ce monstre qui dévore haiti!

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ce monstre qui dévore haiti!
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HAÏTI LIBERTÉ
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&NBJMFEJUPS!IBJUJMJCFSUFDPN8FCXXXIBJUJMJCFSUFDPN
ELECTIONS :
CE MONSTRE QUI
DÉVORE HAITI!
Depi kilè Michel
Martelly te yon
demokrat?
Page 6
Voir page 4
Haiti : la
Minustah et
l’épidémie
Une mobilisation a été la réponse immédiate de ceux qui en avaient assez de ce gouvernement, qui les a
conduits à perdre toute confiance dans l’avenir du pays, ainsi que dans
les institutions dites démocratiques.
LE CHOLÉRA
POURSUIT SES
RAVAGES EN HAÏTI!
Page 8
L
L’opium,
lla CIA et
ll’administration
Karzai
K
Page 10
Voir page 8
Emeutes pour
les salaires au
Bangladesh
Page 17
Des régions du pays : Carrefour, Gressier, Léogâne, et le département de la Grand’Anse se trouvent sous le feu de cette maladie,
qui n’a de cesse de se propager à un rythme accéléré
Editorial
HAITI
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La solution négociée est elle possible?
Par Berthony Dupont
J
usqu’où vont-ils aller ceux-là qui n’ont rien appris des événements en cours? Rien de tout ce qui est arrivé lors de
la mascarade électorale du 28 novembre dernier ne devrait
nous surprendre. Nous n’avons aucun doute sur la nature du
régime personnel et arbitraire mis en place chez nous par les
forces occupantes pour continuer la déstabilisation du pays.
Ses orientations, ses alliances n’ont-elles pas toujours reflété
les options d’une classe qui sait fort bien que sa survie dépend
essentiellement du soutien et de la protection des forces impérialistes et néo-colonialistes dont elle est le sous-produit ? Fautil rappeler, en effet, que les tristes laquais de l’impérialisme et
du colonialisme comme René Préval, Jude Célestin, Mirlande
Manigat, Michel Joseph Martellly et tant d’autres candidats
à la présidence, éléments d’une bourgeoisie tarée, sont trop
bornés pour comprendre les masses populaires haïtiennes ?
C’est dans ce sens qu’à chaque moment crucial et décisif de
la vie politique du pays, ils se cassent les dents devant les
aspirations et les revendications légitimes d’un peuple qui a
toujours vibré à l’unisson pour le changement.
Le rôle infâme que joue Préval aujourd’hui, cet agent
patenté des forces occupantes, est-il différent de celui de mercenaires à l’instar d’un Toto Constant, d’un Chamblain, d’un
Michel François, d’un Cédras ou d’un Guy Philippe ? Ainsi,
suite aux élections frauduleuses et truquées au départ aussi bien par le pouvoir que par les forces occupantes, tout le
monde parle du respect des votes du peuple, même ses pires
ennemis, comme s’ils avaient l’habitude de les respecter.
N’est ce pas le moment de rappeler qu’en deux occasions, le peuple avait voté son candidat et chaque fois, à la
suite de coups d’état sanglants orchestrés par la Communauté
Internationale pour changer l’équation politique du pays cette
même Communauté prenait toujours soin d’accompagner le
coup d’un massacre populaire ?
Ce sont ces mêmes ennemis du peuple qui aujourd’hui
pour l’amadouer parlent en son nom et prétendent défendre
ses intérêts. En juin 2009, le peuple n’avait il pas boycotté les
élections de Préval ? Quelle avait été la réaction de la Communauté internationale à l’époque? Elle n’avait pas demandé
de respecter les desiderata du peuple, au contraire, pour elle
ces élections avaient été une réussite. Aujourd’hui ces mêmes
forces occupantes n’ont pas une position différente. Pour elles
les élections sont bonnes, avec cette seule différence qu’elles
semblent préférer avoir Joseph Martelly aux commandes de
la Nation alors qu’elles prétendent n’être attachées à aucun
candidat. En réalité même quand « les Etats-Unis ne supportent aucun candidat mais souhaitent la réussite du pro-
cessus électoral » comme l’a fait savoir l’ambassadeur des
Etats-Unis à Port-au-Prince, Kenneth Merten, ce qu’il n’a pas
dévoilé, c’est que l’impérialisme tient à conserver le contrôle
politique du pays c’est tout ce qui l’intéresse.
Nul ne peut donc ignorer que les classes dominantes
nationales et internationales finiront quand même par s’allier
contre les intérêts des masses populaires pour ne pas perdre
leur pouvoir hégémonique.
C’est dans cette perspective qu’on a pu voir toutes ces
démarches, toutes ces manœuvres et tous ces revirements
soit de la part de l’ambassade américaine, soit de Préval et des
candidats. Les Etats Unis qui, le soir du 7 décembre mettaient
en question les résultats du CEP, le soutiennent maintenant
dans sa tactique de créer une soi-disant commission de vérification en vue du recomptage des bulletins.
Hier pour Martelly et Mirlande Manigat, le recomptage
des voix représentait un problème. Aujourd’hui sous la pression des forces occupantes et de l’impérialisme, tous les acteurs semblent résolus à chercher une solution «à l’amiable»
pour satisfaire la Communauté Internationale qui déjà menace fortement et ouvertement de leur couper les vivres.
Préval également s’aligne en sollicitant également de
l’OEA l’envoi de deux missions techniques. Martelly est revenu avec une proposition qui sent l’occupant: «Je propose
donc (...) qu’on organise un second tour le 16 janvier avec
tous les candidats. Celui qui arrivera en tête sera le prochain
président ».
Mais nous nous attendions à tout cela ! Dans cette perspective, il y a une formule qu’on devrait apprendre par
cœur : chaque fois que l’ennemi opte pour des positions apparemment favorables à la cause du peuple, il faut toujours
s’interroger et se demander si on fait bonne route. En effet, en
aucune façon l’ennemi de classe, notamment le capitalisme
américain, ne saurait être favorable à la cause des masses.
A ce compte, le peuple doit aller à la racine de son mal.
Cette élection comme nous l’avions dit bien avant le dénouement du 28 novembre est une menace concoctée contre notre
indépendance et notre souveraineté et de jour en jour cela
devient beaucoup plus clair. La lutte pour l’amélioration de
notre sort ne peut avancer en soutenant des candidats laquais
de l’impérialisme. La solution négociée n’est simplement pas
possible.
En ce sens, nous ne demandons pas l’annulation des
dernières «élections» pour favoriser des candidats déchus et
déçus. Notre position est claire ! Il n’y a pas eu d’élections,
nous demandons plutôt l’annulation des conditions qui maintiennent en place le bon fonctionnement de ce système néocolonisateur, soit le départ immédiat des forces occupantes du
pays.
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Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
A travers Haiti
Un local du parti
‘Inite’ incendié
Le budget national d’Haïti,
exercice 2010 – 2011
Par Jackson Rateau
L
e lundi 13 décembre dernier,
le budget national d'Haïti pour
l'exercice fiscal 2010 - 2011, se chiffrant à 106 milliards de gourdes, a
été communiqué par le ministre haïtien de l'Economie et des Finances,
Ronald Baudin. Tout en présentant le
budget à la nation, le fonctionnaire a
fait remarquer que l'application de cet
exercice coïncide avec la propagation
dans le pays de la mortelle épidémie
de choléra qui a déjà tué 2300 compatriotes, et un fâcheux contentieux
électoral qui saccage la population.
De ce montant de 106 milliards
de gourdes, les douanes haïtiennes
devront collecter 22.2 milliards de
gourdes, tandis que la Direction
Générale des Impôts (DGI) aura de
son côté à collecter 12.9 milliards
de gourdes, a fait savoir le ministre.
« Nous espérons contrôler le taux
d'inflation pour le contenir dans les
limites de 7 % en moyenne annuelle.
Nous comptons aussi faire bouger
la pression fiscale cette année pour
la placer aux alentours de 11 %», a
précisé monsieur Baudin.
Dans ce projet, il entend collecter aussi un total de 36 milliards de
gourdes sur l'ensemble de l'année fis-
Le ministre haïtien de l’Economie
et des Finances, Ronald Baudin
cale, soit une moyenne de 3 milliards
de gourdes par mois.
Le local du parti de Préval à la ruelle Rivière
L
e matin du mercredi 8 janvier
2010, à la Ruelle Rivière, Bourdon, Port-Au-Prince, une foule furieuse composée pour la plupart
d'enfants et de jeunes, a incendié
le local du parti politique proche du
pouvoir « Inite ». Ces manifestants
qui se réclament être les partisans du
candidat à la présidence Michel Martelly, ont accusé le Conseil Electoral
Provisoire (CEP) d'être en complicité
avec le gouvernement en place pour
écarter leur candidat de son éventuelle
participation au 2e tour des élections
qui auront lieu le 16 janvier 2011. Ils
réclamaient à cor et à cri l'annulation
du scrutin du 28 novembre 2010.
« Depuis hier soir, après la proclamation des résultats, un groupe de
manifestants voulaient mettre le feu
au local du parti 'Inite'. Mais, une
unité d'agents de la PNH sur place,
avait dissuadé ces têtes brûlées.
Mais, ce matin seuls les agents de
sécurité du parti surveillaient le local. Cette absence de force de l'ordre
a largement facilité ces jeunes gens
à accomplir leur forfait », a expliqué
un résident de la Ruelle Rivière.
Les sapeurs pompiers se sont
démenés tant bien que mal à épargner certaines résidences adjacentes
au local du parti 'Inite', réduit en cendres.
Violente attaque sur une
manifestation, 3 blessés
D
ans la mi-journée du jeudi 9 décembre dernier, au
Champ de Mars, Centre ville
de Port-Au-Prince, 3 personnes ont été grièvement
blessées quand un groupe de
bandits armés, portant des
maillots du parti au pouvoir
‘Inite’, ont déchargé une rafale d’armes automatiques
sur un groupe de jeunes
qui s’apprêtaient à manifester contre les bévues du
gouvernement haïtien de la
manière dont il a manipulé
les élections du 28 novembre 2010 dernier. Les blessés
ont été transportés d’urgence
à l’Hôpital de l’Université
d’Etat d’Haïti (HUEH).
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Jersey, 201 Main St., E. Orange, 1011 S. Orange, 16 Washington.
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Haïti Liberté
3
Elections du 28 Novembre :
Ce monstre qui dévore Haïti !
Par Hervé Jean Michel
D
epuis la proclamation, le mardi 7
Décembre à 9 heures du soir, des
résultats des prétendues élections du
28 Novembre 2010, Haïti gît sous la
violence. Ces résultats ont vu la candidate du RDNP, Mirlande Hyppolite
Manigat cumuler: 336.878 voix, soit
un pourcentage de 31,37%. Le candidat de la plateforme, INITE, le parti du
président René Préval, Jude Célestin, a
été sélectionné second avec 241.462
voix, soit 22,48%. Pour sa part, le
candidat de Repons Peyizan, Joseph
Michel Martelly, qui a mobilisé, ou
au nom duquel ont été mobilisés tous
les contestataires du gouvernement,
Préval/Bellerive, n'a reçu que le plus
petit morceau de ce gâteau que les
GNBistes adorent se partager. Donc
Sweet Micky a été tout simplement
remis à ses parents.
Sitôt la nouvelle parvenue aux
oreilles de la population, une mobilisation a été la réponse immédiate de
ceux qui en avaient assez de ce gouvernement, qui les a conduits à perdre
toute confiance dans l'avenir du pays,
ainsi que dans les institutions dites
démocratiques. A Port-au-Prince,
à Pétion-Ville, au Cap-Haïtien, aux
Cayes, pour ne citer que ces parties
du pays, le feu de la révolte flambait.
Dans cette dernière ville, des actes de
vandalisme étaient portés au paroxysme, au point où la pulsion a poussé
les fanatiques à exceller dans l'art de
la pyromanie. Ils ont brûlé la quasi-totalité des institutions étatiques, entre
autres le BED du Sud, les succursales
de la DGI, du Ministère des Finances,
de la douane, de la BNC. Une station
de radio, Lebon FM, propriété du sénateur Carlos Lebon, candidat à sa
propre succession sous la bannière de
la plateforme officielle INITE, a connu
le même sort. Ce Lebon figure sur la
liste des candidats admis au second
tour des sénatoriales.
Cette cité des Cayes, traditionnellement, réputée pour son calme et
sa pondération, a remporté la palme
de la violence au cours de la mobilisation du mardi soir, à la journée du
jeudi 9 Décembre 2010. Pétion-Ville,
la ville qui s'était toujours enorgueillie d'être au-dessus de toutes les régions d'Haïti, refuge des riches contre
« l'arrogance des pauvres qui croient
qu'ils peuvent édifier leurs bidonvilles
crasseux et puants » à proximité des
belles résidences, a vu de ces rues
monter la fumée noirâtre, suffocante,
salissante et polluante provenant de
pneus enflammés. Cette violence a fait
voler en éclats les vitres de ces beaux
magasins et touché des voitures qui
ont été incendiées. Même une succursale de la Digicel n'a pas été épargnée.
Elle a été vandalisée. L'autoroute de
Delmas a vu dans de nombreux actes
de violence commis, le même scénario.
L'objectif était de saccager le Bureau
central du CEP, ainsi que le BED de
l'Ouest très impliqué dans le processus électoral. Des soldats des forces
d'occupation du pays et des policiers
de la PNH, montaient la garde, dissuadant tous ceux qui voulaient s'en
approcher.
Pendant ces jours qui ont suivi
la publication des résultats par le CEP
d'exclusion de Dorsinvil, la violence a
fait rage. Le bureau du parti, INITE, a
vu son siège social, à la rue Rivière,
partir en fumée par ces manifestants
qui ne pouvaient contenir leur rage
de détruire. La succursale mobile
de la compagnie Voilà a eu le même
sort, pillée et brûlée. De nombreuses
voitures ont été brûlées, d'autres ont
vu leurs vitres voler en éclats. C'était
un véritable siège, avec partout des
barricades érigées avec des carcasses
de toutes sortes d'objets, des pierres,
des troncs d'arbres et des pneus enflammés. Des rafales de pierres ont
ajouté leur note macabre à cette violence qui annonçait la fin dans ces
villes de ce pays moribond.
4
Haïti Liberté
Nul ne pouvait faire entendre raison à ces masses insultées, humiliées
par le gouvernement de Préval
Dans le Nord du pays, à Mirebalais et d’autres coins du pays, on
a constaté des manifestations de rue.
Selon les informations, il y eut plusieurs blessés et cinq morts au cours
de ces terribles journées. Le bilan
des pertes causées par ces violences,
selon l'économiste Eddy Labossière,
président de l'Association des Economistes Haïtiens, est très lourd et aurait
coûté au pays la somme de dix (10)
milliards de gourdes. Ces chiffres démontrent très clairement l'ampleur de
communauté internationale ». Cette
note a été rendue publique le jeudi 9
Décembre.
Les candidats Manigat et Michel
Martelly, mis hors de course, ont refusé cette proposition, qui d'après eux
représente pour le CEP d'exclusion
un modus operandi pour sortir de la
crise. « Nous ne pouvons pas accepter un recomptage par l'instance
même qui a manipulé les élections
au départ ». Comme à l'accoutumée,
ces candidats qui changent de paroles
Michel Martelley
Le bureau du parti, INITE, a vu son siège social, à la rue Rivière, partir en
fumée par ces manifestants qui ne pouvaient contenir leur rage de détruire
la catastrophe dans un pays, qui souffre déjà d'anémie économique, tellement la situation est grave. Même si
Le sénateur Joseph Lambert
ces chiffres avancés par l'économiste
ne reflètent pas la vérité de manière
fiable, il reste que les dégâts causés à
l'économie ont fait souffrir énormément tous les agents économiques en
plus de tous ces jours pendant lesquels
c'était la paralysie totale, l'absence de
toutes transactions.
Le Conseil Electoral Provisoire
(CEP) dans le but de calmer les esprits, de temporiser sur les décisions
prises concernant ces élections et les
résultats proclamés, a demandé aux
candidats Manigat, Célestin et Martelly de participer à une réévaluation
des procès-verbaux aux côtés d'une
commission mixte : « Le processus
sera exécuté en présence d'une commission mixte composée du CEP,
des candidats concernés, des observateurs nationaux et internationaux, ainsi que des partenaires de la
comme on change de chemises, finissent par revenir sur leur refus. Quant
à Jude Célestin, cette proposition était
la bienvenue pour calmer l'ardeur des
contestataires, qui n'ont de cesse que
d'exiger son élimination du processus
électoral, vicié dès le point de départ.
A cette proposition du CEP, l'Initiative
de la Société Civile, qui appelle toujours au consensus, qui était prête à
cautionner toute décision pour basculer la lutte, a déclaré : « Toutes les
contestations doivent être entendues
aussi bien pour les législatives que
pour les présidentielles »
Pour l'état major de campagne
de Jude Célestin, le résultat a été manipulé, dans la mesure où le candidat
de l'INITE n'a pas terminé en tête pour
le second tour. Le chef de campagne, le
sénateur Joseph Lambert, s'est déclaré
satisfait de la proposition du CEP de
Dorsinvil. « Nous acceptons le processus du recomptage pour veiller à
la transparence du système ». Drôle
de transparence qu'envisage l'INITE
avec le CEP d'exclusion, qui a organisé plusieurs mascarades électorales :
avril-juin 2009 et Novembre 2010.
Quant à la prétendue communauté internationale, cette usine à
fabrication de toutes les magouilles
impossibles et inimaginables, leur position consiste à dire telle chose en plein
jour et à agir différemment la nuit. La
position de la France, des Etats-Unis,
du Canada se résume à partir de la
considération de ces deux fers au feu.
Pour ces donneurs de leçons les résultats proclamés par le CEP d'exclusion
ne reflètent par la vérité dégagée dans
les sondages, ni ne sont en conformité
avec ceux publiés par le CNO (Conseil
National d'Observation). Pourtant, ils
cherchent à concilier les contraires
pour faire accepter cette imposture du
28 Novembre 2010.
A ces objections, Préval a répondu. « L'ambassade des Etats-Unis
n'est pas le CEP. Le CNO n'est pas le
CEP ». Ayant reconnu publiquement
que l'ambassade des U.S.A n'est pas le
CEP, le chef de l'Etat haïtien a admis,
toutefois, que cette ambassade est un
juge de ligne. Feignant de reconnaître
la souveraineté du CEP, pour masquer
une évidence que tout le monde connaît, Préval invite les candidats protestataires à se référer au tribunal de
cette institution pour traiter de toutes
les questions litigieuses et aussi de la
crédibilité du scrutin du 28 Novembre.
Dépassé par la violence qui a écrasé
le pays, le gouvernement Préval/Bellerive, n'a pas réagi par la répression,
au contraire il a répondu par une condamnation émanant d'un pouvoir très
affaibli, d'un pouvoir irresponsable,
incapable de gérer le pays, apte à recevoir des ordres de l'étranger. C'est ce
même pouvoir, timoré, qui a demandé
mollement à la police de faire son travail.
Dans la violence provoquée par
les résultats proclamés, le CEP ne peut
que constater les dégâts, sans pouvoir
dans les 72 heures, selon les prescrits
de l'article 178 de la loi électorale,
ouvrir son service de contentieux
aux candidats protestataires. Ainsi, le
lundi 13 Décembre, à la place du CEP
de Dorsinvil, c'est l'éternelle communauté internationale qui a demandé
dans une note signée par, entre autres : Canada, France, Etats-Unis,
Brésil, aux candidats contestataires
d'accomplir cette formalité. « La communauté internationale invite les
candidats à faire valoir leur contestation dans le délai légal qui s'achève
mercredi. », voilà en substance cette
note.
Contrairement à la déclaration du
chef de l'Etat haïtien, selon laquelle :
« l'ambassade des Etats-Unis n'est
pas le CEP », le communiqué de la
communauté internationale prouve,
que ce sont les occupants qui mènent
la danse, décidant carrément de la
marche des événements. D'autant que
le sénateur démocrate, Patrick Leahy,
a demandé au gouvernement Obama
de geler l'aide au gouvernement haïtien et d'annuler les visas de voyage
en faveur des officiels haïtiens et de
leurs proches.
La violence aveugle exercée par
les manifestants pendant les 7,8 et 9
Décembre 2010, témoigne de la haine
cumulée d'une population victime
d'une politique inhumaine, conçue par
les forces d'occupation et leurs laquais
haïtiens pour renforcer l'exclusion sociale. Le drame est que, les masses
populaires sont descendues dans les
rues pour défendre des votes, dans
une prétendue élection qui ne pourra
que renforcer leur misère et leur exclusion, en tant que classe toujours
méprisée et méconnue d'Haïti.
Malheureusement,
nul
ne
pouvait faire entendre raison à ces
masses insultées, humiliées par le
gouvernement de Préval. Plus tard,
on le verra, elles s'opposeront et lutteront contre ces mêmes politiciens au
nom desquels, elles sont descendues
dans les rues. Mirlande Manigat et
Joseph Michel Martelly, brusquement
sont devenus des sauveurs du peuple,
alors que ce sont les mêmes qui ont
contribué au boycott du bicentenaire
de l'indépendance et au coup d'Etat/
kidnapping du 29 février ayant abouti
à l'occupation du pays.
Certes, sa frustration s'est transformée en délire de déraison pour détruire et tuer. C'est un fait compréhensible, néanmoins le peuple exploité
d'Haïti doit nécessairement apprendre
à identifier ses amis et ses ennemis,
par la même occasion reconnaître
l'utilité des luttes qui soutiennent ses
revendications, pour différencier sa vie
de ces sempiternelles exigences qui ne
constituent que des pièges pour reproduire le même système d'exploitation,
d'injustice et d'exclusion sociale.
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Twa fèy, Twa rasin O!
Posologie: une graine par mois
Par Fanfan Latulipe
I
l me faut commencer par clarifier la
terminologie utilisée dans le titre de
la rubrique de cette semaine. Je fais allusion au mot posologie. C'est quoi ce
mot un peu shèlbè, un tantinet posologique, au parfum pharmaceuticomédical ? C'est quoi une posologie ?
Le mot posologie fait référence à la
quantité et au rythme d'administration
d'un médicament prescrit. D'ordinaire,
il s'agit d'un remède administré par
voie orale sous forme de pilule, gélule,
tablette, comprimé, capsule qu'il faut
généralement avaler, parfois mâcher
ou sucer. Pour nous autres Haïtiens,
tous ces trucs avalables, machables, buvables ou suçables sont des
graines : grenn lafyèv, grenn maltèt.
La posologie peut être d'une graine par
jour, deux fois par jour, trois fois par
jour, tout dépend du médicament. Les
graines sont prescrites sur une période
donnée, c'est le cas pour le traitement
Le docteur Jacques Bernard à qui
Washington a demandé d’examiner
les douze en vitesse car les foies
s’enflent à vue d’œil, les cœurs
se gonflent de rage d’accéder au
pouvoir, les réflexes de gâchette se
font menaçants
sautes d'humeur du malade lui-même,
ses entêtements, ses aveuglements,
Dès le dépouillement des urnes, ce fut un vrai cirque animé par douze
saltimbanques
d'une infection aiguë. Autrement la posologie s'applique à une thérapie permanente, la vie durant comme nous
disons. C'est le cas du traitement du
diabète par exemple.
Je ne me suis jamais imaginé
qu'un jour le médecin que je suis allait
devoir proposer une ordonnance dans
un cadre non médical, dans un contexte socio-politique. Une ordonnance qui
calmerait certaines inflammations, certaines flambées infectieuses, certaines
nervosités, certaines fièvres, certaines
poussées aiguës d'un mal particulier difficile à guérir. Une ordonnance devant
tenir compte de facteurs endogènes et
exogènes au patient à traiter, ainsi les
PRIME TIME
DRIVING SCHOOL, Inc.
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All Classes for School
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1 Hillel Place, Suite 3A
Brooklyn, NY
718-859-8526
ses égarements, ses divagations, ses
obstinations, ses récalcitrances, ses
résistances, ses désobéissances, voire
même ses malveillances.
Avant de traiter un patient, avant
donc de proposer une ordonnance assortie d'une posologie adéquate, un
médecin ne s'aventure jamais à faire
un diagnostic plop plop, konsa konsa.
Il dresse d'abord ce que dans le jargon
médical on nomme une « histoire de
cas », histoire de débusquer et de dépister les signes et symptômes qui portent
le patient à le consulter, ce d'autant que
certains patients par nature sont cachotiers, petit-koulout, rusés. Ils peuvent vous cacher un symptôme-clef, et
si vous n'êtes pas mis au courant, vous
clinicien, vous êtes chire. Et il y a tant
de maladies et de symptômes qu'on dirait volontiers tot homines quot morbi,
autant d’hommes autant de maladies,
tot homines quot tikoulouti, autant
d’hommes autant de tikoulout.
Après avoir dressé l'histoire de
cas, il faut passer à l'examen physique.
On ausculte les poumons pour essayer
de déterminer si le malade évolue peutêtre dans une atmosphère malsaine,
par exemple li kab tibèkiloz. On sonde
le cœur, je veux dire qu'on ausculte le
cœur avec un stéthoscope. C'est toute
une panoplie de trouvailles qui peuvent
s'offrir aux oreilles de l'auscultant :
cœur défaillant, cœur faya, cœur qui
roule et qui amasse des dollars, cœur
bardé de mauvais élans, cœur plein de
rage pour ne pouvoir battre au rythme
de désirs fous, cœur antyoutyout parce
que toujours à l'affût de quelque chose
à grapiller, cœur volage aux tendances
opportunistes volant d'avantages isit à
d'autres avantages lòtbò, cœur endurci
par des nuits de magouilles, cœur épris
de pouvoir et de richesses. Parfois on
ausculte et on n'entend rien, aucun
battement, on a alors affaire à un sanscœur. C'est à vous fendre le cœur.
Puis, il faut examiner le foie.
