Déclaration de principe sur la conciliation travail
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Déclaration de principe sur la conciliation travail
7 Vol. 42 no 5 Mai 2010 Le Journal 3 Santé mentale et justice Le dévoilement d’un rapport attendu www.barreau.qc.ca/journal Poste-publication canadienne : 40013642 Droit alimentaire La fin de la faim ? Rollande Parent Le droit à une nourriture suffisante et adéquate a beau avoir été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies il y a près d’un demi-siècle, ce droit paraît menacé comme jamais. Des contrepoids se mettent heureusement en place. Une décision d’un tribunal en Inde pourrait faire des petits. Accord de libre circulation du Québec Mobilité permanente pour les avocats québécois à titre de conseillers juridiques 16 Programme SAGE Le droit familial plus accessible La fin de la faim ? pages 1, 8 et 9 À l’heure des négociations sur la libéralisation du commerce en agriculture, menées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les États membres sont nombreux à oublier les engagements pris à l’égard de leur population pour leur assurer une nourriture suffisante, adéquate, de bonne qualité et répondant à leurs goûts. En revanche, de nombreux groupes de pression veillent au grain en appelant les gouvernants à faire preuve de cohérence dans leurs engagements; des chercheurs collectent des données susceptibles d’influer sur les rapports de force en cours de négociation; des populations sont soutenues dans leurs demandes aux tribunaux de faire respecter leur droit à l’alimentation; les Nations Unies ont même déclenché une enquête spéciale visant à s’assurer que le droit à l’alimentation ne sera pas mis en péril par les ententes à venir à l’OMC. À cela s’ajoutent les propos tenus par le président français, Nicolas Sarkozy, dans son discours d’ouverture du Forum économique mondial, de Davos, en janvier 2010. Il a insisté sur la nécessité pour les États membres de l’OMC de voir au respect des droits autres que commerciaux. « L’avancée décisive à mes yeux serait de mettre le droit de l’environnement, le droit du travail, le droit à la santé à égalité avec le droit du commerce. La communauté internationale ne peut pas continuer à être schizophrène. Oui, nous sommes schizophrènes ! NOUS PRENONS LE RELAIS ÉLECTRONIQUE POUR VOUS 1.800.668.0668 www.netco.net SERVICES EXCLUSIFS AUX AVOCATS Nous renions à l’OMC ou au Fonds monétaire international ce que nous décidons à l’Organisation mondiale de la santé ou à l’Organisation internationale du Travail », a-t-il dit. Directrice des affaires juridiques à l’Union des producteurs agricoles (UPA), Me Johanne Brodeur partage les vues du président Sarkozy. « De la main gauche, les États ont signé la Déclaration des droits de l’homme et la Déclaration du millénaire des Nations Unies pour combattre la pauvreté. Ils étaient au sommet de Rio où ils ont également signé des documents sur le développement durable. Cependant, ces mêmes États, quand ils sont à l’OMC, ne négocient qu’avec l’objectif économique en se mettant des ornières pour ne pas voir leurs autres obligations. » Me Geneviève Parent, professeure de droit de l’agroalimentaire et de la sécurité alimentaire à l’Université Laval, renchérit : « La cohérence devient importante si on veut éviter que cette logique de marché prenne le dessus, devienne la grille de lecture de tous les autres droits internationaux. On a décidé de protéger les droits des travailleurs et les droits des enfants, on ne peut arriver à l’OMC et faire semblant que cela n’existe pas. » // SUITE PAGES 8 ET 9 2 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Santé mentale et justice Le dévoilement d’un rapport attendu Philippe Samson, avocat Au milieu des années 1990, Simon Marshall, un jeune homme de Québec présentant une déficience intellectuelle, était condamné au pénitencier après avoir admis qu’il avait commis une série d’agressions sexuelles. Cinq ans plus tard, il était relâché à la suite de nouveaux éléments d’enquête démontrant qu’il avait en fait été faussement incriminé. Qui plus est, plusieurs de ces procédures ne présentent aucun processus d’appel ou de révision de dossier malgré la gravité des sanctions employées. avocat en droit civil et membre du Groupe de travail, « on ne retrouve à travers tout le Québec qu’un nombre limité d’avocats se spécialisant en santé mentale. Cette situation doit cesser puisque, autrement, les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale risquent de voir violer leur droit fondamental à un avocat ». C’est à la suite de cette regrettable erreur judiciaire que le Barreau décide alors de mettre sur pied le Groupe de travail sur la santé mentale et justice afin d’étudier le traitement que réserve le système judiciaire aux personnes ayant des troubles mentaux ou présentant une déficience intellectuelle. Leur plan de travail s’articulait autour des axes suivants : l’accessibilité à la justice de ces personnes vulnérables, le traitement que leur réserve le système de justice et enfin le rôle du Barreau du Québec quant à la formation et au soutien à accorder aux avocats qui représentent cette clientèle. Finalement, après quatre années complètes de travaux dans ce sens, le Groupe de travail a dévoilé en mars dernier son rapport final faisant état de dix-sept recommandations concernant le traitement judiciaire réservé à ces personnes tant en droit criminel qu’en droit civil. Afin de parer à ces difficultés, le Groupe de travail en arrive à la conclusion qu’il faut simplifier et uniformiser le droit ainsi que réduire et respecter les délais applicables. Déjà, en droit criminel, le Groupe de travail recommande aux tribunaux d’appliquer de façon plus rigoureuse le principe de l’article 672.14 du Code criminel à savoir que l'ordonnance de détermination de l'aptitude de l'accusé à subir son procès ne devrait que rarement dépasser le délai de cinq (5) jours et faire en sorte que l’accusé soit ramené dès que possible une fois l’évaluation terminée. Le Groupe de travail renchérit en insistant aussi sur la mise en liberté pour l'évaluation de l'état mental, privilégiant ainsi l’évaluation effectuée à l'externe ou en milieu hospitalier. Enfin, pour toute déclaration extrajudiciaire lors d’interrogatoires par les policiers, l’utilisation systématique de l’enregistrement vidéo est préconisée. Pour corriger cette situation, le Groupe de travail recommande dans son rapport de modifier l’article 394 du Code de procédure civile afin de faire de la représentation par avocat la règle et non l’exception : « Ce serait un remède extrêmement efficace pour assurer la sécurité et l’intégrité des personnes vulnérables », opine Me Ménard. Vers une justice mieux adaptée Par ailleurs, simplifier le droit applicable aux personnes vulnérables pourrait aussi certainement contribuer à faciliter la représentation de cette clientèle spécifique. En effet, en santé mentale, une myriade de recours juridiques distincts coexistent avec des règles particulières pour chacun d’entre eux. Ce manque important d’uniformité dans les procédures judiciaires peut entraîner plusieurs conséquences négatives : longues périodes de détention ou d’hospitalisation et fragmentation de la même affaire devant plusieurs tribunaux en sont deux exemples. Aussi, comme le souligne le bâtonnier du Québec, M e Pierre Chagnon, « la multiplicité des juridictions fait en sorte que les différents intervenants judiciaires n’ont pas un portrait global de la personne vulnérable ». Le droit fondamental à l’avocat En premier lieu, nul doute que le droit d’être représenté adéquatement doit demeurer inviolable dans toutes ses composantes tant pour les personnes souffrant de troubles mentaux que pour celles présentant une déficience intellectuelle. Or, selon le Groupe de travail, le cadre juridique actuel n’est pas organisé de façon à en assurer le respect, et ce, particulièrement en droit civil. En effet, le Groupe de travail déplore le fait que les personnes vulnérables aient de la difficulté à se faire informer des droits se rattachant à leur condition ou carrément à être représentées par un avocat lors de poursuites. Selon M e Jean-Pierre Ménard, De plus, en droit civil, le Groupe de travail recommande d’instaurer une procédure uniformisée où les différents processus, dont la garde en établissement, l’autorisation de traitement et les régimes de protection, seront guidés par des principes et procédures similaires afin d’uniformiser le traitement qui est accordé à la personne ayant des troubles mentaux ou présentant une déficience intellectuelle. Par ailleurs, le Groupe de travail déplore, en droit civil, l’absence d’un mécanisme de révision/réévaluation qui tiendrait compte de l’évolution de la situation de la personne même si l’ordonnance rendue par le juge prévoit initialement une durée fixe. « Il importe, comme officiers de justice, que dans chacune de nos interventions, nous gardions à l’esprit tant le respect de la loi que celui de la personne humaine. Le respect de la dignité et le respect des droits humains doivent aller de pair », souligne le bâtonnier du Québec. Enfin, le Groupe de travail recommande tant en matières civiles que criminelles de ne jamais utiliser la procédure de vidéoconférence lorsqu’il est question de l’évaluation de l’état mental d’une personne vulnérable ou de sa dangerosité pour elle-même et pour autrui. Photo : Sylvain Légaré Photo : Sylvain Légaré // SUITE PAGE 5 Me Jean-Pierre Ménard, membre du Groupe de travail Le Journal Barreau du Québec Me Lucie Joncas, membre du Groupe de travail 3 Mai 2010 Parmi nous Me Normand Boucher Me Michel Corbeil Me Simon St-Laurent Me Lyne Burelle Me François Grenier Me Tommy Tremblay Me Katherine Poirier Me Nicole Sirois Me Guylaine Dionne Me Richard Bourgault Me Marie-Ève Côté Me François Blanchette Me Neil Katz Mai 2010 Nominations à la Cour Cour du Québec M. Jean-Louis Lemay a été nommé juge à la Cour du Québec, à Québec, à la Chambre criminelle et pénale. M. Gatien Fournier a été nommé juge à la Cour du Québec, à Gatineau, à la Chambre civile et à la Chambre criminelle et pénale. Gatien Fournier Me Julie Sidara-Charron *** *** Me Neil Katz s’est joint au groupe des services financiers du bureau es de Montréal du cabinet Blakes à titre M Olivier Moreau (2009) et Isabelle Fortier (2009) se sont joints au bureau de Québec de la Direction du d’associé. contentieux de Revenu Québec après y avoir fait leur stage. M e Julie Sidara-Charron (2009) s'est jointe, quant à elle, au bureau de Montréal. Ils exerceront en matière de litige, tant civil que pénal. *** *** Me Janylaine Lacasse (2003) s’est jointe à l’équipe de l’étude Chantal, D’Amour, Fortier, le 6 avril dernier. Elle œuvre principalement en droit des affaires, droit commercial ainsi qu’en litige commercial et possède une expertise particulière en droit des franchises, tant corporatif qu’au stade d’un litige devant les tribunaux. Elle est aussi agente de marques de commerce agréée. Jean-Louis Lemay *** Me Johanne Muzzo (1996) vient de fonder son cabinet d’agent de marques de commerce, Guy & Muzzo senc. Elle est autorisée à pratiquer auprès de l’Office de la propriété intellectuelle du Canada et le United States Patent and Trademark Office. *** Me Dominique-Anne Roy (1996) s’est jointe, à titre d’associée, au groupe de droit du travail du cabinet Beauvais Truchon s.e.n.c. Me Sophie Tardif (2008) a quant à elle joint le groupe de litige civil et commercial à titre d’avocate. Me Janylaine Lacasse Me Johanne Muzzo *** Me Diane Sabourin (1977) revient du Cambodge où, pour une deuxième fois, elle a enseigné aux futurs avocats de ce pays d’Asie la négociation/médiation/arbitrage. En sus de sa pratique d’arbitre, elle continue d’enseigner à l’Université de Sherbrooke, campus Longueuil, l’arbitrage en droit. Me Isabelle Fortier Me Felipe Morales *** Me Felipe Morales (1995) a été admis, le 17 février dernier, comme associé de LA BARRA MEXICANA COLEGIO DE ABOGADOS, le plus prestigieux Barreau mexicain, devenant ainsi le premier membre à avoir été formé au Québec. Me Olivier Moreau Me Christine Kark *** Me Christine Kark (2001), avocate et médiatrice accréditée, a mis sur pied son propre cabinet à Montréal. Elle concentre sa pratique dans le domaine du litige civil et commercial. Me Diane Sabourin Me Mathieu Bouchard *** M e Johanne Doyon a reçu un prix Reconnaissance UQAM 2010 pour son implication dans la cause d’Adil Charkaoui ainsi que son engagement et sa détermination dans la défense des libertés civiles. 4 Me Anne Caron Me Louis Fortier Me Jean-François Lépine Me Jacques Laurent *** *** Me Marc Champagne s’est joint à l’étude La Roche Me Daniel Jutras assumera les fonctions de doyen de Rouleau & Associés, de Montréal, où il s’occupera la Faculté de droit de l’Université McGill pour un principalement des dossiers de responsabilité civile et premier mandat de six ans. professionnelle, de même que des matières disciplinaires. *** e M Jacques Laurent a été nommé *** *** président de la Fondation du Centre Me Luc Harvey a vu son mandat renouvelé en tant que M e Michel Corbeil (1982) a été Jacques Cartier, dont la mission est de régisseur et président de la Régie du logement du Québec. nommé directeur, services-conseils soutenir et d’appuyer le Centre Jacques de Groupe GVM, une agence de *** Cartier ainsi que les Entretiens Jacques communication intégrée en marketing, Cartier qui se tiennent annuellement recherche et création, en affaires soit à Lyon, soit à Montréal. publiques et en communication environnementale. *** M e Normand Boucher (2001), de *** la Direction générale des affaires M e Louis Fortier (1995), juristejuridiques et législatives du ministère traducteur, a été élu pour un de la Justice, a récemment joint mandat de deux ans au conseil Mes Jean-François Lépine (1987) et Thibault Cadro l’équipe de juristes de la Direction d’administration de la Société (2007) se sont joints au cabinet Lamarre-Linteau & des affaires juridiques du ministère historique d’Odanak, qui administre Montcalm. Me Lépine continuera à exercer principalement du Revenu du Québec. le Musée des Abénakis, le premier en responsabilité civile, professionnelle et assurance musée autochtone au Québec. alors que Me Cadro concentrera sa pratique en litige *** civil et commercial. e Anne Caron s’est jointe au cabinet M *** Langlois Kronström Desjardins à *** Me Lyne Burelle (l983) a été nommée e titre de chargée de projet – gestion M Richard Bourgault a été nommé secrétaire de l’entreprise chez Gaz du savoir. Elle aura comme mission juge administratif à temps plein Métro, où elle a occupé diverses de mettre en place un système, des au Tribunal administratif du Québec. fonctions au sein des Services des processus et des politiques de gestion Le 17 février 2010, le Conseil des affaires juridiques et du secrétariat du savoir, de partage des connaissances ministres l'a désigné membre avocat corporatif. et de contrôle de la qualité. affecté à la Section des affaires sociales *** à Québec. Il est entré en fonction le Me Simon St-Laurent s’est joint au 1er mars dernier. *** cabinet Simard Boivin Lemieux, *** Me Guylaine Dionne, avocate depuis s.e.n.c.r.l. après y avoir effectué son Me Nicole Sirois (1987), qui se joint 1989 au Centre communautaire stage. Me St-Laurent exerce en affaires au Service de traduction de Borden juridique de l’Outaouais, a été nommée commerciales et corporatives, droit Ladner Gervais s.r.l., s.e.n.c.r.l., a directrice du bureau de Gatineau, public et administratif et en litige civil reçu la toute première bourse le 10 février dernier. et commercial au bureau d’Alma. d’excellence en traduction juridique Gabriel-Kucharski décernée par *** l’Université de Montréal. e François Grenier a été admis à M *** l’American College of Trial Lawyers le *** e 6 mars dernier. Sa pratique est axée sur M François Blanchette (1991) a les litiges relatifs à tous les domaines récemment été nommé juriste expert de la propriété intellectuelle et il est au Service des poursuites pénales reconnu par ses pairs dans le domaine du Canada à Montréal. Il pratique des litiges de brevets et de marques. en criminalité organisée et en enquêtes fédérales. *** M e Marie-Ève Côté (2000) à été Le bureau montréalais de BLG accueille deux nouveaux nommée à titre d’associée du cabinet *** associés : M es Katherine Poirier (2003) et Tommy ROBIC. Elle exerce dans le groupe Me Mathieu Bouchard (2002) a été Tremblay (2000). Me Poirier pratique dans le domaine du droit des affaires du cabinet depuis nommé au sein du partenariat droit du travail et de l’emploi, de l’immigration, de la santé dix ans. de Irving Mitchell Kalichman. Il s’est et de la sécurité au travail, du droit administratif ainsi e Tremblay qu’en matière de fraude commerciale. M joint à IMK en janvier 2007. pratique au sein du département de Litige commercial. Me Thibault Cadro *** Les mandats des régisseurs à la Régie du logement du Québec, Mes Christine Bissonnette, Linda Boucher, Claire Courtemanche, Luce de Palma, Marc Lavigne, Pierre Thérien et Eric Luc Moffatt ont été renouvelés. *** Le Journal Barreau du Québec Santé mentale et justice Le dévoilement d’un rapport attendu SUITE DE LA PAGE 3 malgré les comportements ou propos inhabituels qu’ils peuvent parfois tenir. Aller dans ce sens contribuerait à diminuer la stigmatisation, à susciter l’intérêt des membres face à ces défis particuliers et, ultimement, à pouvoir développer un plus grand bassin d’avocats disposés à travailler avec cette clientèle ». Améliorer la formation sous deux angles En attendant des gestes concrets de la part du législateur pour simplifier le droit applicable aux personnes vulnérables, il est d’autant plus important de veiller à mieux former les avocats sur tous les différents régimes qui le composent. Il revient alors au Barreau de revoir comment améliorer l’offre de services juridique à l’égard des personnes vulnérables. Déjà, un volume hors série supplémentaire exclusivement dédié à la santé mentale a été développé et fait maintenant partie de la collection de droit dans ce sens. Photo : Paul Labelle Cependant, concernant la formation continue, le Groupe de travail suggère de la développer davantage dans le domaine de la santé mentale, et ce, non seulement pour une meilleure connaissance du droit applicable, mais aussi dans une optique de meilleure compréhension des maladies et déficiences existantes. En effet, comme l’explique Me Lucie Joncas, criminaliste et membre du Groupe de travail, « les avocats doivent être plus sensibilisés à la maladie elle-même et aux symptômes qui peuvent être apparents afin de mieux comprendre leurs clients et ainsi être plus à l’aise en leur compagnie La collaboration de plusieurs intervenants Dans le cadre des travaux du Groupe de travail, plusieurs intervenants clés du milieu, tels que les ministères concernés, les corps policiers, la magistrature, les avocats et les organismes communautaires, ont été consultés. S’en est suivi alors un important échange d’expériences et de documentation afin de mieux comprendre les réalités et préoccupations propres à chacun de ces milieux respectifs. En définitive, le Barreau du Québec partage ces constats et ces recommandations avec l’ensemble des intervenants et souhaite mobiliser le milieu autour de ces enjeux et des solutions avancées. Le bâtonnier du Québec, Me Pierre Chagnon Un dévoilement médiatisé du rapport TABLE DES MATIÈRES Barreau de Montréal ........................................................14 Barreaux de section ...............................................12 et 13 Cause phare .......................................................................35 Dans les associations .......................................................51 Déontologie .............................................................18 et 19 D’une couverture à l’autre ..............................................32 Photo : Sylvain Légaré Jeune Barreau ....................................................................36 Le 24 mars dernier, dans le cadre d’une conférence de presse tenue à la Maison du Barreau, le Groupe de travail sur la santé mentale et justice du Barreau du Québec rendait publiques ses recommandations finales entérinées par les instances du Barreau du Québec. Étaient présents le bâtonnier du Québec, Me Pierre Chagnon, accompagné de Me Lucie Joncas, criminaliste, et de Me Jean-Pierre Ménard, civiliste, tous deux membres du Groupe de travail. Ensemble, ils ont su faire état aux médias de l’importance de ce rapport qui, par ailleurs, s’étaient présentés en grand nombre pour l’occasion. Pour cause, ce rapport fait suite à l’affaire Marshall, fortement médiatisée au milieu des années 1990, où un jeune homme atteint d’une déficience intellectuelle avait été erronément condamné pour des crimes qu’il n’avait pas commis. De surcroît, comme l’a rappelé Me Joncas, ce rapport rejoint un grand nombre de Québécois puisque « environ une personne sur six serait atteinte d’une maladie mentale à un moment ou autre dans sa vie et que c’est justement lors des périodes de crise que les interactions avec le système de justice sont le plus susceptibles de se produire ». À noter qu'une dizaine d'OSBL œuvrant en santé mentale et déficience intellectuelle étaient présentes lors de la conférence, qui a suscité de nombreuses retombées médiatiques, soient 44 mentions à travers les médias. Le droit tous azimuts .......................................................15 Le latin juridique.................................................................6 Opinion de Me Hébert .....................................................10 Parmi nous............................................................................4 Propos du bâtonnier...........................................................6 Petites annonces ...............................................................54 JuriCarrière................................................................40 à 42 Lois et règlements..................................................38 et 39 Taux d’intérêt ....................................................................53 BIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHE MACAIJCONCERTOCAIJTOP CAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAI CONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJT POCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMAC IJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJ IBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHE MACAIJCONCERTOCAIJTOPO AIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJC NCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJTOP AIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJC NCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBL CAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHE MACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJ IBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCER OCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJTOPOCAIJJ RIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCE TOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCA THEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHE MACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIB TROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOC JTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJTOPOCAIJJURIB ROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCA TOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEM CAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHE MACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROC IJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTO CAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJBIBLIOCAIJTHEMACAIJCONCERTOCAIJTOPOCAIJJURIBISTROCAIJTOPOCAIJJURIBISTRO Le Journal Barreau du Québec 5 Mai 2010 Propos du bâtonnier Le changement… dans la continuité Nous vivons dans une société en mouvance, en mutations, dont les perpétuelles évolutions interpellent le Barreau et ses membres. De tout temps, les avocats et les avocates s’investissent dans le façonnement de nos sociétés et contribuent au dialogue avec le législateur en tant que gardiens de nos valeurs fondamentales. Et aujourd’hui, alors que le droit est plus que jamais au fondement même des relations des individus, entre eux et avec l’État, il est essentiel que nous assumions pleinement nos responsabilités. C’est ce qu’on pourrait appeler le volet préventif de notre mission de protection du public. Le Barreau et son bâtonnier interviennent régulièrement, notamment devant les commissions parlementaires, pour rappeler au législateur les principes de base auxquels les Québécois et les Québécoises sont attachés. Dans le cadre de ce partenariat, le Barreau fait part de ses hésitations et suggestions, de ses encouragements et oppositions à un nombre de plus en plus important de projets de loi. Au cours de ce bâtonnat, c’est avec fierté que je suis intervenu, notamment, pour que soient respectés les