The EMPIRE BROADSWORD surfaces

Transcription

The EMPIRE BROADSWORD surfaces
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The EMPIRE BROADSWORD surfaces
Like thousands of other wrecks in Baie de Seine, the EMPIRE
BROADSWORD could have remained anonymous and have slowly
disintegrated, 3 nautical miles off St Laurent-sur-mer right in front of
a beach called Omaha at the time of her sinking.
After the war, the State services marked with a green buoy the skeleton of the ship intended for troops transport. Then many fishermen
would meet at “la bouée verte” (the green buoy), forgetting its original
name. The massive bulk of the ship had quickly become a den for bass,
coalfish and various congers.
In the 1970s, when sport diving started to develop rapidly, the wreck
received new visitors : besides apnea divers who enjoyed the site,
aqualung divers could visit the wreck and all its nooks, scattered about
objects extracted from the iron structure. It was a time when diving
often merged with scrap dealing as History had not yet paved the way
for wreck protection. The creature was being plundered.
As for History, it emerged later, when the veterans were getting older
and their need to speak and tell could be felt. The English veterans were
the first to be willing to tell about this part of History.
Some forerunners like Mark James with his work D Day Wrecks, and
trawlers fitted out for diving cruise from England like The White Horse,
enabled english divers to explore the wreck from top to bottom much.
Then television got involved, not directly shooting the wreck but the
HMS Lawford and broadcasting a documentary in the UK questioning a
man called Peter Patchett. He was the son of the Commandant of the
BROADSWORD, the only Commandant of the ship : Eric Patchett.
Peter had in his possession many documents inherited from his father
and was also in relation with some veterans who had survived the sinking
and gathered into an association. We can mention for instance John
Langdon, Frank Warren, Ted Webb. We got in touch from that point.
The meeting was full of emotion. For them. For us. We exchanged about
our knowledge. They revealed their testimony, a bit like relieved of a
burden, living again some moments with an unsuspected intensity with
a brilliance in their wet eyes. We told them about what the ship had
become and brought them some pictures and videos.
This book is the result of these meetings and talks. Here, our wish is to
thank our friends from the association of the Broadword veterans.
Helene Caron, Yves Marchaland,
in Reverend Langdon’s house at Ripon.
Hélène Caron, Yves Marchaland chez le
Révérend John Langdon à Ripon.
Yves Marchaland
Traduction : Cécile Corbes
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L’EMPIRE BROADSWORD fait surface
Comme des milliers d’autres épaves en Baie de Seine, l’EMPIRE
BROADSWORD aurait pu rester anonyme et se désagréger lentement
trois milles au large de St Laurent-sur-mer dont la plage s’appelait, au
moment de son naufrage, Omaha Beach.
Peter Patchett, John Langdon,
Yves Marchaland.
Après la guerre, les services de l’Etat, plutôt que de ferrailler cette
épave, marquèrent la carcasse du transport de troupes d’une bouée
verte... De nombreux pêcheurs se rencontraient à « la bouée verte »
oubliant le nom d’origine, la masse énorme du navire étant devenue
rapidement un repaire pour les bars, lieus et autres congres.
Dans les années 1970, quand la plongée de loisir commence à prendre
de l’essor, l’épave reçoit de nouvelles visites ; outre les apnéïstes qui
fréquentent le lieu, ce sont les plongeurs en scaphandre autonome qui
vont pouvoir examiner l’épave dans tous ses recoins et disséminer
dans les foyers alentour des objets arrachés à sa tôle. C’est une époque
où plongeur rime avec ferrailleur, mais c’est dans l’air du temps et
l’histoire n’a pas encore fait son chemin : on se sert sur la bête.
L’Histoire elle, va ressurgir un peu plus tard, lorsque les vétérans vieillissent et que le besoin de parler, de raconter se fait sentir. Mais les
vétérans sont Anglais et ce sont les Anglais qui sont les premiers à
vouloir la dire, cette histoire.
An “Ever Ready” rasor, found on the
Empire Broadsword’s wreck.
Un rasoir « Ever Ready » trouvé sur l’épave
de l’Empire Broadsword.
Peter Patchett and his wife, with
Helene Caron and Yves Marchaland.
Peter Patchett et sa femme avec
Hélène Caron et Yves Marchaland.
