Biographie de Maurice MENDJIZKY
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Biographie de Maurice MENDJIZKY
Sommaire COMMUNIQUÉ DE PRESSE PARCOURS DE L’EXPOSITION Accueil | Serge MENDJISKY Photographies marouflées sur toile Biographie de Serge MENDJISKY Sous-sol | La Figure Humaine par Maurice MENDJIZKY Biographie de Maurice MENDJIZKY La Figure Humaine par Francis POULENC Paul ELUARD | Liberté 1er étage | Peintres de la Première École de Paris La Première École de Paris Henri HAYDEN Simon MONDZAIN Lazare VOLOVICK 2ème étage et mezzanine | Maurice MENDJIZKY (1890-1951) PRÉSENTATION DU MUSÉE Une architecture signée MALLET-STEVENS Une rénovation désirée par Yvon POULLAIN Le XVème arrondissement LES MISSIONS DU MUSÉE Soutenir nos actions Privatisation Exemples de déductions fiscales Revue de presse Informations pratiques Communiqué de presse EXPOSITION Maurice Mendjizky et la Figure Humaine 8 Septembre – 12 novembre 2014 15 Square de Vergennes Paris XV + 33 (0)1 45 32 37 70 www.fmep.fr Qui voit la figure humaine correctement ? Le photographe, le miroir ou le peintre ? Picasso Le Musée Mendjisky- Écoles de Paris dévoilera à partir du 8 septembre une partie de son Fonds permanent dans le cadre d’une exposition intermédiaire intitulée : Maurice MENDJIZKY et la FIGURE HUMAINE autour des dessins préparatoires sur le Ghetto (1947-1950), ainsi que des dessins faits pendant la guerre (femmes, enfants, scènes de guerre, dessins satiriques), un ensemble d’une qualité et d’une force impressionnante avec l’encre comme métaphore du sang et des larmes. Cette exposition rimera sur le plan musical et poétique avec une cantate du compositeur FRANCIS POULENC FIGURE HUMAINE : une œuvre symbolique, écrite en 1943 et, chantée en France en 1947 par un double chœur à capella sur des poèmes de Paul Eluard, dont le plus célèbre hymne de la résistance, «Liberté». Cette œuvre, ample et sensible, entre en parfaite résonance avec le travail discret et exceptionnel de Maurice Mendjizky qui exprima pendant cette période tragique le plus fort de son génie de dessinateur. « Tout est sauvé » le poème écrit par Eluard qui accompagne le recueil sur les Combattants Martyrs du Ghetto de Varsovie est de la même veine poétique surréelle, nous plongeant à la fois dans un climat de détresse et d’espérance. A travers le dessin, le chant et la poésie, la Figure Humaine prend tout son sens et s’impose à travers le temps puisqu’encore en 2014 elle est martyrisée partout dans le Monde. Contact Presse : patriciamendjisky@fmep.fr Référence musicale : Figure humaine de Francis Poulenc (38 mn) Laurence Equilbey, chef d’orchestre, Chœur : Accentus (Naïve). Le premier étage est consacré aux peintres de la Première École de Paris avec des œuvres de Henri HAYDEN (1883-1970), Maurice MENDJIZKY (1890-1951), Simon MONDZAIN (1887-1979), Lazare VOLOVICK (1902-1977). Au cours de ce mois de septembre les visiteurs seront aussi introduits à l’œuvre du fils de Maurice, Serge MENDJISKY. Ils découvriront à travers peintures, dessins et collages photographiques, comment l’œuvre admirée du Père résonne dans celle du fils. On y retrouve la même curiosité pour tous les courants proposés à leurs époques et la même exigence à exprimer la réalité avec sensibilité et imagination. En hommage Serge revisite parfois les sujets de son père et perpétue sa quête : « Trouver la couleur de l’air ». Maurice MENDJIZKY avait coutume de dire à son fils « Un don sans travail, n’est qu’une mauvaise habitude ». Malgré une transmission écourtée par la guerre, la leçon fut influente. La conformité de goûts et l’attachement à la peinture de chevalet fit le reste. Ainsi, le culte humaniste de la beauté fut poursuivi, et alors les œuvres riment comme les deux vers d’un poème. Accueil | Serge MENDJISKY Photographies marouflées sur toile Biographie de Serge MENDJISKY Serge Mendjisky est né en 1929 à Paris. Son père, Maurice Mendjizky, était peintre de l’Ecole de Paris, c’est ainsi que Serge fait connaissance avec le monde des Arts dés son enfance. Après avoir suivi ses études aux Beaux Arts de Paris, il devient vite un artiste reconnu et expose en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Déjà, il utilise la photographie pour faire ses études préliminaires en peinture. © Laurence Friconneau En 2000, il décide d’utiliser la photographie comme unique moyen d’ expression. Il emprunte la technique du collage afin de modifier les images photographiques et d’articuler sa vision multi-dimensionnelle du monde. Les perspectives multiples, exprimées dans ses collages évoquent très clairement la phase analytique du Cubisme. Pablo Picasso, bien connu de Serge Mendjisky grâce aux activités de son père sur la scène artistique de l’époque, lui a dit que le Cubisme proprement dit serait pleinement atteint à travers la photographie. Serge Mendjisky a toujours gardé cette vision à l’esprit, et après de nombreuses années d’exploration technique, il a trouvé un moyen de questionner non seulement l’apparence du monde, mais aussi notre comportement perceptuel. En décomposant et recomposant les horizons de certaines des plus célèbres cités du monde, tels New York et Paris, Serge Mendjisky crée de nouveaux paysages urbains qui interrogent nos facultés perceptives. Volumes, lumières et couleurs créent des rythmes visuels différents qui établissent de nouveaux rapports entre Temps et Espace. A travers l’objectif créatif de Serge Mendjisky, Broadway devient une explosion de lumières multicolores, tandis que le “Down Town” new-yorkais valse poétiquement aux sons d’un violoncelle. Des paysages urbains reconnaissables sont redéfinis et leur réalité reformulée devient tridimensionnelle. L’œuvre de Serge Mendjisky est représentée dans des collections publiques aussi bien que privées, dont celles du Musée d’Art Moderne de Paris, du Musée d’Art de la Philadelphie et du Musée des Beaux-Arts de Pouchkine à Moscou. Sous le ciel de Paris - 2001 - 146 x 97 cm - Photographies marouflées sur toile La Figure Humaine Sous-sol - Maurice MENDJIZKY (1890-1951) A droite en bas de l’escalier L’assaut - 1948-49 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Etudes de roses 1945-49 Crayon sur papier - 31 x 23 cm L’embarquement d’un prisonnier - 1948-49 