principes de justice pénale pour les jeunes contrevenants; pour que les principes de développement durables adoptés par le législateur soient reflétés dans les autres lois qui concernent l’exploitation des ressources naturelles; pour préserver les principes liés à la discrétion judiciaire; pour que soit adoptée une politique en matière d’itinérance; pour renforcer l’indépendance du Commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale; pour que soit mis en place un système juste de représentation des accusés dans le cadre des mégaprocès; pour que soient encadrées les banques de données génétiques; pour que l’on mette fin à l’immunité accordée aux propriétaires de véhicules hors-route. Plusieurs autres projets ont suscité des prises de position de la part de votre bâtonnier, que ce soit sur les questions de santé mentale et justice, en matière d’immigration, d’adoption ou de droit des compagnies. Chaque année, ce sont approximativement une quarantaine de projets de loi qui justifient des commentaires détaillés. À elle seule, la réforme du Code de procédure civile devrait mobiliser plusieurs comités consultatifs et s'inscrire au nombre des projets prioritaires du Barreau. Comme toute réforme en profondeur, celle-ci suscite de nombreuses interrogations. Plusieurs appréhendent les effets que cette réforme pourrait avoir sur leur pratique quotidienne. D’autres craignent que les changements ne soient pas à la hauteur de leurs attentes. En ce domaine comme en plusieurs autres, la résistance au changement ne peut pas être une solution. C’est un combat d’arrière-garde qui n’a plus sa raison d’être : accompagnons le changement, mettons à profit notre expérience concrète Me Pierre Chagnon pour déterminer les enjeux, usons de notre capacité d’influence pour promouvoir J’estime qu’il est de notre devoir de mettre la crédibilité du Barreau au service des les solutions les mieux adaptées aux problématiques décelées, bref, soyons principes fondamentaux qui sont au cœur des choix collectifs que nous avons faits des partenaires. en tant que société libre et démocratique : sécurité juridique, respect de la Cette attitude qui a été la mienne tout au long de ce bâtonnat, a aussi été celle de présomption d'innocence, égalité des hommes et des femmes, lutte contre la mes prédécesseurs et je ne doute pas que mes successeurs la fasse leur. Vouloir être discrimination, etc. Ces choix qui sont les nôtres et qui nous définissent, nous nous partenaire ne veut pas dire qu’on s’impose l’obligation d’être d’accord, mais plutôt devons de les rappeler et de les ramener au sein de nos débats. qu’on s’engage à être franc et aussi transparent que possible. Le bâtonnier du Québec, Me Pierre Chagnon 6 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Accord de libre circulation du Québec Mobilité permanente pour les avocats québécois à titre de conseillers juridiques Sylvie Champagne, avocate Les barreaux canadiens ont posé un geste significatif lors de la cérémonie de signature de l’Accord de libre circulation du Québec1, le 19 mars dernier à Toronto, dans le cadre d’une rencontre semestrielle de la Fédération des professionnels de juristes du Canada. Les barreaux canadiens sont dorénavant prêts à recevoir les avocats québécois à titre de conseillers juridiques canadiens sur leur territoire sans autre formalité. Quelles activités le titulaire d’un permis de conseiller juridique canadien peut-il exercer ? Donner des consultations et des avis d'ordre juridique portant sur le droit de la province ou du territoire du Canada où il est légalement autorisé à exercer la profession d'avocat et sur les matières de compétence fédérale; préparer et rédiger un avis, une requête, une procédure et tout autre document de même nature destiné L’Accord de libre circulation du Québec étend la portée à servir dans une affaire devant les tribunaux, mais de l’ALCN en facilitant la libre circulation réciproque uniquement sur les matières de compétence fédérale; permanente entre les provinces et territoires de donner des consultations et des avis d'ordre juridique compétence relevant de la common law et la province portant sur le droit international public; plaider de Québec qui relève du droit civil. L’Accord de libre ou agir devant tout tribunal, mais uniquement sur circulation du Québec établit le cadre selon lequel les les matières de compétence fédérale. membres du Barreau du Québec sont reconnus à titre de « conseillers juridiques canadiens » dans les Comme il s’agit d’un permis permanent, le titulaire de ce permis doit, pour pouvoir exercer les activités provinces et territoires canadiens de common law. prévues à son permis, maintenir son statut de membre Le permis de conseiller juridique canadien en règle auprès de son barreau d’origine. Le titulaire d’un permis de conseiller juridique canadien devient membre du barreau canadien où il souhaite Adoption prochaine exercer sa profession, et ce, sans autre formalité que Afin de mettre en œuvre l’Accord de libre circulation d’être un membre en plein exercice avec un statut du Québec, chaque barreau doit adopter prochainement régulier. Il ne doit pas passer d’examen de transfert ni les règlements nécessaires. Ce processus est déjà être assujetti à un contrôle des compétences. en cours dans plusieurs provinces et territoires, et les avocats québécois pourront bénéficier de cet accord Le titulaire d’un permis de conseiller juridique canadien avant la fin de l’année 2010. est cependant assujetti aux mêmes devoirs et obligations que les autres membres du barreau d’accueil. Ainsi, il doit notamment respecter le Code de déontologie des avocats et détenir une assurance responsabilité professionnelle dont la couverture est restreinte aux activités autorisées au permis spécial. Le Barreau du Québec est heureux de cette initiative, lui qui en 2002 avait déjà clairement indiqué son intention de favoriser la mobilité des avocats québécois au Canada en signant notamment l’Accord de libre circulation nationale (ALCN) qui visait à faciliter la libre circulation temporaire et permanente des avocats entre les provinces canadiennes. Retour sur l’histoire de la mobilité des avocats au Canada En décembre 2002, la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve signent l’accord de libre circulation nationale (ALCN). Cet accord vise à faciliter la libre circulation temporaire et permanente des avocats entre les provinces canadiennes. Comme il s’agit d’un accord volontaire et réciproque, seuls les avocats habilités à exercer le droit dans une province signataire ayant entériné l’ALCN dans sa législation ou réglementation peuvent se prévaloir des avantages de cet accord. À la fin de l’année 2006, tous les barreaux de common law, autres que les trois territoires, ont signé et mis en œuvre l’ALCN. Pour donner suite à la signature de l’ALCN, le Barreau du Québec propose des modifications à la Loi sur le Barreau pour mettre en œuvre l’ALCN dans sa législation. Or, en 2006, le gouvernement du Québec choisit plutôt de modifier le Code des professions par l’entremise du projet de loi 14. Ce projet de loi vise à faciliter la mobilité de tous les professionnels au Québec. Toutefois, les ordres professionnels doivent adopter un règlement. Le 26 juin 2008, le nouveau Règlement sur la délivrance des permis spéciaux du Barreau du Québec entre en vigueur. Il s’agit du premier règlement d’un ordre professionnel adopté en vertu de l’article 94 r) du Code des professions afin de délivrer des permis spéciaux2. À partir de cette date, le Barreau du Québec délivre des permis spéciaux de conseillers juridiques canadiens aux avocats canadiens qui souhaitent venir exercer au Québec. Première rangée, de gauche à droite : Shirley Walsh, présidente du Barreau des Territoires du Nord-Ouest, Jeff Hirsch, président de la Société du Barreau du Manitoba, Kim McNeill, présidente de la Law Society of Prince Edward Island, Irene Muzychka, présidente de la Law Society of Newfoundland and Labrador, Ronald J. Creighton, c.r., président de la Nova Scotia Barristers Society. Deuxième rangée dans le même ordre : Glenn Ridgeway président de la Law Society of British Columbia, Eileen Libbey, présidente de la Law Society of Saskatchewan, David Ames, c.r., président du Barreau du Nouveau-Brunswick, Rod Jerke, c.r. de la Law Society of Alberta, John Campion, président de la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, M e Pierre Chagnon, bâtonnier du Québec, W.A. Derry Millar, trésorier du Barreau du Haut-Canada, Susanne Boucher, présidente du Barreau du Nunavut et Susan Dennehy, présidente du Barreau du Yukon. Le Journal Barreau du Québec Les membres du groupe de travail qui ont préparé l’Accord de libre circulation du Québec : Frederica Wilson, directrice, Politiques et affaires publiques à la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, Sophia Sperdakos, conseillère en politiques, Secrétariat des politiques du Barreau du Haut-Canada, Me Sylvie Champage, secrétaire de l'Ordre, Barreau du Québec, John Campion, président de la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, Me Pierre Chagnon, bâtonnier du Québec, M e Jacques Houle, directeur général du Barreau du Québec, Jonathan Herman, premier dirigeant de la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada. 1 2 Vu que l’ALCN est un accord réciproque, le Barreau du Québec demande aux barreaux canadiens d’amender leur réglementation afin de pouvoir délivrer le même type de permis aux avocats québécois qui en feront la demande. Un comité de la Fédération des professionnels de juristes du Canada est mis sur pied à ce sujet. Une initiative est en cours afin d’accorder des droits de mobilité similaires aux membres de la Chambre des notaires du Québec. En juin 2006, le Projet de loi 14 a modifié le Code des professions pour donner de nouveaux pouvoirs aux ordres professionnels en matière de délivrance de permis, voir notamment les nouveaux articles 42.1 et 42.2 du Code des professions. 7 Mai 2010 Droit alimentaire La fin de la faim ? SUITE DE LA PAGE 1 Des entraves nécessaires Le Canada et la sécurité alimentaire Me Brodeur considère qu’un pays pourrait défendre avec succès devant l’OMC Le droit à une nourriture suffisante et d’être à l’abri de la faim se retrouve en toutes une entrave au commerce s’il démontre que c’est nécessaire à la sécurité alimentaire. lettres dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels adopté en 1966 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Canada Cela aurait bien pu se produire lors de la crise alimentaire de 2008-2009 en Argentine y a adhéré en 1976. De plus, grâce à l’Organisation des Nations Unies pour la faim et au Mexique, appelée « crise de la tortilla » en raison de la pénurie de farine de maïs et l’alimentation (FAO), ce droit a évolué lors du sommet mondial de l’alimentation dans ces deux pays. Les Américains y ont acheté des tonnes de maïs pour faire en 1996. Le concept de sécurité alimentaire s’articule depuis lors ainsi : la sécurité de l’éthanol faisant ainsi hausser le prix pour ce produit. Du coup, les Argentins et alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique les Mexicains ont eu du mal à s’approvisionner pour se nourrir. Les gouvernements et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de l’Argentine et du Mexique ont finalement opté pour l’imposition de droits de douane de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour à l’exportation du maïs pour garantir la sécurité alimentaire de la population. mener une vie saine et active. Les divers groupes de pression soucieux de protéger Cet épisode a eu le mérite de mettre en lumière le rôle joué, notamment, par les sociétés les populations les plus vulnérables au plan alimentaire s’appuient là-dessus acheteuses de produits de base (comme le maïs ou le manioc) afin de les transformer. en enjoignant les États à faire preuve de cohérence dans leurs négociations au sein D’ailleurs, l’auteur du rapport commandé par le Conseil des droits de l’homme des de l’OMC et en leur rappelant leurs engagements nationaux en matière de droits Nations Unies, Olivier de Schutter, a fait valoir que les sociétés agroalimentaires économiques, sociaux et culturels. devaient atténuer les conséquences néfastes de leurs activités sur le droit à « Le Canada a un plan d’action sur la sécurité alimentaire depuis 1996. Il y a donc l’alimentation. Surtout que la grande majorité de ceux qui ont faim dans le monde moyen de faire avancer les choses au profit des populations plus vulnérables, actuellement font aussi partie de la filière alimentaire. « En effet, les petits producteurs là où la sécurité alimentaire n’est pas acquise, comme c’est le cas pour les Inuits indépendants de denrées et les travailleurs agricoles salariés employés dans les fermes du Nord du Québec », de soutenir Me Parent. représentent plus de la moitié du milliard de personnes qui souffrent de la faim aujourd’hui », assène-t-il. Me Dominic Roux, professeur en droit du travail à l’Université Une annexe à exploiter Laval, souligne à ce propos que la part la plus importante du travail des enfants se situe Une annexe de l’Accord sur l’agriculture de l’OMC est porteuse d’espoir. Il y est dans le secteur agricole. écrit que des produits agricoles très importants pour assurer la sécurité alimentaire dans certains pays ne peuvent être libéralisés au même titre que les autres produits. Prenons le manioc, une plante alimentaire de base cultivée en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Me Parent considère que si ces pays sont bien conseillés, ils pourront protéger ce produit en refusant de libéraliser leur marché. Est-il possible de poursuivre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la base du milliard de personnes affamées dans le monde ? e M Johanne Brodeur, directrice des affaires juridiques de l’Union des producteurs agricoles répond : « L’OMC n’est pas un État, mais un regroupement d’États membres qui sont les décideurs. En droits humains, le responsable du respect du droit est l’État. Est-ce qu’on peut rendre les États membres de l’OMC responsables et les poursuivre pour non-respect du droit à l’alimentation ? La réponse est oui. On peut le faire. Dans le préambule du traité de l’OMC, il y a des obligations que les États doivent respecter. Nous avons de bonnes raisons de croire que les États n’ont pas respecté toutes ces obligations, notamment celle de travailler en partenariat avec les instances internationales. L’OMC travaille beaucoup en vase clos et ne regarde que l’aspect économique. C’est sa vocation, mais elle a aussi l’obligation de respecter les États membres qui siègent. Et ceux-ci ont signé la Déclaration des droits de l’homme et la Déclaration du millénaire pour combattre la pauvreté, des documents sur le développement durable au Sommet de Rio. » 8 Mai 2010 Pour ce qui est du Canada, Me Parent considère que le système de gestion de l’offre qui a cours dans l’industrie laitière se doit d’être conservé. Parce qu’il assure aux consommateurs un lait de meilleure qualité que celui qu’ils achèteraient aux États-Unis, à un prix plus bas. « On est assuré d’un lait d’une excellente qualité à prix raisonnable qui assure aux producteurs un revenu raisonnable. Tout le monde y gagne. On ne produit que pour la demande. Il n’y a pas de gaspillage. Ce système respecte tout à fait le principe de développement durable. » Mais comment faire pour résister aux forces contraires ? Être présent à l’OMC, dans les forums publics, mettre de la pression sur les gouvernements présents aux discussions. Des batailles à mener Une décision d’un tribunal en Inde peut permettre de croire que le droit à la nourriture est en voie de gagner du terrain. Jean Ziggler, rapporteur spécial des Nations Unies, mentionne dans un texte portant sur le droit à la nourriture qu’en 2001, à la Cour suprême de l’Inde, des ONG ont contraint de grands groupes publics et des gouvernements d’États à accepter la responsabilité de la malnutrition. Ce qui a fait dire à Margret Vidar du Bureau juridique de la FAO : « Les gens qui meurent de faim n’ont guère de moyens d’intenter un procès. Mais les ONG et d’autres organes peuvent utiliser la loi pour protéger les pauvres ». Elle ajoute : « La loi peut servir de passerelle entre ceux qui sont victimes de la faim et la nourriture dont ils ont besoin. » Il importe de savoir que le droit à la nourriture est énoncé dans les constitutions de plus de 20 pays, dont l’Inde. Le Journal Barreau du Québec Droit alimentaire Montréal a faim Rollande Parent Des Montréalais ne peuvent toujours pas acheter des fruits et légumes frais dans le coin où ils habitent malgré les efforts faits et le soutien financier fourni pour améliorer l’approvisionnement alimentaire santé. Dans certains secteurs de Montréal, il demeure impossible de trouver des points de vente accessibles à pied dans un rayon de 500 mètres, comme l’a démontré une étude menée par la Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, dont les résultats ont été rendus publics en 2006. L’étude a révélé que si tous les Montréalais se déplaçaient à pied, 40 % d’entre eux n’auraient pas accès à un approvisionnement adéquat en fruits et légumes frais. La situation s’est-elle améliorée ? « C’est sûr qu’il y a eu des améliorations ponctuelles, surtout concentrées en été en raison d’un engouement pour les marchés publics », soutient Lise Bertrand, auteure de la recherche. Une étude qui sera menée en juin 2010 devrait établir si la situation a évolué. Des initiatives ciblées Devant les constats désolants faits en 2006, la Direction de santé publique de Montréal est allée au plus urgent en ciblant en priorité les secteurs pauvres les plus mal desservis en fruits et légumes frais. Cela fait, elle s’est tournée vers les tables de concertation des endroits retenus et les a invitées à proposer des projets susceptibles d’améliorer la situation de l’approvisionnement alimentaire santé. Une aide financière était disponible. C’est ainsi qu’ont vu le jour un total de 17 initiatives locales qui disposent chacune de 40 000 $ sur trois ans. D’autres actions sont en cours dans des secteurs de Pierrefonds, Rosemont, le Sud-ouest, Lasalle, Saint-Laurent, Saint-Léonard et Pointe-aux-Trembles. Des groupes ont choisi de développer l’agriculture urbaine, d’autres ont préféré acquérir des habiletés pour transformer les aliments, préparer des plats, les cuire. Ailleurs, à ville Saint-Laurent, plus particulièrement à Place Benoît où vivent de 3 000 à 4 000 personnes, on a opté pour la production en serre de fruits et légumes à l’année. À Pointe-Saint-Charles, des jardins collectifs sont sortis de terre. Des découvertes La recherche dirigée par Mme Bertrand a démontré qu’il n’y a pas de lien direct et systématique entre le niveau socio-économique d’une population et la qualité et la proximité de l’approvisionnement alimentaire. À Montréal, s’il y a des zones, des secteurs ou des poches de population mal desservis sur le plan de l’approvisionnement alimentaire, aucun quartier au complet n’est dans cette situation. Autre découverte, les milieux multiethniques sont généralement choyés. C’est le cas du quartier chinois où les magasins, qui ne sont pourtant pas de grandes surfaces, répondent très bien aux besoins alimentaires des Chinois. De même, Parc-Extension et Côte-des-Neiges sont des secteurs bien desservis en général bien qu’étant des secteurs pauvres. Ce qui fait dire à M me Bertrand que « les différentes communautés établies à Montréal ont apporté une culture de petits commerces qui donnent accès à des fruits et légumes frais. » Parmi celles-ci, un projet a été développé dans le secteur très enclavé de Guybourg (Mercier-Ouest) au profit des quelque 5 000 personnes qui ne disposent, dans un rayon d’un demi-kilomètre, que de deux dépanneurs pour leur approvisionnement alimentaire. Au-delà de cette distance, ces personnes doivent emprunter une automobile ou les transports en commun pour faire leurs emplettes. La solution trouvée : l’un des deux dépanneurs sur place offre dorénavant, de juin à octobre, des fruits et légumes frais que lui livre un producteur de la Rive-Sud. Il reste à la Direction de santé publique de Montréal d’évaluer si les consommateurs du secteur Guybourg achèteront les fruits et légumes frais maintenant offerts à distance de marche. En comparaison avec les villes américaines, M me Bertrand considère que Montréal a cette particularité européenne d’avoir passablement de fruiteries. Aux États-Unis, où les supermarchés sont la norme, il se trouve des secteurs qui en sont complètement dépourvus, faute d’espace pour en construire. On parle alors de « déserts alimentaires ». « Ça a bien marché l’an dernier, et on est là pour trois ans. Il reste toutefois à trouver une solution durable, pour tous les mois de l’année et d’être viable sans le financement public de 40 000 $ fourni par la Direction de santé publique Montréal », fait remarquer Mme Bertrand. Y a-t-il des déserts alimentaires à Montréal ? La réponse de Mme Bertrand est mitigée. « On n’a pas de désert alimentaire, car on a quand même des dépanneurs. Mais dans le secteur Guybourg, avec le type de dépanneurs qu’il y avait, on n’était pas loin du désert alimentaire du point de vue de la santé. » Le Canada en voie d’inspirer l’Europe Rollande Parent L’organisation de la mise en marché de certains produits agricoles au Canada, y compris au Québec, est un sujet d’intérêt en Europe. Petit tour d’horizon. Me Johanne Brodeur, directrice des affaires juridiques à l’Union des producteurs agricoles (UPA), n’en est pas du tout étonnée. Elle estime que les offices de mise en marché en place ont le mérite d’assurer à la population de partout au pays des aliments de qualité, en bonne quantité et à proximité des zones habitées. Expérimentation facilitée Une deuxième illustration du mérite du système canadien se trouve dans la latitude dont dispose un producteur de lait d’ici pour développer un fromage, par exemple. Quand il fait des essais, il utilise une certaine quantité de lait et vend le reste par l’entremise Elle fournit deux exemples du bon fonctionnement de de la Fédération des producteurs de lait. Il lui est donc ce système de gestion de l’offre, le premier étant relatif loisible de travailler à la mise au point d’un fromage tout en pouvant compter sur des revenus. aux œufs et le second, au lait. Un producteur privé, seul, ne pourrait ainsi jouer sur les deux tableaux, avoir cette latitude. Son acheteur de Quand le Canada a opté pour la fabrication au pays du lait l’aurait vite ramené à son obligation de lui fournir vaccin contre la grippe A (H1N1), le type de vaccin choisi une quantité établie de lait pour alimenter ses usines. ne nécessitait pas moins de 600 000 douzaines d’œufs. La portion du travail au cours de laquelle les œufs étaient utilisés se déroulait au Québec où il revenait aux producteurs de fournir les sept millions d’œufs requis. Des millions d’œufs québécois « Comme on travaille collectivement, on est capable d’accommoder un artisan en voie de diversifier sa production en faisant du fromage artisanal », fait valoir Me Brodeur. Ailleurs, il en va bien autrement. « Dans tous les autres marchés, y compris les marchés européens, les producteurs qui ont emprunté la voie des fromages artisanaux ont été souvent obligés d’acheter du lait d’autres producteurs de sorte que, souvent, leurs fromages n’étaient pas faits avec du lait de leur ferme. » La communauté européenne qui revoit actuellement son code alimentaire et agroalimentaire a chargé le groupe de chercheurs européens Lascaux d’examiner les modèles canadiens de gestion de l’offre et de mise en marché des produits agricoles. Cela s’est fait sans aucune répercussion négative pour les consommateurs québécois qui ne s’en sont même pas rendu compte. Aucune nécessité d’en importer, aucune rareté, aucune augmentation des prix. Pourquoi ? Parce que le système de mise en marché pancanadien, bien en place, a permis que l’approvisionnement se fasse en douceur et que le prix demeure le même. « Ailleurs au pays, les producteurs d’œufs ont rapidement augmenté leur production et dirigé celle-ci vers le Québec », signale Me Brodeur qui croit que la situation aurait été bien différente dans d’autres pays où il n’existe pas une telle organisation de la mise en marché des produits agricoles. Le Journal Barreau du Québec 9 Mai 2010 L’opinion de Me Hébert Torture des prisonniers afghans Qui peut contrôler le gouvernement Harper ? Me Jean-C. Hébert, avocat Du bon usage d’un juge retraité Fin joueur, le gouvernement tente d’esquiver les tirs croisés de l’opposition parlementaire en confiant à Frank Iacobucci le mandat de conseiller Rob Nicholson, ministre de la Justice et procureur général du Canada. À cette fin, le juge retraité devra examiner la teneur des documents litigieux et faire des recommandations quant à leur caractère préjudiciable aux intérêts du Canada sur le plan des relations internationales, de la défense ou de la