Il y a des précurseurs comme Mark James avec son ouvrage « D Days
Wrecks », mais aussi des chalutiers, comme le White Horse, aménagés
pour des croisières-plongées au départ de l’Angleterre qui permettent
aux « English Divers » d’explorer l’épave de fond en comble au grand
dam de celui qui en a la concession sur place : Jacques Lemonchois.
Puis la télévision s’en mêle. Non pas en filmant directement sur l’épave
de L’EMPIRE, mais sur celle du H.M.S LAWFORD. Un reportage diffusé
outre Manche qui interpelle un certain Peter Patchett. Il est le fils du
commandant du BROADSWORD, le seul commandant que ce navire ait
connu : Eric Patchett. Peter possède de nombreux documents hérités
de son père, mais il est aussi en relation avec des vétérans du naufrage
qui sont regroupés en association. Citons John Langdon, Franck Warren,
Ted Webb. C’est donc par l’intermédiaire de la petite lucarne que nous
entrons en contact.
La rencontre est pleine d’émotion. Pour eux. Pour nous. Nous échangeons
nos savoirs. Ils vont nous livrer leurs témoignages un petit peu comme
une délivrance, revivant certains moments avec une intensité insoupçonnée et une petite flamme s’allumant dans des yeux humides. Nous
allons leur raconter ce que le navire est devenu. Leur apporter des
images et des films.
Ce livre est le résultat de ces rencontres et dialogues à bâtons rompus.
Que nos amis de l’association des vétérans du BROADSWORD en soient
ici remerciés.
Yves Marchaland
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A squadron of Typhoons flying over
France in search of ennemy units.
Une escadrille de Typhoons survole la
France à la recherche des colonnes
ennemies.
The first voyage of the EMPIRE
BROADSWORD on 6th June. Leaving
the Solent the ship sailed on the
eastern flank of the fleet to arrive at
dawn and drop anchor in front of
Ouistreham.
Document from the journal of
Lieutenant Bourne.
Le premier voyage de l’EMPIRE
BROADSWORD le 6 juin. Parti du Solent,
le bateau navigua sur le flanc Est de la
flotte pour venir à l’aube mouiller
devant Ouistreham.
Document provenant du journal du
Lieutenant Bourne.
Mardi 6 juin
Peu de temps avant minuit, le convoi est rejoint par une escorte armée,
presque en silence, seulement visible dans le clair de lune. Pas un signal
n'est échangé et on poursuit la route à vitesse maximum. Soudain au
Sud-Ouest, des fusées éclairantes zèbrent le ciel, suivies de peu par les
éclairs des bombes, et les bruits sourds des explosions se font entendre
dans le lointain. Le tonnerre des canons allemands réplique. Ce sont les
parachutistes largués sur les côtes normandes qui sont pris pour cible.
Vers 3 h du matin le haut-parleur du bord réveille ceux qui dormiraient
encore ! Les hommes s'alimentent et le jour pointe, l'aube permet d'apercevoir les côtes à travers la brume de mer. Le vent souffle à 30 km/h
et les creux oscillent entre 2 et 3 mètres. Les premiers avions passent
au-dessus du convoi, ce sont des Typhoons se dirigeant vers la côte
française. Plusieurs LST sont déjà là, sans avoir été repérés puisque
aucune activité hostile n'est décelée. Tous les hommes sont maintenant
sur le pont, essayant de deviner la plage, lieu de leurs futurs exploits…
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De retour vers Cowes
After the conquest of the Normandy shores,
supplies were brought in by various cargo
ships, the most modest of which came
beaching to unload.
Après la conquête du littoral normand, le
ravitaillement s’effectue avec des cargos
de toutes sortes dont les plus modestes
viennent s’échouer sur la plage.
La BBC annonce déjà le succès du débarquement et le Capitaine
Patchett s'adresse à l'équipage : « A vous tous, membres de l'équipage et
artilleurs, je tiens à vous remercier pour votre participation à cette
mémorable journée, je suis fier de vous ». Puis il donne l’autorisation que
chaque marin ait droit à deux bouteilles de bière pour fêter l’évènement.
En temps normal, l'alcool est interdit à bord, alors tout le monde profite
de l'aubaine…
A l'approche de la côte, le navire est survolé par plus de 200 Stirling
tractant des Horsa, des planeurs chargés d'hommes ou de matériel
pour alimenter les têtes de pont. Les 4 bâtiments arrivent à Spithead,
salués par les jets d'eau d'un chasseur de mines, mais les hommes trop
épuisés, répondent d’un simple salut, oubliant peut-être la participation
de ce bateau à la sécurisation du voyage.
