.iop.org/JPhysA/37/L241 doi:10.1088/0305-4470/37/24/L02 Abstract How do charge and density fluctuations compete in ionic fluids near gas– liquid criticality when quantum mechanical effects play a role? To gain some insight, long-range L±± r d+σ interactions (with σ > 0), which encompass van der Waals forces (when σ = d = 3), have been incorporated in exactly soluble, d-dimensional 1:1 ionic spherical models with charges ±q0 and hardcore repulsions. In accord with previous work, when d > min{σ, 2} (and q0 is not too large), the Coulomb interactions do not alter the (q0 = 0) critical universality class that is characterized by density correlations at criticality decaying as 1/r d−2+η with η = max{0, 2−σ }. But screening is now algebraic, the charge–charge correlations decaying, in general, only as 1/r d+σ +4 ; thus σ = 3 faithfully mimics known noncritical d = 3 quantal effects. But in the absence of full (+, −) ion symmetry, density and charge fluctuations mix via a transparent mechanism: then the screening at criticality is weaker by a factor r 4−2η . Furthermore, the otherwise valid Stillinger–Lovett sum rule fails at criticality whenever η = 0 (as, e.g., when σ > 2) although it remains valid if η > 0 (as for σ < 2 or in real d 3 Ising-type systems). PACS numbers: 64.70.Fx, 64.60.Ht, 51.50.+v, 82.45.Gj An ionic fluid, such as an electrolyte or a plasma, is characterized in thermal equilibrium by the screening of the long-range Coulomb interaction potential, zτ zυ q02 r d−2 (say, in d > 2 dimensions) between ions of charges zτ q0 and zυ q0 . Following the Debye–Hückel theory [1] one expects the charge–charge correlation function1 , GZZ (r), to decay exponentially as the screening length ξZ,∞ (T , ρ) e−r/ξZ,∞ where, as the overall ion density ρ becomes √ small, should approach the Debye length ξD ≡ 1/κD ∝ T q02 ρ. More generally, the screening of an external charge in a conductor should be characterized by the Stillinger–Lovett sum 1 Our notations, which are fairly standard [1], are set out explicitly in [2] which will be denoted by AF. 0305-4470/04/240241+08$30.00 © 2004 IOP Publishing Ltd Printed in the UK 121 L241 L242 Letter to the Editor rule [1, 3] which does not require exponential screening [4]; this states that when k → 0, the charge structure factor, essentially the Fourier transform of GZZ (r) (see footnote 1), behaves as ψ 2 4 k 2 − ξZ,2 k 4 − ξZ,ς k ψ + · · · SZZ (k) = 0 + ξZ,1 with ξZ,1 = ξD . (1) Note also that the vanishing leading term simply reflects the requirement of electroneutrality; if the screening is exponential only the further powers k 2l with l = 1, 2, . . . can arise; but, in general, which specific, nonanalytic powers appear and with what amplitudes is a matter of prime interest. The exponential screening of charge has been proved rigorously at low densities for classical systems [5]; but sufficiently strong short-distance repulsions between oppositely charged ions are essential while any further non-Coulomb interaction potentials, say ϕτ υ (r) between ions of species τ and υ, must be of short range, decaying, e.g., exponentially fast when r → ∞. But then, in allowing for quantum mechanics, one should first recognize that real polarizable ions also interact via fluctuating induced dipole–dipole or van der Waals forces that fall off only algebraically. Specifically, if for generality we consider integrable long-range potentials that decay as Lτ υ r d+σ (so requiring σ > 0) [6], van der Waals forces may be described by d = σ = 3. Then one may ask what will be the consequences of such long-range power-law forces for exponential screening and for the expansion (1). However, even in a point-ion model of a plasma, the quantum-mechanical fluctuations of position lead to effective particle–particle potentials, as manifest in the corresponding correlation functions, that decrease as 1/r 6 (for d = 3) [7, 8], just as for polarizable ions (or neutral species). Furthermore, it is known that in quantum plasmas at low density, the screening of charge is no longer exponential: indeed, GZZ (r) has recently been shown to decay as 1/r 10 [7, 8]. On approach to gas–liquid or liquid–liquid criticality, in an ionic system, the situation is further complicated because the density fluctuations become divergent and it is natural to ask if this should not seriously affect charge screening, the Stillinger–Lovett rule, etc. To be more explicit, in a short-range, nonionic system, the density–density correlation function GNN (r) decays as e−r/ξN,∞ where, on the critical isochore ρ = ρc , the density correlation length ξN,∞ (T , ρ) diverges as 1/t ν with t ≡ (T − Tc )/Tc and ν 12 ; but at criticality, one has d−2+η c r when r → ∞ (2) GcNN (r) ≡ DNN c finite and η 0. Might not the of ξN,∞ couple in some way to the with DNN divergence screening length ξZ,∞ in a corresponding Lτ υ ≡ 0 classical plasma and cause it to diverge at criticality? Likewise, might not the slow decay of GNN (r) at criticality change the 1/r 10 quantal decay of GZZ (r) that has been established at low densities? Of course, the values of the critical exponents ν and η depend on the critical universality class, and the influence of Coulomb couplings on criticality has been an important experimental and theoretical question ever since seemingly convincing observations on certain electrolytes suggested that ionic criticality might realize a new or different type of critical behaviour [9–11]. While the experimental issues for electrolytes may now be regarded as largely settled—in favour of no change in critical character—the theoretical situation remains open. And neither experimentally nor theoretically has a clear picture of the charge correlations near criticality yet emerged. One question of particular relevance [11] concerns the role of ion symmetry. Thus, the simplest theoretical description of a 1:1 electrolyte is afforded by the so-called restricted primitive model or RPM, in which equisized hard spheres carry charges +q0 and −q0 . The RPM is precisely ion symmetric so that it is plausible that charge and density fluctuations 122 Letter to the Editor L243 will remain effectively independent even at criticality. Indeed, careful simulations [12, 13] have recently established that criticality in the d = 3 RPM still exhibits Ising behaviour as do simple, nonionic fluids. But in reality, + and − ions are never identical so that ion nonsymmetric models are of especial interest. While simulations of 1:1, 2:1 and 3:1 hard sphere models with unequal diameters have been undertaken [14], their critical behaviour has not, as yet, been resolved. To address some of these problems, we have recently analysed [2] a class of exactly soluble d-dimensional multicomponent spherical models in which particles of different species τ, υ, . . . reside on distinct but equivalent interlaced sublattices with nearest neighbour spacing a. Then, in a 1:1 ‘lattice electrolyte’, nearby ions of species + and − with charges ±q0 avoid collapse because opposite charges are never closer than the minimal, intersublattice distance, say a0 a [2]. In addition to the ±q02 r d−2 Coulomb potentials, short-range attractive 0 (r) of magnitude, say, kB T0 are then introduced; on setting q0 = 0, these suffice potentials ϕ±± to yield standard spherical model critical behaviour, with η = 0 etc, at Tc (q0 = 0) T0 [2]. Two main conclusions emerge from AF [2]. First, the character of criticality remains unchanged when the charges are switched on (provided q0 is not too large). Second, ion symmetry plays a crucial role: thus in symmetric models, the charge screening length ξZ,∞ (T , ρ) remains of order ξD even at (Tc , ρc ) although it gains singular corrections when t → 0; but, in contrast, for asymmetric fluids, ξZ,∞ diverges on approach to criticality, precisely matching the density correlation length ξN,∞ ∼ 1/t ν . Furthermore, the Stillinger– Lovett rule is then violated at criticality. Here we extend AF by incorporating additional, long-range L±± r d+σ ion–ion potentials in order to cast some light on the further role that quantum mechanical fluctuations might play. (To avoid technical complications we suppose σ = 2, 4, . . . .) As we report, the findings prove instructive. The necessary analysis follows closely the lines set out in AF: accordingly we focus on the principal results sketching only the basic technical points. (Further and fuller details will be presented elsewhere [15].) Thus Lagrange multipliers (λ+ , λ− ) ≡ λ(T , ρ) are introduced to satisfy the spherical model constraints sτ2 = 1 for τ = +, −, where the sτ (R) are the usual unbounded scalar spin variables [16–19]. The free energy then follows from the eigenvalues, N (k; λ) and Z (k; λ), of the interaction matrix Λ with elements of the form τ υ = [λτ δτ υ − ϕ̃τ υ (k)], where the ϕ̃τ υ are proportional to the Fourier transforms of the total interaction potentials ϕτ υ (r). Now, as in AF, the crucial result is that the q02 k 2 Coulomb divergence cancels out identically from the first eigenvalue which, at small wave numbers k ≡ |k|, then behaves as σ N (k; λ) = 12 kB T0 λ̇(T , ρ) + (RN k)2 + RNL k + · · · (3) where λ̇ (≡ λ/j0 in the notation of AF) is found to vanish on the critical isochore near criticality like t γ , while the finite, nonzero length RN (λ; q0 ) measures the range of the short-range forces (see AF (25)). The relative contribution of the long-range interactions to the density variation is embodied in the effective range RNL [15]. From this form for N one finds (for q0 not too large) that the critical behaviour is always of spherical model form with exponents β = 12 and 2 − η(σ ) (4) d − 2 + η(σ ) σ [6, 16, 19] while d > min{σ, 2} is needed for Tc > 0 (and we suppose RNL > 0 when σ < 2). For σ > 2 these leading exponents are, as well known, independent of σ and the same as for short-range forces; but see also [20]. However, new correction terms varying as t θσ with θσ = |2 − σ |ν(σ ) will dominate in all properties when σ is close to 2. η(σ ) = max{0, 2 − σ } γ = 1 − α = (2 − η)ν = 123 L244 Letter to the Editor The long-range effects of the Coulomb forces appear only in the second eigenvalue which, for small k, varies as Z (k; λ) = 2+σ Sd q02 1 + (RZ k)2 + RZL k + ··· d 2 4a k (5) of the long-range forces is now represented with Sd = 2π d/2 / (d/2). The net contribution √ by RZL while RZ (λ; k/k) is of order a/ I0 ∼ a/q0 where the ionicity I0 = q02 a d−2 kB T0 (6) measures the overall strength of the Coulomb interactions near criticality. (It should be noted that the ellipses in (3) and (5) include both further singular terms and analytic terms of order k 4 , k 6 , . . . .) Finally, we may express the charge and density structure factors in the transparent form SNN (k) δϕ B(k) 1 − δϕ B(k) + = kB T /4ρa d N (k; λ) Z (k; λ) 1 − δϕ B(k) SZZ (k) δϕ B(k) + = kB T /4ρa d N (k; λ) Z (k; λ) (7) where the basic symmetry parameter δϕ (= λ† /j0 in the notation of AF) vanishes linearly with the deviation of the potentials ϕτ υ from precise (or effective) ion symmetry. Clearly the density and charge fluctuations in ion-symmetric models are completely uncoupled (at least in quadratic order): the critical density fluctuations are thus driven solely by N (k) while charge screening is entirely controlled by Z (k). But, charge and density fluctuations mix as soon as ion symmetry is lost: to what degree is determined by σ (8) B(k) = 4k 4 a 4 δϕ + RϕL k + · · · Sd2 I02 where RϕL measures the strength of the asymmetric parts of the long-range forces (and hence vanishes with δϕ ). A decomposition similar to (7) holds for SNZ ; see AF. The factor k 4 in (8) implies that the ‘intrinsic’ charge fluctuations contribute only weakly to SNN . Consequently, except at (Tc , ρc ), one has, neglecting analytic background terms of order k 4 , χT SNN (k) ∝ (9) + O(δϕ k 4+σ ) 2 σ 1 + ξN,1 k 2 + ξN,σ kσ + · · · where χT ∼ 1/t γ is the isothermal compressibility, while the new length scales are and ξN,σ (T , ρ) = RNL λ̇1/σ . ξN,1 (T , ρ) = RN /λ̇1/2 (10) γ Since λ̇ vanishes like t on approaching criticality, the density correlation length may be identified as ξN (T , ρ) = max{ξN,1 , ξN,σ } in full accord with the exponent values (4). Likewise, the critical point decay (2) with η = max{0, 2 − σ } is readily verified. Away from criticality, however, matters are somewhat more subtle since, in general, no correlation function, Gτ υ (r), can decay faster than the associated 1/r d+σ power-law potentials [21]. Indeed, the first nonanalyticity in SNN (k) yields the large-r behaviour [22] whence we find, for fixed (T , ρ) = (Tc , ρc ), DN,σ ξN 2σ 1 ∼ d+σ when σ < 2 GNN (r; T , ρ) ≈ d−2+η r r r DN,σ ξN 2 ξN,σ σ 1 ≈ d−2 ∼ d+σ when σ > 2. r r r r 124 (11a) (11b) Letter to the Editor L245 The appearance of the factor (ξN,σ /r) reflects the correction-to-scaling exponent θσ = |2 − σ |ν(σ ) identified above. Now we may study the charge correlations and ask, to start with, about the noncritical behaviour. When ion symmetry pertains, i.e. δϕ = 0, the decomposition (7) shows that SZZ depends only on Z ; then (5) leads directly to the expansion (1) with, furthermore, full confirmation of the Stillinger–Lovett (SL) relation [2, 17] (since κD2 = Sd ρq02 /kB T ). But, by virtue of the factor k 4 in (8), this remains true even when ion symmetry is absent. In addition, the coefficient of k 4 in (1) is given by 4 σ = ξD2 RZ2 − b0 δϕ2 ξN,σ (T , ρ) (12) ξZ,2 with b0 = O(a 2−σ ). Evidently, this moment of GZZ is unconstrained and if δϕ = 0 it will σ change sign when, driven by the coupling to the density fluctuations embodied in (7), ξN,σ γ diverges like 1/t as T → Tc on the critical isochore: see (10). Finally, the leading nonanalytic term in SZZ (k) is given, in (1), by ψ = 4 + σ while its amplitude is 2+σ σ 4+σ 2σ (13) ξZ,ς = ξD2 RZL − b1 δϕ RϕL ξN,σ + b0 δϕ2 ξN,σ where b1 = O(a 2−σ ). Clearly, this k 4+σ term is present whether or not ion symmetry pertains; but if δϕ = 0 it may change sign and its magnitude will diverge, like 1/t 2γ , when (T , ρ) → (Tc , ρc ). More strikingly, however, the presence of this term ensures the destruction of exponential screening; rather one finds [22] DZ,σ ξZ,ς 4+σ 1 ∼ d+σ +4 . (14) GZZ (r; T , ρ) ≈ d r r r Thus near to or far from criticality, long-range forces always undermine the standard picture of Debye screening. Nevertheless, algebraic screening remains in the charge correlations. Indeed, we may say that the 1/r d−2 Coulomb potential is screened by a factor 1/r 6+σ or, equivalently, that the long-range 1/r d+σ potential is screened—owing to the requirements of ‘local electroneutrality’—by the factor 1/r 4 . This is a central result of our analysis and it is gratifying that on setting σ = d = 3 it reproduces the 1/r 10 screening previously found in a fully quantum-mechanical analysis of point-charge plasmas [7, 8]. In contrast to the loss of exponential screening, ion symmetry is paramount at criticality. Thus we see from (5) and (7) that all the results (12)–(14) remain uniformly valid when (T , ρ) → (Tc , ρc ) provided δϕ = 0, i.e. that ion symmetry is valid: one need only note that the amplitudes RZ2 and DZ,σ (ξZ,ς )4+σ in (12) and (14) remain finite (and nonzero) at the critical point although the former will pick up a singular t 1−α correction (as in AF: see [15]). On the other hand, for nonsymmetric fluids at criticality, the mixing of the charge and density fluctuations depends strongly on σ or, more specifically, on η(σ ). Indeed, displaying only the leading singular terms, we find c 2 (k) = ξD,c k 2 1 + δϕ2 (R> k)2−σ + O(k 2 ) for η = 2 − σ > 0 (15a) SZZ 2 = ξD,c k 2 Ec − δϕ2 (R< k)σ −2 + O(k 2 ) for η = 0 < σ −2 (15b) −σ σ 4 2−σ σ −2 where R> RN , Ec = 1 + δϕ2 ã 2 RN2 > 1 with ã(q0 ) = = ã 2 RNL , R< = ã 2 RNL √ a 2/Sd I0 : see AF (29). One sees immediately that the Stillinger–Lovett sum rule remains valid whenever σ < 2 or η > 0. This contrasts with the results of AF where, in the absence of long-range forces, one has η = 0 and the sum rule is violated, precisely the situation that prevails here when σ > 2; then the critical system may be regarded as an insulator or, at least, as an anomalous conductor! 