sécurité nationale. Large à souhait, le mandat ne comporte aucune limite de temps. Dans un climat de haute tension parlementaire à Ottawa, le transfert par l’armée canadienne aux forces locales de prisonniers afghans met en relief l’anémie du contrôle de l’action gouvernementale. Fragilisé par son statut de parti minoritaire à la Chambre des communes, le gouvernement Harper subit la fronde parlementaire des partis d’opposition. Harcelé sur l’échiquier politique, le pouvoir exécutif fait le dos rond. En confiant à l’ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci le mandat d’examiner des documents requis par des parlementaires, le pouvoir exécutif repousse l’échéance. Cette manœuvre n’exclut toutefois pas l’hypothèse d’une intervention judiciaire. Cette voie de recours pourrait éventuellement se révéler plus dérangeante pour le gouvernement. Complicité de torture Rappelons pour mémoire que la convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre énonce que « aucune torture physique ou morale ni aucune contrainte ne pourra être exercée sur les prisonniers de guerre pour obtenir d'eux des renseignements de quelque sorte que ce soit 2 ». Un membre des forces canadiennes se rend coupable d’un acte criminel3 pour un acte de torture commis par un tiers afin d’obtenir des renseignements d’un prisonnier. Les militaires canadiens qui, en connaissance de cause, transfèrent des détenus aux Si l’appel des Canadiens aux urnes devait survenir forces afghanes engagent leur responsabilité pénale. avant que la besogne du conseiller indépendant ne soit terminée, selon que le ministre soit de bonne ou de Dans l’armée canadienne, un directeur des poursuites mauvaise foi, c’est tant pis ou tant mieux ! militaires est responsable du processus d’inculpation devant la Cour martiale. Il agit sur présentation des Le décret gouvernemental rappelle que « la sécurité dossiers d’enquête colligés par la police militaire. Celle-ci nationale et la conduite des relations internationales se gouverne en fonction du code de discipline militaire. constituent des responsabilités fondamentales du gouvernement du Canada ». Moraliste, l’administration Faute d’une directive gouvernementale prohibant affirme que « les gouvernements doivent protéger la expressément aux soldats canadiens en Afghanistan de confidentialité de certaines questions dans l’intérêt confier des prisonniers aux militaires afghans, il serait supérieur public, et ce, même dans les sociétés les plus étonnant que Peter McKay, ministre de la Défense, libres et les plus ouvertes ». prenne l’initiative d’incriminer son personnel pour des actes de complicité de torture. Son collègue Rob L’ancien juge Iacobucci a participé à l’opinion unanime Nicholson, procureur général, attend le rapport et anonyme de la Cour suprême dans le Renvoi relatif de Frank Iacobucci pour décider ce qu’il sait ou aurait à la sécession du Québec 1 . Dans une leçon sur la dû savoir. D’ici là, motus, bouche cousue ! démocratie, la haute Cour rappelait que le bon fonctionnement d’une démocratie exige un processus Face au déni gouvernemental bien charpenté, la permanent de discussion. La nécessité de bâtir une possibilité d’imputer une responsabilité pénale aux majorité passe par le processus de compromis, lequel grandes pointures de la chaîne de commandement, incluant le ministre de la Défense, relève de l’utopie. nécessite des négociations et des délibérations. Historiquement, dans les sociétés démocratiques, les juges ont toujours agi avec déférence et retenue envers le pouvoir exécutif, au motif que les gouvernements disposent d’informations privilégiées. D’une crise à l’autre, avec la complicité des services de renseignement, des gouvernements ont fabriqué des scénarios catastrophes pour justifier des interventions militaires. L’énorme mensonge de Georges W. Bush et de Tony Blair quant aux « armes de destruction massive » en Irak illustre bien la capacité de tromperie du pouvoir exécutif. Ces dernières années, les juges ont brisé le moule de la déférence envers l’exécutif et restauré l’importance des libertés civiles. Ainsi, pendant les années de plomb de l’administration Bush, la Cour suprême des États-Unis est montée aux barricades pour affirmer la primauté du pouvoir judiciaire face à la Maison Blanche et au Congrès américain. Exemple : le droit à l’habeas corpus fut reconnu à un prisonnier de Guantanamo5. La Cour rappela que ce recours extraordinaire est un instrument juridique indispensable pour garantir la séparation des pouvoirs. Le test pour déterminer la portée de ce recours ne doit pas faire l’objet de manipulation « by those power it is designed to restrain », d’affirmer la Cour. La Cour suprême de Grande-Bretagne (autrefois la Chambre des Lords) et la Cour d’appel d’Angleterre ont également rendu une série de jugements défavorables au gouvernement en matière de lutte au terrorisme. Au Canada, qu’il s’agisse des certificats de sécurité ou de l’interminable dossier d’Omar Khadr, le gouvernement Harper affiche une feuille de route Et, de poursuivre la Cour, la « Constitution instaure un Contrôle judiciaire cahoteuse. La Cour fédérale a également, dans gouvernement par des assemblées législatives Pendant que les élus s’escriment sur la colline quelques dossiers, rendu des jugements sévères envers démocratiquement élues et par un exécutif responsable parlementaire, rien n’empêche la Cour fédérale d’être l’administration fédérale. devant elles ». Cette manœuvre politique partisane saisie d’une procédure portant sur les dispositions contribue à rendre non-responsable devant l’assemblée législatives en vertu desquelles le gouvernement refuse Dans l’hypothèse d’une judiciarisation du débat relatif à la divulgation des documents reliés au transfert des parlementaire le gouvernement actuel. de divulguer les renseignements demandés par les prisonniers afghans, la méfiance des juges porte à parlementaires de l’opposition. croire que le gouvernement canadien pourrait NDLR : Au moment d’aller sous presse, le président de la connaître des moments difficiles dans l’enceinte d’une En matière de sécurité nationale, depuis les attentats Chambre des communes, Peter Milliken, a conclu que le terroristes de septembre 2001, les gouvernements salle de Cour. gouvernement canadien avait porté atteinte aux privilèges entretiennent un biais favorable aux lois et mesures parlementaires de l'opposition en refusant d'obtempérer à un ordre des Communes de livrer des documents non censurés sur répressives, au détriment des droits et libertés les détenus afghans. Il a donné un délai de deux semaines au fondamentaux. Selon Michael Ignatieff4 : « Le coût gouvernement et à l'opposition pour trouver un compromis politique rattaché à une réaction prudente dépasse 1 visant à permettre aux députés d'avoir accès à ces documents. [1998] 2 R.C.S. 217, par.68 largement celui lié à une réaction excessive ». À son 2 Article 17. Le Canada a ratifié cette convention entrée en vigueur en 1950. Par ailleurs, la nomination par le gouvernement du juge à la 3 avis, « puisque personne ne sait à l’avance quelle retraite Frank Iacobucci ne constitue pas un compromis, a jugé En vertu de l’article 269.1 du Code criminel, la peine maximale de prison Peter Milliken. stratégie convient le mieux pour dissuader une attaque 4 est de quatorze ans. The Lesser Evil : Political Ethics in an Age of Terror, Edinburgh UP, 2005, terroriste, le leader politique qui frappe fort – usant Source : www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/04/27/009p. 58 (traduction libre) d’opérations sécuritaires et de détention préventives – 5 Boumedienne; al Odah, 128 S. Ct. 2229 (2008) milliken-decision.shtml fait un pari plus sûr, au regard de son avenir politique, que celui qui adopte une stratégie précautionneuse consistant à ne pas causer de préjudice en premier ». Jean-Claude Hébert est professeur associé Cet article n’engage Le chef de l’opposition officielle ferait-il aujourd’hui au Département des sciences juridiques de l’UQAM que la responsabilité de son auteur. le même pari pour assurer son avenir politique ? jch@videotron.ca 10 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Élections 2010-2011 Bâtonnier et vice-président élus par acclamation Me Gilles Ouimet Me Louis Masson Le 31 mars 2010 à 16 h, à l'issue de la période de mise en candidature pour les fonctions de bâtonnier et de vice-président, un candidat était en lice pour chacun des postes. Par conséquent, Me Gilles Ouimet a été confirmé, par acclamation, au poste de bâtonnier du Québec pour 2010-2011. Me Louis Masson, Ad. E., a été élu, également par acclamation, vice-président du Barreau du Québec pour 2010-2011. Leur entrée en fonction aura lieu le samedi 5 juin, dans le cadre du Congrès annuel du Barreau du Québec, qui se déroulera les 3, 4 et 5 juin, à La Malbaie. Consultez le www.barreau.qc.ca/barreau/elections/index.html pour connaître les programmes des candidats. Le Journal Barreau du Québec 11 Mai 2010 Barreaux de section Arthabaska Formation de l'Association du Jeune Barreau Le Jeune Barreau d'Arthabaska invite les avocats de la section à participer à une formation accréditée visant à démystifier les règles de pratique, de procédure et de déontologie devant la Cour d’appel. Activité : Les avocates et avocats et la Cour d'appel (visite des lieux, décorum, requête pour permission d’en appeler, mémoire d’appel et argumentation, etc.) Animateurs : Les juges Jacques Dufresne, François Doyon, André Rochon et Marie-France Bich Date : jeudi 27 mai, de 13 h 30 à 16 h 30 Lieu : Cour d'appel, Édifice Ernest-Cormier, 100, rue Notre-Dame Est, Montréal Coût : 50 $ ou 30 $ pour les 10 ans et moins de pratique Bas-Saint-Laurent – Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine (suite) Laurentides-Lanaudière (suite) Atelier Retenez la date de la prochaine assemblée générale annuelle à votre agenda. Lors de cette journée, six heures de formation seront offertes aux avocats de la section. Date : vendredi 7 mai Lieu : Château Joliette Activité : Comment communiquer en situation de litige pour être compris ? Conférencier : Gilles Corriveau Date : vendredi 28 mai, de 14 h à 17 h Lieu : New Carlisle Info : www.barreau.qc.ca/formation L'assemblée générale annuelle Assemblée générale de l'Association du Jeune Barreau L'Association du Jeune Barreau des Laurentides-Lanaudière Activité : La Loi sur la faillite et l'insolvabilité et la Loi invite ses membres à son assemblée générale annuelle. sur les arrangements avec les créanciers des compagnies: Date : vendredi 7 mai, sur l'heure du midi Lieu : Château Joliette comment lire ces lois et s'y retrouver ? Conférencier : Me Michel Beauchamp Bénévoles recherchés Date : jeudi 10 juin, de 9 h à midi Le Jeune Barreau tiendra un kiosque d’information Lieu : Rimouski Bas-Saint-Laurent – Gaspésie lors de la Semaine de la justice le 10 mai prochain. Info : www.barreau.qc.ca/formation – Îles-de-la-Madeleine Des bénévoles sont recherchés pour répondre aux questions des citoyens. Formation en éthique et déontologie Info : Me Annie Savard, présidente bajstje@ccjll.qc.ca Activité : Le secret professionnel, les conflits d'intérêts Laurentides-Lanaudière et le devoir de loyauté Journée plein air dans les Laurentides Une entente avec les jeunes avocats Conférenciers : Me Thierry Usclat La bâtonnière Caroline Blache invite les avocats de la de Draguignan et le bâtonnier Francis Gervais La présidente sortante de l'Association du Jeune Barreau section à venir passer une journée, ou même le week-end, Date : vendredi 7 mai, de 14 h à 17 h Laurentides-Lanaudière (AJBLL), Me Martine Létourneau, dans les Laurentides à l’occasion de la Journée plein air Lieu : Rivière-du-Loup s'est rendue en France en avril dernier pour signer une du Barreau. Info : www.barreau.qc.ca/formation entente de jumelage avec l'Union des Jeunes Avocats Date : vendredi 9 juillet de Draguignan. Lieu : Club de golf Glendale, Mirabel Séminaire en propriété intellectuelle Tout comme le Barreau des Laurentides-Lanaudière qui Info : www.barreaudelaurentideslanaudiere.qc.ca Activité : Comprendre les éléments de base et conseiller entretient des liens privilégiés avec le Barreau de vos clients sans devenir un expert Draguignan depuis 1985, les associations des jeunes Conférencier : Me Nelson Landry avocats pourront favoriser les réflexions et les échanges sur des sujets d’intérêts communs. Dans un Date : lundi 17 mai, de 9 h à 17 h prochain avenir, ils auront la possibilité de faire des Lieu : Rimouski échanges sociaux par des visites organisées, de faire des associations entre des cabinets juridiques, Formation en droit des affaires d'organiser des formations professionnelles reconnues Activité : Les contrats usuels de l'entreprise e et éventuellement des stages. Conférenciers : M Sylvie Grégoire et Me Robert-Max Lebeau Date : mercredi 19 mai, de 9 h à 12 h Lieu : New Carlisle Info : www.barreau.qc.ca/formation 12 Mai 2010 Formation en faillite et insolvabilité Le Journal Barreau du Québec Barreaux de section Longueuil Saguenay – Lac-Saint-Jean (suite) Saint-François (suite) Le Barreau de Longueuil marche contre le cancer Séminaire en droit de la famille Formations droit de la famille Activité : Rédaction des conventions de séparation et Le comité L’avocat dans la communauté invite les de divorce e membres du Barreau de Longueuil à participer à une Conférencière : M Suzanne Amfousse marche contre le cancer ou encore à encourager leurs Date : vendredi 14 mai, de 9 h à 16 h 30 collègues en les commanditant. Des avocats de Lieu : Hôtel La Saguenéenne, salle Le Fjord, Chicoutimi Longueuil marcheront pour lutter contre le cancer lors Info : www.barreau.qc.ca/formation de l’événement « Le Relais pour la vie » de la Société Atelier canadienne du cancer. La lutte contre le cancer est une bataille de tout instant. Activité : Rédiger et implanter un code d'éthique incorporant les meilleures pratiques actuelles et à venir Vous pouvez encourager directement vos équipes du Conférenciers : le juge André Wéry, Me André Morin Barreau de Longueuil en vous rendant sur le site Web et Me Caroline Daniel de la Société canadienne du cancer. Date : jeudi 10 juin Date : vendredi 11 juin Lieu : Alma Lieu : Boucherville Info : info@barreaudelongueuil.qc.ca ou relais.cancer.ca Info : www.barreau.qc.ca/formation Omnium Justice XXV – Déjà 25 ans L’été s’en vient et c’est le temps de sortir ses bâtons de golf ! Inscrivez-vous dès aujourd’hui à l’Omnium Justice XXV. Le formulaire d’inscription est en ligne. Date : lundi 21 juin Lieu : Country Club, Saint-Lambert Inscription : Formulaire en ligne au www.barreaudelongueuil.qc.ca dans la section Activités à venir Info : Barreau de Longueuil, 450 468-2609 Saint-François Visite des ministres Weil et Gagnon-Tremblay le 8 mars Notez à votre agenda la date de la rentrée judiciaire du Barreau de Longueuil. Des détails suivront. Date : mercredi 8 septembre 2010 Info : www.barreaudelongueuil.qc.ca dans la section Activités à venir Activité : Les lignes directrices québécoises, les frais particuliers et les difficultés excessives et simples : la pension alimentaire pour enfants n'est pas un long fleuve long et tranquille Date : mardi 4 mai, de 13 h 30 à 16 h 30 Conférencier : Me Michel Tétrault Lieu : Hôtel Delta Sherbrooke, salle Lac Mégantic/Lac Aylmer Info : www.barreau.qc.ca/formation/ Midi-conférence en droit criminel Activité : Droit pénal : biens et produits de la criminalité Conférencier : Me Simon Roy Date : mardi 4 mai, de 12 h 30 à 13 h 30 Lieu : Salle de délibérations du jury du palais de justice de Sherbrooke Formation faillites et insolvabilité Activité : Les récents amendements à la Loi sur la faillite et l'insolvabilité et à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies Conférencier : Me Michel Beauchamp Date : mercredi 12 mai, de 9 h à midi Lieu : Sherbrooke Outaouais Assemblée générale annuelle Bénévoles recherchés pour la Semaine du droit et Activité : La déontologie et l'éthique : comment se simplifier la vie Conférencier : Me Michel Tétrault Date : vendredi 7 mai, de 13 h à 15 h 30 Lieu : Centre judiciaire, Université de Sherbrooke Info : www.barreau.qc.ca/stfrancois/ Coût : gratuit pour les membres du Barreau de Saint-François, inscription obligatoire Rentrée judiciaire Les membres du Barreau de l'Outaouais sont invités à assister à l'assemblée générale annuelle. Une formation sera donnée durant la journée. Les détails suivront. Date : vendredi 7 mai Activité : De choses et d'autres en droit de la famille Date : mardi 4 mai, de 9 h à midi Formation en civil et litige Activité : Maîtrisez la Loi sur la protection du consommateur Conférencier : Me Michel Beauchamp Date : mercredi 12 mai, de 13 h 30 à 16 h 30 Le Barreau de Saint-François a reçu la ministre responsable de Lieu : Sherbrooke l'Administration gouvernementale Monique Gagnon Tremblay, ainsi que la ministre de la Justice Kathleen Weil le 8 mars dernier lors d'un dîner soulignant la Journée de la femme. Sur la photo, les ministres Weil et Gagnon-Tremblay accompagnent Me Hélène Ouellet, organisatrice de l'évènement. Activité : Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni... et pourtant il y a le décès et la faillite. Le Barreau de l'Outaouais est à la recherche de bénévoles Conférenciers : Me Michel Tétrault pour des activités comme les procès simulés, et Me Marie Christine Kirouack des médiations, des conférences dans les écoles, Date : mercredi 19 mai, de 13 h 30 à 16 h 30 une journée carrière sur les professions du droit pour Assemblée générale annuelle des élèves de 6e année et du secondaire, une conférence Les avocats de Saint-François sont invités à l'assemblée Lieu : Hôtel Delta Sherbrooke, salle Lac Mégantic/Lac Aylmer pour les personnes âgées et une journée grand public. générale annuelle de la section. L'assemblée sera Info : www.barreau.qc.ca/formation précédée d'une formation de M e Michel Tétreault, Date : du 10 au 13 mai offerte gratuitement aux membres. Le tout sera suivi Pour info : Me Annie Hallée, 819 663-2433, d'un cocktail. ahallee@tremblaygagnon.ca Date : vendredi 7 mai, 15 h Lieu : Centre judiciaire de la Faculté de droit Saguenay – Lac-Saint-Jean de l'Université de Sherbrooke Assemblée générale annuelle Tous les membres de la section sont convoqués à l'assemblée générale annuelle. Date : jeudi 6 mai, 16 h 30 Lieu : Hôtel Holiday Inn, Saguenay Formations en développement et pratique professionnels Journée de la justice Le Barreau de Saint-François participe à la Journée du droit, évènement auquel participe également Éducaloi. Des élèves d’écoles primaires et secondaires assisteront à un procès simulé en droit de la jeunesse. Date : mercredi 12 mai Lieu : palais de justice de Sherbrooke Activité : Lors d'un litige, pourquoi et comment parler aux syndicats, aux politiciens, aux fournisseurs, aux clients et aux médias Date : jeudi 6 mai de 9 h à midi et Activité : Comment communiquer en situation de litige pour être compris Date : jeudi 6 mai de 14 h à 17 h Conférencier : Gilles Corriveau Lieu : Hôtel Holiday Inn Saguenay, salle William Price, Jonquière Info : www.barreau.qc.ca/formation Le Journal Barreau du Québec 13 Mai 2010 Barreau de Montréal Rapport annuel 2009-2010 du Barreau de Montréal Le rapport annuel 2009-2010 du Barreau de Montréal, qui contient tous les l’administration par téléphone (514 866-9392, poste 221) ou par courriel renseignements sur les activités de la section, sera accessible dans les prochains jours. lmarcotte@barreaudemontreal.qc.ca. Les internautes pourront également en On peut se procurer la version imprimée du document en communiquant avec télécharger la version PDF à partir du www.barreaudemontreal.qc.ca. Association d’entraide des avocats de Montréal L'assemblée annuelle aura lieu le mardi 18 mai 2010 à 17 h 30 dans la salle Maurice-Boileau du Barreau de Montréal, bureau 9.80, du palais de justice de Montréal. La secrétaire-trésorière, Doris Larrivée, avocate À noter à l’agenda Pour obtenir des renseignements sur les activités ci-après, consultez le site Web du Barreau de Montréal au www.barreaudemontreal.qc.ca ou communiquez avec Mme Linda Marcotte, au 514 866-9392, poste 221. Colloque des Cours fédérales 4 mai 2010 – 16 h 30 à l’édifice des Cours fédérales (30, rue McGill à Montréal) Activité reconnue aux fins de la formation continue obligatoire 1 h 30 Assemblée générale annuelle et élection du Conseil Remise du Mérite du Barreau de Montréal à Me Michèle Moreau 5 mai 2010 – 17 h 30, à la salle Jules-Deschênes (5.15) du palais de justice 14 Mai 2010 Colloque Droit, Affaires et Développement durable 7 mai 2010 – 8 h 30 au Club St-James (1145, avenue Union à Montréal) Activité reconnue aux fins de la formation continue obligatoire 5h Tournoi de golf conjoint Barreau de Montréal/AJBM 8 juillet 2010 – Club de golf le Diamant à Mirabel Le Journal Barreau du Québec Le droit tous azimuts Mener une double vie : excitant ? Constance Connie Byrne, avocate Qu'est-ce qui caractérise l'avocat québécois ? Certainement son ouverture d'esprit et sa curiosité intellectuelle, lesquelles lui permettent d'élargir son champ d'action à une multitude de domaines. De là à dire que le droit mène à tout, il n'y a qu'un pas, que l'on franchit aisément. En voici un bel exemple. Double vie. Ce sont les deux mots qui viennent à l’esprit à la suite d’une conversation avec M e Yves Babineau, membre du Barreau depuis 2002. Lui qui mène une carrière en informatique depuis 1991 a toujours porté en lui la passion du droit, quoi qu’il fasse. C’est d’ailleurs par intérêt personnel qu’il a complété sa formation en droit tout en travaillant. Et aujourd’hui, cet homme aux multiples passions et talents n’arrive pas encore à se décider. Qu’est-ce qu’il fera lorsqu’il sera grand ? C’est la grande question. En attendant, il mène une double vie. Pendant qu’il attaque des montagnes de projets dans le domaine informatique, il flirte toujours de près ou de loin avec le domaine juridique. Entre 1996 et 2001, Me Babineau se souvient d’avoir dîné, tout en marchant, livres sous le bras, en route vers la Faculté de droit de l’Université Laval. Mais pourquoi avoir choisi d’étudier le droit après une première carrière ? « C’était planifié depuis longtemps. Selon moi, on ne devrait pas étudier le droit avant d’avoir une certaine expérience de vie ou du moins, d’avoir étudié dans un autre domaine au préalable », explique-t-il. Deux pour un Après un stage de six mois dans un grand cabinet, Me Babineau accepte un mandat à titre de consultant auprès d'une entreprise de haute technologie à Québec. « Je travaillais à la fois comme informaticien en faisant les tests de systèmes et comme avocat pour les documents juridiques (contrats commerciaux, licences, ententes et brevets) », précise-t-il. Travailler pour le bureau du premier ministre Au terme de cet accomplissement, Me Babineau est déjà prêt à se lancer dans un autre défi malgré les offres d’emploi alléchantes à l'Autorité des marchés financiers. « Je voulais mettre en application mes habiletés en gestion de personnel », précise-t-il. En 2007, on lui offre un poste de chef de service des technologies informatiques au ministère du Conseil exécutif où, jusqu’en mars dernier, il était en charge de l'infrastructure des technologies pour le bureau du premier ministre du Québec. Il devait notamment assurer la robustesse et la sécurité de tous les outils (réseau, communication de données, courriels, BlackBerry…) mis à la disposition de la clientèle. Comment tout ça s’articule dans la réalité ? « Par exemple, si le premier ministre part en mission en Chine, on lui prépare un secrétariat. Quelqu’un part avec des boîtes et rendu là-bas, on installe un réseau informatique et quelques postes de travail. Ensuite, on assure la communication sécurisée avec les données au Québec. » Photo : Yan Doublet L’entreprise ayant déménagé ses bureaux à Montréal quelques années plus tard, Me Babineau cherche alors un nouvel emploi. Il décroche un boulot de consultant pour le directeur des Communications de l'Autorité des marchés financiers. « Mon mandat était double : gérer la refonte du site Internet et refaire la construction de la publication juridique du Bulletin de l'Autorité articulé par le secrétariat (juridique) de l'institution. Encore une fois, ma double formation m'a servi », dit-il. Me Yves Babineau Si la réussite lui va si bien, c’est parce que Me Babineau sait rapidement identifier la force des gens qui l’entourent. « Je vais aller chercher le meilleur de vous-mêmes. Vous allez voir ! », avait-il dit à son équipe de huit personnes en début de mandat. Et deux ans plus tard, le monde pleure son départ au bureau. Ce talent de rassembleur lui avait d’ailleurs valu une bourse de la Fondation Victorin-Germain au secondaire. M e Babineau occupe aujourd’hui les fonctions de directeur des ressources informationnelles et technologiques au ministère de la Famille et des Aînés. Le droit pour se rendre utile à la société Trois à quatre fois