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Madame Myrlande et Monsieur Micky
On le fait par palpation en demandant
au patient de se décontracter. On peut
tomber sur différentes anomalies : fwa
mou, fwa du, foie dévoré d'ambitions,
milieu des tempêtes» d'une folie présidentielle et d'une situation socio-politico-économico-séismique surréaliste :
plus de 200.000 décès suite au trem-
Deux saltimbanques en lutte pour le Palais National
foie gonflé par l'alcool d'ambitions perverses, foie graisseux de haine, foie
tuméfié par un désir permanent et
malsain d'en vouloir aux autres, foie
ramolli par la mauvaise habitude de
mensonges éhontés et de promesses
non tenues, foie enflé par la pratique
chronique de petites et sales combines,
foie troué de délires de persécution. Ma
foi, ce n'est pas ton viendra qui te sauvera. Se pa vini w ki pou sove w.
En principe la rate n’est pas palpable, mais dans certains cas on peut
sentir la grosse rate d’un vye we, rat
dokale ou la rate modérément enflée
d'un vye rat mòde soufle. On examine
rapidement les couilles, car il y en a qui
n’en ont jamais eu dans leur vie tellement yo lach. On termine l'examen
physique par une évaluation neuropsychiatrique. A l'occasion on trouve
des mecs hyperréflexiques, c’est-à-dire
qu'ils ont des réflexes ultra-rapides, celui de la gâchette par exemple. Enfin,
et surtout si c'est un homme, on lui demande s'il est né «coiffé». Une réponse
positive, ferme, assurée, énergique, est
presque certainement le signe d'une
névrose sub-clinique.
A chaque maladie, à chaque
patient sa graine, sa posologie. Par
exemple au type qui est hanté par sa
«coiffe», il faut lui prescrire deux graines d'azoupanmpanm t.i.d, c’est-àdire trois fois par jour. Si on soupçonne
que le mec est un couillon acouillique,
c’est-à-dire dépourvu de couilles, on
lui fait une ordonnance de graines
manman zizi-zaza-zèzè, une fois par
jour, à prendre à jeun. Tot morbi, quot
medicinae, autant de maladies, autant
de médicaments.
Bon. Faisons maintenant un petit
détour par les chemins électoraux pour
toutefois revenir à nos graines, enfin,
graines au sens de médicaments. Dès
que les cloches du CEP eurent sonné
à toute volée le grand rassemblement
des fous du fauteuil , ils étaient 34 à
se précipiter «échevelés, livides au
blement de terre, un million et demi
de rescapés sous des tentes, le Palais
national effondré, une capitale dévastée et puante, le choléra dans le wèl
de la population, une misère atroce,
une MINUSTAH vibrionique qui fait
des siennes, un pays sous tutelle, un
pays géré de partout et de nulle part
par un ancien président des Etats-Unis,
les assassins qui ne chôment pas, une
bourgeoisie plus malpropre que jamais
et une élite morally repugnant comme
aux beaux jours du jean-claudisme infect et abject.
Il faut être absolument cinglé
pour aspirer à accéder au fauteuil présidentiel dans un tel contexte et accepter
de «prêter serment» sous l'œil goguenard et amusé de Bill Clinton, l'homme
du jour, le maître des lieux, des queux,
des souffreteux, des pouilleux et des
gueux. Les membres du CEP tout dévoyés qu'ils sont ont eu pourtant un
petit sursaut de décence et ont éliminé
15 de ces abrutis pour ne garder que
les moins furieux du troupeau schizophrène. Dès le dépouillement des
urnes, ce fut un vrai cirque animé par
douze saltimbanques. Deux d'entre
eux, vingt quatre heures après leurs
grimas à douze, décidaient brusquement d'arrêter de saltimbanquer, tandis
que les dix autres bouffons criaient à la
fraude et à bas le CEP.
Ils voulaient, tous les dix funambules, annuler les «élections», tandis que Monsieur Micky, et Madame
Myrlande étaient aux anges pour un
deuxième tour. Survint Maître Jude Aliboron que le CEP plaça en deuxième
place au plus grand dam des Mickistes
qui se déchaînèrent et se déhanchèrent
dans plusieurs villes du pays. Quant
aux Judéens ils sortirent machettes,
katyapika et pyekochon. On leur prête
des violences ainsi qu'aux Mikystes. Le
CEP pour sa part est aujourd'hui dans
ses petits souliers avec des pieds santi
mayas. Il aurait timidement proposé
un recompte des voix. La société si vile
est dans ses gros souliers. L'Eglise catholique joue du goupillon pour asperger les douze «crazy». La communauté
internationale est toute à ses hypocrisies coutumières et la MINUSTAH est
toujours prête à passer à l'action.
Survient alors le docteur Jacques
Bernard à qui Washington a demandé
d'examiner les douze en vitesse car les
foies s'enflent à vue d'œil, les cœurs
se gonflent de rage d'accéder au pouvoir, les réflexes de gâchette se font
menaçants. Jacko est un ancien interne
des hôpitaux de Paris. Spécialiste en
pneumologie, cardiologie, gastro-entérologie, hépatologie, hématologie,
neurologie, psychologie, démagogie
et magouillogie, il a déjà examiné les
douze cinglés en mal de Palais national. Il paraît que Doc Bernard a déjà
fait son diagnostic : douze Elifèt de bra
pandye, douze graines de candidats,
fous furieux, atteints de présidentiellite suraiguë. Puisqu'ils sont douze
graines de candidats, et puisqu'il y a
douze mois dans l'année, le doc ne
voit qu'un seul traitement possible,
qu'une seule posologie: une graine par
mois sur la chaise bourrée avec ochan
chaque matin. Ordonnance renouvelable chaque année pendant les cinq
prochaines années. Jusqu'au prochain
carnaval électoral.
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Kwonik Kreyòl
Mete pyès pa mete pyès, Leta pouri
a ap kontinye chire!
Pozisyon Mouvman
Demokratik Popilè
(MODEP)
Mete pyès pa mete pyès, Leta
pouri a ap kontinye chire
Depi lane 1980 yo, peyi d Ayiti
ap trimen anba yon kriz san bout.
Chak fwa kriz la pete epi eklate anba
je tout moun, enperyalis la ak klas
dominant yo envante tout kalite solisyon pèpè pou eseye rezoud kriz la.
Yo eseye rejim militè yo, divès prezidan poupe twèl, eleksyon fo mamit
ak koudeta, men, kriz la kontinye
pirèd.
Lò enperyalis la konstate enkapasite klas dominant yo pou yo jere
leta kapitalis rachitik pouri a, yo debake dirèkteman ak militè pa yo pou
jere sitiyasyon an. Fòk nou di, yo te
toujou prezan sou lòt fòm, atravè anbasad yo ki te toujou ap bay lòd anba
chal, yo te toujou prezan atravè FMI,
Bank Mondyal ak LONI. Men, koulye a, pa gen voye wòch kache men
ankò, se enperyalis la dirèkteman
k ap pase lòd. Dènye kominike anbasad meriken apre rezilta seleksyon
yo, se yon kokenn chenn prèv ki
montre aklè kouman enperyalis la
prezan nan politik peyi a, san maske
vizaj li.
Apre 12 janvye, sèten moun te
konprann te gen posiblite pou sèten
otorite nan leta a te ranmase eskanp
figi yo. Men, se pat sa ki te rive. Otorite yo te prefere chwazi rantre peyi
a pifon nan depandans anba ponyèt
enperyalis la, pandan y ap konstui
baz pou kontinye kontwole pouvwa
a nan eleksyon fomamit epi jere peyi
a nan yon kontinite tèt anba. Kòm
puisans enperyalis yo ak gwo miltinasyonal yo te toujou jwenn tout sa
yo bezwen nan men otorite kolera yo
(prezidan, minis, senatè, depite), yo
te fèmen je yo sou tout move mannèv pouvwa a t ap fè. Pafwa, yo ede
otorite yo nan mannèv tèt anba y ap
fè yo. Sa ki fè tou, menm lè pouvwa
anplas la konnen se MINISTA ki pote
maladi kolera a, pouvwa a fèmen je
l sou sa. Se yon politik banm ma ba
w.
Soti 1987 pou rive jodi a, klas
dominant yo deja òganize anviwon 7
eleksyon nan peyi a. Men, eleksyon
sa yo toujou lage peyi a nan kriz pi
rèd. Eleksyon 2010 yo, se youn nan
gwo zèl kat kominote enperyalis la
te konte sou li pou montre reyisit
yo nan peyi a. Pouvwa Lespwa-Inite-Lavalas la te konte sou eleksyon
yo tou pou asire yon kontinite nan
okipasyon, nan CIRH ak nan politik
neyoliberal yo. Fòk nou di, kominote
enperyalis la pa gen pwoblèm ak sa,
se sitou sa yo bezwen. Lòt politisyen
yo pa gen pwoblèm ak sa non plis.
Men, kòm jwèt la vle gate nan men
yo, enperyalis la ak sèten politisyen
parèt divize.
Pandan 5 lane ki sot pase yo,
pouvwa anplas la toujou makònen
fòs li ak enperyalis la kont pèp la. Sa
ki fè, entènasyonal la te toujou fèmen
je l sou zak kòripsyon pouvwa anplas
la t ap fè nan lajan taks pèp la ak
nan lajan PETROCARIBE a. Mas pèp
la bò kote pa li, ki bouke ak pouvwa
anplas la, pral pote kole nan eleksyon yo, pou kouri dèyè kapote epi
chwazi chavire nan plas kapote. Mas
yo tèlman fatige ak politik pouvwa
anplas la mete ak kominote enperyalis la, yo menm bliye si gen nan
kandida yo ki te konn kore koudeta
Sedras Michel Franswa a, yo bliye si
gen nan kandida yo ki te janbe kadav pèp la pou al pran pouvwa a nan
men Nanfi, nan lane 1988. Malgre
tout kandida yo se kapote ak chavire, malgre pwa kominote enperyalis la nan peyi a, rezilta eleksyon yo
nan kalfou tenten. Rezilta eleksyon
yo tonbe sou kont beton an, ak negosyasyon diplomatik.
Eske nou ka kontinye pyese leta
pouri sa a ankò?
Non, menm jan nou paka
pyese yon twal ki fin pouri, se konsa
tou, nou paka kontinye pyese, yon
leta ki fin pouri. Kelkeswa pyès nou
chwazi la a pou mete nan leta a, l ap
mennen nou pifon nan kriz ak nan
katastwòf. Okenn nan kandida machann peyi sa yo, ni kominote entènasyonal la, pa kapab chanje leta
a, ni rezoud pwoblèm fondamantal
mas yo jounen jodi a. Sa ki fè pou
noumenm nan MODEP, batay la dwe
chita fondamantalman, nan konstui
yon veritab altènativ sosyal popilè,
pou ranplase pil boutik politik, k ap
konplote ak enperyalis la depi 200
lane, pou mete pèp la nan plis mizè
ak nan katastwòf. Pandan n ap batay, pou konstui veritab altènativ sa
a, fòk nou akonpaye pèp la nan batay pou li jwenn kay pou li rete, nan
batay pou jwenn lekòl, sant sante ak
bonjan dlo potab. Fòk nou akonpaye
pèp la, nan batay kont epidemi kolera
MINISTA a. Nou dwe kanpe bò kote
peyizan yo nan batay pou yo jwenn
tè pou yo travay nan bon kondisyon
pou nou ka sispann konsome manje
pèpè ki soti lòtbò dlo.
Aba dominasyon enperyalis
ak eleksyon pyese kole!!! Viv yon
lòt kalite leta, nan yon Ayiti Granmoun!!!
Pou MODEP:
Guy NUMA
Nixon BOUMBA
6
Haïti Liberté
Depi kilè Michel Martelly te demokrat?
N
an yon nòt pou laprès Biwodprès kandida Michel Martelly
mete deyò nan non kandida a, Biwo
a di : « Biwodprès kandida ala Prezidans Repons Peyizan, Michel Martelly ap remèsye nan non kandida
a, tout nanchon an alawonnbadè
pou sipò li apre enjistis 7 desanm
pase a. Vwalatilpa jounen jodi a yo
fè viktim yo tounen bouwo... ala
yon demokrasi ! Lalwa pran patipri,
yo brandi l lè sa ranje zafè yo pou
anpeche yon dwa konstitisyonèl
eksprime, e yo pyetinen l lè yo vle
elimine kandida ki jennen yo.
N ap salye memwa tout sa yo
ki tonbe nan dènye jou sa yo nan
tout peyi a e tout sa yo kriz la afekte
yon fason ou yon lòt, kriz ke KEP la
ak pouvwa anplas la pwovoke. Nou
pataje soufrans sa yo ki kouche sou
kabann lopital ak sa yo ki viktim
kolera.
Nou apiye oumenm ki refize
aksepte aksyon gwo ponyèt, ile-
Michel Martelly
galite lenjistis. Se dwa ou pou w
mande pou yo respekte vòt ou, se
sa ki vrè demokrasi (Vwa pèp la),
men nap fè w sonje manifestasyon
yo dwe fèt nan lapè, san vyolans
e nan respekte lavi ak byen tout
moun. Pa bay sa yo ki vle detwi ou
okenn pretèks. »
Bèl pawòl. Se san di petèt. Men
depi kilè Sweet Micky te demokrat ?
Se pa menm imoral sa ki te sipòte
e ki toujou sipòte koudeta kont yon
gouvènman konstitisyonèl nan peyi
a ? Kisa Sweet Micky te janm di
pou malere te toujou ap soufri sou
kabann lopital ak malere kap reklame dwa yo gouvènman grenn kraze
tap touye ? Kantite moun Raoul Cédras ak kriminèl parèy li te masakre,
anprizonnen, fòse pran ekzil, kisa
Sweet Micky te di ? E gouvènman
Latortue a menm ? Pou kantite krim
gouvènman sa fè ! Kote Micky te
ye ? Se pat sipòte li te sipòte krim
sa yo ? Se kounye a Michel Martelly
reyalize demokrasi vle di vwa pèp
la ? Ant parantèz, se sa k fè li rele
pati politik li a « Repons Peyizan » ?
Depi kilè Micky te nan zafè peyizan vwa menm pou l ta nan defann
peyizan ?
Moriso Laza
Bidjè nasyonal la rive
Otorite
sanitè peyi 106 milya goud
a krenn yon M
eksplozyon
kolera nan
Pòtoprens
V
andredi a otorite sanitè yo nan
peyi a fè konnen yo pè pou yon
eksplozyon kolera pa eklate nan Pòtoprens, kapital peyi a, akoz nan eta
malpwoprete vil la.
Otorite yo fè konnen manifestasyon kont rezilta eleksyon 28
novanm yo ki te tabli depi madi nan
plizyè vil peyi a espesyalman nan
Pòtoprens, fè kapital la tounen yon
depotwa.
Doktè Jocelyne Pierre Louis ki
se direktris pwomosyon lasante nan
Ministè Sante Piblik ak Popilasyon
an (MSPP), fè konnen li krenn yon
eksplozyon. Li di anpil jefò dwe fèt
pou evite yon katastwòf.
Men li klè pou tout moun Pòtoprens depi kèk tan te gentan tounen
yon depotwa anba de nawè otorite
san koutya yo. E yo pap fè anyen
vreman pou evite okenn katastwòf.
Menm jan yo pè denonse okipan yo
vwa pou yo ta trennen yo devan
tribinal entènasyonal pou maladi
kolera a.
Twa moun
blese nan yon
rasanbleman
kont pati
Preval la
S
elon diferan temwen, plizyè nèg
ame tire aboupòtan sou yon rasanbleman douvan lokal pati INITE a sou
Channmas jou jedi 9 desanm lan.
Selon temwen sa yo, endividi
ame sa yo te sou motosiklèt e yo te
abiye ak mayo INITE. Yo te kouri ak
de (2) nan blese yo lopital. Nou ka wè
INITE pap chome.
inis Ekonomi ak Finans lan,
mouche Ronald Baudin, fè
konnen bidjè nasyonal pou ekzèsis fiskal 2010-2011 lan rive 106
milya goud.
Minis la deklare : « Nòmalman, bidjè sa a ki te an reta akoz
yo tap travay anpil sou li, ta dwe
adopte anvan 1e oktotòb. Men
negosyasyon yo ak patnè yo nan
kominote entènasyonal la pou
apiye bidjè a, te dire plis ke nou te
prevwa ; se 2 mwa edmi reta nou
prezante bidjè a. »
Minis lan di li prevwa yon to
kwasans ant 10% konsa pou nouvo ekzèsis la.
« Nou espere kontwole to
enflasyon an pou nou kenbe l nan
limit 7% pousan chak ane. Nou
espere pouse presyon fiskal la ane
sa a pou mete l ozanviwon 11% »,
M Baudin di. Li deklare yo prevwa
kolekte yon total 36 milya goud
pou ane fiskal la, swa 3 milya goud
pa mwa. Bòn chans, mesye. Pèp la
pran nòt.
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Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Perspectives
Les enjeux de la guerre humanitaire Élection haïtienne :
exclusion de Fanmi
en Haiti après le séisme
Lavalas et choléra
Par Belfleur Jean Willy
Intervention de Belfleur Jean Willy de
la délégation haïtienne à l'occasion de
la conférence mondiale ouverte contre
la guerre et l'exploitation à Alger, du
27 au 29 novembre 2010
« Un pays qui se meurt est
Un pays dont ses fils ne se
Souviennent plus de leur histoire ».
PJ.
A
ujourd'hui, l'humanité est confrontée à des guerres de toutes sortes
et des problèmes urgents, nécessitant
des réponses réfléchies et essentielles.
Le monde est en train de faire face à
de grands défis d'ordre écologique.
L'exploitation à outrance des ressources naturelles est devenue un immense
danger pour la majorité des habitants
de la planète.
Les politiques environnementales
sont en chute libre. Elles ne sont pas
arrivées à proposer des solutions adéquates, face à cet épineux problème. Il
ne s'agit que d'un témoignage de non
respect envers la vie au bénéfice du
capital. Les peuples, en quête de mieux
être, se déplacent constamment. On
aurait dit qu'ils s'adhèrent indiscutablement au phénomène de la mondialisation. Mais non, c'est plutôt essentiellement la question du flux migratoire qui
se propage partout dans le monde avec
prédominance du sud vers le Nord. Les
concepteurs, de ce nouveau ordre mondial : la mondialisation s'est imposée à
travers le temps et l'histoire des peuples
à savoir la mondialisation, n'a jamais
vraiment permis des déplacements
massifs pour les peuples vers des terres
qui offriraient plus d'opportunité, voir
même des conditions de vies moins précaires que la leur. Il est plutôt question
comme on peut le remarquer, seulement
du déplacement du capital sans aucune
restriction. Par contre comment un tel
système peut-il rendre concrète et efficace la mondialisation, sans détruire la
diversité culturelle des peuples (Culture
comme pratique de vie quotidienne des
peuples) ?
Le début de cette période est surtout marqué par de grandes guerres,
notamment les deux grandes guerres
mondiales qui avaient ravagé le continent européen et permis du même coup,
l'émergence des Etats unis d'Amérique
comme nouvelle puissance mondiale.
Le concept d'Etat-nation n'est plus à
l'ordre du jour il s'agit de comprendre
les mécanismes de ce nouvel ordre et
d'essayer de jouir de ses biens faits.
Presque tous les Etats sont entraînés
par le courant de la mondialisation et
placent ainsi les économies en réseau
ou personne ne peut plus se permettre
le luxe d'agir totalement sans prendre
l'autre en compte. Les dirigeants, coincés d'un coté par l'influence du marché
qui impose ses lois à tous et sanctionne
les plus négligents par l'intermédiaire
de la banque mondiale et du
Fonds Monétaire International et
par les mouvements populaires, cherchent des solutions introuvables pour
éviter le pire. Dans cette perspective,
peut-on encore parler du droit des peuples? La responsabilité citoyenne seraitelle encore d'actualité? Les réponses ne
sont pas évidentes
Cette nouvelle ère apporte
des changements considérables sur
l'échiquier géopolitique mondial et ceci
n'est pas sans conséquence sur la vie
des peuples. Tout se bascule, particulièrement les repères culturels, conduisant ainsi à la désagrégation des pratiques sociales et à une restructuration
presqu'étrangère aux individus. Partout,
on assiste à une volonté débordante de
rationaliser les activités humaines. Il
n'y a plus de place pour les émotions
et le sentiment car l'intérêt économique
est la seule règle où la voie à suivre
pour atteindre le salut sur terre.
Le développement des nouvelles
technologies de l'information tels les
téléphones portables, l'internet, le système satellitaire a largement facilité
les mécanismes de contrôle que les
grandes firmes internationaux exercent sur les pays et en particulier sur
les citoyens, afin de préserver le statu
quo. Cette forme de démocratisation
de l'information n'est pas sans aucune
conséquence. Au contraire, elles sont
nombreuses et l'une des contradictions de ces nouvelles technologies de
l'information est qu'au lieu de nous
rapprocher elle nous éloigne davantage car il devient beaucoup plus facile
d'appeler quelqu'un pour prendre de
ces nouvelles que d'aller directement
le rencontrer. Des réunions se font en
ligne avec des partenaires, se trouvant
dans des pays différents. Du coup, nous
n'avons plus le temps pour apprendre à
se connaître par peur que l'autre finisse
par reconnaître qui on est vraiment car
désormais le système nous habille d'un
masque qu'on porte comme une proie,
ou un fardeau.
Haïti et ses entraves
Le choix de faire une mise au
point sur la situation mondiale avant
d'introduire la situation d'Haïti comme
je l'ai dit, découle du fait que nous sommes tous entraînés dans le mouvement
de la mondialisation. Ainsi, Haïti, faisant parti de l'hémisphère sud, n'évolue
pas en vase clos et pour saisir la réalité
sociopolitique d'Haïti, il est nécessaire
de comprendre la situation mondiale.
En effet, jusqu'avant le 12 janvier 2010, c'est-à-dire date du terrible
tremblement de terre qui provoqua des
pertes énormes en vies humaines, estimées a 300.000 morts environs (par
le gouvernement) et d'important dégâts matériels, des forces internes et
externes s'affrontaient pour le contrôle
exclusive de l'orientation du pays.
D'abord sur le plan externe, les
Etats unis contrôlaient déjà le système
politique du pays et empêchent à tout
autre puissance ce privilège, ne laissant
à la France que l'espace culturel et au
Canada le système éducatif selon leur
fonctionnement dans le pays. Si en apparence cette séparation d'Haïti par ces
puissances semble être harmonieuse,
au fond, c'est une lutte constante qui se
livre entre elles.
Cependant, cette rivalité aurait
pu, dans une certaine, mesure être
« profitable » à Haïti dans la mesure où
nous aurions eu des gouvernements
conscients, maîtrisant cette réalité et
ayant un minimum de volonté, de sorte
que le pays aurait fait un pas au lieu de
patauger dans la misère.
Sur le plan interne, les fractions
de la classe politique ne sont pas arrivées à imposer leur leadership. Elles
s'affrontent depuis presque 15 ans pour
trouver la solution qui permettrait au
pays de sortir de l'impasse démocratique. Mais, leur attachement à des pratiques politiques traditionnelles, limite
trop leur action qui ne dépasse pas la
corruption, c'est-à-dire l'enrichissement
de leur famille et de leur partisan en dilapidant les caisses de l'Etat.
Quant à la bourgeoisie haïtienne,
elle s'enlise dans de vieilles pratiques
économiques révolues et n'a ni les
compétences nécessaires ni la volonté
suffisante pour s'engager sur des voies économiques modernes et créer de
l'emploi, participer au développement
active du pays dans le cadre d'une
économie même libérale.
La société civile haïtienne n'a jamais compris son rôle dans le système
dit démocratique. Souvent vassalisée,
elle sert d'instrument à la bourgeoisie
pour le contrôle de la sphère de décisions politiques en leur faveur. A titre
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
d'exemple, après le départ du président
Jean Bertrand Aristide pour l'exil en
2004, le gouvernement provisoire, mis
en place avec la complicité de la société
civile a accordé trois ans de franchise
à la bourgeoisie. En revanche les autres groupes qui s'étaient engagés dans
cette bataille pour le départ du régime,
n'ont pas eu de satisfaction car le seul
véritable changement qu'il y a eu, était
celui d'un nouveau gouvernement.
La masse urbaine, et paysanne
inclusivement, les travailleurs végétant dans la misère, sont exploités
sans réserve. Malgré des promesses de
changement, la condition de vie de cette
couche ne s'améliore pas ; au contraire,
elle se détériore au jour le jour.
La jeunesse haïtienne, selon les
dernières estimations de l'IHSI, avec
un pourcentage de 20,1% (15 à 24
ans) représente une part importante
de la population haïtienne. Dans tous
les pays du monde et en Haïti, les jeunes (formés) constituent une réserve,
un capital potentiel nécessaire pour
tout processus de développement et de
changement, mais notre jeunesse est
livrée a elle-même. Elle est sans véritable issu.
Au milieu d'un monde chargé de préjugés, de discrimination et
d'exclusion, les couches populaires et
la jeunesse livrent un combat quotidien
pour leur survie parce que le système
n'a pas de cœur, sans pitié pour les appauvris. Et dans l'état actuel du processus de cette transition interminable, le
pays se bat encore.
Haiti et ses « amis »
Le séisme a changé les données
en Haïti et mis en lumière des réalités
qui étaient peu visibles. La question
humanitaire n'avait pas tant d'ampleur
jusque là pour la population. Cependant
depuis le 12 janvier, Haïti est devenue
la cible des organismes humanitaires,
bien que cette catastrophe dépassait
de très loin la capacité du pays à donner une réponse efficace aux défis que
pose le tremblement de terre en Haïti.
Le tremblement de terre serait-il le seul
élément explicatif de l'invasion de ces
organismes humanitaires?
Autrement dit, comment expliquer véritablement cette rouée
d'organisations humanitaires dans le
pays? S'agirait-il plutôt d'une guerre
d'images entre les grandes et les puissances émergentes qui cherchent à
s'exhiber plutôt que d'intervention humanitaire véritable?
Les Américains avaient débarqué
rapidement avec une troupe d'environs
14.000 marines pour prendre le contrôle de l'aéroport et en interdire à
d’autres pays pour un certains temps,
l'accès. Du coup, l'aéroport est devenu
le point de convoitise pour les organismes humanitaires en quête de visibilité, vu que c'était le seul point pour
acheminer l'aide humanitaire. Ainsi, le
processus d'aide, retardait la coordination et la distribution.
