Aventuriers : de la réalité au mythe - images.hachette

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Aventuriers : de la réalité au mythe - images.hachette
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Aventuriers :
de la réalité au mythe
Étudier les figures du pirate et de Robinson
Lectures : textes et images
PORTRAITS DE PIRATES
• L’âge d’or de la piraterie,
portrait-robot du pirate somalien .............
• L’Île au trésor, R. L. STEVENSON
Le vieux flibustier .............................
L’attaque des pirates ..........................
Objectifs
◗ Comparer des portraits de pirates réels ........
40
◗ Étudier un portrait littéraire de pirate .........
◗ Étudier un portrait de pirates en action ........
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LE MYTHE DE ROBINSON CRUSOÉ histoire
des
• Robinson Crusoé, D. DEFOE, F. LORIOUX
L’arrivée de Robinson sur l’île ............ ◗ Découvrir l’origine du mythe ......................
Robinson sur son île ......................... ◗ Connaître le mode de vie du héros ..............
Une rencontre déterminante .............. ◗ Comprendre la relation entre Robinson
•
et Vendredi ..............................................
L’Enfant, J. VALLÈS ................................... ◗ Analyser le pouvoir du mythe .....................
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Œuvre intégrale
• Vendredi ou la Vie sauvage, M. TOURNIER ..
◗ Étudier la réécriture moderne du mythe .......
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Fiche-méthode : Organiser l’étude d’un roman par groupes
L’écho du poète
• « Le Pirate », P. SOUPAULT, P. KLEE
............................................................................
56
Les récits de pirates et les robinsonnades .......................................................................
57
Faire le point
Langue et expression
Lexique : Le vocabulaire de la mer : des mots et leur histoire – Mots spécifiques –
Les sens d’un mot – Familles de mots ..................................................................
Orthographe et conjugaison : L’accord des adjectifs de couleur –
Verbes irréguliers du 1er groupe ..........................................................................
Grammaire : Le complément du nom –
La proposition subordonnée relative – Les expansions du nom .............................
Écrit : Raconter et brosser des portraits ...............................................................
Oral : Présenter des portraits de pirates
......................................................
Lectures personnelles
Évaluations
....................................................................................
• L’École des Robinsons, J. VERNE ......................................................................................
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Photomontage de A.-D. Naname, 2010.
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1 Quels personnages reconnaissez-vous sur l’image ? Justifiez.
64
2 Quels sont leurs points communs ?
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
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Pour entrer dans le chapitre
http://www.france24.com
• Quelles îles lointaines pouvez-vous citer ?
• Où les îles Caraïbes se situent-elles ?
Portrait-robot du pirate somalien
Lectures
PORTRAITS DE PIRATES
Avant de lire les textes
1. a. Qu’évoque pour vous le mot « pirate » ?
b. Qu’appelle-t-on un « pirate » sur internet ?
2. Cherchez sur une carte sur quel continent se trouve la Somalie.
1. Une lettre de marque
(ou lettre de course)
était une lettre d’un
roi, permettant à un
capitaine et à son
équipage d’attaquer,
de saisir et détruire les
navires d’une nation
ennemie.
L’âge d’or
de la piraterie
Avec l’ouverture de nouvelles voies navigables, et la découverte des Amériques à la fin du XVe siècle, l’Europe
s’enrichit. Les navires espagnols et portugais gorgés
d’or du Nouveau Monde représentaient alors une ten5 tation énorme pour les brigands au pied marin, créant
de multiples vocations de pirates. La diffusion des
cartes maritimes voit la piraterie s’intensifier, et aux
pirates s’ajoutent les corsaires, tels Robert Surcouf
et Sir Francis Drake. Ces derniers se différencient
10 des pirates car autorisés à piller des vaisseaux
ennemis par une lettre de marque1 de leur
souverain : une sorte de piraterie légalisée.
À partir de 1660, en raison des richesses
générées par les plantations, la piraterie se
15
15 déplace vers les Caraïbes : c’est le début
de l’âge d’or. Cette période prend fin aux
alentours de 1730, les pirates devenant une
si grande menace que les grandes puissances
de l’époque, même en guerre constante réus20 sissent à s’accorder, pour mettre un terme à
l’agissement de ces bandits. Quelques-uns
des plus grands noms de la piraterie auront
marqué cette période : Henri Morgan, Edward
Teach (Barbe Noire), Jack Rackam…
http://www.encyclopirate.com/
© Encyclopirate.com, l’Encyclopédie de la piraterie.
Dimanche 08 mars 2009
Le simple pirate Hybride1, mi-pêcheur mi-mercenaire, il s’enfonce à des milles2 de la côte sur un simple
skiff de bois, sans toujours savoir nager. […] Il peut être forcé à pirater : les commanditaires3 menacent
souvent les familles de ces hommes. Généralement, son sentiment d’appartenance à un clan est bien
plus fort que l’attachement à sa propre vie. Son torse est d’ailleurs souvent scarifié4 pendant son plus
jeune âge. Ces brûlures boursouflées, parfois faites à la cigarette et
dessinées de manière plus ou moins
symétrique, marquent son appartenance au clan.
Embarcation Le pirate embarque
dans un skiff, petit rafiot5 de bois
utilisé par les pêcheurs de la région.
Un moyen de ne pas se faire repérer.
Petites et légères, ces embarcations
sont quasi indétectables au radar.
Pour passer encore plus inaperçue, la coque est généralement repeinte d’un bleu proche de la couleur
de l’océan. […] Un bateau principal de quelques mètres accompagne des skiffs, plus petits, pour les
ravitailler en essence et en armes, de telle sorte qu’ils peuvent parcourir de plus grandes distances et
attaquer très loin des côtes. […]
Salaire Le montant des gains : les pirates raflent tout à bord des bâtiments6 attaqués. Téléphones portables, montres, vêtements, argent. Mais ces larcins7 ne représentent rien à côté des sommes obtenues
grâce aux rançons versées sur des comptes, souvent ouverts à Dubaï. En 2008, les pirates somaliens
auraient engrangé plus de 100 millions de dollars.
http://www.france24.com, 03/08/2009.
1. qui a une double nature. 2. 1 mille = 1609 m. 3. chefs de grand banditisme. 4. marqué par des cicatrices. –
5. petite barque en mauvais état. 6. grands navires. 7. vols.
Comparer des portraits de pirates réels
◗ L’âge d’or de la piraterie (p. 40)
1. Où et quand l’âge d’or de la piraterie se situe-t-il ?
2. Quelle différence y avait-il entre un pirate et
un corsaire ?
◗ Portrait-robot du pirate somalien (p. 41)
3. a. À quoi repérez-vous que ce texte est un reportage ? b. Relevez les noms désignant les bateaux :
quelle information donnent-ils ?
4. Quelles raisons poussent les pêcheurs somaliens
à devenir pirates ?
5. Dans ce reportage, les pirates paraissentils sympathiques ou effrayants ? efficaces ou
inefficaces ? Justifiez vos réponses.
➜ Mots génériques et mots spécifiques – p. 368
Gardons une trace écrite
❯ Les mobiles et les méthodes des pirates ont-ils
évolué au cours des siècles ?
❯ D’après ces textes, quel sentiment les pirates
provoquent-ils généralement ?
Exercice d’écriture
Portrait du pirate Edward Teach dit Barbe Noire (1680-1718),
gravure du XIXe siècle.
40
Rédigez le « portrait-robot » d’un pirate traditionnel tel qu’il apparaît dans les
films, les bandes dessinées et les jeux.
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Aventuriers : de la réalité au mythe
41
Avant de lire le texte
Lectures
• « Flibustier » : ce nom est-il un synonyme ou un antonyme de « pirate » ?
Le vieux fl ibustier
J
R. L. Stevenson
(1850-1898)
Ce romancier écossais a
écrit deux romans qui
ont connu un immense
succès : L’Île au trésor
et Le Cas étrange de
Docteur Jekyll et Mister
Hyde.
1. bronzée par le soleil.
2. queue de cheval basse,
sur la nuque.
3. cicatrice.
4. levier de bois dont
l’un des bouts est
taillé en biseau et
généralement ferré.
5. petite baie.
e prends la plume en l’an de grâce 17.., et retourne à l’époque où
mon père tenait l’auberge de l’Amiral-Benbow, et au jour où le vieux à
la peau basanée1 et balafrée d’un coup de sabre prit pour la première
fois logement sous notre toit.
