Bubu de Montparnasse. Illustrée de 90
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Bubu de Montparnasse. Illustrée de 90
.^^. j^. wl?J V3r 4^.. A V :"V / ^V H^ l <y '4 l \y / /, BUBU <=?- ^ de ^'^ *=?'* ^^^'^ «=s- *4- ^'^ ^ MONTPARNASSE o T 'Ao Toite droits de reproduction et de traduction réservés peur tous pays y compris la Suède, la Norvège, le Manemark et les Pays-Bas Published the 20 November 1905 Privilège of copyught in »he United States reserved nuder the Mar;h, 5, 1905 by Charles-Louis PhMippe act approved >,w PHILIPPE Charles-Louis BUBU = de = Montparnasse NOUVELLE ÉDITION Illustrée de 90 de Lithographies Grandjouan ALBIN MICHEL 22, RUE HUYGHENS, PARIS 22 PQ N5B9: 1905 CHARLES -LOUI5- PniLIPPE -DE- MONT mRNeRANÛJOUAN '^'ii^ié^^^^'^Ê ^^^f^jl- & CHAPITRE P' Le boulevard Sébastopol, au ^ lende- main du Quatorze-Juillet, vivait encore. Neuf heures demie du et voltaïques, arcs parmi les d'un soir. blanc Les criard rangées d'arbres, découpent quelques ombres ou sont perdus dans les feuillages. Les magasins sont més : Cour baiave, le Meilleur Pygmalion, les et leurs façades O Petils fer- Agneaux, la Marché du inonde, sombres, en bas des l o PI c BUBU a grandes maisons noires, leurs façades qui tantôt l'éclairaient, ont tenant d'assombrir le l'air hautes enseignes dorées que du jour faisait second étage Les le soleil aux balcons, du premier étage, celles dans briller main- trottoir. celles et les autres, se du perdent noir avec leurs lettres de bois le jaune et semblent se reposer, comme le commerce en le soir, gros. Fleurs plumes, vente de fonds de com- et merce, produits alimentaires, tissus, ont fermé leurs volets et se sont tus, boulevard Sébastopol. C'est l'heure où regarderont plus vie les les passants ne devantures. La nocturne commence, avec d'au- tres buts. ternes : brillantes et les Les voitures ont des lan- les fiacres avec des lumières comme deux yeux de plaisir tramways avec un fanât rouge ou vert et comme une avec des mugissements foule pressée. Ils se sui- vent, se croisent, piétinent et roulent. A l'horizon, vers les 020 Grands Boule- '7îjf-*.nrtwi«iï «;•'''•' '*-* varJs, l'atmosphère s'éclaire bien s'élève dans le ciel et semble plu?;, animée d'un esprit lumineux. Le but n'est pas ici, boulevard Sébastopol, où les maga- sins sont fermés. Les voitures courent. Celles qui vont aux Grands Boule- vards s'en vont à la lumière et se précipitent comme des personnes qu'un spectacle attire. Le boulevard Sébastopol entier sur le trottoir. toir, au dans l'air lendemain le vit tout large trot- bleu d'une nuit d'été, du Paris passe et traîne Les arcs Sur Quatorze-Juillet, un reste de fête. voltaïque-s, les feuillages des c 3 o • • BUBU o arbres, roulent et qui voitures les toute une excitation des passants for- ment quelque chose d'aigu comme et d'épais une vie alcoolique et fatiguée. C'est le spectacle ordinaire de tous les soirs, mais il y a des coins de la rue ou des façades de maison qui gardent souvenir des danses d'hier. ques bruits ou quelques 11 le y a quel- cris qui rap- pellent les chansons des ivrognes. Il peaux qui restent aux fenêtres qui y a quelques lanternes ou quelques draet semblent réclamer une continuation du plaisir. dans joui On devine ce qui se passe les consciences. d'hier, Les uns, qui ont regardent s'il ne vient pas encore quelque jouissance dont ils pourraient s'emparer. C'est parce que les hommes qui ont connu le plaisir l'appellent éternellement. Les ceux qui sont pauvres, ceux autres, qui sont laids et ceux qui sont timides, se promènent parmi la fête et que les restes de cherchent dans les coins quel- débris qu'on leur 040 aura laissa* o de Montparnasse C'est parce qne les hommes pas connu sont en peine et le le plaisir qui n'ont les jours jusqu'à ce qu'ils soient fatigués de n'avoir rien eu. cherchent tous L'air • semble se remuer autour d'eux. Des jeunes gens bien mis passent par deux ou par trois, et s'en vont. Ils ont des faux-cols neufs, des cravates élé- gantes et brillante sobres piquées d'une épingle et se précipitent vers la lumière avec de l'argent dans leurs poches. Des employés de commerce causent entre eux : « Nous avons dansé jusqu'à minuit. Elle s'est hôtel de la rue Ouincampoix. elle en avait envie boîtent le pas à et, quand elles se fés. ils bien emmenée dans un laissé faire. Je l'ai 1 > deux Comme Deux amis empetites femmes, leur adressent la parole, regardent avec des rires étouf- Des jeunes gens, avec des yeux phosphorescents, regardent la quand un couple passe. De femme gros hommes fument un cigare av^c satis- faction et pensent « : Je suis un gros • 5 • 7 fonctionnau-e qui gagne douze mille francs par an. C'est » une jeune femme élégante, au bras d'un jeune est Des couples passent. homme heureuse d'avoir élégant l'air riche ; elle : il est d'être envié. C'est une jeune fillemoins élégante, avec son amoureux heureux qui lui parle en pensant à l'amour. D'autres couples enfin, mari et femme, regardent chacun de son côté, échan- gent un mot : leur esprit et leurs corps sont habitués l'un à l'autre. Ils passaient. passés, on en Quand les vo3'ait d'autres. uns étaient Des 060 [ commerçants nant de que la la se promenaient en te* place dans la rue autant devanture de leurs magasins. Un jeune homme femme serrait le bras d'une et la suivait sentait qu'il l'eût du monde. La avec servilité. On suivie jusqu'au bout vanité, gaieté, la la luxure marchaient dans les lumières. L'air en était chauffé. tait la fées fatigue d'hier ! Il Ah ! qu'impor- venait des bouf- chaudes à cause des souvenirs de l'orgie et les cœurs se contractaient de désir. Parfs semblait un chien court encore après sa chienne. 070 las qui Les iîlîes publiques faÎGaient leur métier. Voici la petite Gabrielle qui vécut deux ans avec Robert, l'assassin de Constance, Son amant vient de partir aux travaux petite Jeanne qui doit avoir dix-sept forcés. Voici la ans. Depuis le mois dernier, elle se promène boulevard Sébastopol. n'a sur le visage qu'un de riz et ses leux du yeux plaisir. Elle peu de poudre brillent des premiers Beaucoup de gens ne laprennent pas pour une prostituée. Voici les filles publiques en cheveux et les filles publiques en chapeau. Les imes ont une démarche vache et accostent les 6 8 o lourde de hommes avec impudence. D'autres raccrochent du coin de A rent leur sourire. se tortillent, l'œil et l'angle de la rue Rambuteau un groupe humides à gauche, à des débris de choux. formé. est Elles parlent toutes à la fois. les Halles prépa- On On voit on pense dirait des grenouilles qui coassent auprès d'un marais. Les agents deux. Il des est facile de mœurs les vont par reconnaître à cause de leur regard, de leur mise malpropre Ils sont et de leur marche grave. malpropres comme leur marchent avec raideur, métier. Ils comme des gens qui o 9 • accomplissent o BUCU o ime fonction. Ils regardent les femmes depuis la tête jusqu'aux pieds avec un regard qui s'appuie. Le regard des passants regarde, celui des agents des mœurs surveille. Décoré de la médaille militaire, un gros brun, dont la mous- tache forte accentue la gueule, mar- che en portant ses poings. Les filles publiques passent raides, sans tourner la tête, sait que avec leur âme d'esclave qui la raison du plus fort est tou- Les boniments des camelots. Quand un un came- serf^ent de ville s'éloigne, d'une casquette, le moustache déteinte, ils lot suro-it. Coiffés visap^eanimé, avec chaleur, car leurs pas- parlent violentes et sont sions la gagner de quoi manger ils veulent et de quoi boire. Celui-ci, qui n'a peut-être pas dix-huit ans, casquette la enfoncée jusqu'aux oreilles, chaussé de bottes collantes, tourne autour du cercle de curieux en soulevant ses bottes. Il vend pour deux sous un carnet d'imatransparentes ges devant les sur un les poursuit dont ils promène : Et « la Ville si vous voyez les de Paris s'amener képi, prévenez-moi, messieurs U dames, aller les yeux avec des mouvements d'escamoteur armes de et à seule fin, attendre. comme sont les » les que La filles je jouisse police publiques amants de cœur. II o les p*l '^:ï>i1 Pierre Hardy, ayant travaillé tout le jour à son bureau, se promenait au milieu des Sébastopol. passants du 'boulevard Un jeune homme de vingt ans, qui n'est à Paris que depuis six mois, marche avec incertitude parmi les spectacles parisiens. Les voitures qui roulent, les lumières crues, la foule des rues, la luxure et le bruit une confusion de Babel qui O 12 9 forment effare et .Sde Montparnasse ' TousV' fait danser trop d'idées à les provinciaux ont senti ce malaise la fois. sont deveni.3 gauches et tristes en et face de cela. Je vous assure que les beaux gars des villages qui paradaient dans les bals font triste figure sur les Grands Boulevards. Un homme les qui marche porte toutes choses de sa vie sa tête. Un et les remue dans spectacle les éveille, un autre les excite. Notre chair a gardé tous nos souvenirs, nous les mêlons à nos désirs. Nous parcourons le temps présent avec notre bagage, nous allons et nous sommes complets à tous les instants. Voici les idées que Pierre Hardy promenait ce soir-là : Dans une maison d'une petite ville où ses parents sont marchands de l'Est, de bois, Pierre Hardy se plaît à retour- ner en pensée parce qu'il a vingt ans et qu'il n'habite Paris que depuis le mois de janvier. C'est une maison en haut d'une côte, qui o 13 o est o un peu en '^ ^ ^ ^4^ ^ r 6 BUBU o dehors de On entoure. Taise pendant est à y qu'un jardin et ville la les soirs d'été où l'ombre de l'on brises, et est pleine dans s'assied le jardin poui- respirer la nuit. Les étoiles occupent la éclairs qui chaleur » pensée on voit quelques ; sont des « et l'on vit de efforts paisiblement au milieu des siens en fumant ses pre- mières cigarettes. Tous sont charmants. troD chaud, au soupe, on Le du il fait de manger la lait : rafraîchissement qui vous jusqu'au cœur. sœur mariée Parfois et sa petite passer huit jours. On détails quand soir, lieu boit les c'est un rafraîchit sa grande nièce venaient faisait un peu plus de cuisine, on était un peu plus gai. de La jeune sœur jouait à la la petite Juliette. lui achetait manquait la Il des friandises. rien. Tous les maman promenait Il et ne leur membres de cette famille sentaient bien qu'ils for- maient un tout dans reuse. 0140 la nature heu- II pensait encore à ses trois années d'école professionnelle. Il avait appris à dessiner des ponts et des machines aux traits au teintes compliqués et à passer des lavis, nettes et admirable- ment fondues. Ses parents avaient fait encadrer dans leur chambre un beau représentant une gare entre dessin deux collines. l'école, daille Il était sorti Il n" 2 de avec un diplôme et une mé- en vermeil. comme put entrer dessinateur à cent cinquante francs par mois dans une compagnie de chemin de regrettait comme de ne s'être fer. Il pas présenté, le lui conseillèrent ses profes- seurs, à l'Ecole des arts et métiers. Ses parents se fussent imposé ce sacrifice et rapidement il serait arrivé au grade de chef de bureau. i Sur ce boulevard Sébastopol, dont les globes électriques s'en allaient à la file, il se promenait parmi des milliers de passants. Les lumières perçaient les feuillages des arbres et tombaient, Q 15 O o BUB'J e dans l'ombre des branclr^s, sur trottoir. Illui étaient foule plus brillantes Les jeunes milieu de se croient cent mille ne connaissait personne Il marchait toujours, c^ que cette et provinciaux au /hommes. semblait que ces lumières encore plus nombreuse. était perdus le et des passants et nouveaux passaient, tous semblables, avec leur indifférence, et qui même pas. Leur comme celui d'une regardaient l'entourait tude dont il ne faisait pas partie. ne le bruit multiIl les voyait par masses, avec des remous et des gestes, gais de rire sage qu'il comme quelques et brillants gards de femmes Il éclats avait entendus au pas- comme quelques re- qu'il avait vu briller. essayait de se raccrocher à quel- que chose pour n'être pas submergée Il avait besoin de descendre même et d'y trouver, en lui- en face de ce qui passait, quelque joie pour n'être pas perdu au milieu de runiverselie gaieté, i6 © Avec des pierres et du ciment je me dresse et je vous arrête alors que vous hurlez. Il la » habitait, rue de l' dans un hôtel meublé de Arbre-Sec, une chambre au cinquième étage. Ces chambres -y d'hôtel sont toujours o 17 o maipiopres à '%^éS BUBU o ' parce que trop - •' de locntnirc? v ont vécu. Le lit, Tai moire à glace, les deux chaises et à table la emplissent. Elle< sont roulettes les petites que si ces quatre meubles semblent encombrants. Ici l'on vit, à raison" de vingt- cinq francs par mois, une vie sans dignité. Les matelas les rideaux de comme un garçon de qui lui du lit sont sales, fenêtre sont gris jour de vie pauvre. l'hôtel a Le un passe-partout permet à tout instant d'en- trer dans votre changent tous les la chambre. Vos voisins les quinze jours entendez à travers et vous la cloison. Les uns sont des couples alcooliques qui se disputent, d'autres ont de prostitution, sont sages, fiance. ils et, si une odeur quelques-uns n'inspirent pas Les pauvres locataires condes hôtels meublés n'ont pas de chez soi. Pierre Hardy ne pouvait pas se dirf € J'ai un refuse triste, je qui où, quand je ', suis m'assois parmi des chose:> me plaisent. » .. Son seul refuge était son Buisson auquel il s'allia dès ami Louis le premier jour. Louis Buisson avait vingt-cinq ans et travaillait © 19 comme o dessina- • BUBU o teur dans le bureau de Pierre Hardy. C'était un iiomme de l^jSS de petit hauteur qui avait été refusé au service militaire de cela, pour défaut de il taille. n'inspirait pas A cause beaucoup de respect à ses camarades, qui le consi- déraient comme un bon garçon, mais dont l'importance n'avait qu'un mètre cinquante -trois de hauteur. Ancien candidat à l'École polytechnique, avait étudié les lui donna l'habitude de l'analyse et il resté interne jusqu'à vingt ans était dans un lycée de province, ce qui avait il mathématiques, ce qui donné l'habitude de lui la souffrance. L'échec de ses beaux rêves d'avenir rendit modeste. Il pensait ; le «Je gagne cent quatre-vingts francs par mois. Je suis comme un homme du pour gagner et je travaille je mange. littérature s'être > Le et soir, il peuple pain que s'occupait de de philosophie promené dans la après rue en regar- dant les jeunes femmes. < le Il disait : Elles courent après ce qui brille, des o jeunes gens riches et de Montparnasse des jeunes gens beaux. Les jeunes gens riches les for- ment au hixe et les jeunes gens beaux, qui les trompent, leur apprennent que l'amour est un simple nous reviennent plus Elles plaisir. nous tard. Elles ruinent en toilettes et en spectacles et n'ont plus assez de ferveur pour devenir nos amoureuses et nos compagnes. Pour moi. j'entretiens une correspon- dance avec une petite bonne. Parce qu'elle est simple et travailleuse, nous nous mettrons en ménage. Je veux comme un homme du vivre avec une femme du peuple, peuple. D'ail- leurs, je hais les riches qui nous volent nos 11 plaisirs. était > dans ses meubles et habitait, quai du Louvre, une chambre au cin- quième étage. Pierre Hardy le récit lui faisait de toutes ses émotions et de toutes ses aventures et Louis Buisson faisait telle les mêmes confidences:- Une amitié nous encourage à vivre, en prolongeant nos plaisirs et en nous • — A tSUBU à consolant de nos chagrins. Je . On « : Mon | y cher ami, nous soufiVons M qui sommes pauvres parce que nous surtout et avons cœur honnête. » et || que nous parce timides, le : me raconterai cela à Louis, dira se dit Ils étaient séparés par une petite différence d'é- Hardy ducation. Pierre de l'Arbre-Sec, qui habitait la rue une rue de est Paris. Louis Buisson habitait le quai du Louvre, où est l'air bien plus libre. Mais suffit il y a des soirs où l'amitié ne pas. Les paroles et les spectacles ordinaires de l'amitié nous reposent. Nous avons besoin de nous fatiguer aussi. Pierre Hardy sentait au milieudu torrent un, peu de joie qui de son ami pensant : « en VousJl!av£z__pii&Jia—amL » Mais cela ne consolait pas et tout le bruit boulevard disait : avoir une femme. « venait et regardait la foule commeJLouis Cuisson. le lui « Il » Il du vaut bien mieux pensait encore J^_m^^prépare^;_passerJ^exame^^ O 22 O : . condnctcnr des ponts chanssccs. et nommé hommes J'arriverai certainement â être chef de bureau. Tant de ces femmes au bras qui passent avec des vont resterpeliis employés!» Mais tou en passant la loule porte! rions. lui criai t : « c Qu'im- Nous avons des femmes et nous répondait: > Il « J'ai im père et une mère qui m'aiment plus que ne vous aiment vos fenimes. porte ! disait la foule. rions. Alors es seul et tu de coinprendre fut obligé il que toute d'une joie la ne pouvait rien opposer à lumières et > mieux que son existence plaisir. Qu'im- Nous avons des femmes t'ennuies. nous Tu — - et aux fête vala't solitaire.^ l'éclat Il des débordements du Louis Buisson, passionné pour deux ou trois principes philosophi- ques, y trouvait assez de force pour o 23 o AiJ^ .-y^ K BUBU o hommes regarder les leurs, cherchait en eux quelques il nouveaux IPierre en face. D'ail- principes Hardy découvrir. à avait vingt ans et se trouvait tout seul, avec mille désirs,, au milieu d'un Paris bien tentant. Et souvent ses désirs l'avaient mené. Certains soirs, ayant travaillé jusqu'à onze heures, il fermait ses livres et se sentait triste à côté de leur science. Tous les diplômes ne valaient pas bonheur 'de vivre. Deux ou ges de femmes rencontrées raissaient à l'imagination et vait, lui il le ima- trois appa- les sui- d'abord pour se délasser. Puis tout le feu de ses vingt ans s'animait, tous ses sens sentaient ce que contient une femme qui passe. Alors sait, la gorge sèche éteignait sa lampe et le et il se dres- cœur serré, descendait dans la rue. Il marchait. Des prostituées pirouet- des coins de rue, avec de taient à pauvres jupes et des yeux questionneurs : il ne les regardait 9 24 o même pas. de Montparnasse * Il comme marche marchait rance. Quelque jeune marchait devant serrée ralentissait le Voici qu'elle Alors il l'espé- lui adressait le alors lui, un sourire. lemme marchait parce qu'elles étaient trop comme en faciles. Il parler aux autres parce n'osait pas qu'elles n'avaient pas l'air faciles. comme marche Il l'espérance, de femme en femme, jusqu'à ce M à ne voulait pas des unes Il marchait il la voir. marche l'espérance, de femme femme. n'y ait plus d'espérance. qu'il __ Parfois une jeune ouvrière attardée le dépassait, trer chez noire, marchant elle. un corsage simple qui, Hardy une jupe et C'était comme un travaille et pour ren- vite Elle avait peau sans ornement. fille I pas pour mieux parce qu'une autre la taille serrée... Il i à la taille pas pour mieux allongeait la fuir et P'M- femme •» jeune un cha- une jeune homme, pense à l'amour. Pierre se disait ces choses avec naï- veté et la suivait, bien vite la suivait. ' c DU3U Il à rexaminait, la quantité la lui parler il Quand disait » Il la suivait toutes ses grands pas, idéal. Il il arrivait à Je ne veux pas « : qu'elle maintenant parce que nous sommes dans une tée. bonheur de pourrait donner. sa hauteur, soupesait en pensant voie trop fréquen- pas à pas en remuant pensées et l'eût suivie suivait la comme on à poursuit un bien loin dans la nuit parce qu'elle portait de la lumière. Toutes ces aventures avaient la même fin. Sans que fille sonnait à la porte d'une maison. l'on s'y attendît, la jeune Elle arrivait chez elle. une dernière fois Il la regardait continuait et sa route en p)ensant au lendemain et à tous les lendemains pendant lesquels il ne rencontrerait pas ce bonheur qu'il venait Et à la fin marché, il de laisser fuir. du compte, fatigué d'avoir sentait encore désirs qui le poussaient. paix il sur un les Pour vieux iivoir la prenait la première venue, lit d'hôtel meublé, o 26 O et, moyennant '^^^^S'i-^^^^i^^^^ quarante sous, se déversait Jans une fille sale comme un déversoir pu- blic. Ce :^^^ soir du quinze juillet, le boulc- vard Sébastopol vivait bien plus. Les uns pas, et 'amour. « Il par couples, à petits passaient semblaient promener leur Des ieunes gens disaient Elle avait de petits seins : fermes. faudra bien que je la retrouve. » Paris marchait avec des voitures qui roulent, avec des chansons d'ivrognes et avec tant de o filles 27 o publiques qu'il '^ « BUBU o en était quelques-unes qui tentaient. Les arcs voltaïques s'entouraient d'un halo de l'un à et, l'autre, éclairant entre les maisons, formaient l'air un grand canal lumineux qui débordait les toitures, montait jusqu'au son lui jetait ieu. ciel et Cette atmosphère vous baignait dans un fluide dans un bain électrique et pénétrant. subtil, Puis des vents chauds, l'exhalaison comme d'une nuit d'été faisaient Paris une bête hurlante, avec des sueurs et des yeux fous, et qui soufflait son haleine jusqu'à pondait à un sur le les cœurs Un un passant lumières cri ré- éveillait l'allumaient chaque vie se gonflait fétu, boulevard la bête défaillir. l'autre, désir, comme un en et criait aussi, comme d'amour, jusqu'au fond des défaillants. Et Pierre Hardy se les rappela, les courses aux femmes. honte à se Il les rappeler eut sous de la les lu- mières parmi des miUiers de passants, mais il les ressentit ainsi e 28 » qu'un homme y'jr^ ressent de c^randes idées qui le mènent. Devant ses 3'eux marchait la avec son sexe, son sexe ouvert, j|' disait tut le Femme comme Louis Buisson., Pierre Hardy ne plus riem Paris débordé le roulait, prenait entre ses grandes eaux et o 29 2 o BUC'J o Hardy, Pierre J'entraîiiaitj marchand de bois, fils d'un ami de Louis Buis- son, candidct à l'examen de conducteur des ponts et chaussées, l'entraînait entre ses l'entraînait deux rives perdues, et jusqu'au bout du monde. " Au r.\m '^^^;r>'s^i^io&.r-ii^-^^-^ coin de la rue Greneta, il 3' n '^ eut un rassemblement autour de quatre chanteurs. heures, ils et, pas encore dix n'était Il à un dernier coin de rue, chantaient peut-être leur dernière chanson. Le père raclait un violon de bois rouge, dont la voix maçante le faisait du neu\e et gri- bruit, et regardait cercle des badauds avec des yeux aigus où l'on voyait passer des étincelles et du sang. La mère, au ventre grossi par les couches^ seins bouffis de dans su lace en bête débris o 31 o usée, deux aux avait \clix * BUBU o comme deux bleus femme fleurs sales. Elle une voix pointue de Et les deux petits en- chantait avec criarde. fants, qui, tout le soir, avaient chanté, tremblaient sur d'eux tournait mauvaise bête père ; il ses yeux comme une il ressemblait à son ; yeux le voulu plus petit, jaune avec bleus, aurait voulu, mère, tomber sur Raris les avait L'un les était si las qu'il aurait mordre. Mais la jambes. leurs p^ris le dos et comme dormir. dans sa main qui broie et tous quatre, les bons et les méchants, les avait broyés. C'était, t'en souviens-tu, Lison, Dans Tu ta chambrette : enlevais ton petit jupon, Moi ma jaquette. Des mères avec Trois petites leur fille ouvrières écoutaient. qui avaient acheté la chanson suivaient les paroles. Des passants s'étaient campés par désœuvrement, d'autres jetaient un coup d'œil et partaient. Il n'y avait \ monde autour pas ^rand r/onlparnnsC3 « cl'î teurs parce qu'il des chan- eu trop de avait 3' chansons. Pierre Hardy s'arrêta. regarde cela parce quelque Quelques chose. On regarder qu'il faut pu- filles bliques aussi, sachant que les rassem- blements sont pleins d'excellentes oc- Et casions. violon maladroite voix la par-dessus rouge, les du trois autres voix, égale, mécanique, sans délicatesse Tu me « t : disais : Mon « veux Si tu Tu mettras quelques Dans ma € < On Hardy coup pièces d'argent tirelire. » vend deux sous. la > Pierre l'acheta. Il la lisait sans beau- lorsqu'une d'attention, femme, à côté de aussi, dit chanson. que cher amant, rire, la : « » Il Ce jeta lui, n'est qu^.., la pas un coup petite lisait la vraie d'œil et vit jeune femme avait des ban- deaux noirs et un air gentil. » BU»3U • « fut bien émn comment est donc la vraie en II Et son? ; Elle répondit « clian* > La : chanson vraie dit C'était, t'en souviens-tu, Un beau Cela lui : Lîsca dimanche... » parfaitement égal, était mais une jeune femme coiffée de ban- deaux nous rend beaucoup de choses intéressantes. Alors Pierre n'écouta plus les chanteurs. Il lui dit : < Vous devez bien chanter, mademoiselle. Elle répondit : Pas maintenant, parce c suis enrouée. Dix heures > que je > allaient venir et la voix misérable du violon rouge criait encore, jusqu'à ce qu'il fût défendu de crier. Ils rieu.