125 L246 Letter to the Editor Table 1. Long-distance behaviour of the charge correlations GZZ (r) at fixed (T , ρ). The density correlation length ξN diverges on the critical isochore ρ = ρc as 1/t ν when t = (T − Tc )/Tc → 0. The density correlations decay as 1/r d+σ away from criticality, but at criticality, since η = max{0, 2−σ }, they decrease more slowly as 1/r d−σ when σ < 2 and 1/r d−2 when σ > 2. GZZ (r) Ion symmetric δϕ = 0 (T , ρ) = (Tc , ρc ) = (Tc , ρc ) ∼1/r d+σ +4 ∼1/r d+σ +4 Nonsymmetric δϕ = 0 σ <2 σ >2 ∼1/r d+4−σ ∼ (ξN /r)4−2η /r d+4−σ ∼1/r d+σ ∼ (ξN /r)4 /r d+σ From (15) we can now deduce the long-range behaviour of the critical-point charge–charge correlation function, namely GcZZ (r) ≈ ≈ c 2−σ δϕ2 R> DZ,σ r d+4−σ c σ −2 δϕ2 R< DZ,σ r d+σ ∼ ∼ 1 r d−2+η 1 r4 1 1 r d−2+η r 2+σ for η(σ ) > 0 for η = 0 < σ − 2. (16a) (16b) As displayed, the results show that although GcZZ (r) is driven by the critical density fluctuations, with GcNN ∼ 1/r d−2+η , the charge correlations are screened relatively more strongly when σ > 2 than for σ < 2, when η > 0. In light of the failure of the SL rule in the former case rather than the latter, this is, perhaps, paradoxical. On the other hand, one might equally conclude that the long-range 1/r d+σ potentials are not screened, even algebraically, when σ > 2 (with η = 0) whereas for σ < 2 the long-range forces are actually screened by factors 1/r 2η = 4−2σ . From that perspective the validity of the SL rule when η > 0 seems more natural [11]. Finally, similar conclusions can be drawn about the charge-density structure factor: see AF. Away from criticality we find (17) SNZ (k) = δϕ λ̇−1 ξD2 k 2 [1 − (ξ̃N,σ k)σ + · · ·] σ L σ σ σ where ξ̃N,σ = ξN,σ − Rϕ δϕ and one should recall from (10) that ξN,σ (T , ρ) ∝ 1/λ̇(T , ρ) diverges like 1/t γ while, by (8), RϕL vanishes with δϕ . In real space the long-range decay can be written as δϕ DNZ ξN 4−2η(σ ) 1 GNZ (r; T , ρ) ≈ d+|σ −2| ∼ d+σ +2 (18) r r r so that the cross-correlation function is evidently screened by the factor 1/r 2 relative to the long-range potentials. Alternatively, one may say that the 1/r d−2 Coulomb interaction is screened by a factor 1/r 4+σ . As regards the ‘van der Waals case’ d = σ = 3, we may mention that the charge density induced by an infinitesimal local external charge decays as 1/r 8 in a fully quantal point-charge plasma [7, 8]. c (0) vanishes identically if η > 0 (σ < 2) At the critical point itself, one finds that SNZ c but that, as in the short-range case [2], SNZ (0) = δϕ (ξD /RN )2c = 0, whenever η = 0 (σ > 2). Moreover, when r → ∞ one has GcNZ (r) ∼ δϕ /r d+|σ −2| so that the infection of the charge correlations by the density fluctuations again reduces the screening by a factor r 4−2η that is greatest when η = 0: compare with the results for GZZ (r) as displayed in table 1. In conclusion, we have analysed the interplay between long-range density fluctuations, Coulomb interactions and power-law 1/r d+σ (e.g. van der Waals) interactions, away from, close 126 Letter to the Editor L247 to and at criticality in ionic fluids, on the basis of two-component, d-dimensional spherical models with hard-core interspecies repulsions [2]. Throughout the fluid phase, including low densities, the power-law forces destroy the usual Debye exponential screening. However, algebraic charge–charge and density–charge screening is still present: explicitly, although the density–density correlation function GNN (r) decays no faster than the interaction potentials [21], i.e. as 1/r d+σ , the charge–charge correlation function, GZZ (r), decays at large distances as DZ (T , ρ)/r d+σ +4 . If one sets σ = 3 to mimic the 1/r 6 particle–particle interactions that arise in d = 3 dimensions from quantal fluctuations [7, 8], this result is, indeed, in accord with exact results for GZZ (r) in a fully quantum-mechanical, point-charge plasma at low densities [7, 8]. In the critical region, the Coulomb interactions leave the universality class of the spherical models unchanged since, as in AF, they still cancel out the fluctuation factor that drives criticality. Nevertheless, radical changes arise in the charge–charge and charge–density fluctuations, whether the system is ion symmetric or, more realistically, nonsymmetric. The behaviour is enforced by a general decomposition of the structure factors: see (7) and [2]. For ion symmetric fluids, the asymptotic amplitude DZ (T , ρ) is always finite and the Stillinger– Lovett (SL) sum rule is satisfied even at criticality. For asymmetric systems near criticality, DZ is driven by the density fluctuations and hence diverges as 1/t 2γ when ρ = ρc while the SL sum rule remains valid. At criticality, however, the density correlations, decaying now as 1/r d−2+η , weaken the charge screening still further, more strongly when η = 0 (σ > 2) than if η > 0 (σ < 2); see the summary in table 1. Finally, the SL sum rule, characteristic of conductors, is satisfied at criticality when η > 0, but is violated when η = 0, a result that may well have validity beyond the ionic spherical models studied here [11]. A further challenge is to see how far similar results might be obtained for intrinsically quantal spherical models such as those that have been advanced in the past [18, 23–25]. Acknowledgments Support from the NSF (under grant CHE 03-01101) as well as assistance to J-NA from the French Ministry of Foreign Affairs under the Lavoisier Fellowship program, is gratefully acknowledged. 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B 53 710 128 VIII.3 Criticality in charge-asymmetric hard-sphere ionic fluids VIII.3 129 Criticality in charge-asymmetric hard-sphere ionic fluids Jean-Noël Aqua, Shubho Banerjee et Michael E. Fisher, Physical Review E Vol. 72, 041501 (2005) PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 Criticality in charge-asymmetric hard-sphere ionic fluids Jean-Noël Aqua,* Shubho Banerjee,† and Michael E. Fisher Institute for Physical Science and Technology, University of Maryland, College Park, Maryland 20742 USA 共Received 30 June 2005; published 4 October 2005兲 Phase separation and criticality are analyzed in z : 1 charge-asymmetric ionic fluids of equisized hard spheres by generalizing the Debye-Hückel approach combined with ionic association, cluster solvation by charged ions, and hard-core interactions, following lines developed by Fisher and Levin for the 1 : 1 case 共i.e., the restricted primitive model兲. Explicit analytical calculations for 2 : 1 and 3 : 1 systems account for ionic association into dimers, trimers, and tetramers and subsequent multipolar cluster solvation. The reduced critical temperatures, T*c 共normalized by z兲, decrease with charge asymmetry, while the critical densities increase rapidly with z. The results compare favorably with simulations and represent a distinct improvement over all current theories such as the mean spherical approximation, symmetric Poisson-Boltzmann theory, etc. For z ⫽ 1, the interphase Galvani 共or absolute electrostatic兲 potential difference, ⌬共T兲, between coexisting liquid and vapor phases is calculated and found to vanish as 兩T − Tc兩 when T → Tc—with, since our approximations 1 are classical,  = 2 . Above Tc, the compressibility maxima and so-called k-inflection loci 共which aid the fast and accurate determination of the critical parameters兲 are found to exhibit a strong z dependence. DOI: 10.1103/PhysRevE.72.041501 PACS number共s兲: 64.60.Fr, 05.70.Fh, 61.20.Qg, 64.70.Fx I. INTRODUCTION The location and nature of criticality in ionic fluids have been subjects of intense interest in recent years 关1–3兴. At sufficiently low temperatures fluid electrolytes typically undergo separation into low and high concentration phases which may be driven primarily by the Coulombic interactions. The universality class of the associated critical points has been under debate owing to apparently conflicting experiments, inconclusive simulations, and the analytic intractability of the statistical mechanics beyond a mean field level 关1–3兴. Possible scenarios that have been discussed include classical or van der Waals critical behavior 共as might be anticipated in view of the long-range Coulomb forces兲, crossover from classical to Ising-type behavior sufficiently close to the critical point 关3,4兴, and, as the leading candidate, three-dimensional Ising-type criticality 共as might be expected for effective short-range interactions arising from Debye screening兲: indeed, recent simulations 关5–7兴 definitively establish Ising behavior for the simplest charge- and sizesymmetric model, namely, the restricted primitive model 共or RPM兲; but for z : 1 and size-nonsymmetric systems, the issue is not yet settled. The most basic continuum models of ionic fluids are the so-called two-component primitive models consisting of N = N+ + N− hard spheres, N+ carrying a charge q+ = z+q0 and N− a charge q− = −z−q0 共with N− / N+ = z+ / z− ⬅ z so that the overall system is electrically neutral兲. The background medium is assigned a uniform dielectric constant, D, that may be used to represent a nonionic solvent. In the simple cases on which we focus here, all the spheres have the same diameter, i.e., *Present address: IRPHE, Technopôle de Château-Gombert, 49, Rue Joliot Curie, B.P. 146, 13384 Marseille CEDEX 13, France. † Present address: Department of Physics, Rhodes College, Memphis, Tenessee 38112. 1539-3755/2005/72共4兲/041501共23兲/$23.00 a++ = a+− = a−− = a. The natural and most appropriate reduced temperature variable is then determined by the contact energy of a + zq0 ion with a − q0 counter-ion so that T* ⬅ kBTDa+−/q+兩q−兩 = kBTDa/zq20 . 共1.1兲 Likewise, the normalized density is reasonably taken as 3 * ⬅ Na+− /V = a3 , 共1.2兲 in which V is the total volume. This model 共with many ionic species兲 was first analyzed by Debye and Hückel 共DH兲 关8兴 who derived an approximate expression for the Helmholtz free energy by solving the linearized Poisson-Boltzmann equation for the potential around each hard-core ion. For the simplest 1 : 1 共or z = 1兲 case, i.e., the restricted primitive model 共RPM兲, the DH theory predicts 1 * = 16 = 0.0625, that is in 关9,10兴 a critical temperature, Tc,DH surprisingly good agreement with modern simulations 关5–7,11–13兴 that yield T*c ⱗ 0.05; however, the critical den* = 1 / 64 sity predicted by the DH theory, namely, c,DH ⯝ 0.005, is significantly too low since the simulations indicate *c ⲏ 0.07. Because ionic criticality occurs at such low temperatures, the association of charges of opposite signs into “clusters” is an essential feature in the strongly interacting regime, as observed in criticality and phase separation in other Coulomb systems 关14兴. Hence, the first crucial improvement contributed by Fisher and Levin 共FL兲 关9,10兴 was to incorporate Bjerrum ion pairing 关15兴 into the DH theory: this then depletes the density of the free ions that drive the transition, as a result of which the predicted critical density increases by a factor of 9. However, in order to get an acceptable phase diagram, Fisher and Levin also found it essential to account for the solvation of the dipolar ion pairs, or dimers, by the residual ionic fluid. The resulting “DHBjDI” theory 共with “DI” signifying dipoleionic-fluid solvation兲 yields critical parameters, namely, * * ⯝ 0.055–0.057, c,FL ⯝ 0.026–0.028, which, to date, Tc,FL 041501-1 130 ©2005 The American Physical Society PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER provide the best agreement with the simulations 共which indicate T*c ⯝ 0.04933 , *c ⯝ 0.075 关7兴兲. The other most commonly used theory, the mean spherical * = 0.0785 共even approximation 共MSA兲 关16–19兴, yields Tc,MSA * = 0.0145 共via higher than the simple DH theory兲 and c,MSA the energy route兲. Although, like the other approximate theories, the FL approach makes no reliable statements regarding the universality class of the criticality—only classical behavior arises 关20兴—it does provide significant physical insights into the origin and location of the critical point, specifically identifying the role of ionic association, of the solvation of neutral clusters, and of excluded-volume effects. Two generalizations of the RPM are of profound interest, namely, the size-asymmetric primitive model and the chargeasymmetric primitive model. Indeed, it has been argued 关2兴, that destroying the 共artificial兲 size symmetry of the RPM might even affect the universality class of the criticality. It may be suspected that this feature will eventually be ruled out by precise simulations. Nevertheless, it has been demonstrated via exactly soluble ionic spherical models 关21兴, that size asymmetry can produce dramatic changes: explicitly, the charge correlations become “infected” by the critical density fluctuations leading to the destruction of normal Debye exponential screening at criticality. Hence, asymmetry should be carefully accounted for in any realistic analyses of ionic criticality. In the size-asymmetric model the + and − ions have unequal diameters: computer simulations 关22,23兴 then indicate that both T*c and *c decrease with increasing size asymmetry. However, this is directly opposite to the trends predicted by the MSA and some of its extensions 关19,24兴. On the other hand, a DH-based theory developed by Zuckerman, Fisher, and Bekiranov 关25兴 that recognizes the crucial existence of “border zones” around each ion in which the charge is necessarily unbalanced, does, in fact, predict the correct initial trends, as does the ionic spherical model 关21兴. Here we study charge-asymmetric models in which the diameters of the basic positive and negative ions remain equal, but the charges are in the ratio z : 1 共z− = 1兲. Although this model is somewhat artificial for applications to, for example, multivalent molten salts such as CaF2 or AlCl3 共since, in actuality, the cation and anion sizes are rarely equal兲, it nonetheless, represents a valuable step in searching for a physical understanding of real systems 关26兴 which exhibit both charge and size asymmetry 共as well, of course, as other complexities such as short-range attractions, etc.兲. One should remark, first, that with the normalizations 共1.1兲 and 共1.2兲, the original DH theory 关8兴 predicts that T*c 共z兲 and *c 共z兲 are independent of z; furthermore, the same is true for the MSA 关18,19兴. However, we attack the problem via an approach which extends the DH-based methods developed by Fisher and Levin 关9,10兴 for the RPM as sketched above. Specifically, we calculate approximate critical parameters and coexistence curves for 2 : 1 and 3 : 1 systems by explicitly accounting for the association of the individual ions into dimeric, trimeric, and tetrameric neutral and charged clusters, and by including the multipolar cluster solvation free energies induced by the ionic medium. In the calculations reported here the excluded-volume effects associated with FIG. 1. Critical temperatures as a function of charge asymmetry, z, as predicted by the present DHBjCI theory 关see Eqs. 共6.1兲, 共6.4兲, and 共6.6兲兴 and its refinements including hard-core 共HC兲 virial terms with “standard” 共triangles; see Table II兲 and “optimal fit” parameters 关crosses; see Eqs. 共6.2兲, 共6.5兲, and 共6.9兲兴, compared with Monte Carlo simulations 关27,28兴 共open circles兲 and the original Debye-Hückel 共DH兲 theory. The specific parameter values entering the calculations are discussed in Sec. VI: see Eqs. 共6.2兲 and 共6.5兲, etc. the hard-core ion-ion repulsion enter in three crucial ways: first, in the solvation free energies of the individual ions, as in the original DH theory, and of the neutral and charged ionic clusters, as in FL; secondly, in the computation of the cluster association constants which play a pivotal role; finally, via general hard-core “virial terms” in the free energy 共described within a simple free-volume approximation 关10兴兲. In its primary version our theory may be dubbed a DHBjCI approach, with “CI” signifying cluster-ionic-fluid solvation including the neutral 共z + 1兲-mer and all smaller charged clusters. When specific hard-core 共HC兲 excludedvolume virial terms are included, we will label the theory DHBjCIHC. More detailed specific refinements will also be examined in order to understand the interplay of various effects. However, in all versions, our approach unambiguously predicts that the critical temperatures, T*c 共z兲, decrease with increasing charge asymmetry, z, while the critical densities, *c 共z兲, increase markedly. This behavior is exhibited in Figs. 1 and 2 and clearly contrasts with the z independence predicted by the DH and MSA approximations. Furthermore, one sees from the figures that our results mirror closely the trends uncovered by simulations 关27,28兴. The main physical effect behind these trends appears to be that increasing the charge asymmetry produces a larger number of neutral and charged, but relatively inert ion clusters: the depletion of the density of 共charged兲 ions and their smaller average mean-square charge leads, first, to a lower critical temperature, and, thereby, as in the 1 : 1 case, to a higher critical density. In Sec. IX we explore this interpretation further and present a comparison with other current theories 关18,29,30兴: these either fail to yield even the correct 041501-2 131 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS FIG. 2. Critical densities as a function of charge asymmetry z, as predicted by the DHBjCI theory and its refinements, using the same conventions as in Fig. 1. sign of the changes with z or else predict effects that are much too small! In order to obtain efficiently, accurate numerical values for the critical parameters implied by the DHBjCI theories, we have utilized the so-called k-inflection loci introduced recently 关31,32兴. These are defined as the loci on which 共k兲 = 共T , 兲 / k is maximal at fixed T above Tc, where 共T , 兲 = 共 / p兲T. These loci all intersect at the critical point but their behavior is also of interest on a larger scale: See Figs. 9 and 10 below. In our analysis we find that they are strongly dependent on the details of the model 共such as the hard cores兲 as well as on the charge asymmetry. Thus for our preferred parameters, the values of k for which the k locus has a vertical slope at 共Tc , c兲 are k0共z兲 ⯝ 0.93, 0.18, and −0.87 for z = 1, 2, and 3, respectively. It should be possible to check these predicted trends via simulations. An interesting new feature that arises in our calculations 共but is absent by symmetry in the RPM兲 is the appearance of a nontrivial electrostatic potential difference, ⌬共T兲, between coexisting liquid and vapor phases when z ⫽ 1. This electrostatic potential, appropriately deemed a Galvani potential 关33,34兴, has been explicitly anticipated in the case of 1 : 1 electrolytes with nonsymmetric ion-ion interactions in an interesting phenomenological treatment by Muratov 关35兴 共that, however, fails to satisfy the important Stillinger-Lovett sum rule 关36兴兲. It also features in a detailed discussion of colloidal systems 共with z Ⰷ 1兲 by Warren 关37兴. However, the dependence of ⌬ on z for moderate charge asymmetry has not been examined previously. On approach to the critical point we find that ⌬共T兲 vanishes as 兩T − Tc兩, where, because our approximations are classical in character, we obtain  = 21 . 共A similar conclusion is reached for the asymmetric 1 : 1 electrolyte in 关35兴.