Démocraties endanger
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Démocraties endanger
N° 146 – 10 mars 2016 * ACCENT AIGU: * LITTÉRATURES: * CINÉMA: * MUSIQUES: * ICI ET AILLEURS: * À PROPOS: * BY GADO: Photo: Wiki Commons Dém en d ocrat ang ies er Mensuel culturel et socio-politique Paraît le deuxième jeudi du mois In the air. Walls; Ostmitteleuropa. Demokratieverständnis in den Visegrad-Staaten; Bildungsoffensive gegen Fremdenangst. Demokratiekunde als Werteunterricht; Crise de régime et marche forcée vers l’Etat autoritaire et discriminatoire. France: La déchéance; Démocratie en danger. Science de la propagande et son remède; Billet de Crète. Où va l’Europe? Que fait l’Europe?; Afrique: La logique de la fraude électorale en Afrique subsaharienne Chroniques parisiennes. L’art et l’acte politique oubliés; Savannah Bay au TNL. Sublime, forcément sublime; Livres. Mettre en sourdine la nature excessive du réel; Der Atheist, der was vermisst … Lichtenberg. Der nicht ganz vergessene Gnom Perspektiv(en): Das „Hôtel Budapest“ im neuen Zeitalter der Virtual Reality Zum 80. Geburtstag von Eliahu Inbal. „Inbal, komm zurück zu Deiner wilden Natur.“ Starke Gefühle in tristem Schwarz-Weiß. Szenisch problematisch, musikalisch überzeugend: Puccinis „Tosca“ im Trierer Theater Letter from England. Ill Wind; Brief aus Wien. Die hässliche Jahreszeit; Gramma apo tin Ellada. Es bebt und regnet; Über Preußen und Deutschland (LXIV) Partner Nazi-Deutschlands (2) Hausemers Kulturreisen (83). Portugal. Auch „Shelfies“ haben ihren Preis. (Georges Hausemer) M7 and Burundi Peace Talks S. 2 Mensuel culturel et socio-politique n° 146 – 10 mars 2016 Dans cette édition: La pensée du mois: „La démocratie est une technique qui nous garantit de ne pas être mieux gouvernés que nous le méritons.“ (Bernard Shaw) page 2: Editorial (Alvin Sold) Accent aigu: page 3: In the air. Walls (Ariel Wagner) pages 4, 5: Ostmitteleuropa. Demokratieverständnis in den Visegrad-Staaten (Jim Schumann) pages 6-8: Bildungsoffensive gegen Fremdenangst. Demokratiekunde als Werteunterricht. (Carlo Kass) pages 9-11: Crise de régime et marche forcée vers l’Etat autoritaire et discriminatoire. France: La déchéance (Robert Mertzig) pages 12, 13: Démocratie en danger. Science de la propagande et son remède. (Michel Decker) pages 14, 15: Billet de Crète. Où va l’Europe? Que fait l’Europe? (Iraklis Galanakis) page 16: Afrique. La logique de la fraude électorale en Afrique subsaharienne (Dieudonné Enoh) Littératures: page 17: Chroniques parisiennes. L’art et l’acte politique oubliés. (Clotilde Escalle) page 18: Savannah Bay au TNL. Sublime, forcément sublime. (Paul Rauchs) page 19: Livres. Mettre en sourdine la nature excessive du réel. (Jeff Schinker) pages 20, 21: Der Atheist, der was vermisst … Lichtenberg. Der nicht ganz vergessene Gnom. (Frank Bertemes) Cinéma: pages 22, 23: Perspektiv(en): Das „Hôtel Budapest“ im neuen Zeitalter der Virtual Reality. (Luc Belling) Musiques: pages 24, 25: Zum 80. Geburtstag von Eliahu Inbal. „Inbal, komm zurück zu Deiner wilden Natur.“ (Alain Steffen) page 26: Starke Gefühle in tristem Schwarz-Weiß. Szenisch problematisch, musikalisch überzeugend: Puccinis „Tosca“ im Trierer Theater. (Martin Möller) Ici et ailleurs: page 27: Letter from England. Ill Wind. (Diana White) page 28: Brief aus Wien. Die hässliche Jahreszeit (Michèle Thoma) page 29: Gramma apo tin Ellada. Es bebt und regnet (Linda Graf) page 30: Über Preußen und Deutschland (LXV), Partner Nazi-Deutschlands (2). (Tino Ronchail) A propos: page 31: Hausemers Kulturreisen (83) Portugal. Auch „Shelfies“ haben ihren Preis. (Georges Hausemer) page 32: By Gado. M7 and Burundi Peace Talks Impressum Editeur: Editpress Luxembourg S.A. Coordination générale: Alvin Sold Coordination technique: Julien Primout, Christine Klauner Coordination extérieure: Ian De Toffoli, Luc Belling Toute correspondance est à adresser exclusivement à kulturissimo@editpress.lu Supplément du Tageblatt du 10 mars 2016 Site internet: http://www.kulturissimo.lu Prochain numéro: le 14 avril 2016 – Clôture rédact.: 20 mars 2016 Sommaire - Editorial La démocratie, cette mal pratiquée Elien, fort bon écrivain en grec attique (Rome, vers 200), n’apprécie pas certaines pratiques de la démocratie athénienne. Il s’étonne, par exemple, de la décision d’Athènes de faire couper le pouce droit à tous les Eginètes, après la conquête de l’île, afin qu’ils ne puissent plus tenir de lance. Et fallait-il qu’eux, les démocrates, tuent tous les hommes mytéliniens après la victoire, qu’ils marquent du fer rouge au front leurs prisonniers de Samos? Le message d’Elien, dont l’Histoire variée, riche en anecdotes, mérite toujours une lecture politique aussi, est clair: le régime démocratique n’est pas une garantie contre des pratiques indéfendables. Elien, le Romain de l’empire à l’apogée, avait six siècles de recul par rapport à la démocratie athénienne, il en voyait les défauts; nous vivons la nôtre au jour le jour: en percevons-nous les insuffisances? Si peu, hélas! Nous avons tendance à penser que, si les formes sont respectées, tout est légitime, à commencer par le système économique qui se nourrit de l’exploitation de la planète et de milliards d’humains. Nous admettons volontiers que les guerres ouvertes et larvées auxquelles l’Occident participe (s’il ne les a pas provoquées) sont conduites pour défendre „nos valeurs“. Si, en l’an 4000, un Elien prenait la peine de jeter un regard sur 2016, il ne pourrait que s’interroger sur les populations politiquement amorphes qui ont laissé leurs dirigeants abuser de la démocratie. L’abus est évident, puisque l’objectif sociétal a cessé d’être la communauté sociale et solidaire où règnent la liberté, l’équité et la paix, mais une sorte de marché affairiste où les plus forts imposent leurs produits et leurs vues ... comme en Europe, terre du rêve brisé. Et si cette dégénérescence de la démocratie était simplement, bêtement, la conséquence du non-respect d’une exigence fondamentale, celle de former les citoyens? On les oblige certes à suivre quelques leçons d’éducation civique à l’école, sans vérifier si leurs connaissances de la société et de l’Etat sont à la hauteur des responsabilités portées par l’électeur. En démocratie, on est électeur, donc souverain, donc décideur, même si on ne connaît rien à rien en politique, si on passe son temps à s’amuser, à consommer, à s’abêtir. Jamais les dossiers politiques ne furent aussi compliqués, jamais les électeurs ne leur consacraient moins de temps. On élit les belles ou les grandes gueules. Lincoln, qui n’avait ni l’une ni l’autre, ne serait pas président aux Etats-Unis de nos jours, Trump le sera peut-être, à la suite d’une campagne pro, dont le coût se calcule en dizaines de millions de dollars. Qui étaient les gens qui avaient porté au pouvoir Hitler, de façon parfaitement démocratique? Mais ... des gens comme ... Oui, des gens comme la société en produit en masse, partout où l’on ne fait pas assez pour les intéresser aux problèmes, enjeux, risques et chances de la politique. Attention: le Luxembourg et ses habitants sont pris, comme les voisins, dans la spirale de la dépolitisation. Il y a des cyniques et des milliardaires qui s’en réjouissent. Alvin Sold Accent aigu S. 3 In the air Walls Ariel Wagner-Parker Walls are back in fashion. They’ve been going up everywhere in the last year, in breezeblock, barbed wire, razor-fencing, or a combination of all these things, sometimes with a second fence to reinforce the first. These new walls are the concrete expression of Europe’s mindless panic in the face of large numbers of refugees seeking a safe haven from wars we have helped create. The wall between Macedonia and Greece This recent spate of wall-building shouldn’t surprise us. We humans have always feared invasion or attack by potential enemies and predators – a life-saving instinct for our earliest ancestors. And since we moved out of the defined and defendable safety of the cave, we have built walls to protect the space we call home - be it citystate, settlement, castle, town or kingdom from those who might do us harm. Meaning anyone who wasn’t a friend or kinsman. „Homo homini lupus“, goes the saying; and nothing in our history has ever proved the contrary. In Robert Frost’s poem „Mending Wall“, the man from the next-door farm believes „Good fences make good neighbours“. But the narrator wonders: „’Why do they make good neighbours? (…) Before I built a wall I’d ask to know/What I was walling in or walling out, /And to whom I was like to give offence.“ Walling in or walling out. The vast majority of walls have been built to keep people out rather than in. The great exception was the „Iron Curtain“ that descended across Europe after World War Two. Its heavily policed frontiers divided the countries of the Warsaw Pact from those of NATO and were designed to keep citizens of the USSR and its satellites inside (though fear of attack by NATO was real). The Berlin Wall (1961-1989), known simply as „The Wall“, was the physical synecdoche of that political division, its purpose similar. Most other walls were built against invasion and some are the subject of myth and legend. Homer sings of the Greeks‘ ten-year siege and cunning penetration of the walls of Troy; the Bible tells of Jericho, whose walls came tumbling down when Joshua and the Israelites circled them seven times, blowing on the Shofar. Among the bestknown historical walls are those of Babylon the Fair, with its stupendous Ishtar Gate; the Great Wall of China, thousands of kilo- metres of wall, designed to ward off attacks by nomadic tribes from the north; and in Europe, two walls built to defend the northern borders of the Roman province of Britannia: Hadrian’s Wall, inspired, according to tradition, by travellers‘ tales of the Great Wall of China, and the Antonine Wall – both finally overwhelmed by the enemies they were meant to keep out, and abandoned. Israel’s „Sion Curtain“ (my name) is one of the first defensive walls of modern times, built to keep out enemies, real or perceived; another is the 3000 km border wall between the US and Mexico – which presidential clown-candidate Trump wants to see reinforced…. Walls have served not just to improve security but also to control people’s movements: The right to travel around and settle down freely is a modern phenomenon - and seems likely to prove short-lived. Until relatively recently, cities and towns in Europe (including several in Luxembourg) were surrounded by walls and you couldn’t move from one to another without a permit. After the gates were closed for the night, even citizens couldn’t enter or leave at will. These days, cities are no longer walled, but instead, gated communities have sprung up within them - residential areas where the very rich live, securely walled in and policed to keep out intruders. The greater grows the gulf between rich and poor, the more these communities proliferate. And now we are seeing all these new border walls being thrown up around and between the nations of Europe, in a desperate attempt to keep the refugees out. Walls have been, or are being built between Austria, Italy, Slovenia, Hungary, Croatia, Serbia, Romania, Greece, Macedonia, Turkey and Bulgaria…. and still counting: the hardliners of the Visegrad Group (Poland, Hungary, Czech Republic and Slovakia) are demanding the closure of frontiers along the „Balkan Route“. As Yannis Varoufakis has said, the walls reflect insecurity and only serve to spread insecurity. The result will probably be the de facto destruction of one of Europe’s great conquests: freedom of movement. Walls have always been associated with conflict; and in Europe, the periods when the dogs of war were unleashed, locally or generally, have been longer that the times of peace. In the last century, two world wars and the Shoah reduced to rubble both our continent and our conviction that civilisation and culture could protect us against barbarism. In the aftermath, a handful of countries banded together and decided to try cooperation instead, with the aim of outlawing wars and eventually walls. A majority of EU countries finally signed up to Schengen and brought down the walls that divided them. A revolutionary attempt to vanquish fear and create a shared space of trust and freedom… Alas, the refugee „crisis“, the EU’s first major challenge, has destroyed European solidarity. The voices raised in protest against the imminent loss of our hard-won freedom of movement are being drowned out by the discourse of the far-right, which fans ancient fears with terms like „invading hordes“ and „swarms“… against whom, obviously, defensive walls must be built. And everywhere craven politicians are caving in. So up they go again, the walls, more and more of them: physical, legislative, mental… Frost’s poem begins: „Something there is that doesn’t love a wall…“. His narrator believes nature rejects walls, wants them down. He may be right - literally: razor-wire barriers also entangle and kill wild animals and destroy their natural migration patterns. Nature doubtless does not love walls. Humans unfortunately do. Accent aigu S. 4 Ostmitteleuropa Demokratieverständnis in den Visegrad-Staaten Jim Schumann In einer Studie zur politischen Kultur Ostmitteleuropas beschrieb Istvan Bibo bereits 1946 den Typus des „falschen Realisten“, der in der politischen Arena dieser Gesellschaften auftritt. Charakteristisch für diesen Typus sei „zweifellos neben Talent eine gewisse Bauernschläue und Brutalität“, die dazu befähigt „zum Verwalter und Hüter antidemokratischer Regierungsformen oder gewaltförmiger politischer Scheinkonstruktionen zu werden“. „Falsche Realisten“ monstrative moralische Verantwortungslosigkeit aus: eine Politik des reinen nationalen Egoismus, der Konfrontation und der Geringschätzung der EU-Partner. Die politischen Slogans unterscheiden sich dabei nur punktuell und sind Teil einer inszenierten politischen Hysterie. Politische Hysterie und Verschwörungsphantasien haben die Öffnung und Modernisierung nach 1989 überdauert – es sind Haltungen, die die neuen Führungsgruppen über die politischen Lager hinweg verbinden. Gegenüber Europa entfalten die „falschen Realisten“ Strategien der Konfrontation, die Ritualen des Parteienkampfs entsprechen – immer auf der Suche nach Feindbildern. Einmal getroffene Vereinbarungen bleiben dagegen im Ungefähren, Fragen zur Krisenbewältigung werden ausgeblendet. Diese Politik des Taktierens und Lavrierens steht nicht für Lösungen zur Überwindung der Krisen. Statt Lösungen werden negative historische Stereotypen erzeugt. Diese Politik mit Angst, in der Tradition der Zwischenkriegsgesellschaften, ist Kennzeichen einer deformierten politischen Kultur: Die Länder Mittel- und Ost- Auf diese Weise, eben mit Bauernschläue und Brutalität, verschafften sich Orban (Ungarn), Kaczynski (Polen) und Klaus (Tschechien) das Renommee der „großen Realisten“ und verdrängten den „westeuropäischen“ Politikertypus, der als „dokrinär“ oder „idealistisch“ abgewertet wurde. Vor diesem Hintergrund erklären sich die Verdikte von Jaroslaw Kaczynski über „Lügen-Eliten“, von Viktor Orban über „modernen Liberalismus als Form der Heuchelei“ sowie von Vaclav Klaus über „grüne Ideologen“ und „etatistische Intellektuelle“. Durchgängig spielen hier Verweise auf „fremde“ Einflüsse eine Rolle, die sich gegen „Ungarntum“, „Polentum“ oder „Tschechentum“ richten. Seit Anfang der 90er Jahre werden immer wieder neue Kampfwörter gegenüber Minderheiten in Umlauf gebracht und Losungen skandiert, die auf nationalen Interessen beharren und die auch von der Mehrheit der Bevölkerung und den Politikern geteilt werden. Dieses Beharren auf nationalen Interessen verdeckt aber nur die Ambivalenz des politischen Charakters der Akteure. Sie schwanken zwischen übertriebener Selbstdarstellung in der nationalen Arena und Leisetreterei auf der europäischen Bühne. Dem heimischen Publikum wird das Image des tatkräftigen Politikers im Dienst „nationaler Interessen“ geboten. In den Brüsseler Verhandlungsrunden wird dagegen die Strategie des taktischen Machtopportunismus gepflegt. In der Flüchtlingskrise zeichnen sich die ostmitteleuropäischen Politiker durch de- Immer mehr Grenzzäune europas haben Angst, weil sie keine entwickelten und gefestigten Demokratien waren und sind, und eben wegen dieser Angst werden sie auch sobald keine werden. Fehlende politische Kultur Noch in den 90er Jahren verband die neuen politischen Eliten in Ostmitteleuropa eine Forderung: die der „Rückkehr nach Europa“. Dieser Slogan war als Wiederbelebung europopäischer Werte gemeint und für sich selbst wurde mit der „Rückkehr nach Europa“ ein Recht auf Teilhabe an Wohlfahrt und Lebensstandard als selbstverständlich gefordert. In der Auseinandersetzung mit Flüchtlingen und Fremden wird nicht nur ersichtlich, dass davon heute nichts mehr übrig ist, sondern auch worin die heutige Krise der ostmitteleuropäischen Demkoratien besteht: Die voreilig angenommene Konsolidierung des parlamentarischen Rahmens wurde bis heute nicht durch eine liberale politische Kultur gestützt. Im Gegenteil: Der Elitenkampf ist gekennzeichnet durch die Erosion der nach 1989 nur schwach Accent aigu Geschlossene Gesellschaften An der herrschenden Kultur in Osteuropa prallt diese Entwicklung jedoch völlig ab. Was dominiert, ist die Mentalität geschlos- sener Gesellschaften. Sie gründet auf der Vorliebe für enge soziale Bindungen, persönliche Loyalitäten und Nutzenkalküle, von der lokalen bis zur europäischen Ebene. Zwar wird in der Regierungsrhetorik Polens und Ungarns aus taktischen Gründen der Begriff der „europäischen Soldarität“ verwendet, doch vertragliche Vereinbarungen und rechtsstaatliche Normen werden im jeweiligen Machtspiel wieder relativiert. Populismus und Elitismus, eng verknüpft mit einer Kultur der Verantwortungslosigkeit und dem Verständnis von Politik als Kampf kennzeichnen das heutige politische Milieu. Ob Orban in Ungarn, Zeman in Tsche- Visegrad-Staaten chien oder Kaczynski in Polen, sie alle inszenieren sich als Politiker des Volkes. In Wirklichkeit verfolgen sie ihre eignen Machtkalküle ohne Rückbindung durch Wahlen. Im Gegenteil: Die liberale Demokratie soll zugunsten eines „starken“ Staats überwunden werden. Toleranz, Pluralismus, Konsens und Kompromissbildung werden als Anzeichen politischer Schwäche betrachtet. An dieser Stelle ergeben sich deutlich Übergänge zum präfaschistischen Autoritarismus der 1930er Jahre. So überrascht es nicht, dass der Antiliberalismus und Antipluralismus Carl Schmitts - und insbesondere dessen Parlamentarismuskritik - heute im Milieu der neuen Machteliten Ostmitteleuropas eine hohe Anziehungskraft besitzen. Autoritarismus versus Solidarität Die Hauptakteure der Visegrad-Staaten: Viktor Orban, Va- Das aktuelle Spiel mit der Fremdenfeindlichkeit ist clav Klaus, Milos Zeman und Jaruslaw Kaszynski Foto: merkur.de entfalteten demokratischen politischen Kultur. Die neuen politischen Führungsgruppen pflegen eine Sprache der Konfrontation. In Ungarn nutzen die Fidesz-Eliten „völkische“ Rahmendeutungen, die auch zum Repertoire der rechtsradikalen Jobbik-Partei zählen. Angeblich steht die „Reinheit“ des ungarischen Volks und der ungarischen Nation auf dem Spiel. In Polen reicht die Vision der ethnisch reinen Gemeinschaft von katholisch-nationalen Gruppenverbänden über nationalpopulistische Parteien bis zur rechtsextremen Szene. Dabei fallen Kampfwörter wie „Poeln zuerst!