par année, Me Babineau se paye la traite en jouant le rôle de médiateur. « Je manque un peu de temps pour faire du bénévolat et j’ai I’impression de rendre service à la société en jouant ce rôle ». Il admet que cette expérience lui permet par la même occasion d’utiliser les aptitudes apprises lors de ses médiations avec son équipe. « Ainsi, j’articule toujours mon argumentation et ma prise de décisions autour des faits en faisant ressortir les deux côtés de la médaille », explique-t-il. Me Babineau confirme que sa double formation lui a servi dans le cadre de ses fonctions. « Dès le début de mon mandat, j'ai eu à collaborer avec le substitut du procureur de la couronne dans une enquête criminelle, explique-t-il. J'ai dû travailler à l'élaboration d'un volumineux dossier légal concernant la mise à pied d'un fonctionnaire ayant été congédié, entre autres, pour ses navigations Internet illicites et hors contexte de travail ». À cet égard, Me Babineau a dû construire la preuve informatique – notamment à partir de relevés de journalisation d'accès des Également, il utilise des approches utilisées en médiation. « Parfois, je peux opter serveurs – laquelle a été transmise au procureur au dossier. pour une approche plus persuasive pour mener à bien des opérations rapidement ou je peux opter pour la technique du cocus. Tout dépend des circonstances. Voilà des exemples de mandats qui figuraient parmi la liste d’une quarantaine de Et lorsqu'il y a une opposition marquée, je recherche la conciliation. Et ça fonctionne ! », projets inscrits sur un grand tableau accroché au mur de son bureau. « Je m’étais avoue-t-il fièrement. donné deux ans. J’ai presque tout réalisé ce que je voulais faire. » Enfin, Me Babineau remarque une constante depuis qu’il est avocat : sa formation lui donne une crédibilité supplémentaire auprès de ses employeurs. « La relation de confiance s’installe plus rapidement », observe-t-il. Le Journal Barreau du Québec 15 Mai 2010 Programme SAGE Le droit familial plus accessible Philippe Samson, avocat Le mois dernier, le Barreau de Montréal, en collaboration avec Pro Bono Québec, l’Association des avocats et avocates en droit familial du Québec (AAADFQ) et la Direction des services judiciaires de la Métropole, lançait le service d’avocats de garde (SAGE). Simple et efficace Ce projet pilote consiste à apporter une aide ponctuelle aux parties impliquées dans un litige en droit familial dont le dossier est inscrit au rôle de la chambre de pratique et qui ne sont pas représentées par un avocat. Ainsi, sur demande du greffier spécial pendant l’appel du rôle tenu en salle 2.17, ces personnes référées pourront rencontrer un avocat de garde dans le cadre d’une séance d’information d’une durée maximale de 30 minutes qui portera spécifiquement sur le droit familial. Les consultations auront lieu du lundi au vendredi en matinée au palais de justice de Montréal, soit immédiatement après l'appel du rôle. Il demeure néanmoins qu’il s’agit d’un outil supplémentaire s’offrant à eux et d’une stratégie altruiste pour diminuer les délais à la Cour. En effet, sans de tels programmes, c’est le greffier spécial qui se voit obligé d’informer les citoyens non représentés par un avocat sur la procédure à suivre ou les documents à produire à leur dossier et cela a pour effet de retarder indûment la poursuite du rôle. Par conséquent, comme le souligne Me Michèle Moreau, directrice générale de Pro Bono Québec : « Le projet SAGE n’est pas seulement un service au bénéfice du citoyen. Il a aussi été pensé de façon à améliorer l’administration de la justice et, par le fait même, l’accessibilité à la justice ». Photo : Jacques Pharand Enfin, dans l’éventualité où l’avocat de garde constate l’ampleur d’un dossier ou voit des éléments particulièrement complexes nécessitant un avis juridique, ce dernier pourra inviter le citoyen à retenir les services d’un avocat, ne serait-ce que pour une partie du dossier. « Il pourra aussi le diriger vers le service de référence du Barreau de Montréal, qui présente une banque d’avocats qui acceptent de recevoir des clients moins fortunés de façon ponctuelle dans le cadre de consultations pour la modique somme de 30 $ », renchérit Me Marie Christine Kirouack, présidente de l’AAAFDQ. Me Michèle Moreau Photo : Anthony Rancourt C’est en observant ce qui se fait ailleurs qu’au Québec Me Marie-Christine Kirouack Certes, une séance d’information juridique d’une trentaine de minutes ne remplacera pas une opinion juridique d’un ayant cause et ne constituera pas la solution à toutes les difficultés qu’un citoyen peut rencontrer lorsqu’il se représente seul devant les tribunaux. Le droit familial est un domaine épars où l’innovation et l’interprétation apportent de nombreuses subtilités. Qui plus est, les citoyens ne pourront se prévaloir de ce service qu’une seule fois. 16 Mai 2010 que Me Plourde a eu l’idée de mettre en place le Comité ad hoc du service d’avocats de garde du Barreau de Montréal et ainsi pouvoir développer au Québec cette approche : « Des services similaires existent déjà ailleurs depuis quelques années, notamment à Toronto, en Colombie-Britannique ainsi qu’aux États-Unis, où la culture du pro bono est très avancée », remarque-t-il. Le Journal Barreau du Québec De surcroît, en considérant la nature émotive de ce Ainsi, ce nouveau programme SAGE se définit en tant type de litige, il est important de veiller à ce que que service d’information et non de représentation : ce contact avec la justice puisse se faire de façon « L’avocat de garde n’est pas le représentant du citoyen harmonieuse et le moins préjudiciable possible ». qui se prévaut du service, précise Me Moreau. Il ne peut, en aucun cas, émettre une opinion juridique ni solliciter la clientèle en proposant ses services à titre de procureur ». En effet, son rôle consiste plutôt à transmettre au citoyen de l’information d’ordre général ou encore à le diriger vers d’autres ressources s’il y a lieu. Souvent, en droit familial, les citoyens qui se représentent seuls n’éprouvent des difficultés que sur un volet particulier du litige ou avec les différents formulaires qu’ils doivent remplir. Cette aide ponctuelle les aidera donc à poursuivre leur dossier. Un service d’information Bref, l’objectif est d’orienter le citoyen dans la bonne direction. Si, par exemple, un citoyen est confus dans les documents qu’il doit produire à la Cour ou dans la marche à suivre pour obtenir une date d’audition, l’avocat de garde lui fera part des pratiques de la Cour, des formulaires spécifiques qu’il doit remplir et en profitera pour remettre des exemplaires. L’automne prochain, le Comité ad hoc formé pour ce projet se réunira pour évaluer le niveau de réussite et déterminer l’intérêt à le poursuivre, à en étendre la portée ou à y apporter, le cas échéant, certains changements. Comme l’explique Me Plourde, « dans l’éventualité où le projet est un succès, il serait intéressant d’étudier la possibilité de l’appliquer à d’autres champs de pratique ou de le proposer à d’autres districts ». La reproduction d’une pratique déjà mise en œuvre L’idée de mettre en œuvre ce nouveau projet pilote provient du bâtonnier sortant de Montréal, M e Nicolas Plourde, qui fait de l’accessibilité à la justice son cheval de bataille depuis plusieurs années. Déjà, en 1997, alors qu’il était président de l’Association du Jeune Barreau de Montréal, Me Plourde se préoccupait des difficultés que rencontrent les citoyens qui choisissent de se représenter seuls devant les tribunaux. C’est en observant ce qui se fait ailleurs qu’au Québec que Me Plourde a eu l’idée de mettre en place le Comité ad hoc du service d’avocats de garde du Barreau de Montréal et ainsi pouvoir développer au Québec cette approche : « Des services similaires existent déjà ailleurs depuis quelques années, notamment à Toronto, en Colombie-Britannique ainsi qu’aux États-Unis, où la culture du pro bono est très avancée », remarque-t-il. Par ailleurs, le fait d’avoir pris la décision de limiter la portée de l’application du projet pilote au droit familial plutôt qu’à d’autres champs de pratique relève principalement de la nature de la clientèle, comme l’explique Me Kirouack : « De nos jours, plus d’une famille sur deux se divise. Par conséquent, les probabilités pour le citoyen moyen de devoir faire face à tout le processus judiciaire sont beaucoup plus élevées en matière familiale qu’en matière civile générale ou criminelle par exemple. Enfin, pour faciliter le travail de ces bénévoles altruistes, le Comité a travaillé à l’élaboration d’un séminaire qui s’est tenu peu avant le démarrage du projet ainsi que d’un guide à l’intention des bénévoles qui contient des aide-mémoire et des listes d’éléments à vérifier sur les différents sujets susceptibles d’apparaître à l’ordre du jour d’une journée typique de l’avocat de garde : « Ce guide leur permet de répondre avec aisance et constance aux questions qui leur sont le plus fréquemment posées », explique M e Kirouack. De même, un autre sous-comité du Barreau de Montréal a travaillé à l’élaboration de cinq guides destinés cette fois aux citoyens et qui reprennent essentiellement les grandes étapes d’un dossier en droit de la famille et qui expliquent du coup les tenants et aboutissants du droit familial tout en répondant aux interrogations les plus courantes. Le bâtonnier sortant de Montréal, Me Nicolas Plourde Le SAGE a besoin de sages ! Les praticiens intéressés à faire partie de l’équipe des bénévoles du programme SAGE sont les bienvenus. D’ailleurs, avec la participation de Pro Bono Québec, le Comité bénéficie déjà d’une banque d’avocats intéressés à participer au projet. Cependant, toute personne intéressée pourra bien entendu manifester son intérêt. Afin de devenir bénévole pour le programme SAGE, le Comité s’attend à ce que les candidats présentent déjà un niveau d’expérience suffisant en droit familial, sans que ce soit nécessairement une pratique exclusive. Une bonne connaissance des pratiques au palais de justice de Montréal sera aussi d’une grande utilité. Pour devenir sage du programme SAGE, il faut… Communiquer avec Me Nancy Brouillette, coordonnatrice du SAGE, par téléphone au 514 866-9392, poste 225, ou par courriel, à l’adresse nbrouillette@barreaudemontreal.qc.ca. Le Journal Barreau du Québec 17 Mai 2010 Déontologie Avis aux avocats qui manquent de classe ! Constance Connie Byrne, avocate La politesse, le savoir-vivre, les bonnes manières sont des conventions sociales qui n’existent pas pour rien. Faut-il rappeler que la confiance octroyée au système de justice par la société passe par l’exemple de ses représentants ? Or, depuis quelques années, de plus en plus d’avocats font preuve de manque de jugement dans leur comportement auprès des confrères, des témoins, des juges, des fonctionnaires… Une situation qui devrait être évitée à tout prix lorsqu’on s’appelle Maître. Vendredi, 15 h, Me Jenesaistrop a rendez-vous au palais de justice de Belle Rive au sujet d’un dossier de poursuite en dommages-intérêts contre la ville. Son client réclame les dommages occasionnés à sa motocyclette à la suite d’un accident causé par un nid-de-poule sur la rue Principale. Pendant l’audience, Me Jenesaistrop semble totalement désintéressé par les représentations du procureur de la ville. Il se penche soudainement la tête en dessous de la table pour fouiller bruyamment dans sa valise noire. Sous le regard stupéfait de son client, il décide de changer de paire de chaussettes et de gratter son billet de Loto-bingo tombé accidentellement de sa valise. « Os#!? ! de cr#%!? ! », murmure-t-il du bout des lèvres. Tout le monde dans la salle vient de comprendre qu’il lui en manquait peu pour gagner. Dans son jugement rendu récemment, le juge André Rochon de la Cour d’appel écrit : « Outre les injures personnelles que contient la lettre, dire d'un juge qu'il est "foncièrement injuste", c'est s'attaquer au fondement même du rôle d'un juge ». « La sanction est importante, admet-il. (...) Elle n'est toutefois pas déraisonnable. Elle m'apparaît empreinte de retenue à l'égard d'un avocat qui a commis une faute déontologique grave. » Il convient toutefois de noter que cette cause fait présentement l’objet d’un pourvoi en Cour suprême du Canada. Quelle sentence mérite Me Jenesaistrop pour avoir : manqué de respect à l’égard de son confrère ? En sortant du tribunal, Jenesaistrop croise deux confrères de bureau dans le corridor du palais de justice. Ces derniers accompagnent Sacha, un jeune stagiaire, Concernant le comportement inapproprié à l’égard de son confrère de bureau, ainsi que des membres de sa famille et des amis. Tous s’apprêtent à célébrer il a été jugé dans Dumais c. Roy5 – une affaire semblable aux faits impliquant l’assermentation du jeune homme. Promptement, Me Jenesaistrop s’approche d’un Me Jenesaistrop – « qu’il n’est pas normal pour un professionnel d’être aussi impulsif ». de ses confrères à qui il en veut particulièrement de pouvoir dénicher la majorité Étant donné que des sanctions antérieures (amende 3 000 $) ne semblaient pas avoir des mandats en ville. Il l’invite à se battre et lui lance à deux pouces du nez : eu d’effet dissuasif, l’avocat a écopé d’une radiation d’un mois sur cinq chefs, « Gros tata, tu ne connais même pas ton Code civil ! ». De plus, avant de tourner à purger concurremment. les talons vers la sortie, Me Jenesaistrop lui flanque un reste de café froid sur son habit. « L’invective, l’injure, les propos offensants prononcés dans le contexte de la vie Un journaliste s’adonne à sortir du palais en même temps que Me Jenesaistrop. professionnelle ou non, portent atteinte à la dignité de la profession et sont à Vêtu encore de sa toge, l’avocat se dirige directement vers la haie qui borde bannir », déclare Pierre-Gabriel Guimont, auteur de l’ouvrage Les devoirs entre les l’immeuble pour uriner. « Thank’s God », laisse tomber le journaliste en mal de membres de la profession6, qui ajoute que les propos hostiles ou le comportement nouvelles cette journée-là. Il prend une photo de la scène avec son cellulaire. agressif gênent la bonne marche de la justice et n’ont pas leur place dans le système L’affaire se retrouve à la une des journaux locaux du lendemain. de justice. Me Un phénomène moins rare qu’on ne le pense Dans les circonstances, on peut penser que Me Jenesaistrop écoperait d’au moins une amende, car tout indique qu’il en est à sa première offense en la matière. Même si la documentation doctrinale et le Code de déontologie des avocats se font assez discrets à ce sujet, depuis quelques années, de plus en plus d’avocats sont e sujets à des sanctions de la part de leur Ordre professionnel pour de tels Quelle sentence mérite M Jenesaistrop pour avoir : uriné dans un endroit public ? comportements. Des articles dans les revues juridiques en témoignent d’ailleurs. Concernant un comportement dérogatoire en dehors de la pratique comme celui 7 a déjà été rendue dans des Or, le Code de déontologie des avocats prévoit seulement que « l’avocat ne doit pas d’uriner dans un endroit public, une décision e circonstances similaires à celles concernant M Jenesaistrop. Même si la décision surprendre la bonne foi d’un confrère ou se rendre coupable envers lui d’un abus 8 de confiance ou de procédés déloyaux1 ». Autrement, le Code exige « objectivité, n’est pas tellement élaborée, Pierre-Gabriel Guimont , plaignant en sa qualité de syndic adjoint dans cette affaire, mentionne que la conduite de l’intimé modération et dignité » de la part des praticiens2. contrevenait directement à l’article 2.03 du Code de déontologie des avocats, qui Quelle sentence mérite Me Jenesaistrop pour avoir : changé de chaussettes, gratté mentionne que le champ d’action disciplinaire ne se borne pas aux seuls actes de la vie professionnelle proprement dite : « Les actes de la vie privée sont susceptibles son billet de loterie et sacré devant le juge ? de sanctions disciplinaires s’ils portent atteinte à la dignité de la profession9. » Concernant le comportement dérogatoire envers le juge ou le tribunal, il a été jugé dans l’affaire Guimont c. Roy 3 – une cause similaire aux faits impliquant Me Jenesaistrop – que malgré le fait que les gestes n’avaient pas pour but d’offenser ou de ridiculiser quiconque, le Comité de discipline a reconnu l’intimé coupable et lui a imposé une amende de 1000 $ sur chacun des chefs à l’exception de celui concernant le gratteux. Ainsi, on pourrait penser que Me Jesesaistrop pourrait écoper dans les circonstances d’au moins une amende. Certains actes dérogatoires à l’égard d’un juge peuvent cependant mériter une sanction plus grave, pouvant aller jusqu’à une radiation. Rappelons le cas très médiatisé de Me Gilles Doré4, qui avait écrit une lettre « vitriolique » adressée au juge Jean-Guy Boilard, en 2002. La Cour d’appel vient de rendre un jugement maintenant la sanction rendue par le Comité de discipline du Barreau en 2002, qui lui avait imposé une radiation de 21 jours. Le Comité jugeait « qu’un avocat n'a pas le droit de s'adresser à un juge en le qualifiant "d'être exécrable, arrogant, foncièrement injuste" et en jugeant son comportement de "pédant, hargneux et mesquin" ». 18 Mai 2010 Références au Code de déontologie des avocats Article 2.03 et 4.03.03 Le Journal Barreau du Québec Les échelles de sanctions disciplinaires Selon les circonstances de l’affaire, l’avocat reconnu coupable devant le Conseil de discipline du Barreau Le Comité considère aussi que « le droit disciplinaire ne régit [ …] pas les comportements civiques quotidiens des professionnels10 ». Pour faire l’objet d’une plainte disciplinaire, juge le Comité, l’avocat doit commettre un acte répréhensible ayant un lien avec la vie professionnelle ou que l’acte en question soit tellement grave ou répété qu’il entache la dignité de la profession. Il s’agit d’un manque de savoir-vivre, ce que l’intimé avoue lui-même. Malgré que le Comité désapprouve ce genre de comportement, il constate qu’il ne s’agit pas d’un geste ayant une gravité telle qu’il doive le sanctionner. On peut donc en déduire que le geste commis par Me Jenesaistrop ne ferait pas l’objet d’une sanction par le Conseil de discipline. d’un comportement répréhensible envers des confrères, des témoins, des juges, des fonctionnaires pourrait faire l’objet d’une réprimande, d’une amende d’au moins 1000 $ ou d’une radiation selon ses antécédents et la gravité de l’acte reproché, conformément à l’article 156 du Code des professions. SAVIEZ-VOUS QUE… Il existe plusieurs livres et guides sur le sujet. Consultez, entre autres, l’ouvrage La courtoisie a bien meilleur goût11, de Gaétane Desharnais, et Le Guide de courtoisie professionnelle, publié par le Barreau de Montréal. Le Journal Barreau du Québec 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Article 4.03.03 Code de déontologie des avocats Article 2.03 Code de déontologie des avocats Guimont c. Roy, C.D. Barreau du Québec, no 06-94-00767, 31 octobre 1995. Le 20 janvier 2010, le journaliste Marc Pigeon du Journal de Montréal rappelle que « cette affaire avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque puisqu'elle avait mené à l'avortement du premier mégaprocès des Hells Angels, quand le magistrat avait claqué la porte, au beau milieu de l'exercice. Insatisfait du comportement du juge dans une cause dans laquelle il défendait le Rockers Daniel Lanthier, l'avocat Doré avait rédigé une lettre personnelle au juge Boilard, une lettre « d'homme à homme ». Dumais c. Roy, C.D. Barreau du Québec, no 06-98-01281, 26 novembre 1999. Pierre-Gabriel GUIMONT, Les devoirs entre les membres de la profession, dans Collection de droit, Barreau et pratique professionnelle, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2000-2001, p. 85. Guimont c. Roy, C.D. Barreau du Québec. no 06-94-00808, 28 février 1996 Voir note 6. Cette citation est un emprunt de la décision du tribunal des professions répertoriée Tribunal – Avocats – 2, [1980] D.D.C.P. 266. Guimont c. Roy, précitée à la note 3. Gaétane DESHARNAIS, La courtoisie a bien meilleur goût, (1996) 28 J. du B. 21. Ce livre fait état des répercussions au niveau de la justice que provoquent des comportements répréhensifs tels que l’emploi d’un langage abusif, un geste irrespectueux ou une remarque désobligeante. 19 Mai 2010 Profession : sténographe judiciaire Emmanuelle Gril Méconnu du public, le sténographe judiciaire a pourtant une carrière enrichissante et passionnante à bien des égards. Qui plus est, la profession connaît une véritable pénurie et aurait bien besoin d’accueillir de nouveaux candidats pour répondre aux besoins. Petit tour d’horizon. Marc Garant est directeur de l’École de sténographie judiciaire du Québec. Il indique qu’il y a eu peu de cohortes d’étudiants en sténographie judiciaire depuis les années 1980, les candidats à l’Attestation d’études collégiales (AEC) dans ce domaine étant fort rares. D’ailleurs, faute d’intéressés, aucun cours n’a été donné depuis 2007. Un regain d’intérêt pour la profession semble toutefois se développer : on a déjà démarré une nouvelle cohorte en janvier de cette année et on espère en commencer une autre en septembre. Actuellement, il n’y a au Québec que 162 sténographes judiciaires. Or, il en faudrait, selon Marc Garant, une centaine de plus. « Le problème est particulièrement marqué en région où l’on en manque cruellement. Par exemple, à Saguenay, il y a deux palais de justice, mais un seul sténographe. Il faut en faire venir un de Québec lorsqu’on en a besoin, ce qui retarde d’autant l’administration de la justice », souligne-t-il. Par conséquent, compte tenu de la situation de pénurie actuelle, tous les diplômés de l’AEC sont assurés de décrocher un emploi. La profession Mais en quoi consiste cette profession exactement ? Le sténographe judiciaire pratique la sténographie dans le cadre de l'administration de la justice. C’est un officier de la Cour supérieure soumis à son contrôle, tel qu'il est édicté dans la Loi sur les sténographes. À ce titre, certains actes lui sont réservés. Le sténographe officiel a aussi la responsabilité de la bonne tenue des séances lors de témoignages hors Cour. Les parties doivent donc pouvoir compter sur sa neutralité et son impartialité. En septembre 2003 est d’ailleurs entré en vigueur l'article suivant du Règlement de procédure civile : « 45.1 Respect du témoin. Le respect dû au témoin commande que tout interrogatoire hors Cour soit conduit de la même manière qu'en audience du tribunal; s'il y a dérogation au décorum ou au bon ordre, le sténographe peut suspendre la séance pour obtenir sur-le-champ une directive du juge pour sa continuation. » Actuellement, il n’y a au Québec que 162 sténographes judiciaires. Or, il en faudrait, selon Marc Garant, une centaine de plus. « Le problème est particulièrement marqué Enfin, le sténographe garantit, sous son serment d'office, la fidélité et l'exactitude des transcriptions sténographiques. Il joue donc un rôle unique et crucial à cet égard. La formation Pour devenir sténographe judiciaire officiel, il faut réussir le programme de l’École de sténographie judiciaire du Québec, réussir l’examen du Comité sur la sténographie et se voir délivrer le Certificat de compétence du Comité sur la sténographie. L’AEC en sténographie judiciaire est d’une durée de deux ans (six sessions) assortie d’un stage de 135 heures. Elle souligne-t-il. vise à enseigner la méthode de sténotypie assistée par ordinateur. Celle-ci permettra aux étudiants devenus sténographes Par conséquent, étant donné la pénurie actuelle, officiels de prendre, par exemple, des témoignages au moyen d'une sténotype Son rôle consiste tout d'abord à noter les tous les diplômés de l’AEC électronique qui décodera en temps réel mots à la vitesse de la prononciation au les sténogrammes pour les mettre en moyen de signes conventionnels, des écriture courante au moyen d'un logiciel sténogrammes, lors d'interrogatoires, de sont assurés de décrocher un emploi. de transcription. Cependant, seule une procès, de commissions rogatoires, etc. transcription sur papier avec la Il doit ensuite transcrire ses notes signature du sténographe officiel peut sténographiques en écriture courante. être déposée devant les tribunaux. Les transcriptions sténographiques Préalablement, celle-ci aura été révisée et effectuées par les sténographes officiels sont transmises au procureur qui a retenu éditée, et sera habituellement remise quelques jours après le procès. ses services, lequel les déposera généralement à la Cour aux fins de référence Marc Garant précise qu’il faut remplir certaines conditions pour être admissible ultérieure à la preuve et aux témoignages rendus. à l’AEC. Ainsi, le candidat doit posséder une formation jugée suffisante par l’École de sténographie et satisfaisant à l'une des conditions suivantes : avoir interrompu ses études pendant au moins deux sessions consécutives ou une année scolaire; ou être visé par une entente conclue entre l’École et un employeur ou par un programme gouvernemental; ou encore avoir fait au moins une année d'études postsecondaires échelonnée sur une période d'un an ou plus. en région où l’on en manque cruellement », Le candidat doit également passer une entrevue de sélection, un test de clavier pour vérifier sa dextérité manuelle, ainsi qu’une dictée pour s’assurer de l’excellence de son français. « C’est une formation très exigeante d’environ 18 heures de cours par semaine, et il faut étudier à temps plein. C’est un peu comme si on apprenait une nouvelle langue, on doit aussi investir beaucoup de temps en travail personnel, et pratiquer environ trois à quatre heures par jour. On ne peut donc pas travailler en même temps que l’on suit l’AEC, à la limite on peut opter pour un travail à temps partiel peu exigeant », indique Marc Garant. Le cours coûte près de 12 000 $, soit 1950 $ par session, plus les frais de documentation. À cela, il faut ajouter le coût des équipements (sténotype, logiciel, etc.) L’étudiant peut cependant avoir accès à l’aide financière du ministère de l’Éducation. Il faut savoir que ce n’est pas un métier fait pour tout le monde. Résistance au stress, capacité de concentration, bonne culture générale et excellente maîtrise de la langue française font partie des qualités à posséder pour réussir dans cette profession. En revanche, le jeu en vaut la chandelle puisqu’une fois diplômé et reconnu comme sténographe judiciaire officiel, on peut aspirer à une rémunération comprise entre 50 000 $ et 150 000 $ par année. Le taux de placement est de 100 %, étant donné que l’on manque de sténographes. C’est aussi une carrière passionnante où l’on apprend beaucoup et qui permet même de voyager. Avis aux intéressés ! 