Je me souviens de lui comme si c’était hier et je le vois s’avancer
5
à pas lourds vers la porte de l’auberge, son coffre de marin derrière
lui sur une brouette : c’est un homme grand, fort, puissant, dont les
cheveux bruns retombent en un catogan2 poisseux sur les épaules
d’un manteau bleu souillé de taches ; ses mains aux ongles noirs et
3
10 cassés sont rongées et couvertes de cicatrices ; la balafre à travers
sa joue est repoussante et d’un blanc livide. Je le vois parcourir la
crique du regard tout en sifflotant, puis, tout à coup, entonner cette
vieille rengaine de matelot que, par la suite, nous devions si souvent
entendre :
Nous étions quinze sur le coffre à l’homme mort –
15
Yo-ho-ho ! et une bouteille de rhum !
d’une voix aiguë et chevrotante qui semblait avoir été rythmée et brisée
par les manœuvres. Ensuite, il frappa à la porte avec un bâton qui était
comme un anspect4 et, quand mon père apparut, d’un ton brusque,
20 il commanda un verre de rhum. Il le but posément et le dégusta en
connaisseur, sans cesser d’examiner tour à tour les falaises et notre
enseigne :
« C’est une bonne crique5, dit-il enfin, et l’auberge est bien située.
Beaucoup de monde, camarade ? »
25
Mon père lui répondit qu’il avait très peu de clients et qu’il le regrettait.
« Tant mieux, dit l’autre, c’est le bercail qu’il me faut. Oh hé ! l’ami,
cria-t-il à l’homme qui poussait la brouette, accostez ici et montez mon
coffre. »
« Je vais rester ici un moment, continua-t-il. Je ne suis pas difficile,
30 du rhum et des œufs au lard, c’est tout ce que je demande, et ce
poste, là-haut, pour surveiller les navires au large. Comment allezvous m’appeler ? Vous pourriez m’appeler « capitaine ». Ah ! je vois
ce qui vous inquiète (et il jeta trois ou quatre pièces d’or sur le
comptoir). »
35 « Vous me préviendrez quand j’aurai dépensé ça », dit-il, l’air
aussi méprisant qu’un amiral.
Et à vrai dire, si sales que fussent ses vêtements et si rude que
fût son langage, il ne donnait pas l’impression d’être un simple
matelot mais un maître qui ne souffre pas la désobéissance.
Illustration de POWYS
pour L’Île au trésor, 1883.
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ROBERT LOUIS STEVENSON, L’Île au trésor,
1882, traduction A. Bay, © Le Livre de poche, 2008.
Les femmes pirates Anne Bonny (1697-1720) et Mary Read (vers 1690-1721), gravure, 1724.
Étudier un portrait littéraire de pirate
◗ Un souvenir marquant
1. Par quelle expression le narrateur souligne-t-il
la force du souvenir évoqué ?
2. Dans le deuxième paragraphe, quel est le temps
verbal le plus employé ? Pourquoi ?
3. Dans les trois premiers paragraphes et dans le
dernier : a. Relevez les adjectifs qui qualifient le
physique du personnage. b. Quelle impression ce
personnage a-t-il faite au narrateur ?
➜ Réviser l’adjectif qualificatif – p. 274
5. Quel détail physique présente le personnage
comme un pirate ? Relevez une phrase du texte à
l’appui de votre réponse.
6. Relevez d’autres éléments qui évoquent la vie
des pirates.
7. L. 29 à la fin : a. Quels noms désignent le
personnage décrit ? b. Relevez une comparaison
qui le concerne. c. Quel trait de son caractère se
trouve ainsi mis en lumière ?
Gardons une trace écrite
◗ Un portrait-type
4. Relevez trois noms qui rattachent le personnage
décrit au monde de la mer.
❯ Rédigez un paragraphe où vous rappellerez les
signes distinctifs d’un pirate.
Exercice d’écriture
En vous appuyant sur l’image, rédigez le portrait d’Anne Bonny ou celui de Mary
Read, deux femmes pirates du début du XVIIIe siècle. Vous vous efforcerez de faire
ressortir leurs principales caractéristiques physiques.
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Aventuriers : de la réalité au mythe
43
Lectures
Étudier un portrait de pirates en action
Avant de lire le texte
• Cherchez le sens des noms « mutin » et « fortin ».
◗ La situation
6. Si vous étiez cinéaste, quels plans utiliseriez-vous
1. Où l’action se déroule-t-elle ? Citez des groupes
L’attaque des pirates
de mots à l’appui de votre réponse.
2. a. Le narrateur est-il un défenseur ou un attaquant ?
b. Qui sont ses compagnons d’armes ?
Sur l’île au trésor, le jeune Jim Hawkins, le narrateur, est retranché en
compagnie de quelques hommes dans un fortin.
N
ous n’eûmes guère le temps de
réfléchir. Soudain, avec un puissant cri
de guerre, une nuée1 de pirates s’élança
des bois, du côté nord, et courut droit sur
5 l’enclos. Au même instant, une nouvelle
fusillade jaillit des bois, une balle entra
en sifflant par la porte, fit voler en éclats
le mousquet2 du docteur.
Les assaillants surgirent, comme une
10 bande de singes, en haut de la palissade.
Le chevalier et Gray firent feu coup sur
coup ; trois mutins tombèrent, l’un, en
avant, dans l’enclos, les deux autres,
en arrière, de l’autre côté. Mais l’un de
15 ceux-ci était évidemment plus effrayé que
véritablement blessé, car il fut sur pied en
un clin d’œil et disparut à travers bois.
Deux avaient mordu la poussière, un
avait fui, quatre avaient réussi à prendre
20 pied à l’intérieur de nos retranchements,
tandis qu’à l’abri des arbres, sept ou
huit flibustiers, pourvus chacun, de
toute évidence, de plusieurs mousquets,
soutenaient un feu nourri, mais inefficace
25 contre notre fortin.
Les quatre assaillants coururent droit
Affiche du film L’Île au Trésor (Treasure Island) de J. HOUGH,
au blockhaus3 en hurlant et les hommes
1973.
derrière les arbres les encourageaient de
leurs cris. Plusieurs coups de feu partirent, mais avec une telle précipitation
30 qu’aucun ne porta. En un moment, les quatre pirates eurent grimpé le
1. s’emploie pour
monticule et furent sur nous. […]
qualifier une multitude
de petits animaux
Mon coutelas levé, je courus vers le coin est de la maison. Je me trouvai
volants.
face à face avec Anderson. Avec un hurlement, il leva en l’air sa hache
2. arme à feu.
3. ouvrage fortifié pour
étincelante au soleil. Je n’eus pas le loisir4 d’avoir peur, mais alors que
défendre un point
35 le coup était en suspens, je sautai de côté et, manquant le pied dans le
particulier.
sable mou, je roulai à bas de la pente, la tête la première.
4. Je n’eus pas le temps.
ROBERT LOUIS STEVENSON, L’Île au trésor, 1882, traduction A. Bay,
© Le Livre de poche, 2008.
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pour filmer la scène dans le dernier paragraphe ?
Expliquez.
➜ Les reprises nominales – p. 276
➜ L’ABC de l’image – p. 248
◗ Lire l’image (p. 44)
◗ Un portrait en action
7. Quels sont les deux personnages du roman de
3. a. Relevez les groupes nominaux désignant et
Stevenson que vous reconnaissez dans l’affiche ?
caractérisant les pirates. b. Quelle image de ces
personnages donnent-ils ?
8. Comment sont-ils disposés, sur cette affiche ?
Que devinez-vous de leurs rôles respectifs ?
4. Relevez : a. des indices de temps dans le texte ;
b. les verbes du premier paragraphe. c. Quel est le
rythme de l’action ?
5. a. À travers quel sens les défenseurs perçoivent-ils
l’arrivée des pirates au début du texte ? b. Relevez
d’autres mots du texte qui font appel au même sens.
c. Pourquoi les pirates agissent-ils ainsi ?
Gardons une trace écrite
❯ Quels procédés l’auteur a-t-il employés pour
mettre en scène ces pirates en action ?
Exercice d’écriture
Imaginez la fin de l’attaque, que vous rédigerez en une dizaine de lignes.
N. C. WYETH, page de garde pour Treasure Island de Robert Louis Stevenson, Charles Scribner’s Sons, New York, 1911.
Huile sur toile, Brandywine River Museum.
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Aventuriers : de la réalité au mythe
45
OCTOBRE
LE MYTHE DE ROBINSON CRUSOÉ
Lectures
histoire
des
Avant de lire le texte
15
L’histoire de Robinson est inspirée d’une histoire vraie : un marin écossais,
Alexandre Selkirk, après s’être disputé avec son capitaine, resta quatre ans
et quatre mois sur une île déserte du Pacifique, dans l’archipel Juan Fernandez
qui servait de cachette aux pirates aux XVIIe et XVIIIe siècles. Selkirk fut recueilli
en 1709 par un navire anglais et ramené en Grande-Bretagne (voir carte p. 54).