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Femme et enfant 1946-1950 Encre sur papier - 31 x 21 cm Etude de caractère, homme hurlant - 1946/50 Crayon sur papier - 31 x 21 cm Femme et enfant sur un banc 1948-49 Fusain sur papier - 42 x 32 cm Portrait d’un homme chauve de ¾ - 1946/50 Encre et fusain sur papier 31 x 21 cm Vieille femme 1955 Fusain sur papier - 28 x 12,5 cm L’exil - 1948-49 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Femme réconfortant ses enfants 1945-1946 Encre sur papier - 31 x 23 cm Portrait d’un cardinal de trois quart - 1946-1950 Fusain sur papier - 31 x 21 cm Maman 1945/46 Crayon sur papier - 35 x 26 cm Maman 1945/46 Crayon sur papier - 35 x 26 cm Enfant cousant 1945/46 Crayon sur papier - 30 x 21, 5 cm Prisonnier 1949-50 Encre sur papier 44 x 28.5 cm Etude de main en raccourcis 1945-46 Crayon sur papier - 31 x 23 cm Femme protégeant son bébé 1949/50 Encre sur papier - 44 x 28.5 cm Repas du Chabat 1939 Encre sur papier - 31x21 cm Femme lisant et tête d’homme 1936-37 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Serge bébé 1929 Crayon sur papier - 34 x 24 cm Le pape pactisant avec le régime nazi 1949-50 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Nu plantureux 1935-36 Fusain sur papier - 44 x 28.5 cm Mère et son enfant terrorisés 1949/1950 Encre sur papier - 44 x 28,5 cm Nu assis en appui 1936-37 Crayon sur papier - 28.5 x 44 cm Femme devant un jeune homme inanimé 1950 Encre et crayon de couleurs - 28,5 x 44 cm Nu de dos esquissé 1946 Encre sur papier - 28,5 x 44 cm Militaire assaillant une jeune femme 1949-50 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Croquis d’après statue 1935-39 Encre sur papier - 38 X 25 cm Portrait de petite fille 1948-49 Sanguine sur papier - 45 x 34 cm Femme nue dans un paysage 1935-36 Fusain sur papier - 48 x 32 cm Scène d’accouchement 1949-50 Encre sur papier- 28.5 x 44 cm Jeux nus féminins 1938-39 Crayon sur papier - 28.5 x 44 cm Série de têtes d’enfant 1932-1933 Encre sur papier - 20,5 x 16,5 cm Femme assise 1945 Crayon sur papier - 41,5 x 24,5 cm Petite Fille 1932-1933 Sanguine sur papier - 21 x 14,5 cm Nu debout (coupé genoux) 1940 Crayon sur papier - 47 x 38 cm 6 dessins femme et enfant 1945/46 Encre sur papier - («14 x 12 cm) x 6 Kiki de Montparnasse 1921 Encre/papier - 33 x 23 cm Femme lisant et tête d’homme 1936-37 Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Nu accoudé stylisé 1946-1950 Encre sur papier - 31 x 21 cm N° inventaire prêteurs 173 N° inventaire prêteurs 175 N° inventaire prêteurs 189 N° inventaire prêteurs 190 N° inventaire prêteurs 174 N° inventaire prêteurs 82 N° inventaire prêteurs 191 N° inventaire prêteurs 172 N° inventaire prêteurs 192 N° inventaire prêteurs 186 N° inventaire prêteurs 179 N° inventaire prêteurs 111 N° inventaire prêteurs 171 N° inventaire prêteurs 194 N° inventaire prêteurs 183 N° inventaire prêteurs 178 N° inventaire prêteurs 95 N° inventaire prêteurs 93 N° inventaire prêteurs 197 N° inventaire prêteurs 186 N° inventaire prêteurs 195 N° inventaire prêteurs 85 N° inventaire prêteurs 177 N° inventaire prêteurs 92 N° inventaire prêteurs 91 N° inventaire prêteurs 191 N° inventaire prêteurs 198 N° inventaire prêteurs 187 N° inventaire prêteurs 204 N° inventaire prêteurs 337 N° inventaire prêteurs 182 N° inventaire prêteurs 184 N° inventaire prêteurs 116 N° inventaire prêteurs 180 N° inventaire prêteurs 117 N° inventaire prêteurs 176 N° inventaire FMEP 70 N° inventaire FMEP 39 N° inventaire FMEP 75 N° inventaire prêteurs 84 Biographie de Maurice MENDJIZKY Maurice Mendjizky est né le 20 juillet 1890 à Lodz en Pologne. Ses parents sont d’origine modeste, son père est ferblantier. Il apprend le dessin dans l’école Katsenelagoïn et rencontre Monsieur Landau, un ami architecte, qui l’aide financièrement à partir étudier à Paris. En 1906, il quitte donc sa patrie natale, il a dix-sept ans à peine. 1906 - 1907 Il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Fernand Cormon, maître notamment de Matisse. UN PEINTRE AMI DE PICASSO ET DE RENOIR 1911 - 1913 Il part faire son service militaire dans l’armée du Tsar. Il déserte, revient à Paris en 1912, et fait sa première exposition chez Georges Petit. Le catalogue est préfacé par André Salmon. En 1913, il rencontre Renoir, qui l’invite chez lui aux Collettes, à Cagnes-sur-Mer. Enthousiasmé par l’atmosphère et la lumière de la Côte d’Azur, il pousse ses camarades, Modigliani, Soutine à le rejoindre. 1914 - 1918 Cette amitié est temporairement interrompue par la guerre. Blessé, il reste deux longues années cloué sur un lit d’hôpital à Nîmes. Une fois rétabli, il retourne à Paris en 1918. Il y rencontre un ancien élève d’Hector Berlioz, Maguerre, et renoue avec sa passion pour la musique. Maurice Mendjizky se rend à Berlin avec ce dernier, pour étudier la composition. Mais le peintre se rend vite compte qu’il est trop âgé pour percer dans ce milieu. 1919 Il revient à Paris et à la peinture. C’est à cette époque qu’il rencontre la jeune Alice Prin qui deviendra plus tard la sulfureuse Kiki de Montparnasse. Amoureux, ils vivent pendant trois ans au 17 rue de Perceval, près de la rue Vercingétorix, une rue qui a été démolie. La belle doit son surnom à Foujita. Arrivant du Japon et à Paris depuis peu, il a en effet du mal à prononcer le nom de Mendjizky, et lui préfère « Kiki ». 1920 Il séjourne en Belgique, et à Beaucaire dans le Gard. 1921 Le 8 avril, il participe à la première exposition organisée au Café du Parnasse par Auguste Clergé et Serge Romoff aux côtés de 46 autres artistes. Grâce à son ami André Salmon, Maurice Mendjizky expose pour la deuxième fois à la galerie Georges Petit. L’exposition, préfacée par Maximilien Gauthier, a un succès retentissant. 