Le leadership américain, dans
cette situation pénible de notre nation,
ne trouve pas seulement son fondement dans l'humanitaire. Il s'inscrit
dans cette bataille hégémonique des
américains sur le monde particulièrement sur le continent Nord américain.
Le président actuel a fait lui même la
mention : « l'Amérique aux
Américains ». Cela ne signifie pas
que l'Amérique appartiendrait à tous les
Habitants du continent mais seulement
aux peuples américains, cette tendance
s'explique avant tout par la proximité
géographique.
A coté des Etats-uniens qui
s'exhibent en maître absolu du drame
haïtien du 12 janvier plusieurs grandes
nations veulent prendre part à ce banquet qu'offre Haïti comme si manquer
Suite à la page (16)
Par Isabel McDonald*
L
’élection du 28 novembre en Haïti
a été entachée d’une fraude massive. En dépit d’un appel à annuler le
scrutin lancé par tous les principaux
candidats à l’exclusion d’un seul, des
fonctionnaires du Conseil de Sécurité de
l’ONU de même que des Etats-Unis, du
Canada et d’Europe expriment leur satisfaction à propos des résultats et pressent la commission électorale du pays
d’accélérer la préparation du second
tour de janvier.
Avant même la fermeture des
bureaux de vote dimanche après-midi,
12 des 18 candidats à la présidence
ont publié une déclaration appelant à
l’annulation du vote du fait de ce que
Mirlande Manigat, une candidate et
ancienne première dame d’Haïti, bien
placée dans les sondages, a critiqué
comme une « fraude massive » et des
irrégularités « inacceptables » dans les
élections.
En fait, élection n’est peut-être
pas le terme le plus précis pour le scrutin du 28 novembre. Le conseil électoral
choisi par le parti au pouvoir a interdit
la participation du parti politique le plus
populaire d’Haïti, Fanmi Lavalas (FL).
Le chef de FL, Jean-Bertrand
Aristide, qui a été élu président en
2000, a été en exil en Afrique depuis
2004, année où il a été renversé par un
coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis,
le Canada et la France et a été averti,
suivant les termes de l’ancien Secrétaire
d’Etat à la Défense étasunien, Donald
Rumsfeld, qu’il ne devait pas « revenir
dans l’hémisphère ».
Pendant ce temps, comme l’avait
annoncé l’Institut pour la Justice & la
Démocratie en Haïti, la présence de
troupes de la mission de « stabilisation
» de l’ONU en Haïti (connue comme la
MINUSTAH) aux bureaux de vote était
plus susceptible de provoquer la violence que de la prévenir.
Les troupes de l’ONU et la Police
Nationale Haïtienne ont tué deux manifestants dans des défilés anti-MINUSTAH dans la ville de Cap Haïtien plus
tôt dans le mois.
Elles ont aussi utilisé les gaz
lacrymogènes contre des haïtiens participant à une marche dans Port-auPrince, gaz qui, comme l’a rapporté le
journaliste Kim Ives à Haïti Liberté, «
ont sérieusement atteint beaucoup de
femmes et d’enfants ».
Les manifestations déchargeaient
la colère populaire contre l’échec
de l’effort d’aide internationale,
l’introduction du choléra, inconnu antérieurement en Haïti, et l’inquiétude à
propos de la prochaine élection.
Des appels pour le retrait des
troupes de l’ONU se sont faits de plus en
plus pressants au milieu d’accusations
suivant lesquelles, des matières fécales,
jetées dans un affluent du fleuve Artibonite par des soldats de l’ONU, seraient
probablement la cause du choléra. On
a déjà enregistré 1600 morts du fait de
l’épidémie.
Jusqu’à mars de cette année,
les Centres pour le Contrôle des Maladies et la Prévention des Etats-Unis (
Centers for Disease Control and Prevention, CDC) affirmaient qu’il était «
extrêmement improbable » que la maladie apparaisse en Haïti. Aujourd’hui,
l’Organisation Pan-Américaine de la
Santé prévoit que 200 000 personnes
soient infectées en un an et qu’ « on
pourrait avoir 10 000 morts ».
Suivant le titulaire de la chaire de
microbiologie de l’Université de Harvard, John Mekalanos, « il est extrêmement probable que le choléra soit venu
avec la force de maintien de la paix
En fait, élection n’est peut-être
pas le terme le plus précis pour
qualifier le scrutin du 28 novembre.
Credit Photo : Liliane PierrePaul
ou d’autres membres du personnel humanitaire »
« Je ne vois aucune façon
d’échapper à la conclusion qu’une
introduction malheureuse et certainement accidentelle du micro-organisme
a eu lieu », a-t-il récemment dit à Associated Press.
L’épidémie de choléra qui balaie
le pays soulève une question plus grave
à propos du rôle de pays comme le Canada, qui mettent en avant depuis des
années toute « »l’aide » qu’ils fournissent à Haïti. Avec toute cette « aide »
internationale, pourquoi diable Haïti
n’a-t-elle pas les infrastructures de base
qui auraient pu empêcher l’épidémie de
choléra?
La journaliste canadienne indépendante, Isabeau Doucet, a récemment proposé une contextualisation
pertinente dans un commentaire pour
le Guardian. Elle a souligné : « Il y a
une décennie, l’argent était là pour
réparer le système d’alimentation en
eau délabré du pays. En 2000, un prêt
de 54 millions de dollars de la Banque
Inter-Américaine de Développement
(BID) aurait dû fournir au gouvernement haïtien les moyens de réhabiliter ses systèmes urbains et ruraux
d’approvisionnement en eau ».
Toutefois, « l’objectif des stratèges étasuniens de déstabiliser le gouvernement Aristide démocratiquement
élu, a fait obstacle à la rénovation ».
Dans un article de 2004 pour la London Review Of Books, le professeur de
médecine à Harvard, Paul Farmer, qui
est maintenant assistant de l’envoyé
spécial de l’ONU pour Haïti, William
Clinton, a indiqué : « des sources haïtiennes et américaines m’ont confirmé
que les Etats-Unis ont demandé à la
Banque de bloquer les prêts ».
Comme l’a prouvé le journaliste
indépendant canadien Anthony Fenton, le Canada s’est fait complice de la
déstabilisation, en suspendant son aide
bilatérale au gouvernement haïtien
après l’élection d’Aristide en 2000.
A une conférence des donateurs
de l’ONU en Mars 2010, la communauté internationale a promis près de 10
milliards de dollars US pour reconstruire Haïti après le tremblement de terre
du 12 janvier. (Une somme qui est considérablement inférieure aux dizaines
de milliards dus à Haïti pour les remboursements de dettes illégitimes qui
ont été extorquées aux haïtiens par les
gouvernements et les institutions financières occidentaux depuis 1825).
Près de huit mois après ces
promesses, on estime que 1,7 millions
de personnes vivent encore sous des
bâches dans des camps de fortune dangereux.
La MINUSTAH a récemment
publié une déclaration, appelant les organisateurs de récentes manifestations
Suite à la page (18)
Haïti Liberté
7
Perspectives
Haiti : la Minustah et l’épidémie
Par Fidel Castro Ruz
V
oilà trois semaines, on a pu lire
des nouvelles et voir des images
d’Haïtiens, lançant des pierres et
protestant indignés contre les forces
de la MINUSTAH (Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti)
qu’ils accusaient d’avoir transmis le
choléra au pays à travers des soldats
népalais.
La première impression qu’on
en tirait, faute d’informations supplémentaires, était qu’il s’agissait d’une
rumeur, née de l’antipathie que provoque toute force d’occupation.
Comment pouvait-on le prouver ? Beaucoup d’entre nous ne connaissaient pas les caractéristiques du
choléra et ses formes de transmission.
Les protestations cessèrent quelques
jours plus tard, et on n’en parla plus.
L’épidémie suivit son cours
inexorables, et d’autres problèmes,
comme les risques découlant de la
campagne électorale, occupèrent
notre temps.
Des nouvelles dignes de foi et
crédibles sur ce qui s’est vraiment
passé, sont tombées aujourd’hui : le
peuple haïtien avait tout à fait raison
de protester et de s’indigner.
Selon l’agence de presse AFP
: « Le fameux épidémiologiste français Renaud Piarroux a dirigé le mois
dernier une enquête en Haïti et a conclu que l’épidémie est provenue d’une
souche importée qui s’est étendue à
partir de la base népalaise de la MINUSTAH. »
Une autre agence européenne,
EFE, a écrit pour sa part : « L’origine de
la maladie se trouve dans le hameau
de Mirebalais, au centre du pays, où
les soldats népalais sont cantonnés :
l’épidémie a démarré quelques jours
après leur arrivée, ce qui en prouve
l’origine.
« La mission de l’ONU en Haïti (MINUSTAH) a nié à ce jour que
l’épidémie soit arrivée à travers ses
casques bleus.
« …le médecin français Renaud
Piarroux, considéré comme l’un des
meilleurs spécialistes mondiaux en
matière de choléra, ne laisse pas de
doutes quant à l’origine de la maladie.
« L’étude a été confiée à Paris à
la demande des autorités haïtiennes,
a indiqué un porte-parole diplomatique français.
Menez Jean-Jerome
Attorney at Law
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Estate
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k òl!
(718) 462-2600
(914) 643-1226 cell
8
Haïti Liberté
Le fameux épidémiologiste
français Renaud Piarroux
« …l’apparition de la maladie
coïncide avec l’arrivée des soldats népalais, qui provenaient en plus d’un
que nous fait savoir Yamila Zayas
Nápoles, spécialiste en médecine
générale intégrale, anesthésiste, directrice d’une institution médicale à
huit spécialités de base et à moyens
diagnostiques du projet Cuba-Venezuela, inauguré en octobre 2009
dans la zone urbaine de Mirebalais
(86 000 habitants), dans le département Nord.
Le samedi 15 octobre, trois patients ont été hospitalisés avec des
symptômes diarrhéiques et gravement déshydratés ; le dimanche 16,
quatre nouveau cas aux caractéristiques similaires, d’une même famille. Décision fut prise de les isoler
et d’en informer la Mission médicale
cubaine. Le lundi 17, vingt-huit
personnes sont arrivées avec des
symptômes similaires.
La Mission médicale a dépê-
Le choléra poursuit ses
ravages en Haïti!
Par Hervé Jean Michel
L
es nouvelles données communiquées par le Ministère de la Santé
Publique et de la Population (MSPP),
le lundi 13 Décembre 2010 sur
l’évolution de l’épidémie de choléra
en Haïti, sont réellement alarmantes.
2193 morts, 97.595 hospitalisés dont
46.749 soignés dans les différents
centres de traitement du choléra. Environ 400.000 personnes risquent
de contacter la maladie dans l’espace
d’une année, selon les prévisions des
spécialistes. Voilà des chiffres qui
parlent clairement et disent ce que
représentera la vie en Haïti dans un
futur proche.
communautés où les gens associent
la maladie à la sorcellerie ». Voilà, il
ne manquait que ça dans cette Haïti
absolument superstitieuse, où tout
s’explique métaphysiquement. Engels,
ne disait-il pas que dans son incapacité
à pouvoir s’expliquer le monde scientifiquement, l’homme s’est fait magicien
pour obtenir des esprits ce qu’il ne
peut percevoir lui-même. N’est-ce pas
un comportement absolument bizarre
et irrationnel, consécutif de la nature
d’ignorance dans laquelle est maintenu
le peuple haïtien !
Selon le Dr. Angello, les chiffres
publiés peuvent ne pas refléter la réalité. « Il doit y en avoir davantage, nous
n’avons pas encore pu atteindre les
Environ 400.000 personnes risquent de contacter le choléra dans
l’espace d’une année, selon les prévisions des spécialistes.
Le peuple haïtien avait tout à fait raison de protester et de s’indigner
contre la Minustah
pays où il existait une épidémie de
choléra.
« On ne s’explique pas autrement que le cholera ait démarré si soudainement et si fort dans un hameau
de quelques dizaines d’habitants.
« Le rapport analyse aussi la façon dont le mal s’est propagé, car les
eaux fécales du camp népalais débouchaient dans le cours d’eau qui sert
d’eau potable aux habitants.
Le plus surprenant, c’est que,
selon cette agence, l’ONU a affirmé «
avoir envoyé une mission d’enquête
dans le camp népalais, laquelle a conclu qu’il ne pouvait pas être au départ
de l’épidémie.
Haïti, au milieu des destructions du séisme, de l’épidémie et de
la pauvreté, ruinée par les interventions étrangères et par l’exploitation
des transnationales, ne peut se passer
maintenant d’une force de coopération internationale. L’ONU doit non
seulement remplir le devoir élémentaire de lutter pour le relèvement et le
développement d’Haïti, mais encore
mobiliser les ressources requises pour
éliminer une épidémie qui menace de
s’étendre sur la République dominicaine voisine, au reste des Caraïbes, à
l’Amérique latine et à d’autres pays
similaires d’Asie et d’Afrique.
Pourquoi l’ONU s’est-elle entêtée à nier que la MINUSTAH avait
apporté l’épidémie au peuple haïtien ?
Je n’accuse pas le Népal, jadis colonie
de la Grande-Bretagne qui utilisa ses
hommes dans ses guerres coloniales
et dont les habitants cherchent du
travail comme soldats.
Nous nous sommes enquis auprès des médecins cubains qui prêtent
service en Haïti et qui nous ont confirmé les nouvelles transmises par les
agences de presse européennes avec
une précision notable.
J’offre ici un court résumé de ce
ché d’urgence un groupe de spécialistes en épidémiologie qui ont fait
des analyses de sang, de vomis et
de selles, et réuni d’autres données,
qui ont été envoyées aussitôt aux
laboratoires nationaux d’Haïti.
Ceux-ci ont informé le 22
octobre que la souche isolée correspondait à celle qui prévalait en Asie
et en Océanie, la plus sévère. Les
forces népalaises des casques bleus
de l’ONU sont cantonnées au bord
de fleuve Artibonite, qui traverse la
petite localité de Méyè, où l’épidémie
a éclaté, et Mirebalais d’où elle s’est
propagée ensuite rapidement.
Bien que le choléra soit apparu
de façon subite dans le petit mais
excellent hôpital au service d’Haïti,
seuls 13 patients sont décédés des
2 822 premiers malades traités au
départ dans un secteur isolé, soit
un taux de mortalité de 0,5 p. 100.
Par la suite, une fois installé à part
le Centre de traitement du choléra, 5
des 3 459 cholériques sont décédés,
soit 0,1 p. 100.
Aujourd’hui, mardi 7 décembre, le nombre de cholériques s’est
élevé à 93 222, dont 2 120 sont
décédés. Chez les patients de la Mission cubaine, le taux de mortalité
est de 0,83 p. 100 ; chez ceux des
autres institutions hospitalières, il
est de 3,2 p. 100. Compte tenu de
l’expérience acquise, des mesures
adéquates prises et du renfort de la
brigade Henry Reeve, la Mission
médicale cubaine, appuyée par les
autorités haïtiennes, se propose de
toucher les deux cent sept sous-communes isolées, de façon qu’aucun
Haïtien ne manque de soins, face à
l’épidémie et que des milliers de vies
puissent être sauvées.
Fidel Castro Ruz
Le 7 décembre 2010
L’épidémiologiste français, Renaud Piarroux, a affirmé que : « Le foyer
infectieux est parti du camp des Népalais situé à Mirebalais. »
Selon les nouvelles données, l’évolution de l’épidémie de choléra est de
97.595 hospitalisés dont 46.749 soignés dans les différents centres de
traitement
Des régions du pays : Carrefour,
Gressier, Léogâne, et le département
de la Grand’Anse se trouvent sous le
feu de cette maladie, qui n’a de cesse
que de se propager à un rythme accéléré. Dans ce dit département, situé
très loin du foyer de l’épidémie, 140
décès ont été enregistrés, a rapporté
le Dr. Duvelson Angello, de la Direction Sanitaire du Département de la
Grand’Anse. « Nous avons enregistré
un nombre élevé de décès dans les
autres régions pour vérifier les données qui nous parviennent ». Quand
des gens traditionnellement abandonnés, n’ayant intériorisé aucune culture
d’hygiène publique et autres mesures
sécuritaires, se trouvant confrontés
à une nouvelle réalité, telle que : le
Choléra, il se dégage toujours une explication qui n’a rien à voir avec la réalité, sauf que de se confondre avec leur
fausse conscience. De graves dangers
Suite à la page (14)
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
This Week in Haiti
Michel Martelly, Stealth Duvalierist
By Jeb Sprague
I
Duvalierist Affinities
Under the Duvalier dictatorship,
Martelly ran the Garage, a nightclub
patronized by army officers and members of Haiti’s tiny ruling class.
At a recent press conference,
Martelly spoke nostalgically of the Duvalierist era, when François "Papa Doc"
Duvalier and later his son Jean-Claude
"Baby Doc" enforced their iron rule with
gun and machete wielding Tonton Macoutes, a sort of Haitian Gestapo.
“Today the dog is eating its
vomit," lamented Marcus Garcia of Radio Mélodie FM in a Dec. 8 editorial.
While "Michel Martelly openly defends
the Duvalier regime in a press conference,” the youth who have been duped
into supporting him are “without memory of [the infamous political prison]
Fort Dimanche-Fort La mort, without
memory of the Nov. 29, 1987 electoral
massacre,” when neo-Duvalierist thugs
killed hundreds of would-be voters.
In a 2002 article, the Washington
Post explained how the konpa singer
was a long-time “favorite of the thugs
who worked on behalf of the hated
Duvalier family dictatorship before its
1986 collapse.” But the mainstream
media of late has yet to pick up on the
singer’s past affiliations.
Duvalierist affinities should not
be taken lightly. Human rights groups
such as the League of Former Political
Prisoners and Families of the Disappeared compiled a partial list of several thousand of the Duvalier regime’s
victims, which was published in Haïti
Progrès in 1987, but total estimates
of those killed under the U.S.-backed
29-year long dictatorship range from
30,000 to 50,000 people.
After Baby Doc’s fall in
February 1986, a mass democratic
movement, long repressed by the
Duvaliers, burst forth and became
known as the Lavalas, or flood. Martelly quickly became a bitter Lavalas
opponent, making trenchant attacks
against the popular movement in his
songs played widely on Haitian radio.
The Rise of Aristide and
the 1991 Coup
Following his dramatic election with 67% of the vote in Dec. 16,
1990 elections, Jean-Bertrand Aristide, a former parish priest and Lavalas
movement leader, was inaugurated on
Feb. 7, 1991 as Haiti’s democratically
Jeb Sprague is a contributor and
co-founder of HaitiAnalysis.com
Wadner Pierre/Haïti Liberté
n the media coverage of Haiti's ongoing electoral crisis, presidential candidate Michel "Sweet Micky" Martelly,
whom ruling Unity party candidate
Jude Célestin edged out of Haiti's Jan.
16 run-off by less than 1%, has been
portrayed as the victim of voting fraud
and the leader of a populist upsurge
against Haiti’s crooked Provisional
Electoral Council (CEP).
Some have questioned his presidential suitability by pointing to his vulgar antics as a konpa musician over the
last two decades, where he often made
demeaning comments about women
and periodically dropped his trousers to
bare his backside.
The real problem with Martelly,
however, is not his perceived immorality, but his heinous political history and
close affiliation with the reactionary
“forces of darkness," as they are called
in Haiti, which have snuffed out each
genuine attempt Haitians have made
over the past 20 years to elect a democratic government. Far from a champion of democracy, Martelly has been
a cheerleader for, and perhaps even a
participant in, bloody coups d'état and
military rule.
Far from a champion of democracy, Martelly has been a cheerleader for
bloody coups d’état and military rule
elected president, but then deposed by
a military coup, for the first time, on
Sep. 30, 1991, only eight months into
his first term. Martelly “was closely
identified with sympathizers of the
1991 military coup that ousted former
President Jean- Bertrand Aristide,” the
Miami Herald observed in 1996.
The military junta that ruled Haiti
between 1991 and 1994 was bloody
and brutal. According to Human Rights
Watch, some 5,000 people were murdered by the junta’s soldiers and paramilitaries, and thousands more tortured
and raped. Hundreds of thousands were
driven into hiding and exile. Martelly
became the coup’s joker, applauding
the junta while it was in power.
He was friends with the dreaded
Lt. Col. Michel François, who, as Police Chief, was the principal director of
the coup's executioners. For instance,
according to a fact-finding report by
former U.S. Attorney General Ramsey
Clark's Haiti Commission of Inquiry into
the Sep. 30 Coup d'Etat, François drove
a red Jeep leading several buses full of
soldiers into large crowds demonstrating against the coup on the Champ de
Mars in front of the National Palace on
the night of Sep. 30, 1991. (A January
1991 coup d'état, nine months earlier,
had been turned back by such massive
demonstrations.) The crowds applauded the soldiers, thinking they had come
to put down the coup. Instead, on François' signal, the bus windows opened,
then police and soldiers mowed down
hundreds of demonstrators with machine-gun fire.
Martelly claims his moniker
“Sweet Micky” (also the name of his
band) came from a nightclub performance in 1988, but it's a nickname
Col. Michel François also shared. U.S.
documentary filmmaker and writer
Kevin Pina recalls a concert at the El
Rancho Hotel in Port-au-Prince in July
1993 where Colonel “Michel François,
... who was also called ‘Sweet Micky’
after the coup of 1991 because people
claimed he would have a broad smile
on his face as he killed Lavalas partisans, took to the stage” and “held
up Martelly’s hand announcing to the
crowd, ‘This is the real Sweet Micky.’”
Pina adds, “That’s the first time I ever
heard Martelly referred to as such.”
One concert that Martelly performed at the request of Michel François
and military junta leaders was billed as
a demonstration against Dante Caputo,
the United Nations special representative to Haiti who was attempting to
deploy UN human rights observers
into the country. At that same time, the
Haitian army and the infamous FRAPH
death squads were slaughtering members of the anti-coup resistance.
Martelly, known at the time to
have many friends throughout the
military, explained to the Miami New
Times: “I didn’t accept [the request to
play] because I was Michel François’s
friend, I did not accept because it was
the Army. I went because I did not
want Aristide back.”
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Most shockingly, Father JeanMarie Vincent (who was killed by a
coup death-squad on Aug. 28, 1994)
accused Martelly of accompanying the
Haitian police on deadly night-time
raids to track down suspected Lavalas
resistance leaders. “We have information that Michel Martelly has been
traveling with death squads from the
police when they go out at night to
hunt and kill Lavalas leaders,” Vincent
told filmmaker Pina in a videotaped interview.
After Aristide returned to Haiti in
October 1994, Martelly spent most of
his time living “in a condo on Miami
Beach,” where he “had a regular gig at
the Promenade on Ocean Drive, where
his band Sweet Micky performed compas, rhythmic Haitian dance music,”
according to the Miami New Times.
In 2000, Aristide was overwhelmingly elected to a second term.
But the George W. Bush administration,
also coming into power at that time,
launched a destabilization campaign to
overthrow Aristide, which is detailed in
Peter Hallward’s 2007 book Damming
the Flood. Martelly became a willing
participant in that germinating coup.
In 2002, the noose was tightening around Aristide. Former soldiers had
attempted a coup on Dec. 17, 2001,
and the U.S. aid embargo was taking its
toll. Nonetheless, Aristide’s government
had launched several social investment
programs including food cooperatives,
the building of unprecedented numbers of schools, subsidization of school
books, and other literacy promotion.
In his 2002 Carnival song, Martelly
referred “to recent riots at a dockside
warehouse here that were sparked by
word that officials from Aristide’s party were stealing from a food program
for the poor,”wrote the Washington
Post. Although corruption under Aristide paled next to that under the 1991
military junta that Martelly supported,
his Carnival song hit a nerve.
By 2003, Martelly was on average spending $150,000 to $200,000
on his floats for Port-au-Prince’s annual Carnival, according to the Miami
Herald. During Carnival, in which
mockery of the government is a tradition, Martelly aimed extremely sharp
and vulgar criticism at Aristide. During
that time, “Kolonget manman ou Aristide" was one of Sweet Micky's refrains,
perhaps the worst curse one can make
in Kreyòl, meaning literally "the slave
master fucked your mother.”
The 2004 Coup and its aftermath
In February 2004, Aristide was
driven from power yet again. A U.S.
Navy Seal team took the president from
his home – Aristide called it “a modern
kidnapping” – and sent him into exile in Africa, where he remains to this
day.
In the build-up to that coup, socalled “rebels” composed of former Haitian Army soldiers and former FRAPH
death-squad paramilitaries, ran raids
into Haiti’s Central Plateau and North,
savagely executing dozens of Aristide
supporters, government officials and
some of their family members. Wyclef
Jean, a friend of Martelly, described the
“rebels” as freedom fighters “standing
up for their rights.”
Following the coup, U.S., French,
and Canadian soldiers occupied Haiti
and set up an illegal de facto regime.
As outcry against the February coup
grew, Martelly held a concert in Portau-Prince in April 2004 to counter calls
for Aristide’s return. The concert was
entitled: “Keep him out!”
In September 2004, Tropical
Storm Jeanne flooded the northwest
city of Gonaïves, killing some 3,000
people. U.S.-installed de facto Prime
Minister Gérard Latortue was widely
criticized for his ineffective and belated
response to the disaster. One of his few
initiatives was to hold a fundraiser with
business leaders of the Haitian American Chamber of Commerce. Martelly,
who had used his music only to undermine Aristide, headlined the Latortue
gala, the Miami Herald reported.
In 2006, with Lavalas militants
driven into hiding, jailed, or murdered,
the Latortue regime held an election
which brought former-President René
Préval back to power. The Lavalas base
supported Préval, thinking he would
bring Aristide back, free all the coup's
political prisoners, and reverse the neoliberal march of the Latortue dictatorship.