• Quel point commun existe-t-il entre cette histoire et celles des pirates
racontées dans la première partie du chapitre ?
L’arrivée de Robinson sur l’île
20
Le 1er. – À ma grande surprise, j’aperçus, le matin, que le vaisseau
avait été soulevé par la marée montante, et entraîné beaucoup plus
près du rivage. […]
Du 1er au 24. – Toutes ces journées furent employées à faire
plusieurs voyages pour tirer du vaisseau tout ce que je pouvais,
et l’amener à terre sur des radeaux à la faveur de chaque marée
montante. […]
Le 25. – Tout le jour et toute la nuit il tomba une pluie accompagnée
de rafales ; durant ce temps le navire se brisa, et le vent ayant
soufflé plus violemment encore, il disparut, et je ne pus
voir ses débris qu’à marée basse seulement.
À suivre…
Quelque temps après le naufrage, Robinson Crusoé se met à tenir son
journal.
30 SEPTEMBRE 1659
Daniel Defoe
(1660-1731)
Ce commerçant et écrivain anglais est plusieurs fois emprisonné
pour raisons politiques.
Il devient espion de la
reine d’Angleterre. Il
connaît le succès littéraire avec la parution
de son roman Robinson
Crusoé, en 1719.
5
10
Moi, pauvre misérable Robinson Crusoé, après avoir fait naufrage au
large durant une horrible tempête, tout l’équipage étant noyé, moi-même
étant à demi mort, j’abordai à cette île infortunée, que je nommais l’Île du
désespoir.
Je passai tout le reste du jour à m’affliger de l’état affreux où j’étais
réduit ; sans nourriture, sans demeure, sans vêtements, sans armes, sans
lieu de refuge, sans aucune espèce de secours, je ne voyais rien devant
moi que la mort, soit que je dusse être dévoré par les bêtes ou tué par
les sauvages ou que je dusse périr de faim. À la brune1 je montai sur un
arbre, de peur des animaux féroces, et je dormis profondément, quoiqu’il
plût toute la nuit.
1. la nuit.
Découvrir l’origine du mythe
◗ De la réalité au roman
1. Comment se nomme le marin à l’origine de
5. a. Quelle figure de style repérez-vous dans les
lignes 7 à 8 ? b. Que veut souligner l’auteur ?
6. Quels sont les dangers encourus par Robinson
l’histoire de Robinson ?
2. Observez les différentes dates dans Avant de
à son arrivée ?
lire le texte, dans la biographie et dans le texte :
à quoi repérez-vous que Defoe a été inspiré par
l’actualité ? qu’il l’a modifiée ?
7. À quelle activité Robinson occupe-t-il les premiers
3. Selkirk et Robinson se sont-ils retrouvés sur une
➜ Les figures de style – p. 364
jours ? De quelle qualité fait-il preuve ?
8. De quel nouveau coup du sort est-il frappé ?
île pour les mêmes raisons ? Justifiez.
◗ Lire l’image (p. 46)
◗ Le sort de Robinson Crusoé
9. Quelles émotions l’illustrateur du livre cherche-t-il
4. L’île de Robinson mérite-t-elle le nom qu’il lui a
à faire naître chez le lecteur ? Comment ?
donné ? Pourquoi ?
Exercices d’écriture
1. En une dizaine de lignes, racontez ce qu’a pu faire Robinson dans les jours qui ont
Pages 46 bas et 47 haut :
illustrations du roman
Robinson Crusoé
par FÉLIX LORIOUX, 1930.
46
suivi son naufrage. Vous écrirez à la première personne et aux temps du passé.
2. Vous-même, auriez-vous peur ou envie de vivre sur une île déserte ? Pourquoi ?
Rédigez votre réponse en un petit paragraphe.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
47
Avant de lire le texte
Lectures
• Qu’est-ce qui rend dramatique l’arrivée de Robinson sur l’île ?
Robinson sur son île
A
5
u bout d’environ dix ou douze jours que j’étais là, il me vint à l’esprit
que je perdrais la connaissance du temps, faute de livres, de plumes et
d’encre, et même que je ne pourrais plus distinguer les dimanches des jours
ouvrables. Pour éviter cette confusion, j’érigeai1 sur le rivage où j’avais pris
terre pour la première fois, un gros poteau en forme de croix, sur lequel
je gravai avec mon couteau, en lettres capitales, cette inscription :
J’ABORDAI ICI LE 30 SEPTEMBRE 1659.
1. je dressai.
2. petite entaille.
3. séparer la farine
du son (fragments
d’enveloppe du blé).
4. ancien nom de la
partie du vêtement
masculin qui allait de
la ceinture jusqu’aux
genoux.
5. chaussure couvrant
le pied et une partie
de la jambe.
6. morceau de tissu
ou de cuir qui couvre
le dessus du soulier
et le bas de la jambe.
10
15
20
30
35
40
Sur les côtés de ce poteau carré, je faisais tous les jours une hoche2,
chaque septième hoche avait le double de la longueur des autres, et
tous les premiers du mois, j’en marquais une plus longue encore ; par
ce moyen j’entretins mon calendrier, mois et années. […]
Deux ans se sont écoulés.
Quand (le blé) fut en herbe ou monté en épis, comme je l’ai déjà fait
observer, de combien de choses n’eus-je pas besoin pour l’enclore, le
préserver, le faucher, le moissonner, le transporter au logis, le battre, le
vanner et le serrer. Ensuite il me fallut un moulin pour le moudre, des
sacs pour bluter3 la farine, du levain et du sel pour pétrir ; et enfin un
four pour faire cuire le pain. […]
J’avais un bonnet grand, haut, informe, et fait de peau de chèvre, avec
une basque tombant derrière pour me garantir du soleil et empêcher
l’eau de la pluie de me ruisseler dans le cou. Rien n’est plus dangereux
en ces climats que de laisser pénétrer la pluie entre sa chair et ses
vêtements.
J’avais une jaquette courte, également de peau de chèvre, dont les
4
25 pans descendaient à mi-cuisse, et une paire de hauts-de-chausses
ouverts aux genoux. Ces hauts-de-chausses étaient faits de la peau d’un
vieux bouc dont le poil pendait si bas de tous côtés, qu’ils me tenaient,
comme un pantalon, jusqu’à mi-jambe. De bas et de souliers, je n’en avais
point ; mais je m’étais fait une paire de quelque chose, je sais à peine
quel nom lui donner, assez semblable à des brodequins5, collant à mes
jambes et se laçant sur le côté comme des guêtres6 ; c’était de même que
tout le reste de mes vêtements, d’une forme vraiment barbare. […]
Dix-huit ans après le naufrage…
Quand je fus descendu de la colline, à la pointe sud-ouest de l’île,
comme je le disais tout à l’heure, je fus profondément atterré. Il me serait
impossible d’exprimer l’horreur qui s’empara de mon âme à l’aspect
du rivage jonché de crânes, de mains, de pieds et autres ossements. Je
remarquai surtout une place où l’on avait fait du feu, et un banc creusé
en rond dans la terre, où sans doute ces misérables sauvages s’étaient
placés pour leur atroce festin de chair humaine.
À suivre…
48
Illustrations du roman Robinson Crusoé par FÉLIX LORIOUX, 1930.
Connaître le mode de vie du héros
◗ Les activités de Robinson
◗ Les dangers de l’île
1. L. 1 à 11 : a. Que recrée Robinson ? b. Comment ?
5. Quel sentiment Robinson éprouve-t-il dans le
c. Pourquoi ? d. Que représente le dimanche pour
un chrétien du XVIIIe siècle ?
dernier paragraphe ? Relevez deux mots du texte
qui l’expriment.
2. L. 13 à 18 : a. À quelle activité Robinson se
6. Pour quelle raison Robinson éprouve-t-il ce
livre-t-il dans ce passage ? b. Quelle figure de style
remarquez-vous dans la première phrase de ce
passage ? Que souligne-t-elle ? c. Relevez deux
adverbes de temps : que révèlent-ils sur l’activité
de Robinson ?
sentiment ? Expliquez.
◗ Les vêtements de Robinson
◗ Lire les images (p. 49)
7. Sur chaque image, quels éléments évoquent l’île ?
Quelle vision de Robinson Félix Lorioux propose-t-il
dans ces deux images ? Expliquez.
3. Dans le texte figurent en violet les expansions
du nom (mots et groupes de mots) qui qualifient
les vêtements de Robinson : quelles particularités
soulignent-elles ?
4. « Quelque chose » (l. 29) : quelle impression
l’auteur cherche-t-il à donner ?