^ n'avait quittèrent le et, pas comme l'air o la groupe de cujeune effarouchée, 31 9 femma il lui offrit un bock. qu'elle C'est Berthe, Il avait grand'peur ne l'acceptât pas. ainsi le que Pierre rencontra soir du quinze o 35 o juillet. Il * c BUBU o souriait à cause de sa gentillesse et de ses bandeaux. ^Vi k>. /. y i-*-^ j^f'*,«--w CHAPITRE A II minuit et demi, lorsque Berthe eténier rentra dans sa chambre de Mau- rue Malebranche, son amant ce était déjà couché. Par scrupule conscience la ouvrit il reconnut. Elle bougie brûlait sur s la en approcha pour bouton qui la genou. elle Puis un coin d'œil se La table de nuit,^elle regarder un piquait plongea î7 déshabilla. c au-dessus la main petit du àATi^ ^ BUBU o son bas gauche où elle avait l'habi- tude de mettre son argent, en les cent sous de Pierre et les posa au- près de la bougie. Cette tout ce que tu as puis huit heures Eiie répondit — Eh tu verras Il Maurice fois yeux pour voir ouvrit les deux — C'est sortit : fait de- ? : bien! vas-y donc toi-même, si c'est facile. du côté du mur en haus- se tourna sant les épaules. idiot d'avoir Il pensait^: « ^'est une femme qui ne pas travailler. sait » Elle se coucha après avoir soufflé la bougie. Maurice content tout de fait n'étai-t pas trop mé- mêm3 parce qu'il avait son petit supplément. Chez chand de vin, avec un jeune mar- son ami Paul l'attendait homme jouer aux cartes qui accepta de encore avant la semaine. Berthe faire sept irancs c chacun auquel et d'eux gagna trente sous. trois jours le Il y avait fin de la .ayait_lsL---teii-i-ps--tie pour 3S i la location de ia de Montparnasse o ambre. Us pouvaient donc dépenser .feh dans six francs cinquante la journée du lendemain. Il pas fatigué. Alors n'était tourna du côté de Berthe et lui il se passa bras autour de l'épaule. Elle l'em- le bouche. C'est brassa à pleine chose hygiénique homme et un sa une bonne entre un et femme, qui vous amuse avant de vous petit quart d'heure endormir. Elle faisait tous ses efforts pour goûter du plaisir en que lui. Tout même temps alla bien. Elle jamais quand c'était Ensuite elle dit ne se lavait avec son : — Vous vous imaginez que comme on veut. homme. Il l'on fait y en a plus d'une, ce soir, qui ne les rapportera pas les cent sous. J'ai rencontré un type qui ne voulait d'abord trois francs, et puis me donner que il a consenti à m'en donner cinq à condition que ce soit pour une mieux ça. On heure. Moi, j'aime se iait des clients, et puis c'est meilleur genre. o 35 o c BUBU a Maurice ne répondit pas. tinua Elle con- : — Oh! oui, je sais, tu parles de sœur Blanche, parce ma qu'elle fait quinze francs. Et puis, après ça, elle s'amuse avec des petits gars et elle reste trois jours sans travailler. Maurice ne répondit ' — Moi, aussi, je pourrais faire des types à quarante sous. me qui le rien. Il y en a assez proposent. Et puis il faudrait comme Blanche un peu. Tu trouves courir toute la nuit pour ramasser déjà que je rentre trop tard. Elle avait un grand besoin d'appro- bation. Etant faible, elle avait besoin d'un soutien; étant douce, elle avait besoin de bonnes paroles. Elle eût causé longtemps. Il savait qu'en affaires il faut toujours se montrer exigeant. Les femmg.£.ji£LirâYailleraie nt plus_ si_ _ on voulait dit les entendre. Il répon- : — Fous-moi la dgnnir, 40 paix ! Laisse -moi n Maurice Bélu naquit le quartier tenait un l'âge de parce vécut dans de Plaisance où sa mère commerce. petit seize ans, qu'il et il Jusqu'à resta à l'école vaut mieux avoir un peu plus d'instruction et parce qu'on a le temps d'envo3-er tissage où ils les enfants en appren- contractent de vaises habitudes. Il mau- reçut une éduca- tion soignée, sortit de l'école avec son 9419 « BUBU • brevet simple et fréquenta les garçons donnèrent de son âge qui lui nom de Bubu. apprit le métier d'ébé- Il chez un niste Saint-Antoine. Un ses jour du^ faubourg patron On de l'atelier, anciens camarades l'aperçut Bubu s'écria : < un de qui d'école voilà Tiens, Ceci ce fut pas perdu, puis- » ! Maurice. l'appelait qu'il sortait le sur- que rien ne se perd. Maurice redevint Bubu. un C'était petit homme dont le torse reposait avec force sur des jambes solides. se Il disant : « frappait la Petit, poitrine mais costaud. tête était osseuse, et ses deux » en Et sa 3'eux se cachaient derrière les pommettes, volontaires et un peu dissimulés. Il avait surtout deux mâchoires arquées qui, broyant ment les aliments avec un craque- d'os et de nerfs et de muscles, montraient toute leur anatomie. Ceci ne veut pas dire tits qu'il avait des appé- énormes, mais simplement avait le coup de dent o 42 décisif, o qu'il • Au de Montparnasse temps où sa mère l'envoyait l'école par crainte des 3 mauvaises ha- bitudes que l'on contracte en appren- Bubu tissage, fit un certain nombre de connaissances. Les unes étaient des apprentis qui, chaque soir, rôdaient et riaient dans toutes étaient ce dans la que rue Les autres les rues. l'on aime à rencontrer les petites filles : de qua- torze ans, celles de quinze et celles de seize. Elles sont les filles de parents pas trop sévères qui font l'éducation dt la jeunesse par Elles désirent ceux qui le moyen de la liberté beaucoup de choses les voient prennent et la har- diesse de leur en offrir encore davantage. Vous, rue de Vanves, et vous aussi, talus des fortifications, par les beaux soirs sans lune, passer Bubu. rue, comme Il vous avez vu apprit à connaître la elle est pour ceux qui rôdent, avec des étalages où l'on peut exercer son adresse, et avec des aventures. Il apprit quelque chose de plus Utile il apprit à manier les ' : ' © 43 3 femmes. • à cUcU « Ce qui devait arriver arriva, un jour où ^Libu, la alors âgé de dix-neuf ans, connaissance d'une grosse la rue de la Comme Gaîté, nuit, la lait tude de décision, Avec celui de sa prompti- Bubu annonça à métier d'ébé- l'atelier qu'il quittait le pour elle travail- fallait qu'il dis- il posât de sa journée. niste fit de pour que Bubu pût se son amour, livrer à fille déménageur. l'annonça avec orgueil parce qu'on Il le plaisantait sur sa petite taille et parce que ceci montrait à tous que Bubu était fort Il où fut la comme un déménageur. content de son nouveau métier journée est bien payée, où ch_ômage est abondant et où un le homme adroit peut se faire des bénéfices sup- plémentaires. Il n'achetait jamais de souliers, par exemple. la femme s'accrut Sa science de au contact de la grosse Hortense. Sa mère- n'était pas toujours approbatrice, mais Bubu, dont les convictions étaient fortes, trouva des paroles solides qui o 44 Q la remirent en ô de r,7onlpa 'nasse o même lui montra deux ou trois qu'il était un homme d'action et place et fois n'aimait pas les contradicteurs, II se fortifia dans sa voie, lâcha Hortense chemin faisant, puis atteif^nit sa rité. taire Il fut exempté du service majomili- pour un défaut du pied. Alors Maurice Bélu se prépara. réalité, ses idées précises, mais l'argent et de la vie il d'avenir n'étaient pas savait qu'il faut de une femme. Ces deux forces présente nous dirigent vers la vie future. Il se fît donnerune somme de cinq mille francs qui droit il En lui de son père. Quant à s'en charsreait. revenait de la femme, o BUBU o Le Quatorze reux jour où Juillet arriva. Bienheu- boutiques des mar- les chands devin sont pleines de drapeaux, où les comités socialistes-révolution- Le naires célèbrent leurs victoires. soir, y a des bals entourés de lam- il pions, les pistons ont des gueules de cuivre et les tables des cafés envahissent la rue par permiss'on spéciale du gouvernement. Le peuple, à cause de .l'anniversaire ses filles de sa délivrance, danser en Jerthe liberté. Météiiier, ç laisse 46 o petite ouviicre do Montparnasse o âgée de fleuriste un gardait de bal ans, dix-sept la re- rue de Vanves en compagnie de Marthe, sa grande sœur, et de Blanche, sa petite sœur. Ses bandeaux noirs, autour de son donnaient un visage, lui air pâle, mais ses 3'eux vivaient avec beau- coup de douceur. Maurice à danser une première firent lois, une deuxième danse l'invita puis ils et ensuite une troisième. deux, même elle admirablement tous dansaient Ils les taille, prendre il très était peu près de étaient à ils bien élevé, était très douce. quelque Il chose, l'invita mais à elle refusa parce qu'elle était avec ses deux sœurs. Il Marthe et chapeau — se fit montrer la grande sœur s'avança en soulevant son : Pardon, mademoiselle, puisque vous accomplissez tions de mère, je les mais fonc- m'en vais vous adresser une demande. Voulez-vous me permettre d'offrir un verre de limo- « 47 o * • BUBU o nade à mademoîselle votre sœur faire le me quelque d'accepter plaisir et chose aussi? Marthe savait que aucun danger en acceptant d'un jeune sit, homme bien on causa. ne court l'on l'invitation élevé. On s'aspou- était ébéniste et 11 vait faire des iournées de sept à huit francs. Marthe travaillait faisait blanchisseuse 'était dans l'atelier son apprentissage. le disait, et où Blanche Comme elle on avait voulu que Blanche pût blanchir les autres. Elles quatre trères. y en 11 avaient avait deux qui devaient être en train de caurir par là. Leur père était veuf. Il était peintre en bâtiment, il avait parfoi&i;,|«s coliques de plomb mode. et n'était pas toujours com- On donna beaucoup La gosse Blanche en et riait était de détails. heureuse en buvant son sirop de grena- dine. Maurice donna un rendez-vous à a 48 a c CU2U « Berthê pour vintj mais snrîendemiîn. le elle F.lle y ne pouvait rester long- temps, par crainte de son père. Ils se promenèrent en s'embrassèrent deux lois causant et dans une rue sombre. Au second rendez-vous, oHrit Maurice lui une bague en doublé avec un brillant rose. Au troisième rendez-vous, ils se promenèrent bras dessus bras dessous, consentit à et elle entrer avec lui dans un caté de l'avenue du Maine. Maurice n'était pas pressé parce ne voulait plus des amours Berthe filles lois était comme quM léjjères. jeunes les des faubourgs qui déjà bien des ont trouvé l'occasion, mais ne s'y sont pas précipitées parce que demain la leur offrira meilleure. Elle ne vmt pas au quatricmerendez-vous. Maurice la guetta une le lendemain et lui carrée. explication demanda Son Tavâit empêchée de descendre. pondit : o 50 o père Il ré- — Mademoiselle, vous me l'aviez promis. Etant données les relations qui existent entre nous, vous n'aviez pas le droit messe. de manquer à votre pro- Pour ma part, aucune force humaine ne m'empêcherait devant de vous quand d'aller au- je l'ai dit. Elle baissa la tête avec cet air niais des pauvres enfants très douces qui ne savent pas quoi dire parce qu'elles ont peur de "faire de la peine. alouette était déjà prise, o 51 o La petite Maurice semblait un éloquent lier jeunes en ont le cheva- comme cordial et filles joL'ine les désir et ses déclarations loyales montraient en lui profondeurs de loyauté. des A cer- taines choses qu'il disait, à d'autres qu'il y né disait pas, en avait ture. Cela douce lui du mystère même / -> qu'il de l'avenBerthe, quand Maurice l'eut avec douceur. se plia prirent l'habitude de se voir tous les jours. en et était tentant. et pliante, prise en main, Ils on comprenait Il se oromenait sous dans plus profond de le les fenêtres d'une façon particulière sifflant comme une : son cœur voix qu'elle espérait de- puis longtemps entendre. Elle descendait et courait. Le père — finit par tout apprendre Je le connais. Tc-i'.t un jour tier. Te il : Un propre ébéniste galvaude dans le 1 quar- voudrais bien savoir à quels moments il travaille. TI ne m'a pas de ^Tand'chosc de bon. e 53 o l'air e cl Montparnasse 3 ne s'en inquiéta pas davantage Il parce que, étant père de sept enfants, il avait eu beaucoup de mal et il avait appris que la vie est plus forte que nos volontés. //il savait tent entre que les filles toutes de Paris flot- tentations les et leurs pères, leurs pères les Pauvres, ne peuvent rien leur en préserver.// Il sommes et des pour offrir nous que savait manœuvres et des chiens que nous n'avons pour nous que misère, dans un est maudite. encore le malheur et ser la tête pensa Il — l'ai monde où Après la la misère malheur vient le il les n'y a qu'à bais- en grondant. i\ : Après tout, ceci la regarde. Je prévenue. Si c'est sa destinée, je n'y peux rien. La petite Berthe, un soir, quitta la maison paternelle pour aller vivre,- avec Maurice. Sa sœur M^irthe était La gosse Blanche avait alors enceinte, volé cent sous à sa patronne. « ^ \ 5]^ "Z^im 4 ^'^ ^^t%'^ Maurice hôtel et Berthe 'vécurent dans un meublé de rue de l'Ouest. la Au troisième étage^une chambre de trente irancs, donnant sur tapis bleus et blait belle deux comme la rue, avec des faut,euils, leur i t. ,. sem- f appartement où de Niontpcxrnasse è Berthe conti- l'on a toutes ses aîses. nua à travcùîler riste. Maurice entama ses cinq miUe de son métier de tieu* chaque semain© francs. Elle rapportait vingt-cinq francs et Maurice ajoutait pour assez d'argent n'eussent qu'ils Tous rien à se refuser. les soirs ils prenaient leur café au bar. Ensuite allaient « au calé-concert, ou au bal da Moulin de et les s'agrandirent. amis Vierge la », ou au Montparnasse. Les théâtre lations connut Elle Maurice de re-' de Berthe idées et les leurs femmes. Les amis de Maurice ne travaillaient pas beaucoup parce que leurs femmes pour eux et travaillaient parce connaissaient assez pour n'avoir pas travailler. Elle le qu'ils monde besoin vit da dans leur ', vie quotidienne les souteneurs e les ils filous et comprit qu'ils n'ai-1 niaient pas le travail parce qu'il vuiut bien mieux aimer le plaisir. 4 .^^J ^y^' > • -'^'"'if %-t^ ./ii^*^'^''^V^ii \v ^ ^ Ils regardent.la troupe humaine pas.^î«S.' ^^0w^M sant et rient d'avoir les coudes sur la _L4 table en la regardant passer. Bertbe connut leurs histoires. bonnes aubaines elles faisaient Il y avait de pour les femmes quand des soirées de vingt ou vingt-cinq francs. Le lendemain riaient davantage, d'abord à cause l'argent et ensuite en pensant à qui donnent aux femmes cinq irancs. Il 3^ baines pour les une lois, un coupon de ceux vingt ou vingt- avait de bonnes au- hommes quand entreprises étaient exécutées. Jules, ils de leurs Le Grand rapporta d'expédition soie noire. tcmmes des amis eurent Toutes leur part, les La ^^^^^ iif.^ > if ' ' V -il)' robe de Berthe sembla plus belle lui parce qu'elle ne se l'était pas procurée par les moyens ordinaires. vait, d'une avait dans la bonne fait rue, farce. Il lui arri- d'en rire comme Le Grand Jules mois de prison à huit Santé pour vol avec effraction. Il la con- monde et son aboutissement. qu'au bout du monde il y a la naissait le Il savait prison de Ja Santé et regardait cette idée face à face. Il selon sa volonté. agissait Il savait briser serrure et pouvait tuer simplicité. d'amour fermement une un homme avec Les femmes l'entouraient comme des oiseaux qui chan- tent le sole H et la force. © 57 I) était un de -^ « BUBU o ceux que nul ne peut car .-r^^ujrftir, com- leur vie, plus noble et plus belle, porte l'amour du danger. Berthe vit chez son chose ces choses en sortant dei pendant que père, illuminée par son était pour Maurice. Le premier ieunes filles là qui est homme de dix-sept ans, leur destinée. toute amour des c'est celui- Lorsqu'elle prenait l'omnibus pour aller au travail, elle fermait les un peu lasse, et voyait Maurice avec « yeux, parce qu'elle dans sa pensée les plaisirs. 11 lui disait Je ne veux pas travailler à »^ alors elle sentait qu'il bornées comme deux quatre sous de café parce Il de sa mère dont les idées étaient parlait ; sous de poivre et il en parlait ainsi qu'il avait les idées ouvertes. Il lui disait père mon mé- supérieur à tous les métiers. était : ne veux plus être tier d'ébéniste et je déménageur était et : « Quand tu étais chez ton que tu t'emmerdais en torchant tes frères », alors elle lui était recou» naissante de l'avoir délivrée, c 5S y ( de Montparnasse o Au bout d'nnmois, il la battait, non pas par méchanceté. Voici : mais Mau- rice, qui avait le caractère résolu, clas- trop nettement les connaissances sait Comme l'empereur humaines. magne, Charle- avait mis d'un côté les idées il qui ne lui plaisaient pas et de l'autre qui lui plaisaient. celles f Il pensait : Là-bas, c'est Terreur, mais ici, c'est la vérité. Comme » magne, n'avait pas le sentiment des il nuances. l'empereur Charle- Il ne comprit jamais, par exemple, que l'on se lavât le visage avant de se laver Il disait à Berthe tes • « mains Tu les touches ta figure avec sales, c'est façon pour se laver. Une mains. fois elle préparait le plat. une drôle de » des œufs sur Elle mit le sel et le poivre tout de suite après avoir cassé Maurice savait que les œufs sont voix aigre donc faire. homme qu'il faut le : « » les mettre lors- cuits. Elle dit, Mais œufs. d'une enfin, laisse-moi Maurice, qui était lui d'action, croyait à la nécessitçj o 59 o j CUDU o des châtiments corporels. la gifla, Il persuadé qu'une gifle fortifierait en le sentiment de Il la vérité. la battait d'autres fois, l'avait elle mécontenté, parce parce qu'elle qu'il était en colère ou parce qu'elle était entêtée. La pauvre Berthe, avec son caractère doux, acceptait ces en corrections pleurant. Elle regrettait d'avoir quitté son père. Un peu plus tous amis de Maurice battaient les tard elle vit que aussi leurs femmes avait en ce monde une qui était la loi comprit et d u plus E lle forti ce que contient l'oxpression homme », Un « homme » qu'il y dirigeante loi est « sentit mon un gou- vernement qui nous bat pour nous montrer saurait qu'il est le maître, mais qui nous défendre au moment du danger. Maurice croyait que l'intelligence a des rapports avec l'énergie conséquent sa femme hgente, puisqu'elle \e disait et n'était était que par pas douce. intelIl ne à personne. Bien au.contraire, e 60 Q \ cla il se par devant les amis, = pensait Il Il : mais est petit, elle revenait monter petit était jolie. du On dominer. est costaud. il l'aimait bien_, pourtant. parce qu'elle Le travail, Il l'aimait soir, quand l'entendait il l'escalier. Il reconnaissait pas pressé et se tortillant 11 de leur prouver vive, afin était difficile à qu'elle plaisait à de Berthe quelque parole taire sortir un peu Montp-rnnss^ il lui son semblait la voir un peu pour aller plus vite. aimait les yeux souriants et doux qui approuvaient tous ses désirs. Et lèvres rouges, un les peu molles, qui se collaient bien sur les siennes. Et les longs cheveux noirs, et les bandeaux, et le chignon au-dessus de qui lui donnait autres. quand le Et sa un pas air volupté elle appliquait' son la nuque comme aux particulière, corps contre sien et qu'elle se pliait pour qu'il la pénétrât. Il aimait cela qui la distin- guait de toutes les femmes connues, parce que parce que c'était plus c'était plus fin et « 01 qu'il avait © doux, parce que euB'j o femme, à c'était sa vierge. lui, qu'il avait eue l'aimait parce qu'elle Il bien élevée, parce qu'elle était et qu'elle (es en avait rair,[et poi était honnête m toutes ,-, raisons qu'on Ues bourgeois d'aim erj ^eur femniej_^arMaurice avait des -_à.dées bourgeoisesji nément qu'oti est Ce n'est pas nnpu- venu jusqu'à vingt- ans sans casier judiciaire. trois Le temps passa. Deux ans passèrent cinq mille francs de Maurice et les passaient aussi. Notre destinée ne se fait pas en un jour, quand nos cinq mille francs sont épuisés, après ans de vie commune; elle deux se décide à chacun de nos gestes et â chacune de nos fréquentations. Depuis long- temps Berthe savait que sont filles ment <, comme les autres. la propriété, Il Maurice aimé faire autrement. se résigna pourtant et pas beaucoup. i'^riétaircs qui publiques font tout simple- aurait bien mieux Il celles ne souffrit avait le sentiment de mais à la façon des pro- qui mc'.