1922 Après trois ans de vie commune, Mendjizky se sépare de Kiki, tombée dans les bras de Man Ray. Très affecté par cette rupture, il retourne dans le midi de la France. La même année, Léon Zamaron, commissaire de police et grand amateur d’art, qui favorisait l’intégration des peintres étrangers à Paris en échange de tableaux, lui signe un contrat de quatre ans, où il s’engage à lui acheter 50% de sa production. Maurice Mendjizky est l’un des premiers à signer un contrat avec lui. Il s’engage initialement à soixante-dix numéros pour mille-deux-cents francs par mois. Zamaron a aussi conclu des contrats avec Zadkine, Mondzain, Marevna, Landau… Il peint sur le motif à Saint Tropez, à Antibes, à Cagnes-sur-Mer. A Nice, il s’installe au Negresco et réalise une belle galerie de portraits dont celui de l’Aga Khan. Visitant Saint Paul de Vence, il tombe amoureux de ce petit village provençal, loge dans l’auberge « A Robinson », (future Colombe d’Or) et devient un habitué. Il y rencontre Rose Rajbaut, 18 ans, et l’épouse l’année suivante. De cette union naîtront deux fils : Claude né en 1924, et Serge en 1929. 1925 – 1926 - 1930 Expositions particulières à la Galerie Georges Petit. 6 1933 Maximilien Gauthier lui organise une exposition à la galerie Kleiman à Paris. A cette période, Maurice Mendjizky est sollicité pour une grande exposition à l’Institut Français de Prague, l’un des plus prestigieux d’Europe, inauguré en 1920 par Ernest Denis. Il fonctionne alors comme une « université française ». Lieu très réputé, Hubert Beuve-Méry y enseignait le droit international et Vladimir Jankélévitch la philosophie. André Breton et Paul Eluard y ont prononcé un discours célébrant « les séductions légendaires de Prague » en 1935. Le Musée d’Art Moderne lui achète son œuvre phare. Mendjizky séjourne quelques temps en Tchécoslovaquie et rentre définitivement en France. 1934 - 1939 : UN HOMME ENGAGE POUR LA PAIX Le peintre vit intensément les évolutions politiques de l’époque. La montée du fascisme en 1933 l’ébranle beaucoup. Avec Signac, Langevin, et Frédéric Joliot-Curie, il fonde le Mouvement des Intellectuels pour la Paix qui rassemble des écrivains, des musiciens, des peintres, Picasso, Prévert, Wiener, Leger, Signac etc. 1937 - 1938 Expositions à la Galerie Kleiman. 1937 - 1939 Entre 1937 et 1939, Mendjizky retourne très souvent à Saint-Paul de Vence où il rencontre son ami Léon Weissberg. Ses liens avec Picasso se renforcent. En 1939, la guerre éclate et la famille Mendjizky s’engage dans la lutte contre le régime nazi. 1940 En octobre, sur dénonciation, la Gestapo arrête sa femme Rose à Paris dans l’imprimerie familiale. Maurice doit s’enfuir le jour même avec ses enfants et part se réfugier en zone libre à Nice, chez sa belle-sœur Claudine. 1942 De Nice il organise la Résistance dans les Alpes Maritimes et fonde la 8e Compagnie des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF). Il diffuse dans la région un journal clandestin, les Lettres Françaises. 1944 - 1946 En juillet, huit jours avant la libération, Claude son fils ainé, âgé de vingt ans, résistant dans le Maquis d’Utelle près de Nice, est arrêté au cours d’un parachutage. Affreusement torturé, il est fusillé le 22 juillet à l’Ariane. Effondré, Maurice retourne à Paris en novembre pour retrouver son fils Serge hospitalisé au Val de Grâce pour blessure de guerre et sa femme qui vient d’être libérée par les américains. La mort de Claude et la longue séparation de Rose et de Maurice provoque leur divorce en 1946. Le peintre poursuit sa carrière malgré tout. 1947 Il expose à la Galerie de l’Elysée, la préface du catalogue est de Jean Bouret. 1947 - 1951 : LA TRAGEDIE DE LA GUERRE LUI INSPIRE UNE SERIE DE DESSINS EXCEPTIONNELS Peu réceptif aux sirènes de la gloire, il consacre son énergie à la création de dessins sur le Ghetto de Varsovie où sont morts son père, sa mère et ses deux sœurs. L’assassinat de son fils l’obsède, il lui dédie cette série de dessins. Un premier recueil de 31 dessins est publié pour la première fois par Maurice Mendjizky avec en introduction un poème d’Eluard. Il existe également une version en Yiddish. Picasso, après avoir vu les dessins du Ghetto de Varsovie écrira : « c’est un chef-d’œuvre, c’est une véritable symphonie du noir et blanc ». 1948 Atteint d’un cancer de la langue, il est opéré une première fois. Maurice Mendjizky-1950 Dessin du ghetto de Varsovie 1951 Mais le cancer se généralise et il succombera le 8 mai après une intervention chirurgicale, jour anniversaire de son fils Claude, il vivait alors à Saint Paul de Vence. La Figure Humaine par Francis POULENC Figure Humaine de FRANCIS POULENC est une cantate pour double chœur mixte composée en 1943 sur des textes du poète Paul Éluard. Considérée comme un véritable chef-d’œuvre par les critiques musicaux, la cantate est un hymne à la liberté. FRANCIS POULENC et PAUL ELUARD se sont rencontrés dans les années 1916-1917, à la librairie parisienne d’Adrienne Monnier. C’est le compositeur Georges Auric qui va suggérer, en 1919, à Poulenc de mettre en musique les textes d’Eluard, en effet, il est le seul surréaliste qui tolère la musique. Les poèmes de la cantate comptent parmi les plus célèbres d’ELUARD. Ils expriment la « souffrance du peuple de France » réduit au silence et l’espoir du « triomphe final de la liberté sur la tyrannie ». La Seconde Guerre mondiale est une période charnière dans la vie du compositeur. Dans les entretiens avec Claude Rostand, il précise « Quelques privilégiés, dont j’étais, avions le réconfort de recevoir au courrier du matin, de merveilleux poèmes dactylographiés, en bas desquels, sous des noms d’emprunt, nous devinions la signature de PAUL ÉLUARD. C’est ainsi que j’ai reçu la plupart des poèmes de Poésie et Vérité 42 ». La composition de la cantate s’achève à la fin de l’été 1943. La correspondance de POULENC avec son amie intime Geneviève Sienkiewicz évoque le processus d’écriture de Figure Humaine, retiré à Beaulieu, il écrit à son amie en août 1943 : « Je travaille à une cantate a capella sur des poèmes d’ÉLUARD. (…) J’ai déjà fait les trois-quarts de ce cycle et n’en suis pas mécontent ». Il évoque l’appartement triste où il réside à Beaulieu avec une vue sur le clocher et précise « C’est en le contemplant, solide et si français, que j’ai conçu la musique de Liberté », qui clôt la cantate. L’éditeur Paul Rouart accepte de publier l’œuvre malgré l’Occupation et l’expédie à Londres, ce qui permet son enregistrement à la BBC dès 1945. La formation requise complique son exécution, mais dans ses Entretiens avec Claude Rostand, Poulenc déclare souhaiter que cet « acte de la foi puisse s’exprimer sans le secours instrumental, par le seul truchement de la voix humaine » La cantate Figure Humaine est enregistrée en anglais par la BBC le 25 mars 