“ oder „Wir sind für Nation und Heimat“. In Tschechien und der Slowakei grassiert sogar eine Fremdenfeindlichkeit ohne Fremde. Demonstrationen gegen Migranten fügen sich in ein schon länger von nationalpopulistischen und rechtsextremen Gruppen gewähltes Mobilisierungsschema. Kulturelle Homogenität und christliche Grundlagen der Nation werden hierbei wie in Ungarn und Polen als Worthülsen herangezogen. Über Geschichtspolitik „von oben“ wird so eine resolute Politik der ethnischen Reinheit und Solidarität verkündet, die es in Wirklichkeit gar nicht gibt. Kaum einer der nach Westeuropa abgewanderten Polen und Ungarn kehrt zurück. Dabei ist insbesondere die Zahl der Jüngeren unter den Auswanderern hoch - und das in allen ostmitteleuropäischen Ländern. S. 5 somit Ausdruck einer tiefen Krise der politischen Kultur dieser Länder die sich nicht nur im Versagen der politischen Führungsgruppen in der Flüchtlingskrise ausdrückt. Die Rückkehr zum Autoritarismus und die Zuwendung hin zum Populismus verweisen auf eine tiefer gehende Legitimitätskrise. Während die Visegrad-Regierungen (Slowakei, Polen, Tschechien und Ungarn) sich über das „Diktat“ aus Brüssel und den „moralischen Imperialismus“ (Orban) empören, engagieren sich zahlreiche freiwillige Helfer für Flüchtlinge. Dieses Engagement erinnert daran, worauf sich Flüchtlinge aus Ostmitteleuropa vor 1989 ihrerseits verlassen konnten: Die 1956, 1968 und 1980 in Not geratenen ungarischen, tschechischen, slowakischen und polnischen Emigranten erfuhren im Westen Hilfe und politische Sympathien. Als Beata Szydlo kürzlich Polens Unternehmer umwarb, betonte sie in seltener Offenheit, das nächste Jahrzehnt sei besonders wichtig, da es wohl das letzte Mal sei, dass Polen so viel Geld von der EU bekomme. Ehrlicher lässt sich die Abkehr Ostmitteleuropas von der Idee Europas als einer Wertegemeinschaft wohl nicht auf den Punkt bringen. Accent aigu S. 6 Bildungsoffensive gegen Fremdenangst Demokratiekunde als Werteunterricht Carlo Kass Demokratie kann das Spagat zwischen Individuum und Kollektiv erträglich gestalten. Doch ist sie als vielschichtiger Begriff auf ständige Bildung angewiesen. Wenn die Schule diesem Anspruch entsprechen und das demokratische Verständnis als Herrschafts-, Gesellschafts- und Lebensform vermitteln würde, könnte Luxemburg sich die Streitereien um einen Werteunterricht ersparen. kämpfen muss“. Und diese „Grande Guerre“, die bis heute geschichtlich nicht einmal andeutend bewältigt ist und in dem der Tod omnipräsent war, hat viele seelische Wunden in den Menschen gerissen, die im Zweiten Weltkrieg wieder aufbrachen. Zurückgeblieben waren Wracks, die sich existentielle Fragen stellten, zu denen sie nie erzogen worden waren. Wie haben die Überlebenden den Tod vor Augen verarbeitet? Mit Millionen Menschen, die bis zum Sommer 1914 während mehr als 40 Jahren ohne Angst gelebt hatten, waren auch ihr Glaube, ihre Hoffnungen und Träume zerstört worden. Ihnen drängten sich Fragen auf, mit denen sie allein gelassen wurden und die bis heute nicht zufriedenstellend Auch wäre dies ein großer Schritt zu Kants beantwortet sind. Eine davon ist wohl, waLeitspruch der Aufklärung: „Sapere aude“, rum sich Menschen gegenseitig solche habe den Mut, dich deines eigenen Verstan- Qualen zufügen!? Das oft genug im Namen Gottes, der heudes zu bedienen! Diesen könnte man heute dahingehend umschreiben, dass es nicht te jedoch meist nur noch von postpubertänur Mut, sondern auch Wissen braucht. rer Gewaltbereitschaft als allmächtiges AliUm das Originalzitat des Horaz zu bemü- bi im Kampf gegen die ungerechte Verteihen: „Frisch gewagt ist halb gewonnen! lung von Lasten und Erträgen in unserer Entschließ dich zur Einsicht! Fange nur Gesellschaft vorgeschoben wird. Und auch wenn den meisten Westlern noch die relian!“ Doch wie schon erwähnt, darf man den giöse Indoktrination in den Knochen einzelnen Menschen mit seiner Existenz- steckt, dürfen sie ihre Kinder mit diesen angst nicht allein lassen. Denn wie lästerten Dämonen nicht allein lassen. Auf dem schwierigen Weg zum Erwachdie einfachen Soldaten aller Herrenarmeen als Kanonenfutter in den Schützengräben senendasein muss ihnen mit werktätiger von Verdun über ihre Offiziere, die in ihren Liebe und kognitiver Akkuranz klar geKommandozentralen weit hinter den macht werden, dass sie trotz unberechenFrontlinien Champagner soffen: „Niemand barer Lebenszufälle in einer freien und offeist blutrünstiger, als derjenige, der nicht nen Gesellschaft ihres eigenen Glückes und fühl bei unserem Nachwuchs derart gestärkt werden, dass sich niemand mehr überflüssig fühlt und sich dem Islamischen Staat an den Hals wirft. Und da laut dem Neurobiologen Gerald Hüther „heute junge Menschen schon zwei Jahre nach dem Abitur oder der Matura nur noch zehn Prozent von dem wissen, was sie in der Schule gelernt haben“, sollten auch die Lehrkräfte postschulischer Ausbildung dieses auf Erfahrung in der Lebenswelt im politischen Umfeld aufbauende Lernen der Kunstsparte Demokratie immer wieder aufgreifen. Ehe wir uns dem Einzelnen und dann der Geschichte der Demokratie und anderer Staatsformen zuwenden, wollen wir Gerhard Himmelmann zitieren, der mit John Dewey Oskar Negt u. v. a. der Demokratie den pädagogischen Stempel aufdrückte. Für ihn fokussiert Demokratie auf die Funktionen und Aufgaben des Staates. Ihre Kernziele sind Freiheit, Gleichheit, Gerechtigkeit, Sicherheit und Wohlfahrt. Damit die Bürger ihre politischen Rechte und Pflichten aber tatsächlich wahrnehmen können, muss ihnen der Staat eine grundlegende soziale Abicherung gewährleisten. Vom soziologischen Standpunkt her gesehen bedingt Demokratie eine starke Zivilgesellschaft, in der Pluralismus und soziale Differenz Raum haben und anstehende Konflikte, auch wirtschaftliche, friedlich geregelt werden. Besonders interessant sein Blick aus der politischen Forschung auf die Rolle des Demokratie-Verständnis‘ in der Kultur des sozialen Zusammenlebens im Alltag. Dabei geht es Himmelmann um die Mikro-Ebene Familie und Schule als eine von Fairness und Toleranz geprägten Grundlage für ein politisches Engagement. In der Schule sollte diese Demokratie-Kompetenz stufenweise vermittelt werden. Angefangen bei der Einübung kooperativer, verantwortlicher, toleranter und gewaltfreier Verhaltensweisen über die Stärkung der sozialen und gesellschaftlichen Kompetenz bis zur Erweiterung des Bewusstseins für Demokratie als Herrschaftsform, was nur mit systematisch erworbenen Kenntnissen gelingt, die auch zur Festigung der politischen Urteils-, Kritik- und Handlungsfähigkeit führen. Würden diese aus beruflicher Lebenserfahrung gewonnenen pädagogischen Überlegungen in Sachen Demokratie, natürlich aufbauend auf die kindlichen und jugendlichen Entwicklungsphasen, in schulische Praxis umgesetzt, könnte das Selbstwertge- An der Demokratie gestrandet „Nutze deinen Verstand!“ Accent aigu S. 7 Ohne Anspruch auf Vollständigkeit wollen wir uns in den nächsten Abschnitten an den Spekulationen um den Tod und darüber hinaus beteiligen. Nehmen wir einmal an, der Tod wäre als Prämisse der Geburt nur der Übergang vom Bewusstsein zum Unbewussten. Dann würde sich jedem am Ende die Frage stellen, ob er sein Leben richtig geführt hat. Eine Gewissensfrage, die einige Religionen an sich binden, während andere daraus einen karmiWarum wohl hat Sokrates die „Majestät des Volkes“ (Hegel) schen Impetus ableiten, mit dem der nicht anerkannt? Mensch sein Konto guter und böser Taten Leides Schmied sind, was nicht zu persön- selbst verwalten darf. Wobei wir bei Odo Marquards Kompenlichem Übermut führen sollte. Und ? sehr wichtig! ? dass Jenseitsglaube die Angst vor sationsgedanken wären, aus dem er die Inkompetenzkompensationskompetenz dem Tod nur vor sich herschiebt. schöpfte, mit der er in seinem Vortrag „Abschied vom Prinzipiellen“ die Geschichte der Philosophie von ihrer universellen Allkompetenz in der Antike zur heutigen InEs ist wie mit der Füchtlingswelle. Wir Eu- kompetenz beschrieb. Und zwar, weil die ropäer können sie kollektiv verdrängen, „Liebe zur Weisheit“ drei ihr gestellten Hedoch schwemmt sie immer wieder tote Kin- rausforderungen nicht genügte. der an unsere Ferienstrände. Individuell Die soteriologische zum Heil des Menaber „werden Erfahrungen mit dem Tod schen, bei der die Christen sie ausbootete, immer einzigartig bleiben. Da man sie nicht die sie als „Magd der Theologie“ neben sich eins zu eins duplizieren kann, wird es nie dulden. Dann die technoligische zum Nutnur eine Antwort auf die Frage nach einem zen des Menschen, bei der sie von der geeigneten Umgang geben“, meint die jun- exakten Forschung zur Wissenschaftstheoge Anne Schaaf. rie verdammt wurde. Und schließlich die Die Moderatorin eines rezenten, von der politische „zum gerechten Glück der MenZeitschrift forum organisierten Rundtisch- schen“, bei der sie als hochspekulative Gegesprächs, erfuhr dies kurz vor ihrem Se- schichtsphilosophie endete. kundarabschluss, als eine noch jüngere Mitschülerin beschlossen hatte, nicht mehr leben zu wollen. „Diese Information war ohne öffentliches Medium plötzlich da. Raum zum Verdrängen blieb folglich aus. Doch wie soll man damit umgehen?“ Da für die junge Frau ein Konsens wegen Was lernen wir daraus? Nun, dass die Geder empirischen Einzigartigkeit nicht mög- schichte der Philosphie nichts mit Gelich ist, das Schweigen jedoch keine sinn- schichtsphilosophie zu tun hat, deren Bevolle Alternative darstellt, kann nur der griff im Zeitalter der Aufklärung von VolAustausch und die Diskussion über ver- taire geprägt wurde. Und wie bei Religion schiedene Interpretationsansätze den Ein- und Evolution gibt es in ihr offene und gezelnen und das Kollektiv weiterbringen. schlossene Modelle. Linear determinierte, Auf die Volksherrschaft bezogen wäre ihr die von einem Anfang und einem Ende der damit der erste Lehrstuhl der Demokratie- Geschichte ausgehen, stehen zyklisch unkunde sicher! determinierten Modellen gegenüber. Mit dem Auftreten des Christentums hat Ermutigend ist es schon, wenn junge Menschen über den Umgang mit dem Tod sich das geschichtliche Denken grundlein der Öffentlichkeit diskutieren. Und das gend verändert. Für Christen ist Geschichauch noch in mehreren Öffentlichkeiten: te identisch mit Heilsgeschichte. Mit der Schule, Medien, spezialisierte Dienstleis- Menschwerdung und Auferstehung Christi tungen, Kirche, Medizin und Betreuung. begann die Geschichte der Kirche, die mit Einzigartiger Tod Selbstmörderischer Gottesstaat seiner Wiederkehr vollendet wird. Gegen ihre Widersacher nutzen ihre Kleriker diese Geschichte als ewige Kontinuität des Willens „ihres“ Gottes. Augustinus ließ sich in seinem „Gottesstaat“ denn auch nicht zweimal bitten, das Märchen von Kain und Abel zum Anspruch seines Gottes auf die Herrschaft über die „civitas dei“ und die „civitas terrena“ zu verdichten. Sein Fazit war so einfach wie eigennützig: Weil sie dem unerforschlichen Ratschlag Gottes unterliegt, braucht sich der Mensch um die Gestaltung der Geschichte nicht zu kümmern. Auf der anderen, der offenen Seite verloren die Denkschulen vom Kierkegaardschen Radikalindividualismus über Poppers kritischen Rationalismus und Husserls Phänomenologie bis zu Sartres Existenzialismus ihre Kompetenz. Es blieb Camus‘ einzig wirklich ernstes philosophisches Problem: der schon erwähnte Selbstmord. Sich entscheiden, ob das Leben es wert ist, gelebt zu werden oder nicht. Wobei wir wieder bei der zweiten Pforte unserer Existenz wären, zu der wir mysteriöserweise über den Schlüssel verfügen: dem Tod. Fragt sich nur, ob der Mensch zum Schloss seiner ersten Lebenspforte auch die Kombination besitzt. Doch gibt allein schon die Frage lediglich spiritistischen Perspektiven einer Seelenwanderung und anderen reinkarnationistischen Verschwörungstheorien Aufwind. Und so lange er keine eindeutigen Beweise für all diese Spekulationen hat, bleibt dem Menschen mit dem Herannahen eines natürlichen Abgangs zum Schluss einer hoffentlich ausgefüllten Existenz die schon angedeutete Frage: Habe ich mein einziges Leben nicht in den Sand gesetzt? War ich ein weltloser In-der-Welt-Seiender, dem das Wahre, das Eine, das Gute und das Schöne gleich gültig war? War ich das unabhängige Individuum, das sich für andere partikular Unteilbare eingesetzt hat und mit dieser Mitmenschlichkeit seine ontologische Charakteristika überspielte, nicht zur gleichen Zeit an verschiedenen Orten sein zu können. Habe ich nicht das Ende der Metaphysik gefordert, sondern bin mit dem in Königsberg begrenzten Kant für ein kritisch reflektiertes Denken eingetreten? Rechtsextreme Deserteure Und wenn dem so gewesen wäre, setze ich mich denn heute auch noch stark genug für eine lebhaft ehrliche Demokratie mit einzelmenschlichen Zügen ein, die nur siebzig Jahre nach den größten Humankatastrophen in Auschwitz und Hiroshima erneut unter die Räder zu kommen droht, die da rollen müssen für den Sieg? Damals sollte der Freizeitverkehr dem „Fronturlauber“ Platz machen. Accent aigu S. 8 Bis auf einige Ausrutscher in der Kubakrise oder der verrückten Aufrüstung unter dem idiotischen Nato-Doppelbeschluss, die beide dem bipolaren Kalten Krieg zwischen den USA und der Sowjetunion geschuldet waren, blieb es im sogenannten Westen nach Auschwitz und Hiroshima ziemlich friedlich, bis sich heute wieder geopolitische Gräben zwischen Kreml und Weißem Haus aufgetan haben. Heute kreuzen sich Flüchtlingstrecks und Ferienreisende auf der Balkanroute. Und obwohl es die meisten „Deserteure“ aus den vom Westen befeuerten Kriegsgebieten in die deutschen, österreichischen und schwedischen Ballungsgebiete und nicht in die menschenleere Provinz zieht, machen andere Länder dicht. Die neuen EU-Mitglieder aus dem Osten sogar mit rechtsextremer Energie. Abgesehen von der akuten Gefahr für das junge Pflänzchen Demokratie, will man in der früheren Deutschen Demokratischen Republik (allein diese Bezeichnung war Realsatire pur) sogar wieder an der Grenze auf unschuldige Flüchtlinge und deren Kinder ballern. Soweit kommt wohl nur ein Volk, das während einer Generation von den Wurzeln seiner transzendentalen Hoffnungen abgeschnitten war. Das ist das Resultat, wenn ein ungelernter saarländischer Bergarbeitersohn und kommunistische Scheuklappen tragender Funktionär das Wohl des Volkes im Namen einer realsozialistischen Parteidiktatur in die Hand nimmt, die jede Art von kirchlicher Zusammenarbeit ablehnt. Einer dieser zahlreichen unbedarften Atheisten eben, die Goethe zitieren, als hätte Faust ihn geschrieben. Doch auch die sogenannten westlichen Dichters Wort in Demokratenhand Demokratien, obwohl sie auf den Menschenrechten fußen, die Ende des 18. Jahrhunderts durch die beiden atlantischen Revolutionen in Frankreich und den USA definiert wurden, kommen den Rechten des einzelnen Bürgers nicht immer entgegen, weil derjenige, der in ihnen die politische Entscheidungsebene anstrebt, auf Mehrheiten angewiesen ist. Wehret der Pöbelrepublik! Und wie jeder weiß, sind diese Mehrheiten ohne Probleme zu manipulieren. Sei es durch Geld oder andere Vorteile. Auch haben sowohl diese konservativen wie auch progressiven Konsumenten immer wieder das Bedürfnis, ihre persönliche Freiheit gegen kollektive Sicherheit einzutauschen. So entstanden nicht nur Parteien und Fraktionen, sondern in ihnen auch demokratische Dynastien. Von Roosewelt über Bush bis Clinton werden diese Politiker jedoch von einer per Volksentscheid zustande gekommenen Verfassung in demokratischen Bahnen gehalten. In autoritäreren Systemen entstand durch dieses kollektive Sicherheitsbedürfnis oft ein familiär paternalistischer Drang zu weltlichen Führern, die „ohne Gott und Gebott“ von einer Gräueltat in die nächste stolperten. Es ist ungeheuer bedauerlich, dass man heute, wo der Westen doch die Menschenund vor allem auch die Frauen- und Kinderrechte vorangetrieben hat, noch derart primitiv argumentieren muss, um die materiell konsumverwöhnten und transzendental orientierungslosen Bürger dazu zu bewegen, ihrer Wahlpflicht mit bestem Wis- sen und Gewissen nachzukommen, damit dies wenigstens auch so bleibt. Natürlich läuft man auch Gefahr, schlafende Hunde zu wecken, die Kandidaten ihre Stimme geben, die das „Waterboarding und noch grausamere Foltermethoden“ wieder einführen wollen. Und hier liegt die Betonung auf „wieder“, hat doch schon die kriminelle Vereinigung im Weißen Haus um Bush und Cheney eine solch unmenschliche wie ineffiziente Vernehmungspraxis ausdrücklich befürwortet. Und dass solche Praktiken leider auch in einer Demokratie über Wahlen hinaus Bestand haben, davon zeugt das Unvermögen Obamas, das illegale Gefängnis Guantanamo auf Kuba zu schließen. Auch das Beibehalten der unsäglichen Waffengesetze in den USA zeugt davon, wie gefährlich eine in Europa oft in den höchsten Tönen gelobte Basisdemokratie sein kann. Man denke nur an die Todesstrafe. Eine Demokratie, die sich derart vom Volk erpressen läßt, ist im Grunde längst aus den ideologischen Stiefeln seiner Gründerväter gekippt. Gründerväter, deren Ansprüche auch nicht immer frei von Widersprüchen waren, wenn sie zum Beispiel als Sklavenhalter von „We the people“ schrieben. So stehen sowohl das Recht auf Waffenbesitz wie das Verbot grausamer Bestrafung in der Verfassung. Eine derartige Abkehr von den demokratischen Idealen nannten die alten Griechen, die den Begriff des „Volkes“ sehr eng fassten und damit nur Bürger mit politischen Partzipationsrechten meinten, den Weg in die Ochlokratie („Herrschaft des Pöbels“). Dies soll natürlich kein Aufruf zum alten Zensuswahlrecht sein, wo doch heute schon die 62 Reichsten unser politisches Schicksal zu bestimmen scheinen. Diese Schere zwischen Arm und Reich war seit jeher ein Hindernis für eine gerechte und pluralistische Demokratie. Doch besonders schwierig gestaltet sich die öffentliche Wahrnehmung dieses Phänomens, da sich im Westen nur einige wenige Milliardäre den Großteil der Stammaktien an den Massenmedien teilen, während im Rest der Welt politautokratische Propaganda auf dem Programm steht. Und da eine Demokratie bekanntlich den Wettstreit um die öffentliche Wahrheit organisieren muss, sie aber nicht vorgeben kann, sind die folgenden Worte von NatoGeneralsekretär Stoltenberg zu begrüßen: „Wir glauben, dass kritischer Journalismus und eine offene politische Debatte die besten Arten sind, Propaganda entgegenzuwirken.“ Ihm steckt wohl Breiviks Schießerei auf der Ferieninsel Utøya noch in den Knochen. Doch sollte er nie vergessen, dass er einem „Verteidigungs“bündnis vorsteht und in der Weltgeschichte bisher das erste Opfer in jedem Krieg immer wieder die Wahrheit war. Accent aigu S. 9 Crise de régime et marche forcée vers l’Etat autoritaire et discriminatoire France: La déchéance Robert Mertzig dans toutes les couches de la société. Il de- parti bourgeois comme les autres. Au centre vient électoralement majoritaire chez les du programme FN, il n’y a certes pas, comRéforme constitutionnelle liberticide en ouvriers et les employés (au moins chez me dans les années trente, la mobilisation France et déchéance de la nationalité ceux qui votent). La bourgeoisie globalisée de la petite bourgeoisie au travers de milices chère au régime de Vichy. La vraie dé- ne fait certes pas le choix du Front national fascistes pour liquider le mouvement ouchéance qui semble se nouer au- ? en particulier de sa politique de sortie de vrier; mais il y a la „préférence nationale“, jourd’hui est bien celle de la gauche. Et l’Euro ?, mais le patronat est maintenant di- opposée à plusieurs millions d‘étrangers et tout particulièrement de la social-dé- visé. L’option FN ne correspond pas au- de français d’origine étrangère, ainsi qu‘à mocratie. jourd’hui aux intérêts bien pensés des clas- tous ceux qui les protègeraient. Il y a bien des similitudes entre le Front ses dominantes; cependant, la crise politiA moins que tous „les déchus“ de la gau- que est telle, les appareils sont si affaiblis, national et d’autres forces du système, mais che au pouvoir redressent la tête, sortent de que l'„accident électoral“, même si ce n’est le FN n’est pas pour autant intégré au systèleur propre état de sidération, et parlent pas la „variante la plus probable“, ne peut me. L’orientation de Marine Le Pen, n’est d’une même voix, au-delà des différences plus être rejeté d’un revers de main. pas un projet à la Gianfranco Fini, en Italie. Le Front national n’est pas un parti fascis- La majorité du Front national ne veut pas des uns et des autres. Nombreux sont ceux qui souhaitent un sursaut civil, social et po- te comme dans les années trente parce que passer des alliances où leur parti se retroulitique qui enraye ce sempiternel glissement nous ne sommes pas dans les années trente. verait en position subordonnée. Ses dirigeà droite de la classe politique. En France et L’origine de sa direction est fasciste, ses thè- ants veulent casser la droite dite classique et mes nationaux-socialistes reprennent les la remplacer. Ils ne peuvent donc franchir ailleurs... thématiques classiques de l’extrême droite: aujourd’hui un certain seuil électoral. Ils la préférence nationale, le racisme anti-im- parient cependant sur l’aggravation de la migré et en particulier antimusulman res- crise, sur la division et l’explosion de la tent au centre de sa politique. Ce n’est pas droite. Est-ce une hypothèse qu’on peut Cette marche vers l’Etat policier tous azi- un parti fasciste classique, mais n’est pas un écarter ? muths (voire l’Etat militarisée), sous l‘égide des „socialistes“ en déchéance politique et morale, justifie et donc renforce le discours du FN et lui prépare le terrain institutionnel et idéologique. Ainsi lors des élections régionales de décembre 2015 une nouvelle poussée du Front national a eu lieu : près de 7 millions de voix, plus que le nombre de suffrages obtenus par Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle. Election après élection, depuis 2012, les votes FN augmentent. Il est devenu, sur le plan électoral, le premier parti du