des ressources humaines des ressources humaines

Transcription

des ressources humaines des ressources humaines
NUMÉRO
30 / DÉCEMBRE 1999
SOMMAIRE
2-3
ATELIERS PÉDAGOGIQUES
PERSONNALISÉS
bloc notes
◆
LE MAGAZINE DE L'ACADÉMIE DE RENNES
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
SEMAINE DE L’EUROPE
4à9
Dossier
GESTION DES RESSOURCES
HUMAINES
10 - 11
JARDIMIR
FEMMES ET SCIENCES
COLLÈGE CÂBLÉ A HENNEBONT
12
CAFÉS SCIENTIFIQUES
ÉDITO
La richesse du système éducatif, ce sont
les femmes et les hommes, personnels
enseignants, d'éducation ou d'orientation,
personnels d'encadrement, administratifs, techniciens, ouvriers, de service, de
santé ou sociaux qui sont mobilisés vers un
objectif unique “la réussite des jeunes”.
L'Éducation nationale, premier employeur
de Bretagne (60 000 personnes de la
maternelle à l'université), le rectorat premier gestionnaire de personnels (plus de
38 000 personnes) ont longtemps pratiqué la “gestion de masse”, liée à la fois à la
progression des recrutements et à la
déconcentration.
Il s'agit maintenant de passer à une phase
plus qualitative d'individualisation de la
gestion des personnels.
C'est ainsi, par exemple, que le rectorat a
recruté une directrice des ressources
humaines, que se met en place un réseau
des relations et ressources humaines, que
le fonctionnement du dispositif d'aide aux
personnels a été revu.
“Mettre en œuvre une politique de ressources humaines pour tous les personnels”, “diversifier les dispositifs de
formation de l'ensemble des personnels” :
deux orientations fortes du projet académique que nous réaliserons tous ensemble
de 2000 à 2003.
Ce numéro de Bloc-Notes doit permettre
de nourrir la réflexion sur cette dimension du fonctionnement de notre système
éducatif qui sera majeure en ce début des
années 2000.
WILLIAM MAROIS
recteur de l’académie de Rennes
GESTION
DES RESSOURCES
HUMAINES
ENTRETIEN AVEC
MICHÈLE GARANT
zoom
Brèves
INITIATIVES CITOYENNES
ÉDUCATION-JUSTICE
Le 21 octobre 1999, une convention a été signée
entre l’inspection académique d’Ille-et-Vilaine et
l’association régionale pour l’animation du
Parlement de Bretagne et de la Cour d’Appel. Elle
renforce les liens entre l’institution judiciaire et le système éducatif pour développer la citoyenneté auprès
des jeunes et permettre au public scolaire d’acquérir
une meilleure connaissance de la Justice.
Ainsi, des projets “Jeunes et Justice” ont été développés pour l’année 1999-2000. Ces actions s’adressent tout particulièrement aux élèves des classes de
collèges mais également à ceux des écoles primaires
du département.
Le 1er trimestre est consacré à une sensibilisation et
une approche globale de la justice et de la citoyenneté. Il apporte une connaissance globale de l’institution et permet d’élaborer plus précisément les
actions du deuxième trimestre. Une formation sur
l’institution judiciaire est organisée pour les professeurs. Les deuxième et troisième trimestres sont
consacrés à des ateliers permettant aux élèves de
mieux distinguer la “justice spectacle” véhiculée
par les médias, d’une connaissance précise de la
justice. Différents ateliers sur le thème de la justice
et de la citoyenneté sont proposés au travers du
théâtre, de l’écriture, des arts plastiques, d’Internet,
du règlement intérieur, de la simulation de procédure
civile ou pénale, d’une connaissance de la justice à
travers le monde, du patrimoine, des jeux, de la
photographie ou de la vidéo…
En mai, deux journées seront consacrées aux jeunes
dans le cadre des “Journées Justice de la Jeunesse
dans le Parlement de Bretagne” : les élèves qui
auront participé aux différents ateliers exposeront
leurs travaux et leurs recherches.
“AUX URNES CITOYENS”
Personnels, parents d’élèves, représentants des
élèves… le collège Kérolay à Lorient a préparé ses
élections dans le cadre de la semaine des initiatives
citoyennes.
Tous les élèves de sixième ont également participé
aux élections du Conseil municipal des enfants de
Lorient. Ils ont été sensibilisés à la citoyenneté à
travers la réalisation d’une campagne électorale, la
présentation des candidatures, le travail et l’information dans les classes (éducation civique – vie de
classe) avant les élections réalisées avec le concours
de la mairie de Lorient qui a prêté ses isoloirs et ses
urnes…
CAMPAGNE POLITIQUE
Le collège Jean Le Coutaller à Lorient a élu parmi ses
élèves de sixième deux conseillers et deux suppléants pour le conseil municipal des enfants, un
conseil qui leur permet de s’exprimer, d’émettre des
avis, de faire des propositions, afin d’être considéré
comme partenaire à part entière dans la ville.
Pour préparer cette opération, le collège a organisé
une heure d’information par classe pour présenter
les initiatives prises l’année précédente par les
conseillers encore mandatés. Deux heures ont été
consacrées à l’élection du candidat pour la classe et
à l’élaboration en équipe de son programme et d’une
affiche de campagne.
Un atelier pédagogique personnalisé
au collège de Maure de Bretagne
APPRENTISSAGES À LA CARTE
Depuis 1997, les ateliers pédagogiques
personnalisés des Greta proposent des formations de
proximité adaptées aux demandeurs d’emplois, aux salariés, aux collectivités, aux chefs d’entreprise, aux artisans…
SOUPLESSE ET PROXIMITÉ
Au collège du Querpon, les stagiaires communiquent à distance avec l’antenne de Redon du GRETA.
DES FORMATIONS DIVERSES
Annie Lagrange est bibliothécaire à Bovel,
une petite commune à moins de cinq kilomètres du collège du Querpon à Maure de
Bretagne. “Je souhaitais améliorer ma
connaissance des outils bureautiques et du
logiciel Word en particulier”, précise-t-elle
en retirant son casque-micro. “Actuellement
en contrat au CDI du collège, j’ai appris que
je pouvais bénéficier d’une formation à distance, avec l’atelier pédagogique personnalisé installé au collège. Depuis la rentrée, je
viens travailler quelques heures deux fois par
semaine à l’atelier. Je communique à distance
grâce au logiciel Net Meeting avec l’antenne
de Redon du GRETA où une formatrice suit
régulièrement ma progression. J’expédie périodiquement mes exercices par courrier électronique ou disquette”. Annie Lagrange
apprécie la souplesse du dispositif et la
proximité avec son lieu de travail. “Deux
avantages qui m’ont incitée à profiter de cette
formule”.
À Maure de Bretagne, depuis la rentrée,
neuf personnes sont ainsi inscrites aux ateliers de pratiques pédagogiques. “Cet effectif peut atteindre quatorze personnes selon
les périodes”, souligne Catherine Durand,
coordonnatrice à l’antenne de Redon du
GRETA de Rennes. “Trois sont en contrat
emploi solidarité (CES) et souhaitent préparer un concours, trois autres suivent une formation financée par leur entreprise, et les trois
dernières viennent ici à titre personnel, essentiellement pour apprendre à utiliser les outils
bureautiques”.
Les possibilités de formation par les ateliers
pédagogiques personnalisés sont variées :
du français, de l’anglais, des mathématiques,
de la biologie… pour ceux qui souhaitent
préparer un concours, ou des exercices pratiques sur du matériel informatique PC et
sur différents logiciels pour ceux qui souhaitent maîtriser les outils bureautiques.
CD-ROM, outils multimédias interactifs
servent de supports pédagogiques.
Première étape pour les personnes intéressées : se rendre à l’atelier pédagogique personnalisé le plus proche de son domicile.
“Les ANPE, PAIO, missions locales connaissent notre réseau et nous envoient les candidats potentiels”, précise l’accompagnatrice
relais au collège. “J’examine la faisabilité de
la demande de la personne et l’oriente vers
la coordonnatrice qui va construire son plan
de formation personnalisé”. Soixante-dix
heures de français et de mathématiques par
Au lycée Kerneuzec à Quimperlé, plusieurs formations de délégués ont eu lieu à Beg-Meil pour les
élèves de seconde puis pour ceux de première et
de terminale. Le lycée a également mis en place des
commissions de sécurité, d’hébergement, d’animation et de communication.
FEMMES ET SCIENCES
CITOYENNETÉ TOUS AZIMUT
Du 15 au 19 novembre 1999, le collège Jean Rostand
à Muzillac a reçu une délégation européenne qui travaille sur le thème : “Éducation aux valeurs pour la
citoyenneté européenne dans le cadre des opérations
Coménius”.
Le collège présente également une exposition sur les
droits de l’Homme “Justice et Citoyenneté” réalisée
par des élèves de troisième. Une seconde exposition
prêtée par le bureau information jeunesse s’adresse
à tous les élèves : “la citoyenneté locale : ça commence près de chez vous”.
Tous les élèves et les adultes du collège participeront à une demi-journée banalisée sur le thème du
“bien vivre au collège”, qui fera l’objet d’une charte.
Souplesse et proximité sont les avantages
de la formule. “Une personne peut débuter sa
formation à tout moment, les antennes des
APP sont près de chez eux”, signale ainsi
Bruno Monnier. “Nous savons que ce sont
ces deux conditions qui ont permis à la plupart de nos stagiaires de reprendre contact
avec la formation”. Cette proximité est également très intéressante pour les entreprises
et les collectivités locales. Ainsi la mairie de
Maure de Bretagne, quasiment en face du
collège, a organisé la formation à Excel d’un
de ses salariés.
Enfin, pour le collège rural qui met un local
à disposition depuis trois ans, la présence
d’un APP a représenté un facteur important de dynamisation et d’ouverture.
NATHALIE LE GARJEAN
Les ateliers pédagogiques
personnalisés
UN PREMIER CONTACT
FORMATIONS DE DÉLÉGUÉS
Le lycée Marcellin Berthelot à Questembert a jumelé
deux actions dans le cadre des semaines de la
science et celle des initiatives citoyennes.
L’établissement a présenté une exposition “l’autre
moitié de la science” consacrée au rôle des femmes
dans les sciences. Les visites ont été préparées par
les élèves avec leurs professeurs de sciences.
Une réflexion et des débats animés dans les classes
par les professeurs principaux sur la “place des
femmes dans la société” ont été organisés. MarieFrançoise Roy, professeur de mathématiques à l’université de Rennes 1 est intervenue auprès des jeunes
pour parler de son vécu de femme scientifique.
exemple sont proposées à cette stagiaire
actuellement en contrat emploi-solidarité
et qui souhaite passer le concours d’aide-soignante en janvier 2000. Durée, dates, et prix
sont consignés dans un contrat. La présence
de formateurs intervenant sur place ou à
distance, en “synchrone” ou en “asynchrone”
permet un suivi de qualité de la progression des stagiaires. De plus, des regroupements sont régulièrement organisés à
l’antenne de Redon du GRETA. “Ces rencontres sont un facteur essentiel de remotivation des personnes les plus en difficulté”,
explique Bruno Monnier, conseiller en formation continue au GRETA de Rennes.
LE RÉSEAU BRETON
• APP de Lorient - Greta de Lorient - Tél. : 02 97 87 15 60
• APP de Vannes - Greta du Golfe - Tél. : 02 97 46 66 66
• APP de Pontivy - Greta du Centre Bretagne - Tél. :
02 97 25 22 96 (Antennes : Centre multimédia Rostrenen - Tél. : 02 96 29 16 01 - Collège Max Jacob Josselin - Tél. : 02 97 22 39 36)
• APP de Fougères - Greta des Marches de Bretagne Tél. : 02 99 99 41 28 (Antennes : Antrain - Louvignédu-Désert)
• APP de Redon - Greta de Rennes (Antenne de Redon) Tél. : 02 99 72 22 40
• Maison du développement - Le Grand-Fougeray Tél. : 02 99 08 44 80
• Collège du Querpon - Maure-de-Bretagne Tél. : 02 99 34 58 36
• APP de Rennes - CLPS - Tél. : 02 99 14 50 00
• Greta de Rennes - Tél. : 02 99 63 43 95
• Surdi Bretagne - Rennes Crimée - Tél. : 02 99 51 91 41
• Antenne de Surdi Bretagne - Brest - Tél. : 0298806169
• APPde Saint-Malo - CLPS - Saint-Malo - Tél. : 0299206229
• APP de Vitré - Greta des Marches de Bretagne Tél. : 02 99 75 35 84
• Antenne - La Guerche
• APP de Morlaix - Greta d'Armorique - Tél. : 0298886087
(Antennes : Lycée Paul Sérusier - Carhaix - Tél. : 02 98
93 75 77 - Mairie - Huelgoat - Tél. : 02 98 93 75 77 Maison des associations - Cleder - Tél. : 02 98 88 60 87
- Collège de Kerzourat - Landivisiau - Tél. : 0298886087)
• APPde Quimper - Greta de Quimper - Tél. : 0298532095
(Antennes : Pont-L'Abbé - Douarnenez)
• APPde Dinan - Greta du Pays de Rance - Tél.: 0296853164
• APP de Saint-Brieuc - Greta des Côtes d'Armor Tél. : 02 96 61 48 54
• APP de Lannion - Greta du Trégor Goélo -Tél. : 02 96
46 40 74 (Antennes : Guingamp - Tél. : 02 96 21 15 17 Paimpol - Collège Lanvignec - Tél. : 02 96 46 40 74 Tréguier - Maison pour l'emploi - Tél. : 02 96 46 40 74).
2 bloc notes
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DÉCEMBRE 1999
Jean-Pierre Lemée, responsable académique
des APP et Catherine Durand, coordonnatrice
(en haut) suivent le travail de l’accompagnatrice relais du collège avec sa stagiaire.
Les ateliers pédagogiques personnalisés proposent des formations générales non qualifiantes de remise à niveau pour passer un
concours, se perfectionner, en utilisant tous
les supports et outils multimédias adaptés.
Grâce aux nouvelles technologies (messageries, logiciels de communication à distance, visioconférences…) un réseau
d’antennes délocalisées, au plus proche des
publics potentiels, a été mis en place dans le
cadre du dispositif Rappsodi (réseau des ateliers de pédagogie personnalisé en site ouvert
et à distance) financés en partie par l’État.
“Nous souhaitons aujourd’hui améliorer la
fiabilité de nos techniques et multiplier les
sites proposant des visioconférences comme
c’est déjà le cas au GRETA de Morlaix par
exemple, et développer des outils pédagogiques multimédias performants”, souligne
Jean-Pierre Lemée, responsable académique
des APP. “Ceci afin d’augmenter nos capacités d’accueil et notre offre de formation auprès
des entreprises et des collectivités”.
Dans l’académie, en 1998, 5200 stagiaires ont
ainsi suivi près de 168000 heures de formation dans les APP implantés dans dix GRETA
et antennes.
zoom
Brèves
Collège Jean Monnet à Janzé
L’ÉQUILIBRE SUR DEUX ROUES
En juin 1999, la Segpa du collège a organisé une
opération de sensibilisation des jeunes de cinquième
à l’utilisation de la mobylette.
acheter quatre vélomoteurs, quatre casques
et construire une piste avec un parcours de
huit étapes”. Les 4 et 5 juin derniers, par
petits groupes, les jeunes se sont exercés à
rouler sur une mobylette, pour la première
fois pour certains, et parfois avec quelques
difficultés ! À l’issue de cette formation, les
jeunes sont mieux préparés pour passer leur
brevet, dans l’auto-école de leur choix (2).