1945, puis à Bruxelles en français le 2 décembre 1946 par les Chœurs de la radiodiffusion flamande sous la direction de Paul Collaer. La version française a lieu lors du concert de la Pléiade à Paris le 22 mai 1947. Selon le biographe Henri Hell, c’est dans le domaine choral que FRANCIS POULENC écrit ses œuvres les plus accomplies, tendant davantage aux œuvres a capella qu’aux pièces accompagnées et qualifie Figure humaine d’une des œuvres les plus marquantes de la musique chorale contemporaine, « merveilleusement polyphonique, d’une texture sonore riche et complexe ». Toutefois, la composition du double chœur rend difficile son exécution, et l’œuvre n’est reprise que le 27 mai 1959 à la salle Gaveau à Paris pour les 60 ans du compositeur. Dans une lettre du 28 octobre 1943 adressée à son amie la Princesse de Polignac, Poulenc confie « Je crois que c’est ce que j’ai fait de mieux. C’est en tout cas une œuvre capitale pour moi si elle ne l’est pas pour la musique française ». Le huitième et dernier chant, LIBERTÉ, est d’une durée d’exécution de 4 minutes 30 environ. Ce n’est qu’après la dernière strophe que le mot Liberté éclate, comme pour mieux le souligner. Les émotions transparaissent dans chacune des strophes, douceur, tendresse, tristesse, force et violence, en passant de « l’un à l’autre avec une souplesse invisible ». Renaud Machart, Poulenc, Paris, Seuil, 1995, 252 p. Francis Poulenc, Journal de mes mélodies, Paris, Cicéro Éditeurs, Salabert, 1993, 159 p. Henri Hell, Francis Poulenc, Paris, Fayard, 1978, 388 p. Josiane Mas (dir), Centenaire Georges Auric - Francis Poulenc, Centre d’études du XXe siècle - Université de Montpellier III, 2001, 338 p. Paul ELUARD | Liberté Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J’écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J’écris ton nom Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l’écho de mon enfance J’écris ton nom Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journées Sur les saisons fiancées J’écris ton nom Sur tous me chiffons d’azur Sur l’étang soleil moisi Sur le lac lune vivante J’écris ton nom Sur les champs sur l’horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J’écris ton nom Sur chaque bouffée d’aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J’écris ton nom Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l’orage Sur la pluie épaisse et fade J’écris ton nom Sur les formes scintillantes Sur les cloches des couleurs Sur la vérité physique Sur les sentiers éveillés J’écris ton nom Sur les routes déployées Sur les places qui débordent J’écris ton nom Sur la lampe qui s’allume Sur la lampe qui s’éteint Sur mes maisons réunies J’écris ton nom Sur le fruit coupé en deux Du miroir et de ma chambre Sur mon lit coquille vide J’écris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre Sur ses oreilles dressées Sur sa patte maladroite J’écris ton nom Sur le tremplin de ma porte Sur les objets familiers Sur le flot du feu béni J’écris ton nom Sur toute chair accordée Sur le front de mes amis Sur chaque main qui se tend J’écris ton nom Sur la vitre des surprises Sur les lèvres attentives J’écris ton nom Bien au-dessus du silence Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui Sur l’absence sans désir Sur la solitude nue J’écris ton nom Sur les marches de la mort J’écris ton nom Sur la santé revenue Sur le risque disparu Sur l’espoir sans souvenir J’écris ton nom Et par le pouvoir d’un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer - Liberté Poésie et vérité 1942 Au rendez-vous allemand de Paul Eluard © 1945 les Editions de Minuit 1er Étage | Peintres de la Première École de Paris Le terme « École de Paris » désigne l’ensemble des artistes étrangers arrivés au début du XXe siècle dans la capitale, à la recherche de débouchés artistiques. De 1900 au début de la Première Guerre Mondiale, un afflux d’artistes arrive à Paris provenant souvent d’Europe centrale. Il se fixe dans le quartier de Montparnasse. Nombreux sont ceux d’origine juive. Ils viennent le plus souvent de Pologne, de Russie, mais aussi d’Allemagne, de Tchécoslovaquie, Roumanie, Hongrie. A Paris dès 1906, Maurice Mendjizky est donc aux avant-postes de cette marche vers la capitale. Ce mouvement ne cesse de s’amplifier et contribue à créer un climat d’entraide et de solidarité entre les artistes, qui cherchent à outrepasser la précarité de leurs statuts. Après l’accession d’Hitler au pouvoir en 1933, les peintres juifs délaissent leurs pays et se réfugient à Paris. L’Entre-deux-guerres, voit notamment entrer André Lanskoy ou Serge Poliakoff dans ce cercle. Émergent alors de nouvelles tendances stylistiques, marquées par l’abstraction et la toute-puissance de la couleur en peinture. Le noyau dur de la première école de Paris peut s’étendre à quelques autres artistes étrangers qui ont vécu dans l’ambiance bohème du Paris du début du siècle comme l’Italien Amedeo Modigliani (18841920), le Hollandais Kees Van Dongen (1877-1968), le Biélorusse Chaïm Soutine (1893-1943), le Russe Marc Chagall (1887-1985) et le Polonais Moïse Kisling (1891-1953). On doit associer le Japonais Léonard Foujita (1886-1968), le Bulgare Jules Pascin (1885-1930) et un certain nombre de sculpteurs tels que l’Ukrainienne Chana Orloff (1888-1968) ou le Lituanien Jacques Lipchitz (1891-1973). Les photographes, tels que l’Américain Man Ray (1890-1976) ou le Hongrois André Kertész (1894-1985). « Qui étaient ces peintres ? S’il faut trouver d’emblée un point commun entre ces artistes, ce serait celui de croire au vieux proverbe allemand ”vivre comme Dieu en France” que la tradition orale yiddish a popularisé en ”Heureux comme un juif à Paris”: “Azoy gluckor wi a yid in Paris”. Paris était alors le centre du monde. Venus de l’est européen, entre 1905 et 1939. Ils fuyaient l’antisémitisme de leurs pays, cherchant, à Paris une terre d’accueil où leur soif artistique pourrait s’exprimer librement. Ces peintres s’installent à Montparnasse, se frottent à l’avant-garde foisonnante de l’époque, recréant un shtetl d’artistes qui se réunis dans les cafés du quartier, et finissent par former ce qu’on appelle l’École de Paris. Dans les nombreux ouvrages consacrés à l’École de Paris, il est rarement fait état de leur judaïsme. On associe