pays. Faute d’alliances, il reste en deçà d’une majorité absolue, mais avec l’approfondissement de la crise de régime que traverse la France, la donne peut changer. On ne peut plus écarter la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen à la prochaine élection présidentielle, en 2017. On connait les raisons de cette poussée du Front national : dégradation globale des rapports de force au détriment du mouvement ouvrier, politique néolibérale endossée par les gouvernements de droite et de gauche, retombées persistantes de la domination postcoloniale, nouvelle place du pays (marginalisée) dans la globalisation capitaliste. La conjonction des effets d’une dépression économique longue en Europe, de la crise politique liée aux choix du gouvernement, des conséquences des attentats terroristes perpétrés par l’Etat islamique et d’une nouvelle vague de racisme dans les classes populaires offre un terreau nourricier au FN. Le Front national est maintenant présent Certains libraires gardent leur humour caustique Photo: www.actualite.com Le FN: un vrai danger Accent aigu Notabene.formeractif.com S. 10 Compte tenu de la situation internationale actuelle, du désarroi politique, de l’absence d’alternative solidaire crédible au système, de la pression raciste interne, le Front national peut s’appuyer sur certaines couches de la société pour justifier les discriminations, la répression, voire l’expulsion des étrangers et en particulier les étrangers musulmans. C’est un ferment de guerre civile qui implique une liquidation radicale des libertés démocratiques. Il y aura une différence notable entre toutes les formules politiques, autoritaires, bonapartistes, initiées par la social-démocratie ou le centre droit, et un régime dominé par l’extrême droite. La déchéance du PS Souligner le danger spécifique que représente le Front national, ce n’est pas accorder au gouvernement et à la présidence Hollande un satisfécit quelconque ! L‘état d’urgence à la Valls vise déjà à habituer la société à vivre en état d’exception, à délégitimer le contrôle de la justice sur l’appareil répressif et sur l’exécutif, à placer sous surveillance générale les citoyennes et citoyens, à restreindre de fait les libertés civiques, à rendre atones les mouvements sociaux. Ce dont rêvait Le Pen Hollande l’a fait! L‘état d’urgence de Valls-Hollande crée ainsi les conditions politiques et les conditionnements mentaux qui pourraient favoriser demain l’imposition d’un état d’urgence „bleu marine“. L’attaque contre les libertés démocratiques d’aujourd’hui est extrêmement grave, sans précédent en France depuis la guerre d’Algérie. Le Parti socialiste subit une détérioration continue depuis 2012. Il est passé de 280.000 adhérents (chiffre officiel) en 2006 à 130.000 en décembre 2014. Seulement 70.000 „militants“ ont voté pour le dernier congrès. Cependant, ce parti ne connaît pas de „pasokisation“. Il compte encore plus de 20 % des suffrages, ne s’effondre pas brutalement. La crise est loin d’atteindre en France son niveau grec. L’affaiblissement de la social-démocratie est néanmoins considérable. Plus important encore, le PS, comme ses confrères européens, connaît un changement profond de nature. Il y a ce qu’on pourrait appeler une accélération dans la transformation bourgeoise de la social-démocratie. Un processus qui vient de loin et qui se traduit par une intégration sans précédent des appareils sociaux-démocrates dans les sommets de l’État, les institutions mondiales (FMI, OMC…) et dans l‘économie globalisée. Les partis socialistes sont devenus „de moins en moins ouvriers et de plus en plus bourgeois“. La brutalité des politiques néolibérales sape leurs bases sociales et politiques. Sous des formes différentes, les partis socialistes se transforment en partis bourgeois. Deviennent-ils pour autant des partis bourgeois comme les autres ? Pas tout à fait, le fonctionnement de l’alternance exi- ge des PS qu’ils marquent leur différence avec les autres partis bourgeois. Ils restent liés, par leur origine historique, au mouvement ouvrier, mais ce ne sont plus que des traces qui s’effacent dans la mémoire des militants. Cela crée néanmoins des contradictions et des oppositions au sein de ces partis. Ils peuvent garder un certain rapport au „peuple de gauche“, même s’il est de plus en plus distendu. Cette mutation qualitative, si elle allait jusqu’au bout, transformerait ces partis en „partis démocrates à l’américaine“. La nouvelle situation internationale, la durée de la dépression économique néolibérale, l’intégration dans les politiques de l’Union européenne, la marche à un régime autoritaire poussent à une évolution interne au Parti socialiste, à des changements qui progressivement le dévitalisent Il n’en demeure pas moins que, pour les Valls, Macron et autres, le PS n’est toujours pas suffisamment à droite : il faut accélérer le pas. Y aura-t-il des résistances ? De quelle ampleur ? Sous quelles formes…? La surprise britannique indique que, même là où on ne l’attendait pas, il y a des réactions imprévisibles. Ce qui ne remet pas en cause la domination du „blairisme“ sur le Labour Party, en particulier dans sa représentation parlementaire, mais cela indique que les changements de paysage politique traversent aussi des formations comme le Labour. La spirale infernale Les causes profondes de la montée du FN sont multiples mais toutes s’aggravent. L’une d’elles est à l‘évidence la désespérance sociale née de la conjonction des crises du capitalisme, des bouleversements profonds du monde et de la société française, des politiques néolibérales, destructrices d’emplois, de droits et de protection sociale menées depuis 35 ans par les gouvernements successifs. Le fait que les coups décisifs soient portés par le Parti socialiste en accroît les effets dévastateurs, achevant de désespérer les salariés, les chômeurs, les retraités et les précaires, celles et ceux que l’on appelait le „ peuple de gauche „ et parmi lesquels le FN fait désormais ses meilleurs scores. Là encore la responsabilité du PS est écrasante, en poursuivant, voire accentuant les politiques discriminatoires menées par la droite, en durcissant les conditions d’accueil et de séjour, en manipulant lui aussi une prétendue „laïcité“ mais une vraie stigmatisation, il ne fait que légitimer le discours du FN et le vote pour ses candidats. Dans le même sens, le cours répressif et sécuritaire des politiques gouvernementales donne raison aux réponses autoritaires de l’extrême droite. Une fois admis que la répression policière est la réponse à tous Accent aigu les maux pourquoi ne pas voter pour ceux qui poussent jusqu’au bout cette logique ? Sur ce terrain ni un Valls, pourtant particulièrement zélé, ni même un Sarkozy qui l’apprend à ses dépens, ne seront aussi crédibles qu’un ou une Le Pen. Dans ce contexte déjà terriblement dégradé, l’horreur des tueries du 13 novembre a dramatiquement accéléré la spirale périlleuse. Le choc causé par les attentats a fait basculer vers le FN la fraction des électeurs de la droite traditionnelle les plus sensibles aux thématiques sécuritaires et racistes. Les actes islamophobes se sont multipliés. Hollande l’a joué „chef de guerre“ à l’extérieur en intensifiant la guerre en Syrie et à l’intérieur en décrétant l‘état d’urgence. Des décisions aussi inefficaces l’une que l’autre contre le terrorisme de l‘État islamique. Imposé pour 12 jours, puis prolongé finalement pour 6 mois (!), l‘état d’urgence, ce régime d’exception issu de l’histoire coloniale que le gouvernement cherche à pérenniser en modifiant la Constitution, est prioritairement utilisé contre les quartiers populaires toujours plus stigmatisés et contre les résistances, en interdisant les manifestations et assignant des militants à résidence. Le gouvernement fait le choix délibéré d’instrumentaliser les attentats pour livrer une partie de la population à la méfiance et au rejet, rendre durable l‘état policier et criminaliser les mobilisations. Il détruit ainsi préventivement tout ce qui permettrait de résister à la fois au terrorisme et à l’extrême droite. Dans le paquet-cadeau de la réforme constitutionnelle, qui vise à vivre selon les codes de l‘état d’urgence permanent, le président Hollande n’a pas oublié de glisser la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France, qui se seraient rendus coupables d’actes terroristes. La déchéance de la nationalité appartient précisément à la catégorie de lignes rouges à ne pas dépasser. A telle enseigne que, en 2010, lors du projet de loi sur l’immigration présenté par l’ancien président Sarkozy, qui proposait déjà la déchéance de nationalité pour les personnes d’origine étrangère ayant volontairement porté atteinte à la vie de policiers et de gendarmes, toute la gauche s‘était exprimée vent debout contre cette aberration ? François Hollande inclus. Lors de ce débat, nombreux sont ceux qui ont tenu à rappeler l’historique de ce sinistre projet politique : d’abord porté par l’extrême droite française dans les années trente, la déchéance de la nationalité a été mise en application par le régime de collaboration avec l’occupation nazie du Maréchal Pétain. Cette mesure a été effacée en quasitotalité à la Libération. La déchéance de nationalité établit, en effet, l’idée selon laquelle il y aurait „deux catégories de Français“. Or, quelle que soit l’atrocité des actes dont il peut être question, lorsque cette sélection est autorisée, on S. 11 Deux notes collatérales: 1) Certains s’indignent de l‘état d’urgence sans condamner les interventions françaises ou d’autres pays européens (au Moyen-Orient, en Afrique...). C’est là une bien courte vue limitée au confort des libertés publiques „chez nous“. Mais comment refuser l‘état d’urgence et sa constitutionnalisation sans dénoncer la guerre qui les autorise? Comment accepter cette guerre qui, de coalitions en connivences, de confrontations de forces en réactions en chaîne, étendra fatalement le périmètre des belligérants, en suscitant, ailleurs, d’autres conflits armés? La guerre provoque et provoquera davantage de migrations douloureuses. Lesquelles sont utilisées pour justifier aussi bien la généralisation des équipements de surveillance que toutes les formes de racisme qui, à leur tour, minent les relations sociales. Il faut donc être cohérent: dire non à l‘état d’urgence, c’est dire non à la guerre. Car la guerre extérieure entraîne quasi automatiquement le renforcement des contrôles à l’intérieur du pays. Et presque toujours, la guerre produit un rassemblement nationaliste autour d’une supposée identité menacée, ce qui légitime toutes les restrictions de liberté. Elle engendre un état d’urgence permanent qui finit par servir de prétexte pour criminaliser toutes les résistances au néolibéralisme, qui, lui-même, se nourrit de la guerre. 2) Pour des raisons de délai rédactionnel ce texte a été finalisé le 20 février. Cependant la crise politique en France est telle que bien des événements nouveaux peuvent aussi bien surgir à tous moments que couver sous la cendre politique politicienne encore un certain temps, gravide d’explosions/d’implosions à moyen terme. Il est néanmoins peu probable que les tendances lourdes ici invoquées et analysées soient invalidées d’une manière ou d’une autre. Au contraire. sait quand elle commence et jamais, ni quand, ni comment, elle s’arrête. Quant à la prétendue efficacité de la mesure dans la lutte contre Daech, qui peut encore y croire ? Jusqu‘à preuve du contraire, le terrorisme n’est pas une nationalité. Parmi les Français qui se revendiquent de l’Etat islamique, il semblerait qu’un quart, peut-être un tiers, soient des convertis, nés en France, et qui ne possèdent par conséquent qu’une seule nationalité: la nationalité française. C’est une preuve supplémentaire qui montre l’absurdité de cette mesure, qui dissimule mal une portée idéologique nauséabonde, que seule l’extrême droite portait il y a peu : établir un corollaire improbable et révoltant entre terrorisme et immigration. Ce corolaire nocif, qui légitime dans l’opinion l’idée selon laquelle notre insécurité et l’immigration sont deux phénomènes contigus. Les nouveaux convertis à cette mesure justifient ce ralliement au nom du fait qu’on serait désormais en guerre. Argument déjà entendu au printemps dernier, suite aux attentats de janvier, pour rendre plus présentable une loi relative au renseignement controversée. Or, ce projet de loi, tout comme les appels lancinants à un „Patriot Act à la française“, était largement antidaté et remontait à bien avant les attentats. Dans son livre la „stratégie du choc“ (Actes Sud, 2007), la militante altermondialiste Naomi Klein avait déjà évoqué la manière dont les pouvoirs s’y entendaient pour instrumentaliser l‘émotion de l’opinion, lorsqu’elle est placée, de fait, dans un état de sidération suite à des grands chocs sociaux, économiques, écologiques ou militaires, tels des révoltes, des révolutions, des guerres, des attentats ou des catastrophes naturelles. C’est ainsi que bien des gouvernements saisissent l’opportunité de faire passer des réformes néolibérales et sécuritaires concoctées de longue date. Stratégie couchée sur le papier, le 26 octobre 2001, aux Etats-Unis lorsque George W.Bush présentait un texte long de 132 pages, restreignant les libertés fondamentales et déléguant un pouvoir d’exception aux agences et officines gouvernementales. Stratégie mise en application dans la guerre en Irak de 2003. A l‘époque les critiques de la classe politique française ne manquaient pas. Elles étaient même nourries pour déplorer le bilan d’un épisode „va-t-en-guerre et arbitraire“. Aujourd’hui, c’est un François Hollande, prisonnier de ses calculs politiciens pour 2017, autant que de la crise politique qui l‘éloigne toujours plus de la réalité, qui utilise les mêmes peurs, le même choc, pour justifier ses guerres, son Etat d’urgence, ses mesures sécuritaires et la déchéance de la nationalité. Et comme à l’accoutumée, chacun de constater que le renforcement de l’Etat pénal accompagne le démantèlement de l’Etat social. Accent aigu S. 12 La Démocratie en danger Science de la propagande et son remède Photo: joshualightningwarrior.wordpress.com Michel Decker Qu’est-ce que deux grands scientifiques comme Sigmund Freud et Jacques Testart ont à voir avec la démocratie en danger? Beaucoup plus que l’on ne pense à priori, comme nous allons le voir. Et pourtant, Sigmund Freud (1856-1939) est médecin de formation, le père de la psychanalyse, et Jacques Testart (1939) est biologiste et le père scientifique du premier bébé éprouvette français en 1982. Le célèbre Sigmund Freud intervient dans notre réflexion surtout par personne interposée, c. à d. par son neveu Edward Bernays, aussi peu connu que son oncle est célèbre. Fait curieux, Edward Bernays (18911995) est même doublement le neveu de Freud: sa mère était la sœur de Sigmund, Anna, et son père était Ely Bernays, frère de l‘épouse de Freud, Martha Bernays. La famille Bernays a émigré en 1892 de Vienne à New York. Et si l’oncle est connu comme étant le père de la psychanalyse, le neveu pourrait passer comme le père des relations publiques et de la propagande. Propagande, tel est d’ailleurs le titre de son livre, célèbre parmi les spécialistes, édité en 1928 aux Etats-Unis. La traduction française date de 2007 et a comme titre: Propagande / Comment manipuler l’opinion en démocratie (1). Dans ce livre, Bernays a combiné les théories sur la psychologie des foules de Gustave Le Bon et de Wilfred Trotter (2) avec les découvertes de son oncle Sigmund, à qui il rendait visite en Europe régulièrement et dont il ne se privait pas d’utiliser le nom, une fois de retour à New York. Bernays était un personnage dont l’influence croissait rapidement, surtout depuis qu’il faisait partie de la Creel Commission, ou Commission on Public Opinion (CPI), du président étatsunien Woodrow Wilson. En effet, lorsque les Etats-Unis décident le 6 avril 1917 d’entrer dans la première guerre mondiale, la population est largement opposée à cette décision. Et c’est avec la mission explicite de la faire changer d’avis que le président Wilson crée cette CPI. Cette commission qui accueille une foule de journalistes, d’intellectuels et de publicistes, est un vrai laboratoire de propagande moderne, ayant recours à tous les moyens de diffusion Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud, pense que le peuple doit être manipulé par une minorité éclairée d’idées alors connus. Edward Bernays faisait partie de cette commission. La commission a atteint son objectif auprès de la population en martelant que l’entrée en guerre était essentiellement pour apporter la démocratie en Europe. Et à la fin de la guerre, Bernays faisait partie de la délégation étatsunienne aux négociations de paix à Versailles. Après cette expérience remarquable et d’autres qui ont suivi dans le monde du „big business“, Bernays publie donc en 1928 son livre Propagande. Et à partir de là, il a encore devant lui une très longue carrière qui le rend extrêmement riche et influent. Rappelons-nous qu’il meurt seulement en 1995, âgé de 103 ans. Un livre peu connu Afin de bien se rendre compte de quoi il est question, il n’y a pas mieux que de lire les quelques premières lignes de ce livre. Les voici : „La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans la société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. C’est là une conséquence logique de l’organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d’une société au fonctionnement bien huilé. Le plus souvent, nos chefs invisibles ne connaissent pas l’identité des autres membres du cabinet très fermé auquel ils appartiennent. Ils nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position qu’ils occupent dans la structure sociale.