Les Clés du spectacle
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Les Clés du spectacle
Les Clés BADKE DE Koen Augustijnen, Rosalba Torres Guerrero & Hildegard De Vuyst DAN SE UR S Samaa Wakim, Ashtar Muallem, Fadi Zumora, Maali Hamdan, Mohammed Smahneh, Samir Smahneh, Atta Khattab, Yazan Iwidat, Salma Ataya, AVEC Farah Saleh Zina Zarour (regie-assistente), Sam Sarruys (soundtrack), Britt Angé (kostuums/costumes), Ralf Nonn (lichtontwerp/conception lumière/lighting design) PRO DU CTION KVS, les ballets C de la B & A.M. Qattan Foundation CO PRO D UCTION Zürcher Theater Spektakel, les Théâtres de la Ville de Luxembourg EN BREF ‘Badke’ est une inversion de dabke, la danse folklorique palestinienne. Le spectacle s’inspire de la variante populaire: la dabke-du-peuple sociale et festive. Dans Badke, dix jeunes performers palestiniens puisent dans la tradition palestinienne locale de la danse. Comment traduisent-ils la ‘dabke’ dans le contexte d’aujourd’hui ? Comment cette danse devient-elle davantage l’expression du désir légitime d’appartenir quelque part ? Avec l’injection d’éléments de la culture populaire mondiale (de la danse) et l’énergie indomptable de la nouvelle génération d’artistes palestiniens, c’est l’ambiance et le feu d’artifice assuré. Mais sous la surface, le bât blesse. Badke est la quête d’une dabke qui ne permet pas seulement au désir palestinien singulier ‘d’appartenance à un lieu’ de s’exprimer, mais aussi à celui de faire partie d’un monde, là, dehors. DABKE Une dabke (en arabe, cela signifie ‘taper du pied’) est une danse folklorique du Levant (du Moyen Orient à la Méditerranée; Israël, Jordanie, Liban, Territoires palestiniens, Irak et Syrie) dans laquelle les danseurs et les danseuses se tiennent par la main et frappent très fort le sol de leurs pieds. La dabke existe sous deux formes, qui varient selon les régions. Mais on peut dire pour schématiser qu’il existe deux grands courants. D’une part, la dabke qui est une danse-du-peuple sociale, populaire lors des mariages et autres festivités. C’est une danse effrénée, exubérante, puissante qui laisse libre cours à l’improvisation. D’autre part, la dabke ‘académique’ qui exige de l’entraînement et sillonne le monde en tant que bannière des ambitions nationales palestiniennes. Celle-ci est une version stylisée, épurée de la première, elle s’inspire souvent des souffrances des Palestiniens et des symboles d’expulsion et d’exil. En savoir p lus? Livr e Raising Dust, a Cultural History of Dance in Palestine by Nicolas Rowe, publié en 2010 par I.B.Tauris & Co, 6 Salem Road, London W24BU www.ibtauris.com Il y a dʼinnombrables vidéos de dabke sur internet. BADK E , UN E D ABK E SIN G ULIERE Le titre de ce spectacle est une inversion intentionnelle de dabke. Sur scène, dix performers palestiniens issus de disciplines différentes: dabke traditionnelle, danse contemporaine, hip-hop, capoeira ou cirque. C’est une version contemporaine de la variante populaire qu’ils dansent dans “Badke”, une explosion de joie, une expression très énergique et physique qui parle de reliance, de la confirmation d’appartenir quelque part. La singularité de ce spectacle est la corporalité collective, élément que l’on ne rencontre guère dans la danse contemporaine qui met l’accent sur l’individualité et la réflexion. “Badke” n’est donc pas la reproduction d’une danse folklorique nostalgique mais la forme vitale d’un désir collectif ‘d’appartenir à un lieu’, qui s’inscrit dans un contexte globalisé, et qui traduit donc aussi le désir de faire partie du monde extérieur. Quel degré d’influences contemporaines la dabke peut-elle supporter ? Peut-on donner une autre tournure à cette danse folklorique quasi sacrée ? Dans quelle mesure la tradition est-elle flexible ? Et comment mettre en question la danse folklorique sans faire fuir le peuple ? Les 12 Palestiniens sur scène ont abordé la dabke à leur façon et vous montrent leur version. LA PALESTINE Si l’histoire et l’actualité palestiniennes imprègnent le spectacle, naturellement, il n’est pas nécessaire de connaître toute la situation politique pour ‘comprendre’ le spectacle. Il peut être utile de transmettre quelques thèmes qui reviennent dans le spectacle ; Solid ari té La dabke est une danse de groupe. Dans ‘Badke’, la solidarité explose dans chaque mouvement. Mais elle est double ; sous l’occupation, la solidarité est souvent contrainte. En Palestine aussi. Il faut montrer qu’on fait partie du bon groupe, avoir les ‘mauvais’ amis est considéré comme une trahison. Un Palestinien