Sensibiliser à la conduite
automobile
Pour prolonger la démarche, le collège et la
SEGPA Jean Monnet à Janzé ont organisé une
seconde opération de sensibilisation à la
conduite automobile.
Avec l'étude du code de la route, un contrôle
de connaissance et 15 minutes de conduite
sur piste avec un gendarme accompagnateur,
138 élèves de 3e ont pu se familiariser avec
l'automobile et mieux comprendre l'intérêt
de la conduite accompagnée qui, rappelonsle, offre 82 % de réussite au premier passage
du permis, des économies substantielles sur
les deux premières années d'assurance et
surtout six fois moins d'accidents chez les
jeunes conducteurs de 18 à 24 ans.
Cette opération, qui s'est déroulée durant
trois jours sur le parking de l'Intermarché de
Janzé, a été soutenue par les assurances
Groupama, les brigades motorisées de
St-Malo et de Vitré.
LA SEGPA AIDE LES GENDARMES
Rouler à mobylette : une première expérience
pour certains élèves de cinquième.
“Depuis 1995, le brevet d’attestation de sécurité routière est obligatoire pour tous les jeunes
de 14 à 16 ans qui circulent en mobylette.
Mais combien de personnes connaissent cette
obligation?”, interroge Bernard Colloc, directeur de la SEGPA Jean Monnet à Janzé.
Médiatiser cette information, construire un
outil de sensibilisation et de formation
devient alors une préoccupation importante des membres de l’équipe éducative
du collège. “Et surtout, sensibiliser les jeunes
aux dangers de la route, en commençant par
la circulation sur deux roues, est plus que
jamais vital”, commente le directeur de la
SEGPA, toujours sous le choc des décès de
neuf de ses élèves victimes d’accidents de la
route en moins de 15 ans. Un chiffre qui
conforte les mauvais résultats des dernières
statistiques des accidents de la route chez
les jeunes (1).
Avec l’aide de la prévention MAIF, de la prévention routière, de Cycloshop et de la brigade de gendarmerie motorisée, le collège a
donc décidé d’organiser deux journées
de sensibilisation pour tous les élèves
volontaires de cinquième. “Nous avons pu
Originalité de cette démarche : les élèves de
la SEGPA ont été les premiers initiés. Ils ont
ensuite pu seconder les deux gendarmes
présents en aidant les autres jeunes du collège à réaliser le parcours. “Une manière de
les valoriser auprès de leurs camarades”, confie
Bernard Colloc. “De plus la mobylette est
souvent le seul moyen de locomotion de ces
jeunes qui doivent effectuer un stage de trois
semaines en entreprise”. L’action s’inscrit
également dans le prolongement d’une
classe camping où, pendant une semaine,
tous les jeunes circulaient obligatoirement
à vélo.
Cette première départementale est désormais inscrite au plan départemental d’action
de la sécurité routière (PDASR) et a reçu la
médaille de bronze de la prévention routière. Pour en faire profiter d’autres jeunes,
l’établissement souhaiterait maintenant
mettre ce matériel à la disposition des collèges intéressés.
ATELIERS DE SPORTS DE COMBATS
À l’occasion de l’opération Initiatives Citoyennes et
Journées sans Violence, et dans le cadre du contrat
de ville de l’agglomération brestoise, le collège de
Pen-ar-Chleuz a créé un atelier de sports de combat
dont l’animation a été confiée à deux spécialistes
étudiants en STAPS à l’UBO de Brest.
L’objectif est d’aider les jeunes ayant des difficultés
à canaliser leur énergie (agressivité/problèmes de
concentration), ainsi que les élèves introvertis qui
auraient besoin de se sentir plus en confiance. Ils
apprendront à gérer leur agressivité excessive ou
insuffisante, à augmenter leur maîtrise de soi, à respecter leur adversaire, ainsi qu’à accepter les règles.
DROITS DES ENFANTS
Les élèves du collège Jean Monnet à Janzé ont réalisé un apprentissage actif de la citoyenneté. Un
groupe “solidarité” constitué au collège a participé
à une action “caddie” organisée par les Restos du
cœur de Janzé le 11 décembre dernier.
L’après-midi du 17 décembre a été banalisée pour
tous les sixièmes afin de réaliser un travail sur les
Droits de l’enfant. Des panneaux ont été élaborés
puis exposés au CDI à partir de documents sur les
Noëls dans le monde, les enfants des rues, les
enfants dans la guerre, la maltraitance. Professeurs,
CPE, assistante sociale, infirmière, aide-éducateurs
se sont retrouvés autour de ce projet.
LES JEUNES RÉFLÉCHISSENT SUR L’INCIVILITÉ
Les 18 et 19 octobre 1999, le lycée Laënnec Robidou
a organisé des journées citoyennes pour ses élèves
de quatrième et troisième technologiques. Ces journées sont organisées dans le cadre du CESC (comité
d’éducation à la santé et à la citoyenneté) suite à une
réflexion sur des problèmes d'incivilité (manque de
respect, racket, violence).
Il s'agit, à partir d'une réflexion générale sur la
“citoyenneté globale”, de dialoguer avec les élèves
sur les problèmes qu'ils peuvent rencontrer quotidiennement dans leur vie au lycée (organisation de
la cantine, dégradations diverses), et de les amener
à proposer des solutions pour les résoudre.
NATHALIE LE GARJEAN
DÉBAT SUR LA CITOYENNETÉ ET LES VIOLENCES
Contact : Bernard Colloc, directeur de la SEGPA
Collège Jean Monnet - 35150 Janzé
Tél. : 02 99 47 00 78.
(1) Les jeunes de 15 à 24 ans représentent 35,9 % des tués
dans un accident sur deux roues en 1998.
(2) le BASR se passe dans une auto-école, après trois heures
de conduite (environ 300 francs).
Trois jours pour sensibiliser des élèves
de troisième aux dangers de la route.
Du 18 au 23 octobre 1999, dans le cadre de la
semaine des “initiatives citoyennes”, le LP Ker Siam
à Dinan a réunit ses délégués de classe pour réaliser un débat sur le thème de la citoyenneté et notamment sur les types de violence auxquels sont
confrontés les jeunes. Des rencontres avec la CroixRouge sont programmées. Ces actions seront intégrées au sein du comité d’éducation à la santé et à
la citoyenneté ainsi que toutes celles qui seront
développées à la demande des adolescents.
Lycée Jean Brito à Bain de Bretagne
ÉCOLE-ENTREPRISE
UNE SEMAINE EUROPÉENNE
POUR PRÉPARER L’AVENIR
Le 26 mai 1999, le recteur de l'académie de Rennes,
William Marois, le président de l'université de
Bretagne Occidentale, Pierre Appriou, le président
de l'université de Rennes II - Haute Bretagne, Jean
Brihault et le Vice-Amiral d'Escadre, Yves NaquetRadiguet ont signé une convention de coopération.
Celle-ci a pour objet de proposer près de six cents
stages, pour mieux répondre aux nombreuses
demandes formulées chaque année par des étudiants dans le cadre de leur cursus scolaire et universitaire. Ils concernent essentiellement les secteurs
d'activités suivants : santé et social (environ 200
stages), domaine scientifique et technique (environ 160 stages), communication et information (85
stages), gestion et droit (30 stages). Ces stages s'effectueront dans vingt-cinq unités à terre, situées
dans l'arsenal de Brest, ainsi qu'en presqu'île de
Crozon et à Landivisiau. Cette démarche de partenariat fait l'objet d'une Charte de qualité qui s'applique aux stagiaires et aux unités concernés.
Contact : délégation académique aux enseignements techniques - DAET rectorat - Tél. 0299257846
- Fax : 02 99 25 78 69.
DES LIEUX DE STAGES DANS LA MARINE
Quelque cent cinquante élèves, venus de Grèce,
de Finlande, d’Espagne, d’Italie, de Pologne ou du Pays
de Galles ont investi l’établissement durant huit jours.
Dans les coins salons du hall d’accueil du
lycée Jean Brito à Bain-de-Bretagne, on parle
du bleu grec, de lacs finlandais ou de soleil
andalou… On expérimente son anglais, on
échange un flot d’idées, tout surpris de se
voir compris. Les ateliers ont démarré dès le
premier jour, animés en langue anglaise par
les délégués de classe eux-mêmes, formés
pour l’occasion à la conduite de réunion et
à la conception de projets. Les thèmes sont
précis : le temps scolaire, l’organisation de
la journée ou de la semaine scolaire, la représentation des élèves dans les instances, le
rôle des conseils et des délégués de classe, les
droits et devoirs, les règlements intérieurs
des établissements, l’organisation de l’université, des études longues… Chaque intervention est notée et l’ensemble fera l’objet
d’une publication réalisée par les animateurs délégués. “Nous avons forgé une personnalité du lycée autour de l’ouverture
internationale et culturelle, de l’accès aux
nouvelles technologies”, précise le proviseur
Claude Carrère. “Pour marquer cette fin de
siècle, nous avons voulu célébrer la construction de l’Europe en rassemblant les neuf éta-
Discussions en anglais dans l’atelier
sur le temps scolaire.
blissements avec lesquels nous sommes jumelés. C’est la conclusion d’un travail préparé
depuis un an. Le but est de concrétiser l’idée
de la citoyenneté et faire se connaître des jeunes
qui demain sont appelés à travailler ensemble”.
3 bloc notes
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TUGDUAL RUELLAN
DÉCEMBRE 1999
ACCORD CADRE ACADÉMIE - ARMÉE DE TERRE
Lundi 13 décembre 1999, un accord cadre a été signé
entre le recteur Marois et le général Godinot commandant la CMD de Rennes. Il porte sur la formation
initiale, notamment dans le cadre de la mise en œuvre
de l'enseignement professionnel intégré. Il doit faciliter l'information des jeunes sur les métiers offerts par
l'armée de terre et leur accueil en stage. Dans le cadre
de la formation continue, il prévoit également la reconversion de certains personnels militaires. Enfin, en
améliorant la connaissance réciproque des deux institutions, cet accord vise à développer l'éducation à
la citoyenneté pour les lycéens et les collégiens.
dossier
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Entretien avec Michèle Garant
“PERMETTRE AUX PERSONNELS
DE S’INTERROGER, DE S’EXPRIMER
POUR AMÉLIORER LEURS PRATIQUES…”
Ne reposant ni sur une théorie, ni sur des discours, la gestion des
ressources humaines se développera par son utilité. Elle devra s’appuyer sur
des personnes d’interface compétentes aidant les personnels à concilier leurs attentes
avec les besoins de l’institution.
Je trouve que la gestion des ressources
humaines, fonction élémentaire de la gestion, doit rester centrée sur l’essentiel, en
évitant la langue de bois. Un ouvrage
d’Alecian et Foucher (1) sur la gestion des
ressources humaines dans la fonction
publique développe une idée à mes yeux
simple et juste : “le management, c’est guider un groupe de personnes dans un
contexte donné vers les finalités de l’organisation”.
Ma crainte serait que les nouveaux professionnels d’accompagnement des systèmes
éducatifs s’approprient des batteries de
savoirs issus du monde de l’entreprise en
oubliant le travail d’adaptation nécessaire
au contexte du monde scolaire. En tout cas,
je recommanderais aux
cadres et
aux
responsables de ressources humaines, pour
les mentalités et les besoins de la base.
être efficaces, de dire les choses simplement
D'autre part, elles exercent une fonction
“en langue naturelle”. Sans doute suis-je
privilégiée pour traduire ce qui vient du
influencée par le pragmatisme belge : chez
sommet stratégique du système.
nous l’enseignant de base a un rejet physique
Je pense qu’il y a intérêt, pour faire évoluer
pour ce type de vocabulaire. De plus, la mise
un système éducatif, à travailler davantage
en œuvre de dispositifs complexes, et l’utiliavec ces acteurs-là, en se gardant de les consisation d’un langage sophistiqué ne sont pardérer comme des experts en ingénierie disfois qu’une façade et un alibi pour ne rien
pensant des conseils, mais comme des
changer. Les ambiguïtés et les dérives de l'utiintermédiaires dont l’action s’inscrit dans
lisation de méthodologies entrepreneuriales
des finalités de service public, disposant eux
dans l'enseignement ont bien été décrites par
aussi de marges de liberté pour pouvoir parLise Demailly (2).
ler, écouter, expérimenter avec les acteurs
La gestion des ressources humaines dans le
de terrain.
monde éducatif nécessite pour moi de traCE SERAIT DONC AU MINISTÈRE
vailler avec les professionnels un certain
DE DONNER CES DEGRÉS DE LIBERTÉ ?
nombre de questions de base : que faisonsÀ mon avis, oui. En tant que militante, pennous tous ensemble ? que voulons-nous ?
dant des années, j’ai défendu l’idée qu’il
pourquoi le faisons-nous de cette manière?
revenait au professionnel de terrain de dégacomment allons-nous améliorer nos prager ses espaces de liberté. Je n’ai pas changé
tiques ? comment verrons-nous que nous
d’avis mais l’expérience, ainsi que l’obserles avons améliorées? Elles doivent permettre
vation
scientifique,
aux acteurs de l’organisation
conduisent à dire que, s’il
de s’interroger, de s'exprin’y a pas une légitimamer, d'analyser leurs pration par l’encadrement
tiques pour les améliorer.
Il n’est pas
de niveau supérieur, l’acDes lignes directrices et des
question d’accuser
tion de l’acteur de base –
priorités données par les
la bureaucratie
aussi indispensable, aussi
décideurs stratégiques sont
ancienne et de
juste soit-elle – ne s’insnécessaires, mais, même si
décréter qu’il faut
titutionnalisera pas. Aussi
elles comportent un cadrage
maintenant des
paradoxal cela soit-il, il
voire une contrainte, elles ne
revient au décideur
pourront jamais prendre
managers.
ultime de dégager cet
effet sans un espace laissé aux
espace pour se dessaisir
personnes pour se les approde son autorité, ce qui
prier par une réflexion sur
n'est pas du laisser faire et reste un acte de
eux-mêmes et une auto-évaluation. Des
gestion lié à une évaluation différente d'un
études nombreuses aujourd’hui ont moncontrôle immédiat et permanent. Il s’agit,
tré combien les réformes ou les systèmes
comme le dit Philippe Perrenoud (3), de pasnouveaux ne produisent pas d’effets par euxser d’une logique de mandat à une logique
mêmes, combien ils doivent être appropriés
de projet, et permettre aux acteurs de
et interprétés par les acteurs de terrain.
prendre du pouvoir (je me réfère ici à la
Pour qu’une injonction officielle prenne
notion d’empowerment telle qu’on la déveracine, il faut également des “traducteurs”
loppe aujourd’hui dans l’entreprise).
entre les décideurs et la base et il me
semble que votre réseau académique
COMMENT CONCILIER LES NOMBREUX STATUTS
de ressources humaines peut constiDE LA FONCTION PUBLIQUE AVEC LA GRH ?
tuer ce système d’interface. De même,
Je me suis rendu compte, en travaillant avec
je pense au rôle essentiel que doivent
des services publics, à quel point les statuts
jouer les chefs d’établissement dans ce
différents peuvent bloquer les réactions des
domaine. Dans la littérature d’entreprise,
uns et des autres. On rencontre en France
on insiste beaucoup aujourd’hui sur le déveune hiérarchie très, et à mon avis trop, marloppement des cadres intermédiaires, corquée entre les différents statuts dans la foncrespondant dans le système éducatif aux
tion enseignante. J’ai observé plus d’une fois
responsables au niveau des établissements,
que tel agrégé, vis-à-vis de collègues qui ont
des bassins et des académies. Les cadres
pourtant les mêmes pratiques et les mêmes
intermédiaires, d'une part, sont des perfonctions, bénéficie d’une légitimité et d’un
sonnes proches du terrain et dès lors à
droit de parole étonnamment différents.
même de comprendre et faire connaître
“
“
EN QUOI CONSISTE LA GESTION
DES RESSOURCES HUMAINES ?