“ Heureusement que c’est le neveu de Sigmund Freud qui a écrit ce texte, ce qui ne l’a pas empêché de faire une très longue et glorieuse carrière, bien que extrêmement discrète pour le grand public. Nous n’avons pas lu qu’on l’ait accusé de conspirationnisme, argument massue souvent à la main de nos jours pour éviter des discussions critiques. Par contre, il a été très efficace pour des grands groupes comme la Amercian Tobacco Company, Procter & Gamble, General Electric, la United Fruit Company au Guatemala, l’industrie de l’automobile contre les tramways, entre autres. Critique de science Est-ce que la description de Bernays correspond encore au fonctionnement démocratique de nos jours? Beaucoup de gens sem- Accent aigu poser des solutions en rapport direct avec les besoins de la société. Pourquoi une convention de citoyens? Une conférence de citoyens apparaît aujourd’hui comme la méthode démocratique la plus à même d’aider les élus à faire les choix qui correspondent au bien général. Et les innovations suscitent des controverses qui ne peuvent être tranchées par des élus, sous la seule pression de lobbies industriels ou d’experts, souvent en conflit d’intérêts. Il y a eu plus d’une centaine d’expériences mondiales de conférences de citoyens depuis vingt ans. Afin que ces conférences disposent de plus de crédibilité, il est important qu’elles suivent un cahier des charges suffisamment précis et rigoureux, documents qui existent. Les expériences faites en France notamment ont été plus que satisfaisantes, dit JT, notamment pour débattre des grands choix technologiques comme le nucléaire ou les OGM. Comme on vient de vivre la conférence internationale pour le climat à Paris, sous le nom de COP21, JT rappelle qu’en 2002, la conférence citoyenne conviée à Paris sur le thème „Changements climatiques et citoyenneté“ a produit les propositions suivantes: réduire la consommation d‘énergie et sortir du nucléaire, taxer le kérosène, créer un fonds mondial d’indemnisation des catastrophes naturelles, la prise en charge financière par les pays du Nord des transferts de technologie vers les pays défavorisés, et plein d’autres propositions de bon sens. Sans doute à des frais moindres que la grand messe du COP21 qui n’a produit aucun engagement concret, vérifiable à court terme et qui était donc inefficace. Comme exemples allant dans le sens des conventions de citoyens, on peut mention- (photo: chouard.org) blent le croire, à en juger d’après le nombre toujours croissant de citoyens qui, désabusés, refusent de participer aux élections démocratiques. Alors, que pouvons-nous faire pour revenir vers les idéaux d’un fonctionnement démocratique de la société? C’est ici qu’intervient notre deuxième docteur en sciences, Jacques Testart. Le même qui a donné une conférence en juin 2014 à Luxembourg, invité par l’Institut des Etudes Européennes et Internationales et Les Amis du Monde Diplomatique. Jacques Testart (JT), après avoir fait une carrière brillante dans le domaine expérimental de la procréation médicalement assistée, avec des centaines de publications internationales, est devenu Critique de science. Critique de la marchandisation de la vie, à laquelle il est formellement opposé. En quittant son domaine de spécialisation, il se tourne vers la société dans son ensemble pour y constater un grave manque de démocratie. Et afin d’y remédier, il travaille et fait des propositions pour améliorer la situation existante, notamment par son dernier livre (3). Une solution qu’il nous soumet est celle de la convention des citoyens. Pour JT, la convention des citoyens est une procédure qui consiste à sélectionner au hasard un nombre limité de citoyens, quinze en l’occurrence. La préparation du groupe au problème à traiter combine une formation préalable où les citoyens étudient, une intervention active où les citoyens interrogent et un positionnement collectif où les citoyens rendent un avis. Tout sujet d’intérêt général, sans limitation du champ géographique, est susceptible de faire l’objet d’une convention de citoyens dès lors que les connaissances en la matière ont acquis un certain niveau de maturation. Cette méthode repose sur la certitude qu’un groupe de citoyens tirés au sort est capable d’appréhender tout sujet, quelle que soit sa complexité, en se dégageant des seuls enjeux locaux et immédiats, pour pro- S. 13 Jacques Testart, père scientifique du premier bébé éprouvette en France, propage l’implication directe des citoyens dans les choix de société ner le Conseil danois de la technologie depuis 1986. Et, d’ailleurs, les jurys d’assises fonctionnent depuis très longtemps selon ce principe. Les jurés sont des citoyens tirés au sort qui participent, aux côtés des magistrats professionnels, au jugement des crimes au sein de la cour d’assises. Les jurés sont des juges à part entière. Donc, ce qui fonctionne pour des questions de vie ou de mort d‘êtres humains devrait pouvoir fonctionner pour des choix politiques concernant le bien de la société. Les intérêts des grands groupes de lobbying seraient par contre peut-être moins bien servis. Un changement En tout cas, la démocratie a tout à gagner en se libérant du système actuel, système qui a tendance à reproduire une classe politique, comme cela se produit devant nos yeux aux Etats-Unis avec les Bush (papa Bush, puis G.W. Bush, et maintenant le frère comme candidat) et les Clinton (d’abord monsieur, ensuite madame, en attendant la progéniture), mais également en Russie avec les alternances Putin-Medvedev. Dans notre petit pays, nous pourrions trouver facilement des cas pareils de transmission générationnelle. Ce qui est transmis en fin de compte, ne serait-ce surtout la connaissance des arcanes du système et des rouages? Une preuve de l‘éloignement du système politique des citoyens se manifeste dans la (non)position de la grande majorité des politiciens devant des monstres antidémocratiques comme les traités CETA, TTIP et TiSA. Dans ce cas particulier, comme pour d’autres, afin de contribuer au choix de solutions pour le bien de la majorité, la participation citoyenne via des conférences de citoyens serait nettement plus démocratique, et plus efficace. Ce serait le contraire de ces „salles de lecture“ hyper restrictives, récemment ouvertes pour les représentants du peuple dans le cadre d’une campagne de transparence pour TTIP par la Commission de Bruxelles (et ici, nous retrouvons les techniques de propagande de Edward Bernays, voir ci-dessus!), avec interdiction de parler ensuite au peuple de ce qu’ils ont pu voir dans ces salles de lecture. Un changement fondamental de nos systèmes de gouvernement s’impose, si nous voulons sauver un reste de démocratie. (1) Voici le lien pour accéder au livre de E. Bernays sur la Propagande en français: https://avicennesy.files.wordpress.com/2013/10/bernays-propaganda.pdf (2) W. Trotter : Instincts of the Herd in Peace and War. 1916 (3) J. Testart : L’Humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun. Seuil, 2015 Accent aigu S. 14 Billet de Crète Où va l’Europe? Que fait l’Europe? Iraklis Galanakis Où va l’Europe? L’Europe du respect mutuel et de la solidarité qu’ont voulus ses bâtisseurs pour éviter le retour aux égoïsmes nationaux et aux désastres causés par les guerres: Cette Europe-là, existe-t-elle encore? La construction européenne, se fait-elle toujours selon la même logique et avec les mêmes objectifs depuis la chute des régimes communistes, qu’avant 1989? Ne va-t-elle pas droit dans le mur, comme pendant des périodes qui ont précédé et préparé les deux guerres mondiales? Politiques des mémorandums et solidarité Six ans de mémorandums imposés ont complètement démoli la Grèce au lieu de la sauver: 24,5% de la population, dont 60% des jeunes, au chômage; une dette montée en 2016 à plus de 300 milliards d’euros contre 120 milliards en 2010; 800.000 entreprises fermées et 250.000 expatriées; 350.000 jeunes de 25 à 35 ans, instruits et formés, partis à l‘étranger; perte de 40% de la valeur des biens des Grecs; 3,5 millions de Grecs sous le seuil de la pauvreté; diminution des dépenses dans les domaines de la santé, de l‘éducation, de la sécurité, de la protection et de l’aide sociale; douze réductions des pensions depuis 2010, alors que des familles entières au chômage sont obligés de vivre sur la retraite des parents; manque de médecins, de personnels soignants, de lits d’hôpital, d’instruments et de médicaments; augmentation du nombre de malades sans moyens qui ne peuvent plus se soigner; augmentation de la mortalité enfantine et des suicides… Seul point positif: nulle part ailleurs n’ont été créés autant de réseaux de solidarité avec les démunis, malades et nécessiteux: par l’Eglise orthodoxe, les pouvoirs locaux, les organisations humanitaires, les associations d’enseignants et des parents, les fédérations ouvrières, les organisations volontaires créées spontanément… C’est ainsi qu’ont vu le jour des hôpitaux sociaux, des pharmacies sociales, des restaurants sociaux, des épiceries sociales, des murs de la générosité, où chacun peut accrocher un sac contenant de la nourriture, afin que ceux qui par fierté ne veulent pas aller aux restos sociaux puissent se nourrir. Par contre, grâce à l’emprunt accordé par le FMI à la Grèce, les grandes banques de certains pays européens ont été sauvées! Problème des réfugiés et des émigrés sangue. Mais un seul pays, même s’il n‘était pas affaibli comme l’est la Grèce, pourrait-il empêcher seul le passage de centaines de milliers d‘êtres humains désespérés? Et surtout quand ce pays se trouve en face d’un pays où la mafia s’est emparée du trafic d’humains et où le gouvernement veut profiter du problème pour mieux servir ses intérêts économiques, politiques et géostratégiques. Pour preuve: la visite de Mme Merkel en Turquie et sa rencontre avec le président Erdogan juste avant les récentes élections législatives; la décision de l’UE d’offrir à ce dernier trois milliards d’euros; et l’engagement de l’OTAN dans la mer d’Egée au lieu de renforcer le Frontex. La Grèce et les réfugiés Depuis des années, la Grèce voit des émigrés rejetés sur ses côtes par des passeurs. Mais, depuis l’an passé, ce A cause des conflits qui déstabilisent flux a pris des dimensions énormes. des pays en Asie, au Moyen Orient et Selon Nikos Xydakis, ministre chargé en Afrique, la fuite des peuples vers des affaires européennes, il y a eu des pays où ils espèrent vivre en sécu- 851.319 arrivées de réfugiés et émirité ne cesse de s’accroître. L’aggrava- grés en 2015, pour 41.074 en 2014. tion de la guerre en Syrie, les atrocités Même après l’accord entre l’UE et la d’ISIS, les bombardements, ont ainsi Turquie les flux continuent: en février conduit des millions de Syriens à se 2016, il y a eu plus de 4.000 arrivées déplacer à l’intérieur de leur pays ou par jour. Anthi Karaggeli, coordinavers les pays voisins. La Grèce n’a été trice du hotspot de Lesbos, parle impliquée dans aucun de ces conflits, d’entre 8.500 et 10.000 personnes qui mais pour certains „partenaires“ eu- seraient passées chaque jour en août ropéens, elle présente quelques „pro- et en octobre. blèmes“: ses frontières - dans leur vasUne mère syrienne, à qui Mme Kate majorité maritimes et insulaires - raggeli avait demandé où elle avait sont aussi celles de l’Europe et avoisi- trouvé la force pour quitter la Syrie, nent la Turquie, pays d’accueil de plus traverser la Turquie et la mer avec trois enfants pour aller en Europe, a de deux millions de réfugiés. Les réfugiés veulent échapper à tout répondu: „Mon mari est mort dans la prix à l’insécurité et la mort. Et rien ne guerre, notre ville a été bombardée, peut les en empêcher. Les émigrés plusieurs personnes ont été massaéconomiques rêvent aussi d’une vie crées par l’ISIS. Vous êtes au 3e étage meilleure. Et rien ne peut les en em- et vous avez le choix de rester, de pêcher non plus. Et sur leur route vers vous faire brûler ou de sauter par le le „paradis“ se trouve une Grèce ex- balcon, en y voyant une chance de Accent aigu survivre. J’ai fait ce choix pour mes enfants“. Selon Stratis Valianos, un de ceux proposés pour le Nobel de la Paix, les pêcheurs, au lieu de ramasser des poissons, ramènent désormais des naufragés ou des morts (cf. „k“, 12.2015). Dans les îles, dans le port du Pirée, à Thessalonique ou à la frontière nord de la Grèce, l’Eglise, les pouvoirs locaux, les organisations humanitaires, le Corps marin des côtes apportent de l’aide, selon leurs moyens: Une association de mères, par exemple, tricote des chapeaux, des écharpes et des pullovers pour les enfants qui arrivent dans les îles ou les villes... Malgré un courant anti-émigrés, mené par le parti d’extrême-droite Aube dorée, la majorité des Grecs est activement solidaire. A Héraklion, en février dernier, un enfant afghan de 12 mois a été transféré en urgence à l’hôpital universitaire afin d‘être soigné pour une pneumonie très grave. Pendant un mois et demi, tous - médecins, personnel soignant, membres de „L’initiative pour les réfugiés et les émigrés“, de l’Association des enseignants „Dominicos Theotokopoulos“ et de „L’hôpital social“ - ont accompagné sa famille, en finançant leur séjour en ville et leur transport jusqu‘à la frontière nord de la Grèce, d’où ils voulaient rejoindre des parents en Allemagne. La Grèce accusée Pourtant la Grèce est accusée par Bruxelles et certains responsables politiques de ne pas en faire assez. Elle est même menacée d’exclusion de la zone Schengen, reprochée de ne pas bien garder ses côtes, avec l’arrivée jusqu’en septembre 2015 de plus de 814.000 réfugiés, dont seuls 250.000 auraient été enregistrés. Le ministre chargé de l’immigration Yiannis Mouzalas proteste que la Grèce a fait de son mieux pour protéger ses frontières maritimes; que ses accusateurs, comme la Hongrie, n’ont offert aucune aide. La Grèce ne peut tout de même pas rejeter les réfugiés en mer, comme on lui a suggéré! Et le ministre de souligner que le S. 15 coût de la crise des réfugiés se monte à un milliard d’euros et de reprocher à l’UE de ne pas avoir versé à la Grèce les 600 millions d’euros promis. Il demande enfin comment on peut faire face lorsque, comme à Lesbos, on construit un „hotspot“ pour 5.000 personnes alors que 17.000 réfugiés arrivent. Olga Gerovassili, porte parole du gouvernement, rappelle par ailleurs que contrairement à la décision du Conseil européen de répartir dans les pays de l’UE 160.000 réfugiés qui se trouvent en Grèce, moins que 500 ont été en réalité réinstallés. Selon le premier ministre Alexis Tsipras, le „blame game“ ne sert à rien; au lieu de chercher des coupables, il serait plus utile de répartir la charge qui devrait être portée par chacun. La solution se trouve en Syrie et elle passe par une discussion de fond avec la Turquie. En recevant le ministre de l’intérieur français, Bernard Cazeneuve, le 5 février dernier, le président grec, Prokopis Pavlopoulos, a affirmé que la Grèce remplira entièrement ses obligations, mais qu’il faudra aussi que ses partenaires européens et la Turquie remplissent les leurs, pour faire face au problème. Selon François Hollande, les pays membres de la zone Schengen devraient réfléchir de façon rationnelle, au lieu de laisser un seul pays porter toute la responsabilité d’un problème commun. Le premier ministre portugais, Antonio Costa, se déclare prêt à offrir l’hospitalité à des réfugiés et souhaite une Europe qui n’aura qu’une frontière extérieure et aucune frontière intérieure. La Grèce et les Grecs félicités Le président du groupe socialiste du Parlement européen, Gianni Pitella, estime qu’il vaudrait mieux aider la Grèce que l’accuser. Comme l’Italie, la Grèce fait un énorme effort et réussit à sauver des vies. Laura Boldrini, président du Parlement italien, a visité la Grèce et l‘île de Lesbos pour remercier les gens, de la part de l’Europe, de ce qu’ils font pour tous ceux qui y arrivent et y souffrent. Elle a déclaré que „Cette bouée de sauvetage qu’utilisent les réfugiés, symbole de Skala, de Sikamias et de Lesbos, doit devenir un symbole pour toute l’Europe. Elle représente la volonté de ces gens de vivre, et toute l’Europe doit être à leurs cotés“. A trois grandmères elle a dit: „Nous avons vu que vous avez aidé les petits enfants, et toute l’Europe est fière de vous“. Des groupements européens ont fait une collecte de signatures pour que le Nobel de la Paix soit décerné aux habitants des îles et des organisations humanitaires qui aident les réfugiés et les émigrés. 560.000 signatures avaient été réunies avant la date du dépôt de candidature. Lors du dernier Conseil Européen du 19 février, Jean-Claude Juncker a exprimé à Alexis Tsipras sa satisfaction des progrès réalisés par la Grèce dans le domaine de l’accueil des réfugiés, avec la création des hotspots dans les îles qui longent les côtes turques. La question en suspens… La menace de fermeture de la route vers l’Europe centrale reste en suspens, malgré les affirmations de François Hollande et d’Angela Merkel. Selon Alexis Tsipras, l’UE ne devrait pas s’occuper seulement de sa partie nord-est, mais aussi de sa partie sudest. La Grèce porte un fardeau disproportionné - et cela rien que pour préserver le visage humain de l’Europe. La montée des nationalismes, des forces de la droite et de l’extrême droite xénophobes et racistes dans les pays membres de l’UE, la volonté de certains pays membres, dont l’adhésion à l’UE a été précipitée et mal préparée, d’une Union à la carte, la cupidité et la volonté de dominer de certaines forces néolibérales, les problèmes de la Turquie avec ses voisins et sa volonté de tirer profit du problème des réfugiés… tout cela ne permet pas beaucoup d’optimisme. La Grèce, où ce problème devrait inciter à l’union des forces politiques – à l’exception d’Aube dorée – a beaucoup de soucis à se faire. Elle ne devrait pas les supporter seule. Accent aigu S. 16 Afrique La logique de la fraude électorale en Afrique subsaharienne Dieudonné Enoh „En Afrique, un chef d’Etat ne perd pas les élections“ : telle est la logique qui habite les régimes politiques africains. Leurs défenseurs poussent d’avantage leur raisonnement : „…imagine-t-on un chef humilié ? Il est un personnage sacré“. Naturellement, un parallèle est rapidement établi avec l’Europe. „Les rois, en Europe, sont inamovibles ; pourquoi voulez-vous qu’il n’en soit pas de même pour un président de la République en Afrique où les pays se construisent encore ?“ D’autres défenseurs du régime affirment que la longévité au pouvoir, c’est-à-dire la stabilité politique (ils font sciemment l’amalgame entre longévité et stabilité) d’un chef d’Etat en Afrique est gage de progrès pour le pays. „Les pays occidentaux peuvent se permettre de changer de présidents fréquemment, ils sont déjà développés, nous, nous ne le sommes pas encore“ entend-t-on également dans la bouche des propagandistes de chaque régime. Tout ceci aboutit à un fait, la fraude électorale, au bénéfice du président de la République, doit être pratiquée pour le bien du pays. En conséquence, les gens fraudent aux élections la conscience totalement tranquille. Telle est la justification de la fraude électorale en général. Mais, il y existe d’autres justifications de la fraude électorale au Cameroun. Nous fraudons pour le bien de la Communauté ethnique De nombreuses personnes pratiquent la fraude électorale pour le compte, affirmentelles, de la communauté ethnique à laquelle elles appartiennent. Elles estiment en effet que, les élections sont l’occasion pour le président de la République de découvrir les régions qui lui sont hostiles tout comme celles qui ne le sont pas. Si jamais une région venait à être classée dans la catégorie „hostile“, celle-ci ne bénéficiera, pendant toute la durée du mandat, d’investissements de l’Etat. Elle sera marginalisée. En conséquence, il faut tout faire pour barrer la route, dans la région, à cette mauvaise graine qu’est l’opposition. Voter pour elle n’apporte rien. Au contraire, plutôt des ennuis. Pour cette raison fondamentale, les „élites“ d’un département, d’un arrondissement, d’une région, préparent méticuleusement la fraude à chaque scrutin. Il ne faudrait pas que leur région, département ou arrondissement soit marginalisé, montré du doigt comme étant opposé au président de la République. On s’explique par cette logique les récriminations rocambolesques et extravagantes qui surgissent de partout, au Cameroun, après chaque scrutin : „…telle région a accordé moins de voix que nous au président de la République ou à son parti politique, mais tel poste important lui est revenu ; c’est injuste..“ Les fameuses „élites“ africaines sont ainsi passées maîtres dans le tribalisme. Elles estiment qu’un poste important dans l’administration publique ou une entrée au gouvernement est un cadeau à la tribu. En conséquence, si la tribu désire en acquérir d’avantage, il faudrait que ses résultats électoraux, en faveur du président de la République, soient „irréprochables“. Ces personnes en arrivent ainsi à rivaliser en fraude électorale au nom des voix à apporter au président de la République pour pouvoir ramener des postes importants à la région, à l’arrondissement, au département. On s’explique également ainsi le fait qu’elles constituent le plus grand ennemi de la démocratie et des partis politiques de l’opposition à travers le territoire. La fraude par gratitude envers le chef de l’Etat. Une autre justification de la fraude électorale est basée sur la „gratitude à au chef de l’Etat“. Gratitude au nom d’une nomination ou d’in investissement de l’Etat dans la région. La perversion de la politique en Afrique a fait que les nominations soient, avant tout, dans l’esprit de la population, et très probablement dans celui des présidents africains des „cadeaux“ de ce dernier aux régions, aux départements, aux arrondissements, ainsi que nous venons de l'évoquer plus haut. En conséquence, les „élites“, tout comme du reste la population, s’estiment être dans l’obligation de les „remercier“ pour quelle que sordide nomination que ce soit, en se livrant à la fraude électorale. Elles doivent, à cet effet, coûte que coûte réaliser des scores proches de 100% en sa faveur ou de son parti politique. Littérature S. 17 Chroniques parisiennes L’art et l’acte politique oubliés Clotilde Escalle Il était un temps, pas si loin que cela, où le théâtre se voulait, entre autres, expérimental, où la performance était un acte rare, un geste artistique dans le plein élan de sa créativité et de sa transgression. Aujourd’hui, de tels événements ont pratiquement disparu, et outre le fait d’aller applaudir des produits assez formatés – le cinéma aussi d’ailleurs a perdu ses réalisateurs au profit de films consensuels qui finiront à la télévision – nous n’avons plus la mémoire d’une telle culture. Au point de balbutier des évidences et de revoir certains classiques, comme finalement on inventerait l’eau chaude. J’oubliais: la littérature, elle non plus, ne fait pas exception, et l’on se demande, là encore, ce qu’il faudra pour reprendre le chemin de l’art, comme un acte engagé dans un processus qui le dépasse. A ce propos, Ludwik Flaszen, né en 1930 à Cracovie, Pologne, dramaturge et cofondateur avec Grotowski du Théâtre-Laboratoire, vivant à présent à Paris, a publié un livre remarquable, Gro- towski et compagnie (Editions l’Entretemps, septembre 2015), dans lequel il retrace l’expérience d’abord polonaise puis internationale du Théâtre-Laboratoire, ainsi que la vie du jeune Polonais qu’il était, lorsqu’il a débarqué en France, plus particulièrement à Paris, fou de culture. Ludwik Flaszen est un monstre d‘érudition et d’exigence. Il a été un temps mon maître au théâtre, lorsque je me croyais destinée à brûler les planches. Mais ce que j’ai vécu avec lui était si fort, c‘était un tel état de grâce, que j’ai préféré m’en tenir là, à cette formation artistique qui passait par le corps et privilégiait l‘être au plus profond de sa créativité, dans une grâce absolue. Je portais donc cette utopie en moi, qui m’a permis d’avancer. C‘était une telle folie, ce Théâtre-Laboratoire, il engageait aussi bien les acteurs que les spectateurs, Peter Brook en a repris les fondamentaux, avec notamment l’entraînement de l’acteur. Car le corps de l’acteur est un instrument fait de muscles et de nerfs qu’il s’agit d’amadouer, pour que monte enfin le souffle qui lui est unique, ce don aux autres de ce qui le dépasse. „Au service de la Parole“ Aujourd’hui donc, tout cela semble désuet, tant les acteurs posent, jouent aux stars - „nous assisterions plutôt à un défilé de mode“, a pour coutume de dire, avec ironie, Ludwik Flaszen, tant certains acteurs sont soucieux de la perception que l’on aura d’eux, du moins dans le système français, où hormis les grandes institutions comme le Conservatoire ou la Comédie-Française qui ont toujours su qu’il y avait un corps à la clé, il ne s’agit ici que d’une image à cadrer au plus loin. Et comme l‘écrit si bien Ludwik Flaszen dans son ouvrage: „Notre époque n’a pas de théâtre, notre époque a des représentations. Pour qu’existe le théâtre, il ne suffit pas de produire des représentations, faibles, convenables ou remarquables. Les époques théâtrales sont celles où on se demande: pourquoi le théâtre? Et on y répond sans faire l’acte qui serait à la fois art du théâtre et autre chose qui le transcenderait. Les époques non théâtrales, comme la nôtre, ne se posent pas de questions fondamentales, elles tombent à ge- noux devant le dieu de la Production. Elles pratiquent un acte qui n’est qu’un acte théâtral, sans son contraire dynamique qui est sa transgression. Et elles produisent des représentations par la force de l’inertie en se référant à des valeurs éternelles et des pratiques traditionnelles, ou à des valeurs éternelles et à des pratiques modernes, en comptant sur l’instinct de jeu, de fête et d’imitation. Il peut en sortir quelque chose: une soirée joyeuse ou émouvante, à moins que ne triomphe le service de la Parole.