A 22 h 30, l'EMPIRE BROADSWORD jette l'ancre devant Cowes. Tous les
hommes, harassés par cette journée s'effondrent sur leur couchette.
Mercredi 7 juin
Les yeux rougis par cette journée exténuante, l'équipage passe la journée
à se reposer, après avoir effectué les tâches habituelles.
Alfred Hitchcock, a young film-maker
serving his country, made several films
depicting the difficulties of the war for the
civilians. He was also one of the first to
film the liberation of the concentration
camps in the centre of Europe. The film
“Lifeboat” was issued in 1944.
Jeune cinéaste au service de la nation
anglaise, Alfred Hitchcock réalise plusieurs
films relatant la difficulté de la guerre vécue
par les civils. Il est aussi un des premiers
à filmer la libération des camps de
concentration au centre de l’Europe.
Le film « Lifeboat » est sorti en 1944.
The gloomy railway station of Cowes
reflected a country that was
resisting but suffering too.
La triste gare de Cowes est un reflet d’une
Angleterre qui résiste mais qui souffre.
Jeudi 8 juin
Après une nouvelle nuit de repos, la forme est revenue pour tous. Les
Marines s'affairent à réparer les dégâts occasionnés par les mitrailleuses
allemandes dans les LCA et le bateau n'est plus consigné. Ceux qui ne
sont pas de garde prennent la navette, le Liberty boat, pour se rendre
à Cowes. Les boutiques sont petites et peu achalandées, les rues étroites
et sombres, et pour couronner le tout, il pleut des cordes sans discontinuer. Une des seules distractions reste le cinéma ; en ces temps difficiles,
même si le film n'est pas passionnant, il permet de se changer les idées…
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La 2 e traversée vers Omaha-Beach
The accomodations of the troops became
big enough on land to welcome entire
divisions to replace the troops of D-Day
which were exhausted.
La tête de pont est maintenant
suffisamment importante pour que
les divisions arrivent en renfort afin de
relever les troupes épuisées du Jour J.
Samedi 10 juin
Le BROADSWORD est encore à l'ancre. Les hommes sont calmes,
beaucoup d'entre eux ont déjà fait la campagne d'Afrique du Nord. Ils se
demandent ce qu'ils vont trouver de l'autre côté de la Manche. Ils discutent, jouent aux dés, aux cartes, regardent la côte, mais leurs pensées
sont ailleurs… Quand ils jouent de l'argent, c'est avec les nouveaux billets
imprimés aux Etats-Unis qui ressemblent aux dollars, des billets de 5,
10, 100 francs ou des marks allemands qui changent de main facilement
et parfois jusqu'à 30 livres d'un coup. Enfin le convoi se forme et se met
en route. Il y a là, le SS MONOWAI, un vieux bateau d'avant-guerre
transformé en transport de troupes, l'EMPIRE SPEARHEAD, sister-ship
du BROADSWORD, ainsi que 4 destroyers de la classe HUNT portant
des canons de 4 inches.
Un peu avant 13 h, trois sourdes explosions sont ressenties, et tout le
monde se précipite sur le pont. Deux destroyers arborant le drapeau
blanc à croix noire, signe de danger, décrivent des cercles autour du
convoi. Ils ont localisé un écho suspect et lancent des charges sousmarines. Mais rien d'autre à signaler jusqu'à l'arrivée à Omaha.