➜ Le groupe nominal et ses expansions – p. 292
Gardons une trace écrite
❯ D’après ces extraits et illustrations, Robinson
adopte-t-il un mode de vie sauvage ou reste-t-il
civilisé ? Expliquez.
Exercice d’écriture
En vous aidant de l’illustration en haut à droite, imaginez comment Robinson a
pu se construire un abri. Racontez son travail en un petit paragraphe.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
49
Avant de lire le texte
Lectures
« Sauvage » : adjectif dérivé du latin salvaticus, déformation de silvaticus,
« qui est fait pour la forêt ».
1. Quels sens du mot « sauvage » connaissez-vous ?
35
« Cannibale » : ce mot, entré dans notre vocabulaire au XVIe siècle, viendrait de
l’arawak (langue des Antilles) caniba, désignant les Indiens des Caraïbes.
2. Que signifie aujourd’hui le mot « cannibale » ?
Une rencontre déterminante
Plusieurs années ont encore passé.
Robinson voit débarquer sur l’île des
sauvages qui s’apprêtent à tuer et
manger deux des leurs. Il vient au
secours de l’un d’entre eux qui a pu
s’échapper.
A
Illustration de Vie et
aventures de Robinson
Crusoé, vers 1900.
25
1. Il s’agit du sauvage
que Robinson vient
de sauver.
50
30
près avoir sommeillé plutôt que
dormi environ une demi-heure, il1
s’éveilla et sortit de la caverne pour
me rejoindre ; car j’étais allé traire
5 mes chèvres, parquées dans l’enclos
près de là. Quand il m’aperçut il vint
à moi en courant, et se jeta à terre
avec toutes les marques possibles
d’une humble reconnaissance, qu’il
10 manifestait par une foule de grotesques
gesticulations. Puis il posa sa tête à
plat sur la terre, prit l’un de mes pieds
et le posa sur sa tête, comme il avait
déjà fait ; puis il m’adressa tous les
15 signes imaginables d’assujettissement,
de servitude et de soumission, pour me
donner à connaître combien grand était
son désir de s’attacher à moi pour la
vie. Je le comprenais en beaucoup de
20 choses, et je lui témoignais que j’étais
fort content de lui.
En peu de temps, je commençai à lui
parler et à lui apprendre à me parler. D’abord je lui fis savoir que son nom
serait Vendredi, c’était le jour où je lui avais sauvé la vie, et je l’appelai
ainsi en mémoire de ce jour. Je lui enseignai également à m’appeler
maître, à dire oui et non, et lui appris ce que ces mots signifiaient. Je
lui donnais ensuite du lait dans un pot de terre ; j’en bus le premier, j’y
trempai mon pain et lui donnai un gâteau pour qu’il en fît de même ;
il s’en accommoda aussitôt et me fit signe qu’il trouvait cela bon. […]
Jamais aucun homme n’eut un serviteur plus sincère, plus aimant,
40
2. comprendre.
3. si je n’avais pas
à redouter.
plus fidèle que Vendredi. Sans passions, sans
obstination, sans volonté, complaisant et affectueux,
son attachement pour moi était celui d’un enfant pour son
père. J’ose dire qu’il aurait sacrifié sa vie pour sauver
la mienne en toute occasion. […]
J’étais fort enchanté de lui, et je m’appliquais à lui
enseigner à faire tout ce qui était propre à le rendre
utile, adroit, entendu, mais surtout à me parler et à me
comprendre, et je me trouvai le meilleur écolier qui fût
jamais. Il était gai, si constamment assidu et si content quand il pouvait
m’entendre2 ou se faire entendre de moi, qu’il m’était vraiment agréable
de causer avec lui. Alors ma vie commençait à être si douce que je me
disais : n’eussé-je pas à redouter3 les sauvages, je demeurerais volontiers
en ce lieu aussi longtemps que je vivrai.
DANIEL DEFOE, Vie et aventures de Robinson Crusoé, in Romans, Tome 1, 1719,
traduction F. Ledoux, © Éditions Gallimard, 1959.
Comprendre la relation entre Robinson et Vendredi
◗ L’attitude de Vendredi
◗ Les rapports entre Vendredi et Robinson
1. Au début du texte, quel sentiment Vendredi
éprouve-t-il à l’égard de Robinson ?
6. Dans le troisième paragraphe, quelle image du
caractère de Vendredi Robinson donne-t-il ?
2. a. Quelle posture Vendredi adopte-t-il devant
7. Relevez dans les troisième et quatrième para-
Robinson ? b. Relevez tous les mots du premier
paragraphe exprimant la relation que Vendredi
veut établir avec Robinson.
graphes trois noms caractérisant Vendredi. Ces
reprises nominales traduisent-elles une évolution
des rapports entre les personnages ? Expliquez.
8. Quels rôles la parole joue-t-elle au fil du texte
◗ L’attitude de Robinson
3. a. Dans le deuxième paragraphe, observez
les pronoms personnels sujets et compléments
d’objet : que traduisent-ils de la relation entre
les deux personnages ? b. Relevez un nom qui
caractérise l’attitude de Robinson à l’égard de
Vendredi.
4. Quel rôle Robinson cherche-t-il à jouer auprès
de Vendredi, de la ligne 22 jusqu’à la fin du texte ?
Expliquez en vous appuyant sur des mots du
texte.
5. Expliquez pourquoi Robinson veut initier Vendredi
à ses habitudes alimentaires.
➜ Les reprises pronominales – p. 278
dans la relation entre Robinson et Vendredi ?
➜ Les reprises nominales – p. 276
◗ Lire l’image (p. 50)
9. Pourquoi l’image est-elle composée en deux
parties ?
10. Quel passage du texte la partie inférieure de
l’image illustre-t-elle ?
Gardons une trace écrite
❯ Quelle vision du sauvage l’auteur donne-t-il à
travers cette présentation de Vendredi ?
❯ Que nous apprend l’attitude de Robinson sur
le regard que les Européens portaient sur les
peuples lointains, au XVIIIe siècle ?
Exercice d’écriture
Racontez brièvement la rencontre entre Vendredi et Robinson, en adoptant le
point de vue de Vendredi.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
51
Avant de lire le texte
Lectures
25
• Que signifie l’expression « dévorer un livre » ? Une lecture captivante
30
J’
Jules Vallès
5
(1832-1885)
Cet écrivain français
raconte son enfance
malheureuse dans des
romans d’inspiration autobiographique dont le
premier est L’Enfant.
10
15
ai été puni un jour : c’est, je crois, pour avoir roulé sous la poussée
d’un grand, entre les jambes d’un petit pion1 qui passait par là, et qui
est tombé derrière par-dessus tête. […] Le pion s’est fâché.
Il m’a mis aux arrêts2 ; – il m’a enfermé lui-même dans une étude3
vide, a tourné la clef, et me voilà seul entre les murailles sales, devant
une carte de géographie qui a la jaunisse, et un grand tableau noir où
il y a des ronds blancs et la binette du censeur4.
Je vais d’un pupitre à l’autre : ils sont vides – on doit nettoyer la place,
et les élèves ont déménagé.
Rien, une règle, des plumes rouillées, un bout de ficelle, un petit jeu
de dames, le cadavre d’un lézard, une agate5 perdue.
Dans une fente, un livre : j’en vois le dos, je m’écorche les ongles à
essayer de le retirer. Enfin, avec l’aide de la règle, en cassant un pupitre,
j’y arrive ; je tiens le volume et je regarde le titre :
Robinson Crusoé
35
6. citrons.
remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce
moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans
le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un
peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de
mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout
contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où
je ferai pousser du pain...
La faim me vient : j’ai très faim.
Vais-je être réduit à manger ces rats que j’entends dans la cale de
l’étude ? Comment faire du feu ? J’ai soif aussi. Pas de bananes ! Ah ! lui,
il avait des limons6 frais ! Justement j’adore la limonade !
Clic, clac ! on farfouille dans la serrure.
Est-ce Vendredi ? Sont-ce des sauvages ?
C’est le petit pion qui s’est souvenu, en se levant, qu’il m’avait oublié, et qui
vient voir si j’ai été dévoré par les rats, ou si c’est moi qui les ai mangés.
JULES VALLÈS, L’Enfant, 1879.
Analyser le pouvoir du mythe
◗ La situation du narrateur
5. a. L. 25-31 : Relevez deux comparaisons : à quels
1. a. Le narrateur est-il un enfant ou un adulte
aspects du roman le narrateur-lecteur est-il sensible ?
b. Quel rôle ce roman joue-t-il pour lui ?
au moment des faits racontés ? Justifiez. b. Où se
trouve-t-il ? Pourquoi ?