(:nt leurs biens en © Ci to J* '' ,. location, Berthe ne se regimba. ]xis amené à lui lorsqu'un soir Maurice fut dire « . te fait tiras Ma petite femme, si quelqu'un des propositions quand tu sor- de l'atelier, vas-y, ça nous fera toujours un peu d'argent. o 63 o > -« EUCU » Et puis y a il le démon, qui montre d'abord une face riante. Les premiers temps Berthe que pour francs, rien ou dix faisait « vingt un moment », car Maurice ne voulait pas qu'elle dé- couchât. retrouvaient leur ancienne Ils abondance d'argent, pas dur pour le métier n'était elle qui rentrait vers dix heures et pour qui ne lui toujours non plus pas trop longtemps à restait î l'attendre. Un peu plus tard elle quitta l'atelier, ne voulant plus travailler dix heures pour gagner quatre tait chaque faisait le francs. Elle sor- heures et soir vers huit boulev^rC*. Sébastopol et les Grands Boulevards. i [1 C'est ainsi que Berthe Méténier de- vint fille vint « publique que Maurice de- un individu sans aveu intelligent, sirs et il vivait à Paris hurlent en passant d'abord, puis il ; il ». Il était où les plai- avait travaillé avait compris que les travailleurs qui peinent et qui souffrent sont des dupes. Il C4 devint souteneur 'H \ p-t >'.' parce . /- %^ " v'^^' ''- % qu'il vivait dans une société pleiine '^"^ de riches qui sont forts et déterminent les vocations Ils veulent des femmes avec, leur argent. Il faut bien qu'il y ait des souteneurs pour leur en donner. • 6s • J il:; r II 1 H /i / f CHAPITRE III Pierre Hardy, au lendemain de sa rencontre avecBerthe, se sentit un peu femme calmé. Cette petite eue pour cinq heure entière comme qu'il avait pendant une francs était flexible et devaient l'être les malléable femmes qu'on ne paie pas. Depuis longtemps, parce une qu'il était pauvre, il avait établi relation entre la jouissance et son prix de revient. Il e savait 67 o que les femmes o BUBU • sont avides elles et qu'en un tour de cuisses absorbent Etant la journée d'un homme. de parents économes, fils s'il n'avait pas toujours assez de volonté pour se priver de plaisirs, regrettait-il ses dépenses. du moins Mais lorsqu'il pensait au corps de Berthe et à une pression électrique de ses bras, alors qu'ils s'épanouissaient ensemble, souvenir ce bon comme un peu de était cette volupté qu'on espère à vingt ans. Puisque nous vivons dans un monde où les plaisirs se paient, Pierre que ce plaisir valait cinq francs. donna un rendez-vous pour jugea Il lui la semaine suivante. Rendez- vous à huit heures et demie du et soir, au coin du pont Neut du quai du Louvre. Pierre fut Il la vit le premier au rendez-vous. bientôt venir. Elle était coiffée d'un canotier blanc, noirs avec et ses un gros chignon ressortir son visage blanche et cheveux faisaient comme une chose d'une douceur inattendue. Pierre en ressentit une o 68 e sorte d'orgueil. Il aurait bien voulu la bras et qu'un ami — Ma chère petite amie, je suis bien heureux que tu £lle avait promener à son les rencontrât. un sois venue. sourire de pauvre pe« 69 » • BUBU • tite piitnîn, ce sourire qu'elles prêtent à ceux qui paient. Elle répondit ^ Le : . soir étai^~doux et flottant. long de le ~ Vraiment^ la Seine y avait un peu il de vent qui coulait Tout comme l'eau et semblait suivre les feuilles. Les ombrages, légèrement balancés au-dessus des passants, parlaient à leur lui âme et donnaient des balancements légers. On aimait touteo les choses parce qu'elles étaient reposantes. La Seine, le ciel et les voitures brillaient tement et la ligne arbres, semblait promène où et modes- des quais, avec ses une allée où l'on se l'on s'isole. — Nous allons faire une petite pro- menade. -^ Si tu veux, parce que je ne suis pas bien pressée. Ils prirent le quai de la Mégisserie. Pierre disait — Je t'ai : vu venir avec ton petit nas. Tu remues tes jambes sous tes jupes, un peu, tu souris et tu tu te tortilles o 70 o ri'' as l'air très bon doux. On Montparhiiç ss sent que tu as Je t'aurais reconnue caractère. entre toutes les femmes à cause de cela et pourtant c'est la secondé fois que nous nous voyons. Mais semble que je te il me connais bien. — C'est gentil ce que tu me dis là, répondait-elle. Nous aussi, nous aimons mieux aller avec des personnes que nous avons déjà vues. marchaient bras dessus bras des- Ils sous, en se parlant dans les yeux, et Pierre pensait qu'ils avaient deux amoureux. Cette mince et maniable petite l'air de femme était pareille femmes que l'on rencontre dans la aux rue hommes qui leur pressent la Quand le soir tombe et qu'elles là, il y a dans le monde un grand avec des taille. sont désir. petites Seigneur, des femmes comme Berthe pour que nous vingt envoyez-nous les baisions et pour ans ajoutent Pierre ne se à rappelait que leurs nos baisers. plus que plaisir allait lui coûter cinq francs, 0710 ce ; ' i »v -^^«si^"^ iîjjgr 'ij^-'i -^-:i-«3ii'^'^'«çpç'¥S:«^«}BftiïPs:e:»^^; ^ S! Un peu Ville. les plus loin que l'Hôtel de deux bras de contournent l'île Seine qui la Saint-Louis se joi- gnent en formant un large fleuve. nappe d'eau y|Cette s'écoulait, passait sur les reflets des lumières et continuait sa route, avec cet aller endorsnant de Peau-^Mais au-dessus jusqu'à la «H«ai d'elle, l'air se berçait vaporeux et vert, pointe mélancolique Bo'irbon. Le monde o 7» « du était,calme î^- moiré et l'eau. comme l'air comme Les bateaux, éclairés jusqu'au la robe du geste précis. fond de l'âme, fendaient fleuve, j^"^^'^ et grand d'un Beaux amoureux transpercés par les du monde! Pierre aussi se beautés sentait éclairé jusqu'au fond de lui- même. — petite U Que amie dit la Seine est belle, ô ! encore : * 73 • ma • BUEU o — Vois ou le cieî. y a par là-bas deux Il trois cents petits Ça me donne compliment. deux ou envie de Qu'est-ce le ciel un toi. demanda Elle sourit et — faire mon cœur cents petites émotions qui brûlent à cause de quand te y a dans Il trois nuages rouges. que cela rouge est : signifie, comme ce soir? Il répondit : — Dans mon pays, on prétend c'est signe de guerre. Mais que nous n'allons pas je nous qu3 pense battre tous les deux. Ils marchaient lentement sur de l'Hôtel-de-Ville le quai et se sentaient l'un à côté de l'autre. Les tramways passaient en comme des bêtes féroces. Mais leur faisant : 7ûiiiin_l,._;OuaiLli bruit n'était rien pour Pierre, parce que Berthe faisait en lui une bien autre rumeur. Les maisons, en contre- bas semblaient éloignées, et les passants de l'autre trottoir n'étaient pas o 74 o de Montparnasse o marchait à côté gênants. Il une âme pleine. Il dit avec d'elle : — Ça me rappelle ma petite ville. Ce il pas vrai, mais n'était femme auprès d'une connaître faire goûts et sur sa vie. Voici : cœur d'ombrages à l'attirer sur lui ses qu'elle pen- un jeune homme au beau qui et voulait voulait lui faire Il cœur pour connaître son sât et choses des était lui province d'une vient d'amour. et Il voulait par toutes ses confi- dences. — Ça II j ; y a la ^^ ma rappelle ne connaissez pas il y fait Il bon .'es forêt. vivre. vous Paris, les jardins. Le soir, On boit du lait, on rivière et Les arbres de un ami comme la croirait que Ma A poulets de sa basse-cour. y a une petite J'ai petite ville. maison de mes parents entou- rée d'un grand jardin. mange q'*^o^< me la forêt qui dit jeunesse c'est une grande : et Ils si sont frais. sont verts frais eux qui font le qu'on vent. petite Berthe, je t'embrasserais c 75 o • • BUBU e dans les sentiers. rions sur la Nous nous mousse et, assoi- sans que per- sonne nous dérangeât, nous jouerions à tous tes jeux. Elle disait — Je : ne connais pas plus loin qu'à Clamart. la campagne Le médecin voulait que j'y aille passer trois mois à cause du bon air. Les médecins se figurent qu'on peut faire tous leurs remèdes. Il dit encore : — Nous nous promenons tous deux sur ces quais en silence. Je ne me sens pas du tout gêné quand je suis avec toi parce que tu te laisses con- duire et parce que tu te laisses Tu n'es pas vite et comme il faire. y en a qui vont même causer. elles. On voit trop ne veulent pas C'est bestial, avec qu'elles' travaillent et qu'elles ne plai- santent pas avec le travail. *- Et il répétait — Je ne quand me je suis : sens pas du tout gêné avec toi. e 76 o Tu ne causes o pas beaucoup ce suis bon garçon femmes mais moi je soir, cause d'être content. et de Montparnasse Tu verras que je que pour les petites toutes les bonnes je sais faire actions que l'on peut faire. Je les comme brasse pour ceci, pour Mais toij qu'elles qu'elles aimer toute rient, et je saurais les vie em- ma soient heureuses. tu m'as plu tout de suite. es de la taille de ma promenons tous les Tu sœur. Nous nous deux et je lui ra- conte mes histoires. Je voudrais aussi raconter parce que tu es gen- te les tille et que tu portes à Te voudrais te dire la confiance. que tout ce je sais. Je suis tout seul à Paris, mais je ne suis pas malheureux, au fond. Je travaille et j'écris répond. C'est chez moi et l'on mei maman qui me répond. Elle ne sait pas très bien écrire, mais quand mon elle dit Pierre èsent — >, comme Moi, ma mère : < Je t'aime bien, bien, je sens que les mots des phrases entières. disait Berthe, j'ai perdu à seize ans. Elle est mortç « 77 • • . BUBU o quand On h l'hôpital. j'étais voulu que je Moi, la voie. n'a pas j'étais ané- mie-chlorotique et ce n'est pas ça qui m'a guérie. Je me disais A présent que ma mère est morte, je vais avoir : de la peine. Je n'ai pas pleuré du tout parce que j'avais trop de mal, mais je sentais sa mort dans tous mes mem- bres. Elle nous aimait bien. Des le samedi, fants, je elle disait paye : fois, Allons, les en- < le café. » Nous descen- dions au bar avec ma sœur Marthe ma sœur Blanche. Les gosses jouaient et à la porte. Moi, j'aimais bien ça parce qu'il y avait du monde. Puis — Il elle dit Si tu faut que : veux, nous allons rentrer. je te quitte vers dix heures, sans ça je ne pourrais pas rester assez longtemps. o 78 o ode Montparçiassee dcml-lour. Pierre Ils firent le bras pour entourer la taille et chait en la collant à lui. comme de sa chair chée de son cœur. Il il mûrs des Il filles davantage. les doux han- qui se et déjà publiques à vingt ans. qu'il pouvait tou- aurait voulu il Il : la taille flexible en touchait tout ce cher, mais appro- l'avait en touchait tout pèse, les seins plie et mar- l'approchait Il ce que l'on pouvait toucher ches balancées, lâcha lui toucher aurait voulu qu'elle fût toute nue, et la sentir, et la baiser partout, et la goûter. ' Tous les flots Vj de son sang roulaient pour cela de :^. grosses ondes rouges et ses sens comme gonflaient des fruits débordants. Tout à l'heure il pensait à lui parler C'V- de Louis Buisson, de sa mère et de ses sœurs fond son tenant il afin de verser jusqu'au âme dans n'y monde. Face à la sienne. Main- avait plus qu'elle face, il allait la au baiser sur les lèvres et déJX son corps éclatait. o 79 o Mais Berthe ne ne parlait pas, de "sa vie et débutante, cœur Il delà de c'était tout ce dont depuis mâles après de toutes i^ \ K » cinq francs parce elle il disposait. en avait trop Elle savait de quoi se l'amour bon comme un amoureux. Quant à l'amour, usé. a impossible de profiter de son cœur au que Ce jeune homme et parle était pensait encore avec elle « : ne pouvait pas parler de ses désirs. Elle écouPetite prostituée douce et tait Pierre. douceur et parlait c;iière. Elle qu'elle elle courir, compose laissait les qui profitent les faiblesses et satisfont tous leurs besoins. Elle savait qu'il—-i faut convertir l'amour en espèces, ' car l'amour est fatigant, et c'est gent qui réconforte. Tout l'ar- cela, Ber- the le savait à vingt ans. Celles qui ont de quoi vivre cherchent l'amour parce qu'il fait du bien, mais les filles publiques réduisent l'amour de leurs clients parce Pierre, ce qu'il fait du mal. Et grand garçon ardent, e 80 @ était " Montparnasse e de pour Beithe un homme de plus à ^ subir. amant Maurice, à Elle pensait à son sa robe, à ses bottines. Hier soir il avait fallu qu'elle payât sa chambre. Les propriétaires d'hôtels meublés ne aux femmes qui se fient pas noce. Il font la Mais avait fallu payer. ne elle pouvait pas donner sept francs, puisqu'elle n'en avait que cinq. L'autre accorda un jour de grâce pour les quarante sous qui restaient, mais était bien entendu qu'en cas de non- paiement ils Comme conséquence, à mangèrent quelques la veille, pas. ne rentrerait pas dans elle sa chambre. midi il mais Maurice le soir elle disait « : Tu restes de ne mangea es une im- bécile qui ne saura jamais travailler. > Elle n'avait pas faim parce que dans les familles d'enfants nombreuses deviennent les estomacs élastiques et peuvent se resserrer sans soufïrance. Elle eût bien viande, et mangé pourtant, et de des aliments forts, 0810 la pour / • • BUBU • compenser l'amour et affaiblissement cet Voici que Pierre cours ! aurait lui servait des dis- Elle ne s'en plaignait pas, car y a des il de des nuits sans sommeil. pu clients grossiers. Certes, elle lui confesser la chose, mais ne déduisît des cinq elle craignait qu'il francs le prix de ce dîner. Elle se contenta de penser : < Je n'ai pas mangé ce soir, et c'est bien ennuyeux. Et puis il > y avait sa robe dont la jupe On corsage décoloré. était lasse et le trouve au Carreau du Temple des merveilles qui coûtent vingt francs. Sa sœur Blanche avait acheté robe de soie, que d'ailleurs tait Il et une elle por- mal. y avait son chapeau canotier sale déformé, mais bottines. marche, y avait surtout ses Dans ce métier où l'on il les talons se défoncent, semelles se trouent, quent... Mais belles bottines les c'esv qu'il faudrait 1 les dessus cla- de car l'élégance de la bottine accentue la forme de la jambe e 83 o alors qu'on se retrousse l'homme. Or deux jours il est attirer certain qu'a^-ant bottines les pour de Berthe lâcheront son pied. Et heureusemeiU que temps le calculs demain et si, faisait après des avoir après -demain, de quoi acheter des resterait lui beau! Elle pour savoir mangé il est bottines. Elle de la ira voir chez un revendeur rue des Prêtres-Saint-Germalno Si a v\ BUBU PAiTxerroîs, où Ton trouve des occa- sions pour trois francs. Berthe pensait à toutes choses les de sa vie de prostituée. Elle pensait qu'après avoir travaillé ce soir avec Pierre il lui faudrait travailler avec un autre faire et que demain il y aurait à deux hommes encore. Après- demain il faudrait qu'elle travaillât pour sa robe, ensuite pour son cha- peau et alors ses bottines seraient usées. Aux les journées de fatigue succèdent journées d'épuisement tout des jours le long où nous marchons. Le boulevard Sébastopol et les Grands Boulevards, avec leurs lignes de toirs, sont quand on durs les comme trot- des pierres a suivis longtemps. Nulle part on ne rencontre un peu de Le jeune homme de ce soir usera de Berthe au moins deux fois. charité. Les autres en voudront pour leur argent. Les hommes corps crèvent pour nous donner et le abusent de notre o 84 9 o de Montparnasse o du pain. Ei'ces idées tournaient dans sa tête comme un monde de petites bêtes noires qui bourdonnent, piquent et font Ils du mal aux enfants. arrivèrent à la porte de Pierre. '^%m'''n\nt-M.^j''r^'.^''^'' -T)ès le seuil il la prenait pleins bras en disent — Je t'aime, ô ma à : petite Derthe! ^ Puis il corsare. fouillait dans son CHAPITRE Dans la chambre IV d'hôtel, rue Cha- noinesse, à midi, la fenêtre donnant sur la cour, avec ses rideaux gris et ses carreaux sales, envoyait sale et gris. jaune, le T-in intérieur de à fond mal soigné, parquet quatre meubles et '^'"'S-.Zt^ un jour Le papier des murs la fille francs la semaine. les malle formaient publique à cinq La table en bois blanc, pénétrée d'humidité, les deux chaises éventrées, l'autre table avec la cuvette ne semblaient pas des choses o 87 o • BUBU • mais des choses vieilles, moisies que avait le le vice a rongées où défait lit tristes les ; et et il y deux corps marquèrent leur place de sueur brune sur les draps usés, ce où d'hôtels, âmes les lit des chambres corps sont sales et les aussi. Berthe, en chemise, venait de se Ses épaules lever. mise grise mince et étroites, sa che- malpropres, et ses pieds jaune, elle semblait sans lu- mière non plus. Par ses yeux bouffis ses cheveux écartés, et au milieu du dé- sordre de la chambre elle était en dé- sordre et ses idées étaient couchées en dans sa tas tête. Les réveils de midi sont lourds et poisseux de le avec l'amour, la veille sommeil. comme On la vie l'alcool et éprouve un sentiment de déchéance à cause des réveils d'autrefois où qu'on eût lavées. les idées étaient si claires dit que Quand le sommeil les avait tu auras dormi, mon frère, tu n'auras rien-oublié. Elle res- sentit encore ce poids d'angoisse qui, e o de Montparnasse depuis hier, l'empêchait de respirer. Elle se rappela tout, et cela s'appuyait à deux genoux sur sa poitrine un monstre en ses tempes aplaties, comme Vraiment avec colère. ses pommettes décolorées et ses lèvres lâches, sentait qu'elle avait de courage, ^ peu d'idées et l'on sentait et on peu encore que a vie_est mauvaise parce qu'elle frjipp _à_grands—coups—sur les-- eulants qui fontJejnaLsajis_.£jiJiiesu4:£ri!étgndu e. — Tu que sais, Maurice, ça doit être ce je pensais. J'en ai parlé hier à ma sœur Blanche. Elle m'a tout expliqué comment ça môme Il l'avait prise et c'est la chose. ne répondit pas un mot. Elle remontait de jour en jour jus- qu'à l'origine du mal, par besoin d'en connaître l'auteur. Il faut quarante jours, lui avait-on dit. Alors elle re- montait d'homme en homme, les circonstances, et vette. mots Tout et le défilé ses suivant é de cuvette en cu- d'amour avec ses gestes e $9 o parcourait les _ • BUBU • chambres d'hôtel, mais eût voulu, elle se plongeant dans le passé, l'arrêter de ses deux mains homme l'avait et et reconnaître supprimer le jour où un elle connu. Elle crut avoir trouvé, puis elle se dit que cela maintenant était inutile et Alors que tout couler elle se plia et se laissa dans ses tristes sentiments, Maurice rompit — Je t'a était inutile. le silence. voudrais connaître celui qui passé ça pour pouvoir casser la lui tête. Rapidement elle elle s'habilla, descendit acheter un la charcuterie. Ils ensuite litre et de mangèrent en face l'un de l'autre sur la table humide. La carafe sale des locataires qui boivent l'eau gluante Maurice, hôtels meublés. baissée, mangeait des la tête avec force de grosses bouchées qui grossissaient ses mâchoires. Il prit en même temps que sa cas- quette une pièce de cent sous posée sur la table de nuit et sortit, o 90 o h - M*,^. vJ'x< >/'-.' '-V .^-f L'nprts-îTiidî ciel bleu, d'août tombait comme un manteau sur s'étendan> nu nos épaule^ lourd. Il suivait le quai aux Fleurs où les fleurs avaient soif et où les marchandes suaient pa- cifiquement en regardant les passants. La chaleur (t'^^^'^i ' pesait sur sa tête et la chargeait d'un poids informe de pensées qu'il ne pouvait formuler, mais HfjéA remuer toutes ensemble. qu'il sentait P^ur la^reriyÊre4ûLs-ile-sa vie41 x^>a- naissait Le long des l'indécision. quais peu fréquentés, lui, qui d'ordi- naire marchait sans analyse à son but, il marchait sans but ses pas. marcha prit le quai Il le et écoutait sonner de l'Horloge, long des murs du Palais de justice, qui sentent la prison, traversa Dauphine, la place suivit la le pont Neuf et des quais parmi les ligne arbres et les livrés, avec de grands pas lourds, comme sur ses pensées. pas même les de la ne regardait rien, gare d'Orléans, pas et les maçons même membres d'action fit qui ainsi où les les remorqueurs. marchait avec énergie dans de pensées 11 Il terrassiers et les bateaux-mauches Il eût voulu marcher s'il descendait que chez les le flot en ses hommes pensées se font gestes. demi-tour au pont de la Con- corde, reprit la ligne des quais, puis enfila la rue Bonaparte pour se diriger vers Piaisance. Ù 92 ---^ ^^^^'^'^^-^ f^'^'^'^^m Le grand mot sortit, grands pas, nait à et, qu'il prome- comme un ton- nerre, éclata, pendant qu'il marchait, et puis roula, comme un Berthe côtés battant sa noir tambour. et la vérole ! Il La marche vérole, la sentait à ses comme un compagnon rouge et comme un hôte incroyable sanglant, et féroce. comme on Il prit la rue se jette à l'eau flammes nous mangent, Plaisance. La et Bonaparte quand des monta vers vérole, Berthe et la vé- o 93 « « BUBU e \ rôle! connaissait ses ennemis et les Il regardait homme à face comme un face qui n'a pas peur. Puis vait combattre, puis il sa- dans allait il la vie sans regrets et sans honte, puis il acceptait le hasard tel qu'on le ren- contre aux chemins de Paris avec le vol, le crime vérole, Berthe et la vérole voulu prendre la yeux dans Mais et les prisons. les et 1 II la aurait secouer, le? la yeux, jusqu'à la mort et jusqu'à la victoire. Il pensait à des drames, à Roger la Honte^ à des hurlements et à des défaites. nom se rappela son Il la syphilis. La tranchante qui connaît, il savant science implacable nomme les maux et : et'-^ les en dut peur parce qu'elle nous renverse dans les hôpitaux^ parce qu'elle nous regarde et nous voit, parce qu'elle plonge dans notre vie ses mots et ses instruments comme si r.ous n'étions rien que de la chair, de la maladie et de Mais ce mot, la mort. la vérole^ était plus tar- o 94 o de Montparnasse • • Maurice n'avait rible encore. Certes, pas peur des mots. Les mots sont les fantômes des imaginations malades, au-dessus desquels un était y a il souteneur < sans aveu La « Et qu'importaient >, les mots, pourvu que une aussi. Mais individu « publique Berthe fille Méténier 1 un », Il bien des fois cela le >, et faisait rire. guise vie qu'il la sans penser aux mots. faut vivre l'on vécût à sa la vérole 1 II se rappela son enfance. histoire de Il avait quatorze ans, lorsqu'un de ses voisins mourut à vingt-deux sines disaient un « : vrai fumier. Il On pourri... Il il Être > et eût dit : « Ce 11 complète- des idées de la province, sont des maladies que n'a jamais milles. » Être com- n'avait été malade. Sa mère, qui venait de l'on comme venait d'autres lui souvenirs d'enfance pureté. Jamais mort dit qu'il était plètement pourri. ment Les voi- ans. est vues dans nos complètement fa- pourri... imaginait des plaies rouges et suino 95 o « BUBU • bandages tantes, des et avec un corps vert ment pourri. niste, un de Si jamais dans Du la tête. Dans charpie lit d'hô- complète- et temps où il était ébé- camarades ses disait : m'arrivait d'attraper la il me vérole, je la étendu dans un et se voyait pital € de deux logerais balles » Plaisance, il tout alla droit chez sa mère. Elle vivait dans une boutique d'épicerie une vie sage et encombrée. Elle ne vendait guère que pour deux sous à cause des sins d'approvisionnement » maga- « qui pren- nent tout l'argent des quartiers. Elle restait à côté et causait, avec l'allure familière et bavarde du Une rf de son comptoir, servait Je crois Il petit commerce. voisine, qui se trouvait là, dit que voici votre fils. : > avait cette politesse accentuée qui ramène ments les gens à de meilleurs juge- et qui fait que nos parents mais ne nous renieront. Puis dans l'arrière-boutique. o 96 o Il il jaalla s'accouda • sui* la cette de Montparnassa table et vît danser les objets de sa tête en vérole. D'habitude comme on regardait il berté et goûtait riorité. li- un sentiment de supé" Mais, cette fois, lui, Maurice, qui ne connaissait pas les regrets, combien paisible et l'arrière-boutique il était combien la paix était bonne. Jependant que sa dansait les regarde une vie mesquine, pensait à ses idées de vit de chambre aux sons d'une musique et, tête toute remuée comme une épave tourbil- lonnant sans fin, de gouffre en gouffre, tourbillonnait et dansait. Il secoua ce cauchemar : — Donne-moi un verre de vin. Elle craignait d'ailleurs qu'il ne vînt lui demander de — Tu as Il but et répondit — Oui, Puis Il l'argent. Elle dit il ; l'air triste. : ce soir je m'emmerde. se leva et partit. s'enfuyait et marchait au milieu des maisons noires et populeuses, devant les boutiques et les bars ô 97 a de sa 9 « o EUBU o jeunesse, pendant que les voitures fracassaient les pavés; il voyait passer les depuis passants des faubourgs, femmes camarades jusqu'aux piaillent, bourgeron bleu qu'une leur femme, fille en publique, accompagne en vie s'éveillait et vivait avec de les des ouvriers, qui dans la rue riant, La une sorte depuis les cris et les courses fièvre, des uns, jusqu'à l'alcool et l'amour des comme autres. L'atmosphère sentait à la porte des épiceries en gros et comme à la dans ce quartier de Plai- vin. Alors, sance, il porte des marchands de pensa à son ami Jules et se sentit rance. On ne l'espérance. sait le Grand à l'espé- renaître pas comment On marche dans renaît la rue de Vanves, un après-midi d'août, on se souvient vérole, que le Grand Jules a eu la on se rappelle que Chariot, Paul. et d'autres l'ont encore, et l'on pense qu'à ceux-là jamais fait de mal. Ensuite on se rien ne prouve que j'aie o ç'^ o la vérole n'a dit : « Mais moi-même la o do Montparnasse o \^^^^^^^ WÂa »!<&^^ ^^^ Et l'on essaie de se démontrer vérole. > qu'on ne peut pas puisque l'avoir, Berthe a parlé dès le premier symp- tome et qu'alors on s'est abstenu. C'est ainsi qu'il arriva dans l'ave^ ^ t _-«_=~_— \ P /'a . .^ '^^'^lïi^fjlljlfnî^y*" t^.'-^^t.^^^-^^^ss / ^_ f M-M|^ji nue du P^^ _ Maine, en pays connu. ^^ '^^^ h<irs Maurice pensait à regardant lorsque, nnerçut où sont le Grand les une y a Déjà Il les amis. 'j,;' ||f'' chercher, terrasse, il Jules, 'fcîïH' \^ ir"* % r> BUBU • — Je pensais S Le Grand marc » Te toî. voilà. un Jules buvait café- < à la terrasse d'un bar, tout seul, en regardant l'avenue. La casquette d'aplomb sur droite, il la tête, la tête solide et regardait les choses et les passants, et ses idées, fermes et calmes comme lui-même, occupaient chacune sa place ordinaire, fermes et calmes, et Maurice levant la tête. côté. s'assit Le Grand Jules l'aimait, à son quoiqu'il fût petit, à cause de sa volonté qui dissait ses muscles et ses rai- mâchoires. Maurice commanda un verre de vin. Les passants qui, les jugeaient d'une souvent ironique. jour de le roi devant défilaient pour s'occuper, les phrase brève et Cela rappelait la Création, alors du monde, eux regardaient et qu'Adam, au pied d'un assis chêne, voyant passer le les animaux, les examinait et les nommait. A la fin, Maurice n'y — La vérole, est-ce toi que ça met sur o tint plus. qui as eu la vérole, le flanc? 