ces peintres à leur pays d’origine qu’ils avaient fui, dont l’accès aux Beaux-Arts leur était limité voire interdit en raison du “numerus clausus » Nadine Nieszawer Dictionnaire des peintres juifs de l’École de Paris Éditions Somogy Henri HAYDEN (1883-1970) Henri Hayden voit le jour dans une famille de négociants en vins. En 1902, sous la pression parentale il entre à l’École Polytechnique de Varsovie; parallèlement, il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Varsovie où il est rapidement considéré comme un brillant élève. Grâce à l’aide financière de son père il passe un an à Paris en 1907, l’année Des Demoiselles d’Avignon de Picasso et ne retournera pas en Pologne. Hayden occupe un atelier Boulevard Saint-Michel et mène une vie solitaire et indépendante. En 1908, il fréquente La Palette, académie de peinture où enseignent Charles Guérin et Georges Devaslière. Il se réfère dans un premier temps à Gauguin qu’il découvre, par l’intermédiaire de Wladyslaw Slewinski, lors de ses fréquents séjours en Bretagne. A Montparnasse il fait connaissance des principaux intervenants du mouvement cubiste dont Juan Gris, Pablo Picasso, Jacques Lipchitz et Jean Metzinger. Hayden expose régulièrement. Les paysages construits et synthétiques qu’il réalise sont un écho de la peinture de l’École de Pont-Aven. En 1912, Hayden trouve un support dans l’art solide et mesuré de Cézanne qui le guidera sur la voix du cubisme. En 1914, il signe un contrat avec le marchand Léonce Rosenberg puis avec Charles Malpel. Passionné de musique, il fréquente le «Groupe des six» et illustre pour Erik Satie le programme de la première audition des “Morceaux en forme de poire”. Pendant la guerre il se réfugie à Mougins où il retrouve Robert Delaunay puis à Roussillon d’Apt et se lie d’amitié avec Samuel Beckett. En 1944, de retour à Paris, Hayden retrouve son atelier pillé. Durant les vingt dernières années de sa vie, la peinture d’ Hayden fait l’objet de nombreuses expositions, à Paris, Dublin, Lyon, Caen, Amiens, Aix-en-Provence. En 1953, Hayden se détache de toutes les références qui hantent sa peinture et devient figuratif. Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel «Peintres Juifs à Paris 1905-1939 Ecole de Paris» Éditons Denoël 2000 Simon MONDZAIN (1887-1979) Simon Mondzain est né en Pologne, à Chelm près de Lublin. Son père était sellier. Dès son enfance, Mondzain sait qu’il veut être peintre mais se heurte à sa famille. A la suite d’une dispute, Mondzain quitte son père pour intégrer l’école des Arts et Métiers de Varsovie et trouve des emplois temporaires chez un sellier et un retoucheur de photos. En 1905, il entre à l’École des Beaux-Arts de Varsovie grâce au soutient de la famille Dabkowski et travaille dans l’atelier de Kazimierz Stabrowski. En 1908, il part pour Cracovie, aidé par une association juive. Il entre ensuite à l’Académie Impériale des Beaux-Arts de Cracovie et découvre, avec Teodore Axentowicz et Josef Pankiewicz, la peinture française impressionniste. A la suite de sa première exposition à Cracovie en 1909, il obtient une bourse et part à Paris. En 1910, il continue ses études à Cracovie et se lie d’amitié avec Kisling et Waclaw Zawadowski (Zawado). En 1912, Mondzain s’installe définitivement à Paris et retrouve ses amis, Kisling, Merkel et Zawadowski. Il se loge dans une chambre de la rue Le Goff. Mondzain fait la connaissance du critique Adolphe Basler, Max Jacob, André Derain, et Othon Friesz. En 1913 il séjourne en Bretagne, à Dolëan et termine la rédaction de ses souvenirs. La Première Guerre mondiale éclate, Mondzain est en Espagne. Il regagne Paris et se porte volontaire dans la section polonaise de la Légion Étrangère. Entre 1915 et 1918, il dessine sa vie de soldat. En novembre 1917, il retrouve Paris. En 1920, il part pour les Etats-Unis, invité par le Fine Arts Club à Chicago. En 1923, il voyage en France et peint des paysages. Au salon des Indépendants, quatre toiles sont achetées par le Commissaire de Police Zammaron. Il obtient la nationalité française en 1923 et la même année devient membre du Salon des Tuileries. En 1925, Mondzain accompagne le peintre Jean Launois en Algérie, fait la connaissance de sa future femme Simone, médecin. En 1927, son ami Jerzy Merkel lui consacre un article intitulé “Von Kunst und Künstlers” dans la revue Menhora parue à Vienne. En 1933, la famille Mondzain s’installe à Alger et depuis le peintre partage sa vie entre la France et l’Algérie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il reste à Alger avec ses amis Albert Marquet et Andrè Gide qui trouve en Mondzain un joueur d’échec hors pair. Entre 1939 et 1942, il reçoit à Alger de nombreux réfugiés polonais. Il lie d’amitié avec l’Abbé Walzer, bénédictin allemand antifasciste. En 1944, à la suite de la mort de son ami Max Jacob dans le camp de Drancy, il rédige ses souvenirs : “Max jacob et Montparnasse”, paru dans l’Arche. Après Guerre, Simon Mondzain mène une vie double entre Paris et Alger, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962. La famille Monzain s’installe alors à Montparnasse où il meurt le 30 décembre 1979. Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel «Peintres Juifs à Paris 1905-1939 Ecole de Paris» Éditons Denoël 2000 Lazare VOLOVICK (1902-1977) Lazare Volovick est le fils cadet d’une famille de sept enfants. Son père, représentant de commerce, initie ses quatre fils à la peinture. En 1917, il entre aux Beaux-Arts de Kharkov, puis de Kiev l’année suivante. En 1920, il décide avec son ami Kostia Téréchkovitch de rejoindre Paris. Tous deux s’embarquent sans argent, cachés dans la soute d’un cargo qui les emmène à Constantinople. Volovick reste un an en Turquie, il y gagne sa vie en faisant des croquis dans la rue. Volovick rejoint finalement Paris en 1921. Sans ressource ni relation, il n’a qu’une indication : «les cafés de Montparnasse». A la Rotonde, Il fait la connaissance du sculpteur Baïdaroff-Poliakoff, chez qui il passe ses premières nuits parisiennes. En 1922, il fréquente l’atelier de la Grande Chaumière et pose comme modèle pour des sculpteurs. En 1923, il s’installe à la Ruche et y restera jusqu’à la guerre. Son atelier voisine celui de Krémègne, de Kikoïne et à partir de 1925, celui de Jacques