“ Alors si vous replacez ces propos dans un contexte plus général, celui de notre société, de ce qu’on appelle encore démocratie, avec aujourd’hui pour les qualifier des appellations aux variantes inquiétantes, qui ont néanmoins le mérite de nous avertir d’une dérive dangereuse, pour ne pas dire terrifiante – des variantes comme „démocratie autoritaire“ (!) ?, vous obtenez ce que nous vivons, c’est-à-dire une Parole triomphante, une époque qui ne se pose plus de questions fondamentales. Une époque qui se berce de l’illusion de ses représentations démocratiques et ressasse le même discours, en l’habillant de tradition ou d’une fausse modernité - réforme française de l’orthographe à l’appui, par exemple. Et le constat est une fois de plus affligeant. Plus aucune parole, à part la Parole toutepuissante et aveugle à tout sauf à elle-même. Et depuis cette Parole aseptisée, les catastrophes humanitaires, les peuples en déroute, nous font perdre peu à peu notre qualité privilégiée de citoyen pour nous fondre dans cet abîme, celui de la fin d’une égalité et d’une fraternité au moins recherchées. Et si nous réinventions la démocratie, cela donnerait quoi? Pour reprendre le parallèle avec le théâtre, nécessaire espace de liberté, voici ce qu’en dit avec justesse Ludwik Flaszen, et que nous pourrions encore appliquer à notre vie, à nos sociétés: „Ou bien sa destinée (celle du théâtre) est-elle de se soustraire à l’avalanche de spectacles dont nous bombarde notre temps? Et d’annoncer l’entracte. Ne pas être un art du spectacle mais l’art de suspendre le spectacle. Un art de l’entracte. De l’entracte dans le spectacle général.“ Aujourd’hui, alors que nous sommes nus, et certains plus que d’autres, le silence devrait s’imposer… Littérature S. 18 Savanah Bay au TNL Sublime, forcément sublime Paul Rauchs Elles sont sur une île. Leur terre est féminine, fortement féminine. Car il est absent, il est simplement venu féconder la femme, il n’a pas de nom. Il est parti. Et il est devenu omniprésent. Il est l’Atlas, l’il où elles se donnent la réplique, sur les pierres de la baie où la jeune femme force la vieille dame de détromper sa mémoire en trempant dans l’eau du souvenir. Détruis, dit-elle, à son aînée, celle qu’elle admire, celle qu’elle aime, celle dont elle ne sait pas qu’elle lui en veut. Détruis les chimères de ta vie, détruis tes illusions qui nourrissent ta culpabilité. Et Madeleine se met à jouer le jeu, à se laisser prendre au jeu de la psychanalyse. La grande dame a été une actrice célèbre, elle est restée une comédienne touchante qui a raté sa rencontre avec le metteur en scène de sa vie. Rivée sur les planches de son théâtre qui était sa vie, sa grandeur, sa vanité, elle n’a pas su offrir de planche de salut à sa fille qui s’est jetée dans les eaux turquoises de la mer chaude après avoir accouché de sa fille. Les pas de danse qu’elle esquisse avec celle qu’on devine être sa petite-fille, leur affrontement teinté d’amour et de ressentiment font ressurgir les ombres d’une vie qui ont assombri il y a bien longtemps les lumières des projecteurs. Les parleuses se la jouent moderato cantabile, car Savannah n’est pas Gregory, et la mouette tropicale n’a rien du corbeau lorrain. Les eaux limpides des baies du Pacifique ne charrient pas les boues de la Vologne et c’est ainsi que nous avons assisté à un superbe récital de deux immenses comédiennes, nous avons failli écrire cantatrices. Car il y a comme un air de musique de chambre dans la mise en scène de Stéphane Ghislain Roussel, lui même musicien et musicologue, assisté par Marylène Andrin-Grotz. Marja-Leena Junker campe la grande dame qui pourrait s’appeler Marjaa comme celle de Dame Renaud s’appela Madeleine. Tour à tour vaniteuse et narcissique, mélancolique et résignée, elle déploie avec volupté ses talents de tragédienne, face à une Ludmilla Klejniak qui excelle tout autant dans les registres de l’espièglerie et de la tendresse, mais aussi d’une curiosité quasi existentielle. Le spectateur, tout à sa jouissance esthétique, se laisse emporter par des réminiscences de la tragédie grecque, suggérée par la froide géométrie masculine du décor, dont seule l’eau qui donne et reprend la vie, l’eau d’ici et l’eau delà, l’eau amniotique et l’eau du Styx ajoute une note de complicité féminine aux deux actrices. Les robes dessinées par Annabelle Locks, aussi dépouillées que belles, sont en fait le troisième personnage de la pièce, tant elles semblent parfois prendre vie à leur tour. On l’aura compris, le Savannah Bay du TNL est un spectacle esthétique mais jamais esthétisant, un hymne au théâtre et au texte, si loin et si proche de cet autre texte célèbre : Il y avait bien des années que, de la baie, tout ce qui n‘était pas le théâ- tre et le drame de son jeu, n’existait plus pour elle. Et elle se met à chercher. Pas seulement : à créer. Quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. Mais la beauté pure et idéale n‘étant pas de ce monde, fusse-t-il celui du théâtre, la réalité avec son ironie cruelle et tragique, puis comique et anecdotique, finit par la défigurer : Bulle Ogier, qui créa la pièce aux côtes de Madeleine Renaud perdit sa fille qui se suicida entre deux représentations, quand Marja-Leena Junker se fractura le poignet pendant les répétitions. Son discret plâtre ajoute un contrepoint de Verfremdung toute brechtienne à ce spectacle sublime, forcément sublime. Littérature S. 19 Mettre en sourdine la nature excessive du réel En principe, on en a un peu marre de ces narrateurs omniscients qui démontent les ficelles du jeu en dévoilant le côté artificiel et construit du monde fictionnel. On nous les a passés à toutes les sauces, prenant leur origine chez le fataliste de Diderot pour se conjuguer sous toutes les formes possibles à l‘ère déconstructionniste et postmoderne. On se dit que c’est bon, on a compris, le monde d’un roman n’est pas le monde réel, et ces techniques ont fini par nous lasser. qui semble faire dire à Echenoz que, si la paranoïa dérivée de tous ces constats devient une condition contemporaine de notre être-aumonde, autant l’embrasser avec cette calme ironie qui est la sienne. Constamment relancée, rythmée par les interventions de la voix narrative, qui fait s’agencer les scènes selon des techniques cinématographiques, orchestrant des changements de plans et de séquences aussi désinvoltes que brillamment assouplis par des parallélismes situationnels, l’intrigue risque parfois d‘être comme noyée sous les éclats Le nouveau roman de Jean Echenoz, avec protéiformes de techniques narratives et ses innombrables et malicieuses intrusions stylistiques impressionnantes. Ce qu’Echedu narrateur-auteur sous forme de clin noz commente en attribuant la parole à son d‘œil, pourrait en être un bon exemple. confrère Pierre Michon à qui l’on demande, Seulement, Echenoz nous pond, avec En- lors d’une émission télévisuelle, si c’est son voyée spéciale, un roman tellement jouissif style qui conditionne le propos ou vice veret maîtrisé, qui regorge de trouvailles dans sa, et qui s’apprête à répondre quand le tous les paragraphes, qu’elles soient stylisti- nouvel amant de notre „ envoyée spéciale „ ques, sémantiques, narratologiques ou, rentre avant de se jeter sur elle, Echenoz ansouvent, tout cela ensemble, que cela pour- nulant ainsi de façon malicieuse le comrait en devenir aussi gênant que ce premier mentaire métatextuel pour replonger - dans de classe qui, levant le doigt à toute occasi- son propos et son style. on, dépasse d’ores et déjà en maîtrise ses Pourtant, bien que la distanciation ironiprofesseurs, que cela énerve. Seulement, que par rapport aux agissements des perEchenoz n’a rien de ce premier de classe : il sonnages soit, à travers les choix focaux, serait plutôt celui qui, installé au fond de la constante, il n’en est pas moins que l’histoisalle, s’en moquerait d’un air serein et dis- re d’Envoyée spéciale a de quoi intriguer : si tancié. Car c’est d’une telle position les fils narratifs emmêlés évoluent parfois qu’Echenoz, dans son roman, observe les de façon convenue - la voix narrative est agissements des personnages qu’il met en d’ailleurs la première à s’en désoler - c’est scène, ressemblant en cela quelque peu aux pour instaurer un arrière-fond de pastiche frères Coen, Envoyée spéciale étant un peu sur lequel les péripéties méticuleusement son Burn After Reading à lui. On y retrouve construites peuvent se dérouler selon la méle pastiche de la fiction d’espionnage, la canique du hasard et des rebondissements mort arbitraire de certains personnages, la déjantés. Evoquons-la donc brièvement, bêtise souvent hilarante d’une grande partie cette intrigue, sans trop en dévoiler : tout du personnel romanesque, l’adultère et, d’abord, il y a Paul Objat et le général Boursurtout, les scènes où les services de rens- geaud, qui ont besoin d’une femme pour eignement semblent quelque peu dépassés une opération secrète dont on n’apprend par l’imprévisibilité des actes dénués de rien jusqu’au troisième acte, hormis le fait fondements rationnels qu’accomplissent que cette femme, il faut d’abord la préparer, ceux qu’ils sont censés surveiller, voire con- la laisser mijoter. Peu après, Constance, oitrôler. Par un tour de pirouette, la voix nar- sive et lassée par son époux, se fait enlever rative omnisciente, de par le fait que l’his- par le charmant Victor et ses deux acolytes toire se déroule dans les milieux des ser- Christian et Jean-Pierre, dont la bouffonnevices secrets et de l’espionnage, que la troi- rie attachante rehausse grandement le posième partie du roman se déroule en Corée tentiel humoristique d’un roman par aildu Nord, où la délation est un procédé na- leurs déjà très drôle. Enfin, entre Lou turel et qu‘à l‘ère de la connectivité totale, Tausk, l‘époux en question qui, musicien tous nos gestes sont enregistrés et observa- auteur d’un tube mondial intitulé Excessif, bles, trouve une légitimation sémantique essaie en vain de reproduire ce succès et Photo: Roland Allard Livres qui, sur les conseils blasés de son demi-frère Hubert, ne réagit aucunement aux rançons et menaces classiques de prélèvement de membres dignes de The Big Lebowski. Le talent descriptif d’Echenoz lui fait inspecter avec minutie le comportement codifié du monde, de la société et des individus : il est peut-être le seul auteur chez qui on attend avec impatience les séquences narratives dans le métro parisien. Et en effet, après l’analyse comparative des banquettes et des strapontins, c’est l’intonation en écho des voix préenregistrés annonçant les différentes stations qui forme cette fois-ci le point de départ d’un passage où l’auteur se trouve au sommet de son inventivité loufoque. Si ce souci du détail ne s’apparente en rien à une simple reproduction mimétique insipide des „ petits plaisirs de la vie „ d’un Philippe Delerm, c’est parce que, chez Echenoz, la mise à nu descriptive d’automatismes nous révèle l’incongruité inhérente à nos rituels sociaux, que nous tendons à prendre pour argent comptant sans nous interroger sur leur bienfondé. C’est ensuite parce que, chez Echenoz, ces menus détails donnent lieu à une construction en réseau rhizomique, qui les intègre dans une dissémination parfois ironique, comme quand, après la description des tentatives vaines de Lou Tausk d‘écrire à nouveau une chanson à succès, la voix narrative s‘évertuera d’abord à détecter le potentiel tubesque du chant d’un „ oiseau vespéral „ s’adonnant à un „ apéritif-concert „, puis de détailler „ l’invention modale „ d’une perceuse qui, semblant perturber le potentiel érotique de la première rencontre entre Tausk et la secrétaire de son demi-frère, passe en revue différentes cantiques et chansons à succès, suggérant malicieusement que l‘écriture d’un tube est à la portée de tout un chacun. Enfin, l’usage métaphorique de ces détails quotidiens aboutit à un réinvestissement poétique et distancié du réel, montrant que l’art romanesque d’Echenoz consiste avant tout à mettre en sourdine les excès du réel. Jean Echenoz Envoyée spéciale Minuit, 2016, 320p. ISBN : 9782707329226 Littérature S. 20 Der Bürger, der was vermisst…. Lichtenberg ? Der nicht ganz vergessene Gnom* Frank Bertemes Es ist immer interessant, sich mit besonders bemerkenswerten Persönlichkeiten auseinanderzusetzen. Das soll auch für diesen Beitrag des kulturissimo gelten, der sich mit einem wahrlich außergewöhnlichen Mann ? klein von Gestalt, jedoch groß als Person – beschäftigt. Es geht in diesen Zeilen um Georg-Christoph Lichtenberg, einem besonderen Menschen der Geschichte, ein Mann, der heuer durchaus aktuell ist. Auch wenn er längst nicht jedem von uns bekannt sein dürfte, seine Arbeit, in diverser Hinsicht, jedoch durchaus. Auch ohne seinen Namen unbedingt zu kennen. Zur Person: Georg Christoph Lichtenberg (* 1. Juli 1742 in Ober-Ramstadt bei Darmstadt; † 24. Februar 1799 in Göttingen) war ein Mathematiker und der erste deutsche Professor für Experimentalphysik. Lichtenberg gilt als Begründer des deutschsprachigen Aphorismus. Er war ein verwachsener, zeitlebens an einer Wirbelsäulenverkrümmung leidender Mann – klein von Gestalt, doch groß in Taten, wie ein Sprichwort sagt. Der Göttinger Hofrat und Professor der Physik und der Astronomie war seinen Zeitgenossen als Gelehrter mit besonderem Wissen und als Forscher auf dem neueren Gebiet der Elektrizität, mit nachhaltiger Wirkung, wie man ob der Resultate seiner auch rein wissenschaftlichen Arbeit heute noch behaupten kann, aber auch allgemein als „witziger Kopf“ (so Goethe über Lichtenberg) bekannt. Er war einer der führendsten Aufklärer im Deutschland des 18. Jahrhunderts. Georg Christoph Lichtenberg führte als Professor der Göttinger Universität Georgia-Augusta nicht nur die Experimentalphysik auf anschauliche Weise in den akademischen Unterricht ein, sondern war obendrein ein bekannter Kalenderschreiber, Satiriker und exzellenter Briefliterat im Sinne der Aufklärer. Auf ihn gehen nicht nur die Lichtenbergischen Figuren, Grundlage des heutigen Xerokopierverfahrens, zurück, sondern ebenso die Benennung der Elektrizität als + und - sowie der deutsche Aphorismus als literarische Gattung. Seine Beiträge, die er unter anderem in den von ihm bekannten Sudelbü- chern festhielt, hatten zu seiner Zeit heiße Eisen aufgegriffen und diese in satirischer Schärfe und unmittelbar kritischem Blick auf die herrschenden Gesellschaftszustände in beziehungsreichem Zusammenhang behandelt. Auch wenn er nicht viel veröffentlichte – und dies in voller Absicht, wie er betonte – gehört sein Name erstaunlicherweise in der deutschen Literatur zu den großen, den bedeutenden. Er hielt sich, was die erwähnten Veröffentlichungen betrifft, absichtlich im Zaum, dies aus Misstrauen gegen oberflächlichen Witz, gegen die Leichtigkeit, mit der in jedem Zeitalter in einer (Zitat) „gewissen Modeschreibart“ produziert werden kann. Er deutete an, dass im Nichtschreiben ebenso viel Vernunft liegen könnte als im Gutschreiben. Eine pikante Aussage, in der Tat! Sein Erfolg gab ihm jedenfalls recht, dies deutlich veranschaulicht an der Qualität seiner Schriften und des Nachruhms, der auf den Kladden ruht, die er seit seinem 23ten Lebensjahr geführt hatte, seinen berühmten Sudelbüchern, in denen er seine Beobachtungen, Überlegungen und Maximen zu allen möglichen Dingen eingetragen hatte. Oder auch, anders berichtet, handelt es sich hierbei um eine Auswahl, der 15 Notizbücher und Bücher sowie einige andere Hefte zugrunde liegen. Seine Sudelbücher, auch Schmier- oder Gedankenbücher genannt, in die Lichtenberg Zitate und Beobachtungen eintrug, Einfälle und Gedanken, Kurzfragmente oder skizzierte Themen, die ihn der Nachwelt berühmt machten. So verwundert es kaum, dass Georg Christoph Lichtenberg als eine brillante Persönlichkeit bekannt wurde. Auch wenn er uns in Mariens beschaulichem Ländle - mit dessen Mentalität dieser kleine Mann in Gestalt, doch riesig im Geiste, wohl sehr wenig anzufangen gewusst hätte - wenn überhaupt und dann höchstens durch geistreiche Aphorismen bekannt ist. Doch dieser Mann ist sehr aktuell, besonders wenn man sich als kritischer Bürger, der so vieles in unserer ach so modernen, hochtechnisierten Welt und einer Gesellschaft, in der der Mensch als Mensch und soziales Wesen immer mehr den Irrungen und Wirrungen der neoliberalen Wirtschaftsdoktrin und seiner fatalen Konsequenzen unterliegt und (eben) als Mensch immer mehr auf der Strecke bleibt, sich auch so seine Gedanken macht und sie niederschreibt. In aller Bescheidenheit des kleinen Erdenbürgers eines kleinen Landes, versteht sich. In seinem persönlichen Sudelbuch. Georg Christoph Lichtenberg, Aphoristiker, Kunstkritiker und Naturwissenschaftler, war einer der brillantesten, witzigsten, aber auch kritischsten Köpfe der Aufklärung – und eine der skurrilsten Persönlichkeiten seiner Zeit. Der Aufklärungsprozess, um dieses Zeitalter der Aufklärung (die längst noch nicht abgeschlossen ist, nebenbei bemerkt) in diesem Kontext der Person Lichtenbergs auch sofort aufzugreifen, schien Lichtenberg allerdings, wie er sich sehr klar ausdrückte, durch die unüberwindliche menschliche Borniertheit bedroht. Auch das heuer durchaus immer noch aktuell. „Man spricht viel von Aufklärung, und wünscht mehr Licht. Was hilft aber alles Licht, wenn die Leute entweder keine Augen haben, oder die, die sie haben, vorsätzlich verschließen?“, so der Gelehrte und Menschenkenner wörtlich im Sudelbuch 1, 918 (L 472). Oder auch: „Man muss die Menschen lehren, wie sie denken sollten, und nicht ewig hin, was sie denken sollen.“ Heuer ein gezielter Seitenhieb an jene, die „fir de Choix“ ihren „fait religieux“ mit allen Mitteln in dieser reaktionären Richtung mittels total unzeitgemäßem Religionsunterricht weiterführen wollen. Ein Totalreinfall für den mündigen Bürger, der so einiges kaum versteht, ein Irrweg, wie Lichtenberg, der Aufklärer wohl laut auflachend (lol) feststellen würde. So verwundert es auch wenig, dass man Lichtenberg und seine Gedankenwelt durchaus in den Kontext der sozialen Frage stellen kann. Dazu die Vorbemerkungen des Vorsitzenden der Lichtenberg-Gesellschaft zur Jahrestagung 2015, sehr aktuell also. Die LichtenbergGesellschaft e. V. , die übrigens ausschließlich gemeinnützige Zwecke mit den Zielen der Pflege und der Verbreitung des Andenkens an Georg Christoph Lichtenberg verfolgt, sowie die Erforschung seines literarischen und wissenschaftlichen Werkes, seiner Wirkung und Nachwirkung, verbunden mit der Erforschung der Kultur- und Wissenschaftsgeschichte in der zweiten Hälfte des achtzehnten Jahrhunderts. Also durchaus ein Mann, an den man im kulturissimo erinnern und den man auch Littérature kulturell thematisieren kann. Besonders im Kontext der literarischen Gattung der Satire. Das Programm der 38. Jahrestagung der eben erwähnten Lichtenberg-Gesellschaft in Göttingen, das auf den thematischen Schwerpunkt ‚Lichtenberg und die Satire im Deutschland und England des 18. Jahrhunderts‘ ausgerichtet ist, steht unter dem Motto: „Die Kinder und die Narren reden die Wahrheit, sagt man; ich wünsche dass jeder gute Kopf, der Neigung zur Satyre bei sich verspürt, bedenken möchte, dass der beste Satyriker immer etwas von beiden enthält.