100 e — de Montparnasse • — Tuas vérole? — Non, mais ça me pend au nez. — Ha, ha, ha!... Grand Jules, la le fit ça n'est pas au nez que ça pend. La vérole ne a fait deux ans que pas de mal. Moi, On m'a je l'ai. prendre des pilules quand la y fait Au fait, connais, c'est Francine qui m'a- pu ne pas y vait passé ça. J'aurais revenir, on m'avait prévenu d'avance, mais on ne lâche pas une parce qu'elle a Il il ! à la j'étais Santé. Je n'ai jamais rien eu. tu. Bah femme la vérole. expliqua ensuite qu'on avait des taches sur la peau et des plaques dans la bouche et que ça passait tout Assis sur sa chaise, il expliquait la vérole avec des mots égaux, quand il eut parlé, il seul. puis, pensa à autre chose. Ni la prison ni la vérole jamais ne l'avaient lonté était maux. Il gêné parce que sa voplus forte que tous les cheminait d'un pas adroit au milieu des dangers et luttait sans colère et sans fièvre .. _ quand C 101 Ô il avait ré- i » e BUBU o soîu de lutter. J'ai dit qu'il était plus que lort lut Il ne la vérole. étonné d'ailleurs que Maurice l'eût tous, pas encore mal, Il seul il trait. S'il vida et le sien n'avait pas son temps de quitter Berthe. était pouvait ne pas l'avoir, puisqu'elle avait parlé dès premier symptôme. le Les temmes passent, se suivent si l'avons Maurice commandr» > répétait-il. deux verres de marc d'un Nous « : nombreuses qu'un homme et sont habile ne risque pas d'en manquer. Ces idées rampaient tortueuses et semblaient entourer son cerveau. Mais les idées du Grand jet sûr, Jules, jetées en avant, d'un vivaient devant ses yeux, et les voyait marchaient. d'un seul Il vida son verre de marc trait. Chacun paya levèrent. il debout, côte à côte, qui Il sa tournée, quatre était ils se heures. Ils descendirent l'avenue du Maine, les mains derrière le dos, à pas lents, avec leurs regards assurés de marlous, o I02 «a o De chaque côté de de Montparnasse l'avenue large, les maisons semblaient basses, les éta- lages semblaient mesquins et les pas-i «sii, ,, oB^.Jaient rares. Jules et Le pas C est pourquoi Maurice semblaient grandis. lent du propriétaire, le regard assuré du maître, ils étaient dans leur comme quartier qu'ils connaissaient on connaît une sur lequel ils partie de soi-même Maurice retrouvait un peu de Maurice suis qu'on foi appelle Bubu de Montparnasse. Dans tier et possédaient des droits. : Je aussi ce quar- où marquèrent ses premiers pas, se sentait agile et libre mier jour comme au et regardait les il pre- choses en pensant qu'autrefois il les connaissait, mais qu'aujourd'hui il les connaissait encore mieux parce qu'il avait plus d'expérience. La foi. Celui qui s'examinait lui- même en imaginant toutes sortes de maux retrouve les forces anciennes qui l'animaient et sent qu'elles sont éternelles et combattront les © 103 9 ruaux* •: "\ , Ils croisèrent la inOme comme veux, en tablier, qui, sait avec aisance dans quartier. épaisse, sait Cécile, en cne- Elle aux traits les rues brune, était eux, pas- de son un peu accentués, et fai- penser à des coups de couteau Elle dit: — Je plaque Machin. me décoller. mon petit! pattes à Le Je lui ai dit T'as jamais Il : parle de Oh! cassé là, là, trois un canard. Grand qu'elle était souriait Jules une de ses parce femmes. Il n'en voulait garder aucune auprès de lui, mais il s'était © ménagé dans 104 © le V^g^-"* VAV»J% ;/.i cciclc de SCS droits à leur opcialions amour. Il en quelques cueillait une cliaque soir en rentrant et couchait avec elle sans phrase. Maurice souriait parce qu'il était bien supérieur à ceux qu'on plaque. Alors toute sa jAïaurice foi lui revint qu'on appelle aussi : Je suis Bubu de IMontparnasse. Use redressait, bombait la poitrine en tapant des talons, et de- puis la tête jusqu'aux pieds sentait était ^ Bubu de Montparnasse. Le Grand Jules, à son côté, route, " *i«'*iKii} V-i '^u'il silencieux et suivait sa plein de comir.e une armée en marche, 9 10^ 9 Il gloire savait d , B'JC'J o maintenant que vérole mais il est des sont pas partie de connaissances gravées profondé- ment dans nos cœurs. hommes, Maurice les fait hommes. Depuis longtemps il la vie des le savait, qui ne la Comme tous arrivait à la science pleine après avoir beaucoup complètement pourri.. souffert. Etre Ces' mots l'amusaient maintenant lorsqu'il pensait à Jules et à tous ceux qui n'étaient pas complètement pourris. La syphilis et la science qui , ah ! nous pour chercher des maladies, fouille la syphilis et la science se buttent contre nos volontés comme des méde- cins qu'on peut attaquer et piller coin des rues.(El sa — étaient qvn^p. bai^: =: •pjiur m èf^^e.f. ]'épiV.at4^. occj ip^t''^n'y es au nii.séraM^s pL- ot^ pnnr nni pn dpnv Pr<- . ramas-s^runsQU. On appelle cela des accidents. Les accidents de role ressemblent à la prison la vé- que l'on peut éviter, ou de laquelle on sort implacable et fortifié. Et dans sa joie nouvelle, il lui venait o io6 o y des enviCs de boire. JiQire^ji^esrjieJa ) joié^Êt^and_on_estd^jà4jleir^ boire, cela nous^omble et Ils s'installèrent ''Montparnasse. nous enivré. en face de Deux la gare absinthes/'/ De grosses voitures secouées, des nacres aux vitres dansantes, des 107 omnibus et / o BUBU o des tramways avec leurs roulements et les cris de leur corne, des sittîets locomotives, des passants en sueur, soleil de lel pesant de cinq heures, la pous-| sière d'un soir d'août, et les départs et les retours, cet et aller d'hommes formaient une de milliers|-, vie infer-i nale avec des grues à vapeur, avec des wagons, avec des hommes, des voitures, des bêtes et des caisses, avec la des usines et des gares, civilisation avec tout ce qui roule temps qui passe en s'en va, avec le hurlant. On dit et tout ce qui Ce sont deux : soute- neurs qui prennent leur absinthe, et l'on croit que l'absinthe reste calme au cerveau des souteneurs. Maurice avait retrouvé, auprès du Grand Jules, en descendant l'avenue du Maine, sa foi d'homme et marchait en savourant dans sa conscience tout le mal. La comme un bon et le bien et tout science du mal est bonne fruit sur la route sèche nous aide à marcher, entre role et la prison, 9 comme lOS 9 la vé- de grands J de Montparnasse o voyageurs sans hypocrisie • sans et peur. L'absinthe la remuait, la roulait dans leur cerveau avec de du bonheur. Je et est sa prend Berthe sit Maurice qu'on suis un homme femmes dans Il main puis il qui prend les en il lui, pour les fait son Il comprend pour les et étalages, ses comme un coup doigts sont rapides d'œil. la choi- -n les choses d'un seul regard, bicyclettes, et il en son métier. fait regarde autour de façonne. et les la fleuriste, belle et vierge, puis plaisir, fièvre Bubu de Montparnasse. appelle aussi Maurice la connaît la science plus com- Il pliquée des serrures, qui se compose d'un coup de doigté avec un coup de nous hommes muscle et qui comme comme des enfants et les coffres-forts des jouets. livre les Il connaît les pas silencieux qu'on appelle des pas de loup et sait yeux de regarder l'ombre avec des braise. Il connaît les coups qui font mal et ceux qui tuent, taque et la ' l'at- défense, et les lamea de e 109 j . v / v. \ ^ ^ "^xj ^v^az-^*^ ^ ^ ,jcl'^^\ "^ w i c BUS'J o couteau qui peuvent ouvrir un chemin quand l'homme en est danger. marche sans un souci dans 11 les rues des villes pendant que les uns souffrent et pendant que les autres peut conquérir ce marche et semble un dans sa maison. Il peinent; qui l'entoure; il il homme marchant se sentait libre et plein dans ses idées, dans ses organes, dans sa vie pensée, dans sa vie vécue... Le Grand Jules — Hé, Il lui frappa l'épaule : Maurice, faut pas dormir! répondit : — Ça m'amuse, je Le Grand Jules éclata de rire — Tu penses à ta vérole ma vérole. pense à : ! commanda deux autres absinthes. y La seconde absinthe emplit Maurice de murmures et coulait comme une Jl onde et venait entourer son cœur. la sentait 7 ^ Il bourdonner dans sa tête avec mille pensées éveillées qui roulaient, riaient et — chantaient.] ^v Les échos du W- bien répondaient aux échos du mal comme des voix qui s'appellent et o iio o 4* >. / "" ie comme des pas qui s'en vonti Berthe pour l'aimer se penchait ayant à un Montparnasse la et riait en vérole^Le monde ressemblait homme terrasses, qui boit des absinthes aux innocent De véroléJ et grands sentiments se promenaient en criant, dans près des gares, les rues, comme l'Amour, comme la Foi, comme la Science. On vo3^ait de la joie, les mouvements semblaient des danses, les hommes celui qui étaient petits auprès de songeait, et comme une femme que que Vie riait l'on connaît et l'on sait conduire. Tout à coup son. la il se rappela la chan- Chanson qui consoles, ô chanson des véroles, qui musique sur rends doux les et malades, poétiques souffrance des blessés De fais tu vieille de la nous comme la : l'hôpital, vieille pratique... Tu contiens une grande part d'amour et de résignation et tu contiens encore plus que de la résignation. Tu nous mets en croix sur nos calvaires, tu O III o ~ ?-' — • • BUBU « nous montres nos les remèdes pTaies, et tu des maux, tu ris danses à cause de nous glorieuses. Oh ! bénie sois l'hôpital où tu naquis, tu chantais de les mourants < frir en les des ailes sur le chanson des il a été davantage, c'est davantage. * donné de souf- qu'il est Tu digne de fais penser à cette belle parole. Es-tu la science bien, es-tu la science ton lit ! Celui à qui souffrir lit cœurs, tu divinisais et tu battais front des véroles, vieille véroles Vieille ! dans des véroles, dans tous nous et tu que nos souffrances sont fais croire chanson tu chantes du du mal ? Tu mets vieux corps près du tu nôtre, parles de mercure et tu parles d'amour. Tu dis : « Mon frère, qui s'assoit sur ton lit c'est ta et qui deux mains sur ton cœur guéri. Lorsque Maurice prit la rue trer chez sœur met ses > eut quitté Jules, il de Rennes et pensait à ren- lui. L'air plus frais de sept heures circulait entre les maisons e lia o et, 'Il o ir - I K ^^ rafraîchissant les fronts, adoucissait les T'"!^ idées après le travail q.uotidien. Les ^y«t^^^^> un peu passants, sentaient lourds, leurs épaules dégagées de besognes et montaient vers leurs maisons femmes avec de vers leurs timents Maurice d'été. clairs sen- valait Un et bien sang alcoo- mieux qu'à l'ordinaire. lisé coulait dans ses membres avec des moments d'entrain, puis avec des mo- ments de bonté. Pourquoi le hommes Je suis tout est-il si o grand? 113 o « creur des ri -^^^^^^ ' " "" b^ i'-i?k\y: 1 o BUBU o drôle, ce soir, > se disait-il. II passa devant un grand magasin d'épicerie et, regardant l'étalage, il vit des boîtes de mandarines. Petites mandarines, petits riens faites pour avec dujus, vous n'êtes pas les gueules des marlous. Il passa devant un autre magasin d'épicerie et cette fois-ci regarda s'il y avait encore des boîtes de mandarines. croit la que le chose coup difficile. Il faut d'œil «îoit On d'abord décisif. ppr<5on'-^ o ne voit. Il que faut alors de Montparnasse le geste soit rapide et dégagé. Maurice mit de mandarines arrêter sa la boîte sous sa veste marche. Faire sans à plaisir Berthe, avoir des mains ouvertes pour donner un souvenir, un peu de son un peu de son amour, quelques travail, mandarines pour une bouche Il Eh! fine. eut ensuite une idée de vérole pas n'avait s'il n'avait pas la vérole ! vérole! la Alors lui il ! s'il sem- bla que ce serait retrancher quelque chose à sa gloire. Il marchait avec tant de passion que ses jambes sem- blaient soulevées. S'il n'avait pas la vérole, Il il l'âme élargie, avec une voix forte qu'il jeter ne pensait un regard en le faisait repas. une Il dit même pas à arrière. Lorsqu'il entra dans Berthe ' l'avoir. à son but, ses mandarines sôus allait le bras, si grand temps de était petite sa chambre, cuisme pour : — Vois donc. Je t'apporte une de mandarines. o 115 9 boîte o • BUBU o Elle sourit '— Oh! doucement î mais Maurice! chose pour que quelque y a tu sois si il aimable. — Viens m'embrasser. Elle s'approcha, et comme elle lui donnait son baiser franc sur les lèvres, il posa lui les deux bras autour des épaules et la retint. bouche à son une tour. Puis une fois très fort, puis très fort, baisa sur la Il la il fois continua puis moins légèrement... Pendant ce temps il l'approchait de lui, se la collait au ventre. Elle dit — Lâche-moi, tu vas me ler : légèrement, : faire brû- mon fricot. ' Il rit. — Ça m'est égal. Il la prenait à tour de bras, un peu, la pliait en arrière, levait tachait à la peau. D'habitude pas pressé. si lée, vers dait dans triste le les Il il la sou- se l'at- n'était l'entraîna, tout habil- lit. Berthe yeux, : Q Il6 9 le regar- avec son air /// //. '' '\;h'i ?"*x'^,%-'^'W-'Y>\C L''<' 1 'Jf \4$ /fj ' > , i Ji i^-^ï.. — Il ne faut pas, Maurice. que... Il *î Tu sais ' , répoijdit : — Je m'en fous, l-vi-*'*^ ^^à'^-'S^ 1 Lorsqu'il la pénétra, cœur •^ " ^ ^ — ^ petite fondre, se fit très il sentit soa doux et dit Est-ce que je te fais mal, femme? o 117 o : ma oc -^r^i 'Te H d «^; I II -I ivn V L-in^ri i ^*- ^i Louis Buisson habitait au cinquième étage, quai du chambre fer Louvre, carrée. On une y voyait un petits lit de avec quatre boules de cuivre, une bibliothèque en bcis léger, une commode-toilette, une table recouverte d'un tapis rouge, une chaise « fauteuils arméniens » et deux qui avaient coûté douze francs au bazar de l'Hôtel de Ville. vrait le Un tapis de linoléum recou- plancher, deux affiches et quelques gravures ornaient C'était la vie bien qui fait sa les murs. rangée d'un garçon chambre lui-même et la revêt simplement, à l'image de son o 119 o v*Vf>: ->i% A/à-^^ La e'îîpnt fenêtre ouvrait «;n bras de fleuve, à côté de son petit square où et l'eau un grand du pont Neuf et l'air, la lumière formaient un spectacle mobile et rafraîchissant. Sommes-nous à Pa- Nous sommes en haut des airs, dans un pays d'eau, mais dont l'air ris? gronde comme de.s voitures qui roulent. JiCe soir-là, son café '^^"U;, À>^ : Louis Buisson faisait Ce sont ces besognes sim- *mri ? rir^^'4-4 ^^if" £^ pies : fane sa chambre ou préparer son calment notre esprit café, qui ordonnent nos idées bles bien en Il pour n'utilisait la pas sait l'eau bouillante et qui des place... D'ailleurs, ses principes café. comme meu- il avait préparation du le marc et ver- m s^-i:" goutte à goutte sur le café fraîchement moulu. L'opération est un peu plus longue, mais pour avoir de bonnes choses il faut prendre beaucoup de peine. m^t^éM^. aS'fi- >^,^ft.-5 '^t O EUEU o Quand porte, verser on que n'attendait plus le café. '— Je Hardy frappa à Pierre lui Louis Buisson pour disait désorienté. Je suis parlé d'une petite t'avais mes j'espérais en elle arrêter femmes sont toutes les façonner à Je me les le mon disais : « et malléables. Je pour quelques livres prêtais et désirs. Les femmes du peuple sont simples lui : bonne avec laquelle une correspondance j'entretenais la gré. Elle aimait Elle saura la lire. comprendre choses délicates qui sont l'ordre et bonheur d'une maison. Le travaillerai chez nous. Ell'e se reposant et je la sentirai à comme une petite flamme Voici ce qui est arrivé hier nous sommes mon côté qui brûle. > : avant-hier et sortis ensemble, sa patronne étant en voyage. bonne aime tous soir, je coudra en Ma petite les plaisirs et souffre parce qu'elle ne va pas s'amuser au café-concertj danser au bal ou voir les lumières des rues. îaiène Il a fallu que je la un peu partout e 122 9 et ensuite elle ae Montparnasse o voulait aller au bal BuUier. Alors moi qui voulais compris, homme du peuple, que le j'ai un être peuple aimait trop les plaisirs mauvais. Je ne dois pas être du même peuple que les autres, c'est pourquoi personne ne saurait comprendre ma vivant me goûter du plaisir en et rompu. Moi qui vie. J'ai croyais avoir trouvé la femme, je suis tout seul à^présent. Louis Buisson un peu dogma- était On tique et causait longuement. au bureau disait « : Oh ! vous, vous voulez toujours avoir raison. des discours. faites Ils Vous > ,. buvaient leur café en fumant un mauvais cigare dans un blait lui « et chacun d'eux, fauteuil arménien >, assis sem- un jeune bureaucrate timide maladroit. Ils l'un ni l'autre remue~ les n'étaient heureux ; et ni -^ à cause de l'amour qui hommes à vingt ans,,.pt. à , cause de Paris, quiest dur aux pauvre?, Pier re Hardy — Je dirait -J : commençais à m'habilucr à o 123 o ' o BUBU • ma petite amie Berthe à ses cent et sous. Voici qu'elle est malade à l'hôpital. Louis Buisson — dit : connu des J'ai publiques filles quand j'habitais en hôtel meublé. Leur gaieté a des éclats comme des enfants qui crient pour ne pas avoir peur. Pierre Hardy chez son ami beaucoup à apprendre. d'une vie était avait vivaient Ils commune dont Louis Buisson l'interprète. II événements -lorce les découvrait ou quelque analysait avec et parfois, s'il quelque erreur ancienne nouvelle, vérité il était désorienté lorsqu'il voulait mettre sa conduite d'accord avec ses idées. L'analyse n'est pas une science elle froide, qui passe par nos cœurs et les trouble. Les émotions de Louis éveillaient des émotions chez Pierre parce que leur que commune vie. était leurs âmes Pierre se disait : « a toujours raison étaient C'est drôle ! » Il o 124 o et parce sincères. comme il comme pensait e son ami, mais de Montparnasse • beaucoup pensait il plus bas. Pierre Hardy ajouta - : ' — Je l'aime bien plus depuis qu'elle est malade. Elle m'écrit des lettres mal- mais où l'on devine qu'elle habiles, souffre et qu'elle devient délicate. Elle dit Je t'embrasse de tout « : cœur d'enfant malade. un peu d'argent. qu'elle sera Il > me mon petit envoie lui Je semble, lors- nous nous guérie, que serons rapprochés l'un de l'autre. Louis Buisson partait dans ses grandes histoires. Il souriait en pensant Je rais faire un discours. Puis — Il il dit : : faut aimer les filles qui souf- frent. J'ai toujours pouvions pas les cru que, sauver, si nous ne c'est parce que nous ne savions pas assez les aimer. J'ai connu autrefois une débutante. A quatorze ans, chez sa mère, qui était remariée, et dont le second mari tenait un commerce de marchand de vin, elle fit garçon aux yeux Q connaissance d'un violents. 125 9 Son regard ' • BUBU • comme une force puîssantft. dominait la un jour à l'hôtel meublé où, docilement, elle devint sa femme. Elle m'a raconté que, nue, il dans ses bras et Elle le suivit l'avait prise ensuite l'avait Elle toute posée au milieu de l'édredon. était que l'édredon petite si la bougea plus et, toute débordait, elle ne lasse, s'endormit là avec sa virginité perdue. J'ignore pourquoi ses parents ne la firent pas rechercher. Ils quatre mois sans qu'elle vécurent travaillât, mais peu à peu il l'honnêteté. mena lui-même Il la détournait de la les Grands Boulevards son client. Elle fît et lui choisit quinze francs et elle en éprouva une sorte de bonheur Quand je la connus, aussi courageuse. naïf. elle n'avait seize ans. Je n'ai jamais sur pas vu de femme Elle avait fini par trouver du travail et cousait des paillettes. Mon cher ami, le jour, puis elle elle en cousait en cousait la nuit. Elle n'avait pas seize ans. Elle ne put jamais gagner cinquante 126 o sous par r joui . Et l'Autre était là, derrière elle, avec ses deux poings mâchoires. îl fallait descendît dans et avec ses bien parfois qu'elle lorsqu'elle rue, la devait payer sa chambi'e. Je la connus. Il y avait des matins où elle venait me demander deux sous. Le temps passa pour elle en lui appc-tant d'autres misères. Sa mère finit fit par s'inquiéter, la découvrit et la enfermer pendant un an au couvent des Dames-Saint-Michel, où l'on met des jeunes filles dispositions. ayant de mauvaises Quand o 127 elle O en sortit, son • BUBU amant demanda en mariage la mère donna son consentement. folie qui règne sur le il la semble dans ils jour se promenaient en- lorsque passa foule, la le trom- Un s'amusait à la tromper. de Carnaval, C'est la monde. Alors passé recommença. Et puis il pait, et sa une femme à suivre. Il suivit et la resta trois jours sans rentrer. Plus tard ils se séparèrent, mais venait de temps à autre la voir et il il avait besoin d'argent. C'est alors qu'elle eut pour ami neuf ans bien : un jeune homme de Quand « vieille, me je devrais devenir disait-elle, jamais je n'oublierai ce garçon-là. Ce parce mais qu'il cause de ce l'aimait cent. dix- était riche, qu'il faisait n'est pas c'est pour moi. à > Il avec un bon cœur d'adoles- Une nuit qu'elle était fatiguée, la porta dans ses bras depuis la il place de la Bastille jusqu'au bout de l'avenue Daumesnil. lorsqu'elle Il aimait aller chez était absente elle parce qu'il mettait sur la table quelque jolie sur9 138 9 , - «de . Montparnasse prise et qu'il pouvait entendre son cri de joie quand Mon elle rentrait. cher ami, ce garçon, servi chez lui par des domestiques, et dont temme de chambre, la mère avait allait amie, et lorsqu'elle n'était pas sait sa Leur que chambre le mari une battit le le lit là, fai- et cirait ses souliers. histoire eut dut garder une voir sa petite triste fin jeune pendant parce homme qui six semaines. n'y a pas longtemps que je con- 11 nais ces choses, mais chaque jour je ies y eut un d'amour qu'il comprends davantage. homme jeune entra dans le de tant Il cœur d'une pauvre fille. Et moi aussi, j'aurais dû entrer dans ce cœur. il était Quand tir dû homme, bien trop tard, mais moi été temps. n'était vint le jeune Il il eût y a trois ans déjà. Elle pas mariée et j'aurais pu la sor- des bras d'un souteneur. J'aurais la prendre et la mettre Chez moi et combattre. J'aurais dû la sauver. prends-tu cela : AhT pourquoi ne e Com- J'aurais 'pu la sauver! 