Chapiro. Entre 1923 et 1925, Volovick voyage à travers la France en compagnie du sculpteur Nachmann Granowsky. Ils visitent la Corse, le Midi et rencontrent l’écrivain Colette. A partir de 1927, expositions et bals se succèdent. Volovick et d’autres peintres de Montparnasse réalisent les décors du Bal Bullier. En 1930, Volovick visite l’Espagne, il découvre le Musée du Prado et rencontre sa future compagne la danseuse Lya Grjebina qu’il accompagne lors de ses tournées. Après un séjour en Bretagne, Volovick et sa femme quittent Paris pour New York pendant six mois. Continuant sa route, le couple séjourne à Londres avant de regagner Paris. A cette époque, presque quotidiennement, il se réunit au Dôme ou à la Coupole avec ses amis : Ilya Ehrenbourg et sa femme, les peintres Naïditch, Robert Pikelny et Jean Pougny. Après guerre, ils iront plutôt au Select. En 1939, lorsque la guerre éclate, Volovick se trouve au Touquet. Pendant les rafles, il se cache chez sa bellemère à Boulogne-sur-Seine. Ne pouvant peindre, il fait des pastels. En 1944, il retrouve Montparnasse et s’installe 11, rue Jules Chaplain. Son atelier de la Ruche a été occupé pendant la guerre et la totalité des œuvres a été détruite et pillé par les nazis . En 1946 Volovick travaille dans l’atelier de son ami Vladimir Naïditch, au 51, boulevard Saint-Jacques où il peint une série de nus et de portraits. Les années d’après guerre sont marquée par plusieurs voyages à Venise. Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel «Peintres Juifs à Paris 1905-1939 Ecole de Paris» Éditons Denoël 2000 2ème Étage et mezzanine Maurice MENDJIZKY (1890-1951) Hommage aux combattants martyrs du ghetto de Varsovie « Le deuil unit les murs qui séparaient les hommes » Paul Eluard En 1949, Maurice Mendjizky entreprend son œuvre testament : un recueil de dessins à l’encre en hommage au Ghetto de Varsovie où sont morts ses parents et ses deux sœurs et dédié à son fils Claude, résistant, assassiné par les nazis le 22 juillet 1944 à l’Ariane près de Nice. Un poème d’Eluard intitulé « Tout est sauvé », accompagne la première édition en 1950. Il en existe une version en Yiddish. Présentant ses dessins à Chil Aronson, il lui confiait :« Ces personnages ne me laissent pas en paix. Le fait de les dessiner me fera peut-être du bien. » On peut saisir combien cette entreprise fut lourde d’émotions pour le peintre, qui y mit toutes ses dernières forces et son énergie. Le résultat est un témoignage vibrant et déchirant du combat pour la liberté de ces hommes et de ces femmes héroïques. On saisit l’entraide et l’amour dans la détresse, l’extrême souffrance de ces martyrs qui errent à la frontière du monde des morts et des vivants. L’usage du noir et blanc accentue le tragique. Picasso, après avoir vu les dessins de Maurice Mendjizky, se serait exclamé : “ C’est un chef d’œuvre, une véritable symphonie du noir et du blanc.” “ Fin mars 1950, Mendjizky m’a invité dans son atelier, 17 avenue de Tourville, pour découvrir les dessins du ghetto. Ce fut l’une des plus grandes émotions artistiques de ma vie. Les murs, les tables, les sols étaient tapissés de dessins représentant les visions d’horreur du génocide des juifs de Pologne. Lorsque l’on s’approche de ces scènes, on sent immédiatement que le jeune héros de la Résistance, qui regarde dédaigneusement ses bourreaux, est le fils de l’artiste, fusillé par les nazis.” Chil Aronson, 1963 Une architecture signée Robert Mallet-Stevens L’immeuble construit pour le maître verrier BARILLET, offre à ses visiteurs quatre niveaux d’exposition. La pièce la plus impressionnante est située au quatrième niveau, inondée de lumière par une grande verrière, et dotée d’une mezzanine. L’architecture accueillait les trois ateliers de travail du maître verrier et de son équipe formée par Jacques Le Chevallier et Théodore-Gérard Hanssen. Comme dans d’autres projets dirigés par MALLETSTEVENS, Ce lieu est historiquement attaché à la naissance des avant-gardes et au renouveau des arts dans la première moitié du XXe siècle. Louis BARILLET et MALLET-STEVENS ont tous deux participé à la naissance de l’Union des Artistes Modernes en 1929 aux côtés de grands noms comme Le Corbusier, Prouvé, Chareau, ou Charlotte Perriand. Louis BARILLET réalise le décor ornemental: un vitrail vertical monochrome marquant l’escalier en façade décrivant les activités de son atelier et un autre rehaussé de couleur, qui représente l’histoire de Psyché. Enfin, il a conçu des mosaïques pour décorer le sol des paliers à chaque étage, sur le thème de la chasse ou de la nature. Les deux artistes ont collaboré étroitement dès la genèse du mouvement. BARILLET a notamment participé au premier projet construit de MALLET-STEVENS, la Villa Noailles à Hyères (1924-1933). Pour ces artistes, la transformation de la société ne peut passer que par un ART TOTAL, par une action qui implique l’ensemble des activités créatrices. (Vitrail, peinture, meuble, tissu, laque, étalage, gravure, architecture, jardin, mosaïque) Cette maison est donc le fruit d’un programme ornemental unifié, en conformité avec la philosophie d’un ART TOTAL. Le Musée Mendjisky-Écoles de Paris s’inscrit donc dans la lignée de la vocation de ce lieu tant par son histoire que par sa localisation, le XVe arrondissement de Paris. 1933 - L’Histoire de Psyché - Atelier Louis Barillet, Vitrail verre blanc, opale, noir et miroir (h.147 x 300) © 15 Square de Vergennes 2001-2003 : une rénovation désirée par Yvon Poullain, ésthète chercheur UNE MAISON LAISSÉE A L’ABANDON L’immeuble est resté la propriété de Louis Barillet jusque dans les années soixante. Il a ensuite été acquis par une société civile immobilière, qui l’a laissé longtemps inoccupé, après avoir effectué de nombreuses transformations qui ont altéré l’édifice. Les profils en acier avaient cédé la place à de grossières menuiseries en aluminium. De plus, le verre translucide des fenêtres avait été remplacé par un vitrage en plastique sombre. Enfin, des cloisons avaient dénaturé les volumes originels. Il a malgré tout été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1993. L’immeuble est finalement sauvé par l’intervention inespérée d’Yvon POULLAIN. Yvon Poullain est né le 28 décembre 1943 à Hardricourt dans les Yvelines. Son