“ (Sudelbuch J 746). Dieser Aphorismus greift einiges von dem auf, was die Satire im 18. Jahrhundert auszeichnet: Zum einen hebt er auf den Begriff der Wahrheit ab, den Lichtenberg des Öfteren als Kern-Intention des Satirikers (kehren wir vom y zum heuer in unserer Rechtschreibung richtigen Buchstaben i zurück) angemahnt hat, werde sie nun naiv-spielerisch und ohne Beachtung von Konventionen wie bei Kindern oder mit einem Hang zum Anarchischen, Unkontrollierten nach Art der Narren ausgesprochen. Indem sie „etwas von beiden“ aufnimmt, trägt die Satire, die (ebenso wie z.B. die Fabel) auch im Zeitalter der Aufklärung noch zu den didaktischen Gattungsarten zählte - und auch heute noch zählen müsste, eigentlich der Kern dieses kulturissimo-Beitrages bekanntlich dazu bei, „Menschen-Verstand und Zweifel einzuschärfen“ (Sudelbuch F 441), notwendige Bedingungen für Aufdeckung und Anprangerung persönlicher Macken und sozialer Missstände. Schön bemerkt jedenfalls. Und hochaktuell, wenn man das so sehen will. Und die Person Georg-Christoph Lichtenberg in seiner Eigenschaft als satirischer Schriftsteller lädt uns ein, die Satire als solche näher zu beleuchten. Die Merkmale dieser literarischen Kunstgattung, so der Duden, die durch Übertreibung, Ironie, und (beißenden) Spott an Personen respektive Ereignissen Kritik übt, sie der Lächerlichkeit preisgibt, Zustände anprangert oder mit scharfem Witz geißelt, einer besonderen Form, sich schriftlich mitzuteilen, führen regelmäßig dazu, dass wir nachdenklich werden oder lachen müssen - sofern sich der Satiriker ihrer geschickt bedient. Die Satire als Kunstform, die politischgesellschaftliche, oder auch allgemeinmenschliche Missstände und Unzulänglichkeiten verspottet und kritisiert. Eine eher lockere literarische Form, die der Bürger, der was vermisst, besonders gerne liest und lächelnd genießt. Denn der Satiriker liebt die Übertreibung, den grotesken, doch entlarvenden Vergleich und die Offenlegung von Widersprüchen in Lebensführung und Gesellschaft, er oder sie ist ironisch, sarkastisch und manchmal pathetisch. Die Satire parodiert, travestiert und persifliert, will meinen sie verspottet, zieht ins Lächerliche und „pfeift aus“, verspottet S. 21 also fein. Sie ist durchaus und beabsichtigt einseitig, polemisch, nicht selten auch aggressiv. Kurzum: es ist nicht ihre Aufgabe, ihrem Gegenstand Gerechtigkeit widerfahren zu lassen. Oder, wie es der bestbekannte Satiriker Kurt Tucholsky, deutscher Journalist und Schriftsteller (* 1890 in Berlin †1935 in Göteborg) klar und deutlich auszudrücken verstand: „Was darf Satire? Alles!“ Aber sie muss nicht komisch oder witzig sein, die Satire ist nicht mit (heuer modern) der Comedy zu verwechseln. Die oft alles andere als niveauvolle Comedy (in modern times) will primär witzig sein, will das Publikum zum Lachen bringen. Mon oeil… Die Satire dagegen will primär Missstände anprangern und Unzulänglichkeiten aufzeigen, also auf ihre Art und Weise die Menschen zum Nachdenken bewegen. Sie ist kritisch, will Bewusstsein schaffen und zu Veränderungen drängen. Satire möchte belehren und bessern - direkt oder indirekt. Die Satire bewegt sich in einem Spannungsfeld, das die gesellschaftlichen Werte einerseits und die oft triste Realität andererseits abstecken. Sie kritisiert die Wirklichkeit im Namen eines mehr oder weniger ausgesprochenen Ideals, kann diese Ideale oder Normen allerdings auch selbst dem Hohn preisgeben und sie so eben auch in Frage stellen. Vor der Satire ist eben nichts sicher - im Sinne Tucholskys und Lichtenbergs (jeder zu seiner Zeit). Und so muss es auch sein, denn sonst hätte die Satire ihren Sinn verloren. Der Satiriker steht gewöhnlich im Widerspruch zum Zeitgeist, sind also weltanschaulich meist im politisch linken Lager verwurzelt. Der Satiriker lebt jedenfalls gefährlich – und wie gefährlich Satiriker leben können, dürfte (siehe Charlie Hebdo) heuer sehr bekannt sein. Der Satiriker muss immer damit rechnen, dass er sanktioniert wird. Und das kann sehr gefährlich, gar tödlich für ihn sein. Totalitarismen erlauben die Satire höchstens, insofern sie dem Volk ein Ventil bietet, ihm ermöglicht, punktuell (und ohne Risiko für das Regime wohlverstanden) Dampf abzulassen. Manche Regime missbrauchen politische Kabaretts und Ähnliches auch propagandistisch als angeblichen Beweis bestehender Kunstund Meinungsfreiheit, in einer gesunden Demokratie eine Selbstverständlichkeit. Jedoch auch in Demokratien – wie wir auf drastische und grausame Art und Weise erleben mussten – die für Satiriker sicher angenehmer sind, auch wenn sie dort regelmäßig anecken, sehen sie sich Klagen und anderen Repressalien, bis hin zur Ermordung, ausgesetzt. Ein klarer Angriff auf die Grundfesten der Demokratie und der garantierten Meinungsfreiheit, die uns sakrosankt ist! Egal wie: die Satire war, ist und bleibt Ausdruck der Pressefreiheit – Demokratie pur! Im Sinne Georg-Christoph Lichtenbergs und aller Satiriker, folgendes Zitat, Tucholsky ergänzend: „Die Satire darf alles, bloß eines nicht: Die Schnauze halten!“ So Wolfgang J. Reus (1959-2006), deutscher Journalist, Satiriker, Aphoristiker und Lyriker). Genau! *Henning Boëtius - Der Gnom: Ein Lichtenberg-Roman - also durchaus keine Frechheit…. Cinéma S. 22 Perspektive(n) Das ‚Hôtel Budapest‘ im neuen Zeitalter der Virtual Reality Luc Belling Während im Februar in Hollywood die wichtigsten Filmpreise des Jahres verliehen wurden und in Europa die Stars und Sternchen sich in Berlin zur Berlinale trafen, stand Ende des Monats auch in Luxemburg ein mittlerweile fest etabliertes und groß angelegtes Ereignis im Event-Kalender: die sechste Edition des Luxembourg City Film Festival (25/02-06/03/2016). Das Filmfestival besitzt derweil ein so großes Renommee, dass neben den luxemburgischen (Ko-)Produktionen ? im Besonderen ‚Colonia‘ von Florian Gallenberger mit Emma Watson und Daniel Brühl in den Hauptrollen sowie der luxemburgischen Vicky Krieps ? auch einige hochkarätige internationale Produktionen zum Programm gehörten, wie beispielsweise der Eröffnungsfilm ‚Demolition‘ (Regie: Jean-Marc Vallée) mit u. a. den Schauspielern Jake Gyllenhaal und Naomi Watts oder auch ‚Maggie’s Plan‘ (Regie: Rebecca Miller) mit Ethan Hawke und Julianne Moore. Wäh- vom Markt genommen wurde und als Verkaufsflop eingestuft wird, sowie die Ende 2015 präsentierte ‚Microsoft Hololens‘, mit der im Sommer 2016 gerechnet wird. Für die heutige Film- und vor allem auch Videospieleindustrie ist aber vor allem die Entwicklung des ‚Oculus Rift‘-Geräts der Firma ‚OculusVR‘ zu nennen, das mittels eines Crowdfunding-Projekts im Jahre 2012 vom Programmierer Palmer Luckey entwickelt und vorgestellt wurde, woraufhin Facebook im Jahre 2014 dessen Firma für rund 2 Milliarden US-Dollar erwarb. Seit dem 6. Januar 2016 ist diese VR-Brille für die Konsumenten erhältlich, wobei jedoch darauf verwiesen wird, dass die Entwicklung von Filmen und Videospielen noch in den Kinderschuhen steckt, so dass wohl noch einige Jahre vergehen werden bis dieser neue technologische Trend groß vermarktet wird. Im ‚Magic Mirrors‘-Zelt bestand während des Luxembourg City Film Festivals dann auch die Möglichkeit sich mit der ‚Oculus Rift‘Brille vertraut zu machen. Neben diesen kostspieligen VR-Geräten existieren aber auch günstigere Alternativprodukte, die ein Stück weit ein 360°-Visualisierungserlebnis ermöglichen und jedem Besucher am Abend des 24. Februars zur Verfügung gestellt wurden. Mithilfe eines Smartphones sowie eines Google Cardboards (eine Halterung aus Karton mit zwei Die Virtual Reality-Forschung mit der Ent- integrierten Biconvex-Linsen) ist es mögwicklung von sogenannten ‚Head-Moun- lich, Filme im 360°-Modus abzuspielen ted Displays‘ (visuelle Geräte, meist brillen- (siehe Foto 1). Auch wenn das Erlebnis ähnlich, die am Kopf befestigt werden und nicht vergleichbar mit ausgereiften VR-BrilBilder bzw. Videos abspielen) hat ihren Ur- len ist, so wurden an dem Abend trotzdem sprung in den 1960er Jahren. Forscher ent- erste Einblicke in das neuartige technologiwickelten die ersten VR-Helme, die jedoch sche Phänomen ermöglicht. von solcher Größe waren, dass sie an der Raumdecke befestigt werden mussten, da ein einzelner Mensch die Last nicht alleine tragen konnte. Besonders die Industrien der Raumfahrt und des Militärs investierten anfangs viel Geld in die Forschung, wodurch z. B. Helme für Helikopterpiloten Die Gäste konnten nach dem Studieren der entwickelt wurden bzw. auch Fallschirm- detaillierten und teils komplexen Bedienungsanleitung sowie den nötigen Vorbesprünge simuliert werden konnten. Heutzutage werden die stark weiterentwi- reitungen auf dem Smartphone (Herunterckelten und verkleinerten Brillen haupt- laden einer iPhone-kompatiblen App, Susächlich für Entertainment-Zwecke ver- che der Videos, Einstellung des richtigen wendet, wobei mittlerweile virtuelle 360°- Modus) das Video auf dem Smartphone abProjektionen möglich sind. Populäre VR- spielen ? Besucher, die kein Smartphone Brillen stellen zum einen die ‚GoogleGlass‘ besitzen, konnten demnach den Film nicht dar, die vom Unternehmen jedoch wieder abspielen bzw. Schlange stehen, um sich rend Perspektive(n) in der KulturissimoAusgabe vom April 2014 die Geschichte und Entwicklung der Filmfestivals in Luxemburg und die jetzige Ausrichtung des Luxembourg City Film Festival thematisierte, steht in dieser Ausgabe ein innovatives Projekt im Vordergrund, das auf dem Filmfestival Premiere feierte: das Virtual RealityErlebnis ‚Hôtel Budapest‘ von Regisseur Eric Lamhène und Produzent Bernard Michaux (in Zusammenarbeit mit dem ‚Oeuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte‘). Im neu errichteten Headquarter ‚Magic Mirrors‘ auf der Place de la Constitution wurde für das Filmfestival eine 360°-Filminstallation eingerichtet (in Zusammenarbeit mit Orange, Samsung und A_Bahn), wo neben der Vorstellung von ‚Hôtel Budapest‘ zudem eine Konferenz organisiert wurde, bei der die Möglichkeiten von Kinoproduktionen in Virtual Reality debattiert wurden. Perspektive(n) war am 24. Februar im Headquarters bei der Premiere von ‚Hôtel Budapest‘ und der Vorstellung der dazu gehörigen Virtual Reality (VR) Software. Neue Möglichkeiten der virtuellen Realität Foto: Luc Belling Weg vom Zuschauer hin zum Akteur Cinéma cherlich die Möglichkeit bzw. Gefahr, dass die VR-Technologie zu großen Suchterscheinungen führen kann, wodurch sich Menschen mehr und mehr zu Hause isolieren werden, da sie viele ihrer Bedürfnisse in der virtuellen Realität erfüllen können. Auch Bernard Michaux, der Produzent des Films war sich sicher, dass diese Technologie die Zukunft für die gesamte Entertainment-Branche darstellt und uns das Ausmaß an Möglichkeiten heute noch nicht bewusst ist. So scheint es daher auch nicht verwunderlich, dass besonders die Videospiel- und die Pornoindustrien Hunderte von Millionen in die Weiterentwicklung der Technologien investieren. Neuer Empfindungsraum durch Hôtel Budapest Bei medialen Vorstellungen und Werbekampagnen der VR-Brillen werden häufig Musikkonzerte vorgestellt, die man hautnah und mit einem völlig neuen Empfinden miterleben kann. Das bereits thematisierte aktive Teilnehmen versetzt den Zuschauer in neue Erlebniswelten. Dass die 360°Technik der virtuellen Realität jedoch auch für Dokumentarfilme ganz neue Blickwinkel eröffnet, beweist eindrucksvoll Regisseur Eric Lamhène mit seinem kurzen Video ‚Hôtel Budapest‘. Er greift das noch immer brandaktuelle und viel diskutierte Thema der Flüchtlingspolitik auf und nimmt den Zuschauer mit auf eine ganz besondere Reise in den Alltag eines Flüchtlings. Seit Herbst letzten Jahres sind die täglichen Berichterstattungen gefüllt mit den neuesten Nachrichten, Bildern und Videos der Flüchtlingsströme, so dass man auf den ersten Blick den Mehrwert einer weiteren Reportage über dieses Thema nicht erkennt. Die neuartige technologische Möglichkeit der 360°-Kameras eröffnet jedoch eine neue Dimension des Miterlebens, das vielleicht nochmals die Dramatik der bedrückenden Situation dieser Menschen verstärkt. Eric Lamhène hat zwei kurze Videos gedreht: Zum einen die eigentliche ‚Hôtel Budapest‘-Reportage, in der er die Situation an der serbo-ungarischen Grenze aufzeigt. Hier versuchen auf der serbischen Seite die syrischen Flüchtlinge nach Ungarn weiterzureisen und auf der anderen Seite sieht man die ungarische Foto: Marc Zuckerberg den Film auf dem einzigen Oculus-Gerät anzusehen. Für jemanden der sich mit dieser Technologie nicht auskennt, ist die erste Erfahrung mit der 360° abspielbaren virtuellen Realität sicherlich aufregend, aber auch konfus. Der Zuschauer sieht sich mit einer vollkommen neuen Situation konfrontiert, die irritierend und teils beklemmend sein kann. Man verfällt nämlich zu Beginn in bekannte Zuschauermuster und verfolgt das projizierte Video. Erst langsam wird einem bewusst, dass durch Bewegen des Kopfes bzw. des Smartphones sich das Sichtfeld verändert und man sich nicht mehr in einem vordefinierten Film befindet, sondern man sich seinen eigenen ganz individualisierten Blickwinkel des Films zusammenstellen kann. Damit beginnt die Entdeckungsreise in der virtuellen Realität und man dreht sich um die eigene Achse, kuckt in die Höhe und auf den Boden, um die gesamten 360° auszuschöpfen. Dass man z. B. im Film den Protagonisten, der mit einem redet, ignoriert, um sich jedem unwichtigen Detail eines Büroraums zu widmen, ist hierbei nebensächlich. Im Endeffekt musste ich den Film in der Tat 3-mal anschauen, um auch sicher zu sein, dass ich alles gesehen habe. Durch diese neuen visuellen Möglichkeiten bleibt nämlich stets das Gefühl, dass man etwas Wichtiges verpasst. Die Szene, die sich Externen geboten haben muss, die an diesem Abend das Zelt betraten, hatte sicherlich einen gewissen Slapstick-Charakter: Rund 70 Anwesende, die größtenteils noch nie mit dieser Form von Technik konfrontiert wurden, liefen irrend und taumelnd mit einem Kartongehäuse und ihrem Smartphone vor Augen durch den Raum. Diese Technologie der virtuellen Realität wird wohl wahrscheinlich eher ein Phänomen bleiben, das von jüngeren Generationen genutzt wird, denn obwohl die beiden Kurzfilme insgesamt nur rund 10 Minuten dauern, musste ich die Brille mehrmals absetzen, da leichte Schwindelerscheinungen und Orientierungslosigkeit auftraten. Bei jüngeren Generationen besteht jedoch si- S. 23 Polizei, die die Grenze mit aller Macht bewacht. Diese Menschenmassen trennt nur ein schmaler Zaun und genau dieser Zaun stellt den Ausgangspunkt für den Zuschauer im virtuellen Erlebnis dar. Man erlebt hautnah die Beklemmung und Enge, die an diesen Grenzkontrollen herrscht und die bedrückte Stimmung, die in der Luft liegt. Man wandert mit Hilfe seines technischen Geräts zwischen Flüchtlingsmassen und schwer bewaffneten Polizisten hin und her und erlebt Interviews mit syrischen Flüchtlingen, die durch diesen dünnen und doch so unüberwindbaren Zaun geführt werden. Der Film begleitet einen weiter durch die spärlich errichteten Zeltlager der Flüchtlinge, die teils auf nacktem Beton einer Straße übernachten müssen und doch ihre gute Stimmung und ihre Hoffnung scheinbar nicht verlieren, da man inmitten von ihnen tanzen kann. Zum anderen hat Lamhène noch einen weiteren Film gedreht, der die Einreise eines Flüchtlings nach Luxemburg beschreibt und in dessen Haut man mithilfe der VR-Brille schlüpfen kann. Man erlebt die Begrüßung in der Expo-Halle, wird mitgenommen in die Kantine des Flüchtlingslagers und bekommt einen Einblick in die Schlafplätze. Quo vadis VR? Insgesamt ist das Projekt von Lamhène äußerst interessant und ermöglicht neue Perspektiven auf ein aktuelles Thema, die so bisweilen noch nicht nachverfolgt werden konnten. Sicherlich bleibt stets der Vorwurf der Effekthascherei, da durch die neuartige technologische Spielerei das ernste Thema der Dokumentation etwas in den Hintergrund rückt. Auch wird hier nur ein sehr kurzer, singulärer Einblick in die komplexe Situation der Flüchtlingsströme ermöglicht, der das gesamte Ausmaß der Dramatik und Hoffnungslosigkeit nicht vermitteln kann. Das war jedoch auch nicht Lamhènes Anliegen; vielmehr versuchte er mithilfe der neuartigen VR-Technologie neue Blickwinkel und allgemeiner auch die Möglichkeiten dieser Technologie für die Filmemacher vorzustellen. Für Leute, die die neue Technologie noch nicht ausprobiert haben, ist das Filmerlebnis sicherlich schwer nachzuverfolgen, jedoch kann nur jedem empfohlen werden, sich wenigstens einmal mit der virtuellen Realität auseinanderzusetzen. Inwieweit die VR-Technologie die EntertainmentBranche langfristig verändern wird, kann zu diesem Zeitpunkt noch nicht beantwortet werden. Jedoch konnte die Präsentation von ‚Hôtel Budapest‘ auf unterhaltsame Weise verdeutlichen, inwiefern die Angebotspalette von Videospielen und Filmen durch die VR-Technologie erweitert werden kann. Musiques S. 24 Zum 80. Geburtstag von Eliahu Inbal: „Inbal, komm zurück zu Deiner wilden Natur.