139 l'ai-je o pas assez i • BUBU • aimée ? dû J'aurais faire sa à garder le tir que lit pendant Une femme j'aurais existe et il il six se- au monde, pu sauver! Quand Louis Buisson histoire, et dû consen- cirer ses souliers, j'aurais maines. chambre eut iini son mit sa tête entre ses mains y eut un silence pendant lequel chacun s'aperçut qu'il n'y avait plus de café dans sa tasse. rouler les voitures quième. On entendit en bas du cin- Louis Buisson revint à conversation la : — Tu me parlais de ton amie Berthe, mais tu ne m'as pas dit dans quel hôpital... \ Pierre répondit — C'est à : l'hôpital Broca. Louis Buisson eut un mouvement. — Mais, mon cher ami, tu ne con- nais pas l'hôpital Broca. J'ai vu tout cela et je te dis qu'à l'hôpital l'on voit des malades, elles filles. Elles Broca sont bien ont la syphilis. Alors Pierre Hardy sentit « 130 c> riilitolre <^^ de Louis Buisson comme im son cœur. Véritablement choses choses, mille monter semble, il feu dans sentit des noyer et en- frapper le comme un débordement sa;, voix de maux. eut la sensation du bonheur Puis il dans la paix^ parce qu'il avait fait un pas d'amour, une pauvre danse, un soir, qui, maintenant, avait des airs de syphilis d'hôpital Broca. et cette sensation ,11 du bonheur dans eut la paix, revit la façade de sa petite mai- son de province seuil . T.h et la syphilis à son compril^qiia_Ja-^v4^-4wT-aytttt" _sem ^é jus qii' i c i J r op [;; c ; 1 g» , , ; Louis Buisson — où faisait ses discoiirs J'allais autrefois l'un de : à l'hôpital Bi'oca mes anciens camarades de lycée était externe en médecine. J'ai vu passer au spéculum toutes avec leurs maladies. petites vu passer les femmes du Quartier qui ont un chancre leur a dit Pendant pilules. J'ai les filles, La vérole « trois » parce qu'on et qui rient : J'ai ont dix-huit ans n'est on vu passer rien. prend des femmes qui les mois de vérole et qui pleurent. Elles mettent leur tête sous leur € bras et pleurent en Jamais je ne guérirai. disant : Les méde- » cins les consolent en éclatant de rire. J'ai vu passer les vieilles. Comme des bêtes elles écartent les jambes. Elles sont un pauvre gibier que l'on blesse et qui se laisse faire sans une plainte, ayant l'habitude des blessures. C'est ainsi que parlait Louis Buis- son, ne pensant pas à Pierre. Puis lui vint comme un éclair the, Pierre et BertheL.. : il mais Ber11 regarda • de son ami qui, les Montparnasse deux mains jointes sur ses genoux, ne pensait pas, lui, à faire des discours. Cette pauvre fille à la vérole, avec les il la voyait toute en larmes, larmes des véroles, et si triste qu'il ne pouvait pas c'était lui adres- ser un reproche. Le caractère des hommes, à vingt ans, se compose des paroles de leurs amis autant que des mouvements de pensait à toutes cœur. leur idées les qu'exprimait Louis Pierre d'amour sa générosité et, naturelle s'y mêlant, avait pitié de la vérole de Berthe en même avait peur de la sienne. bien peur. Il ne la temps Mais qu'il avait il connaissait pas assez pour oser la regarder en face, en cause savait qu'on Honte et comme de il la du Mal. Alors Louis Buisson se leva, s'ap- procha de Pierre deux mains, il il était discret i'ai fait cours. et, lui prenant les les pressait. D'ordinaire dans sa tendresse. Mais mal, Seigneur, avec Il mes dis- se révoltait contre lui-même, • 113 o BUBU » contre ses paroles, contre la vérité, contre l'hôpital Broca. Cela ne peut mal que pas être, puisque cela fait mon cœur se leva, vint à — bon. est Pierre et djt Il et : Mais non, Mais non, Pierre. mais non... Il criait et dessus il avait envie de crier par- les toits : — Mais non, mais ron, mais non... Rentré Pierre écrivit Berthe clicz lui, : Ma chère J'ai petite A>:in:, bien de la peine en t'écrivant cette lettre parce peine 'la à malade, que tu auras bien de quand ma tu la liras. petite Berthe, moi Tu es je vou- drais être à ton côté pour té consoler et te montrer que je souffre à cause de Pourtant tes souffrances. choses que je dois Avant ce riiôpital [' - - il y a des te dire. soir je ne connaissais pas Broca. Je sais maintenant '. - o 134 o de Montparnasse o pour quelle maladie Tu l'on t'y soigne. dois être bien triste, niais ne va pas croire que je t'abandonne. Je n'a- bandonne jamais les miens et tu fais , miens, puisqu'il y a déjà mois que nous nous connais- partie des trois sons. Je t'envoie un mandat-poste de trois francs. Voici ce que je voulais te dire relations doivent ne veux pas : nos changer parce que je ton mal. attraper Je n'hésite jamais à faire le sacrifice de moi-même, mais, ici, ce sacrifice me du mal sans te faire du bien. Nous continuerons à nous voir, n'estce pas? Nous nous promènerons ensemble quand tu le voudras et nous serons deux amis, l'ami Pierre et l'amie ferait Derthc, Tu comprends bien que je ne puis pas courir après ta maladie. Je crois y avoir échappé, puisque je n'en vois pas les signes, encore , mais je ne suis pas Un de mes me l'a dit. Il hors de danger. amis, qui est médecin, faut attendre Berthe, si une quinzaine de jours. j'étais malade, o 135 © je te par- ' • BUBU © donnerais. Je suis d'une famille où l'on n'a jamais eu ces maladies-là. Je ne voudrais pas la donner D'ailleurs, à d'autres. nous nous allons écrire comme par le passé. J'espère bien ne me repentir de t'avoir connue. quitte, ma chère petite amie, te Je iamais en pensant bien à toi. J'attends ta réponse avec une grande impatience pour savoir si tu n'es pas trop triste à cause de ce que je t'écris. Je t'aime toujours et je t'aime davantage parce que tu es malade. Ton ami qui t'embrasse, -^ ' PIERRE. i Deux suivante jours après, il reçut la lettre : PIERRE4 ^ i J'ai reçu ta lettre qui m'a rendu malade il fallait que je m'y attende à cette audace que tu ferais passé cela mon dos mais tu croyais peut-être que case passerai comme cela mais tu sur o 136 O trompe je n'ai jamais sesser de croire que c'était toi qui m'avait donné te, cette affreuse maladie. son je n'ai Mais tu as rai- jamais rien dis parce que tu m'aidais mais maintenant tu trouve que j'en ai assez comme cela mais je un chagrin a mourir heureux de ce que tu as fait souffre et j'ai toi tu es bien d'autres encore des jeunes et et filles a qui tu donne quelques francs et que pour la peine quelle se sont donné a toi tu les pourris. Peut être ses © 137 « - filles se BUBU « sont-clIcs lue car songé à ma mon père • la si je n'avais pas lamille et j'ai penssé que avait bien assez souffert avec ma mère mort de ma mol sans apprendre mort suivante. Puis je ne croyait pas qu'un jour je rencontrerai bourreau boulevard mon Sébastopol 15 juillet. Que j'ai jour pourtant il est trop tard le pleurer depuis ce il faut bien que je m'y résigne aussi je te cause comme sûr que c'est qui aura Puis fait cela parce que je suis toi qu'il me l'a donné et mon -malheur pour la vie. des jours de souftransse vont sécoulés encore pour moi et encore pour d'autre qui souffriront que je les plains ses gens doivent souffrir à cause de toi car moi les gens qui savent que tu m'as causer ce mal t'en veulent plus que moi encore mais je n'écoute le conseil de personne et c'est pourquoi je souffre en silence. que je ne si suis pas Tu une dois savoir salle fille car je voulait je pourrai aussi rnon tour pourrir d'autres mais je préfère quand je me moi a hommes faire soigner puis serai guéri je verrai ce o 138 o que de Montparnasse à faire mais je ne te pardonnerai j'ai Tu ne le mérite pas un homme ma fait tant de mal que je ne méritai jamais. qui pas non plus et je ne matendai pas un jour de passer au suplice car tu sais pour la l'instant je soutfre beaucoup de gorge de se moment. Je sais bien que tu ten moque mais cela lage puis tu dois moi ce que que ne l'on en cette tête j'ai me sou- mieux que ressent pour avoir la le état savoir puis la charpie et ramasser un jour par terre tu te lave pas les pieds avec et puis l'onguent qui est sur la table toilette en dessous cuvette tu te fais des la /rixtions avec pour bien pas pour mais c'est la la vérole ça chose autre fait. du aussi... maladie qui l'exsige ou tu aurais plus d'accident que tu as et alors la femme qui irais avec toi le chaufferai tout de suite mais ce qui est embêtant c'est que quand on on le donne un accident vient et aux autres alors on la plaque excite et puis au tour à une autre puis tu es jaloux de savoir que autant, que toi. les autres n'en ai pas Mais Pierre o 139 o je t'en prie • • BUBU • soingne toi comme moi et comme cela tu ne la donnera plus ou quelque iois du tu pourrais tombé pire et te faire mal c'est un Tant qua qu'une pure petit conseil. ton ami médecin ce n'est blague car tu en as assez de moi et pas davantage. J'espère que tu ne m'en voudra pas de trop mais remarque que je ne suis pas trop méchante je ne désire qune seule chose c'est de ne jamais te ren- un ami comme pour moi moin que rien ou je marche tous les contré car tu n'est pas tu le dis tu es ou le trotoir jours mais tu garderas dans le ta tien mon mémoire comme souvenir je garderai homme pas une iille comme moi mais en d'avoir eu suis ententu la meilleure fille digne car je que l'on puisse trouvé à Paris et c'est toujours comme ça. Enfin je dre à ta lettre de toi daigne te répon- que je pense haine que j'ai pour et te dire ce malgré la toi. Mademoiselle Berthe. la pauvre malhexireuse qui n'a que de lé haine pour celui quil la pourri, fille et 9 140 o I Quinze jours y^lus tard, reconnut que Pierre avait e I4Î s le mce'ccin la syphilis. ^-^^ / xX CHAPITRE VT Berthe resta à mois l'hôpital penJ. demi. et Maurice l'attendait voir. Elle disait lent me « « Que guérisse. sais, tu Dans veux-tu, » Il », la chambre : — me que je faut il » Maurice. disait répondait veux toujours dait assis, la Les médecins veu- garder encore un mois. Le temps me dure — Il : allait, dimanches, pour les jeudis et les « comme on attend pain de chaque jour et s'en le « Oh je ! faire à ta tête. ci'hôtel, il » l'attefî- en buvant l'eau des carafes. mangea souvent du o 143 o from-vire de Pour Brie. son parapluie et il vendit pendant deux jours avec quelque attendit Puis francs, trois assurance.^ y eut un camarade à il la pièce de cinq francs qui paya la chambre. mangea Il chez sa mère, mais de l'argent. rais « Il Travaille » I elle lui reiusait disait bien crever ! quelquefois : Tu me « Elle répondit » Berthe put lui quelques pièces de dix sous tal on n'a besoin de ou deux aussi déjeuner tabac, mais aucune être sa vie parce comme jamais. puisqu'un homme passer y eut Il qui payaient du d'elles ne pouvait avait qu'il choisi hommes, y eut deux ou : à l'hôpi- femmes et choisissent les Il : rien. trois offraient à ver- trois —à femmes, a besoin de cela. attendit assis, les poings Il aux dents, en mangeant du pain sec. 11 dans attendit, les des après-midi entiers, mes où marchait il sans temps devenait som- cause. Parfois le bre et restait immobile au-dessus de (^ M4 e e tête comme un comme une chose sa de Montparnasse voile d'ennui, indifférente et Les jours d'action avec les camarades et les aventures lui semmorte. blaient des jours passés, des jours du vieux temps où l'on vivait chez les hommes. nirs eut deux ou trois souve- Il Berthe, avec toutes sortes : bâillements, se traînait dans la bre disait < : Je m'ennuie. < que l'on tout un veuse f/Al Il » Il soir, alors monde Elle répondait : ma main ne comprenait pas restât sans courage, et le que pendant la vie est ner- plein d'action. comprenait bien mieux, à présent. Un peu de douleur nous éclaire nous montre savions voir, bonheur et maux que nous ne comme des frères éterles nels et meilleurs. le » Si tu t'ennuies, je te fous sur la gueule. cham- encore. s'engourdissait et de Il sentait encore est précaire, que que notre cœur est une ruine noire et branlante. écrivait à Il perdit sa foi. Berthe o : c 14^ il Je m'eno ' ^. • e EUBU o de nniô C'est toi. la prcmîcrc fois me sem- que nous nous séparons ble et il que nous sommes séparés pour _ toujours. ile lui » îl des poèmes parce pas, mais toutes n'en cju'il lui revenait, il les venait pas au cœvir une à une, d'amour chansons avait entendues. savait Les plus qu'il belles et les plus pures étaient les meilleures. eut, plus qiie jamais, le sentiment la Béâlité. son de Pàr^déssiis tout, L&kmé pose sur la de chan- vient en nous et la blessure où comme une se noits avions mal. Elle lui Sortait des lèVl-es uri cri, Il haleine et comme comme une bOhilé odeur. Oui, je Veil* retfouver ton sourire Et dans t?8 yeux je veux revoir le Mais encore il vint un jour où Maurice plus las d'attendre. quinze jours que Berthe misère tal^ la ciel. lui était fut Depuis-*-^ à l'hôpi- semblait déjà longue. Les premiers jours de misère on: des amis sà et des ressources, vos mais bientôt souliers s'usent et vos o 146 © vête- ' de Montparnasse • ments s'effrangent, misère du pain la sec devient la misère des guenilles pour laquelle les amis n'ont pas assez de ressources ^Autrefois on c rp yait à -J ja_possibilité-ée»-aventnresr Voler est bien ^ de son lorsqu'il s'agit j?laisirj mais celui £uivole_à_cause de son besoin rnet dans seg^aventures trop de fièvre j)our les acco mplir avec assu- rance. Puis on se fatigue 11 avait du pain sec, au ventre tout un souvenir de cela, tout un poids mage de Brie, ridicule de fro- une oppression mauvaise nourriture et de de faim. révolte gronde au corps, l'odeur La du fromage donne des nausées, l'homme fort regarde autour de lui avec des yeux perçants. Alors pas il revit ses amis. comme Il ne où, dans autrefois à leurs côtés. arrière-boutiques coudes sur Ils était allaient aux s'asseoir table, la les âme après-midi, gaiement, son libre les revit les et, poings les au menton, causaient bas en buvant du 9 147 9 • « BUBU o vin rouge. II avait une mélancolie déli- cate qui l'empêchait d'accomplir actions quotidiennes et alors un grand qu'en un jour et le vaincre, fois il lui qu'en une toutes fallait 11 les un mît aux poches assez d'or pour attendre, d'amour, et accomplît quotidiennes. actions grand vol qui il retrouvât toute il son énergie de Bubu seule les fallait feu de combat, une grande aventure pour l'agiter fallait il comme un comme un rentier poète de mélan- colie ne pensant plus qu'à sa belle le beau matin du retour et des nouvelles épousailles. Ce fut une histoire simple et déce« vante. Elle se passa dans tabac, à trois heures lieu encourage semble bon comme un seil. Ils y allèrent, la du sang dans les pendant hommes dernier con- gorge sèche les poings. enfin, tous les trois, ter du matin, au mi- des avenues désertes, le silence que et un bureau de mes et Allez-vous frères, arrê- vos cœurs et voir ce qu'on voit o" 148 o I:' "4 ' ) dans que les vols alors l'on cherche que et l'on tremble, que l'on trouve. Tout marcha bien jusqu'à la porte et durs. les Ils tiroirs n'étaient les autres toujours douté. : La pas Maurice s'en caisse conte- nait seize francs, la caisse nait : n'eurent pas de chance, ni uns ni était les la caisse que seize francs sirent tout : ! ne conte- Alors ils sai- les timbres, le papier tim^ bré, les cigares, les cigarettes et le • iUBU • tabac. Ils en remplirent leurs poches, pui* leur chemise, puis ils fireut paquets avec leur mouchoir. vide, et avigc les ils Comme encore l'avenue sortaient, ils des était se séparaient tous les trois deux sur leur crâne et des poids dans les pensées. Au bout de deux jours, ils n'avaient pas vendu beaucoup de timbres et ils ne pouvaient pas vendre leur tabac. L'écoulement des produits volés est incertain comme le vol même et les jours sont terribles quand les nerfs dansent, de l'homme en trésor. tête à tête avec son Maurice marchait, des timbres plein ses poches et des paquets de cigarettes sur sa poitrine. être des amis. jour, comme il Il avait peut- Le matin du troisième passait quai de l'Hor- loge, d'un coin sortirent deux hommes. rencontrés Il les avait déjà et remarqua leurs grosses épaules la veille et Un coup d'œil en arrière, et les deux hommes suivaient sa route. 11 entendait leurs souliers comme des leur gueule. o 150 o bottes, les sentait lourds poing-s et avec qui sait tout. une Il comme des épaisseur de police essayait de marcher plus vite et plus légèrement, Puis le sang vous rentre au corps, la chose était prévue, deux poings tormidablgs vpijs saisissent, et c'est deux épaules vous poussent une brutalité sans nom, deux voix auxquelles on ne réplique point — 11 et .Aliez,. : ouste! avait des timbres plein ses poches^ des paquets de cigarettes sur su poitrine. Bcrtlie apprit o cela 151 o par sa sœur • BUBU • Blanche, un jeudi soir, l'hôpital Broca. Blanche (Zli;irlot, qui et l'on savait de le tenait le tenait de du Grand Jules encore, malgré les murs prison, la d'avoir au parloir de que Maurice un chancre venait syphilitique. Blan- che parlait a'unevoixaffairée, porteuse d'une grande nouvelle, avec des mines des gestes et une sorte de gloire et comme un journal lançant une infor- mation. y eut ensuite un silence plein, 11 dans l'air noir de l'hôpital, entre quatre murs du parloir, pendant les que les malades vivaient à son côté que Berthe se sentait seule. et un air Il y eut obscur qui tombait sur les têtes p- et voilait les yeux. L'hôpital était da- vantage l'hôpital, la vie semblait davan- tage la vie pour laquelle on combat et qui vous blesse. Berthe comprit que la 1 vie jusqu'ici lui avait paru trop facile. Mais Blanche se mit à dire — Et puis quoi qu'il te ! : Y a assez longtemps donnait des coups. Pendant les jours suivants, o 152 o Berthe de Montparnasse o recomposa sa Maurice et, vie. Les habitudes de étaient entrées en son corps mêlées à son sang, formaient sa chair et ses idées. Elle était Berthe. d'abord, qu'un rosa, mais homme comme elle était aussi celle pendant quatre ans ar- d'Egypte aux la terre bords du Nil débordant. Elle eut bien A peur. main et la conduisit lui dit il dix-sept ans, par la au monde. Puis il C'est par ici qu'il faut aller. Et : la surveillait dans la prit il sa voie. quand elle marchait Les jours d'hôpital étaient encore les jours de Maurice, à cause des jeudis et des dimanches où il venait au parloir. Et puis, elle savait à chaque instant qu'elle pouvait voir. d'elle le re- Maintenant tout tournait autour : Paris, l'hôpital, le présent, l'avenir et des sentiments confus Un seul être vous manque Et tout est dépeuplé. Pendant s'essayait à , Berthe vie. Elle la recomposait avec sa sœur Blanche, o 153 o ?.;' Ua,Tfs(xt^\A«^ les jours suivants, recomposer sa ; o • BUBU « avec une petite amie qui s'app©I<iit Adèle, puis avec quelqu'un, avec n'importe qui, parce qu'une femme ne doit pas être seule. cherchait des hommes parmi rappelait Elle ses souvenirs. Elle se Pierre, celui avait qu'elle accusé dans son malheur et qui lui avait écrit en jurant qu'il n'était pas le coupable. mère, — sur les agitait bruit et dans sa elle de sa la vérité. hommes aussi et pour tête faire du pour se donner des espérances. rien ne pouvait effacer le souve- nir de Maurice, et7(d[uand été la tête — parce qu'alors c'est Elle pensait à d'autres Mais comme l'avait juré, Il aimait que l'on jurât, un dieu eût couché en travers de sa porte, quand d'elle il eût fait sa compagne et l'eûtconduite à la grande gloire, quand même i^ l'eût enrichie et elle l'eût aimé, jamais elle n'eût pu quand — même jamais — oublier celui qui fut le sien et qui fut plus qu'un dieu parce qu'il ét^it l'Homme quand vierge'^a chair était o 154 o elle était gravée dans la —i de Montparnasse o sienne bien plus profondément que tousles'sentiments et que tous les dé- sirsJ^Ue ne savait pas comment on hommes en prison, mais tous maux passés lui avaient donné une juge ses les grande défiance avaient appris de l'avenir que et lui cataclysmes les s'engendrent l'un l'autre. {Elle_était_ malade parce qu'elle n'avait pas de f.r •îr y/ ^V^ 'hance et pour cette Maurice que croyait même cause resterait elle loin ^ ^d'elle pendant des années^-^ Alors elle se sentait perdue, promenait sa pensée tout le long des lendemains pour y découvrir un bonheur mains, où qu'elle petit saisi à pleines à tous les coins eût elle s'arrêtait elle l'on pouvait s'arrêter, mais rien ne às^n cœur parce qu'elle venait suffisait d'un beau pays et c qui était son pays. 155 9 s ^r'. i^ • buëu t avrtit répondu qU*elIe croyait à sa .pa- role. Elle vint sans qu'il l'attendît. eux avait quelque chose èntte Il y et cha- cun, tout âUtôuf de soi-même, sentit qu'il y avait cela. Mais on doit se vaincre et repôUSSér les points d'hon- neUr quand on est pauvre. encore ce qui sépare les femmes elle : il cinq francs. pensait que cette visite faut vivre d'abord, on ensuite Ce ne peut avoir des sentiments. le eut les hômfiiés et lui coûterait que y pensait qu'elle n'avait pas un sou, Il Il fut lendemain matin, lorsqu'elle eut quitté Pierre, que Berthe alîît cher- cher des nouvelles chez la mère de Maurice qu'elle connaissait un peu. Elle arriva dans la petite boutique de Plaisance vers dix heures, • L'autre dit : •— Ah! vous Elle la fit voilà, vous ! passer dans l'arrière-bou- tique et avant d'être assise çait déjà. c 158^ o commen- o cle r.lbntparnnpce S «— C'est pour vous que lait ça. mon Je sais tout, que vous lui fils donné vos maladies de pourriture, puis je sais d'où vous sortez. Les comme voil5?, c'est des mallicurs. a avez et filles e BUBU • Elle continnalonî^temps, lançait des phrases pleines l'ji et rrière-bq utique , les s emblaient refléter ses meubles cirés paroles et leiir donner force comfne un exem sagesse qu'on oppose_à_iios déborde^ ments. Elle toute propre et bien parlait, peignée, avec une indignation d'honnête femme, puisque son elle fils fils autre, lui du compte, la fin n'oubliait pas Berthe, que Berthe n'oublierait espérait pas son à et, et pourrait, de temps à envoyer une pièce de cent sous. Cependant que Berthe, regardait ses sortes femme avec confuses, d'idées plus que devenir, pliait âme douce tête basse, mains en rougissant, écoutait la vieille se et sentait Certains jours elle était n'avait pas conscience si ne sa toutes savait pauvre coupable. bonne qu'elle du mal qu'on lui faisait. Elle alla chez sa o / appuyait. \D^«« sœur Blanche, i6o o t\y e;^' Pour monde rien au posé que Bîanche l'on n'eût sup- était Berthe. C'était une fille ans, rose et blonde, mais était jeune et pleine, la sœur de de dix-sept sa peau si son vêtement et son allure éloignaient toute idée de jevmesse et l'érigeaient regard des souteneurs © i6i o dans la comme rue au le type ^ BUBU » de ce qu'on appelle salée ». des- Ses cheveux coupés courts au" iront étaient frisés bouchonnaient, fiiles môme une « aux tempes suivant et ti l'usage re- des pubhques des fauboUrgs, suivant donne un uni- la règle éternelle qui forme et entretient l'orgueil gens d'un même nu-tête, les chez les métier. Elle marchait mains dans les poches de son tablier, tendant le ventre et traînant les pieds comme on Depuis temps de son enfance où le traîne la savate. volait cent sous à sa patronne, était elle un jour venu où, dans un hôtel meublé, elle laissait choir sa virginité aux mains d'un souteneur et d'autres jours où toutes les dispositions de sa chair et de ses idées la poussaient vers cette carrière que plus tard, librement, elle y vécut avec assurance, spontanément elle en eut l'allure et le choisit. Elle verbe, toute jeune encore elle fut la fille publique comme M. fut le poète, tout litique par vocation, sans O de Musset jeune encore. Syphi- IÔ2 O qu'un regard de Montparnasse o en arrière vînt donner quelque lui re- de poux tête pleine gret, elle eut la o lui vînt de propreté et ses jupes enroulaient autour d'elle odeur de vice les et hommes joyeuse et l'argent est une tin se et en ce du bien comme un homme ment Elle inconsciente, n'avait ni l'idée l'honnêteté de crasse qui accourir. une faisait vivait, puisque et monde, ni elle celle de heureuse sentait du mo- à son but, poches pleines qu'elle avait les d'argent. Parmi Gaîté, les elle souteneurs de choisissait rue de la de soa celui cœur, — cœur indépendant vie qui se transtorme, — la et pareil à l'attirait à la elle et, quand rejetait pour en choisir un autre, scion elle en était lassée, l'évolution de son désir. ^EUeétait mropre le 53, niaît resse, so ii-propre^ gouver- et se protégeait elle-m ême par moyen d'un grand couteau quelle n e nie nt, le portait constanv.iKnt dans sa poche qu'elle luiicl;ait avec assr.r:.:-.cc c 163 o et i.o;. iiiO -^ j/S^'" . . sans qu'un désir w n\V^ v *»:>' teuBuj» •--.. •' ' f-un . voyageur sans crainte auprès de I : -. ses armes parce rage ne lui fera qu'il sait que le cou- jamais défaut. Berthe lui raconta la scène qui venait de se passer. Blanche — dit : Comment pondre I aurais dit Je lui : ! Tu Vieille hypocrite, trop contente que je faites n'as pas su ré- aurais tout dit. Je lui le vous êtes nourrisse. Vous des manières parce que vous savez que je suis trop bête. une guenille au cul qu'il ait Il n'a pas gagnée par lui-même. Qu'il y vienne, vous verrez je sais faire foutre le si camp aux ma- quereaux I Berthe répondit : — Bien sûr, mais moi je ne me pas défendre. /Et c'est tie sais auprès de sa sœur^A^^ia-sor» de l'hôpital, que JBerthe vécut. Auprès de sa sœur, pa rce que les idées 6 164 a o de Montparnasse de famîlîe sont^ plus fortes que toutes le^ autres idées et parce qu'une sœur sera notre soeur, quoi _quJi.jijriv.e^,. C'est que Berthe se ici Blanche qui était forte et qui la forti- un peu. Blanche, fiait exemple, monde, chez fixa, sans allait comme un du préoccuper se sur sa route et Berthe, déroutée, n'avait qu'à suivre ses pas. Elle eut un fond de tristesse les pre- miers temps à cause des habitudes anciennes, et pensait âme en son sinïpleuje m'ennuie de Maurice». Elle le pensait bien fort et regardait les choses autour inquiétude d'elle comme on avec quelque regarde un ca- marade qui a changé son vêtement. Elle vécut auprès de Blanche qui secourait sa conscience et disait toi qui as raison.» lieu pour Pourtant elle d'avoir tort il : « C'est n'y avait ou d avoir raison, /nais jious cherchons_parto_ut MlassuraacÊ_de. jtious=mênie_4ui lait . Ij^artie du bonheur. > -< T * ô 165 o ' Le elles soir, entre neuf descendaient topol. Place de\ant elles le dix heures, et boulevard Sébas- du Châtelet avec ses deux lignes de feux, o i66 il s'étendait trottoiis, ses et scniblail un ^4. Montparnasse o cfa lVi<'':\v'^':^\': naissaient le maniement rompu qu'elles et parce que leur utilisaient sans fatigue corps était Tous à son jeu. comme coins de rue leur parlaient les des souvenirs, à chaque pas leur but marchait à leur côté, elles étaient à lui sans sourire et sans s'émouvoir, comme un commerçant qui pratique son commerce. Blanche avait facile et directes. métier plus le procédait par interpellations Berthe, un peu tortillée, Une montrait des coups d'œil. foule, avec des jeunes gens qui semblent des d'interrogation points hommes avec , des de quarante ans dont l'appa- rence est sérieuse et nette et satinante la conversation comme une pièce de cent sous, avec des ivrognes qui ne savent plus d'amour laisse... compter, s'endorment et qui Des bavent qui souteneurs a et qu'on gueule noire passaient en les frôlant, avec des. HiOts, ù'ailes ji ce travail dont elles con- avec des airs et des battements de c:»rbeaux. Elles les regar* o 167 o W^ d'un coup d lient sec comme ncUv. regardons l'homme qui n'est pas nôtre et secouaient les épaules s'ils eussent été posés là et comme qu'elles eussent voulu les iaire choir. Elles laient : le al- Blanche, nu-tête, à grands pas solides comme les blanchisseuses à paniers, Berthe à petits pas, ayant des mines Les comme filles les ouvrières fleuristes. publiques passaient : celles qui sont jeunes et brillantes comme un qui ne de dix-sept ans plaisir savent pas chances celles qui et et s'emparer des premières des riches caprices, — ne s'arrêtent pas boulevard Scbr.stopo] et qui s'en iC8 o vont avec un biuitde dcs'iOUb cnipc^es poui semei autoni d lTcs 1 — ecllcsqiu ont ,.n\ic, plusicuis annccb de connaissent et tiottou, en exprnnent btance jusqu'à sa — fin, et qui la siib- puis a\ait les MCilles a pas louids le il y comme des vaches qui font station aux coins des rues et arrêtent courageusement tous les passants parce qu'il s'agit de - î_ leu r pain quotidienj Les lumières ser- vaient à étudier les visages de la rue, les terrasses d'amorçage regard de café étaient des lieux où semaient un après lequel elles se détoui- naient pour voir l'on a elles si l'on récolte ce semé. que \ yjvv- 8 169 9 à^ "S^ \ Y^ e BUBU o^ Un peu quittait pins sœur sa s'en et :r-^. Bln-^Mie fai-d, ;L!a'.t - Aers les Halles et la rue Yk^ martre. Elle aimait opérer seule parce qu'un d'une besoin sérieux a travail homme sait où Ton solitude comme un concentre ses moyens qui veut arriver. Il sufîi- qu'on la regardât pour qu'elle s'attachât à nos pas au désir qui est au fond de nos cœurs, et ses tions. Elle vendait et hommes sombre sont plus faciles. pour quinze buvant, avec du heures V la centimes, petit verre matin, / fV^^is^ à en des quatre regagnait Mont- bourse pleine content. o et, / de et qu'il fait parce "' 'n. Elle se réconfortait plusieurs fois rouge, ç .