habitant à Jérusalem (il y a beaucoup de Palestiniens qui habitent en Israël) qui transporte un habitant de Cisjordanie dans sa voiture risque la saisie. Pour ne donner qu’un exemple. La solidarité en question est donc très contrôlée et fermée. ‘Badke’ s’insurge contre cela; ici, ceux qui dansent la Dabke sont des Palestiniens de différentes nationalités (de Gaza, de Cisjordanie, d’Israël,...). Le plaisir et la joie de vivre qui explose à chaque instant invite le spectateur à se joindre aux danseurs. Tous les spectateurs. Quelles que soient ses origines, sa nationalité ou son identité. Individ u ali té Dans une société occupée, le contrôle social régnant a un souvent des effets désastreux sur les aspirations individuelles; la profession de danseur est à peine plus valorisée que celle des prostitués (qui brillent par leur absence!). Les écoles de danse ou d’autres disciplines artistiques sont rares. Les écoles qui existent sont très conservatrices. La dabke enseignée dans ces écoles est la dabke ‘académique’, qui laisse peu de place à la recherche et au développement personnels. Fê te A première vue, ‘Badke’ est une grande fête. Et pourtant, cette autre réalité transperce le spectacle, la réalité de l’occupation, comme des rafales froides qui s’engouffrent dans une habitation mal isolée. Sans parler de la violence qui fait partie du quotidien. La fête semble une forme de résistance; Nous ne nous laissons pas faire, par personne. Nous dansons jusqu’à nous effondrer. En savoir p lus? sur la politique et la culture: un site internet Electronic Intifada: http://electronicintifada.net sur le Moyen-Orient au sens large: quelques auteurs - Robert Fisk, journaliste des affaires étrangères pour The Independent et auteur de "La grande guerre pour la civilisation" - Noam Chomsky, linguiste américain - Edward Saïd, grand intellectuel palestinien. sur une solution au conflit israélo-palestinien: - un article paru dans le journal du KVS http://www.kvs.be/UserFiles/KVS_Express_febjuni_lr.pdf (pg 24-25) - ou un livre d’Ali Abunimah (initiateur de l’Electronic Intifada): “The One State Solution” LE KVS EN PALESTINE Que peut donc bien fabriquer un Théâtre Royal Flamand bruxellois en Palestine? Nous venons d’invoquer le manque criant dans les Territoires Occupés – dont la Palestine – de formations artistiques. En Palestine (tout comme au Congo, d’où également l’existence du Trajet-Congo du KVS), il n’existe aucune formation pour le théâtre et la danse. Les troupes de théâtre et de danse existantes sont des ONG qui dépendent financièrement de donateurs étrangers et de leurs visées. En outre, en règle générale, l’art doit servir la politique. Le besoin d’une expression autonome n’en est pas moins grand, bien au contraire. L’explosion de productions vidéo (e.a. de films) contemporaines à laquelle on assiste aujourd’hui en Palestine en témoigne. Le trajet Palestine du KVS veut – avec de nombreux partenaires internationaux ! – mettre à la disposition d’artistes individuels de la scène des outils leur permettant d’élargir leurs horizons artistiques et d’aboutir à leurs propres créations. Parmi ces outils, citons des échanges avec d’autres artistes, des ateliers internationaux et sur le long terme de théâtre et de danse, des rencontres,... Les participants sont des artistes débutants issus de n’importe quel contexte, qui peuvent être, à l’avenir, le moteur de ‘spectacles’, en tant qu’auteur, dramaturge, metteur en scène, chorégraphe, acteur, danseur ou designer. Il est important de souligner que ce projet n’est pas uniquement un projet du KVS. C’est une collaboration étroite entre des organisations belges (le KVS, les Ballets C de la B, ...) et la Qattan Foundation à Ramallah; une fondation privée qui investit dans la culture et dans l’enseignement dans les Territoires Palestiniens Occupés (sous la dir. de Mahmoud Abu Hashhash, chef du Culture and Arts departement) et le mentor palestinien du projet: François Abu Salem, ancien directeur artistique d’El Hakawati (un théâtre palestinien). Ces organisations se sont unies depuis 2007 pour un trajet d’ateliers, multidisciplinaires et à long terme, avec de jeunes Palestiniens, artistes prometteurs de la scène. Ce trajet a été baptisé Performing Arts Summer School (PASS). Ce qui a déjà permis à différents jeunes Palestiniens de recevoir une formation professionnelle: Ahmad Tubassi en tant qu’acteur avec Nordic Black à Oslo, Khaled Barghouti en tant que danseur à la Haute Ecole Artesis à Anvers, Rimah Jabr en tant que créateur au Rits à Bruxelles et Dalia Taha en