2. En quoi sa situation ressemble-t-elle à celle de
Robinson ?
◗ Le pouvoir du roman sur le lecteur
3. Dans les lignes 16 à 21, quel effet la lecture du
roman a-t-elle produit sur le narrateur-lecteur ?
4. Quelles sensations et quels sentiments le narrateur
éprouve-t-il à la lecture du roman (l. 22 à 25) ?
de permanence.
4. la tête du
directeur-adjoint.
5. une bille.
52
quel rapport s’établit entre le narrateur-lecteur et
le héros du roman ? Expliquez.
➜ Les figures de style – p. 364
Gardons une trace écrite
❯ D’après ce récit de Jules Vallès, à quel type de
lecteur le roman Robinson Crusoé peut-il plaire ?
Quel pouvoir l’histoire de Robinson Crusoé a-t-elle
sur ses lecteurs ?
Exercice d’écriture
Robinson Crusoé,
couverture du livre
de Daniel Defoe,
XIXe siècle,
collection privée.
1. surveillant.
2. m’a puni, emprisonné.
3. salle d’étude,
6. À partir de la ligne 32 jusqu’à la fin du texte,
Parmi ces couvertures de livres, laquelle vous donne le plus envie de lire l’histoire
de Robinson Crusoé ? Pourquoi ?
20
Il est nuit.
Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je
suis dans ce livre ? – quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais voyons si
je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres
s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis
plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse : je suis
resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré
par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense,
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
53
Œuvre
intégrale
Michel Tournier,
Vendredi ou la Vie sauvage
➺ Étudier la réécriture moderne
du mythe de Robinson
A. Aux origines du mythe
Lisez les encadrés de la carte et dites ce que Michel Tournier a emprunté :
Michel Tournier
Cet auteur français
contemporain, né
en 1924, a écrit des
romans ainsi que des
contes et nouvelles pour
les jeunes et pour les
adultes.
a. à l’aventure d’Alexandre Selkirk ;
b. au roman de Daniel Defoe.
B. Lire et analyser le roman
b. Comment l’Indien perçoit-il l’acte de Robinson ?
3. Proposez quatre éléments qui prouvent que
DOSSIER 1
Les premiers temps dans l’île
(chap. 1 à 6)
1. Quelles sont les premières occupations de
Vendredi obéit à Robinson.
4. Pourquoi Robinson paye-t-il Vendredi ?
5. Relevez des passages qui montrent que
l’obéissance de Vendredi n’est qu’apparente.
Robinson ?
2. a. Quel nom donne-t-il à son projet ?
b. Quelle est l’issue de ce projet ?
DOSSIER 4
Vendredi, meneur du jeu
3. a. Expliquez l’expérience de la souille.
b. Quel risque Robinson encourt-il ?
c. Comment réagit-il ?
(chap. 19 à 33)
1. Quel incident crée un grand bouleversement sur
4. « Il [Robinson] tourna le dos à la mer qui lui
2. Quelle est l’attitude des deux personnages juste
avait fait tant de mal en le fascinant depuis son
arrivée sur l’île, et il se dirigea vers la forêt et le
massif rocheux. » a. Quel élément est l’ennemi
de Robinson ? b. Quel élément devient son allié ?
Justifiez vos réponses.
5. Classez dans l’ordre les différentes réactions de
Robinson lors de ses premiers temps dans l’île : la
folie, la tristesse, la prise en main de son destin, la
tentative de fuite.
l’île ? Qui en est la cause ?
avant la catastrophe ? juste après ?
3. Chapitre 20 : citez une phrase exprimant le
nouveau rapport de force entre Robinson et
Vendredi.
4. Proposez deux connaissances ou compétences
auxquelles Vendredi initie Robinson.
5. Quel procédé Vendredi met-il au point pour que
ses relations avec Robinson restent pacifiques ?
6. Quelles formes de poésie Vendredi fait-il découvrir
DOSSIER 2
L’île administrée (chap. 7 à 13)
1. Voici différentes activités de Robinson sur l’île :
prospection de l’île / stockage de ses réserves / écriture
d’un journal de bord / élevage des chèvres / culture
agricole / première récolte de blé et d’orge / construction
de la maison / élaboration d’une tenue vestimentaire /
invention d’une clepsydre, d’un mât calendrier / rédaction d’une charte de l’île / protection de l’île / massacre
des rats / organisation d’une journée / création d’une
rizière / rédaction des préceptes.
Lesquelles visent : a. à organiser le temps ? b. à
s’approprier l’espace ? c. à établir un pouvoir ?
2. Expliquez une activité de Robinson en liaison
avec le temps, une avec l’espace et une avec le
pouvoir.
3. Comment Robinson nomme-t-il son île ?
à Robinson ?
7. Robinson s’était attaché à l’élément terrestre ;
quel est l’élément dont relève Vendredi ? Répondez
en citant trois activités de l’Indien.
DOSSIER 5
Le sens du roman
(chap. 34 et 35)
1. Quel élément provoque la fin du roman ?
2. a. Quelle est la décision finale de Robinson ? de
Vendredi ? b. Expliquez chacune d’elle.
3. Quel nouveau personnage apparaît ? Qu’apportet-il au roman ?
4. Expliquez pourquoi Michel Tournier a choisi
comme titre Vendredi ou la Vie sauvage.
Fiche-méthode
Pourquoi ?
Organiser l’étude d’un roman par groupes
4. Quels dangers viennent : a. des animaux ? b. des
• Individuellement
– Lire le roman.
– Au fur et à mesure, numéroter les chapitres afin de
faciliter les recherches ultérieures.
– Choisir un « dossier de lecture », c’est-à-dire une partie
du roman qui paraît particulièrement intéressante.
hommes ? c. de Robinson lui-même ?
5. Selon vous, que manque-t-il à la forme de
civilisation mise en place par Robinson ?
DOSSIER 3
Le pouvoir de Robinson
sur Vendredi (chap. 13 à 18)
1. Quelle image des Indiens Michel Tournier
propose-t-il dans le chapitre 13 ?
54
2. a. Robinson a-t-il voulu sauver l’Indien ?
• Par groupes
– Répondre aux questions concernant le « dossier de
lecture » retenu.
– Rendre compte oralement à la classe de l’étude du
groupe.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
55
Faire
le point
L’écho
du poète
Le Pirate
Philippe Soupault
(1897-1990)
Ce poète français,
auteur des Champs
magnétiques, a participé à la création du
mouvement surréaliste
et propose une poésie
résolument moderne.
5
10
15
Les récits de pirates et les robinsonnades
Et lui dort-il sous les voiles
il écoute le vent son complice
il regarde la terre ferme son ennemie sans envie
et la boussole est près de son coeur immobile
Il court sur les mers
à la recherche de l’axe invisible du monde
Il n’y a pas de cris
pas de bruits
Des chiffres s’envolent
et la nuit les efface
Ce sont les étoiles sur l’ardoise du ciel
Elles surveillent les rivières qui coulent dans l’ombre
et les amis du silence les poissons
Mais ses yeux fixent une autre étoile
perdue dans la foule
tandis que les nuages passent doucement
plus forts que lui
lui
lui
PHILIPPE SOUPAULT, Georgia-Épitaphes-Chansons,
© Éditions Gallimard, 1926.
PAUL KLEE, Aventure au bord du lac, 1927, collection privée.
◗ Un poème à dire
1. Recopiez ce poème en indiquant
les pauses au crayon.
2. Par votre diction, rendez sensible
la fluidité du rythme créée par les
allitérations en « l » et en « r ».
◗ Un poème et
histoire
des
un tableau en écho
3. Par quels mots et expressions
le monde de la mer est-il évoqué
dans le poème ?
4. De quoi ce pirate rêve-t-il ?
5. Selon vous, ce portrait de pirate
ressemble-t-il ou diffère-t-il des
portraits de pirates étudiés dans le
chapitre ? Justifiez.
6. Quels liens pouvez-vous établir entre
le poème et le tableau de Paul Klee ?
56
I. Les récits de pirates
Liée à l’âge d’or de la piraterie, la mode du roman de piraterie est lancée à la
fin du XIXe siècle par le romancier anglais Robert Stevenson, avec L’Île au trésor.
Ces récits, souvent inspirés d’histoires de pirates ou de corsaires réels,
prennent d’abord la forme de romans, puis, à partir du XXe siècle, de films,
de bandes dessinées et de jeux divers.
L’écriture des romans de piraterie
HOWARD PYLE,
Le Capitaine
Robertson Keith,
illustration de 1887.
Ces romans se caractérisent par :
– des personnages types : le pirate cruel, le corsaire audacieux qui respecte
le code de l’honneur ;
– une intrigue pleine de rebondissements ;
– des lieux et situations types : îles désertes, quête de trésors, abordages.