*. bon marché an quartier de journaux cafés ' i satisfac- pour vendre plus souvent. C'est les '^ elle venait, elle était là, "/ avec ses gestes bars, \% pareille et, ; I^^J 170 o et le cœur o ^>' i:!s Montparnasse sur Bertlic, â boulevard le Sébastopoletles Grands Bou- fr^-^,^ levards, faisait dans les senti- /"l Depuis ses bandeaux nicnts. son visage blanc jus* noirs et cu'à ses jambes battant dans on jupes ses marche comme une jolie sa ressentait action dans une vie distinguée, l'on ressentait son une chère douceur cœur comme petite et femme de d'amour. Il y eut bien des oiseaux pris. Les jeunes gens pensaient un : C'est de toutes les heures, plaisir car en plus de cela elle a l'air de savoir goûter à ce qu'on lui O. peut dire. On lui disait : moiselle, je vous suis et vous marcher bien des réponses: vous dire". quand vite. « > Elle « Made- me av..it faites parfois Oh! monsieur, je C'est que je je marclievite beaucoup moins. o » 171 suis petite et on s'en ^ ^ vais aDf'i''^ni( autrCb lois oiï o B UBU o marchait à son côté, on ne comme cela et qu'on parce qu'elle était en avait cœur ému. le Elle faisait attire. Elle souriait comme alors et vous attirait ceur disait rien la dans les sen- timents chez les jeunes gens les hommes coup parce d'amour comme où chez parce terre, la emmène nous et et y a beau- qu'il sur que Famour coule dou- des entants vers les femmes l'on voit de l'enfantillage et de la bonté. Elle avait la syphilis. là elle eut bouche ce temps- beaucoup de mal dans et je oiseaux pris. Il y eut bien des A l'hôpital elle se disait comment je Je ne sais pas autres. mon Elle sortit. Les pre- » ^miers jours elle pensa Lave-toi bien. : vais faire, puisque je ne veux pas donner mal aux la pense que tous ses baisers avaient la syphilis. « En » : Puis Je il lui dirai fallut : man- ger^ puis la pitié n'est pas d'un usage quotidien. longtemps, Quand les o elle pierres 172 o avait marché devenaient \ / de Montparnasse • o I dures un pesaient à sa marche et de pavés tas et comme de pierre. Elle pensait bien donnée. Ce l'a — » n'est rien, Seigneur. femme, sur un trottoir, C'est une qui passe et qui gagne sa vie parce qu'il est bien difficile de faire autrement. s'arrête et lui parle parce avez donné la puis vous savez L^'est un Un homme que vous nous femme comme un Et puis cette femme sir. le reste. plai- Berthe, et est Ce n'est rien. La faim de s tigre qui a faim. tigres ressemble à la faim des agneaux Vous nous avez donné des nourri- tures. Je pense que ce tigre est bon puisqu'il aime sa femelle fants et ait et ses en- puisqu'il aime à vivre. Mais pourquoi faut-il que la faim des tigres du sang, quand la taim des agneaux est si Il douce? y eut des jeunes gens bien jeunes qui ne connaissaient rien et qui s'en allaient cœur et ; des cœurs On me « : comme aux femmes avec tout leur tout leur argent. © 173 ® Il y eut des homwies de vîngt-cînq ans qui en avaient besoin, qui les cherchaient et qui riaient, quand trouvées. hommes salent t\ V% ture, les avaient des eut y mariés qui pen- Une « : '11 ils un petite aven- un sourire, ca- price pour celle qui passe, parce qu'elle ne ressemble pas à ce que l'on attendait. quarante giène. Il » Il y eut Il vint hommes de ans qui faisaient de l'hy- y eut les passants, n'importe qui, celui qui se ment de les trouvait à un mo- sa destinée. de Bretagne unfîomme de la cinquante ans pour passer huit jours à Paris à cause de ses affaires. contra Berthe Chaque soir le soir il lui ren- de son arrivée. payait à dîner, la conduisait au café-concert et un peu dans Il les restaurants même de nuit. C'est ainsi qu'il connut la vie de Paris, qu'il n'avait pas jeune parce pu connaître qu'alors 01710 il n'avalî étant pas o de Puis d'ar£^ent. il Montparnasse retourna dans sa Bre- tagne auprès de sa femme cœur le filles, c et de ses brillant et les lèvres humides. Une autre « francs. » dit Il lui il : s'étendit à côté d'elle Il l'embrassa Comme sur les ceci j'ai aimée perdue. et que j'ai yeux : ressembles à tu une femme que lit hôtel x\vant de te coucher, fais bien tes bandeaux. et de qui rue Saint- Sauveur et la donna quinze lui « un passèrent la nuit dans meublé de et temps à l'aborder. avait mis quelque Ils homme ce fut un fois, ans qui l'aborda trante-cinq beaucoup > Il ne s'accouda rien autre chose, sur roreiller_, elle s'endormit, et toute la nuit lui il sur les bandeaux. passa Il la main y a de beaux coeurs qui sont sauvés. Berthe D'ordinaire, parce que eue les sard et les rentrait rues n'offrent phis quarante sous du que les lia- sentiments sont o 175 o Vî —à Iasi:és, deux heures du ma- tin. Souvent Blanche ramassait près des Halles « son homme du moment qui » ne savait pas toujours où dormir, ou bien de qui surveillait la nuit. Tous trois événements les : i Blançh e,£t— lui, [Berthe couchaient côte à c ôte^,JiLiis^ \ Bla nche . gardait place du milieu la -pouji-Lui--é^itejr ]es _coiitacts.,_^ui ^aientet_p arce Jûusje- C'était les soupirs de une mait collante, de Blanche, le matin, propre, les deux femmes lit vers cendait l'homme midi. chercher mâle mal- le et leur Blanche Si et commençait était jolie parce qu'on n'a jamais moyens. Elle protestait, faire, avait peur et rigolait, ' ' des- resté seul avec Berthe s'em- l'attaque parce que Berthe ' odeur manger, quoi de parait de la minute et charges secouaient et sautaient s'étiraient, se du les avec sommeil bousculé de l'autre et le Berthe. Puis, dis- qu'elle était-très ja.-^ © 176 © se trop de laissait d3 N!ontparnass9 o «? Or Bertlie était une fille publique. Ce n'est pas un métier que l'on quitte au matin que duquel on est ce et loin comme un em- l'on devait être, ployé loin de son bureau. Connaissez- vous l'odeur du qu'une vice* on fois respira? Les coups de poing des sou- teneurs façonnent leur marque dans les filles et laissent chair blanche au- la près des désirs qu'y mit Dieu. Elles vivent et sont un o^rand troupeau côte à côte, Blanche, où l'une Berthe comme un exemple seignement. de auprès est Il et et d'autres, sa voisine comme un en- y a l'atmosphère des_ priiStitiiée&,^-qttL-seaLii'abord la liberté- de vivrej.pjiis__quLdÊ.S£.eiLd_ejLq-ul_pue- comme mille^sexesJouLun jour. Et mal entre sous vos jupes avec des sers dévorants. /les /Il y a chambres d'hôtel id'argent^jtaûtTli n le trottoir, et les pièces cogunerce. joù_ronve nd son âgie pendant que l'on D y a vend sa le chair.- bonheur que o 177 o l'on i le bai- o BUBU • cherclie. Le bonheur des publi- filles ques ressemble aux gueules des rues qui sont fortes et qui mordent la vie avecleursmachoires.il faut un bonheur où les hommes soient dressés et vous prennent avec leurs poings colère Tamour sous laquelle on comme une plie. Il y a que l'on cherche. L'amour des passante» entre et s'en va sans laisser un peu de son passage, mais il y a l'autre amour pour le cœur des femmes qui les saisit et les recourbe et qui les fait tomber. Autreiois il y avait Mau- rice. C'est ainsi que Berthe cherchait le bonheur dans l'amour. Elle connut d'abord Blondin portait des le Cycliste. Blondin grand, large, rouge, le Cycliste était mains fermes et des pieds solides et marchait dans la rue avec un poids que ses yeux semblaient appuyer déjà sur nos poitrines. livrait à l'on ne sait bicyclettes et posséda fois des deux ou automobiles qui o Il se quel commerce de 178 o lui trois donnaient i'air adroit et i'air commerçant qui commerce Berthe à d'un mécanicien industrieux au-dessus^ du est ordinaire. la d'un Il campagne emmenait et cela aussi le séparait du commun des hommes. Parfois avait les il d'argent, sait poches pleines d'autres fois, Berthe, « comme avait besoin il di- qu'on Son amour rude et appuyé contenait des bombances ou bien ne l'aidât ». contenait que les quarante sous de la femme que l'on aime. parce qu'il vous ses bras et qu'il on faisait lui Et on l'aimait craquer dans donnait tout parce ne voulait pas être pris pour un 'imbécile, • , e 179 o * Elle connnt du l'Aztèque Grand-Montrouge, une alors qu'elle rentrait. ^» IKe au coin d'une rue, pâle et nuit, tenait mince, avec sa gueule en avant et ses lontés elle sentait bien à dire et qu'un qu'il Lorsqu'il tendues. regarde l'aborda, qu'il n'y avait rien homme le vo- peut tout lors- monde dans Elle connut midi, dans un les La yeux. Ouille, un après- bar, qui boitait et semo i8o o de Montparnasse • un souteneur à blait font trois et manque. Cinq la- boiteux sont huit, les un amour à drôles, ce fut è ' la rigolade. Elle en connut bien d'autres : les gars de Montrouge, ceux de Montpar- nasse ceux du Latin, l'amour des et où l'on après-midi nuits où même, l'on rentre flâne, ; elle celui connut le boulevard Sébas- topol, l'amour en coup de vent sur que l'on Elle fit fait la dans sont comme on à rire les bombes parce rit qu'elles un bonheur en voyage. une chienne dont fut clients. à rouler dans à boire tout ce qu'on les bars, voulait, deux entre bombe des Elle les chiens sentaient la cuisse, se pressant l'un l'autre, dressées et avec des choses gueules des folles de chiens chauds. Elle les connut tous et marchait dans les rues une chair faible qui plie, sans sort, sans un nerf que un bien dont comme un res- l'on tend, sans elle fOt maîtresse. Elle o i8i © "^ • BUBU o en jetait son porte-monnaie d'où l'air pièces d^argent s'écoulaient, les traînées au torrent d'un vice sans '^ frein. Elle connut ans, en- Kikî. Kild avait ?c\7.q une voix pointue comme les jambes. Il et papillotait gosses tout autour de vos était un peu marchand des quatre-saisons et connaissait sa rue comme on que connaît quand on vend, l'on triche sur le poids et tient tête le la que Ton aux volés. Les hommes ne prenaient pas au sérieux : c'est pourquoi Kiki se dressait avec ses dents et ses griffes, aboyait dans les rues, sautait sur les choses, et plus qu'un autre avait besoin de se mettre en valeur. Une bonne avec un un fouet — fois, il rencontra une enfant. L'enfant avait : Donne-moi ton fouet que je le fasse claquer. Kiki s'en amu?a bien cinq minutes, puis la bonne voulut ter le fouet. partir et cm;->or- — Y a rien de fait, Comme s'avançait elle pour le lui reprendre, Kiki se recula et faisait le figure de la — On Le en disant fille Kiki pleura, se relournait Quand leur tête. la : n'approche pas. grosse il devant claquer en faisant claquer son touet à autre, il ne partit de Icmf s et, pour se payer les vit plus, le fouet l'embari-assait, et rière dit Kiki. il le jeta der- une palissade. un gamin, pour des ga- C'était mines, un de ces moucherons dont les vous amusent. Berthe, histoires en blaguant, se laissa faire, et c'était mal, parce qu'une femme qui se respecte un homme qui doit choisir soit bon à quelque chose. Berthe rencontrait parfois dans Jules qui, l'arrêtait à « la les le premiers temps, toujours et lui causait femme d'un ami. Madame conduite, il » . Mais quand ne lui parla o Grand 183 o comme Il l'appelait il connut sa plus et, tête o BU eu o droite, la regardait passer, soldat comme un en armes regarde ceux violent la discipline et ia O i8^ loi. i> qui CHAPITRE Il et VIII y avait d'autresjours pour Berthe, c'étaient les jours où elle trouver Pierre Hardy. — Tu m'as fait Il disait allait : beaucoup de mal. Un jour, je t'ai rencontrée ; nous avions vingt ans l'un et l'autre et je souffrais parce que j'étais un homme. Vingt ans, c'est de l'amour, mais l'amour, c'est de l'argent. Je prenais un peu d'amour sur mes économies. Tout de 9 iSs BUBU e o suite, j'ai eu cette Aî n p.invrfi îTialadîe ^entant, ce n' est ni ta fnnte ni 1n \ \ î mjpnnp Nous vivons dans un monde où [r2222^p'^ d'^'ivent les^ Je n'étais ni s^iiffî-'",^ assez riche ni assez beau pour choisir ma femme parmi nais. Tu sais bien que celles que ie t'ai con- je au prise hasard. Toi, je pense que tu as eu beaucoup de malheurs, puiscjue tu tends les bras à tous ceux qui passent. me Je console un peu en pensant qu'un jour c'est moi qui fus ton pain quotidien. Je ne suis pas ami m'a dit les paroles pète, j'ai su vais et que m'as fait d'hui, ce que je monde te ré- était mau- nous étions à plaindre. Tu beaucoup de mal. Aujourmal que tu m'as qui doit nous unir. la seule \ que le je Mais un bien détestée d'abord. t'ai lui un savant, femme toucher donne Tu es fait, c'est pour moi possible, puisque mon la peste. Berthe répondait. — Que veux-tu! C'est notre métier. c iS6 o TJ- y> y<Mi lis h dînaient ensemble dans un \ il res- taurant à vingt-cinq sous. Salon au premier. Les (ables, recouvertes d'une nappe blanche contiennent et six places semblent avec leurs verres, leurs carafes, leurs huiliers, des tables bien dressées où Ton mange mets des riches pommes paille, : grands émincé de chevreuil, hachis d'agneau, œufs miroirs, îles flottantes On les au chocolat. y voit des messieurs en chapeau haut de forme qui s'avancent avec orgueil et politesse, o mangent sans 187 o diie — o o BUBU o un mot, ^ se tiennent à l'écart et sentent protondément sont employés à qu.'ils l'Hôtel de VilleJ Puis on y mange—, toutes les sauces que la vanité inventa pour du mal aux pauvres. On faire mmande ses mets suii__iuic ommandement et l'on parle t^^ t-on-de c S^ k _yo\-^ basse pa rce ^ue les gens bien élevés ne iont pas de bru i t. B erthe pressionnée luxe et disait « On par connu le mal n'est pas ici s, elle : qui avait charcuteries bon les im- était marché des faubourgs. Mais après voisin, café. ils le repas, dans allaient L heure choisissaient un café prendre une tasse de était bien meilleure un coin et, : ils coudes les sur la table, loin des gens qui font du bruit et de c'est là Berthe ceux qui font des manières, qu'ils ont beaucoup causé. la rouleuse, qui roulait les vices, s'asseyait coudes sur la table, et du fond de sa conscience flamme triste parmi dans un coin, il lui les montait une petite et tranquille, Pierre la o i8S j o regardait côté, une il et, de Montparnasse femme à son un peu d'amour, sentant. une croyait voir flamme toute petite o droite qui Tout de suite leurs paroles eurent une grande fran- chise. C'est qu'elle avait semble brûle et cela, fragile. besoin de parce que dans nos âmes bon coin faisions pas y a le du temps où nous ne qui, le il mal, était plein de sen- timents simples' et qui reste toujours à sa place et où des voix parfois des- cendent et viennent crier comme des enfants abandonnés JlElle avait besoin de cela cormne nous__aYQiis_JhÊSûia_ d'une mère , puis_dPun ép oux, jious qui sommes des femmes sans appui, avec des cœurs incertains chons la certitude sur les routes. Elle avait besoin de dire ceci et qui cher- que je suis, comment tu me « : C'est comme regarde et dis-moi trouves. «Jamais eut d'amour entre eux, mais quelque cho^^^^ui^J^ dépasse il : il n'y y eut de ia confiance et de la bonté. Elle lui parla de Maurice e4 lui dit 9 IS9 O BUBU o un amant tout. Elle avait lait Maurice, qui la giflait qui s'appe- mauvais était et qui à pleines mains. — Je ne sais pas si je l'aime tellement battue que je ne me m'a il : le suis iamais demandé. Un'soir était fou. 11 il sentit qu'il allait la tuer. ae prendre un la battait et Il eut le, oi"tiller, le lui la tête et là-dessus il il temps jeta sur donna du poing jusqu'à ce qu'il fût épuisé. Elle en eut le visage tout bleu,. était Mais, à présent, il en prison. Et Pierre le voyait. Il vit ces choses à vingt ans et baissait la tête Adam lorsqu'il vit qu'il au monde. Seigneur, de mal au monde. Il il comme y avait du mal y a beaucoup"^ y a des femmes qui sont sous vos yeux et qui sont vos enfants. les Vous les avez créées, vous avez mises à nos côtés pour notre faim comme un joli gâteau. semblaient délicates si Elles nous que nous n'osions pas y mettre la main, Sei- gneur, Seigneur o 1 II y a pourtant des 190 O • de femmes sons vos croix de homme Il la tient parna' SG O vcurrcv.i |-oi'<cnt des Sei<2;r.cur, fer, s'est r.'or.t LSerthe avec ses griffes enfonce dans courbe vers lasse De et les peau pour la ne puisse pas s'échapper. à marcher. un : planté sur ses épaules. tout la terre comme une qu'elle ne puisse ni qu'elle la Il force son poids, pour lui il la qu'elle soit bête rendue, pour vous voir ni vous entendre. ^/>'} '-*/> ' > ^--3' '^t,^ Pierre regardait Berthe. rien. Il lui prit la main Il ne disait et la tenait entre o 191 o • BUBU • ses doigts pour y faire passer de la pitié, tout — pour ils simplement, la un peu de lui faire partirent. dans rue Il gardait la que personne ne vint penchait vers mots pour c'était elle, comme cela — Ma chère petite amie il qu'elle la ceci, bien. Puis l'emmena chez lui il — comme lui, et main pour toucher. Il se y joignait deux bien que sentit : petite amie, ma chère ! Parfois Louis Buisson venait les rejoindre au calé. côté de Berthe Il et, s'asse}'ait de l'autre tous trois, les coudes sur la table, buvant leur café, causent. L'un était ils gens unis blaient trois jeunes un pauvre sem- et qui enfant, de ceux qui ne savent pas comment vous tent faire du bien, mais qui vous met- un peu de clarté parce que vous sentez qu'ils en ont un grand désir. L'autre connaissait beaucoup mieux votre mal et, lorsqu'il le doigt, vous sentiez et touchait doux qui vous touchait pour o du un doigt électrique 192 o la i «de j bonne cause Montparnasse <» qui vous sonûait parce et sonder les plaies avant de les qu'il faut guérir. C'est en ce temps-là racontait à Pierre — Je lis que Louis : Évangiles. les Une oJC^^^^^ nuit, Jésus au jardin des Olives monta avec les siens. C'était une nuit comme plaisir est__mauvais^_jg arce que les _llojîLnms-Ji^ nietteilL ^as d'amour. dominait Jérusalem où les filles Il pu- bliques et la débauche se heurtaient comme de mauvaises armes qui vous tuent pour vous faire oublier. pelait que — de Paris où nous savons que le celles que le monde Il se rap- est plein d'argent, les princes des prêtres et les soldats y jettent de la haine et des coups. Il montait au Jardin des Olives pour dire à ses apôtres : a Je suis l'Amour, Recueillons-nous là-haut la veille de ma mort. et veillons, à Nous prierons Celui qui m'a conduit sur votre voie pour qu'il m'y garde encore. Et demain, *iuand je serai mort pur l'arbre, vous 9 193 • "' ^ BUBU VOUS en direz : L'Amour » Use pria longtemps. Puis leur parler. Alors les vit tous Jude et voulut encore se détourna et il endormis. Pierre Thomas coudes sous s'ils à Técart et tint il et Jean autres, les et la tête, vous et nous venons est né, vous l'apprendre, il monde irez par le dormaient il et les comme n'avaient eu qu'à dormir. Alors que Jésus sentit l'avait couvert que je répands : nuit la Il « terrestre y a des années mon âme sur le monde pour l'animer. Pardonnez-moi, mon Père, mais je vois que tout a manqué. Ceux-là dorment aujourd'hui, au dernier jour que vous m'avez donné. Si les meilleurs succombent, sont trop faibles pour la si les Bonne bons Parole, pourquoi m'avez-vous envoyé? JL-»^ a Das^assez de chaleur humaine. et mon pauvre Et je pensais à Berthe, mon Pierre, prêché l'amour brûlant amour va mourir. - J'ai » à cause de Jésus au Jardin des Olives. Le Chri.st, en son dernier jour, a f u o 194 o • de Montp«rna«$« Bonne Parole pleurer, mais îa ' n'est pas morte. Les dormeurs l'avaient gardée, car l'Esprit est fort saint François d'Assise cent de Paul. Et nous, fille apprendrons que Vin- et saiiU mon sa vie ; arr.i, prenne pour et pas mais je qu'elle l'aime. Je nous pourrons si sais qu'il n'y a pas Bonne frère, la sauverJ de limites 4 Parole. Si nous échouons, consolons-nous en pensant son âme nous ne que nous et Igtioî'ons si somm es.- pas au commence- ment de son salut. Et plus tard, lorsqu'il vint s'asseoir auprès de Berthe, — il ma Voyons, lui demanda petite, : pourquoi faites-vous encore ce métier? Elle avait les un sourire niais comme enfants qui savent bien, mais qui o 195 o C^ i i ^- ^ V o^^ . v~^ ^^^ ^^^^ Ici/^^^^'^^ / iC?'