Heureusement, nombre de professionnels
dépassent cette situation, mais les recherches
en psychologie des organisations mettent
en évidence combien, du point de vue de
la gestion des ressources humaines,“le principe d’équité”, joue un rôle essentiel dans
la motivation des personnels. Ce principe
d’équité a deux aspects : le premier consiste
en ce que chacun évalue, même inconsciemment, l’équilibre entre ce qu’il apporte
et ce qu’il reçoit dans son travail, considérant
globalement que la balance est bonne ou
qu’elle est injuste. Le second aspect relatif à
l’équité est la comparaison que chacun a
tendance à faire avec ses collègues, et ceci
rejoint évidemment la question des statuts
dont la multiplicité est ressentie comme
injuste par nombre d’enseignants, et ce
d’ailleurs autant en Belgique qu’en France.
Évidemment s’il existe un grand projet, un
courant fort de conviction et d’engagement
et un responsable qui travaille de manière
dynamisante, on peut parfois dépasser cette
situation. Néanmoins, on observe dans toute
organisation combien le sentiment d’iniquité par rapport aux autres est un sujet très
sensible qui alourdit parfois stupidement
les rapports humains.
COMMENT EST NÉE L’ORGANISATION STATUTAIRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE ET QU’ESTCE QUI A FONDÉ UN RENVERSEMENT DE
TENDANCE VERS UNE ORGANISATION DE TYPE
MANAGÉRIAL ?
Le statut s’inscrit, au siècle précédent, dans
le contexte de règles impartiales régissant
un état de droit. Les réglementations administratives traduisent au départ la volonté
politique d’égalité d’accès et de traitement,
et le concept français d’école républicaine
s’inscrit on ne peut plus parfaitement dans
ce cadre. Elle se base sur l’ordre “rationnel
légal”, décrit par Max Weber, qui se caractérise par une standardisation, une impersonnalisation qui veut garantir une égalité
démocratique. C’est une idée noble et belle,
liée à l’idéal de démocratisation, d’égalité
de traitement de toutes les catégories sociales
et de généralisation de l’enseignement public
dans l’esprit de l’époque industrielle. Toutes
les écoles traditionnelles des pays occidentaux présentaient ainsi et présentent encore
une standardisation des classes, des horaires,
des vacances, des statuts.
Aujourd’hui, on considère cependant que le
souci démocratique doit viser également la
possibilité d’égalité de résultats, par des traitements différenciés, tenant compte des profils et des héritages socioculturels des jeunes
fréquentant l’école. En référence aux
recherches relatives à l’apprentissage, on
mesure également combien toute formation est une coproduction, une mise en
questionnement et en projet, qui nécessite
d’autres dispositifs pédagogiques et d’autres
modes de gestion, plus flexibles, impliquant
d’une autre manière les individus.
(1) Alecian S. & Foucher D. (1994), Guide du management dans le service public, Les éditions d’organisation. (2) Demailly L. (1993), L’évolution actuelle des méthodes de mobilisation et
d’encadrement des enseignants, Savoir, Éducation, Formation. (3) Perrenoud Ph. (1999), L’établissement scolaire entre mandat et projet : vers une autonomie relative, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève.
4 bloc notes
/
◆
DÉCEMBRE 1999
dossier
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Recueilli par Nathalie Le Garjean et Jacky Le Gars
d’évoquer, pour en apprécier la pertinence
en fonction du contexte local, de manière à
pouvoir jouer le rôle de catalyseur, de facilitateur, pour aider les acteurs de terrain.
Ces intermédiaires doivent être attentifs à ne
pas crisper les groupes d’appartenance face
à leurs clivages, comme dans le cas classique
des oppositions parents-enseignants ou des
enseignants de catégories différentes. Il est
plus efficace de les regrouper d’une autre
manière, à partir de thèmes transversaux. Il
leur revient de repérer les stratégies des différents protagonistes afin de les réunir, sans
angélisme, autour de thèmes et de méthodologies qui les rassemblent, dans la coopération conflictuelle qui caractérise tous les
groupes humains, dans le débat professionnel qui caractérise toute société démocratique.
CES DEUX LOGIQUES D’ORGANISATION
PEUVENT-ELLES ÊTRE COMPATIBLES ?
Mintzberg (4) a défini différents types de
logiques que l’on observe dans les organisations en général. Je voudrais citer quatre
de ces logiques, qui concernent le monde
scolaire tel que nous sommes en train de
l’évoquer. Chacune de ces logiques a sa pertinence dans un contexte déterminé, et
chaque organisation est un mélange de plusieurs de ces tendances, en fonction de son
histoire et de son contexte. La première est
la logique entrepreneuriale, celle d’un créateur d’entreprise qui lance, contrôle, évalue lui-même : c’est une logique de début
d’entreprise, lorsque celle-ci est encore de
petite taille. Une seconde logique, que nous
évoquions tout à l’heure, est celle de la
bureaucratie, de la standardisation qui, dans
une organisation de grande taille et d’enviCOMMENT ÉVITER QUE LA GESTION DES
ronnement stable, vise une efficacité de
RESSOURCES HUMAINES NE DÉRIVE VERS
fonctionnement. Une troisième logique est
L’ASSISTANCE AUX PERSONNELS EN DIFFICULTÉ?
celle d’une organisation dans laquelle foncC’est en effet une dérive qui résulte d’une
tionnent des professionnels qui analysent
gestion des ressources humaines qui n’est
et posent des diagnostics avec une certaine
pas “maillée” aux autres démarches de gesautonomie, étant en contact direct avec les
tion du personnel. Une idée pour moi essenusagers. Une quatrième logique est celle
tielle est que la gestion des ressources
d’une organisation s’appuyant sur des perhumaines des personnels en fonction est
sonnes qualifiées qui s’ajustent et créent
liée au “contrat social” qui sous-tend l’enensemble un projet; il s’agit ici soit du point
gagement. Elle est liée au mode d’évaluade départ d’une action, soit d’îlots “adhotion, à la formation, au développement
cratiques” (5) au sein d’une organisation plus
standardisée.
professionnel, et ne consiste pas seulement
Dans toutes les formes d’organisation, les
à aider une personne au moment où elle
logiques peuvent se développer selon un
est en souffrance.
dosage différent. Dans le
Le chef d’établissement est
service public c’est évisouvent confronté à ce
demment la standardisatype de difficultés, mais il
tion bureaucratique, qui
doit alors se poser ces
Il s’agit de négocier
traditionnellement
questions : Qu’a-t-on fait
avec la personne
domine.
pour accueillir cette perun contrat social
Dans le monde scolaire, on
sonne lorsqu’elle est
et organisationnel
rencontre essentiellement
entrée dans l’établissequi dépasse
un mélange de logique
ment? Quelle information
le seul statut
bureaucratique et de
sur le système national,
logique de professionnels,
sur la culture de l’établistoutes deux conduisant à
sement, cette personne
une très grande stabilité et
a-t-elle reçue ? Quelle déun rejet du changement. Dans d’autres types
finition de ses missions lui a-t-on donné ?
d’organisation, telle par exemple une école
Quelle information a-t-elle sur sa tâche, sur
privée qu’un petit groupe de militants pédales équipes enseignantes, sur les classes et les
gogiques décide de créer, ce sont – au départ
jeunes qu’elle va rencontrer ? Quelle écoute
du moins – des forces plus entrepreneua-t-on eu de ses attentes et qu’a-t-on fait
riales ou bien plus collectives qui dominepour l’aider à s’insérer? Qu’a-t-on fait pour
ront dans les groupes de débat et les séances
préciser conjointement le mode d’évaluation
de travail commun.
de son travail? Ce travail d’intégration d’une
Dans l’étude du développement de l’innopersonne, qu’elle soit nouvelle dans la foncvation et des projets, on voit, contrairement
tion ou dans l’établissement demande
à ce qu’on pourrait penser, que les trois
temps, ressources, énergie, mais il s’agit d’un
logiques – de bureaucratie, de professionvéritable investissement. Il s’agit de négocier
nalisation et de projet – sont toujours nécesavec la personne un contrat social et orgasaires, même si elles ne sont pas réalisées
nisationnel qui dépasse le seul statut, le fait
en même temps. Aujourd’hui, chacun
de “donner ses cours et rentrer chez soi”. La
reconnaît qu’un service public éducatif doit
gestion des ressources humaines doit être
davantage développer des logiques profesliée au sens donné au travail, à la définition
sionnelles plus collectives et des poches de
collective du poste, de l’équipe, des misfonctionnement plus innovateur. Mais le
sions. Je ne dis pas que tout ceci doit être réapassage d’une logique à une autre doit se
lisé par le chef d’établissement seul. Mais si
négocier avec les professionnels eux-mêmes.
ceci n’est pas pris en compte d’une manière
Il n’est pas question de vilipender la bureauou d’une autre, si ces diverses séquences ne
cratie ancienne et de décréter que maintesont pas harmonisées, arrêtons de parler de
nant il faut des managers. On n’obtient alors,
gestion des ressources humaines…
qu’on le veuille ou non, que le repli frileux des
À mon sens, la cohérence de ce contrat de
acteurs de terrain. Il convient, si l’on veut
société noué – même informellement – avec
réussir, de prendre aussi appui sur la culture
l’organisation scolaire qui nous engage,
des interlocuteurs, et de ne pas la nier.
depuis le moment où l’on a vu une annonce
dans la presse ou présenté un concours, est
QUELLES SONT LES CONDITIONS À RÉUNIR, OU
le principal élément de motivation des perLES PISTES À SUIVRE, POUR FAIRE AVANCER LA
sonnels. Et cela pose le problème des criGRH À L’ÉDUCATION NATIONALE ?
tères des concours qui peuvent être sans
À mon sens, il faut de nouveaux profesrapport avec le travail quotidien. Il y aura à
sionnels compétents pour analyser, par
mes yeux davantage de dynamique et de
exemple, les diverses logiques que je viens
motivation le jour où cette cohérence (ou cet
effort de cohérence, car on vit aussi avec
quelques paradoxes…) sera proposée dès
l’engagement, dès la formation. D’où l’importance aussi des messages et des apprentissages délivrés durant la formation initiale
des enseignants, par exemple dans les IUFM,
ou bien au moment de l’accueil et de l’insertion dans un établissement. Mettre en
place un dispositif de ressources humaines
et parler de gestion des ressources humaines
quand on n’assure pas ce préalable, c’est de
l’argent perdu !
QUELLES SONT LES QUALITÉS
NÉCESSAIRES AUX CADRES DE LA GESTION
DES RESSOURCES HUMAINES ?
Tout travail d’innovation, de changement de
mentalité, nécessite beaucoup d’énergie et
de cohérence pour aider à voir autrement les
choses, pour interpeller, pour convaincre
et modifier les pratiques. Je me souviens de
l’exemple, il y a quelques années, dans notre
région wallonne, d’excellentes formations
qui, pourtant, ne fonctionnaient pas : en
fait, malgré l’accord formel des autorités
“
“
(4) Mintzberg H. (1982), Structure et dynamique des organisations, Les éditions d’organisation. Nous recommandons les commentaires de M. Bonami “Logiques organisationnelles de l’école, changement et innovation” in Bonami et Garant (1996).
compétentes, on a pu observer que la hiérarchie directe n’y croyait pas, et la personne
désignée pour participer au stage avait droit
à un petit clin d’œil de type “quel temps
perdu !”.
Il ne suffit pas de former de grands spécialistes
en GRH. Il faut aussi qu’ils travaillent en lien
avec les autres corps professionnels et cela, on
l’oublie trop facilement. Construire ce tissu
est capital parce que les changements de mentalité se développent par réseau. Travailler
sur un seul élément, aussi pointu soit-il, ne
/
◆
(suite page suivante).
Michèle Garant
Michèle Garant a débuté sa carrière comme psychologue scolaire, professeur de psychologie puis chef
d’établissement pendant près de quinze ans. Depuis
1991, elle est chargée de cours entre autres de psychologie, de gestion des ressources humaines, de
l’approche systémique de la gestion scolaire, aux
Facultés Universitaires de Mons (FUCAM) où elle est
également responsable des programmes de gestion
des ressources humaines, et de l’université de Louvain
(UCL de Louvain-la-Neuve) où elle est membre de
l’unité de recherche “formation et organisations”.
Elle intervient dans la formation du DESS “ingénierie en GRH dans les institutions éducatives” à Lille IIICharles de Gaulle.
Cette spécialiste des ressources humaines et des
logiques d’innovation et de projet anime, en Belgique
et à l’étranger, des formations pour responsables
d’écoles fondamentales, secondaires et supérieures,
pour des inspecteurs, des cadres dirigeants, des responsables de PME. Michèle Garant est également
membre de différents groupes d'évaluation et de pilotage. Elle préside au niveau de la Belgique francophone le comité pluraliste “enseignement et société”
de la Fondation Roi Baudouin, qui a pour mission de
promouvoir la fonction de chef d’établissement.
Militante – elle fait partie de multiples associations
éducatives et a été notamment vice-présidente de
l’École des Parents et des Éducateurs de Belgique –
Michèle Garant intervient sur l'école, les collectivités,
le rôle du chef d'établissement et des cadres de formation, à l’occasion de colloques en Belgique, au
Canada, en Suisse, au Pérou… Elle assure des missions
(5) De ad hoc, parfaitement adapté.
5 bloc notes
va pas modifier l’ensemble. L’efficacité de la
formation nécessite une masse critique, et
former un seul individu reste généralement
inefficace. Dans ce contexte, j’ai vu trop fréquemment des individus en principe bien
formés jetés “dans la fosse aux lions”, seuls, et
ne pas réaliser la première mesure de ce qu’ils
avaient si bien appris.