But Préval betrayed these expectations, creating a government dominated by coup supporters and working
closely with the foreign military occupation which had now been handed
off to the UN. He soon became reviled
by large swathes of the poor for failing
to enable Aristide's return or to restart
many of Aristide's popular social investment programs. By 2009, Préval's
CEP banned Aristide's party, the Lavalas Family (FL), from partial senatorial elections and later presidential and
parliamentary elections. Préval's weak
response to the catastrophic January
2010 earthquake accelerated his decline.
The 2010 Selections and
Martelly’s Rise
Finally, the CEP fixed general
elections for Nov. 28, 2010. The Associated Press reported Dec. 10 that
Martelly’s “political popularity took off
in the weeks before the vote and seems
to have surged since it appeared he
had been narrowly disqualified from
the race.”
This surge owes a lot to Martelly’s hi-tech campaign, which outgunned and outclassed his 18 rivals by
launching tens of thousands of computerized messages asking people to
vote for him.
Martelly hired a slick Spanish
public relations firm to manage his
campaign and break into the spotlight.
“The Madrid-based Sola, who played
an indispensable role in getting Mexico's Felipe Calderón into the president's
chair in 2006, has been running the
Martelly campaign for the past seven
weeks, which goes a long way toward
explaining how the antic-prone musician suddenly emerged as a leading
contender for Haiti's presidency,” reported The Toronto Star on Dec. 6.
Calderón is widely considered
to have stolen the 2006 election from
leftist candidate López Obrador, a dirty
victory which pleased Washington. The
firm Ostos & Sola has also helped the
campaign of Lech Walesa, the transnational elite's darling in Poland. Damian
Merlo, Ostos & Sola's executive director and Martelly campaign point-man,
worked on the presidential campaign
of U.S. Republican John McCain before
joining the firm. All of these associations raise questions about what "hidden hand” may be behind the Martelly
campaign.
“Today’s $50 million question:
who is the Miami businessman who
reached out to Antonia Sola to be Michel Martelly’s campaign fixer?” wrote
the Toronto Star. “Sola smiles at the
question, all Spanish charm. He’s not
saying. ‘A friend, a businessman, presented Michel to us in the U.S.,’ he
says.”
The key to Sola’s formula for
Martelly was to present him as an
“outsider,” even though he had been
the ultimate “insider” with the procoup bourgeoisie that overthrew Aristide twice.
On Nov. 28, as it became apparent that Haiti’s election was riddled with
fraud and disenfranchisement, Martelly
joined with 11 other candidates to call
for election’s annulment. But later that
day, Edmond Mulet, who heads the UN
Mission to Stabilize Haiti (MINUSTAH),
personally called Martelly to tell him
that he was leading, Al Jazeera reported. Sweet Micky, without even telling
the other candidates in the impromptu
front, jumped back in the race.
The next day, Martelly denied he
had ever signed the joint letter read in
his nodding presence at the candidates’
joint press conference on Nov. 28 calling for the election’s annulment. He
explained “his change of position by
saying his candidacy had been leading in polling stations where there had
not been fraud,”Chicago’s Daily Herald
reported.
“He saw all the fraud happening
on election day,” motorcycle taxi driver
Weed Charlot told IPS about Martelly.
“But now he sees he has some votes
and power. So he’ll accept the election.”
The same day he spoke to Martelly, Mulet called candidate Mirlande
Manigat to also tell her she was leading
in the vote. She too pulled out of the
candidates’ annulment front.
Then, on Dec. 7, the CEP announced that Manigat was leading with
Unity's Célestin in second-place, and
hence the second-round. Martelly, who
apparently came in third with just over
21%, about 6,800 votes short of Célestin, switched back into protest-mode.
Popular anger was already high
with Préval and the CEP for excluding
the Lavalas Family (only 23% of Haiti's
4.7 million voters turned out, according
to the CEP). The election mess was the
last straw.
Furthermore, there was rage at
MINUSTAH for attempting to cover-up
that its troops in Mirebalais had accidentally introduced cholera into Haiti,
where the disease is now a pandemic.
With Wyclef Jean at his side predicting “civil war,’ Martelly channeled
the deep popular frustration to attack
the government for “robbing” him of
a victory he claimed should have been
his.
The result has been a wave of
election-related mayhem. “It is clear
that most of the acts of violence in
Haiti around the election have been
carried out by Martelly’s supporters,"
said Ricot Dupuy of Radio Soleil d'Haïti,
based in Brooklyn.
“Thousands of his supporters
have paralyzed the capital and other
cities in protests that included attacks
on public buildings,” Reuters reported.
Some people have died in driveby shootings and skirmishes between
Martelly's supporters and those of Célestin.
In late November, Haitian journalist Wadner Pierre witnessed a group
of Martelly supporters at the Building
2004 voting center in Port-au-Prince
throw rocks and chant: “If you don’t
let us vote, we will burn this building
down.”
Martelly supporters are responsible for burning a number of government buildings in the capital and in the
southern city of Aux Cayes. They have
continued on p(18)
Haïti Liberté
9
L’OPIUM, L
L’ADMINIS
KAR
Par Peter Dale Scott*
Pour Peter Dale Scott, il ne sert à rien
de se lamenter sur le développement de
la culture des drogues en Afghanistan
et sur l'épidémie d'héroïne mondiale.
Il faut tirer des conclusions des faits
établis : les Talibans avaient éradiqué le pavot, l'OTAN en a favorisé la
culture ; l'argent des drogues a corrompu le gouvernement Karzai, mais
il est surtout aux Etats-Unis où il a
corrompu les institutions. La solution
n'est donc pas à Kaboul, mais à Washington.
L
'important article d'Alfred McCoy
paru sur TomDispatch, le 30 mars
2010 [1], aurait dû inciter le Congrès à
se mobiliser pour procéder à une véritable réévaluation de l'aventure militaire
états-unienne totalement inconsidérée
en Afghanistan. La réponse à la question que pose son titre - « Quelqu'un
est-il en mesure de pacifier le plus
grand narco-État au monde ?» - trouve
facilement sa réponse dans l'article :
c'est un « Non ! » retentissant.... sauf
à modifier fondamentalement les objectifs et les stratégies définis, aussi bien à
Washington qu'à Kaboul.
McCoy démontre clairement que:
- l'État Afghan de M. Hamid
Karzai est un narco-État corrompu, auquel les Afghans sont forcés de payer
des pots-de-vin à hauteur de 2,5 milliards de dollars chaque année, soit un
quart de l'économie du pays.
- l'économie afghane est une narco-économie : en 2007, l'Afghanistan
a produit 8 200 tonnes d'opium,
représentant 53 % du PIB et 93 % du
trafic d'héroïne mondial.
- Les options militaires pour faire
face au problème sont au mieux inefficaces, et au pire contre-productives :
McCoy avance que le meilleur espoir
réside dans la reconstruction des campagnes afghanes jusqu'à ce que les
cultures vivrières deviennent une alternative viable à celle de l'opium, un
processus qui pourrait prendre de 10 à
15 ans, voire plus. (J'argumenterai plus
tard en faveur d'une solution intermédiaire : que l'International Narcotics Board
accorde une licence à l'Afghanistan afin
que ce pays puisse vendre son opium
légalement).
L'argument de Mc Coy le plus
fort est qu'à son pic de production, la
cocaïne colombienne ne représentait
qu'environ 3 % de l'économie nationale, et pourtant, les FARC comme les escadrons de la mort de droite, tous deux
largement financés par la drogue, continuent à se développer dans ce pays.
Éradiquer simplement la drogue, sans
disposer au préalable d'un substitut
pour l'agriculture afghane, nécessiterait
d'imposer d'insupportables pressions
à une société rurale déjà ravagée, et
dont le seul revenu notable provient de
l'opium. Pour s'en convaincre, il suffit
de se souvenir de la chute des Talibans
en 2001, qui fit suite à une réduction
draconienne de la production de drogue
en Afghanistan sous l'impulsion de
ces mêmes Talibans (de 4 600 tonnes
à 185 tonnes), laquelle transforma le
pays en une coquille vide.
À première vue, les arguments
de Mc Coy semblent indiscutables, et
devraient, dans une société rationnelle,
provoquer un débat posé, suivi par un
changement majeur de la politique militaire états-unienne. Mc Coy a présenté
son étude avec un tact et une diplomatie considérables, afin de faciliter un
tel résultat.
La responsabilité historique de la CIA
dans le trafic de drogue mondial
Malheureusement de nombreux
facteurs font qu'une issue positive de ce
type a peu de chances de voir le jour
dans l'immédiat. Il existe de nombreuses raisons pour cela, parmi lesquelles
des réalités désagréables que McCoy a,
soit oublié, soit minimisé dans son essai - par ailleurs brillant - et qui doivent
être abordées, si nous souhaitons vraiment mettre en place des stratégies
sensées en Afghanistan.
La première réalité est que
l'implication grandissante de la CIA,
et sa responsabilité dans le trafic de
drogue mondial est un sujet tabou dans
les cercles politiques, les campagnes
électorales, et les médias de masse.
Ceux qui ont cherché à briser ce tabou,
comme le journaliste Gary Webb, ont
souvent vu leurs carrières détruites.
10
Haïti Liberté
Carte de l’Afghanistan montrant les plus grands champs de pavot, et
l’intensité du conflit en 2007 et 2008
Carte de la CIA montrant les routes de l’opium de l’Afghanistan à
destination de l’Europe, en 1998. Selon les informations de la CIA, mises à
jour en 2008 : « La plus grande partie de l’héroïne en provenance de l’Asie
du Sud-Est est acheminée par voie terrestre, à travers l’Iran et la Turquie,
jusqu’en Europe via les Balkans. » En fait, la drogue est également
convoyée à travers les États de l’ancienne Union soviétique, le Pakistan
et Dubaï
L’économie afghane de la drogue fut un projet minutieusement conçu par
la CIA, avec l’assistance de la politique étrangère américaine
Alors qu'Alfred McCoy s'est impliqué plus que quiconque pour faire
prendre connaissance au public de la
responsabilité de la CIA dans le trafic
de drogue au sein des zones de guerres
états-uniennes, je me sens gêné de
devoir affirmer qu'il minimise ce phénomène dans son article. Il est vrai qu'il
écrit que « l'opium émergea comme
une force stratégique dans le milieu
politique afghan durant la guerre secrète de la CIA contre les Soviétiques
», et il ajoute que cette dernière « fut le
catalyseur qui transforma la frontière
pakistano-afghane en la plus importante région productrice d'héroïne au
monde ». Mais, dans une phrase très
étrange, M. McCoy suggère que la CIA
fut entraînée passivement dans des alliances impliquant la drogue au cours
des combats contre les forces soviétiques en Afghanistan dans les années
1979-88, alors que la CIA a précisément créé ces alliances pour combattre
les Soviétiques.
Dans un des ces accidents historiques, teintés d'ironie, la frontière sud
de la Chine communiste et de l'Union
Soviétique coïncidèrent avec la zone
asiatique de production d'opium, le
long d'une chaîne de montagne, attirant la CIA dans des alliances pleines
d'ambigüité avec les chef tribaux des
hauts plateaux de la région.
Il n'y eut pas de tel « accident »
en Afghanistan, où les premiers barons
de la drogue d'envergure internationale
- Gulbuddin Hekmatyar et Abou Rasul
Sayyaf - furent en fait projetés sur la
scène internationale grâce au soutien
massif et mal avisé de la CIA, en collaboration avec les gouvernements du
Pakistan et d'Arabie Saoudite. Alors
que d'autres forces de résistance locales furent considérées comme des
forces de seconde classe, ces deux clients du Pakistan et de l'Arabie Saoudite, précisément en raison de leur
manque de soutien au niveau local,
furent des pionniers dans l'utilisation
de l'opium et de l'héroïne comme moyen de bâtir leur force de combat et de
créer une ressource financière [2]. De
plus, tous deux devinrent des agents
de l'extrémisme salafiste, s'attaquant à
l'islam soufi endogène à l'Afghanistan.
Finalement, tous deux devinrent des
agents d'Al-Qaïda [3].
L'implication de la CIA dans le
trafic de drogue durant le conflit soviétoafghan n'était pas une première. D'une
certaine manière, la responsabilité de
la CIA dans le rôle dominant que joue
aujourd'hui l'Afghanistan dans le trafic
mondial d'héroïne, est une réplique de
ce qui arriva plus tôt en Birmanie, au
Laos, et en Thaïlande entre la fin des
années 1940 et les années 1970. Ces
pays sont aussi devenus des acteurs
majeurs du trafic de drogue, grâce au
soutien de la CIA (et des Français, dans
le cas du Laos), sans quoi ils n'auraient
été que des acteurs locaux.
On ne peut parler d'« accident
ironique » dans ce cas non plus. McCoy lui-même a montré comment, dans
tous ces pays, la CIA a non seulement
toléré mais aussi, soutenu la croissance
des actifs des forces anti-communistes
financées par la drogue, afin de contenir le danger représenté par une intrusion de la Chine communiste en Asie
du Sud-Est. Des années 1940 aux années 1970, et comme en Afghanistan
aujourd'hui, le soutien de la CIA participa à transformer le Triangle d'Or en un
fournisseur majeur d'opium au niveau
mondial.
Durant cette même période, la
CIA recruta des collaborateurs tout
au long des routes de contrebande de
l'opium asiatique, de même que dans
des pays comme la Turquie, le Liban, la
France, Cuba, le Honduras, et le Mexique. Ces collaborateurs comprenaient
des agents gouvernementaux comme
Manuel Noriega au Panama ou Vladimiro Montesinos au Pérou, souvent des
personnalités expérimentées appartenant aux services de police soutenus
par la CIA ou aux services de renseignement. Mais des mouvements insurrectionnels en faisaient aussi partie, des
Contras du Nicaragua dans les années
1980 (selon Robert Baer et Seymour
Hersh) au Jundallah [4], affilié à AlQaïda et opérant aujourd'hui en Iran et
au Baloutchistan [5].
Le gouvernement Karzai, et non les
Talibans, domine l'économie de la drogue
afghane
Le meilleur exemple d'une telle
influence de la CIA sur les trafiquants
de drogue aujourd'hui se trouve sans
doute en Afghanistan, où le propre
frère du président Karzai, Ahmed Wali
Karzai (un collaborateur actif de la CIA)
[6], et Abdul Rashid Dostum (un ancien collaborateur de l'Agence) comptent parmi ceux qui sont accusés de
trafic de drogue [7]. La corruption liée
à la drogue au sein du gouvernement
afghan doit être en partie attribuée à la
décision des États-Unis et de la CIA de
lancer, en 2001, une invasion avec le
soutien de l'Alliance du Nord, un mouvement dont Washington savait qu'il
était corrompu par la drogue [8].
De cette manière, les USA ont
consciemment recréé en Afghanistan
la situation qu'ils avaient créée précédemment au Vietnam. Au Vietnam
aussi (comme Ahmed Wali Karzai un
demi siècle après), le frère du président,
Ngo Dinh Nhu, utilisait la drogue pour
financer un réseau privé lui permettant
de truquer les élections en faveur de
Ngo Dinh Diem [9]. Thomas H. Johnson, coordinateur des études de recherche anthropologique à la Naval Postgraduate School, montra l'improbabilité
du succès d'un programme de contreinsurrection quand ce programme soutient un gouvernement local qui est de
manière flagrante l'objet de dysfonctionnements et de corruption [10].
Ainsi je m'oppose à McCoy quand
celui-ci, à l'image des médias de masse
US, dépeint l'économie de la drogue
afghane comme étant dominée par les
Talibans. (Selon les propres termes de
McCoy : « Si les insurgés prennent le
contrôle de cette économie illégale,
comme l'ont fait les Talibans, alors la
tâche deviendra presque insurmontable. »). La part des Talibans sur le
marché de l'opium afghan est estimée
en général entre 90 et 400 millions de
dollars. Or l'Office des Nations Unies
contre la Drogue et le Crime (ONUDC)
estime que le total des revenus issus du
commerce de l'opium et de l'héroïne, est
de l'ordre de 2,8 à 3,4 milliards de dollars [11].
Clairement, les Talibans n'ont
pas fait main basse sur cette économie, dont la plus grande partie est contrôlée par les partisans du gouvernement Karzai. En 2006, un rapport de
la Banque Mondiale avançait « qu'au
plus haut niveau, 25 à 30 trafiquants
majeurs, la majorité d'entre eux, basés
au sud de l'Afghanistan, contrôlent les
transactions et les transferts majeurs,
La source principale du problème mondial qu
à Wash
Hamid Karzai et Bush. En 2001, sous les T
185 tonnes, pour ensuite grimper à 3400 to
Hamid Karzai, marion
Il est pertinent de rappeler l’histoire du trafi
intimement lié aux opéra
CIA dans
travaillant étroitement avec des soutiens occupant des positions politiques et gouvernementales au plus haut niveau » [12].
Les médias états-uniens ne se sont pas intéressés à cette réalité factuelle, pas plus qu'à la
manière dont cela a influé sur les stratégies politiques de leur pays en Afghanistan, en matière
de guerre et de trafic de drogue. L'administration
Obama semble avoir pris ses distances d'avec
les programmes d'éradication peu judicieux de
la période Bush, qui ne rencontreront jamais
l'adhésion « cœur et âme » de la paysannerie
afghane. Elle préfère mettre en place une politique d'interdiction sélective du trafic, en ne
s'attaquant de manière explicite qu'aux trafi-
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
LA CIA ET
STRATION
RZAI
u’est la drogue n’est pas à Kaboul, mais bien
hington
Talibans, la production d’opiacés s’élevait à
onnes en 2002 sous le régime du président
nnette des États-Unis
fic de drogue dans le Croissant d’or, qui est
ations clandestines de la
la région
quants qui aident les insurgés [13].
Reste à savoir si cette politique sera efficace pour affaiblir les Talibans. Mais cibler ce
qui constitue au plus un dixième du trafic total
ne permettra clairement jamais d'en finir avec
la position actuelle de l'Afghanistan comme le
principal narco-État. Cela ne permettra pas non
plus d'en finir avec l'actuelle épidémie mondiale
de consommation d'héroïne, ayant commencé à
la fin des années 1980, qui a déjà créé 5 millions
de toxicomanes au Pakistan, plus de 2 millions
en Russie, 800 000 aux États-Unis, plus de 15
millions à travers le monde, dont un million en
Afghanistan même.
La politique d'interdiction sélective du
gouvernement Obama aide aussi à expliquer son refus de considérer la solution la plus humaine et la plus raisonnable à l'épidémie mondiale d'héroïne
afghane. Il s'agit de l'initiative « poppy
for medicine » (Opium pour la médecine) de l'International Council on Security and Development (ICOS, autrefois
connu comme le Senlis Council), qui
vise à établir un programme délivrant
des autorisations, permettant ainsi aux
agriculteurs de vendre leur opium pour
permettre la production de médicaments
essentiels et très demandés comme la
morphine ou la codéine [14].
La proposition a reçu le soutien
des parlements européen et canadien
; mais il fut l'objet de sévères critiques
aux USA, principalement parce que
cela pourrait engendrer une augmentation de la production d'opium. Cependant, cela fournirait une réponse à
moyen terme à l'épidémie d'héroïne qui
dévaste l'Europe et la Russie - situation
qui ne sera pas réglée par l'alternative
présentée par McCoy de substituer
d'autres cultures durant les 10 ou 15
prochaines années, et encore moins par
le programme d'élimination sélective
de fournisseurs d'opium conduit par
l'administration Obama.
Une conséquence rarement citée
de l'initiative « poppy for medicine » serait de réduire les recettes engendrées
par le trafic illicite qui permet de soutenir le gouvernement Karzai. Pour
cette raison, ou simplement car tout ce
qui se rapproche d'une légalisation des
drogues reste un sujet tabou à Washington, l'initiative « poppy for médicine
» a peu de chance d'être soutenue par
l'administration Obama.
L'héroïne afghane et la connexion
mondiale de la drogue de la CIA
Il y a un autre paragraphe dans
lequel McCoy, de manière erronée à
mon avis, concentre son attention
sur l'Afghanistan comme nœud du
problème plutôt que sur les États-Unis
eux-mêmes :
Lors d'une conférence sur la
drogue à Kaboul ce mois-ci, le chef du
Federal Narcotics Service russe a estimé la valeur actuelle de la culture de
l'opium en Afghanistan à 65 milliards
de dollars. Seulement 500 millions de
dollars vont aux fermiers afghans, 300
millions aux Talibans, et les 64 milliards restant à la « mafia de la drogue
», lui garantissant de vastes fonds pour
corrompre le gouvernement Karzai
(souligné par l'auteur) dans un pays où
le PIB est de seulement 10 milliards de
dollars [15].
Ce paragraphe oublie d'évoquer
un fait pertinent et essentiel : selon
l'ONUDC, seulement 5 à 6 % de ces
65 milliards de dollars, soit de 2,8 à
3,4 milliards, restent en Afghanistan
[16]. Environ 80 % des bénéfices issus, du trafic de drogue proviennent
des pays de consommation - dans ce
cas la Russie, l'Europe et les États-Unis.
Ainsi, nous ne devrions pas croire un
instant que le seul pays corrompu par
le trafic de drogue, afghan est le pays
d'origine. Partout où le trafic est devenu important, même dans les lieux de
transit, il a survécu en étant protégé, ce
qui en d'autres termes, s'appelle de la
corruption.
Il n'existe aucune preuve montrant que l'argent de la drogue gagné
par les trafiquants alliés à la CIA, ait
grossi les comptes bancaire de la CIA ou
ceux de ses officiers, mais la CIA a indirectement profité du trafic de drogue,
et a développé au fil des ans une relation très proche avec celui-ci. La guerre
secrète de la CIA au Laos fut un cas ex-
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
chef de la DEA, souhaitait également
inculper, ne le fut jamais, et dut simplement démissionner [25].
Pour résumer, il n'arriva rien aux
acteurs principaux de cette affaire, qui
n'a probablement fait surface dans les
médias qu'en raison des protestations
générées à la même époque par les articles de Gary Webb parus dans le San
Jose Mercury au sujet de la CIA, des
Contras et de la cocaïne.
En Afghanistan, l’OTAN lutte contre les champs de pavot cultivés par les
insurgés et protège ceux de ses alliés
Sous les Talibans, la prohibition avait en effet causé « le début d’une
pénurie d’héroïne en Europe vers la fin de 2001 », comme l’admet l’ONU
Les premiers barons de la drogue d’envergure internationale – Gulbuddin
Hekmatyar et Abou Rasul Sayyaf – furent en fait projetés sur la scène
internationale grâce au soutien massif et mal avisé de la CIA
trême. Durant celle-ci, l'Agence mena
une guerre en utilisant comme principaux alliés, l'Armée Royale Laotienne
du général Ouane Rattikone et l'Armée
Hmong du général Vang Pao, toutes
deux en grande partie, financées par la
drogue. L'opération massive de la CIA
en Afghanistan dans les années 1980
fut un autre exemple d'une guerre en
partie financée par la drogue. [17].
Une protection pour les trafiquants de
drogue aux États-Unis
Dès lors, il n'est pas surprenant
que, les années passant, le gouvernement états-unien, suivant la voie tracée par la CIA, aient protégé des trafiquants de drogue contre les poursuites
judiciaires dans le pays. Par exemple,
aussi bien la CIA que le FBI sont intervenus en 1981 contre l'inculpation
(pour vol de voiture) du trafiquant de
drogue mexicain et tsar des renseignements Miguel Nazar Haro, affirmant
que Nazar était « un contact essentiel,
je répète, un contact essentiel pour le
bureau de la CIA à Mexico », sur les
questions de « terrorisme, renseignement, et contre-renseignement » [18].
Lorsque le procureur général associé,
Lowell Jensen, refusa de donner suite
à l'inculpation de Nazar, le procureur de
San Diego, William Kennedy, exposa
publiquement l'affaire. Il fut rapidement
viré pour cela [19].
Un exemple récent et spectaculaire d'une implication de la CIA dans le
trafic de drogue fut l'affaire concernant
un collaborateur vénézuélien de la CIA,
le général Ramon Guillén Davila. Comme je l'explique dans mon livre, Fueling America's War Machine (à paraître)
[20] :
Le général Ramon Guillén Davila, chef de l'unité anti-drogue, créée par
la CIA au Venezuela, fut inculpé à Miami pour avoir fait entrer une tonne de
cocaïne aux États-Unis. Selon le New
York Times, « la CIA, malgré l'objection
de la Drug Enforcement Administration, approuva l'envoi d'au moins une
tonne de cocaïne pure vers l'aéroport
international de Miami comme moyen d'obtenir des informations sur les
cartels de la drogue colombiens ». Le
magazine Time rapporta qu'une seule
cargaison représentait 450 kilos, et
était précédée d'autres « pour un total
d’environ une tonne » [21]. Mike Wallace confirma que « l'opération secrète
de la CIA et des gardes nationaux rassembla rapidement cette cocaïne, plus
d'une tonne et demie, qui fut introduite
clandestinement de Colombie vers le
Venezuela » [22]. Selon le Wall Street
Journal, la quantité totale de drogue introduite clandestinement par le général
Guillén serait de plus de 22 tonnes
[23].
Mais les États-Unis n'ont jamais
demandé au Venezuela l'extradition de
Guillén afin de le juger ; et, en 2007,
lorsqu'il fut arrêté au Venezuela pour
conspiration de meurtre à l'encontre du
président Hugo Chavez, son inculpation était toujours quelque part à Miami
[24]. Pendant ce temps-là, l'agent de
la CIA Mark McFarlin, que Bonner, le
Les banques et le blanchiment de l’argent
de la drogue
D'autres institutions ont un intérêt direct dans le trafic de drogue, dont
les grandes banques, qui effectuent des
prêts à des pays comme la Colombie et
le Mexique, sachant pertinemment que
le flot de drogue aidera à garantir le
remboursement de ces prêts. Plusieurs
de nos plus grandes banques, comme
City Group, Bank of New York et Bank
of Boston, ont été identifiées comme
participant au blanchiment d'argent,
mais n'ont jamais subi de pénalités
assez importantes pour les obliger à
changer de comportement [26]. En
bref, l'implication des États-Unis dans
le trafic de drogue rassemble la CIA,
des intérêts financiers majeurs et des
intérêts criminels dans ce pays et à
l'étranger.