兲 As a consequence of this potential difference, a charged double layer 关33,34兴 will exist at a two-phase, liquid-vapor interface; this, in turn, will be of significance for interfacial properties such as the surface tension, which have been studied theoretically, to our knowledge, only for the RPM 关38,39兴. The balance of this article is laid out as follows. In the next section pertinent thermodynamic principles are summarized briefly. Section III then describes the computation of association constants for the “primary” set of associated clusters consisting of one cation of charge +zq0 and m 艋 z anions of charge −q0; detailed calculations for tetramers are presented in Appendix A. The crucial multipolar electrostatic contributions to the Helmholtz free energy are analyzed in Sec. IV. These and other ingredients are combined in Sec. V to obtain expressions for the total free energy and, thence, in Sec. VI quantitative results for the 2 : 1 and 3 : 1 models 共following a brief account of the pure DH theory兲. A discussion of the k-inflection loci is presented in Sec. VII. Section VIII is devoted to the Galvani potentials while, as mentioned, our results are reviewed briefly and compared with those of other current theories in Sec. IX, the varied predictions for the critical parameters being summarized in Figs. 13 and 14. In a brief overview of our results 关51兴 we have shown how, on a semiquantitative basis, the fact that 80–90 % of all the positive and negative ions are associated into neutral or relatively low-charged clusters near criticality 共see Table III below兲 serves to account quite well for the trends of T*c and *c as z increases. II. SOME BASIC THERMODYNAMICS A. Phase equilibrium A z : 1 electrolyte may be regarded 共neglecting the solvent兲 as a single-component system since putting N0 neutral “molecules” 共each of one positive and z negative ions兲 at temperature T into a domain of volume V completely defines the thermodynamic state. The total number of ions is then N = 共z + 1兲N0, while the total ionic number density, ⬅ N / V, also measures the density of the original molecules. The total Helmholtz free energy, F共T , V , N兲 may be introduced, in standard notation, via the differential relation dF = − S dT − p dV + dN, 共2.1兲 where is the chemical potential conjugate to the total number of ions. In the thermodynamic limit, the reduced variables f̄共T, 兲 ⬅ − F VkBT and ¯ 共T, 兲 ⬅ 冉冊 f̄ =− k BT T 共2.2兲 are convenient 关9,10兴. The reduced pressure follows from the variational expression ¯ 兴. p̄共T, 兲 ⬅ p/kBT = max关f̄共T, 兲 + 共2.3兲 Then phase coexistence 共if present兲 at a given temperature is specified by the equilibrium conditions p共T, v兲 = p共T, l兲 and 共T, v兲 = 共T, l兲, 共2.4兲 where the subscripts v and l indicate vapor and liquid phases, respectively. These equations determine the densities in the two phases: at the critical temperature and density, l共T兲 and v共T兲 coincide. 041501-3 132 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER The single-component or molecular thermodynamic formulation takes care of overall electroneutrality in a natural way and utilizes only one overall chemical potential. It is complete, in principle, if one knows the Helmholtz freeenergy density f̄共T , 兲. An alternate approach is to treat the “isolated” or free ions, and the various clusters into which they associate, each as distinct species in thermal equilibrium with one other. Since the exact calculation of f̄共T , 兲 is intractable, this latter approach is useful in constructing approximations for the overall free-energy density. Such a formulation, however, requires the principles of multicomponent thermodynamics that have have been reviewed systematically by FL for the charge-symmetric RPM in 关10兴 共henceforth abbreviated as I兲. The formulation needed for the charge-asymmetric models is quite similar to that outlined in I but contains some subtle differences. Thus, even at the cost of some repetition, we outline the main principles here. Consider a system of distinct species , which may be free ions or ion clusters 共 = + , − for the original ions, and = 2, 3, … for dimers, trimers, etc.兲, with number densities = N / V, where N is the number of entities of species . The Helmholtz free energy density f̄共T ; 兵其兲 can be defined through a generalization of the single-component formulation above 关see Eqs. 共2.4兲 and 共2.5兲 in I兴. The reduced chemical potential for species then follows from ¯ 共T;兵其兲 ⬅ /kBT = − 共 f̄/兲. 共2.5兲 Since all the species present will be in chemical equilibrium, the sum of the chemical potentials of the reactants in any reaction will equal the sum of the chemical potentials of the products 关see I 共2.2兲 and I 共2.3兲兴. These equations together with conditions 共2.4兲 and overall electroneutrality, namely, 兺 q = 0, 共2.6兲 determine the system in equilibrium. For calculating the pressure one may still use Eq. 共2.3兲, or, equivalently, the multicomponent form I 共2.6兲. For a multicomponent system in which none of the species has a net charge, thermal equilibrium demands that the chemical potentials of each species match in coexisting phases. More generally, however, it is the electrochemical potential that must be equal in both phases so that for a species one has ,v + qv = ,l + ql , electrostatic potential . Nevertheless, the Galvani potential represents a significant feature, that is not present 共or vanishes identically兲 in the RPM: it is discussed in further detail in Sec. VIII. B. Free-energy contributions Our aim is to construct a physically appropriate, albeit approximate free energy for the model systems by adding contributions that arise from the various degrees of freedom and the underlying mechanisms and interactions. As a zeroth-order approximation any fluid may be taken as an ideal gas. Thus, for each species we invoke an ideal-gas term f̄ Id共T; 兲 = − ln关 C共T兲兴, where C共T兲 depends on the internal configurational partition function of species , 共T兲, and the de Broglie wavelength, ⌳共T兲 共see I for details兲. The principal contribution to the interaction free energy of our model electrolyte comes from the electrostatic interactions between the ions. We will use a DH “charging” approach to calculate the electrostatic free energy of each species as discussed in detail in Sec. IV below. The only other significant interaction between the ions is the hard-core interaction. The various forms of additive free-energy corrections for the hard-core contributions that might be employed are discussed at length in I. However, we have not explored the range of these options here. It may be noted, first, that such second-order and higher virial-type corrections 关9,10兴, enter formally in higher order in powers of the overall density than do the 共leading兲 electrostatic terms. Secondly, the exact hardcore diameters already play a quantitatively significant role in DH theory itself 共see Sec. V A below兲. Furthermore, as observed in the Introduction, the exact hard cores are equally vital in the formation of ion clusters, thereby affecting the values of the corresponding association constants which in turn play a dominant role. Finally, the formation of tightly bound clusters 共see I and below兲 at temperatures ⱗTc has the effect, at the rather low densities near criticality, of markedly increasing the available free volume relative to a fluid with only hard-core interactions. For these reasons, in the present study we have confined our considerations to a simple free-volume approximation which adds f̄ 共2.7兲 where q is the net charge of particles of species and v共T兲 and l共T兲 denote the 共in general distinct兲 electrostatic potentials in the coexisting vapor and liquid phases, respectively. Then ⌬共T兲 ⬅ l − v is the absolute electrostatic potential difference between the two phases, i.e., the interphase Galvani potential 关33,34兴. In the molecular or “overall” formalism presented above, the correct phase behavior can be obtained without any reference to the Galvani potential since the chemical potential , conjugate to the overall density , corresponds to a neutral species that is insensitive to the 共2.8兲 HC = 冉兺 冊 冉 ln 1 − 兺 B 冊 共2.9兲 to the Helmholtz free energy. In the low density limit with all species regarded as hard spheres of diameters a, the exact value of the coefficients B is 2a3 / 3. But, as noted in I, this choice for equisized hard spheres implies an unrealistically low maximum density at * = 3 / 2 ⯝ 0.48 in contrast to * = 冑2 ⯝ 1.41. A reasonthe true, fcc packing density of max able alternative choice for use at intermediate densities is thus to take effective values of the B coefficients corresponding to bcc close packing 关40兴, namely, B / a3 = 4 / 3冑3 ⯝ 0.770. We will, hereafter, refer to this choice as using “bcc 041501-4 133 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS FIG. 3. A dimer with the two ions separated by a distance a1. The dotted sphere indicates the closest possible approach by a screening ion. The dashed sphere of radius a2 represents an effective exclusion zone for solvation computations: Sec. IV A. hard cores”; its influence on the values of the critical parameters will be examined below in Sec. VI. We may remark, however, that while some improvements in accounting for volume exclusion may still be feasible, the studies in I indicate that straightforward, naive approaches tend to strongly overestimate the excluded-volume effects. This seems to occur because the dominant many-particle ionic correlations in the low-temperature moderately dense liquid lead to an “expanded-crystal-like” structure that screens out direct hard-core interactions: see plot 共d兲 in Fig. 6 of I and the related discussion in I Sec. 8.5. FIG. 4. A configuration of a tetramer with coordinates suitable for calculating the association constant. The small dotted spheres indicate the ground-state orientations of the satellite ions. The central positive ion is located at the origin. To proceed, consider a charge q+ = zq0 fixed at the origin of a Cartesian coordinate system with m satellite charges q− = −q0 around it. For m = 3 one has a tetramer for which Fig. 4 illustrates a general configuration, and let ri be the position vector of the ith satellite. The reduced configurational energy 共electrostatic plus hard core兲 for such a system, normalized by q+q− / Da, is m Em,z共兵ri其兲 = 兺 III. ASSOCIATION CONSTANTS FOR ION CLUSTERS i=1 The success of the DHBjDI theory in estimating the critical point of the RPM, together with “snapshots” of primitive models of ionic fluids from computer simulations 关27,28兴 indicate that a high degree of association is present in the critical neighborhood. A careful analysis of the association constants for ion clusters is therefore essential. Here, we generalize Bjerrum’s original approach 关15兴 to define and calculate the association constants for a set of “primary” clusters which contain one central cation of charge zq0 surrounded by 1 艋 m 艋 z singly charged anions 共a general dimer configuration is illustrated in Fig. 3兲. These primary clusters with, including the bare ions, net charges q = 共−1 , 0 , + 1 , … , + z兲q0, will be the first to form when the temperature is lowered, and the density increased. Of course other, larger clusters of ions must eventually come into play. However, insofar as their net charges fall in the same range, they may be subsumed, in a first approximation, under the like-charged ions and primary clusters: see the discussion in I Secs. 8.3 and 8.4. The most important exception is probably the doubly overcharged “molecular” clusters with m = z + 2 counterions: however, we believe that such clusters will not contribute significantly in the critical region for z 艋 4. a a −兺 , ri 共i,j兲 zrij =− ⬁, if ri, rij 艌 a, otherwise, 共3.1兲 where ri = 兩ri兩, rij = 兩ri − r j兩, and 共i , j兲 indicates a sum over all distinct pairs. The association constant for a cluster or 共m + 1兲-mer formed by these charges is the internal partition function m Km,z共T;R兲 = 1 兿 m! i=1 冕 R dri exp关Em,z共兵ri其兲/T*兴, 共3.2兲 a where R is a suitable cutoff radius without which all the integrals would diverge at large distances. The choice of R is necessarily somewhat arbitrary since there is no clear, absolute criterion for when a group of ions is to be considered “associated.” The ambiguity in choosing a cutoff radius arises even for the simplest possible cluster, a dimer 共m = 1兲. In that case Bjerrum 关15兴 observed that the integrand in 共3.2兲 exhibits a minimum at a radius RBj = a / 2T*; thus he chose R = RBj as the cutoff for T* ⬍ 21 共since for T* 艌 21 one has RBj 艋 a兲. Evidently, the choice R = RBj makes the association constant least sensitive to the value of the cutoff. Bjerrum’s choice, however, may reasonably be 041501-5 134 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER considered as unphysical since RBj共T兲 becomes unbounded when T falls to zero while one expects a 共+ , −兲 ion pair to become more tightly bound at lower temperatures. This issue is discussed in I 共see Sec. VI B兲 where Bjerrum’s association constant is also compared with other definitions: see also 关25,41兴. While Bjerrum’s cutoff, RBj, has no direct relevance to the actual physical size of a dimer which is much more compact 共as analyzed in I, Sec. VI B兲, the value and behavior of Bjerrum’s association constant is numerically accurate 1 for T* ⱗ 16 despite the unphysical nature of the cutoff. In light of this analysis we generalize Bjerrum’s approach and choose the cutoff R so that 共Km,z / R兲 is minimal. For dimers, the choice of the cutoff makes very little difference 1 . However, one over a wide range of R at and below T* = 16 may anticipate that the dependence of Km=z,z共T ; R兲 for m ⬎ 1 will be more sensitive to the choice of R because the ground-state binding energy per 共q+ , q−兲 bond 共for a neutral cluster兲 becomes smaller with increasing z 关42兴. As a consequence we must expect our estimates for the critical densities to become less reliable with increasing charge asymmetry. It should also be noted that our choice of integration domain 共3.2兲 is somewhat arbitrary. Thus by taking the outer boundary surface to be ri = R 共for all i兲 we have chosen to integrate over an m-dimensional hypercube. Instead, one might well choose the m-dimensional hypersphere, 兺 jr2j 艋 R2 + 共m − 1兲2a2 共where j runs from 1 to m兲, or, say, a hypercube cut along its body diagonal, 兺 jr j 艋 R + 共m − 1兲a. However, it is reassuring that for m = 2, where exact numerical calculations are possible, the choice of integration do* main makes a difference of less than 0.5% in K2,2 at Tc,DH = 0.0625; furthermore, the sensitivity to this choice is reduced at lower temperatures. Now, for small T, the integral defining Km,z is dominated by the ground-state energy of the cluster, and, it is appropriate, therefore, to expand the integrand about the ground state configuration. After appropriate scaling of the radial variables, we obtain, for m 艌 3, the general form Km,z共T;R兲 = 1 8m+1/2Jm a3m zm−3/2T*2m−3/2 m! 2m−3 共Cm,z兲m 1/2 兿 m,k k=1 ⫻exp共mCm,z /T*兲Im,z共T* ;R兲, 共3.3兲 where the residual integral satisfies Im,z共T* ;R兲 = 1 + O共T*兲, small T*. A full calculation, however, requires an evaluation of the residual integral factor Im,z共T* ; R兲. Dimers and trimers turn out to be special cases for which the general form 共3.3兲 does not apply. Nevertheless, the calculations follow similar lines. For dimers the association constant has been discussed in detail in I. Expanding around the ground state yields K1,z共T;R兲 = 4a3T* exp关1/T*兴 I1,z共T* ;R兲. Moreover, using the Bjerrum cutoff RBj and evaluating analytically the integral over r in 共3.2兲 gives 关10兴 I1,z共T* ;RBj兲 = 1 −1/T* e 关Ei共1/T*兲 − Ei共2兲 + e2兴 6T*4 − 1 共1 + T* + 2T*2兲, 6T*3 共3.6兲 where Ei共y兲 is the standard exponential integral. Because of the normalization 共1.1兲, this result is independent of z. The asymptotic expansion for small T* is, in addition, independent of R and given by I1,z共T* ;R兲 = 1 + 4T* + 4⫻5T*2 + 4⫻5⫻6T*3 + ¯ . 共3.7兲 We note that when T* 艋 0.1, this expansion gives reasonably accurate results if truncated at the smallest term: see I. For trimers, a similar but more elaborate calculation yields, K2,z共T* ;R兲 = 322 zT*3a6 exp关2共1 − 1/4z兲/T*兴 I2,z共T* ;R兲. 共1 − 1/4z兲2 共3.8兲 However, in contrast to dimers, an exact analytical result for I2,z共T* ; R兲 seems inaccessible for any value of z. Nevertheless, one can obtain precise results by numerical integration. For our subsequent calculations we need results for trimers with z = 2 and 3, i.e., the integrals I2,2, and I2,3. Generalizing the Bjerrum procedure, we determine the appropriate, optimal cutoffs, Rm,z by searching numerically for the minima of 共Km,z / R兲 at fixed temperature. The results can be scaled conveniently by setting R2,z / a = R̃2,z共T*兲 / T*, where, typically, we find 共3.4兲 while the m,k’s are the eigenvalues of the reduced quadratic form describing the angular variation of the energy. The dominant exponential dependence is controlled by Cm,z, the binding energy per satellite in units of 共q+q− / Da兲, while Jm is the Jacobian of the transformation leading to the diagonalization of the angular integrals. In Appendix A the calculations are performed explicitly for tetramers 共m = 3: see Fig. 4兲 thereby illustrating the general procedure. Evidently the principal T dependence of the association constant can be found by scaling the variables and expanding the integrand for 共3.5兲 R̃2,2共0.05兲 ⯝ 0.263, R̃2,3共0.05兲 ⯝ 0.336. 共3.9兲 For z = 2, the sensitivity of the trimer association constant to the cutoff is markedly greater than found for dimers 共which was illustrated graphically in I Fig. 3兲. At a temperature T* = 0.052 关some 6% above the predicted value of T*c 共z = 2兲: see Sec. VI兴 increasing 共decreasing兲 R2,2 by 20% increases 共decreases兲 K2,2 by about 0.7%. However, as is explained in Sec. VI, these changes do not significantly alter the predicted critical parameters. Because of the larger central charge, the sensitivity of I2,3 to the cutoff is significantly smaller at the relevant temperatures. 041501-6 135 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS Even if one employs a precise numerical calculation of K2,z for trimers, it is worth noting that it can be reproduced quite accurately by Padé approximants 关43兴 that embody the small-T* expansion of I2,z. For example, when z = 2, the expansion I2,2共T* ;R兲 = 1 − + 76 * 357 248 *2 222 368 768 *3 T + T − T 49 2401 117 649 7 109 382 144 *4 T +¯ 117 649 共3.10兲 yields a 关1 / 3兴 Padé approximant that up to T* = 0.055, agrees with the results of numerical integration to better than 4%. With this in mind, we consider the approach also for tetramers. Indeed, for tetramers 共needed only for the case z = 3兲, expanding about the ground state yields 48 z3/2a9T*9/2 K3,z共T ;R兲 = 21/231/47/2 5 共1 − 1/冑3z兲3 * ⫻exp关共3 − 冑3/z兲/T*兴I3,z共T* ;R兲; 共3.11兲 FIG. 5. Calculation of the association constant integral I3,3共T*兲. The dashed line represents the 关5 / 2兴 Padé approximant while the dotted lines portray the 关6 / 1兴 and 关2 / 5兴 approximants. The solid circles result from Monte Carlo integration while the solid line is a polynomial fit: see Eq. 共3.13兲. see Appendix A. However, the calculation of I3,z proves difficult even numerically. Asymptotic expansion for small T* 共7兲 yields I3,3 = I3,3 + O共T*8兲 with 共after some efforts兲 共7兲 * I3,3 共T ;R兲 = 1 + 4.263 24T* + 157.697T*2 + 353.407T*3 *4 + 29 636.117T − 58 642.1T *5 + 8.5259⫻106T*6 − 7.078 15⫻107T*7 . 