-^ ' NW^'vf^A>>^^ /^ , ^ \ \>^ ç^y \)^ no. que nous aurons mis un peu de lumière en /p lui,^ pas n'est • uiie un .... peu de p.... .. ^.. plus nôtre pour qu'elle la com- la mon est et nous .. ..... ........... mettrons bonté dans la Chair publique nous a trouvés. Nous bonne ...... sais si la ont sauvé plusieurs âmes faible. Ils '^ • b-^ _,. BUBU n'osent pas répondre. Elle le promena quelque temps par sa face en baissant les yeux, puis ne elle part elle eût dit : Oh! < donc pas du chichi dit rien. ! » là là, Autre ne lais Elle eût dit cela parce que ceux qui s'intéressent _à_la, j[nis£re-eii_profit ent d'ab ord et en suite ne_pensent plus àJasoulager. Mais Pierre air : la Voyons ma regardait avec un petite amie, tu sais bien que c'est moi avec tout ce que je possède. Et tout ce qu'il possédait rayonnait autour de sa face comme un foyer où l'on voit de belles lumières et où l'on sent Alors de elle dit la chaleur qui va venir. : — Vous croyez que l'on fait ce que l'on veut. Ils la questionnèrent : Et combien gagnait-elle autrefois dans la fleur? Elle répondit que l'on pouvait bien vivre puisqu'on francs par gagnait vingt-cinq On prend une semaine. petite chambre de cinq francs le soir on fait la et puis cuisine chez soi. Une 6 196 femme, ce n'estplus comme un homme, car on arrange soi-même se? affaires. — Mais voyons, ma pourquoi petite, faites-vous encore ce métier? Voilà. Quand Maurice aurait un peu d'argent, elle s'établirait entrepreneuse fleuriste. qu'elle Elle aurait trois vingt ou paierait sous par jour fois deux et ouvrières- vingt-cinq qui lui gagneraient autant. Elle partit ensuite dans toutes ses histoires : Elle avait rencontré un monsieur qui devait l'em- mener en Russie. © Elle connaissait 197 o un o BUBU o homme jeune qui donnait lui des leçons de danse, après quoi elle entrerait au Moulin-Rouge où pour danser dans a'.lait les quadrilles. Elle chanter dans un café-concert où comme elle serait décolletée un corsage de voulait iaire, l'on est pa3'ée ceci, avec Maurice soie bleue. acheter un phonographe et tous deux, les fêtes des environs de Paris. Elle aurait bien aimé être serveuse dans un bureau de tabac < Les demi-londrès, et l'on sourit voilà, monsieur 1 : > en disant ces mots. Elle partit dans toutes ses histoires de pauvre petite putain trotteuse. Leur imagination fait bien des pas, et c'est comme bon de marcher cela et de réussir dans toute? ses entreprises. Les iiommes se disent on velle et ensuite Quand on ment on écoutant : connaît On tourne monde, véritable- se repose de son tracas en les enfants. Mais Louis Buisson — Ma mani- regarde causer. les le la petite, o dit : quand vous ne serez 198 o Montparnasse o cte pas heureuse, faudra venirnous voir. il Vous nous raconterez vos que cela vous fera je sais Puis, comme histoires et plaisir. voulait travailler, il Alors Pierre disait les quitta. o il : — Tu viendras. Les jours où tu seras tristC; je- Tu tu viendras. diras Oh! que : m'ennuie, que je m'ennuie! Je te regarderai répondre : dans Moi, mon cœur en les il heureux de tout seul et, voir, il me et souffrir te y a des jours où claque. combien l'homme pour j-eux Tu la dois savoir femme sont ensemble. Je suis quand un ami vient me semble que jamais plus je ne serai tout seul. Le soir, on me trouve avant de dîner et l'on dîne avec me trouve encore. Tu deviendras mon petit cœur, et c'est toi qui me manquais. Ne crains moi. Après cela l'on rien. que Les femmes s'imaginent toujours l'on veut abuser d'elles. C'est ainsi qu'il causait et tout fond de lui-même il pensait bon d'avoir une femme e 199 : « Il au est si à son côté 1 » ( ^ f j "T ^ *-^^ / L ^jbvX- 'TXi M^mm&mMX Elle vint bien des fois. pas teÎTips, elle n'osait Les premiers et frappait à la porte avec des gestes retenus, un petit grattement de pattes de fourmi. — Je suis venue course à faire par dit : suis faim fait sortir le et par^e loup des bois. demande pardon, je me avant toi. » Il sers y a beaucoup de '^dité dans nos cœurs fille Alors je restaurant elle avait des excuses Je te sel me ici. avant dîner fut d'abord la Au f une Tiens, allons voir Pierre. Ce que te voir. J'avais : du timi- et, si l'on est une publique avec un cœur en danse, même une femme on est les hommes avec quand hésitations. des douceurs parmi et des |fe> Un peu plus tard, elle disait — Je suis venue : te voir et je sais que ça ne t'ennuiera pas. Elle vint bien des fois. Elle vint les jours où elle était triste, ayant un reste de noce dans ses jupes et les brutalités des mai'lous. Elle vint les était jours où elle malade, remuant ses souffrances dans sa tête comme un désespoir constant. Elle ne vint jamais lorsqu'elle était où gaie parce qu'alors il y a les rues l'on est folle, les souteneurs où la joie est plus épaisse et l'argent des putains que l'on jette sur tous les toirs. Elle vint comp- surtout les soirs de paye av€c son métier gagner son pain. et son besoin da • BUBU o — Et comment vas-tu? — • Regarde! Elle lui montrait sa langue et 5on palais qui étaient pleins de mal, qui, tout le long des soirs, donnaient leurs baisers aux passants et glissaient leur bave dans comme un bouches les plaisir... Elle eut mal à la gorge et sa voix raclait en passant quelque chose qui était plaqué douleurs dans là. Elle eut aussi des les os de son corps, qui semblaient venir du fond d'elle-même comme d'un réservoir de douleur. reste, elle de mercure parce qu'elle avait pilules entendu dire que le Du ne voulait pas prendre des le mercure fait sortir o mal. Elle vint certains soirs, n'ayant pas mangé depuis la sait pas, et le tout veille. malheur a monde. le Cela ne parais- Elle la figure se de raidissait d'abord, par une sorte de fierté; au restaurant elle ne mangeait pas davan- tage que : « Il ne faut pas tout de je lui fasse faire de e 202 o là même dépense, » mais, après le repas, lu tête et le corps gonflés, elle ne pouvait passe retenir: « Tu sais, mangé à midi ventre. qui a pu me : — Ma chère amie, tu mal au côtés. me fais mal. je suis au monde, à Viens donc, viens donc. que sais bien tes faire j'ai > Pierre disait Tu que ce n'est pas ce Véritablement, il est bon de faire du bien aux pauvres iemmes. Ona££c[;G r-£la_ ^ ^soulager l'hnmnnité snnffraiiL Quand tu n'as pas de quoi manger, pense à moi. Tu ne me viendras et saurai comprendre. je diras rien, tu Elle répondit doucement. «- Ça ne lait C rien. Je 2C3 me suis levée BUBU o ce soir à trois lienres comme et, ceci, faim ne m'a pas paru du tout. la Un on soir, en décembre. était décembre mauvais qui marchait rues avec les comme un tous restait et les et le vent, nos par-dessus d'hommes, sentiments moelles glace la maître, aux allait plus fort que là, bonheurs Un dajis et que tous les chagrins. Un décembre de Paris où les filles publiques rentrent leurs épaules dans leur corps, diminuent leur surface et llottent au vent avec les flammes des réverbères. Pierre Le poêle bre. faisait un bon vieux chat dire « Reste fidèle et qui comme semble là, mon maître, puisque j'y » Pierre pensait C'est : une maladie honteuse qui rayonne 11 ron-ron : suis. « dans sa cham- travaillait comme pensait encore le : d 204 « mal rayonne. et » de Montparnasse • o C'est le ioiir de l'an qui s'avance. « Les jours de l'an sont .bien changés. Je demanderai huit jours au chet de bureau pour man dira vieilles « : aller Voilà mon dans pa3-s. mon Parisien femmes diront : « n'osons plus te tut03-er, 1 » MaLes A présent nous ' » Il deux sœurs jet ma^jetite.iiièce. Tous. les soirsjeserai Jà, dans cette bûnne chaleur des proyiE£es_qui .entre _dans nos coeurs et comme couve nos_idées des petits poussi ns. C'est la année que j'ai la syphilis. J'embrasse- ràTtout monde le première et je boirai verres. Elles diront à Juliette : dans des « Allons, gourmande, bois-en un peu dans le verre de ton oncle.» Je les embrasserai tout près des cheveux où les lèvres appuient moins. Mais ensuite je ne saurai pas quoi dire pour Maman aille à de « dirait « Il : mon a bien verre. tallu qu'il Paris pour attraper ses maladies pourriture. C'est une » jolie Mon père dirait compagnie pour : ses sœurs. » Et tous ceux qui n'ont pas o 20g d ^ J o ^P^ y aura mes \l. €, BUBU • des places à Paris seraient bien cor< tents. Il pensait aussi « Il men faut que je de conducteur chaussées. suite : On sois reçu à des et s'imaginerait tout da Au le travail. Et mangeant du mercure quand viendra le temps des accidents tertiaires, permise. exa« ponts que je n'aime plus je travaille en et j'ignore, mon si la vie me sera » milieu de tout cela quelqu'un frappa à la porte. Pierre se levait et oubliait déjà ses chagrins parce Berthe c'était parce qu'une et est toujours ce qu'il nous que femme faut. C'était Berthe. Comme dans ses jupes Elle dit — entrait qui sentaient froid. : — C'est moi. Puis l'hiver entra, elle Il fait bon chez toi. : Oh! écoute donc, o 206 © tu ne sais * «de pas : ma sœur Blanche Lazare Montparnasoes qui est à Saint- I y avait un manège de Il véloci- pèdes. Blanche, avec ses manies de faire toujours à sa tête, chahutait là-dessus en montrant ses mollets On « lui avait dit Ne fais j'avais dit Au » : donc pas ça qu'un jour ou ramasser. et tout. Ça y était : tu verras ; tu l'autre feras te qu'est-ce que ! Dépôt, il y a visite, la n'avait pas passé saine on et elle l'avait envoyée se soigner à Saint-Lazare. Berthe ajoutait : — Et, à présent, moi qui paye la il faut que ce soit chambre. Elle s'assit et ne dit plus rien. Elle s'approcha bien près si du poêle, près qu'on eût cru à de l'insensibi- lité ou à de la folie, et, les deuK mains croisées sur le genou, se tenait, bas la tête. o 207 o ^ o BUBU o Sous ses bandeaux, elle semblait une pauvre petite femme en farine, quelque pauvre et forme lassée qui se perd petite qui penche. Elle soufflait encore — : Et puis non, non. 11 y a trop longtemps que ça dure. Cela faisait beaucoup de mal, de la voir ainsi. On 1}A n'en comprenait pas toutes o les de Montparnfttïtee causes parce que les causes dé- bordent suspendent sur nos têtes et leurs cent mille poings de fer où les poids se mêlent et pèsent ensemble avec les a les jours, avec les coups reçus, avec avec fait, un vient où soir mai que l'on des nuits. c'est fini, où Il tant de ont mordues qu'il ne pour nous garder reste plus de force que notre viande pend dans et notre corps comme l'avaient le la vadrouille gueules nous debout chagrins. ?»vec mâchée. si Il toutes les gueules vient l'homme pleure, où la un soir femme où est vidée. venue se 'Elle était jeter enfin chez ce garçon par un crever et qu'il fallait qu'elle instinct qu'elle allait crevât au meilleur endroit. Et c'est chaise, elle qui sent flancs, ici couchée sur sa que, était une bête . un dernier qui s'en regarde encore la souffle vide abattue dans ses à jamais et tanière avant d'y laisser ses débris. e 209 9 " • • BITBU •' eile dît aîors : — Laîsf^e-mol coucher i^. ici. Je ne puis pas sortir. Je te demande parce le ^- /^ que <£-,î-"s^^ \. ''__^- 1 c'est bien de l'ennui que <5 causer. ^Une fille publique dît cela, nuits sont précieuses tier, les comme un mé- qui les estime à dix francs, et pour qui jours dont les nuits sans pain. perdues sont des Elle demande une .grâce, elle qui sait le prix des grâces a 2JO s o de Montparnasse o l'on accorde, qui sait anssî que humain corps se pa3'e reçoit de l'argent de et qu'un que l'on ceux que l'on soulage. se Il coucha à son dans ses bras où la comme un champ de cœur longtemps une lantes, petite plainte ne disait rien, femme, il îî de pitié qui flamme. il ne pensait pas à lui-même de s'entourait cette douleur et avait bien envie de : — Pauvrepetite sainte sainte mit chaude bien et la tenait comme une crier de avec des dévotions brû- sortait Il mit cailloux les récoltes sont brisées. Il la sur son la Il aux pieds, comme une tempête la tête de glace, où côté. elle était froide, 1 o 211 o 1 pauvre petite CHAPITRE IX Puis décembre et le Premier Janvier _ tout passa; mais depuis Blanche comme le si, le départ de temps passait avec fatigue aussi, lui il manqué eût d'entraînement. Un soir, passait sur le boulevard Sébastopol evant l'église Saint-Leu. église en pierre ^^ySi^ comme Berthe à quatre heures, C'est anguleuse autour des Halles où et une grise les mai- sons rappellent la marée vendue et la marchandes. Ces forte gueule des « BUBUe jours derniers, il y aurait en Berthe une espèce de soutfle, un jeu d'organes, du diaphragme au cœur, dont ne de- elle vinait pas encore l'intention. Il lui nait parfois de drôles d'idées qui mençaient com- n'achevaient pas, mais et quand même une dou- qui lui laissaient Comme ceur et un goût. devant ve- elle passa Saint-Leu, le souffle l'église souffla et laprit tout entière. Elle sourit en le suivant et se dit Elle fit deux et elle était et, Mon Dieu, l'église Alions-y fois le tour de pendant un ne sut pas quoi dire drouille. « Ce je ! > l'église étonnée. Ensuite elle sur une chaise « : s'assit instant, : ne suis qu'une va- soir, j'ai voulu entrer à Saint-Leu sans savoir pour- quoi. Puisque je suis dans votre église, mon Dieu, je pense à vous. Vous ne nous regardez guère parce que nous faisons tout ce que vous avez défendu. Maurice disait moi je vous Il Il : dis : me semble que n'y en a pas, mais Il y a un Bon Dieu. j'ai quitté le c 214 o boule- de Montparnasse o vnrd Sébastopoî longtemps. depuis Parce que j'étais malade première communion, le jour de j'ai fait ma ma pre- mière communion quinze jours plus Nous étions deux petites en tard. de même la fiacre école Dame. Nous en ma mère sait ; la sœur prit nous conduisit, pour et communion, notre première d'aller : blanc, étions bien un faire à Notre- heureuses fiacre. Et puis c'étp't aimait le mieux. Elle moi que me di- «Viens, Berthe, que je te fasse des que j'arrange bien frisettes et veux, » tes che- Je suis allée au catéchisme de persévérance etj'aime encore beaucoup le Ma mère était bien n'était pas comme les mois de Marie. bo."ine, autres Le elle femmes était Italienne. jour où elle est morte, j'étais à Mes deux sœurs l'hôpital. me et elle voir : Marthe sont venues était toute mais Blanche se grattait la blanche, tête et n'avait pas l'air d'y penser. Sur le coup ça ne m'a pas fait j'uu.ais cru. Mon tant de peine que. Dieu, je pense àjma o 215 o n i^mmmm'WM 'f.m'^:wmmm^ r-Tî'^î^n' &. ^. mère. Je serais si heureuse delà revoir, me demande ma)s je si ce que je vous dis là n'est pas des bêtises. Je mon prierai, Dieu, parce que vous la prière bien. Si ceux qui me connaissent savaient que je prie, ils me va me faire du trouveraient ridicule, et je vous prierai pourtant. Je ne suis qu'une vadrouille, mais je ne suis pas mauvaise encore. Vous me regarderez direz Tiens, c'est la petite Berthe : Méténier qui Elle se mit à Notre Père et elle fait «/e sa prière. genoux et vous > et récita vous salue, Marie^ ne put arriver à se souvenir du Je confeBSe à Dicu^ Uti peu après^ : mais : elle tmh'^'^"^ .^^\ -^ J^^^ ?- "î ?^5 dans son coin resta assise, s'assit et toute seule et bien sage, comme un enfant qui veut donner le bon petit exemple. Elie sortit et alla tout droit chez Pierre Hardy. Elle lui raconta — soir Tu ? ne sais pas ce que ma Dieu pour avait prié le bon : — A cause de te sera j'ai mère. un vieux fonds d'éducation catholique il ce Je passais devant l'église Saint- Leu. Je suis entrée et Il : j'ai fait ceci, ma petite Berthe, pardonné bien des choses. Ensuite il se rendit compte que ces paroles ne voulaient rien dire, s m is • BUBU • Apres dîner, pendant au café, cela la prit qu'ils étaient : — Et puis, je suis bête de me faire du mauvais sang. Alors, s'emparant du carafon d'alcool, elle en versait le tasse, contenu dans sa avec un geste décidé et des bat- tements de tête inattendus. Vraiment, de drôles d'idées la poussaient, tour- billonnant toutes ensemble, et que l'on voyait passer dans ses yeux. Elle se mit à rire comme : Oui, des me prend l'alcool comme fois, ceci. Elle but ça rien, et ce n'était pas assez. Elle dit et s'en une : « En versa d'autre. fois le coude encore, toute une la tête avant où boire tipliait la joie. musique la La était de le du coude une > folie venait, levé, iolie ! joie et lever et de mul- Elle en versait là-dessus, d'un geste d'arroseur, qui la mettait en train, qui la faisait pousser et mêlait à sa sève une force inconnue. Elle versait tout cela et l'on eût dit qu'elle versait sur quelque chose, o 218 o le %%'"% iTi (ikMf^^d^^^ -^'t ^À^^tv^-'=^^^^=^'^' "t&^^rsw^^S;;^ ^^T"^-^. Au coin de petit gosse. danse, rue la y eut un tout Berthe, aux trois quarts en balancier comme, faisait le danseur à i! la corde. Elle lui jambe par-dessus houp Le gosse I c la tête passa en disant : un la Et se mit à rire, Berthe 2ig c e C'-'BU o se baissa pour Tembrassci e?t c;;entil « : Qu'il » ! PendcUTt un instant fut et dit gentil. Elle monde le entier du nerf sur mettait toutes les choses, les parait d'une ani- mation comme la sienne tiers les eût entraînées billon et bien volon- dans son tour- : Mignonne, c'est la garde Qui passe en ce moment, Pan ran pan pan pan pan, C chantait-elle, et elle s'engouffra dans la porte ouverte d'un café — Et puis fous. Ya Tout le l'air et je : m'en fous, et puis je m'en assez longtemps que ça dure. chichi m'ennuie. On crache ça vous tombe sur le nez. Je en me ious de tout à présent et ça vaut bien mieux. Il y en a qui me disent: «Vous avez de la chance d'avoir bon caractère, d'eux. vous A riez toujours. Je me fous présent je veux m'amuser. C'est vrai, j'avais soir et je » une crise me demande 9 22a d de nerfs ce à quoi ça m'a e de se servi. C'est pas de Montparnasse du mauvais faire sang qui vous met de l'argent dans poche. Eh! vois donc la tête du la vieux Quand 1 bave. Et puis dans la leur dit: il boit son bock, il en doit avoir des asticots il On barbe. C'est bon, les vieux. «Donne-moi quarante sous de plus pour que je t'embrasse. » Qu'est-ce que Maurice doit prendre là-bas? Deattend de puis huit jours qu'il nouvelles mes '.J'en avais assez. C'est drôle comme on voit les défauts du monde Tu ne vois pas son copain me dit, l'autre jour « C'est pas bien, que vous laites. > De quoi va-t-il se à distance. qui ce : ' mêler, celui-là? Mais Pierre, assis et tout droit, ouvrait la bouche et elle se taisait déjà. Il y avait autre chose dans — Non, celui qui un homme est ton l'air. homme est et toute chair, la chair qui souffre et l'âme qui peine, doit être à nos cœurs plus chère que tous sirs et rer là que toutes comme un les les dé- haines et demeu- cri jeté et qui hurlera 9 331 9 • « BUBU a jusqu'à ce que nous lui offrions notre amour. Je sais mal, mais je qu'un homme est seul. Si ta t'a fait que cet sais surtout belle, comme un bon ange la tête homme douleur est grande, encore que ta douleur soit Justice de Dieu, du fais penche sous la puis lève la tête et souris à ton frère Satan. Il a porté la lumière quand tu avais dix-sept ans, s'est assis au matin pour nant les mains, disait âme, toi et, te pre- Sœur de mon mon amour? comprends-tu Berthe « : Maurice, quand et vous enlaçaient, s'est il il » les jours accompli un miracle de l'Esprît-Saint qui vous lie en ce jour et qui doit marquer à jamais dans ton souvenir l'instant du Bonheur passé. Aujourd'hui, l'homme est chassé. Je te dis homme : Il parce faut que tu oublies cet qu'il versa sur ta tête l'abomination des mâles, mais je m'agenouille à tes pieds et je te prie, des blessures, d'en étancher Dis-lui : le s'il a sang. Je pense à toi qui es dans le fond des enfers et je O 222 O t'envoie mon de Montparnasse o ' souffle pour en rafraîchir les flamn^cs. Et puisqu'il y a un jour de résurrection, puisque les supplices ne sont pas éter- nels, ce jour-là tu lèveras le front et tu répondras Je fus une sœur de : charitLÎ qui pansa des blessures. Je suis une femme que tu blessas et qui veut vivre, qui veut guérir et qui ne te connaît plus. Ce n'est pas ainsi que Pierre pai!a, ce n'estpas ainsi que Berthe Tentendit, mais ces paroles dominaient l'air aler- tour de leurs faces et passaient sur eu:: comme le souffle supérieur de leurs paroles humaines. Elle demanda de quoi comme elle écrivait, folie de fille c'était publique homme t'écrivant ces cela. Elle », disait mots était » : et encore una de et trompeuse. Elle l'appelait petit écrire, « femme mon cher Je pleure en et riait d'écrire câline à la façon de Paris où l'on met son sourire aux rencontres des rues et où toute chose se passe avec une ironie française. • e BUBU o Elle se mît encore à boire des verres d'un marc bien raide qu'elle avalait d'un coup sec nom doux et qu'elle désignait un : vaient à la marc. petit indienne file d'un se sui- Ils comme des enfants qui jouent, elle les prenait et les poussait une rage au fond d'elle-même par d'étouffer tout ce qui pouvait y rester encore. Quand elle fut ivre, son ivresse la parcourait entière, sui- un vait ses nerfs et leur donnait qui la secouait et grinçait ressort serré. Le monde rire comme un était drôle, les porte-allumettes sur les tables, les becs de gaz, les quettes la qu'elle consommateurs ban- et les un regardaient avec ne leur connaissait pas air et qui en riant à gros la faisait gesticuler bouillons. Ils La rue partirent enfin. était de dégel, les étoiles criblaient et descendaient comme une bruits roulaient tout le noire temps grêle, les un tonnerre de Dieu, Berthe dans son ivresse nette saccadée disait : e 224 9 et — Je ne sais quoi jamais je n'ai été Il triste l'emmenait chez me travaille et comme ce soir. lui et dès qu'ils La entrèrent^ la crise se résolut. tronne de l'hôtel les attendait — passé qu'il Mademoiselle, ici a pour vous votre frère voir. Voici pa- : est un mot laissé. Elle lut ce mot pressentiments Son père et comprit tous ses : venait de mourir. ^ ^>\ i\îétcn!er moiifiit h rhôpitnl, à Jean . VCxge de quarante-neuf ans. un soir, Il comme une lourd pendant quatre jours se se couclia pierre, tordit et àcause de ses coliques de plomb. jÊuis-iLctispc^ sespoings^-s^t o ndit our ç< ^^ ^ u' ' ^^"-^ vi Marthe avec deux gosses, Lazare avec toute tave collé à la cV -jr '^ y dans son Bcthe avec Bubu, Blanche y ^ : dos e t-sexL-i sept enfants tit__^sg r ses crâne le et Saint- la gueuserie, Gus- Grande Marie qui sui- . vait souvent petits la feignantise, les trois gosses qui mangeaient tant de pain et qui restaient là avec leurs becs — ouverts de moineaux, dents serrées et la et mourut les gueule en avant. ^ C^esf pendant ces jours-îà que Berthe fut si malheureuse. Nous espérions revoir et leur dire : « les Je^iolétais-troei»- pjée^Jiiais_4e__viius--aimats-bien- quand rnJine._j£^£eviens^_^t_jTiajjiteftant, la fajiiille s era comp let*^ e 226 o » Il était mort de Montparnasse e Berthe se rappelait surtout un et que leur père surprit de Blanche dans la rue Gaîté, au bras d'un souteneur. la rentra chez et dit fallu fait Un jour, raconté Gustave. lui avait < : lui, s'accouda sur J'avais trois filles, que ce soient Il la table il a bien trois garces. Et » ses grosses larmes d'homme tombaient dans sa barbe. était Il mort quelque chose d'irréparable et c'était et d'inat- tendu. Elle avait perdu beaucoup de ses sentiments filiaux, mais, quand elle eut vu cette face -grave et juste des comme d'im morts, elle. en fut cinglée éternel reproche. qu'on a peur Elle eut peur ainsi la nuit mars mauvais, dans dans les comme un crime, cauche- les remords, quarid l'ombre est dense et pèse, après châtiment. Elle honteuse à cause de son passé, nières. « : Je suis la le Ir.t le revit d'un seul coup avec éblouissement pensa et dernière des der- » Et puis elleavaitbesoin d'un costume î]e deuil. La nuit, elle prit o 227 o o unprétesto n |_>ue>^ E'JBU • les autres et s'en alla ga- pour quitter gner 6on costume de comme Elle ht deuil. l'ordinaire à le boulevard Sébastopol. Elle marcha trois heures. les pieds sur les pierres, dans Ireux d'une nuit de mort et, à la lin, il semblait traîner ce cadavre dans la lui rue. Elle lui deux hommes. Ee premier lit donna dix couchée sur mâle du fille p ib;, passiv e, goûta et plaisir à l'amour. donna cent sous lui elle lut iBerthe, la le lit, et sentit second quand trancs, et, mécanique bJioiie l'air ai- le Le mar- et chandait. Jamais elle ne put oublier cet homme-là. elle avait dire teux que tu où j'ai une barbe rouge, avait le mordre Mais sens donc « : 11 envie de te perdu père Cette nuit la sauva. qu'on ne est si on s'assied, forte la lui qu'il est hon- moi jour roules sur mon de et 1 le » Quand la honte peut plus porter, on rougit encore, mais on regarde ailleurs, on s'en va loin de