20 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Portraits de sténographes Voici deux témoignages de sténographes expérimentés et passionnés par leur métier Un métier pas ordinaire André Boudreau est dans le métier depuis l’Exposition de Montréal. C’est donc un sténographe expérimenté et reconnu dans son métier. C’est un peu par hasard s’il s’est retrouvé dans le domaine; un de ses amis qui suivait le cours de sténotypie lui en avait parlé. « À l’époque, le métier était presque essentiellement un métier d’homme. Aujourd’hui, c’est l’inverse ! », constate-t-il Véritable passionné, M. Boudreau affirme que sa profession est loin d’être ordinaire. « C’est une véritable université du savoir, on apprend tous les jours sur toutes sortes de domaines, on occupe la place d’un spectateur privilégié. Ce n’est pas un métier facile à apprendre, mais une fois qu’on est dedans, on ne s’en lasse pas », soutient M. Boudreau. Il précise que c’est également une profession où l’on peut voyager, par exemple, dans le cadre de commissions rogatoires. Lui-même s’est rendu aux États-Unis, en Amérique latine et même en Europe. Photo : Sylvain Légaré André Boudreau remarque que l’adrénaline ne manque pas dans ce domaine qui comporte sa part de défis à relever. « Il faut toujours se surpasser et s’assurer de livrer un texte exactement conforme à ce qui a été dit. Or, ce n’est pas toujours facile d’y parvenir dans le cadre de débats contradictoires », dit-il. Mais ce mordu de la sténographie judiciaire ne changerait d’emploi pour rien au monde. « J’ai le sentiment de rendre service à la collectivité et aux justiciables, de collaborer à la bonne administration de la justice », conclut-il. André Boudreau, sténographe judiciaire Suzanne Baril exerce le métier de sténographe judiciaire depuis 36 ans. « Au secondaire, j’avais appris la phonétique, et on s’en servait comme d’un code secret avec mes amies ! D’une certaine façon, c’est un peu de ça que j’ai retrouvé dans la sténotypie… », relate-t-elle. « Pour être sténographe, il faut avoir un naturel curieux, car on apprend constamment, par exemple, en entendant les interrogatoires d’experts dans différents secteurs. On doit s’investir à fond et ne pas hésiter à faire certaines recherches par nous-mêmes, cela alimente nos connaissances et c’est aussi très stimulant intellectuellement. Et puis, quand on s’intéresse au sujet, on ne voit pas le temps passer », poursuit-elle. Photo : Sylvain Légaré Mme Baril déplore que cette profession semble avoir été oubliée par les jeunes. « C’est pourtant un métier passionnant et rémunérateur. Les sténographes l’exercent très longtemps, parfois jusqu’à 75 ou 80 ans ! Pour ma part, je dis souvent que je ne prendrai jamais ma retraite, d’ailleurs le travail c’est la santé », s’exclame-t-elle. Le secret de sa longévité et de son énergie contagieuse ? « Je prends une semaine de vacances tous les trois mois, puisque je décide de mon horaire », confie Mme Baril, espérant que cet argument supplémentaire contribuera à attirer de nouvelles recrues. Stimulation intellectuelle Suzanne Baril, sténographe judiciaire Le Journal Barreau du Québec 21 Mai 2010 Cotisations 2011-2012 Hausse recommandée Une hausse des cotisations a été recommandée au Comité exécutif et au Conseil général. Voici pourquoi. Il revient au Comité des finances de s’assurer de la saine gestion financière du Barreau du Québec et de recommander au Comité exécutif les actions à prendre pour recouvrer ou maintenir celle-ci. Au final, ce sont les membres du Conseil général qui approuvent les budgets de l’organisation et recommandent à l’Assemblée générale annuelle des membres de fixer les cotisations. Toujours les cotisations les plus basses au pays Au total, les cotisations et prime d’assurance responsabilité versées par les membres du Barreau du Québec pour exercer la profession au Québec sont les moins élevées au Canada, et si l’on regarde les cotisations uniquement sous l’angle des cotisations versées (en excluant la prime d’assurance Pour ce faire, le Comité des finances regarde comment responsabilité), les membres du Barreau du Québec l’exercice financier se termine en regard des budgets paient des cotisations parmi les moins élevées au initialement prévus, effectue des prévisions sur cinq Canada pour exercer la profession au Québec. ans en tenant compte de facteurs internes et externes à l’organisation (situation économique, hausse des taux d’intérêt, fluctuation du nombre de membres, obligations à rencontrer, etc.) et prépare le budget du prochain exercice qu’il soumet au Comité exécutif de l’Ordre. que selon les projections de juin 2009, le Fonds général n’avait pas à combler de déficit au Fonds d’études juridiques jusqu’au 31 mars 2014. Les révisions dans les projections de revenus du Fonds d’études juridiques résultent en un manque à gagner de plus de 5 M de $ jusqu’au 31 mars 2014 après épuisement total des surplus de ce fonds. En conséquence, le Fonds général doit combler ce manque de revenus, et les surplus accumulés à ce Fonds ne sont pas suffisants pour ce faire. Il devient donc impératif d’augmenter les revenus de cotisations au-delà de la seule indexation. Un contexte économique toujours difficile Au Barreau du Québec, deux sources principales de revenus ont une incidence sur l’équilibre budgétaire : les cotisations payées par les avocats versées au Fonds général de l’Ordre qui soutiennent la majeure partie des opérations et les revenus d’intérêts générés par les sommes placées dans les comptes en fidéicommis des avocats qui sont versées au Fonds d’études juridiques. La situation économique actuelle, malgré une légère reprise, demeure difficile. Les baisses des taux d'intérêt ont entraîné une diminution importante des revenus pour le Fonds d'études juridiques. De fait, les revenus d’intérêts seront, en 2009-2010, inférieurs de 75 % à ceux de l’exercice 2007-2008, ce qui représente une diminution de 4,7 M de $, et ce type de revenus n’augmentera que très progressivement au cours des prochaines années selon les prévisions des analystes financiers. Par conséquent, les prévisions budgétaires pour les années à venir démontrent clairement que pour les exercices financiers 2012-2013 et 2013-2014, les hausses indexées des revenus de cotisations ne seront pas suffisantes pour éviter des déficits budgétaires importants étant donné que le Fonds général devra combler les déficits potentiels au Fonds d’études juridiques. En fait, le budget 2010-2011 ne prévoit qu’un léger surplus au Fonds général d’environ 264 000 $, malgré les revenus supplémentaires générés par la plus récente hausse des cotisations. Cette récente hausse a servi à combler un déficit budgétaire d’environ 1,5 million de $, généré, entre autres, par l’adhésion d’un grand nombre de membres à la catégorie Avocat à la retraite, laquelle apporte à l’Ordre des revenus moindres, et par une indexation de la cotisation insuffisante pour combler le taux d’accroissement des dépenses et qui ne s’applique en plus qu’aux revenus de cotisations générés avec un délai de 15 mois. Les administrateurs, soit les membres du Conseil général, doivent être prudents et prendre toutes les décisions jugées nécessaires pour permettre au Barreau Au cours des derniers exercices financiers, la direction du Québec de bien remplir sa mission principale de du Barreau a pris des mesures importantes pour protéger le public, dont les décisions portant sur sa augmenter le rendement de l’organisation tout en santé financière. diminuant, de concert avec le Comité des finances, le plus possible les dépenses d'opération du Barreau du Par conséquent, ils recommandent d’augmenter la Québec. Entre janvier 2004 et janvier 2010, le nombre cotisation au Fonds général du Barreau de 50 $ par de membres est passé de 20 027 à 23 441, il a donc fallu année pour chacun des exercices 2011-2012, 2012-2013 prendre des dispositions pour répondre aux besoins et 2013-2014. En effet, si les prévisions budgétaires reliés à cette augmentation de plus de 17 % dans le pour ces trois exercices financiers se maintiennent au Une mission à remplir Pour remplir sa mission principale prévue par la loi, le membership tout en maintenant l’accroissement des niveau anticipé, ces hausses seront nécessaires pour amener progressivement les surplus au Fonds général à Barreau du Québec doit compter sur des ressources dépenses au niveau le plus bas possible. humaines compétentes et des ressources matérielles Lors de la récente augmentation de la cotisation un niveau acceptable tout en procurant au Barreau du efficaces et performantes, ce qui nécessite des acceptée par les membres à l’assemblée annuelle de juin Québec les sommes nécessaires pour remplir sa mission. ressources financières suffisantes. 2009, il était prévu que celle-ci serait suffisante pour La recommandation des membres du Conseil général répondre aux besoins du Fonds général au cours des sera portée devant la prochaine Assemblée générale prochaines années. annuelle des membres qui se tiendra dans le cadre du Congrès annuel du Barreau du Québec, le samedi 5 juin Il n’était pas prévu que la situation économique prochain, à La Malbaie. mondiale entraînerait une chute aussi marquée de taux d’intérêt et de ce fait une baisse aussi importante des revenus du Fonds d’études juridiques. Qu’on se rappelle 22 Mai 2010 Des dirigeants et des administrateurs responsables Le Journal Barreau du Québec Le Journal Barreau du Québec 23 Mai 2010 24 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Conseil général du Barreau du Québec Fin de l’exercice 2009-2010 Johanne Landry Le Conseil général a préparé la table pour la suite des choses. Le Barreau du Québec poursuit ses objectifs de gestion efficace et d’une justice plus accessible. La dernière assemblée du Conseil général pour l’exercice 2009-2010 s’est tenue, parental demande donc de renflouer les fonds, et le Conseil général a voté, à ce le 31 mars, au salon Jacques-Cartier du Château Frontenac à Québec. Me Sylvie chapitre, une augmentation de la cotisation annuelle de 15 $ par membre à partir de l’exercice 2011-2012. Cette proposition sera également soumise à la prochaine Champagne, secrétaire de l’Ordre, rapporte les faits saillants. assemblée générale annuelle. e Selon la tradition, le bâtonnier de Montréal, M Nicolas Plourde, la bâtonnière de Québec, M e Lise Bergeron, le président de l’Association des avocats de province, Me Pierre Lévesque, ainsi que Noël Pelletier, représentant du public, ont rendu un hommage au bâtonnier sortant du Québec, Me Pierre Chagnon, en le remerciant de son dévouement et du travail accompli au cours de cette année. Les quinze bâtonniers de section ont aussi reçu un certificat de reconnaissance pour leur dévouement et le soutien qu’ils ont apporté aux activités du Conseil général. « Les travaux se sont faits dans l’harmonie, notamment l’élaboration du plan stratégique 2010-2014 qui sera adopté en juin prochain », souligne Me Champagne. Le comité sur les Avocats émérites a par ailleurs soumis ses recommandations au Conseil général qui les a adoptées. Ainsi, 34 avocats recevront ce titre prestigieux. Contrairement aux dernières années, la remise de la distinction n’aura pas lieu dans le cadre du Congrès du Barreau, mais bien lors de la rentrée judiciaire du Barreau, à Montréal, le 7 septembre prochain. Hausse des cotisations Me Pierre Chagnon salue l’assemblée après l’hommage qui lui a été rendu. Photo : Yan Doublet Le programme d’assistance parentale pour les travailleurs autonomes (APTA) avait temporairement interrompu ses activités à la suite de la mise en place par le gouvernement du Régime québécois d’assurance parentale, question de procéder aux vérifications requises afin qu’une prestation à un régime ne vienne pas réduire l’autre. C’est chose faite, et les recherches ont établi que l’APTA et le Régime québécois d’assurance parentale sont plutôt des programmes complémentaires. La reprise du paiement d’indemnités accordées aux avocats qui prennent un congé Photo : Laetitia Deconinck Le Conseil général a adopté les prévisions budgétaires de 2010-2011. La situation économique difficile et les taux d’intérêt qui demeurent très bas font en sorte qu’il devient nécessaire d’augmenter la cotisation annuelle des membres de 50 $ pour chacun des exercices 2011-2012, 2012-2013 et 2013-2014. Une proposition en ce sens sera donc soumise à l’assemblée générale annuelle du 5 juin prochain. Les bâtonniers de section ont aussi reçu un certificat de reconnaissance pour leur dévouement et le soutien qu’ils ont apporté aux activités du Conseil général. // SUITE PAGE 26 Le Journal Barreau du Québec 25 Mai 2010 Conseil général du Barreau du Québec Fin de l’exercice 2009-2010 SUITE DE LA PAGE 25 Par conséquent, le Conseil général a adopté une résolution afin d’informer le juge En novembre 2009, le vérificateur général livrait les conclusions de sa vérification en chef de la Cour supérieure de son opposition à toute divulgation des coûts concernant le soutien aux activités judiciaires dans les palais de justice (chapitre 2). prévue dans les déclarations communes visées par le projet pilote et de lui proposer des discussions afin de mettre en place des mécanismes d’intervention rapides et Le Conseil général, rapporte Me Champagne, en a pris connaissance et souhaite en efficaces par le Barreau du Québec dans les situations où la saine administration de discuter avec les représentants du ministère, surtout en regard de l’offre des la justice est compromise. Le Barreau a également demandé à ses membres, par voie services judiciaires, de la possibilité de fermeture de palais de justice, de la révision de communiqué, de s’opposer à la divulgation des coûts sur la base du secret des tarifs judiciaires et du développement d’indicateurs de performance liés à professionnel. l’utilisation des palais de justice et salles d’audience. « Le Barreau, ajoute-t-elle, se préoccupe de rappeler l’importance des principes d’indépendance judiciaire, du On peut lire le communiqué ainsi que la résolution du Conseil général sur le site droit d’accès à la justice, ainsi que du droit à l’égalité de tous devant la loi, alors que Web du Barreau www.barreau.qc.ca, section Info-Avocats. le vérificateur adopte une approche plus axée sur des considérations budgétaires. » Rapport du vérificateur général Bientôt le Congrès Le Conseil général demande également une simplification de la réglementation afin Le président du congrès 2010, Me Louis-Charles Sirois, est venu présenter le que les justiciables connaissent à l’avance les frais applicables ainsi qu’une programme de ce prochain rendez-vous à La Malbaie. Un Congrès plus vert figure parmi les défis de cette année afin de réduire l’empreinte environnementale. On réduction des frais pour certaines catégories de personnes à faible revenu. verra donc davantage d’emballages et de matériel de table réutilisables, et on e Le rapport du vérificateur général, ajoute M Champagne, recommandait aussi un goûtera les produits locaux. Les déchets de table seront compostés et les surplus de suivi de l’évolution et de l’échéancier du dossier du système intégré d’information nourriture remis à un refuge de la région. On s’abreuvera à même une bouteille de justice, qui n’a pas encore été concrétisé malgré des investissements importants. réutilisable que l’on remplira aux fontaines d’eau installées pour l’occasion. À la fin du Congrès, cocardes et documents inutilisés seront recueillis dans des bacs de Projet pilote de déclaration commune recyclage. Depuis le 6 avril dernier, la Cour supérieure mène un projet pilote de déclaration commune dans tous les districts de la division de Montréal en chambre de pratique On se souviendra d’autre part de la signature de l’entente France Québec sur civile et familiale. Ainsi, les avocats qui désirent fixer une audition de deux jours et l’arrangement de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles faite plus doivent dorénavant remplir une déclaration commune qui exige, entre autres, lors du congrès 2009, qu’il fallait transposer dans un règlement que le Conseil la divulgation des honoraires et des frais reliés à la préparation et à l’audition général a adopté et soumis à l’office des professions pour approbation. « Nous demandée. Bien que le Conseil général soit en accord avec l’objectif recherché par le avons bon espoir que ce règlement entrera en vigueur avant l’été », conclut projet pilote, une gestion d’instance plus efficace et une proportionnalité des Me Sylvie Champagne. moyens selon les enjeux, il s’oppose à la divulgation obligatoire des honoraires de l’avocat qu’il considère comme une violation du secret professionnel envers le client. C’est à ce dernier, en effet, qu’appartient la décision de divulguer ou non certains renseignements. Déclaration de principes sur la conciliation travail-famille Signature renouvelée En marge de la réunion du Conseil général de mars 2010, une cérémonie officielle pour la signature du renouvellement de la Déclaration de principes sur la conciliation travail-famille a eu lieu au Château Laurier. Une première version avait été adoptée en 1995. Endossée par les mêmes organisations avec un texte légèrement mis à jour pour mieux correspondre aux réalités d’aujourd’hui, l’entente préconise la mise en place de régimes de travail souples pour faciliter la conciliation des responsabilités professionnelles et familiales; et de tenir compte, dans l’administration de la justice, des préoccupations des avocats dans la recherche de solutions qui prennent en considération leurs responsabilités familiales. La Déclaration de principes sur la conciliation travail-famille réunit les intervenants du système judiciaire autour de cet engagement. Me Chagnon a profité de l’occasion pour rappeler que les avocats sont de plus en plus nombreux à désirer des défis professionnels stimulants, mais également une vie familiale épanouissante. « La participation des hommes et des femmes de façon égale au marché du travail entraîne un partage égal des responsabilités familiales entre les deux membres du couple », a pour sa part énoncé le juge Robert. De son côté, la ministre de la Justice a souligné que des mesures comme la Déclaration de principes sur la conciliation travail-famille font du Québec un endroit où il est possible d’allier ambitions professionnelles et qualité de vie. Photo : Laetitia Deconinck Le juge en chef du Québec, J.J. Michel Robert; la ministre de la Justice du Québec, Kathleen Weil; le juge en chef de la Cour supérieure du Québec, François Rolland; la juge en chef de la Cour du Québec, Élisabeth Corte; le bâtonnier du Québec, M e Pierre Chagnon; ainsi que le vice-président du Barreau du Québec, Me Gilles Ouimet, ont signé le document, en présence de deux des signataires de 1995, soit les anciens juges Lawrence A. Poitras et Albert Gobeil. Les signataires de l’entente en présence de deux des signataires de 1995 On peut consulter la Déclaration de principes sur la conciliation travail-famille en visitant le : www.barreau.qc.ca/avocats/ meilleures-pratiques/equite/ index.html 26 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Chambre de la jeunesse de Montréal Signature d’un protocole d’entente pour Toxi-Cour (t) Un autre don pour ASF De gauche à droite : John Topp, Pavillon Foster, Élizabeth Corte, juge en chef de la Cour du Québec, Louise Jessop, directrice de la protection de la jeunesse, et Me Paul LaRue, directeur des services judiciaires de la Chambre de la jeunesse de Montréal. La Chambre de la jeunesse de Montréal s'est inspirée de l'expérience d'un « Family Drug Treatment Court » en Californie pour commencer, le 15 février dernier, un projet pilote d’une durée d’un an avec les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw et le centre de réadaptation pour personnes alcooliques et toxicomanes, le Pavillon Foster. Ce projet pilote vise principalement la clientèle de la Chambre de la jeunesse de Montréal qui est aux prises avec une ou des dépendances à l'alcool, la drogue et le jeu compulsif, etc., et dont la sécurité des enfants est, ou peut être compromise, en raison de cette dépendance. On offre aux parents la possibilité de rencontrer les intervenants du Pavillon Foster qui sont sur place afin d’évaluer sommairement leur motivation à suivre une thérapie. Le juge saisi du dossier rend alors les ordonnances nécessaires afin d'assurer la protection et la sécurité de l’enfant pendant le traitement de son ou de ses parents. La situation est réévaluée périodiquement pendant une année. Ainsi, l'accès à une évaluation immédiate et sur place mobilise le parent et son retour fréquent devant le juge, qui exerce une autorité et un leadership judiciaire, est gage d'un meilleur résultat. Si le programme est complété avec succès, la durée du placement pourrait être écourtée et permettre à l'enfant de retourner plus rapidement auprès de son ou de ses parents. Le Journal Barreau du Québec Le bâtonnier du Québec, Me Pierre Chagnon, et le président de la Chambre des huissiers de justice du Québec, M. Louis-Raymond Maranda Dans le cadre de la campagne de souscription pour le projet de reconstruction du système de justice en Haïti d'Avocats sans frontières, le Barreau du Québec a reçu un nouvel appui. M. Louis-Raymond Maranda, président de la Chambre des huissiers de justice du Québec a remis au bâtonnier Pierre Chagnon un chèque de 1 800 $. Cette somme s'ajoute aux contributions d'autres généreux donateurs qui ont accompagné le Barreau du Québec dans cette collecte, dont la Corporation de services du Barreau du Québec, le Fonds d'assurance du Barreau du Québec et plusieurs cabinets et avocats à titre individuels. En tout, l'appel du Barreau a généré près de 125 000 $. 27 Mai 2010 Mérites et Médaille du Barreau Récompenser l’excellence Philippe Samson, avocat Le Congrès du Barreau est l’occasion de rendre hommage à des hommes et à des femmes qui se sont illustrés par leur contribution exceptionnelle à la profession ainsi que dans leur collectivité. Voici le portrait des récipiendaires de 2010. MÉDAILLE DU BARREAU DU QUÉBEC Me Jean Chrétien, C.P., C.C., O.M., c.r., B.A., Ad. E. ancien premier ministre du Canada La médaille du Barreau est la plus haute distinction décernée par le Barreau du Québec. Elle vise à souligner la contribution remarquable d’un juriste québécois à l’avancement du droit, et plus largement à la société québécoise. Cette année, elle est remise à Me Jean Chrétien, qui compte sans aucun doute parmi les figures le plus influentes et le plus respectées du monde poli-tique canadien. Détenteur d’un baccalauréat en droit de l'Université Laval et admis au Barreau en 1958, il commence sa pratique en Me Jean Chrétien, C.P., C.C., O.M., c.r., B.A., Ad. E. ouvrant son bureau d'avocat dans un quartier populaire de Shawinigan. Cependant, la politique le rattrape : déjà, plus jeune, Me Chrétien s’impliquait aux côtés de son père et de son grand-père dans l’organisation politique du Parti libéral. Puis, en 1960, il devient l’un des principaux organisateurs de la campagne de Jean Lesage au Québec. C’est donc sans surprise qu’en 1963, à l’âge de 29 ans, il est élu comme député à la Chambre des communes. Me Pierre-Gabriel Jobin, Ad. E. Me Donald Béchard, Ad. E. MÉRITE DU BARREAU Quatre lauréats de prestige Le Barreau décerne également à des membres un Mérite en reconnaissance de l'un ou l'autre des motifs suivants : l’accomplissement d’un haut fait professionnel, la réputation professionnelle, le dévouement à la cause du Barreau du Québec, l’engagement dans la défense des intérêts de la justice, la reconnaissance de l’engagement social, la Un à un, Me Chrétien gravit les échelons du monde politique en occupant plusieurs contribution particulière à l’avancement du droit et de la justice ou pour tout autre postes importants au sein du Parti libéral. Il obtient son premier poste au cabinet en motif jugé pertinent. 