II. Le mythe de Robinson histoire
des
Au XVIIIe siècle, le roman de Daniel Defoe, inspiré d’un fait
divers réel, raconte la vie du naufragé Robinson, seul sur une
île déserte, puis en compagnie du sauvage Vendredi.
Ce roman a inspiré de nombreuses réécritures, des « robinsonnades » : L’Île mystérieuse, L’École des Robinsons, Deux
ans de vacances de Jules Verne, Vendredi ou la vie sauvage
de Michel Tournier.
L’histoire de Robinson peut se lire comme :
– un récit d’aventures qui fait rêver, qui dépayse ;
– une leçon de vie (se débrouiller seul face à des obstacles) ;
– une réflexion sur la civilisation et la vie sauvage.
Cette richesse en fait un mythe littéraire, c’est-à-dire un récit
aux personnages ou aux actions extraordinaires dans lesquels
toute époque retrouve des aspects essentiels de la vie humaine.
L’écriture des robinsonnades
Illustration de PAUL DURAND pour Vendredi
ou la Vie sauvage de M. Tournier, 1971.
Ces romans comportent des épisodes incontournables :
– l’exploration de l’île ;
– l’organisation d’une vie civilisée : habitation, feu, culture…
– la crainte des animaux sauvages et des cannibales ;
– l’espoir de voir arriver un bateau ;
– la recherche de compagnons (animaux) ;
– les échanges avec un personnage représentant l’état sauvage.
Je retiens l’essentiel
❯ Quelles ressemblances et quelles
différences y a-t-il entre un roman de
pirates et une robinsonnade ?
❯ Que peut rechercher un lecteur en
lisant l’histoire de Robinson ?
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
57
Langue et expression
Lexique
Orthographe
Conjugaison
❯ Le vocabulaire de la mer
Connaître des mots et leur histoire
1. a. Observez la provenance et la date d’apparition
de la plupart des mots ci-dessous : que constatezvous ? Comment l’expliquez-vous ? b. Quels sont les
synonymes de « pirate » ? de « corsaire » ?
Le flibustier (du néerlandais vrijbuiter, « frère de la
côte » ; ce mot est employé en français à partir de
1667) est un corsaire des Antilles, qui attaquait les
Espagnols aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Le forban (de l’ancien français forbannir, « bannir,
envoyer à l’étranger ») est un pirate qui, du XVIe au XIXe
siècle, se livrait à des expéditions armées sur mer pour
son compte, sans lettre de course ou de marque.
Accorder les adjectifs de couleur
➜ Mots génériques et mots spécifiques – p. 368
2. « Bateau » est un nom générique, qui désigne
toutes sortes d’embarcations ; pour chaque forme de
bateau, il existe un nom spécifique : navire, goëlette,
pirogue, canot, caravelle, paquebot, barque, gondole, esquif.
HOWARD PYLE,
1921.
Observer et manipuler
1. Quelle règle d’accord l’adjectif de couleur « bleu »
suit-il dans ces groupes nominaux ?
l’étendue infinie et bleue de la mer – les flots bleus
Le pirate (du grec peiratès, « celui qui entreprend »,
« celui qui tente fortune ») est un hors-la-loi qui écume
les mers, c’est-à-dire les parcourt afin de piller et
tuer, sans distinction de nationalité, pour son propre
compte.
Le corsaire (du latin cursus, « la course », c’est-àdire, dans le vocabulaire maritime, « la capture des
vaisseaux ennemis marchands ») est au service de son
pays : une lettre de course ou de marque, délivrée
au nom du roi, lui donne la permission de piller des
navires. Les corsaires ont sévi durant trois siècles, du
XVIe au XVIIIe siècle.
Le boucanier (du mot caraïbe boucan, qui a aussi
donné le verbe boucaner, « fumer la viande ou
les poissons pour les conserver »). À l’origine, les
boucaniers occupent des terres sur l’île d’Hispaniola,
propriété espagnole, qui correspond aujourd’hui à
Haïti et à la République dominicaine. Manquant de
gibier et poursuivis par les Espagnols, les boucaniers
sont devenus flibustiers.
58
indication de couleur dans les phrases suivantes ?
Le ciel se couvrait de teintes bleu azur.
La mer bleu turquoise miroitait.
b. Que constatez-vous pour l’orthographe de
l’adjectif de couleur ?
3. a. Parmi les adjectifs de couleur suivants, quels
a. Classez ces noms de bateaux, selon qu’ils sont de
petite ou de grande taille. b. Parmi ces bateaux,
quels sont ceux qui naviguent à la voile ? à la rame ?
sont ceux qui sont aussi des noms ?
b. Que remarquez-vous pour leur accord ?
des rochers rouges, les rochers orange ; des arbres aux
troncs bruns, d’autres aux teintes noisette
3. a. Associez chacun des verbes de la liste A, qui
Formuler la règle
peuvent être complétés par le GN « un bateau », à
un des synonymes de la liste B.
Liste A : amarrer, armer, arraisonner, caréner, commander, conduire, faire appareiller, faire mouiller, gréer,
lancer, désarmer, renflouer.
Liste B : équiper, faire partir, arrêter, attaquer, diriger,
mettre au sec, réparer.
4. Recopiez et complétez les phrases suivantes.
Comme tous les adjectifs qualificatifs, les adjectifs de
couleur … en genre et en … . Mais ils restent … s’ils sont
… de deux mots ou s’ils proviennent de ….
b. Rédigez un petit paragraphe où vous emploierez
quatre verbes de la liste A.
Connaître les sens de mots
polysémiques
➜ Le sens propre et le sens figuré – p. 366
4. a. Cherchez dans un dictionnaire les sens des
noms « pavillon » et « pont ». b. Soulignez le sens qui
convient pour un bateau. c. Employez ces deux noms
dans une phrase où ils auront leur sens maritime.
Conjuguer les verbes irréguliers
du 1er groupe
Observer et manipuler
5. a. Recopiez les formes verbales suivantes en
employant une couleur différente pour la terminaison ; soulignez la première voyelle de chaque
terminaison.
Je commence à lui parler. Je commençai à lui parler. Nous
commençons à parler. Nous commencions à parler.
Il mange de la chair de tortue. Il mangea de la chair
de tortue. Nous mangeons de la chair de tortue. Nous
mangions de la chair de tortue.
➜ Réviser la formation des mots – p. 360
5. a. Classez les mots de chaque famille selon leur
c. Pour quelle raison ces voyelles sont-elles modifiées ?
radical.
1. marin, maritime, amerrir, marée, amerrissage, marine.
2. solitude, solitaire, seul, esseulé, isoler, isolation, désolé.
Formuler la règle
b. Quels radicaux repérez-vous pour chaque famille ?
c. Employez trois de ces mots dans une phrase de
votre choix.
7. Lisez oralement les verbes soulignés.
Le sauvage se jeta à terre. Je l’appelai Vendredi.
Les sauvages se jetèrent sur nous.
Nous appelions à l’aide.
a. Comment prononcez-vous le « e » de la base
verbale en gras ?
b. Par quelles voyelles les terminaisons commencentelles ?
8. a. Transposez les verbes des phrases suivantes
au présent de l’indicatif.
Tu te jetas dans la lecture de ce roman.
Ils appelèrent au secours.
b. Par quelle voyelle la terminaison commence-telle ?
c. Comment prononcez-vous le « e » de la base
verbale ?
d. Quelle modification orthographique devezvous apporter à chacun des verbes pour traduire
la nouvelle prononciation ?
9. En vous appuyant sur ce que vous venez d’observer, conjuguez oralement, puis par écrit, les
verbes « jeter » et « appeler » aux 2e personnes du
singulier et du pluriel à ces quatre temps de l’indicatif : a. présent ; b. imparfait ; c. passé simple ;
d. futur simple.
➜ Les verbes irréguliers du 1er groupe – p. 344
b. Devant quelles voyelles doit-on modifier les
bases verbales en ajoutant une cédille ou un « e »
muet ?
Étudier des familles de mots
Observer et manipuler
➜ Les adjectifs de couleur – p. 351
2. a. De combien de mots est composée chaque
Employer des mots spécifiques
gardent le son [s] et un e muet aux verbes en -ger pour
qu’ils gardent le son [j].
6. Recopiez et complétez la phrase suivante.
Devant les terminaisons qui commencent par les voyelles
… ou … , on ajoute une … aux verbes en -cer pour qu’ils
Formuler la règle
10. Recopiez et complétez la phrase suivante.
Le l et le t de la base verbale des verbes en -eler et
-eter sont … quand la terminaison commence par un …
muet.