Personne ne semble attendre ce convoi et le navire amiral lui propose
simplement de s'amarrer où il pourra ! Il est 15 heures. La mer est
embouteillée de toutes sortes de navires, c'est incroyable. Le bruit des
canons résonne derrière les collines de Vierville et de la fumée monte
derrière les arbres. Vers 17 h, un contrordre est donné : direction Utah
Beach, en face de Carentan et d'Isigny. Au passage, les épaves dont la
proue ou les mâts émergent, semblent vouloir dissuader tout navire de
s'aventurer dans des eaux si peu hospitalières. A l'arrivée à Utah, l'activité redouble, les bateaux sont nombreux mais on voit aussi des épaves
et des LCT échoués. Les 1 400 hommes sont débarqués grâce aux 9 LCA
restants et à quelques LCM arrivés en supplément. Les Marines sont
calmes, pas de cris, pas de chants, pas de salut. L'équipage de l'EMPIRE
qui les regarde débarquer, sait que la ligne de front est proche. Peut-être
le savent-ils aussi… Vers 22 h, le BROADSWORD repart s'ancrer au large,
la nuit est tranquille excepté le bruit lointain des explosions…
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Go back to Omaha-Beach
Monday June 12th
The convoy returning to England was made up this time of thirty ships,
most of them Liberty ships, and left at 0800hrs. The EMPIRE BROADSWORD
was designated the ship in command and took up position at the head,
protected on all sides by an impressive fleet of destroyers. Once again
the ROC was on alert, especially as the convoy was very slow. But
enemy aircraft were no more visible than on the preceding crossing,
and twelve hours later the ship tied up at Cowes.
Saturday June 17th
The third crossing of the EMPIRE BROADSWORD began with 1268
Americans on board. We were accompanied by the EMPIRE BATTLEAXE,
but only one destroyer as escort, a very feeble protection against
U-boat attacks. At sea the convoy joined SS GLENROY, the ULSTER
MONARCH and the EMPIRE ANVIL, who were themselves escorted by
4 destroyers. It was much more reassuring especially as the convoy
was transporting 10,000 men, 4000 on the GLENROY alone. This third
voyage experienced no enemy attacks. Whilst the three other ships
turned towards Utah, the EMPIRE BROADSWORD and the BATTLEAXE
landed their troops at the official port of Omaha, in the 9 LCAs and once
again it was necessary to call upon the ‘local’ LCMs.
LCA launched from the EMPIRE
BROADSWORD during a training exercise
at Portsmouth in the spring of 1944.
Mise à l’eau des LCA de l’EMPIRE
BROADSWORD au cours d’un exercice
d’entraînement à Portsmouth au
printemps 1944.
HMCS PRINCE DAVID.
The transfer of troops from the ship to the LCM was a difficult and dangerous business. The men had to choose the best moment to jump into
the craft while they were hanging on to the fixed ladder attached to the
ship’s side and while the LCM below was rising and falling some six feet
at a time.
Towards 1800hrs the ship was making way to rendezvous the returning
convoy but half an hour earlier the GLENROY had struck a mine in
rejoining the convoy. Two tugs had already taken charge of her and she
seemed likely to be able to return to England…
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Always to Omaha
Arrival of blood by airplane, in special
containers.
Arrivée du sang par avion dans des
conteneurs spéciaux.
The fights and the storm left an impressive
number of shipwrecks of all sizes on the
beaches and lying in the seabed of the
Normandy waters. It would take more than
20 years to clean them up.
Les combats puis la tempête laissent un
nombre impressionnant d’épaves de toutes
tailles sur les plages et dans les eaux
normandes. Il faudra plus de 20 ans pour
les éliminer.
Friday June 23rd
Since the middle of the night the EMPIRE BROADSWORD had been on
her fourth crossing, again to Omaha, in the company of two other troop
transporters and three destroyers. Many other convoys were also
making the voyage: LSTs full of various vehicles: lorries, jeeps,
ambulances, bulldozers, tractors… Towards 1000 hrs the EMPIRE
BROADSWORD reached Omaha, where there was still intense activity
because of the enormous damage caused by the storm: the number of
wrecks was striking! The gale had begun on 19th June, blowing from
the North-East with unusual force for three days and causing many
ships to be driven into each other whilst temporarily out of control.
Causeways were out of order, phenix and breakwater sunk. In the face
of such chaos the disembarkation of troops took place at Utah. There
too the storm had left its traces. It had caused worse damage than that
inflicted by the enemy. Once again the LCMs were called upon to assist
the ship’s remaining nine LCAs in landing the troops. Around 1500hrs
everything was completed. As usual there was a continuous ballet of
Spitfires, Thunderbolts and Typhoons, as well as a number of
Lightnings, Marauders and Bostons. The Dakotas kept up a regular ‘bus
service’ between the two coasts, bringing in troops and stores and
returning to England with wounded.