tant qu’auteur de théâtre au département théâtre de la Brown University. En savoir p lus? sur les activités du KVS en/avec la Palestine: www.kvs.be/palestina eye on palestine www.qattanfoundation.org LES CHOREGRAPHES & LES DANSEURS Chorégraphes Koe n A ugu stij ne n a été pendant de nombreuses années un des chorégraphes des ballets C de la B lorsque c’était encore un collectif. Il y a fait ses débuts en tant que performer dans les créations d’Alain Platel, et crée ses propres œuvres depuis plus de 15 ans. Parmi ses créations récentes figure le solo « Gudirr Gudirr » avec la danseuse aborigène Dalisa Pigram. Dans un futur proche, il va travailler avec l’ensemble de danse d’Oldenburg. Ros alb a Tor res Gu er re ro est danseuse avec à son actif presque 9 années avec Rosas, la compagnie d’Anne Teresa De Keersmaeker ; ensuite, elle a travaillé 7 ans avec Alain Platel aux ballets C de la B. En 2012, elle a créé sa première œuvre mêlant danse et vidéo ; « Pénombre ». Elle vient de travailler à l’opéra « Lulu » avec Warlikowski et elle a joué en allemand, dans une mise en scène de Karin Beier de la Schauspielhaus Hamburg, d’étroites collaborations vouées à se poursuivre. Hildeg ard De V uy st est depuis 12 ans membre du noyau artistique du KVS, depuis 1995 elle est dramaturge d’Alain Platel et initiatrice et coordinatrice de PASS, le ‘trajetPalestine’ du KVS. Danseurs Fadi Z mo rr od , 32 ans, co-fondateur et entraîneur à l’Ecole du Cirque Palestinienne, il a suivi une formation à l’Ecole du Cirque Vertigo à Turin (Italie), ses spécialités sont le mât chinois et la roue Cyr. Il a un laissez-passer et une carte d’identité bleue (Jérusalem). Asht ar Mu’ alle m, 23 ans, a fait ses débuts au Ashtar Theater à Ramallah et dans la danse, avec les YWCA à Jérusalem avant de rejoindre l’Ecole du Cirque Palestinienne et de se perfectionner avec les tissus aériens au Centre National des Arts du Cirque en France. Elle a un passeport israélien. Far ah Sale h, 28 ans, membre de Sarriyet Ramallah, a étudié en Italie, elle a absorbé toute sorte d’informations sur la danse, a fait des stages avec les ballets C de la B pendant la création de « Out of Context », elle a reçu une bourse pour la Cité Internationale à Paris, où elle a pu se plonger entre autres dans la méthode Feldenkreiss. Elle a signé sa première création avec Sarriyet Ramallah: « Ordinary Madness ». Elle est sur le point d’obtenir un passeport italien. Yaz an E widat, 22 ans, membre de Sarriyet Ramallah, il aime aussi ‘jouer’ avec le Cirque de Palestine, danse la dabke et la danse contemporaine, mais ce qu’il voudrait par dessus tout, c’est suivre une formation d’acteur physique. Il a un passeport palestinien et une carte d’identité verte (Cisjordanie). Salma A tt ay a, 22 ans, membre de Sarriyet Ramallah, elle a fait ses débuts comme danseur de dabke et apprend actuellement surtout des techniques de danse contemporaine; elle est particulièrement fascinée par la release technique. Elle a un passeport palestinien et une carte d’identité verte. Att a K hat t ab, 24 ans, membre d’El Funoun, le groupe de dabke établi à Ramallah et qui jouit d’une réputation internationale. Atta est un fanatique pur et dur de dabke, mais il est prêt à repousser ses propres limites. Il a un passeport palestinien et une carte d’identité verte. Mo hammad Samahnah, 22 ans, est autodidacte et exceptionnellement talentueux; il ne méprise rien, dabke ou hip-hop, popping ou locking. Il a un passeport palestinien et une carte d’identité verte. Same r Samahnah, 30 ans, est le frère aîné de Mohammad, et un ardent défenseur du hip-hop dans ses quartiers généraux; le Camp Askar près de Naplouse, en tant que possibilité d’expression de/pour les jeunes qui ont moins de chances dans la vie. Il a un passeport palestinien et une carte d’identité verte. Maali Maali, 24 ans, est cofondateur et entraîneur d’un groupe de danse à Ramallah, axé sur de la danse très spectaculaire et acrobatique, avec des influences de la capoeira, du parcours et du kung-fu. Il a un passeport jordanien et une carte d’identité verte. Se maa W ak ee m, 26 ans, est la seule danseuse ‘professionnelle’; elle a bénéficié d’une formation de danse en tant qu’habitante palestinienne à Israël. Elle a suivi la danse classique et moderne dans une école de danse dans un kibboutz avant de se convertir au théâtre. Elle suit des cours de théâtre à l’université d’Haïfa. Elle est aussi membre de Shiberhurr, la compagnie de théâtre du metteur en scène palestinien Amir Nizar Zuabi à Haïfa. Elle a un passeport israélien.