Les professionnels cadres de la gestion des
ressources humaines doivent également se
ressourcer auprès d’autres professionnels et
être soutenus par des systèmes d’accompagnement. Toute fonction d’accompagnement ou d’intervention nécessite d'ailleurs un
travail sur soi proportionnel à la complexité
du travail. Cette dimension est trop souvent
oubliée dans les formations de formateur et
d’intervenant en ressources humaines. Il ne
s’agit pas d’épanchements psychologiques
narcissiques du type “je te raconte ma vie,
mon âme, je t’écoute, tu m’écoutes”, il s’agit
d’échanges professionnels, dans lequel le “je”
intervient, mais dans le contexte de la
recherche d’amélioration des tâches à réaliser. Ces développements professionnels ne
se réalisent
évidemment
pas par des
conférences
ni par des
études
livresques,
mais par des
formations à
partir de ses
activités, telles
par exemple
l'écriture de
pratiques,
des compagnonnages, des
échanges
d’expériences, des
études de cas, des jeux de rôles, etc. Cet investissement est nécessaire pour “respirer juste”
et ne pas être noyé dans la complexité des
tâches. Chaque fois que l’on réalise des tâches
de direction et d’accompagnement de systèmes humains, toujours complexes, un travail d’analyse, de réflexion, de prise de
distance, de “réalimentation des batteries”
doit être réalisé, sinon on risque trop vite de
se retrouver confronté à des situations de
“burn out” et d’amertume.
DÉCEMBRE 1999
d’accompagnement de réformes du système éducatif et divers cours ou séminaires qui l’ont conduite
de Santiago du Chili à San José au Costa-Rica, en
République de Djibouti ou à Port-au-Prince en Haïti.
Ses publications personnelles ou
collectives les plus récentes
– “Quels partenariats vivre, construire, organiser?” La
Revue des Échanges de l’AFIDES, Montréal 1998.
– “Association professionnelle et professionnalisation de la fonction : le cas des chefs d'établissement
scolaire de la FEADI” in R. Bourdoncle L. Demailly, Les
professions de l'éducation et de la formation,
Université de Lille, éd. du Septentrion, 1998.
– “Attitudes et pratiques de changement d'enseignants et de chefs d'établissement dans un contexte
de réforme” in F. Cros (Ed.), Dynamiques du changement en éducation et en formation. Considérations
plurielles sur l'innovation, Paris : INRP, 1998.
– “Des projets : références pour une action de qualité”,
2e édition Bruxelles : Serdep, 1998 (avec C. Delory
et G. Huget).
– “Actions et savoirs chez des chefs d’établissement”,
in G. Pelletier : Former les dirigeants de l’éducation, De Boeck, 1999.
– “Pilotage et accompagnement de l'innovation dans
un établissement scolaire” in L'innovation, levier
de changement dans l'institution éducative, Paris :
Ministère de l'éducation nationale et de la technologie, 1999.
– “Le chef d'établissement scolaire entre réforme et
innovation” in Pédagogie, Louvain-la-Neuve (sous
presse).
dossier
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
LE CHEF D’ÉTABLISSEMENT NE FAIT PAS DE PÉDAGOGIE, MÊME S’IL EST ANIMATEUR DU PROJET
D’ÉTABLISSEMENT LUI-MÊME PORTEUR DE
PÉDAGOGIE. COMMENT PEUT-IL GÉRER CETTE
SITUATION AMBIGUË ?
peut mutuellement se détruire, les choix
d’intendance et de décision financière étant
étroitement liés aux priorités de l’établissement. J’aime utiliser à ce sujet une image
physiologique : on sait aujourd’hui combien les anciennes fonctions (vision, langage, sensation…) ne sont pas situées en
un point précis de notre cerveau, mais résultent de l’interrelation et de la régulation de
zones diverses… Ainsi dans une organisation qui se développe et qui apprend, chaque
activité comprend aussi d’une certaine
manière toutes les autres, même si des
centres d'action sont définis.
Il me revient en mémoire un travail réalisé
par des chefs d’établissement de l’académie
de Lille, au sein de la MAFPEN, sur le thème
“le chef d’établissement pédagogue” (6). Je
ne pense pas que ces chefs d’établissement
outrepassaient les limites de leur statut, ni
qu'ils offensaient les prérogatives de l’inspection, et je ne résiste pas au plaisir de vous
lire quelques propositions issues de ce travail : un chef d’établissement pédagogue
COMMENT LA GESTION ADMINISTRATIVE
pourrait être celui qui : (1) pense les difféPEUT-ELLE SE POSITIONNER VIS-À-VIS
rents aspects de sa gestion dans leur rapDE LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES ?
port à la pédagogie et qui les communique
S’il y a souhait de développer la gestion des
comme tels ; (2) conduit une politique de
ressources humaines, il me semble qu’en
communication pouvant induire une régupremier lieu, on doive attendre que le reslation de l’action pédagogique, individuelle
ponsable du pilotage stratégique de l’étaou collective; (3) provoque, facilite, accomblissement - correspondrait-il au recteur
pagne, cadre l’émergence de réponses pédad’académie ? - soit convaincu de cette
gogiques à des problèmes pédagogiques ;
dimension de gestion et agisse en consé(4) identifie des leviers sur lesquels il peut
quence, sinon de nombreux dysfonctionagir pour enclencher, par rebond, les évonements risquent de surgir.
lutions pédagogiques
Dans ce cadre, il lui revient
dont la nécessité apparaît;
d’interpréter des règle(5) place la recherche du
la mission
ments, de protéger des iniprogrès pédagogique au
de valorisation
tiatives à la marge, de
cœur de sa politique de
des ressources
soutenir des actions nougestion et d’animation
velles, avant de proposer
des ressources humaines.
humaines ne
une modification des règlePour mener à bien sa
consiste jamais
ments lorsque cela s’avère
mission, il est indispenà pérenniser son
nécessaire.
sable que le chef d’étatravail, mais
Un certain nombre d’études
blissement dispose d’une
à faciliter celui
montrent aujourd’hui l’imvision globale du dispodes autres.
portance d’un contexte de
sitif pédagogique, de ses
gestion intermédiaire entre
points de tension, de ses
l’administration centrale et
ressources, de ses limites,
les établissements de terrain.
de la place des actions
La spécialisation des fonctions de gestion
menées, des priorités pédagogiques défides ressources humaines au-delà de l’étanies par les acteurs. Il assumera alors autreblissement est nécessaire étant donnée l’imment sa fonction. Certains directeurs
portance des effectifs gérés.
rejettent cette manière de voir, en craignant
De nombreux fonctionnaires administrale travail supplémentaire. C’est plutôt une
tifs devront poursuivre leur traautre manière de faire, prenant en compte
vail de base, et
la complexité du système…
Pour le chef d’établissement, la gestion des
ressources humaines est liée à la capacité
d'assumer différentes “postures”de gestion
et d’accompagnement pédagogique.
Cela fait partie de son travail d’être
au clair sur ses modes d’interventions, qui peuvent être différents d’un moment à l’autre.
Il doit pouvoir annoncer “maintenant, il s’agit d’une séance d’information”, ou “une séance de
prise d’avis”, ou encore “une
séance de prise de décisions”,
“d’une séance d’arbitrage”,
“d’un entretien de fonctionnement
professionnel”. En se positionnant, il aide
aussi l’enseignant à se positionner.
L'enseignant qui, lui aussi, est confronté à un
métier aux multiples facettes. En étant au
pourront sans doute difficilement “personclair sur ses actes professionnels, le chef
naliser” les dizaines de milliers de dossiers
d’établissement donne à l’enseignant un
qu’ils gèrent. Néanmoins, dans le cadre de
espace de liberté mentale nécessaire pour
la modernisation des services publics qui
qu’il puisse changer de posture sans se sentraverse aujourd’hui de nombreux pays
tir touché dans son intégrité.
d’Europe, les notions de service à l’usager,
Dans la ligne des idées que nous venons de
de transparence dans la décision, de resdévelopper, je tiens à dire que, tout en reconponsabilisation du fonctionnaire, de réponse
naissant l’importance de fonctions claires et
dans des délais raisonnables peuvent être
distinctes, je m’oppose personnellement à
développées. Par ailleurs, dans une situaune segmentation radicale de fonctions qui
tion de changement, il est nécessaire d’inne se penseraient pas réciproquement dans
troduire des lieux d’analyse et d’arbitrage
la perspective de priorités communes.
pour traiter les cas limites ou les situations
Certains établissements se retrouvent ainsi,
nouvelles.
par exemple, coincés entre le comptable et
Un service de gestion des ressources
le chef d’établissement. Pourtant, si deux
humaines n’est pas un service thérapeuresponsables ne réfléchissent pas conjointique pour les enseignants. Placer une série
tement à la manière de gérer, leur action
“
“
(6) Ministère de l’Éducation nationale, académie de Lille, Le chef d’établissement pédagogue, octobre 1993.
6 bloc notes
/
◆
de psychologues en accompagnement des
enseignants qui souffrent ne donnera qu’un
effet “aspirine”, si la situation individuelle
prise en considération n’est pas inscrite dans
la dimension socioprofessionnelle qui lie
les parties. La gestion des ressources
humaines doit rester, à mon avis, dans les
limites d’un contrat social et professionnel
géré par les responsables : chefs d’établissement, inspecteurs d’académie, recteur… Je
ne nie pas l’existence de fatigue, de souffrance, de “burn out” d’un certain nombre
d’enseignants, ni l’utilité de services d’accompagnement de ces difficultés, mais je
vois plutôt ces éventuels services comme
un système externalisé par rapport à celui
des ressources humaines, même s’il est lié à
celui-ci.
ne suis pas à même d'apprécier, ni pour
l’ensemble de la France, ni même pour
telle académie, la possibilité de telles pratiques. Je sais seulement qu’en gestion des
ressources humaines, il suffit parfois de peu
pour modifier les dynamiques, surtout me
COMMENT CONVAINCRE
DE CES NÉCESSAIRES CHANGEMENTS ?
Je n’en parlerais pas en termes de proclamations fracassantes, ni de discours révolutionnaires. Il me semble préférable de
travailler à doses homéopathiques, dans la
cohérence, et ceci ne demande pas moins
de convictions, ni d’intelligence de l’action. Vous avez compris que je ne suis pas
favorable aux changements radicaux
qui nient l’histoire et la culture
et aboutissent à des cassures.
Il est préférable à mon sens
d’introduire quelques éléments
de manière progressive, à titre
expérimental dans certains lieux,
et de les étendre peu à peu. Les changements ne se feront pas du jour au lendemain mais au bout de trois, quatre, cinq
années.
Les études systémiques nous ont appris que
l’on gagne à modifier un segment limité,
mais de manière complète et complexe, faisant en sorte qu’il soit bien compris par tous
les individus. Les effets sont bien meilleurs
que si l’on cherche à modifier tout le système
de manière superficielle.
Il est important aussi d’observer ce qui se fait
dans d’autres pays. Au
Chili, par exemple, la
gestion des ressources
humaines des enseignants de l’Éducation nationale utilise
des “incitants”. Des
équipes
enseignantes qui se sont
révélées efficaces (le
contexte socio-économique de leur établissement étant pris en
compte), sont “récompensées”. Ils ont l’occasion
par exemple de vivre avec
d’autres collègues trois
mois de formation en
Belgique, aux USA, ou
en Angleterre. Une
partie appréciable du budget de l’Éducation nationale est aussi réservée à la valorisation de projets d’école visant
l’amélioration du système éducatif.
Ce type de démarches, qui peut paraître
étonnant à nombre d’enseignants européens, semble produire des effets dynamisants. Mon intention n’est pas de vous les
proposer comme modèle, mais d’inviter les
responsables à réfléchir à partir de là. Je
semble-t-il dans le monde enseignant où
l’aspect symbolique reste puissant.
Pour moi, la GRH doit progresser surtout
par son utilité, par le développement professionnel qu’elle facilite, par l’amélioration
de la qualité de la formation et des enseignements qu’elle vise en finalité.
C’est vrai qu’il peut être difficile de travailler
avec des professionnels qui, souvent, sont
jaloux de leurs prérogatives et tiennent parfois farouchement à préserver leur indépendance. Je reviens ici aux qualités à la fois
humaines, diplomatiques et stratégiques
nécessaires aux professionnels des ressources
humaines dont je parlais au début. De plus,
leur existence doit être légitimée. Cependant,
si cette légitimation est nécessaire, elle ne
doit pas être trop appuyée, sinon les pairs,
souvent frileux, risqueraient de rejeter a
priori ces partenaires imposés. C’est une
question d’équilibre entre la reconnaissance
des pairs et la reconnaissance officielle.
Pour terminer je voudrais émettre le vœu
que les fonctionnaires responsables des ressources humaines à tous les niveaux gardent comme repère l’idée de service, d’aide
à l’action éducative. Une idée pour moi
importante dans le domaine des services
éducatifs est celle de travailler de manière
modeste, dans le but de “se rendre inutile”,
les missions de valorisation des ressources
humaines ne consistant jamais à pérenniser
leur travail, mais à faciliter celui des autres,
qui sont les opérateurs premiers de l’action
éducative, pour et avec les élèves.
Pour en savoir plus, citons :
• Les travaux de l’équipe de recherche et d’intervention sur les transformations de l’entreprise (RITE) –
dirigée par Renaud Sainsaulieu, professeur à l’IEP de Paris – du laboratoire de sociologie du changement
des institutions (LSCI - CNRS) sur “Inventer la gestion des ressources humaines à l’Éducation nationale”
édité en novembre 1997. Ces travaux faisaient suite à l’Université d’été organisée en août 1995 sur
“contribuer à la réussite de la gestion des ressources humaines dans l’Éducation nationale”.
• La gestion des ressources humaines - rapport de l’inspecteur général Serge Vallemont présenté sur le site
internet de la fonction publique : www.fonction-publique.gouv.fr
• Le site de l’école nationale de l’administration très complet dans le domaine de la gestion des ressources
humaines : www.ena.fr
DÉCEMBRE 1999
dossier
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Collège Kérolay à Lorient
LA FORMATION CONTINUE POUR OFFRIR
LES MOYENS DE BIEN TRAVAILLER
Communiquer, travailler en équipe, former, telles sont les idées forces d’une bonne
gestion des ressources humaines pour le collège Kérolay à Lorient.
“Un établissement qui fonctionne bien, c’est
un établissement qui communique bien, où
chacun a les moyens de travailler dans de
bonnes conditions. Et cela garantit un socle
stable indispensable aux élèves aujourd’hui.
Car c’est bien pour le bien-être des élèves qu’il
est important d’avoir une bonne gestion des
ressources humaines n’est-ce-pas ?” Gabriel
Foi, principal du collège Kerolay à Lorient est
partisan d’une présence maximale “sur le
terrain”. Pour lui, bien gérer son personnel,
c’est commencer par informer, écouter, dialoguer avec les 124 adultes du collège :
agents, enseignants, MI-SE, CES, aides-éducateurs. Chaque lundi matin, il propose une
réunion d’équipe de direction élargie. Tout
au long de la semaine, il anime les nombreux tableaux d’affichage de la salle des
professeurs, laissant des messages à
l’attention de telle ou telle personne.
“Communiquer c’est prévenir tous les dysfonctionnements. Se rendre compte du climat, des tensions inévitables dans toute vie
de groupe”. La seconde démarche de gestion
des ressources humaines du principal est
de faciliter le développement de projets communs. En premier lieu le projet d’établissement dont les valeurs sont affichées haut et
fort en salle des professeurs. Enseignants de
mathématiques, de français, documentaliste, infirmières, assistantes sociales, personnels ATOS peuvent construire à tout
moment tout type de projet sur l’environnement, le goût… “Au départ, chacun se
regroupe par affinité, mais cette démarche
fait ensuite tâche d’huile”. Actuellement par
exemple, les personnels de cuisine travaillent
avec les élèves pour leur expliquer comment
fonctionne l’organisation du self afin qu’ils
rapportent des plateaux prêts à laver. Le
planning des interventions est organisé avec
les enseignants et les rencontres ont lieu
dans le cadre des heures de vie de classe.