père fabriquait des pièces détachées en métal pour l’automobile. Il est passionné par l’œuvre de Mallet-Stevens depuis son enfance. En 1973, il fonde la société DIAM International, entreprise spécialisée dans la fabrication de présentoirs pour l’univers des parfums et des cosmétiques. Au milieu des années 70, il crée avec son ami Jean-Pierre Vitrac la société Co & Co, dédiée au design des produits manufacturés. Chercheur et expérimentateur, il veut insuffler créativité et modernité dans les objets du quotidien. Il a imaginé le briquet Scripto, la gamme de mobilier Latti, le service de pique-nique Plack et fabriqué le balai de voirie en plastique … En 1999, Yvon POULLAIN l’immeuble de Mallet-Stevens. acquiert En 2001, il charge l’architecte François Lérault de réhabiliter l’édifice. Yvon POULLAIN souhaite redonner son lustre à ce bâtiment dans le but d’exposer les œuvres de son ami sculpteur Yonel Lebovici (19371998), en créant un lieu dédié au design et à l’art contemporain. La tâche se révèle ardue. Faute d’archives, les architectes se reportent sur les quelques photographies d’époque dont ils disposent. La restauration est enfin terminée en 2003. Yvon Poullain bouscule les codes qui régissent la conception d’objets utilitaires, du quotidien. Il veut rompre la monotonie et favoriser la créativité. A l’occasion de l’exposition « Active Light », inaugurée en 2003, il lance un appel à projets avec la société Dézidés sur le thème de « 30 luminaires à consommer immédiatement ». Une totale liberté a été laissée aux jeunes créateurs. Pendant 9 ans, Yvon Poullain et sa compagne Isabelle Maillard vont insuffler à ce lieu un esprit résolument tourné vers la modernité et le progrès technique présentant des expositions inédites autour de la lumière et des matériaux innovants. Au sein de l’Espace Vergennes, il a présenté MateriO un show-room, bibliothèque de matériaux à destination des métiers de création. L’Espace Vergennes se voulait un temple de l’innovation, ouvert aux nouvelles technologies. Mort subitement en 2011, cette « tête chercheuse » laisse derrière lui une empreinte indélébile dans le domaine de la création industrielle et artistique. Le Musée Mendjisky - Écoles de Paris souhaite, avec le soutien d’Isabelle Maillard, perpétuer sa mémoire et son œuvre en continuant de présenter des expositions dédiées au design, à la création contemporaine, et aux métiers d’art. Le XVème arrondissement, foyer artistique de l’entre deux guerres MAURICE MENDJIZKY, UN DES PREMIERS HABITANTS DE LA RUCHE La première rétrospective de Maurice MENDJIZKY présentée du 11 avril au 30 juillet 2014 au Musée Mendjisky-Écoles de Paris, dans ce même arrondissement, n’aurait su mieux évoquer le contexte dans lequel l’artiste a débuté sa carrière. MENDJIZKY est l’un des premiers à intégrer la « Ruche », lieu de toutes les avant-gardes, où il va pouvoir se nourrir des différents courants artistiques en vogue au début du XXe siècle, du cubisme au fauvisme, en passant Cézanne. Fernand Léger est l’un de ses premiers habitants en 1905, suivis d’artistes comme Alexandre Archipenko, puis Ossip Zadkine en 1910, Robert Delaunay, Amedeo Modigliani et Marc Chagall en 1912, Chaim Soutine… mais aussi le poète Blaise Cendrars. Il y reste deux ans, de 1908 à 1910. Cité d’artistes au nom évocateur, qui témoigne de l’effervescence y régnant alors, elle forme en plein cœur du 15e arrondissement un foyer artistique multiculturel, accueillant des artistes de différentes nationalités. La Ruche est donc un lieu d’échanges artistiques où les traditions d’Europe de l’Est rencontrent les avant-gardes parisiennes. Maurice MENDJIZKY pouvait ainsi se nourrir des recherches de ses voisins et amis, tout en conservant son propre univers personnel. LE QUARTIER DE MONTPARNASSE : MENDJIZKY, UN MONTPARNOS NOTOIRE Montparnasse remplace Montmartre dans le cœur des artistes. En effet, alors que la spéculation immobilière va bon train à Montmartre, des anciens locaux aménageables et des remises à chevaux se libèrent pour des loyers très bas autour du Carrefour Delambre. Les ateliers d’artistes se multiplient rue de la Campagne Première, rue de la Grande Chaumière, ou rue Boissonnade. Parmi les artistes qui habitent ou fréquentent le quartier, il y a notamment Georges Braque, installé rue du Douanier-Rousseau, dans une maison-atelier qu’il a fait construire sur les plans d’Auguste Perret. Mais aussi Le douanier Rousseau, Antoine Bourdelle, Ossip Zadkine, Moïse Kisling, Marc Chagall, Fernand Léger, Jacques Lipchitz, Max Jacob, Blaise Cendrars, Chaïm Soutine…A cette époque Maurice MENDJIZKY habite avec Kiki au 17 rue de Perceval, ensuite avec sa famille au 21 rue Rousselet, et puis jusqu’en 1940 rue de Sèvres. Cette communauté artistique attire les collectionneurs, curieux de découvrir la bohême. Pendant vingt ans, sous le manteau ou sous les tables des terrasses de La Rotonde, du Dôme, et de la Coupole, ils achètent et vendent des tableaux de Derain, des tableaux d’Utrillo, de Modigliani ou de Picasso. Voisin de la Rotonde, le Café Vavin, attire également les artistes durant cette période de renouveau. Il change de nom et se fait appelé le Café du Parnasse. C’est alors le seul de Montparnasse à exposer des tableaux. Le vernissage de la première exposition, organisée par Auguste Clergé et Serge Romoff, a lieu le 8 avril 1921. Quarante-sept jeunes peintres et sculpteurs y exposent. Parmi eux, le Tout-Montparnasse : Natalie Gontcharova, Nina Hamnet, Pinchus Krémègne, Le Scouezec, Maurice Mendjizky, Ortiz de Zarate, Morgan Russel, Soutine… Les organisateurs veulent créer un contact direct entre les jeunes artistes et le public. André Salmon soutient cette initiative et affirme que « leur exposition est l’une des plus attirantes à Paris en ce moment. » Maurice Mendjizky, dont le premier marchand a été Léopold Zborowski, celui qui a lancé Modigliani, a donc fait partie de ce formidable essor artistique qui éclot dans le quartier de Montparnasse au tout début du XXe siècle. Nu de Kiki au drapé rouge 1921 Huile sur toile - 92 x 60 cm Musée Mendjisky-Écoles de Paris Les Missions du Musée Les statuts du Fonds de Dotation ont été déposés à la Préfecture de Police de Paris le 21 août 2012 et promulgués au Journal Officiel de la République