honte le et il le faut. Elle eut à la goût de cela pendant e 228 9 les la bouche jours si lon^s où notre père est mort, un goût de pierre de cendre, de boulevard et Sébastopol où et d'hôpital Et tout son métier en l'on crève. était plein, tous ses jours de vérole et d'infamie, et les chambres d'hôtel où un sur l'on se comme une lit couche bête sans con- sans pensée. Elle revoyait naissance et les objets innommables, lescu.ettes choses qui traînent les vidés de iille dans ses et et reins les nuits à clients. Elle se rappelait tout marche des la : boulevards, l'alcool des caiés, les baisers sans goût, mêlait tout cela, le ïo:\dait dans un seul bloc , dans son sou- et venir toutes ces nuits étaient l'on devait enterrer Il nuit où son père. y avait une réunion de famille. La grand'mère, la la comme une fée Carabosse, regardait avec ses yeux pointus. Elle disait : « Espèce de fumier Berthe répondait : pas ce que tu as jeune. toi, il » Son « fait quand tu frère disait faut te taire. c » ! » Et moi, je ne sais On 229 o : « étais D'abord, avait disposé o BUBU o des trois petits gosses On Maillie prenait les deux autres. en avait disposé à sa face, sans la second. Gustave le : consulter, sans la laisser dire, ';omme si elle n'était parfois, « pas de Comme la famille. proposait de leur venir en aide elle se Gustave avait eu un geste Aide-toi donc d'abord ! : » Elle séchait parmi tout cela, dans < "^ ^ Xj vV 0" ^y ^ O Y'' l'angoisse indéfinissable des bannis et dans une sorte de terreur qui la ren- un peu tremblante. ^^£116 sentait dait qu'elle n'était pas honnête etjjparmi_ tous les siens groupés d'un autour mort, comprenait qu'il est honnête. Par un même beau d'être penchant ses idées allaient aux souteneurs et à gie. et La filiation des point le sans trêve des intamies chagrins plus perdu dont poitrine. l'or- l'amenait noir, l'eau jusqu'au un grand trou amère emplissait sa Dans son esprit malhabile la vie formait image, elle voyait devant ses yeux deux épaules débiles et sur lesquelles de grands coups se levaient, c 23,0 o o une plainte sur elle-même Elle avait des mots pour enfants Berthe elle le grands lever de se vit sentiments dans et et Pauv' petite : ! Alors leil de Montparnastî^ comme un jour so- levant. Elle fut éclairée, Madeleine, quand elle se dressa pour essuyer son visage mouillé, son cœur lumière. par delà Elle sembla que lui il s'éclairait avec prime la un fond d'amour vit les choses, une grande bonté qui planait et dont les ailes agitées tout à la douce battaient autour de son front. Elle vit cela sans bien se rendre compte, mais son âme comme lorsqu'on a était mangé fraîche des fruits. Alléluia! chantaient des anges. avait mois de Marie. Quand Il y comme un au monde un parfum elle pensait à Pierre, elle pensait à ses parents, aux fleurs artificielles et à la bonne certi- tude de vivre dans des jours égaux et calmes. s'asseoir Comme et de avait envie de elle regarder temps, sans iaire un geste, o 231 o passer et avec le dc-j BUBU idées tout entières qui couleraient avec Quand même, temps! le quelqu'un si m'avait prédit cela la semaine dernière, qu'il ne l'aurais pas cru, parce je a y me malheur j'en que le poursuit. J'aurais dit Une Blaîçueur! où longtemps trop pour toujours. que fois on suis, l'on : en est bien que c'est sait Et puis, n'est il pas possible de faire autrement. Elle pensait déjà que campagne fleurs. dimanche le elle irait à la et elle en rapporterait des Quand on sort de l'hôpital à peu près guérie, l'on appelle cela être blanchie. Elle était blanchie Elle pensait : Bien moins d'argent, et parce que l'argent I sûr, je ce fait le gagnerai sera difficile b onheu r. Je n'aurai plus des journées de dix francs comme au Sébastopol; mais, quand je m'en souviens, Sébasto le me donne mal au cœur. C'est sans doute parce que je ne suis pas aussi forte sœur Blanche. De tais pas, Je ne sais c que ma plus, je n'en profi- pas ce qu'on a dans 232 o o la peau quand on de Montparnasse ce métier. fait bien raison de dire que acquis ne profite jamais. qu'en travaillant dans moyen d'être occupée toute manière Il la On a bien mal me semble la fleur tranquille. il Je y aurait serais journée, et de cette pas n'aurais je le envie de dépenser tant d'argent. Et puis, quand on est sage, on est toujours pensée. Je trouverai bien qui s'intéressera à mon voudra m'aider. Vraiment, récom- quelqu'un sort et qui je crois que je serai sérieuse. Je ne tiens pas à me ménage parce que tous les mettre en hommes ont leurs travers. ^Uealla consultei^Jes Réaumur et trouva tout travail. livres les affiches rue de^suite du Tout se passa comme dans les où l'on voit le convalescents. rejoindre le soleil chauffer L'hiver semblait printemps et le ciel avait des airs bien bleus qui vibraient au soleil, s'étendaient par-dessus les toits et faisaient penser à des adolescents amoureux. Dans « la 233 rue, les passants 9 » • BUBU • marchaient du côté du soleiL Elle était fraîche et vive et bonne, d'une bonté grande, qu'on eût cru que tout si le beau temps venait de son cœur. Elle travailla dans un atelier sombre où de vieux restes d'hiver croupissaient dans les coins, et patronne aigre, la et toutes les blagueuses avec leur imbécillité d'amoureuses au début lui elle sem- comme blaient de mauvaises choses en avait vues autrefois, à l'âge en avait ingrat. C'est parce qu'elle perdu l'habitude, mais dans huit jours elle serait faite à cela. Le en sortant, soir, Pierre. Elle nouvelles lui- elle alla : Tu comprends, j'en avais assez.., Voilà ce que je vais faire drai trouver racontait les grandes une chambre petite : je pren- de cinq francs la semaine, pas plus. Je m'installerai dans ce quartier-ci. mon vieux Pierre. o Un 234 s Tu verras, jour ou l'autre de Monlparnasse o ça finira soirs, par un mariage. Tous les tu le veux, si nous ferons des promenades dans la rue de Rivoli après lesquelles nous rentrerons De temps soi. chacun chez à autre, je t'accompa- gnerai dans ta chambre, mais pas tous les jours, parce qu'il ne faut pas trop se fatiguer. Mais, d'abord, tu me donnes il que faut l'hospitalité jusqu'à ce que j'aie touché ma première semaine. Tu m'emmèneras au restaurant. D'ailleurs, je pense. ne suis pas de grosse dé- Nous allons bien Nous pendrons terai un poulet que que part, et je ferai rôtir quel- me du café. Tu Je veux petit dîner. filtre mon verras, J'achè- avec des légumes nous aurons un bon procurer un nous amuser. la crémaillère. pour faire vieux, je ferai un fricot épatant. Et Pierre pensait « Je n'avais pas de marché n'ai : la tête basse, pas de femme. Il femme. en répétant y a dans le J'ai : Je mal- heur une continuité qui nous fait croire o 235 o . a au mal de vivre. C'est Te fini. sens maintenant que tout ce quimemariquait va venir place. et Mais que j'ai monde l'équilibre premier coup. Je ce que le fait, : Qu'est- quel est donc mon mérite pour qu'un me soit donné? » 236 en ne vient pas du me demande donc p est bien tel bonheur Viï ^m î;r.-f."%„ ->-iL/ CHAPITRE X Or, Pierre et Berthc dormaient dos à dos, à trois heures du matin, dans ces nuits où Il la sentait Tamour a passé. auprès de lui comme la respiration calme d'une vie tranquille, comme la certitude ne nous émeut Elle était était d'un bonheur qui même lasse, et cette penser à plus. endormie parce des qu'elle lassitude faisait lassitudes de petit enfant. C'est une présence de la o 237 o femme dans la nuit qui semble s'arrêter sur nos fronts et qui est bien plus pénétrante. .j> Ah! dormir ainsi quand le bonheur iious endort et s'enroule autour de nos sommeils comme une raient tissée des laine fine qu'au- mains pieuses. o 238 o ^' rr^. ...^«^s La femme est vierge et icssemb!c à notre ange gardien. O'.ianJ sur ils le palier, porte, blait furent arrivés tons trois Bubu collait l'oreille à la n'entendait rien et il lui sem- entendre ses artères. Le Grand Jules toucha Adèle dans l'ombre : — Vas-y î Elle frappa ses trois coups, puis, de sa voix flûtée — Berthe : est là?. o . 239 o • BUBU o On la entendit quelque chose, bientôt porte s'ouvrit et Adèle la lumière s'allumait. entrait et disait — Tu m'en causes des Bubu, Puis : histoires. avec silence, qui se découvrait en entrant, puis le Grand Jules, tout droit, avec sa casquette, et qui ferma la porte. On ne les attendait pas. Bubu, bas solides et large, fit deux pas comme un déménageur. — Monsieur, je regrette Quand on tances. les circons- ans est resté quatre avec une femme, vous comprendrez ce en qu'il coûte. J'accomplis une mission. Ils se dressaient tous avec leur chemise auprès de la deux sur le bougie tremblante, regardaient cela lit, et leurs épaules, de leurs et regards brûlés qui voyaient trop de choses. Elle sentait un coup, toutes qu'elle avait reçues comme ua coup. Bubu disait les gifles : e 240 a seul :?i;a^ "-i^v i-X-'^' >'! 'i^ '!rl''ûm\ .' — Levez-vous, madame Elle se dressait sur le étroit, les I lit, le front sens en arrêt, dans une blesse à ne plus savoir comment ou parle. Il répéta : d • «41 • fai- • SUBU 9 — Levez-vous Comme elle ! ne se levait pas, comprit que, qnanJ on a Bubu le droit, il faut avoir la force. 11 s'avança : — Pardon, monsieur! Va la gifla solidement poiu' la rame- ner au devoir. Pierre allait dire : — Mais, monsieur, droits. vous avez des si . Le Grand — Oui, Et à Jules le coupa nous avons des Berthe, qui : droits. s'était levée, le Grand Jules disait: Vous avez de la chance, madame, — d'avoir Puis un homme qui vous aime. il dit : — Vous savez, nous ici sommes venus en copains. Nous n'avons pas voulu vous causer d'ennuis. garçon d'hôtel de Hardy? : « J'ai Où demandé au est la chambre Nous sommes des amis qui venons le réveiller. Et Bubu répliqua : o 242 o > — Je "vous demande bien pardon, me monsieur, de présenter chez vous à cette heure de la nuit. D'ailleurs, je reviendrai vous voir pour m'en excuser et mieux pour que vous ne me connaissiez pas sous ce mauvais jour. Et voici qu'Adèle se trouva mal que son beau coup la secoua et la et iit pleurer. Berthe avait dit lui homme un bon jeune comme ceci. . » . • Mi 9 : < Je connais qui s'appelle © BUBU o Et raconté à l'autre t elle avait tout Bubu lui prit la main — Tu es fatiguée, : mon petit? Pierre avait de la fleur d'oranger, et comme Bubu verre, — il allait se ravisa en verser dans un : que je lave ce verre. On doit prendre des précautions avec ma- 11 faut dame. Madame a la vérole, des plaques dans la Berthe a bouche... vêtements ses s'habillait, glissaient sur elle madame comme un silence de nuit, quand un fantôme regarde et s'étire. Elle mettait ses bas, troués au talon, ses jarretières, mettre en même et lui il semblait temps quelque chose d'infiniment triste à son corps. Elle mit ensuite son jupon — Est-ce sorti que et je savais dit : que tu étais ? Bubu répondit — C'est bien, 's'intéresse à l'avez fait, son il : madame. Quand on homme comme est bien o vous étonnant Cju'on 244 O de Montparnasse « ignore Ahl cela. vous ne saviez pas que j'étais sorti! Il y a une chose qui s'appelle la con- « ditionnelle », et à vous laquelle vous ne attendiez guère. Elle était bien pauvre- ment vêtue pour quand froids d'hiver et, elle plus \[ jupe Il :'.;., -^ M mis son tricot eut blanc, il ne restait lui à mettre et ces que sa son corsage. Elle sepeignait. Elle ra- ^cl'''B menait ses cheveux noirs îf.«-s- A^et .;*«..?•;. v. sur son épaule et les peignait avec lenteur parce qu'elle avait bien le temps de voir ce qui allait arriver. Bubu dit — Tiens, : il vous reste encore de3 cheveux. Dépêchez-vous, n)^ o 245 « belle, • â BUBU • nous sommes chez monsieur et nous ne voudrions pas abuser de sa patience. La première pensée la qu'elle eut fut à mort. JU^la4îrmiâiJ:,^insi_qu'uiLûl^ de &ajviê--que_ron va^ chercher ^elui_qui-4'âvait qu'elle sentit ^is en était le suivre, mieux et ne me il réfléchir la une malade et et s'endormir à jamais avait besoin de l'oublier... gage. Elle une chose, pauvre Berthe informe pour cjiez Et si je ne voulais pas tuerait... Elle un peu avant aimait la mort devoir qu'à son désir. Elle prenait maintenant son corsage et sa jupe. Le Grand Jules dit — Vous voyez, : monsieur, que nous nous sommes comportés en amis. Nous que madame savons qui vous êtes et ne vous a qu'elle a voulu. dit que ce Vous permettez que je rette roule avant de descendre et une ciga- que je vous serre la main. Bubu — dit i : Je regrette, monsieur, o 240 o tout ce 6 de Montparnasse o que dér'*<n<^ement Vous avez été vous vous serre c'est la vous causé. aï bien bon d'accueillir madame comme Voulez-vous me bientôt ie vous l'avez fait. permettre de venir offrir un verre. Je main, mais croyez que un devoir bien pénible que j'ai accompli. Ils partirent. demanda Sur le vous êtes Elle revint fait : — Us veulent que tu me donnes de l'argent. fX;VM¥''^'^:0A \ — ^^^ Voila cent sous. V .„^,,^,.^s. %^ ..< payer votre madame ?i nuit d'amour, y^V^^^' 'I^W^ Bubu : — Vous "^^ palier . Ain .^.^^,:^J..>^-^ ?fc^-ïirl^çit; 1 '^M"if Elle partait dans un monde où la _ bienfaisance individuelle est sans iorce parce qu'il y a l'amour parce que ceux qui font implacables le que parce et et l'argent, mal sont les publiques en sont marquées dès gine lilles l'ori- comme des bêtes passives que l'on pêne au Puis la pré communal. porte d'en bas claqua. Pierre comprenait déjà 9 * ÎSif3 f _ ^'-jr S^rJ'^r^-jf^^/'-'fJ'^'T''^ ^, '^liZ' ^a-H :*i-. ^^-s< V**'' f Ah Mon ! je sais que tu vas pleurer '. mon Dieu je n'ai pas de chance. Tu n'as pas assez de courage Dieu, ! pour mériter le bonheur. Pleure et crève! Si tu étais seul, tu aurais dû descendre eu chemise pour crier : Au et secours! pieds Tu nus auraia e BUBU • dû aller les passants fous ! Il dans la nie et leur raccrocher et dire : Accourez y a là-bas une femme qu'on assassine. » FIN Librairie UBin 22, rue KuygUens Editeur, iïiichel^ Vol. ALMERAS Pourquoi 11 FAVAREILLE (Henri d') faut haïr l'Allemagne. . . 1 administrative par l'AiitoResponsabilité des et la Eéfornie uomie AMANIEUX GALOPIN L'Armature sociale (préface de Goor>res Renaud, professeur au CoMôge 1 BARBY An Pays Sur le Front de Mer (Prix démie Frangaise 1 1 (André) du Conseil) 1 GIOVAGNOLI et 1 Sp.Trt.'K'Us de (traduit (Rapîiaë!) l'italien par KlENSTOCK) BIENSTOCK (J.-W.) Raspoutiae La Fontaine BINET-SANGLÉ (DO Le Haras humain L'Art de Mourir 2 GODCHOT (C) 1 et saint Aiij:ustin 1 LAFCADIO-HEARN 1 Le Jaiiou inconnu 1 1 LEBLOND CABANES (DO secret de l'Histoire Les Indiscrétions de l'Histoire Mœurs intimes du Passé Les Morts mystérieuses de l'Hstoiro Fous couronnés Folie d'Empereur Balzac igaoré Légendes et Curiosités de rUistoin.Une Allemande à la Cour de France Souvenirs d'un Académicien L'Histoire éclairée par la Clinique.. CAILLAUX CHOISY Gallieni parle Contre l'Oligarchie financière MAUGARS 1 1 1 1 Avec la (Maurice) Marocaine (préface ilu Géné- Daugan) ral 1 4 MONZIE 1 2 1 (de) Rome sans Canossa L'Entrée nu Forum 1 1 NADAUD (Marcel) Les Patrouilleurs de la Mer 1 1 PERCIN (Général) 1914. Les Erreurs du liant 1 1 RAYNAL 1 Comman- dement DANIEL (Abbé) Le Baptême de Sang 2 LYSIS 2 (Gaston) L'Allemagne secrète (Marlus-Ary) ! fi (Joseph) Agadir (Ma Politique extérieure) .... Journal de la (Commandant) Défense du Fort de Vaux DOCQUOIS (Georges) Nos Emotions pendant la Guerre.... Innocente DUBOIS l'Aca- 1 Extravagances bolcheviques l'Epopée arménienne Les Cliair <ie La Politique de Demain ipréfaïc de M. René Tiviani, ancien I'rr~idi'Kt (l'Arménie martyre) Arec l'Armée serbe Le Cabinet (Arnould) GAYOT (Henry) de l'Epouvante 1 fonctions (Edouard) de France) (René) 1 SÉAÎLLES 1 La Guerre et la (Gabric:) République 1 1 WELLS (Georges) Le Point d'Honneur et le Duc! .... T.n 1 Guerre et l'Avepir flraduclion de Cecil Georges Uazile) Catalogue frsnco sur ciemarjcio 1 ALBin Librairie iïiichel, Editeur, 22, rue Huygtiens, Paris Vol. ARNOUX Abis.Tg lu ou Foi l'Eglise transportée par 1 BARBUSSE L'Enfer. LORRAIN 1 L'Atlantide man 1919) Pour Don Carlos Les Suppli-intes (poèmes) BERNIER MAGRE 1 1 (Jacques-Emile) Anges 1 (René) plus u'es Flamme court L'Exemple de l'Abbé 1 (Louis) L'Inquiète Adolescence man 1 Pria: son et DERENNES (Charles) Vie de Grillon Bois La Saison des Dupes 1 Beauté. Un Cœur... et des Ailes Le Miracle des Pruniers en Fleurs. 1 •. . 1 1 FRAPIÉ (Léon) 1 Les Poilus de la O» Sur le Front de Mer (Prix de l'Aca- 1 Française) la Flotte di'mie HARLOR Valentin. 1 1 L'Exaltation. 1 1 • . 1 1 1 ^ VAUDOYER (Jean-Louis) Les Papiers de Cléonthe 1 (Pierre) Les Poupées se cassent (couronné par l'Académie française) L'Erreur 1 VOISINS (Gilbert de) Le Mirage 1 WERTH (Léon) Clavel Soiaat Olavel chez les Majors 1 1 VINEUIL (Laurent) 1 JALOUX (Edmond) ,,..,. (Horace) Le Don Juan ridicule Suzanne et son Vieillard 1 (Qrani Pria de littérature iSSO) (4'|nc»Tt»lne, 1 1 1 VILLETARD 1 (A.) Hommes les L'Oiseau de Paradis Nuits de Garde Le Tatouage bleu 1 . 1 1 T'SERSTEVENS Les Sept parmi Un Apostolat (Th.) Le Pot de Réséda HIRSCH (Charles-Henry) Le Tigre et Coquelicot HENRIOT (Emile) 1 ma Sœur VAN OFFEL La Maternelle (Prix Goncourt) GALOPIN (Arnould) La Sandale Eouge Les Gars de Montparnasse SCHNEIDER (Edouard) Ariane, Bonne Education.... FORTHUNY (Pascal) d'Huile et la Reine de Le Vendeur . 1 PHILIPPE (Charles-Louis) 1 la 1 L'Immaculée Vie Hcii^ ELDER (Marc) Thérèse ou 1 (Jean) PERNETTE-GILLE Bulm de (Roland) {Prix 1 MIOMANDRE (Francis de) et SPARK (Tommy) 1 DORGELES Croix de rcusc 1919) Les 1 1 Un Amour 1 1 (Emile) Le Copiste indiscret (Lucie) Amour 1 1 Capitaine Bébert Lettres de Gosses 1 DELARUE-MARDRUS Toutoune 1 (Lucie-Paul) PELLERIN du Ro- 192U) Gon- La Itéception amoureuse Le Chemin des Ecolières Les Colombes Le Singe et son Violon (illustrations CORTHIS (André) Pour moi seule {Grand {Prix . . . _ MAZAUD (J.) ,Touve CHADOURNE , eu 2 coul. de Ch. MAirriN) 1 rien BRUNO-RUBY Poing au l'-ilT). Française l'Académie de Tu La (Henry) MARGUERITTE (Jean) BOYLESVE 1 MALHERBE 1 1 BLANCHE 1 (Maurice) L'ApiR'l de la Bête Ro- La Percée Tous des (Jean) La Maison Philibert BENOIT (Pierre) Prix du [Grand 1 1 Jlaurellia (Idylle ardente) (Henri) , . . Vol. JAMET (Robert) La Sublime Hécatombe (Alexandre) Yvonne «t Q^%9.]9%^^ frmnmm pMf Pijallct d#m«nilf 1 ,,,, 1 l tim mmn, Llûrairie ADAM (Marcelle) Dans l'Ombre d'une Femme Vol. Vo: HUE (Edmond) et DESTEZ L'Equatioa du 'i',\^ dvgré Moime, Femme d'Artiste Jim et Jo L'Ame 22, rue Huiighens, Paris Editeur, JAMET Étrangère Slaurellia ARGYL (François d') Son Fils BALLOT-BEAUPRE BERGER 1 1 Aristocrate (Marcel) Dingo d'un CARGO et Bobette Li; 1 (Francis) Bob bataillonnaire Pour le Bon Motif Pour la Bagatelle La Nièce de l'oncle Sam Trio d'Amour L'Eveil Vie libre MARS ly.x suprême {Roman couronné par Société des Gens de lettres) . Mon blen-aimê l.e Cœur perdu DAVERNE l.a Tu aimeras dans (André) Au (André) Les Baius dans Rurlingue 1 le Pactole DERYS 1 OESTEZ Patrouilleurs de la I.cs Jlinii DOUSSAIIM (Gustave) 1 1 rt'ine du Ciuéma la (Geneviève) I,n Ces Dames de l'Hfipltal 330 Les Inépousées (Couronné par l'Académie Française) (Maurice) Cité des L'Homme (|Ui Bob et C'est une lille Ix-llc SWARTE Les 1 1 1 1 ! (Madeleine de) d'Odette 1 VALMY-BAYSSE FORTHUIMY (Pascal) Kelne de Les PépSres 1 la Victoire VAUTEL et . La Réouverture du Paradis terrestre. Les Folies bourgooisos WALY HELLER (Simone) La Retraite amoureuse (Louis-Fr.) (André) Bobette en Ménage Caprices la Paix SALMON Les Mutilés et 1 la Vieilles vint La Valse ardente des Ailes Le Miracle des Pruniers en Pleurs rue de 1 ROUQUETTE Le Vendeur d'Huile Beauté 1 La Pollue Pépère 1 1 1 1 Trottin Trottin. ,Miiiii Uns Première de DUPLAY Mer y,-ka (Robert) DUHAMELET .. Monoplan M.'im'zelle (Gaston) (îlciire Cœur... . C* Mariée malgré elle Les Moineaux affamés L'u (Marcel) CW ignole Fi riiigipane et M.i ii'tite Femme (coman d'amour) 1.1 Castel 1 (Gabriel) (roman dés bureani Lis derniers Mousquetaires d'amour la Douleur (Prt» Ligue des Femmes NADAUD DEREIMNES (Charles) Itoby 1 (André) la militaires) Confession d'un L<^gionaalre .... as 1 MAURIERE lirQlure DELCAMP l'a 1 1 littéraire de la de Professions lihérales) DEJEAN (Georges) I.j 1 MARAIS (Jeanne) (Jacques) CHAUMOIMT (Magdelcine) la 1 MAC ORLAN Fai-d liaiser 1 1 1 1 Où va l'amour s'amusent CHABANNES chirurgical (l'Hôpital trice Jouve l'abbé F. G. LAIMDRE (Jeanne) BRUIMO-RUBY Bob 1 L'Ecole des Marraines Loin des Balles Hob et Bobette, Enfants perdus .... Jladame Poche ou la Parfaite Educa- ! de (Albert) Ilottant) BRIVES (René) L'exemple KEIM Un L'n. (Marcel de) Maîtresse insoumise Lucette figurante Mémoires ardente) LA MAZIERE (Pierre) BARE La vivre 1 (Robert) (Idylle V'iolina L'Idôe de Crésus ...Mais (Robert) Oatalo^ue franco sur e 1 (Jean) CadllIoD (Ulust. de Paul Cabbbbi).. «-I -«-» si Imp. de l'Edition, Boux, 104, rn« Dldot, Parti. n ci 1 mm, WMi, Liuryfis Àiëfii MATHIEX ALPi/IERAS (Henri d') Ceux (iirelle La Fe^ime .uiKiurL'ii.se ^ FeniiiiL' ainourtiis" Le : Ca-iir 1 K./.ii.i.i euiniquc il'iiii ^ Aviiiteiir BARE (ÎYiarcel fiiriu-a'.Uo . . 1 'de Bob et Bobf ite PHILIPPE (Charles-Louis) J Eu!iu ilonlparnas lie de l'Apéritif RE3CHAL • l>i:iï;o CARGO 1 de Brahniiuc -Lii^ours 1 1 BRIUES (René) Mémoires d'im (Fernand) 3 1 Messieurs d') 1 PEYRE Htmard) J. Ces 1 (Baronne VJILLV et 1 1 porte la La bonne Manière BRiNG!:a (Rodolphe) . 1 ... loclie ORCHAS'J^PS î d') Femme Secrets de la les 1 . Le Mari de Cœur JI. le Vicomte ot son l'oto. M. Florejtiin, nouveau l'auvre Mam'zelle Titi Le Capitaine UiHpgoule li'.lust. (Baronne Les Bagatelles de Les deu-'c Frissons de) I-a MaîtVL'Sàe ius;ouiiiisi' Lucette Tous L'Amant de BAQîCnON Boiidebnis ou le 1 ORCHAMPS et Seus les (Paul) La Folie d'aiuu-r : ;iime La 22, pue Huygnens, Pans 1 (Francis) s'aiiiiisri-.t 1 ; (Antonin) Pierrette e;i l'e;-.-ion Pierrette s'amuse Pierrette amoureuse JlauJ. femme du mo-.'.de cambrioleu :e. Le< ('.erni.-rs Exi.loits de .Maud .... 1 I/E:itrete.".u. 1 L'Heure du 1 1 1 1 1 1 DELCAIV3P (André) Un As- d'Auuuir FABRICE (Delphi) L'Homme de Joie 1^ DEREIMNES (Charles) Les Bains dans le laotule DOLLE 1 (André) Brin d'Amour, yars de l'a ris Les Ronds devenir blru horizon .... FOUCHARDIERE (G. de la) et BRIIMGER (R.) L'Homme (|ui réveilli' les Morts .... HIRSCH Le Tigre et Coquelicot 1 1 . SALP.10N (André) Bob Boliette en Jlénage et 1 r.\mour LORDE ? LORRAIN 1 (Pierre) batalllonnaire 1 MARAIS (Jeanne) La Carrière amoureuse Pour le Bon Jlotif Pour la Bagatelle trio d'Amour 1 1 1 1 1 1<J'' de SAIX prix du Conser- vatoire Marins ilaufouty, comédien français. L'Illustre Manfouty 1 1 1 SIMART (Maurico) Ponette, modiste rue de VAUTEL 1 lîerj'.e (Clément) La Réouverture du Paradis Les Folies Bourgeoises terrestre. 1 1 WILLY Lélie, 1 1 1 tille! SC.4URMANN (J.-J.) et GUILLOT 1 (Jean) Philibert MAC ORLAN Bob 1 (André de) et MARSELE (Jean) Aloyse ou la Bourgeoise pervertie .... Le Mari malgré lui La Maison 1 1 1 trice va bellii un;' LANDI^SE (Jeanne) L'Ecole des Marraines Loin des Balles liûb et Bobette, Enfants perdus .... iladame Poche ou la Parfaite Educa- Où vint Marins Jlanfouty, , l'.échir-Aga. 1 1 JEHAN D'IURAY 1 T^'Homme qui ("est (Charles-Henry) Mémoires de l'Eunuiiue RCU.^UISTTE (Lcuic-Frédéric) La Cité des Vieilles Xotre-Dame-des-Voluptés-sans nombre. 1 1 1 l'éclié Fumeuse d'Opium 1 1 L'iraplaquable Siska Les Amis de Siska Une Plag« d'Amour 1 (roman poly- glotte) Sombre Histoire (roman) Do Dièze Ginette la Rêveuse Ledos tapissier L'Ether consolateur 1 1 1 1 1 1 WILLY La et MARAIS (Jeanne) Virginité de Mlle Thulette Oeitsiogue franco sur demsancio 1 Inip. de l'Edition, Roux, 101. me Didot, laris. PQ Philippe, Charles-Louis Bubu de Montparnasse 2631 H5B83 1905 PLEASE f^. ^ Nouv, e'd. CARDS OR DO MOT REMOVE SLIPS UNIVERSITY FROM THIS OF TORONTO POCKET LIBRARY i.^"" -* V \.e w >'. .4 /^. J^';'^ n -^