1967 en tant que ministre sans portefeuille attaché aux finances. Puis, en 1968, le Me Pierre-Gabriel Jobin, Ad. E., est certainement l’un des membres du Barreau les nouveau premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, lui offre le poste de plus illustres faisant carrière à l’université présentement. Après avoir commencé sa ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien. Puis, Me Chrétien retrouve sa carrière par la pratique du droit à Québec, il se tourne rapidement vers passion pour l’économie en étant successivement nommé secrétaire du Conseil du l’enseignement, d’abord à l’Université Laval pendant quatre ans, puis ensuite à trésor en 1974, premier Canadien français à occuper la fonction de ministre des l’Université McGill, où il sera très actif au Centre de recherche en droit privé et Finances du Canada en 1975 et ministre de l'Industrie et du Commerce en 1976. comparé du Québec. Il a aussi été un phare pour les avocats et autres juristes ayant Enfin, pour faire front à la montée du mouvement souverainiste, Me Chrétien est travaillé à la compréhension et à la réflexion sur la réforme du Code civil. nommé ministre de la Justice, ministre d'État au Développement social et ministre responsable des négociations constitutionnelles à la fin de 1979. En 1986, Me Jobin a fait l’objet de multiples honneurs. Il est notamment titulaire émérite de Me Chrétien démissionne de son siège pour prendre une pause de la scène politique la Chaire Wainwright en droit civil de l’Université McGill depuis 2009 et membre et retourner à l’exercice du droit. Il y reviendra en 1990 pour occuper la chefferie titulaire depuis 2000 de la prestigieuse Académie internationale de droit comparé. du Parti libéral et éventuellement, soit en 1993, être élu premier ministre du Canada Il a été aussi le récipiendaire, en 2003, d’une médaille de l’Association du Barreau canadien, division Québec, pour sa contribution insigne à la profession. avec une majorité écrasante. Après avoir servi à la position de premier ministre, où il travaille avec acharnement et ténacité au service de ses compatriotes et de son pays pendant plus de dix ans sans interruption, Me Chrétien quitte ses fonctions le 12 décembre 2003. Du coup, il prend sa retraite du monde politique pour revenir à ses premières amours, le droit. Il se joint, en janvier 2004, à un grand cabinet d’avocats à titre d’avocat-conseil et il exerce aujourd’hui principalement à Ottawa tout en restant actif à Montréal. En 2007, il est nommé Compagnon de l’Ordre du Canada, puis en 2009, il est nommé à l’Ordre du Mérite par la Reine Elizabeth II. 28 Mai 2010 Toutefois, c’est en tant qu’auteur et conférencier que Me Jobin s’est fait le plus reconnaître, tant au Québec qu’à l’étranger, pour sa contribution exceptionnelle à la connaissance, à l’exercice et au développement du droit québécois. Me Jobin est effectivement un auteur incontournable. Il est célèbre particulièrement pour ses principaux ouvrages, soit Les obligations, écrit avec le juge Jean-Louis Beaudoin, La vente et Le louage. Ses ouvrages et articles sont cités quotidiennement par les tribunaux qui lui dévouent une haute considération. Le Journal Barreau du Québec Mérites et Médaille du Barreau Récompenser l’excellence En plus d’être conférencier, Me Béchard est aussi reconnu, tant par la magistrature que par ses pairs, comme un avocat plaideur polyvalent œuvrant dans des dossiers d’envergure dans les domaines du droit civil, du droit commercial, des assurances, de la responsabilité professionnelle, du droit disciplinaire et administratif. Engagé régulièrement comme avocat-conseil, il est aussi le co-auteur du Manuel de Depuis sa retraite en janvier 2009, il exerce encore des activités d’enseignement et l’objection, un livre de référence incontournable sur la preuve que tout avocat de publication à temps partiel. Nul doute que ses contributions riches et variées à la de litige se doit de posséder et d’apporter avec lui à la Cour. profession et au droit rejailliront sur le Barreau pendant encore longtemps. De plus, tout au long de sa carrière, il a agi comme consultant expert auprès de divers cabinets comme expert en droit civil devant les tribunaux étrangers et s’est impliqué dans de nombreuses activités et structures du Barreau, dont le Comité des équivalences, où il y a été un membre dévoué et très actif pendant plus de quinze ans. Bref, la contribution particulière à l’avancement du droit de M e Béchard permet aux membres du Barreau d’acquérir une connaissance de pointe en matière de preuve et procédure, et au public de maintenir sa confiance à l’endroit des avocats du Québec. M e André C. Côté, Ad. E., a contribué de façon marquée au développement du droit du travail, notamment en agissant comme arbitre en relations de travail dans de nombreux dossiers, mais aussi par son enseignement et ses nombreux articles, commentaires et rapports de recherche. M e Côté a été professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval de 1974 à 2002, où il a entre autres enseigné le droit du travail et des associations Me André Côté, Ad. E. Me Esthel Gravel, Ad. E. Me Louise Langevin, Ad. E. ainsi que divers cours sur la fonction publique. Il a aussi Avocat d’exception, Me Donald Béchard, Ad. E., agit à titre d’arbitre dans des enseigné pendant plusieurs années à l’École de formation professionnelle du litiges civils et commerciaux. Il est également reconnu comme une sommité en droit Barreau du Québec. De même, sa carrière universitaire l’a amené à être choisi par ses de la preuve et de la procédure. Au cours des vingt dernières années, il a transmis pairs pour devenir, pendant huit ans, doyen de la Faculté de droit de l’Université avec passion et générosité son expertise dans ce domaine dans le cadre de centaines Laval (1989 à 1997). Il aura d’ailleurs été pendant une bonne partie de cette période président du Conseil des doyens des Facultés de droit du Québec. de conférences données à ses pairs. Le dévouement de Me Béchard pour le Barreau est significatif. Depuis 1993, il est conférencier pour la Formation permanente du Barreau où il a, entre autres, joué un rôle clé lors des grandes réformes de la procédure civile. Sa rigueur intellectuelle, sa disponibilité et la qualité de ses remarques font de lui un conférencier prisé non seulement des avocats, mais aussi des membres de la magistrature, des tribunaux administratifs et des autres ordres professionnels. La façon dont Me Béchard sait transmettre aux participants ses conférences ainsi que sa passion contribuent de façon unique à l’avancement du droit et de la justice. Le Journal Barreau du Québec // SUITE PAGE 30 29 Mai 2010 Mérites et Médaille du Barreau Récompenser l’excellence Me Côté a également fait sa marque dans le domaine de l’éthique, d’abord en 19941995, où il a présidé le Groupe de travail sur l’éthique, la probité et l’intégrité des administrateurs publics formé par le ministre de la Justice du Québec, puis en 2002, où il a été nommé commissaire au lobbyisme à l’unanimité par les membres de l’Assemblée nationale, fonction qu’il a d’ailleurs occupée jusqu’à sa récente retraite au début de juillet 2009. C’est aussi entre autres pendant cette période que Me Côté participe de façon substantielle à la rédaction, puis à l’adoption, en 2004, du Code de déontologie des lobbyistes. Me Côté a aussi œuvré aux côtés du directeur du Commissariat au lobbyisme du Canada à la mise en place du Réseau des commissaires au lobbyisme et des registraires des lobbyistes du Canada. Nul doute que sa contribution en ces matières a permis de préserver le lien de confiance des citoyens dans l’intégrité et l’impartialité d’une administration publique transparente et responsable. Enfin, en 2003, Me Côté est décoré du titre de Chevalier dans l’Ordre des palmes académiques par la République française. Cette distinction, comme bien d’autres d’ailleurs, témoigne de l’apport de son travail fait ailleurs au Canada et à l’étranger. Me Esthel Gravel, Ad. E., est avocate dans le domaine du droit criminel et pénal depuis plus de trente ans, d’abord en pratique privée, puis au contentieux du Tribunal de la jeunesse de Québec, à titre de substitut du procureur général et, depuis 2003, comme procureure aux poursuites criminelles au Bureau de serviceconseil du directeur des poursuites criminelles et pénales. C’est donc en tout état de cause qu’en 1998, elle reçoit la prestigieuse Médaille du mérite par l’Association des substituts du procureur général et qu’en 2008, elle est récompensée par le Comité fédéral-provincial territorial des chefs de poursuites pénales au Canada pour son engagement humanitaire. MÉRITE CHRISTINE-TOURIGNY Chaque année, le Mérite Christine-Tourigny est décerné à une avocate pour son engagement social et son apport à l'avancement des femmes dans la profession. Cette année, le choix s’est arrêté sur Me Louise Langevin, Ad. E., pour des raisons plus qu’évidentes. Me Langevin est une femme engagée qui n’hésite pas à prendre position sur la place publique et auprès d’instances décisionnelles pour stimuler le débat social et le changement des politiques. Dans ce sens, elle s’est investie en 2007 à titre de membre du Comité externe sur la diversité religieuse face au droit à l’égalité du Conseil du statut de la femme et, plus récemment, à titre de conseillère à la condition féminine auprès de la commission Bouchard-Taylor. Elle a aussi publié un grand nombre de travaux sur des sujets tels que l’égalité des hommes et des femmes et la violence à l’égard des femmes qui ont contribué à constituer un courant d’expression de la pensée juridique québécoise féministe. Aussi, en plus de ses très nombreuses publications dans des revues ou ouvrages collectifs, M e Langevin est co-auteure d’ouvrages reconnus sur l’indemnisation des victimes de violence sexuelle et conjugale. Pour elle, l'enjeu humain derrière un dossier est très important. C’est pourquoi elle est membre des conseils d’administration de plusieurs fondations et organismes voués à la défense et à la promotion des droits des victimes de crimes, dont le Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal dans lequel elle s’investit depuis 1988. Professeure à la Faculté de droit de l’Université Laval depuis 1991, son enseignement et ses recherches ont toujours porté sur le droit civil ainsi que sur l’analyse féministe du droit. Son travail s’étend aussi au bénéfice de regroupements et d’organisations : elle a été notamment titulaire, de 2006 à 2009, de la Chaire d’étude Claire-Bonenfant sur la condition des femmes de l’Université Laval ainsi que e De même, une importante partie du travail qui démarque tant M Gravel provient des professeure invitée dans des programmes d’études de facultés de droit françaises. nombreux ouvrages, précis et guides de travail qu’elle a écrits dans le domaine du Ses efforts constants de promotion des droits des femmes, tant dans la droit criminel et pénal. Elle a entre autres travaillé à la rédaction de guides pour les communauté juridique que dans la société en général, joints à sa perspicacité, à ses poursuivants, dont un en 1996 sur la victimisation et ses conséquences, et un autre en habilités de recherche et à sa capacité d’analyse font de Me Langevin une avocate 1998 sur les crimes à caractère sexuel à l’égard des enfants et des adolescents. Cela engagée et dévouée. Me Langevin est sans conteste une avocate incontournable au rejoint en effet son travail de procureure à la couronne dans le domaine des développement des thèmes reliés aux femmes et, de ce fait, contribue de façon infractions sexuelles où elle a d’ailleurs agi à titre de responsable de l’équipe des significative au rayonnement de la pratique du droit en lien avec les valeurs de infractions sexuelles du bureau de Montréal. respect et d’égalité qui caractérisent notre société moderne. Enfin, cette avocate hors pair apprécie particulièrement transmettre ses connaissances. Elle fait de l’enseignement du droit criminel depuis 1994, non seulement au niveau collégial et universitaire, mais aussi à l’École nationale de police, à l’École des poursuivants sans oublier la formation permanente et à l’École de formation professionnelle du Barreau. Elle est aussi régulièrement invitée à titre de conférencière ou de formatrice dans le cadre de congrès ou de colloques. RÉCIPIENDAIRES DE LA DISTINCTION AVOCAT ÉMÉRITE Voici les récipiendaires de la distinction Avocat émérite, distinction qui reconnaît l’excellence de membres au parcours exemplaire. Me Johanne April, Bas-St-Laurent Me Christine Fournier, Bedford Me Maxwell W. Mendelsohn, Montréal Me Marie Claire Belleau, Québec Me Roch A. Fournier, Saint-François Me Françoise Mercure, Québec Me Yves Bériault, Montréal Me Jean-Jacques Gagnon, Montréal Me Pierre Messier, Montréal Me Jean-Yves Bernard, Montréal Me Chantal Gosselin, Québec Me André Albert Morin, Montréal Me Max R. Bernard, Montréal Me Bernard Grenier, Montréal Me Alex K. Paterson, O.C., O.Q., c.r., Montréal Me Yvan Bolduc, Montréal Me Louis P. Huot, Québec Me André C. Côté, Québec Me Colin Irving, Montréal Me Richard W. Pound, O.C., O.Q., c.r., F.C.A., Montréal Me Luc Côté, Montréal Me Pierre Gabriel Jobin, Montréal Me Monique Dupuis, Montréal Me Francine Larouche, Abitibi-Témiscamingue Me René Dussault, Québec Me Maurice Forget, C.M., Montréal Me Jean-Yves Fortin, Montréal Me Claudia P. Prémont, Québec Me Reine-Marie Roy, Bas-Saint-Laurent Me Michael Stober, Montréal Me Alain Létourneau, c.r., Montréal Me Pierre Sylvestre, Montréal Me Jean Martel, Montréal Me Gérald R. Tremblay, C.M., O.Q., c.r., Montréal À noter que la cérémonie de remise qui se tient habituellement au Congrès du Barreau aura lieu à l’automne. 30 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Avis de convocation Assemblée générale annuelle Conseil d’administration 2010-2011 À tous les membres du Barreau du Québec, Prenez avis que l’Assemblée générale annuelle des membres du Barreau du Québec aura lieu le samedi 5 juin 2010 à compter de 11 h 30, à la salle Malbaie A du Fairmont Le Manoir Richelieu, à La Malbaie. La secrétaire de l’assemblée générale, Sylvie Champagne, secrétaire de l’Ordre Projet d’ordre du jour 1. Considération de l’ordre du jour 2. Procès-verbal de l’Assemblée générale annuelle du 30 mai 2009 10.3 Cotisations du CAIJ – Indexation 10.4 Membres gratuits de 45 ans et plus d'inscription au Barreau – Possibilité de transférer sans Affaires découlant du procèsfrais additionnels dans la verbal précité catégorie « Avocat à la retraite» Rapport du bâtonnier Pierre 11. Résolutions soumises à l’AssemChagnon sur les activités de blée générale annuelle l’exercice 2009 2010 12. Nomination des vérificateurs Rapport du président du Fonds Divers d’assurance responsabilité 13. professionnelle (FARPBQ) 14. Date et lieu de la prochaine Assemblée générale annuelle : le Rapport du président du Centre samedi 4 juin 2011 au Hilton d'accès à l'information juridique Lac Leamy, Gatineau (CAIJ) 3. 4. 5. 6. 7. Rapport du président du Programme d'aide aux membres du Barreau (PAMBA) 8. Rapport de certains comités 9. 10. Ajournement pour continua tion lors de la soirée de clôture 15. Mot du président du Congrès 2010, Me Louis-Charles Sirois États financiers de l’exercice 2009-2010 16. Message du bâtonnier Pierre Chagnon Cotisations annuelles des membres du Barreau du Québec 17. Clôture de l’assemblée générale annuelle et entrée en fonction des personnes qui seront élues au bâtonnat et à la viceprésidence pour l'exercice 20102011 10.1 Cotisations du Fonds général – Augmentation de 150 $ modulée sur trois ans et indexation De gauche à droite, de bas en haut : Guy Aidans, Hélène St-Amand, Louis-Raymond Maranda, Luc Perron, Jean-François Gingras, François Cantin et Giuseppe Vitale, étaient absents Richard Dubé et Daniel Jean. En mars dernier, Louis-Raymond Maranda, h.j., de Montréal, a été reconduit à titre de président de la Chambre des huissiers de justice du Québec, pour un deuxième mandat de deux ans. En début d’année, il a été élu à titre de vice-président au Bureau de l’Union internationale des huissiers de justice et d’officiers judiciaires, organisme qui regroupe 70 pays sur 5 continents. Au cours de ce nouveau mandat, Louis-Raymond Maranda compte s’assurer que dans le cadre de la réforme du code de procédure civile, l’huissier occupe tout l’espace que son rôle d’officier de justice lui permet d’occuper et ainsi contribuer à un meilleur accès à la justice. De plus, il amorcera la mise en place d’un programme de formation continue obligatoire à travers, entre autres, le volet extranet et webformation créé l’an dernier pour les membres de la Chambre. Outre M. Maranda, le Conseil d’administration de la Chambre est formé, pour le terme 2010-2011, de : Richard Dubé, h.j., de Québec, vice-président; Giuseppe Vitale, h.j., de Montréal, trésorier; Guy Aidans, h.j., de Saint-Jean-sur-Richelieu, François Cantin, h.j., de Laval, Jean-François Gingras, h.j., de Trois-Rivières, et Daniel Jean, h.j., de Montréal, administrateurs; ainsi que Hélène St-Amand et Luc Perron, nommés par l’Office des professions du Québec. La Chambre des huissiers de justice du Québec, ordre professionnel d’exercice exclusif, a pour principale fonction d’assurer la protection du public. Les actes professionnels des huissiers de justice consistent à signifier des actes de procédure ou autres documents, exécuter des décisions de justice, constater des situations ou événements, et recouvrer des créances. 10.2 Cotisations du Fonds pour l'assistance parentale pour les travailleurs autonomes (APTA) – 15 $ Règles relatives à la présentation des résolutions à l’Assemblée générale annuelle des membres du Barreau tenue dans le cadre du Congrès 2010 1. Aucune résolution ne peut être présentée à l’Assemblée générale à moins d’avoir été préalablement soumise au Comité des résolutions et jugée recevable par ledit Comité. 2. Une résolution peut être présentée par tout membre en règle du Barreau, par une section du Barreau ou par un groupement d’avocats ; elle doit être soumise par écrit, signée par le proposeur et appuyée par 10 membres en règle. 3. Pour être recevable à l’Assemblée générale annuelle des membres du Barreau du Québec tenue dans le cadre du Congrès 2010. a. Toute résolution présentée par un membre, une section du Barreau ou un groupe d’avocats doit être déposée au siège social du Barreau du Québec, 445, boulevard Saint-Laurent, Montréal (Québec) H2Y 3T8, à l’attention du directeur général, au plus tard le vendredi 28 mai 2010, à 12 h. b. Toute résolution présentée dans le cadre du Congrès 2010 doit être déposée au Secrétariat du Congrès, à l’Hôtel Fairmont Le Manoir Richelieu, 183, rue Richelieu, La Malbaie (Québec) Canada G5A 1X7, au plus tard le vendredi 4 juin 2010, à 16 h 15. Si elle fait suite au discours d’ouverture du jeudi après-midi, 3 juin ou à l’un des ateliers du vendredi, la résolution doit avoir été approuvée par la majorité des membres en règle présents lors du discours d’ouverture ou à l’atelier, selon le cas. c. Toute autre résolution présentée du plancher lors de l’Assemblée générale des membres ne pourra faire l’objet d’un vote à ladite assemblée, mais sera référée pour étude par le Conseil général du Barreau, avec ou sans discussion, à la discrétion du président de l’assemblée. Il en est de même de toute résolution adoptée lors d’un atelier tenu le samedi 5 juin 2010, en avant-midi. Mars 2010 Le Journal Barreau du Québec 31 Mai 2010 D’une couverture à l’autre La rédaction juridique Une bête à apprivoiser Rollande Parent La rédaction d’un texte est souvent vue comme un exercice pénible, aride et exigeant, d’où la propension souvent observée à repousser le moment de s’atteler à la tâche. On a beau aimer ce que l’on fait, la procrastination guette fréquemment quand vient le temps d’écrire l’avis juridique promis à un client, l’allocution à prononcer dans les jours suivants ou encore la rédaction d’une procédure dont la date limite de dépôt approche inexorablement. Pas si facile de recueillir les informations pertinentes et de les classer, ni d’organiser ses idées et d’établir un plan du travail à faire. C’est justement pour rendre ces tâches plus faciles que Me Josée Ringuette a écrit le Petit manuel de rédaction à l’usage des étudiants en droit. Dans sa ligne de mire se trouvent les étudiants en droit, mais aussi les juristes. M e Ringuet recommande l’utilisation d’un vocabulaire juridique approprié. Elle prône le recours aux expressions juridiques consacrées tout en fournissant des exemples où des substituts approximatifs ou inadéquats ont été utilisés. Par exemple, celui-ci : « Il n’a plus de recours; la prescription est défoncée », une bourde tirée de l’ouvrage de Jean-Louis Baudouin Les perles de Thémis ou Les Joyaux de l’humour involontaire. Me Ringuette estime qu’il aurait plutôt fallu écrire : « Il n’y a plus de recours; l’action est prescrite. » Cette jeune femme de 31 ans connaît bien le milieu juridique puisqu’elle partage son temps entre la Faculté de droit de l’Université de Montréal à titre de chargée de cours et la consultation et la rédaction juridiques pour divers ministères. À l’intention de ceux qui aiment parsemer leur texte d’expressions latines ou encore Elle fait également de la révision d’articles. de proverbes et de dictons, Me Ringuette les invite à prendre soin de les écrire correctement. Une fois de plus, elle recourt à un exemple à éviter, relevé par Elle a conçu son livre comme un guide auquel le lecteur Jean-Louis Baudouin : « Il ne faut pas remettre à plus tard ce qui appartient à César ». peut se référer à différentes étapes de l’écriture d’un texte : pour la recherche, pour la construction du plan et pour Ayant observé que les anglicismes abondent trop souvent dans la rédaction. Par souci de clarté, elle a pris soin d’illustrer les textes juridiques, l’auteure dresse une liste sur son propos, de fournir de nombreux exemples. cinq pages de ceux qui reviennent le plus fréquemment et indique par quelle expression Le plan, le plan, le plan les remplacer. Elle fournit même au passage M e Ringuette constate que les étudiants ont besoin l’origine de ces calques de l’anglais. d’être soutenus. « Ils sont souvent désemparés devant l’ampleur de la tâche au moment de rédiger un travail Outils et mises en garde d’une certaine ampleur, indique-t-elle. Ils sont capables Josée Ringuette fournit par ailleurs des conseils d’identifier des sources intéressantes, mais ils ont précieux à ceux qui veulent mieux structurer leur de la difficulté à faire le tri dans les informations, texte, trouver les mots permettant de passer en à déterminer celles qui sont pertinentes et celles qui douceur d’une idée à l’autre. ne le sont pas. » La recommandation de base, sur laquelle elle Autre écueil : la construction du plan. Elle reconnaît insiste : une idée par paragraphe et des transitions qu’il s’agit là « d’un exercice très difficile, d’une d’un paragraphe à l’autre et d’une division à l’autre. étape cruciale et déterminante dans la rédaction Pour y contribuer, l’auteure présente une liste d’un travail d’une certaine ampleur. Faire le tri de petits mots facilitant les enchaînements. dans les informations et construire un plan sont Ceux qui annoncent une conséquence, une addition, les difficultés principales. Même si les étudiants une liaison, une comparaison, une concession, ont une bonne plume, cela ne veut pas dire qu’ils une opposition, une restriction. À titre d’exemple : sont capables de structurer leur pensée, au contraire, cependant, toutefois, néanmoins, d’organiser leurs idées. Pour faire un bon plan, en revanche, donc, de sorte que, de manière que, il faut vraiment bien maîtriser la matière. » si bien que, par conséquent, en effet, cependant, effectivement, à la lumière de, au surplus. Elle fournit donc au lecteur une multitude de repères afin qu’il arrive à choisir et à cerner Elle sert aussi une mise en garde quant à l’utilisation son sujet de recherche. Elle le met en garde de pléonasmes dont les plus courants sont probablement toutefois contre la tentation d’embrasser trop « comme par exemple » ou « je pense personnellement ». large, de se laisser distraire et de se perdre Trop souvent lus ou entendus. en cours de route. En outre, à ses yeux, l’utilisation de trop nombreuses Aux inquiets, elle signale que l’élaboration du plan citations cache une tentative flagrante de l’auteur d’un est un processus évolutif, un travail qu’on peut modifier et améliorer texte de camoufler son incompréhension. D’où l’exhortation tout au long du parcours. Surtout que le plan et la recherche influent l’un sur l’autre, suivante : « Faites un effort de synthèse. Ne cédez pas à la à coups de réflexions et de découvertes. tentation de cacher votre incompréhension en recourant abondamment aux citations nombreuses. Les gens y verront clair ». À ceux qui sont paralysés devant la page blanche, l’auteure suggère de s’adonner à une purge intellectuelle libératrice, de se lancer dans une opération de L’avis juridique remue-méninges, de jeter sur papier toutes les idées qui leur passent par la tête. M e Ringuette consacre tout un chapitre à la rédaction de l’avis juridique. De cette activité pourraient émerger des idées intéressantes à partir desquelles Elle y décrit les étapes de résolution d’un problème juridique et les composantes il vaudrait la peine de bâtir. formelles d’un tel avis. Elle complète le tout par un exemple. Pour aider davantage, elle conseille d’établir les grandes divisions du travail envisagé sur les catégories juridiques connues qui se rattachent aux différents droits et obligations, pouvoirs et devoirs, aux contrats, aux régimes ou institutions juridiques, aux personnes, aux sanctions, aux catégories de recours disponibles, notamment. À ceux qui n’arrivent toujours pas à tracer les grandes lignes de leur plan, elle recommande de s’inspirer de plans existants, tout simplement. La rédaction En avocate prudente, elle insiste sur un point : « Dans la mesure où votre opinion doit permettre à votre client de prendre une décision éclairée, vous devez faire preuve d’une certaine objectivité. Quitte à proposer par la suite au client la solution la pus appropriée, la plus avantageuse pour lui ». La présentation matérielle Finalement, dans le chapitre sur la présentation matérielle du texte, elle répond aux interrogations suivantes. Faut-il mettre des majuscules aux mots loi, règlement, juge, cour, code, charte, constitution ? Jamais ? Parfois ? Une fois venu le moment de la rédaction, l’auteure va de l’avant avec une série Faut-il mettre les renvois, notes et extraits en bas de page ? Quelles sont les règles de recommandations quant au style juridique, au vocabulaire et à la syntaxe. à suivre pour la pagination ? Les tables bibliographiques ? Petit manuel de rédaction à l’usage des étudiants en droit. Josée Ringuette. 