Antonio Maria Costa, chef de
l’ONUDC [ndlr. United nations office
on drugs and crime], a déclaré que «
l'argent de la drogue, représentant
des milliards de dollars, a permis au
système financier de se maintenir
au plus haut de la crise financière ».
Selon l'Observer de Londres, Costa
déclara avoir vu des preuves que les
recettes du crime organisé étaient « le
seul capital d’investissement liquide »
disponible pour certaines banques au
moment du krach de l'année dernière.
Il affirma qu'une majorité des 352
milliards de dollars de profits, liés à
la drogue furent ainsi absorbés par le
système économique. Costa déclara que
les preuves montrant une absorption de
l'argent illégal par le système financier,
lui furent soumises par des agences de
renseignement et des procureurs il y a
18 mois environ. « Dans de nombreux
cas, l'argent de la drogue était le seul
capital d'investissement liquide. Durant la seconde moitié de 2008, la
liquidité était le problème majeur du
système bancaire, ainsi, le capital
liquide devint un facteur important, »
dit-il [27].
Un
exemple
frappant
de
l'importance de la drogue à Washington
fut l'influence exercée dans les années
1980 par la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), banque
pratiquant le blanchiment de l'argent
de la drogue. Comme je l'explique dans
mon livre, parmi les personnes haut
placées, profitant des largesses de la
BCCI, ses propriétaires, et ses affiliés,
nous trouvons James Baker, secrétaire au Trésor sous Ronald Reagan,
qui refusa d'enquêter sur la BCCI [28]
; le sénateur démocrate Joe Bidden et
le sénateur républicain Orrin Hatch, et
plusieurs membres importants du Comité Judiciaire du Sénat, lequel refusa
d'enquêter sur la BCCI [29].
Finalement, ce ne fut pas Washington qui agit en premier afin de
mettre un terme aux activités bancaires
de la BCCI et de ses filiales illégales
aux États-Unis, mais deux personnes
déterminées, l'avocat de Washington
Jack Blum et le procureur de Manhattan
Robert Morgenthau [30].
Conclusion : la source du problème
mondial qu'est la drogue n'est pas à
Kaboul, mais à Washington
Je comprends pourquoi McCoy,
dans son désir de changer une politique,
vouée à l'échec, prend plus de précautions que moi-même, lorsque j'évoque
à quel point certaines institutions
états-unienne puissantes - gouvernement, renseignements et finance - et
pas seulement le gouvernement Karzai,
ont été corrompus par l'omniprésent
trafic de drogue. Mais je pense que son
approche pleine de tact se montrera
contre-productive. La source principale
du problème mondial qu'est la drogue,
n'est pas à Kaboul, mais à Washington.
Mettre fin à ce scandale demandera la
divulgation de faits que McCoy ne désire pas aborder dans son article.
Dans son ouvrage magistral, The
Suite à la page (16)
Haïti Liberté
11
Perspectives
Conversation avec Bernard Cassen: idées face
à la crise et au changement d’époque
O
n associe en général le français
Bernard Cassen aux initiatives
les plus diverses des mouvements
sociaux. Celui qui s’est converti en
un des intellectuels les plus connus pour ce qui est de l’analyse du
phénomène de la globalisation, fut
aussi un des promoteurs des premiers forums sociaux mondiaux.
Jusqu’il y a peu, il dirigeait avec son
collègue Ignacio Ramonet le journal
Le Monde Diplomatique. Pas étonnant donc que Cassen réponde aux
invitations de Cuba à participer à
des événements théoriques comme
celui qu’a promu cette année le
Festival du Nouveau Cinéma Latinoaméricain sur le thème « Les intellectuels et la planète ».
Lors de l’édition précédente de
l’événement cinématographique, celui qui est aussi président d’honneur
de l’Association pour une Taxe sur
les Transactions Spéculatives pour
l’Aide aux Citoyens (ATTAC), a
lancé une phrase par laquelle il appelait à regarder le monde sous le
prisme de la survie de la planète
: « Je ne crois pas au capitalisme
vert ». Sa thèse sur les changements
nécessaires à la préservation de
l’existence de la Terre se construit
sur l’idée selon laquelle chacun de
ses habitants doit jouir de la même
empreinte écologique. Mais la crise
climatique, insiste-t-il, « plus qu’un
caractère environnemental, est la
crise de la domination sur toute la
vie sociale et politique ».
Pour Cassen, la crise globale
contemporaine ne doit pas être
associée uniquement au changement climatique ; elle est multifacétique et révèle une profonde crise
écologique où les organisations
sont conçues indépendamment des
écosystèmes et où la domination
de la concurrence suppose une dynamique déprédatrice.
Se référant à ce panorama
sans précédent dans l’Histoire de
l’humanité, le théoricien français
cite le président équatorien Rafael Correa : « nous assistons à un
changement d’époque ». Preuve
en est la remise en cause à grande
échelle de la forme de développement capitaliste, bien que la vo-
Bernard Cassen
lonté légitime de certains pays de
sortir de la pauvreté soit identifiée
confusément avec la copie aveugle
du modèle traditionnel de consommation qui conçoit la croissance
économique sur la base du pillage
des ressources naturelles.
“L’Amérique Latine : là où ça
bouge”
Au sommet des efforts pour
établir la justice sociale, récupérer
les biens publics et améliorer les
relations Nord-Sud, se trouvent les
processus politiques d’Amérique
Latine, estime Bernard Cassen.
« C’est la seule région du monde
où se produisent des événements
positifs desquels on peut tirer des
leçons. Nous devons profiter au
maximum de ces thématiques dans
l’environnement politique français
à travers des colloques et des conversations avec les dirigeants, y
compris socialistes ».
L’Amérique Latine, lieu des
plus grandes mobilisations sociales
actuelles, a permis le succès des
Forums Sociaux Mondiaux, qui,
comme le souligne Cassen, ont permis que « quelqu’un de l’Inde ou de
n’importe quel autre pays, un paysan, un écologiste équatorien, un
ouvrier nord-américain, se rendent
compte qu’ils ont plus de points en
commun que de différences, parce
que les politiques discriminatoires
et oppressives sont les mêmes pour
tous. Dans ces espaces se créent
des alliances, des articulations pour
former un front commun qui va
s’élargissant ».
Le mouvement altermondialiste subit cependant plusieurs fractures : “il se compose d’une gamme
très vaste, réunit toute sorte de
personnes : syndicats, ONGs, églises, organisations de solidarité,
etc. Chacune de ces organisations
dispose de sa propre cellule, le rôle
d’un syndicat n’est pas le même
que celui d’un réseau de solidarité.
Ils participent mais individuellement représentent des activités ou
des processus différents.
« La charte de principes des
Forums Sociaux Mondiaux établit
que le forum n’est pas une entité,
que nul ne peut parler au nom du
forum, qu’il n’émet pas de communiqué final ; mais qu’il est à la fois
un espace et un processus. Cette
charte fut rédigée à une époque
durant laquelle se dressait une très
haute muraille sans fissures autour
de la quasi-totalité des gouvernements du monde. Dernièrement des
gouvernements de gauche au Venezuela, en Bolivie et en Équateur ont
lancé des politiques de transformation très importantes. En particulier, des transformations que nous
demandions à nos gouvernants
dans les forums. Mais les activistes
ne s’engagent pas parce que persiste la sacro-sainte idée de ce que
le mouvement social doit rester en
dehors de la politique ».
Le post-altermondialisme
Le changement des réalités
latino-américaines a provoqué la
reconceptualisation des alternatives à la domination hégémonique
impérialiste : “Nous avons lancé le
concept de post-altermondialisme –
explique le journaliste français —,
qui implique la poursuite de ce que
fait le mouvement altermondialiste,
car le processus d’agglutination est
loin d’être infaillible, il souffre de
divisions dans le monde entier et
d’autres forces sociales de pays tels
que la Chine, la Russie ou ceux du
Moyen Orient n’en font pas partie.
DÉCÈS
Dr. Kesler Dalmacy
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Brooklyn, New York 11226
Tel: 718-434-5345
Le docteur de la
Communauté Haïtienne
à New York
12
Haïti Liberté
Mme Marie Denise Paul, née le 9 juin 1946 à Port-au-Prince, a fait le grand voyage après une
longue maladie qui l’avait retenue au lit, entourée des soins des membres de sa famille, ainsi
que des amis, et ce fût dans l’affection des siens qu’elle rendit l’âme, le 9 Décembre en cours.
Elle a fait ses études en Haiti, se maria à Rodrigue Désamours et rentra aux Etats-Unis où elle
fût graduée en Nursing. Après avoir vécu un long temps à New York, le couple choisit de se
rendre à Port Charlotte où l’infirmière excella dans de nombreux hôpitaux du lieu ainsi que
dans des Nursing Homes, soulageant les internés jusqu’à ce que, à son tour, la maladie
l’immobilisa dans l’empêchement de professer.
Marie Denise fût membre active de l’Eglise Baptiste du Rédempteur de Port Charlotte pendant
17 ans où sa dévotion et son support l’ont côtée pour être grandement appréciée de ses pairs
et des dirigeants de cette Institution Religieuse.
En cette pénible circonstance, Haïti Liberté envoie ses chaudes sympathies à son époux, notre
ami Rodrigue Désamours, leurs enfants, Jean Marc Rodrigue, Réginald, Michael et Julia
Désamours, leurs petits enfants Kiara, Amani, Quinton et Shyla Désamours; sa sœur Félicia
Paul dite Tèmè, ses frères Elmito Paul et Léon Thomas, ses neveux et nièces Marie Ange Paul,
Roseline, Sheila et Joanne Pierre Louis, à Yvens, Marie Ange Paul, à Ernest Thomas, Ricot
Pierre Louis; à ses tantes Mme Joliena Pierre Louis et son fils, Mme Marie Thérèse Pierre
Louis Nicholas et ses enfants, Mme Philomène Pierre Louis Florestal et ses enfants, Mme
Véronique Pierre Louis et ses enfants ainsi qu’à tous les autres parents et alliés si cruellement
affectés, particulièrement les familles Paul, Désamours, Pierre Louis, Thomas, Nicholas et
Florestal .
L’exposition de la dépouille de Mme Marie Denise Désamours, née Paul, aura lieu à
l’auditorium de l’Eglise Baptiste du Rédempteur, sise au 2455, Orlando Ave. Port Charlotte,
Florida, le Vendredi 17 Décembre en cours, de 6 heures à 8 heures Pm et le service funéraire
sera chanté en ce même établissement Samedi 18 Décembre à 9 heures du matin.
Paix à son âme.
Pour information, sonnez le (941) 623-6787
« Mais simultanément on doit
imaginer des formes d’articulation
entre certains mouvements sociaux,
partis politiques et gouvernements
autour de thèmes particuliers. Il ne
s’agit pas de subordination mais
de construire un front commun sur
certaines questions, dans lequel
chacun conserve son autonomie.
« Les sommets et les forums
sont des pas positifs ; les changements concrets se font dans chaque
pays à partir de demandes différentes. Il n’existe pas deux situations identiques, même dans les
pays développés. Je ne vois pas
de solution aux grands problèmes
sans alliance sélective entre mouvements sociaux, partis et gouvernements, en fonction de l’impact
que peut générer la totalité de leurs
actions. On peut partager certains
critères sur des thèmes déterminés
et diverger sur d’autres, l’important
est de rester ensemble »
Avertissement
Tandis que la droite assume
une attitude pragmatique vis-à-vis
des gouvernements progressistes
du seul point de vue financier, c’est
depuis la gauche light qu’on lance
les plus dures attaques. Ce qui inquiète ces groupes, selon Cassen,
c’est que « que des dirigeants politiques courageux puissent changer
le cours de l’Histoire, puissent dire
“NON” à la social-démocratie. Dès
que les sociaux-démocrates voient
qu’une autre partie de la gauche
met en oeuvre de puissants changements structurels, ils éprouvent de
la honte parce qu’ils ont renoncé
totalement à tout changement profond ».
Par ailleurs, dans un contexte où les processus politiques se
produisent à des rythmes de plus
en plus rapides et sans précédents,
le raccourcissement du temps historique est un autre obstacle à l’action
des forces populaires dans la recherche de la survie de la planète
: « Il n’y a pas d’autre option que
celle de faire pression par tous les
moyens. Former un grand mouvement d’idées, un grand consensus
pas seulement de surface mais en
profondeur, capable de créer la motivation à l’heure où la vie même
des gens est en jeu. Seule une multitude d’actions peut changer la
société, ou l’apparition d’un grand
pays qui décide de changer radicalement, et de payer au prix fort
la rupture avec son système commercial et financier ».
Le rôle des intellectuels
Pour Cassen il est clair que
nous faisons face à une situation
qui oblige au changement et que
“pour sauver la planète il n’y a pas
d’autre option que celle de sortir du
capitalisme”. Pour aller où ? : « La
question est ouverte et touche à la
mobilisation des forces potentielles
que sont les mouvements sociaux,
les organisations politiques impliquées dans cette lutte. C’est dans ce
trajet qu’apparaissent les outils qui
se profilent plus comme des questions que comme des réponses »
« C’est ici qu’entre en scène
l’intellectuel. Le cinéaste, le chercheur, le professeur, le scientifique, le
journaliste ou le syndicaliste doivent
se proposer d’aider à répondre à
la question générale de comment
changer la relation actuelle des
forces. Dans le domaine des idées,
parce que les idées sont le moteur
des changements. La révolution
française fut le produit des idées de
l’Illustration jaillies d’esprits comme
Voltaire ou Rousseau. Fidel Castro
a subi le revers du Granma qui vit
la perte de nombreux compagnons
mais la progression de ses idées a
finalement débouché sur la révolution. Tout passe d’abord par les esprits et ensuite dans la réalité. La
lutte va se révéler féroce à coup sûr,
c’est pourquoi nous devons former
des personnes bien armées sur les
plans théorique, politique et moral.
C’est le rôle qui nous incombe en
tant qu’intellectuels ».
Source : La Jiribilla Mabel
Machado • La Habana Foto :
Alexis Rodríguez
Source : La Révolution Vive
Traduction : Thierry Deronne
CSL 13 décembre 2010
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Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Perspectives
Discours de Cuba à Cancun
Le ministre des affaires étrangères
de Cuba Bruno Rodriguez Parrilla,
lors de sa présentation à la
Conférence des Nations Unies
sur les changements climatiques
(COP16) à Cancun, au Mexique
modèle de production et de consommation insoutenables qui prévalent dans
les pays développés. On reconnaît aussi
que le principe des responsabilités communes mais différenciées et les capacités respectives des Etats constituent la
pierre angulaire d'une solution juste et
durable.
Nous, les pays du Sud, ne sommes
pas responsables de l'absence d'accord
pour freiner le changement climatique.
Nous sommes davantage les victimes
de l'absence de progrès et des attitudes
égoïstes de ceux qui jouissent déjà de
la surexploitation des ressources de la
planète qui s'épuisent. Les petites îles,
encore plus vulnérables, méritent une
considération et un traitement spécial.
La Conférence Mondiale des Peuples sur les Changements Climatiques
et les Droits de la Terre Mère qui eut lieu
en mai dernier à Cochabamba, posa les
problèmes essentiels qui doivent être
pris en compte.
Il y eut un manque total de transparence et des procédures antidémocratiques. Un groupe de pays conduit par
Monsieur le Président :
Un accord à long terme, doit
Par Bruno Rodriguez Parrilla
Discours du Ministre des Relations
Extérieures de la République de Cuba,
Bruno Rodriguez Parrilla, au segment
de haut niveau de la 16 COP/CMP6 de
la CMNUCC.
Monsieur le Président,
Eminents chefs d’Etat et de Gouvernement,
Eminents délégués,
D
e puissants intérêts assurent sans
trembler que le changement climatique n'existe pas, qu'il est inutile
de s'en préoccuper et que le problème
sérieux pour lequel nous sommes réunis
aujourd'hui, n'est qu'une invention. Ce
sont ceux qui aujourd'hui, au Congrès
des Etats-Unis d'Amérique, s'opposent
à la ratification des faibles instruments
qui contrôlent la prolifération des armes
nucléaires, en une croisade insensée
dont l'unique but consiste à récupérer
la petite partie de pouvoir qu'ils ont perdue il y a à peine deux ans.
Ce sont ceux qui veulent réduire
de 10% les impôts de la population qui
contrôle 90% de la richesse, les mêmes
qui s'opposent à la réforme du système
de santé, de l'assurance chômage,
et à n'importe quelle proposition qui
représente un petit pas vers le progrès
ou l'équité.
Ce qui est certain, et nous le
savons bien, nous qui sommes réunis
ici, c'est que le changement climatique
s'ajoutant à la menace sérieuse d'une
conflagration nucléaire, constituent
les dangers les plus graves et les plus
proches que l'humanité affronte pour
sa survie.
L'absence de progrès vers une
solution réelle concernant ces deux
problèmes répond à l'attitude irresponsable de ceux qui provoquent et tirent
bénéfice du gaspillage, des catastrophes, des guerres et de la tragédie que
vivent nos peuples.
C'est le devoir de tous de demander à ceux qui en ont la responsabilité
historique, que cessent le gaspillage et
la consommation irrationnelle des ressources limitées de notre planète et que
les millions qui aujourd'hui, sont utilisés pour faire la guerre, soient destinés
à promouvoir la paix et le développement soutenable de tous les peuples.
Voilà un an, à Copenhague, la
15e Conférence du Sommet sur les
Changements Climatiques, n'a pas
réussi à répondre à l'attente mondiale d'un accord global qui affronte de
manière juste et efficace le changement
climatique.
Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon (à droite) rencontre avec
Bruno Rodríguez Parrilla, à la Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques (COP16) à Cancun, au Mexique
les Etats-Unis, le plus grand pollueur
historique par tête, prit en otage le
processus de négociation et imposa un
document apocryphe qui ne résout aucun des défis proposés par les recherches scientifiques les plus conservatrices
sur ce thème.
Copenhague fut un désastre.
Ensuite, les Etats-Unis et l'Union
Européenne se lancèrent dans une campagne de pressions politiques, financières et d'obtention de l'Aide Officielle
au Développement sous condition, pour
essayer de légitimer l'inexistant « Accord de Copenhague ».
Les documents nord-américains,
classés, récemment dévoilés, sont particulièrement intéressants, en particulier
celui enregistré sous le N° 249 182, 10
Brussels 183, du 17 février 2010 qui
se rapporte à des actions - je cite - pour
« neutraliser, coopter ou marginaliser
» un groupe d'Etats parmi lesquels est
mentionné Cuba. J'ai ici ce document,
et d'autres, à ma disposition, qui démontrent la perfide diplomatie des puissances en ce qui concerne le changement climatique.
Monsieur le Président :
Le changement climatique est
une menace globale qui demande des
solutions globales qui soient justes,
équitables et équilibrées et qui concernent tous les pays du monde. C'est pour
cela que nous adoptons, après un effort important, la Convention Marco et
son Protocole de Kyoto et pour cela, ses
principes cardinaux sont aujourd'hui
aussi valides que lorsque nous les
avons mis sur pied.
Il est de notoriété publique que
la cause principale de l'altération du
système climatique mondial est due au
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
garantir une perspective de développement soutenable pour les pays
du Tiers-Monde et non une restriction
écrasante de plus pour y arriver. Ceci
implique que leurs émissions de gaz à
effet de serre, doivent croître inévitablement pour satisfaire les besoins de leur
développement économique et social.
La Convention Marco le dit et les pays
développés doivent l'accepter.
Dans le cadre d'une seconde période d'engagement dans le Protocole de
Kyoto, les pays industrialisés doivent
assumer des obligations contraignantes, quantifiables et plus ambitieuses, de
réduction de leurs émissions.
Il est nécessaire d'adopter maintenant, ici, à Cancun, des décisions
concrètes sur une seconde période
d'engagement du Protocole de Kyoto,
et cela ne peut être ajourné. Il existe
un groupe de pays développés dans ce
processus de négociations, qui essaie
de liquider le Protocole de Kyoto, sous
le prétexte qu'il couvre seulement 20%
des émissions de gaz à effet de serre.
En réalité, la convention Marco couvre
100% de ces émissions et il s'agit d'un
simple prétexte égoïste.
De Cancun doit sortir au moins,
une feuille de route claire et précise vers
une solution des problèmes essentiels
du changement climatique, pour la 17e
COP à Durban, dans un an.
Combattre le changement climatique, implique qu'on affronte la
pauvreté et l'inégalité sociale, implique l'obligation de transfert technologique du Nord industrialisé vers
le Sud sous-développé, demande de
faciliter les emprunts financiers qui permettent aux économies en développement de s'adapter et de faire face au
Suite à la page (16)
Wikileaks: derrière
le "scandale sexuel"
contre Assange, il y a
une "collaboratrice"
Cubaine de la CIA
Par Jean Guy Allard *
D
errière le prétendu scandale
sexuel par lequel on tente de
discréditer le directeur du site web
Wikileaks dont les révélations continuent à faire peur au Département
d’Etat, on trouve une « collaboratrice » Cubaine de la CIA, liée à
Carlos Albertos Montaner, qui s’est
fait connaître par le passé pour son
activisme «anticastriste».
Selon les éléments rapportés
sur les faits qui se sont produits en
Suède, Ardin serait la «plaignante
officielle» contre Assange [ndlr.
Julian Assange, le fondateur de
WikiLeaks] avec son amie Sofía
Wilden, supposée avoir été la première à se plaindre de l’»abus» à
la police.
La plainte, chose étrange
mais apparemment conforme à la
législation suédoise, concerne le
délit d’avoir pratiqué l’acte sexuel
sans préservatif, et d’avoir eu deux
rencontres amoureuses dans la
même semaine avec chacune des
présumées victimes.
Depuis son départ de Cuba,
Anna Ardin s’est fait connaître par
ses écrits au vitriol sur des sites
web financés par la USAID et contrôlés par la CIA, tels que «Misceleanas de Cuba», dirigé par le Cubain Alexis Gainza Solenzal.
De collaboratrice de Gainza et
des Services de Renseignement US,
Ardin se transforma en «experte»
des médias suédois, comme « Dagens Nyheter et SVT ». Par la suite,
elle s’est fait une place comme vedette du parti Social Démocrate au
gouvernement.
En 2007, elle a fondé le club
«gay» Queer-klubb Feber de Gotland, une île suédoise située à 60
km de la côte, refuge de la dite
bande.
Alexis Gainza, mentor de Ardin, est né à La Havane et réside
en Suède depuis 1991 (à Sockholm, depuis 1993) et a trouvé
un négoce lucratif dans le monde
scandinave de la désinformation.
Il a une franchise, qui vient
de l’ancien agent Carlos Alberto
Montaner, terroriste en fuite de la
justice cubaine, pour ce territoire de
l’Union Libérale Cubaine.
Gainza est aussi lié à la «Société Internationale pour les Droits
Humains, allemande, plus connue
par son sigle en allemand IGFM Internationale Gesellschaft für Menschenrechte. Avec des liens connus
avec les services de renseignement
allemands et ceux des USA, l’IGFM
compte dans ses rangs d’anciens
nazis, soit juristes comme Ludwig
Martin, soit aussi anciens militaires
comme Dieter von Glahn.
L’actuel porte-parole et président de l’IGFM, Martin Lessenthin,
collabore étroitement avec le parti
Primero Justicia du terroriste Alejandro Peña Esclusa, partisan du
Depuis son départ de Cuba, Anna
Ardin s'est fait connaître par ses
écrits au vitriol sur des sites web
financés par la USAID et contrôlés
par la CIA
coup d’état au Vénézuéla.
Primero Justicia est le partenaire principal au Vénézuéla de
l’Institut Républicain International,
organisation d’extrême droite subventionnée à coups de millions par
la National Endowment for Democracy (NED).
La mention du supposé scandale touchant Assange est apparue
pour la première fois dans la revue Newsweek le 25 Août 2010,
un jour après la divulgation de
documents qui touchaient le Pentagone.
Traduction Alma
CSL 10 décembre 2010
Allard, Jean-Guy: journaliste
canadien. Il vit à Cuba et collabore
avec l’hebdomadaire Granma International. Il est aussi l’auteur du
Dossier Robert Ménard « Pourquoi
Reporters sans frontières s’acharne sur Cuba ».
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Haïti Liberté
13
Commémoration de la tragédie de
l'Union patriotique en Colombie
Commémoration de la tragédie de
l’Union patriotique en Colombie:
5 000 militants communistes et
syndicaux assassinés depuis 1986
par l’État fascisant et les paramilitaires
P
endant trois jours à la fin du
mois d’octobre, les proches des
militants tués et les survivants de
la persécution gouvernementale
avaient rendu hommage à l’Union
Patriotique de Colombie (UP). Ils
avaient commémoré les victimes
du massacre des militants de l’UP,
qui, après près d’un quart de siècle,
est toujours en cours.
Un plan de paix négocié par le
Président Belisario Betancur et les
FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a donné naissance à l’Union patriotique, formée
en 1985 comme coalition électorale. La plupart des candidats aux
postes publics à tous les échelons
de l’État appartenaient aux FARC
ou au Parti communiste colombien
(PCC). La possibilité que les guérillas abandonnent les armes pour
la lutte démocratique pacifique se
dessinait alors.
Mais le massacre orchestré
par les forces de sécurité et les para-militaires de droite a commencé
immédiatement. Depuis 1986,
près de 5 000 militants – y compris des élus, candidats, dirigeants
syndicaux, militants des droits de
l’Homme et deux candidats présidentiels de l’UP – ont été tués.
L’impunité a constitué la règle.
Carlos Lozano, éditeur du
journal du Parti communiste colombien Voz et membre du Comité
exécutif du PCC, s’est exprimé lors
d’un des rassemblements commémoratifs, rappelant en particulier la
mémoire du candidat présidentiel
de l’UP Jaime Pardo Leal. Assassiné le 11 octobre 1987, Pardo Leal
était, selon Lozano, un « remarquable juriste, un combattant révolutionnaire et un militant du Parti
communiste ». Il s’était « dévoué à
la mise sur pied d’une alternative
de gauche porteuse de transformation sociale et politique ».
Le 11 octobre est devenu
« le jour national pour la dignité
des victimes du génocide contre
l’Union patriotique ».