共3.12兲 One can then form and examine all the approximants up to order 7. One observes readily that the 关5 / 2兴 approximant seems the most reliable judging its convergence relative to the other approximants: see Fig. 5. However, since the tetramer is of prime importance for criticality in the 3 : 1 model, and because one knows that an approximant based only on the low-T asymptotics must fail at some value of T* 共of likely magnitude ⬃0.1兲, we have undertaken a Monte Carlo evaluation of I3,3 关44兴: see Fig. 5. The details are described in Appendix B. It transpires that the 关5 / 2兴 Padé approximant agrees to within 4% with the precise numerical calculation up to T* = 0.06 关which is 15% higher than the DHBjCI value of T*c 共z = 3兲 as can be seen in Fig. 1兴. Nevertheless, for our explicit calculations we fitted the Monte Carlo calculations of I3,3 to the form 18 I3,3共T ;R兲 = * 共7兲 * I3,3 共T ;R兲 + 兺 i jT*j , 共3.13兲 IV. ELECTROSTATIC CONTRIBUTIONS TO THE FREE ENERGY A. General considerations To calculate the electrostatic part of the free energy we adopt the basic DH strategy 关8兴 but, as in 关9兴, we generalize the approach to include cluster species that contain more than one ion and, thus, are not spherically symmetric. Consider a cluster 共possibly just a single ion兲 of species that has charges 兵qi其 at positions 兵ri其. Owing to the hard-core repulsions the “free” screening ions are prevented from entering the “exclusion zone” of the species: see, for example, the dimer with one +2q0 and one −q0 ion which has a dumbbell shaped exclusion zone as seen in Fig. 3. To estimate the free energy of an isolated cluster in an atmosphere of screening ions, of densities and charges q, we approximate its exclusion zone by a sphere of radius a 关9,10兴: for the selection of an appropriate value for a, see below in Sec. V C. At this point we will suppose only that the choice of origin for this effective exclusion sphere is such that all the charges of the cluster are included within it. A specific criterion for the precise choice of origin for the effective exclusion sphere 共when not dictated by an obvious symmetry兲 will be developed for each cluster species as we address them individually. TABLE I. Fitted expansion coefficients i j for calculating the tetramer association constant K3,3共T*兲; see 共3.11兲–共3.13兲. j=8 where the coefficients i j are listed in Table I. As seen in Fig. 5, the fit is very good and, indeed, provides an accuracy of one part in 103 or better. In reality, it probably remains valid some way above T* = 0.10; but it is also clear that the 关5 / 2兴 approximant fails rapidly above T* = 0.06 and shows noticeable deviations already for T* ⲏ 0.04. j 8 9 10 11 041501-7 136 10−共j+3兲i j j 10−共j+3兲i j j 10−16i j −0.419627 2.17887 2.6276 −28.3178 12 13 14 15 55.247 −44.2769 12.4183 0.558599 16 17 18 13.8829 2.58295 0.40201 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER * Ql,m = 兺 Y l,m 共i, i兲qirli , For r 艋 a, the overall electrostatic potential may generally be expanded in terms of the spherical harmonics Y l,m as ⌽⬍共r, , 兲 = 4 1 兺 D l,m 2l + 1 ⫻ 冋兺 * qiY l,m 共 i, i兲 i l ri,⬍ l+1 ri,⬎ where the summation runs over the particles of the cluster . In 共4.1兲, the potential arising directly from the ions in the cluster 共without any contribution from the screening ions兲 is 册 + Al,mrl Y l,m共, 兲, ⌽0共r, , 兲 = 共4.1兲 where D is the dielectric constant of the medium, i labels the particles of the cluster , the qi are their charges, and the 共ri , i , i兲 their coordinates, while ri,⬍ = min共r , ri兲 , ri,⬎ ⬁ l = max共r , ri兲, and the notation 兺l,m means 兺l=0 兺m=−l . We note that the boundary condition at the origin is already taken into account in this expression. For r 艌 a the potential arising from the cluster ions in is screened by the external ions and hence we may expand the potential as 1 兺 Bl,mkl共r兲Y l,m共, 兲, D l,m ⌽⬎共r, , 兲 = 共4.2兲 in which screening is embodied in the boundary condition ⌽⬎ → 0 when r → ⬁ 关which relates rather directly to the introduction of the electrostatic potential in 共2.7兲兴. The inverse Debye length introduced here is defined generally by 冉 共T,兵其兲 = 4 兺 q2 /DkBT 冊 1/2 ⬅ 1/D , and therefore, the potential inside the exclusion sphere arising from the external screening ions is merely ⌽̃⬍共r;兵ri,qi其兲 = 兺 l,m 4 Al,mrlY l,m共, 兲, 2l + 1 FEl共T,兵其,V兲 = N D 冕兺 1 0 qi d ⌽̃⬍共ri ;兵r j,q j其兲, 共4.12兲 i and normalizing by VkBT, we finally obtain ⬁ l 4 v2l共x兲  兺 兺 兩Q 兩2 , D l=0 共2l + 1兲a2l+1 m=−l l,m f̄ El共T,兵其兲 ⬅ − FEl/VkBT = 共4.13兲 共4.3兲 冕 冋 1 v2l共x兲 = 共4.4兲 = 共4.5兲 that arise in the solution of the Debye-Hückel or linearized Poisson-Boltzmann equation, are conveniently specified in terms of the polynomials d 1 − 0 The spherical Bessel functions kl共x兲 = gl共x兲e−x/xl+1 , 共4.11兲 where r = 共r , , 兲 and the Al,m are given by 共4.7兲. The electrostatic contribution of the species to the total free energy now follows via the Debye charging process 关8,9兴 as where the crucial expressions are a = x . and l ri,⬍ 4 1 * Y l,m共, 兲 兺 qiY l,m 共i, i兲 l+1 , 兺 D l,m 2l + 1 ri,⬎ i 共4.10兲 and, when convenient, we will write a = x 共4.9兲 i 共2l + 1兲kl共x兲 x kl+1共x兲 再冋 册 册 冎 2l + 1 gl+1共x兲 x2 ln −x+ , 共4.14兲 2 x gl+1共0兲 2共2l + 1兲 2 while the “multipole-squared amplitudes,” 兺m兩Ql,m 兩 , are independent of the axes defining the polar coordinates. B. Monomers l gl共x兲 = 共l + m兲! xl−m , 兺 m 2 m ! 共l − m兲! m=0 共4.6兲 关so that g0共x兲 = 1 , g1共x兲 = 1 + x , g2共x兲 = 3 + 3x + x2, etc.兴. On the surface of the exclusion sphere, r = a, matching ⌽⬍ and ⵜ⌽⬍ to ⌽⬎ and ⵜ⌽⬎ 共the usual conditions expressing continuity of the potential and absence of surface charge兲 yields the coefficients Al,m = − Ql,m a2l+1 Bl,m = 冋 1− 册 共2l + 1兲kl共x兲 , x kl+1共x兲 4 Ql,m al+1x kl+1共x兲 , 共4.7兲 Consider a monomer 共or single + or − ion兲 with diameter a± = a and charge q±. The multipole expansion 共4.9兲 contains only the l = 0 term with Q0,0 = q± / 冑4. Substituting into 共4.13兲 gives the reduced free energy of a monomer in a cloud of screening ions f̄ ±El共T,兵其兲 = 共4.15兲 If only monomers are present, summing the contributions from the positive and negative ions leads to the familiar DH free energy 关8,9兴, namely, f̄ 共4.8兲 in which the cluster multipole moments, Ql,m, which will play a central role in our calculations, are given by q±2 ±v0共a兲. q+兩q−兩T* DH 共T,兵其兲 = 关ln共1 + a兲 − a + 21 共a兲2兴/4a3 . 共4.16兲 This result, which depends only on x = a is, in fact, generally valid for any number of charged species, provided all of 041501-8 137 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS them have the same size and the system is overall electrically neutral: as well known, it reproduces the exactly known answers at the leading low-density order. C. Dimers For our z : 1 system, consider the dimer illustrated in Fig. 3 with a cation of charge q+ = zq0, separated from an anion of charge q− = −q0 by a distance a1. 共In reality, a1 艌 a will be a fluctuating distance; but, as discussed in detail in I, we may, in reasonable approximation, regard it as a definite function of T: see also in Sec. V C below.兲 Let a2 be the radius of the effective exclusion sphere 共which, clearly, should increase when a1 increases兲. Since the dimer is asymmetric unless z = 1 we displace the center of the exclusion sphere towards the positive cation, by a distance pa1: see Fig. 3. One should expect the optimal value of p to depend on z: by symmetry, one must surely choose p = 21 for z = 1, but when z → ⬁ one should, likewise, have p → 0. For the moment it suffices to assume 0 艋 p 艋 1: a concrete criterion for choosing p will emerge below. In the configuration of Fig. 3, the leading multipole moments are Ql,0 = 冑 2l + 1 q0 al1关zpl + 共− 1兲l+1共1 − p兲l兴, 4 共4.17兲 and Ql,m = 0 if m ⫽ 0. Substituting the above into 共4.13兲 yields the dimer contribution ⬁ f̄ El 2 共T;兵其兲 = FIG. 6. A trimer bent at an angle 2␣. The dotted sphere indicates the closest approach by a screening ion. The exclusion zone is approximated by a sphere, shown dashed, of radius a3. f̄ El 2 共T;兵其兲 = 共4.20兲 which we will employ below. It is interesting to note that the choice 共4.19兲 also makes the coefficient of the l = 1 共or dipolar兲 term independent of z. Furthermore, numerical calculations show that for this choice of p, the l 艌 3 remainder divided by the l = 1 term is reduced by a factor of about 1 / z relative to the symmetrical assignment p = 21 . a a2l 2 1 关zpl + 共− 1兲l+1共1 − p兲l兴2v2l共x2兲. 兺 zT* l=0 a2l+1 2 D. Trimers 共4.18兲 The value of this sum and its rate of convergence clearly depend on the value of p. Explicit numerical tests using a1 / a = 1 , a2 / a = 3关1 + ln共3兲 / 2兴 / 4 共the “angular average” value discussed in Sec. V C兲 show that the series converges sufficiently rapidly that, to the precision of interest, one need not consider terms beyond l = 2 共see also I兲. Indeed, for z = 2 and 3 and 1 艋 x2 艋 5, the l 艌 3 remainder for p = 21 varies only from 0.8% to 1.6% of the l = 2 or dipolar term and can thus be safely neglected within the accuracy of this calculation. Evidently, a reasonable criterion for the optimal value of p would be that which minimizes the full sum of terms from l = 2 to ⬁. In view of the rapid convergence, however, a very satisfactory option is to choose the value of p that minimizes the l = 2 or quadrupolar term: this yields the simple result p = 1/共1 + 冑z兲. 共z − 1兲2 a 1 aa21 共x 兲 + 2 v v2共x2兲, 2 0 2 zT* a2 T* a32 共4.19兲 This value, in fact, eliminates the quadrupolar term entirely and satisfies the two limiting cases, z = 1 and z → ⬁, discussed above. Adopting this expression for p and neglecting the terms with l 艌 3 in 共4.18兲, we obtain the very satisfactory approximation In considering the solvation of a trimer species, the first point to note is that although the ground state is linear 共in the form: −q0 , + zq0 , −q0兲 and so has a vanishing dipole moment, the typical fluctuating configuration at finite temperatures must be bent and hence have a dipole moment of magnitude of order q0a. Indeed, examination of snapshots of simulations for z 艌 2 in the critical vicinity 共see, e.g., 关28兴兲 fully confirms this conclusion. Accordingly, consider, as illustrated in Fig. 6, a trimer which is 共say, “instantaneously”兲 bent at an angle 2␣. To simplify the analysis, we will suppose that it is adequate to fix the radial distances r1 and r2 for both satellite anions at the spacing a1. 共As discussed in I, and also below, we expect the fluctuations in a1 to be relatively small.兲 For the effective exclusion sphere, now of radius, say, a3 共see Fig. 6兲, the issue of the placement of its center again arises. By symmetry 共having imposed r1 = r2 = a1兲 the center should lie on the bisector of the angle 2␣ which, in Fig. 6, has been identified as the z axis. Then, in analogy to the dimer, we center the exclusion sphere at a distance pa1 cos ␣ displaced from the center of the central cation 共or charge q+兲 towards the two anions of charge q− whose axial location lies at a distance a1 cos ␣ as projected onto the bisecting axis. With this placement of the center, we find the multipolesquared amplitudes 兩Q0,0兩2 = 共1/4兲共z − 2兲2q20 , 041501-9 138 共4.21兲 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER 兺m 兩Q1,m兩2 = 共3/4兲关zp + 2共1 − p兲兴2共cos ␣兲2q20a21 , 共4.22兲 兺m 兩Q2,m兩2 = 共5/4兲兵3 sin4␣ + „sin2␣ + 关zp2 − 2共1 − p兲2兴cos2␣…2其q20a41 . 共4.23兲 In an ideal calculation of the solvation free energy of trimers, every trimer bent at a specific angle would be treated as a separate species in its own right. However, to make our calculations tractable we substitute these expressions for the multipole-squared moments into the basic result 共4.13兲 and replace the factors that depend on ␣ by thermal averages to obtain f̄ El 3 共T;兵其兲 = 再 3 2 a v0共x3兲 * 共z − 2兲 zT a3 + 关zp + 2共1 − p兲兴2具cos2␣典 aa21 a33 v2共x3兲 + 具3 sin4␣ + 兵关zp2 − 2共1 − p兲2兴cos2␣ + sin2␣其2典 aa41 a53 冎 v4共x3兲 + ¯ . 共4.24兲 Again, an ideal calculation would recognize that the increased solvation free energies resulting from larger dipole moments, should enhance the thermal weight of more highly bent trimers. However, we will forgo such a refinement 共which would require a cumbersome self-consistent formulation兲 and merely weight the bent trimer configurations via the Boltzmann factors computed with the “bare” cluster energies. Accordingly, we consider the thermal average 具O典 of an angular function O at temperature T to be defined by 具O典 ⬅ 冕 /2 /6 冕 d␣ sin 2␣ O共␣兲eE共␣兲/T /2 /6 * 共4.25兲 , d␣ sin 2␣ e E共␣兲/T* where E共␣兲 = −a / 2za1 sin ␣ is the reduced repulsion energy between the two satellite anions. Note that in setting the lower limits of integration at ␣ = / 6 共due to hard-core repulsions兲, we have neglected a domain of closest approach, and, hence, highest repulsive energy, that is accessible when a1 ⬎ a. In fact, in the following calculations, we will need only the two averages 具sin2␣典 and 具sin4␣典 which follow from the expressions 具sin2n␣典 = where s2n+3共1/zT*兲 − s2n+3共1/2zT*兲 1 , 共2zT*兲2n s3共1/zT*兲 − s3共1/2zT*兲 冋 共− 1兲n−1 e−x Ei共− x兲 + sn共x兲 = 共n − 1兲! x n−2 k! 共− 1兲k k 兺 x k=0 册 共4.26兲 . 共4.27兲 As regards the choice of p, a first guess is to choose the value pmin which minimizes the quadrupolar term. However, this leads to unphysical features such as pmin ⬍ 0 and even to pmin → −⬁ when T* → 0 共when, in fact, trimers become straighter and straighter兲. The alternative adopted here is to accept the value of p in the interval 0 艋 p 艋 1 that minimizes the quadrupolar term. One may verify that this value is p = 0 for 0.003⬍ T* ⬍ 0.06, yielding a quadrupolar term that agrees with the exact minimum to within 3%. In summary, although, as indicated, various refinements of our approach may readily be contemplated, we believe that the formulation reasonably captures the essential physics underlying the solvation of fluctuating trimeric ion clusters. E. Tetramers For z 艌 3, one must allow for the formation of tetramers and include their solvation free energy. A tetramer in its ground state is planar with = 0, satellite radii ri = 兩ri兩 = a, 共i = 1, 2, 3兲 and angular separations, 12 = 13 = 2 / 3 共see Fig. 4兲. As for the trimers, thermal fluctuations about the groundstate configuration give rise to significant dipole moments that are absent at T = 0. To tackle this issue we estimate the solvation free energy of a tetramer by considering the harmonic normal modes of angular oscillation about the ground-state configuration. 共Note that these modes already enter into the calculation of the corresponding association constant: see Appendix A.兲 For each mode, a thermal average of the contributions of the individual multipole moments is computed; the sum of these mean-square terms then provides a value for the overall multipole free energy. Of course, this approximation neglects the nonlinear interactions between the modes but, because of the relatively low value of the critical temperature, this should not be numerically significant. Following our treatment of trimers, we will fix the three satellite radii at a1; the exclusion zone for the tetramer will be approximated by a sphere of fixed radius a4 which we choose to center on the positive core ion 共of charge +zq0兲. Ideally, the origin of the effective exclusion sphere should again be placed so that, say, the total contribution of the quadrupolar free-energy term is minimized. For the present calculations, however, only the case z = 3 will be utilized: then the tetramers are neutral so that both monopole and dipole moments are independent of the origin about which they are defined. The variations of the quadrupole moments due to small displacements of the origin and, likewise, variations in the exclusion diameter a4 that might reasonably be associated with thermally induced shape changes, may be neglected at the level of precision appropriate in light of the other approximations of the theory. 共Note that changes in the definition of a4 are studied quantitatively in Sec. VI, below.兲 A planar tetramer has three angular normal modes: two “in-plane” modes and one “out-of-plane” mode. The first two modes correspond to = 0 in Fig. 4 关and * = 0 in 共A4兲 of Appendix A兴 since the three satellite ions remain in the 共x , y兲 plane and ion 1 may be considered as fixed on the x axis 共at x1 = r1 = a1兲. The first mode 共a兲 is a “flapping” mode in which the ions 2 and 3 共see Fig. 4兲 oscillate in phase, towards and 041501-10 139 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS away from the axis formed by ion 1 and the central, positive ion; in other words one has 12 = 13 关following from Y = 0 in 共A4兲兴. The second mode 共b兲 is a “pendulum mode” in which the angle between the ions 2 and 3 remains fixed, equal to its equilibrium value so that 12 + 13 = 4 / 3 关corresponding to X = 0 in 共A4兲兴. Lastly, in the “out-of-plane” mode 共c兲, two satellites are fixed whereas the third one swings around the plane of equilibrium 共corresponding to the mode where X = Y = 0 while is varying兲.1 For each mode we need a configuration-space weighting factor: these all derive from the expression 共3.2兲 for the association constant. For the tetramer, using the coordinates in Fig. 4, this is dr1dr2dr3 = 82r21dr1dr2dr3共r22 2 具兩Ql,m 兩典a = Na共T*兲 comes from the full angular integral where a prefactor over the orientation of the x axis, while a factor 2 arises from the axial integral 关rotating the y axis about the x axis so that satellite 2 is in the 共x , y兲 plane兴. Insofar as we consider the angular modes at fixed ri = a1, the only relevant factor for the angular averages over the mode coordinates is sin 12 sin13 d12d23d. 关Note that essentially identical considerations enter in writing 共4.25兲 where 12 = 2␣.兴 Now the monopole moment of the 共general兲 tetramer is always Q0,0 = 共z − 3兲q0 / 冑4; but the higher moments clearly depend on the mode configurations as we proceed to specify. 共a兲 In-plane flapping mode. Let 12 = 13 = be the angle describing this normal mode 共but recall that = 2 / 3 specifies the ground state兲. The dipole and quadrupole amplitudes generated by excitation of the mode are then 15 兺m 兩Q2,m兩2 = 4 关sin4 + 3 cos4兴q20a41 . 冋 册 1 1 a E a共 兲 = − + . za1 sin共/2兲 2 sin 具兩Ql,m兩2典b = Nb共T*兲 15 共4.34兲 冕 /3 −/3 * where the reduced energy can be written as E b共 ⬘兲 = − a za1 1 冑3 + 册 2冑3 cos共⬘/2兲 . 