Préparer la dictée :
dictée à trous
Recopiez le texte en accordant les mots entre
parenthèses et en conjuguant les verbes en
italique au passé simple de l’indicatif.
Robinson dégager des outils de la cale du bateau. Il
s’engager sous les voûtes (vert) de la forêt. Soudain,
des chèvres (blanc crème) et (noir) apparurent au
sommet de la colline et se découpèrent sur la ligne
(bleu) de l’horizon. Robinson les apercevoir. Il appeler
son chien et jeter un regard sur l’une des chèvres
qui s’avancer dangereusement vers lui.
D’après M. TOURNIER, Vendredi ou la Vie sauvage, 1971.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
59
Langue et expression
Grammaire
❯ Les expansions du nom
Découvrir le complément du nom
➜ Le complément du nom – p. 293
Écrit
Distinguer les expansions du nom
1. Faire un portrait à partir d’une image
➜ Le groupe nominal et ses expansions – p. 292-294
Observer et manipuler
Observer et manipuler
1. a. Recopiez les groupes nominaux suivants en
5. a. Quelle est la classe grammaticale du mot
encadrant leur nom-noyau. b. Soulignez les mots qui
complètent ces noms-noyaux : quelle est la classe
grammaticale de chacun d’eux ? c. Par quels mots le
complément du nom est-il relié au nom-noyau ?
un arbre à pain – l’île de Robinson – une cabane en bois –
une vie d’aventures – des trésors d’imagination – un coffre
au trésor – un manque de nourriture – l’impossibilité de
partir – les difficultés à se nourrir – un vêtement pour
Vendredi – une vie sans liberté – le trésor des pirates
souligné dans les phrases suivantes ? b. Quelles
sont les classes grammaticales des mots ou groupes
de mots en gras ? c. À quoi ces mots et groupes de
mots servent-ils ?
Robinson supporte mal sa vie solitaire. Robinson supporte
mal sa vie de solitude.
Robinson organise sa vie quotidienne. Robinson supporte
mal sa vie de tous les jours.
Formuler la règle
complétez les groupes nominaux suivants.
une vie dangereuse / une vie … ; une vie … / une vie de
liberté ; un rivage sablonneux / un rivage …
SUJET 1 : Décrivez le pirate de l’image ci-contre.
Préparation :
souligné ? Quel rôle les adjectifs qualificatifs en
gras et les propositions subordonnées entre crochets
jouent-ils ?
Robinson est un homme solitaire. Il rencontre un homme
sauvage.
Robinson est un homme [qui vit seul]. Il rencontre un
homme [qui lui paraît sauvage].
En vous aidant d’un dictionnaire, repérez
quel mot employer pour chaque détail de la tenue
vestimentaire : pantalon corsaire, baudrier, foulard,
tricorne, redingote, gilet, pistolet, bandeau,
béquille.
• Quels adjectifs de couleur pourriez-vous utiliser ?
• Observez le visage et la main :
– Quels détails repérez-vous ? Quel sentiment ou
trait de caractère s’en dégage ?
– Classez les qualificatifs suivants selon qu’ils
décrivent les traits physiques ou les traits de
caractère : buriné, marqué, sévère, revêche, froncé,
hâlé, dur, blessé, saillant, plissé, meurtri, serré,
noir, menaçant, bandée, dru, grisonnant.
– Associez un ou plusieurs de ces adjectifs à ces
parties du corps : front, menton, lèvres, peau,
yeux, pommettes, joues, main, barbe.
– Le nez du personnage est-il : aquilin, fin, camus,
épaté ?
Observer et manipuler
8. Sur le même modèle que dans l’exercice 7,
3. a. Lisez oralement les phrases suivantes en
Méthodes :
Méthodes :
complétez les groupes nominaux suivants.
une vie dangereuse / une vie qui … ; un air triste / un
air qui … ; une île inhabitée / une île qui …
Vous pouvez organiser un portrait de plusieurs
façons :
– en partant d’un détail marquant, puis en élargissant
au reste du personnage ;
– en décrivant la silhouette générale puis en zoomant
sur des détails ;
– en allant de bas en haut ou de haut en bas.
• Pour insérer et construire une description,
voir l’atelier d’écriture p. 66 à 69.
• Pour organiser un portrait, voir SUJET 1.
2. Recopiez et complétez les phrases suivantes.
Un complément du nom complète un … . Il est introduit par
diverses prépositions, par exemple …, …, …, …, et … . Il peut
être un … , un … ou un … propre .
S’initier à la proposition
subordonnée relative
➜ Le complément de l’antécédent :
la proposition subordonnée relative – p. 294
supprimant les passages entre crochets : les phrases
restent-elles correctes et compréhensibles ?
Le trésor [qui fait rêver les aventuriers] est inaccessible.
Le trésor [que les pirates ont caché] est inaccessible.
Cette étrange vie [que Robinson a vécue] fait rêver de
nombreux lecteurs.
L’île [où le marin Selkirk a vécu quatre ans] se trouve
dans le Pacifique.
La vie de Robinson est une étrange vie [dont je rêve].
6. Sur le même modèle que dans l’exercice 5,
7. Quelle est la classe grammaticale du mot
Formuler la règle
9 . Répondez aux questions suivantes.
a. À quoi les expansions du nom servent-elles ? b. Quelles
sont les classes ggrammaticales des expansions
p
du nom ?
• Organisez le portrait de façon cohérente.
• Employez un vocabulaire précis.
• Utilisez des expansions du nom et en particulier
des adjectifs pour préciser les différents éléments.
• Accordez les adjectifs de couleur.
c. Entourez les pronoms qui introduisent les
propositions subordonnées relatives entre crochets
et dressez-en la liste.
2. Raconter et décrire
à partir d’une image
SUJET 2 : En vous inspirant de l’image
ci-dessus, racontez l’arrivée sur l’île du
pirate à la recherche d’un trésor. Vous
insèrerez des descriptions des lieux
et un bref portrait physique du pirate.
Consignes d‘écriture :
• Vous raconterez à la troisième personne
et au passé simple de l’indicatif.
• Vous emploierez l’imparfait de l’indicatif
et des expansions du nom pour faire le
portrait et décrire les lieux.
• Vous emploierez des adjectifs de couleur
que vous accorderez correctement.
• Vous exprimerez les sentiments du
personnage.
3. Raconter une aventure en insérant un portrait
Formuler la règle
4. Recopiez et complétez les phrases suivantes.
Une proposition subordonnée relative complète un …
auquel elle apporte des … . Elle est introduite par des
pronoms relatifs qui peuvent être : …, …, … et … . Elle
comporte un verbe.
•
Consignes d‘écriture :
b. Recopiez les phrases en soulignant les mots qui
sont complétés par les propositions entre crochets :
quelle est la classe grammaticale des mots que vous
avez soulignés ?
60
Raconter et brosser des portraits
Coffre de marine dit de Nuremberg (XVIIe-début
Paris, Musée national de la Marine.
XVIIIe),
SUJET 3 : Robinson, lors d’une exploration de l’île,
voit débarquer un naufragé. Racontez la scène
en insérant un portait détaillé du naufragé
tel que le voit Robinson.
Méthodes et critères de réussite :
• Voir les conseils donnés dans les SUJETS 1
et 2.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
61
Langue et expression
Oral
Présenter des portraits de pirates
1. Présenter une affiche de film
Lectures
personnelles
Romans d’aventures maritimes
SUJET 1 : Vous êtes le concepteur de cette
affiche dont vous devez vanter les mérites
devant l’équipe de production du film.
Préparation :
• Interrogez-vous sur :
– l’organisation de l’affiche ;
– les couleurs dominantes ;
– le dynamisme de l’action ;
– l’univers du pirate ;
– les visages ;
– les attributs du pirate.
• Utilisez votre observation de l’affiche
pour construire un discours convaincant
de 2 ou 3 minutes.
Jules Verne
Deux ans de
vacances
Moonfleet
© Hachette, Livre de
Poche Jeunesse, 2003.
© Éditions Gallimard,
Folio Junior, 1999.
Naufrage de quinze
jeunes garçons sur
une île déserte du
Pacifique.
Un jeune orphelin
est recueilli par des
contrebandiers.
Pirates des Caraïbes, La malédiction du Black
Pearl, G. VERBINSKI, 2003.
John Meade
Falkner
Manfred Theisen
Pierre Mac Orlan
Anne Bonny,
femme pirate
Les Clients du bon
chien jaune
© Milan Poche, 2003.
© Éditions Gallimard,
Folio Junior, 2008.
À la tête d’un navire
pirate, une femme fait
trembler les mers des
Caraïbes.