Lozano a mis sur un même
plan le gouvernement du président
actuel Juan Manuel Santos et celui
de son prédécesseur Alvaro Uribe.
Les deux régimes représentent
le « même capitalisme exploiteur
s’accompagnant de violences de
la part des sommets du pouvoir
– visant à faire taire opposants et
critiques ».
Il a reconnu en la coalition
de gauche, le Pôle démocratique
alternatif, comme le continuateur
de la mission de l’UP, c’est-à-dire
celle de forger pacifiquement un
avenir fait d’espoir, de changement radical et de justice. S’étant
lui-même présenté aux législatives
pour le Pôle, Lozano voit ce parti
comme « un bastion de la lutte
anti-impérialiste, coupant les ponts
avec l’impérialisme et maintenant
le cap de la lutte anti-oligarchique
pour réaliser de profonds changements politiques, économiques et
sociaux ».
Mais il a mis en garde: «
Mais ils ne se réaliseront pas par
la voie de la conciliation, par la
faiblesse politique ou en acceptant
les aumônes de l’État pour recevoir
des miettes ». Lozano a insisté sur
la nécessité de l’indépendance politique pour une mobilisation politique des travailleurs.
Les survivants des massacres
de l’UP sont encore confrontés à
la persécution, l’emprisonnement
et la torture. Et, selon un organisateur des commémorations, « le
génocide contre l’Union patriotique
continue, en particulier contre les
membres du Parti communiste qui
font partie de l’UP », a-t-il déclaré.
Une lettre de prison du survivant de l’UP David Ravelo Crespo,
publiée le mois dernier, témoignait
sur la manière dont les survivants
continuent dans leur travail politique postérieur de subir la persé-
Le choléra poursuit ses
ravages en Haïti!
Suite de la page (8)
menacent, aujourd’hui, la coexistence
pacifique des communautés. Dans ce
même département de la Grand’Anse,
vingt et un (21) personnes ont subi des
cas de lynchage, à coups de machette,
dans l’espace de deux semaines. Ces
lynchés ont été accusés d’être des hougans, c’est-à-dire des sorciers qui font
propager la maladie, en répandant la
bactérie (poudre toxique) par le biais
d’une substance magique.
Voilà où peut conduire l’ignorance,
quand dans une société l’accès à
l’éducation, à la formation scolaire est
interdit. Cette même attitude a été enregistrée, dans l’incapacité de la conscience
populaire haïtienne à pouvoir comprendre et expliquer le phénomène du tremblement de terre, comme étant un fait
purement naturel et non l’expression de
la volonté d’un quelconque esprit, d’un
dieu ou du Dieu tout puissant des Haïtiens qui châtie en général les pécheurs.
Si rien n’est fait pour calmer l’ardeur de
ces fous de la superstition ou de Dieu,
à quelque secte qu’ils appartiennent, le
choléra continuera à décimer la population tout en faisant couler du sang
par la même occasion. Jusqu’ici encore,
le gouvernement Préval/Bellerive n’a
même pas enquêté sur cette situation
extrêmement grave, qui se développe
dans la Grand’Anse et qui ne tardera
pas à se répandre dans toutes nos communautés.
Selon « Médecins Sans Frontières » l’utilisation à forte dose d’eau
chlorée dans la zone métropolitaine et
les régions les plus reculées du pays,
peut éviter la propagation de l’épidémie.
Ce même organisme a affirmé que la
proximité des rivières, des fleuves,
des lacs et des océans peut renforcer
l’extension de l’épidémie du vibrio
cholérae en Haïti. Les déclarations faites
par l’épidémiologiste, Kate Alberti, de
l’Organisation Humanitaire International, selon laquelle « Une personne
traitée de choléra est seulement immunisée pour une période comprise
entre quelques mois et 12 ans », est
14
Haïti Liberté
une évidence, qu’on ne peut jamais être
guéri du choléra, une fois qu’on a été
atteint par ce mal.
Ne peut-on pas, sachant ce
qu’est effectivement le choléra, spéculer à sa guise et se dire que le virus
vibrio cholérae a été introduit en Haïti
en tant qu’arme invisible pour infliger
un génocide au peuple haïtien ?
Ne doit-on pas accorder un crédit
au propos de l’épidémiologiste français,
Renaud Piarroux, qui a affirmé : « Le
foyer infectieux est parti du camp des
Népalais situé à Mirebalais. ». Loin
de là, la pensée des dirigeants haïtiens
pour qui la Minustah est une exigence
pour Haïti, tout en se complaisant dans
de prétendues aides financières, qui en
réalité ne peut éradiquer le mal.
Le Dr. Barck Dieumond, responsable du Centre de Traitement du Choléra
(CTC) à Tabarre, a confirmé les thèses
du Dr. Alberti en affirmant : « Un patient traité de choléra peut toujours
rattraper la maladie ». C’est donc un
mal incurable et donc endémique, qui
peut détruire toute une population.
L’Etat haïtien se sent-il réellement
concerné par la santé et le bien-être de
la population haïtienne ?
C’est la grande question qu’il importe de se poser, après avoir participé
à la conférence de presse, à l’Hôtel le
Plaza le 2 Décembre, du Dr. Samir
Chachoua, qui a révélé que l’Etat haïtien a repoussé l’aide offerte, gratuitement par sa fondation pour combattre
et éradiquer même des maladies telles :
le Choléra, la Malaria et le VIH/Sida.
Dans cette conférence, le Dr. Chachoua
a expliqué qu’avec sa fondation, il a
averti les autorités étatiques haïtiennes
de la « vulnérabilité de la population
haïtienne aux maladies contagieuses,
qui pourraient néanmoins être facilement éliminées par des remèdes
connus et des mesures préventives
pourraient être prises ». Les autorités
haïtiennes s’étaient montrés très peu
soucieuses des offres, dans la mesure
où l’important pour elles, ce n’est pas
de rendre services à la population, mais
encaisser de l’argent frais pour engraisser les bureaucrates de l’Etat. Les médicaments du Dr. Chachoua, selon ses
propres affirmations, étaient enregistrés
au Ministère de la Santé Publique et de
la Population, alors qu’aujourd’hui, les
responsables de ce Ministère ont affirmé
que les documents ont été égarés. Selon
le Dr. Chachoua, au nombre des maladies identifiées qui pouvaient être d’une
grande menace pour la population, figuraient, le Choléra et la Malaria.
Les témoignages du spécialiste
prouvent clairement que l’Etat haïtien,
non seulement ne se soucie pas de la
santé et du bien-être de la population,
mais aussi et surtout ne s’intéresse pas
aux projets ayant pour objectif de venir en aide à cette population haïtienne
abandonnée, délaissée. Le comportement de ces autorités face à la Coopération Cubaine, est un exemple flagrant,
dans la mesure où rien de ce que font
les Cubains pour améliorer la vie de la
population ne les intéresse. Pour le Dr.
Chachoua, la thérapie de Phage pour le
choléra est la meilleure façon de combattre cette maladie.
« Il est impossible qu’un virus amical, qui depuis des centaines
d’années est utilisé en Europe pour
traiter le choléra, purifier l’eau et administré aux bébés comme vaccins
avec un rapport de sécurité de longue
durée, soit subitement oublié ».
A cela aucune excuse. Pourquoi
cette solution n’a-t- elle jamais été
suggérée ? Pourquoi est-elle encore
négligée, alors que des gens meurent ?
s’est questionné l’épidémiologiste.
Aujourd’hui encore le gouvernement haïtien rejette l’offre de ce savant,
épris de compassion pour une population
piétinée par les dirigeants qui privilégient leur bien-être personnel. Peut-être
que d’autres objectifs bien plus lucratifs,
sont poursuivis par nos dirigeants, contribuer à un génocide haïtien, pareil à
celui qui a suivi la colonisation espagnole, après le catastrophique choc occidental pour offrir de l’espace vital aux
colonio-esclavagistes d’ici et d’ailleurs.
cution.
Dans sa lettre, Ravelo, membre du Comité central du PCC, raconte son arrestation du 14 septembre à Barracabermeja, une ville
productrice de pétrole au nord de
la Colombie. Les autorités l’ont ensuite transféré à la prison de Bogota en vertu de la législation antiterroriste. Un capo para-militaire
incarcéré a désigné Ravelo comme
l’ « instigateur » d’un meurtre il y a
19 ans. Des membres de sa famille
avaient auparavant reçu de multiples menaces de mort.
Ravelo se voit comme « un
prisonnier de conscience, emprisonné pour avoir pensé et réfléchi
différemment de l’establishment ».
Sa vie a été « consacrée à la lutte
contre les inégalités et les disparités sociales. Construire une patrie
où les enfants pleureraient, mais
de bonheur, est la raison d’être de
notre lutte ».
Il se rappelle de sa lutte comme militant étudiant, bibliothécaire, professeur d’université et responsable depuis 1993 du groupe
pour les Droits de l’Homme CREDHOS. Il a servi comme agent à la
commission logement, délégué à
l’Assemblée régionale et conseiller
municipal, tout cela sous la bannière de l’UP. Ravelo a contribué à
organiser les grèves de réaction aux
massacres des militants de l’UP. Il
a été emprisonné sans motifs valables pendant 27 mois en 1992.
Les médias ont récemment
allégué que Ravelo était un dirigeant des FARC, mais il les a accusés de lui en vouloir pour avoir
distribué une vidéo montrant
l’ancien président Uribe se concertant avec des dirigeants para-militaires de droite.
Ravelo a récemment mené
des manifestations contre les projets gouvernementaux de privatiser
l’entreprise d’engrais Ferticol située
à Barrancabermeja. L’entreprise
publique est « une source de vie
pour cette région », a-t-il déclaré
dans un article.
A l’origine de sa persécution, affirme Ravelo, se trouve une
campagne destinée à « affaiblir le
mouvement populaire et en particulier les organisations de défense
de droits de l’Homme ». Il promet
de « continuer à rester ferme sur
mes principes », ajoutant que « le
roseau de la vérité peut plier, mais
il ne rompra jamais ».
Article initialement publié
dans un numéro de novembre de
People’s World, journal du PC des
Etats-Unis
Traduction JC
Solidarite-internationale 12
décembre 2010
Manifestasyon Kont Eleksyon Fo Mamit yo
KILÈ: Jedi 16 Desanm 2010, 2 zè pou 6 zè p.m.
KIBÒ: Devan Loni, nan Ralph Bunche Park, kwen
Premye Avni ak 43 St., nan Manhattan
NOU MANDE:
• Anile eleksyon fo màmit 28 Novanm
• Voye ale KEP kowonpi Gaillot Dorsinville/René
Préval la
• Fòk fòs okipasyon MINUSTAH rache manyòk li bay tè
a blanch prese prese
28 Novanm gouvènman Préval/Bellerive, sou direksyon
Washington ak Nasyon Zini, òganize yon eleksyon tèt
anba, tout moun konstate li pa bon. Patizan kandida yo
pran lari yo kenbe Préval, Gaillot Dorsinvil ak Nasyon
Zini, lamennanlesak. Nou pral kanpe pou n di nou pa
vle eleksyon fo mamit sa a, nou pap sèvi ak KEP Dorsinvil la, e nou pa ka sipòte prezans fòs okipasyon
MINUSTAH-kolera nan peyi ankò.
Kowalisyon kont eleksyon fo mamit ak okipasyon an ki
fenk fòme a ap envite tout lòt gwoup ak endividi ki
dakò ak twa revandikasyon yo, pou vin rejwenn nou.
Gwoup k ap patisipe nan plante pikèt sa a se: Fanmi
Lavalas Nouyòk, Rezo Entènasyonal pou Kore Ayiti
(ISHN), Konbit Ayisyen pou Kore Lit la an Ayiti (KAKOLA),
Global Alliance Television, Konbit pou Rekonstiksyon an
Ayiti (KOREH), ANSWER Coalition, Party for Socialism and
Liberation (lis anfòmasyon).
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Dans la diaspora
Soirée de clôture des travaux de fin
d’année de la FEDADSE
Par Jackson Rateau
L
'amour du peuple haïtien pour son
pays est inestimable et malgré la
distance en terre étrangère, rien n'a
jamais pu divorcer le peuple de sa
mère patrie. Depuis l'existence de
la diaspora haïtienne, le pays vit en
particulier de ses enfants qui vivent
en terre étrangère. Par année, les
Haïtiens d'outre-mer envoie en Haiti
plus d'un million de dollars. De plus
où qu'ils soient, ils s'organisent avec
fierté en des cellules de masses populaires pour répondre non seulement
aux problèmes familiaux mais pour
subvenir aux besoins de la région qui
les a vus naître, à travers différentes
organisations régionales.
En effet, c'est un projet très ambitieux de la part de nos chers compatriotes. Ils avaient même une fois,
fondé une fédération pour chapeauter
toutes les organisations régionales en
diaspora particulièrement aux EtatsUnis, malgré les pauvres ressources
de ces immigrés. Tant qu'il y aura
des Haïtiens conséquents, Haiti elle
aussi existera ! Alors, malgré vents
et marées, certaines de ces organisations s'évertuent à tenir le coup.
C'est dans cette optique que le
samedi 11 décembre dernier, le département du
Sud était à l'honneur, grâce à
la Fédération des Associations régionales pour le Développement du
Sud-est (FEDADSE). Telle une coutume à répétition, cela depuis 3 ans,
FEDADSE s'était réunie dans les locaux du journal Haïti Liberté pour un
festin.
Tout au début de la cérémonie,
Monsieur Jean Claude Cajoux, secrétaire général de l'organisation,
et maître de cérémonie pour la circonstance, a présenté à l'assistance
le staff dirigeant de la fédération au
grand complet : Mme Fernande Augustin, conseillère, André Marcellin,
contrôleur général, Jean Plantin et
Laurent Payen, trésoriers, Dr Lionel
Léveillé, assistant secrétaire général,
Wilner Michel, Vice-président, Alcius
Jean président.
L'assistance, disons hétéroclite,
était composée en majeure partie de
jacméliens ; de nombreux étrangers
ont également participé à cette fête
en solidarité avec la lutte du peuple
haïtien. La FEDADSE, étant un regroupement de diverses associations
de la région Sud-est d'Haïti, il était
tout à fait normal que chaque membre présente son association en terme
de travaux réalisés et de perspectives
d'avenir.
Mr Jean Claude Cajoux qui est
aussi membre d'un comité devant travailler à la réalisation d'un fund raising pour Haïti Liberté le 18 décembre
prochain, abondait de manière très
enthousiaste à convaincre l'assistance
pour venir participer au programme. Il
a remercié très chalereusement le directeur du journal Haïti Liberté, Monsieur Berthony Dupont, si prompt et
généreux à mettre son local à leur
disposition pour leur session annuelle, tous les ans.
L'un des invités, Jean Gu-Albert
Bakini, d'origine africaine, est intervenu avec une bribe historique concernant Toussaint Louverture, qu'il
réclame être un béninois comme lui
ou dahoméen, issu d'un village du
nom d'Arada, situé à 40 Km de la
grande cité béninoise. Dans ce village, on a érigé un monument colossal en mémoire de ce héros, père
d'un grand homme qu'a vénéré
l'humanité, monument très visité
Le président de la FEDADSE,
monsieur Alcius Jean au cours de
son discours de circonstance
par les touristes africains et d'autres
parties du monde. Il a cité en outre,
beaucoup d'autres héros de l'histoire
d'Haïti, dont il a entendu d'étonnantes
entrecoupée de musique et de poésies. Ainsi donc, pour une meilleure
détente de l'esprit, Lovely Man, un
artiste trinidadien, s'est produit dans
trois de ses plus belles chansons,
l'une d'entre elles : Let's me be, let's
me go.
Apres cette première partie
musicale, le maître de cérémonie a
présenté le président de la FEDADSE,
Monsieur Alcius Jean. Avec son discours très volubile, il a été le clou de
la soirée.
La FEDADSE, au cours de
l'année 2010 a eu quelques activités qui réclament la compétence, la
compréhension et le savoir-faire des
membres du comité de finance et de
loisir dont Mme Brunet Michel, Mr
Laurent Payen et Mr jean Plantin qui
se sont toujours montrés à la hauteur
de leur tache. Leur dévouement et dé-
Les membres dirigeants de la Fedadse
prouesses, comme Dessalines, Henry
Christophe, Lamartiniere, Pétion, Capois Lamort, etc. Il a aussi vanté le
roman de Jacques Roumain, « Gouverneurs de la Rosée », une œuvre
termination ont toujours conduit les
activités au succès ; tout comme pour
celle de ce soir La FEDADSE serait inexistante sans ces membres qui, elles
aussi n'existeraient pas sans le fonc-
Des gens dansant aux rythmes de la musique de l’artiste Jules Molière
très prisée au Bénin. Dans ses recherches, il dit avoir entendu parler de
certaines villes d'Haïti telles Léogane,
tionnement actif de leurs représentants en Haïti
« Après le tremblement de terre
Quelques membres du comité d’aide pour le développement de Gandou (CADG)
Savanette, Jacmel, Jérémie etc. sans
oublier de mentionner que lui et les
jeunes de son temps, avaient adoré
l'artiste haïtien, feu Coupé Cloué.
La cérémonie faite de présentation et de discours a été toutefois
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
du 12 janvier 2010, c'était la panique, le sauve- qui-peut, l'émotion et
la confusion totale. Ne disposant pas
de plan de secours ou plan de finance
pour faire face à de tels évènements,
la fédération s'était réunie sans pou-
voir rien décider Plus tard, après avoir
établi de l'ordre dans les pensées, les
organisations membres avaient pris
la décision de porter des concours
dans les communautés respectives,
selon leur possibilité. Compte tenu
des problèmes occasionnés par le
tremblement de terre du 12 janvier, la
coordination n'avait pu présenter son
plan de travail pour l'année 2010.
Ce plan d'action dû au mois de janvier, a pu être présenté au cours de la
première réunion de l'année, en mai
2010, avec 5 mois de retard Nous
voici enfin au dernier point du plan
de l'année, la réunion de fermeture,
prévue par le plan d'action
«Nou sòt pase yon lane nan
travay ansanm. Kounye a nou pral
kòmanse yon lòt lane. Mwen swete
nou bon kouraj nan jefò n ap fè pou
nou rive reyalize sa nou ta renmen
reyalize pou fanmi nou ak lòt moun
nan kominote nou yo. Nou foure
tèt nou nan travay devlopman pou
kominote nou paske nou gen lanmou
nan kè nou pou peyi nou. Nou ta renmen pou peyi nou Ayiti chanje. Nou
rayi la mizè ki blayi sou pèp ayisyen
an.
Anpil nan nou konnen kouman
Ayiti fè rive nan eta l ye la a. Pouki
sa l twouve l nan sitiyasyon l'ap viv
jounen jodi a ? Men, pòdyab. Timoun
nan seksyon kominal yo pa konn
anyen nan sa k ap pase la a, paske y
ap viv tankou zonbi.
Demach sa yo noumenm ki nan
ògannizasyon kominotè ap mennen
pap anpeche manje ak lòt pwodui
agrikòl etranje anvayi peyi dAyiti,
yo pa pral elimine pèpè nan mache
yo. Yo pap resisite plantasyon diri
nan plenn Latibonit. Yo pa pral retabli izin sik Asko, yo pap retounen
nan peyi a kochon kreyòl, yo pap
anpeche ayisyen al pran imilyasyon
nan batèy ak chan kann nan Sendomeng ni al anpeche yo fè dine pou
mouche reken sou wout Miami. Yo
pa pral anpeche fèmye peyizan kouri
kite jaden yo pou y al gwosi bidonvil nan Pòtoprens ak nan pwovens.
Yo pa pral anpeche peyi a pèdi anpil
jeni k ap gaspiye nan seksyon kominal yo.
Travay nou va pi bèl lè nou va
fè 70 pou san nan popilasyon an
konnen pouki sa l ap soufri, epi, ki
moun k ap fè l soufri. Travay nou
va pi bèl lè nou va fè yo konnen yomenm tou yo se kretyen vivan ki gen
dwa pou yo gen edikasyon, ki gen
dwa pou yo manje paske bouch yo
fann, ki gen dwa pou yo abiye, ki
gen dwa pou yo pale, ki gen dwa pou
yo gen libète. Travay nou va pi bèl lè
nou va fè 70 pou san nan popilasyon
an konnen ke yomenm ak frè yo dwe
marye fòs yo ansanm pou yo kloure
pòt lamizè enpi defonse pòt ki pou
mennen yo nan chemen lavi miyò e
ke li kapab rive pi wo pase lavi y ap
mennen jounen jodi a. Devlopman
vle di chanjman. Nou pap janm ka
chanje kominote nou yo avèk menm
moun k ap viv ladan yo. Responsablite nou se pou n fè gwo motivasyon, pou nou refòme moun sa
yo ki nan kominote yo. Nou pap ka
chanje lavi pèson si nou pa chanje
fason l panse, sèl moyen ki ka pèmèt
li konnen ki moun li ye, epi ki sa l
reprezante nan sosyete l ap viv la. Lè
sa a yo va gen bon limyè ki va pèmèt
yo chwazi bon moun, bon lidè konpetan ki pou dirige destine peyi yo, e
tout moun va gen menm dwa pou yo
gen jistis sosyal. Konsa, yo pap bezwen pou ti krik, ti krak ak yon kwi
nan men, y ap mande charite devan
moun ki pa respekte yo ».
Après ce discours enflammé du
Jean Gu-Albert Bakini, d’origine
africaine
président de la FEDADSE, monsieur
Alcius Jean, c'était au tour de l'artiste
Jules Molière de faire danser la foule
avec 3 morceaux de son dernier CD :
Passez à la caisse, Padone m cheri,
Refize granmoun.
Dans l'intervalle, l'assistance
était invitée à passer à table pour se
raffoler des succulents mets, préparés
par des cordons bleus du comite de
loisir et de finance dont Mr Laurent
Payen, Mme Brunet Michel et Mr
Jean Plantin.
Dans cette même veine le comité d'aide pour le développement
de Gandou (CADG), une ville de Bainet, avait organisé le dimanche 12
décembre leur grande activité annuelle au local d'Haiti Liberté, toujours
dans le but de venir en aide à leurs
pauvres régions. Signalons que CADG
est membre de la Fedadse !
Ainsi au cours de cette réunion
a eu lieu une rafle. L'argent recueilli
de cette rafle va aider à reconstruire
une école et une clinique qui ont été
dévastées par le tremblement de terre.
Ils vont également aider l'Eglise St
François Xavier et à réparer 3 salles
de classe de l'école primaire de cette
église.
Les gagnants de cette rafle sont :
Camille Claude pour le premier prix
s'agissant d'une TV19" Flat Screen.
Le second prix une camera Digital
a été gagné par Serge Moreau de la
Solidarité Jacmelienne, le troisième
prix remporté par Carlo Mangot et le
quatrième prix par Jocelyne un habitant de Long Island.
Compliments à la Fedadse pour
cette soirée réussie ! Bonne Besogne
et à la prochaine!
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engagements assumés dans la Convention. Les miettes promises à Copenhague furent extrêmement petites et
ne se sont même pas matérialisées, ni
les mécanismes du marché ni les politiques néo-libérales qui n'ont aucune
crédibilité ne nous aideront à avancer.
Monsieur le Président :
Les terribles inondations que
subissent, en ce moment même, le
Venezuela et la Colombie, appellent
toute notre solidarité et mettent en évidence l'urgence du problème.
L'ordre mondial est insoutenable, la société humaine, pour survivre,
devra s'organiser d'une autre manière.
C'est le moment de passer aux actes,
c'est la fin du temps. On a perdu un an
de plus depuis la tromperie de Copenhague, les peuples ne peuvent attendre
pour faire plaisir aux puissants.
Merci beaucoup.
Cancun, Mexique, 8 décembre 2010
Traduction Gaston Lopez
CSL 10 décembre 2010
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réchauffement et de donner un financement frais, en plus des engagements
déjà existants et chaque fois plus précaires et plus conditionnés de l'Aide Officielle au Développement.
S'il semble possible que, lors de
cette conférence, on puisse arriver à
des accords en matière d'adaptation
et de transfert de technologies, il est
indispensable que nous définissions
des mécanismes de financement ou
de prêts réellement significatifs pour
affronter les effets du changement climatique.
Ces mécanismes ne pourraient
fonctionner au sein de la Banque Mondiale ni d'aucune autre institution du
système de Bretton-Woods, car il entraînerait des conditions à remplir, des
discriminations et des exclusions. Les
institutions de Bretton-Woods sont
aussi responsables historiquement des
changements climatiques que les gouvernements des pays développés.
Il ne s'agit pas d'une oeuvre de
charité mais avant tout d'une obligation morale et juridique, résultant des
É
Y
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Suite de la page (13)
V
Réseau Voltaire 10 décembre 2010
Notes
[1] « Can Anyone Pacify the
World's Number One Narco-State ? The
Opium Wars in Afghanistan », par Alfred
W. McCoy
[2] Éventuellement, les États-Unis
et leurs alliés accordèrent à Hekmatyar,
qui pour un temps fut sans conteste le
plus grand trafiquant de drogue au monde, plus d'un milliard de dollars en armement. C'est plus qu'aucun autre client de
la CIA a jamais reçu, avant ou depuis.
[3] Peter Dale Scott, The Road to
9/11, p.74-75 (paru en français sous le
titre La Route vers le Nouveau Désordre Mondial (Demi-Lune, Paris, 2010) :
"Khalid Sheikh Mohammed, que la Commission d'enquête sur le 11-Septembre
considère comme le véritable auteur du
complot du 11/9, commença à concevoir
son plan quand il était en lien avec Abdul Sayyaf, un dirigeant avec lequel ben
Laden était encore en délicatesse. [9/11
Commission Report, p.145-50]. Au
même moment, plusieurs des hommes
condamnés pour l'attentat contre le World
Trade Center en 1993, et la "journée de
la terreur" New York en 1995, s'étaient
entraînés ou avaient combattu avec Gulbuddin Hekmatyar, ou collecté de l'argent
pour lui. [Tim Weiner, “Blowback from
the Afghan Battlefield”, New York Times,
13 mars 1994].