2009. Les Éditions Thémis. 32 Mai 2010 Il ne faut pas croire que Me Ringuette a dit son dernier mot quant à la rédaction juridique. Elle ambitionne d’enrichir son livre au fur et à mesure de ses expériences professionnelles de recherche et d’enseignement et également des commentaires de ses lecteurs. Le Journal Barreau du Québec Le Journal Barreau du Québec 33 Mai 2010 Requêtes à géométrie variable à l'essai à Québec Louis Baribeau, avocat La Cour du Québec a mis en œuvre le 15 mars dernier un projet pilote simplifiant la présentation des requêtes en prolongation de délai qui ne sont pas contestées. Cette innovation sera autant à l'avantage des clients que des avocats et des juges. Il arrive fréquemment que les parties à un litige civil aient besoin de présenter une requête en prolongation de délai parce qu'elles n'arrivent pas à compléter leur dossier dans le délai de 180 jours prescrit le Code de procédure civile. « On étend les délais à cause de la tenue d'un interrogatoire, à cause d'un expert, des vacances… », indique le juge Charles G. Grenier, coordonnateur adjoint à la Chambre civile de la Cour du Québec région de Québec Chaudière-Appalaches. Souvent aussi, une partie demande une prolongation de délai pour appeler des personnes en garantie. Traditionnellement, on requiert la présence des avocats pour la présentation de ces requêtes. Cela « implique des déplacements pour les avocats et du temps de Cour », fait remarquer Me Charles Morisset, président du comité sur la Cour du Québec du Barreau de Québec. À la suggestion du Comité, les juges de la Cour du Québec ont accepté, dans le cadre d'un projet pilote, de ne plus demander aux avocats de se déplacer pour la présentation de ces requêtes en prolongation de délai non contestées. « La simplicité est la plus belle qualité de ce projet pilote, estime Me Morisset. Il n'a pas été nécessaire de modifier les règles de pratique. C'est une solution gagnante pour les avocats et le système judiciaire, et cela diminue les coûts pour les clients. » Conférences téléphoniques Ce projet pilote laisse à la magistrature toute la latitude nécessaire pour déterminer si les motifs allégués justifient d'accorder la demande de prolongation de délai non contestée et pour continuer à gérer l'instance. À la lecture de la requête, si le juge siégeant en Cour de pratique constate un problème, s'il songe à la rejeter ou à en modifier les conclusions ou s'il veut obtenir des précisions au sujet des motifs de prolongation, il communique avec les avocats pour tenir une conférence téléphonique afin d'écouter leurs explications ou leurs argumentations. « Il y aura des juges qui vont peut-être lire ces requêtes un peu plus attentivement maintenant, souligne le juge Grenier. C'est le plus gros avantage du projet pilote pour la Cour. » Cela pourrait du même coup inciter les avocats à mettre davantage de détails dans leur requête pour justifier la prolongation du délai de 180 jours. Il est vrai que cette nouvelle façon de faire limite les interactions en Cour de pratique entre les juges et les représentants légaux des parties, mais les juges ne s'en plaignent pas, selon le juge Grenier. Les cabinets d'avocats déléguaient souvent, pour la présentation de ces requêtes non contestées, un stagiaire ou un jeune avocat qui ne connaissait pas le dossier. Le système de conférence téléphonique qui a été mis en place permet maintenant aux juges de poser des questions ou de faire des remarques directement aux avocats responsables des dossiers. Nouvelles règles de forme des requêtes Afin de faciliter le traitement de ces dossiers par le greffier spécial et le personnel de la Cour du Québec, on demande aux avocats d'ajouter dans le titre de la requête en prolongation de délai la mention « non contestée ». La requête devra également contenir une allégation indiquant qu'elle n'est pas contestée. De plus, on demande à l'avocat du requérant de joindre à sa requête un nouvel échéancier tenant compte des conclusions recherchées et qui est signé par tous les procureurs au dossier. La signature de cet échéancier équivaut à un consentement à la demande de prolongation de délai. Personne non représentée par avocat Cependant, le projet pilote ne s'appliquera pas lorsqu'une des parties n'est pas représentée par avocat. Dans ces dossiers, on demandera à la partie non représentée d'être présente en même temps que l'avocat de la partie adverse pour la présentation de la requête, comme dans le cas des demandes contestées. En effet, l'expérience a appris aux juges de la Cour du Québec que les personnes non représentées sont souvent difficiles à joindre pour la tenue des téléconférences. Souvent, les juges doivent leur donner de l'information sur la règle du 180 jours et sur les échéanciers. « Il est mieux de les avoir devant nous pour leur expliquer », souligne le juge Grenier. Ce dernier se donne un an pour évaluer ce projet pilote en fonction des commentaires des juges et des avocats et, sur cette base, décider si la mesure sera instaurée en permanence. Les membres du Comité sur la Cour du Québec ainsi que les juges de la Cour continuent de réfléchir à d'autres moyens d'améliorer l'efficacité du système de justice dans le district de Québec. Par exemple, on vise à déterminer le meilleur moment pour offrir aux parties les conférences de règlement amiable. « Le dialogue est bon entre la Cour et le Comité », conclut Me Charles Morisset. 34 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Cause phare Wal-Mart avait le droit de mettre la clé dans la porte Louis Baribeau, avocat Les tribunaux ne peuvent pas ordonner à un employeur de réintégrer des salariés dans un établissement qui n'existe plus, tranche la Cour suprême dans le récent arrêt Plourde c. Wal-Mart1. En 2004, le syndicat des Travailleuses et travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, section locale 503 à Jonquière, a été le premier syndicat accrédité pour un magasin Wal-Mart en Amérique du Nord. La négociation de la première convention collective a été un échec, et le syndicat a donc demandé au ministre du Travail de nommer un arbitre pour fixer les conditions de travail. Le jour même de la nomination de l’arbitre, coup de théâtre : Wal-Mart annonce la fermeture définitive de son magasin de Jonquière, mettant ainsi fin à l’emploi de quelque 190 salariés. Le recours contre l'employeur Objectif : réintégration De plus, il est d'accord avec l'interprétation jurisprudentielle actuelle des articles 15 et suivants du Code du travail. Ces dispositions visent principalement à réintégrer les employés victimes de représailles antisyndicales. Le législateur a ajouté ce recours en réintégration, parce que les recours pénaux existants n’étaient qu’un piètre réconfort pour les salariés victimes de congédiement pour activités syndicales. S'agissant d'un recours en réintégration, il est clair « que le législateur considérait l’existence d’un lieu de travail toujours en activité comme une condition préalable au succès d’une plainte fondée sur l’article 15 », affirme le juge Binnie. Des employés de Jonquière et leur syndicat intentent divers recours judiciaires à l'encontre de la fermeture du magasin qu'ils considèrent comme de l'intimidation envers le mouvement syndical. Un de ces employés, Gaétan Plourde, demande à la Commission des relations du travail d’être réintégré dans son emploi en vertu des articles 15 et suivants du Code du travail. Il rappelle les propos suivants du Tribunal du travail dans la cause City Buick Pontiac qui reflètent le point de vue unanime des juges de la Cour suprême dans l'arrêt Place des Arts : « Dans notre système d’économie libérale, il n’existe aucune législation obligeant un employeur à demeurer en affaire [. . .] Si un employeur, pour quelque raison que ce soit, décide par conséquent de véritablement fermer boutique, les congédiements auxquels il procède sont causés par la cessation des Selon l’article 15, « Lorsqu’un employeur congédie, suspend ou déplace un salarié, activités, ce qui est une raison économique valable de ne pas engager de personnel, exerce à son endroit des mesures discriminatoires ou des représailles, ou lui impose même si cette cessation est mue par des motifs condamnables socialement ». toute autre sanction à cause de l’exercice par ce salarié d’un droit qui lui résulte du présent Code, la Commission peut ordonner sa réintégration dans son emploi Recours en indemnisation avec tous ses droits et privilèges et lui verser une indemnité compensatoire. » La non-recevabilité d'une demande en réintégration selon les articles 15 et suivants Selon l'article 17, « S'il est établi à la satisfaction de la Commission que le salarié exerce ne prive pas les employés de Wal-Mart de tout recours, selon le juge Binnie. un droit qui lui résulte du présent code, il y a présomption simple en sa faveur La jurisprudence a reconnu que la fermeture d'entreprise, lorsqu'elle constitue un geste que la sanction lui a été imposée ou que la mesure a été prise contre lui à cause antisyndical, donne ouverture à un recours sur l'article 12 du Code du travail5. de l’exercice de ce droit et il incombe à l’employeur de prouver qu’il a pris cette sanction Cet article prévoit qu’aucun employeur « ne cherchera d’aucune manière à dominer, ou mesure à l’égard du salarié pour une autre cause juste et suffisante. » La partie entraver ou financer la formation ou les activités d’une association de salariés ». syndicale soutient que la fermeture du magasin constitue des représailles envers Il ouvre la porte aux dispositions réparatrices générales des articles 118 et 119 du Code, M. Plourde au sens de l’article 15 et qu’il faut donc appliquer la présomption qui incluent des dommages et intérêts compensatoires. de l’article 17. Selon elle, il appartient à Wal-Mart de démontrer que sa décision La demande en réintégration vise les traitements discriminatoires envers un ou de fermer ne visait pas à nuire au syndicat. plusieurs salariés en particulier. La rédaction du texte de l'article 12 est plus large, Un courant de jurisprudence bien établi permettant d'octroyer des indemnités à tous les salariés qui ont subi la fermeture, Cependant, les avocats de Wal-Mart invoquent une jurisprudence constante depuis même à ceux qui n'ont pas participé aux activités syndicales. « Une poursuite l’arrêt City Buick Pontiac (Montréal) inc. c. Roy2 de 1981 établissant que les articles fondée sur l'article 12 est logique parce que l'idée maîtresse de l'argumentation 15 et 17 ne s’appliquent pas dans le cas de fermeture d’entreprise, car la cessation de l'appelant n'est pas qu'on lui a réservé un traitement discriminatoire », indique des activités constitue une « cause juste et suffisante » de congédiement. En 2004, le juge Binnie. dans l’arrêt Place des Arts3, la Cour suprême du Canada a confirmé ce principe. En cas de fermeture d'entreprise, il est peut-être moins attrayant d'utiliser le recours en indemnisation de l'article 12, parce que la présomption de l'article 17 ne Argument constitutionnel Le syndicat propose de reconsidérer aujourd’hui ce courant de jurisprudence s'applique pas, ce qui rend la preuve plus difficile à faire. C'est sans doute à la lumière du récent arrêt de la Cour suprême du Canada Health Services4 qui l'existence de cette présomption qui a incité le syndicat à privilégier le recours en a élargi la notion de liberté d’expression. Depuis cette décision, il est maintenant réintégration. clair que la liberté d’expression inclut le droit de participer à un processus général Le juge Binnie rappelle que des salariés de Jonquière ont déjà invoqué, dans une de négociation collective. Selon le syndicat, l’article 15 du Code du travail devrait autre affaire6, l'article 12 à l'encontre de la fermeture de Wal-Mart, mais se sont être interprété de manière à « refléter ces valeurs consacrées par la Charte ». Ainsi, désistés de ce recours. la fermeture de Wal-Mart survenue en contexte de syndicalisation brimerait la liberté d’expression et devrait donc être sanctionnée. La Commission des relations du travail, la Cour supérieure et la Cour d'appel donnent raison à Wal-Mart et rejettent la demande de M. Plourde. Six juges des neufs juges de la Cour suprême sont du même avis. Selon le juge William Ian Corneil Binnie, qui a rédigé les motifs des juges majoritaires, il n'y a pas lieu de modifier l’interprétation des articles 15 et suivants pour refléter l’arrêt Health Services. « Le législateur a établi un équilibre entre les droits des salariés et les droits de la direction d’une manière qui respecte la liberté d’association », écrit-il. Élargir le droit à la liberté d’expression de manière à empêcher un employeur de fermer son établissement pourrait rompre cet équilibre. 1 2 3 4 5 6 2009 CSC 54. [1981] T.T. 22. A.I.E.S.T., local de scène nº 56 c. Société de la Place des Arts de Montréal, 2004, CSC 2. Health Services and Support - Facilities Subsector Bargaining Assn. c. Colombie-Britannique, 2007 CSC 27. Asselin c. Lord, D.T.E. 85T-193. Boutin c. Wal-Mart Canada, 2005 QCCRT 269. Le syndicat n’a pas démontré l’existence de motifs impérieux de s’écarter du courant jurisprudentiel majoritaire. « Une certaine constance judiciaire est nécessaire pour que les personnes œuvrant dans le domaine des relations du travail au Québec puissent connaître les règles qui régissent leurs activités », indique le juge Binnie. Le Journal Barreau du Québec 35 Mai 2010 Jeune Barreau Développement professionnel 101 Emmanuelle Gril Comment développer sa clientèle et soigner ses relations professionnelles lorsqu’on est avocat depuis moins de dix ans ? Voici quelques conseils éprouvés. Me Frédérick Carle est avocat criminaliste. Assermenté en mars 2004, il a ensuite été embauché dans le cabinet spécialisé en droit pénal et criminel où il a avait effectué son stage. En octobre 2008, il quitte toutefois son employeur pour démarrer sa propre pratique. Au cégep, M e Carle a obtenu un diplôme d’études collégiales en sciences humaines, profil administration et marketing. « Pour moi, cela a toujours été clair que j’allais lancer ma propre affaire », dit celui qui a un vrai profil d’entrepreneur. Car pour lui, le réseautage n’a plus de secret. « Dès mon secondaire, je me suis beaucoup impliqué au sein d’associations. J’ai continué à l’université et plus tard je suis devenu membre de l’Association du Jeune Barreau de Montréal (AJBM). » Si on ne sait trop par où commencer, Me Hillier conseille de s’inscrire aux activités de réseautage de l’AJBM. « Nous proposons deux fois par an du ‟speed-réseautage” avec des entrepreneurs et d’autres professionnels ̶ dont les comptables et les fiscalistes ̶ en collaboration avec d’autres associations telles que la Jeune Chambre de commerce et les Jeunes Canadiens en finance », indique-t-il. L’AJBM s’est aussi associée à l’organisme Bénévoles d’affaires, qui facilite l’implication des gens d’affaires dans les organismes communautaires et culturels. « Lorsqu’on siège au même CA d’un organisme sans but lucratif (OSBL) qu’une autre personne du monde des affaires, c’est très efficace pour nouer des liens », soutient Me Hillier. Dans sa pratique, Me Carle représente ceux que l’on classe dans la catégorie des first offenders, c’est-à-dire les « criminels en col blanc ». « Il peut s’agir par exemple d’un homme d’affaires au passé sans tache, qui un jour commet une fraude. Ou encore d’une personne sans antécédents judiciaires qui est arrêtée pour alcool au volant ou violence conjugale. Ces gens-là n’ont pas de culture criminelle. » Il ajoute : « Au début de ma pratique, je me suis posé la question suivante : ‟comment, en tant que jeune avocat, vais-je me positionner auprès de cette clientèle qui est à la fois partout et nulle part ?”. Pour leur part, mes confrères diffusent des annonces dans les journaux, accordent des entrevues sur des affaires médiatisées, mais ce n’est pas mon cas. » Autre option : le volet formation de l’AJBM, qui permet notamment d’acquérir des compétences de base en développement des affaires. Outre les activités purement juridiques, l’AJBM offre d’autres possibilités par le biais de son Comité des activités sociales et sportives ainsi que son Comité d’activités culturelles, par exemple un cours sur les vins. « Quand ils partagent la même passion, c’est un excellent point de départ pour permettre aux gens de mieux se connaître et, éventuellement, bâtir des relations d’affaires », précise Me Ryan Hillier. Me Carle a donc développé sa propre technique, basée sur les relations qu’il noue avec d’autres avocats. « Prenons l’exemple d’une personne qui fait affaire avec un avocat en litige civil ou commercial, et qui se retrouve mêlée à une affaire de fraude. L’avocat pourra me transmettre son dossier s’il n’y a pas de ressource en droit criminel au sein de son cabinet, ce qui est généralement le cas dans les grands bureaux », illustre-t-il. Actuellement secrétaire trésorier à l’AJBM, il côtoie de nombreux avocats, ce qui lui permet de se faire connaître dans le milieu. « Les jeunes d’aujourd’hui sont les associés de demain ! Et d’ores et déjà, il y a des jeunes qui parlent de moi à leur patron », souligne-t-il. Est-ce que sa méthode fonctionne ? Fort bien, et même au-delà de ses espérances. Un bon coup de pouce La preuve, Me Ryan Hillier, président du comité de développement professionnel à l’AJBM et qui œuvre au sein d’un grand cabinet à Montréal, lui a déjà référé un dossier. « Je l’ai côtoyé au sein de l’AJBM et j’apprécie son professionnalisme », dit-il. Très impliqué au sein de l’Association, le réseautage est une sorte de seconde nature chez Me Hillier, qui nage comme un poisson dans l’eau dans ce type d’activités, et y amène parfois des confrères ou consœurs qui sont moins à l’aise que lui dans ce milieu. « Pour les avocats qui œuvrent dans des cabinets de plus petite taille, le réseautage avec d’autres avocats est très important. En effet, ils peuvent ainsi se faire confier des dossiers, notamment lorsqu’il y a conflit d’intérêts, ce qui peut arriver dans un grand cabinet », souligne-t-il. 36 Mai 2010 Réseautage stratégique Le long terme est également le mot d’ordre de Me Caroline Haney, fondatrice de Recrutement juridique Haney, qui estime que le développement d’affaires ne peut se faire en un jour. « C’est pour cela qu’il faut s’y prendre tôt, tout comme on devrait commencer à cotiser dans ses REER jeune ! », plaisante-t-elle. Selon elle, au début on peut ratisser plus large, puis devenir davantage sélectif au fur et à mesure. Des organismes comme les associations du Jeune Barreau, la Jeune Chambre de commerce, Avocats sans frontières, les OSBL et les fondations offrent de belles occasions d’élargir son réseau. « Quand on siège à un CA, on voit comment se déroulent les réunions et on se rapproche de la réalité des affaires », explique-t-elle. Elle ajoute qu’on devrait également garder contact avec les personnes que l’on connaît déjà, notamment celles rencontrées à l’université. « Il faut continuer à bâtir et à entretenir ces relations. Qui sait, vous pourriez avoir besoin d’elles plus tard ou vice-versa ! » Mais attention, il faut s’impliquer pour de bon et non pas seulement distribuer ses cartes professionnelles, prévient Me Haney. Autrement dit, on ne devrait pas s’engager dans un esprit mercantile, mais plutôt faire preuve d’authenticité. En ce qui concerne la fréquence, Bâtir des relations de confiance elle conseille de planifier au minimum deux événements Stéphane Deslauriers est consultant spécialisé en par mois, voire environ un par semaine. développement des affaires. Riche d’une longue expertise acquise auprès de différents milieux d’affaires, il a depuis Pour sa part, Me Dominique Tardif, directrice du bureau peu démarré son propre cabinet-conseil dans le domaine, de Montréal de ZSA Recrutement juridique, explique Centaurus. Son approche est la suivante : « Ce que qu’il y a plusieurs façons de développer sa propre le client achète, ce n’est pas seulement une expertise, clientèle, et qu’il revient à chacun de trouver celle qui mais une personne à part entière. Par conséquent, lui convient le mieux. « Les jeunes avocats pensent ce que je cherche à mettre de l’avant, c’est l’individu parfois que les cocktails sont la seule façon de réseauter, plutôt que les techniques », explique-t-il. mais c’est une erreur. Les soirées-bénéfice pour des fondations, les conseils d’administration d’OSBL, Selon lui, il existe différentes sortes de développement les chambres de commerce, les comités de Jeunes d’affaires, mais ultimement, le but est de se trouver Barreaux, les petits-déjeuners-conférences ou les soi-même et de faire ressortir l’élément qui nous associations sportives, par exemple, sont autant distinguera des autres. « Mon travail consiste notamment de bonnes occasions de développer des liens. Il faut à aider les professionnels à prendre conscience s’impliquer dans son réseau si l’on veut avoir de la de leurs propres forces. Par ailleurs, ce n’est pas parce visibilité auprès des clients, aussi bien actuels que que les jeunes avocats ont moins d’expérience qu’ils potentiels », précise-t-elle. n’ont rien à offrir : au contraire, dans leur cas, c’est là qu’il faut faire ressortir leurs habiletés spécifiques », Elle ajoute : « Il faut commencer tôt, même si on n’a dit-il. pas encore nécessairement une expertise très pointue à vendre. On développe ainsi ses réflexes, on apprend Il ajoute que pour démarrer, on peut commencer par à se sentir à l’aise en présence de clients. Il est aussi soigner le réseau qu’on a déjà, en effectuant un suivi important de fidéliser ses clients existants, et de soigner auprès des personnes qui le composent, mais pas de les relations qu’on a établies en maintenant le contact n’importe quelle façon. « Aujourd’hui, le problème et les suivis auprès d’eux : par un appel, un dîner, n’est pas d’avoir accès à l’information mais d’avoir accès par l’envoi d’un article dont on a discuté, etc. Cela prend à une information de qualité. Il faut prendre le temps une certaine organisation et de la méthodologie, mais de réfléchir avant de communiquer avec les gens, il ne faut pas s’asseoir sur ses acquis – la concurrence et voir ce qu’on pourrait leur apporter de pertinent », est forte ! », souligne-t-elle. soutient-il. Un suivi à long terme, axé sur une écoute de qualité, permet aussi selon lui de bâtir des relations En terminant, elle conseille aux avocats de se montrer d’affaires de confiance. proactifs