1 + 2 cos ⬘ 共4.36兲 9 共4.37兲 45 共4.38兲 兺m 兩Q1,m兩2 = 8 关1 − cos 兴q20a21 , 兺m 兩Q2,m兩2 = 64 关3 − 2 cos + 3 cos2兴q20a41 , while the reduced repulsive energy is simply E c共 兲 = − For symmetry reasons, one might prefer to consider, in place of the eigenmode 共c兲, the more symmetric mode 共c⬘兲 in which the three satellites swing together in and out of the equilibrium plane while maintaining an equilateral triangle geometry. For small deviations around the ground state, these two modes coincide; furthermore the differences induced in the resulting critical temperatures and densities 共via the nonlinearities兲 are less then 0.3%. 冋 共4.35兲 共c兲 Out-of-plane mode. Finally, in the out-of-plane mode as described previously 共in which 12 = 13 = 2 / 3 and varies兲, the dipolar and quadrupolar amplitudes are 共4.30兲 共4.31兲 d⬘关1 + 2 cos共2⬘兲兴 ⫻ 兩Ql,m共⬘兲兩2eEb共⬘兲/T , a 冑3za1 冋 2+ 册 1 . cos共/2兲 共4.39兲 For this mode, the thermal average is performed according to Thus the thermal average square moments may be calculated from 1 共4.33兲 The thermal average is now computed via the normalized integration 共4.29兲 The reduced repulsive Coulombic energy between the three satellite ions is given by 共4.32兲 3 兺m 兩Q2,m兩2 = 16 关5 − 2 cos共2⬘兲兴q20a41 . 4r21 3 /3 * d sin2 兩Ql,m共兲兩2eEa共兲/T , 兺m 兩Q1,m兩2 = 2 关1 − cos ⬘兴q20a21 , 共4.28兲 兺m 兩Q1,m兩2 = 4 关1 + 2 cos 兴2q20a21 , 5/6 where 1 / Na共T*兲 is the obvious normalizing integral. The limits specified on correspond to the hard-core restrictions in the case a1 = a and should be relaxed appropriately if a1 ⬎ a 共although, since they correspond to the maximal interionic repulsions, the differences will be small兲. 共b兲 In-plane pendulum mode. Now let us put 12 = 共2 / 3兲 − ⬘ and 13 = 共2 / 3兲 + ⬘, so that ⬘ describes the angular amplitude of the mode. The dipole and quadrupole amplitudes are then sin 12 d12兲 ⫻共r23 sin 13 d13兲d , 冕 具兩Ql,m兩2典c = Nc共T*兲 冕 m d兩Ql,m共兲兩2eEc共兲 , 共4.40兲 0 where the condition 艋 m ⬅ − 2 arcsin共1 / 冑3兲 expresses the hard-core condition and 1 / Nc共T*兲 is the corresponding normalizing integral. At this point, the overall solvation free energy of a tetramer, f̄ El 4 共T ; 兵其兲, may be calculated by summing the solvation free energies computed for each mode. This completes the basic general analysis. 041501-11 140 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER V. CRITICALITY AND COEXISTENCE UNDER CHARGE ASYMMETRY A. Pure Debye-Hückel theory The original Debye-Hückel theory 关8兴 amounts to writing the overall free-energy density as f̄共T, +, −兲 = f̄ DH 共T, +, −兲 + f̄ Id共T, +兲 + f̄ Id共T, −兲, 共5.1兲 where + and − are the densities of cations 共with charge q+ = zq0兲 and anions 共with charge q− = −q0兲, respectively, and f̄ DH was obtained in 共4.16兲. From the electroneutrality condition 共2.6兲 one has + = /共1 + z兲, − = z/共1 + z兲, 共5.2兲 while using the expression 共4.3兲 for Debye length, with x ⬅ a, the normalized density 共1.2兲 becomes * = x2T*/4 . 共5.3兲 The contribution to the overall chemical potential from the DH free energy is then ¯ DH = − x/2T*共1 + x兲. 共5.4兲 C+ = C− = ⌳31 Taking in 共2.8兲 where ⌳1共T兲 is the de Broglie wavelength for free ions, the ideal-gas contribution is merely ¯ Id = ln共x2T*兲 + 冉 冊 冉 冊 冉 冊 1 1 z z + ln ln 1+z 1+z 1+z 1+z + ln ⌳31 4a3 . f̄共T;兵其兲 = 兺 关f̄ Id共兲 + f̄ El共T;兵其兲兴, p† ⬅ 4a3 p̄ = x2T* + ln共1 + x兲 − x + 21 x2/共1 + x兲, 共5.6兲 which is the same as 共4.6兲 in I and quite independent of z. Since the expression for the pressure does not depend on z and the overall chemical potential is also z-independent except for the constant terms in the ideal-gas form 共5.5兲, the conditions for criticality and phase coexistence are identical to those derived in I for the 1 : 1 model. The phase coexistence curves are likewise identical: see I Fig. 1共a兲. In summary, the pure Debye-Hückel theory predicts that the critical parameters are independent of z and given by = 1/16, *c = 1/64, xc = 1, Zc ⬅ pc/ckBTc = 16 ln 2 − 11, 共5.8兲 共5.5兲 ¯ = ¯ DH + ¯ Id, while the reThe overall chemical potential is duced pressure follows from 共2.3兲 as T*c FIG. 7. Examples of the variation of the pressure with the chemical potential of the neutral species n 共shifted by an arbitrary constant兲, calculated for a 3 : 1 electrolyte treated within the DHBjCIHC theory with refined standard parameters. Two-phase coexistence below Tc can be realized when the curve intersects itself 共while, as usual, the states below the intersection are not stable兲. The plots are constructed parametrically as functions of x = a using increments of 0.03 around xc = 1.570 for reduced temperatures T* = 0.042 50, 0.043 345, and 0.043 80. 共5.7兲 while the numerical values are presented in Table II. B. DHBjCIHC theory Extending the DHBjDIHC pairing-plus-solvation approach for 1 : 1 electrolytes to z : 1 electrolytes, we now include dimers, trimers, and all further primary clusters up to 共z + 1兲-mers, and add their free energies to the overall electrostatic free energy to obtain where = + , −, 2, 3,… for positive ions, negative ions, dimers, trimers, …, respectively. To determine the degree of association of the free ions into dimers, trimers, …, we need the association constants Km,z共T*兲 as computed in Sec. III. Then, under chemical equilibrium the cluster densities m, for 2 艋 m 艋 z + 1, satisfy the laws of mass action in the form El ¯m ¯ +El + 共m − 1兲 ¯ −El − 兴, 共5.9兲 m = Km−1,z +−m−1exp关 where the excess chemical potentials are given from I by TABLE II. Predicted critical parameters, T*c = DakBTc / zq20 , *c = ca3 , xc = ca , Zc = pc / ckBTc, and the mole fraction of free ions, y ±c = 共N+ + N−兲 / N兩c, for z : 1 hard-sphere electrolytes, as predicted by the DHBjCIHC theory with “standard” parameters 共refined for z = 3兲: see text. Monte Carlo results 关7,28兴 are displayed in parentheses. z 102T*c DH 1 2 3 6.250 5.567 共4.933兲 4.907 共4.70兲 4.334 共4.10兲 041501-12 141 102*c 0.4974 2.614共7.50兲 6.261共9.3兲 11.90共12.5兲 xc Zc y ±c 1 1.038 1.366 1.570 0.9063 0.2451 0.1708 0.1433 1 0.1828 0.1164 0.0838 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS ¯ El共T;兵其兲 ⬅ − 兩 f̄ El/兩T, . ⬘ 共5.10兲 We dub this extended treatment DHBjCIHC theory for “Debye-Hückel theory supplemented by Bjerrum association into clusters that are solvated by the ionic fluid, and hard cores.” In order to obtain a canonical equilibrium state of the 共z + 2兲-component fluid, one needs, in addition to electroneutrality and the z mass action conditions, one extra parameter, such as the overall density or, more conveniently, the reduced Debye variable x = a. Moreover, phase coexistence entails the conditions 共2.4兲 and 共2.7兲, whereby one can show that the equality of all the different electrochemical potentials between coexisting phases can be replaced by the equality of the chemical potential of the neutral species alone 共dimer, trimer, or tetramer, respectively, for z = 1, 2, or 3兲. 共For the charged species, the electrochemical potential must match between two coexisting phases as mentioned in the Introduction and discussed in Sec. VIII below in connection with the Galvani potential.兲 One effective computational ¯ n共x , T兲) strategy is thus to plot parametrically (p̄共x , T兲 , 共where n denotes the neutral species兲, and to seek for two different values of x giving the same point: see Fig. 7. Especial care is needed in determining the coexistence curve below criticality for z = 3. However, calculations in the single-phase region 共above Tc兲 are relatively straightforward; consequently, for the purpose of calculating Tc and c another useful approach is to generate supercritical loci which must intersect at the critical point. We choose the maxima of the k susceptibilities 共see Sec. VII兲, which, indeed, lead to fast and accurate determinations of Tc and c. C. Geometric parameters for the ion clusters To proceed further in the quantitative evaluation of the electrostatic contributions to the free energy as derived analytically in the previous sections, we must address the values and thermal variations of the satellite separation radii, a1 共which should both depend on the cluster species m and the valence z兲 and of the effective exclusion sphere diameters am for m 艌 2. Both these issues were discussed for the basic 1 : 1 model 共the RPM兲 in I 共see Secs. VI C and VII A兲 and so will be treated fairly briefly here. If we write a1 = a关1 + s1,m,z共T兲兴, it is, first, clear that s1,m,z vanishes when T → 0 for all m and z, so that hard-core contact is, in fact, rather rapidly approached when T falls. Indeed, for T* 艋 0.055 关⯝T*c 共z = 1兲兴, the analysis of I indicates that s1,1,1 decreases almost linearly with T* from s1,1,1 ⯝ 0.08. When z ⬎ 1, because of the tighter binding induced by the larger central charges, which is only partly offset by repulsions from the remaining m − 1 satellite ions, one must also have s1,m,z共T*兲 ⬍ s1,m,z⬘共T*兲 when z⬘ ⬎ z. Then, one should also observe 共see Figs. 1 and 2 and Table II兲 that for larger values of z 共艌2兲, the critical temperatures fall, so that the relevant values of s1,m,z共T*兲 will again be smaller than for the 1 : 1 model. Nevertheless, one must notice from 共4.13兲, 共4.20兲, 共4.24兲, and 共4.29兲, etc., that the dipolar and quadrupolar contributions 共when the latter do not vanish by choice of the parameter p兲 are proportional to a21 and a41, respectively. However, in compensation, these pow−1 and ers are always accompanied by the inverse powers am −3 am , respectively, of the exclusion diameters am 共m 艌 2兲, which are proportional to the corresponding values of a1共T兲 and so act to reduce the overall sensitivity. In I, the choice of the radius a2 for the effective exclusion sphere that approximates the true bispherical exclusion zone of a dipolar dimer 共see Fig. 3兲 was discussed by considering various bounds and their mean values. It was decided to accept, as most appropriate, the “angular average” value, defined as the radius averaged over solid angle of the true exclusion zone as measured from a symmetrically located origin of a cluster in its ground state. For dimers, trimers, and tetramers in their ground states, these angular averages are, respectively, aa2 3 3 = + ln 3, a 4 8 ⯝1.16198, aa3 5 = , a 4 =1.25, aa4 11 = , 8 a 共5.11兲 =1.375. It transpires in the calculations leading to the critical parameters, that the predicted values for all three cases, z = 1, 2, and 3, are dominated by the properties of the primary neutral clusters, namely, the neutral dimers, trimers, and tetramers, which prove to be by far the most abundant species. In turn, for fixed z, these are found to be the most sensitive to the geometrical parameters. Accordingly, we have examined 共as, in fact, did Levin and Fisher兲 various other more-or-less plausible criteria. One simple, but clearly rather arbitrary possibility, is to choose a so that the approximating exclusion sphere has a volume matching that of the true exclusion zone. We identify these parameters as “steric:” they take the values as2 3 = 4/3 , a 2 as3 191/3 , = 2 a as4 72/3 = , a 24/3 ⯝1.19055, ⯝1.334 20, ⯝1.452 20. 共5.12兲 Another choice, since the interactions that are being truncated by the exclusion zones are Coulombic, is the harmonic diameters defined as the inverse of the angular average 共again taken from the clusters geometric center of symmetry兲 of the inverse radial distance to the surface of the exclusion zone. This leads to the values ah ah ah2 6 2 4 , 3= , 4= , = a 共2 + 3 ln 3兲 a 共1 + ln 2兲 a 共1 + 3 ln 2兲 ⯝1.132 97, ⯝1.181 23, ⯝1.298 94. 共5.13兲 Compared to the angular averages 共5.11兲, these are some 2.5–5.6 % lower which leads to increased solvation. While, in accord with I, we judge that the angular averages are to be preferred, the predictions of the steric and harmonic parameters will be discussed below. In as far as the satellite separation a1共T兲 exhibits a T dependence, this will be inherited by the a共T兲. However, in the case of charged asymmetric dimers, as needed for z 艌 2, 041501-13 142 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER the offset of the center of the effective exclusion sphere from the clusters’ geometric center 关as embodied in 共4.19兲兴 naturally raises the question: Why not calculate the a’s from the offset center? Likewise, at finite temperature, the crucial bending fluctuations of the trimers and tetramers obviously suggest further modifications in the calculation of the a’s. The temptation to explore these refinements however, may be resisted, first, because the effects are likely to be small, and, just as important, because the resulting changes in critical parameter estimates will be less significant than result from other approximations already accepted. VI. QUANTITATIVE PREDICTIONS At this point, it is imperative to re-emphasize that the primary aim of the present study is to elucidate the basic physical mechanisms underlying the systematic trends in the various critical parameters that are induced as z increases, and, at a semiquantitative level, to understand the magnitudes of the changes. Recall that the true values of T*c 共z兲, etc., are already known to satisfactory accuracy from the recent simulations 关7,28兴. Consequently, a uniform theoretical treatment of the 1 : 1, 2 : 1, and 3 : 1 models is of greater importance than are concerns for various specific subtleties that we know, a priori, cannot yield truly reliable and accurate critical-point data owing to our failure 共not to say inability兲 to treat adequately the essential critical fluctuations: see, e.g., 关20兴. The fluctuations, of course, serve to realize the universality class of the critical behavior 关1,2,5–7,20兴 while, at the same time, depressing the critical temperature and 共for these primitive electrolyte models兲 increasing the critical density relative to the predictions of even “the best,” classical meanfield, or self-consistent treatments. With these points in mind, the principal explicit numerical calculations of the electrostatic free energy terms that we have undertaken have utilized the simple 共T = 0兲 angular averages diameters a, listed in 共5.11兲 and, furthermore, have accepted the “in-contact” or T → 0 limit, a1 = a, for the satellite ion separations in all clusters. It should be stressed, however, that the calculations of the cluster association constants, Km,z共T兲 in Sec. III are not so constrained: rather, each satellite ion is allowed to explore the full phase space restricted only, at large separations, by the Bjerrum-type optimal cutoffs, Rm,z. A. 1 : 1 or restricted primitive model electrolyte Here, we merely refine the results of Fisher and Levin from I. Within the DHBjCI theory using the angular average for a2 共but without the contribution f̄ HC兲, one finds T*c = 0.057 40 and *c = 0.027 79. 共6.1兲 We may supplement the results of I by recording that the use of the larger steric parameter, as2 关see 共5.12兲兴, modifies the predictions for T*c and *c by factors 0.9815 and 1.0086, respectively, whereas, the smaller harmonic exclusion diameter, ah2, yields factors 1.0195 and 0.9989. Hence, a larger cluster size leads naturally to a decrease in T*c , since fewer attractions are realized, and to an increase in c. FIG. 8. Coexistence curves computed for 1 : 1, 2 : 1, and 3 : 1 equisized hard-sphere ionic fluids or primitive model electrolytes: the solid lines correspond to the DHBjCI theory 共without explicit hard-core excluded-volume terms兲; the dashed curves include “standard” bcc hard-core terms. The exclusion diameters used are the angular averages 共5.11兲 except for the refinement a4 / a = 1.41 for the 3 : 1 model. Solid symbols represent simulation estimates for the critical points 关7,28兴 and open symbols the coexistence curves based on precise RPM simulations 关7兴. The next step is to include the hard-core term f̄ HC. Keeping the angular average radius aa2 and taking the bcc hardcore value B / a3 = 4 / 3冑3, a choice of parameters that we will refer to as standard, we find the critical parameters displayed in Table II. As expected, the introduction of hard cores reduces both the critical temperature 共by around 3%兲 and the critical density 共by 6%兲. These effects are stronger if the low-density limiting value B / a3 = 2 / 3 is used since T*c then drops to 0.052 93, i.e., by a further 5%, whereas *c becomes 0.024 69, falling by another 6%. Finally, using the angular average aa2 but with the choice B / a3 = 1.300, which lies between the low-density and bcc values, we obtain the “optimal-fit” estimates T*c 共z = 1兲 = 0.054 55 and *c 共z = 1兲 = 0.025 42. 共6.2兲 The coexistence curves predicted by the DHBjCI theory 共with the angular average for a2兲 and by the DHBjCIHC theory with standard parameters are plotted in Fig. 8. The introduction of f̄ HC significantly lowers the liquid sides of the coexistence curves. One may notice that the Monte Carlo data could well be better fitted by some choice of B between 0 and the bcc value. Note that in addition to the “standard” values of T*c and *c , listed in Table II, the last column, labeled y ±c, reports the critical value of the mole fraction of unassociated ions, namely, y ± = y + + y −, with y = nN/N, 共6.3兲 where y is the mole fraction of species while n is its ionic weight 关i.e., n = 1 for free ions but n = m for a cluster of one positive charge and 共m − 1兲 negative charges兴. For the 1 : 1 model, we have y +c = y −c = 0.0914 while the critical mole 041501-14 143 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS TABLE III. Critical-point mole fractions, y , of the primary clusters 共expressed as percentages兲 according to their total charges, q , for z : 1 models described by DHBjCIHC theory 共with “standard” parameter values兲. Unlabeled clusters are monomers. q / q0 = −1 0 +1 1:1 9.14 2:1 10.33 3:1 8.04 81.72 共dimer兲 72.93 共trimer兲 77.17 共tetramer兲 9.14 15.43 共dimer兲 11.13 共trimer兲 +2 +3 — — 1.31 — 3.32 共dimer兲 0.34 fraction of the associated ion pairs is y 2c = 22c / = 0.8172: see Table III. The fact that 共within the DHBjCIHC theory兲 almost 80% of the ions are associated into dipolar ion pairs near criticality makes it less surprising that a model of neutral but charged hard dumbbells might have a comparable coexistence curve, as some simulations suggest 关45,46兴. Within this DHBjCIHC approach, we remark that an increase in the value of the association constant K1,1 yields a decrease of T*c for a 1 : 1 electrolyte: with the standard parameters, we find that varying K1,1 by ±5% around the value 共3.5兲 results in changes of T*c 共z = 1兲 of order ⫿0.2%. While changing an association constant does not affect directly the free energy of our model 共indeed, T*c is the same in DH theories with or without ion association 关10兴兲, it nevertheless affects the various mole fractions, which do enter in the solvation free energies f̄ El. To our knowledge, the variation of the sum 兺 f̄ El on increasing the association constant can only be determined post facto: for z = 1, our results indicate a more weakly coupled system with a lower critical temperature, in accord with the findings of Jiang et al. 