“ kulturissimo: Herr Inbal, Sie waren einer der ersten Dirigenten überhaupt, die sich für die Erstfassungen der Bruckner-Symphonien interessiert hat. Eliahu Inbal: Ja, das was während meiner Frankfurter Zeit Anfang der siebziger Jahre. Da kam der Chef von Bärenreiter mit einem ganzen Stapel Partituren zu mir ins Büro. Als ich die Partituren öffnete, war das fast wie ein Schock für mich. War das Bruckner oder war das Stravinsky? Was ich sah, war so revolutionär, war so unerhört modern, dass ich später verstand, warum niemand das spielen wollte. Besonders in der 3. Symphonie, da gibt es Stellen, die fast unspielbar sind. Diese Erkenntnisse haben meine ganze Perzeption von Bruckner verändert. Bis dahin hat man Bruckner immer von diesen älteren Dirigenten gehört, die ein Vivace wie ein Andante und ein Allegro wie ein Adagio dirigierten, also sehr breit, pathetisch und schwerfällig. Doch in diesen Partituren erkannte ich einen komplett anderen Bruckner. Es war rhythmisch, sehr strukturiert und vor allem sehr klar. Und weil ich der erste Dirigent war, der diese Ur-, Original- oder Erstfassungen, wie man sie auch immer nennen will, spielte, hat das damals eine sehr große Resonanz gefunden. Und so kam das CD-Projekt für TELDEC zustande. Foto: Cred ZChrapek Alain Steffen eine Erstfassung, die ich regelmäßig aufgeführt habe und die auch sehr gut. In seiner späteren Fassung hat Bruckner dann verschiedene Teile verändert, hat beispielsweise ein fortissimo durch ein pianissimo ersetzt. Diese Änderungen sind aber von Bruckner selbst gewollt und nicht auf Druck irgendeines anderen entstanden. Somit kann man auch die Endfassung der Achten ohne Bedenken spielen. k.: Und bei den frühen Symphonien? E.I.: Bei der Ersten muss man aufpassen. Da gibt es in der ersten Version sehr viele Fehler und schlechtkomponierte Stellen. Wodurch das Werk auch schwieriger zu spielen ist. Diese Fehler hat er dann später korrigiert, so dass heute in den meisten Fälen die zweite Fassung gespielt wird. Bei der 3. Symphonie ist die erste Fassung die richk.: Sie führen heute Abend die 4. Sym- tigere. Und bei der Vierten ist die erste Verphonie auf. Für welche der drei existie- sion sicherlich die modernere und avantrenden Fassungen haben Sie sich denn gardistischere und auch sehr schwer zu entschieden? spielen. Die letzte Fassung ist viel angenehE.I.: Wir haben uns für die dritte Version mer und runder. entschieden. Bei anderen Endfassungen hat immer wieder jemand Bruckner dazu k.: Warum hat er denn wirklich immer gedrängt, er solle dies oder jenes ändern. wieder an seinen Symphonien herumUnd Bruckner hat dem immer nachgegeben gebastelt? und korrigiert und hinzugefügt. Am Ende E.I.: Das lag an der Persönlichkeit von ist das Endresultat dann weniger überzeu- Bruckner. Hätte er ein starkes Ego gehabt, gend als das Original. Bei der 4. Symphonie so wie Gustav Mahler, hätte er sich nicht ist das nicht so. Da hat Bruckner selbst eine darum geschert, was andere über seine Muganz andere Version komponiert, die dann sik gedacht hätten. Er hätte seine ursprüngauch wirklich hundertprozentiger Bruck- lichen Versionen durchgeboxt. Aber Bruckner ist. Er hat das gleiche Material genom- ner ließ sich viel zu sehr von anderen beeinmen und einfach verbessert. Mit Ausnahme flussen. des Scherzo, das er komplett neu komponiert hat. Und deshalb sind alle drei Fassunk.: Was ist das Spezifische, das Andere gen der Vierten legitim. Genauso verhält es bei Bruckner? sich bei der 8. Symphonie. Da gibt es auch E.I.: Man nennt beide oft in einem Atem- zug, aber Bruckner und Mahler könnten nicht verschiedener sein, genauso wie es wenig Ähnlichkeit bei Ravel und Debussy gibt, die auch immer zusammen genannt werden. Bruckner kommt von der Linie eines Berlioz, Liszt und Wagner, die nach Bruckner weiter zu Stravinsky und später zu Messiaen geht. Sie alle arbeiten nicht motivisch wie die klassischen Komponisten. Mahler dagegen folgt genau dieser klassischen Schiene mit Haydn, Mozart oder Beethoven. Er ist romantisch im Ausdruck, aber die Methode ist klassisch. All diese Komponisten haben gemeinsam, dass sie eine Symphonie oft auf ein Thema, ein Motiv aufbauen. Das beste Beispiel dafür sind die Anfangstakte von Beethovens 5. Symphonie. Aus diesem Motiv baut er die ganze Symphonie auf. Auch Brahms arbeitet motivisch, allerdings viel subtiler als Beethoven. Bruckner und Berlioz machen es ganz anders. Sie zeigen Seelenzustände. Nehmen Sie beispielsweise die Symphonie Fantastique. Berlioz präsentiert seinen Helden und ist diese Präsentation einmal abgeschlossen, beginnt er mit etwas Neuen. Genauso Bruckner. In seinen Symphonien zeigt er uns einen bestimmten Seelenzustand und im nächsten Moment kann er zu einem ganz anderen Ausdruckszustand übergehen. Das führt dann in seiner Musik zu diesen gewaltigen Blöcken. Bruckners allererste Symphonien, die Nullte und die NullteNullte sind sehr an Berlioz angelehnt. Das vergisst man gerne. Und Wagner macht es wieder anders. Er arbeitet zwar mit Leitmotiven, aus diesen entwickelt er aber die unendliche Melodie. Also auch eine ganz andere Vorgehensweise als bei Haydn und Beethoven. Musiques k.: Ihre Aufnahmen der Mahler-Symphonien mit dem Radio- Symphonieorchester Frankfurt haben heute noch immer Referenzcharakter. Sie haben damals ebenfalls die Zehnte in der vollendeten Fassung von Deryk Cooke eingespielt, eine Version, die ja viele Mahler-Dirigenten grundsätzlich ablehnen. E.I.: Die erste Symphonie, die ich von Mahler dirigiert habe, war seine Erste. Die zweite, die ich aufgeführt habe, war seine Zehnte. Und die habe ich schon in der ganzen Welt dirigiert, bevor ich überhaupt all die anderen aufgeführt habe. Ich habe mich damals komplett auf diese Zehnte konzentriert, nur manchmal, ja fast nebenbei habe ich ebenfalls die Zweite und Fünfte dirigiert. Die Zehnte ist ein Werk, was unglaublich viel über Mahler aussagt und sozusagen die Quintessenz seines Schaffens ist. Obwohl er sie unvollendet hinterlassen hat. Doch Deryk Cooke, in meinen Augen die beste aller Bearbeitungen, bleibt so nahe an Mahlers Geist, dass man glauben könnte, die ganze Orchestrierung sei tatsächlich von Mahler. Sicher hätte Mahler einiges anders gemacht, aber trotzdem ist diese Fassung absolut authentisch. k.: Sie sind ein Dirigent, der gerne zyklisch arbeitet. E.I.: Ja, ich finde, wenn man die Werke eines Komponisten als Zyklus aufführt, kann man alles viel besser vertiefen und begreifen. Sowohl der Dirigent, wie auch das Orchester und das Publikum. Durch einen Zyklus wird man komplett in die musikalische Welt eines bestimmten Komponisten hereingezogen und lernt somit die unendlichen Facetten seiner Musik viel besser kennen. Auch wenn ich als Dirigent alle Werke aufführe, begreife ich als Interpret viel schneller die Zusammenhänge, sowohl emotionaler wie auch architektonischer Art. Der Interpretationsprozess entwickelt sich dann konsequent von einer Symphonie zur anderen weiter. Und wir ich bei der letzten angelangt bin, klingt sie garantiert komplett anders, wie wenn ich sie isoliert aufgeführt hätte. k.: Wenn man es aus dieser Sichtweise betrachtet, sind Gastdirigate dann nicht frustrierend? E.I.: Nein, auf keinen Fall! Das ist eine ganz andere Situation. Dirigent und Musiker haben sehr wenig Zeit um miteinander zu arbeiten. Da muss man sich auf das Wesentliche beschränken. Ich muss als Dirigent meine Ideen dann ganz effizient und klar erklären und vor allem dirigieren. Und das ist das Mysteriöse und auch Interessante. Man begibt sich quasi zu zweit aufs Glatteis und versucht die ideale Balance zu finden, indem man sich völlig aufeinander konzentriert und einlässt. Man hört aufeinander und die Musiker gehen mit. Dann kann ich auch während des Konzerts spontan mal etwas ändern, anders phrasieren, das Tempo anziehen oder drosseln, bei einer solchen Konzentration hat ein gutes Orchester normalerweise keine Schwierigkeiten, flexibel zu reagieren und sich sofort anzupassen. Gastkonzerte leben von einer ganz besonderen, oft sehr spontanen Atmosphäre. k.: Sie waren Schüler von Sergiu Celibidache und Franco Ferrara.... E.I.: .... der ein fantastischer Dirigent war. Sein Wirken beschränkte sich um die Zeit kurz vor und kurz nach dem 2. Weltkrieg. Er hatte eine spezifische Krankheit, die eine wirkliche Karriere tragischerweise verhinderte. Diese Krankheit ähnelte der Epilepsie, ohne dass es allerdings eine Form der Epilepsie war. Besonders in Momenten höchster Ergriffenheit hat er urplötzlich Zweifel bekommen, ob das was er tat, auch richtig sei. Das war solch ein emotionaler Stress für ihn, dass er während dem Dirigieren das Bewusstsein verloren hat und wie ein Sandsack umgefallen ist. Und das Foto: Cred ZChrapek k.: War diese Entwicklung eigentlich ein bewusster Prozess? E.I.: Ich denke nicht. Ich glaube, das ist einfach ein schleichender und ganz normaler Entwicklungsprozess. Bedingt durch die Zeit. Es ist ein Einfluss aus der Ferne. S. 25 immer wieder. Und dann hat er beschlossen, keine öffentlichen Konzerte mehr zu dirigieren. Ich selbst habe ihn nur einmal als Student selber dirigieren sehen. Es war die Ouvertüre zu Norma. Als er dann zu der wunderschönen langsamen Stelle kam, sahen wir seine Ergriffenheit... und schon hatte er das Bewusstsein verloren. Das war tragisch, insbesondere weil man ihn damals als einen noch größeren Dirigenten als Karajan gehalten hat. So hat er am Ende nur noch am Konservatorium unterrichtet und Meisterklassen gegeben. k.: Und Celibidache? E.I.: Franco Ferrara und Celibidache waren sein grundsätzlich verschiedene Pole. Bei Celibidache musste alles wissenschaftlich begründet sein, sogar die Gestik mussten seine Schüler ganz genau einproben. Alles war festgelegt. Ferrara war genau das Gegenteil. Er ist immer ohne festgelegte Konzepte gekommen und hat jeden Studenten als Individuum gesehen und aufgrund seiner persönlichen Charakteristika mit ihm gearbeitet. Ein Beispiel. Ich hatte bei Ferrara in Hilversum eine Meisterklasse belegt und ging danach 2 Jahre nach Siena, um bei Celibidache zu studieren. Danach nahm ich am Cantelli-Dirigierwettbewerb teil und Ferrara war in der Jury. Und er sagte zu mir.“Inbal, komm zurück zu Deiner wilden Natur.“ Er hat gesehen, dass ich in dem Moment zu sehr von Celibidache geprägt war. Zu intellektuell, zu kontrolliert. Ich habe dann auf ihn gehört und den Wettbewerb gewonnen. k.: In einer solch langen Dirigentenkarriere gibt es doch sicherlich viele Höhepunkte? E.I.: Was ist ein Höhepunkt? Als ich zum allersten Mal dirigiert habe ? es war Schuberts Unvollendete ? war das ein Höhepunkt? Die Momente mit Franco Ferrara? Seine Überzeugung, dass ich ein talentierter Dirigent sei? Kann man das als Höhepunkt bezeichnen? Der Cantelli-Preis? Der Eintrag Celibidaches in sein Dirigiertagebuch: Inbal: großer Dirigent. Ich weiß es nicht. Ich weiß auch nicht, ob ich in der Musik von Höhepunkten sprechen soll. Jede Begegnung, jedes Konzert ist einmalig, etwas Besonderes. Und so lange ich mir dessen bewusst bin und diese nicht wiederholbaren Momente immer noch zu schätzen weiß, bin ein sehr, sehr glücklicher Mensch. k.: Eine Anekdote zum Schluss? E.I.: (lacht) Da fällt mir sofort wieder Celibidache ein. Er hatte einige seiner Schüler zu einem Spaghetti-Abend eingeladen. Auf einmal hat er mich beiseite genommen und gesagt: „Inbal, Sie werden einmal ein großer Dirigent sein, aber Sie müssen noch zehn Jahre mit mir studieren. Sonst werden Sie so jemand wie Bernstein.“ (lacht) Musiques S. 26 Starke Gefühle in tristem Schwarz-Weiß Szenisch problematisch, musikalisch überzeugend: Puccinis „Tosca“ im Trierer Theater Martin Möller „Diese Tosca erlebt man am besten mit geschlossenen Augen“, sagte jemand aus dem Trierer Publikum. Das ist etwas übertrieben. Immerhin: Musikalisch ist die Trierer Produktion der PucciniOper zweifellos ein Gewinn. Es geht doch nichts über eine attraktive Frau auf der Opernbühne. Kaum hatte sich im Trierer Theater mit heftigen Nebengeräuschen der Eiserne Vorhang gehoben, da steht sie im Mittelpunkt. Yannick-Muriel Noah als Tosca, im hautengen Kostüm und eleganten Pumps. In Alexander Charims „Tosca“-Regie ist sie nicht nur die zentrale Figur, sondern mehr: die Regisseurin, die sich und andere in Szene setzt. Dabei allerdings bleibt sie ein vereinzelter Farbfleck in einförmigem Grau. Die kahlen Wände von Ivan Bazaks Einheitsbühnenbild verbreiten nichts als Nüchternheit. Und Tosca ausgenommen, spiegeln Tal Shachams Kostüme dazu etwas ausgeprägt Alltägliches. Und die ohnehin wenig originelle Idee einer Szene auf der Szene hat zwar einige theaterpraktische Vorteile, weil die Akteure auch als Kulissenscheiber eingesetzt werden. Das führt allerdings dazu, dass Personen auf der Bühne stehen, die gar nicht zur aktuellen Handlung gehören. Wenn Scarpia seine Adjutanten zur Suche nach Angelotti und Cavaradossi losschickt, dann bleiben die einfach da, weil sie noch Tische verrücken müssen. Nüchtern, allzu nüchtern Hat da keiner gemerkt, dass sich bei solch einer Konzeption die starke Gefühlswelt dieser Oper verlieren kann? Alexander Charim präsentiert dieses optisch, akustisch und emotional höchst farbenreiche Bühnenstück in einer tristen SchwarzWeiß-Version. Die ganz konkrete Handlung dieser Oper, die auf einen bestimmten Ort (Rom) und ein bestimmtes Datum (17. Juni 1800) zugespitzt ist, verliert sich im blass Allgemeinen. So geht die Spannung der Glocken- und Hirtenjungen-Szene im dritten Akt (für die sich Puccini persönlich in Rom einen Eindruck vom realen Klangbild verschaffte) unter in der dominierenden Stimmungslosigkeit. Und den bewegenden Schluss des Musikdramas hat Cha- rim glatt verschenkt. Statt sich mutig-verzweifelt von der Engelsburg zu stürzen bleibt Tosca einfach wo sie ist. „Da fehlte doch was“, sagte eine theatererfahrene Besucherin. Nun ist der Besucher im Trierer Theater ja seit der Intendanz von Karl Sibelius Kummer gewohnt. Da ist vielleicht die Anmerkung doch nicht überflüssig, dass Charims Regie immerhin Ego-Trips und szenische Mätzchen vermeidet. Mit Ausnahme einer ziemlich irritierenden Filmsequenz zu Beginn hat sich das Theater auf den Versuch, dieses Stück zu demontieren, gar nicht erst eingelassen. Dass Cavaradossi mit Tosca auf dem Tisch eine Art Mund-zuMund-Beatmung praktiziert, gehört wohl nur zu den Konzessionen an ein Regietheater das sich selber für modern hält. Vielleicht tut es bei Opern ohnehin gut, gelegentlich die Augen zu schließen und die Ohren zu spitzen (Wagner wusste das und erfand seine schönsten Orchesterstücke zu Szenenwechseln mit geschlossenem Vorhang). Gerade wenn die Optik mal nicht ablenkt, entfaltet die Trierer Tosca ihre musikalischen Vorzüge. Bei Dirigent Victor Puhl geht wenig aus dem Leim, die Tempi stimmen, die Koordination Bühne-Graben funktioniert zum allergrößten Teil, und wenn oben jemand einen Spitzenton ein wenig länger aushält, dann ist das Philharmonische Orchester im Graben hellhörig dabei. Zudem trumpft im zweiten und dritten Akt das Blech heftig auf heftig auf und mit ihm schärfen sich die Klangkonturen. Und doch: Die musikalische Realisierung verlässt sich nicht blindlings auf pralle Italianità. Bei Puhl klingt in Puccini der De- bussy mit, dessen „Pelleas“ etwa zeitgleich mit der „Tosca“ entstand: die organische Melodieführung, die Präsenz der Holzbläser, die Flexibilität bei Klangfarben, und dazu eine Tendenz zum Beweglichen, gelegentlich fast Leichtfüßigen. Angela Händels Opernchor gibt dazu dem „Te Deum“ im ersten Akt eine bemerkenswert starke Statur mit, obwohl der Auftritt optisch die Parodie streift. Der Kinderchor Cantarella (Vera Ilieva) hält sich tapfer und ohne Ausfälle. Und bei allen Solisten sind Defizite überschaubar und Qualitäten durchweg überzeugend. Für den Cavaradossi ist der Tenor von Marko Jentzsch schmal, sehr „deutsch“ und in der Mittelage diffus. Aber ihm klingen trotz allem die Sensibilität, die Noblesse und die Tapferkeit des zwangsweise politisierten Künstlers mit. Christian Sist als Polizeioffizier Scarpia verwechselt allzu oft die Bösartigkeit der Rolle mit sängerischer Lautstärke. Völlig überflüssig. Wenn er sich tatsächlich einmal zu geschärfter Artikulation entschließt, trägt seine Stimme auch ohne vollen Einsatz. Und in den Nebenrollen überzeugen Laszlo Lukas (der vor 25 Jahren in Trier einen exzellenten Scarpia sang), Rainer Scheerer, Bonko Karadjov und Fritz Spengler. Nicht Schönklang, sondern Gefühlskraft Und dann die Tosca der Yannick-Muriel Noah. Es ist einfach, in der Umsetzung dieser Rolle, die von der Callas ein für alle Mal geprägt worden ist, Defizite auszumachen. Es mag also sein, dass Noah in der Mittellage das Legato fehlt und mit ihm der Ausdruck von Intimität und Versonnenheit, der auch zur Figur gehört. Aber die Callas hat es vorgemacht: Nicht der Schönklang entscheidet, sondern die emotionale Stärke. Und wenn bei Noah die Tosca immer bedrohlicher in eine seelische Grenzsituation gerät, dann verblassen alle Einwände. Dann singt Noah sich aus: stark, offen, hingebungsvoll, völlig frei von aller Reserviertheit. Nein, durch die Musik ist Puccinis „Tosca“ auch in Trier ein Stück größter Gefühlskraft. Der Jubel unter den knapp 600 Besuchern galt Solisten, Chor, Orchester und Dirigent. Die Regie bekam etliche Buhs ab. Ici et ailleurs S. 27 Letter from England Ill Wind Diana White Blighty has a saying probably familiar to many cultures in some form: „It’s an ill wind that blows nobody any good.“ The wind lately has been gale force and very destructive and so has the rainfall. Climate change is very much on everyone’s mind and these frequent catastrophic freaks of weather add fuel to the argument that planet earth is in serious trouble. However, rather like Polyanna of the „glad“ books, climate change appears to offer one small advantage for the UK. Eleanor Porter’s famous character, who spawned the term „the Polyanna Principle,“ the ability to find good in bad, began when the hoped-for Christmas present of a doll failed to materialize and instead, a pair of crutches arrived. Polyanna’s father, in an attempt to lessen the disappointment, encouraged his daughter to see the crutches as a bonus, as she didn’t need them. I’m not sure many children even then would have been placated like that, but Polyanna was clearly exceptional. So, in the Polyanna spirit of optimism: the increase in Britain’s temperatures has meant the flourishing of English and Welsh vineyards which, for the wine lovers amongst us, is good news. The UK doesn’t immediately spring to mind when it comes to wine-growing, although we’ve been producing it for many years quite successfully and have vineyards as far north as Yorkshire. However, the wetter and warmer weather has given a tremendous boost to wine- growers, who are now producing it on a scale probably not seen since Romans times: farmers are even able to grow dessert grapes good enough for one of the big supermarkets to stock. And although they might not have quite the same caché as those from the great vine in Hampton Court palace, those who buy them this autumn will certainly earn themselves brownie points when they consider their carbon footprint: I predict an awful lot of smug faces come September. However, I did say it was only a small advantage as, whilst the wine-growers are congratulating themselves on being able to cash in on the changing climate, there are others less buoyant, with Brits up and down the country fed up with the weather. It’s not just the howling gales or the rain like stair-rods; it’s the constant flooding for those living near water. There are towns up north that have been flooded three times in as many weeks. Neither is this the time of year to be seeing daffodils laid low by the blasts: the „Polyanna Principle“ is definitely falling on deaf ears. Also, in a rain-sodden island, spare a thought for the animals. The downside to the arrival of British dessert grapes is the unhappy consequence of the warmer weather for our dogs and horses. Animals require exercise (unless you’re a cat, when a few exploratory mice-hunting sorties will be enough activity for the next twenty-four hours,), and exercise is not just about allowing them time for their natural functions. Exercise is also about using their little grey cells, as Agatha Christie’s famous detective, Hercule Poirot, would say. But global warming, with its wet and warmer weather, has dealt horses and dogs a severe blow. Grassy fields have been turned into mud slides where hooves slip, making anything more than a sedate walk dangerous, and the rain and gales have kept lazy, couch-potato, wine-swilling Brits indoors. Dogs are not normally encouraged to take themselves off walkabout on their own, so being escorted to the local fields or parks for some exercise is essential, or they suffer stress. And, according to recent statistics, as if being denied their daily walk isn’t bad enough, they are routinely fed crisps, chocolate and cake, amongst other things, all of which are obviously bad for them. However, veterinary surgeons, used to dealing with physical problems caused by an unhealthy diet, are now seeing an increase in animals whose behaviour is indicative of boredom and depression. Walking your dog is not just about giving them time for their natural functions, it’s just as much about mental stimulation. Catching a ball (sticks are dangerous as they can stick in a dog’s throat), meeting other dogs and socialising, chasing squirrels or pi- geons and sniffing which for a dog is apparently like reading a book, are all vital aspects of keeping your pet happy and healthy, mentally as well as physically. And recent research has shown how important their mental welfare is. A study done by the London School of Economics in conjunction with Edinburgh University, has concluded it might be possible to study diseases like dementia using dogs, whose intelligence apparently works the same way as ours, and could be used to pave the way for better understanding of this disease. The added bonus is that dogs, unlike humans, don’t normally smoke, use drugs or drink alcohol... although researchers will have to ensure the animals used haven’t been drinking beer, as alcohol is something else owners foolishly give them! For centuries people have been saying their pets have intellect and emotions in much the same way as we do. What has generally been considered anthropomorphic nonsense must, now there is scientific evidence for dogs‘ intelligence, be seen differently: this evidence goes a long way towards vindicating all those who’ve insisted their pets know what they’re thinking and can empathize with their troubles. Having a dog as a companion can be therapeutic, but it’s a commitment requiring an owner to give them regular walking come rain or shine, even for smaller breeds. I may like a glass of wine, but apart from my earnest hope that politicians will act fast and in unison to confront climate change, I cannot truly welcome the small bonus the warmer weather brings wine production in Blighty as I am also a dog lover. I know a depressed dog when I see one and I’d rather have a park full of happy, tail-wagging canines than home-grown wine and dessert grapes on supermarket shelves. Ici et ailleurs S. 28 Brief aus Wien Die hässliche Jahreszeit Michèle Thoma Heute geht es um das hässliche Wien. Um das echt hässliche, harte, abweisende Wien. Um das Wien ohne alles. Ohne alles, was das Leben lebens- und liebenswert macht, Schönheit, Witz, das Überflüssige. Um das Wien, aus dem Wien zu 2/3 besteht. Das Wien, das Wien während der Hälfte des Jahres ist. Es legt nicht mal ein bisschen Make up auf, es blättert nicht mal ein bisschen ab, es ist ihm egal, es ist sich selber egal. Die Hässlichkeit, wie sie einem an einem ungemildert an einem bleiernen Februartag entgegenschlägt, wenn man, von Wind und Regen geohrfeigt, durch irgendwelche Straßen geht, in irgendeinem Bezirk. Und es gibt nicht mal mehr Punschbuden und im Wind wehender Weihnachtskitsch, der das Grauen der Nüchternheit mildern könnte. Also mittendrin, rundherum, da, wo die meisten wohnen, in und aus Bussen steigen, in die Schule gehen, irgendwohin hasten, zu einem Termin, einem Amt, einem Arzt, einer Arbeit, die es zunehmend gar nicht gibt. Da, wo die Welt funktionell ist, und man funktioniert. Oder eben nicht, und dann schlurft man in Jogginghosen zum Zigarettenautomaten und zum Chinesen, um sich seinen Futter-Karton zu holen, in die Apotheke um die Methadon-Ration zu tanken oder die Anti- Depressiva-Dosis. Die Häuser sind Kästen, Bunker, Festungen. Oder Zinskasernen, wie die großen Mietshäuser so treffend genannt wurden, die in den Außenbezirken um 1900 überall entstanden. Hier wurde das Proletariat gestapelt, das zu dieser Zeit aus sämtlichen Kronländern, vor allem aber aus Böhmen und Mähren ins boomende Kaiserreich strömte. Greis_innen erinnern sich an jene Zeit, als die kinderreiche Familie in einem feuchten Zimmer lebte, alle in einem Bett schliefen, und wer ein zusätzliches Bett sein eigen nannte, vermietete es an Bettgeher, Arme, die abwechselnd, stundenweise den Schlafplatz belegten. Heute ziehen skrupellose Eigentümer Kapital aus der Notlage so vieler hier Gelandeter und Gestrandeter, immer wieder werden Absteigen bekannt, in denen Migrant_innen zu Horrorpreisen auf verschimmelten Matratzen logieren. Ausbeutung light unter Armen gibt es natürlich auch, die slowakische Putzfrau, die um 200.