et proches de la réalité d’affaires de leurs clients. « Il faut leur offrir une réelle valeur ajoutée auprès des clients et savoir anticiper leurs besoins, en se rendant à leurs locaux, en se renseignant sur les grands enjeux de leur industrie ou en s’adaptant à leur réalité d’affaires. Par exemple, il vaut parfois mieux préparer un document PowerPoint qui aidera le chef de contentieux à présenter clairement et en peu de temps la situation au comité de gestion de la compagnie, plutôt que de systématiquement lui remettre une longue opinion juridique. Il faut s’adapter au client et être imaginatif pour se démarquer », conclut-elle. Le Journal Barreau du Québec Un nouveau règlement pour le Tribunal des professions Emmanuelle Gril Entré en vigueur le 1er avril 2010, le nouveau Règlement du Tribunal des professions fait suite à d’importantes modifications au Code des professions concernant notamment le contenu du dossier en appel. La présidente du Tribunal, la juge Louise Provost, J.C.Q., nous dresse un portrait de ces changements. C’est dans la foulée des modifications législatives Le nouveau Règlement du Tribunal majeures au Code des professions, sur lesquelles des professions travaillait l’Office des professions, que le Tribunal a été Les changements se retrouvent notamment aux consulté en 2007 sur les retombées possibles de ces sections 3, 4, 5, 6, 8 et 9 du Règlement du Tribunal. dernières sur le Tribunal. Ces sections traitent des requêtes préliminaires ou « Les modifications pertinentes pour le Tribunal incidentes, du désistement, des actes de procédure, visaient principalement le contenu du dossier en appel des mémoires, de la gestion de l’instance et des abus et, par voie de conséquence, du mémoire tant pour les de procédure. appels de décisions en matière disciplinaire que pour « La requête incidente doit désormais être signifiée les appels de décisions autres que disciplinaires. aux parties ainsi qu’au secrétaire et produite au greffe Sanctionnées par des lois en 2008 et en 2009, ces du Tribunal au moins trois jours francs avant la importantes modifications aux articles 164, 167, 182.2 présentation, alors qu’auparavant le délai était et 182.4 du Code des professions sont en vigueur d’un jour juridique franc. On prévoit également dans er avril 2010 », explique Louise Provost. depuis le 1 le Règlement le dépôt sur support informatique « Comme le contenu du dossier à être transmis par le de certains documents », indique la juge Provost. secrétaire du Conseil de discipline, du Conseil Par ailleurs, en matière de désistement, la partie qui se d’administration ou du Comité exécutif de l’ordre désiste de sa requête en appel doit en aviser concerné, selon les cas, va subir une cure de santé immédiatement, par écrit, le greffier du Tribunal et minceur, les parties sont désormais tenues d’inclure le secrétaire. dans leur mémoire respectif les seules pièces et dépositions ou leurs seuls extraits de la preuve Tout acte de procédure doit être présenté sur un papier nécessaire à la détermination des questions en litige », blanc de format 21,5 cm sur 28 cm. Sauf exception, poursuit-elle. pour les documents accompagnant une requête, ce format remplacera le format juridique. Ces modifications ont nécessité de la part du Tribunal un examen minutieux des Règles de pratique. Un « Les changements majeurs se trouvent aux articles 19 nouveau Règlement du Tribunal a par la suite été à 30 du Règlement, fait valoir Louise Provost. Ils visent adopté par les membres du Tribunal en décembre 2009 le mémoire, constitué d’un exposé et de trois annexes. et est entré en vigueur le 1er avril 2010, après avoir été Cet exposé contient cinq parties : les faits, les approuvé par le gouvernement le 10 mars 2010. questions en litige, les arguments, les conclusions et les sources. Le mémoire de la partie appelante Des modifications majeures au Code des comporte trois annexes. L’annexe III comprend les professions seules pièces et dépositions ou leurs seuls extraits Avant l’entrée en vigueur des modifications apportées nécessaires à l’examen de toutes les questions en litige. à l’article 164 du Code des professions, le dossier Les parties pourront également se mettre d’accord sur transmis par le secrétaire du Conseil de discipline de un exposé conjoint des faits. Le mémoire obéit l’Ordre était complet. Il comportait la plainte, les évidemment à certaines règles, dont l’exposé qui procédures subséquentes, les pièces produites, la ne peut excéder 30 pages, sauf avec la permission transcription de l’audience si elle avait été enregistrée, du tribunal. » le procès-verbal de l’instruction, ainsi que la décision Selon l’article 28 du Règlement, les passages pertinents du Conseil et la requête. doivent être identifiés dans le cahier de sources qui Désormais, pour les requêtes en appel déposées depuis peut ne comprendre que les extraits pertinents d’une le 1er avril 2010, la transcription de l’audience, si elle a source, avec une reproduction des pages qui précèdent été enregistrée, et les pièces produites seront et de celles qui suivent immédiatement. Pour un texte transmises par le secrétaire au greffier de la Cour du jurisprudentiel, la partie doit inclure la référence ainsi Québec et aux parties, uniquement lorsque la plainte que le sommaire de la décision. en première instance sera portée par toute autre personne que le syndic. « Il faut également souligner un important changement en ce qui concerne les requêtes déposées à compter du 1er avril 2010. Ainsi pour l’appel au fond, le cahier de sources doit être signifié à chacune des autres parties et produit au greffe du tribunal au moins 30 jours avant la date fixée pour l’audition », souligne la juge Provost. Enfin, les sections 8 et 9 sont nouvelles et prévoient la gestion de l’instance et les pouvoirs de sanctionner les abus de procédure. Des changements concrets Les secrétaires du Conseil de discipline, du conseil d’administration ou du comité exécutif, selon le cas, devront s’assurer que le contenu du dossier transmis est conforme aux modifications législatives des articles 164 et 182.2, lorsque les requêtes en appel seront assujetties au nouveau Règlement. Ils devront, de plus, agir avec célérité aux demandes exprimées par les parties qui, dans le délai imparti de 30 jours, devront inclure à l’annexe III de leur mémoire les seules pièces et dépositions ou leurs seuls extraits nécessaires requis. « Bien que le Règlement n’en traite pas, l’intervention du Tribunal des professions est balisée par deux normes de contrôle. La détermination de ces normes applicables aux questions en litige identifiées dans la partie II de l’exposé doit donc être abordée par les parties dans leur mémoire respectif, puisqu’elle peut faire l’objet d’un débat lors de l’audience. Une directive sera émise à ce sujet sur le site du Tribunal », précise la juge Provost. Les changements affecteront les parties, principalement celles qui agissent personnellement, de même que leurs procureurs. Ces derniers étant des juristes qui plaident devant la Cour d’appel du Québec, l’adaptation sera pour eux plus aisée. « De plus, les membres du Barreau qui ont assisté au colloque intitulé Le Tribunal des Professions : des changements en vue ont déjà été sensibilisés aux modifications à venir au Code et au Règlement du Tribunal. Je suis par ailleurs convaincue qu’avec la collaboration des parties, celles-ci s’adapteront à ce nouveau Règlement plus moderne qui obligera, j’en conviens, une modification des habitudes existantes », conclut Louise Provost. « Autrement dit, pour les requêtes en appel déposées depuis le 1er avril 2010, les parties, à l’exception du plaignant privé, devront identifier et inclure dans leurs mémoires la preuve déposée devant le Conseil qu'ils jugent nécessaire à l’examen par le Tribunal d’appel. Le dossier, tel que constitué avant les modifications apportées au Code et au Règlement, était souvent trop volumineux puisqu’il contenait toute la transcription des audiences, souvent peu pertinente, voire non nécessaire, aux fins de l’appel sollicité », souligne Louise Provost. Le Journal Barreau du Québec 37 Mai 2010 Lois et règlements Cette rubrique, non exhaustive, est préparée par le Service de recherche et de législation du Barreau du Québec. PROJETS DE LOI DU QUÉBEC TITRE Loi sur la publicité légale des entreprises NUMÉRO Projet de loi n° 87 PRÉSENTÉ PAR M. Robert Dutil, ministre du Revenu ÉTAT Étude détaillée en commission OBJET Notamment, refondre en une seule loi la Loi sur la publicité légale des entreprises individuelles, des sociétés et des personnes morales et la Loi sur le registraire des entreprises tout en en reprenant plusieurs dispositions, notamment celles qui sont relatives à la désignation et aux fonctions du registraire des entreprises, à la tenue du registre des entreprises individuelles, des sociétés de personnes et des personnes morales, aux règles relatives aux noms pouvant être déclarés et utilisés par les assujettis, ainsi qu’à l’immatriculation de ces derniers et à l’obligation qui leur est faite de maintenir à jour les informations les concernant; simplifier les formalités liées à la mise à jour des informations inscrites au registre, notamment en prolongeant le délai pour déclarer un changement et en harmonisant les informations qui doivent être mentionnées dans les diverses déclarations; proposer d’exempter les assujettis de certaines obligations dans des cas particuliers et accorder une discrétion au registraire dans le traitement et la correction d’un document qui lui est produit; permettre au registraire de restreindre la consultation de certaines informations contenues au registre lorsque la sécurité d’une personne est menacée; prévoir des règles pour faciliter la transmission électronique des documents à produire au registraire en vertu de diverses lois; valoriser le contenu du registre en y ajoutant des informations, telles que la date de prise d’effet des changements d’administrateurs d’un assujetti, le fait qu’il soit en faillite ainsi que la date limite de production de sa mise à jour annuelle; édicter de nouvelles dispositions visant à assurer son respect, notamment en prévoyant la radiation de l’immatriculation d’un assujetti en défaut de se conformer aux obligations qu’il impose et l’annulation du dépôt d’une déclaration lorsque les informations qu’elle contient n’ont pas été déclarées conformément à la loi; accorder des pouvoirs accrus au registraire pour assurer la conformité des noms déclarés; déterminer dans une même loi l’ensemble des droits qui sont payables au registraire et prévoir leur indexation; remplacer, par cohérence avec ce que prévoient d’autres lois, le droit d’appel à la Cour du Québec des décisions du registraire par un recours devant le Tribunal administratif du Québec; prévoir des dispositions de concordance, transitoires et finales. TITRE Loi établissant les balises encadrant les demandes d’accommodement dans l’Administration gouvernementale et dans certains établissements NUMÉRO Projet de loi n° 94 PRÉSENTÉ PAR Mme Kathleen Weil, ministre de la Justice ÉTAT Présentation du projet, le 24 mars 2010 OBJET Notamment, établir les conditions dans lesquelles un accommodement peut être accordé en faveur d’un membre du personnel de l’Administration gouvernementale ou de certains établissements ou en faveur d’une personne à qui des services sont fournis par cette administration ou ces établissements; définir la notion d’accommodement, subordonne tout accommodement au respect de la Charte des droits et libertés de la personne, notamment du droit à l’égalité entre les femmes et les hommes et du principe de la neutralité religieuse de l’État; prévoir qu’un accommodement ne peut être accordé que s’il est raisonnable, c’est-à-dire s’il n’impose aucune contrainte excessive; énoncer qu’est d’application générale la pratique voulant qu’un membre du personnel de l’Administration gouvernementale ou d’un établissement et une personne à qui des services sont fournis par cette administration ou cet établissement aient le visage découvert lors de la prestation des services et que lorsqu’un accommodement implique un aménagement à cette pratique, il doit être refusé si des motifs liés à la sécurité, à la communication ou à l’identification le justifient; confier à la plus haute autorité administrative au sein d’un ministère, d’un organisme ou d’un établissement la charge d’en assurer le respect. RÈGLEMENTS DU QUÉBEC LOI Loi sur le Barreau (L.R.Q., c. B-1) RÈGLEMENT Règlement modifiant le Règlement sur le fonds d’études juridiques du Barreau du Québec RÉFÉRENCE (2010) 142 G.O. II 937 (n° 10, 2010/03/10) ENTRÉE EN VIGUEUR Le 120e jour qui suit la date de sa publication à la Gazette officielle du Québec. 38 Mai 2010 OBJET Notamment, modifier le Règlement sur le fonds d’études juridiques du Barreau du Québec par l’insertion, à l’article 1.01 et après les mots « le compte », du mot « général »; 2° par le remplacement, à l’article 1.01, de « Règlement sur la comptabilité et les comptes en fidéicommis des avocats » par « Règlement sur la comptabilité et les normes d’exercice professionnel des avocats »; abroger les articles 3.01, 3.02 et 3.03 de ce règlement; insérer, à l’article 3.04 de ce règlement le mot « financières » après le mot; abroger les articles 3.05, 3.06 et 3.07 de ce règlement ainsi que les annexes 1 et 2. Le Journal Barreau du Québec Lois et règlements Cette rubrique, non exhaustive, est préparée par le Service de recherche et de législation du Barreau du Québec. AUTRES ACTES DU QUÉBEC NATURE Décret ACTE Décret concernant le Règlement du Tribunal des professions RÉFÉRENCE (2010) 142 G.O. II 1105 (n°12, 2010/03/12) ENTRÉE EN VIGUEUR Le 1er avril 2010 OBJET Édicter le Règlement du Tribunal des professions. PROJETS DE LOI DU CANADA TITRE Loi modifiant la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois NUMÉRO Projet de loi C-4 PRÉSENTÉ PAR Le ministre de la Justice, l’honorable Robert D. Nicholson ÉTAT Première lecture à la Chambre des communes le 16 mars 2010 OBJET Notamment, modifier les principes généraux et les principes de la détermination de la peine énoncés dans la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, ainsi que les dispositions de celle-ci portant sur la mise en liberté provisoire par voie judiciaire, l’assujettissement aux peines spécifiques et aux peines applicables aux adultes, l’interdiction de publication et le placement en lieu de garde. Il définit de plus les termes « infraction avec violence » et « infraction grave », modifie la définition de « infraction grave avec violence » et abroge la définition de « infraction désignée »; exiger des corps de police qu’ils tiennent un dossier à l’égard des mesures extrajudiciaires prises à l’endroit de tout adolescent. TITRE Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et la Loi sur les Cours fédérales NUMÉRO Projet de loi C-11 PRÉSENTÉ PAR Le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, l’honorable Jason Kenney ÉTAT Première lecture à la Chambre des communes le 30 mars 2010 OBJET Notamment, modifier la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (la « Loi »), principalement en ce qui a trait au traitement des demandes d’asile déférées à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. TITRE Loi modifiant le Code criminel et d’autres lois NUMÉRO Projet de loi S-2 PRÉSENTÉ PAR Le leader du gouvernement au Sénat, l’honorable Marjory LeBreton ÉTAT Étude au Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles, le 29 mars 2010 OBJET Notamment, modifier le Code criminel, la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels et la Loi sur la défense nationale en vue d’aider les services de police à prévenir les crimes de nature sexuelle et de leur permettre d’utiliser de manière proactive la banque de données nationale sur les délinquants sexuels dans leurs enquêtes; modifier le Code criminel et la Loi sur le transfèrement international des délinquants en vue d’obliger les délinquants sexuels qui arrivent au Canada à se conformer à la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels; modifier le Code criminel de manière à ce que tout délinquant sexuel faisant l’objet d’une ordonnance non discrétionnaire lui enjoignant de se conformer à la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels doive également se soumettre à un prélèvement automatique d’échantillons pour analyse génétique; modifier la Loi sur la défense nationale afin de tenir compte des modifications apportées au Code criminel concernant l’enregistrement de délinquants sexuels. Prenez note qu'à compter du 1er juillet 2010, le Journal du Barreau ne publiera plus la chronique Lois et règlements, qui sera remplacée par une chronique au sujet des projets de loi sur lesquels travaille le Service de recherche et législation du Barreau du Québec. Vous pourrez prendre connaissance des projets de lois, des lois et règlements en visitant les sites suivants : Assemblée nationale du Québec : www.assnat.qc.ca/ (voir rubrique " travaux parlementaires ") Publications du Québec (site payant) : www3.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/gazetteofficielle/loisreglements.fr.html Parlement du Canada : www2.parl.gc.ca/Sites/LOP/LEGISINFO/index.asp?Language=F Gouvernement du Canada : www.gazette.gc.ca/index-fra.html Le Journal Barreau du Québec 39 Mai 2010 Juricarrière 40 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Juricarrière Le Journal Barreau du Québec 41 Mai 2010 Juricarrière 42 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Le Journal Barreau du Québec 43 Mai 2010 44 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Le Journal Barreau du Québec 45 Mai 2010 46 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Le Journal Barreau du Québec 47 Mai 2010 48 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Le Journal Barreau du Québec 49 Mai 2010 50 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec Dans les associations Association des juristes italo-canadiens du Québec (AJICQ) 1er Colloque de l’AJICQ Date : 5 juin 2010 Lieu : Hôtel Auberge Universel, 5000, rue Sherbrooke Est, Montréal Heure : de 8 h à 17 h Coût : 130 $ par personne Sept heures de formation reconnue Pour information : Marie-Ève Leblond, meleblond@barreau.qc.ca. 6e édition du Banquet annuel Date : 18 juin 2010 Lieu : Salle de réception Le Rizz, 6630 Jarry Est, St-Léonard Coût : 110 $ par personne La soirée aura lieu en l’honneur de Me Rita Lc De Santis. Pour information et inscription : Marie-Ève Leblond, meleblond@barreau.qc.ca ou Me Mario Spina au 514 842-8378. Le Journal Barreau du Québec 51 Mai 2010 52 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec TAUX D’INTÉRÊT Article 28 de la Loi sur le ministère du Revenu RÉFÉRENCE TAUX (1994), (1994), (1994), (1994), (1995), (1995), (1995), (1995), (1996), (1996), (1996), (1996), (1997), (1997), (1997), (1997), (1998), (1998), (1998), (1998), (1999), (1999), (1999), (1999), (2000), (2000), (2000), (2000), (2001), (2001), (2001), (2001), (2002), (2002), (2002), (2002), (2003), (2003), (2003), (2003), (2004), (2004), (2004), (2004), (2005), (2005), (2005), (2005), (2006), (2006), (2006), (2006), (2007), (2007), (2007), (2007), (2008), (2008), (2008), (2009), (2009), (2009), (2009), (2010), (2010), 7 9 10 9 11 12 10 10 9 10 9 8 8 8 8 8 9 9 9 10 10 9 9 9 10 10 10 10 10 10 9 8 7 7 7 7 7 8 8 7 7 7 7 7 7 7 7 8 8 9 9 9 9 9 9 9 9 8 8 7 6 5 5 5 5 G.O. I, 12, 545 G.O. I, 25, 969 G.O. I, 38, 1436 G.O. I, 52, 2009 G.O. I, 12, 356 G.O. I, 26, 883 G.O. I, 39, 1144 G.O. I, 52, 1398 G.O. I, 13, 323 G.O. I, 26, 728 G.O. I, 39, 1140 G.O. I, 52, 1564 G.O. I, 13, 322 G.O. I, 27, 769 G.O. I, 39, 1446 G.O. I, 51, 1683 G.O. I, 12, 309 G.O. I, 26, 823 G.O. I, 39, 1137 G.O. I, 51, 1411 G.O. I, 12, 274 G.O. I, 26, 683 G.O. I, 39, 987 G.O. I, 52, 1295 G.O. I, 12, 291 G.O. I, 25, 659 G.O. I, 38, 954 G.O. I, 52, 1276 G.O. I, 13, 374 G.O. I, 26, 787 G.O. I, 39,1069 G.O. I, 52, 1450 G.O. I, 13, 382 G.O. I, 25, 760 G.O. I, 39, 1139 G.O. I, 52, 1492 G.O. I, 13, 345 G.O. I, 26, 706 G.O. I, 39, 1027 G.O. l, 52, 1320 G.O. I, 13, 314 G.O. I, 26, 634 G.O. I, 39, 961 G.O. I, 53, 1322 G.O. I, 12, 287 G.O. I, 25, 594 G.O. I, 38, 834 G.O. I, 52, 1113 G.O. I, 12, 311 G.O. I, 26, 736 G.O. I, 39, 1041 G.O. I, 51, 1342 G.O. I, 12, 303 G.O. I, 25, 583 G.O. I, 38, 854 G.O. I, 51, 1130 G.O. I, 12, 241 G.O. I, 25, 533 G.O. I, 38, 792 G.O. I, 51, 1083 G.O. I, 11, 322 G.O. I, 24, 622 G. O.I, 37, 877 G. O.I, 50, 1181 G. O.I, 11, 315 Le Journal Barreau du Québec % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % % DATE DE MISE EN VIGUEUR Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le Le 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er 1er avril 1994 juillet 1994 octobre 1994 janvier 1995 avril 1995 juillet 1995 octobre 1995 janvier 1996 avril 1996 juillet 1996 octobre 1996 janvier 1997 avril 1997 juillet 1997 octobre 1997 janvier 1998 avril 1998 juillet 1998 octobre 1998 janvier 1999 avril 1999 juillet 1999 octobre 1999 janvier 2000 avril 2000 juillet 2000 octobre 2000 janvier 2001 avril 2001 juillet 2001 octobre 2001 janvier 2002 avril 2002 juillet 2002 octobre 2002 janvier 2003 avril 2003 juillet 2003 octobre 2003 janvier 2004 avril 2004 juillet 2004 octobre 2004 janvier 2005 avril 2005 juillet 2005 octobre 2005 janvier 2006 avril 2006 juillet 2006 octobre 2006 janvier 2007 avril 2007 juillet 2007 octobre 2007 janvier 2008 avril 2008 juillet 2008 octobre 2008 janvier 2009 avril 2009 juillet 2009 octobre 2009 janvier 2010 avril 2010 Journal du Barreau - Mai 2010 Rédactrice en chef Martine Boivin Rédacteurs et collaborateurs de la présente édition M e Louis Baribeau, France Bonneau, M e Constance Connie Byrne, M e Sylvie Champagne, Yan Doublet, Pascal Élie, Me Frédéric Gouin, Emmanuelle Gril, Me JeanClaude Hébert, Johanne Landry, Lisa Marie Noël, Rollande Parent, Me Philippe Samson Révision linguistique et correction d’épreuves Nathalie Savard Tirage : 28 500 exemplaires Le Journal du Barreau est publié 12 fois par an. Publipostage auprès des quelque 23 000 membres du Barreau du Québec et autres représentants de la communauté juridique (magistrats, juristes, professeurs de droit, chercheurs, etc.). Afin d’assurer la protection du public, le Barreau du Québec maximise les liens de confiance entre les avocats et les avocates, le public et l’État. Pour ce faire, le Barreau surveille l’exercice de la profession, soutient les membres dans l’exercice du droit, favorise le sentiment d’appartenance et fait la promotion de la primauté du droit. Les articles n’engagent que la responsabilité de leur auteur. Le Journal de la communauté juridique est publié par : Le Journal du Barreau ne peut être tenu Barreau du Québec responsable des variations de couleur des Maison du Barreau publicités. Ces variations incluent ce qu’on 445, boul. Saint-Laurent nomme « hors registre ». Il ne peut non plus être Montréal (QC) H2Y 3T8 tenu responsable de la véracité du contenu des publicités. Toute reproduction des textes, des Directrice des communications photos et illustrations est interdite à moins France Bonneau d’autorisation de la rédaction en chef du Journal du Barreau ainsi que de l’auteur du texte ou du Assistante aux communications photographe ou de l’illustrateur. La forme Virginie Savard masculine désigne, lorsque le contexte s’y journaldubarreau@barreau.qc.ca prête, aussi bien les femmes que les hommes. 514-954-3400, poste 3621 ou 1-800-361-8495, poste 3621 Changement d’adresse Pour les avocats Mise en page Vous devez faire parvenir vos nouvelles Toucan Services Marketing coordonnées par courriel au Tableau de l’Ordre : 450-724-1483 tableau@barreau.qc.ca. Les modifications seront alors automatiquement Impression faites pour le Journal du Barreau. 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Saint-Laurent Montréal (QC) H2Y 3T8 Offres d’emploi – JuriCarrière www.barreau.qc.ca/journal Ginette Vallée — ginette.vallee@barreau.qc.ca RECYCLABLE 514-954-3400, poste 3237 1-800-361-8495, poste 3237 53 Mai 2010 Petites annonces 54 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec 3210/.1-, 3 2 1 0 / . 1 -, +*))('&-%0%-$'#-"!- - #*$'#-$'--# - - - ('--/-%2-%/-.02 - & '-'&'--*&-$'-"- - - - - &&'$"&(#)" %.-21*()",&*$&+',"&$##"&*$''"'"& & (+,",&+&#("'&),&#"&*,+(' & +,(,&"&$*"$) & 0*#-'&#-*&-/-%2-%/-.02*#-'&&#-*&-/-%2 -%/-. .0 02," #"),&*&$('"$'&#$&%+((#('& ," ," #") #"),&*&$('"$' ,&*&$('"$''&#$&%+((#('& *"&(")&+$',"&#"&*,+('&"'&%#)& *"& (")&+$',"&#" "&*,+('&"' %#)&& *"& *"&&('","$'&*+'&&$+$'& &('","$'&*+ +'&&$+$' ) )+(&$)&%,$'()"&*(","& )+(&$)&%,$'()"&*(","& "'&&#"%",' "'&&# "'&&#"%",'("&,"+)" "%",''("&,"+)" '("&,"+)" 21 2 .3%/--" -!-+)21-+2 .3%/--"-!-+)-+2 *&*#((' * *&*# ((' -,+*)('&%$,&#"&!$,,"$)&*)& ,+*)('&%$,&#"&!$,,"$)&*)& ) )"&"&+%,+*)'(+&$"&# "&"&+%,+*)'(+&$"&# ) )"&"'&*()&&$$#&$+(,&"'&&# "&"'&*()&&$$#&$+(,&"'&&# ) )" " Le Journal Barreau du Québec 55 Mai 2010 56 Mai 2010 Le Journal Barreau du Québec
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