关41兴; however, for z = 2 and 3, we find the opposite trend on varying Kz,z, as noted below. Let us also recall that I presented numerical and graphical data showing how the predicted values of the critical parameters depend on the choices made for the mean ion separation a1 and for the exclusion radius a2. These results may reasonably be taken as indicative of the corresponding shifts that are likely to arise in our analysis of the 2 : 1 and 3 : 1 models. B. 2 : 1 hard-sphere electrolyte We report first the basic DHBjCI results, using the angular averages a2 and a3 listed in 共5.11兲: they are T*c 共z = 2兲 = 0.052 35 and *c 共z = 2兲 = 0.064 29. 共6.4兲 The corresponding coexistence curve is plotted in Fig. 8. One might note, first, that as in the 1 : 1 model, the shape of the liquid side of the coexistence curve below about 0.9 Tc共z = 2兲 becomes markedly concave. This behavior, while violating no known thermodynamic or other conditions, certainly appears unphysical. Furthermore, by comparison with the true results indicated by the simulations, this concavity must be judged as quite misleading. No doubt it results from the failure to satisfactorily describe the correlations, and thence, the free energy of the low-temperature liquid at densities * 艌 0.15 via a collection of free ions plus fairly compact neutral and singly charged clusters. This general issue is also addressed briefly in I Sec. 8.5: it may be noted that the standard MSA exhibits similar although somewhat less pronounced features: see I Fig. 8共d兲. On the other hand, the downward shift in Tc and the marked increase in c reproduce most satisfactorily both the trends and the magnitudes obtained in the simulations 关28兴: see Figs. 1 and 2. These trends are also reproduced fully by the other choices of exclusion diameters. However, as could be expected, the sensitivity to the size of the bigger clusters is enhanced in the 2 : 1 case compared to the 1 : 1 model. Indeed, on using the steric diameters, we find T*c = 0.048 50 and *c = 0.0737 implying a drop by 7.3% and an increase by 15%, respectively. With the harmonic parameters, the conclusions are reversed yielding T*c = 0.055 74 and *c = 0.060 12. As discussed below 共and see Table II兲, a larger fraction of the ions are bound in the clusters when z = 2 compared to z = 1, thereby amplifying the sensitivity to the cluster characteristics. This enhanced sensitivity is also found for the hard-core effects: thus the values of T*c and *c predicted by the standard DHBjCIHC theory, listed in Table II, are lower by 6% and 3% relative to the values in 共6.4兲. Likewise, the low-density value of B yields T*c = 0.043 75 and *c = 0.064 22, which seriously overestimates the hard-core effects, making T*c drop to well below the Monte Carlo estimate. However, the “optimal-fit” choice B / a3 = 1.300 yields the values T*c 共z = 2兲 = 0.046 91 and *c 共z = 2兲 = 0.062 85, 共6.5兲 which, indeed, provide the best fit of our analysis to the Monte Carlo data 共see Figs. 1 and 2兲. However, the corresponding coexistence curve is excessively narrow even compared to the standard prediction shown 共dashed兲 in Fig. 8. On the other hand, it transpires that the sensitivity to the association constant is not so great. Thus in the DHBjCI approach, changing the cutoff for K2,2 by ±20% induces changes in K2,2 of order ±1%, leading to shifts in T*c of order ±0.003% and in *c of order ±0.2%, totally negligible within our level of approximation. Returning to the standard DHBjCIHC theory, one sees from Table II that it predicts a drop in T*c 共compared to the 1 : 1 electrolyte兲 of order 12% and an increase in *c of 140%. These results are to be compared with the Monte Carlo results indicating a drop in T*c of 5% and an increase in *c of around 24%. The predicted T*c and *c agree within 4% and 33%, respectively, with the current Monte Carlo estimates. The overall quantitative results are therefore fairly close to the Monte Carlo values, indicating that the main physical features have been captured by the theory. As regards the composition of the fluid at criticality, one learns from the last column of Table II that fewer than 12% of the ions now remain free or unassociated, even less than predicted in the 1 : 1 case. As can be seen from Table III, the free +2q0 ions are strongly depleted, less numerous than the −q0 anions, by a factor 1 / 8. Indeed, the numbers of positively charged dimers roughly match the oppositely charged 041501-15 144 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER free anions. However, while the predicted overall association rate is larger than for the RPM, the fraction of the ions bound into the neutral or “molecular” clusters 共now trimers兲 is some 11% smaller. Needless to say, the values of the y listed in Table III verify the electroneutrality condition that implies 2y + + 21 y 2 − y − = 0. C. 3 : 1 hard-sphere electrolyte As before, let us first record the predictions of the basic DHBjCI theory using the angular averages, needed now for a2, a3, and a4, the last for the tetramer which we expect to be the dominant species near criticality. We find T*c 共z = 3兲 = 0.050 54 and *c 共z = 3兲 = 0.1063, 共6.6兲 where the corresponding coexistence curve is again displayed in Fig. 8. These values, as is also clear from Figs. 1 and 2, continue to reproduce the appropriate trends with increasing z as originally revealed by the Monte Carlo simulations. However, as also evident in Fig. 1, the drop in T*c of only 3.5%, relative to the 2 : 1 model, is significantly less than indicated by the simulations: in fact, the result 共6.6兲 suggests a concave variation for T*c 共z兲 rather than the convex behavior maintained by the simulations up to z = 4 关27,28兴. The “culprit” is obviously the failure to take explicit account of the hard-core excluded-volume effects important above and even at the predicted critical density which is 65% larger than for the 2 : 1 model. The very slow decay of the liquid side of the coexistence curve when increases, as seen in Fig. 8, strengthens the point. Indeed, the standard DHBjCIHC theory yields T*c 共z = 3兲 = 0.045 80 and *c 共z = 3兲 = 0.1089. 共6.7兲 Relative to the 2 : 1 model the critical temperature has now fallen by 12.5%, which may be compared with the Monte Carlo drop of 12.8% 共see Table II兲. However, the value of c has changed rather little. These predictions are not quite those entered in Table II because it was deemed worthwhile for this case to explore further the influence of the exclusion radii. In particular, as discussed in I Sec. VI C, the mean size of a physical cluster, for any sensible definition will grow with increasing temperature. Hence, in choosing the tetramer exclusion radius a4, it is reasonable to consider for use near Tc a value somewhat larger than the T = 0 angular average aa4 = 1.375 a 关see 共5.11兲兴. Having examined the effects on the values of both T*c and *c , the ratio a4/a = 1.410 共6.8兲 was selected as a preferred refinement of the standard parameters. 共The increase of 2.6% brings the ratio to almost midway between aa4 / a and the steric value as4 / a ⯝ 1.452.兲 Accordingly, 共6.8兲 has been adopted for computing the results displayed in Table II, in Figs. 1 and 2, and elsewhere below; the corresponding coexistence curve for z = 3 is displayed 共dashed兲 in Fig. 8. Evidently, the trends observed as z increased from 1 to 2 are now continued regularly; and the previous concave varia- tion of Tc共z兲 is no longer so apparent. Furthermore, the trends still mirror rather faithfully those given by the simulations: These indicate a rise in *c by 35% when z changes from 2 to 3; the standard calculations yield a 90% relative rise which is significantly greater, but, as seen in Fig. 2, not at all unreasonable. Indeed, T*c agrees with the simulations to within 6% while *c agrees to within 5%. Overall, both the magnitudes of T*c 共z兲 and *c 共z兲 and the trends with z must be judged quite successful! From Table III we see that the overall fraction of free ions remaining at criticality has now dropped still further to about 8.4%. At the same time close to three-quarters of the ions are again bound in the neutral, molecular clusters 共now tetramers兲. The fraction of free, unassociated cations of charge +zq0 continues to fall dramatically as z increases: on a heuristic basis, a decay like y +,c ⬃ e−bz seems not implausible. Following the thought of Shelley and Patey 关45兴, one might also speculate that a system of rigid, neutral molecules or 共z + 1兲-mers formed of z + 1 equisized hard spheres with z of charge −q0 attached symmetrically to a central sphere of charge +zq0, might continue to mimic the z : 1 equisized hard-sphere ionic systems, at least up to z 艋 12. Beyond that, packing effects in the satellite ions could play an important role. It is probably appropriate to point out, as anticipated, that our z = 3 predictions are less robust than those for z 艋 2. Thus the “optimal-fit” assignment B / a3 = 1.300 together with the angular averages aa2 and aa3 but taking a4 / a = 1.390 yields T*c 共z = 3兲 = 0.041 36 and *c 共z = 3兲 = 0.1171, 共6.9兲 which reproduces the Monte Carlo results quite satisfactorily. However, this choice once more leads to a coexistence curve which falls much too steeply when T ⬍ 0.9 Tc. Again, the low-density value for B gives T*c ⬍ 0.038 well below the simulation value. On the other hand, if one uses the 关5 / 2兴 Padé approximant for the association constant integral I3,3 in 共3.12兲 in place of the more accurate fit 共3.13兲 one finds that the resulting 4% decrease in K3,3 共see Fig. 5兲 leads to a decrease in T*c of only 0.14%. The effect on *c is similar and hence, post facto, of little consequence. Finally, it is interesting to note from Table II that the Debye length at criticality, namely, D,c = 1 / c = a / xc, decreases steadily as z rises. In essence, this merely tells us that larger central charges in ionic clusters lead to tighter screening. It should be noted, however, that D共T , 兲, as defined in 共4.3兲 is not really susceptible to either physical measurement or simulation since our definition depends on having a welldefined, but intrinsically somewhat arbitrary decomposition of the system into distinct species of ionic clusters. On the other hand, the prediction that the critical pressure ratio, Zc = pc / ckBTc, decreases strongly as z increases 共see Table II, column 5兲 should be open to test by simulations. VII. SPECIAL INFLECTION LOCI In determining numerical values of critical parameters from a given model free energy, it is natural to start by cal- 041501-16 145 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS culating the two sides of the coexistence curve, l共T兲 and v共T兲, using techniques, such as illustrated in Fig. 7: in principle, one can then raise T and monitor ⌬ ⬅ l共T兲 − v共T兲, determining Tc from the vanishing of, say, ⌬2 and, then, c from, say, 21 共l − v兲 evaluated at Tc,est. In practice, however, this method proves tedious and as experience 共and a consideration of Fig. 7兲 reveals is poorly adapted for providing precise and accurate 共i.e., reliable!兲 values of Tc and c. An effective alternative is to confine attention to the onephase region above Tc where, in the first place, calculations are more straightforward since, in particular, no “two-phase solutions” need be sought. Then, as demonstrated recently in simulations 关5,31,32兴 共although also of value in studying experimental data兲 one may seek various loci, say 共k兲共T兲, which all converge on the critical point. Since the isothermal compressibility T = 共 / p兲T / diverges at criticality, one obvious such locus is provided by those densities, say 0共T兲, on which, at a fixed temperature above Tc, the compressibility achieves its maximum. But by considering the inflection points of the standard isothermal plots of p vs volume or vs density, one soon realizes that this locus is but one of a natural family of k loci, say 共k兲共T兲 关31,32,47兴, on which the so-called k susceptibilities, 共k兲共T , 兲 ⬅ 共T , 兲 / k, attain their maxima: equivalently, these are just the loci of isothermal inflection points of plots of p vs k. Because of their potential usefulness in simulation and experiment, the behavior of the k loci in the scaling region close to criticality has been investigated in some detail 关32,47兴. In the case of general, nonclassical critical points, they exhibit nontrivial and informative singular behavior as functions of t ⬅ 共T − Tc兲 / Tc as k varies. However, for classical critical behavior, as relevant here, all the k loci asymptotically approach the critical point 共Tc , c兲 linearly in the 共T , 兲 plane. Thus by numerically determining two or three loci— for the results reported here we utilized k = 1, 0, and −1—and solving for their mutual intersection point, one may locate Tc and c. In practice the method proves efficient and precise. More generally, however, the nature of the loci further from criticality and a possibly characteristic dependence on z is a matter of interest to which we now turn. A. Debye-Hückel predictions To gain a little perspective, let us examine, first, pure DH theory 共as presented in Sec. V A兲 where analytical calculations are feasible. Three cases arise as illustrated in Fig. 9. When k = 1, the pressure isotherm always has an inflection point above Tc, characterized by a = x = 1. The 共k = 1兲 locus is thus a straight line starting at 共Tc , c兲, namely, 共1兲*共T兲 ⬅ T* / 4. When k ⬎ 1 one sees that by construction, 共k兲 diverges to +⬁ when → 0 at fixed T; but this divergence competes with the localized maximum driven by criticality. As a consequence, for T above but not too far from Tc, when drops beneath c one first encounters a maximum in 共k兲 and then a minimum before the divergence as → 0. However, as T is raised at fixed k one eventually encounters an annihilation or terminal point 共Ta,k , a,k兲 at which the minimum and maximum merge and the k locus is terminated with a horizontal slope, i.e., a tangent parallel to the axis. Above FIG. 9. Loci of the maxima of the k susceptibilities in DH theory: all these k loci intersect at the critical point, T*c = 0.0625 and *c ⯝ 0.004 97 while the bold curve traces their termination points. The curved solid locus corresponding to k = k0 = 9 / 8 displays a vertical slope at criticality while the straight solid line corresponds to k = 1. The dotted, dot-dashed, and dashed curves are plots for k = 0.70, 1.06, and 1.20, respectively. Ta,k the susceptibility 共k兲共T , 兲 falls monotonically as increases and no “critical maxima” are realized. When k ⬍ 1, a similar scenario emerges for ⬎ c. As a result there is, overall, a termination boundary in the 共 , T兲 plane with a minimum at the critical point. For DH theory this takes the form of the bold curve in Fig. 9. For k ⬍ 1 the termination boundary approaches asymptotically the line * ⬇ 4* / 共2 + 冑3兲2 while for k ⬎ 1 and large one has Ta,k共⬍1兲 * Ta,k共⬎1兲 ⬇ 4* / 共2 − 冑3兲2. As also clear from Fig. 9 for values of k differing much from 1, the k loci are rather short 共and hard to locate numerically兲. The asymptotic slope of the general k locus at criticality is given by 共d共k兲/dT兲c = 共2/兲共k0 − k兲, 共7.1兲 where, within DH theory one has k0 = 9 / 8 共for all z兲. B. DHBjCIHC predictions How are these k loci affected when the DH approximation is supplemented by association, solvation and hard-core effects, and how do they evolve with z? Some results obtained with the full theory are displayed in Fig. 10. As expected from our analysis of the DH theory, most of the k loci do indeed terminate with a horizontal slope at some point within the range of investigation. Most of the values of k examined are smaller than 1 and the k loci bend towards high density. But, as in the pure DH theory 关and as could be expected from the ideal high-T low- limit, where 共 p / 兲 ⬀ T兴, when k ⬎ 1, the k loci do indeed bend towards low densities. Furthermore, some loci are present only in a small neighborhood of the critical point. Indeed the 共k = −1兲 locus is not visible on the scale of Fig. 10, and the 共k = 0兲 loci are also quite small compared to those for k = 1. In the 1 : 1 model treated without hard-core terms, the k = 1 and k0 loci 共with vertical tangent at criticality兲 are quite extended, and the k = 1 locus extends to large values of . However, these features are sensitive to 041501-17 146 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER FIG. 10. Plots of the k loci according to DHBjCIHC theory 共using the preferred parameter values兲 for z = 1, 2, and 3. The solid lines correspond to the choice k0共z兲 yielding a vertical slope at criticality. The dotted, dashed, and dot-dashed lines correspond to k = 0, 1, and 2, respectively. both the value of z and the inclusion of the hard-core terms. Indeed, with hard-core corrections the termination boundary rises rapidly when ⬎ c. Moreover, when z increases, the k loci terminate sooner when T is raised. Likewise, the values of k0共z兲, for which the loci arrive vertically at the critical point depend strongly on z: we find k0 = 0.93, 0.18, and −0.87, for z = 1, 2, and 3, respectively. It would be interesting to test whether this trend is borne out in simulations and whether it relates to the corresponding Yang-Yang ratios 关32,48兴. ¯ FIG. 11. Plots of the reduced interphase Galvani potential ⌬ = q0⌬ / kBT for a z : 1 electrolyte as predicted by the pure DebyeHückel theory. The RPM is clearly a special case in which the gas-liquid interphase Galvani potential vanishes identically for all T owing to the symmetry in charge and in all other interspecies interactions. As soon as this symmetry is broken in any way, the gas and liquid phases will be distinguished by a nonzero Galvani potential. To examine the issues further, let us adopt, first, the simplest treatment, namely, pure Debye-Hückel theory with, however, z ⬎ 1 as discussed in Sec. V A. Using 共2.5兲 and 共5.1兲, and the electroneutrality z+ = −, etc., the partial chemical potentials for the positive