Intramuros Juillet 2013
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Intramuros Juillet 2013
EXPOSITIONs 38>45 Le réversible concept et méthode Après la superbe performance participative à Venise autour de la bague réalisée pour Steinmetz Diamond en Israël, le Musée du Design de Holon dont Ron Arad est l’architecte lui dédie une exposition. “In reverse” parle autant de sa méthode d’observation que de la cohérence de son parcours. D 42 “Tinker Chair” (1988) “Pressed Flower Navy White” (2013) “Pressed Flower Red” (2013) “Fake Stamped Genuine” (2013) © Ron Arad Associates L ’exposition “In Reverse” au Design Museum de Holon, installation Roddy Giacosa et Fiat Wood Mould & Pressed. © Ron Arad Associates e toute évidence, il ne s’agit pas de design ou d’architecture dans cette exposition où les compressions de six Fiat 500 sont accrochées aux murs du premier étage comme des tableaux. Pourtant ces immortalisations en tôle colorée renvoient directement à sa méthode de travail : un objet trouvé inséré dans une structure lui octroyant une nouvelle fonction et dont le processus peut être inversé pour comprendre sa raison d’être originale. Le designer avoue une affection particulière pour cette voiture dont le même modèle a longtemps été garé dans son studio. Ecrasée et perpétuée pour trôner sur les murs de son musée à Holon, proche de sa ville natale, Tel Aviv. L’idée de ses compressions évoque la très poétique mise sous pression des fleurs pour obtenir des fragrances (le catalogue en est parsemé). Il l’a exercée sur différents objets de la vie quotidienne depuis le milieu des années 1980. Une succession de pièces historiques relèvent de la logique déployée. Au premier étage, elles contournent la salle principale comme une sorte d’arrière-scène où s’est préparé le spectacle. Ce qui se dévoile ici est l’opiniâtreté d’un parcours commencé dans la boutique “One off” de Camden où il avait produit l’un de ses premiers sièges, la “Rover chair” (1981) issue de “la rencontre fortuite d’un vieux siège de Rover abandonnée et d’une structure adaptée”. Ce premier fauteuil a été depuis revisité dans différents matériaux. Déclinaison du même type avec un caddie et une poubelle, la bicyclette “Two nuns”, la pancarte en acier faisant figure d’invitation à la fête du nouvel “One off” à Covent Gardens... Des pièces uniques, des fauteuils surdimensionnés, des formes baroques en tôle d’acier sont présentés dans l’enceinte du musée dont il est l’auteur et dont l’enveloppe est une feuille découpée et enroulée comme des rubans de Corten®. En parallèle, des petits films ponctuent l’exposition en lieu et place des cartels, une série de vidéos rembobinées montrent la symétrie entre construction et déconstruction. En réponse à la critique qui lui avait été faite lors de sa rétrospective au Centre Pompidou sur son travail qualifié de “ruiniste”, il a précisé qu’il s’agissait bien de l’inverse. Il n’est pas dans une volonté de détruire mais dans une volonté de montrer le processus de transformation. Son travail est une réflexion sur la composition de la forme dans la matière et de la décomposition de la matière dans la forme. La réversibilité de ce processus se complexifie aujourd’hui avec l’évolution des moyens de production, notamment par la simulation digitale qui rend virtuelle la construction et la déconstruction des volumes. Une construction murale “Drop” montre les allées et venues de la désintégration d’une Fiat 500 dont les parties tombées comme les pièces d’un Mikado sont réinterprétées dans une impression digitale en matière plastique. Rien de “destructeur” ni de “ruiniste” : Ron Arad décortique et reconfigure pour arrêter le regard sur l’évolution permanente des transformations et vice et versa. L’architecte a voulu cette exposition comme l’expression symptomatique de sa démarche créative mais ne pense pas que le musée soit le bon endroit pour y exposer du mobilier produit en série. Celui-là, il l’a installé sur le parvis, dans le café et en vente dans la boutique du musée. Liliana Albertazzi “Wrinkly Fish” (1991) “Ron Arad: In reverse”, Design Museum Holon, jusqu’au 19 octobre 2013. www.dmh.org EXPOSITIONs 38>45 REVERSIBILITY: CONCEPT AND METHOD After his superb performance in Venice where he showed a ring he designed for Steinmetz Diamond, Arad is being honored with an exhibition dedicated to him by the Holon Design Museum in Israel, which he built. “In Reverse” talks about both his observation method and the coherence of his career. “Let’s Drop It, Ok ?” 2013 “Drop” (2013) oversized armchairs, and baroque shapes in sheet metal are shown inside the museum whose envelope is a cut leaf that coils like strips of Corten® steel. In lieu of labels, short films punctuate the exhibition: a series of videos show the symmetry between construction and deconstruction. Responding to the criticism he received for his retrospective exhibition at the Centre Pompidou because of the “ruinistic” style of his work, he stressed that this was the reverse process. He does not want to destroy; he wants to show the transformation process. His work is a study on the composition of form within matter and the decomposition of matter within form. Today, the reversibility of this process is made more complex with the increase of means of production, namely through digital simulation, where constructing and deconstructing volumes become a virtual process. “Drop”, a mural piece shows the back-and-forth disintegration of a Fiat 500 where its parts drop like the pieces of a Pick-up Sticks game and are reinterpreted as plastic digital imprints. There is nothing “destructive” or “ruinistic” here: Ron Arad dissects and reconfigures the object to attract attention on the perpetual evolution of transformations and vice versa. The architect wanted this exhibition to be the symptomatic expression of his creative approach but he does not think that the Museum is the right place to show mass-produced furniture. So he installed his furniture on the museum forecourt, inside the café, and at the museum store for sale. “Ron Arad: In reverse”, Design Museum Holon, through October 19, 2013. www.dmh.org © Ron Arad Associates © Ron Arad Associates “Roddy Giacosa” (2013) Obviously, design and architecture are not part of this exhibition where six crushed Fiat 500s hang on the walls of the first floor of the museum like paintings. However, these immortalized constructions in colored metal speak of his modus operandi: by inserting a found object into a wall, he gives it a new function. Its fabrication process can then be reversed to explain its original purpose. Ron Arad admits to being particularly fond of the Fiat 500. He kept one at his studio for a long time. The cars are flattened and immortalized before hanging majestically on the walls of his museum in Holon, near his native city of Tel Aviv. He has shown the coherence of his method and approach throughout his career. The idea of his crushed cars evokes the very poetic process of pressing flowers to collect their fragrance (the catalog is scattered with them) and has been used on various everyday objects since the mid-80s. A series of historic pieces are arranged in a logical way. On the first floor, they are displayed in rooms around the main exhibition hall like a sort of background stage where the show was put together. What the exhibition reveals is the tenacity he has displayed in his career, which started at the One Off store in Camden. There he produced one of his first chairs, Rover Chair (1981), which was “born out of the fortuitous encounter between an abandoned Rover seat and a suitable frame.” That first armchair has since been produced with other materials. Another variation of the same type is the “Two nuns” bicycle made with a shopping cart and a trashcan, and finally, there is the metal placard used as an invitation card to the opening of the new One Off studio in Covent Gardens. One-off pieces, 44