Faire travailler les élèves, les enseignants et
les agents ensemble est une manière de leur
apprendre à respecter le travail et les
contraintes de chacun. “Si ces projets nécessitent une formation, alors je n’hésite pas”,
affirme le principal, convaincu de l’intérêt
des stages intercatégoriels.
ACCOMPAGNER LES CHANGEMENTS
Former, en permanence, pour ajuster les
compétences des personnels aux besoins et
pour accompagner les changements importants, telle est la devise de l’établissement.
Ainsi, le service de restauration du collège
doit s’adapter aux normes européennes de
qualité “HACCP” : l’ensemble des personnels
de cuisine va suivre une formation sur site.
Comme l’explique Michel Gourlay, chef cuisinier du collège “s’adapter à cette démarche
représente un investissement très lourd pour les
agents : de nombreux formulaires administratifs seront à remplir, les contrôles de produits
seront multipliés. La responsabilité des agents
est accrue à chaque étape. Pourtant, même
fastidieuse, cette réorganisation est inéluctable”. Si une formation se révèle dans ce cas
présent indispensable, “elle sera également le
moyen de faire comprendre pourquoi ces changements sont nécessaires”, poursuit Gabriel
Foi, “Ou encore une occasion de poser les problèmes, et d’envisager de nouvelles solutions”.
Pour élaborer son plan de formation d’établissement, le principal prend en compte les
besoins de chacun, puis les formalise en fonction des priorités de l’établissement. “La formation continue est un droit, mais elle permet
surtout de donner à chacun les moyens de bien
travailler, de se respecter, des facteurs à mon
sens à la base d’un bon climat social”.
NATHALIE LE GARJEAN
Gabriel Foi, principal (à droite) est pragmatique :
“une bonne GRH, c’est une présence sur le terrain!”
(ici, avec le chef cuisinier Michel Gourlay).
Le réseau des ressources et relations humaines
MUTUALISER SES CONNAISSANCES
ET SES COMPÉTENCES
Correspondant de bassin :
un rôle qui reste à définir
Créé en 1998, et constitué de correspondants de différents
statuts, tous situés dans les établissements, les inspections académiques et les bassins “emploi-formation”, le réseau des ressources et
relations humaines en est encore à ses balbutiements.
De par leur statut ou leur situation géographique, les membres du réseau de ressources
et relations humaines bénéficient d’une position privilégiée qui les met directement en
contact avec les personnels ou l’administration. Ainsi, Nicole Petton, assistante sociale
des personnels à l’inspection académique
du Morbihan est chaque jour confrontée à
des situations de “mal-être” professionnel
et personnel : en majorité des enseignants qui
rencontrent des difficultés à faire face à leur
travail en constante évolution et plus encore
s’ils sont confrontés à un problème familial
ou médical… André Bardoux, principal du
collège Paul Eluard à Mur-de-Bretagne, doit
régler chaque jour des problèmes de gestion
de ses personnels administratifs enseignants,
aides-éducateurs, surveillants… (voir cicontre). De son côté, grâce à sa connaissance
fine des établissements et du fonctionnement de l’administration, Marie-Françoise
Le Brun, chef de division de la DOS à l’inspection académique du Finistère est un relais
de confiance pour ses interlocuteurs nom-
breux à lui faire part de leurs situations particulières. Ce positionnement et ces compétences permettent aux membres du réseau
d’accorder du temps aux personnels qui les
sollicitent pour écouter, réfléchir à une situation et, si possible, proposer des solutions.
DES ATTENTES INSATISFAITES
C’est cette capacité à répondre rapidement
aux demandes des personnels qui pose souvent problème. Situations d’urgence obligent, Nicole Petton a en face d’elle des
personnes qui attendent des solutions d’ordre
financier, administratif ou de réorganisation
de leur activité. “Je dois suivre chaque dossier
avec les gestionnaires administratifs déjà débordés et peu habitués à faire de la gestion individualisée. Je fais le lien entre les différents
services de l’IA et du rectorat impliqués”. Les
membres du réseau souhaitent que ce travail de repérage, de médiation réalisé presque
quotidiennement soit reconnu et légitime.
“Travailler en réseau permet de proposer des
solutions concrètes et concertées et qui seront
appliquées de manière cohérente”, selon Nicole
Petton, faisant ainsi référence au fonctionnement des commissions du DAPAR dont
elle fait partie (voir p. 9).
Pour être mieux à même de conseiller et
d’orienter, Marie-Françoise Le Brun, souhaiterait également que les membres du
réseau développent leurs connaissances des
différents statuts des personnels de l’Éducation nationale et de la gestion du personnel : quelles sont les conditions d’accès
aux congés de formations, de reconversion,
de maladie, aux allocations de perte d’emplois? Quels sont les droits des personnes en
contrat emplois-solidarité, des aides-éducateurs ? Participer à la réflexion sur la gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences semble aussi être une mission
incontournable pour les membres du
réseau : “c’est une occasion unique de mutualiser nos connaissances précises des besoins de
l’institution et des souhaits des personnels”,
résume avec conviction la chef de division.
7 bloc notes
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◆
NATHALIE LE GARJEAN
La gestion des ressources humaines fait partie
du quotidien d'un chef d'établissement. Il est
donc légitime de considérer tous les personnels
de direction comme des membres à part entière
du réseau RRH. Mais le fait d'être à la fois chef
d'établissement et correspondant de bassin
présente certaines spécificités. Ce dernier est
en effet, dans le cadre de sa mission de “personne ressource”, appelé à intervenir auprès
de personnels extérieurs à son établissement.
Quelle peut être alors sa position vis-à-vis du
principal ou du proviseur, chef d'établissement
d'exercice de l'agent qui l'a sollicité ?
Pour le correspondant de bassin, deux choses
me semblent essentielles : essayer d'instaurer
un climat de confiance et tenter “d'oublier”,
autant que faire se peut, sa fonction principale
pour s'imprégner le plus possible de ce nouveau rôle, non hiérarchique, qu'il faudra clairement définir.
Écoute et aide de proximité
Bien que leur mise en place soit trop récente
pour qu'il soit possible de définir précisément
leurs missions, on peut penser que les correspondants auront avant tout un rôle d'écoute
et d'aide de proximité pour la carrière, la formation des personnels. Il leur appartiendra
aussi d’informer les niveaux départementaux
et académiques de tous les dysfonctionnements dont ils pourraient avoir connaissance
et de toutes les attentes du “terrain”.
Les correspondants de bassin du réseau RRH
n'ont été que peu sollicités, sinon dans le cadre
du nouveau mouvement national à gestion
déconcentrée lors de cette première année de
fonctionnement, à eux maintenant de se faire
connaître et reconnaître au sein de leur
secteur d'intervention.
ANDRÉ BARDOUX
DÉCEMBRE 1999
dossier
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Les inspecteurs et la gestion des ressources humaines
DISPOSITIF MORGANE :
dix ans d’adaptationreconversion
UNE POSITION PRIVILÉGIÉE
Depuis 1989, des enseignants des lycées professionnels bénéficient de formations d’adaptation-reconversion. La moitié d’entre eux ont
ainsi pu accroître leurs compétences et s’adapter à leurs nouvelles tâches. Dans l’académie de
Rennes, un dispositif de formation formalisé
et souple (Morgane) a été constitué (1). Sa finalité est de développer l’actualisation des savoirs
des enseignants du domaine professionnel,
d’élever leur niveau de qualification technologique et pédagogique, en contractualisant le
réinvestissement de leurs acquis. Les formations obsolètes ont ainsi été abandonnées, les
filières rénovées, et la qualification apportée
par les BEP, BAC professionnel, développée.
Repérage et valorisation des compétences des
enseignants et des équipes, évaluation, participation
au recrutement des futurs diplômés, conseils aux établissements, les inspecteurs ont de nombreuses, et légitimes,
occasions de faire de la gestion des ressources humaines.
“En fait, nous occupons une place privilégiée
pour faire de la gestion des ressources
humaines”, souligne d’emblée Marie-Ange
Monsellier, IA-IPR de lettres. “Dès la formation initiale des enseignants par exemple,
nous participons aux choix des conseillers
pédagogiques - tuteurs des futurs enseignants
pendant leur seconde année de formation ainsi qu’au recrutement des formateurs de
l’IUFM, aux jurys de concours de CAPES,
d’agrégation…”
“De plus, depuis quelques années, nous avons
de plus en plus besoin de trouver des équipes
innovantes et des terrains d’expérimentation
pour le ministère qui souhaite faire connaître
de nouvelles pratiques pédagogiques”, explique
Eliane Deguen, IA-IPR de mathématiques.
Pour ces inspectrices, ce sont autant de
moyens de reconnaître les compétences
d’excellents enseignants.
Les nouvelles technologies et notamment
Internet sont également une bonne méthode
pour valoriser le travail d’individus ou
d’équipe. “La rubrique pédagogie du site web
de l’académie nous sert ainsi à faire connaître
la qualité de certains travaux effectués avec des
élèves et, à créer un travail en réseau”, pour-
L’ENTRETIEN-BILAN
PROFESSIONNEL
L’entretien-bilan professionnel est proposé par
la DAFI (1) aux personnels enseignants en situation d’adaptation ou de reconversion professionnelle. Il est offert de façon privilégiée aux
enseignants du domaine professionnel dans
le cadre du dispositif MORGANE, et à ceux qui
sollicitent une aide dans le cadre du DAPAR,
enfin à tout professeur en difficulté conjoncturelle ou en interrogation forte sur le déroulement de sa carrière.
À ce jour, dans notre académie, plus de 400
personnes ont déjà fait appel à un entretienbilan professionnel. Les mêmes opportunités
d’accès sont envisagées à terme pour les personnels ATOS.
L’objectif de ce type d’entretien est de faire le
point sur soi afin de mieux se connaître et utiliser ses atouts. Il s’agit de repérer ses compétences et ses acquis pour s’investir dans un
projet possible.
L’entretien-bilan professionnel repose sur un
échange face à face avec une personne qui
écoute, informe, conseille et recueille les éléments proposés, assure la mémoire des
échanges, et le suivi de la situation. Rien ne
peut se faire sans l’adhésion de la personne au
bilan lui-même, à ses objectifs, à ses conditions de réalisation et ses conséquences.
Cette démarche amène la personne à identifier
concrètement les étapes de son parcours professionnel et personnel, à analyser ses propres
motivations, ses centres d’intérêt, ses potentialités, à formuler ses vœux. Il reste ensuite à
ajuster ces données objectives et ces représentations aléatoires aux réalités institutionnelles. Cet entretien aboutit nécessairement
à des propositions, voire à un projet au profit
de la personne et, si possible de l’institution.
JEAN DESTRAC
(1) délégation académique à la formation
et à l’innovation.
suit Eliane Deguen. Les situations d’enseignants en difficulté sont également
signalées aux inspecteurs des disciplines
concernées “Nous étudions alors un tutorat
pédagogique au cas par cas, ou orientons vers
le DAPAR, mais en tout état de cause, nous
apportons un conseil au chef d’établissement”,
affirme Joël Lesueur, IA-IPR de lettres et
coordonnateur des inspecteurs.
LA GESTION GAUSSIENNE
DES RESSOURCES HUMAINES
Pour les inspecteurs, la gestion des ressources
humaines à l’Éducation nationale suit une
courbe de Gauss : des moyens d’action sur
les situations extrêmes de difficultés et d’excellence, mais une plus faible connaissance
de la zone médiane qui représente pourtant
la masse principale des personnels.
Ainsi, la notation pédagogique, un des premiers actes de gestion des ressources
humaines des enseignants n’a lieu en
moyenne que tous les 4 ou 5 ans et en priorité à des moments clés de leur carrière :
nomination, changement d’échelon…
“Pourtant assister à un cours, puis s’entretenir librement durant une heure avec un ins-
Des formations négociées
pecteur, est parfois le seul moment pour un
enseignant de faire le point sur son activité
professionnelle”, remarque Christian Tessier,
IEN-ET de lettres-histoire. Cependant, le
caractère ponctuel et les enjeux de cette évaluation représentent une source importante
de stress. “C’est pourquoi nous essayons de
plus en plus de rencontrer des équipes disciplinaires, notamment en début d’année.
L’accompagnement des réformes du collège et
du lycée est d’ailleurs une excellente occasion
de dialoguer et de réfléchir ensemble sur les
pratiques pédagogiques”.
Anticiper et prévenir les situations difficiles
fait partie des pistes de réflexion des inspecteurs pour améliorer la gestion des ressources humaines. Ils souhaiteraient par
exemple pouvoir agir en concertation avec
la division des personnels pour faire des
choix opportuns d’affectation, à barème
égal, influer sur les listes d’aptitudes, les
accès à la hors classe…
NATHALIE LE GARJEAN
Pour évoluer dans les tâches de l’enseignement professionnel, d’important s volumes de
formations (mi-temps) ont été offerts aux enseignants. Ces formations ont fait l’objet de négociations, puis de contrats entre les intéressés,
les équipes d’établissement, les chefs de travaux, les chefs d’établissement, les inspecteurs
pédagogiques, les services administratifs du
rectorat (DOS et DPE), les entreprises ou
les institutions de formation partenaires.
Aujourd’hui, les résultats sont tangibles : 604
professeurs ont été requalifiés dont 212 en
actualisation des connaissances technologiques
et pédagogiques, 281 en adaptations professionnelles, 111 en reconversions sur d’autres
filières. Le dispositif Morgane permet également de dégager pour l’avenir quelques principes d’action en gestion des ressources
humaines : fixer des objectifs précis d’évolution pour obtenir l’adhésion des personnes aux
changements professionnels; laisser un espace
d’initiative permettant une négociation avec
une instance de pilotage identifiée ; enfin, préparer et contractualiser les conditions administratives, pédagogiques, financières de
réinvestissement des acquis de ces personnes
nouvellement formées.
JEAN DESTRAC
(1) sous l’égide de la MAFPEN, aujourd’hui la DAFI.
Former à la gestion des personnels TOS
CONCERTATION,
ENTRETIENS…
DES AIDES CONCRÈTES
Le stage est une occasion de construire un réseau de collègues sur
lequel compter dans les cas difficiles.
Depuis deux ans, le plan académique de formation propose une formation à
la gestion des techniciens, ouvriers et personnels de services (TOS) pour tous les
nouveaux gestionnaires-agents comptables des établissements scolaires.
“Le premier acte de gestion est l’organisation
du temps de travail des techniciens, ouvriers
et personnels de services qui fonctionnent sur
un principe d’horaire flexible annualisé :
1 677 heures par an avec une moyenne de
39 heures par semaine”, selon Marie-Josée
Hélary, gestionnaire au lycée Ile-de-France
à Rennes et animatrice de cette formation.
“Or ce travail d’individualisation des horaires
ne peut se faire qu’en concertation avec chaque
personne. L’autoritarisme doit laisser la place
à l’argumentation. Le système n’est pas égalitaire, mais adapté à chacun”. Pour MarieJosée Hélary, expliquer cette mission aux
nouveaux gestionnaires n’est pas facile.
“La théorie semble toujours plus aisée que la
pratique. Certains jeunes nouvellement reçus
au concours éprouvent des difficultés pour
mener à bien cette tâche”.