and negative ions are, respectively, VIII. INTERPHASE GALVANI POTENTIAL As mentioned in Sec. II A, when charged species are present in an equilibrium system, the electrochemical potentials for each species must be equal in coexisting phases. This necessitates the introduction of an overall, absolute potential difference, ⌬, that must, in general, exist between distinct phases 共even when only in possible rather than actual coexistence兲. The existence of such a potential, e.g., between an electrode and an electrolyte, is well recognized in the literature 关33–35,37兴 and is appropriately named a Galvani potential 关33,34兴. We have added the prefix “interphase” to indicate that, speaking loosely, ⌬ is spontaneously generated in an otherwise uniform medium when it decomposes into two 共or more兲 phases beneath 共or above兲 some critical point. Hence, equating the electrochemical potentials of both + and − species in the vapor and liquid phases gives ¯v = ¯ l, ¯ +v + z ¯ +l + z ¯v = ¯l ¯ −v − ¯ −l − ¯ ␥ ⬅ ␥ q0/kBT, with 共8.1兲 where ␥ is the electrostatic potential in phase ␥. In fact, one soon realizes that with the chemical equilibrium conditions 共equating the sum of the chemical potentials of the reactants and products兲, all these equalities for the different species, are equivalent to any one of them. ¯+ = − ¯− = − 冉 冉 冊 冊 ⌳31 1 zx 2 * T 兲 + ln , 共8.2兲 + ln共x 2T*共1 + x兲 1 + z 4a3 ⌳31 z x 2 * T 兲 + ln . + ln共x 2zT*共1 + x兲 1 + z 4a3 共8.3兲 By substituting in 共8.1兲 and solving for the electrostatic potential difference, we obtain ¯ 共T兲 = ⌬ 冋 冉 冊 冉 冊册 1 1 −l +l z ln − ln z+1 −v z +v , 共8.4兲 ¯ ⬅ q0⌬共T兲 / kBT and ⌬ = liq − vap. On using the where ⌬ electroneutrality constraint, we obtain the much simpler form ¯ 共T兲 = 共1 − z−1兲ln关l共T兲/v共T兲兴. ⌬ 共8.5兲 As anticipated, the predicted Galvani potential ⌬ vanishes identically when z = 1. Figure 11 presents plots of this Debye-Hückel result for ¯ ⌬ vs T* for various values of z. Note that when T approaches 0 the form 共8.5兲 implies that ⌬共T兲 should approach a constant value since v共T兲 vanishes exponentially fast with 1 / T 关9兴. We should remark that within DH theory the ratio l / v is independent of z at fixed T. By expanding 041501-18 147 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS l共T兲 and v共T兲 around c in powers of t ⬅ 共Tc − T兲 / Tc, one finds ⌬ ⬇ B t, with since the theory is classical,  = 21 . In this simple DH analysis, the Galvani potential is rather trivially proportional to the logarithm of the ratio of densities in the two coexisting phases. One might, perhaps, suspect that this indicates the existence of some simple “universal” result not depending significantly on the detailed microscopic interactions. For a better understanding showing that this idea is false, let us, following Bjerrum 关15兴, allow for the formation of dimers by association, neglect all solvation effects arising from their dipole and higher moments, and treat the dimers as of the same size as the free ions. This allows us to use the standard DH free energy 共4.16兲 for the electrostatic contributions, and thence to write the total free energy density as f̄共T* ;兵其兲 = f̄ DH 共T* ;兵其兲 + 兺 =+,−,2 f̄ Id共兲. 共8.6兲 Now the electrochemical equilibrium conditions always apply and thus, Eqs. 共8.1兲 give the Galvani potential correctly. Notice, however, that for z ⬎ 1, the dimeric ion pairs carry a net charge 共z − 1兲q0 so that, although electroneutrality must still be respected in both phases, the simple ratio + / −, will, in general, be different in the liquid and the vapor. Consequently, the simple result 共8.5兲 no longer applies! Clearly, the ratio of + to − depends on the density, 2共T兲, of the dimers in the two phases. This, in turn, must depend via the massaction laws, on the association constant K1,z共T兲 of the dimers which then determines the overall degree of association, say, ␣2␥共T兲, which will vary very differently in each phase ␥. Accordingly, we may write 2 = ␣2共T兲 and impose electro¯ neutrality in both phases to simplify 共8.4兲. The result for ⌬ may be written 冉冊 ¯ = 共1 − z−1兲ln ⌬ 冉 冉 z − ␣2l共z + 1兲 l z ln + v z+1 z − ␣2v共z + 1兲 − 冊 冊 1 1 − ␣2l共z + 1兲 , 共8.7兲 ln z共z + 1兲 1 − ␣2v共z + 1兲 which, by comparison, demonstrates that, in general, the simple form 共8.5兲 must be modified by nontrivial temperature-dependent terms that depend on the details of the ionic interaction, etc. Nevertheless, the predicted leading temperature variation will still reflect the t form characterizing the coexistence curve. The analysis leading to 共8.7兲 involved only the formation of non-neutral dimers; but it is clear that in any realistic treatment there will be a variety of charged species present in temperature-varying proportions determined by microscopic details. Thus simple results for the interphase Galvani potential should not be anticipated. On the other hand, from our explicit calculations of the coexistence curves for the 2 : 1 and 3 : 1 models, we may determine ⌬共T兲 via 共8.1兲, merely by computing the difference in − in the vapor and liquid phases 共which quantity arises naturally in the computations兲. The results are presented in Fig. 12, where the temperatures have been normalized by the respective critical temperatures to facilitate comparison. The plots are qualitatively similar to those predicted FIG. 12. The reduced interphase Galvani potential plotted vs T / Tc. The solid lines show the predictions of the DHBjCI theory 共with B = 0兲, the dashed curves, the DHBjCIHC theory 共with refined standard parameters兲, and the dotted plots, the DH theory. by the pure DH theory. However, we note that in the full theory with standard parameters, it is not possible to draw a ¯ with z. conclusion regarding the trend of ⌬ The observability of ⌬共T兲 in a real system is elusive if not in principle impossible 关33,34兴; however, it seems that it should be possible to measure ⌬共T兲 in simulations. Specifically, the potential distribution theorem of Widom 关49,50兴 provides a direct way of sampling the 共absolute兲 electrochemical potential via a suitably weighted average interaction of a “ghost test particle” with the interacting ions in the system which do not “see” the ghost particle. The electrochemical potential of a 共ghost兲 ion of specific charge should thereby be open to estimation in liquidlike and vaporlike simulations of the restricted primitive models 共or more general models兲. The appropriate difference should then provide a value of ⌬共T兲. IX. DISCUSSION Our aim has been to understand, both qualitatively and semiquantitatively, the role of charge asymmetry in the criticality of electrolytes. We have extended the DHBjDIHC theory of Fisher and Levin 关9,10兴 for 1 : 1 electrolytes to 2 : 1 and 3 : 1 electrolytes by accounting for association of ions into charged clusters and including the interaction of the clusters with the screening ions 共solvation兲. Thus we have labeled the extended theory DHBjCIHC, where the CI now stands for the cluster-ion interactions and, for a z : 1 system, explicit account has been taken of the monomers, with charges −q0 and +zq0, of dimers, trimers, …, up to neutral 共z + 1兲-mers. The principal results, summarized in Figs. 1 and 2, indicate that the reduced critical temperature, T*c 共z兲, decreases while the critical density increases with increasing charge asymmetry. Furthermore, these trends and the magnitudes of the changes with z agree with the behavior revealed 041501-19 148 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER by computer simulations and present a significant improvement over the original DH theory. To understand the results in physical terms, consider, first, the pure DH theory which predicts that the critical temperature and density are independent of charge asymmetry: as shown in Figs. 1 and 2. The only direct attractive interactions accounted for in this theory are those between the ions of opposite charge. These induce a Debye screening cloud around each 共monomeric兲 ion and the associated “solvation free energy” drives the vapor-liquid phase separation below Tc共z兲, the vapor phase being stabilized by the greater entropy available at low densities. The temperature is appropriately normalized by the energy of attraction of the opposite ions at contact, namely, = 兩q+q−兩 / Da. Under this normalization 关see 共1.1兲兴 the maximum strength of the attractive interactions is always and the pure DH theory therefore predicts that the 共reduced兲 critical temperature, T*c 共z兲, is independent of z. The DHBjCIHC theory, however, also takes into account the formation of ion clusters and treats them as distinct species, albeit in mutual chemical equilibrium which calls for the calculation of association constants. For example, for 2 : 1 electrolytes, the dimers are species with charge +q0 while the trimers are neutral. The two principal attractive interactions in this case are of magnitude between the positive and negative free ions, but only ⯝ 21 between the dimer and the negative ion. 共The interaction magnitude is not precisely 21 since the dimer has a different effective exclusion zone radius, i.e., a2 ⫽ a.兲 Thus, relative to the 1 : 1 case, the effective attractions are smaller for 2 : 1 electrolytes which explains why the critical temperature should be expected to decrease. The same argument applies for larger z when there are more intermediate positively charged species between the free positive ions and the neutral clusters. The strongest interactions is between two free, oppositely charged monomers and is always of magnitude : thus the overall effective interaction decreases with increasing z and the critical temperature decreases correspondingly. To understand the trend exhibited by the critical density, *c 共z兲 = ca3, one must focus on the role played by the neutral clusters. As originally shown by Fisher and Levin for 1 : 1 electrolytes, the association of free ions into neutral dimers is highly significant at criticality. Indeed, according to our theoretical estimates they constitute about 82% of the overall ion density. For 2 : 1 electrolytes, our analysis likewise indicates that about 73% are bound in neutral trimers while for 3 : 1 systems the figure is 77% for the neutral tetramers. As a consequence, not only are the relative effective charges of the charged species decreased by association 共as just argued兲 but, in addition, the overall effective fraction of ions in charged clusters is diminished when z increases. In leading approximation the solvation of a given cluster 共charged or neutral兲 is achieved only by charged species. To obtain comparable solvation free energy therefore necessitates higher overall ion densities and, thereby, an associated increase in critical density. The effect is reflected more concretely in the expression 共4.3兲 for the effective inverse Debye length, 共T , 兵其兲, whose critical value similarly increases with z: see Table II. FIG. 13. Reduced critical temperature, T*c 共z兲, as a function of the charge asymmetry parameter w = 共z − 1兲 / 共z + 1兲 as found by simulations 共open circles兲 关27,28兴 compared with the present calculations 共filled circles and triangles兲 and other current theories: MSA, SPB, and MPB 关18,19兴, a “new mean-field theory” 共NMF兲 关30兴, and a field theoretic expansion 共NO, dashed curve兲 关29兴; note that the predictions of the field theoretic approach have been divided by 10 to bring them within the compass of the figure. This accounts for the trends displayed in Fig. 2. It is interesting to notice, however, that while the Monte Carlo results display similar increases in *c 共z兲, the magnitudes of the increases are rather smaller. It seems likely that this is associated with our neglect of the solvating influence of the neutral clusters which may be envisaged as contributing to a change in effective dielectric constant. However, the increasing sensitivity of the results to the explicit hard-core excluded-volume terms when z increases must also be noted. It is also appropriate to recall here that our present analysis takes no account of critical fluctuations. Extensive studies demonstrate that the effect of the fluctuations is to lower Tc by 5–10 % or more relative to basic mean-field-type theories while having little effect on the slope of the coexistence curve diameter. In addition, the coexistence curve is flattened 共since  ⬍ 21 兲. As evident from Fig. 8 the present calculations are quite consistent with these general expectations. Our results for Tc共z兲 and c共z兲 are contrasted with those of other available theories in Figs. 13 and 14. For this comparison, we have used the standard parameters of the DHBjCIHC theory 共with a refinement for z = 3兲 as described in Table II and Sec. VI. We may note, first, that the mean spherical approximation 共MSA兲 关18,19兴, like the original DH theory 关8兴, predicts that T*c and *c remain independent of z. This seems primarily due to the failure to take ion association into account in a sufficiently explicit way. A field-theoretic expansion approach advanced by Netz and Orland 共NO, dashed curves兲 关29兴, in which the particle hard cores are represented by a sharp, large-wavelength cutoff, predicts that T*c 共z兲 increases strongly with z while *c 共z兲 falls precipitously at small z 共⬍1兲 and then rises slowly. In fact, the only previous 041501-20 149 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS and Joel L. Lebowitz for discussions pertaining to the Galvani potential and to Mikhail A. Anisimov for bringing the work of Muratov 关35兴 to our attention. We are indebted to Young C. Kim for discussions and for assistance with the Monte Carlo simulation results. We also thank Paul Sinclair, of Rhodes College, for his collaboration concerning the Monte Carlo calculations of I3,3, together with the Rhodes College Information and Technology department who made their computers available at short notice. The support of the National Science Foundation 共under Grants No. CHE 9981772 and No. CHE 03-01101兲 is gratefully acknowledged. APPENDIX A: ASSOCIATION CONSTANT FOR THE TETRAMER FIG. 14. Simulation estimates 共open circles兲 for the critical density, *c 共z兲, compared with those of the present calculations 共filled circles兲 and of other approaches: the labels, symbols, etc., have the same significance as in Fig. 13. theory known to us that matches the sign of the trends revealed by the simulations is the symmetric PoissonBoltzmann 共SPB, crosses兲 integral equation analyses by Sabir, Bhuiyan, and Outhwaite 关18兴. However, not only is the critical temperature for the RPM predicted by the SPB theory significantly too high 共at T*c = 0.0715兲 but the proportionate changes with z are quantitatively much too small 共by factors of 5.6 and 6.4 for the 2 : 1 and 3 : 1 models, respectively兲. Furthermore, the modified Poisson-Boltzmann 共MPB兲 approach developed by the same authors, which they argue should be quantitatively and qualitatively better than the SPB, predicts the opposite trend for T*c 共z兲. Finally, we note that recently devised mean-field theories, based on KacSiegert-Stratonovich-Hubbard-Edwards transformations of the Boltzmann factor 关30兴, lead to critical temperatures which increase significantly with charge asymmetry again in strong contradiction to the Monte Carlo estimates 共open circles in Figs. 13 and 14兲. While our theoretical analyses have been based upon fundamental principles and provide insight into the variation of the critical parameters of charge-asymmetric primitive model electrolytes, it must be recognized that the results rest upon various approximations. Thus, one of our main approximations entails the choice of an equivalent sphere to represent the exclusion domain of a cluster. Moreover, we have not explicitly considered higher order association. That, despite these and other approximations, we find both the correct trends and reasonable quantitative agreements with the Monte Carlo simulations, reinforces our conclusion that the main physical features linked to charge asymmetry have been appropriately captured by the theory. Consider a cation with charge q+ = zq0 at the origin. Without loss of generality let the first satellite charge −q0 be on the x axis at r1 = 共r1 , 0 , 0兲 in Cartesian coordinates as shown in Fig. 4. Taking advantage of the azimuthal symmetry, let the second satellite charge be in the x-y plane at r2 = 共r2 cos 12 , r2 sin 12 , 0兲, where 12 is the angle subtended by the satellite pair 共1, 2兲 at the origin. Then the most general coordinates for the third satellite are r3 = 共r3 cos 13 , −r3 sin 13 cos , − r3 sin 13 sin 兲, where 13 is the angle subtended by the satellite pair 共1, 3兲 at the origin and is the angle between the 共1, 2兲 and 共1, 3兲 planes with = 0 representing the planar configuration. The ground state is clearly given by r1 = r2 = r3 = a, 12 = 13 = 2 / 3, and = 0. Noting that the main contribution to the integral defining K3,3 关see 共3.2兲兴 comes from near T = 0, it is helpful to define rescaled coordinates *2 ⬅ 共12 − 2/3兲/冑zT* , *3 ⬅ 共13 − 2/3兲/冑zT* , li ⬅ 共ri /a − 1兲/T* , 共A1兲 for i = 1, 2, 3. Then, by expanding about the ground-state configuration for small T*, one can write the configurational energy to leading order as 3 1 *2 5 E3,z 3C3,z *2 * * 共*2 = * − C3,z 兺 li − − 1 + 2 + 1 2兲 冑 T* T 8 3 12冑3 i=1 + O共冑T*兲, 共A2兲 where C3,z = 1 − 1 / 冑3z. The infinitesimal phase-space volume can likewise be written dr1dr2dr3 = a9T*3dl1dl2dl3 ⫻ 82 sin2共2/3兲 ⫻共zT*兲3/2d*1 d*2 d*关1 + O共T*兲兴. 共A3兲 To evaluate the defining integral in 共3.2兲 we diagonalize the angular quadratic form in 共A2兲 by introducing coordinates X = 共*2 + *3兲/冑2 and Y = 共*2 − *3兲/冑2, 共A4兲 to obtain ACKNOWLEDGMENTS 1 *2 * * 2 2 *2 1 + 2 + 12 = 2 共3X + Y 兲. The interest of Thanos Panagiotopoulos and Yan Levin has been appreciated. We are grateful to Patrick B. Warren The integrals in 共3.2兲 can then be evaluated in the form 共3.3兲, with Jacobean and eigenvalues 041501-21 150 共A5兲 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 AQUA, BANERJEE, AND FISHER J3 = 3 4 and 兵3,k其 = 再 1 5 5 , , 8冑3 24冑3 8冑3 冎 . 