Around 1600hrs seven of the nine EMPIRE BROADSWORD LCAs were
secured in their davits, but the other two had not returned. Caught by
the low tide they could not get back to the ship. Captain Patchett sent
another LCA to recover the missing ones but it suffered the same fate:
immobilised by a strong tidal range and rapidly appearing sandbanks. In
the end they were recovered by the EMPIRE MACE which had empty
davits. At that time there were only six on board the EMPIRE
BROADSWORD. At 1800hrs the EMPIRE BROADSWORD took up its
position in the convoy returning to Cowes.
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Toujours vers Omaha
The most severe cases were rapidly sent
back to England.
Les cas les plus graves sont rapidement
envoyés en Angleterre.
Until the end of November 1944, the
beaches and artificial harbours were used
by the Allies to unload all sorts of special
machines to the astonishment of the local
population.
Jusqu’à la fin novembre 1944, les plages
et les rades artificielles servent aux Alliés
pour débarquer toutes sortes d’engins
spécialisés qui feront l‘étonnement
des Normands.
Vendredi 23 juin
Depuis le milieu de la nuit le BROADSWORD effectue sa quatrième
traversée, de nouveau vers Omaha, en compagnie de 2 autres
transports de troupes et de 3 destroyers. De nombreux autres convois
font également le trajet, des LST remplis de matériel divers : camions,
jeeps, ambulances, bulldozers, tracteurs… Vers 10 h, le BROADSWORD
atteint Omaha, où règne toujours une intense activité à cause des
énormes dégâts causés par la tempête : le nombre d'épaves est
impressionnant ! Le coup de vent a commencé le 19 juin, soufflant du
Nord-Est avec une rare violence pendant 3 jours et drossant à la côte de
nombreux bateaux. Les routes flottantes sont inutilisables, les pontons
ont coulé ainsi que les défenses de béton et les brise-lames. Devant un
tel capharnaüm, le débarquement des troupes se fait à Utah. Là aussi la
tempête a laissé des traces, elle a occasionné des dégâts largement
supérieurs à ceux infligés par l'ennemi. Une fois de plus on fait appel
aux LCM pour activer le débarquement des troupes. Vers 15 h, tout est
terminé. Comme d'habitude, le ballet des Spitfire, Thunderbolt et Typhoon
est continuel. S'y ajoute également celui des Lightning, des Maurauder,
et des Boston. Des Dakota en nombre assurent des liaisons régulières
entre les deux côtes. Ces « charters » amènent des troupes et du matériel, et permettent de rapatrier rapidement les blessés en Angleterre.
Vers 16 h, 7 des 9 LCA de l’EMPIRE sont sécurisés sur leurs bossoirs,
mais les 2 autres ne sont pas rentrés, coincés par la marée basse,
incapables de regagner leur bateau. Le Capitaine Patchett envoie un
autre LCA pour récupérer les manquants mais il subit le même sort :
immobilisé par une marée à fort coefficient et des bancs de sable
découvrant rapidement… Finalement, ils seront récupérés par l’EMPIRE
MACE qui possède des bossoirs vides. A présent, il ne reste plus que
6 LCA à bord du BROADSWORD. A 18 h, l’EMPIRE trouve sa place dans le
convoi de retour vers Cowes.
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The last way
The EMPIRE BROADSWORD was following a route parallel to the coast,
passing the wreck of the Liberty ship CHARLES MORGAN, sunk by a
mine several days earlier.
Patchett was more and more concentrated.
The other ships in the convoy were in sight and the EMPIRE BROADSWORD
was about to cross the buoy marking the departure channel when two
explosions shook the ship. In the cabins, those who were resting on
their bunks were thrown into the air. Objects were smashed against
the insides of the ship, wounding sailors and gunners with varying
degrees of seriousness. The ship took a list to port side and drawn men
rushed on deck. The EMPIRE BROADSWORD had been hit by two mines
and began to sink by the stern. A black smoke let off and spilt all over
the ship.
Twenty five minutes after the explosion,
only the bows are still visible; the rescue
boats are at the scene.
These photos were taken by the doctor
Surgeon Lieutenant J D Trethowan
R.N.V.R. on board the EMPIRE BATTLEAXE
which was to take most of the men of
the EMPIRE BROADSWORD to England.
Vingt-cinq minutes après l’explosion, seule
la proue est encore visible ; les secours
sont sur zone.
Ces photos ont été prises par le Lieutenant
J. D. Trethovan RNVR, médecin à bord de
l’EMPIRE BATTLEAXE, qui ramènera la
plupart des hommes du BROADSWORD
en Angleterre.