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La gestionnaire du lycée Ile-de-France essaye
alors d’être aussi pragmatique que possible,
et n’hésite pas à faire référence à ses expériences. “Gérer des agents, c’est être à leur
écoute, le plus régulièrement possible, et
notamment à l’occasion d’entretiens d’évaluation”. Deux moments semblent particulièrement opportuns : l’entretien réalisé avec
le nouvel arrivant “pour connaître un agent,
ses aspirations et, à l’inverse, faire passer ses
attentes et ses exigences” et la période annuelle
de la notation administrative qui permettra
de faire un bilan, d’encourager, ou de réfléchir aux attentes des personnels, qui peuvent
évoluer au fil du temps. Il faut donner à
chacun le sentiment d’être satisfait de ses
conditions de travail et valoriser ses efforts.
Les difficultés proviennent de la gestion des
cas délicats qui ne relèvent ni de problèmes
DÉCEMBRE 1999
disciplinaires dus à des fautes graves, ni
médicaux d’inaptitude physique. “Durant
ces entretiens individuels, nous sommes très
souvent confrontés à des situations complexes :
maux de dos inexplicables, absentéisme, que
l’on ne sait pas gérer”. Marie-Josée Hélary
conseille dans ces cas-là de prendre toutes
les notes utiles : dates, motif… pour le jour
où ces informations seront nécessaires. “Il
faut traiter ces problèmes rapidement en
interne : ces difficultés ont toujours des répercussions sur les autres membres d’une équipe
et la solidarité a ses limites, en particulier sur
le long terme”. Si cela s’avère trop difficile, il
faut savoir demander conseil à des collègues :
“nous avons tous été et nous serons tous à un
moment ou un autre confrontés à des situations humaines délicates”.
NATHALIE LE GARJEAN
dossier
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Claudine Madelaine, directrice des ressources humaines
UNE POLITIQUE PRAGMATIQUE
DE PETITS PAS
La mission de la DRH est d’assurer au niveau
académique l’adéquation poste/personne
pour un meilleur service rendu à l’élève, avec
une prise en compte des aspirations professionnelles et personnelles des agents.
La gestion des ressources humaines est partagée entre de nombreux acteurs et tout
d’abord au quotidien, au plus près des personnels, par le chef d’établissement, le gestionnaire, le maître-ouvrier, l’inspecteur, le
chef de division, le chef de bureau.
En effet, qui mieux que l’encadrement,
notamment intermédiaire, peut mobiliser,
organiser, repérer les potentiels, les faire évoluer, anticiper et aider à analyser les difficultés des personnels, évaluer ces personnels
et les amener à s’évaluer eux-mêmes ? Un
chef d’établissement, un gestionnaire se sent
souvent seul face à un problème de gestion
de personnel. De la même façon qu’un enseignant en difficulté avec une classe ne s’en
ouvre pas facilement à ses collègues ou à
son chef d’établissement. Cet isolement doit
être rompu. Il ne pourra l’être que si une
véritable culture de l’encadrement dépassant les traditionnels clivages statutaires se
construit, avec un sentiment d’appartenance
à une même institution, au service d’une
mission commune.D’où la nécessité d’un
pilotage académique qui impulse, met en
cohérence des actions, négocie sur la base
de grands axes définis par le recteur et intégrés dans le projet académique.
La création du réseau des relations et des
ressources humaines (RRH) avec son
maillage géographique au sein du bassin et
sa composition intercatégorielle est une
nouvelle approche de la GRH.
et les cadres de la division de gestion afin
d’établir une grille d’activités détaillées. Le
médecin peut ainsi déterminer les tâches
qu’un agent qui aurait des contre-indications physiques, peut réellement effectuer.
Ensuite, l’adaptation du poste de cet agent
sera étudiée en concertation avec le gestionnaire, le maître-ouvrier, solidairement
avec toute l’équipe d’agents de l’établissement.
D’autres projets seront menés, notamment
sur la formation des jurys de recrutement,
l’évaluation et le tutorat des stagiaires, la
formation à l’encadrement, la mise au point
d’outils d’évaluation qualitative pour l’accès aux listes d’aptitudes, celui-ci devenant
un véritable recrutement et non plus une
prime à l’ancienneté.
“Il existe déjà des outils de gestion des ressources humaines : essayons de les exploiter
au mieux et de les améliorer avant d’en créer
de nouveaux”, fait d’emblée remarquer Joël
Bianco, proviseur du lycée Mendès-France à
Rennes. À commencer par les critères d’évaluation de la notation administrative des enseignants, jugés trop codifiés et imprécis.
“Comment voulez-vous noter l’autorité-rayonnement, l’assiduité-ponctualité et l’activitéefficacité en même temps ?”, signale-t-on à
Mendès-France. Ces critères devraient être affinés, et offrir une zone de personnalisation qui
permette de reconnaître des compétences ou
de signaler un problème. “Actuellement ces
notations, largement pré-déterminées par les
barèmes statutaires, font que ne pas obtenir
très bien à chacun de ces trois critères est déjà
vécu comme un reproche”. Dans l’attente
d’éventuels changements, Joël Bianco, proviseur du lycée Pierre Mendès-France a décidé
cette année de remplir le plus tôt possible ces
notations pour que les enseignants, informés
qu’ils peuvent venir en discuter, aient le temps
de réagir. “J’en profiterai pour m’entretenir avec
les enseignants qui le souhaitent”. Pourtant le
proviseur émet des réserves sur la conduite
d’entretiens qui pose différents problèmes :
“en premier lieu, le nombre : comment rencontrer une demi-heure chaque année 130 enseignants, 30 ATOS, 20 surveillants et trois
aides-éducateurs ?”. En outre, le chef d’établissement se pose la question de sa légitimité
pédagogique face aux personnels enseignants.
De plus la technique d’entretien ne s’improvise
pas. “C’est un exercice difficile qu’il faut maîtriser
et qui aboutit souvent à des remises en question”. Enfin, quelle suite peut-on donner à ces
entretiens? Gabriel Foi, principal du collège de
Kérolay à Lorient signale ainsi le cas d’un ouvrier
professionnel de son collège qu’il n’a pas pu
faire passer maître-ouvrier sur liste d’aptitude.
“Dans l’état actuel de la gestion statutaire, il est
quasi impossible de récompenser la qualité de
certains” estime-t-il.
Ces entretiens d’évaluation posant les problèmes délicats de gestion individualisée, les
personnels de direction préfèrent encore le
pragmatisme et l’informel. Rien ne vaut une
présence au moment des récréations, à la cantine, en salle des professeurs, l’organisation de
rencontres de personnels et de réunions d’accueil à la rentrée par exemple.
CLAUDINE MADELAINE
NATHALIE LE GARJEAN
Ce réseau créé il y a un an doit s’ouvrir à
d’autres catégories de personnels et son
action et ses missions seront légitimées par
le projet académique.
Quelques exemples de projets en cours
• Les personnels des établissements, des services s’interrogent sur la gestion de leur
carrière, leurs droits, leurs devoirs. Au
mieux ils en parlent à leurs collègues, au
chef d’établissement ou à son adjoint. Le
plus souvent ils téléphonent aux services
du rectorat, alors que cette information
pourrait être mise à disposition sur place.
C’est pourquoi un groupe de travail académique réunit actuellement des chefs
d’établissement, des gestionnaires, des responsables de services de gestion et de la
formation pour élaborer avec le service
communication un outil d’information
simple, de proximité pour les agents.
• Un IA-IPR constate que plus de 10 % des
enseignants de sa discipline sont des personnels non titulaires nouvellement recrutés (maître auxiliaire, contractuel, vacataire)
et s’inquiète du service rendu aux élèves.
Une rencontre entre le service de formation,
l’inspecteur et la directrice des ressources
humaines permet de repérer les besoins de
formation de ces personnels. L’IUFM est
alors sollicité pour les réunir par groupes
sur deux jours dans un premier temps afin
de cerner les formations individuelles complémentaires indispensables.
• Un travail sur les activités des ouvriers
d’entretien et d’accueil (OEA) réunit des
gestionnaires d’établissement, des maîtresouvriers (MO), le médecin du personnel
“Améliorons les outils de
gestion qui existent déjà !”
Claudine Madelaine a été nommée directrice
des ressources humaines de l’académie à la
rentrée 1999.
Le DAPAR : un dispositif d’aide aux personnels
ÉCOUTER ET CONSEILLER
Le DAPAR fonctionne depuis 1993 dans l’académie. À ce jour,
près de 250 enseignants ou ATOS ont pu bénéficier d’aides concrètes.
Le dispositif d’aide aux personnels de l’académie de
Rennes (DAPAR) apporte
une aide aux personnes
ayant des difficultés professionnelles.Il fonctionne
depuis 1993 pour les personnels enseignants et a
été étendu aux personnels Atos en 1998. À ce
jour, environ 250 personnes ont pu en bénéficier. Un bilan de
l’efficacité du dispositif
vient d’être effectué.
DES RÉPONSES CONCRÈTES
Problèmes de santé ou familiaux, lassitude,
fatigue, anxiété, violence, alcoolisme caché,
conditions de travail difficiles dues à l’éloignement du domicile, ou à une affectation
sur plusieurs établissements, difficultés relationnelles avec les élèves, les collègues, la
hiérarchie, mauvaise orientation, souhait
de changer de métier… la liste des problèmes soulevés par les personnels qui sollicitent l’aide du DAPAR est longue.
“D’une manière générale, nous avons eu à
traiter deux types de difficultés chez les personnels enseignants, et ce, quels que soient
leurs disciplines et leurs statuts. Les jeunes qui
débutent et se trouvent confrontés à une distorsion entre le métier idéalisé et la réalité, et
les enseignants qui affrontent la crise de la
cinquantaine et qui se sentent usés et n’arrivent plus à suivre les évolutions du système
éducatif, ni à gérer les élèves”, résume Claire
Maitrot, médecin conseiller technique du
recteur, au terme du bilan académique réalisé après six années de fonctionnement.
La problématique des personnels ATOS est
différente : les jeunes reçus aux concours
sont surdiplômés et la nature de leurs tâches
n’est pas adaptée à leur niveau scolaire. Pour
les plus âgés, ce sont des problèmes d’usure
physique qui se posent.
À ces difficultés, différentes solutions peuvent être proposées : reprofessionnalisation
avec un accompagnement personnalisé,
diminution ou réaménagement du temps de
travail, réorganisation
des activités, affectation
sur des postes réservés,
congé de formation pour
passer un concours, aide à une
reconversion… Les solutions sont plus
complexes à appliquer pour les personnels
ATOS, souvent moins qualifiés, moins
mobiles, car plus fragiles financièrement.
DES TEMPS DE DIALOGUE
“Parfois au contraire, une heure d’entretien
avec l’un des membres du dispositif, ou avec un
inspecteur de la discipline, suffit pour redonner confiance. C’est un temps d’écoute et de
parole qui manquait à cet enseignant pour
exprimer ses angoisses de travailleur trop solitaire, ou à cet agent qui avait besoin que son
travail soit valorisé et qu’il sente un soutien
hiérarchique”, analyse Claire Maitrot en
9 bloc notes
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DÉCEMBRE 1999
concluant que “le DAPAR est utile, mais très
lié à la bonne ou mauvaise publicité qui lui est
faite dans les établissements scolaires”. L’équipe
du DAPAR compte profiter de la nouvelle
organisation du dispositif afin de mieux
informer toutes les catégories de personnels.
NATHALIE LE GARJEAN
Toute personne souhaitant bénéficier de ce
dispositif peut s’adresser à un membre du
réseau ressource (la liste des membres est
accessible à l’adresse www.ac-rennes.fr,
rubrique “personnel”).
actualités
Brèves
NOUVELLES TECHNOLOGIES
CYBERLYCÉE
Le lycée Dupuy de Lôme à Lorient se prépare à
devenir l’un des premiers cyberlycées de Bretagne.
Il a reçu 30 % d'ordinateurs supplémentaires, financés par la Région, et travaille à leur mise en réseau.
Tout ce matériel permettra à chaque lycéen de pratiquer l’informatique dès la seconde. À terme, les
élèves seront capables de maîtriser un traitement de
texte. Ils pourront ainsi réaliser leurs “travaux personnels encadrés” (TPE) prévus par les nouveaux
programmes du lycée et se maintenir à niveau même
s'ils ne possèdent pas d'ordinateur chez eux.
ENTREPRISE CADETTE
C’est l’entreprise cadette TAMIA du lycée Amiral
Ronarch à Brest qui a remporté le premier prix du
concours “entreprise cadette” 1999 pour son projet
de “gadget comptabilisateur d’achats” à utiliser
dans les magasins et supermarchés.
Lycée Bertrand D’Argentré à Vitré
JARDIMIR OU COMMENT
FAIRE POUSSER SES IDÉES
Kevin, Adrien et Gilles, lycéens de Bertrand
d’Argentré à Vitré ont franchi avec succès les difficiles
étapes de la construction de Jardimir, une mini-serre propulsée en 1999 sur la station orbitale Mir.
Des lycéens de
Bertrand d’Argentré
se sont déplacés au
CNES de Toulouse
pour assister à une
liaison en direct
avec Mir.
Le prochain concours “Entreprise cadette 2000” est
actuellement ouvert aux élèves de premières et terminales STT. La clôture des inscriptions est fixée au
14 janvier 2000. Contact : délégation académique aux
enseignements techniques - Tél. : 02 99 25 78 46 Fax : 02 99 25 78 69.
MAÎTRISONS L’AN 2000
À l'initiative de la DRIRE (Direction Régionale de
l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement)
et du rectorat de Rennes, les étudiants des classes
de 1re année de BTS des spécialités d’Informatique
industrielle, Électrotechnique, Électronique, Mécanique et automatismes industriels, Maintenance
industrielle, Domotique et Contrôle industriel et
régulation automatique ont mis à profit leur période
de formation en entreprise en mai et juin 1999 pour
proposer aux PME/PMI utilisant des équipements
automatisés, de les aider à franchir le passage à
l'an 2000. Environ neuf cents étudiants ont été mandatés pour assurer cette mission dans les entreprises bretonnes.
L'opération visait à proposer une évaluation pratique des équipements informatiques et industriels
qui peuvent être exposés au “Bogue informatique
de l'entrée dans l'année 2000”.
Cette évaluation comprenait une sensibilisation à l'an
2000 et à ses incidences pour la technologie, un
inventaire et une analyse simple des équipements
inventoriés, un examen des risques auxquels s'expose l'entreprise, et enfin un rapport détaillé et des
suggestions de plan d'action.
La formation des étudiants de 1re année de BTS a
été assurée par la DRIRE en liaison avec Marc Gianola
Ingénieur pour l'École à la délégation académique
aux enseignements techniques.
En mai 1997, le CNES de Toulouse lance un
appel aux établissements scolaires et aux associations pour développer un projet innovant
dans le cadre de la mission spatiale Perséus.
Charles Guillou, enseignant de Sciences de la
Vie et de la Terre au lycée Bertrand d’Argentré
à Vitré saisit alors l’occasion de “faire travailler des jeunes sur le thème culturel et scientifique de la conquête de l’espace”. Il propose
à ses élèves de filières littéraires et scientifiques de relever le défi. Kévin, Adrien et
Gilles, déjà sensibilisés à la culture hors sol des
végétaux dans le cadre d’un atelier de pratique
scientifique, décident alors de se lancer dans
l’aventure!