共A6兲 Interestingly, the 冑T* corrections 共and all subsequent halfinteger power-law corrections兲 arising in 共A2兲 vanish upon integration because they are all associated with odd powers of the angular variables. An expansion for I3,z can then be found by carrying the expansions in 共A2兲 and 共A3兲 to higher order in T*, and, hence, to higher orders in the li and in , 1 and 2. The resulting Gaussian integrals can be performed— analytically in low orders and numerically, with increasing difficulty, in the higher orders—leading to the asymptotic expansion 共3.12兲. APPENDIX B: MONTE CARLO EVALUATION OF THE TETRAMER ASSOCIATION CONSTANT To evaluate K3,3 numerically, in order to validate the Padé approximants constructed from 共3.12兲 and to correct them at higher temperatures, we undertook Monte Carlo integration computations following accepted procedures 关44兴. However, the general sample-mean method, at first yields results with errors significantly too large at the small values of T* needed for ionic criticality. The reason is simply that the integrand of K3,3 is sharply peaked around the ground state, the peak sharpening as T* is lowered and hence becoming less frequently sampled. To improve the accuracy, we used a “weighted sample-mean method,” in which random numbers are generated with a weighting chosen to sample the integrand more often near the peak. Thus, in one dimension, for example, to evaluate I = 兰ba f共x兲dx, one needs to calculate and n is the total number of random points xi 苸 关a , b兴. The weighted random numbers are generated from the uniform random numbers 苸 关0 , 1兴 by solving for x in P共x兲 ⬅ 冕 x p共x⬘兲dx⬘ = . 共B2兲 −⬁ The density function should be chosen so that this relation can be solved for x algebraically. We generalized this procedure to the geometry of the tetramer. For the radial integrals, we used the density function p共r兲 = Ar exp共− rr兲 with r = C3,3/T* , 共B3兲 and Ar = 1 / 兰Ra exp共−rr兲dr. This weighting mimics the peaks in the integrand almost exactly. For the angular variables the optimal weighting is more complicated because the peaks are Gaussian leading to an equation 共B2兲 that cannot be simply inverted algebraically. Instead, we used exponential weighting p共兲 = A exp共− 兩兩兲, 共B4兲 where p共x兲 is the probability density function used to generate the random numbers, normalized in the interval 关a , b兴, with = , 2 = 12 − 2 / 3 or 3 = 13 − 2 / 3, and with the normalizing integrals A−1 = 兰0exp共−兩兩兲 and A−1 /3 冑 * 1/2 and = 兰−2 /3 exp共−兩兩兲. We also chose = 1 / 共24 3T 兲 * 1/2 = 2.5/ 共24冑3T 兲 so that the width of the peak in 共B4兲 matched the width of the peak of the integrand. Finally, as a generalization of the Bjerrum procedure, we used a radial cutoff R = 0.196 a / T* which satisfactorily located the minimum of K3,3 / R. The results, which are well fitted by 共3.13兲 with the coefficients listed in Table I, agree closely with the consensus of the seventh-order Padé approximants up to T* ⯝ 0.03; but they deviate strongly above T* = 0.06: see Fig. 5. 关1兴 M. E. Fisher, J. Stat. Phys. 75, 1 共1994兲; J. Phys.: Condens. Matter 8, 9103 共1996兲; and references cited. 关2兴 G. Stell, J. Stat. Phys. 78, 197 共1995兲, J. Phys.: Condens. Matter 8, 9329 共1996兲; in New Approaches to Problems in Liquid State Theory, edited by C. Caccamo, J.-P. Hansen, and G. Stell, NATO Advanced Studies Institute, Ser. C: Mathematical and Physical Sciences 共Kluwer Academic, Dordrecht, 1999兲, Vol. 529, pp. 71–89, and references cited. 关3兴 An authoritative review is H. Weingärtner and W. Schröer, Adv. Chem. Phys. 116, 1 共2001兲. 关4兴 See K. Gutkowski, M. A. Anisimov, and J. V. Sengers, J. Chem. Phys. 114, 3133 共2001兲. 关5兴 E. Luijten, M. E. Fisher, and A. Z. Panagiotopoulos, Phys. Rev. Lett. 88, 185701 共2002兲. 关6兴 Y. C. Kim, M. E. Fisher, and E. Luijten, Phys. Rev. Lett. 91, 065701 共2003兲. 关7兴 Y. C. Kim and M. E. Fisher, Phys. Rev. Lett. 92, 185703 共2004兲; Comput. Phys. Commun. 169, 295 共2005兲. 关8兴 P. Debye and E. Hückel, Phys. Z. 24, 183 共1923兲; for a modern account see D. A. McQuarrie, Statistical Mechanics 共Harper Collins, New York, 1976兲, Chap. 15. 关9兴 M. E. Fisher and Y. Levin, Phys. Rev. Lett. 71, 3826 共1993兲. 关10兴 Y. Levin and M. E. Fisher, Physica A 225, 164 共1996兲, denoted I. 关11兴 J.-M. Caillol, D. Levesque, and J.-J. Weis, J. Chem. Phys. 107, 1565 共1997兲. 关12兴 G. Orkoulas and A. Z. Panagiotopoulos, J. Chem. Phys. 110, 1581 共1999兲. 关13兴 Q. Yan and J. J. de Pablo, J. Chem. Phys. 111, 9509 共1999兲. 关14兴 A. A. Likal’ter, Usp. Fiz. Nauk 170, 831 共2000兲. 关Phys. Usp. 43, 777 共2000兲兴. 关15兴 N. Bjerrum, K. Dan. Vidensk. Selsk. Mat. Fys. Medd. 7, 1 共1926兲. 关16兴 E. Waisman and J. L. Lebowitz, J. Chem. Phys. 56, 3086 共1972兲. 关17兴 M. M. Telo da Gama, R. Evans, and T. J. Sluckin, Mol. Phys. 41, 1355 共1980兲. 关18兴 A. K. Sabir, L. B. Bhuiyan, and C. W. Outhwaite, Mol. Phys. 93, 405 共1998兲. 关19兴 E. González-Tovar, Mol. Phys. 97, 1203 共1999兲. n In = 1 f共x 兲 兺 i, n i=1 p共xi兲 共B1兲 041501-22 151 PHYSICAL REVIEW E 72, 041501 共2005兲 CRITICALITY IN CHARGE-ASYMMETRIC IONIC FLUIDS 关20兴 But see the Ginzburg criterion developed by M. E. Fisher and B. P. Lee, Phys. Rev. Lett. 77, 3561 共1996兲. 关21兴 J.-N. Aqua and M. E. Fisher, Phys. Rev. Lett. 92, 135702 共2004兲. 关22兴 J. M. Romero-Enrique, G. Orkoulas, A. Z. Panagiotopoulos, and M. E. Fisher, Phys. Rev. Lett. 85, 4558 共2000兲. 关23兴 Q. Yan and J. J. de Pablo, Phys. Rev. Lett. 86, 2054 共2001兲, J. Chem. Phys. 114, 1727 共2001兲. 关24兴 F. O. Raineri, J. P. Routh, and G. Stell, J. Phys. IV 10, 99 共2000兲. 关25兴 D. M. Zuckerman, M. E. Fisher, and S. Bekiranov, Phys. Rev. E 64, 011206 共2001兲. 关26兴 Y. Levin, Rep. Prog. Phys. 65, 1577 共2002兲. 关27兴 P. J. Camp and G. N. Patey, J. Chem. Phys. 111, 9000 共1999兲; note that we cite this study here because, to our knowledge, it provides the only available estimate for T*c 共but not for *c 兲 for the case z = 4. 关28兴 A. Z. Panagiotopoulos and M. E. Fisher, Phys. Rev. Lett. 88, 045701 共2002兲. 关29兴 R. R. Netz and H. Orland, Europhys. Lett. 45, 726 共1999兲. 关30兴 J.-M. Caillol, Mol. Phys. 103, 1271 共2005兲. 关31兴 G. Orkoulas, M. E. Fisher, and A. Z. Panagiotopoulos, Phys. Rev. E 63, 051507 共2001兲. 关32兴 Y. C. Kim, M. E. Fisher, and G. Orkoulas, Phys. Rev. E 67, 061506 共2003兲. 关33兴 M. J. Sparnaay, The Electrical Double Layer 共Pergamon Press, Oxford, 1972兲, pp. 4, 338; J. O’M. Bockris and A. K. N. Reddy, Modern Electrochemistry 共Plenum Press, New York, 1970兲, Vol. 2, Sec. 7.2.5. 关34兴 I. Iosilevski and A. Chigvintsev, J. Phys. IV 共France兲 10, 451 共2000兲. 关35兴 A. R. Muratov, Zh. Eksp. Teor. Fiz. 120, 104 共2001兲 关JETP 93, 89 共2001兲兴. 关36兴 F. Stillinger and R. Lovett, J. Chem. Phys. 48, 3858 共1968兲. 关37兴 P. B. Warren, J. Chem. Phys. 112, 4683 共2000兲. 关38兴 V. C. Weiss and W. Schröer, J. Phys.: Condens. Matter 10, L705 共1998兲. 关39兴 Y. Levin, J. Chem. Phys. 113, 9722 共2000兲. 关40兴 M. E. Fisher, J. Chem. Phys. 42, 3852 共1965兲. 关41兴 J. Jiang, L. Blum, O. Bernard, J. M. Prausnitz, and S. I. Sandler, J. Chem. Phys. 116, 7977 共2002兲. These authors studied 关42兴 关43兴 关44兴 关45兴 关46兴 关47兴 关48兴 关49兴 关50兴 关51兴 041501-23 152 the RPM and focused on the issue of ion association. They tried four different association constants, first with the binding mean spherical model approximation 共BIMSA兲 obtaining critical parameters 共T*c , *c 兲 ranging from 共0.0723, 0.0293兲 to 共0.0627, 0.0471兲. Second, they explored a “simple interpolation scheme” combined with the BIMSA obtaining somewhat lower critical temperatures and higher densities in the range 共0.0707, 0.0355兲 to 共0.0525, 0.0640兲. The latter values, which are the closest to the Monte Carlo estimates, presumed just full association of ion pairs corresponding to a hard dumbbell system: see Patey and co-workers cited below 关45,46兴. Of course, at low densities and higher temperatures this assumption must fail badly since Debye screening and ion dissociation cannot be represented at all. See T. Erber, and G. M. Hockney, Adv. Chem. Phys. 98, 495 共1997兲, for computation of ground-state energies for 2 艋 n 艋 12 equal charges on a sphere. By adding the attractive energy due to a central cation to these results one obtains the overall ground-state energy of the corresponding cluster 共under the assumption that hard-core packing constraints are not violated, which, however, for equisized ions, should occur for n ⲏ 13兲. See, e.g., M. E. Fisher, Rocky Mt. J. Math. 4, 181 共1974兲, and G. A. Baker, Jr., Essentials of Padé Approximants 共Academic Press, New York, 1975兲, Quantitative Theory of Critical Phenomena 共Academic Press, San Diego, 1990兲 Chaps. 14 and 15. H. Gould and J. Tobachnik, An Introduction to Computer Simulation Methods 共Addison-Wesley, Reading, MA, 1988兲. J. C. Shelley and G. N. Patey, J. Chem. Phys. 103, 8299 共1995兲. C. D. Daub, G. N. Patey, and P. J. Camp, J. Chem. Phys. 119, 7952 共2003兲. Y. C. Kim and M. E. Fisher, Phys. Rev. E 68, 041506 共2003兲. C. N. Yang and C. P. Yang, Phys. Rev. Lett. 13, 303 共1964兲. B. Widom, J. Chem. Phys. 39, 2803 共1963兲. J. S. Rowlinson and B. Widom, Molecular Theory of Capillarity 共Clarendon Press, Oxford, 1989兲; see especially Sec. 4.3 and Eqs. 共4.69兲 and 共4.71兲. M. E. Fisher, J.-N. Aqua, and S. Banerjee, Phys. Rev. Lett. 95, 135701 共2005兲. Troisième partie Divers 153 Chapitre IX Curriculum Vitae Aqua Jean-Noël Maître de conférence à l’École Centrale Marseille et à l’Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence Diplômes 7 Thèse de doctorat en physique théorique, portant sur la “Physique statistique des fluides coulombiens classiques et quantiques au voisinage d’une paroi”, encadrée par Françoise Cornu au Laboratoire de Physique Théorique d’Orsay et soutenue le 20 décembre 2000 à l’Université Paris 11, avec la mention très honorable. 7 Agrégation de physique, option physique, rang 1er en 1996. 7 Magistère des Sciences de la Matière de l’École Normale Supérieure de Lyon, mention très bien. Diplôme d’études approfondies de Physique théorique Rhône-Alpin, mention très bien. Maîtrise de Physique, École Normale Supérieure de Lyon, mention très bien. Licence de Physique, École Normale Supérieure de Lyon, mention bien. Cursus 7 Maître de Conférence à l’École Centrale Marseille, depuis 2005. 7 Agrégé préparateur à l’École Normale Supérieure de Lyon en 2001-2002 et 2004-2005. Postdoctorant à l’Université du Maryland dans le groupe de Michael E. Fisher, 2002-2004. 7 Moniteur de physique aux Universités Lyon I puis Paris XI, 1997-2000. Élève normalien à l’École Normale Supérieure de Lyon, 1993-1997. 156 Curriculum Vitae Séjours à l’étranger 7 Post-doctorat à l’Université du Maryland, 2002-2004. Lauréat d’une bourse Lavoisier pour l’année universitaire 2002-2003. 7 Séjour de recherche à l’Université du Maryland, septembre-octobre 2008. Chapitre X Vie scientifique X.1 Liste de publications 1. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Classical and quantum algebraic screening in a Coulomb plasma near a wall : a solvable model”, Journal of Statistical Physics, 97, p. 173-207 (1999). 2. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Quantum Coulomb screening in the vicinity of a wall”, Journal de Physique IV, France, 10, p. 441-446 (2000). 3. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Density profiles in a classical Coulomb fluid near a dielectric wall. I. Mean-Field Scheme”, Journal of Statistical Physics, 105, p. 211-243 (2001). 4. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Density profiles in a classical Coulomb fluid near a dielectric wall. II. Weak-coupling systematic expansions”, Journal of Statistical Physics, 105, p. 245-283 (2001). 5. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Dipolar effective interaction in a fluid of charged spheres near a dielectric plate”, Physical Review E, 68, 026133-1-17 (2003). 6. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Density profiles in a quantum Coulomb fluid near a hard wall”, Journal of Statistical Physics, 115 p. 997-1036 (2004). 7. Jean-Noël Aqua et Françoise Cornu. “Charge renormalization and other exact coupling corrections to the dipolar effective interaction in an electrolyte near a dielectric wall”, Physical Review E, 70, 056117-1-31 (2004). 8. Jean-Noël Aqua et Michael E. Fisher. “Ionic criticality : an exactly soluble model”, Physical Review Letters, 92, 135702-1-4 (2004). 9. Jean-Noël Aqua et Michael E. Fisher. “Charge and Density Fluctuations Lock Horns : Ionic Criticality with Power-Law Forces”, Journal of Physics A : Math. and Gen., 37, p. L241-248 (2004). 10. Michael E. Fisher, Jean-Noël Aqua, et Shubho Banerjee. “How Multivalency Controls Ionic Criticality”, Physical Review Letters, 95, 135701-1-4 (2005) 11. Jean-Noël Aqua, Michael E. Fisher et Shubho Banerjee. “Criticality in Chargeasymmetric Hard-sphere Ionic Fluids”, Physical Review E, 72, 041501-1-23 (2005). 12. Jean-Noël Aqua, Thomas Frisch et Alberto Verga. “Nonlinear evolution of a morphological instability in a strained epitaxial film", Physical Review B, 76, 165319-1-5 (2007). 157 158 Vie scientifique 13. Jean-Noël Aqua et Thomas Frisch. “Elastic interactions and kinetics during reversible submonolayer growth : Monte Carlo simulations", Physical Review B, 78, R121305-1-4 (2008). 14. Jean-Noël Aqua et Michael E. Fisher, “Criticality in multicomponent spherical models : Results and cautions", Physical Review E, 79, 011118-1-13 (2009). 15. Jean-Noël Aqua, Thomas Frisch et Alberto Verga, “Ordering of strained islands during surface growth ”, Physical Review E, 81, 021605 (2010). 16. Jean-Noël Aqua et Thomas Frisch, “Influence of surface energy anisotropy on the dynamics of quantum dot growth”, Physical Review B, 82, 085322-1-13 (2010). X.2 Responsabilités administratives Je suis membre élu du conseil d’administration de l’École Centrale Marseille. J’étais membre élu de la commission de spécialistes de la section 28 de l’Université Aix-Marseille 1. J’étais impliqué (étude de l’instabilité élastique) dans le projet ANR-Mémoire. Ce projet rassemblait des théoriciens (de la croissance cristalline et des propriétés de transport électronique) et des expérimentateurs de Marseille, Grenoble et Reims. En juillet 2008, j’étais co-organisateur d’une école d’été "NanoSteps", Self-organized nanostructures on crystal surfaces, au centre d’études du CNRS de Cargèse. En mars 2008, j’étais co-organisateur du colloque des Rencontres du Non-Linéaire, autour du thème "Auto-organisation de nanostructures". Enfin, entre 2006 et 2008, j’étais co-organisateur des séminaires du laboratoire Irphé. Bibliographie 159 160 Bibliographie Bibliographie [1] A. Alastuey and P.-A. Martin. Decay of correlations in classical fluids with longrange forces. J. Stat. Phys., 39 :405, 1985. [2] A. Alastuey and P.-A. Martin. Absence of exponential clustering in quantum coulomb fluids. Phys. Rev. A, 40 :6485, 1989. [3] J. G. Amar and F. Family. Critical cluster size : Island morphology and size distribution in submonolayer epitaxial growth. Phys. Rev. Lett., 74 :2066, 1995. [4] J.-N. Aqua. Physique statistique des fluides coulombiens classiques et quantiques au voisinage d’une paroi. PhD thesis, Université Paris 11, 2000. [5] J.-N. Aqua, S. Banerjee, and M. E. Fisher. Criticality in charge-asymmetric hardsphere ionic fluids. Phys. Rev. E, 72 :041501, 2005. [6] J.-N. Aqua and M. E. Fisher. Charge and density fluctuations lock horns : Ionic criticality with power-law forces. J. Phys. A : Math. and Gen., 37 :L241, 2004. [7] J.-N. Aqua and M. E. Fisher. Ionic criticality : an exactly soluble model. Phys. Rev. Lett., 92 :135702, 2004. [8] J.-N. Aqua and M. E. Fisher. Criticality in multicomponent spherical models : Results and cautions. Phys. Rev. E, 79 :011118, 2009. [9] J.-N. Aqua, T. Frisch, and A. Verga. Nonlinear evolution of a morphological instability in a strained epitaxial film. Phys. Rev. B, 76 :165319, 2007. [10] R. J. Asaro and W. A. Tiller. Interface morphology developpment during stresscorrosion cracking : Part 1. Via surface diffusion. Metall. Trans., 3 :1789, 1972. [11] S. Balibar, H. Alles, and A. Y. Parshin. Helium crystals under stress : the Grinfled instability. Rev. Mod. Phys., 77 :317, 2005. [12] S. Balibar, D. O. Edwards, and W. F. Saam. The effect of heat flow and nonhydrostatic strain on the surface of helium crystals. J. Low Temp. Phys., 82 :119, 1991. [13] A.-L. Barabasi and H. E. Stanley. Fractal concepts in surface growth. Cambridge University Press, 1995. [14] M. C. Barbosa and M. E. Fisher. Phase boundaries near critical end points. General spherical models. Phys. Rev. B., 43 :10635, 1991. [15] J.-M. Baribeau, X. Wu, N. L. Rowell, and D. J. Lockwood. Ge dots and nanostructures grown epitaxially on Si. J. Phys. : Condens. Matter, 18 :R139, 2006. [16] M. C. Bartelt and J. W. Evans. Scaling analysis of diffusion-mediated island growth in surface adsorption processes. Phys. Rev. B, 46 :12675, 1992. 161 162 BIBLIOGRAPHIE [17] M. J. Beck, A. van de Walle, and M. Asta. Surface energetics and structure of the Ge wetting layer on Si(100). Phys. Rev. B, 70 :205337, 2004. [18] I. Berbezier. communication privée. [19] I. Berbezier, B. Gallas, A. Ronda, and J. Derrien. Dependence of SiGe growth instability on Si substrate orientation. Surf. Sci., 412 :415, 1998. [20] I. Berbezier and A. Ronda. SiGe nanostructures. Surf. Sci. Rep., 64 :47, 2009. [21] I. Berbezier, A. Ronda, and A. Portavoce. SiGe nanostructures : new insights into growth processes. J. Phys. : Condens. Matter, 14 :8283, 2002. [22] I. Berbezier, A. Ronda, F. Volpi, and A. Portavoce. Morphological evolution of SiGe layers. Surf. Sci., 531 :231, 2003. [23] T. H. Berlin and M. Kac. The spherical model of a ferromagnet. Phys. Rev., 86 :821, 1952. [24] J. Berréhar, C. Caroli, C. 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Brydges and P. Federbush. Debye screening. Commun. Math. Phys., 73 :197, 1980. [31] J.-M. Caillol, D. Levesque, and J.-J. Weiss. A Monte Carlo finite size scaling study of charged hard-sphere criticality. J. Chem. Phys., 107 :1565, 1997. [32] P. J. Camp and G. N. Patey. Ion association and condensation in primitive models of electrolyte solutions. J. Chem. Phys., 111 :9000, 1999. [33] I. Cantat, K. Kassner, C. Misbah, and H. Müller-Krumbhaar. Directional solidification under stress. Phys. Rev. E, 58 :6027, 1998. [34] S. Carnie and D. Chan. The Stillinger-Lovett condition for nonuniform electrolytes. Chem. Phys. Lett., 77 :437, 1981. [35] V. Cherepanov and B. Voigtländer. Influence of material, surface reconstruction, and strain on diffusion at the Ge(111) surface. Phys. Rev. B, 69 :125331, Mar 2004. [36] C.-H. Chiu. Stable and uniform arrays of self-assembled nanocrystalline islands. Phys. Rev. B, 69 :165413, 2004. BIBLIOGRAPHIE 163 [37] C.-H Chiu and H. Gao. 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