[4] « Le Jundallah revendique des
actions armées aux côtés des Moudjahidin du Peuple, Réseau Voltaire, 13 juin
2009.
du système.
Pour conclure je dirais que la
guerre prend une forme Humanitaire
en Haïti. Le peuple haïtien est plus que
jamais entouré d'amis de la communauté internationale, mais il me semble qu'il est beaucoup plus seul qu'en
1804 parce qu'à cette date le pays ne
pouvait compter que sur lui- même,
tandis qu'aujourd'hui à un moment où
tout le monde dit vouloir l'aider, il nage
davantage dans le désarroi. Notre seule
issue à mon humble avis, passe par
l'organisation et l'implantation d'un
système socialisme, le plus socialiste
possible. Heureusement, nous avons
encore la chance d'avoir une population jeune.
En ces temps difficiles, la jeunesse consciente pourrait être encore
un atout majeur dans le processus de
l'émancipation de la société, autant
dire de la transformation sociale du
pays. Il doit y avoir une lutte pour la
survie, face aux catastrophes naturelles souvent provoquées par la négligence et la cupidité des responsables
du monde en défaveur du redressement de l'être humain. Cette guerre
pour la survie d'Haïti et de l'humanité
doit être menée pour que la nature ne
nous déclare pas la guerre et ce serait
encore plus que ce qu'ont déjà fait les
hommes. Le cas échéant. Haïti ne sera
pas toujours la seule victime des désastres naturels.
A cet effet, mes chers camarades,
engageons-nous davantage pour un
monde sans guerre et sans exploitation de l'homme par l'homme.
Vive la lutte des masses et des
travailleurs, vive l'entente internationale des peuples et des travailleurs
! Vive la paix ! Abas la guerre, abas
l'exploitation !
Je vous remercie, camarades,
pour votre attention.
AT I O N
Tel: 718-693-8229 * Fax: 718-693-8269
*Peter Dale Scott : Ancien diplomate canadien et professeur à l'université
de Californie.
à l'appel serait un manque d'égard envers la communauté internationale,
principale invité et maître de cérémonie. Ainsi le gouvernement, valet
dans ce festin ; est mis hors jeu. Parce
que jugé trop gourmand, il ne serait
pas à même de bien gérer les convives
et de faire une bonne gestion des mets.
L'humanitaire est devenue une grande
scène où chaque nation et/ou organismes internationaux, comme un paon
doit étendre toutes ses belles plumes.
Les enjeux de la guerre humanitaire en Haïti sont en grandes parties symboliques, mais importantes
pour les nations. Cette guerre se
traduit dans la réalité par une guerre
d'images. Les images d'un secouriste
français, Américain, Chinois, espagnol, Vénézuélien valent de l'or en
barre. Tous veulent être le premier sur
tel ou tel site. Des convois se déploient
à travers les zones touchées et Haïti
fait la Une dans les journaux et les bulletins de presses internationales. Mais,
pendant qu'on zoome sur Haïti, c'est
l'humanitaire qui est mise en exergue
et tout le monde veut être celui vers
qui les projecteurs sont tournés.
Il y a aussi un enjeu économicopolitique. Haïti a une population de
près 10 000 000 d'habitants selon
les dernières estimations et représente
un marché potentiel pour écouler des
produits. Donc marquer sa présence en
Haïti dans des missions humanitaires
peut être à la longue un bon investissement. Du point de vue géostratégique,
Haïti peut être pour certains pays,
notamment pour des pays comme le
Brésil, La chine etc., un espace idéal.
Enfin, la communauté internationale en tant que gestionnaire de ce
système défaillant, prend une responsabilité morale pour occulter les contradictions fondamentales que traverse le
système, afin de conserver l'équilibre
IB
R
1786 Nostrand Ave., Brooklyn, NY 11226
Politics of Heroin [31], McCoy parle
de l'histoire de Greg Musto, expert en
drogues à la Maison Blanche sous Carter.
En 1980, Musto dit au Strategy Council
on Drug Abuse de la Maison Blanche
que « nous allions en Afghanistan afin
de soutenir les cultivateurs d'opium dans
leur rébellion contre l'Union Soviétique.
Ne pourrions-nous pas éviter de faire ce
que nous avons déjà fait au Laos ? » [32].
Se voyant refuser l'accès par la CIA à des
données auxquelles il avait légalement
accès, Musto fit part de son inquiétude
en public en mai 1980, notant, dans un
éditorial du New York Times, que l'héroïne
en provenance du Croissant d'Or, était
déjà (et pour la première fois) en train de
causer une crise médicale à New York. Et
il avertit, avec prescience, que « cette crise
est amenée à s'aggraver » [33].
Musto espérait qu'il pourrait contribuer à un changement de politique en
mettant le problème sur la place publique,
et en l'accompagnant d'un avertissement
fort au sujet d'une aventure en Afghanistan financée par la drogue qui pourrait
se révéler désastreuse. Mais ses mots
emplis de sagesse furent sans pouvoir
contre l'implacable détermination de ce
que j'appelle la machine de guerre US au
sein de notre gouvernement et de notre
économie politique. Je crains que le message sensé de McCoy, en étant bienséant
là où il est justement nécessaire de ne pas
l'être, subira le même sort.
Suite de la page (7)
Y
[5] Seymour Hersh, New Yorker, 7
juillet 2008.
[6] « Hamed Wali Karzai chargé de
négocier avec les Talibans », Réseau Voltaire, 14 mai 2010.
[7] New York Times, 27 octobre
2009.
[8] Steve Coll, Ghost Wars : The
Secret History of the CIA, Afghanistan,
and Bin Laden, from the Soviet Invasion
to September 10, 2001, (Penguin Press,
New York, 2004), p.536. Selon Ahmed
Rashid, au début de l'offensive US en
2001 : "Le Pentagone disposait d'une liste
d'au moins 25 laboratoires de drogues
et d'entrepôts en Afghanistan, mais ils
refusèrent de les bombarder car certains
appartenaient aux nouveaux alliés de la
CIA, au sein de la NA [Northern Alliance
/ l'Alliance du Nord]", (Ahmed Rashid,
Descent into Chaos : The United States
and the Failure of Nation Building in Pakistan, Afghanistan, and Central Asia,
[Viking, New York, 2008], p.320).
[9] Stanley Karnow, Vietnam :
A History (Penguin, New York, 1997),
p.239. Cf. New York Times, 28 octobre,
2009.
[10] Thomas H. Johnson & M.
Chris Mason, "Refighting the Last War :
Afghanistan and the Vietnam Template",
Military Review, Novembre-Décembre
2009, p.1.
[11] Le lecteur vigilant aura noté
que même 3,4 milliards USD ne représentent pas 53 % des 10 milliards estimés
dans le paragraphe précédent comme le
PIB afghan. Ces estimations en provenance de sources diverses ne sont pas
extrêmement précises, et ne donnent
donc pas un résultat mathématiquement
parfait. Au demeurant, il s'agit de la valeur des drogues en gros en Afghanistan
et non pas de leur valeur au détail dans
les pays consommateurs.
[12] Afghanistan : Drug Industry
and Counter-Narcotics Policy]. En 2007,
le Daily Mail de Londres rapporta que « les
quatre acteurs principaux du trafic de l'héroïne étaient tous des membres hauts placés du gouvernement afghan » [[London
Daily Mail. 21 juillet 2007. En décembre
2009, Harper's publia une longue enquête sur le colonel Abdul Razik, "le maître
de Spin Boldak," un trafiquant de drogue
et un allié de Karzai dont l'ascension fut
"encouragée par un cercle d'officiels corrompus à Kaboul et à Kandahar, et aussi
parce que les commandants de l'OTAN,
déployés sur un trop vaste territoire, trouvèrent utiles le contrôle qu'il exerçait sur
une ville frontalière essentielle dans leur
guerre contre les Talibans", (Matthieu
Aikins, "The Master of Spin Boldak", Harper's Magazine, décembre 2009).
[13] James Risen, "U.S. to Hunt
Down Afghan Lords Tied to Taliban", New
York Times, 10 août 2009 : "Le commandement militaire US dit au Congrès que
seuls ces [trafiquants de drogue] qui apportent de l'aide aux insurgés devraient
être pris pour cible."
[14] Corey Flintoff, "Combating
Afghanistan's Opium Problem Through
Legalization", NPR, 22 décembre 2005.
[15] Devant d'autres auditoires, les
responsables russes de la lutte anti-drogues ont explicitement évoqué l'OTAN.
Voir « Pavot : la Russie met en cause la
responsabilité de l'OTAN », Réseau Vol-
taire, 3 mars 2010. Off, les responsables
poutiniens ont également évoqué un pot
de vin d'1 milliard de dollars annuels versés par l'OTAN avec l'argent des drogues
au président Medvedev en échange du
droit de passage des GI's sur le territoire
russe. Ndlr.
[16] CBS News, 1er avril 2010.
[17] Voir le livre de Peter Dale
Scott, La Route vers le Nouvel Ordre
Mondial. NdT.
[18] Des câbles de Gordon McGinley, l'attaché légal du FBI à Mexico City,
au Département de la Justice, voir Scott &
Marshall, Cocaine Politics, p.36.
[19] Scott, Deep Politics, p.105
; citation du San Diego Union, 26 mars
1982.
[20] Fueling America's War Machine : Deep Politics and the CIA's Global
Drug Connection, (à paraitre à l'automne
2010 chez Rowman & Littlefield).
[21] Time, 29 novembre 1993 :
"Les expéditions continuèrent, toutefois,
jusqu'à ce que Guillen tente d'envoyer 3
373 livres de cocaïne en une seule fois. La
DEA, (Drug Enforcement Agency), vigilante, l'arrêta et s'en saisit." Cf. New York
Times, 23 novembre 1996 (“one ton”).
[22] CBS News Transcripts, 60
Minutes, 21 novembre 1993.
[23] Wall Street Journal, 22 novembre 1996. Je soupçonne la CIA d'avoir
approuvé l'importation de cocaïne moins
“comme un moyen de rassembler de l'information” que dans le but de redistribuer
des parts de marché dans le trafic global
de cocaïne, dans son pays d'origine, la
Colombie. Dans les années 1990, la CIA
et le JSOC furent impliqués dans l'élimination du baron colombien de la drogue
Pablo Escobar, un exploit rendu possible
grâce à l'aide du Cartel de Cali et des escadrons de la mort terroristes de l'UAC de
Carlos Castaño. Peter Dale Scott, Drugs,
Oil, and War, p.86-88.
[24] Chris Carlson, "Is The CIA Trying to Kill Venezuela's Hugo Chávez ?"
Global Research, 19 avril 2007.
[25] Douglas Valentine, The
Strength of the Pack : The People, Politics
and Espionage Intrigues that Shaped the
DEA (TrineDay, Springfield, 2009), 400 ;
Time, 23 Novembre 1993. McFarlin avait
collaboré avec des forces anti-guérilla
au Salvador dans les années 1980. Jim
Campbell, le chef de station de la CIA au
Venezuela.
[26] La Bank of Boston procéda au
blanchiment d'au moins 2 millions de dollars au profit du trafiquant Gennaro Angiulo, et fut pour cela condamnée à payer
une amende de 500 000 dollars, (New
York Times, 22 Février 1985 ; Eduardo
Varela-Cid, Hidden Fortunes : Drug Money, Cartels and the Elite Banks [El Cid
Editor, Sunny Isles Beach, 1999]). Cf.
Asad Ismi, "The Canadian Connection :
Drugs, Money Laundering and Canadian
Banks", Asadismi.ws : "91 % des 197 milliards USD dépensés en cocaïne aux USA
restent dans ce pays, et les banques étatsuniennes blanchissent 100 milliards USD
provenant de la drogue chaque année.
Parmi les banques connues pour ce genre
de pratiques, on trouve la Bank of Boston,
la Republic National Bank of New York,
la Landmark First National Bank, la Great
American Bank, la People’s Liberty Bank
and Trust Co. of Kentucky, et la Riggs National Bank of Washington. Citibank aida
Raul Salinas (le frère de l'ancien président
du Mexique Carlos Salinas) à déplacer des
millions de dollars hors du Mexique, à
destination de comptes secrets détenus en
Suisse sous de fausses identités."
[27] Rajeev Syal, "Drug money
saved banks in global crisis, claims UN
advisor", Observer, 13 décembre 2009.
[28] Jonathan Beaty & S.C. Gwynne, The Outlaw Bank: A Wild Ride into
the Secret Heart of BCCI, (Random House,
New York, 1993), p.357.
[29] Peter Truell & Larry Gurwin,
False Profits: The Inside Story of BCCI,
the World’s Most Corrupt Financial Empire, (Houghton Mifflin, Boston, 1992),
p.373-77.
[30] Truell & Gurwin, False Profits,
p.449.
[31] Disponible en français sous le
titre : La politique de l'héroïne. L'implantation de la CIA dans le trafic des drogues
[Editions du Lézard, 1998].
[32] Alfred W. McCoy, The Politics
of Heroin (Lawrence Hill Books/ Chicago
Review Press, Chicago, 2003), p. 461;
citant une interview avec le Dr David
Musto.
[33] David Musto, New York
Times, 22 mai 1980 ; cité dans McCoy,
Politics of Heroin, p.462.
Suite de la page (11)
L
ORE
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
A Travers le monde
Emeutes pour les
salaires au Bangladesh
Gbagbo dénonce "l'ingérence"
de l'Occident
Par M.E
Plus de 4.000 ouvriers ont bloqué des routes et organisé un "sit-in" dans
le district de Gazipur, dans le nord du pays, l'un des principaux secteurs
de production de vêtements destinés à des marques occidentales
L
e mouvement social d'ouvriers
du textile réclamant l'application
d'une hausse salariale décidée par le
gouvernement se poursuivait lundi
au Bangladesh, au lendemain de
la mort de quatre personnes tuées
dans de violents heurts entre des
manifestants et la police.
Plus de 4.000 ouvriers ont bloqué des routes et organisé un "sit-in"
dans le district de Gazipur, dans le
nord du pays, l'un des principaux
secteurs de production de vêtements
destinés à des marques occidentales.
"Ils ont bloqué la principale route
reliant Dacca à Gazipur", a déclaré
un policier de Gazipur, Khandaker
Shafiqul Alam.
Dimanche, quatre personnes
ont été tuées et de nombreuses autres blessées alors que des dizaines
de milliers d'ouvriers ont violemment protesté dans la capitale Dacca
et à Chittagong (sud-est) contre les
bas salaires. La police a tiré à balles
réelles et a utilisé des gaz lacrymogènes lors de ces manifestations
violentes au lendemain de la fermeture par le groupe sud-coréen Youngone de l'intégralité de ses 17 usines
à la suite de manifestations.
Les ouvriers du textile protes-
tent contre le fait qu'une augmentation d'environ 80% du salaire minimum décidée le mois dernier n'ait
pas encore été appliquée. Les employés les plus expérimentés manifestent aussi pour que cette hausse
salariale s'applique également à leur
catégorie. Les quelque 4.500 entreprises du secteur, qui fabriquent des
vêtements pour des marques occidentales telles que Wal-Mart, H&M,
Zara ou Marks et Spencer, doivent
désormais verser aux ouvriers un
salaire mensuel d'au moins 3.000
taka (30 euros). Le minimum salarial précédemment fixé en 2006 était
de 1.662 taka. L'annonce de cette
hausse fin juillet, avant son entrée
en vigueur le 1er novembre, avait
provoqué de violentes manifestations d'ouvriers en colère contre une
augmentation jugée dérisoire.
Ce mouvement social avait
entraîné la fermeture d'usines dans
la périphérie de Dacca ainsi que plusieurs arrestations de dirigeants syndicaux. Le secteur textile, qui emploie 3,5 millions de personnes au
Bangladesh (dont 85% de femmes)
représente 80% des exportations du
pays.
L’Humanité 13 Décembre 2010
Côte d'Ivoire: Ouattara
en appelle à la rue
Alassane Ouattara compte sur le soutien populaire pour s'installer au
pouvoir. (Reuters)
Mardi, alors que Laurent Gbagbo
s’accroche toujours au pouvoir en
Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara,
reconnu par la communauté internationale comme le nouveau président
du pays, a appelé la population à
marcher “pacifiquement” sur les lieux
du pouvoir ivoirien. De quoi faire
craindre des violences entre les deux
camps. Des heurts ont déjà éclaté en
fin de journée.
L
a stratégie utilisée par Laurent
Gbagbo il y a dix ans se retournera-t-elle contre lui? Mardi, comme
Gbagbo l’avait fait en 2000 pour renverser le général Robert Gueï, Alassane
Ouattara a appelé la rue ivoirienne à
se ranger derrière lui afin d’installer,
jeudi, «le nouveau directeur général»
de Radio-Télévision ivoirienne (RTI),
puis, le lendemain, à marcher sur les
bâtiments du gouvernement pour que
lui et ses partisans en prennent le contrôle.
Le
Rassemblement
des
houphouétistes pour la démocratie
et la paix (RHDP), le parti du leader
nordiste reconnu par la communauté
internationale comme le nouveau
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Alors que la situation semble bloquée en Côte d’Ivoire, le camp du
président sortant, Laurent Gbagbo,
a accusé dimanche les pays occidentaux qui soutiennent son rival,
Alassane Ouattara, de chercher à
déstabiliser le pays. De son côté, le
président élu a conditionné toute
discussion avec Laurent Gbagbo à
la reconnaissance, par ce dernier,
de sa défaite électorale.
D
eux semaines après la tenue
du second tour de l’élection
présidentielle, la Côte d’Ivoire est
toujours dans l’impasse, avec deux
présidents - Laurent Gbagbo et
Alassane Ouattara - et deux gouvernements. Dimanche, le camp
du président sortant a attribué la
responsabilité de ce statu quo aux
pays occidentaux qui ont exprimé
leur soutien à Alassane Ouattara.
Ceux-ci sont accusés de chercher à semer la division au sein de
l’armée afin de déstabiliser le pays.
Car pour l’heure - et en dépit des
nombreux appels du pied lancés par
le camp Ouattara - l’armée a prêté
allégeance à Laurent Gbagbo.
Or, «depuis plusieurs jours,
des membres des services diplomatiques civils et militaires occidentaux
à Abidjan essaient de prendre contact discrètement avec des officiers
de l’armée nationale», a rapporté à
la télévision publique le ministre de
l’Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Guirieoulou. Selon lui,
«l’objectif est de trouver des soldats et des policiers, de les inciter
à déclarer leur soutien à Alassane
Ouattara ( ) et de les embarquer
dans un projet de déstabilisation et
de fragmentation de la paix et de
la cohésion sociale». «Le gouvernement de Côte d’Ivoire voudrait rappeler aux membres du corps diplomatique qu’il (...) ne tolèrera pas
l’ingérence de tout diplomate, quel
que soit son rang, dans nos affaires
intérieures», a-t-il encore ajouté.
Aucun dirigeant étranger n’avait
encore réagi à ces propos dimanche
en fin d’après-midi.
Les pro-Ouattara conditionnent tout dialogue
président du pays, a ainsi formellement appelé «la population ivoirienne dans toutes ses composantes
à engager maintenant sur tout le
territoire national le combat pacifique et démocratique pour installer
les autorités légitimes et légales de
Côte d’Ivoire». Pour l’heure, Alassane Ouattara et son Premier ministre désigné, Guillaume Soro, sont
retranchés dans un hôtel d’Abidjan,
protégés par des casques bleus de
l’Organisation des Nations unies en
Côte d’Ivoire (Onuci).
Gaz lacrymogènes
Cette annonce fait monter d'un cran la
pression, déjà étouffante, qui règne
dans le pays depuis l'annonce contradictoire des résultats du second
tour de l'élection présidentielle. Une
pression qui repose essentiellement
sur les épaules de Laurent Gbagbo,
donné vainqueur par le conseil constitutionnel ivoirien, et contre lequel
des sanctions pourraient être déci-
Laurent Gbagbo
Sur place, le statu quo demeure, malgré les prémices de compromis initiés par Laurent Gbagbo
vendredi. Dans un entretien accordé au quotidien gouvernemental Fraternité Matin , le président
sortant a en effet écarté le danger
d’une nouvelle guerre civile dans
le pays. «On entend souvent les
gens dire qu’il y aura la guerre, il
y aura une déflagration. Il n’y aura
pas de guerre ici. Les affaires tournent et l’on va finir par s’asseoir ( )
Asseyons-nous et discutons. S’il y
a un problème, on va s’asseoir et
discuter», a-t-il ainsi déclaré, laissant entrevoir la possibilité d’un
dialogue avec son adversaire.
Mais le camp Ouattara a conditionné samedi tout pourparlers à la
reconnaissance, par Laurent Gbabgo, de sa défaite lors de l’élection
présidentielle. «Nous n’avons jamais été contre le dialogue mais il
faut commencer par la reconnaissance d’Alassane Ouattara comme
président. Si cette condition n’est
pas remplie, il ne pourra rien se
passer», a ainsi déclaré Patrick Achi,
porte-parole du gouvernement emmené par Guillaume Soro et provisoirement installé dans l’Hôtel du
Golf, un quartier d’Abidjan protégé
par les casques bleus des Nations
unies. Des propos qui ont terni tout
espoir de dialogue rapide. L’Union
africaine (UA) - qui a annoncé cette
dées par la communauté internationale.
Reste que le chef de l'Etat ivoirien, toujours en place, dispose du
contrôle de l'armée - à tout le moins
de ses hauts gradés - de la police et
de ses miliciens du mouvement des
Jeunes patriotes. Autant dire que tous
les ingrédients sont actuellement réunis pour qu'éclate une confrontation
entre les deux camps. Sans préjuger
d'un embrasement généralisé, mardi
soir, les forces ivoiriennes ont tiré
des gaz lacrymogènes pour disperser
quelque 3.000 manifestants qui se
rendaient à la limite entre le territoire
sous contrôle gouvernemental et celui aux mains des rebelles. Quelques
instants plus tôt, à Bouaké, ancienne
"capitale" des ex-rebelles des Forces
nouvelles, la population avait en effet été invitée à marcher vers le Sud
sur une ville située à l'intérieur de
la zone tenue par le gouvernement
Gbagbo afin d'exiger la prise de fonctions de Ouattara.
Jdd 14 Décembre 2010
semaine la suspension de la Côte
d’Ivoire de ses instances - continue
toutefois de chercher une issue à
la crise. A Alger, en marge d’une
réunion de l’UA, son commissaire
à la Paix et à la Sécurité, Ramtane
Lamamra, a précisé qu’en la matière, l’organisation privilégiait une
approche «diplomatique discrète».
«Nous travaillons toujours à la recherche d’une solution démocratique et pacifique», a-t-il encore
déclaré, sans donner le moindre
détail.
Si la situation perdure, la
santé de l’économie ivoirienne est à
terme menacée. Les livraisons des
précieuses fèves de cacao aux ports
d’Abidjan et de San Pédro, vers la
frontière libérienne, sont d’ores et
déjà en baisse. De son côté, le patronat ivoirien a menacé de ne plus
payer d’impôts tant que la crise
n’était pas réglée. Le Fonds monétaire international (FMI) a par ailleurs prévenu qu’il ne travaillerait
qu’avec un gouvernement reconnu
par les Nations unies. La Banque
mondiale et la Banque africaine de
développement ont quant à elles
fait savoir qu’elles procèderaient
au réexamen de leurs programmes
de crédit à destination de la Côte
d’Ivoire. Dans ces conditions, le
pays pourrait rapidement vaciller
dans la violence.
JDD 12 Décembre 2010
BOUKAN
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Mèkredi 9-10 pm
Haïti Liberté
17
Absolue Priorité d’un Comité National de
Secours et de Souveraineté Alimentaire
Par Franck Laraque
L
a fondation de l’Académie
Créole que Tontongi était l’un
des premiers à recommander est le
résultat d’une lutte menée par plusieurs ardents créolophones pour
rendre vraiment le créole la langue
nationale. Signalons en passant
deux écrivains créolophones dont
nous recommandons les œuvres.
Tontongi est un grand poète,
critique et essayiste. Il a publié
plusieurs recueils de poésie en
créole et en français , des anthologies et tout récemment Critique de
la francophonie haïtienne dont
j’ai montré dans un article publié
dans Haïti Liberté( 26 mars-1 avril
page 40) la force des arguments
et la profondeur des analyses. Il
démonte les arguments de certains
auteurs qui pensent que le créole est
une langue secondaire ou « de support. » Il dirige une excellente maison d’édition « the Trilingual Press »
publiant des ouvrages en créole,
français et anglais avec la collaboration de son épouse, poétesse aussi :
Jill Netchinsky. Dans son journal et
site Tanbou, il compile des études
sur des écrivains surtout haïtiens de
différentes générations.
Papadòs est le plus grand dramaturge haïtien créolophone dont
j’ai fait une notice biographique et
une notice littéraire dans un article
intitulé « Profil de Papadòs, Paladin de la Culture Populaire Créolophone » publié dans le journal Haïti
Liberté (26 mai-1er juin 2010). Il a
écrit 22 pièces de théâtre dont plusieurs ont été jouées avec un très
grand succès à Boston, à New York,
à Miami, à Montréal, en Haïti.
Souhaitons que la création de
l’Académie Créole ne demeure pas
sur le papier comme tant d’autres
projets mort-nés. Cette création,
pour nécessaire qu’elle soit, était une
priorité, mais non pas l’absolue priorité que demeure la formation d’un
Comité de Secours National et de
Souveraineté Alimentaire. En effet,
le langage n’est pas une panacée. Il
est indispensable pour l’acquisition
des connaissances dont a besoin tout
individu pour s’épanouir et défendre
ses droits prévus par la Déclaration
des Droits de l’Homme des Nations
Unies. Il n’est pas néanmoins un
aliment comestible, pas plus que le
téléphone mobile garanti à chaque
Haïtien par l’ex-président Clinton.