Comment faire germer des graines de
tomates et de radis en apesanteur? “Ce cahier
des charges, simple en apparence, s’est révélé très
difficile à respecter”, souligne Charles Guillou.
“Pour construire la mini-serre, nous avons dû
trouver des matériaux adaptés, non toxiques en
cas d’incendie, non coupants, transparents…
et prendre en compte les contraintes techniques
liées à l’apesanteur pour fixer les graines, arroser… Le tout sans dépasser 1,5 kg ni les dimensions de 21 ✕ 14 ✕ 25 cm”. Au terme de
nombreux échanges par fax ou par courriers
avec le CNES de Toulouse et de l’envoi de
plusieurs prototypes, Jardimir a été autorisée
à prendre place dans la station spatiale.
UNE EXPÉRIENCE GRANDEUR NATURE
L’un des temps forts de cette expérience fut
l’expérimentation en apesanteur. “Nous
sommes allés à Bordeaux et Adrien est monté
à bord d’un airbus spécialement aménagé pour
créer des situations d’apesanteur au cours de
vols paraboliques. Il a ainsi pu tester le fonc-
DES BLOCAGES MULTIPLES
Le 19 octobre, la mission “égalité des chances entre les
filles et les garçons” a organisé une conférence-débat (1)
chargée de recherche en sociologie au CNRS et Huguette
Delavault, docteur ès sciences en mathématiques.
L’ÉCOLE ET LA GRANDE PAUVRETÉ
le 27 octobre 1999, l’AFAE (association française
des administrateurs de l’éducation) a organisé un colloque sur l’école et la grande pauvreté en présence
notamment de Claude Pair, d’ATD Quart Monde,
d’universitaires…
Après la projection
d’un film d’Ariel
Nathan, mettant en
scène deux mères de
famille confrontées
à des difficultés
sociales et d’éducation, un débat s’est
engagé avec des
militants d’ATD
Quart Monde. Ces
derniers ont présenté un ouvrage,
résultat de deux
années de travail
collectif entre onze universitaires et quinze
militants pour construire pas à pas un livre témoignant des savoirs de chacun.
NATHALIE LE GARJEAN
Femmes et sciences
sur “les femmes et la science” avec Catherine Marry,
COLLOQUE
tionnement d’un premier système d’arrosage”,
rappelle le professeur. Les trois lycéens ont
ensuite rédigé la procédure de vol à l’attention du spationaute expérimentateur, précisant jour après jour toutes les tâches à
effectuer : observation, arrosage, enregistrement vidéo… Jardimir a décollé le 2 avril
1999 de Baïkonour au Kasakhstan, à bord
d’un vaisseau Progress pour arriver sur la
station Mir le 4 avril.Accompagnés par vingtcinq de leurs camarades du lycée, Adrien,
Kévin et Gilles se sont rendus à Toulouse
pour assister à une liaison en direct avec JeanPierre Haigneré, le spationaute responsable
de l’expérimentation “fructile”dont Jardimir
fait partie avec quatre autres processus expérimentaux.
À la satisfaction générale, le spationaute les
a informés que les graines de radis avaient
germé, ce qui montre que le dispositif d’arrosage fonctionne en apesanteur, mais que les
graines de tomate avaient souffert d’une élévation anormale de la température dans la
station Mir.
Les collectivités et le rectorat ont apporté
leur soutien et le lycée souhaiterait maintenant exploiter ce projet innovant afin de sensibiliser le plus grand nombre possible
d’élèves au thème culturel de la conquête de
l’espace. Un nouveau défi à relever qui ne
devrait pas poser trop de problèmes pour
ces jeunes passionnés et primés au salon
international de l’aéronautique et de l’espace
du Bourget, ainsi qu’au Palais de la
Découverte!
Si les filles réussissent mieux à l’école jusqu’en
terminale, on peut se demander pourquoi elles
sont si peu nombreuses à poursuivre leurs
études dans les domaines scientifiques après le
bac. Les chiffres sont éloquents : après un bac
S, 22 % des filles suivent une filière universitaire
(maths ou sciences-physiques, contre 37 %
des garçons – source DPD – 1997). Elles se
dirigent massivement vers la médecine, la pharmacie, les sciences naturelles (50 %) le droit, les
lettres, les sciences économiques (20 %)…
Chiffres et données statistiques à l’appui,
Catherine Marry, chargée de recherche en
sociologie au CNRS et Huguette Delavault,
docteur ès sciences en mathématiques ont
démontré, puis démonté, quelques-uns des
nombreux mécanismes qui empêchent les filles
de faire une carrière scientifique. Parmi eux
citons en particulier des facteurs culturels : les
filles seraient plus protégées par leur milieu
familial et moins incitées que les garçons à se
battre dans un univers scientifique, encore largement masculin. La liberté de choisir sa car-
rière est plus fortement laissée aux filles qu’aux
garçons : les parents incitent leurs garçons à
faire des maths et de la physique dans une
logique d’accès à de bons emplois et leurs filles
à faire quelque chose qui leur plaise. D’autres
types de facteurs sont également invoqués.
Ainsi, une enquête réalisée sur les épreuves
d’examens aux concours de recrutement des
grandes écoles a également mis en évidence
une différence de traitement des copies :
à résultats identiques, un correcteur homme
privilégie la méthode de travail d’un garçon à
celle d’une fille. Autre constat : la mixité des
filières renforce les attitudes sexuées de domination masculine et de passivité des filles, plus
promptes à se sous-estimer. Enfin, les contenus
mêmes des programmes de mathématiques et
de physique semblent décourager les filles, plus
en quête d’un certain contenu symbolique
dans leurs cours. La Suède a ainsi vu augmenter de manière significative l’accès des filles
vers les filières scientifiques depuis que le gouvernement a modifié les programmes et intro-
(1) en partenariat avec la délégation régionale aux droits des femmes et la délégation régionale de l’Onisep.
10 bloc notes
/
◆
DÉCEMBRE 1999
duit – en plus de quotas, reconnaissons-le –
l’histoire des sciences dans les cours. Une
récente enquête allemande semble conforter
cette attente particulière des filles.
PRÉSENTÉISME DES HOMMES
ET ABSENTÉISME DES FEMMES
Dans le déroulement de la carrière, les différences hommes-femmes sont également marquées, même si elles tendent à diminuer quand
le niveau des diplômes augmente. En fait, la
parité n’a guère progressé depuis les années
1970. Fait surprenant : les secteurs publics dits
féminisés, comme l’enseignement, ou certains
secteurs de la recherche, ne le sont plus dès
que les niveaux augmentent. Exemple : on
compte 77,2 % de femmes dans le primaire et
le secondaire et seulement 14 % dans l’enseignement supérieur. Les intervenantes ont également souligné - graphiques à l’appui - que les
hommes mariés réussissent mieux leur carrière que les femmes mariées, les courbes de
réussite étant inversement proportionnelles en
fonction du nombre d’enfants : plus un homme
a d’enfants, plus il travaille, et plus il réussit…
et moins sa femme exerce une activité professionnelle. Le mariage, et a fortiori les enfants,
pénalisent la carrière des femmes et avantagent celles des hommes!
NATHALIE LE GARJEAN
Pour plus de détails sur cette conférence, contactez Nicole Guenneugues, chargée de mission pour
l’égalité entre les filles et les garçons pour l’accès
à la qualification. Tél. : 02 99 25 11 38. Mél : égalité.chances@ac-rennes.fr.
actualités
Brèves
Collège Pierre et Marie Curie à Hennebont
PRÉVENTION
NOUVELLES TECHNOLOGIES
RIMENT AVEC PÉDAGOGIE
SÉCURITÉ AU LYCÉE
parmi les plus performants, le collège s’apprête maintenant à relever le défi de la
Le lycée professionnel Bertrand Duguesclin à Auray
a organisé les 18 et 19 novembre 1999 une opération
de prévention des risques professionnels. Durant
ces deux journées, des professionnels du centre
mobile de démonstration du travail en sécurité sur
machines à bois de l’INRS ont expliqué la réglementation et réalisé des démonstrations de machines
aux normes de sécurité. Tous les élèves en formation
dans les métiers du bois ont été vivement intéressés
par ces explications. Ils ont pu discuter avec des professionnels sur la mise en conformité, les normes et
directives européennes, la démarche qualité…
pédagogie via les nouvelles technologies.
INTERNATIONAL
Doté depuis quelques mois des équipements techniques et informatiques
DES ENSEIGNANTES ALLEMANDES
DANS L’ACADÉMIE
En septembre 1998, le collège Pierre et Marie
Curie à Hennebont a pris possession de ses
nouveaux locaux. C’en est fini de la rue
Maréchal Joffre, ses problèmes d’embouteillages, ses locaux vieillissants et inadaptés… L’établissement aux lignes futuristes
trône désormais au cœur d’un espace de
verdure, non loin de la ville, porte ouverte
aux nouvelles technologies et aux connaissances universelles. Car Loïc Le Blevec, le
principal, a misé depuis longtemps sur l’outil informatique. “Les discussions s’étaient
engagées dès 1995”, rappelle le principal
arrivé en 1997. “Il y avait alors une forte
demande tant au niveau administratif que
pédagogique”. Aujourd’hui, le rêve est devenu
réalité et il faut désormais s’habituer et s’approprier la technologie.
Du 16 au 23 octobre, dix-neuf stagiaires allemandes,
enseignantes de français, ont été accueillies dans des
collèges et des lycées rennais et reçues à l'IUFM de
Bretagne et au CRDP. Cette opération, organisée
pour la deuxième année consécutive, s'inscrit dans
le cadre de la coopération entre notre académie et
le Brandebourg.
LA DIMENSION CULTURELLE DU SPORT EN
EUROPE : DES REDONNAIS VONT ENQUÊTER
EN FINLANDE
CÂBLES ET RÉSEAUX TOUS AZIMUT
Le collège n’a pu être câblé en totalité, vu la
complexité du chantier, mais les élèves disposent d’ores et déjà de possibilités innombrables de découverte.
• Magnétoscopes : les trente salles de classes
sont toutes équipées d’un ensemble
magnétoscope et téléviseur. Chaque enseignant est libre de son utilisation et peut
projeter des films vidéo à moins qu’il ne
préfère se connecter sur un programme
de son choix parmi les douze chaînes de
télévision disponibles.
• Démonstrations en direct : plus besoin de
se bousculer autour du microscope pour
observer la paramécie qui s’agite… La
démonstration du professeur a lieu
en direct sur l’écran.
• Salle vidéo : comme dans une
petite salle de cinéma (68
places), disposée en amphithéâtre, où l’élève assiste en
direct à la projection ou à la
démonstration de l’enseignant grâce à un vidéo-projecteur ou un visualiseur
permettant de projeter à l’écran un
objet ou tout type de document. “Les enseignants l’utilisent spontanément pour une
heure ou deux” explique Loïc Le Blevec.
“Parfois, juste pour dix minutes, par
exemple, pour un journal télévisé en langue
Les collégiens bénéficient des équipements technologiques les plus évolués.
étrangère”. La salle a pu être aménagée
grâce au soutien financier du conseil général du Morbihan.
• Salle d’ordinateurs : une salle informatique est équipée de 16 micro-ordinateurs,
mis à disposition des élèves.
• Espace pédagogique : équipé de vingt
postes, l’espace pédagogique multimédia,
permet aux enseignants de superviser,
communiquer avec les élèves et transférer
des sources d’information à tout ou partie
de la classe en utilisant, de
façon dynamique, les nouvelles technologies éducatives. Chacun met son
casque et se concentre sur
son écran. Grâce à un système de pilotage, l’intervenant personnalise son
enseignement, proposant séquences vidéo,
photos, enregistrements
sonores, dictées, questions-réponses, textes
libres… “La salle est surtout utilisée par les
professeurs de technologie, de langues et de
biologie”, précise Séverine, aide-éducatrice.
“À tout moment, l’enseignant garde la pos-
L’académie au Salon de L’Éducation
Le premier Salon de l’Éducation qui s’est tenu au parc des
expositions de la Porte de
Versailles à Paris du 24 au
28 novembre 1999 a connu un
vif succès. L’équipe du SERIA et
de la COM de l‘académie de
Rennes s’est fortement mobilisée pour présenter “l’établissement en réseau global”
sur l’un des stands du ministère de l’Éducation nationale.
Déjà exposée dans les quatre
départements bretons en juin 1999, cette maquette explique toutes les fonctions informatisées d’un
établissement scolaire et les avantages du réseau pour un accès rapide, partagé et sécurisé aux
données et aux applications pédagogiques et administratives.
sibilité de valoriser le travail d’un élève par
le partage de l’écran et du son. Il peut ainsi
procéder à l’évaluation des divers travaux
réalisés”.
• Réseau administratif : la gestion de l’établissement est entièrement informatisée.
“Chacun, de son poste, peut avoir accès à
l’information”, confie Françoise Le
Bouhellec, gestionnaire. “Restauration, gestion des notes, conseils de classes, courrier
électronique, emplois du temps, gestion du
personnel, gestion financière de l’établissement, gestion des stocks, absence des élèves,
accès au self…”
• Conseils de classe : les résultats de la classe
sont projetés sur l’écran. Chacun dispose
des mêmes informations et peut à tout
moment visualiser l’évolution d’un élève,
d’un trimestre, effectuer une moyenne,
réaliser une synthèse… “Chaque jour, l’enseignant saisit lui-même les données sur un
ordinateur en salle des professeurs et limite
ainsi les risques d’erreurs”.
DÉVELOPPER DES PROJETS
TUGDUAL RUELLAN
/
◆
DÉCEMBRE 1999
MIEUX CONNAÎTRE LE SYSTÈME ÉDUCATIF
EUROPÉEN
Vingt-cinq inspecteurs de l'Éducation nationale (IAIPR et IEN-ET) ont participé à deux journées de formation sur la connaissance des systèmes éducatifs
européens les 14 et 15 septembre derniers. Systèmes
déconcentrés, partenariat, validation, rôle de l'inspection, place de l'enseignement privé… ont été
expliqués aux stagiaires par Marie-France Mailhos,
chargée des relations internationales à l’IUFM de
Bretagne. La seconde journée était consacrée aux
échanges européens : dispositif, stage, échanges
d'élèves… ainsi qu’aux équivalences de diplômes.
L'ALLEMAND FACILE AU COLLÈGE
L’adaptation aux outils est progressive. Dans
un premier temps, un professeur de technologie, un autre de français et une aideéducatrice ont été les relais auprès des
enseignants. Depuis, deux personnes ont
reçu une formation d’animateur de réseau
et 42 enseignants ont suivi une formation
dans le cadre du plan de l’établissement.
Les premiers résultats sont plutôt encourageants. Chacun observe le vif intérêt que
manifestent les élèves pour ces outils pédagogiques : “Il est encore trop tôt pour dresser
un bilan des effets pédagogiques, estime le
principal, mais nous observons combien ces
procédés sont dynamiques : les élèves sont
captivés. Nous souhaitons poursuivre l’équipement afin que toutes les salles soient en
réseau et que chaque professeur puisse intervenir avec le logiciel de son choix. Mais qui dit
nouvelle technologie dit nouveaux métiers…
auxquels nous allons devoir nous adapter”.