The Captain ordered one of the anchors to be ‘let go’ to try and stabilise
her but by now water was pouring over the stern on the port side.
Several men are reported missing.
In the face of the severity of the damage, the captain realised that his
ship was lost and immediately gave the order to ‘Abandon Ship’. Already
vessels in the neighbourhood were sailing to give assistance. The EMPIRE
BATTLEAXE was one. The marines lowered one of the LCAs on the port
side, while those on the starboard side remained inaccessible. The life
rafts had been thrown several tens of metres away under the shock of
the explosion. The members of the crew who always wore a life-jacket
jumped into the water, which was covered with debris and fuel, and
tried to get far away from the ship as quickly as possible in order not
to be sucked under as the ship was sinking.
A fo’c’sle gangway.
Une coursive du château.
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Le dernier trajet
L’EMPIRE fait route parallèlement à la côte. Le capitaine, par un des
hublots de sa cabine, aperçoit la proue du liberty-ship CHARLES
MORGAN qui émerge encore, coulé par une mine quelques jours plus
tôt. Patchett redouble d’attention. Les autres navires du convoi sont en
vue et le BROADSWORD va franchir la bouée qui marque le chenal de
départ quand deux explosions secouent le bateau. Dans les cabines,
ceux qui se reposent sur leurs couchettes sont projetés en l’air. Les
objets se fracassent contre les parois du bateau, blessant marins et
artilleurs plus ou moins grièvement. Le bâtiment prend immédiatement de la gîte par bâbord arrière, des hommes hagards se ruent sur
le pont. L’EMPIRE touché par deux mines, commence à s’enfoncer par la
poupe. Une fumée noire s’échappe des superstructures et envahit les
différents ponts.
The libertyship CHARLES MORGAN
sinking by the stern.
Le liberty-ship CHARLES MORGAN
s’enfonce par l’arrière.
Le capitaine se précipite à l’avant et jette l’ancre pour essayer de stabiliser le navire. A présent, l’eau affleure la poupe par bâbord. Plusieurs
hommes sont portés disparus.
Devant la gravité des dommages, le capitaine réalise que son navire est
perdu et donne immédiatement l’ordre d’évacuation. Déjà des bâtiments
proches font route pour lui porter assistance. L’EMPIRE BATTLEAXE en
fait partie. Des Marines mettent à l’eau un des LCA de bâbord, alors que
ceux de tribord restent inaccessibles. Les radeaux de sauvetage ont été
projetés à plusieurs dizaines de mètres sous le choc de l’explosion. Des
hommes d’équipage vêtus comme toujours de leurs gilets de sauvetage sautent dans l’eau couverte de débris et de carburant, et tentent
de s’éloigner le plus vite possible du navire pour ne pas être aspirés par
la masse de métal qui s’enfonce inexorablement dans les eaux troubles
de la Manche.
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Ainsi s’achève la carrière de l’EMPIRE BROADSWORD. Un destin à la fois
glorieux et banal, celui de nombreux navires dans ces moments sombres
faits d’angoisse et de gloire. Ces navires menés par des hommes dont
le seul but était d’assurer leur mission : approvisionner le front en
hommes et en matériel. L’EMPIRE BROADSWORD aura donc transporté
et débarqué sans dommages jusqu’à cet instant fatal, un peu plus de
5 000 hommes, dont les destins se sont éparpillés jusqu’à Berlin.
Sa carcasse repose à 3 milles nautiques des côtes de ce qui fut Omaha
Beach, aujourd’hui redevenue St Laurent-sur-mer et Vierville. Par moins
de 30 mètres de fond à marée haute, l’épave brisée en trois morceaux
est couchée sur tribord.
Epargnée par le ferraillage de l’après-guerre, elles est devenue le témoin
silencieux d’une époque heureusement révolue et fait le bonheur des
plongeurs qui ont ici le rare privilège de découvrir le bateau en assez
bon état. Dans ce secteur géographique, c’est sûrement l’une des plus
belles épaves à visiter en toute sécurité.
After mast of the EMPIRE BROADSWORD.
Mât arrière de l’EMPIRE.
The stern winches.
Les treuils de poupe.
Sonar image from the rear of the EMPIRE BROADSWORD.
Image sonar de l’arrière du BROADSWORD.
The stern anchor.
L’ancre de la poupe.