Pourquoi ? Parce qu’une langue,
par elle-même, ne peut rien contre
la faim, la maladie ou les inégali-
tés. C’est ce que prouvent les statistiques suivantes aux Etats-Unis, un
pays où le taux d’analphabétisme
est minimal : «-environ 44 millions
d’individus ou un Américain sur sept
sont pauvres –environ 27 millions
ou un ouvrier sur six sont chômeurs
ou sous-employés -presque 51 millions ou un sur six Américains n’ont
pas d’assurance santé – un pour
cent des Américains les plus riches
a reçu, en 2008, 21% de la totalité
des revenus. Ce qui est probablement plus important, c’est cette concentration de la richesse qui menace
de transformer notre démocratie en
ploutocratie. » (Ron Forthofer « Disappearing middle class » in Colorado
Daily, 10-29-2010, page 44).
Autrement dit l’alphabétisation
de tous les Haïtiens grâce au créole
est nécessaire pour le développement de la culture créolophone mais
pour être efficace doit s’intégrer
dans une campagne anti-misère dont l’élément principal est la
priorité alimentaire. C’est pourquoi dans l’article intitulé : «Complexité d’une politique nationale
d’alphabétisation » publié dans Haïti
Liberté (5-11 septembre 2007, page
14) nous avions prévu la faillite de
la campagne d’alphabétisation. Ceci
est important, car l’Unesco a adopté
le concept « la culture sauvera Haïti
». Un concept qui entend perpétuer
la suprématie de l’absurde
dans
notre pays. Nous répétons qu’à
l’heure actuelle un choix s’impose :
« Le choix d’une culture des belleslettres et beaux-arts dans le maintien du système néolibéral amélioré
ou le choix d’une culture anti-misère rejetant le néolibéralisme pour
l’adoption d’un système donnant
la priorité au développement agricole à partir des régions rurales
(Gouverneurs de la Rosée) n’est
pas un choix sémantique. Il détermine lequel de ces deux choix est
le plus capable d’affranchir tout individu de la faim et de lui garantir
les droits jugés fondamentaux par
la Déclaration Universelle des Droits
de l’Homme de l’ONU : droit à la
nourriture, droit au logement, droit
à l’emploi, droit à la santé, droit aux
vêtements, droit à l’éducation, droit
à légalité sociale. .. Ce choix est celui
adopté le 18 mars écoulé dans « La
Position des mouvements Sociaux
haïtiens sur le processus de « reconstruction d’Haïti… » par plus de
cinquante associations paysannes
et urbaines qui ont voté pour « un
processus alternatif. » (« La culture
anti-misère doit être la priorité »in
Haïti Liberté, 7-13 avril 2010, page
14).
Processus alternatif parce que,
de plus, les priorités du gouvernement haïtien et le renforcement de
la dépendance par la Commission
Intérimaire de la Reconstruction
d’Haït (CIRH) sont inacceptables.
En effet, alors que l’agriculture est
la structure d’Haïti, pays agricole, le
ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) n’accorde
que 687 millions de dollars comme
appui à la production alimentaire.
Un pourcentage fort modeste des
dix milliards prévus par la CIRH. Ce
montant sera consacré à des projets
d’infrastructure (irrigation, routes
rurales, berges des rivières), à l’achat
d’équipements lourds, d’engrais, à
la reforestation, à l’élevage, à des
travaux anti-érosion. Nous savons
bien que ce sont les grandes corporations qui bénéficieront des contrats de production, d’équipements
et de la gestion des grands travaux
d’infrastructures cités plus haut. Les
sociétés étrangères reprendront de
la main gauche ce que les bailleurs
de fonds donnent de la main droite.
Les paysans et ouvriers haïtiens ne
recevront que des miettes. On donne
à manger aux vaches pour nourrir
les oiseaux.
Pour conclure, notre conviction demeure la même, renforcée
par la catastrophe humaine causée
par le séisme. En tout premier lieu,
l’allégement des souffrances de la
majorité ainsi que l’urgente amélioration des conditions effarantes
dans lesquelles elle se débat pour
ne pas sombrer dans le désespoir
ou l’affolement. La deuxième étape
la reconstruction du pays mais
toujours en fonction des droits
économique et sociaux des masses
alors que gouvernants et étrangers
accordent la priorité à la reconstruction physique, à la reconstruction
du palais, des édifices publics, des
villes, avant d’améliorer le sort des
sinistrés abandonnés à eux-mêmes,
d’enrayer le viol des femmes et la
violence contre les enfants sous les
tentes et les environs putrides à la
vue de tous. Une tradition qui traverse notre histoire de 1492 à nos
jours. Nos plus belles chansons, nos
biographies, nos manuels ont pour
thème principal « Haïti chérie » «
Haïti je t’aime », la gloire de nos héros
sans grand souci pour les masses
qui se sont sacrifiées pour l’abolition
de l’esclavage et la production de
l’alimentation nationale. Les signataires de l’acte d’indépendance :35
généraux ou haut-gradés. Pas un
seul représentant des marrons de la
liberté, pourtant les pionniers de la
lutte pour la libération.
On rappelle à tue-tête et inconsidérément qu’Haïti, alors SaintDomingue, était la Perle des Antilles, oubliant qu’elle l’a été sur le
dos des esclaves. Vanter cette période de son histoire, c’est vanter le
cruel esclavage qui n’enrichissait
que les colons et la métropole. Là
encore un changement de mentalité
s’avère obligatoire pour prioritiser
l’humain bien avant toute autre
chose. Il faut aussi rejeter la verbosité, la phraséologie, le bla-bla,
en français comme en créole, des
dirigeants, de la plupart des journaux et programmes de radio, au
lieu d’actions réformatrices et de
solutions concrètes. Nous atteler à
cette double tâche doit être notre
principal objectif, invariable et
vigoureux, malgré les obstacles
endémiques et historiques qui se
dressent sur le chemin.
4-11-2010
Franck Laraque
Professeur Emerite, City College,
New York
18
Haïti Liberté
Suite de la page (19)
on trouverait des métiers à portée de
leur intelligence. Lorgeril, Brooglie,
boucheraient les bouteilles de champagne, mais on les musellerait, pour les
empêcher de s'enivrer ; Ferry, Freycinet, Tirard détruiraient les punaises et
les vermines des ministères et autres
auberges publiques. Il faudra cependant mettre les deniers publics hors de
la portée des bourgeois, de peur des
habitudes acquises.
Mais dure et longue vengeance
on tirera des moralistes qui ont perverti
l'humaine nature, des hypocrites et autres telles sectes de gens qui se sont déguisés pour tromper le monde
Aux jours des grandes réjouissances populaires, où, au lieu d'avaler
de la poussière comme aux 15 août
et aux 14 juillet du bourgeoisisme, les
communistes et les collectivistes feront
aller les flacons, trotter les jambons et
voler les gobelets. Ils feront trotter aussi les membres de l'Académie des sciences morales et politiques, les prêtres
à longue et courte robe de l'église
économique, catholique, protestante,
juive, positiviste, et libre penseuse, les
propagateurs du malthusianisme et
de la morale chrétienne, altruiste, indépendante ou soumise
En régime de paresse, pour tuer
le temps qui nous tue seconde par
seconde, il y aura des spectacles, des
représentations théâtrales toujours et
toujours ; c'est de l'ouvrage tout trouvé
pour nos bourgeois législateurs. On les
organisera par bandes courant les foires
et les villages, donnant des représentations législatives. Les généraux, en
bottes à l'écuyère, la poitrine chamarrée d'aiguillettes, de crachats, de croix
de la Légion d'honneur, iront par les
rues et les places, racolant les bonnes
gens. Gambetta et Cassagnac, son
compère, feront le boniment de la
porte. Cassagnac, en grand costume de
matamore, roulant des yeux, tordant
la moustache, crachant de l'étoupe
enflammée, menacera tout le monde
du pistolet de son père et s'abîmera
dans un trou dès qu'on lui montrera
le portrait de Lullier . Gambetta discourra sur la politique étrangère,
sur la petite Grèce qui l'endoctrine et
mettrait l'Europe en feu pour filouter
la Turquie ; sur la grande Russie qui
le stultifie avec la compote qu'elle promet de faire avec la Prusse et qui souhaite à l'ouest de plaies et bosses pour
faire sa pelote à l'Est et étrangler le
nihilisme à l'intérieur. Il discourra sur
M. de Bismarck, qui a été assez bon
pour lui permettre de se prononcer sur
l'amnistie puis, dénudant sa large bedaine, peinte aux trois couleurs, il battra dessus le rappel et énumérera les
délicieuses petites bêtes, les ortolans,
les truffes, les verres de Margaux et
d'yquem qu'il y a gloutonnés pour encourager l'agriculture et tenir en liesse
les électeurs de Belleville.
continued from p(9)
also assaulted some opponents, while
Célestin backers have been accused of
killing at least one Martelly supporter.
Former Col. Himmler Rébu said
on Haiti's Signal FM that he had witnessed the tactics of Martelly's troops
in the street. "This is not something
simple," he said, a Kreyòl understatement that implies there are hidden
forces at work.
In short, there are two movements in Haiti today which are being simplified into one. There are the
Lavalas masses mobilized against
Préval's fraudulent exclusionary elections and the UN occupation, as well
as for Aristide's return.
Then there is the bid by Martelly, using his and Wyclef's celebrity
and Ostos & Sola's scientific techniques, to coopt this movement to
bring him to power. To confuse people, he equates Préval with Aristide,
pretending they are the twin governments responsible for the "failed policies” of the past two decades.
In reality, Haiti's sad state today can be mostly attributed to the
1991 and 2004 coups which Martelly supported. Furthermore, the power
behind Préval - Haiti's pro-coup
bourgeoisie - is close to Martelly, and
imperialism is not threatened by him.
We are witnessing a fierce rivalry between two factions which share the
BG L’Auberge Créole
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Dinner
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Boissons
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We cater
W
t ffor all occasions
same two backers: Haiti's anti-Lavalas business class and transnational
elites with the U.S. as their most
powerful state apparatus.
As Martelly explained to the
Huffington Post’s Georgianne Nienaber, he is very much in tune with
Washington’s prescription for Haiti,
supporting “anything that will help
exports... anything that will help the
private sector.”
Secondly, Martelly does not
support the people’s call to end the
UN occupation of Haiti: “I want
to say to the international community, the diplomatic corps, and
non-governmental agencies that we
need them,” he said in the same interview.
Ultimately, Martelly is not a
“dark horse” candidate, as Canada’s
Globe & Mail suggests, who has
come out of nowhere to lead “Haiti’s
young and dispossessed.” He is a
man with a long history of service to
Haiti’s “Morally Repugnant Elite.”
During his campaign, Martelly
was fond of saying that in Haiti “it’s
more about the man than about the
plan.” If this is true, Haitians should
have grave misgiving about a man
who has backed two coup regimes
that used death-squads to silence the
poor majority and throttle Haiti’s nascent democracy.
Suite de la page (7)
en Haïti « les ennemis de la stabilité et de la démocratie ». Mais les
manifestations semblent la réponse
la plus raisonnable à la situation
présente, y compris pour ceux
d’entre nous dont les gouvernements ont promis un futur radieux
et une « Nouvelle Haïti » il y a huit
mois.
*Isabel
Macdonald
est
chercheuses en communication à
l’Université Concordia de Montréal.
Ses travaux ont été publiés par le
Toronto Star, The Guardian et The
Nation. Des extraits de sa thèse examinant la couverture par les médias
canadiens du coup d’Etat de 2004 en
Haïti, ont été publiés dans les revues
Media Development et Canadian
Journal of Communication.
Source : Green Left Weekly
Traduit de l’anglais par
Marc Harpon
Changement de Société
8 décembre 2010
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Arts et Culture
Fenêtre Culturelle
Par Prince Guetjens
T
out est culturel dans ce qui se
passe actuellement en Haïti.
Dans cette bataille sans merci
pour cueillir le pouvoir à tout prix
où les mœurs et les mentalités
influencent les moindres faits et
gestes des acteurs, tout est culturel. Ce qui est tout à fait naturel,
puisque c'est à travers l'objectivité
de sa culture qu'on regarde et qu'on
agit. Pourtant les spécialistes de
tout acabit tant en Haïti que dans
la communauté internationale,
continuent de concocter des formules, fabriquer des palliatifs pour
arrêter l'hémorragie de manière
temporaire, en se penchant uniquement sur l'aspect politique. Ce n'est
pas toujours mauvais d'intervenir
sur le ponctuel dans la mesure où
d'autres solutions plus structurelles
suivront.
Seule la valorisation en profondeur de la culture, peut aider
Haïti à s'en sortir. Le problème fondamental vient du fait que l'Haïtien
devient une denrée de plus en plus
rare. Et seuls des Haïtiens ont véritablement de l'intérêt à travailler
pour le développement d'Haïti.
Cette revalorisation de la Culture
haïtienne que je préconise ne peut
se faire sans la volonté politique
de refonder la Nation. Mais aussi
par la formation de nouvelles générations d'Haïtiens, fiers de leur
coin de terre, de leurs ancêtres,
de leur culture. Car au lendemain
de l'assassinat de l'Empereur Jean
Jacques Dessalines, tout a été mis
en place pour transposer l'esclavage
dans la tête des jeunes haïtiens.
Et l'école, confiée à l'église, a eu
l'ignoble tâche d'accomplir cette
honteuse mission : substituer
Molière à Rochambeau.
Il faut casser le moule qui renouvelle le corps social.
Il faut remettre l'école haïtienne actuelle en question, en créer
une autre, conforme à nos origines,
à notre conception du monde et, en
accord avec nos rêves de développement, mais aussi qui tiendrait
compte de ce qui se passe autour
de nous.
Tant que cette initiative ne
devient pas le projet politique d'un
groupe d'hommes et de femmes,
ayant les rennes du pouvoir politique, le pays ne sortira pas de
l'étau où il est actuellement, quitte à
y investir tout l'argent du monde.
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De 11h du matin jusqu’à 10h du soir
Actualités artistiques et culturelles
L
es performances des artistes
dans les Subways n'en finissent pas de m'étonner. Cette semaine encore à Union Square dans
la 14ème rue de Manhattan, j'ai
eu le privilège d'apprécier le talent
d'une dizaine de musiciens et de
danseurs, au nombre de laquelle
j'en ai retenu deux à partager
avec vous. Il s'agit de Laurence &
Underground Harmony et Sister
Monk.
Sister Monk Gypsy Funk
Trio est composé d’un guitariste,
d’un bassiste et d’une chanteuse
jouant du tambour / batterie en
même temps. La musique de ce
trio se balance entre le Gypsy, le
Funk. Elle fait revivre des tubes
qui ont accompagné la jeunesse de
plusieurs générations de femme et
d’homme. Au tambour, la chan-
Le groupe Sister Monk Gypsy Funk Trio
teuse fait preuve d’une adresse remarquable, compte tenu du fait qu’il
n’est pas toujours facile de jouer en même temps d’un instrument rythmique et conduire la mélodie.
L
aurence & Underground Harmony est une formation composée d’un lead vocal, deux chanteuses, un batteur et d’un guitariste.
Sa musique surfe sur des tendances
comme la Pop Music, le Rock & Roll
et le Doo Wop. La plupart de tubes
des Beatles, de John Brown, ainsi
que d’autres chanteurs aussi connus
sont revisités par ce groupe un tantinet exceptionnel.
Laurence & Underground Harmony
De la Prose aux Vers
LE DROIT A LA PARESSE
Un essai de Paul Lafargue
Editions Allia, Paris 2007
Né le 15 Janvier 1842 à Santiago de
Cuba, Paul Lafargue s'installe à Paris
en 1851 et suit à partir de 1859 des
études de médecine à la faculté de
Paris. Il se passionne pour la vie politique et lit assidûment Kant, Hegel,
Littré, Taine, Claude Bernard, Darwin, Auguste Comte, Saint-Simon et
Proudhon. Paul Lafargue et Laura sa
femme (la fille de Karl Marx) se sont
donnés la mort dans la nuit du 26 au
27 novembre 1911 dans leur villa de
Draveil.
Men Anpil Chay Pa Lou
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*OGPT
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010
Un Extrait
À Nouvel air, Chanson Nouvelle
SI, en diminuant les heures de
travail, on conquiert à la production
sociale de nouvelles forces mécaniques,
en obligeant les ouvriers à consommer leurs produits, on convoquera une
immense armée de force de travail.
La bourgeoisie, déchargée alors de sa
tâche de consommateur universel,
s'empressera de licencier la cohue de
soldats, de magistrats, de figaresques,
de proxénètes, etc., qu'elle a retirée du
travail utile pour l'aider à consommer
et à gaspiller.
C'est alors que le marché du travail
sera débordant, c'est alors qu'il faudra
une loi de fer pour mettre l'interdit sur
le travail : il sera impossible de trouver
de la besogne pour cette nuée de cidevant improductive, plus nombreux
que les poux des bois. Et après eux il
faudra songer à tous ceux qui pourvoyaient à leurs besoins et goûts futiles
et dispendieux. Quand il n'y aura plus
de laquais et de généraux à galonner,
plus de prostituées libres et mariées à
couvrir de dentelles, plus de canons à
forer, plus de palais à bâtir. Il faudra,
par des lois sévères, imposer aux ouvriers en passementeries, en dentelles, en
fer, en bâtiments, du canotage hygié-
nique et des exercices chorégraphiques
pour le rétablissement de leur santé et
le perfectionnement de leur race. Du
moment que les produits européens
consommés sur place ne seront pas
transportés au diable, il faudra bien que
les marins, les hommes d'équipe, les
camionneurs s'assoient et apprennent à
se tourner les pouces. Les bienheureux
Polynésiens pourront alors se livrer à
l'amour libre sans craindre les coups
de pieds de la Vénus civilisée et les sermons de la morale européenne.
Il y a plus, afin de trouver du travail pour toutes les non-valeurs de la
société actuelle, afin de laisser l'outillage
industriel se développer indéfiniment,
la classe ouvrière devra comme la bourgeoisie, violenter ses goûts abstinents,
et développer indéfiniment ses capaci-
tés consommatrices. Au lieu de manger
par jour une ou deux onces de viande
coriace, quand elle en mange, elle mangera de joyeux biftecks d'une ou deux
livres ; au lieu de boire modérément
du mauvais vin, plus catholique que le
Pape, elle boira à grandes et profondes
rasades du bordeaux, du bourgogne,
sans baptême industriel, et laissera
l'eau aux bêtes.
Les prolétaires ont arrêté en leur
tête d'infliger aux capitalistes des dix
heures de forge et de raffinerie ; là est
la grande faute, la cause des antagonismes sociaux et des guerres civiles.
Défendre et non imposer le travail, il le
faudra. Les Rothschild, les Say seront
admis à faire la preuve d'avoir été, leur
vie durant, de parfaits vauriens ; et s'ils
jurent vouloir continuer à vivre en parfaits vauriens, malgré l'entraînement
général pour le travail, ils seront mis en
carte et, à leurs mairies respectives, ils
recevront tous les matins une pièce de
vingt francs pour leurs menus plaisirs.
Les discordes sociales s'évanouiront.
Les rentiers, les capitalistes, les tout
premiers, se rallieront au parti populaire, une fois convaincu que, loin de leur
vouloir du mal, on veut au contraire les
débarrasser du travail de surconsommation et de gaspillage dont ils ont été
accablés dès leur naissance. Quant aux
bourgeois incapables de prouver leurs
titres de vauriens, on les laissera suivre
leurs instincts ; il existe suffisamment de
métiers dégoûtants pour les caser. Dufaure nettoierait les latrines publiques ;
Galliffet chourinerait les cochons galeux
et les chevaux forcineux ; les membres
de la commission des grâces, envoyés
à Poissy, marqueraient les bœufs et
les moutons à abattre ; les sénateurs,
attachés aux pompes funèbres, joueraient les croque-morts. Pour d'autres,
Suite à la page (18)
Haïti Liberté
19
Regards Critiques
Langage plastique et énonciation
identitaire L’invention de l’art haïtien
Un Essai du Dr. Carlo Avierl Célius Les Presses de l’Université Laval 2007
Historien et Historien de l'art,
Carlo A. Célius est chercheur,
affilié au Centre interuniversitaire d'études sur les lettres,
les arts et les traditions (CELAT, Université Laval, Québec).
Ont paru sous sa direction :
Situations créoles, Pratiques
et représentations, Québec,
Editions Nota Bene, collection
« Société », 2006 ; Haïti ; face
au passé - Confronting the
past, numéro thématique de
la revue Ethnologies, Québec,
vol. 28, no 1, 2006 ; Haïti et
l'anthropologie, dossier de la
revue Gradhiva, Paris, n,s,no
1, 2005. Il vient de terminer
un ouvrage consacré au peintre Haïtien Hector Hyppolite.
L’histoire de la peinture
haïtienne est souvent ponctuée de moments qui rendent
compte et dynamisent les efforts des artistes à construire
une catégorie bien distincte de
représentation plastique. Marquée du sceau des turpitudes de
l'histoire politique en Haïti, elle
évolue au gré des caprices de
cette dernière. Si elle est fortement influencée par la période
Tayno au niveau formel, son
essence s'est construite autour
des héritages ancestraux divers
et particulièrement du Vodou.
À travers Langage plastique et énonciation identitaire ; l'invention de l'art haïtien, qui comporte cinq chapitres
consignés dans 419 pages,
Carlo A. Célius tente d'élucider
les conditions d'apparition des
beaux-arts en Haïti. Il revisite
la démarche des principaux
protagonistes qui ont construit
l'espace discursif à partir de
la période indigéniste avant
d'être éclaté avec l'émergence
de la peinture populaire, au
lendemain de l'exposition de
la Havane, organisée par le
Centre d'art (1945), et leur corpus. Il interroge la modernité
indigène et l'irruption de l'art
naïf, l'hégémonie de l'art dit
naïf ainsi que les refus et les
contestations aussi bien que les
alternatives, avant de fermer
la boucle sur les limites du discours institué et nouvelles considérations.
Langage plastique et
énonciation
identitaire
;
l'invention de l'art haïtien
s'inscrit dans l'itinéraire de
l'histoire du discours sur l'art
haïtien comme un métadiscours, un miroir où viennent
réfléchir plusieurs décennies de
production discursive sur les
différents événements qui ont
enrichi la peinture haïtienne.
Il reconnaît que l'histoire des
beaux-arts en Haïti, remonte à
la période coloniale. Mais il soutient toutefois, que c'est avec le
mouvement pictural des années 1930 que commence à se
poser la question de l'haïtianité
en matière artistique, laquelle
connaît une reformulation
avec l'avènement de l'art, dit
naïf en 1945-1947. Et c'est
autour de cette problématique
que se constitue, pour la première fois dans l'histoire intellectuelle du pays, un véritable
espace discursif sur les arts
plastiques. Certes le discours
sur l'art n'était pas totalement
inexistant jusque-là, toutefois
un espace discursif propre se
dégage dans la première moitié
du XXe siècle.
L'auteur conclut en faisant le constat que voici : L'art
naïf s'étant imposé, le discours
ethnologique, qui définit ou redéfinit la culture et valorise la
« culture populaire », aide à le
penser. Devoir le penser, sans
rejeter l'expérience de la « modernité indigène », en prenant
en compte toutes les controverses et les prises de position
des artistes optant pour un art
non naïf, offrait aux protagonistes haïtiens du discours sur
la création plastique une largeur de vue leur permettant
d'élaborer une démarche distincte de celle adoptée par des
auteurs aussi différents que
Selden Rodman, André Breton,
André Malraux et Jean-Marie
Drot. Ceux-ci s'en tiennent à
une forme d'exclusivisme où
seul l'art naïf compte, considéré comme la seule écriture
picturale, capable d'exprimer
l'haïtianité, tandis que le courant porté par Lucien Price,
Jacques
Gabriel,
Philippe
Thoby Marcelin, Madeleine
Paillere, Michel P.Lerebours
en vient à adopter une démarche intégrative, cherchant
à dégager une haïtianité artistique exprimée par les diverses
formes de création plastique
pratiquées dans le pays.
Il y a bien un domaine
de langages plastiques propres au vodou. Révélé dès le
début des années 1940 à une
école haïtienne d'ethnologie
qui n'a pas su le constituer en
un véritable objet d'études, il
est aujourd'hui de mieux en
mieux exploré, notamment par
des chercheurs états-uniens et,
en Haïti, à travers la collection, de plus en plus connue,
certes controversée, de Marianne Lehmann. Il est constitué
d'un ensemble d'objets bien
spécifiques, créés ou appropriés, puis intégrés selon des
procédures définies, évalués
sur la base de critères établis
et auxquels sont assignées des
fonctions particulières. Autant
de facteurs qui différencient
nettement cette production
d'uvres picturales ou sculpturales, non destinées aux cultes,
et cela même lorsqu'elles sont
celles d'artistes vodouisants.
La voie est ouverte aux
recherches visant à identifier
et à caractériser les différents
domaines du monde des langages plastiques d'Haïti, puis
à établir l'état et l'évolution
de leurs relations à travers le
temps. Fin de citation.
Langage plastique et énonciation identitaire propose
une nouvelle analyse construite sur des recherches plus
approfondies de la peinture
haïtienne. Il jette un éclairage
particulier sur les intervenants
qui ont eu à se positionner dans
le grand débat sur l'authenticité
haïtienne ou l'haïtianité de la
peinture populaire, placée sous
l'écriteau, naïve - primitive par
le trio Jose Gomes Sicre / De
Witt Peters / Selden Rodman.
Jusqu'ici on avait considéré
les ouvrages : Renaissance
in Haiti de Selden Rodman,
Panorama de l'art haïtien de
Philippe Thoby Marcelin et
Haïti et ses peintres de Michel
Philippe Lerebours comme les
plus réussis dans ce domaine.
Sans se positionner en face ou
dans l'itinéraire de ces travaux,
le livre de Carlo A. Célius joue
le double rôle compléter et
d'interroger ces tentatives de
consigner la peinture haïtienne
dans l'espace d'une démarche
théorique.
Langage plastique et énonciation : l'invention de l'art
haïtien représente, l'une des
plus belles contributions consacrées à l'histoire de la peinture haïtienne et à l'histoire du
discours sur l'art en Haïti.
Prince Guetjens
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20
Haïti Liberté
Vol. 4 No. 22 • Du 15 au 21 Décembre 2010

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