11 bloc notes
Le collège de Bellevue à Redon a initié à la rentrée
dernière un jumelage avec le lycée franco-finlandais d’Helsinki. Les jeunes finlandais ont rencontré
leurs correspondants français fin octobre. C’est la
dimension culturelle du sport en Europe qui a été
retenue comme thème de recherche sur l’année :
“En France, depuis Coubertin, la dimension du sport
n’a cessé de grandir”, expliquent Catherine Brault et
Didier Verneau, professeurs et animateurs de
l’échange. “Il est devenu un véritable objet culturel
et prolonge ses ramifications jusque dans l’école
pour devenir objet d’enseignement”. Dès la rentrée, les élèves de quatrième ont élaboré un questionnaire-sondage qu’ils ont fait parvenir aux
Finlandais, mais aussi à de jeunes portugais, gallois
et italiens. Parallèlement, un groupe d’élèves est
chargé de la tenue d’un carnet de bord, suivant pas
à pas l’évolution du projet. Les Redonnais seront à
leur tour accueillis à Helsinki en mars prochain.
L’analyse des réponses au questionnaire devrait
donner lieu à la rédaction d’un dossier suivi d’une
exposition présentant les points communs, les divergences, l’influence de l’environnement géographique, les limites de la pratique sportive.
“L'allemand : langue trop difficile qui ne s'adresse
qu'aux très bons élèves, voire à l'élite!” Que de fois
le collège des Livaudières à Loudéac n’a-t-il entendu
ce commentaire ! En fin d'année scolaire 1998/99,
des responsables de l'UPI (unité pédagogique d'intégration pour adolescents déficients intellectuels classe intégrée au collège des Livaudières à Loudéac
depuis plusieurs années), et le professeur d'allemand
ont décidé de réaliser un projet d'intégration par l'allemand pour l’année 1999-2000. Dès la rentrée, les
élèves de cette classe ont rendu régulièrement visite
à leurs camarades de sixième afin de se familiariser
avec la langue et acquérir un peu de vocabulaire pour
pouvoir se présenter aux familles qui les ont accueillis
en fin d'année. En effet, tout ce petit monde s’est
rendu du 29 novembre au 4 décembre en Allemagne
pour admirer les merveilleux marchés de Noël et
connaître la chaude ambiance de cette période d'avant
fêtes. Après une halte à Strasbourg, les élèves ont
admiré les superbes cathédrales d'Aix-La-Chapelle
et de Cologne où ils ont pu visiter la fameuse maison
“4711” dans laquelle ils ont trouvé plein d'idées de
cadeaux à ramener à leurs parents et amis. Ce voyage
a suscité autant l'enthousiasme des élèves que celui
de leurs parents. Peut-être entendrons-nous maintenant que l'allemand peut devenir un facteur d'intégration, accessible à tous!
actualités
Brèves
Semaine de la science : du 18 au 24 octobre
DES CAFÉS SCIENTIFIQUES ET
CITOYENS
De même qu’il existe
des cafés littéraires ou
philosophiques, lieux
NOUVELLE FORMATION DE FAÇADIER
Le Greta de Rennes ouvre une nouvelle formation de
façadier au lycée Mendès-France à Rennes. Même difficile, ce métier offre de réelles opportunités d’emploi : les 1200 entreprises françaises créent chacune
un emploi par an.
cafés scientifiques ont été
organisés aux lycées
SURFER… SUR L'EAU
de Bréquigny et de Vitré.
Des experts présentaient
un sujet, puis répondaient
aux questions ou aux
des élèves, des parents,
des enseignants…
Au lycée de Bréquigny, des Cafés scientifiques sur les organismes génétiquement
modifiés (OGM) et sur les ressources en
eau ont eu lieu dans la salle des fêtes du
lycée transformée avec un peu d’effort et
d’imagination en lieu convivial. L’opération
a été largement préparée au sein du lycée,
notamment par les élèves de BTS Assistant
de direction qui ont organisé l’événement
dans le cadre de leur formation avec la diffusion de l’information dans le journal
interne Info B et par affiches (avec une illustration réalisée par des élèves de terminale
Arts plastiques), un article dans OuestFrance, des annonces dans le programme de
la semaine de la Science et sur les ondes de
radio-France Armorique…
Les élèves ont été sensibilisés dans le cadre
des cours de Sciences de la Vie et de la Terre,
de philosophie et de l’option sciences expérimentales. Le CDI y a contribué en mettant
en évidence les ressources disponibles sur les
sujets abordés. Une exposition de l’INRA
(Institut national de recherche agronomique) sur les OGM a été présentée au lycée
la semaine précédente.
À l’occasion de la semaine de la Science, plus
de cinquante établissements et des centaines
d’élèves ont participé à des rencontres avec
des scientifiques, des débats, des visites…
Pour la première fois, des scolaires et des
scientifiques ont investi un espace peu conventionnel, les cafés scientifiques, qui ont donné
lieu à des échanges citoyens originaux, mêlant
convivialité et rigueur scientifique.
bloc notes
◆
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
William Marois
RÉDACTEUR EN CHEF
Jacky Le Gars
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Nathalie Le Garjean
ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :
Evelyne Regnez, Claudine Madelaine,
Jean Destrac, Philippe Gourronc, Jérome Lebreton,
André Bardoux, Tugdual Ruellan.
PHOTOS : Nathalie Le Garjean, Jacky Le Gars,
Tugdual Ruellan.
RÉALISATION : Rectorat-Communication
SITE INTERNET : www.ac-rennes.fr
CONCEPTION MAQUETTE : Ikkon
ILLUSTRATIONS : Nono, Schvartz
IMPRESSION : Les Lices s.a.
ISSN 1254-3640
Depuis la rentrée, les élèves de cinquième du
collège Brizeux à Quimper effectuent des “parcours
diversifiés”. Ces opérations les mettent en contact
avec des milieux et des situations tout à fait nouveaux comme par exemple suivre la mission d'un
Aviso “Le Henaff” sur les côtes africaines. Ce bateau
fera neuf escales; à chacune d’entre-elles, les marins
expédieront des textes et des vidéos sur le pays et
la vie à bord. Les cinquièmes profiteront de toute
cette matière pour mieux connaître les pays riverains du golfe de Guinée. Si tout se passe bien, les
élèves pourront même se rendre à Brest visiter
l'Aviso et faire connaissance avec l'équipage des
96 hommes…
FORMATION
de débat conviviaux, des
interrogations du public,
OPÉRATION AVISO
Le Café sur les OGM a accueilli soixante-dix
personnes (élèves de première S et de BTS,
enseignants, étudiants et tout public). Les
OGM ont fait la une de l’actualité ces derniers mois. Depuis 1980, les scientifiques
sont capables d’insérer un gène étranger
dans le programme génétique d’un animal
ou d’un végétal. On obtient ainsi un être
vivant transgénique ou OGM, qui peut être
plus productif, plus fécond, résistant à une
maladie, à un parasite (le maïs transgénique
par exemple). Mais les OGM suscitent des
interrogations, on craint de les retrouver
dans nos assiettes, de les voir se propager
dans le milieu naturel et de transmettre ainsi
leur gène.
Les intervenants, Anne-Marie Chevré et
Frédérique Eber, de la Station d’amélioration des plantes de l’INRA (Institut National
de Recherche Agronomique) à Rennes, ont
tout d’abord défini ce qu’est un OGM.
Pourquoi cherche-t-on à en produire? Puis
un débat a eu lieu sur les risques pour l’environnement, l’alimentation, sur la place de
la recherche scientifique associée à de grands
groupes de l’industrie agro-alimentaire, avec
la participation de Claude Hamon ancien
enseignant en biologie à l’Université de
Rennes 1, bénévole de l’UFC Que Choisir,
qui a également exploré le thème des OGM
pour le compte des consommateurs.
Le Café sur la ressource en eau a regroupé
une trentaine de personnes (élèves, enseignants, étudiants et tout public) autour de
trois chercheurs et un chimiste de la
Compagnie Générale des Eaux. Certains de
ces chercheurs collaborent à un travail interdisciplinaire sur la gestion de la ressource en
eau (en SVT, sciences physiques et en BTS
analyses biologiques) mené au lycée.
Les deux débats ont permis de cerner les
compétences scientifiques, mais aussi les
relations Sciences Société.
PHILIPPE GOURRONC
Un café scientifique à Vitré ou comment le Bar
des Voyageurs devient le Procope vitréen
Un café scientifique, quelle idée et pour quoi
faire ? Telle est la question que la Semaine de
la science 99 a permis d'agiter à Vitré, afin de
proposer une réflexion sur les interactions entre
science et citoyenneté.
Le point de vue de chercheurs peut-il se concilier avec les analyses du grand public et des
élèves? Comment partage-t-on l'information, le
questionnement, la responsabilité entre experts
et usagers, entre experts et citoyens? Ces questions ont été débattues pendant trois jours, les
19, 21 et 22 octobre 1999, notamment à propos
de la recherche médicale (sur le cancer, sur les
maladies génétiques dites orphelines), de la
notion de catastrophes naturelles (séismes,
éruptions volcaniques, avalanches…), et enfin
du concept de responsabilité (éthique, droit et
métier).
Au centre culturel de Vitré, une centaine d’élèves
des écoles de Vitré et de la région et soixantequinze collégiens de la SEGPA du collège Gérard
de Nerval et les Rochers Sévigné ont échangé
pendant deux débats de deux heures avec sept
chercheurs (1). Puis, au Bar des Voyageurs, place
de la gare, les mêmes chercheurs ont débattu
avec quatre-vingts élèves de terminale du lycée
Bertrand d'Argentré à Vitré, et le grand public
(120 personnes pour les deux premières soirées). Les enseignants ont préparé les échanges
avec leurs élèves et nourri les questionnements,
pour rebondir plus tard sur un travail dans les
classes. La semaine s'est achevée avec un débat
plus philosophique pour le grand public (2).
L'école s'est donc tenue au café, à l'initiative du
rectorat et de l'inspection académique, des établissements d'enseignement public, en partenariat avec la ville de Vitré.
La convivialité, la proximité des interlocuteurs,
l'appropriation du café comme espace de
conversation collective ont permis de proposer une forme d'échanges peu académique,
créative et stimulante. La science n'est pas la
seule affaire de spécialistes, les approches
rationnelles peuvent être partagées et mises
en débat avec tous. Ainsi, on a pu parler de la
question des essais thérapeutiques sur les
hommes, du financement de la recherche ou
encore d'une définition anthropologique de la
notion de catastrophe naturelle.
Les débats ont également invité à décloisonner
les disciplines et à s'interroger sur la connaissance. Un extrait de Plume (dans la Postface)
d'Henry Michaux illustre bien le positionnement épistémologique adopté : “Toute science
crée une nouvelle ignorance, toute conscience,
un nouvel inconscient. Tout apport crée un nouveau néant”. L'essentiel est donc la position
de recherche et de questionnement.
EVELYNE REGNEZ
(1) Pr. Kerbrat, cancérologue. Pr. Le Marrec, pédiatre-généticien. Dr Toujas, biologiste, chercheur en immunologie,
tous les trois exerçant au CHRU de Rennes. Pr. Brun,
géologue. Pr. Bideau, physicien. Pr. Pinay, éco-biologiste. Pr. Baudry, économiste, Université de Rennes I.
(2) Avec le Pr. Lagrée, philosophe, le Pr. Fournier, juriste, le
Pr. Fortin, électronicien, Université de Rennes I et IUT,
le Dr Ben Hassel, cancérologue au CHRU de Rennes,
Président du Comité Régional d'Éthique.
12 bloc notes
/
◆
DÉCEMBRE 1999
Le collège Paul Langevin au Guilvinec ne surfe pas
uniquement sur Internet. Le site mythique de la
Torche est à deux pas et la section sportive “surf”,
qui existe depuis maintenant trois ans, prépare les
futurs champions. C'est l'une des seules avec Biarritz
pour les espoirs de cette discipline. Les jeunes s'entraînent le mercredi, mais travaillent aussi avec le
centre d'entraînement du comité du Finistère. La
section compte un vice-champion de Bretagne, et à
peine la rentrée commencée, il a repris les compétitions. Quand la vague n'est pas au rendez-vous
(ce qui arrive parfois !) les futurs champions étudient leur progression en vidéo…
GUIDE INTERPRÈTE RÉGIONAL
Cette année, le lycée Laennec à Pont L'Abbé a
obtenu l'ouverture définitive d'une formation unique
dans l'académie : l'option “patrimoine culturel et
touristique régional” en deuxième année de BTS
Tourisme. Cette formation de deux heures par
semaine porte sur l'étude du patrimoine breton et
permet, après un examen, l'obtention de la carte
professionnelle de guide interprète régional. Les
élèves étudient la géographie, l'histoire et l'économie de leur région, sans oublier la gastronomie, et
apprennent à organiser des circuits touristiques.
Un “plus” qui compte à l'heure de la recherche du
premier emploi.
CONFÉRENCES
FEMMES : HISTOIRE ET SOCIÉTÉ
Du 15 novembre 1999 au 14 février 2000, les lundis
à 18h15, l’université de Rennes 2 organise un cycle
de cours publics “Femmes : histoire et société” abordant des thèmes de la vie publique, privée et familiale des femmes : “l’emploi des femmes en France”,
“les relations entre belle-filles et beaux parents”…
Contact : Anne-Marie Conas - service culturel : 0299
14 11 55 ou sur le site http://www.uhb.fr/culture
LA RÉPUBLIQUE ET SON ÉCOLE
L’IUFM de Bretagne organise un cycle de conférences “La République et son école : laïcité, citoyenneté, savoirs”, les mardis soirs à 18 heures à
l’Amphithéâtre Condorcet. Après les interventions
d’Yves Chevallard, professeur à l’IUFM d’Aix-Marseille
et Samuel Johsua, professeur en sciences de l’éducation à Aix-Marseille I, ce sera le tour de Guy
Brousseau (didacticien des mathématiques à l’IUFM
d’Aquitaine), le 11 janvier 2000 ; Blandine Kriegel
(philosophe à l’université de Parix X Nanterre) en
mars ; Bernard Lahire (sociologue à l’Université de
Lyon II), le 11 avril 2000; Bruno Latour (anthropologue
à l’École des Mines à Paris) en mai et Isabelle
Stengers (philosophe à l’Université de Bruxelles),
le 6 juin 2000. Pour tout renseignement, contacter
Gérard Sensevy ou Renée Vancassel - IUFM de
Bretagne, site de Rennes - 153, rue Saint-Malo 35043 Rennes. Tél. : 02 99 54 64 02 - fax : 02 99
54 82 05.
IUFM
DES RECRUTEMENTS
Si vous souhaitez intervenir en formation initiale et
continue des enseignants, voici le calendrier de la
rentrée 2000.
• PRAG-PRCE : publication au BO du 18 novembre
1999.
• Enseignants - chercheurs : publication au JO
(seconde quinzaine de mars 2000) - consultez le
site internet du ministère “education.gouv.fr”.
• Enseignants du second degré à temps partagé :
appel à candidature diffusé dans les établissements scolaires en janvier 2000.
• Conseillers pédagogiques : renseignements à partir du 1er décembre auprès de Renée Vancassel IUFM de Bretagne - Tél. : 0299548205 - fax : 0299
54 64 00.