Les aventures d’un
orphelin prisonnier
d’un navire-fantôme
de sinistre réputation.
2. Écouter et présenter des portraits de pirates et de corsaires
Lectures
SUJET 2 : Vous allez faire oralement le portrait d’un pirate ou d’un corsaire
d’après la présentation orale qu’en aura faite un autre élève.
62
Méthode :
Critères de réussite :
Au CDI ou sur internet, chacun s’informe sur
un de ces pirates ou corsaires : Francis Drake,
Rackham le rouge, Barbe Noire, Dugay Trouin,
Jean Bart, Surcouf, Anne Bonny, Mary Read.
Sites à consulter :
– l’exposition du Musée de la Marine :
http://www.musee-marine.fr/public/virtuel/
pirates/fs_home.htm
– « Encyclopirate » :
http://www.encyclopirate.com/index.php
– « Pirates et Corsaires » :
http://www.pirates-corsaires.com
• Pour les deux prestations orales :
– qualité de la diction ;
– qualité de la langue ;
– expressivité du ton (rendre le pirate
effrayant) ;
– qualité et clarté des informations ;
– construction du portrait (indications sur la vie,
portrait physique, portrait moral…).
• Chaque pirate est présenté par un élève en cinq
minutes maximum.
• Le professeur désigne un autre élève qui, à son
tour, présente le portrait du pirate, d’après ce
qu’il vient d’écouter.
• Pour le 2e exposé :
respect des informations fournies dans le premier
exposé.
er
• Pour le 1 exposé :
– qualité de la recherche d’informations ;
– capacité à parler sans lire ses notes.
à la
une
Coup de cœur radiophonique
Vous êtes un journaliste de radio qui présente
à ses auditeurs son roman « coup de cœur ».
Préparation :
• Choisissez un des romans de cette page et
lisez-le.
Christian
de Montella
Le Diable dans l’île
© Flammarion,
Castor poche, 2000.
La rivalité entre deux
frères lors d’une
expédition sur une île
proche du continent
austral.
• Repérez un passage d’une quinzaine de lignes
qui vous plaît particulièrement et entraînezvous à le lire oralement.
William Golding
Sa Majesté des
Mouches
Lors de l’« émission » :
• Annoncez le titre et l’auteur, d’une voix haute
et claire.
• Faites un portrait du héros (ou de l’héroïne)
du roman qui le (la) mette en valeur.
• En une phrase, situez le passage choisi et
lisez-le de façon très expressive.
2
© Éditions Gallimard,
1956.
Les aventures sur une
île déserte de jeunes
garçons rescapés d’un
accident d’avion.
Aventuriers : de la réalité au mythe
63
Apprendre à réviser
Évaluations
Relisez « Faire
30
le point » (voir p. 57).
Qu’est-ce qu’un nom générique ? un nom spécifique ? (voir p. 58)
Lexique
Quand faut-il mettre une cédille dans la conjugaison des verbes en -cer ?
Quelle difficulté orthographique les verbes en -ger présentent-ils ? (voir p. 59)
Orthographe
et conjugaison
35
Quelles sont les trois sortes d’expansions du nom que vous connaissez ? (voir p. 60)
Grammaire
40
L’École des Robinsons
Un jeune Américain de San Francisco, Godfrey,
neveu du riche Kolderup, a embarqué sur le Dream
qui a fait naufrage quelque temps après. Il échoue
sur une île déserte du Pacifique en compagnie du
professeur Tartelett.
P
Illustration
de L. BENETT pour
L’École des Robinsons,
1882.
25
1. qui s’occupe de choses
sans importance.
2. état incertain,
approximatif.
64
ourquoi ne pas en convenir ? Godfrey était en
train de devenir un nouvel homme dans cette situation
nouvelle pour lui, si frivole1, si léger, si peu réfléchi
alors qu’il n’avait qu’à se laisser vivre. En effet, jamais
5 le souci du lendemain n’avait été pour inquiéter son
repos. […]
Mais il n’en allait plus être ainsi. Sur cette île
inconnue, il se voyait bel et bien séparé du reste du
monde, livré à ses seules ressources, obligé de faire
10 face aux nécessités de la vie, dans des conditions
où un homme, même beaucoup plus pratique, eût
été fort empêché. Sans doute, en ne voyant plus
reparaître le Dream, on se mettrait à sa recherche.
Mais qu’étaient-ils tous deux ? Mille fois moins qu’une
15 épingle dans une botte de foin, qu’un grain de sable
au fond de la mer ! L’incalculable fortune de l’oncle
Kolderup n’était pas une réponse à tout !
Aussi, bien qu’il eût trouvé un abri à peu près
acceptable, Godfrey n’y dormit-il que d’un sommeil
20 agité. Son cerveau travaillait comme il ne l’avait jamais
fait. C’est qu’il s’y associait des idées de toutes sortes : celles du passé qu’il
regrettait amèrement, celles du présent dont il cherchait la réalisation, celles
de l’avenir qui l’inquiétaient plus encore !
Mais, devant ces rudes épreuves, la raison et, par suite, le raisonnement
qui tout naturellement en découle, se dégageaient peu à peu des limbes2 où
ils avaient en lui sommeillé jusqu’alors. Godfrey était résolu à lutter contre
la mauvaise fortune, à tout tenter dans la mesure du possible pour se tirer
d’affaire. S’il en réchappait, cette leçon ne serait certainement pas perdue à
l’avenir.
45
3. passait avant.
Dès l’aube, il fut debout avec l’intention de procéder à une installation
plus complète. La question des vivres, surtout celle du feu […], primait3 toutes
les autres, outils ou armes quelconques à fabriquer, vêtements de rechange
qu’il faudrait se procurer, sous peine de n’être bientôt vêtus qu’à la mode
polynésienne.
Tartelett dormait encore. On ne le voyait pas dans l’ombre, mais on
l’entendait. Ce pauvre homme, épargné dans le naufrage, resté aussi frivole
à quarante-cinq ans que son élève l’avait été jusqu’alors, ne pouvait lui être
d’une grande ressource. Il serait même un surcroît de charge, puisqu’il faudrait
pourvoir à ses besoins de toutes sortes ; mais enfin c’était un compagnon ! Il
valait mieux, en somme, que le plus intelligent des chiens, bien qu’il dût, sans
doute, être moins utile ! C’était une créature pouvant parler, quoique à tort
et à travers ; causer, bien que ce ne fût jamais que de choses peu sérieuses ;
se plaindre, ce qui lui arriverait le plus souvent ! Quoi qu’il en soit, Godfrey
entendrait une voix humaine résonner à son oreille. Cela vaudrait toujours
mieux que le perroquet de Robinson Crusoé ! Même avec un Tartelett, il
ne serait pas seul, et rien ne l’eût autant abattu que la perspective d’une
complète solitude.
« Robinson avant Vendredi, Robinson après Vendredi, quelle différence ! »
pensait-il.
JULES VERNE, L’École des Robinsons, 1882.
Compréhension du texte
Étude de la langue
1. Quel était le caractère de Godfrey avant son
naufrage sur l’île ? Justifiez votre réponse avec des
mots du texte.
1. L. 16 : relevez les expansions du nom « fortune »
et indiquez leur classe grammaticale.
2. Relevez des mots indiquant que Godfrey vit une
aventure : quels dangers doit-il affronter ?
2. L. 31 à 33 : quelle est la fonction des mots « vivres »
« fabriquer », « rechange » ?
3. Quelle « école » l’expérience sur l’île représentet-elle pour lui ? Faites une réponse en quelques
phrases et en citant des mots du texte.
3. « la mode polynésienne » (l. 33-34) : a. quelle
est la classe grammaticale de « polynésienne » ?
b. Remplacez cette expansion du nom par deux
autres de classes grammaticales différentes.
4. L. 30 à la fin du texte : expliquez d’après ce passage en quoi ce roman est une « robinsonnade ».
4. Conjuguez les verbes « commencer » et « dégager »
au présent et à l’imparfait de l’indicatif.
5. « Robinson avant Vendredi, Robinson après
Vendredi, quelle différence ! » : expliquez cette
phrase en vous fondant sur ce que vous savez du
mythe de Robinson.
5. « Abri » est un nom générique : proposez trois
noms spécifiques pouvant désigner un abri pour
Godfrey dans l’île.
Expression écrite
Lecture d’image
À quel personnage du mythe de Robinson le
personnage à terre vous fait-il penser ? Pourquoi ?
L’illustration de la page 64 représente la rencontre
de Godfrey et Tartelett avec un indigène. Racontez
cette scène en insérant un portrait du nouveau
personnage tel qu’il a pu paraître à Godfrey.
2
Aventuriers : de la réalité au mythe
65