Française le 8 septembre 2012. Le Fonds a reçu le numéro d’agrément 1358. Le Fonds de Dotation est en premier lieu un conservatoire des oeuvres de Maurice MENDJIZKY qui s’enrichira au fil des acquisitions et des donations. Le Fonds de Dotation s’inscrit dans une mission d’intérêt général et s’engage pour une durée indéterminée à : . Contribuer à la recherche Conserver & Enrichir Constituer les catalogues sur la 1ère et 2ème école de Paris les collections du Musée raisonnés de Maurice et Serge Mendjisky Le Fonds Mendjisky-Ecoles de Paris envisage également de publier des travaux de recherche sur les deux Ecoles de Paris. Dans ce cadre, le Musée Mendjisky-Ecoles de Paris accueille des expositions, conférences et colloques contribuant à la divulgation et à la vulgarisation des connaissances. Promouvoir la création contemporaine & les métiers d’Arts Doté d’un vaste espace d’exposition, le Fonds de Dotation qui a choisi de s’implanter dans un lieu chargé d’histoire à l’identité forte, fonctionne aussi comme un lieu d’animation et de création, ouvert à toutes formes d’art dans l’esprit de l’ART TOTAL pratiqué par Louis Barillet et Robert MalletStevens. Soutenez nos actions et réduisez vos impôts En devenant mécène du Musée Mendjisky-Ecoles de Paris, vous vous associez à un projet historique de valorisation de la création artistique française Le Musée Mendjisky-Ecoles de Paris sollicite des partenariats et le soutien des mécènes afin de développer ses missions. Sous la forme de mécénat en nature et de compétence : Avantages ACCOMPAGNEZ NOTRE DEMARCHE DE PROMOTION Organisation ENCOURAGEZ NOTRE POLITIQUE DE PUBLICATION des visites privées Apposition de votre logo sur nos outils de communication © Vincent Kowalski PARRAINEZ UN EVENEMENT EDUCATIF SOUTENEZ UNE EXPOSITION © Vincent Kowalski Exemples de déductions fiscales pour votre don Déductible à 66 % Particulier, vous bénéficiez d’une déduction fiscale de 66 % du montant de votre don dans la limite de 20 % de vos revenus imposables. Vous pouvez reporter pendant cinq ans le montant de l’excédent. Vous donnez 100 € 500 € 1 000 € 3 000 € Vous déduisez de votre impôt sur le revenu 66 € 330 € 660 € 1 980 € Coût réel pour vous 34 € 170 € 340 € 1 020 € Déductible à 60 % Société commerciale, vous bénéficiez d’une déduction fiscale de 60 % du montant de votre don dans la limite de 5 pour mille de votre chiffre d’affaires hors-taxes. Au-delà de 5 pour mille, ou en cas d’exercice déficitaire, l’excédent est reportable sur les quatre exercices suivants dans la limite de 5 pour mille (article 238 bis 1° du CGI). Vous donnez 100 € 500 € 1 000 € 3 000 € Vous déduisez des charges de votre société 60 € 300 € 600 € 1 800 € Coût réel pour votre société 40 € 200 € 400 € 1 200 € Vous pouvez effectuer votre don au Musée Mendjisky-Ecoles de Paris : Paris Par chèque à l’ordre de FMEP à nous renvoyer au 15 Square de Vergennes 75015 Par virement bancaire sur le compte de FMEP IBAN FR76 1027 8060 1500 0204 2710 149 Votre reçu fiscal vous sera adressé en retour dans les plus brefs délais. Privatisation Le Musée Mendjisky-Écoles de Paris offre un cadre unique à qui souhaite organiser réception, conférence, cocktail, petit-déjeuner, concert, projection de film documentaire, ou soirée de gala à la carte, qu’il est possible de compléter par une visite privée des collections permanentes, ou des expositions temporaires assurées par un guide conférencier. Accueillis dans des conditions privilégiées, vos invités pourront ainsi partir à la découverte du Musée sous un angle inédit, dans le cadre d’une expérience rare et inoubliable. Organisation d’évnements culturels et professionnels Mise à disposition de nos locaux pour vos soirées privées Organisation de visites privées © Vincent Kowalski © Vincent Kowalski Revue de presse RETROSPECTIVE MAURICE MENDJIZKY (1890-1951) Du 11 avril- 30 juillet 2014 « Comme ses amis déplacés, migrants venus de l’Est, il joue son destin entre le carrefour Vavin et la Ruche, dont il est l’un des premiers occupants. Ce qu’il vit dépasse son attente. Il devient un des espoirs les plus sûrs de la peinture. Son réalisme s’épanouit dans le charme et non dans l’angoisse qui le rattrapera dans les années douloureuses de la seconde guerre mondiale ; elle lui inspirera des dessins bouleversants témoignant de son humanisme ». Lydia HARAMBOURG, La Gazette Drouot - L’hebdo des ventes aux enchères, 27 juin 2014 « Un lieu magique pour un artiste oublié… C’est la première institution en France dédiée aux deux Ecoles de Paris, l’une désignant les artistes étrangers qui gagnèrent Montparnasse entre 1905 et 1939 pour y inventer la modernité, l’autre regroupant les peintres abstraits et figuratifs de l’aprèsguerre » Françoise-Aline BLAIN, Beaux-Arts Magazine, mai 2014 « Ses œuvres évoquent tout ce que l’on aime de la peinture de ces années-là : sensualité, foisonnement, couleurs chaudes, audace colorisitique… Il fait partie de ceux, nombreux, tombés amoureux de Kiki, qu’il a peinte souvent ; de splendides nus débordant d’érotisme ». Catherine SCHWAAB, Paris-Match, avril 2014 “Premier amour de Kiki de Montparnasse, Maurice réalisa paysages, figures et nus, nourri par toutes les avant-gardes (fauvisme, cubisme…). Du ghetto de Varsovie et de la guerre, il laisse une poignante série de dessins ». Valeurs actuelles, juin 2014 « Picasso, Chagall, Modigliani… chances are that Maurice Mendjizky isn’t the next name in that lineage that comes to mind when thinking about the two Schools of Paris. Mendjizky was part of this ecletic artistic circle and now a new museum is setting out to him a place in art history”. Artnet news, avril 2014 « C’est la salle du dernier étage qui impressionne le plus et qui permet à cet artiste de sortir des sentiers battus. Tableaux et dessins y rendent hommage aux combattants martyrs du ghetto de Varsovie… Loin de tomber dans le misérabilisme, ces tableaux sont d’une grande force et représentent des gens dignes, courageux et qui restent solidaires dans l’épreuve. Ces tableaux permettent d’appréhender les différentes émotions qui ont pu traverser ces hommes et ces femmes dans la souffrance. Pas que louables du fait de leur intention, ils sont également très beaux, originaux et parfaitement exécutés ». Culture J, 19 mai 2014