- ein Bett im Kinderzimmer einer türkischen Familie ergattert hat. Auch heute noch gibt es in Wien genug sg. Substandardwohnungen, in denen das Klo am Gang ist. Jene Zinshäuser, die nicht saniert und teuer vermietet werden, verkommen meist vor sich hin, werden überteuert an jene Zugezogene vermietet, die noch keinen Anspruch auf eine Gemeindebauwohnung haben, wie die Sozialwohnungen heißen. Eine solche ist das Ziel eines jeden, der eine günstige und einigermaßen stressfreie Bleibe anvisiert. Diese nach damaligen modernsten und sozialsten Gesichtspunkten erbauten Gemeindebauwohnungen, Wahrzeichen des Roten Wien in den Zwanzigern und Dreißigern, werden von Zeitzeug_innen als wahre Erlösung vom Proletarierelend gerühmt. Geht man aber an einem düsteren Februarabend regengepeitscht durch von Gemeindebauten dominierte Straßen, empfindet man die Festungsatmosphäre nur als erdrückend und beklemmend. Auch wenn der Baustil über die Dekaden wechselte, pompöser Beton in den Achtzigern, funktionelle Schmucklosigkeit in den Nullerjahren, auch wenn sie abwechselnd grau, fahl- oder rostfarben sind, wirken die Gemeindebaudomänen großteils leb- und lieblos. Hier, wo Ureinwohner_innen und Neo-Wiener_innen mittlerweile Tür an Tür leben, begegnet man vielleicht jemand, der mit dem Hunderl Gassi schlurft. Rundherum ist meist nichts los, Volksschulen in der Farbe nasser Asche, ab und zu ein Schriftzug der SPÖ, Schaufenster mit Klodeckel ohne jeden Pfiff, man freut sich über ein Graffiti, ein Lebenszeichen. Vielleicht gibt es einen Disconter, oder einen „Fressnapf“, den Großsupermarkt für alle Bedürfnisse der Freund_innen mit Pfoten und Federn. Die meisten Einwohner, vor allem die Ureinwohner, wirken so, als hätten sie vor allem vierbeinige Freunde, vielleicht eine Kobra in der Badewanne. Der Friseursalon Helga wird, so wie er drein schaut, bald schließen. Vielleicht übernimmt ein Türke. Das Café Susi, in dem Peter und Horsti in ihr Bier monologisieren, frustet noch sein Dasein. Beim „G‘ miatlichen Kurtl“, in dem die letzten Mohikaner_innen eine Eintretende, die sie aus ihrer Narkose weckt, traditionell mit den Blicken von Kettenhunden verfolgen, sind die Scheiben erblindet, Plakate mit Veranstaltungsbewerbungen in serbischer Sprache sind aufgeklebt. Dieses Wien ist nicht morbid, wie es sich mal früher besang und vermarktete, bevor es viel lieber jung und cool sein wollte. Dieses Wien ist tot. Ok, es ist die hässliche Jahreszeit, niemand spürt, was die Bäume, die es in Wien so tröstlich, so gönnerhaft gibt, was die pudelnackten, mausetoten Bäume aushecken. Und vielleicht gibt es ja Hoffnung? Selbst wenn es dort keinen vernünftigen Wein gibt, und schon gar keinen unvernünftigen, kündigen die ersten, zwar zunehmend steril und uniform werdenden Kebab-Pizza-Schnitzel-Lokale Leben auf dem Planeten an. Vielleicht gibt es ja irgendwo noch Leben in den Buden? Ici et ailleurs S. 29 Gramma apo tin Ellada Es bebt und regnet geblökt, liegt am Boden, ohnmächtig vor Schreck. Der Metzger hievt sie auf einen Stuhl, klatscht ihr mit seiner Fleischerhand auf beide Wangen, steckt ihr ein Bonbon in den Mund. Nach dem Beben kommt der Regen. Zurück in unserem Dorf, an die zwanzig Kilometer von Lefkada entfernt, sitzen wir in unserem Stammkafenion im Hafen, die Einheimischen und wir Hinzugezogenen. Es blitzt pausenlos, es donnert, der Regen, eine grauweiße Wand nimmt uns die Sicht. „Das ist erst der Anfang“, sagt Nikos in bedauernsbedürftigem Ton: Die Panik Linda Graf der Männer, denen es trotz ihrer Anstrengungen nicht gelungen ist, eine Frau für die Im ersten Augenblick schnallt man langen Wintermonate aufzureißen! „Im nicht, was los ist. Erliegt man einem Winter“, sagt Fischerkosta, „brauchst du Schwindelgefühl, einer Gleichgewicht- ein Mädchen, yia kuverta, eine warme Destörung? Dann registriert man: die Erde cke. Dauernd glotzt ihr auf die Mobiltelefobebt! Das Epizentrum des Bebens ist in ne. Früher hüstelte ich drei Mal, wenn ich Lefkada und das stärkste, das ich bis- ein Stelldichein wollte. Dann wusste das her erlebt habe. Obwohl der Küchen- Mädchen, was Sache ist. Wollte sie das gleiboden solide und mit Steinen ausge- che, hüstelte sie ebenfalls.“ Fiona errötet. legt, ist mir zumute, als stünde ich auf Sie ist vierundzwanzig, aus Schottland und einer Scheibe, die wiederum auf einem Single. Der Regen hat aufgehört, es ist an Ball jongliert. der Zeit für unseren Spaziergang am Meer. Was leichter gesagt ist als getan. Die Windstärke ist orkanartig. Bei jedem Schritt ist Unter den Füßen eigenartige Bewegun- mir zumute, als trete ich gegen eine elastigen: nach oben, rechts, nach unten, nach sche Wand an. Wellen schlagen übers Felslinks, der Boden onduliert. Wie ein Seiltän- gestein am Ufer, spritzen uns nass. Und Fiozer versuche ich, das Gleichgewicht mit nas Hund, der uns stets auf unseren Spaausgestreckten Armen zu halten. Ich gehe ziergängen voraus läuft, hütet sich heute, in die Knie: mein Herz rast. Geschirr stürzt von unserer Seite zu weichen. Bei diesem aus dem Schrank zu Boden, die Decken- Sturm überkommt einen Dankbarkeit beim lampen pendeln, die Katze rennt mit bu- Gedanken ans Gravitationsgesetz, trotzschigem Schwanz durchs wackelnde Haus. dem legt Fiona den Hund an die Leine. Zwei Stunden später setzt das Nachbeben Jetzt kommt Panos der Taxifahrer uns ein. Ich bin mit Joan im Metzgerladen in entgegen gefahren. Die Straße liegt unter Lefkada. Joan redet kein griechisch, möch- dem heran geschwemmten Meerwasser verte ein Schulterstück vom Hammel, und borgen, Fontänen spritzen zu beiden Seiten kommuniziert wie so oft auf joaneske Art: des Fahrzeugs auf. Panos hält an, wir sollen „Mäh, mäh…“, blökt sie, mit der Hand auf einsteigen und mit ihm zurück ins Dorf. ihre Schulter klopfend. Wir lachen, der Unsere Antwort wird mit den Böen buchMetzger und ich, da setzt das nächste Be- stäblich davon gerissen, wir schüttelnd verben ein. Und Joan, die eben noch fröhlich neinend den Kopf, Fionas Haar steht wie eine Fahne im Wind. Das tobende Naturphänomen genießend, kämpfen wir uns weiter voran. Beim Reden fliegen uns Sandkörner zwischen die Zähne, wir geben die schreiende Unterhaltung auf. Sandkörner bombardieren unser Gesicht, unsere von der Regenjacke freigelegten Hände. Am Strand ist das Rauschen der sich überschlagenden Wellen ohrenbetäubend, auch liegt viel angeschwemmter Müll herum: Plastikflaschen, Flipflops, Pillenpackungen, tote Schafe. Keine Menschenseele ist zu sehen, Meer und Wind gehören uns. Wir spielen, stellen uns mit gespreizten Beinen und ausgestreckten Armen in Windrichtung. Wir legen uns in den Wind, er trägt uns. Eine berauschende Erfahrung, doch von der Überdosis eingeatmeten Sauerstoffs setzen bereits leichte Kopfschmerzen ein, die trockenen Nasenhöhlen schmerzen. Der Rückweg ins Dorf ist ein durchaus erschöpfendes Unternehmen. Fiona überwintert in ihrem kleinen Segelboot im Hafen. Es hat weder Dusche noch Klo, Fiona duscht in ihrer Stammbar. Viele bieten ihr das hauseigene Bad an, auch dürfe sie die Waschmaschine benutzen. Mit den Beben und Sturmböen hat Fiona allerdings nicht gerechnet. Auch wusste sie nicht, dass das Boot an vielen Stellen leckt, dass ihr Bettzeug nass, und Regenwasser beim Schlafen auf ihr Gesicht tröpfeln würde. Doch Fiona meistert ihre Lage mit Humor. Ihr Name, abgeleitet von Fion, ist keltisch und bedeutet Krieger. Wir sind ihrem Charme längst erliegen. Sie liebt Poesie, schreibt ein Doktorat über Vogeltarnung und ist den Sommer über eine beliebte Skipperin. Momentan stellt sie ihr Talent fürs Zubereiten von Süßspeisen unter Beweis. Begeisterte Menschen sind faszinierend. Fiona googelt, ständig auf der Suche nach neu zu erprobenden Desserts. Ein schönes Mädchen, kurvenreich, mit roten Wangen. Man sieht ihr an, sie isst gerne. Gestern gab es Zitronentorte, jetzt bringt sie eine Riesenschüssel Tiramisu. Sie geizt nicht, weder mit Zucker noch mit Kahlua. Yiannis der Kafenionbesitzer kommt stracks mit Tellern und Löffeln an. Dessert queen, nennen die Griechen Fiona und geben ihr ständig Fix aus, einheimisches Bier. Wir scharen uns um die Königin der Süßspeisen, Löffel klappern. Ti-ra-mi-su, intoniert Fischerkosta jede einzelne Silbe, genüsslich. Jetzt, im Winter, geht es ruhig zu im Dorf. Es ist an der Zeit, in fröhlicher Vertrautheit mit den Einheimischen zu sitzen. Geschichten werden ausgetauscht, wir gehen aufeinander ein, jetzt werden Freundschaften geschmiedet. Ici et ailleurs S. 30 Über Preußen und Deutschland (LXV) Partner Nazi-Deutschlands (2) Am 20. April 1908 war Bulgarien - nach Bezahlung einer Entschädigung an die „Hohe Pforte“ – definitiv unabhängig geworden. Im selben Jahr hatte sich Ferdinand I vom Haus Sachsen-Coburg-Gotha zum Zaren des Königreichs Bulgarien erklärt. Bulgariens Eintritt in die Außenpolitik mit dem auf dem Balkan üblichen Feilschen und Kämpfen um Nachbargebiete hatte mit den Balkankriegen 1912-13 begonnen, die schlussendlich keine eindeutigen Gebietsgewinne gebracht hatten. Am 14. Oktober 1915 war Bulgarien an der Seite der Mittelmächte in den Krieg gegen Serbien eingetreten. Nach der Niederlage hatte es im Vertrag von Neuilly größere Gebiete verloren; Ferdinand verzichtete auf den Thron zugunsten von Boris I. Nach weiteren Regierungswechseln mit Perioden der Demokratie oder der uneingeschränkten Diktatur trat Bulgarien am 1. März 1941 dem faschistischen Dreimächtepakt bei und gewährte einen Tag später den Durchmarsch deutscher Truppen gegen Griechenland. Es lehnte die Teilnahme am Feldzug gegen die Sowjetunion ab, trat jedoch später dem Antikominternpakt bei. Am 13. Dezember 1941 folgte die Kriegserklärung an Großbritannien und die USA. Nach der sowjetischen Kriegserklärung am 5. September 1944 versuchte Bulgarien mit einer Kriegserklärung an Deutschland seine aussichtslose Lage zu verbessern und verzichtete auf seine Eroberungen in Griechenland und Makedonien. Am 28. Oktober 1944 wurde in Moskau ein Waffenstillstand mit den Alliierten unterzeichnet. Die Unabhängigkeit Albaniens war am 28. November 1912 proklamiert worden. Im 1. Weltkrieg wurde das Land vorübergehend besetzt und seit 1919 waren die Grenzen und der Bestand Albaniens durch Ansprüche und Übergriffe Italiens, Jugoslawiens oder Griechenlands öfter gefährdet. 1925 wurde das Land eine Republik mit Präsident Zogu I, der drei Jahre später den Königstitel annahm und ein autoritär-nationalistisches Regime einführte. 1926-27 wurden zwei Verträge mit Italien abgeschlossen, die das Land wirtschaftlich und politisch an Italien banden. Am 7. April 1939 besetzten italienische Truppen Albanien und der italienische König Viktor Emanuel III übernahm die albanische Krone in Personalunion. Auf die Kapitulation Italiens am 8. September 1943 rückte die Wehrmacht in Albanien ein und es wurde eine Regentschaft eingesetzt. Nach dem Abzug der Wehrmacht am 10. November 1944 wurde eine von der Sowjetunion, Großbritannien und den USA anerkannte kommunistische Regierung gebildet. Am 6. April 1941 begann der Balkanfeldzug der Wehrmacht zur Unterstützung der Italiener bei ihrer misslungenen Eroberung Griechenlands mit der Bombardierung Belgrads und dem Durchmarsch durch Jugoslawien. Vier Tage später wurden die Auflösung Jugoslawiens durch die Unabhängigkeitserklärung Kroatiens (99.000 km², 6,3 Millionen Einwohner) und die Aufteilung des Restlandes unter die Anrainerstaaten vollendet. Der sich Die Komplizen Pavelic und Stepinac bildende Widerstand hatte zwei Zentren: die Reste der weiterkämpfenden königstreuen Armee antikommunistische Notverordnungen. unter Mihailovic, und die kommunistische Der Hass auf den Kommunismus nahm z.B. Volksbefreiungsarmee unter Tito, der sich mit dem Verbot roter weiblicher Kleidung gegen Mihailovic dur chsetzte und 1945 ei- bei Volksfesten pathologische Formen an. ne föderative Volksrepublik einrichtete. Die Bewegung wurde 1932 nach einem Der klerikal-faschistische Staat Kroatien Putschversuch aufgelöst. 1933 erfolgte die wurde von Ante Pavelic - unterstützt vom Gründung der nationalsozialistisch beeinPrimas der kroatischen Katholiken Erzbi- flussten vaterländischen Volkspartei, die schof Dr. Stepinac, der vom Vatikan zum keinen größeren Erfolg verbuchen konnte. Militärvikar der Ustascha (die faschistische Nach der finnischen Ablehnung russiBewegung Kroatiens) ernannt wurde - ge- scher Forderungen von Stützpunkten kam führt, der ein Schreckensregime aufbaute, es am 30. November 1939 (der Weltkrieg das mit einer Brutalität und Grausamkeit hatte vor drei Monaten begonnen) zum finohnegleichen zehntausende Serben, Juden, nisch-sowjetischen Winterkrieg, den die Sinti und Roma bestialisch ermordete. Ab Finnen nicht gewinnen konnten. Im FrieJuni 1941 nahm ein kroatisches Regiment den von Moskau (12.3.1940) trat Finnland am Ostfeldzug teil. einige kleinere Gebiete an die Sowjetunion Die Geschichte Finnlands nach seiner ab. Am 26. Juni 1941 beteiligte sich auch Unabhängigkeitserklärung durch das finni- Finnland an dem deutschen Angriff gegen sche Parlament am 6. Dezember 1917 war die Sowjetunion. Seine Armee drang durch geprägt durch die erdrückende Präsenz des Ostkarelien bis zum Onegasee vor. Am 25. großen Nachbars und die Auseinanderset- November trat Finnland dem Antikomminzungen im Land zwischen den Roten und ternpakt bei. den Weißen, die sich zu einem Bürgerkrieg Im Juni 1944 drohte die finnische Front entwickelten, in dem das deutsche Hilfs- infolge einer sowjetischen Offensive zukorps „Mannerheim“ und reguläre Truppen sammenzubrechen. Am 19. September der Reichswehr auf Seiten der Weißen fragte Marschall Mannerheim den Waffenkämpften. Der Frieden von Dorpat 1921 er- stillstand von Moskau, dessen Hauptbedinlaubte in den nächsten Jahren eine Politik gung die Abtretung der schon am 12. März der nationalen Einheit. 1940 vereinbarten Gebiete war. Am 3. März Seit Ende der zwanziger Jahre nahm die 1945 erfolgte die finnische Kriegserklärung Lapua-Bewegung den Kampf gegen den an das Deutsche Reich, mit Rückwirkung Kommunismus auf und erreichte staatliche auf den 19. September 1944. Foto: Wikipedia Tino Ronchail A propos S. 31 Hausemers Kulturreisen (83. Etappe): Portugal Auch „Shelfies“ haben ihren Preis In Porto gibt es eine spektakuläre Buchhandlung, die drei Euro Eintritt verlangt. Den Selfie-Knipsern ist das zu teuer. Stattdessen kommen nun verstärkt Kunden auf der Jagd nach „shelfies“ – Fotos von Bücherregalen – und Druckwerken als Souvenir. Zugegeben, ich habe bislang keine Zeile Harry Potter gelesen. Doch nachdem ich in Porto gewesen bin und die dortige „Livraria Lello & Irmão“ (Lello und Bruder) besucht habe, könnte sich das ändern. Obwohl ..., na ja ..., um besagte Bücherstube bewundern zu können, muss man das Werk von Joanne K. Rowling nicht unbedingt kennen. Man braucht nicht einmal zu wissen, dass die Britin Anfang der 1990er-Jahre eine Weile als Englischlehrerin in der Stadt am Douro lebte und offenbar manche Stunde zwischen den Regalen, auf der Wendeltreppe, in der kleinen Bar des „Lello“ verbracht hat. Zu den schwingenden Treppen von Hogwarts soll sie von der atemberaubenden Innenausstattung dieser einzigartigen Buchhandlung inspiriert worden sein. So wie Portos Studenten in ihren traditionellen schwarzen Umhängen sie, Gerüchten zufolge, auf den Gedanken brachten, ihren britischen Helden mitsamt Gefolge in langen, dunklen Mänteln durch düstere Gassen marschieren zu lassen. – Diese Bilder und Assoziationen verdanke ich nur der zeitweise unumgänglichen Werbung für Harry-Potter-Verfilmungen; von den Streifen selbst habe ich mir keinen einzigen angeschaut. Und kann damit auch nicht beurteilen, ob die gelegentlich geäußerte Behauptung, gleich mehrere Potter-Szenen seien im „Lello“ gedreht wurden, tatsächlich stimmt. Neulich jedoch stand ich vor besagter „livraria“ und beobachtete Leute, die ebenfalls draußen auf dem Bürgersteig ausharrten und die neogotische Fassade des Gebäudes, vor allem aber die Schilder an der Eingangstür knipsten, die darauf hinwiesen, dass das Fotografieren im Laden verboten sei. Endlich ins Innere der weltberühmten Buchhandlung vorgedrungen, offenbarte sich eine ernüchternde Szenerie. Die regelmäßigen und durchaus lautstarken Zurechtweisungen seitens der Angestellten hielten kaum jemanden davon ab, über besagte Treppe zu flanieren, sich durch die schmalen Gänge zwischen den deckenho- hen Bücherregalen zu quetschen und immer wieder anzuhalten, um die atemberaubende Kulisse zu fotografieren. ihre Türen öffnete. 1894 erstand José Pinto de Sousa Lello das Haus. Bereits 1881 hatte der Ururgroßvater des heutigen Bücherkathedralen-Besitzers einen Verlag samt Buchhandlung und Druckerei gegründet und damit begonnen, Bücher aus dem Ausland zu importieren. Nach dem Abriss des Die Barockdeko, die filigranen Schnitz- Vorgängerbaus wurde das schmale, neogokunstwerke, das bunte Jugendstilfenster in tische Gebäude, wie man es heute kennt, der Decke, wo Monogramm und Motto der nach Plänen von Xavier Esteves errichtet Buchhandlung zu entziffern sind: „Decus und am 13. Januar 1906 unter großer Anin Labore“ (Würde in der Arbeit) – all das teilnahme der kulturell interessierten Kreischien die vermeintlichen Kunden wahn- se Portos als Buchhandlung eröffnet. sinnig zu interessieren. Nur die ausliegenErst in jüngerer Zeit begann deren weltden Bücher beachteten sie kaum. Jahrzehn- umspannende Karriere. Nachdem sie 1995 telang kamen die Besucher nur zum Schau- umfassend renoviert worden war, wählte en, „doch irgendwann wurden es einfach The Guardian sie 2003 zur drittschönsten zu viele“, seufzt Inhaber José Manuel Lello, Buchhandlung unseres Planeten – gleich der sich als Buchhändler und Verleger und hinter dem in einer ehemaligen Kirche unweniger als Museumsdirektor versteht. In tergebrachten Boekhandel Selexzy Domider Hochsaison bis zu 5.000 Gaffer täglich nicanen in Maastricht und El Ateneo in „kamen nicht aus Kaufinteresse, sondern Buenos Aires. Danach musste „Lello“ nur aus purer Neugier. Folglich mussten wir, noch fünf weitere Jahre warten, um in Porum nicht im touristischen Massenandrang tugal auf die Liste der umfassend geschützzu ersticken, unbedingt etwas gegen den ten Denkmäler gesetzt zu werden. Ansturm der Knipser unternehmen“. Folglich wurde am 23. Juli 2015 ein Gutscheinsystem eingeführt. Seither muss jeder „Lello“-Besucher drei Euro Eintritt bezahlen. Diese werden beim Kauf eines Buches oder eines anderen Artikels verrechnet; zu den Spezialitäten des Buchladens zählen seltsamerweise auch edle Parfüms und handgefertigte Seifen. Mit dem Resultat, dass die reine Knipsklientel draußen bleibt und viele andere Kunden sich durch das holzvertäfelte, nur spärlich beleuchtete Interieur treiben lassen, um anschließend ein Buch als Andenken mitzunehmen. Und der Umsatz sich seither enorm gesteigert hat. Die Geschichte der „Livraria Lello & Irmão“ begann bereits 1869, als im heutigen Gebäude auf Nr. 144 der Rua das Carmelitas die Buchhandlung „Livraria Internatio- Fotografieren verboten! „Lello“ in Porto, eine der schönsten nal Ernesto Chardron“ Buchhandlungen weltweit Bücher, Seife und Parfüms Foto: Georges Hausemer Georges Hausemer S. 32